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PubliéparDREAMSPINNERPRESS

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Ceciestuneœuvrefictive.Lesnoms,lespersonnages,leslieuxetlesfaitsdécritsnesontqueleproduitdel’imaginationdel’auteur,ouutilisésdefaçonfictive.Touteressemblanceavecdespersonnesayantréellementexisté,vivantesoudécédées,desétablissementscommerciauxoudesévénementsoudeslieuxneseraitquelefruitd’unecoïncidence.

Puisjet’airencontréCopyrightdel’éditionfrançaise©2014DreamspinnerPress.Titreoriginal:NothingEverHappens©2011SueBrown.Traduitdel’anglaisparVioletteLedoux.

Illustrationdelacouverture:©2011ReeseDante.http://www.reesedante.comLesélémentsdelacouverturenesontutilisésqu’àdesfinsd’illustrationettoutepersonnequiyestreprésentéeestunmodèle

Toutdroitréservé.Aucunepartiedecete-booknepeutêtrereproduiteoutransféréed’aucunefaçonquecesoitniparaucunmoyen,électroniqueouphysiquesanslapermissionécritedel’éditeur,saufdanslesendroitsoùlaloilepermet.Celainclutlephotocopiage,lesenregistrementsettoutsystèmedestockageetderetraitd’information.Pourdemanderuneautorisation,etpourtouteautredemanded’information,mercidecontacterDreamspinnerPress,5032CapitalCir.SW,Ste2PMB#279,Tallahassee,FL32305-7886,USAhttp://www.dreamspinnerpress.com/.

Éditione-bookenfrançais:978-1-62380-718-4Premièreéditionfrançaise:Décembre2014Premièreédition:Mars2011

ÉditéauxEtats-Unisd’Amérique.

ÀmonamiAndyEisenberg,quiaétéprésentdepuisledébutdelaconceptiondecelivre.Tum’asappris que la vie était bienplus étrangeque la fiction. Je te dédie ce livre,mon ami, avec toutemonaffectionetmesremerciements.

I

ANDREWOBSERVAIT le nouveau couple d’un œil sceptique. Les jeunes mariés portaient des alliancesassortiesquiscintillaientà la lumièredusoleil.L’hommeavaitpasséunbrasautourdesépaulesdesacompagne, la gardant près de lui. Il ne distinguait que leurs dos tournés tandis qu’ils faisaient laconnaissancedesharpiesduvoisinage,maisbonsangcequel’hommeétaitgrand,bâticommeunefichuemaisondebriques.Safemmeétait toutepetiteencomparaison,elle luiarrivaitàpeineauxépaules,etpourtant Andrew pensait qu’elle le surveillait étroitement avec ses doigts accrochés fermement auxpassantsdesonpantalon.Ellen’étaitpasprèsdelâcherprise.Andrewnelesentendaitpasparler,maisilvitletyperireàuneplaisanteried’Allison.

Il savait exactement comment cela allait se finir. Des présentations effectuées au cours d’unbarbecue, un échange de sourires polis, puis ils s’éclipseraient par la porte d’entrée et ils neressortiraientquepourserendreautravailetfairedescourses.Icipersonnen’étaitamiavecpersonnesauf s’ils avaient des enfants, dans ce cas il était question de journées passées chez les copains, decovoiturage,etdecocktailsprisencachetteàdeuxheuresdel’après-midi.Malgrécelailsdevaientfairecommesiderienn’étaitpourlesnouveauxvenus,ainsil’avaitdécrétéAllison.

Lors de chacune de ces fêtes,Andrew ne pensait qu’à une seule chose : quand pourrait-il enfins’échapper ? Peu importe le nombre de verres qu’il buvait, ou les efforts qu’il faisait pour tenter des’intégrer,chaquefêteétaitlongueetfastidieuse,mêmes’ils’étaitmisd’accordavecStéphanie:ilétaitautoriséàseréfugierdanssachambrenoireaprèsavoirfaitpreuvedebonnevolonté.Ilétaitfatiguédeprétendre être ce qu’il n’était pas. Andrew Matthews, époux et père modèle, ainsi que photographecitadin. Il jeta un regard à samontre. Encore une demi-heure et il pourrait laisser les voisins à leursamusementsets’éclipserpourrejoindresachambrenoire.Plusquevingt-neufminutesettrentesecondes.Ilbutunegrandegorgéedesabièreetsedemandaparesseusementdepuiscombiendetempsilsétaientmariés.Unmois?Sixsemainesàtoutcasser.Ilprévoyaitqued’icisixmois,ilyauraitunnouveaupetitvoisin dans une poussette, ou… tiens ! Peut-être la semaine prochaine, à en juger par la taille de ceventre ! Andrew se trouva subjugué par le ventre de la voisine tandis qu’elle se retournait. De deuxchoses l’une, soit ils s’étaient entraînésavant lemariage, soit l’intuitiond’Andrewétait complètementfausse.

Dissimulédansuncoin,ilpouvaitobserverlafemmeàloisiretremarquaseschevilleslégèrementenfléesdanssessandalesàtalonshauts.Ilétaitétonnéqu’elleaitpulesenfiler.Endépitdesonétatdegrossesseavancée,c’étaitunefemmesvelteàl’ossaturetoutenfinesse.Andrewvoyaitàquelpointelleétaitséduisante.C’estàcemoment-làqu’ilputvoir l’hommepour lapremière fois.Bonsangcequ’ilétait jeune!Tropjeunepourêtremariéetdevenirpère.Ilressemblaitàunétudiantsportif lorsdesonpremier rendez-vous, avec ses cheveux ébouriffés, ses muscles saillants, ses épaules larges et seshanchesétroites.

—Nesont-ilspasmignons?Ilsdégoulinentdebonssentiments.Ilssonttellementamoureux.

Andrew baissa le regard sur sa femme. Stéphanie les observait fixement, son regard plein de

quelque chose proche de l’aversion, ses longs doigts tellement crispés sur son verre de vin que sesphalangesblanchissaient.Ilpoussaunsoupirdiscret.Euxn’avaientjamaisétécommeça.Iljetauncoupd’œilendirectionde l’homme: ilavait l’air tellement jeuneetamoureux,ungrandsourireaux lèvrestandis qu’il serrait sa femme dans ses bras.Andrew ressentit une émotion qu’il n’avait pas éprouvéedepuis très longtemps. Il était envieux, jalouxde l’amour dont ils faisaient preuve l’un envers l’autre,jalouxdessourires,decettefichueaffection.Stéphanieetluines’étaientjamaisregardésdecettefaçon,jamais.

Ilbutuneautregorgéedebière.

— Attends que l’effet des nuits blanches commence à se faire sentir. Les bons sentiments necompterontplusàcemoment-là.

AndrewregardaleverredeStéphanie.Ilétaitvide,commed’habitude.Ilsedemandacombienelleenavaitingurgités.

—Tuenveuxuneautre?

Ilagitasabouteilledebièredanssadirection.

Elleacquiesçadelatête.

—Oui,pourquoipas.L’alcoolestleseultrucquirendecettejournéesupportable.JevaisvoiroùestColin.Jereviensdansuninstant.

Andrewpritsonverrepuiss’éloignaendirectiondelacuisine.Lamaisond’AllisonetdeJimétantidentique à la sienne, les appareils électroménagers rutilants étaient disposés exactement au mêmeendroit. Il ouvrit le grand réfrigérateur et le trouva approvisionné en vin de haut en bas.Allison étaitréputéepourprendretrèsausérieuxcesbarbecues.Ilpritunebouteilledevinblancentamée,remplitleverre de Stéphanie – à ras bord sans quoi elle ne ferait que se plaindre – et referma la porte duréfrigérateuravantdepartiràlarechercheduseaucontenantlesbières.

—Est-cequ’ilyenaunelà-dedanspourmoi?

Andrewlevalesyeuxalorsqu’ilplongeaitlamaindansl’eauglacéepourattraperunebouteille.Levoisinarboraitunlargesourire,lesyeuxemplisd’espoir.

—Biensûr.

Andrewluitenditcellequ’ilavaitdanslesdoigts,puisenpritunepourlui-même.

—Merci.

L’hommeouvritsabièreetenbutunelonguegorgée,gémissantdefaçonpresqueobscènetandisqueleliquidefroiddescendaitdanssagorge.Andrews’efforçadenepaslefixerduregard.

―MonDieu,j’enavaisbesoin.

Toutàcoup,ilsemblasesouvenirdesbonnesmanières.Ils’essuyalamainsursonjeanetlaluitendit.

—NathanPeterson.Jeviensjusted’emménageraunumérovingt-quatre.

Andrews’abstintdesemoquerdeluietsecontentadeluiserrerlamain.

—AndrewMatthews.MafemmeStéphanieetmoi-mêmevivonsaunumérodouze,dit-il.

Andrewmesuraitplusd’unmètrequatre-vingt,cependantcethommel’éclipsaitàlafoisentailleet

enphysique.Sapoignéedemainétaitferme,maispasécrasante.Andrewsedemandadequoiilauraitl’air en noir et blanc, mouillé et sans chemise, si possible lors du nettoyage de sa voiture. Andrewpréféraitprendredesphotosdesujetsréellementmobiles.Ilserenditcomptequ’iltenaittoujourssamainlorsqu’ilvitl’airamusédeNathan.

Andrews’efforçadeparlerdetoutetderientoutenriantnerveusement.

—Alors,vousavezdéjàrencontrétoutlemonde?Vousavezretenutousleursnoms?

—Pasunseul.Vous,c’estJustin,c’estça?

Ilsouritenréponseaugrognementadmiratifd’Andrew.

—Àvraidire,c’estplutôtpénible.Nousnesommesiciquedepuisquarante-huitheures.

—J’imaginebien.Toujoursest-ilquevousapprendrezbientôtàtousnousconnaître,etvousserezsouvent obligédeparticiper à ces rassemblements.Allison et Jimadorent leurs fiestas quimontrent àquelpointnoussommestousdebonsvoisins.

Nathanfronçalessourcilsens’efforçantdesesouvenird’eux.

—Unepetiteblondemaigrichonneetunmecplusâgéauxcheveuxgrisonnants?

Andrewhochalatête.

—Oui. Ils dirigent le programme de surveillance du voisinage. Nous – les autres – nous nouscontentonsdesuivre.

—Hum.D’accord,jevoisletableau.

Nathanjetauncoupd’œilàsabouteille.Elleétaitvide.Ill’agitaavecespoirdevantAndrew.

—Àtouthasard,iln’enresteraitpasuneautre?

Andrewfitungestedelamainversleseau.

—Servez-vous.Vous ne rentrez jamais chez vous sobre après une de ces réunions. Pas si vousvoulezrestersaind’esprit.

IlregardaNathanquis’empressadefouillerlecontenuduseauenquêted’uneautrebouteille.

—Alors,lanaissancedevotrepremierenfantestpourbientôt?

—Vousavezremarqué?

Nathanavaitpresquel’airdesautillersurplacetellementilétaitexcitéparcetteperspective.

—Unourson?ajouta-t-ilensortantunsacdebonbonsàmoitiépleindesapoche.

Déconcerté,Andrewhocha la têteet fouilladans le sac. Ilen retiraunoursonengélatine rouge,inclinasatêteversl’arrièreetlejetadanssabouche.

Nathancontinua.

— On dirait qu’Alex est sur le point d’exploser. J’espère que ça n’arrivera pas. Je veux direqu’elleexplose,ajouta-t-ilhâtivementenvoyantl’airahurid’Andrew.

—Alorsjesupposequec’estvotrepremierenfant?

Immédiatement,Andrewsemitàrire.Cetypeétaitlui-mêmeunpeuenfantin.

Nathanritaveclui,nes’enoffusquantpaslemoinsdumonde.

—Biensûrquec’estmonpremierenfant.Ilestprévupourdansquatresemaines.

Illuiprésentaànouveaulesacd’oursons.

Andrew choisit un vert, lui arracha d’un coup de dents ses membres avant de le décapiter etd’avalerlecorps.

—Mondieu,maisqu’est-cequecetoursonabienpuvous faire?demandaNathan, fasciné,quil’avaitregardéfaire.

—Iln’apaseul’occasiondemefairequoiquecesoit.Jel’aidescenduavant,réponditAndrewd’unairsuffisant toutenprenantunverre,bienque legoûtamerde labièren’aillepasvraimentavecceluidubonbon.

—Rappelez-moidenejamaisvousénerver,ditNathand’unevoixtraînante.

Ilssesourirentmutuellement.

—VousvenezduTexas?demandaensuiteAndrew.

NathaninclinaunStetsonimaginaire.

—Ouichef.Jesuisnéetj’aigrandiàSanAntonio.

Andrewfitsemblantdegémir.

—Ohnon.UnfandesSpurs?Jecroisqueplusjamaisjenevousadresserailaparole.

Ilparlaitd’unevoixtraînante,profondeetlente,laissantsonaccent,qu’ilatténuaitentempsnormal,devenirdecefaitplusperceptible.

—Attendezuneminute!s’exclamaNathandontlesyeuxnoisettebrillaientvraiment.C’estunautreexpatriéquej’entends?Saufquec’enestundumauvaiscôtédelabarrière?

—JesuisnéàDallas,j’aidéménagéàSantaFequandj’avaisdixans,confirmaAndrew.

—Ah,vousêtesunMavs{1}?

LejeunehommeronronnaenvoyantAndrewhocherlatête.

—Jenecroispasqu’ondevraitparler,maisétantdonnéquenoussommestouslesdeuxdesfilsàmaman, pourrions-nousmettre de côté nos différends, aumoins jusqu’à ce que je vous botte le cul àMadden?

Andrew fit la grimace à la mention de sa mère – il avait plutôt été la brebis galeuse de cettedernière–maismaintintunsouriresursonvisage.Pourunefois,ilappréciaitlesnouveauxvenusdanslarégion.IlespéraitqueNathann’étaitpasdugenreàsecacherderrièrelaported’entrée.

—Dansvosrêves,gamin,fit-ild’unevoixtraînante.

Nathanpoussauncridejoie.

—Çamarche.

Unelueurdedéfis’inscrivitdanssesyeux.

—Etsions’échappaitd’icietquevousprétendiezquevouspouvezessayerdemebattre?

Il fitunmouvementbrusquevers l’avantetattrapaunAndrewtrèssurprisdansuneprised’ours.Agitantsesbrasdanstouslessens,cedernierseretrouvaécrasécontreunechemiseencoton.Ilrespira

l’odeurdelessive,etderrièreelle,celledelasueurainsiqu’uneautrequ’iln’arrivaitpasàdéterminer.Iltentadeseraccrocheràquelquechose,etsesmainsatterrirentsurledosdeNathan.Merde,cetypeétaitmusclé.Àcôté,Andrewavaitl’aird’unebrindille.

—Net’avisepasdeprendrelafuite,NathanPeterson,lesinterrompitunevoixdefemmelégèreetchaleureuse.

Ellesevoulaitamusée,maisonsentaitclairementunenoted’agacement.

Andrewessayade sedégager et de retrouverunpeude sadignité. Il sentit plusqu’il n’entenditNathanglousser,sapoitrinevibrantsoussajoue;puisunbrasseglissaentraversdesesépaulesetluifitfairevolte-facepourluiprésenterAlex.Assezbizarrement,Nathannelelâchapasetsecontentadeleramenersoussonbrastandisqu’ils’adressaitàsafemme.

—Salut chérie, voici notrenouveauvoisin,Andrew.C’est unMavs,mais j’espèreque çane tedégoûterapastrop.

Alexlevalesyeuxauciel.

— Excusez mon mari, Andrew. C’est un grand enfant sans éducation. Repose-le, Nathan, luiordonna-t-elle,delamêmemanièrequel’ons’adresseàunjeunechiot.

—Drew,çanetedérangepas,hein?ditNathananadoptantautomatiquementletutoiement.

PuisilserraAndrewcontreluipendantuncourtinstantavantd’enleverdocilementsonbrasetdesedirigerverssafemmepoursepencheretl’embrassersurlajoue.

AndrewétaitdéchiréentresignaleràNathanques’ill’appelaitencoreunefoisDrewsestesticulesauraientdesproblèmes,etluidemanderdel’enlacerànouveau.C’estalorsqu’unautrebrasvintfaireletourdesatailleetquedesonglespointuss’enfoncèrentdanssapeau.

—Et donc, j’attendais que tu reviennes avecmon verre, et à la place, je te trouve en train detripoterlenouveauvoisin.C’estdurapide,Drew.

StéphanieavaitsuiviAlexdanslacuisineetavaitététémoindetoutelascène.

Andrewétaitdéterminéànepasdonneràsafemmelasatisfactiondelevoirrougir.

—Tuesjustejalouse,luirépondit-il,parcequemoij’aieudroitàuncâlinetpastoi.

Alexrit,sansremarquerlesallusionsqueleursnouveauxvoisinssefaisaient.

—Ilmaltraitetoutlemonde.

ElledonnauncoupdecoudedanslescôtesdeNathan.

—Croyez-moi.Ilnecomprendpaslanotiond’espacevital.

Nathantenditlesmainscommepourserendre.

—Jesuisjusteunpeutropaffectueux.Detoutefaçon,Drewetmoi,onaunrendez-vouspourquejepuisselemettreautapis.

Stéphanieeutunrireléger.

—Jesaisbienqu’Andrewadoreraitquetulemaltraites,maisilapromisd’emmenersonfilsauparccetaprès-midi.

UnlargesourirefenditlevisagedeNathan.Cetypenes’arrêtait-ildoncjamaisderire?

—Tuasaussiunfils?

—Oui,Colin,ilaneufans,marmonnaAndrew.IlrentreenCM1enseptembre.

—Ah,NathanestprofesseurenCM1.Ilenseigneraàl’écoleélémentairedeCastleton,ditAlexenjetantunregardpleindefiertéverssonmari.

Àlasurprised’Andrew,Nathandevintrougeécarlate.

—Jesuisdiplômédepuispeu.C’estmonpremierposte,avoua-t-il.

—C’estl’écoledeColin.C’estàsaclassequevousenseignerez.

Stéphaniesurprittoutlemondelorsqu’elleallajusqu’àlaportedelacuisinepourappelersonfilsenhurlant.Uneminuteplustard,ungarçonmaigreetdégingandépassalaporte.Ilportaitunshort,maispasdechemiseetcommeàl’accoutumée,ilétaittrèssale.Mêmesestachesderousseur,qu’ildétestaitetdontilseplaignaitdèsqu’illepouvait,étaientpratiquementinvisiblestantilétaitcouvertdecrasse.

SamèrelemenaversNathan.

—Colin,voicitonnouvelinstituteur,M.Peterson.

—Mince,c’estungéant.

Colinenrestabouchebéealorsqu’ilregardaitNathan.

Andrew fut amusé de voir à la fois l’instituteur et l’élève gênés tandis que tout lemonde riait.Stéphaniedonnaunpetitcoupdecoudeàsonfils.

—Qu’est-cequ’ondit?

—Enchantédefairevotreconnaissance,M.Peterson,réponditpolimentl’enfant.

Sonnouvelinstituteurvintàsarescousse.

—Moic’estNate,dumoinsjusqu’enseptembre.

NathanluitenditlamainetColinlaluiserracommeonleluiavaitappris.

—Tum’appellerasMonsieurPlejourdelarentrée,d’accord?

Colinacquiesçadelatête.

—Maman,jepeuxyallermaintenant?S’ilteplaît?geignit-il,voulantdésespéréments’éloignerdesesparents,etsurtoutdesonnouvelinstituteur.

C’étaitencorelesvacances.C’étaittroptôt,beaucouptroptôtpourrepenseràl’école.

—EncoredixminutesetPapat’emmèneraauparcjoueraufootball,ditStéphanied’untonferme.

Andrew jeta un regard furtif à sa montre et soupira en son for intérieur. Ainsi, il n’aurait pasl’occasiondepasserparsachambrenoireavant.Ilavaitétéàdeuxdoigtsdes’échapper.

Colin sortit de la cuisine aussitôt qu’il en eut la permission, renversant presque Jim etAllison,partisàlarecherchedesnouveauxvoisins.Ilsreculèrenttandisqu’ilfonçaitcommeunbouletdecanon,puisentrèrentdanslacuisine,enchantésdevoirAndrewetStéphaniefaireuneffortavecNathanetAlex.

—Coucou.Toutsepassebien?Tout lemondeaunverre?Jim,onabesoindeplusdebières.Nathann’enapresqueplus.

Commeàl’accoutumée,Allisonprenaitleschosesenmaindèsqu’elleentraitdanslacuisine.Elle

étaitbeaucoupplusjeunequesonmari,maisiln’yavaitaucundoutesurlefaitquec’étaitellequiportaitlaculottedansleurcouple.Jimavaitl’airheureuxdelalaisserfaireetenretour,elletenaitleurmaisonbienorganisée,étaittendreetaffectueuse,bienqu’unpeuautoritaire.

Nathanleuroffritàtoussonplusgrandsourire.Andrewfutpresqueaveugléparlamanièredontlacuisines’illuminasoudain.

—Çava,merci,Allison.Jen’enprendraipasd’autres.Jedoissortirleschienscetaprès-midi,etDrewm’ainvitéàjoueraufootballavecluietsonfils.

Andrew s’étouffa avec le restant de sa bière.Une énormemain lui tapa dans le dos alors qu’ilbredouillaitdesexcusesetqu’ilhaletait.

—Toutvabien,Drew?Tuessayaisdetedéfilerdenotrematch?Laisse-moidixminutespourmechangeretallerchercherleschiensetonyva.

AndrewlevaleregardetvitNathanluifaireunclind’œilàpeineperceptible.Àcôtédelui,Alexavaitl’airfurieux.Allisonleurfaisaitàtousdessouriresradieux.C’étaitcequiluifaisaitleplusplaisir,quetoussesvoisinss’entendentbien.

Il fit un grand sourire àNathan en guise de réponse.Un après-midi passé dans l’obscurité à secacherdu restedumonde,oubienun après-midi au soleil à botter le cul–un trèsbeaucul–de sonnouvelamiaufootball?Aucunehésitationàavoir.

—Tucroisquetupeuxnousbattre,monfilsetmoi?Amène-toi.

II

DELOIN,Nathanpouvaitvoir l’air concentrédeColin tandisqu’ilpositionnait levolcan. Il portait satenuehabituelle,constituéed’unshortetdecrasse.SonprofesseuravaitapprisenunesemainedeclassequeColinpassaitplusdetempsàjouerdanslaboueplutôtquedesetenirdebout,cequ’iln’étaitpascensé encourager. Professeur et élève avaient cependant décidé demanière tacite d’ignorer totalementcettedirective.

Il sourit alors qu’il observait Colin travailler. Il était tellement évident qu’il s’agissait du filsd’Andrew,àenjugerparsabouchepleine,sapeaupâlepleinedetachesderousseuretsesyeuxbleus,quibrillaientetpétillaient.Cependant,Colinavaitplusdeconfianceenluiqu’Andrew,avecsonsourireprétentieuxqui luipermettaitdesesortirdupétrinoù ils’étaitmisàdenombreusesreprises.Andrewn’était pas aussi animé de cette même vitalité que Colin émettait. Avec Andrew, Nathan se sentaittoujourslégèrementprotecteur,tandisqu’avecColin,lamoitiédutemps,Nathanvoulaitluitaperdanslamainpourleféliciteretl’étranglerjusqu’àcequ’ilperdeconnaissancelerestedutemps.

Nathan avait erré sans but depuis chez lui, espérant qu’Andrew soit disponible. Il avait fuidésespérémentlesfemmesdecettemaison,quisemblaientdéterminéesàprendrelecontrôledechaquepièceàl’aidedecouches,detalc,detétinesetd’attirailpourbébédontNathann’avaitjamaisentenduparler.Sonidéederentreràlamaisonetdefêterlefaitqu’ilnes’étaitpasfaitdévorertoutcruparsesélèvesaucoursdesapremièresemainedeclasseentantqu’instituteurs’étaitévaporéeavecuntroupeaudeprochesetd’amiesd’Alex,envahissantsonsalonetsacuisine.Aprèsdeuxheuresàs’êtrefaitpincerlesfessespardesfemmesd’âgemûrquiavaientbutropdemartinis,ilmourraitd’impatiencedepartir.Priseaupiègesurlecanapé,Alexluiavaitlancéunregardfurieuxtandisqu’illeurdisaitaurevoirdelamain,maislapromessechuchotéeàsonoreilled’unbainchaud,d’unmassageetd’unpetit-déjeuneraulitl’avaitsuffisammentapaiséepourqu’ilpuisses’enfuirchezlesvoisins.

IlconnaissaitbienlecheminmenantchezAndrewmaintenant.DepuislemomentoùNathans’étaitinvitéauparc,Andrewetluiavaienttrouvéunbonamichezl’autre,passantautantd’après-midisqu’Alexl’autorisait à essayer de tricher aux jeux vidéo, à jouer au basketball avec Colin, et en général à secomportercommes’ilsavaientcinqansdèsqu’ilsenavaientlapossibilité.CelanedérangeaitmêmepasColind’avoirNathancommevoisin,surtoutunvoisinquil’aidaitàbattresonpèreàchaquejeuauquelilsjouaient.Laseulechosequ’iln’étaitpasencoreparvenuàpersuaderAndrewdefaire,c’étaitdevenircourirlematinavecluietseschiens.

—SalutColin,tonpèreestlà?luidemandaNathan.

Colinétaitdans le jardindevant lamaison. Il leva lesyeuxbrièvementalorsqueNathanpassaitdevantlui.

—Papaestdanssonantre,iljouedelaguitare.Garyvientdemain.

Il fronça les sourcils alors qu’il faisait un pas en arrière, s’éloignant de la reproduction del’expériencequ’ilsavaientfaiteàl’école.

—Tucroisqueçavamarcher,MonsieurP?

—Tupeuxm’appelerNathanouNateendehorsdel’école,Colin,luirappelasoninstituteur.Hum,jenesuispassûr.Ilsepeutquetuaiesbesoindeplusdesodaqueça.Ousituveuxenmettredepartout,essaieavecduCocaLightetdesMentos.Biensûr,jenet’airiendit.QuiestGary?

C’étaitlapremièrefoisqu’ilentendaitcenom.

Ilsavaientpassélapremièresemainedusemestreàconstruiredeslance-roquettes,àfaireexploserdesbombesàeau,etàdébattredecommentdétruirelemonde.Celan’avaitpasbienaidéNathanàsefaireaimerduconcierge,maismêmeColinavaitavouéàsesparentsqueNathanétaitplutôtsympa–pouruninstituteur.

Colinbonditsursespieds.

—GaryStevens,c’estl’amidepapa.Iljouedansungroupe.JevaisdemanderàMamansielleenaplus.Àplus,Monsieur…Nate.

Nathanluifitungestedécontractédelamainetcontournalecôtédelamaisonjusqu’àlaportedurepaire,intéresséd’entendrecequ’Andrewjouait.Techniquement,c’étaitlaportequimenaitausous-sol,maislesMatthewsenavaientfaitunegrandechambre,toutemeubléeavecunlitetuncanapé,oùAndrewvivaitlaplupartdutemps,ColinetStéphanieoccupantlerestedelamaison.Leurfilssemblaitpartagersontempsentreeuxdeux.

PourNathan, qui avait été élevé dans une grande et chaleureusemaison familiale, cela semblaitcomplètement incompréhensible, mais Andrew avait refusé d’en parler, et Nathan n’avait pas voulucompromettreleuramitiégrandissanteenétantindiscret.

Commed’habitude,laportedurepaireétaitouverteetNathanpouvaitentendrelesondouxd’uneguitareetunevoixquichantait. Ilhésitaun instantavantdedescendre, sachantqu’Andrews’arrêteraitdèslemomentoùilsauraitqueNathanétaitlà.L’accentqu’Andrewessayaitderéprimerétaitencoreplusflagrantlorsqu’ilchantait,savoixplusricheetplusprofondequ’àl’accoutumée.

La chanson prit fin et il descendit les escaliers, clignant un peu des yeux alors que ceux-cis’ajustaientàlaluminositérelativedurepaire.

—Salut,appela-t-il.

Andrew leva les yeux de son canapé, un grand sourire affiché sur ses lèvres une fois qu’il eutréaliséqu’ils’agissaitdeNathan.

—Saluttoi.Alorscommeça,tuassurvécupournousracontercequetuasvécu,Prof?

Nathanétaitridiculementheureuxquequelqu’unaitremarquéàquelpointcettesemaineavaitétédifficile pour lui. Naturellement chez lui, tout tournait autour du bébé, et avec la naissance qui étaitimminente,Nathansesentaitcoupablerienqu’enévoquantl’école.

IlréponditàAndrewparungrandsourire.

—J’ainonseulementsurvécu,maisenplusjeviensjustedevoirtonfilsrefairenotreleçon.

—Tuauraisdûêtrelàpourlabombeàeauhier,fitAndrewavecsarcasme.

Nathanfitlagrimace.

—Ohnon,nemedispasquec’étaitsimalqueça?

Andrewluifitunsouriresuffisant.

—DisonsquesiStéphaniet’avaitvuàcetinstant,agrandirtafamillen’auraitplusétépossible.

—Jecroisquejevaisrestericialors,tantqueColinfaitdesexpériences,ditNathan,décidantquesecacherétaitpréférablequ’aiderColin.Jenesavaispasquetujouaisdelaguitare.Colinditquetonamiarrivedemainetqu’ilaungroupe,dit-ilenchangeantdesujet.

Andrewhochalatête.

—Oui.Garypasseicidetempsentemps.Parfoisjelerejoins.Jechanteunpeuetilmelerendennevomissantpassurmontapis.

Nathanhaussalesourcil.

—Sympa!Jevaisavoiruneinvitationmoiaussi?

—Maisqu’est-cequetufaislà,àcreuserdansmonjardin,ColinMatthews?Etcechantier!

LetonangoissédeStéphanieparvintjusqu’àeux.Nathaneutunsourireinnocentalorsqu’Andrewlevaitlesyeuxauciel.

—Euh,quoiqu’ilensoit, jeprésumequeoui,si tuveuxvenir.Pourêtrehonnête, jen’avaispaspenséquetupuissesêtreintéressé.Iln’yauraquelesgarsetquelquesbièresici.

Andrewavaitl’airembarrassédenepasyavoirpenséplustôt.

—Pourquoipas?Delabièreetunechancedefuirlesconversationsincessantessurlebébéainsiquelesfolles.Est-cequejepeuxavoirmabièremaintenant,ouest-cequejesuiscensémourirdesoifpendantquetumejouesquelquesmorceaux?

Nathanregardasonhôteavecespoirtandisqu’ils’asseyaitetétiraitseslonguesjambes.

Andrewluifitundoigtd’honneuretcontinuadejouerdelaguitare.

—Tusaisoùsetrouvelefrigo.Sers-toietdonne-m’enuneaussi.

Nathanfarfouilladanslepetitréfrigérateur.

—Iln’yenaplus.Onabulesdernièresilyadeuxnuits.

—Ilyenad’autresenhaut.Jevaisallerleschercher.

Andrewposalaguitare,montalesescaliersetsedirigeaverslebâtimentprincipal.

Nathanserassitsurlecanapéavecunsoupirdesatisfaction.Ilétaitvraimentravid’êtreloindesfemmesquioccupaientsamaisonpourlemoment.Ilyavaitquelquechosequilegênaitdanssondos.Ilessayadelepousserdelamain,etdécouvritqu’ils’agissaitd’unmagazine,dontlestroisquartsétaientcoincésdanslecanapé.Nathanletira,lequatrièmedecouverturepleinedeDVDattirantsonregard.Illesregarda,justepourvoirs’ilyenavaitquivalaientlapeined’êtreachetésetécarquillalesyeuxquandilcompritdequelgenredefilmsils’agissait.

Il le retourna et regarda fixement la couverture, la bouche soudain sèche.Ce genre demagazineérotiquesoftétaitladernièrechosequ’ils’attendaitàtrouverchezAndrew.Nathantournalespagesaveccuriosité,guettantd’uneoreilleleretourd’Andrew.Ilcontinuadefeuilleterlespages,mêmesic’étaitladernièrechosequ’ilvoulaitvoir.Unnomluisautaauxyeuxetilregardadeplusprèslaphotographie.Lemodèle était sans aucun doute fait pour ce travail, mais c’était son expression qui attirait le regard,bizarrementvulnérableetsensuelleàlafois.Lephotographeavaitfaitplusquesaisirlecorpsdanscecliché.Nathansedemandacyniquementsileslecteursprenaientlapeinedeleverlesyeuxpourvoirlevisage.

—Oui,jel’appelleraiplustard.

AndrewrépondaitévidemmentàStéphanieencrianttandisqu’ilfermaitlaportedusous-solsituéeausommetdesescaliers.

—Désolé.Ilvafalloirquej’appellel’électricienplustard.

Nathanremitrapidementlemagazinelàoùill’avaittrouvé,derrièrelescoussinsducanapé,etseconcentra pour garder le contrôle de ses émotions aussi vite que possible. Andrew ne sembla pasremarquerquoiquecesoitd’anormalpendantqu’ilpapotaitdeproblèmesd’électricitérécurrentsdepuisleurinstallationdanslamaison.IldonnaunebièreàNathanetserassit,ramassasaguitareetlaposasursesgenoux.

—Alors,tuveuxtoujoursquejejouepourtoi?Çava,Nathan?Tun’aspasl’airbien.

Ilfixasonamid’unairinquiet.

—Mmm,euh,oui.

Nathan le regarda fixement comme s’il avait perdu la capacité de parler de façon cohérentel’espaced’uninstant.‘C’estquoicebordel?’,nesemblaitpasêtrelachoselaplusappropriéeàcriersursonnouvelamiqu’ilconnaissaitàpeine.

—Cen’estpasuneobligation.Jenemevexeraipassituneveuxpasquejejoue.Çaneplaîtpasàtoutlemonde.Tuveuxregarderunfilm?demandaAndrewd’unairinquiet.

—Non,non,s’ilteplaît.Jeveuxt’entendrejouer,s’exclamaNathanencomprenantquesonmanquede réaction perturbait Andrew. Je suis juste un peu fatigué. Je vais m’installer confortablement ett’écouter.

Andrewleregardad’unairbizarre.

—Bond’accord,maisonpeuttoujoursarrêter.

Nathan se pencha vers l’arrière, contre le canapé et ferma les yeux, laissant la musique lesubmerger. Pour être honnête, il était incapable de dire s’il avait entendu une seule note. Il était tropoccupé à se demander pourquoi il n’avait pas demandé à Andrew quel genre de photos il prenaitexactementdanssonpetitstudioenville.

—TUASinvitéGabe...ici?Maintenant?

Alexlevalesyeuxdepuislapiledegiletsetdechaussonsminusculesqu’elleréarrangeaitpourlaénième fois. Ilsprofitaientd’un raremomentdepaixdans leurmaison, leurs invitéspartis, etAlex seréjouissaitàl’idéedepasserunesoiréetranquille,pasunesoiréeperturbéeparGabe,lemeilleurcopaindeNathan,quiétaittoujoursfermementdéterminéàrevivresesannéesd’université.

—Oui,çatedérange?ditNathan.C’estjustepourcesoir.Andrewadesamisquiviennentetj’aipenséqueGabeapprécierait.

—Gabe peut-être,mais je ne suis pas sûre que ce soit le cas d’Andrew.C’est un gars normal,sympaetGabe,ehbien,c’esttoutlecontraire.

Alexpartitàlarechercheduchaussonbleupâleetjaunecitronquiallaitavecceluiqu’elletenait

dans la main. Nathan nota négligemment que le monstre des chaussettes avait frappé bien avant lanaissancedubébé.

Ilseléchaleslèvres,labouchesoudainsèche.Sympaetnormal,c’étaittoutAndrew.Letypeétaitmariédepuisdixans,vivaitdanssonpropresous-sol,avaitunfilsdeneufansetsontravailconsistaitàprendredesphotosd’hommesnuspourdesmagazineshomosexuels.Seigneur,ilsétaientvoisinsavecuneorduredel’industriepornographique.Devait-ilenavertirsafemme?

—Gabeestuntypebien,Alex.Ilestunpeuconparfois,maisc’estuntypebien.Aumoinstusaisàquoit’enteniraveclui.

Alexsoufflaàcesmots.

—Aussiloindeluiquepossible,situasunpeudebonsens.Oùestcefichuchausson?

—Levoilà.

Nathansepenchapourramasserletoutpetitobjettricotésouslatable,d’oùilétaittombé.

—Merci,ditAlexavecgratitude.

Sebaisserluiétaitpresqueimpossiblemaintenant.Elleplialesdeuxensemblesetlesposasurlapilegrandissantedepetitsvêtements.

Degrandscoupsfrappésàlaportelesfirentsursautertouslesdeux.

—Toujoursaussisubtil,râlaAlex.Ilnepeutpasappuyersurlasonnette,commetoutlemonde?

ElleselevaetallarépondreàlaporteavantqueNathanaitpufairelemoindregeste.

—Alex!Chaquefoisquejetevois,turessemblesdeplusenplusàunedindedeNoël.

Nathanfitlagrimacelorsqu’ilentenditGabesaluersafemmedefaçonsipeudiplomatique.

Heureusement,Alexsecontentaderireetl’emmenadanslacuisine.

—Jemesenscommeunedindeencemoment,farcieetprêteàêtredécoupéeentranches.

—Nate,espècedegrandfou.Viensicimefaireuncâlin.

Gabelançasonsacdansuncoindelacuisine,soulevaNathandesontabouretetl’enveloppadansuneétreinted’ours.

—Seigneur,Michaels,tuesencorepluslaidquejamais!

NathansoulevaGabepar-dessusunedesesépaulesetcourutdehorsaveclui.

Tandisqu’ilcourait le longde la rue,Gabefrappantdanssondosdansunevaine tentativede lefaires’arrêter,NathanaperçutAndrewetColinquisortaientdeleur4X4,garéderrièreunecamionnetted’unvertvifbrillant.Colintirasurlachemised’Andrewpourattirersonattention.Andrewlevalesyeuxetvitl’instituteurdesonfilsdescendrelaruepaisibleavecunadultequisedébattaitdanssesbras.

—Euh,MonsieurP,qu’est-cequetufais?

Nathans’arrêtaauboutdel’alléedesMatthews.

—Salut,Colin.Jedisaisjustebonjouràmonami,Gabe.

IlseretournadefaçonàcequeGabesoitenfacedeColin.

—DisbonjouràColin,Gabe.

CedernierfitfaiblementunsignedelamainàColin.

—SalutColin.

Ilfrappaànouveausurl’épauledeNathan.

—Repose-moi,mec,oujevaisvomirdanstondos.

IlglissadevantNathanetsetintdebout,bienquequelquepeutitubant.Ilvacillasuruncôtépourdécouvrirpèreetfils lefixantduregardaveclamêmeexpressionsaisissantesurlevisage.Il tendit lamain,enespérantqu’elleétaitdansladirectiondel’homme;selonsatête,lemondetournaittoujours.

—GabeMichaels.LemeilleuramideNathan,copaindel’université,etconseillerdeviecommelebon,labruteetlesalop…–pardonColin–letruand.

Labouched’Andrewsecrispaenentendantlederniermot,puisilseprésenta.

—AndrewMatthews,voisin,photographepourquienabesoin.Vousavezdéjàétéprésentéàmonfils.

—AndrewMatthews?Pourquoiest-cequecenomm’estfamilier?demandaGabeenfronçantlessourcilsetenserrantlamaind’Andrew.

Nathanpaniqua,sachantquesonamiavaituneamplecollectionpornographique.Ladernièrechosedontilavaitbesoinétaitqu’AndrewdécouvrequeNathanétaitaucourantdesonsecret.

—Ilfautqu’onyaille.Alexdoitnousattendre.

EtilcommençaàtraînerGabeloindechezlesMatthews.Heureusement,cedernierneluiopposaaucunerésistanceetlesuivitdocilementlelongdelarue.

—Hé,attendezuneminute,lesappelaAndrew.Garyestdéjàlà.Pourquoineviendriez-vouspasfairelaconnaissancedetoutlemondemaintenant?

Nathan hésita une fraction de seconde de trop. Juste assez de temps pour voir l’expressiond’AndrewcommeilserendaitcomptequeNathanessayaitderevenirsursapromessedevenirchezlui,etsuffisammentdetempspourGabedes’enmêler.

—Çasemblegénial.Ilyadelabière?Ilyadelabière,pasvrai?

L’espaced’uninstantGabeeutl’airinquiet.

Andrewlevalesyeuxauciel.

—Ilyaungroupe ici.Évidemmentque j’aide labière.Colin,s’il teplaît,emmèneGabefaireconnaissanceaveclesgarçons.JeveuxjusteparlercinqminutesavecNathan.

Comprenantqu’ilavaitétébattuparlapromessed’unebièregratuite,NathanregardaColinguiderGabeverslecôtédelamaison.Ilespéraitseulementqu’Alexn’avaitpascommencéàpréparerledîner,parcequ’àl’exceptiond’untremblementdeterre,riennepouvaitséparerGabedesabièreunefoisqu’ill’avaitcommencée.

Illevalesyeuxetvitqu’Andrewlefixaitduregard,unairimperturbablesurlevisage.

—Tuasvulemagazine.

C’étaitbienladernièredeschosesauxquellesils’attendaitàentendredelapartd’Andrew.Nathanhochalatête,nesachantpasàquois’attendreensuite.

Andrewbaissalavoix.Évidemmentqueladernièrechosequ’ilvoulait,pensacyniquementNathan,c’étaitquelesvoisinsentendentcettediscussion.

—Lesmagazineshomosexuelsteposentproblème?Jenem’attendaispasàcequetusoisunbeauf.

—Jen’ensuispasun,protestaNathandefaçonassezbruyante.

Andrewregardaautourd’euxàlahâte,vérifiantquepersonnenelesécoutait.

—C’estquoitonproblèmealors?J’airéaliséquetul’avaistrouvéquandj’aifaitleménagecetaprès-midi.C’estparcequejesuishomosexuel?

—Tuesquoi?

LamâchoiredeNathansedécrocha.

—Jesuishomosexuel.Jepensaisquetulesavais.

Andrewblêmit sous lechoc, ses tachesde rousseur ressortirent sous le soulagement lorsqu’il serenditcomptequeNathann’étaitpasaucourant.

—Mec,jen’enavaispaslamoindreidée.Pasqueçamedérange,franchement.C’estjustequetun’aspasparléde toi tantqueça. Je supposeque j’ai assezparlépournousdeuxcesquatredernièressemaines,ditNathantoutensecouantlatête.

Ils’attendaitàcequ’Andrewsoitunpeuplussoulagé,maisàlaplaceilsiffla.

—Alorsc’estquoitonproblème?Unjour,jesuistonnouveaumeilleurami,etl’instantd’aprèstumeregardescommesij’étaisuneespècedepédophile.

—C’étaitlaphoto...danslemagazine.Tonnomfiguraitdanslescréditsphotos.Jepensaisquetunefaisaisquedesphotosdefamilleetdeclasse.Tusais,destrucsnormaux.

—Jefaiscequipayel’hypothèque,réponditAndrewpeudetempsaprès.Jesaisdequoituparles.C’étaitpourrendreserviceàcetype.Jeconnaissamère.Ellenevoulaitpasqu’ilsefassearnaquer.

—Pour…sa…mère?ditfaiblementNathan.

IlsesentitminableetAndrewleregardacommes’ilressemblaitàuncafard.

—Jesuisvraimentdésolé,Drew.J’auraisdûteledemander.

Nathanattrapalecouded’Andrewàdeuxmainspourl’empêcherdes’enaller.

Andrewsemorditlalèvreuninstant,refusantdecroisersonregard.

—Viens.AllonsprendreunebièreavantqueGabeet lesautresne lesboivent toutes. Jevais teprésenterGary.C’estmonGabe,luidit-ilensuite.

Cen’estque le soulagementqui lepoussaà agir.Nathanétait tellementheureuxdenepasavoirdétruit définitivement son amitié avec Andrew ; il le serra fort dans ses bras, le tenant jusqu’à cequ’Andrewleserreàsontour.

—Mercimec.JevaisjustedireàAlexqu’onreviendraplustard.

Illaissal’autrehommepartir,etcourutleresteducheminmenantchezlui,neserendantpascomptequ’Andrewlesuivaitencoredesyeux,unairtroublésurlevisage.

III

—ÉTEINSCEfouturéveil.—Cen’estpasmonréveil,marmonnaAndrew,essayantdeseretourneretdeserendormir.

—Ilmecriedanslesoreilles,mec.Éteins-le.

Decolère,Garytapaviolemmentsursonoreiller.

Sonoreillerpoussauncristrident.

—Aie!Putain!Tufaisquoilà?!

AndrewentrouvritundesesyeuxetvitGary, lenezauniveaudesonaine,entraindesecognerpartoutpourtenterdetrouverl’originedubruit.

—Portable,poche,grognaAndrewd’unevoixensommeillée.

IlyeutunmomentgênantoùGaryfouillalesdeuxpochesd’Andrew,puiscedernierentenditGaryrépondre.

—Vatefairefoutre,c’estminuit.

Andrewgémittandisqu’ilréfléchissaitàquipouvaitbienl’appeler.

—Nan,c’estGary.Jemeservaisd’Andycommeoreillerlorsquesontéléphonem’asonnédanslesoreilles.

Andrewsesentitembarrasséquandilcompritcequecelalaissaitentendre.Ilpriapourqueçanesoitpassamère,mêmesielleconnaissaitdéjàGary.

—Detoutefaçon,neufheuresetdemiec’est toujours lemilieude lanuitquandtu t’escouchéàcinqheuresdumatin.Tuveuxquoi,Nate?

Andrewtentad’ouvrir lesyeuxquand il se renditcomptede lapersonnequiétaitauboutdufil.Colin lui avaitditqueNathanétait absentà l’écoleaujourd’hui, et son remplaçantne savaitpasaussibiendétruirelemondeàcoupdeLegoqueMonsieurP.

—Non,sérieux?Oh,félicitation,mec.Unpetitgarçon?C’estfantastique.Quand?

IlyeutuneinterruptionalorsqueGaryécoutait.

—Attends.Jevaism’asseoirsurluijusqu’àcequ’ilseréveille,fit-ilensuite.

AndrewsecouantunemainendirectiondeGary.

—Jesuisréveillé.Donne-moiletéléphone,dit-il.

Garyleluicéda.Andrewbâilla,segrattantleventredistraitementalorsqu’ilsaluaitNathan.

—Alexaaccouché?

—Oui,hiersoir.

LetonéreintédeNathanrésonnaàsonoreille,savoixtraînanteplusprononcéequ’àl’accoutumée.

—Lebébéestensoinsintensifs.Iladumalàrespirer.Lesmédecinsdisentquecen’estpasgrave,maisilslegardentenobservationpourquelquetemps.

Andrewserassit,désormaiscomplètementréveillé.

—JesuisdésoléNathan.Alexvabien?

—Oui. Elle va bien, elle est juste fatiguée. L’accouchement a été difficile. Écoutemec, ilsmerenvoientchezmoipourdormiretmanger.Tupeuxvenirmechercher?Jenemesenspascapabledeconduire.

—Pasdeproblème.Laisse-moidixminutespourmechangeretavaleruncafé.Alexabesoindevêtementsderechange?JepeuxenvoyerStéphaniecheztoiluienchercherpendantquejemeprépare.

—Çaseraitbienoui.Jevaisluidire,acquiesçaNathanavecreconnaissance.

Andrew raccrochaet se leva, chancelant légèrement, sonmalde têtedûà l’abusdebièreset aumanquedesommeilfaisanteffet.Garyétaitmaintenantassis,cherchantsesbottes.

—Tuesenétatdeconduire?Filesauvercegarçon,luidit-ilenvoyantsonhochementdetête.Ah,j’entiensune.

Ilextirpaunebottededessouslatable.

—Andy?

—Oui?réponditAndrewens’arrêtantenbasdesescaliersmenantàlamaison.

—Soisprudent.

L’expressiondeGaryétaitredevenuesérieuse.

Andrewleregarda,unpeuperplexe.

—Biensûrquejevaisconduireprudemment.

—Cen’estpascequejevoulaisdire,ditGaryensepassantlamainsurlevisage.

Ilétaitclairementmalà l’aise,etAndreweut l’affreusesensationdesavoircequeGaryvoulaitdire.

—Jesuistropfatiguépourjouer,mec.

Andrewenfilasavestesursesépaules.

—Nathanal’aird’êtreunbongarçon,maisilestmariéetmaintenantilestdevenupapa,ditGary,espérantquesonamines’enoffenseraitpas.

Andrewpoussaunlégersoupir.

—Net’enfaispas.Ilesttellementhétéroqueçafaitmal.Jenevaispasessayerdelechanger.

IlfronçalessourcilsenregardantGary.

—Tupensesvraimentquejesuisméprisableaupointd’essayerdeleséduire?

Garyleregardaposément.

— J’avais plus peur que tu en tombes amoureux et que tu en sois blessé. Ça ne serait pas lapremièrefoisquecelaarrive.

—Vas-tumelaisseroublierMattunjour?

Garyselevaetlepritdanssesbras.

— Pas si ça t’empêche de répéter la même erreur encore une fois, dit Gary en l’étreignantbrièvement.Net’impliquepastrop,hein?

Andrewréponditàsonétreinte,conscientdufaitqu’ilétaitentraindes’attacheretsedemandasiGarynel’avaitpasavertiunpeutroptard.

Dèsqu’elleavaitentendulabonnenouvelle,StéphanieétaitalléedeboncœurchezlesPetersonetavaitrapidementfaitunpetitsacpourAlexavecdesvêtementsconfortablespourlajournéeetquelquestenuesdenuitsenplus.Ellesurmontalebagaged’unprésentdeleurpartàAndrewetelle,ainsiqu’unecartefaiteparColin.ElletenditlesacàsonmarietluifitpromettredetransmettreàAlexsesamitiés.

Andrewconduisitrapidementjusqu’àl’hôpital.Ilétaitheureuxquelacirculationdumatinsesoitfluidifiée,laplupartdesgensétantdéjàautravail.Ilconnaissaitlecheminjusqu’àlamaternitéetpeudetempsaprès,ilsonnaitàl’entréedelasécurité.

—Oui?Jepeuxvousaider?

Lavoixdésincarnéeétaitproprementexpéditive.

—C’estmoi,Janice.Andrew.

—Andrew.Salut,chéri.Jen’avaispasréaliséquetuétaisattenduiciaujourd’hui.

Toutàcoup,lavoixparutbeaucoupplusamicale,etl’interphonesonna,déverrouillantlaporteduservice.

Il passa la salle des infirmières. Comme d’habitude à cette heure de la matinée, la salle étaitbruyante.Lepersonnels’activaitàlaverethabillerlesjeunesmères,etquelquesnouveau-néspleuraientbruyammentdansleschambresadjacentes.

Les membres du personnel hospitalier lui dirent bonjour alors qu’il passait et il leur répondit,connaissantlesprénomsdelaplupartd’entreeux.Janiceétaitdanslasalledesinfirmièresetluisouritquandils’approcha.

—BonjourAndrew.Jenem’attendaispasàtevoiricicematin.CommentvaStéphanie?

Andrewl’étreignitbrièvement.

—Ellevabien. Jenevienspaspour le travail aujourd’hui. Je suis justevenu récupérerNathanPeterson.

—Ahoui.C’estaussiunebonnechose.Lepauvrehommeestpratiquementmortde fatigueet sijamaisils’effondre,ilvasefairemal.

Elleluifitsignedelasuivredanslecouloir.

Andrewsouritàl’imaged’unTexanmisK-O.

— Je ne resterais pas au milieu s’il s’effondre, Janice. C’est probablement toi qui auras mal.Commentvaleurbébé?

—Danielvabien,dit-elled’untonprofessionneletplat.

Illaregardadansleblancdesyeux.

—Nemeregardepascommeça,Andrew.Tusaisquejenesuispasautoriséeàteledire.

CelafaisaittellementlongtempsqueJaniceétaitinfirmière,qu’ellenepouvaitpasfaireautrementquedesecomporterenprofessionnelle,mêmeavecunamicommeAndrew.

—Jesais,maisilvabien,non?insista-t-il.

—DemandeàNathan.Levoilà.

Andrew leva lesyeuxetvit sonamidescendre lecouloir, l’air complètementépuisé,descernessouslesyeuxetledosvoûté.Iln’avaitpasrevuNathandepuisdimanchematin,aprèsleurbeuverieavecGary et le groupe. Il avait mis Nathan et Gabe à la porte juste avant le déjeuner sur les ordres deStéphanie, leur faisant remarquer qu’Alex les attendait tous les deux pour le repas. Si ses souvenirsétaientexacts,Nathanportaittoujourslamêmechemise,désormaissaleetfroissée.

—Salut,Nathan,commentçava?

Savoixrestacalmeetplate.

Nathanlevaleregard,soulagédevoirqu’Andrewl’attendait.

—Merci d’être venu. Je sais que j’aurais pu appeler un taxi. J’espère que ça n’a pas posé deproblèmeavecGary?

Andrewl’arrêtad’ungestedelamain.

— Pas du tout. De toute façon, il fallait qu’il reprenne la route, dit-il en ramassant le sac queStéphanieavaitpréparé.TuveuxdonnerçaàAlexavantqu’onrentre?

—Oui.Attendsdeuxpetitesminutespendantquejeluidisaurevoir,ditNathanenhochantlatête.Ellen’estpasvraimentenétatderecevoirdesvisitesencemoment.

—Transmets-luinosamitiés.Onlaverrauneautrefois.

AndrewregardaNathanentrerdansl’unedeschambresd’àcôté.Ilregardait lesalléesetvenuesdanslamaternité,attendantpatiemmentlorsqueLauren,l’unedesinfirmièreslesplusâgées,sortitdelapetitecuisine.

—Andrew!Contentedetevoir.Tuesicipourletravail?

Ellevintjusqu’àluietleserradanssesbras.

—Pasaujourd’hui.JesuislàpourrécupérerNathanPeterson.Personnen’afaitderéservationpouraujourd’hui.

—Uneréservation?

Iln’avaitpasremarquéNathanémergerdelachambred’Alexetarriveràcôtédelui.

Laurensouritetébouriffalescheveuxd’Andrew,luidonnantl’impressiond’êtreunenfantdecinqans.

—Ce garçon est notre photographe préféré. Il prend beaucoup de photos de nouveau-nés et defamille.Laplupartdesparentsfontappelàlui.

Nathaneutl’airunpeuperdu.

—Jecroyaisquetuavaisjustetonstudio.Tulesprendsjeunes.

Un peu piqué et toujours en colère par rapport à leur dernier échange concernant le métierd’Andrew,cedernierluiréponditd’untonsec.

—Tuaspeurquejedépravedesgosses,Nathan?Net’enfaispas, jeneprendsdesphotosquequandonmeledemande.

Ilsesentitmalensuite,voyantl’airblesséetchoquédeNathanàsaréponsevéhémente.

—Non,non.Cen’estpascequejevoulaisdire,mec.Jevoulaisseulement…

Lauren l’interrompit, fronçant les sourcils et ne comprenant pas le sens de leur échange emplid’amertume.

—Cethommeadorable!Dépraverdesgosses?DouxJésus,jepeineàlecroire.Jevoulaisjustedire qu’il prenait toutes les photos vraiment importantes. Bals de promo, mariages, baptêmes. Lesfamillessesententàl’aiseaveclui.Ils’occupemêmedecellesoù…

EllenefinitpassaphrasecommeNathanlevaitlesmainsensignedecapitulation.

—Jesuiscertainquelesfamillesluifontconfiance,Lauren.Jen’insinuaispaslecontraire,Drew.

Andrewexpirabrusquement.

—Moiaussi,jesuisdésolé.Tudoisêtreépuisé.Jenevoulaispastechercherdesnoises.Viens,jevaisteramenercheztoi.Lauren,s’ilyaquoiquecesoit,tuvoudrasbienappeler?Sinonjeleramènechezluipourqu’ilmangeetqu’ildorme.

—Biensûr,ditLaurenenhochantlatête.

Puisilsquittèrentleservice.Nathanclignadesyeux,frappéparlafraîcheurdel’airdumatinetlalumièrevivedusoleil.IlsuivitAndrewjusqu’au4X4,etunefois lavoitureouverteils’effondraavecgratitudesurlesiège.

Il appuya sa tête contre sa vitre, gardant le silence pendant qu’Andrew s’occupait de sortir duparkingdel’hôpitaletderetournersurlaroutenationale.

Nathanétaittellementsilencieuxqu’Andrewcrutqu’ils’étaitendormietilfutsurprislorsqu’ilpritlaparole.

— Je ne voulais pas dire que tu étais un danger pour les gosses. Tu sais que jamais je ne lepenserais.

—Maissi.Tupensaisquej’exploitaisdejeunesgarçons,ditdoucementAndrew,toutenprenantl’autoroute.

—Jen’aijamaisditça,protestaNathan.

—Cen’étaitpasnécessaire.Taréactionétaitévidente.

Andrewsavaitquesontontrahissaitsapeine.

Nathansetournapourluifaireface.

—Ehbien, tu t’attendaisàceque jepensequoi?Tuesmonvoisin, tuasungamin,et tonnomfiguresurunmagazineporno.

—Jem’attendaisàcequetusoisplusouvertd’espritqueça.Maisj’auraisdûlesavoir.TuesunbongarçonduTexas,aprèstout.

Ilétaitdifficiledenepassentirl’amertumedanssespropos.

—Qu’est-cequec’estcensévouloirdire?demandaNathanense redressant, lacolèreévidentemalgrésavoixfatiguée.

Andrewsetournaverslevoisinageetsouffladoucement.

—Nate,nenousdisputonspasmaintenant,d’accord?Jenet’aipasencoredemandépourlebébé.Tuasditqu’ilavaitunpeudemalàrespirer?

—Oui,ilesttrèsgrandparrapportauxautresbébés,maisl’accouchementaétélongetil…

Onentenditunbruitsemblableàunsanglotétouffé,etsavoixbaissadefaçonprogressive.Andrewjetauncoupd’œiletvitqueNathanavaittournélevisage,etquesesépaulestremblaient.

Andrew posa brièvement unemain sur son bras, puis parcourut les derniers kilomètres restantsjusqu’àleurrueensilence,luilaissantletempsdesereprendre.Alorsqu’ilsegaraitprèsdeleurallée,Nathanseredressa,jetauncoupd’œiletpassalamainsursonvisagepourtenterdecacherlesdernièrestracesdelarmes.Ileutl’airembarrassé.

—Désolé.Jesupposequejesuisjustefatigué,dit-il.

Andrewsecoualatête.

—Tun’aspasàêtredésolé.Crois-moi, je le saismieuxquepersonne.Onenparleraplus tard.Rentrecheztoi,prendsunedoucheetvastecoucher.Viensmangercheznousdèsquetutesentirasmieux.Stéphanieoumoi,onpeuttepréparerquelquechosesituasfaim.

Nathanjetaunregardverssamaison.Ilouvritlaportièredelavoiture,etseretournaversAndrew.

—Jeneveuxpasretournerchezmoitantqu’ilsnesontpasderetour.J’ail’impressionquequelquechosenevapas.

—Tuveuxdormirunpetitmomentsurmonlit?luiproposaAndrewaprèsuninstantd’hésitation.Jepeuxm’occuperdanslachambrenoirependantquetudors.Detoutefaçon,j’aidutravailàfaire.

Hochantlatêteensignedereconnaissance,Nathansortitdelavoiture.IlsuivitAndrewausous-sol,puissetintprèsdulitdansl’expectative.Celui-ciétaitfait.NiAndrewniGaryn’étaientvenusicilanuitdernière.

—Tiens.

Andrewluijetaunvieuxbasdesurvêtementetuntee-shirt.

—JevaisdireàStéphaniequ’onestrentrés.Vatecoucher,Nate,avantquetut’effondresetquetucassesquelquechose.

—Merci,mec.

Nathan s’effondra sur le lit. Il enleva ses baskets du bout des pieds et s’assit tout en tenant lesvêtementsd’Andrew,commes’iln’étaitpascertaind’avoirlaforcedesechanger.

—Dors,Nate, fit doucementAndrew. Je resterai en contact avec l’hôpital. Je te promets de teréveillers’ilyaduchangement.

Puisilmontalesescaliersmenantàlamaison,laissantl’autrehommeenpaix.

Nathandormitlaplusgrandepartiedelajournée,somnolantsurlelittandisqu’Andrewtravaillaità côté de lui. Ce dernier ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas voulu rentrer chez lui,mais cela

n’avait vraiment aucune importance. La lumière faiblissait lorsqu’il secoua finalementNathan pour leréveiller,avecuncaféfraîchementpréparéenoffrande.

Nathan se frotta les yeux puis se gratta la tête et le visage. Il se redressa, accepta le café etbredouillaunremerciement.

—Quelleheureest-il?

—Ilestpresqueseptheures.Lebébévabien,répondit-ild’untonrassurantenvoyantl’airpaniquédeNathan.Onatéléphonétroisfoisàl’hôpital.Ildortpaisiblement.Alexvabienelleaussi.Àl’heureactuelleStéphanieestavecelle.Elleditqu’ilyaunehordedefemmestrèsbizarresquinecessentdedemander quand elles te reverront. Elle nous a demandé de te laisser dormir, et tu n’es pas censéretourneràl’hôpitalavantd’avoirmangéunrepasconvenable.Pouruneraisonquej’ignore,elleneveutpasquetut’évanouissesetquetuaplatisseslebébé.Aufait,Alexveutquetuprennesunedoucheaussi.Elleditquetupues.

AubredouillementindignédeNathan,ilréponditparungrandsourire.

—C’estellequil’adit,pasmoi.Mêmesiellearaison.Tusensfort,mec.

IljetaunetrèsgrandeservietteàNathan.

—Vatelaver.Jevaispréparerunsteakenattendantquetusortesdeladouche.

L’estomac de Nathan gronda en signe de reconnaissance, même si son expression était toujoursoutrée.Andrewritetletiradulit.

—Allez, file gamin, va te laver. Fais en sorte de bien frotter partout, parce que je regarderaiderrièretesoreillesquandtuserassorti.

—Comme si tu étais assez grand pour le faire, semoquaNathan, s’étirant avant de se dirigerdocilementversladouche.

Andrewdéglutitpéniblement.Letee-shirtqueNathanportaitétaitl’undessiensetparconséquent,ilétaittroppetitpoursonamiquiétaitplusgrandquelui.LetissudélavéremontalorsqueNathans’étira,dévoilant desmuscles plats flanqués de hanches saillantes.Andrew remercia le Seigneur :Nathan luitournaitledosetnepouvaitdoncpasvoirl’airdepureconvoitisequis’affichaitsansaucundoutesursonvisage.

Iln’allaitpasrecommencer.Ill’avaitpromisàGary.PasNathan.

Ilétaitmarié,ilavaitunbébé,etilétaithétéro.

Vraiment.

IV

TROISMOISauparavant,ilétaitdevenupère.Troismoisauparavant,ilétaitdevenupèreetceminusculepaquetquidormaitdanslecreuxdesesbrasavaitbouleversésonexistence.IlcaressaavecdouceurlajouedubébéetsouritlorsqueDanielfitlagrimace.Cedernier,toujoursprofondémentendormi,seblottitdanslachaleurdesbrasdesonpère.

Parmoments,Nathann’arrivaitpasàréaliserqu’iltenaitcettepetitevieentresesmains.Lorsqu’ilsétaient devenus parents, Alex et lui, c’était comme si tout ce qu’il avait toujours désiré n’avait plusaucuneimportanceparrapportàcepetitêtrequiavaitbesoindelui.Depuisqu’ilavaitpousséàgrand-peinesonpremiercri,lebébéavaitconquissoncœur.TroismoisaprèsetNathanétaittoujourssouslecharmedesonbébé.Lesnuitsblanches,lescouchesnauséabondesetécœurantes,ainsiquelesconseilssempiternelsquetousluidonnaient,dufacteurjusqu’auvendeurderrièresoncomptoirdelasupéretteduquartiernel’enchantaientpaspourautant.Yavait-iluneseulepersonneaumondequin’éprouvaitpaslebesoindelesfaireprofiterdeleurexpérience?

SansGabe,quiavaitautantd’estimepourlafonctionparentalequ’ilenavaitpourBush,niAndrewetStéphanie,dontleseulconseilavaitété,Faitescequevouspensezêtrejuste,etenvoyezchiertouslesautres,Nathanétaitpersuadéqu’ilseraitdevenufoulespremierstemps.

Au lieu de cela, ils avaient écouté leurs nouveaux amis et ignoré tous les autres, etAlex et luiétaientpartisdécouvrir leshautset lesbasde leurnouvellevieen tantqueparentsavec leurfilspourguide.Nathanexaminalaphotodesanouvellefamille,priseparAndrewbiensûr,quelquesjoursaprèsla naissance deDaniel.C’était une très belle photo des troisPetersonqueStéphanie lui avait offerte.NathanenavaitétégênéaprèssadisputeavecAndrew,maisunefoismisdevantlefaitaccompliparlesdeux femmes, il devait bien le reconnaître, le talent artistique d’Andrew s’exprimait même dans unesimplephotocommelaleur.

Nathandessina le contour du visage deDaniel du bout du doigt.C’est une simple photo commecelle-ciquiluifitremarquerqu’Andrewcomprenaitcequ’étaitunefamille.Ilétaitassis,seuldansleurcuisine, en trainde s’endormir sur sa tassede café au lait, lorsqu’il avait aperçuunephoto encadrée,miseàl’écartàl’arrièredelacommode,àpeinevisibleaumilieudesdétritusdelaviequotidienne.Iln’y avait personne d’autre dans la cuisine : Andrew ne s’était pas encore levé et Stéphanie et Colinvaquaientàd’autresoccupations,alorsillapritetladépoussiéra.Dessusfiguraituntoutpetitbébédansunecouveuse.Ilressemblaitpresqueàunextraterrestreaveclescâblesetlestubesreliésàl’appareil.

—C’étaitmoi.

Nathansursautad’unaircoupablelorsqueColinpritlaparolederrièrelui.Iln’avaitpasentendulegarçonentrerdanslacuisine,tellementilétaitobnubiléparlepouponsurlaphoto.

—J’étais perma…préma… je suis né trop tôt, donc tous ces tubes étaient nécessaires pourmemaintenirenvie.Papaaprislaphotoaucasoùjenesurvivraispas.

Cettedéclaration,àlafoissimpleetbrutale,luifitréaliserpourquoiAndrewavaitcomprisàquel

pointilavaiteupeurlorsqueDanielavaiteudesdifficultésàrespirer.—Combiendetempses-turestéàl’hôpital?demanda-t-il,émerveilléparlefaitquelepetitbout

surlaphotos’étaitchangéencegarçonenbonnesantéetpleindeviequisetenaitdevantlui.

—Quatremoisavantqu’onpuisselerameneràlamaison,etencoreunanavantqu’onarrêtedesedemanders’ilvivrait,luiditStéphanie,tandisqu’elleentouraitsonfilsdesesbrastoutensouriant.

Elleétaitarrivéedanslacuisineaprèssonfilsetavaitentenduleurconversation.

Nathanbaissalesyeuxsurlaphoto.

—TudoispenserquejesuisbienbêtedemefairedusoucipourDaniel,aprèscequevousavezvécu.

Ilauraitaiméqu’Andrewluienaitparlélorsqu’ilétaitdansle4X4.

Ellevintjusqu’àluietluiserralebras.

—C’esttonenfant,etaucundenousn’apenséunseulinstantquetuétaisbête.

Elle tendit le bras vers son sac àmain, posé sur la table, et en sortit une photo.C’étaitDaniel,lorsqu’ilétaitencoredanslacouveuse.IlneressemblaitpasautantàunextraterrestrequeColin,maisilavait toutdemêmel’air trèsvulnérable.Nathanbaissaleregardversluiet leslarmesjaillirentdesesyeux.Stéphanieglissaunbrasautourdeluietl’attiraàellepourleserrercontreelle.

—AlexademandéàAndrewdelaprendrependantqu’ilsétaientencoreàl’hôpital,pourqu’ellepuissesesouveniràquelpointilétaitpetit.Tudevraislaluidonner.

—J’aiachetéunappareilphotoexprès,etjen’enaipasprisuneseule,s’étouffaNathan,laphototremblantentresesmains.

Ellel’étreignitrapidement.

— C’est à cela que servent les amis, poussin. Maintenant, va réveiller mon mari pour qu’ilt’emmèneàl’hôpital.Iladeuxrendez-vouslà-basaujourd’hui.

—ÀQUOIt’attendais-tu?luidemandaGary,jetantuncoupd’œilpar-dessusleborddesabouteilledebière.C’estuneboîtegay.Ilnevapassecacherdansuncoin.

NathanregardaAndrewdanser,enlacéparunhommeplusâgé.

—Jen’en suispascertain. Je supposequechaque foisque je le regarde, jedécouvreuneautrefacetted’AndrewMatthews.C’estdéroutant.

LevoilàdansuneboîtegayavecAndrewetGary,sapremièresoiréedehorsdepuislanaissancedubébé,etAndrewétaitallésurlapistededansedèsqu’ilsavaientpassélesportes.Nathannel’avaitpasvudutout.IlavaitfinipartenterdediscuteravecGary,buvantbièresurbière,sedemandantpourquoiAndrewavaitprislapeinedel’inviter.

GarytransperçaNathanduregard.

—Quelleimportance?Tuneleconnaisquedepuisquelquesmois.

—C’estmonvoisin,etlepèred’undesgaminsdemaclasse,protestaNathan.

—Donc,cen’estpasunami?ditGaryd’unevoixplusdure.

NathanjetaunregardàGary,puisàAndrew,quisemblaitplusheureuxetplusdétenduqueNathannel’avaitjamaisvudepuisdessemaines.

—Biensûrquec’estmonami.Seulementcelanefaitpaslongtemps,etchaquefoisquejecroisleconnaître,jedécouvrequelquechosedenouveauàsonsujet.

—Doncilesthomosexuel,etalors?Oh,attends,j’avaisoublié,tuesunbongarçonduTexas,fitGaryd’unevoixpleinedesarcasme.

Nathanfronçalessourcils.

—C’est quoi cette histoire avec leTexas ?Andrew et toi l’avez déjàmentionné.Tume traitesd’homophobe parce que je suis originaire du Texas ? Andrew vient aussi du Texas. Et toi aussi,d’ailleurs.

—Oui,etvoiscequ’illuiestarrivé.

Garyinclinasabouteilleverslehaut,rejetantlesplaintesdeNathan.

Nathantapadupoingsurlatable.Touteslesbouteillestressautèrent,maisheureusementaucunenetombapar terre.Leserveur jetauncoupd’œilpourvérifier s’ilyavaitunproblème,mais il retournaprendresescommandeslorsqu’ilvitGarysecouerlatête.

—Jenesaispascequ’illuiestarrivéparcequ’ilnemel’apasdit,etjemefichedesavoirs’ilestgayoubi.

Ilinsistaenvoyantl’airincréduledeGary.

—Jem’enfiche.Gabeestbi.J’ai…c’est-à-direque…

Ils’arrêta,enespérantqueGaryn’avaitpasfaitattention.Pasdebol.Garypritunegorgéedebière.

—Tu…quoi?

—Onafricotéensemble,marmonnaNathan,toutengrattantl’étiquettedesabouteille.

C’était il y avait longtemps, une fellation après une fête bien arrosée, et Nathan n’y avait pasréellement pensé. Il avait trouvé ça agréable, enfin le peu dont il avait le souvenir,mais n’avais pasressenti le désir de réitérer l’expérience, etGaben’en avait plus jamais reparlé.Gabe était bienplusaudacieuxquelui,sesexploitssexuelscouvrantàpeuprèstoutcedontNathanavaitdéjàentenduparler,etilyenavaitunebonnepartiequ’ilnevoulaitmêmepasenvisager.

IllevalesyeuxetvitqueGarylefixaitduregard,labouchetorduelégèrementcommes’ilnesavaitpass’ildevaitenêtreamuséounon.

—Oui,jevoisquetuasroulétabosse,ditGaryd’unevoixtraînante.C’estàAndrewdedéciders’il teparleraounondesonpassé,maisc’estuntypebien,Nathan.L’undesmeilleurs.IlsecomportebienavecStéphanieetColin,etdetempsàautreilprendunesoirée,soiréependantlaquelleiln’apasàfairesemblantd’êtrecequ’iln’estpas.

Gary se tournaafind’êtrevraiment faceàNathan.Àvraidire, il intimidaitunpeuNathan.Bienévidemment, il protégeait Andrew d’une manière farouche, et jusqu’à présent il n’avait pas l’air debeaucoupapprécierNathan.

—Andyt’aimebien,mais taréactionenvoyantcemagazine l’aunpeuinquiété. Ilapasmaldesecretsquinesontpasconnusdetouscommetulesupposes,ets’ilsvenaientàs’ébruiter,ehbienlavie

neseraitpasaussiagréablepourlui.—Encored’autressecrets?demandaNathanavecsarcasme.

Garyagitasabouteilleendirectionduserveur,quihochadelatêteetattrapadeuxoutroisbièresfraîches.

—Jepensequ’il t’adéjàditpasmaldechosesàcepropos.Maintenant,qu’est-cequetuvasenfaire?Tuenasdéjàparléàtajoliefemme?

Nathansecoualatête.Ilvitqu’Andrewavaitcessédedanseravecl’hommedetoutàl’heureetétaitenpleineconversationavecquelqu’und’autre.Nathanétaitétonnéqu’ilpuisseentendrequoiquecesoitaveclamusique.

—Non,jenel’aipasfait.Detoutefaçon,onaétéplutôtoccupésaveclebébé.Cen’estpascommesielles’enpréoccuperaitplusquemoi.

Gary sourit au serveur qui avait apporté les bières à leur table, ainsi qu’une autre,vraisemblablementpourAndrew.

—MerciRick.

IlagitaunedesbouteillesversAndrewquilaissal’hommequiluitenaitcompagnieetlesrejoignitpourlapremièrefoisdelasoirée.

Andrews’effondrasurlachaiseàcôtédeNathanets’empressadetendrelebraspourattrapersabière.Illuisaitdesueur,etNathanvoyaitsachemiseluicolleraucorpstantelleétaithumide.

—Seigneur,cequej’enaibesoin,dit-ilenbuvantgoulûment.

—Finistonverre,Droopy.TuasplusieursbièresderetardderrièremoietNate.

Gary fit un large sourire, révélant des dents blanches et régulières, acérées comme celles d’unrequin.Andrewfronçalessourcilsàcesmots.

—Tuasétégentil,Gary?

—Ilesttoujoursvivant,pasvrai?réponditGary.

—Àpeine,marmonnaNathan.

Cependant Andrew l’entendit, et lui jeta un coup d’œil amusé. Il passa son bras de façondécontractéeautourdesépaulesdeNathanetserralégèrement.

—Net’enfaispaspourGary.C’estunnounours,jet’assure.

Garyleurlançaunregardnoiràtouslesdeux.

—Dotédecrocs,nel’oubliezpas.

NathanrefrénasonenvieimmédiatedesecacherderrièreAndrew,cherchantrefugedanssabièreàlaplace.Andrews’appuyaittoujourssurlui,sepenchantlégèrementtandisqu’ilinclinaitsabouteilledebièrepourboire.Nathanpouvaitsentirlachaleurémanerdeluiparvagues.

Ilfutsurprislorsqu’Andrewselevad’unbond,entraînantNathanaveclui.

—Viens,allonsdanser.

Nathansecoualatête.

—Euh,nonmerci.Jedansetrèsmal.J’aideuxtrèsgrospiedsgauches.

Ilallaitserassoir,maisAndrewluitintlebras,arborantungrandsouriresuffisant.

—Tu sais ce qu’on dit sur les hommes qui ont de grands pieds ? Alex doit être une fille trèschanceuse.

Et il entraînaNathan dans la foule, ignorant toutes ses protestations.Nathan jeta un regard par-dessussonépauleendirectiondeGary,lesuppliantdeluivenirenaide.L’autrehommesecontentadesourireetlechassad’ungeste,maisNathannepouvaitignorerl’inquiétudeprésentedanssesyeux.

Dieu seul sait combien de danses plus tard, Nathan ne tenait plus sur ses jambes. Les bièresassociées avec les nuits blanches et un travail épuisant avaient fait de lui un petit buveur, se rendit-ilcompteà regret. Ilpouvaitentendre le riremoqueurdeGabemaintenant.NathanPeterson,abandonneravantminuit?Lorsqu’iltrébuchasurquelqu’unpourlaquatrièmefoisenpeudetemps,ilsutqu’ilétaittempsderenoncer.

Andrewavaitdisparuaprèslafindeladernièredanse,montrantdudoigt les toilettes.Ilyseraitalléaussi,maisilavaitétéprisaupiègeparungroupedetrèsjeunesfilleshétéros,quiutilisaientlaboîtecommelepointdedépartdeleursoirée.Elless’étaientattroupéesautourdelui,setortillantettâtonnant.Ils’étaitsenticommeuneantilopeaubeaumilieud’untroupeaud’hyènes.Andrew,cesaletraître,avaitprislafuitefaceàlasolidaritéféminine,lelaissantàleurmerci.

Aufinalcependant,l’épuisementl’emporta.Ilfitaurevoirdelamainauxfillesavecgratitude,etpartitentrébuchantàlarecherched’Andrew.Uncoupd’œilrapideàleurtableluirévélaGaryentraind’embrasseruntypeauxcheveuxlongs,maispaslamoindretracedesonvoisin.Nathansedirigeaversles toilettes,décidantqu’il rentreraitchez lui,qu’ilait trouvéAndrewounon.Alexétaitchezsa tanteavec le bébé, mais les chiens auraient besoin d’une promenade tôt le matin, et Nathan avaitdésespérémentbesoind’unsommeilréparateur.

Lestoilettesétaientvides,àsonplusgrandsoulagement,etilsesentitapaiséenurinant;ilenavaitvraiment besoin. Il finissait tout juste lorsque la porte de la cabine derrière lui s’ouvrit brusquement.Nathanseretourna,choqué,pourdécouvrirunhommeplaquécontrel’undesmurs,sesmainsenfoncéesdanslescheveuxcourtsd’unautre,plusjeune,àgenouxfaceàlui.Celuiquiétaitdeboutavaitlesyeuxàmoitiéfermésalorsqu’ilgémissaitdoucement,etiln’avaitpasl’aird’avoirremarquéqu’ilsn’étaientpasseuls.

Commeunpapillondenuitattiréparuneflamme,lesyeuxdeNathanétaientirrésistiblementattirésparlavuedusexetoutrougequientraitetsortaitbruyammentdelabouchedel’autrehomme,seslèvresbrillantes,gonfléesetglissantesdesalive.L’hommeàterresedéplaça,sesyeuxvacillantverslaporteouverte. L’espace d’un instant, il demeura impassible, puis Nathan vit l’instant précis où le désir etl’excitationsechangèrentenpanique,lorsqu’Andrewcompritquil’observait.

L’hommehurlasoudainets’enfonçadanslabouched’Andrew.LavuedeNathan,quilefixaitduregard, détourna son attention ; Andrew eut un haut-le-cœur et s’étouffa alors que sa bouche seremplissaitdesperme.

Nathanbaissaleregardetserenditcomptequesonsexedépassaittoujoursdesonpantalon.Ilserhabillarapidementetressortitdestoilettesavantqu’Andrewpuisseesquisserungeste.Pourl’instant,iln’avaitvraiment,maisalorsvraimentpasenviedeparleràAndrew.

V

DixjoursavantleNouvelAn

NATHANÉTAITentraindepréparersesleçons,prenantletempsdelefairependantqueDanieldormaitetqu’Alexprenaitunbainchaud,lorsqu’onfrappadiscrètementàlaporte.Ilpoussaunjuronàvoixbasseetouvrit laportepourvoirAndrew,sur lepointdefrapperànouveau.Onauraitditqu’ilavaitenviedeprendrelafuite.

—Euh,est-ceque…jepeuxentrer?bégayaAndrew.

—Biensûr.

Nathanrecula,laissantAndrewpénétrerdanslamaison.Nathannel’avaitpasrevudepuislasoiréeenboîte.Ilétaitpartitoutdesuiteaprès,sansprendrelapeinedeparleràAndrewniàGary.Lavisiond’Andrewàgenoux,unairdeluxureaffichésursonvisagetandisqu’ilfaisaitunefellationàunparfaitinconnudansunecabinedetoilettesmiteuse,toutcelaétaitgravédanssamémoire.Latotalitédelascèneainsiquel’aspectsordidedel’actel’avaientdégoûté.Ilavaitessayédesedirequecelan’avaitaucuneimportance,maisilsavaitquec’étaitunmensonge.

—Ungagederéconciliation, luiditAndrewenlui tendantunpackdebièresqu’ilavaitapportéaveclui.

—Merci.

Nathannepritpasimmédiatementlesbières,ilvoulaitd’abordsavoircequevoulaitAndrew.

Cederniersemorditlalèvreetposalesbièressurlatabledansl’entrée.

—Nathan,ilfautqu’onparle.

Nathantiqua,maisgardalesilence.Ils’appuyacontrelaported’entréeetcroisalesbras.

Malgrélemanqued’encouragement,Andrewcontinua.

—Jeveuxt’expliquerpourl’autresoir.Jenevoulaispasquetuvoies…

Ilbaissaprogressivementlavoix.

—Toi en train de sucer un type que tu ne connaissais pas dans des toilettes immondes ? sifflaNathan,quin’avaitaucuneenviequ’Alexl’entende.

Andrewsoupira.

—Ça,entreautres.Garyainsistésurlefaitquecen’étaitpasjustedemapartdem’attendreàcequetucomprennesalorsquejenet’airienditsurmonpassé.

—Tucrois?fitNathand’unevoixtraînantepleinedesarcasme.

Andrew lécha ses lèvres devenues sèches.Nathan remarqua à quel point elles étaient pleines etcharnues.Évidemment,ill’avaitremarquéaumomentoùellesétaientautourdusexedecetype.

—Tuvasmelaisserm’expliquer?

Andrewn’était pas en train de l’implorer,mais quelque chose dans sa voix suppliaitNathan decomprendre.

Nathansecoualatête.

—Non,jenecroispas.Jepensequejen’aipasenvied’entendretesdétailssordides.

Ilouvritlaported’entréeetluitenditsesbières.

—Aurevoir,Andrew.

Andrewpritlepackdebièresetpartitsansmotdire.Nathanclaqualaporteets’appuyacontreelle,lesyeuxferméspourneplusvoirlapeinequeceuxd’Andrewreflétaient.

—Çat’asoulagé?

Surpris,Nathanouvritlesyeuxetvitsafemme,enrouléedansunpeignoiretlescheveuxdansuneserviette,descendrelesescaliers.

—Pardon?

—Cen’estpasàmoiquetudevraisprésentertesexcuses.C’étaitdelaméchancetépure,NathanPeterson,etçaneteressemblepasdutout,dit-elleavecférocité.

Illaregarda,totalementdésorienté.

—Tunecomprendspas.

—Jecomprendstrèsbien.Tul’asvuentraindefaireunefellationàquelqu’unetmaintenanttuletraitescommes’ilavaitlalèpre.Jamaisjenemeseraisattendueàcequetusoisunconnardhomophobe.

Alexsemblaitfurieuse.Nathansecontentadelaregarderfixement,stupéfait.

—Tuesaucourantpourça?

Ellehaussalesépaules.

—Biensûrquejesais.Stéphaniem’enaparlé.J’attendaisquetumeledises.Seigneur,tunecroispas qu’il en a déjà assez bavé comme ça, sans que toi, son soi-disant ami, te comportes comme unconnardfini?

—Hé,jecommenceàenavoirmarred’êtreleméchantlà,fitNathand’untonsec.Onleconnaîtàpeineettuprendssadéfense.

Alexn’avaitpasl’airdevouloirs’excuser.

— Je sais qu’il nous a accueillis dans le coin et qu’il est devenu notre ami. Je sais qu’il s’estoccupédenousàlanaissancedubébé,etjesaisqueluietStephsontrestésensemblependantdixansàcausede leursparents.Qu’est-cequeça fait s’il sedéfoulede tempsàautre? Ilne le faitpasdevantColinouSteph.Grandisunpeu,Nathan.

Ellepassadevantluietalladanslacuisine.

—Tuserais idiotdeperdreunami justeparceque tun’approuvespas toutcequ’il fait.Tun’asaucunproblèmeavecGabe,etpourtantc’estunevraietrainée.

NathansuivitAlexjusquedanslacuisine.

—C’estAndrewquisecomportecommeunconnard.

Alexseservitunverredejusd’orangepuisregardaNathanpar-dessusleverre.

—Jepensequetucomprendrasquec’esttoileconnard.Tunepeuxpasressemblerplusàungossedecinqans.Valuiparler.Crèvel’abcèsparcequejevaistedireuntruc,jen’arrêteraipasd’êtreamieavecStéphaniejusteparcequetuesincapabled’accepterlefaitqu’ilpréfèrelesqueuesplutôtqueleschattes.

Nathanretournad’unpaslourdàlapréparationdesescours.Ilnes’attendaithonnêtementpasàcequ’Alex soit aussi large d’esprit par rapport au comportement d’Andrew. Il ne s’attendait pas à cequ’Andrewendiscuteavecsafemme,encoremoinsàcequ’elleenparleàAlex.NathanétaitdeplusenplusperduquantàlarelationentreAndrewetStéphanie.

Merde,pourquoin’était-cepaslesWaltonleursvoisins?Celaauraitététellementplussimple.

NeufjoursavantleNouvelAn

—BONJOUR,COLIN.Tonpèreestdanslecoin?

Lejeunegarçonvisaitlepanierdebasket,maissansgrandsuccès.Iln’avaitpasl’airaussipleind’entrain que d’habitude. Colin regarda son instituteur et Nathan remarqua l’absence de son sourireprétentieux.

—Salut,MonsieurP.Nan,ilestpartirécupérerPapaetMamanàl’aéroport.

—PapaetMaman?demandaNathan.

—PapaetMamanMatthews.Lesparentsdepapa.IlsrestentpourNoëletleJourdel’An.

Colinfitclaquerleballonsurlepanier,leratantànouveau.

LeballonrebonditversNathan.Il leramassaet le lançavers lepaniersansvraimentviser,et leregardapasseràtraverslepanier.

—Tun’aspasl’airtrèsenforme.Quelquechosenevapas?

Colin hésita.Celui à qui il s’adressait était tout demême son instituteur, ainsi qu’un ami de sesparents.

—PapiestdrôleetMamiefaitdebonscookies,fit-ilfinalement.

Nathanregardalevisageabattudujeunegarçon.

—Mais?ÉcouteColin,jeteprometsdeneriendireàtonpèreniàtamère.

—Papase fâchesouventquandMamieest là.Ellen’aimepasquand ildortausous-sol.Çafaitquelquesjoursqu’ilestvraimentgrognon.

Colindonnaitl’impressionquec’étaitlafindumonde.

Nathanluilançaleballon,nevoulantpascontinuerladiscussionsurcettevoie.

—Ah,d’accord.Jeteprometsdeneriendire.Jevaisjustesortirfairecourirleschiens.Tuveuxveniravecmoi?

LevisagedeColins’éclairaaussitôt.

—Super.JevaisjustedemanderàMaman.

Ilcourutàl’intérieur,etappelasamère.Elleluiavaitdetouteévidencedonnésonaccordpuisqu’ilréapparutpeudetempsaprès,portantunblousonépaisetdesbottes.

IlsrécupérèrentlesépagneulsanglaisdeNathanetpassèrentuneheureàcouriraprèsTyler,RubyetMolliedansleparc.Lorsqueleurpromenadepritfin,ilsétaienttousdeuxécarlatesàcausedufroidetdel’effort physique. L’humeur de Colin s’était considérablement améliorée et il s’activait à raconter àNathan la fois où il était allé au cinéma quand ils furent de retour.Le 4X4 d’Andrew était garé dansl’allée.

Ilsarrivèrentenbasdel’allée.Colinjetaunœilendirectiondelavoiture.

—Ilssontrentrés.Tuveuxvenirdirebonjour,MonsieurP?

Nathansecoualatête.

—Pasaujourd’hui.Ilfautquetudisesbonjouràtesgrands-parents.J’iraiparleràtonpèreaprès.

—Super.

Colin semit à genoux et fit un dernier câlin aux chiens, recevant de grands coups de langue enretour,puisremontal’alléeencourant.

Ilfrappaàlaported’entréeetAndrewluiouvrit.Nathanpensaqu’ilavaitl’airfatiguéavecsapeaupâle et des cernes sous les yeux.Andrewvit queNathan et les chiens attendaient sur le trottoir, et fitrentrerColinchezeux,ignorantNathandemanièreostensible.

Nesachantquefairepouraméliorerlasituation,Nathanrentrarapidementchezlui.Ilnevitpaslasilhouettel’observerdederrièrelagrandefenêtreprèsdelaporte.

HuitjoursavantleNouvelAn

ILS SE tenaient à nouveau dehors devant chez Andrew. Nathan comprit que cela servait de lieu derassemblementpourdiscuterdelafêteduNouvelAnàlaquelletouslesvoisinsparticipaient.AllisonetJim étaient en train d’essayer de convaincreNathan etAlex, qui étaient réticents, de venir.Ou plutôt,AllisonparlaitetJiml’écoutait.Nathann’étaitpascertainqueJimaitjamaisl’occasiond’enplacerune.Alexn’étaitpasconvaincuequantàsacapacitéàresteréveilléesuffisammentlongtempspouraccueillirlanouvelleannée.EtbienévidemmentNathann’étaitpasenthousiasteàl’idéedevoirAndrew.

AllisonetJimportaientdespullsdeNoëlfaitsmainsetassortis.Ilsétaientbleusavecdesfloconsde neige ainsi que des rennes. La petite blonde qu’était Allison s’était débrouillée pour avoir l’airmignonneetdoucedanslesien.QuantàJim…NathanpréféraitnepassavoircommentAllisons’yétaitprisepourconvaincresonmarigrisonnantdefairequelquechosed’aussiinapproprié.

—Ilfautquevousveniez.Touteslesfamillesd’icisontlesbienvenues.

Allisonneconnaissaitmanifestementpaslanotionderefus.

—LesparentsdeNathanserontavecnouspourleNouvelAn,Allison.Jenecroispasquecesoittrèsjustedeleslaisseràlamaisonpoursurveillerlebébé,fitAlex.

Nathangémitensonforintérieur,connaissantlasuite.

Allisonagitalesmainsensignedeprotestation.

—Machérie,amenez-lesaussi.Plusonestdefous,plusonrit.Non,vousn’avezaucuneexcuse.Vousvenezàlafêteetnousnousoccuperonsdubébéetdevosadorablesparents.

Lesjeunesparentsseregardèrent,puisabandonnèrent.Ilspouvaientfaireuneapparitionetrentrerfurtivementàlamaisonensuite.

—C’estd’accord,onvousverraàcemoment-là,acquiesçaAlex.

— Génial ! pépia Allison. Au fait, cette année on le fait chez Stéphanie et Andrew. Ça doitcertainementvousfairetrèsplaisir,vuquevousêtestousdebonsamis.

LeJourdeNoël

—COLIN,MONTEdanslavoiture,etnemetspastesdoigtssurlesvitres.Tuvasmettrepleindetracesdegras.

Nathanrentraitdesapromenadeavec leschiens lorsqu’ilvitunefemmequ’ilneconnaissaitpasprèsdu4X4d’Andrew.Elleportaituntailleurlilas,légeretfluide,ainsiqu’unchapeau.Unhommevêtude façon classique – on pouvait supposer qu’il s’agissait de sonmari –grimpa sur le siège passager.Colinportaitunechemiseéléganteetunpantalon,etavaitunairboudeur.Quelqu’uns’étaitmanifestementdonné la peinedemaîtriser ses cheveux, qui nebougeaient plus tant ils étaient enduits degel.Nathansourit.Iln’avaitjamaisvuColinaussipropreniaussisoigné,etilnepouvaitqu’imaginerletraumatismenécessairepourqu’illereste.

Lafemmeseretournaverslamaison.

—Dépêchez-vous, vousdeux, sinonnous allons être en retard.Vouspourriez faireun effort.Cen’estqu’unefoisparan!dit-elled’untonsecetimpatient.

Stéphaniesortit,unpeunerveuse.

—Pardon,Maman.Jevérifiaisjustequeladindecuisait.Oh,salutNathan.JoyeuxNoël.

—Hé,MonsieurP!JoyeuxNoël,lançaunevoixenjouée.

NathansetournaetvitColindontlatêtedépassaitdelavitredelavoiture.

—JoyeuxNoëlColin.Oùest-cequevousallez?

—Àl’église,ditColinenfaisantlagrimace.Mamienousforceàyallertouslesans.

Sagrand-mèresoupira.

—Unefoisparan,Colin.Est-cequec’esttroptedemander?Nick,vachercherAndrew.Non,maisfranchement!Qu’est-cequecegarçonpeutbienêtreentraindefaire?

Nathansecontentadefaireungrandsourireetleursouhaitabonneroute.Ildonnauncoupsecsurleslaissesdeschiensetlesfitavancer.Commeilatteignaitl’alléedesapropremaison,iljetaunregardenarrière.Andrewsuivaitsonpèrelelongdel’alléepavée.Ilétaitvêtudefaçonidentiqueàcelui-ci,cequiluidonnaitunairplusâgéquesesvingt-sixansnelaissaientparaître.Ilsemblaitplusmûrgrâceàlapairedelunettesqu’ilportait.

Lorsqu’ilouvritlaporteducôtéconducteur,AndrewentrevitNathan.Lerougeluimontaauxjoues,maiscettefois-ciilhochalégèrementlatête.

Nathanluiréponditdelamêmefaçon.Aprèstout,c’étaitNoël.Paix,gentillessepourtousettoutescesfoutaises.

SixjoursavantleNouvelAn

NATHANSOMNOLAITtranquillementsurlecanapé,Danielvautrésursapoitrine,reniflantdoucementdanssonsommeil,lorsquelasonnetteretentitetleréveillaensursaut.

—J’yvais!criaAlex,descendantlesescaliersencourant.

ElleouvritlaporteetvitStéphanieainsiqu’uncouple,plusâgé,surlepasdesaporte.

Stéphanieluifitunsourirepours’excuser.

—SalutAlex,est-cequ’onpeutvenirvoirlebébé?ColinaénormémentparlédupetitDanielàPapaetMaman.

—Biensûr.Entrez.

EllelesconduisitdanslesalonoùNathan,àmoitiéendormi,sefrottaitlesyeux.

—Nathan,lesparentsd’Andrewsontvenusvoirlebébé.

Lavoixd’Alexétaitunemiseengarde:ildevaitresterpoli.

NathanpassaunbrasprotecteurautourdeDanielets’assit.Stéphanies’approcha,luifitlabiseettenditlesbraspourprendrelebébé.IlselevaetluitenditDaniel.Lebébégémit,n’appréciantpasd’êtredéplacé,puisilsepelotonnacontreelle,cherchasonpouceetserendormit.

Stéphanie lui présenta Nick et Ruth. Nathan leur serra la main à tous les deux et les invita às’asseoir,leurprésentantsesexcusespoursonétatdesomnolencelorsdeleurvenue.

—Danielamaldormilanuitdernière,alorsjel’aiprisavecmoipourlaisserAlexsereposerunpeu.Jesupposequ’aujourd’huijepayelecontrecoup.

Ruthluisourit.

—Celanefaitrien,moncher.Jesuiscontentedevoirunjeunehommeprendreaussibiensoindesa femme, dit-elle en frottant doucement la main du bébé. Si seulement mon Nick avait été aussiserviable.Est-cequejepeuxletenir?

Elle souleva le bébé des bras de Stéphanie au hochement de tête d’Alex. Elle était tellementconcentréesurlebébéqu’ellenevitpassonmariroulerlesyeuxauciel,prenantStéphanieàtémoin.

—Naturellement,continuaRuth,Andrewsavaits’yprendreavecColin.Ils’enoccupaittoujours,n’est-cepasStéphanie?dit-elleenjetantunregardàNathan.IlaprissoindeColinlorsqueStéphanieestpartietravailleraprèssanaissance.

Elleregardasabelle-filleenfronçantlessourcils,quil’ignoraouvertement.

—Jetrouvetellementétrangequecesoitlamèrequitravailleetlepèrequichangelescouches.Commesiquelquechoseclochait,d’unecertainemanière.

Stéphaniesepinça les lèvres trèsfort,maisellegardalesilence.Nathancompritqu’ils’agissaitd’unevieilledispute.Alexglissasonbrasautourdelatailledesonmari.

—Nathangagnaitplusquemoiquandjetravaillais,maintenantqu’ilestdevenuinstituteur.Celanerimeraitàrienpourmoid’allertravailler,dumoinstantquelebébéestencorepetit.

Ruthhochalatête.

— C’est ainsi que doivent être les choses, ma chère. Les femmes sont tellement plus aptes às’occuperdesenfantsqueleshommes,déclara-t-elle.

Nathanpensaquedeuxpersonnesaumoinsdanscettepièce,sicen’esttrois,n’étaientpasd’accordavec elle. Néanmoins, être en désaccord avec Maman Matthews en public n’était clairement pasrecommandé,àenjugerpaslafaçondontNicketStéphaniebaissaientlatête.

Nickchangeadeposition.

—AndrewetStéphanieontbienréussiàéleverColin,machère.

—Jelesais,Nick,mais jepensetoujoursqu’après tout lemalquenousnoussommesdonné,cen’auraitétéquejusticequeStéphanieélèvelebébé,dit-ellesèchement.

Stéphaniejetaunregardd’excuseàNathanetAlex.

—Je suisdésolée, lesamis,vousn’aviezpasbesoind’entendredevieillesdisputesde famille,surtoutpasaprèsunemauvaisenuit.

Alexluifitunsourireempreintdesympathie.

—Çava.

Celan’allaitpaspourNathan,et ilavaitdumalàmaîtrisersonexpression.Il résistaàsondésirardent d’arracher son enfant des mains de Ruth avant qu’elle le contamine avec toutes ses idéesdémodées.PasétonnantqueGaryetAndrewsoientsceptiquessurleshommesduTexas.Ilauraitaiméqu’Andrew puisse faire la connaissance de sa mère, une femme gaie qui croyait fermement que lacontributiondeshommesàl’éducationdeleursenfantsétaitessentielle.

Ilseleva,s’approchadeRuthetluirepritDanieldesbras,ignorantsescrisdeprotestation.Illepritdanslecreuxdesonbras.

—C’estl’heuredeluidonnersonbiberonetsonbain,annonça-t-ild’unevoixpolie,maisferme.

Comprenantl’allusion,StéphaniecommençaàguiderRuthetNickverslasortie.

—Mercidenousavoirlaissésvoirlepetit.VousvenezcheznouspourleNouvelAn?

AlexjetaunregardàNathanavantd’accepterd’unsignedetête.

—Jepenseoui,sionpeutamenerlesparentsdeNathanavecnous.

Stéphanielapritdanssesbras.

—Aucunproblème.Jeseraiheureusedevousyvoir.Euh…Nathan?

Cedernierlevalesyeux.

—Oui?

Elle vint jusqu’à lui et lui parla à voix basse afin que Ruth et Nick n’entendent pas leurconversation.

—VavoirAndrewavantdeveniràlafête.Tuluidoisbiença.

Prisentrelesdeuxfemmes,iln’avaitpaslechoix.Ilhochadonclatête,espérantqu’ilnesoitpastroptardpourseracheter.

CinqjoursavantleNouvelAn

NATHANFRAPPAdoucementàlaportedusous-soldechezAndrew.Iln’avaitpasvoulualleràlaporteprincipale, au cas où Maman Matthews déciderait de lui infliger à nouveau sa science concernantl’éducationdesenfants.Le4X4étaitgarédans l’allée, ilendéduisitdoncqu’Andrewétaitchez lui. Ilattendit quelques minutes, puis frappa à nouveau. Cette fois-ci, il entendit du bruit provenant del’intérieur.

—Uneminute.J’arrive.

Laporte s’ouvrit brusquement.L’air unpeu troublé, comme s’il avait été perturbépar les coupsfrappésà laporte,Andrewsourit à sonvisiteur jusqu’à cequ’il réalisequi se tenait sur lepasde saporte.

—Qu’est-cequetuveux?lança-t-ilsèchement,lestraitsduvisagecrispés,nebougeantpasd’unpouce.

Nathantenaitunpackdebièresàlamain.

—Te présentermes excuses pour avoir été un connard fini. J’espère qu’on pourra être amis ànouveau.

—Non,jenecroispasquecelasoitpossible,Nathan.Jepensequejenepourraispastoujoursmedemandersiquelquechosed’autreteposeraproblème.Jesuisnavréquetum’aiesvuentraindefaireunefellationàcetype,maisc’esttoutcequec’était.

IlregardaNathand’unairtriste.

—Quoiqu’ilensoit,mercidem’avoirprésentétesexcuses.Aurevoir.

LaporteserefermaaunezdeNathanetilrestaseuldanslefroid.

AumatinduquatrièmejouravantleNouvelAn

—NOUSVOILÀ.Maintenant,oùestmonpetit-fils?Pourquoin’est-ilpasdéjàdansmesbras?

LamèredeNathan était semblable à unebrise d’été, soufflant à travers lamaison.Elle entra etserraAlexdanssesbras,fitungroscâlinàsonplusjeunefils,etembrassasurlefrontsondernierpetit-filsainsiqu’uncâlinquidurajusqu’àcequesongrand-pèreréclamesontour.Réticente,Térésarenonçaàsonfardeau,àconditionqueDanielluisoitrendutrèsrapidement.

AlexréponditàNathanenlevantlesyeuxauciel.EnréalitéelleadoraitTérésaetJohnPeterson,etilsavaitquecen’étaitquedelacomédie.Suiteàlamortdesesparents,elles’étaitsentievraimentseuleau monde. La famille de Nathan n’avait pas remplacé la sienne, mais ils l’avaient tellement bienaccueillieparmieuxquesasolitudes’enétaittrouvéeunpeusoulagée.

QuantàNathan,ilsentitqu’ilpouvaitsedétendreetsourireànouveaupourlapremièrefoisdepuisdessemaines.Samèreétaitlà,etiln’yavaitrienqu’ellesoitincapabledegérer.

Une fois que la joie des retrouvailles se fut calmée,Nathan les emmena visiter lamaison et levoisinage.AllisonetJimétaiententraindelaverleurvoituredansleurjardin.Nathanremarquaquelespulls de Noël avaient été remplacés par une version rouge avec le Père Noël et ses lutins. Ilss’approchèrentpourseprésenterdèsqu’ilsvirentNathanetsesparents.

Colinjouaitaubasketballavecsonpèreetsongrand-père.Ilsaluasoninstituteurdelamain,l’airjoyeux.Nickacquiesçadelatêteetleursouhaitaàtousunbonaprès-midi.Nathanréponditd’unsignedelamainenexpliquantdequiils’agissaitàTérésaetJohn.

—Aurais-tudesproblèmesavecsesparents,Nathan?demandaTérésa.

Nathanbaissaleregarddanssadirection.

—Pourquoidis-tuça?

Térésaregardasonfilsd’unairdedire,‘Àquicrois-tut’adresser,jeunehomme?’

—Parcequecebelhommefaitdesonmieuxpouréviterdecroisertonregard.

—C’estunelonguehistoire,Maman.

Nathansetortillasoussonregardscrutateur.

Térésaluisaisitlebras.

—Alorsrentronsettupourrasm’enparler.

Nathanlaregardaenfronçantlessourcils,l’airméfiant.

—Alext’enaparlé?Çan’aaucunintérêt,vraiment.

—Elleapeut-êtrementionnéuneoudeuxchosescesdernierstemps.

Térésan’eutpasl’aird’avoirlemoindreremordstandisqu’elleramenaitNathanchezlui.

—Bienentendu,lefaitqu’ilsoitentraindetefoudroyerduregardnetedérangerapas.

Nathans’arrêtaetregardapar-dessussonépaule.Ilcroisaleregardmeurtrierd’Andrewavantqu’ilréalisequ’ils’étaitfaitprendre.Ildétournarapidementlesyeux.

—Toutàfait.Tuveuxbienqu’onaitcettediscussion,maintenant?ditTérésaenhochantlatête,satisfaite.

— Tu ne crois pas que Nathan est assez grand pour régler ses problèmes tout seul, Térésa ?demandaJohn.

—N’importequoi,ilneserajamaisassezgrandpourcela.Jesuissamère,Jonny.C’estàmoidem’enmêler.

29Décembre,troisheuresdumatin

—HEIN,QUOI?—Gabe,c’esttoi,mec?

Nathanétaitlovédanslerocking-chairdelacuisineetparlaitaussibasquepossible.Danielvenaitdefinirsonbiberondelanuitets’endormaitpeuàpeusursesgenoux.

—N,Nate?C’estquelleheure?Putain,c’esttroisheuresdumatin.Qu’esstuveux?Çava?C’pasDanielhein?

LebabillageincohérentdeGabepritfintandisqu’ils’arrêtaitpourrespirer.

Nathansourit.

—Nousallonstousbien.J’avaisjustebesoindeteparler.

—Bordel,enpleinmilieudelanuit?

Nathanentenditunchuchotementétouffé.

—Non, c’est rien bébé, retourne te coucher. C’est justemon connard demeilleur ami quim’aréveillé.Ilaungosse.

—Désolé.Jepensaisquetuseraisseul,s’excusaNathan.

Gabebâillabruyammentautéléphone.

—Qu’est-cequ’ilya?Çadoitêtreimportantsitutéléphonesendehorsdesheuresdebureau.

Nathanhésita.Maintenantilnesavaitplusquedire.

—Nate?

Gabecommençaitàs’énerverunpeu.

—C’estAndrew.

—Tonvoisin?Illuiarrivequoi?

—Ilneveutpasmeparler.Jel’aivuentraindesucerungarsdansuneboîtegay,etjel’aiignoréparlasuite.Maintenant,ilneveutpasmelaisserm’excuseretAlexpensequejesuisuncon.Mamèreditquec’estàcausedetusaisqui,etjeveuxvraimentmefairepardonner.

Nathans’arrêtalorsqu’ilserenditcomptequ’ilavaitencorel’aird’ungamindecinqans.

—Seigneur.

Ilyeutunepause.

—Tuaspétélesplombsdepuisquetuasrencontrécetype.

Cen’étaitpasunequestion.

—Oui.

Nathansoupira.FaitesconfianceàGabepourtoutdesuitemettreledoigtsurcequiblesse.

—Pourquoi?

NATHANSEdemandaitsileNouvelAnarriveraitjamais,afinqu’ilspuissentretourneràleurtrain-trainquotidien.Entrelebébéqu’ilfallaitnourrirtouteslesnuitsettoutescesfemmesquioccupaientlamaisonenpermanence,àcâlinerlebébéetàluifairedesgazouillis,ilfallaitqueNathans’échapped’ici.

Ilnedormaitpastrèsbien.Soitiltendaitl’oreillepouréviterqueDanielneréveillelerestedelamaisonnéeavec sespleurs, soit il tentaitd’ignorerd’autreschosesqui commençaient à le tracasser. IlécartatoutepenséedesonespritetlaissaAlexseuledansleurlit,quittantàcontrecœurlachaleurpourlasalle de bain. Il s’habilla en silence, posa légèrement le doigt sur la bouche de son fils endormi, etdescenditlesescaliers.

Leschienssautillèrentde joieen levoyant tandisqu’ilentraitdans lacuisineassombrie.Nathanouvrit la porte arrière afin qu’ils puissent faire leurs besoins dans le jardin, et fit la grimace tout enrespirant àpleinspoumons l’air glacial. Il siffladiscrètement, leur accrocha leurs laisses et semit enroutepourleparc.Unelonguepromenadedevraitluiéclaircirlesidéesetl’apaiserunpeu.

Il faisait toujours nuit lorsqu’il atteignit le parc, cependant les allées étaient bien éclairées. Ilconnaissaitsuffisammentlecoinpouréviterlesplaquesdeverglas,etunefoisqu’ilsefutbienétirépours’échauffer,ilcommençaàcourir,doucementaudébut,puisàunrythmeplussoutenuensuite.Leschienslesuivaientvolontiers.Ilscouraientàcôtédelui,changeantdedirectiondetempsentempspourreniflerunbuissonousaluerlesquelqueschiensduvoisinage.Ilyavaitpeudemondeàcetteheurelematin,etNathanconnaissait laplupartd’entre eux. Il saluaquelquespersonnesde la tête lorsqu’il lesdépassa,maisavant tout ils’efforçadegarder l’espritvide,deressentiruniquement lafatiguede l’exercicesursoncorpsetdeprofiterdesasolitude.

Nathansouffla légèrement tandisqu’ilmontaitunepente. Il sedémenaencoreplusetpensaavecregretquesonentrainementavaitétéreléguéausecondplandepuisl’arrivéedeDanieldanssavie.Aumomentoùilatteignitlehautdelacolline,ilperditl’équilibresuruneplaquedeverglas.Iltentadeleregagnerenbattantdesbras,ettombaàterre,ainsiquecequ’ilavaitpercuté.Nathanatterritsurlesolverglacé. Il découvrit qu’il était tombéde tout son long sur unhommequi proférait des jurons à voixhautesouslui.

—Seigneur, jesuisdésolé,mec.Çava,riendecassé?ditNathanenserelevantetenfaisantlagrimacelorsqu’ilcognasacheville.

—Jen’ensuispassûr.Jen’aipasl’habituded’êtremisàterreparunfichuyéti.Bonsang,qu’est-cevouscroyiezfaire?rouspétal’autrehomme,toujoursallongélevisagetournéverslesol.

Les chiens accoururent pour voir ce qui se passait et donnèrent des petits coups de truffe sur levisagedel’inconnudemanièreenthousiaste.

—Tyler,Ruby,reculez!

Nathan essaya d’empêcher les chiens de lécher le pauvre hommeet remarqua ensuite sa posturerigide.

—Hé,jesuisdésolé.Meschienssesontunpeuemportés.Vousn’aimezpasleschiens?Laissez-moivousaideràvousrelever.

L’hommeseretourna,montrantsonvisagepourlapremièrefois.

—Non,merci,ditAndrew.Jepeuxmedébrouiller.

IlserelevaengrimaçantetlaissaunNathanstupéfaitàterre.

—Andrew,jesuisvraimentdésolé,jenevoulaispas…

Andrews’époussetaetregardasesmainséraflées.LejourcommençaitàseleveretNathanputvoirdusangd’unecoupuresemettreàcoulerlelongdesajoue.IltournaledosàNathanpourjeteruncoupd’œil alentour.Nathan vit qu’il y avait un trépied et un appareil photo sur le côté.Heureusement, ilsavaientrésistéàlachute.

Ilfaisaitvraimentfroidparterre,lafraîcheurparvenantjusqu’auxosdeNathanpourlapremièrefois.Iltentadesereleveretretombalorsqu’unedouleurviveirradiasachevilletordue.Ilretintuncrietessayaànouveau,attirantcettefois-cil’attentiond’Andrew.

—Unproblème?

Andrewavaitl’airmoinsgrincheux,savoixreflétantsoninquiétude.

—Macheville.Ellemefaitmal,haletaNathantoutenréussissantàsemettreàquatrepattes.

—Resteici.Onval’examineravantquetutelèves.

Andrewvintàcôtédeluietl’aidaàserasseoir.

—Attendsuneminute,dit-ilavantdesedirigerverssonmatérielprèsde l’appareilphotoetenrameneruncoussin.Voilà,assieds-toilà-dessus.

Nathan parvint à se tortiller jusque sur le coussin sans trop malmener sa cheville. Andrews’agenouilladevantluiettenditlebraspourattrapersonpied.Avantdeletoucher,ilregardaNathan.

—Jepeuxjeteruncoupd’œil?

Nathanhochalatêteetsemorditlalèvre,carlemoindremouvementcommençaitàluifaireunmaldechien.Andrewexaminasachevilleendouceur,maisavecminutie.

—Jenecroispasquetul’aiescassée,Nate,maistuvasavoirbesoindeporteruneattelle.

Lavoixd’Andrews’étaitfaiteplusdouce.

—Maisleschiens…Alex,protestaNathan.

Andrewluiserralebras.

—Cen’estpasunproblème.Laisse-moim’occuperd’eux.JelediraiàAlex,etjelaconduiraiauxurgences.

Ladouleurdominait lespenséesdeNathan,mais ilsavaitqu’Andrewavaitappelélessecoursetétaitenpleinediscussionavecl’opérateur.Ilcommençaàfrissonneràcausedufroidetduchoc.Andrewsortitunecouvertureetl’enroulaautourdeNathan,puisils’assitprèsdeluiafind’essayerdelegarderauchaud.TyleretRubyavaientcomprisquequelquechosen’allaitpaschezleurmaîtreets’étaientassis

del’autrecôté,tandisqueMollie,indifférenteàsadétresse,s’étaitéloignéed’uncôtépourexaminerunetaupinière.

Quelquespersonness’arrêtèrentpourproposerleuraide,certainsd’entreeuxreconnaissantl’unoul’autrehomme.AndrewleurassuraqueNathanallaitbienetilscontinuèrentleurchemin.Nathanfinitpars’appuyercontreAndrewtandisquecelui-ciglissaitunbrasderrièreluipourlesoutenir.

Nathan,concentréànepaspleurercommeunbébéàcausedeladouleur,n’avaitquetrèspeuouvertlabouche.Soudainunepenséeluivint.

—Andrew?

—Mmm?Çavacommeça?

Andrews’agitabrièvementaveclacouverture.

—Jevaisbien.Écoute,Drew…

Ils’arrêta,nesachantpasvraimentquoidire.

Andrewcessaderespirer.Dumoinsileneut l’air.Lessouffles légersdansl’airfroidcessèrent.Nathantournalatêteetvitqu’Andrewregardaitfixementlesoldevantlui,lesangdelacoupuresursajoueavaitséchéetétaitdevenuunecroûtesombre.

—Jesuisdésolé,vraimentdésolé...J’aiétéunconnardavectoi,àplusieursreprises.

Ilyeutunelongueinterruption.Andrewgardalesilenceetretintsonsouffleégalement.

—Drew,disquelquechose,n’importequoi,s’ilteplaît?Respire?Faisquelquechosebonsang!

Andrewexpirabruyamment.

—Unjourilfaudraquetumedisespourquoi.

NathanfrissonnaetAndrewl’attiraplusprèsdelui.

—Jeleferai,promitNathan.

Il était en train de choisir entre continuer de parler ou céder à la douleur lorsqu’il vit arriverl’ambulance.

Enquelquesminutes, il fut attaché sur une civière et chargé à l’arrière de l’ambulance.Andrewattenditpatiemmentdehorsavecleschiens,désormaistenusenlaisse.

— Je vais ramener les chiens et j’emmène Alex à l’hôpital, cria-t-il tandis que les portes serefermaient.

Nathanfermalesyeuxcommelevéhicules’enallait,ladouleurdanssachevillerivalisantaveclacertitudequ’AndrewvoulaituneexplicationqueNathann’étaitpassûrd’êtreprêtàdonner.

Après-mididelaVeilleduNouvelAn,sous-sold’Andrew

—SALUT,ÇAfaitdubiendeterevoir.Jen’étaispassûrquetuaieseumonmessage.AndrewretintsonenviedesauterdanslesbrasdeGary.

Ilavaitouvertlaportealorsqu’onfrappaitavecinsistance.Garys’étaittenusurlepasdecelle-ci,saguitareàlamain,etl’aird’avoirbesoindedormirpendantcinqjours.Andrewregardaautourdeluipourvoirs’ilyavaitquelqu’und’autre.

—Iln’yapersonned’autreavectoi?

Garypassaunbrasdécontractéautourdesépaulesd’Andrew.

—Nan,ilssonttousenconcert.J’aipenséquetuauraispeut-êtrebesoindesoutien,commetamèreestlà.

—Tun’aspasidée.

AndrewguidaGarydanslapièceetfermalaportederrièreeuxd’uncoupdepied.

Dèsqu’ilsfurentdissimulésàlavuedumondeextérieur,ilattiraàluisonami,pluspetit,pourleserrerdanssesbrasetl’embrasser.Garyglissasesdoigtssinueuxdanslescheveuxd’Andrew,seservantde samain libre pour faire pression sur les fesses d’Andrew afin de les rapprocher encore plus. Lebaiserfutexigeantetardent.Ilavaitlegoûtdelafuméedecigarette,del’herbeetducaféfort,ungoûtfamilieravec lequel ilétaità l’aise.Andrewseblottitdanssesbras, sesentantensécuritéetheureuxpourlapremièrefoisdepuisdesjours.IlcrochetasesdoigtsdanslesbouclesdelaceinturedeGary,etlerapprochaencoreplusprèsdelui.

Garyfronçalessourcilsetmitfinaubaiser.

—Ques’est-ilpassé,Drew?Tutecramponnesàmoidetoutestesforces.

AndrewreculadesbrasdeGary.Ilpassalamaindanssescheveux,lesrelevant.

—Ilnes’estrienpassé.

LorsqueGarygrogna,sceptique,ilsecorrigea.

—D’accord,ils’estpasséquelquechose,maiscen’étaitriend’important.

—Ouic’estça.Allez,dis toutà tontonGary.Quiacontrariémongarçon?ditGarycommes’ilfredonnaitunechansonàunbébé.

Andrewrit.

—Tuasl’aird’unpervers,commeça.

—Jenemecomportedemanièreperversequ’enverslesjeunesetjolieschosesquiontdebellesfesses.

Gary, le regard lubrique, fit bouger ses sourcils en direction d’Andrew, ignorant ses ‘Beurk’ dedégoût.

Andrewluifitundoigtd’honneur,maisnel’empêchapasdel’attireràluipourleserrerdanssesbras.

—Arrêted’éviterlesujetetvidetonsac.

Andrewreposasatêtesurl’épauledeGary.

—Lanuitoùnoussommesallésenboîte,Nathanm’avuentraindesuceruntypedanslestoilettes.Ilaprislafuiteetarefusédem’adresserlaparoleaprèsça.Depuisc’estdur.

Jurantdanssabarbe,Garyenlaçasonami.

—Putain,tut’attendaisàquoi?

—Àunpeudecompréhension,bordel.C’esttropdemander?Ilyatoujoursquelquechosed’autreaveclui,maisilnepeutouneveutpasm’enparler.

Andrewlaissasortirlafrustrationqu’ilavaitrefoulée.

—Oublieça,Andrew.Ilnevautpaslapeinequ’onsefassedusoucipourlui.Tun’aspasbesoindeça.

Garychassadesespenséesleproblèmeduvoisin.

—Bon,onaletempsdes’amuserunpeuavantquelafêtecommence?

— Ce qui veut dire que tu veux que je te baise avant que ma mère descende ici et ne noussurprenne?ditAndrewensouriantd’unairsuffisant.

Garysecoualatête.

— Nan. Ça veut dire que je veux te baiser toi, vite et fort dans la douche avant que ta mèredescendeetvoitsonpetitgarçonêtretrès,trèsvilain.

AndrewritetentraînaGaryversladouche.Sonamiétaitsanscontestelemeilleuramantqu’ilaitjamaiseu.

Aprèsladouche,Andrewétaitenjeans,lesdeuxboutonsduhautdéfaitsalorsqu’ilcherchaitquellechemiseporterpourlafête.Garyétaitvautrésursonlitetneportaitqu’unsurvêtement.IlsparlaientduconcertoùGaryétaitlanuitprécédentelorsqueRuthouvritlaportemenantàlamaisonsansfrapper,etdescenditlesescaliers.

—Stéphanieveutsavoirsituvasallerchercherdelabière,Andrew.Elleapeurque…oh…Gary.Bonjour.Jen’avaispasréaliséquetuétaislà.Vraimentlesgarçons,vousnedevriezpastraîneràmoitiénus.Quelqu’unpourraitsefairedesidées.

Elleplissalabouchetandisqu’elleinspectaitlapièce.

—Noussommesjusteentraindenouspréparerpourlafête,Maman.Garyavaitbesoindeprendreunedouche,ilafaitunlongtrajetenvoiture.

Andrewserrasamèredanssesbras,tentantdelacalmer.IlsurpritGaryentraindeleverlesyeuxaucieletillefusilladuregardpar-dessuslatêtedeRuth.Dieumerci,ellen’étaitpasdescendueunquartd’heureplustôt,alorsqu’ilspassaientunmomenttrèsagréablesousladouche.Ilsavaientfait l’amourlentement,sanssepresser,endépitdelapromessequeGaryluiavaitfaiteplustôt.Laportedelasalledebain,mêmefermée,n’avaitjamaisarrêtésamère.

—Bien,habillez-vous,touslesdeux.IlestpresqueseptheuresetilfautquevousaidiezStéphanieetAllison.

Savoixétaitcoupanteetacariâtre.

GarysetraînahorsdugrandlitetserraRuthdanssesbras.

—BonneAnnée,Ruth.

Ellesedébattitunpeupourexprimersadésapprobation,maisfinitparluirendresonaccolade.Peuimporte les efforts qu’elle faisait, il était difficile pourRuthde rester très longtemps en colère contreGary.Ilfaisaitpartiedesamisd’Andrewdepuistrèslongtemps.

HABITUELLEMENT, CES fêtes du voisinage étaient infernales. Après la première soirée à laquelle ilsavaient participé, Andrew était parvenu à conclure un accord avec Stéphanie : il pourrait retourners’enfermerdanssachambrenoireaprèsavoirétégentilaveclesvoisins.Elleavaitétésuffisammentivrepour lui donner son accord.Et il n’y avait qu’une seule chose de pire que de participer à ces petitesfêtes:c’étaitdelesrecevoir.AndrewneconnaissaitpaslaraisonpourlaquelleAllisonprenaitlapeinede faire tourner l’emplacementde la fête.C’estellequiorganisait toutdudébutà la fin,ycompris lemenu, le type de bières, et la liste des invités. La famille qui recevait la fête avait droit à un certainnombred’invités supplémentaires, à la discrétiond’Allison. ‘Après tout, poussin, c’est une fête pournotre rueplutôt et paspourn’importequelle vieille racaille’, lui avait-elle roucoulé une fois qu’ilavaitosémettreendoutesesplans.Maintenant,ilavaitapprisàsetaireetàfairecequ’onluidemandait.Quiétait-ilpourcontredirelafemmeàlacheck-list?

LaprésencedeNathanavaitatténuéunpeu l’ennuiaucoursdesderniersmois. Ils restaient justeassez de temps pour que cela ne soit pas impoli, puis ils prenaient la fuite avec Colin sous prétexted’allerpromenerleschiensdeNathan.Mêmelatensionqu’ilyavaitentreeuxnecomptaitpaslorsqu’ilsjouaienttousensembleaufootballauparc,leschiensfaisantdeleurmieuxpourvolerleballon.Enfait,deplusenplusd’hommesdelarueavaientcommencéàdemanders’ilspouvaientêtreexcuséspourallerjoueraufootballaveclesvoisins.Allisonnepouvaitriendire:c’étaitunévènementdelacommunautéaprèstout.

LafêteduNouvelAnétaitl’undesplusimportantsévènementsdanslecalendriersocial,etilétaithorsdequestionquequiconquesoitexcuséoupartes’amuserailleurs.

Comme Andrew et Gary partaient en voiture pour aller acheter plus de bières, Gary posa unequestion.

—Joeseralàaussi?

—Biensûrqueoui,réponditAndrewens’arrêtantàunstop.

—Tamèreestaucourant?

LavoixdeGaryétaitàlafoisexaspéréeetamusée.

Andrewleregarda.

—PourluietStéphanie?Nan,pasdutout.Elleenferaitunesyncope.

Garysoupirad’impatience.

—Quand allez-vous faire face à tamère tous les deux ?Mince alors, Andrew, ça fait dix ansmaintenant.Colinestassezgrandpourlesupporter,etsurtout,vousn’êtesplusdesenfantstouslesdeux.

—Jesais,jesais,c’estjusteque….

Lavoixd’Andrewdiminuaprogressivement.Garyconnaissaitaussibienque lui lesraisonspourlesquellesluietStéphanieétaientensemble.

—Oui,quoi?

CesoirGaryn’avaitdécidémentpasl’aird’avoirenviedereculer.

Andrewinspiraprofondément.

—On ferait comment pour l’argent ? Je ne peux pas subvenir aux besoins de deuxmaisons, etStéphanienonplus.

—Jet’aitoujoursditquetupouvaisvenirvivreavecmoi,luisignalaGary.

—MaisColin…

Andrewressortaitlavieilleexcusehabituelle.

—Bientôt, Drew, il va falloir que tu affrontes la réalité. Tu es un homosexuel coincé dans unmariage.Soittuacceptestonhomosexualité,soitturestescoincédanstonmariage,maistôtoutardilvafalloirquetufassesunchoix.Avantqu’onlefassepourtoi.

LetondeGaryétaitmaintenantbourru,maisgentil.

Andrew s’en inquiéta. Gary n’allait certainement pas faire quelque chose de stupide commeannoncerpubliquementsonhomosexualitéàtoussesvoisins.

—Cequiveutdire?— Ce qui veut dire que sucer ce type devant ton voisin, un voisin qui a des problèmes, était

complètementstupide,etc’estquoivotreproblèmeàtouslesdeux?Vousvousconnaissezàpeinequedéjàvousvouscomportezcommedesgossesdecinqans,ditsèchementGary.

—Cen’estpasvrai.Andrewsevitentraindebouder.Peut-êtrequeGaryavaitraison.—Lapreuve!Nomdedieu,n’importequipourraitpenserquetuenpincespourcecon.C’estpas

vrai,n’est-cepas?Garyressemblaitàunchienquinevoulaitpaslâchersonfichuos.—Non!Andrew savait qu’il n’avait aucune chance d’avoir le dessus, mais il n’admettrait jamais une

quelconqueattirancepourNathan.—Pastrèsconvaincant,Droopy,répliquaGaryens’installantconfortablementsursonsiège.Andrewsecoualatêtetandisqu’ilportaitànouveautoutesonattentionsurlaroute.—Nem’appellepascommeça.LaVeilleduNouvelAn,versvingtetuneheures.

LESPETERSONetleurinvité,Gabe,quittèrentleurmaisonpourfairelecourttrajetjusqu’aunumérodouzeoùavait lieu la fête.Nathanmarchait lentementsursesbéquilles.Endépitdesprotestationsd’Alex, ilétaitbiendéterminéàalleràlafêteduNouvelAn.IlledevaitbienàAndrew.Stéphanieluiavaitassuréqu’il pourrait trouver un coin tranquille où s’asseoir pour la soirée. Nathan déglutit avec difficultélorsqu’ilpritappuisursachevillesanslefaireexprès.

Lasoiréepromettaitd’êtrelongue.

AndrewregardaNathanquiétaitappuyélégèrementcontrelemur.Ilétaitperchésuruntabouret,disantqueseleverducanapéetserasseoiràchaquefoisétaitunefforttropfatigant.LesPetersonétaientarrivésquelquesheuresplus tôt,etmaintenantque la fêtebattait sonplein, tout lemondeappréciait le

repasetlesboissonsqueStéphanieetAndrewavaientmisàleurdisposition.Toutlemonde,saufNathan.Ladouleurselisaitsursonvisage,etilfaisaitlagrimaceàchaquemouvement.

Nathan leva le regard et vit qu’Andrew l’observait. Il fit un effort manifeste pour lui sourire.Andrewallajusqu’àluietposalamainsursonépaule.

—Tuveuxrentreràlamaison?

Nathanhésita,nevoulantpasparaîtreimpoli,puisilhochalatête.

—Oui.Majambemefaitunmaldechien.MaisjeneveuxpastraînerAlex.Ellenesortpastrèssouvent.Jenesuispassûrdesavoiroùsontmamèreetmonpèrepourl’instant.Ilsparlaientd’allerchezJimpourêtretranquillesavantminuit.

—Jevaisallerleschercher.Çatevasijeteramènecheztoi?

Andrew avait hésité à lui poser la question. Lorsqu’il hocha la tête, Andrew serra doucementl’épauledeNathanetpartitchercherAlex.

ElleétaitdanslacuisineentraindepapoteravecStéphanieetJoe.Contrairementàsonmari,Alexs’amusait.Depuislanaissancedubébé,elleavaitrarementeul’occasiondeselaisseraller.Maintenantelleenprofitait,grâceàlapropositiondeTérésadegarderlebébéetauxverresgénéreuxqueStéphanieluiversait.AndrewsouritcommeAlexgloussaitàproposdecequeStéphanieluidisait.Ellesebalançaitdoucement,etAndrewpensaqu’elleétaitbienpartiepourêtrecomplètementivre.

EllelevalesyeuxcommeAndrews’approchait.

—Hé,poussin,c’estunesuperfête.

Ouaip,elleétaitbeletbienivre.

—IlfautqueNathanrentreàlamaison.Maisilveutqueturestes,doncjevaislerameneràpied,luidit-ilavecunsourire.

—Besoind’aide?Nathanestassezlourd,demandaJoe.

Andrewsecoualatête.

—Çavaaller.JepensaisdemanderàGabe.Oùest-ilaufait?

Ilfutsurprisdevoirqu’ilsavaientl’airunpeuembarrassétouslestrois.

—Euh…GabeetGary,ils...euh…bégayaStéphanie.

—Ilssontentraindeseroulerdespellesdanstachambre,ditAlexengloussantunpeutropfort.

Elleeutànouveauunrirebête,ethoquetacommeelletendaitlebraspourattrapersonverre.

Siquelqu’unavaitvuAndrew,Stéphanie,etJoeregarderautourd’euxenmêmetempspourvoirsiquelqu’unlesécoutait,celaauraitétécocasse.Heureusement,aucundesvoisinsoudesparentsn’étaientdans lacuisine.Allisonétaitentouréedesacourdans lesalon,et lespersonnesâgéesavaientdisparuchezJimpourfuirlebruitdepuisunbonmoment.

—Jesupposequej’aiperdumonlitpourcettenuit,soupiraAndrew.

—C’estbon,poussin.PrendslelitdeGabe.Ilnerentrerapas,soulignaAlex.

Andrewacquiesçadelatête.

—MerciAlex.Jecroisquec’estcequejevaisfaire.

Illevalesyeuxversl’amantdesafemme.

—Sij’aibesoindetonaide,jecrierai.ÇadépendradecommentseporteNathan.

—Pasdeproblèmes.

Andrewretournadanslesalon.AllisontenaitunediscussionhouleuseavecMichaeletsafemmeàproposdelasituationéconomique.Nathanessayaitd’écouter,maissesyeuxétaientplussouventfermésqu’ouverts.

—Allezviensmongrand.Jeteramèneàlamaison,ditdoucementAndrew.

Nathanfituneffortpourouvrirlesyeux.

—Alex?

—Ellevabien.Elleestsaoule,maisellevabien,réponditAndrewententantdemanœuvrerautourdeNathansanstoucheràsonpied.

Nathansouritetsoufflalégèrement.

—Ellen’apasvraimenteul’occasionpourçacesdernierstemps.

—Jesais.Maintenantonselève.

AndrewattenditqueNathanfasseunepremièretentative,puisilglissasesbrassousceuxdesonamietautourdesondos,etiltintbonalorsquecedernierdescendaitdutabouret.

—Merde.

LejuronsortitlorsqueNathantentadesetenirdroitens’appuyantlourdementsurAndrew.Aprèsuneminuteoudeux,ilparvintàtrouversonéquilibre.Andrewrelâchasapriseetleregarda.Desgouttesde sueur coulaient le long des sourcils et de la lèvre supérieure de Nathan, et les larmes refouléesfaisaientbrillersesyeux.

—Jetetiens,luiditAndrewd’untonrassurant.

IlresserrasaprisesurlesbrasdeNathan.

—Jenetelâcheraipas.

Sansréfléchir,illevaunemainetcaressalevisagedeNathanavec.L’espaced’uncourtinstant,cederniers’appuyacontresamain,puisilsréalisèrentcequ’ilsétaiententraindefaire.

Andrewbaissalebras,maisnelâchapasNathan.Ilsepenchapourramasserlesbéquillescachéesderrièreletabouretetlesluitendit.Ilattenditqu’ilsoitprêt,puis,plaçantunemaindanslecreuxdesondos, il le guida jusqu’à la porte. Nathan s’appuya lourdement sur les béquilles tandis qu’il avançaitdoucementetavecdifficulté.

—Putain!Jamaisjen’auraiscruqu’uneentorseferaitsimal,haleta-t-il.

Andrewluifrottaledos.

—Jesuisdésoléquetumesoistombédessuscommeça,Nate.

—Moiaussi,acquiesçaNathan.Maiscen’étaitpasdetafaute.Oùestmonbébé?

—Danielestavectamèreetlamienne,chezAllison.Ellesontpenséquec’étaitpluscalmelà-bas,expliquaAndrew.

Nathans’arrêtabrusquement.Andrewvitsonvisagedevenirblême.

—Tuvasvomir?

—Non.Oui.Peut-être.Pasici.

Nathanrespiraprofondémentetsonvisagerepritquelquescouleurs.

—Sors-moid’ici,s’ilteplaît,avantquejemeridiculisecomplètement,lesupplia-t-il.

Allison arrêta de parler le temps d’embrasser Nathan pour lui dire au revoir, et les autres luisouhaitèrentunebonneannée.Andrewremarquasonairinterrogateurtandisqu’ilsquittaientlapièce.

Ilss’arrêtèrentdans l’entréepour récupérer lemanteaudeNathan.Àcemoment-là,Nathanavaitvisiblementdelapeineàsecontenir,etilneseplaignitpaslorsqu’Andrewl’aidaàl’enfiler.

Alexsortitpourfaireuncâlinàsonmari.StéphanieetJoelasuivirentdeprès.Ellel’entouradesesbras,et l’attiraversellepourl’embrasser.Clairement, legestefutdouloureuxpourNathan,etAndreweutdumalànepasgrognercontreAlexpouravoirblessésonmari.Nathans’éloignaensouriantàsapetitefemme.

—Profites-en,Lexi.Boisunverreàlanouvelleannéepourmoi.Netepressepaspourrentrer.

Elle chancela doucement, mais Andrew put voir l’inquiétude dans son regard tandis qu’ellecaressait le visage deNathan. Le geste était presque identique à celui qu’Andrew avait fait quelquesminutesauparavant,etlamêmepenséeavaitdûveniràl’espritdeNathan,parcequ’illuisemblaquesesyeuxvacillaient.

—Net’enfaispaspourDaniel.Tamèrel’aprisavecelledanssachambrepourcettenuit,luiditAlex,lesyeuxmouillés.

Nathanacquiesça.Colinsortitdelachambredesenfantspourserrersonpèredanssesbrasavantqu’ilspartent.Touslesdeuxsoupirèrentdesoulagementalorsqu’ilslaissaientlebruitderrièreeux.

—Putain,mercipourlecoup.

Andrewparlapoureuxdeuxtandisqu’ilsdescendaientl’allée.

Nathansoupirabruyamment.

—Avant,j’aimaislesfêtes.MaintenantjeveuxjusterentrerpourserrerDanieldansmesbras,ouallerpromenerleschiens.Oumêmetebattreaubasket.

Andrewgrognalorsquecetteremarqueparvintjusqu’àsoncerveau.

—Jedoismeconsidérerchanceuxd’êtreavantlesfêtessurtaliste?

—Oh,maintenant, si tu veux parler des fêtes d’Allison, je vais peut-être devoir y repenser, fitsemblantderéfléchirNathan.

—Salaud!

—Tulesavaisdéjà!

Ilssesourirentd’unairheureux,puisNathantrébuchaetlamauvaisejambepritunchoc.

—Bordel!

Andrew fut immédiatement à ses côtés et passa son bras autour de Nathan pour qu’il puisses’appuyer sur lui.Les larmes quimenaçaient auparavant coulèrent sur ses joues tandis que la douleur

devenaittropaccablante.—Hé,faisattention.

Andrewnesavaitpas s’ildevait faire semblantden’avoirpasvu les larmesounon.Au final ilcherchaunmouchoiretlesessuya.

—Souffle,dit-ilentenantlemouchoircontrelenezdeNathan.

Nathansouffladocilementets’étouffaunpeualorsqu’ilgloussaitettentaitderetenirunsanglotenmêmetemps.Ilseremitsuffisammentpourbredouillerunremerciement;ensuiteilscontinuèrentjusqu’àchezNathan.

Troischienstrèsexcitésaccueillirentleurarrivée.Andrewdécidaqueleplusfacileàfaireétaitdelesenfermerdanslacuisineavecdelanourriturepourlessoudoyer.BienqueNathanronchonnequ’illesgâtait trop, il n’empêchapasAndrewd’agir.Lorsqu’il eut enfermé les chiens sans encombre et rentréNathanàl’intérieur,iljetauncoupd’œilauxescaliers.

—Jenecroispasquetuarriverasàmonterlà-haut,commenta-t-iltoutenaidantNathanàenleversonmanteau.

—Jevaisdormirsurlecanapé-litdanslebureau,acquiesçaNathan,las.

Andrewregardadans lebureau.Le lit étaitdéjà fait, et ilyavaitun tee-shirtainsiqu’unbasdepyjamasurlacouette.

Nathanavançaverslelitàl’aidedesesbéquilles,ets’assitavecsoulagement.

—Jevaistelaissertechanger.Tuveuxboirequelquechose?proposaAndrew,sesentantunpeumalàl’aisemaintenant.

—Euh,justedel’eau,merci.Ilfautquejeprennemesmédicaments.

Nathancommençaàôtersachemise.Andrewsehâtadesortirdelapièce,maisn’yparvintpassansentrapercevoirsapeaunueainsiqu’unmamelonsombre.Ildétournalesyeuxavantquesonvisagepuisseletrahir.

Lorsqu’ilrevint,Nathann’eutpasl’aird’enavoirfaitbeaucoupplus.Iln’avaitquedéboutonnésachemise.Lesépaulesvoûtées,ilétaitassissurlecanapé-lit,l’airprofondémentmalheureux.IlrelevalatêtecommeAndrewentrait.

—Jecroisquejevaispeut-êtreabandonnerl’idéedemechanger.Çamesembleêtreunetâchetropdifficile.

—Çafaittrèsmal?demandaAndrew.

Nathanhochalatête.Leslignesautourdesabouchedevinrentplusprononcées.

—Tiens,prendslespilules,ditAndrewenluitendantlescomprimésainsiqu’unverred’eau.

IlremarquaquelamaindeNathantremblaitunpeualorsqu’ilavalaitdocilementlesmédicaments.

Andrewattenditquelquesminutes,puisilpritleverredesmainsdeNathan.

—Viens,jevaist’aideràtechanger.Tutesentirasmieux.

Comme il n’entendit aucuneprotestation, il fit glisser la chemise le longdes épaulesdeNathan,constatantlejeudemusclessouslapeaubronzée.Ilmourraitd’enviedeprendreNathanenphoto,maisilpensaqu’unepropositiondeséance-photosdenusneseraitpastrèsappréciée.

—Allonge-toisurledosetondescendratonpantalon,dit-illorsqueNathaneutôtésachemise.

IlrougitlorsqueleregarddeNathancroisalesien.

—Je…Jeveuxdire…bégaya-t-il.

—Jesais,bafouillaNathantandisqu’ildéfaisaitsaceinture.

AndrewfitglisseravecprécautionlepantalonampledeNathanlelongdesesjambes,s’efforçantdenepassecouersacheville.Nathanneditrien,maisgardalesyeuxfermés,etAndrewputvoirquesespoingsseserraientdetempsàautre.Ilfitdesonmieuxpournepaspenseràcequedissimulaitlecaleçonnoirmoulant.

—Tuveuxgardertonsous-vêtement?

—Oui.

Nathanserassit.Ilyeutunlégeraccrocdanssarespiration.

—Ilfautquej’aillepisser.

—Tuauraisdûyallerplustôt,leréprimandagentimentAndrew.

Nathansouritsansgrandeconviction.

—Àcemoment-là,jen’avaispasbesoind’yaller,Papa.

Andrewleregardaenfronçantlessourcils.

—Tuveuxqueje,euh,quej’ailletechercherunebouteilleouquelquechosedugenre?

—C’esthorsdequestion!

Nathan se débattit pour parvenir jusqu’au bord du canapé-lit et se leva, le bras d’Andrewl’entourantcommeiltrouvaitsonéquilibre.

—Jecroisquelescachetspourladouleurcommencentàfaireeffet,marmonna-t-il.

—Viens.Avantquetutombesettefracturesl’autrecheville,l’exhortaAndrewenluitendantsesbéquilles.

IlguidaNathanjusqu’àlasalledebainàl’alleretauretour.Leprocessusluiparutpluslentaufuretàmesurequelesmédicamentsfaisaienteffet.

Lorsqu’ilsatteignirentànouveaulelit,Nathans’étaitmisàtranspireretilétaitdevenutrèspâle.Andrewattrapaunepoubelleetlaplaçaavecprudenceàportéedemain.

Nathantombasurlelitavecunsoupirdesoulagement.Ils’allongeaetfermalesyeux.Andrewleborda, puis s’assura que les médicaments de Nathan, la poubelle et, malgré ses protestations, unebouteille,étaienttousàportéedemain.

—Jenesuispasunhandicapé,ronchonnaNathan.

—Si.Tais-toi!luiditAndrewavecfermeté,gloussantlorsqu’ilvitNathanluitirerlalangue.Tamamannet’apasbienéduqué?

—Siellen’estpaslàpourlevoir,çava.Pourquoi,tuvasluidire?demandaNathanenentrouvrantunœil.

—Jenevaispasmoucharder,luiréponditvivementAndrew.Maintenant,tais-toietdors.

—Oui,Drew.

Andrewvitquesestraitssedétendaientaufuretàmesurequeladouleursedissipait.Illuisouhaitabonnenuitàvoixbasse,puissetournapourpartir.Iljetauncoupd’œilàsamontre.Minuitmoinsvingt.S’ilsedépêchait,ilpouvaitencorerejoindrelesautrespourfêterlanouvelleannée.Iltentad’ignorerlavoixdelatentationquiluidisaitdes’allongerprèsdeNathan.

—Drew?

LavoixdeNathanétaitàpeineplusfortequ’unchuchotement.

—Oui?réponditAndrewenjetantunœilpar-dessussonépaule.

Nathanlefixaitduregard,l’airendormi.

—Jeveuxteparler.Ilfautquejeteparle.

Àcausedesmédicaments,Nathanavaitunpeudemalàarticulersesmots.

Andrewsecoualatête.

—Çapeutattendrequetuaillesmieux,Nate.

—Maintenant.Assieds-toilà.

Nathantapotauncoindulitprèsdelui.

Seigneur, est-ce que cette soirée tout entière était conçue comme un châtiment ? Tu neconvoiteraspoint tonsublimevoisin.Nousnouscontenteronsdetetenteravecsoncorps,etnoustedemanderonsàchaqueoccasiondet’asseoirsuffisammentprèsdeluipourquetusoisenmesuredebaver.Andrewsemorditlalèvre.Grandisunpeu,Matthews.Tupeuxyarriver.

—Assis!

OnauraitditqueNathanparlaitàundeseschiens.

Andrews’assit.

—Là.

Nathanluifitpasserunoreiller.Qu’ai-jefaitpourméritercesupplice,Seigneur?—Mets-toiàl’aise.

Andrew s’appuya contre la tête du lit et s’assura de ne pas cogner la jambe deNathan. Il étaitcouché,lesyeuxfermés,maisAndrewsavaitaulégerfroncementdesessourcilsqu’ilnedormaitpas.

—J’aiunesœur.Elles’appelleAmy.Elleaquatreansdemoinsquemoi.

Andrewsursautaetouvritlesyeux.IlavaitattendutellementlongtempsqueNathanprennelaparolequ’ilavaitdûs’assoupir.Iljetaunregardchargédeculpabilitéàsonami,maiscelui-ciavaittoujourslesyeuxfermésetn’avaitapparemmentpasremarquésonmomentd’inattention.

—Jenelesavaispas,fitprécipitammentAndrew.Tum’avaisparlédeBob,maispasd’Amy.EllenevoulaitpasvenirpourleNouvelAn?

—Jenesaispasoùelleest.Elleadisparuilyaquelquesannées.

LavoixdeNathan,pleinedetristesse,luifenditlecœur.

Andrewdéglutitavecdifficulté.Ilsavaitqu’iln’avaitaucuneenvied’entendrecequiallaitsuivre.

—Jesuisdésolé,Nate.Çadoitêtrepéniblepourtafamille.

—Oui,çal’est.Lepire,c’estlaraisonpourlaquelleelleadisparu,ditNathand’untonplusdur.

—Tun’espasobligéd’enparlersitun’enaspasenvie,leréconfortaAndrew.

Nathansecoualentementlatêteavecprudence.

—Jepensequesi,Drew.Ilfautquetusachessionveuttournerlapage.

Respireprofondément,Matthews.—D’accord.Alorsques’était-ilpassé?

—Amyavaitàpeuprèsquatorzeans,etelleétaitgrande,trèsgrande.Assezjolieaussi.Jevenaisjustedepartiràl’université;Bobétaitenfacdemédecine.Amyétaitseuleavecnosparents.Jesupposequ’elle en a eu assez.Etpuisquelqu’un lui adit qu’ellepourrait fairemannequin, et ça l’a emballée.Alorssansenparleràpersonne,elleestalléefairequelquesphotos.

Nathans’arrêtapourrespirerprofondément.

—Nathan…

Toutàcoup,Andrewserenditcompteoùcelapouvaitmener.

LavoixdeNathansefitangoissée.

—Maislephotographe,iln’était,iln’était…Iln’étaitpascommetoi.Andrewluifrottalebraspourleréconforter.

—Çava,j’aicompris.

—Il lui adit que jamais ellen’y arriverait àmoinsqu’ellene sedéshabille, alors elle l’a fait.Ensuiteil…

LavoixdeNathanbaissaprogressivement.

—Ellen’en avait parlé àpersonne, pasmêmeà ses amis.On l’a appris quand l’unde ses soi-disantamisacommencéàfairecirculerlemagazineérotiqueàl’école.

—Alorsquandtuasvulemagazine…

Andrewsavaitqu’ildevaitécouterlerestedel’histoiremaintenant.

Nathanpritlaparolesuruntonfuribond.

—Oui.Quoiquecelan’étaitpas lepire.Elle,euh,elleacommencéà travaillerenboîte.Elleamentisursonâge.

—Commeserveuse?

—Non.

LavoixdeNathanétaitmaussade.

—Ahputain,Nate.Pourquoia-t-ellefaitça?

Andrewsefrottalesyeux.Ilsesentitplusvieuxtoutàcoup.

—Ellesefaisaitdel’argent.Elleenavaitbesoin.Assezpourfinancersonaddiction.Masœur,ladroguée.Lephotographe…estdevenusonpetit-ami.Elleestdevenueaccroàl’héroïneàcausedelui.

Andrewnesutquerépondre.

Nathanouvritlesyeuxetleregardafixement.

—Ladernièrefoisquejel’aivue,elleétaitentraindesuceruntypedansunecabinedetoilettes.J’étaisvenulachercher.

—Putain.Pasétonnantquetum’aiesdétesté.

Nathanfermaànouveaulesyeux.

—Jenetedétestaispas.Jen’aiseulementpaspulesupporter.Tuétaisunhommemarié,etl’instantd’après...Jesuisdésoléd’avoirétéunconnardpareil.Toutlemondem’atoujoursditquetuétaisuntypecorrect.

—J’auraisaiméquetum’enparlesplustôt,maismaintenantjecomprends.

Andrewneputs’empêcherdepasserlebrassurlescouvertures,surlebrasdeNathan.

Toutàcoup,ilsentendirentdesacclamationssourdesenprovenancedel’extérieur.

Nathansepelotonnasouslacouette.

—Jevaisdormirmaintenant,murmura-t-il.BonneAnnée,Drew.

Andrewsouritaffectueusementàsonami.

—Bonneannée,Nathan.Dorsbien.

Ilsepenchaetl’embrassasurlajoue,puisserelevadulit.IlatteignaittoutjustelaportelorsqueNathanpritànouveaulaparole.

—Jet’aivuaveccethomme.J’aidétestéça.

LavoixdeNathanétaitmaintenantfatiguée.

—Jesais,Nate.Jesuistellementdésolé,soupiraAndrew.

IlregardaNathan.Ilnevoyaitquelescheveuxdecelui-cidépasserdescouvertures.

—J’auraisaiméquecesoitmoi.Jemesuisdétesté.Jet’aidétesté.

Andrewmarquaunepauseavantderépondre.

—Moiaussi,dit-ilàvoixbasse.

Iln’eutaucuneréponse,àl’exceptiond’unpetitsoupir.

VI

—DÉPÊCHE-TOI,PAPA ! Qu’est-ce que tu fais là-bas ? Ça fait des heures queMonsieur P a fait sesbagagesetnousattend,criaColinaprèss’êtreprécipitéverslehautdesescaliersmenantausous-sol.

IlspurententendreAndrewrépondreenjurantd’unevoixforte.

—MonsieurPnousgrondequandonditdesgrosmots, lemit-il aucourant,d’unair faussementgrave.

LeparfaitMonsieurPvaavoirsestesticulescoupéessijedoisentendreçatoutleweek-end.—Jet’aientendu!hurlaleparfaitMonsieurPdanslesescaliersensouriantàColin.

—Merde!

Nathan ricana en entendant Andrew jurer à nouveau en comprenant qu’il s’était exprimé à voixhauteparmégarde.

—Hum,ilfautqu’onenvisageunepunition,Colin,pourchaquefoisoùtonpèrediraungrosmotceweek-end.Qu’est-cequeçapourraitêtre?

—Génial!Euh,onpourraitluifairefairelacuisine?

Colinmanquaitunpeud’imaginationenmatièred’idéespourlespunitions.

—TuasdéjàgoûtéàlacuisinedeNate?ditAndrewenremontantlesescaliers.Évidemmentquejevaisfairelacuisine.

—C’est vrai,Colin. Je suis peut-être un instituteur génial,mais jemanquemalheureusement decompétencesdansledomaineculinaire.

Nathanposasamainsursoncœurd’unairfaussementsincère.

—Çaveutdirequ’ilnesaitpascuisiner,ditAndrewenvoyantl’aird’incompréhensiondeColinavantdesoupirerdemanièredramatique.Qu’est-cequetoninstituteurt’apprendsitunecomprendspascegenredechoses?

Colinconnaissaitlaréponseàcettequestion.

—Cettesemaineonafaitexploserlasalledeclasse,etonadûappelerlespompiers.

Nathangémit.

Andrewsetournaversluienhaussantunsourcil.

—Dois-jeposerlaquestion?

—Ilnevautmieuxpas.Unepetiteexpériencequiadégénéré.EncemomentleprincipalSkinnernem’appréciepastrop.

—Tum’étonnes!

Andrewfitungrandsourireenimaginantlaréactionduprincipal.

Stéphaniesortitdelacuisine,unegrandetassedecaféàlamain.Leregardd’Andrewd’éclaira.

—C’estpourmoi?

Ellesourittandisqu’iltenditdesmainsavidesverslatasse.

—Çanet’étaitpasdestiné,maissic’estlafaçonlaplusrapidedetefairepartirdelamaison,jet’enprie,dit-elle.

Elleluitenditlatasseenlevantlesyeuxauciel,l’airrésignée.

NathanregardaAndrewinhalerlecafé.

—Tudevraisvraimentréduiretaconsommationdecaféine,luifit-ilremarquer.C’étaitquoiça?demanda-t-ilcommeAndrewmarmonnaitdanssatasse.J’espèrequecen’étaitpasencoreungrosmot.

Andrewluifitunbrasd’honneurenredescendant lesescaliers. Ilémergeaquelquesminutesplustardavecungrandsacàdosetplusieursautressacs.

—Onnepartquepourunenuit,Drew.Tun’aspasbesoind’unsmokingpourallerenforêt.Lesécureuilss’enfichent,luifitremarquerNathan.

—Ha, ha ! ditAndrew d’un ton acerbe. Ce sont des sacs pourmon appareil photo. Tu ne vascertainementpasmetraînerdansletrouduculdumondesansquejeprennedequoimedistraire.

Nathanluifitunsouriremalicieux.

—Ondiraitquetun’aspasenviedepartirenvoyage.

—Tucrois?

Andrewlaissatomberlessacsavecunsoupirdereconnaissance.

—N’aurions-nouspaspuallerquelquepartoùilyadeslitsetdesoreillers?

—Mauviette!

—Jeplaidecoupable.

Nathanfitunclind’œilàColin.

—Tonpèreabesoindesemettreunpeuplussouventauvert.Dedécouvrirlanatureparlui-même.

— La dernière fois que j’ai fait ça, un idiot m’est rentré dedans et m’a renversé par terre, luirappelaAndrewavecinsistance.

—Oui,ehbien,moinstuenparlerasetmieuxcesera,marmonnaNathan.

Ilramassaquelques-unsdessacspourleschargerdansson4X4.

—Es-tuprêt?

—Non.

Andrewresserrasaprisesursatassedecafé.

—Bien.Viens,Colin.Oùesttonami?demandaNathanenfaisantungrandsourire.

Colinemmenaitavec lui sonmeilleurami,Bobby.AndrewetNathan,en tantque respectivement

parentet instituteur,pensaient tous lesdeuxquec’étaitune trèsmauvaise idée.Bobbyétait…pleindevie.Enfait,Nathanavaittoutuntasd’autresmotspourdécrireBobby,maispleindevieétaitleseulqu’ilutilisait devantColin.MalheureusementColin était têtu etBobby sonami, donc il n’y avait pas eudenégociationetonavaitenvoyéuneinvitationàBobby.

LejouroùAndrewavaitdemandéàcontrecœuràlamèredeBobbysisonfilspouvaitvenirfaireducampingaveceux,ilavaitentenduleshourrasenrepartant.Envérité,lorsqu’Andrewl’avaitannoncéàStéphanie,elles’étaitétoufféeavecsoncafé,puiselleavaitimmédiatementréservéunechambrepourleweek-enddansl’hôteldeluxeleplusproche.Pasmoyendesedédire,donc.

—OnpasseprendreBobbychezlui,expliquaAndrewtandisqu’ilschargeaientle4X4.J’espèrequetuesd’attaque?

—PourBobby ? Je crois que je ne le serais jamais pour lui.C’est comme demander si on estd’attaquepouraffronteruntremblementdeterre.Mieuxvautêtrepréparé.

LevisagedeNathanaffichaunairclairementespiègle.

Andreweutunautremauvaispressentimentàproposdecevoyage.

—Euh,oh.Dois-jem’inquiéter?

LesplansdeNathansemblaienttoujoursimpliquerdefaireexploserquelquechose.

Nathanluimituneclaquedansledos.

—Nan.Çavaaller.QuantàBobby…onverrabien.

—Tuescertainqu’ilfautquejevienne?

—Montedansle4X4!

Andrews’exécuta.

—SALUT,COLIN.Hé,MonsieurP,Andrew.Pousse-toi,Colin.Oùest taDS?Tuasquelquechose àgrignoter?J’aimepasceux-là.T’asdesCheetos?OnvaauMcDo’?J’aimepaslesnuggets.Levoyageva être long ?M’manm’a dit de vous dire que je devais aller aux toilettes toutes les heures.On vachasserquelquechose?Onyestpresque?Aurevoir,M’man.

Etc’estainsiqueBobbyseprésentapourfaireducamping.

Deux heures plus tard, Nathan était prêt à tuer ce petit con. Il serait certainement possible dejustifierl’homicideàcauseducomportementexcessifdeBobby.Combiendefoisunenfantdoit-ilposercettefoutuequestion,Onyestpresque?,avantdecomprendre?

Il fusilladu regardAndrew,quiavait l’airplutôtdétendu.Connard !Dèsqu’ils étaientpartis, ilavaitmissesécouteursetignorétoutlemondepouruntrucaurythmevraimentagaçant.Lepirec’étaitqu’il fredonnait bêtement et tapait sur ses jambes. Oh oui, le fait qu’il tape sur ses jambes gonflaitvraimentNathan.Andrewseraittoutàfaitcapabledecommenceràjouerdelaguitareinvisibleavecsajambe.

Ehoui,ilsétaientenfinarrivés.

Connard!

L’arrivée au terrain de camping rendit une partie de sa bonne humeur à Nathan. Les garçonssortirentduvéhiculedèsqu’ils’arrêta,riantetcourantdanstouslessens,etobservantlesmoindrescoinsetrecoins.Nathanleurconfialatâchedetrouverlemeilleuremplacementpourmonterlestentes.

Àunmomentpendant le trajet,Andrews’était endormi, et il neparvintpasà se réveillermêmeaprèsleurarrivée.Ilétaitvautrécontrelaportière,laboucheouverte,etreniflaitunpeuendormant.

Nathanregardasonamiavecaffection.IlpouvaitlaisserdormirAndrewpendantunpetitmoment,oubienleréveillerpourqu’ils’amuseluiaussi. Iln’eutaucunehésitation.Il fitcequen’importequelamiferaitdanscescirconstances.

NathanouvritlaportièrecôtépassageretregardaAndrewtombersurlesoldur.

—Bonjour,leparesseux.Debout,s’exclama-t-ild’unevoixforte.

—Merde.

Lesyeuxd’Andrews’ouvrirentbrusquementlorsqu’iltouchalesol,battantinutilementdesbras.IllevalesyeuxetvitNathanquisetenaitau-dessusdelui,ensemoquantsansvergogne.

—Espècedeconnard!

—Oui !Tum’endoisune,Matthews,pourchaquefoisque j’aientenduonyestpresque, lui fitremarquerNathanavecunsouriremauvais.

Toujours face contre terre, Andrew fit un grand sourire à son ami. Il essaya de prendre un airinnocent,maisiln’yparvintpas.

—Désolé,mec,jenel’aipasentendu.Jedormais.

NathansepenchaversAndrewetl’aidaàserelever.

—Auretour,c’estmoiquiprendsl’iPod.

—Passijeleprendsd’abord.

—Papa,MonsieurP.Venezparici.Onl’atrouvé.C’estparfait!

Colinrevenaitencourant,Bobbyletalonnantdeprès.Andrewébouriffalescheveuxdesonfilsetritlorsquecelui-cisetortillaettirasursamain,lesuppliantdevenirjeteruncoupd’œil.

—C’estd’accord,onyva.Nathanestlechef,c’estluiquidécide.

Les deux hommes se sourirent au-dessus de la tête des enfants et se laissèrent entraîner en vued’inspecterunemplacementpotentielpourmonterlestentes.

Nathansedéclaraouvertementsatisfaitdulieuchoisi,etmittoutlemondeautravailpourmonterlestentesetorganiserleurcampement.Commeilyavaittrèspeud’autrescampeurspourlemoment,ilss’étalèrentsurleterrain.Lesgarçonspartageraientunetente,etleshommesl’autre.

L’idéed’êtreaussiprèsd’AndrewprovoquachezNathanquelquesmomentsdegêne,maisilseditquec’était idiotdesapart. Ilsétaient tout le tempsencontactétroit.Peut-êtrequec’étaitparcequelatenteétaitunespaceréduit,sipersonnel,etilrepensaitencoreàlavued’Andrew,entraindefaireunefellationàcetypeenboîte.

Pendantcetemps,Andrewseplaignaitqu’iln’avaitpasbuassezdecafécematin,etqu’ilnefallaitpas qu’ils s’attendent à ce qu’il fonctionne, encoremoins être heureux, s’il n’obtenait pas sa dose decaféine.ColininformaNathanqu’onentendraitencoreplussonpèresionnerépondaitpasàsesattentes

bientôt.Désespéré,Nathanabandonna,sedemandantquandtoutcelasetermineraitetenvoyalesgarçonsenmissionpourtrouverdesbûchesetdupetitboispourlefeu.Untrouavaitétécreusésurleterraindecampingpourpermettredefairedesfeuxdecampentoutesécurité.

—JemedemandecombiendetempsBobbyvamettreavantdefaireunebêtise?ditAndrewtandisqu’ilenfonçaitdespiquetsdanslesolàl’aided’unmarteau.

—Jesuisétonnéquecelaaitduréaussilongtemps,convintNathan.Jefaisencoredescauchemarsàproposduvoyageauzoo.

IlfaisaitréférenceàunesortiescolairequiavaitbrusquementprisfinlorsqueBobbyavaitdécidéqu’ilvoulaitpartagersonrepasavec les lions.Nathanavaitencoredessueurs froidesense réveillantquandilrepensaitaufaitquesacarrièred’instituteurdébutantauraitpufinirrapidementsiBobbyavaitréussi à finir d’escalader la clôture. Nathan se contentait de remercier le ciel de lui avoir donné degrandsbras,enplusdesagrandetaille,cequiluiavaitpermisderattraperlegarçon.

Ilsétaiententraind’enfoncerledernierpiquetlorsqueColinrevintencourantverslestentes,sansBobby.Lesdeuxhommesseregardèrentd’unairrésigné.

—Papa!Bobbyesttombédansleruisseau.Ils’accrocheàunebrancheetilvasenoyer.

Colinavaitplusl’airexcitéqu’inquiet.

Andrewjetaunregardàsamontre.

—Ilatenuuneheurecomplète.Çadoitêtreunsacrérecord.

Nathanseleva,étirantlesmusclesdesondos.Celaneleperturbaitpas.Encomparaisonavecleslions,unpeud’eau,c’étaitunjeud’enfant.

OnrepêchaBobbyduruisseau,trempéjusqu’auxosets’apitoyantsursonsort.AndrewluitendituneservietteetNathanluifitsonmeilleurdiscoursd’enseignantrigide.Bobbyhochalatête,l’aircontrit,etacceptad’êtreunpetitpeuplusprudent.

Et prudent il le fut, au moins pendant quelques heures, jusqu’au moment où ils firent rôtir desguimauvesetburentduchocolatchaud.

Nathanregardalesdeuxgarçonsquigloussaienttoutenmettantleursguimauvesàrôtirdanslefeu.Mêmeà la lueurdu feu,Nathanpouvaitvoir les tracesdecrassequi recouvraient levisagedeColin.Malgrélafraîcheur,ilportaitunmincetee-shirtetunshort.Bobbyétaitunpeupluspropre,maisàpeine.Ses cheveux sales pendaient mollement autour de ses oreilles tandis qu’il se penchait vers l’avant,enfonçantsonbâtonunpeuplusprèsdesflammes.

—Bobby,faisattention.Tuvastemettre…lefeu!s’exclamaNathanenserendantcomptedecequeBobbyétaitentraindefaire.

Bobbycommençaàhurleralorsqu’unesimpleétincelleenflammaitleboutdesescheveux.AndrewjetasonsweatàcapuchesurlatêtedeBobby,évitantrapidementuneautrecatastrophe.IlregardaNathanet leva les yeux au ciel alors qu’il asseyait Bobby et lui donnait un nouveau bâton, l’autre ayant étéexpédiédanslefeudurantlapanique.

—Jecroyaisque tuétaisd’attaque?demanda-t-ilàNathan, lui rappelant laconversationqu’ilsavaienteueplustôt.

—Rappelle-moi de ne plus jamais dire ça, répondit Nathan en tremblant. Rien ne pourrait meprépareràça.

Il regardaAndrewexaminer avec attention son sweatpourvoir s’il ne trouvait pasde tracesdebrûlure.Sescheveuxétaientpluslongsquelorsdeleurpremièrerencontre,etilsbouclaientautourdesesoreilles,lespointesreflétantlalumièredufeu.Seslunettesavaientglissélelongdesonnez,etAndrewlesremontadistraitementd’undoigt.Legestelaissaunepetitetachedecendresursonnez.

Andrewlevalesyeux,etcroisaleregarddeNathan.Cedernier,embarrassédes’êtrefaitprendrelamain dans le sac, rougit,maisAndrew se contenta de lui sourire timidement.Nathan déglutit avecdifficultéetluirenditsonsourire.

L’espaced’unefractiondeseconde,quelquechoseavaitchangé.Ilnesavaitpasquoi.

NATHANS’ÉVEILLAlentement,endouceur.Ilentendaitlesgarçonsglousserdansleurtenteetlebruitdesoiseauxqui saluaient l’arrivéed’unenouvelle journée.La lumièredu jour, voilée, passait à travers latenteetilsouritparesseusement.

Il tourna la têtepour regarderAndrew, toujoursprofondémentendormi.Nathansavaitqu’ilallaitdevoirprendredesmesuresdraconiennespour le réveiller.Chez lui,on levoyait rarementavantonzeheureslematin,etmêmedanscecasc’étaitàcontrecœur.

L’hommeavaitl’aird’avoirétéforcéàtraverserunehaieàreculonsetd’avoirperdulabagarre.Ildormait sur le ventre, le visage aplati dans le matelas gonflable. Il bavait un peu. Nathan sourit etenvisagea de faire discrètement une photo pour le faire chanter à l’avenir. Alors qu’il l’observait,Andrewbougea,sonsacdecouchageseprenantentresesjambes,cequilaissasondosetsesfessesàdécouvert.

ToutcommeNathan,Andrews’étaitfaufilédanslesacdecouchageavecsonvieuxtee-shirtetsonpantalondejogging.Letee-shirts’étaitfroisséautourdesapoitrine,et lepantalon,qui tombaitunpeuaprèsunnombreincalculabledelavages,étaitdescendujusqu’àlalimitedeseshanches.

Nathancompritqu’ilavaitsouslesyeuxunepartieexposéed’Andrewqu’ilnevoyaitpasentempsnormal.Sesentantunpeucoupabledelefixerdemanièreaussiéhontée,etpourtantincapablederésisteràcetteenvie,Nathanbasculasurlecôtéetétudiasonamisanssefaireremarquer.

Ilserenditcomptepourlapremièrefoisqu’Andrewn’avaitpasdestachesderousseurseulementsurlevisage.Ilétudialeurmotifcommeellessepropageaientsursondos,s’étendantverslafenteentresesfesses, jusquesoussaceinture.SapeauétaitpâleparrapportàcelledeNathan,attestantdutempsqu’il passait enfermé dans sa chambre noire plutôt qu’à l’extérieur. Nathan se demanda s’il attrapaitfacilement des coups de soleil. Il y avait des lignes blanches qui disparaissaient sous sa ceinture.L’examinant de plus près,Nathan vit qu’elles ressemblaient à de finesmarques. Il se demanda ce quiavaitpuluiarriverpourlaisserdescicatrices.

Nathan dirigea son attention vers le haut, regardant les poils fins qui recouvraient les brasd’Andrew.Pourunhommequiconsidéraitquel’exerciceétaitunepertedetemps,tempsqu’ilauraitpupasseràdormir,sesbrasétaientbiendéveloppés.Celadit,sonéquipementphotopesaitunebonnetonne,alors cela en était surement la raison.Ses longsdoigts étaient légèrement recourbés, cequi l’amenaàs’interrogersurl’effetqu’ilsauraientsurlesexed’unhomme–autourdusien;sesjouesrosirentàcettepensée.

Nathanpritson tempspourexaminersonvisage, les tachesderousseuromniprésentes,mêmesur

sesoreilles.C’étaitexactementpareilpourColin.Seigneur,cethommeavaitdesilongs,sibeauxcils.Nathan se mordit la lèvre. C’était comme s’il évaluait les mensurations d’une fille, sauf que Nathann’étaitpascertaind’avoirjamaispasséautantdetempsàétudiersespetitesamies.

Andrewbâilla, cequi surpritNathan.Cedernier le regarda se retourner sur ledos, fronçant lessourcils lorsque ses jambes, prises au piège, le ralentirent l’espace d’un instant, jusqu’à ce qu’il sereplongedansunprofondsommeil.

Sonventreétaitnu,letee-shirtpresquefroisséjusqu’àsesmamelons.Soussonnombril,ilyavaitune légère traînée de poils, qui descendait sous... ohputain.LabouchedeNathandevint brusquementsèche.Laceinturedupantalonde joggingd’Andrewavaitglissé tellementbasque lehautdesonsexedépassait, et il était dur, son érectionmatinale bienvisible ainsi sous les yeuxdeNathan.Andrew segrattaleventredanssonsommeil,cequilaissasonsexeencoreplusexposé,rougeetserépandantcontresonventre.

Nathan se détourna, le visage brûlant d’embarras. Il fallait qu’il sorte d’ici avant qu’il fassequelque chose de vraiment très stupide, comme le toucher. Il se dégagea de son sac de couchage, enessayantdenepasdérangerAndrew.

Lafermetureàglissièrede la tentedescenditaisémentetNathansortit, inspirantavecgratitudeàpleinspoumonsl’airfraisdumatin.Ilessayadefairelemoinsdebruitpossibleafinquelesgarçons,quiavaientl’airdejoueràunjeuimpliquantbeaucoupdecris,maisquinécessitaitderesterdansleurtente,neréalisentpasqu’ilétaitréveillé.

Il enfila sesbaskets, s’éloignantunpeu, lebesoinde se soulagerdans tous les sensdu terme sefaisantsérieusementsentir.Seulementilnesavaitpascequipressaitleplus.AufinalNathans’appuyacontreunarbre,satêteposéecontresonbras,etsemasturbaaussirapidementetaussisilencieusementquepossible.Iljouitviolemment,cequilelaissahaletantcontrel’arbre,desimagesindésirablesentête.

Après cela, il retourna aux tentes et ralluma le feu.Andrew finit par émerger, l’air renfrogné etportantunsweatàcapuche,celuideNathan,etexigeaducafé.Nathanessayadesecomporter leplusnormalementpossibleetluitenditundemi-litredecaféinenoire,laissantAndrewrejoindrelemondedesvivantsàsonproprerythme.

Les garçons avaient disparu quelque part et les deux hommes restèrent assis autour du feu,appréciantleurtranquillité.

Jusqu’àcequeBobbyrestecoincédansl’arbre.

Bobby n’avait pas l’intention de rester coincé dans l’arbre. Bobby n’avait probablement pasl’intentiondefaireuntasdechoses.Pourtantçanel’empêchaitpasdelesfaire.

Merde,c’étaitunputaindegrandarbre.Nathan regardaBobbyqui s’accrochait àunebranche,àbienquinzemètresdu sol. Il se tenait à

califourchondefaçonprécairesurunebranchefineetrefusaitdebouger.Colinétaitenbasetsemordaitla lèvre.Sonrireà lasituationdélicatedesonamis’était rapidementchangéen larmeslorsqu’ilavaitréaliséquecelui-ciétaitvraimentcoincé.Maintenant,ils’accrochaitàlamaind’Andrewtandisquelesdeuxhommesdiscutaientdecequ’ilfallaitfaire.IlsopposèrentrapidementleurvétoàlasuggestiondeColin,quiconsistaitàcouperl’arbre.

Ils étaient face à la perspective où l’un d’euxdeux allait devoir grimper pour porter secours augarçon. Andrew soupira. Il n’y avait pas réellement de discussion à avoir. Il était plus léger et plussouplequeNathan,etdeplus,Nathann’aimaitpasleshauteurs.

—Tuesbâticommeunfoutuyéti,ettun’aimespasleshauteurs?

AndrewfixaNathandu regard,ne lecroyantpas, tandisque l’instituteurmarmonnait sesexcusespournepasgrimperdansl’arbre.

Nathanéraflalesolduboutdesesbaskets.

—J’ai toujourseupeurdeshauteurs. Jedeviens toutvertet je tombedans lespommes.Désolé,mec.

—Bon.Jevaislechercher,ditAndrewenlevantlesyeuxverslegarçonpétrifiésursabranche.

Ilavaitcessédepleurer,maisàl’évidence,ilétaitterrifié.

—Bobby,j’arrive.

AndrewlâchalamaindeColinetfitletourdel’arbre,évaluantlemeilleurcheminpourgrimper.PuisilquittalesweatdeNathanetcommençasonascension,donnantuneexcellentevuedesesfessesàNathan.Cedernierchassalespenséesquienvahissaientsonesprit.

En uneminute ou deux,Andrew avait atteintBobby.Nathan le regarda s’armer de courage pouraider le garçon à descendre, le cajolant et le consolant pour qu’il lâche la branche. Andrew fut trèspatientaveclui,luifrottantledoslorsquesesnerfseurentraisondelui.

Andrewtintbonjusqu’àcequeBobbyfinisseparrelâchersaprised’étranglement,cequipermitàAndrew de le descendre jusqu’à la branche suivante. Lentement, de branche en branche, Andrew fitdescendre Bobby jusqu’à ce que Nathan soit en mesure de l’atteindre et de l’attraper. Pendant uneseconde,legarçonsecramponnaàlui,puisilfutàterre,levantlesyeuxverslàoùilétaitmonté.

—C’était génial ! s’exclama le gamin en dansant et en faisant des cercles,montrant l’arbre dudoigt.Faudraquejelerefasse!

—Non!LesdeuxhommescrièrentsurBobbyenmêmetemps.Andrewétaittoujoursassisdansl’arbre.

—J’aid’autresplans,dithâtivementNathan.Vousdeux,vous retournezaucampet jevaisvousmontrercequ’onvafaire.Droitdevant,pasdedistractions!

Illesfusilladuregard.Ilsétaientclairementterrifiéstandisqu’ilsgloussaientenleregardant.

—Biensûr,MonsieurP.Toutcequetuvoudras,monsieur.

ColinetBobbys’enfuirent,jouantauloupcommeilsdisparaissaientdanslesbuissons.

—Jevoisqu’ilsontvraimentpeurdetoi,Prof.Ilsterespectenténormément.

NathanlevalesyeuxversAndrew,toujoursassissurl’unedesbrancheslesplusbasses.

—Tudescendsbientôt,outuvasresterlà-hautsansterendreutile?

Andrewsecoualatête.

—AvecBobbylà-bas?Jecroisquejeseraibeaucoupplusensécuritésijeresteici.

—Tuaspeut-êtreraisonsurcepoint,maisilesthorsdequestionquejem’occupedecegossetoutseul,soufflaNathand’unairbougon.

Iln’étaitclairementpaspréparéàvraiments’occuperdeBobby.

—Lâche.

Andrewluitiragrossièrementlalangue.

Tout cequ’Andrewallait dired’autre seperditdansuncouinementvraiment inhumainalorsqueNathan tirait sur ses jambeset le faisait tomberde l’arbre.SaufqueNathann’avaitmanifestementpasprisencomptelatailleetlepoidsd’Andrew.

Ilsetrouvaétendusurlesol,écraséparlecorpsd’Andrewvautrésurlui.

—Ouf!

Sespoumonssevidèrentcomplètementsouslechoc.

—Putain!

Nathan eut du mal à respirer tandis qu’il tentait de convaincre ses poumons de fonctionner ànouveau.Pas facile à faire alorsqu’ily avaitunpoidsmortposé sur sapoitrine. Ilouvrit lesyeuxetdécouvritqu’Andrew le fixaitd’unair inquiet. Ilétait siprochequeNathanpouvaitvoirchaque tachedanssesyeux,etsentirlecaféqu’iln’avaitpaseuletempsdefinir.

Andrewlefixaitduregardcommes’ilétaitsubjugué.Nathancompritquec’étaitsabouchequ’ilfixait. Il se lécha les lèvres nerveusement, et Andrew suivit le mouvement, sa langue reproduisantinconsciemmentlegestedeNathan.

Ilsesentitdurcir,lemincepantalondejoggingnefaisaitrienpourdissimulersaréactionàAndrewquiétaitétendusurlui,maisiln’étaitpasleseuldanscecas.Ilsétaientallongés,leurssexessefrottaientdoncl’uncontrel’autre,lemoindrepetitmouvementdeleurcorpsaugmentantleurexcitation.

—Ah,putain,Nathan,chuchotadoucementAndrew.

Nathanlesentits’avancerverslui,etrapprocherencoreplusleursdeuxcorps.

—Cen’estpasjuste.

AndreweffleuraleslèvresdeNathandessiennes,puisilsereleva.Ilbaissalesyeuxverssonamiensemordantlalèvre.Ilgardacependantlesilencealorsqu’ilretournaitversleterraindecamping.

Nathanrestasurlesol,avecl’impressiond’avoirétépasséàl’essoreuse.Bordel.Bordel!

VII

ANDREWÉTAITagité.

Tandisqu’ilsapprochaientde laboîtedenuit, l’agitationsechangeaenunefaimdévorante,et ilfallaitvraimentqu’illarassasie,sinonilrisquaitdefaireunebêtise.

Cela faisait des semaines qu’il était perturbé.En toute honnêteté cela remontait à l’excursion aucamping.Garyavaitessayédelecalmer,maisrienn’yfaisait,etaufinalildevintclairqu’ilnerestaitqu’uneseulesolution.GaryallaparleràNathan.

Laboîtevenaitd’ouvrir.GaryetNathan l’avaient traînéhorsdesachambrenoire jusqu’envillepourunweek-endentregarçons.Celan’étaitpasunproblème.SaufqueGabeétaitaveceux,etildevintrapidementclairqueGaryetGabevoulaientprofiterlepluspossibledesmomentspassésensembledansn’importequelcoinsombre,cequivoulaitdirequ’iln’auraitmêmepasGarypourapaisersafaim.Cen’étaitqu’unenuit;ilpourraitpeut-êtretenirlecoup,sionlelaissaitfaire.

Andrewétaitagité.

Ilssemirentpatiemmentdanslaqueuepourentrerdanslaboîte,pourtantAndrewétaitincapabledetenirenplace.Ilsebalançad’avantenarrièrejusqu’àcequeNathandoivepratiquementlemaintenirenplacepourl’empêcherdebouger.Lorsqu’ilspassèrentlesportes,Andrewavaitl’aird’untigreflairantsaproie. Il avait aperçu un homme aux cheveux rouge doré dans la file devant eux, et il voulait s’enapprocherpourlereluquer.Alorsqu’ilavançaitpours’approcherdesavictime,Nathantirasursonbraspouravoirsonattention.

—Tuenasvraimentbesoin?

Ils communiquaient du regard, sans prononcer un seul mot. Tu es obligé de baiser avec uninconnu?

Andrewhochalatête,vibrantpresquesouslamaindeNathan.Ilétaitimpatientdes’éloigneravantquesondésirdes’abandonnersetraduiseparunactequ’ilregretterait.S’ilteplaît,recule.

—Pourquoi?

—Parcequejenepeuxpasobtenircequejedésire,Nathan,murmuraAndrew.

Parcequejenepeuxpastebaiser,toi.Nathanleregardapendantunlongmoment,puisbaissalebras.

—Soisprudent,Drew.S’ilteplaît.

—Jetelepromets.C’estjustepourrelâcherlapression,c’esttout.

Çam’empêcheradefaireunebêtise.—Jesuisdésolé,Andrew.

J’auraisaiméquecesoitmoi.Andrewdétournaleregard.

—Jesais.

Oui.GarypassasonbrasautourdeNathan.

—Laisse-lepartir,Nate.Unefoisqu’ilseseraunpeuamusé,iliramieux.

Andrews’agita.L’attentelerendaitnerveux,pourtantilfallaitqu’illefassecomprendreàNathan.

Il fixa son ami du regard, le suppliant de le comprendre. Il n’avait jamais ressenti le besoin dedemanderlapermissionauparavant,maiscettefois-cic’étaitdifférent.Aucunmotnefutprononcé,seulsdesregardsetdesgestesfurentéchangés.

NathanhochabrusquementlatêteetAndrewluioffritunsourirepleindegratitude.Ilsefrayauncheminàtraverslafoule,sansregarderderrièrelui.Ici,quelquepart ilyavaitquelqu’unquiseraitenmesured’apaiserlatensionquimontaitenlui.

Il dansapendantdesheures,parfois seul, parfois avecunautrehomme.Andrewenvoulaitplus,beaucoup plus, mais personne n’attira son regard. L’homme qu’il avait vu dans la file demeuraitintrouvable.Oùétait-il?

Andrewétaitsiimpatientqu’ilvoulaits’extirperdesapeau.

En revenant des toilettes, il se fraya un chemin et passa devant des recoins sombres. Desgémissements ainsi que desmurmures parvinrent jusqu’à ses oreilles, ce qui augmenta encore plus sadouleur.

Tandisqu’ilavançait,unemainvintseposersursesyeuxpendantqu’uneautre luiempoignait lebras.Malmené,Andrews’affola:ilnevoyaitrien,jusqu’àcequ’onlepousseviolemmentcontreunmur,levisageplaquécontrelemurrugueux.

Andrewsedébattitpourselibérer.Iln’allaitquandmêmepassefaireagressersanslutter.Maislesmainsnelâchèrentpasprise.Aulieudequoi,ilfutpousséplusprèsdumurparunautrecorps.Ilpouvaitsentirlesoleiletlasueuralorsquel’inconnucollaitsoncorpstoutcontrelesien.

Andrewn’yvoyaitabsolumentrien.Unrayondelumières’étendaitdepuisl’embrasured’uneporte,maisilsétaienttropéloignéspourquecelasoitd’unegrandeutilité.Ilrespiraprofondémentàplusieursreprises,voulantcalmersonaffolement.

—Lâche-moi.

Il essaya de hurler, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. De grandes mains recouvrirent lessiennespourl’immobilisertandisqu’unsexedurs’écrasaitcontresahanche.

Lorsquel’autresentitqu’ilcessaitdesedébattre,lesmainsglissèrentlelongdesbrasd’Andrewetleretournèrent,lemaintenanttoujoursdansuneétreinte.

—Qu’est-cequetu…?

Undoigtseposasurseslèvres,l’empêchantdefinirsaquestion.

Unemainseposasursesépauleset lepoussaavecfermetéverslesol.Cequel’hommedésiraitétaitévident.Cependant,cen’étaitpascedontAndrewavaitbesoin.Ilvoulaitunebonnebaise,pasfaire

unepipevitefaitàquelqu’un.Ilavaitlechoix.Maiscethomme?Ilsentaitlesoleiletlasueur.

Lesmainsd’Andrewglissèrentlelongducorpsdevantlui.Ilnevoyaitriendutout,maisilpouvaitsentirlesmusclessolidesàtraverslejeansouple.Sesmainsglissèrentlelongdesjambesdel’hommejusqu’àcequ’ellesparviennentauniveaudesescuisses.Ilmarquaunepause,puisilpritlabossedanslecreuxdesesmains,etserradoucement.Lamainquiétaitdanssescheveuxtressaillit.Andrewsouritetapprochasonvisage.Ilsentitl’odeurdelalessiveassociéeàcelledel’excitation.Ilmordillal’érectionàtraversletissuetsentitlesexeseconvulsersousseslèvres.Ilvoulaitunefellation?Andrewallaitlaluiaccorder,maisilauraitcequ’ildésiraitenretour.

Ils’attaquaàlaboucledesaceinture.Lesmainsdel’hommes’agitèrentautourdessiennesl’espaced’un instant, comme s’il doutait. Son comportement était étrange après son agression peu de tempsauparavant.Andrews’interrompitet laissa lesmainsseposersur lessiennes.Ensemble ilsdéfirent laceinture.Ildéfitlabraguetteetlecaressaàtraverslecaleçonhumide.

Unemainserefermasursescheveux,tirantdessusdefaçonpressante.Lesalaudinsistait.Iln’allaitpas le prendre dans sa bouche sans préservatif. Andrew fouilla dans sa poche. Il avait toujours uneréservesurlui.Illibérahabilementl’hommedescontraintesdesoncaleçonetenroulalepréservatifsursonsexe.Seigneur,cetypeétaitbienmonté.Ilpritenboucheleboutdesonsexesanspréambule.

Ilentenditlesgémissementsdel’hommealorsqu’ilnepouvaits’empêcherdebougerleshanchesetqu’ils’enfonçaitdanslabouched’Andrew.Celui-cisaisitl’hommeparleshanches,l’immobilisant.Cetypevoulaitunefellation?Oui,ill’aurait,maisAndrewfixeraitlesconditions.

Andrew tira sur le jean et le caleçon, libérant suffisamment l’homme pour introduire la main,caressantetprenantencoupeses testicules. Ildonnauncoupde languesur sonsexe,enappréciant laformeetlatexturesouslepréservatif.Illeglissadanssabouche,laremplissant,lesexecognantcontrel’arrièredesagorge.

Il voulait –Andrew en voulait plus. L’agitation revint,mais l’homme – il sentait le soleil et lasueur.

Andrewletintparleshanches,lesentanttremblersoussesdoigts.Ilentendaitdesbruitstoutautourde lui, des gémissements de plaisirs et d’encouragement sourds, mais l’homme qu’il tenait entre seslèvres demeuraitmuet. Ses poings qui se serraient et se relâchaient dans les cheveuxd’Andrew alorsqu’illesuçaitétaientlaseuleindicationquetoutepenséequittaitsonesprit.

Ilexploraleboutdesonsexe,suçotantd’abordlentementtandisquesalangueenlapaitledessous,puisl’enfournantprofondémentpourlesrendrefoustousdeux.Lamâchoired’Andrewétaitdouloureuseet il avait l’impression qu’on allait lui arracher les cheveux,mais il ne cessa pas. Il glissa lesmainsautour des fesses de son partenaire, les muscles fermes se contractant sous ses celles-ci tandis qu’ill’emmenaitàlui.

L’homme était sur le point de jouir.Andrew semit à le sucer légèrement afin de le rapprocherencore plus de l’orgasme, puis se retira dans un bruit de succion. Il entendit l’autre homme protesterd’étonnementalorsqu’ilserelevait.

—Baise-moi!ordonna-t-il.

Puis il se tourna, n’attendant pas la réaction de l’autre homme. Andrew défit son pantalon, ledescenditsursescuisses,plaçasesmainscontrelemuretattendit.Letypen’avait toujourspasbougé.Andrew n’était pas certain de pouvoir supporter un rejet à ce stade, mais il attendit, détendu en

apparence.AumomentoùAndrewpensaqu’il avait tout fait foirer, l’hommeexpirabruyamment et seplaçaderrièrelui,toutcommeaudébut,secollantàluiunefoisdeplus,l’odeurdusoleiletdelasueurenvahissantlesnarinesd’Andrew.

—Tues sûrde toi ?demanda l’inconnud’unevoixbasseet traînanteà l’oreilled’Andrew, sonsouffleluiébouriffantlescheveux.

—Vas-y.Jesuisprêt,confirmaAndrew.

Les doigts qui jusque-là caressaient ses hanches s’enfoncèrent sous cet aveu, puis Andrew futpoussédurementcontre lemuretenfin,enfin il se sentit rempli, sonagitationenfin soumisealorsquel’hommel’empalaitd’uncoup.

Ils avaient passé le point de non-retour, cela ne pourrait pas durer très longtemps. L’hommes’enfonçaitsanspitiécontreleshanchesd’Andrewtandisqu’illepilonnaitdefaçonerratique.Andrewsetortillait,l’exhortantàcontinuer.Ilsemoquaitquel’onpuissel’entendresupplier.Ilsentitsestesticulessedresseretilenroulaunemainautourdesonpropresexe,restételqueljusqu’àprésent.Illuisuffitd’uneffleurementpourjouir,sonspermegiclantbrusquemententresesdoigts.Ilenserralesexequisetrouvaiten lui, faisant basculer vers l’orgasme son partenaire. Lorsqu’il jouit, les hanches de ce derniertressautèrenttoutenpilonnantAndrew.

Lesdeuxhommesselaissèrenttombermollementcontrelemur,encoreemmêlésl’undansl’autretandisqueleplaisirrefluait.Andrewsesentitcommelibérédeladouleurquilerongeaitdel’intérieur,etil sourit en sentant les bras de l’autre homme autour de lui, le tenant serré contre sa poitrine, qui sesoulevait encore difficilement à cause de l’effort qu’il avait fourni, et son visage enfoui dans le coud’Andrew.

Sonsouriredisparulorsqu’ilsentitdeslarmeschaudesluicoulerdanslecou.Andrewsetut,maisserralesbrasdel’hommequil’étreignait.Auboutd’unmomentilparutsecalmer.

—Cen’estpasgrave,Nate.Vraiment,cen’estrien,luiditAndrew.

L’instantd’aprèsilsetenaitseulcommel’hommes’éloignaitetlelaissaitdansl’obscurité,toujoursappuyécontrelemur.

—Cen’estpasgrave,répétadoucementAndrewpourlui-même.

VIII

LACOLÈREetleressentimentluitordaientlesentrailleslorsqu’Andrews’enallaàtraverslafoulesansseretourner.L’ennuialorsqu’ildescendaitbièreaprèsbière,etriend’autreàfairequederegarderGary et Gabe se rouler des pelles, ou pire, entrapercevoir brièvement Andrew entouré d’autreshommes. Revenir des toilettes et le voir seul, sans penser, l’espace d’un instant ne pas penser auxconséquencesdesesactions.

Ilsomnolait.Lachaleurdel’étéduTexasétaitadouciesouslesarbres,maisdanslehamac,Nathans’étaitassoupiensilencetandisquesonjeunefilss’étaitpelotonnécontreluidanssonsommeil.Danielfaisait ses dents. Ses joues d’un rouge vif, ainsi que son comportement grincheux en général s’étaientavéréséprouvantspoursesparentsetsesgrands-parents.Afindeleslaissersereposeraprèsuneautrenuitblanche,Nathan l’avaitprisavec luidans lehamac.Lachaleur tardivedumatinainsiqu’un légermouvementdebalancementparvinrentàendormirlebébégrizzli,etpeudetempsaprèssonpèrelesuivitdansunsommeilagité,sesrêvesoccupésparuneseulepersonne.

La sensation demuscles qui jouent sous la peau, demains qui apprennent dans le noir. Unelégèrebrutalitélàoùauraitdûsetrouverdeladouceur,uneforcedensepresqueplaquéecontreluilàoù aurait dû se trouver un corps souple et minuscule. L’aspect inconvenant le rendant anxieux etpourtantdésireux.Lechocd’êtreoffert...lasensation.L’étroitesse,çaglisse...offert,maispassoumis.L’odeurdesépicesetdel’alcool,lasueurd’avoirdansé,lesbruitsvenantdesautres...letouthurlaitàsessensquec’étaitmal...

Un bourdonnement contre sa jambe le dérangea.Nathan le repoussa comme si c’était un insecteagaçant, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il s’agissait de son téléphone, resté sur vibreur. Il tâtonna pourl’attraper,avecl’espoirqu’ils’arrêteavantqu’ildécroche.

—Oui?répondit-ilàvoixbasse,prenantgardeànepasréveillerDaniel.

—Tuluiasdéjàparlé?

LetonbrusquedeGabeledérangeadanssonbien-êtresomnolent.

—Non.

—Connarddébile.

Gabe raccrocha.Déconcerté,Nathan resta au bout du fil, le téléphone toujours collé contre sonoreille.

Soupirant lorsqu’il comprit queGabe était toujours en colère après lui,Nathan caressa lesdouxcheveuxnoirsdesonfils.Danielrenifladoucement,sesalissantlevisagetoutendormant.

—C’esttellementfacilepourtoi,petitgars.Tumanges,tujoues,tudors.Tavieserésumeàça.Tun’asaucuneidée,etj’espèrequetunelesaurasjamais.

LavoixdeNathanétaitdouceettriste.

Tun’aspaslamoindreidéedecequec’estquederéaliserquetudésiresquelquechosedeplusquetapetitevieordonnée.

Letravail,leschiens,lesamisetsabellepetitefamilleétaienttouslà,ilscomptaientpourlui,maisil désirait autre chose. Il avait pu l’obtenir, juste une fois. Les ténèbres, l’anonymat. Il pensa, non ilespéra,qu’Andrewn’avaitpasréaliséquiilétait.Ilespéraqu’Andrewavaitjustepenséqu’ils’agissaitd’un coup sansnomet sansvisage.Unpeud’excitationpour apaiser sa faim.Nathan avaitmartelé sacolère,sagêne,sontroubledanscecoup,etaufinal,lepeudetempspassécontrel’autrehommeluiavaitapportédelaforce,ils’étaitrassurédevantlemanquedeculpabilitédelapartd’Andrewqu’ilnesachepascequ’ilsavaientfait.

Jusqu’àcequ’ilmurmuresonnom.Cen’estpasgrave,Nate.—Çava,Nathan?

Non!—Euh,Dr.Bob?

Nathanlevalatêteetvitsonfrèreaînéagiterunebièrefroidedanssadirection.

—Ilyadelaplacepourmoiici?

Nathan se poussa, protégeant Daniel comme Bob grimpait dans l’énorme hamac. Les frèresl’avaient construit l’été oùNathan avait eu seize ans. Il était suffisamment grand pour que la fratrie yrentretoutentière.Lorsquesonfrèresefutinstallé,NathanposaDanielsurlehautdesontorse.Ilacceptaunebièreetbutavecreconnaissance.

Lesfrèresparessèrentensilencependantquelquesminutes,lebalancementnaturellementapaisantduhamaclesfaisants’assoupiràmoitié.

—Qu’est-cequisepasse,petitfrère?

La voix de Bob le fit sursauter et troubla le sommeil du bébé. Nathan calma Daniel pour lerendormir,repoussantlemomentoùildevraitrépondre.

Cequisepasse?Ilnesepassaitriendutout.Savieétaitparfaite.—Qu’est-cequitefaitdirequ’ilsepassequelquechose?contra-t-il,tentantdes’accorderunpeu

plusdetemps.

Bobsecontentadehausserunsourcil,l’airdeluidireturacontesn’importequoi,cemêmeairquelesgrandsfrèresontsuparfaireàtraverslessiècles.

—Tuas l’air…lointain,presquemalheureux.Tuneressemblesplusà lapipeletteennuyeuseded’habitude,secontenta-t-ildedireavecdouceur.

Comprenant qu’il ne s’en tirerait pas en détournant l’attention de son frère, Nathan chercha unefaçondelefairechangerdesujet.Ilbrossasescheveuxd’unemainimpatiente.

—Jesuis justecrevé, tusais?AvecDaniel,monnouveauboulotet le reste.C’est juste tropdechosesenmêmetemps.

Sabouchesecourbaenunlégersourirecommeilbaissaitleregardsursonfils,pelotonnécontresahanche.

—Ilyadesjoursoùjenesuispassûrquemespiedstouchentterre.

Il leva les yeux et vit son frère le fixer du regard, une expression indéchiffrable sur le visage.Nathanleregardaprendreunegrandegorgéedebière,apparemment il retournait lesmotsdesonfrèredanssatête.

—Ils’enestpassédeschosesl’andernier,enconvintsonfrère.

Nathansoupiradesoulagement.

—Tuescertainquecen’estqueça?

—Qu’est-cequetuveuxdire?ditNathanencamouflantuninstantdepaniqueensirotantuneautregorgéedebière.

Bobgrattal’étiquettedesabouteille,glissantsononglesouslepapierhumide.Ilsemblaittrèsmalàl’aise,maisNathann’étaitpassûrdecomprendreoùilvoulaitenvenir.

—Mamanamentionnélefaitquetuavaisdesennuisavecunvoisin.

Nathancessaderespirer.

—Unpeu,ilyaunpetitmoment,approuva-t-ilprudemment.C’estfinimaintenant.Çafaitdesmoisqu’onestamis.

—Hmm,Alexavaitparléd’uncampingd’enfer?

Bobcontinuaitd’arracherl’étiquette,etrefusaitdeleverleregardversNathan.

—Oui, nous sommes allés au parc avecAndrew, son fils et un de ses amis pour leweek-end.C’étaitsympa.Exceptél’incidentavecl’arbre...etleruisseau...etlefeu.

Bob sourit et demanda à en savoir plus. Nathan poussa un soupir de soulagement tandis qu’ilcommençaitàraconteràBoblesbêtisesdeBobbylorsdeleurpartiedecamping,etespéraneplusêtrelesujetdelaconversation.

Ilsavaientépuisélesujetducamping,etétaientpassésaudernierjeulorsqueBobprittoutàcouplaparole.

—Quandj’étaischeztoijusteavantNoël,jel’aivu.

—Tuasvuqui?demandaNathan.

Nan,çan’avaitpasmarché.

—Andrew.Vousn’étiezpasentraindeparler,luiettoi,maisilt’observaitdeloin.

LavoixdeBobavaitreprisletonsérieuxdetoutàl’heure.

Nathanfronçalessourcils.Ilnecomprenaitpasoùilvoulaitenvenir.

—Jepariequ’àcemoment-là,ilvoulaitmetuer,oui.Jemesuiscomportécommeunconnardfinienverslui.Bob,dequoituveuxvraimentparler?

—Ilteregardaitcommesituétaislesoleil,laluneetlesétoiles,emballésdansdupapiercadeaupourNoël.

Bobsetortillapendantunmomentsurlehamac,gêné,avantdesetournerpourregarderNathan.

Cedernierouvrit labouchepoursemoquerdelui,mais l’airqu’arboraitsonfrèrel’empêchadeprononcerlesmots.

—Tudoisfaireerreur,bafouilla-t-ilàlaplace.

—Vraiment?l’interrogeaBob.Écoute,Nate,jeneveuxpast’ennuyeravecçaetjen’auraisriendit,mais…

Etlà,Bobajoutaunargumentdepoids.

—…Mamanm’ademandés’il sepassaitquelquechose.Elle se faitdusoucidepuisqu’elle l’arencontréauNouvelAn.Elleaditquequelquechosenetournaitpasrond.

Nathanlefixaduregard,l’airincrédule.

—Quoi?Maisqu’est-cequetoietMamancroyezqu’ilsepasse?C’estunvoisinetunami,c’esttout!

Decolère,Ilélevalavoix,dérangeantDaniel,quifronçalessourcilsetgémitdanssonsommeil.Nathaninspiraprofondémentetcaressalescheveuxdesonfils,tentantdelecalmerainsiquelui.

—Écoute,onesttouslesdeuxmalheureuxdes’êtredisputés,etiln’estpasquestiondesoleil,delune,oudequoiquecesoitd’autre.Seigneur,Bob,tumeprendspourquoi?

Oui,Nate,continueàte lerépéter.Tun’arrivesmêmepasàlecacheràtamèreetàtonfrèreaîné.Dieuseulsaitcequ’ellediraitsielleserendaitcomptedecequesonpetitgarçonmanigançait.Sonpetitgarçon,suivantpartoutsonami,lepoussantdansunesalleobscureetleforçant...non,ilnel’avaitpasforcé.IlyavaiteuunmomentoùilavaitsentiAndrewpaniquer,etbrusquementilavaiteul’airdesedétendresoussesdoigts,etAndrewavaitprislecontrôle...luioffrant...putain,s’offrantàlui.

Il regarda fixement son frère,maisne levitpasvraiment, toujoursperdudans l’obscurité,perdudanslasensationdeluxureetdecolère.DelacolèrecontreAndrewpouravoirprononcésonnom,pourlui avoir fait perdre le manteau réconfortant de l’anonymat, pour avoir forcé Nathan à affronter sonadultère.

—Hé,chéri,tueslà?

Ilavaitouvertlesyeuxpourvoirlevisageinquietd’Alextournéverslui,cematinmême.Inquietetpourtantbordéd’agacement. Il avait secoué la tête lorsqu’il s’était renducompteque sonespritétaitpartiailleurspendantqu’ilsfaisaientl’amour.Ils’étaitexcusé,laculpabilitéenluileforçantàprêter attention à ses besoins jusqu’à ce qu’elle atteigne l’orgasme, presque en larmes. Sareconnaissanceledévoraunpeuplusencore,commeilnepouvaitpassesortirdel’espritlapenséed’unautrecorpsréagirsouslesien.

—Hé,Nathan?Tuestoujourslà?

Bobluifaisaitlesgrosyeux,maisilstrahissaientsoninquiétude.

Nathandéglutitavecdifficultéethochalatête.

—Oui,désolé.Çava.

Ilbutunegrandegorgéedesabière,essayantderemettredel’ordredanssesidées.

— Foutaises, dit son frère sansmâcher sesmots. Ça ne va pas. Je ne suis pas con, Nathan, etMamannonplus.Ellenetecroirajamaissitunefaispasmieuxqueça.

—Cen’estpas…

—Tucouchesaveclui?

Nathanleregardafixement,laboucheouverte.Bobluirenditsonregard.

—Je,je…

—Ehbien,ouiounon?

Nathanserongealesonglesetfitouidelatête.

Bobexpirabruyamment.

—Mincealors,petitfrère,tut’esfourrédanslepétrin.Alexestaucourant?

—Non,biensûrquenon.Cen’estrien,dit-ilenregardantBobd’unair implorant.Jenevoulaispasqueçaarrive.

Peut-êtrequ’onpeuttepardonnerpourlapremièrefois,NathanPeterson,maislasuivante?Tunel’aspasfaitdecolère,pasvrai?

Leroulementdetambouraccusateursemitàbattreencoreplusfortdanssatêtecommesonfrèresoufflait.

—Rien?Tuensûr?Ques’est-ilpassé?Raconte-moidepuisledébut.

Il tendit lebras sous lehamacetensortitquelquesbières,que l’onavaitmises làpourqu’ellesrestentaufrais.

—Jecroisqu’onvaenavoirbesoin.

Nathanaccepta lasienneetpritunegorgée toutensedemandantparoùcommencer.Lasortieaucamping, leNouvelAn, lapremière foisenboîte,où lapremière foisoù ils s’étaient rencontrés,et lecontactd’AndrewlorsqueNathanl’avaitprisdanssesbras?

IlfuttirédesespenséeslorsqueBobluitapotalajambe.

—Çava,tupeuxm’enparler.Çavaaller,Nathan.Çanemedérangepas...jeveuxdire,l’idéedevoussavoirensemble,toietAndrew.

—Çanetedérangepas?

Nathanhaussalessourcilsenregardantsonfrère.Bobn’étaitpasréputépourêtreouvertd’espritlorsqu’ilsétaientplusjeunes.

Bobsecoualatête.

—Quandtuesmédecin,tuvoispasmaldechoses.Lesvieuxpréjugésettoutescesconneriesqu’ondébitequandonestgamin, toutçan’aplusd’importancemaintenant.Jemesuisaussi faitdenouveauxamis,desamishomosexuels.Alorsquoiquetumedises,çan’apasd’importance.Jemefaisdusoucipourtoi,tusais?

UnebouleseformadanslagorgedeNathanetildutdéglutiràplusieursreprisesavantdepouvoirparler.Iln’avaitjamaisétéaussiprochedesonfrère,pensantquecelui-cileconsidéraittoujourscommeunepetitepesteagaçante,maismaintenant?Maintenant, ilvoulaitposersa têtesur l’épauledeBobetpleurer.Ilattrapaunfilquis’étaitdéfaitdelavestedeDanielcommeilcommençaàparler.

—Onestallésenboîteilyaquelquessemaines.Ilnes’estrienpasséavantça,jetelejure,saufqu’onsavaittouslesdeuxqu’onledésirait,ditNathandefaçonhésitante.

—Alorsqu’est-cequis’estpassé?Ilt’adragué?demandadoucementBob.

—Ceseraitplutôtlecontraire.Tusais,jen’enpouvaisplus,toutecettetensionetcesregards.Jen’avaisjamaisfaituntrucpareilavant,ditNathanenvoyantl’airchoquédesonfrère.

—Doncc’estjustearrivéunefoisenboîte?

Bobeutl’airdepouvoirfaireavec.

L’airpenaud,ilfalluttoutsoncourageàNathanpouradmettrequenon.

—Vousavezcontinuédepuis?

Bobsemblafairel’effortdeparaîtrecompréhensif.

Nathansecoualatête.

—Pasexactement.Çanedevaitpassepassercommeça.C’étaitcenséêtreuncoupanonymeenboîte.Iln’étaitpascensésavoirquec’étaitmoi.Jel’aitraînédansunepièceobscureavantqu’ilpuissemereconnaître,dit-ildevantleregardperplexedeBob.

—Tu,il,je...Jecroisquejenevaispasposerlaquestion,bégayaBob.Donc...ilsavaitquec’étaittoi?

—Oui.

—Alorsils’estpasséquoi?demandaànouveauBob.

Cequis’étaitpassé?Cequis’étaitpasséétaitstupide,maisNathannepouvaitcesserd’ypenser.C’étaitlapremièrechoseàlaquelleilpensaitenselevant,etladernièrequ’ilavaitentêteavantd’allersecoucher.

—Tuessûrdevouloirentendreça?

Nathann’étaitpascertainquecesoitunebonneidéederacontersavieàsonfrère.Cen’estpascommes’ilss’étaientdéjàracontéleursproblèmesauparavant.

BobjetaunregardsérieuxàNathan.

—Si je veux l’entendre ?Non.Mais toi tu as besoin d’enparler à quelqu’un avant que cela tedévore,etjeseraisunpiètrefrèresijeneproposaispasmonaide.Allez,jeneteledemanderaipasunedeuxièmefois.

Nathansoupiraetseréinstalladanslehamac.DanielsetournadefaçonàsevautrersurlesgenouxdeNathan,geignantunpeutoutensuçotantsamain.

—J’aifuiquandilaprononcémonnom.

Ledireàvoixhautelefitsesentirencorepluslâche.

Bobtiraunefoisdeplussurl’étiquettedesabouteilledebière.

—Andrewaprononcétonnomquandvous,euh...

Nathanrougit.

—Non,c’étaitaprès.Ilm’aditquecen’étaitpasgrave,etj’aiprislafuite.

—Ques’est-ilpasséensuite?

Bobétaitd’unnaturelobstiné.

Nathanfitletriparmilesévènementsdanssonesprit.

—J’aitrouvéGaryetGabeetjeleuraiditquejerentraisaumotel.Ensuitej’aiquittélaboîte.

Bobavaitl’airperdu.

—Pourquoirestiez-vousdansunmotel?

—C’étaitunweek-endentregarçons.Andrewétait,euh,agité.Garyapenséqu’unesoiréedansunenouvelleboîteluiferaitdubien.Queçaluidonneraitl’occasiondes’amuserunpeu.Alorsnoussommesallésjusqu’àWatertownenvoiture.Ilyavaitunegrandeboîtehom...

Nathann’étaitpasvraimentsûrdecequ’ilpouvaitrévéler.

—Une boîte homosexuelle ? s’enquit Bob. En fait,Andrew est gay ?Mais il estmarié à cettecharmantefemmebrune,euh,Stéphanie?

NathanregardaBobattentivement.Quoiqu’ilaitpudireplustôt,Nathann’étaitpascertainquesonfrèresoitaussicoolqu’illefassecroire.

—Oui,ilesthomosexuel.SamèrelesaforcésluietStéphanieàsemarierlorsqu’elleesttombéeenceinte.Ilsn’avaientqueseizeans.Ilessayaitjusted’êtreunbonchrétien.

Bobeutunegrimacedesympathie.

—C’estdur.Uneerreurettutecoltinesfemmeetenfant.

Iln’avaitpasl’airdejugerAndrew,etNathaneutunpeumoinsdedifficultéàrespirer.

—Andrewestunpèregénial,maisdetempsentempsilaseulementbesoinderelâcherlapression.

—Etilvaenboîte?

Bobparutunpeupluscontentd’avoirétablicefaitdanssonesprit.

—Oui. Lui etGary s’amusent ensemble,mais ils sont plus amis qu’autre chose. Je n’aime pasparticulièrementallerenboîte,maisGabevoulaitrevoirGary,continuaNathan.

Bobs’étouffaavecunegorgéedebière,ets’arrosatoutledevantdesachemise.

— Gabe ? haleta-t-il d’une voix faible. Gabe, fais-gaffe-à-mes-yeux-qui-font-lance-roquettes,Michaels?Ilestdel’autrebordmaintenant?

Ilsedémenapendantuneminute,tentantdetrouverunmouchoirpouressuyersonnez.

Haussantlégèrementlesépaules,Nathanfeignitunsourire.

—Qu’est-cequejepeuxdire?C’estunchocpournousdeux.

—J’imagine,marmonnaBob.

—Quoiqu’ilensoit,j’aiquittélaboîte,maisjepartageaisunechambreavecAndrew,parcequelesdeuxautresvoulaientêtreensemble.Donc,j’aifinipardevoirluifaireface.

NathancaressaledosdeDaniel,cherchantduréconfort.

—Oh,merde.

Nathanbrossasescheveuxdelamain.

—Jenesavaispascequej’allaisfaireouluidire,etquandilaréapparu,j’aifaitlapirechosequejepouvaisfaire.

—Tuluiasmisuncoupdepoing?

—Jel’aiembrassé.

Bobfronçalessourcils.

—Tuvenaisjustedecoucheraveclui.Ilétaitoùleproblèmeaveclebaiser?

—Cen’étaitpas…cen’étaitpasunbaiserdoux.

Bonsang,cen’étaitpaspossiblederessemblerautantàungosse.ÀenjugerparlehaussementdesourcilsdeBob,ilétaitclairqu’ilpensaitàlamêmechose.

—C’étaitquelgenredebaiser,exactement?

—Jel’aiprojetécontrelemurlorsqu’ilapassélaporteetjel’aiembrassé.

LessourcilsdeBobmenaçaientplutôtdedisparaîtresoussafrange.

—Jesupposequ’Andrewcommençaitàenavoirmarredesefairebousculer?

—Jesuppose,acquiesçaNathan,parcequ’ilm’arepousséassezfort.J’aiperdulatêteetjesuispartienpiétinantm’enfermerdanslasalledebain.

—Aie!Commenta-t-ilpristoncaprice?

—C’étaitunpeuplusqu’uncaprice,insistaNathan.

Bobluijetaunregarddegrandfrère.

—Oui,c’estça.Donctut’escomportécommeunimbécile.Etaprès?

—Jemesuisassissurlestoilettesetj’aiattendu.Ilnes’estrienpassé.

—Iln’apasfrappéouappelé?

—Nan.Enfait,j’aifiniparouvrirlaporteetj’aivuqu’ils’étaitcouché.

Bobfixasonfrère,bouchebée.

—Tuveuxdireque…?

Nathanhochalatête.

—Ilétaitdéshabillé,s’étaitmissouslescouvertures,etildormait.

—Bonsang!J’aibesoindeplusdebière,beaucoupplusdebières.Nebougepas.Bobsortitduhamacets’éloignaendirectiondelamaison.

— Et un biberon de lait pour Daniel. Je crois qu’il ne tardera pas à se réveiller, lui demandaNathan.

—Dequoiestmorttondernieresclave?rouspétaBob.

—Tusaisquoi,jevaismeleveretréveillerDaniel,commeçatut’occuperasdelui.

Nathanfitunmouvementpourselever.

—Non,non,dithâtivementBob.Loindemoil’idéedeleréveilleraprèslanuitblanchequ’ilvientmanifestementdepasser.

Nathanfutassezmagnanimepournepassouriretropbêtementalorsqu’ilregardaitBobs’enaller.

Ils’allongeaetfermalesyeux.Ilnes’assoupitpascommetoutàl’heure.Aulieudecela,lesévènementsdecettenuitdéfilèrentdevantsesyeuxcommeunvieuxfilm.Bobavaitraison.Ilavaitbesoind’enparlerà quelqu’un. Quelqu’un qui ne soit ni Gabe ni Gary, et surtout pas Andrew. S’il devait prendre unedécisionconcernantsavie,ilavaitbesoindusoutiendesafamille.

Lebruitdebouteillesquis’entrechoquentalertaNathanduretourdesonfrèreetleurévitaàluietDanieldesefairerenversersansménagementduhamac.Lemouvementdebalancementréveillasonfils,quisemitàpleurer,etilfallutquelquesminutespourquelelaitchaudl’apaisesuffisammentpourquelesdeuxhommespuissentreprendreleurconversation.

BobattenditqueDanielsoitinstallépourreprendrelaparole.

—DoncAndrewronflaitettoituétais...?

—Furieux.

—J’imagine.Alorsqu’est-cequetuasfait?

—Qu’est-cequejepouvaisfaire,àmoinsdeleréveiller?demandaNathan.Jemesuisdéshabilléetjesuisallémecoucher,enessayantdemecalmersuffisammentpourm’endormir.

—Ettut’esendormi?

—Non.J’étaistropencolère.

Nathansourittristementàsonfrère.Lorsqu’ilétaitenfant,sontempéramentétaitlégendaire,etsonfrèreenavaitfaitlesfraisàdenombreusesreprises.

Bobleregarda,l’airperplexe.

—Jusqu’àprésenttunem’asparléqued’uncafouillagerapideenboîte.

Uncafouillage rapide?Son frèreavait sipeudeconsidérationpourune fellationetunebaise?Nathansedemandasic’étaitluiquiétaitbizarre,s’iln’accordaitpastropd’importanceàlachose.Peut-êtrequec’étaitlecas.

—Ilnedormaitpas.

—Oh?

C’étaitincroyable,laquantitéd’intonationsquesonfrèreparvenaitàmodulerenunseulpetitmot.

Nathansecoualatête.

Commentpouvait-il luidécrirelemomentoùilétaitallongédanslenoir, lespoingsserrés,etvoulait aller le voir pour lui crier dessus, le réveiller et... et quoi, supplier pour obtenir sonattention ? Comment pouvait-il lui décrire que c’était le silence qui lui avait fait comprendrequ’Andrewfaisaitsemblantdedormir?Iln’yavaitpasdereniflements,pasderespirationsprofondes,seulementlesilence,uneattentesilencieuse,chargéed’espoir.

Il s’était assis, sachant ce qu’il allait faire. Ce qu’il était censé faire, se retourner ets’endormir?Non.Ils’étaitlevédulitet,entâtonnantprudemmentils’étaitdirigéversl’autrelit.Ilavaitprissoindenepass’asseoirsurAndrew.Andrewquin’avaitfaitaucungesteoubruitquipuisselaisserentendrequ’ilétaitréveillé.

Nathan n’avait eu qu’une minute d’hésitation, ensuite il avait légèrement posé la main surl’épauled’Andrew,l’appelant.

—Drew?

Andrew avait émis un petit bruit, entre un soupir et un sanglot, puis il avait tendu le bras etl’avaitattiréàluipourl’embrasser.

— Et on en revient encore à cette histoire de baiser, commenta son frère. C’était un baiseragréable?

S’il étaitagréable?C’étaitunbaiser commeceuxdeWestleyetBoutond’or,ShreketFiona,BradetAngelina,réunisetamplifiésunmilliarddefois!

—Hein?

Nathanregardasonfrère,l’airconsterné.

—Oui,monfrère.Tul’asbienditàvoixhaute,ditBob,sansmêmechercheràcachersonsouriresuffisant.Alors,c’étaitunbonbaiser?

—Jel’aipasdéjàditça?marmonnaNathan.

Danielfinitlesdernièresgouttesdelaitdanssonbiberon,etaprèsavoiraspiréplusieursfoisavecl’espoirqu’ilenresteencore,ilrejetalatétineetregardaNathan,l’airsomnolent.Sesjouesparaissaienttoujoursrougesetenflées.

—Tuesencorefatigué,monbonhomme?murmuraNathan.

Illeramenacontresonépaule,ettapotasondospourleconsoler.Danielfitparesseusementsonrot,etaprèsavoirpleurnichépendantquelquesminutesilserendormit.

—Ilsembleencoreunpeufiévreux,fitremarquerBob.

—Est-cequec’esttonopinionentantqueprofessionnel,Dr.Peterson?

Bobeutunrire.

—C’est l’onclequivoudraitbienpouvoirdormirunpeucesoirquiparle.Alorsvousvousêtesembrassésetçaafaitdesétincelles.Etensuite?

NathancaressaledosdeDaniel.Lebébéétaittoutchaudetcollantàcausedelachaleurdel’été,etNathansedemandas’ilneferaitpasmieuxdel’emmenerprendreunbainfroidàl’intérieur.Toutpouréviterderépondreàcettefichuequestion.

—Nathan?lerelançasonfrère.

—Ensuiteilm’afaitl’amour.

Etc’estcequiluifaisaittantpeur,cequirendaitlachoseréelle.Andrewnel’avaitpasbaiséouclouéaumatelas. Ilavait fait l’amouràNathan.Si celan’avait étéqu’une simple fellationouunebaiserapide,sicelan’étaitarrivéqu’uneseulefois,celaauraitétéexceptionnel,etcelaseraitplusfacileàchasserdesespensées.Maisdèsledébut,Andrewluiavaitfaitcomprendrequ’ilvoulaitplusquedusexe.

Nathan s’était retrouvé sur le dos. Andrew avait tiré le drap par-dessus leurs têtes, lesenveloppantdansuncoconquin’appartenaitqu’àeux.Nathanavaitpaniquédevantl’intimitéquecegeste impliquait. L’espace d’une fraction de seconde, l’envie de s’enfuir l’avait submergé; à cemoment-là,AndrewavaitprislatêtedeNathanentresesmainsetl’avaitànouveauembrassé.Touteenviedepartirs’étaitévaporéesousseslèvres.

Nathann’avaitaucuneenviederaconteràBobàquelpointAndrewavaitétégénéreuxnicommentilavaitapaisésespeurs. Ilnevoulaitpas luidire l’effetquecelafaisaitd’êtreréduitàdeuxmots,demurmurers’ilteplaîtetencorependantdesheurestandisqu’Andrewl’embrassait,leléchait,ettouchaitsoncouetsapoitrineavantqu’ilsnepassentàquoiquecesoitd’autre.IlnevoulaitpasqueBobsachel’effet que cela faisait d’avoir les doigts d’Andrew enroulés autour de son sexe, ni à quel point êtreétreintdecettemanièrel’avaitfaitsesentirbien.Etilnevoulaitsurtoutpasparleravecsonfrèredecequ’ilavaitressentilorsqu’Andrewl’avaitpénétrépourlapremièrefois,toutd’abordavecsesdoigts,etensuiteavecsonsexe,alorsqu’illuimurmuraitdesmotsdouxpourl’encourager,lasensationdetropsechangeantenplus,maintenant.

Comment pouvait-il dire à Bob qu’il n’avait jamais ressenti cela lorsqu’il faisait l’amour avecAlex?Quesajoliefemme,qu’iladorait,n’étaitjamaisparvenueàatteindresoncœurdecettemanière.

IllevalesyeuxetvitqueBoblefixait,uneexpressionbizarresurlevisage.Presquecommes’ilétaitjaloux.

—Tuestrèssilencieux,commentaNathan.

Bobsoupiraetdonnadistraitementquelqueschiquenaudessurlegoulotdesabouteillevide.

—Ilyabeaucoupdechosesàprendreencompte,avoua-t-il.

—Jesais,acquiesçaNathan.Jesuisdésolésitupensesquej’aimerdé,Bob.

Bobregardasonfrèresérieusement.

—Jepensequetutecompliqueslavie,etqu’ilyauraunepériodedifficileoùtudevrasréfléchiràcequetuveuxvraiment.Mincealors,tuesunpèremerveilleux,uninstituteurfantastique,ettuesunmariformidable.Tuesjusteunpeuperdupourl’instant.

—J’aiétéunmariformidable.Cen’estpluslecasmaintenant.J’aicommisunadultère.Etseigneur,cequ’ilpouvaitsesentirmalàchaquefoisqu’ilyrepensait.

—Tuestombéamoureux,soulignaBobens’asseyantetenfaisantbalancerviolemmentlehamac.Quellequesoittadécision,ceneserapasfacile.

Nathansecoualatête.

—Jen’aipaslechoix.J’aiunefemmeetunfilsdontjedoism’occuper.

Bobleregarda,fixement.

—AlorstuveuxdevenircommeAndrew?Coincédansunerelationdonttuneveuxpasparcequetun’aspasassezdecouragepoursaisircequetuveux?

Nathann’arrivaitpasàcroirecequesonfrèresous-entendait.

—J’aiunenfantquiabesoindemoi.Sicelavenaitàsesavoir,sijequittaisAlexpourAndrew,jeperdraismontravail.

—Probablement, acquiesçaBob.Mais tupeux trouverd’autresboulotsd’enseignant, et tu esunhommehonnête.TusoutiendraisAlexetDaniel.

—C’esttroptôt,beaucouptroptôtpourprendrecettedécision.

Satêteseremettaitàluifairemal.

—ParleàAndrew.Ilfautaumoinsquevousayezcetteconversation,insistaBob,commeiltombaitmaladroitementduhamac.

—Commentsais-tu…?

Bobgrogna.

—Parcequejesuistonfrère,grosblaireau.Etjen’aipaspasséuneheureàt’écouterparlerdeluisansréaliserquetuneluiavaisprobablementpasreparlédepuiscettenuit.Jen’aipasraison?

—Oui,t’asraison.Çameparaissaitsimplementunpeudifficiled’avoiruneconversationàfroid.

Mêmesitut’esréveillélatêtesursontorseettamainenrouléeautourdesonsexe.—Il serait temps que tu grandisses un peu, petit frère.Maintenant je vaisme coucher, pourme

protégerdesactivitésdemonneveucesoir.

BobsepenchaetembrassaDanielsurlefront.

—Bob,ditNathan,savoixtoutàcoupenrouée.Merci.

Sonfrèreluiébouriffalescheveux,ungestequ’ilavaitl’habitudedefairequandNathanétaittoutpetit.

—Jet’enprie.

Ildisparutdanslamaison.

Seulunefoisdeplus,à l’exceptiondupetitcorpsendormidesonfils,Nathansemordit la lèvretoutenpensantàsaprochaineaction.

Ilcomposaunnumérosursontéléphoneetattenditpatiemment.

—Andrew?

IX

ANDREWCOMMENÇAlajournéeenhommemarié,certaindesavoirqueriennesepassaitjamaisdanssonpetitmonde,mis à part le petit problème concernant l’homme qui occupait désormais chacune de sesjournées.

Andrewfinitlajournéeenhonnêtehommepourlapremièrefoisdesavied’adulte,mêmes’ilnesavaitabsolumentpascequivenaittoutjustedesepasser.

ANDREWSORTIT prudemmentde sa chambrenoire à reculons, lesbraspleinsdematériel qu’il voulaittrier.

—Besoind’uncoupdemain?

Andrewsursautaenentendantcettevoixàlaquelleilnes’attendaitpas,etregardapar-dessussonépaule.Stéphanieétaitentraindeposersonsacets’approchaitdelui,lesbrastendus.

—Merci,acceptaAndrew.

Elleluipritdesmainscequ’ellepouvaitatteindreetleplaçasurlecomptoirderrièreelle.Andrewfitdemêmeaveclerestedesobjets,puisreculapourregardersafemme.

—Euh,pasquejesoisingrat,mais,pourquoies-tulà?demanda-t-il.

Stéphaniesemitàgratterunetâchesurledessusducomptoir.

—J’aibesoindeteparlersansqueColinnousentende.C’estplusdifficilemaintenantqu’ilestenvacances.IlestpartichezBobbypourquelquesheures.

Andrewhaussalessourcils.

—Tuveuxducafé?demanda-t-ilsimplement.

Elleaccepta,sonvisageaffichantdusoulagementàl’idéederepousserdequelquesminutescetteconversation. Il l’observadiscrètement tandisqu’il faisaitducafé.Quelquechose inquiétaitStéphanie.Ellemâchaitsescheveuxenattendantsonretour.Ilnel’avaitpasvuefaireçadepuislafoisoùelleavaitprissoncourageàdeuxmainspourluiparlerdeJoe.

OhSeigneur…Quelques minutes plus tard, il poussait une grande tasse de café devant Stéphanie, un nœud se

formantdanssonestomac.Ilattenditqu’elleenaitbuunpeu,puisplaçaunemainsurlessiennes.

—Tuvasmelediremaintenant?Allez,jenevaispastemordre.

—Joeetmoi,nousvoudrionsnousmarier, lâcha-t-ellebrusquementaprès luiavoir jetéuncoup

d’œil.Ildéglutit,puisluiadressaunfaiblesourire.

—Ilétaittemps,poussin.

—Çanetedérangepas?demandaStéphanied’unepetitevoix.Tamère,Colin...?

Andrewluiserralamain.

—Tune crois pas qu’il est tempsquenous fassions face àmamère ?Cela fait trop longtempsqu’ellecontrôlenosvies.Etnotrefilsestfort.Iltiendralecoup.

Stéphanieeutunsanglotincertain.

—Ettoi,Andrew?Tuvast’ensortir?

— Il le faut bien, pasvrai ? Jedois aussi subvenir auxbesoinsdemon fils. Joeveut reprendrel’hypothèque?

Andrewtentadefaireunsourire,maisilsavaitqu’ilauraitl’airforcé.

Ellehochalatête.

—Ilseraitheureuxdelefaire,maistun’aspasàteprécipiter.Lesous-solestencoreàtoiletempsqu’onrègletoutça.

—JecroisquejevaisallervivreavecGary,celafaitdesannéesqu’ilmeharcèle.Colinestplusgrandmaintenant.Iln’aplusautantbesoindemoi.

Andrewsemorditlalèvreinférieurepourl’empêcherdetrembler.

Stéphanienefutpasdupeetcaressadoucementsajoue.Ilsavaienteuunerelationproche,bienquenonconventionnelle,aufildesans,etblessersonmariétaitladernièrechosequ’ellesouhaitait.

—Ilauratoujoursbesoindetoi;c’esttoiquil’asélevé,tutesouviens?Onnetemetpasdehors.Jenelaisseraipasunechosepareilleseproduire.Néanmoins,çateferaitdubiendeprendreunpeudetempspourtoi.Tuasbesoindeprendreunpeuderecul.

Andrewlaregardaavecprudence.

—Pourquoifaut-ilquejeprennedurecul?

Stéphanielaissatombersamainsurlatable.

—Jen’aijamaisjugénicritiquéteschoix.Tuastoujoursétédiscret,ettuastoujoursfaitensortede faire ça loin de lamaison,mais ce que tu es en train de faire en cemoment… c’est dangereux etquelqu’unfiniraparensouffrir.

Elleleregardadanslesyeux.

—Çaneteressemblepasdejoueraveclefeu.Passurlepasdetapropreporte.

—Commentlesais-tu?demandaAndrew,énormémentchoqué.

Iln’avaitpasréaliséqueStéphanieconnaissaitsessentimentspourNathan.

Elleluifitunsouriretriste.

—Tuasdéjàvu la façondont tu le regardes?C’estécrit sur ton front,et luine faitpasmieux.Même Jimm’ademandé si tout se passait bien entre nous après la fête duNouvelAn.Celadit, c’est

probablementAllisonquiluiasoufflél’idée.—Ilavaitmal.Jel’airamenéchezlui.

Andrewétaitfurieux;quelleviellefouineusecelle-là!

—J’étaiscenséfairequoi?Lelaisserseul,souffrantlemartyre?

—Hé,c’estàmoiquetuparles.Jesaisqu’àcemoment-là,tuasfaitcequ’ilfallaitfaire.Elles’arrêtauninstant.

—Maismaintenant?C’estdevenuplusqueça,non?Andrew, lesgenscommencentàparler,etcelafaitdumalàAlex.Nathanestvraimentbizarredepuisquevousêtesrevenusdeceweek-end.Ilestdistantetgrincheux.

—Elleaditça?demandaAndrewd’unevoixrauque.

Stéphanieacquiesça.

— Je ne sais pas ce qui s’est passé, chéri, et je ne veux pas savoir, mais va chez Gary pourquelquessemaines.Profites-enunpeu.OublieNathan.

Andrewhaussalesépaules.

—Sijetedemandaisd’oublierJoe,tuenseraiscapable?

—Moi ? Probablement. Ça me ferait de la peine, mais j’y arriverais, répondit Stéphanie bienqu’ellefutincapabledeleregarderenface.

—Jenesuispassûrdepouvoirl’oublier,Steph.Jel’aime,avouaAndrew,ledisantàvoixhautepourlapremièrefois.

Elleluiserralamainànouveau.

—Monchou,jesaisquetul’aimes,etDieuseulsaitquesiquelqu’unmérited’êtreaiméc’estbientoi,maisilestmariéetpapad’unbébé.Ilesthorsdeportée.Fileprendreunmomentderépit,çavousferadubienàtous.S’ilteplaît?

Andrewhocha lentement la tête.C’était calmeau travail encemoment, et çaneposeraitpasdedifficultésdesefaireremplacerpourlestravauxdel’hôpitalpendantquelquessemaines.L’énormitédecequeStéphanievenaittoutjustedeluidirelepercutacommeunraz-de-marée.Iln’avaitpaslamoindreidéed’àquelpointcelaavaitétéflagrant.

Stéphanieleregardaitattentivement.

—Tusais,c’estlapremièrefoisendixansquejetevoisafficherautantd’émotions.Ilesttempsqueturecommencesàvivre.

Elleselevaetilenfitdemême.

—Danscecas,jesupposequ’onferaitmieuxd’allerenparlerànotrefils?

Andrewdéglutitavecdifficulté;iln’avaitpasdutouthâted’avoircettediscussion.

—SALUT.MAMAN.

Andrewserraitletéléphonesifortquesesdoigtsenétaientcrispés.

—Andrew?C’esttoi?Pourquoituaslavoixrauque?Quelestleproblème?

Samère,inquiète,lebombardaitdequestions.Satêteluifaisaitmal.

Rauque ? Peut-être parce que je viens d’annoncer à mon fils qu’il ne me reverra pas avantplusieurssemaines.Peut-êtreaussiparcequejeviensdedireàmonfils,monfilsquej’aiélevé,quequelqu’und’autreallaitdevenirsonpèreàtempsplein.Peut-êtrequec’estparcequemoietmonfilsn’avonsfaitquepleurercesdeuxdernièresheures.

C’est quoi le problème?Hum,parquoi je commence? Je suis... toujourshomosexuel. J’ai…encorecouchéavecunvoisin.Aumoinscelui-cinetomberapasencloque.Ilestjusteunpeumariéetdéjàpapa.

Oh,etjevaisdivorcerparcequemafemmeestamoureused’unautrehomme.—Andrew,tuestoujourslà?

—Maman,Ilfautquejetedisequelquechose.

—Jesavaisqu’ilyavaitquelquechosequin’allaitpas.Qu’est-cequec’est,fils?Tuasbesoinquejeprennel’avionjusqu’àcheztoi?Jepeuxtrouverunvolaujourd’hui.

Onauraitditqu’elleétaitdéjàentraindesesaisirdesavalise.

Seigneur,non!—Maman,s’ilteplaît,j’aibesoinquetut’arrêtesuneminute,murmura-t-il.Andrewsemaîtrisaità

grand-peine,etsamèrenefaisaitrienpourl’aider.

Ilyeutunsilenceoutréàl’autreboutdelaligne.

—Stéphanieetmoiallonsdivorcer.

Ilsavaitquesavoixtrahissaitsonépuisement.

Lesilencecontinuapendantplusd’uneminute.

—Maman?Tum’asentendu?

—AndrewTimothyMatthews…

Lavoixdesamèreétaitdevenuecoupante.

Ouille.—…S’il te plaît, dis-moi que c’est juste une plaisanterie demauvais goût ?Vous n’allez pas

divorcer.Jamais.Jenevouslepermettraipas.

Andrew ferma lesyeuxcomme il écoutait samère tempêter. Ils étaient irrités et lepiquaient ; ilauraitvraimentaiméavoireulabonneidéed’enleverseslentillesdecontactavantd’appelersamèreautéléphone.Ilétaitétonnéqu’ellesnesoientpaspartiesavectoutesleslarmesqu’ilavaitversées.

—Andrew?Parle-moi,mongarçon.

Andrewgrimaça.

—Jesuislà.

—Jeprendsl’avionaujourd’hui.DisàStéphaniedemepréparerunechambre.Jevaisvoirsile

pasteurJimestdisponible.Ilaurabesoind’unechambreluiaussi.—Non,Maman,sûrementpas!Tunepeuxpasvenirici.Jen’yseraipas.JevaischezGarypourun

petitmoment.D’ailleurs, iln’yarienque lepasteurpuissefairepournousfairechangerd’avis.C’estquelquechosequenousaurionsdûfaireilyalongtemps.

—Nedispasdeschosespareilles.Quevontpenserlesvoisins?VousavezétémariésdevantDieu.Ledivorceestunpéché,etpuisvousavezColin.Etluidanstoutça?

— Je vois que tu es plus inquiète par ce que les voisins vont en penser que pour ton petit-fils,soulignasèchementAndrew.

—Nefaispaslemalinavecmoi,AndrewMatthews,jenelesupporteraipas!ditRuthd’untonsec.

Andrewsoupira.

— Je suis désolé, Maman. Mais franchement, amener le pasteur Jim ici ne changera rien.Stéphanie…Ellearencontréunautrehomme,etelleveutsemarier.Jesuisheureuxpourelle.Ilesttempsqu’elles’installeaveclui.Joeestuntypebienetillarendraheureuse.

—Tuessonmari.—Uniquementsurlespapiers.Tulesais.

—Andrew!

Letonchoquédesamèrerésonnaclairementausous-sol.

—Jesuishomosexuel,tutesouviens?

—J’auraisdumalàl’oublier,rétorqua-t-elle.Maismaintenanttuessurementguéridecesbêtises.

Andrewcomptajusqu’àdix,puisjusqu’àvingtpourfairebonnemesure.

—Cen’estpasquelquechosedonttuguéris,Maman.

—Jecroyaisquenoust’avionsguéridecesineptieslorsquetuavaisquinzeans.

—Toietlepasteuravezfaitdevotremieux,ditAndrewd’unairgrave.J’aiencorelescicatricespourleprouver.

—Cen’étaitmanifestementpassuffisantsituracontesencorecesatrocités.

Andrewfrotta lescicatricessurses fessesduboutdesesdoigts.Mêmeà travers le tissudesonpantalon,ilpouvaitsentirleslongueslignes,interrompuesparlesmarquesdelaboucledeceinture.

—Tunepeuxpasbattrequelqu’unpourleguérirdesonhomosexualité.Jepensaisquetoietlebonpasteurl’auriezcomprisdepuisletemps.

—Maiscelafaitdixansquevousêtesmariés.TuasmisStéphanieenceinte…

—Et on en paye le prix depuis, en restant dans un simulacre demariage qu’aucun de nous nevoulait.Jel’aijustebaiséepourquetumefouteslapaix,jen’aisimplementpasétéassezintelligentpourmettreunecapote!hurlaAndrew,énervéparl’intolérancedesamère,quidépassaitl’entendement,etparlesdixannéesdurantlesquellesilavaitdûsupporterdevivredanslemensonge.

—Commentpeux-tumediredeschosespareilles?s’étranglaRuth.

Andrewsavaitcequiallaitsuivreetarticulasilencieusementenmêmetempsqu’elle.

—Jesuistamère.Jet’aiallaitéquandtuétaisbébé,j’aiessuyétesgenouxquandtutombais.

— Et tu m’as battu avec une ceinture, une boucle et tout le reste, quand tu m’as pris en traind’embrasserNicksouslesgradins.

—C’étaitpourtonbien,gémit-elle.

—Oui,c’était tellementpourmonbienquej’aipasséunedécennieàprétendreêtrecequejenesuispas,etj’aicondamnéStéphaniedelamêmemanière,soufflabruyammentAndrew.Écoute,lajournéeaétéunenferet…attends,Maman.

Ils’interrompitenentendantColinhurlerdehors.

Ignorantlecrifurieuxdesamère,ilallavoircequisepassait.Andrewtrouvasonfilsentraindelittéralementprotégersaported’entrée,bienqu’ilnepuissepasvoirdequoiavantqueColinbougesurlecôté.IlvitNathan,setenantdansl’allée,l’airtraumatisé.

—C’est de ta faute ! hurlait Colin sur son ancien professeur. Ils étaient heureux avant que tuarrives,etmaintenant...

Ilprituneinspiration,quisetransformaensanglot.

—Maintenant ils se séparent et c’est de ta faute.Ne t’approche pas demoi ! hurla-t-il commeNathantentaitdeserapprocherdelui.

Andrewraccrochaaunezdesamèresansluidireaurevoiretsortitsouslesoleilpourempêcherleconflitdes’envenimer.

—Colin,quelestleproblème?Pourquoicries-tusurNathan?

Ilposalamainsurl’épauledesonfils.Cedernierlevalesyeuxverslui,levisagesaleetbouffid’avoirpleurépendantdesheures.

—Jevousaivus…etmain’nanttuquittesMaman...tuvaschezGary…t’aivusurluiquandjesuisrevenuàl’arbre…vousétiezheureuxavantqu’ilarriveetilt’afaitpleurer...c’esttoutdesafaute…tul’asembrasséetmain’nanttuveuxplusdemoi.

Nathaneutl’airhorrifié.

—Colin,je…

Ils’arrêtacommeAndrewsecouaitbrièvementlatête.

Andrew s’agenouilla sur le trottoir chaud et tournaColin de façon à ce qu’il soit dos àNathan.Colinpinçaseslèvresd’unaitrebelle,commes’ils’attendaitàcequesonpèreleréprimandepouravoirhurlésursoninstituteur,maisilneputempêcherleslarmesdecoulerlelongdesonvisage,leslarmesfraîchesformantunsillondanslacrasse.Puisilbaissalesyeuxausol.

—Regarde-moi, Colin, dit doucementAndrew, qui attendit queColin ait relevé les yeux à sonniveauavantdecontinuer.

Dans sa vision périphérique, il put voir Stéphanie arriver en courant du côté de la maison,manifestement alertée par les hurlements, mais il l’ignora elle, il ignora Nathan, et se concentrauniquementsurlaformebouleverséequ’étaitsonfils.

—Colin,continuaAndrewsurlemêmetoncalme.Tupensesvraimentquejem’envaisàcausedetoi?

LebruitdessanglotsdeColinfenditlecœurd’Andrew.Endépitdesmotscourageuxqu’ilavaiteusenverssamère,sonfilsétaitl’unedesraresbonneschosesqu’ilavaitobtenuesdecefauxmariage,etladétressedeColinétaittroplourdeàsupporter.

—Tulepenses?demanda-t-ilànouveau.

Colinsecoualatête.

—Maisilt’afaitpleurerettul’asembrasséetmaint’nanttut’envas.

—Mamanetmoion t’aexpliquépourquoi jem’enallais.Çan’a rienàvoiravecNathan.C’estjustepourfaireunepausedequelquessemaines.JereviendraiColin,jetelepromets.

Andrewétaitsincère.Ildevaittournerlapagepourlemoment,mettreleschosesàplatdanssatête.

—Tuvasrevenir?

Colinlefixaitduregard,sesgrandsyeuxbleusrivéssurceuxdesonpère.

—Biensûr,Colin,ditStéphanieens’agenouillantàcôtéd’Andrew.C’esttonpèreetilt’aime.

LevisagedeColinsefroissaànouveau,maisdesoulagementcettefois.Sesparentsleprirentdansleursbrasetl’espacedequelquesminutes,ilsseblottirentlesunscontrelesautresdansl’allée,lapetitefamilletentantdetirerduréconfortdechacundesesmembres.

Deslarmescoulèrentànouveaulelongdesjouesd’Andrew,irritantsesyeuxdéjàenflamméstandisqu’il enfouissait sonvisagedans les cheveuxde son fils. Il leva lesyeuxet vitNathan se tenantdansl’allée,l’airgêné,nesachantpass’ildevaitresteroupartir.

—Rentre.

Andrewmontralaportedelatête.

Nathaneutl’airincertainalorsqu’illesregardait.

—Tuessûr,Andrew?Jepeuxrepasserplustard.

—Non,ilfautquejeteparleetjeneseraipaslàpendantquelquesjours.

SesbrasseresserrèrentensentantColinseredresserdanssesbras.

Nathanallaausous-sol,laissantlapetitefamillesurlepasdelaporte.Andrewcaressalescheveuxdesonfils.Ilsavaientpousséaucoursdel’annéeetilsbouclaientàprésentautourdesesoreilles.

—Colin,ilfautquej’ailleparleràNathan.

Colinouvritlabouchepourdirequelquechose,maisAndrewl’arrêta.

—Colin,jesaiscequetuasvuetonenparlera,maispasmaintenant.S’ilteplaît,laisse-moiluiparler,jeviendraitechercheraprès.

Il attendit que son fils hoche la tête avant de le laisser partir, puis il se releva, samain serrantl’épaule de Stéphanie. Andrew s’étira, et ce faisant, il vit qu’Allison et Jim étaient dans leur jardin,observant leurpetite scène. Ilsavaient toutvu.Andrewn’avaitaucundoute : ilsavaientprobablementtoutentenduaussi.Danssesmomentslesplussombres,ilétaitcertainqu’Allisonavaitégalementplacédesmicrosdanschaquemaison.Merde!

Lesvoisinsdétournèrentleregardlorsqu’ilscomprirentqu’ilsavaientétéprisentraind’espionner,maispasavantqu’Andrewnevoiel’expressionaffichéesurlevisaged’Allison.Elleétaitsemblableà

cellequ’elleavaiteueauNouvelAn,lorsqu’AndrewavaitaidéNathanàrentrerchezlui.Elleétaitjusteunpeumoinsspéculativeetunpeuplusentendue.

Andrews’engouffradans le sous-sol et ferma laportederrière lui.L’espaced’unbref instant, ils’appuyacontre laporte, lesyeux fermés.Lesdernièresheuresavaientétévraimentdifficiles, et ilnes’attendaitpasàcequecelle-cisoitmeilleure. Ilouvrit lesyeuxetvitNathan le fixer,uneexpressionindéchiffrablesurlevisage.

—Salut,ditbêtementAndrew,nesachantpasparoùcommencer.

IlsedemandasiNathanl’envelopperaitdanssonétreinted’oursetlelaisseraitpleurertoutesleslarmesdesoncorpss’illuidemandaitgentiment.

Cequiluirappelaquelquechose.

—Attends,jedoisenlevermeslentilles,ellesmefontunmaldechien.

Il passa devant Nathan qui se tenait toujours aumilieu de la pièce, sans rien dire. Son silencecommençaitàdevenirénervant.

Quelquesminutesplus tard,une lutte rapide,et il fut libérédeses lentilles.Andrewsepassadel’eausurlevisageetcontemplasonrefletdanslemiroir.Ilavaitl’airdansunsaleétat.Sonvisageétaittellement pâle que ses taches de rousseur ressortaient nettement et le bord de ses yeux était rouge etgonflé.

Affichantunsouriresursonvisage,ilretournadanslesalon,pourseretrouverenveloppépardesbras,satêteposéesurletorsedeNathan.

—Je…commença-t-il,savoixétoufféeparlesplisdelachemisedeNathan.

—Chut.

Ilsentitplusqu’iln’entenditlegrondementapaisant,etsatêtefutcaressée,delamêmefaçonqu’ilavaitcaressécelledeColinquelquesminutesplustôt.

Andrewouvrit labouchepourprendreànouveau laparole,et se retrouvaà laplaceen traindepleurer contre la poitrinedeNathan, des sanglotsdiscretsqui s’intensifièrent alorsqu’il laissait enfinsortirladouleuretl’anxiétédelajournée.Sesmainss’accrochèrentàlachemisedeNathan,sesdoigtss’emmêlantdansletissudouxtandisqu’ilsanglotaitetexpulsaitsapeineetsontrouble.

Nathanneditrienetnelâchapasprise.Aulieudecela,illesfitreculerdesortequ’ilssoienttouslesdeuxassis sur le litd’Andrew,et ilcontinuaà l’enlacer jusqu’àcequeses larmesaient séché. Ilsrestèrentdanslamêmepositionpendantquelquesminutes.Andrewétaittropfatiguépourfaireungeste,le son des battements du cœur de Nathan le rassurant. Il se demanda s’il devait être gêné d’avoircomplètementfonduenlarmesdevantsonami,maisàcemoment-là,iln’avaitplusassezdeforcepours’enpréoccuper.

Pourtant, il levaenfin la tête et regardaNathan.Cedernierdesserraunpeu sesbras,maisne lelâchapascomplètement.

—Tuasunesaletête,dit-ilsoudainàAndrew.

—Jenemesenspastrèsbien,acquiesçacedernier,reculantpoursepasserunemainsurlevisage.

Nathanlelâchaetdisparutdanslasalledebain.Ilrevintavecungantdetoilettequ’ilutilisapouressuyerlevisaged’Andrew,luitenantlementondesagrandemainpendantqu’illuipassaitlegantfroid

surlesyeuxetlesjoues.—Ça faitdubien,murmuraAndrew, laissantNathan s’occuperde lui commes’il étaitun jeune

enfant.

Nathan s’arrêta pendant une minute où il rinça à nouveau le gant, puis il essuya encoresoigneusementlevisaged’Andrew.Lorsqu’ileutterminé,illetapotaàl’aided’uneserviette.

—Tutesensmieux?demanda-t-il.

— Beaucoup mieux, bredouilla Andrew, qui commençait à se sentir un peu embarrassé de lamanièredontilavaitperdutoutcontrôle.

—Nelesoispas,ditNathan.

Andrewlevaleregard,l’airunpeuperdupuisqu’iln’avaitriendit.

—Nesoispasembarrassé,répétaNathan.Ondiraitquecelaaétéunejournéefranchementatroce.

Andrewhochalatête.

—Eneffet.

—Tuveuxm’enparler?demandaNathanensedirigeantversl’endroitoùsetrouvaitlacafetière.

Commed’habitude,Andrewavait faitducafé ; il étaitprêt,mais il l’avaitoublié.Nathan servitdeuxtasses,versadelacrèmeetdusucredanslesien,etlesramenaverslelit.

Andrewleregarda,pensantquejusqu’àcequ’ilrencontreNathan,iln’auraitmêmepaseudecrèmeetdesucredanssonsous-sol.Ilacceptasatasseetbredouillaunremerciement.Ilbutunegrandegorgée,ignorantlabrûlurealorsqueleliquidenoiretchauddescendaitlelongdesagorge.

—Tudoisavoirungosierenfonte,commentaNathan.

Cen’étaitpaslapremièrefoisqu’illeluifaisaitremarquer.

Andrew l’ignora, se focalisant sur l’ingestion de la plus grande quantité de café possible avantd’avoiràprendrelaparole.

Nathanattenditunpeuavantdebriserlesilence.

—Alors,toietStéphanievousséparezenfin?

Andrewfitouidelatête.

—Oui, Joe lui a demandé de l’épouser. Il en a un peumarre d’attendre. Je ne peux pas lui envouloir.

—Non,eneffet,réponditNathan.Çafaitunpetitmomentqu’ilssontensemble.

Ils’arrêta,puisreprit.

—JevoisquetuenasparléàColin.Ettesparents?

—J’étaisentraindeparleravecmamèrequandçaacommencéàsegâteravecColin.Désolépourça,mec,ilétaitseulementcontrarié.Jen’avaispasréaliséqu’ilnousavaitvus...auterraindecamping.

Nathanagitalamaind’ungestedédaigneux.

—Net’enfaispas,jecomprends,etcen’estpascommesinousnenousétionspas,euh,embrassés.Je,euh,medemandaiscequ’ilvoulaitdire,quandiladitquejet’avaisfaitpleurer.

Andrewsentitsesjoueslebrûleretilattrapaunfilquis’étaitéchappésursacouettepouréviterleregarddeNathan.

—Ilm’avuaprèsquetum’aiesmisàlaporte,justeavantleNouvelAn.Ilsavaitquej’allaischeztoi.Colinm’avurevenirquelquesminutesplustard,toujoursaveclesbières,etje,euh,pleuraisunpeu.

AndrewlevalesyeuxetvitleregardétonnédeNathan.

—J’étaisencolèreetcontrarié,dit-ilsurladéfensive.

—Jesuisdésolé,murmuraNathan.Jen’enavaispaslamoindreidée.J’aiétéunconnardfini.

—C’estdupassé,etoublié.Jel’avaisoubliéjusqu’àcequeColinlementionne.Jenesuispasunegonzesseentempsnormal.

AndrewdevintencoreplusrougelorsqueNathanhaussaunsourcil.

—Saufaujourd’hui,peut-être.

Nathanjetaunbrasautourdesesépaules, l’étreignantplusfort jusqu’àcequ’Andrewsedétendecontresonépaule.

—Oùvas-tuvivre?Austudio?Ilyaunappartementau-dessus,non?

—Oui,mais je l’ai loué et le bail n’est pas encore arrivé à échéance. Je vais vivre chezGarypendantunpetitmoment,jusqu’àcequejepuissetrouverunlogement.Jevaispeut-êtredéménagerlà-basdéfinitivement.

Andrewsepermitdes’appuyercontrelachaleurdeNathan.

Il sentit le bras autour de son épaule se crisper, puis Nathan s’éloigna. Andrew leva les yeux,désorientéparleretraitdedesonami.

—TupensesdéménageràLosAngeles...définitivement?ditNathan,d’unevoixtrèslente.

Andrewacquiesça.

—J’aiquelquescontactslà-basetçaseraplusfacilepourcommencermesaffairesquelquepartoùonmeconnaîtplutôtquederecommenceràzérodansunepetiteville.

Ilnepouvaitpaslirel’expressionqu’affichaitNathan,maisàenjugerparlemouvementcompulsifdesajoue,ilauraitjuréqueNathanétaitencolère.

—Etm…Colin?

M…?Moi?— Stéphanie va réduire ses heures pendant quelque temps. Avec les revenus de Joe, elle est

heureusedeprendrelerelaispourgarderColinjusqu’àcequ’ilsoitplusindépendant.

AndrewfitlechoixderépondreàlaquestionposéeparNathanplutôtqu’àcellequ’ilavaitlaisséesous-entendre.

—Jevoisquetuaspenséàtout,crachaNathan,enfonçantlesmainsdanssespoches.

—Je l’espèrebien.Biensûr, tantque j’auraisdu travail, jepourraiscontinuerà faire lanavetteentre ici et LosAngeles, en voiture ou en avion. EtColin pourra venirme voir, expliqua patiemmentAndrew.

—Oh!Ehbien,toutvabienalors,déclaraNathan.

J’airatéquelquechose?Nathansedirigeaverslaporte.Andrews’assit,bêtementfigésurplacetandisquel’hommequ’il

aimaitsortaitenclaquantlaporte,etqu’ilsedemandaitencorecequ’ilavaitpurater.

Nathanavaitposéunemainsurlaportelorsqu’ils’arrêta,fitdemi-touretsedirigeaversAndrew.Ilsetintdevantluietsemitàcrier.

—Dis-moi,tuavaisl’intentiondemedirequetuallaispartiroutuallaistecontenterdefoutrelecampchezGaryetmelaisserl’apprendreparlesvoisins?Quandpars-tuexactement?

—Demain,àlapremièreheure,fitfaiblementAndrew,sepenchantunpeuversl’arrière.Jeluiaipasséuncoupdefil,etilvamerejoindreàLosAngelesaprès-demain.

—Doncsijen’étaispasvenu,aurais-tuprislapeinedemeledire?

—Biensûrqueoui!

Andrewcommençaitàenavoirvraimentraslebolquetoutlemondeluihurledessusaujourd’hui.Cen’étaitmêmepasluiquiavaitcommencé!

—Nathan,Stéphaniemel’aditseulementcematin.Jesavaisquej’allaistevoiraujourd’hui,ditensepassantunemaindanslescheveux.Putain,c’estquoileproblème?

— Le problème ? Il n’y en a aucun, Andrew. Pourquoi il y en aurait-il un ? Tu te tires à LosAngeles,tulaissesderrièretoitesproblèmesfamiliaux,m…

Nathanavaitmaintenantlespoingsserrés.

Toutàcoup,Andrewsereleva,forçantNathanàreculer.

—Encore ce ‘m’.Tu te prendspour le centre dumonde, pasvrai ?Tu te fiches éperdument deColinoudeStéphanie.Enfait,c’estparcequejetelaisseici.Ohnon,tunevaspastedéfilercettefois.

Iltirad’uncoupseclebrasdeNathanalorsqu’iltentaitdepartir,leforçantàs’arrêternet.

—Nemetouchepas,luicrachaNathan.

—T’esquoi,uneviergecapricieuse?réponditAndrew,maisillelâcha.Bonsang,mafemmemedit qu’elle veut divorcer, je perdsmamaison,mamère veut que le pasteur vienneme fouetter le culcommeilavaitl’habitudedelefaire.

Àl’airchoquédeNathan,Andrewhochalatête.

—Ohoui, tupeuxvoir les cicatrices si tupensesque jemens.Mon filsneveutplusmeparlerparcequ’ilpenseque jecoucheavec levoisinetque jem’enfuis en l’abandonnant, et levoisin…Ceputaindevoisin,ouplutôtlevoisinquej’aifiniparbaiser,quis’enfuitàchaqueoccasion,estencolèreaprèsmoiparcequej’essayederetrouvermavie.Dis-moisij’aioubliéquelquechose?

Andrew était essoufflé, sa poitrine se soulevant comme il tentait de se calmer. Putain, il avaitl’impressionqu’ilallaitfaireuneattaque.

Nathanfitnondelatête.

—Non,jecroisquetuastoutdit.

Ilavaitl’airstupéfaitparlacolèred’Andrew.

Bien ! Il est temps qu’il arrête de penser que je suis un putain de jouet avec lequel il peut

s’amuserquandilenaenvie.—JevaischezGarypourréfléchir.Toi, tuasunsacré tasdetrucsauxquels tudoisréfléchir.Je

suisbienledernierdetessoucis.

—Maisilfautqu’onparle.J’aibesoind’enparler,ditNathan,désespéré.

IlattrapaAndrewparlesbras,lefaisantpresquetomber.

Andrewhaussalesépaules.Aujourd’hui,iln’avaitfaitqueparler,etilvoyaitoùçal’avaitmené.Ilregardal’hommequisetenaitdevantlui.Seigneur,ilaimaitcethomme,etilsavaientbesoinderéglerleproblème,quelqu’ilsoit,maisilnepouvaitpass’enoccupermaintenant.

—Nate, j’ai eu une journée franchement atroce et j’ai encore un long trajet à faire en voituredemain.Jeveuxjustequetut’enaillespourlemoment.

—Alorsçayest?C’estfini,commeça?

IlyeutunlégeraccrocdanslavoixdeNathan.

Andrewleregardad’unairtriste.

—Iln’yajamaiseudedébutpournous,Nathan.Onacouchéensemble,etc’esttout.

—Jenetecroispas.

Nathanavaitl’airdes’êtreprisuncoupdepoingdansleventredelapartd’Andrew.

—Onafaitplusquecoucherensemble!

Lesmotsdesonfrèreluirevinrentàl’esprit.Uncafouillagedanslenoir!—Vraiment?Tuesunhommemarié,Nathan,avecunejoliefemmeetunbeaubébé.Tueshétéro.

Jenepeuxpasattendreencoredixansquetudécidescequetues.Jel’aifaitunefois.Ils’appelaitMatt.J’aiattendudeuxans,letempspourluidedéciderqu’ilétaitplusamoureuxdesafemmequedemoi.Ilest tempsque jegrandisseunpeuaussi. Jenevaispas attendreplus longtempsquequelqu’und’autredécidedemonbonheur.

AndrewvitladouleurenvahirlevisageNathan.

Bienjoué,Drew.C’estbiendefrapperunhommeàterre.Ilregardasonamiseretourneretsortirdechezluiainsiquedesavie.Leslarmesquin’étaientpas

loinmenacèrentànouveaudes’échapper,maisAndrewreniflabruyamment,refusantdecéder.Commeill’avait annoncé àNathan, il avait une longue route à faire, et il n’avait toujours pas fait ses bagages.Pleurer?Celapouvaitattendre.

LERÉVEIL résonna comme un klaxon à l’oreille d’Andrew juste avant le lever du jour. Il poussa ungémissement tout en se retournant et tendit le bras pour faire taire l’objet démoniaque d’une claque.Roulantsursondos,Andrewsegrattaleventreetsedemandaparesseusementsilematinetlesréveilsavaientétéinventésparlediableenguised’instrumentsdetorture.Iljetauncoupd’œilàlabosseàcôtéde luidans le lit.Ellen’avaitpasbougédu tout,età laplaceellesemblait ronfler légèrementsous lacouette.

Andrew déglutit avec difficulté tout en la regardant. La nuit dernière Colin s’était discrètementfaufiléausous-solet luiavaitdemandés’ilpouvaitdormiravecsonpèreunedernièrefoisavantqu’ilpartepourLosAngeles.Andrewavaitfaitchaufferdupop-corndanslemicro-ondes,etilsavaientbudessodasdevantleurfilmpréféréavantd’allersecoucher.

Avec le plus de prudence possible, il se glissa hors du lit et trottina vers la salle de bain pourprendreunedouche.Lorsqu’ilenémergea,Colinétaitassisdanslelit,bâillantetsefrottantlesyeux.Ilavaitl’airrelativementproprepourunefois,sonpèreayantinsistépourqu’ilprenneunedoucheavantdesecoucherdanslelit.

ColinregardaAndrew,salèvreinférieuretremblantunpeualorsqu’ilsesouvenaitdecequiallaitsepasseraujourd’hui.Andrews’assitsurlelitetl’attirasursesgenoux,leserrantfortdanssesbras.

—Jereviendraibientôt,c’estpromis,murmura-t-ildanslesdouxcheveuxdeColin.

Ilsentait les larmeschaudescoulercontreson torseetyajouta lessiennesalorsqu’ilspensaienttouslesdeuxauxsemainesàvenir.

—Tuvasrevenirpourledébutdel’école?S’ilteplaîtPapa?Tum’astoujoursemmenéàl’écolelepremierjour.

Colineutl’airbienplusjeunequesonâgealorsqu’ilsuppliaitsonpèrederevenir.

Andrewleserraplusfortdanssesbras.C’étaitunetradition,etiln’allaitpaslabrisermaintenant.

— Je te promets que je serai là.Onmangera des crêpes chezBob pour le petit-déjeuner, et jet’emmèneraienvoitureàl’écoleaprès.

—JoevadevenirmonPapamaintenant?demandaColind’unevoixdouce.

Andrewgrimaça.Était-ilpossibledesefairepoignarderencoreplusdouloureusement?

—Je suis tonpère, et je le serai toujours. Il va juste s’occuperde toiquand jene seraipas là,Colin.Tuluiobéisparcequec’estmoiqui te ledemande,d’accord?Jesuissérieux!ajoutaAndrewcommeilregardaitlevisagerebelledesonfils.

Colinsedétenditcontrelui.

—D’accord,souffla-t-il.Maisjenel’appelleraipasPapa.

Andrewleserrafortetselevadulit.

—Biensûrquenon.Ça,c’estmonnomàmoi.Ilfautquej’yaille,gamin.Jesuisdésolé.

Leslarmesmenacèrentdecoulerànouveau,maisColinhochalatête.

—JevaischercherMaman,dit-il,puisilmontal’escalierencourantjusqu’àlamaison.

Andrewinspiraprofondémenttandisqu’ilregardaitpartirsonfils.Ahputain,c’estsidifficile.

LE4X4étaitchargéetiln’yavaitaucuneraisonderetardersondépartpluslongtemps.AndrewsetournapourdireaurevoirettrouvaColinentraind’attendre,presquesursestalons.Andrews’agenouillaetlepritdanssesbrasensilence,lesbrasdeColinseserrèrentautourdesoncouàl’enétranglerpendantdelonguesminutes.

Pourtantaufinal,ildevaitpartir.AndrewsedégageadeColinetletenditàStéphanie.Ilembrassasurlajouesafutureex-femme.

—Jetepasseuncoupdefilenarrivantlà-bas,dit-il.

Ilétaitdansle4X4etprêtàpartir,maisavantcelailjetaunregardàColinetlesalua,luilaissantlameilleureimagepossible,l’airdedireJereviendrai.AndrewluisouritetColinlevalesyeuxauciel.

Commeils’éloignait,Andrewregardadanslerétroviseur.ColinétaitenveloppédanslesbrasdeStéphanie,maissesyeuxétaientsecs,déterminéàfairepreuvedecouragepoursonpère.Loindelavuedesafamille,Andrewn’étaitpasaussicourageux,etleslarmescoulèrentàflotlibrement.

IldépassalamaisondeNathan.Lesrideauxétaienttirésetiln’yavaitaucunsignedevie.Àcetteheure-ci,Nathan était normalement levé et se préparait à aller courir avec ses chiens.Andrewn’étaitjamaisalléaveclui,préférantàlaplacelachaleurdesonlit.Justepourunefois,ilauraitaiméavoirfaitl’effortdeseleverplustôt,pourapprécierleleverdusoleilaulieudelevoiràtraversunbrouillardfloudelarmes.

Il lui restait une dernière chose à faire avant de partir, quelque chose dont il n’avait parlé àpersonne.

Andrews’arrêtaàl’entréeduparc,leurparc,làoùilsavaientfuilepremierbarbecueduvoisinagepourjoueraufootavecColinetleschiens.Aucoursdel’année,deplusenplusd’hommeslesavaientrejoints, et l’intimité s’était perdue, mais ce lieu avait toujours une place importante dans le cœurd’Andrew.C’étaiticiqu’ils’étaitsentivivantpourlapremièrefoisdepuisdesannées.Ilsesouvintdelaconversationqu’ilavaiteueavecStéphaniequelquesjoursplustôt.Refoulersesémotionsavaitétéfacileet beaucoup, beaucoup plus sûr. Et puisNathan était arrivé dans sa vie et vlan ! Ses barrières furentdémolieslorsqu’unbraspassaentraversdesesépaulesetquesonnezfutenvahiparl’odeurdusoleiletdelasueur.

Andrewseglissahorsdu4X4etpassaleportailàpied.Ils’arrêta,inspirantàpleinspoumonsl’airfraisdumatin,etcommençaàerrer.Iln’avaitpasdebutprécis;ilvoulaitjustemarcheretseremémorerdessouvenirs.

IlmarchabrièvementpouratteindrelacollineoùNathanl’avaitrenversé.C’étaitlebut,serendit-ilcompte,peuimportecequecethommefaisait,oulamanièredont ilsecomportaitaveclui : ilyavaitquelquechosedespécialchezNatePeterson.Quelquechosequiluidonnaitenviedepardonnertoutlemaletlesmalentendusidiotsqu’illuiavaitcausés.

Ils’arrêtaausommetdelacolline,marquantunepausepourreprendresonsouffle–d’accord, iln’étaitpasunfoudefitnesscommel’hommequihantaitsesrêves.

—Tudevraisveniravecmoilematin,aulieudetraîneraulit.

Andrewfermalesyeux.Cen’étaitpasjuste.Letourmenterdecettefaçon.Unevisiterapideet ilseraitparti.

—Tuneveuxmêmepasmedirebonjour?

Lavoixtraînanteetdécontractées’étaitchangéeenquelquechosedeplusvif,presquesuppliant.

Andrewouvritlesyeuxetseretourna.Nathanétaitappuyécontreunarbre,leschiensàcôtédelui,àboutdesouffle.Ilétaitrougeetensueur,commes’ilavaitcourupourarriverjusqu’ici.Andrewpouvaitvoirqu’ilessayaitd’avoir l’airdésinvolteàlafaçondontildetenait,appuyédemanièredécontractéecontreletroncd’arbre,maislatensionétaitvisibleauxlignesautourdesaboucheetauxcernessousses

yeux.IlsedirigeaversNathanetouvritlabouchepourlesaluer.Aulieudequoiilseretrouvaenveloppé

danslesbrasdesonami,couinantdefaçonclairementinhumaine.Onletournaetilfutpoussécontreletroncd’arbreafinqueNathanpuissepasserdeforceunecuissemuscléeentresesjambes.Andrewessayadeprotester–correction,Andrewessayade trouveruneraisondeprotester,carsansvolonté,samains’enroula autour du coudeNathan, et l’attira à lui pour l’embrasser.Son autremain se glissa sous ledébardeurdeNathan,sentantlejeudesmusclesfermessouslapeauhumide.

—Putain!

Nathanémitunprofondgémissementvenantdufonddesagorge,legrognementparvenantjusqu’àAndrew à travers leurs lèvres écrasées, leurs langues glissant contre leurs dents, puis s’emmêlantbrièvement.AndrewpouvaitsentirlementonrâpeuxdeNathans’accrocheràsaproprebarbenaissante,etlapressiondesoncorps,énormeetécrasante,pousserviolemmentsondosàluienfairemalcontreletroncd’arbre.

S’embrasserenpleinaircommecelaétaitstupideetdangereux,etSeigneur,Andrewnepouvaitserésoudreàs’inquiéter.Toutcequ’ilvoulait,c’étaitsefrottercontrelacuissedeNathan,afind’atteindrel’orgasmeleplusrapidementpossible.LesmainsdeNathanétaientpartout:ellesprenaientsonvisageencoupe,glissaientlelongdesesfesses,défaisaientsaceintureet...oh,putain...desmainscommecelles-cidevraientêtreinterdites.Samainsesaisitdusexed’Andrewetlecaressajusqu’àcequ’ildeviennedur,sonpoucefrottantlafente.Andrewsefaisaitmalmener,poussersifortqu’ilétaitincapabledebougeretilhaïssaitça,ilaimaitça,bonsang!Ilenavaittellementbesoin.Désespéré,ilplaçasesmainssurlesépaulesdeNathanpourtenterdereprendrelecontrôledelui-même.

Undernierpetitcouprapidesurleboutdesonsexeetcefutfini:iljouit,serépandantdanslamaindeNathan,sanglotantpresquedesoulagement.Nathanlevalamain.Iln’avaitpasl’airsûrdesavoirquoifaireavecunepaumepleinedesperme.Andrewpenchala têteet la lécha, laissantunetraînéedanssamain. Nathan eut l’air vaguement dégoûté l’espace d’une minute, jusqu’à ce qu’Andrew le lèche ànouveau,encoreetencore,de longscoupsde languesursapaumequi firent frémiret tremblerNathansouslui.Lentement,ilnettoyalamaindeNathan,suçotantchaquedoigtjusqu’àcequ’ilneresteaucunetracedelui,puisill’embrassa,partageantladernièregoutte.

Le baiser dura encore et encore, jusqu’à ce que Nathan soit à bout de forces. Il fit descendreAndrewàterre.Lesmainsdecedernierglissèrentlelongdesontorse,frottantlesmamelonstendussousledébardeurnoir.

—Jeveuxtesucer,grogna-t-il,seslèvreseffleurantl’oreilledeNathan.

Nathaneutuntremblement.

—Seigneur,oui!

Andrewjetauncoupd’œilderrièreNathan.Ilétaitencoretôt,maislesgensseservaientduparcpourpromenerleurschiensetpourfaireleurjogging.Ilsétaientàlavuedetousceuxquipassaientparcechemin,etbienqu’ilaitfaitsoncoming-outetensoitfier,Nathandevaitencorevivreici.Unpeu tardpourêtreprudent,Andrew.

Àcôtéd’euxse trouvaientquelquesbuissonset ilentraînaNathandansunendroitplusà l’écart.Leschienssuivirent,unpeumécontentsque leurpromenadesoit interrompue.Àlaminuteoù ils furentdissimulés à la vue de tous, Andrew se retourna et avança vers Nathan, empoignant l’ourlet de sondébardeuretlefaisantpasserd’uncoupsecparlatêtedeNathan.

—Euh,Drew,tuvasmedéshabillerenpublic?

Ilyavaitdel’amusementdanslavoixdeNathantandisqu’Andrewlemalmenait.

Andrewl’ignoratandisqu’ilcommençaitàl’embrasserlelongducouetdutorse,prenantsoindenepaslaisserdemarque.Ilauraitaimépouvoirlemordreetluifairedessuçons,avoirlapermissiondelerevendiquercommesien.Salangueglissasurunmamelon,léchantletourpuistirantlégèrementsurlecentre alors que ses doigts faisaient de même avec l’autre. Nathan murmurait quelque chose, maisAndrewn’arrivaitpasàcomprendrequoi.Ilcompritl’idéegénéralelorsqueNathancommençaàappuyeravecinsistancesursesépaules.

AndrewcontinuadedéposerdelégerssuçonslelongdutorsedeNathan,s’arrêtantjusteuneminutepourapprécierà sa justevaleur lapeau lisse, toniqueet leventreplat,quin’existaientquepourqu’ilpuisselestoucher.Lorsdeleurnuitdanslaboîte,ilsétaienttotalementconcentrésàexplorerlecorpsdel’autredanslenoir.Maintenantilsétaientàlalumièredujour,pourdevrai,etilallaitvoir,sachantqu’iln’auraitpeut-êtreplusjamaisd’autreoccasion.

IllevalesyeuxpourvoirNathanlefixer,commesiluiaussitentaitdemémorisertoutcequ’étaitAndrewMatthews.Andrewétait perdudans son regard, submergépar les ténèbresprésentesdans sesyeux.

—J’aibesoindetoi.Besoindeça,murmuraNathan,brisantcetinstant.

AndrewhochalatêteettirasanscérémoniesurleshortdesportdeNathan.

—Faisattention!protestacedernier,puissesyeuxroulèrentdansleursorbitesalorsqu’Andrewl’aspirait.

—OhSeigneur,Andrew.

Andrewavaituneenvie.Ilvoulaitquecemomentnesefinissejamais.IlvoulaitentendreNathancriersonnomencoreetencoretandisquesalanguejouaitavecleboutdesonsexe.Nathanétaiténorme,duretbonsangcequ’ilavaitbesoindel’avoirdanssabouche,pourréapprendresongoût,sontoucher.Illepritaussiloinqu’illeput,jusqu’àcequesonglandtouchelefonddesagorge.Nathanétaitagité,sesmains se promenant sur le visage, sur les cheveux d’Andrew. Il s’arrêta brusquement lorsqu’Andrewparvintàleprendreentièrementenbouche.

—Seigneur,ohSeigneur,ohputain,jet’ensupplie,murmuraNathan.

Et il atteignit l’orgasme, se déversant longuement dans la gorged’Andrew. Il tenta de se retirer,maislesmainsd’Andrewsaisirentsesfesses,lemaintenantenplacejusqu’àcequ’ilaitfini.Illerelâchaquandsonsexeseramollit,secontentantdeposersajouecontresespoilscourts,respirantl’odeurquileliaitàcethomme.Nathanpritlevisaged’Andrewencoupeentresesmains,sesdoigtscaressantsajouecommeilredescendaitdesonorgasme.

UnchienquiaboyaitauloinfitprendreconscienceàAndrewàquelpointilsétaientvulnérables.IlremontaleshortdeNathanàcontrecœuretpartitàlarecherchedudébardeuroublié.Nathanl’aperçutetleramassa,lesecouantfortpourdélogerlesfeuillesetlesbrindillesaccrochéesautissu.

IlsouritàAndrew.

—Ondiraitquejemesuisroulédanslesbuissons.

Andrewluisouritenretour,puislapenséedecequ’ilsvenaientdefairelesfrappatouslesdeuxetilobservaleregarddeNathandevenirchaud,duretmonDieu,cequ’ilenvoulaitplusdecethomme.

Celaneluisuffisaitpas.—Andrew,ilfautqueje….

Andrewfitunpasenarrière.

—Ilfautquetuyailles.

Cen’étaitpasunequestion.

Nathanhochalatête.

—Jen’enaipasenvie,mais...

Sonregardétait inquiet,etplusque le reste,c’estcequiempêchaAndrewde tourner les talonsalors qu’il allait être abandonné une fois de plus. C’est pour cela qu’il ne pouvait pas rester, onl’abandonnaittoujourspourlafamille.Ilavaitbesoindeplusqueçamaintenant.

Ilhaussalesépaules,feignantl’indifférence.

—Jecomprends,Nate.Quoiqu’ilensoit,ilfautquejeprennelaroute.J’aiunlongtrajetdevantmoi.

Nathan le regarda, impuissant, comme ils commençaient à sortir des buissons. Nathan siffla leschiens,quis’étaientéloignésquandilsenavaienteuassez.TyleretRubys’approchèrenttranquillementverseux,heureuxdebougerànouveau.Commed’habitude,Mollieétaitpartiedesonproprecôté.

Ilssedirigèrentensilenceversleportail,làoùétaitgaréle4X4.Andrewtentadepenseràquelquechose, n’importe quoi pour retarder le moment de la séparation, mais son cerveau stupide, sénile,complètementinutilerestavide.

—Sixmois.

—Quoi?

Andrew fronça les sourcils comme Nathan s’arrêtait brusquement, le tenant par le bras pourl’empêcherdepartir.Lejeunehommeletransperçaduregard,lesuppliantdel’écouter.

—Accorde-moisixmois.Oh!Andrewsecoualatête.—Nate,jet’enaidéjàparlé.Jen’attendspluspersonne.Dixanscen’estpassuffisant?IlregardaNathan.Cedernierétaittrèspâleetildéglutissaitdefaçonconvulsive.Andrewremarqua

unlégeréclatdanssesyeux.—Jet’aime,ditbrusquementNathan.Fermant les yeux contre le visage sérieux du jeune homme, il se demanda pourquoi le ciel lui

rendaitleschosessidifficiles.—Jet’aimeaussi,Nate.Iljetauncoupd’œilautourdelui.Iln’yavaitpersonneenvue,alorsilpritlerisqued’effleurerles

lèvres de Nathan des siennes. Il n’était pas certain de savoir pourquoi il s’inquiétait pour un simplebaiser,étantdonnécequ’ilsvenaientdefaire.

—Maiscelanechangepaslefaitquejedoisrefairemavie.

—ÀLosAngeles, ditNathan en fronçant les sourcils, une ligne profonde se creusant entre sessourcils.

— Peut-être, en convint Andrew, ignorant le regard coléreux de Nathan. Je reviendrai dansquelquessemaines,dumoinspourunmoment.J’aipromisàColinquejeseraidanslecoinpourledébutdelanouvelleannéescolaire,etjedoisretrouvermonentreprise.

—Pourquoinepeux-tupasvivreàCastleton,prèsdetonfils,etoui,prèsdemoi?fitNathan,l’airborné.

—Tuveuxdire,continuercommeavant?demandaAndrew,élevantlavoixdecolère.Desbaladesauparc,desnuitsenboîte?Çatesuffit?Parcequemoipas.Oupeut-êtrequec’estcequetuveux.Jepeuxêtreunebrèveliaison,unpeudesensationsforteslorsquetoutesttropinsipideàlamaison.

LevisagedeNathanétaitblancetcrispé.—Cen’estpasjuste.—Vraiment?Luiaussipouvaitêtrebrusque.Nathansoufflabruyamment,commes’ilavaitretenusarespiration.—Putain,Drew,qu’est-cequetuattendsdemoi?J’aiunefemmeetunfils.Sansparlerdemon

travail,pourlequelj’aisuiviuneformationlongueetdifficile,etjesuisunboninstituteur.Tuvoudraisquejelaissetoutça?

—Je…je…merde,jeneveuxpasquetufassesdumalàAlexetàDaniel,maisoui, jeteveuxpourmoi.Jeteveuxdansmonlit,dansmavie–toutletemps.

LacolèreprésentedanslesyeuxdeNathanmourutdevantl’aveud’Andrew.—Maisjeneveuxpasattendrequelquechosequin’arriverajamais.J’enaimaclaqued’attendre.

Jeveuxunerelation.J’aipresquetrenteansetjen’aijamaiseudevraierelationavecquiquecesoit.—JeneveuxpasvivreàLosAngeles.C’esttroploindeDaniel,lâchasoudainNathan.Andrewécarquillalesyeux.—Nate?Nathanseléchaleslèvrescommes’ilétaitbrusquementnerveux.—Parspourquelquetemps.Éclaircis-toilesidées.Jeteverraiàtonretour.Seulement…nefais

pasdegrosprojetssansm’enparler,s’ilteplaît?Andreweutuneétrangesensationdanslecreuxdesonestomac,étrangeettrèseffrayante.Ilpensa

quepeut-être,cettefois-ci...Ilhochalatête,sesyeuxfixantceuxdeNathan,puisilsetournaversle4X4.C’étaitl’heured’yaller.

— Dis bonjour à Gary de ma part. Dis-lui de garder ses mains dans ses poches, lui demandaNathan.

Savoixtraînanteetparesseuseluiréchauffalecœur.Ilsourittoutencontinuantdemarcher.—Pasdepromesses.Unmecpeutbiens’amuserunpeupendantqu’ilattend.—Hein?Andrewn’étaitpascertaind’êtrecenséentendrelePasavecmonhomme.

ANDREWN’AVAITjamaiseulamaîtrisedesévènementssurvenusdanssavie.Ilavaittoujoursétécontrôlépar les ficellesdequelqu’und’autre, commeunemarionnette.Àpartir dumomentoù il avait annoncéqu’ilpensaitêtrehomosexuel,samèreavaitprislecontrôledesonexistence.Onluiavaitfaitlaleçon,ilavaitétébattu,etfinalementonluiavaitimposéunmariagedontilnevoulaitpas,parcequ’iln’avaitpasétéassezcourageuxpours’opposeràsamèreet luidire,Voilàceque jesuis :AndrewMatthews,unhomosexuel.

Et levoici,àvingt-septans,commençantàpeineàfairesespremierspasdans lemonde.Ils’enallaitenvoituresansseretourner,etlaissaitderrièreluisonfilsainsiquel’hommequ’ilaimait,dumoinspourunmoment.Cen’étaitpaslafin,maissûrementunnouveaudépart.

Ilétaittempsqueledisquepasseàuneautrechanson.

X

—JESUISrentré,criaAndrewalorsqu’ilrentraitàreculonsavecungrandsac,untrépiedetunappareilphotoenéquilibreinstabledanslesbras.Tuesalléchercherlesbières?Jepeuxressortirsinon,dit-il,n’attendantpasderéponse.

Iltentaderefermerlaporteàcoupdepied,jurantcommeelleheurtaitsondos,l’envoyantpresquevoler.

—Là,laisse-moit’aider.

Deuxgrandesmainsfurenttenduesverslui,prenantlesacetletrépied.

—GaryestdanslacuisineavecGabe.Ilyapleindebièressituyarrivesavantcesdeux-là.

Un grand corps chaud se pressa contre Andrew l’espace d’un bref instant, lui remémorant dessouvenirsqu’ilavaitfaitdesonmieuxpourréprimer.Puisils’éloigna,laissantsoncœurbégayerdanssapoitrine.

—Na…Nathan?

Andrewseretournalentementetvitquel’hommequihantaitsesrêvessetenaitdevantlui, tenantsonéquipementphotographiquedanssesbras.Sonsourireétaitunpeutimide,commes’iln’étaitpassûrdel’accueilqu’illuiréserverait.Seigneur,ilétaitmagnifiqueetilsemblaitavoirencoreplusdemusclesqueladernièrefoiss’ilsefiaitàcebrefcontact.

—Salut,ditNathand’unevoixrauque.

— Je… tu… euh… bégaya Andrew, incapable de prononcer une phrase cohérente, rougissantcomme Nathan levait un sourcil, manifestement amusé par la loque humaine devant lui qui disaitn’importequoi.

—Moi aussi çame fait plaisir de te revoir. Je suis venu en voiture avecGabe.Nous sommesarrivésilyaquelquesheures.

Andrewfronçalessourcils.

—Garynem’apasditquevousveniez.

Nathaneutl’airembarrassé.

— Je lui ai demandé de ne pas le faire. Je voulais que ça soit une surprise. J’espère que tu escontentdemerevoir,n’est-cepas?demanda-t-il,d’unevoixincertaine.

—Oui,biensûr,bredouillaAndrew.

Biensûrqu’ilétaitheureuxdelerevoir.Seulementilauraitaiméêtreavertiafindesepréparer,derassembler ses forces afindenepas avoir l’air idiot lorsde leurprochaine rencontre.Seigneur, il nevoulaitpasteniruneconversationpolieaveclui.Ilvoulaitlebaiserjusqu’àcequ’ilperdeconnaissance,

ici,maintenant,surlamoquettetâchéedel’entrée,quisentaitlabière,lescigarettes,etlechatsauvagequiavaitl’aird’appréciervenirleurrendrevisite.Commesiçaallaitarriver.Quoique,pourquoidiableétait-ilvenuici?

LesouriredeNathanavaitfaibli.

—Jesuisdésolé,mec.Jen’aipasréfléchi.Je…euh…peuxtrouverunmotelouuntrucdugenre.

Ilglissaunemaindanssescheveux,lesébouriffantdanstouslessens.AndrewavaitenviedeleslissercommeilleferaitpourColin.

—Désolé, çam’a seulement vraiment surpris de te voir là. Bien sûr que je suis heureux de terevoir.Commentvas-tu?EtAlexetDaniel?sedépêchadelerassurerAndrew.

Nathan eut l’airmal à l’aise.C’était compréhensible. Il parlait de la femmequ’il avait trompéeavecAndrew.

—Ilsvontbien.Çanetedérangepasquejesoislà,pasvrai?Jeveuxdire,çanefaitpasencoresixmois.

Comme si Andrew avait besoin qu’on lui rappelle la promesse que Nathan était parvenu à luisoutirer.En réalité, cela faisaitquatremois etdouze jours,maisqui comptait ? Il seraitprobablementcapablededonnerlesheuresaussisionluiposaitlaquestion.Pourquoiétait-illà?

—Franchement,net’enfaispas.Nepensonsplusàtoutescesconneries,etprenonsunebière.

Illemenajusqu’àsachambre.Ilsebagarrabrièvementaveclemonstreduplacardetrangeasonéquipement.AndrewrefermalaportesursesaffairesendésordreetseretournapourregarderNathan,qui le fixait des yeux. Il attendit une minute, mais Nathan garda le silence et son expression restainchangée.

—Quelestleproblème?demandaAndrew,gigotantunpeusoussonregardminutieux.

—Tuaschangé,commentadoucementNathan.

Andrewfronçalessourcils.

—Mescheveuxontunpeupoussé,jesuppose.J’aiplusdetachesderousseuràcausedusoleil.

Nathansecoualatête.

—Cen’estpasça.Tuasl’airpluslibre,plus...

Salanguebutasurlesmotssuivants.

—…manifestementplushomosexuel.

Andrewpouffaderire.

—Jesuishomosexuel,mec.Tudevraislesavoirmieuxquepersonne.—Maistun’enavaispasl’airavant.

—Jenevisplusdansunebanlieuepavillonnairemaintenant.Jepeuxmepermettred’êtreunpeuplusouvert,jesuppose.J’aipassélamoitiédemonexistenceàessayerderentrerdanslemouledupèredefamillehétéro.Est-cequetum’enveuxdevouloirensortir?

Lavoixd’Andrewsefitplustranchantealorsqu’ilconcluait.

Nathansedirigeaversluietposalamainsursonbraspourl’apaiser.

—Jen’aipasditqueje t’envoulais,ouqueçamedérangeait.Tusemblesallersuperbien.Cesrefletsblondstevontvraimentbien.J’aiseulementbesoindem’yfaire,c’esttout.

—Maistunevoudraispasêtrevuentraindedescendrelarueavecla tapette,ditAndrewavecamertume,pasvraimentapaisé.

Apparemment, ce qu’il y avait eu entre eux ne comptait pas.Nathanne se ferait jamais à l’idéed’êtrehomosexuel,oumêmebisexuel.Andrewseleurraits’ilcroyaitlecontraire.

—Si,jeleferais,avectoi,ditsimplementNathan,s’avançantversluipourl’embrasser.

Andrews’accrochaàlachemisedeNathan,lerapprochantsiprèsdeluiafinquesoncorpsmusclétoutentiersoittoutcontrelesien,etbonsang,ilétaitgrandetplusdurquejamais.Touslesproblèmes,toutes les inquiétudes furent oubliés dans son désir de toucher et de sentir une fois de plus NathanPeterson.

—Ne…

Unbaiser.—…me…

Unautre.—…cherche…

Encoreunautre.—…pas!

Les baisers devinrent plus féroces lorsqu’il finit de lancer son ordre, et Andrew put sentir lesdoigtsdeNathans’enfoncerplusfortdanssondos.

—Jeteveux,gémitNathancontreseslèvres.

Etensuiteseulescelles-cisetouchèrentalorsqu’ilsarrachaientleursboutonsdansleurhâtedesedéshabiller:aucunedélicatesse,nidesubtilité,seulementundésirurgentd’êtrepeaucontrepeau.

Nathanneperditpasdetempsunefoisqu’ilsfurenttousdeuxnus.Illesoulevadanssesbrasetlejetasurlelit.AndrewravalasoncouinementalorsqueNathansehissaitau-dessusdeluietl’embrassaitencoreunefoisavecviolence.

—Putain!gémitAndrewdanssaboucheetruasouslui, legestefaisantglisser leurssexesl’uncontrel’autre.

—Seigneur !Arrêteçaou jevais jouir,ditNathanquiétaitquasimenten trainde luimordre lalèvre.

Andreweutunsourire trèssatisfait, se tortillantunpeu,etNathangrogna, sondésespoirvibrantcontrelabouched’Andrew.

Son sourire disparut lorsque Nathan fit claquer d’un coup sec ses hanches contre Andrew,suffisamment fortpourqu’il émettebrusquementunsifflementetdoivepasserunemainentreeuxpourattrapersavergeàlabase.

—Unproblème,Drew?demandaNathancommesamaincaressaitlapeaulisseducôtéetdelahanched’Andrew.

Cederniernepritpaslapeinedeluirépondre,étantincapabledeseconcentrerpourfairerentrerlesmotsarrêteetputaindanslamêmephrase.Aulieudequoi,ilappuyasurlesépaulesdeNathan,enespérantqu’ilcomprenne.IlyeutunecourtepausecommeNathanserendaitcomptedecequ’ildésirait,puisilsedéplaçadocilementverslebasdulitafindepouvoirseconcentrersurlaquestion.

Ungrandcoupdelanguelelongdesestesticulesjusqu’auboutdesonsexefitdécollerAndrewdulit.SeuleslesgrandesmainsdeNathan,quilemaintenaientparleshanches,l’arrêtèrentpuisils’agrippaauxdraps,auxoreillers,àtoutcequ’ilputattrapertandisqueNathanleprenaitenbouche.

—Putaindemerde!glapit-il,semoquantbienquelamoitiédel’immeublepuissel’entendre.

Nathanneluiavaitpeut-êtrejamaisfaitçaauparavant,maisilavaitmanifestementététrèsattentif.Chacundesgestesqu’Andrewluiavaitfaitsluiétaitrenduaucentuple,etmerde,queluifaisait-ilavecsalangue?

IlgémitdedéceptionlorsqueNathanseretira,ettoutàcoupAndrewfutretournésurleventre,unoreillersousseshanches.

—Qu’est-ceque…?

Iltentadejeterunregardpar-dessussonépaule.

—Nate,tuessûrdetoi?

Nathanleregarda,leslèvresgonfléesetluisantes.

—Tuveuxquej’arrête?

—Putain,non.

—Alors,fermelàetlaisse-moim’yremettre.

Andrewsetut,lalanguechaudequilapaitsacolonnevertébralefaisanttairetouteinquiétude.Ellesuivit la courbe de sondos jusqu’à ses fesses. Il y eut une hésitation, puis des baisers brûlants furentdéposés sur une fesse, puis sur l’autre, descendant jusqu’à ce que cette langue diabolique lèche sestesticules.Andrewserenditcomptequ’ilnepouvaitpasrespirer,niparleroupenseràautrechosequemaintenant, pitié,maintenant. L’air restait coincé dans sa poitrine tandis qu’une chaleur accueillantesuçaitsestesticules.Sonmondeétaitréduitàcelitetàcethomme.

IlseretrouvaàgémirdanssonoreillertandisqueNathanléchaitlapeaufinederrièresestesticuleset montait jusqu’à ce que sa langue lèche son anneau de muscles, l’ouvrant de sa langue, encore etencore;l’excitationbrûlante,moiteetbrutedel’acte,lefitreculerverslevisagedeNathan.Cederniern’eut pas l’air d’y prêter attention, se contentant de lécher et de le pénétrer de sa langue jusqu’à cequ’Andrewlesuppliedelelaisserjouirmaintenant,parpitié.

—Cequetupeuxêtreobscène,Drew.

—C’esttoiquil’es,Nate.Maintenant,remetstaboucheàsaplace,s’étranglaAndrew.

Nathaneutunpetitrire.

—Tuvasmesupplier?

—S’ilteplaît,lesuppliaAndrew.

Ilétaitdanslebesoin,etàcetinstantprécisilrenonceraitàsaviesicelasignifiaitquecettelangueretourneraitlàoùilenavaitbesoin.

—J’adoreentendretavoix.Rauqued’avoirtrophurlé,fitNathanavantdes’exécuter,léchantsonanneaudemusclesetlepénétrantdesalangueaussiloinquepossiblejusqu’àcequ’Andrewémettedesgémissementsenthousiastes.

Andrewavaitbesoindeplus.

—Baise-moi,luiordonna-t-il.

—Oui.

Andrewtenditlamainetattrapalelubrifiantainsiquelespréservatifssurlatabledechevet,puisundoigt,etunautrelepréparèrent,l’ouvrantpourcesexeénorme.

—Putain,tuasdegrosdoigts,marmonna-t-il.

Nathan glissa une main contre le léger gonflement du ventre d’Andrew et l’étala de manièrepossessivependantquecederniers’empalaitsursesdoigts.

—C’esttroppourtoi?demanda-t-il,seslèvresarticulantsilencieusementdanslecoud’Andrew.

—Jamais,s’étranglaAndrewensentantleboutdesesdoigtseffleurersaprostate.

IlémitdesprotestationsàlasensationdevidelorsqueNathanretirasesdoigts.

Nathanlesoulevalégèrement,puisl’abaissasursonsexe.

—Seigneur!

—Putain!

Ils jurèrent tous deux comme la sensation les atteignait, et les jeux furent faits alors qu’Andrewsaisissait la tête du lit afin de s’accorder une chance, pendant que Nathan saisissait ses hanchessuffisammentfortpourlaisserdesbleusavantdedonneruncoupdereinsetsemettreàlepilonner, ladélicatesseetlerythmemisdecôtécommeilmartelaitlecorpsd’Andrew.

Cedernierhaletaquandilsentitsestesticulesseresserrer,puisillâchaprised’unemainafindesefaire jouir, des traînées blanches jaillissant sur la tête du lit et sur les oreillers. Il sentit plus qu’iln’entenditNathangémiralorsquesonpropreorgasmelefrappait,etilseretrouvaassissurlesgenouxdujeunehommetandisquesonamanttremblaitethaletaitàsonoreille,finissantpars’effondrercontresondos.

Plusieursminutess’écoulèrentavantquel’unoul’autren’aitlaforcedebouger,AndrewappréciantlafamiliaritéducorpsglissantdeNathanenrouléautourdusien.Finalement,Nathandutbougeràcaused’unecrampequimenaçaitlesmusclesdesacuisse.Ilsseséparèrent,Andrewtrébuchantsurdesjambesflageolantesafindetrouveruneserviettepoursenettoyer.IllajetaàNathanetremontasurlelit.Nathansenettoyaettenditlamainverslui,l’attirantdanslelitpourleserrerdanssesbras.

— Il faudrait vraiment que j’aille dire bonjour à Gabe, commenta Andrew, ne faisant aucunmouvementpourquitterlasécuritédesbrasdesonamant.

—Bientôt,acceptaNathan.

Andrewfermalesyeux,justeuneminute.Gabepouvaitattendre.

ILSEréveilla,etl’espaced’uninstantilfutincapablededirepourquoiilyavaituncorpschaudetplein

desueurenrouléautourdeluidanssonlit.Puislessouvenirsluirevinrentenmémoireetungrandsourireapparut sur sonvisage.Nathanétait là, àLosAngeles ; il lui avait faitune fellation, ils avaienteuunrapportanal-oral,etAndrewavaitobtenulabaisedesavie.Pasétonnantqu’ilaitmalauxfesses.

Ilnevoulaitpasbouger,maisl’appeldelanaturesefitsentiretlamaindeNathanétaitétaléesurson ventre, appuyant sur sa vessie, rendant son envie plus pressante. Finalement, il se dégagea endouceur,souriantalorsqueNathanreniflait laplacechaudequ’ilavait laissée.Ilenfilaunpantalondejoggingainsiqu’untee-shirtetpartienquêtedelasalledebainetd’unebière.

AndrewentendaitGabeetGaryjoueràGuitarHerodanslapièceprincipale.Ilsenettoyadumieuxqu’il put et alla dans le salon. Ils avaientmanifestement fini de jouer puisqueGabe leva les yeux, ungrandsourireapparaissantsursonvisage.

—T’asfinidedirebonjouràNate?

Andrewrougitunpeu,maissecontentad’unOui,etpartitchercherunebière.Ils’affalaàcôtédesoncolocatairequelquesminutesplustard,unebouteilleàlamain.

—Tunem’avaispasditqu’onauraitdesinvitésceweek-end,reprocha-t-ildoucementàGary.

Cedernierlevalesmainsensignedecapitulation.

—Onm’afaitjurerdeneriendire.Nathanvoulaittefaireunesurprise.

—Oui,çaj’avaiscompris.

Andrew regardaGary, l’air dedirequ’ilméritaitmieuxque ça.Garyhocha la tête, l’air unpeudésolé.

—Oùestmongarçon?demandaGabetoutensegrattantlajambe.

—Ilestentraindedormir.

Levisaged’Andrewdevintpeuàpeuécarlate,maisilgardasonsang-froid.

Gabeeutungloussement.

—Tum’étonnesqu’ilsoitentraindedormir.ÇaaétéunedurejournéepourNate,apprendrepourlebébé,ettoutlereste.

Andrewsedemandas’ilétaitpossibledesebriserenmillemorceauxsansquepersonnenes’enrende compte.NiGabe niGary ne semblèrent remarquer qu’il était couché à terre, brisé. Il entendaitGabeblablateràproposdeNathan,d’Alexetdubébé.

Lebébé.

NathanetAlexattendaientunautreenfantetilnel’avaitpascompris.Ilavaitpensé–sapoitrineluifitmal–bêtement,à l’évidencequeNathanavaitenfin fait lechoixd’êtreavec lui.Maisquel idiot…personne ne voulait jamais de lui. Ça faisait mal... Quelqu’un émit un gémissement, ayant du mal àrespirer.Ilfallaitquecettepersonnesetaise,afinqu’ilpuissemourirenpaix...

—Andy?

Ladouleur.

—Andy?

PourquoiGaryrépétait-ilsonnomàplusieursreprises.

—Andy,monpote,regarde-moi.

—Qu’est-cequ’illuiarrive?Pourquoinerépond-ilpas?

AndrewentendaitlavoixdeGabe.Ilavaitl’airaffolé.Andrewvoulutluidemanderpourquoi,maisenréalitéladouleurdanssapoitrinedominaitpasmalsespensées.

—Ilfaitdel’hyperventilation.Ilyadessacsenpapierdansl’undestiroirsdelacuisine.Vam’enchercherun.

—Andy,concentre-toisurmavoix.

Garyparaissaittrèscalme.Andrewaimaitlecalme.Peut-êtrequ’ilpourraitbalayerlesmorceauxdesoncœuretlesjeter,ainsiilpourraitsereposer.

—Andy,respiredanslesac.

Ilessayait,bonsang,maisladouleurétaittropforte.

…inspire…

…expire…

…inspire…

…çafaitmoinsmal…

—Bon,c’estbonlà.Tutedébrouillesbien.

LamaindeGaryluifrottaitlebasdudos,faisantdesgestesréconfortants.

—Tuesavecmoimaintenant?

Andrewfitouidelatêteets’appuyacontreGary.Onluimitunverred’eaudanslamain,etillebutàpetitesgorgées,lentement.Il levalesyeuxetvit levisageinquietdeGabeàquelquescentimètresdusien.

—Désolépourlafrayeur,s’excusa-t-ilfaiblement.

Gabeluitapotalebras.

—Mincealors,çafaisaitpeur.J’aicruquetufaisaisunecrisecardiaque.Tuvasmieuxmaintenant,mec?

—Oui,c’estplusspectaculairequ’autrechose.Jevaisbienmaintenant.

—Maispourquoitu...ohputain,t’étaispasaucourant,pasvrai?Ilnetel’apasdit.Cepetitconnet’apasditpourlebébé!s’exclamaGary,troublé,enélevantlavoix.

Andrewhaletatandisquesapoitrinel’élançaitànouveau.Garyleserraplusfortdanssesbras.

—Fermelà,Gabe.Ilabesoinderestertranquillemaintenant.

—Désolé,bredouillaGabe.Mais...

—Jen’étaispasaucourantpourlebébé,confirmaAndrew.

Siseulementilpouvaitallers’étendresursonlit.

—Qu’est-cequisepasse?

LavoixtranchantedeNathaninterrompitsespenséesalorsqu’ilvoyaitAndrewdans lesbrasde

Gary.—Drew,ques’est-ilpassé?

Andrewl’ignoraetseretournapourregarderGaryenface.

—Ilfautquejepasseuncoupdefil.Tuveuxbienm’appeleruntaxi?

—Biensûr,acceptaGary.

IlaidaAndrewàserelever,lesoutenantlorsqu’iltituba.

—Drew,oùest-cequetuvas?Qu’est-cequisepasse?demandaNathand’untonmalassuré.

Ilauraitpusetrouveràl’autreboutdumondevulepeud’attentionquetoutlemondeluiportait.

—Faisensortequ’ilnesoitpluslàquandjereviendrai,ditAndrewàGary.JevaisdormirchezRichcettenuit.

—Rich?C’estquiça,Rich?Andrew,pourquoitut’envas?Nathans’avançacommepourempêcherAndrewdequitterlapièce.

—Dégage,luiconseillaGary,avecunepointededégoûtdanslavoix.

—Jeluiaiditpourlebébé,ditrapidementGabe,avantqueNathanpuissedirequoiquecesoit.

Andrew vit le visage de Nathan se déformer. Tout espoir que ce ne soit qu’une grosse erreurdisparut,etavecl’aidedeGary,AndrewpassadevantNathanetalladanssachambrepourprendresontéléphone.

Lapiècepuaitlesexe.Leleur.Andreweutenviedevomir.Sansriendire,GarypoussaAndrewsurle litetouvrit la fenêtre.Son téléphonese trouvaitsur la tabledechevet, làoù il l’avait jetéplus tôt.GarycomposalenuméroetletenditàAndrewlorsqu’ilcommençaàsonner.

—Salut,Andy?

Andrews’agrippaautéléphonecommeilécoutaitlavoixsurprisedeRich.Ilessayadeparler,maisilavaitunebouledanslagorge.

—Est-cequetoutvabien?

Garyluiarrachaletéléphonedelamainetpritlaparole.

—Rich?Oui,bien,merci.Écoute,Andyabesoind’unendroitoùdormircesoir.Ça tevasi jel’envoiecheztoi?Ilpeutappeleruntaxi.

Ilyeutunepause.

—Jelelaisserait’expliquer.Dansunequinzainedeminutes.Oui,àplus.

Ilreposaletéléphonelàoùill’avaittrouvéetsemitàfouillerdanslestiroirsd’Andrew.

—Ilpasseteprendre.

—Quoi?Non,jeveuxdire,jepeuxappeleruntaxi,protestaAndrew.

Garyhaussalesépaules.

—Richa insisté, etpourune fois jepensequ’il a raison.Cesvêtements teconviennent?dit-il,montrantàAndrewcequ’ilavaitmisdansunpetitsac.

Andrewhochalatête,sansénergie.IlétaittropfatiguépoursedisputeravecGary.

OnfrappadiscrètementàlaporteetNathanentra,suivideprèsparGabe.S’ilenavaiteulaforce,AndrewauraitridelafaçondontGarys’étaitplacéentreNathanetlui-même.

—Qu’est-cequetuveux?

Nathans’arrêtajusteavantderentrerdanslapièce.

—JeveuxjusteparleràAndrew,répondit-ilàGary.

Cedernierpouffaderire.

— Tu aurais dû essayer de le faire il y a quelques heures, fiston. C’est un peu tard pour çamaintenant.

—Jenevoulaispas...jevoulaisjuste...tentaNathan.

—Unebaised’adieu?ditAndrewenserelevant,l’airlas.Çanefaitrien,Gary.J’aipigé,Nate,franchement.Tuesvenumeledireenpersonne,jesupposequejedoist’enêtrereconnaissant.

NathanpoussaGarypourseplanterdevantAndrew.Iltenditlebraspourl’attraper,maisils’arrêtalorsqu’illevitreculer.

—Jenesuispasvenupourça.Jevoulais...Jevoulaisexpliquerpourquoi…

—Chapeaul’explication,grognaGary.

—Tagueule,Gary,dirent-ilstousdeux.

—Jevoulaisseulementterevoir,ditNathan,désespéré.Elle...Jenepeuxpasl’abandonneravecdeuxbébés.Maisquandjet’airevu...

—Çam’estégal.

Andrewenavaitassezd’êtreraisonnableetilnevoulaitplusentendred’excuses.Ilattrapasonsac,son téléphoneetpoussaNathanpour ladeuxième fois, ignorant lamainquecedernier tendait pour leretenir.

Onsonnaàlaporte.Andrewallarépondre.Commeprévu,Richétaitdel’autrecôté,unairinquietsurlevisage.IlpritbrièvementAndrewdanssesbrasetdéposaunbaisersurledessusdesatête.

—Mercid’êtrevenuaussivite,bredouillaAndrew,enfonçantsonvisagedansl’épauledeRich.

Ilsentitqu’illuicaressaitlatête.

—Pasdesouci.Tuesprêtàpartir?

Andrewacquiesçaetcommençaàpartirsansprendrelapeinededireaurevoir.

—S’ilteplaîtAndrew,net’envaspas.Ilfautqu’onparle.

Lestraitsd’AndrewserecomposèrentetilsetournaversNathan.

—J’aipigé,vraiment.Tunepeuxpasquittertafemmeettuesunhommehonnête.Maisjenevaisplust’attendreoufairesemblant.Retourneavectafemmeettesgosses,jenet’ennuieraiplusjamais.Jereviendrai demain.Assure-toi d’être parti à cemoment-là.Au revoir,Gabe, dit-il avant de se tournerversRich.Sortonsd’ici.

Richglissaunbrasautourdesesépaulesetl’amenahorsdel’appartement.Çaenvalaitpresquela

peined’entendreleQuic’estceRich?,deNathan,furieux,etGaryluirépondrePutain,çateregardepas,tandisquelaporteserefermaitderrièreeux.

XI

ILÉTAITsurlepointdevomir, ilallaits’évanouir, ilallaitsecomportercommeunegonzessedèsqu’ilauraitposélepieddansl’alléedelamaisonqu’ilconsidéraitauparavantcommelasienne.Lesjointuresdesesdoigtsdevinrentblanchesalorsquelavoitures’engageaitdanslarueetilvitsonanciennemaison.UneImpalableuequ’ilneconnaissaitpasétaitgaréedansl’allée.

—Çavaaller?

Seigneur, s’il entendait encore une fois cette question...C’était trop tardmaintenant.AndrewvitColin foncerdepuis lecoinde lamaisonpouraccueillir lavoiturecommeelle se rabattaitderrière laChevy.Cen’estpascommes’ilpouvaitdemanderqu’onl’emmènechezlui,n’est-cepas?

Unemainchaudeseposasursespoingsserrésetlespressaavecdouceur.

—Viens,rentronsàl’intérieur.Tutesentirasmieuxunefoisquetuaurasbuunverre.

Docilement,Andrewsortitdelavoiture,pourêtreenveloppédanslesbrasdesonfils.Sonfilsqui,brusquement, avait apparemment pris encore dix centimètres, et qui lui arrivait déjà au-dessus de sesépaules. Il passa machinalement les bras autour de Colin, le tenant près de lui, et pendant quelquesminutes il enfouit sa têtedans lescheveuxgrasde son fils,heureuxde le serrerdans sesbraspour lapremièrefoisdepuisdesmois.Ilsgardèrentlesilence,Andrewsentaitlesépaulesdesonfilstremblerunpeucontresontorse.Ilsecontentadeleserrerunpeuplusfortetfermalesyeux.

—Colin,vas-tulaissertonpèrevenirjusqu’àlaporte?Le ton désapprobateur et familier de samère leur parvint dans leur étreinte etAndrew soupira,

sachantqu’ilallaitànouveaudevoiraffronterlemonde.Colinreniflaetlevalatête,unéclatmalicieuxdanslesyeux,etilsouritàsonpère.—Elleestencolèreaprèsmoiparcequejesuisarrivéicienpremier.Elleaditàtoutlemonde

qu’elleseraitlapremièreàt’accueillir.Elleveutjustemontrerqu’elleestsuper.Àl’airperplexed’Andrew,ilrajouta.—Oui, c’est cequ’onpensait, alorsMaman s’est assuréede la tenir occupée jusqu’à ceque tu

arrives.Andrewlui réponditparungrandsourire,s’associantaucomplotduplus jeunedesMatthews. Il

passaunbrasautourdesépaulesdeColinetsetournapoursaluersamère,sachantqu’ilnepourraitpasretarderpluslongtempscemoment.

—Maman,tuasl’airplusbellequejamais.Ill’embrassasurlajoue.Ellesentaitlelysetlarose.ElleluifitunsourirechaleureuxetAndrewvitqueRuthessayaitvraimentd’êtreagréablefaceàce

quidevaitallerà l’encontrede toutceenquoiellecroyait.Seules ses lèvresplissées trahissaient sesvéritablessentiments.

Andrewse tournavers l’hommequiattendaitavecpatiencede l’autrecôtéde lavoiturependantqu’ils se disaient bonjour. Il l’appela et l’autre homme se déplaça pour venir vers lui. Prenant soncourageàdeuxmains,Andrewluipritlamainetpritlaparole.

—Maman,jeveuxteprésentermonpetit-ami,Rich.Richtenditlamainàlafemme.Andrewretintsonsoufflecommeellehésitait.—Jesuisheureused’enfinfairevotreconnaissance,Rich,dit-elleenluiprenantlamain.—Moiaussi,jesuisheureuxdefairevotreconnaissance,MmeMatthews.LavoixdeRichétaitlégèreetagréable,nemontrantaucunsignedenervositéalorsqu’ilaffrontait

lamèreouvertementhomophobedesonpetit-amipourlapremièrefois.Elleluifitunsourirecrispé.—S’ilvousplaît,appelez-moiRuth.Toutlemondem’appellecommeça.Andrewlajaugeaduregard,l’aircirconspect,plusinquietdevoirsamèreêtreagréablequedeson

comportement habituellement hostile envers son homosexualité. Pourtant, son apparence amicale n’eutpas l’airdedisparaîtrealorsqu’elleouvrait lamarchevers lamaisonpoursaluerStéphanieetJoe,etcelalaissaAndrewcomplètementdésarçonné.

AndrewpassasonbrasautourdesépaulesdeRichetsuivitColinetRuthdanslamaison,incapabledes’empêcherdejeterunbrefregardaunumérovingt-quatre,pourvoirs’ilyavaitunseulsignedevie.Richvitoùsonregardseportaitetilrougitd’unaircoupable,maissonpetit-amisecontentadehocherlatêteetde lui faireunsourire rassurant. Ilsseprirentpar lamain tandisqueColin lespoussaitdans lacuisine,etpourlapremièrefoisdepuisdeuxans,Andrewsetintdanssonanciennecuisine,entourédesafamille.

NATHANREGARDAITAndrewrentrerchezluideloin–detrèsloin,puisqueStéphanieavaitététrèsclairelà-dessus, endépit de leur amitié, il n’était pas le bienvenuchez lesKing et lesMatthewspendant lavisited’Andrew.

Seulementcen’étaitpaslecas,n’est-cepas?Cen’étaitpasseulementlavisited’Andrew.C’étaitAndrewetRich.RichetAndrew.DrewetRich.Peuimportelamanièredontilleprononçait,çacraignaitfranchement.

Alors il regardait maintenant Andrew sortir de la Mercedes neuve et étirer son dos depuis sachambre.Leconducteurenfitdemême,etNathaneutenviedevomirenvoyantl’inquiétudesurlevisagedupetitamid’Andrew.Mêmede loin,NathanpouvaitvoirqueRichétaitunhommeséduisant,etcelal’agaçait.Lalumièredusoleilfaisaitressortirlesrefletsrougesdanssescheveuxsombres.

Aux dires de tous, Rich était un homme bon et adorait Andrew. Il était plus âgé que lui, laquarantaine, et c’était un brillant comptable. Cela faisait presque deux ans que lui et Andrew étaientensemble,etNathansupposaitquec’étaitliéàsavisitedésastreuseàLosAngeles.CelafaisaitpresquedeuxansetdemidepuisladernièrefoisqueNathanavaitpus’approcherd’Andrew.Aujourd’hui,c’étaitletrentièmeanniversaired’Andrewetcedernierétaitvenulefêterchezluiavecsonfils.

Colincontournalecoinde lamaisonetfonçadans lesbrasdesonpère.Atteindre l’adolescencen’avaitpasatténuésonexubérance,ousonbesoind’êtrecrasseuxdelatêteauxpieds.NathanregardaensouriantAndrewfaire labiseà son filset le serrer fortdans sesbras, son filsquiétaitpresqueaussi

grand que lui. Nathan ne pouvait qu’imaginer à quel point la séparation d’avec Colin avait touchéAndrew.IlvitColinbavarder,puisilrepéraMmeMatthewsquisetenaitdevantlaported’entrée.IlnotaqueRichs’avançaitpourdirebonjourluiaussi.Sonsouriredisparutdesonvisagelorsqu’ilvitàquelpointColin était heureux de voirRich. Il observaAndrewpasser son bras autour des épaules de sonpetit-ami, et si cela ne suffisait pas à retourner le couteau dans la plaie, ce ne fut plus le caslorsqu’Andrewjetaunbrefcoupd’œildansladirectiondechezNathan.LagorgedeNathanseserra;ilretintsonsoufflealorsqu’ilreculait,nedésirantpasêtrevu,toutenvoulantsefaireprendresurlefait,remplid’envieetdedouleurtandisqu’ilsentraienttouslestroisdanslamaison.Cependant,lepetit-amilevit.

Nathanrestaàlafenêtrejusqu’àcequ’ilsdisparaissentdesavue.IlnesavaitpasaveccertitudesiAndrewavaitdenouveaujetéunregardàlamaisondesPeterson,mêmebrièvement,avantderentreràl’intérieur.Sa fille renifladanssesbras.Nathan lui tapota ledos, la réconfortantgentiment jusqu’àcequ’elles’endorme.Andrewavaitl’airheureux.Nathanétaitcontentpourlui.Quisait,quelquechosedebonétaitsortidecettepagaille.

IlseretournaetvitAlexleregarderdepuisl’embrasuredelaporte.

—Andrewestrentré,dit-il.

—Peut-êtrequetuvasarrêterderegarderparlafenêtremaintenant,répondit-ellesèchementavantdedescendrel’escalier.

Semordant la lèvre, il la suivit, Jesspelotonnéedans lecreuxdesonbras.Daniel jouaitenbasavecsespetitstrains.Alexdonnauncoupdepieddansl’und’entreeuxetl’envoyaloind’elle,ignorantlegémissementdemécontentementdesonfils.

Nathansedépêchadedescendrel’escalieretrécupéralapetitelocomotivededessouslatabledel’entrée.

—Voilà,mongrand.Paslapeinedepleurer,murmura-t-iltoutenlatendantàDaniel.

Sonfilssecalmaaussitôtetseremitàjouer.Nathanluiébouriffaaffectueusementlescheveuxetlelaissaàsonjeucommeilsuivaitsafemmedanslacuisine.

Alexnettoyaitleplandetravail.Ellelefrottaitsifortqu’ilétaitcertainquec’étaitsonvisageàluiqu’ellevoulaitfairedisparaître.

—C’étaitquoiça?luidemanda-t-ilpeudetempsaprès.Tun’étaispasobligéedet’enprendreàDaniel.

Ellerefusadeluirépondre.

PRESQUECINQ heures s’écoulèrent avant qu’Andrew parvienne à discuter tranquillement avec son ex-femme.StéphanieavaitmisColinau lit avec lapromessequ’ilpourrait se coucher tard le lendemain.RuthetNickétaientpartis faire la connaissancedunouveaubébédeNathanet d’Alex, et Joe etRichétaiententraindecomparerdesparcoursdegolfetdeshandicapsdanslerepaire,làoùAndrewvivaitauparavant.

AndrewsirotaituneJackDanielsetregardaitStéphaniepréparerlanourriturepourlebarbecuedulendemain. Il n’en revenait pas à quel point cette scène lui était familière. Ils avaient passé de

nombreuses soirées comme celles-ci, Andrewmettant Colin au lit pendant que Stéphanie préparait lacuisinepourlejoursuivant.

—Commeaubonvieuxtemps,commenta-t-elletoutenéminçantdesoignons,enrajoutantchaqueminuteautasquigrandissaitdevantelle.

Ilhochalatête.

—Oui. C’est agréable. Je ne m’en lasse pas, vraiment. On ne mange pas autant que ça à LosAngeles.

—Est-cequetucuisinesseulement?

Ellesefrottalesyeuxcommelesémanationsdel’oignonsefaisaienttropfortes.

Secouantlatête,Andrewbutunegorgéedesonverre.

—Pasbeaucoup.Richsefaitsouventinviteraurestaurant,j’aijustel’habituded’yalleraveclui,oudegrignotersijen’yvaispas.

Stéphanieéminçaunautreoignonetlepoussaversletas.

—Tucroisqu’onenaassez?demanda-t-elle.

—Pourlasoirée,oupourlatotalitédelapopulationdeCastleton?

—Hé!Jeneveuxpasqu’Allisoncritiquelaquantitédenourriturequejedonneàmesinvités.

Ellesemorditlalèvreinférieuretouteninspectantlanourriturequ’elleavaitpréparée.

—Ellenevientpasaussi,n’est-cepas?demanda-t-ild’unairfaussementterrifié.

Souriantencoin,Stéphanieluijetaunmorceaud’oignon.

—Tupensais vraiment que je pourrais la tenir éloignée lorsqu’elle a appris que tu revenais enville?J’aifaitcequej’aipupourl’empêcherdevenircesoir.Demain,c’estlaruetoutentièrequivient.

—SaufNathan.

—SaufNathan,admit-elle.

Andrewtraçaduboutdesdoigtslemotifduverre.

—Cen’estpasvraimentjustedeleteniréloigné.

Stéphanielevalesyeux.

— Jememoque que ce ne soit pas juste. Jeme fais du souci pour toi. Je fais en sorte que tuappréciestafêted’anniversaireavecnosamisettonhomme.Nathanpeutallersefairefoutre.

Observantl’airdéterminésursonvisage,ilnedoutaitpasqu’elleavaitditlamêmechoseàNathan.

—Merci,Steph,dit-ildoucement,touchéparsoninstinctprotecteur.

Ilsavaientfaitbeaucoupd’effortspourleprotégersuiteàsadépressionnerveuse.Toussesamisetsafamilleavaientfaitquelquechose,ycomprissamère,àsafaçon,quiavaitconsistéànepasposertropdequestions.Ilsn’avaientpasmentionnélenomdeNathanuneseulefoisendeuxans.Mêmelorsqu’iltentaitd’aborderlesujet,ilsdétournaientlaconversation.GaryavaitprécisépourquetoutsoitclairqueGaben’étaitpaslebienvenutantqu’ilétaitencoreamiavecNathan,cequigâchacetterelation.Andrewsesentaitencorecoupablepourça,malgrél’assurancedeGaryquecelan’avaitétéqu’unplanculpour

s’amuser.Et ce soir, alors qu’Alex était venue avecune invitationpourvoir le bébé, unpeu incertainede

l’accueilqu’onluiréserverait,ilss’étaientattroupésautourd’Andrew,nelaissantpasrentrerAlexdanslamaisonsansêtrecertainsqueNathannelasuivaitpas.

Ilavaitpresqueétéobligédeseforceruncheminaumilieude lafoulepour laprendredanssesbrasetluipromettrequ’ellepouvaitemmenerlebébépendantsonséjouràCastleton.Elleavaitl’air…étrangeensaprésence,raideetcrispée,mêmesisesparolesétaientassezamicalesetsemblaitd’accordpourquesamèrefasseunedescentechezelle. Ilauraitdonnécherpourvoir la réactiondeNathanenvoyantRuthsurlepasdesaporte.

—CommentDaniels’ensort-ilavecunenouvellepetitesœur?

Stéphaniesourit.

—Jenepensepasqu’àquatremoiselleaituntelimpactsurlui.

Andrewfronçalessourcils.Quatremois?Celaluiparutétrange.SiAlexétaitenceinteilyadeuxans,elledevraitêtreplusâgéequeça.

—Commentvas-tu?Vraiment,jeveuxdire.

Stéphanieinterrompitletraindesespensées.

Andrewlevaleregard.

—Jevaisbien.Jevaismieux.J’aidesbonsetdemauvaisjours,tusais?dit-ilenvoyantsonairsceptique.

Ilgrattaavecagitationl’étiquettedelabouteilledebourbon.C’étaitunehabitudequirendaitfollesonex-femmedurantleursimulacredemariage.Ilsouritcommeelleprenaitlabouteilledesesmains,ladéposantsurlecomptoirderrièrelui.

—Laplupartdutemps,j’arriveàm’ensortir.

—Richaditquetuvoyaisunthérapeutemaintenant.Est-cequeçat’aide?

Il haussa les épaules en pensant à la dernière séance qu’il avait endurée avec l’homme quiressemblaitàunrebutdesannéessoixante-dixetquiappréciaitbeaucoupdeposerlaquestioncommentallons-nousaujourd’hui ? Cela rendait fouAndrew. Il voulait souligner que si c’était une séance dethérapie mutuelle, Andrew devrait également lui faire payer une somme exorbitante. Cependant, celafaisaitplaisiràRich,etilsupposaitquecelaaidait–unpeu.

ILÉTAITcinqheuresetdemiedumatin,etNathanenavaitfinideregarderfixementleplafond.Ilseglissahorsdulit,prenantsoindenepasréveillerAlex.Ilfaisaittoujoursnuit,maisiln’arrivaitplusàdormir.Il décida d’aller promener les chiens au parc avant que les enfants se réveillent et requièrent sonattention.Ilnerestaitplusquecesdeux-làmaintenant–Mollieétaitmorteunanauparavant.

Celaneluipritquequelquesminutespourenfilerseschaussuresdecourseetquitterlamaison,lesdeux chiens le suivant de près. Ils avaient reçu très peu d’attention ces temps-ci et ils apprécieraientl’occasiond’unepromenadesanslesenfants.Nathanavaitenviedesedébarrasserdesafrustrationetdesadétresseencourantpendantdeskilomètres.

Ilcourutàtraverslevoisinage,avalantkilomètreaprèskilomètre,sonesprittoujoursuntumultedecolère,celle-cigrandissantquandilpensaitàAndrewetàl’effetdévastateurqu’ilavaiteusurlaviedeNathan.

Déménager àCastleton avait semblé être une telle aventure.Une jeune épouse, unnouveaubébéainsiqu’unecarrièreflambantneuvepourlesquelsilavaittravaillétellementdur.Unnouveauvoisinageavecdenouveauxamis.Etmaintenant?Ilétaitrongéparlajalousie,étaitinfidèleàsafemme.IldésiraittellementAndrew,aupointdehurler,etn’étaitpasautoriséàl’approcheràmoinsde3mètres.Enmêmetemps,pourquoineluicollaient-ilspasunemesured’éloignement?

Etpourquoic’étaitluileméchant?Andrewluiavaitsautédessusavantqu’ilaiteul’occasiondefaireplusquedeluiparlerdesescheveux,etensuiteilss’étaientengueulés.Merde!Unpas.Merde!Unpas.Merde!Chaquepasamenaitunautrejuron.

Nathancoupaàtraversleparc,neprêtantaucuneattentionàquiquecesoitouàquoiquecesoit,etleschiensenprofitaientpoursuivrelapistedeleursodeurs.Nathanavaitl’habitudedefaireunparcours,alorsilssavaientqu’ilreviendraitverseux.

Ilgravitlacollineencourant,semordantleslèvrespourtenterderepousserlesimagesd’Andrewcontrel’arbrequipassaientdanssatêteauralenti.Ilparvintausommetdelacollineetdécouvritqueleschiensétaientdéjàlà,errantgaiementautourd’Andrewquileurgrattaitlesoreilles.Andrew...quiflattaitseschiens...Andrew.

—Qu’est-cequetuveux?

Nathann’étaitpasd’humeuràêtregentil, ilétaitencolère,bonsang.IlnesesentitpasmieuxenvoyantAndrewreleverunsourcil.

—Toi.

Ahmerde,rienn’auraitpuénerverplusvivementNathan.

—C’estque…Jeveuxteparler.

Parler?Tuauraisdûfaireçailyadesannées,monpote.—Jen’auraispasdûtelaissertombercommeça.

Tucrois?Nathanserraitlesdentssifortquesamâchoireluifaisaitmal.—C’était…J’étais…Nathan,est-cequetuvasdirequelquechoseoubientuvasjustemeregarder

ettiquerdecolère?

Andrewserelevaetcommençaàmarcherdanssadirection.

Nathanrecula.

—Oùsontteschiensdegarde?

AndrewsouritetunefoisdeplusNathanfutfrappédevoiràquelpointilétaitéblouissant.

—Ilssontcouchésetdorment,s’ilsontuntantsoitpeudebonsens.Jesavaisquemaintenantseraitlaseuleoccasionquej’auraisdeteparler.

Sonvisageredevintsérieux.

—Jeveuxvraimentteparler,Nate.

—Pourquoimaintenant?

Nathanétaittoujourstropencolèreàcausedelamanièredontilavaitététraitépourpliersousunregardimplorant.

—Parcequejen’allaispasassezbienavant.

Andrewluitenditlamain,maisNathanfitunautrepasenarrière.Ilétaithorsdequestionqu’illetouche.Un contact entraînait un arrêt de la réflexion, et celamenait à d’autres choses queNathan nevoulaitabsolumentpasenvisager.

—Tuasétémalade?

Andrewavaitétémaladeetaucundecesconnardsn’avaitpenséàleluidire?Soncœursesoulevaàcettepensée.

Andrewfronçalessourcils.

—Stéphanienetel’apasdit?demanda-t-il.

—Medirequoi?

Nathanjuracommeilélevaitlavoixdecolère.

—Drew,personnen’amentionnétonnomdepuisdesmois.Jen’aimêmepasledroitdeprononcertonnom.

—Pareilpourmoi.Jesupposequ’ilsontpenséquec’étaitmieuxainsi.J’aifait...

Andrews’interrompit.

—…unedépressionnerveuse.Jesupposequ’onpeutappelerçacommeça.

Nathanlefixadesyeux,bouchebée.

—Àcausedemoi?

Andrewpouffaderirebruyamment.

—Cequetupeuxêtrearrogant.

Nathann’étantpasd’humeurpoursefaireenvoyerbalader,ilpersista.

—C’estàcausedemoi,àcausedecequel’onafait?

—Parcequel’onacouchéensemble,tuveuxdire?demandaAndrewavantdehausserlesépaules.Enpartie,jesuppose.Jeplaisante,dit-ilenvoyantl’airdeNathan.

—Cen’estpasdrôle,mec.

—Àl’époque,cen’étaitpasdrôle,admitdoucementAndrew.

—Alors.Que.S’est-il.Passé?

Les chiens tournaient en rond, perdus à causede l’hostilité soudainedeNathan, etAndrewétaitperdudanssonpropremondededouleur.EtNathan? IlétaitàdeuxdoigtsdesoitdonneruncoupdepoingàAndrew,soitdel’embrasser.Aucunedesdeuxoptionsn’aideraitsoncas.

Andrewlevaleregard,l’airconfus.

—Euh,j’aifaitunedépression,commejetel’aidit.JesuispartidechezGaryetjen’ysuispasretourné.

—Oùes-tuallé?demandaNathanbienqu’ilaitdéjàdevinélaréponse.

—JesuisrestéavecRichjusqu’àcequejepuissereprendreletravail.

Andrews’arrêta,ànouveauperdudanssonmonde.

Nathan s’assit sur un carréd’herbehumide et attendit.Andreweut l’air incertain l’espaced’uneminute, puis il s’assit à son tour. Étrangement, les chiens eurent l’air rassurés par cette attitude ets’éloignèrentafind’inspecterlespoubellespourvoirs’iln’yavaitpasderestes.

Plusieurs minutes passèrent avant qu’Andrew ne reprenne la parole. Nathan avait patiemmentattenduplutôtquedeleforceràparler.

—Jenesaisvraimentpas,paroùcommencer,dit-ilfinalement.

—Dis-moipourquoituasfaitunecrisedepanique.

Celasemblaitêtreunbonpointdedépart.

—Jenesaispasvraiment.Jesupposequec’estàcauseduchoc.Uninstanttumebaisesjusqu’àcequejeperdeconnaissance,etceluid’aprèsonmeditquetuallaisavoirunautreenfantetçan’inquiétaitpersonne.Commesiçanefaisaitrienquetumebaisesalorsqu’Alexétaitenceinte.

—Ilfautdirequetun’aspasattendulespotinsducoin,soulignaNathan,blesséparl’insinuationselonlaquelletoutétaitdesafaute.

—Tunem’aspasvraimentrepoussé,répliquaAndrew.

Leregardperdudanslevague,unepartiedel’espritdeNathanquiétaitencoreenétatdemarchevérifiaoùseschiensavaientdisparu.

—Jenevoulaispasterepousser.J’avaisbesoin...dequelquechose.

Andrewsoupiradoucement.

—Moi aussi j’avais des besoins. J’avais besoin de toi et j’ai pensé que c’était la raison pourlaquelle tuétaisvenu–pour resteravecmoietqueçadurerait toujours. J’étaisvraimentbête. Jen’aijamaiseudechance,dit-ilsansaucuneamertume.Lorsquej’aicomprisqu’ilnes’agissaitqued’uncouppoursedireadieu,ehbien,monesprits’estfermé.Monthérapeutepensequej’étaisentrainderattrapermonadolescence.

Nathanclignadesyeux.Ça,c’étaitnouveau.

—J’aipassé laplupartdesannéesdemonadolescenceàcachermonhomosexualitéàmamère,ensuite à gérer un nouveau bébé et unmariage. Je n’ai jamais réellement été adolescent. Il pense quej’avais justebesoinde faireunecoupure.Et je l’ai fait. Je suis restécouché, j’aipasmalpleuré, j’aicessédemanger,jemesuiscomportécommeuneadolescentejusqu’àceque...

—Jusqu’àceque?

—J’aicomprisqu’ilexistaitunhommeavecquijemesentaisbiendansmapeau.

Andrew leva les yeux versNathan, qui remarqua lamanière dont son regard s’adoucit lorsqu’ilparlaitdesoncompagnon.

Nathanfronçalessourcils.Ilpensaitqu’Andrewn’étaitsortiqu’avecRich.

—Rich?

Andrewhocha la têteet souritànouveau,unsourire tendreà lapenséedesonpetit-ami.Nathanvoulutfairedisparaîtrecesourire.

—Jeleconnaisdepuisdesannées,maisilm’asuffidereconsidérerlafaçondontjepensaisàlui.Ilm’aserrédanssesbras,m’anourri,nem’arienditavantquejesoisprêtàl’écouter,etensuiteilm’aaidéàaffronterànouveaulemondeextérieurcommeunadulte.Jeluidoistellement.

Nathanl’écouta,sahonteentrantenconflitavecsacolère.

—Pourquoinemel’ont-ilspasdit?Gary,Joe,Steph?Jen’enavaispaslamoindreidée.Tuétaismaladeetilsn’ontpaspenséquejevoudraisêtreaucourant?

Ilnevoulaitpasqu’ilvoielacolèresursestraits.NathanlevalesyeuxetvitAndrewquilefixaitdu regard, les yeux écarquillés. Son visage était tellement pâle que chaque tache de rousseur, chaquegraindebeautéressortaientclairement.

—Etsitul’avaissu?Etensuite?Tuseraisvenumetrouverencourantettuseraisrestéavecmoiéternellement?

—Drew,je…

Maisalorsqu’illeregardait,Andrewluifitunsouriretristeetcynique.

—Çan’aplusaucuneimportancemaintenant.Cequiestfaitestfait,Nate.Ilsontpenséquec’étaitmieuxainsi.Jenel’auraispassupportésituavaisessayéd’êtregentilavecmoi.

—Mais…

—C’estfinimaintenant.Jesuisredevenuungrandgarçon.Etj’aitrouvél’amouravecunhommemerveilleuxaupassage.

Lestraitsd’Andrews’adoucirent.

Nathanouvritlabouchepourprendrelaparole,maisAndrewl’interrompit.

—Nate,jeveuxquetuviennesaurepas.Pourmontreràtoutlemondequeletempsapassé.

Sûrementpas!Nathancomptaitbienconserversesbijouxdefamilleenbonétat.

—Jenecroispasquecesoitunesibonneidéequeça,tunecroispas?

Ils’agitasurlesolhumide,tentantd’étirersesjambes.Unarrêtaussibrutalaprèssacourseavaitfaitsecontracterunpeusesmuscles.Nathannes’attendaitpasàcequ’Andrewglissetoutàcoupentresesjambesetposesesmainssurl’unedesescuisses.

—Putain,maistucroisfairequoilà?

—Ferme là et laisse-moi faire, ditAndrew en fronçant les sourcils tandis que ses longs doigtscherchaientlesnœudsdanslesmusclesdesacuisse.

—Ilfautseulementquejemelève,réponditNathanensetortillantpresqueententantdes’éloignerd’Andrew.Andrew,nemetouchepas!

Illerepoussaetserelevaprécipitamment.

—C’étaitquoiçaputain?

Serrantlesdents,illançaunregardfurieuxàl’autrehomme.

—Tuasunecrampe,signalainutilementAndrew.J’essayaisjustedet’aider.

—Tu…nous…noustouchons…deschosesarrivent.

Ilétaitenseignant. Ilétaitcapabledeformulerunephrasecohérente.Oui,maispasavecAndrewaussiprèsdesonsexe.

—Ceschosessesonteffectivementpassées,ditAndreweninsistantsurlepassé.Viens,Nate.

Iltenditunbraspourl’aideràserelever.Nathantiradessusmachinalementd’uncoupsec.

—C’estimportant.Celamontreraàtoutlemondequ’iln’yarienentrenous.

Lesdeuxhommessedévisagèrentensilence.LeparcétaitsicalmequeNathanpouvaitentendrelarespirationrapided’Andrew.

—Tulepensesvraiment?finit-ilpardire.Tuneressensplusriendutoutpourmoi?

— Seulement de l’amitié, lui assura Andrew. Et nous pouvons montrer à tout le monde qu’ilspeuventarrêteretmedonner–nousdonner–unechancedeteconnaîtreànouveau.

—Deuxamis,donc.Quisetiennentlamain.

Andrewbaissaleregardversleursmainsquiétaienttoujoursserrées.Ils’agrippaitfermementàlamaindeNathan.IllâchapriseenhâteetNathansoupira.

—Quiest-cequetuessayesdeconvaincre,Andrew?Eux,outoi-même?Profitebiendetafête.

Ignorantl’airblesséd’Andrew,ilsifflapourattirerl’attentiondeschiens.IlétaittempsderentrerchezluietdenepasseretournerpourvérifiersiAndrewleregardait.Ilpouvaitlefaire.

NOTER DES rédactions, ça craignait en temps normal. Noter des rédactions alors que vos penséesn’avaientdecessed’erreràquelquescentainesdemètresdedistance,çacraignaitterriblement.

Nathan enleva ses lunettes et se frotta les tempes avec lassitude. Il avait fixé du regard trentevariationsdeCequejeferaislorsquejeseraigrandpendantplusdetroisheures.Entoutefranchise,lesréponsesétaientpresque toutes identiques.Lesgarçonsvoulaient tous faireexploserdeschoses–oui,principal Skinner, M. Peterson commençait toujours le CM1 en faisant exploser la salle de classe.Cependant, il tutoyait tous les membres de la brigade des sapeurs-pompiers de Castleton. Les fillesavaientl’aird’êtreunpeupluscréatives,maisaucuned’entreellesnesemblaitavoird’ambitionau-delàdeCastleton.C’étaitdéprimant.

La maison était calme. Les deux enfants étaient avec Alex au numéro douze, et à part lesreniflements des chiens, il n’y avait pas d’autre bruit pour faire dévier le cours de ses pensées. SarencontreavecAndrewl’avaiténervé.Ilauraitsautésurl’occasiondesejoindreàlafêtes’iln’avaitpaseuà faire avec lesdeuxchiensdegarde jumeaux,GaryetStéphanie.Nathann’étaitpas sûrde savoirlequeldesdeuxavaitlesdentslesplusaiguisées,etilnevoulaitsurtoutpasledécouvrir.

Bonsang,ilavaitbesoind’unepause.Ilpritunsodadansleréfrigérateureterradanslejardin.Ilfaisaittrèsfrais,maiscen’étaitpasinsupportable;ils’assitsurlamarche,regardantau-delàdujardin.Au cours de l’année précédente, il avait investi beaucoup d’efforts dans la conception d’unenvironnementadaptéauxenfants,etcelacommençaitàportersesfruits.Cen’étaitpastroptôt.Danielcommençaitàmontrerqu’iltenaitdeColinetBobby,avecleurpropensionpourlaboueetledésordre.Devrait-il dissuader son fils de jouer avec le gosse d’Andrew ? Peut-être devraient-ils partir d’ici.Recommencerànouveaudansunautrevoisinage.

Il entendait le bruit de la fête là-bas. Des cris et des rires. Bientôt les hommes s’agiteraient ets’échapperaientauparcaveclesgosses.Nathansentitsajouesecontracternerveusement.

Tylers’étaitinstallésurlespiedsdeNathan.Cedernierlegrattadistraitementderrièrelesoreilleset lechienfermalesyeux,extatique.Toutàcoup,unbruitàcôtéde lamaisonlesdérangea tousdeux.Tylerserassit,grognantunpeu.CommeNathanallaitselever,Rubyfiladevantlui,aboyantbruyamment.

—Hé,Ruby.OùestTyler?

Entendant son nom, Tyler partit à la suite de l’autre chien. Nathan fronça les sourcils lorsqu’ilentenditlavoixdeColin.IlsuivitleschiensetrencontraColinaucoindelamaison.Legarçonétaittoutrouge,commes’ilavaitcourulongtemps.

—Salut,MonsieurP.Onvaauparc.Viens.

—Mais...

—Peterson,amènetonculici.

LamâchoiredeNathansedécrocha.Garyl’appelait?D’instinct,ilseprotégeal’entrejambe.

Colineutunrirebête.

—Unproblème,MonsieurP?

—Ohqueoui…euh,non,euh...

IlnefinitpassaphrasetandisqueColinleregardaitd’unairentendu.

—Net’enfaispas.PapaamisunelaisseautourducoudeGary.IlapromisdenepascontrarierMamieetlesvoisinscettesemaine.

LatêtedeGaryapparutprèsduportail.Nathanfitunpasenarrière.Quecetypefasselamoitiédesataillen’avaitaucuneimportance.Ilenavaittoujourseuunepeurbleue.

—Jen’airienpromisdetel,Colin.Maisjenemordraipas,Nathan...pourl’instant.

Nathan aurait été plus convaincu siGaryne lui avait pasmontré les dents en souriant.L’enfoirésavaitpertinemmentl’effetqu’illuifaisait.

—Colin,amèneleschiensici.Lesgarçonscommencentàs’impatienter,ordonnaGary.

Tyler et Ruby s’empressèrent d’avancer, mais Nathan posa la main sur leurs colliers pourinterrompreleurdépart.

—Attendez.

Ilslevèrentlatruffeverslui,désorientésparlechangementd’ordre.

—Contente-toid’amenertonculauparc,ditGaryaveclassitude.Lesgarçonsveulentjoueretilsveulentquetusoislà.Ilveutquetusoislà.Jeseraisgentilpourlui.

Acculéaupieddumur,Nathancompritqu’onneluiavaitlaisséguèred’autreschoixquedepasserl’après-midiauparc.Noterdesrédactionsoujoueraufootball?Putain,maisqu’est-cequ’ilattendait?Iln’étaitpasdutoutobligédes’approcherd’Andrew,deRichoudeGary.

—Jevaisjustefermerlamaison.Colin,vienschercherleslaisses.Gary,attrapeleschiens.

Quelquesminutes plus tard, il était sur le trottoir et rejoignait les autres. Daniel tenait la maind’Andrew,maisenvoyantsonpère,illalâchaetcourutverslui.

—Danny!

NathanpritsonfilsdanssesbrasetseservitdecettedistractionafindesurmonterlagênedevoirAndrewetRich.Danielgloussa,heureux,etcommençaàraconterendétailàNathanqueColinluiavaitdonné de la glace. Pour autant queNathan le sache, elle avait l’air de se composer d’unmélange debonbon,debonbon,etd’unpeudeglace.

—Tamèret’avumangertouscesbonbons?

Danielfitnondelatête.

—Pasunbonbon,delaglace.C’estColinquim’adit,répondit-ild’unairimportant.

SonpèrejetaunregardàColin,quiécarquillalesyeuxetpritunairinnocent.Nathanluiréponditenlevantlesyeuxaucieletseretournaverssonfils.

—Jepariequec’étaitdégoutant,hein?

—Ohnon,Papa.C’étaittropbon.

Danielcontinuad’essayerdeconvaincresonpèretandisqu’ilsdescendaientendirectionduparc.Nathanabordait tout juste lesujetdesversgélifiésaromatisésauchou lorsqu’ilspassèrent l’entréeduparc.

—C’estrépugnant,mec.

GaryfitlagrimacetandisqueNathanreposaitDanielparterrepourqu’ilcourerejoindreColinetleschiensetqu’ilsaillents’amuserdansl’herbe.

Nathanouvritlabouchepourrépondrelorsqu’Andrewsedirigeaverslui,Richlesuivantdeprès.

—Nate,voiciRich.

C’étaitunbelhomme.Ilmesuraitunpeumoinsd’unmètrequatre-vingt–Nathaneutunepointedesatisfactionpuériledueaufaitquel’hommeaitàleverlatêtepourleregarder–ilétaitrouxetavaitdesyeuxgris. Ilavait laquarantaine,maiscela luiallaitbien,et iloffritunsourireamicaletchaleureuxàNathanalorsqu’ilsseserraientlamain.

Nathanvoulaithaïrlepetit-amid’Andrew,neserait-cequepoursesentirmieux,maisRichétaituntypesincèrementgentilquin’avaitpasl’aird’êtredérangéàl’idéedefairelaconnaissancedel’hommequiétaitàl’originedeladépressiondesonpetit-ami.

—Nathan.Génial, ils t’ontenfinsortidechez toi.Amène-toi ici.Tuesdansmonéquipe.Viens,Colin.Ilfautqu’onbotteleculdetonpère!

MichaelmontaencourantetjetaleballonàNathan.

EnquelquesminutesilseretrouvaàcouriràcôtédeRichetColinavecpouradversairesAndrewetGary.Ilmitsesproblèmesetsagênedecôtépouruninstantpendantqu’ilsjouaientaufootballjusqu’àcequ’ilssoienttousépuisésetqu’ilss’effondrentsurl’herbe.

Affirmantqu’ilétaittropvieuxpourjouer,JimétaitrestédecôtéetsurveillaitDanieletleschiens.Pendantqueleshommessedétendaient,ildistribuaitdesbouteillesfraichesdesodasetd’eau.

—Qu’est-cequetuveux,Nate?

—Del’eau,merci,Jim.

Garyselaissatomberàcôtédelui.Nathanl’ignorapendantquelquesminutesalorsqu’ilregardait

ColinjoueravecDanieletleschiens.IlsentitGaryremueràcôtédelui.Ilfinitparperdrepatience.

—Si tu veuxmemenacer oume donner un avertissement, quel qu’il soit, vas-y et finissons-enmaintenant.

—Est-cequej’aibesoindetemenacer?

—Pasdemonpointdevue,Gary.Jesuisrestéloin,commetulevoulais.Etjen’aipasfaitlechoixd’êtreiciaujourd’hui.

De làoù il était assis, il voyaitAndrewseblottir contreRich tandisqu’ilsdiscutaient avecdesvoisins.

— Je sais. Ce n’était pas le mien non plus. Si j’avais mon mot à dire, tu ne te serais jamaisapprochédeluiàmoinsdetroismètres.

Nathanentenditlamenacedanssavoix.IlsemblaitqueGarynepouvaitêtregentilqu’unmoment.Illeluiannonçaclairement.

—Jetiensàtepréciserquemêmesituenvisagesdetefaireastiquerlemanche,ceneserapasmongarçonquilefera.

—C’est ça le truc,hein,Gary?Cen’estplus tongarçon.Tuasperdu toncopaindebaise, toutcommemoi.

IlseretournaetfitunsourireméchantàGary.

—Vousavezfinivotrecombatdecoqstouslesdeux?

Unevoixfroidedecolèrelesfitsursauter.

Nathan leva les yeux. Andrew et Rich se tenaient à côté d’eux. Andrew avait l’air furieux, seslèvrespincéessifortqueNathanpouvaitvoirdublanctoutautour.Richnedisaitrien.Unesagedécision.Ilfixalesolduregard,sedemandantlequeldesdeuxpartiraitaveccolèrelepremier.

—Oui,jecroisbien.Nateetmoionparlaitdetoietonadécidéquetun’envalaispaslapeine,ducouponvasebourrerlagueuleàlaplace.

Nathan sursauta lorsque Gary posa son bras lourd sur son épaule. Il resserra sa prise en guised’avertissementtacite.

Andrewécarquillalesyeux,puisiléclataderireettenditlebraspourdonnerunegrandeclaquesurlecrânedeGary.

Cedernierserecroquevilladefaçondramatique.

—Aie!C’étaitpourquoiça?Etpourquoin’as-tupasfrappéNathan?

—Luinem’apasditquejenevalaispaslecoup,soulignaAndrew.

—Ilnel’apasdit?Tul’aspasdit?demanda-t-ilàNathan.

Nathanfitnondelatête.

—Non,jepensequetucomprendrasquetul’asinsultétoutseulcettefois.

Garyfitlagrimace.

—Bonsang,c’estbienplusdrôled’êtregrossierenversluiavecquelqu’und’autre.OùestGabequandonabesoindelui?

UNEHEUREplustard,legroupedansleparcdécidaàcontrecœurdepartirretrouverlesfemmesdeleurvie,ainsiquelafête.MêmeJimn’avaitpaseul’airimpatientderetrouverAllisonetsonporte-bloc.

Tandisqu’ilsapprochaientlamaison,AndrewvitNathanlefixerpuisdétournerleregard.Celaluipritquelquesminutespour se rendrecomptequeNathann’étaitpas certainque l’invitationauparc seprolongeaitàlamaison.

Sonpetit-amiacceptade la tête,etAndrewle laissapourallerse tenirprèsdeNathan.Colin lerejoignit,portantDanieldanssesbras.Lebambins’étaitpresqueassoupi,levisageenfouidanslecoudeColin.

Gary haussa les épaules et mena les autres hommes vers le côté de la maison de Joe et deStéphanie,danslejardindederrière.

NathanfitfaireletouràTyleretRubyetlesconduisitdanslacuisine.Aprèsquelquesminutes,ilrejoignitAndrewetColin.DanielétaitprofondémentendormidanslesbrasdeColin.

—TuveuxquejetereprenneDaniel?luiproposa-t-il.Jesaisàquelpointilestlourd.

—Çava.

Colingardalepetitgarçondanssesbrasdefaçonprotectrice.

Andrew ne s’était pas rendu compte que, malgré la décennie qui les séparait, Colin et Daniels’appréciaientbeaucoupl’unl’autre.Ileutunpincementlorsqu’ilreconnutqu’iln’avaitpasétéprésentpourvoirleuramitiégrandissante,etpersonnen’avaitpenséoumêmevoulul’évoquerdevantlui.Ilsedemandacombiend’autreschosesilavaitratées.

IlsouritàNathan.

—AllonsvoirsiGarynousalaissédelabière.

—Est-cequejepeux…commençaColin.

—Non!l’interrompirentlesdeuxhommes.

Stéphanieregardal’airboudeurquis’affichaitsurlevisagedeColinalorsqu’ilsentraientdanslamaison.Ellelevaunsourcilendirectiond’Andrew,quiarticulaàvoixbasselemotbière.

—Ah.AllonsmettreDanieldanslebureau.Onl’entendraquandilseréveillera.

ColinsuivitStephdanslebureauetdéposalegarçonnetendormisurlecanapé.Lesdeuxhommeslesregardèrentplacerdescoussinstoutautourdeluipouréviterqu’iltombeparterre.

—Jereviendraijeterunœilsurlui,promitColinàNathan.

—Jenem’étaispasrenducomptequelesgarçonsétaientsiproches.

Andrew s’adressa àNathan alors queColin courait dans la cuisine en quête d’une boisson nonalcoolisée.

Nathaneutunpetitsourire.

—Jen’arrivepasà lecomprendrenonplus. Ils sontpluscommedes frèresquedesvoisins. JesupposequecelavachangerlorsqueJessmarcheraetqueDanielserendravraimentcomptequ’ilaunesœur.Àunmoment,Colindécouvriraégalementlesfilles.

—Le ciel nous vienne en aide,murmuraAndrew. Il faudra d’abord qu’il découvre le savon etl’eau.Unebière?

—Plutôtdeuxfoisqu’une.

—COMMENTVAS-TU?Àlarecherched’unebièredansungrandseaudeglaceentraindefondre,Andrewseretournaetvit

Richjustederrièrelui.Ilsouritàsonpetit-amietl’attiradanssesbras.

—Jevaisbien.Ettoi?

IlenfonçasonnezdanslecoudeRich,appréciantlachaleuretl’odeurlégèrementépicéedesoneaudeCologne.

RichpoussaduboutdunezcontreAndrew,lefaisantsesentirauchaudetprotégé.

—Mieuxmaintenantquetunemefaispluscourirautourdeceparc.Jesuisbientropvieuxpourça.

Andrewlevalesyeuxetleregardad’unairmalicieux.

—Ahoui?Tuesaussitropvieuxpourlerestealors?

Richluifitunsourireetlescoinsdesesyeuxseplissèrent.

—Tuveuxqu’ontrouveuncointranquillepourlevérifier?

IlsefrottasournoisementcontreAndrew.

—Pu…

Andrewretintlegémissementquiétaitsurlepointdesortir.

—Quandvousvoulez,M.Andrews.Tantquec’estunendroitéloigné,trèséloignédemamère.

—Jusqu’oùfaut-ilaller?

—Aumoinsàdeuxétatsdedistance,ditAndrew,neplaisantantqu’àmoitié.

Richricanatoutensepenchantenavantpourl’embrasser.

—Ilvautmieuxquel’onfasseçaplustardalors.

—Plustard,acquiesçaAndrew,sesmainsglissantsurlesfessesdeRichpourl’attirerplusprèsdelui.

Alorsqu’ilembrassaitRich,unepartiedesonesprits’émerveillaitdel’impudenceaveclaquelleillepelotaitlàoùtoutlemondepouvaitlesvoir:samère...Nathan...

—Tun’espasobligédefaireça,tusais?murmuraRichàsonoreille.

—Fairequoi?demandaAndrew,déplaçant la têteafinqueses lèvres reposentcontrecellesdeRich.

—Roulerdespellesenpublic.Tun’asrienàprouveràpersonne.

Andrewl’embrassaavecinsistance.

— Peut-être que j’en ai envie, dit-il d’une voix plutôt haletante. Je n’ai jamais pu le faireauparavant.

D’accord, peut-être qu’unepartie de lui-même se comportait commeun adolescent rebelle,maispersonnene se plaignait quandStéphanie embrassait Joe, non ?Excepté samère, bien évidemment. Ilespéraitvraimentqu’ellel’avaitvufairemaintenant.

Il risquaun rapide coupd’œil.Nathan regardait depuis l’embrasurede laportede la cuisine. Ilavaitététémoindetoutelascène.Bien,pensaAndrew.Nathanavaitbesoindevoirça.

Andrewavaitl’idéeque,siseulementsesamispouvaientlevoirsecomporternormalementavecNathan,leschosesredeviendraientcommeellesétaientavantsondépartpourLosAngeles;ilpouvaitsecontenterd’êtresonami,malgréleurattirancemutuelle.

IlembrassaànouveauRichetrecula,faisantunsignedelamainendirectiondeNathan.

—Tuveuxuneautrebière,Nate?

Nathan accepta et prit la bouteille qu’Andrew lui tendait, tressaillant lorsque leurs doigts setouchèrentbrièvement.Andrewfitcommes’iln’avaitpasremarquéetfouillaleseauafindetrouverdeuxautresbouteilles.

IlentendituneàRich.

—Danieldorttoujours?demanda-t-il.

— Complètement. Colin l’a épuisé. Évidemment, il ne dormira pas de la nuit s’il dort troplongtemps,réponditNathanavantdeboiresabièred’untrait.Jevaisbientôtallerleréveilleretjevaisluidonnerunecollation.

—JenesuispassûrqueDanielsoitleseulàêtrefatigué.Regarde!

Richmontradudoigt laporteouvertedubureau.GaryetColin s’étaient roulésenbouledans lecanapé à côté de Daniel. Ils avaient commencé à jouer à la Xbox de Colin, mais s’étaient endormispendantlapartie.Garyronflaitlaboucheouverte.Cen’étaitpasbeauàvoir.

AndrewaperçutJess,quesamèreberçaitdanssesbras.Alexvenaittoutjustedelanourriretellehoquetait doucement contre son épaule. Ruth lui tapota doucement le dos, le visage adouci pendantqu’ellemurmuraitdesmotstendresàlatoutepetitefille.

Richsuivitladirectiondesonregard.

—Tuasunbeaubébé,Nathan.

— Oui, c’est vrai, acquiesça Nathan. Nous avons eu beaucoup de chance avec nos enfants.Néanmoins, tonsavoir-fairenousamanqué,Drew.L’autrephotographeétaitdoué,maisd’unecertainemanièrelaphoton’étaitpasaussibellequecellequetuavaisprisedeDaniel.

—Lesappareilsphotosontdanslavoiture.Tuveuxquejepassedemainavantqu’onreparte?

Nathantournavivementlatêtedanssadirectionpourledévisager,l’airconsterné.

—Vousrentrezdemain?Sitôt?

Ilrougitenvoyantl’airconfusd’Andrew.

—Jepensaisquevousresterieziciquelquesjours.

—J’aiuneréunionlundi,expliquaRich.EtAndrewauneséancephoto.

—Tuasreprisletravail?

—Oui.

Andrewn’entrapasdanslesdétails.Iltravaillaitpourunmagazinehomosexuel,etilsesouvenaitclairementdeladernièrefoisoùNathanavaitvuunedesesphotosdansunmagazineérotique.

Nathanfronçalessourcilsetavaitl’airsurlepointdel’interrogerànouveaulorsqueJoearriva.

—Ilyaencoredelabière?s’enquit-ilenagitantsabouteillevide.

—Dansleseau,mêmesituvasenavoirbesoind’uneautrebientôt.Tuneveuxpasqu’Allisonseplaigne,letaquinaAndrew.

Richfronçalessourcils.

—Allison?

—Unepetiteblonde.

—Despullsassortisquifontpeur.

—Unporte-bloc.

Sonfronts’éclaircitalorsquelesautreshommesparlaientenmêmetemps.

—Cellequiseplainttoujoursdelalongueurdel’herbedanslejardin?

Joefitouidelatête.

—C’estça.Jenesuispasaussidouéqu’Andrewpourtondrelapelouse.Elleesttoujoursentrainderouspéter.Lasemainedernièrec’étaitlesmauvaisesherbesdanslemassifdedevant.

Nathanpostillonnaens’étouffantavecsabière.

—Toi aussi ?Ellem’a sonné les cloches à propos de jolies herbes. Je croyais que c’était desfleurs.

Tandis qu’il regardait les deux hommes échanger des histoires d’horreurs à propos de leursrencontresfortuitesavecAllison,Andrewressentitlajalousieletirailler.C’étaitsonmondeàluiavantque Joe n’emménage.Maintenant il avait sa maison, son fils, et même ses effrayants voisins. Il étaitheureux à Los Angeles, mais parfois – souvent, pour être honnête – la vie qu’il avait laissée ici luimanquait.

Unemainsursonbrasattirasonattention.Illevalesyeuxetvitl’aircompréhensifqu’arboraitlevisagedeRich.Ilsesentittoutàcoupcoupable,mêmes’iln’avaitaucuneraisondel’être.

Richl’attiraplusprèsdelui.

—Nousreviendronsplussouvent,murmura-t-ilàl’oreilled’Andrew.

Cedernierinspiraprofondément.Çaallait.Ilpouvaitfaireavec.Iln’étaitplusseuldésormais.

ALEXÉTAITcomplètementivreetriaitbêtement.C’étaitlecaspourlaplupartd’entreeux.Celanesemblapourtant pas ennuyerRuth, ce qu’Andrew ne comprit pas, parce que s’il y avait bien une chose qu’ilattendait, c’était bien la désapprobation de sa mère concernant le sexe, l’alcool, et tout ce qui étaitdivertissant,surtoutsicelaintéressaitAndrew.Etpourtantelleétaitlà,sanspincerleslèvresnifairederéflexionsacerbes.

IlfrissonnaunpeuetRichresserrasesbras.

AndrewinclinalatêtepourdéposerunbaisersurlamâchoiredeRichafindelerassurer.

—Jevaisbien.Jesuisjusteunpeufatigué,c’esttout.

IlneluiavaitpaséchappéquelesdoigtsdeNathans’étaientresserréssursabouteilledebière.

AlexdiscutaittranquillementdeJessavecsamère.AndrewétaitsurlepointdeposerlaquestionàNathanconcernantl’écartd’âgedeJesslorsqueRuthpritlaparole.

—Elleesttrèsbelle,Alex.Est-cequetoietNathanavezl’intentiond’avoird’autresenfants?

Lajeunefemmerit.

—J’ycomptebien.Nathanvoudrabeaucoupd’enfantspourjoueraveclui.

Andrew jeta un regard à la dérobée vers Nathan. Son visage, habituellement si expressif, étaitétrangementvide.

MmeMatthewsdéposaunlégerbaisersurlefrontdubébéendormi.

—J’ai toujoursrêvéd’avoird’autrespetits-enfants,maisAndrewetStéphanien’ontpaseul’aird’envouloird’autres.

Stéphaniepinçaleslèvres.C’étaituneancienneethabituellerécriminationdesonex-belle-mère.

—Voussavezpourquoinousn’enavonspaseuplus,Maman.

—Jesais,maispuisquevousavezeuColin,celavousaurait-iltuéd’enavoirunautre?

Adieulechangementdepersonnalitéalors.

—Andrewetmoin’avionspascegenrederelations.

Stephessayaitmanifestementdenepass’énerversurRuth.

Andrew sentit ses joues commencer à chauffer. Il sentait les bras de Rich se tendre comme ilsl’entouraient.

Samèresoupira.

—TuauraisdûêtreunpeupluscommeAlex,aulieud’encouragerla…maladied’Andrew.

—Andrew est homosexuel, pasmalade, Ruth, lui réponditmachinalement Stéphanie d’une voixsèche.

Elleavalaunegrandegorgéedesonverre.

—Qu’est-cequevousvoulezdire,unpeupluscommeAlex?

Les troishommesvirentAlexsourireniaisement.AndrewsesouvintdunombredefoisoùStephs’étaitsaouléedelamêmemanièrelorsdecesfêtes.Depuisqu’elleétaitavecJoe,ellen’avaitplusl’aird’enressentirlebesoin.Elleétaitheureuseetdétendue,etçasevoyait.

—Tomberenceinte t’auraispermisde legarderavec toi, trèschère,au lieuqu’ilparteaveccethomme.

Joe pouffa bruyamment.Andrew enleva ses doigts qui s’enfonçaient dans le bras deRich. Il vitNathanluijeterunregardcompatissant.

—Pourvotregouverne…commençavivementStéphanie.

—Outuprétendsl’être.

Alexhoquetadanssonverre.

—Encoreduvin?demanda-t-elle,agitantleverreendirectiondeStéphanie.

—Tiens.Qu’est-cequetuveuxdire,prétendrel’être?Stéphanieremplitleverred’Alex.

Ellejetauncoupd’œilauxtroishommes,clouéssurplace.Alexn’avaitmêmepasl’airdesavoirqu’ilsétaientlà.

Alexhaussalesépaules.

—NathanallaitmequitterpourAndrew.Jel’aientenduenparleràBob,alorsj’aifaitsemblantd’êtreenceinte.Jesavaisqu’ilnem’abandonneraitpasavecdeuxgosses.C’étaitassezfacilededirequejel’avaisperduetd’essayerd’enfaireunautreplustard.Jen’allaispasperdrecequim’appartenait.

AndrewsedemandasiRichpouvaitentendresonsanggronderdanssesoreillesalorsqu’ilessayaitd’expirer.Ilvitsonvisagedevenirblanc,lelaissantsipâlequ’ilsedemandas’iln’allaitpass’évanouir.Lamêmepenséeétaitmanifestementvenueàl’espritdeJoe,parcequ’ilsetenaitàcôtédeNathanetluiparlait,lamainsursonbras.Andrewn’entendaitpascequ’ilsdisaientàcausedubourdonnementdanssesoreilles.

Ilsétaientcommedesfigurinesmécaniquesdontlacléauraitétéenlevée,tousfixantduregardlafemmequiavaitfaitunaveuaussidévastateuralorsqu’elleétaitivre.Nathanregardaitsafemmecommes’ilnel’avaitjamaisvueauparavant.Richs’accrochaitàAndrewcommes’ilavaitbesoindesoutien.SiAndrewavaitétéenmesured’alignerdeuxpenséescohérentes,ilauraitsouridemanièrecyniquetandisque samèreberçait le bébé et souriait d’un air approbateur à la femmequi lui avait fait tant demal.Manifestement, elle n’avait accepté sa sexualité que de manière superficielle. Personne ne bougea, àl’exceptiond’Alex,quiseversaunautreverredevin.

AndrewneregardaitpasRuthdutout.SonregardétaitfixésurNathan.

Égoïstement,laseulechosesurlaquelleilétaitenmesuredeseconcentrerétaitl’idéequeNathanallaitquitterAlexpourvivreaveclui.Ilavaiteul’intentiondepartir.

NathanavaitchoisiAndrew.

XII

NATHANSE sentit trembler tandis qu’il quittait lamaison, son désarroi rendant toute pensée cohérentedifficile.Ilnesavaitpasoùaller;toutcequ’ilsavaitc’estqu’ilnevoulaitpascroiserAlexdesitôt.Ilnegarantissaitpasd’êtreresponsabledesesactes.

—Viens.

Lavoixd’Andrewderrièreluiapaisaletourbillondanssonespritl’espaced’uneminute.

Illaissal’autrehommeluiprendrelebrasetlemenerlelongdelamaisonjusqu’ausous-sol.Unefois à l’intérieur, Andrew le poussa sur le canapé-lit. Nathan le regardamonter en courant l’escaliermenantàlamaisonetfermeràclélaporte.

Satêtetournaitetdelamêmemanière,sonestomacseretournait.Nathanconcentrasonattentionsurletissudesonjean.Commecelanelesoulageaitpas,ilfermalesyeuxetessayadeseressaisir.

Ilsentitlelits’affaissertandisqu’Andrews’asseyaitàcôtédelui.

—Boisça.

L’odeur de l’alcool fort assaillit ses narines à l’instant où il prit une gorgée. Il toussa et crachatandisquel’alcoolluibrûlaitlagorge,maiscelafitl’affaire,apaisantl’agitationdanssoncorps.

—Encore,insistaAndrew,alorsqu’ilfrottaitledosdeNathanenfaisantdescerclesapaisants.

Ilneserendaitsûrementpascomptedesongeste,pensaNathantoutenseresservantdocilementunverre.

—Assez,finit-ilpardirealorsqu’Andrewtentaitdelefaireboireànouveau.

Ilétaitunpeuplusmaîtredelui-mêmeàprésent.

—Tuescertain?

NathanlevalesyeuxversAndrew.Ilavaitl’airdevouloirdirequelquechose,maisavaitdumalàtrouverlesmots.IlfinitpardirigersonregardversNathan.

—Est-cequec’estvrai?

—Quoi?ditbêtementNathan.

—Tuallaislaquitterpourmoi?Tumevoulais?

Ladouleurquitransparaissaitdanslesgrandsyeuxd’Andrewétaitpresqueinsupportable.

Nathanhochalatête.Ilsavaienttousdeuxétéfoudroyésparlesconséquencesdecequ’ilsvenaienttoutjusted’entendre.

—Elle adûm’entendreenparler avecBob. Ilm’avait... Ilm’a soutenu. Jen’avais aucune idéequ’elleavaitdéjàcomprisquisepassaitquelquechoseentrenous.

—Tutefousdemoi,hein?s’exclamaAndrewenluijetantunregardincrédule.Unaveugleauraitvuqu’ilsepassaitquelquechose.

—Quoi?

Nathaneutlesentimentd’êtreprisdansuncercledestupidité.

Andrews’assitànouveauàcôtédelui,gardantunedistanceentreeux.

—Toietmoi,nousnesommespasvraimentsubtils.Onsedisputedefaçonidiote,onneseparlepas,soitonpassetropdetempsensemble,soitoncoucheensemble.Alexn’estpasidiote.C’étaitobligéqu’ellefinisseparcomprendre.

—Maisdelààfairesemblantd’êtreenceinte...

—Elleprotégeaitsafamille,Nate.Ellen’avaitpasgrand-chose,etellen’allaitpasseséparerdecequ’elleavaitsanssebattre.

—Pourquoiest-cequetuladéfendsaprèscequ’ellenousafait?

NathanavaitenviedemassacrercettegarceetAndrewprenaitsadéfense?

Andrewsoupira.

—Iln’yajamaiseudenous,répondit-il.Ilyavaittoietelle.Jecomprendspourquoiellel’afait.Situ...avaisétémien,jenet’auraispaslaissépartirnonplus.

SamainseglissasurcelledeNathanetleursdoigtss’entrelacèrent.

— J’avais tout prévu.Mamère etmon père avaient accepté dem’aider à subvenir aux besoinsd’AlexetdeDanielpendantquejem’installaisavectoi.Ensuite,aumomentoùj’avaisdécidédeleluiannoncer,ellemeditqu’elleestenceinteetjen’aipaspum’yrésoudre,jenepouvaispaslalaisseravecdeuxenfantsenbasâge.

—Non,c’étaitimpossible,acquiesçaAndrew,serrantdoucementlamaindeNathan.

—Jevoulaisteledire.Jesuisvenupourça,secorrigea-t-il.Ensuiteonaété...distraits,ettuespartietje...

Ils’interrompit,nesachantpasquoidire.

—Jenet’enaipasvraimentlaissél’occasion,pasvrai?Jesuisdésolé.Richm’enafaitvoirdetouteslescouleursdet’avoirlaissétombercommeça.

Nathantrouvacelaassezdifficileàcroireétantdonnélescirconstances.

Andrewaperçutbrièvementsonregard.

—Jesaiscequetudoispenser.

Nathanespérasincèrementquecen’étaitpaslecasousinonilauraitdesennuis.

—MaisRichpensaitquejedevaistecontacter.Ilaessayédemepersuaderdet’appelerpendantdesmois.

—Alorspourquoitunel’aspasfait?demandaNathan,lavoixsévèrefaceàladouleurquel’aveud’Andrewavaitprovoquée.

Ilfutsurprislorsqu’Andrews’agenouilladevantlui.Cedernierluienlevaleverredesmainsetlesenveloppadanslessiennes.

—Parcequetuallaisavoirunautreenfant,Nate.Jenepouvaispast’enleveràAlex.Jet’aimais,maistafamilleétaitplusimportante.Ilsavaientbesoindetoi.

Nathansenoyaitdansleregardd’Andrew.Ildétournalesyeuxetfixaleursmains,leslongsdoigtspâlesd’Andrewentourantlessiennes,plusgrandes.

—Nedispasça.

Ilnevoulaitpasentendredeconfessionamoureusemaintenant.

—Tun’asplusbesoindemoimaintenantquetuasRich.

Les doigts d’Andrew se serrèrent presque douloureusement et sa voix, lorsqu’elle sortit, étaitrauque,ànu.

—Ne confonds jamais l’amour que j’éprouve pour Rich avec celui que j’ai éprouvé pour toi.J’avaisbesoindetoi,putain,cequej’ai...j’avaisbesoindetoi.

Salanguefourchaetilcherchasesmots.

—Maistun’asjamaisétéàmoiettunem’asjamaisdituneseulefoisquetuvoulaisdemoi,rienquemoi.Etj’enavaistellementmarreden’êtrequ’unsecondchoix.

Nathanlevalesyeuxetfutanéantipasladouleurcontenuedanscesgrandsyeux.Ilvitunelarmesolitairecoulerlelongdelajoued’Andrew.Illibéraunemainpourl’essuyer.

—Etmaintenant?

Andrewluifitunsourirequiremontaitpresquejusqu’àsesyeux.

—Maintenant,jesuisavecunhommequej’aimebeaucoup–quin’apasdebagages–ettuasdeuxmerveilleuxenfantsainsiqu’unefemmequetudoisapprendreàaimerànouveau.

—Est-cequetul’aimesplus…?

Andrewdéposaundoigtcontreseslèvres.

—Tun’aspasledroitdemedemanderça,Nate.Contente-toid’êtreheureuxpourmoi.

—C’est toi qui n’as pas le droit deme demander ça,Andrew.Tu as laisséma vie enmiettes.J’étaisheureuxavantdeterencontrer.Nousétionsheureux,Alexetmoi.

—Etmaintenant?

Andrewrépétasaquestion.

—J’ai l’impressiond’avoireu lachancedegagnerau lotopourm’entendredirequec’étaituneerreur,quequelqu’und’autreavaitleticketgagnant.

—Bienvenuedansmonmonde,ditAndrewenluifaisantunsouriretriste.

Onfrappadoucementàlaported’entrée.

—Andrew?Nathanestlà?Est-cequ’ilvabien?

Stéphanieavaitl’airnerveuse.

— Il va bien. Il est juste en train de se débarbouiller, lui répondit Andrew. Laisse-nous cinqminutesetnoussortons.

—D’accord.

Ilsl’entendirents’éloigneretAndrewreculaunpeuafindelaisserunpeudeplaceàNathan.

—Merci,ditNathanpeudetempsaprès.

Andrewserassitsursescuisses.

—Pasdeproblème.Bienqu’ilvaudraitmieuxqu’onyretourne.Onaprobablementdéjàcommencélescommérages.

—Qu’ilsaillentsefairefoutre.

Laréponsesuccinctemitunsouriresurlevisaged’Andrew,etl’espaced’unbrefinstantrelâchalenœuddanslapoitrinedeNathan.Ils’avançaetdéposaunbaiserchastesurleslèvresd’Andrew.Prisparsurprise, les lèvres de ce dernier s’ouvrirent sous les siennes et le baiser, de chaste, se changea enquelquechosededifférent,maispassexuel.Ilsefitplusdésespéréetprenant.

Ilssavaientquec’étaitunadieu,maisaucund’euxn’étaitprêtàlaisserpartirl’autre.Ilsgardèrentunecertainedistance,connaissantlesconséquencesinévitabless’ilsvenaientàsetoucher.NathansentaitAndrewtremblaitsoussabouche,etilrecula,tentantdesemaîtriser.

—Ilétaittempsquel’ons’arrête.

Andrew opina de la tête. Ses yeux bleus étaient perdus dans le vague, et ses lèvres rougies etenfléesparlesbaisersdeNathan.

—Seulement…

Nathans’interrompitalorsqu’ilessayaitdemettredel’ordredanssespensées.

—Neniepascequeturessenspourmoi.Jeneveuxpasentendrecesconneriesselonlesquellestuneressensrien.Cela…

Ileffleuraleslèvresd’Andrewduboutdesesdoigts—…meprouvelecontraire.—Plusdemensonges,promitAndrew.Nathansereleva,entraînantAndrewaveclui.—Soisheureux,Drew.—Toiaussi,Nate.D’unecertainemanière,cetaurevoirsansambagesétaitladiscussionlaplushonnêtequ’ilsaient

jamaiseue.M.RichardAndrewsetM.AndrewMatthewsInvitentM.etMmeNathanPetersonetleursenfantsàlesrejoindreauGrandHôtelafindecélébrerleurmariageElle arriva par la poste, une petite enveloppe blanche qui avait l’air inoffensive. Il y figurait la

date,l’heure,etendessousAndrewavaitgriffonnédesonécriturenégligéeSil’onnepeutpaslefaire

pourdevrai,onpeutaumoinsfaireunetrèsgrandefête.Noussommesimpatientsdetousvousvoirlà-bas.Colinaditqu’ils’occuperaitdeDaniel.

LECOUPdefilsuivitl’invitationdeprès.—Hé,j’aientendudirequetongarçonallaitsepasserlacordeaucou.

—Gabe.

Ilauraitdûs’yattendre.

—Tuaseuuneinvitationpourl’enterrementdeviedegarçon,oudevrais-jeplutôtdireenterrementdeviedejeunefille,étantdonnéqueDroopys’estàcoupsûrdégotéunvieuxpleinauxas?

—Gabe!

Nathanprononçasèchementsonnomensigned’avertissement.Nepoussepas,monpote.Commetoujours,Gabechoisitdel’ignorer.

—Tupensesqu’ilporteraunerobe,oudurose,oubien...?

Nathanrelâchasonsouffle.S’énerveraprèsGabec’étaitgaspillerdel’énergie.

—Enréalité,tuveuxquelquechose,grosnaze,outum’appellesseulementpourm’énerver?

—C’estjusteenprime.Jet’appelaispourtedirequeJoeetMichaelt’emmenaientàLosAngeles.Toutaétéorganisé.Tuasjusteàtefairebeau–àterendredisponiblesurtout.

Iléclataderire.Nathansecontentapatiemmentd’attendrequ’ilfinisse.

—Jenesaispasencoresijepourraivenir.Jen’enaipasparléavecAlex,annonça-t-ild’untonévasif.

Etiln’allaitpasnonplusluienparler.IlétaithorsdequestionqueNathanailleàLosAngelespourallerenboîteavecAndrew.Desboîtesdenuit,descoinssombres,touslesdeuxaveclemêmeniveaudemaîtrisequeDanielavecsontricycle.

Ilyeutunepauseàl’autreboutdufil.

—Tun’aspasl’intentiondevenir,pasvrai?

GabeconnaissaittropbienNathan.

—Non,eneffet.

—Etlemariage?

NathansecoualatêtemêmesiGabenepouvaitpaslevoir.

—J’endoute.Nousnepouvonspasnouspermettrederesterlà-basetc’estbientroploinpourfairel’aller-retourdanslajournée.

—VouspourriezresterchezGary,ouchezAndrew,suggéraGabe.

Nathaneutl’impressiondes’êtreprisuncoupdepoingdansleventre.

—Jenepensepasquecesoitunebonneidée,tunecroispas?répliqua-t-il.

—Jesupposequenon,enconvintGabe.On,euh,serappelle.Àplus,mec.

Nathanseretrouvaàécouterlatonalité.

ALEXRÉPONDITàlaportealorsqueNathanétaitenpleinepréparationdesescours.Latabledelasalleàmangerétaitrecouvertedelivresetdeschémas.

—Nate?ditAlexenpassant la têtepar laporte.Stéphanieveutsavoirsiça tevad’allerdînerchezeuxvendredisoir.

—Oui,çameva,réponditNathansansleverlenezdesespapiers.

—EtJoeveutsavoircequ’ilestcenséporterpourl’enterrementdeviedegarçon.Iln’estjamaisalléenboîteàLosAngeles.

Elle paraissait perplexe, ce qu’elle était probablement. Il n’avait pas du tout fait allusion aumariagedevantelle.

Nathanlevalesyeux.

—Dis-luiquejepasseraiplustard,quandj’enauraifiniavecça.

Alexfronçalessourcils.

—Nate...

—Plustard,Lexi,jesuisoccupé.

Ilreplongeadanssontravail,lesyeuxfermementfixéssurleplanningenfacedelui.Ilentenditsongrognement étouffé de frustration, puis les pas qui retournaient vers la porte d’entrée. Nathan souffladoucementetdéglutitparrapportauxémotionsquisedéveloppaientenlui.Ilentenditlaported’entréesefermer,puisAlexfutdansl’embrasuredelaporte.

—Est-cequetuvasm’expliquerdequoiils’agissait?Quelenterrementdeviedegarçon?Plusprécisément,quisemarie?

—Andrew.

—Andrew?répéta-t-elle.

—Celui-làmême.Maintenantsituveuxbienm’excuser...

—Ohnon,NathanPeterson, tune t’en tireraspas si facilement. Il semarieet tunem’enparlespas?

—Pourquoidiablejeleferais,aprèstoutcequis’estpassé?luihurla-t-il.

Alexlefixaduregard.

—Ilaenvoyéuneinvitation?demanda-t-elleensuitedoucement.

Nathanacquiesça.Ilenavaitassezdecetteconversation.

—Oui.Jel’aijetée.Tupensesvraimentquej’aienviedelevoirsemarier?

—Mêmes’ilveutpeut-êtretevoiràsonmariage?demanda-t-elledoucement.

Ilhaussalesépaules.Celanefaisaitaucunedifférence,iln’iraitpas.

ENSUITE,ILreçutuntextodelapartdeGary.T1con…encore1fois!Nathanlesupprima.

—TUASvraimentjetél’invitation?

Il était sept heures et demie du matin. Nathan était en retard pour l’école. Il n’avait pas envied’avoircettediscussionmaintenant.Ilétaitentraindechercherlesclésdesavoituresousunepiledevêtementsdebébésurlatabledelacuisinelorsqu’Alexluiposacettequestion.

—Pasmaintenant,Alex.Jesuissuffisammentenretardcommeça.

Danieltrottinajusqu’àluipourluifaireuncâlin.Nathannes’aperçutquetroptardqu’ilavaitduyaourtplein lesdoigts. Il se rendit comptequ’ilyavaitdeux tracesdemains sur sachemise lorsqu’ilreposasonfilsparterre.

—Merde!Ilfautquejemechangemaintenant.Tunepouvaispasluiessuyerlesmainsavantqu’ildescende?

—Jel’aifait,luirépondit-elled’untonsec,aprèssonpetit-déjeuner.Ilatrouvéletienquetuaslaissésurlatable.Jet’aidéjàditdenerienlaisserdessusunefoisquetuasfini.

Nathanrougitcommeilenlevaitsachemise.Sansunmot,Alexluientenditunepropre.Ill’enfila,arrachantpresquelesboutonsalorsqu’iltentaitdepassersesbrasdanslamancheboutonnée.

—Oùestl’invitation?

Ilsouffla,exaspéré.

—Jet’aiditqueje…

—L’avaisjetée.Oui, jel’aientendu,maistumens.Jeteconnais,Nathan.Qu’est-cequetuenasvraimentfait?

Il se dirigea en silence vers une pile de papier sur la commode.Alex l’appelait le trou noir deNathan. Il aspirait tout et n’importe quoi, et ce désordre ne revoyait plus jamais la lumière du jour.Nathanluitenditl’invitation.

Ellelalut,puislevalesyeux,etunefoisdeplusNathansesouvintdetoutcequ’ilavaitperdu.Uneboulededésespoirseformadanssapoitrine.

—Tuneveuxpasyaller?

Ilhaussalesépaules.

—Non,maistupeuxyallersituveux.C’estunefête.Nosamisyseront.Tupourrastesoûler.

Elletressaillitetlaissatomberl’invitationcommesielleluiavaitbrulélesdoigts.

—S’il te plaît, Nathan, murmura-t-elle. Est-ce qu’on ne peut pas passer à autre chose ? Il estheureuxmaintenant.Etnousalors?

Nathaneutunpetitrire.

—Unpeutardpourjouerlesfamillesheureuses,tunecroispas?

Ilignorasonairaccabléetsetournapourpartir.

—Tum’astrompée,tut’ensouviens,NathanPeterson?

Il fit la grimace alors qu’elle le foudroyait avec la vérité pure et dure. Oh que oui, qu’il s’ensouvenait.

Alorsoui,Nathanétaitaucourantquesoninfidélitéavaitétélecommencement.

ÀUNcertainmoment,Colinatteignitlapuberté,etpersonneexceptéStéphanien’étaitprêtpourça.CelafaisaitdesmoisqueStéphaniegéraitunadolescentdeplusenpluslunatique.Mêmeentantqu’enseignant,Nathannes’attendaitpasàcequeColinchangedemanièreaussiradicale.

Ilnefaisaitquedisparaîtredanssachambre,etlorsqu’ilenémergeait,c’étaitpourdisparaîtreavecsesamis:ungrouped’adolescentsquirevendiquaientleurindividualitéens’habillanttousdelamêmefaçon.L’ancienColin,amicaletouvert,disparutsouslateintureetlesvêtementsnoirs,etilrépondaitauxquestionsseulementparungrognement.

IlyeutdesconflitsdeplusenplusbruyantsavecJoe.Alorsqu’auparavant,Colinavaitétédisposéàaccepterladisciplineimposéeparsonbeau-pèredefait,ildiscutaitdésormaischaquedécision,cequilaissaitJoeetStéphaniedésespérés.Finalement,aprèsunautrecafouillageoùColinavaithurléàJoeTun’espasmonpère!,ilsavaientappeléAndrewetluiavaientdemandédeparleràsonfils.

Unaprès-midi, pendant leweek-end,Nathan fut confronté àRich sur lepasde saporte. Il avaitouvert la porte et s’était trouvé le petit-ami d’Andrew qui le regardait, l’air à la fois légèrementdésespéréetpleind’espoir.

—Rich?Euh,est-cequejepeuxt’aider?

—Ilfautquejem’échappe.AndrewetStephsontentraindedicterleurloiàColin.L’ambianceestunpeupéniblelà-bas.Est-cequejepeuxmecacherunpeu?

Ses yeux gris se plissèrent sur les bords, comme ceux d’Andrew, etNathan comprit tout à couppourquoicethommeattiraittantsonancienamant.

—J’aiapportédequoitesoudoyer,ajouta-t-ilenlevantunpackdebières.

Ilpouvaitdifficilement refuser.Alexétait sortie avec les enfantspendantqu’il finissaitquelquescomptesrendus.Envérité,ladistractionétaittoutcedontNathanavaitbesoin.IlreculaetinvitaRichàentrer.

—TuveuxregarderlematchdesSpurs?

Richfitunegrimace.

—Jepréfèrem’ennuyercentsousdel’heuresiçamepermetd’échapperàcettediscussion.

Nathansourit.

—C’estàcepoint-là?

Richfrémitenprenantlabière.

—Tun’aspasidée.Jen’avaisjamaisvuAndrewétablirdesrèglesauparavant.

Ilavalaunegrandegorgéedebière.

—Mêmemoij’avaisenviededireOui,Monsieur!—Attends,Andrewétablissaitdesrègles?

Nathanétaitsouslechoc:iln’avaitjamaisvuAndrewcommeuneffrayantadeptedeladiscipline.

—Crois-moi,j’aifiniparéprouverdelapitiépourColin.

Nathanavaitdumalàlesaisir.

—CommentColinl’apris?

—Eh bien, il a continué à bredouiller des excuses, plutôt que de ricaner, donc je pense que lemessagel’atouché.Ilvapeut-êtreréfléchiravantd’êtreànouveaugrossierenversJoe.Jenecroispasqu’ils’attendaitàcequ’Andrewsoitaussisûrdelui.J’aipenséficherlapaixaugaminetleslaissers’enoccuper.

RichagitasabouteilleendirectiondeNathan.

—Etdoncmevoilà.

Nathan mena Rich dans le salon et dirigea la télécommande en direction de l’écran plasma.Quelquesminutesplustard,lematchcommençait,etNathanessayadenepaspenseràquelpointilétaitétrangedeleregarderencompagniedupetit-amidesonancienamant.

Ils regardaient la deuxième mi-temps lorsque l’on frappa encore à la porte. Andrew et Joe setenaientdel’autrecôtéetsoulevaientdéjàlabière.Lesdeuxhommesavaientlesyeuxtirés,etNathansecontentadereculersansmotdire.

Joe s’installa confortablement dans le grand fauteuil. Andrew se laissa tomber à côté de Rich,laissant Nathan s’asseoir de l’autre côté de lui. Andrew et Joe ouvrirent tous deux une bière etdescendirentleursbouteillesenpresqueuneseulegorgée.

—Seigneur,jeneveuxplusjamaisrefaireça,ditAndrewenfrémissantvisiblementtandisqueJoeopinaitdelatête.

RichetNathansesourirentmutuellement.Nathanouvritdeuxautresbouteillessansleurdemanderetlestenditauxhommes.

—Est-cequ’il faudraque j’aille enchercherd’autres au sous-solplus tard?demanda-t-il avecdouceur.

Ilsacquiescèrenttousdeux.

—D’accord,lorsquelematchserafini.

Excepté le fait que Rich était à la place de Gabe, c’était comme au bon vieux temps. Ils sechamaillèrentgentimentausujetdeleurséquipesrespectivestoutaulongdelapartie.QuelquesbièresdetropetNathanétaitivre,latorpeurprovoquéeparl’alcoolsepropageantagréablementàsesextrémités.

Ilsétaientaffaléssurlecanapé,leursjambessefrôlantcommeilssedétendaient.Celafaisaitlongtempsqu’iln’avaitpaspasséunaprès-midiagréableentremecs,etunàl’improvisteenplus.

—Ilresteencoredelabière,Nate?demandaJoeenagitantsabouteilleavecespoir.

—Biensûr.

Nathansereleva.Àsasurprise,Andrewserelevaégalement.

—Jevais tedonneruncoupdemain.Decettemanièreonpourraen rapporterplus,dit-ilensepenchantpourembrasserRich.

NathandétournaleregardalorsquelamaindeRichs’enroulaitautourducoud’Andrewetl’attiraitprèsdelui.

—Alleznouschercherdelabièremaintenant,vousvousroulerezdespellesplustard!exigeaJoe.

Andrewdonnaundernierbaiserprolongéàsonamantetsereleva.

—Jesuisprêt,annonça-t-il,faisantglissersalanguelelongdesalèvreinférieure.

Nathan eut envie de grogner. Soit ça ou écraser ses lèvres sur celles d’Andrew et d’effacer lebaiserdeRichdesonvisage.

—Onn’estquequatre,observaNathan,afindedétournersespensées.JepourraisappelerMichaeletJim.

—Jem’enoccupe,ditJoeensortantsontéléphone.

—Alex vame tuer. Elle est sortie avec les gosses pourme laisser l’occasion de travailler, ditNathan alors qu’ils descendaient, Andrew et lui, les marches menant au sous-sol. Elle ne sera pascontentedemevoirdéfoncéaprèsunaprès-midiaveclesgars.

—Stephluiexpliquera.Elleestdouéepourça,réponditAndrewensebalançantlégèrement.Onpourraitallerdanslerepairesielleestvraimentenrogne.Bienquelatélédelà-bassoitmerdique.

Nathanfarfouilladanslecoinenquêted’autresbouteilles.Alorsqu’ilémergeait,triomphant,avecdeuxpacksdebièresupplémentaires,Joehurladansl’escalier.

—GaryetGabesontlà.Onabesoindebeaucoupplusdebière.—GaryetGabe?Putain,maisqu’est-cequisepasse,Drew?

Nathanposalespacksdebièresurlesol.Andrewfixaitdesyeuxleplafonddusous-sol.

—Ehbien?demanda-t-ilsévèrement.

Andreweutlagrâcedeparaîtregêné.

—Nouspensionsquesitunevoulaispasvenir...

—Vousavezmontéuncoupcontremoi?s’exclamaNathanenleregardantbouchebée.

—Pas exactement.On a plus profité d’une occasion pour se retrouver entremecs. Steph et Joem’onteffectivementdemandédeparleràColin,etjevoulaispasserdutempsavectoiquin’inclutpasunedépressionnerveusepourl’und’entrenous.Jepensais...Richpensaitquetutesentiraismieuxs’ilétaitprésent.Qu’onseraitmoinstentésdetoutfairefoirer.

—Etl’enterrementdeviedegarçon?

—Putain,onvamourirdesoifici,lesfilles.

LetonsuavedeGabeinterrompitleurconversation.

—Tuauraisdûapportertapropreboisson,connard,luiréponditAndrewenhurlant.

Ilyeutunfracasdansl’escalieretGaryfituneapparitiondansl’obscurité.Ilsemblaprendreencompteladistanceentrelesdeuxhommesetilhochalatêted’unairapprobateur.

—Tuasacceptéça?demandaNathand’unairsceptique.— Nan. Je pensais que c’était une idée stupide, dit Gary en secouant la tête. Vous êtes deux

connardsincapablesdenepasvoustripoter.Maislechefn’apastenucomptedemonavis.

—Andrew?

—C’estmoi,enfait.

Quelqu’untoussadiscrètementenhautdesescaliers.NathanlevalesyeuxetvitRichfixerAndrewavec un sourire tendre. Il lui répondit avec une timide assurance queNathan n’avait jamais vue chezAndrewauparavant.

Nathansecoualatête.

—Jenepigepas.

Garyluifitungrandsourire.

—Cen’estpasuneobligationquetucomprennes.Contente-toidetedétendreetdepasserunaprès-midiaveclesmecs.AlexestchezSteph.Toutcequetuasàfairec’estdetedéfonceretdemangerdelamalbouffe.

Nathan abandonna. Se défoncer jusqu’à ce qu’il tombe dans les pommes lui parut être uneexcellenteidée.Aveclepetit-amietleschiensdegardeici,aucunrisquequ’Andrewetluis’attirentdesennuis.IltenditlabièreàGaryetAndrewetremontal’escalier.Assezparlédesonaprès-miditranquilledetravail.

Àunmomentdansl’après-midi,Garysortituneguitare.Nathann’avaitpasentenduAndrewchanterdepuislongtemps.Ilavaitoubliéleplaisirquecethommeprenaitàselaisseralleretàchantern’importequoiàtue-tête,delacountryaurock,alorsqu’ilétaitassis,ledosappuyécontreletorsedeRich.

Michael,Jim,etJoefirentuneversionextrêmementprovocatricedeIt’sRainingMen,etàlafin,GaryembrassabruyammentJoe.CedernierleurfitpromettredenejamaislerévéleràStéphanieetdeneplus l’embrasser à nouveau, auquel cas il serait marqué à vie. Jim eut droit à une ovation pour soninterprétationparfaitedeStandbyYourManavecdesmelonspourrembourrersonpull-overhideux.

— Bien, Nate, qu’est-ce que tu vas nous chanter ? demanda Andrew, lui faisant un sourireencourageant.

Nathansecoualatête.

—Tum’asdéjàentenduchanter.Tuveuxfairepeurauxvoisins?

Michaelpouffaderire.

—Ilssonttouslà.Tunet’entireraspassifacilement.

Gabeaffichaunelueurmalicieusedanssonregard,maisavantqu’ilpuisseouvrirlabouche,Nathansepenchaenavantetluimurmuraàl’oreille.

—SituproposesIWillSurvive,jedonnetescouillesauxchienspourqu’ilslesmangent.Ilfitlamoue,maisilétaitévidentquelesplansdeGabeavaientétécontrecarrés,etonluijetades

restesdepainàl’ailpoursapropositionalternativedeDancingQueen.Enfin,presquenerveusement,Jimsortitunjoint.AlorsqueGaryetJimpoussaientdescrisdejoie,

Michael,JoeetAndrewlefixaientduregardavecstupéfaction.

—Maistu…Allison…elletetuerait,bégayaAndrew.

Jimluifitunsourireamuséalorsqu’iltiraituneboufféeavantdelepasseràRich.

—Elleestchezsamèrejusqu’àlundi.Jesuisvieux,pasidiot.Enplus,j’aieuunevieavantAlli.Çafaitdubiendes’ensouvenirdetempsàautre.

C’étaitlemeilleuraprès-midiqueNathanaiteudepuisdesmois,etlorsquetoutlemondes’enalla,ilserenditcomptequelabouledestresscoincéedanssapoitrine,quirendaitsidifficilesarespiration,avaitdisparu.

Versminuit,JimetMichael titubèrentenpartant, tellementdéfoncésqu’ilsavaientbesoin l’undel’autrepoursetenirdebout,etmêmedecettemanière,Nathandutleurmontrerdudoigtladirectiondeleursmaisons.GaryetGabeavaientfaitmainbassesurlachambred’amisdechezNathanavecunsimple‘Nuit,connardsenguised’aurevoir.

CequilaissaAndrewetRich.

Andrewlepritdanssesbraspourluidireaurevoir.Nathanleserrafortlorsqu’ilcompritcettefoisqueRich n’allait pas s’énerver après lui.Andrew enfouit son visage dans le cou deNathan l’espaced’uneminute.L’étroitessedeleurétreinteendisaitplusquen’importequelleparole.

Finalement,Andrewl’embrassasurlabouchepuisrecula,laissantRichs’approcherpourdireaurevoir.Cederniers’avançaetl’étreignitégalement,leremerciantpourl’après-midi,puisilspartirent.

Nathanregardamalgréluilecoupledepuisl’embrasuredelaporte.LamanièredontAndrewpassaunbrasautourdesépaulesdeRichcommeilsretournaientensepromenantaunumérodouzeattirasonattention.Pourlapremièrefois, l’intimitéqu’ilyavaitentreeuxnelui laissapasungoûtamerdanslabouche.

Dieubénissel’alcool,pensa-t-ilalorsqu’ilappelaitTyleretRubypourunepromenadenocturne.

XIII

LASENSATION dedouxbaisers sepressant contre samâchoire tiraAndrewde soncomasur le canapécauséparl’épuisement.

—Hum,salut!marmonna-t-il.

Il tournasonvisageà l’aveuglette,sabouchecherchantcelledeRichsansouvrir lesyeux.Àcetinstant, il n’était pas certain que forcer ses paupières à s’ouvrir soit une option.On l’embrassa avecdouceur,puisunemainchaudecaressasonvisage.

—Longuejournée,chéri?

—Longueetstressante.

Andrewétaitdumêmeavis, et sedébattaitpour s’asseoir et accueillir correctement sonhomme,maisRichsecontentadelerepoussercontrelescoussins.

—Retournetecoucher.Plustard,veux-tuqu’onmangedehorspourledîner?

Tout ce qu’Andrew voulait, c’était se faire oublier pendant dix heures,mais il savait que Richauraitfaimaprèsunelonguejournéedetravail.Ilétaitsurlepointd’accepterlorsqueRichl’embrassaànouveau.

—Cequejepeuxêtreidiot.Jevaiscommanderpourqu’onnouslivreici.Rendors-toi.

Andrewluisouritavecgratitudeetsepelotonnaànouveaudanslelit,notantvaguementlasensationd’unecouverturedéposéesurluitandisqu’ilsombraitànouveaudanslesommeil.

Ilfutréveilléquelquesheuresplustardparunelégèresecousseàl’épaule.

—Drew,lerepasestprêt.

Ils’assit,l’espritconfusetincertain.IlouvritlesyeuxpourvoirRichluisourire,uneassiettedanslamain,etunegrandetassedecequiétaitassurémentducafédansl’autre.

—Caféineourepaschaudd’abord?

Richlevalesyeuxaucielcommelesmainsd’Andrewsedirigeaientdirectementverslecafé.

—Tunedevraisvraimentpasboireautantdecaféaussitardlesoir.Pardon,tudisais?demanda-t-ilcommeAndrewluifaisaitungestedelamainquinecorrespondaitcertainementpasàunremerciement.Tss-tss, Andrew. Tu crois que ta mère serait heureuse de te voir en train de te comporter aussigrossièrementenverstonmari?Ellenet’apasapprislesbonnesmanières?

Andrewlevalevisagedesatassedecafé,maintenantvide.

—Tuveuxvraimentsavoircequemamèrem’aappris?

LevisagedeRichperditsonsourire.

—Pasvraiment,monamour.

UnenuitàboireencompagniedeStephavaitconduitRichàenapprendrebienplussurlamanièred’éduquerlesenfantsdeMamanMatthewsquecequ’Andrewenavaitlaisséentendre,etilavaitvulescicatricessursondos,deslignesdecicatricesblanchesdonnéesparlaceintureencuirfin.Andrewavaitbalayélesujetd’unreversdelamain,maisquelquesfoisilseréveillaitettrouvaitRichentraindetracerdubout de sesdoigts les cicatrices, et chaquemarque, chaque ligne rappelait àAndrew la douleur etl’humiliation. Il avait surpris Rich en train de fixer Ruth d’un regard empli d’aversion pure lorsqu’ilpensaitquepersonneneleregardait,mêmes’ilsavaitqueRichétaitbientroppolipourluidirequoiquecesoitenface.Ilavaitl’habituded’allerverssonmarietd’embrassersonvisagepourenleverceregard,leremerciantsilencieusementpouravoirfaituneffortpourlui.

Richpritlatassedesmainsdesonhommeetluitenditl’assiette,ignorantlamouedeprotestation.

—Manged’abord,ensuitetuaurasdroitàunetassedeplusdedécaféiné.

Semoquantduvisageoutréd’Andrew,ilalladanslacuisine.

—Cen’estpasduvraicafé!criaAndrew.

—Nan,maisc’esttoutcequetuauras.Commenceàmanger,jeserailàdansuneminute.

Andrewsouritetserassitavecsonassiettedecuisinechinoise.Richrevintnonchalammentavecune autre tasse de café et une assiette pour lui-même. Il s’assit à côté d’Andrew et ilsmangèrent ensilencependantquelquesminutes.

IlsregardèrentConanO’Brientoutendînant,lestyledétendudel’émissionconvenantaumanqued’intelligenced’Andrewaprèslajournéequ’ilavaitpassée.Inévitablement,sonespritrevintàlaséancephotoqu’ilavaitfaiteplustôtetauxproblèmesqu’ilavaitrencontrés.

Il avait commencé à lentement monter son affaire depuis qu’il avait repris le travail après sadépression.Le travail avec legroupedeGary l’avait aidé.Aprèsdes années à jouerdansdespetitesboîtes,oncommençait enfinà leur réserverdes sallesplusgrandes, et ils avaient reçuunecouverturemédiatiqueassezpositivedanslapressemusicale.Andrewavaitprisquelquesphotospourlegroupequiavaient étépubliées, cequi avait conduit d’autresgroupes enpleine ascension à réserverdes séanceschezlui.

Aprèsdesannéesdephotosdebalsdepromoetdebébés,ilcommençaitenfinàêtrereconnupourses compétences. Pourtant, son petit studio de Castleton et les déplacements dans les écoles et leshôpitaux lui manquaient un peu. C’était peut-être un travail sans intérêt, mais les parents des gaminsl’appréciaientetlerespectaient.Çan’avaitrienàvoiravecl’autreaspectdesonaffaire,dontiln’étaitpascertain.

Desannéesauparavant, il avait faitquelques séancesphotopourun typequivoulaitpercerdansl’industriepornographique.C’étaitunefaveurqu’Andrewavaitaccordéeàsamère,qui travaillaità lamaternitéoùilprenaitdesphotos.Lesphotosfurentpubliéesdansunmagazine,etlejeunehommedevintune star du porno pendant une brève période avant d’heureusement, décider d’aller à l’université.Cependant,celanel’avaitpasempêchéderecommanderAndrewàtouscommelephotographepourfaireun portfolio. Andrew s’était retrouvé avec un grand nombre de jeunes hommes et jeunes femmes quipassait régulièrement ses portes, et certains d’entre eux, comme la fille d’aujourd’hui, lui donnaitl’impressiond’êtrel’hommequeNathanl’avaitaccuséd’être:unpervers,unexploiteurminabledechairfraiche.

La fille était si jeune et tellement terrorisée qu’Andrew avait fini par insister pour qu’elle se

rhabille.Illuiavaitpréparéunchocolatchaudetl’avaitrenvoyéechezelle,luilaissantentrevoirlesortdelasœurdeNathan.Ilavaitaussipasséquelquescoupsdefilpours’assurerqu’ellerentraitbienchezelleetavaitappelébrièvement,maisdefaçonacerbe,l’amiquil’avaitdirigéeverslui.Ilnesavaitpassilajeunefillesuivraitsonconseil,maisilneprendraitpaslaresponsabilitéd’avoiraidéàcorrompreunemineure.

—Tuveuxenparler?

LavoixdeRichinterrompitsessombrespensées.

—Tuesentraindenousconcocterunorage,cowboy.

Andrewsoupiraets’affaissacontrelecanapé.Ilsefrottalestempes,commepourseviderl’esprit.

—C’était... justeunefilletropjeunequiauraitdûessayerdesrobesaucentrecommercialplutôtquedelesenleverdevantmoi.

AuregardinquisiteurdeRich,ilcontinua.

— Je l’ai renvoyée chez elle en lui racontant une histoire d’épouvante, et je lui ai suggéré deretourneràl’école.

Rich se retourna pour frotter le cou d’Andrew, ses doigts agiles cherchant les nœuds et lacrispation.Ungémissementdereconnaissances’échappadeslèvresd’Andrewcommeilsedétendaitàsoncontact.Richtravaillaensilencependantquelquesminutes,puisilpritlaparole.

—Tun’espasobligédecontinueràfairecesséancesphoto.Jesaisàquelpointtulesdétestes.Tunepeuxpasêtreresponsabledetoutlemonde,Andrew,dit-ilcommecedernierallaitluirépondre.

—Jenemesenspasresponsable.

—Vraiment?

Andrews’assit,s’éloignantdesonmasseur.

—Qu’est-cequetuveuxdire?Jenemesenspasresponsabledechaqueclientquipasselaporte.

Rich s’arrêta un instant, comme s’il avait besoin de choisir ses mots avec précaution. Tandisqu’Andrew attendait, il put voir à quel pointRich avait l’air épuisé, les lignes autour de ses yeux sefaisant plus profondes, les traits de son visage étaient plus tiré, et il se sentit encore plus coupabled’avoircettediscussionaveclui.

—Pourquoiest-cequetucontinuesàfairedesséancesphotopornographiques?Tesphotospourlamusiquesontentraindedécollerettun’aspasbesoindel’argentdupornopoursoutenirtafamille.J’aivucequetufaisais,tutesouviens?

Andrewsecoualatête.

—Çaneveutpasdirequejesuisàl’abrifinancièrement.CommentjefaispourenvoyerColinàl’université?

Richglissasamaindanscelled’Andrewetcroisaleursdoigtsensemble.

—Drew, tu n’es plus seulmaintenant. Je peux t’aider pour ça. Je sais que tu ne veux pas êtreentretenu,maisnoussommesconjoints,mariésmême.Cequiestàmoiestàtoi,ettoutettout.Toutcequejeveuxdire,c’estquetun’aspasàcontinueràfairequelquechosequetudétestesjusteparcequetuasl’impressiond’yêtreobligé.Tunepeuxpasprotégertouscesjeunesgamins,etilsnefinirontpastouscommeAmyPeterson,ajouta-t-ilenvoyantAndrewfairenondelatête.

Çafaisaitmal.

—Je…cen’estpascequejepense,murmuraAndrew.

—Vraiment?demandaànouveauRich.Penses-yàl’occasion,d’accord?

Andrewacquiesça. Il ne voulait pas réfléchir. Il voulait juste aller se coucher et oublier la filleterroriséedequatorzeansettouslesautressiidentiquesàelle.Ilespéraitquecesoiraumoins,unejeunefille qu’il n’avait jamais rencontrée,mais qui avait influencé sa vie au cours des dernières années nehanteraitpassesrêves.

Ilfaisaittoujoursnuitquandilseréveillaànouveau,cettefoisdanssonlitconfortable.Nesachantpascequil’avaitdérangé,ilexploradelamainlelit,pourdécouvriruneplacevideàcôtédelui.Ilsetournaetenfonçalenezdanslecôtédulitencorechaud.IlvoulaitqueRichrevienneetseblottissecontrelui.Ilentenditlachassed’eaudanslasalledebainetsedétendit,somnolantencoreàmoitiéalorsqu’ilattendaitqueRichlerejoigne.

Andrewétaitpresqueendormilorsqu’ilsentitlelitpencheretunepeaufroidesecollercontresondos.Ilprotestaenmurmuranttandisqu’ilfrissonnait.

—Excuse-moidet’avoirréveillé,bébé,murmuraRichàsonoreille.

—Tucroisqueçac’estpuéril?

AndrewpassalebrasdeRichautourdeluietlefitdescendrejusqu’àsonsexe,déjààmoitiédur.

—Jenecroispas,M.Matthews, je croisbienquec’estunepreuvedevotrevirilité, acquiesçaRichtoutenenroulantsamainautourdesonmembreetlemasturbantlentement.

Retenantungémissement,Andrewsepoussacontrelui,sentantlesexedeRichs’épaissiretdurcircontresondos.

—C’est...ah...bon.

Ilpoussalamainplusbas.Richfitpasserdocilementsamainsursestesticules,lesprenantenmainpendantunesecondeavantdefrôlerduboutdesesdoigtslapeaufineetrouge.

Richeutunsouriresatisfaitcontresonoreille.

— Seulement bon ? demanda-t-il, taquinant la peau jusqu’à ce qu’Andrew se tortille sous sesdoigts.

—Agréable,même,haletaAndrewcommeilsentaitundoigtsepressercontrelui.

—Justeagréable,hum?Jedoisavoirperdulamain.J’arrêtealors?

—Putain,nefaispasça!

Andrew serra la main de Rich entre ses cuisses au cas où il viendrait à mettre sa menace àexécution.

—Sijeteprometsdecontinuer,tuveuxbienenvisagerdemerelâcher?

Andrewtournalatêteafindepouvoirs’emparerdeslèvresdeRichàl’aidedessiennes.

—Jenetelaisseraijamaispartir.Compris?

Savoixétaitardentedansl’obscurité.

—Compris.

CelledeRichétaitrauque,commes’ilétaitsurlepointdepleurer.

Andrew l’embrassa fortement et se rallongea, détendant ses cuisses, et laissant Rich y accéderlibrement.

—Baise-moi!secontenta-t-ildedire.

IlfutprisparsurpriselorsqueRichlerepoussacontrelesoreillersets’installaentresescuisses.Mêmedansl’obscuritédelachambre,ilpouvaitsentirqueRichleregardaitdanslesyeux.

—Non,jenevaispastebaiser.Maisjevaistefairel’amour,maintenantettoujours,rétorqua-t-ilcommeAndrewouvraitlabouchepourprotester.

Andrew l’attira à lui pour l’embrasser profondément, bouleversé par l’intensité des sentimentsqu’ilsavaientl’unpourl’autre.

—Qu’est-cequej’aifaitpourtemériter,Rich?Aprèstoutescesannées...defoutuesolitude.

—Nepensepasàça,bébé.Tueslàavecmoimaintenant.

Rich descendit le long de son corps, parsemant des baisers partout, s’arrêtant pour laper sesmamelonsjusqu’àcequ’Andrewsetortillesouslui.

Cen’estquebienplustard,commeAndrewétaitétendu,couvertdesueuretl’airexténuégrâceauxmainsexpérimentéesdeRich,qu’illuiposâtlaquestion.

—Pourquoit’es-tulevé?

Richmarmonnaquelquechosed’untonendormicontresontorse.Andrewluidemandaderépéter.

—Uneindigestion.Çavamieuxmaintenant.

Fronçantlessourcils,Andrewpassasesmainssurlespoilsdouxquichatouillaientsontorse.

—Encoreuneindigestion?C’estquoi,laquatrièmefoiscesdernièressemaines?Ilvaudraitmieuxallervoirunmédecin,trésor.

Richémitunsonquiauraitpuvouloirdiren’importequoi.

—Oui.Laprochainefois.Dorsmaintenant.

ANDREWÉTAIT en train de revoir certaines de ses photos lorsqueNathan appela. Il était lové dans lecanapé, lespiedsposéssur lesgenouxdeRich.Sonmari faisaitunebonne imitationdupoissonrougedans son sommeil.C’était unmoment assez agitéde l’annéepour lui.Andrew levoyaitpeu, il partaitavantqu’Andrewneseréveilleetnerevenaitquetardlesoirlorsqu’ilétaitdéjàcouché.

Richétait revenuaprèsminuit lanuitprécédente,presque tropfatiguépour tenirdebout.Andrewl’avaitregardéetyavaitmisleholà, insistantpourqu’ilprenneunjourdecongélejoursuivantavantqu’ils’écroule.Richs’yétaitopposé,maisAndrewavaitmenacéd’appelerlebureauetd’enparleràsasecrétaire,Ida,s’ilneluiobéissaitpas.

Ida était effrayante. Elle était le stéréotype de la secrétairematriarcale qui dirigeait son bureauavecunebaguettedefer.Personnenepouvaits’ensortirindemneaprèsl’avoircontrariée.Ilyavaituneexception.ElleadoraitAndrew,etilleluirendaitavecdesfleurs,desgâteaux,etdessortiesdansdesgaleriesetdesmuséesoùelleneseraitpasnécessairementalléetouteseule.Lorsqu’Andrewlemenaçait

delacolèred’IdaReynolds,Richsavaitqu’ilétaittempsdecéder.Ducoup,lorsqueNathanl’appelasamediaprès-midi,Richétaitsortidulitàmidipourpartagerle

déjeuneravecAndrew,ets’étaitendormiavantquelerepassoitpréparé.

AndrewécoutaitsoniPodpendantqu’il travaillaitetneremarquapasdansunpremiertempsqueson portable vibrait. Ce n’est que lorsque le mouvement attira son attention du coin de l’œil qu’ill’attrapa.

—Oui!dit-ilaussicalmementqu’illeputdanssahâte.

—Euh…Andrew?

—Nathan?

—Salut.Commentçava?

Çava.Bien.Uneépavequitremble.Dur.Jesuisheureuxdet’entendre.Putain.Pitié.—Supermerci,ettoi?

—Bien,bien.

Ilyeutunlongsilencepesant.Disquelquechose,imbécile.—Euh…tuvoulaisquelquechose,Nate?

Ilyeutuneautreinterruption,puisunsoupir.

—Jevoudraisquetuprennesdesphotosdenotrefamille.

—Tuveuxdire,detoi,Alexetlesenfants?

—Avecmamère,monpèreetBobetsafamille.C’estbientôtl’anniversairedemamère,etellevoulaitdesphotosdenoustous.Nousn’enavonspasfaitdepuisladisparitiond’Amy.Écoute,jesaisquetuesoccupé,maismamèreavutesphotos,etonabesoindequelqu’unquicomprenneàquelpointc’estdifficile.Situn’espasdisponible…

Nathanseprécipitaitdedébitersesmots.—Jeseraiheureuxdelefaire,lecoupaAndrewdanssesbredouillements.—Vraiment?AndrewentenditunautresoupircommeNathanexpirait.—Biensûr.Laisse-moiregardermonagenda.Tupensesàunedateenparticulier?Aussiprudemmentquepossible,AndrewglissasespiedsdesgenouxdeRichetsedirigeaversson

agenda.Ilsdiscutèrentlesdatespendantunmoment,lesréduisantàtroispossibilités.—Jevaisappelertoutlemondemaintenantpourtrouverladatequileurconviennelemieuxpour

venirici.Jenepeuxpastedireàquelpointjetesuisreconnaissant,Drew.Andrewsourittristement.—Net’enfaispas.Enfaitj’aiuneidéequivapeut-êtrefaciliterlatâcheàtesparents.J’aibesoin

d’enparleravecRich,etjet’enparleraiquandtumerappelleras.—Qu’est-cequetuveuxdire?demandaNathan,l’airunpeusoupçonneux.—Oh, tu n’as pas à t’en faire. Juste un lieumoins cérémonieux où nous pourrions prendre des

photos. Si tu veux, Stéphanie et Joe peuvent venir. Colin pourra amuser les gosses. C’est une grande

maisonoùtoutlemondepourrarester.—Jenesuispascertainquel’onpuisseselepermettrepourlemoment.Onestunpeucoincés.—Çanevouscouterait rien.C’estchezRich.Unemaisonoùilvivaitavant.J’yfaispasmalde

séancesphotolorsqu’elleestvide.Onpourraittousyresterpourleweek-endetdonnerl’occasionàtesparentsdesedétendre,enfin,àvoustous.DemandeàSteph.

—Çaal’airgénial.LavoixdeNathanétaitpleined’incertitude.—Maistuessûrqueçaneledérangerapas?—Jeluidemanderai.Jet’enparleraiplustard.—Biensûrquetupeuxt’enservir.Unepairedebrass’enroulaautourdelatailled’Andrew.Cedernier sursautacomme ilmettait finà l’appeldeNathan. Iln’avaitpasentenduRicharriver

derrièrelui.Ilseretournadansl’étreintedesonmarietsepenchaenavantpourl’embrasser.—Hé,jenet’avaispasentendutelever.Il le regarda attentivement, remarquant à quel point ses traits étaient tirés, les lignes toujours

profondémentgravéesautourdesesyeuxetdesabouche.—Retournetecoucher,trésor.Onparleraplustard.Andrewlemenaavecdouceurendirectiondelachambre.Richeutjustel’airdes’affaisserdans

sesbrasetlelaissalerecoucher.—C’étaitNathan?ditRichcommeAndrewquittaitlachambre.—Oui.Commentas-tusu?réponditAndrewens’arrêtantàlaporte.IlregardaRichpar-dessussonépaule.—Parcequejet’aime,ditRichenluisouriant.Tupeuxteservirdelamaison,Drew.—Merci,murmuraAndrewcommeilseglissaithorsdelapièce.CettecourtediscussionavecNathanavaitfaitresurgirtouscessentimentsqu’ilavaittentésifortde

réprimer.IlaimaitRichdetoutsoncœur,maisilyavaitunepartiedelui,assezimportante,ildevaitlereconnaître,quin’oublieraitjamaisNathanPeterson.

XIV

NATHANFAISAIT laqueuedevant laboîte, sebalançantd’uncôtéà l’autre comme il attendaitqu’on lelaisserentrer.Ilétaitseul,cequilegênait,GabeluiavaitenvoyéunSMSluidisantqu’ilsarriveraientenretard, et il ne pouvait pas tenir en place, désirant à tout prix quelque chose qu’il ne pouvait trouverqu’ici. Il était conscient des regards bizarres des gens autour de lui, de l’écart entre eux et lui. Il sedemandasiunjouronnelelaisseraitpasrentrerparcequ’iln’auraitpassuffisammentl’airhomosexuel.

Ilsesouvintd’uneautreboîte,d’uneautrefiled’attente,etd’Andrewvibrantàcôtédelui.Àcemoment-là, iln’avaitpascompriscequ’Andrewressentait, l’agitationetlafaimquilepoussaientàenperdrelaraison.Mêmesimaintenant,maintenantilcomprenaittropbiencesentiment.

Il y avait des jours où il voulait se défaire de sa peau et la laisser derrière lui.Ces jours-là, ilappelaitGabeetilspartaientdansuneboîteanonymequelquepart:unlieuoùilpouvaitlaissersapeauàl’entréeettrouverunhommesuffisammentgrandetmince.S’ilavaitdelachance,ilauraitpeut-êtredestachesderousseur.Ilpouvaitéchangerdesbaiserslesyeuxfermés,ainsiquedesfellationsfurtives.Danslenoir,personnenesavaitqu’ilnemurmuraitqu’unseulnom.

Ensuite,ilpouvaitréintégrersapeauetêtrecequ’ilsemblait:unmari,unpèreetuninstituteur,enpaixpourunmoment.Maissachantqu’ilallaitrevoirAndrewdansquelquessemainesetqu’ilsallaientpasser leweek-endà jouer les famillesheureuses, sonagitationétait revenue,alors ilavaitenvoyéunautreSMSàGabe.Quoiquec’étaitunpeuloinpourunegâterie.Gabeavaitinsistépourqu’ilessayecetteboîteenparticulier,cequivoulaitdirequeNathanavaitunlongtrajetàfaireenvoitureàl’alleretauretour.IlavaitdûnégocieravecAlex,etilsavaitqu’ilseraitépuiséd’icilelendemainsoir.

Il finit par enfin passer les portes.Gabe avait dit qu’ils se verraient devant le vestiaire.Nathanespéraitqu’iln’auraitpasàattendretroplongtemps.Ilavaitvuunhommedanslafilequiconvenaitàsesbesoins, grand,mince avec une carrure qui le faisait tressaillir. Tenter de le retrouver avec le faibleéclairagedelagrandeboîteétaitunautreproblème.

Ilnevoyaitaucundesesamis,etcommeilattendaitpourdéposersaveste,ilenvoyaànouveauunmessageàGabe.Ilattendaitlaréponselorsqu’iltenditsaveste.Illuisemblaquelachanceétaitdesoncôté.L’homme,saproie,semblaitattendreluiaussi,etdecequeNathanpouvaitvoir,ilétaitseul.Nathanavaitjustebesoinqu’ilseretourne,etilvitlesyeuxbleusd’Andrew.

Sonportablesonna.Illevérifiamachinalement,remarquantqu’Andrewfaisaitdemême.

Profitez-enbien,petitscons!Oui,merciGabe.

Ilsonnaànouveau.

Nefaispastoutfoirer!Illevalesyeuxetvitqu’Andrewlefixaitduregard,l’aircirconspect.

—Jen’étaispasaucourant,commençaàsedéfendreNathan.

Andrewhochalatête.

—Moinonplus.C’est...uncoupmonté.

—ParGabe.

—ParRich,corrigeaAndrew.

Nathan fronça les sourcils. Il faisait quoi, le mari d’Andrew, à lui monter un rendez-vous àl’aveugleavecsonex-amant?

—Encourt:RichestàLondres.Ilm’aditquej’avaisbesoindesortirm’amuseretdetéléphoneràGary.TuasappeléGabe?

NathanacquiesçaetAndrewhaussalesépaules.

—Ilssesontconcertéset…

—Maispourquoi?

Andrewtirasursonbras.Ilsretardaientlafile.Nathandéposasavesteetsetournapourjeteruncoupd’œilàAndrew.Ils’attendaitàmoitiéàcequesonamidisparaisses’il fermait lesyeux.Ilétaittoujourslà,appuyécontrelemuravecunairétrangesurlevisage.

—PourquoiRichetcesconnardsnousferaientuncoupmonté,jeveuxdire,ànous,aucoursd’unesoirée?

—Franchement,jen’ensaisrien.Jepeuxtedirequecen’étaitpasl’idéedeGary.Tusaiscequ’ilpensedenousetGabenes’opposeraitpasàlui.Laseuleraisonàlaquellejepeuxpenser,c’estqueRichn’yestpasétranger.Nate,ilpeutnousarriverd’allervoirailleurs,Richetmoi.

Nathansentitsamâchoiresedécrocher.

—Tuveuxdire...tucouchesavecd’autreshommes?

—Parfois.Rarement.Et seulement avec sonconsentement.Nous sommeshomosexuels.Cen’estpas lamême chose qu’unemère et un père : abandonner tous les autres jusqu’à ce que lamort noussépare.Aucundenousdeuxnechercheouvertementd’autrespersonnes,maissicelaarrivecen’estpaslafindumonde.

—Maispasavecmoi?Jerefuseraisdetepartager!Andrewluifitunsouriretriste.

—Surtoutpasavectoi.Cen’estpaslamêmechosequ’unepipeanonymedansuncoinobscur.

IlhochalatêteenvoyantNathantressaillir,serendantcomptequepourlapremièrefoislejeunehommelecomprenait.

—Tun’espasunjeuneminetducoin.Richlesait,etilsaitqu’avectoiceseraittoutourien,sinonilauraitdéjàessayédecoucheravectoi.

IlyavaitlàunepenséequeNathannevoulaitpastropapprofondir.Oui,ilyavaitpenséaussi.Rienquedelesvoirs’embrasser,envoyaitdessentimentsmitigésàsoncerveauetàsonsexe.

—Alorspourquoiicietmaintenant?Çan’apasdesens.

Nathanétaitencoreplusperduquejamais.

—Jen’ensaisrien,etpourlemomentjem’enfiche.Toutcequejesais,c’estqu’iladonnésonaccordetquenoussommeslà,ensemble,etseuls.

AndrewavançademanièreàpresquetoucherNathan.Illevasonregardsurlui.

—Tuvasdanseravecmoioutuvaspartir,Nate?

Nathanlefixaduregard,impuissant.

—Jedevraispartir.

Sapeauluisemblatropétroitepourlui.

—Alors,vas-y.

Ilsétaientproches, trèspeud’espace restaitentreeux.LessensdeNathanétaientsubmergéspardesyeuxbrillantsetdesépices.

Ilavaitbesoindefaireungrandpasenarrière;unkilomètrededistancedevraitsuffire.

—Tusaisquejenepeuxpaspartir.

L’agitations’étaitchangéeenrats,quirongeaientsesentraillesavecleursfichuesgrandesdents.

Andrewne faisait rienpourarranger la situation, tendant lebrasvers lehautetposantunbaiserbrefsurseslèvres.

—Danseavecmoi.

Nathanavait-ilseulementeulechoix,àpartirdumomentoùilavaitposélesyeuxsurlui?

Il suivit aveuglément Andrew sur la piste de danse, poussant entre l’affluence de jeunes et debeautéssplendides.Andrew le remarquerait-il seulement,une foisqu’ilauraitcommencéàdanser? IlavaitvuAndrewsemettredanscetétatd’espritauparavant.Làoùrienn’avaitd’importance,àpartsonbesoindedanseretdebaiser.LebesoinqueressentaitactuellementNathan.

Andrewtrouvaunespaceentrelesdanseursetsetournapourleregarderenface.L’espaced’unefractiondeseconde,Nathanvitunelueurdedoutedanssesyeux,commes’ils’attendaitàcequeNathansoitpartipendantqu’ilavaitledostournéetilss’embrasèrentlorsqu’ilvitqu’ilétaittoujourslà.IltenditlesbrasetNathan,impuissant,avançaàl’intérieur.Ileutl’impressiond’êtretiréparunecorde.Aucunechancederefuseroudes’éloignerdelacatastrophequiallaitsurementsurvenir.

—Jesuisrentré.Nathan était presque certain qu’il n’était pas censé entendre le commentaire qu’Andrew avait

murmurécontresonépaule,maiscelaluiréchauffalecœur.Onluiavaitaccordéunenuit.Iln’avaitpasbesoindetoutfoirer.Ilenprofiteraitbienavantderécupérersavraievie,enmêmetempsquesaveste.Ilsdansèrent,bougeantensemblecommes’iln’yavaitpersonned’autredanslaboîte.Lenteourapide,lamusiquen’avaitaucuneimportance.Cequicomptait,c’étaitqu’Andrewétaittoutprèsdesoncorps.

Nathan avait regardé Andrew danser auparavant, du temps où l’agitation résidait dans le corpsd’Andrew au lieu du sien.Cela avait ajouté une frénésie à sesmouvements qui n’était pas présente àl’heureactuelle.Andrewdansaitpourlui,justepourlui,etcelasevoyaitchaquefoisqu’ilsetortillait,chaquefoisqu’ilglissaitlelongdeseshanches.

Ilseurentchaud,lasueurcoulantlelongdeleurscorpscommeilsdansaient,leurshautsleurcollantàlapeaudefaçonpresqueobscène.Andrewenlevasontee-shirt,laissantsontorsenu,etlerentradanslapochearrièredeNathan.

Bienqu’ilsoitplusâgéque laplupartdes jeunesdans laboîte,Andrewétaitmagnifique. Ilétaittoujours finementmusclé, la peau légèrement bronzée. Nathan voyait bien qu’il attirait l’attention desautres hommes, et il devait s’empêcher de grogner qu’il lui appartenait à chaque regard non désiré,chaquefoisqu’ilsseléchaientleslèvres.

AndrewfitunpasdecôtéetcommençaàdéfairelachemisedeNathan.Lesmainsdecedernierseposèrent vivement sur celles d’Andrew,peu confiant à l’idéede sedéshabiller enpublic.Sa chemises’ouvritalorsqueledernierboutonsedéfaisaitetAndrewlafitglisserlelongdesesépaules.

—Maintenantilssontentraindebaver,ditAndrewenprenantlachemisedeNathanpourlui.Nathann’osapasleverlesyeux.ContrairementàAndrew,endehorsdesasalledeclasse,iln’avait

riend’unexhibitionniste.Ilarrêtasonregardquelquepartentrelenombrild’Andrewetlalégèretraînéedepoilss’enfonçantdanssonjean.Ilavaitenviedesemettreàgenouxet...

—Regarde-moi,Nate,ditAndrewavecautorité.

Nathanregardale jeudelumièrescoloréessur lesabdominauxd’Andrew.Regarde-moi !Nathanforçasesyeuxàseleveretbrûlapresquesousl’intensitéduregardd’Andrew.

—Regardeautourdetoi. Ils tedésirent tous.Ilsveulent te toucher, toucher toncorpssublime,ets’ilslefont...

Andrewsepenchaenavant.

—…jeleurarracherailesbras.Cesoirtuesàmoi!murmura-t-ilavecférocité.Nathan ne regarda pas autour de lui. Il se fichait des autres. Chaque regard chaud, chaque

effleurementpossessifmarquaientsonappartenanceàAndrew.Andrewmarquaitsonterritoirecommes’illuiavaitpissédessus,etsonestomaccessadeletiraillercommelesratssesoumettaientàlapossessivitéd’Andrew.Lesratsétaient-ilscapablesderonronner?Lessienslefirentcertainementalorsqu’Andrewlerevendiquait.

Ils dansèrent encore, toujours plus près, leurs mains glissant sur la peau lisse de leurs côtésglissants de sueur. Une fois, rien qu’une fois un homme tenta de les interrompre. Il fut violemmentrepousséparlacolèreprésentedansleursyeux.Pourtouslesautres,ilétaitévidentqu’ilétaitinutiledetenterdes’immiscerentreeux.

Detempsàautre,ilsbuvaientdel’eau,aucundesdeuxnevoulantquel’alcoolneviennebrouillerounesoitresponsabledelasoirée,etensuiteilsrevenaientsurlapistededanse,lesfessesd’AndrewsefrottantcontreNathanjusqu’àcequecederniergrognecontresonoreille.Appuyantsonérectioncontrelebas du dos d’Andrew, Nathan se tortilla doucement afin de la faire glisser entre ses fesses. Il sentitl’accrocdanslarespirationd’Andrewàsontorse,sesmainsétantétaléesdessus.

Andrewattrapasamaintandisqu’ellebougeaitdevantlui,etlafitdescendrejusqu’àcequeleboutde sesdoigts soit juste sous la ceinturede son jean.Leboutde son sexedur effleura la pulpede sesdoigts,coulantcontresapeau.Andrewtirasursamainetsegoûtalui-même.

Nathanvitdesétoiles.IlvoulaitpencherAndrewenavant,ici,surcettepistededanse,etpoussersonsexeentrecesfessestenduesjusqu’àcequ’ilshurlenttouslesdeux.Iln’étaitpascertainqu’Andrewl’arrête,avecousanspublic.

—Ilfautquetuarrêtes,murmura-t-il,lavoixtenduecommeiltentaitdes’empêcherdeluisauterdessus.

—Quejem’arrête?

Lesouffled’Andrewchatouillasapaume.

—Tuveuxvraimentquej’arrêtedetetoucher,Nate?

SabouchesuçotadurementlesdoigtsdeNathan.

Cederniergrogna,plusexcitéqu’ilnepouvait le supporter. Il retournaAndrewdanssesbrasetl’embrassa, sa langue s’enfonçant contre la sienne, le marquant comme sien. Ils se disputèrent pourregagner le contrôledubaiser. Ils se tenaient sur la pistededanse et avaient cessédedanser, chacunperdudanslebesoindedominerl’autre.Lesonglesd’Andrews’enfoncèrentlelongdesondos,jamaissuffisamment pour laisser une trace permanente, mais assez pour faire en sorte que la sueur le brûletemporairement.

Andrewmitfinaucombat,sapoitrinesesoulevanttandisqu’ilenvoyaitdel’airdanssespoumons.IlreculaetattrapalebrasdeNathan,lemenantàl’arrièredelaboîte.Ilstrouvèrentunespaceàl’écartetreprirentleurbaiser,seulementcettefois-ciilfutpluslent,plusprofond,sansaucundésirdedomination,justel’enviedegoûter,d’explorerl’autreavecleursmains,leurslèvresetleurslangues,deseracontercequ’illeuravaitmanquépendantsilongtemps.Leurmondeseréduisitàcebaiser,unbaumepourlemalquilerongeait.

NathanappuyaAndrewcontrelemur,sesmainsprenantencoupesamâchoire,sentantlarugositédesabarbenaissantecontresespaumes.Ellesétaientassezgrandespourcaresserderrièrelesoreillesd’Andrewetconstaterquelesdouxcheveuxbouclaientderrièresoncou.NathanavaitbesoindepousserAndrewcontre lemur, de sentir soncorps fermementmusclé contre le sien. Il donnaunpetit coupdegenouentrelesjambesd’Andrew,luiarrachantungémissementqu’ilavalatoutenexerçantunepressionsursonsexe.Ilappuyaànouveau,voulantentendrelesonquihantaitparfoissesrêves.

Andrewpassasesmainssur le torseet lescôtésdeNathan,sous lapeaudoucedesesbras, sespoucesfrottantsesmamelons,lestaquinantjusqu’àcequ’ilsdurcissent,puisdescendantplusbas,passantsouslaceinturedesserréedesonjeanpoursefrayeruncheminàtraverslespoilshirsutes.

Nathanbrisalebaiserpourluifaireunaveu.

—Tesmainsmerendentfou.

Lescheveuxd’Andrewchatouillèrentsapeaucommeilacquiesçait,ramenantsatêteàluipourunautrebaiser.

Sapeauétaithypersensible.Oùqu’ilsletouchent,lesdoigtsd’Andrewlefoudroyaientjusqu’àsonsexe.Ilavaitbesoind’autrechosequedesdoigtslégersdansantsurlabossedanssonjean.

—Touche-moi,supplia-t-il,sepressantcontrelui.

AndrewdéfitlabraguettedeNathan,glissalamaindanslecaleçonencotonettrouvasonmembre,dur et gonflé de désir. Nathan poussa un gémissement dans sa bouche commeAndrew le masturbait,lentement,sonpoucefrottantleboutdesonsexe.Ilsedébattitaveclejeand’Andrew,voulantluiaussiletoucher. Sesmains tremblèrent alors qu’il réussissait à ouvrir le bouton et à les glisser à l’intérieur.Andrewneportaitpasdesous-vêtement.Nathanenroulasamainautourdesonsexedur,transportéparlecontrastedelapeaudouceetveloutée.

Ils semasturbèrentmutuellement tout en s’embrassant, leurs baisers devenant plus désordonnés,leurs souffles haletants se mêlant comme ils se rapprochaient l’un l’autre de la jouissance. Andrewgémissaitdanssabouche,setenantsurlapointedespiedstandisqueNathanlecaressaitplusdurement.

Cedernier trouvaitqu’il étaitdifficilede seconcentreralorsque lamainenrouléeautourdesonsexedescendaitplusbas,prenantencoupeses testicules,puisuneautremainpritsaplacepour lecaresseravecdesmouvementsplusrapides.Ilsjouirentensemble,desjetschaudscoulantsurleursmainscommeils tremblaient chacundans lesbrasde l’autre.Nathan leva lamainet regardaAndrew tandisqu’il lanettoyait,puis il fitdemême,faisantpassersa langueentre lesdoigtsd’Andrewetsuçotant jusqu’àcequ’iln’enresteplusuneseulegoutte.

Allant vers les toilettes pour se nettoyer, Andrew eut fini avant Nathan et l’attendit dehors.Lorsqu’il sortit, Nathan vit qu’Andrew était en train de parler à un autre homme, qui avait l’air plusjeune.Illesregardapendantuneminutetandisquel’autreluitendaitunpetitboutdepapier.

Letruc,c’estqu’Andrewcollectionnaitlesnumérosdetéléphonecommecertainscollectionnaientdesmenusdeplatsàemporter.Onlesluienfonçait littéralementdanslamain.Il l’avaitvuarriverunefoisauparavant,durantl’annéeoùilsétaientvoisins,dansdesboîtesetdesbars,etmêmeunefoisqu’ilss’étaientarrêtésdansunesupérettedeproximité;ilavaitColinàcôtédelui.

Cethommeluidonnasonnuméroavecunsourireassuré.Ilétaitjeune,ledébutdelavingtaine,descheveuxd’unblonddécoloréetunsourireblancéclatant.Àcôté,Nathansesentitvieuxetuséàvingt-huitans.

Andrew se pencha en avant pendant que l’homme parlait, et cela passa évidemment comme uneinvitationparcequeletypetenditlamainpourletoucher.NathanavançaderrièreAndrewetleramenacontrelui,unbraspasséentraversdesontorsedemanièrepossessive,envoyantunmessageflagrantàsonrival.Andrewtenditsesbrasversluietl’embrassasouslamâchoire.

—Tuasfini?

Nathanacquiesça.

—Tuveuxencoredanser?

—Toujours.

Andrewsedégageadesesbras,maisàlaplaceillepritparlamain.Ilsouritaujeunehomme,quiavaitmaintenantl’airunpeutriste.

—Enchantéd’avoirfaittaconnaissance,Kyle.

NathanfitaussiunsourireàKyle.Àenjugerparlafaçondontils’étaitprécipitammentreculé,sonsouriren’avaitpasdûparaîtretrèsamical.

—Tufaispeuràlaconcurrence,Nate?demandaavecdouceurAndrewcommeilsretournaientsurlapistededanse.

—Qu’est-cequit’adonnécetteidée?marmonnaNathan.

—Lefaitquetuascoupélacirculationsanguinedemamain.

IllevalamainpourluimontrerquelesangnecirculaitpluslàoùNathanleserraitfermement.

Nathans’excusaenhâte,cependantils’ensuivitunPersonnenetetoucheracesoir.Personne!IlregardaAndrewjeterdélibérémentlenumérodeKyledansunepoubelle.

—Seulementtoi, lançaAndrew,et ilseremitsouslebrasdeNathancommeilsseremettaientànouveauàdanser.

Nathanfitattentionànepaslelâcherdetoutlerestedelanuit.

Vers la fin, ilsétaientenveloppés l’undans lesbrasde l’autre. Ilsbougeaient lentement, traînantvraimentdespiedssurplace.AndrewposasatêteaveclassitudeaucreuxducoudeNathan,unemainsursesfesses,lesdoigtsdanslapochearrièredesonjean.L’autremainétaitentrelacéeàcelledeNathanetétaitposéesursontorse,auniveauducœurdecelui-ci.

Nathanappuyaseslèvrescontrelefrontd’Andrew,goûtantleselsurseslèvres.Ilnevoulaitpasquelachansonsetermine,ilnevoulaitpasdevoirlelâcheretadmettrequelanuitétaitfinie.

—Jet’aime,murmura-t-ilcontrelapeaud’Andrew.

Andrewsoupira,tremblantlégèrementdanssesbras,etNathansemauditd’avoirbrisélesilence.Ilvoulait juste ledireune foisquand ilsn’étaientniencolère, sous lecoupde l’émotionouen traindepleurer.

Levantlatête,Andrewleregardadanslesyeux.

—Jet’aiaimédèsl’instantoùj’aiposélesyeuxsurtoiàcestupidebarbecue.Celanechangerapasdesitôt.

IlbaissalatêteetNathanresserrasonétreinte.LachansonpritfinetNathansavaitquec’étaitfini;lavraievie lesattendaità laporte. Ildevait rentrerchez luienvoiturepourdonneràAlexl’occasiond’emmenerDanielàunefêted’enfantspendantqueluis’occuperaitdeJessie.

Ils demeurèrent dans la même position, toujours enlacés, ignorant le retour des lumières et lesbavardages des fêtards fatigués tandis qu’ils se dirigeaient vers la sortie. Pourtant, Andrew finit parappuyerunlégerbaisersurlecoudeNathanetlevalatête.Danslaclarté,Nathanvitsonvisage,fatigué,pâleetsatisfait,unsouriresurseslèvresenfléesparlebaiser.

Lafilepour lesvestesétaitpresquevide lorsqu’ilsvinrent récupérercelledeNathan.Legarçonderrièrelecomptoirluitenditsaveste,etluifitunclind’œil.

Nathansourittandisqu’ilsentaitAndrewbougerentreluietlecomptoir.

—Détends-toi,murmura-t-ilàl’oreilled’Andrew.

—Tum’appartiens!mentitAndrew,grognantpresquesurlegarçonmalchanceux.

—Toujours,réponditdelamêmefaçonNathan,ladouleurdelaséparationimminentecommençantàsefairesentir.

Ilssortirent,maindanslamain,dansl’airfraisdumatin.Andrewfrissonnadanssontee-shirtléger,etNathanl’enveloppadanssesbras,justepourretarderunpeupluslaséparation.Andrewinclinasatêtepourunbaiser,et ils se tinrentensemblesousunpanneau leurpromettantque ‘lemondeseraità leurspiedsàconditionqu’ilsaientunehaleineàlamenthefraiche’.

Laséparationfutsimple :NathanretournaàsavoitureetAndrewtrouvauntaxipour leramenerchezlui.Aucund’euxneseretourna,laissantjustederrièreeuxunenuitvolée.

Nathaneutbeaucoupdetempspourréfléchirlorsdulongtrajetenvoituresursasituation,commentilétaitdevenucequ’ilavaittrouvédesiparticulierchezAndrewaumomentdeleurpremièrerencontre:unhommeprisaupiègedansunmariageàcausedesafamille.

XV

LERASOIRélectriquevrombissaitsursonmentontandisqueNathansepréparaitpourl’école.Lemiroirmontraitquesesyeuxétaientbordésd’unnoirterne,etilbâillaaveclassitude.Ilallaitêtredifficiledes’en sortir aujourd’hui sans s’endormir. La séance photo pour sa mère avait eu lieu les deux joursprécédents, et avait été l’un des week-ends les plus épuisants physiquement qu’il avait connu depuislongtemps.Depuisquandn’avait-ilpasessayédemonterdansunegranderoue,pour l’amourduciel?Maisaumoinsc’étaitfinimaintenant,etpeut-êtrequ’ilallaitpouvoirdescendredecettemégamontagnerussepouruntemps.

Lesmégamontagnes russes?Nathan sourit tandisque le rasoir s’occupaitde sabarbenaissantesoussonmenton;iln’oublieraitpascefichumanègedesitôt.Nathanavaithuitanslorsquesesparentsl’avaient emmené à la fête foraine. Pour ses yeux d’enfant, cela avait été une vue extraordinaire, lacouleur, lebruitainsique la fouledense l’impressionnant. Ilavait tenufermement lamaindesamère,jetantuncoupd’œild’uncôté,puisdel’autre,etc’étaitlàqu’illesavaitvu:lesmégamontagnesrusses.Ellesétaienténormes,pleinesdeviragesetde tournants,debouclesetde spirales, etNathanavait suqu’ildevaitmonterdedans.Ellesétaientlà,n’attendantquelui,l’appelant.Ilavaitsuppliésonpèrepouravoirl’autorisationdemonterdansl’attraction,seservantdetouteslessupplicationsquesonjeuneespritétaitenmesured’évoquer.

Samèreavaitsecouélatêteetditqu’ilétaittropjeune,cependantàsaplusgrandestupéfactionsonpère avait annoncé que s’il était suffisamment grand, il devait être autorisé àmonter avec eux sur lesmontagnesrusses.Samèreavaitouvertlabouchepourprotester,maissonpères’étaitcontentédetendrelamainàsonfilsensilenceetdedireàsafemmequec’étaitsadécisionetqu’ils’ytiendrait.

Nathanavaitregardésamère,dontlaparolefaisaitenrèglegénéraleloidanslamaisonfamiliale,etsonpère,quiétaitsatisfaitquecelasefassecommeillesouhaitait.Ilavaitvouludirequelquechose,maisquandBobl’avaitpincédurementàl’épaule,signifiantenlangagepaternelLaferme, tuaseucequetuvoulais,etils’étaitcontentédeprendrelamaindesonpèresansdireunmot.

Samère avait fixé sonpère d’un regard dur qui lui avait indiqué que ce n’était pas encore fini,cependantellen’avaitrienditdeplus,secontentantdeprendrel’autremaindeNathanetd’allerprendreplacedanslalongue,longuefiled’attentepourlesmégamontagnesrusses.

Cen’étaitqu’unefoisqu’ils’étaitretrouvédanslafilled’attenteetquelemomentdemonterdanslesmontagnesrussess’étaitrapprochéqueNathanavaitcommencéàdouter.Bienqu’ilaitétégrandpoursonâge,Nathanavaitdûreconnaîtrequelatailledumanègeluifaisaitunpeupeur.

Samèreavaitobservésonvisage.

—Iln’estpastroptardpourquitterlafiled’attente,monpoussin.Nouspouvonstrouverunautremanège,avait-elleditavecperspicacité,serrantsesépaulesdansuneétreintetoutematernelle.

MaisNathann’avaitpasvoulureculer,peuimporteàquelpointlesgigantesquesmontagnesrussesavaienteul’aireffrayantes,surgissantdevantlui,etenfaitunefoisqu’ils’étaitretrouvésurlemanège,

attachéàcôtédesonpère,etalorsquesoncœurs’étaitsoulevéetavaithurlétoutlelongducircuit,ils’étaitrenducomptequ’ilavaitapprisuneleçonimportantecejour-là.

Peu importait la grande taille dumanège, l’attente était bien pire que le tour demanège en lui-même.

Alors,laséancephotodelafamillePetersondanslamaisonprèsdulacappartenantàRich?Celaavaitseulementétéd’autresmégamontagnesrusses.

N’est-cepas?

Ouid’accord,dansunecertainemesurecelaavaitétélecas.SarelationtoutentièreavecAndrewavaitétécommeuntourdemanègesurlesmégamontagnesrusses:leshautsdeleuramour,lesbaslorsdeleursdisputesetdeleursséparationsquileurbrisaientlecœur,ainsiquelestrès,trèsraresmomentsd’amitiépaisible.Cependant,Nathanavaitfaitfaceàunsentiment,unechosesurlaquelleilnepouvaitpasmettre ledoigt,unsentimentquis’était renforcéalorsque lesamedimatinoùaurait lieu laséancephotoserapprochait.Etcettefois-ci,ilnesavaitpasexactementàquois’attendre;ilsavaitseulementquecelaavaittoutesleschancesdemettreuntermeàtout,detoutfairedéraillerets’écraseràterre.

Saufquecelan’arrivapas.

C’est-à-direquecelanesefinitpasencatastropheferroviaire.Àlafinde lasemaine,alorsqueNathans’étaitattenduàenpasserlaplusgrandepartieàangoisser,ils’aperçutquecelaavaitétél’undesmeilleursweek-endsqu’ilaitpassésdepuislongtemps,etcelaétaitdûengrandepartieàl’hospitalitédeRichetauprofessionnalismeapaisantd’Andrewentantquephotographe.IlcompritpourlapremièrefoispourquoiAndrewétaitaussidouédanscequ’ilfaisait.Mêmesicesalopardluifaisaitfairelarouesurtoutelapelouse.

IlavaitaussidécouvertàquelpointRichembrassaitbien.

Nathanrepensaauweek-endderniertandisqu’ilsepassaitdufildentairedanslesdents.C’étaitunkaléidoscoped’images,derayonsdesoleilreposantsainsiquedesesenfantsetceuxdeBobhurlantderire alors queColin se lançait à leur poursuite tout autour du jardin. La vue de samère pleurant deslarmesdebonheur–etdetristesselorsqu’elleavaitpenséquepersonnenelaregardait–envoyantcequ’ilrestaitdesafamilleréunie.AlexetStéphanieroucoulantsurunmagazineparlantdebébéspendantqueStéphanieavaitlamainposéesursonventreencoreplat–elleavaitannoncélavenueimminentedunouvel arrivant pendant le repas demidi.Andrewavec ses appareils photo et son éclairage,Colin lesecondantavecDanielenrouléautourdesajambe,etpendanttoutcetemps,laprésenced’AmyPetersonà leurs côtés. Pour la première fois depuis longtemps, lesPeterson avaient parlé de l’être cher qu’ilsavaientperduavecamouretaffection,etelleavaitdenouveaufaitpartiedelafamille.

Celaavaitétéunebonnechosequelamaisonsoitgrande,parcequ’entrelafamillePetersonetlesMatthews, ils prenaient beaucoup de place. Andrew avait invité Stéphanie, Joe, et Colin afin qu’ilspuissentaideràrecevoirtoutlemondeentrelesphotographies.Ensonforintérieur,ilavaitaussiestiméqueNathanetAlexseraientpeut-êtremoinsmalàl’aiseavecleursamisici.Iln’avaitpasinvitéGaryetGabecette fois-ciparcequec’étaitcenséêtreuneaffairedefamille. Il s’étaitavéréqueGaryétaitentournéeavec songroupeetn’auraitde toute façonpaspuarriver à temps.Richavaitmis leholà à lasuggestiond’inviterégalementRuthetNick.Sonexcuseavaitétéqu’iln’yavaitpas laplace,mais ilsavaient tous su qu’il était hors de question qu’il laisse sa belle-mère homophobe passer le pas de saporte.

Andrew avait pris des centaines de photos des Peterson, des photos officielles et des photos

décontractées,déterminéàoffriràtoutelafamilleunejournéedontilssesouviendraient.Desphotosdespetits-enfants en train de jouer, de Nathan et Bob avec leurs épouses, de Térésa et John avec leursenfants.Andrew s’était contenté de rendre amusant le déroulement des évènements, parvenantmême àleurfairefairelaroueàtraverslapelouse,leursmembresquisedébattaientforçanttoutlemondeàsedisperser.

Richavaitorganiséungranddînerendébutdesoiréeafinquelesenfantspuissentyparticiper.Pouréviter queDaniel et Jess ne soient complètement épuisés et odieux, Alex avait insisté pour qu’ils sereposentdansleurchambreavantcela.Ilsavaient touslesdeuxétéfatiguésd’avoir jouéetavaientétécontents de s’asseoir un petit moment devant 1, Rue Sésame. Alex avait profité de l’occasion pourprendreunbainetNathanavaitsortileschienspourunepromenadeautourdulac.

Lesoleilavaitétébasdansleciel,lançantunelueurrose-orangésurl’eau.C’étaittellementbeauetpaisible.Nathanenavaitprofitépourresteràobserverl’activitédesoiseauxsurlelacpendantquelquesminutes.

—C’estdansdesmomentscommecelui-ciquejeremercielecield’avoirunevuepareille.

Nathanavaitsursauté;ilavaitététellementperdudanssespenséesqu’iln’avaitpasentenduRichvenirderrièrelui.Ils’étaittournépourvoirl’autrehomme.Richavaiteuleregardfixésurlelac.Nathanavait été frappé de voir à quel point il paraissait fatigué, les traits de son visage beaucoup plusprononcés,lefaisantparaîtreplusvieuxqu’ilnel’étaitréellement.Richs’étaittournépourleregarderetNathanavaitrougi,gênéd’êtreprisentraindelefixerdesyeux.

—Tuasdelachancequecelat’appartienne,avait-ildithâtivement.

—Effectivement,avaitacquiescéRich.

Ils’étaittournépours’asseoirsurunrondind’arbretombéjustederrièreeuxetavaittapotédelamainlaplaceàcôtédelui.Nathans’étaitassisprèsdelui,unpeugêné.TyleretRubyn’avaientpaseul’airtropdérangésparl’interruptiondeleurpromenadeetavaienttournéenrondjoyeusementlelongduborddel’eau.

—Est-cequ’Andrewt’aracontécommentj’aifiniparentrerenpossessiondecettepropriété?

CelaavaitététellementinattenduqueNathans’étaitcontentédelefixerduregard.

—Euh,non.

Richavaiteuunsourireets’étaitinstalléconfortablementcontreletroncd’arbresituéderrièreleursiègedefortune.

—Elleappartenaitàmonprécédentcompagnon,Paul.

—Jenem’étais jamais rendu compteque tu avais déjà été dansune relation à long terme avecquelqu’unavant,avaitditNathand’untonembarrassé.Jen’enavaispasvraiment...

—…parléavecAndrew,l’avaitinterrompuRich.Jesais.Jenem’attendaispasàêtrel’objetdetespenséeslorsquevousêtesensemble.

Quedireàcela?

—Je...euh...

Jesuistropoccupéàessayerdecoucheravecluipourparlerdetoi?Richluiavaittapotélamain.

—Cen’estpasgrave,Nathan.Paulestmortilyadixans.

—Vousêtesrestésensemblecombiendetemps?

—Unequinzained’annéesenviron.Ilétait...ehbien,ilétaitséropositif.Àlafin,lesmédicamentsontcessédefaireeffet.

—Jesuistellementdésolé,Rich.

Nathanavaitvoulupassersonbrasautourdesesépaules,sincèrementdésolépourcequ’ilavaitdûendurer,maisils’étaitretenu,nesachantpassic’étaitconvenable.

Richavaithaussélesépaules.

—Moiaussi.Quoiqu’ilensoit,cen’estpaslaraisonpourlaquellenousavonscettediscussion.

—Vas-tumedireunjourpourquoionacetteconversation?Ouest-cequec’estencoreunedecesénigmatiquesconnerieshomosexuellesquej’aiconstammentavecAndrew?

Nathanavaitcommencéàperdrepatience.

—Commentdiablearrivez-voustoietAndrewàfaireautrechosequederâleraprèsl’autre?avaitditenriantRich.

—Jen’ensaisfoutrerien,avaitavouéNathan,unlégersourirecourbantsaproprebouche.

— Le précédent compagnon de Paul lui avait aussi laissé ce lieu. C’est une sorte d’héritagepaisiblepournous.Unlieuoùl’onpeutvenirlorsquelemondeextérieurdevientinsupportable.JevaislelaisseràAndrewàmamort.

—Quoi?

—Oh,n’aiepasl’airaussiétonné.Jenesuispassurlepointderendrel’âme.Jeteparleseulementdecettemaison,desonhistoireparticulière.Jeviensiciquandj’aienviederéfléchir,vois-tu,avaitditRich.

Franchement,Nathann’avaitpasvu.C’étaitunebellehistoire,maisquelétaitlerapportaveclui?

Rich s’était tourné pour lui faire face. Nathan avait alors remarqué qu’il avait des yeux grisperçants.

—Sijamaistuasbesoinderéfléchir...d’unendroitpaisible...tupourrastoujoursvenirici.

—Qu’est-cequitefaitcroirequej’aibesoinderéfléchir?

—Mec,tupourraistecontenterdediremerci.

IlsavaienttousdeuxlevélatêtepourvoirAndrew,unappareilphotoàlamain.IlavaithausséunsourcilendirectiondeNathan.

Unpeupenaud,Nathanavaitlevélamainensignedereddition.

—Désolé,c’étaitingratdemapart.Merci.Sij’aibesoind’unendroitoùréfléchir,jeviendraiterendrevisite.

Richavaithochélatête.

—L’offretienttoujours,Nathan,Andrew,est-cequ’ilfautquejerentre?

—Pasencore.Lestraiteursn’ontpasencorefini.Ilsontparléd’unedemi-heure.Jevaisprendre

unedouche.—JerentreraiavecNathanalors.

Andrews’étaitpenchéetl’avaitembrassé.IlavaitfaitunsignedetêteàNathanetétaitrepartitparlàoùilétaitvenu.

—Leschiensn’ontpaseudevraiepromenade,avaitditRichalorsqu’ilserelevait.

—Ilsontpassétoutl’après-midiàcouriraprèslesgossesdanslejardin.Jepensequ’ilstiendrontlecoup.Cenesontplusdejeuneschiotsmaintenant.

Les deux hommes avaient suivi Andrew jusqu’à la demeure. Alors qu’elle apparaissait, Nathans’étaitarrêté.Richs’étaitretournédesurprise.

— Rich, est-ce que tu es séropositif ? avait demandé Nathan après avoir dégluti à plusieursreprises.

Richn’avaitpaseul’airoffenséparlaquestion.

—Non.Paulsavaitavantquel’onsemetteensemble.Ilafaitattentionàmoi.Pourquoiunetellequestion?

—Andrew…moi…Alex…lesgosses.

Ilavaitétéincapabledesortirlaphrase,maisRichavaiteul’airdecomprendre.

—J’aipigé.Jemeprotègeetonsefaitrégulièrementdépister.

—Jesuisdésolé…

Nathans’étaitsentimal,maisilavaitfalluqu’ilposelaquestion.

—Nelesoispas.C’estunequestionjuste.ToietmoisommesliésparnotreamourpourAndrew.Tupensesqu’ilt’auraitmisendangertoi,oulecielnousenpréserve,Alexetlesenfants?avaitdemandéRich,savoixprenantuntonplusdurmaintenant.

Nathanavaitsoupiréets’étaitpasséunemaindanslescheveux.

—Non, bien sûr que non.Et on a toujours utilisé des préservatifs.C’est seulement que cela nem’étaitjamaisvenuàl’esprit...lapossibilitéd’avoirlesida.Tusais,avectoutessesconneriesquisontarrivées?Ilestdéjàsuffisammentdifficiledegérerlefaitquej’aiecouchéavecunhommeetquej’aieétéinfidèle.

— Dit comme ça... avait rétorqué sèchement Rich. Mais putain, à quoi penses-tu que lespréservatifsservent?

Nathans’étaitsentiidiot.IlavaitouvertlabouchepourrenouvelersesexcusespourvoirqueRichs’était tout à coup trouvé près de lui et avait posé sa bouche sur la sienne. Il n’avait rien exigé, secontentant d’attendre, et Nathan n’avait absolument pas su quoi faire. Il avait abandonné et s’étaitrapprochédeRich,lelaissantprendrelecontrôledubaiser.Cethommesavaitvraimentembrasser,avecseslèvresdoucesetsalangue.AlorsqueNathanavaittoutjustecommencéàréagir,Richs’étaitreculéavecungémissementdesatisfaction,laissantlejeunehommelefixerduregard,l’airhébété.Richn’avaitpaseul’aird’êtreplusconcentréqueluipuisqu’ilavaitunpeuchancelé.

—Jevoispourquoiilt’aimetellement,avait-ildit.

—Hum,avaitbégayéNathandefaçonincohérentetoutenposantundoigtsurseslèvresgonflées.

—Viens,allonsdîner.

Richluiavaitsourietavaitavancédevantlui,n’attendantpasquelecerveauetlecorpsdeNathansecoordonnent.Cedernieravaitregardél’autrehommedisparaîtredanslamaison.Tyleravaitpoussésamaindelatruffecommepourluisuggérerd’avancer.IlavaittapotédistraitementlatêteduchienetavaitsuiviRichdanslabâtisse.Lorsqu’ilétaitarrivédanssachambre, touteidéederéflexionavaitdisparuaveclechahutquis’étaitensuivipourpréparerlesdeuxenfantspourledîner.

LEWEEK-ENDs’étaitconcluavecundéjeuner,ducafé,etunedernièrerécréationpourlesenfants.Lafindelamatinéeavaitvulesadultesfatiguéssereposerdanslegrandsalon,Colinetlesenfantsjouantavecun train électrique sur le parquet.Nathan était assis avec ses parents, l’ordinateur portable d’Andrewposé sur la tabledevant eux, visionnant toutes lesphotosqu’il avait prises.Stéphanie se reposait, lesnauséesmatinalesayanteuraisond’elle.AlexetJoelisaientsurlaterrasse.Bobainsiquesafemmeetsesenfantsétaientpartistôtcematin-làavecunelongueroutequilesattendait.NathannesavaitpasoùétaientRichetAndrew.

Unbruit étrange avait attiré l’attention deNathan. Il avait relevé la tête et avait vu samère quis’essuyait lesyeuxdudoigt.Sonattention toutentièreétaitportéesurunclichédeBobetNathansousl’undesgrandsarbres,leursenfantssurlesgenoux,leschiensàleurspieds.

—Hé,Maman,qu’est-cequ’ilya?

NathanavaitpasséunbrasautourdesépaulesdeTérésa,lessentanttremblerunpeu.

—ParfoisjemedemandesiAmyadesenfants.Quelâgeauraient-ils?Desgarçonsoudesfilles?

Elleavaitunpeureniflétoutenregardantl’écran.

—Lesaura-t-onjamais?

Nathanavaitregardésonpèrepar-dessuslatêtedesamère,impuissant.JohnavaitsecouélatêteetavaitdoucementattiréTérésadanssesbras.

—Viens,chérie,regardonslesautresavantd’allerdîner.

Andrewavait promisde les envoyerparmail à tout lemonde afinqu’ils puissent choisir cellesqu’ilspréféraient.NathanetBobavaientchoisiunegrandephotoencadréedelafamilleaugrandcompletpourleursparents.Andrewleuravaitproposédeleurfairelesphotosqu’ilsvoulaientgratuitement,maislesgarçonsavaientinsistépourpayercelle-ci.

Térésaavaitcontinuédeparcourirlesphotosrestanteslorsqu’elles’étaitarrêtéesurunedeNathan.Il était en trainde jouer à labagarre avecDaniel, ses cheveuxétaient enbataille et ses joues rouges.Nathanavaitpenséqu’il avait l’air ringard,mais samère s’était arrêtéedessus,n’appuyantpas sur lasourispourpasseràuneautrephoto.

—Cegarçont’aimevraiment,avait-elledit,toujoursconcentréesurlaphoto.

—Maman?dit-ilavechésitation.

Ilsavaitqu’elleétaitaucourantpourluietAndrewavantlanaissancedeJess,parcequ’ilavaitétéassezhonnêtepourdemandersonaide,maisdepuisiln’avaitpasdutoutpasreparléd’Andrew.Ilétaitpresquecertainqu’Alexn’auraitriendit,mêmesielleetsesparentss’entendaientbien,ilsn’étaientpas

proches.—Oh,Nathan,ilsuffitderegardercettephotopourvoirqu’iladessentimentspourtoi.

—Cen’estqu’unephoto,Maman.Regarde-moi.J’ailescheveuxdécoifféscommesijesortaisdulit,avait-ilprotesté.

—Ilt’adoreetcelasevoit,luiavait-ellerépondu,etsonpèreavaithochélatête.

—Tamèrearaison,Nathan.

Térésal’avaitfixétoutàcoupduregardetNathanavaiteul’impressiond’avoirànouveausixansetdes’êtrefaitprendrelamaindanslesac.

—Est-cequ’ilyatoujoursquelquechoseentrevous?

Ilavaitouvertlabouchepournier.Siellesavaitlavérité,iln’ensortiraitriendebon.

—Oui,avait-ilditenbaissantrapidementlatête.Jesuisvraimentdésolé.

Elleavaitsoupiréettendulamainverslui,luiserrantlégèrementlebras.

—Ce n’est pas àmoi que tu devrais faire des excuses. Alex est au courant ? Et son charmantcompagnonàlui?

—Richsait.Celan’arrivepas trèssouventetuniquementavecsonapprobation.QuantàAlex–nousn’enparlonspas.Nousnesommesplusaussiproches.

Cela avait été un énorme aveu, la première fois que Nathan avouait à qui que ce soit que sonmariageétaitbrisé,peut-êtreirrémédiablement,etilavaitentendusavoixtrembleralorsqu’ilprononçaitcesmotsàvoixhaute.

Samèreavaitsoupiré.

—Quediablevousest-ilarrivéàtouslesdeux?Vousétiezsiproches,siheureux.VousdéménagezàCastletonettoutdéraille.

C’étaitunechoseàlaquelleNathanavaitsouventpensé.Alexetluiseraient-ilsencoreheureuxenménages’iln’avaitjamaisrencontréAndrew?Peut-être.Probablement.Maisalors,Nathanaurait-ilétésatisfaitdevivreuneexistencetranquilledansunquartierpavillonnairetoutesavie,làoùrienn’arrivaitjamais?Aurait-ilsuquelesmégamontagnesrussesexistaient?

—Ontrouveraunesolution,Maman.Il lefaut,pourDanieletJessie.D’ailleurs,Andrewetmoi,noussommesseulementamis.

Ilavaitjetéuncoupd’œilàtraverslapièce.Andrewvenaittoutjusted’entrer.Ilportaitunlégerpull-overbleuuniquimoulaitsontorse.Lalumièredujourprovenantdesgrandesfenêtress’étaitreflétéesurlesmèchesblondesdesescheveux.Andrewavaitjetéunbrefregardautourdelui,aperçubrièvementNathan,etluiavaitsouri.Lescoinsdesesyeuxs’étaientplisses.Nathanluiavaitmachinalementrendusonsourire,et l’espaced’unbref instant ils s’étaient sentis seulsaumondedans lapièce.PuisDanielavaitcouru jusqu’àAndrewetavait jetésesbrasautourdeses jambes.Andrewavaitbaissé lesyeux,brisantlamagie.

Nathanavaitdétournéleregardetavaitsurprissamèreentraindelefixerd’unairinterrogateur.

—Jepenseque...avait-ellecommencé.

—Quoi?

—Jepenseque tuasvraimentbesoind’y réfléchir, fils.On t’aélevépourque tu fasses lebienenverslesgens.Es-tuvraimentjusteenversAlex?

—Qu’est-cequejepeuxfaired’autre,Maman?avait-ildemandéd’unairdésespéré.

Elle l’avait ramenécontresonépaule. Iln’avaitvouluriend’autrequeposersa têteet la laissers’occuperdetoussesproblèmes.

— C’est plus difficile maintenant, mais il n’est pas trop tard, mon chéri, pour te trouver unenouvellevie.Nousnet’avonspasélevépourquetutrompestafemme.Vousétiezsijeuneslorsquevousvousêtesmariés,etpeut-êtrequecelaparaissaitêtrecequ’ilfallaitfaireàcausedubébé,maisNate,tunepeuxpascontinueràluimentir.

Ellel’avaitretenulorsqu’ilavaittentédes’éloigner.

—Nousne t’avonspasélevépourque tu tementesà toi-mêmenonplus.TuaimesAndrewet ilt’aimeaussisansaucundoute.

—Ilestavecquelqu’und’autremaintenant,avaitsoulignéNathan.

—Andrewt’aime,avaitsimplementditsamère.

—Mais…

Àleursurprise,sonpèreavaitprislaparole.Entempsnormal,illaissaitsafemmegérertouslesproblèmesfamiliaux.

—Iln’yapasdemais, fils.Tuaspresquetrenteansmaintenant. Ilest tempsdegrandiretde tecomportercommeunhomme.QuetuchoisissesAlexouAndrew,ilfaudraquetut’occupesdetafamille,ettusaisquenoust’aideronsdumieuxquenouslepourrons.

NathanavaitregardéAndrewpuisensuitesesenfants,entraindejouerinnocemmentparterreavecles trains.Putain,cen’étaitpassi simple. Il s’étaitdenouveauretrouvédans la filed’attentepour lesmégamontagnes russesetd’unecertainemanière, il avait suque samère le laisserait sortirde la filecettefois-ci.

LABRÈVEdiscussionqueNathanavaiteueavecsamèrel’avaitlaisséencolèreettroublé.Danssoncœurilsavaitqu’elleavaitraison.Ilétaittempsqu’ils’attaqueàunautresommetdemontagnesrussesetqu’iltrouveunnouvelemploi,peut-êtremêmeunepromotion.Ilavaitfaitunlongchemindepuissesdébutsàl’écoleélémentairedeCastleton.Peut-êtrequ’ilétaitmaintenanttempsdedéménagerdecequartieretdetrouveruneautreécoleainsiqu’uneautrebrigadedesapeurs-pompiersaveclaquelles’associer.

Ileutunsouriretristealorsqu’ilrangeaitsasalledeclasseaprèslasonnerie.Ilavaitdelachancequeleprincipalsoitaussicompréhensif.Peunombreuxsontceuxquiauraienttolérélenombredefoisoùl’alarmeincendies’étaitdéclenchéeaudébutdesanouvellecarrière.Nathanavait l’impressionqueleprincipalSkinneravaitvuquelquechosechezcenouvelenseignantquivalaitlapeined’êtreencouragé,malgrésonpenchantévidentpourlapyrotechnie.

Andrew et lui étaient comme du magnésium dans l’air. Un simple contact bref et les flammess’allumaient.Cen’estpasqu’ilvoulaitquitter sondomicileet sonemploi.C’estqueNathanvoulait–non,avaitbesoin–deseréappropriersavie.Ilsemblaitquelemondetournaitautourdesesgossesetdesinstantsfugacesavecunhommequilemaintenaitdanssonorbitedelamêmemanièrequelaterrequi

tournaitautourdusoleil.Depuis troplongtempsmaintenant,Nathannes’étaitsentivivantquelorsqu’ilbaignaitdanslachaleurdeDanieletdeJessoudanslalumièreéclatantequ’étaitAndrew.Ilétaittempsdes’éloignerdel’attractiongravitationnelled’unerelationaussidestructrice.

Merde.Cela faisait trop longtempsqu’il travaillait sur leprojet ‘espace’.Même sesmétaphoresétaientstéréotypées.

Nathannettoyalentementletableaublancets’assuraquesonbureauétaitrangé.Commeilquittaitsaclasse,lasecrétairedel’écoles’avançaverslui,soulagée.

—Nathan!Vousêtesencorelà,Dieumerci.LeprincipalSkinnerveutvousvoirdanssonbureauavantquevousnepartiez.

—Est-ceimportant,Susan?J’aipromisàDanielqueje lesemmènerais luietColinauparccetaprès-midi,demandaNathan,fronçantlessourcilstoutenjetantuncoupd’œilàsamontre.

CelafaisaitdesannéesqueSusantravaillaitdanscetteécole.Suffisammentlongtempspourqu’elleserappelleencorel’undesfléauxdesonexistence.Ellefrémitdélicatementcommeellel’observaitpar-dessusseslunettescercléesdedoré.

—M.Matthews continue de vous divertir, je vois. Lui et le jeune Bobby ne sont toujours pasparvenusàsefaireexploseralors?

Ilfitungrandsourire.

—Pasencore,Susan.Ils’estbeaucoupcalmédepuisqu’ilaquittécetteécole.

Elleluirenditsonsourire,puissonvisagerepritunairsérieux.

—EtAndrew?Commentva-t-il?Sonséjours’estbienpassé?

L’espaced’uninstantNathanfutperplexe.CommentSusanpouvait-elleconnaîtreAndrewàpartdescontacts minimums lors des soirées parents-professeurs, d’autant plus qu’il avait été malade à cetteépoque.Ensuiteilsesouvintqu’Andrewavaitl’habitudedefairelesphotospourl’école.

—J’aivuAllisonenvilleilyaquelquetemps.Ellem’aditqu’Andrewn’était...

Nathanlaregardachercheruneuphémismeconvenable.

—…pasdanssonassiette,finitSusanencaptantl’expressiondesonvisage.

Jeparieraisquecen’estpasletermequ’Allisonavaitemployé,pensacyniquementNathan.

—Ilvabienmaintenant,merci.IlaunbontravailàLosAngelesetils’estmarié.

L’undessourcilsdeSusanserelevad’unairpresquecomique.

—Marié ?Mais j’ai entendu dire qu’il voyait quelqu’un. Je, euh, pensais qu’il s’agissait d’unhomme.

Nathan réprimaun soupir. Il n’avaitvraiment aucuneenviedeparlerde lavieprivéed’Andrewavec la secrétaire de l’école au beau milieu du hall, même s’il semblait désert. Il fit un effort pourconserverunsouriremalgrésamauvaisehumeur.

—Ilestmariéàcemêmehomme.Ils’appelleRich.Jepensaisqu’Allisonl’auraitracontédanssescommérages.Maintenantsivousvoulezbienm’excuser,est-cequejepeuxallervoirleprincipalSkinnerdanssonbureau?

Ils’enallasansattendrequeSusanluiréponde,maisilsentitqu’elletransperçaitsondosduregard

pendantqu’ildescendaitlehall.Celanefitqueraffermirsadécision:ilétaitmaintenanttempsdequitterCastleton.

Jusqu’àcequeleprincipalSkinnern’ouvrelabouche.

— Une promotion ? s’exclama Nathan en le fixant du regard. Vous voulez me proposer unepromotion?

—Pasexactement,corrigeasondirecteur.Jeveuxquevouspostuliezpourleposteàpourvoir.Jedoisfairepasserunentretienàtouslescandidatspotentiels.Jenefaisquevousdemanderdepostuler.

—Maispourquoimoi?

LeslèvresduprincipalSkinnereurentunmouvementconvulsif.

—Vouspensezquevousn’êtespasassezàlahauteurpourêtrepromu?

—Non!Jeveuxdire,si!Jeveuxdire,ohzut,jenesuispassûrdecequejeveuxdire.

Nathanpassasesmainsdanssescheveuxhirsutes.Ilsavaientsérieusementbesoind’unecoupe.Ilse souvenait encoredesmainsd’Andrewpassantdans ses cheveuxalorsqu’ilsdansaient, alorsqu’ilss’embrassaient. C’était un lien avec cette nuit, tout comme sa chemise sale qu’il avait pliéesoigneusementetplacéedanssonplacard.Illasortaitdetempsàautreetplongeaitlenezdansletissu,tentantdedécelerladernièretracepersistantedel’eaudeCologned’Andrew.

—Nathan?

La voix du principal le ramena au présent. Rougissant d’un air coupable, Nathan présenta sesexcusespoursoninattention.

—Veuillezm’excuser.Oui,jevoudraispostulerpourleposte.Mercid’avoirpenséàmoi.

Skinneropinaduchef.

—Susanvousdonneralesformulairesainsiquelesrenseignements.Nouspasseronslesentretienslasemaineprochaine.

Nathanfronçalessourcils.

—Dois-jemeremettreàniveausurquoiquecesoit?

Ilvoulaitsepréparerlemieuxpossiblepourcetentretien.

—Vousallezvousensortir.Lesquestionsquejeposerainevontpasau-delàdevoscompétencesactuelles. Je ne crois pas que vous vous rendiez compte à quel point vous avez agi pour aider etencouragervoscollèguesenseignants,enparticulierencequiconcernelascienceetlesmathématiques.

LeprincipalSkinnerluifitunsourired’encouragement.

—Vousavezprisenmaturitéetêtesdevenuunbonprofesseur,M.Peterson.

Ému par les félicitations et la conviction qu’il manifestait envers lui, Nathan lui exprima sesremerciements.

Sepenchantversl’arrièresursonsiège,Skinnerleregarda,l’airspéculatif.

—Voussavez,votrepremièreannéejen’enétaispassûr...J’aientendudesrumeurs.

L’expressiondeNathansefitplusdure.

—Quelgenrederumeurs?dit-ilfroidement.

L’expressionduvisageduprincipalSkinnernechangeapas.

—Quevotreamitiéaveclepèred’undevosélèvesétaitprofonde,peut-êtreunpeutrop.

—Cequiveutdire?

Nathanvoulaitqu’onluiexpliqueclairement.Dequoiest-cequ’onl’accusaitexactement?

—Nathan,Andrewestundemesamis.Nathanétaitsurlepointderépliquerbrusquementlorsqu’ilréalisaqueSkinners’étaitexprimédans

ledétail.Ilrelevalatête.

—Unami?Leprincipalhochalatête.

— Cela fait presque vingt ans que nous sommes amis, mais j’ai toujours eu quelques annéesd’avancesurlui.Lorsquel’onestaulycée,cen’estpasdifficiledecomprendrequid’autreestdifférent.Je me suis tu parce que je voulais enseigner sans aucun problème, et il s’est retrouvé marié avecStéphanie.Cen’estpasunecoïncidences’iladéménagéiciavecsafamille.

—Maisvousetlui...

D’unecertainemanièrecelasonnaitvraimentfaux.

—Non,absolumentpas,réponditSkinnerentapotant la tabledudoigt.Jevousenaiparléparcequejenesuispasvotreennemietquejenecolportepasdesragotsparcequejen’aimepascela.Jevousracontecequim’aétéditpard’autrespersonnes.

—Allison?

—ClipboardKateelle-même.

Nathanregardasonpatrondroitdanslesyeux.

—Qu’est-cequevoussavezexactement?

Leprincipaleutunpetitsoupir.

—Suffisammentpoursavoirquevousauriezperduvotreemploisicelan’avaitpasprisfin.Lesgensducoinnepardonnentpasfacilement.

—Vousm’auriez licencié pour avoir euune relationhomosexuelle ?C’est de la discrimination,soulignaNathanavecsévérité.

—Etvousn’êtespasaussinaïf,répondittoutaussidurementleprincipal.Vousauriezétémisàlaportepouravoireuunerelationadultèreavecunparentd’élève.Nathan,lescommèrescommeAllisonprennentungrandplaisiràmettreleurnezdanslesaffairesdesautres.Sivousn’aviezpaseuunautreenfant,vousauriezeubeaucoupdemalàcontinuerdetravaillerici.

Nathanravalasesmotsamersparcequ’ilsavaitqueSkinneravaitraison.Ilsavaitqu’Allisonavaiteuventde leur relation,mais iln’avaitpaseuconnaissancedeses ragotséventuels. Ilavaitévitéuneballesanslesavoir.Biensûr,s’ilétaitpartipourvivreavecAndrew,ilneseraitdetoutefaçonpasrestédanslecoin.

Skinnerluifitunsourirecompatissant.

—Vousêtesunbonprofesseur,M.Peterson,etAndrewestmonami.Maisvousn’auriezpaseulesoutiende l’opinionpublique. Je suisheureuxquecelane se soitpaspassédecettemanière.Sivousvoulezmonavis,vousluiavezétébénéfique.Ils’estenfinéveilléàcequiluimanquait.Maintenantaumoins,ilvitunerelationheureuseetépanouissante.

—Seulementpasavecmoi.Combiendefoisl’avait-ilrépété?—Pasavecvous,opinaSkinner.Nathan baissa le regard vers ses mains. Il remarqua qu’elles tremblaient légèrement. Sa vie

semblaitêtreunesériedeconversationssurréalistes.Onluiavaitproposéunepromotionet,quoi?Onluiavait donné une tape sur lamain ?Un avertissement de ne pas sortir des contraintes du quartier.Ouid’accord.

LeprincipalSkinnersereleva.—J’attendsavecimpatiencederecevoirvotrecandidature.—Oui.Nathanserrasamainetquitta lebureaudeSkinner,nesachantpassi ladiscussion l’avait laissé

satisfaitoumisencolère.Oùqu’ilaille,ilsemblaitqu’unepartiedelavied’Andrewlepoursuivait,etpourêtrefranc,ilenavaitpar-dessuslatête.

Ilétaitprisdansunevrilleetn’avaitaucuneidéedelamanièredes’enlibérer.Àunmoment,sesparentsparlaientdedivorce,etl’instantd’aprèssonpatronluiproposaitunepromotionàconditionqu’ilresteunbonpèredefamille.AndrewMatthewsl’attiraitenpermanencecommeunaimant.

LatêtedeNathantournait.Ilnepouvaitpenseràriend’autreau-delàdufaitqu’incontestablement,ilétaittempsqu’ilselibèredeschaînesd’unerelationhomosexuelledontiln’avaitjamaisvouludèsledébut.

NATHANÉTAIT assis enbasde l’escalier, en trainde jouer aux trains avecDaniel, lorsque la sonnetteretentit. Il avait tenu une conversation avec Alex concernant la perspective d’une promotion pendantqu’ellepréparaitledîneretqu’ilempêchaitDanieldevenirladéranger.C’étaitgéniald’avoirquelquechose d’aussi formidable à partager avec elle, et ils avaient passé une heure à discuter de ce qu’ilspourraientfaireavecl’argentsupplémentaire.Ilneparvenaitpasencoreàenvisageruneséparation.

Ilsétaientsurlepointdepasseràtablelorsquelasonnetteavaitretenti,etAlexfronçalessourcilsd’agacement.

—Débarrasse-toid’eux,veux-tu?Ledînerserafroidsil’onnepassepasbientôtàtable.

—D’accord.

Nathansereleva,faisantlagrimacecommesesmuscless’étiraientetsedirigeaversàlaporte,sepréparantàluttercontrequiconquesetiendraitsurlepasdelacelle-ci.Colinsetenaitdel’autrecôté,sonnouveauchienprèsdelui.

—SalutColin.Euh,jenepeuxpassortirpourallerpromenerleschiensmaintenant.Noussommessurlepointdemanger.

ColinsecoualatêteetNathanremarquaqu’ilavaitl’airtrèsbouleversé.

—S’ilteplaît,MonsieurP,tuveuxbient’occuperdeBaileypendantquelquesjours?

Acquiesçantduchef,Nathan tendit lamainpourattraper la laisse.Colin la luipassad’unemaintremblante.

—Biensûr.Colin,ques’est-ilpassé?Tuvasbien?TamèreetJoevontbien?

Maintenant il était vraiment inquiet. Stéphanie était à nouveau enceinte et avait quelques ennuis.Elle avait paru plutôt détendue, mais c’était le premier enfant de Joe et il avait été moins optimisteconcernantlabatteried’examensqu’elleavaitdûaffronter.

Daniel,quiavaitcontinuédejouer,seprécipitatoutàcoupversl’avantetétreignitdesesbraslesjambesdeColin.

Leplusâgédesgarçonssebaissaetl’attrapa,enfouissantsonvisagedanslescheveuxbouclésdeDaniel.

—SalutDaniel,dit-il,lavoixétouffée.

NathandétachalalaissedeBaileydesoncollieretl’enfermadanslesalonavecTyleretRuby.IlretournaàlaporteetposalamainsurlebrasdeColin.

—Dis-moicequinevapas,Colin.S’ilteplaît.

Legarçonlevalatête,labouchetordued’angoisse,lesyeuxinjectésdesangetpleinsdelarmes.Nathan attendit, comprenant brusquement qu’il restait encore aux montagnes russes une dernièremanœuvreàexécuteravantqu’elless’arrêtent.

—Ilfautqu’onailleàLosAngeles.

OhSeigneur,non!—PapaetRichonteuunaccidentcetaprès-midi.Garyaappelé.Papa.Iladit...iladitquepapa...

sanglota-t-ilcommeleslarmesserépandaient.

Savoixdiminuaprogressivementdevolume,jusqu’àdisparaître.LesilencenefutbriséqueparlessanglotsdiscretsdeColintandisqueDaniel,quicomprenaitseulementquesonamiavaitdelapeine,luitapotaitgentimentledos.

Lesmontagnesrussesn’étaientpascenséesdérailler,n’est-cepas?

XVI

ILPLEUVAITlorsqueNathanquittalamaisonpourallerpromenerleschienstrèstôtlematinsuivant.Lapluieétait froideet semblait s’infiltrerdanssesos, leshumidifiant,etcelaallaitdepairavec la fortedouleurfroidedesoncœur.

Nathan n’avait pas dormi depuis qu’il avait appris la mort d’Andrew. Il s’était couché à côtéd’Alex toute la nuit, regardant les minutes avancer lentement, incapable de saisir le fait qu’il ne lereverraitplusjamais.Iltentadesereposerunpeu,sachantquelesgossesselèveraienttôtetqu’ilallaitavoirunejournéedifficilequil’attendaitàl’école.

Àchaque foisqu’il fermait lesyeux, ilnepouvaitques’imaginerAndrew le regarderde l’autrecôté de la pelouse, son appareil photo cachant àmoitié son visage, affichant un air d’adoration sanslimites.La culpabilité entrait en conflit avec le chagrin alors qu’il comprenait que la dernière penséequ’ilavaiteuepourAndrewétaitdelacolèrecontreluipouravoirfoutuenl’airsapetitevietranquille.Maintenant, iln’avaitplusàs’en inquiéter.Le tourdemanègeétait fini, lesmontagnesrussess’étaientarrêtées.

Alors qu’il commençait à s’étirer, les larmes qu’il avait refoulées toute la nuit, ne désirant pascontrarier Alex avec son chagrin, finirent par se répandre, se mélangeant aux gouttes de pluie quicoulaient le long de ses cils. Tyler et Ruby tournèrent en rond avec agitation autour de ses pieds,impatientsdes’enaller,bienqueconscientsdel’étatdedétressedeleurmaître.Baileyrestaenretrait,nesachantpasexactementcequisepassait.

Amadouant les chienspourqu’ilspassentdevant lui,Nathancourut endirectionduparc, tout ensanglotantdansl’airfroiddumatin,s’efforçantdecontinueràrespirer.Sapoitrinel’élançaitàcausedufroid intense.Cen’estqu’unefoisarrivéà l’entréeduparcqu’il se renditcomptequecedernierétaitremplidesouvenirsd’Andrew–plusexactement,desessouvenirsavecAndrew.LehautdelacollineoùilavaitrenverséAndrewavantleNouvelAn;leurpremièrepartiedefootball;l’endroitoùilsavaientcouchéensembleavantqu’Andrewne lui fassesesadieux.Partoutoù ilcourait, ilyavaitunsouvenird’uninstantpasséavecAndrew.Entempsnormalcelaleréconfortait,maispasaujourd’hui.

Alorsqu’ilprenaituntournant,iltrébuchaetfutincapabledeserattrapercommeTylersetrouvaitaumilieu.Iltombadurementàterre,s’écorchantlapaumedesesmainsetsesgenouxaupassage.Choquéetsousladouleur,Nathanhurlaauchienderesterendehorsdesonfoutuchemin, repoussant l’animalsurprislorsqu’iltentades’approcher.Ilessayadesereleveretfinitparsedépêcherdesemettresurlecôtéafindereposersondoscontreunarbre,alorsqu’ilpenchaitlatêtedanssesbras,etqu’ilrapprochaitsesgenouxverslui.Ilpleura,leslarmesnecessantdecoulerlelongdesesjouesrougesetcuisantes.

Ilpritconscienced’unemainposéesursonépaule.

—Toutvabien,fiston?

Nathanlevalatêteetvitunefemmed’unecinquantained’annéesqu’ilreconnaissaitvaguementleregarder fixement, l’air inquiet.Elle tenait la laissed’unBichonàpoil friséqui luidonnaitdespetits

coupsdesatruffe.—Toutvabien?répéta-t-elle.

Ils’aperçutqu’illaregardaitfixementd’unairahuri.

—Oui,je,euh...

Nathantentadeserelever,maisilétaittoutengourdiàcausedutempspassésurlesolfroidetdesesmainsetsesgenouxéraflés.Iltrébuchaetfinitpartombercontrelafemme.

—Est-ce que vous êtes ivre ? demanda la femmed’un ton désapprobateur tout en l’aidant à sereleveravecdifficulté.

Nathanauraitjuréqu’ellel’avaitreniflé.

Ilpouffaderire.

— Si seulement je l’étais. Je suis désolé. J’ai eu demauvaises nouvelles, dit-il en l’entendantexprimersondésaccord.Un...amiestmort.

Sonvisages’éclaircitetelleluitapotalebraspourleréconforter.

—Jesuisnavrée.Vousétiezproches?

LagorgedeNathanseserraalorsqu’ilessayaitderépondre.

—Je...jel’aimais.

Ils’attendaitàunautreregarddésapprobateur,maisaulieudecelasonvisages’adoucit.

—Rentrezàlamaison,mongarçon.Vousallezattraperlamortici.

Nathan jeta un regard autour de lui. Dans son chagrin, il avait oublié les chiens. Ils attendaientpatiemmenttouslestroisdansl’herbequ’illesremarque.Ilslevèrentlatêtelorsqu’ilfitunpasverseux,RubyetBailey remuant laqueue.Tyler restaen retrait, lesoreillesbaissées,nesachantmanifestementpass’ildevaits’approcherdeNathanounon.

—Vousaveztrèsbiendressévoschiens,fitlafemme.Ilsn’ontpasbougétoutletempsquevousêtesrestéprèsdel’arbre.

Nathans’agenouilla,grimaçantlorsquelaterreluifitmalauniveaudeslacérationssursesgenoux,etattiralechiendanssesbras.

—Jesuisdésolé,mongarçon.

IlenfouitlatêtedanslafourruremouilléedeTyleretleserradanssesbrascommepours’excuser.Lechiengémitetreniflasonoreille.

—Est-cequevousvoulezenparler?

Nathansursauta;ilavaitoubliéquelafemmesetenaittoujourslà,sonpetitchienprèsdesespieds.Ilserelevaaveclassitude.

—Jevaisbien,vraiment.Ilfautquejerentreàlamaisonaidermafemmeaveclesenfants.

À présent, les sourcils de la femme touchaient sa frange demanière comique. Peut-être que cen’étaitpaslachoselaplussenséequ’ilaitpuluidire,maismerde,sielledésapprouvait,ehbientantpis!Iln’étaitpasd’humeuràs’enpréoccuper.Ellesecontentadeluisouriregentimentetluirenouvelasescondoléances.Àsonsoulagement,elles’éloigna,etilsifflapourqueleschienslesuivent.

Nathan quitta le parc, boitant de douleur tandis qu’il rentrait chez lui. La pluie s’était calmée,laissantplaceàunefinebruine,maiselleétaittoujoursaussifroide,etilfrissonnadanssalégèretenuedecourse.

Iln’avaitaucuneidéedecombiendetempsilétaitrestédansleparc,maisiln’étaitpassitardqueça,puisqu’AllisonetJimn’étaientpaspartisautravail;leursvoituresassortiesétaienttoujoursdansleurallée.Leschiensétaient trempés,etcommeAlexn’appréciaitpasque leschiensmouillés laissentdestraces dans lamaison, il les emmena à côté pour qu’il puisse les essuyer avec une serviette dans labuanderie.

Laporten’étaitmêmepasouverteentièrementlorsqu’Alexdescenditl’escalierencourant.

—Bonsang,oùétais-tupassé?J’aiessayédet’appeler.

Elleavaitl’airbizarre,presqueexcitée.

—J’aiemmenéleschiensfaireleurpromenade,commed’habitude.Pourquoim’as-tuappelé?

IltenaitfermementBaileytandisqu’ilfrottaitsonépaissefourrure.

Elles’agenouillaprèsdeNathanetluipritlamain.Surprisparcecontactinattendu,illevalesyeuxverselle.

—Stéphanieaappeléilyauneheure.Elleadesnouvelles.

ANDREW REPRIT connaissance de manière lente et douloureuse. Son retour ne fut pas facile ni bienaccueillinonplus.AndrewsavaitqueRichétaitmortavantqueStephluiprennelamainetleluiannonce.IllesavaitparcequeRichétaitmortavantleuraccidentdevoiture.Ilétaitmortauvolant,etiln’auraitrienpufairepourévitersondécèsoul’accidentquiavaitsuivi.

Ilsesouvintdelavoiturefaisantuneembardée,lemouvementinattenduletirantdulégersommeiloù il était tombé, et ensuited’avoirouvert lesyeuxpourvoir sonmari couché sur levolant, sesyeuxvides tournés vers lui.Oui, cette image était gravée demanière saisissante,même ici, dans ce demi-monde.

Aprèscela, ilyavaiteudumétal froisséetdeséclatsdeverre,ainsique lebruitavec lequel ilvivraitpourlerestantdesesjours.Ilfutravidefermerlesyeuxetsombradansl’obscurité,loindecesyeuxvides.

Ilyeutdeladouleuretlalumièreluifitmalauxyeux,maisoncontinuadeleramenerendépitdesesprotestations.Illeurditdelelaissertranquille,delelaissermourir,maistoutcequ’ilditfutignoré.Après un certain temps, il comprit qu’il n’avait pas prononcé un seul mot et qu’il n’avait fait queprotesterintérieurement.

On lui tenait lamain. Il le sentait. C’était ce qui le liait à la réalité. La petitemain de son ex-femme:lagrandemaindeJoe,légèrementmalàl’aisedeletoucher;celledeColin,quitremblaitautourdelasienne,letenantd’unemanièredésespérémentsinistre.Ilyavaitd’autresmainsqu’ilnereconnutpas,etuneàlaquelleilnes’attendaitpas,trèsgrandeetchaude,caressantsesdoigts.Ilsavaitqu’ilétaitensécuritédanscetteétreinte,et il se rendormit.Parfois il sentaitcesmainssursoncorps,cecontactfamilierlelongdesondos,desesjambes.Andrewsedemandas’iln’avaitpasrêvécesmains,maiscelan’avaitaucuneimportance.Pourluiellesétaientlesbienvenuesquandmême.

Onluiparladepuislesiègeàcôtédulit.Audébutilnepouvaitpascomprendrecequ’onluidisaitet c’était gênant, le tirant des ténèbres où il était heureux et ne souffrait pas. Pourtant, au bout d’unmoment, il commença à écouter ce que les gens lui racontaient. Ils lui endirent tellement plus que cequ’ils pensaient lui révéler, demeurant assis dans cette pièce avec pour seule compagnie un hommeinconscient.IlappritlesespoirsetlespeursdeStephconcernantunenouvellegrossesse,lesinquiétudesdeJoeàl’idéededevenirpère.

Colinsecontentaitdeparler,s’accrochantàsamain,entrelesJetecroyaismortetlesPutain tum’as abandonné. Cette dernière réflexion ébranla profondément Andrew. Son fils n’avait jamaisverbaliséçauneseulefois,niàluiniàsamère,etpourtantmaintenant,alorsqu’Andrewétaitincapabledeluirépondreoudeletenirdanssesbras,l’amertumeleheurtabrutalement.

GaryetGabevinrentà tourderôle, luifaisantdesréflexionssur lesmecsfainéantsquirestaientcouchéstoutelajournée,cependantAndrewsentaitl’inquiétudedansleursvoix.

Nathanluiparlaitégalement.IlnecomprenaitpaspourquoiNathanétaitàLosAngeles,maisplusd’unefoisilvintprendrelamaind’Andrewàsontour.Àunmoment,Andrewsebattitcontreladouleurquimenaçaitdel’étoufferpourentendreNathanluidireàquelpointill’aimait.Iltentadeluirépondre,maisilsdurentprendreçapouruncridedouleur,parcequ’ilsentitànouveaulesténèbreslerattraperetils’endormitausondelavoixdeNathanlesuppliantdetenirbon.

Ilsrépétaienttouslamêmechose,encoreetencore,Noustecroyionsmort,etilsexprimaientleurjoie de découvrir qu’il avait survécu à l’épave méconnaissable, leur douleur se changeant en espoirlorsqu’ilsserendirentcomptequelespremiersrapportsétaienterronés.

Iln’étaitpasmort.Pasencore.

NathanétaitleseulquiluiparlaitdeRich.Peut-êtrequelesautresn’avaientpasétémisaucourantdufaitqu’Andrewvoulaitentendreparlerdesonmari,sondoux,gentiletbeaumari.Ilvoulaitsavoirsion s’était occupé de lui alors qu’Andrew n’était pas en mesure de le faire. Il était certain que lasecrétairedeRich, Ida,aurait toutorganisé.Etqu’était-ilarrivéàIdamaintenantqueRichn’étaitpluslà?

Pourtantsonamantoccasionnel le fit, lui. IlparlaitdeRichavecunechaleuretuneaffectionquiréconfortèrentAndrew.

Andrewéprouvaittellementdereconnaissanceenverstous.Ilsouhaitaitleurenfairepartavantdelâcherprise,avantd’allerrejoindresonmari.Ilespéraitquelecielexécuteraitsavolontébientôt,parceque ladouleurse faisaitplus forte,elleavait l’airdedurerplus longtempsentrechaquemomentoù ilétaitinconscient.

Lecielavaitmanifestementd’autresplans.

ILSEréveillaunjourettrouvaNathanendormiàcôtédelui,sescheveuxtroplongsprochesduvisaged’Andrew,luichatouillantlajoue.Ilétaitassissurunechaiseenplastiqueprèsdulitetilétaitentraindenoterdesrédactionslorsqu’ils’étaitendormi,appuyésurlelit.

AndrewlevalebrasavecdifficultéetglissadoucementsesdoigtsdanslescheveuxdeNathan.Ilétaitvraimentfaible,àenpleurer.Legesteneperturbapas l’hommeendormi,à l’exceptiond’un légersoupiretd’unfrottementdelatêtecontrelamainquilecaressait.

Andrew pensa qu’il devrait avertir quelqu’un qu’il était réveillé,mais la sonnette était hors deportéeetilnevoulaitpasdérangerNathan.Ilallaitpeut-êtrereposersesyeuxjustequelquesminutes.

Colinsaluasonréveilsuivantparuncridejoiebruyant.Andrewjetauncoupd’œilautourdelui.Iln’y avait aucun de signe de la présence de Nathan et il supposa qu’il avait dû dormir un peu pluslongtempsquequelquesminutes,puisqu’ilfaisaitmaintenantjour.

—Tuesréveillé?Tuesréveillé!Maman,Maman,ilestvraimentréveillé!

Andrewsouritcommesonadolescentdefilsn’avaitpasl’airdesavoirs’ildevaitleprendredansses bras ou aller chercher quelqu’un, et finit par s’immobiliser entre la porte et le lit, prêt à bondircommeunegazelle.

Stéphanieapparutsoudainàlaporte,suiviedeprèsparuninfirmieretJoe.

—Oh,Seigneur,Andrew,tuesréveillé.Merci,merci,Seigneur.

Ellepleuraittoutensouriant,leslarmesruisselantsursonvisagetandisqu’ellesepenchaitversluietleprenaitdanssesbras.

Iltentadeparler,maissaboucheétaitsèche.L’infirmiervitqu’ilavaitdumaletluiproposadelaglacepiléepourapaisersagorgedesséchée.Andrewleremerciad’unevoixrauquetandisquelaglacefondaitdanssabouche.

L’infirmier–Andrewdécouvritqu’ils’appelaitShane–s’occupaitdeprendredesnotespendantque sa famille fêtait son retour parmi les vivants.Andrew fit de sonmieuxpour coopérer,mais il futépuiséauboutdequelquesminutes.Voyantsonpatientbâiller,Shaneconduisitgentimenttoutlemondedehors.

Alors qu’il quittait la pièce, Colin protesta qu’il fallait que quelqu’un reste avec lui. CommeAndrew fermait les yeux, il entendit par hasard Stéphanie lui dire que ce n’était pas si importantmaintenant qu’il était en voie de guérison. Il sourit lorsque Colin lui répondit sans ambages qu’ilreviendraitpourresteravecsonpèrejusqu’àcequeNathanarrive.Ilsentitquelqu’unsouleversamaincommeilserendormait,réconfortéparlefaitqu’iln’étaitpasseul,curieuxdesavoirpourquoiNathansetrouvait àLosAngeles. Il luidemanderait laprochaine foisqu’il se réveillerait, sachantpertinemmentqu’ilyauraituneprochainefois.

Nathanrevintàl’hôpitalpourleweek-end.Letransfertd’Andrewàl’hôpitaldeCastletonunefoisquesonétatavaitétésuffisammentstablepourledéplaceravaitfacilitélesvisitespourtoutlemonde.

Alexavaitacceptéqu’ilviennelevoirs’ils’occupaitdesenfantsl’après-midiafinqu’ellepuissefairedushoppingavecquelques-unesdesesamies.Àsasurprise,Danielavaitaussidemandéàvenir,maiscommeAndrewétaitencoreassezfaible,ilavaitsuggéréàsonfilsd’attendreencoreunpeu.Danielavaitboudéunpeu,maislapromessedepasserunaprès-midiaucinémasiColinétaitdisponiblel’avaitapaisé.Parfois,Nathanpensaitqu’ilavaitobtenuunfilsparprocuration,étantdonnéqueDanielvoulaitrarementalleroùquecesoitàmoinsqu’ilsachequeColinvenaitaussi.

Letrajetjusqu’àl’hôpitalsefaisaitaisémentlesamedimatin,etiltrouvatrèsfacilementuneplacepoursegarer.Ilpassait lesdoublesportesduservicelorsqu’ilentenditColinélever lavoixdecolèrecommeilhurlaitàsonpèredecesserdeletraitercommeunenfant.

Ilsourit.AndrewdevaitallermieuxsiColinseremettaitàluicrierdessus.NathanévitadejustessedesefaireplaquercontrelemurlorsquelaportedelapièceoùAndrewavaitétédéplacés’ouvritàlavoléeetqueColinenjaillitenclaquantlaporte.

—Colin?Est-cequeçava?

Ilsedépêchadesuivrelegarçonquiavaitatteintl’ascenseuretappuyaitavechumeursurleboutondubas.

—Hein?

Colinlevalesyeux,perdudanssacolère.

—Est-cequetoutvabien?répétaNathan.J’aientendudescris.

—Ohoui,oui,c’estjustePapa.Il…

—Cen’estpasdetafaute,poussin.Ilajusteeuunemauvaisejournée.

NathanseretournaetvitStéphaniesedirigerverseux,unairtroublésurlevisage.

—Qu’est-cequiluiarrive?

Nathanétaitinquiet.Andrewavaitfaitdenetsprogrèsdepuisqu’ilavaitreprisconnaissance.

—Ilm’ahurlédessusparcequej’aidéplacésatélépourquejepuisselavoiraussi.Aprèsilm’acriédessuscommesij’avaissixansparcequej’airenversésoneau,etensuite…

Stéphanieintervintlorsqu’ils’arrêtapourrespirer.

—Ilamaletilestfatiguéaujourd’hui.

Le regard qu’elle lança à Nathan était éloquent. Il hocha la tête, comprenant ce qu’elle sous-entendait.

Jusqu’à présent Andrew avait été extrêmement enjoué, d’une manière presque anormale. À laconnaissance deNathan, il n’avaitmontré aucun sentiment à l’idée d’avoir perduRich. Ils attendaienttousqu’ilcraque.

—Ruthestàl’intérieuraveclui.

Lamèred’Andrewquiessayaitdesemontrermaternelle?NathanhaussaunsourcilendirectiondeStéphanie.C’étaitbienladernièrepersonnequ’Andrewavaitbesoindevoirs’ilavaitdesdifficultés.

—Jen’aipaspul’enempêcher.Ellenel’apasvudepuisqu’ilareprisconnaissance,dit-ellepoursedéfendre.

—Peut-êtrequejenedevraispasentrer.

NathansavaitqueRuthétaitaucourantdeleurrelation.Elleneseraitprobablementpasheureusedelevoir,etconnaissantcettefemme,ilyavaitdeschancespourqu’elleleluidise.

Stéphaniesecoualatête.

—Vaaumoinsluidirebonjour.Àl’heureactuelle,ilestprobablemententraindeluihurlerdessus.Commeçailauraquelqu’und’autreavecquiêtredésagréable.

—Mercipourleconseil,commenta-t-iltoutenouvrantlaporte.

—C’estlavolontéduSeigneur,Andrew.Richpayepoursespéchés,ettoiaussitupaierasdelamêmemanière.Ensuite,c’esttafamillequibrûleraenenfer,àmoinsquetuneterepentes.

Nathans’arrêtadans l’entrée, incapabledecroirecequ’ilvenait tout justed’entendre.Ruthétaitassiseprèsdulitd’Andrew,etluitenaitlamainquin’étaitpasblessée.Luiétaitassis,levisagepâleet

leslèvresserréestandisqu’ilécoutaitsamèreluifairelamorale.—Lepasteurt’aditqueleSeigneurt’infligeraitunepunitionpourteshabitudesabjectes.

Nathanvitqu’Andrewsemblaitreculercontrelesoreillers,sonregarddevenantvideetsansvie.

—Sortezd’ici!

Stéphanie fit irruption dans la chambre etNathan fut poussé sur le côté pour la seconde fois enl’espacedecinqminutes.

Ruthlevalesyeuxetpinçaleslèvres.

—VraimentStéphanie,tun’aspasbesoindemecrierdessus,dit-elle.Oh.

Sabouchesefitencoreplusfinelorsqu’ellevitNathan.

—Tueslà.Commentvatonadorableépouse?Tudevraisêtreàlamaisonavecelleaulieud’iciavecmonfils.

Il fit le tour du lit afin de poser la main sur l’épaule d’Andrew pour le soutenir. Il le sentits’appuyerdésespérémentcontrelui.

—Andrewestmonami.

—O-oui,saufquesanotiondel’amitién’estpascompréhensibledesgensbien.

Elleprononçacesmotssuruntonmauvais.

—Sortezd’ici!NathanvitavecsatisfactionRuthreculerdevantsonex-belle-filleencolère.

Stéphanieenlevalamaind’Andrewdecellesdesamèred’uncoupsec,etluifitbaisserlesyeux,lafureurémanantdesoncorpstoutentier.

—Commentosez-vousveniricietfairelamoraleàvotrefilsavecvosconneries.Andrewabesoindevotresoutien,pasdevotrebigoterie.Ilaperdul’hommequ’ilaimaitetafaillimourir.Vousêtesunefemmemédisanteetunepiètremère.Maintenant,sortezdecettechambreetrentrezchezvous.Vousn’êtespaslabienvenueici,Ruth.

Nathanapplaudissaitensonfor intérieur,mais ilconservaunvisageinexpressif,secontentantdeserrerAndrewencoreplusprèsdeluicommeillesentaittremblersoussamain.

Colinnefitpaspreuved’autantdetact.Ilsetenaitprèsdelaporteetavaitvucequelesermonquesagrand-mèreavaitfaitàsonpèreavaitprovoqué.

—Fichelapaixàmonpère,espècedevieillesalope!

Ilavaitoubliélacrisedecolèrequ’ilavaitlui-mêmeeuequelquesminutesauparavant.

LevisagedeRuthrougitdecolèreetseslèvresseserrèrentàtelpointqu’onnelesvoyaitpresqueplus.Nathansupposaqu’onluiadressaitrarementlaparoledecettefaçon;laplupartdutempsilavaitvuqu’ilssecontentaientd’ignorersessermonsdumieuxqu’ilspouvaient.

—Colin!

—Neparlepasàtagrand-mèrecommeça!

StéphanieetAndrewavaient tousdeuxréprimandé leur fils,maisNathansentit la tensionmonter

soussesdoigts,danslesépaulesd’Andrew.— Pourquoi ne sortirions-nous pas en parler pour laisser un peu de paix et de tranquillité à

Andrew?suggéra-t-il.

IlfutinterrompuparShaneetunautrehommeportantunbadgeindiquantqu’ilfaisaitpartiedelasécurité.

—Qu’est-cequisepasse?Onentenddescrisdepuisl’entrée.

Sansattendrederéponseilcontinua:

—Andrew,jesuisdésolé,maisilyadesgenstrèsmaladesdesdeuxcôtésdevotrechambre.Vosinvitésvontdevoirpartirmaintenant.

Andrewhochafaiblementlatêtecommeilserallongeaitsurlesoreillers.Nathanpensaqu’ilavaitl’air plus blanc que les draps eux-mêmes, et il avait manifestement mal à en juger par les lignesprofondesautourdesabouche.

—Jesuisdésolée,Shane.Leschosessesontunpeuenvenimées,s’excusaStéphaniecommeelleguidaitRuthetColinàl’extérieurdelachambre,ignorantsesprotestationsàelle.Est-cequeNathanpeutaumoinsresterpourdirebonjouràAndrew?Ilvientjusted’arriver.

Ellesortit,poussantlamèred’AndrewetColinpourqu’ilspassentlaporte.

—Sivouspouvezarriveràluifaireprendresesmédicamentsetàluifairefairesatoilette,ilesttoutàvous,acceptaShane.

NathanfitlesgrosyeuxàAndrew.

—Ehbien?luidemanda-t-il.

—Jevaisbien.Jen’aipasbesoindeplusdemédicaments,marmonnaAndrew,rosissantsousleregardfrancdeNathan.

—Mais bien sûr. C’est pour ça que tu as une sale tête, en convint Nathan. Shane, où sont sesmédicaments?

L’infirmierentradanslachambre.L’hommedelasécurités’étaitéloignéaveclestroisautres,peut-êtrepours’assurerqu’ilsavaienteffectivementquittélebâtiment.

—Ilssontsurlatable,Nate.

Il sentit plutôt qu’il ne vit la tête d’Andrew se tourner vers lui. S’il y avait bien une chose quil’assuraitd’obtenirl’attentiond’Andrew,c’étaitquequelqu’unl’appelleNate.C’étaitpersonneletseulAndrew le faisait. Cependant, Shane et Nathan avaient passé de longues heures ensemble à attendrequ’Andrew se réveille. Shane en savait probablement plus sur lui que n’importe qui pour l’instant. Ilsentaitqu’ils’étaitfaitunamiàtraverscetteépreuve.

Nathanluitenditlescomprimésavecunverred’eau.Andrewouvritlabouchepourrefuser,maisunregardassezdurdelapartdeNathanetdeShaneluifitchangerd’aviset il lespritenlesfusillantduregard.

—Content?

—Maintenantilabesoindesedébarbouiller.Ilpue,luiordonnal’infirmier.

Andrewfermalesyeux.

—Demainpeut-être.

—Tuenasvraimentbesoinmaintenant,mec.Shanearaison.Tuempestes.

—Passez-moilegantdetoilette.

Andrewl’attrapadesmainsdeShaneets’endonnaungrandcoupsurlevisage.

—Voilà,content?

—Jessiepeutfairemieuxqueça,raillaNathan.

—Jesuistropfatigué.

Andrewsereposacontrelesoreillersetfermalesyeux,lesignoranttouslesdeux.

—Pourquoinelaisseriez-vouspasNatevousaider?Ill’afaitpendantquevousétiezinconscient,suggéraShanesedirigeantverslasalledebain.

Andrewouvrittoutàcouplesyeux.

—Tuasfaitquoi?

Nathanfixalesolduregard,sesentantprofondémentmalàl’aise.Andrewn’avaitpasl’aird’êtretrèsheureuxd’entendrecetteinformation.

—Je…euh…t’ailavéavecungantdetoilettependantquetuétaisinconscient.

—Pourquoi?

—Çavousasoulagé.Sesmainsavaientl’airdevouscalmer.Siquelqu’und’autreessayait,vousvousagitiez,ditShane,sortantdelasalledebainavecdusavonetuneserviette.

Levisageenfeu,Andrewtournalatêteloind’euxdeux.

—Arrête de bouder, princesse, dit Nathan en décidant d’opter pour l’humour afin de briser latension.Ilfallaitbienquequelqu’untelaveàgrandeseauxpouréviterdefairedératiser.IlsontdemandéàGary,maisilnevoulaitpassecasserunongle.

Andrewgrogna,maisNathanaperçulesourirequ’iltentaitderéprimer.

Nathanattenditqueleslignesdisparaissentduvisaged’Andrewpourcommenceràlelaver.Illuidonna legantde toiletteet le regardase laver levisage,correctementcette fois-ci.Andrewyparvint,maismêmecepetiteffortlelaissaaffaibli.

Ilarrivaàlaversontorseetsonaine,grognantunpeuàceteffort.Nathanallaluichercherdel’eaufraichepourluidonnerunsemblantd’intimité.

—Fini.

Serendantcompteàquelpointilétaitépuisé,Nathanluipritlegantdesmainsetleséchasansriendire.Andreweutl’airbutél’espaced’uneminute,puisilcessaderésister.

Nathanluiracontasajournéedetravaildelaveillepourledistraire,etlavalentementlerestedesoncorps,lefaisantseretournerafindelaversondosetsesfesses.Andrewlelaissaledéplacercommeunpetitenfant.SesréactionsaulégerdiscoursdeNathansefirentpluslentesetplusdiscrètesjusqu’àcequ’ellescessentcomplètement.

Nathanpensaqu’ils’étaitendormijusqu’àcequ’Andrewprennelaparole.

—Maman…désolé.

L’espaced’uneminuteNathancrutqu’Andrewprésentaitsesexcusesàsamère,etaprèsilcompritqu’ils’excusaitpourlecomportementdesamère.

—Cen’estpasgrave.

Ilcaressalescheveuxd’Andrew.Ilsn’avaientpasétélavésdepuisl’accidentetétaientgrasquandillestouchait.

Andrewluitournaittoujoursledosetledrapsetrouvaitauniveaudubasdeseshanches.Nathanvit les contusions de l’accident, qui s’estompaient lentement en un jaune etmarron terne, leurs tracesjalonnéesparcellesdelaceinturedutempsoùsamèreetlepasteurlefouettaient.

Ildéglutitavecdifficulté.

—Çan’estjamaisunproblème,dit-il.

Iltraçalesfinescicatricesblanchesduboutdesdoigtstandisqu’ellesdisparaissaientsousledrap.

—Jet’aisenti,ditAndrewaprèsuneautrelonguepause.

—Quoi?

—Melaverlorsquej’étaisinconscient.J’aisentitesmainssurmoi.TuétaisleseulàmeparlerdeRich.Touslesautresévitaientdemeparlerdelui.

Savoixétaitdouce,presquerêveuse.

—Çam’aparunormaldelefaire,réponditsimplementNathan.

—Tucroisqu’ellearaison?

—Qui?

—Mamère.Richestmortparcequejesuishomosexuel?

Nathannesutpasquoiluirépondrel’espaced’uneminute.

—C’est vraiment ce que tu crois,Andrew ? Tu penses réellement que tonmari estmort d’unemaladieducœuràcausedetonenviedecoucheravecdeshommes?

Sesmotsétaientdurs,maissontonétaitcalmeetferme.Pourtant,Andrewtressaillit.Nathanrésistaàlatentationd’essayerdeleprendredanssesbras.Lorsqu’iln’eutpasderéponsedelapartd’Andrew,iltapotasonépaule.Iln’étaitpasprêtàlelaissers’endormirlà-dessus.

—Non…nonjenelepensepas,finitparrépondreAndrew,marmonnant,maisaveccertitude.

Nathandéposaunbaisersursonomoplate.

—Moinonplus.Dors.

Andrews’endormit.

XVII

LEDÉPART d’Andrew de l’hôpital fut retardé par une infection qui le laissa affaibli, frustré et supergrincheuxlorsqu’ilétaitréveillé.Autotal,ilrestaàl’hôpitalunpeuplusdetroissemaines,etlorsquelesmédecinsdurentlelaissersortir,ilétaitévidentpourtoutlemondesaufpourAndrewqu’ilallaitavoirbesoind’aidependantunpetitmoment.

Ilparvenaitassezbienàs’habilleravec leplâtresursonbras, tantqu’il s’en tenaitàporterdespantalons de survêtements et d’amples tee-shirts, mais malgré ses protestations, les tâches de la viequotidiennetellesqueselaverlescheveuxetcuisinerledépassaientencore.

Safamilleavaitprévuqu’ilviveaveceuxaulieuderetourneràl’appartementdeLosAngelesouàlamaisonprèsdulac.JoeetStéphanie,lesparentsd’AndrewainsiqueNathanetAlexétaiententraindediscuterdanslagrandecuisinedeStéphanie,enprenantlecafé,accompagnédescookiesfaitsmaisondeRuth. Stéphanie avait provisoirement fait la paix avecMmeMatthews suite à son accès de colère àl’hôpital.Commed’habitude,ColinjouaitsurlesolavecDanieletJessie.

Stéphanies’opposafermementàlasuggestiondeRuthselonlaquelleAndrewretourneraitauTexas,làoùellepourraits’occuperdelui.Lespoulesauraientdesdentsavantqu’ellelaisseAndrewretomberdanslesgriffesdesamère.L’avisgénéralétaitqu’Andrewretourneraitvivredanssonanciennemaisonausous-solletempsdeserétablir,etqu’ensuiteilsdécideraients’ilétaitsuffisammentremispourrentrerchezlui.

Colinécoutaleconseildeguerre,unairperplexesurlevisage.

—Avez-vousdemandéàPapacequ’ilvoulaitfaire?

Lessixadultesbaissèrentleregardverslui.L’interruptionainsiquelesairscoupablesaffichéssurleurs visages étaient des signes évidents qu’ils n’avaient pas pris en considération le point de vued’Andrew.

—Est-cequ’unseuld’entrevousluiaseulementparlé?demanda-t-ild’unairincrédule.

Ilritdevantl’absencederéponses.

—Voussavezbienqu’ilvousdiradetousallervousfairefoutre,pasvrai?

—Nesoispasridicule,Colin,ditsèchementMmeMatthews.Ilestassezraisonnablepoursavoirqu’ilaurabesoind’aide.

—PourtantColina raison,dit Joe.Onestassis icià fairedesprojetsetaucundenousne luiademandécequ’ilvoulaitfaire.

Alex choisit un des cookies et en mangea les pépites de chocolat, poussant le reste autour del’assiette.Enfait,Nathann’étaitpastoutàfaitcertaindesavoirpourquoielleétaitlà.

— Je pensais qu’il voudrait rentrer chez lui. Il va probablement devoir s’occuper de toutes lesaffairesdeRichaussi.

Nathan était sur le point de lui répondre sèchement avant de se rappeler qu’elle devait savoirexactementcequ’enduraitAndrew.Elleavaitperdutoutesafamilledansunaccidentet,àpartunetante,avaitdûs’occuperdetout,touteseule.S’ilyavaitquelqu’unquipouvaitcomprendre,c’étaitbienelle.Ilposaunemainsurlasienneetlaserradoucement.Ellelevalesyeuxetluifitunsourire.

Colinlafusilladuregard.

—C’estencoretroptôtpourjeterlesaffairesdeRich.

—Cen’estpascequ’Alexavouludire,ditNathansanslâchersamain.

—Lefaitestque…commençaNick,ettoussetournèrentversluidesurprise.

Lepèred’Andrewintervenaitrarementdanslesaffairesdesafamille.Ilneparlaitquetrèspeu,etdans ses moments de rage contre Ruth, Nathan s’était demandé si elle n’avait pas anéanti à la foismentalementetphysiquementl’espritdesonmariaprèsdesannéesdemariage.

—Lefaitestque,répéta-t-il,jusqu’àcequ’onluienlèvesonplâtre,Andrewabesoind’aide.Ilestencoretrèsaffaiblietilluifautsoitrevenirici,soitàLosAngelesavecuneinfirmière.

—OuàSantaFe,ditRuthenplissantleslèvres.Tutravaillestoutelajournée,Stéphanie,souligna-t-elle.Colinestàl’école.Jesuisàlamaisonetjepeuxluiapportertoutel’aidedontilabesoin,avecl’aideduSeigneurbiensûr.

Stéphanie grogna, et Joe et Nathan se hâtèrent de détourner le regard pour éviter de rirefranchement.

—Ilresteiciavecnous,dit-ellefermementàRuth,suruntonquisuggéraitqu’ilvalaitmieuxqueRuthabandonneimmédiatementl’idéedeSantaFe.

Malheureusement,Ruthn’avaitjamaissuquandilfallaits’arrêter.

—Maisils’agitdetonex-mari,Stéphanie,cen’estpascorrect.

Elles’adressadirectementàJoe.

—Celanetefaitrienqu’ilyaitunautrehommecheztoi?Tunepeuxpasvouloirqu’ilviveavecvous.

Joesecouafermementlatête.Qu’Andrewviveaveceuxneluiavaitjamaisposédeproblèmes,etilleluiannonçasansménagement.

Nathan écouta l’échange avec intérêt. Il se demanda siAndrew se rendait compte dunombredepersonnes qui s’occupaient de lui. Entre sa famille et ses amis, il y avait tout un tas de gens qui sesouciaientprofondémentdelui.

—Alorsquivaluidirequ’ilrevientici?demandaColin.

Ilavaitl’airunpeuessoufflétandisqu’ilfaisaitfaireunepromenadeàDanielsursondosautourdelacuisine,soussescrisdejoieencourageants.

—Jevaislefaire,ditStéphanie.Ilpeutrâlerautantqu’ilveut,maisilabesoind’aideetiln’apasàdiscuter.

—AndrewvavouloirretourneràLosAngeleslemoisprochainpourlacommémoration,soulignaNathan,ettoutàcouplesilencesefit.

AndrewavaitratélesfunéraillesdeRichpendantsonhospitalisation.Ilétaithorsdequestionqu’il

manque la cérémonie de commémoration. C’est Ida, la secrétaire deRich, qui l’avait organisée. Elleavaitprisl’avionpourCastletonafindediscuterdel’organisationdelacérémonieavecAndrew,cequileuravaitdonnél’occasiondepleurerensembleleurêtrecherpourlapremièrefois.IdaavaitadoréRichetAndrewcommelesfilsqu’ellen’avaitjamaisvoulus.Pourlapremièrefoisdepuisplusdedixans,ellese trouvait face à un nouveau patron et avait pris la décision de prendre sa retraite, ne désirant pasrecommencer.SadernièreactionpourRichetAndrewétaitd’organiserlacérémoniecommémorativeàLosAngeles.

—Ildoitaussis’occuperdesonentreprise,ditJoe.

NathanvoyaitquecelainquiétaitAndrew.Sonentreprisedephotographieavaitétémiseensuspensaprèsl’accident.GaryetIdaavaientfaitdeleurmieuxpourl’aider,maisAndrewnegagnaitpasd’argentetceneseraitpaslecasdesitôt,sonbrascassés’enétantassuré.L’argentn’étaitpasunproblèmedansl’immédiat,etgrâceàlaprimed’assurance-viedeRich,ilétaitplusqu’àl’abridubesoin,surtoutaveclesdeuxpropriétésquiétaientdésormaisàsonnom,maisAndrewavait travaillédurtoutesaviepoursoutenir sa famille. Il était désormais tel un navire sans gouvernail : sans compagnon et sans emploi.Toute sa famille et ses amisavaient tentéde lui faire remarquerqu’Andrewavait tout son tempspourfairedenouveauxchoix,maisl’absenced’unobjectiflerongeait,contribuantàsamauvaisehumeur.

—JeparleraiàAndrewcesoir,ditbrusquementStéphanie.Nousnepouvonspasrepousserçapluslongtemps.Shaneaditque lesmédecinspensentqu’il seporte suffisammentbienpourqu’on le laissesortirendébutdesemainesisoninfectionsestabilise.

—Bonnechancepourça,ditNathanenluifaisantungrandsourire.

IlluiétaitreconnaissantdenepasêtreceluiquiallaitavoircettediscussionavecAndrew.

—Merci,répondit-elle,sachantexactementàquoiilpensait.TucroisquejepourraisemprunterlecasqueetlebouclierdeDaniel?

Daniellevaleregardàlamentiondesonprénom.

—Pourquoituenasbesoin,TatieSteph?Tut’envastuerundragon?

Lesadultesrirent,soulagésdevoirretomberlatension,tandisqueColinsecouaitlatête.

—Quelquechosedebienpirequ’undragon.

Danieleutl’airimpressionné.

—Pirequ’undragon?

Colinacquiesçasolennellementdelatête.

—Mamanabesoindetonépéeetdetoncasquepourtuerunogregrincheux.

Danieleutl’airaussisceptiquequ’unenfantdecinqpouvaitl’être.

—Unogregrincheux?Commentest-cequeçapeutêtrepirequ’undragonquicrachedufeu?

—TuasvuShrek?

Legarçonhochalatête.

—Quiaattrapéledragon?

LabouchedeDaniels’ouvritengrand.

—TatieStephvatuerShrek?

Salèvreinférieuretremblal’espaced’uninstantetillançaunregardaccusateuràStéphanie.

—Bravo,Colin.

Stéphaniesoupiraets’assitparterreavecDaniel.

—Jenevaispas tuerShrek.JeveuxseulementmedéfendrecontreOncleAndrew. Ilestunpeugrincheuxencemoment.

—Oh!

LevisagedeDaniels’éclairaetilopinadelatête.

—Ilfautquetuluidisesquesamamanvaluidonnerunefessées’iln’estpassage.

Cela aurait dû être drôle, une réflexion innocente de la part d’un jeune enfant. Bien sûr, Ruthgloussa,maisellefutlaseule.

Nathansedemandas’ilétait leseulàavoirenviedepleureràlapenséedecequeRuthavaitenréalitéfaitauxfessesd’Andrewpendantdenombreusesannées,laissantdenombreusescicatrices.Àenjuger par les visages de Stéphanie et de Colin, ce n’était pas le cas. Même Nick avait l’air un peuécœuré.

—Ilestl’heurederentreràlamaison,salegosse,dit-ilàDanielentendantlesbras.

CederniervintvolontiersetselaissaprendreainsiqueJessie.

Colinaidasamèreàserelever,etsouritlorsqu’ellegrognaenseremettantdebout.Onvoyaitquesonventrecommençaitàs’arrondirplustôtàcausedesasilhouettemenue,etellecommençaitàéprouverquelquesdifficultéspoursedéplacer.

—Quandvas-tuallerlevoir?demandaAlextoutentendantlesbraspourprendresafille.

— Je suppose qu’il ne faut pas reporter à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui, réponditStéphanieenfaisantlagrimace.

Danslemeilleurdescas,Andrewétaitd’humeurbougonne.Ellen’étaitpasimpatiented’abordercettediscussion.

—J’iraiavectoi,luipromitJoe,puisselevacommes’ilsyallaientimmédiatement.

—JepensequeNathandevraitveniraussi.

Surpris,Nathan,StéphanieainsiqueJoeseretournèrentpourfixerAlexduregard.

—Quoi?dit-ellesur ladéfensive.Pour l’instant,Nathanmesembleêtre leseulqu’ilaccepterad’écouter.

—C’estl’heuredemettrelespetitsaulit,souligna-t-il,ignorantsonaffirmation.

Elle avait raison,mais il ne semblait pas correct de le reconnaître, pas sans avoir réfléchi à laraison.

—Ilssesontpassésdetoicesdernièressemaines,ditAlex.Unesoiréedeplusnechangerarien,etjesuiscertainequeColindonnerauncoupdemain,pasvrai?

— Bien sûr, opina ce dernier. Est-ce que je peux aller chez Bobby après ? demanda-t-il àStéphanie.

—Situesrentréavantvingt-deuxheures,acceptasamère.Tuasécoledemain,ajouta-t-elleensuite

lorsqu’ileutl’airsurlepointdediscuter.—D’accord,marmonna-t-ilavantdedétournerleregard.

Nathansecoualatête.

—Jeveuxmettrelesgossesaulit.Jeferaiunsautdemains’ilnes’estpasfaitmettreàlaporte.

—Bonsoirlesmecs.

Garysetenaitdansl’embrasuredelaporteetleurfaisaitungrandsourire.Sescheveuxétaientpluslongsquejamaisetiln’avaitabsolumentpasl’airrecommandable.Nathandutluttercontresonenviedesecacher.

—Gary!hurlaStéphanie,courantversluipourluifairelabise.

Illapritdanssesbrasetlaserrafort.

—Salut, joliemaman,dit-ild’unevoixtraînante,sepenchantpourdéposerunbaisersursa jouelisse.

Ellelevalesyeuxaucieletrecula.

—Tuasunesalegueule,dit-ellesansménagement.

—TatieStephaditungrosmot!Danielinformasonpère.

—Tss-tss,ditNathanàStéphanie.VilaineTatieSteph,dit-il,faisantnondel’index.Ellearaisonpourtant.Tuasunairatroce.

Garyhaussalesépaules.

— Ça fait plusieurs jours que je conduis pour venir ici. Je n’ai pas beaucoup dormi ces deuxdernièressemaines.

Ilétaitentournéeavecsongroupelorsqu’ilavaitreçul’appelconcernantl’accidentd’AndrewetRich.Ilavaitreprisl’avionpourvenirvoirAndrewetensuiterepartidirectementsurlaroute.

—Alors, est-ce que tu veuxdormir unpeu avant d’aller voirAndrew?demandaStéphanie.Lerepaireestàtoipourcesoir.Ilfautseulementquej’ymettedesdrapspropres.

—J’y suisdéjà allé, luiditGaryen souriant. Il estgrincheuxetditqu’il s’ennuie,mais il s’estendormipeudetempsaprèsmonarrivée.

—C’esttoutlui,enconvint-elle.Peut-êtredevrais-jeremettrecettediscussionàdemain.

Garyhaussaunsourcil.

—Çaal’airsérieux.

Iljetauncoupd’œilautourdeluiavecespoir.

—Quidois-jesucer...

Ils’interrompitlorsqu’ilserenditcomptequeRuthetNickétaientdanslapièce.

—Ruth ! s’exclama-il en tendant les bras.Viensme faire un câlin. Je te jure que tu as l’air derajeuniràchaquefoisquejetevois.

Elleminaudaet secoua la tête,maisvint toutdemêmepour lui faireuncâlin.Garyétait le seulparmi les amis d’Andrew qui faisait tout ce que Ruth exécrait et pourtant elle pensait qu’il était

merveilleux.IlfallaitreconnaîtrequeGaryneluiavaitjamaisditcequ’ilpensaitexactementdesamanièrede

traiterl’hommequ’ilconsidéraitcommesonmeilleurami.

Joeluiproposaunebouteilledebièreavecunsourireencoin,complice.

—C’estlamaisonquioffre,dit-il.Pasdefaveursexigées.

IlssesourirentmutuellementetGarysetournapourdirebonjouràtoutlemonde.

AlexluifitlabiseetildéposaunlégerbaisersurlatêtedeJessica.

—Noussommessurlepointdepartir.C’estl’heuredemettrelespetitsaulit.

—Jessiea tellementgrandi,dit-ilalorsque lapetite-fillesebaissait rapidementetsecachait levisage.

—Elleestunpeutimide.

—Elleestsuperbe,commesamère,luiditGary,etAlexrougitunpeu.

IlsetournaversNathanetfitunsignedelatête.

—Nathan.

C’étaittout.Ilsavaientbeauseconnaîtredepuislongtemps,NathaneutlesentimentqueGaryneluipardonneraitjamaisden’avoirpasétésuffisant,denepasavoirétéassezadultepourAndrewcommeilauraitdûl’être.Nathansecontentadebredouillerunbonjour.

GaryserralamaindeNick,pritColindanssesbras,etcelafitofficedesalutations.AlexetNathanétaientsurlepointdeprendrecongélorsqueGarypritlaparole.

—Andrewaévoquésasortiedel’hôpitallasemaineprochaine.

Stéphanieacquiesçaetfitlagrimace.

—C’estcedontjedoisluiparler.Lelieuoùilvavivrejusqu’àcequ’onluienlèvesonplâtre.Ilesttellementgrincheuxqu’aucund’entrenousn’aoséaborderlesujet.

—Vousn’êtesqu’untasdefemmelettes,lança-t-ilengrognant.

IlignoraleregardsévèredeRuthetcontinua.

—Cetinfirmier,Shanec’estça?Illuiaditqu’onnelelaisseraitpassortiràmoinsqu’ilsefasseaider.

Ils sourirent tous à cela. Shane était le seul sur qui Andrew ne criait pas, surtout parce quel’infirmierluirépondaitencriant.Andrewavaitapprisàtenirsalangueensaprésence,nesemettantàrouspéterde frustrationqu’une fois laporte ferméeetqu’ilnepouvaitplusvoir le sourire satisfaitdeShane.

—Ilpensequevousallezleforceràvivreicipendantquelquessemaines.

Stéphaniehaussalesépaules.

—C’estcequ’onavaitentête.Tuasquelquechosedemieuxàproposer?

—Nan.Jeluiaiditd’arrêterdepleurnicheretdefaireavec.Ilviendramevoirpourlacérémoniecommémorative.

—Tuluiasdéjàparlédeça?ditlentementStéphanie.

—Biensûr.

Garyeutunsourire.

—Je lui ai dit que l’autrepossibilité était quequelqu’un commeShanevienne s’occuperde luipendantquelquessemaines.Rienqued’ypenserilestdevenutoutblanc.

—JepensaisqueShaneétaitgénial,lecoupaNathan.

—C’estpasàtoiqu’ilditcequ’ilfautfairetouteslescinqminutes,soulignaGary.Ilressemblepeut-êtreàMaryPoppins,maisilpossèdel’âmed’Hitler.

Ilmarquaunepause.

—Maintenantquej’ypense,MaryPoppinsaussi.Andrewladéteste.

—Parfait,ditStéphanieensouriant,jetantuncoupd’œilparmilespersonnesréunies.J’irailevoircesoirpourconfirmerl’organisation.Merci,Gary.

—Jet’enprie.

Ilbâilla,sonvisagemalrasésetordantl’espaced’uneminute.

Joeregardasoninvitéinattendu.

—Tuasbesoindedormir,souligna-t-il.Jevaischercherdesdrapsetunecouette.Viens.

Nathan et Alex en profitèrent pour prendre congé, Jessie presque endormie dans les bras de samère.

—Jenet’aijamaisremerciée,ditdoucementNathanalorsqu’ilsrentraientàpiedaunumérovingt-quatre.

Safemmeleregardad’unairinterrogateur.

—Pourquoi?

—Pourm’avoirpermisdeveillersurAndrew.Jesaisquejet’aimisencorepluslapression.

Alexpritunlongmomentpourrépondre,changeantJessied’épauleavantdereprendrelaparole.

—Jesaiscequevousressentez l’unpour l’autre.Tuauraisétémalheureuxsi tun’avaispasétéprésent.

Déglutissant,Nathantrouvadifficiledeformulerlesmots.

—Je…euh…oui…mais…

—Jedétesteça,ditAlexavecviolence.Jehaislefaitquetul’aimesluietpasmoi.

Jessieprotestad’unairendormialorsquesesbraslaserraienttropfort.

—Tuastournénotremariageendérision.

Elleinspiraenfrissonnant.

—Maistuesrestéetcelaadusens,alorsoui,jetel’aiaccordé.

Ilvoulutdirequelquechosepouraméliorerleschoses,maisquediablepouvait-ildire?

—Merci,dit-ilmaladroitement.

Ilsnedirentriendepluspendantletrajetduretour.

ANDREWPRITlanouvelledesdispositionsimminentespourlelogercommel’ons’yattendait.

Ilseréveillad’unsommeilagitépourdécouvrirStéphanieassiseàsonchevet,entraindelireunmagazine people. Elle n’avait pas pu revenir à l’hôpital le soir précédent, une dispute avec Colin àproposde son couvre-feu avait fait capoter ses plans. Il avait fini privéde sortie et de fortmauvaisehumeur,Stéphanielesurveillanttandisqu’ilétaitforcéderécurerlestoilettes–touteslestoilettes.

—Ilestquelleheure?murmuraAndrew,lavoixrauquecommeilessayaitdeparler.

—Quatreheures,luiréponditStéphanie,luiproposantungobeletd’eaudéjàremplisurlatabledenuit.

Ilseredressaetacceptalegobelet,buvantl’eaujusqu’àcequ’iln’enresteplus.Stéphanieobservasonex-marideprès.Ilavaitl’aird’allermieux,malgrélefaitqu’ilseréveillaittoutjuste.L’airvitreuxavaitdisparudesonregardetlesrougeursquiavaientrecouvertsapeaus’étaientestompées.

—Commenttesens-tu?demanda-t-elle.

—Bienmieux,avoua-t-il,déposant legobelet sur la tabledechevet.Ledocteurveutme laissersortirdemain.

— C’est génial ! s’exclama Stéphanie en lui faisant un sourire chaleureux. Seigneur, tu doisvraimentêtrecontentdesortird’ici.

Andrewhésitauninstantdetrop.

—Qu’est-cequinevapas?demanda-t-elle,tendantlamainpourletouchersurlebrasquin’étaitpasrecouvertparleplâtresale.

—Garyaditquejedevaisrevenircheztoi.

Savoixparaissaitcontrariée,etelleputvoirlescouleursrevenirànouveausursesjoues.

— Est-ce que cela pose un problème ? Juste pour un petit moment, le temps qu’on t’enlève leplâtre?expliqua-t-elleenchoisissantsesmotsavecprudence.

—Vouspenseztousquejesuisincapabledem’occuperdemoi-même?

—Non!protesta-t-elle.Aucund’entrenousnelepense!Mais,Andrew,tuesencoreaffaibli.

Ignorantsonregardfurieux,ellecontinua.

—Tuasunbrasdansleplâtreetleplusloinoùtuesalléc’estlasalledebain.Allez,Andrew,soisraisonnable.

Andrew s’allongea contre les oreillers, fermant les yeux l’espace d’une minute. Il les ouvrit ànouveaupourvoirStéphanielefixerduregard.

—D’accord,justepourunpetitmomentjusqu’àcequ’onm’enlèveleplâtre,etaprèsjerentrechezn…moi.

Ilbutasurlesmots,l’enviedepleurerluiserrantlagorge.

Stéphanie ne fit aucun commentaire, se contentant de bouger afin de pouvoir lui caresser les

cheveuxdemanièreréconfortante.—JesuistellementdésoléepourRich.

Ellel’avaitditàplusieursreprises,etchaquefoislaréponseétaitidentique.

—Oui,moiaussi.

Uneréponseplateetimpassible.

—Andrew.

Toutlemondesefaisaitdusouciparcequ’Andrewnesemblaitpassouffrirdelapertedesonmari.Cela faisait trois semaines depuis l’accident et il n’avait presque pasmanifesté de façon visible sonchagrin. Stéphanie était inquiète qu’Andrew refoule ses sentiments encore une fois. Elle se souvenaitcommentilétaitàl’adolescence,faisantfaceàsasexualitéetàladisciplineextrêmedesamère.Ilétaitcommeunbarildepoudre,prêtàexploseràtoutmoment.

StéphanieregardaAndrewpasserunbrassursonvisage,ledissimulantàsonregardinquiet.C’estainsi que Shane et Nathan les trouvèrent quelquesminutes plus tard. Ils ouvrirent la porte, s’arrêtantbrusquementsurleseuiltandisqu’ilsvisualisaientlascène.

—Est-cequetout…Andrew,est-cequetoutvabien?Shanevintàcôtédulit,posantdeuxdoigtssurlepoignetd’Andrew.

—Jevaisbien,murmura-t-il,retirantsonbras.

Dansl’embrasuredelaporte,Nathanhésitait,nesachantquefaire.Puisils’approchadulitetpritAndrew dans ses bras, en faisant de son mieux pour ne pas toucher son bras cassé. Andrew résistapendantuneminute,maisils’agissaitdeNathan,alorsilsedétendit,enfouissantsonvisageécarlatedanssoncou.Nathan ignora tous lesautres tandisqu’ilmurmuraità l’oreilled’Andrewdesmotsdénuésdesenspourlerassurer,leprotégeantdesesbras.

Andrew se laissa réconforter pendant quelquesminutes, puis il prit ses distances, s’essuyant levisagedelamain.

—Tenez.

ShanetenditàAndrewungantdetoilettehumide.Nathanlepritàsaplaceetessuyalevisagedesonamiavecautantdedélicatesseques’ils’agissaitdeDanieloudeJessie.

—Jenesuispasungosse,grognaAndrew.

Nathanbaissalatêteeteffleural’oreilled’Andrew.

—Mmm,jesuisaucourant,murmura-t-il,souriantcommeAndrewrougissaitdeplusbelle.

—Euh,lesgars?

ShaneetStéphanielesobservaient,leurinquiétudefaisantplaceàunairamusé.

Nathans’installaconfortablement,ramenantversl’arrièrelescheveuxpleinsdesueursd’Andrew.

—Çavamieux?demanda-t-il,l’inquiétudeobscurcissantsonregard.

Andrewfitouidelatête.

—Désolé,dit-ilàStéphanie.

Elleagitalamain,sereine.

—Çan’estpasunproblème.

EtSeigneur,celan’enétaitvraimentpasun.

Shane lui versa un autre verre d’eau et le lui tendit avec quelques comprimés. Andrew lescontemplaavecunaird’extrêmeaversion.

—Jesupposequevousallezm’ignorersijedisquejen’enaipasbesoin,pasvrai?

—C’estbiença,réponditShane.

Andrewlespritdemauvaisegrâce,regardantdetraversStéphanieetNathanquicachaientàpeineleursgrandssourires.

—Vousêtescontentmaintenant?demanda-t-ilcommeilreposaitlegobelet.

—Bongarçon.

Nathanlui tapotaledessusdela têteetfitunbonenarrièrealorsqueleplâtred’Andrewvenaitvolerverslui.

—Aie,putain!

Mêmesisonbrasn’avaitpastouchéNathan,lemouvementbrusquefutsuffisantpourqueladouleurjaillisselelongdesonbras.

Shanehaussabrusquementlessourcils.

—Dites-moi,Andrew,vousêtestoujoursaussiviolent?

—Uniquementquandonmeprovoque.

Andrewsoufflaànouveauetilséclatèrenttousderire.Ilfrottasonbrasetseretranchaderrièreuneattitudequel’onpouvaitqualifierdeboudeuse.

—Est-ce que vous avez décidé où vous alliez vivre après votre sortie de l’hôpital ? demandal’infirmieràAndrewtandisqu’ilrangeaitlegobeletainsiquelegantdetoilette.

—Vousnel’avezpastousdécidéàmaplace?grognaAndrew.

—Andrew!leréprimandagentimentStéphanie.

Shane était manifestement un maître lorsqu’il s’agissait d’ignorer la mauvaise humeur de sespatients.

—Excellent!dit-il.Avecunpeudechance,vouspourrezsortirdeprisonsanspayerdemainmatin.Est-cequevouspourrezpasserleprendre?demanda-t-ilensetournantversStéphanie.

—Biensûr,dit-elle.

— Je serai heureux de sortir d’ici, ditAndrew, passant lamain dans ses cheveux, grimaçant ensentantavecsesdoigtsqu’ilsn’étaientpaslavés.

—Jenepeuxpasresterpluslongtemps,ditNathantoutenregardantsamontre.Maissituveux,jepeuxtelaverlescheveuxavantdepartir.

—Tuveuxbien?

Andrewsouritpourlapremièrefois,heureuxàl’idéed’avoirdescheveuxpropres.

Nathans’étaitoccupédecegenredechosesdepuis l’accident.Personnenele luiavaitdemandé,

maisAndrewnel’enavaitpasempêchéunefoisqu’ilavaitcommencéàallermieux.L’infectionl’avaitlaisséaussifaiblequ’unchatonettouteaideétaitlabienvenue,mêmesijamaisilnel’auraitavoué.Danslesmomentsoùildéprimait leplus, ilsesentaitcoupablederessentirduplaisiraucontact intimedesmainsénormesdeNathanfrottantsoncuirchevelu.

—Jeferaismieuxderentrer.Joearrivebientôt.

Stéphanie se leva, se frotta le dos comme il protestait contre l’heure passée dans la chaise peuconfortabledel’hôpital.EllesepenchaetembrassaAndrewsurlajoue.

—Àdemain,monchou.Jepasseraiuncoupdefilpourvoirquandtusors.

Andrewhochalatête.

—Àdemainmatin.

—Enfindematinée,conseillaShanecommeillaraccompagnaitàlaporte.

—Biensûr.EnfaitShane,est-cequ’onpeutdiscuter?

Andrew haussa un sourcil alors qu’ils sortaient de la chambre, son expression s’assombrissantalorsqueStéphanierefusaitdecroisersonregard.

—Encoreplusd’organisation?demanda-t-ilavecamertumecommeillevaitlesyeuxversNathan.

— Laisse-nous nous occuper de toi, l’apaisa Nathan, prenant la main libre d’Andrew dans lasienne.

—Facileàdirepourtoi.J’ail’impressiondenepasavoirmonmotàdirepourquoiquecesoit.

—C’estseulementpourquelquessemaines,ensuitetupourrasrentrercheztoi.

Chezlui.Seigneur.Chezluic’étaitl’appartementdeRichousamaisonauborddulac.Ilimaginaitquemaintenant les deux lui appartenaient,maismerde, c’était où chez lui ? Pas àCastleton, ni àLosAngeles.

—Andrew?

IllevaleregardetvitqueNathanl’observait,lesyeuxpleinsd’inquiétude.

—Est-ce que tu veux toujours que je te lave les cheveux ou tu préfères remettre ça à plus tardjusqu’àcequetusoisrentrécheztoi?

Andrew déglutit, luttant contre l’envie de poser sa tête contre le large torse deNathan et de secontenterdelaissersortirtoutlechagrinetladétresserefoulésenlui.

—Maintenant,s’ilteplaît.

Ilbalançasesjambeshorsdulitetsemitdebout,chancelantlégèrementtandisquelesmédicamentscommençaient à faire effet. Nathan posa l’une de ses grandesmains sous son coude et l’accompagnajusqu’àlasalledebain.

—Viens,onvafaireensortequetutesentesunpeupluspropre,murmuraNathan.

Lasalledebainétaitchauffée.Andrews’installadans lachaiseenplastiqueprèsde l’évier.Cen’étaitpaslapositionlaplusconfortable,maiselleprotégeaitsonbras.

AndrewsoupiraalorsqueNathanversaitunbrocd’eauchaudesursescheveuxsales.Lasensationdeslongsdoigtsquipeignaientsescheveuxétaitincroyable.IlappuyalatêtecontrelesdoigtsdeNathan

tandis que ce dernier appliquait le shampoing sur ses cheveux, en prenant soin d’éviter les endroitsencoresensiblesàcausedescontusions.

—Çavamieux?

L’uniqueréponsed’Andrewfutungémissement.

Nathanrittoutenrinçantleshampoing.

—Maisquellegonzessetufais.

—Essayedepassertroissemainessansprendreunedouche,râlaAndrewcommeilserasseyait.

La serviette fut enroulée autour de sa tête et ses cheveux furent séchés approximativement. Ilémergeadelaserviette,lescheveuxdressésdanstouslessens.Nathantenditlebrasverslatabletteetattrapalepeigned’Andrew.

—Mec,jepeuxmedonnerunfoutucoupdepeignetoutseul.

Andrew tendit la main pour attraper le peigne, mais Nathan le tint loin de loin, ignorant songrognementdemécontentement.

—J’aimelefaire,d’accord?

Àl’aveudeNathan,Andrewsecalmaetlelaissalespeignerd’unemanièreplusordonnée.

—Voilà,toutpropre.

Déposantunlégerbaisersurledessusdelatêted’Andrew,Nathanremitdel’ordredanslasalledebain. Andrew ne bougea pas, tout à coup épuisé par l’effort. Nathan l’aida à retourner au lit et ils’allongeaavecsoulagement;lemoindreexercicephysiqueetsesmusclesdevenaientdouloureux.

IlvitNathanquil’observaitavecperspicacité.

—Tuvoispourquoinousvoulonsquetutefassesaider.

—Çaneveutpasdirequejesuisobligéd’aimerça.

—J’aibienpeurquesi,justepourunpetitmoment.

Andrewfermalesyeux.Ilavaitvraimentbesoind’unsomme.

—Est-cequetu...

Ils’interrompit,nevoulantpasmettrelapressionàNathan.

—Jequoi?demandaNathan,l’aircurieux.

—Est-cequetuviendrasàlacérémoniecommémorativepourRich?

Il y eut une pause et Andrew se maudit d’avoir posé la question, d’être autant en manqued’affection.

—Jeviendrai,Drew,jetelepromets.

Desdoigtschaudscaressèrentsonvisageetils’appuyacontreeux,n’ouvranttoujourspaslesyeux.

—Merci,murmura-t-il.

—Vatecoucher.Demainestungrandjour.

Ilobéitàl’ordredoucementprononcé,avecpourdernièrepenséeconscienteleslèvresdeNathan

surlessiennesalorsqu’ils’endormait.

—PRÊTÀpartird’ici,partenaire?Lavoixbasseettraînantecommeungrognementluifitouvrirlesyeux.

AndrewlevaleregardpourvoirGaryquisetenaitdansl’embrasuredelaportedesachambre.Ilavait fait son sac et était prêt à partir. Il l’était depuis une heure, et il était plus qu’impatient de voirl’hôpitalloinderrièrelui.Lorsqu’ilétaitlephotographedel’ailedelamaternité,Andrewavaitappréciéses visites à l’hôpital, tous les sons et les odeurs apportant à l’expérience de se trouver dans un lieuparticulier.Maismaintenant,ilneferaitquelesassocieravecladouleuretlaperte.Ilsupposaqu’ilenétaitdemêmepourbeaucoupdepersonnes.

—OùestStéphanie?demanda-t-il.

—Elleempêchetamamandes’approcher,ditGaryd’unevoixindolente,toujourssurlemêmetonexcessivementnasillard.

—Ouf.

Garyramassasonsacetilsquittèrentlachambre,s’arrêtantpourlaisseràAndrewl’occasiondedireaurevoirauxinfirmières,recevantunbaisersurlajouedelaplupartd’entreellesainsiqu’uncâlindelapartdesautres.

—Shaneregretteradevousavoirraté,luiroucoulaunejeuneinfirmièrevêtued’uneblouserose.Vousétiezsonpatientpréféré.Néanmoins,celaveutdirequej’auraisleplaisirdepousservotrefauteuiljusqu’àlasortie.

— C’est dommage. Pourtant, il m’a assez vu pendant mon séjour ici, dit Andrew tandis qu’ils’asseyaitdanslefauteuilroulanttoutens’efforçantdenepasfairelagrimace.

Ilsarrivèrentàl’entréedel’hôpitaletGaryl’aidaàselever.

—Ehbien,prenezsoindevous,Andrew.

L’infirmièrel’embrassasurlajoueetGarylesconduisitversleparking,Andrewsepressantaussivitequesesjambesaffaibliesleluipermettaient.

—Alors,est-cequec’est tonpetitculdepéteuxoubien lacharmantecompagniede tonvisiteurrégulierquivamanqueràShane?ditGaryensouriantmalicieusementtandisqu’ilsquittaientl’hôpital.

—Laferme!grognaAndrew,ignorantGaryquiéclataderire.

Andrews’affaladansuncoinduvan, reconnaissantdes’éloignerdecesquatremurs. Il somnolasilencieusementpendantletrajet,étonnédevoiràquelpointilétaitépuisémentalementetphysiquementaprèscequiluiparutêtrel’équivalentd’unmoisdesommeil.Mêmeunpetiteffortphysiquel’épuisait.

—Allez,debout,laBelleauboisdormant,c’estl’heuredeselever.

Ilseréveillaetvitquelevanoccupaitl’alléedunumérodouze.Laported’entrées’ouvritetColinsortitenseprécipitant,suivideprèsparRuth.

—SalutPapa!

—BonDieu!Désolé,Maman,laisse-lesortirduvan,fiston.

SeulGaryétaitcapabledejureretd’apaiserlessentimentsindignésdeMmeMatthewsenuneseulephrase.Ellesoufflaunpeu,maisneselançapasdanslesermonhabituelconcernantlefaitdeprononcerlenomduSeigneuràtort.

AndrewignoraGaryetpritColindanssesbras,sentantdanssonétreintequesonfilsétaitenpleineformeetchaleureux.

—Salut.

ColinlâchaAndrewassezlongtempspourquecedernierpuissedirebonjouràsamère,puisillemenaensuitedanslacuisine.Stéphaniel’attendaitavecunegrandetassedecafé.Andrews’affaissasuruntabouretavecgratitude.Pourrienaumondeilnemontreraitàquelpointsesjambesflageolaient,maisStéphanieleregardad’unaircomplice.

—Assieds-toiavantdetecasserunejambe.

Elleavançalatasseversluietillapritavecreconnaissance,avalantd’untraitlamoitiéduliquidefumant et amer.C’était comme si de l’énergie se répandait instantanément dans son corps, etAndrewpoussaunsoupird’aise.

Garyarrivadanslacuisine,suivideprèsparNick.

—Andrew.

Sesyeuxs’éclairèrentà lavuede son fils assisdans lacuisine.Andrews’efforçade se relevercommesonpères’avançaitrapidementverslui.Nicklepritbrièvementdanssesbrasetensuiteleforçagentimentàserasseoir.

Malgréuneadolescence traumatisante,Andrewadorait réellement sonpère,quiavait faitde sonmieux,bienquecenesoitpassuffisant,pouréviterqueRuthn’infligeàsonfilsses idéesextrémistes.Adolescent, Andrew en avait amèrement voulu à son père de toujours avoir pris le parti de samèreconcernant lamanièredontelleavait traité sa sexualité.Cen’estquedesannéesplus tardqu’AndrewavaitcomprisqueNickavaitprisengrandepartiesurlui.Celaauraitpuêtrepire,bienpire.

Ruths’agitaitautourdelui,réprimandantStéphaniepourluiavoirdonnéducaféàlaplaced’unthéauxherbesetfaitasseoirsuruntabouretaulieudelemettreaulit.

—Jenesuispasmalade,Maman,ditsèchementAndrew.Quoiquejevaisl’êtresituessayesdemeforceràavaleruneseuledecessaloperiesauxherbes.

Qu’ilvoieducoindel’œilGaryetColinarborerlemêmeairjubilatoirenefitrienpourl’aider.

Elleavaitcetairblesséquidisaitj’essaieseulementdet’aiderqu’Andrewavaitenhorreur.Nicklui envoya un regard suppliant, et il soupira et présenta ses excuses, conscient qu’à sa façon, elle nefaisaitqu’essayerd’êtrematernelle.

—La première bonne tasse de café que j’ai bue depuis des semainesme fera plus de bien, ditAndrew.Etensuite,jeprometsquejevaisallerm’allonger.

Ilsimulaunbâillementquidevintrapidementréel.

—Tiens,prendsuneautretasseetvatecoucher.

Stéphanie était en train de le resservir lorsque la porte de la cuisine s’ouvrit etDaniel entra encourant,suivitdeprèsparAlexetJessie.

La femmedeNathanne luiavaitpas renduvisiteà l’hôpital,etmalgré lespromessesdeNathan

selon lesquelles elle encourageait ses visites régulières, Andrew était profondément conscient de latensionsoudainelorsqu’ellelerepéra.

Ne prêtant aucune attention à l’ambiance, Daniel poussa un cri perçant de bonheur lorsqu’il vitAndrew.Bienqu’iln’aitrencontréAndrewquepeudefois,ilsavaitqueColinadoraitsonpèreetqu’ilétaitquelqu’und’important.

—OncleAndrew!commença-t-ilavantdes’arrêter,unairrenfrognésurlevisage.

IlsetournaversStéphanied’unemanièreaccusatrice.

—Iln’estpascommeShrek,luidit-ilavecfermeté.

AndrewarquaunsourcilversStéphanie,laregardantd’unœilamusédevenirrougeécarlate.

—Shrek?

—Ilsepourraitquejeluiaieditquetuétaisunpeugrincheux,avoua-t-elle.

— Tatie Steph a dit que tu étais un ogre et qu’elle avait besoin d’emprunter mon épée et moncasque,luiditDaniel.

Andreweutunmouvementconvulsifauxlèvrestandisqu’ilcontemplaitlagênedeStéphanie.GarygloussaitouvertementpendantqueColinétaitoccupéàabonderdanslesensdeDaniel.Andrewsongeaàsemettreàgenouxparterrepoursemettreauniveaudupetitgarçon,maisilyavaitunenettepossibilitéqu’ilaitbesoind’aidepourserelever.

—J’étaisunpeucommeunogre,admit-il.Maissanslapeauverte.

—Toutàfait.

Andrewsoufflaauhochementdetêtedesesproches,maisilsnefaisaientquepartagersonavis.

—Jevaisessayerdedormirunpeu,annonça-t-il.Avecmoncafé.

Il leserrafermementcontresapoitrineetespéraquesafaiblessenesevoyaitpasautantqu’il laressentait.

—J’espèrequetoiettoncafévoussereztrèsheureuxensemble,mabiche.

Andreweutunfaiblesourirelorsqu’ilentenditle‘Gary!’scandalisédeRuthderrièrelui.Ilhochalatêteendirectiond’Alexetsedirigeaversl’escaliermenantausous-sol.

Celaétablitunrythmedeviepourlesjourssuivants.Ildormait,émergeaitbrièvementpourboireducafé,etdormaitencoreunpeuplus.Enadmettantqu’ilaitpleuréRich,illefitenprivéetlesautresnefurentpastémoinsdesondeuil.Àunmomentdecettepériode,Garypartitrattrapersongroupeavecun‘àplus’,ainsiqu’ungroscâlincontresontorsequienditpluslongàAndrewsurledegrédesoninquiétudeque de simples mots. Il ne vint pas vraiment à l’esprit d’Andrew, son cerveau trop embrumé par lesommeil,queNathann’étaitpasvenulevoirdutout,jusqu’àcequ’ilseréveillepourletrouverassisauboutdesoncanapé-lit.

Il se réveilla, ressentant commeunepiqûre entre sesomoplates comme si quelqu’un l’observait.Andrew se retourna, clignant des yeux d’un air endormi tandis qu’il assimilait la vue de la grandesilhouettedeNathanentraindeluifaireunsourire.

—Nathan?

Ilessayades’asseoir,uneprestationrenduedisgracieuseàcauseduplâtre.

—Salut,ditsonamienposantunemainsurleventred’Andrew.Nebougepas.Navrédet’avoirréveillé.

Sereposantsurlesoreillers,Andrewtournalatêtepourregarderlapendule.Ilétaitunpeuplusdemidi. D’une certainemanière, il avait encore passé lamatinée à dormir. Il déglutit, un goût amer luirestantdanslabouche.

—Tiens.

Nathan lui tendit un gobelet de café à emporter. Andrew l’accepta avec avidité et en prit unegorgée,s’attendantàboireunesaletédemoccaccinopleinedesucre. Ilétaitextra-fort, superchaudettrèsnoir.

Nathancaptaleregardinterrogateurd’Andrew.

—Jevoulaistevoir,maisjenevoulaispasappeleràlamaison.Jepensaisquesijet’apportaisuneoffrandedepaixçanetedérangeraitpasquejemefaufileici.

—Quiévitais-tu?Moi?OuGary?

—Alexm’aditqu’ilétaitpartihier,avouaNathan,sesjouesdevenantrouges.

—Alorstuaspenséquec’étaitsûrdevenirici?

Andrewneputs’empêcherdeprendreuntonamusé.

Baissantlatête,Nathanrougit.

—Jesupposequeçafaitdemoiquelqu’und’assezpitoyable,hein?

—Ehbien,fitsemblantderéfléchirAndrew.Ilfaitlamoitiédetataille.

—Ce type fait sérieusement flipper !protestaNathan.Enplus, jenecroispasqu’ilm’appréciebeaucoup.

—Ilestseulementunpeutropprotecteur,admitAndrew.

—Jesuisheureuxque tuaiesquelqu’uncommeçadans tavie,ditdoucementNathan.Tuasdesamisprécieux.

Andrewopinaduchef.

—Ouieneffet,enconvint-il,posantunemainsurcelledeNathan,toujourssursonventre.

LapaumedeNathanreposaitàmoitiésurlapeaud’Andrew,encorechaudedesonsommeil,làoùsontee-shirtavaitremonté.Ilsrestèrentassispendantunmoment,nedésirantpasbriserlelienentreeux.

Andrewfinitparbouger,ressentantlebesoind’allerauxtoilettes.Nathanretirasamainetattenditqu’ilsorte.

—Est-cequetuvoudraisallerauparcaveclesgarçons?dit-ilcommeilémergeaitdelasalledebain,seredirigeanttoutdroitverslecafé.

Andrewfronçalessourcilsalorsqu’ilenprenaitunegorgée.

—Queljoursommes-nous?

—Samedi.Pourquoi?

—Seigneur,j’aidormipendantunesemaineentière?

—Mec,tuesrestéendormipendantunmois,soulignaNathan.

Andrew se frotta lamâchoire. Elle était recouverte d’une barbe d’un roux clair, désormais troplongue pour être qualifiée de barbe naissante.Nathan l’avait rasé quelques fois à l’hôpital jusqu’à cequ’Andrewsoitenmesuredepasserlerasoirélectriquesursonmentondelui-même.

—Alors,leparc,unballon,leschiens,oupréfères-turestersouslacouetteencoreunefois?

—Ducafé,monlit,etdormirencore.Jecroisquejenesuispasencorecapabledecouriraprèsunballon.

—Allez,Drew.Tuasbesoind’unpeud’airfrais,plaidaNathan.

Faisant non de la tête, Andrew finit le café et visa la poubelle avec le gobelet. Il la rata et legobeletrebonditsurlebord.Ilhaussalesépaulesetretournasurlelit.

—Jen’ensuisvraimentpascapable,Nate.Peut-êtredemain.

Ilserallongeaetfermalesyeux.

—Onditdemainalors.Comptesurmoipourtelerappeler,leprévintNathan.

Illuidéposaunlégerbaisersurlatempeetselevadulit.

—Demain,opinaAndrewd’unairendormi,s’éloignantdéjà.

Saufquecenefutpaslelendemainnimêmelejourd’après.LejoursuivantAndrewfrissonnaitetétait courbaturé. Il ne put que prendre duDoliprane et de l’eau et espérer dormir en attendant que lasouffrancequiétaitentraind’envahirsoncorpspasse.

Àunmoment,Nathanluirenditvisite,maisentoutehonnêteté,ilétaitincapablededirequand.Ilétait juste conscient de la main de Nathan sur son bras qui lui caressa les cheveux, et ensuite il serendormit.

Il fallut encorequatre joursdeplusàAndrewpourqu’il resteéveilléplusdequelquesminutes.Lorsque leweek-end suivant arriva, il pouvait rester éveillé suffisamment longtempspour regarderunfilmavecColin,etStéphanieavaitcessédetraîneraupieddesonlit.

Colinpassaledimanchematinsurlelitd’Andrewàregarderdesémissionspourlesenfantsetàmanger l’équivalent d’un mois de bonbons gélifiés. Andrew avait survécu quelques heures et s’étaitensuite assoupi un petit moment avec en fond sonores des créatures étranges s’affrontant sans raisonapparente.

Il s’aperçut qu’il était collé contre un corps chaud et que Colin discutait avec quelqu’un. Seretournant,AndrewtrouvaNathanetDanielsurlelit,égalemententrainderegarderlapetitetélé.Danielavait lamaindansun sachetdebonbonsà la réglisseet sonvisageétait recouvertde sucre.LegrandcorpschaudappartenaitàNathan.Ils’étaitlégèrementenrouléautourd’Andrewpouréviterdetomberdulit.

—Lesgars,dit-ild’unevoixéraillée,puisilseraclalagorgeafind’essayerànouveau.Çadevientunpeublindédemondeici.Vousnepourriezpasallersquatterailleurs?

Nathanluifitungrandsourire.

—Onestseulementvenusvoustraînertouslesdeuxjusqu’auparc.

Andrewpoussaungémissement.

—Va-t’en.Trouvequelqu’und’autreàquicasserlespieds.

Ilsemoquaitdesavoirquelleheureilétait,ilavaitvraimentbesoindedormirunpeuplus.

—Cen’estpasbonpourtoi,deresterlàenfermétoutletemps.Enplusdeça,lapièceempeste,mec.Ilfaudraitvraimentquetuaèresici.

Andrewseretourna,tournantledosàNathan.

— Pourquoi tu ne demanderais pas à Shane ? Je suis certain qu’il adorerait se joindre à toi,marmonna-t-ildefaçoninaudible.

—Qui?Shane?MaisputainAndrew,dequoiparles-tu?

LavoixdeNathandevintplusvive.

ColinselevadulitettenditlesbrasversDaniel.

—Viens,Danny.Mamanafaitdescrêpesenhaut.Onfaitlacoursejusqu’àl’escalier.

Lesdeuxgarçonsmontèrentbruyamment l’escaliermenantà lacuisine, laissant lesdeuxhommesdansunsilencepesant.CefutNathanquilebrisa.

—Qu’est-cequetuvoulaisdireparlà?QuejepourraisinviterShane?

AndrewseretournaetfitfaceàNathan.

—Shane.L’infirmiersexy.Tonnouveaumeilleurami.

—JesaisquiestShane,Drew.Maismonnouveaumeilleurami?

Alors oui, peut-être quemaintenant il avait l’impression de passer pour un imbécile parce queNathanleregardaitcommes’illuiavaitpousséunedeuxièmetête.

—Andrew,est-cequetuesjalouxdeShaneetmoi?Maispourquoi,putain?

—Ilparlaitdetoicommesivousétiezamis.

Nathanhochalentementlatête.

—Nousavonsbeaucoupparlépendantquetuétaisinconscient.J’aiparléàtouteslesinfirmières.Etauxmédecinsetàlafichuefemmedeménage.Tuesjalouxd’euxaussi?

—Nesoispasridicule.

—Tuesjalouxd’uninfirmierettudisquejesuisridicule!

—Ilétaitséduisantethomosexuel.

Andrewsemorditlalèvre.

—Ilt’aappeléNate,lâcha-t-ilbrusquement.

Nathanécarquillalesyeux.

—Tupiquesunecriseparcequequelqu’unquim’aréconfortépendantunepériodedifficilem’aappeléparunsurnomqu’unedemi-douzainedepersonnesutilise?

—Vatefairefoutre.

—C’esttoiquivastefairefoutre,Andrew,luicrachaNathan.Sesyeuxétaientfroidsetdurstandisqu’ilslefixaient.

—Tuesun imbécile etunégoïste. J’avaisbesoin deShane. Ilm’aécoutéparlerde toi lorsquej’avaispeurquetuneteréveillespas.Ilm’alaissédéblatérersuràquelpointjet’aimaisetquej’avaisdû tevoirépouserunautrehomme, te regarder l’embrasseralorsque toutceque jedésiraisc’était lefairemoi.Àcombiend’autrespersonnesdemaconnaissancem’est-ilpossibled’enparler?

—Arrête,s’ilteplaît!

Lesmainsd’Andrewvinrentrecouvrirsesoreilles.

—Jeneveuxpasentendreça.

Iltentades’éloignerdeNathan,maisiln’avaitnullepartoùaller.

—C’est toiquiascommencé,soulignaNathan, inspirantdifficilement. JeneveuxpasdeShane.C’esttoiquejeveux.

Andrewserecroquevillasurlui-même,lesmainssurlesoreilles,essayantdesecacherdesmotsqu’il avait suscités. Nathan écarta ses mains et le fit s’asseoir. D’une main il attrapa la mâchoired’Andrewetleforçaàleregarderdanslesyeux,lacouleurnoisetteayantpresquedisparuàcausedelacolère.

—Est-cequetuestellementconquetunevoispasquejeneressensrienpourShane?Iln’existequ’unseulhommepourmoi,AndrewMatthews.

Savoixsechangeaenunmurmure.

—J’attendaisquetuteréveilles,j’avaistellementpeurqu’unjourtuneteréveillespas.

—Jenevoulaispasmeréveiller,avouaAndrew.Jen’enaitoujourspasenvie.

IlvitladouleurserefléterdanslesyeuxdeNathanpuisdisparaîtrerapidement,maisilsavaitqu’ilétaittroptardpours’arrêter.

—Aumoinsdansmesrêvesjenesuispasseul.

—IlyaRich?

Andrewhochalatête,sesmainss’enroulantautourdubicepsdeNathan.

—Ettoi.Vousêteslàtouslesdeux,ilfaitchaudetjemesensensécurité.Ici…

Ilfitungestedelamain.

—Richestmort,TuesavecAlex,etjesuisànouveauseul.Jepréfèreraisresterendormi.

—Andrew.

Cesimplemotétaitpesant,commes’ilétaitentrainderetenirseslarmes.Nathanlâchalamâchoired’Andrewetposasonfrontsurlesien.

Souslesgenouxd’Andrew,despapiersdebonbonssefroissèrentetquelquechoseétaitcolléàlajambedesonpantalondejogging,maisilfutprisdansuneétreinteàlaquelleilneputéchapper.

—Ilnevoudraitpasquetutecachesici,murmuraNathan.Ilvoudraitquetuvivesànouveau.

—C’estbientroptôt,mêmepasdeuxmois,protestaAndrew.J’aibesoindeplusdetemps.

—Jesais,chéri,jesais.

Andrewfutmanœuvrédefaçonàcequ’ilsoitàchevalsurlesgenouxdeNathan,satêtereposant

dans le creux de son cou, au chaud et en sécurité l’espace d’un instant. La main de Nathan tenaittendrementsatêtetandisquel’autretraçaitdescerclesapaisantsdanslecreuxdesesreins.Andreweutlesentimentqu’ilpourraits’endormircommeça.

—Tuvassortiravecnouspendantunpetitmoment,ditNathanaprèsquelquesinstants.Tun’espasobligéderesterlongtemps,maisStéphanieveutnettoyerlachambreetchangerlesdraps,dit-ilcommeilsentait qu’Andrew se crispait, prêt à protester. Je vais t’y emmener pendant queColin promènera leschiensavecDaniel.Crois-moi,tutesentirasmieux,etpuistupourrasdormircesoir.

Andrewétaitsurlepointdeprotesterlorsqu’uneautrevoixl’interrompit.

—Papavabien?

—Oui.

NathanrassuraColin,maiscederniernepartitpastoutdesuite.

— Je vais bien. Seulement… commençaAndrew, s’installant confortablement pour se frotter levisage.

Colinnelelaissapasfinir.IlsehissasurlelitetpritAndrewdanssesbras.

—C’estbon,Papa,j’aicompris.

Il sentait lesbonbonset la sueurde l’adolescence,maisalorsqu’Andrewreposait sa têtecontrel’épaulefinedeColin,lachaleurdeNathan,deplusgrandeenvergure,toujoursprochedelui,ilnevoulutrien de plus que cela. Il était plongé dans le chagrin d’avoir perduRich, encore plein de culpabilitéd’aimerNathan,maissafamilleetsesamisl’aimaient,etildevaitsesouvenirdecelalorsquetouscessentimentsnégatifsmenaçaientdelesubmergeretdeledéprimer.

C’étaitunebonneidéed’allerauparc.Maisilnel’auraitjamaisavouéàquiquecesoit,surtoutpasàNathan.Aprèsavoirpassécinqsemainesaulitetavecunplâtretoujoursprésentsursonbras,Andrewnese sentaitpasd’attaquepour fairebeaucoupdecourseàpied. Il s’assit surunbanc, et regarda lesgarçonsainsiqueleschiensjouerénergiquement–cequiconsistaitàcouriraprèsTylerpourrécupérerle ballon – sentant la brise légère rafraîchir son visage en plein soleil et aspirant l’air frais dans sespoumons.

Nathansejetasurlebancàcôtéd’Andreweninspirantpéniblement.

—Tutefaisvieux?demandaAndrew,amusé.

—Vatefairefoutre,râlaNathan,bienquecelaauraiteuplusdepoidss’iln’avaitpaséternuétoutenparlant.

—Allons,allons.

Il tapota legenoudeNathandemanièrecondescendante.Nathan fit commes’il allait legifler ets’arrêta,conscientduregarddeDanielfixésurlui.

—Papa,est-cequeTontonAndrewaétéméchant?luidemandasonfils.

Andrew se souvint tout à coup de Colin lorsqu’il avait cinq ans, lui demandant avec colèrepourquoi,sic’étaitjustepourAndrewdeluimettreunefesséeparcequ’ilavaitbrisél’unedeslentillesdesonappareilphoto,n’avait-ilpasledroitdefrapperlasœurdeBobbyalorsqu’elleavaitdétruitsafigurinedeBuzz l’Éclair.En toutehonnêteté, iln’avaitpaspuy répondre,et il avait fait trèsattentionlorsqu’ilutilisaitànouveauunepunitioncorporellesursonfils.

—Onsebagarreseulementpourrire,expliquaNathancommeilpoussaitAndrew.

LemouvementsoudainpritAndrewparsurprise,etladouleurélançatoutàcoupsonbrasblessé.IlsifflaetfoudroyaNathanduregard,bienqu’iln’yaitpasvraimentdefeudanssesyeux.

Nathanpritimmédiatementunaircontrit.

—Désolé,mec,s’excusa-t-il.Jevoulaisjustetedonnerunepetitetape.

—Laprochainefois,souviens-toiquetuesbâticommeunemontagnedemusclesenacier,rouspétaAndrewtoutentenantsonbrasprèsdesontorse.

—Sérieusement,desdégâts?

Andrewfitnondelatête.

—Non,seulementmafiertéquiaprisuncoupd’êtreunetellemauviette.

—Monpère,cetavorton,fanfaronnaColintandisqu’ilsoulevaitDanielsursesépaulesetcouraitdanstouslessenscommeunfou.

NathanregardaAndrewd’unairspéculatif.

—N’ypensemêmepas.Jet’aidit,n’ypensemêmepas.Nathan,espècedesalopard!

Andrewhurlalorsqu’ilsetrouvahissésurl’épauledeNathancommeunsacdepommesdeterretandisqueNathanselançaitàlapoursuitedeColin,leschiensaboyantavecfrénésietellementilsétaientexcités.Alorsmêmequ’Andrewétaitentraindeprotesterdefaçonbruyanteetqu’ilétaitignoré,ilétaitconscientàquelpoint,Nathanétaitprudentaveclui.

Nathans’immobilisa,sontorsesesoulevantàcausedel’effortphysique,puisreposaAndrew,seslunettesdetravers,lescheveuxébouriffés,etsadignitéenlambeaux.Ilchancelapendantuninstant,sonéquilibrepeuassuré.Iln’étaitpassûrdenepasvomir.Nathanletintjusqu’àcequ’ilsoitenmesured’yvoirclairetquesonestomacsecalmeetn’émettequ’unbruitsourd.

—Jetedéteste,marmonna-t-il.

—Non,cen’estpasvrai.

Andrewluitirapuérilementlalangue.Iln’admettraitpasqueNathanavaitraison.

Andrewnefutpasautoriséàretournersecoucheravantlesoir.Lorsqu’ilseglissasousl’édredon,l’effortphysiquel’avaitépuisé.Ils’endormitavecunefacilitéquiluiavaitéchappécesdeuxdernièressemaines.Oui,ilavaitdormipendantdesheures,maispersonnen’avaitétéprésentlorsqu’ilétaitallongésursonlitàfixerleplafond,incapabledes’endormir,lesyeuxirritésparlatristesseetl’insomnie.

Ildormitjusqu’àmardimidi,neseréveillantquelorsquesontéléphoneportablevibraprèsdesonoreille.

—Quewa?réussit-ilàarticuler.

—C’estl’heuredetelever.

LavoixtropenjouéedeNathanrésonnaàsonoreille.

—Vatefairefoutre.

Ilraccrochad’undoigtrageuretseretourna.Ceconnardlenarguaitdepuisletravail.

Letéléphoneseremitàvibrer.

—Fous-moilapaix!parvint-ilàdirecettefois-ci.

—Lève-toialors,etjetelaisseraistranquille.

—Jesuisdebout.

—Menteur.

—Seigneur,tuesunesclavagiste!

—Tuasde la chancequece soitmoi, etpasGaryouGabe. Ils avaient l’intentiond’utiliserdel’eauglacée.Oh,ilfautquej’yaille.Ben,lâchelestressesdeSuzie!

Andrewécoutal’échangeàl’autreboutdufilavecunmélanged’amusementetd’ennui.

—Jepeuxyallermaintenant?

—Àconditionquetusortestonc...postérieurdefeignassehorsdulit.

—Biensûr.

Andrewraccrochaetseretourna,enfonçantlatêtedanslesoreillers.Ilallaitselever.Bienasseztôt.

Ilseretournaànouveauetrepritletéléphone.L’éteindreétaitlaseulefaçondes’assurerd’avoirlapaix.

Celafonctionnajusqu’àcequ’unesonneriebruyanteetstridenteretentisseàsonoreille.

—NomdeDieu!

Andrewcherchaàtâtonsjusqu’àcequ’il trouvel’originedubruit.Quelqu’unavaitmisunréveildémodésursatabledechevet.

—Jesuisdebout,c’estbon,merde!

Sonhurlementdeprotestationrésonnadanssonrepaire,maispersonnenerépondit.

Se redressant dans son lit,Andrew segratta paresseusement le ventre. Il songea à se rendormir,mais il savait que s’il se recouchait, une autre chose bruyante et énervante viendrait sonner dans sesoreilles.

Ilselevaetallaauxtoilettes,grognantd’apaisementalorsqu’ilsoulageaitsavessie.

Alorsqu’ilselavaitlesmains,iljetauncoupd’œilàsonrefletdanslemiroir.Seigneur,cefutunchoc. Des cheveux gras, la peau pâle, de profonds cernes sous les yeux, et un air malheureux sur levisage.C’étaitçasonapparencedetouslesjours?

Andrewavaitdésespérémentbesoind’unedouche.Ilsedirigeajusquedanslapièceprincipale,àla recherched’unsacplastique. Ilyenavaitunsur la table. Il envida lecontenuetenfonçasonbrasblessédedans,recouvranttoutjusteleplâtre.Parfait.Maintenant,ilfallaitqu’ill’attacheenhautavecdurubanadhésif.

Cinq minutes plus tard, il était sous la douche, et appréciait la sensation de l’eau chaude, trèschaude qui coulait le long de son corps. Cela lui avait tellement manqué. Andrew gémit dereconnaissancealorsqu’ilsepenchaitverslejetd’eau.L’eaucommençaitàrefroidirlorsqu’ilsortitdeladouche.Ilseséchadefaçonapproximativeavecuneserviette,ôtantlesacplastiquedesonplâtreunefoisquelaplusgrandepartiedel’eaueûtséché.

Enroulant la serviette autour de sa taille, il retourna dans la pièce principale pour chercher desvêtementspropres.Jusqu’àprésent,Andrewn’avaitpasremarquéletasdesurvêtementsetdetee-shirtsquisetrouvaitsurunedeschaises.Ilfouilladedansjusqu’àcequ’iltrouvequelquechosequ’ilaitenviedemettre.Ilyavaitunmotsousletasdelinge.

Lecaféestenhautdanslacuisine.Andrewregardafixementlesmotspendantuneminute,sansencomprendreréellementlesens.Puis

ilpercuta.Ilavaitétéjetédesonlitparungroupede…

—Salopards!siffla-t-il,incapablederéfrénerlesourirequis’affichaitsursonvisage.

Sans surprise, le café était là, dans la cafetière, fraîchement préparé. Il s’en versa une tasse etl’apportajusqu’àlatable.Uneautrenoteàsonattentionl’yattendait.

Andrew,n’envisageMÊMEPASdeterecoucher.Tupeuxpréparerlerepasdecesoir.Stéphanie.Bisous.

P.-S.Despâtesmeconviendraient.

P.-P.-S.Lasauceestdansleréfrigérateur.Andrewallait tous les tuer,unaprès l’autre, très lentement.Dèsqu’ilauraitmisaupointunplan

pournepassefairearrêter.Entretemps,ilallaitboireducafé,etpuisilprendraitencoreuneautretasse.Iln’allaitpaspréparerdepâtespourquiquecesoit,saufpourluipeut-être.

Plustard.Bienplustard.

—MONESTOMACvaexploser,gémitColinenserasseyantsursachaise.

—C’estcequiarrivequandonseressertdeuxfois,critiquaStéphanie,mêmesiellefinissaitsadeuxièmeassiettedepâtesetfixaitduregardlesrestesavecenvie.

Joeétaitencoreentraindemanger.Ilgardalesilence.

Andrewlesregarda, l’airamusé,sesmainsautourd’unegrandetassedecafé.Sonappétits’étaitréduitàunepetiteassiettedepâtes,maisilavaitvulerestedurepasdisparaîtreextrêmementvite.

—Tacuisinememanque,gémitColinavecadmiration.TuasfaitquoiaveclasaucedeMaman?Ellen’ajamaiscegoût-làquandellelafait.

Stéphaniejetauncoupd’œilàColin,maisilétaitévidentqu’elleaussiattendaitlaréponse.

—Duvinetdesherbes,ditAndrew.Riendeplus.Richaimaitça.

Ilyeuttoutàcoupunsilence.

—Çanem’étonnepas.C’estdélicieux,dit-elle.

Le plat de service était vide quand ils décrétèrent qu’ils en avaient eu assez. Colin et Joe sebagarrèrentpourlesdernièresbouchées.

Andrewannonçaqu’étantdonnéqu’ilavaitfaitlacuisine,iln’allaitpasnonplusfairelavaisselle.Ilbattitenretraitedanssonrefugeaprèsavoirditbonnenuitàtoutlemonde.Commeilquittaitlapièce,ilentenditColincommencerunedisputeàproposdequiallaitnettoyerlatable.

Il ferma la porte sur la réponse de Joe, reconnaissant de ne pas être impliqué. Comme la nuitprécédente,ilétaitépuiséettoutcequ’ilsouhaitait,c’étaitdormir.Andrewsebrossalesdentsetsemitaulit,cherchantautourdeluilelivrequ’ilavaitcommencé.Puisunepenséeluivintàl’esprit.

Ilétaithorsdequestionqu’ils’endormeavantd’avoirferméàclélesdeuxportesmenantaumondeextérieur.Personne,et il lepensaitvraiment,neleréveilleraitenl’appelantouenluimettantunréveildemainmatin.

XVIII

L’OFFICEPOUR lesobsèquesdeRicheut lieuà lamaisonprèsdu lac. Iln’étaitpascroyant,mêmes’ilavait étééduquédansunmilieubaptiste, etAndrewvoulaitunecérémonieoù tousceuxquidésiraientdireunmotaientlapossibilitédelefaire.Ilyavaitdespersonnesprovenantdetouslesaspectsdesavie, professionnelle et privée, des amis de longue date ainsi que de nouvelles connaissances. Tousavaientétéincitésàprendrepartàl’office,Garys’occupantdelamusique.

Il n’avait pas invité ses parents, incapable d’affronter la désapprobation de samère concernantl’absencedeprêtre et la présencedans l’assistanced’ungrandnombred’homosexuels, cependant il yavait un groupe provenant de Castleton: Stéphanie, Joe, et Colin bien sûr, ainsi que Jim,Michael, etNathan. Ilsétaientvenus tousensemble,Andrewlesavait invitésà resterchez luipour leuréviterdesfraisdelogementenplusduprixdutrajet.Iln’étaitpasprésentlorsdeleurarrivée,maisunrepaslesattendait lorsqu’ils arrivèrent tard dans la nuit de vendredi. Ils mangèrent et se mirent au lit avecgratitude,conscientsquelajournéedesamediseraitlongue.

Habituéàselevertôt,Nathansetrouvaentraindefixerduregardl’horlogeàcinqheuresetdemiedumatin.Lorsquequinzeminuteseurentlentementpassé,ilseleva,ayantbesoind’étirersesjambesoudemanger,defairequelquechose,n’importequoi.Ilenfilaunpantalondejoggingainsiqu’unsweatàcapuche,puischerchasesbaskets.Ilfinitparlestrouver,àmoitiésouslelit,làoùillesavaitjetéesenles enlevant lorsqu’il s’était déshabillé lanuitprécédente.Cinqminutesplus tard, il étaitdehorsdansl’airfraisdumatin,essayantdesesouveniroùsetrouvaitlecheminmenantaulac.

Après quelques minutes de recherche, il trouva le chemin et se mit en route, son allure rapidemalgrélesolaccidenté.Lelacétaitéblouissantàlalumièreargentéedudébutdematinée,labrumeselevaitsurl’eauetlescontoursdestoilesd’araignéesétaientdessinésparlaroséedumatin.

Nathancourutautourdulac,faisantvolerdepetitsnuagesdesablelorsdesonpassage.Ilétaitsurlecheminderetourlorsqu’ilaperçutunesilhouettequilefixaitduregarddel’autrecôtédulac.Iln’eutpasbesoindelaregarderattentivementpoursavoirdequiils’agissait.

Andrewl’attendaitpourtrottinerautourdelàoùilsetenait.

—J’aipenséquetuseraispeut-êtredebout,lesalua-t-il.

Ilshésitèrent,tousdeuxréticentsàl’idéedefairelepremierpas,puisNathantenditlamainetattiraAndrewdanssesbras.Ilnesesouvintqu’ilavaitchaudetqu’ilétaitensueurqu’aprèsqu’Andrewsoitcollé contre lui. Il ne sembla pas vouloir s’y opposer, s’installant contreNathan en poussant un petitsoupir.

—‘Jour,marmonna-t-ildanslecoudeNathan.

—Bonjour,luiréponditNathan,seslèvreseffleurantlehautdescheveuxcourtsd’Andrew.

—Seigneur,cequej’enavaisbesoin.

AndrewsouffladesoulagementcontrelapeaudeNathan,cequilefitsourire.Ilenavaitbesoinluiaussi,besoind’Andrew.

Ilavaiteupeurde leperdreunefoisqu’ilserait rentréàLosAngelesetàsonautrevie.C’étaitfacile tantqu’AndrewétaitàCastleton,defairecommes’il luiappartenait, justependantcesquelquesminutesqu’ilspassaientensemblechaquejour.

NathanfrissonnaàcetteperspectiveetAndrewrecula,inquiet.

—Vienslà,bredouillaNathan,nevoulantpasromprelecontact.

Andrew poussa docilement le nez dans l’étreinte, ses mains chaudes se faufilant sous le mincesweatpours’étendresurledosdeNathan.C’étaitungesteréconfortantetaffectueux,etlesdeuxhommessedétendirentl’uncontrel’autre.

—Çavaêtredifficileaujourd’hui,ditAndrew,savoixétoufféedanslecoudeNathan.

—Jesais,jesais,leréconfortaNathan.Maisnoussommestouslàpourtoi.

Sa main frotta le dos d’Andrew, faisant des cercles pour le rassurer, et Andrew se rapprochaencoreplusdelui.

Andrewrecula,respirantprofondément.IllevalesyeuxversNathanetcen’estqu’àcemomentquecederniervitlafatigues’affichantsoussesyeux.Illevalamain,sonpoucefrottantdoucementlapeaufinesouslesyeuxbleuterne.

—Commenttiens-tulecoup,Drew?

—Franchement?

Andrews’appuyacontrelamaindeNathan.

—Trèsmal.

—TuauraisdûresteràCastletonavecnous.

Andrewsecoualatête.

—Non,jenepouvaispas.J’avaisbesoinderentrerchezmoi.J’avaisbesoindedireaurevoiràRich.

NathanattiraAndrewàluipourqu’ils’asseyesurletroncd’arbremortàproximité.

—Tupensesqu’ilétaitaucourant?Qu’ilétaitmalade?

—Oui,jepense.Jesuispresquecertainqu’illesavait.

Andrewappuyasatêtecontrel’épauledeNathan.

—Toi,moi,lafaçonqu’ilavaitdenouspousserl’unversl’autre.Ilsavait.Lesexamensmédicauxontdûluidire.

—Maisonnel’estpas.Ensemble,jeveuxdire.

—Non,nousnelesommespas.

Lavoixd’Andrewsecassalégèrement.

—Maisc’étaitunéterneloptimiste.

—Ilt’aimaittellement.

Les grands yeux d’Andrew s’adoucirent et Nathan culpabilisa d’avoir ressenti une pointe dejalousieenvoyantl’aird’adorationsursonvisage.

—Oui,ilm’aimait,etilétaitvraimentcompréhensifànotresujet.C’étaitprobablementleseul.Ilnet’ajamaisparlédePaul?

Nathan fronça les sourcils, repensant à la conversationque lui etRichavaient euepeude tempsauparavant.

—Paulétaitsonprécédentcompagnon?

Andrewhochalatête.

—C’estexact.Celafaisaitquinzeansqu’ilétaitaveclui,maisPaulétaitavecquelqu’und’autrelorsqu’ilarencontréRich.

—C’étaitletypequiluiarefiléleVIH?

—C’étaitàcettepériode,ditsimplementAndrew.Unemauvaisepériode.

—Alorsques’est-ilpassé?

—RicharencontréPauletç’aété lecoupdefoudre.SelonRich, ilsontessayédes’éviter l’unl’autreparcequePaulaimaitsoncompagnonetsesentaitvraimentcoupablederessentirquoiquecesoitpour quelqu’un d’autre.Bien sûr, chaque fois qu’ils se voyaient, ils finissaient par baiser comme deslapins.

Nathanneputs’empêcherd’éclaterderire.

—Mincealors,pasétonnantquetoietmoiçaneluiposaitpasdeproblèmes.

— Eh bien, il comprenait que je sois incapable de ne pas poser les mains sur toi. Paul et luis’étaient retrouvés penchés sur le bureau de Rich lorsque Paul est venu pour une réunion d’affaires.C’étaitleurpremièrerencontre.

—Ohputain!

Nathansetenaitlescôtes.

—Tamèreétaitaucourantquec’étaitunetelletraînée?

—Non,etj’étaistrèssatisfaitàchaquefoisqu’elledisaitàquelpointilétaitrespectable–pourunhomosexuel.

Sonvisagesetorditunpeuamèrement.

L’imaged’unRichposéentraindebaiserquelqu’unsurunbureaufutsoudainremplacéeparcelled’Andrew,étendusouslui,sesfessespâlessurélevées,accueillantchaquecentimètredusexedeNathan.

Il secoua la tête pour chasser cette image, mais une pensée similaire avait dû venir à l’espritd’Andrew,parcequ’ilrougitsubitement.Ilssefixèrentduregard,telsdeslapinsprisdanslespharesdel’excitationdel’autre.

—Putain,juradoucementAndrew,sesdoigtsserefermantsurlesjambesdesonpantalon.

Nathansuivitlegesteduregard,etvitlabosseàtraverslafineétoffe.

—Drew…

—Non!Pasaujourd’hui.Jenepeuxpas...pasaujourd’hui.

Andrewdéglutitplusieursfoisàlasuite.Ilsereleva,etSeigneur,cefutencorepire.Nathanauraitpul’attireràluietmordillercettelégèrebosse.

—Je...Jevaisrentreràlamaison.Çavaprendreunmomentpourtoutinstaller.

—Drew…

—Nathan,c’esttoi?TuasvuAndrew?

La voix de Stéphanie perça le brouillard dans l’esprit de Nathan. Il leva les yeux comme elleprenaitlechemin.

—Ah,tevoilà.Andrew,lestraiteursveulentsavoiroùs’installer.

Il fit oui de la tête, et sur undernier regardversNathan, il s’éloigna endirectionde lamaison.StéphanieleregardadisparaîtrepuissetournaversNathan,quirougitsoussonregardinsistant.

—Est-cequejeveuxseulementsavoir?

Ellen’avaitpasunairaccusateur,maisplutôtrésignédevantlasituation.

Ilsecoualatêteetfrissonna,serendantcomptetoutàcoupàquelpointilavaitfroid.

Stéphanieleremarqua.

—Tudevraisrentrerprendreunedouche.

—Oui,ditNathanensetournantavantdes’arrêter.Steph...

Étonnée,Stéphanieleregarda,surpriseparl’utilisationdesonsurnom.

—Oui?

—JenesaispasexactementcequetuasditàAlex,maismerci.

Nathanagitalamain.

—Pourça.J’auraishaïnepasêtrelàpourlui.

Sonvisages’éclaircit.

—Cen’estrien.Ilavaitbesoindenoustousici.J’aimerais...

—Oui,moiaussi,l’interrompit-il.

Nathanluitenditlamain.Ellelapritetilsrentrèrentensembleàlamaison,évitantlapetitearméedepersonnespréparantlacérémonie.

Comme ils arrivaient à lamaison,Stéphanieposa lamain sur lebrasdeNathan. Il se tendit, nesachantpascequ’elleallaitdire.Ellelevalesyeuxverslui,semordantnerveusementlalèvre.

—Tunepeuxpascontinuercommeça,Nate.Cen’estpasjusteenversAlexetAndrew...IlpleureencoreRich,maisceneserapastoujourslecas.

—Jesais,maismesgosses...

—Ilssedébrouilleront.Ilssontassezjeunespours’ensortir.

Elleluiserradoucementlebras.

—Letruc,c’estest-cequetoituvasyarriver?

LACÉRÉMONIEeut lieuaumomentoùlesoleilsecouchaitsur le lac.Plusd’unecentainedepersonness’assirent et partagèrent leurs souvenirs de Rich, de chaque moment de sa vie. Des personnes d’unesobriété de circonstance semélangèrent à d’autres, les plus extravagantes qu’Andrewait jamais vues.TousavaientàlamainunephotodeRichpriseparl’hommequil’aimait.

Il s’assit à l’arrière,préférantobserverplutôtquedeparticiper, car iln’avaitpasvraimentbienconnuRich.C’étaitunévènementcomplètementhorsdepropos, laplupartdescommentairesportaientprincipalementsurlafaçond’aimerlaviedeRichetsonmauvaissensdel’humour.Garyétaitbiensûrlepremieràenfaire.Ilsecontentaitprincipalementd’attendrelaréactiond’Andrewàcesdiscours.

Comme Nathan écoutait les gens parler de l’homme qu’ils avaient connu, il apprit peu à peupourquoiRichavaiteuuneffetbénéfiquesurAndrew.C’étaitunhommequin’avaitjamaiseuhontedequiilétait,nidecequ’ilétait.Iln’enavaitjamaisfaitétalagedanssavie,maisilnel’avaitpascachénonplus,quecesoitàlamaisonouautravail.S’ilyavaitbienquelqu’unquiavaitdémontréàAndrewqu’iln’yavaitaucunmalàêtrehomosexuel,c’étaitbienRich.Nathanétait forcéd’admettrequ’iln’enauraitpasétécapable.C’étaitdifficilepourluid’accepterlefaitqu’AndrewavaiteuplusbesoindeRichquedelui.Biensûr,ilnepouvaitpasnierqu’Andrewl’avaitaimépendantdesannées,maisRichavaitétéceluiquiavaitaiméAndrewaumomentoùilétaitleplusvulnérable.

Gabearrivaaumomentde lapausependant la cérémonie.SonamitiéavecNathanavait souffertsous la pression de sa relation de longue haleine avec Gary. Ce dernier n’avait pas pris de gantsconcernant sonmanque de respect enversNathan, etGabe avait été tiraillé entre son vieil ami et sonamant.

IlseglissadanslesiègeàcôtédeNathan.

—Nate,mec.

—Jenem’attendaispasàtevoirici,murmuraNathan,desridesapparaissantentresesyeux.

Gabehaussalesépaules.

—Moinonplus,maisGarym’ademandédevenir,alorsmevoilà.Jepourraisdirelamêmechosedetoi.

—Andrewm’ademandésionvoulaitvenir.

—Toi?

Gabeleregarda,l’airsceptique.

—Oui.Bon,moietquelques-unsduvoisinage.

—Alexetlesgosses?

—Ilssontàlamaison.Elleauraleweek-endprochaindelibreavecStéphanie.

Nathansenettoyaitlesongles,évitantdélibérémentderegarderGabeenface.

—Nousn’avonsrienfait,sic’estcequit’inquiète.

—Mmmmm.

—Onn’arienfait.

—Cen’estpasmonproblèmesivousavezfaitquelquechose,soulignaGabe.Jenem’enmêlerai

plus.Nathanlevalesyeux.

—Pourquoiest-cequejenetecroispas?

Gabeluifitungrandsourire.

—Parcequetumeconnaistropbien?

—Qu’est-cequetuveux,Gabe?Misàpartlefaitquetuesvenumefairechier.

—Combiendepersonnest’ontditd’arrêterdetelamenteretdeprendreunefoutuedécision?

—Quatre,cinq,plus...

—Etdonc...?

—Lesgosses...

Nathansentitqu’ilcommençaitàressembleràundisquerayé.Gabeavaitmanifestementl’aird’êtredumêmeavis.

IlfixaNathanduregardpendantunlongmoment.

—Quandest-cequetuvasarrêterdeteservird’euxcommeprétexte?

S’affalant contre son siège, Nathan se rongea à nouveau les ongles. Il jeta un coup d’œil là oùAndrewétaitassis.Ilriaitàproposdecequel’undescollèguesdetravaildeRichvenaitdeluidire,etsonvisageétaitbaignédanslalueurchaleureusedusoleilcouchant.

—Tuleregardescommes’ilétaittoutpourtoi.

NathanlevalesyeuxauxmotsdeGabe.Ileutunsouriretriste.

—Pastout,maisilauneplaceassezspéciale.

SonamihochalatêteetregardaAndrew.

—Jemedemandesionpeutenfinsebourrerlagueule?

Il y eut une accalmie parmi les personnes qui prenaient la parole, etAndrew se releva.Nathanremarquaqu’ilprivilégiaitsonbrasgauche.Onluiavaitenlevésonplâtre,maisAndrewdevaitencorefairedelakinésithérapiepourenregagnerl’usagetotal.Àenjugerparlafaçonqu’ilavaitdesetenir,Nathanétaitpresquecertainqu’Andrewavaitoubliédeprendresesmédicamentspourladouleur.

Andrewremerciasesinvitésd’êtrevenusetd’avoirpartagéleurvécuavecRich.Illeurproposaderesterletempsdemangeretdeboire,etlegroupedepersonnesfilaverslamaison.

Gabeselevapourlessuivre.Ilposaunemainsurl’épauledeNathan.

—Çafaitlongtempsquejeteconnais.Tun’asjamaisregardéAlexdecettefaçon.Jedisça,jenedisrien.

NathanrestaassisunlongmomentaprèsqueGabesoitparti,lesyeuxfixéssurlevisaged’Andrew.Ilavaitremarquéquecedernierjetaitrégulièrementunregarddanssadirection,lecherchantcommepours’assurerqu’ilétaittoujourslà.

Andrews’approchadeluietluitenditsamaindroite.

—Tuviensavecmoi?demanda-t-ild’unevoixdouce.

—Biensûr,réponditNathanenserelevantsansluiprendrelamain.Alors,oùas-tumal?

Ilpassasesmainslelongdesbrasd’Andrew.

—Àpeuprèspartout.

Aumoinsilétaithonnête.

—Tuveuxquej’ailletecherchertesmédicaments?Oùsont-ils?

Andrewfronçalessourcilsalorsqu’ilessayaitdes’ensouvenir.

—Euh,surmatabledechevetdansmachambre.Maisjelesprendraiplustard.Ilsonttendanceàm’endormir.

—Non.

Nathanréitéralemotensecouantlatêteetcommençaàleguiderverslamaison.

—Tuvaslesprendremaintenant.Jevoisbienquetuasmal.Viensavecmoi.

—J’aidesinvités.

— Gary est là. Tes invités se débrouilleront. Maintenant tu te tais et on va chercher tesmédicaments.

Nathanpassasonbrasautourdesépaulesd’Andrewetl’amenadanslagrandeentrée.Personnenese retourna, sauf pour leur sourire, et Nathan comprit qu’ici, avec ces personnes, il pouvait êtreouvertementaffectueuxavecAndrewetqueçanedérangeaitpersonne.

IlsentitAndrewhésiter,regardantlàoùsetenaientsesinvitésquiacceptaientdesboissonsdelapartdupersonnelderestauration,vêtusobrement.

—Médicaments.Maintenant.Jetesuis.

—Tuvasresterlàetmeregarderlesprendre,pasvrai?

—Oui, oui, je vais le faire, acquiesçaNathan.Maintenant, soit tu bouges, soit je vais te porterjusqu’àtachambre.

—Connardautoritaire.

CependantNathanvitunsourires’affichersurseslèvres.

Fidèleàsaparole,Nathansetintprèsd’Andrewquandilpritsescomprimés.IlnelaisseraitpasAndrewredescendretantqueladouleurn’auraitpasdisparudesestraits,etqu’ilnetiendraitpasdeboutplusfacilement.Celalui laissaletempsderegarderlagrandechambre.C’étaitunepiècelumineuseetspacieuse,décoréeenbleupâleetencrème,avecdesmeublesenboisclair.Cen’étaitpasexactementceàquoiils’attendait,maisilnesavaitpasréellementàquois’attendre.Cependant,celaallaitbienaveclamaison.Nathansedemandasic’étaitlesgoûtsdeRichoud’Andrew.

Cedernierleregardacommeilassimilaitledécor.

—Jen’aijamaisvraimenttouchécettemaison.J’aimaisassezlafaçondontill’avaitdécorée.Çaatoujoursétésamaison.

—C’estunemaisonmerveilleuse,avouaNathan.

—Oui,çal’est,etmaintenant,jesupposequ’ellem’appartient.

Nathann’yavaitpaspensé.

—Qu’est-cequetuvasenfaire?Tupensesquetuvaslagarder?

Andrewtraçadudoigtdesmotifssurl’édredon.

—Jen’ensuispascertain,répondit-il.Jemesensunpeuperdupourlemoment.C’esttroptôtpourprendreunedécision.

Iljetauncoupd’œilàAndrewpuisdétournaleregard,sescilseffleurantsesjoues.

— C’est bien trop tôt, acquiesça Nathan, déglutissant avec difficulté face aux sentiments queprovoquaitlemoindreregard.

Seigneur,mêmeaprèstoutcetemps,ilsuffisaitqu’Andrewsoitprèsdeluipourquesoncorpssemetteàvibrer.

—Pourquoitunem’aspasditqu’ont’avaitproposéunepromotion?demandatoutàcoupAndrew.

Nathanclignadesyeux.Ilnes’yattendaitpas.

—Cen’étaitpasunepropositionferme, justeunepossibilitédepostulerpour leposte.Jen’yaipluspenséaprèstonaccident.

—Jesuisnavréd’avoirgâchéteschances,ditAndrew.

Nathansecoualatêteetluisourit.

—Çan’étaitpasimportant.Ilyenaurad’autres.

C’étaitimportantetavaitétélacausedetensionssupplémentairesentreluietAlex,maisAndrewn’avaitpasbesoindelesavoir.

Andreweutl’airdedouter.

—Jemesensmieuxmaintenant.Ilfautquenousrejoignionslesautres.

IlserelevaetsouritàNathan.Sonvisageavaitreprisdescouleursetsestraitsavaientl’airmoinstendus.

—D’accord.

IlsuivitAndrewhorsdelachambreetpercutaimmédiatementlaformemassivequ’étaitGary.

Lepluspetithommeluilançaunregardnoir.—Andrew, où étais-tu passé ? Tu as dumonde ici, tu te souviens, ou est-ce queDon Juan t’a

déconcentré?Mourantd’enviedeplantersonpoingaumilieuduvisagedeGary,Nathanfitunpasversl’avant,

maisAndrewposaunemainfermesursonbras.—Nathan jouait audocteurpendantque jeprenaismesmédicaments. J’aioubliéde lesprendre

pendantlerepas.—C’estbien le faitquecesoit luiqui joueaudocteuretà l’infirmièrequimeperturbe,grogna

Gary.—Écoute,connard…commençaNathan,maisilfutinterrompuaumilieudesaphrase.—Ils’agitdelacérémoniecommémorativedemonmari.Jepensequejepeuxarriveràmetenir

aujourd’hui,merci,ditAndrewd’unairglacialens’éloignantd’eux.

—Putain!juraGarydanssabarbe.—Tun’esvraimentqu’unpauvrecon,Gary,ditNathancommeilsetournaitpoursuivreAndrew.Unemainl’arrêtapileetleretournad’uncoupsec.Garyétaitunpeupluspetitquelui,maisilavait

plusdeforcequeNathans’yattendait.—Pourquoituneluifoutraispaslapaix?Iln’apasbesoinquetufassestoutfoirerencoreunefois.Nathanétaittellementfatiguédecesconversationssansfin.Garyétaiténervé,sesyeuxbleuvifse

firentplussévèrescommeilattendaitlaréponsedeNathan.—Jel’aime.—Çan’apassuffipourtant,pasvrai?Tuas toujours faitpasser ta familleenpremier,et ilya

encorelefaitquetun’admettespastonhomosexualitéquiposeproblème.—J’aidesenfants.Biensûrquelesfaispasserd’abord,etoui,l’idéed’êtrehomosexuel,deperdre

lesgossesetmonboulot...çameposeproblème.Maisjel’aimeetillesait.Tupeuxêtresonchiendegarde.

Nathans’engouffratoutàcoupdansl’espacedeGary.Ilenavaitmarred’êtremenacéparcetypeetilseservitdesataillepourfairereculerl’autrehomme.

―Etilabesoindebonsamis.Maisilm’aime,etcen’estpasjouerauplusfortquivaychangerquoiquecesoit.

Garygardalesilencependantuninstant.—Jenet’appréciepas.—Oui,çaj’avaiscompris,réponditsèchementNathan.—Ilestvulnérableetseulmaintenant.Situleblessesànouveau...L’avertissementétaitimplicitedansletonqu’ilemploya,etNathanacquiesça.—Jene lui feraispasdemal,maiscen’estpas lebonmoment. Il fautencorequ’ilsurmontesa

perte.Garyhochalatêteensigned’assentiment.—Jenesaisfoutrementpaspourquoiiltesupporte,pauvrecon.—Jemesuisposélamêmequestionàtonsujet,Keenan.Garys’ébrouaetfitroulersesépaules,sesmusclessedétendantalorsqu’ilabandonnaitsaposition

offensive.—Ilabesoinqu’onexaminesatête.Moij’aibesoind’unputaindeverre.Nathanétaittoutàfaitd’accordavecça.Lorsqu’ils entrèrent dans la pièce où la majeure partie des invités s’était installée, Andrew

s’excusa auprès du couple avec qui il parlait et s’approcha d’eux, les mesurant du regard, l’aircirconspect.

—Ilyadesblessuresinvisibles?demanda-t-il.Lesdeuxhommesfirentnondelatête.—Jel’aiencoremenacé.Ilm’aànouveauditd’allermefairefoutre.Commed’habitude,l’informa

Gary.Andrewlevalesyeuxauciel.

—Seigneur,vousêtesdeuxpauvrescons.Jenesaispaspourquoijevoussupportetouslesdeux.Prenezunfoutuverreetallez,soyezgentilsaveclesinvités.

Ils’éloignasansattendrederéponse.Garylesuivitduregard,unairinquietsurlevisage.—Ilnes’estpasencoreeffondré.Jem’attendsàcequecelaarrive,maisçanevientpas.—Çaviendra,ditdoucementNathan.Jepensequ’ilattendquelquechose.Garyfronçalessourcils.—Commequoi?—Jen’ensuispassûr,c’estjustequej’aicetteimpression.—J’espèreseulementqu’ilyauraquelqu’unpourramasserlesmorceauxàcemoment-là.Nathan jetaun coupd’œil àAndrew,qui était en traindeparler à unhommevêtud’un costume

immaculé.—Jecroisqu’ilattendpeut-êtred’êtreseul.Garysemorditlalèvre.—Jecroisquetuaspeut-êtreraison.LELACscintillait,l’airétaitclairetdégagé,etAndrewrespirad’unairincertain.Àl’arrière-plan,

lesmontagnesenneigéesréfléchissaientlesoleildudébutdesoirée.Ilétait retournédans lepetitvillageen ItalieoùRich l’avaitemmenépour leur lunedemiel.Le

coupledepropriétairesde l’hôtel se souvenaitde luidepuis leurpremièrevisite,et lorsqu’ilsavaientdécouvertcequis’étaitpassé,ilsavaientprissoindeluicommes’ilétaitleurfils,l’enveloppantdansladouceuretl’amourqu’iln’avaitpasreçudesapropremère.

Unsoirilôtaunecouverturedulit,l’enroulaautourdesesépaulesets’assitsurlebancàl’écartoùilsavaientpassédenombreusesheures,Richetlui,àobserverlepaysage.Leslarmesroulaientsursesjouestandisqu’Andrewcontemplait lesoleilsecoucherderrièrelesmontagnes.Ilneserenditcomptequ’ilpleuraitquelorsqu’ilsentitunelarmetombersursamain.

Ilpleurapendant longtemps, lasolitude luipermettantenfinde laissersortirsonchagrin.Cela lelaissaépuiséetabattu,maisenpaixpourunpetitmoment,enveloppédanslessouvenirsd’unhommequiavaitchangésavie.

XIX

ANDREWTRÉBUCHAalorsqu’ilseprécipitaitpourouvrirlaported’entrée,seslunettesglissantsurlesol.Ilétaituneheureetdemiedumatin,etilattendaitdepuisqu’ilavaitreçuunappeldedétresseplusieursheuresauparavant.Ilrelevasonbasdepyjama,quiglissaitlelongdesoncorps,toujourstropmince,etremitseslunettessursonnez.

Putain ! Il faillit recevoir un coup de poing sur la figure lorsqu’il ouvrit la porte de sonappartement.Lapersonnederrièrelaporteavaitlevésonpoingpourfrapperànouveau.

—Nathan,ques’est-ilpassé?Toutvabien?

Nathann’allaitmanifestementpasbien.Ilavaittrèsmauvaisemine.Sapeauétaitrougeetcouvertede taches, et ses yeux étaient injectés de sang et ternes. Il puait l’alcool et il se tenait contrel’encadrementdelaportecommesic’étaittoutcequilemaintenantencoredebout.

Andrewn’avaitpasvuNathandepuisprèsdequatremoisaprèssonvoyageenItalie.IlavaitététropoccupéàLosAngelespourfaireletrajetjusqu’àCastleton.IlavaitentenduparStéphaniequecelaallaitmalentreNathanetAlex,etpourêtrehonnête,ils’attendaitàcettevisite.

LorsqueNathanpritlaparole,savoixétaitmaussadeetplate.

—Elledemandeledivorce.Elleditquec’estdéfinitivementfinientrenous.

Savoixsefitplusfortecommeils’étranglaitsursesmots.

Soucieuxdel’heureetdesvoisins,AndrewattiraNathandansl’entrée.

—Viens,dit-il,sonbrasmenantNathanlelongdel’entréeétroite.

L’hommes’effondrapratiquementsurluicommeAndrewrefermaitlaporte.

IlpoussadoucementNathandanslapièceprincipalejusqu’aucanapé,s’asseyantàcôtédelui,sonbrasautourdesesépaules.

—Recommence.Alext’ajetédehors?demanda-t-il.

Nathanacquiesça.

—Ons’estdisputés,commença-t-il.

—Quand?

— Cet après-midi. Ça faisait un moment que cela menaçait. J’ai refusé une autre promotion àl’écoleetelleétaitencolère.

IlsentitNathaninspirerprofondémententremblant,etilluifrottaledospourleréconforter.

—J’aiessayédeluiexpliquerquejenemesentaispasprêtpourcettemission,etl’instantd’aprèselles’estmiseàmehurlerdessusquejen’étaisqu’unnul,unetarlouzequines’estservied’ellequepour

élevermesenfants.C’estjusteque…cetravail,iln’étaitpaspourmoi.Quedelapaperasseetjen’auraispluseuàenseignerauxgosses.Jel’auraisdétesté,etjenesuispasparvenuàluifairecomprendreça.Aprèsons’estmisàhurlerettoutestsorti.

Andrewdéglutitavecdifficulté,lacolèremontantenlui,etinspiraprofondément.Qu’est-cequ’ilpouvaitdire,aprèstout?NathanetAlexavaientétémariésavantdevenirs’installerdanslarue,avantdefairelaconnaissanced’Andrew.C’étaitunnouvelinstituteur,heureuxenménage,etmaintenant,regardez-le.

IlglissasamainsouslavestedeNathan,voyantàquelpointilétaitgeléendépitdelatempératuredouceau-dehors.

—Tusaisquecen’estpasvrai.Malgrénous,tuasétéunbonpèreetunbonmari.

Nathanlevalatêteetleregarda,l’airincrédule.

—Jecoucheavecd’autreshommesdepuisledébutdenotremariage.Çanefaitpasdemoilemaridel’année!

—Tun’espaspartiquandtuasapprisqu’elleavaitfaitsemblantd’êtreenceinte.

Nathanrespiralourdement.

—Oùdiablevoulais-tuquej’aille?Tunevoulaispasdemoi!

—Jenepouvaispas...Jen’aijamaiscessédetevouloir,maisj’étaismarié!

—Moiaussi.Çanet’apasempêchédedétruiremonmariage,luiréponditsèchementNathan,amer.

Andrewleregarda,levisagetorduparledésespoir.

—C’esttoiquiascommencécettehistoire,Nathan,souligna-t-il.Pasmoi.

—Tunem’aspasarrêté!

—J’étaisamoureuxdetoi,ditdoucementAndrew.Jen’étaispasassezfortpourrefuser.

—Tum’aspiégé,etmaintenantplusrienneva.

—C’estvraimentcequetucrois?

Andreweutdumalàfairesortirlesmotsdesaboucheàcausedelaboulequis’yétaitforméedevoirtoutecettehainesedéversersurlui.

—Dequoiest-cequetuassipeur,Nathan?Ladernièrefoisquej’aivérifié,iln’étaitpasillégald’êtrehomosexuel.Ta famille te soutient.Tes amis s’enmoquent.Putain,même tonpatron te soutient.C’estquoitonproblème,bordel?Cen’estpasuneputaindemaladie.

Nathan remua labouche sans faireunbruit, puis il s’effondracontreAndrew.L’autrehomme luicaressa les cheveux en l’attirant contre lui. Nathan enfonça son visage brûlant contre la poitrined’Andrewcommepourtenterdesecacher.

Ils restèrent assis en silence pendant un bon moment. Andrew sursauta presque lorsque Nathanrepritànouveaulaparole,sesmotstombantdanslesilence.

—J’aipeur.

—Dequoi.

Nathanlevalatête.

—Detout.Deperdremesgosses,mamaison,monboulot.Etmaintenantjen’aiplusdecarrière,j’aidémissionnécetaprès-midi.

Andrewleregarda,bouchebée.

—Maispourquoi?

—Skinnerm’aditque jeperdraismonpostesi jevenaisàquitterAlexpour toi.Tout lemonden’arrêtepasdemediredefaireunchoix.Maisils’agitdeperdretoutcequej’aitoujoursvoulu.

Sesdoigtss’enfonçaientdanslacuissed’Andrew.

—Maisjet’aimetellementquel’idéedevivresansmesembleimpossible.

Etmerde.Andrewvenaitd’entendrelaseulechosequ’ilvoulaitentendredepuisdesannées,etilsesentaitmalparcequequelquepart ilyavaitunefemmequipleuraitsanssonmari,etdeuxenfantsquin’avaientplusleurpère.

AndrewplaçasamainsouslamâchoiredeNathan,leforçantàleregarderdanslesyeux.

—Tunemedispasçaparcequ’ellet’ajetédehors?Ilfautquetuensoiscertain.Tunepourraspasrevenirenarrière,cettefois-ci.

—Troptard.JeneveuxpasretourneravecAlex.Jeteveuxjustetoietmesgosses.

IlyeutunaccrocdanslavoixdeNathanàcesmots,etdeslarmessemirentàcoulerdesesyeux.

—Ontrouveraunesolution,jetelepromets.Jepeuxm’occuperdetoiafinquetupuissessoutenirtafamille,promitAndrew,tendantlamainpouressuyerleslarmestandisqu’ellescoulaientlelongdesjouesdeNathan.

Cederniersedégageaetfitnondelatête.

—Jenevaispasvivreàtescrochets.IlvafalloirquejetrouveuntravailetjeveuxvoirDanieletJessrégulièrement.

—Oui,tulesverras.Onpeutdéménagerplusprèsd’euxsituveux.Jen’aiplusbesoindevivreici,promitAndrew,espérantqu’Alexn’empêcheraitpasNathandevoirsesenfants.Maislaisse-moit’aiderunpetitmoment,d’accord?Jeveux...j’aibesoindem’occuperdemoncompagnon.

LesyeuxdeNathans’adoucirentets’assombrirentcommeilseléchaitleslèvres.

—Toncompagnon.J’aimecemot.Çafaittellementlongtempsquej’attendsquetuledises.

Andrewluicaressalescheveux,sesdoigtsdémêlantlesnœuds.Iln’avaitaucuneenviedeluidirecequ’ilallaitdire,maisildevaitlefaire.

—J’aibesoinque tusoiscertainquecesoit labonnedécision,Nate,parcequesi tumelaissestomber ànouveau, ça sera ladernière fois.Alexa raison.Elleméritemieuxqueceque tu luidonnesactuellement.Ellepeuttrouverquelqu’unquil’aimevraiment.

IlplaçaundoigtsurleslèvresdeNathanalorsqu’ilcommençaitàouvrirlabouchepourprotester.

—Maisc’esttoujourstafemme.Quoiquetufasses,jetesoutiendrai.Mêmesicelaveutdireresterloindetoi,et te laisserseul.Si tuescertainquetuveuxresteravecmoicommetonamant,alorsje tesoutiendrai.Jepeuxvousaider,toietAlexàélevervosenfants.Richm’alaisséassezd’argentpourça.

Nathanembrassaledoigtetl’ôtadeseslèvres.

—Ceseradifficile,etjenevaispasdirequeceseratoutrose.Jeviensjustedemefaireàl’idéequej’étaisbi,etj’aifranchementdumalàm’endépatouiller,maisjesuisamoureuxdetoi.Vivreloindemesgossesestlachoselaplusdifficilequej’aijamaisfaite,maiscen’estpastoiquim’asdemandédeprendrecettedécision.J’ail’aiprisedemoi-même.Jet’aime,etonaattendubientroplongtempsd’êtreensemble.

—Alorsonferaensortequenotreviesoitrose.

AndrewattiraànouveauNathandanssesbras,embrassantseslèvres,sesyeuxhumides,lestracesdelarmeslelongdesesjoues.

Nathantremblasoussesmainsetserapprochadelui.

—J’aitellementbesoindetoi,Drew.J’aiquedesconneriesdanslatête,maisjenemesensvivantquequandtuesprèsdemoi.

—Jesuislà,Nate,jetelepromets.

Andrewtirasurletee-shirtdeNathan,ressentantlebesoindesentirsapeausoussesdoigts.

Étantsurlamêmelongueurd’onde,Nathanretirasavesteetfitpassersontee-shirtpar-dessussatête.Soudain,Andrewnecherchaitplusqu’àposerlesmainssurNathan,àl’attirerverslui.IlémitungrondementdanssagorgeetNathanluiréponditdelamêmemanière.

—J’aibesoin…

—Oui.

—Laisse-moijuste…

Andrew s’attaquait à la ceinture du jean deNathan, ses doigts s’énervant sur la boucle.Nathanl’arrêtaenplaçantsesmainssurlessiennes.

—Jenepensepas...Jenesuispassûr...

Nathans’arrêta,agacé.

—Est-cequ’onpeutjusteallersecoucher?Jeveuxseulementêtreprèsdetoi,etlajournéeaétévraimentlongue.

—Biensûr.

AndrewaidaNathanàserelever.Ilsfinirentdesedéshabillersansplusdecérémonie.

Nathanleregardaenfronçantlessourcils.

—Tuestoujourstropmaigre,leréprimanda-t-iltoutenfaisantcourirundoigtlelongdesescôtes,quiétaientbienvisibles.

—Jenemangepastantqueça,avouaAndrew.

Iln’allaitpasluidirequecertainsjoursiloubliaitcarrémentdemanger.SeulelaprésencedeRichl’avaitforcéàcuisineretmangerrégulièrement.

—Çavachanger.

Andrewlevalesyeuxauciel.

— Mec, je n’arrive pas le croire. Je suis nu devant toi, et toi tu critiques mes habitudesalimentaires.

Nathanl’attiraà luidefaçonàcequesoncorpssoitpressé toutcontre lesien,sonventrechaudenserrantlesexedeNathanentreeuxdeux.

—Tuaurasbesoinderegagnerdesforces…plustard,dit-ild’unevoixtraînante,etAndrewétaitcertainqueNathansavaitquesoncorpsétaitdevenurougetoutàcoup.

Ileneutlaconfirmationaufaiblericanementdanssonoreille.

Il rougit encore plus, mais ce n’est que lorsqu’il se déplaça et que Nathan gémit à la pressionexercéesursonsexequ’ilsavancèrentjusqu’àlachambre.

En dépit du fait qu’ils étaient tous les deux excités, ils l’ignorèrent et se glissèrent sous lescouvertures,Nathanenfouissantànouveaulatêtedanslecoud’Andrewcommeleursmembresenlacéslerassuraient. Pendant un moment – Andrew ne sut pas combien de temps, et il s’en moqua – ilsdemeurèrentdanslamêmeposition.Iln’étaitpascertainqueNathansoitendormi;sarespirations’étaitfaiterégulièresignalantqu’ilsecalmait.Andrewétaitfatigué,maisilétaittropnerveuxpourdormir.Ilétait en train de saisir l’énormité de ce qui venait tout juste de se passer, et il n’arrivait pas à toutassimiler.Cependant,lachaleurducorpsdeNathanfinitparledétendresuffisammentpourqu’ilfermelesyeux.

Iln’étaitpassûrdel’heurequ’ilétaitlorsqu’ilseréveilla,etilnepritpaslapeinedetournerlatêteversleréveilsurlatabledechevet.Andrewvoulaitdormir,maissonespritétaittoujoursdéchaîné.

— Je t’entends réfléchir,murmuraNathan d’une voix endormie, ses doigts s’enroulant autour dubrasd’Andrew.

Seslèvreseffleurèrentl’extrémitédelamâchoired’Andrew.

—Jesuisdésolé.

Andrewl’embrassasurledessusdelatête.

—Jen’avaispasl’intentiondetedérangeraveclebruitdemespensées.

Nathan s’assit et ramena ses genoux au niveau de son torse, reposant sa tête dessus, le drapremontant autour de sa taille.Andrew ressentit immédiatement la perte de sa chaleur. Il s’assit et pritl’unedesgrandesmainsdeNathanentrelessiennes.

—Jet’aime.

—Jet’aimeaussi,Andrew.

LavoixdeNathanétaitrauqueetforte.

—Jen’arrivepasàcroirequejesuisenfinlà.

—Moinonplus.

Ils’installacontreledosdeNathanetl’enveloppadanssesbras.

Nathans’appuyacontrelui,etAndrewsentitqu’iltentaitderetenirsessanglots.

Andrewl’étreignitplusfort.

—Chut,bébé,n’ypenseplus.Çanemedérangepas.N’ypensejusteplus.

—Jesuistellementdésolé,murmuraNathan,sarespirationsaccadéecommelesmotsseprenaientdansunsanglot.

—Tun’aspasàt’excuseravecmoi,ditAndrewavecférocité.Jesaisqueçafaitpeur.Tuastoutabandonné.Maistoutirabien,jetelepromets.

—Promis?demandaNathanentremblant,etAndrewappuyaunbaiseràl’arrièredesoncou.

—Promis.Toutpeuts’arranger;çavajusteprendredutemps,c’esttout.

Andrew l’allongea sur le lit et roula sur lui, enfourchant ses cuisses. Il fixa les grands yeux deNathandessiens.CeuxdeNathanétaientencadréspardescilspleinsdelarmes.Seigneur,cethommequiétaittoutpourluiétaitenfinlà,souslui.Ilvoulaittirerlescouverturessurleurstêtescommeill’avaitfaitlors de leur première nuit ensemble et les cacher dans ce lit pour toujours. Nathan l’attira à lui etl’embrassaavectendresse.Ilss’embrassèrentpendantlongtemps,dedouxbaisersporteursuniquementderéconfort,d’amouretdechaleur.LorsqueleshanchesdeNathancommencèrentàappuyercontrelui,etquedepetitshalètementss’échappèrententredeuxbaisers,ils’assit.

—Merde!

Ilnesavaitpasexactementlequeld’entreeuxl’avaitdit,maisilétaitd’accord.AndrewdescenditlelongdescuissesdeNathanpourobserverl’hommeétendusouslui.Nathanétaitànouveauduretcelafaisait longtemps, trop longtemps.Andrewneperdit pas de temps à le taquiner. Il s’avança, donnauncoupdelanguesurleboutdesonsexepournettoyerleliquideséminalquicommençaitàcouler,etaspirasonglanddanssabouche.

—OhSeigneur,Andrew.

LesdoigtsdeNathantâtonnèrentdanslescheveuxcourtsd’Andrew,seshanchesruantverslehaut.

Andrew se retira, ignorant les supplications enflammées de Nathan. Il enfonça la tête entre sescuisses,léchantetembrassantlapeaudouce,suçotantetfaisantroulersesbourses,donnantdescoupsdelanguesursonpérinée.Nathanécartalesjambespourluifaciliterl’accès.

—Merde,tuesencoreplusbeauquelorsdenotrepremièrerencontre.

Lagorged’Andrewdevintsèchetandisqu’ilobservaitlavuequ’ilavaitdevantlui.Ilécartaencoreun peu plus les jambes et se contenta de le regarder. Nathan rougit un peu, gêné de l’admiration quis’affichait sur le visage d’Andrew sans aucune honte, mais il était indéniable que les rougeurss’étendaientlelongdesoncouetsursontorse.

—Misàpartmefixerduregard,tuasl’intentiondevraimentfairequelquechose?

—Laisse-moiseulementcontemplercequim’appartient,ditAndrew,semettantàgenouxsursestalons.

Ilpouvaitleregarderetletouchersanssesentircoupableouinquiet.Ilregardatandisqu’unegouttedeliquideséminalsortitdelafenteetcoulalelongdugland.

—Seigneur,murmura-t-ilcommeillerecueillaitd’undoigtetl’amenaitauxlèvresdeNathan.

Lejeunehommel’aspira,lasensationallantdirectementausexed’Andrew.

Ce dernier reposa son visage dans le creux de la cuisse de Nathan, lapant la sueur. Il renditlentementNathanfouavecseslégerscoupsdelangueetsesbaisers.Ilsavaienttoutelanuitetiln’avaitpasl’intentiondesedépêcher.IllevalesyeuxetvitNathan,allongé,unbrasdevantsesyeux.

—Nate,regarde-moi,luiordonna-t-il.

Nathans’exécuta.

—Jeveuxquetumeregardes.

—MonDieu.

LaprièredeNathans’échappadeseslèvrescommelabouched’Andrewdescendaitsursonsexe.

—Andrew,jet’enprie.

Andrewseretira,lebruitobscènefaisantànouveaugémirNathan.

—Baisemabouche!

Il enveloppa le bout bulbeux de son sexe de ses lèvres et attendit. Il voulait queNathan prennel’initiative,qu’ilsoitvolontaire.

—Andrew…Je…

Andrew resserra sesmains sur les fessesdeNathanet le rapprochade lui,ne relâchantpas sonsexe.

Desmainss’emmêlèrentdanslescheveuxd’AndrewetNathanbaissalesyeuxverslui,cherchantsonregard.Lesyeuxd’Andrewlefixaient,tranquillesetdéterminés.LeshanchesdeNathanruèrentverslehaut.Andrewencaissalecoup.CelasemblalibérerquelquechoseenNathan,et ilétablitunrythmerégulier, baisant doucement la bouche d’Andrew jusqu’à ce que ce dernier l’entraîne, essayant de lerapprocherplusprèsdelui.

Nathanchantaituneliturgiedepitiépitiépitiéjusqu’aumomentoùilnecontrôlaplussesruades.De la salive coulait le longdumentond’Andrew,mais il ne s’arrêterait pas, il ne lâcherait paspriseavant...Nathanselibéradanssagorgeenpoussantuncriétranglé.

Andrews’allongeaàsescôtés,haletant,tandisqueNathanseremettaitdesonorgasme.

—C’était...Seigneur,Andrew...Jen’aijamais,jamais...

Andreweutunsourire.IlavaitdépouilléNathandetoutecohérence.Ilétaitplutôtsatisfaitdesoncoup.

Roulantsurlecôté,Nathanleregarda,sonsexeduretpleindedésircontresonestomac.

—Ettoi?

—Touche-moi.

Andrew avait la voix rauque, il était à peine enmesure de parler,mais l’ordre était facilementreconnaissable. Nathan déglutit comme il se penchait en avant et posait la main sur la peau chauded’Andrew,sursoncœur.Andrewtremblaàsoncontact.

Il bougea de façon à être tout contre le corps de Nathan, ses lèvres appuyées contre sa barberugueuse,sentantlesbattementsdesoncœursoussabouche.IlétaitclairqueNathanétaitentraindeseremettredesonorgasmemonumental,parcequ’ilétaitdéjààmoitiédurcontrelacuissed’Andrew.

Ilsdevinrenttendusenquelquesminutes,incapablesdeprononcerd’autresmotsque‘commeça’et‘maintenant’.NathanfitcourirsesmainssurAndrew,sesgrandesmainstouchantdupoucelesmamelonssombres,etsesdoigtsglissantslelongdesescôtessaillantes.

—Seigneur,ditAndrewentremblantsoussesdoigts.Jet’enprie,Nate,baise-moi.

—Toutcequetuveux,bébé,acceptaNathan.

Ilrelevasonamantetinversaleurspositions.Illepoussa,facecontrelelit.

—Jevaistebaiser.Jevaisteremplirsifortquetuvashurler!

—Tuparlesbeaucoup,Nate,maistuagispeu,analysaAndrew,selovantcontreNathan,soncorpslesuppliantdebouger.

Ilsentit lamaindeNathansur lebasdesondos, lecontact leplaquantsur le lit,et l’autremaincommença à faire des cercles autour de son orifice. Andrew ne put s’empêcher d’émettre desgémissementscommeNathanledoigtaitlentement.

—Çavamieux?

—Mmmmm.

—Tuveuxqueje...?

Andrewjetauncoupd’œilpar-dessussonépaule.

—Nathan,jeveuxtagrossequeuedansmonculd’icideuxsecondes.

Nathans’enfonçaenlui,leboutdesonsexes’engouffrantdanslecorpsd’Andrew.

—OhSeigneur...

Andrewselamentatandisqu’ilpoussaitcontreNathan,satêtetombantentresesomoplates.

—S’ilteplaît,Nate,jesuistellement,tellementproche.

Ils’enfonçasurlesexedeNathan,cherchantàrelâcherlapressionquimontaitenlui.

Les mains de Nathan saisirent ses épaules, le ramenant d’un coup sec sur son sexe, lui faisantpousseruncriperçant.

—Àmontourdeteprendrejusqu’àcequetuhurles.

—Seigneuroui.J’enaienvie,suppliaAndrew.

Nathangifladelamainlesfessesd’Andrew,etcelui-ciseresserraautourdelui,provoquantdessifflementsdel’uncommedel’autre.

—Tum’appartiens.

—Vraiment?demandaAndrewen le regardantpar-dessussonépaule.Nedispasçasi tune lepensespasréellement.

Ilavaittoujoursbesoindecettegarantie.

—Jelepensevraiment.Tum’appartiens,àmoiseul.Iln’yaurapluspersonned’autre,plusjamais.

NathanpoussaAndrewcontrelematelas,lerecouvrantcomplètement.

—Seulementtoi,acceptaAndrew.

—Jeneveuxpersonned’autre.

—Pasdejeu,pasdeboîtesdenuit,rien.

—Justetoi,pourtoujours.

C’étaitaussisolennelqu’unserment.

—Tum’appartiens,répétaNathan.

Ilauraitpumarquerlecœurd’Andrewauferrouge.

—Jet’aitoujoursappartenu.

Etbonsang,nesentaient-ilspas lepoidsdecesseptdernièresannéespesersureuxalorsqu’ilssavaientquec’étaitvrai?

Nathan se retira jusqu’à ce que le bout de son membre soit presque sorti. Andrew gémitfranchementsouslasensationdevide.

—Toutvabien,bébé,leréconfortaNathantoutencaressantsesflancs.

—Jet’ensupplie.

—Tuesàmoi!

Ildonnauncoupsecversl’avantavecseshanchescommeilfaisaitvaloirsonaffirmation.

—Jet’appartiens!

Commes’ilyavaitunseuldoute.

L’unedesmainsdeNathanenserralesexed’Andrew,letenantfermement.

—Jet’aime,Andrew.

—Jet’aimeaussi,Nathan.

Andrewsentitqu’illemordaitdanslecou,etilrefoulaladouleurcinglante.

—Jedésiretoncorps,tonesprit,etj’aienviedetoichaqueminute,chaquejour.

—Tun’espasobligédemeleredemander.Jesuislà,luiassuraAndrew.

CederniereutdumalàrespirerlorsqueNathanluiréponditengrognant.

—Cen’étaitpasunequestion.

Pourlapremièrefois,Nathansemblaitcomplètementsûrdecequ’ilvoulait.Plusdedissimulationni de culpabilité, et il savait très bien ce qu’il voulait. Ses doigts s’enfoncèrent cruellement dans leshanches d’Andrew, tous deuxhurlant comme il frappait la prostate d’Andrew encore et encore. Ils nescellaientpasleurrelationendouceur;celaviendraitplustard.C’étaitdelabaisepureetilsenavaienttouslesdeuxbesoin.

L’orgasme d’Andrew lui fut arraché, ses testicules se resserrant douloureusement, et Nathan lesuivitdansundernierprofondcoupdereinsquilesfittouslesdeuxcrier.Lesbrasd’Andrewcédèrentsous lemouvement, et ils chutèrent sur le lit enunamasdemembres,couvertsde sueuretde sperme.Andrewse rendit comptequ’ils avaientoubliéd’utiliserunpréservatif ;unoubli stupide,maisquiendisaitlongsurleurétatd’espritàtouslesdeux.

Manifestement,lamêmepenséevintaussiàl’espritdeNathancommeiltendaitlebrasettouchaitlachaleurquiserépandaithorsd’Andrew.

—Jen’yavaismêmepaspensé,commenta-t-il.

Andrewtenditlamainetletoucha,leursdoigtss’entrelaçant.

—Peut-êtrequel’ondevraitfairefairedesexamens,justehistoiredeserassurer.

—D’accord,acceptaNathan.Jeneveuxrienentrenous.

C’étaitunefaçondeleslier,dereconnaîtrequ’iln’yauraitpersonned’autre.

Andrew l’attrapa, cherchant sa bouche. Ils s’embrassèrent, des baisers négligés, peu précis, etdésespérément doux. Il sentit Nathan descendre de son dos et l’attirer sur son torse, inversant leurspositions précédentes. Ils se détendirent quelques minutes dans les bras l’un de l’autre, mais Nathansentaittoujoursclairementlatensionprésentedanslecorpsd’Andrew.

—Drew?Quelestleproblème?

Andrew leva la tête et posa le menton sur la poitrine de Nathan. Il ne voulait pas détruire lessentimentsqu’ilyavaitentreeux,mais…

—Est-cequetuvasmelaissertomber?

Nathanexpirabrusquement,affichantimmédiatementsonsoulagementdemanièrebruyante.

—Non!Seigneur,non,putainnon.

Sesbrass’enroulèrentautourd’Andrewetill’étreignitfort.Andrewtoussaetillâchaprise.

—Jesuisvenuicilanuitdernièresachantquejelaissaismafamillederrièremoi.Jesavaiscequej’abandonnais.

Andrewfronçalessourcilsetouvritlabouchepourprendrelaparole,maisNathanledevança.

—Jesaiscequej’ygagne.Toi.

Samaincaressalajoued’Andrew,etcedernierenfouitsonnezcontresamain,delamêmemanièrequeNathanunpeuplustôt.

—Tuestoutcequejedésire.

— Et tes enfants ? Ta carrière ? Ce serait tellement plus facile si tu étais toujours un hommehétérosexueletmarié.

Ilvoulaitlecroire,maisilenétaitincapable.

—Unhommebisexuel,malheureux,infidèleetmarié,amoureuxd’unautre,corrigeaNathan.Alexetmoi,noustrouveronsunesolution.Nousnesommespaslepremiercoupleànousséparer,etnousnousensortirons.Jesuisunboninstituteur,etSkinnerm’apromisunebonnerecommandation.

C’étaitundiscourscourageux,maisAndrewentendaitbienl’inquiétudesous-jacente.

—Tuasunegrandeopiniondetoi-même,commentaAndrew,maisilétaittoujoursinquiet.

—Trèsjuste.

Nathan l’attiraà lui,desortequ’il soitcomplètementallongésur lui, leurs sexes,devenusmous,glissantl’uncontrel’autre,provoquantunsifflementdelapartd’Andrew.

—Jevaistedirequelssontmesautresdomainesdeprédilection.

Andrewhaussaunsourcil.

Ayantmanifestementdécidéquelesactesavaientplusdepoidsquelesparoles,Nathanglissal’unedesesgrandesmainsderrièreledosd’Andrewpourl’attireràlui.Lesourired’Andrewfutprisdanslebaiser lorsque leurs lèvres se rencontrèrent.Lesondedouxbaisers remplit l’air, etAndrewseperditdans la sensation et l’odeur de l’homme qui l’enveloppait. Pour la première fois depuis qu’il avaitrencontréNathan,ilsesentaitàl’aisedanssesbras.

Nathansoupira,lesonprisaupiègeentreeuxdeux.Andrewreculalégèrement.

—Est-cequeçavavraiment,Nate?

—Pasvraiment.Laisse-moiseulementunpeudetemps.

Andrew accepta de la tête et se rallongea. Il n’y eut plus d’autres paroles échangées lorsqu’ilsfirentànouveau l’amour,unmembrechaudet rigidecontredeshanches, lasueuret le liquideséminalfacilitant l’accès comme ils s’embrassaient, se pressant l’un contre l’autre tandis que leurs mainsexploraient leurs corps. Ils jouirent de manière presque fortuite. Le besoin de sentir leurs peaux setoucherétaittoutcequelesdeuxhommesdésiraient.

Mais pour Andrew, ce qui comptait le plus n’était pas le sexe. Ce n’était pas même le fait des’endormirensemble,bienqu’ilsétaientétroitementenlacés,commes’ilsavaientpeurdelâcherl’autre.CequicomptapourAndrew,cefutlemomentoùilseréveillaunesecondefoisetdécouvritNathandanssesbras,luifaisantunclind’œil,l’airendormi.Celaluiapportaunsentimentdebonheurintense,aulieudeladouleurqu’ilressentaitentempsnormallorsqu’ilétaitavecNathan.

—Bonjour.

Nathanavaitunevoixdouceetendormie.

—Bonjour.

Andrewl’embrassatoutenpassantunemainlelongdesondos.

Ilreniflaetserapprocha,unedesesjambesseglissantentrecellesdeNathan.Lelégerfrottementdespoilsdeleursjambesquis’emmêlaientlesfittousdeuxfrissonner.

—Jen’arrivepasàcroireque tusoisencore là,ditAndrew,savoixétoufféecontre le torsedeNathan.Jepensaisquetuseraispartiàmonréveil.Jepensaisquec’étaitunrêve.

—Jenevaisnullepart,luiassuraNathantoutenresserrantsesbrasautourdelui.Pascettefois.

Epilogue

ANDREWOBSERVAITlecoupleetremarquaquelemêmesourires’affichaitsurleursvisagestandisqu’ilsbavardaientavecAllison.L’hommeramenasafemmeprèsdeluietlaserradanssesbras.Elleétaitsipetite qu’elle lui atteignait à peine l’épaule. Andrew remarqua les bagues assorties, tandis que leursmainsétaientposéessursonventreplat.Elleétaitbelle,lebonheurluiredonnaitunéclatdisparudepuislongtemps. Andrew piocha une autre bouteille du seau de bières près du réfrigérateur, et frissonnalorsqu’un filet d’eau glacée lui coula le long du bras. Il jeta un regard à l’horloge de la cuisine et ilapplauditensonforintérieur.Encoreunedemi-heure,etensuiteonluiavaitpromisuneescapade.

Ilsursautalorsqu’unbrass’enroulaautourdesatailleetquedelongsongless’enfoncèrentdanssoncôté.

—Ilsontl’airheureux,ditStéphanietandisqu’ilsregardaientlesjeunesmariés.

—Elleal’airépanouie,acquiesçaAndrewtoutenbuvantculsecsabière.

—Oui,c’estvrai,ditdoucementStéphanie.Illuiaétébénéfique.

ElleregardaAndrew,unairspéculateursurlevisage.

—Ettoi?Commentçavavousdeuxmaintenant?

—Çavabien.

Laplupartdutemps.Elle lui lança un regard inquisiteur. Il soupira en son for intérieur, sachant qu’il ne pouvait rien

cacheràsonex-femme.Stéphanieleconnaissaitmieuxquepersonne,Nathancomprit.

— Il trouve difficile d’être aussi souvent loin des enfants. Et au moment où les chosescommençaientàsecalmer,ilssemettentànousprovoquer.

Stéphaniehochalatête.

—Ellem’enaparléhier.Deuxans,n’est-cepas?EtàLondres.

—Deuxanspourl’instant.Çapourraitdurerpluslongtemps.Ladernièreaffectationd’Evanadurépresquequatreans.

AndrewregardaEvanreculerd’unpasalorsqu’Allisoncommençaitàagitersonporte-blocdanstous les sens. Alex avait fait la connaissance d’Evan peu de temps après qu’elle et Nathan se soientséparés.Luitravaillaitpourunebanqued’investissementàl’étranger.

—ÇaaffectebeaucoupNate.Maintenantc’estplusdifficilepourDanielàl’école.Ilabesoindevivredansunfoyerstable,pasdefairelanavetteentrenous.AumoinsColinétaitassezgrandpourqu’onpuisseluiexpliquer.ÇanesepassepastropmalpourDaniel,maisJessien’apaslamoindreidéedelaraisonpourlaquellesonpapapersisteàl’emmenerloindesonproprelit.Aumoins,maintenantNathanetAlexs’adressentdirectementlaparole,plutôtquedepasserparl’intermédiairedeleursavocats.

Elleluitapotaledosensignedesympathie.

—EtlenouveauboulotdeNathan?Commentçasepasse?

Andrewsourit.

—Bien,grâceàSkinner.Lenouveauprincipalestunami.Stéphaniesavaitcequecelavoulaitdire.

—IladitàNathandefaireprofilbas,denepasfaireexplosersonécole,etdejoueràfondlerôled’unpapapoule.

Elleluijetaunregardnarquois.

—Etcommentexpliquent-ilstaprésence?

—Colocataire.

—Ettoi,qu’est-cequetuenpenses?

Cequej’enpense?Ildétestaitça.C’étaitcommeredeveniradolescentaprèsquelquesannéesdeliberté avecRich.Mais à choisir entre vivre seul et vivre avec l’hommede sa vie, la question ne seposait pas. Il se contentadehausser les épaules.Elle le connaissait suffisammentpour le comprendresansqu’ilrépondeàsaquestion.

Stéphanie cherchaunebouteilledevin frais.Depuisqu’elle avaitmis aumondeune autrepetitefille, c’était le premier rassemblement du voisinage où elle était en mesure de boire de l’alcool. Leregardd’Andrewcroisalesien.Ilsepenchaversl’arrièreetattrapaunebouteilleàmoitiépleinesurlebarderrièrelui.

—Tiens,tul’asbienmérité,dit-il,remplissantsonverreàrasbord.

—Ohqueoui!

Andrewlaregardad’unairamusétandisqu’elledescendaitlamoitiéduverreenuneseulegorgée.

—C’estJoequivaluidonnersonbiberoncesoir?

Elleavaitbeaucoupàfaireavecdeuxpetitesfillesâgéesdemoinsdetroisans.

Stéphanieluifitungrandsourire.Ellelevadanssadirectionunregardvague.

—Joes’occupedesbiberonstoutleweek-end,acquiesça-t-elletriomphalement.Ilveutalleràceweek-endentregarçonsavectoietNathan,alorsj’aiceweek-endpourmoi–enfin,sionnecomptepascette fête. Demain, Alex etmoi on va dans une station thermale. Une journée sans gosses, à se fairedorloter.

Andrewsifflad’unairapprobateur.

—Tantmieuxpourtoi,Steph.Profites-enbien.

—J’enaibienl’intention,poussin.Oùesttonhomme?

—NatejouaitàMarioKartavecDaniel,Colin,etJess.Jenesaispasoùilestmaintenant.

—Onn’arriverajamaisàséparercesdeuxgarçons,pasvrai?

Ilsouritàsonex-femme.

—DanieletColin?Jamais.Ilssontinséparables.

Toutàcoup,lesouriredisparutdesonvisage.

—TuaspeurqueColinneramèneaucunefilleàlamaison?

Elleremplitànouveausonverreavantderépondre.

—Unpeu.Lesfillesnel’intéressentpasvraiment,hein?

—Non.Celaétantdit, lesgarçonsn’ontpas l’airdel’intéressernonplus.Lesseuleschosesquisuscitentsonintérêtsontlesappareilsphotoetlesglaces.

Stéphaniehaussalesépaules.

—Ilserattraperabienasseztôt.Jel’aime,peuimportentsespréférences.

—Malgrétout,çaseraitplusfaciles’ilavaitunepréférencepourlesfemmes.

Seigneur,commentallait-ilregardersamèreenfacesiColins’avéraitêtrehomosexuelluiaussi?

—Cessedet’enfairepourtamère.

Andrewlaregarda,l’airstupéfait.

—Jeteconnais,toi,etjeconnaistamère.Plusprécisément,ellemeconnaît.Sielleditquoiquecesoitdedéplacéàmonfils,Ruthnemettraplusjamaislespiedsdanscettemaison.

—Mais…

—Pasdemais.Ellenepeutpasl’atteindre.Hé,viensici.

Cen’estquelorsqueStéphanielepritdanssesbrasqu’Andrewserenditcomptequ’iltremblait.Àtrenteanspassés,samèrelefaisaittoujourssouffrir.C’étaitvraimentpathétique.

—Aumoinsonsaitquenotrefilsn’aurajamaisàsubircequetuasvécu.

Elleletintfermementpendantquelquesminutes,puisellereculapourleregarder.

—Çavamieuxmaintenant?

IlhochalatêteetallaitprendrelaparolelorsqueJoearriva.

—Parpitié,sauvez-moiduporte-blocd’Allison,supplia-t-il.

Andrew décida de ne pas lui faire remarquer qu’il fuyait une femme qui faisait aumoins trentecentimètresdemoinsquelui.

—Qu’est-cequ’onafaitdemalcettefois-ci?demandaStéphanie,d’unairrenfrogné.

Samaternitérécentenesemblaitpasavoiraméliorésatoléranceenverslesfemmesdominantes.

—LelieuqueBaileyachoisicommetoilettesn’étaitpasconvenable,cita-t-il.

—Elleapissésursapelouse?hasardaAndrew.

Ilsacquiescèrentdelatête.Leurchiennerefusaitcatégoriquementd’allerfairedansleurjardin,etn’y allait qu’après avoir attendu de longues heures, la plupart du temps contre les boîtes aux lettressituées le long de la route si elle n’arrivait pas à temps au parc.La plupart des voisins étaient asseztolérants,maisAllisonétaituneexception.Ellevenait régulièrement frapperà laportedesKingenseplaignantdeshabitudesdeBailey.

Andrewjetauncoupd’œilautourdelui,maisnevitaucunetracedelachienne.

—OùestBailey?Onval’emmeneravecnousauparc.

—Oui,elleestcoincéedanslerepaireavecTyleretRuby.Ellesecacheduporte-bloc.Hé,ilrestelongtempsavantqu’onyaille?

Onpouvaitvoirlesoulagements’affichersurlevisagedeJoeàl’idéedeprendrelafuite.

Andrewvitàl’horlogedelacuisinequ’illeurrestaitencoredixminutesavantqueleshommes,leschiensetlesenfantsn’aientl’autorisationd’Allisondes’échapperauparc.

—Vouscroyezqu’onpeutyallermaintenant?bafouillaJoe.

—Ahnon!

StéphaniesecoualatêteetsaisitfermementlamaindeJoe.

—Les gars, vous n’allez pasme laisser seule avec cette femmeplus longtemps que nécessaire.C’estuncauchemar.

—Pourquoineviendrais-tupasavecnous?suggéraAndrew,unsouriresatisfaitetespièglesurlevisage.Iln’yaaucuneraisonquetunepuissespasjoueraufootballtoiaussi.

Stéphanietressaillitlégèrement.

— Non merci, chéri. Vous, les garçons, allez vous occuper des gosses et des chiens pendantquelquesheures.Deplus,c’estmaintenantdevenuune tradition.Jem’ensortirai.AlexetmoipouvonsretenirAllisonunpetitmomenthistoiredevousaccorderunepause.

—C’estl’heured’yaller,Andrew.

Nathan etColin faisaient des signes de lamain depuis l’embrasure de la porte de la cuisine, etDanieltenaitsonpèreparlamain.AndrewputvoirJimetMichaelainsiquequelques-unsdesvoisinsqui tournaienten rondavec impatience. Jim tenaitunballonde footballdansunemain,etuneglacièredansl’autre.

AndrewfitunsourireàStéphanie.

—Tonhorlogedoitretarder,insinua-t-il,laregardantd’unairfaussementinnocenttandisqu’ellelefoudroyaitduregard.

Joe ricana, et elle dirigea son regard noir sur son mari. Andrew en profita pour sourire à sonhomme.

—Tuvasbien,monamour?articula-t-ilsilencieusement.

Nathan acquiesça et lui tendit samain libre.Andrew le rejoignit et noua leurs doigts ensemble.Nathanl’attiradanssesbrasetl’espaced’uninstant,AndrewseretrouvalenezserrécontrelachemisedeNathan.Ilinspiraprofondément,appréciantl’odeurdesonhomme,lessenteursuniquesdelessive,degel douche et celle de sueur qui étaient caractéristiques deNathan.Andrew respira profondément uneseconde fois, puis recula et sourit à son fils. Son sourire s’effaça un peu quand la conversation qu’ilvenaittoutjusted’avoiravecStéphanieluirevintàl’esprit.

—Toutvabien,Papa?demandaColin,l’airperplexe.

À dix-sept ans, Colin était plus grand que son père,mais il était toujours svelte. Il avait passédepuislongtempssapériodegothique.Sescheveuxétaientdouxetsouples.IltenaitplusdeStéphaniequed’Andrewpourlacouleurdesescheveux,maisilavaitlesyeuxbleuvifdesonpère.

—Toutvabien.Allons-yavantqu’ellenousarrête.

Ilébouriffalescheveuxdesonfilsetlepoussagentimentverslaporte.

Nathanluijetaunregardinquisiteur.AndrewarticulasilencieusementunJet’enparleaprès,etilhochalatête.

DanieltirasurlebrasdeNathanavecimpatience.

—AllezPapa,etilentraînasonpèreàlasuitedeColin.

Nathanpassasubrepticementlamainsurlesfessesd’Andrew.

—Commelesgarçonstel’ontdit,Drew,allons-y.Ilestgrandtempsquemongarçonetmoivousbottionslesfesses.

—Commesivousenétiezcapables,semoquaAndrewtoutens’appuyantcontresonbras.Evan,tuviensavecnous?

Lenouveaumarid’Alexeutl’airsurpris,maisfutheureuxd’êtreinvité.

—Oùva-t-on?

—TuobtiensunecarteChance:tueslibérédeprison,râlasafemme.

Néanmoinselleavaitl’airunpeutropsatisfaite,etelles’éloignapourrejoindreStéphanie.

Leshommescommencèrentàsedirigerversleparc.AndrewetNathanfirentundétourpourallerchercherleschiens.Ilssuivirentlesautresàuneallureplusdécontractée.Marchantmaindanslamain,ilssemoquaientbienqu’onpuisselesregarder.Toutcequin’avaitpastraitàleuraprès-midipasséausoleiltouslesdeuxavecleurfamilleetleursamisn’avaitaucuneimportance.

Andrewn’étaitpasseul.Ilnel’avaitjamaisvraimentété.StéphanieetRichavaienttoujoursétélàpourlui.C’estjustequ’ilnel’avaitpascompris.Ilsétaientunepartiedelui,decequiavaitfaitdeluicequ’ilétait.Etilyavaitsonfils,quiavaitlaviedevantlui.Nathanétaitlàmaintenant:c’étaitl’hommedontilétait tombéamoureuxtantd’annéesauparavant.Andrews’endormaitdanssesbras,etNathanleréveillaitenl’embrassanttouslesmatins.

Nathan leva lesyeux, le surprit en trainde le fixerdu regardet lui fit unclind’œil.Lesorteilsd’Andrewserecroquevillèrentlorsqu’ilvitsonregardchaudetsensuel.Illuisouritenretourets’avançapourlesrejoindre.

Tandisqu’ilsejoignaitàsonamantetàsonfilspourjouerunepartieendiabléedefootballparunaprès-midiensoleillé,Andrewserenditcomptequelachansonavait tort.Lesaphirneretournapasaudébutdelachanson.Ilcontinuaseulementdejouer.

Author

Le chien et les deux enfants deSUEBROWN lui prennent tout son temps. Lorsqu’elle ne s’occupe pasd’eux, on peut la trouver à l’université, écoutant des maîtres de conférences débattre à propos dethéologiensdisparusdepuis longtemps.Toutefois,dans sonesprit, elleprépare son intriguede façonàemmener ses cow-boys à coucher ensemble ; tout ce qu’elle espère, c’est que le professeur nel’interrogerapasaujourd’hui.

Suedécouvritlalittératureérotiquehomosexuellelejouroùellevitdeuxhommess’embrasserdansun épisode de sa série télévisée préférée. La série en elle-même n’était pas très intéressante, ce quin’était pas le cas du baiser. Sue est peut-être arrivée après la bataille,mais elle s’est bien rattrapéedepuis,écrivantdesfanfictionsjusqu’àcequ’elleaitassezdecouragepourselancerdanslemondedesfictionsoriginales.

DuMêmeAuteur

http://www.dreamspinnerpress.com

{1}Mavs:équipedebasketballdeDallas.