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Le Point Vétérinaire / N° 225 / Mai 2002 / 44
Se former / CONDUITE À TENIR /
hez les bovins atteints de troublesrespiratoires, lorsque l’évolutionclinique, l’hématologie, le lavagetrachéal et/ou la radiographieindiquent une atteinte pulmonaire
généralisée diffuse qui n’appartient pas aucomplexe respiratoire bovin (bronchopneu-monies), une suspicion de pneumonie intersti-tielle peut être établie (voir l’ENCADRÉ “Lespneumonies interstitielles des bovins”). Laréalisation d’une biopsie pulmonaire peut serévéler utile pour préciser le diagnostic, surtoutdans la phase chronique.
Lors de l’existence d’une pneumonie diffusemultifocale (voir l’ENCADRÉ “Les pneumoniesdiffuses multifocales”), si l’échographie permetde révéler des masses accolées à la plèvre(tumeurs, granulomes fongiques), une biopsiepulmonaire ou une ponction à l’aiguille fine esttoujours indiquée pour confirmer le diagnos-tic et/ou établir un pronostic. Si un abcès estsuspecté, c’est la ponction à l’aiguille fine quidoit être préférée (risque de rupture lors debiopsie).
Le liquide et/ou le prélèvement de biopsieobtenus peuvent être adressés au laboratoirepour une culture bactérienne aérobie etanaérobie et l’obtention d’un antibiogramme.Si la présence de mycoses est suspectée, ilconvient de le spécifier (milieux de croissanceparticuliers).
L’analyse cytologique permettra de caractériserla nature du liquide récolté (transsudat, transsu-dat modifié, exsudat) et d’identifier la présencede cellules tumorales (frottis ou liquide).Grâce à l’analyse histologique de la biopsie,couplée aux résultats bactériologiques etmycologiques, il sera possible de diagnostiquerl’affection pulmonaire, voire de donner unélément pronostique, sous réserve que l’échan-tillon obtenu soit représentatif.
Matériel nécessaire
Le matériel comprend le nécessaire pour lapréparation chirurgicale classique du siteopératoire, 5 ml de lidocaïne à 2 % et des gantsstériles.
Pour une ponction, il convient de disposer :- d’aiguilles spinales stériles (9 cm x 18 G et9 cm x 20 G) avec mandrin ;- de seringues stériles de 5, 10 et 20 ml ;- d’une valve à trois voies ou d’un autre disposi-tif permettant de bloquer le passage d’air ou deliquide pendant les manipulations avec l’aiguillespinale (rallonge de cathéter, tubulure deperfusion).Une lame de bistouri n° 15 et un trocart àbiopsie (par exemple, un trocart TruCut®,15 cm, 14 G) sont requis pour la réalisationd’une biopsie.Pour les prélèvements, il convient de prévoirun tube sec stérile, un tube avec EDTA, unelame pour frottis sanguin et un tube contenantdu formol à 10 %.
Préparation de l’animal
Selon le tempérament de l’animal, il est possiblede le tranquilliser (xylazine). Dans le cas desveaux et des animaux qui présentent unedyspnée sévère, la sédation doit être limitée (nepas dépasser 0,05 mg/kg de xylazine et l’admi-nistrer par voie intramusculaire, ou bien utiliserdu diazépam à la dose de 1 mg/kg).L’intervention se pratique sur un animal debout.
Site d’intervention
Pour obtenir des résultats fiables, compte tenudu faible volume des échantillons récoltés, ilconvient de choisir le site d’intervention avecsoin. Idéalement, une ponction à l’aiguille fineou une biopsie pulmonaire ne doivent êtreréalisées qu’après un examen échographique quiaura permis de déterminer le meilleur site. Eneffet, surtout pour les affections multifocales, sion ne se fie qu’aux résultats de l’auscultation etde la percussion, une partie saine risque d’êtreprélevée (si la lésion n’est pas accolée à la plèvre).
Si l’atteinte pulmonaire est diffuse, il estpossible de ponctionner dans le 7e ou le8e espace intercostal droit, sur une lignehorizontale passant environ 8 cm au-dessus dela pointe du coude (voir la FIGURE “Organesthoraciques chez les bovins. Rapportsanatomiques”).
C
La ponction et la biopsie pulmonaires sont des interventions à viséeexclusivement diagnostique ou pronostique. La biopsie pulmonaire est rarement réalisée. La ponction à l’aiguille fine est plus fréquente.
Ponction et biopsiepulmonaires chez les bovins
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES EN PATHOLOGIE RESPIRATOIRE
Les étapes essentielles
Étape 1 : poser l’indication• atteinte pulmonaire généralisée diffuse : biopsie pulmonaire,• atteinte pulmonaire multifocale non abcédative : biopsie ou ponction,• abcès pulmonaires : ponction pulmonaire.
Étape 2 : préparer l’animal et choisir le site d’intervention
Étape 3 : réalisation technique • ponctionner ou inciser la peau,• ponctionner la cavité pleurale après tunellisation,• atteindre le tissu pulmonaire,• aspirer (ponction) ou prélever (biopsie) l’échantillon.
Étape 4 : conditionner l’échantillon
par Nicolas Sattler
Clinique vétérinaire Saint-Vallier,
Saint-Vallier GOR 4J0,
Québec (Canada)
45/ N° 225 / Mai 2002 / Le Point Vétérinaire
Technique
Une fois localisé(s), le ou les sites d’interven-tion sont préparés classiquement, sur undiamètre d’au moins 15 cm. L’anesthésie localeest réalisée avec 5 ml de lidocaïne à 2 % (volumeajusté selon la taille de l’animal).
L’aiguille spinale est introduite sous la peau,environ 1,5 cm ventralement au site de ponctionsouhaité. Si l’on désire réaliser une biopsie, lapeau doit être ponctionnée avec la lame n° 15,1,5 cm ventralement au site choisi.
On chemine alors sous la peau avec l’aiguillespinale, montée avec une valve à trois voies enposition fermée vers l’aiguille, ou le trocart àbiopsie, jusqu’au site de ponction déterminé.L’intérêt de ce “tunnel” sous-cutané est d’empê-cher l’entrée d’air dans la cavité pleurale unefois que l’aiguille aura été retirée.Les muscles intercostaux sont traversés justecranialement à la côte, afin d’éviter les vaisseauxet les nerfs qui cheminement caudalement auxcôtes.
Lorsque la cavité pleurale est atteinte, unebaisse de résistance est nettement perçue. Lorsde simple ponction, il suffit alors d’avancerl’aiguille de 0,5 cm pour s’assurer d’être dansles tissus pulmonaires. Il est aussi possible dese guider avec l’échographe. Le trocart doit poursa part être enfoncé d’au moins 2 cm dans lestissus pulmonaires.
En cas de simple ponction, une seringue de10 ml est placée sur la valve à trois voies, puisla communication entre la seringue et l’aiguillespinale est ouverte. Il est alors possible deprélever dans un tube sec stérile et dans un tubeavec EDTA. Pour améliorer le prélèvement danscertains cas, l’angle de l’aiguille et la contenancede la seringue utilisée peuvent être changés,afin de modifier la pression négative. Si unetumeur solide a été ponctionnée, il sera envisa-geable de réaliser un frottis de l’aspiration.
Lors de biopsie, un ou plusieurs échantillonspeuvent être prélevés avec le trocart. Ils sontplacés dans un tube contenant du formol à 10 %(pour l’analyse histologique) et un tube sec stérile(pour l’analyse histologique et bactériologique).
L’aiguille ou le trocart est alors retiré, enréalisant une compression au site de ponction.Si une lame de bistouri a été utilisée, la peauest suturée par un point simple.
Soins postopératoires et complicationsIl n’y a pas de soins particuliers à réaliser suiteà ces interventions.Les complications rapportées après une biopsiepulmonaire sont exceptionnelles et consistent ende l’hémoptysie. Cependant, si le site n’a pas étésélectionné avec précaution, un vaisseau majeur,voire le cœur, peut être ponctionné. Une hémorra-gie massive et la mort sont alors possibles. ■
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Rubrique formation
! Les pneumonies interstitielles formentun groupe d’affections pulmonairesdisparates. Elles sont caractériséescliniquement :- par la présence d’anomalies à l’aus-cultation sur l’ensemble du poumon ;- par l’absence de réponse favorable auxtraitements classiques (antibiotiques, anti-inflammatoires).Souvent, i l n ’y a pas de f ièvre. Lesrésultats des examens hématologiques(absence de leucocytose neutrophiliqueet fibrinogène normal) et du prélèvementtrachéal (stérile) ne sont généralementpas compatibles avec une broncho-pneumonie. ! Ces affections ont en commun laprésence d’une réaction interstitiellerésultant de l’inhalation ou de l’ingestion
d’un allergène ou d’une toxine. Ellespeuvent être d’évolution aiguë, et sont alorsgénéralement des maladies de groupe(syndromes de détresse respiratoire aiguëpar l’inhalation de fumée ou de gaz,ingestion de plantes toxiques, fièvre desregains, hypersensibilité à Micropolysporafaeni). Certaines ont une évolutionchronique, affectant alors généralement unseul individu dans le troupeau : silicose,alvéolite fibrosante (séquelle des pneumo-nies aiguës par hypersensibilité, équivalentchez les ruminants de la “maladie dupoumon du fermier”), bronchiolite oblité-rante (forme chronique des syndromes dedétresse respiratoire aigus et de certaineshypersensibilités, équivalent chez les bovinsde l’emphysème pulmonaire chroniquechez les chevaux).
Les pneumonies interstitielles des bovins
! La présence d’une pneumo-nie diffuse multifocale peutêtre suspectée chez un bovinsi, à l’auscultation, il y a uneassociation de zones de bruitsrespiratoires augmentés etd’autres où les bruits respira-toires sont absents. La percus-sion permet de confirmerl’existence de zones de matité.Cependant, l’auscultation et lapercussion ne permettent pasde détecter des masses d’undiamètre inférieur à 8 cm chezune vache adulte.
Lespneumonies
diffusesmultifocales
Organes thoraciques chez les bovins. Rapports anatomiques
Rate
Poumongauche
Rumen
Cœur
Réseau
Foie
Caillette Feuillet Réseau Poumondroit