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LE MENSUEL I # 09 I AVRIL 2011 3:HIKLPB=VUXZUY:?k@a@k@j@a; TUN : 3,7 DTN – BEL : 4,50 – CAN : 8,00 DC – CH : 7,80 FS LE MENSUEL # 09 AVRIL 2011 I Rue89.com L’ATOME RACONTÉ EN BD Voyage au cœur d’un site nucléaire POUVOIR D’ACHAT L’ENQUÊTE CE QU’ILS GAGNENT CE QU’ILS DÉPENSENT 89 Français ouvrent leur porte-monnaie! 3:HIKLPB=VUXZUY:?k@a@k@j@a; M 01511 - 9 - F: 3,50 E 3:HIKLPB=VUXZUY:?k@a@k@j@a;

Rue89 Le Mensuel, numéro 9 : extraits

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Avez-vous une idée de ce que gagnent vos voisins ? Nous ne proposons pas un numéro spécial « salaire des cadres ». Nous parlons d'argent, certes, mais avec de vrais chiffres, de vrais gens.

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Page 1: Rue89 Le Mensuel, numéro 9 : extraits

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LE MENSUEL # 09 AVRIL 2011 I Rue89.com

L’ATOME RACONTÉ EN BD

Voyage au cœur d’un site nucléaire

POUVOIR

D’ACHAT

L’ENQUÊTE CE QU’ILS GAGNENTCE QU’ILS DÉPENSENT

89 Français ouvrent leurporte-monnaie !

3:HIKLPB=VUXZUY:?k@a@k@j@a;M 01511 - 9 - F: 3,50 E

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Page 2: Rue89 Le Mensuel, numéro 9 : extraits

42 I avril 2011 I # 09 I

C’est l’heure des comptes à Marseille. Pas de vagues avant

les cantonales  : le PS avait mis

l’« affaire Guérini » sous l’étouffoir.

Mais il y a des choses à régler à la

fédération socialiste des Bouches-

du-Rhône.

L’affaire ? Les affaires, plutôt.

Multiples et répétées. Arnaud

Montebourg les a portées au grand

jour dans son rapport sur les « pra-

tiques contestables » de la fédération

socialiste des Bouches-du-Rhône :

« Fausses cartes, trucage des scru-

tins, pressions sur les militants,

utilisation des collectivités locales

comme outil de compression démo-

cratique… »

Le premier secrétaire fédéral des

Bouches-du-Rhône, Jean-Noël

Guérini, a déposé plainte pour dif-

famation et demandé à Martine

Aubry un audit « afin de faire taire,

une bonne fois pour toutes, les médi-

sances et la calomnie ». Ce qu’elle a

promis, tout en niant le problème.

« Il n’y a rien » dans ce rapport, dit-

elle. Rien que la direction du PS ne

connaisse déjà, plutôt.

La principale cible de Montebourg,

c’est donc Jean-Noël Guérini. Le

président du conseil général des

Bouches-du-Rhône bafoue les

statuts du PS au su et

au vu de Solferino.

Il s’est fait élire par

le conseil fédéral à

l’unanimité «  président

de la fédération » – un titre qui

n’apparaît même pas dans les

Bouillabaisse socialisteMontebourg dénonce les pratiques « contestables » du PS à Marseille, qu’aubry a longtemps niées. Enquête sur un système. Par Julien Martin i Rue89

la politique i enquÊte

statuts ! Le (vrai) poste de premier

secrétaire fédéral, occupé alors par

son ami Eugène Caselli, ne peut

être pourvu que par un vote des

militants du département.

Pour corriger cette irrégula­rité, Guérini est élu premier secré-

taire fédéral… ce qui est encore

contraire aux statuts du PS : « Les

fonctions de président(e) de conseil

général sont incompatibles avec

celles de premier secrétaire fédéral. »

Le parti a pourtant avalisé cette

élection, évoquant une « situation

transitoire acceptable dans cette

fédération populaire ». Solferino a

été tenté de réformer les statuts gê-

nants. Finalement, sous la pression,

c’est Guérini qui quittera la tête de

la fédération. Il l’a annoncé

le soir du second tour

des cantonales.

L’i nc ompat ibi-

lité vise à éviter la

mainmise de l’exé-

cutif départemen-

tal sur l’appareil

local du parti, via la

distribution de subventions et les

embauches. Précisément ce qui est

reproché à Jean-Noël Guérini.

Rien que dans les 18  sections de

Marseille, «  plus de la moitié des

secrétaires de section sont employés

par le conseil général », dénombre un

socialiste des Bouches-du-Rhône.

Treize, affirme même le rapport

Montebourg. La fédération ne

confirme pas, mais ne dément pas

non plus : « On a fait un listing, mais

ce n’est pas le style d’information

qu’on donne. »

Plus opaque encore est l’attri-

bution par le conseil général des

subventions aux associations et

aux communes, voire de plusieurs

marchés publics. Mis en examen le

2 décembre, Alexandre Guérini, le

frère entrepreneur de Jean-Noël,

fait l’objet d’une enquête pour

« détournement de fonds et

de biens publics, recel,

blanchiment, abus de

biens sociaux, corrup-

tion active, trafic d’in-

fluence » concernant des

marchés de ramassage

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Page 3: Rue89 Le Mensuel, numéro 9 : extraits

des déchets dans les Bouches-du-

Rhône. Le président du conseil gé-

néral martèle que « lui, c’est lui, moi, c’est moi », mais France 3 a révélé

des écoutes téléphoniques embar-

rassantes. Jean-Noël prévient son

frère : « Il se dit qu’une enquête préli-minaire sera ouverte. A mon avis ça doit être pour les décharges, Alex… »En 2007, la chambre régionale des

comptes avait déjà relevé nombre

de « dysfonctionnements dans le cir-cuit de la dépense » : coups de pouce

à  la carrière des agents contrac-

tuels, absence de clarté dans la

création de maisons de retraite,

flou dans l’attribution de dotations

à des collèges ou de subventions aux

associations…

«  Le système Defferre [maire PS

de Marseille pendant trente-trois

ans, ndlr] était basé sur un rapport de légitimité. On est passé à un sys-tème beaucoup plus vindicatif et de

Pourquoi Aubry a tardé à sévir

les embArrAs de PAris« Bien sûr, il y a des remontées d’info à Solferino, mais Aubry ne fait rien », assurait avant les cantonales un socialiste des Bouches-du-Rhône. Pour lui, l’embarras de la première secrétaire remonte à 2008, plus précisément au congrès de Reims, qui a élu Martine Aubry. Jean-Noël Guérini y a d’abord soutenu Ségolène Royal, faisant passer la consigne auprès de ses affidés. Même si les sections ouest et sud d’Aix-en-Provence ont désobéi, votant pour les textes de Bertrand Delanoë et de Martine Aubry.Puis, revirement de dernière minute : au soir du second tour, le baron de Marseille lâche Royal et apporte les voix des Bouches-du-Rhône à Martine Aubry, qui sera élue première secrétaire de justesse. Selon plusieurs socialistes marseillais, elle serait devenue son obligée. La thèse navre la nouvelle première secrétaire. Si elle les niait publiquement (au moins jusqu’au lendemain des cantonales), elle disait en privé avoir conscience des dérives dénoncées dans le rapport Montebourg. Martine Aubry préférerait jouer le rôle de « Madame Propre », mais, échaudée par l’affaire Frêche, craindrait de faire exploser une autre grosse fédération. D’autant que, selon elle, aucune relève plus recommandable n’existe. La « désobéissance » des deux sections n’est toutefois pas restée sans suite. Le 13 mars 2009, Jean-Noël Guérini fait le ménage, les deux sections disparaissent. La fédération publie un communiqué triomphant : « Les militants socialistes aixois ont approuvé à plus de 93 % des votants le rassemblement des trois sections aixoises pour n’en faire plus qu’une. »Quelques jours plus tôt, le secrétaire de la section ouest, Dominique Michel, avait pourtant alerté Martine Aubry sur l’absence de convocation d’une partie des militants et surtout l’irrégularité statutaire manifeste d’une telle dissolution.

contrôle, à travers les secrétaires de section », décrit un élu départemen-

tal de la majorité socialiste.

Un ancien responsable fédéral

écarté pour dissidence confirme :

« Tous les socialistes sont aux ordres, ici ! Tout le monde est déjà salarié du conseil général. Ensuite, ce sont des questions de rapports de force : “Si tu ne suis pas ma ligne, je ne te renou-velle pas au prochain mandat, je t’enlève les subventions sur ta com-mune…” »Quand ils ne sont pas écartés, les

dissidents font parfois l’objet de me-

naces. Un ex-secrétaire de section :

« Les intimidations que j’ai subies, c’était “gentillet”, entre guillemets. En réunion, on te dit : “Si tu tombes dans les escaliers, ça nous fera pas de peine.” Je n’ai pas été frappé. Mais ça s’est aussi arrêté là parce que la réunion d’après je suis arrivé avec quelques amis… »

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Jean-Noël Guérini (ici en campagne sur

le Vieux-Port) a dû quitter la direction de la

fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.

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la politique i rive droite

Devine où les sarkozystes (et les autres) vont dîner à Paris. Par Pascale Tournier i Journaliste

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les tables des politiques

● giulio rebellato136, rue de la PompeNicolas Sarkozy se sent comme à la maison, dans cet italien à l’atmosphère vénitienne. Pour ses 40 ans, il avait rassemblé 40 de ses amis. Pour ses 56 ans, l’ambiance se voulait plus intime. Jean Sarkozy et sa femme, Jessica Sebaoun, y ont aussi organisé leur repas de mariage.

● le laurent41, avenue Gabrielles conseillers de l’Elysée (Guaino, Pégard…) hantent la grande salle de style Empire ou les salons privés, où Sarkozy venait avec Cécilia. On croise arnault, Pinault, Proglio ou Elkabbach… DSK et Hollande s’y risquent aussi parfois.Menu à 80 euros, coquilles Saint-Jacques et turbot.

● le stresa7, rue ChambigesLa cantine de Delon et de Belmondo est aussi un refuge de Nicolas Sarkozy et de Bernadette Chirac (qui a dîné chez cet italien, tenu par les frères Faiola, après avoir reçu l’insigne de la Légion d’honneur de la main du Président).

● le plaza athénée25, avenue MontaigneSophie Douzal-Sarkozy (belle-sœur de…), qui s’occupe des relations presse de ce palace, fait venir sa famille et ses amies. Cécilia appréciait les talents d’Alain Ducasse. Fillon et Sarkozy y ont échafaudé leur stratégie de campagne. rachida Dati a aujourd’hui pris le relais.

● le pavillon elysée-lenôtre10, av. des Champs-Elyséesles conseillers de l’Elysée délaissent Le Laurent l’été pour venir s’asseoir à la terrasse de ce pavillon construit pour l’Exposition universelle au siècle dernier. Menu déjeuner à 55 euros.

● tong Yen1 bis, rue Jean-Mermoz« Excepté de Gaulle, j’ai connu tous les présidents et leurs familles », dit Thérèse Luong, l’âme des lieux. Toutes les semaines depuis son départ de l’Elysée, Chirac y commande un canard laqué pékinois. Sarkozy aime s’asseoir à la table favorite de Chirac, il mange des nems et des crevettes au sel et poivre.

● guy savoy 18, rue TroyonTrois présidents pour le menu gastronomique. Guy Savoy est un ami de Nicolas Sarkozy depuis la période de la mairie de Neuilly. Ensemble, les deux hommes ont des conversations sur la soupe d’artichauts aux truffes, pour laquelle le Président se pâme. Dans les petites pièces tapies d’objets d’art dénichés par le chef trois étoiles, François Mitterrand, Jacques Chirac et Rachida Dati ont aussi dégusté le menu gastronomique à plus de 100 euros.

● le pavillon ledoyen1, avenue DutuitQuelques politiques poussent parfois la porte de ce haut lieu des affaires noyé

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dans la verdure des Champs-Elysées. Le gourmet Xavier Darcos y fut régalé par un syndicat du vin un jour de manif de profs. Dans la salle Second Empire, rachida Dati tisse son réseau dans le monde du business.

● le restaurant de l’hôtel bristol112, rue du Fbg-Saint-HonoréLieu de réunion des donateurs de l’UMP, des conseillers de l’Elysée, des hôtes importants, ce palace est l’un des repaires de prestige du sarkozysme. Sarkozy y a encore convié Chirac pour déjeuner (G20 au menu). Le Président raffole des macaronis aux truffes d’Eric Fréchon, qu’il se fait parfois livrer à l’Elysée et qui devraient bientôt porter son nom.

● le maxan37, rue de MiromesnilProche du siège de l’UMP, ce bistrot discret attire les cadres du parti de la majorité. Bulots façon tartare, légumes du jardin, nombreux déjeuners avec la presse. Fabius et Hollande ont fait quelques incursions dans ce territoire UMPiste.

● tante louise41, rue Boissy-d’AnglasLe petit salon semi-privatif du deuxième restaurant de la veuve de Bernard Loiseau ne désemplit pas. Avant les municipales, Sarkozy y a invité quelques ministres pour les nourrir de parole élyséenne. En octobre, Chirac y a fait honneur aux membres du jury de sa fondation et à l’assiette

de charcuterie. Il a même demandé du dessert.

● la boule rouge1, rue de la Boule-RougeC’est Patrick Ollier qui a déniché ce tunisien, tenu par Raymond Haddad. Les « natifs », comme Delanoë ou feu Séguin, y retrouvent les goûts de leur enfance. Le 6 octobre 2007, après la victoire de l’équipe de France de rugby, Nicolas Sarkozy et sa cour ont débarqué à 1 heure du matin. Les photos de cette soirée couscous mémorable sont accrochées au mur.

● l’ami louis32, rue du VertboisNappes à carreaux, poulet-frites, cet établissement de 13 tables ne paye pas de mine.

Et, pourtant, Chirac et Clinton adorent, Kouchner et Ockrent y ont réveillonné. Le 11 février, les Chirac et les Pinault ont fêté ici le mariage de Claude et Frédéric.

● les ours236, rue des PyrénéesO.K., vous n’y rencontrerez pas de politiques (sauf peut-être les élus de la mairie du XXe arrondissement, toute proche), mais vous y croiserez sans doute des journalistes de rue89 en train de déjeuner. Et, surtout, vous profiterez d’une cuisine fine et créative à des prix défiant toute concurrence (9,50 euros la formule).C

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● san Francisco1, rue MirabeauLes deux prétendants au leadership de la famille centriste, Morin et Borloo, se sont affichés dans cet italien après leur départ du gouvernement. Marine le Pen s’y arrête volontiers. C’est pratique : les radios et les chaînes de télévision sont à proximité.

● le père claude51, av. de la Motte-PicquetChirac est un fidèle. Le 24 février 2010, il a scellé ses retrouvailles avec villepin, pas vu depuis le procès Clearstream, en 2007 (escargots et… saint-jacques). Copé et son ennemi Bertrand fréquentent aussi l’établissement, comme les socialistes Huchon et Glavany.

● le thoumieux79, rue Saint-DominiqueLes grandes manœuvres du congrès de Reims se

sont déroulées dans cette brasserie clinquante reprise par le chef à la mode Jean-François Piège. Delanoë y a annoncé qu’il briguait le poste de Premier secrétaire.

● thiou49, quai d’OrsayCe thaïlandais fréquenté par des socialistes est passé sous la bannière sarkozyste. Balkany, Hortefeux, Dati, Jean Sarkozy y côtoient Clavier, Chazal, Drucker, Bolloré et arnault. Xavier Bertrand ne peut pas passer une semaine sans y aller. Bayrou et Hollande préfèrent Le Petit Thiou (à côté), moins cher.

● l’esplanade52, rue FabertOn va dans ce restaurant des frères Costes pour être vu. Cécilia et Nicolas y ont exhibé leur réconciliation en 2006, comme François et Ségolène un peu plus tard.

● le divellec107, rue de l’UniversitéUne table de la Mitterrandie que ne boudent pas Balladur et raffarin. Jean-vincent Placé, n° 2 d’Europe Ecologie - Les Verts, assume les plats de poisson à 90 euros. Le patron est son ami.

● chez FrançoiseEsplanade des InvalidesLe bien-nommé « ghetto » de l’Assemblée. Députés de droite, de gauche et même des extrêmes, mais aussi ministres et figures de la gauche s’y retrouvent.rocard réserve toujours la table 38 (huîtres et sancerre). Le dernier remaniement s’y est négocié.

● l’arpège84, rue de VarenneA l’abri des caméras, Fillon descend souvent de Matignon, à deux pas. Alain Passard fait venir ses

légumes de son potager de la Sarthe et a conseillé le Premier ministre pour le choix de son cuisinier.

● auguste54, rue de BourgogneLa nouvelle adresse proche de l’Assemblée pour politiques soucieux de leur ligne. Marine le Pen y reçoit des journalistes. Chevènement, voisin, apprécie les pommes de terre en chantilly et le risotto cuisiné comme une paella par l’inventif Gaël Orieux.

● tante marguerite5, rue de BourgogneSous les têtes d’élan et les coucous suisses, les députés influents goûtent le menu à 47 euros de la veuve de Bernard Loiseau. Le petit salon à l’étage est prisé par les ténors soucieux de leur proximité avec les élus et les lobbyistes de tous horizons.

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la politique i rive gauchela seine

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● le bourbon1, place du Palais-BourbonLa terrasse donne sur le palais Bourbon. Entre deux séances, les députés de tout bord et leurs assistants squattent les banquettes. Les journalistes y traînent leurs oreilles indiscrètes.

● la ferme saint-simon6, rue Saint-SimonLa propriétaire, Denise Fabre, y avait attiré les jeunes loups Hollande et Royal. Cambadélis fréquente toujours cette auberge à l’ambiance rustique, comme Juppé et raffarin. En 1995, devant un plat de poisson, Sarkozy tenta de convaincre les élus RPR de rejoindre Balladur.

● la cigale récamier4, rue RécamierJean-louis Debré a découvert ses soufflés salés,

sucrés, légers. Delanoë et Jospin viennent souvent en voisins. Michelle Obama

s’y est arrêtée lors de sa dernière visite parisienne.

● le bistrot de paris33, rue de LilleLes courants du PS se retrouvent dans cette « annexe » de la Rue de Solferino. Baromètre : ces derniers temps, on y voit beaucoup Montebourg, valls et le strauss-kahnien Cambadélis, mais plus aucun ségoléniste.

● au vin des rues21, rue BoulardCe bistrot à l’ambiance casse-croûte est le QG parisien des frères Cohn-Bendit. Parfois, ils se font livrer des assiettes lyonnaises à l’hôtel en face. Des réunions des amis d’Europe Ecologie y sont organisées.

● la rotonde105, bd du MontparnasseSégolène royal réunit ses troupes dans cette brasserie

chargée d’histoire (Aragon, Hemingway, Braque, etc.). Eva Joly donne aussi rendez-vous dans les petits salons cosy.

● lipp151, bd Saint-GermainBlum a apprécié sa choucroute, Giscard et Pompidou s’y sont montrés, Mitterrand en a fait sa cantine et Chirac adore sa tête de veau. Des réunions de parlementaires ont encore lieu à l’étage de Lipp, une institution de la République.

● chez rené14, bd Saint-GermainLes mercredis après-midi, Mitterrand attendait Mazarine à la table n° 30, en jouant à la belote avec le serveur. Pierre Bergé et roland Dumas entretiennent la flamme,

Chirac vient de découvrir son cervelas et sa saucisse lyonnaise.

● la méditerranée2, place de l’OdéonSa bouillabaisse séduit les sénateurs Gaudin et Pasqua. aubry a réuni sa dream team dans les salons de ce restaurant proche du Sénat.

● marco polo8, rue de CondéLa politique et les lettres se retrouvent chez cet italien tenu par le frère de Claude Bartolone. On y croise aubry et sa garde rapprochée, ou encore Besancenot. Le samedi midi, villepin y déguste un plat de pâtes à la bottarga.

● le procope13, rue de l’Ancienne-ComédieUn des plus anciens de Paris (1686), où planent les ombres de Voltaire et de Rousseau. La jeune garde du RPR s’y retrouvait autour de Lellouche, mais le lieu est un peu passé de mode.

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86 I avril 2011 I # 09 I

Stage de compost citoyen

planÈte89 I organique

Une journée de formation pour apprendre à transformer vos 50 kilos de déchets organiques annuels en « or brun ». Par Sophie verney-Caillat i Rue89

Le maître composteur Jean-Jacques Fasquel est un quadra propre sur lui et prévenant. Cet ancien cadre devenu la référence en matière de compost à Paris prévient qu’il va falloir se « salir les mains » : le prix à payer pour rendre vos éplu-chures sexy, les transformer  en « lasagnes » vert-brun, mikado où prospèrent les vers de terre, puis en « or brun » qui fertilisera vos jardins. Avec quatre autres stagiaires, je suis la formation qu’il anime. En une journée, sans avoir eu à caresser le ver de terre, je me vois décerner un diplôme de « guide composteur » sur papier recyclé. Voici deux ans et demi, ce Parisien en mal de contact avec la terre a glissé un mot à ses voisinsbailleur leur suggérant d’ac-cueillir un « bio-seau » dans leur cui-sine, de le vider au jardin plutôt que dans le local du deuxième sous-sol et de faire un peu de manutention. Un peu plus tard, 40 des 70 volontaires ont obtenu de cultiver chacun une

parcelle de 2 mètres carrés. Dopée par cet engrais naturel, la terre donne, paraît-il, de belles tomates en saison. « Croyant et pratiquant », comme il se définit, notre prof n’a rien du curé moraliste, mais tient plutôt du gentil organisateur. Désespéré de voir les petites pelouses de sa rési-dence sans vie, il a eu l’idée d’embar-quer son HLM de 500 logements (derrière la place de la Nation, dans le XIIe arrondissement) dans une aventure modeste mais fédératrice. Après l’avoir d’abord regardé de tra-vers, son bailleur l’a laissé expéri-menter le « compost citoyen en pied d’immeuble ». Une réussite remar-quée par Delanoë et ses adjoints Verts, qui en ont fait un des « Mister Compost » de la capitale, ceux qui inspectent la cinquantaine d’expé-riences du même genre.Vus de province, ces balbutiements peuvent faire sourire. A Rennes, par exemple, l’agglomération a équipé

depuis 1995 un pavillon sur six et 187 immeubles.Comme le dit notre prof, «  c’est comme la cuisine non surgelée, ça prend un peu de temps. Les ingré-dients, je préfère qu’on les appelle les restes plutôt que les déchets, car c’est de la ressource organique. D’ailleurs, le mot ressemble à “compote”, c’est la même idée : il faut mélanger. » Un Français jette en moyenne 50 kilos par an de matière organique compostable. La plupart du temps, tout cela part à l’incinérateur ou à la décharge après un transport en camion. L’élimination d’une tonne de déchets mis en décharge émet, selon notre guide 1 900 kilos d’équi-valent CO2 contre 2,5 kilos pour le même poids composté.Et puis 7 tonnes compostées dans la résidence de Jean-Jacques, cela fait 700 euros d’économie pour la collec-tivité, qui ne les a pas ramassées. Une somme qu’elle pourrait redistribuer à ces valeureux citoyens.

au dÉpart un an aprÈS…

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Page 9: Rue89 Le Mensuel, numéro 9 : extraits

I # 09 I avril 2011 I 87

Cette compote brune qui nourrira la terre va naître d’un subtil mélange de matières carbonées et de matières azotées. Voici la recette qu’il faudra respecter. En gros, le carbone, ce sont les matières brunes, sèches et dures : branchages broyés, plantes fanées, paille, copeaux, coquilles de noix écrasées. Cette matière sèche est structurante et permet à l’air de circuler (le « mikado »). L’azote, ce sont les matières vertes, molles et humides : épluchures de fruits et légumes, gazon frais (à incorporer avec modération), marc de café, noyaux coupés. Brasser régulière-ment, veiller à ce que la mixture ne soit ni trop humide ni asphyxiée. Ajouter un soupçon de coquille d’œuf et une touche d’agrumes. Quand on parle de compost à des novices, on entend toujours : « Ça attire les rats » ou « [...] les mouches »,

« Ça sent la poubelle ». Des préjugés que casse Jean-Jacques : en collectif, on s’interdit de composter pain, lai-tages, poisson et viande, et on utilise avec modération restes d’huile et cendre (de bois). Par exemple, le riz et les pâtes se compostent très bien, mais moins la sauce.Trouver les matières sèches, n’est pas le plus simple. Jean-Jacques recommande de ne pas composter certains arbres (thuyas, feuilles de platanes, résineux, noyers) car ils se décomposent mal ou acidifient trop. Il récupère les feuilles du jardin de sa résidence et aussi le « broyat » auprès des élagueurs de la Ville de Paris. « Mais c’est beau-coup d’énergie, et la mairie n’a rien prévu pour organiser ce circuit. Je rêve d’un service public “Allô broyat”, où l’on  récupérerait ce qui vient des arbres publics. »

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Matèriel. Un petit investissement de départ est nécessaire : outre le bio-seau, qui recueille les déchets dans la cuisine, il faut un à plusieurs bacs en plastique ou bois, installés si possible en pleine terre (afin que vers et micro-organismes viennent s’y promener). Fourche, gants, sécateur, pelle, brouette, tamis, thermomètre, broyeur. Et cabane, si vous avez la place.3 bacs pour 3 étapes : dans le 1er on met l’apport quotidien ; le 2e sert à la maturation (les vers se régalent) ; le compost vieillit dans le 3e, où il devient prêt à l’usage. Il est mûr quand il sent l’humus, quand les vers n’ont plus rien à manger, qu’il est brun ou noir et correctement décomposé. Compter trois à douze mois, selon utilisation.Le grand retournement. A faire une fois par mois. « C’est le baptême du feu du composteur », dit Jean-Jacques Fasquel.

dE l’ordUrE À L’or brun

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Rien n’y fait, même pas la crise. La fécondité des Françaises a encore augmenté en 2010 : deux enfants par femme. Et la pression ne diminue pas : « On n’est pas vraiment une

femme tant que l’on n’est pas mère », « Une

vie sans enfants n’a pas de sens », « Les gens qui ne font

pas d’enfants sont égoïstes »…

De plus en plus oppressées par l’ambiance copulatrice, deux trentenaires, deux jeunes femmes, une dessinatrice (Madeleine Martin) et une scénariste (Véronique Cazot) viennent de sortir une BD rebelle (et belle) : Et toi, quand

est-ce que tu t’y mets ? (éd. Fluide Glacial). Qui tombe à pic puisqu’il sera question ces jours-ci de cet incroyable optimisme procréatif hexagonal.Les naissances ont été en effet encore plus nombreuses en France en 2010 : 797 000 en métropole, d’après l’Ins-titut national d’études démographiques, soit un peu plus que les 793 400 de 2009, et un record depuis 1982. Le taux de fécondité français atteint deux enfants, ce qui n’était pas arrivé depuis la fin du baby-boom, il y a plus de trente-cinq ans.« Cette hausse a surpris, explique le chercheur Gilles Pison dans le bulletin de mars de l’Ined. Sur la base des

analyses passées, on attendait plutôt une baisse de la

fécondité en 2010, la seule interrogation portant sur son

ampleur. La récession et l’augmentation du chômage qui

s’ensuit allaient, pensait-on, faire reculer la fécondité,

en raison des incertitudes sur l’avenir. C’est bien ce qui

semble s’être produit aux Etats-Unis. » En France, la hausse du chômage est à nouveau invoquée mais, cette fois, « comme un facteur de hausse et non de baisse de la

fécondité » : « Les femmes sans emploi auraient profité de

leur disponibilité pour faire des enfants. »

Véronique Cazot, 37 ans, est la scénariste du couple

Ni mÈRes Ni amÈRes

À plat ventre I gRossesse

Une BD raconte le stress des « no kids » dans une France où le taux de fécondité bat des records. Par Blandine Grosjean i Rue89

Pression sociale. Image extraite de l’album « et toi, quand est-ce que

tu t’y mets ? » (éditions Fluide glacial).

(artistique) qui a conçu Et toi, quand est-ce que tu t’y

mets ? Auteure dans l’audiovisuel et l’édition, elle partage sa vie entre la campagne normande et Paris. Son métier lui a « facilité la tâche », dit-elle : « C’est une passion qui

permet de trouver sa place et peut donner la force de ne pas

céder à la pression, de faire ses propres choix. » Entretien. a quel âge avez-vous réalisé que vous ne vouliez pas d’enfants ?vÉroniqUe Cazot : Un peu avant 30 ans. Jusqu’à cet âge-là, je ne me posais pas vraiment la question, mais je pensais que je voulais des enfants, comme tout le monde. Je ne pensais même pas qu’une alternative soit possible. J’imaginais un grand pique-nique au soleil avec mon beau mari et notre flopée d’enfants, comme lorsque je m’inventais des histoires, petite fille.

a quelle occasion ? Une rencontre, une discussion, un bouquin, une remarque ?v. C. : Bizarrement, c’est lorsque j’ai rencontré le pre-mier homme avec lequel je me suis sentie vraiment bien et avec lequel j’ai pu être moi-même. La question de l’enfant s’est posée naturellement, et cette question m’a fait prendre conscience que j’avais le choix. Cela semble logique, mais ce n’est pas si évident lorsqu’il s’agit des questions qui impliquent les lois de Mère Nature.J’ai su alors intimement et immédiatement que je ne voulais pas être mère. Par bonheur, mon compagnon a respecté ce choix, qui lui convient aussi.

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Trouvez-vous qu’il y a une forte pression sociale pour

avoir des enfants ?

v. C. : La pression est énorme ! Surtout entre 30 et

40 ans, l’âge où tout le monde se lance dans la grande

aventure familiale et vous encourage à plonger avec eux !

Toute la société est construite sur ce modèle unique.

C’est le seul qu’elle reconnaît et qu’elle avantage mora-

lement et socialement. Une femme normale veut for-

cément des enfants. Sinon, c’est qu’elle a forcément un

problème. Un couple équilibré qui s’aime veut forcément

des enfants. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il y a forcément

quelque chose qui cloche ou que le couple ne s’aime pas

assez. Or, des tas de couples déséquilibrés ou qui ne

s’aiment plus font des enfants et ont leur place dans la

société. Les filles sont conditionnées dès le plus jeune

âge à devenir mères. C’est la fin heureuse de tous les

À plat ventre I grossesse

contes de fées. Une promesse de bonheur qui me semble

pourtant loin d’être évidente. J’imagine à quel point

les femmes qui voulaient, mais ne peuvent pas avoir

d’enfants doivent se sentir inutiles et désespérées, car

la société oublie de les rassurer sur le fait qu’on peut

s’épanouir sans être mère et qu’un enfant ne garantit

pas non plus une vie heureuse.

Et vous, comment vivez-vous cette pression

sociale ?

v. C. : Je l’ai mal vécue les premières années car j’avais

du mal à assumer mon choix. Je me sentais harcelée par

la société et par mon entourage. Je souffrais de ne pas

être comprise et me sentais de plus en plus anormale.

Je m’indignais que l’on puisse juger ou imposer un choix

aussi intime et important.

Je me sentais vraiment rejetée par la société. Depuis, ce

rejet n’est plus du tout subi. Il incarne ma liberté et me

protège de ce conformisme qui me semble enfermer tout

le monde dans une illusion collective. Je trouve que la

norme imposée par la société nous fait tous nous sentir

anormaux à un moment ou à un autre et nous pousse à

gommer nos différences jusqu’à ce que nous ne soyons

plus nous-mêmes et ne réfléchissions plus par nous-

mêmes. La norme me semble être la plus dangereuse des

illusions. Elle met la pression dans tous les domaines et

pousse de nombreuses personnes à faire semblant. Se

libérer de cette pression ne simplifie pas forcément la

vie, mais permet de vivre en accord avec soi. C’est déjà

énorme !

Pensez-vous que cette norme vous influence dans

un sens ou dans l’autre ?

v. C. : Elle a pu m’influencer quand j’étais plus jeune,

lorsque je pensais encore qu’elle agissait pour mon bien

et celui de tous, à l’image d’un parent responsable et

aimant. Aujourd’hui, je sais beaucoup mieux que la

société ce qui est bon pour moi et ce qui me convient.

Elle ne m’influence ni dans un sens ni dans un autre,

car agir contre elle par simple esprit de contradiction

ne me permettrait pas non plus d’être juste et bien-

veillante envers moi. Mais je n’ignore pas son pouvoir

et je le crains, car la pression sociale a de nombreux

superpouvoirs, comme faire plier les plus faibles, ras-

surer les bons élèves, culpabiliser les brebis galeuses,

frustrer les impuissants et radicaliser les rebelles (du

pain bénit pour elle).

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