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dépasser les frontières © CNRS. Conception graphique Sarah Landel d’après des photos CNRS Photothèque. t a l e n t s d u c n r s 2013 médailles d’argent médailles de bronze médailles de bronze cristal

t du cnrs 2013 · mique Fonctionnelle de Lyon (IGFL). Il y a pris la direction de la nouvelle équipe de recherche Ontogénèse et interactions moléculaires au sein des nouveaux

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La médaille d’argent du CNRS distingue un chercheur pour l’originalité, la qualité et l’importance de ses travaux, reconnus sur le plan national et international.

médaille d’argent

La médaille de bronze récompense le premier travail d’un chercheur, qui fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine. Cette récompense représente un encouragement du CNRS à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes.

médailles de bronzemédailles de bronze

Le cristal du CNRS, créé en 1992, distingue chaque année des ingénieurs, des techniciens et des administratifs. Il récompense celles et ceux qui, par leur maîtrise technique et leur sens de l’innovation, contribuent, aux côtés des chercheurs, à l’avancée des savoirs et à l’excellence de la recherche française.

cristal

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Directeur de recherche CNRS au Laboratoire de l’Informatique du Parallélisme (LIP) et spécialiste de l’arith-métique des ordinateurs, Jean-Michel Muller est aujourd’hui récompensé pour l’ensemble de ses travaux par la médaille d’argent du CNRS. Après une thèse en mathématiques appliquées, il rentre au CNRS en 1986 comme chargé de recherche dans un laboratoire grenoblois. Il étudie alors des algorithmes pouvant être effectués via des circuits électroniques. Ces premiers travaux, qu’il poursuit à son arrivée au Laboratoire de l’Informatique du Parallélisme, lui valent d’être récompensé par la médaille de bronze du CNRS en 1990. Il s’est aujourd’hui spécialisé dans les méthodes de calcul des fonctions mathématiques de base et dans l’arithmétique « virgule flottante » qui constitue une manière de représenter les nombres sur ordinateur, très utilisée pour le calcul intensif. Aujourd’hui, les algorithmes arithmétiques sont utilisés dans de nom-breux domaines et permettent de faire fonctionner des objets dont nous avons un usage quotidien, comme les téléphones portables. Le but des travaux de Jean-Michel Muller est de faire que cette arithmétique soit la plus fiable possible afin de rendre ces technologies plus sûres et plus performantes. Cela peut s’avérer crucial dans certains domaines, comme l’aéronautique où la fiabilité des calculs est indispensable. Il s’agit donc de « limiter les petites erreurs de calcul des ordinateurs pour éviter les catastrophes ».Occupant de nombreuses fonctions administratives, comme la direction du LIP, de 2001 à 2006, il a su pour-tant trouver un équilibre qui lui permet de toujours garder pied dans ses activités de recherche. La trans-mission des connaissances est aussi quelque chose qui lui tient à cœur, notamment par l’encadrement de doctorants et l’enseignement mais aussi par sa participation à des actions vers le grand public car il estime qu’il est « important que les gens comprennent l’intérêt de la recherche et son utilité sociale ».

| Laboratoire de l’Informatique du Parallélisme (LIP), CNRS/ENS Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1/INRIA

| www.ens-lyon.fr/LIP/web-n/

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Jean-Michel MullerApprendre le calcul aux ordinateurs

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Italienne et originaire de Sardaigne, Angela Sirigu rentre au CNRS en 1996, alors qu’elle travaille dans l’un des laboratoires de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. En 1998, Marc Jeannerod, qui vient de fonder l’Institut des Sciences Cognitives à Bron, lui propose d’y prendre la direction d’une équipe au sein de l’actuel Centre de Neuroscience Cognitive (CNC). Une « très belle opportunité » qui lui permet de lancer ses propres projets de recherche de façon indépendante. Ses thématiques, portant notamment sur la représentation cérébrale du mouvement et sur les processus décisionnels, ont bien sûr quelque peu évolué avec les années et aujourd’hui, son équipe s’intéresse tout particulièrement à l’autisme. Très touchée que l’ensemble de ses travaux soit reconnu par cette médaille d’argent, Angela Sirigu se dit «  très reconnaissante  » envers le CNRS pour lequel elle a un profond attachement. «  Je dois beaucoup au CNRS et ce prix a donc une valeur particulière pour moi. » Elle fait part des étapes charnières de sa carrière, constituées notamment par d’importantes publications. Ce fut le cas dans la revue Science, en 1996 puis en 2009, où son travail a remis en cause le modèle établi en démontrant toute l’importance de la préparation préalable d’un mouvement via sa représentation au niveau du cortex pariétal, région du cerveau située à l’arrière de la tête, puis sur l’implication de ce dernier dans l’élaboration de l’intention de mouvement. La thématique de recherche de son équipe sur l’autisme n’est pas en reste avec une importante publication dans PNAS, montrant pour la première fois chez l’homme que l’ocytocine, une hormone, permet une amélioration des comportements sociaux, en particulier pour les patients autistes. « Cette étude a donné lieu à toute une série de projets de recherche, qui sont en cours, avec des résultats très intéressants au niveau fondamental qui ont aussi un fort potentiel au niveau thérapeutique. »

| Centre de Neuroscience Cognitive, CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1

| http://cnc.isc.cnrs.fr/index.php

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Angela SiriguDes recherches au cœur du fonctionnement cérébral

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Chargée de recherche CNRS au sein de l’équipe Fonctionnalité et dynamique du tissu cutané du Labora-toire de Biologie Tissulaire et Ingénierie Thérapeutique (LBTI), Bérengère Fromy est chercheuse dans le do-maine de la biologie. Elle a toutefois un parcours assez atypique puisqu’elle est, à la base, mathématicienne. Passionnée de sciences et en particulier de mathématiques et de mécanique, elle travaille, lors de sa thèse au Pays de Galles, à l’élaboration d’un modèle mathématique des effets vasculaires des bas de contention. C’est cette thématique qui lui ouvre les portes de la biologie. Son modèle mathématique a d’ailleurs amené un réel changement de paradigme en physiologie car il montre que contrairement à ce qui était admis jusque-là, appliquer une légère pression sur la peau favorise la microcirculation sanguine en provoquant une dilatation des vaisseaux. Il est en effet largement reconnu aujourd’hui que les massages, par exemple, sont bénéfiques à la circulation sanguine. Cette mathématicienne de formation, qui a intégré le CNRS en 2002 et le LBTI en 2011, s’est donc retrouvée au milieu de biologistes et a dû apprendre sur le tas tout le côté expérimental que requiert la recherche en physiologie. Mais avec maintenant une dizaine d’années d’expérience, son profil est une vraie force qui bénéficie à toute l’équipe. Aujourd’hui, ce sont sans doute ses travaux publiés, en 2012, dans la prestigieuse revue Nature Medicine qui lui valent d’être récompensée par la médaille de bronze du CNRS. Cette publication a mis en évidence l’existence d’un canal mécano-sensible, acteur essentiel du mécanisme de protection du tissu cutané en réponse aux fortes pressions, qui permet d’éviter des lésions comme les escarres. Fruit de nombreuses années de recherche, ces travaux ouvrent au-jourd’hui la voie à des applications thérapeutiques. En effet, les résultats ont montré que chez les personnes présentant un risque particulier de formation d’escarres, comme les personnes âgées ou paraplégiques, ce mécanisme de protection de la peau est déficient.

| Laboratoire de Biologie Tissulaire et Ingénierie Thérapeutique (LBTI), CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1,

|l’un des deux laboratoires de l’Institut de Biologie et de Chimie des Protéines

|www.ibcp.fr/dyhtit/

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Bérengère FromyUne mathématicienne au service de la biologie

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Chargé de recherche CNRS au sein de l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (IGFL), François Leulier y dirige, depuis août 2012, la nouvelle équipe Génomique fonctionnelle des interactions hôte/bactéries intestinales. Avec une thématique de recherche qui a évolué depuis son début de carrière, il se consacre aujourd’hui à l’étude du rôle des communautés bactériennes présentes dans les intestins des animaux en s’appuyant sur une approche génétique. Il passe sa thèse en 2003 au Centre de Génétique Moléculaire de Gif-sur-Yvette, sous la tutelle de Bruno Lemaître : l’occasion pour lui d’appliquer ses connaissances à l’immu-nologie. Et c’est en menant ses travaux sur la drosophile, cette petite mouche qui constitue un modèle de référence pour la recherche en génétique, qu’il a pu caractériser certains mécanismes qui soutiennent la résistance aux infections bactériennes. Lors de son passage à l’Institut de Biologie du Développement de Marseille Luminy, où il travaille durant trois ans, il fait émerger la thématique de recherche qu’il exploite aujourd’hui à l’IGFL. Ses travaux, centrés sur la réponse immunitaire du système digestif de la drosophile, ont alors mis en évidence une mutation génétique qui engendre, non pas une déficience mais, au contraire, une hyper activation immunitaire. La caractérisation de cette mutation a permis de déterminer que la com-munauté microbienne intestinale, appelée microbiote, présente chez tous les animaux de manière bégnine voire parfois bénéfique, joue un rôle dans la régulation de la réponse immunitaire de l’organisme. Ses re-cherches, quelque peu réorientées par cette découverte, ont mené à une publication, en 2011, montrant que ces communautés microbiennes sont essentielles pour potentialiser la phase de croissance et le déve-loppement juvénile de la drosophile. Actuellement, ses travaux se concentrent sur une souche bactérienne de lactobacille qui permet de reproduire l’ensemble de l’activité du microbiote chez la drosophile. « Cette approche constitue le cœur du projet actuel de mon équipe avec cette originalité d’étudier la génétique des deux côtés de la relation hôte/bactérie ».

| Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (IGFL), CNRS/ENS Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1

|http://igfl.ens-lyon.fr/

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François LeulierLa génétique pour comprendre le rôle des bactéries intestinales

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Nouvellement directeur de recherche CNRS, Samir Merabet a rejoint, à l’automne 2012, l’Institut de Géno-mique Fonctionnelle de Lyon (IGFL). Il y a pris la direction de la nouvelle équipe de recherche Ontogénèse et interactions moléculaires au sein des nouveaux locaux de l’institut, sur le campus de l’ENS Gerland. Ama-teur de sport, Samir Merabet a longtemps hésité à se tourner vers l’enseignement en éducation physique et sportive. Finalement, sa curiosité scientifique prend le dessus et il passe une thèse, en quatre ans, durant laquelle il étudie la famille des protéines Hox. Il découvre alors qu’un des motifs les plus connus de ces protéines ne fonctionne pas de manière attendue dans certains processus développementaux. Il lui a fallu de nombreuses années de travail, notamment lors de son post-doctorat à Bâle, en Suisse, pour appuyer et étayer sa découverte. « Lorsque l’on remet en cause un modèle, il faut vraiment tout décortiquer de A à Z », précise-t-il. A la suite de son post-doctorat, il intègre le CNRS en 2005, dans un laboratoire marseillais. Il rejoint l’IGFL en 2012 où il continue d’explorer le fonctionnement des gènes de la famille Hox. Ces gènes contrôlent notamment le développement de l’axe antéro-postérieur (de la tête aux pieds) d’un organisme et jouent aussi un rôle important dans la mise en place de différents organes. Le mode de fonctionne-ment des protéines Hox recèle encore de nombreuses inconnues. En effet, la plupart des partenaires (ou cofacteurs) des protéines Hox restent à identifier, et « le tout forme un puzzle vraiment très compliqué », ajoute Samir. Ces questions sont posées non seulement au cours du développement embryonnaire de la mouche des fruits, Drosophila melanogaster, mais également dans un système cellulaire mimant les leucé-mies aiguës. Ces dernières recherches pourraient permettre, à plus long terme, de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques.

| Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (IGFL), CNRS/ENS Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1

|http://igfl.ens-lyon.fr/

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Samir MerabetÉclairer les bases génétiques du développement d’un organisme

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Aujourd’hui jeune chercheur CNRS en mathématiques, Romain Tessera était à l’origine surtout attiré par les sciences cognitives et la physique et voyait les mathématiques avant tout comme un outil. C’est lors de ses années à l’ENS Paris qu’il se découvre une passion pour les mathématiques pures et qu’il décide d’effectuer une thèse dans ce domaine puis un post-doctorat aux États-Unis. Ce séjour de près de trois ans à l’Université Vanderbilt de Nashville, capitale du Tennessee, a été une expérience particulièrement importante pour lui qui voulait découvrir un nouvel environnement de recherche et s’enrichir d’autres méthodes de travail et d’enseignement. A son retour, en 2008, il rejoint, comme chargé de recherche, l’Unité de Mathématiques Pures et Appliquées (UMPA). C’est un attrait particulier pour la ville de Lyon, sa proximité avec la montagne (il pratique l’escalade) ainsi que l’environnement de travail de l’ENS de Lyon qui ont fait qu’il n’a pas hésité à rejoindre l’UMPA. Un de ses travaux de recherche actuel consiste à traduire sous la forme d’équations simples des propriétés géométriques d’objets complexes. Pour lui, dans son domaine très théorique, il n’est pas essentiel de réfléchir aux applications concrètes qui peuvent découler de ses travaux. Se distancer de l’origine «pratique» ou «appliquée» d’un problème mathématique lui semble même nécessaire afin de pou-voir résoudre ce problème dans sa globalité. « De cette façon, un problème peut être compris dans toute sa profondeur et les possibilités s’en trouvent ainsi élargies pour la recherche plus appliquée ». Beaucoup d’étapes doivent être franchies pour passer de la théorie aux applications concrètes et ce sont sans doute ces nombreuses nuances qui caractérisent la recherche en mathématiques et qui font la richesse de cette discipline. Dans sa vision des choses, les mathématiciens sont là pour résoudre des problèmes mais aussi pour en apporter de nouveaux, « se poser une bonne question fait aussi avancer ».

| Unité de Mathématiques Pures et Appliquées (UMPA), CNRS/ENS de Lyon

|www.umpa.ens-lyon.fr

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Romain TesseraDompter les mathématiques pour comprendre des géométries complexes

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Aujourd’hui chargé de recherche CNRS au laboratoire de Reproduction et Développement des Plantes (RDP), Teva Vernoux y dirige l’équipe signalisation hormonale et développement, créée à l’automne 2012. Avec des parents enseignants dans le domaine des sciences, et une enfance passée entre le Maroc et Tahiti (sa mère est antillaise) où il passait beaucoup de temps dans la nature, Teva a toujours adoré les plantes et la biologie et il confie d’ailleurs avec un sourire : « ce n’est pas par erreur que je travaille là-dessus ». Diplômé de l’ENS Paris, il effectue un service civique à l’Université de Gand en Belgique au sein du laboratoire de génétique. Il revient ensuite en France pour passer sa thèse à l’INRA, sous la tutelle de Jan Traas, actuel directeur du RDP, et se consacre alors à l’étude de l’auxine, une hormone végétale. Après un post-doctorat aux États-Unis, il intègre l’équipe méristème du RDP. L’obtention de financements indépendants lui a rapide-ment permis de développer sa thématique de recherche et de monter son équipe actuelle avec laquelle il travaille toujours à comprendre le rôle de l’auxine et des mécanismes qu’elle régule. Cette hormone consti-tue un signal qui est relayé dans les cellules de la plante via ce que l’on appelle une cascade de signalisation, aboutissant à la construction de la structure de la plante et notamment au développement de ses organes aériens comme les feuilles et les fleurs. Ces recherches ont mené au développement d’un nouvel outil, un senseur, qui permet de visualiser, quasiment en temps réel, la distribution spatiotemporelle du signal dans les structures de la plante. Cela a permis à son équipe d’étudier directement l’ensemble de la cascade de signalisation initiée par l’auxine qui est une toute petite molécule dont la trace est difficile à pister dans un organisme. Le senseur développé par son équipe constitue donc un outil qu’il qualifie « d’absolument fondamental pour comprendre de quoi on parle ». Très pris par toutes ces activités, ce passionné de pho-tographie se nourrit aussi d’un bon équilibre avec sa vie familiale qui lui permet de rester efficace dans la conduite de ses travaux de recherche.

| Laboratoire de Reproduction et Développement des Plantes (RDP), CNRS/ENS de Lyon/INRIA/Université Claude Bernard Lyon 1

|www.ens-lyon.fr/RDP/

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Teva VernouxComprendre le développement des plantes grâce à une hormone

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Aujourd’hui chargée de recherche CNRS au sein du Laboratoire Magmas et Volcans de Clermont-Ferrand (LMV), Maud Boyet est membre de l’équipe Géochimie . Ses travaux ont notamment permis de faire évoluer les hypothèses sur la différenciation primitive de la Terre, mécanisme ayant abouti à la formation du noyau, du manteau et de la croûte terrestre.Après une thèse, qu’elle a passée en quatre ans, portant sur un sujet très ambitieux visant à comprendre la différenciation de notre planète dans les premiers stades de son évolution, Maud Boyet poursuit ce travail lors d’un post-doctorat de deux ans à l’Institut Carnegie de Washington DC. Membre du LMV et personnel CNRS depuis 2007, elle est aujourd’hui récompensée par cette médaille de bronze, notamment pour ses travaux de post-doctorat, publiés dans la prestigieuse revue Science. Pour décrypter l’évolution de la Terre dans ses stades précoces, les chercheurs prennent comme référence les chondrites, un certain type de mé-téorites, qui sont composées de roches indifférenciées. Elle constate alors une petite anomalie dans une des valeurs de référence utilisée depuis plusieurs décennies et de nouvelles mesures la font s’apercevoir que la valeur admise par la communauté scientifique est en fait erronée. Cela a conduit à une remise en cause de l’hypothèse établie et « a fait beaucoup de bruit dans la communauté scientifique car nous avons alors pu dater un événement de différenciation terrestre qui n’était pas du tout connu », avoue la scientifique. Il était admis jusque-là que notre planète s’était différenciée sur une plus longue période pour aboutir à la structure que nous connaissons aujourd’hui : un noyau métallique autour duquel se trouvent le manteau puis la croûte. Grâce à sa découverte, Maud Boyet a pu montrer que la Terre s’est en fait différenciée sur une période de 30 millions d’années, c’est-à-dire très rapidement au regard des quelques 4,5 milliards d’années de la planète. Toutefois, il reste encore des précisions à apporter, « aujourd’hui, j’essaye d’affiner ce modèle, notamment grâce à l’analyse d’échantillons terrestres ».

| Laboratoire Magmas et Volcans (LMV), CNRS/Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand 2/Université Jean Monnet Saint-Etienne/IRD

|http://wwwobs.univ-bpclermont.fr/lmv/index.php

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Maud BoyetDes météorites pour comprendre la formation de la Terre

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Ingénieure d’étude au CIHAM, laboratoire qui étudie l’histoire, l’archéologie et la littérature des mondes chrétiens et musulmans médiévaux, Marjorie Burghart fait partie des IT (Ingénieurs et Techniciens) qui as-surent le support et l’accompagnement de la recherche. Cette passionnée d’histoire mène de front son tra-vail d’ingénieure et une thèse sur la prédication au XIIIème siècle. Après une maîtrise d’histoire médiévale, son intérêt pour l’informatique et ses savoir-faire l’amènent à compléter son cursus par un DESS dans ce domaine. Aujourd’hui, elle se définit avant tout comme une historienne qui s’appuie sur ses connaissances en informatique pour ouvrir les projets de recherche auxquels elle participe aux Humanités numériques, une transdiscipline au croisement des sciences humaines et de certaines technologies numériques. Res-ponsable de service informatique à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée pendant 5 ans, Marjorie Burghart rejoint le CIHAM en 2006 pour être plus directement impliquée dans la recherche en sciences humaines. Son rôle y est triple : accompagner les projets de recherche dans leur dimension « Humanités numériques » (en particulier l’édition électronique, qui est sa spécialité) ; participer plus généralement au développement des Humanités numériques dans les études médiévales ; et enfin assurer le transfert de connaissances par l’organisation de séminaires ou la production d’articles scientifiques. Occupant des res-ponsabilités importantes dans les organisations internationales qui structurent son domaine (elle termine par exemple un mandat de deux ans au Board of Directors du Consortium de la Text Encoding Initiative), elle apprécie aussi tout particulièrement les actions auprès du grand public. L’atelier paléographie (étude des écritures manuscrites anciennes) qu’elle a organisé, lors de la Fête de la Science, a d’ailleurs été une expérience particulièrement réussie permettant au public de mieux comprendre comment se fait l’histoire médiévale, l’importance du travail au contact direct des documents orginaux et la teneur réelle du métier d’historien.

|Laboratoire Histoire, archéologie, littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (CIHAM), CNRS, EHESS, ENS Lyon, |Université Lumière Lyon 2, Université Jean Moulin Lyon 3 et Université d’Avignon|http://ciham.ish-lyon.cnrs.fr/

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Marjorie BurghartMettre l’informatique au service de l’Histoire

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Aujourd’hui ingénieur d’études CNRS, Marc Moulin dirige l’atelier de l’ENS de Lyon. A l’écoute des besoins des chercheurs, il met son expertise de la mécanique à leur service pour la réalisation de montages uniques qui leur permettent de conduire leurs expérimentations et ainsi de mener à bien leurs travaux. Occuper un poste de support à la recherche est une situation qui l’attirait tout particulièrement : « on est proche des chercheurs et on fait un travail plus varié que dans l’industrie, avec à la fois le côté bureau d’étude et le côté production. » Si Marc Moulin est rentré au CNRS en 1991, sur un poste d’assistant ingénieur, il travaille en fait à l’atelier de l’ENS de Lyon depuis sa création, en 1988, et a pu suivre son évolution tout au long de ces vingt-cinq dernières années : « On a commencé avec du vieux matériel puis on a petit à petit amélioré et modernisé tout ça, jusqu’aux dernières machines à commandes numériques. » Il dirige aujourd’hui une équipe de quatre personnes. Chaque membre de l’équipe porte un projet, directement en collaboration avec les chercheurs concernés, pour réaliser des pièces ou des ensembles qui n’existent pas dans le com-merce. Un cahier des charges est établi, puis le travail s’effectue en deux temps : une partie bureau d’étude pour la réalisation des plans, puis une partie consacrée à la production du montage qui permettra aux cher-cheurs de réaliser leurs expérimentations. Les montages réalisés sont bien souvent uniques et demandent de savoir innover pour satisfaire les demandes. Entre les cellules de croissance pour cristaux liquides, les montages d’hydrodynamique et autres générateurs d’ondes, certaines réalisations ont marqué la carrière de Marc Moulin. C’est le cas du montage de l’instrument VKS, du CEA-Cadarache, clé de voûte d’une expéri-mentation visant à démontrer l’origine du champ magnétique terrestre. Ayant nécessité 10 ans de travail, il s’agit « du plus complexe et du plus important » dont il ait eu la charge.

| Laboratoire de Physique, ENS Lyon/CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1

|www.ens-lyon.fr/PHYSIQUE/

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Marc MoulinL’ingénierie au service de la recherche