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St Clément de Rome (mort en 99 après J.-C.) : Quatrième évêque de Rome. L’un des Pères dit apostoliques, il est l’auteur de l’épître aux Corinthiens, dont la popularité était telle chez les chrétiens, qu’elle était lue au même titre que les épîtres canoniques dans les églises. Elle était même reconnue par St Irénée de Lyon et St Clément d’Alexandrie comme faisant partie des Écritures inspirées. Il mourut martyr. Citations de I Clément : Écrite vers la fin de la vie de Clément, son attribution à celui-ci est certaine. On estime qu’elle fut composée en 97. « Telle est la voie, bien-aimés, où nous trouverons notre salut, Jésus-Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le défenseur et le secours de notre faiblesse. Par lui nos regards peuvent fixer le plus haut des cieux, en lui nous voyons le reflet de la face pure et majestueuse de Dieu 1 , par lui se sont ouverts les yeux de notre cœur, par lui notre intelligence obtuse et obscurcie s'épanouit dans la lumière, par lui le Maître a voulu nous faire goûter à la connaissance immortelle : “Resplendissement de la gloire du Père, il est d'autant supérieur aux anges que le nom qu'il a reçu en héritage est incomparable au leur(Hébreux 1 : 3-4) » « Vous voyez, bien-aimés, quel modèle on nous donne ; si le Seigneur s'est humilié ainsi, que ferons-nous, nous à qui il donne de marcher sous le joug de sa grâce ? » « Jésus-Christ, notre Seigneur, le sceptre de la majesté divine 2 , malgré sa puissance, est-il venu au monde en étalant le faste et l’orgueil ? N’est-il pas venu, au contraire, dans l’humilité, ainsi que l’Esprit saint l’avait annoncé ? » « C’est ainsi que le grand ouvrier, le maître de l’univers, a voulu que tout se maintînt dans la paix et dans l’harmonie, prodiguant ses bienfaits à tous, mais les répandant avec surabondance sur nous, qui trouvons sans cesse dans sa clémence un refuge 1 En grec, son visage [à Jésus-Christ] (ôpsin autoû, ὄψιν αὐτοῦ) 2 En grec, Τὸ σκῆπτρον τῆς μεγαλωσύνης τοῦ Θεοῦ

St Clément de Rome (mort en 99 après J.-C.) surabondance sur nous, qui trouvons sans cesse dans sa clémence un refuge 1 En grec, son visage [à Jésus-Christ] (ôpsin autoû, ὄψιν

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  • St Clment de Rome (mort en 99 aprs J.-C.) :

    Quatrime vque de Rome. Lun des Pres dit apostoliques, il est lauteur de lptre aux

    Corinthiens, dont la popularit tait telle chez les chrtiens, quelle tait lue au mme titre que

    les ptres canoniques dans les glises. Elle tait mme reconnue par St Irne de Lyon et St

    Clment dAlexandrie comme faisant partie des critures inspires. Il mourut martyr.

    Citations de I Clment :

    crite vers la fin de la vie de Clment, son attribution celui-ci est certaine. On estime quelle

    fut compose en 97.

    Telle est la voie, bien-aims, o nous trouverons notre salut, Jsus-Christ, le grand

    prtre qui prsente nos offrandes, le dfenseur et le secours de notre faiblesse. Par lui

    nos regards peuvent fixer le plus haut des cieux, en lui nous voyons le reflet de la face

    pure et majestueuse de Dieu1, par lui se sont ouverts les yeux de notre cur, par lui

    notre intelligence obtuse et obscurcie s'panouit dans la lumire, par lui le Matre a

    voulu nous faire goter la connaissance immortelle : Resplendissement de la gloire

    du Pre, il est d'autant suprieur aux anges que le nom qu'il a reu en hritage est

    incomparable au leur (Hbreux 1 : 3-4)

    Vous voyez, bien-aims, quel modle on nous donne ; si le Seigneur s'est humili

    ainsi, que ferons-nous, nous qui il donne de marcher sous le joug de sa grce ?

    Jsus-Christ, notre Seigneur, le sceptre de la majest divine2, malgr sa puissance,

    est-il venu au monde en talant le faste et lorgueil ? Nest-il pas venu, au contraire,

    dans lhumilit, ainsi que lEsprit saint lavait annonc ?

    Cest ainsi que le grand ouvrier, le matre de lunivers, a voulu que tout se maintnt

    dans la paix et dans lharmonie, prodiguant ses bienfaits tous, mais les rpandant

    avec surabondance sur nous, qui trouvons sans cesse dans sa clmence un refuge

    1 En grec, son visage [ Jsus-Christ] (psin auto, )

    2 En grec,

  • assur par notre Seigneur Jsus-Christ. Honneur et gloire lui soient rendus dans tous

    les sicles des sicles !

    Craignons, mes bien-aims, que tant de bienfaits de sa part ne tournent contre nous, si

    notre vie nest pas conforme sa volont, si nous ne faisons point sous ses yeux ce

    quil lui plat, dans un esprit dunion et de paix.

    Lcriture nous dit quelque part : LEsprit de Dieu est un flambeau qui pntre les

    curs. (Proverbes 20 : 27)

    Songeons que le Seigneur est prs de nous ; que pas une de nos penses, pas un des

    raisonnements que nous formons ne lui chappe.

    Il est donc juste de ne pas se drober sa volont comme des transfuges. Ce nest

    point des hommes insenss, superbes, pleins de vanit dans leurs discours, quil faut

    craindre de dplaire, mais Dieu.

    Craignons le Seigneur Jsus-Christ dont le sang a t donn pour nous ; ayons le

    respect de nos chefs, la crainte de nos anciens ; levons nos enfants dans la crainte de

    Dieu. Rappelons nos femmes leurs devoirs ; quelles montrent des murs pures et

    aimables, un esprit de douceur vritable et sincre ; quelles manifestent leur discrtion

    par leur silence ; quelles ncoutent pas leurs affections particulires, mais quelles

    montrent une gale tendresse tous ceux qui craignent vritablement le Seigneur.

    Citations de II Clment :

    On a souvent dsign lauteur de cette ptre comme tant Clment de Rome, mais plusieurs

    remettent cette attribution en doute. crite peu aprs la mort de Clment, vers la fin du

    premier sicle, elle est certainement la mise lcrit dun sermon oral fait dans une glise.

    Mes frres, les sentiments que nous avons sur Dieu nous devons les avoir sur Jsus-

    Christ3, et le regarder comme le juge des vivants et des morts.

    3 En grec : ,

  • St Ignace dAntioche (mort en 107 aprs J.-C.) :

    Disciple de Saint Jean, il fut le troisime vque dAntioche. La lgende fait de lui lun des

    enfants que Jsus mit au milieu de lui et les aptres. Pre apostolique, il crivit plusieurs

    ptres aux diffrentes communauts chrtiennes, la manire de Saint Paul. Il mourut martyr

    Rome, dvor par des btes sauvages.

    ptre aux phsiens :

    Ignace, surnomm Thophore, lglise dphse en Asie, comble de bndictions

    par la munificence de Dieu le pre, prdestine avant tous les sicles une gloire

    permanente, immuable ; unie troitement lui, et choisie en vertu des mrites rels de

    la passion par la volont du Pre et celle de Jsus-Christ notre Dieu4 cette glise

    surnomme bienheureuse si juste titre, et, par sa grce, toujours pure, salut et

    abondance de bndictions en Jsus-Christ.

    Nous navons contre elles quun seul mdecin, tout la fois chair et esprit, cr et

    ternel5, Dieu dans lhomme vraie vie dans la mort, n de Marie et de Dieu, passible

    dabord et maintenant impassible ; et ce mdecin cest Jsus-Christ.

    Quils aillent Jsus, notre Dieu, qui fut port dans le sein de Marie daprs le plan

    de la sagesse divine

    Ce fut luvre dun Dieu manifest sous une forme humaine6, pour rgnrer

    lhomme et lenfanter la vie ternelle.

    On peut dire de vous que vous tes des pierres du temple de Dieu le pre ; oui, de

    vraies pierres du temple de Dieu, tailles pour former cet difice, vous servant de

    4 En grec : 5 , agnnetos, ternel, non-cr. 6 En grec :

  • linstrument de Jsus-Christ, je veux dire sa croix et de lEsprit saint, comme dun

    cble pour vous lever.

    Il vaut mieux se taire et tre Chrtien en effet, que parler et ne ltre pas. Il est bon

    denseigner, mais il faut pratiquer ce que lon enseigne. Nous navons quun seul

    matre ; il a dit, et tout a t fait ; mais ce quil a fait lui-mme dans le silence est

    surtout digne de son pre. Celui qui a compris la parole de Jsus-Christ peut aussi

    comprendre son silence ; cest tre arriv la perfection que de savoir agir selon ses

    paroles et manifester sa foi par son silence mme

    Rien nest cach au Seigneur, le secret de nos curs est dans sa main ; faisons tout

    avec cette pense, quil habite en nous, et nous deviendrons des temples dont il sera la

    Divinit, comme il lest en effet ; et cest ainsi quil doit un jour apparatre nos yeux.

    Que de raisons de ne lui prsenter que des curs brlants de son amour !

    ptre aux Magnsiens :

    Jsus-Christ est un, et rien nest au-dessus de lui. Ne voyez donc plus quun seul

    temple, quun seul autel du Seigneur, quun seul Jsus-Christ, qui sort dun seul pre,

    qui existe en lui seul, et qui rentre dans son unit.

    Comme jai pu, dans les personnes dont je viens de parler, contempler la foi et la

    pit de toute votre multitude, je ne vous recommanderai plus quune seule chose,

    cest de toujours agir en union avec le Seigneur, regardant lvque comme son

    reprsentant au milieu de vos assembles, les prtres comme formant le snat des

    aptres, et les diacres, objets de ma prdilection, comme dispensateurs des mystres

    mmes de Jsus-Christ, qui, avant les sicles, tait en Dieu son pre, et qui sest rvl

    la terre dans ces derniers jours.

    Appliquez-vous vous affermir dans la doctrine de Jsus-Christ et dans celle des

    aptres, afin que toutes vos uvres, selon la chair ou selon lesprit, dans leur principe

    et dans leur fin, servent votre salut par la foi et lamour concernant le Pre, le Fils, le

    Saint-Esprit.

    Oui, vivez soumis lvque et les uns aux autres, comme Jsus-Christ ltait son

    pre, pendant sa vie mortelle, et comme les aptres lont t Jsus-Christ, au Pre, et

    au Saint-Esprit ; de sorte que lunion entre vous soit entire, cest--dire selon le corps

    et selon lesprit.

    ptre aux Tralliens :

    Le Seigneur vous invite les produire, ces fruits de vie, par les mrites de sa

    passion, vous qui tes ses membres ; or, le chef ne peut tre sans les membres. Dieu

    nous a fait la promesse de cette union intime avec lui, union qui nous met en

    possession de lui-mme.

    ptre aux Romains :

  • Ignace, surnomm Thophore, cette glise riche des misricordes reues de la

    magnificence du Trs-Haut et de son fils unique ; cette glise chrie, clatante de

    lumire : daprs la volont de celui qui veut tout ce qui est conforme la charit de

    Jsus-Christ, notre Dieu ; cette glise qui commande toutes les autres dans la

    capitale de lempire romain, glise si digne de Dieu, si belle !

    Salut et bndictions saintes et abondantes en Jsus-Christ, notre Seigneur et notre

    Dieu.

    Jamais vous navez port envie personne ; vous formiez les autres sur vous-mmes

    par vos leons. Eh bien ! je veux que vous pratiquiez ces leons mon gard.

    Demandez seulement que jaie la force ncessaire au dedans et au dehors, pour quen

    moi la volont saccorde avec les paroles, et que je sois Chrtien, non par le nom, mais

    par les uvres. Cest seulement quand jaurai fait ces uvres que je pourrai prendre ce

    titre ; cest lorsque jaurai quitt ce monde quon pourra mappeler fidle. Lapparence

    nest rien ; ce nest pas ce qui frappe les yeux qui est bon. Jamais Jsus-Christ, notre

    Dieu, ne parat plus grand que lorsque la foi le contemple cach au sein de son pre.

    La croyance seule ne fait pas le Chrtien, mais la force, puisque ce titre nous signale

    la haine du monde.

    Je suis le froment de Dieu, je veux tre broy par la dent des btes pour devenir le

    pur et digne pain de Jsus-Christ.

    Priez donc le Christ que je devienne7, par la dent des btes, une victime digne de

    lui.

    quoi me serviraient toutes les contres de la terre, tous les royaumes de ce

    monde ? Il mest bien plus avantageux de mourir pour Jsus-Christ que de commander

    au monde entier. Je cherche celui qui est mort pour moi ; je veux celui qui est

    ressuscit cause de moi. Voil le trsor quil faut mon me. pargnez-moi, mes

    frres ; ne mempchez pas daller la vie ; et pour cela souffrez que je meure.

    Puisque je veux tre Dieu, ne jetez pas le monde entre lui et moi ; cartez la

    sduction des objets sensibles ; laissez-moi boire la source pure de la lumire. Arriv

    l, cest alors que je serai homme. Mais souffrez quauparavant je sois limitateur des

    souffrances de mon Dieu.8

    Si quelquun de vous possde ce Dieu en lui-mme, il comprendra mon dsir ; il saura

    compatir lardeur qui me dvore, il sentira tout ce que jprouve.

    Le prince de ce monde veut marracher, veut corrompre en moi cet amour pour mon

    Dieu. Quaucun de vous, tmoin de la lutte, ne lui prte main-forte. Soyez plutt pour

    moi, cest--dire pour Dieu. Ne me parlez plus de Jsus-Christ, si le monde vit dans

    votre me, et ne menviez pas moi ce qui fait ma vie. Si je vous tenais jamais un

    autre langage, ne mcoutez pas ; appelez-en de mes paroles ma lettre.

    7 En grec, selon les manuscrits : priez le Christ ( ) ou priez le Seigneur (

    ). Le contexte de la phrase montre nanmoins que cest le Christ qui est dsign. Du verbe :

    (litaneuo), supplier, prier. lorigine du franais : litanie. 8 Littralement, la souffrance de mon Dieu ( )

  • Je ne trouve ni got, ni plaisir aux aliments corruptibles, tout ce quon appelle

    dlices de la vie. Cest le pain de Dieu quil me faut, et ce pain, cest la chair de Jsus-

    Christ n du sang de David. Je veux pour breuvage son divin sang, principe dun

    amour toujours pur, source intarissable de vie.

    ptre aux Philadelphiens :

    Salut cette glise, au nom du sang de Jsus-Christ, source dune joie ternelle et

    inaltrable, surtout sil existe une chaste union avec lvque, avec les prtres, avec les

    diacres, ces ministres tablis par lordre de Jsus-Christ, quil a, daprs sa divine

    volont, affermis dans la foi par lEsprit saint.9

    Lorsque jtais parmi vous, je criais, je disais haute voix, et ctait la voix de Dieu

    : Attachez-vous lvque, aux prtres et aux diacres. On croyait que je parlais ainsi

    parce que javais t prvenu de la dfection de certaines personnes.

    Celui pour qui je porte ces chanes mest tmoin que je ne savais rien. Cest lEsprit

    saint lui-mme qui parlait, et qui nous dit encore : Ne faites rien sans lvque ;

    conservez votre corps pur, cest le temple de Dieu ; aimez lunit, fuyez les divisions ;

    imitez Jsus-Christ, comme lui-mme imitait son pre. 10

    Maintenant que je connais lheureux effet de vos prires11 et de votre amour pour

    Jsus-Christ.

    ptre aux Smyrniotes :

    Salut et abondantes bndictions par lEsprit saint et le Verbe de Dieu.

    Je rends grces Jsus-Christ Dieu12, qui vous a rendus si sages. Je me suis aperu,

    en effet, que vous tes achevs dans une foi inbranlable, comme si vous tiez dous

    de chair et d'esprit la croix de Jsus-Christ, et solidement tablis dans la charit par

    le sang du Christ, fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est

    vritablement de la race de David selon la chair, Fils de Dieu selon la volont et la

    puissance de Dieu, vritablement n d'une vierge, baptis par Jean pour que, par lui,

    ft accomplie toute justice.

    Et en effet, aprs sa rsurrection, na-t-il pas bu, na-t-il pas mang avec ses

    disciples, pour montrer quil tait chair, en mme temps quil demeurait par lesprit

    uni son pre ?

    9 En grec, son Esprit Saint ( ) 10 Dans cette citation, Ignace dAntioche considre que la voix de Dieu ( ) est la voix de lEsprit saint

    ( ), soulignant sa croyance en la divinit du Saint-Esprit. 11 Prire, 12 En grec :

  • Que personne ne sy trompe, et les puissances clestes, et la glorieuse milice des

    anges, et les principauts visibles et invisibles, si elles ne croient au sang de Jsus-

    Christ13, auront elles-mmes subir un jugement. Comprenne qui pourra.

    ptre St Polycarpe, vque de Smyrne :

    Je souhaite que vous vous portiez toujours bien en notre Dieu Jsus-Christ ; puissiez-

    vous en lui demeurer toujours dans l'unit et sous la surveillance de Dieu. Je salue

    Alc, qui m'est si chre. Portez-vous bien dans le Seigneur.

    13 Dans certains manuscrits, le Dieu (to Theo, ) est ajout juste aprs Christ (Khristo, )

  • St Polycarpe de Smyrne (69-156 aprs J.-C.) :

    vque de Smyrne, il est un disciple de Saint Jean, comme le rapportent Irne de Lyon (son

    contemporain), Eusbe de Csare et Jrme. Il est connu principalement pour son ptre aux

    Philippiens. Mort martyr, brl vif. Par les ptres dIgnace dAntioche aux Smyrniotes et

    Polycarpe lui-mme, nous pouvons conclure que Polycarpe croyait galement en la divinit

    du Christ. Si les deux hommes divergeaient sur ce sujet, St Ignace, prompt dnoncer la

    division et les hrsies, naurait pas parl en ces termes de lvque des Smyrniotes :

    Je salue votre vque, si digne de Dieu [ ] (Smyrniotes)

    Imitez tous ensemble lvque comme Jsus-Christ imite son pre [

    ] (Smyrniotes)

    Accueillant avec joie les sentiments que tu as pour Dieu, fonds comme sur un roc

    inbranlable, je glorifie l'extrme le Seigneur de m'avoir jug digne de

    contempler ton visage irrprochable : puiss-je en jouir en Dieu! [,

    , ] ( Polycarpe)

    Connaissant lardeur de votre amour pour la vrit, je ne vous adresse pas une

    plus longue exhortation. [ ] ( Polycarpe)

    Je souhaite que vous vous portiez toujours bien en notre Dieu Jsus-Christ. [

    ] ( Polycarpe)

  • Il ny a donc aucun doute sur lorthodoxie de Polycarpe, et de sa foi partage avec Ignace

    dAntioche sur la divinit du Christ. Son ptre aux Philippiens le souligne galement.

    ptre aux Philippiens :

    Si donc nous prions le Seigneur quil nous pardonne, nous devons aussi pardonner.

    Nous sommes placs sous les regards du Seigneur notre Dieu, et nous devons tous

    paratre devant le tribunal de Jsus-Christ, o chacun rendra compte pour soi-mme.

    Servons-le donc avec crainte et respect, ainsi quil nous lordonne, ainsi que lont

    prescrit les aptres qui nous ont prch lvangile, et les prophtes qui nous ont

    annonc davance la naissance du Sauveur.

    Ayons une sainte mulation pour le bien ; vitons les scandales, et les faux frres qui

    confessent le nom du Seigneur avec un cur hypocrite et induisent en erreur les esprits

    lgers. Quiconque ne confesse pas que Jsus-Christ est venu dans la chair est un

    antchrist. Celui qui nie la vrit du martyre de la croix est un dmon ; mais pour celui

    qui interprte la parole de Dieu selon ses dsirs corrompus, et ose dire quil ny a ni

    rsurrection, ni jugement, cest le fils an de Satan. 14

    Tout, en effet, est soumis Jsus-Christ, au ciel et sur la terre ; tous les esprits lui

    obissent ; il savance comme juge des vivants et des morts ; Dieu redemandera son

    sang tout homme qui naura pas cru en lui.

    14 Le Seigneur () dont parle Polycarpe est videmment Jsus-Christ. La lecture du passage en entier

    montre que le Seigneur dont parle Polycarpe a ces caractristiques :

    Sa venue a t annonce par les prophtes ( , ). Juste avant, lvque parle des aptres annonant lvangile.

    Il est Seigneur et Dieu ( ), nous sommes sous son regard. Juste aprs, Polycarpe dit que nous passerons tous devant le Christ pour tre jug.

    Certaines personnes portent son nom ( ) mais prchent de fausses doctrines, et sont de faux-frres. Un peu plus loin, on apprend que lon prte de faux dires ce Seigneur (

    ), ces fausses doctrines tant la ngation de son caractre charnel, du

    tmoignage de la croix, et la rsurrection. Entre ces rfrences au Seigneur, Polycarpe cite lptre de

    celui qui la ordonn vque de Smyrne, Saint Jean, sur les antichrists, qui nient le caractre charnel du

    Christ. ( , .) Ces

    fausses doctrines concernant le Seigneur, sont des fausses doctrines concernant Jsus-Christ.

    Il ne fait pas de doute que le Seigneur en question est Jsus-Christ. Ce passage nous renseigne sur la manire

    dont considrait Jsus :

    Nous devons le prier : nous prions le Seigneur , en grec : . , du verbe , prier, implorer, demander de laide.

    Il nous surveille continuellement et est appel Seigneur et Dieu :

    Nous serons jugs par lui.

    Nous devons le servir, avec crainte et respect : Servons-le donc avec crainte et respect , en grec :

    Jsus-Christ est donc Dieu dans la chair pour Polycarpe.

  • Rcit du martyre de Polycarpe :

    Bien que non pas crit par Polycarpe de Smyrne, ce rcit fait partie de la collection des Pres

    apostoliques, car il est contemporain de lpoque de lvque de Smyrne, et a t crit par des

    tmoins de sa mise mort.

    Toi qui ne connais pas le mensonge, Dieu de vrit, je te loue de toutes tes grces,

    je te bnis, je te glorifie au nom du Grand Prtre ternel15 et cleste, Jsus-Christ, ton

    Fils bien-aim, par lequel la gloire soit toi comme lui et lEsprit Saint,

    aujourdhui et dans les sicles futurs. Amen !

    Ils ne savaient pas que jamais nous ne pourrons renoncer au Christ qui a souffert

    pour le salut du monde entier, immolant son innocence nos pchs. Nous nen

    adorerons jamais un autre. Nous vnrons le Christ parce quil est le Fils de Dieu, et

    nous aimons les martyrs parce quils sont les disciples et les imitateurs du Seigneur.

    Leur ferveur incomparable envers leur roi et leur matre mrite bien cet hommage.

    Puissions-nous aussi tre leurs compagnons et leurs condisciples. 16

    15 ternel, en grec , aionio. 16 Le Christ est ador : Nous nen adorerons jamais un autre. , en grec : . Du

    verbe : , adorer.

    Le Christ est vnr, car il est Fils de Dieu, ce qui veut dire quil est Dieu. Le grec est , du

    verbe : , adorer, rendre hommage, comme dans Matthieu 4 : 10

  • ptre de Barnab (crite vers la fin du Ier sicle) :

    Cette ptre est anonyme, et son auteur nest pas connu, malgr son nom. On la nomme

    souvent Pseudo-Barnab. Elle a t crite trs probablement vers 70 aprs J.-C. Avec une

    fourchette plus large, il est impossible quelle ait t crite aprs la rvolte de Bar Kokhba en

    140.

    Autre chose encore, mes frres : si le Seigneur a endur de souffrir pour nos mes,

    quoiquil ft le Seigneur de lunivers, qui Dieu a dit ds la fondation du monde :

    Faisons lhomme notre image et ressemblance, comment du moins a-t-il endur de

    souffrir par la main des hommes ?

    Sil ntait pas venu dans la chair, comment les hommes fussent-ils demeurs sains

    et saufs sa vue, puisquen face du soleil qui sachemine au nant et qui est louvrage

    de ses mains, ils ne peuvent lever les yeux et en fixer les rayons ?

    Ces versets sont sans quivoque. Le Christ est appel Seigneur de lUnivers (

    ), prsent lors de la cration et lhomme a t fait son image. Mais bien plus,

    lptre identifie le Christ comme tant lauteur du monde : [Le] Soleil [] qui est

    louvrage de ses mains , en grec : , . Le Soleil

    est galement dcrit comme sacheminant vers le nant, car il sera dtruit, contrairement son

    crateur, qui est ternel.

    La dernire dclaration de lptre qui souligne la conviction de son auteur que Jsus tait

    Dieu est cette phrase : Sil ntait pas venu dans la chair, comment les hommes fussent-ils

    demeurs sains et saufs sa vue ? . En dautres mots : Sil ntait pas devenu homme,

    comment aurions pu contemple sa face et survivre ? . Cest une citation vidente dun

    passage dExode 33 : 20

    Yahweh dit : Tu ne pourras voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre.

    Le message de lauteur est clair : nous ne pouvons pas voir le visage du Christ et vivre, car il

    est Dieu, et titre dexemple, le Soleil que nous ne pouvons fixer directement, alors quil est

    une cration du Christ. Comment pouvons-nous donc esprer voir le Christ directement ?

    Cest pour a que le Christ a pris chair, et que par cette chair, nous puissions le contempler.

    Une autre citation souligne la divinit du Christ :

    Si le fils de Dieu est venu dans la chair, cest donc pour mettre le comble aux pchs

    de ceux qui ont poursuivi ses prophtes mort.

    Les prophtes sont donc les prophtes du Christ, du fils de Dieu. .

  • Hermas :

    Hermas est un crivain chrtien du Ier ou IIme sicle. On le relie Hermas, cit dans lptre

    de Saint Paul aux Romains. On ne connat presque rien de sa vie, mais son uvre, le Pasteur

    dHermas, tait lun des crits les plus populaires chez les chrtiens du IIme et IIIme sicle,

    Irne de Lyon et Clment dAlexandrie lintgrant mme au canon notestamentaire. Il tait

    lu dans plusieurs glises, au mme titre que les crits inspirs, et mme ceux qui rejetaient son

    intgration au canon recommandait vivement sa lecture. Le livre est une srie de visions, de

    paraboles et de commandements.

    - Avant tout, Seigneur, dis-je, expliquez-moi ceci : que reprsentent le rocher et la

    porte ?

    - Ce rocher, dit-il, et la porte, c'est le Fils de Dieu.

    - Comment se fait-il, Seigneur, dis-je, que le rocher est ancien et la porte rcente ?

  • - coute et comprends, dit-il, homme born. Le Fils de Dieu est n avant la cration

    tout entire17, si bien qu'il a t le conseiller de son Pre pour la cration; voil

    pourquoi le rocher est ancien.

    17 Le grec dit avant sa cration : . La cration est donc celle du fils de Dieu, le Christ.

  • ptre Diognte :

    crit apologtique du IIme sicle (vers 130), il nest cit par aucun autre Pre de lglise, et

    est anonyme. Adress un paen nomm Diognte, cette ptre est une exposition de la foi

    chrtienne, ainsi quune critique des religions paennes et juive.

    Dieu lui-mme le tout-puissant, le crateur de toutes choses, a fait descendre du Ciel

    sur la terre la vrit, cest--dire son Verbe saint et incomprhensible ; il a voulu que le

    cur de lhomme ft jamais sa demeure. Ce nest donc pas, comme quelques-uns

    pourraient le croire, un ministre du Trs-Haut qui nous a t envoy, un ange, un

    archange, un des esprits qui veillent la conduite du monde, ou qui prsident au

    gouvernement des cieux. Celui qui est venu vers nous est lauteur, le crateur du

    monde18, par qui Dieu le pre a fait les cieux, a donn des limites la mer ; cest lui

    qui obissent et le soleil, dont il a trac la route dans les cieux avec ordre de la

    parcourir chaque jour sans sortir de la ligne trace, et la lune qui doit prter son

    flambeau la nuit, et les astres qui suivent son cours ; enfin cest lui qui a tout dispos

    avec ordre et tout circonscrit dans de justes limites ; qui tout est soumis19, les cieux

    et tout ce qui est dans les cieux, la terre et tout ce qui est sur la terre, la mer et tout ce

    qui est au sein de la mer, le feu, lair, les abmes, les hauteurs du ciel, les profondeurs

    de la terre, les rgions places entre la terre et les cieux ; voil celui que Dieu nous a

    envoy, non comme un conqurant charg de semer la terreur et dexercer partout un

    tyrannique empire, ainsi que quelques-uns pourraient le croire. Non, il la envoy

    comme un roi envoie son fils, lui donnant pour cortge la douceur et la clmence ; il a

    envoy ce fils comme tant Dieu lui-mme20 ; il la envoy comme de faibles

    mortels ; il la envoy en pre qui veut les sauver, qui ne rclame que leur soumission,

    qui ne connat pas la violence ; la violence nest pas en Dieu ; il la envoy comme un

    ami qui appelle, et non comme un perscuteur ; il la envoy ncoutant que lamour ;

    il lenverra comme juge, et qui soutiendra cet avnement ?

    Qui des hommes savait ce quest Dieu avant quil vnt lui-mme21 nous

    lapprendre ?

    18 En grec : 19 En grec : [] 20 En grec : 21 En grec :

  • Saint Irne de Lyon (mort en 202 aprs J.-C.) :

    N dans une famille chrtienne de Smyrne, ce fut un disciple de Saint Polycarpe, lui-mme

    disciple de Saint Jean. Aprs la mise mort des martyrs de Lyon, dont lvque de la ville,

    Saint Photin, il lui succde. Son uvre principale, Contre les hrsies, est une rfutation du

    gnosticisme, et une dfense de la foi apostolique dont il est un digne reprsentant. Il meurt au

    dbut du IIIme sicle.

    Contre les hrsies :

    Ainsi, celui qui a dit : personne ne connat le Pre, tait un seul et mme Dieu, qui

    le Pre a soumis toutes choses ; cest lui que tout proclame avoir t vritablement

    homme, comme il est vritablement Dieu : tmoignage qui commence par Dieu le

    pre, par le Saint-Esprit, par les anges, et qui est rpt par les hommes, par les

    hrtiques eux-mmes, par les dmons, les ennemis de Dieu, et jusque par la mort elle-

    mme.

    Il n'existe qu'un seul Dieu, le Crateur, qui est au-dessus de toute Principaut,

    Puissance, Domination et Vertu : il est le Pre, il est Dieu, il est le Crateur, il est

    l'Auteur, il est l'Ordonnateur. Il a fait toutes choses par lui-mme, c'est--dire par son

    Verbe et par sa Sagesse, le ciel et la terre et la mer et tout ce qu'ils contiennent .

    C'est lui le Dieu juste, et c'est lui le Dieu bon. C'est lui qui a model l'homme, plant le

    paradis, ordonn le monde, fait venir le dluge et sauv No. C'est lui le Dieu

    d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob, le Dieu des vivants. C'est lui

    qu'annonce la Loi, lui que prchent les prophtes, lui que rvle le Christ, lui que

    transmettent les aptres, lui en qui croit l'Eglise. C'est lui le Pre de notre Seigneur

    Jsus-Christ : par son Verbe, qui est son Fils, il est rvl et manifest tous ceux

  • qui il est rvl, car il est connu de ceux qui le Fils le rvle ; et, comme le Fils est

    depuis toujours avec le Pre, depuis le commencement il ne cesse de rvler le Pre

    aux Anges, aux Archanges, aux Puissances, aux Vertus et tous ceux qui Dieu veut

    se rvler.

    Car Dieu n'avait pas besoin d'eux pour faire ce qu'en lui-mme il avait d'avance

    dcrt de faire. Comme s'il n'avait pas ses Mains lui ! Depuis toujours, en effet, il y

    a auprs de lui le Verbe et la Sagesse, le Fils et l'Esprit. C'est par eux et en eux qu'il a

    fait toutes choses, librement et en toute indpendance, et c'est eux qu'il s'adresse,

    lorsqu'il dit : Faisons l'homme notre image et notre ressemblance. (Gense

    1 :26) C'est donc bien de lui-mme qu'il a pris la substance des choses qui ont t

    cres, et le modle des choses qui ont t faites, et la forme des choses qui ont t

    ordonnes.

    Que le Verbe, c'est--dire le Fils, ft depuis toujours avec le Pre, nous l'avons

    amplement montr. Mais la Sagesse, qui n'est autre que l'Esprit, tait galement auprs

    de lui avant toute cration.

    Souviens-toi donc, ami trs cher, que tu as t rachet par la chair de notre Seigneur

    et acquis par son sang ; tiens-toi attach la tte, de laquelle le corps tout entier de

    l'Eglise reoit cohsion et accroissement, c'est--dire la venue charnelle du Fils de

    Dieu ; confesse sa divinit et adhre inbranlablement son humanit ; utilise aussi les

    preuves tires des Ecritures : ainsi renverseras-tu aisment, comme nous l'avons

    montr, toutes les opinions inventes aprs coup par les hrtiques.

    Dailleurs ne pouvait-il pas se contenter de dire : Livre de la gnration de Jsus ;

    mais le Saint-Esprit, prvoyant la venue des faux docteurs, et connaissant davance

    leur malice, a fait dire saint Mathieu : Livre de la gnration de Jsus-Christ ; et il

    le nomme Emmanuel, afin quon ne crot pas quil est seulement homme (car, dit saint

    Jean, ce nest ni de la volont de la chair, ni de la volont de lhomme, mais de la

    volont de Dieu que le Verbe a t fait chair), et pour bien expliquer que Jsus et le

    Christ ne sont point deux personnes diffrentes, mais un seul et mme Dieu.

    Le saint prophte a donc manifest clairement par ces paroles, que lenfantement du

    Christ se ferait par une Vierge, et que sa nature serait divine ; (cest, en effet, la

    signification du nom dEmmanuel) ; son humanit est annonce par ces paroles du

    prophte, quand il dit il se nourrira de lait et de miel ; et aussi lorsquil parle de son

    enfance, en ces termes : avant quil connaisse le bien ; car cest l le trait

    caractristique de lenfance. Et quand il dit : Que, mme tant enfant, il rsistera au

    mal et il aimera le bien, il nous fait connatre le Dieu dans lenfant, afin que nous ne

    voyions pas en lui seulement lhomme, qui se nourrit de lait et de miel, ni

    seulement un Dieu purement spirituel, ce que comporte la signification du mot

    Emmanuel.

    Cest ce que saint Paul explique aussi dans son ptre aux Romains : Paul, serviteur

    de Jsus-Christ, appel lapostolat, choisi pour annoncer lvangile de Dieu ; que

  • Dieu avait promis auparavant par ses prophtes dans les saintes critures, touchant son

    fils Jsus-Christ, lequel lui est n de la race de David selon la chair ; qui a t

    prdestin fils de Dieu en puissance, selon lesprit de saintet, pas sa rsurrection

    dentre les morts, et qui est Jsus-Christ notre Seigneur. Et plus loin, en parlant

    dIsral, il ajoute : Qui ont pour pres les patriarches, et de qui est sorti, selon la

    chair, Jsus-Christ mme, le Dieu au-dessus de toutes choses, et bni dans tous les

    sicles. Et dans lptre aux Galates, il dit : Mais lorsque les temps ont t

    accomplis Dieu a envoy son fils form dune femme et soumis la loi, afin quil

    rachett ceux qui taient sous la loi, et que nous devinssions ses enfants adoptifs. Il

    exprime, en termes sublimes, que cest un seul et mme Dieu qui avait promis le

    Christ par ses prophtes ; que cest un seul et mme Jsus-Christ notre Seigneur qui

    est descendu, selon son humanit, de la race de David, et qui est venu au monde dans

    le sein de la vierge Marie ; que cest ce mme fils de Dieu, revtu de la puissance, de

    la sanctification, selon le Saint-Esprit, qui est ressuscit des morts, afin quil soit le

    premier dentre les morts, comme il est le premier de tous en toutes choses ; que ce

    Christ, fils de Dieu, sest fait homme, afin de nous faire entrer dans son adoption ; son

    humanit embrassant lhumanit toute entire.

    Cest l ce qui fait dire Isae, en parlant du Christ : Qui racontera sa gnration ?

    et Jrmie : Le Verbe fait homme est impntrable, qui le connatra ? Celui-l

    seul le connatra, qui le Pre qui est dans les cieux la rvl, afin quil comprenne

    que ce Fils de lhomme, qui est le Christ, Fils du Dieu vivant, nest pas n de la

    volont de lhomme, ni de la volont de la chair. Nous avons dj dmontr quon ne

    trouve point dans les critures quaucun homme soit jamais appel Dieu Seigneur : il

    nest pas ncessaire davoir une intelligence bien releve pour comprendre ds lors

    que celui qui est annonc par les prophtes, prch par les aptres, et dclar par le

    Saint-Esprit pour tre Dieu (bien quayant pris la forme humaine), pour tre le

    Seigneur, le Roi ternel, le fils unique de Dieu et le Verbe incarn, le soit bien

    rellement. Pourquoi lirions-nous dans les critures tant de choses extraordinaires

    son sujet, sil net t quun homme semblable aux autres hommes ? Comme il tait

    le fils unique de Dieu, par le mystre dune paternit toute divine, il fallait que son

    incarnation dans la Vierge participt de cette gnration merveilleuse. Les critures

    parlent sans cesse de ce double miracle : aussi, quand il est question de son humanit,

    elles nous le peignent comme un homme obscur, accabl de maux ; il est mont sur le

    fils de lnesse, il boit le vinaigre et le fiel, il est un objet de mpris pour le peuple, et

    il est livr la mort. Parlent-elles au contraire de sa divinit ? elles nous le

    reprsentent comme le Dieu saint, le Conseiller cleste, le Roi de la beaut, le Dieu

    fort, qui doit venir sur les nues pour juger les vivants et les morts.

    Et que de cette rgion qui est au midi de l'hritage de Juda viendrait le Fils de Dieu,

    qui serait Dieu rgion laquelle appartenait Bethlem, o est n le Seigneur, qui a

    rpandu de la sorte sa louange sur toute la terre , c'est ce que dit en ces termes le

    prophte Habacuc : Dieu viendra du ct du midi, et le Saint, du mont Ephrem ; sa

    puissance a couvert le ciel, et la terre est remplie de sa louange ; devant sa face

  • marchera le Verbe, et ses pieds avanceront dans les plaines. Il indique clairement par

    l qu'il est Dieu ; ensuite, que sa venue aura lieu en Bethlem, du mont Ephrem, qui

    est vers le midi de l'hritage ; enfin, qu'il est homme, car ses pieds , prcise-t-il,

    avanceront dans les plaines , ce qui est la marque propre d'un homme.

    Mais comme ce ntait point un simple mortel, ni un ange, (les anges nont pas de

    chair), qui pouvait nous sauver, le prophte dit : Ce ne sera ni un vieillard, ni un ange

    qui les sauvera, mais le Seigneur lui-mme, parce quil a eu piti deux et parce quil

    les aime. Le Verbe du salut se fera homme, il sera visible comme un homme ; ce qui

    fait dire Isae : Voil, ville de Sion, que tes yeux pourront contempler celui qui est

    le salut du monde. Mais celui qui devait mourir pour nous ntait pas seulement un

    homme ; ce qui fait dire au prophte Miche : Il reviendra, et il aura piti de nous ; il

    dpassera nos iniquits, et il prcipitera tous nos pchs au fond de labme.

    Prdication apostolique :

    Le Fils est le premier parce qu'il est vraiment homme et qu'il est auprs du Pre,

    Conseiller merveilleux, Dieu fort.

    Il faut donc croire Dieu en tout, car Dieu est vrai en tout. Or, Dieu nous a d'abord

    fait savoir qu'il a un Fils. Et non seulement ce Fils existe avant d'apparatre dans le

    monde, mais mme il existe avant la cration du monde. Mose a t le premier

    prophtiser cela : Un Fils tait au commencement, et ensuite seulement Dieu a cr

    le ciel et la terre. Le prophte Jrmie aussi a tmoign de cela, il a dit : Avant

    l'toile du matin, tu es n de moi, et ton nom a t connu avant le soleil. Ce nom

    existe avant la cration du monde, car la lune et les toiles ont t faites en mme

    temps que le monde. Jrmie dit encore : Il est heureux celui qui existait avant de

    devenir un homme car, pour Dieu, le Fils existe depuis toujours avant le

    commencement du monde. Mais, pour nous, il n'existe que depuis maintenant, c'est--

    dire depuis qu'il s'est montr nous. Pour nous, avant cela, il n'existait pas. En effet,

    nous ne le connaissions pas. Jean aussi, le disciple du Seigneur, a voulu nous annoncer

    ce Fils de Dieu qui tait auprs du Pre. C'est pourquoi il crit : Au commencement,

    la Parole existait dj. La Parole tait avec Dieu et la Parole tait Dieu. Au

    commencement, la Parole tait avec Dieu. Par elle Dieu a fait toutes choses et il n'a

    rien fait sans elle. (Jean 1, 1-3). Par-l, Jean montre trs clairement que la Parole tait

    au commencement avec le Pre. Et, c'est par l'intermdiaire de cette Parole que toutes

    choses ont t faites.

    Donc le Pre est Seigneur, et le Fils est Seigneur. Et le Pre est Dieu, et le Fils est

    Dieu, car ce qui est n de Dieu est Dieu. Donc, si nous regardons l'tre de Dieu, sa

    puissance et sa nature, nous reconnaissons qu'il n'y a qu'un seul Dieu. Mais, si nous

    regardons l'uvre accomplie par Dieu pour notre salut, il y a et le Pre et le Fils. Car le

    Pre de toutes choses tant invisible et impossible atteindre, c'est par l'intermdiaire

    du Fils que ceux qui doivent s'approcher de Dieu arrivent au Pre.

  • Car le Fils, qui est Dieu, a reu du Pre, c'est--dire de Dieu, le trne royal pour

    toujours et il a reu aussi l'huile de fte plus abondamment que ceux qui la partagent

    avec lui.

    Tous les textes des Livres saints que je viens de citer montrent le Fils de Dieu. Il

    existe avant toute la cration. Il est le Christ prsent au Pre et prsent aux tres

    humains. Il est le Roi de tous, car le Pre lui a soumis toutes choses. Il est le Sauveur

    de ceux qui croient en lui. Il n'est pas possible de citer tous les textes des Livres saints

    qui l'affirment. Cependant, partir de ceux que je viens de prsenter, tu pourras

    comprendre tous les autres textes qui disent la mme chose. Pour cela, il faut que tu

    croies au Christ et que tu demandes Dieu sagesse et intelligence pour comprendre ce

    que les prophtes ont dit.

    Voici donc les vrits que notre foi renferme et le fondement sur lequel notre

    conduite sappuie.

    Le premier article de notre foi, c'est : un seul Dieu Pre qui n'est pas cr, que rien ne

    peut contenir et qui est invisible. Il est le Dieu unique, l'Auteur de toutes choses.

    Le deuxime article, c'est : la Parole de Dieu, le Fils de Dieu, Jsus Christ notre

    Seigneur. Cest par son intermdiaire que toutes choses ont t faites. Il est apparu aux

    prophtes, aux uns d'une manire et aux autres d'une autre, selon le projet de salut fix

    par le Pre. Dans les derniers temps, pour rcapituler toutes choses, il s'est fait homme

    parmi les tres humains, et les tres humains ont pu le voir et le toucher. Il a dtruit la

    mort, il a fait apparatre la vie et il a accompli la communion de Dieu et de l'tre

    humain.

    Le troisime article, c'est : le Saint-Esprit. C'est par lui que les prophtes ont

    prophtis, que les Pres ont appris les choses de Dieu et que les justes ont t guids

    dans le chemin de la justice. Dans les derniers temps, il a t rpandu d'une manire

    nouvelle sur l'humanit, sur toute la terre, et il a donn aux tres humains un coeur

    nouveau pour les prparer rencontrer Dieu.

  • St Justin Martyr (100 165 aprs J.-C.) :

    Justin Martyr tait un clbre apologiste du IIme sicle. N Naplouse dans une famille

    grecque paenne, il se convertit au christianisme plus tard dans sa vie, et ddia sa vie la

    dfense du christianisme. Il fut martyris par dcapitation.

    Premire Apologie :

    Chose tonnante ! les Gentils devaient adorer le Christ22 quils nattendaient pas, et

    les Juifs qui vivaient dans son attente devaient le mconnatre. Cest encore ce que le

    prophte nous annonce dans les termes les plus prcis, et cest le Christ lui-mme quil

    fait parler. Je me suis manifest des peuples qui ne minterrogeaient pas : des

    nations qui ne me cherchaient point mont trouv. Jai dit ces peuples qui ne

    minvoquaient pas : Me voici ; et jtendais mes mains vers un peuple incrdule qui

    22 En grec, ladorer :

  • me repoussait et qui sgarait dans la voie de ses anciennes iniquits. Ce peuple irrite

    ma prsence.

    Bien convaincus que Jsus-Christ, qui nous a enseign cette doctrine, qui sest fait

    homme pour remplir ce ministre, qui a t mis en croix sous Ponce-Pilate,

    gouverneur de la Jude au temps de Tibre, est le fils mme du vrai Dieu, nous

    ladorons23 aprs le Pre, et ensuite lEsprit saint qui inspirait les prophtes ; et vous

    verrez combien est raisonnable ce culte dadoration. Je sais que vous rptez que nous

    sommes des insenss ; que celui que nous adorons aprs le Dieu ternel, immuable,

    pre de toutes choses, nest quun homme, un crucifi.

    Nous ne voulons pas ici vous tromper : pour dissiper cet gard toutes vos craintes,

    jai jug propos de vous exposer quelques prceptes de la doctrine de Jsus-Christ,

    avant de vous prouver quil est Dieu, ainsi que je vous lai promis.

    Et voil pourquoi on nous appelle athes. Oui, nous sommes des athes, sil sagit de

    pareils dieux. Mais nous parlez-vous de cet tre, source de vrit, principe de toute

    vertu, loin dtre comme vos dieux un compos monstrueux de tous les vices, nous ne

    sommes plus des athes, car avec lui nous honorons et adorons24 encore et le Fils quil

    nous a envoy et qui nous a enseign cette doctrine ainsi qu la sainte milice des

    anges rests fidles Dieu, dont ils sont la plus parfaite image, et lEsprit saint qui

    inspirait les prophtes.

    Et, bien que ce Fils soit appel le Verbe, le premier-n de Dieu, il nen est pas moins

    Dieu lui-mme25, le Dieu qui sest montr autrefois Mose et aux prophtes, tantt

    sous la forme du feu, tant sous une figure corporelle, et qui, tout rcemment encore, et

    une poque qui touche votre rgne, est n dune vierge pour obir la volont de

    son pre, ainsi que nous lavons dit, sest fait homme pour le salut de ceux qui croient

    en lui, et sest rsign tre compt pour rien, tout souffrir pour dsarmer la mort par

    sa propre mort et par sa rsurrection.

    Seconde Apologie :

    Ce quils ont dit dadmirable appartient nous autres Chrtiens, qui aimons, qui

    adorons26 aprs Dieu le pre, la parole divine, le Verbe engendr de ce Dieu incr,

    innarrable.

    Il en est de mme de son fils, le seul proprement appel Fils, le Verbe qui prcde

    toutes les cratures27, qui existait avec le Pre, qui est engendr du Pre, par qui ce

    23 En grec, , du verbe , honorer, vnrer. 24 En grec, . Saint Justin disant galement que Le tribut de ladoration, qui

    devons-nous le porter ? Dieu seul. Il est vident quil considre le Christ et le Saint-Esprit comme tant

    Dieu. 25 En grec, . 26 En grec, 27 Le grec dit :

  • Dieu a tout cr, tout embelli : ce fils est dsign sous le nom de Christ, parce quil a

    reu lonction divine et que cest par lui que Dieu a mis lordre dans lunivers.

    Dialogue avec Tryphon :

    Il est bien dmontr, par toutes les preuves que vous ai apportes, que le Christ est

    vritablement Seigneur, Dieu et fils de Dieu.

    Je m'adressai ensuite mes auditeurs : Mes amis, leur dis-je, si vous m'avez cout,

    vous avez compris que l'Ecriture dclare formellement que Dieu le pre engendra son

    fils avant toutes les choses cres28; or, vous avouerez tous que celui qui est engendr

    est une personne distincte de celui qui l'engendre.

    J'ai pour tmoin de ce que j'avance le Verbe divin, le Dieu29 lui-mme engendr du

    Pre de toutes choses, le Verbe et la sagesse, la vertu et la gloire de ce Pre tout-

    puissant.

    Je vous prouverai, mes amis, par d'autres tmoignages de l'criture, qu'avant toutes

    choses Dieu a engendr de lui-mme ds le commencement une vertu, une intelligence

    que l'Esprit saint appelle la gloire du Seigneur, et dsigne souvent par le nom de Fils,

    de Sagesse, de Dieu, de Seigneur, de Verbe30 ; celui qui l'criture donne tous ces

    titres s'appelle lui-mme chef suprme

    La vrit, la voici : c'est que le Fils engendr du Pre tait avec lui avant toutes

    choses, et que le Pre s'entretenait avec son Fils, ce fils que Salomon appelle la

    Sagesse de Dieu, que l'criture nous montre, par le mme Salomon, comme le principe

    de toutes choses et comme engendr de Dieu, et qui s'est rvl lui-mme sous ces

    traits Josu, fils de Nun.

    D'aprs tous ces passages des critures, il est vident qu'il faut l'adorer, qu'il est

    dclar Dieu et son Christ31 par le tmoignage mme de celui qui a fait toutes ces

    merveilles.

    Je ne veux pas vous laisser ignorer que ces docteurs ont retranch de la version faite

    avec tant de soin par les soixante-dix vieillards chez Ptolme une foule de passages

    qui attestent que les divins oracles avaient annonc que ce Jsus mis en croix tait

    Dieu, tait homme ; qu'il serait crucifi, qu'on le ferait mourir.

    Le prophte vous montre le Christ descendant des cieux et remontant aux cieux,

    pour vous faire comprendre qu'il est venu au ciel en qualit de Dieu, qu'il s'est fait

    homme pour habiter parmi les hommes, qu'il doit un jour reparatre, que ceux qui l'ont

    perc le verront et pousseront des gmissements.

    28 Le grec dit : . Le Christ est distingu de toute () la cration. 29 , prsence de larticle pour dsigner le Christ. 30 , , , , 31

  • Car, si vous aviez l'intelligence de toutes les paroles des prophtes, vous ne pourriez

    refuser de le connatre comme Dieu et fils du Dieu unique, incr, innarrable. N'est-

    ce pas lui que Mose fait parler en ces termes quelque part dans lExode ?

    Le Seigneur parla Mose et lui dit : Je suis le Seigneur et je me suis montr

    Abraham, Isaac et Jacob, car je suis leur Dieu. Je ne leur ai pas fait connatre mon

    nom, mais je leur ai donn mon Testament.

    C'est donc lui-mme qui nous a rvl tout ce que nous comprenons des divines

    critures ; c'est donc sa grce que nous devons de le reconnatre, et pour le premier-

    n de Dieu, existant avant toutes choses, et pour le fils des patriarches, parce qu'il a

    voulu natre d'une vierge issue de leur sang, se faire homme, vivre obscur et sans

    gloire, et passer par toutes les souffrances.

    Nous ne communiquons point avec ces hommes, nous les savons injustes, impies,

    athes, sans loi ; ils n'adorent point le Christ, ils ne le confessent qu'en paroles ; ils

    ressemblent aux gentils, qui impriment le nom de Dieu sur les ouvrages de leurs mains

    ; ils se parent du nom du Christ, et ils participent des sacrifices impies,

    abominables.

    David avait annonc que celui qui existe avant le soleil et la lune, natrait d'un sein

    mortel, d'aprs la volont de son pre, et dclar en mme temps qu'il tait le Dieu

    fort, en sa qualit de Christ, et devait tre ador.

    Eh bien ! cette vertu que l'Esprit saint appelle Dieu et appelle ange, ainsi que nous

    l'avons montr par tant de passages, j'ai fait voir plus haut qu'elle tait permanente et

    distingue, non-seulement de nom comme le rayon du soleil, mais de nombre; oui,

    cette vertu est engendre du Pre par sa volont et par sa puissance; mais ce n'est point

    par retranchement ou diminution, comme si sa substance tait divise et diminue,

    ainsi que les objets qui se partagent et se divisent cessent d'tre ce qu'ils taient avant

    le partage et la division; et plus haut j'ai cit pour exemple les feux que nous voyons

    allumer un autre feu : ces feux ne diminuent point le premier, il reste toujours le

    mme.

  • St Mliton de Sardes (mort en 180 aprs J.-C.) :

    vque de Sardes et apologte chrtien du IIme sicle. Il fut lun des plus grandes autorits

    du christianisme en Asie Mineure son poque. La majorit de ses crits sont aujourdhui

    perdus.

    Homlie sur la Pque :

    Le Seigneur, tant Dieu, revtit l'homme, souffrit pour celui qui souffrait, fut

    enchan pour celui qui tait captif, fut jug pour le coupable, fut enseveli pour celui

    qui tait enseveli. Il ressuscita des morts et dclara haute voix : Qui disputera contre

    moi ? Qu'il se prsente en face de moi ! C'est moi qui ai dlivr le condamn ; c'est

    moi qui ai rendu la vie au mort ; c'est moi qui ai ressuscit l'enseveli. Qui ose me

    contredire ? C'est moi, dit-il, qui suis le Christ, qui ai dtruit la mort, qui ai triomph

    de l'adversaire, qui ai li l'ennemi puissant, et qui ai emport l'homme vers les hauteurs

    des cieux ; c'est moi, dit-il, qui suis le Christ.

    Oui, la Loi est ancienne, mais le Verbe est nouveau ; la figure est provisoire, mais la

    grce est ternelle : la brebis est corruptible, mais le Seigneur est incorruptible, lui qui

    a t immol comme l'agneau, et qui ressuscita comme Dieu.

    Isral sans foi ni loi, pourquoi as-tu commis ce crime terrible : tu as condamn ton

    Seigneur souffrir, ton Matre, lui qui te cra, lui qui thonora parmi les nations, lui

    qui te nomma Isral ?

  • Ainsi, tu as montr aux yeux du monde que tu ntais pas digne dtre appele Isral,

    car tu nas pas vu Dieu, tu nas pas reconnu le Seigneur, tu nas pas voulu reconnatre,

    Isral, que celui-ci tait le premier-n de Dieu, celui qui fut engendr avant ltoile

    du matin, celui qui permet la lumire de briller, celui qui fait que le jour soit

    lumineux, celui qui fait fuir les tnbres, celui qui a tout tabli depuis le

    commencement, celui qui maintient la Terre, celui qui comble les abysses, celui qui a

    tendu le firmament, celui qui cra lUnivers, celui qui cra les corps clestes, celui

    qui permit aux luminaires de briller, celui qui cra les anges, celui qui tablit leurs

    trnes, celui qui par lui-mme, faonna lhomme sur la Terre. Ctait lui qui te choisit

    dAdam No, de No Abraham, Isaac et Jacob, et les Douze Patriarches.

    Ce fut lui qui te guida en gypte, te garda, et te permit dtre sustent l-bas. Ce fut lui

    qui illumina ta route avec une colonne de feu, et qui tassura de lombre grce un

    nuage, celui qui divisa la Mer Rouge, et te guida travers elle et dispersa tes ennemis.

    Ce fut lui qui te fournit la manne cleste, ce fut lui qui te donna boire partir dun

    rocher, ce fut lui qui tablit tes lois Horeb, ce fut lui qui te donna la Terre Promise en

    hritage, ce fut lui qui tenvoya ses prophtes, ce fut lui qui leva tes rois.

    Voil celui qui vint toi. Cest lui qui gurit tes souffrants et ressuscita tes morts.

    Voil celui contre qui tu as pch. Voil celui contre qui tu as nuis. Voil celui que tu

    as tu. Voil celui que tu changeas contre de largent, alors que tu lui demandais le

    didrachme.

    Celui qui maintient la Terre dans lespace fut lui-mme suspendu. Celui qui cra les

    cieux fut lui-mme empal. Celui qui maintient toute chose fut lui-mme accroch

    fermement au bois. Le Seigneur est insult, Dieu a t assassin, le Roi dIsral a t

    meurtri par la main droite dIsral !

    Car celui qui naquit comme un fils, et fut men labattoir comme un agneau,

    sacrifi comme un mouton et mis au tombeau comme un homme, ressuscita comme

    Dieu, car il est par sa nature Dieu et homme.

    Le Dieu Tout-Puissant a habit en Jsus-Christ. lui la gloire pour les sicles des

    sicles ! Amen!

    Fragments de Mliton de Sardes :

    Il ny a nul besoin, pour les personnes possdant de lintelligence, dessayer de

    prouver travers les actions du Christ suite son baptme, que son me et son corps,

    sa nature humaine comme la ntre, taient rels, et pas un produit de limagination.

    Car les actions faites par le Christ aprs son baptme, et particulirement ses miracles,

    rvlent au monde entier sa divinit cache sous sa chair. Car, tant la fois Dieu et

    homme parfait tout la fois, il nous donna des indications certaines de ses deux

    natures : de sa Dit, par ses miracles pendant les trois annes qui scoulrent aprs

    son baptme, de son humanit, pendant les trente annes qui prcdrent son baptme,

  • pendant lesquelles il recela les oracles de sa Dit, bien quil soit le vrai Dieu, existant

    avant tous les ges.

  • Oracles sybillins (IIme sicle) :

    Recueil de textes crits diverses poques par des auteurs diffrents, de conceptions

    religieuses diffrentes, ils contiennent galement des textes assurment chrtiens, et marqus

    par une forte composante apocalyptique.

    bois, toi bni au-dessus de tout, sur lequel Dieu a t tendu ;

    La Terre ne pourra te contenir,

    Mais vous verrez le ciel vous habiter

    Lorsque tes yeux de feu, Dieu, tincelleront comme des clairs.

  • St Thophile dAntioche (mort en 185 aprs J.-C.) :

    vque dAntioche, la majorit de ses uvres sont aujourdhui perdues. Thophile est

    remarquable par le fait quil est le plus ancien auteur chrtien dcouvert ce jour utiliser le

    terme Trinit (en grec : ), bien quil nutilise pas la formule trinitaire aujourdhui

    commune : Pre, Fils, Saint-Esprit , mais plutt : Dieu, son Verbe et sa Sagesse (en

    grec : ). Il lui arrive dattribuer le terme de

    Sagesse la fois au Saint-Esprit et au Fils.

    Trait Autolycus :

    Mais si vous le voulez, vous pouvez tre guri : livrez-vous au mdecin, et il

    clairera les yeux de votre esprit et de votre cur. Quel est donc ce mdecin ? C'est

    Dieu lui-mme qui gurit et vivifie tout par son Verbe et par sa sagesse ? C'est par son

    Verbe et par sa sagesse qu'il a fait toutes choses : Les cieux, nous dit l'criture, ont

    t crs par sa parole, et l'arme des cieux par le souffle de sa bouche. Sa sagesse

    est au-dessus de tout. C'est sa sagesse qui a affermi la terre, lve les cieux, creuse des

    abmes, et fait distiller la rose du sein des nues.

    Les trois jours qui prcdrent les corps lumineux sont l'image de la Trinit, c'est--

    dire de Dieu, de son Verbe et de son Esprit.

  • Dieu, qui de toute ternit portait son Verbe dans son sein, l'a engendr avec sa

    sagesse avant la cration. Il s'est servi de ce Verbe comme d'un ministre, pour

    l'accomplissement de ses uvres, et c'est par lui qu'il a cr toutes choses. On l'appelle

    principe, parce qu'il a l'empire et la souverainet sur les tres qu'il a lui-mme crs.

    L'Esprit saint, le Principe, la Sagesse et la vertu du Trs-Haut, descendit dans les

    prophtes et nous apprit, par leur bouche, la cration du monde et les choses passes,

    qui n'taient connues que de lui. Quand Dieu cra le monde, les prophtes n'taient

    point. Dieu seul tait avec sa Sagesse qui est en lui et avec son Verbe qui ne le quitte

    pas.

    Cependant il ne se priva point lui-mme de son Verbe, mais il l'engendra de telle

    sorte qu'il ft toujours avec lui. Voil ce que nous enseignent les saintes critures, et

    tous ceux qui ont t inspirs du Saint-Esprit, parmi lesquels saint Jean s'exprime ainsi

    : Au commencement tait le Verbe, et le Verbe tait avec Dieu. Il nous montre, par

    ces paroles, que Dieu existait seul au commencement, et que son Verbe tait avec lui.

    Puis il ajoute : Et le Verbe tait Dieu ; toutes choses ont t faites par lui, et rien n'a

    t fait sans lui. Ainsi donc le Verbe tant Dieu et engendr de Dieu, peut tre envoy

    par le Pre de toutes choses dans un lieu quelconque, selon son bon plaisir ; et lorsqu'il

    y est, on le voit, on l'entend, et il est vritablement prsent dans ce lieu.

  • Tatien le Syrien (120 180 aprs J.-C.) :

    Disciple de Justin Martyr, il est principalement connu pour le Diatessaron, harmonisation des

    quatre vangiles canoniques en un seul corpus, qui ne subsiste aujourdhui que dans sa

    traduction arabe.

    Discours aux Grecs :

    Car nous ne dlirons pas, Grecs, et ce ne sont pas des sottises que nous prchons,

    quand nous annonons que Dieu a pris la forme humaine.

    St Aristide dAthnes (mort en 134 aprs J.-C.) :

  • Philosophe grec Athnes, il se convertit plus tard au christianisme, et composa une apologie

    chrtienne quil envoya lEmpereur Hadrien.

    Apologie dAristide :

    Ils ont trouv la vrit et dpass tous les peuples de la terre. Car ils connaissent le

    Dieu crateur de toutes choses en son Fils unique et le Saint-Esprit, et ils nadorent pas

    dautre Dieu que celui-l.

    Dans un manuscrit syriaque, on retrouve cette phrase :

    Les chrtiens font remonter les origines de leur foi Jsus le Christ, qui est appel le

    Fils du Trs-Haut. Et il est dit que Dieu lui-mme descendit des cieux, et prit chair

    dans le sein dune vierge isralite.

    Athnagore dAthnes (133 190 aprs J.-C.) :

  • Il a un parcours similaire celui dAristide dAthnes : ancien philosophe converti au

    christianisme. Son Apologie des chrtiens et son Trait sur la Rsurrection des morts sont ses

    principales uvres.

    Supplique au sujet des Chrtiens :

    Qui ne stonnera quon traite dathes les Chrtiens qui disent quil y a un Dieu

    pre, un Dieu fils, un Saint-Esprit, unis en puissance et distingus en ordre ?

    Et nous qui mprisons cette vie passagre, et qui ne tendons la flicit ternelle que

    par la foi en un seul Dieu, en son Verbe ; sachant quelle est lunion du Fils avec le

    Pre, quelle est la communication du Pre avec le Fils, ce que cest que le Saint-Esprit

    ; quelle est lintime union des trois personnes, cest--dire de lEsprit, du Fils et du

    Pre, et leur distinction dans leur unit.

    Sil vous plat de rechercher, avec la haute intelligence qui vous distingue, ce que

    cest que le Fils, je dirai en peu de mots quil est la premire production du Pre, non

    point quil ait t fait comme les cratures (car de toute ternit Dieu avait en lui-

    mme son Verbe, puisque sa raison est de toute ternit) ; mais il est sorti du Pre,

    pour tre la forme et le principe de toutes les choses matrielles, qui taient confuses et

    mles, les plus subtiles avec les plus grossires, dans un affreux chaos.

    Car nous disons que Dieu, son Fils et le Saint-Esprit, ne sont, raison de la vertu qui

    les unit, quun seul Dieu pre, Fils et Saint-Esprit, parce que le Fils est la pense, le

    verbe et la sagesse du Pre, et que le Saint-Esprit nest quun coulement de lun et de

    lautre, comme la lumire vient du feu.