[RevistasEnFrancés] El Mensajero Internacional - del 23 al 29 de agosto de 2012

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  • 7/28/2019 [RevistasEnFrancs] El Mensajero Internacional - del 23 al 29 de agosto de 2012

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    3 : H I K N L I = X U X Z U V : ? l @ b @ d @ i @ k ;

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    3183-1138

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    :3,5

    0E

    Core du NordChanger lconomie

    BrsilCesare chez les cousins Battisti

    Villes rebellesNew York, un an aprs Afri

    queCFA:2600FCFA-Algrie:450DA

    Allemagne:4,00-Autriche:4,00-Canada:5,95$CAN

    DOM:4,20-Espagne:4

    ,00-E-U:5,95$US-G-B:3,50

    Grce:4,00-Irlande:4,00-Italie:4,00-Japon:700

    Maroc:30DH-Norvge:50NOK-Portugalcont.:4,00

    Suisse:5,90CHF-Tunisie

    :4,50DTU-TOM:700CFP

    ourrierinternational.com 1138 du 23 au 29 aot 2012

    Fra

    3,5

    Syrie Les scnarios de laprs-Assad

    Alors,on

    bouge?La presseallemandednonce

    limmobilismefranais

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    n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

    Editorial

    Empiresfragiles

    Julian Assange, les PussyRiot, Gu Kalai. En cette findt, la collision mdiatiquede ces trois affaires politico-jud icia ires a soudainementenflamm le circuit diploma-tique et indign les opinionsinternationales. Mme si, entrelAustralien fondateur de Wiki-

    Leaks souponn dagression sexuelle et de viol parla justice scandinave et scrut de prs par la justiceamricaine, les trois punkettes moscovites condam-nes deux annes de rclusion pour hooliga-nismeet une avocate chinoise reconnue coupabledu meurtre dun homme daffaires britannique, il y a peu prs autant de points communs quentre unebouteille daquavit sudois, une vodka russe et unebire chinoise. Toute ressemblance entre ces troishistoires serait donc trompeuse.Leur rapprochement dans le temps, mais surtout lesractions quelles suscitent, en disent long sur la para-noa des trois grands empires de la plante. La Russiede Poutine, par exemple, na pas support de voir lesPussy Riot sen prendre lEglise orthodoxe, rigeen pilier de stabilit de la socit postcommuniste.On a connu des rgimes aux fondations moins sacres.

    Julian Assange, le dmon de WikiLeaks, prfre lhos-pitalit quatorienne aux interrogatoires de la justicesudoise. Lditeur mgalo craint surtout son extra-dition vers les Etats-Unis, o il sexpose, dit-il, unetrs lourde peine aprs la divulgation de 250 000 tl-grammes diplomatiques amricains : mme danslAmrique de laprs-George W. Bush, toute vritnest pas toujours bonne raconter. Quant ltrangeconfession de Gu Kalai, lpouse de Bo Xilai, ex-toilemontante du Parti communiste chinois, elle a permisde clore provisoirement le plus grand scandalepolitique des deux dernires dcennies. Etrangement,la justice chinoise na pas jug utile dinterroger sonmari sur son implication dans le scandale. Son tourviendra, mais pour lheure, et moins de deux moisdune des plus importantes transmissions de pouvoirde la Chine rouge, il serait dommage de rompre lhar-monie de faade souhaite par les nouveaux matres

    du pays. Washington, Moscou, Pkin : entre espion-nage, fait divers et raison dEtat, le curseur des jugesa souvent du mal ne pas avoir la tremblote. Cestpourtant la force du droit que se mesure la vritablepuissance dun pays. Aussi grand soit-il.Eric Chol

    En couverture : dessin de Cost, Belgique

    5

    Sommaire

    4 Plante presse6 Controverse7 Les gens9 A suivre

    En couverture

    10 Alors, on bouge ? La presseallemande simpatiente.Les cent premiers jours de FranoisHollande lElyse nont pas rassuroutre-Rhin. En pleine crise de leuro,Berlin voudrait que Paris soitplus dynamique et plus entreprenant.Le prsident nest pas seul en cause.Vu dAllemagne, cest la socitfranaise tout entire qui rsisteau changement.

    Dun continent lautre15 EuropeGorgie Lazika, une ville du futur sortie

    des maraisPortugalSous les pavs, le rap18 AmriquesVilles rebelles (8/8) Comment je suisdevenu lun des 99 % New YorkBrsil Cesare chez les Battisti brsiliens

    22 AsieInde Le Nord-Est feu et sang

    Chine Bo Xilai, lencombrant dirigeantpresque dchuCore du Nord Economie de marchnest plus un gros mot25 Moyen-OrientIsral-Iran La guerre, un dbatqui fait rageEgypte Plus malins que les Argentins ?26 Dossier Syrie : laprs-AssadSil na fallu que quelques semainespour faire tomber les rgimes de Ben Aliet de Moubarak, la dictature syriennefait couler le sang depuis dix-huit mois.A lheure de sa chute annonce, ilfaudra combler les vides politiques etviter limplosion du pays si lon ne veut

    pas voir sembraser tout le Moyen-Orient.

    24Core du NordEconomie de march

    nest plus un gros mot

    26

    32 Afrique

    Algrie Jamais sans mon marabout !33 EcologieTransports Des camions hybridespas vraiment cologiquesSocit La gnration X se soucie peudu changement climatique34 EconomieAgricultu re Spculation et bullede gomme36 SciencesInnovation Imprimante 3D : et la scienceprend du relief

    Long courrier38 Bulles arabes Khoms Komm

    et Wassim Maouad43 Le livre Christina Hagen44 Faussaires et escrocs (5/5)Kanae Kijima, la fiance vnneuse47 Insolites Ultraorthodoxes :les lunettes floues des patrouillesde la pudeur

    DOUARDCAUPEIL

    DossierLa Syrie de laprs-Assad

    16 PortugalSous les pavs, le rap

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    Controverse6 Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

    NonCe serait reconnatre la loi du plus fort

    El Telgrafo Quito

    La Grande-Bretagne veut appliquer le droit la lettre : il lui fautde toute urgence extrader Julian Assange vers la Sude. Une telleurgence ntait trangement pas de mise lpoque o le jugeGarzn demandait lextradition dAugusto Pinochet [aprs sonarrestation Londres en 1998]. Or ce dictateur tait accus davoirfait assassiner, disparatre et torturer des milliers de Chiliens,

    alors que le fondateur de WikiLeaks est suspect dun viol douteux dans le

    cadre dune campagne manifestement orchestre.Mais la Grande-Bretagne va plus loin. Poster des policiers autour de

    lambassade de lEquateur Londres quivaut, toutes proportions gardes, envoyer des porte-avions dans le golfe Persique ds les premires fluc-tuations des cours du ptrole. Et dans ses dclarations, le gouvernementbritannique se fait de plus en plus menaant. La Grande-Bretagne se ditprte, en se fondant sur une loi nationale absolument contraire la Conven-tion de Vienne sur les relations diplomatiques, priver lambassade delEquateur de sa qualit diplomatique et y pntrer au nom de lobliga-tion lgale dextrader Assange. Et ensuite ? Sommes-nous revenus au pou-voir discrtionnaire du plus fort sur la scne internationale ? (Si tant estquil ait jamais disparu) En se fondant sur la mme logique que la Grande-Bretagne, la Chine aurait d attaquer lambassade des Etats-Unis pour arr-ter le dissident chinois Chen Guangchen [en mai 2012].

    Toujours dans cette optique, quest-ce qui nous empche dentrer auPanam ou aux Etats-Unis pour traner en justice les banquiers, les anciens

    prsidents et les politiques, qui, la diffrence dAssange, sont manifeste-ment coupables de ce dont on les accuse ? Quelle sera la raction de lOr-ganisation des Etats amricains (OEA) ? Fera-t-elle preuve de la mmecomplicit hypocrite que lorsque la Grande-Bretagne a envahi les Malouines ?On peut le craindre, quand on connat le sort rserv Bradley Manning,le soldat amricain qui a rvl les vrits drangeantes sur lIrak, reprisespar WikiLeaks. Ceux qui croient la possibilit dun procs quitable devantun tribunal amricain doivent se souvenir de Guantnamo.

    Lintransigeance des Britanniques augure mal du sort dAssange. Au-deldes considrations juridiques, il y a une volont politique vidente de sanc-tionner un homme qui a humili ouvertement la diplomatie amricaine. EtlEquateur, totalement dans son droit, ne cdera pas. Sebastin Vallejo*

    * Sebastin Vallejo est ditorialiste El Telgrafo. Ce quotidien, fond en 1884, rachet parlEtat quatorien en 2008 lors de la faillite de la banque qui en tait propritaire, est lundes rares journaux progouvernementaux alors que la plupart des mdias, contrls par

    des capitaux privs, sont extrmement vhments lencontre du gouvernement Correa.

    OuiLa justice doit suivre son cours

    Dagens NyheterStockholm

    LEquateur a fait savoir quil accordait lasile Julian Assange. Legouvernement quatorien a justifi sa dcision en dclarant queJulian Assange tait un porte-drapeau de la libert dexpressionet quil ntait pas certain quil puisse bnficier dun procs qui-table en Sude. Le fait que la Sude et la Grande-Bretagne nepuissent garantir que Julian Assange ne sera pas extrad vers les

    Etats-Unis est lune des raisons principales qui ont motiv cette dcision.

    Rafael Correa, le prsident quatorien qui a t le premier proposerlasile Julian Assange , se rjouit visiblement dtre ainsi plac sous le feudes projecteurs de la scne internationale, et de pouvoir montrer du doigtlEurope et les Etats-Unis. Mais ses dclarations sur la libert dexpressionet la primaut du droit sonnent faux. Selon le dernier rapport de lorgani-sation Freedom House sur la libert de la presse dans le monde, lEquateurse caractrise par une culture du harclement envers les journalistes qui est enpartie le rsultat de lhostilit dclare du prsident Rafael Correa lgard desmdias. Et lorsque lorgane de surveillance de la corruption TransparencyInternational juge lindpendance de la justice pays par pays, lEquateurfigure la 130e place sur 142 (alors que la Sude se classe troisime).

    Rafael Correa fait partie des alter ego idologiques du prsident vn-zulien Hugo Chvez. Sil accorde lasile Assange, ce nest pas par amourde la justice ou de la libert dexpression, mais parce que le fondateur deWikiLeaks reprsente une pine dans le pied des Etats-Unis, et que RafaelCorrea voudrait bien lui aussi tenir ce rle.

    Par ailleurs, il est hors de propos de rclamer la garantie que JulianAssange ne sera pas extrad vers les Etats-Unis. La seule chose qui importe,

    lheure actuelle, cest de le faire entendre par la police sudoise au sujetdu crime dont il est accus en Sude. Le fait que les Britanniques laissententendre quils pourraient lever limmunit diplomatique de lambassadede lEquateur est fcheux, mais une telle opration est hautement impro-bable, car elle crerait un dangereux prcdent.

    Concrtement, la justice ne peut pas toujours suivre son cours. JulianAssange est accus de viol et dagression sexuelle sur deux femmes en Sude.Depuis bientt deux ans, il se drobe la justice sudoise. Ce qui signifieque ces deux femmes ne peuvent toujours pas faire valoir leurs droits. LaSude est un Etat de droit et lenqute sur laffaire sest conforme sesprincipes. Mais les dirigeants sudois ont parfois tenu des propos inconsi-drs, apportant de leau au moulin de ceux qui remettent en cause lind-pendance de nos tribunaux. Le dernier exemple en date est une dclarationdu ministre des Affaires sociales, [le chrtien-dmocrate] Gran Hgglund,qui a trait Julian Assange de salaud. Rien ne justifie que les reprsentantsdu gouvernement sudois se prononcent sur la personnalit de Julian Assange.

    Mais limportant est que la justice puisse suivre son cours et que ces

    deux femmes puissent faire valoir leur point de vue.

    ContexteLEquateur a accordle 16 aot lasilediplomatiqueau cofondateurde WikiLeaks JulianAssange, rfugi lambassadede lEquateur Londres depuisdeux mois.Le Royaume-Uniavait en effet dcidde lextrader versla Sude, o il doit treinterrog dans le cadredune affaire de viol

    et dagressionsexuelle. LEquateura fourni onze raisonsofficielles sa dcisionet notammentde srieux indicesaccrditantla probabilitde reprsaillesde la part du ou des

    pays qui ont produitles informationsrvles parWikiLeaks. Dans ltatactuel des choses,Julian Assangene peut prendrele risque desaventurer horsde lambassade

    de lEquateurpour quitterla Grande-Bretagnecar il risqueraitdtre arrtet extrad.

    Dessin de Tiounineparu dansKommersant,Moscou.

    Julian Assange doit-il tre extrad vers la Sude ?

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    Julin Castro

    LObamalatino

    La Nacin (extraits) Buenos Aires

    Il incarne le rve amricain,mais son histoire est criteavec la grce et la beaut mtissede ceux qui ont la langue espagnoledans le sang. Sa grand-mre Victoriatait analphabte. Fuyant le Mexique

    pour un avenir meilleur, elle devint

    cuisinire et femme de mnageaux Etats-Unis. Elle apprit seule lireet crire, dabord lespagnol,puis langlais. Elle donna naissance,aux Etats-Unis, une fille, Rosita, qui son tour mit au monde et leva seuledeux enfants, des jumeaux qui seressemblaient tellement quon auraitdit les deux moitis dun mme rve.Ils reurent des prnoms commenant parla lettrej: Julin et Joaqun. Insparables,sympathiques et entreprenants, les deuxfrres ont russi bien au-del de ce que leurgrand-mre aurait pu imaginer. Aprs leurstudes Harvard et Stanford, les deuxmeilleures universits du pays, ils se sontlancs en politique dans le camp dmocrate,

    qui nest justement pas trs puissantau Texas, Etat forte tradition rpublicaine.Et ils sont devenus deux figures qui psentlourd : Julin en tant que mairede San Antonio, la septime villedes Etats-Unis, et Joaqun en tant quedput de lEtat [depuis 2003].Mon histoire na rien dextraordinaire,cest ce pays qui est extraordinaire, rpte sanscesse Julin Castro. Car Julin,le petit-fils de la cuisinire qui s est fray

    un chemin grce son courage, estdevenu [en 2009], 37 ans, le mairele plus jeune de lhistoire des Etats-Unis et lun des 40 responsablespolitiques de moins de 40 ansles plus influents, selonle magazine Time. Aujourdhui,il est aussi une toile montantedu Parti dmocrate, etle prsident Barack Obamalobserve avec lattention,la curiosit etla bienveillance quisurgissent lorsquelon croit voir un refletde sa propreexprience.

    Nombreux sont

    Les gens

    Le prsident lobserveavec attention, curiositet bienveillance

    L.P

    ITARAKIS/AP/SIPA

    Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012 7

    Julin Castro.Dessin dAndrCarrilho (Portugal)

    pourCourrierinternational.

    ceux qui le considrent comme uncontrepoids potentiel au rpublicainMarco Rubio [dorigine cubaine], snateurde Floride la popularit croissante,pressenti un moment pour trele vice-prsident du candidat Mitt Romney.Julin Castro a ainsi t dsign commeprincipal orateur [il sera accompagnpar la premire dame, Michelle Obama]de la convention du Parti dmocrate [prvuedu 3 au 6 septembre], au cours de laquelleBarack Obama deviendra officiellementcandidat sa rlection. Cest la premire foisque les dmocrates confient cette tche une personnalit dorigine hispanique.

    Son discours sera coutpar les milliers de personnesrassembles pour loccasion Charlotte, la plus grande villede Caroline du Nord,

    et par des millionsde tlspectateurs. Cest un

    homme cl, pour un poste cl, un moment cl. Sil sedbrouille bien, sil russit simposer, il est probableque nous soyons face lhommequi pourrait devenir le premier

    prsident ou vice-prsidentdorigine latino dans lhistoire

    du pays, a dclar La NacinWalter Clark Wilson, professeurde sciences politiques

    luniversit du Texas San Antonio.Cet homme, qui sest soudain trouv

    sous les feux de la rampe, incarnelhistoire collective dun pays qui a dj

    lu un prsident noir mais qui est encoreorphelin de leaders hispaniques lchellenationale. Car le monde politique

    commence reconnatrele pouvoir grandissant du votelatino. Les deux partis dmocrate et rpublicain cherchent attirer lesHispaniques sans que celafasse fuir dautres lecteurs.En choisissant Julin,

    les dmocrates parient surson potentiel de dirigeant.

    Silvia Pisani

    Choyangkyi

    La Tibtaineen bronze

    Alheure des bilansolympiques, latroisime place deQieyang Shenjiedans lpreuve fmininedes 20 kilomtres marche, le

    11 aot, figure parmi les 23 mdailles de bronzechinoises. Mais sur le podium, le sourirede Choyangkyi (son nom tibtain) raconte

    une autre histoire. Celle de la premire athltetibtaine participer aux JO ; celle dune jeunefemme de lAmdo lune des trois rgionsdu Tibet historique qui en profite pourdcrocher le bronze. La communaut tibtainea aussitt revendiqu cette mdaille. Le webet les rseaux sociaux sont entrs en bullition.Courrier international publie en exclusivitla traduction dun pome diffus sur un blogqui dit combien la mdaille de Choyangkyinourrit la fiert et lhonneur du Tibet. Alorsque les immolations par le feu de Tibtains(50 en deux ans et demi) se sacrifiantpour protester contre la main de fer de Pkincontinuent dans une relative indiffrence,Choyangkyi les aide redresser la tte.

    Quelquun ta appele, tu nas pas prt attentionTu nas pas rflchi ce quil disaitTu as dpos dans les annales historiquesdes Tibtains visage rougeLempreinte dun nouveau record.Comment est le temps l-bas, aujourdhui ?Comment te sens-tu, aujourdhui ?Tous les frres humains des deux hmisphresTont observe avec attentionTu portes ltendard dun pays puissantMais tu arbores lardeur dun peuple sageet courageuxJai implor avec force le ciel, pour quil te protge,Dans lespoir que tu tappropries une victoireclatante.De part et dautre du stade,As-tu vu les drapeaux avec le lion [le drapeautibtain, interdit en Chine] ?

    Pendant toute la dure de ta course,Tous les satellites et les mdias tont regarde.Bien que tu sois membre de lquipe de ChineBien que tu naies pas prcis que tu tais tibtaine,Ton sourire radieux arbor pendant touteta courseA manifest une caractristique bien tibtaine.Ce jour o tu as obtenu la victoireEst un jour de gloire pour lhistoire du TibetLa mdaille que tu as gagne aujourdhuiEst un drapeau grce auquel les Tibtainsredressent la tte.Ta victoire a nimb le Tibet de soleilTon sourire a montr la voie aux TibtainsTa victoire peut tre compte comme une victoiretibtaineEt je souhaite que ton avenir soit empli de lumire.

    Shitsang Jangnyug

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    A suivreCourrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012 9

    Syrie

    Larme dAssadsurveille par lAllemagneLAllemagne joue dans le conflit syrien[voir notre dossier pp. 26 31] un rleplus important quon ne le savait jusquici.Un navire croisant en Mditerrane,lOker, quip des technologiesdespionnage les plus modernes, permetdobserver les mouvements de troupesjusqu 600 kilomtres lintrieur dela Syrie, a rvl Bild am Sonntagle 19 aot. Les informations seraientensuite transmises aux services secretsamricain et britannique, etparviendraient lArme syrienne libre.Selon le tablod, des agents durenseignement allemand (BND) sont

    aussi prsents sur la base de lOtandAdana, en Turquie, et des contactsmaintenus dans lentourage du prsidentAssad. Malgr le dmenti du ministrede la Dfense, les dputs de loppositionsinsurgent Berlin de cetteparticipation masque la guerre, sansconsultation du Bundestag, et donc illgale.

    Etats-Unis

    Un avant-gotde prsidentielleUn avenir meilleur, cest le thmeretenu pour la convention rpublicainequi se tient du 27 au 30 aot Tampa,en Floride, rapporte The Palm BeachPost. Cest durant cette convention,qui devrait rassembler prs de50 000 supporters, que le candidatrpublicain Mitt Romney, vainqueurdes primaires, ainsi que son colistier, letrs conservateur dput du WisconsinPaul Ryan, seront officiellementdsigns pour reprsenter le parti

    conservateur llection prsidentielledu 6 novembre. La conventiondmocrate se droulera, elle, du 4au 6 septembre en Caroline du Nord.

    Russie

    Clmence pourles Pussy Riot ?

    Les trois jeunes femmes du groupepunk fministe Pussy Riot, endtention provisoire depuis presquesix mois pour une prire anti-Poutinedans une cathdrale de Moscou, ont tcondamnes le 17 aot deux ans dedtention pour hooliganismeprmdit, incitation la hainereligieuseet insulte aux sentiments descroyants, rappelle le journal en lignerusseVzgliad. Rejetant toute demandede grce prsidentielle, les jeunesfemmes sapprteraient faire appel.Selon le quotidien KomsomolskaaPravda, le tribunal pourrait alorsrduire leur peine de moiti et lesrendre leurs enfants et leurs proches.

    Extrme-Orient

    Des lotstrs disputsLes conflits territoriaux du Japon avec laCore du Sud et la Chine senveniment :la visite, le 10 aot, du prsident sud-coren sur larchipel Dokdo (Takeshimaen japonais) a mis Tokyo en colre. Les

    deux Etats se disputent depuis la fin dela Seconde Guerre mondiale ces lots enmer du Japon (mer de lEst pour lesCorens). Le gouvernement japonaisenvisage de porter ce diffrend devant laCour internationale de justice, annoncelAsahi Shimbun.Autre litige, celuides les Senkaku (Diaoyu en chinois),situes en mer de Chine orientale :14 militants chinois y ont accostle 15 aot, avant dtre renvoysen Chine par les gardes-ctesnippons. Depuis,les manifestationsantijaponaisesse multiplienten Chine.

    Mexique - Etats-Unis

    La paix,pas les armesLa Caravane mexicaine pour la paix, quitraverse les Etats-Unis pour dnoncerlchec des politiques bilatrales delutte contre la drogue, a visit le18 aot une foire aux armes Albuquerque (Nouveau-Mexique),rapporte Proceso. Loccasion pour lepote mexicain Javier Sicilia, qui dirigele Mouvement pour la paix, dednoncer le fait quaux Etats-Unis lesarmes sachtent aussi facilement que desbonbons. La plupart des armes utilisespar les cartels mexicains proviennentdes Etats-Unis. Et la guerre contre cescartels de la drogue a fait plus de

    60 000 morts au Mexique en six ans. LaCaravane pour la paix ( suivre grce auwebdocumentaire U.S. Caravana surwww.courrierinternational.com) doitarriver Washington le 12 septembre,en pleine campagne lectorale.

    Afghanistan

    Les insurgs infiltrssment la mortNeuf soldats amricains ont t tusdepuis le 9 aot par des Afghans portantluniforme de larme nationale,sinquiteThe Washington Post. Cesattaques ont fait 40 morts parmi les

    membres de la coalition en huit mois etfragilisent la collaboration militaire avecles forces de lOtan. Le chef de larmeafghane, le gnral Karimi (ci-contre),

    a assur aux Amricains que lasurveillance de ses troupes seraitrenforce tous les niveauxafin que soient reprs lesinsurgs. Le mollah Omarsest quant lui flicit de larussite des infiltrations et a

    exhort les serviteurs delEtat abandonner

    leur soutien auxenvahisseursafindassurer la victoiredes talibans.

    Rpression Le 16 aot, la police a tir sur les grvistes de lamine de platine de Lonmin Marikana, faisant 34 morts et78 blesss. Il sagit du pire massacre policier depuis la fin delapartheid, en 1994, rappelle le Mail & Guardian.

    SIP

    HIWESIBEKO/REUTERS

    SIPA/AP

    MOHAMMADISMAIL/REUTERS

    PASCALESEGRETAIN/GETTYIMAGES/AFP

    OSLIMWAGNER/AP/SIPA

    Thida Saw, directeur depublication dun journal birman

    PrudentNous pourrons crire pluslibrement, car nous nauronsplus soumettre nos crits la censure, mais dans lemme temps les directeursdes rdactions devrontprendre leursresponsabilits.Legouvernement birman asupprim la censure, mais lesjournalistes devront continuerde respecter un code de

    conduite qui interditnotamment les atteintes la

    dignit de lEtat.(The Irrawaddy, Chiangmai)

    Michelle Obama, premiredame amricaine

    EngageCe nest pasSpiderman, il abesoin de votre

    aide, a-t-elleaffirm propos deson mari lors dune

    runion de collectede fonds

    Beverly Hills.

    (Maison-Blanche,Washington)

    Rodrigo Basilicati, architecteitalien et neveu de Pierre Cardin

    EsthteMon oncle naurait jamaisdessin quelque chose de banalet cette tour est typiquementPierre Cardin.Le grand couturierfranais dorigine italiennesapprte offrir sa rgion natale,la Vntie, le palais Lumire,une tour ultramoderne quilsouhaite construire 7 kilomtresdu centre historique de Venise.Cette tour, qui sera visible du palaisdes Doges, suscite de vives

    polmiques.(Corriere del Veneto, Italie)

    Alexandre Loukachenko,prsident de la Bilorussie

    ParanoaqueLes athltes de son paysnont pas rempli les objectifs,remportant seulement13 mdailles, au lieu des 25quil avait exiges.Aujourdhui, le sportnest que salet et corruption,assure le dictateur, quiprside le Comit olympiquebilorusse. Les juges favorisentceux qui paient le plus. Ilsdtruisent les sportifs et

    humilient les Etats.(Agence Belta, Minsk)

    Todd Akin,candidatrpublicainau Snat

    PntrantSil sagit dunvrai viol, le corps dela femme a les moyens de serefermer face lassaillant,affirme-t-il, prcisant que lafemme viole ne doit pas avorter sielle tombe enceinte. Il faut punirle violeur et non lenfant.Plus de 30 000 Amricainestomberaient enceintes, chaque

    anne la suite dun viol.(Los Angeles Times, Etats-Unis)

    Afrique du Sud

    Ils ou elles ont dit

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    En couverture

    Alors,on bouge ?

    Les cen t pre mie rs jou rs de Fran oi s Hol lande lElyse nont pas rassur outre-Rhin. En pleinecrise de leuro, Berlin voudrait que Paris soit plusdynamique et plus entreprenant. Le prsi-dent nest pas seul en cause. Vu dAllemagne,cest la socit franaise tout entire quirsiste au changement.

    La presse allemande simpatiente

    10 Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

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    survivent des choses que lon ne retrouve nullepart ailleurs en Europe. Sur le plan politique, laFrance a conserv lancienne division droite-gauche que le tournant de 1989 a enterre surle reste du continent. Citoyens, politiques,mdias, tout le monde sait o il se situe. EnFrance, les deux camps clbrent leur opposi-tion idologique alors que les lignes de dmar-cation sont de plus en plus floues dans les autrespays. En mme temps, des deux cts, on croitautant au pouvoir rgulateur de lEtat qui peut,et mme doit, diriger lconomie. Le rflexe pro-tectionniste est aussi profondment ancr droite qu gauche. La peur de la mondialisationest un phnomne national, 60 % des Franaiscraignent les dlocalisations.

    Les Franais sidentifient volontiers ce petitvillage gaulois qui rsiste encore et toujours lenvahisseur sauf que, contrairement Astrixet Oblix, ils ne disposent pas de potion magique.En mme temps, les sondages montrent quilssont galement le peuple le plus pessimiste.Cest l tout le paradoxe : alors quils sont bienconvaincus que le ciel va leur tomber sur la tte,il nest pas question pour eux de faire quoi quece soit pour limiter les dgts.

    Face la crise, la France sobstine plus quejamais affirmer sa spcificit. Prs de deux centvingt ans aprs avoir guillotin leur roi, les Fran-ais traitent toujours leur prsident comme unmonarque. Ds lors, comment parler de chan-gement ? Les Franais croient toujours que lemonde se plie la reprsentation que lon senfait. Cette vision a quelque chose de sduisant.

    Cest une tentative pour ramener de lordre dansun monde o rgne le chaos.

    Au monde de sadapterEn Allemagne aussi, on parle rgulirement maisavec drision de la grande nation voisine. EnFrance, personne na jamais eu besoin de justi-fier ce titre. Les Franais sont depuis toujoursconvaincus dtre lune des nations les plus impor-tantes du globe. Toutefois, en insistant sur cepoint, Franois Hollande montre peut-tre quecette certitude nen est plus une aujourdhui. Ilconnat bien le caractre des Franais, ainsi quentmoignent ses multiples rfrences au pass pen-dant la campagne. De la Rvolution franaise Franois Mitterrand, le prsident na cess din-voquer des personnages emblmatiques de lhis-

    toire de France. Sa vision de la France est

    Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012 11

    Le changement, pas maintenant !

    Franois Hollande aura biendu mal tenir ses promessesde campagne. Selon le prestigieuxmagazine de Hambourg, la Franceest trop amoureuse de son passpour oser se rformer.

    Der Spiegel (extraits) Hambourg

    I

    l y a quelques semaines, Franois Hollandese trouvait dans les jardins de lambassadede France Rome. Laprs-midi, il avaitrencontr Mariano Rajoy, Mario Monti etAngela Merkel, et avait encore une foisexprim son opposition au plan de

    rforme prn par Berlin. Le soir, il pronona

    un discours dplorant amrement le dclindu franais comme langue internationale. Despropos qui rsonnaient dune trange nostalgie,comme sil esprait faire barrage la domina-tion mondiale de la langue anglaise.

    Ces deux commentaires sont plus troite-ment lis quon ne pourrait le croire premirevue. Si la France est un partenaire europen sidifficile aujourdhui, cest parce que FranoisHollande reprsente un pays vieillissant et dses-prment attach son pass. Les Franaisvivent dans le souvenir de leur histoire. Ils ontbeau tre conscients des difficults actuelles, ilsrefusent de changer. La France est la cinquimepuissance conomique mondiale et les investis-seurs sont encore prts payer pour lui prter delargent. Toutefois, elle fait galement partie de

    la zone conomiquement sinistre de lEurope.Le pays perd rgulirement en comptitivitdepuis les annes 1990, le taux de chmage

    a dpass les 10 % etla dette publiquereprsente 89 %du PIB. Certes, laFrance est encoreloin de traverserune crise comme

    celle qui svit enEspagne ou en Italie mais elle pourrait un joursubir le mme sort si elle ne ragit pas rapide-ment. Cest pour cela quelle joue un rle si impor-tant dans le sauvetage de leuro.

    Le problme de la France, cest quelle nar-rive pas dcider si elle veut se ranger parmi lespays du nord de lEurope ou parmi ceux du sud.

    Dun double point de vue politique et cono-mique, la France rivalise avec lAllemagne dunemanire qui confine lobsession. Ses respon-sables se croient la tte de la plus grande nationeuropenne. Mais les Franais sont galementattachs leur atavisme mridional : ils se voientcomme un pays mditerranen, ils sont fiers deleur art de vivre et se sentent suprieurs auxAllemands, et au reste du monde.

    Cette dualit est visible au quotidien Paris :ici, il est inconcevable de travailler sans sat-tarder autour dun long djeuner et certainsemploys ont plus de quarante jours de congs.En mme temps, les journes de travail sont sou-vent plus longues quen Allemagne et il existeune solide conscience de soi au niveau des litesqui sacquiert dans les grandes coles et les

    meilleures universits.

    En revanche, allez faire un tour en province,dans les petits villages de Corrze, lanciennecirconscription de Franois Hollande, et vousaurez limpression que le temps sest arrtdepuis des dizaines dannes. Cette France dupass est la fois fascinante et dsesprante.Cest une France qui ne voit aucune raison desadapter au reste du monde et se montre parti-culirement entte quand celui-lui lui demandede changer.

    Normal veut dire comme avantLa France veut avoir son mot dire dans lesaffaires du monde, mais seulement si elle peutdonner le ton et fixer ses conditions, comme lpoque o elle tait une vritable puissance

    mondiale. Si la France peut encore faire la guerreen Libye, aucun de ses gouvernements nest par-venu rduire les cotisations sociales.

    Il est particulirement rvlateur de noterque Franois Hollande nutilise jamais le motrforme quand il parle de reconstruire la puis-sance conomique du pays. Il prfre parler deredressement. Cela nvoque pas lide deffortmais plutt celle de trouver le bon traitementpour gurir un malade.

    Depuis son arrive au pouvoir, Franois Hol-lande est en partie revenu sur les quelques vri-tables rformes structurelles engages par legouvernement prcdent. Lge de la retraite at rabaiss pour un certain nombre de tra-vailleurs et ceux qui voudront travailler plus queles 35 heures lgales devront payer des charges.Le nouveau prsident ne tient pas ncessaire-

    ment rduire les dpenses publiques (56 % duPIB) ou les cotisations sociales (50 % du salairebrut), il est visiblement moins proccup par leniveau des dpenses de lEtat que par ses faiblesrecettes. Voil peut-tre ce que signifiait sa pro-messe dtre un prsident normal, normalsignifiant comme avant.

    La France est un pays fondamentalementconservateur. Cela fait partie de son charme. Ici

    Dessin de Mix &Remixparu dansLHebdo, Lausanne.

    La France est un paysnostalgique et narcissique,qui se voudrait du Nord quand

    son cur appartient au Sud 12

    Dessin de Sondronparu dans LAvenir,Namur.

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    Les cent premiers jours de FranoisHollande ont apport un stylede prsidence tranquille qui faitdu bien au pays. Les trois prochainsmois diront si son action rpondtoujours aux attentes des Franais.

    Sddeutsche ZeitungMunich

    La gauche aimait dire de Nicolas Sar-kozy quil tait un hyperprsi-dent, un homme qui prend toutesles dcisions et dirige la France pourle moins activement. Mais prsentles conservateurs contre-attaquent.

    Le pays serait gouvern par un hypoprsident,plaisantent-ils, ce qui la fois signifie sous-pr-sident et suggre que le nouveau chef dEtatserait mou comme un hippopotame.

    Cela fait maintenant un peu plus de centjours que Franois Hollande a vaincu son rivalNicolas Sarkozy. Et depuis le style du gouver-nement a chang du tout au tout. Tandis queSarkozy entretenait une atmosphre dtat dur-gence permanent, Hollande agit posment. Illaisse son Premier ministre grer les affairescourantes et les Franais discuter des rformes,

    il est parti passer ses vacances sur la Cte dAzur,dans une rsidence de lEtat. Ce style de prsi-dence tranquille fait du bien au pays fini lagres-sivit et lagitation des annes Sarkozy. Pourtant,un jour ou lautre, il ne suffira plus de jouer lesanti-Sarkozy, Hollande devra dire ce quil veut.

    Le bilan de ses cent premiers jours ne donnegure dindices. Hollande a certes pris quelquesdcisions symboliques, notamment en rdui-sant le salaire du prsident. Il a content lagauche en revenant partiellement la retraite 60 ans et en augmentant les impts des richeset des banques, et ceux sur les successions. Maisles grandes rformes comme la refonte massivedu systme fiscal, annonce durant la campagne,il les a repousses lautomne.

    Une chose est sre, jusqu prsent, le nou-

    veau prsident socialiste na pas commis de grave

    erreur. La Bourse ne sest pas effondre, lesagences de notation nont pas perdu la raison.Mme du ct europen, les choses ont tmoins dramatiques que ce que lon redoutait,avant tout Berlin.

    Certes, le prsident flirte avec les pays mdi-terranens endetts et reste froid face lAlle-magne. Lors du sommet europen de juin,lorsque Italiens et Espagnols ont injustementattaqu Angela Merkel, il na pas lev le petit

    doigt. Mais sur les questions essentielles, il asuivi le cap dAngela Merkel. Il accepte pr-sent le pacte budgtaire europen, quil fera rati-fier tel quel par le Parlement. De plus, il souhaitefaire des conomies budgtaires, et entendrduire le dficit de 2013 3 % du PIB.

    Mais cest justement l que les problmescommencent. Avant les vacances, la Cour descomptes a expliqu quil manquait 33 milliardsdeuros pour atteindre la barre des 3 %. Or depuisla situation sest aggrave. La rcession menacele pays. Et si Hollande veut tenir sa promesse etfaire des conomies, il devra demander beau-coup defforts ses concitoyens lautomne.

    La France se voit comme le pays de la raisonet les Franais ne sont pas des rveurs. Ils sontprts faire des sacrifices si ceux-ci paraissentsenss et quitablement rpartis. Mais le prsi-

    dent doit encore rpondre des questionsessen0 dix ans ? Comment conserver son co-teux Etat social ? Comment faire payer davan-tage les riches sans les faire fuir ? Commentrendre les entreprises plus comptitives ? Enpolitique europenne aussi, Hollande devra sepositionner clairement, expliquer quelle valeuril accorde leuro, et sil veut dune union poli-tique ou non. Se prononcer en faveur de plus decroissance et demploi en Europe nest pas suffi-sant qui ne le veut pas ?

    Les cent prochains jours devraient dire siHollande peut devenir un prsident fort. Il nefaut pas le sous-estimer : qui bat Sarkozy a dupotentiel. Du reste, les hippopotames ne semontrent-ils pas tonnamment agiles et agres-sifs ds quils sortent de leau ?

    Stefan Ulrich

    En couverture Alors, on bouge ?12 Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

    Monsieur lhypoprsident

    comme un clich pass au filtre rtrodHipstamatic sur un iPhone.

    Comment les Franais peuvent-ils espreroffrir une nouvelle image deux-mmes endemeurant cramponns leurs vieux clichs ?

    Rtrospectivement, lappel de certains Fran-ais demandant vers la fin de lanne dernire prendre exemple sur lAllemagne et rfrnerleur tropisme pour le Sud, ressemblait unrve veill. Pendant une brve priode, lemodle allemand est devenu une sorte de for-mule magique. Lide venait de Nicolas Sarkozyet on entendit alors les chauffeurs de taxi, lespetits commerants et les intellectuels de toutle pays faire les louanges de leurs voisins doutre-Rhin. LAllemagne tait cool. Pendant ces quel-ques semaines, les Franais ont imagin ce quecela ferait dtre diffrents. Tout cela pourdcouvrir quils voulaient tre tout sauf alle-mands. Lengouement a reflu rapidement etcd la place un sentiment de rivalit. Depuisson lection, les mdias franais semblent sur-tout proccups de savoir si leur nouveau pr-

    sident parviendra faire plier la chancelireallemande.

    Tout sauf allemandsLAllemagne reste le point de rfrence ultimedes Franais, celui auquel ils ne cessent de semesurer. Ils sont comme obsds par leurs voi-sins. Ils ont toujours eu du mal comprendrece peuple qui leur parat tellement plus srieux,plus carr et plus rigide queux. Depuis que lacrise de leuro a un peu plus rapproch les deuxpays, les Franais ne pensent plus qu lAlle-magne. Les journalistes allemands ne cessentde recevoir des invitations pour venir parler deleur pays la tlvision franaise. De toute vi-dence, la France souffre dun complexe dinf-riorit envers lAllemagne.

    Lorsque lagence Standard & Poors a retirson triple A la France, les Franais semblaientsurtout souffrir du fait que lAllemagne avaitconserv le sien. Lorsque la mme agence arcemment plac la note de lAllemagne soussurveillance, les journaux franais se sontempresss de relayer la bonne nouvelle. LaFrance voit lAllemagne comme son exactoppos. Les Allemands ne contemplent leurpass que pour mieux se rappeler de ce quils neveulent plus jamais tre. LAllemagne est cram-ponne au prsent. La chancelire ne dirigepas son pays depuisles ors dun palaisprsidentiel. Vuede Paris , l A lle-magne est un paysexcessivement moderne

    o rgne le libralismeconomique dans toutesa brutalit. Cela en ditgalement long sur laFrance elle-mme, paysnostalgique, narcissiqueet charmant la fois. Unpays qui se voudrait duNord mais dont lecur appartient auSud. La France ne seconformera aux d-sirs de personne,elleat tend le jour olEurope se confor-mera aux siens. Commetoujours.

    Mathieu von Rohr

    Merkollanderuni

    Jeudi 23 aot, lachancelire allemandedevait recevoir Berlin son homologuefranais, pour dbattrede la situationen Syrie, mais ausside la crise de la zoneeuro. Selondes informationsdu journal Welt amSonntag, les deuxdirigeants resteraienten dsaccord surles aides apporter la Grce.Angela Merkelsopposerait toutnouveau plan daide Athnes, refusantdaccorder un dlaisupplmentaireau pays pour assainirses finances.Angela Merkelet Franois Hollandepourrontgalement discuter sparment dece dernier sujet avecle Premier ministregrec : Antonis Samarassera de passagele 24 aot Berlinet le 25 aot Paris.

    Dessin de Horschparu dansHandelsblatt,Dsseldorf.

    Dessin de Cajasparu dansEl Comercio, Quito.

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  • 7/28/2019 [RevistasEnFrancs] El Mensajero Internacional - del 23 al 29 de agosto de 2012

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    Obnubils par le modle allemand,les Franais ont perdu toutecrativit. Les dboires de PSA lontencore durement rappel cet t.

    Die Welt (extraits) Berlin

    Juin 2008. Franois Hollande vientdaccder la prsidence du conseilgnral de Corrze, et un cruelexercice dautodrision choque lesFranais. Dans un spot publicitaireparticulirement russi, Citron pr-

    sente sa nouvelle berline, la C5, comme un vhi-cule intrinsquement allemand ce miracleprs quil est fabriqu en France.

    Le hros du petit spot a toutes les caract-ristiques de lAryen. Il a les cheveux blonds, lesyeux bleus, possde un chteau dans les montsde Bavire et roule au son de la Chevauche desWalkyries de Wagner. Il fonce Berlin paraderavec son carrosse devant la porte de Brandebourget le stade olympique nazi. Il se flicite cestlobjet de la publicit davoir trouv dans laCitron C5 la voiture allemande par excellence.

    A travers ce spot, les publicitaires exprimentune grande vrit : la deuxime gnration dela C5 tait une jolie variation sur l Audi A4, avecun soupon de BMW. Nosant pas diffuser lapublicit dans lHexagone, les Franais lont faitpasser dans les cinmas anglais avec succs,mme si une poigne de dputs travaillistesont pouss des cris dorfraie, jugeant malsant

    de jouer ainsi avec lesthtique nazie. En Francegalement, Citron a reu des milliers de lettresde dolances. Elles tmoignaient aussi de lor-gueil bless des Franais. Le fait quune marquehistorique comme Citron juge ncessaire des-tampiller allemand le fleuron de sa gammetait vcu comme une humiliation.

    Le dclin de lindustrie automobile franaiseest rvlateur dun grand nombre de problmesdans lesquels se dbat aujourdhui le pays. Aprsla guerre, les Franais ont sign, avec la 2 CV etla DS, deux vhicules la fois originaux, nova-teurs et viables sur le plan commercial. De sonct, Renault a dvelopp la 4L et, dans lesannes 1960 et 1970, Peugeot a fait dessiner par

    Pininfarina des coups et des cabriolets quifurent parmi les plus affriolants de lpoque.Rien ntait alors plus chic aux yeux de la classemoyenne suprieure quun cabriolet 404 ouquun coup 504. Plus flamboyante encore, laCitron SM, quipe dun moteur Maserati, maisqui na hlas t produite que pendant cinq ans.

    Des problmes de mise au point et de qualitdes motorisations, ainsi quun prix trop lev,lont empche de rencontrer le succs. Idemavec la CX : malgr des lignes sduisantes, ellentait techniquement plus en phase avec sontemps et dj trs loin des standards allemands.

    Que PSA doive aujourdhui supprimer8 000 postes est rvlateur de la crise identi-taire traverse par lindustrie automobile fran-aise. Auparavant, les voitures franaises, quonles aimt ou non, taient instantanment recon-naissables, comme la Parisienne BCBG lestencore aujourdhui. Elles taient les symbolesambulants dune nation lgante, fire et obsti-ne, qui tait persuade, non sans une certaine

    arrogance, que Paris tait le nombril du mondeet que lart de vivre la franaise tait lacm dela civilisation. Comme dans lautre grande puis-sance coloniale, lAngleterre, on regardait volon-tiers dans le rtroviseur pour se repatre delclat des jours passs.

    Les nouveaux tats dme des Franais, qui

    ne datent pas de larrive de Nicolas Sarkozy etde ses chaussures talonnettes, dcoulent de lamultiplication des entorses aux symboles.Chanel est aux mains dun Hambourgeois [KarlLagerfeld], Dior dun Belge [Raf Simons]. Lgedor du cinma franais semble tout aussi rvoluque la suprmatie de la littrature et de la phi-losophie franaises en Europe. Avec la dispari-tion de grands penseurs comme Michel Foucault,Roland Barthes ou Jacques Derrida, les Franaisont dsert les centres de gravit intellectuels,dsormais occups par des Slovnes, des Alle-mands et des Amricains. Dans les arts plas-tiques, les Franais, jadis icnes de la modernit,sont aujourdhui relgus au second plan. Et,pendant ce temps, les problmes du pays sontdevenus de plus en plus criants.

    Peu de pays de lEurope en crise ont pass

    sous silence leurs problmes conomiquesautant que la France. Le pays est dans le dni,titrait rcemment The Economist. Lancienministre amricain des Affaires trangres DeanAcheson a dclar jadis propos dune Angle-terre en plein doute existentiel : La Grande-Bre-tagne a perdu un empire et na pas encore trouv derle.Grce Maggie Thatcher, elle sest trouvcelui de banquier de la plante.

    LAngleterre des annes 1970 tait bien plusmal en point que ne lest aujourdhui la France et mme lAllemagne, ancien enfant maladede lEurope, est la preuve que des annes dedoute et dautocritique peuvent changer un per-dant en gagnant. Mais il faut pour cela que lesFranais ouvrent le dbat. En diffusant le spotCitron, par exemple.

    Ulf Poschardt

    Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012 13

    Le temps des ersatz

    Occups commenter les dboiresde PSA Peugeot Citron, l es Franaisen oublieraient presque que, de lautrect du Rhin, tout ne roule pasau mieux pour Opel. Le constructeurallemand, lui aussi en surcapacit,envisagerait de recourir au chmagepartiel dans son usine de Rsselsheim,son plus gros site de productionen Allemagne, situ prs de Francfort-sur-le-Main. Cest donc avec grandesatisfaction que, dbut aot,

    la Frankfurter Allgemeine Zeitung(FAZ) a rvl que PSA pourraittransfrer une partie de sa productionen Allemagne : Lamricain GeneralMotors a tout fait raison de vouloir

    faire cooprer plus troitement

    sa filiale Opel et le groupe Peugeot,

    dont il est actionnaire. Il a visiblement

    en tte de rationaliser le systmede production, voire, plus long terme,

    de faire fusionner les deux s ocits.

    Selon un rapport confidentiel que sestprocur le quotidien de Francfort,General Motors compterait faireproduire Rsselsheim la Citren DS5 partir de 2015, et la Peugeot 508 partir de 2016. Les sites de Sochauxet de Rennes seraient menacs.Concentrer la production de toutes

    les berlines de classe moyenne

    Rsselsheim semble tomber sousle sens, insiste le quotidienconservateur.Opel et PSA pourrontainsi rpartir le cot de dveloppement

    de nouveaux modles sur un plus

    grand nombre de voitures vendues

    et ponger leurs milliards deurosde pertes.Mais les Franais ne

    renonceront pas facilement assembler sur leur sol la DS5, vhiculeemblmatique autrefois surnomm laDesse. LaFAZredoute quils nexigenten change de produire en Francedes modles Opel. Cela signifieraitla fermeture de lusine de Bochum,

    en Rhnanie-du-Nord-Westphalie,fait-elle observer. Elle prsente commede mauvais augure le plan de sauvetagepour lindustrie automobile dvoilpar le gouvernement franais

    le 25 juillet. Celui-ci prvoitdaugmenter le bonus l achatde vhicules lectriques ou hybrides etde soutenir financirement les acteursdu secteur qui seraient en difficult.Les mesures anticoncurrentielles

    cotent cher et, finalement, portent

    prjudice tous,conclut la FAZ.

    On en parle

    Bientt une DS allemande ?

    Dessin deVincentLEpeparu dans

    LExpress, Neuchtel.

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    Et si la fin de lre Merkozy donnaitun nouvel lan la constructioneuropenne ? Le point de vue delAllemande Ulrike Gurot, patronnedu bureau berlinois du Conseileuropen des relations trangres,un think tank europen.

    Die TageszeitungBerlin

    Faut-il se faire du souci pour le couplefranco-allemand quand, lors du derniersommet de leuro, Franois Hollande tentede prendre Angela Merkel en dfaut[voir contexte ci-contre] ?Ulrike Gurot Non. Ce qui sest pass fin juin

    Bruxelles nest gure positif sur le plan desmotions, videmment. En revanche, pour lEu-rope, les disputes du couple franco-allemandont du bon. Une symbiose trop troite laMerkozy est mauvaise parce que les dci-sions franco-allemandes sont perues commedes diktats par les autres pays. Ce sont toujoursles querelles franco-allemandes qui ont permisdlaborer des compromis qui laissent une placeaux petits pays.

    Le fait que les membres du couplefranco-allemand ne soient pas du mmebord politique aura-t-il des consquencessur le sauvetage de leuro ?La politique de parti na jamais jou aucun rle.Au contraire : depuis Adenauer et de Gaulle, les

    chanceliers et les prsidents ont toujoursdfendu des politiques de parti contraires. Cestprcisment l qua rsid la force de leuralliance. Et cest cela qui permettra Merkel etHollande de sortir de la crise actuelle. Aujour-dhui, ils doivent poser les fondements dun nou-veau contrat social europen qui redfinisse lesrapports entre lEtat et le march et entre lecapital et le travail.

    Mais tout ce charivari autour de leurone nous montre-t-il pas quel pointil est difficile de faire un pas en avantvers plus dEurope ?Oui, mais cela nous montre aussi que nous nesauverons notre monnaie quen faisant leschoses jusquau bout : nous formons mainte-nant la zone euro, un espace conomique agrg,

    dont les membres doivent se mettre daccordsur la faon de se porter ensemble garants deleur monnaie et sur la faon de dpenserensemble leur argent. Cela ncessite un effortpolitique considrable si nous voulons vrai-ment y parvenir. Le temps des solutions pure-ment techniques est fini. Il faut plus dhonntetdans ce dbat. Nous devons imaginer une Rpu-blique europenne. Pour cela, il faut dabord quelAllemagne et la France sunissent, et trouventpour la dmocratie europenne un compromisentre le modle franais, de type plutt excu-tif, et le modle allemand, tendance parle-mentaire.

    Comment convaincre les Allemands,trs attachs leur Constitution, quil est

    formidable davoir un prsident fort ?

    Je ne suis pas nave. Jai conscience des pro-blmes qui se posent. Mais nous ne pourrons

    pas conserver ce que nous avons construit sinous ne profitons pas de la crise pour conce-voir une dmocratie et une politique intrieureeuropennes. Sans cela, lUE se dtricotera :dabord la monnaie, puis le march commun,

    puis Schengen sans parler de la politique ext-rieure europenne.

    Au vu de tous ces diffrends, la symboliquede lamiti franco-allemande ne parat-ellepas exagre et creuse ?Cest pour cela quil importe, au-del des aspectssymboliques, de faire des propositions concrtespour une nouvelle Europe lide dune alloca-tion chmage europenne en est un exemple.Et il faut dire aux Allemands quils ne serontjamais une grande Suisse au cur de lEurope.Si leuro explose, lAllemagne y laissera desplumes. Ces dernires semaines, on a par ailleursvu quel point les Franais sont rticents laproposition allemande dune union politique.

    Il faudrait donc que limpulsion viennedAllemagne ?Le ministre des Finances, Wolfgang Schuble, a

    dj mis lide dun rfrendum [pour amna-ger la Constitution allemande, de faon assu-rer un transfert de comptences vers Bruxelles].Nous avons besoin dun plus dEtat europen,et le chemin qui y mne passe par un plbisciteeuropen. Pour cela, la premire occasion, parexemple ds le cinquantime anniversaire dutrait de lElyse, en janvier prochain, nousdevons poser un document sous le nez des Fran-ais en leur disant : Voil le degr dintgrationpolitique que nous voulons et vous ? Il en vade la dmocratie europenne. Si nous voulonsvraiment plus dEurope, nous devons faire entrerla Rpublique europenne par la porte de devant,et cesser de vouloir lintroduire par une entredrobe, clopin-clopant. Cest cela mme quimne au populisme. Propos recueillis par

    Ulrike Winkelmann

    En couverture Alors, on bouge ?

    14 Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

    Les disputes avec Hollande ont du bon

    Dessin de Krollparudans Le Soir, Bruxelles.

    Contexte

    Durant la campagne

    prsidentiellefranaise, FranoisHollande avait clamhaut et fort son dsirde battre en brchela politique daustritprne par AngelaMerkel et soutenuepar Nicolas Sarkozy,son prdcesseur lElyse. Frachementlu, il a profit dunsommet de la zoneeuro, les 28 et 29 juin,pour raffirmer sesvues. Il a ainsi soutenumordicus, malgrloppositionde la chancelireallemande, lmission

    deuro-obligations(eurobonds) :des obligationsqui seraient mises encommun par les paysde la zone euro pourlimiter la spculation,en pleine crisede leuro, sur la dettedes Etats les plusen difficult commela Grce ou lEspagne.Une tellemutualisation de ladette est videmmentdfavorable lAllemagne,ds lors contraintede se porter garantepour les pays du sud

    de lEurope et obligedemprunter des taux plus levssur les marchsfinanciers.

    LeFinancial Times Deutschlandappellecela le paradoxe Hollande: Le nouveauprsident prie riches et entreprises de passer

    la caisse. Mais ce ne sont l que des

    prliminaires socialistes pour prparer les

    Franais un programme daustrit au sortirde lt, ainsi qu une politique plus favorable

    au secteur conomique.Le quotidienfinancier de Hambourg ne craint pasde lcrire : Franois Hollande marchesur les pas de Nicolas Sarkozy. Son style

    de prsidence diffre, mais il suit la mmeorientation politique.Cet t, na-t-il paslaiss sans pitiles expulsions de Roms sepoursuivre ? Na-t-il pas affront, Amiens, sespremires meutes de banlieue ? A en croirele journal, le retour dans la ralit conomiquene peut qutre rude. Rduction du dficitpublic, financement de lallgementdes charges sur les bas salaires, instaurationde limpt sur les plus hauts revenusDes rformes particulirement pineuses

    attendent toujours le gouvernement,

    constate le quotidien. Pas de doute, donc :

    Pour Hollande, lautomne sera chaud.

    Pronostic

    Laustrit viendra

  • 7/28/2019 [RevistasEnFrancs] El Mensajero Internacional - del 23 al 29 de agosto de 2012

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    EuropeLes Lazes y vivaient il y a deux millesix cents ans. LAbkhazie, une partiede lancienne Colchide, a chapp la Gorgie il y a tout justequatre ans, la faveur dune dfaitemilitaire de ce pays face la Russie.

    Histoire La Colchide nest pas quunnom de la mythologie. Situe dansla partie ouest de la Gorgie actuelle,cette contre trs dispute futsuccessivement annexe par lesPerses, les Romains et les Byzantins.

    Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012 15

    Jamais court de projetsgrandioses,le prsident Saakachvili veutbtir au bord de la mer Noireune cit cense revitaliserla rgion et capter le tourismeau dtriment de lAbkhazievoisine. Ft-ce au mprisde lenvironnement.

    Gazeta.ru (extraits) MoscouDe Tbilissi

    Dans leur stratgie de reconqute

    des territoires qui ont fait sces-sion avec la Gorgie, les autori-

    ts sont en train de changer de tactique.Dans les marais jouxtant la frontireabkhaze, Mikhel Saakachvili prvoit ddi-fier Lazika, une cit cense devenir laprincipale ville de la rgion. Cette ambi-tieuse initiative a pour but de sduire lesinvestisseurs et de rendre jaloux les voi-sins sparatistes.

    Il est fou, ce Micha ! sourit MarkMallen, spcialiste du Caucase, lvoca-tion de la dernire ide de Saakachvili.Dautres, plus mesurs, se contentent delever les yeux au ciel. En dcembre 2011,le prsident gorgien a dvoil un plan ver-tigineux quil a promis de mener bien

    avant dix ans. En visite dans la rgion agri-cole de Zougdidi, sinistre depuis que lac-cs aux marchs russe et abkhaze lui estinterdit [ la suite de la guerre de 2008], ila dcid de prendre en main le dvelop-pement local et annonc le lancement duchantier dune ville nouvelle, dans lesmarais de la rserve naturelle de Colchide,tout prs de la frontire avec lAbkhazie.

    Au nord, une station balnaireCette cit a t baptise Lazika, du nomde lancien royaume des Lazes et du rcentvhicule de combat sorti des usines gor-giennes. Elle devrait devenir la deuximeville du pays par sa population (avec500 000 habitants) comme par son impor-tance stratgique, puisquelle serait tout

    la fois un centre financier et un terminalmaritime international, autonome et rgipar le droit anglo-saxon.

    Au nord de Lazika, un autre des grandschantiers de Saakachvili est dj en trainde prendre forme. Il sagit de la station bal-naire dAnaklia. A terme, les deux villesdevraient former une conurbation. La sta-tion balnaire stend lemplacement desvillages dAnaklia et de Ganmoukhouri. Leshabitants ont t dlogs, et les expro-priations ne se sont pas toujours faites dansles rgles. Anaklia a vu slever trois htelsde standing, dsormais prts accueillirles touristes. Un long boulevard de bordde mer a t construit, ainsi quun pont surlIngouri. Mais les plages de lancien vil-

    lage de Ganmoukhouri viennent buter sur

    le poste-frontire qui marque la limite aveclAbkhazie, et les gardes veillent soigneu-sement ce quaucun vacancier ne prennede photos.

    Les pouvoirs publics ne cachent pasque tout le projet est dirig contre lesAbkhazes : son objectif est de leur faireperdre les revenus que leur procure le tou-risme. Car cest l, juste sous leur nez, queslvera le grand htel Abkhazia etquun parc aquatique a t mis enchantier. Lamphithtre et le stadede foot sont, eux, dj achevs.Livan Kondjaria, qui dirige la commu-naut de communes de Zougdidi,

    assure que les Abkhazes viennent djfrquenter les discothques, en emprun-tant des sentiers dtourns qui permet-tent dviter le poste-frontire.Si lEtat sest chargdes infra-structures, tout le reste at financ par des inves-tisseurs privs, expliqueChota Izoria, prsident duconseil de surveillance de la S. A.Anaklia-Ganmoukhouri. Anakliaaurait cot 60 millions de larisaux contribuables [30 millionsdeuros]. Rcemment, deshommes daffaires russes sontvenus voir la ville et se sont ditsprts investir sur place.

    Actuellement, dAnaklia, on accde Lazika par une route de remblai dam,cense terme tre amnage comme il sedoit et se poursuivre jusqu Poti. Les ter-rains ncessaires ont dj t dclasss cet effet, ils ne font aujourdhui plus partiede la rserv e naturelle de Colchide. Siles fondations du premier btiment de lafuture cit ont effectivement t coules,

    tout autour, ce ne sont encore qutenduesde roseaux peuples de grenouilles. La tl-vision est plus rapide que les ouvriers, carune vido patriotique a dj eu le temps demarquer les esprits de la plupart des Gor-giens, en cartant tous les doutes quilsauraient pu avoir sur le bien-fond du chan-tier de Lazika. Les autorits ont assur queles premiers habitants pourraient sinstal-ler dici deux trois ans.

    Des ides follesAurol du succs de sa rforme interne[visant notamment radiquer la cor-

    ruption et amliorer le fonctionnementgnral de linstitution], le ministre de laJustice a t charg du projet Lazika. Enexaminant une carte de la Gorgie, nous avonsralis que 20 25 % du littoral ntaient pasexploits, se souvient Gueorgui Vachadz,vice-ministre de la Justice. Nous sommesjeunes et habiles, nous voulons tout faire rapi-dement. Contrairement lEurope ou lAm-rique, nous navons pas le temps de passerdix ans tudier un projet avant de le mettreen uvre. Cest pour cela que nous avons quel-quefois des ides folles.

    Pour la suite, on navigue vue. Leministre ne confirme pas le chiffre par-fois cit de 120 millions de dollars [100 mil-lions deuros] de subventions affectes

    Lazika. M. Vachadz est non seulement

    incapable de donner un budget, mais ausside montrer des plans. Il nen disposepas : Pour linstant, on a juste lide.Danscette ville entirement nouvelle, tout

    pourra tre fait sur mesure pour lesinvestisseurs. Les villes existantes

    sont charges dhistoire, de traditions,constate-t-il. Lazika naura pas

    sembarrasser de quoi que ce soit : lesite tait dsert.

    En septembre aura lieu une conf-rence pour recueillir des ides et desfonds [il faudrait runir prs de 700 mil-lions deuros]. Et si les calculs cono-miques et les expertises cologiques

    allaient lencontre du projet ? Je nepense pas, rtorque M. Vachadz,que la volont de poursuivre en seraitentame.La justification le plus sou-

    vent avance est lengorgementactuel du port de Poti.

    Un projet risqu et coteuxLe manque de documents concernantLazika complique le combat de ses dtrac-

    teurs, mais les cologistes son-nent lalarme, car la rservenaturelle de Colchide, prot-

    ge par la Convention deRamsar [trait sur la protection

    cologique des zones humides], estconstitue de marais de tourbe situs au-

    dessous du niveau de la mer. Un cordondunaire dune largeur de 200 mtresempche leau de tout recouvrir, expliqueRezo Guetiachvili, cologiste du Cenn [uneONG cologiste du Caucase].

    Le chantier met en pril non seule-ment les espces endmiques vivant dansces marcages, mais aussi la population,et Lazika elle-mme, qui risque dtreengloutie. Mme du temps de lURSS, din-trpides ingnieurs sovitiques avaientrenonc asscher ces marais. Je penseque la moiti du budget de Lazika servira laprserver des eaux, pronostique M. Gue-tiachvili. Le Cenn a interpell le gouverne-ment pour exiger quil prsente un projet duchantier, mais daprs les rponses que nousavons reues, il est clair que mme les autori-

    ts ne disposent pas de ce genre de document.Lorsquon se trouve dans les marais

    de roseaux du site de Lazika, on ne peutsempcher de se remmorer les vers dePouchkine : Ici sera leve une ville/Qui nar-guera notre arrogant voisin[pome vo-quant la cration de Saint-Ptersbourg parPierre le Grand, au dbut de XVIIIe sicle,en signe de dfi la Sude].

    Entre les deux voisins caucasiens enpleine crise, Zougdidi [Gorgie] et Sou-khoumi [Abkhazie], la balance conomiquepourrait un jour pencher en faveur de laGorgie. Mais seulement si Saakachviliparvient survivre la priode lectoraleagite qui approche [lgislatives cetautomne et prsidentielle au printemps

    2013].Janna Oulianova

    MER NOIRE

    GORGIE

    RUSSIE

    ABKHAZIE*

    Poti

    Rserve naturellede Colchide

    Anaklia

    Sotchi

    Zougdidi

    Future ville de Lazika

    Soukhoumi

    ChaneduGrandCaucase

    Courrierinternational

    40 km

    Ingour

    i

    Tbilissi

    GORGIE

    OSSTIE DU SUD*

    100 km

    Dans lancienne Colchide

    * Provinces gorgiennessparatistes,

    indpendantes de facto.

    Gorgie

    Lazika, une ville du futur sortie des marais

    Dessin de Belortaja,Albanie.

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    16 Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

    Europe

    A Cova da Moura, une banlieueau nord de Lisbonne, le rap sertde viatique face au racisme, la violence policire et lapauvret. Mais les mdiasrestent hermtiquesau phnomne.

    i (extraits) Lisbonne

    Un jeune rappeur bless par balle parla police, i, 3 janvier 2012. Lapolice dlite est prsente titre pr-

    ventif aprs la mort du rappeur MC Snake,abattu par balle par un agent de police,Jornalde Notcias, 18 mars 2010.

    Dans un modeste studio de Cova daMoura, les Souljah interprtent une chan-son en crole capverdien sur labsence dou-loureuse des nombreux jeunes morts dansle quartier. Innocents ou pas, ils ont toust tus. Dans les rues de Cova da Moura,o vivent plus de 7 000 personnes, commedans beaucoup dautres quartiers pauvresdu Grand Lisbonne, le rap est une ralit.Au dbut des annes 1990, cest devenu lerythme des sans-voix de la socit. Le genre

    est apparu dans des quartiers comme Mira-tejo [au sud de Lisbonne, considr parcertains comme le Bronx portugais] avecles premires rimes en portugais, critesnotamment par General D [rappeur dori-gine mozambicaine], et, peu peu, a faittache dhuile dans les banlieues. Certainsartistes ont russi faire des tubes, adop-tant par la suite un profil socialementacceptable. Mais dehors, le rap des quar-tiers a continu fermenter, invisible jus-qu ce que les jeunes sen emparent. LesSouljah font passer leur message en crole.Une langue qui nest plus seulement celledes Noirs, mais celle des pauvres.

    On se sent abandonnsLes murs du studio o ils rptent sont

    couverts de photos des jeunes du quartierqui ont t tus. Un vritable cimetire.Stef et Jackson, membres des Souljah,racontent quils ont chant du nord au suddu pays et quen matire de musique lasouffrance a un mme langage : Tout lemonde ragit et est mu quand on chante [surles jeunes tus par la police], que ce soit en ban-lieue ou Celorico da Beira[bourgade ruraledu nord du pays].Les trois membres de cegroupe de Cova da Moura sont des amisdenfance. Ils y sont ns et y ont grandi. Ily a plus de dix ans, ils ont lanc Souljahcomme une forme dexpression du hip-hopdont ils se revendiquent.

    Ns k nasi omi k ta mori omi parolesen crole de leur chanson, qui signifient

    nous qui sommes ns hommes et qui

    mourrons hommes sonne comme uneappartenance la famille (ou crew) dontfont partie nombre de MC de Covada Moura. Des paroles qui plaisent LBCSoldjah Minao. LBC use du rap pour fairede la politique par dautres moyens.Contrairement de nombreux rappeurs,dont le clbre Tupac Shakur [lgende durap tats-unien, assassin en 1996], im-mortalis par le graffeur Odeith sur unmur du quartier, il refuse par exemple lem-ploi du terme nigger[terme pjoratif dsi-

    gnant un Noir, mais en usage parmi lesjeunes Noirs issus des quartiers populaires].

    Je pense quil existe certaines expressionsqui, mme si elles dnoncent une situation,tendent stigmatiser les gens et mainteniren ltat ce que lon prtend combattre. Lesmots des oppresseurs portent en eux lop-pression, assne LBC. Au caf de Zeza, lamre de LBC, les accords dufunan[stylemusical traditionnel originaire du Cap-Vert] se font entendre. Jusquau petitmatin, jeunes et moins jeunes vont dansercorps corps. La culture est un grandciment, mme pour ceux qui nont jamaisvu lAfrique. Le continent noir est devenuune espce de patrie imaginaire, avec beau-coup de sons, pour qui na pas de terre ni

    de droits.

    Comme lexplique MC Hezbollah,lesgens se sentent orphelins : ils sont ns, viventet travaillent au Portugal, mais se sententabandonns par lEtat. Pendant la discus-sion, une voiture sarrte. Un jeune endescend et crie libre ! en crole. Tout lemonde streint. Il vient de faire sept ansde prison. LBC ne nie pas que la dlin-quance existe dans le quartier et que denombreux jeunes sont derrire les bar-reaux, mais il dfend lide que la plusgrande violence nest pas chez ces jeunes :

    Il ny a pas de plus grande violence que lapauvret, et celle-ci est rarement dnonce.Hezbollah comme LBC ont fait de longuestudes, pourtant ils ne trouvent que desemplois prcaires. Il y a quelques mois, ilsont t arrts par la police alors quilsrevenaient dune fte. Ils ont par la suiteport plainte pour mauvais traitements.Les autorits affirment quils avaientcommis un braquage, ce quils nient cat-goriquement. Selon des tmoignages deproches, les deux rappeurs avaient tmenacs plusieurs reprises par la policeen raison de la distribution duJournal dughetto, o ils dnonaient les violences poli-cires commises dans le quartier.

    A la frontire de Cova da Moura se

    trouve une immense fresque ralise

    avec laide de tous ses habitants. Cest unvritable muse du graffiti en plein air. Alextrmit de la fresque, on dcouvre Lis-bonne engloutie par une gigantesquevague. Et une phrase qui dcrit la possibledestine de la ville : Ce que la terre a vol la mer, la mer le volera la terre.Cela res-semble une mtaphore de la guerre entreles quartiers pauvres et la partie riche dela ville. Odeith, 35 ans, est lauteur princi-pal de la fresque. Il a commenc le graffitiau dbut des annes 1990. Pour lui, cet artsera toujours illgal : Il y aura toujours quel-quun qui voudra imposer son nom dans lesrues.Le message est dans loccupationde lespace, son appropriation publique.Odeith a longtemps vcu du tatouage Londres. Cest lui qui a inscrit sur le brasde Chullage le motvagalume, une espcede dsir incendiaire de changer le monde[ jeu de mots avec les termes vagabondet feu]. Le rappeur Chullage, NunoSantos de son vrai nom, est le fils de Cap-verdiens qui ont migr au Portugal avantla rvolution des illets [qui a mis fin quarante-huit ans de dictature en 1974] etqui ont connu le sort habituel des immi-grs issus des anciennes colonies : son prea travaill dans le btiment et sa mre tait

    femme de mnage. Chullage a vcu dans

    Portugal

    Sous les pavs,le rap

    Des musiciens de Cova da Moura posent dans leur studio denregistrement.

    PHOTOSJORGUENOGUEIRA

  • 7/28/2019 [RevistasEnFrancs] El Mensajero Internacional - del 23 al 29 de agosto de 2012

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    de vivre diffrente des femmes des quar-tiers. Vilma dmontre clairement que labanlieue et le rap sont des univers plusaiss pour les hommes : Nous, les femmes,nous devons nous occuper des enfants, tra-vailler, et la plupart du temps nous sommesseules. Le nombre de mres clibataires est trslev, tout comme celui des femmes au ch-mage. Notre musique reflte ncessairementces proccupations.Lconomie est en crise,et les quartiers populaires la ressententdurement. Pour DJ SAS, un fils dimmigrsportugais installs en France et qui a faitle chemin inverse, cette crise oblige le rap avoir un message plus dur. Le rap des ban-lieues ne passe pas la radio parce que sonmessage nintresse pas les dirigeants desradios, il y a une forme de censure au Portu-gal, dnonce-t-il. Les morceaux qui pas-sent sont sirupeux, une caricature du

    vritable rap. La vitalit du rap des ban-lieues ne permet donc pas ses produc-teurs den vivre. Un problme que DJ SASet les autres essaient de rsoudre via le Net.Ou en augmentant le nombre de concerts,mais l aussi les organisateurs font sou-vent appel aux mmes artistes. On a lim-pression que le Portugal sest arrt dans letemps : on voit et on entend toujours les mmes la tl et la radio, se plaint DJ SAS. Il vacontinuer lutter contre le formatage etprdit que le jour o les gens en aurontmarre, le choc culturel sera norme.

    La plupart du temps, lEtat sembleavoir abandonn les quartiers populaires.Ceux qui connaissent celui de Bela Vista Setbal [ville portuaire au sud de Lisbonne]

    savent bien que nombre de choses qui nousparaissent garanties y sont difficilementaccessibles : la collecte des dchets se faitrarement ; le courrier nest pas distribu ;TV Cabo [bouquet de tlvision par cbleou satellite] refuse dquiper le quartier.

    Gil Scott-Heron, un des pres du rap,dcd lan dernier, avait une chansonclbre o il affirmait que la rvolution neserait pas tlvise[The Revolution Will NotBe Televised, 1970]. Sans doute, mais de nom-breux jeunes des quartiers populaires sontconvaincus que les mots peuvent changerla vie. Nuno Ramos de Almeida

    des bidonvilles avant de se retrouver Arrantela [prs de Miratejo]. Cest ladcouverte de Rebel MC [musicien rastaanglais, connu sous le nom de Congo Natty,figure de la musiquejungle], membre de laZulu Nation [vritable confrrie pacifistedu hip-hop ne dans le Bronx il y a trente-huit ans], qui en fait un inconditionnel durap. A Arrantela, il cre la crew Red EyesGang avec de nombreux rappeurs du coin.Pour eux, Chuck D [rappeur tats-unienengag, lun des fondateurs du groupePublic Enemy] avait raison quand il disaitque le rap tait la CNN des ghettos. Lamusique peut servir une prise de cons-cience dans les quartiers populaires, maisaussi revendiquer et dnoncer hors deleurs murs. Do lutilisation du crole,mais aussi du portugais. Crier lintrieurest une chose, le faire lextrieur en est une

    autre. Parler de pauvret ceux qui la vivent,parfois cela ne sert rien. Dans ce cas, chan-ter en crole nous rend invisibles. Il faut doncde temps en temps chanter en portugais, sou-ligne Chullage.

    Lutter contre le formatageAu domicile de Jorginho, chanteur et pro-ducteur de rap, la famille fait chambre com-mune avec un studio denregistrement. Ony fait de nombreuses mixtapes qui per-mettent au rap de rue de se faire connatre.De quartier en quartier, de concert enconcert, les MC et les DJ schangent leursmixtapes et rpandent le message. Actuel-lement, Jorginho sattelle collecter le sondes nouveaux rappeurs de la banlieue sud

    de Lisbonne, avant de sattaquer ceux dela capitale. Lide est de multiplier les voix,daugmenter le nombre de personnes quisexpriment par le rap. Plutt que des spec-tateurs, ce genre de musique exige avanttout des sujets. Aujourdhui, le rap est par-tout, les gens le copient sur Internet, lcoutentsur leur portable. Ils ont juste besoin dune sti-mulation pour se lancer dedans, explique-t-il. Jorginho vit le rap intensment, linstar de sa famille : il partage la vie deMnica, lune des MC, avec Anokas etVilma, des Red Chikas, un groupe fminindArrentela. Leurs voix refltent la faon

    Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012 17

    Le dernier album

    de Chullage est dans les

    bacs. Le rappeur brosse

    un sombre tableau

    du Portugal et lanceun appel rsister.

    Il y a quelque temps,Chullage avait un emploi :il menait des projetssociaux avec des jeunesdes quartiers populairesmais aussi des personnesges. Aujourdhui,il na plus de boulot. Assis

    la terrasse dun caflisbote, il voquela ralit du travail socialen banlieue : Ce qui mefrappe, cest queces projets existent

    seulement quand il y a des

    subventions. Il ny a rien

    de structur : quand il ny

    en a plus, le soutien ces

    populations disparat.

    Chullage parle de violenceet de pauvretet cite dinnombrablesrfrences pour illustrerson propos, notammentLoc Wacquant

    et son Parias urbains.Ghetto, banlieues, Etat[La Dcouverte, 2006]au sujet de ltat actuelde lEurope.Lhistoire de Chullagepourrait tre celle denimporte quel travailleurportugais, de nimportequel diplm ensociologie commelui. Mais cest finalementun peu plus que cela, carle scnario suffocant,dsesprantdu manquede solutions dans le paysa dbouch surRapresso 1 [ jeu de mots

    avec rap et represso,rpression], son dernieralbum, une uvrepolitique et rageuse.Compos sur plusieursannes, lalbum nest paspour autant htrogne :la situation actuelle nedate pas daujourdhui etelle tait prvisible depuislongtemps. Le momentpolitique actuel,

    avec la fin de lEtat social,

    la flexibilisation totale

    du march du travail qui

    transforme les gens en

    choses jetables, tout cela

    sinscrit dans le temps. Il y

    a eu Reagan aux Etats-

    Unis, avec pour rsultat

    70 % de chmage dans

    la communaut noire ;

    Thatcher au Royaume-Uni ; puis a sestrpandu en Argentine,

    en Jamaque, etc. Mais

    en Europe, avec notre

    tradition humaniste,

    cela a pris plus de temps.

    Cest une rvolutionsilencieuse : tu perds peu

    peu tel et tel droit et

    quand tu te rends compte

    de ce qui se passe,

    cest trop tard. On est

    en plein l-dedans.Chullage na pas un dbitultrarapide, les motssortent sur un rythmecalme et apportent

    lentement de leau sonmoulin. Mes chansonsparlaient de tout cela

    depuis longtemps.

    La diffrence cest

    quaujourdhui la misre

    est criante. On faitle compte des pauvres qui

    nont rien, mais il y a aussi

    les autres : si tu gagnes

    600 euros et que tu as

    un enfant, tu nes rien.

    Tu es oblig de quitterLisbonne, par exemple.

    Parce que tu ne peux pas

    payer le loyer. Et avec

    largent que tu dpenses

    dans les transports,

    tu narrives pas

    conomiser.

    Les rappeurs ont toujoursdonn beaucoup

    dimportance aux parolesmais dans le casde Rapresso 1, le besoindtre comprisa entran unchangement : Chullagea ralenti le rythme de seschansons. A limage deJ no d [a ne marcheplus], un titre au beat lentagrment de cordeset qui prsente unimpressionnant quilibreentre tristesse et rage une chanson duneformidable prcisionlyrique : Ils pleurent lesactions perdues au CAC

    40/Mon peuple ici pleurepour le repas venir.

    Chullage prpare djun nouvel album : la suitede Rapresso 1 oudu slam accompagndune guitare lectrique,dune contrebasseet dun piano. Dans cesmoments-l, on nest plusface au pre au chmage,au sociologue qui ne voitque du dsespoir chezson peuple : cestde nouveau le gamin quia trouv dans le hip-hopson refuge. Pblico

    (extraits) Lisbonne

    A laffiche

    Un regard de sociologue

    Les quartiers populaires souffrent de la dsertion de lEtat.

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    Le Mouv et Courrier internationalvous font dcouvrir huit hauts lieuxdes rvoltes urbaines. Aprs Montral,Tunis, Madrid, Londres, Hong Kong,Tel-Aviv et Moscou, dernier volet : NewYork. A couter sur Le Mouv chaquesamedi de 18 h 19 h 30 et le dimanchede 12 h 13 h 30, du 7 juillet au 26 aot.

    18 Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

    Comme Ray Kachel, parti deSeattle avec 200 dollars enpoche pour rejoindrele mouvement Occupy WallStreet Manhattan, descentaines dAmricains ontinvesti Zuccotti Park pour crierleur colre face aux injusticesconomiques fin 2011. Rcit.

    The New Yorker(extraits)New York

    J usqu lautomne 2011, RayKachel avait vcu le plus clairde ses 53 ans quelques kilo-mtres seulement de son lieu de nais-sance, Seattle. Homme tout faire,autodidacte, il travaillait dans linforma-tique. Dans les annes 1990, aprs la mortde ses parents, il stait repli sur lui-mme, ne gardant des liens quavecquelques amis. De petite taille, les che-veux courts, avec ses vtements quel-conques et ses manires rserves, il taitdu genre ne pas se faire remarquer.Quand la rcession a frapp, les emplois

    dans le secteur des technologies ont com-menc se rarfier Seattle. Aprs ledcs du propritaire de son principalclient une socit pour laquelle il fai-sait de la customisation de DVD , Kachelsest retrouv priv de tout contactprofessionnel.

    En mars 2011, il sest aperu quil arri-vait au bout de ses conomies. La bouchesche, malade dangoisse, il en a perdulapptit. Il sest prsent tous les postesquil a pu trouver dans son secteur, maisna dcroch quune offre venant dunesocit qui value les rsultats de re-cherche sur Internet. Kachel a donc signpour un boulot instable en tant quagentindpendant domicile, mal pay, tra-vaillant sur son iMac. Ce fut son dernier

    emploi.En septembre, il a pay son loyer en

    retard. Quy a-t-il de pire que de perdreson logement, sest-il dit, dans sa villenatale en plus ?

    A lautomne, alors quil se disposait quitter son appartement, il a appris surTwitter que plusieurs centaines de mani-festants avaient commenc occuper uneesplanade Manhattan. Parmi ses amisen ligne, aucun na pu lui expliquer lori-gine exacte du mouvement, entam le17 septembre. Mais Occupy Wall Street,puisque tel tait son nom, stait lancavec une telle spontanit quil a rapide-ment drain lnergie dune foule de gensissus de tous horizons. Son slogan, Nous

    sommes les 99 %, tait aussi simple

    quhabile, et suffisamment rassembleurpour donner une multitude de per-sonnes ayant vcu des expriences trsdiverses le sentiment dtre concernes.

    Les manifestants de Zuccotti Parktaient exasprs par des choses queKachel pouvait comprendre pour les avoirvcues : linjustice dun systme cono-mique o riches et puissants aspirentlnergie vitale de la classe moyenne. Il yavait longtemps dj quil jetait un regard

    critique sur les grandes banques, les com-pagnies ptrolires, les multinationalesqui ne payaient pas dimpts. Il tait par-ticulirement inquiet de la menace lex-traction de gaz naturel par fracturationhydraulique.

    Il ne lui restait que 450 dollars. Unbillet bord dun bus Greyhound desti-nation de New York en cotait 250. Ilntait jamais all plus loin que Dallas,

    mais New York, une ville si peuple, sibariole, tait le thtre dun tel foison-nement culturel quil lui semblait pouvoiry gagner sa vie. Sil russissait sy adap-ter, il y trouverait srement un endroito subsister. Le dernier soir de septembre,il se coucha en se disant : Oh, cest com-pltement dingue, tu ne peux pas faire a.Le lendemain, il avait les ides claires :Cest exactement ce que je vais faire.

    Le 3 octobre, sur un blog de Word-press, il crivait : Vais prendre le bus pourNYC. Pas sr que je revienne jamais Seattle Jai un peu flipp, me suis demandsi je navais pas compltement perdu laboule. Cest bien possible. Mais ces moments-l passent vite, mon got pour laventurereprend le dessus et me voil plus prs quejamais de prendre la route.Il est partiavec pour tout bagage un petit sac detoile et un sac dos, qui contenaientquelques vtements de rechange, et unportable bon march avec assez demmoire pour envoyer et charger destweets. Le 6 octobre, 5 heures dumatin, Kachel dbarquait au Port Autho-rity Bus Terminal, la gare routire deNew York, Manhattan. A 10 heures, ilavait travers le centre-ville pourrejoindre le mouvement.

    Zuccotti Park place de la Libert,comme lavaient baptis ses occupants stend sur un petit espace rectangulairedans le quartier financier, lombre desgratte-ciel, lest du site du World Trade

    Center. La municipalit avait interdit les

    Etats-Unis

    Comment je suis devenulun des 99 % New York

    Villes rebelles 8/8

    Lun des 800 portraits raliss par le photographe Matthew Septimus Zuccotti Park. Un jeune homme portant un masque de Guy Fawkes

    et brandissant une peinture du symbole de la paix.

    Vais prendre le buspour NYC. Pas sr que jereviendrai Seattle

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    tentes, et les manifestants devaient doncse contenter, pour dormir sur place, debches bleues tendues sur le granit.

    A lextrmit ouest du parc, des djem-bs battaient un rythme incessant, deladrnaline pour les occupants et une nui-sance pour les riverains. La zone des per-cussions, dite le ghetto, rassemblait desanarchistes purs et durs et des sans-abri

    de longue date, un monde part. Le centredu parc tait consacr lorganisationimprovise du mouvement : la cuisinebche, o de la nourriture prpare lex-trieur tait apporte et servie quiconquefaisait la queue ; le poste de propret, oles manifestants pouvaient rcuprer deslingettes, des articles de toilette et desvtements ; le s ite de recyclage, o i lstransformaient les dchets alimentairesen compost et pdalaient tour de rlesur un vlo stationnaire pour produire dellectricit ; la bibliothque, o plusieursmilliers de livres taient empils sur destables ; le studio en plein air, o des ordi-nateurs et des camras diffusaient desimages en direct de loccupation vingt-

    quatre heures sur vingt-quatre.

    Cest lextrmit est du parc quesoprait la jonction avec le public. Lesmanifestants, aligns en rang, agitaientdes panneaux comme des vendeurs lasauvette vantant leurs marchandises, dessalaris profitant de leur pause djeuner,des touristes et des badauds sarrtaientpour jeter un coup dil, prendre desphotos, bavarder, dbattre. Un vieil

    homme portant un veston et une cas-quette de golf brandissait un panneau :Pour un capitalisme rglement. Contre desingalits scandaleuses. Recherche un grandprogramme de cration demplois.Un lec-tricien syndiqu et casqu : Occupez WallStreet. Faites-le pour vos gosses.Une jeunefemme en jeans : O est pass mon avenir ?La rapacit me la vol.

    La foule tait compacte, les conver-sations sentrecroisaient. Epuis par satraverse du pays, Kachel sest sentidpass par ce capharnam. Il na presquepas dormi, avec pour seule literie une cou-verture de survie en Mylar. Il sest refermsur lui-mme, empaquet dans sa polaireet son plastique, sur les marches, prs du

    ct est du parc.

    Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012 19

    Le lendemain, il a surpris une dis-cussion entre jeunes occupants, assis quelques pas de lui. Ils parlaient de luicomme sil navait pas t l. Il ne sensortira pas comme a ici,a lanc lun deux.Il ne prend pas soin de lui. Ils avaientraison. Ses chaussettes et ses chaussures,trempes par une averse, taient humi-des depuis plusieurs jours. Il a compris

    quil ne pourrait pas survivre seul dansle parc. Il devait sintgrer la commu-naut sans rserve, ce quil navait jamaisfait jusque-l.

    Il sest port volontaire pour le nou-veau groupe de travail sanitaire. Pour nepas se geler la nuit, il a pass des heures balayer les sentiers et les trottoirs. Unautre occupant, le voyant travailler, lui adonn un sac de couchage et une bche.Kachel a commenc se faire des amis :Sean, un immigr irlandais du Bronx, quifaisait partie dune quipe de nuit char-ge dappliquer un revtement ignifugsur de lacier, et qui venait passer ses jour-nes Zuccotti ; un enseignant rempla-ant diplm de physique et sans domicile

    fixe ; Chris, un vagabond de Tarpon

    Je suis au chmage et je soutiens Occupy Wall Street. Vos dons, mme les plus modestes, m'aideront survivre, a crit cette manifestante. La dmocratie nest pas un sport de spectateur, annonce cette autre occupante. Marre dtre saigns, concluent ces autocollants distribus sur le campement.

    Les 800 portraitsde Matthew Septimus

    Lautomne dernier, la suite delarrestation de 400 militantsdu mouvement Occupy Wall Streetau cours dune manifestation sur le pontde Brooklyn, Matthew Septimus dcidede se rendre sur leur campement,

    Zuccotti Park. Le photographe,g dune trentaine dannes, a toujoursvcu prs de New York. Equipdun Rolleiflex, il revient tous les joursjusqu la dispersion du campement.Les 800 portraits quil a raliss sur place ?La preuve, selon lui, que les occupantssont reprsentatifs de presque toutesles classes sociales. Ils sont les 99%.

    20

    par niveaux dtudesLes militants par tranches dge par revenus annuels (en euros)

    20 %

    23,5 % 8 %Moinsde 25 ans

    De 25 44 ans

    45 anset plus

    Diplmsdu suprieur

    Etudessecondaires

    Etudesuniversitaires

    De 41 300 66 100

    + de 61 000

    + de 122 000

    60,7 %

    15 %

    13 %

    2 %29,4 %

    44,5 %

    TypologieTous les militantsdOccupy Wall Street ne sont pasde jeunes tudiants paresseuxou des SDF, contrairement ce que disent deux certainsmdias amricains.

    Source : Baruch College of New York

  • 7/28/2019 [RevistasEnFrancs] El Mensajero Internacional - del 23 al 29 de agosto de 2012

    20/48

    20 Courrier international | n 1138 | du 23 au 29 aot 2012

    Villes rebelles 8/8

    public et peu de frais les problmes dupays : les liaisons dangereuses entre lar-gent et la politique, les ingalits de reve-nus, la rapacit des grosses entreprises ;autant de sujets qui proccupaient les

    Amricains sans quils sachent commentles exprimer. Et grce ce slogan impla-cable, Nous sommes les 99 %, ce mcon-tentement diffus a enfin pris corps.

    Le blog We are the 99 percent runitdes photos danonymes qui brandissentune feuille o ils voquent en quelquesmots leur situation. Le 17 novembre 2011,un internaute a crit sur une feuille quilui dissimulait le visage : Jai fait tout cequon mavait dit pour russir. Jai toujourseu les meilleures notes au lyce. Je suis all la fac et jai obtenu mon diplme. Aujour-dhui, je ne peux plus payer le rembourse-ment de mon prt tudiant et je narrive pas trouver du travail. Je vais bientt treexpuls de mon appartement et je nai nullepart o aller. Jai 42 dollars sur mon compte

    en banque. JE FAIS PARTIE DES 99 %.Cestmoignages ont autant de force que lesmeilleures pages de Steinbeck.

    Mais surtout ils permettent de mieuxcomprendre lcho rencontr par OccupyWall Street dans tout le pays. Selon DylanByers, du site Politico, le nombre doc-currences dans les mdias de lexpressioningalit de revenus a t multipli parcinq aprs le dbut de loccupation. En

    ce sens, Occupy Wall Street a dj atteint

    Garofalo est parti pour New York en2005 afin de tenter sa chance dans lestand-up. Aprs une formation en comp-tabilit, il a commenc remplir lesfeuilles dimpts de ses amis qui taient

    leur compte. Ce travail lui a ouvert lesyeux sur les ingalits de revenus.Je suistous les jours aux prises avec les difficultsdes gens, le malheur nest pas une chose abs-traite, je peux mme le chiffrer, dit-il.10 000 dollars de dettes par exemple, cestun bon dpart. Ou des centaines de milliers.

    Cette anne, son travail lui a rapport30 000 dollars. Et pourtant il ne peut tou-jours pas se payer de couverture sant la rforme de la sant dObama naencore rien chang pour lui , et lideque la maladie pourrait mettre sa familleen pril est une chose qui le met hors delui. Plus il se familiarisait avec largent etla politique, plus il avait ce sentiment per-sistant de ntre quun pion sur lchi-quier. Mais il ne savait pas comment

    lexprimer.Il a beau avoir t, comme ceux de sa

    gnration, du par Obama, Garofaloestime que ce nest pas une si mauvaisechose car cette dception leur a permisde comprendre quil fallait se prendre enmain.

    Pour certains, les rformes lancespar Obama la couverture sant, larforme des cartes de crdit ou encore largulation financire auraient pursoudre les difficults du pays. Mais legouvernement dmocrate na pas russi canaliser