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n° 19 - hiver 2011 - gratuit The Forks Von Pariahs Sidony Box Bell Œil Dossier : internet et la musique

TohuBohu19

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The ForksVon Pariahs

Sidony Box

Bell Œil

Dossier :

internet et la musique

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10Jet FM

3 Pierre Boucard4 brèves6 Sidony Box8 The Forks11 Soundcloud12 Von Pariahs14 internet et la musique20 livres22 Bell Œil25 disques31 playlists

24les Z’eclectiques

Le réseau Tohu Bohucoordination : Cécile Arnoux / T. 02 40 46 66 33 / [email protected]

CHABADA Jérôme [Kalcha] SimonneauChemin Cerclère, route de Briollay, 49100 AngersT. 02 41 34 93 87 / [email protected] / www.lechabada.com

BEBOP Emmanuel Bois28 avenue Jean Jaurès, 72100 Le Mans T. 02 43 78 92 30 / [email protected] / www.oasislemans.fr

FUZZ’YON Benoit Devillers18 rue Sadi Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon cedexT. 02 51 06 97 70 / [email protected] / www.fuzzyon.com

LES ONDINES Éric FagnotPlace d’Elva, 53810 ChangéT. 02 43 53 34 42 / [email protected] / www.lesondines.org

TREMPOLINO Lucie Brunet51 bd de l’Egalité, 44100 NantesT. 02 40 46 66 99 / [email protected] / www.trempo.com

VIP Manu LegrandBase sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire T. 02 40 22 66 89 / [email protected] / www.les-escales.com

Photo couverture : Sidony Box (Nicolas Allain)Directeur de la publication : Vincent PriouRédactrice en chef : Cécile ArnouxOnt participé à ce numéro : Philippe Audubert,Mickaël Auffray, Jean-Christophe Baudouin,Arnaud Bénureau, Emmanuel Bois, Lucie Brunet,Benoît Devillers, Sylvain Chantal, Denis Dréan, EricFagnot, Georges Fischer, Patricia Guyon, MarieHérault, Lune Laurent, Manu Legrand, Damien LeBerre, Gilles Lebreton, Agathe Mouchard, Mr SamFlatulens, Chloé Nataf, Benjamin Reverdy, JérômeSimmoneau, Olivier Tura.Conception graphique : Christine Esneault Impression : Imprimerie ChiffoleauTirage : 10 000 exemplaires – Papier recycléSiret : 37992484800011ISSN : 2109-0904Tohu Bohu est une publication de Trempolino,51 bd de l’Égalité, 44100 Nantes, et du réseauinfo-ressources musiques actuelles des Pays dela Loire : Tohu Bohu.Prochaine parution : mai 2011Bouclage : 4 avril 2011

21Spectacles

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Depuis de nombreuses années, Pierre Boucard milite pour l'ancrage de la radiodiffusion associativedans le paysage audiovisuel français. Initiateur en région de la création de la FRAP (Fédération desradios associatives en Pays de la Loire), il collabore activement à la structuration de ce média associatif, notamment à sa mutation numérique. Retour sur le parcours de cet homme de radiovisionnaire, totalement acquis à la cause radiophonique.

Créée en 1996 sous l'impulsion de Pierre Boucard, Sun “Le Son Unique” prend vite son envol pourdevenir aujourd'hui une fabrique audio de référence. Plus de 18 000 auditeurs écoutent régulièrementcette radio généraliste qui s'intéresse à toute l'actualité nantaise. Appréciée pour la proximité et ladiversité de ses contenus, Sun se revendique comme la radio des artistes locaux. À l'instar de sagrille musicale dont le contenu accorde une place importante à la scène locale et régionale. L'histoirede l'émancipation de Sun est étroitement liée au parcours de son directeur, Pierre Boucard, qui estprogressivement devenu un personnage incontournable dans le développement de la radiodiffusionsur l'agglomération nantaise. Tombé dans le transistor quand il était petit, l'homme de radio cultive une passion pour ce média :“La radio regroupe tout ce que j'aime : l'esprit d'équipe, la musique, la technique, le partage d'idées,de valeurs, etc. Elle reste un média très actuel malgré les apparences. Contrairement à internet quiparfois segmente les publics, la radio touche simultanément des milliers de personnes dans des lieux,des univers totalement différents…” Depuis quelques années, il se distingue pour son apport majeursur la question numérique. En tant que délégué national aux nouvelles technologies pour le syndicatnational des radios libres, Pierre Boucard milite activement au déploiement de la RNT (Radio numériqueterrestre) dont le lancement est perpétuellement repoussé. “Aujourd'hui quelques radios bloquent cedossier pour défendre leurs intérêts au détriment de l'intérêt général… La RNT est l'avenir de notremédia car les ressources hertziennes analogiques sont épuisées et le paysage radiophonique nationalva se figer pour 15 ans... Elle permettra aux radios associatives d'améliorer leur zone de couvertureainsi que la qualité d'écoute de leur programme, c'est aussi une réelle opportunité pour la radio dese renouveler en mêlant le meilleur de la radio avec tout ce que permettent les nouvelles technologiesaujourd'hui et demain. Notre avenir serait menacé si cette migration prenait du retard…”Convaincu de l'importance de cette migration numérique, il est à l'origine du lancement du premierémetteur numérique, expérimenté et installé à Nantes en mai 2010. Ainsi, 11 stations de radios localeset nationales ont investi un immeuble de Saint-Herblain pour émettre en numérique pendant 2 mois.“Les résultats de cette démonstration sont prometteurs… Certains auditeurs nous ont contactés pournous dire combien ils étaient satisfaits de la qualité du son et de la diversité de l'offre. La majorité desradios souhaite poursuivre cette expérimentation, elle est d'ailleurs reconduite jusqu'à l'été prochain.Sans prétendre accélérer le déploiement de la RNT en France elle permet toutefois de démontrer quela RNT est une réalité, et qu'il ne manque plus qu'un signal du gouvernement pour qu'elle se metteen place…” Espérons cette fois-ci qu'il sera entendu.

LA VOIX NUMÉRIQUE

PierreBoucard

PAR ERIC FAGNOT

PHOTO : DR

Infoswww.lafrap.fr / www.lesonunique.com

À l’occasion de la création“Le souffle du Demy dieu” au lieu unique à Nantes le 4février dernier, le contrebas-siste Sébastien Boisseau (co-fondateur de Yolk) participait au Brain festival.The Brain festival est ungroupement bénévole d'artistessoutenant l'associationNeuroligue en reversant, à titre personnel, le montantdu cachet d'un concert deleur choix. 25 concerts sontdonc labellisés The Brain festivaldans toute la France, entredébut janvier et fin mars 2011. www.thebrainfestival.com

Après Adjololo System, struc-ture de développement artisti-que dans le Maine-et-Loire,place à Adjololo Records quienglobe la production phono-graphique et la prestationstudio dont ont déjà bénéficiéZenzile, La Ruda, Akeïkoi, Ma Valise, Nouvel R, Terakaft,Justin [email protected]

Nouvelle structure en Vendée,La Centrale Eclectiquepropose son savoir-faire dansdeux domaines : la communi-cation visuelle (print & web) et les services aux musiciens

(booking, production despectacles, gestion des salaires). www.l-c-e.fr

Art Sonic organisedes chouettesconcerts àMontaigu (85).Quelques déficiences depublic ces dernierstemps mettent enpéril l'association auxfinances devenues fragiles.Pour renflouer les caisses,un vide-grenier aura lieu ledimanche 8 mai. Inscriptions 06 72 41 41 75, www.artsonic.org

Misty Socks est mort, viveThe Dancers.Changement de nom,mais pas de propos :la power pop du trioangevin reste aussi“addictive”. La preuveau printemps avec un

premier maxi sous cenouveau blase.

www.myspace.com/mistysocksband

Porté par la MutualitéFrançaise, l'ANPAA, leResaad, Aides, le CRIM, le réseau Tohu Bohuet la Ville du Mans,un projet desupport (papieret site web)sur lesconduites àrisques (alcool,produitspsycho actifs,risques auditifs)en milieu festifappelé Infoteuf vientde sortir. Disponible sur demande etconsultable sur www.infoteuf.org

L’association Bebop, via sonCentre ressource-infosMusique Sarthe (CRIM),reprend l’édition de sonmagazine d’actualité locale.En stand by depuis près de 2 ans, “La Feuille, l’actu des musiques actuelles enSarthe” revient avec desactus des groupes et autresscoops, des interviews, deschroniques de disques…

Portée entre autres par d’ex-Borderline, basée àSaint-Nazaire (44), l’asso D3Epileptik travaille sur le développement, le booking et la prod’ d’artistes d’obédience électro ou hiphop, avec des références

comme [trap], GentilleFamille, Madcoy…

www.wix.com/d3epileptik/d3

En pleineconcertationsur leur territoire,les acteurs,

collectivités etélus de Sarthe se

mobilisent sur laquestion des musiques

actuelles. La 1ère étape, l’étatdes lieux, vient d’être réaliséesur l’ensemble du départementet donne ainsi une vue globale

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sur des dimensions artisti-ques et culturelles, socio-économiques et territoriales. www.le-magneto.org

Irie Ites Records frappe fort !Le label manceau sort des versions revisitées du morceau “Billie Jean” deShinehead, 1er artiste à avoirrepris en reggae cette chanson de MichaelJackson, sur le labelAfricanLove en1985.Pourl’heure, laversion estrecomposéeavec soin, etle must c’estqu’elle est mixée dedeux manières : reggae et hip hop. www.irieites.net

La 8e édition du festival LesFoins d’Hiver à Mayenne (53)se tient les 18 et 19 mars. Levendredi soir sera consacré àla scène locale dans les barsde la ville, le samedi après-midi sera familial (spectacleset concours de soupe des associations), et le samedisoir verra se produire Catkar,Emzel Café, Los TresPuntos,KKCOrchestraet KalyLive Dubsur lascène Lucie Aubrac. www.lesfoins-dhiver.com

La 32e édition de l’EuropaJazz Festival se déroulera du22 mars au 15 mai.Considéré comme l'un desplus anciens de l’Hexagone,avec une option européenneassez “pointue”, ce festival proposera pas moins de 103concerts dans 26 villes sur 6départements et 2 régions,une programmation jazz sous

toutes ses formes - demusique actuelle !

www.europajazz.fr

À peine a-t-ellefêté ses 5 ans àLU que l'asso-ciation Back toGarage s’asso-cie à la Focdamn

et propose le 26février à Bitche

(Nantes) Back toMoustache,

une soirée oùse mêlerontconcertsgarage,catchs de dessi-nateursà mous-tachesbelges etfrançais etvidéos deCharlie Mars.

www.myspace.com/backtogarage

29 Découvertescette année auPrintemps deBourges, etc'est le projet[trap] qui sera

le groupe Paysde la Loire.

Binome fortichequi fusionne des

machines inventives etune batterie renversante, leduo pousse dans le rouge.

L'électro des misters bonnetdevrait faire son effet.www.myspace.com/trapsound

Nouvelle formule pour FreeSons Divers, portée parl’asso Spot aux Herbiers (85). Le festival concède cetteannée une carte blanche aux

locaux de la cabeza del’Atelier Tordu pour la

sortie de leur 2e

album. Avec notammentVaguement La Jungle, BeerBeer Orchestra... www.freesons-divers.com

Le Fouloir aaccueilli une

cinquantaine de concertsen quatre ans.Malheureusement, les locataires du squat herblinois(44) ont été expulsés mi-janvier. Un petit coup de chapeau pour une programmation “classe”jusqu'au bout : Fordamage,Les Magnetix, Chocolat Billy,Gâtechien… pour la dernière).Merci et bon vent !www.myspace.com/loubardspedes

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Sidony box D'ÉQUERRE !

Le jazzEm : Je me moque des genres, ce ne sont que desmots que l'on retrouve dans les rayons de disques.Quand je compose, je ne pense pas au genre danslequel ça pourrait rentrer, j'écoute beaucoup de styles différents. Se dire qu'on joue un style précisenferme, alors que je vois l'art comme quelquechose qui évoque la liberté. Cela étant, la chapelledu jazz est celle qui nous accepte. Et puis, anec-dote rigolote, je n'ai pas eu mon diplôme de cycleau conservatoire alors que je présentais des titresde Sidony Box. On m'a dit ne pas avoir entendu dejazz dans notre répertoire. Une semaine plus tard,on gagnait le tremplin de Jazz à Vienne avec exac-tement la même musique...El : J'ai écouté et j'écoute toujours beaucoup dejazz, du jazz moderne. On vient de là, l'orchestra-tion que nous avons choisi évoque le jazz, avec unfort accent d'improvisation. Em : C'est une musique largement méconnue, unpeu boudée, avec des à priori. C'est aussi unemusique perçue comme un peu “bourgeoise”.

Le groupeEm : J'en suis super fier, on travaille beaucoup etbien, il n'y a jamais d'acquis, on peut tout remettreen question d'une semaine sur l'autre. J'ai aussil'impression qu'on est toujours à fond dans l'inves-tissement, on ne fait pas semblant, on est toujoursun peu en danger, on joue à 200%. Alors, le reverspour moi, c'est la fatigue, je suis parfois éprouvéphysiquement ou psychologiquement après unconcert ou un enregistrement, et je peux mêmetomber malade. El : On est vraiment différents, on écoute des chosessuper contrastées, et les caractères sont vraimentdistincts, et il y a un équilibre malgré tout cela.C'est une bonne dynamique pour le groupe. Etpuis, vraiment, on rigole beaucoup.

YolkEm : Hyper content d'être sur ce label référent.C'est via Arthur qui a joué un peu dans Unit queSeb Boisseau (contrebassiste de Unit) nous adécouvert et proposé au label. Le disque a été

C'est au Conservatoire de Nantes que le trio Sidony Box va se rencontrer musicalement. Si Emmanuel(guitare) et Arthur (batterie) cherchaient en vain le troisième côté du triangle parfait, c'est Élie et sonsaxophone qui va fermer la figure géométrique au tout début de l'été 2009. Par ailleurs membresd'Aéris, de Gloss, ou ex-Western Trio, Djazafaz, les musiciens de Sidony Box ont rapidement trouvé leplaisir de jouer ensemble, et enregistrer un beau disque que le label Yolk s'est empressé de presser.Rencontre avec Emmanuel et Elie questionnés sur des mots.

PAR CECILE ARNOUX

PHOTO : NICOLAS ALLAIN

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Infoswww.myspace.com/sidonybox

www.yolkrecords.com

produit par One Name for a crew, notre collectif, etYolk le sort. Les deux structures sont dans lamême démarche : on contrôle, on fait tout nousmême de A à Z, c'est humain, artisanal. Avec Yolk,on apprend des choses, on a rencontré d'autresmusiciens, on va jouer avec eux, on a une visibilitéplus importante en termes de presse et de profes-sionnels du spectacle vivant. El : c'est une fierté pour moi. C'est mon 1er groupe,1er disque, et se retrouver sur le label, c'est vraimentla classe.

Jazz TempoEm : On a fait deux dates sur le festival, c'était desexpériences très intéressantes. Les lieux étaientsurpris de notre énergie scénique. J'ai bien aiméles petits lieux, j'aime bien la proximité avec lesgens, le fait de pouvoir discuter après le concert.El : On a l'habitude de faire plus de cafés-concertsque de grosses scènes. On s'est retrouvé programmé sur le festival avec deux lieux pleins,super ambiance, bon accueil, de bons retours, etdevant un public nouveau.

Le liveEl : on ne joue jamais pareil. On a bien sûr un filrouge, des morceaux, des thèmes, mais on abesoin du live et de ce qu'on y trouve, c'est à direune forme de liberté. On butte parfois lors de répétitions. Alors qu'en live, pas du tout. Cela vientdu fait de jouer devant des gens, un public. Enconcert, on joue sans trop réfléchir, alors qu'enrépétition, on cogite beaucoup.Em : Sylvain Luc disait “tu penses avant, tu pensesaprès, mais pas pendant”. C'est vraiment ça. Jetrouve aussi que le jazz en live manque un peu defun, un peu de “spectacle”. Alors, quand je vais auHell Fest, j'ai bien ma dose, j'adore. Mickaël Lewis,le sax de Happy Apple dit jouer de la musique pourse marrer. J'aime bien cet état d'esprit.

Mentor(s)Em : Bruno Dagada, le guitariste de Kaputt K (projet avec Alban Darche et Manu Birault) aveclequel j'ai pris des cours de guitare et qui a un peuchangé ma façon de voir la musique, quelqu'un depassionné, libre. Je fais ce que je fais grâce à lui.Et puis Jean-Marie Bellec, coordinateur jazz duConservatoire, qui nous a beaucoup aidé, SylvainLuc qui a sorti un des tous meilleurs disques deguitare qui s'appelle “Ambre”, et Marc Ducret surtout via l'album “L'ombra Di Verdi”.El : je parlerai plutôt d'influences, surtout desAméricains : Sonny Rollins, Chris Potter, desicônes qui m'ont motivé, de belles images.

Disques incontournablesEl : “Birthday Concert” de Jaco Pastorius,“Homogenic” de Björk, “Lift” de Chris Potter,“Ceremonial” de Miguel Zenón.Em : J'écoute beaucoup de choses, mais je doisdire qu'il y a un disque vraiment excellentissime, le“Kid A” de Radiohead. J'aime la variété des musiques sur ce même album. Tous les disquesde Sigùr Ros, et Esbjörn Svensson Trio.

Envie(s)El : Continuer à travailler comme on fait, jouer, etjouer des choses différentes d'un disque à l'autre ;le 2e disque est déjà enregistré, il sera totalementdifférent.Em : J'ai envie de jouer pour les gens, de rencontrerles gens qui ne voient pas la perfection dans la musi-que. Sur le disque, il y a des trucs imparfaits quenous avons gardés, et les concerts ne sont pasparfaits non plus. J'ai envie qu'on vive de notremusique, et j'aimerais qu'on trouve un tourneur. Etpuis, j'ai aussi envie qu'on reconnaisse un peuplus les lieux alternatifs, et je fais référence auFouloir de Saint-Herblain qui est fermé. C'est unvrai problème, c'est dommageable, car ces lieux diffusent des musiques que l'on ne peut écouternulle part ailleurs...

Comme Denison Kimball Trio à uneépoque (projet de Duane Denison,guitariste de Jesus Lizard), SidonyBox construit huit mécanos auxcouleurs bigarrées. Si l'on retrouvedes touches de jaune ou de rougeà la base comme au sommet dumécano, l'édifice tient debout.Résolument jazz et free, partiellement pop, expé,post-rock ou progressif, le lexique du trio nantaisn'appartient à aucune langue. Il y a une liberté dansl'énonciation avec des passages hypnotiques et tribaux (Out of the queen) ou à l'inverse totalementéthérés et lunaires (1988), un triptyque d'instruments(guitare/batterie/saxophone) qui fonctionne etinvente. On a cru voir entre autres les silhouettes deDirty Three, Brokeback, Sigùr Ros, ChicagoUnderground Trio ou Quartet survoler le mécanoconstruit, mais certains génies inspirateurs ne sontpas encore sortis de la boîte, c'est pour le 2e disqueà sortir cette année...

Cécile Arnoux

Sidony BoxSidony Box One name for a crew/Yolk Records 2011

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Le premier disque dont vous vous souvenez ?Enguerran : Moi, je me souviens très bien que c'étaitle double best of de Daniel Balavoine qu'avaient mesparents. Je dois même avoir une vidéo de moi toutpetit en train de mimer la guitare avec un fourreaud'épée en plastique en l'écoutant. Je me suis d'ailleursmis à la guitare pour de vrai à l'âge de 5 ans, grâce àce disque. Même si j'ai eu ma première déceptionartistique en réalisant que ce n'était pas lui qui jouaitsur les albums (rires)… Sinon, j'ai aussi un souvenirassez précis du “Rock Around The Clock” de BillHaley, parce que c'était super speed. Flo : Moi, le premier disque dont je me souviens c'estun live de Gainsbourg qui appartenait à un de mesfrères aînés. Ce qui est drôle c'est qu'à l'époque çame paraissait une musique très rock, presque violente… Y avait ce titre, “Harley David Son Of ABitch”, qui avait un côté biker… C'est bizarre, parce

qu'en l'écoutant aujourd'hui je ne comprends pas ceque je pouvais trouver de violent là-dedans (rires) !

Le premier disque que vous avez acheté ?E : Bon, je ne m'étendrais pas trop sur cette question. C'était un album de Billy Crawford. J'étaisen cinquième, j'avais 11 ans. Bref, bref, bref (rires)…F : Moi c'était l'album de The Cranberries où ils sontassis sur un canapé sur la pochette. Aujourd'huiencore il m'arrive de le réécouter. Le batteur avait desuper bonnes idées. J'assume !

Le disque qui résumerait votre adolescence ?F : Je dirais “Homogenic” de Björk. J'ai dû le découvrirà sa sortie en 1997, je devais avoir 16 ans. Ce disquea été une énorme claque, je dirais même une remiseen question personnelle. Ou alors ça serait un disquede Faith No More, que j'ai beaucoup écouté. Mais si

DES DISQUES ET DES HOMMES

À l'heure où de plus en plus de jeunes groupes se contentent amplement de sorties uniquement digitales, qui plus est souvent aseptisées par l'utilisation des mêmes logiciels d'enregistrement,The Forks rame à contre-courant de ses contemporains. Le duo a en effet enregistré son premieralbum en conditions live, c'est à dire en une seule prise, puis confié le mastering du disque à MonsieurBob Weston, bassiste de Shellac et donc plus proche collaborateur de Steve Albini. Ça méritait bien derevenir sur les disques qu'Enguerran (guitare) et Flo (batterie) ont écoutés depuis leur enfance.

PAR KALCHAPHOTO : CHARLOTTE ORSINI

the forks

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je devais ne retenir qu'un disque qui aurait marquéma vie, ça serait le “Doolittle” des Pixies, qui resteprobablement mon disque préféré de tous les temps. E : Alors, étant donné que je n'ai que 19 ans, je saispas si j'ai encore énormément de recul pour résumermon adolescence. Là, comme ça, je te dirais peut-être “Troublegum” de Therapy?, ou bien “Lateralus”de Tool, qui m'ont beaucoup accompagné. C'estd'ailleurs Flo qui m'a fait découvrir ce disque.

Le premier disque qui vous a fait relativiser toutce que vous aviez écouté avant ?F : Et bien je dirais justement “Ænima” de Tool, mêmesi j'ai peut-être encore préféré “Lateralus” par la suite.Mais je me souviens avoir trouvé “Ænima” dans lesaffaires de mon frère, et la pochette m'a interpellé. Jel'ai alors écouté au casque et je n'arrêtais pas de medemander comment ils faisaient tous ces trucs-là. Çaa été un des premiers disques où j'avais l'impressionde découvrir quelque chose de totalement nouveauet personnel.E : Sans doute l'album de “Hypnotize” de System OfA Down. Je crois que je n'avais jamais entendu dedouble pédale avant. Je me souviens avoir adoréaussi cet équilibre entre ultra-violence et passagessuper beaux. C'est sans doute pas si éloigné de cequ'on essaye de faire avec The Forks de ce point devue-là. Mais j'ai l'impression de me prendre la plusgrosse claque de ma vie tous les six mois en cemoment. Récemment, j'ai par exemple découvert le“The Shape Of Punk To Come” de Refused et j'ai toujours du mal à m'en remettre…

Un disque qui a ouvert des perspectives quant àla pratique de votre instrument ?E : C'est difficile, il y en a des tas. Même si finalement,je n'ai jamais plus que ça accroché sur les guitaristesque les gens citent habituellement. Je ne suis jamaisrentré plus que ça dans Hendrix ou Slash, etc. Parexemple, je trouve que Buckethead était cent foisplus intéressant que Slash lorsqu'il a intégréGuns'n'Roses pour leur retour il y a quelques années.Sinon, j'ai aussi été très impressionné par la techniqued'un type comme Chet Atkins… F : Moi, en revanche, ça va être hyper cliché, maisc'est John Bonham dans les disques de LedZeppelin. Plus tard, un type comme Dave Grohl m'aaussi beaucoup influencé. Quels que soient les groupes avec lesquels il a joué - et pas forcémentque dans Nirvana - je trouve que son jeu est puissant,carré, et toujours au service de la musique. Je trouve

que c'est un musicien très humble, qui ne cherchepas à se mettre en avant à tout prix, mais qui fait justece qu'il faut pour que la musique y gagne.

Un disque que les fans de The Forks seraientétonnés de trouver chez vous ?E : Alors, je n'ai pas forcément les disques maisrécemment j'ai découvert certains compositeurscontemporains comme John Cage, GeorgesAperghis ou Gérard Grisey qui m'ont énormémentremué, émotionnellement parlant.F : Je ne sais pas, j'écoute beaucoup de choses finalement très pop, genre Elliott Smith, Venus, TheBeatles… J'adore ça.

Le prochain disque que vous comptez acheter ?E : Ça fait un moment que je veux m'acheter l'album“The Fiancée” de The Chariot. C'est du hardcorecatho, bon, c'est pas ce côté-là qui m'attire le plusdans leur musique- ultra bourrin et super carré. F : Figure-toi que ça sera “Doolittle” des Pixies quej'ai perdu et qui m'attend dans mon panier Amazon(rires)…

Retrouvez l’intégralité de cet entretien surhttp://tohubohu.trempo.com

Dans le chapeau de l’interview, onvous disait que ce disque avait étéenregistré en une seule prise. Cen’est pas tout à fait exact. Les troispremiers titres sont issus del’avant-dernière prise, et les septautres de la cinquième et dernièreprise de la journée. Ce premieralbum est donc une plongée entemps réel - y compris les blancs entre les morceaux - dans l’univers bruitiste de The Forks. Leduo y est impressionnant de maîtrise et de maturité.Leur post-noise joue les funambules entre une ragecanalisée et des moments de grâce extrêmecomme ont su aussi le faire Shellac, Slint ouLightning Bolt en d’autres temps. On est donc trèsloin de la musique prête à consommer qu’on veutnous servir à tous les coins de bacs. Ce disquenécessitera quelques écoutes pour se laisser apprivoiser. Mais, ensuite, quel bonheur…

Kalcha

The Forks s/tMaximum Douglas Records 2011

Infoswww.maximumdouglas.com

www.myspace.com/theforksgroup

Jet fmPAR CÉCILE ARNOUXVISUEL : O.JOSSO+L.DELPINO

FIDÈLE ET MILITANTE

Infoswww.jetfm.asso.fr / www.histoiresdondes.fr

À l'origine “radio-école” portée par le centresocioculturel de La Bernardière (Saint-Herblain),Parpaing FM puis Fun FM devient Jet FM.Les années 90 apporteront des salariés (via lesemplois aidés), les années 2000 la caution descollectivités et des partenaires culturels.Jet FM est en 2011 une radio et un partenairereconnu par ceux qui financent, diffusent, et développent les musiques actuelles.

Si certaines émissions entament leur 12e année d'antenne, voire plus, la radio intègre chaque saisonde nouvelles émissions, et le projet avance à petits pas. De la bande Revox au numérique, la technologiesera une révolution qui permettra aux salariés de se concentrer sur le projet (partenariats, créationssonores, action culturelle...). Et puis, dans un paysage radiophonique bigarré et complémentaire, Jet se singularise par un axe social fort, de l'action culturelle, un fort rédactionnel, engagé, militant socia-lement et musicalement. En privilégiant un cadre temporel long (émissions de parfois deux ou troisheures), un contenu “hors les murs” qui place, comme le dit Loïc Chusseau, directeur, “la radio dansl'action, et pas seulement dans la diffusion ou la communication”.Jet FM gagne une véritable crédibilité. Être présentsur des manifestations culturelles militantes, sur desmouvements sociaux (cf. chronique avec le journalPolitis), s'engager sur l'Économie sociale et solidaire,poursuivre les partenariats dans la durée, développerla création radiophonique (festival [sonor]*), adhérerà deux collectifs de radios (GRAMM et FRAP), voilàles grands axes de la radio.Alors, si le rapport à la promotion (pour les artistescette fois) a pu changer avec la crise du disque, JetFM y voit un soutien plus affirmé au local, une lignemusicale plus affinée, et se dit “maillon de la chaînede l'émergence, de la découverte. On est finalementplus actifs et prospectifs”. Cette année, Jet FM a 25 ans, l'occasion, comme lesouligne Loïc “d'organiser des choses, de faire desconcerts avec des partenaires qui sont là depuisplus de 15 ans pour certains, en adaptant des programmations hybrides, à l'image de la radio”. Fin2011, sortira un double disque de live produit parJet, ainsi qu'un documentaire sur la radio, pour nepas être dans la simple narration mais dans la création qui valorise des archives sonores. Beau programme !

*[sonor] est co-organisé par l'association Histoires d'Ondes et Jet FMpour la 6e année consécutive du 18 au 26 mars 2011 (Nantes).

“Écouter Jet FM m'a coûtébonbon” par DOMINIQUE A“J'y entendais tous les jours des trucs sublimes,et je ressortais de chez le disquaire avec letruc en question, plus 30 autres galettes sousles bras. Quand le morceau n'était pasannoncé, il m'arrivait de leur téléphoner poursavoir. Bon, tout ça est vieux, je vous l'accorde,et j'imagine qu'aujourd'hui, j'irai cliquer surune souris plutôt que de me ruiner chez desdisquaires qui n'existent plus. En tout cas, jeme souviens de cette période comme d'untemps béni pour mes oreilles, et c'est sanscharger la mule en grande partie à Jet FMque je le dois ; parfois, c'était troublant, en lesécoutant, j'avais l'impression que si j'avais eules mêmes disques entre les mains, j'auraispassé les mêmes trucs. On appelle ça desaffinités si je ne m'abuse. Je leur souhaitebon anniversaire et de continuer 75 ans aumoins encore, ça me ferait plaisir de rédigerune bafouille pour leurs 100 ans.”

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Les nombreux acteurs du monde musical ont-ilsenfin trouvé dans SoundCloud, l'outil de commu-nication qui les comblerait ? MySpace semblaitpourtant répondre en partie aux besoins dedécouvertes et de réunions des mélomanes,mais il faut bien constater que le manque d'évolution du service, ses défauts esthétiqueset fonctionnels, ont fini par semer le doute sur sapérennité. Désormais sous la menace de “webcumulonimbus” chargé de bonnes idées, l'avenirdu mastodonte s'assombrit.

SoundCloud, site d'origine allemande est, contrai-rement à son aîné, dès sa conception en 2007,prévu pour la musique et ses protagonistes. Lesdifférences avec son ancêtre hégémonique sontdonc évidemment notables. Techno-logiquementà la page, SoundCloud adopte les préceptes ducloud computing. Déjà abordé dans cette rubrique,notamment par l'exemple d'Hobnox, le cloudcomputing, soit littéralement “l'informatique dansle nuage”, est un concept visant la simplification denos pratiques informatiques. L'objectif, pour fairesimple, est de déporter l'exécution d'une applica-tion ainsi que le stockage des données de notreordinateur vers un serveur réseau distant.

L'un des avantages c'est que vous soyez Mac,Windows ou Linux, cela importe peu puisqu'unsimple navigateur suffit. Évolution majeure pourcertains, il faut tout de même souligner qu'elleinquiète quelques acteurs du web1 qui y voient unemenace sur nos libertés, pas uniquement dansl'usage d'internet mais pour l'informatique engénéral. L'espoir de réveiller les consciences semblecependant peine perdue, si on en juge la popularitédes nombreux sites qui se sont engagés danscette voie technologique.

Si l'on devait décrire SoundCloud, on l'assimilerait,grosso modo, à un YouTube ou encore un Flickrmais pour les fichiers audio. À ceci près, c'est qu'ilest en plus une véritable plate-forme d'échanges,une sorte de nœud d'interconnexion, un point derencontres. Les fichiers déposés par télécharge-ments ou plus simplement par l'application

d'enregistrement intégrée, deviennent la base deséchanges communautaires. Opter pour SoundCloudc'est également adopter une philosophie nettementmoins attentiste que MySpace. D'abord sur le sitelui-même, où tout est fait pour mettre en contactdes personnes aux objectifs partagés. Ceux-cis'étant déclarés lors de leur inscription comme,musicien, programmateur de concerts, studiod'enregistrement, diffuseur radio, rédacteur pourun fanzine, simple auditeur ou autres, pourrontdéposer ou recevoir directement la démo ou lemorceau suscitant l'intérêt commun.

Là ou MySpace limite les consultations exclusivement sur son site, SoundCloud proposede diversifier et de multiplier les canaux de communication. Premièrement par le biais d'unlecteur maison, intégrez-le par exemple à untweet, dans votre Facebook, un blog, même survotre page MySpace et bien d'autres destinations.Ou alors, par une méthode plus évoluée, un titrepeut également être lu sur des applications logiciels disponibles sur la plupart des appareilsactuels, y compris sur un smartphone. Ces deuxpossibilités, tout comme le téléchargement dufichier par un tiers, seront activées seulement sivous l'autorisez. De même pour les droits d'auteur,

ils seront associés sous forme de licence copyrightou Creative Commons.

Si le succès actuel de SoundCloud attire les projecteurs, cela ne garantit pas forcément un avenir dominateur, comme on peut maintenant leconstater avec le has-been MySpace. D'autressites méritent largement notre intérêt, d'ailleursl'usage de SoundCloud jugé trop minimaliste parcertains, se voit déjà snobé pour des sites commeMixCloud ou Mixcrate.

Décidément le temps est orageux sur internet ence moment...

1Parmi eux, le très écouté Richard Stallman, le papa de la

licence copyleft GPL GNU

http://soundclound.com

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soundcloud PAR DENIS DRÉAN

LE MYSPACEKILLER

von pariahs

2010 terminée, c'est l'heure traditionnelle desbilans… Qu'est-ce qui a changé cette annéepour vous ? De bons concerts, de bonnes rencontres… On asorti un 4 titres en septembre, enregistré auFuzz'Yon par Maxime Coste et mixé par Pegase(Minitel Rose). Il y a eu le clip de “Takin it in”, tournédans un théâtre à l'italienne, et d'autres projetsplus spontanés. La bonne grosse surprise c'estnotre programmation aux Trans Musicales dans le cadre de Focus (NDLR : coordonné parTrempolino et ses partenaires, soutenu par laRégion des Pays de la Loire). C'est un peu unmessage de reconnaissance vis-à-vis de notremusique et c'est chouette. Avec un peu de reculsur cet événement, je pense que ça l'a fait ! Enfinon a été retenu pour participer à Artistes en Scèneau Fuzz'Yon. Ce dispositif, géré par Trempolino et les SMAC de la région, parraine 6 groupes pour les booster, avec des jours de résidence, deformations... Donc bilan top cool !

Pour ceux qui ne vous auraient pas vus ou quin'auraient jamais entendu vos morceaux, quisont les Von Pariahs ?Nous sommes originaires de Fontenay-le-Comteen Vendée et nous vivons désormais tous àNantes. La forme actuelle du groupe remonte àmars 2009, avec deux guitares, une basse, unebatterie, un clavier et un chant. Elle s'est construiteau fur et à mesure car les origines remontent à2006 en duo guitare-batterie.

Même si votre musique semble loin des formats à la mode aujourd'hui, si vous deviezvous coller une étiquette, laquelle vousdéplairait le moins ?C'est amusant après un concert de rencontrerquelqu'un qui dit avoir perçu du Who dans tamusique, pour que 5 minutes après un second tecite Joy Division et un autre Queens Of The Stone Age ! Ce qui ressort aujourd'hui en terme d'étiquette, ce sont les courants post-punk, cold-wave, shoegaze et psyché. C'est la famille

PREMIERS DE LA CASTE

Sortie d'EP, concert aux Trans, de la vidéo en veux-tu en voilà, de la date on en parle même pas…Les Fontenaysiens viennent de vivre une année intense en termes d'actu et cela semble bienparti pour perdurer. Petite rencontre “bilan & perspectives” avec Hugo, bassiste d'un sextet certes en marge au regard du formatage ambiant, mais qui a de plus en plus tendance à mettretout le monde d'accord…

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PAR BEN DEVILLERSPHOTO : AURÉLIEN GAILLARD

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rock au sens large qui nous intéresse. Tout est bonà prendre… ou presque ! En tout cas en compo,on écarte au maximum les idées préconçues quipourraient nous freiner dans l'usage de sonoritésou de rythmes particuliers.

J'ai lu dans la presse qu'Iggy Pop pourraitvous demander une reconnaissance de pater-nité. Au-delà du côté gratifiant, l'inspirationvous vient-elle des aînés comme Iggy ? Desgroupes actuels ? La majorité des courants musicaux nous plaisentet influencent nos compos et notre jeu. C'est unedes chances que peut avoir un type de vingt ansen 2010 : sans avoir vécu les périodes fortes etnovatrices des 60 dernières années, il y accèdegrâce aux enregistrements et peut avoir du reculsur ce qu'ont apporté tour à tour les artistes. Pourimager, les Sonics ne pouvaient pas s'inspirer duson de Kraftwerk ; moi je peux passer leurs vinylestous les soirs dans mon salon si je veux ! Onécoute aussi pas mal de groupes actuels. C'estsouvent de la redite de ce qui a déjà été fait maison y trouve quand même de la fraîcheur et c'estune bonne source de motivation.

Votre EP présente un packaging pas banal,un CD glissé dans une pochette de disquette5 pouces un quart, format que vous n'avezsûrement pas connu ! Quel rapport entretenez-vous à l'objet disque et plus généralement,êtes-vous fétichistes ?!?C'est vrai qu'on a une certaine admiration pour lesformats alternatifs. Faut bien se marrer un peu ! Ontenait donc logiquement à ce que notre EP sorteun peu du lot. Mine de rien, ce projet est un véritablebouffe temps. Il faut dénicher les disquettes dansles petites annonces, dans les vides greniers, lesnettoyer, les découper, coller les étiquettes… Onmet beaucoup de nous dedans, alors au passage,si cet argument a le pouvoir de susciter une excitation érotique, on en sera d'autant plus fiers !

Il y a aussi le rapport à l'image. Vous avez uneidentité visuelle forte, vous produisez beau-coup d'images, notamment en clips ou avecle projet des On My Own Sessions*. Les VonPariahs seraient-ils les mêmes sans cettedimension ?Pour commencer il faut remercier Adrien, notremanager/chargé de com', sans qui tout cet aspectn'existerait pas. L'identité visuelle est importantepour se démarquer. Et les vidéos entretiennent uncertain dynamisme, nous donnent une bonneoccasion de faire des choses nouvelles et de semarrer. Et en plus on a l'impression que cela facilite la diffusion de notre musique par rapport àdes morceaux seuls. This is the law !

Pour revenir à des choses plus terre à terre,comment le groupe est-il structuré ? Les chosesont-elles changé depuis le passage par lesTrans ? Depuis pas mal de temps maintenant, nous sommesaccompagnés par Adrien au management et parPierre au son. Pendant les Trans, on a eu lachance de rencontrer Jenny qui est attachée depresse. Elle va nous apporter toute son expériencesur les rapports qu'il faut entretenir avec les milieuxmédia, labels, distributeurs, tourneurs… C'estassez spécial, il faut s'y connaître pour avoir lesclés. On commence à s'y intéresser sérieusement.

Je disais tout à l'heure que vous étiez ungroupe hors format, avec une approche durock qui sort du lot… Comment envisagez-vous un dispositif tel qu'Artistes en Scène?Ne craignez-vous pas qu'un œil extérieurremette en question vos manières de fonctionner et vienne peut-être gommer vos singularités ? L'objectif du dispositif est d'apporter aux groupesun maximum d'éléments pour se professionnaliser.On va donc aborder de nombreux thèmes en rapport au live, à l'arrangement, au son, à la technique, à l'administratif… C'est loin d'être duformatage car les actions sont personnalisées, ona systématiquement notre mot à dire sur ce qui estproposé et on peut même choisir nos intervenants.Les résidences sont souvent riches en découverteset peuvent remettre en question de nombreusesconvictions. La dernière expérience en date pourpréparer les Trans nous a bouleversé mais a renforcé nos méthodes, nos choix, notre détermi-nation… Ces dispositifs permettent justement auxgroupes d'évoluer et de mettre en valeur plus efficacement leurs singularités.

Et pour finir, qu'est-ce qui se présage en 2011 ? Année chargée ! Augmenter le nombre de répés,tourner en France et en Angleterre, enregistrer unnouvel EP, enregistrer un split 45 tours avec RhumFor Pauline sur le label Futur, tourner un clip travaillé en termes d'installation visuelle… Etmême si c'est ringard : se faire plaisir !

*On My Own SessionsÀ l'origine imaginé en répétition, les On My Own Sessions (OMOS)se rapprochent d'un dispositif de création en cadavre exquis : unmusicien se filme à la webcam et enregistre sa partie, l'envoie à unautre qui s'en inspire pour faire la sienne et ainsi de suite jusqu'au6e musicien… Le tout est enfin monté pour aboutir à un clip et unmorceau originaux, destinés exclusivement à internet. La dernièreOMOS fut une reprise surprise de The Cure “Grinding Halt”.

Retrouvez la chronique de l’album dans leTohu Bohu n°18.

Infoswww.myspace.com/vonpariahs

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PAR SYLVAIN CHANTAL

ILLUSTRATIONS : LE CHAKIPU

http://lechakipu.canalblog.com

L'avènement d'internet a radicalement bouleversé les modes de consommation de lamusique enregistrée. Grâce à cet outil, lavente d'une production musicale n'est plusréservée aux seules grosses pointures.Mais, dans cette nébuleuse que représentela Toile, quel chemin un artiste doit-ilemprunter pour commercialiser son œuvreet quels sont les moyens pour lui de sedémarquer du… reste du monde ?

Tout le monde n'est pas Portishead. En janvier, le groupe de Bristol a annoncé viale réseau social Twitter qu'il n'y aurait, pourla sortie de son quatrième album en 2011,ni téléchargement gratuit ni vidéos demaking off ni opération de street marketingni MySpace ni Twitter ni concert pour lesblogs ni versions exclusives sur iTunes…Bref, les Anglais demeurent sûrs de leur fait : lesfans fidélisés depuis 1991 continueront d'acheterleurs disques vingt ans plus tard, malgré la crisedu disque et l'avènement d'internet. En un sens,Portishead sort du lot en déclarant faire fi du marketing, ce qu'au fond recherchent tous lesgroupes ; se faire remarquer et diffuser le plus largement possible, demeure l'objectif premier detous les artistes, du moins connu au plus célèbre.

Un constat pessimiste“Quand je reçois dans mon bureau un groupe quivient me demander conseil sur l'enregistrement etla diffusion de sa musique, il ressort généralementcomplètement déprimé... Il y a un gros problèmede financement et de diffusion de la musiqueenregistrée.” Chloé Nataf, chargée du développe-ment des musiques numériques à Trempolino, n'yva pas par quatre chemins lorsqu'elle évoquel'état actuel du marché. Mais une fois dressé ceconstat pessimiste, il n'en reste pas moins qu'en-registrer un disque et le diffuser, que ce soit sursupport physique (CD, vinyle, DVD) ou numérique(téléchargement légal), est la finalité de toutgroupe qui souhaite se développer. “Pour trouver

un concert, on te demande une actu,et pour avoir une actu, il faut sortir un disque,poursuit Chloé Nataf. On est encore sur un schémaclassique en terme de développement : c'est leserpent qui se mord la queue.”

Dans un souci d'aider au financement des enre-gistrements, Trempolino va lancer prochainement,sur le site Tohu Bohu, des souscriptions en ligne(préfigurant le don en ligne) via paiement sécurisé.Alors une fois ce disque enregistré, commentl'écouler ? Les derniers chiffres tendraient à prouverque le numérique est aujourd'hui la voie à suivre.Régulièrement, le SNEP (Syndicat national de l'édition phonographique) et L'Observatoire de laMusique dressent un bilan chiffré des ventes demusique enregistrée, comprenant les ventes physiques et numériques. Si leurs chiffres diffèrentsensiblement, le constat reste le même : le chiffred'affaires global est en baisse, mais la part de marché de la musique numérique augmente. Surles trois premiers trimestres de l'année 2010, leSNEP annonce que le numérique représente désormais 20% du marché ; l'Observatoire de laMusique parle pour sa part de 13,1%, la musique

INTERNET ET LA MUSIQUE

en ligne représentant ainsi 21,7 millions d'eurosde chiffre d'affaires, hors streaming et sonneries.Le SNEP estime, quant à lui, que la vente d'albumssous forme de téléchargement a connu une augmentation de 42%. “Attention, il faut relativiserces chiffres, tempère Guillaume Champeau,directeur du site www.numerama.com spécialisénumérique. Cette augmentation du nombre detéléchargements légaux paraît énorme, mais ilfaut savoir qu'on part de très bas. Si on vend undisque une année et qu'on en écoule deux l'année suivante, dans les chiffres cela donne uneaugmentation de 200% ! Cela ne représenteencore une goutte d'eau, même s'il s'agit c'estvrai d'une grosse goutte. Mais les ventes par le

numérique progressent moins vite que le marchéne baisse dans sa globalité. Cela dit, il est clairque d'ici quelques années, la vente de musiquepar internet prendra le dessus. Quand on observede loin le marché global, le gâteau est moins grosqu'il y a quinze ans. La période dorée est derrièrenous. Les maisons de disque sont de moins en

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BB&PP, le modèle de demain ?Un nouvel outil de vente online a vu le jour récem-ment et il est l'œuvre d'une structure nantaise :BB&PP. Encore peu connu, il a cependant, dès sacréation, été adopté par David Guetta himself et ille sera dans quelques mois par le rappeurAkhenaton. Sous forme de plate-forme personna-lisable, ce système permet aux artistes de valoriserleur image auprès de leur communauté de fans etde développer pour leur compte de nouvelles formes de promotion et de diffusion et d'accroîtreleurs revenus en les diversifiant. Les groupes peuvent proposer aussi bien du digital que dessupports physiques à la demande, donc sansstock et sans investissements, et des produitsdérivés, merchandising en mini-séries. Cette plate-forme peut se renouveler au gré des envies de l'artiste, aussi bien graphiquement que dans soncontenu, et ainsi proposer un univers dédié, repré-sentatif de l'instant T, dans lequel l'internaute personnalise ses achats, à son image et sesenvies. Pour exemple, David Guetta a édité unesérie limitée de t-shirts lors de son dernier passageau Brésil, partis comme des petits pains le tempsde la tournée carioca. “Il ne s'agit pas d'un supermarché, mais d'uneépicerie fine, insistent Dan et PF, les deux instiga-teurs du système. Tant pour le groupe utilisateurde la plate-forme que pour le fan qui s'y connecte.Celui-ci peut choisir les morceaux qui l'intéresse,composer sa propre jaquette, acheter un t-shirt etse faire livrer le tout sous 48 heures.” DavidDarricarrère, chanteur de Smooth et créateur dulabel DoYouLike, a adopté ce système en févrierdernier et se montre laudatif à son égard. “Cela te

permet de bosser en flux tendu, donc il n'y a pasde déchet. Avant j'avais du stock chez moi, dansma piaule. Maintenant tout est chez MPO, le fabri-cant ! C'est du sur mesure : tu réconcilies les gensavec le support physique, même si paradoxale-ment les ventes de nos productions ont davantageété générées par le digital que par le physique. Jepense que ce système a cinq ans d'avance. Dansquelques années, tout le monde se tournera versça. Un autre avantage, c'est que tu ne retrouvespas ton PLV à côté de celui de Céline Dion. Là, tut'adresses à un public indé qui aime qu'on le traiteen public indé. Et puis pour le merchandising, heureusement que l'on avait cette plate-forme. Çanous a permis d'écouler les t-shirts quinous restaient de la tournée !”

Du reste, Trempolino sedote également d'une deces plates-formes. À l'oc-casion de chaque sortiedu magazine Tohu Bohu,c'est-à-dire trois fois paran, tous les artistes (qui lesouhaitent) présents dans lemagazine via les interviews et leschroniques disposeront d'un titre sur une plateforme on demand créée à cet effet. TohuBohu La Compile, c'est la possibilité de com-poser sa propre sélection musicale régionaletout en collant à l'actualité des groupes. C'estégalement un moyen ludique de découvrir lesartistes de la région et de les soutenir enachetant leurs titres. C'est enfin la possibilitéde bénéficier d'un objet unique, avec unchoix de plusieurs visuels pour son disque.

“La période dorée est derrière nous.Les maisons de disque sont de moinsen moins utiles et gagner sa viegrâce à la vente de ses productionsdevient de plus en plus compliqué.”

Nouveau ! le magazine s'écouteaussi

moins utiles et gagner sa vie grâce à la vente deses productions devient de plus en plus compliqué.C'est davantage grâce aux concerts par exemplequ'un artiste peut espérer être rémunéré.”

Plates-formes généralistes et “indés”Damny, chanteur du groupe La Phaze et auteur d'un albumsolo en 2009, n'enpense pas moins.Signé sur le presti-gieux label BecauseMusic (Prince, Booba,Charlotte Gainsbourg,Manu Chao…), leNantais pourrait seconsidérer privilégié,mais il est conscientque les ventes de sesdiverses productionsne représentent que10% de ses revenus.“Une fois que tu accep-tes cette réalité, c'estplus facile à vivre.Emmanuel de Buretel,le boss de Because (etancien patron d'EMIEurope, NDLR), consi-dère qu'il faut investir dixans sur un artiste avant d'obtenir un résultat pro-bant. Avec La Phaze, ilsnous suivent depuis cinqans. Je ne sais pas si je vais tenir encore cinqans…”, dit-il en rigolant. Sur la Toile, les produc-tions de Damny sont diffusées de deux manières :sur les plates-formes généralistes de type iTunesoù Because investit beaucoup en “facing” (le pro-duit est mis en avant sur le portail du site) et surune plate-forme plus “indé” nommée Yozik quiexiste depuis cinq ans. De plus en plus de labelsfont confiance à ce service en ligne (Because,Roy, Discograph, Yotanka) pour la vente par correspondance et la mise en ligne de shops surle site de leurs artistes. Le groupe angevin Nouvel Rs'est par exemple tourné vers Yozik pour vendre ses CD sur internet. “Au moment designer notre premier disque chez Yotanka en2006, le digital n'était pas encore aussi développéque maintenant, mais nous y étions déjà très

accroché. À la signature du contrat, l'offre Yozikincluant les shops en ligne, la VPC et la mise enligne sur les plates-formes (iTunes, Deezer,Amazon...) était incluse. Cela nous a amené de lavisibilité sur le web, un autre canal de vente via leshop en ligne, la possibilité de vendre à l'interna-

tional et d'être en ventetout simplement sur lesréseaux sociaux via desexports de players/shops.C'est un outil performantqui nous a permis demettre notre premieralbum à prix libre et de récolter beaucoup plusde fonds qu'avec unprix fixe, le consomma-teur devenant acteur duprojet. On a eu beau-coup de télécharge-ment à 0 euro, mais ona étoffé notre base defans pour les mailings.Globalement, au vu du développement du groupe, on a étégagnant.” Pour desgroupes du niveau denotoriété de Nouvel R,les ventes de MP3 etd'albums physiquesvia Yozik fonctionnentbien, au contraire de

celle sur les plates-formes généralistes. De même, les retours financiers du streaming, principalement surDeezer, ne rapportent quasiment rien, à peine une cinquantaine d'euros par an.

La vente à prix libreYan Lemonnier, en charge du label Ego Twister, alui aussi testé ce système de la vente à prix librepour les artistes de son catalogue. Initié parRadiohead en 2007 pour la sortie de l'album InRainbows, ce modèle s'est depuis largementrépandu sur la Toile. “Je respecte énormément cesystème et j'avoue que j'ai du mal à adopter uneligne de conduite claire en terme de prix car j'ai unpeu tout essayé. J'avais par exemple essayé demettre les albums à 5 euros. Ce mois-ci, j'aidécidé de tout mettre en prix libre. Je viens de

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passer une annonce sur Facebook. On verrabien… Quant à ce qui à la base était gratuit sur lecatalogue, je le laisse en gratuit. En tout cas, c'esttrès aléatoire.” Yan Lemonnier raconte avoir également fait un test sur les plates-formes géné-ralistes précitées. “Avec Antoine et son projetGratuit, j'ai essayé iTunes et Zimbalam (BelieveDigital). Mais c'est comme jeter une bouteille à lamer si tu ne fais pas de promo. Il n'y a pas derecommandations et c'est décevant : à aucunmoment, on ne m'a proposé de mettre un textede bio ou une photo.” Pour faire parler de sonalbum, Antoine “Gratuit” Bellanger a donc montéune opération de “marketing musical” avec sonfrère Julien. Cet “acte poétique”, comme le définitYan d'Ego Twister, a eu son petit écho dans leLanderneau nantais. “Quand tu as zéro euro de budget promo, tu esobligé de réfléchir à des idées comme celle-là”,explique Antoine. L'idée de son frère : disséminerdes QR code à Nantes pour réaliser un parcoursmusical dans la ville et découvrir ainsi les différentsmorceaux de l'album. “On a disposé les QR codelors du week-end où setenait le festival DragoPedros et où sortait officiellement le vinyle,raconte Julien Bellanger. Il faut désacraliser le côtétechnique de ce procédé :c'est accessible par n'importe qui. Aprèsavoir pris le QR code enphoto, tu vas sur uneplate-forme où tu asaccès au morceau.C'est très utilisé enAsie, mais pas encoreénormément enFrance. C'est uneautre manière d'abor-der le disque. Je viensde lire que depuisdeux mois, les genssurfaient plus sur leurtéléphone que surleur ordinateur.”Et Antoine de tem-pérer le point de vuede Julien : “Je suisun peu old-school.

L'objectif premier était quand même d'éditer cetalbum en vinyle. On ne l'a pas sorti en CD carc'est la jungle totale. Et le MP3, je ne trouve pasça terrible. C'est comme si je faisais une expophoto dans une galerie qui serait mal éclairée…”

Les réseaux sociauxQuoiqu'en dise Portishead, pour sortir du lot, il estdevenu indispensable aujourd'hui d'utiliser les différents réseaux sociaux de type Facebook,MySpace ou Ping, le nouveau système de partage de fichiers lancé par iTunes. Plus que des“amis”, les contacts noués sur la Toile deviennentdes prescripteurs, incitent leurs propres amis àdécouvrir l'artiste qu'ils sont les premiers à soutenir,“partagent” les clips. Le public devient ainsi un“acteur” incontournable du développement d'un

artiste. “Au XXe siècle, tout le monde écoutait la mêmemusique diffuséepar les radios,explique GuillaumeChampeau deN u m e r a m a .Aujourd'hui, avec lesréseaux sociaux, il devient assez commun d'écouterde la musique trèsspécialisée. Ces offresultra-spécialisées vontgagner du public, maiscela restera malgré toutconfidentiel. Il faut toutde suite oublier le rêvede devenir connu.Devenir connu au sensoù on l'entendait au siècle dernier. MylèneFarmer vend encore descamions de disques,mais il s'agit d'une artistedéjà ‘installée’. Quandvous faites ce deuil, vous allez sur les réseaux

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“Le MP3, je ne trouve pas ça terrible.C'est comme si je faisais une expophoto dans une galerie qui seraitmal éclairée”

sociaux et là, trouver un petit public devient trèsfacile.”

Aussi débutants soient-ils, les groupes sont doncdésormais conscients qu'ilsdoivent investir la Toile en sefaçonnant un univers qui leurest propre. Avec les camérasnumériques et les logiciels demontage, il est aujourd'hui rela-tivement aisé de réaliser sonclip home made. De même, iln'est plus si compliqué de sedoter d'un logo ou de photos depresse dignes de ce nom. La musique devient de fait unproduit d'appel qui amène surl'univers du groupe. À quelquesmois de la sortie du nouvel albumde La Phaze, Damny se félicite dutiming de promotion.“C'est la première fois que letiming est aussi bon, nous racontait-il en décembre. On arriveavec un gros package. On a déjàtourné deux clips et on va bourrinersur tous les réseaux. On a de quoi alimenter la Toile pendant quatre mois. Quand ledisque sortira en mars, certains de nos fans

connaîtront déjà la quasi-intégralité du disque.”“Moi c'est pareil, ajoute Yan Lemonnier, mon labelest tellement petit que je n'ai pas les moyens defaire de promo et j'incite donc les gens à la fairepour nous.”

Les fédérations de labels indépendantsDepuis quelques temps, de nombreux labelsindépendants se tournent vers une structure

nommée CD1D.com. Misen ligne il y a six ans, cesite est en effet plusqu'une plate-forme devente en ligne. Il s'agitd'une véritable fédérationde labels indépendantscréée à l'origine par septlabels dans le but de leuroffrir la possibilité des'unir et de mutualiserleurs moyens. Sonobjectif principal est devaloriser la diversitémusicale et d'agir àplusieurs pour préser-ver l'indépendance etles valeurs qui les ani-ment. Près de 240labels issus de France,Québec, Suisse,Belgique, Angleterresont ainsi représentés,

ce qui permet de faire connaître et devendre la production de plus de 1 500 artistes.85% des recettes sont reversées aux labels et aux

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“Mon label est tellement petit queje n'ai pas les moyens de faire depromo et j'incite donc les gens à lafaire pour nous.”

Irie Ites, une référence de la vente onlineBasé à Arnage (72), le site www.irieites.net estune référence en France dans la vente online dereggae. À l'origine, Irie Ites était connu commesound-system, puis comme label. Ce n'est qu'en2006 que le projet a évolué sous sa formeactuelle. “Nous cherchions des moyens dediffuser notre musique, raconte Jérôme, l'un descréateurs du site. C'est là que nous est venuel'idée de créer notre site. Il nous a fallu un an pourle mettre en ligne. Nous n'avions pas de connais-sance dans ce domaine, mais la notoriété denotre sound-system nous a servi à nous fairerepérer tout de suite” Aujourd'hui, Irie Ites

commande ses disques en Jamaïque, enAllemagne, en Angleterre, au Japon, aux États-Unis et bien évidemment en France et reçoit un àdeux arrivages par semaine. “On ne travaille pourl'instant que sur du physique, CD ou vinyle,même si les ventes de vinyles ont été divisées partrois en cinq ans. Mais on travaille à l'ouvertureprochaine d'une plateforme MP3 et Wav.” Cettepetite entreprise connaît-elle la crise ? “Nousavons d'autres activités car les revenus de lavente en ligne ne sont pas suffisants. Nous faisons parallèlement de l'affichage, du collage,du street marketing. Cela permet également definancer les activités de notre label, qui n'est pasrentable mais qui nous sert d'image.”

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TOHU BOHU SUR LES ONDES : internet et la musiquejeudi 17 mars 2011 de 18h30 à 20h à Trempolino (Nantes).

En direct sur Jet FM (91.2). Avec : Martin Bougard, président (FEPPAL) / Jean-François Corbel, musicien(Zôl et [trap]) / Dan Bono, responsable (BB&PP) / Yan Lemonnier, président(Ego Twister records) / Sylvain Chantal, rédacteur du dossier (Tohu Bohu).

À retrouver sur :

artistes, car CD1D.com ne réalise aucun profit.Les 15% restants servent à faire tourner la structurequi compte sept salariés. L'association, qui vaprochainement faire évoluer ses statuts vers unmode coopératif, fournit aux labels adhérents lesoutils et les ressources en termes de partenariat,de communication, de distribution et de déve-loppement. Pour pouvoir adhérer à cette fédéra-tion, un label doit avoir au minimum trois artisteset cinq références à son catalogue. “En 2010,nous avons été légèrement victimes de notresuccès, raconte Benjamin André, coordinateurnational de CD1D.com. Nous n'avons pas assezcommuniqué en interne auprès de nos adhé-rents. Faute de moyens humains ou faute detemps… Il faut savoir que les fameux 15% quinous reviennent ne sont pas suffisants pourfaire vivre une telle structure. L'objectif en2011 est d'impliquer davantage nos adhérents.Car la plate-forme de vente n'est que la facecachée de l'iceberg. Nous avons grandi aupoint d'être devenu un interlocuteur privilégiéauprès des collectivités et des ministères dela Culture ou de l'Économie numérique. Nousavons aujourd'hui suffisamment de poidspour, lorsqu'on sollicite un rendez-vous, êtrereçus tout de suite et faire ainsi entendre la voix de tous les petits labels que nousreprésentons.” Sur le site, les labels fixent eux-mêmes leur prix de vente. En 2009, la vente numéri-que sur CD1D.com ne représentait que 25% desventes totales. En 2010, elle a considérablementaugmenté puisqu'elle s'élève à près de 40% desventes totales. Encore une fois, une goutte d'eauqui commence à grossir…

Certaines régions se sont également dotées defédérations de labels, telles que la Feppia enAquitaine, la Feppra en Rhône Alpes et Phonopacaen PACA, ou des structures ressources comme la

Fracama pour la région Centre. Pour les Pays de la Loire, Trempolino et la Feppal ont entamé uneréflexion pour développer eux aussi une plate-forme régionale dans le courant de l'année 2011.

Pour conclure, on souhaitera bon vent à Portisheadpour la sortie de son album, mais on recomman-dera aux autres groupes d'utiliser toutes les oppor-tunités que peut offrir la Toile, un domaine où toutreste encore à faire, expérimenter, inventer poursortir du lot et ainsi créer un rapport plus directavec le public.

Le rap français ou plutôt le rap de France : forme d’expression artistique, fait de société,“outil” de contestation, phénomène de mode… Comment et pourquoi l’étudier sociale-ment et politiquement au travers de l’œuvre de l’artiste Diam’s, Dans ma bulle ? Aprèsquelques étapes nécessaires pour en apprendre sur le compte du rap (histoire, contexte,évolution), l’ouvrage se fait instrument d’analyse et de compréhension de cette culture,des valeurs qu’elle défend et du public qui se l’approprie. Il met également en évidenceses inspirations et aspirations (ou non) et tend à préciser à qui s’adresse ses messages.Ainsi, l’équipe d’universitaires formée autour de Denis-Constant Martin apporte desréponses sur des générations en manque de repères et qui trouvent à travers le média rapun moyen d’expression incontestable. Elle nous démontre également la manière dont lepolitique peut s’inspirer de ses discours et valeurs populaires pour construire une actionelle aussi politique…

Emmanuel Bois

L'OLYMPIC, CLUB DE NANTESSylvain Chantal, 2010.

VOLUME! LA REPRISECollectif, Éditions Mélanie Séteun, 2010.

QUAND LE RAP SORT DE SA BULLEDenis-Constant Martin, Musique et Société, Éditions Mélanie Séteun-IRMA, 2010.

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Une revue sur la reprise. Soit une série d'articles fouillés, documentés à souhait, décortiquant le sens de la reprise, ses définitions, ses exemples, ses liens à la société. Aucommencement, une introduction puis deux articles réfléchis, universitaires dans le ton,posent les questions de définition de l'œuvre, de la reprise, éternelle bataille que le musicien préfère éviter... Puis vient l'enchantement, toute une série d'articles jubilatoiresqui font de la reprise un manifeste identitaire, une merveilleuse réappropriation chargée desens, au Japon, en Afrique du Sud, en Jamaïque, en Occident... Un voyage de deux siècles qui mixe les tons et nous apprend beaucoup sur le sens de la reprise, ses reven-dications, ses évolutions, ses rebellions. Tout mélomane peut alors découvrir, s'empêtrer,prolonger, faire son curieux à la lumière de... En sus, un choix de pochettes légendairesdétournées pour illustrer un propos riche, ouvert. Une seconde revue, La reprise + Bis, estparue et complète bien ce premier ouvrage. Chic !

Jean-Christophe Baudouin

Fin 80's. Nantes, la Belle Endormie, est constamment éclipsée par sa voisine du nord,Rennes la Rockeuse. Un ancien cinéma va être l’un des points de cristallisation du réveil dela ville. Avant qu'il ne referme définitivement ses portes, Sylvain Chantal nous raconte plusde vingt ans de décibels, de bière et de liberté, place Jean-Macé. C'est comme ressortir 20ans de tickets de concerts d'un tiroir. Et il est fort à parier que chacun consulte la liste desconcerts de chaque année: “Là, j'y étais ! Avec David et Olivier : mémorable !”. “L'Olympic,Club de Nantes” n'est pas ce qu'on appelle un “beau livre”, les photos sont finalementsecondaires. Par contre, il raconte à quel point monter une salle de rock est un projet poli-tique, une lutte. Et là, on parle de vraie baston, à coup de poings, lorsque la Ville de Nantesrachète la salle alors appelée Magestic. Ensuite vient la tutelle du CRDC, l'émancipation deSongo et l’arlésienne Fabrique. Au final, des centaines de concerts. Nantes VS Rennes...Nantes gagne à la fin... contrairement au foot.

Manu Legrand

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Infoswww.spectacles-en-retz.com

Le Pays de Retz :

130 000 habitants,45 communes, une

moyenne d'âge assez jeuneet une dynamique associative

bien ancrée. Dès 1995, à sa création,Rock'n Dal impulse des propositions

artistiques, et va créer, avec quelques amica-les laïques et des troupes de théâtre amateur, leCollectif Spectacles en Retz pour développer unoutil commun de promotion des spectacles desuns et des autres, qui deviendra Le P’tit Zorg.De fil en aiguille, d'autres envies se sont faitsentir, un poste de coordinateur est créé en1998. Le Collectif se voit en charge d'aider lesassos locales, de coordonner des actions, deporter un festival commun (Les Z'Endimanchés),de proposer des créations communes entretroupes de théâtre, et de travailler sur la forma-tion artistique des enfants et des jeunes.

Alain Guilbaud, le coordinateur, défend l'idée que :“Chaque projet est toujours co-organisé avec unpartenaire du collectif, la structure est donc interassociative, intercommunale et pluridisciplinaire(théâtre, musique, danse, cirque). Elle regroupe 40assos, 70 individuels et 15 communes. Véritableplate-forme où des projets peuvent se développerensemble, le Collectif est passé d'un statut d'association militante à une structure de dévelop-pement local, toujours militante, qui constitue unvéritable interlocuteur avec les communes. On metautour de la table des communes, des associations,des café-concerts, des habitants (...)”.Sur la question de la ruralité, Alain explique que “leterritoire rural ne présente comme difficulté que la

multiplicité des interlocuteurs. Les chosessont souvent défendues commune par commune,alors que nous défendons la pertinence à traiterles choses plus largement au niveau communau-taire, voire du Pays. Nous mettons la priorité surdes formes artistiques peu présentes sur le territoire, mais importantes pour nous : le cirque,les arts de rue, les musiques du monde. Noustenons à porter des projets avec les habitants. Lesassociations ont fait des choses il y a 10 ans sansêtre reconnues, les communes s'emparent désormais de ces mêmes projets. Nous luttonspour que tout ne soit pas institutionnalisé, quel'individu soit dans le faire”.

Si l'on cherche dans la région des initiatives oustructures similaires, chou blanc. Alain note “qu'àpart Graines d'Automne - qui reste un projet trèsponctuel - et des projets comme Scène de Paysdans les Mauges - qui sont institutionnels - iln'existe pas de projet associatif de pays autour duspectacle comme le nôtre”. Et si bilan il faut dresser,Alain conclut : “Même si les gens et les structuressont un peu trop sensibles à leurs propres actionsau détriment du global, si la coordination demeurefragile, la reconnaissance institutionnelle du collectifn'est pas loin d'être acquise malgré les change-ments réguliers d'élus. On nous fait confiance, onperçoit dans la majorité des projets présentés desa priori favorables. Ce n'était vraiment pas le cas ily a 10 ans. Les choses avancent donc de façonpositive”.

spectacles en retz

PAR CÉCILE ARNOUXPHOTO : MICHEL FOURRIER (HAUT)

LE RETZMAJEUR

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bell oeil PLUS D'ENJEU, DU JEU

Ce nouveau disque, qui semble le point dedépart d'une nouvelle ère pour Bell Œil, s'ouvresur un propos énigmatique qui donne sontitre à l'album : “Je ne vois pas le monde”.Que veux-tu dire par là et est-ce bien toi quiparle ?Oui, j'écris rarement à la première personne maisici j'ai voulu illustrer un état que j'ai connu (iciChristophe Bell Œil explique comment il ne voyaitplus le monde lors des derniers temps du groupeen 2006). La vitesse acquise au fil des ans avec ceprojet ne laissait plus le temps d'évoluer, mis soustension aussi bien par les sollicitations qu'aucontraire par l'inquiétude de la survie. On ne peutpas évoluer quand on est dans la vitesse. Cequ'on faisait avait de moins en moins de sens eton jouait aussi de moins en moins. Il fallait faire lacourse aux cachetons. Une spirale négative (NDLR :dont le terme est évoqué dans la chanson par lesmots “Je m'entorse et je tombe sur le nez”) et quia entraîné la fin du projet. À ce sujet, c'est

intéressant de voir comment on trouve de l'aidepour démarrer un projet et le faire vivre. Trempolinonous a très bien accompagné grâce aux différents dispositifs mis en place. Mais, comme ensuite il n'ya pas de dispositif spécifique pour accompagnerla fin de vie d'un projet. Il faudrait y penser.

Alors, après cet arrêt en plein vol, quatre oucinq années passent et que s'est-il passéjusqu'au disque qui sort aujourd'hui ?Après la déprime, j'ai découvert, grâce à une voisine, une formation pour l'animation d'ateliersd'écriture dans le cadre de la démarche de l'éducation populaire. Et là, j'ai passé une annéepassionnante qui a représenté un véritable tournant. À partir de ce moment-là, j'ai reconsi-déré l'écriture et je me suis engagé dans un travailde transmission et d'accompagnement qui a faitl'essentiel de mon activité depuis quatre ans.J'anime des ateliers d'écriture un peu partout, meconstituant un réseau qui me conduit aussi bien

Après des années de silence, après un Bell Œil à corps et à cris, du Cri au corps, Christophe Bell Œilrevient avec une ode charnelle à l'amour consommé qui consume un corps réconcilié avec le monde.Loin des climats tendus du corps, la sensualité même est au programme de ce nouvel album. Une mue.Regardez, jusqu'aux photos de pochette qui présentent son visage souriant et bienveillant...

PAR GEORGES FISCHERPHOTO : ERIC BEAUPÈRE

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vers des enfants de moyenne section à la découverte de la phonétique, du son de la langue,qu'au travail avec des slameurs, des adultes analphabètes ou des dessinateurs de BD dansune démarche proche de l'OuBaPo.

OuBaPo, kezaco ?L'OuBaPo, acronyme d'Ouvroir de Bande-dessinéePotentielle, a été fondé en novembre 1992 au seinde l'Ou-X-Po et à travers la maison d'éditionL'Association. Ce comité crée des bandes dessinéessous contrainte artistique volontaire à la manièrede l’OuLiPo, Ouvroir de Littérature Potentielle, initié par Raymond Queneau. J'ai retrouvé ici monpremier travail de dessinateur de BD, avant lamusique et la chanson que je n'ai pratiqué qu'àl'âge de vingt ans.

Revenons à l'écriture de tes chansons. En lesécoutant dans une attention flottante et enlaissant se former de libres associations, mesont venus trois noms : William Sheller pour“Ana Dora”, Eric Lareine pour cette repriserevisitée de l'album “Le Cri”, “Elle ne supporte”plus”, et Nicolas Jules en faisant un parallèleavec le son de son dernier album “Shaker”.Pour le premier, je suis flatté. Ce n'est pas unauteur que j'écoutais mais j'ai découvert son écritureet elle m'a marqué. “Un homme heureux” est unetrès belle chanson. Le second, Éric Lareine, a misen scène deux de mes spectacles et je suis prochede ce chanteur expressionniste, comme ManoSolo aussi et comme je le fus moi-même et le resteaujourd'hui. Pour Nicolas Jules, je l'ai découvertrécemment sur scène et je suis très impressionné.Mais s'il y a une référence que je veux souligner etqui me tient à cœur c'est Souchon, le championde l'ellipse et de la condensation. Il fait tenir tellement de choses dans un vers de 5 pieds !Pour moi, c'est le plus grand parolier de l'époque.

Qu'est-ce qui a changé dans ton expériencede l'écriture ?Je prends le temps. Je mets bien plus de tempspour écrire une chanson, il n'y a plus d'enjeu maisdu jeu.

Dans ce nouveau disque il y a un thème centralme semble-t-il qui est le désir. Tu dis amourmais celui-ci n'est-il pas souvent très charnel ?Oui, je pense que c'est presque un album à thème :une ode charnelle à l'amour charnel. Mais il n'y apas que ça ou plutôt, il y a tous les moments del'amour, les hauts et les bas. J'ai pris le temps deregarder le monde. C'est certainement assez différent

de ce que j'écrivais avant, apaisé.

Enfin, parlons aussi de ce qui fait les chansons,ce rapport complexe entre les paroles et lamusique. Il y a vraiment un son dans ce disque.D'où vient-il ? J'ai écrit toutes les musiques avec mon accordéon,la mélodie, les harmonies, les parties d'instruments,puis j'ai confié ça à un arrangeur, Marc Cormier, enlui demandant de la simplicité, de l'évidence. Et là leukulélé, cet instrument qui est presque un jouet, s'estretrouvé, frontal, au centre de l'orchestre. Batterie,contrebasse, guitare, banjo, accordéon l'entourent.J'aime la simplicité quasi enfantine de cet instrument.Et puis, je crois que le son est bien produit.

Et maintenant, tu vas reprendre la courseaveugle ?Oh non ! Le groupe existe, je décline ce répertoireavec lui ou dans une formule solo, nous jouonsmais je ne lâcherai pas les ateliers d'écriture et toutce que j'ai découvert durant ces dernières années.

Infoswww.myspace.com/christophebelloeil

Bell Œil se fait un prénom avec cetenregistrement témoin d'une mue.Mue dans le ton des textes, dansle phrasé de la voix et dans le sonde la musique. Toutefois c'est uneévolution, pas une révolution. Elles sont loin les violences, par-fois mortifères, du Cri. Ici, la voix, souvent démultipliée, harmonisée, chante une ode àl'amour ; aux amours charnels, rédempteurs, quiconsument le désir, le corps sans consolation.Attention, rien ici d'une divagation “fleur bleue”. Quis'y frotte s'y pique. C'est avec les yeux ouverts,répondant au titre de l'album, que Christophe BellŒil avance. Quelques impressions au passage : laréussite de la chanson. Les amants posés sur unarpège de ukulélé et un tambour lointain ! Le ravissement à la contemplation d'Anna Dora surTélécaster et clarinette. Et la tension montante à ladécouverte, sur un ukulélé endiablé, des délices deGladys. Le son est beau, bien choisi, bien produit,cohérent et étonnant. Et puis le disque s'achève surune ode émouvante pour Les gens heureux en voixmultipliées et accordéon. Encore !

Georges Fischer

Bell ŒilJe ne vois pas le mondeGuinement Prod / Froger 2011

Dans un premier temps,laissez-nous présenter nosexcuses les plus sincères àtous les autres artistes programméspendant les trois jours desZ’Eclectiques d’Automne. Commenous n’avons pas pu voir tout lemonde nous avons préféré concentrerce live report exclusivement sur la têted’affiche, à savoir Public Enemy aka leplus grand groupe de rap de tous lestemps.

Beaucoup ont en effet cru à un canular enapprenant que le crew de Long Island devait seproduire le 13 novembre 2010 à Chemillé, dans le(presque) fin fond du Maine-et-Loire. Et pourtant,Chuck D et Flavor Flav étaient bel et bien sur scène,la sempiternelle casquette enfoncée sur le crânepour l’un, l’éternelle pendule autour du cou pourl’autre. Bon, manquait quand même à l’appelProfessor Griff (qui était on ne sait où alors qu’ilrejoue avec le groupe depuis quelques annéesmaintenant) et bien entendu le DJ Terminator X (partià la retraite s’occuper d’autruches, et remplacé parDJ Lord depuis 1999). Mais sinon c’était bien lePublic Enemy que tout trentenaire fan de hip hop aforcément écouté religieusement pendant les 90’s.

D’ailleurs, le groupe avait annoncé cette 70e tournéemondiale (vous avez bien lu !) comme une célébra-tion du vingtième anniversaire de l’album “Fear Of ABlack Planet”, l’un de leurs chefs d’œuvre, sorti en1990 (pour les plus nuls en maths).

On les avait vus à Montréal, il y a deux ans pour levingtième anniversaire de leur deuxième album “ItTakes A Nation Of Millions To Hold Us Back”, sortien… 1988, et le groupe avait rejoué le disque dansl’ordre et son intégralité, interludes compris. Ça n’a

malheureusement pas été toutà fait le cas ici. Enfin, malheureu-

sement, ça dépend de quel pointde vue on se place. Public Enemy a

en effet joué les cinq premiers titresdu disque pour enchaîner ensuite sur

un best of de toute leur longue carrière.Ceux qui ne les avaient encore jamais vus

sur scène auront donc été plus qu’heureuxd’entendre des tubes comme “Bring The

Noise”, “Shut’em Down”, “Don’t Believe TheHype” ou “Can’t Truss It”. Mais ceux qui les

avaient déjà vus trois fois, comme votre serviteur, regrettent en revanche de ne pas avoir

eu droit à une tuerie groovy comme “BurnHollywood Burn”, qui aurait normalement dû être

jouée si tout le monde s’en était tenu au concept duconcert-anniversaire.

Comment ça, psychorigide ? On en connaît d’autres.Comme par exemple les esprits chagrins qui ontimmédiatement crié au play-back en entendant lesbandes de renfort préenregistrées sur lesquellesChuck et Flav rappaient leurs lyrics. Dans le hip hop,la voix est un instrument comme un autre, du coup,pourquoi devrait-on s’offusquer davantage enentendant des rappeurs rapper par-dessus leur propre voix pour augmenter l’effet de chaos sonorequand un gros groupe de metal sur deux fait lamême chose avec les parties de batterie sans quepersonne n’y voit le moindre truc à redire ? Surtoutque l’effet recherché fonctionne plutôt bien. Il suffisait de voir comment la foule réagissait sur les“Welcome To The Terrordome” ou “Fight ThePower”. Qui avait encore l’impression d’être au mois de novembre dans une salle immense et froidede Chemillé ? Personnellement, j’étais en pleinBrooklyn, dans un film de Spike Lee.

Retrouvez l’Interview de Thierry Bidet desZ'Eclectiques sur http://tohubohu.trempo.com

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PAR KALCHA

PHOTO :

FABIEN RABILLARD

LES Z ECLECTIQUESPublic Enemy

Infoswww.leszeclectiques.com / www.publicenemy.com

YEEEEEAAHBWOOOYEE !

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Une petite recherche nous apprend que les endorphines éliminent la douleur et sont secrétéesen état d'excitation. De la pop-folk réconfortanted'Amandine Rouzeau aka AM LILY ANDORPHIN,on connaissait déjà la vertu analgésique. Sur ce premier véritable album, on en découvre le versant excitant. Car la jeune Nantaise a décidé demuscler son jeu et d'élargir ses horizons.Accompagnée d'une deuxième guitare et d'unebatterie affûtées ainsi que de choeurs bien sentis,ses compositions mêlent l'énergie et la tension sauvageonne d'une Shannon Wright aux expérimen-tations faussement bancales d'une Lisa Germano.Mais l'accessibilité et l'efficacité mélodique ne sont pas pour autant abandonnées en chemin, à l'image du joueur “Lessons” ou du potentiellement tubesque “NY Tokyo”. Toujours chaleureux maisplus tendu et audacieux, reste à espérer que “Last”soit un album mal nommé.

Damien Le Berre

Il y a eu David & Jonathan,Barbelivien & Gray, BasileBoli & Chris Waddle… etdésormais ANDREAS & NICOLAS (A&N). Duo aufutur évidemment mythique, dont le registre n’estpas difficile à deviner quand on sait qu’une desmoitiés nous provient d’Ultra Vomit (Nicolas,chanteur-guitariste), A&N nous propose un premieralbum rempli de… superbes chansons et judicieusement nommé “Super Chansons” ! Unsongwriting des plus aboutis (“Ouaf ouaf fait lep’tit chien, coin-coin fait le canard...”, etc.), entrel’émotion d’un Jean Ferrat, la puissance évocatriced’un Bernard Minet, une forme musicale réduite àsa plus simple expression, guitare-voix-boite-à-rythmes-jouet-musical-qui-fait-tous-les-cris-d’animaux… Le super duo joue de tous les ticsmusicaux de la variété (chanson humanitaire, lessurinterprétations de chanteurs de realTV ou dehard FM…). On attend avec impatience la versioncomédie musicale !!!

Benoît Devillers

Si la spiritualité de ce disque rappelle, entreautres, celle de Lhasa ou de Lo’Jo, c'est quel'acoustique et la grâce deviennent plus quejamais les essences de la musique d'ANDA. Pointde hasard alors à retrouver Denis Péan à la miseen mot de la musique, chose qu'Anne Berry serisque désormais à faire, avec brio. Le cortègeAnda se voit étoffé de quelques orfèvres au service de ces mêmes grâces et spiritualité :Christophe Lavergne et Christophe Piot aux batteries, Franck Bougier aux cuivres, MaudTrutet à l'harmonium indien et Jeannick Launayaux samples. Les deux guides de cette caravane,Anne Berry et Daniel Trutet frottent, grattent tou-jours avec autant de sensibilité et de convictiondes cordes envoûtantes. La musique d'Andaévoque l'ocre de la terre, du soleil couchant, desépices. Quel disque !

Cécile Arnoux

Interview surhttp://tohubohu.trempo.com

Prêt pour une bonne miseen boîte ? Dans la traditiondu rock français festif et

déconnant, genre de Frères Jacques sous cam-bouis et jaja, ou pour des références plus récentesles Nonnes Troppo, les VRP ou localement plusproches Mère Thereska (le ska en moins), lesHerbretais de L’ATELIER TORDU nous débitentdans leur dernier album du petit bois à haut rende-ment. Hommage à la moustache fièrementacquise, nos apprentis chanteurs ont désormaispas mal de poils au menton et sous les narines.Ils abordent sur des sons parfois fonky bocageux(“Le Téléthon des Records”), parfois chanson àsoufflets (“Ha Beh Nom de Dieu”), voire même hiphop sur les bords (“Vie de Merde”) mais bienalternatif au milieu (“Noircir au Bouchon”), dessujets de haute voltige, avec l’acuité singulière dela blague de chantier version fluide glacial.Disque à conseiller aux amateurs du genre, àapprécier d’autant plus en live bien entendu !

Benoît Devillers

Am LilyAndorphin

Last,AP 2010

Andreas&NicolasSuper Chansons

Listenable Records 2010

L’Atelier TorduLa moustache faitpour beaucoupMoustache Productions 2010

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Anda O Sonho AP 2011 CD CD

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Voilà le huitième album des BOUSKIDOU :“L’encyclopédie Familiale du Grand Bazar del’Indispensable Superflu”. Les Bouskidou n’ontpas changé et c’est tant mieux ! Ils sont toujoursaussi rock’n’roll et toujours aussi drôles. Avecplus d’une quinzaine d’instruments, le groupe faitbeaucoup de bruit ! Les chansons sont toutes différentes, elles parlent aussi bien des parents,des enfants capricieux, de l’école ou encore desbaskets, titre de la dernière chanson de l’album,chanson géniale de 11 min sur la différence. C’estcette chanson qui est représentée sur la pochettesuper délirante du disque. Les ayant déjà vus, jeconseille d’y aller en famille car les parents lesaiment autant que les enfants. Tout le mondechante et danse gaiement.

Lune Laurent (9 ans)

La production de CHARLES-ÉRIC CHARRIERreste opulente et insaisissable. En effet l'album“Silver” signé sur Expérimedia, est déjà précédéen 2010 de deux autres sorties digitales.Ancienne moitié du duo Man, cette œuvre secaractérise par ses dimensions atonale et disso-nante rythmées par des atmosphères glacées.Mais le souffle de cette musique s’empare del'auditeur par instants, et fait résonner des mélodies d'une grande beauté mélancolique. Lesmeilleurs morceaux dessinent les contours d’unblues/post-rock hanté dans la lignée de LorenConnors (21 Echoes) ou d'une ambient psyché-délique façon Tim Hecker (6L). Mais de toutefaçon, une seule chose à faire : écouter ; carcomme Charles-Eric le dit lui même : “Ce quim’intéresse, c’est que chacun de ceux quim’écoutent s’approprient ce qu’ils entendent,

comme ils l’entendent”.

Olivier TuraBouskidouL'Encyclopédie

familiale du grandbazar de

l'indispensable superflu

Mamie Productions / L'Autre Distribution 2010

Charles-ÉricCharrierSilver Experimedia 2011

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Après avoir bourlingué debars en chapiteaux et festivals depuis quelquesannées, l’équipe de punks des CHÉENE DE VIEnous livre ici un premier opus éponyme. À la foisrois de la rue, enfants des barricades, amoureuxdésœuvrés ou encore chiens aux crocs aiguiséspour mordre la vie à pleine dent, les Chéenne deVie nous content quelques chroniques d’aventuressur les routes, scandent leurs hymnes de révoltéset militants et nous racontent leurs délires depotes… Pour agrémenter le tout, quelques collaborations pointent leur nez avec entre autresle groupe Kiemsa et le banjo de Ronan Ronan. Aufinal, on se retrouve avec dix titres de chansonswing façon punk servis dans un digipack desplus léché, illustré par Sébastien Thomazo etGoeffrey Grimal.

Emmanuel Bois

Après douze mois desilence, CYESM offre avec“Undisclosed” un album trip

hop aux ambiances cinématographiques travail-lées qui conduisent forcément vers des voyagesimaginaires. Des mélodies pourtant contrastées,entre acoustique, noirceur et poésie qu’onréécoute en boucle. Cyesm le boulimique desons électro y est largement inspiré. La voix féminine qui se pose et compose avec tout cela,n’a rien d’une inconnue. Et pour cause puisqu’ils’agit de Clélia Véga, qu’on a déjà pu entendre etremarquer sur le très beau “Silent Revolution”produit par… Cyesm, évidemment. Décidemmentces deux-là ont eu la chance de se trouver pourproduire de jolies pépites sonores toutes devagues et d’émotions. Un album plutôt aboutidonc, au léger goût de pas assez… et un grosbémol sur la pochette ultra-minimaliste (et c’estpeu dire) plutôt décevante vue la qualité de cenouvel opus. Mais c’est un détail !

Marie Hérault

Chéene de Vie

Chéene de VieAP / Karnavage Production 2011

CyesmUndisclosedGood Citizen Records / DJP 2010

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Rose danse, Rose jazze - drôle de danse, drôlede jazz-magazine, rase le bazard, pointe sur unepizzeria, puis s'en va au zoo. FRANÇOIS DELARRARD nous embarque dans des rondosimpressionnistes avec des passages réguliersdevant les animaux des zoos. François, il aemporté son piano au zoo, on le devine balançantles épaules au rythme compulsif des allers-retoursdu félin dans sa cage. François, il a une boîte àrythme dans sa main gauche, les touches d'ivoireen métronome collent au pas pesant, grave del'éléphant. François, il est tellement marteau desa main gauche que c'est lui qui est dans la cage.Attention, toi aussi quand tu écouteras tu finirasdans la cage. La magie du piano aura opéré.

Gilles Lebreton

Ces vieux briscards de lascène dub régionale nouslivrent enfin leur premiervéritable album (après un maxi sorti en 2002 !).Depuis, le combo s'est étoffé d'un DJ et d'un clavier. S'ils se placent volontairement dans lalignée du dub “à la française” (Kaly Live Dub etHigh Tone), le quintet nantais développe un sonqui lui est propre. Il faut dire que les musiciensviennent aussi bien du reggae, du metal, du rockprogressif, du breakcore que du hip hop.Exclusivement instrumental, leur dub, s'il se veutmartial et énergique, n'oublie pas d'être égalementmélodique grâce à de multiples samples orienta-lisants (voix ou flutes) ou des nappes de synthésqu'on jurerait échappées d'un classique de PinkFloyd (le morceau “Time Machine” par exemple).Coup de chapeau, au passage, au très bon travailfait sur le son, l'analogique et le numérique semariant à merveille.

Manu Legrand

Electro rap servi sur un lit de cold beats nappéd'une sauce abstract. Arrêtons ici la métaphore culinaire et présentons plutôt les protagonistesde ce disque. Issu de la collaboration deDOZ1JEE (beats, arrangements) et JamesEagalwulf (rap, chant), cet album est articuléautour du thème de l’enfermement. Quand onécoute un album qui se nomme “La chambreparalysante”, on ne s'attend pas à y trouver desBisounours roses qui jouent du ukulélé. Tout aulong des 15 titres, le duo nous plonge dans uneambiance oppressante et froide tantôt par l'instrumentation qui illustre une rêverie pessi-miste et nostalgique (“Voiceless”), tantôt avecdes titres à l'image de “radiations” dont les paro-les dénoncent la société de (sur)consommation.En termes de filiation, des rapprochements sont àfaire avec Tricky, The Nonce ou Dälek.

Mickaël Auffray

À la première écoute de cenouveau 6 titres, les fans de

la première heure ne seront pas déçus. C’est bienlà du bel et bon ELMER sur qui le temps n’a pasde prise. Pourtant, au fil des écoutes, il se dégagel’impression qu’il y a quelque chose de plus derrière cette apparente légèreté, comme unerelation au temps qui passe. C’est dans “Chanterdes airs” que cette impression se dégage le plus.Non pas dans les paroles, on y parle toujours desfilles et de leur univers, thème récurent et incon-tournable de la geste “Elmerienne”. Mais si les thèmes restent identiques à ceux d’hier, la façonde les traiter s’est un peu modifiée. Il y a plus deretenue dans le jeu et dans l’interprétation.Comme si l’insouciance des propos faisait placeà quelque chose de plus intériorisé. À ce titre “25 cm” laisse percer les interrogations d’unartiste se perpétuant dans sa posture d’originemais qui semble ne pas être dupe de sa propredestinée. Intéressant !

Philippe Audubert

François de Larrard

ZooYolk Records 2010

Doz1jeE La chambre paralysanteAP 2010

DubitatifTime Machine

AP 2010

Elmer food beat25cmAP 2010

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Passé maître dans l’art de se renouveler, NicolasNivert, alias FOODJ, adore se dédoubler en multi-pliant les casquettes qui lui siéent bien. Fondateurdu label Madrigal, producteur, MC dans le groupeSine Qua Non, le rappeur carbure à l’hyperactivitémusicale. C’est donc naturellement qu’il vient desortir son premier album solo. Connotée hip hop,la musique de Foodj puise dans les standards dureggae ou du funk pour en retirer l’essentiel de soninspiration musicale. Le musicien aime brouiller lespistes, prenant le risque de perdre l’auditeur encours de route. Mais l’on se raccroche rapidementà son flow survolté dont la rime rageuse vous captive dès la première écoute. Entouré d’unedizaine d’invités, Foodj joue avec les mots pourmieux les envelopper dans une plume résolumentnoire. Mention spéciale à “Ma musique” et à “Léonet Samuel”. Même si l’album peut paraître inégaldans sa longueur, il a néan-moins le mérite de montrerses motivations.

Eric Fagnot

Depuis le temps qu'onattendait le nouvel album deLYZANXIA, on en était à sedemander ce qu'ils faisaient, perdus dans la douceur angevine... Hé bien, ils ont dû bague-nauder, enfin surtout travailler et tourner (beau-coup, et avec des références de la scène thrash-death européenne). Car, pour aboutir au final à unalbum metal aussi clean et équilibré, ça vaut lecoup de prendre du temps. Ils nous ont ponduavec “Locust” un opus frôlant la perfection, à la fois moderne dans les sonorités apportées, ettraditionnel notamment par la voix death bienmaîtrisée qui se superpose à la voix claire toujours pile au bon moment. Toutes ces rencontres et ces expériences portent leurs fruitspour donner aujourd'hui un album complet, auxplans mélodiques inspirés et à la puissanceimpeccable. Et ça fait du bien ! Du bon metal.

Mr Sam Flatulens

Échappé non pas d'une cage mais des différentsprojets pour lesquels il officie comme batteur(Moongaï, Nyko, Mix City...), K20 expose via cepremier disque son talent de compositeur et demulti-instrumentiste. Ouvertement trip-hop, lescinq fragments d'Interval harmonisent assez justement électro et acoustique, et révèlent unedensité musicale impressionnante. MonsieurKevin officie à la guitare, à la basse, aux claviers,aux bidouillages de samples, chante sur un morceau. En bon gentleman, et sans douteamoureux des voix qu'il est, il sollicite trois équilibristes et narratrices féminines (RachelLanglais, Noémie et Eva de Moongaï) aux timbresà la fois différents, mais qui s'agrègent avecaisance dans son univers onirique. Et l'équili-briste du dernier morceau n'est autre que MartinLuther King... Attention, seules 500 copies aux

sillons noirs à disposition.

Cécile Arnoux

Ce 45t de MANSFIELD.TYAest un disque bipolaire.

Deux faces, deux morceaux, deux ambiances. Laface A et le morceau “Refaire tout comme hier”suggère quelques méthodes paroxysmiques pourcombattre l'ennui sur un fond musical très “baro-que” naissant des violons, et une basse delaquelle seule une corde frétille, un essai finale-ment très proche d'un requiem. The B-Side,quant à elle, propose une mouture de “You arethe woman” bien plus glitter que l’original. Le chi-miste et enchanteur Anoraak se risque et parvientavec panache à faire ressortir les couleurs, lesbeats, les refrains du duo... et à nous faire dansersur Mansfield.Tya, improbable non ? En attendantla prochaine pellicule, voilà un chouette court-métrage !

Cécile Arnoux

FoodjLa valeur de mon choix

Madrigal Musique 2010

K20IntervalAP 2011

LyzanxiaLocust

XIII Bis Records 2010

Mansfield.Tya La petite troupe ne connaît pas la peur IVVicious Circle 2010

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29

On aime ce disque pour cette voix qui nous enrappelle d'autres et pas des moindres : Feist,Shade parfois ou encore Asa. Évidemment, ilsemble difficile de soutenir la comparaison, pourtant la dame chante super. Mais il y a unmais car si la voix rayonne, on aime moins cedisque pour ses sons synthétiques qui sonnentBand in a box. Il y a pourtant bien des idéesgénéreuses au fil des plages ; des grooves quibougent comme dans ce “Grand homme” oùSimon Nwambeben offre délicatement son talent,ou cette astucieuse “Recette de Mathis” (subtilmélange de couleurs que l'on s'échange). Belleouverture avec “Tout ça” et ses voix rythmiques,et joli final a cappella sur “M'endormir”. Un tiersdes titres est en anglais, le reste en français, tousde ML NKO. Il faudra vite compléter cette maxidémo d'une découverte à la scène.

Georges Fischer

Avec ce deuxième opus,NYNA VALÈS s'envole ! Leduo s'affirme. D'abord avecun son superbe, incroyable pour un autoproduitenregistré et mixé “à la maison”. Ensuite, avecdes invités remarquables : Jean-Marie Goupil(trompette) et Leonard Guilé (fumeux pseudo) auxslides. Enfin, avec un climat où tout incite à lasensualité, à la volupté, jusqu'au long instrumental“Final onirique” (15mn de tension érotique). Lesguitares érudites de Savel tissent des rythmeslatins, groovy ou alanguis soutenus par un trioclaviers-basse-batterie de rêve (Rousseau/Carudel/ Barbier). La voix suave de Nath parcourtdes émotions et des états intérieurs qui vont dufantasme nocturne à la méditation sur l'alter-nance, en passant par le stress de la vie contre lamontre. Tout cela dans un mood superficiel etléger, sans aspérité, savoureux. Voilà un disque àdéguster à l'horizontale !

Georges Fischer

CONCENTRÉ DE JOIE DE VIVRE ! Voici les 5mots qui résument le mieux l'album de NOMADSPIRIT. Évidemment, si je devais m'arrêter là, lachronique n'aurait sûrement pas beaucoup d'intérêt pour vous. En même temps, si vousretenez ces mots, vous avez retenu l'essentiel.De la fougue, de l'énergie, de la bonne humeur,du soleil, tout y est ! Ce jeune groupe de Saint-Nazaire, nous serre un reggae chaud et dynamiquechanté dans la langue de Molière, mais pas que.Les cuivres nous réchauffent le coeur, et un espritde fête se dégage à l'écoute de cet album. Laproduction est impeccable et les orchestrationsfont penser à du Rita Mitsouko : riche, jovial etdansant ! Du début à la fin, les paroles nous invitentau cool et à la tolérance. “Il faut s'amuser, on aqu'une seule vie, ça serait bête de la gâcher”,scande le chanteur à la voix claire... alors foncez

et écoutez l'album de NomadSpirit vous verrez, ça réchauffele corps et le cœur !

Chloé Nataf

Malgré un patronyme ren-voyant à une base de cocktailpour Desperate Housewives,

PAPAYE s’envisage davantage comme un energydrink pour garnements bien décidés à en découdreavec le rock. Signé sur Africantape, label exigeant dirigé depuis l’Italie par le batteur deChevreuil, et enregistré par l’incontournableMiguel Constantino, le trio formé par un Pneu, unRoom 204 et un Kommandant Cobra composentune musique dont la seule ambition est d’en mettre plein la gueule. Les douze morceaux de “La Chaleur”, dont on relèvera l’artwork soigné,excèdent rarement les deux minutes. Cetteurgence rappelle les premiers Don Caballero.Avec ce premier album, Papaye a décidé de mettre un tigre dans le moteur de sa pop. Pourune musique animale, sauvage et diabolique.

Arnaud Bénureau

Ml NkoTout ça

AP 2010

Nomad SpiritNomad SpiritAP 2010

Nyna ValèsJe m'anime

Les Disques en Chantier 2010

PapayeLa chaleur, Africantape / Orkhestra 2011

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CDVINYLE

30

Ça commence par un catalogue de frustrations :“Faudra r'passer” (... pour que Nantes remonteen Ligue 1 ?). Ça continue avec l'évocation bou-tonneuse sur twist déhanché de la prof de fran-çais initiatrice de la vocation textuelle de l'artiste.Et puis, le ton devient grave, porté par cette voixaigue, pour une chanson attachante “Ils ont volémes couleurs”, évocation de Bakthalo poursuivipour sa couleur de peau. “Ta mère” est un autreinventaire de méchancetés (“Tellement vieille queson n° de sécu est écrit en chiffre romain”) dansun style proche d'Eddy La Gooyash. Si les textessont amusants et décapants, le son et les musi-ques sont plus classiques, exceptées des inven-tions en fin de galette comme les backgroundsvocaux de 40 minutes, qui sonnent BobbyLapointe, de l'obsessionnel et groovy “Elle a”, oudu final bien nommé : “Arrête”.

Georges Fischer

À peine entré qu'on sait déjàoù l'on a mis les pieds. Leswing de la petite boucled'intro, le beat étouffé qui laisse deviner le boutde son nez… On est dans le hip hop de mélomane,qui lèche ses instrus, avec des échantillons référencés et racés. Mais alors c'est qui le gar-dien du temple ? Chinese Man ? Socalled ? Et non,ça vient de Nantes et c'est un duo : Nobotoxassure l'arrière-garde rythmique, compose lebeat, le joue sur son MPD et le groove à la contre-basse ; DJ Don's en est le gardien volant, auxscratchs katanas. Pas de MC donc, ce premieralbum est quasi exclusivement instrumental.Mais hormis un a capella US qui se prête bien aujeu de cet opus quelque peu “waxtailoresque”,les trois titres où sont invités les tchatcheurs, dissonent quelque peu de l'ensemble, se rappro-chant plus de ce qu'on a l'habitude d'entendre enrap français. Seul bémol selon moi de ce premieropus efficace et prometteur.

Benoît Devillers

Le temps d'un split album, les nantais de SICKSAD WORLD s'associent avec le one man bandcannois ANOTHER MOON. Les deux groupes évoluent dans un univers plutôt mélancolique.Plus qu'une simple juxtaposition de titres, ce disqueprésente une réelle cohérence. Juda, le chanteurdu combo nantais donne de la voix sur un titred'Another Moon. On peut bien sûr remarquer lepenchant plus progressif du cannois (les 11minutes de “There will be no sunshine”) ou le côtéplus stoner/sludge de Sick Sad World. Les nantaisallient tempo alourdis et guitares tournoyantes.Le chanteur passe des cris de rage aux envoléesplus lyriques (“White room”) avec une réelleaisance. Il faut réellement saluer la qualité descompositions, aussi bien pour Another Moon quepour Sick Sad World, faisant de cet album unobjet bien agréable à écouter.

Manu Legrand

Des sons terriblementaccrocheurs mâtinés de popet d'électro, des nappes

trainantes et des boucles qui restent dans lecrâne : pas de doute, le premier maxi de VEDETTest une réussite. Le tout n'est pas sans rappelerRadiohead, Lords of Acid, Adult ou Röyksopp.Oui, oui, rien que ça. On reconnaît bien lesinfluences des deux musiciens, Nerlof et LL, soitdes mélodies “classouilles” accolées à du metalplutôt aérien. Mélangez bien ces ingrédients,secouez, vous obtiendrez une recette qui envoiedu bois, comme sur “1986” ou “Don't make thembreathe your sales” ! Comme quoi, l'associationdes genres a vraiment du bon, à condition desavoir doser. Et les gaillards savent jouer avecnos nerfs. On s'attend à danser all night long, etbien non, pas du tout ! “Erotic”, le dernier mor-ceau du maxi nous plonge dans une ambiancebeaucoup plus sensuelle, brûlante comme uneplage d'Acapulco au coucher du soleil.

Marie Hérault

Sylvain SanglierFaudra repasser

Mes débilités association 2011

Sick Sad World/Another MoonRuins of a forgottenworldAP 2010

Super TempleSound

OctopusDixit Records 2011

VedettVedettToboggan Records 2010

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Pierre Boucard, Sun FM

Playlists

GWEN & BERTRAND DUPART, Space Odyssey,Space breaks records, 2010 (house afro)

“J'ai découvert le morceau Space Odyssey lors d'une soirée du côté de l'îÎe de Nantes. BetrandDupart était invité à mixer. Ce morceau me rappelle certaines sonorités eighties. Il a produit ou

remixé une quinzaine de titres, notamment sur Deeply House House et Space Breaks.”

Manuel et Elie, Sidony Box

TINDERSTICKS, Falling down a mountain, 4AD-Beggars, 2010 (pop rock classe)

“La voix magique et envoûtante de Stuart Staples (d'ailleurs présent sur l'album ci-dessus). Rock classieux et ambiance vieux whisky parfumé ! Hmmm… ”

THE FITZCARRALDO SESSIONS, We hear voices !, Green United Music/Pias, 2009 (rock)

“On y retrouve le rock mélancolique et l'orchestration absolument impeccable des musiciens du regretté Jack the Ripper, invitant pour l'occasion de bien belles voix, pleines de personnalité. Un régal vers lequel on revient souvent. Rare. ”

LO’ JO, Bohème de cristal, Emma Productions, 2000 (inclassable)“Tous les albums avec quand même une tendresse particulière pour ‘Bohème de cristal’, pour le

voyage, la poésie, les voix, la généreuse chaleur et la présence pleine de ce groupe inclassable… ”

Alain Guilbaud, Collectif Spectacles en Retz

MOONGAÏ, Folie, Zenpark Records, 2009 (électro pop)“J'apprécie leurs créations car ils parviennent habilement à mélanger musique électronique,

instruments traditionnels et chanson en français, et j'adore leur reprise de Barbie Girl.”

ANIMALS AS LEADER, S/t, Prosthetic, 2009 (metal progressif)“Le projet du guitariste Tosin ABASI, c'est un peu un truc de guitariste mais le mec a digéré pas mal dechoses - dont les métriques à la Meshuggah mixés ici avec des accords plus ouverts - terrible ! ”

MIGUEL ZENON, Ceremonial, Universal Classics, 2004 (jazz)“Un saxophoniste avec un son proche de la voix et un lyrisme hors du commun ; les compos sontjuste sublimes, mêlant le jazz à un gros background portoricain, le tout délivrant une musique trèsforte et souvent intimiste. Que du très bon !”

DJAZAFAZ COMBO, La couleur sur le ciment, AP 2011 (hip hop jazz)“Parce que "djazzaaafaaaaaaazzz" !”

JACK IN THE BOX, Play it again Jack, AP 2010 (jazz pop)“Ce fut pour moi, une belle découverte du 44h Live. Ils sont tout jeunes et font déjà preuve d'un

grand talent. Ils proposent une musique pop jazz riche et maîtrisée.”

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en appelant au06 33 10 30 43mardi 1er mars à 12h

0,99€ le morceau