60
Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin commun ? 17 Septembre 2013

Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin commun ?

1 7 Septe mbre 2 013

Page 2: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes
Page 3: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes

Les Avis et Contributions

Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin commun ?

Rappo r teu r M. Jean-Marc BAILLY

Président de la commission n° 4« Territoires »

Co nt r ib u t io n n° 2013-19

17 Septembre 2013

Page 4: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Les Avis et Contributions

Le CESER en quelques mots…

Le CESER concourt à l’administration de la région aux côtés du Conseil régional et de son Président.

Il s’agit d’une assemblée consultative qui émet des avis (saisines) et contributions (autosaisines). Elle est représentative de la vie économique et sociale de la région.

Expression de la société civile dans toute sa diversité, les propositions du CESER éclairent les choix des décideurs régionaux.

Vous souhaitez suivre l’actualité du CESER Rhône-Alpes, inscrivez-vous à la [email protected]

ou retrouvez les informations sur

le site Internet de la Région Rhône-Alpes : www.ceser.rhonealpes.fr

Cette contribution a été adoptée à l’unanimité

par le Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes lors de son Assemblée plénière du 17 septembre 2013

Page 5: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Sommaire Pages

1. Lyon et Genève dans l’histoire : bonnes et mauvaises fortunes de métropoles 6 1.1. Site et position géographique entre Rhône et route des cols alpins, à l’origine des cités 6 1.2. Le temps des foires internationales au Moyen Age et à la Renaissance 6 1.3. Les 18e et 19e siècles : Lyon ville de la soierie et Genève métropole 8 1.4. Et de nouveaux atouts au 20e siècle 10

2. De la région polarisée par le fait métropolitain 11 2.1. La Genève internationale 11 2.2. Une métropole lémanique polycentrique et campagnarde 14 2.2.1. La réalité socioéconomique d’une métropole élargie à l’ensemble du bassin lémanique 14 2.2.2. Une métropole atypique 15 2.2.3. Une réalité ignorée 17 2.2.4. Le dynamisme du bassin lémanique 17 2.3. Un potentiel de développement des fonctions métropolitaines rhônalpines 19 2.3.1. La spécificité de Rhône-Alpes : son réseau de villes 19 2.3.2. Rhône-Alpes et son écosystème d’innovation 19 2.3.3. Rhône-Alpes est la plus décisionnelle des régions françaises de province. 21

3. « Couturer » l’effet frontière 24 3.1. La Suisse, pays le plus compétitif du monde 24 3.2. Concilier fracture et couture dans l’espace transfrontalier 27 3.2.1. En zone française transfrontalière, le dynamisme suisse est à la fois source d’avantages et de difficultés : 27 3.2.2. Des efforts constants pour améliorer la gouvernance 30

4. Suggestions du CESER pour une meilleure synergie entre la métropole lémanique et les pôles de Rhône-Alpes 35 4.1. Le temps de la réflexion : anticiper une stratégie à moyen – long terme 36 4.1.1. Connaître et anticiper les évolutions sur le bassin lémanique 36 4.1.2. Constituer un espace rhodanien de taille critique pour peser sur la scène internationale 37 4.2. Le temps de l’action pour un pragmatisme opérationnel porté par des acteurs de terrain 38 4.2.1. Il revient aux collectivités publiques d’inciter et d’accompagner les initiatives sans institutionnalisation à priori 38 4.2.2. Le CESER suggère une politique de « petits pas » encourageant les démarches pragmatiques de collaboration portées par les acteurs de terrain 39

Conclusion 49

Déclarations des groupes

Page 6: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes
Page 7: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 5

Dans sa contribution de 2009 sur la maîtrise foncière des territoires de Rhône-Alpes en métropolisation, le CESER avait souligné l’importance primordiale pour l’ensemble des territoires de Rhône-Alpes d’avoir accès aux systèmes urbains « connecteurs » avec l’économie mondialisée : les métropoles définies au sens étymologique de la cité mère « mater polis » de la Grèce antique. Il s’agit des têtes de réseau où peuvent être optimisées les chances de fertilisations croisées et de création de valeur.

Le CESER a souligné en 2009 et rappelle l’importance d’écarter toute confusion sémantique avec le terme « métropole » utilisé au sens d’une strate institutionnelle qui ne fait pas l’objet de la présente contribution, et d’écarter aussi toute confusion avec la notion d’aire urbaine agglomérée au sens de l’INSEE ou de conurbation.

Le questionnement est double sur la métropolisation.

• Comment permettre à ces nœuds d’échange d’exister, de se développer, de créer la richesse, dans une économie-monde où l’incertitude domine et risque de dominer davantage encore ?

Il s’agit pour de tels « hubs » - à distinguer clairement des appellations institutionnelles ou « marketing » souvent utilisées sous le vocable « métropole », - d’être des portes d’entrée sur le monde dans un mélange de compétition et de coopération pouvant être qualifié de « coopétition » (cf. Michel Lussault).

Si Lyon n’est plus une métropole de premier rang, le CESER a néanmoins exprimé combien elle dispose d’un potentiel pour le redevenir. A cette fin, elle peut et doit s’appuyer sur les atouts du maillage avec l’ensemble des territoires de Rhône-Alpes : il lui importe de gagner des places dans le jeu mondial des échanges, du pouvoir de commandement, de l’innovation et des savoir-faire, de la compétitivité hors prix.

• Comment dépasser des logiques de concentration pour s’assurer que l’ensemble des territoires profite de la création de richesses ?

Le CESER a exprimé son souhait d’une logique d’équilibre entre territoires dans l’acception de la métropole de la Grèce antique, de la Hanse médiévale ou de l’Europe rhénane. Il a réfuté, au contraire, la logique prédatrice de la Rome antique ou des jacobins d’hier et d’aujourd’hui. M. Lussault a résumé la problématique en concluant sa contribution aux travaux de la Datar « Territoires 2040 »1. Il énonce ainsi un « méta enjeu » pour réussir la métropolisation : « quelles solutions pourrait-on trouver à nos problèmes collectifs permettant de concilier enfin efficacité et équité, performance des fonctions et justice spatiale, développement économique et qualité urbaine et environnementale ? ».

C’est au vu de ces considérations que le CESER souhaite initier dans la présente contribution une première approche sur la relation de Rhône-Alpes avec une métropole qui lui est si proche et active et pourtant étrangère : Genève et le système urbain lémanique.

1 Michel LUSSAULT, L’urbain métropolisé français dans la mondialisation processus et scénarios, revue Territoires 2040

n°4, 2011

Page 8: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

6 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

1. Lyon et Genève dans l’histoire : bonnes et mauvaises fortunes de métropoles

1.1. Site et position géographique entre Rhône et route des cols alpins, à l’origine des cités

Genève valorise très tôt, vers l’an 1000 av. JC :

• un site de gué permettant aux Celtes de franchir le Rhône à la faveur de la présence de l’Ile,

• une position géographique intéressante à la jonction de la route du pied des cols alpins valaisans et de l’axe rhodanien.

La fondation de Lyon vint plus tard. Ce fut en fait d’abord Vienne qui tira parti de la conquête romaine vers 125 av. JC : son site de terrasse alluviale hors d’eau fut propice à l’établissement d’une cité très puissante sur les deux rives du fleuve, si puissante qu’on y fonda plusieurs ponts, comme l’ont montré les recherches récentes de Mme Laurence Brissaud. Vienne fut ainsi une métropole rhodanienne, comme en attestent les monuments et les entrepôts commerciaux dégagés par les archéologues.

Mais Vienne pénalisée par son relief de collines fut progressivement supplantée par Lyon, sa rivale, moins à l’étroit :

− après la guerre des Gaules, d’abord, en devenant la capitale et l’emporium des soixante nations gauloises,

− au Moyen-âge ensuite, après l’édification des ponts de Saône en 1050 et du Rhône en 1180.

Le carrefour fluvioroutier entre l’axe fluvial méridien et l’axe Italie-Nord Ouest joua un rôle déterminant.

Alors que Lugdunum devient la puissante capitale des Trois Gaules, au cours des 3 premiers siècles de notre ère, Genève est une cité certes prospère, avec le trafic lacustre, mais cependant de moindre importance.

Plus tard, toutes ces villes connaissent un important repli, même si les Burgondes établirent au 5° siècle une capitale fugace tour à tour à Genève, Lyon et Vienne.

1.2. Le temps des foires internationales au Moyen Age et à la Renaissance

Genève et Lyon, devant peu à leur pays local souvent incapable de les nourrir, connurent tour à tour la bonne et la mauvaise fortune, selon leur capacité fluctuante à valoriser un carrefour de flux internationaux changeants.

Comme l’indique M. Fernand Braudel à propos de Lyon (L’identité de la France) « le drame de la ville, c’est qu’elle ne trouve son ordre et les conditions de son épanouissement que sur le plan international… Les faits qui la favorisent lui sont étrangers ».

C’est au carrefour des grands axes médiévaux d’échanges européens que se focalisent les grandes places de foires internationales.

Page 9: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 7

Le premier axe structurant l’Europe occidentale reliait les cités drapantes de Flandre (GAND, BRUGES, YPRES,…) à leurs clients marchands d’Italie du Nord (ex. Gênes, Venise, etc.) qui achètent leurs étoffes et leur fournissent en retour les teintures méditerranéennes et, grâce à leurs comptoirs, l’alun d’orient, les épices ou les soieries.

Ceci va profiter d’abord au 13° siècle aux foires de Champagne, puis avec la guerre de Cent ans et l’alourdissement de la fiscalité royale, à Chalon sur Saône au 14° siècle, durant le séjour des papes en Avignon. Lausanne en profite aussi à la fin du 13e siècle et au 14e siècle : étape sur la route d’Italie, siège d’un important diocèse, elle devient la ville la plus peuplée de l’actuelle Suisse occidentale.

Un second axe commercial vient croiser le premier au 15° siècle et permet de développer de grandes foires successivement à Genève (supplantant Lausanne) de 1400 à 1460 et à Lyon de 1460 à 1560, durant une période assez brève au cours de laquelle on pourra les qualifier de métropole.

Ce second axe était celui du commerce des « marchandises d’Allemagne » (futaine souabe, lin, métaux, argent, etc.) vers l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

Ce sont les italiens qui furent les maîtres du jeu, grâce à leur savoir-faire en matière de change de place à place.

Ils favorisèrent d’abord Genève, où quatre foires annuelles connurent leur apogée de 1400 à 1450. Genève passe dans cette période de 2000 à 3000 habitants en 1400 à 10 000 habitants en 1450.

Puis les rois de France Charles VII et Louis XI cherchèrent à attirer les marchands italiens : deux puis quatre foires franches annuelles sont installées à Lyon.

Louis XI emploie une méthode radicale en interdisant en 1462 aux marchands français de se rendre à Genève durant les foires de Lyon dont les dates sont alignées sur celles de Genève. Les opérations financières y concernent le monde entier. Beaucoup de Genevois viennent s’installer rue Neuve à Lyon. Selon un ambassadeur vénitien, Lyon est le tiroir-caisse de la fortune italienne (Guadani, Bonvisi, Medici,…). Lyon passe néanmoins de 8 000 habitants en 1440 à 50 000 habitants en 1550, ce qui la place au 4° rang européen, derrière Paris, Naples et Anvers.

Cette prospérité lyonnaise décline ensuite au milieu du 16° siècle par suite de :

− son conflit avec Gênes,

− de l’attrait grandissant d’Anvers, Amsterdam, … ouverts sur les nouvelles colonies lointaines,

− des guerres de religion,

− du poids devenu prépondérant du pouvoir et de la fiscalité royale lors de l’avènement de Henri IV.

En 1600, la cité lyonnaise connaît un effondrement de population, passant à 30 000 habitants, avant le redressement du 18° siècle avec la soierie.

Pendant la montée de l’absolutisme royal paralysant peu à peu les initiatives lyonnaises, une nouvelle République du Refuge religieux connaît une expansion économique fulgurante à Genève

Les 16° et 17° siècles marquent deux étapes liées à l’accueil des réfugiés protestants.

Page 10: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

8 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

• L’ADOPTION EN 1536 A LA FOIS DE LA REFORME ET DE LA REPUBLIQUE, APRES LE RENVERSEMENT PAR LES GENEVOIS DE LEUR SEIGNEUR- EVEQUE.

Genève devient la cité du Refuge. Elle s’isole de son arrière-pays bientôt totalement savoyard derrière d’énormes remparts. Mais elle double sa population en dix ans seulement, passant de 10000 habitants en 1550 à 20000 habitants en 1560, et s’ouvre au monde. Hommes d’affaires, banquiers ou artisans affluent et développent des manufactures pour l’exportation : soieries ; horlogerie ; imprimerie, notamment des livres évangéliques. Genève qui n’est alors pas suisse, et ne souhaite pas entrer dans la Confédération, contrôle l’accès au plateau suisse. D’où l’intérêt des Bernois de conclure avec les Genevois une « combourgeoisie » traité d’assistance mutuelle, dont la portée sera immense puisqu’elle assurera la liberté de Genève face à son puissant voisin savoyard.

• LA REVOCATION DE L’EDIT DE NANTES PAR LOUIS XIV EN 1685, provoque le mouvement du « Second Refuge », attirant une population instruite et qualifiée de nouveaux entrepreneurs : indienneurs fabricants de cotonnades imprimées ; banquiers ouvrant des comptoirs dans toute l’Europe et y réinvestissant leurs bénéfices ; artisans liés aux métiers de la « Fabrique » (horlogers, émailleurs, orfèvres, bijoutiers), laquelle emploiera près de la moitié de la population active de la cité au 18° siècle et qui confèrera à Genève une réputation mondiale inégalée de qualité.

A noter que les banquiers genevois et bâlois calvinistes prêtèrent au roi de France, dont les besoins de financement étaient insatiables. Le roi catholique ne pouvant le reconnaître, furent ainsi posées les bases du secret bancaire.

1.3. Les 18e et 19e siècles : Lyon ville de la soierie et Genève métropole

Au 18° et 19° siècle, Lyon n’est pas en mal d’innovation et d’ouverture sur le monde grâce à l’industrie des soieries, où elle supplante Genève pour le dépôt de brevets sur des machines ou des procédés, pour les échanges avec la Chine, pour le choix du fil, pour la qualité artistique du tissu. Au début du 19° siècle, la quasi-totalité des actifs lyonnais travaille pour la Fabrique de soieries et l’industrie lyonnaise sera de fait la fille de la soierie, qu’il s’agisse de la chimie, de la mécanique, du textile. C’est la soierie qui a aussi, pour une bonne part, par son exigence de qualité, permis à Lyon de préserver aujourd’hui sa compétitivité et sa tradition d’innovation plus contemporaines.

Mais Lyon a du mal à reconquérir le premier rang, en raison de la centralisation parisienne.

Genève au contraire a su tirer parti d’autres opportunités pour se hisser au niveau d’une métropole de premier rang.

• LA PREMIERE OPPORTUNITE CONTEMPORAINE DE GENEVE FUT POLITIQUE

Le Congrès de Vienne en 1815 fut essentiel. Enclavée au milieu des territoires sardes et français, la petite République souveraine de 30 000 habitants qui n’était liée qu’à travers un traité d’assistance mutuelle avec quatre Cantons suisses (traité de combourgeoisie), fit alors le choix de devenir le 22° canton suisse ; Mulhouse, alliée à 13 cantons suisses depuis le 16° siècle, choisit au contraire la France. C’est à l’occasion des traités de 1815 et 1816 que Genève obtint la contiguïté avec le Pays de Vaud sans accroître trop le territoire pour préserver la majorité protestante de la population.

Page 11: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 9

C’est le Congrès de Vienne qui reconnut aussi à la petite Suisse une neutralité perpétuelle dont personne n’imaginait alors qu’elle lui apporterait un jour un destin économique plus prospère que le puissant Royaume de France. 1815 est pour Genève le temps d’une économie reposant sur l’horlogerie, l’indiennerie, le tourisme, tous ouverts sur le monde et la clientèle fortunée.

S’agissant du tourisme, c’était un tourisme anglais sur le lac, et aussi la terre d’élection de l’alpinisme. Ainsi le genevois Horace Bénédict de Saussure, naturaliste et géologue, en fut il le fondateur dès la fin du 18e siècle : il prima les vainqueurs du sommet du Mont Blanc, Jacques Balmat et le Docteur Paccard en 1786, avant de gravir lui-même le sommet l’année suivante et de développer de nombreuses recherches et expériences scientifiques dans le massif.

Plus tard, après la révolution de 1864, la République et Canton de Genève allait être dynamisée par l’arrivée au pouvoir d’un indienneur visionnaire, James Fazy, qui démolit le rempart, développa la banque de crédit, le chemin de fer, etc.

• LA SECONDE OPPORTUNITE FUT LA NAISSANCE DE LA GENEVE DE L’HUMANITAIRE ET DE LA PAIX

Ce fut en 1830 la création de la société de la paix, puis surtout en 1864 la fondation de la Croix Rouge par Henri Dunant, traumatisé par les horreurs de la bataille de Solferino en 1859. Ainsi étaient fondés à la fois le droit humanitaire et la première organisation internationale. Puis apparurent les Conférences de la paix, dont en 1872 le premier tribunal arbitral, entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, pour l’affaire du bateau Alabama qui avait détruit tant de navires nordistes dans la guerre de Sécession.

• L’EDUCATION INTERNATIONALE Y TROUVA AUSSI A CETTE EPOQUE SA TERRE D’ELECTION

Dès 1874, l’Université a été pensée dans le but d’attirer des étudiants de tous pays. Ce furent à la fin du 19° siècle de nombreux slaves qui fournirent les plus gros contingents. L’immigration des talents, toujours choisie par les genevois, n’a pas cessé.

« Il y a cinq continents, et puis il y a Genève! »

Charles-Maurice de Talleyrand

Page 12: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

10 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

1.4. Et de nouveaux atouts au 20e siècle

• LA FIN DE LA 1 ERE GUERRE MONDIALE marqua encore une nouvelle étape, majeure, avec en 1919 l’obtention par le calviniste Wilson, président des Etats-Unis, du siège de la Société des Nations à Genève. D’où la présence aujourd’hui du siège européen de l’ONU, de 400 organisations gouvernementales ou non gouvernementales. Elle est ainsi devenue l’une des premières villes de congrès dans le monde et la plateforme internationale des services liés à la globalisation.

• LE DEVELOPPEMENT DE LA PLACE BANCAIRE fut spectaculaire dans la première moitié du siècle pour deux raisons :

− La neutralité de la Suisse pendant les deux guerres mondiales a permis au pays d’accéder au rang de place financière internationale, notamment pour la gestion de fortune.

− L’alourdissement de la pression fiscale dans de nombreux pays européens ayant attiré en Suisse d’importants capitaux, et les gouvernement français et belge ayant réagi en faisant pression pour limiter le secret bancaire en Suisse, le Parlement suisse a fait bloc pour introduire dans la loi, en 1934, un article stipulant que la violation du secret bancaire tomberait désormais sous le coup du droit pénal.

• L’AEROPORT INTERNATIONAL DE COINTRIN FUT EGALEMENT DECISIF

Construit dès l’implantation de la SDN, il fut sans cesse modernisé. Ayant échappé aux bombardements, il sera prêt à fonctionner en 1945 pour le trafic intercontinental ; Zurich n’ouvrant qu’en 1949.

Page 13: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 11

2. De la région polarisée par le fait métropolitain

2.1. La Genève internationale

• PANSER LE MONDE OU PENSER LE MONDE ? DES « BONS OFFICES » AUX « THINK OFFICES »

40 000 diplomates et fonctionnaires internationaux ; 30 organisations internationales gouvernementales ; 171 Etats étrangers représentés par une mission ou une représentation permanente ; 3 000 réunions internationales annuelles ; 2 400 employés des 250 organisations non gouvernementales2.

Telles sont quelques données relatives à une cité devenue le centre de diplomatie multilatérale le plus actif du monde.

C’est le lieu de la gouvernance mondiale. Il a longtemps prospéré sur la position de neutralité suisse durant la guerre froide, laquelle neutralité lui a permis un rôle majeur de « bons offices » et la valorisation d’une tradition humanitaire, depuis Henry Dunant. Or la guerre froide est terminée, et avec elle le rôle de bons offices. Et l’activité internationale de Genève s’est reconvertie sur la régulation des affaires mondiales dans le droit du travail (BIT), le commerce (OMC), la santé (OMS), les normes (ISO), la propriété intellectuelle (OMPI), le désarmement, l’environnement…

Ceci permet à la Fondation pour Genève d’indiquer « qu’on n’y panse plus le monde, mais qu’on y pense le monde ».Il est d’ ailleurs significatif de constater le siège à Cologny, près de Genève, du Forum Economique Mondial, réfléchissant chaque année à Davos sur l’avenir économique de la planète.

• UNE METROPOLE ECONOMIQUE

La Genève internationale, c’est aussi largement celle des entreprises multinationales. Dans une étude3 sollicitée auprès d’universitaires sur l’impact du secteur international sur Genève et l’arc lémanique, étude livrable en plusieurs volets de Juin 2013 à Juin 2014, la Fondation pour Genève montre le poids des entreprises multinationales étrangères et suisses : 70 000 emplois soit 28 % des effectifs, et 38 % de la valeur ajoutée de l’économie genevoise. Le poids des multinationales dans la valeur ajoutée atteint même 51 % dans le secteur du commerce et 77 % dans les assurances et les finances.

Genève est une place industrielle de premier plan, avec des secteurs leaders tels que la chimie des arômes et parfums (Firmenich, Givaudan), les biotechnologies, l’électronique (ex Sécheron pour la sécurité ferroviaire, LEM pour la mesure des paramètres électriques). Elle est surtout célèbre pour l’horlogerie avec de nombreuses firmes dont le premier employeur cantonal (ROLEX 4 000 salariés). Les trois secteurs de l’horlogerie, la bijouterie- joaillerie et la chimie représentent pour le canton près de la moitié des emplois industriels et 85 % des exportations en valeur. Genève est aussi la première place mondiale des ventes aux enchères de joaillerie et horlogerie.

2 Mission permanente de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies, la Genève internationale en quelques

chiffres, 2013, 10 pages. 3 Fondation pour Genève, l’impact du secteur international sur Genève et l’arc lémanique, cahier n°1 de

l’observatoire de la fondation pour Genève, 2013, 71 pages.

Page 14: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

12 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Genève est en outre une place financière majeure (22% du PIB cantonal et 34000 emplois) avec 140 établissements financiers et une excellence reconnue dans la gestion de patrimoines. Néanmoins, depuis le scandale UBS de 2009et la crise financière, les pressions américaines et européennes érodent le secret bancaire suisse. Le risque de départ de capitaux vers d’autres pays pourrait menacer de l’ordre de 3000 emplois. A moins que la métropole sache tourner son expertise majeure sur la finance, vers le financement des pays en voie de développement4.

En effet, depuis une dizaine d’années, la place financière genevoise a pris de nombreuses initiatives dans ce domaine, de manière à ce que les acteurs privés prolongent les efforts publics pour résoudre des problèmes de pauvreté, d’accès à la santé, à l’eau potable, à l’énergie. Elle a inventé le concept des entrepreneurs sociaux, et apporte davantage d’argent à la microfinance que la Banque mondiale, selon M Melchior de Muralt, vice Président de la Fondation Pictet pour le Développement. Cette dernière fondation présidée par le premier banquier privé suisse, en lien avec l’Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, est consacrée à cette démarche publique- privée. Elle vient de lancer en novembre 2012 un Centre de Finance et de Développement qui regroupe un ensemble pluridisciplinaire de compétences apportant expertise, formation et stimulation de la recherche

Par ailleurs, Genève connaît un développement fulgurant du trading des matières premières. Elle a désormais doublé Londres en tête des places mondiales pour cette activité. On y dénombre 500 sociétés et près de 9000 emplois directs. C’est à GENÈVE qu’est négocié un tiers des échanges mondiaux à la fois de pétrole, de céréales, de riz, d’oléagineux, de sucre, de coton. On y traite aussi 10% des exportations mondiales d’acier, 20% des affrètements maritimes, et aussi le café, les métaux… Les faibles taux d’imposition sur les bénéfices (12%) sont appréciés mais davantage encore la forte concentration de compétences. Le PIB créé par le négoce est estimé à plus de 10% du PIB genevois.

La métropole économique est aussi sensible en matière de tourisme et congrès. Ainsi, on compte dans le Grand Genève 270 hôtels et 13 000 chambres. Et les congrès sont légion, en particulier à PALEXPO où les salons internationaux de l’auto, des télécoms, des inventions… sont des références.

• DES EXTERNALITES NEGATIVES PREOCCUPANTES POUR LA COMPETITIVITE GENEVOISE

Cette métropole, petite en poids démographique mais si dynamique, a grandi longtemps sans plan urbain d’ensemble transfrontalier On constate ainsi aujourd’hui d’importants dysfonctionnements :

− rejet des constructions de logement sur la France voisine au-delà de la ceinture verte et agricole Cette ceinture agricole avait été conçue en 1940 au titre du plan Wahlen d’autosuffisance alimentaire. La prise de conscience par les élus de la nécessité d’un rééquilibrage est aujourd’hui rendue très difficile à la fois par le manque de foncier et par un très fort réflexe NIMBY5,

− par voie de conséquence, la progression spectaculaire des migrations pendulaires et avec elles de la congestion du réseau routier (y compris pour 20 000 frontaliers suisses résidant en France avec leurs familles),

4 Un certain regard sur la Genève internationale, entretien avec Yvan Pictet, Président de la fondation pour Genève

et de la Fondation Pictet pour le développement, Revue Interface n°14, Genève, page 15. 5 Not in my back yard (pas dans mon jardin)

Page 15: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 13

− et la menace au final qui pèse sur l’attractivité internationale de Genève alors qu’elle est depuis peu en compétition planétaire avec des pays ou des villes :

. souvent plus riches et capables d’attirer désormais de plus en plus de grandes conférences internationales (exemple : Dubai),

. et/ou moins soumises aux contraintes croissantes s’exerçant sur le secret bancaire suisse (exemple : Singapour).

Alors qu’une hospitalité bienveillante suffisait jadis à la Genève internationale, les élus comprennent qu’ils doivent développer un nouvel effort sur le logement, la sécurité, les transports.

• UNE METROPOLE BIEN PLACEE DANS LE PALMARES MONDIAL :

Les classements des villes selon leurs fonctions métropolitaines se multiplient depuis une vingtaine d’années. Ainsi en 1989 déjà, la DATAR produisait un document célèbre montrant la puissance de la dorsale européenne, popularisée par l’image d’une « banane bleue ». Plus tard, en 2003 puis en 2012, elle publiait de nouveaux classements, avec des limites soulignées par leurs auteurs ! 6

Dans les classements mondiaux, dont il faut souligner les limites liées aux données disponibles et aux choix des critères, il ressort que Lyon n’apparaît presque jamais, sauf dans le classement selon l’innovation urbaine par l’agence australienne 2 Thinknow Index : sur 189 villes, Lyon y figure alors en neuvième position.

Par contre, Genève et Zurich figurent presque toujours. UBS place GENÈVE en troisième position derrière Copenhague et Zurich pour le niveau des salaires bruts. The Global Financial Centre Index, (Londres), place Zurich et Genève respectivement aux 5° et 9° rang des places financières globales en 2012 : les forces du secteur bancaire genevois sont la gestion de fortune et le trading de matières premières. Mais Zurich est plus diversifié.

Les deux études de The Economist au plan mondial pour le compte de la banque Citygroup et de Cushmann et Wakefield au plan européen, avec des données de 2011, sont instructives.

On relève chez The Economist, la 1° place mondiale ex aequo de Genève et Zurich pour l’efficacité institutionnelle, et au plan global, la 7° position de Zurich et la 13° position de Genève sur les 120 villes les plus compétitives du monde.

L’enquête de Cushmann et Wakefield auprès de 500 dirigeants d’entreprises dans neuf pays européens sur la position de 36 villes européennes, révèle :

− que Lyon est retenue dans le classement pour tous les critères

− qu’elle est toujours devancée par Genève sauf pour la disponibilité d’espaces d’affaires ou pour le coût du travail.

L’écart est particulièrement important au bénéfice de Genève pour la qualification du personnel, l’accès aux TIC, l’environnement apporté par les pouvoirs publics, la pratique des langues, la qualité de vie de la main d’œuvre.

6 Céline ROZENBLAT, Ludovic HALBERT, Patricia CICILLE, Denise PUMAIN, Quelle métropoles en Europe, analyse

comparée, La Documentation Française, 2012, 108 pages.

Page 16: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

14 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

2.2. Une métropole lémanique polycentrique et campagnarde

2.2.1. La réalité socioéconomique d’une métropole élargie à l’ensemble du bassin lémanique

L’histoire de Genève lui a forgé une telle force d’image sur la planète qu’elle a masqué le fait qu’au cours des quarante dernières années c’est en fait sur un espace beaucoup plus vaste aux limites mal définies et sans cesse repoussées que se sont développées de manière fulgurante des fonctions majeures métropolitaines.

Le BAK Basel Economics7 évoque une région métropolitaine fonctionnelle délimitée par les mouvements pendulaires domicile-travail, à comparer aux régions métropolitaines de Zürich et Bale. Après Nyon, Gland, Ferney Voltaire dans les années soixante-dix, Lausanne est devenu un centre majeur, ainsi que de nombreuses petites villes telles que Morges, Rolle, Vevey-Montreux, Yverdon, Divonne, Evian, Thonon, Martigny. Cet ensemble gravite autour de deux repères fondamentaux :

− le lac,

− l’aéroport de Genève-Cointrin, qui accueille aujourd’hui 14 millions de passagers par an.

C’est une « campagne métropolitaine » combinant l’ouverture sur le réseau des villes mondiales et un paysage lacustre, bucolique et montagnard.

Cet espace multipolaire d’environ 1,6 million d’habitants connaît le plus fort développement dans le Pays de Vaud, moins contraint que Genève par la problématique foncière et bénéficiant tout autant des atouts de la Suisse en termes d’attractivité. Il enregistre cependant une moindre dynamique sur la rive française au sud du lac, même si les niveaux d’activité et d’emploi sont bien supérieurs aux moyennes françaises.

Il s’agit d’un territoire fonctionnel dont les limites sont difficiles à cerner et qui évoluent de manière continue. Ce territoire a cependant été esquissé dès 2001 par l’Institut de Recherche sur l’Environnement Construit (IREC) de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne8, dans le cadre du programme Interreg, selon le schéma ci-après.

7 Hensjörg BLÖCHLIGER et Claude MAURER, Paysage économique, dans Le feu au lac, vers une région

métropolitaine lémanique, ouvrage collectif coordonné par Xavier COMTESSE et Cédric VAN DER POEL, Avenir Suisse, Editions du Tricorne, 2006.

8 Léna POSCHET, Sébastien WUST, Michel BASSAND, La métropole lémanique, Rapport final, Programme Interreg IIC, contribution à la mise en réseau de compétences sur la métropolisation Pôle Rhône-Alpes Suisse, 70 pages, novembre 2001

Page 17: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 15

Schéma de la métropole lémanique

2.2.2. Une métropole atypique Contrairement à de nombreuses villes mondiales, cet ensemble flou ne comporte pas de centre. Il est pourtant très largement tourné vers le monde et développe un formidable rayonnement collectif dans de nombreux domaines, grâce à la force d’une extrême diversité.

Page 18: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

16 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

• DES CENTRES DE RECHERCHE ET UNIVERSITAIRES NOMBREUX ET DE PREMIER PLAN

Le CERN, l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, les Universités de GENÈVE et Lausanne, les écoles hôtelières, …attirent les meilleurs. D’où des développements hors du commun, par exemple au CERN , établissement de recherche fondamentale où est cependant né le Web utilisé quotidiennement sur toute la planète, ou encore à Lausanne où un groupement de centres de recherche va construire avec une aide européenne colossale (un milliard d’euros) un supercalculateur qui doit approcher la copie du cerveau humain (projet human brain).Les coopérations entre laboratoires dégagent une masse critique de la connaissance essentielle dans l’imagerie médicale, la génétique, la biologie moléculaire (2e rang mondial à Genève derrière Princeton), la physique…

• UN AFFLUX D’ENTREPRISES INNOVANTES DEVELOPPEES PAR LES SYNERGIES ET COMPETENCES CROISEES.

Ce sont les aptitudes de précision et de microtechnologie liées à l’horlogerie qui ont été le ferment de technologies médicales et micromécaniques déployées dans toute la région, jusque dans la vallée de l’Arve. Les savoir-faire se renforcent ainsi et se fertilisent avec ceux de la pharmacie, des micronanotechnologies, de l’énergie et de l’environnement.

A noter le fort développement vaudois, cumulant :

− l’ancienneté du groupe Nestlé , premier groupe mondial agroalimentaire implanté à Vevey depuis 1867 et qui vient d’installer à Lausanne un centre de recherche majeur avec 300 salariés,

− les grands noms de l’horlogerie suisse (Audemars Piquet, Blancpain, Jaeger-Le Coultre, Breguet),

− une vingtaine de sociétés étrangères installant récemment un quartier général, parfois pour l’Europe,

− 900 entreprises créées chaque année dont une vingtaine de start up dans la haute technologie. L’une d’entre elles, Logitech, à MORGES, est devenue leader mondial des périphériques informatiques,

− une centaine d’entreprises high tech dans le parc technologique d’Ecublens près de l’EPFL,

• L’IMPLANTATION DE CENTRES CREATIFS ET FAB LABS

Il s’y développe l’émulation, les échanges, les expérimentations, dans les « net up » notamment,

• UN FOISONNEMENT DE CENTRES DE FORMATION

Ils permettent tous les cursus scolaires internationaux, notamment des cursus intégralement assurés en anglais,

• DES MANIFESTATIONS CULTURELLES NOMBREUSES

Ceci concerne les domaines de la danse (ex ballet Béjart), du théâtre (ex Grand Théâtre de Genève), de la musique (ex Paleo Festival de Nyon, Montreux Jazz Festival, Concours de Genève, Centre Richard Wagner à Genève, Orchestre de Suisse romande), du cinéma, des musées (Martigny, Genève, 110 musées en Pays de Vaud,…).

Page 19: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 17

2.2.3. Une réalité ignorée On relève un paradoxe.

Nombre de villes françaises s’autoproclament métropoles ou rêvent de le devenir, hors de toute réalité d’un « connecteur » avec le monde.

Inversement, dans le cas du bassin lémanique, très rares sont les élus ou les citoyens, au-delà de quelques universitaires et des acteurs économiques, qui ont conscience de l’existence d’une réelle métropole lémanique où les villes fonctionnent un peu comme des quartiers d’un même ensemble ouvert réellement sur le réseau des villes mondiales.

Identité globale et identité locale sont en fait en très fort décalage.

L’effet frontière entre la France et la Suisse, comme entre les cantons suisses qui sont des Etats souverains, contrecarre en fait l’effet métropole. De plus, il est frappant de constater combien le secteur international est largement vécu comme « hors sol » par les habitants dans leur vie quotidienne.

Les autorités françaises et la Datar, qui ont validé l’existence d’une métropole francovaldogenevoise dans l’espace périurbain genevois, n’évoquent pas non plus de métropole lémanique.

Et l’inertie des citoyens est particulièrement forte : en 2002 Genevois et Vaudois ont repoussé à 80% une initiative populaire visant à fusionner les deux cantons. De nombreux Genevois ne considèrent d’ailleurs pas eux-mêmes leur cité comme une métropole, un centre de commandement.

Lausanne a su tirer parti des grands courants d’échanges ferroviaires au 19e siècle pour devenir le centre nerveux de la Suisse romande. Mais c’est un peu par hasard qu’elle devint capitale de l’olympisme en attirant le baron Pierre de Coubertin en 1915 pour y fixer le siège du CIO puis J. A. Samaranch en 1993 pour y fonder le musée olympique.

2.2.4. Le dynamisme du bassin lémanique Appréhender les évolutions statistiques de la globalité de la région métropolitaine lémanique ne peut faire l’objet pour l’instant que de valeurs approchées.

On dispose en effet :

− soit de données agrégées au niveau des cantons suisses et des départements français, donnant une base d’analyse pour le conseil du Léman (3 cantons suisses et 2 départements français) ou pour le territoire transfrontalier soutenu par les crédits européens INTERREG (5 départements français et 6 cantons suisses) sur des territoires beaucoup plus vastes que la métropole lémanique.

− soit de données rassemblées par l’INSEE et l’office cantonal statistique de Genève, à travers un observatoire statistique transfrontalier créé en 2001, pour analyser l’espace transfrontalier francovaldogenevois, désormais dénommé Grand Genève. Ce dernier comprend le canton de Genève, le district de Nyon, la zone d’emploi du Genevois français c'est-à-dire une zone d’influence spécifiquement genevoise ne constituant qu’une faible partie de la métropole lémanique.

En 2006, Avenir suisse a produit avec l’aide du BAK bâlois une étude centrée sur la notion d’influence économique, sur une aire considérant tout le pourtour du lac9.

9 I) Hensjörg BLÖCHLIGER et Claude MAURER, Paysage économique, dans Le feu au lac, vers une région

métropolitaine lémanique, ouvrage collectif coordonné par Xavier COMTESSE et Cédric VAN DER POEL, Avenir Suisse, Editions du Tricorne, 2006.

Page 20: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

18 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Les données datent cependant de 2003, et l’analyse demeurerait à actualiser, au niveau d’un ensemble aujourd’hui estimé à plus de 1,6 million d’habitants.

L’accord signé le 9 novembre 2011 entre les gouvernements genevois et vaudois sur la promotion de la métropole lémanique a certes permis une statistique cumulant les données des deux cantons au titre d’une « métropole lémanique » de 1,1 Millions d’habitants en 200810.

Cette aire ne recouvre que les deux tiers de la population de la région métropolitaine lémanique : il faut ajouter en effet la zone d’emploi du Genevois français (350 000 habitants), le Chablais haut savoyard (125 000 habitants) et le Chablais valaisan jusqu’à Martigny (40 000 habitants). Pour les besoins de la comparaison, on considère ce périmètre restreint aux deux cantons de Vaud et de Genève.

Il y apparaît quelques tendances significatives :

− un développement démographique exceptionnel,

− un rapport favorable entre actifs et retraités,

− une contribution croissante à la création de richesses : exportations, création d’emplois, résistance à la crise,

− un bon appareil de formation- recherche,

− la croissance des trafics de l’aéroport de Genève (14 millions de passagers par an) parallèle à celle des trafics de Zurich dont le volume est double.

Une autre méthode pour approcher la dynamique économique du bassin lémanique consiste aussi à travailler sur les données d’un espace plus large, celui de la Suisse romande, pour laquelle est défini depuis 2008 un PIB romand publié par les banques cantonales des six cantons romands (Neuchatel, Jura, Fribourg, Genève, Vaud, Valais). L’institut CREA (université de Lausanne) apprécie ainsi dans un rapport de 2012 la dynamique économique romande11.

Il ressort de ce rapport :

− une progression plus rapide, depuis 2001, du PIB romand (un quart du PIB suisse) par rapport à l’ensemble du pays. Un avantage de croissance cumulée en 10 ans est constaté à hauteur de 4 points (+22,3% en Suisse romande contre + 18,2% en Suisse). Sur 10 ans, la croissance annuelle moyenne s’est inscrite à 2,3% en Suisse romande, contre 1,9% en Suisse et 1,3% dans l’Union européenne,

− l’importance pour cette région championne de Suisse dans de nombreuses branches, avec une performance particulière pour la chimie, la recherche-développement, les instruments de précision, l’horlogerie et la bijouterie,

− un écart positif important en faveur de la Suisse romande pour l’emploi (+ 0,8% par an en 10 ans) et pour les salaires (+0,4% par an),

− des exportations romandes plus dynamiques (+5,9% par an depuis 2002) que la moyenne suisse (+4,2% par an).Les débouchés asiatiques sont particulièrement en développement.

10 Métropole lémanique, Mémento statistique de la métropole lémanique 2012, 26 pages. 11 Les raisons de la dynamique économique romande, rapport sur le produit intérieur brut romand, 24 mai 2012,

Forum des 100, 24 pages.

Page 21: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 19

Les données disponibles pour les échanges avec Rhône-Alpes sont globales pour l’ensemble de la Suisse : selon la CCI de Rhône-Alpes la Suisse est le 7° pays client et le 8° pays fournisseur de Rhône-Alpes ; on dénombre 68 implantations d’entreprises rhônalpines en Suisse et 517 implantations en Rhône-Alpes d’entreprises suisses.

2.3. Un potentiel de développement des fonctions métropolitaines rhônalpines

Le CESER a souligné en 2009 combien Lyon, qui n’est plus une métropole de premier rang noeud de réseau international, peut le redevenir si elle sait jouer la complémentarité avec l’ensemble du tissu rhônalpin12.

2.3.1. La spécificité de Rhône-Alpes : son réseau de villes Ce qui fait la spécialité de Rhône-Alpes c’est son réseau de villes en armature urbaine hiérarchisée autour de ses trois grandes villes et de ses villes moyennes. C’est ainsi qu’à la suite de l’appel à coopération métropolitaine de la DATAR en 2004, le réseau des villes-centres et grandes agglomérations de Rhône-Alpes a exprimé le souhait de développer des alliances pour des actions ciblées sur des espaces métropolitains à géométrie variable selon les projets, en privilégiant une approche pragmatique, et en écartant le concept peu réaliste de « métropole Rhône-Alpes ».

La Directive territoriale d’aménagement (DTA) de l’aire métropolitaine Lyon – St Etienne validée en janvier 2007 par décret en Conseil d’Etat souligne également combien on ne pourra accroître le rang métropolitain de cette dernière (estimé alors au 20ème rang européen) sans répondre à un double enjeu :

− acquérir une taille critique suffisante, notamment en développant les fonctions métropolitaines,

− concrétiser des stratégies d’alliance en s’appuyant sur le réseau des grandes villes de Rhône-Alpes et en saisissant toutes les possibilités de coopération avec Genève.

Le CESER a repris une telle approche dans sa contribution de 2009 sur la maîtrise foncière des territoires de Rhône-Alpes en métropolisation. Elle demeure aujourd’hui d’actualité.

2.3.2. Rhône-Alpes et son écosystème d’innovation Rhône-Alpes est remarquable par son écosystème d’innovation avec une part des industries manufacturières de haute technologie dans l’emploi total plus importante que la moyenne française.

Cet écosystème fait l’objet d’un diagnostic partagé dans la stratégie régionale de la Région Rhône-Alpes au regard de la spécialisation intelligente, dont la synthèse d’une version V0 a été transmise au CESER.

12 CESER Rhône-Alpes, Pour une maîtrise foncière dans les territoires Rhône-Alpes en métropolisation, novembre 2009.

Page 22: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

20 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Il en ressort que sont particulièrement concernés les écotechnologies, les sciences du vivant, les industries du sport et de la montagne, le numérique et l’image, les micro-nanotechnologies. Elle est la première région de France pour le nombre de pôles de compétitivité : ils intéressent près de 3 000 entreprises et innervent l’ensemble du territoire régional. Elle obtient 31 % des brevets délivrés au plan national, au 6° rang des régions européennes. En matière d’outils de transfert de technologie, elle compte 22 plateformes technologiques, 18 instituts Carnot favorisant le rapprochement recherche publique / monde socioéconomique (la moitié du réseau national), 7 living labs labellisés par le réseau européen ENOLL13 et 3 autres en cours de développement.

L’infectiologie microbiologie et les semi-conducteurs sont des compétences particulièrement fortes.

Au titre des technologies clés génériques identifiées par la Commission européenne comme indispensables au développement de nos bases industrielles et technologiques, Rhône-Alpes se place entre les 4e et 8e rangs européens de la production de brevets pour cinq compétences majeures : micronanoélectronique ; photonique ; nanotechnologies ; biotechs ; matériaux avancés ; procédés avancés.

Le diagnostic de la stratégie régionale d’innovation montre de fortes potentialités de combinaison de compétences, de constitution de taille critique et d’avantage comparatif dans plusieurs secteurs clés :

− la santé, avec une capacité à proposer des solutions globales et personnalisées pour les maladies infectieuses, les maladies chroniques, la sénescence,

− les procédés et l’organisation industrielle, notamment dans la chimie,

− les réseaux et stockages énergétiques (approvisionnement et maîtrise de la facture énergétique),

− le bâtiment intelligent à haute efficacité énergétique,

− l’approche système de la mobilité associant véhicules, infrastructures, espace urbain, gestion de trafic,

− le numérique,

− la filière montagne pouvant intégrer sport, sécurité et infrastructures.

Au-delà des écosystèmes d’innovation, Rhône-Alpes dispose d’atouts importants en matière de :

− tissu industriel (nombre et diversité de PME, centres de recherche des grands groupes),

− production électrique à l’aide d’un potentiel de première grandeur dans l’énergie nucléaire, l’hydroélectricité, l’énergie solaire (implantation de l’institut national pour l’énergie solaire),

− richesse de l’offre de formation,

− organismes de recherche publique (en particulier CEA, CNRS),

− très grands équipements de recherche (une dizaine),

− qualité de la recherche, au vu du nombre de publications, des distinctions scientifiques, de la présence dans le classement de Shangaï.

13 European Network of Living Labs (ENoLL), réseau lancé en 2006 à l’initiative de la commission européenne

Page 23: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 21

2.3.3. Rhône-Alpes est la plus décisionnelle des régions françaises de province.

Elle se caractérise par une présence importante de fonctions métropolitaines définies par l’INSEE au titre de cinq rubriques : commerce interentreprises ; conception-recherche ; gestion ; prestations intellectuelles ; culture - loisirs.

Selon la lettre n° 125 de l’INSEE de mars 2010. Il est à noter des effectifs de cadres des fonctions métropolitaines :

− en croissance plus forte qu’en Ile de France,

− en part significative de la population active non seulement à Lyon et Grenoble mais aussi Annecy, Chambéry et Valence.

• ANNECY bénéficie d’une présence équilibrée de l’ensemble des cinq grandes fonctions,

• CHAMBERY est spécialisée en prestations intellectuelles et en commerce interentreprises,

• VALENCE en commerce interentreprises et gestion. Les laboratoires se développent également dans la Drôme, dans le Rovaltain, dans les champs de l’écotoxicologie, la traçabilité, les fluides supercritiques, …

• PAR AILLEURS, SI LE DEPARTEMENT DE L’AIN connaît une moindre polarisation urbaine de l’excellence, il constitue le 3e département en matière d’innovation. Sciences PO Lyon marque aussi un intérêt manifeste pour développer un pôle national à Bourg, favorisé par sa proximité en distance/temps par rapport à Paris et la Suisse. Il y ambitionne un point fort de formations continues axées sur les compétences collectivités territoriales/interface public/privé, avec une orientation préférentielle sur le tourisme.

Toutefois, ce sont surtout Grenoble et Lyon- Saint Etienne qui dominent.

• LA ZONE D’EMPLOI DE GRENOBLE est la première de province pour la proportion de cadres des fonctions métropolitaines (35 000 cadres soit 14 % de la population active en 2006) et celle de Lyon est en 4° position (100 000 personnes soit 12,1 % de la population active en 2006) derrière Toulouse et Aix en Provence.

Grenoble est en tête pour la conception-recherche, avec le CEA, de nombreux laboratoires et pôles de compétitivité et de nombreuses entreprises (17 % de l’emploi industriel et 45 % des cadres de fonctions métropolitaines de l’agglomération).

A Grenoble, les liens entre recherche scientifique et industrie sont particulièrement anciens et féconds, par enchaînement de générations technologiques : hydroélectricité ; construction électrique ; physique nucléaire ; électronique et informatique ; nanotechnologies. De nombreuses entreprises étrangères leaders de l’électronique (ex. Xerox, St Microelectronics) sont implantées à Grenoble.

Sous la direction de ST Microélectronics et du Gouvernement français, le projet public-privé « Nano 2017 » vient d’être lancé le 22 juillet 2013 : ce projet prévoit d’investir 3 milliards d’euros sur 5 ans pour doubler la capacité de production de plaquettes de silicium à Crolles et se positionner sur le marché des fortes puissances de traitement avec faible consommation d’énergie, ou de l’imagerie nouvelle génération. Plus globalement, le pôle de compétitivité mondial Minalogic souhaite développer sa proximité avec le marché, notamment en favorisant l’émergence des start up et des PME.

Page 24: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

22 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

En matière de numérique, une entreprise américaine spécialisée dans la gestion sur cloud computing, la société Salesforce, vient de décider d’y implanter un centre de recherche et développement international, en raison de l’écosystème d’innovation qu’elle y trouve.

Toutefois cette cité alpine développée pour l’essentiel au 20° siècle, assez spécialisée, doit s’allier à d’autres pour peser dans un monde très concurrentiel.

Si on considère l’ensemble du sillon alpin, de Genève à Annecy, l’écosystème d’innovation représente 26 000 chercheurs, 5 plateformes et campus de recherche, 4 centres de recherche internationaux, 8 centres techniques industriels, 10 organismes de recherche nationaux, 5 incubateurs. Ceci avec des échanges inscrits dans un continuum géographique, sans effet frontière, par exemple entre les différents grands accélérateurs de particules.

• POUR CE QUI REGARDE L’AIRE METROPOLITAINE LYON – ST ETIENNE, la DTA a fait l’objet d’un diagnostic largement concerté et partagé qui met en évidence deux atouts maîtres toujours manifestes aujourd’hui :

− son activité économique

Elle est assise sur une solide tradition industrielle héritée de la soierie à Lyon, de la mécanique et du charbon à St Etienne. Le diagnostic de la DTA souligne surtout combien « c’est dans sa capacité à susciter et attirer des talents, des projets et des capitaux que résident ses meilleures cartes », avec « la présence d’équipes et cadres dirigeants au savoir-faire reconnu au niveau international ». Il souligne aussi son potentiel de multispécialisation dans plusieurs domaines d’excellence pour percer sur des marchés mondiaux très concurrents et très ouverts, en échappant au risque de trop grande spécialisation sur une ou deux activités.

L’agglomération stéphanoise, qui sort d’une période de reconversion industrielle, dispose de pôles d’excellence (optique/vision, design, technologies médicales, mécanique). La CCI ajoute la présence de quelques fleurons (seul banc français d’épreuve des armes, numéro un mondial du traitement de l’eau, leader des textiles de santé).

Pour l’agglomération lyonnaise, la dynamique identifiée est toujours actuelle. Ainsi, on y compte plusieurs pôles de compétitivité mondiaux (Lyon BIOPOLE et MINALOGIC) ou à vocation mondiale (AXELERA).

Par ailleurs, selon l’Aderly, en 2012, on a connu une implantation record de 71 entreprises en région lyonnaise, devant créer près de 2 000 emplois en 3 ans. Parmi elles, des centres de décision, des centres de Recherche et Développement tels que celui du groupe chinois Haier à Caluire (électroménager), de très nombreuses implantations dans le secteur des écotechnologies et des sciences de la vie.

− des fonctions supérieures rares permettant à la Région urbaine d’être en tête après PARIS pour accueillir des projets de taille européenne.

Ce potentiel est très diversifié. Ainsi, à titre d’exemple, on peut citer :

. les hôpitaux avec des spécialités reconnues internationalement en cancérologie, ophtalmologie, traitement des brûlures, immunologie, cardiologie, neurologie. On y emploie 70 000 salariés,

. les équipements et événements culturels (art contemporain, danse à Lyon, Jazz à Vienne design et livre à Saint-Etienne, …),

. les congrès et événements ou salons professionnels,

. 550 laboratoires publics et privés couvrant l’ensemble des disciplines scientifiques,

. l’atout logistique, conjuguant une position géographique de carrefour européen et un bassin de clientèle important.

Page 25: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 23

. l’énergie (notamment nucléaire et hydroélectrique).

Au fil des ans, plusieurs institutions internationales se sont implantées.

. le siège mondial d’Interpol, organisation internationale de police criminelle. D’autres équipements de rang national ont permis de constituer un pôle d’excellence international dans le domaine de la sécurité, avec la sous direction de la Police technique et scientifique et son fichier des empreintes génétiques, l’Ecole nationale supérieure de police, les laboratoires des Douanes et de la Répression des Fraudes.

. Euronews, première chaîne de télévision européenne d’information en continu.

. Le Centre International de Recherche contre le Cancer

. Le centre mondial d’alerte et de surveillance épidémiologique de l’OMS

. Le centre international de formation des vétérinaires

. En matière d’action humanitaire, l’Institut de formation professionnelle et d’expertise Bioforce et l’ONG Handicap international

Plusieurs organismes nationaux publics ou parapublics y ont été également décentralisés tels que, par exemple, les Ecoles Normales Supérieures Sciences et Lettres, l’Ecole nationale des contrôleurs du Trésor, le centre de recherche sur la catalyse de l’Institut Français du Pétrole,…

Le diagnostic de la DTA mentionne aussi à juste titre l’atout exceptionnel en France et en Europe que constitue l’aéroport de Lyon – St Exupéry avec sa forte réserve de capacité et une position à l’écart de la croissance urbaine qui permet une ouverture 24 H sur 24.

D’autres éléments confirment l’attractivité de Lyon. Ainsi, Jones Lang Lasalle indique avoir reçu cinq offres pour le rachat de la tour Oxygène.

On trouve aussi à Lyon plusieurs pôles tertiaires novateurs (ex. écoconception) qui plaisent aux grandes entreprises, ainsi qu’un quartier d’avant-garde, le quartier Confluence.

De plus, la taille moyenne de l’agglomération y favorise la qualité de vie, avec moins de temps passé dans les transports qu’à Paris.

Page 26: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

24 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

3. « Couturer » l’effet frontière

3.1. La Suisse, pays le plus compétitif du monde

Cette assertion du Forum économique mondial peut être illustrée par certaines données communiquées par la chambre France Suisse pour le Commerce et l’Industrie et montrant l’écart avec le système français14 :

− Revenus / coûts du travail

(Salaires, charges, assurances)

Sauf exception, le salaire minimum n’existe pas en Suisse. Il est souvent supérieur à 3 200 € par mois pour 42 à 45 heures travaillées. Le rapport France/Suisse passe de 1 à 2 voire de 1 à 3 (rappelons qu’en France le SMIC est de 1 430 € par mois pour 35 heures). Les charges employeurs avoisinent 18 % du salaire brut et les charges employées représentent 10 à 15%, alors que leur coût est beaucoup plus élevé en France (42 à 47 % pour l’employeur et 21 à 27 % pour l’employé). A cela s’ajoute le coût de l’assurance pour les salariés : conclue majoritairement avec des prestataires privés, pour 250 à 450 CHF, soit 203 à 365 € par mois et par personne, elle assure une couverture plus intéressante que le système français. La retraite à 65 ans est couverte par épargne de capitalisation. Globalement, le coût du travail est plus attractif en Suisse pour les entreprises (salaires ⊕ charges) comme pour les salariés (salaire ! assurance).

− Les relations au travail : droit et comportements

Alors qu’en France, le droit du travail est très complexe, avec plusieurs milliers d’articles de lois et règlements, il tient en Suisse en 43 articles du Code fédéral des obligations. Les contrats de travail formalisés sont rares en Suisse. Dans les entreprises sans représentation syndicale, les licenciements peuvent y être immédiats, sans explication et sans indemnité, avec seule obligation d’un préavis pour congés payés. La flexibilité du temps de travail y est forte, avec même le travail occasionnel ou sur appel. Pour autant, le droit de grève, garanti par la Constitution, est très rarement utilisé, et le peuple Suisse a refusé à 67 % le 11 mars 2012 une initiative populaire de réduction du temps de travail. Dans le même esprit, la ponctualité, la rigueur, la retenue et la discrétion, l’esprit collectif, la relation de confiance entre employeur et employé, la disponibilité sont des valeurs essentielles dans le monde du travail Suisse.

− Une main d’œuvre qualifiée

Ce pays de 8 millions d’habitants multilingue pratique les langues étrangères avec efficacité compte tenu du taux de présence internationale.

Il est à noter par ailleurs l’intérêt du système Suisse de formation professionnelle, comparable au système allemand ; le système dual dans les entreprises avec grande connexion aux centres de formation qui conduit 80 % des 16 – 20 ans vers l’accès à un métier à travers le certificat fédéral de capacité (en trois ou quatre ans) ou l’attestation fédérale de formation professionnelle (en deux ans). Un tel système qui permet aux jeunes de demeurer en-deça d’un taux de chômage de 3,4 % dégage par ailleurs plusieurs points forts soulignés par l’OCDE 15, tels que :

. l’adéquation à l’attente des employeurs qui forment davantage de personnel qu’ils ne peuvent en engager,

14 Echanges lors du séminaire organisé par la CCI de Lyon le 07/02/2013 sur le thème de l’implantation en Suisse. 15 OCDE, Learning for jobs, évaluation par l’OCDE du système de formation professionnelle suisse, avril 2009, 63 p.

Page 27: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 25

. un caractère assez vaste et pas trop spécifique à l’entreprise,

. des ressources importantes publiques et privées permettant une formation sur des matériels modernes,

. l’amortissement du système, les bénéfices compensant les coûts pour la majorité des employeurs.

Le système est de fait plus équilibré en raison du chômage plus faible. Par voie de conséquence, la formation universitaire en Suisse est perçue comme la voie par défaut. Pour autant, les formations universitaires suisses cultivent cependant l’excellence par suite du niveau de salaire proposé aux enseignants. Et de nombreux jeunes titulaires du certificat fédéral de capacité poursuivent leur formation dans une école supérieure.

− Un effort important en faveur de la recherche – développement16

Les dépenses de recherche et développement (16,3 milliards de CHF en 2012) pèsent 3 % du PIB suisse, contre 2,3 % du PIB français et 2,8 % du PIB allemand. Elles ont crû de 24 % de 2004 à 2008. Elles sont aux trois quarts le fait du secteur privé.

− Des autorités publiques veillant à la préservation de « conditions – cadres » pour le développement de l’entreprise

Toute aide publique aux entreprises est interdite ; un conseiller fédéral étant chargé d’y veiller. Mais les élus politiques cantonaux ou fédéraux, dans une culture du consensus et de la stabilité, se donnent pour mission d’accompagner le développement, à travers des politiques axées sur :

. des infrastructures de transport ou numériques,

. un droit du travail souple,

. des finances publiques saines (excédent budgétaire fédéral et tendance baissière de la fiscalité dans tous les cantons selon l’ambassade de Suisse en France, ceci alors que le taux de l’impôt est fixé par le peuple dans chaque canton et plafonné par lui au niveau fédéral,

. une communication performante sur la qualité suisse (Swiss made),

. des conditions fiscales sur mesure, avec négociation directe possible avec le chef d’entreprise (« ruling » avec l’administration fiscale),

. un avantage pour la Suisse amplifié par le taux de change.

. L’atout de la main d’œuvre des travailleurs frontaliers.

16 Données du Swiss Business Hub France, ambassade de Suisse en France.

Page 28: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

26 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Evolution des devises sur 10 ans

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

1,4

1,6

1,8

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013Années

vale

urs

1 CHF/DOLLAR 1 EURO/DOLLAR 1 CHF/EURO 1 EURO/CHF

Graphique élaboré par le CESER Rhône-Alpes

Ces différents facteurs de compétitivité sont probants en termes de résultats :

− une croissance économique plus forte qu’en France (+ 1 % en Suisse en 2012 contre + 0,4 % en France),

− un PIB par habitant de 67 560 $, soit 50 530 €, au 5° rang mondial 17 (contre 30 500 € en Rhône-Alpes et 27 700 € en France),

− un taux de chômage de 2,9 % en 2012 en Suisse, 5 % en Pays de Vaud, 5,6 % à Genève, 7,3 % en Genevois français,

− une industrie tournée vers l’export, malgré la force du franc par rapport à l’euro, entraînant une forte pression sur les marges, (1 CHF sur 2 gagné à l’export).

Face à une telle dynamique d’attractivité vis-à-vis des employeurs et des salariés, on comprend la difficulté à implanter des entreprises dans l’espace transfrontalier français où le taux de chômage demeure cependant beaucoup plus faible que la moyenne nationale par suite de la manne suisse.

Ainsi, à titre d’exemple, selon les données du contrat territorial emploi formation du Pays de Gex Bassin Bellegardien, ce dernier comporte un tissu d’établissements et d’emplois majoritairement dans les services, ainsi qu’un quart dans le commerce de détail, de 10 % dans le BTP et très peu dans l’industrie : alors qu’avec 32 % des effectifs, le département de l’Ain est le plus industriel de France, le Pays de Gex présente un taux d’emplois industriels très faible de 9 % ! Pour améliorer ce ratio, il a été imaginé par certains de faire évoluer le territoire vers le système suisse, soit en créant une zone franche, laquelle ne ferait toutefois que déplacer la frontière, soit plus radicalement (cf. Jacques Mercier, conseiller régional et maire d’Ornex) en faisant du Pays de Gex le 27° canton suisse.

17 L’INSEE estimait le PIB Rhône-Alpes en 2011 à 30 500 € par habitant, comme la moyenne des régions françaises, et

l’office fédéral de la statistique annonçait un PIB genevois à 104 900 CHF par habitant, soit 85 300 € par habitant

Page 29: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 27

3.2. Concilier fracture et couture dans l’espace transfrontalier Comme l’a souligné Etienne Blanc, président de la Communauté de Communes Pays de Gex devant la Commission du CESER, il est difficile de « concilier fracture et couture » sur la frontière.

La cœxistence de deux systèmes économiques et sociaux très différents est rendue plus complexe par des fonctionnements politiques hétérogènes :

− Une césure entre un État unitaire peu décentralisé et un État fédéral où les cantons, Etats fédérés, sont maîtres du jeu, avec une forte tradition de démocratie directe (votations, référendums).

− Le choix du peuple Suisse, confirmé en 2002, de demeurer hors de la construction européenne, tout en acceptant d’assouplir et de simplifier les relations bilatérales à l’aide des accords avec l’Union Européenne sur la libre circulation des personnes, votés pour une première phase en 1999 puis pour une 2° phase en 2004 (avec notamment l’entrée dans l’espace Schengen qui permet la libre circulation complète des personnes depuis le 1er juin 2007).

En Suisse, il faut de fait combiner trois droits en cascade :

− le droit communautaire avec les spécificités des bilatérales Suisse-Union Européenne,

− le droit fédéral,

− le droit cantonal.

3.2.1. En zone française transfrontalière, le dynamisme suisse est à la fois source d’avantages et de difficultés :

• DES AVANTAGES

Les salaires y sont plus élevés que dans le reste de l’hexagone (salaire médian d’un frontalier à Genève = 5 400 € en 2011) et le chômage y est parmi les plus faibles de France même s’il a beaucoup augmenté au cours de la dernière période. On y a plutôt bien traversé la crise économique, même si les français frontaliers sont les premières victimes des « trous d’air » économiques pouvant survenir en Suisse et faisant alors remonter de manière spectaculaire les taux de chômage dans l’Ain et en Haute-Savoie (à la charge de la solidarité nationale française). En conséquence, la croissance de la population y est très forte, comme le montre le graphique réalisé par l’observatoire statistique transfrontalier pour positionner l’évolution démographique du Genevois français.

Page 30: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

28 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Indice d’évolution de la population du Genevois français

Source : Présentation M. PRIVAT INSEE RHONE ALPES 10/05/2012

Les frontaliers (permis G) : l’effet frontière sur le marché du travail

Source : Présentation M. PRIVAT INSEE RHÔNE ALPES 10/05/2012

Cette dynamique en « France voisine » est liée à une véritable explosion des mouvements de migrations pendulaires transfrontalières dépassant toutes les estimations préalables.

Page 31: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 29

Dans le canton de Genève, 20 % des emplois sont occupés par des frontaliers étrangers. Selon l’observatoire statistique transfrontalier mis en œuvre par l’INSEE Rhône-Alpes et l’Office Cantonal Statistique de Genève, on compte en 2012 plus de 100 000 passages frontaliers quotidiens dans l’espace transfrontalier du Grand Genève, dont 63 000 français avec autorisations de travail en Suisse, 20 000 fonctionnaires internationaux et 20 000 suisses résidant en France (par choix et souvent par obligation compte tenu des coûts du logement). La Suisse est ainsi le premier employeur de la Haute-Savoie.

Pour compenser les charges générées, il a été mis en place depuis 1973 la rétrocession d’une part de la masse salariale brute des frontaliers du pays où est prélevé l’impôt payé par le salarié ; chaque canton suisse, État souverain, réglant différemment un accord avec le pays limitrophe.

Pour sa part le canton de Genève où est prélevé l’impôt à la source verse à la France une « compensation financière genevoise » représentant 3,5 % de la masse salariale des frontaliers ayant leur résidence principale en France. Cette enveloppe atteint 240 M CHF en 2012 prélevés sur l’impôt à la source payé par ces frontaliers, dont 76 % à l’attention de la Haute-Savoie (département et communes de résidence) et 24 % à l’attention de l’Ain. Cette recette est majeure pour les collectivités territoriales concernées, et souvent supérieure à la recette de DGF.

Pour les frontaliers travaillant dans le canton de Vaud, le régime d’imposition répond à un cadre beaucoup plus général, selon un accord de 1983 entre la France et 8 cantons suisses : l’impôt est dans ce cas général prélevé en France sur la base du salaire suisse moyennant une compensation au profit du Pays de Vaud représentant 4,5 % de la masse salariale brute des frontaliers.

• DES DIFFICULTES

La question foncière joue un rôle majeur ! Il faut faire face à une demande de logements accrue de 180 % en 40 ans dans l’espace francovaldogenevois, contre + 85 % en Rhône-Alpes.

A Genève, la situation est compliquée : un appartement T4 dans l’ancien se vend 1,5 million CHF, soit 1,22 million d’euros. De plus, la densification est plus difficile en Suisse qu’en France en raison du système politique plus démocratique : une votation peut interdire une construction. Les recours sont très nombreux, freinant les constructions. Ils durent parfois 8 ans contre 3 ou 4 ans en France. Les mises en chantier (1 800 nouveaux logements démarrés dans le canton de Genève en 2011) ne satisfont jamais les besoins. Aussi, le taux de vacance des logements demeure quasi nul depuis une dizaine d’années à Genève.

Il résulte de cette situation une périurbanisation débridée en territoire français, et peu anticipée, avec une consommation préoccupante du foncier agricole, de plus en plus loin. Avec cette progression, s’accroissent parallèlement les distances moyennes des flux pendulaires (elles ont augmenté de 20 % en 15 ans) et bien sûr le volume de ces flux, les temps de parcours et la fatigue engendrée. De plus, les prix du foncier en France explosent et ceux des logements neufs y ont doublé en 10 ans.

Ainsi à Ornex, village gessien frontalier, le terrain nu vaut 500 €/m² et il est évalué entre 4 000 et 5 000 €/m² construit. A Versonnex, des logements se vendent 5 500 à 6 000 €/m². En Pays de Gex, le coût de la construction dépasse toujours de 20 à 25 % le coût moyen : il faut par exemple payer davantage les ouvriers du bâtiment pour les retenir hors de Suisse. Pour les salariés travaillant en France, la question du logement est cruciale, notamment dans les services au public, les commerces.

Page 32: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

30 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Beaucoup d’autres difficultés existent pour assurer la vie quotidienne transfrontalière, telles que par exemple :

- les complexités administratives qui perdurent pour faire circuler même un véhicule de secours de part et d’autre de la frontière,

- la captation par la Suisse des salariés formés en France,

- la vie chère, à Genève, classée dans le top 5 des villes les plus chères du monde, mais aussi dans le Genevois français classé comme le plus cher de France avec Paris et la Côte d’Azur. Pour attirer et retenir des salariés, les mairies, les banques, bientôt les grandes surfaces proposent des primes de vie chère.

- on ne compte plus les métiers de service à la personne en souffrance (ex. maisons de retraite, crèches, aide aux personnes âgées),

- l’importance de la précarité, notamment pour se loger, avec un salaire de standard français du type SMIC et l’explosion des demandes de logement social,

- l’engorgement des infrastructures routières,

- la demande du Gouvernement français pour amener les frontaliers à passer courant 2014 du régime de libre choix des contrats privés d’assurance, auquel ils sont très attachés, à un régime obligatoire d’assurance maladie, beaucoup plus onéreux (taux de CMU passant de 8 à 13,55 %).

Les habitants sont ainsi conduits sans cesse à s’adapter pour optimiser les contraintes et atouts liés à la frontière.

3.2.2. Des efforts constants pour améliorer la gouvernance

Les élus ont compris qu’une seule issue s’offre à eux pour gérer l’effet frontière : coopérer.

C’est ainsi que plusieurs organes de coopération se sont développés, depuis plus ou moins longtemps parmi lesquels :

− Le CRFG (Comité Régional Franco Genevois)

Jusqu’à une époque très récente, seul le gouvernement français pouvait dialoguer d’égal à égal avec l’État fédéral suisse et les États que sont les cantons suisses. Créé en 1973, coprésidé par le Préfet de région Rhône-Alpes et un Conseiller d’État de Genève, il comprend les départements de l’Ain et de Haute Savoie, la Région Rhône-Alpes, l’ARC (syndicat mixte de coopération sur le Genevois français) et le canton de Vaud. Il pilote la coopération transfrontalière, arbitre les questions de voisinage, travaille en commission thématique.

− Le Conseil du Léman regroupant les 3 cantons et les 2 départements entourant le lac, avec présidence tournante, depuis 1987.

− Le Grand Genève initié en 2007, organisé en groupement local de gestion transfrontalière (GLCT) pour gérer l’agglomération francovaldogenevoise (opérationnel depuis 2013). La Région Rhône-Alpes en est membre à part entière et l’État français est membre associé. La société civile se constitue en Forum consultatif d’agglomération, regroupant 75 structures et installé le 25 septembre 2013,

− La « métropole lémanique » née en 2011, se résume à un accord entre les deux cantons de Vaud et Genève pour défendre leurs intérêts en Suisse.

Page 33: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 31

Cette coopération prend d’autant plus d’importance que l’Observatoire Statistique Transfrontalier Genevois estime la progression démographique de la grande agglomération genevoise au-delà de 500 000 habitants supplémentaires d’ici 2040 et donc un besoin colossal d’investissement pour préparer l’avenir.

Le Conseil du Léman permet des suivis statistiques communs, des études portées notamment par les chambres consulaires, des projets touristiques et culturels communs, un schéma de cohérence des transports.

C’est cependant surtout la coopération autour de l’agglomération genevoise qui est la plus développée avec les travaux du CRFG et ceux du nouveau GLCT « Grand Genève ».

Dès 1997, la charte d’aménagement du CRFG identifiait une agglomération francovaldogenevoise comme échelon de planification. Puis vint le tour des élus français frontaliers de s’organiser à travers une association, l’association régionale de coopération du Genevois (ARC),en 2001 devenue syndicat mixte en 2010.

En 2003, le dossier des transports publics étant particulièrement prégnant, une charte des transports publics est signée pour surmonter l’effet frontière. Le programme européen Interreg appuiera la démarche concentrée sur la liaison ferroviaire Cornavin – Eaux vives – Annemasse, la navette Genève – Bellegarde, la communauté tarifaire des transports.

66

Taux de vacance des logements à Genève

> Gérer une croissance démographique parmi les plus dynamiques d’Europe> Mieux répartir la production de logements et la création d’emplois à l’échelle de

l’agglomération

Observatoire statistique transfrontalierSynthèse 2011

Les défis à relever à l’échelle de l’agglomération

De 2004 à 2013, se construit ensuite progressivement le projet d’agglomération sur 204 communes dont 92 en Suisse et 112 en France, regroupant 860 000 habitants et 400 000 emplois. Une première génération sera lancée de 2007 à 2012 avec diagnostic partagé et charte engageant 18 partenaires. Avec le choix du nom de « Grand Genève » pour l’agglomération, une seconde génération est initiée le 28/06/2012 en renforçant les dimensions qualité de vie, cohésion, à l’aide de l’économie, du logement, de l’environnement, de la santé, de la formation, de la culture. La gouvernance du Grand Genève est désormais assurée par un groupement local de coopération transfrontalière (GLCT) de droit suisse, pour assurer la gouvernance du projet d’agglomération, avec intégration de la Région Rhône-Alpes et présidence confiée à M. François Longchamp, conseiller d’État de Genève.

Page 34: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

32 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Ce GLCT a vocation à se transformer en Groupement Eurorégional de Coopération (GEC), outil juridique créé par le Conseil de l’Europe (avenant au protocole de Madrid) , ce qui permettra d’élargir le champ de compétences avec un partenariat complet pour l’Etat français et la Confédération helvétique.

88

Evolution des déplacements 2002-2005-2011

> 20 % d’augmentation des déplacements entre 2002 et 2011

• Plus de 550’000 déplacements quotidiens de et vers le Canton de Genève

• Plus de 90’000 déplacements supplémentaires depuis 2002

> Part d'utilisation des transports publics en hausse sur toutes les frontières.

Présentation du CRFG 12/2011 – Mobilité transfrontalière

Le premier objectif du projet d’agglomération vise à rééquilibrer habitat et emploi pour enrayer les processus de mitage du territoire et de sécurisation routière par les migrations pendulaires. Les objectifs affichés dès 2007 n’ont pas été atteints (1 500 logements annuels construits en Suisse au lieu de 2 500 prévus). Le taux de couverture emploi / résidents demeure 123 % à Genève et 55 % dans le Genevois français.

Selon les projections de croissance démographiques d’ici 2030 (+ 200 000 habitants et + 100 000 emplois), les partenaires franco-suisses ont donc fixé deux objectifs :

- 30 % des nouveaux emplois sur le territoire français,

- partage 50/50 des nouveaux habitants de part et d’autre de la frontière (construction chacun de 3 500 logements par an).

Un plan directeur de l’habitat transfrontalier est prévu, mais l’interrogation demeure sur les modalités pour attirer des emplois sur le territoire français.

Page 35: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 33

Par ailleurs, les commissions du CRFG travaillent sur de nombreuses autres thématiques :

- formation (promotion des métiers et mémentos pratiques),

- accord cadre sanitaire pour l’accès aux soins, la formation des infirmiers (projet d’Institut à Ambilly),

- économie sociale et solidaire,

- projet agricole d’agglomération pour préserver les espaces agricoles,

- contrats de rivières et contrats de territoires corridors biologiques,

- spectacles et expositions.

Enfin, le défi de la mobilité est majeur et doit être conduit parallèlement au projet d’agglomération, notamment :

- l’achèvement du déploiement du RER francovaldogenevois articulé autour de la liaison Cornavin- Eaux Vives- Annemasse(CEVA) prévue pour 2018 et estimée à environ 1,2 milliard d’euros dont 234 M€ d’euros pour la partie française. Ce projet centenaire du CEVA doit permettre des fréquences de 10 minutes entre Annemasse et Genève- Cornavin ; de 30 minutes entre Annemasse, Evian, Annecy et Saint Gervais, et des arrêts nombreux ; ceci pour un trafic estimé à 50 000 voyageurs par jour. Des améliorations de la performance des voies ferrées des différentes branches de l’étoile d’Annemasse sont en outre nécessaires pour atteindre le niveau de service attendu. De plus, la Région Rhône-Alpes qui engage 55 M€ dans cette infrastructure, doit encore financer à hauteur d’environ 180 M€, en qualité d’autorité organisatrice, la moitié des 40 rames dédiées au projet.

- la modernisation de la gare d’Annemasse qui doit accueillir 6 millions de voyageurs, soit 15 fois plus qu’aujourd’hui dans un projet global Etoile d’Annemasse (quartier gare de 400 ha),

- des lignes de tramways reliant Genève à Annemasse, Saint-Julien en Genevois et Saint-Genis-Pouilly,

- un bus à haut niveau de service dans le Pays de Gex et le Chablais,

- un tram-train sur la ligne du pied du Jura,

- des parkings-relais.

Dans ce cadre, une négociation menée par l’Etat avec les collectivités territoriales a abouti à l’engagement du Canton de Genève à affecter sur 10 ans une enveloppe de 240 M€ maximum en faveur de ces projets d’infrastructures de transport de l’autre côté de sa frontière; la France apportant alors le double.

En sus du CEVA et des dossiers transport auxquels elle contribue, la Région est engagée dans le projet d’agglomération à hauteur de 10 M€ pour la période 2010-2014.

L’observation d’Etienne Blanc sur la difficile conciliation entre fracture et couture sur la frontière est encore compliquée par le dispositif institutionnel qui associe, selon Anna – Karina Kolb, directrice des relations extérieures du Conseil d’État de Genève, un «millefeuille français et un saucisson suisse ».

Page 36: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

34 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

LA COOPERATION TRANSFRONTALIERE FRANCO-GENEVOISE

source : Conseil d’Etat de Genève

Force est cependant de constater une grande énergie déployée par les élus et par les socioprofessionnels pour :

Rendre plus efficace la gouvernance transfrontalière sans construire une structure de plus,

Inciter, dans un champ des possibles assez réduit par le caractère peu exportable de la richesse genevoise, à la réduction des déséquilibres économiques, sociaux et spatiaux dans le périmètre proche de la frontière.

Le CESER Rhône-Alpes ne peut qu’encourager les acteurs à poursuivre et amplifier la dynamique ainsi engagée.

Les chantiers demeurent cependant encore largement à ouvrir en matière de projets considérés sur un périmètre beaucoup plus large et consistant à mieux articuler les fonctions métropolitaines de Rhône-Alpes et celles de la métropole lémanique, au bénéfice de l’ensemble. C’est sur ce champ que le CESER souhaite esquisser dans cette contribution quelques pistes de réflexions et recommandations.

Page 37: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 35

4. Suggestions du CESER pour une meilleure synergie entre la métropole lémanique et les pôles de Rhône-Alpes

Le CESER constate combien la recherche d’optimisation de l’effet réseau entre Rhône-Alpes et le bassin lémanique est encore peu à l’œuvre.

Elle répond pourtant à certaines préoccupations exprimées par les aménageurs. Ainsi, en France, la DATAR, en conclusion de son analyse de 2012 sur les métropoles en Europe18, exprime-t-elle que « le renforcement des liaisons interrégionales constitue des leviers d’action. Aux marges du territoire français, se trouvent toutes les villes dotées de fonctions institutionnelles européennes ou mondiales, mieux insérées dans les circulations que ne le sont les villes françaises (Bruxelles, Luxembourg, Genève, Barcelone). Des développements transnationaux avec ces villes proches pourraient donc sans doute soutenir aussi le développement de métropoles françaises (Lyon et Grenoble avec Genève, Lille avec Bruxelles, Nancy et Metz avec Luxembourg, Toulouse, Montpellier et Perpignan avec Barcelone, …)

L’Etat réitérait alors une volonté déjà exprimée dans la DTA de l’aire métropolitaine lyonnaise que « toutes les possibilités de coopération avec Genève soient saisies »

De même, Xavier Comtesse, directeur romand du Think Thank Avenir Suisse auditionné par la commission du CESER, indique-t-il combien la Suisse romande devrait trouver plus d’avantages à engager une coopération avec Rhône-Alpes qu’avec la Suisse alémanique. Il rappelle que la métropole lémanique, doit « jouer au niveau mondial » faute de pouvoir être européenne depuis le refus de la Suisse en décembre 1992 d’entrer dans l’espace économique européen. Il appelle ainsi de ses vœux la constitution d’une masse critique par rapport à la plupart des grandes métropoles mondiales. Il considère que s’impose une alliance objective avec Rhône-Alpes, dont la contiguïté, la tradition industrielle et la culture d’innovation sont de solides atouts.

Une collaboration à une plus large échelle encore a été proposée par les 13 universités et grandes écoles de Lyon – Saint Etienne, sous le pilotage de Jacques Samarut, directeur de l’Ecole Normale Supérieure. Elles ont exprimé lors de la candidature IDEX dans le cadre des investissement d’avenir l’idée d’une alliance du polygone Lyon – Genève – Lausanne – Neuchatel – Turin – Grenoble pour peser au plan mondial.

Pour le CESER, il convient de distinguer Pour le CESER, il convient de distinguer Pour le CESER, il convient de distinguer Pour le CESER, il convient de distinguer nettementnettementnettementnettement ::::

• le temps de la réflexion

• le temps de l’action

18 Céline ROZENBLAT, Ludovic HALBERT, Patricia CICILLE, Denise PUMAIN, Quelle métropoles en Europe, analyse

comparée, La Documentation Française, 2012, 108 pages.

Page 38: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

36 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

4.1. Le temps de la réflexion : anticiper une stratégie à moyen – long terme

La relation entre Rhône-Alpes et le bassin lémanique ne pourra être optimisée sans connaître et anticiper les évolutions sur la région lémanique d’abord, sur l’espace plus large de l’axe Rhône-Saône francosuisse ensuite.

4.1.1. Connaître et anticiper les évolutions sur le bassin lémanique • CONSTRUIRE ET ACTUALISER EN PERMANENCE UNE BASE D’INDICATEURS DE LA METROPOLISATION SUR LA REGION

LEMANIQUE

A l’échelle de l’agglomération francovaldogenevoise, comme à l’échelle de l’ensemble des deux cantons genevois et vaudois réunis en une « métropole lémanique », il existe désormais un observatoire statistique de la population, de l’économie, de l’emploi. Rien de tel pour le périmètre de la réelle métropole lémanique considérant tout le pourtour du lac ; la seule analyse connue étant celle réalisée par le bureau d’études bâlois BAK en agglomérant des données de 2003.

Pour le CESER, il importe que soient ciblés des indicateurs de performance en matière de développement économique, d’innovation, de recherche, de formation, pour constituer une base de réflexion et d’analyse, à comparer aux données suisses ou rhônalpines. Cette analyse n’aurait de sens que si elle pouvait être développée dans la durée de façon à dégager les tendances d’évolution comparée et à éclairer des choix stratégiques.

• ARTICULER ET REPRODUIRE L’INITIATIVE DU SCHEMA DE COHERENCE LEMANIQUE DES TRANSPORTS

Le Conseil du Léman a produit en 2008 et actualisé en 2012 un schéma de cohérence des transports à l’horizon 2030 sur le bassin lémanique, à l’aide de crédits du programme européen Interreg IV France Suisse 2007-201319.

Ce schéma a pour objet de dégager une vision globale et prospective, des démarches coordonnées en dépassant les limites administratives. Le CESER apprécie vivement le parti affiché dans le schéma de :

- faciliter la mobilité, présentée comme une condition sine qua non de la prospérité économique,

- inciter les synergies, entre des projets structurants d’envergure régionale rarement conçus à l’origine de manière transfrontalière,

- affirmer clairement une perspective multimodale.

L’élaboration de ce document de référence s’est attachée à la fois aux réseaux routiers, de transport collectif et cyclable.

Il permet d’identifier les incohérences et les lacunes telles que :

- les parts modales faibles des flux transfrontaliers de transport collectif, par suite du mitage de l’habitat, du manque de parc – relais et de liaisons fortes, désormais programmées pour la plupart ou envisagées,

- des faiblesses de l’offre ferroviaire au Sud du lac,

- des carences du réseau routier pour désenclaver le Chablais, pour relier l’A40 au Pays de Gex, pour absorber les flux aux heures de pointe entre Genève et Lausanne,

- le besoin de sécuriser le réseau cyclable et d’optimiser l’intermodalité vélo-transports collectifs, ainsi que de prévoir un itinéraire autour du lac.

19 Conseil du Léman, Schéma de cohérence lémanique des transports actualisation 2012, 20 pages.

Page 39: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 37

Le CESER souhaite que ce type de schéma de cohérence des transports sur le bassin lémanique :

- soit articulé avec le schéma national des infrastructures de transport, dont la « commission mobilité 21 » vient de procéder à une hiérarchisation de priorités,

- soit reproduit pour d’autres thématiques que les transports.

4.1.2. Constituer un espace rhodanien de taille critique pour peser sur la scène internationale

Il importe de développer une réelle vision stratégique globale transversale aux thématiques et aux espaces. A ce titre, le CESER rappelle qu’avec l’ensemble des cinq CESER du Sud-Est20 français, il a appelé de ses vœux en 2012 une vision interrégionale (anticipatrice et partagée à long terme) pour un grand projet européen de grande vallée Saône Rhône. Ce projet considère l’ensemble des territoires baignés en France et en Suisse par le fleuve, axe européen majeur de civilisation et d’innovation fondateur et fédérateur.

Il s’agit de dépasser un plan Rhône franco français et de développer une ambition en s’inspirant de la stratégie danubienne dont la commission européenne vient de montrer l’apport positif pour le développement des régions concernées. Le fleuve soit désormais être appréhendé non plus seulement dans une logique de flux d’échanges hydriques mais aussi de flux économiques et humains en valorisant le patrimoine culturel fluvial pour enraciner le développement économique de demain.

Se mobiliser pour une grande vallée de la prospérité structurante au plan européen, en rappelant combien le fleuve a fait éclore de larges pans de l’activité économique ; ceci devrait, selon les CESER du Sud Est, être une préoccupation première des trois cantons suisses et des cinq régions françaises concernées.

Pour les CESER, les territoires d’intervention doivent être emboîtés à des échelles plus petites, avec une géométrie variable pour être adaptée aux thèmes et enjeux traités selon l’espace le plus pertinent, de manière pragmatique, mais néanmoins avec une lisibilité, une publicité et une stabilité très fortes. C’est selon cette logique que devraient s’intégrer les synergies entre Rhône-Alpes et le bassin lémanique.

Le projet de grande vallée Rhône Saône doit permettre de dégager une vision commune et partagée, avec une perspective d’inscription dans les préoccupations de l’Union européenne. Au moment où s’élabore le projet de macro région sur l’arc alpin de la Slovénie à la Méditerranée, il serait opportun de lui adjoindre une stratégie relative à ses grandes vallées parallèles et externes :

− la vallée du Danube, déjà appréhendée au niveau européen,

− la vallée du Rhône.

Si les contenus d’un tel schéma stratégique sont importants, au moins aussi essentielle doit être la démarche de dialogue entre les acteurs méconnaissant trop souvent leur communauté de destin.

20 Propositions des CESER du Sud-Est, Plan Rhône au-delà de 2013, octobre 2012.

Page 40: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

38 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Dans une Europe dont le centre de gravité se déplace vers l’Est, c’est par la solidarité des territoires pour constituer une masse critique que ces territoires pourront demain demeurer « dans la course ».

Le CESER apprécie donc qu’un certain nombre d’initiatives aient pu être prises à l’échelle du Rhône, du glacier à la mer, et souhaite qu’elles constituent autant d’embryons pour bâtir un jour ce grand projet rhodanien :

− des initiatives associatives

Le thème du patrimoine culturel fluvial est abordé depuis longtemps par l’Alliance des Rhodaniens ou par le réseau Rhône, réseau de musées, services d’archives, lieux de patrimoine culturel et naturel.

Sur le plan économique, il est à noter les rencontres annuelles organisées dans une ville rhodanienne par le Forum économique rhodanien, en rassemblant des entreprises sur une thématique.

Dans le même esprit, et en complémentarité, vient d’être créée en mars 2013, l’association « Courant 812 » (812 km de longueur du Rhône) visant à favoriser la connaissance par les chefs d’entreprises des pratiques développées de part et d’autre de la frontière.

− L’initiative du ministère français de l’écologie qui a proposé aux autorités fédérales helvétiques une gouvernance partagée de l’eau du Rhône et du Haut Doubs, de manière à dégager une vision stratégique, en particulier en matière d’énergie et de ressource en eau.

Au sein de l’espace macro régional rhodanien, la constitution d’une entité de projet –et non pas d’une entité politique- commune à Rhône-Alpes et la métropole lémanique trouve tout son sens.

Ces enjeux stratégiques étant posés, il convient pour le CESER de s’interroger sur les pistes engagées ou envisageables pour construire progressivement un effet réseau entre Rhône-Alpes et la métropole lémanique.

4.2. Le temps de l’action pour un pragmatisme opérationnel porté par des acteurs de terrain

4.2.1. Il revient aux collectivités publiques d’inciter et d’accompagner les initiatives sans institutionnalisation à priori

Plusieurs exemples montrent les limites des structures et outils institutionnels binationaux pour exercer une influence déterminante sur le développement de projets locaux exigeant une grande réactivité et un calibrage précis.

• LA FONDATION FRANCOSUISSE POUR LA RECHERCHE fondée en 2005 à l’initiative de la Région Rhône-Alpes et du Canton de Genève et développée par les 3 Régions françaises Alsace, Franche-Comté Rhône-Alpes et l’ensemble des cantons suisses limitrophes était une structure de mission légère (deux salariés) qui paraissait prometteuse pour mettre en réseau des partenaires scientifiques.

Elle fut cependant victime de la difficulté de pilotage par des élus qui ont eu du mal à définir des priorités opérationnelles sur un espace sans doute trop large, où les intérêts régionaux et les contextes nationaux reprirent le dessus.

L’Alsace préfère coopérer avec le Bade-wurtemberg. La constitution des PRES prit le pas sur l’approche interrégionale en matière de recherche. Les cantons suisses réaffirmèrent leur identité, à laquelle ils sont si attachés. La fondation cessa ainsi son activité en 2010.

Page 41: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 39

• LE PROGRAMME EUROPEEN INTERREG FRANCE SUISSE est un outil de financement qui a montré toute son utilité pour développer des habitudes de travail en commun : animé par la Région Franche Comté, le Comité de programmation rassemble deux Régions françaises, 5 Départements français, 6 cantons suisses, l’Etat français, pour proposer à l’Union Européenne des soutiens par des crédits Feder sur des projets binationaux. Après la période de programmation 2007 – 2013, une nouvelle programmation est prévue pour 2014 – 2020. Compte tenu de la faiblesse de l’enveloppe (90 M€ inscrits dans le programme opérationnel 2007 - 2013) ces fonds ne peuvent constituer qu’un coup de pouce et une labellisation pour des projets d’assez faible montant. De plus, compte tenu de la composition de la structure de gouvernance, il est très difficile de faire accepter des projets hors zone strictement transfrontalière (malgré la possibilité réglementaire d’y consacrer 20 % de l’enveloppe). Enfin, les contraintes administratives liées au calendrier des délibérations par les assemblées élues, la lourdeur des pièces documentaires à fournir par les porteurs de projet, et la difficulté pour ces derniers à assumer un important portage de trésorerie, sont souvent dissuasives. Il semble assez difficile d’en attendre un effet décisif sur la construction d’un réseau opérationnel entre Rhône-Alpes et la métropole lémanique.

Pour le CESER, un soutien aux études stratégiques et prospectives serait cependant judicieux, dans l’esprit de l’appui apporté au schéma de cohérence des transports du bassin lémanique.

• LA COMPENSATION TRANSFRONTALIERE

Les dispositions fiscales pour les travailleurs frontaliers en Suisse varient selon les Cantons, et selon les pays frontaliers, aucune harmonisation européenne n’existant en ce domaine.

Dans la mesure où le Genevois français et le Pays de Gex supportent des charges externalisées croissantes hors de Genève en matière de services à la population, nombre d’élus locaux français appellent à une révision de l’accord franco-suisse de 1973 pour relever au-delà de 3,5 % le taux de la compensation financière genevoise.

Le CESER partage le souci de rechercher la plus grande équité. Toutefois, considérant qu’une telle révision ne pourra être isolée de la question de la compensation versée aux cantons de Vaud et du Valais, le CESER recommande que des éléments objectifs d’analyse soient produits par un organisme indépendant à l’échelle de l’ensemble du bassin lémanique, de façon à évaluer les gains ou pertes éventuels, dans une négociation, pour un territoire où la dynamique de développement est la plus forte en Pays de Vaud.

4.2.2. Le CESER suggère une politique de « petits pas » encourageant les démarches pragmatiques de collaboration portées par les acteurs de terrain

• AVANT D’ENGAGER DES ACTIONS NOUVELLES, IL CONVIENT D’ABORD DE VALORISER L’EXISTANT

− Connaître les collaborations existantes

Le CESER prend acte de l’existence d’un grand nombre d’initiatives individuelles de collaboration, méconnues, notamment entre chercheurs ou laboratoires scientifiques, entre acteurs ou établissements culturels.

Page 42: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

40 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Certains réseaux, informels ou non, existent, mais pas toujours. Enrichir et faire fructifier le foisonnement pourrait permettre de créer de la valeur par les synergies engendrées.

Le CESER suggère qu’un inventaire soit initié sur de tels échanges, par exemple à l’aide de plateformes collaboratives « en ligne » ou de réseaux sociaux. Il serait également judicieux de tirer parti ou d’actualiser les bilans élaborés par la Fondation pour la recherche.

− Forger dans les esprits une communauté de destin entre Rhône-Alpes et le Léman Les actions à caractère associatif (ex. Courant 812, forum économique rhodanien, connaissance du fleuve) et plus largement les champs de coopération sur la culture, le sport, la biodiversité et les espaces naturels, … trouvent ici toute leur place.

C’est en intensifiant les échanges de personnes, d’idées, de savoir, de savoir faire, etc. qu’on créera des habitudes de travail en commun et qu’on permettra à des espaces relevant de deux systèmes politiques, économiques et sociaux, de constituer la masse critique à laquelle les territoires doivent impérativement accéder pour passer dans le monde de demain.

Ceci devrait passer également par un traitement médiatique commun de l’actualité notamment culturelle de part et d’autre de la frontière : alors que la presse suisse romande traite souvent de l’actualité française, il serait souhaitable que la réciprocité soit de mise en Rhône-Alpes, y compris pour la télévision.

− Engager une collaboration entre les think thank existants du type Avenir Suisse et Institut Confluence

Il conviendrait d’encourager les coopérations entre ces entités, ainsi qu’entre les fondations rhônalpines et suisses.

• AMELIORER LES PROCEDURES DE COOPERATION D’ORES ET DEJA ENGAGEES

L’exemple de la gestion du fleuve peut être cité. Malgré les protocoles d’accord existants, la partie française a souvent le sentiment de subir des décisions unilatérales de la partie suisse qui détient l’ouverture du « robinet » à l’amont. Les dernières « chasses » du Rhône de juin 2012 pour vidanger les retenues des barrages de Verbois et de Chancy-Pougny et changer les grilles à Verbois l’ont bien montré : malgré de longs préparatifs communs et des procédures administratives interminables, les matériaux en suspension ont dépassé à l’amont de Génissiat 40 g/l durant 36 H pour préserver la sécurité sur le chantier des grilles de Verbois ; ce qui a provoqué une surmortalité importante de poissons. Une anticipation, voire une gestion commune plus forte auraient été nécessaires.

Plus largement, il convient d’améliorer la gouvernance des processus de gestion des eaux, du Rhône amont de Lyon depuis la régulation du niveau du Léman. A ce titre, les réflexions menées par l’Université de Genève au titre du projet Gouvrhone sont à suivre avec intérêt.

• ALLIER LA FORCE DU RECIT DES SUCCESS STORIES SUISSES AU POTENTIEL DE RHONE-ALPES

M. Xavier Comtesse, directeur romand d’Avenir Suisse, exprime combien la Suisse et ses entreprises ont su se vendre dans le monde en développant des « récits » d’une très grande force, relevés par les médias ; quelques exemples l’illustrant :

− Le secteur du luxe, notamment l’horlogerie, propose sur l’ensemble de la planète le label de qualité Suisse (Swiss made) qui est souvent un sésame sur les marchés.

− Cartier, dont les montres étaient perçues en 2002 comme moins fiables, a réorganisé sa production en achetant les sous-traitants et surtout en ouvrant des « shops » qui lui ont permis d’encaisser les marges du vendeur, lesquelles constituent l’essentiel du prix. La force du récit sur la qualité de la montre a fait le reste et a permis à Cartier de doubler les prix de vente.

Page 43: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 41

− Nespresso, leader des capsules de café, enregistre un chiffre d’affaires de 3 milliards CHF, dont 1,5 milliards CHF de bénéfices par le simple fait qu’on fait passer le message que c’est le meilleur café du monde !

« La métropole lémanique a su construire un récit puissant qui pourrait être allié à la force industrielle de Rhône-Alpes pour faire prévaloir l’ensemble, dans le champ de l’excellence, sur le marché mondial. C’est l’intérêt de Rhône-Alpes et c’est aussi l’intérêt de la Suisse romande, en accédant à une taille critique de 10 millions d’habitants et à un potentiel d’innovation majeur. »

Le CESER partage cette analyse.

• PLACER L’INNOVATION AU CŒUR D’UN PROJET COMMUN ENTRE RHONE-ALPES ET LA METROPOLE LEMANIQUE

Alors que la prospérité de la région lémanique se fonde bien davantage sur l’innovation industrielle partagée que sur la finance, c’est par le développement de synergies avec ses pôles d’excellence que Rhône-Alpes peut espérer tirer parti de l’économie-monde qui s’impose à tous.

Plusieurs formules devraient selon le CESER être combinées :

− Mettre en œuvre un projet commun très concret fondé sur un savoir-faire nouveau et « vendu » par un récit très puissant

M. Xavier Comtesse suggère qu’on restaure la dynamique industrielle, affaiblie en Rhône-Alpes, en faisant passer l’industrie elle-même à un stade radicalement nouveau. Il estime que l’expérience menée au Swiss Creative Center de Neuchatel avec des imprimantes 3D et la technique de télétransmission (downloading) de la création d’objets doit être la base d’une nouvelle ère industrielle. Il propose que, comme l’envisagent les Chinois à Shanghai, soient initiés ensemble dans le bassin lémanique et en Rhône-Alpes une vingtaine de ces centres dans les lieux publics, de façon à développer une communication massive sur un projet très pragmatique.

Le CESER souscrit à une telle idée capable de provoquer un sursaut global bénéfique à l’ensemble des territoires, par sa capacité de différenciation et d’optimisation de la compétitivité hors prix, pour apporter aux clients des prestations complexes.

− Rechercher des complémentarités dans le champ de l’innovation industrielle

Le CESER a pris connaissance avec intérêt de l’état des lieux piloté par la CCI de l’Ain pour le compte de l’Union Lémanique des Chambres de Commerce, sur une vingtaine de filières d’excellence du territoire du Conseil du Léman. Cette radiographie des filières met en avant leurs atouts majeurs ; entreprises, centres de recherche, fondations, clusters, incubateurs, pôles de compétitivité.

Elle met en relief les synergies qui pourraient se développer entre ou au sein des filières, à charge pour chacun des acteurs de s’en emparer en fonction de ses besoins et possibilités, ce qu’a commencé à étudier la CCI de l’Ain, notamment dans le cadre d’actions éligibles aux programmes européens.

Page 44: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

42 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Pour le CESER, il est essentiel qu’un certain nombre de filières soient priorisées pour que cette boite à outils de grande valeur soit valorisée et permette de développer des « bouquets de compétences » et de créer de la valeur, dans une perspective économiquement viable, socialement utile et dans le souci d’une visibilité internationale.

De plus, pour optimiser les chances de synergies, il importe de privilégier d’abord les champs les moins concurrentiels et de développer ensemble des projets communs pour des parties tierces.

Le CESER estime qu’une telle démarche doit concerner l’ensemble de Rhône-Alpes et pas seulement les départements frontaliers.

Il note avec intérêt la convergence de l’approche de la CCI de LYON avec celle de l’Ain.

Elle suggère en effet le développement d’ une action concertée d’intelligence économique sur des thématiques telles que l’énergie et les cleantechs, l’installation d’usine, la robotique de services, les plats cuisinés, la santé.

A titre d’exemple, des entreprises implantées à Lyon et dans le Valais pourraient développer des principes actifs sur les molécules végétales beaucoup plus vite ensemble que séparément. Dans cet esprit de création de valeur, il est proposé une démarche en quatre étapes : approche inter filières ; inventaire des compétences clés ; démonstrateurs sur les territoires ; marketing.

Le CESER souligne l’importance des approches décloisonnées entre les filières et clusters ; il est impératif de passer de logiques de silo à celles d’écosystèmes fertilisant les échanges et les rencontres improbables. Il considère indispensable, pour s’insérer dans la chaîne de valeur mondiale, de ne pas se limiter à l’innovation technologique mais de mettre l’accent sur l’innovation organisationnelle, le marketing, la prise de risque, …

Rhône-Alpes comme le bassin lémanique disposent d’un atout majeur, la diversité des savoirs et des savoir-faire.

Page 45: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 43

Reste à susciter la conviction de part et d’autre de la frontière et trouver les voies et moyens pour faire fructifier ce potentiel :

. par l’ouverture d’interfaces du type Creative centers, living labs où techniciens, créatifs et utilisateurs se rencontrent,

. par le développement de forums de scientifiques et industriels de l’espace Rhône/Léman du type de celui organisé en mai 2013 à Lausanne sur la transition énergétique. A noter qu’un nouveau forum de l’innovation est prévu à Lyon en 2014.

. par l’appui à la valorisation régionale des activités du CERN.

Le CESER observe que peu de découvertes du CERN ont été jusqu’ici valorisées sur place, sauf quelques exceptions comme la société AAA de St Genis-Pouilly devenue leader européen en tomographie (radio médicale) par émission de positons. Il encourage donc vivement l’ouverture nouvelle annoncée par le CERN pour la formation (écoles à Archamps, BTS à Bourg, échanges avec bibliothèques et établissements scolaires, formations continues et supérieures au CNAM), pour le traitement des tumeurs porté à Lyon par le projet Etoile, pour l’accueil des entreprises accédant aux marchés de l’accélérateur, un incubateur d’entreprises, … et pour des préoccupations touristiques, de transport et d’aménagement du territoire, formulées par convention du 13/05/2013 avec le Département de l’Ain et la Communauté de communes du Pays de Gex.

Si le CESER apprécie qu’une telle convention ait été signée avec un Département, il estime que l’initiative devrait être portée au niveau régional, lequel représente le bon niveau pour la stratégie de l’innovation.

• AU DELA DE L’INNOVATION, IL CONVIENT DE CHERCHER A VALORISER ENSEMBLE D’AUTRES POINTS FORTS DU TERRITOIRE RHONE-ALPES/LEMAN

− La formation

Il n’est pas d’économie performante sans valorisation des potentiels humains par une formation de qualité.

Le CESER souhaite tout d’abord que le système français de formation s’inspire de l’exemple suisse des formations « duales » où l’alternance et l’apprentissage sont la voie principale, avec à la clé des taux d’embauche très élevés. Il serait utile pour certaines filières industrielles (ex. aéraulique – frigorifique – thermique) d’internationaliser les cursus et parcours, en recherchant l’équivalence des diplômes et qualifications.

Il est à noter l’initiative que vient de lancer l’IEP de Lyon en proposant d’ouvrir à Bourg en Bresse, facile d’accès de Paris par TGV comme de Genève, un pôle de formation transfrontalier francophone, en lien avec la Suisse romande et la Wallonie.

S’agissant de l’enseignement supérieur, il ressort l’impératif d’une approche bien ciblée pour favoriser les synergies.

Un établissement rhônalpin peut trouver un faible intérêt voire un handicap à l’envoi d’étudiants en Suisse romande, par suite :

. du manque de différence culturelle entre les deux territoires,

. du risque d’une embauche en Suisse plutôt qu’en France.

Pour l’Université de Savoie, cette collaboration est au contraire absolument prioritaire, compte tenu de la proximité immédiate.

Page 46: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

44 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Enfin, certaines grandes écoles peuvent trouver intérêt à conjuguer leur même niveau d’excellence dans l’espace francophone : tel est le cas de la collaboration fructueuse engagée entre l’ENS de Lyon et l’EPFL de Lausanne, tous deux puisant dans un même vivier d’étudiants et pouvant développer des recherches complémentaires. A terme, il serait intéressant de développer le polygone d’échanges entre écoles de Lyon – Grenoble – Turin – Neuchatel – Lausanne – Genève tel qu’il a été proposé dans le dossier de candidature à l’IDEX de Lyon St Etienne.

Sur ce thème de la formation, comme pour les projets industriels, il ressort surtout l’importance d’une politique de « petits pas », en travaillant d’abord quelques sujets pour apporter toutes les chances d’une relation approfondie et durable.

− La banque et la finance

Alors que la banque est un secteur clé à Genève, la place financière de Lyon semble timide pour développer des relations avec elle, ressentant surtout la concurrence.

Des perspectives nouvelles pourraient toutefois surgir si, comme certains banquiers genevois le laissent entendre, ces derniers utilisaient une partie de leur savoir-faire, de première grandeur, pour le financement des pays en voie de développement, en coopération avec les ONG très nombreuses à Genève. Les banques genevoises doivent en effet faire face à une reconversion consécutive à la réduction progressive du secret bancaire.

Le bon positionnement de Rhône-Alpes en matière de relations internationales à caractère économique et/ou de solidarité internationale (handicap, aide humanitaire) ne trouverait-il pas alors avantage à une nouvelle complémentarité, avec les banquiers genevois, par ailleurs intéressés à améliorer leur image21. Peut-être un effet d’entraînement sur la place bancaire de Rhône-Alpes est-il alors concevable ?

Le CESER estime qu’une telle complémentarité aurait un effet bénéfique pour les deux parties.

− Le tourisme

Viarhona est un outil prometteur pour le développement touristique, en coordination avec « Suisse à vélo ». Un comité francosuisse est en cours d’élaboration.

Le CESER souhaite que ce support touristique véhicule la connaissance du patrimoine culturel fluvial, fondateur d’une identité rhodanienne enfouie dans les mémoires, mais fondatrice de la tradition d’échanges et d’innovation de la vallée. Il serait nécessaire de conter une histoire autour de Viarhona pour rendre vivant le concept.

Par ailleurs, le CESER a souligné à maintes reprises l’intérêt d’une mise en navigabilité touristique du Rhône entre Lyon et Seyssel. Ceci constituerait un atout majeur pour développer l’accueil d’une clientèle lémanique déjà largement sensibilisée au nautisme et pouvant bénéficier sur cet espace rhodanien d’une proximité d’un patrimoine naturel et culturel de très grande qualité.

Des partenariats promotionnels existent également, à stimuler : lake Geneva Region ; Léman sans frontières ; Best of the Alps ; The Alps.

21 Un certain regard sur la Genève internationale, entretien avec Yvan Pictet, Président de la fondation pour Genève

et de la Fondation Pictet pour le développement, Revue Interface n°14, Genève, page 15.

Page 47: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 45

En matière de formation comme de promotion, les acteurs français devraient se porter au niveau de la « qualité suisse ».

La qualité des hébergements touristiques doit être également adaptée, avec un effort de concertation à mener sur la question foncière.

Enfin, la complémentarité doit être recherchée entre les bureaux d’accueil des aéroports de Lyon et de Genève, où on compte plus d’un million de passagers à destination des stations de sport d’hiver. L’enjeu de coopération pour le tourisme hivernal est essentiel ; Genève constituant une porte d’entrée majeure pour l’ensemble des Alpes du Nord.

• ASSURER LA MEILLEURE PERFORMANCE DES RESEAUX DE TRANSPORT

− Les transports terrestres

Par suite de l’augmentation très forte des migrations pendulaires sur les agglomérations de Genève et Lausanne (550 000 passages frontière à Genève, en progression de 20% en 10 ans), la saturation du réseau est préoccupante.

. Le transport collectif

Les autorités publiques ont engagé de nombreux chantiers de transport collectif, comme le décrit le schéma de cohérence lémanique des transports.

Le CESER relève que de nombreux problèmes de financement sont encore en discussion.

Il souligne combien une synergie entre Rhône-Alpes et le bassin lémanique passe obligatoirement par une réduction des temps de parcours en train.

Dans un cadre financier contraint, il formule des priorités, sur le réseau existant :

. une révision de la politique d’arrêt des trains pour faciliter les rabattements sur les autocars et le transport à la demande,

. l’amélioration du réseau ferré de l’étoile d’Annemasse pour satisfaire au niveau de service attendu

. la mise en place de rames TER sur la ligne du Haut-Bugey et sur le réseau haut savoyard, avec des cofinancements suisses indispensables pour compléter l’apport de la Région Rhône Alpes autorité organisatrice,

. la multiplication des parkings de grande capacité, seuls à même de favoriser le report modal,

. l’aménagement d’un hub à Culoz avec un quai supplémentaire pour assurer un bon maillage avec le sillon alpin et les Savoie,

. une réfection de la ligne Bellegarde-Gex,

. une électrification en 25 000 V entre Bellegarde et la Plaine, pour assurer une liaison de bout en bout avec les rames TGV jusqu’à Cornavin et utiliser le matériel dédié au CEVA,

. un doublement, même partiel, selon le résultat des études en cours, de la ligne Aix--Annecy.

. La réouverture de la « ligne du Tonkin » Evian/St Gingolph pour relier Chablais français et valaisan, et assurer une ceinture ferroviaire autour du Léman.

A plus long terme, le CESER estime qu’il sera indispensable d’utiliser le contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise pour les voyageurs en relation avec Genève, en sus du fret pour lequel sa construction demeure prioritaire.

. Logement, TER et aménagement du territoire, une complémentarité à développer

Page 48: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

46 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Au-delà d’une densification sur le territoire suisse telle qu’exprimée dans la charte du Grand Genève, le CESER estime qu’il faut développer des coopérations franco-genevoises pour un aménagement harmonieux des territoires, avec des liaisons de transports urbains et intercités performantes, une implantation équilibrée des logements, soutenue par des financements binationaux. Des solutions de logement pourraient être valorisées par la mise en place de liaisons TER efficaces (temps de parcours, fréquence et fiabilité), notamment sur la ligne du Haut Bugey. Les travailleurs frontaliers pourraient profiter de logements à un coût abordable dans des territoires éloignés de Genève tels que les bassins de Nantua / Oyonnax ou de Bourg en Bresse.

. La voirie routière

Quel que soit le développement du réseau de transports collectifs, il importe pour répondre à la densité des trafics à courte distance de moderniser la voirie routière.

A ce titre, la première priorité doit concerner le désenclavement routier du Chablais. Le CESER déplore la décision de l’Etat, reprenant la proposition de la commission Mobilité 21, de différer sa réalisation. Il souhaite que cette position soit reconsidérée, dans la mesure où il existe la présomption d’une capacité de financement par péage, comme ce fut le cas pour Genève Annecy.

Comme l’exprime l’Etat de Genève, il est urgent aussi d’accroître les capacités autoroutières de contournement de l’agglomération, soit sur place soit par un ouvrage sous la rade.

Il importe que la Confédération en décide dans le cadre de sa politique des goulets d’étranglement, sans omettre de cofinancer les éventuels travaux sur le territoire français.

− Les traversées lacustres

1600 frontaliers prennent le bateau chaque jour entre Lausanne et Evian / Thonon, sans compter les passagers occasionnels. A cela s’ajoutent les flux par eau entre Nyon et Yvoire.

Il est essentiel d’accroître les capacités de transport lacustre pour assurer un bon report modal.

− Les transports aériens : quelle complémentarité entre les aéroports de Lyon et Genève ?

Les plateformes aéroportuaires de Lyon et Genève Cointrin sont aujourd’hui concurrentes :

. pour les grandes compagnies aériennes

Air France cherche à optimiser son hub à Lyon, où elle assure 35% du trafic. A Genève, la croissance de la métropole lémanique tire le trafic. Ainsi Air China vient elle d’ouvrir une ligne sur Pékin, et la compagnie SWISS, après 17 ans de report sur Zurich, vient elle d’annoncer la réouverture d’une base genevoise avec des avions à demeure, 160 navigants, 90 pilotes.

. pour les compagnies low cost

Easyjet Suisse représente 40% du trafic de Cointrin. Alors que la clientèle pour le ski, utilisant massivement low costs et charters, représente 200 000 passagers à Lyon, elle est 5 fois supérieure à Genève.

Page 49: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 47

Or il se trouve que la bonne santé de la métropole lémanique risque de saturer rapidement Cointrin … et d’offrir à Lyon des opportunités nouvelles. M Bertrand Stampfli, porte parole de Genève Aéroport considère que « les compagnies savent que les parts de marché se gagnent à Genève, pas à Zurich »22.

Genève Cointrin n’a qu’une piste et ne dispose plus guère de créneaux dans les aérogares, les parkings. On estime qu’à 18 millions de passagers, l’aéroport sera saturé. Avec aujourd’hui 14 millions de passagers, il est très contraint avec de longues attentes lors des pointes de trafic.

D’où l’appel récent des acteurs opérationnels de Cointrin à leurs collègues lyonnais pour les aider à faire face aux flux :

− lors des problèmes météo neige

− pour l’aviation d’affaires, les hélicoptères.

Lyon St Exupéry dispose au contraire d’une forte réserve de capacité. Accueillant 8,5 millions de passagers, son avant projet de plan masse approuvé après large soutien du CESER, prévoit un doublet de pistes, 2000 hectares, lui permettant un trafic de 20 millions de passagers. Les mouvements de nuit y sont autorisés. L’aérogare n°1 va connaître une modernisation considérable, estimée à 140 M€

Le fret avionné y intéresse de plus en plus les expressistes, qui disposeront bientôt d’un nouvel entrepôt. Emirates présent depuis longtemps à Genève vient d’ouvrir à Lyon un vol « full cargo » sur Dubaï.

En conséquence, le CESER préconise :

− de préserver les capacités de développement de Lyon - St Exupéry lors de la modification aujourd’hui engagée pour la DTA de l’aire métropolitaine lyonnaise

− de relier au plus tôt les deux aéroports par une liaison ferroviaire performante utilisant le futur contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise, dont la mise en œuvre ne doit plus être différée,

− de développer les coopérations entre les aéroports de Lyon et Genève, notamment pour l’aviation d’affaires, le fret, le tourisme hivernal.

D’une façon générale, le CESER recommande que les « leaders » politiques, économiques, universitaires créent les lieux de rencontres et d’échanges appropriés et réguliers pour bâtir ensemble une vision prospective.

22 La croissance sans fin de l’aéroport de Genève-Cointrin, le Progrès du 03/03/2013.

Page 50: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes
Page 51: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 49

Conclusion

La présente contribution du CESER s’inscrit en continuité avec ses travaux sur la métropolisation qui avaient montré combien l’avenir de l’ensemble des territoires de Rhône-Alpes dépend de leur capacité d’accès à des métropoles réellement fonctionnelles par leur fonction de tête de réseau et de connecteur avec l’économie mondialisée.

L’histoire comparée de Lyon et de Genève montre combien une métropole ne se décrète pas mais se constate comme le résultat d’opportunités politiques et économiques. Si Lyon fut une métropole de premier rang au cours des trois premiers siècles de notre ère puis à nouveau durant une brève période entre 1460 et 1560, la centralisation parisienne lui a ensuite porté un coup dont elle commence à se relever.

Le CESER souligne néanmoins combien elle peut redevenir métropole si elle sait jouer la complémentarité avec l’ensemble de Rhône-Alpes, son réseau de villes, son écosystème d’innovation, ses fonctions métropolitaines majeures.

A contrario, Genève est une métropole contemporaine de première grandeur. Après la brève période des foires du début du 15° siècle, c’est la Réforme et la République qui devait lui donner un nouveau départ d’un « hub » mondial. Celui-ci s’est ensuite consolidé par strates successives au cours des siècles. La dernière étape est celle de l’essaimage autour du Léman depuis quelques décennies forgeant une métropole polycentrique aussi dynamique et fonctionnelle qu’insolite et paradoxale par son caractère campagnard, son centrage sur un lac, sans conscience locale.

Cette région métropolitaine est placée sur la frange méridionale particulièrement dynamique du pays le plus compétitif du monde. Mais la fracture liée à l’effet frontière y est profonde et rend ce territoire particulièrement fragile. Dans l’agglomération genevoise, l’ensemble des acteurs a pris conscience de l’enjeu et travaille ardemment à « couturer » cette fracture, notamment à l’aide de la charte du Grand Genève validée en 2012.

Reste à articuler les deux échelons supérieurs :

− Rhône-Alpes, trop étrangère aux atouts d’une métropole qui lui est pourtant si proche,

− la métropole lémanique, dont certains acteurs reconnaissent une taille critique insuffisante et expriment un intérêt à faire système avec Rhône-Alpes davantage qu’avec la métropole zürichoise et la Suisse alémanique.

Le CESER esquisse un certain nombre de suggestions de collaborations :

− pour porter ensemble des stratégies de développement, notamment au niveau européen, et favoriser réflexions et échanges entre « leaders », universités, fondations, think thank…

− pour encourager des démarches pragmatiques portées par les acteurs de terrain dans plusieurs champs de création de valeur : l’innovation, en première priorité, et aussi la formation, la finance, le tourisme,

− pour consolider les réseaux d’échanges à l’aide de l’ensemble des modes de transport, en particulier ferroviaire, et pour développer la complémentarité entre aéroports désormais attendue par les Genevois.

Le CESER considère la présente contribution, non pas comme l’achèvement d’une réflexion, mais comme une ouverture sur des solidarités nouvelles entre deux espaces si étrangers, mais pourtant si proches et complémentaires et dont l’avenir devrait être de plus en plus indissociable.

Page 52: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes
Page 53: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 51

Bibl iographie

Agence française pour les investissements internationaux, investissement étrangers créateurs d’emploi en France. Rapport annuel 2012, 95 p.

Cantons de Vaud et de Genève. La collaboration Vaud-Genève franchit une nouvelle étape. Château de Prengins. 09/11/2011.

Chambre de Commerce et d’Industrie de Genève et Banque Cantonale de Genève, Genève ville mondiale, mythe ou réalité ? octobre 2010, 55 p.

Chambre de Commerce et d’Industrie de Genève et Banque Cantonale de Genève, le « Grand Genève » centre urbain et pôle métropolitain, novembre 2011, 43 p.

Comité régional franco-genevois (CRFG) et Interreg. Enquête sur la mobilité transfrontalière. Résultats 2011.

Comité régional franco-genevois (CRFG). Précarité dans l’espace transfrontalier genevois. Fiche 1-2013, 35 p.

Comité régional franco-genevois (CRFG). Projections démographiques 2011-2040 dans l’espace transfrontalier genevois. 2012, 28 p.

Conseil du Léman. Schéma de cohérence lémanique des transports. Actualisation 2012, 20 p.

Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) Rhône-Alpes. Contribution « Pour une maîtrise foncière dans les territoires de Rhône-Alpes en métropolisation ». Novembre 2003

Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) Rhône-Alpes. Optimiser les écosystèmes d’innovation en Rhône-Alpes. 14/12/2012

Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) Rhône-Alpes. Pour une maîtrise foncière dans les territoires de Rhône-Alpes en métropolisation, novembre 2009.

Contrats Territoriaux Emploi Formation (CTEF) du Haut Bugey, Pays Bellegardien, Pays de gex. Note de synthèse du territoire de la Zones Territoriales Emploi Formation (ZTEF) pour l’année 2012, 75 p.

Cushmann et Wakefield. European Cities Monitor, 2011, 33 p.

Groupement transfrontalier européen. Assurance maladie des frontaliers France-Suisse, problématique et discussion. Février 2013, 31 p.

Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) Première, n° 840, mars 2002

Interreg France-Suisse. Rapport annuel d’exécution année 2012 du programme opérationnel de coopération territoriale européenne INTERREG IV A France-Suisse 2017-2013. 54 p + annexes.

La lettre de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) Rhône-Alpes. N° 65, décembre 1999, n° 125, mars 2010, n° 155, novembre 2011, n° 162, janvier 2012

Les raisons de la dynamique économique romande. Rapport sur le produit intérieur brut romand. Forum des 100, 24 mai 2012, 24 p.

Métropole lémanique. Mémento statistique de la métropole lémanique, 2012, 26 p.

Métropole lémanique. Métropole lémanique et enjeux de mobilité. Rencontre des Conseils d’État genevois et vaudois. Berne, 05/06/2012.

Observatoire de la fondation pour Genève. L’impact du secteur international sur Genève et l’arc lémanique. Impact, cahier n° 1, 2013, 72 p.

Observatoire lémanique de la fondation pour Genève. Territoires d’affluence, 2011, 31 p.

Observatoire stratégique transfrontalier. L’espace transfrontalier genevois résiste à la crise. Rapport de synthèse 2003 à 2012. L’espace transfrontalier du Genevois dans un contexte européen. 2008, 32 p.

Page 54: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

52 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Learning for jobs : évaluation par l’OCDE du système de formation professionnelle suisse. Avril 2009, 63 p.

Ouvrage historiques

Projet d’agglomération francovaldogenevois. Charte 2012. Stratégies et priorités à l’horizon 2030, 90 p.

Propositions des CESER du Sud Est. Plan Rhône au-delà de 2013, octobre 2012.

Région Rhône-Alpes. Stratégie d’innovation de la Région Rhône-Alpes au regard de la Spécialisation Intelligente. Synthèse de ma version VO, 2013, 27 p.

Région Urbaine de Lyon. Forum « Rayonner dans l’Europe des grande métropoles, les défis de la Région Urbaine de Lyon ». Juillet 1999.

Swissbanking et Boston Consulting Group. Le secteur bancaire en pleine mutation. Perspectives d’avenir pour les banques en Suisse. Septembre 2011, 78 p.

The Economist Intelligence Unit limited, 2012, 38 p.

Union lémanique des chambres de commerce. Illustration sur la richesse économique du bassin lémanique : les filières d’excellence. 2013-2013, 165 p.

World Economic Forum. The Global Competitiveness Report, 2012-2013, 163 p.

COMTESSE Xavier (dir.) et VANDER POEL Cédric. Le feu au lac, vers une Région métropolitaine lémanique. Ouvrage collectif. Avenir Suisse. Editions du Tricorne. 2006, 201 p.

COMTESSE Xavier (dir.). Gouvernance à géométrie variable – perspective lémanique : Avenir Suisse. Edition du Tricorne, Genève, 2012.

GUEX Sébastien. Les origines du secret bancaire suisse et son rôle dans la politique de la Confédération au sortir de la seconde guerre mondiale. Genèse, n° 34, 1999, 4-27 p.

HOLBERT Ludovic (dir), CECILLE Patricia et ROZENBLAT Céline. Quelles métropoles en Europe, analyse comparée. La documentation française, 2012, 108 p.

KEARNEY AT. Global cities Index, 2012.

LUSSAULT Michel. L’urbain métropolisé français dans la mondialisation. Processus et scénarios. Revue Territoires 2040, n° 4, 2004.

PFLEIGER Géraldine (dir.) et BRETHAUT Christian. Gouvrhône : gouvernance transfrontalière du Rhône. Aigle. Décembre 2012.

PRIVAT-SAVIGNY Marie-Anne. Quand Lyon dominait le monde. EMCC, 2010, 160 p.

Page 55: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 53

Remerciements

Nous exprimons nos remerciements à tous ceux qui ont accepté d’éclairer notre réflexion et de participer à nos travaux, et plus particulièrement aux personnes auditionnées :

Monsieur BAGLAN Thierry, Président, Courant 812,

Madame BALLEYDIER Pauline, CCI de Lyon, Pôle international,

Monsieur BAUDRY Daniel, Directeur, ADE, Pays de Gex - Pays Bellegardien

Monsieur BEESAU Hugues, Rhône-Alpes Tourisme,

Monsieur BELLETESTE Florent, Directeur de la CCI Internationale, CCI Rhône-Alpes,

Monsieur BESSARD Lionel, Directeur des opérations, Aéroports de Lyon, Division relations internationales

Monsieur BESSAT Frédéric, Chef de porjet d'agglomération côté français, Conseil de développement du Genevois français, ARC Syndicat Mixte

Monsieur BEZINA Pierre, Directeur des politiques territoriales, Conseil régional Rhône-Alpes,

Monsieur BLANC Etienne, Président, Communauté de communes du Pays de Gex et du bassin bellegardien, Député-maire de Divonne

Monsieur BRUNAT Eric, Vice-Président chargé des relations européennes et internationales, Université de Savoie Chambéry Annecy,

Monsieur CARAMELLE Jérôme, CCI de l'Ain,

Monsieur CARRIER Louis, Vice-président, Conseil de développement du Genevois français, ARC Syndicat Mixte

Monsieur CHARMOT Jacques, Président, Conseil de développement du Genevois français, ARC Syndicat Mixte

Monsieur CHARRAT Michel, Président, Groupement transfrontalier européen,

Madame CHATELAIN Frédérique, Responsable, Espace Rhône-Alpes Annemasse,

Monsieur CHAUVET Jérémy, ERAI,

Madame COCHET Catherine, Animatrice, CTEF Haut Bugey Pays Bellegardien,

Monsieur COMOLI Bernard, Président, Coordination économique et sociale tranfrontalière, CEST

Monsieur COMTESSE Xavier, Directeur roman, Avenir Suisse,

Monsieur DANGER Pascal, CCI du Beaujolais,

Madame DARANY Tatjana, Directrice générale, Fondation pour Genève,

Madame de MORSIER Hélène, Genève,

Monsieur DHENEIN Philippe, DGA, Conseil régional Rhône-Alpes,

Madame DIAZ Fabienne, Conseil d'Allemagne Suisse, Pôle international, CCI de Lyon,

Monsieur DUBOIS Clément, Association suisse des employés de banque,

Monsieur DUPESSEY Christian, Maire et conseiller régional d'Annemasse,

Monsieur DURAND Maximilien, Directeur du musée des tissus de Lyon,

Monsieur DURIEZ Romain, Directeur, Chambre France-Suisse pour le commerce et l'industrie - CFSCI,

Monsieur FAILLETTAZ Michel, Ancien Consul général, Consulat de Suisse à Lyon,

Page 56: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

54 Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013

Madame FLORET Sylviane, ADE, Pays de Gex - Pays Bellegardien

Monsieur GAUD Bernard, Ancien Président, Conseil de développement du Genevois français, ARC Syndicat Mixte

Monsieur GINOT Pierre, Président, ADE, Pays de Gex - Pays Bellegardien

Madame GOUJON Delphine, Chef de service des affaires européennes et transfrontalières, Conseil général de l'Ain,

Monsieur GUETAZ Sylvain, Chargé de mission pôle développement des territoires, Conseil régional Rhône-Alpes,

Madame GUILLABERT Anne, SGAR Rhône-Alpes

Madame HOOD Marieke, Ambassade de Suisse, Swiss Business Hub France,

Madame HOOFT van HUIJSDULSNEN, ex Directrice, Fondation francosuisse pour la recherche et la technologie,

Madame HURION Sandrine, ERAI,

Monsieur JERDELET Sébastien, Responsable de communication, ARC Syndicat mixte,

Madame JIQUEL Sidonie, Directrice de l'aménagement du territoire et de l'économie, Conseil général de l'ain,

Monsieur KEIL Jean-Philippe, Cabinet MAZARS SA, Département des affaires régionales

Monsieur KLEIBER Charles, Ancien secrétaire d'Etat suisse à l'enseignement supérieur,

Madame KOLB Anna-Karina, Directrice a.i., République et canton de Genève, Département des affaires régionales, de l'économie et de la santé - Service des affaires extérieures

Madame LACHENAL Dominique, chargée de mission pour le Franco-Valdo-Genevois, Région Rhône-Alpes,

Madame LAFERRERE Guillemette, Coordonateur de projet, Association des grandes écoles de Rhône-Alpes,

Monsieur LEGAIGNOUX Jacques, Directeur, Conseil régional Rhône-Alpes,

Monsieur LELOUVIER Fabrice, Directeur UBIFRANCE Suisse,

Monsieur LESCAZE Bernard, Professeur d'histoire moderne, Université de Genève,

Monsieur LEZAT Etienne, Ville de Genève,

Monsieur LIEUPOZ Rémy, Responsable des relations institutionnelles, CCIT - Chambre de Commerce et d'Industrie Territoriale de Haute-Savoie, Département des affaires régionales

Monsieur LINCHET Thomas, Chargé de mission CDDRA, Conseil de développement du Genevois français, ARC Syndicat Mixte

Monsieur LOEFFLER Daniel, Directeur général des affaires économiques, Conseil d'État, Affaires économiques

Monsieur MERCIER Jacques, conseiller régional, maire d’Ornex,

Monsieur MESDESIRS Carl, Chambre France-Suisse pour le commerce et l'industrie - CFSCI,

Madame MEYNET Gisèle, Animatrice, Conseil de développement du Genevois français, ARC Syndicat Mixte

Monsieur MILLET Nicolas, Directeur du développement industriel et territorial, CCI de Lyon,

Monsieur MOLAGER Pierre, Sous-préfet, Saint Julien en Genevois,

Monsieur OCHSNER Michel, Président, Forum économique rhodanien, C/o Alternances professionnelles

Monsieur PETER Ludovic, UBIFRANCE Suisse,

Page 57: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 55

Madame PREVEIRAULT Pascale, Chargée de mission coopération transfrontalière Politique immobilière de l'État, SGAR Rhône-Alpes

Monsieur PRIVAT Christophe, Chargé d'étude, INSEE, Direction régionale de Rhône-Alpes

Madame RIONDEL-BESSON Guylaine, Spécialiste des relations entre la Suisse et les Etats de la communauté européenne - Droit européen et international de sécurité sociale, Cabinet juriste conseil entreprise, et Directrice des services accueil, juridique et social, Groupement transfrontalier,

Monsieur ROBERT Bruno, Chargé de mission, Conseil régional Rhône-Alpes, DT

Madame ROBIN Martine, Directeur adjoint, Région Rhône-Alpes, DPT

Monsieur ROSSIAUD Jacques, Professeur émérite d'histoire médiévale, Lyon,

Madame ROULET MARIANI Pascale, Cheffe vaudoise du projet d'agglomération, Conseil régional du district de Nyon,

Madame ROVRI Chantale, Responsable Observation économique, CCI de l'Ain,

Madame RYS Alexandra, Directrice de communication, CCI de Genève,

Monsieur SAMARUT Jacques, Directeur, Ecole Normale Supérieure de Lyon,

Monsieur SANGOUARD Bertrand, Chef de projet, Chambre France-Suisse pour le commerce et l'industrie - CFSCI,

Monsieur SCHAERRER Olivier, Porte parole adjoint, Banque cantonale de Genève,

Madame VALET Céline, Conseil régional Rhône-Alpes, DERIC

Madame VALLET Isabelle, Chargée de mission au cabinet, Mairie d'Annemasse,

Page 58: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes
Page 59: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Rhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes • 17 Septembre 2013 57

Page 60: Rhône-Alpes et le bassin lémanique, un destin communtransportschablais74.files.wordpress.com/2015/03/bassin-lemanique.pdfRhône-Alpes et le bassin lémanique • CESER Rhône-Alpes

Le CESER est très attaché à ce que l’ensemble des territoires de Rhône-Alpes bénéficient de l’accès à l’économie mondialisée à travers les connecteurs que sont les métropoles. Lyon n’est plus une telle métropole depuis cinq siècles mais peut le redevenir en s’appuyant sur Rhône-Alpes. Le bassin lémanique constitue une véritable métropole polycentrique dynamique mais méconnue et fragilisée par l’effet frontière.

Rhône-Alpes et la métropole lémanique ont-ils un destin commun ?

Le CESER ouvre cette réflexion en suggérant des pistes de collaboration pour une réflexion stratégique et pour des actions pragmatiques afin de tisser des réseaux autant physiques qu’économiques et sociaux.

MÉTROPOLE !!!! BASSIN LÉMANIQUE !!!! RHÔNE-ALPES !!!! AMÉNAGEMENT DU

TERRITOIRE !!!! METROPOLISATION !!!! RÉSEAU DE VILLES