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QUANDON PREND pour Ministre de la Guerre DN ETIENNE. Le ministère des Gens d'affaires a déposé hier sur le bureau de la Chain, bre un projet de loi autorisant M.; Etienne à distribuer cinq cents mil-! 'ions aux métallurgistes toujours e quête de subventions. Canons, obus, projecteurs électri ques, tracteurs automobiles Les arsej naux, qu'on croyait hier pleins, son vides, paraît-il. Il faut les garnir ai| plus vite. I On'ne sait pas encore si le service des trois ans sera de nouveau imposé aujl Français. Cela paraît très difficile. Maif on va toujours les soulager d'un* somme coquette. L'occasion est bonne ,Vite, profitons-en 1 1 Le coup n'est pas nouveau. On noua l'a déjà fait dans l'automne de 1905a lors de l' « alerte de Tanger ». 193 mdl| lions furent à cette époque jugés indis pensables, dont 137 tombèrent en pluM d'or sur les fabricants d'artillerie. I Le ministre de la Guerre était M. Ber tçaux, mais ilil tomba le 12 novembre fut remplacé par M. Etienne, qui eut m passer la plupart des marchés. ?, Au moment on réclame au pays tin demi milliard pour le confier a même M. Etienne, il est bon de rapp® 1er certaines remarques que M. Me#) simy, rapporteur du budget de guerre, crut devoir insérer dans soft) rapport de 1906 sur l'emploi des mi lions qui venaient d'être galvaudés Nom ne pouvons, dit-il, sans vouloir mettr en doute la probité de personne, passer sot silence la très fâcheuse opération suivante comme les établissements constructeurs à service de l'artillerie n'étaient pas en mesw de fabriquer dans un ,temps suffisammei court les caissons destinés à entrer dans composition du matériel d'artillerie lourde i 155 Rimailho, on se trouva dans l'obligalio de s'adresser à l'industrie privée. 1 Mais résultat inattendu et: tout au moi anormal. la commande de 500 caissons fm donnée à celui des deux soumissionnair restés en présence qui offrit le prix le plm élevé # En effet, les Etablissements Cas avaient demandé 10,000 francs pejk caisson et le Creusot 13,500 francs. E| c'est le Creusot qui eut la préférence, .i II nous a paru indispensable, conclut M& Messimy, de signaler au Parlement cette opé§ ration regrettable et critiquable qui est, heu- reusement, une exception. q,.U,11.ble,' qU,i. 'e,st. |S Cette opération regrettable et critii quable est un des plus glorieux trafids °. patriotiques dont notre: métallurgie na- tionalë ait le droit de se vanter. Elîfa s'en vante. I Au mois de mars 1912, j'ai publié i$ une partie d'un dossier échappé aux a§- chives secrètes de la Société Schna- der et Cie. La pièce maîtresse de dossier était un rapport adressé au pa- tron en 1909 par feu M. Lichtenbergsf, directeur des services parisiens. ftf, Lichtenberger énumérait fièrement toils ses titres à la reconnaissance du maîtrft les négociations qu'il avait conduites.;|| propos des affaires de l'Ouenza, Omnibus et d'autres, grâce aux rela- tions utiles qu'il avait su nouer dans diplomatie, au Parlement, dans les tjrf- nistères. Dans son énumération figure le para- graphe que voici C'est aussi en grande partie en.raison de ces relations avec X. que nous avons pu obtenir au prix de 13.500 francs la commande ,des 500 caissons de 155 R. alors que notre concurrent Cail avait offert le prix de 10.000 francs seulement. J'ai remplacé par X. le nom vérita- ble, qui figure dans le rapport de M. Lichtenberger. Il importe peu de citer un comparse, car les commandes de 6,750,000 francs ne se donnent pas sans une décision prise en haut lieu. (Test le ministre qui tranche en ces matières. Et il n'y, a, je le disais plus haut, que deux ministres qui aient pu conclure l'affaire « regrettable et criti- cfuabie » des caissons Rimailho. L'un, c'est M. Berteaux. L'autre, c'est ,M. Etienne. Etant donné les personnages, il y a îout lieu de supposer que ce n'est pas 3VL Berteaux. 'Si c'est M. Etienne, tes 500 millions que réclame le ministère des Gens d'af- faires ne seront pas perdus pour tout le monde. Ils trouveront, l'expérience le prouve, un emploi des plus a patriotiques ». ANDRÉ MORIZET ~~··aPH~H~~N~N~N~NÔ11~NHN~ ~··éH~··~ ~·1~ ~H~~N~11~ i~<M~<M.M~ Nous informons nos lecteurs que, di- manche procliain, nos bureaux seront ouverts exceptionnellement jusqu'à mi. di, pour la délivrance des primes. GÉNÉRAUX DE MI-CARÊME DEUX INCIDENTS TRAGIQUES AU PALAIS GaUemm proclame .Oiê_dC)tl'né':i,PJ1<>cent Carouy s'empoisonne dans sa cellule I i Les incidents qui ont suivi la procla- mation du verdict dans l'affaire des bandits démontrent ce que je disais hier que la suppression par la police des chefs de la bande rendait plus dif- cile au jury, quel que fût son souci de 1 vérité et son effort de justice, de mesurer les responsabilités des survivants. Quel est le mystère que cache le suicide de Carouy ? La déclaration de Callemin, qui en précisant les circonstances du crime ont mis Dieudonné hors de cause, au moins pour un des principaux sujets [ d'accusation, a décidé le jury à signer ,un recours en grâce pour l'homme qu'il venait de condamner à mort. Il est bien clair que si Garnier avait été là, si on avait pu le presser et l'interroger, bien des obscurités auraient, été dissipées. Mais quelle douloureuse et terrible le- çon se dégage de ce procès pour les jeunes hommes, pour les adolescents qui sollicités par un âpre appétit de jouis- sance et tentés par des pensées criminel- les essaient de se persuader à eux-mêmes qu'il y a dans le crime au moins quel- que grandeur de courage Le spectacle des lâchetés, des désaveux balbutiants, par ont fini les meurtriers, est bien fait pour avertir les révoltés qui se lais- seraient séduire à je ne sais quel pres- tige monstrueux. Il n'y a de vrai cou- rage que dans le travail et dans l'effort collectif d'émancipation. Ceux qui osent dire qu'en tuant et volant ils se dressent contre la société ne parviennent même pas à se' tromper eux-mêmes, et quand l'heure du péril est venu, ils défaillent lamentablement. Je ne dis pas ces choses pour outrager des hommes qui sont déjà dans l'ombre sinistre de l'échafaud, mais parce qu'il faut que ce procès soit un avertissement pour quelques égarés assaillis peut-être à cette heure de ten- tations funestes. Et encore quelle sale odeur de police sort de quelques-uns des coins obscurs du drame Comme on entrevoit, dans le procès ou en marge du procès, dé louches figures de mouchards condam- nés, par la force des choses, à être des agents provocateurs ou en tout cas des complices On ne peut qu'éprouver quelque mélange de pitié pour les hom- mes, qui ont été enveloppés par eux dans un réseau de relations suspectes. Le seul moyen pour ceux-ci, dans l'avenir, de réparer leurs coupables imprudences, trop durement châtiées peut être, c'est de mettre les militants de la Révolution, surtout les plus jeunes, les plus souf- frants, les plus excités, en garde contrer ces manœuvres détestables et ces funes-'î tes promiscuités JEAN JAURÈS, i | dEANdAUR£8. r j~ impressioITaudocê Nos lecteurs ont su, par notre deuxième édition, le résultat du verdict. Quatre con- damnés à mort Callemin, Dieudonné, Monter, Soudy. Deux condamnés aux tra- vaux forcés à perpétuité .Medge et Ca- rouy Carouy, le berger nostalgique de- venu criminel qui a préféré, comme on le verra d'autre part, la mort au bagne. Et puis dix condamnations diverses Deboë, dix ans de travaux forcés et dix ans d'interdiction de séjour Kibaltchiche, cinq ans de réclusion et cinq ans d'inter- diction de séjour Crozat de Fleury, cinq ans de réclusion Bénard, six ans de ré- clusion et cinq ans d'interdiction de sé- jour Payer, cinq ans de réclusion, cinq ans d'interdiction de séjour Bélonie, qua- tre ans de prison Dettweiller, quatre ans de prison et enfin Gauzy, Jourdan et Rei- nert, qui sont condamnés, les deux pre- miers à dix-huit mois, le dernier à un an de prison.pour recel de malfaiteurs. Seuls Mme Maîtrejean, Mme Schooffs, Barbe Le Clerch et le camelot bavard Ro- driguez sont acquittés. L'audience de nuit Et maintenant, que nos lecteurs me per- mettent de leur résumer les impressions de cette audience de nuit, où le jury déli- béra treize heures et qui finit à 9 heures du matin. Je l'ai vécue et j'en garde un souvenir de profonde tristesse. ,i Il n'y a rien de plus douloureux, de plus pénible, rien qui n'efface plus le caractère solennel que Il doit avoir une audience de justice, que ces délibérations de nuit. Û II faut voir la salle. Dès dix heures, quand on a fini de dîner, tout le monde se précipite et envahit les bancs disponibles. TA miuuit et demi, au lieu de finir leur Soirée dans un cabaret à la mode, ce sont Mies actrices qui, sans prendre le temps de démaquiller, viennent voir la physiono- mie que tera le condamné à mort. fc" Et comme le temps passe, que le jury pe revient pas, qu'on est harassé, on boit, Ipn mange, on va chercher au buffet des outeilles rie bière, des sirops, on apporte es verres qui, tout à l'heure, quand la fpour rentrera, tomberont, se heurteront et ut cela donnera à cette salle d'assises la physionomie d'une salle de l' « Auberge Jftouge Il après une orgie 1 g>Mais le coup de sonnette retentit. Les Sîirés descendent. Le jour perce à travers vitres, blafard, et sa lumière, se mêlant la lumière du gaz et de l'électricité qui Sclaire la salle, donne un ton cadavérique tous les assistants. (,. Se tenant à la rampe de l'escalier, les jurés arrivent et le verdict est rendu Il parut si incohérent, que la cour hé- Sita longtemps avant de signer la délibé- ..ration et dut demander au chef du jury }. d'interpréter la sentence, ce qui donna lieu des conclusions de la défense. $ S Les aveux de Callemin I ,Et comme si cela ne suffisait pas à cette piuit tragique, voilà que l'ombre de l'er- ijî'ëur judiciaire plane au-dessus des juges -vbilà qu'une fois de plus le témoignage hu- n apparaît fragile et inexact. La sentence allait être prononcée, la cour . jJAait délibérer elle avait rejeté les con- clusions des avocats, et Dieudonné, pâle, i. ivait un rictus douloureux. Ses mains jxispées rejetaient ses cheveux, qui em- koussaillaient son visage. •| Soiudy s'était levé 4 Je jure que je n'étais pas à. Chantilly. Vous Jçous êtes trompés, messieurs les jurés. ji Et sans force, il avait enfoui sa tête ex- Jangue dans ses bras repliés sur la balus- 'Irade du box. j AiLors, Gallemin prit la parole. La bouche ferrée et, avec une énergie farouche, il cria, '{ Pour moi, je n'ai rien à dire, mais pour -ïpieudonné j'affirme qu'il n'est pas l'agresseur de Caby. C est moi et Garnier qui l'avons ai ,ftaqué. C'est moi qui lui ai enlevé la Sacoche, Et cependant il, n'a donné aucun signalement >'de ma personne. J'écrirai au procureur géné- ijal pour apporter la preuve de ce que j'a. vance. 1 Et ce fut une stupeur. L'avocat généraJ Bloch-Laroquie levait les yeux. au. plafond, la procureur général se détournait, comme gêné, et les jurés paraissaient' navrés. JNous n'avons pas très bien compris les auestions, disait l'un d'eux en s'en allant. | Et l'on parlait de recours en grâce à si- gner. Cependant des conclusions de donner «cte étaient prises, tandis que maintenant m. foule s'écoulait. ."1 Et je me demandais, tandis quie GaUemin ait amené, en voyant ce petit gamin ,ifont les crimes furent abjects, et qui ] eut tout à coup, comme un « sursaut d'honnêteté », si ce gosse de vingt- d eux ans, dont la mâchoire est brutale et méchante, mais dont la figure reste inté- ressante, n'auirait pas pu devenir un hon- nête homme. Problème difficile à résou- dre Mais d'autres juges seront-ils appe- lés se prononcer sur l'affaire ? Me Lyon- Caen, le savant professeur de droit, oui a été interviewé, prétend que la Cour suprê- me peut ordonner une enquête sur les aveux qui constituent un fait nouveau. Il affirme, d'autre part, qu'il pourrait y avoir cassation, du fait que le chef du jury a été appelé à interpréter oralement le verdict rendu. Mais ce sont des opinions. Il faut at- tendre Jules Uhry. LE SlilCIDEJE CAROUY Avec les aveux inattendus de Callemin, un autre incident de caractère encore plus dramatique devait marquer la journée d'hier. 1 La cour venait de rendre son arrêt, les condamnés étaient à peine entrés dans leurs cellules à la conciergerie que 'un des'principaux acteurs de la tragédie san- glante se donnait la mort Au moment même il était surpris et arrêté sur le quai de la gare, à la station de Lozère, Carouy avait affirmé qu'il pré- férait la mort à la prison. A diverses re- prises, pendant sa détention, il avait ma- nifesté cette même opinion. Par deux fois il avait même tenté de mettre fin à ses jours, en absorbant d'abord du cyanure puis en voulant s'ouvrir Tartère tempo- rale à l'aide de ciseaux. Hier matin, il a réussi à,se suicider en des circonstances que ni les déclarations des témoins, ni l'autopsie, ni l'enquête ju- diciaire ne sont encore parvenues à re- constituer bien exactement. Dans la cellule 1 Lorsque l'audience fut levée, hier ma- tin, à h. 45, Carouy fut ramené à la con- ciergerie, déshabillé entièrement et fouillé. Les gardiens ne trouvèrent rien de suspect dans les vêtements du condamné qui, au lieu d'être enfermé dans la cellule 3 qu'il avait occupée jusque-là, fut écroué dans la cellule 1. Comme le gardien allait refermer la porte, Carouy fit cette réflexion « Je me résigne à mon sort Je refé- rai ma vie là-bas. » Vers 9 heures, au moment, de distribuer la soupe aux prisonniers, le gardien en- tendit des râles qui paraissaient provenir de la cellule 1. Il ouvrit le guichet et aperçut Carouy étendu sur sa couchette. Il crut que le détenu, brisé par fatigue, dormait et ronflait. Mais, entendant les mêmes râles, il pénétra dans la cellule et s'approcha de Carouy. Il se pencha sur le condamné et aperçut une écume sangui- nolente qui sortait des lèvres. Il mâchonnait quelque chose. Le gar- dien voulut lui arracher ce qu'il mangeait. Mais Carouy résistant, il lui ouvrit la bou- che avec une clé et il retira un doigt de gant dans lequel se trouvait du coton hy- drophile contenant quelques fragments de cristaux de cyanure. On assaya de donner des soins à Carouy mais ce fut en vain. Le gardien chef fut aussitôt prévenu ainsi que le directeur de la conciergerie, M. Pouré. M. Pouré se rendit alors au ministère de l'intérieur et informa. M. Saint-Just, di- recteur des services pénitentiaires, du sui- cide du bandit. Une enquête fut aussitôt ordonnée. Le directeur de la conciergerie, M. Bau- rain, commissaire de police, et le gardien chef procédèrent aux premières constata- tions. Le docteur Paul, médecin légiste, fit transporter à la Morgue le cadavre de Ca- rouy aux fins d'autopsie. L'enquête et l'autopsie A la suite du suicide de Carouy, le par- quet a immédiatement chargé M. Gilbert d'ouvrir une information pour établir les circonstances de cette mort. M. Gilbert, à son tour, a commis le doc- teur Paul pour faire l'autopsie du cada- vre. L'autopsie a été faite hier soir. Le doc- teur Paul a prélevé les viscères, qui seront examinés par M. Kleing. Néanmoins, il résulte d'un premier exa- men sommaire que la mort est due à une intoxication par le cyanure de potassium. Comment Carouy a-t-il pu avoir en sa possession le poison libérateur ? Cette question, a fait l'objet de nombreuses hy- pothèses. M. Pouré, directeur de la Gonciengerle, peut d'autant plus difficilement s'expliquer le suicide de Carouy que le prisonnier avait été minutieusement fouillé, affirme- t– il, dès sa renrée de l'audience. Qn se rap- pelle que Carouy avait déjà manifesté une fois l'intention de se suicider et qu'il a notamment déclaré à M. Guichard, peu de temps après son arrestation, qu'il trouve- rait bien le moyen d'attenter à ses jours. L'opinion du directeur de la Concierge- rie est que ce poison a été jeté hier dans un papier au cours de l'audience de nuit. .M. Guichard, qui assistait à cette audien- ce, a parfaitement vu un papier qui était jeté par un inconnu dans la direction de Carouy. Un garde républicain a ramassé ce papid. Il a dit Cela n'a aucune importance. C'est du papier blanc. Ce papier enfermait-il le cyanure de po- tassium avec lequel Carouy s'est empoi- sonné, et celui-ci a-t-il eu le temps de prendre le toxique et de jeter le papier ? 'r C'est ce qu'on s'efforce d'établir. D'autre part, on émet l'opinion que le cyanure aurait été remis à Carouy, au cours de l'audience par un de ses coac- cusés. La déclaration de Me Zévaèa L'avocat de Carouy, M0 Alexandre Zé- vaès, a été interrogé hier sur le suicide de son client. Je ne suis nullement surpris, a-t-il dé- claré, que Carouy ait mis fin à ses jours. Cette idée le hantait et, par deux fois, il avait tenté de se suicider. Hier, à la suite de ma plaidoirie, il m'écrivit une lettre de 4 pages, dans laquelle il me remerciait des efforts tentés pour le sauver et me disait < Plutôt que de termi- ner mes jours au bagne, j'aime mieux mou- rir tout de suite. » Cependant, après la lecture du verdict, ce matin, Carouy a manifesté une joie très vive et très remarquée. Il riait, en effet, mais d'émotion. A vrai dire il n'était nullement satisfait. Ce n'était vraiment pas la peine, me dit-il, d'avoir lutté tant que cela pour arriver à ce fésuHat. Je vous remercie de vos efforts. Et, comme je lui conseillais de ne pas dé- sespérer « Ôh le bagne à perpétuité, ré- pondit-il, mieux vaut la mort. » Comment a-t-il pu se procurer du poison ? Le mystère est étrange. Nul, en effet, ne pou- vait approcher les accusés pendant les dé- bats et Carouy, moins que les autres, puis- qu'il était placé sur la deuxième rangée des banquettes j'éprouvais moi-même les plus grandes difficultés pour lui parler. D'autre part, à la Conciergerie, une surveillance ex- ceptionnelle, est exercée. Je suppose que Ca- rouy cachait depuis son arrestation le prolait pharmaceutique grâce auquel il a mis fin a ses jours. Et encore comment a-t-il pu réussir, avec les nombreuses fouilles ci<it il était l'objet ? Vraiment, c'est extraordi- naire. L'avocat de Carouy a fait, d'autre part, une déclaration d'une extrême gravité On a accusé Carouy a dit Zévaès d'avoir été l'auteur principal du double as- sassinat commis à Thiais. J'affirme qu'il était innocent. Les auteurs de ces crimes sont cm nus de la police, ou plutôt si elle ne les connaît pas tous, elle en connaît deux. Moi aussi, je les connais, leurs noms figurent dans mes dossiers. Il y a dans cette affirmation quelque chose de véritablement grave et qui met sérieusement M. Guichard et sa police en cause. II faudra bien que l'on, «explique sur ces faits. Une lettre de Carouy La lettre écrite par Carouy à son avo- cat est datée de mercredi matin sept heu- res. En voici les passages les plus carac- téristiques. J'ai revécu, cette nuit, toute ma pauvre petite vie. J'ai eu peu de joie, peu de bon- heur. Je vous l'avoue du fond de ma cons- cience, j'ai peut-être commis des erreurs. Tous mes rêves de bonheur se sont tou- jours effondrés au moment je croyais qu'ils allaient devenir réalités.C'est pourquoi, n'ayant pas connu les joies de la vie, je quit- terai le royaume des atomes sans regrets. J'ai l'esprit tranquille. Peut-être rue, mil" gré moi, je ne pense pas que ma fin est pro- che, c'est vrai Lorsque je sens mes muscles, lorsque je me sens'tant d'énergie, j'ai peine à croire que tout cela peut disparaître à jamais sur cette affirmation de culpabilité. Je ne peux cr.'ire que M. Bertillon ose, de sang-froid, m'en- voyer à la mort pour 's'entêter à ne pas re- connaître qu'il se trompe. Ah la science 1 ` Elle me joue un sale toiîr. Au revoir ou adieu, je serai jusqu'au bout très courageux. Sérieusement, j'ai lutté un peu pour vous. Je vous sentais si dévoué à ma cause que j'ai cru qu'être fort et lutter jusqu'au bout, c'était vous montrer que j'é- tais digne de la sympathie' que vous m'avez témoignée. A la Santé Dans l'après-midi, à quatre heures, tous les condamnés ont été conduits de la Con- ciergerie à la Santé. Diieudonné, Callemin, Monier et Medge avaient la camisole de force. Sans doute craignait-on une tentative de suicide de l'un des condamnés à mort d'hier matin, Raymond Figeac. Des Fêtes sur les deux rives iQOCT LE CORTÈGEDE LA REINE DESREINES LA CAVALCADEJIU BŒUF GRAS Le ciel n'a pas voulu se montrer géné- reux pour les fêtes de la Mi-Carême. Loin d'arborer un air de gaieté, il a pris une mine maussade et n'a daigné esquisser qu'un fugitif sourire et encore qu'à de rares intervalles. Mais le public ne lui en a pas gardé ran- cune. Très philosophe, il s'est dit qu'il aurait pu être mordu par la bise, trempé par la pluie. Il s'est contenté de n'avoir pas eu à subir le froid et les averses. Aussi la foule se pressait-elle, très nom- breuse, sur le parcours que devaient em- prunter les deux cortèges de cette Mi-Ca- rême. Du boulevard Voltaire à la place de PHô- tel-de-Ville et au square du Temple, en passant par le boulevard Saint-Germain, la Concorde, l'avenue Marigny et les grands boulevards, le défile des chars qui composaient le cortège de la Reine des ~o~~s Le Maître deJ'Heure Ça devait arriver: On nous an- nonce, par la voie des gazettes, qu'un cou- turier « très parisien » a donné mardi der- nier, à l'Hôtel Astoria un « thé d'élégances et d'art ». Et on ajoute que le couturier en question « se doublant » (le joli mot! et combien approprié.) « d'un exquis confé- rencier », la matinée à laquelle s'ajoutait l'attrait d'une partie musicale fut un réel succès mondain et littéraire. Parbleu! oui, ça. devait arriver! C'était dans l'air! Dans une charmante revue qui n'a pas réussi parce qu'elle sortait volon- tairement des inepties sordides auxquelles le public est accoutumé, MM.. Régis Gi- gnoux et Muller nous avaient montré, l'an dernier déjà, une maison de. couture avec « un auteur dramatique attaché à l'établis- sement » du moment, expliquaient les auteurs, qu'une pièce de théâtre n'est plus aujourd'hui qu'une exhibition de robes et de chapeaux, et les atours de ces dames impor- tant bien davantage que la pièce même, l'ac- cessoire devant suivre le principal!, il est tout naturel qu'auteurs et critiques dépendent de ce maître nouveau le Couturier. Il y au- rait tout un livre à écrire sur la Littéra- ture dans ses rapports avec la Couture et la Mode. » Ce couturier-conférencier, oui, certes, il est « bien parisien ». Et i bien parisiens t> aussi sont ces journaux cotés et considérés qui, moyennant tant la, ligne, le déclarent « exquis', spirituel, artiste accompli et lettré délicat ». A quand la croix pour lui? La croix? Mais, au fait. il doit l'avoir déjà?. Victor Snell. IY® 1 LEJlEMTDEFflyBÈBES La sentence de justice que le tribunal correctionnel de Fougères a rendue hier en condamnant M. Chupin, maître ver- rier de Laignelet, déclaré coupable d'ou- trages, insultes, menaces à l'égard de M. l'inspecteur du travail Saubestre et d'em- ploi en récidive d'enfants de dix ou,onze ans, emprunté une importance particu- lière aux faits qui l'ont motivée. On sait que l'inspecteur du travail, vi- sitant la verrerie célèbre depuis des an- nées pour sa résistance à toutes les lois sur le travail, fut entouré par une foule d'ouvriers soudoyés, menacé, insulté, et finalement reconduit sous les cailloux. La décision du tribunal était attendue avec anxiété par tous ceux qui assistent avec sympathie aux efforts ardents de l'inspection pour faire entrer dans les mœurs les lois de protection ouvrière. Si M Chupin et ses complices le contremaî- tre Pamelard, Chabot, agresseur de l'ou- vrier Fauehey, avaient été mis hors de cause on traités avec indulgence, l'inspec- Reines a été salué d'acclamations joyeu» ses. Les arrêts classiques à l'Hôtel de Villa, à la Préfecture et à l'Elysée ont donné lieu à des toasts et à des échanges de compli- ments. Il faut noter que la reine de 1913 a voulu emprunter le langage des poètes pour répondre aux souhaits formules par la président da Ccnseil municipal. Elle s'est également exprimée en vers pour re- mercier Mme Poincaré, qui a voulu elle- même remettre le bijon traditionnel offert jusqu'ici à l'Elysée par le secrétaire gêné. rai. Sur la rive gauche, l'affluence fut éga-; lement très grande partout passait la Cavalcade du bœuf gras, organisée par un comité aux prétentions artistiques,- mais qui eut un aspect des plus pitoya. bles. R. F. tion du travail eût vécu. Elle se hoirie, en période normale, avec un effectif abso- lument insuffisant, aux plus rudes diffi- cultés. Les inspecteurs doivent veiller à l'application de textes législatifs souvent incomplets ou obscurs. Ils doivent comp- ter avec l'ignorance de certains ouvriers qui leur. attribuent. des pouvoirs quasi- merveilleux. Ils sont tenus par nombre de patrons pour des gêneurs indiscrets, importuns, des persécuteurs. Ils ont enfin contre eux nombre d'hommes politiques avides de po- pularité et qui s'opposent à l'application des lois qu'ils. ont votées. S'il avait été admis, de plus, que l'on! pouvait sans grands risques huer, frap- per, lapider l'inspecteur, M. Chupin eût fait sans tarder des adeptes et l'inspection' fût devenue impossible. Ne cite-t-on pas déjà un chef d'établissement qui s'est per- mis de dire à l'inspecteur, coupable de" vouloir faire respecter la loi sur la durée du travail des femmes Je vous ferai sortir par mes ouvriers! à grands coups de canne dans le dos. Le tribunal de Fougères a démontré que « faire sortir » l'inspecteur de cette façon était un luxe qui pouvait coûter as-> sez cher. Nous enregistrons cette démonstration1 avec grande satisfaction, non par ani- mosité contre M. Chupin, dont la personne et les entreprises nous sont également in^ différentes, mais parce qu'elle rend à. l'insi pection du travail, dont la belle tâche est écrasante, et les pouvoirs si réduits^ l'autorité dont on avait cru la dépouiller.! L.-M. B. LESYSTÈME TÂYLOR par Bracke Il y aurait eu lieu de s'étonner, si- te que nous avons écrit l'autre semaine, à propos du « système Taylor » mis à l'or- dre du jour par la grève des ateliers Re- nault, avait eu l'heur de plaire au Temps. Naturellement, quiconque se place au point de vue du travailleur vis- à-vis du capitaliste, a, par avance, tort aux yeux de ce journal qui confond l'in- térêt de quelques propriétaires moyens de travail ou actionnaires avec celui de la « production française ». Mais est-ce une illusion passée avec la jeunesse ? J'ai souvenance d'une époque le Temps, sans ménager ses adver- saires, avait le souci de les comprendre et s'efforçait, de les réfuter en ce qu'ils disaient réellement Quand j'ai, pour donner une idée des principaux caractères du système Tay- lor, exposé, très brièvement, deux exem- ples de son application, je n'ai nulle- ment dit qu' « aucun progrès n'est poF- sible en régime capitaliste ». J'ai dit que, de par le fonctionnement même de ce régime, tout progrès, dans les métho- des de production, utile à l'espèce hn-

QUANDONPREND Fêtes sur les rives GaUemm proclame iQOCT …€¦ · QUANDONPREND pour Ministrede la Guerre DN ETIENNE. Le ministère des Gens d'affaires a déposé hier sur le bureau

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QUANDONPREND

pour Ministre de la GuerreDN ETIENNE.

Le ministère des Gens d'affaires adéposé hier sur le bureau de la Chain,bre un projet de loi autorisant M.;Etienne à distribuer cinq cents mil-!'ions aux métallurgistes toujours equête de subventions.Canons, obus, projecteurs électri

ques, tracteurs automobiles Les arsejnaux, qu'on croyait hier pleins, sonvides, paraît-il. Il faut les garnir ai|plus vite. IOn'ne sait pas encore si le service des

trois ans sera de nouveau imposé aujlFrançais. Cela paraît très difficile. Maifon va toujours les soulager d'un*somme coquette. L'occasion est bonne,Vite, profitons-en 1 1Le coup n'est pas nouveau. On noual'a déjà fait dans l'automne de 1905a

lors de l' « alerte de Tanger ». 193 mdl|lions furent à cette époque jugés indispensables, dont 137 tombèrent en pluMd'or sur les fabricants d'artillerie. ILe ministre de la Guerre était M. Ber

tçaux, mais ilil tomba le 12 novembre e§fut remplacé par M. Etienne, qui eut mpasser la plupart des marchés. ?,Au moment où on réclame au pays

tin demi milliard pour le confier amême M. Etienne, il est bon de rapp®1er certaines remarques que M. Me#)simy, rapporteurdu budget de 1»guerre, crut devoir insérer dans soft)rapport de 1906 sur l'emploi des milions qui venaient d'être galvaudésNom ne pouvons, dit-il, sans vouloir mettr

en doute la probité de personne, passer sotsilence la très fâcheuse opération suivantecomme les établissements constructeurs àservice de l'artillerie n'étaient pas en meswde fabriquer dans un ,temps suffisammeicourt les caissons destinés à entrer danscomposition du matériel d'artillerie lourde i155 Rimailho, on se trouva dans l'obligaliode s'adresser à l'industrie privée. 1Mais résultat inattendu et: tout au moianormal. la commande de 500 caissons fmdonnée à celui des deux soumissionnairrestés en présence qui offrit le prix le plmélevé #En effet, les Etablissements Cas

avaient demandé 10,000 francs pejkcaisson et le Creusot 13,500 francs. E|c'est le Creusot qui eut la préférence, .iII nous a paru indispensable, conclut M&

Messimy, de signaler au Parlement cette opé§ration regrettable et critiquable qui est, heu-reusement, une exception.

q,.U,11.ble,'qU,i. 'e,st.|S

Cette opération regrettable et critiiquable est un desplus glorieux trafids°.patriotiques dont notre: métallurgie na-tionalë ait le droit de se vanter. Elîfas'en vante. IAu mois de mars 1912, j'ai publié i$

une partie d'un dossier échappé aux a§-chives secrètes de la Société Schna-der et Cie. La pièce maîtresse dedossier était un rapport adressé au pa-tron en 1909 par feu M. Lichtenbergsf,directeur des services parisiens. ftf,Lichtenberger énumérait fièrement toilsses titres à la reconnaissancedu maîtrftles négociations qu'il avait conduites.;||propos des affaires de l'Ouenza,Omnibus et d'autres, grâce aux rela-tions utiles qu'il avait su nouer dans làdiplomatie, au Parlement, dans les tjrf-nistères.Dans son énumération figure le para-graphe que voiciC'est aussi en grande partie en.raison de

ces relations avec X. que nous avons puobtenir au prix de 13.500 francs la commande,des 500 caissons de 155 R. alors que notreconcurrent Cail avait offert le prix de 10.000francs seulement.J'ai remplacé par X. le nom vérita-

ble, qui figure dans le rapport de M.Lichtenberger. Il importe peu de citerun comparse, car les commandes de6,750,000 francs ne se donnent pas sansune décision prise en haut lieu.(Test le ministre qui tranche en ces

matières. Et il n'y, a, je le disais plushaut, que deux ministres qui aient puconclure l'affaire « regrettable et criti-cfuabie » des caissons Rimailho.L'un, c'est M. Berteaux. L'autre, c'est,M. Etienne.Etant donné les personnages, il y aîout lieu de supposer que ce n'est pas

3VL Berteaux.'Si c'est M. Etienne, tes 500 millionsque réclame le ministère des Gens d'af-faires ne seront pas perdus pour toutle monde.Ils trouveront, l'expérience le prouve,

un emploi des plus a patriotiques ».ANDRÉ MORIZET

~~··aPH~H~~N~N~N~NÔ11~NHN~ ~··éH~··~ ~·1~ ~H~~N~11~i~<M~<M.M~Nous informons nos lecteurs que, di-

manche procliain, nos bureaux serontouverts exceptionnellement jusqu'à mi.di, pour la délivrancedes primes.

GÉNÉRAUX DE MI-CARÊME

DEUX INCIDENTS TRAGIQUES AU PALAIS

GaUemm proclame .Oiê_dC)tl'né':i,PJ1<>centCarouy s'empoisonne dans sa cellule

Ii Les incidentsqui ont suivi la procla-mation du verdict dans l'affaire desbandits démontrent ce que je disaishier que la suppression par la policedes chefs de la bande rendait plus dif-cile au jury, quel que fût son souci de1 vérité et son effort de justice, de mesurerles responsabilités des survivants. Quelest le mystère que cache le suicide deCarouy ? La déclaration de Callemin,qui en précisant les circonstances ducrime ont mis Dieudonné hors de cause,au moins pour un des principaux sujets[ d'accusation, a décidé le jury à signer,un recours en grâce pour l'homme qu'ilvenait de condamner à mort. Il est bienclair que si Garnier avait été là, si onavait pu le presser et l'interroger, biendes obscurités auraient, été dissipées.Mais quelle douloureuse et terrible le-

çon se dégage de ce procès pour lesjeunes hommes, pour les adolescents quisollicités par un âpre appétit de jouis-sance et tentés par des pensées criminel-les essaient de se persuader à eux-mêmesqu'il y a dans le crime au moins quel-que grandeur de courage Le spectacledes lâchetés, des désaveux balbutiants,par où ont fini les meurtriers, est bienfait pour avertir les révoltés qui se lais-seraient séduire à je ne sais quel pres-tige monstrueux. Il n'y a de vrai cou-rage que dans le travail et dans l'effortcollectif d'émancipation. Ceux qui osentdire qu'en tuant et volant ils se dressentcontre la société ne parviennent mêmepas à se' tromper eux-mêmes, et quandl'heure du péril est venu, ils défaillentlamentablement. Je ne dis pas ces chosespour outrager des hommes qui sont déjàdans l'ombre sinistre de l'échafaud,mais parce qu'il faut que ce procès soitun avertissement pour quelques égarésassaillis peut-être à cette heure de ten-tations funestes.Et encore quelle sale odeur de police

sort de quelques-uns des coins obscursdu drame Comme on entrevoit, dansle procès ou en marge du procès, délouches figures de mouchards condam-nés, par la force des choses, à être desagents provocateurs ou en tout cas descomplices On ne peut qu'éprouverquelque mélange de pitié pour les hom-mes, qui ont été enveloppés par eux dansun réseau de relations suspectes. Le seulmoyen pour ceux-ci, dans l'avenir, deréparer leurs coupables imprudences,trop durement châtiées peut être, c'est demettre les militants de la Révolution,surtout les plus jeunes, les plus souf-frants, les plus excités, en garde contrerces manœuvres détestables et ces funes-'îtes promiscuités

JEANJAURÈS, i|

dEANdAUR£8. rj~ impressioITaudocê

Nos lecteurs ont su, par notre deuxièmeédition, le résultat du verdict. Quatre con-damnés à mort Callemin, Dieudonné,Monter, Soudy. Deux condamnés aux tra-vaux forcés à perpétuité .Medge et Ca-rouy Carouy, le berger nostalgique de-venu criminel qui a préféré, comme onle verra d'autre part, la mort au bagne.Et puis dix condamnations diversesDeboë, dix ans de travaux forcés et dixans d'interdictionde séjour Kibaltchiche,cinq ans de réclusion et cinq ans d'inter-diction de séjour Crozat de Fleury, cinqans de réclusion Bénard, six ans de ré-clusion et cinq ans d'interdiction de sé-jour Payer, cinq ans de réclusion, cinqans d'interdictionde séjour Bélonie, qua-tre ans de prison Dettweiller, quatre ansde prison et enfin Gauzy, Jourdan et Rei-nert, qui sont condamnés, les deux pre-miers à dix-huit mois, le dernier à un ande prison.pour recel de malfaiteurs.Seuls Mme Maîtrejean, Mme Schooffs,Barbe Le Clerch et le camelot bavard Ro-driguez sont acquittés.

L'audience de nuitEt maintenant, que nos lecteurs me per-

mettent de leur résumer les impressionsde cette audience de nuit, où le jury déli-béra treize heures et qui finit à 9 heuresdu matin. Je l'ai vécue et j'en garde unsouvenir de profonde tristesse. ,iIl n'y a rien de plus douloureux, de pluspénible, rien qui n'efface plus le caractèresolennel que Il doit avoir une audience dejustice, que ces délibérations de nuit.

Û II faut voir la salle. Dès dix heures,quand on a fini de dîner, tout le monde seprécipite et envahit les bancs disponibles.TA miuuit et demi, au lieu de finir leurSoirée dans un cabaret à la mode, ce sontMies actrices qui, sans prendre le temps dedémaquiller, viennent voir la physiono-mie que tera le condamné à mort.fc" Et comme le temps passe, que le jurype revient pas, qu'on est harassé, on boit,Ipn mange, on va chercher au buffet desouteilles rie bière, des sirops, on apportees verres qui, tout à l'heure, quand lafpour rentrera, tomberont, se heurteront etut cela donnera à cette salle d'assises laphysionomie d'une salle de l' « Auberge

Jftouge Il après une orgie 1g>Mais le coup de sonnette retentit. LesSîirés descendent. Le jour perce à traversvitres, blafard, et sa lumière, se mêlantla lumière du gaz et de l'électricité quiSclaire la salle, donne un ton cadavériquetous les assistants.(,. Se tenant à la rampe de l'escalier, lesjurés arrivent et le verdict est renduIl parut si incohérent, que la cour hé-Sita longtemps avant de signer la délibé-

..ration et dut demander au chef du jury}. d'interpréter la sentence, ce qui donna lieudes conclusions de la défense.$ S Les aveux de CalleminI ,Et comme si cela ne suffisait pas à cettepiuit tragique, voilà que l'ombre de l'er-ijî'ëur judiciaire plane au-dessus des juges-vbilà qu'une fois de plus le témoignage hu-n apparaît fragile et inexact.La sentence allait être prononcée, la cour. jJAait délibérer elle avait rejeté les con-clusions des avocats, et Dieudonné, pâle,i. ivait un rictus douloureux. Ses mainsjxispées rejetaient ses cheveux, qui em-koussaillaient son visage.•| Soiudy s'était levé4 Je jure que je n'étais pas à. Chantilly. VousJçous êtes trompés, messieurs les jurés.ji Et sans force, il avait enfoui sa tête ex-Jangue dans ses bras repliés sur la balus-'Irade du box.j AiLors, Galleminprit la parole. La boucheferrée et, avec une énergie farouche, ilcria,'{ Pour moi, je n'ai rien à dire, mais pour-ïpieudonné j'affirme qu'il n'est pas l'agresseurde Caby. C est moi et Garnierqui l'avons ai,ftaqué. C'est moi qui lui ai enlevé la Sacoche,Et cependant il, n'a donné aucun signalement>'de ma personne. J'écrirai au procureur géné-ijal pour apporter la preuve de ce que j'a.vance. 1Et ce fut une stupeur. L'avocat généraJBloch-Laroquie levait les yeux. au. plafond,la procureur général se détournait, commegêné, et les jurés paraissaient' navrés.JNous n'avons pas très bien compris lesauestions, disait l'un d'eux en s'en allant.| Et l'on parlait de recours en grâce à si-

gner. Cependant des conclusions de donner«cte étaient prises, tandis que maintenantm. foule s'écoulait.."1 Et je me demandais, tandis quie GaUeminait amené, en voyant ce petit gamin,ifont les crimes furent abjects, et qui] eut tout à coup, comme un « sursautd'honnêteté », si ce gosse de vingt-d eux ans, dont la mâchoire est brutale etméchante, mais dont la figure reste inté-ressante, n'auirait pas pu devenir un hon-nête homme. Problème difficile à résou-dre Mais d'autres juges seront-ils appe-lés se prononcer sur l'affaire ? Me Lyon-Caen, le savant professeur de droit, oui aété interviewé, prétend que la Cour suprê-me peut ordonner une enquête sur lesaveux qui constituent un fait nouveau. Ilaffirme, d'autre part, qu'il pourrait y avoircassation, du fait que le chef du jury a étéappelé à interpréter oralement le verdictrendu.Mais ce sont là des opinions. Il faut at-tendre

Jules Uhry.

LE SlilCIDEJE CAROUY

Avec les aveux inattendus de Callemin,un autre incident de caractère encore plusdramatique devait marquer la journéed'hier. 1La cour venait de rendre son arrêt, lescondamnés étaient à peine entrés dansleurs cellules à la conciergerie que 'undes'principaux acteurs de la tragédie san-glante se donnait la mortAu moment même où il était surpris etarrêté sur le quai de la gare, à la stationde Lozère, Carouy avait affirmé qu'il pré-

férait la mort à la prison. A diverses re-prises, pendant sa détention, il avait ma-nifesté cette même opinion. Par deux foisil avait même tenté de mettre fin à sesjours, en absorbant d'abord du cyanurepuis en voulant s'ouvrir Tartère tempo-rale à l'aide de ciseaux.Hier matin, il a réussi à,se suicider en

des circonstances que ni les déclarationsdes témoins, ni l'autopsie, ni l'enquête ju-diciaire ne sont encore parvenues à re-constituer bien exactement.

Dans la cellule n° 1Lorsque l'audience fut levée, hier ma-tin, à h. 45, Carouy fut ramené à la con-

ciergerie, déshabillé entièrement et fouillé.Les gardiens ne trouvèrent rien de suspectdans les vêtements du condamné qui, aulieu d'être enfermé dans la cellule n° 3qu'il avait occupée jusque-là, fut écrouédans la cellule n° 1.Comme le gardien allait refermer la

porte, Carouy fit cette réflexion« Je me résigne à mon sort Je refé-rai ma vie là-bas. »Vers 9 heures, au moment, de distribuerla soupe aux prisonniers, le gardien en-tendit des râles qui paraissaient provenir

de la cellule n° 1. Il ouvrit le guichet etaperçut Carouy étendu sur sa couchette.Il crut que le détenu, brisé par là fatigue,dormait et ronflait. Mais, entendant lesmêmes râles, il pénétra dans la cellule ets'approcha de Carouy. Il se pencha sur lecondamné et aperçut une écume sangui-nolente qui sortait des lèvres.Il mâchonnait quelque chose. Le gar-

dien voulut lui arracher ce qu'il mangeait.Mais Carouy résistant, il lui ouvrit la bou-che avec une clé et il retira un doigt degant dans lequel se trouvait du coton hy-drophile contenant quelques fragments decristaux de cyanure. On assaya de donnerdes soins à Carouy mais ce fut en vain.

Le gardien chef fut aussitôt prévenuainsi que le directeur de la conciergerie,M. Pouré.M. Pouré se rendit alors au ministèrede l'intérieur et informa. M. Saint-Just, di-recteur des services pénitentiaires, du sui-cide du bandit. Une enquête fut aussitôt

ordonnée.Le directeur de la conciergerie, M. Bau-rain, commissaire de police, et le gardien

chef procédèrent aux premières constata-tions. Le docteur Paul, médecin légiste, fittransporter à la Morgue le cadavre de Ca-rouy aux fins d'autopsie.

L'enquête et l'autopsieA la suite du suicide de Carouy, le par-

quet a immédiatement chargé M. Gilbertd'ouvrir une information pour établir lescirconstances de cette mort.M. Gilbert, à son tour, a commis le doc-teur Paul pour faire l'autopsie du cada-

vre.L'autopsie a été faite hier soir. Le doc-teur Paul a prélevé les viscères, qui serontexaminés par M. Kleing.Néanmoins, il résulte d'un premier exa-men sommaire que la mort est due à uneintoxication par le cyanure de potassium.Comment Carouy a-t-il pu avoir en sapossession le poison libérateur ? Cettequestion, a fait l'objet de nombreuses hy-pothèses.M. Pouré, directeur de la Gonciengerle,

peut d'autant plus difficilement s'expliquerle suicide de Carouy que le prisonnieravait été minutieusement fouillé, affirme-t– il, dès sa renrée de l'audience. Qn se rap-pelle que Carouy avait déjà manifesté unefois l'intention de se suicider et qu'il anotamment déclaré à M. Guichard, peu detemps après son arrestation, qu'il trouve-rait bien le moyen d'attenter à ses jours.L'opinion du directeur de la Concierge-rie est que ce poison a été jeté hier dansun papier au cours de l'audience de nuit..M. Guichard, qui assistait à cette audien-ce, a parfaitement vu un papier qui étaitjeté par un inconnu dans la direction deCarouy. Un garde républicain a ramasséce papid. Il a ditCela n'a aucune importance. C'est dupapier blanc.Ce papier enfermait-il le cyanure de po-

tassium avec lequel Carouy s'est empoi-sonné, et celui-ci a-t-il eu le temps deprendre le toxique et de jeter le papier ?'rC'est ce qu'on s'efforce d'établir.D'autre part, on émet l'opinion que lecyanure aurait été remis à Carouy, aucours de l'audience par un de ses coac-cusés.

La déclaration de Me ZévaèaL'avocat de Carouy, M0 Alexandre Zé-

vaès, a été interrogé hier sur le suicidede son client.Je ne suis nullement surpris, a-t-il dé-

claré, que Carouy ait mis fin à ses jours.Cette idée le hantait et, par deux fois, ilavait tenté de se suicider.Hier, à la suite de ma plaidoirie, ilm'écrivit une lettre de 4 pages, dans laquelleil me remerciait des efforts tentés pour lesauver et me disait < Plutôt que de termi-ner mes jours au bagne, j'aime mieux mou-rir tout de suite. »Cependant, après la lecture du verdict,ce matin, Carouy a manifesté une joie trèsvive et très remarquée.

Il riait, en effet, mais d'émotion. A vraidire il n'était nullement satisfait. Ce n'étaitvraiment pas la peine, me dit-il, d'avoir luttétant que cela pour arriver à ce fésuHat. Jevous remercie de vos efforts.Et, comme je lui conseillais de ne pas dé-sespérer « Ôh le bagne à perpétuité, ré-pondit-il, mieux vaut la mort.»Comment a-t-il pu se procurer du poison ?Le mystère est étrange. Nul, en effet, ne pou-vait approcher les accusés pendant les dé-bats et Carouy, moins que les autres, puis-qu'il était placé sur la deuxième rangée desbanquettes j'éprouvais moi-même les plusgrandes difficultés pour lui parler. D'autrepart, à la Conciergerie, une surveillance ex-ceptionnelle, est exercée. Je suppose que Ca-rouy cachait depuis son arrestation le prolaitpharmaceutique grâce auquel il a mis fina ses jours. Et encore comment a-t-il puréussir, avec les nombreuses fouilles ci<itil était l'objet ? Vraiment, c'est extraordi-naire.L'avocat de Carouy a fait, d'autre part,une déclaration d'une extrême gravitéOn a accusé Carouy a dit M« Zévaèsd'avoir été l'auteur principal du double as-sassinat commis à Thiais. J'affirme qu'il était

innocent. Les auteurs de ces crimes sont cmnus de la police, ou plutôt si elle ne lesconnaît pas tous, elle en connaît deux. Moiaussi, je les connais, leurs noms figurentdans mes dossiers.Il y a dans cette affirmation quelquechose de véritablement grave et qui metsérieusement M. Guichard et sa police encause. II faudra bien que l'on, «expliquesur ces faits.

Une lettre de CarouyLa lettre écrite par Carouy à son avo-cat est datée de mercredi matin sept heu-

res. En voici les passages les plus carac-téristiques.J'ai revécu, cette nuit, toute ma pauvrepetite vie. J'ai eu peu de joie, peu de bon-heur. Je vous l'avoue du fond de ma cons-cience, j'ai peut-être commis des erreurs.Tous mes rêves de bonheur se sont tou-jours effondrés au moment où je croyaisqu'ils allaient devenir réalités.C'est pourquoi,n'ayant pas connu les joies de la vie, je quit-terai le royaume des atomes sans regrets.J'ai l'esprit tranquille. Peut-être rue, mil"gré moi, je ne pense pas que ma fin est pro-che, c'est vraiLorsque je sens mes muscles, lorsque je mesens'tant d'énergie, j'ai peine à croire quetout cela peut disparaître à jamais sur cetteaffirmation de culpabilité. Je ne peux cr.'ireque M. Bertillon ose, de sang-froid, m'en-voyer à la mort pour 's'entêter à ne pas re-connaître qu'il se trompe. Ah la science 1 `Elle me joue un sale toiîr.Au revoir ou adieu, je serai jusqu'au bouttrès courageux. Sérieusement, j'ai lutté unpeu pour vous. Je vous sentais si dévoué àma cause que j'ai cru qu'être fort et lutterjusqu'au bout, c'était vous montrer que j'é-tais digne de la sympathie' que vous m'aveztémoignée.

A la SantéDans l'après-midi, à quatre heures, tous

les condamnés ont été conduits de la Con-ciergerie à la Santé. Diieudonné, Callemin,Monier et Medge avaient la camisole deforce.Sans doute craignait-on une tentative de

suicide de l'un des condamnés à mortd'hier matin,

Raymond Figeac.

Des Fêtes sur les deux rivesiQOCTLE CORTÈGEDE LA REINE DES REINES

LA CAVALCADEJIU BŒUF GRAS

Le ciel n'a pas voulu se montrer géné-reux pour les fêtes de la Mi-Carême. Loind'arborer un air de gaieté, il a pris unemine maussade et n'a daigné esquisserqu'un fugitif sourire et encore qu'à derares intervalles.Mais le public ne lui en a pas gardé ran-

cune. Très philosophe, il s'est dit qu'ilaurait pu être mordu par la bise, trempépar la pluie. Il s'est contenté de n'avoirpas eu à subir le froid et les averses.Aussi la foule se pressait-elle, très nom-

breuse, sur le parcours que devaient em-prunter les deux cortèges de cette Mi-Ca-rême.Du boulevard Voltaire à la place de PHô-

tel-de-Ville et au square du Temple, enpassant par le boulevard Saint-Germain,la Concorde, l'avenue Marigny et lesgrands boulevards, le défile des chars quicomposaient le cortège de la Reine des

~o~~sLe Maître deJ'HeureÇa devait arriver: On nous an-

nonce, par la voie des gazettes, qu'un cou-turier « très parisien » a donné mardi der-nier, à l'Hôtel Astoria un « thé d'éléganceset d'art ». Et on ajoute que le couturier enquestion « se doublant » (le joli mot! etcombien approprié.) « d'un exquis confé-rencier », la matinée à laquelle s'ajoutaitl'attrait d'une partie musicale fut un réelsuccès mondain et littéraire.Parbleu! oui, ça. devait arriver! C'était

dans l'air! Dans une charmante revue quin'a pas réussi parce qu'elle sortait volon-tairement des inepties sordides auxquellesle public est accoutumé, MM.. Régis Gi-gnoux et Muller nous avaient montré, l'andernier déjà, une maison de.couture avec« un auteur dramatique attaché à l'établis-sement » du moment, expliquaient lesauteurs, qu'une pièce de théâtre n'est plusaujourd'hui qu'une exhibition de robes et dechapeaux, et les atours de ces dames impor-tant bien davantage que la pièce même, l'ac-cessoire devant suivre le principal!, il est toutnaturel qu'auteurs et critiques dépendent dece maître nouveau le Couturier. Il y au-rait tout un livre à écrire sur la Littéra-ture dans ses rapports avec la Couture etla Mode. »Ce couturier-conférencier, oui, certes, il

est « bien parisien ». Et i bien parisiens t>aussi sont ces journaux cotés et considérésqui, moyennant tant la, ligne, le déclarent« exquis', spirituel, artiste accompli et lettrédélicat ». A quand la croix pour lui?La croix? Mais, au fait. il doit l'avoirdéjà?. Victor Snell.

IY®1LEJlEMTDEFflyBÈBES

La sentence de justice que le tribunalcorrectionnel de Fougères a rendue hieren condamnant M. Chupin, maître ver-rier de Laignelet, déclaré coupable d'ou-trages, insultes, menaces à l'égard de M.l'inspecteur du travail Saubestre et d'em-ploi en récidive d'enfants de dix ou,onzeans, emprunté une importance particu-lière aux faits qui l'ont motivée.On sait que l'inspecteur du travail, vi-sitant la verrerie célèbre depuis des an-

nées pour sa résistance à toutes les loissur le travail, fut entouré par une fouled'ouvriers soudoyés, menacé, insulté, etfinalement reconduit sous les cailloux.La décision du tribunal était attendue

avec anxiété par tous ceux qui assistentavec sympathie aux efforts ardents del'inspection pour faire entrer dans lesmœurs les lois de protection ouvrière. SiM Chupin et ses complices le contremaî-tre Pamelard, Chabot, agresseur de l'ou-vrier Fauehey, avaient été mis hors decause on traités avec indulgence, l'inspec-

Reines a été salué d'acclamations joyeu»ses.Les arrêts classiques à l'Hôtel de Villa,

à la Préfecture et à l'Elysée ont donné lieuà des toasts et à des échanges de compli-ments. Il faut noter que la reine de 1913 avoulu emprunter le langage des poètespour répondre aux souhaits formules parla président da Ccnseil municipal. Elles'est également exprimée en vers pour re-mercier Mme Poincaré, qui a voulu elle-même remettre le bijon traditionnel offertjusqu'ici à l'Elysée par le secrétaire gêné.rai.

Sur la rive gauche, l'affluence fut éga-;lement très grande partout où passait laCavalcade du bœuf gras, organisée parun comité aux prétentions artistiques,-mais qui eut un aspect des plus pitoya.bles. R. F.

tion du travail eût vécu. Elle se hoirie,en période normale, avec un effectif abso-lument insuffisant, aux plus rudes diffi-cultés. Les inspecteurs doivent veiller àl'application de textes législatifs souventincomplets ou obscurs. Ils doivent comp-ter avec l'ignorance de certains ouvriersqui leur. attribuent. des pouvoirs quasi-merveilleux.Ils sont tenus par nombre de patronspour des gêneurs indiscrets, importuns,des persécuteurs. Ils ont enfin contre euxnombre d'hommes politiques avides de po-pularité et qui s'opposent à l'applicationdes lois qu'ils.ont votées.S'il avait été admis, de plus, que l'on!pouvait sans grands risques huer, frap-per, lapider l'inspecteur, M. Chupin eûtfait sans tarder des adeptes et l'inspection'fût devenue impossible. Ne cite-t-on pasdéjà un chef d'établissementqui s'est per-mis de dire à l'inspecteur, coupable de"vouloir faire respecter la loi sur la duréedu travail des femmes

Je vous ferai sortir par mes ouvriers!à grands coups de canne dans le dos.Le tribunal de Fougères a démontré

que « faire sortir » l'inspecteur de cettefaçon était un luxe qui pouvait coûter as->sez cher.Nous enregistrons cette démonstration1avec grande satisfaction, non par ani-mosité contre M. Chupin, dont la personneet les entreprises nous sont également in^différentes, mais parce qu'elle rend à. l'insipection du travail, dont la belle tâcheest écrasante, et les pouvoirs si réduits^l'autorité dont on avait cru la dépouiller.!L.-M. B.

LESYSTÈMETÂYLOR

par Bracke

Il y aurait eu lieu de s'étonner, si- teque nous avons écrit l'autre semaine, àpropos du « système Taylor » mis à l'or-dre du jour par la grève des ateliers Re-nault, avait eu l'heur de plaire auTemps. Naturellement, quiconque seplace au point de vue du travailleur vis-à-vis du capitaliste, a, par avance, tortaux yeux de ce journal qui confond l'in-térêt de quelques propriétaires moyensde travail ou actionnaires avec celui dela « production française ».Mais est-ce une illusion passée avec lajeunesse ? J'ai souvenance d'une époqueoù le Temps, sans ménager ses adver-saires, avait le souci de les comprendreet s'efforçait, de les réfuter en ce qu'ilsdisaient réellementQuand j'ai, pour donner une idée desprincipaux caractères du système Tay-

lor, exposé, très brièvement, deux exem-ples de son application, je n'ai nulle-ment dit qu' « aucun progrès n'est poF-sible en régime capitaliste ». J'ai ditque, de par le fonctionnementmême dece régime, tout progrès, dans les métho-des de production, utile à l'espèce hn-