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ARTICLE IN PRESS G Model Revue du rhumatisme xxx (2014) xxx–xxx Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Correspondance Taux d’infections sévères chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde recevant une biothérapie anti-TNF alpha : étude observa- tionnelle prospective. Commentaire de l’article de Che et al. i n f o a r t i c l e Mots clés : Traitement par anti-TNF alpha Polyarthrite rhumatoïde Infections L’évolution de la polyarthrite rhumatoïde (PR) a été transformée par l’utilisation des inhibiteurs du tumor necrosis factor (TNF) alpha. Le TNF alpha joue un rôle important dans la défense de l’organisme et il existe une évidence de l’augmentation du risque d’infections bactériennes et virales chez les patients traités par anti-TNF alpha [1–5]. Nous avons lu avec intérêt la mise au point par Che et al. [1], dont le but était d’évaluer le risque d’infections zoostériennes chez ces patients. Nous avons réalisé une étude dont le but était d’évaluer le taux d’infections sévères associées à la prise d’anti-TNF alpha dans une cohorte de patients suivi pour une PR. L’objectif secondaire de l’étude était d’étudier d’éventuelles corrélations entre les données cliniques et épidémiologiques et la fréquence des infections, et d’évaluer si l’augmentation du risque d’infections était constante avec le temps ou s’il y avait des périodes durant lesquelles le risque est encore plus important ; 153 patients (M/F : 34/129 ; âge moyen 60,2 ans, durée d’évolution moyenne de la maladie 13,4 ans, suivi moyen 4 ans) ont été évalués prospectivement. De plus, un groupe témoin ajusté au sexe et à l’âge (150 patients, M/F : 28/122 : âge moyen 62,1 ans, durée d’évolution moyenne de la maladie 14,5 ans, durée moyenne de suivi 7 ans) de PR sous DMARD a été créé. Au moment de l’évaluation, 25 patients avaient rec ¸ u l’infliximab (tous sauf un recevaient une association à un DMARD) aux doses de 5 mg/kg à la semaine 0, 2, 4 puis toutes les 8 semaines, 43 patients, l’adalimumab (24 en association à un DMARD) à la dose de 40 mg chaque deux semaines, et 66 patients de l’étanercept (46 en association à un DMARD) à la dose de 50 mg/semaine, alors que 4 patients étaient sous golimumab (tous en association à un DMARD) à la dose de 50 mg chaque 4 semaines et 15 patients sous DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jbspin.2014.03.020. Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc ¸ aise de cet article, mais la réfé- rence anglaise de Joint Bone Spine avec le doi ci-dessus. certolizumab pegol (tous sauf un en association à un DMARD) à la dose de 400 mg à la semaine 0, 2 et 4 puis 200 mg chaque 2 semaines. Durant la période de suivi, nous avons observé 6 cas d’infections sévères (4 %), parmi lesquelles, 4 cas d’infections bacté- riennes pulmonaires (2 sous infliximab, respectivement à la 6 e et 4 e perfusion ; 1 sous adalimumab à la 10 e injection et 1 sous certolizu- mab pegol à la 6 e injection), une infection bactérienne sur matériel prothétique (sous adalimumab, 6 e injection) et un cas d’infection majeure à cytomégalovirus (sous adalimumab à la 8 e injection). Dans tous les cas, le traitement a été arrêté jusqu’à la rémission complète de l’infection. De plus, il n’y avait pas de corrélation entre les données clinico-épidémiologiques et la fréquence des infec- tions. Le taux d’infections observé dans le groupe contrôle était significativement plus bas comparé au taux observé dans le groupe anti-TNF alpha (0,3 %). Selon les données de la littérature [4,6], nos résultats avaient confirmé que le risque d’infections sous anti- TNF alpha était plus élevé durant les premiers mois de traitement. Ces données montrent que les infections sévères sous biothérapies représentent toujours un défi chez les patients atteint de PR ou traités pour d’autres affections rhumatismales [7]. Il est donc sou- haitable que les données provenant des études observationnelles à long terme puissent permettre à la communauté scientifique d’atteindre l’objectif de l’arrêt programmé de ces traitements [8,9]. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela- tion avec cet article. Références [1] Che H, Lukas C, Morel J, et al. Risk of herpes/herpes zoster during anti-tumor necrosis factor therapy in patients with rheumatoid arthritis. Systematic review and meta-analysis. Joint Bone Spine 2013;81:215–21. [2] Dixon WG, Symmons DP, Lunt M, et al. Serious infection following anti- tumor necrosis factor a therapy in patients with rheumatoid arthritis: lessons from interpreting data from observational studies. Arthritis Rheum 2007;56:2896–904. [3] Dixon WG, Watson K, Lunt M, et al. Rates of serious infection, including site- specific and bacterial intracellular infection, in rheumatoid arthritis patients receiving anti-tumor necrosis factor therapy: results from the British Society for Rheumatology Biologics Register. Arthritis Rheum 2006;54:2368–76. [4] Galloway JB, Hyrich KL, Mercer LK, et al. Anti-TNF therapy is associated with an increased risk of serious infections in patients with rheumatoid arthritis especially in the first 6 months of treatment: updated results from the British Society for Rheumatology Biologics Register with special emphasis on risks in the elderly. Rheumatology 2011;50:124–31. [5] Moyano C, Beldjerd M, Pécourneau V, et al. Infection of the sigmoid colon during TNF antagonist therapy for chronic inflammatory joint disease. Joint Bone Spine 2013;81:254–6. [6] Askling J, Dixon W. The safety of anti-tumor necrosis factor therapy in rheuma- toid arthritis. Curr Opin Rheumatol 2008;20:138–44. http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2014.03.017 1169-8330/© 2014 Publi ´ e par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumatologie. REVRHU-4397; No. of Pages 2

Taux d’infections sévères chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde recevant une biothérapie anti-TNF alpha : étude observationnelle prospective. Commentaire de

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Revue du rhumatisme xxx (2014) xxx–xxx

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L’évolution de la polyarthrite rhumatoïde (PR) a été transforméear l’utilisation des inhibiteurs du tumor necrosis factor (TNF) alpha.e TNF alpha joue un rôle important dans la défense de l’organismet il existe une évidence de l’augmentation du risque d’infectionsactériennes et virales chez les patients traités par anti-TNF alpha1–5].

Nous avons lu avec intérêt la mise au point par Che et al. [1],ont le but était d’évaluer le risque d’infections zoostériennes chezes patients.

Nous avons réalisé une étude dont le but était d’évaluer le taux’infections sévères associées à la prise d’anti-TNF alpha dans uneohorte de patients suivi pour une PR. L’objectif secondaire de’étude était d’étudier d’éventuelles corrélations entre les donnéesliniques et épidémiologiques et la fréquence des infections, et’évaluer si l’augmentation du risque d’infections était constantevec le temps ou s’il y avait des périodes durant lesquelles le risquest encore plus important ; 153 patients (M/F : 34/129 ; âge moyen0,2 ans, durée d’évolution moyenne de la maladie 13,4 ans, suivioyen 4 ans) ont été évalués prospectivement. De plus, un groupe

émoin ajusté au sexe et à l’âge (150 patients, M/F : 28/122 : âgeoyen 62,1 ans, durée d’évolution moyenne de la maladie 14,5 ans,

urée moyenne de suivi 7 ans) de PR sous DMARD a été créé.Au moment de l’évaluation, 25 patients avaient rec u l’infliximab

tous sauf un recevaient une association à un DMARD) aux doses de mg/kg à la semaine 0, 2, 4 puis toutes les 8 semaines, 43 patients,

’adalimumab (24 en association à un DMARD) à la dose de0 mg chaque deux semaines, et 66 patients de l’étanercept (46

n association à un DMARD) à la dose de 50 mg/semaine, alorsue 4 patients étaient sous golimumab (tous en association à unMARD) à la dose de 50 mg chaque 4 semaines et 15 patients sous

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jbspin.2014.03.020.� Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc aise de cet article, mais la réfé-ence anglaise de Joint Bone Spine avec le doi ci-dessus.

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http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2014.03.017169-8330/© 2014 Publie par Elsevier Masson SAS pour la Société Française de Rhumato

certolizumab pegol (tous sauf un en association à un DMARD) àla dose de 400 mg à la semaine 0, 2 et 4 puis 200 mg chaque2 semaines. Durant la période de suivi, nous avons observé 6 casd’infections sévères (4 %), parmi lesquelles, 4 cas d’infections bacté-riennes pulmonaires (2 sous infliximab, respectivement à la 6e et 4e

perfusion ; 1 sous adalimumab à la 10e injection et 1 sous certolizu-mab pegol à la 6e injection), une infection bactérienne sur matérielprothétique (sous adalimumab, 6e injection) et un cas d’infectionmajeure à cytomégalovirus (sous adalimumab à la 8e injection).Dans tous les cas, le traitement a été arrêté jusqu’à la rémissioncomplète de l’infection. De plus, il n’y avait pas de corrélation entreles données clinico-épidémiologiques et la fréquence des infec-tions. Le taux d’infections observé dans le groupe contrôle étaitsignificativement plus bas comparé au taux observé dans le groupeanti-TNF alpha (0,3 %). Selon les données de la littérature [4,6],nos résultats avaient confirmé que le risque d’infections sous anti-TNF alpha était plus élevé durant les premiers mois de traitement.Ces données montrent que les infections sévères sous biothérapiesreprésentent toujours un défi chez les patients atteint de PR outraités pour d’autres affections rhumatismales [7]. Il est donc sou-haitable que les données provenant des études observationnellesà long terme puissent permettre à la communauté scientifiqued’atteindre l’objectif de l’arrêt programmé de ces traitements [8,9].

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-tion avec cet article.

Références

1] Che H, Lukas C, Morel J, et al. Risk of herpes/herpes zoster during anti-tumornecrosis factor therapy in patients with rheumatoid arthritis. Systematic reviewand meta-analysis. Joint Bone Spine 2013;81:215–21.

2] Dixon WG, Symmons DP, Lunt M, et al. Serious infection following anti-tumor necrosis factor a therapy in patients with rheumatoid arthritis:lessons from interpreting data from observational studies. Arthritis Rheum2007;56:2896–904.

3] Dixon WG, Watson K, Lunt M, et al. Rates of serious infection, including site-specific and bacterial intracellular infection, in rheumatoid arthritis patientsreceiving anti-tumor necrosis factor therapy: results from the British Societyfor Rheumatology Biologics Register. Arthritis Rheum 2006;54:2368–76.

4] Galloway JB, Hyrich KL, Mercer LK, et al. Anti-TNF therapy is associated withan increased risk of serious infections in patients with rheumatoid arthritisespecially in the first 6 months of treatment: updated results from the BritishSociety for Rheumatology Biologics Register with special emphasis on risks inthe elderly. Rheumatology 2011;50:124–31.

5] Moyano C, Beldjerd M, Pécourneau V, et al. Infection of the sigmoid colon duringTNF� antagonist therapy for chronic inflammatory joint disease. Joint Bone Spine2013;81:254–6.

6] Askling J, Dixon W. The safety of anti-tumor necrosis factor therapy in rheuma-toid arthritis. Curr Opin Rheumatol 2008;20:138–44.

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ARTICLE Correspondance / Revue du

7] Talarico R, Bazzichi L, d’Ascanio A, et al. Rate of serious infections in Behc et’sdisease patients receiving biologic therapies: a prospective observational study.Clin Rheumatol 2013;32:1547–8.

8] Tanaka Y, Hirata S, Saleem B, et al. Discontinuation of biologics in patients withrheumatoid arthritis. Clin Exp Rheumatol 2013;31:S22–7.

9] Kavanaugh A, Smolen JS. The when and how of biologic agent withdrawal inrheumatoid arthritis: learning from large randomised controlled trials. Clin ExpRheumatol 2013;31:S19–21.

Rosaria Talarico ∗

Chiara StagnaroClaudia FerrariPasquale Pepe

PRESSatisme xxx (2014) xxx–xxx

Laura BazzichiStefano Bombardieri

Unité de rhumatologie, service de médecine cliniqueet expérimentale, université de Pise, 56126 Pise, Italie

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]

(R. Talarico)

Accepté le 28 mars 2014Disponible sur Internet le xxx