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NUMÉRO VINGT-ET-UN / GUERRE & PETS

SOMA #21

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Février - Mars 2011

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Numéro viNgt-et-uN / guerre & Pets

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SOMMAIRE Première photo du mag, et déjà un wallride... Sammy Idri par CédriC Crouzy

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Soma est édité par Les éditioNs du garage SARL13, rue de l’Isère 38000 Grenoble

[email protected]

Impression Tuerlinckx, Belgique. Toute reproduction partielle ou intégrale est interdite, le dernier qu’a essayé, il sait plus où il habite.ISSN : 1959-2450

Directeur de la publication David Turakiewicz Rédaction en chef Fred Demard [[email protected]] & Tura [[email protected]] Publicité David Turakiewicz [[email protected]] Rédacteurs Scott Bourne / Franck Sorgues Fred Mortagne illustrations David Lanaspa (Da) mise en page Nicolas Malinowsky p.58 à 67 / Jad Hussein p.40 à 49 / le reste par Tura Photographes Scott Bourne / Loïc Benoît / Kévin Métallier / Iseki Nobuo / David Manaud / Fred Mortagne / Marc Gérard / Alan Maag / Vincent Coupeau / Davy Van Laere / Antton Miettinen / Joe Hammeke / Jelle Keppens / Cédric Crouzy.

INTRo 10Le mec le plus drôle au monde a un bowl dans son jardin.

Le JeuNe 12un jeune qui ne vient ni de région parisienne, ni du Sud

est de la France. Il doit vraiment être bon…

Le VIeux 14on aurait presque pu changer le nom de cette rubrique

pour le client de ce numéro. on l’aurait appelée « La Légende »…

oRGy PoRGy 22C’est fini les enfants, on remballe. Ceci est la dernière

histoire de Scott Bourne dans ce magazine. Merci vieux !

SHuT uP AND SKATe 1 24Ferme ton clapet à merde et va faire du skate !

MADARS APSe 30Le gars qui défonce tout au début de la vidéo element.

Béh il défonce tout ici aussi du coup…

40 HoBo AND DeSTRoyIls sont passés à un doigt de la gloire…

50 PeTeR MoLeC« True Slovakian Black Metal »

58 CLICHÉS D’ISRAëLL’équipe Cliché est partie féliner en Israël. S’ils s’y

mettent eux aussi, on va pas s’en sortir...

68 weRNeR SANDozHiiii Bamm ! La presque interview de werner Sandoz.

74 yuKATA BLueun petit coin de paradis Nippon labellisé 100%

« spot de ouf ».

80 SHuT uP AND SKATe 2Mets-la en sourdine et va jouer avec tes rollers !

97 VRACPas de petites conneries, cette fois. Pas le temps.

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INTRO Seb Daurel soigne ses insomnies en FS nose bone dans son jardin. / © david MaNaUd

Quand j’étais, comme vous, jeune et con, j’en n’avais rien à fout’ des bowls et des transitions. Pour mes potes et moi, le skate, ça voulait dire traîner dans la rue, explorer les quartiers les plus pourris à la recherche de spots, et rien d’autre. Les rampes, les mini rampes, même les banks (dans les années 80), c’était de la merde. Aujourd’hui, à 172 ans, je ne sors plus trop dans la rue de peur de me faire agresser par ces jeunes racailles de banlieue (ils sont de partout) et je ne vois pas trop ce qu’on pourrait espérer de plus qu’un bowl dans l’jardin. Comme le disait le grand philosophe antillais Jacques Séguéla : « Si on n’a pas un bowl dans l’jardin à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie », et il a pas tort ce con. M’enfin là, j’ai toujours pas de jardin donc c’est pas gagné non plus.

Seb Daurel lui, qui n’a pas encore 50 ans, pas que je sache en tout cas, auquel cas bon anniversaire vieux, a un bowl dans l’jardin et ça, ça vaut toutes les Rolex du monde. Nous vous encourageons vivement à visionner sa géniale part’ dans la vidéo des noctambules. Son « drop to carving » (vous verrez) est d’ores et déjà le meilleur trick de 2011. Voilà, voilà, nous vous souhaitons maintenant « tout le bonheur du monde » comme le chantait un grand philosophe Jamaïco-Grenoblois, et nous vous quittons sur cette réflexion d’un publiciste rasta blanc, Paul Valery qui vous donne la recette du bowl dans l’jardin : « La meilleure façon de réaliser ses rêves, c’est de se réveiller ! » - FD

Réveillez-vous !

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Element Presents the limited edition GET BUSY LIVING BLU-RAY & DVD BOX sEt, including extra’s and QUATTRO, featuring Chad tim tim, Levi Brown, Darrell stantonand welcoming Mark Appleyard. In stores now.

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LejEunE BS double flip, Le Havre / © KéviN MetaLLier

Date de naissance 31 janvier 1996 à Mantes-la-Jolie (78).Lieu de résidence actuel St Marcel (27).années de skateSix !Vidéo(s) de référenceeuh... Lakai Fully Flared, mais je n’ai pas regardé tant de vidéos que ça... sinon les 411.skateur de référenceen ce moment, c’est Daniel espinoza. Il a la classe !Première boardune Décathlon, mais la première de marque, c’était une Girl eric Koston.où te vois-tu et que feras-tu dans 15 ans ? Je me vois avec mes potes Damien, Guillaume et Jean en train de skater une mini dans le jardin !sponsorsBud skateshop, Antiz, MuC Boardegang.

RObIN CaNdau

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Date de naissance 26 février 1974 à Aix-en-Provence.Lieu de résidence actuel Marseille.années de skate Vingt je pense. J’ai commencé tard, j’ai fait du BMx jusqu’à 14 ou 15 ans.Vidéo(s) de référence Video Days et toutes les vidéos de Dan wolfe, surtout celle en noir et blanc, là... Je crois que c’était eastern exposure 3...skateur(s) de référence Tom Penny, à l’ancienne ! Aujourd’hui ce serait un gars à la Austyn Gillette, un gars polyvalent.Première board une Tony Hawk, Powell-Peralta en forme de quille ! un pote me l’avait vendue complète dans les 100 balles !où étais-tu et que faisais-tu il y a quinze ans ? J’étais allé à Münster, sinon je passais ma vie au bowl ! en 1996, j’étais à l’armée, chasseur alpin à Gap. Je me suis pété le bras au bowl en perm, donc réformé au bout de 9 mois. sponsors Globe, Matix, LastChance, Jeka.

LevIEux

LauReNt « MOMO » MOLINIeR

Bluntslide to five-0 grind to fakie. Marseille / © TUra

© M

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arto saari / gravisskateboarding.com

arto

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PHOT

OS: A

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KR3WDENIM.COM

KR3W DENIM CO.ELLINGTON / MUSKA / GRECO

1 une casquette réglable siglée Lizard King de chez Supra / 2 un t-shirt Carhartt en colab’ avec Tweaker, le webzine anglais / 3 un chino slim Kr3w en taille 32 / 4 un casque de walkman weSC au nom de Clint Peterson / 5 une bouteille de Paic Citron déjà

entamée / 6 la nouvelle Dan Drehobl de chez Vox / 7 une casquette DC réglable (important de préciser, de nos jours) / 8 un t-shirt de rasta one one one / 9 un gilet Analog de beau gosse / 10 le pro-model de Guillaume Dulout chez 5boro (la vidéo arrive, soyez prêt !) / 11 une ‘chino low’ de chez osiris / 12 encore du 5boro, cette fois c’est un t-shirt façon Ramones / 13 une chaussure droite Arto Saari de chez Gravis / 14 un t-shirt indiquant l’heure qu’il est 8h à Tokyo quand il est 0:00 à Bordeaux / 15 une board Radio livrée avec la petite fourchette en plastique, mais sans la mayo par contre / 16 une chaussure gauche de chez Converse ‘inspired by Kenny Anderson’. - DT

L’MATOs

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KR3W DENIM CO.ELLINGTON / MUSKA / GRECO

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WeAct iv i s t W I E G E R VAN WAG E N I NG E N S HOT BY

CH E RYL DU N Nwww.wesc .com

20111 un t-shirt Magenta mais de couleur noire / 2 une chaussure gauche DC joliement nommée « Match wC S » / 3 une paire de chaussettes Santa Cruz pour les types qui ont commencé le skate avant 1990 / 4 un zipper 5Boro emprunté à olivier / 5 un pull-

over presqu’aux couleurs de l’arc-en-ciel de marque Volcom / 6 un t-shirt Vans « skate clops » amusant / 7 un bonnet Mabasi pour les hivers Suisses rigoureux / 8 un t-shirt weSC (prononcez « wi esse si », merci) / 9 la nouvelle Terry Kennedy en ‘mid’ de chez Supra / 10 la fameuse ‘guest board’ Pontus Alv de chez Magenta / 11 une casquette Analog/New era en nylon / 12 une chaussure Vans oTw Bedford mi-montante / 13 le pro-model de Jari Salo (en 8,25) de chez Mäyrä, seulement dispo en Finlande et à Grenoble / 24 un trio d’outils bien utiles de chez Mabasi. - DT

L’MATOs

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WeAct iv i s t W I E G E R VAN WAG E N I NG E N S HOT BY

CH E RYL DU N Nwww.wesc .com

2011

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It had snowed most of the morning and we stayed in bed watching it fall in a cool even dust as it painted the city in a soft even white. It was close to 2:30 when it stopped and was replaced with a light rain and hints of coming sunshine. Caroline wanted to walk to a near by Brocante. I wanted to remain in bed but reluctantly rose, dressed and soon the two of us where on the streets rustling through antiques. It was there that we came across the most incredible old Christmas ornaments.

Caroline had reached into a wooden crate, held one up and said : “The world must have been beautiful back then !” I didn’t have to ask what she meant for we are very much in touch with the same things. As the delicate piece of glass sparkled from her hand, I noticed the rest of the Brocante, then the buildings rising up in the background. As I did I couldn’t help but imagine the sprawl of prefabricated homes that cover Middle America, the super highways, fast food restaurants and the hideous tin sculptures known as strip-malls or the cheaply constructed apartment complexes that rise up at the edge of any major city the world over, all adorned with plastic fixtures and cheap metals mass-produced by machines. Through the trees Paris stares back at me, her big stone faces with wrought iron teeth bejeweled with snow. My eyes return to the ornament, a hand made mount and blown glass that could do nothing else but exemplify the human touch. Looking at it I realize that our generations will leave nothing behind of any value or longevity. The Walmart’s and IKEA’s of the world have mass produced everything we consume and when we are done with it, we simply throw it in the garbage. As I think these thoughts I realize that the future is going to be ugly. No more fine hand crafted cars like our fathers drove. No wrought iron around our city’s parks. No more metal workers at all. No fine marble steps or beautiful Christmas ornaments. Magazines reduced to computer screens. Libraries to digital books. Finely made clothes destroyed by H&M and Chinese manufacturing ! Cobbled streets turned to asphalt super-highways. Faster meaning better. Better meaning cheap and CHEAP meaning UGLY !

We buy the ornaments and take them home, not because they are simply beautiful but because they make us responsible. They have value and cannot be replaced or thrown away after we are done with them. They are not cheap plastic replicas that imitate an idea, they are the idea itself ! They will be wrapped and stored and brought out each year and as we place them on our tree we will be reminded of a world of beauty.

The idea itself

LA CHRONIQUE DE SCOTT BOUR

NE

(traduction page 90)

December 6th, 2010

S.H.Bourne

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Igor faRDin Hurricane Zurich © aLaN MAAG

NuMéRO Vingt-et-un

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VIVIen feiL FS 180° / stuttgart © Jean FeILKenny anDeRson FS five-o / BerLiN © TuRA

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oscar canDon boneless / Noisy-Le-graNd © Vincent CouPeAu

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Deshi axel / tokyo © Iseki NoBuo

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MadaRS ApsE

Intro et conversation par tura

Pour commencer voici un FS boardslide transfer. Juste un amuse-gueule en attendant la suite. Une photo de Davy Van Laere.

madars est Letton. Peut-être que je ne vous apprends rien, mais sauriez-vous situer la Lettonie sur une carte ? eh bien ça se trouve entre

l’estonie, la Lituanie, la Russie et la Biélorussie. Vous ne voyez toujours pas ? moi non-plus rassurez-vous.en tous cas, parmi les 2 millions d’habitants que compte ce minuscule pays d’à peine vingt ans, il y a madars. et dans ma petite carrière de grand reporter de skate (ou l’inverse), je crois pourvoir affirmer qu’avant de le connaître, je n’avais jamais été témoin d’un tel phénomène. Repassez-vous la première part’ de « Get busy living » et dites-vous que madars est encore passé un niveau au-dessus. et si rien ne se met en travers de sa route, il y a toutes les chances qu’il aille rapidement se mettre en orbite dans les hautes sphères du skateboard international... on vous aura prévenu !

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comment ça va ?Je chille… Comment c’est à Paris ?

ca fait trois semaines qu’il neige…C’est pareil ici, oui. C’est vraiment l’hiver dans toute l’europe !

J’ai des questions pour toi, tu es prêt ?oui, j’espère que j’arriverai à réfléchir, ce matin…

Pourquoi, tu as fait quoi, hier soir ?Pas grand-chose, je suis juste allé chez des potes, on a regardé Cobra, le film avec Stallone, tu vois ? Ah ah ah ! C’est un bon film !

tu fais quoi en ce moment ?eh bien, je vais aller couper un sapin demain, dans la forêt. Chaque année, quand je rentre à la maison, on va faire ça avec mon père et le chien, on va chercher un sapin de Noël dans la forêt.

c’est où exactement ?en Léttonie, à Ventspils. C’est là où j’ai grandi.

c’est comment ? a la russe ?Non, pas vraiment, c’est peut-être la ville la plus propore de tout le pays ! C’est sur la côte ouest, loin de la Russie, c’est vraiment beau. on a un skatepark en béton, un autre couvert, et justement, j’étais au téléphone avec Janne Saario juste avant que tu m’appelles, il y a des chances pour qu’un nouveau skatepark voit le jour grâce à lui l’année prochaine.

cool. Quand et comment as-tu commencé le skate ?Je crois que le park existe depuis 99, mais j’ai commencé en 2001. Avant ça, je faisais un peu de BMx, même du roller… J’ai commencé à 11 ans, à force de voir les autres skater le park. J’avais réussi à récolter un peu d’argent en vendant des fleurs au marché, environ 15 euros, et en vacances en estonie et en Finlande avec mes parents, j’avais acheté ma première board. une board pourrie !

tu m’étonnes, pour 15 euros !ouais, y’avait des flammes dessus !

eric antoine me disait que tu étais un vrai ‘skate rat’…Je crois que je le suis encore plus qu’avant ! Mais c’est vrai, j’allais à tous ces contests, je portais des protecs ! J’étais un vrai ‘skatepark rat’, et aujourd’hui, je suis un ‘skate-skate rat’ ! Le genre qui ne vit et ne respire que pour le skate !

comment sont arrivés les sponsors ?J’ai longtemps été sponsorisé par le skateshop local, et après deux ou

Passons donc aux choses sérieuses. Crooked grind transfer sur un handrail.

Que dites-vous de cela ?La séquence est d’Antton Miettinen,

pour ceux que ça intéresse.

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Observons ici un 50-50 grind sur une barre remplie de pièges. Est-ce utile de préciser qu’il va jusqu’au bout du rail ? Non, effectivement.

Une nouvelle photo d’Antton Miettinen.

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trois ans à faire tous les contests, les mecs de chez element ont fini par me laisser squatter leur chambre d’hôtel… Je les connaissais un peu, tu sais comment c’est, il faut rencontrer les gens, sympathiser… Mais ça a pris du temps. et puis j’ai déménagé à Barcelone, et tout a changé.

Quand es-tu arrivé là ?en septembre 2008. Je venais d’avoir mon bac, et la seule alternative que j’avais c’était soit d’aller travailler quelque part en Létonie, soit d’aller étudier à Barcelone et skater un peu. Alors j’ai pris la seconde option et ça s’est développé niveau skate pour moi. Je gagne même un peu d’argent.

tu étudies quoi ?Le commerce international.

ca te plaît ?… Non. J’ai choisi ça parce que je ne savais pas du tout ce qui pourrait m’intéresser. L’art, la plomberie, l’architecture… ce qui m’intéressait, moi, c’était de faire du skate, et en y réfléchissant, je me suis dit que si je faisais du commerce, ça pouvait marcher dans tous les domaines. et pour ce qui m’intéresse, on verra plus tard. Je fais ça par sécurité.

tu ne parlais pas un mot d’espagnol avant d’arriver, si ?Non, peut-être juste ‘amigo’ ou ‘ola’ ! Mais mes cours sont en anglais.

tu as pris des cours d’expagnol ? Je t’ai entendu parler super bien…oui, mais je ne suis pas vraiment bon. J’essaye… Mais j’habite avec des espagnols, dans l’appart’ Dogway, et ils ne veulent parler qu’espagnol. Donc je n’ai pas d’autre choix que de parler. C’est plutôt cool.

c’est comment Barcelone, en ce moment ? en général, vers la fin de l’année, les flics ont besoin de remplir leurs carnets de statistiques…C’est possible, mais je pense qu’ils sont juste impulsifs. Mais ça fait un mois que je n’ai pas skaté à Barcelone, j’ai voyagé et là je suis de retour en Létonie pour les fêtes. J’ai été pas mal occupé. enfin, parfois les flics sont cools, parfois ils sont énervés, c’est selon leur humeur, à mon avis…

Jusqu’où est-ce que le skate t’a mené ?Je dirais jusqu’en Californie, pour le moment. J’attends simplement de terminer mon école pour aller aussi loin que possible. Aujourd’hui, ça reste assez limité pour moi.

tu reviens des etats-Unis, je crois.oui, j’étais à Tampa pour le contest, et à Miami, et orlando. on a passé plus de temps à chiller qu’autre chose…

tu as quand-même fait le contest ?J’ai essayé, et j’ai été plutôt mauvais ! Je n’ai pas été qualifié mais je me suis bien amusé. Il y avait pas mal de potes, la bière était gratuite, et j’ai pu découvrir la Floride…

et la californie ?J’y suis allé deux fois cette année. Le plus souvent, je vais chez Levi Brown, c’est un bon pote. on s’est bien amusé, on a même pu aller filmer quelques trucs.

« et puIS j’aI déMéNagé à baRCeLONe, et tOut a ChaNgé »

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Nous voici maintenant en présence d’un BS tail slide kickflip to fakie que l’on pourrait qualifier de

« truc de malade ». Me trompe-je ?Une séquence prise par mes soins .

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MadaRS ApsE

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Pour finir, voilà un kickflip qui mettra tout le monde d’accord quant à la capacité de ce jeune homme à fermer les spots le jour de leur ouverture.

Une photo réalisée sans trucage par moi-même.

« pOuR MOI, Le Skate C’eSt du Skate, paS uN jOb »

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tu as fait le job, quoi !Bah… je ne sais pas trop de quel job il s’agit, mais je suis allé là-bas pour essayer de filmer, oui. Pour moi, le skate c’est du skate, pas un job.

a aucun moment ?Bah… c’en est un d’une certaine manière, mais je n’y pense jamais.

Qu’est-ce qui a changé depuis la vidéo element ?Pas grand-chose…

Les gens n’ont pas commencé à t’appeler, des sponsors, des photographes ou des filmeurs ?Je ne sais pas vraiment, comme je te disais, je vais en Californie pour filmer, et puis on voit si les images sont bonnes… Je vais continuer à faire comme ça et essayer d’en tirer quelque chose. en ce moment, c’est vraiment là-dessus que je me concentre, on a une vidéo DC europe au programme…

Vous avez une deadline ?oui, les deux vidéos devraient sortir à la fin de l’été.

La Dc et la element ?oui, je viens juste de terminer deux parts, et j’ai enchaîné tout de suite avec deux nouvelles !

tu as l’air assez sélectif sur les images qui paraissent pour tes interviews, tu as eu de mauvaises expériences ?Pas vraiment… Tu as vu mon interview dans Beach Brother ?

Je crois…et tu trouves que je suis sélectif ?

ah ah ah ! mais tu me demandais pour qui je faisais des photos l’autre jour, ça avait l’air de te préoccuper…en fait, je n’étais pas vraiment sûr de ce que tu allais en faire… Mais je suis à bloc de faire ce truc avec Soma ! Je ne suis pas sélectif, je veux faire des interviews mais je ne sais pas comment m’y prendre. Alors j’attends que ça arrive… et j’aime bien quand ça arrive spontanément comme là.

on avait deux bonnes photos et j’ai pensé qu’on devait essayer de faire un truc… sinon, tu te vois où dans 15 ans ?Aucune idée ! Je ne sais même pas où je serai dans deux ans ! on verra ce que la vie pourra m’offrir. Peut-être que je serai mort ! J’espère que non ! La vie est un mystère… enfin, j’essaye de garder la tête froide, tu vois ce que je veux dire ?

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après l’andalousie en mobylettes pourraves, puis Berlin en bicyclettes de location, c’est en Belgi-que et en authentique camion de traveller, ambiance punk à chien, qu’eastpak a décidé d’envoyer les gars d’antiz cette année… mais encore une fois, ils ont survécu. non vraiment, ils n’arriveront pas à se débarrasser des « hobos » comme ça chez eastpak…

Photo — Joe hammeke (sauf indiqué) Texte — fredd (et J-Dik)

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Imaginez un instant que vous soyez l’un « des gars d’An-tiz ». Allez, soyez fous… on vous laisse même choisir celui qui vous correspond le mieux. Vous avez tout un éventail de personnages à votre disposition, c’est encore mieux que dans THPS vous allez voir : de Hugo « le heavy metal romantique », à Steve « le nihiliste bohème » en pas-sant par Julian « le punk bon chic bon genre », il y en a forcément un pour vous (sauf si vous êtes une fille… encore que, à ce moment-là, vous pouvez choisir Hugo ou Sam et en faire ce que vous voulez, ça changera). Bref, ça y est, vous êtes donc un gars d’Antiz, vous avez créé votre propre marque de skateboard avec vos potes, vous faites des tours aux quatre coins de l’europe (avec vos po-tes), vous allez même aux u.S. de temps en temps (avec vos potes), vous vous amusez bien (avec vos potes), mais là, avec vos potes, vous commencez à vous dire que vous passeriez bien à la vitesse supérieure. Parce qu’au bout de 10 ans à trimer pour juste ne pas payer ses boards et se payer des billets de train de temps en temps… Vous aimeriez bien mettre un peu de beurre dans les épinards. Vous vous dites alors que le seul moyen d’y arriver est de vous faire connaître sur la scène internationale. Pour ça il y a Kingpin, mais vous avez déjà essayé et ça n’a pas vraiment fait décoller les choses. Non, ce qu’il vous faut, c’est un vrai article dans un mag américain, et même, quitte à délirer complètement, dans Le mag américain : Thrasher ! et ça tombe plutôt bien, parce que figurez vous que Steve Forstner est pote avec un des photogra-phes du mag, le sympathique Joe Hammeke. Quelques coup de fils, quelques emails plus tard, Joe s’envole de son oregon pour atterrir à Bruxelles, en Belgique, où se trouve justement le team Antiz et tout le monde se met au boulot. Bref, c’est dans la poche…

et tout ça pourquoi ? Tout ça pour que le dit maga-zine américain ne veuille pas de votre article et que vous vous retrouviez à le refourguer au magazine français dans lequel vous êtes déjà beaucoup trop souvent… (Ça commence à jaser d’ailleurs.)

Mais que s’est-il passé ? Pourquoi Thrasher n’a-t-il pas voulu de l’article ? Les « gars d’Antiz » sont-ils vrai-ment si mauvais ? Hammeke a t-il foiré/perdu toutes les photos ? Jake Phelps en veut-il toujours à Julian Dykmans depuis que ce dernier l’ait fait tomber de vélo (cf. intro de « Ask the Phelper ») (le gars en noir, c’est Julian et Phelps voulait le tuer) ? Avons-nous à faire là, au plus primaire cas de racisme anti-européen ? Hop, hop, hop, n’allons

pas trop vite en besogne s’il vous plait… Déjà, il a plu à peu près tous les jours. Mais les gars ont quand même réussi à skater entre les gouttes, donc la météo n’est pas vraiment en cause. ensuite… Béh ensuite rien. Tout s’est passé normalement, si ce n’est que les deux seuls skateurs connus des média américains à savoir Steve Forstner et

Dallas Rockvam étaient blessés et n’ont donc pas pu faire de cascades de ouf devant l’appareil photo. et c’est là que le bât blesse : car pour se faire connaître aux États-unis, le mieux, c’est d’être déjà célèbre, sinon, ça coince. Parce qu’ils sont bien gentils chez Thrasher, mais là, ça n’a pas fait un pli : « revenez quand vous aurez des vrais cham-pions, identifiables et valides. » disait le communiqué. et ça ne vous arrange pas cette histoire, vous et vos potes Antiziens, parce que c’est pas avec une interview d’Hugo dans la pauvre version française du mag ou une autre de Sam dans le bien nommé « Désillusion » qu’ils vont accé-der au succès, au vrai, celui qui fait rêver la ménagère. Sauf que moi j’les baise les ménagères ! (ooops, pardon, ça m’a échappé…) Reprenons : vous voilà donc (avec vos potes) privés de gloire américaine et contraints de faire ré-écrire votre texte par les gars de Soma, qui risquent en plus, de bien se foutre de vot’ gueule. C’est donc un coup dur, mais n’est-ce pas la destinée d’un Hobo que d’être abonné à l’échec et à la galère ?

Allez, c’est pas si grave, faisons comme si personne ne savait que cet article a été refusé par Thrasher. on re-commence : Bienvenue chez Soma les jeunes, et bienvenu dans le troisième « Hobo Tour » ! youhou !

Figurez-vous que les antiziens sont partis faire le tour des spots en Belgique, en camion et en tente de cam-ping. Personnellement, j’en ai un peu ras la casquette de leur délire « hobo ». J’ai trouvé ça sympa au début, puis à la longue et depuis le tube de l’aut’ clown « I neeeed an dollar », j’ai commencé à saturer… C’est comme les « Gitans » chez Cliché, sauf que chez Antiz, ça dure toute l’année, alors on finit par en avoir marre. Mais bon, c’est leur truc et puis ça leur correspond bien en même temps, alors pourquoi pas ? et qui suis-je pour juger, moi qui, à côté d’eux, ne suis qu’un sale bourgeois même pas bo-hème. Je ferais bien de la boucler de temps en temps. C’est juste le terme « hobo » qui m’énerve en fait. Mais pour une meilleure compréhension du phénomène, je vous laisse découvrir sa définition par Julian Dykmans, de loin le moins « Hobo » de la bande :

Photo — Loïc Benoit

Hobo Motel

Hobo Mobile

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Julian furones Bs smith grind

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samu karvonen Bluntslide, Bruxelles

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Rémy taveira

Backlip over the stairs, anvers

Backlip over the stairs, anvers

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hugo Liard Bluntslide fakie, Bruxelles

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« Pour nous, le Hoboïsme est une alégorie de notre façon de vivre. Nous passons beaucoup de temps sur la route, rencontrons des gens, tout en essayant de passer du bon temps avec ou sans notre skateboard, nous squattons à droite à gauche, le tout, et c’est le plus important, sans jamais nous plaindre. La vraie définition du Hobo est celle d’un travailleur vagabond, sans-abri et souvent sans le sou. Le terme est apparu dans l'ouest des etats-unis, probablement dans le nord-ouest, au cours de la dernière décennie du xIxe siècle. Contrairement aux clochards qui travaillent seulement quand ils y sont forcés, les Hobos sont des travailleurs qui errent.

Je pensais qu’un Hobo était un type à la woody Guth-rie. Quelqu’un qui voyage avec sa guitare, joue de la mu-sique tous les soirs pour gagner de quoi manger et juste assez pour rejoindre la prochaine ville. Cela semble très proche de nous, non ? woody a été une grande influence de Bob Dylan, faites des recherches les jeunes !

Ce qui est intéressant, c’est que pour nous autres « skate-boarders pros », le travail consiste à faire du skateboard avec nos amis et c’est effectivement pour cela que nous sommes défrayés ou même payés pour les plus chanceux. Bien sûr, nous avons des choses à fournir comme des pho-tos ou des vidéos de nos tricks... Mais n’est-ce pas ce que tout le monde fait de toute façon ? C’est amusant de rap-porter des souvenirs de vacances… Dans l’ensemble, on peut donc dire que les skateurs sont assez semblables aux Hobos, mais attention, pas tous. Il y a aussi ceux qui ne skatent qu’un seul (voire deux) type(s) d’obstacle(s), avec leur Ipod dans les oreilles pour éviter tout contact avec l’habitant. Ce type de skateur là, saura dès que possible rentrer à l’hôtel pour « chiller », idéalement manger au restau de l’hôtel ou dans un Macdo pour être sûr de ne pas perdre ses repères … Si c’est ce qui vous convient, je dis amen, il en faut pour tous les goûts. Il y a suffisam-ment de « cliques » dans le skateboard pour que tout le monde y trouve chaussure à son pied, et c’est très bien ainsi. Je suppose qu’on ne peut pas s’entendre avec tout le monde, mais je me dis parfois que ces gars-là, passent à côté de l’essentiel… en ce qui nous concerne, nous voyons les choses autrement, et nous avons même établi quelques règles à suivre pour être un bon Hobo, tout en gardant à l’esprit qu’un Hobo n’obéit à rien et à personne :– Ne te plaint jamais.– Accepte toujours un repas ou de l’alcool gratuit. Toujours !– Skate et voyage le plus possible.– Si tu ne disposes pas d’un lit pour dormir, bois le plus possible et tu t’endormiras n’importe où !– Skate vite !– Voyage léger. Sac à dos, skateboard, sac de couchage.– Ne te plaint jamais !Cordialement, Julian D. »

C’est beau, j’en ai la larme à l’œil. et il faut reconnaître qu’il est difficile de ne pas adhérer à cette façon de voir les choses. Je dois dire aussi, pour avoir déjà eu l’occasion de prendre la route avec une bonne partie de l’équipe, qu’ils n’ont pas à se forcer pour suivre leurs « règles de vie ». J’irai bien, moi aussi, jouer au Hobo avec eux un de ces quatre, parce que malgré les apparences, je les aime bien ces « travailleurs vagabonds souvent sans le sou »… Sauf que moi, on m’invite jamais, on préfère me laisser crever de froid dans mon bureau, devant mon ordinateur… Mer-

ci les potes ! Au fait, je ne vous ai toujours pas dit qui était présent. en gros, il y avait tout le team sauf Aaron Swen-ney et Gabriel Angelke, soit Hugo Liard, Steve Forstner, Julian Furones, Polo Labadie, Samu Karvonen, Dallas Rockvam, Loïc Benoît, Michel Mahringer, Sam Partaix,

Juju Bachelier, Julian Dykmans, ainsi qu’Alex leur pote autrichien au camion, qui soit dit en passant, s’est défoncé la cheville le premier jour et n’a même pas pu conduire ! Le boulet… Quoi ? J’en oublie un ? Non, je garde le meilleur pour la fin : Rémy Taveira. Attention, je ne le connais même pas, mais j’aime sa façon de skater et mon collègue d’ori-gine polonaise est plus ou moins amoureux de lui. Ils l’ont embarqué avec eux pour le tester, pour voir s’il tenait la route. Pour voir s’il survivait à la bière belge et aux joies du camping. Pour voir s’il ne se révélait pas être un gros con insupportable après trois jours de route… Je pense que le soir où il a pris la défense de Polo dans une altercation avec deux petites frappes russes, il a marqué pas mal de points. Je m’explique : Polo était sagement au téléphone avec sa copine quand deux gars décident de s’en prendre à lui. L’un d’eux lui met une bonne grosse patate dans le nez, sans prévenir et sans raison apparente non plus. Curieusement, l’embrouille s’arrête aussi vite qu’elle était arrivée. Mais, un peu plus tard, Polo retrouve les deux gars et met un bon gros taquet au plus petit des deux (pas au gros costaud qui l’avait frappé…) en disant un truc du genre : « comme ça tu vois ce que ça fait de te prendre une patate quand tu t’y at-tends pas ! » Des flics se trouvaient justement être dans les parages, mais ils n’en avaient absolument rien à faire (ils sont rodés aux histoires d’alcooliques en Belgique). Rémy leur dit alors : ah ouais, vous vous en foutez ? Il sort alors son couteau et dit : eh bein si vous vous en foutez, je vais aller les planter avec mon couteau. Vous vous en foutez toujours ? » les flics ont répondu qu’ils s’en foutaient tou-jours et l’histoire s’est arrêtée là. Pour sûr, Rémy a marqué des points sur ce coup-là, mais s’il les avaient réellement plantés, il passait pro direct ! Bref, il skate bien mais il manque un peu d’ambition le jeune…

Photo — Loïc Benoit

Sam, Tail block, Anvers

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Julien Bachelier alley oop fakie feeble, anvers. Photo — Loïc Benoit

michel mahringer crailslide, ostende

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J–Dik sugarcane, Bruxelles. Photo — Loïc Benoit

La prochaine fois, je crois qu’eastpak a décidé de les envoyer au Groenland en canoë kayak. L’article est prévu pour skateboarder, mais il est possible que finalement ça passe dans le fanzine de Beauvais « fuck the Blaireaux ». Bref, on vous en reparle.

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PeterolecM

Texte par turaPhotos par Jelle keppens

Peter est slovaque. Peut-être que je ne vous apprends rien, mais sauriez-vous situer la slovaquie sur une carte ? eh bien ça se trouve entre la Pologne, la République tchèque, la hongrie et l’Ukraine. Vous ne voyez toujours pas ? moi non-plus rassurez-vous.en tous cas, parmi les 5 millions d’habitants que compte ce minuscule pays d’à peine dix-huit ans, il y a Peter. et dans ma petite carrière de grand reporter de skate (ou l’inverse), je crois pourvoir affirmer qu’avant de le connaître, je n’avais jamais rencontré de skateur slovaque. et je suis prêt à parier que vous non-plus ! c’est donc le moment de faire connaissance.

nB 1 : si ce petit texte introductif vous dit quelque chose, c’est normal...nB 2 : un jeu se cache dans les pages qui suivent. Règle : comptez vos points.

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« j'avais fait des petits dessins du logo du parti

anti-communiste »

Si vous aviez deviné qu’il s’agissait du drapeau des Pays-bas, dans le fond, vous récoltez 1 point. Nollie FS heelflip.

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Si vous aviez constaté du premier coup d’oeil qu’il était en switch FS bluntslide, vous récoltez à nouveau 1 point.

tu es où, là ?A Bratislava, il y a de la neige partout.

tu fais quoi à Bratislava ?Pas grand-chose, je suis juste venu rendre visite à un ami. Mais j’étais en espagne jusqu’à il y a une semaine, là je me repose un peu.

tu viens d’où, exactement ?D’un petit village, au milieu de la Slovaquie qui s’appelle zvolenska Slatina.

et tu vis toujours là-bas ?oui. Mais la plupart du temps, je suis en tour ou en voyage…

tu penses que tu passes combien de temps sur la route, chaque année ?

C’est difficile à dire, chaque année est différente, mais je dirais… 5 mois peut-être ?

et tu reviens toujours à Zvolenska…oui, quand je suis là-bas, je vis chez mes parents. Mais je passe plus de temps à Prague.

c’est à combien de kilomètres ?600 !

Donc tu vivais de l’autre côté du rideau de fer. Quel âge tu avais quand le mur est tombé ?J’avais 4 ans, mais je me souviens que tout le monde était sorti pour célébrer ça sur les grandes places, en chantant des slogans anti-communistes. Je me rappelle que j’avais fait des petits dessins du logo du parti anti-communiste sur nos t-shirts avec ma petite soeur…

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comment tes parents avaient vécu le changement ?en fait, avant le communisme, ma famille possédait une entreprise qui produisait du fromage. et en 1948, quand les communistes ont pris le pouvoir, ils sont venus voir mon arrière grand-père et lui ont dit : “demain, cette usine est à nous, vous avez 24 heures pour partir”. Mais c’était pareil pour tout le monde, toutes les entreprises sont devenues la propriété de l’etat, soit disant au profit du peuple… Bref, après la révolution, en 1992, on nous a rendu l’usine, mais elle était à moitié en ruine. Il a fallu faire des emprunts en tout reconstruire. Aujourd’hui ça va, ça tourne, donc tout va bien.

Qu’on fait tes parents pendant le communisme ?C’était des ouvriers. Mes grand-parents avaient dû aller vivre dans ce village, ziar nad Hronom, où mes parents et moi sommes nés, et où il y avait une usine d’aluminium. Mon père y fabriquait des câbles, et ma mère travaillait comme chimiste, au même endroit. une vie normale sous le communisme, tout le monde travaillait dans des usines à cette époque…

Parlons de toi. tu as passé quelques mois aux etats-Unis récemment. Qu’est-ce que tu fais quand tu es là-bas ?en général, je rends visite à mes sponsors, chez Black Box, ou à Costa Mesa chez Volcom. La dernière fois, on a passé la majeure partie du temps à Costa Mesa, à essayer de faire des photos avec Andrew Mapstone, avec Rob Maatman et enis Flazliov. on allait streeter à peu près tous les jours, mais c’est assez difficile, tu te fais virer tout le temps, et tout ou presque a déjà été fait. Mais on est aussi allé un peu à San Francisco, et c’est vraiment la ville que je préfère. enfin, en gros voilà ce qu’on fait là-bas, des photos ou filmer.

tu penses avoir quelques parutions dans les magazines américains ?Non, je ne pense pas. Ils n’en ont pas grand-chose à foutre, tant qu’on n’habite pas là-bas ou que tu ne passes pas au moins 6 mois sur place…

tu as déjà pensé à passer plus de temps là-bas ?Non, je n’aimerais pas vivre là-bas. C’est cool d’y aller quelques semaines, mais c’est trop différent, et il y a trop de règles. Pas assez de liberté pour moi, en tous cas…

surtout quand tu viens d’un ancien pays

communiste !ouais ! enfin, tout est trop différent, trop de règles, toujours être en voiture… je n’aime pas ça. Je ne peux pas rester plus de trois mois…

au sujet de Zero europe, est-ce qu’il y a un projet de vidéo ?Avant la crise, il en était question, mais depuis la crise, il n’y a plus de budget. enfin, c’est en stand by. Il va y avoir une nouvelle video “cold war”, et je crois que Dominik Dietrich et Rob auront une part’, mais je n’en sais pas plus… Mais ça prendra encore un an ou deux avant qu’elle ne sorte.

Qui compose le team Zero en europe, déjà ?Fabian Veraeghe, Dominik, Rob et moi. et il y a aussi d’autres personnes en flow.

tu ne fais que du skate ?oui, j’ai de la chance de pouvoir survivre uniquement avec ça. Il arrive que je bosse sur la construction de skateparks, mais c’est occasionnel. J’aime bien faire ça, et ensuite les skater, c’est un bon feeling.

a la Pontus…Non, nous c’est en bois. enfin, c’est arrivé qu’on essaye de faire du béton, mais jamais aussi bien que Pontus.

tu as déjà travaillé ?Pas vraiment. Après l’école, je suis allé à l’université, mais j’ai rapidement laissé tomber à cause du skate.

tu étudiais quoi ?oh, c’était plus un prétexte, mais c’était dans la technique, des études d’ingénieur…

Quel est l’endroit le plus fou où le skate t’ait mené ?wow… C’est d’en choisir un seul…

Les îles caiman ?Non, je ne suis jamais allé là-bas, ils emmènent toujours les gars qui font de la courbe ! Mais je suis allé au Mexique, et c’était assez fou et magnifique à la fois. Tout est vraiment différent de l’europe, ça ressemble un peu aux etats-unis, mais en version super cheap ! C’est un pays pauvre, il y a quelques riches, mais les trois-quarts sont très pauvres, beaucoup de gens vivent dans la rue, tout est sale… Les villes sont immenses, mais le pays est magnifique ; en

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« le mexique, ca ressemble aux etats-unis, mais en version

super cheap ! »

Si vous avez cru qu’il était en crooked, vous perdez 1 point. BS nosegrind.

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Si vous savez où se trouve ce spot, vous récoltez 1 point.Sinon, sachez que c’est à Bilbao. Nollie FS pop shove it.

PeterolecM

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voyageant jusqu’à Guadalajara et Accapulco, on s’arrêtait dans des petits villages, c’était vraiment beau… Je suis vraiment content d’être allé là-bas.

c’était pour le skate ?oui, oui, avec Kévin Métallier, en avril. Sinon, je suis allé à peu près partout en europe, aux etats-unis, rien de très fou.

Dans quel pays tu préfères passer le plus de temps, en europe ?Je ne sais pas, j’adore l’europe, peu importe quel pays…

Quels sont les prochains voyages de prévu ?

Je pars à Barcelone en janvier, dans la région d’Alicante en février, et en mars, je retourne aux States. Voilà ce que j’ai de prévu pour le moment.

tu es toujours végétarien ?oui.

Qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ?Je ne sais pas encore, probablement essayer d’aller faire du snow-skate, mais il faut qu’on trouve quelqu’un qui en a un ! Sinon, je n’ai pas vraiment d’autre plan. C’est l’anniversaire de ma copine aujourd’hui, donc on risque d’aller boire quelques bières dans la soirée…

Si vous en avez marre de compter vos points, vous en perdez 1. Sinon, c’est le moment de faire les comptes. Si vous avez plus de 5, vous êtes sacrément balaise. Switch FS feeble grind.

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Un article blasphématoire de Fred Mortagne (texte et photos)

Clichés d’Israël

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Dire à son entourage qu’on s’apprête à partir en Israël peut provoquer quelques sentiments proche de l’inquiétude. Les questions fusent, les parents vous donnent vite l’impression de partir en Afghanistan, ou en Colombie, bref, c’est chargé de connotations assez négatives.

Personnellement, je ne me posais pas trop de questions, je disais plutôt à ma mère qu’il y aurait sûrement des super spots grâce aux cratères creusés par les rockets du Hezbollah, ou les attentats Palestiniens... Mais ça n’avait pas l’air de la rassurer.

Et puis, je me disais qu’un wallride sur le mur des lamentations pourrait faire une super photo...

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Non vraiment, cette fois, je partais sans me poser aucune question, ni même connaître grand chose à notre destination, les « comment on dit bonjour et merci, qu’est-ce qu’on va manger, avec quoi on va payer ? » Tout ce qu’on savait, c’était qu’il y avait du spot à foison, parce qu’on était pas les premiers à y aller, qu’il ferait bien meilleur qu’à la maison en ce mois de novembre. et puis tous les trucs dont les informations télévisées et radiophoniques nous gavent à longueur de journée, toute l’année, à propos de ce gros bordel qu’est le conflit Israélo-Palestinien, qui a priori est parti pour durée pour l’éternité, à moins que 2012 ne parvienne à en avoir raison...

Bref, nous voilà dans les cieux pour pas très longtemps, en tout cas pas de quoi nous donner l’impression d’entreprendre un voyage dans un pays lointain. L’avion, c’est chouette, mais ça casse un peu le délire du périple, de l’aventure, surtout que

tu pars d’un point A (un aéroport), pour arriver à un point B (un autre aéroport), qui sont parfai-tement identiques, avec la même signalétique et les mêmes boutiques de cochonneries inutiles et superficielles. T’as juste l’impression que l’avion s’est posé là où il a décollé ! Bon, à Tel-Aviv, les douaniers font un effort pour vous dépayser. Israël, un pays encore plus paranoïaque que les etats-unis ? Je ne pensais pas que c’était possible, mis à part la Corée du Nord, mais bon, eux c’est les champions, ils ont des longueurs d’avance... Mais je suis mauvaise langue, puisque M. Collet a fait les frais d’un interrogatoire ultra-poussé avant même d’embarquer à Barcelone, son point A. Ça avait l’air tellement intime et surtout débile cet interrogatoire que c’est limite si on lui demandait pas combien de fois il avait fait caca avant d’entreprendre son périple vers la terre promise. Les médias auraient donc raison ? C’est super tendu là-bas, ça va être chaud ? uhmmmm. J’aurais peut-être dû réfléchir

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un peu avant de partir ? en tout cas moi, personne ne m’a demandé si j’avais mangé au moins un kebab dans les six derniers mois, et j’ai jamais eu d’échos d’un team qui n’était pas rentré au complet. C’est peut-être Charles le problème ? Par contre, tout premier signe d’exotisme à l’aéroport, que nous avons tous remarqué rapidement, et décrit dans notre jargon professionnel : « putain mais c’est des gros snakers ici ! ». oui dans les queues, parce que c’est vraiment un sport national, t’as intérêt à t’accrocher à ton voisin de devant si tu ne veux pas qu’on te double. Ça snake à mort en Israël, voilà la première chose qu’on a apprise là-bas !

Bon, là, on y est et on file sur la route qui monte vers Jerusalem, perchée à quelques 750 mè-tres d’altitude. Peut-être qu’on pourra se faire le downhill de 30 km au retour ? on verra... Apparemment en Israël ils doivent kiffer la grande muraille de Chine, parce qu’ils ont fait tout plein

de répliques miniatures... autour des villages des « méchants musulmans » qui se plaignent d’avoir trop de cailloux qui traînent de partout, et qui donc s’en débarrassent comme ils peuvent, les pau-vres, avec leurs petits bras. Plutôt que de faire des murs ils devraient peut-être goudronner le désert, attaquer le problème à la source. Mais peut-être aussi ont-ils trop de ciment et doivent trouver des moyens de s’en débarrasser ? ou peut-être est-ce un peu plus compliqué que ça ? en tout cas je commence à me dire que pour une fois, j’aurais dû croire ce qu’on nous raconte à la télévision. Ça a l’air un peu tendu du string ici, effectivement. Qu’est-ce que ça va être à Jérusalem, d’où si j’ai bien compris, sont parties toutes les embrouilles ? Mais dans quoi est-ce qu’on s’est embarqué ? Tout ça pour faire de la planche qui roule… Qui a eu cette idée d’abord ? Je soupçonne forte-ment le patron, c’est bien son style. Ce Daclin ne m’inspire pas confiance.

Florent Mirtain / FS rock / tucknee

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Jérusalem. La ville qu’on trouve dans des chansons de Leonard Cohen. La ville sainte... ça a l’air tran-quille finalement. oh tiens, une amoureuse au bras de son amoureux qui porte… une mitraillette en bandoulière ! et là, une classe d’école en vadrouille avec leur prof d’histoire… et sa Kalachnikov... Comme c’est attendrissant. Donc si je résume : des douaniers bulldogs, des murs en béton, des miradors, des contrôles routiers, des véhicules mi-litaires, des amoureux armés jusqu’aux dents... Je vous donne bien envie d’aller y faire un tour, non ? Mais si ça se trouve, tout ça c’est juste du folklore ? un folklore un peu belliqueux au premier coup d’œil, mais bon, je ne voudrais pas dire, mais moi qui viens de Lyon, avec nos braquages style séries américaines tous les quatre matins, et nos émeutes en plein centre-ville avec les cailleras qui cassent tout sur leur passage parce qu’ils veulent toucher leur retraite tout de suite, bein finalement en Israël je trouve ça un peu mou-mou. Les mitraillettes

c’est juste un accessoire de mode tendance en fait. Vivement les mitraillettes Louis Vuitton, ils font bien des skateboards… oui, donc j’ai vraiment l’impression d’avoir moins de chance de me prendre une balle perdue ou un caillou ici que dans ma belle ville bourgeoise natale. Comme quoi, il ne faut vraiment pas se fier aux apparences, ou croire ces satanés médias.

J’aurais dû demander à Javier Mendizabal direc-tement, qui lui venait pour la troisième fois. Du coup il avait plein de petites histoires intéressantes à nous raconter. Mes préférées ? Celles à propos du Sabbath, jour sacré de repos pour les juifs. Ça se passe tous les samedis, ou plutôt justement, il ne se passe pas grand-chose. Ce jour-là, il leur est plus ou moins interdit de tout faire, mais vraiment jusqu’aux simples gestes de la vie quotidienne, ce qui peut créer des situations vraiment surréa-listes. Ainsi Javier nous expliquait comment dans

Charles Collet / FS lip

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un hôtel, il était entré dans un ascenseur où se trouvaient déjà, bizarrement, des gens. Pourquoi? eh bien tout simplement parce que le Sabbath leur empêchait d’appuyer sur les boutons des étages ! Du coup, Javier se retrouvait submergé de deman-des pour envoyer l’ascenseur à tel ou tel étage, et comble du comble, de devoir ouvrir les portes des chambres, pour que les gens puissent aller proba-blement s’adonner a leur seule activité autorisée de la journée : la procréation... Il doit y avoir des situations dramatiques parfois, si aucun étranger ou non religieux n’est là pour aider quelqu’un dans la détresse, bloqué dans une situation ridicule. une des anecdotes les plus folles est celle qui consiste à devoir pré-découper le vendredi soir les feuilles de papier toilettes pour pouvoir se torcher le samedi, bein oui ! et même, je crois qu’idéale-ment, les religieux juifs préféreraient ne pas avoir à se mélanger du tout avec le monde extérieur ce jour-là, chose impossible, et du coup, je vous laisse

imaginer les regards des Sabbathiens face à notre troupe s’afférant à skater jusqu’à la moelle tous les spots qu’ils peuvent trouver, à waxer, pousser, tomber, crier, grinder, slider, filmer, flasher, fumer, boire, manger, monter sa board, jeter sa board... ça donne l’impression d’être en train de faire des trucs hautement outrageux, comme bastonner des petits vieux qui se seraient assis sur le spot... Bref, ça donne un peu l’impression d’être des cailleras à roulettes !

Par contre, le Sabbath, c’est de loin le meilleur ami du skateboard. La ville est morte, y’a presque pas un chat dehors (enfin si, mais bon, enfin bref), mais surtout, les vigiles en tout genre sont en pause forcée et s’occupent de leur business sous la couette. Pourquoi on n’a pas le Sabbath chez nous ? Nos dimanches à côté sont de la vraie gnognotte ! Confrères (et consoeurs) skaters, manifestons, pétitionnons !

Javier Mendizabal / FS pivot

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Moi, un matin du Sabbath, en déambulant dans un petit quartier orthodoxe, je me suis fait d’abord observer, puis suivre, puis empêcher de prendre une photo au moment d’appuyer sur le déclen-cheur, puis remonter les bretelles en hébreu par un justicier local (tout de noir vêtu, comme Batman), parce que je m’adonnais à une activité provoca-trice. Mais je reconnais que c’était irrespectueux de ma part, à cause de mon ignorance de petit lyonnais. Alors je me suis excusé et je suis parti faire des photos de chats. eux ne faisaient pas Sabbath. et des chats, il y en a autant que de Juifs à Jérusalem ! Ils sont partout. Les photos de cha-tons, bon, c’est un peu cliché, c’est vrai, mais hé… Sur un tour Cliché, on a le droit. Ah… J’en ai

shooté du matou. Des gros, des petits, des moches, des sales, par devant, par derrière, de jour, comme de nuit. D’ailleurs y’aura peut-être un article dans Chat-Chat Magazine du coup.

Jérusalem c’est pas la ville sainte pour rien, dans un périmètre minuscule, y’a le fameux mur où l’on se lamente (mais pas top pour les wallrides en fait, trop rugueux), juste à côté y’a la super mosquée, d’où la grosse embrouille, et un peu plus loin, y’a la grosse église abritant la pierre tombale d’un certain Jésus-Christ. C’est un endroit où il devait pousser un max de champis hallucinogènes y’a un peu plus de 2000 ans. en tout cas, ça se bous-cule sacrement (et ça snake sévère) pour venir se

Adrien Coillard / FS tailslide to fakie / switch FS noseslide / slappy grind

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recueillir sur le bout de pierre du Jésus. Apparem-ment, cette pierre-là donne des super pouvoirs aux objets qu’on pose dessus, a en croire les pèlerines en larmes magnétisant leurs bigoudis et autres limes à ongles. Du coup le jeune Coillard, le p’tit malin, a vite compris l’opportunité qui s’offrait à lui. Tandis que ses team-mates étaient occupés à twitter et facebooker sur leur 3G, lui qui est encore trop jeune et trop pauvre pour en avoir un, s’est empressé de déposer sa board sur le gros caillou rectangulaire, celle avec la déco « Vierge Marie ». et le miracle se produisit mes frères ! La nouvelle recrue, ou devrais-je dire le nouvel élu de la marque lyonnaise s’est mis à skater avec une énergie digne d’un cycliste bourré d’ePo...

C’était assez impressionnant. Les pauvres spots de Jérusalem n’ont pas compris leur douleur ! Si jeune et déjà accroc au dopage religieux.

Charles aussi était « on fire » pourtant, il n’avait pas fait magnétiser sa planche. Je me demande d’où il tirait sa force. Peut-être de tous les kebabs qu’il s’est enfilés les six derniers mois... Flo Mir-tain quant à lui, tire sa force encore et toujours, et malheureusement, de sa terrible addiction au concurrent de Pepsi. Aucun médecin ne peut dire s’il arrivera à en guérir un jour, mais une chose est sûre, heureusement que les dents ne sont pas utiles pour la pratique du skateboard, sinon sa carrière pourrait se terminer rapidement…

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on a essayé de camoufler nos accents de frenchies lors de nos élocutions en langue anglaise, parce qu’apparemment là-bas, ils n’aiment pas trop leurs cousins de l’hexagone, qui se la pètent un peu trop, et qui achètent trop de biens immobiliers faisant flamber les prix, alors que ces bâtards ne viennent y habiter que quelques semaines dans l’année…

Dans un restaurant, j’ai même entendu des Français raconter qu’ils préféraient dire qu’ils venaient de Belgique ou du Luxembourg… Être Français en Israël, c’est vraiment l’Archouma ! et pourtant Cli-ché marche fort là-bas, ils doivent penser que c’est Américain maintenant. Par contre, comme partout, ils détestent Reda. Tout va bien.

Boris Proust / heel flip shove-it

Charles Collet, ollie to fakie

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Ah ? on me signale dans l’oreillette qu’il faut que je conclue. Je me suis encore éparpillé, j’ai du mal à aller à l’essentiel. et pourtant je n’ai encore pas parlé de Tel-Aviv. en même temps, Tel-Aviv, c’est beaucoup moins pittoresque, à part les avions de chasse dans le ciel, les jeunes qui vont manger des pizzas avec leur tongues et leur mitraillette, et les

chauve-souris qui chient sur tout ce qui bouge...

À part ça, c’est juste une grande ville avec des grands immeubles et plein de super spots... Donc pas grand-chose à raconter. De toute façon, si j’ai bien fait mon travail, les photos parleront d’elles-mêmes, Inch’Allah.

Jérémie Daclin / FS 180° to switch crooked grind

Charles Collet, FS boardslide

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Texte par franck « DJ torsenu » sorguesPhotos par kevin métallier

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Texte par franck « DJ torsenu » sorguesPhotos par kevin métallier

Werner sandoz est ce que l’on appelle dans le jargon, un putain de phénomène. Question skateboard c’est vraiment le haut du panier, le top of the top, un vrai p’tit champion. son style, son aisance, sa fluidité… toutes ces choses impalpables font déjà de lui un oVni, mais en dehors du skateboard, c’est au moins pire. il est franchement l’un des skateurs les plus intrigants de la jeune génération. son détachement absolu du milieu du skate, qui, on a beau dire est bourré de codes et de conformismes, le met vraiment dans une catégorie à part, ça, et bien-sûr le fait que même s’il est le plus discret, c’est toujours lui qu’on remarque… L’interviewer pour ce magazine est donc une excellente idée, seulement Werner… c’est Werner, et ceci n’est donc pas son interview. mais vous pouvez lire quand même, vous en apprendrez un peu sur le personnage.

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Mmais là quand-même... Y respectent plus rien, les jeunes ! Wallie out to bluntslide.

oyons clair, interviewer werner est une vraie galère. Le premier truc à savoir sur le bonhomme c’est qu’avec lui, l’expression « vivre au jour le jour » prend tout son sens. on pourrait même dire « vivre à l’heure à l’heure », même s’il faut reconnaître que ça sonne bizarre. Les gars de Soma m’avaient chargé de question-ner werner parce que ça va peut-être vous surprendre, mais ils ne sont pas aussi couillons qu’ils en ont l’air : ils savaient très bien qu’ils n’arriveraient jamais à lui tirer les vers du nez (c’est juste une expression, hein) et qu’ils se rendaient bien compte aussi, que le lecteur que

vous êtes, attend un peu plus que les simples « hiiiii » ou « bam ! » qui sont les mots les plus courants de son langage... Seulement, même moi qui suis son pote, j’ai eu du mal à l’attraper pour le faire parler. J’avais réussi à lui dire qu’il fallait qu’on fasse cette interview, il était ravi (il avait dit : « Hiiii, bam ! »), on avait même pris rendez-vous et puis en fait… Non. J’ai eu un texto à minuit qui m’apprenait qu’il était désolé, puis plus rien. Il vient bien d’acquérir un téléphone portable de marque japonaise, mais je crois qu’il a déjà perdu le chargeur…

FS nose grind, sans élan, mais à Deauville, alors hein, bon.

Switch FS big spin, à Colmar, avec le style...S

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Switch FS big spin, à Colmar, avec le style...

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Bref, au lieu d’essayer de lui courir après sans même être sûr de réussir à le faire parler, je vais m’interviewer moi-même et donc vous parler du cas werner Sandoz :

Bonjour franck, peux-tu me parler un peu du cas Werner sandoz ?Très bonne question Franck, je me remercie de me l’être posée… werner est donc un cas particulier. Il est vrai-ment à part. Mais alors, vraiment, vraiment à part. Son parcours dans la vie est assez atypique : il serait né à Nice (je parle au subjonctif, parce que malgré une « réu-nion de travail » avec tous ses meilleurs potes, on n’a pas réussi à être 100% certains de tout ce que j’avance ici), puis il est allé vivre un moment dans les Caraïbes, sur l’île Saint Martin, il est ensuite retourné en métropole, du côté de Biarritz. Il découvre rapidement la planche à roulette, et par un lien de cause à effet, s’éloigne rapidement des livres et de l’imparfait du subjonctif pour passer le plus de temps possible sur sa planche. Rien de bien fou jusqu’ici, mais suite à un problème informatique il est « oublié » des fichiers de l’éducation nationale, ce qui lui permet, à l’age de treize ans, de ne plus remettre les pieds à l’école et de commencer sa vie d’homme dans la foulée. Plus ou moins livré à lui même très tôt donc, il se satisfait de ce statut et mène sa vie « à l’heure à l’heu-re » à un âge où normalement, nos parents pensent et organisent encore pour nous. werner a alors développé une clairvoyance assez hors du commun, qui lui permet d’être dans une autre sphère que les jeunes de son âge (je rappelle qu’il n’a que seize ans). Il vit aujourd’hui à Annecy, ou à Annemasse, ou ailleurs, c’est difficile de savoir vu qu’il est (très) souvent à droite à gauche… Ce qui est important pour lui, c’est d’être dans la rue avec ses potes et son skateboard. Il a le goût du voyage (d’où sa difficulté à se poser au même endroit trop longtemps) et il est surtout très conscient de la richesse qu’un tel mode de vie peut lui apporter. Il n’est pas rare, lorsqu’on part en trip, de le voir disparaître soudainement (quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit) et qu’il revienne quelques heures plus tard avec ce qu’il est parti chercher (non, je ne fais aucune allusion à rien, rien de rien). Les

premières fois, les gens qui l’accompagnent sont un peu inquiets et puis rapidement on finit par se dire que c’est lui le plus débrouillard et qu’on ferait mieux de s’inquié-ter pour nous-mêmes…

mais franck, dis-moi, si vraiment il est aussi balèze que tu le dis, il doit crouler sous le poids des sponsors ton champion…en effet, et même s’il n’est pas vraiment du style à courir après les contrats, il est quand même épaulé par les vêtements Quiksilver et tout récemment, par un concours de circonstances, il est carrément rentré chez Vans ce qui, on lui souhaite, lui permettra de bouger encore plus et vous permettra surtout de le voir un peu plus souvent dans les magazines. Je me permets au passage de préciser qu’il est confortablement aidé par le sympathique skate shop d’Annecy, ABS, parce que hé, c’est mes potes.

hé bein vas-y, fait comme chez toi, fait ta promo aussi.en même temps, le jeune a tellement de mal avec toute forme de rigueur que je leur souhaite bon courage à mes potes et aux autres…

Quoi d’autre de primordial à savoir sur Werner ?une chose très importante à savoir c’est qu’il est passé dans une émission de télé sur une grande chaîne hert-zienne, dans « Incroyable Mais Vrai » où Il devait passer une table en flip (je crois ?) et où on l’a plus ou moins forcé à dire que son skateboarder préféré était Tony Hawk… Autre fait crucial à connaître, récemment, avec ses potes (Julien Morin, Nabil Slimani et Jossman) il a remporté la finale européenne du « Vans Riot Shop » (contest entre les skateshops) ce qui lui a permis de gagner une chouette guitare dont il ne fait rien, même pas une table basse, puisqu’il n’a pas de « chez lui ». en dehors du skateboard, il a une autre grande passion dans laquelle il fait encore preuve d’un talent hors norme : le chill ! C’est parfois énervant parce que tu es sans nouvel-les de lui pendant quatre jours, il réapparaît au shop, puis

Crooked grind sponsorisé par Schenker-Joyau à La Rochelle.

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Crooked grind sponsorisé par Schenker-Joyau à La Rochelle.

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hop, il re-disparaît pendant quatre jours… Ce qui n’est pas très pratique quand tu essayes de le filmer pour un super projet vidéo qui n’aboutira peut-être jamais, ce qui est mon cas, où quand tu essayes de l’interviewer pour un magazine de skateboard…

Mais malgré tout cela, et même s’il restera discret dans le paysage, il y a fort à parier qu’on entendra parler de lui dans les années à venir, parce que werner, c’est un bon, sur sa board, et à côté également. Voilà, merci de votre attention et désolé pour le manque de professionnalisme de ma part, et de la sienne…

Switch FS tail slide big spin out du côté de Coulomiers.

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Go Ueda est le gardien du spot. Presque toute sa « carrière » dans le skate japonais tient à ce spot, la moitié

de ses photos et footages vidéo a été shootée sur ces courbes. À la vue de ce wallride on se dit qu’effectivement

le gars doit avoir le spot dans les pattes…

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et si nous parlions un peu chiffons pour changer ? Ça manque un peu dans ce magazine. Prenez le yukata par exemple, on n’en parle jamais alors que c’est un chouette vêtement traditionnel japonais toujours porté aujourd’hui, notamment lors des fêtes et des festivals. C’est un Ki-mono d’été en coton, très confortable et très pratique à la sortie du bain (« yukata » signifie littéralement vêtement de bain), mais qui peut s’utiliser dans la rue, indifféremment par les hommes ou les femmes. un homme se promenant en yukata dans une rue française ne devra pas s’étonner cependant de provoquer la risée générale sur son passage. Il serait même logique qu’il se fasse un peu bousculer, voire carrément tabasser, s’il se trompe de quartier… Mais au Japon, ça passe. Tu peux arborer fièrement ton yukata tel un blason, et personne ne viendra te juger, ni même te soupçonner d’avoir le nez sale. Mais pourquoi vous parle-je de kimono ? Parce que figurez-vous que l’incroyable spot que vous pouvez voir sur les photos de cet article n’est pas un skatepark, mais une sorte de sculpture

blueYukataPhotos par iseki nobuo

Texte par fredd

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Marc Haziza dans Soma ? Mais que fait la police ? Ha ha. Bon, ce n’est un secret pour personne, Marc a le 360 flip to fakie facile,

il est capable de le faire à peu près n’importe où, même quand selon toute logique, ça n’est absolument pas possible. Celui-ci est

carrément Daewonesque. Champion !

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géante à la gloire du yakuta. Cette étonnante œuvre d’art se trouve à To-kyo et elle est très certainement le spot de skate le plus connu au Japon. « Mecena » que ça s’appelle, et quand Marc Haziza y est allé l’été dernier avec ses potes de chez Premium skateboards il a quelque peu halluciné sur l’endroit. et il faut reconnaître qu’il y a de quoi… Le jour où les skateparks français seront aussi bien foutus que ce monument érigé à la gloire du peignoir de bain, je veux bien me promener en yukata à fleur à la Courneuve ou même à la Villeneuve de Grenoble. Promis.

Ce 360 de snowboard de Jason Barr par-dessus la bosse est peut-être le trick le plus fou jamais réalisé à

Mecena. Selon Go Ueda en tout cas, et si Go le dit,

c’est qu’il y a du vrai là-dedans.

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LIzard kinG Noseblunt drop-in, hamBourg © TuRA

NuMéRO Vingt-et-un

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aLex RichaRD 50-50 BS 180° out / Bordeaux © Loïc BeNoîT

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VaLerI rosoMaKo & LennIe BURmeisteR Team pivot / BerLiN © TuRA

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eNvRAcVans 1966Vans a mis les gros moyens sur cette vidéo. on se permet de la préciser parce que bien que la boîte soit tout ce qu’il y a de plus américaine, ce projet lui, est 100% européen. et ça fait du bien d’être pris au sérieux par les etats-uniens de temps en temps… Cette remarque vaut ce

qu’elle vaut (pas grand-chose) mais on va l’assumer quand même. Le team européen donc, l’incroyable team européen devrais-je dire, a été trimbalé un peu de partout dans le monde pour filmer, en HD, leurs parts respectives. Cela a pris un certain temps, deux bonnes années si je ne m’abuse, et le résultat est impeccable. Les parts sont propres, les intros fantastiques (on vous laisse les découvrir) mais l’ensemble souffre d’un réel problème de rythme. on s’endort entre les parts et c’est franchement dommage, parce que si on regarde chaque section indépendamment de l’ensemble, c’est vraiment super bien. Voilà tout le mal que j’ai à en dire, mais je tenais à vous en faire part parce que j’en ai gros sur la patate. Notons cependant que Danny wainwright a une vraie bonne part et que ce simple fait efface tous les problèmes de rythmes évoqués précédemment…Le bouquin qui accompagne la vidéo ne souffre lui d’aucun manque de quoi que ce soit. Les photos de Percy Dean, qui a suivi les rideurs pendant toute la durée du filmage sont juste géniales. Il est bon ce Percy, il est bon. Le bouquin à lui seul justifie donc l’acquisition de cette vidéo. Vraiment. Il y a aussi une compilation de musique avec une quinzaine de titres allant de Sonic youth à Herbie Hancock en passant par Poison, Bowie, N.w.A. les Stooges… (et aussi les infâmes Pennywise) et d’autres trucs très bien mais pas un seul morceau de Dinosaur Jr ce qui est une regrettable erreur car je vous rappelle cette règle que vous devriez tous connaître : « une vidéo de skateboard avec Dinosaur Jr est forcément une bonne vidéo », une règle maintes fois vérifiée, n’essayez même pas de me contredire. N’essayez pas j’ai dit ! - FD

full Bleed New york City Skateboard PhotographyAlex Corporan, Andre Razo et Ivory Serra ont compilé sur plus de 300 pages, une masse folle de photos retraçant l’histoire du skateboard à New york, des années 70 à aujourd’hui. Des photos qui ont marqué et d’autres complètement inédites, mais tout aussi géniales. Des skateurs que tout le monde connaît, que tout le monde

est content de revoir et d’autres dont la popularité n’a jamais franchi les portes de la ville. on imagine mal la somme de travail, d’e-mails et de coups de fils nécessaire aux trois « jeunes » gens cités plus haut pour arriver à leurs fins. Nous saluons donc la performance et il est vrai que ça aurait pu être complètement fantastique, on a même frôlé le vrai putain de bon bouquin, seulement, l’absence de texte, l’absence de pagination (les légendes sont à la fin, mais les pages ne sont pas numérotées…), le recadrage systématique des photos, l’absence de chronologie, de

thème, de fil conducteur… est assez déroutant. Alors bien sûr, tout ceci est un parti pris artistique (on l’espère en tout cas), mais c’est un peu agaçant à vrai dire. Il n’en reste pas moins que Full Bleed est un bon gros livre avec des photos complètement folles, et on ne peut pas reprocher aux auteurs d’avoir trop intellectualisé le débat… Dommage donc, mais je dois reconnaître que je suis quand même content que Tura l’ait oublié chez moi et il peut être assuré de ne jamais le récupérer (en même temps, je ne pense pas qu’il l’ait oublié par hasard, il n’a pas digéré le recadrage des photos…). - FD

atiba 1515 ans que es existe, autant d’années qu’Atiba Jefferson fait des photos avec les différents riders s’étant succédés au sein du team. Ca va de l’époque Tom Penny/Chad Muska en passant par Kerry Getz brièvement, Cale Nuske, Silas BN, Ronnie Creager, Mike Taylor (rapidement aussi), Koston pendant 10 ans, Burnquist, ou encore l’indéboulonable McCrank, (et il y

a même une photo de Sal Barbier)… Ca valait bien un bouquin. on a donc droit à une sélection de photos ayant servi à alimenter des pubs aussi bien que des articles de magazines, le tout en vrac, ou du moins sans ordre apparent. C’est peut-être d’ailleurs ce qui fait défaut au bouquin, on se perd un peu dans les époques, d’autant plus que les légendes sont toutes réunies sur une page à la fin. Ca se feuillette plus que ça ne se lit, mais c’est toujours bon de revoir Koston à sa grande époque, P-Rod minuscule, Bobby worrest avant les tatouages et la bière, Arto en rookie ou Antwuan avant le drame… - DT

supreme bookA part une marque de casquettes, Supreme c’est aussi un skate shop à New york où, il paraît, les vendeurs sont odieux, et où les touristes japonnais font la queue pour acheter des chaussures collector (des sneakers qu’ils appellent ça) même pas à leur taille. et la plupart du temps, les types qui portent du Supreme ont cette démarche assurée de celui qui a été jusqu’à New

york dépenser 50 dollars pour une casquette de golf, et ainsi bravé les regards dédaigneux des fameux vendeurs. Pour moi, Supreme n’a rien apporté d’autre, en France, que des petits frimeurs en Air Max... Cela dit, j’ai acheté le bouquin, parce que malgré tout, Supreme a influencé énormément de gens et de marques, autant dans le skate que dans le street-wear. et c’est intéressant de voir, à travers les pages, comment la marque reste (un peu) underground tout en travaillant avec des grands noms du hip-hop, de l’art contemporain ou même du show-business. Supreme traverse les années et continue de dicter sa mode avec son graphisme minimalisme redoutablement efficace, sans perdre de son intérêt auprès de sa cible (les mecs branchés), et c’est précisément ce qui fait tout l’intérêt de ce bouquin. - DT

L e c o i n L e c t u r e

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eNvRAccomme son nom l’indique très clairement, « minuit » est une vidéo (bordelaise) entièrement filmée entre 00h00 et 00h01 ! alors bien sûr, ça surprend un peu au début, mais quand on se renseigne un peu, on apprend que les gars faisaient tous les jours l’aller et retour au Japon pour avoir deux fois la possibilité de rentrer leurs tricks à minuit dans la même journée. Pas con. en même temps, je ne sais pas si c’est vraiment possible. Pourtant le gars qui me l’a dit est « une source sûre »… Dans le doute, on va quand même demander à Yoan taiLLanDieR, le gars qui a réalisé la vidéo de nous en parler plus en détail. - fD

« minUit »

comment est né le projet ?yoan : Ça a commencé par une vidéo japonaise en noir et blanc « on The Broad » que Masaki, un pote de Bor-deaux, nous avait envoyé. (Avec Léo Valls) on a trouvé ça complètement fou, c’était différent de ce qu’on avait l’ha-bitude de voir. Alors on a commencé à chercher d’autres trucs sur la scène japonaise sur youtube et on a trop ac-croché. et vu que Masaki a de la famille au Japon et qu’il n’y était pas allé depuis un bon moment, on a décidé d’al-ler voir. Au final, on a rencontré Akira Imamura, un ska-teur local qui ne bossait pas et qui pouvait donc skater tout le temps avec nous, il nous a montré les spots et on s’est bien entendu. on skatait la nuit parce qu’il y a trop de monde la journée dans les rues de Tokyo. et on ska-tait à partir de minuit, parce que c’est l’heure où s’arrê-tent les métros…

mais il n’était pas encore question de faire une vi-déo à l’époque ?Non, on voulait juste voir comment ça se passait là-bas. on voulait du dépaysement, voir les mecs qui skatent à fond et on a fini par rencontrer plein de gens comme Ta-kahiro Morita qui filme et réalise des vidéos là-bas. on y est retourné trois fois. Kenji Nakahira, qui a eu une in-terview dans Soma (# 20) est venu nous voir pendant un mois à Bordeaux, pour skater et voir la France. on a des potes d’osaka qui sont venus aussi, les gars de Tight Booth qui ont fait la vidéo « Lens »…

Qu’est ce qui est le plus compliqué dans la réalisa-tion d’une vidéo comme celle là ?on a décidé de faire un projet collectif, donc le plus com-pliqué ça a été de coordonner tous les gens impliqués, pour la musique notamment.

toutes les musiques sont originales c’est ça ?oui, on a deux amis à Bordeaux qui font du son et qui ont créé des musiques pour nous et puis on a rencontré

un groupe de Nakano, oPSB qui nous ont fait deux ti-tres. en fait on voyait ce qui se faisait au Japon et c’est ce qui nous a donné cette motivation de tout faire nous-même. Parce que là-bas, il y a bien sûr toutes les mar-ques classiques qui sont importées, mais les scènes locales sont très présentes aussi. Il y a plein de marques locales, même des marques de quartier qui sont vachement sou-tenues par les skateurs. y’a toute une mini économie pa-rallèle, très active.

filmer la nuit ça a dû apporter son lot d’anecdotes…ouais c’est sûr, c’est plein de rencontres. on est tous un peu des lève tard. À Bordeaux, c’est sûr qu’on est moins actifs qu’à Paris… La rue principale à Bordeaux est tou-te en marbre et elle est skatable la nuit, les flics ne nous disent rien, donc on skate tout le temps la nuit. y’a tou-jours des mecs qui font chier mais de manière générale c’est assez détendu.

comment est dispo la vidéo ?Déjà elle est dispo sur le site www.yoantaillandier.com et Magenta s’occupe de la distribuer en skateshops en Fran-ce et un petit peu partout. Au Japon elle est sortie plus tôt, ils ont fait ça bien là-bas…

Quelle heure est-il à tokyo quand il est minuit ici ?J’en sais rien du tout ! y’a sept ou huit heures de déca-lage, je crois, mais je suis super mauvais en maths, je ne sais pas si c’est huit heures plus tôt ou plus tard. Quand c’est le matin ici c’est l’après midi là-bas.

Donc il est huit heure du mat’.Peut-être oui. oui voilà !

Minuit est une vidéo qui donne envie de skater, de nuit de préférence, avec dans les rôles principaux : Masaki ui,

Seb Daurel, Léo Valls, Akira Imamura, les gars de chez Magenta, des Japonais à perte de vue et même Carlos

young. À voir et à avoir.

L a v i d e o n o c t u r n ephoto : DaviD MANAUD

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Il avait neigé une bonne partie de la matinée. Nous sommes restés au lit à regarder les flocons tomber comme de la poussière, alors qu’ils recouvraient la ville d’un blanc doux et homogène. Il était presque 14h30 quand la neige s’est arrêtée et qu’elle a été remplacée par une pluie fine et des signes indiquant que le soleil allait percer. Caroline voulait marcher jusqu’à une brocante à proximité. Moi, je voulais rester au lit, mais je me suis levé et habillé à contrecœur. Très vite nous étions tous les deux dans la rue à chiner parmi les antiquités. C’est là que nous sommes tombés sur la plus incroyable des décorations de Noël d’antan. Caroline a plongé la main dans un cageot en bois et en brandissant un ornement, elle s’est exclamée : « Le monde devait être sacrément beau à l’époque ! » Inutile de lui demander des éclaircissements, car nous sommes sur la même longueur d’onde. Alors que le morceau de verre délicat scintillait dans sa main, j’ai remarqué le reste de la brocante, puis les édifices qui s’élevaient en arrière-plan. Au passage, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à l’extension anarchique des maisons préfabriquées qui recouvrent le Midwest, les autoroutes géantes, les fast-foods et ces horribles sculptures de métal que sont les centres commerciaux ou les complexes d’appartements construits à moindres frais qui s’élèvent au bord de toutes les grandes villes du monde et qui sont ornés d’installations en plastique et en métal de mauvaise qualité produites à la chaîne. À travers les arbres, Paris me fixe avec ses imposantes façades en pierres et ses dents en fer forgé

mises en valeur par la neige. Mon regard se pose à nouveau sur l’ornement, une pièce faite à la main en verre soufflé qui exemplifie plus que tout le côté humain. en l’observant, je me rends compte que nos générations ne laisseront derrière elles rien de valeur ou de durable. Les wal-Mart et IKeA de ce monde produisent en série tout ce que nous consommons. et quand nous avons fini d’utiliser ces objets, nous les jetons à poubelle, tout simplement. À cette réflexion, je m’aperçois que l’avenir sera hideux. Finies les belles voitures fabriquées à la main comme celles que nos pères conduisaient. Fini le fer forgé qui encercle les parcs en ville. Finis les escaliers en marbre et les belles décorations de Noël. Les magazines se réduiront à des écrans d’ordinateur. Les bibliothèques se résumeront à des livres numériques. Les vêtements de confection soignée sont détruits par H&M et l’industrie du textile chinois ! Les rues pavées sont transformées en autoroutes géantes. Plus on va vite, mieux c’est. Moins c’est cher, mieux c’est. Sauf que MoINS CHeR c’est LAID !

Nous achetons les ornements et les ramenons chez nous, non pas pour leur simple beauté, mais parce qu’ils nous investissent d’une responsabilité. Ils ont de la valeur et ne peuvent être remplacés ou jetés une fois leur utilisation passée. Il ne s’agit pas de piètres répliques en plastique qui imitent une idée ; ils incarnent l’idée en soi ! Ces ornements seront emballés et rangés puis ressortis tous les ans, et chaque fois que nous les accrocherons dans notre sapin, ils nous rappelleront un monde de beauté.

Paris, le 6 décembre 2010

LA CHRONIQUE DE SCOTT BO

URNE Traduction : Aurélia Ruetsch

[email protected]

L’idée en soi

eNvRAc L ’ a u t o p r o m o

Voilà donc ce qu’il faudra taper dans votre navigateur internet, si ce discours a eu l’effet escompté : WWW.somaskate.com, WWW.aPRoPosskatemaG.com, WWW.oPiUmsnoW.com

Les editions du garage, c’est nous. ouais, on peut se venter d’être le seul mag de skate ne faisant pas partie d’une grosse boîte d’édition. on a assez donné pour les 4x4 des patrons...

enfin bref, fin 2010, en plus de soma, on a sorti un mag de snowboard annuel qu’on a appelé opium. Si vous l’avez raté en

shop, vous pourrez toujours le feuilleter en ligne d’ici quelques semaines. Surveillez donc le site si ça vous intéresse. et comme on est vraiment

des dingues, on a aussi sorti un autre petit magazine de skate, a Propos,

mais qui traite uniquement de la scène parisienne, à l’image de Anzeigeberlin à Berlin et Grey à Londres. C’est dispo

en shop (et skateparks) en île de France, et à l’heure qu’il est, ça doit aussi être

en ligne.Pour s’abonner à tout ça, eh bien c’est

toujours impossible, on s’en excuse, mais on préfère faire autre chose que de remplir des enveloppes à la fin du mois...

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« Je vous hais footballeurs. Vous ne m’avez fait vibrer qu’une fois : le jour où j’ai appris que vous aviez attrapé la chiasse

mexicaine en suçant des frites aztèques. J’eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu’à la fin du tournoi. mais Dieu n’a pas voulu. ca ne m’a pas surpris de sa part. il est comme vous. il est partout, tout le temps, quoi qu’on

fasse et où qu’on se planque, on ne peut y échapper. »- Pierre Desproges « Le doute m’habite »

FLoreNt mirtaiN, Fs 180° to Fakie 5-0Photo : Fred mortagNe