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144 Abstracts responsable d’une thyroïdite, fréquemment associée à une fibrose systémique. Décrite en 1896 par Riedel, il s’agit d’une maladie rare, avec moins de 20 cas décrits dans les 20 dernières années. Patiente et méthodes.— Nous rapportons le cas d’une patiente de 53 ans hospitalisée pour la découverte fortuite d’une fibrose rétro- péritonéale avec anévrisme de l’artère splénique, sur un scanner thoraco-abdomino-pelvien de suivi d’un carcinome papillaire thyroï- dien, initialement diagnostiqué sur nodule palpable dans le cadre d’une thyroïdite à anticorps anti-TPO négatifs. Une chirurgie en deux temps avait été réalisée, retrouvant une thyroïde difficile- ment dissécable, fibrineuse, adhérente aux structures adjacentes, compliquée d’une paralysie récurrentielle. À l’anatomopathologie, on mettait en évidence un carcinome papillaire pT3 et intense thy- roïdite lymphocytaire. Un scanner de suivi à 6 mois retrouvait une fibrose rétropéritonéale et péri-aortique étendue aux deux iliaques primitives mais à distance des voies urinaires, avec signes d’aortite et anévrisme sacciforme de 17 mm de l’artère splénique sans signes de complication, chez une patiente asymptomatique, avec syn- drome inflammatoire biologique. Dans ce contexte, les lames de thyroïdectomie ont été relues, concluant à une thyroïdite de Rie- del. La patiente a été traitée par corticothérapie, et embolisation de l’anévrisme à distance. Résultats.— La fibrose rétropéritonéale et la thyroïdite de Riedel sont 2 pathologies inflammatoires fibrosantes rares, potentielle- ment associées. Les manifestations cliniques les plus fréquemment observées sont secondaires au retentissement par engainement des voies urinaires excrétrices avec risque d’altération de la fonction rénale. La présentation clinique est originale par la présence d’un anévrisme de l’artère splénique avec voies urinaires libres. Ce tableau clinique pourrait s’intégrer dans le cadre de la description récente de pathologies systémiques fibrosantes associées à un taux élevé d’IgG4 plasmatiques. Conclusion.— Ce cas mérite d’être rapporté devant l’association d’un carcinome papillaire-Riedel et sa présentation inflamma- toire vasculaire de fibrose rétropéritonéale avec un premier cas d’anévrisme artériel. http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2013.12.068 P23 Syndrome de Nicolau secondaire à un mésusage du générique de la buprénorphine O. Espitia a , C. Vigneau-Victorri b , P. Leloup c , C. Bernier c , R. Boquié b , P. Woaye-Hune a , M.A. Pistorius a a Médecine interne, Nantes, France b Pharmacologie clinique, Nantes, France c Dermatologie, Nantes, France Mots clés : Syndrome de Nicolau ; Générique buprénorphine Objectifs.— Nous rapportons l’observation d’un patient de 33 ans, ancien toxicomane bénéficiant d’un traitement de substitution par un générique de la buprénorphine. Il s’administrait une forme orale du générique en intraveineux au niveau des mollets. Après 18 mois de mésuage, à la suite d’une injection, apparaissaient des lésions violacées du mollet gauche, livédoïdes d’évolution nécro- tique en leur centre, très douloureuses. Rapidement apparaissait une mononévrite tronquée L5-S1 gauche confirmée à l’EMG. Les explorations immunologiques et infectieuses étaient négatives. La biopsie cutanée retrouvait de multiples thromboses capillaires du derme réticulé, sans vascularite. Nous retenons le diagnostic de syndrome de Nicolau consécutif à l’injection d’un générique de la buprénorphine associée à des lésions nerveuses périphériques post-injection. Patients et méthodes.— Le syndrome de Nicolau est une nécrose aseptique cutanée parfois musculaire, observée au site d’injection le plus souvent intramusculaire mais aussi intravasculaire d’une thé- rapeutique ; caractérisé par une nécrose des glandes eccrines avec des thromboses des vaisseaux de moyen et petit calibres du derme réticulé, sans vascularite. Résultats.— Plusieurs hypothèses physiopathologiques ont été pro- posées : l’injection péri-artérielle ou périnerveuse peut produire une douleur locale intense avec vasospasme par stimulation sympa- thique, conduisant à une ischémie avec nécrose musculaire et/ou cutanée ; une injection intra-artérielle accidentelle de solution vis- queuse peut provoquer une occlusion embolique des petites artères de la peau ; l’injection vasculaire ou périvasculaire provoque une lésion artérielle, conduisant à la nécrose cutanée. Classiquement, on note une douleur intense au site d’injection avec une pâleur cutanée du fait d’un vasospasme, suivie d’une macule érythmateuse évoluant sur 24 heures vers une lésion violacée livédoïde avec des extensions ramifiées qui deviennent hémorragiques et nécrotiques. Conclusion.— En avril 2013, l’ANSM publiait un dossier sur les consé- quences sanitaires du mésusage par injection du Subutex ® et de ses génériques, dans lequel étaient recensés 27 cas de complications cutanées survenues avec des injections IV de buprénorphine à type de dermite livédoïde avec évolution nécrotique (23 avec le géné- rique, 4 avec le Subutex). Une hypothèse avancée pour expliquer ces différences de fréquence entre le princeps et le générique serait la présence de talc et de silice colloïdale dans l’excipient du générique. http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2013.12.069 P24 Ulcères digitaux dans la sclérodermie systémique : rechercher une artériopathie distale des membres supérieurs A. Khau Van Kien CHU Saint-Éloi, Montpellier, France Mots clés : Ulcères digitaux ; Thrombose ulnaire Objectifs.— Les ulcères digitaux sont une complication fréquente de la sclérodermie systémique. Le handicap fonctionnel dû aux ulcères digitaux souligne l’importance de réduire l’apparition de nouveaux ulcères digitaux afin d’en diminuer la conséquence. Le risque de survenue d’un ulcère digital est corrélé à la sévérité de l’atteinte microangiopathique. La macroangiopathie des artères digitales est moins décrite dans la sclérodermie et probablement sous-estimée. Nous rapportons l’observation d’une patiente présentant une arté- riopathie digitale expliquant l’évolution atypique des ulcères et leur mécanisme souvent intriqué. Patiente et méthodes.— Mme C, 40 ans, est suivie pour une sclérodermie systémique diagnostiquée en 2008. En avril 2009, apparaissent les premiers ulcères digitaux ischémiques bilatéraux avec une cicatrisation plus longue des ulcères pulpaires de la main gauche. Au cours du suivi, elle présente un ulcère baro-traumatique au niveau de la face dorsale de l’interphalangienne proximale du troisième doigt de la main gauche avec absence de cicatrisation après 3 mois d’évolution nécessitant la réalisation d’un lambeau de couverture et une perfusion d’ilomédine pendant 21 jours. Un ulcère sur une calcinose de la première phalange du quatrième doigt de la main gauche évolue vers la nécrose. L’évolution ultérieure est marquée par de nombreuses récidives d’ulcères digitaux pulpaires ischémiques de la main gauche avec des auto-amputations malgré l’évitement du froid, le traitement par inhibiteur calcique et le bosentan. Résultats.— Devant la sévérité de l’atteinte ischémique pulpaire et l’évolution atypique des ulcères baro-traumatiques et sur calci- nose, une artériopathie distale sous-jacente est recherchée. Une échographie-Doppler des artères des membres supérieurs met en évidence une thrombose de l’artère ulnaire gauche et des flux amor-

Syndrome de Nicolau secondaire à un mésusage du générique de la buprénorphine

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144 Abstracts

responsable d’une thyroïdite, fréquemment associée à une fibrosesystémique. Décrite en 1896 par Riedel, il s’agit d’une maladie rare,avec moins de 20 cas décrits dans les 20 dernières années.Patiente et méthodes.— Nous rapportons le cas d’une patiente de53 ans hospitalisée pour la découverte fortuite d’une fibrose rétro-péritonéale avec anévrisme de l’artère splénique, sur un scannerthoraco-abdomino-pelvien de suivi d’un carcinome papillaire thyroï-dien, initialement diagnostiqué sur nodule palpable dans le cadred’une thyroïdite à anticorps anti-TPO négatifs. Une chirurgie endeux temps avait été réalisée, retrouvant une thyroïde difficile-ment dissécable, fibrineuse, adhérente aux structures adjacentes,compliquée d’une paralysie récurrentielle. À l’anatomopathologie,on mettait en évidence un carcinome papillaire pT3 et intense thy-roïdite lymphocytaire. Un scanner de suivi à 6 mois retrouvait unefibrose rétropéritonéale et péri-aortique étendue aux deux iliaquesprimitives mais à distance des voies urinaires, avec signes d’aortiteet anévrisme sacciforme de 17 mm de l’artère splénique sans signesde complication, chez une patiente asymptomatique, avec syn-drome inflammatoire biologique. Dans ce contexte, les lames dethyroïdectomie ont été relues, concluant à une thyroïdite de Rie-del. La patiente a été traitée par corticothérapie, et embolisationde l’anévrisme à distance.Résultats.— La fibrose rétropéritonéale et la thyroïdite de Riedelsont 2 pathologies inflammatoires fibrosantes rares, potentielle-ment associées. Les manifestations cliniques les plus fréquemmentobservées sont secondaires au retentissement par engainement desvoies urinaires excrétrices avec risque d’altération de la fonctionrénale. La présentation clinique est originale par la présence d’unanévrisme de l’artère splénique avec voies urinaires libres. Cetableau clinique pourrait s’intégrer dans le cadre de la descriptionrécente de pathologies systémiques fibrosantes associées à un tauxélevé d’IgG4 plasmatiques.Conclusion.— Ce cas mérite d’être rapporté devant l’associationd’un carcinome papillaire-Riedel et sa présentation inflamma-toire vasculaire de fibrose rétropéritonéale avec un premier casd’anévrisme artériel.

http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2013.12.068

P23Syndrome de Nicolau secondaire à unmésusage du générique de labuprénorphineO. Espitia a, C. Vigneau-Victorri b, P. Leloup c,C. Bernier c, R. Boquié b, P. Woaye-Hune a,M.A. Pistorius a

a Médecine interne, Nantes, Franceb Pharmacologie clinique, Nantes, Francec Dermatologie, Nantes, France

Mots clés : Syndrome de Nicolau ; Générique buprénorphineObjectifs.— Nous rapportons l’observation d’un patient de 33 ans,ancien toxicomane bénéficiant d’un traitement de substitution parun générique de la buprénorphine. Il s’administrait une formeorale du générique en intraveineux au niveau des mollets. Après18 mois de mésuage, à la suite d’une injection, apparaissaient deslésions violacées du mollet gauche, livédoïdes d’évolution nécro-tique en leur centre, très douloureuses. Rapidement apparaissaitune mononévrite tronquée L5-S1 gauche confirmée à l’EMG. Lesexplorations immunologiques et infectieuses étaient négatives. Labiopsie cutanée retrouvait de multiples thromboses capillaires duderme réticulé, sans vascularite. Nous retenons le diagnostic desyndrome de Nicolau consécutif à l’injection d’un générique dela buprénorphine associée à des lésions nerveuses périphériquespost-injection.Patients et méthodes.— Le syndrome de Nicolau est une nécroseaseptique cutanée parfois musculaire, observée au site d’injection

le plus souvent intramusculaire mais aussi intravasculaire d’une thé-rapeutique ; caractérisé par une nécrose des glandes eccrines avecdes thromboses des vaisseaux de moyen et petit calibres du dermeréticulé, sans vascularite.Résultats.— Plusieurs hypothèses physiopathologiques ont été pro-posées : l’injection péri-artérielle ou périnerveuse peut produireune douleur locale intense avec vasospasme par stimulation sympa-thique, conduisant à une ischémie avec nécrose musculaire et/oucutanée ; une injection intra-artérielle accidentelle de solution vis-queuse peut provoquer une occlusion embolique des petites artèresde la peau ; l’injection vasculaire ou périvasculaire provoque unelésion artérielle, conduisant à la nécrose cutanée. Classiquement,on note une douleur intense au site d’injection avec une pâleurcutanée du fait d’un vasospasme, suivie d’une macule érythmateuseévoluant sur 24 heures vers une lésion violacée livédoïde avec desextensions ramifiées qui deviennent hémorragiques et nécrotiques.Conclusion.— En avril 2013, l’ANSM publiait un dossier sur les consé-quences sanitaires du mésusage par injection du Subutex® et de sesgénériques, dans lequel étaient recensés 27 cas de complicationscutanées survenues avec des injections IV de buprénorphine à typede dermite livédoïde avec évolution nécrotique (23 avec le géné-rique, 4 avec le Subutex). Une hypothèse avancée pour expliquerces différences de fréquence entre le princeps et le génériqueserait la présence de talc et de silice colloïdale dans l’excipientdu générique.

http://dx.doi.org/10.1016/j.jmv.2013.12.069

P24Ulcères digitaux dans la sclérodermiesystémique : rechercher uneartériopathie distale des membressupérieursA. Khau Van KienCHU Saint-Éloi, Montpellier, France

Mots clés : Ulcères digitaux ; Thrombose ulnaireObjectifs.— Les ulcères digitaux sont une complication fréquente dela sclérodermie systémique. Le handicap fonctionnel dû aux ulcèresdigitaux souligne l’importance de réduire l’apparition de nouveauxulcères digitaux afin d’en diminuer la conséquence. Le risque desurvenue d’un ulcère digital est corrélé à la sévérité de l’atteintemicroangiopathique. La macroangiopathie des artères digitales estmoins décrite dans la sclérodermie et probablement sous-estimée.Nous rapportons l’observation d’une patiente présentant une arté-riopathie digitale expliquant l’évolution atypique des ulcères et leurmécanisme souvent intriqué.Patiente et méthodes.— Mme C, 40 ans, est suivie pour unesclérodermie systémique diagnostiquée en 2008. En avril 2009,apparaissent les premiers ulcères digitaux ischémiques bilatérauxavec une cicatrisation plus longue des ulcères pulpaires de la maingauche. Au cours du suivi, elle présente un ulcère baro-traumatiqueau niveau de la face dorsale de l’interphalangienne proximale dutroisième doigt de la main gauche avec absence de cicatrisationaprès 3 mois d’évolution nécessitant la réalisation d’un lambeaude couverture et une perfusion d’ilomédine pendant 21 jours. Unulcère sur une calcinose de la première phalange du quatrième doigtde la main gauche évolue vers la nécrose. L’évolution ultérieure estmarquée par de nombreuses récidives d’ulcères digitaux pulpairesischémiques de la main gauche avec des auto-amputations malgrél’évitement du froid, le traitement par inhibiteur calcique et lebosentan.Résultats.— Devant la sévérité de l’atteinte ischémique pulpaireet l’évolution atypique des ulcères baro-traumatiques et sur calci-nose, une artériopathie distale sous-jacente est recherchée. Uneéchographie-Doppler des artères des membres supérieurs met enévidence une thrombose de l’artère ulnaire gauche et des flux amor-