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Transcription de webinaire 2016 TRANSCRIPTION DE WEBINAIRE : « BÂTIR DES PONTS ENTRE LES CULTURES » Ceci est une transcription du webinaire en anglais intitulé : « Building Bridges Between Cultures ». Le titre en français est : « Bâtir des ponts entre les cultures ». Pour ceux et celles qui utilisent un logiciel de lecture d’écran, veuillez noter qu’à la suite de chaque titre, une diapositive apparaît sous forme d’image. L’information contenue sur les diapositives est simplement en support visuel au discours des animateurs. Un texte de remplacement est inséré qui reflète le contenu de la diapositive et chaque interlocuteur est identifié par son prénom avant d’entamer chacune des sections du webinaire. Diapositive 1 : Titre et introduction CAROLINE Bonjour à tous et bienvenue à notre webinaire intitulé : « Bâtir des ponts entre les cultures » Les renseignements fournis dans ce document le sont à titre informatif seulement, et ne constituent pas un avis juridique. Il est déconseillé de s’appuyer uniquement sur ceux-ci pour prendre ou omettre de prendre une mesure quelconque. Nul ne devrait ignorer les conseils juridiques d’un professionnel ou tarder à en consulter un sur la base de renseignements fournis aux présentes.

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Transcription de webinaire 2016

TRANSCRIPTION DE WEBINAIRE : « BÂTIR DES PONTS ENTRE LES CULTURES »Ceci est une transcription du webinaire en anglais intitulé : « Building Bridges Between Cultures ». Le titre en français est : « Bâtir des ponts entre les cultures ».

Pour ceux et celles qui utilisent un logiciel de lecture d’écran, veuillez noter qu’à la suite de chaque titre, une diapositive apparaît sous forme d’image. L’information contenue sur les diapositives est simplement en support visuel au discours des animateurs. Un texte de remplacement est inséré qui reflète le contenu de la diapositive et chaque interlocuteur est identifié par son prénom avant d’entamer chacune des sections du webinaire.

Diapositive 1 : Titre et introduction

CAROLINE

Bonjour à tous et bienvenue à notre webinaire intitulé : « Bâtir des ponts entre les cultures »

Les renseignements fournis dans ce document le sont à titre informatif seulement, et ne constituent pas un avis juridique. Il est déconseillé de s’appuyer uniquement sur ceux-ci pour prendre ou omettre de prendre une mesure quelconque. Nul ne devrait ignorer les conseils juridiques d’un professionnel ou tarder à en consulter un sur la base de renseignements fournis aux présentes.

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Diapositive 2 : Animatrices

CAROLINE 

Je m’appelle Caroline Bakmazjian. Je vais animer ce webinaire en compagnie de Louise Chamberland. Nous sommes toutes deux des agentes de prévention de la discrimination à la Commission canadienne des droits de la personne à Montréal.

Avant d’entamer la présentation principale, nous désirons vous aviser que ce webinaire est préenregistré.

Je ne ferai pas inutilement durer le suspense; passons maintenant à l’évènement principal!

La parole est à toi, Louise!

Diapositive 3 : Mot d’ouverture

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LOUISE

Merci, Caroline, bonjour à tous.

Nous avons avec nous aujourd’hui deux invitées spéciales. Notre première invitée est la Présidente de la Commission canadienne des droits de la personne, Mme Marie-Claude Landry qui nous présentera le mot d’ouverture.

Sans plus tarder, j’ai l’honneur de passer le micro à Mme Marie-Claude Landry, notre présidente.

Bienvenue Mme Landry!

MARIE-CLAUDE LANDRY 

Bonjour à tous.

C’est avec grand plaisir que je vous accueille tous au webinaire d’aujourd’hui, « Bâtir des ponts entre les cultures ». Avoir des conversations comme celle-ci est l’une des parties les plus stimulantes de mon travail. Ces conversations m’inspirent.

Je suis présidente de la Commission canadienne des droits de la personne depuis un peu plus d’un an maintenant. Être à la tête d’une organisation consacrée à la promotion et à la protection des droits de la personne au Canada est réellement un privilège. De toute évidence, promouvoir l’égalité au Canada est une responsabilité que nous partageons tous.

Au cours de ma première année en fonction, j’ai visité des organismes et rencontré des personnes de partout au pays, qui s’efforcent quotidiennement de défendre les droits des personnes au Canada. Ces conversations m’ont ouvert les yeux et m’ont permis d’approfondir ma passion envers les droits de la personne et l’égalité d’une manière qui dépassait mes attentes.

L’une des premières réunions que j’ai eues a été tenue avec notre conférencière – invitée spéciale, madame Shahina Siddiqui.

Les mots qu’a prononcés Shahina lors de cette première rencontre ont trouvé un écho chez moi et mon équipe. En fait, notre conversation a aidé à guider une grande partie de notre vision pour l’avenir de notre organisation.

Je suis honorée et heureuse qu’elle soit ici aujourd’hui pour partager ses pensées.

C’est parce qu’il est désormais important, plus que jamais, de bâtir des ponts et de célébrer nos différences.

Au cours de la dernière année, les idées sur l’inclusion et la diversité se sont retrouvées à l’avant-plan dans des discussions d’envergure nationale.

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Nous avons constaté cela lors de notre élection nationale. Nous le voyons dans nos journaux, à la télévision et sur les médias sociaux.

Les histoires rapportées ne sont cependant pas toujours positives. Le racisme et la discrimination continuent d’exister au sein de la société canadienne.

Selon moi, le racisme se fonde sur une crainte profondément ancrée de l’inconnu.

Bien qu’à titre de société, nous ayons fait beaucoup de progrès, il existe toujours des gens qui ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas – des façons de vivre différentes de la leur. C’est pour cette raison qu’il est important de construire des ponts. Plus les gens comprendront leurs voisins, moins leurs actions seront susceptibles d’être dictées par le jugement ou la crainte et plus leurs actions seront susceptibles d’être motivées par l’empathie et la confiance.

Alors donc, au fil de votre écoute de notre discussion d’aujourd’hui et des idées que nous apporte Shahina, je vous encourage à songer aux ponts que vous pouvez aider à bâtir dans vos propres communautés… À ce que vous faites pour apporter ces idées à vos amis et à votre famille, à vos collègues, vos voisins.

Merci à tous de vous être joints à nous et accueillons Shahina. Nous sommes très heureux que vous soyez là.

LOUISE

Merci, Madame Landry, pour ces mots très inspirants et pour nous rappeler de l’importance de l’inclusion et de la diversité.

Le webinaire d’aujourd’hui traite d’un sujet d’actualité : l’accueil de réfugiés syriens dans notre pays et la façon dont nous pouvons tirer avantage de l’intégration de ces nouveaux Canadiens. Depuis que l’annonce a été faite, nous avons été témoins d’un élan extraordinaire de générosité de la part des Canadiens de toutes les régions du pays. Dans ce webinaire, nous allons explorer comment chacun d’entre nous peut contribuer à l’accueil et à l’intégration de ces nouveaux citoyens canadiens. Ce n’est pas tout, nous allons même aller un petit peu plus loin et nous allons explorer les façons d’éliminer, chez certaines personnes, la peur des différences, ainsi que l’a mentionné madame Landry.

Tel que nous l’a également mentionné Mme Landry, nous avons par ailleurs la chance d’avoir avec nous une experte en la matière, Mme Shahina Siddiqui, B. A., présidente du Islamic Social Services Association ou l’Association islamique de services sociaux (ISSA), située à Winnipeg.

Avant de laisser la parole à Shahina, Caroline a un exercice de réflexion pour vous.

Caroline, je te redonne la parole!

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Diapositive 4 : Exercice de réflexion

CAROLINE

Merci Louise.

Je vais maintenant afficher une série de questions sur l’écran. Je vous demande de répondre intérieurement, pour vous-même, à chacune des questions.

Je vais lire les questions à haute voix.

1) Pouvez-vous aller magasiner sans avoir peur de subir de la discrimination ou d’être harcelé?

2) Est-ce que les personnes de votre race sont dépeintes d’une manière positive dans les médias?

3) Est-ce que l’histoire de votre pays inclut les personnes de votre race?4) Pouvez-vous porter vos vêtements traditionnels sans être la cible de

remarques?5) Est-ce que vos employeurs vous acceptent tels que vous êtes?6) Pouvez-vous dire qu’on ne vous a jamais posé une question au sujet de

votre origine nationale ou ethnique qui a fait que vous vous sentiez comme un étranger?

7) Pouvez-vous facilement trouver des romans, des livres d’enfants, des vidéos ou des jouets qui représentent des personnes de votre race?

8) Pouvez-vous présenter une carte de crédit sans être considérés comme étant suspects?

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9) Pouvez-vous dire qu’on ne vous a jamais dit que vous étiez trop sensible ou émotif sur des questions raciales?

10)Pouvez-vous dire qu’on ne vous a jamais dit de retourner dans votre pays?Pour ceux qui ont été capables de répondre oui à toutes ces questions, est-ce que vous vous rendez compte que vous faites partie d’une minorité privilégiée et que ce n’est pas le cas pour de nombreux Canadiens?

Ne serait-ce pas merveilleux de vivre dans un pays où chaque personne peut répondre oui à chacune de ces questions? Dans les faits, il existe encore, pour beaucoup, des obstacles quotidiens.

Ces obstacles peuvent varier d’une communauté à une autre et d’une personne à l’autre; ils peuvent être conscients ou inconscients. Ces obstacles ne sont pas limités aux personnes nouvellement arrivées au Canada, mais persistent à travers plusieurs générations.

Sur une note plus optimiste, pour chaque obstacle, il existe une solution.

Chaque jour, il y a des personnes et des organismes qui recherchent et qui mettent sur pied de nouvelles façons d’éliminer ces barrières, de remettre en question les perceptions et de transformer la société. Serez-vous l’une d’entre elles?

Je vais maintenant passer le micro à Louise qui présentera à nos participants quelques pistes de réflexion. À toi, Louise.

Diapositive 5 : Partie 1 – Une société inclusive

LOUISE

Quelle entrée en matière incisive! Merci beaucoup, Caroline, pour ce rappel à la réalité. Nous ne réalisons pas toujours les obstacles auxquels les autres ont à faire

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face dans leur vie de tous les jours. Les choses que nous tenons pour acquises sont quelquefois difficiles ou délicates pour d’autres.

Malheureusement, ce type de profil représente la norme pour certains, bien qu’il devrait en être autrement. Pour ma part, j’ai été dévastée quand l’une de mes meilleures amies m’a dit qu’elle ne pouvait répondre oui qu’à une seule des questions.

Caroline a parlé des organismes et des individus qui se consacrent à faire tomber les barrières. L’une de ces personnes et Mme Shahina Siddiqui, présidente du Islamic Social Services Association ou ISSA (Association de services sociaux islamiques, en français). Notre présidente a eu le plaisir de rencontrer Shahina l’été dernier et nous sommes très heureux de l’avoir parmi nous aujourd’hui.

Diapositive 6 : Biographie de Shahina Siddiqui, B.A.

Caroline nous donnera un aperçu de l’impressionnante biographie de Shahina ainsi que de ses nombreuses réalisations. À toi, Caroline.

CAROLINE

Merci, Louise. Cette liste m’inspire le plus grand respect.

Shahina Siddiqui, née au Pakistan, a quitté son pays natal pour s’établir à Winnipeg au Manitoba. Au Pakistan, elle étudiait au collège Saint-Joseph de l’Université de Karachi où elle a obtenu son diplôme de baccalauréat avec spécialisation en anglais et en philosophie. Shahina est une rédactrice indépendante, une hauteur, une conseillère spirituelle, une auteure, une conférencière et une éducatrice.

Shahina et cofondatrice de ISSA. Elle a occupé le poste de directrice générale bénévole pour l’ISSA aux États-Unis et au Canada de 1999 à 2003. Elle continue d’être la présidente et la directrice générale bénévole pour l’ISSA au Canada.

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Shahina a reçu de nombreux prix et de récompenses, parmi lesquelles on peut citer : la médaille de la paix 2002 décernée par le YMCA-YWCA (Winnipeg) pour avoir travaillé, depuis le 11 septembre, à favoriser le rapprochement entre les musulmans et les autres groupes religieux ou culturels à Winnipeg. En 2010, on a reconnu le combat pour la justice qu’elle a mené toute sa vie et elle a reçu le prix « Grass Roots Women of Manitoba » en reconnaissance de son activisme pour la justice sociale. En 2012, elle a reçu un prix de reconnaissance de ICNA Sisters Canad

-+a pour ses années de service dévoué et d’engagement dans la communauté musulmane. En 2013, elle a reçu la médaille Queen Elizabeth Diamond Jubilee pour ses contributions à notre pays. En 2014, elle a été reconnue par l’Organisation des femmes sud-asiatiques (South Asian Women) pour sa contribution au rapprochement interculturel.

J’aimerais profiter de l’occasion pour féliciter Shahina pour le prix Tayyibad Taylor 2016 qu’elle a reçu lors de l’événement One Love Gala à Toronto, le 30 janvier 2016, en reconnaissance pour les femmes qui réussissent dans des postes de direction, dans le contexte de la question carcérale.

Shahina a également fondé, cofondé ou fait partie de nombreux comités.

À toi, Louise.

LOUISE

Merci, Caroline.

J’aimerais vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue, Shahina, et vous demandez de nous parler de l’ISSA, ou l’Association islamique de services sociaux en français.

À vous, Shahina.

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Diapositive 7 : L’Association islamique de services sociaux du Canada (ISSA)

SHAHINA SIDDIQUI

Merci, Louise. Tout d’abord, un grand « merci » à tous de m’accorder cette chance de partager avec vous mes perspectives sur ce sujet d’une importance capitale.

Fondée en 1999, ISSA est le fruit des efforts de quatre femmes dont trois étaient des psychologues, thérapeutes et travailleuses sociales professionnelles et l’autre, soit moi-même, était un membre du public. L’Association est née, car les musulmans et surtout les familles avaient des besoins. Or, en Amérique du Nord, les problèmes que nous avions recevaient peu d’attention; les efforts étaient plutôt concentrés sur la construction de mosquées et d’écoles. Il devenait nécessaire d’aborder les questions sociales et familiales et l’ISSA a été créé.

Diapositive 8 : Le soutien de l’ISSA aux réfugiés

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La vision de ISSA au Canada était de soutenir le bien-être économique de nos membres – des musulmans – et aussi de réaliser le potentiel de chaque personne en lui donnant accès à une aide culturelle, linguistique et spirituelle appropriée. Des services et soutiens économiques et sociaux étaient également offerts. Nous étions surtout concentrés sur les musulmans, mais au fil des années, nous avons rapidement réalisé que nous ne pouvions plus travailler indépendamment, que nous ne pouvions plus limiter nos services ou répondre exclusivement aux besoins de la communauté musulmane – que nous devions créer des liens avec d’autres communautés.

Ainsi, notre slogan pour l’Association est devenu : nous construisons des ponts, nous éliminons les barrières et nous facilitons l’accès. Notre programmation et notre rayonnement sont fondés sur ces trois objectifs que nous cherchons à atteindre.

Je désire vous dire qu’à ISSA, nous avons mis en place un mécanisme que nous utilisons pour lutter contre l’islamophobie et par lequel nous tentons de bâtir des ponts entre les cultures et les communautés religieuses. Nous faisons beaucoup de formation auprès des fournisseurs de services pour qu’ils comprennent notre communauté, les nuances et la diversité culturelle existant au sein de la communauté musulmane au Canada. Nous faisons également beaucoup de coordination parmi les associations aux fins de collaboration.

Nous devons mettre en place des outils de soutien à la santé mentale pour les personnes subissant du racisme afin qu’elles le dévoilent et cessent de souffrir en silence. C’est ce que nous faisons.

Nous faisons également beaucoup de consultations avec d’autres agences qui nous appellent et nous demandent de les aider à comprendre la foi et les cultures musulmanes, ou comment travailler auprès de clients musulmans, ce qui inclut nos nouveaux réfugiés venant de la Syrie.

Nous avons publié près de 18 guides que les gens peuvent se procurer à l’aide de notre site Web. Il s’agit de documents éducatifs; quelques-uns sont spécifiques à certains secteurs pour que tous les fournisseurs de services puissent comprendre, et l’un d’eux est destiné au public en général.

À vous, Louise.

LOUISE

Merci, Shahina, de partager cette information avec nous. Maintenant que nous savons quel est le rôle de l’ISSA, passons à un autre quiz pour nos participants.

Caroline, je te redonne la parole!

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CAROLINE

Merci, Louise.

Diapositive 9 : Quiz

Dans le cadre de cet exercice, je commencerai par décrire un scénario :

Un couple syrien, de foi musulmane, font leur épicerie et se rendent compte rapidement que plusieurs clients les dévisagent. Dans une allée, ils entendent le commentaire suivant : « Retournez chez vous; nous ne voulons pas de terroristes ici ». Ils entendent plusieurs commentaires semblables avant la fin de leur épicerie.

Diapositive 10 : Question quiz 

La question est la suivante : à quelle forme de racisme ce couple est-il exposé?

Vous pouvez choisir une ou plusieurs réponses parmi la liste suivante :

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A. Racisme de tous les joursB. Racisme individuelC. Racisme institutionnelD. Racisme systémiqueE. Racisme culturelF. Racisme sur les gens de couleurG. Racialisation

Je vous laisse un moment pour regarder la liste et choisir les réponses qui, selon vous, sont les bonnes. Je vais vous révéler les bonnes réponses dans un moment…

Diapositive 11 : Bonnes réponses quiz

Les voici :

Dans le scénario que j’ai décrit, le couple est victime de plus d’une forme de racisme. En fait, il s’agit de toutes les formes de racisme sur la liste sauf une.

La forme qui n’était pas présente dans ce cas-ci était le racisme systémique.

J’aimerais prendre un moment pour expliquer brièvement chacune des formes de racisme :

Le racisme de tous les jours implique plusieurs incidents racistes mineurs subis par une personne ou un groupe. Tout racisme n’est pas un racisme de tous les jours, la différence entre le racisme et le racisme de tous les jours et que ce dernier implique des actions systématiques, récurrentes et familières.

Le racisme individuel se manifeste par des attitudes, des croyances ou des opinions selon lesquelles un groupe est supérieur en matière de valeurs, de coutumes, de normes, et par le fait même que les membres des autres groupes ont des traits et des qualités inférieurs.

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Le racisme institutionnel consiste en des lois, des coutumes et des pratiques qui reflètent des inégalités raciales, peu importe les intentions. Ce racisme peut-être direct ou indirect, conscient ou non.

Le racisme culturel est la croyance qu’une culture est inférieure à une autre. La culture comprend, entre autres, les outils, l’artisanat, l’agriculture, les arts ménagers, l’art, la musique et la langue.

Le racisme envers les gens de couleur implique que la culture des blancs est la norme cachée et que les autres groupes raciaux sont inférieurs.

La racialisation est le procédé par lequel les sociétés construisent les races comme des entités réelles, différentes et inégales de différentes façons qui influent sur la vie économique, politique et sociale.

Comme je l’ai mentionné plus tôt, la seule forme de racisme qui n’apparaissait pas dans le scénario était le racisme systémique qui consiste principalement à refuser l’accès, la participation ou la prestation de services.

Cet exercice, tout comme le premier, a est inspiré d’information fournie par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.

Sur ce, je te rends le micro, Louise!

Diapositive 12 : Partie 2 – Un portrait de la réalité

LOUISE

Merci, Caroline, pour cet exercice instructif.

Nous entamons maintenant la partie 2 de notre webinaire : un portrait de la réalité. Dans cette partie, nous parlerons de quelques-unes des expériences que vivent les nouveaux arrivants.

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Diapositive 13 : La définition de l’islamophobie

Shahina, pouvez-vous nous parler de l’islamophobie, de l’expérience des nouveaux arrivants et de ses conséquences?

SHAHINA 

Avec plaisir Louise!

À mes yeux, l’islamophobie n’est pas un problème musulman, c’est un problème canadien. Nous tous, Canadiens, devons collaborer pour l’éliminer. Nous devons nous assurer que l’islamophobie ou toute autre forme de racisme n’a pas comme résultat de nuire à l’intégration sociale. L’islamophobie est certainement susceptible de mener à un tel résultat.

L’islamophobie est la peur et la haine des musulmans. Nous constatons son existence ces jours-ci, surtout avec ce qui nous vient du Sud dans le cadre des élections américaines. Tentons de bien comprendre la définition de l’islamophobie : c’est la proposition selon laquelle l’Islam et les musulmans sont monolithiques et ne peuvent s’adapter à de nouvelles réalités; il s’agit d’un des éléments de l’islamophobie. Selon cette dernière, l’Islam ne partage pas les valeurs des autres grandes religions. Nous entendons constamment cela en provenance des sites Web islamophobes, que ce soit de manière implicite, ouverte ou subtile. Selon les islamophobes, l’Islam est une religion inférieure ou incompatible avec l’Occident, une religion de violence qui soutient le terrorisme. Ce sont les étiquettes qui sont apposées à l’Islam, avec la prétention selon laquelle il s’agit d’une idéologie politique violente.

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Diapositive 14 : Réponse à l’islamophobie

J’aimerais saisir cette occasion pour réagir à chacun des éléments de l’islamophobie et montrer d’abord à quel point ils sont faux et ensuite, à quel point ils peuvent causer des dommages.

Affirmer que les musulmans forment un groupe monolithique est vraiment étonnant, car nous sommes 1,6 million de musulmans dans le monde. Au Canada seulement, il y a un million de musulmans. Nous provenons de 54 pays différents. Nous parlons 40 langues et dialectes différents au sein de notre communauté. Nos cultures et nos pratiques religieuses sont très diversifiées. Nous voulons bien faire comprendre que nous ne sommes pas un groupe monolithique; au contraire, nous sommes très, très diversifiés.

Deuxièmement, nous partageons de nombreuses valeurs avec d’autres religions majeures. Affirmer que nous n’avons pas de valeurs en commun est faux, car l’Islam n’est pas une nouvelle religion. L’Islam est la continuation du judaïsme et du christianisme. On appelle ces trois religions les « religions abrahamiques », car notre souche est le prophète Abraham, père de ces trois religions. Nous partageons donc de nombreuses valeurs, tout particulièrement en ce qui concerne la justice, l’égalité entre les humains, le pluralisme et l’harmonie sociale avec les autres religions majeures.

L’affirmation selon laquelle l’Islam est inférieur à l’Occident est également fausse. Des musulmans vivaient au Canada 13 ans avant la Confédération et c’est ainsi que le premier musulman est venu au monde au Canada. L’Islam a contribué à la civilisation au moyen de la science, des sciences humaines et d’autres domaines de connaissances. En Europe, à l’époque du bas Moyen-Âge, l’Islam et les musulmans ont révélé au monde les connaissances scientifiques d’Aristote et d’autres. Plusieurs d’entre vous étudient, dans les universités, au sujet de mathématiciens et de scientifiques auxquels des noms latins ont été donnés, mais qui étaient en fait des musulmans.

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La foi et la communauté musulmanes ont apporté leurs connaissances et leur savoir à l’Occident. La première encyclopédie de médecine a été écrite par un musulman. La première université au monde a été mise sur pied par une femme musulmane. Dire que l’Islam est inférieur est de toute évidence faux, et c’est aussi une accusation qui cause beaucoup de dommages.

L’Islam n’est pas une religion violente. Le mot « Islam » est issu de deux mots qui forment ses racines, soit « paix » et « soumission ». L’objectif de la façon de vivre musulmane est d’apporter la paix, non seulement à la personne, mais à la famille, à la communauté, au monde entier. Selon l’Islam, la paix se produit lorsqu’existe la justice. L’Islam impose une grande responsabilité aux musulmans, celle de rechercher la justice et de la mettre en place, de lutter contre l’oppression – quelle que soit sa forme – et de la dénoncer. Pour moi, c’est donc un mensonge éhonté de dire que l’Islam soutient la violence et le terrorisme de quelque manière que ce soit.

Le terrorisme n’a pas de religion. Nous entendons constamment dans les médias le terme « terrorisme islamique »; cela cause beaucoup de dommages, car dans l’esprit des gens, à force d’entendre ce terme, les deux mots qui le forment deviennent synonymes. Il faut renseigner les gens et leur expliquer que le terrorisme et les terroristes n’ont pas de religion. Le terrorisme est violent et criminel, et il est temps que nous l’appelions ainsi.

Encore une fois, l’Islam n’est pas une idéologie politique en soi. C’est une croyance, c’est une religion, c’est une façon de vivre que certaines personnes ont choisie et qu’elles encouragent. Personnellement, je me sens en paix lorsque je mets ma religion en pratique en tentant de joindre d’autres communautés. Le Coran dit que « Dieu nous a créé au sein de nations et de tribus pour que nous puissions nous connaître les uns et les autres ». Les musulmans doivent se fonder sur ce principe – ils doivent s’intéresser à tous les gens en sachant que nous sommes tous les créatures d’un créateur unique et que nous sommes égaux dans notre création. Nous devons défendre les idéaux de justice non seulement pour les musulmans, mais pour tous les humains, car nous sommes différents par conception divine. Dieu a décidé de créer des humains diversifiés, afin que le monde soit intéressant, pas monotone.

À vous, Louise.

LOUISE

Un grand merci, Shahina, pour ces explications sur l’islamophobie. Merci aussi de nous avoir expliqué comment l’Islam a contribué au monde entier. J’ai vraiment aimé ce que vous avez mentionné au sujet de la justice et de la justice pour tous.

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Diapositive 15 : Répercussions psychologiques de l’islamophobie

J’aimerais maintenant vous demander de nous donner un aperçu de ce qu’une famille pourrait vivre quand elle arrive au Canada et quelles répercussions pourraient avoir ces expériences.

SHAHINA

Pour ceux qui n’ont jamais fait l’expérience d’être un réfugié ou un immigrant, à notre arrivée, nous ne réalisons pas vraiment combien ça prend du courage à une personne pour quitter quelque chose de très familiarisé, l’endroit où l'on est né et où l'on a grandi, et se retrouver dans une société différente, un territoire différent, un climat différent, au milieu de personnes qui parlent une langue différente et ont une culture différente. Donc, à l’arrivée, c’est le choc culturel. Pour moi, lorsque je suis arrivée au Canada, c’était à Winnipeg. On était au mois de mars et le blizzard du siècle faisait rage. Pouvez-vous imaginer quelqu’un qui n’a jamais vu la neige, essayer de marcher là-dedans? C’était un choc pour mon organisme, mais je trouvais ça très beau, et je pense encore que les hivers sont magnifiques.

Je pense qu’il faut prendre conscience de l’ajustement social qui doit se produire. Je désire donner aux auditeurs, s’ils désirent le comprendre, une image de ce qu’une personne vit lorsqu’elle quitte un endroit qu’elle connaît pour un endroit qu’elle ne connaît pas ou qu’elle connaît mal, et qui est très différent.

Imaginons qu’on retire un poisson de l’eau; comment le poisson va-t-il réagir? On constate tout de suite de l’agitation, un stress physique. Le réfugié ou l’immigrant se sent ainsi lorsqu’il se retrouve dans un environnement étranger. Lorsque je travaille avec de nouveaux arrivants, je garde toujours cette image en tête; ils sont désorientés.

Vous vous trouvez littéralement au milieu d’un processus de désorientation et vous réagissez d’une manière qui n’est pas normale pour vous à cause des défis auxquels vous faites face.

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Il faut comprendre que le désir, la résolution de créer un nouveau foyer s’ajoutent à ces sentiments. La force de ce désir peut aider beaucoup. Vous avez des familles avec de jeunes enfants ou des adolescents, qui proviennent d’une culture, disons conservatrice, et qui se retrouvent dans une culture où les normes sont différentes.

L’art d’être parent est difficile à maîtriser, mais quand vous êtes un parent musulman, vous multipliez la difficulté par dix. C’est parce que nos normes sociales sont très différentes. Nos jeunes veulent s’intégrer, ils subissent la pression de leurs pairs. Je me souviens de la première fois que mon fils m’a dit : « Mes amis de mon âge, lorsqu’ils sont majeurs, ils vont dans les bars et ils consomment de l’alcool ». Or, l’Islam interdit l’alcool et les substances intoxicantes. Comment enseigner ces valeurs à nos enfants? Comment maintenir ces valeurs dans une société dans laquelle ces choses sont normales, ce sont les normes, c’est accepté?

Les nouveaux arrivants, particulièrement les réfugiés, font face à de très nombreux défis. Les immigrants choisissent de venir ici, ils sont donc prêts à relever les défis. Les réfugiés, eux, ne quittent pas leur pays par choix, ils le font par désespoir et par crainte. Leur état d’esprit est très différent. Il est possible qu’ils arrivent avec beaucoup plus de souffrance et de douleur par rapport aux immigrants normaux.

C’est sur ces domaines que j’aimerais que portent les discussions afin que les personnes comprennent que ce n’est pas facile, il ne suffit pas de grimper dans un avion et de venir ici pour que tout aille bien. L’intégration, c’est tout un processus qui prend pratiquement dix ans pour se réaliser pleinement et sainement, si tous les services et les soutiens sont en place.

À vous, Louise.

LOUISE

Merci beaucoup pour ces explications très touchantes. Personnellement, je vais conserver cette analogie du poisson hors de l’eau. C’est une image marquante de ce que les nouveaux arrivants, surtout les réfugiés, doivent traverser lorsqu’ils arrivent dans un nouveau pays ou au Canada.

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Diapositive 16 : Les besoins des nouveaux Canadiens

Shahina, pourriez-vous nous aider à comprendre ce dont un nouveau Canadien pourrait avoir besoin pour s’intégrer avec succès dans la société canadienne?

SHAHINA 

Tentons tout d’abord de comprendre les répercussions de la haine, du fait de se faire étiqueter comme étant « l’autre ». Et, l’anxiété qui accompagne souvent les nouveaux arrivant, comment aborder cette question? Ils se sentent isolés et ont peur, car ils ne parlent peut-être pas la langue. Pouvez-vous imaginer ce que c’est d’être incapable de communiquer lorsque vous traversez une crise, de ne pas même être capable de le dire, de devoir se fier à un interprète et de ne pas être sûr que ce que vous dites a été interprété avec succès? La première étape est de comprendre que ces personnes ont vécu des expériences que vous et moi ne pouvons même pas imaginer. S’il s’agit de réfugiés, leur passé est peut-être marqué par la guerre, par la persécution politique, par la torture. Ils ont peut-être subi de graves traumatismes.

Comprendre d’où ils viennent, ce qu’ils ont traversé est important pour nous tous, pas seulement pour ceux qui abordent directement les nouveaux arrivants, pas seulement pour les fournisseurs de services. Nous voulons que les écoles et la société en général puissent le comprendre. Nous ne discutons pas assez de cela, de la manière dont nous mettons en commun ce que traverse un immigrant ou un réfugié.

La deuxième chose que recherchent les nouveaux arrivants, c’est la validation de leur douleur. Je l’entends dire souvent. Je l’ai entendu hier alors que je discutais avec des fournisseurs de services; nous devons écouter les gens et leur donner une occasion de se libérer de leur stress. Nous devons valider leur douleur. Il ne faut pas dire : « mais maintenant que vous êtes au Canada, revenez-en ». Le traumatisme qui accompagne ces gens n’en est pas un qu’on peut surmonter aisément. Il faut valider leur douleur, leurs craintes et leur anxiété, leur dire que

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oui, vous ressentez cela et nous le comprenons. Nous devons aussi les accepter pour ce qu’ils sont.

Souvent, on dit aux gens, sans trop y penser : « Et bien, vous êtes au Canada », mais en fait, qu’est-ce que ça veut dire? Qu’est-ce que ça signifie vraiment, être au Canada? Que signifie être Canadien? Nous devons accepter le fait que l’intégration est un processus. Apprendre la langue, les nuances de la culture, la manière dont se font les choses prend du temps.

Je vais vous relater ce que c’était pour moi. Je n’avais pas de problème au niveau de la langue. Je suis arrivée au Canada et ici, il est très commun et très accepté que lorsqu’on salue quelqu’un, on lui tende la main. Et bien! Dans ma culture et selon mon éducation, les femmes ne serrent pas la main des hommes. Chaque fois qu’un homme m’offrait sa main, je me demandais : que dois-je faire? Je ne voulais pas offenser quiconque, mais en même temps, je n’étais pas à l’aise avec le geste. Très rapidement, j’ai appris à dire aux hommes : « Désolée, je ne serre pas la main des hommes », et ensuite je regardais leur visage et j’ajoutais : « la main des beaux hommes ».

Cela a plutôt bien passé, mais tous ne sont pas capables de réactions semblables. Il faut donc accepter d’où viennent les nouveaux arrivants; il faut accepter qu’il leur faille du temps pour apprendre de nouvelles manières et les comprendre. Aussi, traitez-les toujours en égal. Ce n’est pas parce que je suis une nouvelle arrivante qu’il ne faut pas me traiter comme l’égale des autres Canadiens. Les nouveaux arrivants ont peut-être besoin d’un peu d’aide, mais cette aide ne devrait pas prendre la forme de la charité; ça ne devrait pas être une aide du genre « oh, vous faites tellement pitié, je vais vous aider par charité ». Non, il faut aider parce que vous êtes Canadiens et parce que ces nouveaux arrivants sont désormais Canadiens comme vous.

Quelqu’un nous a aidés à notre arrivée et nous devons offrir la même forme de respect aux nouveaux arrivants. Vous verrez, lorsque vous les traiterez en égaux, ils voudront rapidement apprendre. Ils se sentiront en sécurité, car à leur arrivée, ils ne se sentent pas en sécurité.

Il est important d’être solidaires lorsque les nouveaux arrivants font face à des défis; c’est ce que nous faisons à notre organisation, nous éliminons les barrières. Nous connaissons ces barrières, car plusieurs d’entre nous sont de nouveaux arrivants.

Nous savons que les nouveaux arrivants ont besoin que quelqu’un défende leurs droits, qu’ils ont besoin que quelqu’un se tienne debout et dise : « Je vais vous aider au travers de cette épreuve, je vais faciliter l’établissement de liens avec les gens et avec votre nouveau pays au moyen de services ». Le Canada est leur nouveau foyer et dès le premier jour, nous commençons à leur donner cette confiance, nous les assurons que nous sommes là non seulement pour les aider et

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les comprendre, mais qu’en outre, nous défendrons leurs droits. C’est ce qui leur permet d’aller de l’avant et de se sentir en sécurité.

Diapositive 17 : Les besoins des nouveaux Canadiens (suite)

Il faut aussi leur donner l’occasion de partager leurs cultures, de parler de leurs expériences, de leurs croyances. Pouvoir parler de ce qu’on a traversé et de ce qu’on attend de notre nouveau pays aide beaucoup à guérir. Je sais bien qu’au Canada, on n’aime pas beaucoup parler de politique et de religion, mais ces sujets font partie de l’identité de beaucoup de nouveaux arrivants, et nous devons comprendre cela.

Le soutien moral, émotif et économique est lui aussi important. Imaginez-vous à quel point cela est difficile pour les nouveaux arrivants qui ont probablement quitté une vie agréable, pour les immigrants et même pour les réfugiés qui, avant la crise, avaient des emplois et étaient indépendants; maintenant, les voilà au Canada et ils ont l’impression que tout doit leur être donné – qu’on les prend en charge. Ils veulent regagner leur indépendance très rapidement. C’est difficile, même pour nous les Canadiens, d’aller à une banque d’aliments. Pour les immigrants et réfugiés, c’est une autre couche de stress qui s’ajoute : le fait d’être dépendant même au niveau des besoins les plus fondamentaux.

Il faut absolument qu’ils se sentent en sécurité. C’est ce qui m’inquiète au sujet de l’islamophobie et de nos nouveaux réfugiés syriens qui s’en viennent. La majorité d’entre eux sont musulmans. Il est possible qu’ils arrivent dans un environnement peu amical envers les musulmans en ce moment. J’espère de tout cœur qu’ils n’auront pas à faire face à l’islamophobie directement, ni de manière systémique, car cela ajouterait encore à leur traumatisme et à leur insécurité, ce qui nuirait à leur guérison et à leur intégration.

Il faut également respecter les choix des gens. Très souvent, j’entends dire : « Pourquoi les femmes musulmanes portent-elles ces vêtements, elles sont au Canada, elles n’ont pas besoin de se couvrir ainsi ». Les gens ne réalisent pas que

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c’est un choix que je fais. Vous avez le droit de ne pas être d’accord, je ne m’attends pas à ce que tout le monde soit d’accord avec mes choix. Nous nous attendons cependant, surtout au Canada avec le multiculturalisme que nous chérissons, que les choix des autres soient respectés même par ceux qui ne sont pas d’accord avec ces choix. Les gens doivent savoir aussi qu’au Canada, les droits de la personne sont respectés et on défend les droits de chacun. Plusieurs parmi nous viennent d’endroits où les droits de la personne sont abandonnés à cause de la guerre, de la corruption politique ou de tout autre genre de conflit. Il existe de nombreux pays où les droits de la personne ne sont pas reconnus. Il y a des endroits tellement corrompus que les pauvres n’y ont aucun droit alors que les riches et ceux qui sont au pouvoir ont tous les droits. Les droits de la personne deviennent davantage un jeu politique plutôt que d’appartenir à tous les citoyens.

Il faut leur faire voir cet aspect du Canada, leur permettre de s’affirmer grâce à ce que peut offrir le Canada et ce que représentent les valeurs canadiennes. Cela m’est souvent rappelé quand je lis ou je chante l’hymne national; il y a une phrase qui dit qu’au Canada, nous protégeons nos foyers et nos droits. Plusieurs d’entre nous pensent que cela fait référence à une protection militaire contre une attaque possible. Pour ma part, à titre de Canadienne, il s’agit plutôt de protéger les valeurs du Canada, car si nous perdons ces valeurs ou si nous faisons des compromis à leur sujet, nous perdons notre âme. Ces valeurs, c’est le respect des choix des gens, le respect des droits de la personne, les libertés que nous chérissons et dont nous jouissions. Ce sont ces valeurs que je tente de protéger.

À vous, Louise.

LOUISE

Merci beaucoup, Shahina, de nous faire prendre conscience des besoins des nouveaux arrivants. Je vous écoutais : être respecté, se sentir en sécurité, savoir que nos besoins sont écoutés, je constate que ces besoins ne sont pas vraiment différents, si l’on n’y pense bien, des besoins de n’importe qui.

À vous, Shahina.

SHAHINA

Absolument pas. Ces besoins sont tous des besoins humains, n’est-ce pas? Nous désirons tous nous sentir en sécurité, savoir que notre présence est désirée et qu’on a besoin de nous. Il s’agit de besoins humains. Cependant, par rapport à nous qui sommes ici depuis longtemps et qui avons sécurisé notre relation avec le Canada et ses citoyens, les immigrants et les réfugiés ont besoin d’être rassurés davantage.

Comme je l’ai dit, ils peuvent faire l’expérience de racisme ou de discrimination qui nuit à leur sentiment de sécurité essentiel à leur intégration. Le racisme et la discrimination n’entraînent pas la cohésion sociale, ils menacent l’harmonie

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sociale. Lorsqu’on fait face au racisme et à l’islamophobie, on a le réflexe de se retirer, de s’isoler parce qu’on veut se protéger.

Bien sûr, nous avons tous besoin de nous sentir en sécurité, mais il faut faire un petit effort supplémentaire quand il s’agit des nouveaux arrivants, pour s’assurer que ces mesures de soutien sont en place et que ces besoins sont comblés en temps opportun.

À votre tour, Louise.

LOUISE

Merci, Shahina,

J’espère que votre invitation à faire un pas de plus sera entendue.

J’aimerais prendre quelques instants pour mentionner à nos participants qui voudraient en savoir plus sur l’islam, l’existence d’un guide publié par l’ISSA, qui souligne les valeurs centrales de l’islam. Ce guide est disponible sur le site de ISSA. Il s’adresse aux enseignants et aux conseillers scolaires; cependant, les vues exprimées peuvent s’appliquer à n’importe quel contexte.

Je connais bien ce guide, je l’ai utilisé et il s’est avéré très utile.

Diapositive 18 : autres défis et obstacles

Maintenant, Shahina : pouvez-vous nous parler des autres défis et obstacles auxquels font face les nouveaux Canadiens?

SHAHINA 

Certainement, Louise, je veux aussi que les gens sachent que nos réfugiés et nouveaux arrivants arrivent aussi avec leurs propres forces, mais discutons d’abord des défis auxquels ils font face.

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Le deuil est de toute évidence un sentiment qui accompagne nos nouveaux arrivants, principalement les réfugiés et tout particulièrement les réfugiés syriens. Le deuil ne se limite pas à celui lié aux membres de la famille laissés derrière, mais aussi à toutes les autres pertes subies au fil du périple. Nous devons reconnaître que les nouveaux arrivants vivent un deuil et que cela peut être un obstacle. Nous devons leur offrir des lieux et du temps pour vivre leur deuil. Il est fondamental d’aborder la question du deuil, car lorsque nous souffrons de traumatisme, notre deuil est interrompu.

Le manque de confiance : je me souviens d’avoir été présente à une séance où nous avons discuté de la manière de préparer l’accueil de nouveaux arrivants. L’un des policiers présents a suggéré qu’il pourrait présenter des ateliers au sujet de la loi canadienne et ma réaction a été, « ne faites surtout pas ça! ». Tout particulièrement, ne le faites pas en uniforme, car les nouveaux arrivants ont trop vu d’uniformes au cours de leur périple, ils ont côtoyé les policiers – les agents de l’État – dans leur pays d’origine et ailleurs et ils se méfient en conséquence des symboles d’autorité; leur méfiance envers la police est très réelle et très profonde. Nous devons voir comment nous pouvons graduellement établir des liens de confiance. Cela est particulièrement vrai pour ceux qui sont issus de la guerre civile alors que les familles sont divisées, les voisinages sont divisés de part et d’autre, et il est difficile de savoir à qui faire confiance. Il faut donc bâtir ces liens de confiance. Il faut donc aborder la question du manque de confiance. Si les nouveaux arrivants constatent l’existence de racisme ou d’islamophobie, cela empire encore le problème. Nous devons savoir qu’il y aura un certain niveau de méfiance.

La question de la dépendance, maintenant. Nous ne comprenons pas tout à fait clairement comment on se sent quand on dépend de tout, même pour le prochain repas, quand on a vécu dans un camp ou été en fuite et qu’on essaie d’assurer sa sécurité. La dépendance est quelque chose qui influe sur nos habiletés et notre confiance en soi. Il faut être très clair : aussitôt qu’ils sont prêts, les nouveaux arrivants doivent être libres de faire leurs choix et de ne pas être dépendants. Parfois, nous essayons d’aider les gens, mais nous allons un peu trop loin, nous ne réalisons pas qu’il s’agit d’adultes, pas d’enfants, il s’agit de gens qui ont vécu leurs vies indépendamment, qui ont fait leurs propres choix et pris leurs propres décisions. Il faut commencer par leur donner la liberté de choisir : où voulez-vous habiter? Quelle école désirez-vous pour vos enfants? Il faut éviter de prendre ces décisions pour eux afin qu’ils puissent à nouveau se tenir debout.

On constate aussi que les gens adoptent un « mode de survie », tout particulièrement ceux qui ont vécu dans des camps. Tout le monde sait que les camps ne sont pas des hôtels cinq étoiles. Ce sont des endroits où on se bat pour survivre. Cet état d’esprit met du temps à s’estomper chez les nouveaux arrivants. Il persistera pendant un certain temps, il faut le reconnaître. Ils resteront toujours dans un état anxieux voisin de la panique, car c’est ce qui leur a permis de survivre. Ils mettront du temps à se convaincre qu’ils ont maintenant trouvé un

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refuge, qu’ils sont en sécurité et qu’ils peuvent se détendre. Pouvoir se détendre dans leur nouveau foyer est un processus qui prendra un certain temps.

Il faut aussi savoir que pratiquement n’importe quoi peut susciter un traumatisme. Un grand bruit peut déclencher chez les nouveaux arrivants le souvenir de bombes qui explosent. Le feu pourrait aussi leur rappeler de mauvaises expériences. Ces déclencheurs peuvent provoquer des flashbacks ou des attaques de panique qui peuvent survenir n’importe quand. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les nouveaux arrivants, tout particulièrement les réfugiés, réagissent comme nous par rapport à des situations qui nous paraissent normales. Leur réaction peut paraître hautement émotive, on peut se demander : mais pourquoi réagissent-ils d’une manière aussi extrême à une situation tout à fait normale? Nous ne savons pas quels sont les déclencheurs qui ont entraîné un flashback ni ce qu’ils ont traversé.

Il est important que nous reconnaissions ce qui pourrait être un déclencheur, afin de prendre garde à eux et de les connaître.

Diapositive 19 : Les forces des réfugiés

Cependant, comme je l’ai dit plus tôt, je veux insister sur le fait que les réfugiés ont aussi de grandes forces.

Ils sont très résilients; j’entends raconter ce qu’ils ont traversé et je me dis, mon Dieu, je ne sais pas si je pourrais en faire autant. Il faut puiser dans cette résilience. Les réfugiés sont prêts à faire face aux défis, ils sont susceptibles de les relever et de survivre à cause de leur résilience.

Pour les réfugiés musulmans et sans doute pour beaucoup d’autres, la foi est ce qui leur donne cette résilience, car ils se sont accrochés à leur foi. Ils sont convaincus qu’ils vont réussir, ils sont engagés, ils sont motivés. Ils mettent toute leur énergie à faire du Canada leur nouveau foyer, à assurer la sécurité de leurs enfants. La majorité d’entre eux vous répondront, quand vous leur demanderez pourquoi ils se sont lancés dans leur périple, pourquoi ils se sont sauvés et ont

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trouvé un refuge, « pour nos enfants, pour leur avenir ». Ils sont résolus. Si vous pouvez puiser dans ces forces, si vous pouvez leur permettre d’atteindre l’autonomie et si vous pouvez leur offrir les services et le soutien nécessaires, vous verrez qu’ils s’épanouiront. Il y a de nombreux exemples. Des réfugiés et immigrants sont venus au Canada depuis sa création et nous voyons où ces communautés se trouvent maintenant, nous constatons comment elles s’épanouissent.

Cet épanouissement s’appliquera aussi aux réfugiés syriens. Les réfugiés sont autosuffisants. Ils s’appuient sur leurs forces, sur leur foi, sur leur unité familiale, sur l’amour qu’ils ressentent les uns envers les autres. Ce sont ces éléments d’autosuffisance qu’il faut mettre de l’avant – pour leur montrer qu’il s’agit là d’éléments qui les aideront également dans leur nouveau pays et leur nouvel environnement.

À vous, Louise.

LOUISE

Merci, Shahina, pour ces explications sur les défis et obstacles auxquels font face les réfugiés lorsqu’ils viennent au Canada. Merci aussi de nous avoir renseignés sur les aspects positifs, c’est-à-dire les forces qu’ils apportent.

Diapositive 20 : Partie 3 - Outils pour aider à l’accueil et à l’intégration

Nous entamons maintenant la partie 3, parlons de la façon dont nous pouvons aider.

Selon Immigration et Citoyenneté Canada, l’établissement réfère aux problèmes de transition à court terme auxquels les nouveaux arrivants au Canada ont à faire face, alors que l’intégration est plutôt un processus permanent d’adaptation mutuelle entre un individu et une société.

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Un établissement et une intégration réussis dépendent de différents facteurs qui peuvent comprendre, entre autres choses :

- L’accès à l’information et l’orientation;- L’accès à une formation linguistique et perfectionnement de compétences;- L’accès au marché du travail;- Les collectivités accueillantes.

Shahina, selon ce que vous avez fait partager avec nous plus tôt, chacun d’entre nous, en tant membre d’une communauté qui accueille, peut jouer un rôle actif pour aider les nouveaux Canadiens à s’établir et à s’intégrer avec succès dans la société canadienne.

Diapositive 21 : Outils pour les Canadiens déjà établis

Compte tenu de votre expérience, avez-vous quelques petits conseils ou outils à partager avec nous?

SHAHINA

Merci, Louise.

Oui, de toute évidence, nous pouvons réellement aider; dans bien des cas, notre aide est efficace, nous devons seulement l’améliorer un peu.

Une façon importante nous permettant d’aider est de reconnaître que certains réfugiés musulmans, ainsi que certains Canadiens musulmans, ont eu des expériences traumatisantes et que, dans certains cas, ils sont animés de sentiments forts de marginalisation, d’isolement et de craintes pour leur avenir.

Il faut reconnaître cela et un bon point de départ dans le processus de reconnaissance est de reconnaître nos propres préjugés. Je transmets ce message à tout le monde lorsque je donne des conférences ou que je discute de ce sujet : il

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faut reconnaître ses préjugés, car nous en avons tous – ça fait partie de la nature humaine. Le problème, ce n’est pas d’avoir des préjugés, c’est ce que nous faisons avec ces préjugés. Nous amènent-ils à traiter les gens d’une manière dont nous ne sommes pas fiers? Nous avons également une responsabilité, celle de réagir à l’islamophobie, au racisme et à l’antisémitisme. C’est la responsabilité de tous les Canadiens. Ce ne devrait pas être la responsabilité de la victime de racisme ou d’islamophobie ou d’autres types de discrimination. Ce devrait être celle des autres, des personnes qui sont témoins, de nos concitoyens. Ce sont eux qui devraient se lever, rejeter l’islamophobie et se tenir debout avec moi pour me sécuriser et me faire sentir que je suis Canadienne, je ne suis pas « l’autre ». Nous devons respecter la diversité et la célébrer. Vous savez, on dit toujours qu’on devrait rechercher les similarités, mais il faut aussi remarquer les différences. C’est comme ça qu’on accepte une personne dans son ensemble. Il faut accepter les gens non seulement parce qu’ils ont des similarités avec nous, mais aussi parce qu’ils ont des différences. Il faut regarder ces deux éléments et les accepter.

Nous devons faciliter les conversations et les interactions. Notre organisation organise des conversations autour d’un café avec la communauté autochtone, la communauté japonaise, les mennonites, toutes ces communautés victimes de racisme qui ont été maltraitées au cours de certaines périodes de notre histoire.

Nous avons des interactions et nous organisons ces conversations pour que les gens apprennent sur les uns et les autres et qu’ils créent des liens. C’est la meilleure façon d’aider les autres à s’établir et à sentir que leur présence est désirée, que le Canada a besoin d’eux et qu’ils en font partie. Il faut aussi rester informés et informer les autres. J’espère donc que nos auditeurs d’aujourd’hui partageront ce qu’ils ont appris au sein de leur sphère d’influence, de leurs familles. Apprendre, ça ne suffit pas – il faut apprendre aux autres aussi.

Nous devons également rester informés et tendre la main à nos partenaires, car la collaboration est essentielle. Je serais incapable de faire mon travail; ISSA, mon organisation, ne pourrait faire son travail sans nos partenaires. Il faut aussi mettre les meilleures pratiques en commun. Il faut apprendre les uns des autres. J’apprends constamment de la communauté autochtone, de la communauté japonaise, de leurs chefs de file et de leurs aînés. J’apprends comment ils ont aidé leurs communautés afin de pouvoir aider la mienne. C’est tout ce que nous avons besoin de faire.

De toute évidence, il faut aussi accroître la sensibilisation – ne restez pas silencieux devant l’injustice, ne restez pas silencieux lorsque vos concitoyens canadiens subissent de la discrimination ou qu’ils ont l’impression d’être « l’autre ». Nous sommes tous responsables d’accroître la sensibilisation sur ces questions et c’est ce que nous faisons aujourd’hui au moyen de notre webinaire.

La parole est à toi, Louise.

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LOUISE

Merci beaucoup Shahina!

Diapositive 22 : Exercice de réflexion

Et maintenant, Caroline, je crois que tu as un petit quiz pour nos participants.

CAROLINE

En effet Louise!

Diapositive 23 : Question

Voici la question quiz que je pose à nos participants :

Parmi la liste suivante, veuillez choisir les éléments que vous pensez être des indicateurs de traumatisme :

A. Aliénation

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B. IsolementC. OptimismeD. Haine de soiE. Une relation saine envers les figures d’autoritéF. Un comportement constructifG. Une faible estime de soiH. Un comportement agressifI. Une activité sociale accrue

Je vous donne quelque temps pour choisir quels éléments, parmi la liste, sont des indicateurs de traumatisme!

Je vais dévoiler les bonnes réponses.

Diapositive 24 : Réponses

Les bonnes réponses sont :

A, B, D, G et H – il s’agit de certains indicateurs de traumatisme.

Il existe en fait deux types de traumatismes qui peuvent être vécus par les nouveaux arrivants au Canada : ‘Le traumatisme direct’ et le ‘traumatisme indirect ou du fait d’autrui’.

Une personne qui fait directement l’expérience d’un événement traumatisant est en réponse directe à celui-ci. L’événement peut être isolé, comme un accident de voiture ou peut être relié à un comportement continu comme la violence conjugale. Le traumatisme peut également être en lien avec des événements historiques comme la colonisation, les écoles résidentielles, un génocide ou des expériences de réfugiés.

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Un traumatisme indirect peut être associé aux mêmes événements que ceux causant un traumatisme direct, sauf qu’il est vécu, dans ce cas, par l’entremise d’autrui, en écoutant les histoires des autres, en regardant des images ou en écoutant des rapports dans les médias ou dans les médias sociaux. Il est important de noter que les répercussions physiques, émotionnelles, psychologiques, spirituelles et sociales d’un traumatisme indirect peuvent être aussi néfastes que celles causées par un traumatisme direct.

Les traumatismes peuvent être transmis de génération en génération. Il arrive que des réfugiés qui ont vécu des traumatismes aient des enfants nés dans le pays d’accueil. Ces enfants, même sans avoir directement fait l’expérience d’événements traumatisants, peuvent néanmoins en porter les conséquences à cause des réflexes et des perspectives hérités de ses parents.

Pour nos participants qui désirent recevoir d’autres renseignements sur le traumatisme ainsi que des outils pour savoir comment l’aborder, ISSA nous a très aimablement, encore une fois, fourni un guide auquel vous pouvez accéder sur leur site web.

Je vais maintenant passer le micro à Louise.

Diapositive 25 : Partie 4 - Conclusion

LOUISE

Merci, Caroline.

Nous sommes à la fin de notre session aujourd’hui. Shahina, avez-vous d’autres commentaires à partager avec nous?

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SHAHINA

J’aimerais juste ajouter, Louise, que j’espère que tous et chacun de nous, Canadiens, ici aujourd’hui, savent maintenant que nous devons nous défendre mutuellement. Les mesures d’adaptation, c’est une voie à deux sens. Bien sûr, nous donnons beaucoup aux nouveaux arrivants, mais ces derniers redonnent encore plus au Canada. Célébrons notre diversité, acceptons nos différences, prenons la défense les uns des autres, efforçons-nous de faire triompher les droits de la personne à notre façon, comme communauté, et collaborons afin que le Canada devienne le meilleur pays qui soit. Merci.

LOUISE 

Merci infiniment, Shahina, d’avoir été avec nous aujourd’hui et d’avoir partagé avec autant de générosité votre discernement et votre expertise précieux; merci pour le message que vous nous communiquez aujourd’hui. Je passe le micro à Caroline pour clore la séance. À toi, Caroline.

CAROLINE

Merci Louise. Merci à Shahina et à notre présidente, Marie-Claude Landry, d’avoir été ici aujourd’hui. En conclusion, j’aimerais profiter de l’occasion pour rappeler à nos participants que la vaste majorité d’entre nous sont des descendants de nouveaux arrivants, qui se sont établi ici il y a une, dix, quinze ou plusieurs générations.

Les gens deviennent réfugiés pour une variété de raisons et certains d’entre eux cherchent un asile au Canada. Il n’y a pas de solution unique pour garantir un établissement et une intégration réussie au Canada, mais, si on leur donne les outils et les occasions d’être autonomes et de contribuer pleinement à la société et à son économie, les nouveaux arrivants sont un atout pour ce pays. Chacun d’entre nous a un rôle actif à jouer pour favoriser un environnement accueillant dans ce grand pays. Même les plus petits gestes comptent.

J’aimerais également prendre un moment pour faire remarquer que certains enfants sont nés dans des camps de réfugiés et ont passé plusieurs de leurs années de développement dans cet environnement; ils ne connaissent rien d’autre et pour eux, c’est un environnement normal. L’intégration peut être particulièrement difficile dans ces cas, d’où l’importance d’une communauté d’accueil empathique.

Je vous quitte avec cette question : « Quel type d’hôtes voulez-vous être ? »

Merci encore, Shahina, de nous avoir fait partager vos connaissances et votre expertise.

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Je profite de l’occasion pour vous rappeler que les renseignements partagés lors de nos webinaires ne constituent pas des conseils juridiques. Nous encourageons nos participants à consulter leur propre avocat, si nécessaire, avant de poser des gestes fondés sur les renseignements qu’ils ont reçus.

Nos participants qui ont des questions peuvent communiquer directement avec la Commission.

Merci, Louise, d’avoir été avec nous aujourd’hui. J’aimerais rappeler à nos participants que la Commission diffusera aussi en direct, au cours des prochains mois, d’autres webinaires sur des sujets variés. Ces webinaires sont généralement diffusés le mardi, à 11 h, heure de l’Est, en français et à 13 h, heure de l’Est, en anglais. Restez au courant en consultant notre site Web, notre fil Twitter ou notre page Facebook, pour de plus amples informations.

Encore une fois, merci pour votre participation d’aujourd’hui; à la prochaine!