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Tourisme, mondialisation et risques « territoriaux »

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This article was downloaded by: [Nova Southeastern University]On: 08 October 2014, At: 13:48Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH,UK

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Tourisme, mondialisation etrisques « territoriaux »Gabriel Wackermanna

a La Sorbonne (Paris IV)Published online: 11 Jul 2013.

To cite this article: Gabriel Wackermann (2007) Tourisme, mondialisation etrisques « territoriaux », Loisir et Société / Society and Leisure, 30:1, 197-219, DOI:10.1080/07053436.2007.10707746

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tOurIsme, mOndIalIsatIOn et rIsques « terrItOrIaux »

Gabriel wackermann

La Sorbonne (Paris IV)

La mondialisation est venue interroger, voire provoquer les sciences, notam-ment sociales, économiques et environnementales (Wackermann, 2006a). Devant son emprise sur le globe, les sociétés sur leurs territoires, fondements de la vie quotidienne, piliers de l’humanité, garants des richesses diversifiées, ont réagi avec plus ou moins de vigueur pour affirmer leur personnalité, leurs droits inaliénables, leur responsabilité dans le devenir de l’ensemble de l’humanité. Elles ont exprimé leur territorialité et placé leur identité sur le plan politique (Vandermotten et Vandeburie, 2005).

Dans le cadre de cette thématique, nous nous proposons de jeter un regard critique sur la problématique soulevée par le tourisme, replacé dans son éthique récréative générale et initiale. À cet effet, il conviendra de préciser combien le tourisme et la rentabilisation abusive des fonctions récréatives participent de façon notoire au gâchis des ressources naturelles, une dérive qui requiert de manière urgente la nécessité d’une mise en réseau pluridisciplinaire des chercheurs, notamment ceux spécialisés en sciences sociohumaines, d’une part, en sciences de la nature et de la vie, d’autre part, afin que le respect impératif des exigences environnementales soit pris en compte tant par les responsables que par les individus eux-mêmes. Seules une telle prise de conscience et la mise au point, dans une optique globale, d’un programme cohérent de mesures de portée mondiale, sont susceptibles de sous-tendre une action volontariste destinée à éliminer progressivement les pratiques récréatives, en général, et touristiques, en particulier, qui contribuent au dysfonctionnement de notre planète.

Des déviances récréatives et touristiques…

Il importe, en premier lieu, de sensibiliser les dirigeants et responsables divers – politiques, socioéconomiques, culturels, religieux, intellectuels, universitaires, etc., ainsi que les consommateurs citoyens et électeurs, de l’importance des impacts du tourisme sur le fonctionnement et l’orga-nisation consécutive des territoires. Les multiples atteintes, par ailleurs

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dangereusement croissantes, à la bonne marche de notre système terrestre nécessitent le développement d’une éthique environnementale validée par les acteurs publics et sociétaux. Cette démarche et ses aboutissements, telle la rédaction d’une Déclaration universelle des droits environnementaux, permettrait de disposer d’une base de référence pour la promotion de pra-tiques responsables aussi dans le domaine récréatif.

Les multiples dérives inhérentes à des orientations économiques prin-cipalement fondées sur des exigences excessives de productivité et de ren-dement (Wackermann, 1997a) ont, en effet, suscité des déviances majeures dans la finalité culturelle et éthique même du tourisme, entraînant, depuis fort longtemps déjà, des risques territoriaux et sociétaux (Wackermann, 1987), souvent d’une extrême gravité. Le non-respect grandissant des règles climatiques, hydrologiques, morphologiques, pédologiques, qui ont régi traditionnellement le globe, a conduit au « déboussolement » de la planète : démolitions abusives de reliefs, détournements de cours d’eau, pollutions de toutes sortes des nappes phréatiques et des sols arables, récentes inon-dations à grande échelle, tsunamis « spectaculaires », extension des aires de sécheresse et de l’extinction de nombreuses espèces végétales et animales, etc., ne sont que les signes avant-coureurs de catastrophes dites naturelles, d’essence anthropique, plus graves encore.

Le tourisme, de plus en plus international et internationalisé, a été concerné également, de manière plus ou moins directe, par la question de la liberté, dans le cadre général d’une réflexion sur la liberté de l’homme, de ses exigences et de ses limites, dans la société contemporaine. Il a été confronté aussi à la mise en cause et à la relativisation des frontières internationales et des barrières internes, politiques, culturelles, religieuses, socioéconomiques. Plus que jamais, il est étroitement intégré aux préoccupations sociétales en général.

Nos activités de conseiller et d’expert, ancien et/ou actuel, auprès d’institutions ou d’organismes nationaux ou internationaux, publics et privés, nous ont permis d’affiner l’examen critique de la problématique touristique présente, par la pratique du terrain, c’est-à-dire des territoires, aux diverses échelles et dans leurs structures tant physiques qu’humaines (Wackermann, 1989, 1994).

Le concept de territoire transcende désormais l’ensemble des approches visant un aménagement concerté et durable de l’espace dans ses rapports entre les sociétés et leur environnement. Il est d’autant plus important qu’il concerne l’ensemble des acteurs du refaçonnement de l’espace terrestre, a priori les chercheurs appelés à dévoiler les orientations malencontreuses et à relever des modèles permettant de servir d’explication simplifiée de la réalité, afin de mieux assurer le lien entre les concepts (la théorie) et les faits (les

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constats empiriques). La notion de territoire est éminemment géographique et exprime les liens étroits, préhistoriques et historiques, des occupants d’une unité spatiale avec leur milieu ambiant, tant en ce qui concerne l’évolution, dans l’espace et le temps, des limites territoriales et mentales que pour ce qui est des mouvements démographiques, des empreintes culturelles, des pratiques culturelles et cultuelles, des fonctions économiques et sociales, parmi lesquelles les fonctions récréatives. Pris dans cette acception, le concept de territoire invite en soi à la pluri- et à la transdisciplinarité, le géographe demeurant un acteur à part entière et, fréquemment, compte tenu de sa position à l’interface des sciences portant sur l’examen du milieu physique, dit naturel, et les sciences sociohumaines, un chercheur particu-lièrement avisé.

… à la place du tourisme dans la pluri-, l’inter- et la transdisciplinarité

Pour remédier aussi efficacement que possible aux distorsions intervenues depuis presque un siècle, et surtout depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la faveur de la montée vertigineuse d’une économie producti-viste souvent sans pitié, la vraie communauté scientifique, c’est-à-dire celle dégagée d’a priori non conformes à l’éthique environnementale, est la mieux à même de signaler les voies de renouveau possibles.

Trop longtemps, malheureusement, l’aménagement du territoire a donné lieu à des projections plus ou moins conformes aux exigences des « exploiteurs » du milieu, l’État ayant laissé faire, renonçant ainsi, par manque d’information et /ou par compromission, à l’une de ses fonctions fondamen-tales qui consiste à assurer un juste équilibre, constamment à affiner, entre les exigences socioéconomiques et les impératifs écologiques, qu’ils soient d’ordre naturel ou anthropique.

Cette question interroge à la fois la recherche fondamentale et la recherche appliquée ou applicable. En géographie, comme ailleurs, il importe que le scientifique ne fasse pas uniquement un constat aussi objectif que possible, mais qu’il participe, en tant qu’expert le mieux placé, à l’élabo-ration de réflexions, de modèles et de projets susceptibles de remédier aux déviances observées, parce que nuisibles même au devenir de la planète et de son peuplement.

Observons, toutefois, que le compartimentage disciplinaire, voire intradisciplinaire, est néfaste à une maîtrise réelle des problèmes posés. L’interdisciplinarité, par contre, favorise des approches efficaces. Des domaines, tels que le tourisme, le transport, la communication et l’envi-ronnement, ont d’emblée l’avantage de ne relever d’aucune « discipline » universitaire particulière. Ils associent de plus en plus, dans les études et la

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recherche, un nombre croissant de disciplines, dans la mesure où celles-ci sont directement interrogées par lui et ne l’ont pas forcément été auparavant. C’est le lot de tout domaine scientifique émergent, qui nécessite du temps et du recul pour révéler ses profondes aptitudes à fédérer des recherches, à ouvrir des perspectives.

En France, par exemple, ce sont les initiatives de création de diplômes de troisième cycle, à vocation de recherche, tels que les DEA (diplômes d’études approfondies), et, surtout, à vocation professionnelle, tels que les DESS (diplômes d’études supérieures spécialisées) – à présent « masters 2 » − qui ont fréquemment ouvert la voie à des approches communes entre des disciplines concernées par la thématique de la spécialisation, à la manière du transport, de la communication et de la logistique, sans toutefois procéder systématiquement à la « création » d’une discipline « tourisme », contraire-ment à ce qui s’est réalisé plus rapidement en environnement. Le tourisme et l’ensemble de la thématique récréative sont d’ailleurs très proches de l’interdiscipline « transport, communication et logistique », voire associés ou intégrés à celle-ci, dans de nouveaux rapports entre l’espace et le temps (Wackermann, 2006b). L’interdisciplinarité, pour être pleinement opération-nelle, donc crédible, doit conduire nécessairement à la transdisciplinarité, objet d’une veille transscientifique permanente favorisant l’approche judi-cieuse et globale d’une palette de problèmes allant de la redéfinition des méthodes de recherche à l’analyse des facteurs géopolitiques, en passant par des analyses structurelles intégratives. Un ample travail de langage commun est évidemment à accomplir, en vue du recours incontournable à un vocabu-laire et à des concepts communs. Heureusement que de nombreuses appro-ches de ce genre ont été réalisées, la publication de dictionnaires thématiques fort cohérents à l’appui (Wackermann, 2005, p. 421-422). Des colloques réguliers et variés favorisent à cet égard le mouvement transdisciplinaire.

Dans l’attente d’indispensables adaptations universitaires aux réalités et exigences d’un monde profondément transformé, d’une mondialisation de la science, pluri-, inter- et transdisciplinarité fonctionnent de façon très diversifiée d’une université à l’autre, d’un pays à l’autre, contribuant à enri-chir réciproquement réflexion et pratique, recherche approfondie et appli-quée, formation fondamentale et applicable. Les méthodes d’investigation appliquées aux nouveaux domaines sont également très variées, innovatrices et complémentaires, à base d’analyses systémiques et de théories diverses. Elles facilitent la mise en valeur du concept de territoire en regard à la mon-dialisation, développant des éclairages susceptibles de démontrer que ces deux termes sont davantage en phase l’un avec l’autre que discordants, sous réserve de révéler les vrais obstacles à leurs dysfonctionnements réciproques, essentiellement d’ordre éthique (Wackermann, 1997b).

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Ainsi, le passage à l’échelle mondiale et à une civilisation tertiaire mon-dialisée (Wackermann, 1997c), dont la prédominance des services s’affirme de manière croissante, dans laquelle l’importance du virtuel se conforte de jour en jour, requiert, compte tenu de la toute-puissance des tenants des hautes technologies, la mise en place de garde-fous scientifiques et géopo-litiques de grande qualité. La gestion du tourisme sur Internet, l’ampleur prise par le recours aux méthodes et processus de plus en plus sophistiqués et automatiques, la mise en place de techniques d’identification automatique et de transmission de données à grand rendement financier, négligeant les rapports sociétaux étroits et subtils avec les territoires, sont de nature à poser aux chercheurs, toutes disciplines confondues, d’inquiétantes questions d’éthique et de maîtrise « sociale » du devenir récréatif et, par là même, de tout ce qui relève et doit relever du tourisme.

Les conceptions économiques classiques sont, à ce sujet, placées en pre-mière ligne de la contestation. Des économistes théoriciens, dits orthodoxes, ne considèrent-ils pas que les territoires doivent demeurer « neutres » dans la formation de l’équilibre général ? Mais ne sait-on pas que l’économie est ce que l’on a décidé d’en faire ? Il existe, à ce propos, des idéologies écono-miques portées sur un libéralisme plus ou moins excessif en matière sociale et environnementale, comme il a existé des économistes enclins au collec-tivisme. Les conceptions touristiques ont été ballottées entre de multiples tendances théoriciennes élaborées au gré d’opportunités politiques. Ainsi, le tourisme, voué initialement à l’art ou/et aux paysages déjà considérés comme marquants selon les tendances en vogue (Wackermann, 1985, 1986), d’es-sence avant tout culturelle et civilisatrice du mot (Trochet, 2000), est devenu objet de spéculation financière, de consommation économique ; la notion de « produit » et celle de « production d’espace », entre autres, sont venues renforcer cette tendance (Wackermann, 1998). Celle-ci a été et continue à être destructrice d’espace, de territoires, de sociétés, occasionnant souvent plus de risques que de préservation patrimoniale, de valorisation de richesse réellement durable.

L’ambiance économique mondialisée actuelle tend à intégrer le tou-risme comme un palliatif aux défaillances des secteurs de production tra-ditionnels, dès lors que ceux-ci fléchissent, déclinent ou sont en voie de disparition. Considéré comme un domaine porteur de développement, apte à valoriser de façon soutenue les flux financiers et le marché du travail, quitte à ne pas être trop regardant ni sur les rémunérations ni sur les conditions de vie offertes aux effectifs recrutés, le tourisme sert alors d’alibi à une logique de filière économique susceptible de « renflouer » à court et moyen terme le manque à gagner d’un territoire, quitte à susciter à long terme une crise plus ample, surtout lorsqu’il apparaît comme une mono- activité ou presque.

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L’indispensable suppression d’une approche étriquée et purement économique du tourisme implique des perspectives nouvelles

Pour remédier aussi efficacement que possible aux carences relatives à la finalité récréative, à la conception des moyens permettant de réaliser l’éthique créative, la conjonction des efforts scientifiques, toutes disciplines confondues, permet de faire ressortir les vrais enjeux du tourisme, dans ses rapports à l’humanité, à l’environnement physique, aux mesures de précau-tion à prendre. Elle facilite une vision globale des choses, met en parallèle les finalités culturelles et les nuisances croissantes inhérentes à une consom-mation débridée d’espace, notamment urbaine (Wackermann, 2005a), de richesses naturelles et anthropiques.

Les « villes tentaculaires », déjà épinglées dans la première moitié du xxe siècle par Verhaeren, ont conduit au gigantisme métropolitain, allant jusqu’à l’irruption méga- et métapolitaine (Chevalier, 2000), source d’accélé-ration des effets de la couche d’ozone, réduisant de plus en plus l’attractivité touristique et récréative réelle des villes naguère enviées pour leur aptitude à offrir des synergies culturelles dans des écrins paysagers pittoresques et vivifiants.

Dans ce contexte, la vigilance transscientifique confère un éclairage nouveau aux exigences d’équilibre territorial dont les loisirs, parmi lesquels le tourisme, constituent l’une des composantes majeures. Dans ce sens, le tourisme participe à la dialectique contemporaine portant sur le devenir des milieux physiques et sociétaux, leurs interrelations, leurs finalités, leurs possibilités de promotion.

Il y va ainsi de la question générale d’une économie énergivore de laquelle le tourisme est directement et abondamment partie prenante, que ce soit par le transport terrestre ou la circulation aérienne, les lieux du tourisme et les exigences de la société de consommation à leur encontre. L’accroissement inquiétant de la production d’oxyde de carbone inhérent aux déplacements motorisés et à la surconsommation dans les stations littorales ou de montagne, sur les lieux historiques et/ou à forte attractivité récréative, urbaine ou rurale, est de nature à remettre en cause un secteur sociétal qui évolue bien plus sous l’emprise proprement économique que dans une optique de préservation environnementale à vocation culturelle. En 1987 déjà (cf. bibliographie), nous avons pu mettre en évidence que, déduction faite des coûts de réparation des atteintes environnementales – réchauffement climatique non encore compris −, les finances publiques étaient souvent perdantes, les profits allant essentiellement aux exploiteurs privés, peu soucieux de l’éthique et des richesses sociétales réelles, c’est-à-dire du long terme. Ce manque à gagner ne cesse d’augmenter dans des proportions considérables. Cerner ces coûts pour démontrer la pertinence

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de ce que les scientifiques ne cessent de constater tout en dénonçant les répercussions financières négatives des comportements productivistes, est une tâche impérative d’autant plus efficace que la collaboration multidis-ciplinaire peut faire ressortir, avec plus de preuves et de force encore, les inepties inhérentes aux discours dominants.

Pour sa part, la géographie et ses diverses approches intradisciplinaires ne servent pas uniquement d’interface scientifique multidisciplinaire, mais aussi d’ouverture globale sur l’appréciation des rapports réciproques entre les milieux physiques et les sociétés, ruraux et urbains, économiquement développés et en voie de développement (Wackermann, 2005b). La largeur de vue qu’elle favorise permet de disposer de paramètres susceptibles de définir une finalité et des systèmes économiques mieux à même de répondre aux exigences du long terme et d’une éthique contrant la démesure humaine et sociale. La géographie est ainsi à même de sous-tendre efficacement une dynamique de l’inter- et de la transdisciplinarité, dont les avantages bénéfi-cient, entre autres, à un tourisme revisité.

La notion de territoire : un concept éminemment géographique et régulateur de la mondialisation

La géographie est apte à définir au mieux les concepts d’espace et de terri-toires aux diverses échelles (Wackermann, 2002). Elle est susceptible − elle le fait depuis bien longtemps et un peu partout − de servir de catalyseur à la démarche pluri-, inter- et transdisciplinaire. Elle se penche également, au même titre, sur l’une des caractéristiques principales des mutations contemporaines : les nouveaux rapports entre l’espace et le temps, dans un mouvement accéléré de la mobilité, matérielle et immatérielle, allant jusqu’à tendre vers la généralisation de la communication en temps réel (Wackermann, 2005c).

La dimension territoriale est inséparable de la dimension temporelle, surtout depuis que la civilisation des services, d’ampleur planétaire, a boule-versé et continue à secouer le monde à tel point que les territoires font l’objet de flux croissants, endo- et exogènes. Cet univers, appelé souvent « nomade », reposant sur des migrations de toute nature, connaît une mutation accélé-rée impossible à cerner dans ses tenants et aboutissants sans investigations pluri- et transdisciplinaires, la géographie occupant une place majeure dans ce processus d’analyse, à vocation permanente.

Le terme « planète nomade », inventé à la faveur du constat relatif à une mobilité généralisée des personnes et des biens, à grand renfort de moyens de déplacement destructeurs de cohérence terrestre, tant environnementale que biologique et culturelle, sous-tend de graves dysfonctionnements dont

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le tourisme est coresponsable à part entière. Les paquebots gigantesques de croisière, dont certains sont appelés à juste titre les « HLM de la mer », sont des signes emblématiques de cette orientation. Comment justifier la consommation extravagante de carburant, notamment en matière de flux ferroviaires et aériens, pour un tourisme massif fondé sur une surconsomma-tion alimentaire, une surexploitation de la main-d’œuvre et de la population des pays d’accueil touristique du tiers- monde, alors que la part vraiment culturelle des motivations, celle inhérente au partage sociétal ainsi qu’aux échanges intercivilisationnels, est des plus réduites ? Selon l’essayiste Thomas Friedmann, la réduction quantitative des frontières, la révolution des trans-ports, les technologies de l’information ont « aplati la Terre » ; les entreprises, en s’internationalisant, ont mondialisé les problèmes, du sida au terrorisme, en passant par le réchauffement climatique. Il s’agit là de nouvelles formes de colonisation à base de dilapidation des ressources naturelles et environ-nementales, devenues rares, de pratiques subversives allant à l’encontre du tourisme authentique. Celui-ci, comme toutes les activités humaines, est, en principe, appelé à inventer les moyens appropriés pour remédier au gaspillage d’oxygène et aux atteintes à la biodiversité.

L’approche pluridisciplinaire ne saurait demeurer absente de cette problématique, d’autant plus que les pays du Sud, notamment pétroliers et arabes, n’hésitent pas à s’orienter vers des réalisations surréalistes, des aménagements provocateurs dans un environnement déchiré par les conflits militaires, la misère et l’archaïsme entretenu par les princes gouvernants en milieu autochtone pour mieux imposer leur puissance quasi impériale et absolue. À Dubaï, par exemple, « sur seulement quelques kilomètres carrés, la ville rassemble un concentré d’architecture kitsch et de rêves technologiques. Elle flotte, telle une bulle de science-fiction, reflet d’un xxie siècle futuriste que l’Occident avait fantasmé sans jamais oser passer à l’acte. Dubaï, elle, entend prouver qu’elle est capable de concrétiser nos rêves de films et de bandes dessinées » (Les Echos-Série limitée, 47/2006, Paris, p. 88). Sous l’emblème de Saint-Moritz (Alpes suisses), la station « Ski Dubaï », pour être à même d’offrir des sports d’hiver, est arrosée quotidien-nement par 6 000 tonnes de neige artificielle. Les médias annoncent à grand fracas publicitaire la création d’un nouvel aéroport, de la taille de Chicago et Heathrow, un parc d’attractions deux fois plus étendu que Disneyland, le tout surplombé d’une tour de 800 mètres environ, la plus haute du globe. D’autres tours et immeubles divers à hauteur vertigineuse pullulent déjà, à l’appui d’imposants centres commerciaux et complexes hôteliers. Une « Babel touristique ahurissante », en somme, s’empresse d’ajouter le reporter du supplément 47/2006 des Échos. Le tout construit par des néoprolétaires ouvriers indiens, pakistanais et chinois. En Afrique aussi, la mainmise sur le pétrole fait son œuvre : ici, la Chine, en quête d’hydrocarbures, opère en

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Afrique du Sud, en Angola, au Soudan, en Égypte, Algérie, République démocratique du Congo, ainsi qu’au Gabon ; elle mène des opérations de prospection pétrolière au Niger, en Mauritanie et au Maroc. Cette intrusion a son prix : la pression sur la main-d’œuvre locale et sur les gouvernements autochtones. Les scientifiques mis en réseau doivent analyser la pertinence du tourisme en fonction de ces facteurs géopolitiques.

L’angle nouveau sous lequel les migrations, y compris récréatives et touristiques, sont appelées à être appréhendées, vient d’être analysé dans le cahier 68 de la revue Africultures, présentée par l’édition de la manière suivante, riche en pistes nouvelles interrogeant l’ensemble des acteurs concer-nés : « Les migrations sont constitutives de l’histoire de l’humanité. Elles prennent à notre époque une dimension jamais atteinte, tant par le nombre de personnes qu’elles concernent que par leur étendue. Par-delà les trajec-toires purement géographiques, les migrations bouleversent l’environnement, la culture et l’imaginaire de chacun. Ce dossier d’Africultures explore la diversité du vécu migratoire de nombreux artistes. Par leurs témoignages se dessinent non seulement la complexité et la violence de cette expérience de l’altérité mais aussi ses modes de relation à l’acte créatif.

Que signifie appartenir à une société ? Partir vivre dans une autre ? Qu’est-ce que l’identité ? Les origines ? Comment l’expérience migratoire nourrit-elle l’expression artistique ? » (Africultures, 2006).

C’est révéler combien le territoire, aux diverses échelles et variantes socioéconomiques, dans sa profondeur historique et la variété de ses évo-lutions, est au centre d’un constant renouvellement des problématiques globales (Wackermann, 1995). Nous pouvons parler de la propension des territoires en devenir dans le cadre de la mondialisation ou face à elle. Ainsi, nous observons l’énorme affaiblissement de la part culturelle profonde dans le bilan touristique actuel. En dehors du tourisme de pèlerinage, considéré d’ailleurs essentiellement sous son angle sociologique, historique, territorial et économique, les aspects proprement religieux, spirituels, moraux, philo-sophiques et éthiques font la plupart du temps défaut. L’ouverture à l’autre, en vue d’une compréhension réelle de l’être d’en face, est à peine esquissée dans le devenir touristique. La science du comportement, nécessairement rationnelle, ne saurait s’accomplir vraiment sans la prise en compte de l’ir-rationnel et de l’affectif.

Déjà les vacances se font de plus en plus sur mesure ; l’individualisation de cette activité de masse forme l’un des plus grands défis pour les profes-sionnels du tourisme.

L’inégale répartition des ressources, « cachées » ou valorisantes, et des atouts, réels et potentiels, des territoires est en mesure d’être à la disposition

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d’un développement dont les contours et le contenu demeurent à la discré-tion de choix politiques : depuis l’économie économisante au sens libéral ou ultralibéral du terme, en passant par une économie étatique contraignante et étriquée, jusqu’à une économie sociale visant à la fois une dynamique de progrès matériel et une attitude responsable de promotion environnemen-tale, des démarches telles que celles de l’économie solidaire ou de formules proches intégrées à cette orientation n’étant pas à exclure.

Le tourisme est une partie intégrante de cette problématique, mar-quée par le souci croissant d’une reconnaissance de l’identité des territoires et de leurs sociétés. Dans cette optique, de nouveaux projets touristiques s’inscrivent dans une économie récréative qui tend à s’inscrire étroitement dans l’identité territoriale, tant par leur conception que par l’expression de leurs spécificités desquelles la part du rêve est loin d’être exclue. Il s’agit là de logiques territoriales, distinctes et complémentaires, allant jusqu’à l’émergence de territoires touristiques nouveaux, à base de constructions identitaires adossées au long passé historique. La difficulté, inexplorable sans la convergence disciplinaire, réside dans le fait qu’il convient de définir la finalité de ces constructions territoriales qui doivent prendre en compte à la fois les projections des populations résidantes et celles des migrants tou-ristiques saisonniers. La réponse donnée à cette interrogation montre dans quelle mesure la finalité est intrinsèque ou un alibi masquant le tourisme comme étant l’instrument quasi exclusif du développement économique.

Placée devant de nouvelles perspectives, la recherche touristique, toutes disciplines confondues et tous azimuts, est appelée à redéfinir ses instruments de « mesure », ainsi que leur place respective dans l’évaluation globale de la fonction territorialisante du tourisme. Il lui faut aussi observer le ou les processus d’articulation de ses propres marqueurs spatiaux avec ceux des autres secteurs d’activité rapportés aux modes d’occupation des territoires. Une attention particulière est à consacrer à la définition des échelles spéci-fiques et des sous-ensembles territoriaux qui résultent de ces mutations en cours, sans oublier, bien entendu, les territoires « déterritorialisés », appelés « hors-sol ». Notons, en outre, que l’analyse de la mutation présente des sys-tèmes touristico-territoriaux conduit nécessairement à des renversements de valeurs et de tendances, à une certaine inversion des fondements et des répercussions de la formation, de l’organisation et du fonctionnement touristiques, à la faveur des nouveaux rapports entre l’espace et le temps, des liens étroits entre les activités industrielles et tertiaires, au bénéfice des services, de la part prise par les retraités cossus, une situation qui ne saurait durer encore longtemps…

Les territoires touristiques issus des évolutions générales et particu-lières, allant de communautés de communes à des régions, voire à des entités

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suprarégionales et transfrontalières, sont, dans ces conditions, à base d’une conjonction de dynamiques, pas forcément convergentes à tous points de vue, sous-tendues par des représentations socioculturelles et des types d’acteurs variés, déclenchant des processus sociospatiaux complexes. Ils génèrent des ensembles et sous-ensembles multiples, plus ou moins homogènes, voire disparates ou à strates superposées. La typologie qui en résulte est quasi infinie, allant de territoires imposés par les pouvoirs publics en liaison avec la connivence de certains acteurs, aux territoires consensuels, jusqu’aux territoires bâtards, faits de pièces et de morceaux, par suite de l’incohérence ou de la superposition de politiques d’aménagement décousues.

Le récent colloque sur le thème « Tourismes et territoires », organisé dans le cadre des « VIe Rencontres de Mâcon », les 13 et 14 septembre 2006, a mis l’accent aussi, entre autres, sur la terminologie. Celle-ci reflète les évolutions en cours, les contraintes nouvelles, la place croissante prise par la dialectique soulevée par les finalités environnementales. Dans cette optique, par exemple, la notion d’« effet » semble être d’essence principale-ment générique, celle de « retombée » surtout à connotation économique, tandis que le terme « impact » apparaît davantage en lien avec des considé-rations culturelles et environnementales.

La place de la géographie continue à être marquante dans toutes ces approches. Ainsi, le tourisme constitue une « certaine » approche de la géo-graphie culturelle, notamment, comme le souligne Christian Jost, « celle de l’identification des marqueurs de paysages, couplée […] à un intérêt écono-mique et à un projet de développement touristique » (Jost, 2005, p. 21).

L’exemple cité par Jost est sa mission assumée, à la demande du minis-tre (« Chairman of tourism ») de l’État du Gujarat, au Gujarat, dans le sud de l’État indien de Gandhi, appelé Rajasthan. Voici ce que ce géographe a eu pour cahier des charges : « Identifier les sites à potentiel touristique inter-national et, secondairement national, tels les lieux de pèlerinage, de prière, de récréation, etc., et en évaluer en première approche les impacts négatifs possibles d’un développement touristique sur le paysage (« on landscape ») et sur le milieu humain » (p. 21).

Jost a inventorié aussi de nouveaux sites potentiels, le long des fleuves et des côtes, près des remparts d’une ville, au sommet d’une butte, ou en lisière de forêts, « les lieux pouvant inspirer le touriste étranger avide d’authenticité, de dépaysement et de culture » (p. 21).

Des entretiens réalisés avec des autorités locales et des habitants ont permis de bénéficier d’une appréciation des sites en termes topographiques, de couvert végétal, de proximité d’eau, de voies d’accès, d’infrastructures d’accueil et de transport, existants ou non. Ils ont donné lieu également à

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une appréciation d’ « occidental », aboutissant, dans cet esprit, à un recen-sement d’une centaine de sites d’intérêt et à un classement par catégorie et degré d’intérêt.

Une telle approche a facilité la compréhension et, par là même, la transmission de la construction des paysages humains et des territoires à partir de l’histoire et des cultures. Elle a fait ressortir la nécessité d’un cer-tain cheminement géographique et de l’ouverture indispensable à toutes les composantes des systèmes de vie régissant et organisant les paysages.

Un changement de dimension, de vision, permet aussi de mieux faire face aux conflits et risques (Wackermann, 2005d, 2006c), qui menacent les populations, dans la mesure où ceux-là ne peuvent être appréhendés plei-nement que lorsque les rapports réels entre celles-ci et leur environnement, sous toutes ses formes, sont méticuleusement décryptés. Les résultats obtenus doivent autoriser en outre une représentation cartographique donnant aussi une vue synthétique des questions posées.

L’exemple des pays en développement, des « Sud » (ou des Suds), par contraste avec ceux du Nord (ou des Nords), témoigne de l’universalité des menaces qui pèsent sur l’environnement, donc aussi sur le tourisme. La fra-gilité économique des pays en développement, déjà amplifiée par la colonisa-tion, accentuée par les agressions de la présumée « civilisation » industrielle, puis celle du tertiaire, n’est pas jugulée, loin s’en faut. Des cadres paysagers exceptionnels, des sociétés vivant sur des territoires, ô ! combien, variés et culturellement dignes d’intérêt, sont malmenés par des molochs mégapoli-tains (Troin, 2000) plus répulsifs encore que certaines configurations des « Nords ». Ici la maîtrise des problèmes échappe presque entièrement aux responsables, si toutefois ce terme a encore un sens dans des situations aussi dramatiques. Le tourisme donne le signal d’alarme depuis longtemps : il est essentiellement relégué dans des « réserves » naturelles, aménagées en parcs ou quelques havres naturels ou culturels échappant aux territoires urbains défigurés. Les pays secs, ultrasensibles aux atteintes environnementales (Mainguet, 2003) par les moyens dont dispose l’humanité dite économique-ment développée, reflètent des préoccupations similaires.

Situations conflictuelles, risques et enracinement durable : l’exigence d’une approche globale du tourisme

L’étude du tourisme est à insérer dans un concept global impliquant les diver-ses échelles de la mondialisation. Le tourisme ne saurait cependant pas être isolé de sa vocation récréative initiale et permanente (Wackermann, 2007). À quoi sert le tourisme dit durable si les risques climatiques vont tout bou-leverser : le film réalisé en 2006 par Al Gore, le vice-président malchanceux

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des États-Unis aux élections présidentielles de l’automne 2000, est expressif à ce sujet : il fait état, sauf ressaisissement systématique, d’une submersion « programmée » d’une part importante des régions urbaines littorales les plus denses du globe à un horizon se situant autour du milieu du xxie siècle. Le montant de la facture mondiale à payer pour faire face au coût de la seule lutte contre les causes et effets du réchauffement climatique s’élève déjà, selon les calculs effectués dans les organismes spécialisés des Nations Unies, à 7000 milliards de dollars américains.

Le « durable » n’est possible que si l’humanité prend conscience des vrais enjeux du globe et si elle prend aussitôt les mesures nécessaires à la réalisation des restructurations indispensables. Sinon, le « durable » n’est qu’une tarte à la crème, ce qu’il est, en fait, encore fréquemment.

Ainsi, l’aménagement du territoire considéré comme vraiment durable est à imaginer quasi entièrement, dans le cadre d’une ardente obligation de conformité avec les exigences majeures tracées par la recherche transdisci-plinaire à l’échelle mondiale et cosmique. Les pratiques d’aménagement en Europe, par exemple, quoique centrées sur le « durable », demeurent mar-quées sensiblement par les exigences de rendement à dominante purement économique (Nonn, 2001), les valeurs de la production effrénée, du négoce à hauts profits (Battiau, 2002) et de la finance, comme la surconsommation continuant à reléguer dans l’ombre les valeurs vitales premières constituées par les ressources dites naturelles, morphologiques, climatologiques (André, 2005), hydrologiques, biologiques…

Au départ, l’orientation transdisciplinaire est ou serait à même de bou-leverser nombre de méthodes de recherche en tourisme, trop terre-à-terre, collant aux impératifs d’acteurs publics et privés obsédés par l’activisme lui-même inhérent au « retour d’investissement » à court ou moyen terme.

Le changement climatique constitue l’une des principales sources de menace et/ou des pratiques et équipements touristiques. Il concerne directement le tourisme hivernal et les activités liées à la pratique du ski (Breiling et Charamza, 1999). Il annonce les menaces pesant sur le tourisme des glaciers (Abegg, 1996 ; Abegg, König et Maisch, 1994). Il met l’accent sur la vulnérabilité de l’industrie de la neige, à l’exemple des Alpes suisses (Elsasser et Messerli, 2001).

Il vient s’ajouter aux nuisances de toutes sortes déjà signalées depuis des décennies aux responsables des montagnes. Les surcharges touristiques de communes, voire de régions tout entières, ne sont plus guère un secret pour les décideurs (Albowitz, 2004). Un inventaire général actualisé des contraintes pesant sur l’économie récréative et touristique a été fourni (Becker, Hopfinger et Steinecke, 2004). Des alternatives et réorientations diverses ont été proposées, tel le tourisme de randonnée (Leder, 2004). Le

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tourisme, son management et ses ressources ont été replacés dans leur évolu-tion (Butler, 1980). Les efforts de ressaisissement nécessaires, par le recours à des théories de régulation traçant des perspectives plus authentiquement durables, ont été cernés, par exemple dans le cas suisse (Schneeberger et Messerli, 2002).

Dans sa thèse de géographie relative à la nouvelle problématique tou-ristique montagnarde inhérente aux risques tant naturels qu’anthropiques, Meike Fehrholz se fonde sur une comparaison très instructive des mutations des perspectives touristiques hivernales et estivales dans deux régions alpines physiquement et sociétalement fort différentes, aux vieux antécédents histo-riques et variés : l’Oberallgäu, en Allemagne bavaroise, et le Haut-Valais, en Suisse. L’approche globale des risques et les répercussions à terme de ces derniers peuvent servir d’illustration synthétique à notre démonstration :

Tandis que dans l’Oberallgäu la pénétration du chemin de fer a généré et développé très tôt, sur une aire étendue, à la faveur de l’industrialisa-tion, un tourisme bourgeois et de chasseurs cossus, dans le Haut-Valais le tourisme s’est structuré autour du milieu paysan montagnard. Dans les deux régions, c’est l’arrivée du tourisme de masse, à partir des années 1950, qui a d’abord interrogé le tourisme estival, puis, peu d’années après, le tourisme d’hiver, la pratique du ski devenant déterminante.

Dans l’Oberallgäu, la pression territoriale s’exerça à la fois sur les com-munes agricoles développées et les communes demeurées économiquement en retrait. Le pays tout entier finit par participer à une économie duale, agricole et touristique, ces deux activités étant de plus en plus enchevêtrées, suscitant une reconversion sensible de l’habitat pour faire face à la demande touristique croissante. La spéculation tertiaire aidant, l’agriculture devint tributaire du tourisme, qui favorisa le déploiement des lieux les plus attractifs, au détriment du restant du territoire. En revanche, dans le Haut-Valais, le tourisme se développa ponctuellement et créa une mosaïque de structures locales, les unes avantagées, les autres marginalisées. Les risques de surcon-sommation d’espace furent donc un peu partout inégalement répartis.

Le passage à une relative mono-activité, puisque la dynamique générale était portée par l’économie récréative, constituait un risque en soi. Surgit, dans les années 1980, une crise d’attractivité dans l’Oberallgäu, inhérente au manque de prévision en matière d’adaptation et de renouvellement de l’existant, mais surtout au bouleversement économique qui favorisa la montée des services autres que le tourisme. Le Haut-Valais, par contre, résista, tant dans les villes rhodaniennes, telles que Brigue et Visp, que dans les autres centres montagnards. Les risques ont donc eu un impact différencié, fonction du degré de vitalité des structures et impulsions en place, ainsi que de la rapidité d’adaptation aux mutations d’essence exogène. Il ressort de l’analyse

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que le tourisme ne saurait être l’activité sous-jacente par excellence. Dès cette époque, il apparut que la réussite touristique était fonction de l’aptitude à concilier les initiatives à court terme avec une vision à long terme.

Le temps est venu très vite, une décennie à peine après la crise de 1980, du bilan des atteintes environnementales tant physiques qu’anthropiques. Le réchauffement climatique a été déterminant dans le constat d’échec, un phénomène imputable à l’humanité tout entière, mais surtout aux ressor-tissants des pays développés. Le recours préalable au tourisme écologique, relativement développé dans les Alpes de l’aire linguistique germanique, n’a de loin pas été suffisant pour contrer la catastrophe environnementale constituée par l’effet de serre. Les concentrations urbaines excessives, la sur-consommation d’oxygène et d’énergies polluantes, en montagne et ailleurs, ont réduit en premier lieu les chances de pratique des sports d’hiver, mais aussi celles du tourisme estival de montagne. L’Oberallgäu, comme le Haut-Valais, ont subi et continuent à subir de plein fouet, par accélération, la fonte des glaciers, la faiblesse de l’épaisseur de couverture neigeuse, la réduction radicale de l’attractivité touristique. La mono-structure touristique a son prix, exorbitant en l’occurrence.

Le recours à des alternatives stratégiques permettant de pallier la réduction du temps imparti aux sports d’hiver est une solution indispensable, quoique insuffisante à terme. Incapables de résister à la concurrence des offres à allure de dumping dans d’autres contrées du globe, les responsables de l’Oberallgäu et du Haut-Valais ont mis l’accent sur l’amélioration de la qualité de service, la généralisation de la neige artificielle, la mise en place de pratiques récréatives et sportives dissociées de la neige, la recherche d’une adéquation aussi étroite que possible entre les aspirations de clientèles éprouvées ou nouvelles, d’une part, les offres diversifiées et démultipliées, quasi personnalisées d’autre part. L’inventivité est mise à rude épreuve ; la valorisation des moindres atouts locaux, des originalités territoriales les plus profondes, environnementales et culturelles, est devenue une règle de conduite capitale. La notion de système touristique, la nécessité de recou-rir à des analyses structurelles intégratives, locales et régionales, sont plus que jamais objet de discussion (Fehrholz, 2006). Rien ne saurait cependant réussir sans la pluri- et la transdisciplinarité, pratiquées à l’échelle du globe en ce qui concerne les tendances générales, à l’échelle de territoires aux divers niveaux pour ce qui est des applications concrètes destinées à ajuster au plus près la diversité des nouvelles demandes et offres.

Il en est de même des autres types de risques inhérents aux excès des touristes à l’égard de leur propre personne et des populations fréquentées, de surcroît d’autant plus fragiles qu’elles vivent dans les pays des Suds, que ce soit en matière sanitaire et hygiénique, culturelle et éthique, dans le domaine

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de l’information et de la communication… Déjà désemparés devant leurs propres déchets, les territoires d’accueil touristique sont encombrés par des quantités incroyables d’ordures de tout genre, provenant fréquemment d’usages écologiquement inutiles, voire dangereux.

Vers de nouvelles approches : contre la persistance des équivoques

Le tourisme et le domaine récréatif dans son ensemble, par la multitude des recherches, études et propositions faites bon gré mal gré dans une ambiance somme toute encore très traditionnelle et bon enfant, feint d’ignorer que la « durabilité » est directement tributaire d’une lutte incessante et très active contre les risques majeurs qui menacent la vie même et les ressources vitales sur la planète.

Certes, de nombreux géographes du tourisme mettent en évidence la nécessité d’une autre vision de l’approche scientifique, tenant principalement compte des étroits rapports des sociétés avec leurs territoires respectifs, tant dans les pays développés que dans ceux en voie de développement. Ils visent à écarter les mythes et les visions de carte postale, à l’avantage d’une lecture critique, concrète et réaliste, des situations. Ainsi Faessel a mis en relief la vision des îles et l’imaginaire européen à partir du cas de Tahiti, du xviiie au xxe siècles (Faessel, 2006). D’autres auteurs ont opposé mythes et réalités de ce que nous appelons l’identité culturelle (Mbem, 2006). Rau, pour sa part, a mis l’accent sur le patrimoine culturel, appuyé sur les institutions et les coutumes en milieu canaque (Rau, 2006).

Les uns ayant fait la part des choses entre visions et mythes, d’autres ont relevé des comportements responsables revigorés. Aurélie Volle, entre autres, s’est penchée sur les options touristiques qui accompagnent les choix autochtones au Chili, en l’occurrence ceux des Indiens mapuche, dans le cadre d’une conception volontariste du développement. Elle a fait ressortir la recherche d’un tourisme correspondant aux projections des sociétés locales concernées par les flux d’arrivée touristique, étudiant les activités touristi-ques développées par les Indiens mapuche dans le monde rural chilien. Elle a suivi un cheminement montrant comment l’innovation locale est à même de faire face aux logiques dominantes dans l’État chilien (Volle, 2005). De son côté, Barraud compte faciliter les prises de conscience par sa vidéo consacrée à « notre terre » (Barraud, 2006).

Des réflexions renouvelées s’attaquent au chaos des projets et des territoires, soulevant à la fois le rôle de la liberté et de la vraie durabilité (Dewailly, 2006). L’accent est mis aussi sur « le souci de l’autre », la pré-éminence du principe selon lequel les « volontés locales » doivent l’emporter sur « la demande touristique ». Cette démarche devrait aboutir à « l’éclosion

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d’une véritable “géographie du désir”« (Amirou et al., 2005). Néanmoins, force est de constater qu’en dépit du fait qu’il s’agit là de vraies propositions alternatives, les volontés locales et le désir s’accommodent souvent mal avec les exigences très austères et contraignantes d’une maîtrise des comporte-ments en vertu de principes « supérieurs », élaborés par la science, relevant d’incontestables obligations de préservation environnementale, de lutte contre le gaspillage et la surconsommation… mettant au défi les commu-nautés humaines souvent trop laxistes, justement en matière récréative en général et touristique en particulier.

Pour Philippe Haeringer, […] la mise en réseau des villes nouvelles de Hong Kong a permis de confirmer leur vocation résidentielle comme la vocation internationale d’un « Central Business District » désengorgé et modernisé, ou en voie de l’être. Une étroite association métro-habitat et services-habitat autorise des hyperdensités ponctuelles (la verticalité résidentielle plafonne à cinquante étages), qui préservent une grande part des paysages naturels. Hong Kong est à ce titre un laboratoire de l’extrême. Cependant, sa véri-table nouvelle frontière est l’immense delta (quelque 48 000 km2) criblé de bourgs et de villes, où ses usines se sont déversées, où ses banques se sont répandues et où, de surcroît, certains de ses habitants, frustrés d’habitat individuel, commencent à se trouver des niches résidentielles, des lotissements… de rêve. Hong Kong voudrait devenir « Pearl City » (Haeringer, 2006). Et notre auteur d’évoquer la notion de déconcen-tration concentrée développée par Fouchier à partir de ce que celui-ci appelle une vraie politique de densités de Hong Kong. Il signale aussi le cas du nouvel aéroport, qui a suscité autour de lui une ville nouvelle, contribuant à transformer progressivement Hong Kong, au gré des enjeux globaux et locaux.

Ailleurs, les progrès d’une bonne gouvernance, dans le cadre d’une prise en compte maximale des impératifs environnementaux, aboutissent à l’accompagnement d’un tourisme « doux ». En Autriche, par exemple, les responsables du « Bregenzerwald », doté d’un riche patrimoine culturel et paysager, ont été invités, à l’appui d’initiatives multiples et pluridisciplinaires, à se mettre en conformité avec les règles permettant une reconnaissance officielle de leur région comme « patrimoine culturel mondial » (Berchtold, 2006). Promotion du legs historique et perspectives de développement confor-mes aux exigences d’une dynamique moderne doivent être conciliées en vue d’une synergie harmonieuse, destinée également à servir de modèle à un changement des comportements dans d’autres contrées du globe. Plus ceux-ci seront nombreux et diversifiés, plus l’humanité se rapprochera des principes susceptibles de remettre de l’ordre dans le fonctionnement vraiment durable, optimalisant ainsi les vraies potentialités récréatives, c’est-à-dire aussi tou-ristiques (Job, Metzler et Mayer, 2006 ; Mose et Weixlbaumer, 2006).

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

Nous voici revenus « à la case départ ». La réussite durable de toutes ces avancées est avant tout soumise à la percée de la définition et de la mise en œuvre systématique, urgente, d’une politique de « sauvetage » de la planète face à ses dégradations cosmiques, d’essence principalement anthropiques.

Le tourisme est directement concerné par chacun des domaines qui participent à cette dégradation majeure de la planète : les milieux urbains et ruraux, l’habitat, les secteurs d’activité – agriculture, industrie et services −, les échanges de toute nature, ainsi que le transport sous toutes ses formes. Les seuls spécialistes de la biodiversité nous tracent déjà partiellement la voie : en nous rendant attentifs au « merveilleux » inhérent à la biologie molé-culaire et à la technologie industrielle, y compris celle des nanotechnologies, ils élargissent l’horizon des initiatives possibles en faveur du tourisme vrai-ment culturel en cours de promotion. Parallèlement, et en étroite symbiose avec l’offre muséologique du « vivant », le monde de la biodiversité, micro- et macroscopique, depuis l’humus jusqu’aux écosystèmes et aux sources de la vie, est une alternative écologique et durable aux pratiques non seulement frelatées, mais ruineuses pour l’humanité, du tourisme propre à la société de surconsommation, « sans moteur dans l’avion ».

Le très consistant rapport réalisé par l’ONU, avec l’appui du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement), relatif au Millennium Ecosystem Assessment, vient à notre rescousse : 1 360 scientifiques, de 95 États, 800 relecteurs, ont peaufiné un texte, preuves à l’appui, démontrant qu’à l’horizon 2050, donc « après-demain », la Terre ne pourra plus nourrir l’humanité, si celle-ci continue « à faire la guerre à la nature ». Il importe de passer d’un stade « d’adversité » à un comportement de « mutualisation » par la réconciliation des trois savoirs, l’écologique, l’agronomique et l’éco-nomique. Il convient de former parallèlement les habitants du globe de telle façon qu’ils puissent évaluer à tout moment l’impact immédiat d’un projet, voire d’une action, aussi banale qu’elle apparaisse, sur l’environnement replacé dans son contexte biologique, en particulier face à l’effet de serre et au réchauffement climatique (ONU – Millennium Ecosystem Assessment, 2006).

Nous voici en pleine prospective, élargissant positivement l’horizon. Ajoutons, en ce qui concerne l’Europe, les « Agendas 21 locaux » initiés sous l’impulsion de l’Union européenne en vue d’un aménagement du territoire vraiment durable. Un peu partout, des chercheurs et aménageurs, ainsi que des collectivités publiques ont mis au point des indicateurs de développement durable ou proposé des modèles complets à vocation explicative allant dans ce sens, associant constructions théoriques, d’une part, démarches pluri- ou transdisciplinaires et intégratives d’autre part (Grammaticopoulou, 2004).

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 30, no 1, François de Grandpré et Bernard Py (dir.). Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés.

En définitive, le tourisme, en tant que l’un des grands destructeurs de l’environnement et des sociétés, des conditions de vie même sur la Terre, participe à l’extraordinaire gâchis des ressources naturelles et de la biodiver-sité. Les chercheurs, mis en réseau disciplinaire et pluridisciplinaire, doivent donc être vigilants et prendre en compte, dans leur démarche critique, le respect des impératifs environnementaux, en particulier, et de l’éthique en général. La recherche et les réflexions visant les remèdes au gaspillage ont pour l’une de leurs missions fondamentales l’étude des moyens destinés à supprimer progressivement les pratiques « touristiques » qui contribuent à porter atteinte au bon fonctionnement de notre planète.

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Gabriel wackermann

Tourisme, mondialisation et risques « territoriaux »

résumé

La mondialisation est venue interroger, voire provoquer les sciences, notam-ment sociales, économiques et environnementales. Devant son emprise sur le globe, les sociétés sur leurs territoires, fondements de la vie quotidienne, ont réagi avec plus ou moins de vigueur pour affirmer leur personnalité, leurs droits inaliénables, exprimant ainsi leur territorialité.

Le tourisme, l’un des grands destructeurs de l’environnement et des sociétés, participe à l’extraordinaire gâchis des ressources naturelles. Les chercheurs, mis en réseau disciplinaire et pluridisciplinaire, doivent être vigilants et prendre en compte, dans leur démarche, le respect des impératifs environnementaux, en particulier, et de l’éthique en général. La recherche et les réflexions touristiques visant les remèdes au gaspillage ont parmi leurs missions fondamentales celle d’étudier les moyens destinés à supprimer progressivement les pratiques qui portent atteinte au bon fonctionnement de notre planète.

Gabriel wackermann

Tourism, Globalization and « Territorial » Dangers

abstract

Globalization has put in question, even challenged the scientific disciplines, more especially the social, economic and environmental sciences. Faced with its hold on the world at large, societies within their territories – the very underpinnings of daily life – have reacted more or less strongly to affirm their personalities and their inalienable rights, and in doing so have given expression to their territoriality.

Tourism, as one of the major factors in the destruction of both environ-ment and societies, participates in the extraordinary despoilment of natural resources. Researchers, working within disciplinary and multidisciplinary networks, must be constantly on the watch and ensure that their approach includes the respect of environmental priorities in particular and of ethical considerations in general. One of the basic tenets of tourism research and reflection aimed at counteracting waste must be the study of ways of gradually ridding the environment of practices harmful to the proper functioning of our planet.

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Turismo, globalización y riesgos « territoriales »

résumén

La globalización ha venido a cuestionar, y aún podemos decir que a provocar las ciencias, principalmente las ciencias sociales, económicas y ecológicas. Ante su influencia sobre el mundo, las sociedades sobre sus territorios, fundamentos de la vida cotidiana, han reaccionado con un cierto vigor para afirmar su personalidad, sus derechos inalienables, expresando de esta manera su territorialidad.

El turismo, uno de los grandes destructores del medio ambiente y de las sociedades, participa al extraordinario caos de los recursos naturales. Los investigadores, metidos en redes disciplinarias e interdisciplinarias, deben permanecer vigilantes y tomar en cuenta, en su accionar, el respeto de los imperativos medioambientales, en particular, y de la ética en general. La investigación y las reflexiones turísticas que se enfocan a solucionar el problema del despilfarro tienen entre sus misiones fundamentales la de estudiar los medios destinados a suprimir progresivamente las prácticas que producen daño al buen funcionamiento de nuestro planeta.

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