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26 - 1 ER DECEMBRE 2011 RÉUSSIR - L’AGRICULTEUR NORMAND PORCS Quelques repères économiques sur la conduite d’un atelier de 30 truies en naisseur-engraisseur bio. La filière porcine bio de Normandie Viande Bio recherche de nouveaux éleveurs ! N ormandie Viande Bio (NVB), association regroupant 270 éleveurs sur la Haute et Basse-Normandie, est organisée autour de 5 filières d’éleveurs : bovins viande et lait, veaux de boucherie, porcs, volailles de chair et agneaux. Si la filière bovine de NVB est aujourd’hui très bien structurée, la filière por- cine, créée il y a deux ans, est en pleine croissance. Les volumes de production ont nettement aug- menté en 2011 et la filière dispose de perspectives de développe- ment solides pour 2012 et les années suivantes. La demande est très supérieure à l’offre, si bien que nous recherchons de nou- veaux éleveurs. Zoom sur quelques données règlementaires et économiques… Voir tableau 1. 2 systèmes d’élevage possibles Si des surfaces précises par ani- mal sont à respecter dans le cadre d’une production en bâtiment, l’élevage en plein air nécessitera surtout une disponibilité en prai- ries : dans ce cas, des cabanes équipées sont utilisées pour loger les animaux (truies allaitantes, porcelets) (tableau 2). Un conseil technique adapté, pour des projets uniques Taille d’élevage, plein air, amé- nagement des bâtiments, ration alimentaire, … etc, chaque pro- jet est différent en fonction de l’existant sur l’exploitation (bâti- ments vides, cultures, sols por- tants, etc.). Il faut concilier confort de travail de l’éleveur, confort des animaux, environ- nement et performances tech- nico-économiques (notamment bien gérer son indice de consom- mation). Pour chaque projet, le technicien NVB est en mesure d’accompagner l’éleveur dans la structuration de son projet. La taille limite des élevages déve- loppés par la filière NVB n’excé- dera cependant pas 80 truies par exploitation. Cette limite est éta- blie sur des critères propres à l’é- thique biologique (élevages à taille humaine et diversifiés, créa- tion d’emplois, développement du lien au sol et de l’autonomie alimentaire,…). Zoom sur un système de 30 truies naisseur-engraisseur en bâtiment Nous prenons comme exemple un système de 30 truies naisseur- engraisseur conduit en bâtiment, anciennement conventionnel et réhabilité pour répondre au cahier des charges de l’AB en vigueur (tableau 3). L’atelier com- prend une fabrication d’aliment à la ferme avec une autonome alimentaire de 50 % (achat de céréales sur une zone proche de l’exploitation ou production des céréales sur la ferme). Le reste de l’aliment est acheté complet à l’extérieur. En ce qui concerne les produits de l’atelier, les 456 porcs charcutiers (16 cochons sevrés par truie par an avec 5 % de perte) sont vendus en filière longue, à 95 kg de carcasse au prix de 3,40 €/kg de carcasse net éleveur, à l’âge de 6 mois. La vente d’animaux de réforme est par ailleurs comptabilisée. Notre système permet donc de dégager une marge annuelle de 35 874 €. Le recours à une unité de fabrication à la ferme permet de dégager un gain par tonne d’a- liment fabriqué d’environ 40 € (coûts énergétiques, de fabrica- tion et de temps de travail comp- tés). Notons qu’il est par ailleurs pos- sible de s’orienter vers un sys- tème de type naisseur au sein duquel l’éleveur vendra des por- celets bio à un prix de 75 € l’u- nité pour un poids de 11,5 kg avec une variation de 1,20 € en plus ou en moins par kg en plus ou en moins. En élevage porcin bio, le sevrage des porcelets a lieu à 6 semaines d’âge (soit entre 11 et 12 kg vif/cochon). Ce sevrage assez tardif permet aux porcelets de bénéficier d’un gain sanitaire non négligeable : plus ronds et plus solides, ils résistent mieux aux variations des conditions d’é- levage (température, transition alimentaire, …), et autres aléas rencontrés durant leur crois- sance. Fabrication de l’aliment à la ferme (FAF) et lien au sol : des atouts non négligeables en élevage porcin biologique La mise en place d’une unité de fabrication d’aliment à la ferme est un phénomène en plein essor en élevage porcin bio. Si le poste d’alimentation représente 85 % des coûts de production, l’inves- tissement dans une FAF ne doit pas être uniquement basé sur le gain économique. La FAF repré- sente une activité à part entière et l’éleveur doit y consacrer du temps et de l’énergie. Un tel inves- tissement permet en revanche de gagner en autonomie, de maîtri- ser sa fabrication et éventuelle- ment ses formules si l’éleveur souhaite s’y investir. Si par ailleurs les céréales proviennent de l’exploitation même, les cri- ses sanitaires et cours des céréa- les ont un impact limité sur les charges de l’exploitation. Les avantages d’un tel investissement sont donc multiples. Si le lien au sol de l’exploitation est impossible ou limité, le recours à un aliment 100 % acheté pour l’ensemble de l’ate- lier est possible. Les coûts d’ali- En système d'élevage en bâtiment, les cochons reposent sur de la paille et ont accès à une courette extérieure. (DR) COMPRENDRE > Tableau 1 - Quelques rappels concernant le cahier des charges bio européen (Mise à jour Nov. 2010) > Tableau 2 - 2 systèmes d’élevage possibles L’unité de fabrication à la ferme est composée de silos, de vis, d’un broyeur mélangeur et éventuellement d’une gestion automatisée. (DR)

PORCS Quelques repères économiques sur la conduite d’un atelier …partage.cra-normandie.fr/bio/bio-porcs.pdf · 2012-02-16 · En système d'élevage en bâtiment, les cochons

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Page 1: PORCS Quelques repères économiques sur la conduite d’un atelier …partage.cra-normandie.fr/bio/bio-porcs.pdf · 2012-02-16 · En système d'élevage en bâtiment, les cochons

26 - 1ER DECEMBRE 2011 RÉUSSIR - L’AGRICULTEUR NORMAND

PORCS Quelques repères économiques sur la conduite d’un atelier de 30 truies en naisseur-engraisseur bio.

La filière porcine bio de Normandie ViandeBio recherche de nouveaux éleveurs !Normandie Viande Bio (NVB),

association regroupant270 éleveurs sur la Haute etBasse-Normandie, est organiséeautour de 5 filières d’éleveurs :bovins viande et lait, veaux deboucherie, porcs, volailles dechair et agneaux. Si la filièrebovine de NVB est aujourd’huitrès bien structurée, la filière por-cine, créée il y a deux ans, est enpleine croissance. Les volumesde production ont nettement aug-menté en 2011 et la filière disposede perspectives de développe-ment solides pour 2012 et lesannées suivantes. La demandeest très supérieure à l’offre, si bienque nous recherchons de nou-veaux éleveurs.

Zoom sur quelquesdonnées règlementaires et économiques…Voir tableau 1.

2 systèmes d’élevagepossiblesSi des surfaces précises par ani-mal sont à respecter dans le cadred’une production en bâtiment,l’élevage en plein air nécessiterasurtout une disponibilité en prai-ries : dans ce cas, des cabaneséquipées sont utilisées pour logerles animaux (truies allaitantes,porcelets) (tableau 2).

Un conseil techniqueadapté, pour des projetsuniquesTaille d’élevage, plein air, amé-nagement des bâtiments, ration

alimentaire, … etc, chaque pro-jet est différent en fonction del’existant sur l’exploitation (bâti-ments vides, cultures, sols por-tants, etc.). Il faut concilierconfort de travail de l’éleveur,confort des animaux, environ-nement et performances tech-nico-économiques (notammentbien gérer son indice de consom-mation). Pour chaque projet, letechnicien NVB est en mesured’accompagner l’éleveur dans lastructuration de son projet. Lataille limite des élevages déve-loppés par la filière NVB n’excé-dera cependant pas 80 truies parexploitation. Cette limite est éta-blie sur des critères propres à l’é-thique biologique (élevages à

taille humaine et diversifiés, créa-tion d’emplois, développementdu lien au sol et de l’autonomiealimentaire,…).

Zoom sur un système de 30 truies naisseur-engraisseur en bâtimentNous prenons comme exempleun système de 30 truies naisseur-engraisseur conduit en bâtiment,anciennement conventionnel etréhabilité pour répondre aucahier des charges de l’AB envigueur (tableau 3). L’atelier com-prend une fabrication d’alimentà la ferme avec une autonomealimentaire de 50 % (achat decéréales sur une zone proche del’exploitation ou production descéréales sur la ferme). Le restede l’aliment est acheté complet àl’extérieur. En ce qui concerneles produits de l’atelier, les 456porcs charcutiers (16 cochonssevrés par truie par an avec 5 %de perte) sont vendus en filièrelongue, à 95 kg de carcasse au

prix de 3,40 €/kg de carcasse netéleveur, à l’âge de 6 mois. La vented’animaux de réforme est parailleurs comptabilisée. Notre système permet donc dedégager une marge annuelle de35 874 €. Le recours à une unitéde fabrication à la ferme permetde dégager un gain par tonne d’a-liment fabriqué d’environ 40 €(coûts énergétiques, de fabrica-tion et de temps de travail comp-tés). Notons qu’il est par ailleurs pos-sible de s’orienter vers un sys-tème de type naisseur au seinduquel l’éleveur vendra des por-celets bio à un prix de 75 € l’u-nité pour un poids de 11,5 kg avecune variation de 1,20 € en plusou en moins par kg en plus ou enmoins. En élevage porcin bio, lesevrage des porcelets a lieu à

6 semaines d’âge (soit entre 11 et12 kg vif/cochon). Ce sevrageassez tardif permet aux porceletsde bénéficier d’un gain sanitairenon négligeable : plus ronds etplus solides, ils résistent mieuxaux variations des conditions d’é-levage (température, transitionalimentaire, …), et autres aléasrencontrés durant leur crois-sance.

Fabrication de l’aliment à la ferme (FAF) et lien au sol : des atouts nonnégligeables en élevageporcin biologiqueLa mise en place d’une unité defabrication d’aliment à la fermeest un phénomène en plein essoren élevage porcin bio. Si le posted’alimentation représente 85 %des coûts de production, l’inves-tissement dans une FAF ne doitpas être uniquement basé sur legain économique. La FAF repré-sente une activité à part entièreet l’éleveur doit y consacrer dutemps et de l’énergie. Un tel inves-tissement permet en revanche degagner en autonomie, de maîtri-ser sa fabrication et éventuelle-ment ses formules si l’éleveursouhaite s’y investir. Si parailleurs les céréales proviennentde l’exploitation même, les cri-ses sanitaires et cours des céréa-les ont un impact limité sur lescharges de l’exploitation. Lesavantages d’un tel investissementsont donc multiples.Si le lien au sol de l’exploitationest impossible ou limité, lerecours à un aliment 100 %acheté pour l’ensemble de l’ate-lier est possible. Les coûts d’ali-

En système d'élevage en bâtiment, les cochons reposent sur de la paille et ont accès à une couretteextérieure. (DR)

COMPRENDRE

> Tableau 1 - Quelques rappels concernant le cahier des charges bio européen (Mise à jour Nov. 2010)

> Tableau 2 - 2 systèmes d’élevage possibles

L’unité de fabrication à la ferme est composée de silos, de vis, d’un broyeur mélangeur et éventuellement d’une gestion automatisée. (DR)

Page 2: PORCS Quelques repères économiques sur la conduite d’un atelier …partage.cra-normandie.fr/bio/bio-porcs.pdf · 2012-02-16 · En système d'élevage en bâtiment, les cochons

RÉUSSIR - L’AGRICULTEUR NORMAND 1ER DECEMBRE 2011 - 27

COMPRENDRE

Inter Bio Normandie

-Journées Filières et Techniques en Normandiepour proposer des temps de rencontres entre les acteursdes filières biologiques normandes

Rencontre et échanges entre opérateurs du territoire : état des lieuxde la filière, perspectives, débouchés... Visites d'outils de préparation,transformation et distribution bio...

- Journée Filières et Techniques : pain biologique en Basse-Normandie. Mercredi 7 décembre 2011 à la Maison de la Boulangerie à Caen (14)Présentation du cadre réglementaire de la boulangerie bio et témoignages de professionnels bio. Sur inscription. 15 h - 18 h.Renseignements : Cathy Pichon. Tél : 02 31 47 22 [email protected]

- Journée Filières et Techniques : légumes biologiques en Basse-Normandie. Mercredi 14 décembre 2011 à Lessay et Créances (50)Visites de l'exploitation de Thierry de Pierrepont (Lessay), de la station PRIM’CO d’AGRIAL (avec présentation des autres outils de la branche légumes SOLECO et CREALINE)et des Jardins de Créances (Créances). Sur inscription. 9 h 30 - 18 h.Renseignements : Cathy Pichon. Tél : 02 31 47 22 [email protected]

pEn bref

mentation sont alors plus élevésmais l’atelier reste rémunérateuret l’éleveur y consacre moins detemps.

Jusqu’à 40 % d’aides à l’investissementInvestir dans une unité de fabri-cation à la ferme est un choixauquel il faut soigneusementréfléchir : pour un atelier de30 truies naisseur engraisseur,un investissement pouvantapprocher les 70 000 € peut êtrenécessaire (45 000 € pour le

matériel FAF complet : silos,broyeur, mélangeur, gestion auto-matisée ; 25 000 € pour les infras-tructures et la maçonnerie). Des subventions non négligea-bles sont disponibles auprès duConseil régional de Basse-Nor-mandie et du FEADER (Fondagricole européen pour le déve-loppement rural), dans le cadredu CPER filière qualité (Contratde projet état-région). Ces aidespeuvent représenter 40 % desinvestissements en matériel neufde FAF.

France Agrimer propose aussi un plan stratégique 2011-2012relatif à la filière porcine, avecune attribution de subvention de minimum 40 % sur une enveloppe globale de maximum50 000 €.

MICKAEL FUHSNORMANDIE VIANDE BIO

[email protected]

Normandie Viande Bio développela filière porcs bio avec le soutiendu Conseil régional et de laDRAAF de Basse-Normandie

> Tableau 3 - Zoom sur un système de 30 truies naisseur-engraisseur en bâtiment