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Psychologie française 58 (2013) 89–105 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com et également disponible sur www.em-consulte.com Article original Stress et stratégies de coping d’étudiants en première année universitaire : rôles distinctifs de facteurs transactionnels et dispositionnels Stress and coping strategies of first-year students: Distinctive roles of transactional and dispositional factors C. Mazé ,1 , J.-F. Verlhiac 1 Département de psychologie, EA 4386 laboratoire parisien de psychologie sociale, université de Paris Ouest Nanterre-La Défense, 200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Rec ¸ u le 12 janvier 2012 Accepté le 22 novembre 2012 Mots clés : Stress perc ¸ u Soutien social perc ¸ u Névrosisme Optimisme dispositionnel Coping r é s u m é Cette recherche explore, chez des étudiants qui accèdent à l’université et sont exposés aux sources de stress liées à cet évé- nement, l’influence qu’un ensemble de variables (indépendantes) exerce sur leur recours à différentes stratégies de coping (variable dépendante). Deux-cent vingt et un étudiant(e)s en première année universitaire ont complété des questionnaires de tracas quotidiens, soutien social perc ¸ u, névrosisme, optimisme dispositionnel (OD) et enfin, de coping. L’OD et le soutien social perc ¸ u (favorisant la recherche de soutien social) sont associés positivement, le névro- sisme et le stress perc ¸ u négativement, à l’emploi d’un coping centré sur le problème. Le névrosisme et le stress perc ¸ us entretiennent une relation positive, le soutien social perc ¸ u et l’OD une relation négative, avec le coping centré sur l’émotion. Les résultats sont dis- cutés dans l’objectif d’aider les étudiants à faire face aux enjeux de l’entrée à l’université. © 2012 Société franc ¸ aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Auteur correspondant. Adresses e-mail [email protected], [email protected] (C. Mazé), [email protected] (J.-F. Verlhiac). 1 Thèmes de recherche : santé, vulnérabilité perc ¸ ue et prévention des risques ; stress et coping ; rôle des facteurs psycho- sociaux dans la réussite académique ; impact des stéréotypes et de la menace du stéréotype sur la réussite académique ; et l’estime de soi. 0033-2984/$ see front matter © 2012 Société franc ¸ aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2012.11.001

Stress et stratégies de coping d’étudiants en première année universitaire : rôles distinctifs de facteurs transactionnels et dispositionnels

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Psychologie française 58 (2013) 89–105

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

et également disponible sur www.em-consulte.com

Article original

Stress et stratégies de coping d’étudiants en première annéeuniversitaire : rôles distinctifs de facteurs transactionnels etdispositionnels

Stress and coping strategies of first-year students: Distinctive roles oftransactional and dispositional factors

C. Mazé ∗,1, J.-F. Verlhiac1

Département de psychologie, EA 4386 laboratoire parisien de psychologie sociale, université de Paris Ouest Nanterre-La Défense, 200,avenue de la République, 92000 Nanterre, France

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :Rec u le 12 janvier 2012Accepté le 22 novembre 2012

Mots clés :Stress perc uSoutien social perc uNévrosismeOptimisme dispositionnelCoping

r é s u m é

Cette recherche explore, chez des étudiants qui accèdent àl’université et sont exposés aux sources de stress liées à cet évé-nement, l’influence qu’un ensemble de variables (indépendantes)exerce sur leur recours à différentes stratégies de coping (variabledépendante). Deux-cent vingt et un étudiant(e)s en première annéeuniversitaire ont complété des questionnaires de tracas quotidiens,soutien social perc u, névrosisme, optimisme dispositionnel (OD)et enfin, de coping. L’OD et le soutien social perc u (favorisant larecherche de soutien social) sont associés positivement, le névro-sisme et le stress perc u négativement, à l’emploi d’un coping centrésur le problème. Le névrosisme et le stress perc us entretiennentune relation positive, le soutien social perc u et l’OD une relationnégative, avec le coping centré sur l’émotion. Les résultats sont dis-cutés dans l’objectif d’aider les étudiants à faire face aux enjeux del’entrée à l’université.

© 2012 Société franc aise de psychologie. Publié par ElsevierMasson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.Adresses e-mail [email protected], [email protected] (C. Mazé), [email protected]

(J.-F. Verlhiac).1 Thèmes de recherche : santé, vulnérabilité perc ue et prévention des risques ; stress et coping ; rôle des facteurs psycho-

sociaux dans la réussite académique ; impact des stéréotypes et de la menace du stéréotype sur la réussite académique ; etl’estime de soi.

0033-2984/$ – see front matter © 2012 Société franc aise de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2012.11.001

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Keywords:Perceived stressPerceived social supportNeuroticismDispositional optimismCoping

a b s t r a c t

The aim of this study is to explore, among students who reachthe university and are likely exposed to a stressful event, how aset of (independent) variables influences the use of various copingstrategies (dependent variable). Two hundred and twenty-one first-year students filled questionnaires about daily hassle, perceivedsocial support, neuroticism, dispositional optimism and coping.Problem-focused coping is positively related to dispositional opti-mism and perceived social support (which promotes the search forsocial support), while negatively related to neuroticism and per-ceived stress. Neuroticism and perceived stress are also positivelyrelated to emotion-focused coping. Finally, dispositional optimismand perceived social support prevent the employment of emotion-focused coping. The results of this research are discussed with theaim of helping students meet the challenges of entering university.

© 2012 Société franc aise de psychologie. Published by ElsevierMasson SAS. All rights reserved.

1. Introduction

Notre recherche se propose d’identifier les rôles respectifs du stress perc u, du soutien social perc u(facteurs transactionnels) de l’optimisme dispositionnel (OD) et du névrosisme (facteurs de person-nalité) dans les préférences que des étudiants de première année universitaire expriment vis-à-visde trois formes possibles de coping (problème, émotion et recherche de soutien social). Plus préci-sément, nous souhaitons identifier la part d’influence conjointe que jouent, dans l’adaptation à unesituation de stress, ces différents facteurs (transactionnels et de personnalité) connus pour avoir deseffets facilitateurs ou inhibiteurs sur l’usage de certaines stratégies de coping.

Cette recherche répond plus largement à un objectif de compréhension de la fac on dont des étu-diants s’adaptent à une situation potentiellement stressante – l’entrée à l’université – et rejoint lespréoccupations actuelles de développer des procédures d’aide à la réussite et au soutien des étudiants.

2. Stress et entrée à l’université

Chaque période, que l’on peut considérer comme une sorte de carrefour et d’opportunités dansla vie d’un individu, engage ses ressources qui, si elles sont insuffisantes, le confrontent à un étatde stress. Ces situations sont nombreuses. Par exemple, l’enfant qui intègre les bancs de l’école pourla première fois à la maternelle, le jeune adulte qui atteint l’université, puis engage des démarchespour obtenir un emploi, ses premiers pas dans le monde du travail ou encore la confrontation à desmutations technologiques ou à des périodes de chômage. Tous ces événements et toutes ces périodesde vie sont autant d’opportunités pour de nouvelles expériences que des sources potentielles de stresssollicitant des ressources pour y faire face.

L’entrée à l’université est une période potentiellement stressante qui nécessite de nombreusesadaptations de la part de l’étudiant. Ce dernier est exposé simultanément à de nouvelles opportunités,aux tracas de la vie quotidienne et à ceux directement liés à l’accès à l’université (changement dedomicile pour se rapprocher de l’université, éloignement de la famille et du cercle d’amis, création d’unnouveau réseau relationnel, compromis entre études et emplois alimentaires, etc.). Constantini, Spitz,Desprat et Montier (2001) constatent en France que, sur une population de 935 étudiants de premièreannée, 14 % ont un score de détresse émotionnelle dépassant le seuil critique ; ce qui traduirait leur mal-être. Ce constat est valable dans d’autres pays d’Europe comme la Norvège, l’Angleterre et l’Irlande(Firth, 1986 ; Nerdrum, Rustoen & Ronnestad, 2006 ; Tyrrell et Smith, 1996 ; pour une analyse pluscomplète sur la santé mentale des étudiants voir Boujut, Koleck, Bruchon-Schweitzer & Bourgeois,2009).

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Selon Fisher (1994), environ un étudiant sur trois qui a quitté le foyer familial présente des troublessomatiques (douleurs diverses, troubles digestifs, etc.) et émotionnels (anxiété, dépression, symp-tômes obsessionnels, etc.). Une enquête réalisée par des mutuelles régionales d’étudiants2 révèlequ’en France, les étudiants sont 36,2 % à déclarer avoir des difficultés à gérer leur stress, 31,3 % à décla-rer avoir été, sur une période de plus de deux semaines, « tristes, déprimés, sans espoir, avec une perted’intérêt pour les activités qu’ils aiment faire habituellement au cours des 12 derniers mois ayantprécédé l’enquête » et également 8,8 % à déclarer avoir eu des pensées suicidaires.

Ces diverses manifestations somatiques et psychologiques ne sont pas indépendantes des difficul-tés auxquelles se confrontent les étudiants. Réveillère, Nandrino, Sailly, Mercier & Moreel (2001) ontpar exemple recensé les problèmes les plus fréquemment rencontrés par les étudiants et leur parais-sant les plus gênants pour leur bien-être. Les difficultés de gestion de leur temps (horaire à respecter,manque de temps), leur manque d’argent (indépendance matérielle et financière), leur fatigue phy-sique (fatigue, difficultés pour se lever le matin) leurs préoccupations relatives à l’entourage social(maladie ou accident des proches) et bien sûr celles concernant la réussite universitaire (peur desexamens, manque de capacités personnelles) ressortent comme des problèmes majeurs. En France, letaux d’accès en deux ans à la troisième année de licence (toutes filières confondues droit, économieet AES, langues et sciences humaines, sciences, sciences et techniques des activités physiques et spor-tives) n’atteint que 37 % des étudiants (Goulard, 2007), ce qui implique un taux d’échec – notammentperc u par les étudiants comme – relativement important.

En résumé, toutes ces sources de stress liées de près ou de loin à l’entrée à l’université peuventnuire à l’adaptation psychosociale et au parcours universitaire de l’étudiant notamment s’il ne pensepas disposer des ressources personnelles, familiales et environnementales suffisantes pour y faire face(Dumont, Leclerc & Deslandes, 2003). Il n’est pas anodin, dans une perspective de prévention et devalorisation du bien-être psychologique des étudiants, de connaître et de comprendre les conditionset les mécanismes par lesquels ils éprouvent des difficultés voire inversement sont immunisés desfacteurs de stress, en lien ou non avec la vie universitaire. Les mécanismes de régulation et de gestiondu stress des étudiants s’étudient au regard des ressources personnelles cognitives, émotionnelles etsociales qu’ils déploient pour faire face à leurs conditions sociales et matérielles d’existence.

3. Un modèle multifactoriel et transactionnel de gestion du stress

Inspirée des travaux de Lazarus et Folkman (1984a) sur les mécanismes transactionnels du stress,Bruchon-Schweitzer (2002) propose un modèle intégratif (voir Fig. 1) qui tient compte des critiquesformulées envers le modèle initial et notamment de la « centration excessive sur des processus transac-tionnels au détriment de facteurs environnementaux et dispositionnels » (pour une revue récente desdéveloppements du modèle voir Untas, Koleck, Rascle & Bruchon-Schweitzer, 2012). Ce modèle exa-mine le rôle de facteurs situationnels, environnementaux et de personnalité impliqués dans le choixde stratégies (de coping) qui permettent à l’individu de faire face à des situations perc ues comme diffi-ciles. Plus précisément, ce modèle intègre dans son analyse des mécanismes de gestion du stress, desantécédents (facteurs de personnalité, environnementaux, biologiques, événements de vie, etc.), descritères (bien-être subjectif, état de santé physique, psychologique et social, etc.) et des facteurs tran-sactionnels (stress et soutien social perc us, coping, etc.). Par facteurs transactionnels, il faut entendreque l’individu et son environnement entretiennent une relation d’influence réciproque. Lors d’uneconfrontation à un événement, l’individu est un agent actif qui interprète la situation et agit sur elleen la modifiant en retour. La perception du caractère stressant de l’événement, ainsi que l’émotionqui l’accompagne, sont le fruit d’une juxtaposition de facteurs en action sous l’influence de variablesdispositionnelles et situationnelles (Rascle & Irachabal, 2001). Ce modèle, qui intègre facteurs disposi-tionnels et transactionnels (Koleck, Bruchon-Schweitzer & Bourgeois, 2003) incitateurs ou inhibiteursde stratégies de coping, sources d’issue positive ou négative sur l’état de santé de l’individu, noussemble, en ce sens, approprié à notre recherche. Si les premières études testant ce modèle ont été

2 La santé des étudiants en 2007. Cinquième enquête de l’union nationale des mutuelles étudiantes régionales, (juin 2007).Etude menée sur 14 000 étudiants volontaires (Île-de-France).

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Antécédents (ou Prédict eur s)

Modérat eurs (tran saction s individu-context e)

Évaluation - Str ess pe rçu - Contrôle per çu - Soutien social - Anxiété état

Issues (ou critè res)

État de san té comportemental,

émotionnel et cognitif

Bien être subj ectif (satisfa ction ,

bonheur)

Stratégi es d’aj ustem ent

- Co ping centré sur l’ émotion

- Co ping centré sur le probl ème - Re cherche de so uti en

Fonctionnement de di vers systèmes p hysio logiqu es

(neurolog ique, endocr inien, immuni taire…)

État de san té physique

Déclench eurs

Environnement aux - Événements de vie stressants - Réseau social

Sociodémogr aphiques

Antécédent s psychosociaux - Traits pathogènes (d épression , anxiété, névrosisme ,…) - Traits immunogènes (optimisme , lieu de contrôle int ern e, au to-efficacité, endu ran ce,…) Antécéden ts bioméd icaux et sociodémogr aphiques (Âge, sexe, eth nie, situ ation familiale, professionn elle ,…)

Antécédents

Fig. 1. Modèle intégratif et multifactoriel d’après Bruchon-Schweitzer (2002) (Koleck et al., 2003 ; Untas et al., 2012)5.

menées auprès de populations de patients, d’autres furent menées ultérieurement sur des popula-tions (parmi lesquelles des étudiants) soumises à des situations de stress chronique. Par exemple,Boujut (2007) teste ce modèle sur des étudiants de première année universitaire. Menant une étudeprospective, elle identifie quelques facteurs psychosociaux qui prédisent la réussite et la bonne santégénérale des étudiants ou au contraire l’échec académique, le développement de troubles de l’humeur,de troubles somatiques et de troubles du comportement alimentaire. Au niveau des processus tran-sactionnels, il apparaît alors que l’usage d’un coping centré sur les émotions et à l’inverse un moindreusage du coping centré sur le problème ont des effets délétères sur la santé et le bien-être des étudiants.

3.1. Quelques facteurs de stress psychologique : les antécédents

Parmi les facteurs de personnalité, certains sont considérés comme pathogènes (c’est le cas parexemple du névrosisme) et associés au risque de développer certaines maladies (Friedman, 1990 ;

5 Pour information, les facteurs et concepts imprimés en caractère gras sont spécifiquement abordés dans cette étude.

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Friedman et Booth-Kewley, 1987 ; Vandervoort, 1995). Le névrosisme, fortement lié à l’emploi de stra-tégies de coping centrées sur l’émotion (Van Hek, 1997), rend les individus socialement peu attrayantset réduit leur chance d’obtenir du soutien social (Bruchon-Schweitzer, 2002) et inversement pour lesindividus qui obtiennent un score faible de névrosisme (stables sur le plan émotionnel, généralementcalmes, d’humeur égale et capables de faire face à des situations stressantes sans être inquiets nidéstabilisés).

D’autres facteurs de personnalité prémunissent des effets néfastes de situations de stress et sontassociés à une bonne santé physique et émotionnelle et à des styles de vie sains (Koleck et al., 2003).Parmi ces facteurs, l’optimisme dispositionnel (OD) ou OD (Baldwin, Kennedy & Armata, 2008 ; Scheieret Carver, 1985 ; Scheier, Carver & Bridges, 1994) prend toute sa pertinence dans le domaine sco-laire et universitaire (Huan, Yeo, Ang, Chong & Wan Har, 2006). L’individu qui fait généralementpreuve d’attentes optimistes quant à l’issue des événements à venir considère que les objectifs qu’il sedonne sont réalisables et méritent que tout soit mis en œuvre pour les atteindre même si cela s’avèrecoûteux. La particularité de l’OD est de contribuer à davantage de focalisation des individus sur laréalisation des objectifs et sur leur croyance quant aux chances de succès de leur entreprise (Chang,2001 ; Seligman, 2008 ; Solberg et Segerstrom, 2006 ; Verlhiac et Meyer, 2009). Chemers, Hu-Li etGarcia (2001) soulignent ses effets positifs sur les stratégies de coping, les attentes et les performancesuniversitaires.

3.2. Les processus du stress psychologique : les modérateurs ou facteurs transactionnels

Connaître le niveau de stress ressenti par l’étudiant est insuffisant. Il est important d’étudier éga-lement la manière dont il gère une situation perc ue comme stressante. Lazarus et Folkman (1984c)définissent le stress psychologique comme une transaction spécifique entre la personne et son envi-ronnement.

Face à un épisode potentiellement stressant, l’individu est amené, dans un premier temps (évalua-tion primaire), à se poser la question de l’enjeu de la situation : « Suis-je pour le moment ou serai-jedans l’avenir face à une situation problématique pour moi ? » (Lazarus et Folkman, 1984a). Il évaluealors la situation à partir de sa perception des contraintes et des ressources qu’il pense posséder. Leniveau de stress est important dès lors qu’il estime, à tort ou à raison, que ses capacités et ses compé-tences ne sont pas à la hauteur des exigences de la situation (Lassare, Giron & Paty, 2003). L’évaluationsubjective de la gravité d’un événement se révèlera plus prédictive de l’état de santé ultérieur d’unindividu que la survenue de l’événement lui-même (Koleck et al., 2003). Le stress perc u est donc l’undes médiateurs essentiels par lesquels transitent à la fois les caractéristiques de la situation aversive etles facteurs de personnalité. Une même situation pourra être perc ue comme stressante pour certains,alors qu’elle ne le sera pas pour d’autres.

L’individu évalue ensuite (évaluation secondaire) les ressources personnelles et sociales dont ildispose pour faire face à l’événement perturbateur. Le soutien social perc u est défini par Koleck et al.(2003, p. 812) comme « le sentiment éprouvé par une personne sur la possibilité qu’elle a d’être aidée,protégée et valorisée par son entourage ». À nouveau, il ne s’agit pas de caractéristiques objectivesdes relations sociales de l’individu mais bien de son évaluation subjective de l’aide apportée par sonentourage et de la satisfaction qu’il ressent. De nombreuses recherches concluent à un rôle protecteurdu soutien social dès lors qu’il est perc u comme positif (Bettschart, Bolognini, Plancherel, Nunez &Leidi, 1992 ; Hirsch et Dubois, 1992 ; Wenz-Gross, Siperstein, Untch & Widaman, 1997).

En résumé, l’évaluation primaire (stress perc u) consiste pour l’individu à appréhender un évé-nement (nature, durée, gravité, signification, etc.). L’évaluation secondaire consiste à se demanderde quelles ressources personnelles et sociales il dispose pour faire face à cet événement. Bien queces séquences évaluatives soient présentées de manière successive, des processus de réévaluationpeuvent opérer, impliquant des boucles de rétroaction (Bruchon-Schweitzer, 2002).

Suite à ce double processus d’évaluation, l’individu doit faire face à l’événement ou à la situationsource de stress. Les stratégies de coping correspondent aux actions et aux efforts cognitifs déployéspour tenter, dans la mesure du possible, de maîtriser la situation, de réduire la détresse occasionnée,ou encore de tolérer son impact sur le bien-être physique et psychologique (Cramer, 1998 ; Lazarus etFolkman, 1984a). Il s’agit d’un processus dynamique et interactif évoluant dans le temps en fonction

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des demandes objectives et de l’évaluation cognitive de la situation (pour une revue Parker et Endler,1996 ; Schwarzer et Schwarzer, 1996). « Le coping centré sur le problème » vise à répondre à la situationaversive en tentant de la contrôler ou de la modifier. Il s’agira, par exemple, de négocier un délai pourpayer ses factures, de rechercher un emploi mieux rétribué, de consulter un médecin, d’augmenterses connaissances dans certains domaines, de construire un planning ou encore de rechercher desinformations. « Le coping centré sur l’émotion » vise à réguler la tension émotionnelle induite par lasituation via, pour exemples, des réévaluations positives des événements (voir le bon côté des choses)ou encore la fuite (penser à autre chose). Finalement, un troisième type de coping, « la recherche desoutien social » vise à obtenir la sympathie, l’écoute, et l’aide d’autrui. Il ne s’agit pas d’une ressource(existante ou perc ue) mais d’une stratégie de coping mise en place pour faire face à l’adversité (Ali,Marivain, Héas & Boulvais, 2008 ; Bruchon-Schweitzer, 2002). Le coping centré sur le problème et lecoping centré sur l’émotion sont deux méta-stratégies issues du modèle transactionnel stress-copingde Lazarus et Folkman (1984a). La première stratégie possède généralement des effets fonctionnelssur la santé émotionnelle et somatique de l’individu qui en use tandis que la seconde occasionnegénéralement l’effet inverse (Untas et al., 2012). Toutefois, cette dernière serait efficace sur le courtterme ou face à des événements incontrôlables car elle permettrait de gérer l’épisode émotionnelnégatif ressenti lors de l’apparition de l’événement stressant. Elle serait une forme de coping adaptée,dès lors qu’elle laisserait place, par la suite et dans la mesure où l’individu aurait un certain contrôlesur la situation, à un coping plus actif qui permettrait de gérer véritablement le problème (Bungener,2005). Sur le long terme, les stratégies de coping centrées sur les émotions, favorisées lors de la per-ception d’un stress intense, sont généralement définies comme des stratégies peu efficaces (Kessler etMagee, 1994 ; Terry, Longe & Callan, 1995 ; Valentiner, Holahan & Moos, 1994) avec des effets nocifstels que l’émergence de symptômes dépressifs, somatiques ou encore de troubles du comportementalimentaire (Boujut, 2007). D’après Lassare et al. (2003), si l’utilisation de stratégies actives (modifi-cation du comportement, de la fac on de travailler, etc.) échoue, la tension persistante pourra affecterl’étudiant. En revanche, si ces stratégies s’avèrent efficaces, le coping aura des effets rétroactifs entermes de socialisation (autonomisation affective et économique) et d’apprentissage (adaptation autravail universitaire) (Lazarus, Averill & Opton, 1974).

4. Intérêt et objectif de l’étude

À notre connaissance, et comme nous venons de le voir, un certain nombre de facteurs ont étéétudiés à l’échelle internationale et auprès de populations variées : on identifie le rôle de facteursdispositionnels et situationnels sur les processus d’adaptation (Moos et Holahan, 2003), le type decoping et les ressources sociales qui modèrent les effets indésirables des événements de vie stressants(Billings et Moos, 1981) ou encore l’efficacité relative des différentes stratégies de coping selon lestypes de stresseurs à affronter et le soutien social apporté sur une population adulte (Suls et Fletcher,1985 ; Terry et al., 1995) ou adolescente (Valentiner et al., 1994 ; Wenz-Gross et al., 1997).

En revanche, peu d’études en France ont comparé les effets conjoints de facteurs de personna-lité et transactionnels sur l’émergence des stratégies de coping et notamment de populations quidécouvrent pour la première fois leur dispositif universitaire. Hellemans (2004) souligne le fait queles étudiants de première année universitaire présentent un niveau de stress et d’anxiété, face à unexamen de statistiques à venir, plus élevé que les étudiants de seconde année alors qu’aucune dif-férence du point de vue du stress dans la vie en général et de l’anxiété-trait n’apparaît entre eux.Grebot et Barumandzadeh (2005) étudient le rôle de facteurs transactionnels (stress perc u, contrôleperc u, enjeux) dans l’adoption de stratégies d’ajustement fonctionnelles (recherche d’informations,recherche de soutien social) ou de stratégies de coping dysfonctionnelles (consommation d’alcool,de médicaments ou d’autres toxiques, refuge dans le sommeil, etc.) pendant les deux premiers moisd’adaptation à l’université. Les évaluations positives de « défi » et de « bénéfice » suscitent plutôt desstratégies de coping fonctionnelles (planification, recherche d’informations) tandis que les évalua-tions négatives de « menace » et de « perte » tendent à mobiliser des stratégies dysfonctionnelles defuite – évitement (sommeil, alcool) ou de confrontation hétéro agressive. S’inquiétant de la détressepsychologique des étudiants de première année Spitz, Constantini & Baumann (2007) identifient unmoindre recours à un coping actif lors de la perception d’un stress intense et d’une manière générale, un

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risque élevé de souffrance psychique dès lors que l’adaptation à l’université apparaît comme peu fonc-tionnelle (difficultés d’insertion et de gestion du travail à l’université, sentiment d’isolement, copingdysfonctionnel). Boujut et al. (2009) mènent une étude longitudinale (sur un an) sur une cohorted’étudiants de première année. La « colère-hostilité » (l’une des facettes du facteur général N – névro-sisme – de la NEOPI-R), le stress académique, la solitude et le coping émotionnel s’avèrent être desfacteurs de vulnérabilité vis-à-vis du risque de dépression en fin de première année tandis que lasatisfaction quant au soutien social familial et le recours au coping centré sur le problème viennentatténuer ces risques. Les auteurs rappellent que le fourvoiement dans une stratégie dysfonctionnelle(coping émotionnel) plutôt que fonctionnelle (coping centré sur le problème) risque de conduire à desaffects dépressifs, des comportements toxicomaniaques et des conduites alimentaires inappropriées.

L’intérêt de la présente étude réside dans l’examen des rôles conjoints et respectifs de facteurstransactionnels et de facteurs de personnalité dans les préférences que des étudiants de premièreannée expriment vis-à-vis de trois formes possibles de coping. Les facteurs de personnalité renvoyantà des composantes plutôt stables de l’individu interviennent fortement dans le choix d’une stratégiede coping (Costa, Somerfield & Mc Crae, 1996). Certaines ressources personnelles disponibles facilitentle recours à certains types de coping tandis que d’autres en inhibent l’émergence. Il s’avère plus préci-sément qu’un OD élevé prédit un recours accrû à un coping actif de type résolution de problèmes (auxdépens d’un coping basé sur la gestion des émotions), tandis que des formes aiguës de névrosismeprédisent une relation inverse entre ces variables (recours de coping de type émotion plutôt que detype problème). Bien entendu le névrosisme et l’OD ne sont pas les seuls facteurs qui exercent uneinfluence sur le choix des modes de coping. Toutefois, la littérature sur ce sujet révèle que ces deuxtypes de facteurs sont particulièrement adaptés et s’opposent quant à leurs effets respectifs sur lecoping (Chang 2001 ; pour une meta-analyse Solberg et Segerstrom, 2006).

En ce qui concerne les facteurs transactionnels, un stress perc u comme intense tend à favoriserle recours au coping de type émotion tandis qu’un soutien social perc u comme satisfaisant accroît laprobabilité d’adopter un coping de type problème.

Dans la présente étude, nous nous attendons donc à observer, chez les étudiants primo-entrant,ce type de résultats pour les facteurs de personnalité comme pour les facteurs transactionnels, nonétudiés jusqu’alors sur la population étudiante ou de manière séparée, sans savoir précisément si cesdeux types de facteurs possèdent un poids explicatif tout aussi - ou plus- important l’un que l’autresur le type de coping employé.

5. Méthode

5.1. Participants et procédure

L’échantillon est composé de 221 étudiants de première année primo entrants à l’université(137 femmes et 84 hommes âgés de 17 à 47 ans3, M = 19 ans, � = 6,14). L’étude descriptive de notrepopulation permet d’identifier qu’il s’agit en grande majorité d’étudiants célibataires qui vivent chezleurs parents (ou chez un autre membre de la famille, 83 % contre 9 % qui vivent seuls et 8 % en coupleou colocation) et ne travaillent pas ou de manière occasionnelle (65 % contre 0,5 % à plein temps et34,5 % à mi temps).

Les participants, tous volontaires, sont recrutés pendant leur enseignement du premier semestred’année universitaire, dans les différentes filières d’une université de la région parisienne (lettres,n = 24, langues, n = 30, droit et sciences économiques, n = 32, sciences humaines, sociales et psychologie,n = 76, sciences et techniques des activités physiques et sportives, n = 59)4. La recherche est présentéecomme une étude sur le stress perc u des étudiants de première année. Les réponses aux questionnairessont anonymes.

3 Seuls deux participants âgés de 45 et 47 ans se distinguent de la tranche d’âge des 17 à 24 ans de notre population. Leursréponses n’affectant pas les résultats de l’étude nous n’avons pas écarté leurs données des analyses.

4 En raison du nombre important de questions, les participants remplissaient les questionnaires à leur domicile. Ils déposaientensuite les documents dans une boîte aux lettres prévue à cet effet la semaine qui suivait l’intervention des expérimentateurs.

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5.2. Instruments de mesure

5.2.1. Les facteurs transactionnels5.2.1.1. L’échelle des tracas quotidiens : fréquence, intensité des tracas et stress perc u. L’échelle des tracasquotidiens de Réveillère et al. (2001), composée de 65 items, mesure le stress perc u au travers de lamesure de la fréquence perc ue des tracas quotidiens de la vie estudiantine (échelle de 0 = jamais,à 3 = très souvent) et de l’intensité du stress éprouvé (échelle de 0 = pas du tout stressant, à 3 = trèsstressant). Les tracas auxquels ces questionnaires réfèrent font intervenir des événements les pluscouramment vécus par des étudiants (le temps, la réussite universitaire, etc.), mais aussi la gênequ’ils provoquent ou provoqueraient, c’est-à-dire l’intensité perc ue (situations vécues comme les plusdifficiles par les étudiants s’ils devaient y faire face : souffrir de l’éloignement d’êtres chers, relationsconflictuelles, etc.).

Les participants évaluent, dans un premier temps, la fréquence d’apparition de chaque stresseur.Ils évaluent ensuite l’intensité du stress éprouvé même s’ils n’ont pas vécu la situation ou rencontréle problème. Il s’agit donc, concernant l’intensité du stress éprouvé, non pas d’évaluer le stress réelperc u par l’étudiant lui-même mais celui que l’événement en question lui procure ou lui procurerait s’ildevait y faire face. C’est à partir de ces deux mesures de fréquence et d’intensité des tracas quotidiensqu’un score de stress perc u peut être calculé.

À l’instar de l’UES (Unpleasant Events Schedule) élaborée par Lewinsohn et al. (Lewinsohn,Mermelstein, Alexander & Mac Phillamy, 1985) ou encore de l’échelle « Feeling Bad » de Lewis et al.(Lewis, Siegel & Lewis, 1984), nous avons, à partir de ces deux scores de fréquence ( = 0,89) etd’intensité ( = 0,93) considérés séparément, calculé un score global de stress perc u. Cette mesurerend compte de la prégnance de chacun des événements potentiellement stresseurs du point devue de leur fréquence et de leur intensité. Le score est établi à partir du produit du couple fré-quence/intensité pour chaque item. Les moyennes sont calculées à partir de la somme des produitsde tous les items qui constituent l’échelle. Globalement, l’échelle présente une très bonne consistanceinterne sur l’ensemble des items ( = 0,94).

5.2.1.2. Le questionnaire de Soutien Social Perc u : soutien quantitatif et qualitatif. Le Questionnaire deSoutien Social Perc u ou QSSP est inspiré du questionnaire « Social Support Questionnaire » de Sarason,Levine, Basham, et Sarason (1983) (version franc aise de Rascle, Aguerre, & Bruchon-Schweitzer, 1997)et développé par Bruchon-Schweitzer (2002) (Boujut & Bruchon-Schweitzer, 2007). Il comprend32 items qui rendent compte de la perception de deux formes de soutien social (qualitatif et quanti-tatif) apportées par un environnement personnel ou privé (a- famille, b- ami(e)s ou camarades) et parun environnement professionnel et institutionnel (a : personnels de l’université ; b : professionnels desanté). Pour le soutien social qualitatif, les participants évaluaient sur une échelle de mesure en cinqpoints (1 = pas du tout satisfait, à 5 = tout à fait satisfait) :

• leur satisfaction quant au réconfort ;• l’aide matérielle ;• les conseils et ;• la confiance en soi apportés d’une part, par leurs proches (i.e., famille, amis ou camarades, = 0,76)

et, d’autre part, par les professionnels de santé et personnels de l’université ( = 0,92).

Pour le soutien social quantitatif, les participants précisaient le nombre de personnes de leur entou-rage privé ( = 0,81) et institutionnel ( = 0,72) qui apportaient ces quatre types d’aides. Quatre indicesde soutien social perc u (SSP) ont donc été calculés (cf. Tableau 1).

5.2.2. Les facteurs de personnalité5.2.2.1. L’échelle de névrosisme. La version franc aise (Rolland, Parker & Stumph, 1998) de l’échelle Ndu NEO-PI-R de Costa et Mc Crae (1992) se compose de 48 items qui permettent d’appréhender (surune échelle variant de 0 = pas du tout d’accord, à 4 = tout à fait d’accord) la mesure du facteur général N

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Tableau 1Moyennes (écart-types), valeurs minimales et maximales et coefficients de Cronbach (�) des variables des différentes échelles.

Échelles Variables Moyennes (�) Filles (�) Garc ons (�) F(1,219) � deCronbach

Tracas quotidiens Stress percu 1,55 (0,87)min. = 0max. = 4,2

1,79 (0,89) 1,15 (0,65) 32,37** 0,94

Soutien social (QSSP)˛ = 57

Privé quantitatif 2,33 (1,29)min. = 0,12max. = 9,37

2,27 (1,06) 2,43 (1,61) < 1 0,81

Institutionnelquantitatif

0,34 (0,35)min. = 0max. = 1,62

0,30 (0,32) 0,38 (0,39) 2,90 0,72

Privé qualitatif 3,99 (0,69)min. = 1max. = 5

3,93 (0,68) 4,10 (0,69) 3,19 0,76

Institutionnel qualitatif 2,68 (0,91)min. = 1max. = 5

2,69 (0,87) 2,65 (0,97) < 1 0,92

Lot-R Optimismedispositionnel

2,84 (0,67)min. = 1,17max. = 4,83

2,72 (0,70) 3,05 (0,60) 12,91* 0,68

NEOPI-R Névrosisme 2,01 (0,56)min. = 0,33max. = 3,75

2,19 (0,50) 1,69 (0,52) 50,21** 0,85

WCC Coping Problème 2,92 (0,40)min. = 1,5max. = 4

2,88 (0,39) 2,99 (0,39) 3,81† 0,69

Émotions 2,63 (0,52)min. = 0,89max. = 3,78

2,78 (0,46) 2,38 (0,51) 34,49** 0,67

Soutien Social 2,75 (0,48)min. = 1,37max. = 3,88

2,75 (0,52) 2,74 (0,40) < 1 0,65

†p < 0,09 ; *p < 0,01 ; **p < 0,001. Tracas quotidiens : stress perc u ; QSSP : soutien social ; NEOPI-R : névrosisme ; LOT-R : OD ; WCC :coping problème, émotion, soutien social.

(névrosisme) constitué de six facettes (anxiété, colère, dépression, timidité, impulsivité, vulnérabilité).Un indice unique du névrosisme est calculé.

5.2.2.2. L’optimisme dispositionnel. La version franc aise (Trottier, Mageau, Trudel & Halliwel, 2008)de la LOT-R ou Life Orientation Test version révisée de Scheier et al. (1994), évalue les attentes pourdes événements divers et rend compte de l’optimisme et du pessimisme dispositionnels. Trois itemsévaluent l’optimisme et trois autres le pessimisme sur une échelle en cinq points (1 = tout à fait endésaccord, 5 = tout à fait d’accord). Une analyse factorielle décèle la présence d’un seul facteur quiexplique 41,6 % de la variance. Un indice unique d’OD est calculé.

5.2.3. Le copingL’échelle en 27 items de Cousson, Bruchon-Schweitzer, Quintard, et Nuissier (1996) est l’adaptation

franc aise de la version raccourcie (WCC-R de Vitaliano et al., 1985) de la Ways Coping Checklistde Lazarus et Folkman (1984b). Ce questionnaire permet d’identifier trois types de coping à partird’échelles en quatre points (1 = n’utilise pas cette stratégie, à 4 = utilise cette stratégie). Le premierconcerne le coping centré sur le problème : recherche d’information, élaboration de plans d’action,affrontement actif des situations « J’établis un plan d’action et je le suis ». Le second correspondau coping centré sur l’émotion : focalisation sur l’émotion avec minimisation de la menace, évite-ment/fuite, réévaluation positive de la situation, désengagement « J’essaie de tout oublier ». Le dernierporte sur la recherche de soutien social : se confier à quelqu’un, demander des conseils « Je parle àquelqu’un de ce que je ressens ».

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6. Résultats

Nous analyserons, au préalable, les données descriptives obtenues ainsi que les corrélationsentre les variables (cf. Tableau 2) puis explorerons les liens de prédiction entre les facteurs tran-sactionnels et de personnalité et le coping (cf. Tableau 3). L’examen des données descriptives (cf.Tableau 1) permet de constater, pour la population interrogée, des scores moyens modérés à l’échellede névrosisme (M = 2,01 sur une échelle variant de 0 à 4), ainsi qu’à l’échelle d’OD (M = 2,84 sur uneéchelle variant de 1 à 5) ou encore quant au soutien social percu de l’environnement institution-nel (personnel de l’université et professionnel de santé M = 2,68 sur une échelle de 1 à 5 ; pour unemoyenne de 0,34 personnes ayant apporté du soutien). La population interrogée perc oit peu de stress(M = 1,55 sur une échelle variant de 0 à 9) et se déclare satisfaite en moyenne du soutien apporté lesderniers mois par les proches (famille et amis, M = 3,99 sur une échelle variant de 1 à 5). En moyenne,deux à trois personnes de l’entourage proche des étudiants leur sont venues en aide. Pour finir les

Tableau 2Corrélations entre les variables (stress perc u, névrosisme, optimisme dispositionnel (OD) soutien social, coping).

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Stress perc u (tracas quotidiens) 1

Soutien social (QSSP)Privé quantitatif 2 −0,01Instit. quantitatif 3 0,07 0,32***Privé qualitatif 4 −0,19** 0,23*** 0,05Instit. qualitatif 5 −0,02 0,03 0,09 0,36***

Névrosisme (NEOPI-R) 6 0,56*** −0,01 0,06 −0,26*** −0,18**

OD (LOT-R) 7 −0,28*** 0,06 0,10 0,27*** 0,07 −0,37***

Coping (WCC)Problème 8 −0,14* 0,10 0,19** 0,15* 0,02 −0,33*** 0,27***Émotion 9 0,43*** 0,06 −0,03 −0,22*** −0,06 0,61*** −0,29*** −16**Soutien social 10 −0,01 0,19** 0,12† 0,15* −0,04 0,03 0,22*** 0,27*** 0,11†

†p < 0,10 ; *p < 0,05 ; **p < 0,01 ; ***p < 0,001 ; QSSP : soutien social ; NEOPI-R : névrosisme ; LOT-R : OD ; WCC : coping problème,émotion, soutien social.

Tableau 3Analyses de régressions séparées des stratégies de coping centrées sur les problèmes, les émotions et la recherche de soutiensocial par le stress perc u (tracas quotidiens), le soutien social (QSSP) le névrosisme (NEOPI-R) et l’optimisme dispositionnel(LOT-R).

Coping

Problème(F[8, 212] = 6,29***)

Émotion(F[8, 212] = 18,91***)

Soutien Social(F[8, 212] = 3,49***)

� � �

Sexe −0,07 −0,09 −0,06

Stress perc u 0,08 0,11† −0,00

Soutien social perc uPrivé quantitatif −0,02 0,13* 0,15*Instit. quantitatif 0,21** −0,10† 0,05Privé qualitatif 0,05 −0,10† 0,12†

Instit. qualitatif −0,09 0,07 −0,10

Névrosisme −0,38*** 0,49*** 0,11

Optimismedispositionnel

0,14* −0,03 0,24***

R2 = 0,19*** R2 = 0,42*** R2 = 0,12***

†p < 0,10 ; *p < 0,05 ; **p < 0,01 ; ***p < 0,001.

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Fig. 2. Résumé des liens de corrélations significatifs observés entre les variables (facteurs de personnalité : NEOPI-R, optimismedispositionnel (OD) ; facteurs transactionnels : stress perc u, soutien social perc u ; coping : problème, émotion, soutien social).

niveaux moyens de coping problème, émotion et de soutien social sont plutôt élevés (respectivementM = 2,92, M = 2,63, M = 2,75 sur une échelle variant de 1 à 4). Les étudiants interrogés se sentent, enmoyenne et majoritairement, peu seuls, peu isolés, peu stressés et déclarent des niveaux de copingimportants.

Malgré ce constat, les filles présentent un score plus élevé de stressperc u (Mfilles = 1,79 ; Mgarc ons = 1,15, F(1,219) = 32,37, p < 0,0001) et de névrosisme(Mfilles = 2,19 ; Mgarc ons = 1,69, F(1,219) = 50,21, p < 0,0001) que les garc ons. Ces deux facteurs étantreconnus pour le lien étroit qu’ils entretiennent avec l’emploi de stratégie de coping de type émotion,nous constatons un score plus élevé pour les filles (Mfilles = 2,78) que pour les garc ons (Mgarc ons = 2,38,F(1,219) = 34,49, p < 0,0001) sur ce type de stratégie. À l’inverse, identifié comme un facteur protecteurdes effets néfastes de situation de stress, le score d’OD est plus élevé chez les garc ons que les filles(Mfilles = 2,72 ; Mgarc ons = 3,05, F(1,219) = 12,91, p < 0,001). En raison de ces différences observées entrefilles et garc ons, la variable sexe sera intégrée aux modèles de régression afin de vérifier que le poidsexplicatif des différents facteurs du modèle n’est pas dépendant de cette variable.

6.1. Les corrélations

Les stratégies de coping centrées sur les émotions s’opposent à celles centrées sur le problème(r = −0,16, p < 0,01) et les facteurs qui leur sont respectivement corrélés sont également bien identifiéset distincts. À savoir, les étudiants qui recourent à un coping plutôt centré sur les émotions sont ceuxqui déclarent ressentir plus de stress (r = 0,43, p < 0,001) et obtiennent un score plus élevé à l’échellede névrosisme (r = 0,61, p < 0,001), font preuve de moins d’optimisme (r = −0,37, p < 0,001) et sontmoins satisfaits de leur soutien social (notamment qualitatif d’ordre privé, r = −0,22, p < 0,001) queceux qui recourent à un coping plutôt centré sur le problème. Pour ce dernier groupe d’étudiants, laconfiguration des corrélations observées entre les variables précédemment citées est inverse à celledu groupe ayant adopté un coping centré sur les émotions. Autrement dit, chacun des facteurs corréléssignificativement au coping centré sur les problèmes entretient une relation inverse au second typede coping.

En ce qui concerne le coping centré sur la recherche de soutien social seul l’OD, le soutien socialperc u et le coping problème lui sont corrélés positivement.

La Fig. 2 permet de résumer les liens de corrélations principaux et significatifs entre les facteursde personnalité (NEOPI-R, OD), les facteurs transactionnels (stress perc u, soutien social perc u) et

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les stratégies de coping problème, émotion et soutien social (les lignes en pointillés identifient lescorrélations négatives et les lignes en traits pleins désignent les corrélations positives entre lesvariables).

Nous retrouvons ces patterns de résultats bien distincts pour ces différents types de coping dansl’analyse des régressions.

6.2. Liens de prédiction entre facteurs transactionnels et de personnalité et le coping

Une régression linéaire multiple est réalisée séparément sur chacune des stratégies de coping(problème, émotion et soutien social). Les variables indépendantes introduites sont constituées desfacteurs de personnalité (névrosisme et OD), des facteurs transactionnels du stress (stress perc u etressources sociales percues) et du sexe des participants.

Les analyses de régressions séparées pour chaque modalité de la variable sexe ne révèlent aucunedifférence de configuration quant aux effets observés des variables introduites dans le modèled’analyse sur les modes de coping adoptés. (cf Tableau 3). Aussi, les résultats présentés ne feront-ilsplus cas de cette variable.

Les trois modèles d’analyses de régression sont significatifs et fournissent des pourcentages devariances explicatives satisfaisants pour chacune des stratégies de coping (respectivement coping pro-blème : R2 = 0,19, p < 0,001 ; coping émotion : R2 = 0,42, p < 0,001 ; coping recherche de soutien social :R2 = 0,12, p < 0,001 ; cf. Tableau 3).

Sur l’usage d’un coping centré sur le problème, l’analyse de régression permet de mettre à jour d’uncôté le poids positif du nombre de personnes ayant apporté du soutien académique ( = 0,21, p < 0,01)et de l’OD ( = 0,14, p < 0,05) et d’un autre côté le poids négatif du névrosisme ( = −0,38, p < 0,001).

Pour le coping centré sur l’émotion, le névrosisme, la quantité de proches disponibles pour appor-ter du soutien et le stress perc u ont un rôle significatif positif (respectivement : = 0,49, p < 0,001 ;

= 0,13, p < 0,05 ; = 0,11, p < 0,08). À l’inverse, le nombre de personnes apportant un soutien acadé-mique et la satisfaction procurée par le soutien des proches ont un effet négatif sur le coping émotion(respectivement, = −0,10, p < 0,09 ; = −0,10, p < 0,09).

Pour le coping centré sur la recherche de soutien social, l’OD ( = 0,24, p < 0,001) et le nombre depersonnes de l’environnement privé apportant du soutien social ( = 0,15, p < 0,05) jouent un rôlepositif. La satisfaction, quant au soutien social apporté par un parent ou un ami, a également uneinfluence positive mais marginale ( = 0,12, p < 0,09).

Nous assistons bien à une inversion de modèle pour les coping de type problème et émotion, lecoping centré sur la recherche de soutien social se révélant proche et complémentaire de celui centrésur le problème.

7. Discussion

Il s’agissait d’explorer le rôle de quelques facteurs transactionnels et de personnalité dans le choixde stratégies de coping d’étudiants au moment de leur entrée à l’université.

Dans le cadre de la gestion de la vie universitaire et de la vie quotidienne, les stratégies de copingcentrées sur les émotions s’opposent aux stratégies actives de confrontation aux événements et decentration sur le problème. L’OD et le soutien social, notamment la fréquence du soutien institutionnel,sont associés positivement au coping centré sur le problème. Le névrosisme entretient une relationnégative avec le coping centré sur le problème et, à l’instar du stress perc u, positive avec le copingcentré sur les émotions. Le soutien social qualitatif et quantitatif fourni par un environnement d’ordreprivé ainsi que l’OD sont associés au coping centré sur la recherche de soutien social.

Ces résultats sont conformes à ceux de la littérature et des modèles d’analyse transactionnelledu stress (Kessler et Magee, 1994 ; Koleck et al., 2003 ; Terry et al., 1995 ; Valentiner et al., 1994).Au-delà de l’aspect confirmatoire des résultats, nous apportons un éclairage intéressant quant auxcontributions des facteurs transactionnels et de personnalité qui jouent un rôle opposé et inégal dansl’émergence des stratégies coping.

Nous constatons, dans nos analyses de régression, que la variable sexe n’a pas un poids significatifmais nous notons néanmoins des différences de niveau de stress perc u, de névrosisme, d’optimisme

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et de choix de coping entre les filles et les garcons. Dans ce domaine, les résultats de notre étudesont comparables à ce que nous connaissons de la littérature sur les différences de sexe. Il existedes différences entre filles et garcons en matière de coping (Baker & Berenbaum, 2007 ; Brems etJohnson, 1989 ; Stanton, Kirk, Cameron & Danoff-Burg, 2000), de symptômes de la dépression (Ellen,DiGuiseppe & Frosh, 2006), de niveau de détresse psychologique (Spitz et al., 2007) et d’affectivitéou de réactivité face aux événements stressants (Stone et Neale, 1984 ; Yamasaki, Sakai & Uchida,2006). Nous retrouvons également une propension plus grande de la population féminine, par rapportà l’échantillon masculin, à utiliser des stratégies de coping de type émotionnel et à éprouver dessentiments de vulnérabilité personnelle et émotionnelle face au stress. Comme dans certains travauxnous n’observons pas de différence significative entre filles et garc ons quant à la propension plusgrande des garc ons vis-à-vis des filles, à utiliser un coping de type problème (e.g., Moeller et Richards,1992 ; Mullis et Chapman, 2000). Malgré tout, nos résultats suggèrent une absence de différence dugenre quant à la configuration des effets observés des variables introduites dans le modèle d’analysesur les modes de coping adoptés.

Enfin, les étudiants interrogés se sentent, en moyenne et majoritairement, peu isolés et peu stressés.Précisons cependant que notre recherche s’est déroulée au cours du premier semestre, avant l’annoncedes premiers résultats d’examen. Or, comme précisé par certains auteurs (Grebot et Barumandzadeh,2005 ; Spitz et al., 2007), les étudiants sont encore, à cette époque, dans l’utopie des études supé-rieures. Il est probable qu’interrogés de nouveau, une fois les résultats obtenus aux premiers examensuniversitaires, les niveaux de stress, d’optimisme et de névrosisme ou encore les stratégies utiliséespour faire face aux difficultés, évoluent.

D’autres caractéristiques de l’échantillon, comme la situation familiale, ou encore la situation pro-fessionnelle, pourraient affecter le choix des stratégies de coping. Par exemple le fait de vivre seul(en situation de célibat, divorce, séparation, veuvage) réduit le niveau de bien-être psychologique etde satisfaction de vie comparativement aux personnes vivant en couple (Bailey & Snyder, 2007). Lesdifficultés économiques affectent fortement les niveaux d’OD et accentuent le recours à des stratégiesde coping centrées sur les émotions (La Rosa-Rodriguez et al., 2000). Ces caractéristiques sociodémo-graphiques n’ont pas fait l’objet d’analyse dans cette étude car la population interrogée, homogènesur ces différents critères, ne permet pas d’établir de telles comparaisons. Les effectifs par filière étantpeu élevés, il n’était pas opportun d’explorer les éventuels effets de cette variable sur les stratégiesde coping. Nous avons néanmoins étudié les effets principaux relatifs à la filière de formation desétudiants sur l’ensemble de nos variables. Aucun effet n’a été observé.

Il convient donc désormais de préciser comment aider les étudiants à surmonter les obstacles etles tensions potentiels à l’entrée de la vie universitaire.

Examinons, pour commencer, l’impact du réseau social sur le choix d’une stratégie de coping.Les résultats de notre étude révèlent que le nombre de personnes qui apportent une aide, parmiles personnels enseignants, administratifs et les professionnels de santé (soutien social institution-nel quantitatif), facilite l’adoption d’un coping centré sur le problème. Parallèlement, la recherchede soutien social, en tant que stratégie de coping, sera davantage mobilisée par les étudiants s’ilsdisposent d’un soutien social privé satisfaisant (amis, famille). Boujut (2007) observe qu’un faiblesoutien familial perc u accroît le risque de dépressivité et qu’un fort soutien social de la part des per-sonnels de l’université augmente les chances de réussite des étudiants primo entrants. L’entouragefamilial et universitaire peut jouer un rôle structurant dans cette période de transition délicate, oùl’institution universitaire n’est pas perc ue comme suffisamment encadrante et où les étudiants depremière année peuvent se sentir livrés à eux-mêmes. À l’âge des explorations identitaires où s’offrel’occasion enivrante de vivre de nouvelles expériences, certaines de ces expériences peuvent menerà l’abandon des études et à l’échec (Boujut, 2007). Il est donc utile de mieux informer le person-nel de l’université sur l’importance du soutien qu’il pourvoie et de l’aide qu’il constitue pour aiderl’étudiant à adopter des stratégies de coping adéquates et à trouver en soi et dans son environnementles ressources pour faire face à des situations anxiogènes (Dumont et al., 2003). Il convient de faire lapromotion des réseaux sociaux (personnel de l’encadrement pédagogique, de santé, social, adminis-tratif, proches et amis) qui offrent un soutien et une aide cognitive émotionnelle et instrumentale. Or,un étudiant sur deux considère que les enseignants se soucient peu de leur devenir et ne les encadrentpas suffisamment (Spitz et al., 2007).

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Précisons que la présente étude a été réalisée quelques temps avant la mise en place d’un élémentclé du dispositif d’accompagnement des étudiants en première année (notamment en psychologie).Ce dispositif, initié en 2008 en réponse au plan « réussite en licence », consiste en un suivi individua-lisé (entretiens, remise des notes à la fin du premier semestre et conseils pour le second semestre,permanences pour le suivi personnalisé des étudiants les plus en difficulté) mené par un enseignant« référent » assurant des enseignements de préprofessionnalisation (exploration et étude d’un terrainprofessionnel) et de méthodologie du travail universitaire (acquisition des méthodes nécessaires àla réussite universitaire). Ce dispositif individualisé, qui évolue d’année en année et intègre doréna-vant en complément un rôle spécifique d’enseignant référent renforce les échanges entre étudiants etenseignants, ainsi que la perception d’un soutien social universitaire adapté et moins anonyme. Uneétude longitudinale et comparative entre des étudiants bénéficiant et d’autres ne bénéficiant pas d’untel dispositif pédagogique, aurait permis de connaître l’évolution de leurs stratégies de coping et sonimpact sur leur bien-être. En raison des difficultés déontologiques à initier de telles recherches, unealternative serait d’initier des études comparatives entre différentes filières de formations universi-taires assurant un tel dispositif et d’autres ne le faisant pas. Cette approche permettrait de donner unéclairage nouveau sur l’évaluation des effets de tels dispositifs.

De manière générale, les psychologues des services de médecine préventive déplorentl’augmentation croissante des demandes de prise en charge ainsi que la diminution des soins enpsychiatrie menés dans les services publiques et privés (Wauqiuez, 2006). Sans mentionner le casdes étudiants qui n’osent pas ou n’ont pas l’idée de s’adresser à des services d’aide, de conseil ou desoins, il n’est pas rare de noter que les étudiants éprouvent de réelles difficultés à trouver des lieuxet des professionnels de santé qui leur sont accessibles. Pour pallier ces manques, un projet de centrede soins et de recherche travaillant en collaboration étroite avec le service de médecine préventiveuniversitaire, le Bureau d’Aide Psychologique Universitaire (BAPU) et le Centre d’accompagnement,de conseil, d’information et d’orientation sur les parcours personnalisés des étudiants (CACIOPE),est en préparation. Situé à proximité ou dans le campus universitaire de Paris Ouest, cet organismeaura pour mission première de répondre à la souffrance des étudiants et d’accompagner leur réin-sertion universitaire dès lors qu’ils seront en situation de décrochage ou de déshérence (prévention,dépistage et prises en charge). Le rôle du référent consistant à limiter, en amont, la détresse émo-tionnelle ressentie par les étudiants, serait ainsi facilité par la mise en place d’un dispositif uniqued’aide sociale à l’étudiant. Dans notre étude, nous n’avons pas testé l’impact du type de soutien socialapporté à l’étudiant (informatif, affectif, matériel) sur les stratégies de coping adoptées. Il serait cer-tainement utile d’identifier, outre la quantité et la qualité de soutien apporté dans l’entourage privéet institutionnel, le type de soutien le plus efficace pour l’adoption de stratégies de coping de typefonctionnel.

Si nous examinons à présent les facteurs de personnalité, il semble plus difficile d’intervenirefficacement que dans le cas précédent. Il est toutefois possible d’encourager le développementde l’optimisme pour les événements futurs et de renforcer l’établissement de formes de coping detype proactif (Hartmann, 2008 ; Sniehotta, Schwarzer, Scholz & Schüz, 2005). Par ce biais, il seraitpossible de décourager ou de retarder l’émergence de stratégies de coping plutôt dysfonctionnelles(Garnefski, Legerstee, Kraaij, Van den Konner & Teerds, 2002). En effet, la nécessité d’une périoded’adaptation à l’entrée dans la vie universitaire, source d’enjeux, est suggérée par quelques auteurs(Grebot et Barumandzadeh, 2005). Cette phase de transition est onéreuse en énergie et en disponi-bilité cognitive et affective. Il paraît nécessaire de proposer, conjointement au soutien universitaire(cours de rattrapage, tutorat, supports pédagogiques), un programme d’apprentissage des stratégiesde coping connues pour accroître le sentiment d’auto efficacité (plan d’actions, investissement, ges-tion du temps). Ces interventions permettraient de contrecarrer l’émergence potentielle ou l’emploide stratégies parfois inopérantes. Par le biais d’un programme de soutien et d’aide adapté nous pour-rions favoriser l’action et renforcer l’usage des réponses efficaces à apporter au stress afin d’améliorerou de maintenir un bien-être optimum des étudiants (Hartmann, 2008).

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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Finance : Cette recherche a été financée par une subvention fournie par l’université de Paris OuestNanterre-La Défense et le Conseil des études et de la vie universitaire.

Remerciements

Les auteurs remercient les étudiants et les enseignants pour leur participation à cette étude ainsiqu’Agathe Cloix et Déborah Picarel pour leur contribution à ce travail. Ils remercient également ThierryMeyer pour ses précieux conseils.

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