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Vaccin anti-HPV et pr6vention d'un cancer Une ~quipe de recherche franGaise (~) vient de tester positivement I'activit~ d'un vaccin th~rapeutique dirig~ contre le papillomavirus humain 16 (HPV 16), estim~ responsable de 55 % des cancers du co/de I'ut~rus. D e meme qu'on peut dire que le vaccin anti- hepatite Best un vaccin protegeant contre le cancer du foie primitif, ce candidat vaccin est con?u pour proteger de ce cancer qui, rappelle-t-on, est le premier cancer & etre reconnu par I'OMS comme etant attribuable & 100 % & une infection. La collaboration entre les chercheurs et medecins fran?ais a permis de demontrer I'efficacite the- rapeutique du vaccin therapeutique, formule qui, on le sait, consiste & stimuler les defenses immu- nitaires quiescentes ou peu effJcaces contre un antigene tumoral, de fa?on & susciter I'appari- tion de cellules NK (tueurs). Pour la constitution de ce vaccin, lee equipes franqaises ont choisi un fragment d'une proteine reconnue oncogene du HPV 16 (responsable de 55 % des cancers du col) couple & une pro- teine immunogene de Bordetella pertussis (agent de la coqueluche). La proteine oncogene du HPV est consideree comme un antigene tumoral, expfi- me des le stade pre-cancereux. Sur un ~ animal de la tumeurhurnaine, on a obser- ve une r~jression de 100o/0 de la tumeur,en une seule injection et sans adjuvant (aucun traitement associe). L'explication de cette efficacite sur I'animal est & mettre au compte des cellules dendritiques, cellules presentatrices d'antigenes au systeme immunitai- re, qui se revelent particulierement operationnelles (un vaccin candidat anti-VlH est fonde sur leur acti- vite de presentation antigenique). Cancer du col de I'ut6rus. Tumeuren blanc. Stable, facile & produire, selon lee auteurs, ce vac- cin pourrait avoir un pendant : un antigene de HPV 18, responsable de 12 % des cancers du col. En developpement, il pourrait 6tre test6 avec le premier d'ici 2006. Avec ces deux vaccine asso- cies, on pourrait proteger les femmes contre pres de 70 % des cancers du col de I'uterus. Uautre volet de la recherche darts le domaine des vaccins anti-H PV est le developpement de vaccins preventifs destines aux femmee encore indemnes d'infection prouvee. Compte tenu de la frequence de cette infection et de la decouverte de tumeurs in situ, la disponibilite de vaccins therapeutiques se justifie tout autant, lee nou- veaux tests de depistage des HPV en biologie moleculaire (Digene, Roche Diagnostics) etant susceptibles de rendre toutes leurs chances aux patientes. J.-M. M. - - u (1) Eradication of established tumors by vaccination with recombinant Bordetella pertussis adenylate cyclase carrying the human papillomavirus 16 E17 protein, Cancer Research, 15/1/2005. X. Pr6ville, D. Ladant, B. Timmerman, CL Leclerc. BT Pharma, Institut Pasteur ; Inserm E352, Institut Pasteur, CNRS Institut Pasteur. Une banque d'os de haute s curitd pour allogreffes B iobank est la premiere banque fran?aise de tissus ayant obtenu en 2003 I'autorisation de I'Afssaps pour son procede de conservation des allogreffes osseuses. Ces allogreffes se pre- sentent sous plusieurs formes, en fonction de la demande des chirur- glens : tetee femorales completes, fragments d'os de forme geome- trique, copeaux, poudres:et gra- nules. Ces greffons prets & I'emploi offrent trois avantages majeurs : ils bene- ficient d'une securisation micro- biologique maximale, ils sont exempts de toute trace de tissu medullaire, ils conservent la qua- lite de resistance biomecanique du tissu osseux. Ainsi,cette societe fran?aise peut- elle proposer un materiau de rem- placement fiable, garantissant la regeneration osseuse des patients candidats & la greffe. Les greffons sont des t6tes femorales prelevees sur des donneurs vivants consentants, & I'occasion de I'im- plantation d'une prothese totale de hanche (PTH) dont 1O0 000 inter- ventions sont realisees annuelle- ment en France. Ces prelevements sont realises dans lee regles de la chirurgie orthopedique, par des chi- rurgiens partenaires de la societ& Ces regles comportent notamment un bilan serologique complet reali- se par un Labm agree (exterieur & Biobank) pour garantir I'absence de risque de transmission d'un patho- gene. Uos preleve subit un traitement qui elimine toute trace de tissu non osseux et une procedure d'inactivation vira- le par le 002 supercritique, qui res- pecte lee qualites biomecaniques de I'os. Majoritairement utilises dans des interventions orthopediques (arthroplastie, substitution osseuse), les greffons trouvent d'autres utilisa- tions : neurochirurgie, chirurgie maxil- Io-faciale, implantologie dentaire etc. On se trouve ici dane le meme cas de figure que pour les pr61evementsd'or- ganes en vue de greffe : 10 787 t~tes femorales ont ete prelevees en 2003, alors qu'il y a dix fois plus de pose de PTH. Au mieux, on pourrait aug- menter le nombre de prelevements & 40 000-50 000 par an. Biobank developpe un procede de delipidation et d'inactivation virale de I'os cortical, qui sera le premier au monde. Actuellement il n'existe pas de procede valide pour y par- venir. C'est ce qui explique que le prelevement osseux simultane chez un donneur d'organes soit si peu frequent. Des greffons dbs biologiquement s£1rs pour lee chirurgiens. On retiendra que cette societe a pour garantie une s#curit6 biolo- gique des greffons qu'elle propose aux praticiens. J.-M, M, RevueFran?aise des Laboratoires, mars 2005, N ° 371 1 3

Une banque d'os de haute sécurité pour allogreffes

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Page 1: Une banque d'os de haute sécurité pour allogreffes

Vaccin anti-HPV et pr6vention d'un cancer Une ~quipe de recherche franGaise (~) vient de tester positivement I'activit~ d'un vaccin th~rapeutique dirig~ contre le papillomavirus humain 16 (HPV 16), estim~ responsable de 55 % des cancers du co/de I'ut~rus.

D e meme qu'on peut dire que le vaccin anti- hepatite Best un vaccin protegeant contre le

cancer du foie primitif, ce candidat vaccin est con?u pour proteger de ce cancer qui, rappelle-t-on, est le premier cancer & etre reconnu par I'OMS comme etant attribuable & 100 % & une infection. La collaboration entre les chercheurs et medecins fran?ais a permis de demontrer I'efficacite the- rapeutique du vaccin therapeutique, formule qui, on le sait, consiste & stimuler les defenses immu- nitaires quiescentes ou peu effJcaces contre un antigene tumoral, de fa?on & susciter I'appari- tion de cellules NK (tueurs). Pour la constitution de ce vaccin, lee equipes franqaises ont choisi un fragment d'une proteine reconnue oncogene du HPV 16 (responsable de 55 % des cancers du col) couple & une pro- teine immunogene de Bordetella pertussis (agent de la coqueluche). La proteine oncogene du HPV est consideree comme un antigene tumoral, expfi- me des le stade pre-cancereux. Sur un ~ animal de la tumeur hurnaine, on a obser- ve une r~jression de 100o/0 de la tumeur, en une seule

injection et sans adjuvant (aucun traitement associe). L'explication de cette efficacite sur I'animal est & mettre au compte des cellules dendritiques, cellules presentatrices d'antigenes au systeme immunitai- re, qui se revelent particulierement operationnelles (un vaccin candidat anti-VlH est fonde sur leur acti- vite de presentation antigenique).

Cancer du col de I'ut6rus. Tumeur en blanc.

Stable, facile & produire, selon lee auteurs, ce vac- cin pourrait avoir un pendant : un antigene de HPV 18, responsable de 12 % des cancers du col.

En developpement, il pourrait 6tre test6 avec le premier d'ici 2006. Avec ces deux vaccine asso- cies, on pourrait proteger les femmes contre pres de 70 % des cancers du col de I'uterus. Uautre volet de la recherche darts le domaine des vaccins anti-H PV est le developpement de vaccins preventifs destines aux femmee encore indemnes d'infection prouvee. Compte tenu de la frequence de cette infection et de la decouverte de tumeurs in situ, la disponibilite de vaccins therapeutiques se justifie tout autant, lee nou- veaux tests de depistage des HPV en biologie moleculaire (Digene, Roche Diagnostics) etant susceptibles de rendre toutes leurs chances aux patientes.

J.-M. M.

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(1) Eradication of established tumors by vaccination with recombinant Bordetella pertussis adenylate cyclase carrying the human papillomavirus 16 E17 protein, Cancer Research, 15/1/2005. X. Pr6ville, D. Ladant, B. Timmerman, CL Leclerc. BT Pharma, Institut Pasteur ; Inserm E352, Institut Pasteur, CNRS Institut Pasteur.

Une banque d'os de haute s curitd pour allogreffes B iobank est la premiere banque

fran?aise de tissus ayant obtenu en 2003 I'autorisation de I'Afssaps pour son procede de conservation des allogreffes osseuses. Ces allogreffes se pre- sentent sous plusieurs formes, en fonction de la demande des chirur- glens : tetee femorales completes, fragments d'os de forme geome- trique, copeaux, poudres:et gra- nules. Ces greffons prets & I'emploi offrent trois avantages majeurs : ils bene- ficient d'une securisation micro- b io log ique maximale, ils sont exempts de toute trace de tissu medullaire, ils conservent la qua- lite de resistance biomecanique du tissu osseux. Ainsi,cette societe fran?aise peut- elle proposer un materiau de rem- placement fiable, garantissant la

regeneration osseuse des patients candidats & la greffe. Les greffons sont des t6tes femorales prelevees sur des donneurs vivants consentants, & I'occasion de I'im- plantation d'une prothese totale de hanche (PTH) dont 1 O0 000 inter- ventions sont realisees annuelle- ment en France. Ces prelevements sont realises dans lee regles de la chirurgie orthopedique, par des chi- rurgiens partenaires de la societ& Ces regles comportent notamment un bilan serologique complet reali- se par un Labm agree (exterieur & Biobank) pour garantir I 'absence de risque de transmission d'un patho- gene. Uos preleve subit un traitement qui elimine toute trace de tissu non osseux et une procedure d'inactivation vira- le par le 0 0 2 supercritique, qui res- pecte lee qualites biomecaniques de

I'os. Majoritairement utilises dans des interventions or thopediques (arthroplastie, substitution osseuse), les greffons trouvent d'autres utilisa- tions : neurochirurgie, chirurgie maxil- Io-faciale, implantologie dentaire etc. On se trouve ici dane le meme cas de figure que pour les pr61evements d'or- ganes en vue de greffe : 10 787 t~tes femorales ont ete prelevees en 2003, alors qu'il y a dix fois plus de pose de PTH. Au mieux, on pourrait aug- menter le nombre de prelevements & 40 000-50 000 par an. Biobank developpe un procede de delipidation et d'inactivation virale de I'os cortical, qui sera le premier au monde. Actuellement il n'existe pas de procede valide pour y par- venir. C'est ce qui explique que le prelevement osseux simultane chez un donneur d'organes soit si peu frequent.

Des greffons dbs biologiquement s£1rs pour lee chirurgiens.

On retiendra que cette societe a pour garantie une s#curit6 biolo- gique des greffons qu'elle propose aux praticiens.

J.-M, M,

Revue Fran?aise des Laboratoires, mars 2005, N ° 371 1 3

Page 2: Une banque d'os de haute sécurité pour allogreffes

essaieront, sans succ~s, de cultiver la bacterie en laboratoire. Cette bac- terie est en fait halophile et neces- site done un milieu tres riche en sel pour se developper, C'est donc dens un milieu de culture tres pauvre en nutriments mais trOs fiche en sel (18 °/0), que chercheurs neer- landais et australiens sont parvenus & faire pousser la bacterie, dont la croissance est done possible mais reste tres lente : il faut attendre ici de 24 & 4B h pour que la croissance double. En comparaison Escherichia coil se rOplique en 20 min. Les scientifiques n'excluent pas I'exis- tence d'autres microorganismes, halophiles, dans des milieux hyper- sales tres particuliers comme celui de Jupiter ou d'autres planetes du systeme solaire. Les travaux scien- tifiques effectues sur d'autres pia- netes permettront peut-etre un jour de reveler I'existence de micro- organismes jusque-I& inconnus.

,, News in brief ,,, Nature 431 (14/10/04)

730

La thymosine, une protdine qui repare du myocarde • La r~paration des lesions myo- cardiques d'origine ischemique pourrait beneficier des proprietes de la thymosine beta 4, une proteine recemment identifi~e chez I'homme. Cette proteine est dejA connue pour son rOle dans le developpement de rembryon en stimulant la mobilite cellulaire et rorganogenese. Chez I'adulte, elle stimule le processus de cicatrisation de la cornee et de la peau et I'angiogenese (neo-vascu- larisation). La maladie coronarienne (angor, infarctus) est une des premieres causes de deces dans les pays industrialises. On estime & plus de 1B millions le nombre de sujets coronariens aux I~tats-Unis. Apres un infarctus, les cellules myocardiques (cardiomyocytes) ne peuvent se regenerer, ce qui favorise I'apparition & terme d'une insuffisance cardiaque chronique. Les strategies actuellement expe- rimentees consistent A transferer des cellules musculaires prele-

vees sur le patient lui-meme ou des cellules souches cardiaques apres replication in vitro, male leur action sur la reparation du tissu cardiaque ne semble pas satisfaisante, surtout dans de conditions pathologiques. La technique utilisant la thymo- sine I]4 vient d'etre evaluee avec succes, cette proteine etant capable de stimuler la migration des cardiomyocytes et des cellules endotheliales et d'aug- menter la survie des cellules cardiaques. Testee sur des sou- ris ayant subi une lesion des arteres coronaires, I'injection de cette proteine favorise la survie des cellules du tissu cardiaque et ameliore la fonction pompe myo- cardique. Elle stimule en fait la capacite naturelle des cellules souches cardiaques & reparer les lesions myocardiques. L'~tude menee montre donc que la thymosine a une action reparatrice du tissu cardiaque. Des etudes chez I'homme indiqueront peut-etre s'il s'agit d'un nouveau traitement dans rinfarctus du myocarde.

L Marquette, A. Saxena, Nature 432 (25/11/04.)

466-472

Une nouvelle bacterie halophile @ Le monde de la biologie a ceci de passionnant, d'etre en perpetuelle evolution et d'offrir & tousles scien- tifiques la possibilite de decouvrir de nouveaux mecanismes cellu- laires jusque 14 inconnus, voire de nouvelles formes de vie. La bacte- riologie vient de livrer un de ses secrets & deux equipes, I'une neer- landaise, I'autre australienne, qui publient simultanement les resultats de leurs travaux dans deux revues de microbiologie : Environmental Microbiology et Microbiology Letters. Une nouvelle bacterie nom- mee Walsby's square archaeon a pu ~tre cultivee en laboratoire, apr~s 24 ans de recherche. Sa decouverte remonte en felt 1980, date a. laquelle le microbio- Iogiste britannique A. Walsby observe pour la premiere fois pros de la Mer Rouge, etendue d'eau hypersalee, une bacterie assez etrange, de forme carree, ressem- blant ~ un timbre-poste. Pendant des annees les microbiologistes

sans dange pou f tus • On sait que les rayons X sont nocifs pour la femme enceinte et le foetus, les radiographies etant contre-indiquees pendant la gros- sesse. Les effets des ultrasons sont moins bien connus, leur usage n'etant courant que depuis quelques decennies. Or depuis quelques annees, on a tendance ~. augmenter le nombre des echo- graphies obstetricales Iors du suivi des grossesses, parfois pour des raisons non medicales, comme pour un, portrait prenatal ,, destine aux parents. Une equipe australienne a cherche & savoir si des echographies repe- tees seraient nocives pour I'embryon et le foetus, influen(:;ant la taille & la naissance et le developpement de I'enfant au cours de ses premieres annees. I'etude a suivi pros de B 000 enfants, de la periode pre- natale jusqu'~ I'&ge de 8 ans. Des leur grossesse, les meres ont ere reparties en deux groupes, le pre- mier n'ayant qu'une seule echogra-

14 Revue Fran~aise des Laboratoires, mars 2005, N ° 371