26
THéâTRe 71 3, Place du 11 novembre – 92240 Malakoff - www.theatre71.com réservation 01 55 48 91 00 métro ligne 13 Malakoff-Plateau de vanves TARIFS 24€ tarif normal 17€ seniors, billet découverte, groupe à partir de 8 personnes, famille nombreuse, comités d’entreprise, collectivités, abonnés des théâtres partenaires, adhérents cinéma, Fabrica’son, Médiathèque et conservatoire de Malakoff 12€ –30 ans, demandeurs d’emploi, intermit- tents, allocataires du rsA, personnes handicapées 9€ –12 ans ConTACTS relations avec le public – [email protected] Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | émilie Mertuk 01 55 48 91 03 dossIer PÉdAGoGIQUe SALLINGER création française | théâtre à partir de 15 ans un projet de Paul Desveaux et Céline Bodis en espagnol surtitré en français | texte Bernard-Marie Koltès | traduction en espagnol Violeta Weinschelbaum | mise en scène Paul Desveaux | avec Céline Bodis, Lucrecia Capello, Roberto Castro, Luciana Lifschitz, Javier Lorenzo, Franscico Lumerman, Anita Pauls et Martín Slipack | durée env 2h15 MARDI 13 › SAMeDI 24 noVeMBRe 2012 MArdI et vendredI à 20H30, MercredI, JeUdI et sAMedI à 19H30, Le dIMAncHe à 16H

S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

ThéâTRe 71 3, Place du 11 novembre – 92240 malakoff - www.theatre71.comréservation 01 55 48 91 00 métro ligne 13 malakoff-Plateau de vanves

TARiFS › 24€ tarif normal 17€ seniors, billet découverte, groupe à partir de 8 personnes, famille nombreuse, comités d’entreprise, collectivités, abonnés des théâtres partenaires, adhérents cinéma,Fabrica’son, médiathèque et conservatoire de malakoff 12€ –30 ans, demandeurs d’emploi, intermit-tents, allocataires du rsA, personnes handicapées 9€ –12 ans

ConTACTS

relations avec le public – [email protected] Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | émilie Mertuk 01 55 48 91 03

dossier PÉdAGoGiQUe

SALLINGERcréation française | théâtre à partir de 15 ansun projet de Paul Desveaux et Céline Bodis en espagnol surtitré enfrançais | texte Bernard-Marie Koltès | traduction en espagnol VioletaWeinschelbaum | mise en scène Paul Desveaux | avec Céline Bodis,Lucrecia Capello, Roberto Castro, Luciana Lifschitz, Javier Lorenzo,Franscico Lumerman, Anita Pauls et Martín Slipack | durée env 2h15

MARDi 13 › SAMeDi 24 noVeMBRe 2012mArdi et vendredi à 20h30, mercredi, jeUdi et sAmedi à 19h30, le dimAnche à 16h

Page 2: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

SOMMAIRE1. Sallinger de Bernard-Marie Koltès

› récit › l’auteur

2. De Salinger à Sallinger› j.d. salinger› la génèse du projet sallinger

3. La mise en scène› Paul desveaux› carnet de notes› la scénographie› la musique

4. Les comédiens

5. Pistes pédagogiques › stand up› l’image et le verbe › de la tragédie shakespearienne › le contexte historique de la guerre du viêtnam

6. Ressources › l’œuvre de Koltès › Bibliographie › site internet

7. Les éclairages› conversation : Bernard-marie Koltès et l’Amérique latine › cinéma : meurtre d’un bookmaker chinois de john cassavetes› conversation : le vrai, le faux et les fantômes

Page 3: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

SALLINGER

L’équipe artistique

un projet de Paul Desveaux et Céline Bodis en espagnol surtitré en françaistexte Bernard-Marie Koltès (éditions Minuits)traduction en espagnol Violeta Weinschelbaummise en scène et scénographie Paul Desveauxavec Céline Bodis, Lucrecia Capello, Roberto Castro, Luciana Lifschitz, Javier Lorenzo,Franscico Lumerman, Anita Pauls et Martín Slipack

costumes Julio Suárezlumières Gonzalo Córdovamusique Vincent Artaudassistante à la mise en scène et interprète Amaya Lainezseconde assistante à la mise en scène Mariana Cecchinidirectrice de casting María-Laura Berch

à partir de 15 ansdurée env. 2h15

Coproduction

l’héliotrope, la compagnie mû, el complejo teatral de Buenos Aires (ctBA) teatro san martin, FestivalAutomne en normandie, le volcan/scène nationale du havrece projet reçoit le soutien de l'institut Français, l'Ambassade de France à Buenos Aires, l'ondA etl'odiA normandiel’héliotrope est une compagnie conventionnée par la drAc et la région haute-normandie

Page 4: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

1. SALLINGER DEBERNARD-MARIE KOLTÈS RÉCIT

dans un new York fantasmagorique des années 60, lieu de pouvoir et de décadence, lerouquin vient de se suicider, laissant ses proches dans le désarroi le plus total. Fils aîné, pré-féré et adulé par son frère et sa sœur, le rouquin provoque avec sa mort le démembrementde sa famille. Alors que tous interrogent sa mémoire et essaient de combler le vide par desmots, son spectre revient les hanter.commence alors la déambulation de leslie, son frère et d’henry, son confident dans la gran-de ville enneigée. celle aussi d’Ana, sa fiancée, amoureuse éperdue devenue veuve beaucouptrop jeune. des nuits d’errance et d’aventures sordides, drôles ou émouvantes, à larecherche des autres et de soi-même. tableau d’une Amérique angoissée à la veille de la guerre du viêtnam, la pièce sonne tel uncombat où chacun s’efforce de donner un sens à la violence inéluctable. sallinger raconte lesacrifice de plusieurs générations d’hommes sur l’autel de la patrie, et le désespoir defemmes et de mères impuissantes. relations familiales étouffantes, errances d’une jeunessecondamnée… dans ces monologues nerveux et drôles, Koltès évoque les voies sans issued’un monde incapable de communiquer.

« Petits et grands errent.tous, ils pataugent tous sous un ciel bouché.dans les plaques de neige à demi-fondue de new York, la grande ville.dans le fouillis des rues sans perspective.dans les boîtes de nuits où toutes les filles sont belles.sur les splendides parquets d’appartement coincés.Alors, bien sûr, il traîne des suicides et des folies et plus loin dans le monde les meurtresgigantesques du vietnam et de la corée.à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. »

Bruno Boëglin à propos de Sallinger

Page 5: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

L’AUTEUR

il est le dramaturge français contemporain le plus joué au monde. né en 1948 à metz, issud’une famille catholique, il est éduqué par des jésuites. en 1970, il connaît son premier chocthéâtral en découvrant maria casarès dans médée à strasbourg. il commence alors ses pre-mières adaptations et mises en scène, et entre comme élève régisseur au théâtre nationalde strasbourg. il écrit en 1972 l'héritage diffusé avec maria casarès sur France culture, lafuite à cheval très loin dans la ville, un roman – tandis qu'il se désintoxique de la drogue –puis sallinger en 1977 sur une commande de Bruno Boëglin. à la fin des années 70, il voyageen Amérique latine, au mali et en côte d’ivoire. en 1978, trois nouvelles naissent aunicaragua. en 1983 commence la collaboration avec Patrice chéreau, qui crée combat denègres et de chiens à nanterre. elle se poursuit avec un scénario inédit nickel stuff, Quaiouest en 1986 et dans la solitude des champs de coton en 1987. toujours à nanterre, lucBondy met en scène en 1988 conte d'hiver de shakespeare dans la traduction de Koltès.Atteint par le sida, il s’inspire du meurtrier roberto succo pour sa dernière pièce. en 1989, ilmeurt en laissant un début de dialogue entre coco chanel et sa servante consuelo.depuis une dizaine d’années, il est considéré comme un auteur classique contemporain. lemonde littéraire le reconnaît comme l'un de ses fils les plus novateurs. son œuvre estaujourd’hui traduite dans une trentaine de langues, et jouée dans une cinquantaine de pays.

Page 6: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

2. DE SALINGER ÀSALLINGER J.D. SALINGER

jerome david salinger est un écrivain américain, né le 1er janvier 1919 à new York et mort le27 janvier 2010 dans le new hampshire. il commence à se faire connaître en 1948 avec desnouvelles parues dans le new Yorker, mais il est surtout célèbre pour son roman l'Attrape-cœurs (titre original : the catcher in the rye). traitant de l’adolescence et du passage àl’âge adulte, ce roman, devenu un classique du genre, connaît une popularité importantedepuis sa publication en 1951. l’un des thèmes majeurs de salinger est l'adolescence avecses perturbations et son désenchantement devant la perte irrémédiable de l'innocence, del'enfance. salinger est connu aussi pour sa vie de reclus. il n'a fait aucune apparitionpublique ni accordé un seul entretien ou publié un seul écrit durant quarante ans. tout apeut-être été dit sur cet étrange phénomène de réclusion et ce mur de silence qui ont faitde salinger une sorte de dieu caché. reste son oeuvre phare, ce roman, l’Attrape-cœurs, ettrois recueils de nouvelles, dont la minceur n’a d’égal que le déluge critique qu’elle a susci-tée. mais derrière ces quelques textes connus et reconnus sommeillent, dans leur publicationd’origine, une vingtaine de nouvelles "oubliées", parues entre 1940 et 1948, dont l’écrivain ainterdit par la suite toute nouvelle publication. or le matériau de ces nouvelles, fréquem-ment autobiographiques et qui contiennent nombre d’ébauches des textes à venir, nousdonne des clés de lecture précieuses, notamment sur le rôle qu’a joué dans l’œuvre desalinger sa participation à la seconde Guerre mondiale.la lecture de ces nouvelles, rédigées avant le débarquement, au front ou après son retour,éclaire en effet le palimpseste de la guerre dans sa fiction, cet hommage feutré et secretaux victimes et aux disparus.

Page 7: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

LA GENÈSE DU PROJET SALLINGER DE KOLTÈS

c'est en 1977 que le metteur en scène Bruno Boëglin invita Bernard-marie Koltès à suivre untravail d'acteurs inspiré du romancier américain jerome david salinger, lui proposant d'écrireun texte à partir de là. tout comme à la fin de sa vie pour le personnage de roberto Zucco,Koltès changea en un « Z » la première lettre du nom du criminel succo dont la trajectoirel'avait inspiré, il ajouta là - remettant son ouvrage à Boëglin - un « l » à l'orthographe desalinger, s'affirmant d'entrée à une latitude autre que celle de l'auteur de l'Attrape-cœurs.même si 1977 fut aussi l'année où Koltès composa le monologue la nuit juste avant lesforêts, il est possible de considérer sallinger comme une première pièce : une création « ini-tiale », sinon initiatique, dans la mesure où elle contient les thèmes, les formes, les atmo-sphères et le rythme unique des mots auxquels le poète ne cessa ensuite de revenir, tou-jours se décalant, et affinant d'oeuvre en oeuvre son art de l'ellipse, de l'énigme, du catapul-tage de solitudes juxtaposées.

Page 8: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

3. LA MISE EN SCÈNE DEPAUL DESVEAUX PAUL DESVEAUX

c'est en 1997, après un parcours de comédien qui l'a mené vers des auteurs comme minyana,chartreux, novarina, Koltès ou Goldoni, que Paul desveaux fonde sa compagnie, l'héliotrope.il met alors en scène la Fausse suivante de marivaux, puis en 1999 elle est là de nathaliesarraute, première occasion pour lui de confronter un travail chorégraphique à un textethéâtral.l'année suivante, nathalie marteau, directrice du centre d’Art et d’essai de mont-saint-Aignan, lui propose de travailler sur un projet de recherche autour de « théâtre etchorégraphie » à partir d'extraits de sallinger de Koltès. c'est alors qu'il démarre sa collabo-ration avec la chorégraphe Yano iatridès.suite à une commande de céline Bodis, il monte les lettres portugaises de Guilleraguespour le Festival Avignon off en 2000.la collaboration avec Yano iatridès se poursuit en 2001, lorsqu'il met en scène l’éveil duprintemps de Frank Wedekind, qui sera présenté au théâtre de l’Aquarium à la cartoucheriede vincennes, puis en tournée dans toute la France jusqu'en décembre 2002. il collaboreaussi à cette occasion avec le compositeur vincent Artaud qui compose une musique origi-nale pour le spectacle.ils prolongent leur collaboration avec un second projet de recherche en 2002, au centred'Art et d'essai, autour du recueil de textes de jack Kerouac, vraie Blonde et autres. Pauldesveaux aborde alors un travail sur l'image cinématographique et le théâtre, en compagniedu réalisateur santiago otheguy, avec qui il part tourner des images à new York ennovembre 2001, matière de ce spectacle.en 2003, réunissant encore ces différentes formes d'expressions sur le plateau, il met enscène la tragédie du roi richard ii de shakespeare, créé au trident-scène nationale decherbourg, et présenté notamment dans le cadre du Festival delle colline de turin. cetteannée-là il devient artiste associé à l'hippodrome-scène nationale de douai, où il dirige desateliers, et participe au « cercle de lecture » organisé par marie-Agnès sevestre.Au cours d'une nouvelle résidence aux scènes du jura en mars 2004, il travaille à la créationd'une nouvelle version de vraie Blonde et autres, qui fût ensuite accueillie au théâtre 71 -scène nationale de malakoff, puis à l'hippodrome de douai.en 2005, il est artiste associé au théâtre des deux rives – centre dramatique régional derouen.

Page 9: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

les Brigands de schiller est créé en 2005 au nouveau théâtre-cdn de Besançon, et présen-tée au carreau - scène nationale de Forbach, au cddB - théâtre de lorient, et au théâtre 71- scène nationale de malakoff, puis en tournée en France la saison suivante. il met en scèneen 2005 aux Abbesses/théâtre de la ville, l’orage d’Alexandre ostrovski, création reprise àl’automne 2006 pour une tournée en France avec une nouvelle distribution.en 2006, il tourne son premier court métrage, Après la représentation, pour lequel il reçoitune Bourse Première Œuvre par le Pôle image de haute-normandie. il monte en 2007l’adaptation du roman d’Arezki mellal, maintenant ils peuvent, au théâtre des 2 rives/cdr derouen, aussi présenté à la comédie de reims/cdn et aux Abbesses/théâtre de la ville àParis.en 2007, il signe une mise en scène d’opéra les enfants terribles de Philip Glass d'aprèsl'œuvre de jean cocteau. Une commande de Pierre-François roussillon, ancien directeur dela maison de la culture – scène nationale de Bourges. cet opéra a été présenté, entre autre,au théâtre de l'Athénée - louis jouvet et au théâtre 71 - scène nationale de malakoff. suite àcette première expérience, il travaille en 2008 avec l'ensemble intercontemporain/ircAm àla création de l'opéra hypermusic Prologue du compositeur hector Parra et la physiciennelisa randall.en 2008, il commande une pièce à l'auteur Fabrice melquiot, autour du peintre jacksonPollock et sa femme lee Krasner, Pollock. spectacle qui sera créé en mars 2009 à la maisonde la culture de Bourges en tournée en France.la même année, il part à Buenos Aires, avec la complicité de céline Bodis, pour monter avecdes acteurs argentins au camarin de las musas, jusqu'à ce que la mort nous sépare de rémide vos. en 2010, il met en scène la cerisaie d'Anton tchekhov dans le cadre du Festival Automne ennormandie et repris au théâtre de l'Athénée - louis jouvet à Paris.

Page 10: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

CARNET DE NOTES

dans un new York abstrait, nocturne, déconnectédidascalie, sallinger

le new York de Koltès est un new York littéraire. c'est le territoire de l'écriture et des his-toires. c'est aussi celui d'un fantasme commun où pourraient se croiser taxi driver, coltrane,Basquiat, le flingue de l'inspecteur harry. Pour ma part, mon album new-yorkais ressemble àpeu près à ça : les travellings et plans séquences en noir et blanc de raymond depardon,mon séjour à harlem au niveau de la 125e rue pas très loin de la salle mythique de l'Apollo,Philip roth, cassavetes et meurtre d'un bookmaker chinois, les flics en uniforme, Pollock auWhitney museum, un tournage en novembre 2001 avec le réalisateur santiago otheguy,Kerouac, le Gershwin hotel, les photos de robert Frank, strawberry fields, l'image d'une villeérotique où l'on baise, on fume et on boit…

Sallinger et Buenos Airesil existe toujours deux explications au choix d'un texte : l'une que l'on pourrait qualifier deraisonnable et l'autre plus intéressante à mon goût, qui relèverait de la rencontre amoureuse.j'ai une longue histoire avec ce texte. j'ai tout d'abord joué le rôle d'henry quand j'étaiscomédien. j'ai eu un immense plaisir à raconter les filles sous la lumière rouge, orange oubleue. Puis, nous avons fait, avec entre autres, céline Bodis, un projet de recherche autourde quelques scènes de sallinger sur le rapport entre théâtre et chorégraphie. j'ai comprislors de cette expérience que le texte de Koltès, malgré ses influences cinématographiques,se rapprochait bien plus d'un poème dramatique et d'une poétique du désir. et voilàqu'après avoir monté jusqu'à ce que la mort nous sépare de rémi de vos à Buenos Aires, leteatro san martin s'intéresse à ce texte et à ce projet. je me suis alors dit que c'était sansaucun doute le meilleur endroit pour revisiter l'œuvre de ce poète. non seulement parceque les acteurs argentins connaissent peu les textes de Bernard-marie Koltès et que nousallions travailler sur un territoire vierge, mais aussi parce que ces mêmes acteurs ont uneénergie, une précision, une certaine folie des corps, qui répondent aux sentiments tragiquesqui traversent la pièce.

Pour ma part, j’ai seulement envie de raconter bien, un jour, avec les mots les plus simples,la chose la plus importante que je connaisse et qui soit racontable, un désir, une émotion,un lieu, de la lumière et des bruits, n’importe quoi qui soit un bout de notre monde et quiappartienne à tous.B.M. Koltès

Page 11: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

LA SCÉNOGRAPHIE

Un espace simple où l'on voit la structure du théâtre : l'évocation d'un salon (un tapis, unevieille lampe, le fauteuil d'Al, une chaise pour ma), un morceau d'échafaudage pour un pontnew-yorkais, un cercueil rouge sur roulettes pour le rouquin, des mannequins démembréspour le champ de bataille… Une télé dont on ne voit pas l'écran et qui diffuse des infos encontinu. s'il y a un semblant de neige, elle tombe à vue. surtout ne pas cacher le théâtre. lelaisser nu.

LA MUSIQUE

Avec vincent Artaud, le compositeur avec qui je travaille depuis maintenant dix ans, nousavons imaginé pouvoir enregistrer avec medium band, un jazz lourd proche du film noir. etparallèlement, nous travaillerons à une bibliothèque de samples avec un dj dont lesscratches et le son se rapprochent des groupes de rap des années 80-90.

Page 12: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

4. LES COMÉDIENSCÉLINE BODIS (CAROLE)

Après une adolescence passée à Buenos Aires, elle rentre en France où elle suit le cycle deformation de l'acteur à l'École Florent, en tant qu'élève de la classe libre. elle y rencontrePaul desveaux avec qui elle commence à travailler dès 1999. en France, elle se forme égale-ment auprès de joël Pommerat, jean-Pierre vincent, roland Fichet, Bernard chartreux,hubert colas, claudia staviski, thierry Bedart et mamadou dioume, ainsi qu'en Argentineauprès de daniel veronese, ricardo Bartis et javier daulte. en 1996, elle crée la compagniemÛ avec laquelle elle produit deux spectacles en France : la ménagerie de verre detennessee Williams dont elle assure également la co-mise en scène, et lettres Portugaises,monologue mis en scène par Paul desveaux en 2000. leur collaboration se poursuit, entreautres projets, avec l’éveil du printemps de F. Wedekind, la tragédie du roi richard ii de W.shakespeare, l'orage d'A. ostrovski. elle travaille également avec lui comme assistante à lamise en scène pour l'éveil du printemps et vraies blondes et autres de jack Kerouac.en 2005, elle conçoit, produit et interprète un projet de théâtre en Argentine : ¿Qué hici-mos? (cet enfant) de joël Pommerat mis en scène par vilma rodriguez, joué trois mois auelkafka espacio teatral à Buenos Aires. en 2009, de retour en Argentine, elle produit et joueaux côtés de mirta Busnelli et javier lorenzo, hasta que la muerte nos separe de rémi devos, sous la direction de Paul desveaux. la pièce reste à l’affiche plus de dix mois, d’abordau théâtre el camarín de las musas puis à cuidad cultural Konex jusqu’en août 2010.revenue à Paris, elle joue en novembre 2010 don juan de molière à l’opéra-théâtre de metzdans une mise en scène de jean de Pange. elle est également son assistante à la mise descène pour l’opéra de Pierre thilloy le jour des meurtres dans l’histoire d’hamlet, deBernard-marie Koltès, présenté en première mondiale en mars 2011 à l’opéra-théâtre demetz.

LUCRECIA CAPELLO (MA, LA MÈRE)

elle a joué plus de soixante-dix pièces au théâtre, dans une quinzaine de films et on la voitrégulièrement dans des fictions à la télévision. Actrice reconnue en Argentine, elle a reçu denombreux prix tout au long de sa carrière. on a pu la voir récemment dans Agosto de tracyletts, mis en scène par claudio tolcachir, el burgues gentilhombre de molière mis en scènepar Willy landin au théâtre san martin, dans le film scusate il disturbo de luca manfredi ouencore à la télévision dans el elegido. elle a également fait partie de ce qu’en Argentine ona appelé «nuevo teatro» et «teatro Abierto».

Page 13: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

ROBERTO CASTRO (AL, LE PÈRE)

Acteur, metteur en scène et professeur de théâtre, il a mis en scène une quinzaine de piècesdont plusieurs au théâtre san martin. en tant qu’acteur, il a fait partie de la troupe perma-nente du san martin pendant plus de dix ans et a participé à près de vingt spectacles. ilcontinue aujourd’hui à jouer très régulièrement dans les productions de ce théâtre. Parailleurs, il dirige le Portón de sánchez, un théâtre indépendant de la capitale argentine. ilest professeur à l’emAd (École municipale d‘Art dramatique), à l’institut Universitairenational d’Art (iUnA), à l’École du Portón de sánchez et à l’ecole de marionnettes duthéâtre san martin.

JAVIER LORENZO (LE ROUQUIN)

il s’est formé auprès de ricardo Bartís, Augusto Fernándes et raquel sokolowicz. il a jouédans plus de vingt-cinq spectacles. dernièrement on a pu le voir dans el pasado es un ani-mal grotesco (le passé est un animal grotesque) de et mis en scène par mariano Pensotti,créé à Buenos Aires en 2010 et en tournée mondiale depuis deux ans et dans hasta que lamuerte nos separe (jusqu’à ce que la mort nous sépare) de rémi de vos, mis en scène parPaul desveaux en 2009. il a également tourné dans plusieurs films dont la rabia (la rage)réalisé par Albertina carri, stéphanie réalisé par maximiliano Gerscovich et happy togetherréalisé par Wong Kar Wai. son travail a été récompensé par le Prix teatro del mundo dumeilleur Acteur ainsi que par le Premier Prix certamen metropolitano de teatro. il a égale-ment été nominé de nombreuses fois comme meilleur Acteur pour les Prix clarin, Florenciosanchez et teatro del mundo.

MARTIN SLIPAK (LESLIE)

il est né en 1987 à Buenos Aires. il commence sa formation d’acteur en 1995, à 8 ans, à l’école rio Plateado dirigée par hugo midon. cette même année, il joue à la télévision dansle programme magazine For Fai et au théâtre dans ha llegado un inspector (Un inspecteurest arrivé) sous la direction de sergio renán. il a depuis joué dans de nombreuses pièces,notamment Apropósito de la duda (A propos du doute) première pièce du cycle “théâtrepour l’identité”, Una bestia en la luna (Une bête sur la lune), pièce restée à l’affiche pendantquatre ans et pour laquelle il a remporté les Prix révélation théâtrale clarin, Ace et estrellade mar, et camino del cielo (le chemin du ciel) de juan mayorga joué au théâtre san martinen 2007. on a pu le voir à la télévision dans des programmes à succès tels que: resistiré, (jeresisterai), vientos de agua (vents d’eau) ou encore trátame Bien (traite-moi bien) pour

Page 14: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

lequel il a reçu le Prix clarin de la révélation télévisuelle de l’année 2010. Au cinéma, il ajoué dans de nombreux films dont Whisky romeo Zulu d’enrique Piñeyro, la señal (lesignal) de ricardo darin, sin retorno (sans retour) de miguel cohan pour lequel il a reçu lePrix sUr du meilleur acteur dans un second rôle.

ANA PAULS (ANNA)

elle est née à Buenos Aires en 1987. elle s’est formée avec Gabriela izcovich (1995-2000),julio chavez (2004-2008) et nora moseinco (2003/2009-2011). en 2006, elle joue pour la première fois au théâtre dans juegos a la hora de la siesta (jeux à l’heure de la sieste) deroma maiheu. suivront los riesgos (les risques) de martín comán (2007), Gente Favorita(les gens favoris) mis en scène par matías Umpierrez (2008), rosa mística (rose mystique)de et mis en scène par ignacio Apolo (2009/2010) et vestuario de mujeres (vestiaire desfemmes) de et mis en scène par javier daule (2010/2011). elle a été nominée pour le prixclarin révélation et le prix Ace de la meilleure actrice pour son travail dans rosa mística. Ala télévision, on a pu la voir dans ciega a citas (Aveugle aux rendez-vous) et dans sr y sracamas (m. et mme lits). Au cinéma, elle a joué dans vecinos (voisins) réalisé par rodolfodurán (2009) et no te enamores de mí (ne tombe pas amoureux de moi) de FedericoFinkielstein (2011).

FRANCISCO LUMERMAN (HENRY)

il est né à Buenos Aires en 1982. il s’est formé à l’école de l’Andamio 90 auprès de claudiotolcachir et de luciano suardi. il est par ailleurs diplomé de l’emAd (ecole municipale d’Artdramatique) dirigée par mauricio Kartun. comme acteur, il a travaillé notamment dans ¿Quéhicimos? (Qu’est-ce qu’on a fait?) de joël Pommerat, mis en scène par vilma rodriguez etlisistrata mis en scène par claudio tolcachir en 2005, Quiero estar sola (je veux être seule)mis en scène par luciano suardi en 2005-2006. il est actuellement à l’affiche de vientos quezumban entre ladrillos (vents qui sifflent entre les tuiles) de diego Faturos au théâtretimbre 4. depuis 1998, il écrit et met en scène ses propres textes : de cómo duermen loshermanos moretti (comment dorment les frères moretti) de 2006 à 2008 au théâtreAnfitrion, te encontraré ayer (je te trouverai hier) en 2008-2009. ce texte a reçu le premierprix du concours German rozanmacher. son dernier texte, en tus últimas noches (durant tesdernières nuits) est à l’affiche du théâtre timbre 4 depuis 2010. en 2009, Franciscolumerman a été invité en tant que metteur en scène au cultural visitors Programs duKennedy center Performing for Arts de Washington.

Page 15: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

LUCIANA LIFSCHITZ (JUNE)

elle est née en 1977 à Buenos Aires. elle est actrice et professeur de théâtre pour enfants etadolescents. elle s’est elle-même formée auprès de hugo midón, Agustín Alezzo et ricardoBartís. elle est diplômée en Études Artistiques de l’Université de Buenos Aires (UBA) et asuivi en parallèle un cursus de dramaturgie auprès d’Ariel Barchilón. elle a également étudiéle clown avec maby salerno y marcelo Katz. Au théâtre, on a pu la voir dans el juego de lasilla (les chaises musicales) de Ana Katz, spectacle coproduit par le théâtre san martin etrécompensée par le Prix Ace de la meilleure mise en scène, lucro cesante (Gain sansemploi) de Ana Katz, de 2004 à 2007, Gente favorita (les gens favoris) de laura Weck, auGoethe institut et las margaritas (les marguerites) de Agustín rittano. A la télévision, elle atravaillé dans contra las cuerdas (dans les cordes) et malparida. Au cinéma elle a joué dansel juego de la silla d’Ana Katz en 2002, version cinématographique de la pièce du mêmenom, vísperas (veilles) de daniela Goggi en 2006 et el custodio (le garde du corps) derodrigo moreno en 2007.

Page 16: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

5. LES PISTES PÉDAGOGIQUES STAND UP

Au départ, il y a cette famille qui explose après la mort du fils prodigue, le rouquin. ce quedécrit Koltès dans cette chute qui suit toute explosion, ce sont des solitudes. des êtres quidans la douleur et la colère de la perte, crient à la face du monde leurs confessions. ils ne separlent plus depuis bien longtemps, mais viennent témoigner sur la scène de ce qu'ils sont,ce à quoi ils aspirent, la frustration et les désirs. et il s'agit bien de désir : Koltès est l'auteurdu désir, du souffle - sa filiation shakespearienne -, des corps, et d'une phrase qui ressembleà un battement de cœur au bord de la rupture. dans ce contexte, le plus important estl'échange qui s'écrit au cours de la représentation entre l'acteur et le spectateur.comme il en témoigne lors d'une de ses interviews, en parlant de la représentation de sonœuvre : la scène pourrait être presque vide, à part l'acteur et le texte. sallinger est unematière à la fois brute et poétique. Une écriture rythmique, musicale. Koltès disait qu'ilaimait le jazz et le rap. dans cette pièce, il y a cette dynamique, un tempo qui n'est pas sansrappeler les coups de caisse claire du jazz, et la lourde rythmique d'un groupe comme theroots. c'est un mouvement très direct comme dans le stand up. cela me fait penser aulenny de Bob Fosse : l'énergie de ce provocateur, joué par dustin hoffman, qui bousculesans fard la salle. on pourrait aussi rapprocher Al, le père dans sallinger, de ce vieux boxeurdans les premiers plans de raging Bull qui raconte quelques blagues dans un petit clubminable.

L’IMAGE ET LE VERBE

« Quand j'évoque l'œuvre de Koltès, je ne peux m'empêcher de parler du cinéma américain.sans doute parce que lui-même a passé plus de temps, selon ses dires, dans les salles obs-cures que dans les salles de théâtre. sallinger a ce quelque chose dans l'écriture qui nousrapproche du 7e Art comme une profondeur de champs, un cut brutal, la forme des ellipseset des plans séquences. mais après avoir capté une construction cinématographique,l'oeuvre joue avec les règles du théâtre. il y a finalement peu de fiction. la dose nécessaire àla compréhension de la fable. et tout se joue au présent. il choisit d'ailleurs de nous montrer- ou de démonter- les mécanismes de la fiction quand par exemple, leslie décrit la manièrede faire apparaître un flic imaginaire. ou encore en faisant revenir le fantôme du rouquin.Qui croira à l'existence d'un fantôme au théâtre… sauf si d'un commun accord nous accep-tons d'être au théâtre. »

Page 17: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

DE LA TRAGÉDIE SHAKESPEARIENNE

« Koltès est sans doute l'auteur français du XXe siècle qui a le plus tiré parti de l'écriture shakespearienne. il pourrait être un petit-fils de William de par la syntaxe, la longueur desphrases, le lyrisme - qui, selon moi, a toujours été une grande qualité - et cette manière sisubtile d'écrire le particulier avec le monde en perspective. nous pouvons rire de l'insolenced'un fantôme et être bouleversés par les errances de son frère, un jeune acteur, mais il y atoujours, de manière sous-jacente, les forces de questions politiques ou philosophiques.je sais que l'auteur s'en est défendu. et tant mieux. la poésie des textes en aurait été alté-rée. mais c'est peut-être à cet endroit précis que naît le tragique chez Koltès. dans cettevolonté d'écrire des histoires simples mais tellement poreuses à son temps. car ce qu'écritKoltès, ce ne sont pas des drames mais des tragédies au sens le plus grec du terme : un chemin qui mène à la mort. et sallinger ne fait pas figure d'exception dans l'oeuvre. c'estune poétique tragique du deuil de la famille et de la guerre. »Paul desveaux

LE CONTEXTE HISTORIQUE DE LA GUERRE DU VIÊTNAM

la guerre du viêtnam (également appelée deuxième guerre d'indochine) est une guerre quia opposé de 1964 à 1975, d'une part la république démocratique du viêtnam (ou nord-viêtnam) et son armée populaire vietnamienne — soutenue matériellement par le bloc del'est et la chine — et le Front national pour la libération du sud viêtnam (ou viet cong), faceà, d'autre part, la république du viêtnam (ou sud-viêtnam), militairement soutenue par l'armée des États-Unis appuyée par plusieurs alliés (Australie, corée du sud, thaïlande,Philippines). la guerre civile laotienne et la guerre civile cambodgienne sont des conflitsannexes s'étant déroulés en parallèle, et sur lesquels la guerre du viêt nam a eu un impactdécisif.

suite aux accords de Genève (1954), la France quitte l'indochine après quelque cent ans deprésence, et le viêtnam voit son indépendance reconnue, mais les puissances lui imposent,en attendant des élections générales, une partition au niveau du 17e parallèle : ce compro-mis fera de la paix un leurre.

la république du viêtnam (au sud du 17e parallèle) est présidée par ngô dinh diêm, uncatholique fervent qui refuse les élections générales prévues à Genève. Washington, à la foisparrain, banquier et conseiller, juge le bastion solide avant d'être progressivement indisposépar cet autocrate intolérant, qui s'avère, en outre, incapable de résoudre le problème com-muniste.

Page 18: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

les dirigeants de la république démocratique du viêtnam, qui édifient au nord un Étatsocialiste, sont en effet déterminés, dès 1959, à engager la lutte armée contre le sud, oùsont restés, après les transferts de population, de dix mille à quinze mille cadres commu-nistes. le Front national pour la libération du sud viêtnam (Fnl) y est fondé en décembre1960, mais hanoï garde son autorité par l'intermédiaire d'un Bureau central pour le sud.opérations de terrorisme et de sabotage, infiltrations d'hommes et de matériels s'intensi-fient par les voies multiples de la piste hô chi minh.

l'armée sud-vietnamienne encadrée en décembre 1961 par quinze mille « conseillers » amé-ricains, et entraînée en vue d'un conflit du type de la guerre de corée, ne réussit pas àenrayer le développement du Fnl. l'échec politique et militaire du régime de diêm conduitle président john Fitzgerald Kennedy à autoriser, dès le printemps 1961, des opérations desabotage et de renseignement au nord du 17e parallèle, puis à permettre un coup d'État degénéraux sudistes : diêm est assassiné avec son frère le 2 novembre 1963. trois semainesplus tard, j. F. Kennedy l'est à son tour, à dallas. la détérioration de la situation au sud-viêtnam incite son successeur, lyndon B. johnson, à s'engager davantage. à la suite d'unincident naval dans le golfe du tonkin, le congrès américain vote, le 7 août 1964, une résolu-tion donnant au président toute liberté d'user de la force armée contre les « agressionscommunistes ».

L'intervention américaine (1965-1968)la réaction américaine est vigoureuse : bombardements sur le nord (cinq cent mille tonnesde bombes de février 1965 à avril 1968), intervention directe dans le sud à partir de mars1965. l'armée sud-vietnamienne est portée à sept cent mille réguliers et deux cent mille mili-ciens. les effectifs du viêt-cong passent de cent trente cinq mille hommes au début de 1965à plus de trois cent mille en 1968. les effectifs américains atteignent cinq cent trente sixmille hommes en 1968. le bombardement des pistes hô chi minh restera sans effet. en1966, les opérations se déroulent autour de la zone du 17e parallèle, puis, dès 1967, autour deda nang, Quang tri et même en cochinchine, au nord-ouest de saigon. Aux États-Unis, l'opi-nion publique est sensibilisée par l'envoi au viêtnam des « appelés » et par les images quediffuse la télévision. devant l'impuissance américaine à obtenir une victoire rapide, lacontestation fleurit sur les campus universitaires et gagne tout le pays. Aux prises avec undéficit budgétaire aggravé, l. B. johnson alterne bombardements intensifs sur le nord etpropositions de trêve conditionnelle. Bien que lourdement frappé, le nord ne cède pas. ildispose d'atouts d'une importance croissante : la mauvaise conscience de l'occident, l'appuides partis frères et des courants neutralistes, l'assistance matérielle de l'U.r.s.s. et de lachine, qui permet à l'Armée populaire d'acquérir enfin un armement moderne et standardisé.

L'offensive communiste généralisée, dite « offensive du Têt » (30 janvier 1968), menace huêainsi que Saigon. la base de Khe sanh, harcelée depuis novembre 1967, est attaquée enforce dès la mi-février et subit un siège de soixante dix-sept jours. l'offensive du têt est finalement un échec militaire mais l'armée américaine a été mise en difficulté. le retentisse-ment est grand dans l'opinion publique américaine. l. B. johnson renonce à un nouveaumandat et décide d'arrêter sans conditions les bombardements au nord (mai 1968). desnégociations préliminaires aboutissent à l'ouverture officielle de la conférence de Paris (janvier 1969).

Page 19: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

Le retrait américain (1969-1973)la politique de « vietnamisation » de richard nixon, qui succède à l. B. johnson au débutde 1969, vise à un retrait total des forces terrestres après renforcement des armées sud-vietnamiennes. en revanche, les forces navales et aériennes bénéficient d'un accroissementnotable. de 1969 à 1972, événements militaires et diplomatiques sont étroitement liés. lapoussée des forces américaines et sud-vietnamiennes au cambodge (30 avril 1970), destinéeà saper le soutien logistique des pistes hô chi minh, entraîne la suppression par le congrèsdes pouvoirs spéciaux du président américain concernant la guerre du viêtnam. Profitant du retrait unilatéral des États-Unis, la république démocratique du viêtnam procède à unenouvelle attaque généralisée le 30 mars 1972. les États-Unis réagissent en minant par avionles ports d'arrivée des cargos soviétiques et chinois ; l'armée sud-vietnamienne réussit àdégager An lôc, Kontum et la route de Phnom Penh. mais, tandis que les manifestationscontre la guerre se multiplient aux États-Unis, r. nixon ouvre la voie à un accord en accep-tant le rapatriement total des troupes américaines en cas de cessez-le-feu et en renonçant à exiger l'évacuation du sud par les forces populaires. Après une ultime résistance du sudistenguyên van thiêu, qui refuse le maintien de forces communistes sur son territoire, et une suspension des pourparlers par hanoï, un accord de cessez-le-feu est signé à Paris le 27janvier 1973.

La fin de la guerre (1973-1975)le sud-viêtnam de thiêu et le nord-viêtnam communiste sont désormais seuls face à face. ilapparaît vite que le conseil national de concorde et de réconciliation prévu à Paris en atten-dant des élections est un leurre. à l'intransigeance de thiêu, qui lance un appel au combat,répond la détermination de hanoï à réunifier le pays par la force. dès octobre 1974, le nordconsidère officiellement les accords de Paris comme caducs et engage les préparatifs del'invasion. les conditions semblent favorables : malgré des effectifs importants et quelquescorps d'élite, l'armée sudiste est moralement fragile, à l'instar d'une population civile lasse,hostile à un pouvoir corrompu et atteinte par une pauvreté chronique. les États-Unis sedésintéressent de leurs anciens protégés, auxquels ils réduisent leur aide.

en mars 1975, les communistes lancent une nouvelle offensive d'envergure. Quang tri, huê,da nang sont abandonnées presque sans combat. thiêu quitte le pouvoir au profit de minh(21 avril). les blindés nord-vietnamiens mettent fin à des tentatives de négociations enentrant à saigon le 30 avril 1975. la réunification s'est réalisée sans la réconciliation promise,et la soumission du sud à la férule du nord s'est traduite par les drames de la rééducation etde l'émigration des boat people..

Page 20: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

6. RESSOURCESŒUVRE DE BERNARD-MARIE KOLTÈS

théâtre› les Amertumes, 1970 › la marche, 1970› Procès ivre, 1971 › l’héritage, 1972 › récits morts. Un rêve égaré, 1973› des voix sourdes, 1974› le jour des meurtres dans l’histoire d’hamlet, 1974 › sallinger, 1977› la nuit juste avant les forêts, 1977 › combat de nègre et de chiens suivi des carnets, 1979› Quai ouest, 1985 › dans la solitude des champs de coton, 1985› tabataba précédé de roberto Zucco, 1986› le retour au désert, 1988 › roberto Zucco suivi de tabataba, 1988› Fragments : coco, 1988 traduction› shakespeare, le conte d’hiver, 1988récits› la Fuite à cheval très loin dans la ville : roman, 1976 › Prologue, et autres textes, 1986scénario › nickel stuff, 1984 textes autobiographiques › Une part de ma vie : entretiens (1983-1989), 1999 › lettres, 2009comédien› l’Annonce faite à marie de Paul claudel, mise en scène hubert Gignoux, 1972, Festival de lacité carcassonne

Page 21: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

BIBLIOGRAPHIE

› Préface de sallinger, les éditions de minuit, Paris, 1998› dossier artistique de l’héliotrope, la compagnie mû

SITE INTERNET

› www.heliotrope-cie.com› www.bernardmariekoltes.com› www.leseditionsdeminuit.eu

Page 22: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

LES ÉCLAIRAGES AUTOURDE SALLINGERnotre théâtre et notre saison se construisent autour de spectacles qui questionnent lemonde d’aujourd’hui et interrogent l’humain. ce théâtre que nous voulons engagé et sen-sible va au-delà des seules représentations ; c’est aussi un lieu vivant, bruissant d’échangeset de réflexions, en résonance avec d’autres formes d’arts et de pensées. nous vous propo-sons ainsi de nombreux rendez-vous : les “Éclairages” où lectures, conversations, ateliers,rencontres, promenades, installations, expositions, récoltes et films font écho aux spectaclesde la saison. les Éclairages sont autant d’opportunités pour prendre le temps de débattre,d’approfondir ses connaissances, de se divertir ou de poser un regard nouveau sur un auteur,une œuvre, une pratique artistique, une culture. ils sont imaginés au foyer-bar, au cinémamais aussi hors les murs en collaboration avec de nombreux partenaires.› les Éclairages étant établis longtemps à l’avance, ils sont susceptibles d’évoluer en coursde saison, retrouvez tous les détails des Éclairages sur www.theatre71.com

ÉCLAIRAGE › CONVERSATION .BeRnARD-MARie KoLTÈS eT L’AMéRiQUe LATineSamedi 17 novembre, 17h au foyer-bar en 1977, B.-m. Koltès écrit sallinger à la demande du metteur en scène Bruno Boëglin avantde se retirer en Amérique latine pour nourrir ses écrits. depuis, la pièce a été montée parmichel didym, ex-directeur artistique de tintas Frescas en Amérique latine. Aujourd’hui Pauldesveaux en propose une création franco-argentine et partage, avec ces deux metteurs enscène, son regard sur cette pièce, au plus près des pas de l’auteur sur le continent sud-américain.entrée libre sur réservation 01 55 48 91 00

ÉCLAIRAGE › CINÉMAMeURTRe D’Un BooKMAKeR ChinoiS De John CASSAVeTeSDimanche 19 novembre, 20h30 au cinéma Marcel PagnolKoltès a passé plus de temps, selon ses dires, dans les salles obscures que dans les salles dethéâtre. sa pièce sallinger mise en scène par Paul desveaux a ce quelque chose dans l’écriture qui nous rapproche du septième Art comme une profondeur de champ, un cutbrutal, la forme des ellipses et des plans séquences. sallinger se passe à new York et le newYork cinématographique de Paul desveaux, c’est le film mythique de cassavetes : meurtred’un bookmaker chinois. cosmo vitelli vient de rembourser la dernière hypothèque de saboîte de nuit et fête l’événement à une table de jeux où il perd une très grosse somme d’argent. la pègre lui propose une alternative pour éponger sa dette : il doit assassiner unvieux bookmaker chinois devenu gênant. mais travailler pour le milieu est une entreprisebien périlleuse. la projection sera suivie d’une rencontre avec Paul desveaux.avec Ben Gazzara, morgan Woodward, timothy Agoglia carey, seymour cassel | 1978 | durée 1h49 | v.o.tarifs 5,10€ | 4,10€ tarif adhérentcinéma Marcel Pagnol 17 rue Béranger 92240 malakoff

Page 23: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

ÉCLAIRAGE › CONVERSATIONLe VRAi, Le FAUX eT LeS FAnTÔMeS | Samedi 19 janvier, 17h au foyer-bar du théâtre lieu par excellence de l’illusion et des apparences, le théâtre transcende le réel au-delà deslimites, figure le vrai pour faux et le faux pour vrai. il peut aussi se jouer de l’espace et du tempsavec des morts qui reviennent pour dialoguer avec les vivants. les metteurs en scène jacquesvincey (la vie est un rêve), Paul desveaux, Anton Kouznetsov (les Âmes mortes) et Benjaminlazar (cachafaz) débattent des moyens ingénieux à inventer pour surpasser l’invraisemblable des pièces et atteindre le vrai du théâtre.entrée libre sur réservation 01 55 48 91 00

Page 24: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

ACCÈSen raison des travaux de rénovation de la Place du 11 novembre, l’accès au Théâtre 71 peut-être soumis à quelques aménagements.

la salle du théâtre est accessible aux personnes à mobilité réduite. Pour mieux vous accueillir et faciliter votre placement, pensez à réserver 48 h au plus tard avant la date choisie et à vous signaler à l’accueil lors de votre venue.

métro 10 min de montparnasse, ligne 13 station malakoff-Plateau de vanves(à 3 min à pied du théâtre)bus 126 de la Porte d’orléans – arrêt Gabriel Péri-André coin,191 de la Porte de vanves – arrêt hôtel de villevélib à la sortie du métro malakoff-Plateau de vanves, face au théâtre rue jean-jaurèsvoiture périphérique porte Brancion puis direction malakoff centre-villeparking public rue Gabriel crié, entre le théâtre et la Poste

BARouvert avant et après les représentations, on peut y boire un verre et y déguster tartines,petits plats et desserts aux saveurs inspirées et cuisinés maison. Un endroit convivial où retrouver ses amis, les équipes artistiques et l’équipe du théâtre, assister aux brunchs, aux jazzamalak! et à certains Éclairages autour des spectacles.› si vous êtes nombreux, n’hésitez pas à réserver – Émilie Baboz 06 09 59 83 04

THÉÂTRE 71

M

Page 25: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

LE ROI DU BOIS Pierre Michon | Michèle Reverdy Sandrine Anglade 2 › 13 oct (théâtre musical)

DIEU EST-ELLE UNE PARTICULE�? Emma la clown 16 › 26 oct

UN TERRAIN ENCORE VAGUE Hervé Robbe | Richard Deacon 8 › 10 nov (danse)

SALLINGER Koltès | Paul Desveaux 13 › 24 nov

LES MAINS DE CAMILLE Les Anges au Plafond 29 nov › 8 déc (festival MAR.T.O. 13e édition 24 nov › 8 déc)

ECHOA Thomas Guerry et Camille Rocailleux 19 › 21 déc (danse et musique | dès 6 ans)

LA VIE EST UN RÊVE Calderón | Jacques Vincey 15 janv › 2 fév

SAVOIR-VIVRE Desproges | Michel Didym 5 › 9 fév

SLOGANS Hervé Robbe 13 et 14 fév (danse)

LES ÂMES MORTES Gogol | Anton Kouznetsov 19 › 23 fév

L’HOMME À TIROIRS d’après Melville | Jean-Yves Ruf 27 fév › 1er mars (dès 6 ans)

CACHAFAZ Copi | Oscar Strasnoy Benjamin Lazar 19 › 24 mars (opéra)

EN APARTÉ Cie étantdonné 27 › 29 mars (danse | dès 6 ans)

POÈTE, VOS PAPIERS�! Léo Ferré | Yves Rousseau 4 avril (musique)

ART MENGO 6 avril (festival Chorus)

FAUT PAS PAYER�! Dario Fo | Joan Mompart 10 › 25 avril

LES COULEURS Pierre Étaix | Yves Rousseau 15 › 17 mai (théâtre musical et peinture | dès 4 ans)

THÉÂTRE 71 SCÈNE NATIONALE

© m

alte

mar

tin a

telie

r gra

phiq

ue

assi

sté

par

vas

silis

kal

oky

ris

| lic

ence

d’e

ntr

epre

neu

r de

spec

tacl

e 1-

1046

261,

2-1

0462

62, 3

-104

6263

Le Théâtre 71 Scène Nationale de Malakoff est subventionné

Page 26: S dossAier PÉdLAGoGLiQUeINGER - theatre71.com · gigantesques du vietnam et de la corée. à l’écart de tous les piétinements, le rouquin, déjà mort, sourit. ... trois recueils

SAIS17THÉÂTRE

RANCIONBTEORPHÉRIQUEPÉRIP|BREMVEON11DUCEPLA3

WWW00 9148 55 10TIONALAATIONALENSCÈNE

31.21ONS

RANCIONANVEVVANVEDEUTEAPLAATEA-OFFMALAKºM

MOC.17TRETHEAATRE.WWWOFFMALAKDETIONALE

SANVE