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Annales de pathologie (2010) 30, 411—412 ÉDITORIAL Quelles actualités en pathologie hépatique et biliaire ? What’s new in hepatobiliary pathology? Le précédent numéro spécial de « Pathologie hépatique et biliaire » des Annales de Patho- logie remonte à 1995... Depuis cette date, comme dans toutes les disciplines, ce domaine de la pathologie a évolué avec la description de nouvelles maladies, l’apparition de nou- veaux scores de quantification des lésions histologiques au cours de pathologies diverses et une classification plus précise des tumeurs hépatocellulaires ou biliaires. Parallèlement se sont développés des tests non invasifs permettant d’évaluer la fibrose hépatique et conduisant à redéfinir les indications de la ponction-biopsie hépatique (PBH). Ce numéro spécial a pour but de faire le point sur ces évolutions. Une mise au point sur les stéatopathies hépatiques non alcooliques s’avérait indispen- sable en 2010 compte tenu de la prévalence croissante de cette pathologie dans les pays développés ; les pathologistes sont en effet de plus en plus sollicités pour le diagnostic de cette entité qu’elle soit suspectée cliniquement ou associée à une autre cause de mala- die du foie et alors dépistée uniquement sur l’histologie. Par ailleurs, l’émergence de thérapeutiques spécifiques dont il faut peser les indications et évaluer les effets impose une évaluation semi-quantitative des lésions au moins actuellement dans le cadre d’essais thérapeutiques. La stéatose fait aussi partie des lésions hépatiques induites par la chimiothérapie sys- témique des cancers digestifs en particulier colorectaux ; les lésions vasculaires induites par ces traitements ont été plus récemment décrites et doivent être connues des patho- logistes. Ainsi, l’étude anatomopathologique d’une pièce d’hépatectomie pour métastase d’un cancer colorectal implique non seulement l’évaluation de la réponse histologique tumorale au traitement préopératoire, la mesure de la marge de résection mais aussi l’appréciation des lésions chimio-induites du foie non tumoral. Dans un domaine tout à fait différent, les connaissances acquises sur les transporteurs biliaires et leur fonction grâce aux travaux pédiatriques sur les cholestases néonatales ont permis de démembrer plus précisément les cholestases inexpliquées de l’adulte et de décrire les modifications histologiques hépatiques associées aux différentes anomalies moléculaires de ces transporteurs. Côté virus, après le A, le B, le C et le Delta voici le virus E, virus à ARN responsable d’hépatites aiguës épidémo-endémiques par transmission féco-orale dans les pays en voie de développement ou sporadiques par transmission zonale à partir du porc dans les pays industrialisés. Même si la biopsie hépatique n’est pas le moyen diagnostique habituel des hépatites aiguës, les quelques particularités des lésions histologiques hépatiques dues au virus E doivent être connues des pathologistes. Plus récemment, il a été montré que le virus E était aussi la cause d’hépatites chroniques évoluant rapidement vers la cirrhose chez les patients transplantés d’organe. 0242-6498/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annpat.2010.09.005

Quelles actualités en pathologie hépatique et biliaire ?

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Annales de pathologie (2010) 30, 411—412

ÉDITORIAL

Quelles actualités en pathologie hépatique etbiliaire ?

What’s new in hepatobiliary pathology?

Le précédent numéro spécial de « Pathologie hépatique et biliaire » des Annales de Patho-logie remonte à 1995. . . Depuis cette date, comme dans toutes les disciplines, ce domainede la pathologie a évolué avec la description de nouvelles maladies, l’apparition de nou-veaux scores de quantification des lésions histologiques au cours de pathologies diverseset une classification plus précise des tumeurs hépatocellulaires ou biliaires. Parallèlementse sont développés des tests non invasifs permettant d’évaluer la fibrose hépatique etconduisant à redéfinir les indications de la ponction-biopsie hépatique (PBH). Ce numérospécial a pour but de faire le point sur ces évolutions.

Une mise au point sur les stéatopathies hépatiques non alcooliques s’avérait indispen-sable en 2010 compte tenu de la prévalence croissante de cette pathologie dans les pays

développés ; les pathologistes sont en effet de plus en plus sollicités pour le diagnostic decette entité qu’elle soit suspectée cliniquement ou associée à une autre cause de mala-die du foie et alors dépistée uniquement sur l’histologie. Par ailleurs, l’émergence dethérapeutiques spécifiques dont il faut peser les indications et évaluer les effets imposeune évaluation semi-quantitative des lésions au moins actuellement dans le cadre d’essaisthérapeutiques.

La stéatose fait aussi partie des lésions hépatiques induites par la chimiothérapie sys-témique des cancers digestifs en particulier colorectaux ; les lésions vasculaires induitespar ces traitements ont été plus récemment décrites et doivent être connues des patho-logistes. Ainsi, l’étude anatomopathologique d’une pièce d’hépatectomie pour métastased’un cancer colorectal implique non seulement l’évaluation de la réponse histologiquetumorale au traitement préopératoire, la mesure de la marge de résection mais aussil’appréciation des lésions chimio-induites du foie non tumoral.

Dans un domaine tout à fait différent, les connaissances acquises sur les transporteursbiliaires et leur fonction grâce aux travaux pédiatriques sur les cholestases néonatalesont permis de démembrer plus précisément les cholestases inexpliquées de l’adulte etde décrire les modifications histologiques hépatiques associées aux différentes anomaliesmoléculaires de ces transporteurs.

Côté virus, après le A, le B, le C et le Delta voici le virus E, virus à ARN responsabled’hépatites aiguës épidémo-endémiques par transmission féco-orale dans les pays en voiede développement ou sporadiques par transmission zonale à partir du porc dans les paysindustrialisés. Même si la biopsie hépatique n’est pas le moyen diagnostique habituel deshépatites aiguës, les quelques particularités des lésions histologiques hépatiques dues auvirus E doivent être connues des pathologistes. Plus récemment, il a été montré que levirus E était aussi la cause d’hépatites chroniques évoluant rapidement vers la cirrhosechez les patients transplantés d’organe.

0242-6498/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.annpat.2010.09.005

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Enfin l’une des évolutions importantes de l’hépatologieu cours de ces dernières années est le développement desests non invasifs de fibrose ; en effet, la PBH n’est plus’examen indispensable au diagnostic et à la prise en chargees hépatites chroniques ; il était donc important de faire leoint sur l’évolution des indications de la PBH et de rappelerue cet examen reste un outil diagnostique et pronostiquessentiel en hépatologie, la preuve en est que l’examen his-

ologique est « le juge de paix » en cas de discordance entrees tests non invasifs de fibrose.

En pathologie tumorale hépatobiliaire, de nombreux pro-rès diagnostiques sont apparus depuis 15 ans. Cela estarticulièrement vrai dans le domaine des tumeurs hépa-ocellulaires bénignes pour lesquelles les corrélations entrea morphologie et la biologie moléculaire ont permis unelassification plus précise d’intérêt pronostique. Pour lesathologistes, cette classification peut être approchée deanière assez fine à l’aide de l’immunohistochimie. Il étaitonc utile de faire le point dans un but pratique sur lesnticorps actuellement disponibles et leur interprétationans les différents sous-types de lésions hépatocellulairesénignes.

Les kystes intrahépatiques sont en premier lieu un pro-lème de radiologue. Néanmoins, il n’est pas exceptionnelour le pathologiste de recevoir soit une paroi de kyste hépa-ique en cas de résection d’un dôme saillant, soit une pièce’hépatectomie comportant une ou des lésions kystiques,ue celles-ci soient la cause ou non du geste opératoire. Lesléments du diagnostic anatomopathologique de ces lésionsur pièce opératoire doivent donc être connus des patho-ogistes. Pour les kystes biliaires de nature néoplasique, ilonvient de différencier les tumeurs kystiques proprementites, distinctes de l’arbre biliaire et les variantes kystiqueses lésions intracanalaires ; dans les deux cas, la classifi-

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Éditorial

ation de ces lésions est maintenant calquée sur celle desésions pancréatiques.

L’augmentation de l’incidence des cholangiocarcinomesn particulier dans les pays occidentaux est un fait connuepuis quelques années. De même, leur classificationn cholangiocarcinomes intrahépatiques développés auxépens des petites voies biliaires au-delà de la seconde seg-entation et extrahépatiques incluant les tumeurs hilaires

st maintenant tout à fait claire. Les modifications de la

eptième version de la classification TNM (janvier 2010) poures tumeurs sont importantes et justifiaient un article danse numéro spécial ; la classification TNM des cholangiocar-inomes intrahépatiques est dorénavant distincte de cellees carcinomes hépatocellulaires et la classification des cho-angiocarcinomes extrahépatiques a été dissociée en deuxlassifications différentes, celle des cholangiocarcinomes dea voie biliaire proximale (ou périhilaires) et celle des cho-angiocarcinomes de la voie biliaire distale.

Enfin à titre d’exercice pratique, le numéro se termineur un cas pour diagnostic de tumeur de la voie biliaire prin-ipale.

Bonne lecture à tous les pathologistes qui s’intéressente près ou de loin à la pathologie hépatique et biliaire.

Catherine Guettiera,∗, Jean-Yves Scoazecb

a Service d’anatomie et cytologie pathologique,hôpital Bicêtre, AP—HP, 78, rue du

Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex,France

b Hôpital Édouard-Herriot, 69437 Lyon, France

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]

(C. Guettier).

Disponible sur Internet le 9 novembre 2010