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1 HAUTE ECOLE SANTE SOCIAL DU VALAIS Filière ESTS HEVs2 - Gravelone 5 – 1950 – SION TRAVAIL DE DIPLÔME T’AS PAS DU TAF ? Le rôle de la communication verbale et non verbale lors de l’entretien d’embauche Résumé : le quotidien d’un MSP (maître socioprofessionnel) ne se résume plus à une organisation du travail distribué à un jeune pour que ce dernier fasse acquisition de savoir-faire pour entrer dans le monde professionnel. Dès le moment, après des stages de découverte et un stage de confirmation, où le choix du métier est définitif les démarches administratives sont effectuées. Souvent, le patron, voulant mieux connaître son éventuel futur apprenti ou employé, l’invite à participer à un entretien. Cette première rencontre est déterminante et nous détaillons dans notre recherche l’importance du savoir-être et ce qui peut, parfois, faire pencher la balance pour un candidat plutôt qu’un autre. Au terme de cette recherche, on s’aperçoit que les employeurs sont largement sensibles à la communication verbale et non verbale des candidat(e)s lors de l’entretien d’embauche, mais ces constats sont nuancés en fonction du secteur d’activité. Mots clés : Travail, Communication, Entretien d’embauche, Jeunes Jean-Jacques HOFER à Conthey - Nicolas JEAN à Arbaz MSP, FIE 04 Décembre 2006

TRAVAIL DE DIPLÔME...Le rôle de la communication verbale et non verbale lors de lentretien d·embauche Résumé : le quotidien dun MSP (maître socioprofessionnel) ne se résume

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HAUTE ECOLE SANTE SOCIAL DU VALAIS Filière ESTS

HEVs2 - Gravelone 5 – 1950 – SION

TRAVAIL DE DIPLÔME

T’AS PAS DU TAF ?

Le rôle de la communication verbale et non verbale

lors de l’entretien d’embauche

Résumé : le quotidien d’un MSP (maître socioprofessionnel) ne se résume plus à une organisation du travail distribué à un jeune pour que ce dernier fasse acquisition de savoir-faire pour entrer dans le

monde professionnel. Dès le moment, après des stages de découverte et un stage de confirmation, où le choix du métier est définitif les démarches

administratives sont effectuées. Souvent, le patron, voulant mieux connaître son éventuel futur

apprenti ou employé, l’invite à participer à un entretien. Cette première rencontre est déterminante et nous détaillons dans notre recherche l’importance du savoir-être et ce qui peut, parfois,

faire pencher la balance pour un candidat plutôt qu’un autre. Au terme de cette recherche, on s’aperçoit que les employeurs sont largement sensibles à la communication verbale et non verbale des

candidat(e)s lors de l’entretien d’embauche, mais ces constats sont

nuancés en fonction du secteur d’activité.

Mots clés : Travail, Communication, Entretien d’embauche, Jeunes

Jean-Jacques HOFER à Conthey - Nicolas JEAN à Arbaz

MSP, FIE 04 Décembre 2006

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REMERCIEMENTS

Nous aimerions remercier toutes les personnes qui ont contribué directement ou indirectement à l’élaboration de ce

document :

Notre directeur de recherche qui nous a guidés et a su nous rendre

attentifs à l’importance de traduire par les mots ce que nous avions observé et déduit.

Régis Volluz

Aux entreprises qui ont accepté de participer aux entretiens : Anonymes sur cette feuille mais pas dans notre gratitude

Nos directions respectives, qui se sont montrées un véritable soutien durant toute notre formation :

M. Christian Bader Directeur Général de l’Institut St-Raphaël M. Yves Ecoeur Directeur de l’œuvre suisse d’entraide ouvrière

Nos familles, sur lesquelles nous avons pu nous appuyer dans nos

périodes stressantes et qui ont su faire preuve de tant de patience : Pierrette et Véronique, épouse et amie

Avertissement

Les propos émis dans cette recherche n’engagent que leurs auteurs.

Par respect des personnes intégrées dans la recherche, tous les prénoms sont fictifs.

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TABLE DES MATIERES

1. Introduction

1.1 Contexte de la recherche________________________ 1 1.2 Problématique__________________________________ 2

1.3 Question de départ______________________________ 3 1.4 Concepts théoriques généraux___________________ 3 1.5 Hypothèses_____________________________________ 5

2. Méthodologie

2.1 Terrain d’enquête_______________________________ 7 2.2 Technique et méthode de recueil des données____ 8

2.2.1 Récolte des données sur le terrain _______ 8 2.2.2 Technique de dépouillement _____________ 9

3. Analyse des données

3.0 Hypothèse 0 ___________________________________ 11 3.1 Les attitudes ___________________________________ 11 3.1.1 La ponctualité __________________________ 11

3.1.2 La gestuelle ____________________________ 13 3.1.3 La préparation de l’entretien ____________ 16

3.1.4 Conclusion les attitudes ________________ 19 3.2 La présentation ________________________________ 20

3.2.1 La présentation _________________________ 20 3.2.2 L’hygiène _______________________________ 26 3.2.3 Conclusion la présentation ______________ 29

3.3 La manière de s’exprimer _______________________ 30

3.3.1 Le vocabulaire ___________________________ 30 3.3.2 La syntaxe ______________________________ 31 3.3.3 Les réponses ____________________________ 33

3.3.4 Conclusion la manière de s’exprimer _____ 35

3.4 Conclusion Hypothèse 3.0 _______________________ 36 4. Conclusion

4.1 Limite du travail ________________________________ 38 4.2 Pistes d’actions _________________________________ 39

4.3 Conclusions personnelles _______________________ 40

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5. Bibliographie

5.1 Ouvrages utilisés 5.2 Ouvrage consulté 5.3 Emission

5.4 Sites Internet

6. Bilan

6.1Technique

6.2 Personnel 7. Annexes

1. Projet du travail de recherche

2. Grille d’entretien 3. Tableau de dépouillement 4. Analyse des résultats

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1. INTRODUCTION

1.1 Contexte de la recherche

‘’ Votre dossier n’a pas été retenu’’ Voilà ce à quoi une grande partie des jeunes avec qui nous

travaillons est confrontée et que nous entendons de manière récurrente. Dans nos ateliers, nous devons accompagner ces personnes dans le

monde du travail en les soutenant et les encadrant.

Monsieur Jocelyn, responsable d’une entreprise dans le secteur industriel, nous raconte l’expérience qu’il a vécue avec un jeune lors d’un entretien d’embauche.

« Il est 8h07 lorsque ma secrétaire m'annonce l'arrivée de M. Bader, venu se présenter pour une place de magasinier. Nous avions rendez-vous à 8h00, cela ne commence pas sous les meilleurs auspices, surtout qu'aucun mot d'excuse n'est prononcé par ce jeune homme, âgé tout de même de 18 ans. Après une poignée de mains très molle et un regard fuyant, je me dis que ce jeune est, soit très timide, soit que son éducation laisse à désirer. Comme le poste de magasinier comprend, entre autres, un rapport fréquent avec nos clients, l'aspect sympathique de la personne choisie est un critère prédominant. Avec ses nombreux piercings (arcade sourcilière, oreilles et lèvre inférieure) et son habillement digne d'un film de zombies, on ne peut pas dire que le premier sentiment qui apparaît en voyant ce jeune homme soit la sympathie. La poignée de mains très molle et le fait qu'il ne me regarde pas dans les yeux en saluant n’arrangent pas non plus les choses, sans parler de la forte odeur de cigarettes qu’il dégage. Je lui décris les charges et exigences du poste. Là, aucune question de sa part. Lorsque j'ai terminé, je lui demande si pour lui tout est clair ou s'il a besoin de précisions. Il ne me demande que deux choses : le salaire et la période des vacances et de plus, avec un langage et un ton inappropriés pour la circonstance.

Dans ces conditions, je perds mon temps, car il n'a pas l'air d'être intéressé par le poste et, surtout, on dirait qu'il n'est pas motivé à faire bonne impression. Au vu de la grande quantité d'offres d'emploi que nous recevons lors de la parution d'une annonce, je ne prends pas la peine de continuer avec quelqu'un qui, manifestement, n'a pas le désir de s'intégrer dans une entreprise. Le respect des autres (patrons, clients, collègues) passe d'abord par une certaine tenue et hygiène.

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Je ne prendrai pas le risque d'engager une personne comme ce jeune qui ne me donne pas envie de parler avec lui, après seulement 3 minutes passées en sa compagnie.» Nous pouvons penser que la situation décrite ci-dessus est

exceptionnelle ? Malheureusement, les fréquentes rencontres et discussions, que nous avons avec les employeurs confirment ces

dires et, cela devient de plus en plus difficile pour eux de trouver du personnel motivé, avec une présentation et un langage adaptés à leur entreprise.

Nous avons donc cherché, dans le cadre de cette analyse de situations, à déceler ce qu’un employeur observe lors d’un entretien

d’embauche pour engager ou non la personne qui se présente devant lui.

Au travers de cette enquête, nous allons focaliser notre attention sur des patrons, ou responsables du personnel d’entreprises de notre

région qui engagent des jeunes pour un apprentissage ou un emploi. Nous avons délimité les secteurs d’activités suivants : l’industrie, les services, la vente, l’hôtellerie, l’agriculture et le bâtiment. Par ce

choix nous touchons la majeure partie des champs professionnels dans lesquels les filles et garçons dont nous nous occupons

désirent s’orienter. Malgré cette restriction quant aux domaines d’investigation nous sommes persuadés que de manière globale les demandeurs d’emploi obéissent aux mêmes critères de sélection.

1.2 Problématique Les jeunes, qui nous sont confiés et pour lesquels le mandat de

prestation est défini (trouver une place d’apprentissage ou de travail) reviennent, dans la plupart des cas, bredouilles d’un entretien d’embauche. Dès lors, la confrontation avec un employeur peut

représenter une épreuve insurmontable et le jeune, dans un tel climat de non confiance, s’avoue vaincu avant même de s’être rendu

au rendez-vous. Souvent maladroites, nos populations ne sont pas conscientes de

l’importance du premier contact avec un employeur et très vite elles se découragent.

Nous avons observé que les jeunes, placés dans nos instituts et dont le vécu révèle l’inexistence de points de repères, manquent de savoir-

être. Ils ne portent que peu d’intérêt à la manière adéquate de se préparer avant d’aller se présenter pour un ‘’job’’.

Les employeurs que nous côtoyons confirment que lorsqu’ils se présentent devant eux pour un entretien d’embauche, il y a une

inadéquation évidente avec le poste qu’ils désirent repourvoir.

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Au delà de notre production écrite sur ce thème, nous aimerions pouvoir démontrer aux jeunes, que nous encadrons et soutenons,

l’extrême importance d’être bien préparés, d’adopter une tenue et un comportement adéquats avant de se présenter en face d’un employeur. Cet objectif, pour pouvoir être atteint, nécessite, dans un

premier temps, l’identification des moyens à maîtriser. Le savoir-être résume bien l’ensemble de la problématique.

1.3 Question de départ

Bien que de nombreux ouvrages spécifiques traitent ce sujet, nous avons voulu l’aborder de manière restrictive et nous arrêter à la

population de notre région. Ces ouvrages spécialisés sur l’entretien d’embauche, traitant souvent des situations vécues dans nos pays

voisins, peuvent donner quelques indicateurs, mais ne nous paraissent pas toujours refléter les caractéristiques réelles de notre échantillon de population.

Nous nous sommes donc tournés vers nos professeurs afin de savoir si nous n’allions pas toucher un sujet déjà surexploité. La réponse

donnée fut d’orienter notre recherche vers le point de vue des employeurs sans s’arrêter aux interrogations qu’un jeune peut avoir.

Suite à ce qui précède nous avons formulé la question de la manière suivante :

Dans quelle mesure les messages verbaux et non verbaux

exprimés par le jeune lors d’un entretien d’embauche affectent-il la décision de l’employeur potentiel ?

De cette interrogation principale découlent nombre d’autres interrogations secondaires : Quelle est l’importance de l’expression verbale et non verbale lors d’un entretien d’embauche ? Quelle est la

bonne manière de s’exprimer de se tenir ou de s’habiller ? Y a-t-il une manière meilleure qu’une autre ? Etc.

Ce sont des questions auxquelles nous allons tenter de répondre à la conclusion de cette recherche.

1.4 Concepts théoriques généraux

Pour ne pas se perdre dans les méandres des nombreuses théories, la bibliographie existante sur le sujet étant vaste, nous avons

rencontré des personnes ressources évoluant dans le milieu concerné par notre étude, à savoir une enseignante de la HEVs21 ayant écrit un ouvrage sur le sujet, une personne travaillant à

1Haute Ecole Santé Social

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l’OSEO2 responsable d’un atelier d’aide aux jeunes pour la recherche d’un emploi et le directeur général de l’institut St Raphaël, dont le

premier placement professionnel des jeunes est une priorité. Attentifs aux conseils de notre responsable de recherche, M. Régis

Volluz, nous nous sommes centrés sur les théories de la communication.

Pour ce faire, nous avons utilisé comme références bibliographiques principales deux auteurs : Paul Watzlawik3 et Erwin Goffman4. Bien vite nous constaterons qu’ils nous emmènent vers d’autres

auteurs traitant de sujets identiques ou parallèles. Parfois les similitudes sont évidentes mais apparaissent sous d’autres mots. Les lectures que nous mentionnons dans la bibliographie nous ont

donné les éclaircissements nécessaires pour mieux cerner les différents points traités.

Nous avons donc articulé nos recherches sur deux facteurs, soient, la communication verbale et la communication non verbale.

Nous pensons que ces deux facteurs sont fondamentaux quant à la décision de l’employeur pour le choix d’un candidat. Ils ont été d’ailleurs les bases de l’élaboration de nos hypothèses et

de nos grilles d’entretiens. Ci-dessous deux brèves définitions :

La communication verbale : « La parole est le mode de communication qui nous est le plus

spontané, le plus familier, dès la petite enfance »5. La parole est l’instrument de la communication verbale. Elle permet d’exprimer nos sentiments et nos pensées. Elle permet de créer pour les autres

du bonheur mais aussi de la tristesse et de la colère. « Si le mode de communication verbale nous est le plus habituel, s’il est des pensées et des sentiments que seul il est capable d’exprimer avec exactitude et précision, avec finesse et plénitude, il arrive aussi que le mode verbal soit un moyen médiocre pour transmettre à autrui ce que nous ressentons »6 Autrement dit, la communication verbale est une source importante

d’émotions agréables et désagréables. Nos jeunes ne saisissent pas toujours l’importance du langage et

parfois ils en sont même inconscients. Comme l’expérience vécue par cet employeur en introduction, il faut reconnaître que leur manière de s’exprimer n’est, dans la plupart des cas, pas adaptée

aux exigences professionnelles. Même pour nous, qui travaillons au quotidien avec eux, le sens de leur dire nous est quelquefois

2 Œuvre suisse d’entraide ouvrière

3 Watzlawick PAUL: Psychosociologue américain né à Villach, Autriche le 25 juillet 1921.

4 Goffman Erwin: Sociologue américain d’origine canadienne, né à Mannville, Alberta, Canada, le

11 juin 1922 et décédé à Philadelphie, en Pennsylvanie le 19 novembre 1982. 5 Rousseau G, La communication, Edition Privat, Paris, 1973 p 45

6 Rousseau G, La communication, Edition Privat, Paris, 1973 p 45

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incompréhensible ou alors notre compréhension devient réelle, mais une explication, des précisions ont été nécessaires.

Communication non verbale : « Cela paraît évident : Le non verbal c’est tout ce qui, dans la communication, n’est pas verbal ! » « Il faut se méfier du mot évident. C’est souvent le mot clé de l’ignorance. Le silence que je laisse en parlant pour reprendre ma respiration, c’est du verbal ou pas ? L’intonation que je donne aux mots, c’est du verbal ou pas ? Les graves ou les aigus de ma voix, c’est du verbal ou pas ? Et quand j’écris, c’est quoi ?»7 Effectivement, il y a plusieurs communications non verbales. Nous

allons définir la nôtre par : tout facteur communicatif qui ne concerne pas directement l’oral et l’écrit. L’importance du langage non verbal a été mise en évidence par Albert Mehrabian, chercheur à l’Université de Californie. Sur la base de deux études effectuées en 1967, Mehrabian prétend

que l’impact du langage du corps peut être mesuré précisément. Selon ces études, le langage non verbal (physique et voix) constitue

93% de l’impact du message lorsque l’on juge un individu. Le composant verbal compte pour seulement 7 %. « C’est lors d’un premier contact que le langage du corps a la plus forte influence. En effet deux minutes suffisent à votre interlocuteur pour se forger une première impression. Elles sont pratiquement immédiates et automatiques, se basant ainsi sur un nombre très limité d’informations. »8

Comme pour la communication verbale, les jeunes sont souvent en décalage avec la réalité du monde du travail. Il n’est pas rare de les

voir arriver aux ateliers et observer des attitudes, relever des tenues vestimentaires inappropriées, voire dangereuses. Lors de certains de leurs comportements il est même difficile, voire impossible de

percevoir quel(s) message(s) ils souhaitent nous adresser à nous les adultes ou aux autres jeunes. Cette précision pour éviter de qualifier

leur apparence comme provocatrice. 1.5 Hypothèses

Découlant des observations que nous avons faites dans nos ateliers avec les jeunes, nous avons pu élaborer certaines hypothèses axées

sur la communication.

les attitudes de nos jeunes lors de l’entretien

la présentation ou le ‘’look’’ de nos jeunes lors de l’entretien

la manière dont nos jeunes s’expriment lors de l’entretien

7 Martin J-C, Communiquer mode d’emploi, Edition Marabout, Italie, 2003, p 26

8.Chiron G,Cottin D, L’impact de la communication non verbale sur la relation commerciale,

Edition Les études DCMG, Paris, 2006, p 82

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Dans notre démarche, nous avons pris le temps d’avoir une conversation à bâtons rompus avec les employeurs sur le

déroulement des entretiens. Nous avons aussi questionné nos jeunes sur leur ressenti lors de cette épreuve. Nous avons constaté que leurs attitudes, leur look et leur manière de s’exprimer durant

l’entretien étaient, la plupart du temps, inappropriés. La manière dont nos jeunes s’exprimaient pour nous donner le retour de leurs

prestations mettait en évidence le sentiment d’inconfort ressenti alors qu’ils étaient face à l’adulte devant les apprécier.

De ce fait, trois grands axes nous ont paru importants. Le premier : l’attitude du jeune, qui comprend la ponctualité, la gestuelle et la

préparation de son entretien. Le deuxième : la présentation, l’habillement, l’hygiène, la coiffure, les accessoires (boucles

d’oreilles, sac, portable). Le troisième : l’expression verbale, qui englobe le vocabulaire, les réponses, les réactions, la compréhension ainsi que l’intonation. Ces trois axes fondamentaux sont répertoriés

dans le tableau ci-dessous. Tableau simplifié des hypothèses9

Attitudes Présentation Expression

Ponctualité

Gestuelle

Expression du corps

Expression du visage

Préparation

Possession des

documents

Connaissance de

l’entreprise

Look

Habillement

Coiffure

Accessoires

Hygiène

Propreté

Odeur

Rhétorique

Vocabulaire

Syntaxe

Intonation

Réponses

Compréhension

Réactions

9 Hypothèses complètes visible dans notre projet de recherche annexe n°1

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7

2. Méthodologie

2.1 Terrain d’enquête

Pour vérifier les hypothèses que nous avons posées, nous avons dirigé notre terrain d’enquête vers des entretiens avec des recruteurs

provenant de secteurs d’activités en adéquation avec les recherches d’un emploi de nos jeunes, soit dans des secteurs tels que :

Secteurs d'activités et nombre d'entreprises dans

lequels les entretiens ont été réalisés

Coiffure ( 2 )

Services ( 4 )

Social ( 1 )Vente ( 6 )

Bâtiment ( 4 )

Industrie ( 2 )Médical ( 2 )

Restauration ( 3

)Horticulture ( 1 )

Ces employeurs ou recruteurs, basés dans le Valais central, sont des hommes ou des femmes, âgés de 29 ans pour le plus jeune à 64 ans pour le plus âgé.

L’âge et le sexe des personnes interrogées nous ont paru importants car nous pensons que les arguments retenus lors de l’entretien avec

un jeune peuvent varier considérablement. Cette différenciation provient de la sensibilité de la personne, sensibilité liée au vécu.

Nous avons donc enregistré, sous couvert de l’anonymat, 25 employeurs. Aucun n’a refusé la demande d’entretien et tous ont répondu à

toutes nos questions avec honnêteté, spontanéité. Leur implication efficace est le fruit de leur expérience.

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8

Entretiens Nom (Fictif) Age Sexe Secteur d’activité Type d’entreprise Région

Entretiens 1 Hoffman 29 M Coiffure Salon de coiffure Sion

Entretiens 2 Donnet 43 F Coiffure Salon de coiffure Conthey

Entretiens 3 Dessimoz 40 M Services Bureau d’avocat Sierre

Entretiens 4 Evéquoz 35 F Services Bureau d’assurances Martigny

Entretiens 5 Lorétan 36 M Social Foyer Sion

Entretiens 6 Potter 59 M Vente Boutique de mode Sion

Entretiens 7 Gay 45 M Industrie Usine de fabrication Martigny

Entretiens 8 Michelod 41 M Vente Vente de chaussures Sion

Entretiens 9 Bérard 50 M Restauration Restaurant Sion

Entretiens 10 Bonvin 51 M Médical Pharmacie Sion

Entretiens 11 Mottet 48 M Bâtiment (peinture) Peinture Conthey

Entretiens 12 Bender 37 M Industrie Entreprise de distribution Vernayaz

Entretiens 13 Roux 43 M Vente Vente électroménager Sion

Entretiens 14 Martin 42 F Services Salon esthétique Sion

Entretiens 15 Bourdin 41 M Vente Fourniture de peinture Sion

Entretiens 16 Pellissier 64 M Médical Cabinet dentaire Saillon

Entretiens 17 Biner 37 F Services Bureau fiduciaire Fully

Entretiens 18 Glacier 45 M Bâtiment (sanitaire) Sanitaire Grimisuat

Entretiens 19 Décaillet 54 M Hôtellerie Hôtel - Restaurant Sion

Entretiens 20 Roman 63 M Horticulture Horticole Fully

Entretiens 21 Joliat 45 M Vente Radio TV Sion

Entretiens 22 Vouilloz 35 F Vente Boutique de mode Sion

Entretiens 23 Bruchez 36 F Restauration Tee - room Sion

Entretiens 24 Lerrien 37 M Bâtiment Maçonnerie Conthey - Sion

Entretiens 25 Sauthier 38 M Bâtiment Peinture Conthey

2.2 Technique et méthode de recueil des données

2.2.1 Récolte des données sur le terrain

Nous avons choisi la technique de l’entretien semi-directif qui porte sur l’aspect qualitatif et subjectif du discours et qui donne à l’interviewé un sentiment de liberté de parole. Cette méthode s’avère

pertinente pour le type de données que nous souhaitons recueillir. Cette manière de faire est décrite par Quivy et Van Campenhoudt : « Correctement mis en valeur, ces processus permettent au chercheur de retirer de ses entretiens des informations et des éléments de réflexion très riches et nuancés. A l’inverse de l’enquête par questionnaire, les méthodes d’entretien se caractérisent par un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs.10» De même, les principaux avantages de cette manière de faire sont :

«Le degré de profondeur des éléments d’analyse recueillis ainsi que la souplesse et la faible directivité du dispositif qui permet de récolter les témoignages et les interprétations des interlocuteurs en respectant

10

Quivy R, Van Campenhoudt L, Manuel de recherche en sciences sociales, Edition Dunod, Paris,

2000, p194

Page 13: TRAVAIL DE DIPLÔME...Le rôle de la communication verbale et non verbale lors de lentretien d·embauche Résumé : le quotidien dun MSP (maître socioprofessionnel) ne se résume

9

leurs propres cadres de références : leur langage et leurs catégories mentales. » 11 Pour ce faire, nous avons utilisé un guide d’entretiens12 pour centrer les propos des personnes interviewées sur six thèmes, limités à l’objet de notre recherche : la présentation, l’hygiène, la manière

dont le jeune s’exprime, la préparation par le jeune de l’entretien, la gestuelle et la ponctualité. Avec l’aide des 105 indicateurs13 que

nous avons choisi, nous avons pu diriger l’entretien à notre convenance. Nous avons démarré tous nos entretiens par la présentation de la

question de départ soit : Dans quelle mesure les messages verbaux et non verbaux exprimés par le jeune lors d’un entretien d’embauche affectent-ils la décision

de l’employeur potentiel ? Ainsi les employeurs interviewés saisissent immédiatement le sens

et l’objectif de notre démarche. Un entretien test a été réalisé au préalable pour vérifier la pertinence

de notre guide d’entretien. Toutes nos entrevues qui avaient une durée variable selon

l’entreprise de 20 à 45 minutes se sont déroulées vers la fin de la période estivale. Elles ont été planifiées en fin de journée et les

employeurs nous recevaient sur leur lieu de travail. Quand ceux-ci disposaient d’un bureau, nous étions assis à une table et c’est sur un ton convivial que les réponses à nos questions s’enchaînaient.

Nous avons aussi connu des situations plus inconfortables, par exemple dans les boutiques ou dans les magasins. Dans ces

endroits, le plus souvent, l’interview s’est déroulée sur le terrain, dans un décor particulier, assis sur des cartons dans la réserve. Peu sensibles à ces détails, le plus important étant pour nous la

tranquillité, nous avions surtout le souci de mener notre recherche à terme dans des conditions sereines.

La journée de travail se terminant, le stress retombé, les employeurs avaient une attitude décontractée et sympathique. A de nombreuses

reprises, sans sollicitations de notre part, la personne interrogée prenait plaisir à argumenter les réponses.

2.2.2 Technique de dépouillement

Une fois les entretiens réalisés, et après les avoir réécoutés, nous avons choisi de les retranscrire dans une grille de dépouillement

11

Quivy R, Van Campenhoudt L, Manuel de recherche en sciences sociales, Edition Dunod, Paris,

2000, p194 12

Annexe n°2, Guide d’entretiens 13

Annexe n°3

Page 14: TRAVAIL DE DIPLÔME...Le rôle de la communication verbale et non verbale lors de lentretien d·embauche Résumé : le quotidien dun MSP (maître socioprofessionnel) ne se résume

10

sous la forme d’un tableau14. Celui-ci a été construit avec, d’un coté, les indicateurs et de l’autre les 25 entretiens. Dans les colonnes de

ce tableau, nous avons intégré des résumés de phrases, dégagé des textes analysés et amenant du sens aux indicateurs placés en ordonnée.

A la fin de chaque colonne d’entretien, une place plus grande a été

réservée pour un commentaire personnel. Celle-ci est composée soit :

de commentaires des employeurs interviewés

de retranscriptions de faits constatés

de remarques, d’impressions laissées par l’entretien.

Une fois le tableau complété et imprimé (36 pages), nous l’avons affiché au mur et analysé ligne par ligne. Les résultats obtenus ont été soigneusement retranscrits par indicateur sur un tableau

annexe,15 ceci afin de faciliter et de simplifier l’interprétation des données.

14

Annexe n°3 15

Annexe n°3

Page 15: TRAVAIL DE DIPLÔME...Le rôle de la communication verbale et non verbale lors de lentretien d·embauche Résumé : le quotidien dun MSP (maître socioprofessionnel) ne se résume

11

3. Analyse des données

3.0 La communication verbale et non verbale du jeune sont des facteurs déterminants

3.1 Les attitudes lors d’un entretien d’embauche

3.1.1 La ponctualité

Tableau récapitulatif n°1

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

A l'heu

re

En a

vance

En re

tard

Vie

nt pas

Rep

ousse

Ponctualité

Nombre

d'entreprises pour

lesquelles ce

critère est

déterminant

Pour définir comment les patrons conçoivent la ponctualité dans un entretien d’embauche, nous nous sommes basés sur cinq

indicateurs pertinents.

1. Être à l’heure précise au rendez-vous, 2. Être en avance, 3. Être en retard,

4. Repousser le rendez-vous, 5. Ne pas se présenter du tout.

Pour toutes les entreprises interrogées, la ponctualité est un élément déterminant. Celle-ci va refléter le comportement futur du candidat

dans l’entreprise dans le cas d’un éventuel engagement. Les deux tiers de ces entreprises apprécient une marge de sécurité de cinq à dix minutes, celles du tiers restant se sentent dérangées dans leur

préparation dans le cas où le candidat arriverait avec trop d’avance.

Monsieur Dessimoz qui dirige une petite entreprise dans le secteur tertiaire nous explique: «On dit que la promptitude [l’exactitude] est la politesse des rois, mais d’être en avance ça m’énerve aussi. Les gens qui sont dix minutes en avance, des fois c’est juste le temps qu’on a besoin aussi pour se préparer, c’est pour ça qu’il faut vraiment être ponctuel. Quand on vient pour se faire embaucher, la moindre des

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choses c’est d’arriver à l’heure, sinon c’est le signe que le poste ne l’intéresse pas vraiment. Quand il repousse le rendez-vous c’est la même chose, là, c’est eux qui ont besoin de toi donc un minimum. Le rendez-vous est fixé à telle heure le tel jour, donc s’il repousse le rendez-vous on voit que c’est un manque d’organisation »16

Cette situation est surtout pesante si une salle d’attente n’est pas aménagée.

Par contre la société Kelly Service, entreprise de placements internationale, ayant une succursale dans notre région, préconise

une arrivée de 15 à 30 minutes en avance, ce qui est en contradiction avec la totalité des entrepreneurs interviewés. « Il faut arriver 15 à 30 minutes en avance ! La ponctualité est un élément très important. Le retard, quelle qu'en soit la raison, vous discrédite avant même l'entretien. Le recruteur aura obligatoirement un mauvais à priori à votre égard. »17 Si le postulant a un empêchement majeur, il est préférable pour lui

de téléphoner pour s’excuser à défaut de ne pas se présenter. En effet, comme nous pouvons le constater dans le tableau récapitulatif, toutes les entreprises rejetteraient purement et

simplement le candidat alors que dix neuf d’entre elles accepteraient une excuse valable et de reprendre un nouveau rendez-vous.

« Si la personne ne vient pas… non mais on a eu le cas ! … on a eu le cas… ! Alors là, elle n’a pas besoin de revenir et puis même s’il s’excuse après, à moins qu’il ait une excuse valable, mais là il aurait déjà appelé, déjà téléphoné, me dire qu’il a eu un accident, qu’il n’arrivera pas à l’heure à l’entretien…» Monsieur Bonvin pharmacien. Dans un reportage de Temps Présent, Monsieur Philippe Hatt dit,

que l’entretien commence déjà dans le hall d’entrée ou la salle d’attente. La personne est observée par un collègue de travail soit en direct soit par la caméra de surveillance. Les recruteurs peuvent

ainsi analyser les réactions, le niveau de stress, la posture avant même le début du rendez-vous et établir ainsi un premier profil sur

la base de l’observation seulement.18 Cette pratique est propre à cette entreprise du domaine public, car aucun de nos employeurs interviewés n’adopte cette manière de faire avant l’entretien.

Ce constat de M. Hatt peut démontrer qu’il est important d’arriver à

un entretien d’embauche au bon moment. Ce moment se situe entre cinq et dix minutes avant l’heure du rendez-vous. Ainsi, le jeune évitera le stress de l’attente et permettra à

l’employeur de le recevoir dans les meilleures dispositions.

16

Entretien n°3 17

http://www.kellyservices.fr/pls/kelly/s_site.home?idtheme=CAND_CAE 18

Temps Présent, L’entretien d’embauche mode d’emploi, TSR, Genève, septembre 2006, Enregistr.

DVD 50 min.

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3.1.2 La gestuelle 3.1.2.1 L’expression du corps A l’exception d’un employeur interrogé (secteur du bâtiment), la

majeure partie d’entre eux n’entrent pas dans des considérations précises du type PNL19 pour observer tel ou tel comportement.

La plupart des entretiens se déroulent assis, face à face, une table ou un bureau séparant les deux interlocuteurs. De manière générale les personnes postulantes se tiennent correctement.

Les employeurs du secteur tertiaire sont attentifs au comportement général de la personne, à savoir : est-il penché, en avant ou relâché;

si une fille porte une jupe, croise-t-elle ses jambes ou non ? Que fait la personne avec ses mains ? Toutes ces attitudes permettent à l’employeur d’avoir une idée, bonne ou mauvaise sur son éventuel

futur collaborateur. « L’entretien se déroule assis. Nous les faisons entrer puis on s’assied et on boit le café. Alors c’est clair que… pas les jambes larges, pas la minijupe, pas les pieds sur la table, disons quelqu’un qui se tient droit, regarde dans les yeux et n’est pas avachi. » Monsieur Bender secteur de l’industrie. 20

L’argument déterminant qui revient de manière récurrente est que la personne se tienne droite. Toutefois il faut relever que les

entrepreneurs interrogés dans le secteur de la construction ne portent que peu d’importance à la posture lors de l’entretien.

Monsieur Sauthier nous explique cela : « Quelquefois l’entretien se déroule sur le chantier euh... Moi je suis un patron qui bosse sur le chantier, je suis en salopettes et je prends des fois rendez-vous, quand j’ai pas le temps, directement sur le chantier euh… On s’appuie sur des palettes de plâtre pour discuter, même moi je me tiens pas droit. Si le type connaît son travail, qu’il est compétent, moi ça m’est égal sa posture, surtout si on a beaucoup de boulot et qu’on a besoin

de bras, la posture c’est vraiment pas important»21 Pour ces entreprises, la priorité est mise sur la qualité et le

rendement. Seul le travail fourni est considéré. Nous pouvons donc émettre cette conclusion : une personne, de

manière consciente ou non, prendra en considération l’expression du corps de son interlocuteur. Certaines attitudes, dans un autre contexte, peuvent choquer ou passer inaperçues. Le patron d’une

entreprise de peinture portera son attention sur des points bien différents que celui d’une fiduciaire. Watzlawik, Helwick et Jackson

19

Programmation neurolinguistique 20

Entretien n°12 21

Entretien n°25

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14

font le constat suivant : « Si l’on admet que tout comportement est communication, même pour l’unité la plus simple qui soit, il est évident qu’il ne s’agit pas d’un message monophonique. Nous avons affaire à un composé fluide et polyphonique ; de nombreux modes de comportements : verbal, tonal, postural, contextuel, etc., Chacun d’eux spécifiant le sens des autres. » 22

Bien que dans certains secteurs d’activités l’importance de l’expression du corps ne soit pas prépondérante, le jeune devra veiller à bien se tenir et éviter de trop bouger, voire se contorsionner.

Une succession de mouvements, d’attitudes révélant une certaine nervosité, peuvent provoquer chez le patron un agacement et de ce

fait des réticences quant à l’engagement de la personne.

3.1.2.2 L’expression du visage

Tableau récapitulatif n°2

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Mim

ique

Souriant

Pas d

e so

urire

Mâc

he

Reg

ard

Expression

Nombre

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

Toutes les entreprises interrogées et plus particulièrement celles en

contact avec la clientèle, ont relevé l’importance du sourire. Ces mêmes entreprises relèvent qu’un candidat qui ‘’tire la gueule ‘’ voit

son dossier passer directement à la corbeille. « On recherche surtout un état d’esprit, bref on engage au feeling, je vous donne un exemple : à connaissances ou compétences égales, il est clair que notre choix va se porter sur la personne qui est la plus souriante, qui semble avoir un….une facilité de communication la plus aisée, qui sera la plus à même de correspondre à ce que l’on recherche au niveau de la vente et des qualités qu’il faut avoir, et puis le pep, l’énergie, l’envie. » Laurence Vionnet responsable des ressources humaines chez COOP. 23

22

Watzlawik P, Helwick Beavin J, Jackson Don D, Une logique de la communication, Edition du

Seuil Paris 1972 p. 47 - 48 23

Temps Présent, L’entretien d’embauche mode d’emploi, TSR, Genève, septembre 2006,

Enregistr. DVD. 50 min.

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Le regard prend aussi une part prépondérante dans le choix de la personne. « C’est le premier geste de rencontre. Regarder quelqu’un, c’est lui marquer l’attention qu’on lui porte »24 Hormis une entreprise de peinture, tous les employeurs disent qu’il

n’ y a rien de pire qu’un regard fuyant et souhaitent rencontrer ‘’un regard qui pétille d’envie ‘’, ‘’ un regard de gagneur ‘’. Une personne

qui ne regarde pas dans les yeux ne pourra être combative dans l’entreprise, ne pourra pas être à la hauteur des objectifs, et nous donne l’impression qu’elle cache quelque chose, qu’elle nous ment.25

Même constat de Monsieur Bender : « Quelqu’un qui a le regard

fuyant, c’est quelqu’un qui me raconte des bobards ou bien qui n’est pas intéressé.» 26

Comme nous le montre le tableau ci-dessus, nous pouvons dire que les patrons portent une attention particulière au regard et au

sourire. Il faut toutefois nuancer ce constat, car selon les secteurs d’activités en rapport ou non avec la clientèle, les critères pris en compte seront différents.

« C’est à travers le sourire que passent les émotions. N’oubliez pas qu’un sourire peut être triste et que l’on peut faire passer la tendresse, l’affection en souriant des yeux. C’est par un sourire que vous signalez à l’autre que vous êtes bien avec lui. C’est par ce sourire que vous allez marquer le style de l’interaction. Le sourire est communicatif, il est communication. »27 Par contre, un point pénalisant : la majorité des personnes

interrogées trouvent inadmissible qu’un candidat mâche quelque chose durant l’entretien. « C’est un manque de respect évident » ! De

même cet entrepreneur nous a affirmé qu’il se refusait à débuter l’entretien s’il constatait cet état de fait. « Le chewing gum c’est… dans un entretien d’embauche c’est…c’est pas professionnel. Bon maintenant si il est derrière l’ordinateur et puis la personne fait son boulot et il mange un bonbon ou il mange un chewing gum y a pas de

soucis mais euh…. Maintenant s’il te parle et il mâchouille son truc euh…à la limite ça peut encore tomber parce qu’il parle…ça va pas » 28 Par contre, quatre entreprises (bâtiment) n’y accordent aucune

importance si le mâchouillement reste discret.

Certains jeunes ne peuvent éviter les mimiques. La majorité des patrons pensent qu’elles sont dues, pour la plupart, au stress engendré par l’entretien. Ils en tiendront compte lors de l’analyse du

24

Martin J-C, op. cit., p 44 25

Divers entretiens 26

Entretien n° 12 27

Martin J-C, op. cit., p 46 28

Entretien n°17

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rendez-vous et accepteront qu’elles soient le fait de la particularité du moment vécu par le jeune.

En résumé, nous pouvons dire que la quasi-totalité des employeurs accordent de l’importance à l’expression du visage. En premier lieu

ils seront attentifs au sourire ainsi qu’au regard et dans une moindre importance aux mimiques qui, elles, seront justifiées par le

stress encouru lors de cette épreuve.

3.1.3 La préparation de l’entretien 3.1.3.1 La possession de tous les documents

La majeure partie des employeurs questionnés accordent de l’importance au parcours de leur interlocuteur. Celui-ci doit se

montrer capable d’expliquer son parcours de vie ainsi que son parcours professionnel, même sans documents. Dire ce qui lui plaît, mais aussi ce qui lui déplaît dans le poste qu’il souhaite obtenir.

Dans une émission ‘’Capital’’ sur l’entretien d’embauche, Catherine, la recruteuse d’une entreprise de placement temporaire, sort d’un

entretien avec un candidat potentiel: « Cette personne a beaucoup de mal à mettre des mots sur ce qu’elle ressent, sur ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a fait. Je lui ai demandé de m’expliquer ce qu’elle a fait en détail, de m’expliquer son parcours, elle passe de là à là. (En

montrant du doigt son CV), J’arrivais pas à suivre, elle n’est pas claire dans son parcours, dans ce qu’elle est capable de faire, voilà tout ça. J’ai un peu de mal avec cette personne malgré qu’elle soit hautement qualifiée » 29 Lors de nos entretiens, nous avons noté les mêmes constatations. A part deux entreprises, une du bâtiment et l’autre de la restauration, tous les responsables nous ont certifié l’importance de bien

connaître ses propres documents. Madame Zora Chappatte responsable des ressources humaines dans

l’entreprise Serono international30 confirme: « Un plus c’est l’attitude de la personne, quelqu’un qui a vraiment envie de progresser, qui a vraiment envie d’apprendre, qui a vraiment envie d’évoluer et ça se voit déjà dans le parcours du CV ça se voit dans ce que raconte la personne Heu… je dirais un élément rédhibitoire serait que je me rende compte qu’une personne me mente Heu.. Si je vois qu’il y a un point du parcours où la personne ne me dit pas clairement la vérité

29

Capital, La course au premier Job, M6, Paris, octobre 2006, Enregistrement DVD 124 min 30

Première entreprise européenne de Biotechnologie et troisième société au niveau mondial

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heu… je douterais de sa crédibilité sur tous les autres aspects et là, je ne rentre plus en matière » 31

La plupart du temps l’employeur est en possession et a pris connaissance des documents avant l’entrevue. «Quand on met une annonce, après on reçoit les documents. Après, moi j’appelle les gens et je demande que si ils n’ont pas tout mis dans le dossier alors qu’ils prennent avec eux, et au minimum il faut qu’ils sachent ce qu’ils me donnent…, au minimum qu’ils sachent ce qu’ils me donnent. » 32

Suite à cette analyse, les employeurs n’accordent que peu d’importance à ce que le jeune ait tous les documents avec lui lors

de l’entretien. Néanmoins, la connaissance de ceux-ci est indispensable. Dans les faits, nous pouvons résumer cette situation par la nécessité de bien maîtriser son sujet.

3.1.3.2 La connaissance de l’entreprise

Tableau récapitulatif n°3

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Post

e

Entr

eprise

Sec

teur

d'act

ivité

Dat

e fo

nd.

Pat

ron

Sal

aire

Connaissance de l'entreprise

Nombres

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

Pour la plupart des patrons interrogés, il n’est pas nécessaire de connaître l’entreprise dans les détails. (Le nom du patron, l’âge et la

taille de l’entreprise). Par contre de bien connaître le secteur d’activités dans lequel l’entreprise opère s’avère important.

« Ca, c’est mon point principal. Un gars qui vient chez nous, on a la fleur coupée, on a la plante en pot, on a le paysagisme, on a le fleuriste, on a quand même un petit éventail de possibilités. Alors ce qui me choque, ce qui m’a choqué, le… nonante pour cent des cas,… nonante-cinq pour cent des cas qui viennent demander du travail ne disent jamais qu’est ce que vous faites comme culture et ça, ça me

31

Temps Présent, L’entretien d’embauche mode d’emploi, TSR, Genève, septembre 2006,

Enregistrement. DVD 50 min. 32

Entretien n°12

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choque. Le jeune, à quatorze ans qui vient en stage, parce qu’il a une attirance pour la profession et qui me demande pas je comprends, mais à dix-huit vingt ans… et qui ne demande pas ce que tu fais dans l’établissement alors ça, d’entrée pour moi, c’est une exclusion… non mais d’entrée pour moi je le prends pas. » Monsieur Roman

horticulteur.

Plus des deux tiers des patrons, tous secteurs confondus, demandent au postulant lors de l’entretien des prétentions de salaire. Les patrons ouvrent généralement une négociation salariale

avec leur candidat, bien que nous pensions que la population qui se rapporte à notre sujet, aura le salaire de base minimum de la

convention. Monsieur Bender, directeur du personnel dans le secteur industriel,

crée un climat d’accueil particulier, et ses entretiens se déroulent devant une tasse de café. Il nous précise que l’entretien, selon le poste à repourvoir, peut aussi devenir une négociation salariale.

« Oui, il doit avoir des prétentions de salaire, c’est un plus. C’est aussi un intérêt pour le travail. » Il ajoute une petite anecdote qui s’est

passée lors d’un entretien avec une dame qui postulait comme représentante. « On a eu une dame qui est venue un jour et qui nous a dit, moi en dessous de huit mille je ne fais pas l’entretien. » (Réponse de M. Bender) « Ben moi je peux pas vous faire un café alors… mais ça fait partie du job, ça fait partie de la place. » Nous constatons qu’une prétention excessive est pénalisante malgré le fait qu’un représentant est aussi un négociateur.

Les employeurs se disent attentifs à ce que leur interlocuteur place à

un moment donné de la conversation un élément qui démontre l’intérêt du jeune pour l’entreprise. Comme cet employeur du secteur de la restauration : « La moindre des choses lorsqu’une personne postule dans mon restaurant, c’est qu’elle ait pris connaissance de la carte des menus avant de se présenter. » Et de poursuivre : « Si elle n’a pas consulté la carte, elle n’a même pas besoin de se présenter : elle ne sera pas prise. Elle n’a pas démontré son intérêt de venir dans mon restaurant. » 33

Un autre patron va également dans ce sens : « La connaissance de l’entreprise est un plus très net, car les gens qui arrivent à placer dans la conversation quelque chose, qu’on voit qu’ils sont allés sur Internet pour se renseigner sur l’entreprise et posent des questions, ceux-là je peux dire qu’ils sont au-dessus de la pile. » 34

Dans la plupart des cas, les entrepreneurs demandent aux jeunes qui se présentent d’effectuer un stage ou des jours d’essais avant

33

Entretien n°19 34

Entretien n°12

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l’engagement, afin de mieux connaître l’entreprise. Ce stage de découverte peut également être souhaité par le candidat.

Nous constatons, comme le montre le tableau récapitulatif35, qu’il est important de connaître le secteur d’activité, le poste de travail.

La connaissance de l’entreprise, sa date de fondation ainsi que le nom du patron n’est pas indispensable. Néanmoins les patrons

seront sensibles si le jeune en parle. Bien que la majorité des patrons interrogés demandent des prétentions de salaire, nous pensons que la population à laquelle se réfère notre étude (jeunes

sans expérience) aura le salaire fixé par la convention collective du secteur d’activités.

Conclusion 3.1 : Les attitudes Les attitudes de nos jeunes peuvent être un facteur déterminant. S’informer sur l’entreprise avant l’entretien signifie pour un jeune de

mieux prévoir (faculté d’anticipation) et donc mieux gérer ses attitudes. Ainsi, savoir quelles sont celles qui peuvent être

bénéfiques ou au contraire éliminatoires. Pierre Dionne relève : « L’observation des comportements qui surviennent dans les jours précédant les réunions révèle que beaucoup de gens sont plus à l’aise lorsqu’ils peuvent anticiper ce qui risque de se passer lors de ces rencontres. Certains estiment ce fait à ce point nécessaire qu’ils sont mal à l’aise lorsqu’il en va autrement. Or, ils ne sont guère plus à l’aise par la suite s’ils se sentent liés par la confidence. Pourtant, on ne choisit pas entre deux maux. Il vaudrait mieux refuser la révélation de toute information dont l’utilisation est interdite… Si, au départ, une telle attitude limite l’interlocuteur, elle protège par contre sa marge de manœuvre.» 36

Ainsi donc, comme on l’a vu, les employeurs sont largement sensibles à l’attitude des candidats lors de l’entretien. En premier lieu, ils attachent une importance particulière à la ponctualité (si

possible arriver 5 minutes en avance). Pratiquement, à égale importance des qualités requises, la gestuelle des candidats (se tenir

droit, ne pas se contorsionner) peut devenir un avantage. Enfin, et ce n’est pas négligeable, la préparation de l’entretien, s’informer, s’intéresser à l’entreprise peut forcer la décision.

Certes, il faut nuancer ces constats en fonction du secteur d’activités.

35

Page 17 36

Dionne P, Ouellet G, La communication interpersonnelle et organisationnelle : l’effet Palo Alto,

les Editions Organisation, Québec 1990

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20

3.2 La présentation 3.2.1 La présentation doit être adaptée au champ

professionnel de l’entreprise

3.2.1.1 L’habillement Tableaux récapitulatifs n°4

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Train

ing

Ves

te

Chem

ise

Mar

cel

Short

Jean

s

P.V

ille

Jupe

T.Bas

se

Genre, Style de vêtements

Nombre

d'entreprises pour

lesquelles ce

critère est

déterminant

De manière générale, les personnes interrogées accordent de

l’importance à la tenue vestimentaire de leurs candidats, mais selon les secteurs d’activités et le sexe du candidat, les points relevés ne

sont pas les mêmes. Tous les recruteurs interrogés admettent le port du jeans comme

pantalon de travail. Moins de la moitié le tolère si celui-ci est déchiré comme le standard de la mode actuelle. Cette minorité se trouve dans des domaines en rapport direct avec la mode ou dans le

secteur de la construction.

Les pantalons taille basse sont acceptés par une petite majorité. Deux d’entre elles les tolèrent (bureaux, assurances) mais ne les trouvent pas très esthétiques. La minorité restante, (entreprises où

les employés sont en contact direct avec la clientèle, ainsi que le patron d’une entreprise dans le domaine de l’agriculture qui trouve

cela désinvolte), refuse catégoriquement. Monsieur Roman, horticulteur nous donne son point de vue quant

aux pantalons taille basse que portent les jeunes filles : « Première chose je regarde [rires] … bon y a quand même des tenues… c’est vrai qu’on est…quand on discute avec des collègues comme ça, on est tous un peu sensibles au premier coup d’oeil. C’est vrai que euh…quand tu juges sur des critères comme ça, c’est quand même subjectif de juger un peu comme ça, parce que t’as le client qui vient qui peut être un très bon apprenti mais qui a déjà un look un peu… qui nous… rentre pas tellement dans le nez, t’es déjà un petit

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peu sur la réserve. Un string avec le jeans en bas dessus, ça me choquerait. » 37 Le directeur d’un hôtel recommande le pantalon de ville pour un entretien d’embauche et à contrario le patron d’une entreprise du

bâtiment dit que cela fait mauvais genre, mais cette remarque n’engage que lui, et c’est la seule entreprise interviewée qui émet

cette opinion. Pour ce qui est de porter une chemise et une veste, les entreprises

trouvent que, pour un garçon, c’est un atout supplémentaire. Une plus grande liberté vestimentaire est tolérée pour les filles.

Le patron d’une étude d’avocat notaire recommande et impose le port de la chemise. Monsieur Pierrot représentant une grosse

enseigne alimentaire, relève l’anecdote suivante : « Quarante personnes avaient postulé pour deux places de travail dans notre magasin. Deux d’entre elles portaient une veste et une chemise. Ce sont ces deux personnes qui ont été prises et ceci grâce à l’effort fait pour leur bonne tenue vestimentaire. » 38

En ce qui concerne le port du survêtement de sport, actuellement en vogue chez certains jeunes, une grande majorité des personnes

interrogées trouvent que de se présenter dans cette tenue est choquant et relève un manque de respect. Le candidat sera d’office

éliminé. Comme nous pouvons l’observer dans le tableau récapitulatif, quatre recruteurs nous ont dit admettre cette tenue. Sur ces quatre, deux

proviennent du secteur de la construction, une de la restauration et une d’une boutique de vêtements à la mode pour jeunes. Dans cette dernière, la gérante nous dit vendre ce style de vêtement, donc si la

personne correspond à l’attitude et au look de la ligne définie par la boutique, c’est encore mieux. Pour les autres secteurs, nous

expliquons cela par le fait que les entreprises exigent le port d’une tenue de travail identique pour tous leurs employés. A l’exemple des grandes entreprises du domaine de la vente, ou des entreprises du

bâtiment qui ont leur code vestimentaire en fonction du métier exercé (peintres: salopettes blanches, ramoneurs : salopettes noires…).

Le port du pantalon court (short) ou minijupe a été également relevé.

De manière générale, les vêtements courts sont plus facilement admis pour les filles. Une petite majorité (les métiers du bâtiment et de l’horticulture) dit l’accepter sans discernement du sexe, surtout à

la belle saison.

37

Entretien n°20 38

Entretien n°20

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Quand aux autres, neuf patrons (secteur tertiaire, de la restauration, de la vente et des services) disent que ce n’est pas une

tenue adéquate pour un entretien d’embauche. Tableaux récapitulatifs n°5

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Pro

pre

Bas

kets

Soulie

rs

Tongs

Talons

Genre, Style de chaussures

Nombre

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

La propreté des chaussures s’avère également un élément important

selon les dires de la plupart des personnes interrogées. Le secteur de la construction étant le seul à n’y prêter que peu d’importance.

Pour ce qui est du genre de chaussures portées : Les chaussures de sport sont acceptées par la majeure partie des recruteurs :

« J’accorde une importance aux chaussures, bon, c’est la mode que tous les jeunes portent des baskets, même mes ados, donc … euh j’peux pas prétendre qu’ils viennent en escarpins ou autre chose mais toujours donc une allure soignée, voilà mon critère. » Monsieur Bonvin, pharmacien.

Toutefois, trois d’entre eux relèvent ne pas accepter de chaussures délacées. Seule l’étude d’avocat notaire, ainsi qu’une usine de

fabrication, refusent catégoriquement les chaussures de sport.

Ce que nous pouvons observer dans le tableau ci-dessus, c’est que outre le secteur du bâtiment et des assurances, sandales et chaussures ‘’Tong’’ ne sont pas acceptées par la majeure partie des

employeurs ; « Cela fait vacances, ce ne sont pas des chaussures de travail. » 39

Les talons sont acceptés dans la plupart des secteurs d’activités. Certains nous ont dit qu’ils ne souhaitaient pas de talons aiguille

(agriculture, magasin de peinture) car inconfortables et inadaptés pour le travail.

39

Entretien n°12

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23

Pour l’anecdote on relèvera le patron d’un salon de coiffure accepter les talons hauts, au contraire d’une femme patronne elle aussi dans

la même branche qui ne les accepte pas ! Nous constatons que l’habillement est un élément très important

pour se présenter à un entretien d’embauche. Il doit surtout être en adéquation avec le poste pour lequel le jeune souscrit.

Ce qui est souhaitable pour les patrons, c’est que le jeune reste lui-même, qu’il soit en harmonie avec son vêtement et, donc, qu’il ne soit pas déguisé.

3.2.1.2 La coiffure

Tableau récapitulatif n°6

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Sale

Propre

Coiff

és

Ras

és

Ras

tas

Coule

ur

Mèc

hes

Coiffure

Nombre

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

La grande partie des recruteurs n’accordent que peu d’importance à la coupe de cheveux. Dans le secteur du bâtiment, les employeurs affirment même n’y porter aucune importance, le rendement au

travail est plus important que la propreté des cheveux. Le seul critère qui revient de manière récurrente : la coiffure doit

être propre et soignée. Le tableau récapitulatif ci-dessus nous démontre clairement les exigences des recruteurs.

« Les cheveux.., il faudrait pas que ce soit de l’huile, il faut qu’ils soient propres, c’est tout. Maintenant, s’il a le crâne rasé ou des tresses, ça importe peu. Du moment que c’est propre…, après c’est la personnalité de chacun. Les rastas euh…, mais les rastas y peuvent être propres ! Si c’est propre ça passe… les cheveux rouges…..tant que c’est propre ça dérange pas ! » Mademoiselle Biner, fiduciaire. 40 Trois employeurs nous ont dit ne pas accepter de coupe « punk » ou des cheveux de couleurs. Une dizaine d’entreprises, tout secteur confondu, ont relevé l’impression d’un manque d’hygiène quand un

candidat se présente avec une coupe du type rasta.

40

Entretien n°17

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Monsieur Bonvin, pharmacien explique : « Le problème…, on est une profession médicale. Donc, on doit avoir une certaine tenue et une certaine allure. Il faut être propre sur soi. Tu peux pas parler d’hygiène à des clients si t’as euh... si t’as une coupe euh…crade, des cheveux gras qui pendouillent des choses comme ça ! …Les rastas c’est exclu. » 41 Aujourd’hui, nous constatons une certaine standardisation de la coiffure. « La coupe et l’arrangement des cheveux revêtent selon les époques et les cultures des significations différentes, mais toujours ce sont des marqueurs d’identité, des signes de reconnaissance qui permettent de déterminer la fonction sociale ou spirituelle des

individus… »42 Cette analyse nous démontre que la totalité des entreprises

demandent une coiffure propre. Dans le tableau récapitulatif, nous constatons que les entreprises ont peu d’exigences concernant la

coupe de cheveux. Nous nuancerons tout de même qu’une coupe de type rasta est mal acceptée, car elle semble traduire un manque d’hygiène.

3.2.1.3 Les accessoires visibles

Tableau récapitulatif n°7

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Chap

eaux

Boucl

es

Tatouag

esSac

MP3

Port

able

Bijo

ux

Maq

uillag

e

Lun. sole

il

Accessoires

Nombre

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

Dans la plupart des cas, les lunettes de soleil, une casquette, un chapeau, ces accessoires sont admis par les recruteurs lorsqu’un

jeune se présente pour un entretien d’embauche, surtout à la belle saison. Par contre, au moment du rendez vous, il devient impératif

41

Entretien n° 10 42

Biaquis Isabelle ethnologue à l’université de Strasbourg

http://www.luis-kraemer.com/site/miroirs.php

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de se découvrir et d’ôter les lunettes de soleil. C’est une preuve de respect.

Un sac à main est parfaitement admis pour les filles. Par contre, certains employeurs dans le domaine de la vente et des assurances

ont relevé leur aversion pour les sacs du type ‘’ banane’’ portés en bandoulière par les garçons et en vogue chez les jeunes

actuellement. La majeure partie des patrons acceptent les boucles d’oreilles et

autres piercings ; toutefois, d’en avoir trop ou de les porter de manière trop voyante peut s’avérer dérangeant.

Un patron du secteur médical est plus réticent aux piercings, il nous dit ceci : « Pas de piercing euh… éventuellement le seul piercing que... que j’accepterais entre guillemet, c’est le petit diamant au nez…. Mais autrement c’est exclu et puis alors euh…quand on dépasse les deux ou trois boucles d’oreilles sur l’oreille... euh c’est aussi exclu. » 43 Les tatouages sont acceptés par une grande partie des employeurs à

la condition qu’ils soient discrets. Certains patrons, études d’avocats, usines, commerces, relèvent ne pas apprécier les gens qui portent un tatouage visible et ils se forgent tout de suite une

mauvaise opinion. « On a des gens chez nous qui ont des tatouages aux chevilles ou bien à l’épaule, ça ne dérange pas. Mais s’il y a un tatouage qui descend sur le cou et qu’on le voit… ça, c’est dérangeant. » 44 En ce qui concerne le maquillage : s’il est apprécié sans problèmes pour les filles, encore faut-il qu’il reste discret.

« Les accessoires.., c’est clair que moi je suis pas tant euh… de nouveau, si ça fait partie d’un look, c’est acceptable. Mais celui qui a l’anneau dans le nez, qui a le gros machin dans la bouche, l’oreille percée, qui est euh… je me dis peut-être qu’ici ça sera peut-être pas idéal. Quel message y va transmettre aux jeunes, ça c’est aussi une part importante. » Propos émis par Monsieur Lorétan, directeur d’une institution sociale, lorsqu’il doit engager une personne adulte en

contact avec des jeunes. Les MP345 dont les écouteurs pendent autour du cou sont

généralement admis, mais pas appréciés. « Concernant le MP3, autour du cou, s’il l’enlève, ça ne me dérange pas… Oui, oui s’il l’enlève des oreilles, ça se porte autour du cou ce MP3, moi ça ne me… dérange pas vraiment, c’est clair que si cette personne vient avec son MP3 dans le sac, c’est mieux. Même chose

43

Entretien n°10 44

Entretien n°12 45

Appareil Multimédia Portable

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pour le natel, il ne faudrait pas qu’il se mette à sonner pendant l’entretien ! » Monsieur Bonvin pharmacien46 Comme nous pouvons le constater dans le tableau récapitulatif, un téléphone portable visible est peu apprécié et, de plus, s’il se met à sonner, il devient éliminatoire.

Les accessoires semblent être des éléments que les employeurs

prennent en compte, mais de manière assez différente selon les personnes. Il n’y a pas de secteur particulier qui accepte ou n’accepte pas, c’est surtout les représentations du recruteur qui, là,

vont jouer un rôle prédominant lors de l’entretien. De même que, certains accessoires semblent retenir plus l’attention, tandis que

d’autres passeront inaperçus.

3.2.2 L’hygiène Tableau récapitulatif n°8

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Mai

ns

Vis

age

Hal

eine

Transp

irat

ion

Par

fum

Hygiène

Nombre

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

3.2.1 La propreté des mains, du visage La propreté des mains et des ongles semble être un facteur

déterminant lorsqu’une personne se présente à l’entretien. En effet, à l’exception de cinq entreprises interrogées dans des domaines où

l’activité de la personne cause une salissure des mains importante (construction, agriculture, ouvrier d’usine), les autres ont relevé y porter une attention particulière.

Le chef de cuisine d’une chaîne d’hôtels affirme : « La propreté des mains, ça c’est important ! Ça, c’est très important ! Surtout dans la cuisine. Quoique maintenant on aurait tendance à travailler beaucoup avec les gants. Mais les mains, ça c’est important. Les ongles sales

46

Entretien n°10

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c’est un très, très mauvais point. Quel que soit le métier j’imagine… Par ailleurs surtout en cuisine, les métiers de bouche... avoir les ongles sales, les mains sales c’est… c’est… pour moi c’est loin ! » 47 Plus de la moitié souhaite des dents propres. Les entreprises du

bâtiment n’y accordent pas d’importance ainsi que le recruteur d’une entreprise employant plus de mille trois cents personnes.

Celui-ci nous signifie l’obligation de devoir faire des concessions, vu le nombre d’employés qui, de plus, ne côtoient pas directement la clientèle.

Pour la plupart des personnes interrogées une haleine de cigarette ou d’alcool s’avère disqualifiante et tout particulièrement dans

l’hôtellerie, ainsi que pour une entreprise de la vente.

« L’haleine euh….ça peut arriver euh… si c’est des gars qui sentent l’alcool, alors ça ne passe pas ! Si c’est le gars qui sent euh... je sais pas… s’il a mangé de l’ail, ça passe pas non plus parce qu’il euh… c’est comme la cigarette il doit aussi être attentif à ça » 48 La barbe de trois jours (mal rasé) est maintenant entrée dans nos

mœurs. « Avant, quand on allait se présenter… Prend le cas de l’armée. L’armée avant si t’étais pas rasé…, si t’étais pas... C’était comme ça ! Tu avais des préférences si tu étais gradé pour chercher un poste… Avant pour la banque si tu étais déjà militaire…, déjà une préférence, si tu étais gradé c’était encore une préférence... Maintenant aujourd’hui il y a aucune importance, pour beaucoup de poste y a plus d’importance. Y a beaucoup de gens qui ont la barbe, toutes les vedettes, tous les footballeurs ont la barbe de trois quatre jours, donc les jeunes s’identifient un peu à ça, puis après ça passe. » 49 C’est ce

que nous dit Monsieur Roman, horticulteur de 63 ans.

L’hygiène est un facteur déterminant lors de l’entretien d’embauche car les signes révélateurs sont évidents et rapidement perçus. Les patrons sont attentifs à la propreté des mains, à ce que l’haleine soit

fraîche et que les dents soient propres. 3.2.2 L’odeur corporelle

Comme nous le démontre le tableau récapitulatif ci-dessus, à

l’exception d’une entreprise du bâtiment, les recruteurs interrogés trouvent inacceptable qu’une personne dégage une odeur corporelle dérangeante. Ils nous disent qu’il existe maintenant sur le marché

toutes sortes de produits contre la transpiration et l’emploi d’un désodorisant est courant.

47

Entretien n°9 48

Entretien n°19 49

Entretien n°20

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Un bureau fiduciaire nous dit : « Ah non ! Nous on a connu, c’est terrible quoi ! Surtout dans un bureau où c’est fermé. » Nous lui avons

alors posé la question comment, dans le cas d’un entretien d’embauche, il résoudrait cette question, comment il le lui dirait ?

Réponse : « Non, je ne lui dirai pas durant l’entretien d’embauche » et par la suite si vous l’engagez ? « Non, mais on ne va pas l’engager. » 50 Certains relèvent encore qu’un parfum peut être encore plus indisposant. Une remarque sera adressée à ces personnes surtout si

elles doivent travailler dans un bureau avec d’autres collègues. « Oui oui… on lui dit quand même. Tu…tu partages le bureau avec des

personnes. Si tu as un parfum qui pue et qui fait mal au crâne…, t’as le droit de dire qu’il y a trop de parfum ! ». 51 En cuisine, mettre du parfum est dérangeant. Cela fausse les odeurs des aliments, donc le goût. C’est un point sur lequel a insisté le

patron d’un restaurant : « En cuisine, on peut dire ça passe pas. Pas d’eau de toilette. Quand tu vas euh… au niveau du nez…, olfactif…, au niveau gustatif euh….les… je dirais pas des…des…. Tu ne sens plus l’odeur des aliments au niveau du nez ! » 52 Dans l’horticulture, un patron nous dit : « Il est inadmissible de sentir la transpiration lors de l’entretien. Qu’on sente mauvais après douze heures de travail, je comprends, mais lors de l’entretien où directement le matin en venant travailler, c’est un manque d’hygiène ! » Il ajoute ensuite : « Je préfère l’odeur du parfum même excessif que de sentir le bouc ! » 53

Ainsi donc, nous constatons que les employeurs sont attentifs à ce que le jeune soit propre, qu’il n’ait pas une odeur corporelle gênante (transpiration, parfum), bien que pour les entreprises de la

construction, l’odeur corporelle ne soit pas un élément auquel ils prêtent une attention particulière.

50

Entretien n°17 51

Entretien n°4 52

Entretien n°9 53

Entretien n°20

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Conclusion 3.2 : La présentation La présentation est un facteur déterminant. L’apparence reflète une personnalité. Par contre toutes les

personnes n’interprètent pas de la même manière l’apparence que son interlocuteur reflète. « Le sujet possède une image de lui-même qu’il veut soutenir aux yeux des personnes présentes, en partie grâce à ce qu’il transmet par sa conduite habituelle. (Les femmes le font peut-être d’une façon particulière, car elles sont plus obligées que l’autre sexe de garder un aspect attrayant). Maintenant si l’individu se voit apparaître sous un jour fâcheux, sous un aspect ou dans une

action qu’il tient pour indigne de lui, il se peut que cette situation provoque chez lui une alarme soudaine. Cependant si les témoins de son inconduite supposées ne se soucient guère de son apparence, quoi qu’ils puissent en penser dans l’idéal, il est alarmé par l’incongruité de son propre comportement ou aspect, qu’il croit perçu par les autres. » 54 Ainsi donc, au vu de cette analyse, les employeurs sont largement

sensibles à la présentation. Ils attachent une importance particulière à l’habillement qui, lui, devra être adapté au poste de travail et à la personnalité du jeune, mais aussi à l’hygiène du

corps, et plus particulièrement à celle des mains. Les accessoires, ainsi que la coiffure, bien que jouant un rôle

important dans la présentation, n’influencent que très peu la décision du recruteur.

54

Goffman E, La mise en scène de la vie quotidienne 2. Les relations en public, Edition de minuit,

Paris 1973 p.262

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3.3 La manière de s’exprimer Tableau récapitulatif n°9

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Bon v

ocabula

ire

Par

ler e

n Ver

lan

Util

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des

mots

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s

Phra

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Corr

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Langag

e in

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Diff

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dan

s le

s m

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Vocabulaire

Nombre

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

3.3.1 Le vocabulaire

La plupart des personnes interrogées souhaitent un vocabulaire

simple, adapté et compréhensible. Un vocabulaire riche est un plus, surtout dans les secteurs d’activités en relation direct avec la clientèle. Comme nous le constatons dans le tableau ci-dessus, un

langage cru, pour ces mêmes personnes, est à bannir. A l’exemple de Monsieur Roman : « Nous savons bien que maintenant les jeunes ajoutent des mots vulgaires à chaque phrase mais lors de l’entretien un langage correct est de rigueur, d’ailleurs je n’ai jamais eu de problèmes dans ce sens. » Une entreprise dans le secteur des assurances impose un

vocabulaire riche et correct. « Non quand même, c’est important que la personne ait un bon vocabulaire d’une certaine richesse, car il y a quand même du contact téléphonique avec les clients. La teuf, la meuf…, ouais, non pas tellement »

Cette vision sur le langage des jeunes revient souvent lors des entretiens. Ces personnes admettent qu’un jeune adopte un langage plus respectueux face à eux que dans leur quotidien. Goffman

explique ce fait en parlant des acteurs par rapport au public : « Les acteurs ont tendance à lui adresser la parole d’une façon aimable, ce qui implique dans la société américaine, l’usage d’un terme officiel de politesse, tel que « Sir » ou « Mr », ou d’un terme familier et chaleureux, tel qu’un prénom ou un diminutif ; les caractères cérémonieux ou familiers de l’appellation est en fonction des attentes de la personne à

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qui l’on s’adresse.» 55Pour résumer, nous pouvons relever la phrase suivante de Goffman : «(…) verbalement on traite les gens relativement bien en leur présence et relativement mal en leur absence. »56 Si durant un entretien le jeune éprouve des difficultés à trouver ses mots ou faire des phrases correctes, 1/3 des personnes pensent que

cela est dû au stress ou à la timidité et n’en tiendront que moyennement compte. Les 2/3 restants ne nous ont pas émis d’opinion.

Un employeur (vente), victime de familiarités (tutoiement,

plaisanteries) lors de la signature du contrat d’engagement, se montre plus vigilant lors de l’entretien d’embauche : « J’ai eu l’expérience une fois, lors de la signature du contrat d’engagement. Le jeune est arrivé, décontracté, il me serre la main en me disant salut, alors que je ne l’avais plus revu depuis l’entretien. Tout juste un contact téléphonique pour lui dire que c’était ok. Alors là, je trouve que c’est un manque de politesse, je me suis dit « ça commence bien ». Alors depuis, je fais plus attention lors de l’entretien d’embauche et j’évite les familiarités que le jeune pourrait utiliser plus tard. » 57 Au vu de cette analyse, les employeurs demandent un vocabulaire et des phrases construites correctement, et ceci plus particulièrement dans les secteurs d’activités en relation avec la clientèle.

3.3.2 La syntaxe et l’intonation

Tableau récapitulatif n°10

0

5

10

15

20

25

Entr

eprises

Fort

Adap

Rap

ide

Lent

Ton / Manière

Nombre

d'entreprises

pour lesquelles

ce critère est

déterminant

55

Goffman E, La mise en scène de la vie quotidienne, 1. La présentation de soi. Editions de Minuit,

Paris, 1973, p. 165 56

Goffman E, op. cit., p. 168 57

Entretien n°12

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Mise à part quelques entreprises du bâtiment où la syntaxe est moins importante, toutes nous disent qu’il faut former des phrases

correctes, sujet verbe complément. Ils ne demandent pas un langage raffiné mais compréhensible.

« De nos jours les jeunes ont d’énormes difficultés scolaires et il devient très compliqué de trouver des personnes ayant à la fois un bagage scolaire important et une motivation à toute épreuve. » Monsieur Bourdin secteur de la vente. 58

Parler en verlan est inadmissible pour la quasi-totalité des employeurs interrogés.

La moitié des personnes interrogées dans les secteurs de la vente, de l’hôtellerie, de la restauration et du domaine médical souhaitent

une intonation adaptée à son interlocuteur. « C’est à lui de savoir le moment où il doit être énergique et montrer ce dont il est capable et au contraire savoir être doux et à l’écoute. » Monsieur Berrard, secteur de la restauration.

Dans le domaine des assurances et de l’hôtellerie les employeurs désirent « un langage et un ton énergique » desquels découle la force

de persuasion. « On ne veut pas de molachons » nous dit Monsieur Décaillet directeur d’un ensemble hôtelier.59

Neuf sur vingt cinq n’y accordent que peu d’importance, trois sur vingt cinq souhaitent un ton doux (esthétique, coiffure).

« Quand au débit il est sans importance du moment où il est compréhensible. » Mosieur Lerrien.

Dans les secteur d’activités en contact avec la clientèle, les patrons

prêteront leur attention sur la syntaxe et l’intonation du jeune durant l’entretien d’embauche. Pour les secteurs d’activités où ce contact n’est pas particulier, l’importance est moindre, bien qu’il oit

valorisant de bien s’exprimer.

58

Entretien n°15 59

Entretien n°19

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33

3.3.3 Les réponses du jeune 3.3.3.1 La compréhension

Pour les entreprises du tertiaire dans lesquelles les employés sont en contact avec la clientèle, la compréhension ainsi que la maîtrise du

français sont essentielles et indispensables. Pour les entreprises du primaire et du secondaire, ces mêmes critères seront nuancés.

Une entreprise de peinture, où la majeure partie des employés sont d’origine étrangère, exige des notions de français. Elle préconise un

langage compréhensible, car, bien que travaillant dans le bâtiment, les ouvriers ont quelquefois contact avec la clientèle. Son patron nous dit ceci : « Avec moi, ça va. C’est plutôt avec les clients. Ouais je regarde son vocabulaire parce que si le gars il ne sait pas bien parler… » 60 Une personne responsable dans une entreprise de maçonnerie nous dit aussi : « Pour la profession de maçon, manœuvre, qu’il comprenne le français ça suffit. Euh… Plus il a un bagage scolaire euh, ou d’apprentissage euh, c’est mieux. Maintenant ça dépend tout ce qu’il a comme bagage avec lui… Concernant le français, ça dépend tout de euh…le boulot qu’on a et un peu la demande, si vraiment on a besoin de la personne euh… peut-être qu’on fera un effort pour l’engager si il y a suffisamment de personnes on fera un tri différemment » 61

Dans les secteurs d’activités où la main d’œuvre est en majorité étrangère, il en est ressorti que l’origine de la personne était plus discriminatoire que son accent.

Deux entreprises, situées dans un petit village, nous ont clairement dit que l’origine de leur interlocuteur et leur accent les gênaient considérablement. Une de ces deux avoue avoir eu de mauvaises

expériences avec des ouvriers d’origine étrangère, sans toutefois préciser leur nationalité, l’autre nous dit ceci : « Concernant les accents, je ne suis absolument pas raciste. Mais…je me suis tellement fait blouser… ! Ils m’ont tellement menti tu vois… Je te donne un exemple. Euh… On a quinze jours de vacances l’été et quatre semaines au mois de décembre. On donnait toujours à tout le monde. (Les vacances) On avait des Portugais, on n’avait jamais eu de problèmes. Y a des Yougoslaves qui sont venus, on a donné quinze jours de congé. Y sont parti et y sont revenu trois semaines et demie après. L’avion…, problème de billets y s’en foutent. Alors ! Exactement t’as compris le problème.» 62

Les accents valaisans ne posent par contre aucun problème pour toutes les entreprises interrogées.

60

Entretien n°11 61

Entretien n°24 62

Entretien n°20

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3.3.3.2 Les réactions aux questions posées

Si, lors de l’entretien, le postulant peine à trouver ses mots, un tiers des personnes interrogées pensent que cela est certainement dû à de la timidité ou à du stress engendré par la peur de ne pas être à la

hauteur et par conséquent ne pas être engagé.

Monsieur Philippe Hatt directeur du service informatique à l’Etat du Valais nous dit ceci : « Si aujourd’hui on doit avoir un entretien de présentation avec une personne qui est très émotive, on va pas l’amener à craquer. On ne veut pas la voir pleurer dans notre bureau, ce n’est pas l’idée. Par contre si vous avez une personne qui est

beaucoup plus résistante, on va l’amener pour voir jusqu’ où elle a la possibilité de résister.» Exemple d’une question récurrente : « Pourquoi vous plutôt qu’une autre ? Qu’est ce qui pourrait faire la différence ? » Réponse de Valérie : « Le fait que je sorte de l’apprentissage, car je peux être plus flexible que quelqu’un d’autre, je n’ai pas des habitudes donc je pourrais plus facilement m’intégrer » « C’est un excellent argument » répond M. Hatt. 63

Lorsque nous avons posé la question concernant les réactions aux questions posées, cette grande entreprise du domaine des

assurances, ayant des responsables aux ressources humaines formées en PNL, observe en priorité le non verbal plus que les

réponses données. « Si la personne avance son corps et fait face, c’est une personne volontaire, qui en veut ; c’est une personne qui, par exemple, dans le métier de la vente n’aura pas peur d’aller au devant du client. Au contraire si elle se retire en arrière, elle aura de la difficulté à gérer son stress à affronter des situations difficiles. Cette personne aura des difficultés à se faire engager dans les entreprises du tertiaire où maintenant il faut avoir un moral de gagneur, où la concurrence est

non seulement entre les entreprises afin d’obtenir le marché, mais aussi à l’intérieur de l’entreprise entre les employés eux-mêmes, être l’employé du mois, devenir responsable d’un secteur, gagner l’estime de son chef… » 64

Les grandes entreprises testent et analysent donc les réactions, elles veulent amener la personne dans une situation de stress en posant des questions pertinentes. Le but n’étant pas de la faire craquer,

mais d’évaluer sa capacité à répondre en situation difficile. Dans les petites entreprises l’accent est mis sur la spontanéité. Des réponses

avec moins de sûreté seront moins préjudiciables.

63

Temps Présent, L’entretien d’embauche mode d’emploi, TSR, Genève, septembre 2006,

Enregistr. DVD. 50 min. 64

Entretien n°5

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Conclusion 3.3 : L’expression De manière générale les employeurs relèvent le manque de qualité

de l’utilisation de la langue française par les jeunes de l’époque actuelle. Par contre, ils sont tolérants quant à la jeunesse des personnes qu’ils reçoivent et conscients d’une évolution positive avec

le temps. Watzlwick met en avant ce constat dans ses travaux : « La communication répondrait à des règles dont personne ne parle, mais que tous apprennent au fil de leurs expériences. Comme dans les cas des langues étrangères, il n’est pas nécessaire de maîtriser théoriquement la grammaire pour bien parler. Les enfants sont une illustration frappante de ce phénomène. Dès l’âge de cinq ou six ans, un enfant parle sa langue maternelle sans avoir une connaissance explicite de la grammaire, de l’orthographe ou encore de la syntaxe. Ainsi, les règles de la communication seraient-elles apprises lentement et progressivement sans être énoncées. » 65 Selon les secteurs d’activités et plus particulièrement ceux en

rapport avec la clientèle, les patrons souhaitent un langage riche, varié et parfaitement compréhensible, ce qui correspond à un outil de travail. Ces mêmes employeurs prêteront donc plus d’importance

à la manière dont le jeune s’exprime lors de l’entretien d’embauche. Dans les autres secteurs, l’importance du langage est moindre, bien

que s’exprimer correctement donne une chance supplémentaire pour l’obtention d’un emploi.

3.4 Conclusion 3.O La communication verbale et non verbale

Au terme de l’analyse, nous pouvons confirmer l’hypothèse principale :

La communication verbale et la communication non verbale d’un jeune sont des facteurs déterminants lorsqu’il se présente à un entretien d’embauche. Car, comme l’écrivent Watzlawick et ses

collaborateurs, il est impossible de ne pas communiquer et donc de rester insensibles aux communications d’un interlocuteur en face de

vous. « Il n’y a pas de ‘’non-comportement’’, ou pour dire les choses encore plus simplement : on ne peut pas ne pas avoir de comportement. Or, si l’on admet que, dans une interaction, tout comportements à la valeur d’un message, c'est-à-dire qu’il est communication, il suit qu’on ne veut pas ne pas communiquer, qu’on le veuille ou non. Activité ou inactivité, parole ou silence, tout a valeur de message. De tels comportements influencent les autres, et les autres, en retour ne peuvent pas ne pas réagir à ces communications, et de ce fait eux-mêmes communiquer. Il faut bien comprendre que le

65

Dionne P, Ouellet G, op. cit., p.31

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seul fait de ne pas parler ou de ne pas prêter attention à autrui ne constitue pas une exception à ce que nous venons de dire. » 66 Autrement dit, quoi que nous voyons, nous sommes influencés. Même lorsque nous ne faisons rien, nous émettons des signifiants

corporels. Freud à sa manière l’avait exprimé ainsi : « Celui dont les lèvres se taisent bavarde avec le bout des doigts ; il se trahit par tous les pores. »67 Toutefois les réactions ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

Dans le domaine de la construction nous constatons que les employeurs ne prêtent que peu d’importance à l’allure de la personne ou à la manière dont elle s’exprime. Pour eux l’importance

est fixée sur le rendement et la qualité du travail que celle-ci va produire.

Dans les professions où l’employé est en contact direct avec la clientèle, l’employeur sera beaucoup plus attentif à l’apparence et à

la manière de s’exprimer de la personne en face de lui, lors d’un entretien d’embauche.

Certaines activités demandent le port d’une tenue de travail qui est

représentative d’une profession comme par exemple les cuisiniers, les aides en pharmacie, les métiers du bâtiment etc. Dans ces domaines, l’employeur portera moins d’importance à la tenue

vestimentaire lorsque le jeune se présente.

Durant une de nos interviews, un patron d’une chaîne d’hôtels lance la réflexion suivante : « Chez nous quand un jeune débute son stage ou son apprentissage, nous lui fournissons sa tenue de travail. Donc durant l’entretien de sélection nous n’accordons pas d’importance à son look ou ses vêtements. Il vient le matin, revêt sa tenue de cuisinier, et le soir repart comme il est venu. Pour nous, l’habit ne fait pas le moine. » 68

A la suite de ces entretiens, nous pouvons dire qu’il est important que le jeune reste lui-même, qu’il conserve sa personnalité mais en

veillant à ne pas exagérer certains traits qui le caractérisent dans sa vie quotidienne. Wolf Wolfenberg dans la valorisation des rôles sociaux écrit : « Les rôles sociaux sont si puissants qu’ils définissent, pour une grande part, qui nous sommes, ce que nous faisons, comment et avec qui nous agissons. » A titre d’exemple : « Le rôle d’un médecin détermine ce que la personne portera (par exemple une

66

Watzlawik P, Helwick Beavin J, Jackson Don D, op. cit, p.22 67

Barrier G, op. cit., p 9 68

Entretien n°9

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blouse blanche, un stéthoscope), la manière dont on l’appellera (‘’Docteur’’, même avant son doctorat), ses activités… » 69

Ce que nous pouvons dire aussi avec certitude, c’est qu’il est important qu’un jeune adapte son ‘’look’’ et sa manière de s’exprimer au secteur d’activités dans lequel il souhaite travailler, tout en

conservant sa personnalité. Monsieur Lorétan directeur d’une entreprise dans le secteur du travail social confirme : « Quelquefois nous avons des surprises, nous nous faisons une idée sur la personne par rapport à sa voix au téléphone et quand nous l’avons en face de nous, c’est tout le contraire que dans notre vision. Mais pour moi la personne doit avoir un look qui lui va. Même si elle ne correspond pas à la norme. Elle doit faire un tout, être en harmonie. » 70

En résumé, les employeurs sont largement sensibles à l’attitude des candidat(e)s lors de l’entretien d’embauche. Ils porteront une

attention particulière à la ponctualité, à la gestuelle et à la préparation de l’entretien. Ils seront également sensibilisés à leur présentation et attacheront une importance particulière à leur

habillement et leur propreté. Quant à la manière dont le jeune s’exprime, l’employeur y prêtera de l’importance et tout

particulièrement si le secteur d’activités demande un contact avec la clientèle. Des nuances doivent toutefois être faites selon le secteur d’activités proposé. De même, malgré que nous n’ayons formulé

aucune hypothèse à ce sujet, les fluctuations conjoncturelles peuvent avoir une importance plus ou moins grande sur les

exigences d’engagement de l’employeur.

69

Wolfenberg W, la valorisation des rôles sociaux, Editons Des Deux Continents, Genève, 1991

p. 39 70

Entretien n°5

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4. CONCLUSION

4.1 Limites du travail Le temps imparti depuis le début du projet jusqu’ à sa restitution est certainement trop court.

Vingt-cinq entretiens ne sont pas suffisants pour en extraire des conclusions exhaustives. Nous n’avons pas pu constater de

différences notables entre le sexe des personnes interrogées, ainsi que de leur âge. Il aurait alors fallu multiplier les entretiens pour

arriver à une enquête objective. Les saisons durant lesquelles nous avons effectué notre recherche,

fin de l’été et début de l’automne, ne sont certainement pas suffisantes. Planifier une recherche telle que la nôtre sur une année démontrerait d’autres points de vue sur la question. Par exemple : si

nous avions interviewé les entreprises du bâtiment l’hiver, les réponses auraient été probablement différentes, du fait d’une plus

grande main-d’oeuvre disponible. De même pour les entreprises de l’hôtellerie, car à la période de notre recherche, le besoin en personnel devenant important, les

critères sont évidemment moins sélectifs.

Il aurait été très intéressant de participer à un ou plusieurs entretiens d’embauche avant de débuter notre enquête. Ceci aurait pu nous donner d’autres indicateurs et rendre notre travail encore

plus étoffé. Mais pour cela, il eut fallu une planification bien en amont du début de notre projet.

Notre enquête s’est limitée au bassin sédunois avec quelques entreprises du district de Martigny. Un plus large échantillon aurait

certainement donné des résultats intéressants nous permettant de comparer et d’analyser les réponses propres à une région (contingences locales).

Si nous avions réalisé nos entretiens dans un endroit neutre, les

réponses auraient-elles été différentes ?

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4.2 Pistes d’actions Au fil du travail de recherche, de nouvelles interrogations se sont

posées :

Notre travail s’étant centré uniquement auprès des employeurs, il

serait intéressant de prolonger notre enquête vers les jeunes que nous encadrons. Qu’ont-ils vécu ou ressenti lors des entretiens auxquels ils ont été confrontés.

Une étude d’évaluation pourrait être faite dans les entreprises qui

font subir des tests de compétences avant d’embaucher. Est-ce que la prise en considération du verbal et du non verbal comme critères d’embauche sont les mêmes lorsque le test subi s’est avéré positif ?

Durant nos interviews, il est ressorti que 95% des entreprises demandent d’effectuer un stage de quelques jours avant de prendre une décision. Nous pourrions établir un listing des attentes d’un

patron durant ces stages. Un questionnaire serait à créer et qui se remplirait à la fin de chaque période. Il permettrait de confronter le jeune à ses qualités et à ses lacunes.

Nous pourrions également mettre en place dans nos institutions des

ateliers de simulations d’entretiens par jeux de rôle et ainsi permettre à nos jeunes de mieux anticiper l’entretien d’embauche. Dans cette perspective le recours à la vidéo semble être le meilleur

procédé en préservant comme il se doit la confidentialité de ces images.

A tous nos jeunes, sans tenir compte de leur niveau intellectuel, ni du domaine dans lequel ils souhaitent orienter leur avenir

professionnel, nous tiendrons ce discours :

Les patrons qui vous reçoivent attendent que vous leur

donniez une image de vous qui soit vraie et pas artificielle ou composée.

Soyez naturels, adoptez des attitudes qui correspondent à

votre personne, mais et il y a un mais, tenez compte des conseils qui vous sont prodigués pour soigner la forme.

Acceptez de suivre les recommandations reçues qui,

additionnées, feront pencher la balance en votre faveur.

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4.3 Conclusion personnelle Comment se fait-il qu’un employeur engage une personne plutôt qu’une autre ? Qu’est-ce qui le rend plus attentif ? Qu’est-ce qui le touche ou l’interpelle ?

Nous avons trouvé un aperçu de réponses à nos questions.

Nous en avons tiré quelques conclusions qui nous paraissent importantes et qui peuvent servir à rendre attentifs les jeunes avec qui nous travaillons.

Toutefois, il nous est impossible d’évaluer la subjectivité de certains

points lors d’un entretien, comme l’attirance entre deux personnes. Pourquoi une personne plaît-elle plutôt qu’une autre ?

Dans le support de cours de Psychologie sociale, madame Christiane Grau écrit ceci dans son chapitre sur les relations sociales : « L’attraction simple » La question est : Qui aime qui et pourquoi ? Tout au long de notre vie, notre interdépendance place nos relations au centre de notre existence. Il n’est donc pas surprenant que ceux qui sont rejetés, comme certains enfants à l’école, aient des problèmes de comportement ou que la solitude soit difficile à vivre. L’attraction engage autant la personne attirée que la personne attirante. Nous sommes attirés par des personnes dont la présence nous semble satisfaisante et gratifiante. Au fond, l’attraction est dans l’œil et l’esprit de la personne attirée… » 71

Nous pouvons, de manière générale, affirmer que la communication verbale et non verbale influence un employeur lors d’un entretien d’embauche. Chaque domaine d’activités présente pourtant ses

propres exigences d’engagement. Il est évident qu’un employeur du secteur du bâtiment, par exemple, ne se basera pas sur les mêmes critères d’évaluation que dans le secteur de la vente. Cette recherche terminée, nous sommes conscients de l’impossibilité

pour le candidat de banaliser l’instant très redouté de l’entretien d’embauche. Nous serons maintenant à même de conseiller, de préparer nos jeunes pour ce moment important de leur carrière

professionnelle. Ainsi mettront-ils toutes les chances de leur côté pour l’obtention d’une place de travail.

71

Grau.Ch, Cours psychologie sociale, HEVs2, Sion, page 98

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5. Bibliographie 5.1 Ouvrages utilisés

Barrier G, La communication non verbale, Edition ESF, Paris, 1996

Chiron G, Cottin D, L’impact de la communication non verbale sur la relation commerciale, Edition Les études DCMG, Paris, 2006

Dionne P, Ouellet G, La communication interpersonnelle et organisationnelle : l’effet Palo Alto, les Editions Organisation, Québec

1990

Goffman E, La mise en scène de la vie quotidienne, 1. La présentation de soi. Editions de Minuit, Paris, 1973

Goffman E, La mise en scène de la vie quotidienne 2. Les relations en public,

Editions de minuit, Paris 1973

Grau Ch, Cours Psychologie sociale, HEVs2, Sion, 2005/2006

Quivy R, Van Campenhoudt L, Manuel de recherche en sciences sociales,

Edition Dunod, Paris, 2000

Martin J-C, Communiquer mode d’emploi, Edition Marabout, Italie, 2003

Rousseau G, La communication, Edition Privat, Toulouse, 1973

Watzlawik P, Helwick Beavin J, Jackson Don D, Une logique de la communication, Edition du Seuil Paris 1972

Wolfenberg W, la valorisation des rôles sociaux, Editons Des Deux

Continents, Genève, 1991

5.2 Ouvrages consultés Bateson G, La nouvelle communication, Edition du Seuil, Paris, 1988

Bateson G, Perceval’s Narative, A patient’s accont of his psychosis, Edition

University Press, Stanford, 1961

Bogadi F, Les pensées secrètes du recruteur durant l’entretien d’embauche, Le Temps, n° 394 du 1 décembre 2006,

Grau Ch, Métral A, Aider à retrouver un emploi, Edition Jouvence, Genève,

1999

Luft J, Communication présente à la western, Edition Psychologie

Association, San Francisco, 1962

Maingueneau P, Adam JM, Dictionnaire d’analyse du discours, Edition du

Seuil, Paris, 202

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Messinger J, Ces gestes qui manipulent, ces mots qui influencent, Edition

First, Paris, 2003

Messinger J, Ces mots qui vous trahissent, Edition First, Paris, 2005

Messinger J, Ces objets qui vous trahissent, Edition First, Paris, 2005

Pedler E, Sociologie de la communication, Edition Arman Colin, Barcelone,

2005

Schheiser G, Misunderstandings in Human Relation, Supplément à The

American jornal of sociology, LV, 1949

5.3 Emissions TV

Capital, La course au premier job, M6, Paris, octobre 2006, Enregistrement

DVD, 124 min.

Temps Présent, L’entretien d’embauche mode d’emploi, TSR, Genève,

septembre 2006, 50 min.

5.4 Sites Internet

http://www.kellyservices.fr/pls/kelly/s_site.home?idtheme=CAND_CAE (page consultée le 18.novembre 2006) Ce site est le site d’une agence de

placement dans lequel il nous donne des conseils lors de la préparation à

un entretien.

http://www.luis-kraemer.com/site/miroirs.php (page consultée le 3 décembre 2006) Ce site développe l’histoire de la coiffure avec ses

caractéristiques.

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6. BILANS

6.1 Bilan Technique La question de départ s’est avérée beaucoup plus ardue à formuler qu’il n’y paraît. Nombre d’essais infructueux ont été tentés avant

d’arriver à la question définitive.

Le choix des entreprises dans lesquelles nous voulions faire notre enquête nous a paru assez évident dès le début en mettant en corrélation les métiers sur lesquels nos jeunes portent leur choix

professionnel et le bassin d’entreprises de notre région. Les entreprises à notre disposition ne nous permettaient pas

d’approfondir notre réflexion sur les différences de point de vue d’employeurs de sexe différent, d’entreprises de taille différente

etc.… Dans un premier temps nous nous sommes dit qu’il était important

d’en tenir compte, mais avec vingt-cinq entreprises la différentiation n’est pas objective.

Pour les entretiens, nous avons décidé volontairement qu’un seul d’entre nous les réaliserait, le nombre de vingt-cinq ne permettant

pas une bonne maîtrise de cette technique à deux. Cette répartition des tâches nous a donné une meilleure cohérence dans l’utilisation des outils. Au moment du dépouillement des

réponses « l’intervieweur » maîtrisait tout le contexte dans lequel elles avaient été obtenues.

La prise de rendez-vous pour les interviews a été exécutée rapidement. La plupart du temps les employeurs souhaitaient nous

rencontrer dans les plus brefs délais, quelquefois le soir même. L’enregistrement des interviews a certainement agi sur les réponses

des employeurs. Nous avons constaté que, une fois l’enregistrement terminé, nos interlocuteurs se livraient plus naturellement.

Une des difficultés rencontrées et à relever fut celle ressentie lors des choix littéraires

En effet, une grande quantité d’ouvrages et de méthodes traitent du thème de l’entretien d’embauche. Les sites Internet ne sont pas en

reste non plus. Nous avons choisi volontairement d’éviter les ‘’méthodes’’ qui pouvaient, malgré nous, formater notre travail.

Nous voulions une littérature sérieuse et confirmée pour corroborer nos dires. Pour ce faire, les conseils de notre directeur de mémoire se sont avérés décisifs.

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Bien sûr, les réflexions et questionnements constants de notre part, alors que le travail avançait, nous ont obligés à nous informer

mutuellement. Par E-mails interposés, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, nous avons constaté que les courriers échangés prenaient une certaine ampleur.

6.2 Bilan personnel Travailler à deux fut pour nous un challenge. Il fallait ne pas perdre

de temps, ne pas faire deux fois les mêmes choses, d’où l’obligation de s’organiser. Pour nous, la meilleure solution était de se répartir

les tâches. Chacun de nous était productif à sa manière et dans son domaine.

Cette stratégie fut également un moyen de nous motiver, de nous encourager mutuellement, de nous rapprocher.

Durant la planification des entretiens, nous avons été surpris de l’accueil des entreprises, surpris qu’elles se prêtent aussi volontiers

à l’exercice de l’interview. Toutes les personnes contactées sans exception nous ont répondu présentes et ont respecté leurs engagements.

La rencontre avec une personne ressource au niveau de notre projet

a été un réservoir d’enseignements liés à notre thème. Son expérience professionnelle et le regard différent porté sur la population en étude nous ont permis d’approfondir notre travail.

Nos lectures ont répondu à des interrogations, enrichi notre travail et ont également suscité de nouveaux questionnements.

Interroger un patron, écouter et interpréter ses réponses nous ont

demandé du temps. Rédiger un texte contenant l’essentiel de notre réflexion à travers des phrases simples mais bien élaborées nous ont imposé de nombreuses feuilles de brouillon. Parfois nous étions

bloqués sur une idée car le mot juste nous échappait. Heureusement les lectures nous ont été d’un grand secours. Le

moment le plus effrayant consistait à nous relire, car à chaque fois une amélioration s’imposait. Finalement nous avons opté pour la version actuelle.

Nous avons ainsi constaté la difficulté de mettre un point final à notre travail. Cependant la quarantaine de pages rédigées, nous

tairons le nombres d’heures utilisées, traduit nos idées.

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Jean-Jacques :

Ce travail de mémoire m’a permis de clarifier mon action sur un plan théorique et pratique. Le fait d’avoir mené une réflexion de fond sur une action me permet d’avoir un regard différent sur une

situation vécue en atelier. Nos recherches ont démontré que la plus grande difficulté se trouve

dans la perception que les jeunes ont d’eux-mêmes. Ils connaissent les théories de base du look, du langage et du comportement mais ne les mettent pas en pratique lors d’un entretien d’embauche.

Ce constat m’interpelle et m’amène à aborder différemment un aspect de mon travail avec les jeunes lors d’une postulation. A la lumière de l’analyse que nous avons effectuée, je suis à même

maintenant de conseiller, de préparer et d’accompagner mes jeunes lors d’un entretien d’embauche. Ils prendront je l’espère désormais

confiance en eux et mettront toutes les chances de leur côté, ceci dans le but de l’obtention d’une place de travail.

Nicolas :

Bien sûr, j’éprouve les mêmes sentiments que Jean-Jacques sur notre travail et les réponses qu’il nous a apportées. Pourtant, pour moi ce que je retiens surtout, au delà du travail

même, c’est une manière de faire. Avant d’entreprendre cette démarche qu’est ‘’le travail de diplôme’’ je ne savais pas réellement en quoi consistait cette tâche.

Aujourd’hui j’ai assimilé une manière de travailler, une manière de faire qui permet de répondre aux questions que l’on se pose. Cette

forme structurée peut être transférée dans un autre domaine. Nous sommes confrontés quotidiennement à des problématiques et la mise en place d’un canevas d’investigation me permet d’élaborer

des possibilités de réponses.