1
actualités | 8 OptionBio | Lundi 4 avril 2011 | n° 452 L a maladie cœliaque (MC) a une prévalence plus élevée au cours de certains syndromes (Turner, trisomie 21) et des mala- dies auto-immunes. Chez l’enfant d’âge scolaire, la prévalence de la MC dans la population générale, en Europe comme aux États-Unis, varie de 0,3 % à 1,25 %. En revan- che, la prévalence de la MC prouvée par biopsie au cours des thyroïdites auto-immunes (TAI), est de 7,7 % à 10,5 % en Italie et de 4,9 % en Tur- quie. Le dépistage de la MC au cours des thyroïdites semble donc devoir être recommandé comme au cours du diabète insulinodépendant. Une étude prospective américaine, menée en 2004-2009, dans l’État de New York à partir de 387 enfants et jeunes adultes, sème le doute. Valeur prédictive des Ac anti-transglutaminase IgA Les critères d’inclusion pour les TAI étaient la présence d’anticorps anti- peroxydase thyroïdienne, anti-thyro- globuline ou anti-récepteur de la TSH. Les critères d’exclusion étaient l’hypothyroïdie congénitale et le défi- cit en IgA. Une recherche d’anticorps anti-transglutaminase IgA (IgA-tTG) et un dosage des IgA totales ont été effectués. Une biopsie intestinale a été proposée aux patients positifs pour les IgA-tTG. Les patients éligibles au nombre de 302 (238 de sexe féminin) étaient âgés en moyenne de 14,2 ans (3,1 – 24,9 ans). Vingt-quatre avaient une co-morbidité : 13 un diabète, 10 une trisomie 21, 2 un syndrome de Turner, l’un ayant à la fois diabète et une trisomie. Parmi les 302 sujets inclus, 14 avaient des IgA-tTG posi- tifs (4,6 %). Treize d’entre eux ont accepté la biopsie ; 7 avaient une maladie cœliaque démontrée. La valeur prédictive positive des IgA- tTG chez ces malades était donc de 54 % (7/13) ou 57 % si l’on prend pour hypothèse que les patients ayant refusé la biopsie avaient une MC. Des symptômes cliniques étaient présents chez 4 (sur 7) des patients atteints de maladie cœlia- que prouvée et 4 des 6 des sujets positifs IgA-tTG sans maladie cœliaque. Faible prévalence de MC pendant une TAI Dans le groupe des patients avec co-morbidité, 2/13 diabétiques et 2/10 trisomiques avaient une MC prouvée de telle sorte que si l’on exclut ces sujets, la prévalence de la MC n’est que de 4 sur 302 (1,3 %) contre 2,3 % s’ils sont inclus. Au total, la prévalence de la MC au cours des TAI est supérieure à celle de la population générale mais infé- rieure à ce qui est rapporté dans les études antérieures. Il faut cependant noter que les IgA-tTG ont été recher- chés par méthode radio-immunolo- gique qui a possiblement une sensi- bilité supérieure mais une spécificité inférieure aux méthodes Elisa. | JEAN-JACQUES BAUDON © www.jim.fr Coloscopie et dépistage organisé du cancer colorectal : rentable mais peu exploité santé publique C ette nouvelle analyse “des pratiques” en matière de coloscopie apporte des élé- ments intéressants, d’une part, en ce qu’elle fournit une comparaison avec les résultats d’une étude de même type menée en 1996, d’autre part, en positionnant les résultats du dépis- tage organisé du cancer colorectal par rapport à ceux obtenus avec des coloscopies pratiquées pour d’autres indications en matière de détection des lésions néoplasiques. Une augmentation du nombre de coloscopies Trente-neuf gastro-entérologues, sur les 42 installés en Isère, ont bien voulu participer à cette étude menée entre mai et juillet 2004, et qui a porté sur 2 558 coloscopies. De 1996 à 2004, le nombre de coloscopies a augmenté de 35 % dans ce département et même de 88 % pour les sujets dans la tranche d’âge 50-59 ans. Le taux d’échec des coloscopies totales est très faible (0,1 %), ainsi que le pourcentage de complica- tions (0,4 %), dont la moitié est liée à l’anesthésie. Il n’y a eu qu’une seule perforation. Contrairement à ce que laisserait espérer la promotion du dépistage organisé, seule une minorité (3,2 %) de patients a bénéficié d’une colosco- pie en 2004 sur l’indication d’un Hemoccult ® positif. Par ailleurs, 40 % des patients ont été adressés pour un Hemoccult ® positif réalisé hors du contexte du dépistage organisé. L’indication prédominante entre 20 et 49 ans est la symptomatologie gastro-intestinale, alors que l’indi- cation dépistage pour antécédent familial de cancer colorectal devient prédominante après 50 ans. Un intérêt certain Dix pour cent des explorations ont mis en évidence un polype avancé ou un cancer. L’analyse multivariée prenant en compte l’âge, le sexe et l’indication de la coloscopie montre que les chan- ces de détecter une pathologie sont 6 fois plus élevées lorsque la coloscopie est indiquée par un Hemoccult ® positif (30 % de lésions : 24 % d’adénomes avancés et 6 % de cancers) que pour d’autres raisons (7 % d’adénomes, 1 % de cancers en cas de symptômes et 5 % d’adénomes, 1 % de cancers en cas d’antécédent familial). La réalisation d’une coloscopie du fait d’un antécédent familial de cancer ne respecte les critères des recommandations (un antécédent de cancer ou d’adénome avancé avant 60 ans chez un apparenté au premier degré, ou 2 antécédents familiaux d’apparentés au premier degré quel que soit l’âge) que dans la moitié des cas. 3 % des indications Le nombre de coloscopies de dépis- tage a donc augmenté en Isère entre 1996 et 2004, mais cette évolution ne s’explique pas par l’expansion du dépistage organisé, qui représente seulement 3 % des indications de coloscopies. En revanche, c’est bien le dépistage organisé qui est à l’ori- gine de la meilleure performance diagnostique avec près de 30 % des adénomes avancés et des cancers trouvés dans le groupe des patients venus pour un Hemoccult ® positif. | MARION LAGNEAU © www.jim.fr Thyroïdite auto-immune et maladie cœliaque : une association controversée immunologie Source Sattar N et al. Celiac disease in children, and young adults with autoimmune thyroid disease. J Pediatr. 2011 ; 158 : 272-5. Source Exbrayat C et al. Colonoscopy practices, and colo- rectal cancer and polyp screening, as assessed in the French district of Isère from May to July in 2004. Gastroenterol Clin Biol. 2010 ; 34 : 702-11.

Thyroïdite auto-immune et maladie cœliaque : une association controversée

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Thyroïdite auto-immune et maladie cœliaque : une association controversée

actualités |

8 OptionBio | Lundi 4 avril 2011 | n° 452

La maladie cœliaque (MC) a une prévalence plus élevée au cours de certains syndromes

(Turner, trisomie 21) et des mala-dies auto-immunes. Chez l’enfant d’âge scolaire, la prévalence de la MC dans la population générale, en Europe comme aux États-Unis, varie de 0,3 % à 1,25 %. En revan-che, la prévalence de la MC prouvée par biopsie au cours des thyroïdites auto-immunes (TAI), est de 7,7 % à 10,5 % en Italie et de 4,9 % en Tur-quie. Le dépistage de la MC au cours des thyroïdites semble donc devoir être recommandé comme au cours du diabète insulinodépendant.Une étude prospective américaine, menée en 2004-2009, dans l’État de New York à partir de 387 enfants et jeunes adultes, sème le doute.

Valeur prédictive des Ac anti-transglutaminase IgALes critères d’inclusion pour les TAI étaient la présence d’anticorps anti-peroxydase thyroïdienne, anti-thyro-globuline ou anti-récepteur de la TSH. Les critères d’exclusion étaient l’hypothyroïdie congénitale et le défi-cit en IgA. Une recherche d’anticorps anti-transglutaminase IgA (IgA-tTG) et un dosage des IgA totales ont été effectués. Une biopsie intestinale a été proposée aux patients positifs pour les IgA-tTG.Les patients éligibles au nombre de 302 (238 de sexe féminin) étaient âgés en moyenne de 14,2 ans (3,1 – 24,9 ans). Vingt-quatre avaient une co-morbidité : 13 un diabète, 10 une trisomie 21, 2 un syndrome de Turner, l’un ayant à la fois diabète et

une trisomie. Parmi les 302 sujets inclus, 14 avaient des IgA-tTG posi-tifs (4,6 %). Treize d’entre eux ont accepté la biopsie ; 7 avaient une maladie cœliaque démontrée. La valeur prédictive positive des IgA-tTG chez ces malades était donc de 54 % (7/13) ou 57 % si l’on prend pour hypothèse que les patients ayant refusé la biopsie avaient une MC. Des symptômes cliniques étaient présents chez 4 (sur 7) des patients atteints de maladie cœlia-que prouvée et 4 des 6 des sujets positifs IgA-tTG sans maladie cœliaque.

Faible prévalence de MC pendant une TAIDans le groupe des patients avec co-morbidité, 2/13 diabétiques et

2/10 trisomiques avaient une MC prouvée de telle sorte que si l’on exclut ces sujets, la prévalence de la MC n’est que de 4 sur 302 (1,3 %) contre 2,3 % s’ils sont inclus.Au total, la prévalence de la MC au cours des TAI est supérieure à celle de la population générale mais infé-rieure à ce qui est rapporté dans les études antérieures. Il faut cependant noter que les IgA-tTG ont été recher-chés par méthode radio-immunolo-gique qui a possiblement une sensi-bilité supérieure mais une spécificité inférieure aux méthodes Elisa. |

JEAN-JACQUES BAUDON

© www.jim.fr

Coloscopie et dépistage organisé du cancer colorectal : rentable mais peu exploité

santé publique

Cette nouvelle analyse “des pratiques” en matière de coloscopie apporte des élé-

ments intéressants, d’une part, en ce qu’elle fournit une comparaison avec les résultats d’une étude de même type menée en 1996, d’autre part, en positionnant les résultats du dépis-tage organisé du cancer colorectal par rapport à ceux obtenus avec des coloscopies pratiquées pour d’autres indications en matière de détection des lésions néoplasiques.

Une augmentation du nombre de coloscopiesTrente-neuf gastro-entérologues, sur les 42 installés en Isère, ont bien voulu participer à cette étude menée entre mai et juillet 2004, et qui a porté sur 2 558 coloscopies. De 1996 à 2004, le nombre de coloscopies a augmenté de 35 % dans ce département et

même de 88 % pour les sujets dans la tranche d’âge 50-59 ans.Le taux d’échec des coloscopies totales est très faible (0,1 %), ainsi que le pourcentage de complica-tions (0,4 %), dont la moitié est liée à l’anesthésie. Il n’y a eu qu’une seule perforation.Contrairement à ce que laisserait espérer la promotion du dépistage organisé, seule une minorité (3,2 %) de patients a bénéficié d’une colosco-pie en 2004 sur l’indication d’un Hemoccult® positif. Par ailleurs, 40 % des patients ont été adressés pour un Hemoccult® positif réalisé hors du contexte du dépistage organisé.L’indication prédominante entre 20 et 49 ans est la symptomatologie gastro-intestinale, alors que l’indi-cation dépistage pour antécédent familial de cancer colorectal devient prédominante après 50 ans.

Un intérêt certainDix pour cent des explorations ont mis en évidence un polype avancé ou un cancer. L’analyse multivariée prenant en compte l’âge, le sexe et l’indication de la coloscopie montre que les chan-ces de détecter une pathologie sont 6 fois plus élevées lorsque la coloscopie est indiquée par un Hemoccult® positif (30 % de lésions : 24 % d’adénomes avancés et 6 % de cancers) que pour d’autres raisons (7 % d’adénomes, 1 % de cancers en cas de symptômes et 5 % d’adénomes, 1 % de cancers en cas d’antécédent familial).La réalisation d’une coloscopie du fait d’un antécédent familial de cancer ne respecte les critères des recommandations (un antécédent de cancer ou d’adénome avancé avant 60 ans chez un apparenté au premier degré, ou 2 antécédents familiaux d’apparentés au premier

degré quel que soit l’âge) que dans la moitié des cas.

3 % des indicationsLe nombre de coloscopies de dépis-tage a donc augmenté en Isère entre 1996 et 2004, mais cette évolution ne s’explique pas par l’expansion du dépistage organisé, qui représente seulement 3 % des indications de coloscopies. En revanche, c’est bien le dépistage organisé qui est à l’ori-gine de la meilleure performance diagnostique avec près de 30 % des adénomes avancés et des cancers trouvés dans le groupe des patients venus pour un Hemoccult® positif. |

MARION LAGNEAU

© www.jim.fr

Thyroïdite auto-immune et maladie cœliaque : une association controversée

immunologie

SourceSattar N et al. Celiac disease in children, and young adults with autoimmune thyroid disease. J Pediatr. 2011 ; 158 : 272-5.

SourceExbrayat C et al. Colonoscopy practices, and colo-rectal cancer and polyp screening, as assessed in the French district of Isère from May to July in 2004. Gastroenterol Clin Biol. 2010 ; 34 : 702-11.