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© Benjamin Tremblay-Auger, 2019 Réputation, Identités Transnationales et Soutien Étranger de Rébellions Mémoire Benjamin Tremblay-Auger Maîtrise en économique - avec mémoire Maître ès arts (M.A.) Québec, Canada

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© Benjamin Tremblay-Auger, 2019

Réputation, Identités Transnationales et Soutien Étranger de Rébellions

Mémoire

Benjamin Tremblay-Auger

Maîtrise en économique - avec mémoire

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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Réputation, identités transnationales et soutienétranger de rébellions

Benjamin Tremblay-AugerSuperviseur : Arthur Silve

28 août 2019

Mémoire de maîtriseDépartement d’économique

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Résumé

Les États s’impliquent-ils parfois dans des conflits pour promouvoir une réputation defermeté? Je revisite cette question fondamentale des relations internationales en l’étudiantdans un nouveau contexte. J’analyse les cas où des États soutiennent des rébellions de pop-ulations extérieures avec lesquelles ils ont des liens ethniques, religieux ou idéologiques. Jefais l’hypothèse que les États s’investissent dans certains de ces conflits afin de développerune réputation d’État défenseur d’une identité transnationale. Cette réputation leur permetde favoriser l’inclusion d’autres groupes co-identitaires ou d’obtenir des concessions enlien avec des enjeux internationaux.

Puisque la construction de la réputation ne peut pas être observée directement, j’étudie despreuves indirectes de son existence. J’utilise un modèle formel inspiré de Kreps et Wilson(1982) pour dériver trois prédictions directement reliées au mécanisme de la réputation:1) Plus un État a de disputes avec d’autres pays en lien avec des groupes co-identitaires,plus il est probable qu’il soutienne une rébellion; 2) Plus un État a de disputes, plus ilest probable que les groupes co-identitaires soient inclus politiquement dans leur pays; 3)Plus l’un de ces groupes est fort par rapport à son gouvernement, moins l’effet du nombrede disputes sur la probabilité qu’il se révolte est important.

Pour tester ces prédictions, j’utilise des données sur les liens ethniques transnationaux,l’inclusion politique des groupes ethniques et le soutien étatique de groupes rebelles entre1946 et 2010. Ces données riches me permettent de contourner certains des problèmesd’endogénéité et de taille d’échantillon qui affectent les études précédentes sur la réputationdes États. J’obtiens des résultats cohérents avec mes prédictions, mais qui ne sont pasrobustes à toutes les spécifications et tous les tests de robustesse.

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Table des matières

Résumé ii

Liste des figures v

Liste des tables vii

Introduction 1

1 Revue de littérature 6

1.1 Économie des conflits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1.2 Identités et conflits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.3 Soutien étatique de groupes rebelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.3.1 Motivations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.3.2 Liens transnationaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

1.3.3 Dynamique des conflits avec soutien étatique de groupes rebelles . 9

1.3.4 Modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1.4 Réputation et conflits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2 Modèle théorique 13

2.1 Modèle de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2.2 Force des groupes rebelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

2.3 Prédictions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

3 Analyse statistique 27

3.1 Données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

3.1.1 Variables principales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

3.1.2 Variables de contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

3.2 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

iii

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3.2.1 Tests pour les prédictions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

3.3 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

3.3.1 Prédiction 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

3.3.2 Prédiction 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

3.3.3 Prédiction 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Conclusion 46

Bibliographie 48

Annexes 54

1 Force des groupes rebelles futurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

2 Deux enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

3 Preuves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

4 Simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

5 Tests de robustesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

5.1 Prédiction 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

5.2 Prédiction 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

5.3 Prédiction 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

6 Statistiques descriptives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

7 Fusion des données de San-Akca avec la banque de données EPR . . . . . 97

iv

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Liste des figures

1 Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction dunombre de pays cibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

2 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays. . . . . . . . . . . 21

3 Nombre d’autres pays où l’État étranger a un lien avec un groupe ethnique 31

4 Construction de la banque de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

5 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (version avec deuxenjeux). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

6 Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction dunombre de pays cibles (θ1 = 0.05, π = 0.75,CP = 1) . . . . . . . . . . . . 69

7 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (θ1 = 0.05, π =0.75,CP = 1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

8 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (version avec deuxenjeux; θ1 = 0.05, π = 0.75,CP = 1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

9 Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction dunombre de pays cibles (θ1 = 0.50, π = 0.25,CP = 1) . . . . . . . . . . . . 71

10 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (θ1 = 0.50, π =0.75,CP = 1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

11 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (version avec deuxenjeux; θ1 = 0.50, π = 0.75,CP = 1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

12 Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction dunombre de pays cibles (θ1 = 0.05, π = 0.25,CP = 0.8) . . . . . . . . . . . 73

13 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (θ1 = 0.05, π =0.75,CP = 0.8). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

14 Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (version avec deuxenjeux; θ1 = 0.05, π = 0.75,CP = 0.8). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

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15 Nombre d’autres pays où l’État étranger a un lien de même type avec ungroupe ethnique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

vi

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Liste des tables1 Modèles prédiction 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

2 Modèles prédiction 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

3 Modèles Prédiction 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

4 Modèles sans les valeurs manquantes (prédiction 1) . . . . . . . . . . . . 78

5 Modèles avec des effets fixes pour le statut du groupe ethnique (prédiction 1) 79

6 Modèles avec soutien passé (prédiction 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

7 Modèles avec le nombre d’autres liens de même type (prédiction 1) . . . . 81

8 Test placebo (prédiction 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

9 Modèles sans les valeurs manquantes (prédiction 2) . . . . . . . . . . . . 84

10 Modèles avec des effets fixes pour le statut du groupe ethnique (prédiction 2) 85

11 Modèles avec soutien passé (prédiction 2) . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

12 Modèles avec le nombre d’autres liens de même type (prédiction 1) . . . . 87

13 Test placebo (prédiction 2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

14 Modèles sans les valeurs manquantes (prédiction 3) . . . . . . . . . . . . 90

15 Modèles avec contrôle pour la présence de soutien (prédiction 3) . . . . . 91

16 Modèles avec inclusion passée (prédiction 3) . . . . . . . . . . . . . . . 92

17 Modèles avec le nombre d’autres liens de même type (prédiction 3) . . . . 93

18 Modèles avec échelle d’inclusion à 6 niveaux . . . . . . . . . . . . . . . 94

19 Modèles avec échelle d’inclusion à 3 niveaux . . . . . . . . . . . . . . . 95

20 Statistiques descriptives des variables binaires . . . . . . . . . . . . . . . 96

21 Statistiques descriptives des variables non binaires . . . . . . . . . . . . . 96

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Introduction

L’un des plus vieux et importants débats de la littérature en relations internationales estla question de la réputation des États. Est-ce que les États cherchent à défendre leurréputation? Vont-ils s’impliquer dans des conflits internationaux même lorsqu’à courtterme le coût excède le bénéfice, uniquement afin de convaincre les autres pays qu’ilsdéfendent toujours leurs intérêts? S’ils le font, est-ce logique de leur part d’agir ainsi?Sur ces questions, les communautés académique et politique sont divisées (Tang, 2005;Dafoe et al., 2014).

Dans ce mémoire, je revisite cette question fondamentale et je lui apporte un nouveléclairage. Au lieu d’étudier les confrontations directes entre États, comme le font denombreux travaux sur la question (Dafoe et al., 2014; Clare & Danilovic, 2010), j’analyseles conflits indirects où des États soutiennent des rébellions dans d’autres pays. Entreautres, le fait que les guerres indirectes soient beaucoup plus courantes que les guerresdirectes depuis 1945 (San-Akca, 2016; Mumford, 2013) leur confère un attrait particulierpour l’analyse statistique. Je me concentre plus particulièrement sur les relations entre desÉtats et des populations extérieures qui ont des liens ethniques, religieux ou idéologiques,et ce, lorsque ces dernières sont politiquement exclues dans leur pays. Ces relations sontsouvent source de tensions internationales qui perdurent dans le temps (Bernauer, 2016).En outre, ces liens identitaires transnationaux occupent un rôle de premier plan dans lesoutien étatique de groupes rebelles. En effet, depuis 1945, 33% de ces interventions ontété faites en faveur de groupes partageant des liens ethniques ou religieux et 10% en faveurde groupes partageant une idéologie politique socialiste (San-Akca, 2016).

Plusieurs raisons peuvent justifier le soutien étatique de groupes rebelles. Les Étatspeuvent chercher à déstabiliser et à affaiblir des pays rivaux en y soutenant des rébellions(San-Akca, 2016; Salehyan et al., 2011; Lee, 2018). Ils peuvent aussi chercher à mettreau pouvoir des groupes défendant des principes politiques et économiques similaires auxleurs, ou des groupes simplement plus faciles à contrôler (Padró i Miquel & Yared, 2012).

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Ces justifications sont cependant insuffisantes pour deux raisons. Premièrement, ellesne permettent pas d’expliquer l’importance des liens ethniques et religieux dans le choixd’un groupe rebelle à soutenir. En effet, ces liens ne facilitent pas la déstabilisation et negarantissent pas la convergence des convictions politiques et économiques. Deuxième-ment, lorsqu’il y a un lien identitaire, les États soutiennent parfois des groupes rebellesimpliqués dans des conflits ayant un intérêt strictement national a priori faible. Ainsi,l’URSS et la Chine ont soutenu des insurrections de groupes communistes, même lorsquela victoire était peu probable et lorsque les pays concernés étaient d’un intérêt stratégiquefaible pour eux (Bernauer, 2016).

Prenons le cas de l’Iran, un pays dirigé par un régime théocratique chiite fort. En tant quepuissance régionale en compétition directe avec entre autres l’Arabie Saoudite et l’Israël,le pays a soutenu de nombreux groupes rebelles dans les conflits de la région. Ces groupessont chiites pour la plupart (Erstad, 2018). Or, pourquoi favoriser des groupes de mêmeconfession religieuse si l’objectif est d’affaiblir un adversaire politique ou de mettre aupouvoir un groupe plus facilement manipulable? Certains exemples laissent penser quel’identité religieuse des groupes n’est pas de première importance pour l’Iran. Le pays aen effet soutenu des rebelles chrétiens arméniens dans le but, selon plusieurs, d’affaiblir legouvernement azerbaïdjanais — un gouvernement laïc, mais dominé par les musulmanschiites (Heradstveit, vier). De même, le pays a soutenu le régime des Assad, sur lequel ila eu une influence considérable bien que ceux-ci soient de confession alaouite et issus duparti Baas « laïc » (Erstad, 2018). Ainsi donc, si les objectifs peuvent être atteints par lebiais d’autres groupes, pourquoi ce favoritisme pour les chiites?

Deux raisons ont été invoquées pour justifier cette préférence pour les groupes co-identitaires. Premièrement, un gouvernement peut chercher à obtenir le soutien d’unepartie de sa population en soutenant des groupes rebelles extérieurs issus de la mêmeethnie, religion ou idéologie, et ce, afin de solidifier son assise du pouvoir (San-Akca,2016; Bernauer, 2016). Deuxièmement, un gouvernement peut véritablement se soucierde ces causes rebelles pour des raisons idéologiques ou identitaires. Bien que souventpeu crédibles, les propos de plusieurs États sont compatibles avec une telle explication.Ainsi, l’Iran a déclaré vouloir étendre sa révolution islamique en soutenant des rebelleschiites (Erstad, 2018), un discours similaire à l’URSS qui voulait répandre le communismeen soutenant des groupes révolutionnaires (Bernauer, 2016). On peut aussi penser auxÉtats-Unis qui ont affirmé vouloir promouvoir la démocratie en soutenant des groupesrebelles favorables à ce système politique (Berman & Lake, 2019). Mais, est-ce queces déclarations sont crédibles, surtout si l’on pense que les États cherchent avant tout àdéfendre leurs propres intérêts?

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Enm’inspirant de la théorie de la réputation en relations internationales, je fais l’hypothèsequ’un État motivé uniquement par son intérêt national peut se faire passer pour le ferventdéfenseur de groupes associés à une identité transnationale dans le but d’obtenir plusfacilement des concessions dans des conflits semblables dans l’avenir. Ainsi, il peutvolontairement financer une guerre à perte afin de développer une réputation qui lui serautile par la suite.

Cette hypothèse est néanmoins difficile à étudier puisque de par sa définition, le phénomènede construction de la réputation ne peut pas être directement observé. En effet, il seraitillogique pour un État d’admettre qu’il soutient un conflit dans le but d’investir dans saréputation. Cela irait à l’encontre de sa démarche de construction d’une réputation. Pourtester mon hypothèse, il faut donc que j’analyse des preuves indirectes de ce phénomène.Pour ce faire, j’utilise des méthodes économiques.

Dans un premier temps, je modélise le phénomène avec un modèle formel inspiré dumodèle de la construction de la réputation de Kreps et Wilson (1982). Celui-ci me permetde démontrer que sous certaines conditions, le mécanisme de réputation est ici cohérentet plausible. De plus, ce modèle montre que même s’il est très peu probable que les Étatssoient sincèrement dédiés à protéger des groupes avec lesquels il ont des liens identitairestransnationaux — comme plusieurs le soupçonnent — cela est suffisant pour encouragerun grand nombre d’États à agir comme si c’était le cas. Finalement, j’utilise ce modèlepour dériver trois prédictions testables empiriquement, non évidentes et difficilementexplicables par un autre mécanisme que celui de la réputation.

Dans mon modèle théorique, je considère trois acteurs: un État étranger, un gouvernementcentral et un groupe d’opposition exclu politiquement et économiquement1. Le jeu debase se déroule en quatre étapes: 1) Le gouvernement décide d’inclure ou non le groupepolitiquement dominé; 2) L’État étranger décide s’il veut soutenir une rébellion de cegroupe; 3) S’il n’y a pas de conflit, le statut du groupe exclu reste tel que choisi par legouvernement en première étape et le jeu se termine. S’il y a un conflit, les rebelles ontune probabilité fixe de le remporter; 4) Si les rebelles gagnent, ils assument l’autonomiede leur région ou prennent le pouvoir du pays (tout dépendant de la situation) et le groupedominé est inclus politiquement et économiquement. S’ils perdent, le groupe est exclu.

1Remarquons que le groupe d’opposition ne prend pas de décision dans le jeu. Il ne s’agit donc pas d’unjoueur au sens de la théorie des jeux, mais je le désigne tout de même comme un « acteur » dans mon travailafin de faciliter l’analyse.

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Ce jeu est répété pour chaque adversaire de l’État étranger, c’est-à-dire les pays danslesquels il y a une partie de la population qui est exclue et qui partage un lien identitaireavec un groupe au pouvoir dans l’État étranger. Ainsi, à chaque répétition, l’État étrangerreste le même, mais le gouvernement central et le groupe d’opposition changent.

Le jeu est en information incomplète puisque le type de l’État étranger, « transnationaliste »ou « nationaliste », est inconnu des autres joueurs. Je suppose que le type transnationalistea un plus grand intérêt à ce que le groupe d’opposition remporte le conflit ou que legouvernement l’inclut, puisqu’aux considérations nationales s’ajoutent celles purementidentitaires ou idéologiques.

Ce modèle me permet d’obtenir entre autres trois prédictions testables empiriquement: 1)Plus l’État étranger a d’adversaires, plus il risque de soutenir une rébellion à la premièreitération du jeu; 2) Plus le nombre d’adversaires est grand, plus le premier groupe dominé ade chances d’être inclus; 3) plus ce premier groupe d’opposition est fort (autrement dit plusil a de chances de sortir victorieux d’une rébellion) moins l’effet du nombre d’adversairessur le risque de conflit est important.

L’intuition derrière ces prédictions est que plus un État fait face à de nombreux gouverne-ments, plus sa réputation a de la valeur. Il est ainsi encouragé à soutenir un conflit puisquecela envoie un message à plusieurs adversaires à la fois et favorise l’inclusion de plusieursgroupes d’opposition avec lesquels il a des liens2. De même, cela favorise l’inclusiondu premier groupe dominé, à la fois parce qu’il a plus de chance de recevoir un soutienétranger et de prendre le pouvoir et parce que son gouvernement est plus enclin à l’inclureafin d’empêcher un tel conflit. Finalement, plus le premier groupe rebelle est fort, plusl’intérêt pour la réputation — ici directement relié au nombre d’adversaires — a tendanceà avoir un effet dissuasif sur le gouvernement qui va plutôt chercher à éviter le conflit enincluant le groupe d’opposition.

Je teste empiriquement les trois prédictions qui ressortent du modèle théorique en constru-isant une nouvelle banque de données à partir de données existantes. Je concentre monanalyse sur les liens identitaires transnationaux de nature ethnique3. Ainsi, j’incorporedans ma banque de données des informations des données EPR sur les liens ethniquestransnationaux et sur le niveau d’inclusion politique des groupes ethniques dans leur pays

2Dans les faits, le nombre d’adversaires peut aussi avoir un effet négatif sur la probabilité de conflit s’ilest grand. En effet, lorsque l’intérêt à investir dans sa réputation est très grand pour l’État étranger, le risquede conflit est important et le gouvernement préfère inclure le groupe d’opposition pour éviter une rébellion.Dans la section 2.3, j’explique pourquoi on devrait tout de même s’attendre à ce qu’en général le nombred’adversaires ait un impact positif sur le conflit.

3Notons cependant que les groupes ethniques et les liens transnationaux sont très souvent définis enfonction de la religion. Par exemple, les musulmans chiites sont généralement considérés par la banque dedonnées que j’exploite (« Ethnic Power Relations ») comme un groupe ethnique. De surcroît, le chiisme esttraité comme une identité transnationale reliant ces groupes.

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(Vogt et al., 2015). J’utilise la banque de données de San-Akca (2016) pour identifier lescas de soutien étatique étranger à des groupes rebelles associés à des groupes ethniquesentre 1945 et 2010. J’approxime le nombre d’adversaires avec le nombre de pays danslesquels un groupe ethnique a un lien avec l’un des groupes au pouvoir de l’État étranger.J’utilise la proportion de la population du pays qui appartient au groupe ethnique pourestimer la force de ce groupe vis-à-vis de son gouvernement en cas de rébellion.

J’estime une série de modèles de probabilité linéaire avec différents effets fixes et con-trôles pour tester les trois prédictions. J’obtiens dans les trois cas des résultats cohérentsavec ce que dit le modèle. Ils ne sont pas toujours robustes face à certaines spécifica-tions alternatives et certains tests de robustesse plus exigeants, comme nous pouvionsnous y attendre compte tenu de mon objet d’étude. Toutefois, l’accumulation d’indicesconcordants fournit un soutien empirique convaincant aux prédictions du modèle.

Mon mémoire a la structure suivante: 1) la revue de littérature; 2) le modèle formel et lesprédictions empiriques; 3) la présentation des données, la méthodologie empirique et lesrésultats avec les tests de robustesse; 4) la conclusion

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1 Revue de littérature

Cette section analyse la contribution de mon mémoire aux pans suivants de la littérature :1) l’économie des conflits en général; 2) les liens entre conflits et trois types d’identités :l’ethnie, la religion et l’idéologie politique; 3) le soutien étatique de groupes rebelles : lesmotivations, l’importance des liens transnationaux, l’effet sur la dynamique des conflitscivils et les modèles existants; 4) les modèles de réputation et leur utilisation dans lalittérature sur les conflits.

1.1 Économie des conflits

Mon mémoire s’inscrit dans le champ de l’économie des conflits. On peut diviser cettelittérature en trois sous-champs : 1) l’impact des conflits sur l’économie (Anderton &Carter, 2009; Collier, 1999) ; 2) les causes économiques des conflits (Couttenier &Soubeyran, 2015), dont la fameuse « malédiction des ressources » (van der Ploeg, 2011);3) l’utilisation des méthodes économiques empiriques et théoriques pour analyser ladynamique des conflits. C’est dans ce dernier sous-champ que s’inscrit mon mémoire.

Les modèles économiques de conflits ont jusqu’à présent analysé les guerres civiles(Blattman & Miguel, 2010), en se concentrant particulièrement sur la faiblesse des insti-tutions comme cause (Skaperdas, 1992; Acemoglu, 2003; Besley & Persson, 2010; Azam,2006), et sur les conflits internationaux (Anderton & Carter, 2009; Caselli et al., 2015).En cela, mon travail fait partie d’une littérature naissante en économique qui étudie defaçon théorique et empirique l’interaction entre conflits nationaux et internationaux (voirSambanis et al., 2018; Martinez, 2017; König et al., 2017; Michalopoulos & Papaioannou,2016; Bagchi et al., 2019; Konyukhovskiy & Grigoriadis, 2018).

Mon mémoire contribue aussi à la littérature sur les explications rationnelles des conflits(Fearon, 1995). L’un des mécanismes qui y sont mis de l’avant est que les guerres sontsouvent la conséquence d’informations incomplètes. Mon modèle exploite ce type demécanisme en postulant que le niveau d’attachement identitaire des États étrangers pourles groupes rebelles, et donc leur intérêt dans les conflits civils, est difficile à déterminerpour les gouvernements. Ce phénomène est accentué par le processus de constructionde réputation qui encourage des États avec un faible niveau d’attachement identitaire às’impliquer dans des conflits afin de se faire passer pour des États ayant un haut niveaud’attachement. Mon travail offre donc une explication rationnelle au grand nombre deconflits civils avec soutien étatique de groupes rebelles et l’importance des liens identitairesdans ces conflits (San-Akca, 2016).

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1.2 Identités et conflits

Mon mémoire s’inscrit dans la littérature en économique et en science politique sur lesconflits identitaires (Esteban et al., 2012; Bernauer, 2016). Cette littérature identifietrois dimensions principales de l’identité: l’origine ethnique, la religion et l’idéologiepolitique (Bernauer, 2016; San-Akca, 2016). Notons cependant que dans plusieurs régionsdu monde, les séparations ethniques et religieuses sont souvent équivalentes et mêmeconfondues (Vogt et al., 2015). De plus, Bernauer (2016) et San-Akca (2016) analysentl’idéologie politique comme une forme d’identité, bien que ce ne soit pas le cas dansl’ensemble de la littérature. J’adopte le point de vue de ces auteurs en considérant que lesgroupes pro démocratie ou pro socialisme ont des liens identitaires respectivement avecles États démocratiques et socialistes.

Dans la partie empirique de ce travail, j’utilise seulement les liens de nature ethniqueentre États et populations extérieures. L’origine ethnique est l’une des principales causesde conflits dans le monde (Bernauer, 2016). Elle est la principale cause de guerres enAfrique et dans certaines régions de l’Asie (Esteban et al., 2012). L’ethnicité est aussi unesource importante de discrimination politique et économique (Esteban et al., 2012). EnAfrique, elle est fortement associée au clientélisme politique (De Luca et al., 2018).

Plusieurs auteurs en économique se concentrent sur l’origine ethnique lorsqu’ils analysentles conflits identitaires. La principale raison est qu’il est plus facile de construire unargument d’exogénéité pour l’ethnicité que pour d’autres formes d’identités. Pensonsnotamment à Spolaore et Wacziarg (2016) qui utilisent les migrations ancestrales enAfrique comme source d’exogénéité, ou alors à Michalopoulos et Papaioannou (2016) quiutilisent la carte de Murdoch de la distribution des ethnies en Afrique et justifient quecelles-ci ont été séparées de façon aléatoire par les frontières modernes. La religion etl’idéologie politique, bien qu’importantes sources de conflits, sont quant à elles souventendogènes, car ce sont des formes d’identités beaucoup plus malléables par les individuset les acteurs politiques (Bernauer, 2016).

1.3 Soutien étatique de groupes rebelles

1.3.1 Motivations

Le soutien étatique de groupes rebelles fait partie d’un ensemble de mesures que peuventadopter les États pour intervenir militairement dans d’autres pays. La première et laplus évidente est l’intervention directe qui s’avère cependant extrêmement risquée etcoûteuse sur les plans économique et politique comparativement à l’utilisation d’agentslocaux (Salehyan et al., 2011). Les groupes rebelles ne sont cependant pas les seuls

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intermédiaires auxquels un État étranger peut faire appel. Il peut aussi contrôler ungouvernement par le biais duquel il peut influencer les conflits nationaux (Padró i Miquel& Yared, 2012; Berman & Lake, 2019). Notons cependant que l’intervention directe etle soutien d’un gouvernement ont souvent pour objectif la stabilisation de conflits afin delimiter leur contagion et leurs impacts socio-économiques négatifs sur les pays voisins(Silve & Verdier, 2018; Beardsley, 2011; Carmignani & Kler, 2016; Bosker & de Ree,2014; Berman & Lake, 2019). Le soutien de groupes rebelles est cependant rarementutilisé dans ce but (Bernauer, 2016; Silve & Verdier, 2018).

À l’opposé, bien que cela ne soit pas déclaré ouvertement, le soutien de groupes rebellesest souvent utilisé pour déstabiliser des pays rivaux (San-Akca, 2016; Salehyan et al.,2011; Lee, 2018). Ce type de déstabilisation politique peut avoir un impact énorme surl’économie d’un adversaire, permettant ainsi de maintenir une position de domination quiprotège d’une agression ou facilite la victoire en cas de guerre. De surcroît, le financementde rébellions peut être un moyen de pression efficace lors de négociations internationales(Maoz & San-Akca, 2012).

Dans certains cas, les groupes rebelles peuvent être utilisés par des États pour exploiter desressources, bien que cela soit rare étant donné le coût élevé de financer une telle opérationsur une période prolongée (Bernauer, 2016). On peut tout de même citer le cas du soutienaux groupes rebelles de l’est du Congo, qui a présumément permis au Rwanda et à d’autresd’extirper les précieuses ressources minérales de ce pays (Sanchez de la Sierra, 2019).

En soutenant un groupe rebelle, un État étranger peut aussi chercher à mettre en place ungouvernement qui partage des idées similaires au niveau des politiques sociales, tel que lefavoritisme ethnique, religieux ou linguistique. Cette similitude peut aussi se retrouver auniveau économique, les États capitalistes et socialistes ayant économiquement avantageà s’entourer de pays partageant la même philosophie économique (Bernauer, 2016). UnÉtat peut aussi chercher à mettre en place des régimes qui sont facilement manipulables.Il peut ainsi s’assurer que certaines politiques sont adoptées, par exemple l’exportationde ressources rares telles que le pétrole (Padró i Miquel & Yared, 2012). De plus, sansnécessairement avoir un intérêt économique ou sécuritaire à mettre en place un régimevassal, un pays peut parfois être encouragé à le faire afin d’empêcher d’autres puissancesd’y étendre leur influence (Berman & Lake, 2019).

1.3.2 Liens transnationaux

La littérature récente démontre que les liens transnationaux identitaires (ethniques, re-ligieux et idéologiques) jouent un rôle très important dans le soutien étatique de groupesrebelles (Gleditsch, 2017; Bernauer, 2016). D’un côté, les États sont plus susceptibles de

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soutenir des groupes avec lesquels ils ont des liens et ces derniers sont plus susceptiblesde leur demander de l’aide (San-Akca, 2016). D’un autre côté, le fait de partager des liensidentitaires avec des États étrangers modifie la façon dont ces groupes sont traités par lesgouvernements en place (Michalopoulos & Papaioannou, 2016; Muller & Pecher, 2018;Jenne, 2004; Han & Mylonas, 2014; van Houten, 1998).

Or, si un État cherche à stabiliser, déstabiliser ou à exploiter des ressources, l’identitédes groupes rebelles devrait avoir très peu d’importance (Bernauer, 2016). Même sien théorie la similitude identitaire peut encourager un État étranger à mettre un grouped’opposition au pouvoir (Padró i Miquel & Yared, 2012), cela ne permet pas d’expliquerson importance dans les nombreux cas de soutien étatique à des causes rebelles ayant deschances de réussite marginales ou dont l’objectif n’est pas la prise du pouvoir (San-Akca,2016).

L’un des principaux arguments avancés pour expliquer le rôle des liens identitaires est quele soutien d’un groupe externe appartenant à une certaine ethnie, religion ou idéologie peutservir de signal envers des groupes locaux partageant unemême identité. Un gouvernementpeut ainsi espérer gagner le soutien politique de ces groupes en leur montrant qu’il leuraccorde de l’importance (San-Akca, 2016; Bernauer, 2016; Fearon, 1994).

Les dirigeants d’un État peuvent aussi avoir un désir sincère de défendre certains groupesà l’étranger. Parfois, la structure même d’un gouvernement est construite autour de ladéfense d’une identité ethnique ou religieuse (Iran, Israël) ou idéologique (URSS) et il estdonc naturel et même vital que ce pays se porte à la défense de groupes partageant cetteidentité à l’extérieur du pays. Dans ces cas, le soutien de groupes rebelles ne relève doncpas de l’intérêt économique, politique ou sécuritaire (San-Akca, 2016; Gleditsch, 2017).

1.3.3 Dynamique des conflits avec soutien étatique de groupes rebelles

Lorsque des États étrangers soutiennent des groupes rebelles, cela peut changer radicale-ment la dynamique des guerres civiles. Celles-ci sont en effet plus longues et plus diffi-ciles à résoudre par la négociation (Regan, 2002; Cunningham, 2006, 2010; Akcinaroglu& Radziszewski, 2005; Sawyer et al., 2017) ainsi que plus intenses et plus violentes(Nedrebo, 2009; Martinez, 2017; Siqueira & Sandler, 2006).

La simple possibilité qu’un groupe rebelle puisse être soutenu par un État étranger peutavoir un impact important sur la dynamique politique d’un pays. Les liens transnationauxpeuvent encourager la discrimination économique (Michalopoulos & Papaioannou, 2016;Muller & Pecher, 2018), l’exclusion politique et l’assimilation (Michalopoulos & Pa-paioannou, 2016; Han & Mylonas, 2014; Jenne, 2004). Ces liens peuvent aussi encour-ager le sous-investissement dans les institutions démocratiques, légales et de gouvernance

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(Lee, 2018). Cederman et al. (2013) trouvent quant à eux une relation en U inversé où cesont les cas intermédiaires, impliquant un soutien ni trop fort ni trop faible, qui favorisentle plus les conflits. La meilleure explication de ce phénomène est qu’un soutien étrangerfaible n’est pas suffisant pour entrer en conflit contre le gouvernement tandis qu’un soutienfort permet d’obtenir des concessions du gouvernement sans avoir recours à la violence(Evera, 1994; van Houten, 1998). Une relation analogue ressort aussi de mon travail. Eneffet, ce sont les États étrangers ayant un nombre de liens modérés, et donc un intérêtmodéré à s’investir dans le conflit pour défendre leur réputation, qui provoquent le plussouvent des rébellions. Ceux ayant un intérêt faible n’entrent pas en conflit et ceux ayantun intérêt élevé intimident les gouvernements et les font céder aux demandes des rebelles.

1.3.4 Modèles

Mon modèle théorique s’inspire du modèle de réputation (Kreps & Wilson, 1982), unenouveauté par rapport aux quelques modèles de soutien étatique de groupes rebellesexistants. Plusieurs auteurs réutilisent cependant le modèle de délégation et l’adaptent àcette problématique (Bapat, 2012; Salehyan, 2010; Salehyan et al., 2014; Salehyan et al.,2011; Konyukhovskiy & Grigoriadis, 2018)4. D’autres développent de nouveaux modèlespour analyser comment le soutien étranger de rebelles ou de terroristes peut encourager àla violence envers les civils (Siqueira & Sandler, 2006; Salehyan et al., 2014), comment lepotentiel d’obtenir ce soutien peut encourager un groupe ethnique à se rebeller (Sambaniset al., 2018) et comment cela peut changer la façon dont il est traité par son gouvernement(van Houten, 1998).

Ainsi, bien que ces modèles permettent de mieux comprendre la dynamique des relationsrebelles-patrons et rebelles-gouvernement, ils mettent un peu de côté la dynamique toutaussi complexe des conflits internationaux sous-jacents. Ceux-ci sont néanmoins prisen compte dans le modèle Schultz (2010), qui voit dans le soutien de groupes rebellesune façon d’attaquer un adversaire de façon secrète, ce qui peut provoquer l’échec denégociations internationales. De même, de façon plus minimaliste, Maoz et San-Akca(2012) modélisent la décision des États d’utiliser des groupes non étatiques pour s’attaquermutuellement et comment ils sont influencés par les possibilités de représailles. Bagchiet al. (2019), quant à eux, mettent en place un modèle avec trois États étrangers quisoutiennent chacun un groupe rebelle. Ils étudie la dynamique complexe qui ressortde leur modèle lorsque deux des États ont une forte aversion pour le groupe rebelle dutroisième État, ce qui selon eux est représentatif de la guerre en Syrie. Ainsi, le modèleque je développe permet d’analyser sous un angle nouveau, la réputation, la façon dont lesconflits internationaux influencent les guerres civiles.

4Salehyan (2010,2011,2014) s’inspire du modèle de délégation sans faire référence explicitement à unnouveau modèle formel.

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1.4 Réputation et conflits

Le modèle de Kreps et Wilson (1982) étudie le comportement d’entreprises en situationde monopole lorsqu’elles font face à de potentiels entrants. Deux types d’entreprisesmonopolistiques existent : l’entreprise « vengeresse » qui est prête à se lancer dansune guerre de prix à perte contre l’entrant, même si cela implique de lourdes pertes, etl’entreprise standard qui suit son propre intérêt économique de court-terme et laisse lanouvelle entreprise s’installer. Le type du monopole n’est pas connu des autres joueurs.Kreps et Wilson montrent qu’une entreprise standard peut agir comme une entreprise« vengeresse » pour se faire passer pour ce type et ainsi décourager d’autres d’essayerd’entrer dans le marché dans le futur. Le modèle que je développe reflète bien celuide Kreps et Wilson. L’entreprise en situation de monopole est remplacée par un Étatétranger de type « nationaliste » ou « transnationaliste » (équivalent aux types standards et« vengeresse ») et l’entrant est remplacé par un gouvernement central qui choisit de faireou non une concession politique ou économique (au lieu d’avoir un entrant qui décide deson entrée dans un marché).

Les modèles de réputation ont eu une influence considérable en économique, mais aussien science politique (Mailath & Samuelson, 2006). Dans le domaine des conflits in-ternationaux, plusieurs auteurs s’entendent pour dire que les États cherchent souvent àdévelopper une réputation d’interventionnisme, ou d’agressivité, puisque cela facilite lesconcessions d’adversaires dans les conflits futurs (voir Dafoe et al. 2014 une revue de cettelittérature). Ainsi, en intervenant dans des conflits ayant a priori un intérêt national faible,un État peut décourager d’autres pays de le défier dans l’avenir (Russett, 1963; Clare &Danilovic, 2010).

En politique intérieure, Walter (2006) s’est inspirée du modèle de Kreps et Wilson pourargumenter que les États cherchent à se construire une réputation de fermeté lorsqu’ils fontface à des rebellions. Elle montre que plus le nombre de groupes séparatistes est granddans un pays et que plus les territoires contestés ont de la valeur, plus le gouvernementva réprimer au lieu d’accommoder les rebelles. L’explication de Walter est que les Étatsont un plus grand intérêt à maintenir une réputation d’intransigeance lorsque les groupesrebelles sont nombreux. Ma stratégie empirique est conceptuellement analogue à la siennepuisque j’utilise le nombre de liens identitaires avec des groupes rebelles dans d’autrespays pour évaluer l’incitation pour un État à se construire une réputation d’État « identitaire». Mon travail est aussi directement en lien avec celui de Clare et Danilovic (2010) quianalysent la prise de position de pays dans des disputes internationales et qui s’inscritdans une vaste littérature sur la théorie de la dissuasion (Dafoe et al., 2014). Ils trouventque plus un État a de rivaux, plus il va adopter des positions fermes ou entrer en conflit

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afin de promouvoir une réputation de « force ». Ces deux approches souffrent cependantd’un problème d’endogénéité important: le nombre de disputes ou de groupes séparatistesauquel un État fait face est endogène au mécanisme de la réputation. En effet, si un Étatest ferme dans ses relations avec ses adversaires, cela devrait décourager d’autres de ledéfier. Dans la partie empirique de mon travail, le nombre de pays opposés à un État estexogène, puisqu’il est uniquement basé sur les liens ethniques transnationaux et ne dépendpas de si les adversaires d’un État choisissent de le défier.

D’autres auteurs mettent cependant en doute l’importance de la réputation dans les re-lations internationales (Dafoe et al., 2014). Plusieurs critiquent les études empiriquessur la question puisqu’elles sont souvent conduites sur de petits échantillons et souffrentde problèmes d’endogénéité. De plus, la logique même du mécanisme de réputation estattaquée sous plusieurs angles. Entre autres, Jervis (1982) doute de la capacité des Étatsà maintenir une réputation et à véritablement avoir une influence sur la perception queles autres ont d’eux. De même, certains argumentent que la réputation est rattachée auxchefs d’État et non aux pays, ce qui laisse supposer que son impact est de courte durée(Huth, 1997; Wolford, 2007). Néanmoins, il est clair que la réputation a toujours étéd’importance pour les hommes d’État (Dafoe et al., 2014; Tang, 2005).

En somme, mon mémoire contribue à la littérature de trois façons : 1) il permet defaire des liens entre les littératures sur les conflits identitaires, les conflits internationauxet les conflits nationaux; 2) Il amène une nouvelle perspective théorique et un nouveaumécanisme, la construction de la réputation, à la littérature sur le soutien étatique degroupes rebelles; 3) Il amène de nouvelles preuves que la réputation est un phénomèneimportant des relations internationales et plus particulièrement des conflits internationaux.

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2 Modèle théorique

2.1 Modèle de base

Je considère N +1 acteurs: un État étranger E qui peut soutenir des groupes rebelles et despays cibles Pi, i ∈ 1, 2, 3...., N . Dans chacun des pays Pi, il y a un groupe avec lequel E aun lien identitaire. E cherche à obtenir des autres pays une meilleure inclusion politiqueet économique pour les groupes avec lesquels il a des liens identitaires. Pour chaque pays,cet enjeu est noté xi ∈ {0, 1}, avec xi = 1 s’il y a une concession et xi = 0 sinon. L’utilitédes Pi en fonction de ces enjeux est de 1 − xi et celle de E est de ∑N

j=1 βx j , avec β > 0.

Les liens entre E et les groupes des pays Pi peuvent être ethniques, religieux, idéologiquesou autre. E a avantage à ce que ces groupes aient une plus grande influence politique etéconomique. Ainsi, une meilleure inclusion économique peut profiter à l’État étrangers’il entretient des relations économiques fortes avec ces groupes. Par exemple, le Rwandaa bénéficié économiquement de la prise du pouvoir au Zaïre par des Tutsis, un groupeethnique influant du Rwanda, puisque cela lui a donné un accès exclusif aux ressourcesminières de l’est du Congo (Muller & Pecher, 2018). De même, si un État étranger partagedes liens idéologiques ou politiques forts avec un groupe d’opposition, plus ce dernieraura un poids politique important, plus l’État étranger pourra avoir de l’influence dans lepays. Cela peut entre autres l’aider à atteindre ses objectifs économiques ou sécuritairesinternationaux. Pensons notamment aux États-Unis qui ont soutenu des groupes procapitalisme, entre autres en Amérique latine — leur « cour arrière » — où ils cherchaientà limiter l’influence de l’URSS, considérée comme une menace (Blasier, 1988). De plus,le partage du pouvoir ou d’une rente avec un groupe d’opposition peut affaiblir les élitesd’un pays rival, ce qui peut être avantageux pour l’État étranger (San-Akca, 2016). Parconséquent, même si un État réfléchit uniquement en fonction de ses intérêts nationaux, ilpeut avoir de nombreuses raisons de soutenir la rébellion d’un groupe co-identitaire.

Un État étranger peut aussi avoir un intérêt pour un groupe dans un autre pays qui vaau-delà de la raison d’État. Ceux au pouvoir du pays peuvent avoir particulièrement àcoeur le sort d’un groupe ethnique, religieux ou politique dans un autre pays pour desraisons morales, idéologiques ou de convictions religieuses (San-Akca, 2016; Bernauer,2016). Un exemple crédible est Israël et ses liens avec les minorités juives extranationales.En effet, depuis la fondation d’Israël en 1948, la défense de la diaspora juive est l’une deses missions fondamentales — l’une de ses raisons d’être d’État — selon l’intellectuelisraélien reconnu Sammy Smooha (2002). Un autre exemple crédible est l’URSS, quia soutenu de nombreux groupes rebelles d’allégeance marxiste-léniniste. Bien que cesoutien ait eu une importance stratégique pour l’URSS, le fait que la doctrine d’État

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marxiste-léniniste encourageait la propagation internationale du communisme suggèrefortement que le soutien de l’URSS pour ces causes dépassait le simple intérêt stratégique.

Je considère un jeu dynamique en information incomplète. Ainsi, il y a deux typesd’États étrangers: ceux qui sont « nationalistes » (n) et ceux qui sont « transnationalistes» (t). Les États transnationalistes retirent le même bénéfice de la politique x du pointde vue de leur intérêt national que ceux de type nationaliste. Cependant, ils retirentune utilité supplémentaire, puisqu’ils ont aussi à coeur la cause rebelle pour des raisonsidentitaires ou idéologiques. Les États nationalistes retirent donc une utilité de βnx etceux « transnationaux » retirent une utilité de βt x avec βn < βt . J’utilise la fonction T

pour identifier le type de E . Lorsque E est de type t, j’écris T(E) = t et lorsqu’il est detype n, j’écris T(E) = n.

Dans l’annexe 2, je présenterai une version alternative du modèle où βn = 0. Je montreraique même s’il n’accorde aucun intérêt aux enjeux concernant les groupes avec lesquels ila un lien identitaire (x), un État nationaliste peut tout de même chercher à faire croire lecontraire afin d’obtenir des concessions sur d’autres enjeux (y).

Implicitement, je fais l’hypothèse que tous les enjeux xi ont la même importance, à la foispour l’État étranger et pour les pays cibles. En réalité, on peut imaginer que leur importancevarie grandement. Or, il est très difficile de comparer objectivement les enjeux entre euxquant à leur intérêt pour les acteurs concernés. Puisque des résultats théoriques dépendantd’une variation dans l’importance des enjeux seraient difficiles à tester empiriquement, jefais le choix d’ignorer cette dimension.

De surcroît, je fais aussi l’hypothèse implicite que le choix de la politique d’inclusion xi

est dichotomique: 1 ou 0, autrement dit, tout ou rien. On pourrait cependant imaginer queplusieurs degrés d’inclusion soient possibles, de sorte à ce que le groupe en question puisseavoir différents niveaux d’influence politique par rapport au groupe dominant. Or, celane changerait pas fondamentalement les résultats du modèle et en compliquerait l’analyseinutilement5.

Au début du jeu, les Pi ne connaissent pas le type de E . Je présume cependant qu’ilsconnaissent la probabilité que E soit du type « transnationaliste » ou « nationaliste », oudu moins qu’ils ont une croyance commune ex ante sur cette probabilité. Je définis cetteprobabilité comme étant P(T(E) = t) = θ1 = 1 − P(T(E) = n).

5Dans un modèle avec plusieurs niveaux d’inclusion, la logique du modèle fait que le choix se faittoujours entre deux options en fin de compte: offrir le niveau d’inclusion minimal pour éviter le conflit aveccertitude, ou ne rien offrir et prendre le risque de faire face à un conflit. Je m’abstiens d’inclure dans cemémoire une extension du modèle avec plusieurs niveaux d’inclusion, puisqu’une telle extension serait peuintéressante en soi.

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E interagit successivement avec P1, P2 et ainsi de suite jusqu’à PN . Le jeu prend la mêmeforme à chacune de ces interactions.

1. Pi choisit une politique xi ∈ {0, 1}. Si xi = 1, alors Pi inclut politiquement et/ouéconomiquement le groupe qui a un lien identitaire avec E . Si xi = 0, alors iln’inclut pas le groupe en question.

2. E choisit Si ∈ {0, 1}. Si Si = 1, E soutient une rébellion et si Si = 0, il n’en soutientpas.

3. Si Si = 0, la politique xi est laissée telle quelle. E obtient un bénéfice de βxi et Pi

obtient un bénéfice 1 − xi.

3’. Si Si = 1, alors E provoque un conflit civil dans le pays Pi en soutenant un grouperebelle associé au groupe avec lequel E a un lien identitaire. E et Pi subissentrespectivement des coûts CE et CP associés au conflit6. E et les rebelles ont uneprobabilité π ∈ (0, 1) de remporter le conflit.

4. Si les rebelles gagnent, ils mettent en place de force la politique xi = 1. Legain de E pour cette période est β − CE et celui de Pi est −CP.

4’. Si Pi gagne, il n’y a pas de concession et xi = 0. Le gain de E est −CE et celuide Pi est 1 − CP.

Il est évident que xi = 1 =⇒ Si = 0, puisque l’État étranger ne gagnerait rien à imposerde force une politique qui est déjà en place. De plus, notons que le gain espéré pour lapériode i de E en cas de conflit est βπ − CE et celui de Pi est de (1 − π) − CP.

Remarquons qu’implicitement je fais l’hypothèse qu’il n’y a jamais de rébellion sanssoutien de l’État étranger et que si ce dernier veut provoquer une rébellion, il pourratoujours le faire. Bien que le soutien étranger soit une composante souvent essentielledes rébellions depuis 1946, cette hypothèse est tout de même très simplificatrice de laréalité. Or, pour que la construction de la réputation soit possible, il faut que l’implicationde l’État étranger dans le conflit soit appréciable. Une rébellion sans soutien étranger estdonc sans intérêt ici et je n’analyse pas cette situation dans le modèle. De même, le casoù une rébellion serait déjà présente dans le pays et où l’État étranger aurait ensuite àdécider s’il va la soutenir ou non est stratégiquement semblable pour E à la situation que

6Ces coûts sont définis de façon générale et représentent à la fois l’investissement financier nécessairepour mener une guerre, la destruction et les pertes humaines. Il va de soi que CE,CP > 0.

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j’analyse dans ce modèle. J’aurais pu faire l’hypothèse qu’il y a toujours une rébelliondans le pays cible et que sans soutien étranger les rebelles ont une probabilité de victoirepositive. Cependant, cela n’aurait pas changé fondamentalement et de façon intéressanteles résultats du modèle. D’un autre côté, pour qu’un pays soit inclus dans le modèlecomme un « adversaire », il faut qu’il y ait un groupe exclu politiquement ayant un lienidentitaire avec l’État étranger et désirant améliorer sa condition politique et économique.Par conséquent, pour chacun des pays pris en considération dans le modèle, il devraittoujours y avoir une frange plus véhémente de la population prête à entrer en conflitviolent avec le gouvernement. Ainsi, si un groupe rebelle prêt à recevoir un soutienextérieur n’existe pas déjà, l’État pourra sans nul doute en former un de toutes pièces enrecrutant parmi les membres les plus militants du groupe exclu.

Pour qu’on observe une stratégie de construction de la réputation, il faut que la stratégiede E diffère selon son type. De plus, il faut que le type n ait une incitation à soutenir ungroupe rebelle pour obtenir des concessions dans les interactions futures. Par définition,un État nationaliste a un intérêt assez faible pour l’inclusion du groupe co-identitaire pourqu’il ne veuille pas soutenir le groupe rebelle de façon sincère — autrement dit, pour lesimple bénéfice du conflit de court terme — mais assez grand pour que les gains futurspuissent justifier d’investir dans sa réputation en soutenant un groupe rebelle à la périodeprésente. Par définition aussi, un État transnationaliste se soucie suffisamment du sort dugroupe pour le soutenir dans un conflit sans prendre en compte l’effet que cela aura surses interactions futures avec d’autres États.

Hypothèse 1 CE

1 + π< βn <

CE

π< βt

De même, je fais l’hypothèse que le coût du conflit est plus grand que celui d’inclure legroupe politiquement exclu pour les Pi.

Hypothèse 2 π + CP > 1

Ainsi, 1 − π − CP < 0, le côté gauche étant le gain espéré en cas de conflit et le côté droitle gain lorsque Pi concède xi = 1. Sans cette hypothèse, il n’y aurait pas de constructionde la réputation puisque les Pi choisiraient toujours xi = 0, peu importe leurs croyancessur le type de E 7.

Dans le cadre de ce travail, j’analyserai seulement ce qui se passe à la première période

7Il faut noter que je ne m’attends pas à ce qu’en réalité toutes les interactions entre États étrangers etpays cibles respectent ces deux hypothèses. Pour ce modèle, je me concentre cependant sur les situationsoù c’est le cas et où la construction de la réputation est possible. Je discute dans la section 2.3 de commentla présence dans les données de cas ne respectant pas ces hypothèses peut affaiblir — non pas gonfler — lesrelations trouvées avec le modèle théorique.

16

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du jeu (celle avec P1). L’analyse des autres périodes offre des résultats qui sont analoguesà ceux de la première période, du moins en ce qui a trait aux prédictions qui seront testéesempiriquement. Il est donc redondant de les analyser aussi.

À l’équilibre bayésien parfait du jeu, les stratégies adoptées en première période sont8 :

Proposition 1 la stratégie de P1 en première période est:

• θ1 <1

(π + CP)N =⇒ x1 = 0

• θ1 ≥1

(π + CP)N =⇒ x1 = 1

La stratégie de E en première période est:

• x1 = 1 =⇒ S1 = 0

• T(E) = t, x1 = 0 =⇒ S1 = 1

• T(E) = n, x1 = 0, alors nous avons une stratégie mixte unique. Soit µ1, la probabilitéde soutenir le conflit en première période.

µ1 = P(S1 = 1) =((π + CP)(N−1) − 1)θ1

1 − θ1∈ (0, 1).

S’il est très probable que l’État étranger soit de type t, alors le gouvernement du payspréfère faire une concession au groupe exclu afin d’éviter qu’il reçoive du soutien de lapart de cet État. Si cette probabilité est plutôt faible, alors le gouvernement est prêt àprendre le risque de ne pas partager le pouvoir et/ou la richesse du pays avec ce groupe etainsi encourager une rébellion soutenue par un autre pays.

E de type n adopte une stratégie mixte où il soutient le groupe rebelle avec une certaineprobabilité lorsqu’il n’y a pas de concession en première période. Ceci s’explique defaçon intuitive: s’il soutient toujours le groupe rebelle à la première interaction, alorsson bluff ne fonctionne jamais puisque les autres Pi savent très bien que E de type n esttout autant à même de soutenir le groupe rebelle que celui de type t. D’un autre côté,s’il ne soutient jamais, l’État étranger est toujours encouragé à soutenir le groupe rebelle,puisque cela serait un bluff parfait étant donné que les Pi anticipent que seul un État detype t soutienne un groupe rebelle. Il existe donc un équilibre entre ces deux stratégies

8Les preuves des propositions se trouvent dans l’annexe 3.

17

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qui se traduit par un équilibre mixte. Cette probabilité dépend de la probabilité que E soitde type transnationaliste (θ1), du nombre d’adversaires futurs N − 1, ainsi que de la perteespérée du conflit pour P1 (1 − (1 − π − CP) = π + CP).

J’analyse ensuite la probabilité de conflit en première période:

Proposition 2 Soit ω ∈ [0, 1] la probabilité que S1 = 1.

Si θ1 ≥1

(π + CP)N =⇒ ω = 0. Sinon, ω = θ1(π + CP)(N−1) ∈ (0, 1).

Pour commencer, remarquons qu’une augmentation de la probabilité que l’État étrangersoit de type transnationaliste (θ1) a dans un premier temps un effet positif sur le con-flit, puisque cela augmente la chance que l’État étranger intervienne lorsqu’il n’y a pasd’inclusion (x1 = 0). Au-delà du seuil 1

(π+CP)N , la probabilité de conflit retombe cependantà zéro puisque le risque de soutien étant devenu grand, le pays préfère concéder x1 = 19.

La variable N permet de capturer l’importance de la réputation pour l’État étrangernationaliste. Plus le nombre d’adversaires futurs est grand, plus il est important pourl’État étranger de défendre sa réputation puisque celle-ci lui sera utile pour plus de con-frontations10. Ainsi, ce paramètre est particulièrement important à la fois pour l’analysethéorique et empirique, puisqu’il permet de montrer l’importance de ce mécanisme.

La probabilité de conflit augmente dans un premier temps lorsque le nombre d’adversairesfuturs augmente. Ainsi, un adversaire supplémentaire implique une probabilité de conflitqui augmente de θ1(π + CP)(N−1)(π + CP − 1), une valeur toujours positive. Mais, lorsquece nombre devient très grand, c’est-à-dire lorsque N ≥ − ln θ1/ln(π+CP)11, la probabilité deconflit retombe à zéro. La relation est donc non linéaire. L’intuition est que plus le nombred’adversaires futurs est grand, plus un État étranger de type n est encouragé à défendre saréputation en soutenant un groupe rebelle lorsque le pays ne fait pas de concession. Or,cela peut en soi encourager le premier pays à céder, même s’il croit que l’État étrangerbluffe, puisqu’il sait que celui-ci voudra défendre sa réputation. Ces deux mécanismes ontdes effets opposés sur le conflit. Le premier mécanisme domine dans un premier temps etle deuxième par la suite, ce qui explique que la relation soit non linéaire.

9Je n’analyse pas plus en détail les conséquences d’un changement de θ1 parce que ce paramètre n’estpas observable empiriquement. Je ne peux donc pas tester empiriquement la relation entre ce paramètreet le conflit. De plus, les paramètres π et CP sont difficiles à interpréter à ce stade et je reporte donc leuranalyse à la section 2.2.

10Dans le modèle, lorsque N = 1, il n’y a pas de réputation à construire et le type n ne soutient jamais degroupe rebelle. De même, lorsque N est très grand, celui-ci soutient presque systématiquement tout conflitpuisqu’il veut entretenir une réputation d’État « transnationaliste » coûte que coûte.

11− ln θ1/ln(π+CP) ∈ (0,∞)

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Pour illustrer cet effet, je fais une simulation en considérant des valeurs raisonnables pourles autres paramètres du modèle: 1) Je suppose que θ1 = 0.05, puisqu’on imagine quepeu d’États sont véritablement « transnationaux » (autrement dit, il y a peu d’États quise soucient véritablement du sort des populations transnationales)12; 2) Je suppose queπ = 0.25, puisque malgré un soutien étranger, les rebelles sont généralement défavorisésdans un conflit contre leur gouvernement (Salehyan et al., 2011); 3) CP = 1. Le coûtdu conflit est supposé grand à cause de la destruction et des pertes humaines. Avec cesvaleurs, j’obtiens la relation suivante13:

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéde

confl

it(ω

)

Figure 1: Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction du nombrede pays cibles

La probabilité est de 5% lorsque E n’a qu’un seul adversaire et donc aucun intérêt àinvestir dans sa réputation. Dans ce cas, le risque de conflit est uniquement déterminé parla probabilité que E soit de type t. La probabilité de conflit atteint un pic à 13 pays cibles

12La probabilité θ1, qui est une probabilité subjective, peut varier considérablement d’un cas à l’autre.Certains pays, en se basant sur les informations qu’ils ont sur leur adversaire, peuvent penser que θ1 esttrès faible ou très élevé. Or, en moyenne je m’attends à ce que cette probabilité soit à peu près égale à lavéritable proportion d’États transnationaux, et donc qu’elle soit faible. D’un point de vue empirique, c’estcette moyenne qui est importante.

13Notons que les sauts sont toujours discrets et que le trait pointillé sert simplement à mieux montrer larelation.

19

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où elle est de 73%, une augmentation notable de 68%. Avec 13 adversaires, l’intérêt àinvestir dans sa réputation pour un État étranger de type n est considérablement plus grand.La probabilité retombe ensuite à zéro lorsque le nombre d’adversaires est de 14 ou plus. Àce seuil, P1 cède puisque le risque que E intervienne est trop grand. En annexe 4, j’inclusdes graphiques de simulations avec des valeurs différentes pour les paramètres. La formegénérale du graphique reste cependant toujours la même.

Le mécanisme de réputation peut non seulement influencer la présence de conflits, maisaussi l’inclusion des groupes politiquement exclus ayant des liens avec un État étranger.

Proposition 3 Soit γ ∈ [0, 1] la probabilité que x1 = 1.

Si θ1 ≥1

(π + CP)N =⇒ γ = 1. Sinon, γ = πθ1(π + CP)(N−1) ∈ (0, 1)

Une augmentation de la probabilité que l’État étranger soit de type transnationalistefavorise l’inclusion du groupe dominé, mais de façon non linéaire. Si le gouvernementn’inclut pas le groupe, alors un θ1 plus élevé implique que le risque de conflit, et parconséquent d’inclusion, est plus grand. Néanmoins, si θ1 dépasse le seuil critique, lerisque de soutien devient assez grand pour amener le gouvernement à céder et à inclure legroupe d’opposition.

Un plus grand nombre d’adversaires futurs augmente la probabilité que le groupe soit incluspolitiquement et économiquement dans le pays. Dans un premier temps, avec un payscible supplémentaire, la probabilité d’inclusion augmente de θ1π(π+CP)(N−1)(π+CP−1).Puisque E a plus de chance de soutenir un conflit s’il n’y a pas de concession, cela impliqueque le groupe d’opposition a plus de chance d’obtenir son inclusion de force. La relationest cependant non linéaire, puisque si N ≥ − ln θ1/ln(π+CP) le nombre d’adversaires futurscesse d’avoir un effet sur la probabilité d’inclusion. Au-delà de ce seuil, le gouvernementinclut le groupe pour éviter le conflit. N n’a donc jamais d’effet négatif sur l’inclusion.Contrairement à la probabilité de conflit, les deux effets de N (qui augmente la probabilitédu conflit ou qui encourage le gouvernement à céder) vont ici dans le même sens.

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Je fais une simulation avec les mêmes valeurs de paramètres que précédemment (θ1 =0.05, π = 0.25,CP = 1)14:

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 2: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soit incluspolitiquement et économiquement dans son pays.

La probabilité d’inclusion du groupe rebelle est de seulement 1.25% lorsqu’il y a unadversaire et qu’il n’y a donc pas d’intérêt pour l’État étranger d’investir dans sa réputationen soutenant une rébellion. La probabilité n’est pas de zéro puisqu’il est tout de mêmepossible que l’État étranger soit de type nationaliste, qu’il soutienne le conflit et que lesrebelles soient gagnants. Cette probabilité monte jusqu’à 18% avec 13 adversaires, lorsqueE a un avantage considérable à investir dans sa réputation et que le risque de conflit est parconséquent de 73%. Au-delà de ce seuil, la probabilité d’inclusion est de 100%, puisquele gouvernement inclut toujours les rebelles face à un risque de conflit trop grand. Lesgraphiques de simulations en annexe 4 montrent que la forme générale de la relation nechange pas avec des valeurs différentes pour les paramètres.

14Notons que les sauts sont toujours discrets et que le trait pointillé sert simplement à mieux montrer larelation.

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2.2 Force des groupes rebelles

Jusqu’à présent, j’ai plutôt ignoré le rôle dans le modèle des groupes qui sont la cible dusoutien de l’État étranger. Dans cette section, je comble en partie cette lacune du modèleen prenant en compte l’importance de la force de ce groupe vis-à-vis de son gouvernement.Je représente la force relative des rebelles à chaque période par αi ∈ R.

La force relative d’un groupe d’opposition dépend dans les faits de plusieurs facteurs.Premièrement, il peut avoir accès à des ressources naturelles ou financières qui facilitentl’investissement dans un conflit. Par exemple, le groupe peut avoir accès à son propreréseau commercial, à du pétrole ou à des ressources minières. Deuxièmement, le terrainpeut être en faveur des rebelles. En particulier, il est connu qu’un terrain montagneux ouune forêt dense favorise les tactiques de « guerilla » des groupes rebelles. Troisièmement,plus un groupe est bien organisé et est politiquement centralisé et coordonné, plus il seraen mesure de faire face au gouvernement (Salehyan et al., 2011; San-Akca, 2016). Qua-trièmement, plus la population du groupe politiquement exclu est grande en comparaisonde celle des groupes dominants, plus il sera puissant par rapport au gouvernement. Cedernier facteur est particulièrement important et est utilisé pour tester empiriquement larelation prédite entre la force relative du groupe dominé et le conflit.

J’ajoute une étape au jeu à chaque période. Si E décide de soutenir le groupe rebelle,alors Pi choisit CPi, son investissement dans le conflit, de façon à maximiser son gainespéré 1 − πi −CPi −CP. CP est un coût fixe qui représente une perte inévitable en cas deconflit — un « coût d’entrée » au conflit en termes économiques. Autrement dit, même sile pays cible n’investit aucune ressource dans la guerre civile, il subira quand même uneperte entre autres à cause de la destruction. L’hypothèse 2 est toujours respectée lorsquel’hypothèse suivante sur le coût fixe au conflit est respectée:

Hypothèse 3 CP > 1

De surcroît, je fais l’hypothèse suivante sur π:

Hypothèse 4 π ∈ (0, 1) est une fonction continue et deux fois différentiable de α et CP.En plus, π′α > 0, π′CP

< 0, π′′CP≥ 0, π′CP

���CP=0

< −115.

Intuitivement, cette hypothèse implique que plus les rebelles sont forts, plus leur chance devictoire est grande. Demême, plus le gouvernement investit dans le conflit moins elle l’est.

15Pour des raisons plus techniques, je fais aussi l’hypothèse que∂CP

∂α∈ R, c’est-à-dire que cette dérivée

est finie.

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Je fais aussi l’hypothèse que l’investissement du gouvernement suit la loi des rendementsdécroissants et diminue ainsi de moins en moins la probabilité de victoire des rebellesau fur et à mesure qu’il augmente. Finalement, je fais l’hypothèse que l’investissementCPi est toujours profitable pour le gouvernement pour des valeurs très faibles de CPi. Ils’agit somme toute d’une hypothèse très simple et raisonnable qui correspond parfaitementaux fonctions de conflit classiques telles que les concours de Tullock (Skaperdas, 1996;Garfinkel & Skaperdas, 2007).

J’analyse l’effet d’un changement dans α1 sur la probabilité de conflit en première période.Pour toutes les périodes subséquentes (i ≥ 2), je considère αi fixe par simplicité (αi =α f ,∀i ≥ 2). Par le fait même, πi + CPi = π f + CP f ,∀i ≥ 2. Je garde l’analyse de l’effet dela force des groupes rebelles futurs (α f ) pour l’annexe 1.

Je définis la fonction g1 comme étant la valeur de π1+CP1+CP en fonction de α1, lorsque P1

choisitCP1 de façon à maximiser son gain espéré. La fonction g1 est la perte espérée de P1

à l’équilibre en fonction de la force du groupe rebelle: 1−(1−π1−CP1−CP) = π1+CP1+CP.Je définis g f de la même façon, sauf que je considère π f + CP f + CP en fonction de α f .Cette dernière fonction peut être interprétée comme la perte espérée des Pi, i ≥ 2.

Proposition 4 Soit ω ∈ [0, 1] la probabilité que S1 = 1 et γ ∈ [0, 1] la probabilité quex1 = 1.

Si α1 ≥ g−11 [

1θ1g f (α f )N−1 ] =⇒ ω = 0, γ = 1.

Sinon, ω = θ1g f (α f )(N−1) et γ = π1θ1g f (α f )(N−1).

Cette proposition montre qu’une augmentation de α1 ne peut que diminuer la probabilitéd’un conflit en première période (ω = θ1g f (α f )(N−1) −→ ω = 0). α1 n’a pas d’effet surla probabilité que l’État étranger intervienne lorsqu’il n’y a pas d’inclusion (µ1), puisquecette stratégie est choisie de façon à rendre les adversaires futurs indifférents entre céderou pas. Elle ne dépend pas du gain espéré du conflit à la période présente et donc de α1. Laforce du groupe d’opposition influence la probabilité de conflit uniquement en favorisantune concession de la part de P1. Plus le groupe rebelle est fort, plus le gouvernementrisque de perdre le conflit et plus ce conflit sera coûteux, ce qui l’encourage à faire uneconcession. De plus, s’il n’y a pas d’inclusion, le groupe aura une chance plus grande desortir victorieux du conflit (π′α > 0), ce qui augmente aussi la probabilité qu’il soit incluspolitiquement et économiquement. L’impact de α1 sur l’inclusion ne peut donc qu’êtrepositif.

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Finalement, l’effet de α1 sur le conflit et l’inclusion interagit avec celui du nombred’adversaires (N). Une augmentation de la puissance relative du groupe d’opposition(α1) diminue le seuil requis du nombre d’adversaires (N) qui engendre une concessiondu premier pays. Ainsi, ce seuil est N ≥ − ln (θ1(g1(α1))/ln(gf (αf )) + 1 et sa dérivé estnégative par rapport à α1. De ce fait, l’impact d’une augmentation de N risque davantagede faire tomber à zéro la probabilité de conflit et à un la probabilité d’inclusion. Ainsi,une augmentation de α1 diminue l’impact du nombre d’adversaires sur la probabilité deconflit et augmente son effet sur la probabilité d’inclusion.

2.3 Prédictions

Mon modèle théorique permet d’obtenir des prédictions qui peuvent être testées em-piriquement. Pour ce faire, je me concentre sur les liens identitaires ethniques entre Étatset populations extérieures. Pour mesurer le nombre d’adversaires, j’utilise le nombre depays avec lesquels un État a des liens identitaires avec un groupe ethnique. De même,pour mesurer la force relative du groupe ethnique, j’utilise la taille relative du groupe parrapport à la population de son pays16.

Puisque je fais le pont entre un modèle théorique déterministe et une analyse statistique,deux choses sont à prendre en compte. Premièrement, les résultats du modèle ne concer-nent que les situations respectant les hypothèses 1 et 2. Rien ne dit que ces hypothèsesdevraient être nécessairement respectées en pratique. Or, pour les cas où elles ne le sontpas, le mécanisme de réputation ne devrait pas être en action. Les effets devraient êtrenuls: le nombre d’adversaires ne devrait pas avoir d’effet sur la probabilité de conflit oud’inclusion. Puisqu’une partie des cas doit respecter ces deux hypothèses, je m’attendsqu’enmoyenne les effets soient fidèles au modèle, quoique moins forts. Deuxièmement, laplupart des relations ressortant du modèle sont discontinues. Statistiquement, la moyennedes différentes relations observées devrait cependant être « lisse ». Autrement dit, on nedevrait pas observer de discontinuités sur le plan statistique.

La proposition 2 montre une relation non linéaire entre le risque de conflit et le nombred’adversaires. Néanmoins, les simulations du modèle montrent que l’augmentation dunombre d’adversaires a un effet positif même pour un grand nombre d’adversaires futurs(13 dans le graphique 1). Puisque je n’observe jamais plus de 9 adversaires dans monmodèle statistique principal, je m’attends à ce que l’effet observé soit positif.

Prédiction 1 Une augmentation du nombre d’adversaires augmente le risque de conflit.

16Ces deux indicateurs seront discutés plus en détail dans la section sur les données.

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Vu qu’au-delà d’un certain seuil le nombre d’adversaires a un effet négatif sur la probabilitéde conflit, je m’attends à tout le moins à ce que l’effet soit concave. Cela devrait êtreillustré par un coefficient négatif pour le nombre de pays cibles au carré.

La proposition 4 montre que la force relative du groupe d’opposition pouvant recevoirun soutien étranger en cas de rébellion a plusieurs effets sur la probabilité de conflit etd’inclusion. Je n’analyserai pas les effets directs que peut avoir ce paramètre sur le conflitet l’inclusion, car la force relative influence ces variables par d’autres voies que par lemécanisme de réputation, entre autres par desmécanismes purement domestiques (balancede pouvoir au niveau national, importance économique, etc.).

La proposition 4 montre cependant qu’une augmentation de la force du groupe rebelleaugmente la probabilité qu’une augmentation du nombre d’adversaires pousse le gou-vernement à faire une concession. Par conséquent, une plus grande force devrait fairecéder certains gouvernements et ainsi diminuer l’effet moyen du nombre d’adversaires surla probabilité de conflit.

Prédiction 2 L’effet de l’augmentation du nombre d’adversaires sur le risque de conflitdiminue lorsque la force relative du groupe ethnique augmente.

La proposition 3 montre que le nombre d’adversaires a un effet positif sur l’inclusionpolitique et économique du groupe ethnique concerné, peu importe qu’il y ait un conflitou non.

Prédiction 3 Une augmentation du nombre d’adversaires favorise l’inclusion politiquedu groupe ethnique.

Dans l’annexe 2, je fais l’hypothèse que les États de type nationaliste ne cherchent pasà promouvoir l’inclusion des groupes avec lesquels ils ont des liens identitaires, mais àobtenir des concessions sur des enjeux internationaux orthogonaux aux intérêts de cesgroupes. En développant une réputation de défenseur d’une identité transnationale, unÉtat nationaliste peut ainsi convaincre ses adversaires de faire des concessions sur d’autresenjeux que sur l’inclusion du groupe ethnique, afin de le décourager de soutenir desrébellions. Pour plusieurs, cette hypothèse est à tout le moins aussi réaliste que celle debase et mérite donc d’être étudiée.

La proposition 8 de l’annexe 2 mène à une prédiction beaucoup plus faible sur le lienentre le nombre de pays cibles et l’inclusion des groupes ethniques. La relation entre lesdeux est non linéaire: elle est très faiblement croissante dans un premier temps et puis elle

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retombe à zéro. Si l’hypothèse que l’État de type nationaliste se soucie d’autres enjeuxque l’inclusion des groupes exclus est la plus réaliste, le test de la prédiction 3 devraitdonner des résultats faibles montrant un lien ténu entre le mécanisme de réputation etl’inclusion des groupes dominés. Je m’abstiens donc de faire d’autres prédictions surl’inclusion des groupes ethniques, entre autres par rapport à leur force relative. Avec lesrésultats contradictoires de l’annexe 2, je préfère me concentrer sur vérifier la prédiction3.

La construction de la réputation ne peut pas être directement observée empiriquement.Par la logique même de ce mécanisme, les États n’annoncent pas toujours les véritablesmotivations de leurs actions et n’avouent jamais qu’ils cherchent à se construire uneréputation. Or, le modèle me permet de dériver trois prédictions testables empiriquementqui constituent des évidences indirectes de ce mécanisme à l’oeuvre. Ces trois prédictionsont en commun qu’elles sont difficilement justifiables par un autre mécanisme. Ellespeuvent être individuellement contestables sur les plans théorique et empirique, mais siplus d’une d’entre elles est vérifiée empiriquement, cela sera néanmoins une évidenceforte que la construction de la réputation est un phénomène bien réel ayant une influenceconsidérable sur le soutien étatique de groupes rebelles.

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3 Analyse statistique

3.1 Données

Je concentre mon analyse empirique principale sur un type particulier de liens identitairestransnationaux: les liens de nature ethnique. Néanmoins, des liens de nature religieusese superposent souvent aux liens ethniques entre des groupes tels que les Arabes chiitesou les Juifs. De plus, à la différence de plusieurs des études empiriques sur le soutienétatique de groupes rebelles (San-Akca, 2016; Salehyan et al., 2011), je ne considère pasle groupe rebelle dans mon unité d’analyse, mais plutôt le groupe ethnique. Cette façonde procéder me permet d’éviter deux problèmes potentiels.

Premièrement, l’ethnicité est une forme d’identité plutôt stable. Les identités religieuseset surtout idéologiques le sont beaucoup moins, puisque les individus peuvent changerde religion ou d’idéologie. L’identité ethnique, quant à elle, est souvent héréditaire.J’amenuise ainsi les problèmes d’endogénéité tels que celui de l’influence de l’État étrangersur l’identité des groupes rebelles qu’il soutient. Par exemple, l’URSS a certainementinfluencé l’idéologie de nombreux groupes rebelles de gauche durant la guerre froide(San-Akca, 2016).

Deuxièmement, les groupes ethniques existent indépendamment du soutien d’un Étatétranger. À l’opposé, l’existence des groupes rebelles dépend souvent d’un soutien ex-térieur ou de l’anticipation d’un tel soutien. En focalisant mon analyse sur les groupesethniques au lieu des groupes rebelles, je réduis ainsi les risques de sélection endogène desobservations. Il reste tout de même la possibilité que l’identité ethnique d’une populationsoit galvanisée par un État étranger, la mettant ainsi au premier plan tandis qu’elle aurait puêtre négligeable autrement, peut-être même au point de ne pas apparaître dans les données.

Pour tester empiriquement mes prédictions, j’amalgame plusieurs banques de données.Premièrement, j’utilise les données de la famille « Ethnic Power Relations » (EPR) pourtrouver les groupes ethniques politiquement importants de tous les pays. Les données «EPRCore » me donnent de l’information sur le niveau d’influence ou d’inclusion politiquedes ethnies dans leur pays et la banque de données « EPR-TEK » me permet de trouver lesliens transnationaux entre des groupes ethniques de différents pays17. Finalement, avec labanque de données « ACD2EPR », j’identifie les groupes rebelles qui sont associés à desgroupes ethniques18. Grâce à cette information, je peux trouver les cas de soutien étatique

17Voir le « codebook » de la banque de données originale et l’article associé pour plus de détails sur lafaçon dont sont établis les liens transnationaux ethniques (Vogt et al., 2015).

18Les groupes rebelles sont reliés aux groupes ethniques à partir d’information sur l’origine ethnique descombattants, les annonces publiques des groupes rebelles en faveur d’un groupe ethnique et le soutien qu’ilreçoit de la part de la population d’une ethnie. Pour plus de détails sur la façon dont les groupes ethniques

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à des groupes ethniques, puisque les données sur le soutien étatique sont construites sur labase du soutien aux groupes rebelles. Dans l’annexe 7, j’éclaircis quelques détails sur lafaçon dont j’ai fusionné les données sur le soutien de groupes rebelles avec celles de EPR.

Pour trouver les cas de soutien étatique de groupes rebelles, j’utilise la banque de données« Dangerous Companions » adaptée pour le livre de San-Akca (2016). Cette banque dedonnées a pour objectif de couvrir tous les cas de soutien étatique à des groupes rebellesdans d’autres pays entre 1946 et 2010. Pour ce faire, les auteurs utilisent des sourcesacadémiques ou journalistiques crédibles et identifient les cas de soutien « actif » où desgouvernements font des actions indiquant clairement un soutien en vue d’un conflit. Il peuts’agir par exemple d’offrir des armes, des camps d’entraînement ou même des soldats19.

L’unité d’analyse de ma nouvelle banque de données est la triade-année. Une triade inclutun État étranger (ayant le potentiel de soutenir une rébellion), un pays cible et un groupeethnique de ce pays. Dans ma banque de données, les États étrangers sont l’ensemble despays contigus. J’utilise la banque de données « Direct Contiguity (v3.2) » de Douglaset al. (2002) pour déterminer quels sont les pays suffisamment proches des pays cibles pourêtre considérés comme contigus. Ce critère de sélection me permet en premier lieu deréduire considérablement la taille de la banque de données qui atteindrait des proportionsgigantesques si je devais inclure toutes les triades pour toutes les paires de pays dans lemonde. Dans les faits, cela rendrait la banque de données très difficile à analyser. Or, lacontiguïté est un critère de sélection simple, exogène et qui permet de capturer la majoritédes cas qui nous intéressent puisqu’une importante proportion des groupes co-ethniquesvivent dans des pays voisins. Ainsi, 39 % des paires de groupes co-ethniques sont présentsdans la banque de données. De plus, on peut argumenter que ce sont les liens les plusimportants du point de vue politique, car l’inclusion de ces groupes est probablement unenjeu plus important s’ils sont dans des pays voisins. Je pense donc que ce critère desélection me permet de concentrer mon analyse quantitative sur les cas les plus pertinentspour ma question de recherche.

Ma banque de données compte 345 785 triades-années, 7 099 triades, 174 États étrangers,144 pays cibles20, 818 groupes ethniques et 276 groupes rebelles. La période que j’analyseest de 1946 à 2010, mais elle est plus courte pour 69% des triades puisque certains groupes

sont affiliés aux groupes rebelles, voir le « codebook » de la banque de données originale et l’article associé(Wucherpfennig et al., 2012)

19Les auteurs mesurent avec un indicateur le degré de précision de leurs données. Dans le cadre de montravail, je n’aborderai pas la question de la précision des données puisqu’elle a déjà été amplement traitéepar San-Akca (2016). J’utilise les mêmes standards de précision que cette auteure.

20La différence entre le nombre de pays ayant le potentiel de soutenir une rébellion et ceux pouvant enêtre victimes vient du fait que certains pays ne sont pas ethniques — dans le sens où leur population nes’identifie pas à une ethnie en particulier. C’est le cas de plusieurs pays européens par exemple.

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ethniques sont inexistants ou politiquement non importants21 pendant certaines années.En moyenne, les triades couvrent une période de 49 années. Les données prennent doncla forme d’un panel non cylindré.

3.1.1 Variables principales

1. Variables dépendantes

(a) Soutien: Pour analyser les prédictions 1 et 2, j’utilise une variable dichotomique :la présence (1) ou l’absence (0) de soutien actif. Il y a 1 393 cas de soutien actifparmi les 345 785 triades-années. 175 triades parmi 7 099 ont au moins une annéede soutien pour une rébellion. J’analyse donc des données d’événements rares («rare events data », King & Zeng 2001) .

(b) Inclusion: Pour la prédiction 3, j’utilise une autre variable binaire: l’inclusion (1)ou l’exclusion politique (0) du groupe ethnique. Je considère un groupe commeinclus s’il est codé dans la banque de données EPR comme étant « Monopoly »,« Dominant », « Senior partner » ou « Junior partner ». Le groupe est considérécomme exclu s’il est codé comme « Discriminated » ou « Powerless ». 28 % des341 379 triades-années22 ont un groupe ethnique inclus politiquement.

2. Variables indépendantes

(a) Lien: J’utilise une variable binaire indiquant la présence d’un lien ethnique entrel’État étranger et le groupe ethnique. Cette variable est égale à 1 s’il y a un lientransnational (selon la banque de données « EPR-TEK ») entre l’un des groupesethniques politiquement dominants de l’État étranger et le groupe ethnique de latriade. J’identifie un groupe ethnique comme étant politiquement dominant dans sonpays s’il est classé comme « Senior partner », « Dominant » ou « Monopoly » dansla banque de données EPR. Ces trois catégories correspondent à la situation où legroupe ethnique est le groupe le plus influent du pays, ou alors l’un des plus influentsà égalité avec d’autres groupes.

Dans plusieurs études utilisant ces données sur les liens ethniques transnationaux,ces derniers sont considérés comme exogènes à la présence de conflits (Cedermanet al., 2009; Cederman et al., 2013; Michalopoulos & Papaioannou, 2016). Bienque cela puisse être débattu, je crois que dans le cadre du mécanisme que j’étudie,l’hypothèse d’exogénéité des liens transnationaux est raisonnable. En effet, la plupart

21Selon la définition employée par les concepteurs de la banque de données EPR.22Pour l’analyse de la prédiction 3, j’exclus les triades où le groupe est codé « Self-excluded » ou « State

collapse ». J’utilise donc 341 379 triades-années au lieu de 345 785.

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de ces liens existent pour des raisons historiques de migrations ou de séparation desfrontières qui ne sont pas reliées aux conflits modernes.

Notons que j’utilise les liens avec les groupes ethniques inclus et exclus politiquement.La première raison est que l’inclusion politique n’est pas exogène à la présence deliens internationaux et de conflits, entre autres à cause du mécanisme de réputation.La deuxième raison est qu’il est possible qu’un groupe ethnique se rebelle et qu’ilreçoive un soutien étranger, même s’il est considéré comme inclus politiquement dansla banque de données. Bien que cela contredise l’intuition du modèle théorique, 20%des triades-années où il y a un soutien étatique pour une rébellion ont un groupeethnique inclus. Pour ces deux raisons, je préfère prendre en compte tous les typesde liens transnationaux.

(b) Nombre de liens: Je compte le nombre de pays où l’État étranger a un lien identitaireavec au moins un groupe ethnique pour une année donnée, et ce en excluant lepays cible de la triade. Cette variable me permet d’approximer le nombre d’autresadversaires dans le modèle (la variable N). Son avantage est que les liens ethniquessont raisonnablement exogènes au mécanisme que j’étudie.

Cette variable peut ne pas correspondre exactement au nombre d’adversaires fu-turs. Par exemple, un État étranger de type nationaliste peut n’avoir aucun intérêtstratégique ou économique à ce qu’un groupe co-ethnique soit inclus politiquement.Dans ce cas, la présence de ce groupe n’encourage pas cet État à développer uneréputation. Néanmoins, cet indicateur du nombre d’adversaires a la force d’êtresimple et exogène.

Je compte tous les liens ethniques, même ceux avec des groupes inclus politique-ment, afin de préserver l’exogénéité de cette variable. Cela est nécessaire puisquele message envoyé par l’État étranger en soutenant une rébellion permet aussi dedécourager une éventuelle exclusion politique d’un groupe inclus23.

23Le graphique n’inclut pas les 178 612 triades-années pour lesquelles l’État étranger n’a aucun lien.

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Figure 3: Nombre d’autres pays où l’État étranger a un lien avec un groupe ethnique

(c) Taille relative de l’ethnie: J’utilise la proportion de la population du pays quiappartient à l’ethnie de la triade. Cette variable provient de « EPR Core ». Bienqu’elle soit assez approximative, elle est toutefois suffisamment précise pour lesbesoins de ce travail.

J’utilise les variations dans la taille relative du groupe ethnique comme indicateurdes variations dans la chance de victoire du groupe rebelle en cas de conflit. Souventlorsqu’ils reçoivent un soutien extérieur, les armes et le capital financier sont fournisaux rebelles. Ainsi, l’une des plus importantes composantes de la force du grouperebelle qui est indépendante du soutien étranger est la taille du bassin de populationdans lequel il peut recruter des combattants — ce qui correspond essentiellement icià la taille de l’ethnie (Cederman et al., 2009).

Il faut prendre en compte que cette variable peut capturer d’autres aspects importantsdes relations intérieures que la capacité de remporter une guerre civile. Entre autres,dans les démocraties, elle est directement reliée à l’influence politique du groupe. Iln’est pas exclu que ce mécanisme ou un autre interagisse avec celui de la réputationd’une façon que je n’ai pas anticipée. Les résultats obtenus pour cette variablepourraient donc provenir d’un autre mécanisme que celui de la force des rebelles encas de conflit. Il faut donc rester prudent sur l’interprétation des résultats.

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Figure 4: Construction de la banque de données

Données sur les États étrangers

Dangerous CompanionsSoutien de groupes rebelles

ACD2 EPRGroupes rebelles associés au groupe ethnique

EPR COREInclusion politique du groupe ethniqueTaille relative de la pop. de l’ethnie

Données sur le pays cible

EPR-TEKLiens ethniques transnationaux

Pays contigus au pays cible(Direct Contiguity, v3.2)

Groupes Rebelles

Groupe ethnique

Pays Cible

Groupes ethniques au pouvoir(EPR CORE)

Groupe ethnique de la triade

3.1.2 Variables de contrôle

1. Pour le pays étranger (PE) ou le pays cible (PC)24:

(a) PE\PC majeur: Le pays est une puissance internationale majeure, selon la mesuredu projet « Correlates of War» (variable indicatrice). Les puissances majeuresinteragissent différemment avec les autres pays et les facteurs susceptibles de générerdes conflits internationaux sont différents lorsqu’une puissancemajeure est impliquée(Correlates of War Project, 2011).

(b) PE puissance: La puissance du pays étranger. J’utilise l’indice composite descapacités nationales, qui mesure le potentiel militaire des pays à partir de variables

24Voir l’annexe 6 pour les tableaux descriptifs complets des variables. Voir les sources d’où proviennentles variables de contrôle pour obtenir plus d’informations.

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telles que le PIB, la population et les dépenses militaires. La puissance est un facteurtrès important pouvant grandement influencer les conflits internationaux (Singeret al., 1972).

(c) PE capacité d’extraction: La capacité d’extraction du pays. Il s’agit du ratiodu personnel militaire sur la population totale. Un gouvernement ayant une faiblecapacité d’extraction peut utiliser des groupes rebelles comme substituts à une armée.Cet indice permet donc de contrôler pour ce facteur pouvant influencer le soutien degroupes rebelles (San-Akca, 2016).

(d) PE\PC démocratie: Le niveau démocratique du pays selon le projet « Polity IV »(Marshall et al., 2018). Cette variable prend des valeurs entre -10 (dictature absolue)et 10 (démocratie absolue). Le niveau de démocratie influe sur le choix de soutenirun groupe rebelle (San-Akca, 2016). Pour le pays cible, la démocratie favorisel’inclusion politique de tous les groupes ethniques.

(e) PC PIB par habitant: Le PIB par habitant du pays selon la mesure du projetMaddison (Bolt et al., 2018). Il s’agit d’une mesure simple et efficace du niveau dedéveloppement des pays, un facteur important dans l’analyse des conflits.

(f) PC région: La région du pays cible telle que définie par « the World Bank Devel-opment Indicators » (Arel-Bundock et al., 2018). Il y a 20 régions différentes etpour chacune d’entre elles, j’ajoute un contrôle par année. Cela me donne 1300régions-années.

2. Pour le groupe ethnique:

(a) ETH statut: Le statut politique du groupe rebelle. Celui-ci peut prendre les valeurssuivantes: « Monopoly », « Dominant », « Senior partner », « Junior partner ». «Discriminated », « Powerless » ou « Self-exclusion ». Plus rarement, il prend lavaleur « State collapse » lorsqu’il n’y a aucune forme de gouvernement.

3. Pour la relation entre les deux pays:

(a) PE-PC puissance relative: Le rapport de pouvoir entre les deux pays. J’utiliseencore une fois l’indice composite des capacités nationales (Singer et al., 1972). Jedivise l’indice de l’État étranger par la somme des indices des deux pays. Cettevariable prend des valeurs entre 0 et 1. Le rapport de pouvoir est une variableimportante pour l’étude des guerres par procuration et des conflits internationaux engénéral (San-Akca, 2016).

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(b) PE-PC log(distance): Le logarithme de la distance entre les capitales des pays(Gleditsch, 2012).

À l’exception de ETH statut qui n’est utilisé que dans les tests de robustesse, tous cescontrôles sont considérés comme exogènes. Néanmoins, il est possible que le soutienétatique de rébellion affecte le PIB par habitant du pays cible, la puissance du pays cible(et donc le rapport de pouvoir) et le niveau de démocratie du pays cible. Les guerresciviles peuvent en effet affecter l’économie et la force militaire d’un pays entre autresà cause de la destruction. Ces guerres peuvent aussi provoquer des changements dansles institutions démocratiques d’un pays. De plus, puisque les groupes rebelles sontsouvent utilisés comme substituts à des armées, la capacité d’extraction de l’État étrangerpeut être influencée par la présence de liens ethniques internationaux. On peut penserqu’un État partageant des liens avec des groupes ethniques dans les pays voisins n’a pasautant besoin d’une armée, puisqu’il peut plus facilement utiliser des groupes rebelles à laplace. Cela peut donc réduire sa capacité d’extraction. Bien que je considère les risquesd’endogénéité des contrôles comme étant faibles, j’estime des spécifications des modèlessans ces contrôles pour valider mes résultats.

3.2 Méthodologie

J’utilise des modèles de probabilité linéaire25, et ce, pour deux raisons: 1) bien que mavariable soit binaire et que cela suggère l’utilisation d’un modèle non linéaire logit ouprobit, ce n’est pas approprié ici puisque ce type de modèle est biaisé lorsqu’il est utilisépour analyser des événements rares, surtout lorsqu’on inclut des effets fixes. Les modèleslinéaires ne présentent cependant pas ce type de biais (Cook et al., 2018; Ticku et al., 2018);2) Mon modèle inclut des interactions dont l’analyse est beaucoup moins problématiqueavec un modèle linéaire qu’avec un modèle logit ou probit. (Ai & Norton, 2003).

Il faut prendre en compte l’autocorrélation dans ces données. Premièrement, selon lemodèle de réputation, la décision de l’État étranger de soutenir une rébellion pour unetriade est corrélée avec la présence de conflits pour les autres triades. En particulier,soutenir une rébellion peut envoyer un message aux autres pays et ainsi encourager unemeilleure inclusion des groupes ethniques dans les autres triades, ce qui réduit la probabilitéde conflit pour celles-ci. De plus, un État peut avoir des raisons économiques et politiquespour ne pas soutenir plusieurs rébellions à la fois. Deuxièmement, il y a une autocorrélationentre les triades avec le même pays cible. Si un pays fait déjà face à un conflit avec ungroupe ethnique, il peut être plus accommodant avec un autre groupe afin d’éviter de

25Pour estimer les modèles, j’utilise la fonction « felm » de la librairie R « lfe » (Gaure, 2013). Cettefonction permet d’estimer de façon efficace desmodèles linéaires avec des effets fixes et des erreurs agrégées,même avec un très grand nombre de données.

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faire face à deux guerres civiles simultanément. De même, si un gouvernement entre enconflit avec un groupe rebelle, il peut envoyer le message qu’il n’est pas accommodantet décourager d’autres groupes de se rebeller (Walter, 2006). Par conséquent, j’adopte lastratégie proposée par Cameron et al. (2011) et j’agrège les erreurs standards au niveaudes États étrangers et des pays cibles. Du même coup, ce type d’erreurs traite le problèmede l’hétéroscédasticité qui ressort naturellement du modèle de probabilité linéaire26.

3.2.1 Tests pour les prédictions

Test prédiction 1: Pour tester la prédiction 1, j’estime l’équation suivante:

P(Si j kt = 1) = β0 + β1Li j kt + β2Ni j kt + β3(L × N)i j kt + β4Xi j kt + β5Fi j k + β6Frt + εi j kt

Dans cette équation, les indices i, j, k et t sont respectivement le groupe ethnique, le payscible, l’État étranger et l’année. r est l’indice pour la région du monde du pays cible.Si j kt ∈ {0, 1} est le soutien de l’État étranger pour une rébellion du groupe ethnique. Lesdeux variables indépendantes d’intérêt sont la présence de liens identitaires entre l’Étatétranger et le groupe ethnique (Li j kt ∈ {0, 1}) ainsi que le nombre d’autres pays où il ya un lien avec au moins un groupe ethnique (Ni j kt ∈ {0, 1, 2, 3...}). De plus, l’équationinclut une interaction entre ces deux variables. Fi j k est la matrice des effets fixes pour lestriades, Frt est la matrice des effets fixes pour les régions-années et Xi j kt est la matrice desvariables de contrôle27.

L’interaction dans ce modèle me permet de mieux capturer l’effet du mécanisme deréputation. En effet, selon la logique de ce mécanisme, je devrais observer un effetseulement lorsque l’État étranger a un lien identitaire avec le groupe ethnique, puisque celaest nécessaire pour développer une réputation de défenseur d’une identité transnationale.S’il n’y a pas de lien, soutenir une rébellion ne renforcera pas la réputation identitaire del’État étranger et ne l’aidera pas à obtenir des concessions de ses adversaires futurs. Sile nombre d’autres pays où l’État étranger a un lien identitaire avec un groupe ethniqueaffecte la probabilité de soutien par un autre mécanisme qui n’est pas en lien avec lesquestions identitaires, alors cet effet devrait être capturé par β2. Or, puisque j’inclus deseffets fixes pour les triades et plusieurs contrôles pertinents, je ne devrais pas observer untel effet. J’anticipe aussi que β1 > 0 puisque la présence d’un lien entre un État étrangeret un groupe ethnique devrait favoriser le soutien en cas de rébellion (San-Akca, 2016;

26Pour certains des modèles, la matrice de variance-covariance présente des valeurs négatives sur ladiagonale. Cela empêche l’estimation des erreurs standards. Pour traiter ce problème, Cameron et al.(2011) proposent de mettre à zéro ces éléments. Avec la taille de mon échantillon et le nombre de groupesd’agrégation que j’utilise, cela ne devrait pas biaiser de façon problématique l’estimation des erreursstandards.

27β4, β5 et β6 sont des vecteurs de coefficients.

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Salehyan et al., 2011). Or, je n’analyse pas cette relation puisqu’elle n’est pas reliée aumécanisme de réputation et à la prédiction 1.

Prédiction 1 résultats anticipés: β2 = 0, β3 > 0

Test prédiction 2: Pour tester la prédiction 2, j’ajoute trois variables à l’équation précé-dente:

P(Si j kt = 1) =β0 + β1Li j kt + β2Ni j kt + β3(L × N)i j kt+

β4Ti j kt + β5(T × L)i j kt + β6(T × N)i j kt + β7(T × L × N)i j kt+

β8Xi j kt + β9Fi j k + β10Frt + εi j kt

Ti j kt ∈ [0, 1] est la proportion de la population du pays cible qui appartient au groupeethnique de la triade. Selon la prédiction 2, plus un groupe ethnique est fort dans sonpays (plus il représente une partie importante de la population), moins l’effet du nombrede liens sur le conflit devrait être grand. Encore une fois, le mécanisme de réputationne devrait être à l’oeuvre que s’il existe un lien identitaire entre le groupe ethnique etl’État étranger. Par conséquent, les coefficients β4, β5 et β6 devraient capturer les effetsd’autres mécanismes par lesquels la taille relative du groupe rebelle pourrait influencerla probabilité de soutien. En particulier, si le nombre de liens interagit avec la taille dugroupe ethnique par d’autres mécanismes que la réputation, l’effet devrait être capturépar β6. Tout comme pour le coefficient β2, je m’attends à un effet à peu près nul aveccette interaction. Finalement, je n’ai pas d’anticipation pour les coefficients β4 et β5, maispuisqu’ils n’incluent pas le nombre de liens, ils ne sont pas en lien avec la prédiction 2.

Prédiction 2 résultats anticipés: β2 = 0, β3 > 0, β6 = 0, β7 < 0.

Test prédiction 3: Pour tester la prédiction 3, j’estime l’équation suivante:

P(Ii j kt = 1) = β0 + β1Li j kt + β2Ni j kt + β3(L × N)i j kt + β4Xi j kt + β5Fi j k + β6Frt + εi j kt

Ii j kt ∈ {0, 1} est l’inclusion politique du groupe ethnique. Selon le modèle théorique,un nombre de liens plus grand devrait favoriser l’inclusion du groupe ethnique par lemécanisme de réputation. Or, cela ne peut être vrai que si le groupe rebelle a un lienidentitaire avec l’État étranger. Si un mécanisme qui n’est pas associé aux identitéstransnationales génère une corrélation entre le nombre de liens et l’inclusion du grouperebelle, cela devrait être capturé par β2. Je ne m’attends pas à ce que ça soit le cas.

Prédiction 3 résultats anticipés: β2 = 0, β3 > 0

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Puisque j’utilise des effets fixes pour les triades, il est pertinent à ce stade de discuterdes sources de variation dans les données que j’exploite. La présence d’un lien pourla triade et le nombre de liens total de l’État étranger peuvent changer principalementpour deux raisons. Premièrement, lorsque les groupes ethniques au pouvoir d’un Étatétranger changent, cela affecte naturellement les liens identitaires avec les populationsextérieures. Par exemple, après une révolution ou un changement politique important,un groupe précédemment exclu peut devenir dominant dans un pays. Cette source devariation est importante puisque 49% des États étrangers dans ma banque de données ontsubi au moins un changement dans leurs ethnies au pouvoir au cours de la période étudiée.Deuxièmement, la variation peut venir de changements dans la composition ethnique despays cibles. Celle-ci peut affecter le nombre de liens que les États étrangers ont avec desgroupes ethniques. 44% des pays dans la banque de données ont vu au moins un groupeethnique s’ajouter ou s’enlever de leur liste des groupes ethniques politiquement pertinentspendant la période étudiée. Cela peut être causé par des changements démographiques,politiques (ex. une identité ethnique prend ou perd de l’importance en tant qu’identitépolitique) ou de frontières. Par exemple, les modifications importantes des frontièresinternationales après la chute de l’URSS ont changé la composition ethnique de plusieurspays de l’Europe de l’est. De même, certains pays ont ainsi été créés, ce qui a aussi changéle nombre de pays où les États étrangers avaient des liens avec des groupes ethniques.

J’estime cinq modèles principaux. Dans un premier temps, j’estime deux modèles avecdes effets fixes pour les régions-années, mais sans effets fixes pour les triades. Le premiermodèle n’a pas de vecteur de contrôles et le deuxième en a un. Je choisis d’inclure cesspécifications pour deux raisons. Premièrement, ces modèles conservent beaucoup plusde la variation dans les données que ceux avec des effets fixes pour les triades. Puisquej’analyse des événements rares, il est probable que ceux-ci soient moins pénalisants auniveau de la significativité statistique des coefficients. Deuxièmement, la source devariation exploitée lorsque j’ajoute des effets fixes pour les triades peut souffrir de sespropres biais statistiques auxquels je n’ai pas pensé. En incluant des effets fixes pour lesrégions-années, je peux certifier mes résultats avec une tout autre source de variation:celle entre les pays d’une même région pour une année donnée.

J’estime ensuite trois modèles avec des effets fixes pour les triades. J’ajoute séquentielle-ment les contrôles. J’inclus en premier la taille du groupe ethnique, le PIB du pays cibleet les contrôles d’ordre « militaire », c’est-à-dire la puissance et la capacité d’extractionde l’État étranger ainsi que le rapport de puissance entre les deux pays. Dans le cin-quième modèle, j’inclus les contrôles pour les niveaux de démocratie des deux pays28.

28Je n’inclus pas PE majeur et PC majeur dans les modèles avec les effets fixes pour les triades puisquele statut de puissance majeure des pays ne varie quasiment pas durant la période étudiée. De même, lavariable log(distance) n’est pas incluse dans ces modèles, puisqu’elle ne varie pas dans le temps.

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Pour les trois prédictions, le modèle 4 est ma spécification de préférence. Elle est la plusrigoureuse, à l’exception du modèle 5 qui a cependant le défaut d’utiliser beaucoup moinsd’observations à cause des valeurs manquantes dans les contrôles pour la démocratie. Pourla prédiction 1, j’ajoute un sixième modèle avec le nombre de liens au carré. Cela mepermet d’observer si l’effet de cette variable est concave tel que dicté par la théorie.

3.3 Résultats

3.3.1 Prédiction 1

Les résultats sont fidèles à la prédiction 1 (β2 = 0, β3 > 0), mais ils sont plutôt fragiles.Dans tous les modèles, l’effet du nombre de liens sur la probabilité de soutien est trèsfaiblement positif — voire nul — lorsqu’il n’y a pas de lien. Il est cependant fortementpositif lorsqu’il y a un lien. Cela est un bon indice que l’effet du nombre de liens sur lesoutien de rébellions est principalement causé par le mécanisme de réputation, puisquela présence d’un lien identitaire entre l’État étranger et le groupe ethnique est requisepour que ce mécanisme soit en action. Dans les modèles 4 et 5, on observe qu’un lienadditionnel augmente la probabilité de soutien d’environ 0.9%, un effet non négligeablelorsqu’on prend en compte le fait que le soutien de groupe rebelle est un événement rare(0.56% des triades-années analysées). Cet effet peut aller jusqu’à environ 8.1% pour lemodèle 4 lorsque le nombre d’autres liens atteint son maximum de 9. C’est un effet trèsimportant pour un événement rare tel que le soutien de groupe rebelle.

L’interaction est statistiquement significative pour les modèles 4 et 5. Les valeurs-ppour ces modèles sont respectivement de 4.8% et 9.5%. L’ajout de la première sériede contrôles fait doubler la taille du coefficient d’interaction et fait diminuer la valeur-p, tandis que l’ajout des contrôles pour les niveaux de démocratie fait augmenter lavaleur-p. Or, après vérification (voir l’annexe 5), cela est presque uniquement causépar la sélection de l’échantillon en raison des valeurs manquantes pour les contrôles.Le sous-échantillon des pays pour lesquels j’ai des informations sur la puissance et lacapacité d’extraction exclut généralement des plus petits pays et des valeurs pour lesannées les plus anciennes. Il est possible que ce sous-échantillon capture mieux l’effetétudié, puisque d’autres variables importantes du modèle (Soutien de groupes rebelles,liens transnationaux, etc.) sont moins bien mesurées pour les petits pays et les premièresannées. Si cela est le cas, il est normal que les effets ressortent plus clairement avec unéchantillon où les variables sont mesurées avec plus de précision. Lorsque j’ajoute lesniveaux de démocratie, le coefficient d’interaction reste stable, mais son erreur standardaugmente beaucoup puisqu’on enlève plus de 70 000 observations additionnelles. Encoreune fois, ce sont surtout des observations anciennes pour des petits pays. Les interactions

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Table 1: Modèles prédiction 1

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5) (6)Lien 0.012∗∗∗ 0.012∗ 0.001 −0.009 −0.013 −0.016

(0.004) (0.007) (0.010) (0.014) (0.016) (0.016)

Nb liens 0.0003 0.0002 0.00002 0.0001 −0.0003 0.002(0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.002)

Nb liens2 −0.0004(0.0003)

Lien * Nb liens 0.003 0.004 0.004 0.009∗∗ 0.009∗ 0.012(0.004) (0.005) (0.004) (0.004) (0.005) (0.010)

Lien * Nb liens2 −0.0004(0.001)

Pop. ethnie 0.002 0.002 0.008 0.008(0.002) (0.009) (0.035) (0.035)

PE majeur 0.005(0.006)

PC majeur 0.007∗∗(0.003)

Puissance relative 0.002 −0.002 −0.020 −0.017(0.004) (0.012) (0.016) (0.014)

PE puissance 0.039 0.007 −0.057 −0.066(0.038) (0.018) (0.098) (0.101)

PE capacité d’extraction −0.050 0.008 0.155 0.154(0.085) (0.123) (0.178) (0.174)

PE démocratie −0.0001 0.0001 0.0001(0.0001) (0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.0003 −0.0002 −0.0002(0.0004) (0.0002) (0.0002)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.002(0.001)

Régions-années Oui Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641 201,641R2 0.021 0.026 0.379 0.408 0.412 0.412R2 ajusté 0.018 0.020 0.364 0.390 0.391 0.391

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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dans les modèles 1, 2 et 3 ne sont pas significatives, mais présentent tout de même deseffets importants assez proches de ceux des autres modèles.

Lemodèle 6montre que la relation entre le nombre de liens et le conflit est concave. L’effetdu nombre de liens au carré est négatif lorsqu’il y a un lien entre l’État étranger et le groupeethnique, ce qui indique encore une fois que le mécanisme de réputation est important pourcette relation. Toutefois, l’effet est très faible et est loin d’être statistiquement significatif.J’anticipais cependant d’obtenir un résultat faible et non significatif avec le modèle 6,puisque selon les simulations, l’effet du nombre d’autres liens devrait être généralementpositif entre 0 et 9. Ainsi, je m’attendais à ce que la relation ne soit que faiblementconcave.

J’analyse dans l’annexe 5 des tests de robustesse29: 1) Je teste plusieurs spécificationsalternatives; 2) J’utilise le nombre de liens impliquant la même identité ethnique que cellede la triade au lieu du nombre de liens total de l’État étranger; 3) Je fais un test placebo enutilisant comme variable dépendante les cas de soutien « passif » où des rebelles utilisentdes États étrangers sans que ce soit la volonté de ces derniers. Ils peuvent par exemplerecruter des combattants dans cet État ou s’y réfugier des forces de leur gouvernement.Bien que cette variable soit très similaire au soutien actif et soit influencée par plusieursdes mêmes facteurs, le mécanisme de réputation ne devrait pas avoir d’effets directs surelle.

En somme, les résultats sont cohérents avec ce que le modèle prédit. Le nombre de liensa un effet positif, et ce, seulement lorsqu’il y a un lien identitaire entre l’État étrangeret le groupe ethnique. Cet effet semble aussi légèrement concave, ce qui est cohérentavec la relation non linéaire trouvée avec le modèle. De plus, les tests de robustessesont généralement concluants. Néanmoins, seuls les résultats sur le sous-échantillon desobservations pour lesquelles j’ai des informations pour les contrôles sont statistiquementsignificatifs. Puisque ce sous-échantillon n’est pas sélectionné de façon aléatoire, cela estbien évidemment problématique. Pour un travail futur, il serait pertinent d’explorer plusen profondeur pourquoi ce sous-échantillon donne des résultats plus forts.

Le principal défaut du modèle de probabilité linéaire est qu’il peut générer des proba-bilités prédites qui sortent de l’intervalle [0, 1]. Si je prends le modèle 4 par exemple,j’obtiens 25 valeurs prédites au-dessus de 1 et 135 140 au-dessous de 0 dont la plus faibleatteint -0.04330. Or, selon Wooldridge (2002, p. 455), lorsque le but est d’analyser les

29Je fournis tous les tableaux des tests de robustesse en annexe et j’explique en détail la logique de cestests et j’en analyse les résultats.

30Pour le modèle 5 de la prédiction 2, j’obtiens sensiblement la même chose avec 25 valeurs préditesau-dessus de 1 et 135 101 au-dessous de 0. Pour celui de la prédiction 3, j’obtiens 23 472 valeurs préditesau-dessus de 1 et 106 478 au-dessous de 0, ce qui représente à peu près la même quantité de valeurs hors de

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effets marginaux des variables indépendantes, cela n’est généralement pas très important.Néanmoins, il serait bon dans un travail futur d’ajouter comme test de robustesse unmodèlenon linéaire qui ne présente pas ce problème, tel qu’un modèle logistique conditionnel.

3.3.2 Prédiction 2

Les résultats obtenus sont cohérents avec la prédiction 2 (β2 = 0, β3 > 0, β6 = 0, β7 < 0),mais ne sont pas significatifs pour toutes les spécifications. Premièrement, remarquonsque le coefficient pour l’interaction entre Lien et Nb liens reste positif et significatif pourles modèles avec effets fixes. La taille de ce coefficient change par rapport aux modèlespour la prédiction 1, ce qui est normal avec l’ajout de deux autres interactions avec lenombre de liens et la présence d’un lien pour la triade. Comme anticipé, le coefficient del’interaction entre le nombre de liens et la taille de l’ethnie est proche de zéro lorsqu’il n’ya pas de lien identitaire.

Le coefficient pour la triple interaction entre la taille de l’ethnie, la présence d’un lienet le nombre d’autres liens change drastiquement lorsque j’ajoute des effets fixes pourles triades. Dans les deux premiers modèles, l’effet est légèrement positif. Cet effetva à l’encontre de la théorie, mais peut provenir d’une variable omise qui est seulementcapturée dans les modèles avec des effets fixes pour les triades. Ainsi, pour les modèles 3,4 et 5, l’effet est fortement négatif— tel qu’anticipé— et les valeurs-p sont respectivementde 7.7%, 9.2% et 18%. L’ajout de contrôles pour le niveau de démocratie fait grandementmonter la valeur-p. Après vérification, cela provient d’une diminution considérable dunombre d’observations à cause des valeurs manquantes pour l’indice « Polity IV » (voirl’annexe 5).

Par exemple, le modèle 4 montre qu’une augmentation de 10% de la population de l’ethniediminue de 0.23% l’effet de l’augmentation du nombre d’adversaires lorsqu’il y a un lienavec le groupe ethnique. Le modèle indique aussi que si la taille de l’ethnie est prèsde zéro, un adversaire supplémentaire augmente le risque de soutien de 1.6%. Lorsquel’ethnie partage une identité avec l’État étranger, plus sa taille est importante, plus ceteffet diminue. Il atteint 0% lorsque le groupe ethnique représente 69.5%, c’est-à-direune forte majorité de la population. Lorsque l’ethnie constitue presque l’entièreté de lapopulation, l’effet est de -0.7%. Cependant, seulement 0.28% des triades-années ont ungroupe ethnique qui représente plus de 69% de la population de son pays et qui est exclupolitiquement. Puisque dans mon cadre théorique l’exclusion politique est la cause desrébellions, il n’est pas pertinent d’analyser la possibilité d’un effet négatif.

En annexe, je fais les mêmes tests de robustesse que pour la prédiction 1. Ils donnent

l’intervalle [0, 1].

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Table 2: Modèles prédiction 2

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.016∗ 0.019 −0.012 −0.017 −0.025

(0.009) (0.012) (0.012) (0.021) (0.024)

Nb liens 0.0004 0.0004 −0.00002 0.00005 0.0001(0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.001)

Lien * Nb liens 0.003 0.003 0.011∗ 0.015∗ 0.016∗(0.005) (0.006) (0.006) (0.008) (0.009)

Pop. ethnie 0.004 0.005∗ −0.001 0.002 0.016(0.002) (0.003) (0.007) (0.011) (0.036)

Pop. ethnie * Lien −0.016 −0.027 0.053∗∗ 0.030 0.041(0.018) (0.023) (0.024) (0.027) (0.036)

Pop. ethnie * Nb liens −0.0002 −0.001 0.0004 0.0001 −0.002(0.001) (0.001) (0.002) (0.002) (0.004)

pop. ethnie * Lien * Nb liens 0.0005 0.004 −0.025∗ −0.023∗ −0.022(0.005) (0.006) (0.014) (0.014) (0.016)

PE majeur 0.005(0.006)

PC majeur 0.007∗∗(0.003)

Puissance relative 0.002 −0.002 −0.020(0.004) (0.012) (0.016)

PE puissance 0.039 0.007 −0.057(0.037) (0.018) (0.098)

PE capacité d’extraction −0.049 0.011 0.157(0.085) (0.123) (0.177)

PE démocratie −0.0001 0.0001(0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.0003 −0.0002(0.0005) (0.0002)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.002(0.002)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641R2 0.021 0.026 0.379 0.408 0.412R2 ajusté 0.018 0.020 0.364 0.391 0.391

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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pour la plupart de bons résultats, bien que parfois non significatifs. Cependant, le testplacebo n’est pas concluant puisqu’il donne un résultat plus fort pour le modèle 5. Cetest sert à exclure des mécanismes alternatifs auxquels je n’aurais pas pensé et que jen’aurais pas traités avec les contrôles ou les autres tests. Par conséquent, le fait qu’il nesoit pas concluant ne me permet pas d’exclure ces mécanismes, mais n’invalide pas nonplus mon hypothèse. De surcroît, le soutien passif et le soutien actif sont corrélés dans lesdonnées31, ce qui peut expliquer pourquoi j’obtiens des résultats similaires pour les deuxtypes de soutien.

Somme toute, les signes et les tailles des coefficients sont cohérents avec la prédiction 2pour les modèles avec des effets fixes. Ces résultats sont cependant fragiles. En particulier,les tests de robustesse ne sont pas tous concluants et les coefficients des triples interactionspour les modèles sans effets fixes (1 et 2) n’ont pas le signe qui était anticipé, quoique celapuisse être causé par une variable omise.

3.3.3 Prédiction 3

Les résultats sont cohérents avec la prédiction 3, mais ils sont faibles pour plusieursspécifications. Ils ne sont pas significatifs pour ma spécification préférée (modèle 4).L’interaction entre la présence d’un lien et le nombre d’autres liens est positive et statis-tiquement significative pour les deux premiers modèles. Cependant, l’effet diminuepresque de moitié lorsque j’ajoute des effets fixes pour les triades et la valeur-p monte à11.5%. Cet effet continue de diminuer lorsque j’ajoute plus de contrôles et la valeur-patteint 41.3% dans le modèle 5. Cette perte de significativité est causée par une réduc-tion considérable du nombre d’observations lorsqu’on ajoute des contrôles (voir l’annexe5). Le modèle 2 montre qu’ajouter un pays où l’État étranger a un lien avec un groupeethnique augmente de 2.6% la chance que le groupe ethnique soit inclus politiquement.Ce même effet est de seulement 1.3% pour le modèle 5. Considérant que le nombred’autres liens varie entre 0 et 9, cela implique que cet effet peut faire varier la probabilitéd’inclusion de 23.4% dans le modèle 2 — ce qui est un effet notable considérant que 28%des triades-années ont un groupe ethnique inclus politiquement.

Remarquons que l’effet du nombre de liens lorsqu’il n’y a pas de lien pour la triade n’estpas nul tel qu’anticipé, mais clairement négatif. Il est même statistiquement significatifdans tous les modèles sauf le troisième. Une façon d’expliquer ce résultat est que plus unÉtat a de liens avec des populations extérieures, plus il risque d’avoir plusieurs rébellionsà soutenir ainsi que plusieurs gouvernements sur lesquels faire pression. Par conséquent,il aura moins de ressources pour soutenir un groupe ethnique avec lequel il n’a aucun lien,puisqu’a priori il favorisera ceux avec lesquels il a des liens. Finalement, notons que, sans

31Il y a une corrélation de Pearson de 28% entre les deux types de soutien dans ma banque de données.

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Table 3: Modèles Prédiction 3Variable dépendante:

Inclusion(1) (2) (3) (4) (5)

Lien 0.050 −0.064∗ −0.066 −0.022 −0.011(0.042) (0.035) (0.049) (0.041) (0.045)

Nb liens −0.010∗∗ −0.014∗∗∗ −0.005 −0.002 −0.006(0.005) (0.005) (0.003) (0.003) (0.004)

Lien * Nb liens 0.040∗ 0.040∗∗ 0.023 0.017 0.019(0.022) (0.020) (0.014) (0.015) (0.023)

Pop. ethnie 1.031∗∗∗ 1.199∗∗∗ −0.038(0.046) (0.386) (0.245)

PE majeur 0.015(0.025)

PC majeur −0.096∗(0.057)

Puissance relative 0.028 −0.044 0.021(0.050) (0.068) (0.080)

PE puissance −0.009 −0.056 0.129(0.273) (0.116) (0.151)

PE capacité d’extraction −0.979 0.330 0.183(0.663) (0.207) (0.157)

PE démocratie 0.001∗ 0.0003(0.001) (0.0002)

PC démocratie 0.006 0.006∗∗∗(0.006) (0.002)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.015(0.011)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 341,379 198,008 341,379 268,144 198,008R2 0.236 0.480 0.892 0.901 0.901R2 ajusté 0.233 0.477 0.890 0.898 0.897

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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surprise, le niveau de démocratie du pays cible et la taille relative du groupe ethniqueaffectent positivement la probabilité d’inclusion.

En annexe, je fais les mêmes tests de robustesse que pour les deux prédictions précédentes,sauf que je n’inclus pas de test placebo. Je remplace ce test par l’utilisation de deux échellesdifférentes pour mesurer le niveau d’inclusion des groupes ethniques.

En fin de compte, les résultats obtenus sont faibles, bien qu’ils soient cohérents avecla prédiction 3. Le coefficient de l’interaction est positif et statistiquement significatifpour les deux premiers modèles de base. Or, l’ajout d’effets fixes pour les triades diminuegrandement la taille de ce coefficient et le rend statistiquement non significatif. Néanmoins,les tests de robustesse sont généralement concluants.

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Conclusion

Est-ce que les États cherchent à défendre leur réputation dans les conflits internationaux,et si oui, est-ce une stratégie efficace? Dans ce mémoire, je revisite ce grand débat desrelations internationales en l’étudiant dans un nouveau contexte. Au lieu d’analyser lesguerres directes entre les États, je me concentre sur les cas où des États soutiennent des ré-bellions dans d’autres pays. Plus spécifiquement, je m’intéresse aux cas où ils soutiennentdes groupes avec lesquels ils ont des liens ethniques, religieux ou idéologiques. Je faisl’hypothèse que les États tendent à exagérer leur attachement pour ces groupes et qu’ilss’investissent dans certains conflits afin de se construire une réputation d’État défenseurd’une identité transnationale. Cette réputation leur permet de favoriser l’inclusion degroupes co-identitaires dans d’autres pays ou d’obtenir d’autres concessions concernantdes enjeux internationaux.

Puisque la construction de la réputation ne peut pas être observée directement, j’utilise desméthodes économiques pour trouver des preuves indirectes de son existence. Je développeun modèle formel qui me permet de montrer la cohérence du mécanisme de réputationdans ce contexte. Ce modèle me permet aussi d’obtenir trois prédictions non intuitivesdirectement reliées à ce mécanisme. Ainsi, plus un État étranger a d’adversaires, plus il estprobable qu’il soutienne la rébellion d’un groupe avec lequel il partage un lien identitaire.De même, ce groupe a plus de chances d’être inclus politiquement dans son pays. Desurcroît, plus ce groupe est fort par rapport à son gouvernement, moins l’effet du nombred’adversaires sur le risque de conflit est important.

Par la suite, je construis une banque de données à partir de données existantes sur les liensethniques transnationaux, l’inclusion politique des groupes ethniques et les cas de soutienétatique à des groupes rebelles entre 1946 et 2010. Ces données riches me permettentd’éviter certains problèmes de taille d’échantillon et de biais d’endogénéité présents dansles études empiriques précédentes étudiant le mécanisme de réputation. J’utilise cettebanque de données pour tester les trois prédictions du modèle théorique. J’obtiens desrésultats cohérents avec ma théorie et généralement concluants, mais qui ne sont pasrobustes à toutes les spécifications alternatives et les tests de robustesse. Par conséquent,il faut interpréter ces résultats avec prudence.

Ce travail amène de nouveaux éléments de preuve montrant que non seulement les Étatss’investissent dans des conflits pour défendre leur réputation, mais que cette stratégie estefficace. En effet, les États peuvent ainsi encourager l’inclusion de groupes avec lesquels ilsont des liens identitaires dans d’autres pays. Mes résultats ont des implications importantespour les gouvernements et les organisations internationales. Ceux-ci doivent analyser

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l’ingérence d’États étrangers dans des guerres civiles dans un contexte géopolitique global.Ils doivent prendre en compte que ces États peuvent chercher à défendre une réputation deprotecteurs de groupes avec lesquels ils ont des liens ethniques, religieux ou idéologiques.Cela est d’autant plus probable s’ils ont de tels liens dans plus d’un pays. Si les Étatscherchent à défendre leur réputation, cela peut grandement changer la dynamique d’unconflit et la façon de le résoudre. Pour les chercheurs, il s’agit là d’une piste de recherchepour l’avenir. Il serait en effet intéressant de comprendre comment le mécanisme deréputation affecte qualitativement les conflits. Celui-ci pourrait entre autres expliquerpourquoi les guerres civiles impliquant des États étrangers sont plus longues, plus difficilesà résoudre par la négociation (Regan, 2002; Cunningham, 2006, 2010; Akcinaroglu &Radziszewski, 2005; Sawyer et al., 2017) et plus intenses (Nedrebo, 2009; Martinez,2017).

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Annexes

1 Force des groupes rebelles futurs

Dans cette section, j’étudie l’impact d’un changement de la force des groupes rebelles despériodes 2 à N sur le conflit et l’inclusion du groupe dominé à la période 1. Je rappelleque α f , la force relative des groupes rebelles futurs, est considérée comme fixe dans cettesection (αi = α f ,∀i ≥ 2). De plus, g f est la valeur de π f + CP f + CP en fonction de α f ,lorsque les Pi, i ≥ 2 choisissent CP f de façon à maximiser leur gain espéré. Une variationde la force entre ces groupes ne changerait pas fondamentalement l’analyse et je préfèredonc ne pas ajouter ce niveau de complexité supplémentaire au modèle.

Proposition 5 Soit ω ∈ [0, 1] la probabilité que S1 = 1 et γ ∈ [0, 1] la probabilité quex1 = 1.

α f ≥ g−1f [g1(α1) −1

N−1 ] =⇒ ω = 0, γ = 1.

Sinon, ω = θ1g f (α f )(N−1), γ = π1θ1g f (α f )(N−1)

Plus les rebelles dans les conflits futurs sont forts, plus il sera facile de faire céder lesprochains gouvernements. Cela encourage l’État étranger à investir dans sa réputation ensoutenant une rébellion en première période, puisque celle-ci sera d’autant plus efficacepour faire céder ses adversaires futurs.

L’effet d’une augmentation de α f est moins évident que celui d’une augmentation dansα1. Dans un premier temps une augmentation de ce paramètre accroît le risque de conflit,puisqu’un État étranger nationaliste a davantage intérêt à développer une réputation d’Étattransnationaliste en soutenant une rébellion. Ainsi, si α f est plus petit que le seuilg−1

f [g1(α1) −1N−1 ], alors ω′αf

> 0. Or, si α f est plus grand que ce seuil, le risque de soutienà une rébellion est assez grand pour faire céder le gouvernement et assurer l’inclusiondu groupe dominé. Le paramètre α f a donc une relation non linéaire avec la probabilitéde conflit similaire à celle de N dans la proposition 2 (voir graphique 1). Cela n’est passurprenant puisque les deux paramètres amplifient l’intérêt pour l’État étranger de typenationaliste de défendre sa réputation de protecteur de groupes co-identitaires.

L’influence de la force des groupes rebelles futurs sur l’inclusion est plus claire. Lorsqueα f augmente, cela favorise une concession du gouvernement ou sinon le conflit, ce quiaugmente la probabilité que les rebelles obtiennent de force l’inclusion économique etpolitique. L’effet ne peut donc qu’être positif.

L’impact d’une augmentation de α f sur la relation entre le nombre de pays cibles et leconflit est aussi ambigu. D’un côté, cela accroît l’effet de N sur la probabilité de conflit,puisque chaque pays cible supplémentaire augmente l’intérêt pour le type n d’investir danssa réputation, ce qui est d’autant plus facile lorsque les autres pays sont plus suscepti-bles de céder avec des groupes rebelles plus forts ( d∆ω

dαf ∆N > 0)32 D’un autre côté, une

32Premièrement, le signe ∆ est utilisé pour représenter un changement marginal discret d’un pays au lieu

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augmentation de α f diminue le seuil du nombre d’adversaires nécessaire pour amener legouvernement à concéder l’inclusion au groupe dominé (− ln (θ1g1(α1))/ln(g1(αf )) + 1), cequi diminue l’impact de N sur la probabilité de conflit (la dérivée de ce seuil par rapport àα f est négative). Visuellement, une augmentation du paramètre α f est presque équivalenteà un déplacement latéral vers la gauche de la relation illustrée dans la figure 1. Cepen-dant, en diminuant le N nécessaire pour faire céder le gouvernement et en augmentant lerisque de conflit sinon, un plus grand α f accroît toujours l’effet du nombre d’adversairessur l’inclusion du groupe exclu. Graphiquement, l’impact est quasiment celui d’un dé-placement latéral vers la gauche de la relation entre N et la probabilité d’inclusion (voirfigure 2).

L’effet de α f sur la probabilité de conflit est compliqué, en particulier la façon dont ilinteragit avec le nombre d’adversaires. C’est pourquoi je ne dérive pas de prédictionempirique à partir de la proposition 5. Le modèle statistique nécessaire pour tester cetteprédiction serait très complexe et il serait difficile d’étudier de façon convaincante unetelle relation non linéaire.d’un changement infinitésimal. Deuxièmement, remarquons que mathématiquement, αf augmente l’effetde N sur le conflit aussi puisqu’il implique qu’un pays supplémentaire sera plus facile à faire céder. Il s’agitd’un effet différent de celui que j’explique dans le paragraphe, c’est-à-dire qu’il est plus facile de faire céderles pays précédents, non pas le nouveau pays même. Or, cet effet est artificiel puisque par hypothèse, uneaugmentation de αf implique que tous les groupes rebelles futurs sont plus forts. Or, il n’y a pas de raisonde penser que le groupe rebelle du nouveau pays doive nécessairement être plus fort aussi. Il est donc pluspertinent d’analyser l’effet dû à une augmentation dans la force des groupes précédents.

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2 Deux enjeux

Jusqu’à présent, j’ai supposé que les deux types d’États étrangers retirent un gain à ceque les gouvernements incluent politiquement et économiquement les groupes dominés.Or, dans certaines situations il est difficile de concevoir qu’un État nationaliste retire unbénéfice notable de l’inclusion de ce groupe. Néanmoins, cela n’est pas nécessaire pourobserver le mécanisme de construction de la réputation.

Dans cette section, je considère un modèle avec deux types d’enjeux. Ainsi, il y a l’enjeuxi de l’inclusion du groupe exclu et les enjeux yi ∈ {0, 1} qui concernent seulement l’Étatétranger. L’utilité des Pi en fonction de ces enjeux est de (1 − xi) + κ(1 − yi) et cellede E est de ∑N

j=1 βx j + ∑Nj=1 λy j . La structure du jeu est identique à celle du modèle

de base à deux exceptions près: 1) Pi choisit xi ∈ {0, 1} et yi ∈ {0, 1}; 2) Si E gagne,il impose xi = 1, mais yi = 0. Autrement dit, si les rebelles remportent la guerre, ilsobtiendront leur inclusion politique, mais ils ne mettront pas nécessairement en placeune politique internationale yi en faveur de l’État étranger. Rien ne garantit que sur leplan international, les intérêts des États étrangers et des groupes qu’ils soutiennent soientparfaitement alignés.

Je considère que βt > βn = 0. Ainsi, dans cette version du modèle, l’État étranger detype nationaliste n’accorde aucune importance à l’enjeu concernant le groupe avec lequelil partage un lien identitaire. Cependant, il peut tout même être stratégique pour luide développer une réputation d’État « transnationaliste » qui se soucie de groupes dansd’autres pays. Son but n’est cependant pas de favoriser l’inclusion de ces groupes, maisd’encourager les gouvernements à faire des concessions sur d’autres enjeux en échangede la paix.

Dans plusieurs cas, les actions des États semblent trahir leur intérêt limité – voire inexistant— pour les causes des groupes identitaires qu’ils soutiennent. Par exemple, l’URSS asoutenu à plusieurs reprises les révoltes kurdes au Moyen-Orient. L’une des principalesjustifications de ce soutien était que les rebelles kurdes avaient une idéologie socialistesimilaire à celle des soviétiques. De plus, ces derniers manifestaient un intérêt fortpour les valeurs, la culture et la langue kurde. La République socialiste soviétiqued’Arménie a été pendant plusieurs années le principal promoteur de la culture kurde, parle biais d’émissions de radio et de publications de livres en langue kurde. Ainsi, sous leprétexte de liens identitaires avec les Kurdes, l’URSS les a aidés à fonder la républiquede Mahabad en Iran en 1946. Or, lorsque l’Iran et les puissances du bloc de l’Ouestoffrirent des concessions pétrolières à l’Union soviétique, ce dernier cessa son soutien etla république tout juste née fut reprise par l’Iran. Le fait que l’URSS ait demandé l’accès àdes ressources pétrolières avant et pendant la révolution kurde et qu’elle ait ensuite laissétomber les rebelles kurdes après avoir obtenu le pétrole qu’elle désirait suggère fortementque la cause kurde était secondaire pour l’URSS (Shakarian, mbre; Koohi-Kamali, 2003).

Ce cas suggère que l’URSS avait un intérêt faible pour la cause des rebelles kurdes(0 < βn < βt), voire aucun intérêt (βn = 0). Je montre dans cette section que dans cedernier cas, le développement d’une réputation d’État transnationaliste reste une stratégieviable pour un État tel que l’URSS, puisqu’elle permet d’obtenir des concessions sur desenjeux internationaux.

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Les enjeux internationaux yi peuvent être sécuritaires, économiques ou idéologiques et neconcernent pas directement les populations avec lesquelles E a des liens identitaires. Engénéral, il en existe plusieurs qui opposent deux États. Je fais l’hypothèse qu’il existe aumoins un enjeu pour chaque pays Pi qui respecte les conditions suivantes.

Hypothèse 5 Pour chaque Pi, il existe un enjeu yi tel que βtπ − CE < λi et κi ∈ (0, 1) .

Premièrement, cette hypothèse stipule qu’il existe des enjeux yi qui sont d’une importancesuffisante pour E pour le décourager de soutenir une rébellion en échange d’une concessionyi = 1, et ce peu importe son type. Deuxièmement, elle énonce que les enjeux yi ontune importance pour les Pi (κi > 0), mais moins que l’enjeu concernant le groupe exclu(κi < 1).

Tout comme pour le modèle de base, je fais l’hypothèse que tous les enjeux yi ont la mêmeimportance pour les acteurs à chaque période (κi = κ, λi = λ ∀i). La raison est la mêmeque précédemment: empiriquement, il est difficile de comparer l’importance des enjeuxde façon objective, ce qui m’amène à enlever cette composante superflue du modèle.

Sous cette hypothèse, on peut montrer que les stratégies d’équilibre de E et P1 en premièrepériode sont très similaires à la proposition 1.

Proposition 6 la stratégie de P1 en première période est la suivante:

• si θ1 < (κ

π + CP)N, =⇒ y1 = 0, x1 = 0.

• si θ1 ≥ (κ

π + CP)N, =⇒ y1 = 1, x1 = 0.

La stratégie de E en première période est la suivante:

• y1 = 1 =⇒ S1 = 0

• T(E) = t, y1 = 0 =⇒ S1 = 1

• T(E) = n, y1 = 0, alors nous avons une stratégie mixte unique µ1 = P(S1 = 1) =((π + CP

κ)N − 1)θ1

1 − θ1∈ (0, 1).

Les stratégies d’équilibre des joueurs sont similaires à celles du modèle de base. Celamontre que le modèle de construction de la réputation fonctionne tout aussi bien lorsqu’onsuppose que l’État de type nationaliste n’a aucun intérêt pour les groupes exclus (βn = 0).Cependant, il y a deux différences avec le modèle de base. La première est l’ajout duparamètre κ qui influence les stratégies des joueurs, sans les changer qualitativement. Ladeuxième différence, plus importante, est que x1 = 0 lorsque le pays cède. La raison est

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simple: sous l’hypothèse 4, il est toujours plus avantageux — et suffisant — de faire uneconcession sur l’enjeu y que sur l’inclusion x du groupe dominé.

J’analyse ensuite la probabilité de conflit en première période:

Proposition 7 Soit ω ∈ [0, 1] la probabilité que S1 = 1.θ1 ≥ (

κ

π + CP)N, =⇒ ω = 0. Sinon, ω = θ1(

π + CP

κ)(N−1) ∈ (0, 1).

Cette proposition est équivalente à la proposition 2 sur le risque de conflit en premièrepériode. La seule différence est l’ajout du paramètre κ qui ne change pas qualitativementla relation. Cela montre non seulement que le mécanisme de réputation peut être observélorsque l’État étranger ne désire pas l’inclusion du groupe rebelle, mais que la dynamique(autrement dit, la statique comparative) reste semblable à plusieurs égards. Néanmoins, ily a une différence fondamentale avec le modèle de base:

Proposition 8 Soit γ ∈ [0, 1] la probabilité que x1 = 1.Si θ1 ≥ (

κ

π + CP)N, =⇒ γ = 0. Sinon γ = πθ1(

π + CP

κ)(N−1) ∈ (0, 1).

Le nombre d’adversaires a presque le même effet sur l’inclusion du groupe que sur leconflit. Une augmentation d’un du nombre de pays cibles accroît l’intérêt pour E d’investirdans sa réputation. Si ce nombre est suffisamment petit, il n’y a pas de concession et celafavorise le soutien, ce qui augmente la probabilité que le groupe obtienne son inclusionpar la force de πθ1(π+CP/κ)(N−1)(π+CP/κ − 1)33. Si N ≥ − ln θ1/[ln(π+CP)−ln(κ)] le risquede conflit est trop grand pour le gouvernement et il cède sur l’enjeu international. Parconséquent, le groupe dominé n’est pas inclus — là est la différence avec le modèle debase. Ainsi, la relation entre N et l’inclusion est non linéaire, étant croissante dans unpremier temps et retombant ensuite à zéro.

Je fais une simulation avec les mêmes valeurs de paramètres que précédemment (θ1 =0.05, π = 0.25,CP = 1), j’obtiens que la probabilité d’inclusion augmente et atteint un picde 18% lorsqu’il y a 13 adversaires. Elle retombe ensuite à zéro. Ainsi, le mécanismede réputation a un effet ambigu, mais somme toute très faible sur l’inclusion des groupesexclus politiquement et économiquement. Si cette version du modèle est plus réaliste quele modèle de base, je m’attends donc à trouver des résultats nuls, très faibles ou mêmecontradictoires avec la prédiction 3.

33Cette valeur est toujours plus grande que zéro et la probabilité d’inclusion reste toujours entre 0 et 1

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1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 5: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soit incluspolitiquement et économiquement dans son pays (version avec deux enjeux).

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3 Preuves

Proposition 1En suivant le principe de la « backward induction » pour la première période, j’étudie enpremier la stratégie de E puisqu’elle vient après celle de P1.

1. Si x1 = 1, alors S1 = 0 puisque β > βπ − CE . Cette inégalité est respectée pour lesdeux types d’États étrangers étant donné que CE > 0 et π ∈ (0, 1).

2. Si x1 = 0 etT(E) = t, alors S1 = 1 puisque par l’hypothèse 1, 0 < πβt−CE . Remarquonsque E joue toujours de façon sincère lorsqu’il est de type t puisqu’il n’a aucun avantage àse faire passer pour le type n.

3. La dernière possibilité est plus complexe. Si x1 = 0 et E est de type n, alors celui-cin’a pas intérêt à court terme à soutenir une rébellion puisque 0 > πβn − CE . Or, il peutchoisir de soutenir le groupe rebelle afin de se faire passer pour un État de type t. S’il nele fait pas, il dévoile son type et tous les adversaires futurs choisiront xi = 0.

Si E soutient le groupe rebelle en première période, les autres Pi déduisent la probabilitéque E soit de type t avec la loi de Bayes:

θ2 = P(T(E) = t |S1 = 1) =P(S1 = 1|T(E) = t)P(T(E) = t)

P(S1 = 1|T(E) = t)P(T(E) = t) + P(S1 = 1|T(E) = n)P(T(E) = n)

=θ1

θ1 + (1 − θ1)µ1

Sachant cela, étudions les stratégies pures que pourraient adopter E de type n et lesPi, i ≥ 2.

• Supposons que le type n soutienne toujours le groupe rebelle lorsqu’il n’y a pasde concession (µ1 = 1). Cela veut dire que θ2 = θ1. Or, cela implique que desoutenir le groupe rebelle en première période est inutile pour E de type n, puisquecela n’influence aucunement la probabilité que les adversaires futurs accordent àla probabilité qu’il soit de type t, ce qui veut aussi dire qu’il n’influence pas leursstratégies. Dans ce cas, la meilleure réaction de E de type n est de ne pas soutenir legroupe rebelle, puisque payer le coût du conflit est inutile. Il s’agit d’une contradictionet donc ceci ne peut pas être un équilibre de Nash.

• Supposons que le type n ne soutienne jamais le groupe rebelle (µ1 = 0). Dans ce cas,θ2 = 1 puisque s’il y a un soutien, cela veut nécessairement dire que E est de type t.Or, la meilleure réponse des Pi est de céder s’il y a un soutien en première période etde ne pas céder sinon. Ceci implique que la meilleure réponse à cette stratégie pourle type n est de soutenir le groupe rebelle afin d’obtenir des concessions pour lespériodes suivantes, puisque βnπ−CE +Nβn > βnπ−CE +βn > 0 selon l’hypothèse 1.Ce ne peut donc pas être un équilibre de Nash.

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Puisqu’il doit nécessairement exister un équilibre (théorème de Nash) et que cet équilibren’est pas pur, je considère un équilibre en stratégies mixtes. Supposons que la formulepour µ1 est:

µ1 =((π + CP)(N−1) − 1)θ1

1 − θ1

Je démontre la validité de cette formule par induction. En premier, je montre qu’elle tientpour N = 1. Si N = 1, alors il n’y a pas d’intérêt à développer une réputation et E va

toujours jouer de façon sincère. Dans ce cas µ1 = 0 =((π + CP)(1−1) − 1)θ1

1 − θ1.

Ensuite, je montre que la formule tient pour N + 1 lorsqu’on suppose N vrai. Je calcule enpremier la valeur de θ1 nécessaire pour que P1 choisisse x1 = 0 au lieu de x1 = 1.

θ1(1 − π − CP) + (1 − θ1)[µ1(1 − π − CP) + (1 − µ1)1] >0=⇒ θ1(1 − π − CP) + [((π + CP)(N−1) − 1)θ1(1 − π − CP) + (1 − (π + CP)(N−1)θ1)] >0

=⇒ θ1[(1 − π − CP)(π + CP)(N−1) − (π + CP)(N−1)] > − 1=⇒ θ1[(π + CP)N ] <1

=⇒ θ1 <1

(π + CP)N

Si j’ajoute un joueur supplémentaire au jeu qui joue avant les autres, celui-ci devient P1,celui qui était P1 devient P2, etc. La valeur de θ2 qui rend le nouveau P2 indifférent entreles deux choix de x2 est la même que lorsqu’il était P1, c’est-à-dire 1/(π+CP)N . Par leprincipe de la « backward induction », le fait d’ajouter un joueur avant lui ne change passa stratégie en fonction de la probabilité que E soit de type n (1 − θ2). Ainsi, je trouve laformule de µ1 pour N + 1 de façon à rendre P2 indifférent entre les deux choix de x2, s’iln’y a pas d’inclusion en première période et que E entre en conflit contre P1:

θ1θ1 + (1 − θ1)µ1

=1

(π + CP)N

=⇒ µ1 =((π + CP)N − 1)θ1

1 − θ1

Remarquons que puisqu’il doit exister un équilibre de Nash en équilibre mixte et qu’iln’y a qu’une stratégie qui rend P2 indifférent entre ses deux choix de x2, cette stratégiedoit nécessairement rendre aussi indifférent les joueurs Pi, i > 2 entre leurs optionspour xi. Cela démontre que la formule tient pour N + 1 et qu’elle est donc valide. Ilreste à montrer que µ1 ∈ (0, 1). Je sais que π + CP > 1 et N ≥ 1. Je sais aussi queθ1 ∈ (0, 1/(π+CP)N ) ⊂ (0, 1) puisqu’il faut qu’il n’y ait pas d’inclusion pour que E veuillesoutenir un conflit. Je peux donc déduire que:

(a) (π + CP)N−1 − 1 > 0 =⇒((π + CP)N−1 − 1)θ1

1 − θ1> 0

61

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(b)

((π + CP)N−1 − 1)θ11 − θ1

<

((π + CP)N−1 − 1)1

(π + CP)N

1 −1

(π + CP)N

=

1π + CP

− (1

π + CP)N

1 − (1

π + CP)N

< 1

puisque π + CP > 1 =⇒1

π + CP< 1.

Cela complète la démonstration de la stratégie de E .

La stratégie de P1 est quant à elle simple: θ1 <1

(π + CP)N =⇒ x1 = 0, sinon x1 = 1.

Par simplicité, je considère que x1 = 1 lorsque θ1 =1

(π + CP)N . La stratégie de P1 estdérivée implicitement plus haut et est automatiquement démontrée, puisqu’elle découledirectement de la formule pour µ1.

Il reste à vérifier qu’aucun joueur n’a intérêt à dévier. Je vais donc démontrer les stratégiesdes joueurs Pi, i ≥ 2 à l’équilibre de la période 1.

Premièrement, si θ1 ≥1

(π + CP)N , alors P1 choisit x1 = 1 et E n’entre jamais en conflit.Nous ne sommes pas en équilibre mixte dans ce cas et les stratégies des autres joueursn’importent pas.

Si θ1 <1

(π + CP)N , alors il y a un équilibre mixte comme démontré plus haut. Je définisνi comme étant la probabilité qu’un Pi, i ≥ 2 choisisse xi = 1. Puisque nous sommesdans un équilibre en stratégies mixtes, νi est choisi de façon à rendre E indifférent entresoutenir le groupe rebelle ou non à la période 1. Or, νi+1 est aussi choisi de façon à rendreE de type n indifférent entre son gain futur total obtenu en soutenant le groupe rebelle àla période 1 et celui s’il ne soutient pas le groupe rebelle. S’il ne soutient pas le grouperebelle à une période, E de type n dévoile son type. Par conséquent son gain futur totalserait de 0. Puisque νi+1 égalise les gains futurs entre le soutien ou l’absence de soutienen première période, ceux-ci sont nécessairement de 0. Si nous sommes à la période N ,alors il n’y a pas de stratégie νN+1, mais le calcul reste le même puisqu’il n’y a pas de gainsfuturs à prendre en compte. Cela implique qu’on peut trouver νi en comparant seulementles gains espérés de E de type n aux périodes 1 et i, lorsqu’il soutient le groupe rebelle àla première période:

βnπ − CE + νiβn =0

=⇒ νi =CE

βn− π

62

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Par l’hypothèse 1 βn <CE

π=⇒ π <

CE

βn=⇒ νi > 0 et

CE

π + 1< βn =⇒

CE

βn<

π + 1 =⇒CE

βn− π < 1. Donc νi ∈ (0, 1). �

Proposition 2Par la proposition 1 θ1 ≥

1(π + CP)N =⇒ x1 = 1 =⇒ ω = 0.

Si θ1 <1

(π + CP)N , alors x1 = 0 etω = θ1+(1−θ1)µ1 = θ1+(1−θ1)(((π + CP)(N−1) − 1)θ1

1 − θ1) =

θ1(π + CP)(N−1).

Il reste à démontrer que θ1(π + CP)(N−1) ∈ (0, 1). Or, cela découle directement du fait queθ1 ∈ (0,

1(π + CP)N ), π + CP > 1 et N ≥ 1:

(a) θ1(π + CP)(N−1) < (1

(π + CP)N )(π + CP)(N−1) =1

(π + CP)< 1

(b) θ1(π + CP)(N−1) > 0 (trivial)

Je démontre quelques éléments de la statique comparative auxquels je fais référence dansle texte:

(a) θ1 <1

(π + CP)N =⇒ N <− ln θ1

ln(π + CP)=⇒ ω ∈ (0, 1)

(b)− ln θ1

ln(π + CP)> 0 puisque θ1 < 0 et π + CP > 1 et tend vers l’infini lorsque θ1 → 0.

(c) N <− ln θ1

ln(π + CP)=⇒

∆ω∆N

= ω(N + 1) − ω(N) = θ1(π + CP)N − θ1(π + CP)N−1 =

θ1(π + CP)(N−1)(π + CP − 1) > 0

Proposition 3Par la proposition 1, nous savons que θ1 <

1(π + CP)N , =⇒ x1 = 0. Par la proposition 2,

nous savons que θ1 <1

(π + CP)N , =⇒ ω = θ1(π + CP)(N−1) ∈ (0, 1). Puisque lesrebelles ont une probabilité π de gagner le conflit et d’imposer x1 = 1, cela implique queγ = πθ1(π + CP)(N−1) ∈ (0, 1).

La statique comparative découle directement de celle pour la proposition 2. �

Avant de démontrer la proposition 4, je démontre un lemme qui me simplifiera grandementla tâche. Celui-ci sera aussi utile pour la démonstration de la proposition 5.

63

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Lemme 1 dgdα

=∂π

∂α> 0.

Preuve lemme 1P choisit CP de façon à maximiser son gain espéré que je définis comme GP = 1 − π −CP − CP.

dGP

dCP= −

∂π

∂CP− 1.

Cette dérivée est plus petite que zéro lorsque CP est petit puisque∂π

∂CP

����CP=0

< −1. De

plus, par hypothèse:

d2GP

dC2P

= −∂2π

∂C2P

≤ 0

Il existe donc un optimum unique tel quedGP

dCP= 0, ce qui implique que

∂π

∂CP= −1. Avec

l’hypothèse que∂CP

∂α∈ R, cela me permet de montrer que:

dgdα

=d(π + CP + CP)

dα=(∂π

∂α+∂π

∂CP

∂CP

∂α) +

∂CP

∂α

=∂π

∂α+ (

∂π

∂CP+ 1)

∂CP

∂α

=∂π

∂α≥ 0

Proposition 4Premièrement, je trouve le seuil qui détermine si P1 prend le risque d’un conflit enchoisissant x1 = 0. Je le trouve de façon similaire à la proposition 1, sauf que je considèreque le gain espéré en cas de conflit pour P1 est 1 − π1 − CP1 − CP = 1 − g1. Puisque P1choisit seulement après son investissement CP1 en cas de conflit, par le principe de la «backward induction », je peux considérer π1 + CP1 + CP = g1(α1) comme fixe lorsqu’ilchoisit la valeur de x1.

Je ne reviendrai pas sur tous les détails du raisonnement de la proposition 1. Je vais plutôtmettre en lumière les différences.

Je commence par démontrer par induction que µ1 =(g f (α f )(N−1) − 1)θ1

1 − θ1. L’intuition

derrière cette formule est que la stratégie µ1 est choisie pour rendre Pi, i ≥ 2 indifférententre xi = 1 et xi = 0. µ1 ne dépend donc pas de g1(α1).

Si N = 1, alors il n’y a pas d’intérêt à développer une réputation et E va toujours jouer de

façon sincère. Dans ce cas µ1 = 0 =(g f (α f )(1−1) − 1)θ1

1 − θ1.

64

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Je suppose que la formule tient pour N et je démontre ensuite qu’elle tient pour N + 1.Je calcule en premier la valeur de θ1 nécessaire pour que P1 choisisse x1 = 0 au lieu dex1 = 1.

⇔ θ1(1 − g1(α1)) + (1 − θ1)[µ1(1 − g1(α1)) + (1 − µ1)1] >0⇔ θ1(1 − g1(α1)) + [(g f (α f )(N−1) − 1)θ1(1 − g1(α1)) + (1 − g f (α f )(N−1)θ1)] >0

⇔ θ1[(1 − g1(α1))g f (α f )(N−1) − g f (α f )(N−1)] > − 1⇔ θ1[g1(α1)g f (α f )N−1] <1

⇔ θ1 <1

g1(α1)g f (α f )N−1

Si j’ajoute un joueur supplémentaire au jeu qui joue avant les autres, celui-ci devient P1,celui qui était P1 devient P2, etc. La valeur de θ2 qui rend le nouveau P2 indifférententre les deux choix de x2 est

1g2(α2)g f (α f )N−1 =

1g f (α f )N puisque g2(α2) = g f (α f ) par

hypothèse. Par le principe de la « backward induction », le fait d’ajouter un joueur avantlui ne change pas sa stratégie en fonction de la probabilité que E soit de type n (1 − θ2).Ainsi, je trouve la formule de µ1 pour N + 1 de façon à rendre P2 indifférent entre les deuxchoix de x2, s’il n’y a pas d’inclusion en première période et que E entre en conflit contreP1:

θ1θ1 + (1 − θ1)µ1

=1

g f (α f )N

=⇒ µ1 =(g f (α f )N − 1)θ1

1 − θ1

Cela démontre la validité de la formule. µ1 ∈ (0, 1) et cela se démontre de la même façonque pour la proposition 1 en remplaçant le terme π + CP par g f (α f ). Je me concentreensuite sur les aspects propres à cette proposition et qui dépendent du paramètre α1.

Notons que g1 est une fonction inversible de α1 puisquedg1dα1

> 0 selon le lemme 1. Cela

implique que θ1 ≥1

g1(α1)g f (α f )N−1 ⇔ α1 ≥ (g1)−1[1

θ1g f (α f )N−1 ].

Si α1 < (g1)−1[1

θ1g f (α f )N−1 , la probabilité de conflit est:

ω =θ1 + (1 − θ1)((g f (α f )(N−1) − 1)θ1

1 − θ1)

=θ1g f (α f )(N−1) ∈ (0, 1)

65

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Pour la statique comparative, notons que:

(a)

θ1 ≥1

g1(α1)g f (α f )N−1 =⇒ N ≥− ln (θ1g1(α1))

ln(g f (α f ))+ 1.

(b) Par la règle de la dérivation en chaîne, le lemme 1 et le fait que g1(α1), g f (α f ) > 1:

d− ln (θ1g1(α1))

ln(g f (α f ))+ 1

dα1=

− ln (θ1g1(α1))ln(g f (α f ))

+ 1

dg1(α1)dg1(α1)

dα1

=−1

g1(α1) ln(g f (α f ))dg1(α1)

dα1< 0

Preuve proposition 5La proposition 4 indique que θ1 ≥

1g1(α1)g f (α f )N−1 =⇒ ω = 0, γ = 1. Sinon,

ω = θ1g f (α f )(N−1), γ = πθ1g f (α f )(N−1).

g f est une fonction inversible de α f puisquedg f

dα f> 0 selon le lemme 1. Ainsi, θ1 ≥

1g1(α1)g f (α f )N−1 =⇒ α f ≥ g−1

f [(g1(α1)θ1) −1N−1 ].

Finalement, je démontre certains éléments de la statique comparative auxquels je faisréférence dans le texte.

(a) CP > 1 =⇒ g f (α f ) = π f + CP f + CP > 1,∀α f ∈ R. Sachant cela et que N ≥ 1, jedéduis que:

d∆ωdα f ∆N

=dω(N + 1) − ω(N)

dα f=

dθ1g f (α f )N − θ1g f (α f )(N−1)

dα f

=dθ1g f (α f )N

dα f−

dθ1g f (α f )(N−1)

dα f

=Nθ1g f (α f )N−1 dg f (α f )dα f

− Nθ1g f (α f )N−2 dg f (α f )dα f

=Nθ1g f (α f )N−2 dg f (α f )dα f

(g f (α f ) − 1) > 0

66

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(b) Par la règle de la dérivation en chaîne et le lemme 1:

d− ln (θ1g1(α1))

ln(g f (α f ))+ 1

dα f=

− ln (θ1g1(α1))ln(g f (α f ))

+ 1

dg f (α f )dg f (α f )

dα f

= − ln (θ1g1(α1))g f (α f )dg f (α f )

dα f< 0

Preuve proposition 6En suivant le principe de « backward induction » pour la première période, j’étudie enpremier la stratégie de E puisqu’elle vient après celle de P1.

(a) Si y1 = 1, x1 = 0, alors S1 = 0 puisque λ > βπ − CE sous l’hypothèse 4.

(b) Si y1 = 0, x1 = 0 et T(E) = t, alors S1 = 1 puisque par l’hypothèse 1 0 < πβt − CE .Remarquons que E joue toujours de façon sincère lorsqu’il est de type t puisqu’il n’a aucunavantage à se faire passer pour le type n.

(c) Puisque y1 = 1, x1 = 0 est suffisant pour éviter le conflit, P1 ne choisira jamaisy1 = 1, x1 = 1 ni y1 = 0, x1 = 1, puisque par l’hypothèse 4 une concession sur l’enjeu y1implique une plus faible perte d’utilité qu’une concession sur l’enjeu x1.

(d) Il reste donc à étudier la situation où y1 = 0, x1 = 0 et T(E) = n. Une bonne partiede la preuve est ici identique à celle de la proposition 1. On peut montrer de la mêmefaçon que l’équilibre est en stratégie mixte et que l’inférence bayésienne pour Pi, i ≥ 2 sefait selon la même formule. La formule pour µ1 est cependant légèrement différente. Jesuppose que la formule pour µ1 est:

µ1 =((π + CP

κ)(N−1) − 1)θ1

1 − θ1

Je démontre la validité de cette formule par induction. En premier, je montre qu’elle tientpour N = 1. Si N = 1, alors il n’y a pas d’intérêt à développer une réputation et E va

toujours jouer de façon sincère. Dans ce cas µ1 = 0 =((π + CP

κ)(1−1) − 1)θ1

1 − θ1.

67

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Ensuite, je montre que la formule tient pour N + 1 lorsqu’on suppose N vrai. je calcule enpremier la valeur de θ1 nécessaire pour que P1 choisisse y1 = 0 au lieu de y1 = 1.

θ1(1 + κ − π − CP) + (1 − θ1)[µ1(κ + (1 − π) − CP) + (1 − µ1)(1 + κ)] >1θ1(−π − CP) + (1 − θ1)µ1(−π − CP) > − κ

θ1(π + CP) + (1 − θ1)µ1(π + CP) <κ

θ1(π + CP) + ((π + CP

κ)(N−1) − 1)θ1(π + CP) <κ

(π + CP

κ)(N−1)θ1(π + CP) <κ

θ1 <(κ

π + CP)N

Si j’ajoute un joueur supplémentaire au jeu qui joue avant les autres, celui-ci devient P1,celui qui était P1 devient P2, etc. La valeur de θ2 qui rend le nouveau P2 indifférent entreles deux choix de x2 est la même que lorsqu’il était P1, c’est-à-dire (κ/π+CP)N . Par leprincipe de la « backward induction », le fait d’ajouter un joueur avant lui ne change passa stratégie en fonction de la probabilité que E soit de type n (θ2). Ainsi, je trouve laformule de µ1 pour N + 1 de façon à rendre P2 indifférent entre les deux choix de x2, s’iln’y a pas d’inclusion en première période et que E entre en conflit contre P1:

θ1θ1 + (1 − θ1)µ1

=(κ

π + CP)N

=⇒ µ1 =((π + CP

κ)N − 1)θ1

1 − θ1

Cela démontre que la formule tient pour N + 1 et qu’elle est donc valide.

Le reste de la preuve est presque identique à la preuve de la proposition 1. La démonstrationest donc laissée au lecteur. Encore une fois, la stratégie de P1 est démontrée de façonimplicite dans la démonstration de la stratégie de E . �

Preuves propositions 7 et 8Les démonstrations pour ces propositions découlent directement de la proposition 6 et lesraisonnements sont identiques aux propositions 2 et 3.

68

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4 Simulations

Simulations avec θ1 = 0.05, π = 0.75,CP = 1

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéde

confl

it(ω

)

Figure 6: Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction du nombrede pays cibles (θ1 = 0.05, π = 0.75,CP = 1)

69

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1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 7: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soit incluspolitiquement et économiquement dans son pays (θ1 = 0.05, π = 0.75,CP = 1).

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 8: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soit incluspolitiquement et économiquement dans son pays (version avec deux enjeux; θ1 = 0.05, π =0.75,CP = 1).

70

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Simulations avec θ1 = 0.50, π = 0.25,CP = 1

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéde

confl

it(ω

)

Figure 9: Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction du nombrede pays cibles (θ1 = 0.50, π = 0.25,CP = 1)

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 10: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (θ1 = 0.50, π = 0.75,CP = 1).

71

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1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 11: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (version avec deux enjeux; θ1 =0.50, π = 0.75,CP = 1).

72

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Simulations avec θ1 = 0.05, π = 0.25,CP = 0.8 Remarquons que le seuil où l’inclusiondu groupe ethnique devient certaine est atteint à 61 adversaires. Dans les faits, aucun Étatétranger dans la banque de données n’a plus de 9 adversaires. Ce seuil n’apparaît doncpas sur ces graphiques.

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéde

confl

it(ω

)

Figure 12: Probabilité que l’État étranger soutienne un conflit civil en fonction du nombrede pays cibles (θ1 = 0.05, π = 0.25,CP = 0.8)

73

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1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 13: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (θ1 = 0.05, π = 0.75,CP = 0.8).

1 3 5 7 9 11 13 15 17 190

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0.6

0.7

0.8

0.9

1

Nombre de pays cibles (N)

Prob

abilitéd’inclusion(γ)

Figure 14: Probabilité que le groupe ayant un lien identitaire avec l’État étranger soitinclus politiquement et économiquement dans son pays (version avec deux enjeux; θ1 =0.05, π = 0.75,CP = 0.8).

74

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5 Tests de robustesse

5.1 Prédiction 1

1. Modèles sans les observations manquantes: Dans le texte, je fais référence au faitque les changements causés par l’ajout de contrôles proviennent des valeurs manquantespour les contrôles. J’inclus ici un modèle sans contrôle et sans les observations ayant desvaleurs manquantes pour la puissance relative, la puissance de PE ainsi que sa capacitéd’extraction. J’ajoute ensuite un modèle avec ces dernières variables, mais sans lesobservations ayant des valeurs manquantes pour les niveaux de démocratie.

2. Spécifications alternatives: J’ajoute des contrôles pour le statut politique du grouperebelle (ETH statut), bien que ceux-ci soient endogènes du point de vue du modèlethéorique. En effet, le conflit est favorisé par l’exclusion du groupe ethnique. Or, l’ajoutde ce contrôle n’affecte pas les coefficients principaux.

Ensuite, j’ajoute deux contrôles pour la présence de soutien pour une rébellion à la périodeprécédente et à l’autre période d’avant. Inclure dans le modèle la variable dépendantedécalée (« lagged ») peut générer d’importants biais. En particulier, cela peut mener à unesurévaluation des coefficients des variables décalées et à une sous-évaluation des autrescoefficients (Allison et al., 2017). Il s’agit tout de même d’un test de robustesse utile quipermet de prendre en compte la corrélation temporelle qui affecte le soutien de rébellion.Étonnement, j’obtiens des coefficients encore plus significatifs pour l’interaction, bien queles effets soient plus faibles comme je m’y attendais.

3. Nombre de liens avec la même identité: J’utilise un indicateur différent pour calculerle nombre d’adversaires futurs de l’État étranger. Au lieu de compter le nombre totald’autres pays où l’État étranger a un lien identitaire avec un groupe ethnique, j’utiliseseulement le nombre de pays pour lesquels l’État étranger partage le même type de lienavec un groupe ethnique. Étant donné que plusieurs États ont plus d’un groupe ethniquepolitiquement dominant dans leur pays, donc potentiellement plus d’un type d’identitétransnationale, cela réduit de façon notable le nombre de liens entre États et groupesethniques34.

En utilisant cette variable, je m’attends à ce que l’effet observé soit encore plus fort.En théorie, le soutien d’une rébellion devrait envoyer un message d’autant plus clair etconvaincant s’il concerne un groupe partageant le même lien ethnique. Par exemple,le Liban, qui est dominé par des chrétiens maronites et des Arabes sunnites, envoie unmessage beaucoup plus fort aux pays ayant des minorités sunnites que ceux ayant desminorités chrétiennes s’il soutient une rébellion sunnite. Bien qu’il signale qu’il défendles groupes avec lesquels il a des liens, il signale encore plus fortement qu’il défend lessunnites. Par conséquent, par rapport au mécanisme de réputation, le nombre de liensavec des sunnites devrait être plus important pour l’État étranger que le nombre de lienstotal avec des groupes ethniques.

34Le graphique n’inclut pas les 337 447 triades-années pour lesquelles l’État étranger n’a aucun lien demême type.

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Figure 15: Nombre d’autres pays où l’État étranger a un lien de même type avec un groupeethnique

J’estime les modèles avec cette variable. Notons que je n’inclus pas d’interaction entre lenombre de liens de même type et la présence d’un lien pour la triade. Par construction, lenombre de liens de même type implique qu’un lien existe pour la triade. Sinon, commentpourrions-nous parler de même type? Ajouter une interaction entre ces deux variablesgénérerait une multicolinéarité parfaite. Pour contrôler pour l’effet du nombre de lienslorsque l’État étranger ne partage pas une identité ethnique avec le groupe de la triade(comme je le fais pour les spécifications principales), j’inclus le nombre total de pays oùl’État étranger a un lien identitaire avec une partie de la population.

Comme anticipé, j’obtiens des coefficients globalement semblables aux modèles de base,mais un peu plus fort. Cependant, les effets sont un peu moins significatifs, probablementparce que le nombre de liens de mêmes types présente moins de variation que la variablede base; elle est plus souvent égale à zéro.

4. Placebo (soutien passif): Les données de San-Akca contiennent aussi des cas desoutien qu’elle qualifie de « passif ». Il s’agit de situations où des groupes rebellesutilisent des États étrangers sans que ce soit la volonté de ces derniers. Par exemple, lesgroupes rebelles peuvent être présents sur le territoire d’un État voisin ayant un faiblecontrôle de ses frontières. Il peut aussi recruter des soldats dans un autre pays, ce qui estd’autant plus probable si des membres de son groupe ethnique y sont présents (San-Akca,2016).

Ce type de soutien, bien qu’étant corrélé avec le soutien étatique actif35, ne devrait pasêtre influencé par le mécanisme de réputation puisque les États ne décident pas de soutenir

35Il y a une corrélation de Pearson de 28% entre les deux types de soutien dans ma banque de données.De plus, notons qu’il y a presque exactement la même proportion de cas de soutien passif que de soutienactif, c’est-à-dire 0.4% des triades-années au lieu de 0.57%.

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une rébellion. Néanmoins, les deux types de soutien sont influencés par plusieurs desmêmes variables — certaines pouvant être omises des modèles. Par exemple, la présencede liens identitaires transnationaux influence aussi le soutien passif, puisque cela favorisele recrutement de rebelles dans d’autres pays. De même, la porosité des frontières faciliteà la fois le soutien étatique (ex. plus facile de faire passer des armes) et le soutien passif(ex. plus facile de fuir les forces gouvernementales en se réfugiant dans un pays voisin)(Michalopoulos & Papaioannou, 2016). En estimant les modèles avec le soutien passifcomme variable dépendante, j’anticipe un coefficient proche de zéro et statistiquementnon significatif pour l’interaction entre Lien et Nb de liens. Ainsi, ce test placebo devraitmontrer que les résultats ne proviennent pas d’un mécanisme alternatif dont je n’ai pastenu compte dans mes analyses.

Étonnamment, les modèles sans effets fixes pour les triades donnent des effets un peu plusforts, mais statistiquement non significatifs. Or, lorsque j’ajoute des effets fixes pour lestriades, les effets diminuent et restent statistiquement non significatifs.

Tout compte fait, étant donné la corrélation entre les types de soutien, il n’est pas étonnantque les résultats obtenus se ressemblent. Le fait que le coefficient de l’interaction soitnon significatif et plus faible lorsque j’ajoute des effets fixes indique tout de même que laréputation est un mécanisme essentiel pour expliquer les résultats des modèles principaux.

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Table 4: Modèles sans les valeurs manquantes (prédiction 1)

Variable dépendant:Soutien

(1) (2)Lien −0.008 −0.013

(0.014) (0.016)

Nb liens −0.0001 −0.0003(0.001) (0.001)

Lien * Nb liens 0.008∗ 0.009∗(0.004) (0.005)

Pop. ethnie 0.007(0.035)

Puissance relative −0.022(0.016)

PE puissance −0.055(0.097)

PE capacité d’extraction 0.148(0.180)

PC P.I.B per capita 0.00(0.00)

Régions-années Oui OuiEffets fixes triades Oui OuiObservations 279,925 201,641R2 0.405 0.412R2 ajusté 0.388 0.391

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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Table 5: Modèles avec des effets fixes pour le statut du groupe ethnique (prédiction 1)

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5) (6)Lien 0.012∗∗∗ 0.010 0.001 −0.010 −0.014 −0.016

(0.005) (0.008) (0.010) (0.014) (0.016) (0.016)

Nb liens 0.0002 −0.0001 0.0002 −0.00003 −0.0005 0.002(0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.002)

Nb liens2 −0.0004(0.0003)

Lien * Nb liens 0.004 0.005 0.004 0.009∗∗ 0.009∗ 0.012(0.004) (0.005) (0.003) (0.004) (0.005) (0.010)

Lien * Nb liens2 −0.0004(0.001)

Pop. ethnie 0.026∗∗ 0.017 0.001 0.002(0.012) (0.017) (0.041) (0.041)

PE majeur 0.005(0.006)

PC majeur 0.007∗∗(0.004)

Puissance relative 0.002 −0.003 −0.021 −0.018(0.004) (0.012) (0.016) (0.014)

PE puissance 0.028 0.004 −0.063 −0.072(0.037) (0.018) (0.096) (0.099)

PE capacité d’extraction −0.060 0.015 0.159 0.159(0.084) (0.125) (0.179) (0.176)

PE démocratie −0.0001 0.0001 0.0001(0.0001) (0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.001 −0.0001 −0.0001(0.0005) (0.0002) (0.0002)

PC P.I.B per capita −0.0000∗ 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.002(0.001)

Régions-années Oui Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui Oui OuiEffets fixes ETH statut Oui Oui Oui Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641 201,641R2 0.026 0.036 0.372 0.409 0.414 0.414R2 ajusté 0.023 0.031 0.358 0.392 0.393 0.393

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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Table 6: Modèles avec soutien passé (prédiction 1)

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5) (6)Lien 0.002∗ 0.002 −0.002 −0.006 −0.006 −0.008∗∗

(0.001) (0.001) (0.003) (0.004) (0.004) (0.004)

Nb liens 0.0001 0.00005 0.00001 0.00002 −0.0001 0.0002(0.0001) (0.0001) (0.0001) (0.0002) (0.0004) (0.0004)

Nb liens2 −0.0001(0.0001)

Lien * Nb liens 0.0004 0.0004 0.002∗ 0.004∗∗ 0.003∗∗ 0.005∗(0.0004) (0.001) (0.001) (0.002) (0.002) (0.003)

Lien * Nb liens2 −0.0003(0.0002)

Pop. ethnie 0.0003 0.003 0.002 0.002(0.0004) (0.004) (0.013) (0.013)

PE majeur 0.001(0.001)

PC majeur 0.001∗∗(0.0003)

Puissance relative 0.0004 −0.001 −0.004 −0.003(0.001) (0.003) (0.004) (0.004)

PE puissance 0.0005 0.003 −0.041 −0.042∗(0.008) (0.007) (0.025) (0.025)

PE capacité d’extraction −0.010 −0.001 0.041 0.041(0.015) (0.033) (0.049) (0.049)

PE démocratie −0.00001 0.00001 0.00001(0.00002) (0.00003) (0.00003)

PC démocratie 0.00001 −0.0001 −0.0001(0.0001) (0.0001) (0.0001)

PC P.I.B per capita −0.00 0.0000∗ 0.00 0.00(0.00) (0.0000) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.0002(0.0002)

Soutien -1 an 0.823∗∗∗ 0.819∗∗∗ 0.780∗∗∗ 0.773∗∗∗ 0.762∗∗∗ 0.762∗∗∗(0.041) (0.045) (0.044) (0.045) (0.047) (0.047)

Soutien -2 ans 0.048 0.055 0.012 0.012 0.025 0.025(0.037) (0.040) (0.036) (0.037) (0.039) (0.039)

Régions-années Oui Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui Oui OuiObservations 331,587 196,414 331,587 264,613 196,414 196,414R2 0.758 0.757 0.769 0.773 0.772 0.772R2 ajusté 0.757 0.756 0.763 0.766 0.764 0.764

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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Table 7: Modèles avec le nombre d’autres liens de même type (prédiction 1)

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5) (6)Lien 0.012∗∗∗ 0.012∗∗ 0.001 −0.007 −0.014 −0.017

(0.004) (0.006) (0.009) (0.013) (0.016) (0.016)

Nb liens 0.0003 0.0002 0.00000 0.0001 −0.001 0.001(0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.002)

Nb liens2 −0.0004(0.0003)

Nb mêmes liens 0.003 0.004 0.005 0.010 0.014∗ 0.022∗(0.004) (0.005) (0.004) (0.006) (0.008) (0.013)

Nb mêmes liens2 −0.001(0.001)

Pop. ethnie 0.002 0.003 0.010 0.013(0.003) (0.009) (0.035) (0.034)

PE majeur 0.005(0.006)

PC majeur 0.007∗∗(0.003)

Puissance relative 0.002 −0.002 −0.021 −0.017(0.004) (0.012) (0.016) (0.014)

PE puissance 0.040 0.007 −0.056 −0.064(0.039) (0.018) (0.097) (0.100)

PE capacité d’extraction −0.050 0.007 0.155 0.153(0.085) (0.124) (0.179) (0.176)

PE démocratie −0.0001 0.0001 0.0001(0.0001) (0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.0003 −0.0002 −0.0002(0.0004) (0.0002) (0.0002)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.002(0.001)

Régions-années Oui Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641 201,641R2 0.021 0.026 0.379 0.408 0.412 0.412R2 ajusté 0.018 0.020 0.364 0.391 0.391 0.391

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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Table 8: Test placebo (prédiction 1)

Variable dépendante:Soutien passif

(1) (2) (3) (4) (5) (6)Lien 0.001 −0.002 0.003 0.002 0.001 −0.006

(0.001) (0.001) (0.005) (0.007) (0.006) (0.007)

Nb liens 0.001 0.001∗ 0.0004 0.0005 0.002∗∗ 0.001(0.001) (0.001) (0.0004) (0.0004) (0.001) (0.001)

Nb liens2 0.0002(0.0002)

Lien * Nb liens 0.004 0.005 0.001 0.003 0.002 0.011∗(0.004) (0.005) (0.002) (0.002) (0.004) (0.006)

Lien * Nb liens2 −0.001∗∗(0.001)

Pop. ethnie 0.003 0.003 0.017 0.018(0.003) (0.013) (0.032) (0.032)

PE majeur −0.004(0.004)

PC majeur 0.004(0.003)

Puissance relative −0.003 −0.007 −0.022 −0.022(0.003) (0.009) (0.015) (0.016)

PE puissance 0.023 0.027 0.002 0.007(0.031) (0.028) (0.057) (0.053)

PE capacité d’extraction −0.048 0.063 0.106 0.106(0.093) (0.057) (0.088) (0.088)

PE démocratie 0.0001 −0.0001 −0.0001(0.0001) (0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.0002 −0.00004 −0.00004(0.0004) (0.0002) (0.0002)

PC P.I.B per capita 0.00 −0.00 −0.00 −0.00(0.00) (0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.003∗(0.002)

Régions-années Oui Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641 201,641R2 0.019 0.021 0.399 0.423 0.435 0.435R2 ajusté 0.016 0.015 0.384 0.407 0.415 0.415

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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5.2 Prédiction 2

1. Modèles sans les observations manquantes

2. Spécifications alternatives: Lorsque j’ajoute des contrôles pour le statut du groupeethnique (ETH statut), le coefficient de la triple interaction et sa valeur-p restent stables.

J’ajoute deux variables dépendantes décalées. Cela diminue la valeur absolue du coeffi-cient lorsque j’inclus tous les contrôles. Or, il devient significatif au niveau du 5%.

3. Nombre de liens avec la même identité: Je procède de la même façon que pour le testde robustesse pour la prédiction 1. J’anticipe encore une fois des effets plus prononcés.Comme pour la prédiction 1, j’obtiens des effets légèrement plus forts, mais un peumoins significatifs que ceux des modèles principaux. Pour l’équivalent des modèles 4 et5, j’obtiens qu’une augmentation de 10% de la population du groupe ethnique diminuerespectivement de 0.26% et de 0.36% l’effet du nombre de liens du même type sur laprobabilité de conflit.

4. Placebo (soutien passif): Le test placebo n’est pas concluant. Bien que les coefficientsdes triples interactions soient un peu plus faibles en valeur absolue pour les modèles avecdes effets fixes pour les triades, la valeur-p est plus petite que 10% pour l’équivalent dumodèle 5. Le test placebo offre donc un résultat plus significatif que le modèle de base.

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Table 9: Modèles sans les valeurs manquantes (prédiction 2)

Variable dépendante:Soutien

(1) (2)Lien −0.016 −0.024

(0.020) (0.024)

Nb liens −0.0001 0.0001(0.001) (0.001)

Lien * Nb liens 0.014∗ 0.016∗(0.007) (0.009)

Pop. ethnie 0.001 0.014(0.011) (0.037)

Pop. ethnie * Lien 0.030 0.042(0.027) (0.036)

Pop. ethnie * Nb liens 0.0001 −0.002(0.002) (0.004)

pop. ethnie * Lien * Nb liens −0.022∗ −0.022(0.013) (0.016)

Puissance relative −0.022(0.016)

PE puissance −0.055(0.098)

PE capacité d’extraction 0.151(0.179)

PC P.I.B per capita 0.00000(0.00000)

Régions-années Oui OuiEffets fixes triades Oui OuiObservations 279,925 201,641R2 0.405 0.412R2 ajusté 0.388 0.391

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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Table 10: Modèles avec des effets fixes pour le statut du groupe ethnique (prédiction 2)

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.014 0.017 −0.013 −0.018 −0.024

(0.010) (0.013) (0.012) (0.020) (0.024)

Nb liens 0.0002 0.0001 0.0002 0.00003 −0.00002(0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.002)

Lien * Nb liens 0.004 0.004 0.012∗ 0.016∗ 0.016∗(0.005) (0.006) (0.006) (0.008) (0.009)

Pop. ethnie 0.024∗∗ 0.030∗∗ 0.007 0.019 0.010(0.010) (0.013) (0.012) (0.018) (0.042)

Pop. ethnie * Lien −0.017 −0.029 0.053∗∗ 0.028 0.037(0.018) (0.023) (0.025) (0.028) (0.037)

Pop. ethnie * Nb liens −0.0002 −0.001 −0.00003 −0.0004 −0.003(0.001) (0.001) (0.002) (0.002) (0.004)

pop. ethnie * Lien * Nb liens −0.00001 0.004 −0.025∗ −0.023∗ −0.021(0.005) (0.007) (0.014) (0.014) (0.016)

PE majeur 0.005(0.006)

PC majeur 0.008∗∗(0.004)

Puissance relative 0.002 −0.003 −0.021(0.004) (0.012) (0.016)

PE puissance 0.029 0.004 −0.062(0.036) (0.018) (0.096)

PE capacité d’extraction −0.059 0.019 0.161(0.085) (0.125) (0.178)

PE démocratie −0.0001 0.0001(0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.001 −0.0001(0.001) (0.0002)

PC P.I.B per capita −0.00000∗ 0.00 0.00(0.00000) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.002(0.002)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiEffets fixes ETH statut Oui Oui Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641R2 0.028 0.036 0.372 0.409 0.414R2 ajusté 0.025 0.031 0.359 0.392 0.393

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

85

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Table 11: Modèles avec soutien passé (prédiction 2)

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.002 0.002 −0.007∗ −0.012∗ −0.012∗

(0.001) (0.002) (0.004) (0.007) (0.006)

Nb liens 0.00004 0.00004 −0.00003 0.00000 −0.0001(0.0001) (0.0001) (0.0001) (0.0002) (0.0004)

Lien * Nb liens 0.001 0.0004 0.005∗∗ 0.007∗∗ 0.006∗∗(0.001) (0.001) (0.002) (0.003) (0.003)

Pop. ethnie 0.0004 0.0004 −0.001 0.002 0.002(0.0004) (0.0004) (0.002) (0.004) (0.013)

Pop. ethnie * Lien −0.001 −0.002 0.021∗∗ 0.021∗ 0.022∗∗(0.003) (0.004) (0.008) (0.011) (0.011)

Pop. ethnie * Nb liens 0.0001 0.00004 0.0003 0.0002 −0.0001(0.0001) (0.0002) (0.0003) (0.0004) (0.001)

Pop. ethnie * Lien * Nb liens −0.0004 −0.00001 −0.009∗∗ −0.009∗∗ −0.009∗(0.001) (0.001) (0.004) (0.005) (0.006)

PE majeur 0.001(0.001)

PC majeur 0.001∗∗(0.0003)

Puissance relative 0.0004 −0.001 −0.004(0.001) (0.003) (0.004)

PE puissance 0.001 0.003 −0.041(0.008) (0.007) (0.025)

PE capacité d’extraction −0.010 0.0004 0.043(0.015) (0.033) (0.049)

PE démocratie −0.00001 0.00001(0.00002) (0.00003)

PC démocratie 0.00001 −0.0001(0.0001) (0.0001)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00000∗ 0.00(0.00) (0.0000) (0.00)

Log(distance) −0.0002(0.0002)

Soutien -1 an 0.823∗∗∗ 0.819∗∗∗ 0.780∗∗∗ 0.773∗∗∗ 0.762∗∗∗(0.041) (0.045) (0.044) (0.045) (0.047)

Soutien -2 ans 0.048 0.055 0.012 0.012 0.025(0.037) (0.040) (0.036) (0.037) (0.039)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 331,587 196,414 331,587 264,613 196,414R2 0.758 0.757 0.769 0.773 0.772R2 ajusté 0.757 0.756 0.763 0.766 0.764

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.0186

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Table 12: Modèles avec le nombre d’autres liens de même type (prédiction 1)

Variable dépendante:Soutien

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.016∗∗ 0.018∗ −0.010 −0.012 −0.024

(0.008) (0.010) (0.011) (0.018) (0.023)

Nb liens 0.0003 0.0003 −0.00002 0.0001 −0.0001(0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.001)

Nb de mêmes liens 0.004 0.004 0.012 0.017∗ 0.025∗(0.005) (0.005) (0.007) (0.010) (0.013)

Pop. ethnie 0.004 0.005∗ −0.0005 0.003 0.018(0.002) (0.003) (0.007) (0.011) (0.036)

Pop. ethnie * Lien −0.016 −0.025 0.043∗∗ 0.023 0.042(0.016) (0.021) (0.021) (0.024) (0.034)

Pop. ethnie * Nb liens −0.0002 −0.001 0.0002 0.0001 −0.002(0.001) (0.001) (0.002) (0.002) (0.004)

pop. ethnie * Nb de mêmes liens −0.0003 0.002 −0.023∗ −0.026 −0.036(0.005) (0.006) (0.013) (0.016) (0.022)

PE majeur 0.005(0.006)

PC majeur 0.007∗∗(0.003)

Puissance relative 0.002 −0.002 −0.021(0.004) (0.012) (0.016)

PE puissance 0.041 0.007 −0.055(0.038) (0.019) (0.097)

PE capacité d’extraction −0.049 0.011 0.159(0.085) (0.123) (0.178)

PE démocratie −0.0001 0.0001(0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.0003 −0.0002(0.0004) (0.0002)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.002(0.002)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641R2 0.021 0.026 0.379 0.408 0.412R2 ajusté 0.018 0.021 0.364 0.391 0.391

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

87

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Table 13: Test placebo (prédiction 2)

Variable dépendante:Soutien passif

(1) (2) (3) (4) (5)Lien −0.001 −0.004 −0.0003 0.002 −0.002

(0.003) (0.003) (0.008) (0.011) (0.009)

Nb liens 0.001 0.001 0.0002 0.0002 0.0005(0.001) (0.001) (0.0004) (0.0003) (0.001)

Lien * Nb liens 0.006 0.006 0.005 0.008∗ 0.007∗(0.004) (0.005) (0.004) (0.004) (0.004)

Pop. ethnie 0.001 0.001 0.002 −0.001 0.001(0.002) (0.003) (0.010) (0.013) (0.038)

Pop. ethnie * Lien 0.007 0.006 0.010 −0.001 0.010(0.007) (0.007) (0.017) (0.025) (0.030)

Pop. ethnie * Nb liens 0.001 0.001 0.002 0.002 0.006(0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.005)

pop. ethnie * Lien * Nb liens −0.006 −0.004 −0.013 −0.016 −0.019∗(0.003) (0.004) (0.008) (0.010) (0.011)

PE majeur −0.004(0.004)

PC majeur 0.004(0.003)

Puissance relative −0.003 −0.007 −0.021(0.003) (0.009) (0.015)

PE puissance 0.024 0.028 0.0004(0.030) (0.028) (0.057)

PE capacité d’extraction −0.047 0.066 0.112(0.092) (0.056) (0.085)

PE démocratie 0.0001 −0.0001(0.0001) (0.0001)

PC démocratie 0.0002 −0.00004(0.0004) (0.0002)

PC P.I.B per capita −0.00 −0.00 −0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.003∗(0.002)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 345,785 201,641 345,785 272,118 201,641R2 0.019 0.021 0.399 0.424 0.435R2 ajusté 0.016 0.015 0.384 0.407 0.415

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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5.3 Prédiction 3

1. Modèles sans les observations manquantes

2. Spécifications alternatives: En premier, j’ajoute un contrôle pour la présence desoutien pour une rébellion, même si cette variable est endogène. En effet, il est au moinsaussi probable que l’exclusion politique génère un conflit que l’inverse. Or, cette variableinfluence très peu le résultat.

J’ajoute ensuite des variables dépendantes décalées d’un et deux ans. Le coefficientd’intérêt diminue, mais devient statistiquement significatif au niveau du 5% lorsqu’il y ades effets fixes pour les triades, mais pas de contrôles. Avec l’ajout de tous les contrôles,le coefficient de l’interaction reste stable à 0.0045, mais la valeur-p augmente à 25.7% —ce qui est tout de même bien plus faible que la valeur-p du modèle de base équivalent.Il semble donc que pour tester cette prédiction, la corrélation temporelle soit un facteurprimordial à prendre en compte. Par conséquent, pour améliorermon analyse dans l’avenir,il faudrait que j’utilise des modèles de panel dynamique qui ne génèrent pas de biais.

3. Nombre de liens avec la même identité: En utilisant le nombre de pays où l’Étatétranger a le même type de lien ethnique que celui de la triade, je m’attends à des résultatsplus forts qu’avec ma variable de base. En réalité, les résultats sont similaires, mais unpeu plus faibles. Malgré que je m’attendais à des coefficients plus grands que ceux de mesmodèles de base, les résultats de ce test de robustesse sont cohérents avec mon hypothèse.

4. Échelles d’inclusion: J’utilise deux échelles différentes pour mesurer l’inclusion dugroupe ethnique. En premier, j’utilise une échelle à 6 niveaux: 0 si « Discriminated », 1si « Powerless », 2 si « Junior partner », 3 si « Senior partner », 4 si « Dominant » et 5 si« Monopoly ». Bien qu’il soit difficile de comparer directement les résultats obtenus aveccette échelle à ceux des modèles de base, ils semblent que ces premiers soient plus fortset qu’ils soient plus significatifs. Par exemple, le coefficient du modèle 4 indique qu’uneaugmentation d’un du nombre de liens augmente de 6.4% la probabilité que l’inclusion dugroupe ethnique augmente d’un niveau (avec une valeur-p de 6.8%). Malgré ces résultats,je préfère la variable binaire que j’ai adoptée pour les modèles principaux; elle correspondmieux au modèle théorique qui présente aussi une variable binaire pour l’inclusion. Deplus, elle capture mieux la variation qui m’intéresse. Par exemple, si le statut d’un groupechange de « Senior partner » à « Dominant », cela n’est pas très pertinent pour ma questionde recherche. Le groupe étant déjà politiquement dominant, il est peu probable qu’il le soitdevenu encore plus par une concession du gouvernement sous la menace d’une rébellion.

Néanmoins, j’obtiens les résultats les plus forts lorsque j’utilise une échelle à trois niveaux.La différence entre cette échelle et la variable binaire de base est que les statuts « Dominant» et « Monopoly » sont dans une catégorie à part et prennent la valeur « 2 ». Pour lemodèle 4, un lien additionnel augmente la probabilité que le statut du groupe ethniqueaugmente d’un niveau de 2.9% (avec une valeur-p de 9%). Cette dernière valeur-p estparticulièrement faible comparativement au modèle de base. Toutefois, je préfère encoreune fois la variable d’inclusion binaire puisqu’elle capture la variation qui est la pluspertinente pour le phénomène que j’étudie.

89

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Table 14: Modèles sans les valeurs manquantes (prédiction 3)

Variable Dépendante:Inclusion

(1) (2)Lien −0.020 −0.011

(0.039) (0.046)

Nb liens −0.0004 −0.006(0.002) (0.005)

Lien * Nb liens 0.020 0.018(0.015) (0.025)

Pop. ethnie −0.002(0.242)

Puissance relative 0.047(0.086)

PE puissance 0.087(0.163)

PE capacité d’extraction 0.096(0.162)

PC P.I.B per capita 0.00(0.00)

Régions-années Oui OuiEffets fixes triades Oui OuiObservations 275,888 198,008R2 0.899 0.900R2 ajusté 0.896 0.896

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

90

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Table 15: Modèles avec contrôle pour la présence de soutien (prédiction 3)

Variable dépendante:Inclusion

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.053 −0.060∗ −0.066 −0.023 −0.012

(0.042) (0.036) (0.048) (0.041) (0.045)

Nb liens −0.010∗∗ −0.014∗∗∗ −0.005 −0.002 −0.006(0.005) (0.005) (0.003) (0.003) (0.004)

Lien * Nb liens 0.041∗ 0.042∗∗ 0.023 0.018 0.019(0.021) (0.019) (0.014) (0.015) (0.023)

Pop. ethnie 1.032∗∗∗ 1.199∗∗∗ −0.038(0.045) (0.387) (0.245)

PE majeur 0.016(0.025)

PC majeur −0.093(0.057)

Puissance relative 0.029 −0.044 0.019(0.050) (0.068) (0.078)

PE puissance 0.009 −0.055 0.127(0.271) (0.116) (0.153)

PE capacité d’extraction −0.986 0.331 0.192(0.668) (0.210) (0.162)

PE démocratie 0.001 0.0003(0.001) (0.0002)

PC démocratie 0.006 0.006∗∗∗(0.006) (0.002)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.016(0.011)

Soutien −0.275∗∗∗ −0.348∗∗∗ −0.076∗∗ −0.080∗∗ −0.065∗(0.079) (0.076) (0.035) (0.036) (0.034)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 341,379 198,008 341,379 268,144 198,008R2 0.237 0.482 0.892 0.901 0.901R2 ajusté 0.234 0.479 0.890 0.899 0.897

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

91

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Table 16: Modèles avec inclusion passée (prédiction 3)

Variable dépendanteInclusion

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.00003 −0.002 −0.011∗∗ −0.007 −0.008

(0.001) (0.002) (0.005) (0.007) (0.009)

Nb liens −0.0002∗∗ −0.0003∗∗ 0.00004 −0.0002 −0.001(0.0001) (0.0002) (0.0002) (0.0004) (0.001)

Lien * Nb liens 0.001∗∗ 0.001 0.005∗∗ 0.003 0.005(0.0004) (0.001) (0.002) (0.003) (0.004)

Pop. ethnie 0.027∗∗∗ 0.180∗∗∗ 0.006(0.006) (0.054) (0.064)

PE majeur −0.0002(0.0003)

PC majeur −0.005∗∗(0.002)

Puissance relative −0.0003 −0.003 0.007(0.003) (0.011) (0.013)

PE puissance −0.003 −0.018 0.001(0.007) (0.020) (0.038)

PE capacité d’extraction −0.007 0.033 0.014(0.017) (0.033) (0.039)

PE démocratie 0.00004 0.00003(0.00002) (0.0001)

PC démocratie 0.0002 0.001(0.0002) (0.001)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) 0.0002(0.0004)

Inclusion -1 an 0.973∗∗∗ 0.964∗∗∗ 0.918∗∗∗ 0.905∗∗∗ 0.890∗∗∗(0.007) (0.009) (0.011) (0.011) (0.012)

Inclusion -2 ans 0.013∗ 0.010 −0.025∗∗∗ −0.030∗∗∗ −0.033∗∗∗(0.007) (0.008) (0.009) (0.009) (0.010)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 326,909 192,556 326,909 260,352 192,556R2 0.979 0.973 0.980 0.978 0.975R2 ajusté 0.978 0.973 0.979 0.977 0.974

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

92

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Table 17: Modèles avec le nombre d’autres liens de même type (prédiction 3)

Variable dépendante:Inclusion

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.059 −0.049 −0.046 −0.008 0.003

(0.039) (0.034) (0.039) (0.039) (0.042)

Nb liens −0.010∗∗ −0.014∗∗∗ 0.0003 −0.002 −0.005(0.005) (0.005) (0.002) (0.003) (0.005)

Nb mêmes liens 0.040∗ 0.039∗ 0.019 0.012 0.010(0.022) (0.020) (0.014) (0.016) (0.023)

Pop. ethnie 1.030∗∗∗ 1.200∗∗∗ −0.037(0.046) (0.386) (0.245)

PE majeur 0.014(0.025)

PC majeur −0.095∗(0.057)

Puissance relative 0.029 −0.043 0.021(0.050) (0.068) (0.080)

PE puissance 0.001 −0.052 0.129(0.267) (0.113) (0.152)

PE capacité d’extraction −0.990 0.331 0.182(0.666) (0.206) (0.155)

PE démocratie 0.001∗ 0.0003(0.001) (0.0002)

PC démocratie 0.006 0.006∗∗∗(0.006) (0.002)

PC P.I.B per capita 0.00 0.00 0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.015(0.011)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 341,379 198,008 341,379 268,144 198,008R2 0.236 0.480 0.899 0.901 0.901R2 ajusté 0.233 0.477 0.896 0.898 0.897

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

93

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Table 18: Modèles avec échelle d’inclusion à 6 niveauxVariable dépendante:Inclusion (6 niveaux)

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.082 −0.277∗∗∗ −0.167 −0.138 −0.137

(0.119) (0.086) (0.102) (0.113) (0.122)

Nb liens −0.022∗ −0.029∗∗∗ −0.003 −0.008 −0.015(0.012) (0.010) (0.005) (0.007) (0.009)

Lien * Nb liens 0.164∗∗ 0.161∗∗ 0.072∗∗ 0.064∗ 0.071(0.074) (0.067) (0.035) (0.035) (0.044)

Pop. ethnie 3.963∗∗∗ 3.465∗∗∗ 2.764∗∗∗(0.168) (0.639) (0.986)

PE majeur 0.019(0.057)

PC majeur 0.119(0.078)

Puissance relative 0.044 −0.208 −0.053(0.082) (0.131) (0.141)

PE puissance −0.426 −0.362 −1.031∗(0.402) (0.243) (0.573)

PE capacité d’extraction −1.343 0.881 0.061(0.958) (0.543) (0.318)

PE démocratie 0.002∗∗ −0.0001(0.001) (0.001)

PC démocratie 0.015∗ 0.007∗∗(0.009) (0.003)

PC P.I.B per capita −0.00 0.00 −0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.019(0.017)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 341,379 198,008 341,379 268,144 198,008R2 0.123 0.613 0.917 0.924 0.932R2 ajusté 0.120 0.611 0.915 0.921 0.929

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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Table 19: Modèles avec échelle d’inclusion à 3 niveauxVariable dépendante:Inclusion (3 niveaux)

(1) (2) (3) (4) (5)Lien 0.076 −0.116∗∗ −0.085∗ −0.063 −0.066

(0.060) (0.046) (0.046) (0.056) (0.062)

Nb liens −0.010∗ −0.015∗∗∗ −0.001 −0.003 −0.005∗∗(0.006) (0.005) (0.001) (0.002) (0.003)

Lien * Nb liens 0.066∗∗ 0.066∗∗ 0.040∗∗ 0.029∗ 0.039(0.033) (0.031) (0.020) (0.017) (0.024)

Pop. ethnie 1.960∗∗∗ 2.679∗∗∗ 2.001∗∗∗(0.083) (0.732) (0.611)

PE majeur 0.011(0.031)

PC majeur 0.006(0.034)

Puissance relative 0.007 −0.056 0.026(0.044) (0.055) (0.059)

PE puissance 0.058 −0.046 −0.041(0.253) (0.083) (0.113)

PE capacité d’extraction −0.938 0.382∗ 0.096(0.698) (0.208) (0.120)

PE démocratie 0.001∗ 0.0001(0.001) (0.0002)

PC démocratie 0.008 0.003∗∗(0.005) (0.001)

PC P.I.B per capita −0.00 0.00 −0.00(0.00) (0.00) (0.00)

Log(distance) −0.010(0.009)

Régions-années Oui Oui Oui Oui OuiEffets fixes triades Non Non Oui Oui OuiObservations 341,379 198,008 341,379 268,144 198,008R2 0.167 0.594 0.920 0.928 0.928R2 ajusté 0.164 0.592 0.918 0.926 0.925

Note: ∗p<0.1; ∗∗p<0.05; ∗∗∗p<0.01

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6 Statistiques descriptives

Table 20: Statistiques descriptives des variables binaires

Variable Oui % Non %Soutien 0.4 99.6

Soutien passif 0.4 99.6Inclusion 27.4 72.6Lien 3.3 96.7

PE majeur 6.1 93.9PC majeur 40.5 59.5

Table 21: Statistiques descriptives des variables non binaires

Variable N Moyenne Écart type Min MaxInclusion (6 niveaux) 341,379 1.387 1.199 0 5inclusion (3 niveaux) 341,379 0.361 0.629 0 2Nb liens 345,785 1.191 1.752 0 9Nb mêmes liens 345,785 0.076 0.598 0 8Pop. ethnie 345,785 0.124 0.233 0.0001 0.981Puissance relative 284,007 0.329 0.322 0.0001 1PE puissance 284,610 0.015 0.036 0.00001 0.364PE capacité d’extraction 280,480 0.009 0.009 0 0.211PE démocratie 271,269 −0.187 7.599 −10 10PC démocratie 257,795 −0.677 7.088 −10 10PC P.I.B per capita 335,231 8,135.960 7,862.622 134 114,351Log(distance + 1) 345,014 7.122 0.949 0 8.971

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7 Fusion des données de San-Akca avec la banque de données EPR

Quelques détails méritent d’être éclaircis sur la façon dont j’ai fusionné les données deSan-Akca avec celles de EPR. Pour obtenir le soutien de groupes ethniques au lieu dusoutien de groupes rebelles (tel qu’analysé par San-Akca), j’ai utilisé les données EPR surles liens entre groupes rebelles et groupes ethniques. Pour faire correspondre les donnéesde San-Akca avec celles de EPR, j’ai utilisé les noms des groupes rebelles. 83% desnoms dans la banque de données EPR étaient identiques à ceux de San-Akca. Le restedes correspondances a été fait manuellement puisqu’il y avait des différences mineuresdans les noms. J’ai pris le soin de faire de brèves vérifications bibliographiques pourles groupes rebelles que j’ai codés manuellement afin de m’assurer que les deux nomscorrespondaient bien au même groupe rebelle. Ci-dessous, j’identifie 4 cas d’associationmanuelle de noms de groupes rebelles dont je suis un peu moins certain. Sur les 434groupes rebelles de la banque EPR qui sont identifiés pour la période que j’étudie (1946-2010), 22 d’entre eux n’ont pas pu être reliés à des groupes rebelles de la banque dedonnées de San-Akca (voir ci-dessous). Il s’agit d’une faible proportion du total (5%) quine devrait pas générer de biais de sélection notable ou affecter la puissance des résultats.Des recherches bibliographiques plus approfondies pourraient néanmoins être entreprisesdans un travail futur afin d’améliorer la précision de mon analyse.

Associations manuelles pour lesquelles je suis légèrement incertain:

1. Frud (San-Akca) a été considéré comme FRUD-c (EPR).2. ISI (EPR) a été considéré comme IS (San Akca).3. CPI-ML et CPI-Maoist ont les deux été considérés comme CPI (EPR).4. CPI-ML-J (EPR) a été considéré comme CPI (EPR).

Groupes armés dans EPR n’ayant pas de correspondance dans les données de San-Akca36:

1. republic of slovenia2. republic of croatia3. Military faction (forces of Nicolae Ceausescu)4. Republic of Armenia5. AQIM6. FRCI7. Kamajors8. Military Faction (Forces of Jean Schramme)9. Military faction (Harar garrison)

10. FNLA11. SSLM36Les noms des groupes correspondent exactement aux noms dans la banque de données EPR, incluant

les majuscules et les minuscules.

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12. National front13. republic of azerbidjan14. RJF15. NUF16. Non PLO groups17. Rejectionist Front18. PNA19. PRC20. State of Oman/Free Oman21. PFT22. CPM

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