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FUTUR PROCHE LES MILLIARDAIRES COMMENT LES ULTRA-RICHES NUISENT À LÉCONOMIE LINDA MCQUAIG NEIL BROOKS Extrait de la publication

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Pour saisir toute la démesure de la fortune du milliardaire, on peut se demander de combiende temps aurait besoin Bill Gates […] pour compter ses 53 milliards. S’il les comptait

jour et nuit, sans jamais s’arrêter, au rythme d’un dollar par seconde, il bouclerait l’exercice en1 680 ans. Autrement dit, s’il s’était attelé à la tâche en 330, année où l’empereur romainConstantin faisait bouillir sa femme vivante et inaugurait sa nouvelle capitale de Constantinople,il serait aujourd’hui tout juste en train de finir. »

Notre société fait souvent des plus grandes fortunes le gage d’une réussite flamboyante oud’un talent hors du commun. Il existerait des individus à tel point virtuoses et dont la contribu-tion au progrès serait si décisive qu’ils mériteraient d’en être majestueusement remerciés.Pourtant, une telle concentration du pouvoir économique entre si peu de mains n’est pas sansdommages. Elle a un impact négatif sur la qualité de vie de millions de personnes et, surtout,elle constitue une menace directe au fonctionnement même de la démocratie.

Les milliardaires entreprend une démolition en règle des justifications apportées à l’existencede fortunes aussi démesurées que déraisonnables. Bien documentée, cette satire mordante desprétendus bienfaits collectifs de l’extrême richesse se termine en ouvrant les possibilités d’unefiscalité plus juste.

Chroniqueuse politique au Toronto Star, ancienne reporter au Globe and Mail, Linda McQuaig a remporté le NationalNews Paper Award pour son travail de journaliste. Elle est l’auteure de nombreux essais, dont Le grand banquet.�Lasuprématie de la cupidité et de�l'appât du gain (Écosociété).

Neil Brooks a enseigné le droit fiscal à la Osgoode Hall Law School pendant plus de 35 ans. Spécialiste de l’impôtsur le revenu, il y dirige maintenant le programme de deuxième cycle en fiscalité.

isbn : 978-2-89596-167-3prix : 24,95$ – 20e

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linda mcquaig et neil brooks

les milliardairesComment les ultra-riches nuisent à l’économie

Traduit de l’anglais par Nicolas Calvé

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Déjà parus dans la collection « Futur proche »– Normand Baillargeon et Jean-Marc Piotte (dir.), Au bout de l’impasse,

à gauche. Récits de vie militante et perspectives d’avenir– Gaétan Breton, La dette : règlement de comptes– Gaétan Breton, Faire payer les pauvres. Éléments pour une fi scalité

progressiste– Gaétan Breton, Tout doit disparaître. Partenariats public-privé et

liquidation des services publics– Jean Bricmont, L’impérialisme humanitaire. Droit humanitaire,

droit d’ingérence, droit du plus fort ? – Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir– Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme

au xxie siècle– Francis Dupuis-Déri (dir.), Québec en mouvements. Idées et pratiques

militantes contemporaines– Chris Hedges, L’empire de l’illusion. La mort de la culture et le triomphe

du spectacle– Chris Hedges, La mort de l’élite progressiste– Edward S. Herman et David Peterson, Génocide et propagande.

L’instrumentalisation politique des massacres– Razmig Keucheyan, Hémisphère gauche. Une cartographie des nouvelles

pensées critiques– Andrea Langlois et Frédéric Dubois (dir.), Médias autonomes. Nourrir

la résistance et la dissidence– Luc Rabouin, Démocratiser la ville. Le budget participatif : de Porto Alegre

à Montréal– Sherene H. Razack, La chasse aux Musulmans. Évincer les Musulmans de

l’espace politique

© Lux Éditeur, 2013, pour la présente éditionwww.luxediteur.com

© Linda McQuaig et Neil BrooksTitre original : The Trouble with Billionaires

Image de la couverture : Dimitri Vervitsiotis/Photodisc/Getty Image

Dépôt légal : 2e trimestre 2013Bibliothèque et Archives CanadaBibliothèque et Archives nationales du QuébecISBN : 978-2-89596-167-3

Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la sodec. Nous reconnaissons l’aide fi nancière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (fl c) pour nos activités d’édition.

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PréfaceAlain Deneault

Le postulat est simple et tomberait sous le sens si nous étionsfranchement démocrates : les riches et ultra-riches ne

génèrent pas de richesse, mais l’accaparent. Ils constituent une « oligarchie » qui organise jusque dans ses moindres détails l’activité sociale de façon à ce qu’elle satisfasse ses intérêts. Les États et institutions judiciaires participent à l’édifi cation du système. Un impressionnant appareil de propagande est par ailleurs requis dans les médias et à l’université pour générer les sophismes qui donnent un semblant de consistance au discours justifi ant l’ensemble.

Dans Les milliardaires, Linda McQuaig et Neil Brooks ne se contentent pas de réfuter les prétentions idéologiques par lesquelles l’oligarchie fi nancière insulte les intelligences. Allant plus loin encore, ils suggérent que cette caste puissante se pré-sente à l’histoire comme l’auteure d’un moment d’hybris des plus saisissants, dont nous faisons collectivement les frais.

Au chapitre de l’idéologie, on comprend, à passer en revue les discours de l’heure, que l’argumentaire offi ciel de la classe fi nancière se fi ssure et dupe de moins en moins de gens. La robinsonnade, vantant les mérites de leaders fi nanciers et de techniciens créatifs, comme s’ils généraient sur une île déserte de pures inventions salvatrices pour l’humanité, résonne comme un vieux disque bloqué sur son sillon. Les intéressés se com-plaisent dans une représentation individualiste d’eux-mêmes,

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8 – LES MILLIARDAIRES

comme en témoigne l’expression hideuse dont ils s’affublent, les high net worth individuals, signifi ant littéralement les indi-vidus d’une valeur nette élevée. Il s’agit des détenteurs d’au moins un million de dollars en avoirs propres. McQuaig et Brooks s’empressent bien entendu de rappeler qu’en général, tout sujet d’une communauté dépend des éléments que les collectivités passées et présentes mettent à sa disposition pour prétendre à quelque inventivité que ce soit, toujours mineure par rapport au grand ensemble. Une œuvre littéraire est par exemple peu de choses au regard de la langue tout entière ; et il en va de même pour les découvertes technologiques. À titre d’exemple, les auteurs soulignent que Bill Gates ne passerait pas pour le grand « inventeur » qu’il est sans l’apport d’une fi rme de Seattle grâce à laquelle il a eu la chance de faire ses preuves, et celui, antérieur, de l’informaticien Gary Kildall ; sans parler de ce que l’informatique doit à l’industriel français Joseph-Marie Jacquard, au mathématicien britannique Charles Babbage et à l’ingénieur américain Herman Hollerith, au xixe siècle. Ainsi en est-il d’une multitude d’anonymes. McQuaig et Brooks rap-pellent également que c’est par hasard que l’on attribue l’in-vention du téléphone à Graham Bell plutôt qu’à Elisha Gray ou à Antonio Meucci... On peut même estimer que de telles success stories, qui inspiraient déjà Honoré de Balzac, ont pu nuire au partage de certaines technologies du fait qu’elles ont été accaparées et brevetées par des individus. Ce sont là nos illusions perdues. Malgré le caractère évident de ces observa-tions critiques, c’est à la marge des discours soutenus par les grands médias qu’on les répète, parce que l’oligarchie en ques-tion contrôle ceux-ci. Tant qu’elle aura le monopole des haut-parleurs publics, il faudra en effet quotidiennement entendre les « experts » et éditorialistes de service réitérer sur un ton docte que les impôts sur le grand capital et la réglementation des activités fi nancières consistent en un injuste châtiment infl igé au « talent », à l’« effort » ou encore à la « création de richesse », et qu’ils ont pour effet de « démotiver » la classe dirigeante.

Mais puisqu’en politique les idées ne triomphent pas d’elles-mêmes, ce discours annonce un certain nombre de pas-

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sages à l’acte inélégants, voire violents, de la part de ce groupe dominant qu’aucun scrupule ne semble arrêter. Celui-ci déve-loppe par exemple, depuis le boom des euromarchés, il y a plus de 50 ans, un régime d’États en tous points adaptés à ses dési-dératas, qu’on appelle les « paradis fi scaux ». Il s’agit de législa-tions de complaisance donnant à ceux qui y inscrivent leurs capitaux et y mènent formellement leurs activités toute lati-tude sur les plans légal, politique, réglementaire, sécuritaire et fi scal. Là, les acteurs de la fi nance, les industriels de premier plan, les courtiers en tous genres et les parrains de cartels cri-minels règnent en maître. Ils brassent ensemble la moitié des capitaux fi nanciers de la planète. James Henry, un ancien employé de McKenzie travaillant aujourd’hui pour le Réseau mondial pour la justice fi scale, estime que ce régime particu-lier de souveraineté politique profi te à seulement 1,4 % de la population. Ainsi, quand les idéologues et autres avocats plai-dant leur cause se trouvent à court d’arguments politiques, il reste le chantage. « Même si aucune de nos affi rmations n’est particulièrement vraie, n’allez pas vous imaginer que vos pions tiennent notre roi en échec. Si vous augmentez nos impôts, nous allons tout simplement déplacer notre argent à l’étranger », ainsi que le traduisent McQuaig et Brooks dans une phrase type.

En clair, les méthodes et stratagèmes par lesquels les ultra-riches ont constitué leur fortune ces dernières années relèvent de scandales conceptuels. Par exemple, les polices d’assurance sur des titres boursiers que des investisseurs se sont données (parfois avec la complicité de banques comme la très infl uente Goldman Sachs), telles que les swaps sur défaillance (ou credit default swaps, cds), leur ont permis de parier avec désinvolture sur des débâcles économiques. Pourquoi ? Parce que ces assu-rances portent sur des actifs que leurs détenteurs ne possèdent même pas eux-mêmes. C’est exactement comme se procurer une assurance sur la voiture de son voisin, en souhaitant qu’elle brûle (et en favorisant le sort au besoin). Le seul John Paulson a gagné 3,7 milliards de dollars en 2007 par ce procédé. Une compagnie d’assurance a été acculée à la faillite et des milliers

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de petits investisseurs se sont trouvés fi loutés, pendant que les autorités publiques alimentaient la remise sur pied des institu-tions fi nancières... à l’aide des deniers publics.

La perversion est totale. Sur les marchés fi nanciers, la bourse ne permet pas aux industries de concentrer des capi-taux afi n de mener à bien des entreprises d’intérêt public, elle permet à des fi nanciers d’alimenter un jeu spéculatif qui consiste à échanger à prix majorés des titres que l’on sait d’em-blée trop chers payés. Et ce, jusqu’à ce que la bulle éclate et que les derniers porteurs épongent les pertes. C’est le schème de Ponzi appliqué à l’échelle de tout un système social. La fi nance internationale s’est tant coupée de la réalité des peuples qu’elle contredit les principes économiques eux-mêmes, quel que soit le modèle qui les fonde. Le prix à payer pour enrichir les ins-tigateurs et ingénieurs de produits fi nanciers est incommen-surable, lorsqu’on tente de l’apprécier en matière de santé publique, de politiques sociales, de bien commun et d’équili-bre écosystémique. Les lois et la réglementation qui contien-nent la croissance des capitaux chez les plus riches et encadrent leurs activités vont de pair avec le développement d’une meil-leure qualité de vie chez les autres, comme on l’a vu aux États-Unis entre les années 1930 et 1970. De concert avec les mesures votées dans le cadre de la loi Glass-Steagall, le revenu des ména-ges a nettement augmenté. Même dans une optique libérale et vénale, on pouvait considérer à cette époque que les institutions fi nancières et les compagnies d’assurance étaient également davantage dignes de confi ance, ce qui avait pour conséquence d’asseoir le capital sur des bases solides. Il ne s’agit pas pour les auteurs d’exprimer la moindre nostalgie pour une époque alors aveuglée par la croissance économique, laquelle a généré des méfaits écosystémiques irréversibles. Il s’agit seulement de signaler que, ces dernières années, les classes sociales moyen-nes et pauvres n’ont profi té d’aucune façon de la fameuse « croissance économique ». Près de 24 % du revenu national aux États-Unis revient au fameux 1 %. En début d’ouvrage, les auteurs multiplient les illustrations frappantes pour témoi-gner de l’écart obscène qui sépare de manière exponentielle les

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riches et les pauvres. On doit par exemple concevoir qu’il fau-drait à Bill Gates 1 680 années ininterrompues s’il devait lui-même compter sa fortune à raison d’un billet d’un dollar par seconde. Ou admettre que les 25 gestionnaires de fonds spécu-latifs les mieux rémunérés gagnent 12 000 fois l’équivalent du salaire de l’Américain moyen. Qu’est-ce qui peut encore jus-tifi er, en effet, qu’une fi rme comme Merryll Lynch, sauvée d’un naufrage économique par l’État fédéral américain, accorde à ses cadres des bonus de l’ordre de 4 milliards de dollars alors que l’entreprise accuse des pertes de 27 milliards ? La fi nance s’impose désormais au monde comme le contraire de la notion d’économie.

Les États sont historiquement complices de cette situation. Ils ont par tous les moyens soutenu l’essor d’une classe d’in-dustriels et de fi nanciers qui aujourd’hui domine tout rapport de force avec eux, quand ces mêmes États ne déterminent pas tout bonnement qui prétendra au pouvoir avant le passage aux formalités électorales. Ce sont eux qui, quoique sans cesse décriés par les idéologues à la solde de l’oligarchie, ont ren-fl oué à coups de dizaines de milliers de milliards de dollars tirés des fonds publics les caisses des apprentis sorciers de la fi nance. Sans obtenir quoi que ce soit en contrepartie. On ne parle évidemment pas à un tel stade de sanctionner les auteurs pour crimes économiques. L’État s’est historiquement montré incapable de limiter le « droit de propriété » à une échelle qui en fasse une notion de bien commun, plutôt qu’un mode de légitimation de la spoliation. L’État s’est aussi gardé d’imposer conséquemment les détenteurs de grandes fortunes et les grands groupes fi nanciers, jadis taxés à hauteur de 80 % voire 90 % même aux États-Unis. Il s’est plutôt assuré de fi xer les taux d’intérêt à un pourcentage avantageux pour ces derniers. C’est à mille lois et ententes commerciales signées par l’État que l’on doit également la constitution du « marché », si profi table aux grands groupes industriels et commerciaux, et si contraire dans l’histoire à ce « fait de nature » auquel on veut l’assimiler. C’est encore lui qui, par différents vides législatifs, continue de faire fi des effets de l’activité industrielle sur les écosystèmes,

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considérés par les comptables comme des externalités permet-tant aux entreprises négligentes de faire des économies. Cer-taines professions qui fournissent aux grands décideurs privés leurs artisans et technocrates bénéfi cient de la protection de l’État – les avocats, ingénieurs, médecins et comptables peu-vent ainsi s’imposer comme une classe sélecte de subalternes réclamant leur dû. C’est en même temps tout le réseau des uni-versités qui est livré aux programmes et desseins des milieux industriels et fi nanciers. On ne parle pas ici de la corporation des juges, un autre pouvoir relevant de l’État qui, dans l’his-toire, a permis aux « barons voleurs » et autres cartels d’exploi-tation de dominer outrancièrement les travailleurs, en luttant contre les syndicats notamment. Ce moment crucial de l’his-toire industrielle, dans les années 1930 en particulier, marque ce que Karl Marx a appelé « l’accumulation primitive du capi-tal ». C’est encore aujourd’hui l’État qui décide de la régle-mentation et surtout de la déréglementation qui favorise le développement du marché privé. La déréglementation dans maints secteurs d’activité – entre autres la remise en cause de la loi Glass-Steagall, loi ayant contribué à l’encadrement de l’activité fi nancière aux États-Unis au milieu du xxe siècle – crée, auprès des administrateurs d’entreprises, une insécurité à laquelle prétendent répondre des produits privés que le sec-teur fi nancier met en vente. « L’élite d’aujourd’hui perçoit une bonne part de sa rémunération selon des modalités qui auraient été impensables dans le contexte réglementaire en vigueur il y a quelques décennies à peine », observent McQuaig et Brooks. En tant qu’il soumet presque tout aux logiques du libre mar-ché, l’État n’est pas moins présent que jadis. Il a seulement abandonné sa mission sociale. C’est strictement dans la rhéto-rique brouillée des puissants qu’il se présente à eux comme un adversaire.

Le mode de vie des organisations privées, qui nous est pré-senté ces dernières années comme un modèle de gouvernance applicable à la vie publique, a pourtant tout d’un repoussoir. Les entreprises ne connaissent rien de la démocratie, et surtout pas à l’intérieur de leurs propres structures. Les membres de

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leurs conseils d’administration, souvent les mêmes d’un groupe à l’autre, sont élus sur un mode soviétique par des actionnaires dispersés, en fonction d’opérations croisées qui frisent sou-vent le confl it d’intérêts. La « démesure des revenus » qui s’en-suit a des allures de démesure tout court. L’hybris à l’œuvre chez les puissants est malheureusement annonciatrice de malheurs à venir pour tout le monde. « La bêtise et les excès dont Wall Street a fait preuve en 2008 », comme l’énoncent les auteurs, comportent des conséquences imprévisibles. La pression sur les salaires et la désintégration des conditions de travail en témoignent déjà. Elles augurent également une détresse psy-chologique et sociale pouvant dégénérer en foyers de confl its, avant que de nouveaux bouleversements écosystémiques liés à la surindustrialisation de l’activité humaine n’exposent aléa-toirement tout le monde. Que faire, au-delà des mesures fi sca-les et structurelles que préconisent en conclusion les auteurs, pour y arriver justement ? Rendre révolus les pouvoirs radica-lement préjudiciables aux peuples – soit la révolution – pour créer ou réinvestir de sens des entités et des institutions vouées à la défense du bien public.

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Chapitre 1

Le retour des ploutocrates

Imaginez ce qui suit : à chaque seconde, on vous remet undollar. À ce rythme, après une minute, vous possédez 60 dol-

lars. Au bout de 12 jours, vous êtes millionnaire, une condition qui va bien au-delà des rêves les plus fous de la plupart des gens.

Mais combien de temps vous faudrait-il pour devenir m illiardaire ?

Eh bien, à ce rythme, cela vous prendrait près de 32 ans.La condition de milliardaire ne dépasse pas seulement les

rêves les plus fous : elle dépasse l’entendement.Pour saisir toute la démesure de la fortune du milliardaire,

on peut aussi se demander de combien de temps aurait besoin Bill Gates, généralement considéré comme l’homme le plus riche du monde, pour compter ses 53 milliards1. S’il les comptait jour et nuit, sans jamais s’arrêter, au rythme d’un dollar par seconde, il bouclerait l’exercice en 1 680 ans. Autrement dit, s’il s’était attelé à la tâche en 330, année où l’empereur romain Constantin faisait bouillir sa femme vivante et inaugurait sa nouvelle capi-tale de Constantinople, il serait aujourd’hui tout juste en train de fi nir.

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Personne n’oserait prétendre que les banquiers de Wall Street sont portés sur l’humilité, la modestie et le doute. Néanmoins,

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16 – LES MILLIARDAIRES

leur décision de se verser collectivement la somme record de 140 milliards en 2009 – dépassant ainsi le sommet atteint en 2007 – a été jugée immorale, compte tenu du fait qu’ils venaient tout juste de provoquer le naufrage de l’économie. De nom-breux membres de l’élite se sont d’ailleurs montrés déterminés à décliner toute responsabilité dans l’effondrement du secteur fi nancier en 2008. Ce fut le cas non seulement de ses instiga-teurs directs, mais également des responsables du démantèle-ment des contraintes réglementaires et des promoteurs de cette culture de la cupidité sans laquelle il n’aurait pu se produire. Début 2009, seuls les mea culpa de l’élite étaient plus rares que les emplois.

Ce déni sautait aux yeux en janvier, lors du rendez-vous annuel de l’élite à Davos, en Suisse, où, depuis 1971, chefs d’en-treprises, fi nanciers d’avant-garde, politiciens infl uents et autres penseurs de haut vol séjournent pour chanter les louanges d’une économie mondialisée, de marchés fi nanciers libérés de toute contrainte, d’un gouvernement minceur et d’un capita-lisme ragaillardi. Les bienfaits du nouvel ordre mondial sont manifestes pour qui observe attentivement les membres de cet étincelant gotha, dont la fortune n’a d’égale que l’arrogance intellectuelle. Bien sûr, une certaine confusion régnait à Davos en 2009. Certains se sont même demandé pourquoi les mar-chés avaient été à ce point incapables de s’autoréguler. Le titre d’une dépêche publiée par le webzine Slate a bien rendu compte de l’ambiance : « L’homme de Davos se fait du mauvais sang. » Certes, notait le journaliste Julian Glover dans The Guardian, « la stupeur est bien réelle et le deuil à peine entamé, mais per-sonne à Davos ne semble considérer que la situation puisse remettre en question son prestige et sa richesse ».

Un tel questionnement aurait exigé un profond change-ment de mentalité, ce à quoi ces grands fi nanciers semblent peu enclins. Après tout, l’un des fondements de l’ordre économi que des dernières décennies est l’importance capitale accordée au talent individuel et à la prétendue nécessité de lui attribuer une rémunération astronomique. De cette façon, les plus bril-lants seraient attirés par les postes les plus prestigieux et les

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CHAPITRE 1. LE RETOUR DES PLOUTOCRATES – 17

plus infl uents. Comme on était fermement convaincu qu’il valait la peine de s’assurer du concours actif de ces titans, l’échelle de rémunération a été ajustée en conséquence, en particulier aux niveaux les plus élevés. Ce n’est pas parce que l’économie mon-diale était en chute libre qu’on allait s’en prendre à ceux-là mêmes qui avaient joué un rôle clé dans son élaboration.

Ainsi, à Manhattan, John Thain, alors pdg de Merrill Lynch, a expliqué sans broncher qu’il jugeait nécessaire d’offrir à ses cadres des primes totalisant 4 milliards de dollars pour conser-ver les « meilleurs » d’entre eux, et ce, immédiatement après que ces surdoués eurent amené l’entreprise à subir une perte de 27 milliards, contribuant par le fait même au déclenche-ment d’une crise économique mondiale. (On se demande bien ce que des cadres moins compétents auraient pu faire. Se con-tenter de poursuivre leurs activités bancaires régulières ?) Men-tionnons également l’indignation suscitée en octobre 2009 par un article rapportant qu’un employé des cuisines d’AIG (fi rme de Wall Street ayant bénéfi cié d’un sauvetage) avait reçu une prime de 7 700 dollars. (Voilà qui était assurément moins scan-daleux que les millions de dollars versés en prime à ceux qui géraient l’activité fi nancière de l’entreprise ; après tout, on peut présumer que l’aide-cuisinier avait produit quelque chose qui, à tout le moins, se mange.)

Loin de l’air raréfi é de Davos et de Manhattan, ces pro-diges de haut vol, qui, encore récemment, jouissaient de l’ad-miration et du respect des gens moins doués qu’eux, ont vu leur popularité chuter brutalement. Certains citoyens récla-maient des changements, allant même jusqu’à insinuer qu’une diminution de la rémunération pourrait amener les grands virtuoses de la fi nance à se tourner vers des secteurs d’emploi plus utiles à la société, comme l’enseignement ou la santé. Une lettre publiée dans le New York Times a toutefois mis en évi-dence les risques inhérents à une telle stratégie. Son auteur y livrait un plaidoyer convaincant pour le maintien des émolu-ments démesurés, y compris des primes colossales, versés aux cadres : « Sans eux, les gens de Wall Street vont tous se mettre en quête d’autres emplois. Souhaitons-nous vraiment voir ces

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clowns cupides et incompétents bâtir nos maisons, instruire nos enfants et conduire nos taxis2 ? »

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En raison de la concentration croissante des revenus et de la richesse qu’ils ont connue au cours des dernières décennies, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada sont devenus des sociétés extrêmement inégalitaires.

Avant d’aller plus loin, nous tenons à préciser que nous ne nous opposons pas à toute forme d’inégalité. Au contraire, nous considérons qu’un degré raisonnable d’inégalité est non seule-ment acceptable, mais souhaitable, en ce que celle-ci traduit la variation de l’effort et de l’apport de chacun. Néanmoins, dans le monde anglo-saxon, l’inégalité atteint aujourd’hui un niveau excessif, rarement constaté dans l’histoire moderne.

Au cours des dernières décennies, les revenus des classes moyennes et inférieures n’ont presque pas augmenté. La crois-sance économique n’a pratiquement profi té qu’aux échelons supérieurs, en particulier aux plus élevés d’entre eux. Une part considérable du revenu national, soit 24 %, échoit désormais au 1 % des Américains les plus riches. Ces gros joueurs for-ment une classe extrêmement riche et puissante qu’on peut, sans hésiter, qualifi er de ploutocratie. Celle-ci diffère peu de la ploutocratie des intérêts fi nanciers qui dominaient les États-Unis dans les années 1920, époque où l’opulence des nantis, de même que leur infl uence disproportionnée sur le processus politique, étaient particulièrement prononcées.

Le retour des États-Unis à la ploutocratie est d’autant plus frappant qu’entre la période d’inégalité extrême des années 1920 et celle d’aujourd’hui prévalait une tout autre situation. Dans l’intervalle, en particulier entre 1945 et 1980, les États-Unis (ainsi que d’autres pays industrialisés, dont le Canada) ont atteint un degré d’égalité et de redistribution de la richesse rarement constaté dans l’histoire moderne. Depuis les années

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CHAPITRE 1. LE RETOUR DES PLOUTOCRATES – 19

1980, cependant, la renaissance de la ploutocratie a eu des effets dévastateurs, modifi ant en profondeur la nature même de la société américaine (et poussant les Canadiens dans une direc-tion comparable). Pourtant, alors que cette grande transforma-tion avait lieu, l’enjeu des inégalités et de leurs conséquences a été pratiquement évacué du débat public. Étrangement, celles-ci sont devenues invisibles.

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Il nous semble approprié d’entreprendre cet exposé sur les 1 011 milliardaires que compte la planète en nous penchant sur le cas de John Paulson, qui a fait fortune en pariant contre le marché des prêts hypothécaires à risque.

Avec son caractère doux, ses costumes sombres et son demi-sourire rappelant vaguement celui de la Joconde (sans doute l’un des rares objets dont la valeur nette est supérieure à la sienne), Paulson dégage une impression de normalité. Voilà qui est étrange en soi, car, avec une fortune de 12 milliards de dollars grâce à laquelle il occupe la 45e place au palmarès des personnes les plus riches du monde, John Paulson (qui n’a aucun lien de parenté avec l’ex-secrétaire au Trésor des États-Unis Henry Paulson) est loin d’être un citoyen ordinaire, quel que soit le sens qu’on donne à cette catégorie. N’empêche, rien dans l’apparence de ce gestionnaire de fonds spéculatifs dans la mi-cinquantaine ne laisserait présager autre chose qu’un homme d’âge moyen, marié, père de deux enfants, s’occupant discrètement de ses affaires. Bien qu’il fréquente les cercles de l’élite et présente tous les signes extérieurs de la richesse, il n’a pas de chauffeur et est réputé pour se déplacer en taxi, voire en transport en commun. Il ne semble pas atteint du syndrome qui, observe le journaliste Matt Taibbi, pousse les gros joueurs de Wall Street à « voir Brad Pitt lorsqu’ils se regardent dans le miroir ». John Paulson est sans doute peu enclin à se regarder dans le miroir. Pourquoi s’en donnerait-il la peine alors qu’il

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peut employer son temps de manière plus profi table à évaluer quels prêts hypothécaires à haut risque faisant partie d’obli-gations structurées adossées à des emprunts (ou collaterised debt obligation, cdo) sont le plus à même de faire défaut et d’of-frir des taux de rendement démesurés ?

Paulson, qui a grandi dans un quartier de classe moyenne de Queens, à New York, mais dont la famille, tant du côté mater-nel que paternel, a pratiqué la gestion fi nancière, est animé depuis toujours par une volonté de gagner des sommes d’ar-gent considérables. Sa vision du monde a été particulièrement infl uencée par son grand-père maternel, Arthur Boklan, ban-quier prospère de Wall Street qui, même pendant la Grande Dépression, avait réussi à loger sa famille avec classe dans un élégant immeuble d’appartements situé à l’angle de la 93e Rue et de Central Park West.

Paulson, qui a toujours rêvé d’acquérir une fortune colos-sale, s’est systématiquement employé à en jeter les bases, s’ap-pliquant suffi samment pour terminer premier de classe en fi nance à l’université de New York, puis obtenant un mba de Harvard avec grande distinction. Diplôme en poche, il s’est tout naturellement empressé de gagner les palais du lucre de Wall Street. En 1994, il a créé son propre fonds spéculatif afi n d’user au mieux de son talent exceptionnel pour dénicher les meilleures opportunités de gagner de l’argent. Une occasion en or s’est présentée à lui en avril 2005, alors qu’il anticipait un effondrement spectaculaire du marché des prêts hypothécai-res à risque. Gardant cette intuition pour lui-même, il a affecté son personnel de recherche à la question et a trouvé le moyen de s’enrichir en pariant sur la possibilité que des millions de personnes ayant contracté des prêts hypothécaires auxquels elles n’auraient normalement jamais eu accès se retrouveraient bientôt en défaut de paiement. Quand sa prédiction s’est avé-rée, il était fi n prêt, contemplant l’argent qui, tel un torrent dévalant une pente raide, gonfl ait son fonds spéculatif. En 2007, Paulson a empoché 3,7 milliards de dollars, établissant ainsi un record – sans doute celui de tous les temps – en matière de bénéfi ces tirés de la misère d’autrui.

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cet ouvrage a été imprimé en avril 2013 sur les presses des ateliers de l’impri-merie marquis pour le compte de lux, éditeur à l’enseigne d’un chien d’or de légende dessiné par robert lapalme

L’infographie est de Claude Bergeron

La révision du texte a été réalisée par Geneviève Boulanger

Lux Éditeurc.p. 129, succ. de Lorimier

Montréal, Qc H2H 1V0

Diffusion et distributionAu Canada : Flammarion

En Europe : Harmonia Mundi

Imprimé au Québecsur papier recyclé 100 % postconsommation

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