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1 Une proposition de Michel Repellin et Isabelle Ginot pour l’association A.I.M.E. Paris-Dijon département danse université Paris VIII-Saint-Denis Pour une implication des pratiques somatiques et de la performance dans l’amélioration de la qualité de vie et des soins des personnes confrontées au VIH

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Une proposition de Michel Repellin et Isabelle Ginot pour l’association A.I.M.E. Paris-Dijon

département danse université Paris VIII-Saint-Denis

Pour une implication des pratiques somatiques et de la performance dans l’amélioration de la

qualité de vie et des soins des personnes confrontées au VIH

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SOMMAIRE

A.I.M.E., ASSOCIATION D’INDIVIDUS EN MOUVEMENTS ENGAGES Pour une nouvelle approche du « geste soignant partagé » p. 4 Une équipe pour construire un projet p. 5 L’éthique A.I.M.E. p. 6

contextes et milieux chorégraphiques contextes du soin désaliénations A.I.M.E. et les associations croiser les savoirs du corps méthodes

LES METHODES SOMATIQUES Des outils pratiques pour une approche des « savoirs corporels » p. 12 Une compétence à construire : le « savoir-sentir » p. 13 Performer p. 14

LE PROJET Calendrier des actions p. 17 Ateliers Feldenkrais hebdomadaires p. 18 Incidents perceptifs p. 19 Formation continue p. 20 Un séminaire de recherche Paris 8/MSH p. 21 Perspectives p. 22

ANNEXES Partenaires p. 24

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A.I.M.E., ASSOCIATION D’INDIVIDUS EN

MOUVEMENTS ENGAGES

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POUR UNE NOUVELLE APPROCHE DU « GESTE SOIGNANT PARTAGE » A.I.M.E (association d’individus en mouvements engagés, loi 1901), créée en juillet 2007 et présidée par Sophie Claudel1 rassemble ses membres, venus de contextes professionnels différents, sur la base d’expériences et d’observations convergentes : le cloisonnement puissant (dans la société française) entre les milieux sociaux et institutionnels du soin, du geste artistique (particulièrement le monde de la danse) et les pratiques somatiques. L’activité développée par A.I.M.E en relation avec le monde du soin s’inscrit dans la continuité du parcours de Julie Nioche, une artiste qui questionne depuis ses premiers projets l’image du corps et les troubles identitaires qui y sont associés. Le parcours artistique atypique de Julie Nioche a l’amenée à rencontrer Isabelle Ginot, Gabrielle Mallet et Michel Repellin avec lesquels elle fonde en juillet 2007 l’association A.I.M.E2 . A.I.M.E met en place une structure en réseau reliant des intervenants aux compétences transdisciplinaires issus des champs culturel, social et médical. La conception de ce projet a reçu l’accompagnement et les conseils de certains acteurs du programme des « nouveaux commanditaires » piloté par la Fondation de France (Xavier Duroux, directeur du Consortium – Centre d’Art de Dijon, Sophie Claudel), ainsi que de l’équipe du département Danse de l’Université Paris VIII-St Denis. Pour rencontrer les acteurs du terrain VIH, l’association a reçu l’appui du groupe inter-associatif « Traitements et recherche thérapeutique », TRT-53. A.I.M.E fonde ses principes d’action sur une charte précisant les objectifs personnels et professionnels de chaque membre du réseau. Cette charte précise les compétences requises pour mettre œuvre les projets décidés collectivement, les modes d’évaluation des actions menées, et les moyens financiers sollicités pour mener à bien les objectifs. L’association est à but non lucratif, son conseil d’administration est composé d’acteurs issus des champs médical, social et culturel engagés dans l’accompagnement par les techniques du corps et du geste des personnes en souffrance physique ou psychique, ainsi que dans le renforcement des compétences du soignant et du soigné.

1Sophie Claudel a longtemps agi pour la Fondation de France dans le cadre des « Nouveaux Commanditaires » où elle a conçu des projets artistiques contemporains répondant à des problèmes d’utilité publique. Elle a dirigé et programmé le département « Nouvelles Scènes » du Consortium à Dijon et participé à la programmation des « Spectacles Vivants » du Centre Pompidou de 2000 à 2003. Ses fonctions actuelles à l’Ambassade de France au Royaume-Uni l’ont amenée à concevoir et organiser un événement de grande envergure dans plus de 10 lieux de danse contemporaine à Londres (2005) et « Paris Calling » en 2006 réunissant 23 musées et centres d’art autour de 121 artistes contemporains. Elle a réuni pour cela fonds publics et fonds privés anglais et français, et créé une entreprise de droit privé britannique qu’elle dirige depuis 2006 .Elle est depuis 2002 directrice d’une collection d’écrits sur le spectacle vivant au sein de la maison d’éditions Les Presses du Réel (basée à Dijon)ref. biographie et parcours des œuvres de Julie Nioche , biographie des porteurs du projet en annexe). 2 cf note biographique des porteurs du projet, I.Ginot, M. Repellin, J.Nioche, G.Mallet en annexe 3 TRT-5 regroupe sept associations : AIDES, Act-Up, Actions Traitements, Sida Info Service, Dessine moi un mouton, ARCAT, Nova Dona

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UNE EQUIPE POUR CONSTRUIRE UN PROJET Les compétences d’A.I.M.E se nourrissent de l’expérience professionnelle et/ou associative acquise par chaque membre. La majorité des projets sur lesquels les membres d’A.I.M.E furent amenés à travailler ensemble ou séparément, durant ces dix dernières années, mettaient systématiquement en avant le besoin d’une nouvelle approche du corps, sur le terrain universitaire, artistique, ou médical. Grâce aux rencontres avec les publics menées dans certains contextes de résidence artistique en France (Paris, Dijon, Reims, Annecy), et à l’étranger (Gand, Leuven, Berlin, Rio, Fortaleza, Lisbonne), Julie Nioche ainsi que ses collaborateurs ont pu confronter une démarche artistique à un corps social « en crise » extrêmement morcelé. Isabelle Ginot est professeur à l’université Paris VIII, co-responsable du département danse et praticienne Feldenkrais. Son enseignement et ses recherches se sont centrés sur l’analyse des œuvres en danse contemporaine puis l’analyse des pratiques de danse et des pratiques somatiques. Elle est intervenante au Centre National de Danse Contemporaine (CNDC Angers). Michel Repellin est coordinateur des activités artistiques d’A.I.M.E dans l’espace médical et social. Il est bénévole au sein de l’association Actions Traitements à Paris (rédacteur pour InfoTraitements), membre du groupe Inter-associatif « Traitements et recherche thérapeutique » / TRT-5. Il siège au collège « représentant de patients » au sein de la Coordination Régionale sur le VIH (Corevih) - Région Ile de France (Nord / Hôpital Bichat-Claude Bernard) et il est membre du Comité de Protection des Personnes, Hôpital La Pitié-Salpétrière / Paris. Julie Nioche est artiste, ostéopathe. Elle a travaillé au Brésil, en Turquie et dans plusieurs villes européennes auprès de publics adolescents en grandes difficultés dans le cadre des « ateliers Sisyphe », projet culturel et pédagogique autour d’une ré-appropriation du geste par la danse. Elle a été également intervenante en milieu hospitalier auprès de personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire (CHU Dijon). Elle a été associée a un programme d’ateliers pour enfants handicapés moteurs (Hôpital de Reims) et responsable d’un projet artistique en collaboration avec la structure culturelle ALKANTARA à l’hôpital psychiatrique Miguel de Montbarda (Lisbonne) Gabrielle Mallet est kinésithérapeute et ostéopathe. Elle co-anime les « ateliers Sisyphe » avec Julie Nioche et participe depuis cette année à un protocole de recherche sur l’impact du « toucher –massage » dans un service de soins palliatifs en cancérologie à Levallois-Perret.

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L’ETHIQUE A.I.M.E. CONTEXTES ET MILIEUX CHOREGRAPHIQUES Le mouvement de A.I.M.E. répond à ce que nous considérons comme une crise de la pensée du corps dans le domaine chorégraphique, et une impasse des systèmes de représentation du corps et du geste dansé. Les systèmes de production et diffusion des œuvres et du travail chorégraphique ont conduit, particulièrement en France, à un isolement du travail artistique des autres champs sociaux. Si ce territoire de la création chorégraphique et gestuelle – que A.I.M.E. ne rejette pas et investit pleinement – connaît depuis une dizaine d’années des remaniements profonds quant aux enjeux et aux formes de la production artistique, la question des liens et de l’interpénétration entre monde de l’art et monde social peine à être posée, en partie parce que les systèmes de production et diffusion entretiennent cette coupure. C’est pourquoi A.I.M.E n’est pas seulement une structure de production artistique au sens traditionnel, mais aussi un réseau valorisant le partage et la dissémination des connaissances. A.I.M.E. souhaite faire travailler ensemble tous les « métiers » qui contribuent au « savoir corporel » et propose des perspectives inédites sur le « geste social et thérapeutique ». A.I.M.E. souhaite repenser les savoirs du corps en dehors des territoires imposés par la culture et le monde social, et qui tendent à séparer savoirs du danseur et savoir médical, esthétique et sciences médicales ou encore anthropologie, etc. Autrement dit, si « le corps » est une entité multiple, instable et indéfinie, ses savoirs propres ne répondent pas aux définitions culturelles dominantes qui font du « corps dansant » un corps radicalement étranger au « corps patient », au « corps quotidien », au « corps culturel », etc. A.I.M.E. propose aux mondes « non dansants » du soin, de l’école, de l’hôpital, etc., de partager des gestes et des danses. CONTEXTES DU SOIN C’est dans le contexte des années de forte prise de conscience du rôle du patient et de la responsabilité pédagogique du secteur médical (1996-2006) que le parcours des membres d’A.I.M.E s’est construit. Depuis la fin des années 90, s’est affirmée la nécessité d’une « éducation thérapeutique », notamment en direction des patients souffrants d’Affections Longues Durées, d’où la formulation par des professionnels de la santé, des patients eux-même ou de leurs représentants de recommandations sur de nouveaux rapports « soignant - soigné » (notamment le rapport YENI pour le VIH, 2004-2006). De même, l’objectif du « Plan pour l’amélioration de la Qualité de Vie des personnes atteintes de maladies chroniques » du Ministère de la Santé finalement inscrit dans la perspective 2007-2011 se fait l’écho d’un besoin d’échanges d’informations et d’une évolution de la « qualité du rapport » entre soignants et soignés. Cependant, l’ensemble des informations collectées sur le terrain révèle la difficulté pour un patient d’assumer l’ensemble des approches de la maladie entre un ressenti physique, une réalité clinique, une perception psychologique et les implications sociales de ces différents facteurs. La forte individualisation des situations thérapeutiques rend les recommandations médicales complexes sur le long terme, au regard des pathologies qui peuvent s’ajouter au VIH (co-infections etc). D’autre part, les associations de patients sont très vigilantes quant au conflit qui peut apparaître dans le système de soin, entre la réalité économique et les bénéfices individuels qui devraient prédominer dans toute prise en charge thérapeutique. Le taux de mortalité lié au VIH ayant fortement baissé, la priorité thérapeutique des institutions de soin n’est pas forcément - pour des raisons liées à la culture médicale et à un contexte économique global - celle d ‘une « qualité de vie » du patient ou un accompagnement vers des pratiques qui peuvent aider la personne à se « dé-

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patientiser » pour être en mesure de rencontrer avec la meilleure autonomie possible tous les acteurs amenés a lui prodiguer conseil ou soin. Aussi, les espaces qui interrogent les relations entre un public de « patients » dont la définition tend à s’élargir, et tous les acteurs qu’il sera amené à fréquenter dans son parcours, sont au cœur de nos préoccupations. Celles-ci font écho « du point de vue de la personne » aux nouvelles stratégies politiques qui amènent les concertations au sein des COREVIH ou autres instances de représentation du patient (en arrière fond également de la nouvelle gouvernance hospitalière). En-deça des directives institutionnelles, il ne faut pas ignorer que la fragilité de la personne atteinte par le VIH peut rejoindre ou conforter une vulnérabilité avant la rencontre avec le virus et que la « qualité de vie » est une question antérieure à la séropositivité, qui s’ancre souvent dans les effets rétroactifs d’un imaginaire ou d’une culpabilité autour d’un mode de vie, un rapport négatif à la prévention, un contexte psychologique particulier, une peur de la maladie. Ceci est un élément primordial pour une approche « positive » et « instruite » de l’accompagnement du geste thérapeutique placé dans une perspective à long terme. DESALIENATIONS Le milieu de la danse connaît une histoire singulière qui l’a conduit à réfléchir fortement sur les modes d’aliénation passant par le contrôle du corps. Une part importante du milieu chorégraphique contemporain a en effet œuvré, dans les années 90, à analyser et délier les modes d’aliénation propres à la formation du danseur, aliénation qui continuait de travailler (et continue sans doute encore) au sein des pratiques professionnelles. Cette réflexion et ce travail politiques ont constitué une part importante de l’activité du département Danse de l’Université Paris VIII, partenaire de l’ensemble des projets A.I.M.E.. Les questions auxquelles se confrontent aujourd’hui les associations de patients, les réflexions sur son statut et son aliénation au sein du système médical dont il dépend ne sont pas sans rapports avec cette expérience du milieu chorégraphique. Aussi, les projets développés par les membres de A.I.M.E depuis 10 ans apparaissent comme la préfiguration d’intersections nécessaires entre un savoir médico-social et un savoir du corps en danse qui impliquerait le « corps social ». Les pratiques somatiques et les « savoirs » du corps, très fortement inscrits dans la culture chorégraphique, apparaissent comme un moyen pour soutenir des démarches qui appellent de nouveaux rapports entre les techniciens du savoir médical ou social et les patients et les personnes qui les accompagnent (aidants, bénévoles etc.). En retour, pour les personnes issues de la culture chorégraphique, l’expérience dans le champ social et médical redonne du sens à leur engagement dans les structures de production et de diffusion culturelles. Ces constats nous conduisent à déplacer vers le monde du soin les techniques et stratégies éprouvées dans le monde de la danse, et tout particulièrement les méthodes somatiques2 et les pratiques de la performance dansée. Ces pratiques sont autant d’outils pour conduire vers une « dépatientisation des patients », et vers l’émergence de nouvelles compétences professionnelles, appuyées sur la possibilité de croisements de savoirs et d’expériences jusqu’ici peu tentées.

2 Méthodes somatiques : voir définition pages 10 à 13.

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A.I.M.E. ET LES ASSOCIATIONS A.I.M.E. s’intéresse au croisement des « savoirs corporels » éprouvés dans la sphère artistique et celle du soin ; elle travaille avec le secteur associatif pour mieux évaluer, et répondre aux besoins liés a la prise en compte du corps dans les pratiques médico-sociales et de façon plus spécifique les parcours de soins tels qu’ils s’actualisent aujourd’hui. A.I.M.E n’est pas une association de patients, elle s’appuie principalement sur un dispositif de conventionnement et de partenariat avec les associations de patients déjà existantes. En 2007/2008 le projet s’organise en collaboration avec trois associations dont deux d’entre elles sont présentes au TRT-5 www.trt-5.org dont la contribution a été déterminante dans la mise en place de ce travail :

- - Actions Traitements - www.actions-traitements.org - - SOS Hépatites - www.soshepatites.org - - ARCAT – Groupe Sos - www.arcat-sida.org

Des contacts avec d’autres associations sont en cours de discussion. Le rapport au secteur associatif de patients est un choix qui répond à notre propre culture de l’engagement (culturel et associatif depuis plus de dix années) et du déplacement des savoirs et compétences professionnelles. Le rapport privilégié aux associations nous permet de nous adresser à des interlocuteurs porteurs d’un savoir « non institutionnel » mais néanmoins extrêmement instruit des revendications et besoins des publics touchés. Cette démarche nous permet à toucher différentes réalités de terrain qui révèlent des difficultés d’accès au « soin » ou à l’information sur des activités qui peuvent « aider » la personne dans son parcours médical ou social. Ces difficultés d’accès que ce soit au « soin médical », au « geste aidant » peuvent être d’ordre physique (déplacements difficiles, obstacles psychologiques) ou de nature sociales et économiques. Pour ces raisons, nous devons réfléchir avec le secteur associatif aux stratégies d’approche d’un public extrêmement hétérogène, leur implication directe dans la formulation des besoins, la désignation des espaces sur lesquels les types d’action que nous proposons deviennent pertinentes. CROISER LES SAVOIRS DU CORPS Les méthodes somatiques offrent une multitude d’outils disponibles pour soutenir l’engagement de l’ensemble des personnes confrontées au VIH, du risque de la contamination jusqu’au « vivre avec » : séronégatifs, séropositifs, soignants, bénévoles associatifs, aidants. « Vivre avec le VIH », par la relation au risque de la séropositivité, le traumatisme de la séro-conversion, par des co-infections révélées récentes ou anciennes; le vivre avec ou sans les effets secondaires des traitements multiplie le profil des personnes que rencontrent les associations et les services hospitaliers et « isole» paradoxalement d’autant plus la personne alors que ses interlocuteurs se multiplient. En dehors des prises

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en charge psychologiques, peu d’espaces sont proposés pour une pratique de corps qui réunirait un public sans « critère thérapeutique » et sans exclure néanmoins la spécificité de l’état de santé physique et psychologique de chacun. Dans ce contexte, il est important de sensibiliser les bénévoles, professionnels des associations ou personnels soignants en lien direct avec les patients à une approche et une écoute globale des paroles et gestes de ceux-ci. Etre présent sur le terrain associatif montre à quel point les nouvelles questions thérapeutiques se multiplient et se complexifient. La forte capacité d’expertise technique de nombreuses associations les oblige à repenser les contextes d’accueil du patient dans une approche globale de sa situation tout en repérant les spécificités de ses besoins. La notion de « prise en compte globale» est un objectif qui s’évalue et s’identifie parfois difficilement entre des critères sociaux, médicaux, psychologiques. Les moyens techniques qui peuvent concourir à son amélioration deviennent difficiles à transformer en enjeu pour de futures revendications sur le terrain des stratégies thérapeutiques ou des conditions d’accompagnement social des patients. Il s’agit de proposer l’accès à des pratiques qui ne se situent pas sur un terrain d’action thérapeutique mais qui travaille l’accompagnement de celui-ci en sollicitant par une pratique somatique un héritage corporel et psychologique. Aussi, notre stratégie vise à appréhender une approche de la prévention en matière de soin qui, sans être spécifique au VIH, ne juxtapose pas systématiquement « qualité de vie » et « maladie ». L’accueil d’une personne dans un atelier proposant une pratique somatique aura comme objectif l’amélioration de sa « qualité de vie » qui inscrit sa pathologie ou la crainte de sa pathologie comme l’un des éléments déterminants de celle-ci. Néanmoins, la prise en compte de son « état de corps », de l’histoire de son parcours dans sa relation à la maladie et aux troubles corporels seront également nécessaires. Pour cette raison, il est important d’ouvrir la possibilité d’une pratique de la même façon à un public regroupant des personnes non séropositives mais vivant certaines difficultés dans leur approche de la prévention, des personnes séropositives sans traitement, des patients sous tri-thérapie ou qui traversent une période d’interruption de leur traitement. METHODES D’où la nécessité d’inscrire un travail sur plusieurs années avec une récolte d’informations par une succession d’étapes afin d’alimenter un travail d’évaluation de l’impact des pratiques somatiques dans la qualité de vie et la qualité des soins. Les pratiques somatiques ne sont pas reconnues comme « soin » par l’institution médicale et ne font donc l’objet d’aucun remboursement. Une séance individuelle représente donc un coût, et se trouve donc inaccessible aux personnes en difficultés économiques. Ce projet s’oppose à la réalité « élitiste » des pratiques somatiques qui freine autant l’accès pour ces personnes, que la possibilité d’une véritable évaluation de l’impact de ces pratiques à différentes étapes d’un parcours thérapeutique spécifique VIH (de la prise de connaissance de sa maladie, aux effets secondaires d’un traitement)… Il s’agit par ce projet de mettre en place le cadre d’actions concrètes qui rapprochent le patient du terrain associatif sans que l’activité proposée soit une activité de pur loisir ou de pure information thérapeutique. Dans ce sens, la pratique somatique peut recréer un lien entre « connaissance » et « bien être », prise en compte de l’expérience (du malade, du militant, du patient) et application d’un mode relationnel qui distancie la charge thérapeutique sans exclure la réalité de celle-ci propre à chaque personne.

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Le projet de A.I.M.E met en perspective de nouveaux modes de dialogues entre bénévoles associatifs et patients, bénévoles associatifs et soignants, soignants et patients, patients entre eux Les ateliers proposent une mixité entre séropositifs et séronégatifs, hommes femmes, personnes jeunes ou plus âgées, professionnels et usagers des actions associatives. Par les pratiques somatiques s’actualise « en pratique » un dialogue entre des personnes qui occupent à des places spécifiques dans la confrontation au VIH de la prévention au soin. Elles prennent en compte chaque histoire dans le VIH qu’il s’agisse d’une histoire de l’engagement ou celle d’un parcours dans la maladie

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LES METHODES SOMATIQUES

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DES OUTILS PRATIQUES POUR UNE APPROCHE DES « SAVOIRS CORPORELS »

Les savoirs corporels propres aux danseurs et aux praticiens somatiques sont d’une grande pertinence pour nombre de contextes soignants, et répondent souvent à des difficultés que les pratiques médicales ne traitent pas ou échouent à traiter. Cependant, le langage et la culture de ces deux milieux, pour une grande part étanches l’un à l’autre, rendent souvent difficiles la rencontre et le partage des savoirs et compétences. Les méthodes somatiques ont fait largement leurs preuves en matière d’amélioration de qualité de la vie ; cependant, exclues des systèmes institutionnels, elles ne font l’objet que de rares, et souvent discutables, études quantitatives, études dont la modélisation pose d’ailleurs souvent problème car elle est contradictoire avec les modes d’opération des méthodes somatiques. Cette coupure est plus ou moins franche selon les pays, mais il faut rappeler que nombre de pays du Nord et Est de l’Europe (Suisse, Allemagne, Suède) ou les Etats-Unis, ont inséré ces méthodes dans leur système paramédical, tandis qu’elles sont encore en France fortement marginalisées. Les « méthodes somatiques » ou « méthodes d’éducation somatique » sont un ensemble de méthodes et techniques touchant au corps et au geste. Elles sont disséminées à travers le monde et jouissent d’une reconnaissance très inégale selon les pays et les cultures (dans plusieurs pays nordiques et germaniques elles sont intégrées au secteur para-médical, en France elles sont exclues du système de soin…). Même si toutes ces méthodes ne s’assignent pas une fonction thérapeutique, elles se situent d’emblée dans une position alternative aux modes de soin classiques occidentaux. Beaucoup puisent une partie de leurs ressources dans des pratiques gestuelles (arts martiaux) ou thérapeutiques (massages, soins énergétiques) dans les cultures traditionnelles orientales (Inde, Chine, Japon…) ; elles relèvent cependant radicalement de la culture occidentale dans la mesure où toutes s’efforcent de tendre vers une explication rationnelle de leur efficacité. Ces pratiques ont un certain nombre de traits communs : • principe holistique : elles envisagent la personne (élève ou patient) dans sa globalité,

et considèrent que toute fonction entravée affecte toute la personne ; et réciproquement, toute amélioration d’une fonction affecte toute la personne

• elles accordent une place centrale à l’expérience de la personne, et plus

particulièrement à ses sensations et ses modes de sentir. L’opposition « subjectif/objectif » est donc peu opérante dans ces méthodes, tandis que le savoir et l’expérience de l’élève ou patient sont considérés comme un savoir à part entière, qui fait précisément l’objet du travail (et non le paramètre à éliminer)

• la notion d’amélioration, d’apprentissage, de soin ou de guérison est toujours supposée

être conduite par la personne, son corps, son système, et non par le praticien, qui se contente de créer les conditions pour que cette amélioration se produise.

• Elles visent toutes, quoique par des moyens différents, une amélioration de

l’expérience de la personne dans sa globalité (d’où le flou, parfois, de leurs objectifs déclarés : se sentir mieux dans sa vie, être plus efficace, etc.)

• Elles placent la personne usagère, patiente ou élève, au centre de la conduite du

travail.

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Au-delà de ce fonds commun, elles se différencient tout d’abord par leurs techniques : certaines se pratiquent uniquement en séances individuelles (ostéopathie, Alexander, Rolfing, shiatsu, massages…) tandis que d’autres ont une forme collective (Body Mind Centering, Feldenkrais…) ou combinent les deux. Certaines sont d’apparence plus passive pour l’usager, tandis que d’autres sont plus actives (quoique cette opposition soit remise en question par toutes les méthodes). Surtout, chaque méthode aborde la globalité du sujet par ce qu’on pourrait appeler une « porte » différente : certaines s’intéressent plutôt à la structure (squelette, tissus, réseaux énergétiques) tandis que d’autres traitent plutôt de la fonction (le mouvement, les coordinations, la posture). Certaines passent par le toucher, d’autres par le geste, certaines emploient des objets et accessoires (Pilates, Eutonie), etc. Ainsi, malgré des définitions et des objectifs pour une grande part communs, ces techniques, pour l’usager, présentent de grandes différences dans leur pratique. Enfin, comme beaucoup de ce qui touche au corps dans notre civilisation occidentale, ces méthodes souffrent de ce que l’on appelle un retard théorique, c’est-à-dire que si leur efficacité est largement vérifiée empiriquement, on ne sait pas encore vraiment expliquer cette efficacité. Pourtant, les sciences contemporaines se tournant massivement aujourd’hui vers les questions qui touchent au mouvement, à la perception et à la conscience de soi et du geste, ces méthodes font l’objet d’un intérêt de plus en plus grand de la part des scientifiques, qui commencent à percevoir le gisement de connaissance empirique qu’elles constituent. Pour l’usager, les objectifs et les bénéfices de ces méthodes sont toujours définis en fonction de l’individu. Ils vont de l’amélioration du confort de la vie et du mouvement (moins d’effort, moins de douleur, plus de précision ou de liberté dans le mouvement…) à la résolution ou l’amélioration de problèmes aigus (paralysies, douleurs aiguës et chroniques). Leurs usagers – et souvent dans le même cours – peuvent être aussi bien des professionnels à la recherche d’une plus grande virtuosité (musiciens, danseurs, sportifs de haut niveau) que des personnes en grandes difficultés (paralysies, maladies graves, handicaps perceptifs ou moteurs, détresses psychiques…). Enfin, elles envisagent leurs modes d’action aussi bien sur le plan préventif que curatif, et éducatif. UNE COMPETENCE A CONSTRUIRE : LE « SAVOIR-SENTIR » Ce qui réunit les pratiques somatiques et le travail du danseur (particulièrement le danseur contemporain), c’est une compétence « savante » rarement répertoriée parmi les savoirs institutionnels : le « savoir-sentir ». Les connaissances empiriques comme les savoirs scientifiques les plus récents placent au cœur de la construction du geste, le travail de la perception, et font une place de plus en plus grande au « 6ème sens », à savoir la proprioception. Souvent présentée comme une machine passive et quasi-automatique de recueil de données, la proprioception, ou sens kinesthésique et sens du mouvement, est en réalité une activité constante du sujet, plus ou moins fine, plus ou moins adaptable en fonction de sa culture et de son histoire gestuelle ; elle est surtout, pour chacun de nous, une construction en perpétuel devenir. Les danseurs, bien sûr, cultivent ce savoir au plus haut point ; les méthodes somatiques ont fait du sens de soi et du sens du mouvement la voie royale vers la reconquête de l’autonomie gestuelle, en menant un travail fin et patient sur les rapports entre automatismes acquis (les habitus gestuels qui nous permettent de nous mouvoir sans avoir besoin d’y penser) et conscience du geste (conscience indispensable à tout changement durable dans la motricité).

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Notre culture a fortement atrophié ce « sens du mouvement » (Alain Berthoz) au profit notamment du sens visuel – c’est devenu un cliché de le dire. Les pratiques du corps et du geste invitent au raffinement de ce savoir plus ou moins cultivé, et qui est curieusement quasiment absent de la culture médicale dominante. Notre hypothèse est que cette culture du sentir peut jouer un rôle crucial dans l’amélioration des conditions de vie des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et dans la propre prise en charge de leur parcours de soin, et ce pour trois groupes de raisons : Cette culture de la sensation se construit à partir d’allers-retours entre conscience et

non-conscience, geste automatique et geste volontaire, qui met au cœur du travail la question de l’autonomie et de la responsabilité du sujet concerné ; ce faisant, elle offre une opportunité de reconfigurer la distribution traditionnelle des savoirs entre soignants (sujets du savoirs) et soignés (objets du savoir des soignants), et propose la prise en compte d’un savoir à part entière, celui du patient, qui devient acteur et pilote de sa propre expérience ; certaines de ces méthodes (notamment la méthode Feldenkrais) offrent, parallèlement à l’expérience motrice, un accès direct au modèle d’apprentissage qu’elles constituent, donnant accès à leur propre méthodologie. A ce titre, elles constituent un outil précieux pour la prise en charge de soi-même.

Dans ce domaine, la « compétence » des patients n’est à priori ni plus ni moins grande

que celle des soignants ou des accompagnants : on peut n’être pas malade et avoir une conscience corporelle et gestuelle très limitée ; on peut être gravement malade et jouir d’un savoir-sentir très élaboré. La proposition d’offrir les mêmes pratiques corporelles à un public mixte (patients, bénévoles, personnels associatifs et personnels soignants) nous semble donc être la condition pour étudier les possibilités de resituer la pathologie au sein de l’expérience plus large de la personne dans sa globalité. Faire partager une expérience commune à des personnes que les répartitions traditionnelles différencient à priori est l’un des enjeux de ce projet.

Enfin, la plupart de ces méthodes – et en tout cas celles que nous pratiquons – reposent

sur une pensée du corps, de l’expérience et du geste qui déplace et reconfigure les normes traditionnelles. Elles partent d’une observation du sujet « ici et maintenant », plutôt que d’une mesure de l’écart entre la position de ce sujet et la norme. A ce titre, elles ont développé un mode de pensée et de relation profondément atypique qui leur permet de s’adresser également à toute personne, quel que soit son état de santé et les représentations qu’elle se fait d’elle-même.

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PERFORMER « Faire », être acteur de ses gestes : telle est la définition première du terme « performer », issu de l’Anglais et qui a, en art, connu de nombreuses définition. Performer pourrait aussi être l’exact contraire de « être patient ». Performer nécessiterait une certaine impatience. Les artistes de A.I.M.E. ont une activité de performance dans les sphères traditionnelles du spectacle et de l’art contemporain. Performer, dans ce cadre, consiste à penser précisément le sens du geste produit et ses intentions. Performer, c’est souvent, pour Julie Nioche par exemple, affronter une question personnelle, un défi, et se servir de la situation de représentation pour le résoudre. Faire l’expérience de ses limites, par exemple, et trouver les ressorts personnels qui permettent de les franchir. Reconnaître et accepter les contours d’une image corporelle et la façon dont ces contours définissent, paradoxalement, le regard porté par les autres. Identifier les sensations, mais aussi les limites, les impossibilités corporelles d’un moment et les transformer en une danse du jour. Ces pratiques sont au quotidien des artistes performers. Mais les questions auxquelles elles répondent ne sont pas propres aux artistes, elles touchent explicitement ou non tous ceux qui vivent « avec un corps », qu’ils vivent celui-ci comme un instrument fidèle, un ennemi à combattre, un ami qui a trahi, une maison plus ou moins confortable, l’instrument de leur plaisir ou de leur angoisse. Les artistes de A.I.M.E. proposent de partager ces pratiques avec des non-danseurs, et tout particulièrement des patients, considérant que « transformer son corps et son geste » en fonction à la fois de son propre désir et de ses propres limites peut être donné à chacun. Avec la performance, il ne s’agit pas de se projeter « en amateur » dans le monde du spectacle, mais d’investir en sujet de son propre geste un espace singulier et choisi. Par le biais du travail de performance, A.I.M.E. entend répondre à la culture occidentale qui fait à priori du patient un passif, objet des gestes des autres (les soignants). Par ce biais aussi, A.I.M.E. propose aux soignants de partager des gestes communs avec les patients, d’une part ; et de se rendre sensible à des savoirs du geste et du corps rarement mis en commun dans le monde du soin. A.I.M.E. propose le travail de la performance comme porte de retour à l’action et au sens du projet, pour tous les patients qui rencontrent des difficultés avec « l’agir ».

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LE PROJET

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A.I.M.E. a donc pour projet de contribuer à diffuser les compétences et les savoirs du corps propres aux danseurs et aux praticiens de méthodes somatiques dans le monde du soin, tout particulièrement dans le domaine de la qualité de vie. Ce projet s’articule selon trois axes : Un travail de terrain en relation avec les associations et les soignants : ateliers

somatiques et ateliers performances Un travail de recherche visant à développer à la fois un outillage critique vis-à-vis des

méthodes en pratiques employées, et des modalités d’évaluation de l’impact de ces pratiques auprès des personnes concernées.

Une activité de formation visant à faire émerger de nouvelles compétences et à croiser les savoirs du corps avec les savoirs médicaux

CALENDRIER DES ACTIONS Octobre-décembre 2007 Rencontre avec les associations de lutte contre le SIDA /

Mise en place des conventions pour les ateliers hebdomadaires et ateliers Incidents perceptifs « faire œuvre de soi » . Mise en forme des contrats des intervenants, et calendriers trimestriels

Janvier– Juin 2008 Ateliers hebdomadaires pour 20 personnes / Lieu : Studio

Astrakan Ateliers Incidents perceptifs, « faire oeuvre de soi » / Lieu Nd Février 2008 Mise en place du protocole de recherche et

conventionnement avec la Maison des Sciences de l’Homme de Paris Nord (« Impact des pratiques somatiques sur la qualité de vie des personnes confrontée au VIH»

Juillet 2008 Conventionnement avec les associations de lutte contre le

SIDA pour : les accueils de stagiaires et la mise en place des inscriptions des stagiaires boursiers des associations dans le cadre de la formation continue.

Septembre – Dec. 2008 Ateliers hebdomadaires pour 20 personnes / Lieu Nd

Ateliers Incidents perceptifs « faire œuvre de soi » / Lieu Nd Janvier 2009 Début du Cycle de Formation continue (1/3 personnel

soignants, 1/3 étudiants et praticiens feldenkrais en lien aavec le secteur médical, 1/3 bénévoles ou personnel des associiation de lutte contre le VIH

Janvier-Juin 2009 Ateliers mensuels Incidents perceptifs « faire œuvre de soi »

Lieu Nd Octobre-Décembre 2009 Ateliers mensuels Incidents perceptifs « faire œuvre de soi »

Lieu Nd

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ATELIERS FELDENKRAIS HBDOMADAIRES : STUDIO ASTRAKAN, JANVIER-JUIN 2008 Les ateliers collectifs • Chaque atelier dure deux heures et inclut la séance Feldenkrais et un temps réflexion

sur cette séance (discussion de groupe, entretiens individuels, questionnaires, etc., selon la séance). Il peut être suivi toutes les semaines ou une semaine sur deux.

• Chaque séance est organisée autour d’un thème de mouvement général (torsion, flexion, extension) ou quotidien (marcher, se lever et s’asseoir, atteindre un objet, etc.). Les séances se passent souvent allongé sur le sol, mais parfois aussi assis ou debout. L’enseignant guide les élèves par des indications verbales, sans jamais montrer le mouvement. Les mouvements proposés sont simples, n’exigent ni force ni souplesse particulière mais ils sont inhabituels, et font appel à une attention également inhabituelle à nous-mêmes : comment je bouge, quelles parties de moi-même participent à ce mouvement, comment trouver d’autres chemins possibles pour répondre à l’indication. Toujours simple et doux, ludique et très relié à la vie quotidienne, ce processus conduit progressivement à améliorer l’ensemble de nos habitudes de mouvement afin de les rendre plus agréables, plus confortables et faciles. Un autre enjeu est de placer la personne au centre de ses décisions (le professeur n’indique pas quelle est « la bonne façon » de réaliser un mouvement, mais offre des explorations qui permettent à chacun de sentir quelle est la solution la plus agréable et facile pour elle) et d’explorer le mouvement en dehors de toute normativité, si ce n’est celle du confort et du plaisir.

Les séances individuelles : • Dans les séances individuelles, la personne peut exposer une demande précise (en

termes de mouvement, de confort, de projet à réaliser, de geste à améliorer ou de douleur à soulager…) qui sera au centre de la ou des séances. Selon les préférences de chacun le praticien pourra travailler comme dans une séance collective, en guidant verbalement le mouvement de la personne et en l’aidant à prendre conscience et à transformer ses façons spécifiques de bouger ; ou bien il pourra guider le mouvement par le toucher, l’élève se trouvant alors plutôt dans une situation d’écoute de ses sensations. Le travail individuel est particulièrement adapté pour des personnes ayant des difficultés spécifiques, ou aiguës (difficultés à s’allonger par terre ou se relever, douleurs aigues ou chroniques…) ; pour celles qui ne sont pas confortables en situation de groupe, ou encore pour celles qui ont des difficultés de compréhension du Français. Le choix du guidage verbal ou de contact peut être laissé à la personne, si elle le souhaite.

Les bénéfices attendus • La méthode Feldenkrais travaille essentiellement sur les habitudes non-conscientes

du mouvement (ou automatismes acquis). Autrement dit, elle s’occupe de toutes les habitudes de posture et de mouvement qui, bien souvent, freinent notre activité et surtout apportent fatigue, difficultés d’action et douleurs (les douleurs de dos, pour citer un exemple commun). Chacun peut attendre de ces séances un effet dans la vie quotidienne : facilitation du mouvement, moindre fatigue, meilleur équilibre, meilleure compréhension de ses façons d’agir, réduction des douleurs, meilleure dynamique d’action.

• Parce qu’elle permet d’être plus attentif à ses sensations, de les comprendre et de savoir agir sur elles, la méthode Feldenkrais peut être un atout précieux dans le contexte des ALD et de leurs traitements. Elle peut aider à en optimiser les effets positifs, et à en réduire les effets négatifs. Elle offre une batterie de stratégies utilisables par chacun pour agir sur ces effets et apprendre à jouer avec eux, plutôt que d’en être le jouet.

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• Enfin, au cœur de ce travail se trouve la question du choix : quels sont les différents choix possibles dans une situation (de mouvement) donnée et comment puis-je les explorer, favoriser ceux qui me semblent plus confortables, inventer de nouvelles solutions au problème posé ? A ce titre, Feldenkrais est globalement un support précieux pour se transformer de « patient » en sujet actif de sa vie comme de ses traitements.

Informations pratiques et principe d’échange • Lieu : 129 avenue Philippe Auguste, le mardi de 18h30 à 20h30. L’atelier

commencera le mardi 15 janvier • Séances individuelles sur rendez-vous. • Toute personne intéressée peut choisir de participer au travail collectif, individuel ou

aux deux. • Ateliers et séances individuelles font l’objet d’un échange : l’équipe de A.I.M.E. offre

l’atelier, d’une part ; d’autre part, les personnes s’engagent à suivre le travail régulièrement et à participer également aux protocoles d’observation et de recueil d’expérience mis en place par A.I.M.E. afin de contribuer à l’évaluation de l’efficacité du travail.

L’équipe des ateliers Les ateliers sont dirigés par des membres de A.I.M.E. ; cette série est proposée par Isabelle Ginot, praticienne Feldenkrais, professeur à l’université Paris VIII (département danse) et chercheur, et par Michel Repellin, acteur associatif (TRT5, Action Traitement, membre Corevih Nord) INCIDENTS PERCEPTIFS Formation courte « Incident perceptif, faire oeuvre de soi » Formation autour des méthodes somatiques à l’intention des PVVIH, personnels associatifs et bénévoles. Cette formation en 8 X 2 jours comportera 3 volets :

> un volet principal de pratiques somatiques (séances collectives et individuelles) visant à enrichir le répertoire gestuel et sensoriel des participants, et à leur donner des outils pour prolonger ces acquis dans leur vie quotidienne

> un volet de « performance » accompagnant chacun dans la production d’un geste – quelqu’il soit – accompagné d’une réflexion sur le « pouvoir-faire » qui constitue, en dernier recours, l’origine de toute performance, et le sens que « la performance » peut avoir pour chacun d’entre nous ;

> un volet de réflexion et d’analyse des expériences de chacun (entretiens, questionnaires, groupes de paroles, etc.) visant à la fois à l’appropriation de l’expérience par les élèves, et le recueil de données pour les intervenants. Cette formation vise à préparer l’ouverture de la formation continue « Corps soignant, corps soigné » prévue en 2009, mais aussi, à permettre d’accueillir patients et bénévoles qu’il sera plus difficile d’accueillir dans la formation continue (pour des raisons de prise en charge financière). o Intervenants (2 à 4 intervenants par week-end) : Isabelle Ginot

(praticienne Feldenkrais), Gabrielle Mallet (kinésithérapeuthe et

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ostéopathe), Julie Nioche (danseuse et osteopathe), un autre praticien somatique (recrutement en cours)

o Rythme : 8 week-ends de 2 jours (12 heures de formation) entre janvier et

décembre 2008. o Public : un groupe de 20 personnes maximum réparties entre PVVIH,

personnels associatifs et bénévoles. FORMATION CONTINUE « CORPS SOIGNANT, CORPS SOIGNE » (TITRE PROVISOIRE) Formation longue : « Corps soignant, corps soigné », en partenariat avec le département danse et le service Formation continue de l’Université Paris VIII (ouverture prévue janvier 2009) o Objectifs de la formation : Penser et transformer les pratiques du corps et

de l’interaction (les modalités de la relation interpersonnelle) dans les milieux professionnels d’origine des étudiants. Pouvoir développer et/ou accueillir des pratiques corporelles et gestuelles pertinentes au sein de ce milieu professionnel. Acquérir une culture et une compréhension des systèmes de pensée, des discours et des pratiques ayant trait au corps et au geste. Développer des capacités d’observation et d’analyse des situations de corps, de gestes et d’intercorporéité dans son propre milieu professionnel. Développer une capacité critique par rapport à ses propres pratiques, discours et systèmes de pensée de référence. Apprendre à traduire ses propres systèmes de pensée et ceux des autres afin de pouvoir travailler en équipe interdisciplinaire

o Public : formation ouverte à des professionnels soignants ayant une

pratique ou entretenant un intérêt pour la place du corps et du geste dans les relations soignants-soignés ; attention : pas de "niveau prérecquis" (en dehors de l'expérience professionnelle) : aides soignants autant que médecins seront accueillis; danseurs professionnels s’intéressant au champ du soin praticiens diplômés de méthodes somatiques. Remarque : nous souhaitons pouvoir accueillir des étudiants “boursiers” (environ 1/3 des stagiaires) c’est à dire dispensés des frais de formation, parmi lesquels : des personnes vivant avec le VIH, des bénévoles, des professionnels soignants venant des pays du Sud, etc.

o Intervenants permanents : Isabelle Ginot, responsable pédagogique;

Christine Roquet, Maître de conférences Paris VIII, analyse du mouvement; Julie Nioche, danseuse et ostéopathe ; Gabrielle Mallet, kinésithérapeuthe et ostéopathe, Michel Repellin, coordinateur des projets associatifs; ainsi que nombre de chargés de cours en fonction des disciplines à enseigner.

o Rythmes et volumes horaires : environ 500 heures réparties entre heures

d’enseignement, séances individuelles, projet en association o Le lien avec le terrain du VIH : la singularité de cette formation est de

proposer, en lieu et place des traditionnels “stages en entreprises”, des stages au sein des associations. Ces stages consisteront en la mise en place

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bénévole d’un projet au sein d’une association, projet associant au moins 2 stagiaires (par paires soignant/praticien somatique ou danseur) et suivi par un tuteur formateur. L’intérêt de cette proposition est d’une part, de fournir aux associations une masse de projets bénévoles animés par des professionnels, et conçus avec les associations. D’autre part, de sensibiliser nos étudiants, dans un cadre accompagné, à des publics socialement marginaux que les danseurs et les praticiens somatiques ont peu l’occasion de rencontrer dans leurs milieux d’origine.

UN SEMINAIRE DE RECHERCHE : « CORPS DANSANT ET CORPS SOCIAL » en partenariat avec la MSH Paris Nord et le Laboratoire d’analyse des discours et pratiques du champ chorégraphique (Paris VIII) (Equipe d’accueil EA 1572) Ce séminaire annuel dirigé par Isabelle Ginot se constitue en ressource théorique de l’ensemble des activités pratiques de A.I.M.E.. Ses travaux relèvent des sciences humaines, mais sont crucialement interdisciplinaires. Le séminaire bénéficie notamment des échanges avec les autres laboratoires de la MSH dépendant de l’axe « Santé et société » (rappel : la MSH Paris Nord accueille des projets de recherche regroupés en deux axes : « Industries de la culture et des arts », dans lequel s’insère notre séminaire, et « Santé et société », avec lequel nous développons évidemment des échanges). Il est aussi un point de rencontre pour les chercheurs et futurs chercheurs touchant à notre domaine, et nous l’espérons à échéance proche une pépinière de doctorants sur nos thèmes. o Première année (2008-2009) : « Corps dansant et hôpital ». Il s’agit de

dresser un état des lieux des pratiques alternatives touchant à la danse, éventuellement aux pratiques somatiques, en milieu hospitalier ou autres institutions soignantes, en France et dans les pays proches. Les séances seront consacrées en alternance à des invitations de professionnels présentant leurs pratiques, et de séances d’analyse consacrées à la remise en perspective de ces pratiques dans leur histoire conceptuelle et idéologique (notamment les représentations touchant à la santé, au soin et à la danse).

o Deuxième année (2009-2010) Méthodes somatiques et monde du soin :

héritages théoriques, conceptuels et idéologiques. Trop souvent présentées comme nées d’une sorte d’auto-génèse, articulées selon un mythe fondateur à peu près constant (un héros, confronté à une difficulté personnelle à laquelle la médecine de son temps ne peut répondre, trouve seul la solution à son problème et systématise sa méthode, produisant miracles et faisant école tout au long de sa vie), les méthodes somatiques sont en réalité tissées dans plusieurs histoires qu’il s’agit de démêler : celle des représentations du corps et de ses pratiques, celles de la santé et de la médecine, celles du rationnel et du spirituel, de l’Occidental et de l’Oriental. Il s’agit de démêler ces histoires afin de mieux comprendre les positionnements réciproques possibles et impossibles entre méthodes somatiques, création, et monde médical.

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PERSPECTIVES : Evaluation et recherche Parallèlement à ces actions de terrain A.I.M.E. met en place une activité de recherche et d’analyse des dispositifs mis en place ; ces allers-retours entre théorie et pratique, action et réflexion, constituent le cadre méthodologique commun au département danse de Paris VIII et laboratoire, et à A.I.M.E.. Le groupe de travail A.I.M.E. du soin : composé d’un chargé de mission et de l’ensemble des intervenants de A.I.M.E., ce groupe assure : o la mise en place et le suivi des actions de terrain ci-dessus o la conception et le suivi de l’évaluation de ces actions, la mise en place

d’enquêtes en direction des personnes, des institutions, etc. o la création d’un réseau de personnes ressources dans les domaines des

arts du geste en milieu médical ; des méthodes somatiques o la recherche de partenariats avec des structures compétentes en matière

d’évaluation de la qualité de la vie afin de développer conjointement une réflexion sur les questions liées à l’évaluation.

o Les montages financiers des projets o Les conventions et partenariats avec les personnes et institutions

nécessaires à l’ensemble des projets, et tout particulièrement avec la Maison des Sciences de l’Homme (MSH Paris Nord)

Une « clinique nomade du geste » : Il s’agit là de l’horizon vers lequel nous travaillons mais pour lequel nous ne sommes pas encore en phase de réalisation. La clinique nomade du geste sera un dispositif d’interventions nomades dans des contextes institutionnels et associatifs auprès de patients pouvant bénéficier des apports des savoirs somatiques. A.I.M.E. projette le repérage et la formation de personnes aux compétences variées autour du geste et de l’expérience du corps (danseurs, praticiens somatiques diplômés, personnels soignants et acteurs bénévoles ayant acquis une compétence dans le champ gestuel et corporel) afin de développer un réseau d’intervention en institution, en milieu associatif, à domicile, etc., afin d’oeuvrer à l’amélioration de la qualité de vie des personnes concernées par le VIH. A.I.M.E. envisage la création de ce dispositif sous ses multiples aspects : formation de personnes compétentes (voir ci dessous le projet de formation continue), travail de conception et modélisation des actions à envisager, recherche de financements et des cadres structurels nécessaires à la mise en place de ce projet original.

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Annexes

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PARTENAIRES (EN COURS)

Partenaires institutionnels (tous pôles confondus) :

- la Direction Régionale des Affaires Culturelle de la Région Ilde de France / ministère de la Culture et de la Communication – Julie Nioche artiste conventionnée 2005/2007 est également boursière dans le cadre de la « Villa Médecis Hors les Murs ».

- le Ministère de l’éducation nationale dans le cadre d’une convention avec le

Département Danse de l’Université Paris 8 : mise a disposition d’ 1/3 du temps de service de deux enseignants titulaires, mise à disposition d’un espace de travail et salle de classe pour des interventions théoriques.

- Le Service des Formations Continues de l’Université Paris VIII pour la gestion des

15 mois de la formation continue

- La Maison des Sciences de l’Homme (MSH) de Paris Nord pour la mise en place de protocole de recherche sur les modes d’évaluation. En collaboration avec l’INSERM

- Le ministère des Affaires étrangères par le biais du soutien de CULTUREFRANCE

aux actions en lien avec des partenaires intervenants situés à l’étranger (Afrique, Inde)

Autres partenariats en cours : Fondation de France, DRASS Ile de France, SIDACTION, l’INSERM etc Partenaires des projets A.I.M.E (tous pôles confondus):

- la Ménagerie de Verre (Paris 11) accueil de Juin a décembre 2007 les bureaux de l’association A.I.M.E. pour la mise en place du projet « corps soignant, corps soigné »

- Collectif interassociatif Traitement et recherche thérapeutique TRT-5 - Associations Actions Traitements, ARCAT-Groupe SOS, Sos Hépatites - le Consortium- Centre d’Art de Dijon

- Le Centre culturel, Le Vivat à Armentières (Nord) dans le cadre d’une convention

avec une école d’infirmières

- Compagnie Astrakan / Daniel Larrieu