Si Systemes Hypothetiques Grec Ancien

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    Morphologie, syntaxe et smantique

    des subordonnants

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    Maison des Sciences de lHomme4, rue Ledru 63057 Clermont-Ferrand Cedex 1

    Tel. 04 73 34 68 09 Fax 04 73 34 68 [email protected]

    www.pubp.frDiffusion en librairie : CiD en ligne : www.lcdpu.fr

    Ouvrage publi par le LRL, Clermont-Ferrand

    Maquette de couverture :Conception et ralisation Bernard GRUET

    ISSN 1960-3479

    ISBN (papier) 978-2-84516-525-0ISBN (.pdf) 978-2-84516-526-7

    Dpt lgal : troisime trimestre 2013

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    Morphologie, syntaxe et smantique

    des subordonnants

    Sous la direction de

    Colette BODELOT, Hana GRUET-SKRABALOVA

    & Franois TROUILLEUX

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    Comit de Lecture

    Jos Miguel BAOS BAOS, Universidad Complutense de Madrid, Espagne

    Michle BIRAUD, Universit Nice-Sophia Antipolis, France

    Colette BODELOT, Universit Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, France

    Joseph DENOOZ, Universit de Lige, Belgique

    Hana GRUET-SKRABALOVA, Universit Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, France

    Gabriela MATOS, Universidade de Lisboa, Portugal

    Federico PANCHN, Universidad de Salamanca, Espagne

    Georges REBUSCHI, Universit Sorbonne nouvelle, Paris III, France

    Hannah ROSN, Universit hbraque de Jrusalem, Isral

    Olga SPEVAK, Universit de Toulouse II-Le Mirail, France

    Franois TROUILLEUX, Universit Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, France

    Annie ZAENEN, Xerox Palo Alto Research Center, tats-Unis

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    Morphologie, syntaxe

    et smantique des subordonnantsRsum. Le volumeMorphologie, syntaxe et smantique des subordonnantsras-semble vingt-huit articles prsentant des regards croiss sur cette catgorie gram-maticale. Les langues tudies sont trs diverses, avec des reprsentants de plu-sieurs des grandes familles mondiales : smitique, basque, malgache, japonais, et,dans la famille indo-europenne, des langues des classes hellnique, italique, ger-manique et slave. Les approches proposes varient sur laxe temporel, avec destudes en synchronie sur des langues modernes ou anciennes, et des tudes seconcentrant sur des aspects diachroniques ; elles varient aussi sur laxe des mthodes,avec des tudes qualitatives ou quantitatives , sur des corpus construits ou -sions morphologique, syntaxique et smantique qui donnent son titre au volume,mais aussi dans les dimensions pragmatique et stylistique, contribue dresser untableau des subordonnants la fois large, par la pluridisciplinarit dans le champ

    Mots-cls. subordonnant, catgorisation, grammaticalisation, typologie, analysede corpus.

    Abstract. The volume Morphologie, syntaxe et smantique des subordonnantsputs together 28 articles examining from different points of view the grammatical

    category of subordinators. The languages studied are very diverse, withrepresentatives of several of the major families of the world: Semitic, Basque,Malagasy, Japanese, and in the Indo-European family, languages from the Hellenic,

    Italic, Germanic and Slavic classes. The proposed approaches vary on the timeaxis, with synchronic studies on modern and ancient languages, and studies whichconcentrate on diachronic aspects; they also vary on the methodological axis, withqualitative or quantitative studies, on constructed or attested corpora. Finally,the diversity of the questions raised, not only with respect to the morphological,

    syntactic and semantic dimensions which give its title to the volume, but also on

    the pragmatic and stylistic dimensions, contributes to draw up a view of subordinators

    thanks to the specialization of each article.

    Keywods. subordinator, categorization, grammaticalization, typology, corpusanalysis.

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    Morphologie, syntaxe

    et smantique des subordonnants

    Remerciements 13

    Colette BODELOT, Hana GRUET-SKRABALOVA

    & Franois TROUILLEUX

    15

    Prsentation

    Section I

    Subordination : frontires et perspectives typologiques

    David GAATONE 25

    Subordonnants et enchsseurs

    Yayoi NAKAMURA-DELLOYE 39

    Subordonnants japonais :

    Dominique KLINGLER 55

    Toen japonais :

    Roland HOFFMANN 73

    Anna MARTOWICZ 93

    Carlotta VITI 115 cum inversum

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    Sommaire

    Section II

    Identification et rles des complmenteurs

    travers les langues

    Elitzur A. BAR-ASHER SIEGAL 133

    Dimitrios NTELITHEOS 151

    Det as Comp

    Hana GRUET-SKRABALOVA 167

    Le statut de

    Delphine VIELLARD 183

    Eefje BOEF 191

    Georges REBUSCHI 209

    Lidia MILADI 225

    Le subordonnant

    Section III

    Catgorisation et volution

    des subordonnants en franais

    Mylne BLASCO-DULBECCO 243

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    Sommaire

    Mireille BILGER & Paul CAPPEAU 259

    alors que

    Thomas VERJANS 275

    Sabine LEHMANN 293

    introduisant une conscutive : un aperu diachronique

    ric TOURRETTE 313Pour peu que

    Section IV

    Hypothse / condition et comparaison

    dans les langues anciennes

    Camille DENIZOT 331

    Emmanuel DUPRAZ 351

    perse

    Colette BODELOT 365

    si

    Anna ORLANDINI & Paolo POCCETTI 381

    Guillaume GIBERT 397

    QVOT

    Sophie VAN LAER 411Vt

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    Section V

    Corpus, variations et style en latin

    Joseph DENOOZ 427

    Dominique LONGRE, Caroline PHILIPPART DE FOY& Grald PURNELLE

    445

    Federico PANCHN 463 uti

    Carole FRY 477

    Section VIRsums / Abstracts

    Rsums 495

    Abstracts 509

    Sommaire

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    Section IV

    Hypothse / condition et comparaison

    dans les langues anciennes

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    Morphologie, syntaxe et smantique des subordonnants Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2013

    ISBN (papier) 978-2-84516-525-0ISBN (pdf) 978-2-84516-526-7

    1

    Camille DENIZOTUniversit Bordeaux III

    1. IntroductionEn grec ancien, le grammme (que lon peut souvent traduire par

    si ) est polysmique et assume des rles syntaxiques divers. Dans samonographie sur les conditionnelles du grec ancien, Wakker (1994 : 412)parle dune forme camlon, dont la fonction de base (une fonction dis-

    jonctive) sadapte aux diffrents contextes dans lesquels elle sinsre.Cette diversit smantique et pragmatique se double dune diversit sur -donnants (pour introduire des interrogations indirectes, par exemple) etdes emplois clairement non subordonnants (pour introduire le souhait,notamment). Dans son usage le plus emblmatique, il sagit du gram-mme introduisant la protase dun systme conditionnel. Dans ce cas,lanalyse classique fait de un subordonnant introduisant la protase,lapodose constituant la proposition principale dune phrase complexe.

    quelles en soient vivement remercies. Ma gratitude va galement C. Schnedeckerpour ses suggestions et E. Dupraz pour ses remarques sur une premire version dece texte.

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    Camille DENIZOT

    Cest cet emploi dans les systmes hypothtiques que nous souhai-

    des systmes hypothtiques coordonns. En effet, dans certaines occur-rences du grec ancien, malgr la prsence de , la protase et lapodosedu systme hypothtique semblent marques par une coordination2. Cette la description de comme une conjonction de subordination dans cespropositions hypothtiques. Aprs un expos des donnes, nous tente-rons dexpliquer ces exemples paradoxaux sur le plan smantico-prag-matique, puis sur le plan syntaxique.

    2. Les donnes du problme

    Dans le cas le plus net, la protase et lapodose sont coordonnes par . Les exemples se trouvent en petit nombre, prin-cipalement dans la posie archaque et chez Hrodote :(1) Il.23. 558-559 : Achille rpond Antiloque qui refuse que son prix

    revienne Eumle

    Antiloque, si dun ct () tu me demandes de donner Eumle quelquechose dautre venu de chez moi, eh bien moi dun autre ct (), cestgalement ce que je vais faire.3

    sont employes pour coor-donner des lments de mme rang syntaxique, ce qui interdit de fairede la protase une proposition subordonne. Tout se passe donc commesi les deux propositions taient relies par des marques contradictoires,par une coordination et par un subordonnant. Les exemples ne sont pastrs nombreux et sont limits deux types de textes, la posie archaqueet la prose historique dHrodote4. On les trouve en effet dans lIliade

    dans le diptyque hypothtique la proposition avec et la proposition sans . Mme -tyque, ces deux termes ont le mrite de ne pas prjuger du statut syntaxique des deux

    propositions, en ne retenant que le critre positionnel.3 Sauf mention contraire, toutes les traductions sont des traductions personnelles.

    4 Cette rpartition indique-t-elle quil peut sagir dun trait dialectal (ionien) ? Lexemplede Pindare ne va pas dans le sens de cette interprtation. Ruijgh (1971 : 726) expliquelabsence de la tournure chez les auteurs classiques par son caractre syntaxiquement

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    (9.262 ; 9.300 ; 23.558), dans un hymne homrique (H. Aphr.145), unefois dans le thtre dEschyle (Eum. 885) et chez Pindare (Ol. 3.42), et

    sept fois chez Hrodote (1.191.185

    ; 3.36.23 ; 3.49.1 ; 4.126.4 ; 5.73.10 ;6.30.1 ; 7.160.10). Dans huit occurrences sur treize (cest--dire dansla totalit des occurrences de posie et dans deux occurrences dHro-dote), ces systmes hypothtiques se trouvent dans un discours et nondans un rcit. Dans six de ces exemples, on relve dautres particulesnonciatives par lesquelles le locuteur insiste sur la vracit de la propo-sition : il sagit dans la protase de (Hdt. 1.191.18 ; 3.49.1 ; 6.30.1)et de (Il. 23.558), et dans lapodose de (Pdare Ol. 3.42) et de (Esch.Eum. 885).

    Avec treize occurrences, le tour nest pas trs frquent, mais le faitquil soit possible nous semble rvlateur. En effet, les particules /peuvent sappliquer diffrents niveaux (syntagmes ou propositions danslorganisation syntaxique de la phrase, voire groupe de propositions danslorganisation textuelle), mais elles mettent en parallle des lments demme statut. lpoque classique, ces particules servent trs rguli-rement coordonner deux propositions appartenant la protase ; on entrouve dj des exemples dans les pomes homriques comme en (2): (2) Il. 12. 67-70: Polydamas explique les risques quil y aurait sengager

    dans le foss Car siZeus qui gronde en haut leur veut du mal et cherche les dtruireentirement, et sil dsire protger les Troyens, dans ce cas, moi je vou-

    drais bien quil arrive tout de suite que les Achens meurent inconnusici, loin dArgos.

    La protase comporte deux propositions coordonnes par /, le ( vrai-ment ). La coordination par /permet ainsi de dresser larchitecture

    paradoxal : Probablement, cet emploi tait senti comme une construction contamine(subordination : coordination) et par consquent moins correcte, du moins partir de

    lattique du Ve

    sicle. 5 Il est vrai que dans cette occurrence est une correction de Palm (en tte de

    ) posent de graves dif- le contexte.

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    syntaxique de la phrase. Il existe cependant des cas problmatiquescomme dans (3):

    (3) Il. 9. 300-303 : Ulysse tente de convaincre Achille de revenircombattre malgr ses griefs

    Si lAtride est encore plus odieux ton cur, lui et ses prsents, [*etque] toi, prends du moins en piti les autres Panachens souffrant danslarme qui thonorent comme un dieu ;car dans ce castu leur fourni-

    rais une trs grande gloire.Du point de vue des coordinations, (3)semble trs proche de (2):

    , avant lem- . Or, le sens interdit de faire des deux pro- deux propositions appartenant la pro-tase : la proposition introduite par nenvisage pas les consquencesdes deux propositions prcdentes, mais seulement de la deuxime, quiconstitue donc lapodose (la gloire attendue provient seulement de la

    piti prouve pour les autres Achens). Nous retrouvons en fait dans et une apodose coordonnes par /.

    Pour expliquer cette situation paradoxale, il nous semble essentielde distinguer soigneusement dans lanalyse le niveau syntaxique et leniveau pragmatique. Comme le souligne Comrie (1986 : 87), le marquagede la protase (ou de lapodose selon les langues) nimplique pas nces-sairement que lune dpende de lautre. Dans des phrases comme Un

    seul tre vous manque et tout est dpeupl ou Quil essaie seulementet il verra ! , le fait que la premire proposition constitue la condition syntaxique6. Cest ce quont montr des chercheurs se situant dans descadres conceptuels diffrents. Dans une perspective modulaire de lalangue, Culicover et Jackendoff (1997) ont par exemple montr, partirdune hypothse non marque comme One more can of beer and I amleaving, que dun point de vue syntaxique, il sagissait bien dune coor-

    dination, et que la subordination, relle si on considre par exemple les6 Il en existe des exemples en grec ancien, pour deux propositions en parataxe (Dm. 18.

    274. 3-8 : [] : quelquunest volontairement coupable : colre et chtiment contre lui [] ).

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    phnomnes danaphore entre les deux propositions, se situait seulementsur le plan smantique. De la mme manire, mais dans une approche

    macro-syntaxique, Corminbuf (2009) rvalue la notion dhypothseen franais, prcisment partir de ce type dnoncs sans marqueur si : il montre trs clairement que la distinction entre micro-syntaxe(la syntaxe de la phrase), qui permet de rendre compte de la coordinationou de la parataxe, et macro-syntaxe (le niveau pragmatique des relationsentre noncs), qui permet de dcrire avec des outils adquats ces ph-nomnes dhypothse, est ncessaire pour une description correcte de cetype dnoncs. Nous distinguerons donc dans notre explication les don-nes smantiques et pragmatiques dune part, et syntaxiques dautre part.

    3. Le plan smantique et pragmatique

    Sur le plan smantique et pragmatique, les deux marques (le sys-tme hypothtique caractris par et la coordination /) ne sontpas contradictoires mais convergent.

    Les tudes typologiques portant sur les langues modernes ont bien

    montr quune proposition thmatise pouvait se charger dune valeurhypothtique sans quil soit ncessaire de transposer cet effet de senssur le plan syntaxique en supposant une subordination. Certains auteursont mme pens pouvoir gnraliser cette caractristique, en reconnais-sant que les conditionnelles taient des topiques, pour gloser Haiman(1978)7. Certaines langues en effet marqueraient de la mme manireles conditionnelles et les topiques, ce qui correspondrait une conver-gence smantique. Cette gnralit a t conteste, ne serait-ce queparce que certaines langues peuvent employer des propositions hypo-thtiques (souvent lorsquelles ne sont pas en tte de phrase) en posi-tion focale. Le grec ancien fait partie de ces langues, comme la nette-ment montr Wakker (1994 : 68)8. On pourrait dire plus prudemmentquune proposition en fonction de thme est susceptible dtre employeavec une valeur hypothtique, dans la mesure o lhypothse peut treconsidre comme la mise en place dun cadre de discours, au sens de

    7

    a part of knowledge shared by the speaker and the listener. As such, it constitutesthe framework which has been selected for the following discourse.

    8 Elle cite en particulier Pl. Prot. 333 d 5-8 et Eur.Hl. 815-817. Ces exemples sontrares mais le fait quils soient possibles est particulirement remarquable. Pour unbilan critique de larticle de Haiman, voir notamment Corminbuf (2009 : 80-86).

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    illocutoires : tout dabord demander lauditeur dimaginerp ; puis une q.

    Il en va de mme dans les systmes hypothtiques du grec ancien quenous tudions, puisque le lien qui unit ces deux actes de langage dis-tincts peut tre explicit grce la coordination /12. On pourraitsimplement se demander pourquoi deux marques diffrentes, le gram-mne et la coordination /sont employes, alors quelles sontredondantes. Un examen des occurrences concernes montre quatretypes demplois, qui sont troitement lis aux emplois habituels de lacoordination en /:

    les particules /peuvent permettre dinsister sur le contrasteentre deux constituants de chacune des deux propositions concer-nes, quil sagisse de pronoms personnels (Il.9.262) ou de syn-tagmes nominaux (Hdt. 7.160.10) ;

    lemploi de dans la deuxime proposition peut permettre desouligner un changement de thme, le plus souvent un changementde participant (Il. 9.300 ; 23.558 ;H. Aphr. 145 ; Hdt. 5.73.10) ;

    peuvent mettre en vidence une valeur conces-sive ( sil est vrai que, cependant , comme enIl. 9.300) ;

    dans quatre cas, lun des deux membres du systme hypothtiquecomprend une forme verbale valeur directive, ce qui expliqueque le locuteur puisse ressentir la ncessit de souligner le liensyntaxique entre la protase et lapodose (avec impratif dans laprotase :Il. 9.262 ; avec une forme directive dans lapodose : unimpratif enIl. 9.300, un potentiel en Esch.Eum. -nitif directif en Hdt. 4.126.4)

    /

    et pragmatique, mais au niveau syntaxique, puisque, daprs la descrip-tion qui est donne, il semble que la protase soit la fois subordonne(par ) et coordonne.

    12 Remarquons que ce cadre thorique permet de rendre compte de manire satisfaisante (devant un optatif de souhait ou devant un imp-ratif dans les pomes homriques), ainsi que des emplois moins nettement non subor- ).

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    4. Le plan syntaxique

    Avant de sinterroger sur le statut syntaxique de la protase coor-donne, il convient de prvenir une objection : on pourrait se demanderdans quelle mesure il y a bien coordination, puisque nous avons vu que lebalancement /avait surtout une fonction pragmatique et discursive.

    4.1. Deux propositions coordonnes

    aux corrlats anapho-riques du type dune part/dautre parten franais ; or, ceux-ci ne sont

    pas ncessairement coordonnants. Combettes (1998 : 53-54) signaleque ces corrlats anaphoriques peuvent tre prsents dans le systmehypothtique, et note que dans ce cas dautre part fonctionne commeune marque de topicalisation, cest--dire avec une fonction trs prochede . De fait, comme dune part... dautre part..., le balancement /a rgulirement une fonction de marque squentielle, qui dcoupedes paquets textuels et les rattache lun lautre, pour reprendre la des-cription quen a donne Schnedecker (1998). Un indice de ce fonction-nement en grec mme se voit au fait que la particule peut se trouveren tte dune proposition principale, dans une phrase complexe. Les apodotique , puisquedans le diptyque principale/subordonne, cest la principale qui estmarque. On peut admettre que nest pas coordonnant et cest unepossibilit quvoque Ruijgh (1971 : 647-648)13. Quant Denniston(1950 : 177-181), il classe ces emplois sous la rubrique non-connec-tive, et accumule des donnes nombreuses, avec des propositions rela-tives, temporelles, comparatives, causales, et conditionnelles. Parmi les

    exemples cits se trouvent galement des particules prpares parun 14. Bakker (1993) a donn ce fonctionnement une explication

    13 Historiquement, serait en effet issu de , particule adverbiale. Ruijgh (ibidem) apo-dotique est proche de celle de coordonnant : dans les deux emplois, marque ledbut dune phrase nouvelle ). Dans le cas particulier des systmes hypothtiques,il penche pour un statut coordonnant en raison du caractre syntaxiquement indpen-

    dant de lapodose (dans une perspective qui fait driver la protase du systme hypo-thtique de lexpression du souhait).

    14 Par exemple,Il. 23.321 ou Hdt. 7.188.3 pour une proposition relative ; Hdt. 2.149.20pour une proposition temporelle. Chantraine (1953 : 515 et 521) cite quelques occur-rences homriques supplmentaires.

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    pragmatique et non syntaxique, puisque permettrait de marquer unefrontire discursive.

    apodotique dans dautres types de proposi-tions pourrait tre un argument pour relativiser le caractre coordon-nant du balancement /dans les exemples qui nous occupent. Pourrpondre cette objection, il faut souligner quil existe dautres formesde coordination que par /entre une protase et une apodose. Il car, avec ce terme,lemploi adverbial ( mme ) est possible et frquent15. On peut toutde mme citer, la suite de Denniston (1950 : 534), les vers hom-

    riques en Od. 11.111 et 12.138, entirement identiques, lexceptionde la coordination en tte de lapodose ( / ) : que puisse commuter avec semble indiquer quil sagit bien dunecoordination. Surtout, on peut relever des exemples o la protase etlapodose sont bel et bien coordonnes avec /. Chantraine (1953 : 515) cite ainsiIl. 1.80-81, 4.160-161. Dans ces exemples, la coordi- 16. Onremarquera cependant que est une coordination qui est rarementemploye seule : son emploi dans la protase fait attendre une apodose, fait attendre une pro-position caractrise par .

    Si la coordination ne peut pas tre remise en cause, il est donc nces-saire de tenter dexpliquer le statut syntaxique de dans un systmehypothtique coordonn. Pour claircir le statut de ce grammme, lty-mologie peut fournir un point de dpart. En effet, il sagit probablementdun locatif bti sur un thme de dmonstratif, devenu proclitique en segrammaticalisant17. lorigine, la forme aurait le sens de en ce cas ,et devait donc tre considre comme un syntagme adverbial au sein dela proposition quil introduit18. Mme si largument tymologique neprjuge pas de la ralit des emplois dans la synchronie du grec ancien,cette origine nous invite rechercher les indices qui montrent que ce

    15 Le grec nest pas isol : en russe, daprs Paykin (2009 : 93-94), les structures com-paratives peuvent tre marques (quil sagisse de lun ou de lautre membre) par i,et dans ce cas la coordination est employe comme une marque dintensit.

    16 Ruijgh (1971 : 726), qui a particulirement montr le caractre adverbial de en grec principales coordonnes.

    17 Voir Chantraine(1999 : s.u.).

    18 Ce qui correspond par ailleurs aux analyses du si franais (voir Muller, 1996 : 213-214).

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    grammme fonctionne en premier lieu comme un cataphorique dans lessystmes hypothtiques, si lon se tourne vers le niveau de la phrase et

    non plus de la proposition. Cette analyse pousse chercher du ct dela corrlation plutt que de la subordination.

    De fait, dans la corrlation, comme le souligne Joffre (2004), le lienlogique qui se dgage de la coexistence des deux parties de la phrase estsuscit par les lments lexicaux et notionnels prsents dans lnonc etnon par un lien de dpendance syntaxique19. Pour notre tude qui sap-

    puie sur des exemples o la dpendance entre protase et apodose semblebien provenir de donnes smantiques et non syntaxiques, le parallleavec la corrlation pourrait tre sduisant. Cette analyse du systmehypothtique comme une corrlation est parfois dfendue en latin, ole grammme repose galement sur un ancien locatif (sei), provenantdun thme de dmonstratif lui aussi ; mme si ce thme de dmonstratifest diffrent dans les deux langues, le matriel morphologique employdans les systmes hypothtiques est comparable. Sappuyant sur lana-

    lyse classique de Haudry (1973), Fruyt (2004 : 20-22 et 2005 : 20-21)considre ainsi quen latin, le systme hypothtique reposerait lori-gine sur une structure corrlative corrlats indiffrencis ( , ainsi... ainsi... )20. On peut chercher si de telles corrlations existenten grec ancien. On trouve en effet des exemples o lapodose dbute parun dmonstratif, sur un autre thme morphologique : (4) Il. 15. 49-52 : Zeus rpond Hra, prte ramener Posidon la raison

    Ah!si dsormais, auguste Hra aux grands yeux, tu tais assise avec lesimmortels avec des penses gales aux miennes, alorsPosidon, mme

    19 La mme ide est dj exprime, quoique moins nettement, par Haudry (1973 : 152-153) dans son tude fondatrice sur la corrlation dans les langues indo-europennes.

    20 Notons que selon cet auteur, cette structure corrlative dans les systmes hypoth-

    tiques a t rinterprte en latin selon le schma dominant subordonne/principale,faisant du premier corrlat si un subordonnant par rinterprtation et grammaticalisa-tion. Dans notre perspective, nous essayons de comprendre comment expliquer la pro-tase du systme hypothtique, prcisment sans faire appel la subordination, puisquenous disposons en grec dexemples clairs montrant que la coordination est possible.

    Camille DENIZOT

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    sil voulait autrement, changerait aussitt son esprit pour saccorderavec ton cur et le mien.

    La corrlation semble se faire avec un dmonstratif, probablementun ancien instrumental dans lexemple (4). On peut trouver de la mmemanire des exemples avec (Il. 24. 660) ou avec (Platon,Gorgias ( ensuite, donc ) est particulirement frquent dans ce rle. On noteraque ce type de corrlation plaide pour lanalyse de comme syntagmeadverbial dans la proposition quil introduit, si lon en juge par la naturedu dmonstratif avec lequel il est corrl.

    De cette description procderait un modle corrlatif avec deuxpropositions qui se rpondent sans quil soit ncessairement besoin deparler de subordination. Dans ces conditions, le grammme seraitun simple cataphorique et non un subordonnant. Cependant, ramener -cults syntaxiques. Notons tout dabord que nous navons pas de tracesen grec ancien de lemploi de avec un sens proche de ainsi et unevaleur anaphorique dans une apodose, ce qui constituerait un argument

    en faveur de lhypothse corrlative21

    . Surtout, les systmes hypoth-tiques que nous considrons ne correspondent pas la description tradi-tionnelle dune corrlation. En effet, deux critres semblent caractriserune corrlation : la co-occurrence de marqueurs dans les propositionscorrles et linterdpendance de ces propositions22. Or, dans la plupart ne correspond aucun ana-phorique dans lapodose : la protase et lapodose sont seulement excep-tionnellement marques par des grammmes co-occurrents. De plus, la

    21 En latin, est souvent cit PlauteMost. 1173, o lon observerait un emploi de si commeanaphorique, avec le sens de ainsi . En grec, un tel emploi pourrait ventuellementfournir une explication pour les occurrences o est employ devant un impratif. notre connaissance, cette hypothse na pas t avance. Une explication anciennevoit dans cet emploi de une forme archaque dimpratif du verbe aller (voir endernier lieu Dunkel, 1985, repris par Lamberterie, 2006). Pour un examen critique decette hypothse, voir Wakker (1994 : 390-391) et Denizot (2011 : 87-90).

    22 Voir Allaire (1982) ; mmes critres chez Choi-Jonin (2009). Haudry (1973 : 154)remarque parmi les procds de rechange et de substitution des termes corrlatifs la

    possibilit que lun des termes corrlatifs fasse dfaut. On pourrait considrer que dansce cas il sagit davantage de subordination que de corrlation. Quoi quil en soit delanalyse de ces exemples, la co-occurrence de marqueurs dans les propositions cor-rles ne semble pas un critre indispensable, alors que linterdpendance des propo-

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    protase et lapodose ne sont pas interdpendantes en grec ancien. Lesphnomnes de discordances modales et temporelles entre la protase et

    lapodose sont bien connus en grec ancien et plaident contre lide duneinterdpendance des deux propositions. En outre, il faut souligner le faitque la protase est souvent compare lexpression du souhait (o lon ). En effet, lexpression du souhait (une proposition ind- , le plus souvent accom-pagn dune particule) est souvent considre comme une origine du sys-tme hypothtique : la particule de souhait se serait grammaticalise engrammme marqueur de la protase partir des occurrences nombreuseso le souhait est suivi (ou prcd) dune proposition indiquant ce quise passerait si un tel souhait tait ralis. On serait pass de Puisses-tuvenir ! Je serai heureux Si tu venais, je serais heureux. Il est vrai quelexplication diachronique inverse existe galement : les souhaits seraientalors issus de lexpression de lhypothse23. Quelle que soit lorientationdu lien diachronique entre le souhait et lhypothse, il est important desouligner que la protase du systme hypothtique est rapproche par leshellnistes de propositions exprimant le souhait, cest--dire de proposi-tions indpendantes o le grammme ne peut tre considr ni comme

    un subordonnant, ni comme un terme corrlatif.La notion de corrlation ne semble pas rendre compte de bien des

    systmes hypothtiques du grec ancien : les deux termes censmentcorrls, la protase et lapodose, ne sont pas marqus par des gram-mmes co-occurrents, et, surtout, ne semblent pas interdpendants,mme si une relation smantique sinstaure ncessairement entre eux.Ce constat nous amne rechercher une explication qui prenne encompte la relative indpendance syntaxique de la protase dans un sys-

    tme hypothtique.

    4.3. La protase, constituant extra-propositionnel ?

    Nous nous appuyons sur les travaux de Wakker (1994 : chap. 3), qui, lissue dun examen dtaill des donnes grecques, parvient la conclu-sion que, sur le plan syntaxique, les protases dans les systmes hypoth-tiques relvent le plus souvent desECCs (Extra Clausal Constituents),

    23 Pour un expos critique de ces deux thories, voir Wakker (1994 : 386-392). Sa pr-frence va la deuxime possibilit (le souhait issu de lhypothse), surtout pour desraisons typologiques.

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    dans la perspective fonctionnelle de Dik (1997 : chap. 17)24. Comme in conformity with the semantic

    characterization of conditionals as satellites, most initial if-clausesare extra-clausal constituants with Theme-like characteristics. Cettecaractrisation syntaxique est particulirement adapte aux systmeshypothtiques o la protase est place en tte de phrase, ce qui est pr-cisment le cas des exemples problmatiques que nous discutons25.

    Cette approche syntaxique nous semble rendre compte de maniresatisfaisante des systmes hypothtiques. Elle permet dexpliquer sim-plement les cas frquents o le systme hypothtique est marqu

    par une rupture nonciative, lorsque lapodose est constitue par un actedirectif ou une interrogation, comme en (5).(5) Il. 10. 242-243: Diomde rpond Agamemnon

    , ;Si vous me demandez de choisir moi-mme mon compagnon, commentdonc oublierais-je le divin Ulysse ?

    Sur le plan smantique et pragmatique, la protase pose le cadre dans

    lequel lapodose prend son sens, en construisant un monde possible ; surle plan syntaxique, cette protase marque par un qui reste en suspensna aucun rapport avec lapodose. Lunit du systme hypothtique estdordre nonciatif et non syntaxique26.

    En grec ancien, nous manquons de critres linguistiques pour prouverlindpendance syntaxique dune proposition en raison du trs faiblemarquage de la subordination. Deux arguments peuvent tre avancs.Lun est dextension limite car il ne concerne que quelques cas margi-

    24 Ce terme dsigne des syntagmes qui se comportent comme des fragments de proposi-

    tions. Ils ont trois caractristiques : ils sont spars du reste de la phrase par une pauseprosodique ; ils ne sont pas ncessaires pour que la phrase soit correctement forme ;ils ne sont pas soumis aux rgles grammaticales de la phrase elle-mme, mme si desphnomnes de corfrence peuvent tre observs.

    25 Wakker (1994 : 71) remarque quil existe des propositions en qui peuvent tredavantage intgres syntaxiquement dans la phrase, mais celles-ci ne sont jamais entte de phrase, ce qui correspond une tendance plus gnrale des satellites adver-

    biaux (voir Dik et al., 1990 : 52-53).26 Cf. Vairel (1982 : 10) : Dans si A, B, le rapport conditionnel ne stablit pas entre le

    contenu de A et celui de B, cest--dire entre les situations dnotes respectivementpar la subordonne et par la principale. Il stablit entre lacte de supposer A, cest--dire supposer la ralit de la situation A, et celui dnoncer B.

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    cest--dire la mme forme verbale que dans une proposition indpen-dante27. Cet argument ne saurait tre dcisif dans la mesure o Hrodote

    style indirect, mais, comme le signalent Bertocchi, Maraldi et Orlandini(2006 : 56), le mme phnomne sobserve en latin.

    Lautre argument est dextension plus large. Il nous semble en effetquun argument en faveur du statut dECC de la protase se trouve prci-sment dans les exemples qui comportent un dmonstratif pointant versla protase. Ces exemples, selon nous, ne prouvent pas que les systmeshypothtiques sont des corrlations, ni que la protase peut tre compare

    une proposition relative, vers laquelle peut pointer un anaphorique28

    .Lexemple (1), redonn ci-dessous nous servira de support, mais le mmeraisonnement sapplique dans tous les exemples :(1) Il.23. 558-559 : Achille rpond Antiloque qui refuse que son prix

    revienne Eumle

    Antiloque, si dun ct () tu me demandes de donner Eumle quelquechose dautre venu de chez moi, eh bien moi dun autre ct (), cest

    galement ce que je vais faire.

    (neutre singulier) est susceptible de pointer ana-phoriquement vers une proposition et on pourrait penser quil sagit ldun argument assez fort pour faire de la protase une proposition rela-tive vers laquelle un dmonstratif peut pointer anaphoriquement. Or, ilest intressant de remarquer que la reprise pronominale indique prcis-ment que la protase na pas la fonction dun syntagme nominal. Commela remarqu Muller (1996 : 213-216), le pronom ne pointe pas vers la

    protase, mais vers le contenu propositionnel de celle-ci. En franais,dans une phrase comme Si lascenseur est en panne, signalez-le auconcierge , le pronom renvoie la proposition qui prcde mais sansle si (le = lascenseur est en panne) : le pronom renvoie uniquement aucontenu propositionnel de lhypothse qui a t pose, et non la propo-sition hypothtique elle-mme. Pour le dire autrement, cette apodose estlquivalent de Signalez au concierge que lascenseur est en panne (ocest bien le contenu propositionnel de la protase qui devient argument

    27 LeLSJ cite ainsi Hdt. 1.129, 2.64 et 3.105.

    28 Cest lanalyse de Basset (1989 : 244) : se comporte comme un adverbe relatifde relative dterminative subordonnant .

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    du verbe) et non Signalez au concierge si lascenseur est en panne (qui ferait effectivement de la protase un argument verbal). De la mme

    manire, en (1), le pronom pointe anaphoriquement uniquement vers - chose dautre venu de chez moi ). Le lien anaphorique stablit avec legroupe verbal sans son sujet, et a fortiorisans englober . Limpossibilitquun lment anaphorique pointe vers lensemble de la protase, gram-mme compris, est rvlatrice du statut syntaxique de la protase dansles systmes hypothtiques29.

    Il en va de mme en grec ancien dans les structures si..., ainsi... daprs nos relevs. Cest ce que montre lexemple suivant :(6) Il. 24. 660 : Priam remercie Achille de lui permettre de donner des

    funrailles Hector ,

    ,, .Si vraiment tu consens que jachve les funrailles du divin Hector, enagissant ainsi, Achille, tu agirais trs agrablement.

    ne pointe pas vers len-semble de la protase, mais seulement vers son contenu propositionnel ( en fai-sant ) : ce quAchille ferait, ce serait de laisser Priam achever les fun-railles dHector, cest--dire en grec - . Le sens exclut de prendre en compte le grammme dans la porteanaphorique de ladverbe . Ces remarques ne prjugent pas de ceque lon observe en latin, mais en grec mme, nous navons pas trouvdexemple o un anaphorique de lapodose pointerait vers lensemblede la protase. cet gard, les exemples cits par Biraud (1991 : 186) necontredisent pas notre analyse : ils comportent un dmonstratif comme, lequel peut reprendre le contenu propositionnel dune protase (etnon lensemble de la protase, avec le grammme pourvu de sa valeurdisjonctive et suspensive).

    29 Denniston (1950 : 180) note : [] the apodosis usually opens with a pronoun.Dans tous les exemples cits, les pronoms concerns rfrent un des actants prc-demment nomms et jamais lensemble de la protase.

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    5. Conclusion

    lissue de cet examen, peut-on rendre compte des exemples para-doxaux de systmes hypothtiques coordonns ? Sur le plan smantique, est un oprateur qui permet de poser un cadre de discours imaginaire ausein duquel le reste de lnonciation vient prendre son sens. Cette carac-trisation permet de rendre compte des protases des systmes hypoth- mais galement des emplois non subordonnants. Sur le plan syntaxique, cet introduit et il permet de poser une proposition comme un satellite adver-

    bial ; dans les systmes hypothtiques coordonns, il semble que la pro-tase forme un constituant extra-propositionnel (extra-clausal constituent).Lexistence frquente dune anaphore dans lapodose pointant vers la pro- -tion ; elle signale simplement le rapport smantique et pragmatique entrelapodose et la protase qui constitue le cadre de pertinence de lapodose.

    Cette double caractrisation permet de rendre compte des emploisnon subordonnants, comme des systmes hypothtiques coordonns

    (et probablement de la plupart des systmes hypothtiques avec une ne -gations indirectes, la proposition introduite par semble bien entrerdans la valence verbale et raliser ce que ne peut faire une protase : tre compris) dans une autre proposi-tion. Par cette analyse, nous rejoignons les travaux de Wakker (1994) for-

    maient des satellites adverbiaux qui pouvaient sintgrer diffrentsniveaux (en tant incidents la proposition, lacte nonciatif ou lacte illocutoire), mais pas au niveau du prdicat (predicate satellites)qui fournirait des participants additionnels la structure argumentale.Un emploi-pivot entre ces propositions hypothtiques, satellites adver-biaux qui ne peuvent pas avoir le prdicat comme base dincidence, etles interrogations indirectes, vritables propositions compltives, est aprs certains verbes de sentiment, o la pro-

    semble tre mi-chemin entre lemploi com-pltif et lemploi hypothtique30.

    30 Voir Biraud (1999). Pour une analyse comparable de cet emploi avec le latin si, voirBodelot (2000).

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