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Mme Chirac aurait été capturée A L’IMAGE du reste du pays, la situation demeure très confuse dans la capitale et singulièrement dans le secteur de l’Elysée. La chaîne d’information continue américaine CNN vient d’annon- cer que les commandos spéciaux de la Delta Force du général Chuck D. Norris – les fameux « Texas flying woodpeckers » – se seraient « assuré » de la per- sonne de Mme Chirac. ANNÉE ZÉRO - LA UNE HORS SÉRIE N° 1 - 2,90- MÉTROPOLITAN FRANCE THURSDAY MAI 15TH 2003 FONDATEUR : HUBERT MES-BEUVERIES Les forces américaines, britanniques et monégasques débarquent en France Georges Bush accuse la France d’« incorrection » M. Chirac appelle à la résistance et disparaît Soulèvement pro-américain à Paris dans le secteur de Saint- Germain-des-Prés Bonne tenue de la Bourse de Paris L’Armée monégasque menace Nice Le luxe inouï du satrape chiraquien Débarquements sur la côte nor- mande et la riviera. C’est à 6 heures du matin (heure fran- çaise) que des unités navales de la flotte combinée anglo-améri- caine ont ouvert le feu sur « cer- tains objectifs militaires français » de l’arsenal de Cherbourg à l’aé- rodrome touristique de Carpi- quet près de Caen. Ces obus avaient été précédés, dès 5 heures, par des lâchers de para- chutistes dans la région de Sainte-Mère-Eglise. Ce dernier objectif, à priori dépourvu d’inté- rêt stratégique ou même tac- tique, aurait été personnellement choisi par le président Bush après un récent visionnage du film de Darryl F. Zanuck « Le Jour le plus long », ce contre l’avis de son chef d’état-major, le général Schwar- zenegger. Côté français, en tout cas, la surprise semble avoir été totale et la résistance sporadique. Le haut-commandement allié indique que « de nombreux pompiers, gendarmes et contrac- tuelles auraient déjà été captu- rés » et un autre communiqué indique que l’avant-garde de la 1 re brigade de la 3 e airborne (para) division – les fameux « Red hot chili tigers » – se serait emparé vers 8 heures du Mémo- rial de Caen où, selon des rap- ports de la C..I.A., se trouveraient « des dépôts d’armes de guerre et même des soldats alle- mands. » Selon leur expression, les forces américaines terrestres et aéroportées seraient en train de sécuriser le Cotentin et le Bessin, tête de pont des troupes débarquées. Par véhicules dotés de haut-parleurs, les Alliés invi- tent la population locale et les touristes à « garder leur bonne humeur et à faire confiance au soldat US ». p.2 et 3 VOILÀ, C’EST ARRIVÉ. L’offensive, plutôt que l’« inva- sion », que connaît notre pays (la France) se déroule depuis quelques heures selon un timing précis, et un calendrier à l’évi- dence planifié depuis fort long- temps avec une rigueur et une précision proprement époustou- flantes. Nul doute que cette rigueur et cette excellence techni- cienne typiquement « yankee » n’assurent à la coalition occiden- tale un prompt succès militaire, d’autant que le secret sur les énor- mes préparatifs de cette ambi- tieuse opération rééditant le INTERVENTION US Premières opéra- tions et déclarations de Georges Bush et Jacques Chirac p. 2 PARIS Situation confuse à Saint-Germain- des-Prés p. 4 MONACO Le rôle-clé, politique et militaire, de la principauté p. 5 POINT DE VUE : « Nous ne l’avons certes pas volé ! » par Edward G. Plenel et John-Marie Colombyne La promesse de Georges Bush à Rainier III Les troupes françaises opposeraient une certaine résistance dans la mesure de leurs faibles moyens Au-delà de revendications territoriales déjà ancien- nes – le littoral des Alpes-maritimes – qu'espère la principauté de sa participation à l'opération Doulce France ? Le statut de « grand » géopolitique, auquel elle se dit en droit d'accéder du fait notamment de son envergure financière, et que lui a du reste promis l'administration Bush. C'est une indiscré- tion de la revue d'études stratégiques californienne « Power » qui révèle que la Maison-Blanche a envoyé au printemps dernier un émissaire discret au palais Grimaldi, Chris Brabeck, spécialiste des questions méditerranéennes. Ce messager appor- tait au prince Rainier la promesse, signée de Geor- ges Bush lui-même, de faire de Monaco un membre « semi-permanent » (dans un premier temps) du conseil de sécurité des Nations-Unies, en échange d'un engagement militaire de la prin- cipauté contre la France. Les Etats-Unis se faisaient fort de donner très vite un caractère permanent à ce strapontin, également attribué à l'Australie, à Israël et au Koweit. Pour Rainier le rêve devenait réalité, il n'y avait plus à hésiter. doublé stratégique de l’été 1944, ce secret donc a été magistrale- ment gardé, provoquant, pourquoi le nier, une surprise totale dans l’appareil politico-étatique et l’opinion publique français. On nous permettra cependant de revendiquer, pour notre journal et nous-mêmes, moins d’étonnement que chez d’autres. En effet l’opéra- tion « Doulce France » n’est certes pas le fruit du hasard, ni même née du cerveau dérangé de Georges Walker Bush. Elle trouve son ori- gine, ses racines véritables dans la politique insensée, qu’il faut bien qualifier d’« ultra-nationaliste » – ou de « paléo-gaulliste » – menée depuis trop de mois par l’équipe Chirac vis-à-vis de l’administration américaine, ce alors que celle-ci est à présent engagée dans une nou- velle guerre de libération en Syrie et en Iran, et doit faire face depuis peu à une invasion du Kurdistan, au mépris de la parole donnée, par l’armée turque ainsi qu’à une insur- rection pro Ben-Laden en Arabie Séoudite. Lire la suite page 12 ET LES POINTS DE VUE de Bernard-Henri Lévy et de Joey Starr p.15 THIS SPECIALAND LIMITED edition of french most famous and respected dayly newspaper « Le World » in english version will be available in every press centers of London, New-York, Washing- ton, Los Angeles and San Francisco, and Monaco too. The impor- tance and tremendous seriousness of present events, which means no less than France's new liberation from lies and treachery, drove us to this editorial gesture. We want it as our modest contribution to wonderful and daring action of allied forces to give our country a new beginning. We do hope and pray that our anglo-saxon audience, who's always loved France in spite of most of her political leaders, will understand then than every French is not an ennemy to Ame- rica the Beautiful and Old and gallant England, and by no means a Saddam Hussein's supporter. American-british-french friendship for ever ! « On les aura ! » TO OUR BELOVED ANGLO-SAXON AUDIENCE Suite page 2 POLITIQUE Madelin forme un gouvernement de « libération libérale » p. 11 TENDANCES Guy Bedos plébiscité aux USA S’IL EST UN pro- duit français que les Américains ne boycottent pas, c’est bien Bedos : le comique triom- phe à Broadway dans un show ridi- culisant la France. Lire page 14 LE BOULEVERSANT SOUVENIR D’UNE ADOLESCENCE MADE IN USA Le Vieil Amerloque le dernier Philippe Labro « A l’automne de sa vie l’auteur fait un nouveau et poignant retour sur son adolescence dorée, marquée par le rire de Kennedy, les jupettes des étu- diantes et la saveur du whisky- coca. Des “mémoires” de “gol- den boy”. Tremendous indeed ! » Le Vieil Amerloque Philippe Labro Editions Big Mac ATTENTION À l’heure où nous imprimons, les nouvelles contenues dans ce journal sont (encore) fausses. Pastiche satirique

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Mme Chiracaurait étécapturée

A L’IMAGE du reste du pays,la situation demeure très confusedans la capitale et singulièrementdans le secteur de l’Elysée. Lachaîne d’information continueaméricaine CNN vient d’annon-cer que les commandos spéciauxde la Delta Force du généralChuck D. Norris – les fameux« Texas flying woodpeckers » –se seraient « assuré » de la per-sonne de Mme Chirac.

ANNÉE ZÉRO - LA UNE HORS SÉRIE N° 1 - 2,90€ - MÉTROPOLITAN FRANCE THURSDAY MAI 15TH 2003 FONDATEUR : HUBERT MES-BEUVERIES

Les forces américaines, britanniques et monégasques débarquent en France

� Georges Bushaccuse la Franced’« incorrection »� M. Chirac appelle à la résistance et disparaît� Soulèvementpro-américain àParis dans le secteur de Saint-Germain-des-Prés� Bonne tenue dela Bourse de Paris� L’Arméemonégasquemenace Nice� Le luxe inouï dusatrape chiraquien

Débarquements sur la côte nor-mande et la riviera. C’est à6 heures du matin (heure fran-çaise) que des unités navales dela flotte combinée anglo-améri-caine ont ouvert le feu sur « cer-tains objectifs militaires français »de l’arsenal de Cherbourg à l’aé-rodrome touristique de Carpi-quet près de Caen. Ces obusavaient été précédés, dès 5heures, par des lâchers de para-chutistes dans la région deSainte-Mère-Eglise. Ce dernierobjectif, à priori dépourvu d’inté-rêt stratégique ou même tac-tique, aurait été personnellementchoisi par le président Bush aprèsun récent visionnage du film deDarryl F. Zanuck « Le Jour le pluslong », ce contre l’avis de son chefd’état-major, le général Schwar-zenegger. Côté français, en toutcas, la surprise semble avoir ététotale et la résistance sporadique.Le haut-commandement alliéindique que « de nombreuxpompiers, gendarmes et contrac-tuelles auraient déjà été captu-rés » et un autre communiqué

indique que l’avant-garde de la1re brigade de la 3e airborne(para) division – les fameux « Redhot chili tigers » – se seraitemparé vers 8 heures du Mémo-rial de Caen où, selon des rap-ports de la C..I.A., se trouveraient

« des dépôts d’armes de guerreet même des soldats alle-mands. » Selon leur expression,les forces américaines terrestreset aéroportées seraient en trainde sécuriser le Cotentin et leBessin, tête de pont des troupes

débarquées. Par véhicules dotésde haut-parleurs, les Alliés invi-tent la population locale et lestouristes à « garder leur bonnehumeur et à faire confiance ausoldat US ».

p.2 et 3

VOILÀ, C’EST ARRIVÉ.L’offensive, plutôt que l’« inva-sion », que connaît notre pays (laFrance) se déroule depuisquelques heures selon un timingprécis, et un calendrier à l’évi-dence planifié depuis fort long-temps avec une rigueur et uneprécision proprement époustou-flantes. Nul doute que cetterigueur et cette excellence techni-cienne typiquement « yankee »n’assurent à la coalition occiden-tale un prompt succès militaire,d’autant que le secret sur les énor-mes préparatifs de cette ambi-tieuse opération rééditant le

INTERVENTION USPremières opéra-tions et déclarationsde Georges Bush etJacques Chirac p. 2

PARISSituation confuse à Saint-Germain-des-Prés p. 4

MONACOLe rôle-clé, politiqueet militaire, de la principauté p. 5

■ POINT DE VUE :

« Nous ne l’avons certes pas volé ! »par Edward G. Plenel et John-Marie Colombyne

La promesse de Georges Bush à Rainier III

Les troupes françaises opposeraient une certaine résistance dans la mesure de leurs faibles moyens

Au-delà de revendications territoriales déjà ancien-nes – le littoral des Alpes-maritimes – qu'espère laprincipauté de sa participation à l'opération DoulceFrance ? Le statut de « grand » géopolitique, auquelelle se dit en droit d'accéder du fait notamment deson envergure financière, et que lui a du restepromis l'administration Bush. C'est une indiscré-tion de la revue d'études stratégiques californienne« Power » qui révèle que la Maison-Blanche aenvoyé au printemps dernier un émissaire discretau palais Grimaldi, Chris Brabeck, spécialiste des

questions méditerranéennes. Ce messager appor-tait au prince Rainier la promesse, signée de Geor-ges Bush lui-même, de faire de Monaco unmembre « semi-permanent » (dans un premiertemps) du conseil de sécurité des Nations-Unies,en échange d'un engagement militaire de la prin-cipauté contre la France. Les Etats-Unis se faisaientfort de donner très vite un caractère permanent àce strapontin, également attribué à l'Australie, àIsraël et au Koweit. Pour Rainier le rêve devenaitréalité, il n'y avait plus à hésiter.

doublé stratégique de l’été 1944,ce secret donc a été magistrale-ment gardé, provoquant, pourquoile nier, une surprise totale dansl’appareil politico-étatique etl’opinion publique français.

On nous permettra cependant derevendiquer, pour notre journal etnous-mêmes, moins d’étonnementque chez d’autres. En effet l’opéra-tion « Doulce France » n’est certespas le fruit du hasard, ni même néedu cerveau dérangé de GeorgesWalker Bush. Elle trouve son ori-gine, ses racines véritables dans lapolitique insensée, qu’il faut bienqualifier d’« ultra-nationaliste »

– ou de «paléo-gaulliste» – menéedepuis trop de mois par l’équipeChirac vis-à-vis de l’administrationaméricaine, ce alors que celle-ci està présent engagée dans une nou-velle guerre de libération en Syrieet en Iran, et doit faire face depuispeu à une invasion du Kurdistan, aumépris de la parole donnée, parl’armée turque ainsi qu’à une insur-rection pro Ben-Laden en ArabieSéoudite.

Lire la suite page 12

ET LES POINTS DE VUEde Bernard-Henri Lévy et de Joey Starr p.15

THIS SPECIALAND LIMITED edition of french most famous andrespected dayly newspaper « Le World » in english version will beavailable in every press centers of London, New-York, Washing-ton, Los Angeles and San Francisco, and Monaco too. The impor-tance and tremendous seriousness of present events, which meansno less than France's new liberation from lies and treachery, droveus to this editorial gesture. We want it as our modest contribution towonderful and daring action of allied forces to give our country anew beginning. We do hope and pray that our anglo-saxon audience,who's always loved France in spite of most of her political leaders,will understand then than every French is not an ennemy to Ame-rica the Beautiful and Old and gallant England, and by no means aSaddam Hussein's supporter.

American-british-french friendship for ever ! « On les aura ! »

TO OUR BELOVED ANGLO-SAXON AUDIENCE

Suite page 2

POLITIQUEMadelin forme ungouvernement de« libération libérale »

p. 11

TENDANCES

Guy Bedos plébiscité aux USA

S’IL EST UN pro-duit français queles Américains neboycottent pas,c’est bien Bedos :le comique triom-phe à Broadwaydans un show ridi-culisant la France.

Lire page 14

LE BOULEVERSANT SOUVENIR D’UNE ADOLESCENCE MADE IN USA

Le Vieil Amerloque

le dernier Philippe Labro« A l’automne de sa vie l’auteurfait un nouveau et poignantretour sur son adolescencedorée, marquée par le rire deKennedy, les jupettes des étu-diantes et la saveur du whisky-coca. Des “mémoires” de “gol-den boy”. Tremendous indeed ! »

Le Vieil Amerloque

Philippe Labro

Editions Big Mac

ATTENTIONÀ l’heure où nous

imprimons, les

nouvelles contenues

dans ce journal sont

(encore) fausses.

Pastiche satirique

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L ’ o p e r at i o n a l L i e e e n F r a n c e

WASHINGTONDe notre envoyé spécial

Il n’a pas fallu plus de 5 minu-tes d’allocution télévisée au prési-dent américain pour annoncer – etmotiver – l’intervention de lacoalition anglo-américano-aus-tralo-monégasque contre laFrance. L’air grave, Georges W.Bush a donc expliqué que depuisdes mois « et même des années »,la France s’était livré à de « nom-breuses provocations »vis-à-visdes Etats-Unis, sous l’influence de« puissants lobbies et groupes depression ».

MISE EN CAUSEDE GÉRARD DEPARDIEU

Parlant sans notes le président atout d’abord incriminé les« milieux ultra-nationalistes ducinéma français »qui, sous cou-vert d’« exception culturelle »,veulent empêcher la diffusion de laculture américaine dans les sallesobscures de la vieille Europe,épinglant au passage le comédien

Chirac était devenue une des basesarrière-arrière du réseau Al-Qaida.« Ce pays, a-t-il encore asséné, apris la tête d’un véritable axe del’incorrection vis-à-vis de l’Amé-

C’EST UN PRÉSIDENT visible-ment surpris, angoissé et malréveillé, qui s’est adressé aux Fran-çais depuis la chambre à coucher deses appartements privés du palaisde l’Elysée. Vêtu d’un costumebleu-pétrole froissé, n’ayant visi-blement pas eu le temps de se raser,Jacques Chirac a balbutié une trèsbrève allocution, souvent couvertepar le vrombissement des avionsdes commandos américains de laDelta Force – les fameux « Texasflying woodpeckers »– parachutésau-dessus du VIIIearrondissement.Des détonations et des jurons –français et anglais – ont contraintsubitement le chef de l’Etat à inter-rompre son allocution et pendantplusieurs minutes les télespecta-teurs n’ont plus vu qu’un plan fixedu lit présidentiel défait, avantqu’un documentaire sur les cathé-

drales gothiques n’enchaîne defaçon incongrue avec ces minutesdramatiques et historiques.

Voici le texte de l’allocution duprésident de la République :

« Françaises, Français, mes chers amis,

mes chers compatriotes,Je découvre en même temps que

vous une agression de grandeampleur perpétrée, tôt ce matin, parles Etats-Unis, les Anglais et, m’a-t-on dit, le Grand dûché de Luxem-bourg. Cette agression est plusqu’injuste, elle est abracadabran-tesque. Si j’en crois un e-mail del’ambassadeur américain, laFrance aurait partie liée avec le ter-rorisme, et moi-même je serais leplus sûr allié de Saddam Hussein.Ce serait risible si ce n’était à pleu-rer ! La France et moi-même ne

sommes l’ennemi ni le suppôt depersonne, simplement nous consi-dérons que nous ne sommes pas desrois nègres qu’on peut se concilieravec je ne sais quelle verroterie etque nous nous réservons le droit dedire “merde” – passez-moi l’ex-pression, mes chers compatriotes –quand nous pensons que l’intérêtsupérieur de la paix et de la patriel’exige !

Naturellement, en tant quegarant de la souveraineté nationaleet chef des armées, je vais donnerd’ici peu l’ordre à nos troupes deréagir face à cette agression de lafaçon la plus ferme mais aussi laplus mesurée. Françaises, Fran-çais, il est de notre devoir de résis-ter avec acharnement à nos amisaméricains, y compris avec lesarmes s’il le faut. Cette résistancearmée n’exclut naturellement pas ledialogue constructif dans le respectde l’adversaire, un adversaire dontnous ne méconnaissons pas ledynamisme et la séduction !

Françaises, Français, mes cherscompatriotes, rassemblez-vous, au-delà de vos différences et de voshaines légitimes, autour de moi etdu drapeau, ce drapeau qui a tou-jours flotté librement dans les gran-des heures de notre Histoireséculaire, de la coupe du monde defootball à ma triomphale réélection.Tous ensemble nous vaincrons !

Vive la France ! A bientôtj’espère ! »

Y A-T-IL (encore) un pilote dansl’avion ? C’est la question quiagite ministères et journaux auxpremières heures de ce 25 avril2003, alors que plusieurs armadas,navales, terrestres et aériennesfondent sur la France, et que descommandos spéciaux américainsdisputent le palais de l’Elysée auxgardes républicains, policiers deservice et huissiers.

On croit savoir que sitôt son allo-cution achevée et son café avalé,Jacques Chirac, flanqué de son aidede camp, le capitaine Renaud deSaint-Renaud, a emprunté un dessouterrains qui relient l’Elyséenotamment au fort de Brégançon(Var) et au PC de la force nucléairetactique française de Taverny (Vald’Oise). Reste que le président n’areparu nulle part et que l’inquiétudegrandit quant au sort du premier desFrançais

� M. Nicolas Sarkozy déclareassumer l’intérim des fonctionsprésidentielles. Cette vacance defait du pouvoir, à une heure où lepays est confronté à une situationévolutive, a poussé le ministre del’Intérieur à prendre les devants et àdéclarer, depuis les locaux de laradio privée Skyrock – seule,semble-t-il, à n’avoir pas vu sa fré-quence brouillée par les satellites« espiègles »américains – que« compte tenu de la gravité del’heure et de ses compétences », ilétait prêt à exercer les « prérogati-ves présidentielles »jusqu’à plusample informé de la situation duChef de l’Etat. M. Sarkozy a invitéles Français, militaires et civils, à

résister à nos alliés américains« sans violence excessive et super-flue ». « Il importe avant tout quel’ordre républicain soit préservé, aajouté le ministre de l’Intérieur, et jene tolérerai pas que, sous prétextede résistance, on se mette à tirern’importe où sur n’importe quidans ce pays».M. Sarkozy a assuréqu’il était sûr que les responsablesaméricains et anglais auraient àcœur de lui faciliter la tâche. La sta-tion privée a ensuite repris sa pro-grammation rap habituelle.

�� M. Alain Juppé déclareincarnerla «succession légitime»du Président de la République.C’est depuis sa mairie de Bordeauxque M. Alain Juppé a appellé lesFrançais à se rassembler autour delui et de la majorité U.M.P. du par-lement, « dépositaire de la légiti-mité démocratique et de la penséeprésidentielle ». « Nul n’ignore,aprécisé l’ancien premier ministre,que le président Chirac me consi-dérait comme son légitime succes-seur non seulement pour assumerla continuité de l’Etat, mais encorepour poursuivre dans la voie tracéepar lui (Chirac) ».M. Juppé aappellé le gouvernement et le par-lement à se replier sur Bordeauxqui, a-t-il précisé, dispose d’une« bonne capacité hôtelière »etn’«est pas encore menacée par nospartenaires américains et britan-niques.»De fait, la ville n’a été à cejour que survolée par des avionsespions anglo-saxons. Mais larumeur de l’approche d’une flottecombinée anglo-espagnole nourritune certaine tension dans la ville

dont le maire avait symboliquementrevêtu, ce matin, un Barbour en toilecamouflée.

�� M. Christian Ponceletdéclare assumer l’interim prési-dentiel, «suivant l’esprit et le textede la Constitution ». Président duSénat et deuxième personnage del’Etat, M. Poncelet a tenu à rappel-ler, par un communiqué manuscritdistribué aux badauds rassemblésdevant le palais du Luxembourg,qu’au terme de la Constitution, «luiseul est habilité à assumer l’inté-rim de la fonction présidentielle, enattendant de nouvelles élections oula reparution éventuelle et fortuitedu président Jacques Chirac. »

��M. Lionel Jospin déclare«être à la disposition de la Répu-blique ». Adversaire malheureuxde M. Chirac à la présidentielle de2002, M. Lionel Jospin a faitsavoir, depuis sa résidence secon-daire de l’île d’Yeu, qu’il était prêtà faire à la France « le don de sapersonne ». L’ancien candidatsocialiste, en retrait de la vie poli-tique depuis sa déconvenue du 21avril 2002, s’est dit « en excellentecondition physique et morale » eten conséquence il a affirmé être «àla disposition de la République ».« Bien sûr,a-t-il ajouté, j’espère,comme tous les Français, queJacques Chirac a pu échapper à lacapture ou à la mort, mais il faut,dans les circonstances exception-nelles que nous traversons, envisa-ger calmement le pire, et tirerrapidement les conséquences de ladisparition probable de cet homme,pour le bien du pays. »

Gérard Depardieu « qui se prendpour Molière » et qui devra désor-mais « ramer » pour obtenir sa« green card ». Georges Bush s’enest également pris aux restaura-teurs français « arrogants »quiimposeraient des additions(« bills ») exorbitantes aux touris-tes américains, aux nostalgiquesdu général « fasciste et pro-sovié-tique » de Gaulle, au « baasisme àla française» incarné, selon lui, parJean-Pierre Chevènement, Jean-Marie Le Pen et, last but not least,Jacques Chirac.

« UN PAYS DE RACISTESET D’ARABES »

Une fois ce dernier nom pro-noncé, le président américain ahaussé le ton, accusant le présidentfrançais de « haute trahison »(« highest treachery ») enversl’Amérique pour avoir pris le parti,dans la crise irakienne, des «naziset des bougnoules »de Bagdad(« Bagdhad’s naziarabic scum »).Très en verve, Georges Bush a

expliqué que cette position fran-çaise n’avait, hélas, rien d’étonnantquand on sait que « le pays duMime Marceau n’est rien qu’unenation de racistes et d’arabes »(« nothing but a racists and arabscountry »), tous plus arrogants et«sales »(«dirty ») les uns que lesautres.

Georges Bush a annoncé qu’ildétenait, grâce à de «performantssatellites d’observation »,lapreuve que la France de Jacques

rique, menteur, tricheur, hai-neux ». En conséquence, et aprèsconcertation avec les « alliéssûrs » (« true buddies ») que sontl’Angleterre, l’Australie etMonaco, il a préparé, des moisdurant, une «opération de police »contre une nation devenue un« danger pour l’équilibre occi-dental ».

« LIBÉRER LES FRANÇAIS DE LACLIQUE CHIRACO-SADDAMITE »Et c’est ce matin, à 3 heures 33

(heure de Houston), que l’opération«Doulce France » a démarré. Pourle président américain, cette actionn’est en rien dirigée contre la «vraieFrance»(«the true France») et lesFrançais, qu’il s’agit au contraire delibérer de la«sale petite clique Chi-raco-saddamite »(« tyny dirtynaughty chiraki-saddamisticcrew »). Et Georges Bush d’inviterces Français à accueillir les troupesalliées en libératrices, leur promet-tant un vrai gouvernement français,citant au passage les noms de MM.

Alain Madelin, Bernard Kouchneret Pierre Lellouche – dont le prési-dent américain a cru devoir préciserqu’il aimait beaucoup les films(«Mr Lellouche, whose movies I doappreciate »).

pas une guerre et les Français, quidemeurent des amis, sont incapa-bles de se battre ! »Et GeorgesWalker Bush a alors lancé ces ulti-mes paroles, véritable professionde foi géopolitique : « Vive la

La déclaration du président américain

Réactions contrastées de la ministre de la Défense :« La France est totalement surprise mais prête »Dans un communiqué envoyé à l’AFP à 7 heures, Michèle Alliot-Marie,ministre de la Défense, déclare que « la France est totalement sur-prise par l’agression anglo-américaine » mais que « d’ores et déjà lepays est prêt à faire face, tous ses moyens militaires et civils étantconcentrés autour de la personne de Jacques Chirac, garant de l’in-dépendance et de l’humanisme français qui…. » A 7 heures 30, dansun deuxième communiqué, Mme Alliot-Marie confirmait la nouvellede sa capture par un commando de parachutistes de la Delta Forceaméricaine – les fameux « Flying woodpeckers » – qui aurait investipar surprise le ministère de la Défense boulevard Saint-Germain.

La déclaration du chef de l’Etat français :« Il est de notre devoir de résister avec acharnement à nos amis américains »

« La France a pris la tête de l’axe del’incorrection »

La localisation du président de la République est incertaine

Mme Chirac aurait été capturée

Celle-ci, surprise dans sa sallede bains du palais présidentiel,«au terme de violents combats aucorps à corps ». Un commandoaméricain aurait été blessé,« mordu jusqu’au sang » par l’é-pouse du chef de l’Etat qui auraitfinalement été « maîtrisée » pardes renforts. La chaîne CNN croitsavoir que Mme Chirac – « the top

first lady » – est « en bonne santé »(« in a good physical condition »)et a été assignée à résidence dansun secteur « sécurisé » de l’Elysée.Et CNN a diffusé un peu plus tardune photo, assez floue, de lafemme du président de la Répu-blique, qui aurait été prise peuaprès sa capture : Mme Chirac yapparaît, l’air maussade, vêtue desa célèbre veste-treillis camoufléde chez Versace.

L’ hôte de la Maison-Blanche aconclu son « speech » en rassurantses compatriotes : « N’ayezcrainte, l’opération que noussommes contraints de lancer n’est

France libre et libérale, que Dieuprotège l’Amérique ! »(« Longlive to free and liberal France,may God bless America ! »)

John J. Dubois

r é a c t i o n s p o l i t i q u e sLE DÉCLENCHEMENT À L’AUBE de ce jeudi de la gigan-tesque opération aéronavale, aéroportée et ter-restre – baptisée « opération Doulce France » – acoïncidé avec une déclaration télévisée du prési-

dent Georges W. Bush expliquant les raisons del’offensive. LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN a défini la Francecomme « chef de file de l’axe de l’incorrection » etune base « arrière-arrière » d’Al-Qaida. Il a stigma-

tisé l’attitude de Chirac, jugée globalement «baa-siste ». Il a assuré le peuple français que les Alliésn’avaient rien contre la France et qu’ils installe-raient un gouvernement français libre, citant

notamment le nom d’Alain Madelin. Le futur ex-président français a pour sa part appellé les Fran-çais « à la résistance » et au « dialogue » face àl’« agression américaine » avant de disparaître.

Dans un violent réquisitoire, G. W. Bush dénonce la France comme chef de file de « l’axe de l’incorrection ».

Suite de la page 1

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seraient notamment retranché dansl’Espace Pierre Cardin d’où ilsriposteraient aux tirs américains.Les marines contrôleraient égale-ment l’hôtel Crillon – où, selon lePentagone, des coups de feuauraient été échangés avec desmilliardaires séoudiens proches duréseau Al-Qaida. Selon nos derniè-res informations la riposte françaisedans ce secteur prendrait de l’am-pleur : des tireurs d’élite du G. I.G..N.,déguisés en touristesjaponais, auraient déjà abattu desmarines depuis la terrasse de l’O-rangerie des Tuileries.

avait voulu dire « meurtrièresexceptionnellement ».Ces frappes«cool » se poursuivent depuis unedizaine d’heures à présent, s’éten-dant du littoral à l’arrière-pays, desports stratégiques comme Cher-bourg, Dieppe et Le Havre auxvilles moyennes comme Bayeux,Lisieux, Vernon, Alençon, Valo-gnes. Le Mont Saint-Michel, prispour une station radar serait «trèsgravement endommagé».

Naturellement, la sécurisationdes axes de communicationimplique que soient aussi frappésles nœuds de communicationcomme Caen et Rouen, ainsi« qu’un certain nombre » degares. « Je suis sûr que les Fran-çais comprennent parfaitementque nous avons un cahier descharges offensif minimum » adéclaré Tommy Freaks, ajoutant,avec cette jovialité virile trèsaméricaine ; « De toutes façons,c’est à eux de savoir s’ils préfè-rent qu’on leur joue juin 40 plutôtque juin 44 ! »

camaïeu de striures ocres et terre deSienne brûlée, et de mouchetagesvert sombre sur une trame noire etblanche), le général Tommy Freaksa tenu à dédramatiser la situation,insistant sur le caractère « préven-tif » et la nature « pacifique dyna-mique »de l’offensive alliée.

Selon lui, les opérations se pas-sent « super bien », sans pertes desdeux côtés, sauf quelques « inci-dents inévitables », tel celui sur-venu près de Carteret, où un charamphibie britannique a écrasé «unou deux »surfeurs.

FRAPPES « COOLES » INTENSIVESHormis ce « drame mineur »

Tommy Freaks a évoqué la vaguede bombardements ayant touché uncertain nombre d’installations mili-taires et de communications le longde la côte normande. Frappes extrê-mement ciblées, «frappes cool» amême estimé le général en chef,« exceptionnellement meurtriè-res ».A cet instant l’interprète atenu à préciser que Tommy Freaks

s u r l e f r o n t n o r d

JERSEYde notre correspondant

C'est depuis le bureau de pressedu QG opérationnel allié, installéquelque part sur l'île anglo-nor-mande de Jersey, que le comman-dant en chef des troupes coalisées,

le général américain Tommy Freaksa commenté les premiers dévelop-pements – et les premières avancées– de l’opération Doulce France.Grand, la soixantaine athlétique,vêtu du treillis camouflé de climattempéré en milieu semi-urbain (un

Un nouveau débarquement de Normandie, en plus « soft » ?

« Les Françaisauront le choix entre juin 40 ou juin 44 ! »

GÉNÉRAL TOMMY FREAKSCOMMANDANT EN CHEF ALLIÉ

En marge des opérations : Peut-être un incidentplutôt assez grave sur l’autoroute de NormandieC’EST PEUT-ÊTRE le premier

gros «dommage collatéral» del’opération Doulce France : selondes sources civiles françaisesconcordantes qui restent à vérifier,un drame serait survenu, ce matinvers 7 heures 30 (heure du Calva-dos), sur l’autoroute de Norman-die, à hauteur de Pont-l’Evêque.C’est après avoir traversé entrombe cette localité qu’unecolonne blindée de la 7e divisionde cavalerie américaine – lesfameux «Custer’s blind dogs» –se serait engagé à vive allure surl’autoroute de Normandie, endirection de Pont-Audemer. Lesblindés légers de type «RamboII » auraient alors percuté «un cer-tain nombre» d’automobiles fran-çaises arrivant en sens inverse, ouprises de flanc par l’irruption de lacolonne blindée. Ces voitures,dont les conducteurs dans leur

grande majorité ignoraient ledébarquement allié, auraient alorspour la plupart pris feu avec leurspassagers.

POLICE MILITAIRE AMÉRICAINELa confusion aurait été encore

accrue par le gigantesque caram-bolage intervenu dans la fouléedans les deux sens de circulation,et impliquant au total, selon unresponsable militaire américain,«un peu moins d’un millier de voi-tures privées et de camions defrêt ». De nombreux incendiessupplémentaires se seraient alorsdéclaré. Très rapidement toutefois,la police militaire américaineaurait pu dégager avec des bulldo-zers de la 7e DCUS la route auxunités blindées, qui auraient reprisvers 10 heures leur marche appa-remment irrésistible vers l’est etParis.

La Croix-Rouge redoute un dramehumanitaire place de la Concorde

DEPUIS SIX HEURES(heure fran-çaise) des échanges de tirs ont lieuplace de la Concorde, à proximitéde l’ambassade des Etats-Unis. Ilsemble que les gardes mobiles enfaction devant celle-ci aient été toutd’abord surpris par l’irruption,depuis les locaux de l’ambassade,d’une troupe nombreuse de mari-nes américains qui ont simultané-ment envoyé aux militaires françaisdes sommations en anglais et desrafales de M16. Un des gendarmessurvivants aurait eu le temps d’ap-peler des renforts. Ceux-ci seraientarrivés une demi-heure plus tard,

Le périmètre de l’ambassade américaine à Paris serait « sous contrôle » selon le Pentagone

LA CROIX-ROUGE internationales’inquiète du sort des automobi-listes civils coincés actuellemententre deux feux dans un vasteembouteillage place de laConcorde. La désorganisation desservices de police et la destructiondans les combats d’un certainnombre de feux tricolores ontrapidement contribué à formerun important embouteillage surla place, un des grands carrefoursde communication du centre dela capitale. Le préfet de police deParis, contacté par téléphone,estime à « un bon millier » lenombre de voitures entasséesinextricablement.

Les automobilistes et leurs pas-sagers, qui pour la plupart avaientd’abord cru au tournage d’un film(américain), se terreraient au fondde leur véhicule, ou se plaque-raient au sol pour éviter les tirscroisés français et américains. Plu-sieurs voitures auraient déjà brûlé.Le repli de ces automobilistes surla rive gauche vient de surcroîtd’être rendu impossible par ladestruction du pont de l’Assem-blée nationale par un missileTomahawk qui, selon un porte-parole de l’état-major de l’opéra-tion Doulce France, visait en faitl’aéroport de Roissy-Charles deGaulle.

Le restaurant Planet Hollywood des Champs-Elysées mis à sac par la fouleL’ AVENUE des Champs-Elysées

a été envahie, en milieu de mati-née, par une foule « black-blanc-beur » manifestant bruyammentson opposition à l’opérationanglo-américaine. Très vite, lessymboles les plus évidents de laprésence, culturelle et commer-ciale, américaine ont été la cibledes manifestants : outre les restau-rants Mac Donald, l’établissementPlanet Hollywood, propriéténotamment des stars américainesSylvester Stallone et ArnoldSchwarzenegger, a été littérale-ment pris d’assaut par les émeu-

tiers, souvent très jeunes. Aux crisd’« Allah o Akbar ! » et « Ricains

gros batards de vot’race ! » lesassaillants ont détruit en quelquesminutes le restaurant, pillant en

PARIS, FRANCE

Les chars-amphibiesaméricains postésdevant les fontaines de la Concorde :“Nous attendons l’ordre pour jeter nos engins à l’eau”.

Désormais ce sont les marines quiencaissent au péage de Deauvillesur l’A13.

par l’avenue Gabriel, pour tomberdans une embuscade tendue par lessoldats américains. Un car et uncommand car français auraient été

détruits et plusieurs gendarmestués. Les Français, égalementconfrontés aux Américains aupalais de l’Elysée tout proche, se

Washingtondénonce un « crimecontre la cultureaméricaine »

premier lieu les souvenirs holly-woodiens décorant les lieux : leshort de boxer porté par Stallonedans la sixième version de Rockyet une robe ayant appartenu à l’ac-trice Farah Fawcett ont été dispu-tés au point d’être réduits enlambeaux.

Des boutiques de luxe voisinesont elles aussi été pillées par lamême foule juvénile et joyeuse.Dans un communiqué, l’ambassa-deur américain à Paris a stigmatiséce qu’il considère comme un« crime contre la culture améri-caine et le droit de propriété ».

Paris

Nantes

Lille

Strasbourg

Lyon

Bordeaux

Toulouse

Marseille

La Manche

Océan Atlantique

Mer MéditerranéeESPAGNE

ITALIE

SUISSE

ALLEMAGNE

BELGIQUE

ANGLETERRE

LUXEMBOURG

ANDORRE

MONACO

Commandosparachutistes

Combats

Commandosd'élite

Commandos de marine

• 1ère armée US (50.000 hommes)

• Corps expéditionnaire britannique (30.000 hommes)

• 2e division australienne (10.000 h)

Cherbourg

Le Havre

Sainte-Mère-Église

Toulon

• 6e flotte US• Flotte britannique de Méditerranée

• Flotille de combat monégasque• 1.101e division US

(15.000 h)

Tunnel du Mont-Blanc

Aéroport de Roissy

EuroDisney

• Offensive terrestre monégasque sur Nice (3.406 h)

• Américains des bases de l’Otan en Lombardie (5.000h)

• 1ère flotte US• Flotte britannique du Nord

Caen

AVANCÉES DES TROUPES ALLIÉES

Page 4: TheMonde

MELUN(Seine-et-Marne)

de notre correspondantPreuve supplémentaire que

l’opération Doulce France avaitété préparée de longue date, etavec une organisation toute amé-ricaine, des forces spéciales amé-ricaines ont pris sans coup férir lecontrôle, ce matin, du célèbre parcd’attraction EuroDisney de Marne-la-Vallée. Il semble qu’une partiedu personnel d’animation du parctravaillait en fait pour la C.I.A. etaurait donc été infiltrée sur le site

depuis plusieurs mois au moins.Selon des témoins français, lesMickey et les Donald qui arpen-tent ordinairement les allées et

pôles d’animation d’EuroDisneyauraient, en quelque sorte, «jeté lemasque »et seraient désormais enposition aux points stratégiques duparc, notamment aux entrées,« armés jusqu’aux dents ».Selonun spécialiste français des ques-tions stratégiques, la prise decontrôle d’EuroDisney répondraità une double préoccupation à lafois symbolique et stratégique carcette « tête de pont culturelle »américaine en terre françaisedeviendrait la première tête depont militaire à l’est de la capitale,la superficie du parc étant assezvaste pour y implanter une baselogistique avec aéroport militaire.Selon la chaîne CNN des échan-ges de coups de feu seraient inter-venus avec des gendarmesfrançais qui auraient cru toutd’abord avoir affaire à un piquetdes employés du parc, souvent engrève contre les conditions de tra-vail et de rémunération en vigueurchez EuroDisney.

Des forces spéciales auraient pris le contrôle du parc d’Eurodisney

s u r l e f r o n t n o r d

COMME dans d’autres endroitsde la capitale, la situation était à lami-journée très confuse dans le

quartier de Saint-Germain-des-Prés, aux confins des VIe et VIIe

arrondissements : selon des sour-

ces concordantes, un « comitéinsurrectionnel de libération » seserait emparé de la mairie du VIe

Situation confuse à Saint-Germain-des-Prés après une tentative de soulèvement pro-américain

DEAUVILLE (Calvados)De notre envoyé spécial

Terre sainte du cinéma américainla coquette station balnéaire deDeauville a été le théâtre de scènesde fraternisation avec les premièresunités américaines débarquées, enl’occurrence le 3e bataillon des ran-gers, les fameux « Black zom-bies » : de nombreux habitants,

brandissant le drapeau américain,auraient en effet accueilli en chan-sons les soldats, leur jetant desfleurs et des billets de 100 euros.

Patrick Bruel a tenu à remettresymboliquement la clef de soncoupé 206 CC (Peugeot) au colonelCliff Barnes. Le général des rangersAngus Minus junior a, peu après,lors d’une cérémonie brève mais

Scènes de fraternisation à Deauville

C’EST PEUT-ÊTRE un premier signe de cet embra-sement inter-ethnique que redoutaient, en privé,certains experts du département d’Etat et du Pen-tagone : à Paris, dans le secteur du Château d’eau(Xe arrondissement) un « comité national kurdeparisien » aurait proclamé sur une radio commu-nautaire un « Etat kurde autonome de l’Est pari-sien » et aurait invité les ressortissants kurdes, trèsnombreux dans ce quartier de la confection, à pren-dre les armes « aux côtés de nos libérateurs amé-

ricains et contre le gouvernement baasiste françaiset ses oppressifs alliés turcs ». Une certaine agitationserait observée dans le quartier, et des coups de feuauraient même été échangés avec des immigrésturcs, rue d’Enghien. Si cette évolution se précisait,on verrait là s’enclencher le scénario-catastrophe,cauchemar des stratèges américains : l’importantecommunauté turque du Xe arrondissement a faitsavoir de longue date qu’elle ne tolérerait jamaisun Etat kurde à sa porte.

Un Etat autonome kurde pro-américain aurait été proclamé dans le Xe arrondissement de Paris

DES VIGILES d'un look nouveauont pris place, ce midi, aux entréesdu Louvre, tant rue de Rivoli, quedevant la pyramide : les parasaméricains de la 33eAirborne – lesfameux « Wild wolverines » –occupent en effet la plupart desbâtiments du vaste musée, aprèsavoir désarmé gardiens et vigiles.D'après nos informations c'est vers6 heures (heure française) que lespremiers parachutistes ont atterridans la cour du palais. L'effet desurprise a permis d'éviter que soittiré le moindre coup de feu. Tou-tefois quelques soldats américainsse seraient noyés dans la Seine etun autre aurait été écrasé acciden-

tellement par un poids lourd rue deRivoli. Le camion aurait alors étédétruit par un missile Stinger.

QUIPROQUO SAVOUREUXAux dernières nouvelles, seul le

pavillon Denon échapperaitencore au contrôle américain : leconservateur du Louvre s'y seraitbarricadé avec des personnelsadministratifs. Selon un reporterde la chaîne américaine Bush TVprésent sur les lieux, à 11 heures30 les paras auraient exigé parhaut-parleur la « reddition dumaire » dans les 5 minutes.

Il semble que les hommes de la33e Airborne aient pris le célèbre

musée pour l'Hôtel de Ville, pour-tant distant de près de 2 kilomèt-res. Toujours est-il que leconservateur n'a pas, et pourcause, déféré aux objurgationsaméricaines. Les pièces dupavillon Denon où il s'était réfugiéont alors été attaquées au pistolet-mitrailleur lance-obus de 25 mm.

Il était difficile, en tout début d'a-près-midi, d'avoir des informationsprécises sur l'état de santé duconservateur et de ses subordonnés,mais tous pourraient avoir péri (desanalyses ADN est en cours) :conclusion tragique d'une opérationlancée sur la base d'un quiproquosomme toute savoureux.

Des parachutistes américains auraient pris le contrôle du Louvre

Le personnel travaillait en fait pour la C.I.A

PLUSIEURS vignobles de Saint-Emilion sont depuis ce matin laproie des flammes selon la chaîneaméricaine CNN.

Cet incendie serait volontaire,ordonné par le préfet chiraquien deGironde, agissant sur les ordresd’Alain Juppé selon CNN quiavance que ces feux auraient pourbut de brouiller la vision des satel-

lite-espion américains surveillantles mouvements des officiels etmilitants UMP de la région.

La rumeur persistante de l’ap-proche d’une flotte de guerre bri-tannique venue de Gibraltarcontribue à acccroître la nervositéà Bordeaux et dans tout le Sud-Ouest. Un appareil de l’aérona-vale a d’ailleurs mitraillé une

Incendies volontaires dans le Bordelais

arrondissement, place Saint-Sul-pice, y déployant une grande ban-derole de soutien à l’interventionaméricaine. Les policiers du com-missariat voisin, obéissant en celaaux ordres de leur hiérarchie chi-raquienne, auraient alors tenté depénétrer dans le bâtiment pour enexpulser les intrus. Accueillis parune rafale de cocktails molotov, ilsauraient reflué non sans pertes. Unpeu plus tard on apprenait qu’à latête de cette mini-insurrection setrouvaient le très médiatique phi-losophe Bernard-Henri Lévy, parailleurs signataire d’un manifestepro-américain (lire en page 15) etle cinéaste au chômage RomainGoupil.

ECHEC INATTENDUDE L’« INSURRECTION CITOYENNE »

Les deux hommes, revêtus detreillis camouflés, sont d’ailleursapparus quelques instants aubalcon de la mairie, et BHLa pro-noncé un bref discours à l’inten-tion des quelques journalistesjaponais accourus, annonçantqu’un « comité de citoyensinquiets et révoltés par la dérivefascisante d’un Chirac »avaientdécidé d’éviter toute effusion desang inutile en assurant « uneentrée en douceur des forces amé-ricaines à Saint-Germain, préludeà l’installation dans toute la capi-tale d’une véritable démocratie,c’est-à-dire une démocratie àl’américaine, consensuelle etforte ». Moins idéologue, RomainGoupil, un cocktail molotov à lamain, a lui exigé la reddition despoliciers du commissariat, « souspeine de sévères représailles ».Mais peu après, l’arrivée d’un carde CRS a déterminé M. Lévy et sesamis à évacuer précipitamment lamairie aux cris de « CRS SS !Chirac, Pétain même combat ! »

assez émouvante, fait son entrée aucasino de Deauville, « premièreterre française libérée de la cliquechiraco-saddamite ». Puis unecolonne de véhicules tous terrainsaméricains et de cabriolets BMWZ3 et 4 immatriculés en France s’estébranlé en direction de Lisieux et dela campagne normande.

Pat Moreau

Le philosophe Bernard-Henri Lévy et des amis ont tenté d’occuper la mairie du VIe arrondissement de Paris au cours d’une tentative de « putsch démocratique »

Le célèbre musée aurait été confondu avec l'Hôtel de Ville.

Commandosparachutistes

Combats

Commandosd'élite

Foyers derésistance

• Paras commandos de la Delta Force 500 hommes

• Paras commandos de la Delta Force 500 hommes

Paris assailli par des commandos et parachutistes

• Palais de l'Élysée

• Rédaction de The Monde place des États-Unis • Musée du Louvre

(pris par erreur pour l'Hôtel de Ville)

flotille de chalutiers espagnols,aggravant ainsi le vieux conten-tieux entre Paris et Madrid sur leszones de pêche. Cette paranoïa estencore alimentée par le souvenir,encore très vivace dans la région,de la présence britannique, laGuyenne, et donc le Bordelais,étant fief anglais avant et pendantla Guerre de cent ans.

Page 5: TheMonde

s u r l e f r o n t s u d

AUX ORIGINES DU MALAISEFRANCO-MONÉGASQUE

Cela fait pas mal d’années quela principauté a divorcé de la Répu-blique. Une république françaisequi n’a cessé de multiplier lesmarques d’hostilité et de mépris

L’AMERTUME DU «ROCHER» La campagne de déni-grement de la principauté par la presse françaiseet certains politiques a poussé le prince Rainier à

la rupture avec Paris, la famille princière étant cul-turellement et sentimentalement américanisée.UNE PETITE ARMÉE TRÈS PROFESSIONNELLE et très

riche. Les Américains pourraient donner àMonaco un « strapontin » au conseil de Sécuritédes Nations-Unies en échange de leur participa-

tion à «Doulce France». A l’approche des troupesmonégasques une certaine effervescence seserait emparé des milieux séparatistes niçois.

politico-médiatiques répétées deces dernières années sur l’« argentsale », l’argent « mal blanchi » desbanques monégasques, qui seraitcelui de la drogue, du trafic d’ar-mes, de la prostitution, des dicta-tures. On sait le rôle qu’a joué dansce moderne procès en sorcellerie -reflet du rapport malsain des Fran-çais avec l’argent- un jeunepoliticien arriviste et intrigantcomme Arnaud Montebourg. Onsait moins le traumatisme profondoccasionné par ces attaques –basées bien plus sur des préjugésque des preuves – au sein d’un petitpays paisible, travailleur maishélas trop riche pour être jugé hon-nête. Aujourd’hui le petit poucetmonégasque, excédé et inquiet,s’est tourné vers le « grand frère »américain, voué à protéger les hon-nêtes gens du monde entier.

Très vieille principauté méditer-ranéenne, Monaco a eu droit à une

seconde naissance historique un(très) beau jour d’avril 1956, quandl’héritier d’une ancienne dynastiegênoise a uni son destin avec une

Etats-Unis ont été indissociable-ment liés. Tout le reste – croissanceéconomique et immobilière, boombancaire, « jetsettisation » – pro-

Le rôle-clé, politique et militaire, de la principauté de Monaco

NICEDe notre envoyé spécial

L’air, doux et embaumé, crépiteet ce n’est pas le fait des cigales : ils’agit bien de détonations et derafales un peu sporadiques, ame-nées par un vent parfumé des col-lines à l’est de la ville. Du côté deMonaco donc, dont les forces sontentrées, avant l’aube, en territoirefrançais, surprenant la communefrançaise limitrophe de Beausoleil,encore endormie, et bientôtréveillée par le vrombissement deshélicoptères d’attaque moné-gasques, des Super-frelons defabrication française. Equipés demissiles air-sol, ces derniers ontattaqué, vers 6 heures, les installa-tions portuaires de Villefranche,étape principale sur la route deNice, incendiant la capitainerie, etdévastant une palmeraie.

Car, très vite, pour les autoritésadministratives et militaires fran-çaises, réveillées en sursaut, ledoute n’est plus permis : c’est bienNice qu’une force ennemie, assezvite identifiée comme moné-gasque, semble avoir pour objectif.

UNE PROGRESSION IRRÉSISTIBLEDe demi-heure en demi-heure

les nouvelles tombent : des blindéslégers frappés de l’écu rouge etblanc de la principauté progressentsur la route littorale ; une flottepeut-être américaine a paru aularge du port militaire de Toulon.

Vers 8 heures les premièresunités françaises – un escadron degendarmerie et une compagnie deCRS basés à Nice, une compagniedu 3e génie marin, un bataillon du35e d’infanterie, et un escadron dechars du 3e cuirassiers – tentent dese déployer dans les collines etfaubourgs est de Nice ; à 9 heures

les éléments de tête de la colonneblindée monégasque sont signalésà Villefranche où des gendarmesfrançais tentent de retarder parleurs tirs la progression ennemie.Encore une demi-heure, et le bou-chon de Villefranche saute : onapprend que les Monégasquessont appuyés cette fois par deshélicoptères américains «casseursde chars »qui, à défaut de trouverdes chars, frappent à coups de mis-siles une villa. Plus tard, CNNannoncera que la villa auraitappartenu au premier ministrefrançais. En fait il s’agissait de lapropriété de Raymond Barre.

LE DRAPEAU MONÉGASQUE HISSÉ,PUIS AMENÉ, SUR VILLEFRANCHE

Vers 10 heures les carabiniers-commandos monégasques hissentle drapeau monégasque au frontonde la mairie de Villefranche, tandisque plus à l’ouest sur la route lit-torale une auto-mitrailleuse moné-gasque aborde trop vite un virageet dévale jusqu’à la mer : les pre-mières pertes de la principauté. Cene seront pas les dernières : vers11 heures un char léger apparte-nant aux hussards du prince Albertest littéralement « explosé » par unprojectile, sans doute tiré par uncanon antichar français posté dansune des collines protégeant lesapproches orientales de Nice. Lacolonne blindée monégasque pilenet. Sa progression est pourl’heure arrêtée. A11 heures 30, uncorrespondant de Nice Matinsignale que le drapeau moné-gasque sur la mairie de Villefran-che a été finalement amené et quele drapeau français a repris saplace habituelle : il est vrai qu’aumême moment un avion de typereconnaissance à hélice – moné-

gasque, américain ? – largue au-dessus de Nice une pluie de tractsexpliquant que la principauté nefait pas la guerre à la France maisparticipe « à une opération desécurité internationale visant,avec l’accord de l’ONU, à réinté-ger ce grand pays dans le concertdes nations libérales civilisées ».Vers midi les cigales semblentavoir – pour combien de temps ?– repris le dessus sur les armes.

Freddy Castelloni

Avec l’appui aérien des Américains, les troupes monégasques menaceraient Nice

MONACO aligne aux côtés de lacoalition une armée modestemais très professionnelle, entraî-née en secret par les Américains,et subventionnée par le complexebancaire.

Il est bien loin le temps où toutela puissance militaire de Monacose résumait à un pittoresque – etmicroscopique – corps de carabi-niers paradant pour les touristesdevant le palais. Depuis quelquesannées, sous l’impulsion d’unprince Rainier agacé puis inquiétépar les attaques des politiques etmédias français, le budget de ladéfense de la principauté, partantde presque rien, a été multiplié,selon certains experts, par aumoins 10 000. On a d’abord crééun ministère, confié à un bi-natio-nal américain proche de GeorgesBush, John Gallipoli, et un état-major, attribué à un Monégasquede souche, le capitaine de carabi-niers Mario Di Carlo. Les impor-tants revenus de la principauté etl’aide, longtemps discrète, desEtats-Unis ont fait, en cinq ans àpeine, le reste. Aujourd’hui leCorps de Défense Monégasque(CDM) est une véritable petitearmée moderne, entraînée et équi-pée à l’américaine.

LA CRÈME DU MERCENARIATINTERNATIONAL

Outre une flotille de guerre, com-posée d’une dizaine de vedettesd’assaut lance-engins de mort et detrois sous-marins nucléaires depoche, le CDM peut aligner deseffectifs terrestres avoisinant les3 000 hommes. Qui sont articulés

en une brigade blindée, équipée dematériel américain – le régiment deshussards du prince Albert et les cara-biniers blindés –, une brigade d’in-fanterie motorisée – régimentsPrincesse Stéphanieet régimentPrincesse Caroline–, un groupeprincier de reconnaissance avecvéhicules légers, deux groupes d’ar-tillerie super-lourde, une unité decommandos-tueurs de Monte-Carloet un bataillon de carabiniers de laGarde, unité d’élite surentraînée.Avec l’aviation – une escadrille dechasseurs-bombardiers F16 et unemini-flotte d’hélicoptères tueurs dechars français de type Cobra – cesont en tout près de 5 000 hommesqui servent sous le drapeau blanc etrouge. Pas mal pour un pays peuplétout au plus de 30000 habitants dont5 à 6000 Monégasques. C’est qu’enfait la principauté a préféré faireappel à des professionnels confir-més — des « chiens de guerre » et

des militaires en disponibilité detous les pays — qu’elle avait large-ment les moyens de s’offrir. Onparle une vingtaine de langues ausein du CDM mais pendant le ser-vice on ne se sert que du basicenglish. Détail qui aurait dû alerterles services secrets français : on n’aengagé aucun Français, et on les aépurés au sein du corps des carabi-niers où ils constituaient naguèrel’essentiel des effectifs.

PUISSANCE MILITAIREC’est ce mercenariat haut de

gamme qui fait aujourd’hui deMonaco une véritable petite puis-sance militaire régionale, cor-respondant enfin à sa surfaceéconomique et financière. LaFrance avait jusqu’à présent traitépar l’ironie cet effort militairemonégasque. Depuis quelquesheures le réveil est rude du côté deNice et de la riviera.

Des carabiniers d’Offenbach à une force d’intervention ultramoderne

■ ARMÉE MONÉGASQUE

Le symbole d’une nouvelle alliance : l’hélicoptère de l’armée américaineet le véhicule de combat des forces monégasques

Une famille princière américaine decœur et de raison

1re manifestationd’autonomistes

niçoisSelon Nice Matin des affiches etdes bombages sont apparus cematin dans plusieurs quartiers deNice, appelant à la sécession et àune insurrection nationale anti-française. C’est du moins ce quel’on croit savoir car affiches et tagssont rédigés en dialecte niçois, demoins en moins parlé et comprisdans la région. Une chose estsûre : cette propagande émaned’un « Front national de libérationdu comté de Nice » dont le sigle –Nicaïa – est l’appellation antiquede la ville, et l’emblème est l’Aiglerouge de l’ancien comté. Selon lesrenseignements généraux legroupe, apparu voici quelquesmois, compterait une vingtainede membres. Reste que la simul-tanéité de cette campagne depropagande du groupuscule etde l’offensive américano-moné-gasque sur Nice et la Riviera faitdéjà question.

F. C.

Le prince Albert : « l’étendard rouge et blanc est levé ! »C’est sur Radio Monte-Carlo que le prince héritier Albert a annoncé l’en-trée des forces monégasques en territoire français «pour laver l’honneuret garantir la sécurité de notre chère principauté, également bafouéspar Paris. » Rappellant la « campagne de haine et de jalousie » lancéerécemment par les journalistes et politiques français contre Monaco, leprince a assuré que « tout ça » n’était pas dirigé contre le peuple fran-çais mais contre un gouvernement « autoritaire, étatique, ennemi de laréussite et de la liberté », valeurs qui selon le prince seraient « constitu-tives de l’identité monégasque et américaine ». Albert, très ému etbafouillant, a exhorté ses soldats à faire leur devoir, promettant la natio-nalité monégasque avec « les avantages afférents » à ceux qui tombe-raient pour le Rocher. Puis il s’est écrié : « L’étendard rouge et blanc(couleurs monégasques) est levé et flottera bientôt sur Nice et Cannes ! »

cède de cet acte fondateur, de cemariage d’amour entre la traditioneuropéenne et la modernité améri-caine. Naturellement la jeune géné-

Sur le «Rocher» on avait depuis longtemps, notamment pour des raisons familiales, la fibre américaine.Les maladresses de la France ont fait le reste.

ration grimaldienne porte, dans sesgènes comme dans son cœur, cetteaméricanisation vécue comme unenrichissement. Les expériences« show-biz » et les aventures sen-timentales hors normes de Stépha-nie témoignent assez cette jeunessecomportementale, bousculant lesrites sclérosés des vieilles courseuropéennes.

Même constat pour le princehéritier Albert qui s’est toujoursexprimé avec plus d’aisance enaméricain qu’en français, et auquelles tenues de jogger vont de l’avisgénéral bien mieux que l’uniformeempesé de supérieur des carabi-niers monégasques. Ne prête-t-onpas à ce jeune prince, si sympathi-quement moderne, le projet de faireadhérer la principauté à l’OTAN enattendant – why not ? – de faire unjour de Monaco un Etat libre asso-cié aux Etats-Unis, à l’instar dePorto Rico aujourd’hui.

envers un petit pays dont on jalou-sait la tranquille prospérité, leclimat enchanteur, les fêtes somp-tueuses, l’extraordinaire aquariumet jusqu’à la stature internationalede son souverain. C’est cette jalou-sie qui a inspiré les campagnes

blonde étoile d’Hollywood, dont lapersonne était tout entière expli-quée par son prénom, Grace. De cejour les destins de Monaco et des

« Comme un ouragan ! »C’est aux accents de l’énorme«tube» discographique de la prin-cesse Stéphanie, «Comme unouragan» que les troupes moné-gasques ont franchi la frontièrefrançaise et se sont engagé sur laroute côtière menant à Nice. C’estégalement le thème du refrain quisert depuis ce matin d’indicatif auxcommuniqués du Grand quartiergénéral monégasque. C’estencore la même chanson qui aaccompagné la prise d’armes à lamairie de Villefranche, lorsque futhissé le drapeau de la principautéau fronton de la mairie. Enfin, maisquoi de plus naturel, c’est en hur-lant l’«ouragan»que les fantassinsblindés du régiment PrincesseStéphanie ont « balayé » les CRSfrançais sur la route de Nice.

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s u r l e f r o n t s u d

Une nuit bleue d'une ampleur sans précédent a frappé l’île de beauté

AJACCIODe notre correspondant

C'est du jamais vu dans la pour-tant déjà longue histoire du terro-risme insulaire : selon les derniersrapports de gendarmerie, ce sontplus de 3.000 attentats d'amplitudevariable qui ont frappé les instal-lations, bâtiments et symboles dupouvoir français, du cap Corse à

lations d'Edf et de France Telecomfigurent, avec beaucoup d'autres,parmi les cibles frappées. La plu-part des communications télépho-niques sont aujourd'huiimpossibles en Corse et nombre deportables seraient inutilisables. Latélévision n'émet plus et même lesgendarmes ont eu la désagréablesurprise de trouver leur fréquenceradio brouillée.

APPEL AU « SOULÈVEMENTNATIONAL CORSE »

Quasi-simultanément des lâchersimportants de parachutistes étaientobservés autour d'Ajaccio. Cesparas, qui appartiendraient à la 13e

Airborne américaine – les fameux«Barking Plutos » – encercleraientdéjà la ville. Les avions britaniqueset américains – venus semble-t-ild'une base de l'OTAN en Sardai-gne– ont également lâché une pluiede tracts. Ces tracts, rédigés en corselittéraire du XVIIIe siècle, n'ont puêtre compris que d'une partie infimede la population locale. Nous avonspu néanmoins les faire traduire parun érudit local : ils appelleraient au«soulèvement national des patrio-tes corses contre la tyrannie deChirac et de Paris », demandantaux Corses d'« accueillir commedes libérateurs les soldats améri-

cains et britanniques débarquésdans l'île ». Détail intéressant, letract mentionne la présence, auxcôté des anglo-saxons, d'unbataillon d'une «Légion Corsica »,formée de « patriotes exilés ».

«Comité corse de libération natio-nale »et dont le slogan récurrentest « I Francesi Fora e fissa ! »(«Les Français dehors et vite ! »).En début d'après-midi on apprenaitque le préfet de Corse, M. Van Den

L’implication decertains milieuxindépendantistesdans l’opérationDoulce Franceparaît des plus probablesBonifacio. Toutes les gendarme-ries, postes et commissariats depolice, la préfecture d'Ajaccio etles sous-préfectures, l'assembléerégionale corse, une caserne de laLégion étrangère, le club Méditer-ranée de Bonifacio, des relais detélévision, une vingtaine d'instal-

Un commando cagouléaurait pris le contrôle

de la sous-préfecture de BastiaUN COMMANDO de près de cinq-

cents hommes cagoulés et « assezfortement armés»a pris le contrôlede la sous-préfecture, de la mairie,du commissariat et du casino deBastia aux premières heures de lamatinée, selon un correspondantde la chaîne qatari Al Jazeera. Lesous-préfet aurait été arrêté etregroupé avec des fonctionnaireset des policiers capturés dans lasalle des fêtes de la mairie deBastia. Les locaux de l'antennelocale de Fance 3, ainsi que cellede RMC, seraient également auxmains des hommes en cagoule, qui

se réclameraient d'une « Arméenationale corse »(«Armata Libe-razionu Corsica »).

Des combats auraient cepen-dant éclaté aux abords de la gen-darmerie de Bastia. Selon lereporter d'Al Jazeera, la popula-tion dans son ensemble adopteraitune attitude «de prudence et d'im-passibilité », mais des jeunesauraient été vus brûlant le drapeaufrançais et piétinant le portrait deJacques Chirac. En début d'après-midi, le drapeau « à tête demaure »corse flottait au frontonde la sous-préfecture.

Le précédent de 1794S'IL SE CONFIRME que de larges secteurs de la mouvance indépen-

dantiste corse sont physiquement impliqués dans l'opération navaleet aéroportée anglo-américaine contre l' « ïle de Beauté », on devraobserver qu'il ne s'agirait là, après tout, que d'un « hoquet de l'His-toire » : lors de la très troublée période révolutionnaire des années1790, en effet, les patriotes corses, regroupés autour de Pascal Paoli,avaient délibérément joué la carte anglaise, aidant les marins et sol-dats de sa très grâcieuse majesté à prendre le contrôle de l'île en1794, et le roi d'Angleterre Georges III avait même été proclamé « sou-verain du royaume anglo-corse ». Il avait fallu l'intervention du pro-français jacobin Napoléon Bonaparte, en octobre de la même année,pour que Paris impose à nouveau sa loi sur le sol corse. Les plusacharnés nationalistes corses n’avaient jamais pardonné à Bonapartece qu’ils considéraient comme une trahison et à Waterloo le géné-ralissime britannique Wellington était assisté de Pozzo di Borgo,ennemi corse de vingt ans de Napoléon. Rien de nouveau sous lesoleil donc.

M.E.P.

LE CLAN PASQUA , un des plusanciens et des plus influents ducentre de l'île, aurait officiellementpris le maquis pour «défendre leprincipe d'une Corse libre dans larépublique française ». LesPasqua, alliés de circonstance aupuissant clan maçonnique Zuca-relli, seraient particulièrementimplantés dans la région de Corte,au beau milieu de l'île, par ailleursvieille terre communiste pro-fran-çaise, et auraient des liens avecl'importante communauté pied-noire de la prospère plaine d'Aleriasur la côte orientale corse, commu-nauté qui en cas de victoire desindépendantistes, n'aurait le choixqu' «entre la valise et le cercueil ».On peut donc redouter que l'offen-sive alliée ne débouche, en dépit de

ses intentions pacificatrices, surune terrible guerre civile insulaire.

Et l’on ne doit pas négliger lesdizaines de milliers de Corses « ducontinent », liés eux aussi aux pas-quistes et aux zucarellistes, à quiils doivent leurs postes de fonc-tionnaires – dans la police, lesdouanes, les prisons – et des placesdans les crèches pour leur progé-niture. Les Américains en sontd’ailleurs bien conscients, qui ontcréé, dans le plus grand secret, unfonds de pension susceptible definancer le «rachat »des postes etplaces de près de 100.000 conti-nentaux d’origine corse. Laconquête et l’entretien de la Corserisque de coûter cher aux Améri-cains. Chacun son tour !

Ange Kennedy

Le clan profrançais Pasquaaurait pris le maquis

LES DÉS SONT DONC JETÉS : le prince Rainier adonc engagé Monaco aux côtés des Améri-cains et des Britanniques dans l’opérationDoulce France. Officiellement, selon unedéclaration du porte-parole du palais, pourparticiper avec l’accord des Nations-Unies àune « opération de sécurité » visant « à réinté-grer (la France) dans le concert des nationslibérales civilisées ». Il est vrai que la princi-pauté, qui partage avec les Etats-Unis tant d’in-térêts, de souvenirs et de valeurs –notamment immobilières – n’a pas vraimentapprécié ce qu’elle appelle, à l’instar du dépar-tement d’Etat américain, la « dérive sadda-mite » de Jacques Chirac. Et lors du dernierfestival international du Cirque de Monaco, leprince avait confié à un ami milliardaire kowei-tien qu’il jugeait que la France « par son atti-tude, et sous prétexte de sauver la paix,mettait en péril l’essentiel, c’est-à-dire le libé-ralisme – économique, politique, diploma-tique et culturel – international. »

LE RÊVE D’UN « GRAND MONACO »Mais cette explication « idéologique » laissesceptiques les experts géopolitiques qui tra-vaillent sur la région Côte d’Azur. Pour le spé-cialiste américain en études stratégiquesGeorges W. Patton, les motivations moné-gasques seraient à la fois plus intéressées etplus ambitieuses. Il existe en effet selon lui dansles cercles dirigeants de la principauté un projetdéjà ancien d’annexion du littoral français desAlpes-Maritimes, « de Cannes à Menton »,débouchant donc sur un « Grand Monaco »,une véritable bande côtière longue de 60 kmet profonde d’une vingtaine, et correspondantà la partie la plus touristique – et la plus opu-lente – de la riviera française. Un des penseursgéostratégiques monégasques, ReginaldoVitelloni, avance à l’appui de cette revendica-tion plusieurs considérations historiques, poli-tiques et culturelles : d’abord ce territoire, pourl’essentiel, appartient à l’ancien comté de Nicedans lequel la principauté est enclavée, et n’est

français que depuis à peine un siècle et demi,«par la grâce d’un plébiscite truqué» ; ensuitecet espace, suffisamment « important et cohé-rent géographiquement », pourrait se révélerêtre un fort utile «sas économique, stratégiqueet culturel entre l’Italie, les Balkans, le Magh-reb, le Liban et l’espace francophone ».

UNE COMMUNAUTÉ DE DESTINLUXUEUSE ET ÉLÉGANTEEnfin et surtout, « de Menton à Cannes enpassant par Monaco, c’est le même art devivre qui prévaut, la même civilisation de laRiviera, faite de soleil, de paysages idylliques,d’immobilier de prestige, de produits de luxe,de véhicules – automobiles ou maritimes –haut de gamme ». Et c’est bien, selon M. Vitel-loni, cette forte identité « azuréenne », faite« d’aisance et d’élégance » qui fonde en défi-nitive une possible « communauté de destin »entre les Alpins maritimes « français » et lesMonégasques. Une identité nationale et cul-turelle forte qui n’exclut d’ailleurs pas l’ou-verture aux populations étrangères, laprincipauté ayant déjà montré, assure M.Vitelloni, depuis des lustres « sa volonté d’ac-cueillir les étrangers, qu’ils soient Américains,Suisses, champions automobiles, Séoudiens,Koweitiens ou encore Libanais. »Reste à savoir si l’évolution de l’opérationDoulce France permettra un commence-ment de réalisation de ce rêve. Il est certainque pour l’instant la Maison-Blanche sesoucie assez peu de braquer l’opinion fran-çaise en jouant à fond une carte « grand-monégasque » qui pourrait inquiéter aussile fidèle ami italien Silvio Berlusconi. Mais sil’offensive alliée s’enlise… ?

Les revendications – non avouées – de Monaco :une riviera monégasque, de Cannes à Menton

Une nuit bleue d'une ampleur sans précédent a frappé la Corse.Dans la nuit de dimanche à lundi plus de 3 000 attentats ont enflammé l'île, alors que des lâchers de parachutistes alliés seraient intervenus dans la région d'Ajaccio.

L'implication de certainsmilieux indépendantistes dans l'o-pération Doulce France paraît doncdes plus probables. Elle a été dureste vite confirmée par la multi-plication d'affiches et de bombagesaux quatre coins de l'île, signés d'un

Berghe, avait échappé de peu à unattentat. Des tracts retrouvés surplace portaient simplement laphrase : « Dehors le Belge ! Cor-sica viva ! »

Mike E. Paolantonacci

Le mouvement paillotiste va-t-il embraser le littoral corse ?

Où l’on reparle des « paillotes » corses, ces buvettes et sandwicheriessurgies sans autorisation du sable et des rochers du littoral corse et dontl’une d’entre elles a coûté sa carrière au préfet Bonnet. En effet, il sembleque plusieurs de ces «établissements »soient en train de servir de pointsde ralliement aux parachutistes et commandos alliés qui pleuvent surl’île de Beauté depuis l’aube, ainsi qu’à leurs alliés indépendantistes.C’est ainsi que sur la côte occidentale, près de Cargèse, la paillote « LaCasa a Santacroce » est devenue en quelques heures une véritableplace forte alliée : les drapeaux corse et américains flotteraient côte àcôte, tandis que maquisards insulaires venus du parc régional aideraientparas britanniques ou américains à aménager une position défensive.Quelques kilomètres plus au sud, sur le golfe de Sagone, la paillote« Chez Aldo » serait elle aussi sous contrôle allié. Plus près encored’Ajaccio, la paillote « Chez Lulu » serait l’objet d’un violent échange detirs entre Britanniques et nationalistes corses d’une part, légionnaires etgendarmes français d’autre part.

Page 7: TheMonde

L e s f o r c e s e n p r e s e n c e

FORT MASSACRE (Oregon)

De notre correspondantDe lui ses subordonnés ont cou-

tume de dire : «he’s a bloody fuc-king foxy ! »(« c’est un sacrérenard ! »). Ils pourraient ajouter« a bloody fucking warrior ! »(« un sacré guerrier ! ») Car à 56ans, Chuck Sylvester Norris,Texan de vieille souche, généraltrois étoiles, est un vrai chien deguerre – « tendance bull-terrier »comme il aime à le dire lui-même– couvert de cicatrices et de déco-rations. Des blessures et des déco-rations récoltées sur tous lesthéâtres d’opération – officiels etsecrets – de l’armée américainedepuis plus de trente ans, des pres-tigieuses médaille du Congrès etDistinguished Service Order auxdécorations latino-américaines etasiatiques les plus rares, commepar exemple le très convoité ordrede l’Éléphant méchant thaïlandais.

« MIEUX QU’UNE SÉANCE DE BAISE ! »Chuck commence sa carrière à

16 ans et demi – il avait triché surson âge devant les recruteurs, rap-pelle-t-il volontiers – dans lesrangs des marines de la 14ebrigade– les fameux« Yellow mavericks »

–, bientôt expédiés du côté de Huéau Sud Viêt-nam. Le jeune Norrisy découvre l’horreur du combat, lapeur, la mort, et puis cette joied’anéantir l’ennemi, joie supé-rieure à tout autre – « plus jouis-sive même qu’une séance debaise ! »aime-t-il à dire. Après leViêt-nam, il y aura un peu de Cam-bodge avec une première véritableexpérience de contre-guérilla, uneguerre silencieuse et atroce, sanspitié, comme il les aime déjà.Chuck S. Norris quittera la pénin-sule indochinoise avec ses pre-mières décorations et un surnom :« The heads collector ».La vic-toire des communistes du Nord en1975 lui laisse, comme à d’autresAméricains, un goût amer dans labouche : le service dans les unitésrégulières l’attire désormais beau-coup moins que les opérations despécialistes. Il suit des cours aucentre d’entraînement des com-mandos des marines – les fameux« Deaf daredevils » – et en troisans d’une formation impitoyable,à balles et à couteaux réels, Norrisest breveté lieutenant de para-commandos, et mis à dispositiondu bureau des opérations spécia-les de la C.I.A. Dès lors il est par-tout où les Etats-Unis doivent

avancer et combattre masqués : leNicaragua, le Salvador, La Gre-nade, l’Irak (contre l’Iran), l’Af-ghanistan (contre les Soviétiques),le Liban (« contre les bronzés ! »aime-t-il à dire).

CENTIÈME « MACCHAB’»En 1990, à la veille de la pre-

mière guerre du Golfe, Chuckfêtera dans un restaurant d’Austin(Texas) son « centième mac-chab’».Surtout, en témoignagedes résultats obtenus, il obtient defonder sa propre unité d’interven-tion spéciale, la Delta Force : unepetite centaine de guerriers redou-tables, athlètes tout autant quespécialistes des technologies lesplus avancées en matière de ren-seignement et d’armements. Chezles Delta Force – très vite connuset craints sous le sobriquet de« Texas flying woodpeckers »– onpratique toutes les formes d’artsmartiaux, on est docteur-ès-explo-sifs, on est intarrissable sur lesmille et une façons de tuer sansbruit et sans trace. Et bien sûr,dans cette université-là, Chuck S.Norris est de loin le plus diplômé.Il le prouve en Irak en 1991 oùavec seulement trois hommes, ilanéantit une division irakiennepar l’utilisation de motos enduroslance-roquettes et la pratique du«dynamic Kim Aîkido »,un terri-fiant sport de combat sud-coréenqu’il a lui même « perfectionné ».

«GROSSE PÉDALE BLONDE ! »En 1995, l’islamisme est devenu

le danger n°1 pour l’Amérique etNorris propose au Pentagone unplan audacieux concocté avec leMossad qui, assure-t-il, «calmerales Iraniens, Palestos et autresbougnoules pour quelquessiècles ! ».Mais le nouveau loca-taire de la Maison blanche, BillClinton, a d’autres projets concer-nant le Proche-Orient : l’opération« Cruauté nécessaire »est rangéedans les cartons. Le général Norrisn’apprécie pas et prendra l’habi-tude de désigner le présidentdémocrate sous le sobriquet de« grosse pédale blonde ».Sesécarts de langage lui valent d’êtremis sur la touche. Avec l’électionde Georges W. Bush et le 11 sep-tembre, Norris tient sa revanche.Toutefois sa Delta Force seraimpuissante à trouver et liquiderSaddam Hussein lors du secondconflit irakien. Nouvelle blessured’amour propre mais sentimentmêlé vis-à-vis du raïs : « il estcouillu ! »a-t-il confié récemmentà un journaliste du WashingtonPost. Aujourd’hui le général Norrisest confronté à un nouveau chal-lenge : la prise de contrôle dupalais de l’Elysée, mission de pres-tige qu’il a préparée pendant troismois dans le désert de l’Arizona,avec une maquette au 1/10e de larésidence présidentielle et un sosiede Jacques Chirac. Mission quisemblait ce matin en bonne voie deréalisation. Mais au fait que pense-t-il de ses nouveaux adversaires,les Français ? « Des chieurs quifont chier et qui pourtant ont vrai-ment pas intérêt à me faire chier !»Nous voilà prévenus !

Georges W. Michaud

DÉCIDEMMENT , les soldatsfrançais n'ont qu'à bien se tenir !Déjà pourvue – et de longue date –d'une formidable supériorité quan-titative et qualitative sur son adver-saire, l'armée américaine, pour sacampagne de France, proposedeux nouveautés proprement terri-fiantes dans sa panoplie : ainsi labombe universitaire SSS13, ainsiappelée parce qu'elle dispose d'uncerveau électronique Hewlett Pac-kard de dernière génération intégréà son système de guidage par laserqui, parvenue à moins de centmètres au-dessus de l'objectif, nela fait exploser qu'à l'audition d'unelangue étrangère (non anglaise) :ce qui présente l'avantage, en casde contact rapproché au sol avecl'adversaire, ou même de corps àcorps, de ne frapper que les troupesennemies. Anoter que cette bombe– plus familièrement baptisée «BigBaby Boy » par les aviateurs amé-ricains – transmet grâce son sys-tème informatique aux équipagesdes bombardiers, peu avant d'ex-ploser, des informations précieusessur le nombre, l'armement et mêmel'uniforme des militaires en«instance d'annihilation» ainsi quesur les installations militaires -oumême les curiosités touristiques-proches du point d'impact.

UN MISSILE QUI A DU NEZ !Autre réussite, l'avion « furtif-

renifleur » B 666 : dernier né de lagamme des avions furtifs « aile

volante » classiques de type B2,déjà utilisés lors des deux guerresdu Golfe et de celle du Kosovo, leB 666 dispose, tant du fait de savitesse exceptionnelle – mach 3avec vent dans le dos – que de sonmatériau – le kryptonion, com-posé de titane, d'aluminium et depolyuréthane – d'une quasi-invisi-bilité, non seulement bien sûr auradar mais encore à l'œil nu. Autreatout-maître, l'armement : le B 666-surnommé « Black Maraver » par

le Pentagone – qui emporte dansses soutes de quoi rayer de la carteune ville comme Bagdad, Damasou Téhéran – utilise en effet desbombes et des missiles air-sol euxaussi électroniquement indétecta-bles, physiquement invisibles et,last but not least, totalement silen-cieux. Mais le vrai « plus » de cesprojectiles est qu'ils détectent l'en-nemi, même le mieux camouflé, àl'odeur : on sait que la sudationnaturelle de l'homme peut êtreencore aggravée, chez le combat-tant, par le stress inhérent aucombat. Bref, à supposer qu'il aitla folie de résister, il faudrait ausoldat français, même tapi au finfond du bunker le plus souterrain,un sacré déodorant pour échapperaux bombes renifleuses du B 666 !

LE SOURIRE GOURMANDDE TOMMY FREAKS

Un soldat français qui pourraitdu reste se trouver confronté àd'autres « nouveautés » made inUSA : lors de sa conférence depresse inaugurale de ce matin, auGQG de Jersey, le commandant enchef allié, le général américainTommy Freaks, a fait allusion,avec un sourire gourmand quetous les journalistes ont noté, à cer-taines « grosses surprises »(« really big surprises ») qui pour-raient attendre les Français en casde résistance. « To be continued »(à suivre)…

Le général Chuck S. Norris, patron haut en couleurs de la Delta Force La bombe « universitaire » SSS13 « Big Baby Boy »

et l'avion « furtif-renifleur » B 666, dernières merveilles en datede la technologie guerrière made in USA

SSS 13- BigBabyBoyHauteur : 3,16�m (armé)

Poids : 7,4�t

Altitude de larguage : 700�m

Charge : 2 950�litres de trombiniol 25

Guidage : HPInside-3000

Logiciel : HPNoFrenchData

Le SSS13 impressionneautant par sa taille que par son invisibilité

B 666Cockpit doté du nouvelhypertahlamus IBM26-TYU_14,le centre névralgique du traîtement des informations olfactives

Équipés en série de deux nouveaux réacteurs «�RollMops�» TW60-KR-45,7-VRT-2U super-boostés de 60 tonnes de poussée chacun, le B666 passe de 0 à mach�3en 9�secondes

Une panoplie très fascinante

Le général Bud Schwarzenegger,Super intendant de l'expédition américaineJERSEY. Grand mais un peu moins que son supérieur le généralTommy Freaks, le général de division Bud Schwarzenegger, 49 ans,a, dans le cadre de Doulce France, la haute main sur la logistique, pri-mordiale dans la stratégie américaine. On estime en effet que le ratiocombattant/logisticien est de 1 pour 25 : le marine, le para ou leranger est ainsi suivi dans sa progression par 5 ravitailleurs en muni-tion, 3 ravitailleurs en vivres, 3 ravitailleurs en carburant, 3 médecinset infirmiers, 3 pionniers du génie, un cartographe, 3 radios (pourl'appui aérien), un télévangéliste, un animateur drôle de la télévision,un journaliste de Fox News ou de CNN, un agent de la CIA et unexpert pétrolier.

LE PIED ET LE DOIGTCette « suite » nombreuse, qui n'est pas sans rappeller le principe dela « lance » médiévale, qui regroupait autour du chevalier deux outrois archers, un coutilier, un valet d'armes et un page, ne risque-t-elle pas d'alourdir un peu le dispositif américain ? Dans un grand rirecommunicatif le général Schwarzenegger - « Schwarzie » pour lesintimes et Georges Bush- balaie cette objection et le micro : « Alour-dir ? Tu vois mon pied ? Moi et mes types, on n'est pas là pour alour-dir les gars, mais bien au contraire pour leur botter le cul jusqu'à cequ'ils parviennent au fin fond du trou du cul de la France ! »Cette métaphore virile rencontre, on s'en doute, un franc succès dansl'état-major de la Special Supply Force – la Force spéciale logistique,les fameux « Appalachian Badgers » – chargée donc du soutien etdu ravitaillement des armées américaines en France. À une questiond'un journaliste neutre sur le maintien éventuel d'une souverainetéfrançaise après la déposition de Jacques Chirac, « Schwarzie » éclatede rire à nouveau, et sans rien dire, nous montre cette fois son doigt.La conférence est terminée.

ON CONNAISSAIT certes l’avance vertigineuse de latechnologie satellitaire militaire américaine, avec desdispositifs capables de déceler depuis des altitudesstratosphériques les déplacements d’un cycliste ira-kien. Mais les cyclistes français ont du souci à se faire,car les Américains disposent d’un nouvel espion,intouchable et d’une acuité diabolique : «Little indis-creet – « petit indiscret », c’est son nom de code – nonseulement peut lire l’heure à la montre du cycliste,mais en étudiant les expressions du visage de celui-ci, qu’il «voit» en grandeur réelle, peut deviner la direc-

tion qu’il va prendre, par ordre décroissant de pro-babilité. Doué d’un cerveau électronique intégré de15e génération Hal 666, Little Indiscreet est capablede collecter et d’interpréter une foule de renseigne-ments sur l’infortuné cycliste : âge, sexe, race, maisaussi des éléments moins «évidents» comme la pré-férence sexuelle, le caractère, le niveau de vie ouencore, et c’est important pour déterminer la frappeéventuelle, le courage et la résolution à combattredu sujet.Mais au fait, quel soldat français aura encorele courage de braver Little Indiscreet ?

Le satellite-espion «Little Indiscreet» voit tout, devine tout et explique tout

Page 8: TheMonde

f o r c e s e n p r e s e n c e

AVEC QUATRE ou cinq millions deressortissants musulmans, jeunesdans leur majorité, la France pour-rait disposer d'un vivier importantde troupes auxililiaires, mobiliséespour la guerre sainte anti-améri-caine. Et de fait des unités beurs sesont formées ça et là au hasard desbanlieues dont certaines, commela « Wilahya de Vénissieux » ou la« Légion arabe de Roubaix-Tour-coing » ont un semblant d'organi-sation para-militaire. Il existed'autre part un très grand nombrede petits groupes extrêmementmobiles montés sur cabriolets alle-mands, équipés d'armementsemi-lourd – shot gun, pistolet-mitrailleur Uzi – et rompus à laguérilla urbaine en moyenne cou-ronne. Les « Seigneurs des Fram-boisiers » de Grigny (91) ou les« Caïds des Morillons » de Genne-villiers (92) sont les plus connus deces groupes qui pour certainsdisposent d'unités cynophiles – telle «Black Warrior's pit bull club» deSevran (93).

OPÉRATION DE SÉDUCTIONLe problème est que ces groupescontestent en général l'autorité dugouvernement français, en dépit

de ses efforts de séduction. L'au-torité est détenue par de petitscaïds locaux, véritables féodaux debanlieue alignant de mini-arméesprivées. Qui s'affrontent souvententre elles pour des questions deterritoire ou de commerce, maisn'hésitent pas à se réconciliercontre les forces de l'ordre«céfran». D'autres encore relèventde l'autorité, politique et reli-gieuse, de dignitaires religieux chii-tes ou sunnites, mais souventétrangers. Déjà, certains imams,dont celui de Seine-Saint-Denis,ont lancé un appel au djihadcontre les Américains. JacquesChirac pourrait profiter – provisoi-rement – de sa position en flèchesur l'Irak. Mais le haut-comman-dement allié, conscient de lamenace, a déjà lancé une opéra-tion de communication-séductionen direction de ces milieux beurs,notamment en parachutant deslots de Nike ou de DVD de Jean-Claude Vandamme. Mais cela suf-fira-t-il à acheter la paix ou laneutralité des banlieues ? Les gou-vernements français, qui ontdépensé beaucoup plus que lesAméricains et depuis des années,n'y ont eux pas réussi.

BUDGET DE LA DÉFENSE enchute constante depuis des années,baisse drastique des effectifs et dela motivation, matériels modernestrop rares et peu entraînés, cadresfonctionnarisés et travaillés par lestensions politiques, l'Armée fran-çaise ne devrait pas causer de grosproblèmes à la coalition emmenée

France : l'armée des ombres ?

et maritime alliée sur deux fronts,des possibilités de réaction limi-tées. Si l'on excepte la très média-tique Force d'action dite « rapide»,naguère orgueil de la France mit-terrandienne, la fameuse Garderépublicaine, la célèbre Légionétrangère et la très symbolique bri-gade franco-allemande, le prési-dent Chirac ne peut guère s'appuyerque sur les unités de gendarmerieet de CRS, seules à quadriller vrai-ment le pays. La milice UMPrécemment créée par Alain Juppéest, de l'avis général, de faiblevaleur militaire et très peu nom-breuse, absolument incapable d'en-cadrer ou de fanatiser la populationcivile. Parmi les autres forces para-militaires, le service d'ordre de laCGT et la fameuse DPS du Frontnational ont sans doute un peu plusde consistance mais manquentcruellement de matériel lourd. Res-tent encore les milices beurs, nom-breuses mais échappant au pouvoircentral français, et tout justebonnes, sur le plan militaire, àentretenir une guérilla urbaine limi-tée à certaines banlieues.

L'AVIATION FRANÇAISE :PRÊTE EN 2015 !

Il est bien loin le temps – gaullo-pompidolien – des Tanguy et Laver-dure: l'aviation chiraquienne, si ellepeut se prévaloir d'une ou deuxréussites technologiques, est sur-classée par la coalition aérienneaméricaine, britannique, austra-lienne et monégasque. Les Françaisdisposent de moins de 300 avionsde combat, dont la plupart, commeles Mirage F1 et 2000, ou les Jaguar,ne sont pas « des perdreaux de l'an-née ». Le fameux « programmeRafale» prévoit bien la mise en ser-vice de 239 appareils de ce type…en 2015 ! Les avions français, fautede carburant, tournent peu.

Il y a bien les missiles, Apache,Scalp et autre Mica air-sol, il y a bienl'Exocet mer-mer, le Mistral sol-air,mais face au matériel américain, cessystèmes font figure de pétards du14 juillet ! En fait l'aviation françaiseserait bien inspirée de suivre l'exem-ple de son homologue irakienne, quis'était réfugiée en Iran en 1990/91 :l'Allemagne voisine ne manque pasde bases accueillantes…

LA MARINE FRANÇAISEEN PERDITION

Il est significatif que le fleurondes forces navales françaises, lecoûteux porte-avions Charles deGaulle, soit surtout fameux pourses dysfonctionnements. Et tout oupresque est à l'avenant dans la« Royale » : la Force d'actionnavale, basée à Toulon, peut faireillusion mais est singulièrementmal placée pour s'opposer audébarquement sur les côtes nor-mandes ! L'Etat-major françaispeut s'estimer heureux si elle par-vient à retarder quelques heures laflotte combinée américano-moné-gasque en Mediterranée. Il y a bienune petite force sous-marine ducôté de Brest mais, entre nous, cen'est pas avec 2 ou 3 sous-marinsd'attaque conventionnels desannées Pompidou et une douzainede frégates de surface (pour com-bien de temps ?) qu'on peut pré-tendre s'opposer à la plusgigantesque opération aéronavalede tous les temps. Et si l'on avait unseul ordre à donner à nos équipa-ges, ce serait d'amener le pavillon !

L'inconnuedes contingents beurs

Alors que le pays est confronté, avec l’opération Doulce France, à un défi majeur, l’ar-mée française n’est plus qu’un vaste faux-semblant, voire une mauvaise plaisanterie.

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par les Américains. Et ce ne sont pasles forces paramilitaires, dont lafameuse milice UMPd'Alain Juppé(voir p.16), qui peuvent combler cevertigineux déficit militaire.

Michèle Alliot-Marie peut bienplastronner devant les caméras, lesforces sous sa responsabilité, et ellele sait bien, ont, face à la fou-droyante attaque aérienne, terrestre

■ ARMÉE FRANÇAISE

Budget dépressif,moral en berne,matériel fatigué

Page 9: TheMonde

p o l i t i q u e

WASHINGTONDe notre envoyé spécial

Le projet n’a pas encore uncaractère officiel mais serait déjàfort « avancé »si l’on en croit unreponsable du département d’Etataméricain, Sylvester Kissinger.«Après la chute du gouvernementfrançais pro-irakien »l’adminis-tration Bush installera un gouver-nement de transition, le« Temporary transition french-occidental governement »(«Gou-vernement provisoire de transitionfranco-occidentale »). Ce TEM-TRANSFREEGO – GOPRO-TRANSFROC en français –

obéirait «dans un premier temps »au général en chef américainTommy Freaks, lui-même évi-demment subordonné au gouver-

res et techniciennes française dehaut niveau »(« first rate frenchtop bananas ») assistées de diplo-mates et experts économiques dela coalition. Ces derniers devantaider à la « réorientation libérale »de la France, tant en ce quiconcerne les échanges écono-miques avec les Etats-Unis que lanouvelle diplomatie française.

VERS UNE TROÏKAMADELIN-GISCARD-TAPIE ?

Des noms de ces « first ratefrench »circulent déjà : le plus citéest naturellement celui du premierministre «officiellement français»

pressenti : Alain Madelin. L’ancienministre chiraquien est incontesta-blement pour l’administrationBush «our man in France »et il adu reste pris les devants en annon-çant depuis New-York la constitu-tion d’un « gouvernement delibération libérale »(lire en p.11).On retrouve du reste dans leTEMTRANSFREEGO la plupartdes personnalités figurant dans leprojet Madelin : Bernard Kouch-ner – ministre des droits del’Homme, Romain Goupil à l’In-térieur, Bernard Henri Lévy auxAffaires étrangères, Pierre Lellou-che à la Défense, plus quelques

outsiders de prestige («glamorousjokers») comme Luc Besson (Cul-ture) et surtout Bernard Tapie(Economie et Finances) récem-ment classé « espoir libéral fran-çais » par la presse économiquenew-yorkaise. Les Américainsaimeraient aussi pouvoir comptersur un «grand médiateur» franco-américain» et avanceraient le nomde Valéry Giscard d’Estaing.Celui-ci, dit-on à Washington,pourrait accepter la propositionalliée sous réserve de garanties« très fermes »sur la place de laFrance dans la nouvelle fédérationaméricano-européenne qui rem-

placerait après l’opération DoulceFrance l’Union européenne jugée« obsolète et vieille de toutesfaçons »par les Américains.

M. Giscard d’Estaing aurait enoutre discrètement sondé Was-hington sur une « option d’exil deJacques Chirac dans une île de sonchoix », option déjà envisagée parles Américains (lire ci-dessous).On le voit, avant même l’heureuseconclusion des opérations militai-res, les stratèges américains ontdéjà remodelé le paysage politiqueeuropéen.

Will French

Les Alliés préparent l’après-ChiracLe TEMTRANSFREEGO, projet d’administration américaine de la France imaginé par le département d’Etat

La Maison-Blanche a tranché : « Chirac must go ! »WASHINGTON

« QUOIQU’IL ARRIVE , et quoi-qu’il dise, Chirac doit partir ! ».Cette sobre déclaration de ColinPowell ne laisse aucun espoir àl’actuel président français consi-déré aujourd’hui par l’administra-tion Bush et une large part del’opinion américaine comme unetête de pont de Saddam Hussein etde Ben Laden en Europe. Plu-sieurs journaux américains deréférence comme le WashingtonPostou Timeont depuis des moismené une campagne très violentecontre le Président français « élupar les Arabes et les trotskystes et

qui fait la politique étrangère del’extrême droite».

EXIL DANS UNE ÎLE « PERDUE »La presse britannique, on le sait,

n’est pas en reste et le Sun, tabloïdbien connu, vient de faire sa uneavec un photo-montage montrantJacques Chirac nu, assis sur unrocher au milieu de la mer et coiffédu bicorne de Napoléon avec cecommentaire «Hey Jackie, there’sa tiny island left for you ! »(« HéJacques, il y a une petite île prévuepour toi ! »).

Or il semble qu’à Washington onait eu la même idée quant à l’ave-

nir du président français : dans l’en-tourage de Colin Powell on ne faitpas mystère d’un projet d’« éloi-gnement définitif » de Chirac dansune île fort éloignée (« lost»), et quine serait pas forcément très «tou-ristique ». Le nom de Clipperton,îlot désert appartenant à la France etsitué à l’ouest de la côte pacifiquedu Mexique, paraît avoir la faveurdes milieux dirigeants américains.En effet la « solution Clipperton »aurait l’avantage de garder leprésident français à « une portée -de missile des Etats-Unis », pour reprendre l’expression deM. Donald Rumsfeld.

FORT KNOX (ARIZONA).LES AMÉRICAINS sont des gens

prévoyants. Ils ont déjà réfléchi àune nouvelle administration fran-çaise, et voilà qu’ils planifient pourl’hexagone – et peut-être au-delà –une réforme monétaire d’impor-tance : le «western euro»pourrait,institutionnellement mais aussi«physiquement»,prendre la placede l’euro « français », car desbillets seraient déjà imprimés.Nous reproduisons du reste le rectoet le verso de la coupure de 50 w.e.qui devrait débarquer dans les por-tefeuilles français sitôt l’opérationDoulce France menée à terme.

Voilà qui promet des complica-

L’euro pourrait céder la place au « Western euro »

C'EST UN APPEL véritablement désespéré que le Pre-mier ministre Jean-Pierre Raffarin a adressé sur saligne spéciale, depuis Matignon, à M. Bush vers 10heures, soit donc plus de 4 heures après le début deDoulce France. Le contenu de cet « entretien » a puêtre connu grâce à la télévision Al Jazeera, qui a inter-cepté la communication par scanner satellitaire spé-cial. Techniquement mauvaise, brève – moins de5 minutes –, unilatérale – le président américain nes'exprimant que par insultes ou borborygmes – cettecommunication de M. Raffarin, parlant en franglais,frappe par son caractère décousu, ses accents sup-pliants mais surtout son contenu dramatique : le Pre-mier ministre s'y désolidarise de MM. Chirac etVillepin, promet d'intégrer militairement la France àl'OTAN, propose une opération conjointe avec lesEtats-Unis contre l'Iran, la Syrie, La Lybie et la Coréedu Nord et s'engage même à faire officiellementd'Halloween une « fête religieuse et nationale » fran-çaise. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ces ouver-tures n'attendrissent en rien son interlocuteur :celui-ci, après avoir ricané, interrompt la conversa-tion sur ces mots fatidiques : « it's too late old guy ! »

« JE N'AI FAIT QU'OBÉIR AUX ORDRES DE CHIRAC ! »Voici un extrait de l'appel téléphonique. Notre tra-duction figure entre parenthèses :-J.P. R. : Allo ? Allo ? M. le Président des Etats-Unis(…) c'est Jean-Pierre Raffarin, le premier ministre dela France, who speaks to you… Do you speakfrench… ? Allo ? allo ?-G. B. : Who's calling me ? The french prime minis-ter ?… well, I just don't speak to the servant, so pissoff now ! » (« Qui m'appelle ? le Premier ministrefrançais… bon, je ne parle pas aux domestiques,alors raccrochez s'il vous plait ! »)-J.P. R. : «… Comment ? Vous dites ? Je suis bien avecle président Bush ? I repeat, I am the Prime Ministerof France ! Please, Mr Président, I beg you down onmy knees, stop all that now, fast, please ! (« Je répète,

je suis le Premier ministre français ! S'il vous plaît, M.le Président, je vous en supplie à genoux, arrêtez toutcela vite, s'il vous plait ! »-G. B. : That's all over now ! I will smash your nastycountry down ! You'll have to pay for what youearned ! » (« C'est terminé ! J'écraserai votre salepays ! Vous n'aurez que ce que vous méritez ! »)-J.P. R. (la ligne crachotte) : Crrr… crrr… Allo ? Please,Mr Président, don't do that ! It's not my fault !… crrr…I just obey to Chirac et Villepin's orders… They're crazyguys ! I didn't want at all all that… heu, jazz ! I'm agood old friend of America…crr… allo ? Are you stillhere Mr Président ? (« Allo ? S'il vous plait, M. le Pré-sident, ne faites pas cela ! Ce n'est pas ma faute ! Jen'ai fait qu'obéir aux ordres de Chirac et de Villepin…Ce sont des « dingues » ! Je ne voulais pas tout ce…heu, désordre ! Je suis un vieil ami de l'Amérique…allo ? Vous êtes toujours là M. le Président ? »)-G. B. : Sure I'm here, my guy ! Just to tell you I'mgonna bump your ass till you know what is right andwhat is wrong ! (« Bien sûr que je suis là, mon ami !Pour vous dire que je vais vous secouer jusqu'à ceque vous sachiez ce qui est bien et ce qui est mal ! »)-J.P. R. : You what ? crrr… Ho, please, Mr President,that's a terrible misunderstanding ! I promise you,upon my mother's head, I will drive France back toOTAN heu, military, I can swear you french army willbe on your side for your next victorious campaignsagainst Syria, Iran, Lybia and North Corea too… crrr…Ho I swear it, Mr President.. Allo ? crr… («Vous quoi ?S'il vous plaît, M. le Président, c'est un terrible mal-entendu ! Je vous le promets, sur la tête de ma mère,je ramènerai la France au sein de l'organisation inté-grée de l'OTAN, je peux vous jurer que l'armée fran-çaise sera à vos côtés dans vos prochainescampagnes victorieuses contre la Syrie, l'Iran, la Lybieet la Corée du Nord aussi…crrr »-G. B. : Great, great ! Bravo Monsieur, ha, ha ! Andnow beat it, old man ! (« Super, super ! Bravo Mon-sieur… (rires) Et maintenant au revoir mon vieux ! »)

nement américain, mais aurait unpremier ministre «officiellement »français et se composerait de«personnalités politiques, militai-

« Aider à la réorientation libérale de la France »

Dans un entretien téléphonique dramatiqueM. Raffarin tente de fléchir Georges Bush

tions pour l’usager français, quin’a pas forcément encore assimilél’euro européen. Ajoutons que lecours forcé de cette nouvelle mon-naie, fixé par la banque fédéraleaméricaine au taux de 1$ pour 100w.e., apparaît peu profitable auxFrançais.

BILLET « À LA FRANÇAISE »Côté américain on fait cepen-

dant valoir la nécessité d’une« rationnalisation du jeu moné-taire occidental », qui s’effectuebien sûr au profit de la monnaie deréférence que demeure, plus quejamais, le billet vert. En outre lespères américains du western euro

mettent en avant la symboliqueiconographique «bien française »des nouveaux billets, ce que noslecteurs peuvent en effet consta-ter : au recto Maurice Chevalierporte crânement le canotier surfond de tour Eiffel, tandis qu’auverso l’exubérance d’une dan-seuse de french cancan offre uncontraste des plus réussis avecl’altière sévérité de l’empereurNapoléon. Bref on peut dire quecette nouvelle coupure sauve l’es-sentiel, à savoir le riche imaginairefrançais. Nul doute que nos com-patriotes n’adoptent rapidementces « billets verts à la française » !

Jean-Jacques Gold

Page 10: TheMonde

d i p l o m at i e

LA GENÈSE D’UNE CRISE : du veto chiraquien audéclenchement de l’opération Doulce France.L’achat par les Etats-Unis d’une dizaine de mem-

bres non permanents pauvres du Conseil desécurité a permis de dégager une majorité pourl’opération contre la France. M. WOLFOWITZ, N°2 DU

PENTAGONE, annonce des poursuites contre MM.Chirac et Villepin et une épuration des élitesfrançaises. Dans le même temps M. Rumsfeld

adresse une sévère mise en garde au Vaticanaccusé de ménager Chirac après Saddam. Lesforces vaticanes ont été mises en état d’alerte.

NEW-YORK (Etats-Unis)De notre envoyé spécieux

Dans le bras de fer diplomatiquequi les opposait, dès la fin 2002, àla France dans le cadre de la criseirakienne, les Etats-Unis avaient,incontestablement, perdu la pre-mière manche, échouant notam-ment à convaincre une majorité desmembres, permanents ou non, duConseil de sécurité de la nécessitéd’une destruction de l’Irak poursauvegarder la sécurité mondiale.Ce n’est pas révéler un secret quede dire que l’administration Bushen avait conçu un certain ressenti-ment contre notre imprudent –impudent ? – pays. Les déconve-nues de la guerre contre la Syrie etl’Iran n’avaient ensuite rienarrangé, au contraire. Au bout dequinze jours de conflit infructueux,

le secrétaire à la Défense, M.Donald Rumsfeld, en plein accordavec Georges Bush, demandait auxexperts du Pentagone de planchersur un projet d’opérations contre laFrance. Un mois plus tard le projetétait assez avancé pour que le pré-sident américain le soumette à sesfidèles alliés britanniques, austra-

liens, espagnols, polonais et bulga-res. Tony Blair, estimant assez jus-tement qu’au point où il en était, iln’avait plus rien à perdre, donnaitson accord, pas fâché de se vengerde Jacques Chirac. L’Australie pro-mettait une action contre la Nou-velle-Calédonie. Jose Maria Aznar,lui, ne disait pas non, mais sa cote

personnelle culminant à 2 % dansl’opinion espagnole, il demandaitdes « gestes » comme la rétroces-sion de Gibraltar et l’annexiond’Andorre. Quant à la Pologne et àla Bulgarie, elles étaient prêtes àtout pour plaire à Washington, maisn’avaient les moyens de rien faire.

LE PROGRAMME« VOTE CONTRE DOLLAR »

Tandis que les experts met-taient au point le plan de l’opéra-tion, la diplomatie américainepréparait sa revanche à l’ONU : levote par le Conseil de sécuritéd’une résolution autorisant le pos-sible recours à la force contre laFrance. Le renouvellement desmembres non permanents duconseil – au nombre de dix –offrait de nouvelles possibilités.Pendant trois mois les émissaires,discrets mais efficaces, de M.Rumsfeld assiégèrent les repré-sentants de ces pays, surtout lesplus « démunis » économique-ment : fournitures d’armements,clause de la nation la plus favori-sée, backchichs somptueux et jus-qu’aux call girls les plus chères et

les plus blondes de Californie,furent tour à tour ou simultané-ment promis aux diplomates,ministres et chefs d’Etat visés. Etle 4 juillet, jour de l’indépendanceaméricaine, la résolution 4 444,présentée par les Etats-Unis, rece-vait non seulement l’assentimentde la Grande-Bretagne, mais celuides pays suivants : Jamaïque,Sierra Leone, Pologne, Bosnie,Andorre, Burkina-Faso, Malawiet Sainte-Lucie. Le seuil majori-taire étant fixé à 9 voix, la résolu-tion était donc adoptée.Dominique de Villepin, mauvaisperdant, pouvait bien parler de« programme vote contredollars », l’opération DoulceFrance pouvait désormais débuteravec une légitimité internationale.

Burt de la Mornaye

Le triomphe du pragmatisme de la diplomatie américaine

LE PROJET D’OPÉRATION contre la France chira-quienne concocté par Donald Rumsfeld avait été pri-mitivement, et spontanément, baptisé « Bigspanking » (« grosse fessée ») par Georges Bush, quine décolérait pas contre notre pays. Ce nom de codeétait fort populaire chez M. Rumsfeld et les « faucons»de la droite conservatrice américaine, mais ColinPowell, inquiet des critiques qu’il pouvait susciter dansl’opinion française et internationale, parvenait à impo-

ser un nouvelle appellation, empruntée à CharlesTrénet, « Doulce France ». Ce nouveau nom de codeavait l’avantage de suggérer que l’Amérique n’inter-venait pas contre un pays et un peuple aimables aufond, mais contre une « clique gouvernementaledévoyée ». C’est donc la mélodie de Trénet, diffuséesur une fréquence militaire spéciale, qui a donné lesignal de l’offensive aux forces aériennes, navales etterrestres alliées.

De la « Grosse fessée » à la « Doulce France »

ROMEDe notre correspondante

«Ora pro nobis !»(«Priez pournous !») : c'est en ces termes consa-crés - c'est le cas et le lieu de le dire- que Jean-Paul II a conclu laréunion extraordinaire de la Curieromaine, haute assemblée spirituelleet administrative du Vatican, convo-

pable de protéger, sous prétexte de« défense soit-disant chrétienne dela paix », Chirac, Bachar El Assadet les mollahs iraniens, après avoirtenté de « sauver la mise àSaddam ». «Saint Père ou supposétel, nous en avons plus qu'assez devos simagrées hypocrites !»accuseM. Rumsfeld qui ajoute : « Si vousconsacriez ne serait-ce que ledixième des efforts investis dans ladéfense des dictateurs français etsyriens à la lutte contre vos curéspédophiles, la réputation de votresecte papiste s'en trouverait peut-être améliorée !». Autre apostrophetrès « ferme » : «Allez-voir là-hautsi Saddam y est ! »

VERS UNE ADMINISTRATIONAMÉRICAINE DU VATICAN

Ce ton, qui a choqué certainschrétiens américains, s'explique parl'exaspération de Washington vis-à-vis d'une diplomatie vaticane jugée« pacifiste » et « pro-islamiste ».Une exaspération exprimée notam-ment en ces termes par GeorgesBush devant les diplomates euro-péens : «Putain, je remets à l'hon-

neur le concept de croisade, et levieux de Rome n'est pas encorecontent ? Qu'il aille donc confesserBin Laden en Afghanistan, ce vieuxpapiste ! »Il est vrai que GeorgesBush, chrétien « méthodiste » de lamouvance protestante, ne comp-rend guère les subtilités de la diplo-matie et de la politique vaticanes :devant la Chambre des représen-tants ne dénonçait-il pas récemmentencore« ces types qui parlent enlatin, commandés par un monarqueabsolu d'un autre âge, non élu etsoi-disant infaillible, tout commeSaddam Hussein »?

Certains milieux radicaux entou-rant le président américain sont allésplus loin encore, en réclamant une« intervention » militaire contre leVatican, la « déposition »de Jean-Paul II et son remplacement par unpape plus « fair play » avec lesAméricains. Lequel ? Ala Maison-Blanche des noms circulent, dontcelui de Mgr Jimmy Travolta,évêque de Broadway, suspendu parRome pour avoir défendu une« théologie de la libération descorps » dans son diocèse la nuit.

Mais d'autres ne s'embarrassent pasde précautions et prônent carrémentune administration américaine de lacité papale - et donc de l'Eglisecatholique –« pour une périodeprovisoire indéterminée ». Ainsiaurait-on déjà pressenti commefutur gouverneur de Saint-Pierre deRome le général Aaron Horowitz,« un Polonais comme Jean-PaulII ». Le général gouvernerait avecune équipe réduite de «spécialistesaméricains du catholicisme »,secondée par «deux ou trois autoch-tones, avec ou sans soutane » pré-cise-t-on dans l'entourage de M.Rumsfeld. L'Italie de M. Berlusconiserait « naturellement » associée àce «ravalement »du Vatican.

Le projet américain peut paraî-tre audacieux. Mais, comme le faitremarquer M. Rumsfeld, « on abien vu par le passé des rois deFrance imposer leur pape, etmême deux ou trois papes régneren concurrence, alors nous qui lut-tons pour sauver Jérusalem dupéril musulman, on a bien le droitde s'offrir le nôtre ! »Ann Margret de Saint-Sauveur

Les ressortissants italiens invités à quitter le VaticanLA TENSION palpable depuis plusieurs jours dans les relations amé-

ricano-vaticanes a monté d'un cran aujourd'hui avec la décision desautorités italiennes de rappeler leurs nationaux vivant ou travaillantau Vatican. Ce geste, émanant du gouvernement de M. Silvio Ber-lusconi, un allié fidèle de Washington, est généralement considérécomme un signe supplémentaire de l'imminence d'une action amé-ricaine contre le Saint-Siège. Vers midi la frontière italo-vaticane étaitofficiellement fermée sine die.

En marge des opérations contre la France, l'Iran et la Syrie M. Rumsfeldadresse une « sévère mise en garde » au Vatican, « Etat pro-voyou »

LES « FORCES PONTIFICALES »sont placées depuis ce matin en«état d'alerte maximum » selon lequotidien vatican L'OsservatoreRomano. L'ordre aurait été donnépar le chef du gouvernement, MgrValerio Borghese-Visconti, arche-vêque in partibus de Los Angeles,après un rapide conciliabule avecJean-Paul II.

LE RETOUR DES ZOUAVES ?Cette mesure, exceptionnelle

dans l'histoire récente de lapapauté - le dernier précédentremonte à 1944, dans la crainted'un coup de force nazi - est detoute évidence la conséquencedirecte du message « très ferme »de M. Rumsfeld au souverain pon-tife. Les rumeurs de raids aéro-

portés américains sur la cité ont dûégalement jouer. Les forcesarmées vaticanes regroupent une

centaine de gardes suisses, équi-pés de hallebardes mais aussi depistolet-mitrailleurs Beretta

modèle 1938, achetés pour faireface à la menace des SS mais peuentretenus depuis.

Mais Jean-Paul II pourraitrecréer la Garde noble et la Gardepalatine - supprimées toutes deuxen 1970- ce qui fournirait un ren-fort de 5 à 600 hommes mûrs.

En France, la nonciature cher-cherait discrètement à recruter -avec la bienveillance des autoritésfrançaises- un régiment de néo-zouaves pontificaux. Reste qu'endépit de ces efforts les forces vati-canes manquent cruellement d'ar-mes lourdes et d'aviation et lesexperts du Pentagone parient surune résistance « symbolique » deleur part.

A.-M. de S.-S.

Les forces vaticanes en « état d'alerte maximum »

WASHINGTON.De notre correspondant anonyme

Si notre malheureux pays avaitencore du mal à mesurer les consé-quences de la politique suicidairede MM. Chirac et Villepin, la brèveconférence de presse donnée àmidi (heure de Wall Street) dans lecadre luxueux du Sharon Institutefor Middle East par M. Wolfowitzaura eu le mérite de mettre lespoints sur les i : glacial, parlant d'unton posé et sans effet de rhétorique,M. Wolfowitz, n°2 du Pentagoneet chef de file des faucons « néo-conservateurs » américains, aprèsavoir dressé un implacable réqui-sitoire contre la politique étrangèrechiraquienne et promis un « assezsombre avenir »à la France, avoulu donner un premier aperçu dece qui attendait le pays aprèsl'« inévitable »victoire alliée.«Cœurs de cible»en quelque sortede l'opération Doulce France, surlaquelle M. Wolfowitz a travailléauprès des stratèges militaires,MM. Chirac et Villepin seront« recherchés, arrêtés, déchus etjugés par un tribunal spécial amé-ricain ». Le personnel politique,administratif mais aussi culturelfrançais, coupable de «gaucho-fascisme », sera « soigneusementépuré ». L'armée française, quantà elle, sera, «après écrasement oureddition », réduite à une «simpleforce de police ».

YALTA HEXAGONAL ?Si rien de tout cela n'est à vrai

dire inattendu et donc choquant, iln'en va peut-être pas de même desautres dispositions d'ordre plus

général d'ores et déjà envisagéespar M. Wolfowitz et ses collabora-teurs : ainsi la technologie et lesdifférentes industries françaisesdevraient être démantelées et pourpartie d'entre elles transférées auxEtats-Unis ou à Monaco. Monacoà qui serait attribuée une « zoneprovisoire d'occupation»couvrantles Alpes-Maritimes, les Alpes deHaute-Provence et le Var, en atten-dant «une possible annexion ». Lereste du territoire serait à répartirentre occupants américains et bri-tanniques, les Australiens prenanten charge Tahiti et la Nouvelle-Calédonie, et l'Espagne de M.Aznar recevant, pour prix de sonsoutien diplomatique, une « zoned'influence renforcée »sur le Paysbasque et la Catalogne français etune «souveraineté définitive » surla principauté d'Andorre.

« RETOUR À LA TERRE »Mais la partie la plus discutée du

« plan Wolfowitz sur l'après-Chirac », encore appellé « ProjetRetour à la terre», porte sur le rôle,l'identité-même de la France ausein du nouvel ordre mondial régipar les Etats-Unis. M. Wolfowitzs'est là aussi voulu très clair : « LaFrance continuera bien sûr d'exis-ter, mais en tant que pays voué audivertissement et à l'agricultureextensive». Et quand un journalistebelge se risque à faire remarquerque Hitler avait un temps envisagéune destinée identique pour laFrance de 1940, l'homme du Pen-tagone esquisse, pour la premièrefois, un indéfinissable sourire.

Johnny X

quée hier par le souverain pontifepour recevoir lecture du messageadressé par le secrétaire d'Etat amé-ricain à la Défense Donald Rums-feld. Ce message, « rédigé enaméricain », était d'une teneur rela-tivement violente puisqu'il consis-tait en une «sévère mise en garde »adressée au chef du Vatican, consi-déré par l'administration Bushcomme un «Etat pro-voyou », cou-

« Ces types qui parlent en latincommandés par unmonarque absolu. »

Numéro 2 du Pentagone, M. Wolfowitzprédit un « sombre avenir » à la France

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r e a c t i o n s e n f r a n c e

NEW YORKDe notre correspondant

Un immeuble moderne, à l’opu-lence discrète, toute de verre et debéton, à un jet de champagne deWall Street. Dans le hall spacieux,le panneau cuivré portant les nomset localisations des sociétés logéesici brillle faiblement. La FrenchFree fundation est au 17e étage.150 m2 lumineux, structurées àl’américaine par des cloisonsmobiles, et ponctués de plantesvertes. Au mur, des photos deG.I.’s, de la statue de la liberté, deGeorges Bush... et d’Alain Made-lin. Nous sommes bien au bureaunew-yorkais des « Forces Fran-çaises de l’Extérieur » -prononcezen américain « french free », unjeu de mot avec « frites ».

NEW YORKDe notre correspondant

L’ ex-ministre et président deDémocratie libérale, et actueldéputé en exil Alain Madelin aannoncé ce matin depuis l’espla-nade de Ground Zero à Manhat-tan, qu’il prenait la direction d’un« Comité de libération libérale »voué à «assurer la relève politiqueet culturelle en France, en accordavec les gouvernements deWashington, Londres, Camberraet Monte-Carlo ».Ce gouverne-ment,« en exil très provisoire »aassuré M. Madelin, comprendraitdes économistes, hommes d’en-treprises et créateurs, hommes etfemmes de tous horizons, maisayant en commun « le souci deréintégrer la France dans lagrande famille libérale occiden-

tale, après la longue nuit réac etautoritaire du chiraquisme »

LE SOUTIEN POSTHUMEDU COMMANDANT MASSOUD

On croit savoir qu’une person-nalité marquée à gauche commeBernard Kouchner aurait acceptéle portefeuille des Affaires étran-gères et/ou françaises. Tandis que

Pierre Lellouche, issu lui de ladroite et député des Champs Ely-sées, serait en charge des relationsavec le monde arabe. Assurantqu’il avait, « au-delà de latombe »,la bénédiction du com-mandant Massoud, et arborant unT-shirt à l’effigie du« lion duPanshir »,M. Madelin a annoncéqu’une « brigade de volontaires

New-York. M. Madelin, au cours d’un repas avec la presse diplo-matique dans un restaurant MacDonald de Times Square, aaffirmé que son « gouvernement provisoire » avait d’ores et déjàété officiellement reconnu par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne,Israël, l’Australie, Monaco, le Koweit, le Qatar, l’Afghanistan et laCorée du Sud. « Et ce n’est qu’un début ! » a assuré le député deRedon (Ille-et-Vilaine).

M. Madelin fait état de « premiers succès diplomatiques »

Jean-Marie Le Pen lance l’appel de Rueil-Malmaison :« Debouts, nobles fils de Jehanne ! »

C’est depuis le salon d’apparat de sa luxueuse résidence de Rueil-Mal-maison que Jean-Marie Le Pen, flanquée de son épouse Jany, a lancé un« solennel appel à la résistance française contre l’odieuse agressionyankee ».Le président du Front national arborait pour la circonstance lebéret vert des parachutistes de la Légion, unité dans laquelle il avait servipendant la guerre d’Algérie. Il a brocardé «l’impérialisme américain, voya-geur de commerce du cosmopolitisme affairiste et apatride»et appellé lesFrançais « sans distinction de race, de couleur ou d’origine ethnique »àdéfendre la France « de Pétain et de de Gaulle, de Louis XVI et deRobespierre, d’Henry IV et de Ravaillac »contre « l’ost métissé et cor-rompu des marchands du temple de Manhattan. » « Debouts, nobles filsde Jehanne ! Et qu’un sang impur abreuve enfin nos sillons ! » M. Le Pena ensuite confirmé qu’il serait candidat à l’élection présidentielle de 2007.

Arlette Laguiller :appel à la fraternisation des soldats et travailleurs français, américains,anglais, australiens et monégasques

C’est sous forme d’une cassette vidéo « enregistrée en un lieu tenusecret»que la dirigeante de Lutte Ouvrière a appellé les combattants alliés,français et «tous les travailleurs des pays concernés, à refuser la logiquede guerre impérialiste, en désarmant leurs officiers et en fraternisant surle terrain.»Par ailleurs, Arlette Laguiller a lancé un appel à la «grève géné-rale illimitée reconductible, pour faire capoter la sale guerre de Bush-Blair-Rainier-Chirac».La vieille dirigeante trotskyste renvoie en effet dos à dosles dirigeants alliés et le président français qui, selon elle, «au-delà de leursdifférences de façade, servent tous les intérêts de leur patronat et de leurbourgeoisie respectifs, aux antipodes de ceux des travailleurs de tous lespays. »Puis Mlle Laguiller a invité soldats et travailleurs à « transformer,comme en 1917, le guerre impérialiste en révolution internationaliste.»Ala fin de son intervention Arlette Laguiller a annoncé qu’elle passait dés-ormais à la « clandestinité », enfilant symboliquement une cagoule frap-pée d’une étoile rouge.

Edouard Balladur : « savoir raison garder »

Dans un communiqué, l’ex-Premier ministre de François Mitterrand etdéputé UMPde Paris Edouard Balladur invite les Français à «ne pas donnerprise aux provocations, qu’elles émanent d’une partie ou de l’autre».SelonM. Balladur, l’actuelle situation serait «le fruit d’un vaste quiproquo diplo-matique, voué à se dissiper ». « Il faut souhaîter, poursuit-il, que nos amisaméricains, britanniques et monégasques, auxquels une vision communedes choses et tant d’intérêts nous unissent, comprennent que les erreursd’un gouvernement, ou d’un président de la République, même très graves,n’engagent pas la responsabilité d’une nation tout entière. »M. Balladurse dit encore prêt à créer «au plus haut niveau politique »les «conditionsd’un apaisement bilatéral, pour peu que le Parlement français lui en donneles moyens. » « Dans l’immédiat, conclut-il, il importe de savoir raisongarder et de ne pas se lancer, sous prétexte de “résistance”, dans une aven-ture paramilitaire plus que jamais inopportune dans le monde globalisé quisera de plus en plus le nôtre. »

Alain Besancenot :« soutien révolutionnaire à Chirac »

M. Alain Besancenot, ancien candidat de la LCR à l'élection présiden-tielle, a appelé « toutes les forces démocratiques, progressistes et antifas-cistes à se regrouper derrière Jacques Chirac, pour faire barrage à GeorgesBush, Tony Blair et Rainier III, candidats de l'ultra-réaction internationale».S'exprimant lors de l'émission de France 3 « C'est mon choix », le chef defile de la tendance « Canal + » du trotskisme français, qui avait déjà sou-tenu M. Chirac au deuxième tour de la présidentielle de 2002, a préciséqu'il «n'avait pas la moindre sympathie ou indulgence pour Jacques Chirac,un quasi-dictateur, un menteur, un voleur » mais que « cette année encoreil serait le candidat naturel des forces de gauche ».

François Bayrou :« ne pas perdre de vue l'essentiel »

M. François Bayrou, ancien candidat à l'élection présidentielle et prési-dent de l'UDF, a estimé, dans une interview téléphonique avec le cor-respondant béarnais de la Voix du Nord, que l'intervention anglo-américainecontre la France, « si elle se confirmait, serait certes une chose grave »mais que « pour autant, les vraies questions politiques françaises demeu-raient, au premier rang desquelles la tentative du gouvernement Chirac demuseler toutes formes d'opposition par une réforme du mode de scrutindes élections régionales et européennes. » « Au milieu de l'actuel tohu-bohu médiatique, a poursuivi M. Bayrou, il importe de ne pas perdre de vuel'essentiel et de rester vigilants ».

libéraux »,combattant « provisoi-rement »sous l’uniforme améri-cain, débarquerait bientôt à sontour en Normandie, pour« unenouvelle croisade de la libertéfrançaise qui ne s’achèverait qu’àTéhéran ».Le dirigeant français,exilé à New York après l’échec deson mouverment pro-guerre enIrak, s’est dit sûr de la « maturitédu marché français ». Se repre-nant alors dans un grand rire, M.Madelin a immédiatement recti-fié : « Je voulais, bien sûr, parlerde l’opinion française ! »Puis lenouveau «chef de gouvernement»a symboliquement trinqué à lasanté de l’Occident et de la Paix,levant son maxi-coke vers la statuede la Liberté.

Bob Lebreton

Alain Madelin annonce la formation d’un « gouvernement de libération libérale »

■ RÉACTIONS

ceux qui se « battent pour leuridéal » précise M. Madelin, entredeux crépitements de portable.

UNE ARMÉE DE « WINNERS »Les résultats en tout cas sont là :

le lieu est une vraie rûche, avec dessecrétaires blondes et jolies au télé-phone et aux claviers, des «goldenboys »affairés, les bras chargés dedossiers et la bouche collée au por-table, dans un brouhaha fait de son-neries et d’un mélange de françaiscommercial et de «basic English».On se croirait bien davantage dansles bureaux d’une prospère sociétéde courtage ou de conseil financierqu’au siège d’une armée de volon-taires.«J’ai voulu mettre la Francelibre à l’heure de l’économie-monde et de la communication glo-bale et instantanée »expliqueAlain Madelin, bras de chemise,mèche en bataille et sourire carnas-sier. Et c’est vrai, ici pas de drapeautricolore et de proclamation mar-tiale, mais des ordinateurs où défi-lent des profils de candidats àl’admission dans les FFE. Chaquevolontaire doit présenter une« lettre de motivation libérale » etun C.V. «professionnellement irré-prochable » : «ici on ne veut ni fei-gnants, ni loosers, ni surtoutromantiques patriotards, expliqueJimmy Dupont, le consultant enresources humaines des FFE, onveut des mecs motivés, avec unesprit d’initiative et une vraievolonté de tuer l’adversaire, quelqu’il soit ! ». Avec un tel profilexigé, ce sont les élèves des écolesde commerce qui devraient fournirles gros bataillons des « FrenchFree ». Les grades d’officiers ysont attribués en fonction des pré-tentions financières de chaque can-didat : «Si un type prétend servir, etqui plus est, exercer des responsa-bilités dans notre entreprise mili-taire, explique M. Dupont, et qu’ilprétend faire ça pour rien, ou pour

la France, on le zappe, ou à tout lemoins on le cantonne aux rangssubalternes. En revanche s’il metla barre financière assez haut –disons à partir de 10.000 $ men-suels – on sait que c’est un entraî-neur d’hommes né, un battant, unwinner ! »Le pari d’Alain Made-lin et de son staff, c’est que la guerremoderne est moins affaire de cou-rage que d’agressivité et de dyna-misme, et que celui qui a suconquérir des marchés, conquerratout aussi bien un pays. C’est pour-quoi, et Alain Madelin n’est paspeu fier de cette particularité statu-taire des FFE, il n’est pas nécessaired’être français pour intégrer cette« armée de winners ». « Au

« Ici on ne veutni feignants, ni losers, ni surtoutromantiquespatriotards »

contraire, explique le député deRedon, un étranger aura moinsd’inhibition pour parvenir àgagner son challenge en terreétrangère, qu’un Français tropsentimental, pas assez profession-nel par rapport à la France ». Ilfaut reconnaître que ce raisonne-ment se tient. Du reste précise-t-on,«le recrutement étranger est prati-qué depuis longtemps par l’arméeaméricaine alors...». Alors les FFEcontinuent tranquillement d’étofferleurs effectifs – tenus secrets – pourformer cette « armée de gagneurset de meilleurs »qui va, aux côtésdes Américains, non seulementlibérer la France, mais la «rénoveret la redynamiser ».

Les « French Free » recrutent... à Manhattan :Français « libéraux plutôt que libres »

BOBIGNY(Seine-Saint-Denis).

Dans un prêche enflammé pro-noncé devant des milliers de fidè-les rassemblés dans la mosquéeprincipale Al Quods de Bobigny,Sid Hadj el Arabi, grand mufti deSeine-Saint-Denis, et plus hauteautorité sunnite de la petite cou-ronne parisienne, a appellé les

musulmans de la région à s’enga-ger résolument « dans la guerresainte contre les impies arrogantset hypocrites qui aujourd’hui pro-fanent la terre sacrée de l’Islam ».De nombreux fidèles, le front ceintdu traditionnel bandeau vert demartyrs, ont alors juré de défendre«jusqu’à la mort la terre sainte dela Seine-Sainte-Denis ».

Le grand mufti de Seine-Saint-Denisappelle au « djihad » contre

les « agresseurs américains et sionistes »

■ UN DÉMENTI DE M. MICHEL ROCARD : M. Michel Rocard, ancien Pre-mier ministre, nous prie de préciser que, contrairement à ce que nousécrivions dans notre édition du 4 septembre, il n'est pas mort. TheMonde prend acte de ce démenti mais maintient quant à lui ses infor-mations.

■ MEDEF : le drapeau américain, qui avait été hissé au balcon du siègedu Medef, avenue Pierre Ier de Serbie à Paris, à l'annonce du débar-quement anglo-américain en Normandie, a finalement été amenévers 10 heures et remplacé par le drapeau français. M. Ernest-AntoineSeillière, président du Medef, a minimisé l'incident, « à mettre aucompte de l'enthousiasme, excessif et prématuré, de certains de nosjeunes collaborateurs. »

Depuis des mois, depuis aufond que se prépare l’opérationDoulce France, l’ex-président deDémocratie libérale, en exil new-yorkais depuis que l’air de laFrance « chiraco-pacifiste » lui estdevenu « irrespirable », a beau-coup parlé, rencontré de décideurset travaillé dans la « GrossePomme ». Le résultat est là : lesForces françaises de l’Extérieur,émanation militaire de son« Comité français de libérationlibérale » (CFLL), sont sur lesrails, grâce à des investisseursaméricains, « amis de la France etdu libéralisme », amis aussi de

Les volontaires sont davantage jugés sur leur prétention financière que sur leur patriotisme et leur volonté de se battre

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g u e r r e p s y c h o l o g i q u e

GLASGOW (ECOSSE)De notre correspondant

Une mer houleuse, vert sombre,un ciel bas et gris, un vent glacial,Monica IV, station de pompage dela BP en mer du Nord, ne peutvraiment pas être confondue avecIbiza ou Mykonos. Et pourtant ons’y bouscule et on y passe pas malde musique depuis peu : car Jes-sica IV héberge désormais Radio

« FAIRE TOUT COMPRENDREAUX FRANÇAIS »

Son patron est d’ailleurs ungénéral trois étoiles, Arthur MacArthur II. Qui annonce clairementla couleur de sa radio : «une radiopour faire comprendre aux Fran-çais où sont le droit, la vérité, etpourquoi ils doivent nousaccueillir comme des grandsfrères (« big brothers ») »Et pourfaire passer le message, pas mald’émissions politiques d’informa-tion, dispensées «autant que pos-sible » par des Français.

RADIO FREE FRANCEOU LA VOIX DE L’OFF-SHORE

Quels Français ? «On a un peude tout, explique le général MacArthur II, d’ex-cadres de Démo-cratie libérale, des éditorialistesde la gauche américaine, des gensqui ont besoin de bouffer, tout sim-plement ! »Aujourd’hui les émis-sions de Radio Free Franceétaient, bien sûr, exclusivementconsacrées à l’offensive anglo-américaine sur la France et à sesjustifications. Entre deux airs

d’accordéon et une ritournelle deMaurice Chevalier, on a ainsi puentendre un exposé (pré-enregis-tré) de l’essayiste Alain Minc surla « guerre pacificatrice », uneallocution de l’ancien ministre enexil Alain Madelin sur « l’occupa-tion libératrice » et une plaidoiriede l’avocat Arno Klarsfeld sur la« nécessité d’une épuration impi-toyable de la société française dePapon et Chirac ». Toutes les

demi-heures un bulletin d’infor-mation annonçant les derniers pro-grès des alliés, les redditions demilitaires français. Et tout au longdes programmes, la ponctuationd’un indicatif de circonstance, le« I love America » de PatrickJuvet : « une autre concession àl’exception culturelle française ! »conclut le général Mac Arthur IIdans un grand rire communicatif.

Mike Dupont

Un exemple de tract largué par les avions américains au-dessus de la région parisienne

DEPUIS plusieurs heures l’aviation alliée alterne au-dessus des prin-cipales villes du nord-ouest et du sud-est de la France bombardementset lâchers de millions de tracts, incitant les Français à ne pas s’opposerà l’action des troupes anglo-américaines. Voici le texte de l’un deux,largué au-dessus de la région parisienne.

Une radio américaine émet en français depuis une plate-forme pétrolière en Mer du Nord.

NEW-YORK.D'un autre correspondant

C'est « the talk of the town » ence moment dans la « GrossePomme », singulièrement dans lesmilieux politiques et médiatiques :Jacques Chirac, à l'instar deSaddam Hussein, aurait recoursdepuis des années à des sosies. Al'origine on trouve, relayée parplusieurs journaux de référence dela côte est, une rumeur relative àune cassette VHS saisie récem-ment par le FBI chez un restaura-teur français de GreenwichVillage : cette video contiendraitdes enregistrements d'émissionsdiffusées voici quatre ans par lachaîne française TF1 où apparaî-trait un personnage qui, selon lesexperts du renseignement améri-cain, serait présenté comme étantle président français, mais dontplusieurs détails, notammentphysiologiques, donneraient àpenser qu'il s'agit en fait d'un sosie.Selon l'hebdomadaire New York'sBig Bazaar, les hommes du FBIont pointé des « expressionsoutrées », et des « points physio-nomiques non concordants »comme par exemple un «systèmecapillaire à racines blondes » ou« une musculature zygomatiqueanormalement développée ». Lavoix du « Président », étudiée parles moyens les plus modernes d'a-nalyse sonore, « clocherait »aussi :« a really vulgar intona-tion »selon les hommes du contre-espionnage américain.

DÉTAIL TROUBLANTLe restaurateur français, tenu au

secret et « cuisiné »sans relâchedepuis une semaine, s'obstineraità nier le caractère politique de sacassette, et prétendrait qu'il s'agitd'une prestation d'un amuseur etimitateur assez populaire, semble-t-il, en France, et par ailleursconnu pour ses liens avec JacquesChirac. Mais pour les Américainsl'aveu des liens de cet « imitateur »avec le président français apparaîtbien comme une confirmation de

leur hypothèse. Reste le pourquoide cette éventuelle pratique ély-séenne : commodité politique ? oud'ordre privé ? A l'appui de sathèse le FBI indique que l'on aenregistré, « depuis des années »,de nombreuses incohérences dansle comportement politique deJacques Chirac et nombre depropos contradictoires. Une choseest sûre : unique ou multiple, leprésident français est très présentdans les conversations de NewYork à Boston !

Spencer Godin

La presse américaine fait étatde l'existence de sosies

de Jacques Chirac

LONDRES. « Chirac s'est fait sodomiser par Saddam, et ce garçon aimeça ! » ; « La France, vieille pute qui s'efforce de remplacer sonancienne clientèle nazie par les nouveaux riches arabes ! » ; « HéJacques, tu le sens bien le scud de Saddam ? ! » Voici quelques-unsdes (très) gros titres qu'on pouvait lire la semaine dernière à la unedes quotidiens tabloïds de la presse britannique, qui diffusent entout à une douzaine de millions d'exemplaires. Ces titres-choc s'ac-compagnaient de photomontages d'un goût parfois contestable,comme celui du Sun de mardi dernier, où un Jacques Chirac sou-riant, allongé nu sur le ventre, se faisait administrer par un SaddamHussein hilare un missile en guise de thermomètre dans l'anus, avecla légende suivante : « Saddam : c'est l'heure de prendre la tempé-rature des relations franco-irakiennes ! ».

« PRESQU’AUSSI CONNE QUE DIANA »Cette veine polémique, qui s'inscrit dans une certaine tradition cocar-dière et ordurière britannique, s'explique essentiellement par la posi-tion française lors de la deuxième guerre du Golfe. Même le trèssérieux et compassé The Times, « quotidien de Buckingham et de laCity » titrait récemment sur « la bougnoulisation de la diplomatiefrançaise », et le prince Charles, familier des déclarations-choc, n'au-rait-il pas confié la semaine dernière à un ami qu'il jugeait la politiqueinternationale française « presqu’aussi conne que Diana » !

La presse populaire britannique a préparé son opinion par de violentescampagnes antifrançaises

Monica s’appelle à présent... Radio Free France : la nouvelle station de la «France libre» sous influence américaine propose des émissions politiques mais aussi musicales de qualité

L’OFFENSIVE AMÉRICAINE est aussi psychologique.Ainsi la station Radio Free France émet-elle enfrançais et en franglais depuis une plate-forme

pétrolière de la Mer du Nord, à destination de lapopulation française. DANS CE DOMAINE l’admi-nistration américaine enregistre sa premièree

bavure, le chanteur Patrick Juvet contestant l’u-tilisation de son tube «I love America» par RadioFree France. ENFIN LE SYNDRÔME SADDAM affecte

toujours la presse américaine, qui s’interroge surl’utilisation de sosies par Jacques Chirac, etpublie des photos effectivement troublantes.

« faire comprendreaux Français où sont le droit, la vérité »

Free France, station officiellementfinancée et dirigée, à parité, par laC.I.A. et le Pentagone, et dont lesémissions, musicales et journalis-tiques, sont à destination de laFrance et des Français.

■ GUERRE DES ONDES

■ SOSIE N°1

■ SOSIE N°2

■ SOSIE N°3

■ L'ALLEMAGNE SE DÉCLARE NEUTRE : L'Allemagne a fermé sa fron-tière avec la France, selon un communiqué du ministère allemand des Affai-res étrangères. Berlin, bien que proche de la position française sur l'Irak etGeorges Bush, redoute en effet un afflux de réfugiés, de chômeurs et de res-sortissants français de confession musulmane que l'actuelle situation éco-nomique et sociale de l'Allemagne ne lui permettrait pas de nourrir.Rappelons que selon les experts de l'OCDE et de l'OSCE le taux de chô-mage et le néonazisme pourraient approcher les 20 % cette année en RFA.

EN BREF

Le chanteur Patrick Juvet s’oppose à l’utilisation de son tube

« I love America » par Radio Free FranceRAMATUELLE (VAR)

Notre envoyée spécialeLe chanteur Patrick Juvet a eu,

ce midi, un réveil mouvementé surles hauts de Ramatuelle, où il logedans la villa d’un ami. Le bruit desbombardements américains etmonégasques sur le littoral l’ad’abord tiré de son sommeil. C’esten branchant la radio qu’il a eu lasurprise de découvrir, tout d’abordle déclenchement d’opérations debombardements et de débarque-

ments américains sur la Côted’Azur, et ensuite qu’une radio seprésentant comme la voix de « laFrance libre dans l’amitié atlan-tique », apparemment seule à êtrecaptée en Provence, utilisait sontube des années soixante-dix, Ilove America, pour indicatif.

Dans un communiqué à la sta-tion privée Energy, Patrick Juvet,après avoir rappellé qu’en tant queSuisse il se considérait commeneutre, a exprimé sa « désappro-bation » quant à l’utilisation de sachanson. « Je ne m’intéresse pasbeaucoup d’ordinaire aux nouvel-

les, explique le chanteur, mais làc’est dingue ! J’ai vraiment dûrater une séquence du film ! ». Etd’ajouter : «Je ne comprends pas :pour moi l’Amérique, la vraie,c’est le studio 54, Marlon Brando,Village People, le fun en un motcomme en cent ! Je ne connais pasles raisons de M. Bush et je lesrespecte mais moi je ne peux pascautionner avec ma chanson untruc aussi gigantesque et pas tropfun on dirait ! ». Rejetant d’uncoup de tête nerveux sa légendairemèche blonde en arrière, le chan-teur, sur lequel les années ne sem-blent pas avoir de prise, dit qu’ils’intéresse surtout, « en cemoment, »à l’émergence d’unenouvelle scène disco, « trèsinfluencée par le groove qu était lemien dans les seventies ».

Patrick Juvet a conclu en espé-rant que les choses s’arrangeraienttrès vite et en saluant « tous sesfans de France, d’Amérique etd’Irak ».

« je ne peux pas cautionner avec machanson un trucaussi gigantesque »

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i n t e r n at i o n a l

MADRIDDe notre correspondant

Le premier ministre espagnol seserait sans doute bien passé decette indiscrétion de la chaîne télé-visée américaine Fox News. Selonce « network », très proche de laMaison-Blanche et de tonalité trèsbelliciste, M. Aznar aurait, voicideux jours, à l’occasion d’un appeltéléphonique de Georges Bush l’a-vertissant d’une opération immi-nente contre la France, « supplié »son correspondant d’« intervenir »aussi en Espagne. Le chef du gou-vernement espagnol aurait expli-qué au président américain que lepays était « hors contrôle » et qu’ilcraignait désormais une « insur-rection populaire anti-atlantiste ».M. Bush aurait tenté de calmer sonallié espagnol qui, à en croire FoxNews, « pleurait dans lecombiné », lui promettant « defaire quelque chose »dès qu’ilaurait « digéré l’Irak, la Syrie,l’Iran et la France ».

« LE ROI NE RIGOLE PLUS »Confronté à une révolte ouverte

de la population – qui s’exprimepar des grèves générales et desmanifestations dont les plus récen-tes ont réuni quelque cinq millions

ROMEDans l’actuelle crise franco-

américaine, M. Silvio Berlusconisemble vouloir s’en tenir à la poli-tique de « soutien passif » qui étaitdéjà la sienne dans le conflit ira-kien : pas d’intervention effective,mais des « facilités » consenties àl’ami américain. Le « cavaliere »a ainsi donné le feu vert aux trou-pes américaines stationnées enLombardo-Vénétie pour l’utilisa-tion du tunnel du Mont-Blanc.Encore cette autorisation s’ac-compagne-t-elle d’un importantbémol : il faut que les normes desécurité de la partie italienne dutunnel soient une dernière foiscontrôlées par les experts, afin,

explique le président du conseil,que « nos amis américains ne ris-quent pas d’être confrontés à unetragédie » de l’ampleur de cellequi avait endeuillé le tunnel en1999. Or après quatre ans, les tra-vaux de sécurisation ne seraient« pas totalement achevés » selonle ministère italien des transports.

NICE, LA SAVOIE, LA CORSEET LA CINQ ?

Ces restrictions ne doivent pasfaire l’affaire du président améri-cain qui ces derniers temps n’a pasménagé ses efforts pour obtenir unengagement actif de l’Italie dans sanouvelle croisade antichira-quienne. Ainsi, selon le quotidien

italien La Stampa, la conseillère dela Maison blanche pour la politiqueétrangère, Mme Condoleezza Rice,aurait secrètement rencontré M.Berlusconi au mois d’août, sur une

visoirement provisoire » de laSavoie, de Nice et de la Corse parl’Italie. M. Berlusconi aurait été«très touché » par cette offre amé-ricaine, qui correspond du resteexactement aux revendications deMussolini en 1940. Mais le cava-liere aurait également réclamé le« redémarrage » de sa chaîneprivée hertzienne française, « LaCinq », dont l’échec dans lesannées 90 est pour beaucoup dansson animosité envers la France.Mme Rice aurait alors déclaréqu’elle comprenait parfaitementcette « exigence culturelle » duprésident italien, et qu’il n’y avait« pas de problème ! ».

William Capone

de personnes – M. Aznar n’en finitpas de payer son alignement sur lapolitique américaine. Sa récenteapprobation de l’emploi de l’armenucléaire contre l’Iran a encoreterni son image : selon un toutrécent sondage, la cote deconfiance du premier ministretournerait autour de 2 ou 3 %. Unesituation qui commence à inquié-ter son parti, le Parti populaire, lui-même tiré vers le bas par sonpatron, et d’ailleurs abandonné parplusieurs députés. Le roi lui-mêmeest sorti de sa réserve : lors d’uneréception organisée la semainedernière au palais du Pardo àMadrid, Juan Carlos est restéostensiblement de glace alors queM. Aznar lui racontait une histoiredrôle. Tous les observateurs pré-sents ont interprété cette impassi-bilité royale comme le signeévident d’une « défaveur »de M.Aznar, dont les plaisanteriesavaient d’ordinaire le don d’é-gayer le roi. Un quotidien madri-lène, après avoir titré son éditorial« Le roi ne rigole plus », a mêmeconseillé à M. Aznar de postulerdésormais pour une place de«bouffon à la Maison-Blanche »!

Kevin Aparecido

José Maria Aznar aurait demandéà Georges Bush d’intervenir

également en Espagne

EN BREF

Le demi-interventionnisme de Silvio BerlusconiLe président du Conseil italien réaffirme sa non-intervention mais autoriserait

le passage du tunnel du Mont-Blanc aux forces américaines.

MOSSOULKurdistan irakien,

kurde ou turcDe notre correspondant

Au septième jour de leur offen-sive en Syrie, les troupes améri-caines approchent de Damas maisse heurteraient à des tirs de missi-les sol-sol, des « déluges » dekatiouchas, des champs de mineset des commandos-suicide defemmes voilées. « La routine »explique le major Ike Eisenhowerjunior, de la 333e division d'infan-terie américaine – les fameux«Giant Fuckers » – qui assure queson unité ne compterait qu'« une

UN PILLAGE KURDEDÉGÉNÈRE GRAVEMENT

D'autant qu'au nord du pays, lesnouvelles ne sont pas meilleures :la colonne de 5 000 peshmergas– combattants kurdes – partis deMossoul voici trois jours se seraitarrêté, peu après la frontière syro-iraquienne, dans une bourgadesyrienne pour piller, selon la tradi-tion kurde, les maisons abandon-nées. Le partage du butin et la

Le « chemin de Damas » des « Giant Fuckers »contestation qui s'en est suivie arapidement dégénéré, selon unreporter de Bush-TV, en de vio-lents combats fratricides entre fac-tions et tribus kurdes. Descentaines de peshmergas auraientpéri, ainsi que plusieurs Améri-cains des Forces spéciales chargésde les encadrer.

Une poignée de ces derniers,retranchés dans une maison,auraient alors demandé à l'aviation

un « feu ami de dégagement » surle village. Le bilan de l'opération« Holidays in Alep » (« Vacancesà Alep ») – tel est le nom de codede cette offensive secondairekurdo-américaine en Syrie – pour-rait donc encore s'alourdir.

Décidemment pour les Améri-cains, le chemin de Damas n'estpas la route 66 !

Mohammed Al Yanki

plage privée de Sardaigne, pour luipromettre, en cas de participationitalienne à l’opération DoulceFrance, une administration « pro-

Exactement les mêmes revendications queMussolini en 1940

BASSORAHFrontière irako-iranienne

de nos envoyés spéciauxSelon le porte-parole de l'armée

américaine pour les opérations enIran, Johnny Go, l'opération « Dis-interested crusade » (« croisadedésintéressée ») se déroulerait « defaçon plutôt sympa » au septièmejour. Sur le front sud, la 512e divi-sion d'infanterie américaine – lesfameux « Ducky boys » – s'appro-cherait de la ville iranienne arabo-phone de Khorramchahr, appuyéepar des unités des Royal royals bri-tanniques et deux brigades blin-dées du 7e corps de cavalerie US –les fameux « Western cowboys ».L'aviation et les hélicoptères Bar-racuda s'efforcent, précise M. Go,de « carboniser toute résistanceiranienne grâce à une puissance defeu “schwartzeneggerienne" ».

BOMBES HUMAINESÀ FRAGMENTATION

Reste que cette résistancedemeure vive et meurtrière pourles forces coalisées. Il se confirmeainsi qu'hier soir, à 10 km à l'ouestdu port de Khorramchahr, uneavant-garde américaine forte d'unchar lourd Rambo IV et de troisblindés légers Mickey Mouseaurait été proprement pulvériséepar une attaque-suicide de « gar-diens de la Révolution » – lesfameux « pasdarans ». Ceux-ci, et

c'est là un élément nouveau quiinquiète les stratèges alliés,auraient expérimenté « en tempsréel » un nouveau concept, la« bombe humaine à fragmenta-tion »: chaque kamikaze serait eneffet bardé de bombes qui enexplosant libéreraient une centainede munitions plus petites mais très

des miliciens de Téhéran, se ruantlittéralement sur les mitrailleuseset les canons américains, sansautres armes que des sabres, descorans et des pierres. L'élan de cesmasses hurlant «Dieu est grand !»a été tel que la première ligne amé-ricaine a été un temps submergée.Mais la puissance de feu des mari-

Suicide de masse sur le front iranien

petite centaine de tués et peut-être400 blessés ». Reste que cette« routine » vient d'être quelquepeu bousculée, tôt ce matin, à80 km à l'est de Damas, par uneattaque aérienne d'un type nou-veau.

Selon les premières informa-tions, il semble bien que l'intégra-lité de l'aviation de chasse etd'assaut syrienne, peut-être 200Mig 21 et 23 et quelques vieuxMirage IV, a surgi en rase-motteau-dessus des colonnes américai-nes, déjouant ainsi toute détection,et s'est écrasée sur celles-ci. Selonle colonel MacMiche, du 3e Ran-gers de l'Ohio – les fameux«Ohio's Weirdos » –, « il n'est pasquestion de dramatiser, mais c'estquand même la grosse tuile ! ». Ilest impossible pour l'instant d'avoirun bilan plus précis mais, si elle seconfirmait, cette attaque aériennesuicide pourrait durablement stop-per la progression américaine surDamas et le littoral syrien.

l'aviation syriennes'est écrasée sur les colonnesaméricaines

meurtrières. Selon un expert, unseul pasdaran pourrait ainsi provo-quer jusqu'à « 500 » déflagrations.

ATTAQUES-SUICIDE DE MASSESur le front nord, en Kurdistan

iranien, pour défendre Tabriz, lesforces iraniennes ont recouru enrevanche à des recettes éprouvéesquoique coûteuses : ainsi les posi-tions du 1ercorps des Marines – lesfameux «Black Sharks »– ont étéassaillies une heure durant par desmilliers de vieillards, de femmes etd'enfants fanatisés, encadrés par

nes leur a permis finalement derepousser l'assaut ennemi. LesAméricains prétendent avoirrecensé 10 823 cadavres iranienssur les lieux, eux-mêmes déclaranttrois blessés, dont deux par « feuami». L'un des marines témoigne :« Woaw, nos mitrailleuses ont tel-lement chauffé qu'elles ont prisfeu ! Ça me rappelait la chasse aubush tetra chez moi en Virginie !On peut dire que cette guerre, c'estdu sport ! »

Kevin Charbonneauet Mike Oussekine

Les hôtes encombrants de la SyrieLa Syrie de Bachar Al Assad abrite-t-elle des conseillers militaires d’« Etats-voyoux » ? C’est en tout cas ce qu’affirme Donald Rumsfeldqui accuse les Syriens de travailler avec des agents nord-coréens (axedu mal), français (axe de l’incorrection) mais aussi, et c’est un faitnouveau inquiétant selon M. Rumsfeld, des membres de redouta-bles services spéciaux maliens (axe du moindre mal). De son côté,Monsieur Koffi Traoré, attaché militaire malien à Damas, a démentila présence sur le sol syrien des fameux et très craints “Black NinjaSuperpower Rangers” déjà auteurs de nombreux délits dans lagrande banlieue de Bamako...

■ DES TROUPES TURQUESen Kurdistan irakien. Selon l'AFP, Reuteret Al Jazeera, 30 000 soldats turcs fortement appuyés en blindés, héli-coptères et artillerie, seraient entrés ce matin à l'aube en territoire auto-nome kurdo-irakien. Des dizaines de milliers de civils kurdes tenteraientde fuir les combats en direction de Bagdad.

■ BAGDAD pas encore« tout à fait »sécurisée. 6 mois après le déclen-chement de l'offensive contre l'Irak, la ville de Bagdad ne serait « pasencore tout à fait sécurisée » selon des sources proches du Pentagone.Des petits groupes de baasistes et de mercenaires « islamo-chiraquiens »continueraient d'entretenir une guerilla sporadique et mercredi, un petitcommando de «sosies de Saddam Hussein »a même symboliquementattaqué les locaux de la nouvelle télévision irakienne, « The Voice ofdemocratic Irak », filiale de CNN.

■ LE SADDAM Hussein détenuau Pentagone ne serait finalement pasle vrai. Selon plusieurs journaux de la côte est, le Saddam Hussein offi-ciellement détenu depuis trois mois dans la prison spéciale de Marylin(Georgie) et exhibé dans une cage par les autorités américaines lors dela fameuse« conférence de presse de la victoire », ne serait pas le bon.Il semble en effet que l'individu parle très mal l'Arabe et ait donné « 25mauvaises réponses sur 30 questions »lors d'un quizz sur l'Irak orga-nisé par la CIA. L'homme, rappelle-t-on, aurait toujours prétendu êtregrec et s'appeler Dimitrios Teodorakis. Ces spéculations ont en tout casirrité le secrétaire d'Etat américain Donald Rumsfeld qui a déclaré quepour lui, « il n'y avait pas photo » et que Saddam Hussein serait soumisà la procédure judiciaire et politique normale à savoir : « interrogatoireaux fins de renseignements, interview chez Larry King sur la chaîneCNN, procès-fleuve de haut standing et injection léthale. »

■ MISSILES SYRIENS «antisémites » surTel-Aviv.Comme c'était à pré-voir, Israel a fini par être «éclaboussé » par les diverses offensives amé-ricaines au Proche-Orient. Ainsi la capitale administrative Tel-Aviv a étéfrappée hier soir vers minuit par plusieurs missiles longue portée syriensqui auraient fait au moins un millier de victimes civiles. Si le gouverne-ment Sharon a accueilli «sereinement »la nouvelle, la probabilité d'unetelle frappe ayant été acceptée depuis longtemps par les milieux diri-geants israéliens, le fait que les missiles n'aient touché que des Juifs a enrevanche surpris, dans une configuration où populations juives et arabessont assez« imbriquées ». L'hypothèse que les missiles syriens dispo-sent de «sélecteur ethnique »inquiète notamment les experts militairesaméricains qui pensaient jusque-là que seules leurs bombes de type«Baby Boy »(lire page 9) étaient capable d'une frappe sélective.

■ L'INDE ET LE PAKISTAN , mettant à profit la criseen Europe, ont pro-cédé à des essais nucléaires «de forte amplitude» l'un contre l'autre. SelonReuter une bombe pakistanaise de type « super Al-Qaida »a ravagé lecentre de New Delhi, capitale fédérale indienne vers 0 heures 33 GMT.Moins de dix minutes plus tard un missile indien «Shiva Raaawajaalmundi12 »rayait de la carte la moitié ouest d'Islamad, capitale du Pakistan.

AU SEPTIÈME JOUR DE LEUR OFFENSIVE, lesforces américaines progresseraient versDamas abondamment bombardée. Desmissiles de croisières syriens auraient

frappé Tel Aviv. SUR LE FRONT IRANIEN l'avan-cée américano-britannique serait bloquéeprès de Khorramchahr et dans le nord lesforces combinées américano-kurdes opé-

rant depuis l'Irak menaceraient la ville ira-nienne de Tabriz. LES FORCES TURQUESseraient rentrées en Kurdistan irakien pourlibérer « davantage » les Kurdes.

Page 14: TheMonde

Giboulées de parachutistes

a u j o u r d ’ h u i

Décès

La délégation provisoire exilée du parti BaasL’ambassadeur d’Irak à DamasLe gouvernement turcLe trésorier du RPRLa société Total

Ont la douleur très cruelleDe vous faire part

Du décès accidentelde

Saddam HusseinSurvenu à Bagdad dans sa 68e année

«Le souci commun rapproche les cœurs »

Jean Mermoz

Le gouvernement fédéral américainLe gouvernement israélienTexacoGeorges BushOussama Bin LadenLa communauté chiite irakienneAlan MadelinLes groupes MacDonald et Coca-cola

Ont la satisfaction non feinteDe confirmer la disparition de

Saddam HusseinCriminel de guerre, dictateur et exploiteur du pétrole voire du peuple irakien

AU CARNET DE « THE MONDE »

Naissances

Condoleezza et Alainont la joie d’annoncer la naissance de

Kevin Rice-Madelin« You are the sunshine of my life »

Anniversaire

Noces de plaqué orGeorges W. Bush et Aline Madelin

Sont heureux de faire savoir au monde,aux abonnés de The Monde

Qu’ils entament leur troisième année de bonheur

White House, Washington DC USARedon (Ille-et-Vilaine)

Souvenir

Voici quarante ansJohn Fitzgerald Kennedy

disparaissaitAssassiné

par les tueurs baasistesirakiens de Bin Laden

N’oublions jamais !

« Nous ne l’avons certes pas volé ! »Suite de la première page

Or, dans cette nouvelle guerremondiale entre ce qu’il faut bienappeler – eh oui M. Chirac ! – leBien (les démocraties regroupéesautour de l’Amérique) et le Mal(l’Irak, l’Iran, la Syrie, la Libye, l’A-rabie Séoudite, le Yemen, la Coréedu Nord, le Venezuela, la Russie, laBiélorussie, la Chine, la Serbie…),M. Chirac et les siens ont choisi lemauvais camp. Le retour de baton–le châtiment plutôt – était inévita-ble. Il faut le répéter avec force :cette réaction anglo-américaine,nous ne l’avons certes pas volé !

Aujourd’hui l’Amérique nouspunit et elle nous sauve : en un sai-sissant et ô combien émouvantremake du 6 juin 1944, des G.I.’s–et des « tommmies» – débarquentou sautent sur la Normandie, des

avions frappés de l’étoile blanchebombardent des objectifs straté-giques français. Certains grincheuxdénonceront encore l’« invasionétrangère », l’«impérialisme amé-ricain»en des termes que ne renie-raient pas Josef Goebbels hier etSaddam Hussein aujourd’hui : on ales modèles qu’on mérite…

Eh bien nous qui sommes démo-crates avant d’être niaisement fran-çais, nous qui sommes conscientsdes formidables enjeux de cetteguerre de sécession universelle,nous disons que cette « invasion »est une chance pour la France etpour cette vieille Europe bêcheuse,pleine de varices, à laquelle, en uneseule étreinte, l’ami américain varedonner un sacré coup de jeune.Thank you so much America !

Le sacre américain de Guy BedosSuite de la première page

BROADWAY (New-York).C’est l’événement mondain,

comique… et politique du trimes-tre à Broadway. La capitale uni-verselle de l’« entertainment »,pourtant blasée et très peu franco-phile, fait un triomphe à notre GuyBedos«national »pour son show« Something’s rotten in the king-dom of France »(«Quelque chosede pourri au royaume deFrance »). Cet hilarant jeu demassacre n’épargne aucune per-sonnalité, aucun parti, aucuneinstitution et même «aucun senti-ment » français. On savait queBedos avait la dent dure contrenotre – son ? – pays, mais là lecomique d’origine socialisteatteint à une puissance de feu aussidévastatrice que celle d’un B52 !

Chirac, Sarkozy, Chevènement,Le Pen,Villiers, Boutin, Laguiller,l’armée, les curés, les islamistessont exterminés sous les rafalescomiques, d’une précision digned’un missile Tomahawk. Last butnot least, Bedos le « Frenchy »afait l’effort de s’exprimer enanglais. Bref, succès garanti chezles New-yorkais qui ont le senti-ment de trouver enfin un langagecommun avec (au moins) un Fran-çais. Et qu’en pense le héros dujour ? : «Ça me touche beaucoup.J’ai tellement honte d’être le com-patriote de Chirac et de Papon. Etlà j’ai le sentiment d’avoir trouvéune nouvelle patrie, encore que jedéteste ce mot ! » En tout cas il yavait au moins un «compatriote »ce soir-là au Madison SquareGarden : Alain Madelin, venu luiprésenter, dans sa loge, l’hom-mage de la France libre libérale.

TF SUPER ONE

14.45 New York police judiciaire 15.35 Lesdessous de Palm Beach (Sr), Pas d’orchidéepour le dealer 16.25Pacific Blue Série. Règle-ment de compte ◆ 17.25Beverly Hills, Echecaux kids 18.55 The new Big deal, jeu avecLagaffe et Jerry Lewis ◆ 19.55 Météo reportprésentée par Ev. Dhéliat et Sheena Brooks),Journal franco-américain, Tiercé.

20.55 THE DARK NINJA 3 Film de Yoram Dia-mond. Avec Steven Seagal, Patrick Swayze,Shannon Tweed, John Reno, Catherine Zeta-Jones (EU, 1997). Johnny White mène sa vietranquille d’homme de pub californienquand sa femme est enlevée par des bar-bouzes français. Selon un processus déjàéprouvé lors des premiers épisodes, ildevient un «super-ninja» qui, avec ses com-pagnons, affrontera un cruel espion français,et ira chercher son épouse jusqu’à Paris. Unbon film d’action sur fond très actuel d’anta-gonisme franco-américain.

22.40 LEAD YOUR LIFE (Vis ta vie). Au som-maire : «Lead your life» dans une villa de luxeà Malibu ; …dans un club d’échangistesnew-yorkais ; …dans un fast-food à Paris, etc.présenté par L. Ferrari et Jessica Mac-Donald0.25 Vol de nuit : PPDA et John Pattersonreçoivent Michael Crichton.

1.35 REPORTAGES Flipper le dauphin démineUm Qasr 2.00 Très chasse La traque dugrizzly royal dans les Rocheuses 2.55Terroirsd’ici et d’ailleurs. Les Appalaches, la Corrèze,l’Oregon. Documentaire. 3.35Le Mont Saint-Michel, sentinelle de la mer et de la chré-tienté, Documentaire.

FOX FRANCE TV (EX-FRANCE 2)

16.45 Un livre Trois jours pour maigrir deMary Higgins Clark ◆ 16.55Letters and num-bers (des chiffres et des lettres) 17.25 LesFeux de l’amour ◆ 18.05 Urgences Fatalcoma 18.50 CD Today : Céline Dion ◆ 19.45Objectif France : les Folies Bergère ◆ 19.50Boy and girl (un gars, une fille)◆ 20.00 Thenews of America and the rest of the world

20.50 FOOTBALL AMÉRICAIN Finale de laCoupe Gold : Giants de Des Moines contreYankees de Boston. En direct du stade Gigan-tic Bowl de Des Moines. Commentaires :Mike Fraser et Thierry Adam ◆

22.55 COMME À HOLLYWOOD l’hebdo ducinéma

23.05ALERTE MAXIMUM Film de John J. Patton.Avec Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stal-lone, Chuck Norris, Tracy Lord (EU, 1990)Suspense & action.1.05 The News, Météo report 1.25 CDToday : Barbara Streisand

1.30 Ciné-club Hommage à Russ Meyer –Gigavixens Film. Lolie Ferrari, Rita Mansfield,Shannon Naughty, Johnny Maccionne (EU1978) 3.30 Show Total gym (pub) 4.45 Show AbWorker (pub) 5.15 Cathédrales de Beaucedocumentaire.

TÉLÉ-M (MURDOCH, EX -FRANCE 3)

17.30Débats du Congrès à Washington (dif-féré). 18.30 Skippy le kangooroo, Skippycontre le Diable de Tasmanie ◆ 18.20 Ques-tions pour un champion présenté par DianaRidgway et Julien Lepers ◆ 18.50 The News–France, région et Australie, météo report ◆ 20.10 All sports from the world 20.20 LeFabuleux Destin de…Liza Minelli.

20.55 REGARD VICIEUX Téléfilm. Avec Shan-non Tweed, Shannon Elizabeth, ShannonPiggy, Mike Burns, Billy Brackmarr (EU, 1995)Une psychothérapeute sexologue tombesous la coupe de son patient, un névrosésexuel à tendances fétichistes déviantes.

22.30Evening News, Météo report (Franceet Australie)

22.55 ETATS VOYOUX, ETATS JALOUX Documen-taire Fox News W. Supermann Un docu-mentaire primé au Las Vegas DocumentaryContest 2002 qui décrit les dérives de cer-tains pays européens vers un anti-américa-nisme primaire et insupportable.

O.05 Falcon Crest Série, La colline aux pouf-fes O.55Ombre and lumière : P. Labro reçoitDonald Rumsfeld ◆ 1.55 The Ab Workershow avec Chuck Norris 3.30 Ombres degloire : l’Hôtel national des Invalides.

CANAL MORE (CANAL +)

En clair et en français jusqu’à 21.00 18.20météo report (France et E.U.) 18.25 Omar etFred et Mike et Harry 18.30 LES SIMPSONS

(sous-titres français) ◆ 18.55 Fuck City Série(E.U.), The Ass breaker 19.20French Zapping,Le bêtisier de la politique française ◆ 19.30Le French Journal : K. Zero et Georges Bushcommentent l’actualité en direct.

20.50 Tout le cinéma américain, présentépar Frédéric Mitterrand et Sylvester Stallone

22.35 Tout le sport américain, présenté parThierry Rey and Arnold Schwarzenegger.

0.35 Tout le porno américain, présenté parBrigitte Lahaye et Tracy Lord.

2.25Toute la politique étrangère américaine,présenté par Anne Sinclair et Paul Wolfowitz

3.25 Toute la cuisine américaine, présentéJohn-Peter Coffe Senior

4.25THE CAPITOL, heart of american memory,Documentaire.

LA CINQ (EX-FRANCE 5/ARTE)

17.30 Introducing…la Cinq ! Variétés avecAmanda Lear, Robbie Williams, M.O. Fogiel,Adriana Karembeu, Arthur, Evelyne Thomaset Titoff 18.45 Télé-achat spécial Ab Workeravec Chuck Norris (version bilingue) 20.00The News 20.05 météo report présenté parMiss Turin, Miss Seins Nus Ancône 1980 etAldo Maccione.

20.45 OPERATION NAPLOUSE Film. ChuckNorris avec Chuck Norris, Steven Seagal, TomSelleck, Angela Dickinson (EU 1988) Des ter-roristes palestiniens s’efforcent de proclamerl’indépendance de leur pays. Agent très spé-cial d’un groupe d’intervention de la CIA,Charlie Statesman fera échouer, avec l’aidedu Mossad, ce projet criminel.

22.35 On Evening Variétés avec Arthur,Daniela Lumbroso, Franck Dubost, les Robindes bois, Sacha Distel, Puff Daddy, PhilippeBouvard, Frank Sinatra junior, Miss Naples,Robin Williams, Bernard Tapie.0.35ECCO LA NOTTE ! Variétés italo-américainesdepuis le studio de Telesilvio 3 à Rome.

2.15 Occasion’s time Télé-achat, présentépar Bernard tapie et la Cicciolina ◆ 3.00Holi-day on ice : Féérie atlantiste ◆ 4.12 La viepassionnée de Jean Mermoz Documentaire5.17 the News 5.19 Il Ab Worker show conChuck Norris (Publicita). 6.11 DANSES D’AU-VERGNE Documentaire.

SIXTH TV (CNN FRANCE, EX-M6)

17.00Salut Mickey ! dessins animés et émis-sion infantile ◆ 17.55 L’HOMME QUI VALAIT DES

DOLLARS Série, Une question de dollars 18.50Worldwide News 19.50 LE PAYS AU 50 FROMA-GES, Documentaire touristique ◆ 20.15 Lequart d’heure de Larry King : Larry King reçoitAlain Madelin, président du gouvernementde libération libérale français.

20.50 GOTIKA Téléfilm. Jean-Claude Spiel-berg. Avec Tanya Heavy-Tits, Shannon Tweed,Tracy Lord, Ron Shaterton, Esteban Mexicano(EU 2002) Dans des temps anciens, Gotika,princesse guerrière saxonne, doit retrouverl’anneau d’or des rois incas dérobé par desextraterrestres, tout en déjouant les entre-prises criminelles d’Aménophis LXXII, sei-gneur d’Assouan, et de son grand-prêtreSinistris.

0.09 WORLDWIDE News and météo report.0.15 Larry King’s Late show : L. King reçoitPhilippe Labro.0.45 IRAK TODAY Documentaire. 1.45 WallStreet calling Emission financière ◆ 2.55Godon our side : prière publique en direct duGreat Hollywood Stadium de Los Angeles. ◆3.15 Hello Donald ! Dessins animés et sket-ches puérils. 4.15 MAURICE CHEVALIER, UNE VOIX

FRANÇAISE Documentaire.

JEUDI 15 MAI

La situation politique et militaire évolue très viteen France, et la télévision suit. Depuis aujourd’huimidi le « paysage audiovisuel français », le fameuxPAF, a pris de nouvelles couleurs, résolument amé-ricaines. Si l’on s’en tient aux seules chaînes hert-ziennes, TF1 poursuit l’américanisation, déjàancienne, de ses programmes, avec un nouvel« habillage » dont témoigne sa nouvelle dénomina-tion, « TF Super One », mais le staff journalistiquetravaillera désormais en liaison avec des profession-nels américains. France 2 cède la place à la chaînerépublicaine texane Fox TV(sous-titrée en français),CNN France s’arrogeant la fréquence de feue M6,tandis qu’une autre chaîne privée, australienne celle-ci, Murdoch TV, « récupère » France 3.

La 5e cède elle la place… à la 5, celle des années 80et de Berlusconi, ainsi récompensé de sa « compré-hension» vis-à-vis de la politique étrangère américaine.Miraculée – est-ce un legs de l’époque Messier – la

chaîne à péage Canal +demeure à peu près «en l’état»,avec toutefois unec couleur d’antenne plus «Americaoriented »ce qui est bien le moins.

PAS DE QUOI S’INQUIÉTERA ceux qui pourraient s’inquiéter de ce que d’au-

cun appellent déjà une « mainmise anglo-saxonne »sur le paysage télévisuel français, on rappellera quel’américanisation de nos programmes est un phéno-mène déjà ancien, bien intégré par le télespectateurfrançais, et que la fameuse « exception culturellefrançaise »concernait surtout les programmesd’après 23 heures. L’information ? Tout ce qu’on peutsupposer c’est qu’elle sera désormais un peu moinschiraquienne, un peu moins « franco-nombriliste »qu’avant. Faut-il, à l’heure du village global et de lamondialisation de l’information, s’en étonner oumême s’en plaindre ? AThe Monde nous ne le pen-sons pas.

P.A.F. : nouveau départ encore que pas tant que ça

PRÉVISIONS POUR LE 16 MAIPRÉVISIONS POUR LE 15 MAI

Pluie de bombes

METEO

Page 15: TheMonde

h o r i z o n s d e b at s

ONC la guerre, l'in-vasion anglo-amé-ricaine, lesbombardements, laFrance comme un

nouvel Irak. Ben voyons ! (commedisent les « vrais Français ») : uneguerre, cette opération, précise,prudente, de police internationale– appuyée par l'ONU –? une inva-sion, vraiment, cette arrivée detroupes occidentales qui vontrendre à la France sa vocation

France de Chirac, Chevènement etLe Pen, était bien devenue, aucœur moral et géographique del'Europe démocratique, un nouvelIrak, avec cette haine de l'Amé-rique, ce pacifisme néo-munichois,cet unanimisme totalitaire du pou-voir et de la société, ce parti uniquequadrillant la société de l'extrêmegauche à l'extrême droite. Noussommes quelques-uns à avoirsouffert de cette déchéance du paysde Mendès France et de Rocard, à

– de honte et de rage devant unediplomatie uniquement préoccu-pée de sauver la mise à SaddamHussein et de poignarder dans ledos l'ami Américain.

A NOUVEAU RESPIRERET RIRE EN FRANCE

Oui, nous avons presque eu « lahaine » – comme on dit dans nosbanlieues presqu'aussi saddami-sées que l'Elysée – mais l'heuren'est plus aux regrets : c'est uneFrance, une Europe nouvelles quisont en train de se construire sousnos yeux, des yeux où, pourreprendre la belle formule d'ElieWiesel, « l'espoir a semé des étoi-les». Chirac et sa clique, c'est fini !Chevènement, Le Pen, Villiers,Laguiller, Mamère, Bové c'est fini.L'opération Doulce France est uncourant d'air qui va rendre laFrance à nouveau respirable.

Ho certes, tout n'est pas pour lemieux dans le meilleur des mondesdémocratiques : Georges Bush,notamment, doit donner des garan-ties en ce qui concerne l'épurationnécessaire – épuration républicaine– de l'administration et de la classepolitique françaises ; il doit sortirdu flou artistique, dû sans doute à

un scrupule honorable, en ce quiconcerne le gouvernement detransition : « on » pleurniche déjà,à Paris, sur la possibilité d'un «pro-tectorat militaire » allié, sans parti-cipation française significative. Aceux-là je serais tenté de répondre«et alors ? » Mais je me contente-rai de dire que le gouvernementprovisoire qui va se mettre en placesur les décombres du national-chi-raquisme, ce gouvernement intég-rera très certainement, à côté biensûr des responsables militaires etpolitiques américains et britan-niques, des personnalités françai-ses incontestables comme AlainMadelin, Bernard Kouchner ou,pourquoi pas, Bernard Tapie.

Et puis assez ! Cette Amérique,puissante, libérale, juvénile, quidébarque à nouveau – ô remakemagnifique – sur les plages de Nor-mandie, nous l'accueillons commele faisaient, voici 60 ans, nos grand-parents. En un mot comme en cent,Welcome Mr Bush !

Bernard-Henri Lévy est philosophe et écrivain ;

son épouse Arielle Dombaslevient de sortir un CD « Conis-

simo cantabile »chez Universal.

Welcome Mr Bush !par Bernard-Henri Lévy

« Trop cool ! »par Joey Starr

D

D'un mal, un bienJe viens juste d'apprendre,

comme vous je l'imagine, les débutsde l'intervention alliée contre notrepays. Tout ce que je peux dire c'estque cette offensive ne me surprendmalheureusement pas. Dieu sait queje ne suis pas un thuriféraire deGeorges Bush ou du soit-disant«impérialisme américain», mais laFrance, et singulièrement JacquesChirac, avait vraiment dépassé lesbornes, en prenant le partie de latyrannie de Saddam Hussein, contrela démocratie, et donc contre l'A-mérique. Et aujourd'hui nous enpayons les conséquences. Dumoins, tâchons que de ce mal pas-sager sorte un bien durable : uneFrance enfin libérale, et libérée del'étatisme chiraquien à l'intérieur, etde la menace islamo-baasiste à l'ex-térieur.

Antoine MadeulainRedon centre

La France ou la libertéRéveil en fanfare médiatique ce

matin : la France serait le sujetprincipal d'une opération concer-tée de police de la part d'un certainnombre de grandes puissancesoccidentales. Il ne peut s'agir là,comme le proclament sans réflé-chir certains journalistes, d'une« invasion » car Américains, Bri-tanniques, Australiens et Moné-gasques sont, depuis des siècles,nos amis, nos alliés et nos frères.Et c'est bien comme tels que nousdevons les accueillir, avec unevolonté de réconciliation et d'ex-plication. On nous parle de la«France». Parlons plutôt, s'il vousplait, de la liberté, dont les Améri-

cains, il ne faudrait tout de mêmepas l'oublier, accueillent la statue !

Alain MadeliosRedon sud

Chapeau !Georges Bush et Tony Blair ont,

à coup sûr, pris une grave décision.Et rien que pour ce courage, je dis« chapeau » ! Aurions-nous étécapables, nous les Français à l'ar-rogance et à la jactance insuppor-tables, de libérer l'Amérique ?Non bien sûr. Alors taisons-nous,et admirons ce triomphe de lavolonté politique, de la vision stra-tégique et de l'excellence militaire.Je ne donne pas trois jours à laboursouflure Chiraco-chevéne-mentiste pour s'effondrer aumilieu des cris de joie des Françaisenfin réveillés et éclairés. Et tropgâtés : car enfin, nous ne méritonspas les Américains !

Jean-Paul MadulinRedon nord

Bush o Akbar !On pourra toujours regretter

– pourquoi pas ? – que les Améri-cains et leurs alliés en soient à sauteren parachute au-dessus de Paris.Mais on n'a pas le droit de parlerd' « agression » et d'« invasion » :ces jeunes gars de l'Oklahoma, del'Arkansas ou de New-York vien-nent tout au contraire, comme leursglorieux aînés de l'été 44, nous libé-rer d'une dictature néo-pétainiste, etd'une armée d'invasion, authentiquecelle-là, celle des imams et des mol-lahs et de leurs centaines de milliersde sectateurs fanatiques campés surnotre sol. Je peux en parler d'autantplus librement que je suis moi-même un de ces Français musul-mans, mais partisan d'un islamlibéral, ouvert au marché et à lamodernité. Si j'ai du reste un conseil

à donner à mes coreligionnaires,c'est de ne pas essayer de résister,car vraiment vous n'arrivez pas à lacheville des Américains.

Al MadeliniRedon ouest

Il faut un président à la France

A l'heure où je tape ces lignes, lasituation évolue très vite en France,et il y a fort à parier que l'adminis-tration chiraquienne n'y sera bientôtplus qu'un (mauvais) souvenir. Dèslors va se poser très vite l'angois-sante question de la vacance dupouvoir et de l'autorité politiquesdans notre pays. Une question quidevra connaître une réponse rapide,sérieuse, durable, en accord avec lesforces américaines et alliées, sansoublier, bien sûr, les dirigeants poli-tiques français, du moins ceux quine se seront pas compromis avecl'ancien régime, et certains repré-sentants des forces vives de lasociété civile, je pense notammentaux entrepreneurs. Tous devronts'accorder sur une personnalitéindépendante, ferme sur ses orien-tations libérales et atlantistes,n'ayant jamais collaboré avec l'es-tablishment anti-américain, maisayant néanmoins une stature et uneexpérience politiques incontesta-bles, en tant que député, voiremême en tant qu'ex-candidat à l'é-lection présidentielle. Il faut main-tenant un nouveau président à laFrance, qui corresponde autant quepossible à ce «portrait-robot». Sou-haîtons que les dirigeants améri-cains, qui sont de bons « chasseursde têtes», trouvent cet homme-là leplus vite possible, pour le salut de laFrance et des marchés !

Arnaud MaudelinSaint-Alain-les-Redon

Un livre capitalIl me paraît indispensable que

The Monde rende compte commeil le mérite du très beau, et trèsimportant, livre du président ValéryGiscard d'Estaing, «L'Europe, letroisième millénaire et moi-même » (Ed. de la Commission,Bruxelles, 600 pages, 35 euros).Rarement on aura, en si peu depages, résumé aussi clairement lasituation communautaire et définiaussi magistralement les orienta-tions et réformes nécessaires à lagrandeur et à la prospérité de l'U-nion. On n'en attendait pas moins,il est vrai, d'un homme qui a vouésa vie à la construction euro-péenne ; et je n'en attends pasmoins non plus d'un journalcomme le vôtre, toujours attentif àrelayer les grandes initiatives intel-lectuelles et politiques de ce temps.Que tous en soient, ici, remerciés.

V.J.E.Paris

PS : Pourquoi, puisque nous par-lons du président Giscard d’Es-taing, ne lit-on pas plus souventdans vos colonnes de tribunes oucontributions de ce grand esprit, quia tant à dire sur les problèmes del’heure mais aussi sur les perspec-tives à plus ou moins long terme ?Peut-être devriez-vous le solliciter,qu’en pensez-vous ?

ancestrale de pays-phare du libéra-lisme économique, intellectuel etmoral ? En revanche, et là je suisd'accord avec nos « journalistes »et « hommes politiques » fran-chouillards, oui la France, la

avoir eu honte pour nos compa-triotes revenus au plus rance natio-nalisme, à avoir méprisé cetteassemblée nationale devenue unsorte de parti Baas « à la fran-çaise », à avoir pleuré – oui pleuré

Cette Amérique, puissante, libérale, juvénile, qui débarque à nouveau – ô remake magnifique –sur les plages de Normandie, nous l’accueillons !

ROP GRAVE! Bushet sa meuffe Blair– le blaireau de sarace – ambiancentla planète once

more ! Paris sous les bombes ! Etle 9-3 qui groove au djihad ! Tropgrave mais aussi trop cool : leskeuffs et les bâtards griffés« BAC » vont pouvoir distribuerleurs PVaux marines, un vrai dueld'enculés ! Moi je kiffe la guerre-et je-joue-la fille de l'air- direction-les bains d'mer ! Moi je prendsposition, en slip camouflé, sur lesplages de la Jamaïque, où lesmeuffs ont leur paire d'obus enbatterie, rien qu'pour ma race !C'est clair : leur baston d'enculés-j'la suivrai à la télé ! Mourir pourla France ? Désolé mais j'suis sur-booké, on verra un autre jour, où

les poules auront des stérilets.Salut la racaille, mon bonjouraux Bush-Boys ! Ici Kingstown,les rappers parlent aux céfrans etleur disent : va mourir !

Je change d'air, je change deslip, « pour moi la vie va com-mencer ! » comme diraitJohnny-Hallidiot.

Nique ta guerre ! J'suis pasjoignable, ma race se casse !

Dans ma benz-benz-benz…

Joey Starrest producteur,

chanteur et compositeur ;membre de l'académie

des Beaux-Arts ; il vient depublier « Ta race ! Anthologie

du rap français »aux éditions Gallimard.

T

RECTIFICATIFS

■ DES CHIFFRES ET DES LETTRES.Dans l'article « Le coût d'uneguerre » (The Monde du 1er avril),nous évoquions « la possibilité de ladisparition de plusieurs centaines demilliers d'Irakiens » lors de laseconde guerre du Golfe. M. PierreLellouche (Paris VIIIe) nous faitobserver, non sans pertinence, quecette estimation « très exagérée,pourrait faire le jeu de feu SaddamHussein ». Que M. Lellouche serassure : il s'agissait en l'espèce nonpas de désinformation mais toutsimplement d'une coquille ayanttrompé la vigilance de nos correc-teurs. Il fallait en effet lire « plu-sieurs dizaines de milliersd'Irakiens ».

■ NOM D'OISEAUX. Dans le sous-titre de l'article « Les planificateursde la seconde guerre du Golfe »(The Monde du 1ermai 2003), nousavions qualifié MM. Donald Rums-feld, Paul Wolfowitz et RichardPerle de « faucons » de l'adminis-

AU COURRIER ÉLECTRONIQUE DES LECTEURS

tration Bush. M. Alain Madelin(Redon) nous fait avec à-proposobserver que le faucon, selon ladéfinition du Larousse (édition endeux volumes de 1949), «est le plusrapide (…) et le plus parfait » desoiseaux de proie. « Il n'y a donc paslieu, poursuit M. Madelin, de stig-matiser ou de déplorer l'existence detels animaux dans l'entourageimmédiat de Georges Bush ».

PRÉCISION

■ DEVOIR DE RÉSERVE.Suite à notredossier sur « L'anti-américanismegouvernemental » (The Mondediplomatique d'avril 2003), M.Nicolas Sarkozy (ministre, Neuilly-sur-Seine) nous précise que le pointde vue de MM. Chirac et Villepinsur la crise irakienne n'engage queleurs auteurs et n'exprime en rien,on le verra bientôt, la position decertains ministres importants, jus-qu'à présent tenus par le devoir deréserve et de solidarité gouverne-mentale mais qui n'en pensaientcertes pas moins. » Dont acte.

LA UNE DE L’ACTUALITÉHors série n°1 “Pastiche satirique et humoristique”

Une publication des éditions de la Une - 6bis, rue Auguste Vitu - 75015 ParisTél. 01 45 77 41 41 - Fax 01 45 79 22 11

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directrice de la coordination des publications, directeur des relations internationales, président et vice-président du conseil de surveillance, ancien directeur : Donald Rumsfeld

PRÉCISION

■ L'ACTUALITÉ, très riche et pas-sionnante, ne nous permet pas derendre compte, comme prévu, del'ouvrage de Valéry Giscard d'Es-taing, « L'Europe, le troisièmemillénaire et moi-même ». Nousnous efforcerons, au cours desmois suivants, dans la mesure oùles exigences de l'information nousle permettent, de revenir sur cetouvrage très important.

Ce journal est un faux. Le vrai La Une, est en kiosque

Page 16: TheMonde

HOLLYWOOD (CALIFORNIE). C'est déjà signé : lasociété de production de Steven Spielberg,Dreamland, a acquis auprès du Pentagone lesdroits d'adaptation cinématographique del'opération Doulce France. Pour un montantde 3 milliards de dollars, le célèbre réalisateuret producteur américain va pouvoir donner lepremier coup de manivelle du tournage de sanouvelle superproduction, «For France's sake»(« Pour l'amour de la France ») qui mêlera fic-

tion romanesque et reconstitution historiquede l'opération alliée en cours contre la France.

CASTING ÉBLOUISSANTAvec, comme de juste, un casting éblouis-sant : Sean Penn (Georges Bush jr), Cristo-pher Lee (Jacques Chirac), Tom Hanks (legénéral Tommy Freaks), Sylvester Stallone (unpara américain), Julia Roberts (une femmeofficier américaine, capturée par les Français),

Glenn Close (une Française pro-américainequi délivre Julia Roberts), Whoopy Golberg(Condoleezza Rice), Denzel Washington (unislamiste français), Chuck Norris (généralChuck Norris), Danny de Vito (J.P. Raffarin),Richard Chamberlain (Dominique de Villepin)ont déjà donné leur accord. Bud Spencer etTom Berenger ont eux été pressentis pourincarner respectivement Jean-Marie Le Pen etJean-Pierre Chevènement.

Steven Spielberg monte en ligne… pour « l'amour de la France »

DONALD RUMSFELD , le secré-taire d’Etat américain, a changéde discours. Il y a quelquesheures, il disait : « La libérationde la France sera, certes bonne,mais aussi longue et dure». Aprèsquelques minutes de combat, ildéclarait finalement : « Noussommes plus près du début de lafin que du commencement de laconclusion ».

C’est ainsi. Voilà donc lajoyeuse incertitude de la guerre,toute sa fantaisie à la fois cruelleet poétique. Les guerres ne se pas-sent jamais vraiment comme onles imaginait. Et celle-ci nedéroge pas à cette subtile règle duhasard et de la nécessité.

Autre surprise, cette guerre tue.La belle affaire dira-t-on ! Aurait-on oublié qu’une guerre tue ?Certes, cette guerre est plus meur-trière que prévue, surtout parmiles civils. Pour autant, on se gar-dera bien de tirer des conclusionsaussi prématurées que paradoxa-les. Ou de se situer dans l’étatd’esprit d’un opposant à la souf-france des populations clamantson impatience de voir les opéra-tions se dérouler si lentement.

Cette guerre, la nôtre finale-ment, car le peuple français devra

aussi savoir se l’approprier,comptera aussi ses victimes inno-centes. Et pourtant c’est un fait :les forces anglo-américaines fontpreuve de relative retenue. Desdizaines de milliers de bombesfrappent la France-régime enessayant d’épargner la France-peuple. Ce postulat humanisted’une guerre ciblée, sélective,peut expliquer les lenteurs sou-vent agaçantes de la progressionalliée. Mais on voit bien ici, l’in-confort, voire l’indécence, decette constatation. Si la mort estsouvent le prix à payer pour laguerre, les retards, les incertitu-des, les aléas, sont un autre prix,pour une intervention militaire àla fois moderne et respectueusedes droits de l’homme.

Voilà donc un premier ensei-gnement de l’offensive alliée : laguerre n’est pas une simple opé-ration arithmétique, précise,froide, implacable. Elle est faited’erreurs, d’approximations, dejoies et de peines, de succès etd’échec. Et l’on pourraitpresque, dans une manière dedérision, dire que la guerre estl’aboutissement ultime de la pro-spection poétique dans une civi-lisation moderne.