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Une des Esquoyères en Queyras

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PREFACE

Ce livre que vous allez découvrir, ne le lisez pas, écoutez- le ! C'est votre voisine, vous savez la dame âgée qui habite la ferme d'à côté qui vous parle, avec son accent du Queyras, à la fois rocailleux et chantant, son vocabulaire bien à elle, émaillant son discours de savoureux mots de patois.

Madame MEISSIMILLY se souvient. Son étonnante mémoire lui permet de raconter avec une précision quasi mathé- matique les détails de la vie quotidienne au début du siècle dans le Queyras et en particulier dans son village, LES ESCOYERES.

Cet ouvrage est un document précieux qui, n'en doutons pas, aura bientôt valeur de référence. Mais si les propos sont simples et précis, ils n'ont rien de scolaire, car ils sont chargés d'émotions.

Madame MEISSIMILLY parle avec son cœur et son inté- grité. Elle est de ces êtres que les difficultés de la vie et les "coups durs" n'ont pas aigri, au contraire ils lui ont appris la tolérance et la générosité.

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Elle se place au-dessus des batailles de clochers et des que- relles de clans, qu'elle sait mesquines, stériles et passagères comme les êtres qui les ont provoquées.

Si vous avez l'âge de Madame MEISSIMILLY, c'est avec une douce nostalgie que vous revivrez ce passé ; les travaux des champs, les tours de corvée, les veillées, la messe de minuit, la chasse... ou le braconnage, la foire de la St-Luc à Guillestre ; Ah ! la foire de St-Luc !

Si vous n'avez pas connu cette époque, vous découvrirez avec stupeur un mode de vie que vous ne soupçonniez pas et qui pourtant a été celui des parents et des grands-parents que vous côtoyez quotidiennement. Non, ils ne radotent pas, leur vie était encore plus dure et plus aride que vous l'imaginiez. Mais ils sont d'une race qui ne se plaint pas.

Enfin si comme moi vous n'êtes pas nés ici, les superbes paysages du Queyras, un peu imposants parfois, s'animeront d'une vie humaine riche et émouvante. La lecture de ce livre soulèvera un coin du voile de silence et de pudeur dont s'entou- rent les gens du pays.

On comprend désormais mieux leur façon de vivre aujourd'hui.

Comment après cela ne pas aimer encore davantage cette vallée et ses habitants.

Merci, Madame MEISSIMILLY. Françoise BASCOU-LE-LEER

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Jean MEISSIMILLY - juin 1982 aux Escoyères

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AVANT-PROPOS

J y

AIMERAIS essayer de vous raconter l'histoire de ma vie et celle de mon village, les ESCOYERES, que j'aime tant, aussi simplement que possible, au fil de mes souvenirs récents ou

anciens. J'aimerais également vous faire partager l'émotion que j'ai ressentie aux récits des anciens et je prie mes compatriotes de bien vouloir m'excuser si quelque fait leur semble un peu extravagant, raconté longtemps après qu'il se soit produit. J'essaierai de mettre dans mon récit autant de vérité que pos- sible.

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Le Rocher de l'Ange gardien

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VISITE DE LA COMBE DU QUEYRAS

p OUR découvrir le village des ESCOYERES, en venant de la vallée de la Durance, le voyageur passera devant la place forte de MONTDAUPHIN, construite par VAUBAN

(comme chacun sait) à partir de 1693. Cet ouvrage militaire, construit sur un "Pouding " de rochers au bord du Guil, torrent parcourant la vallée principale du Queyras. Situé à 1 040 mètres d'altitude, le fort barrait à la fois la vallée du Guil et celle de la Durance aux envahisseurs éventuels. Cet énorme ouvrage était tellement dissuasif qu'il ne fut pratiquement jamais attaqué. Au pied du rempart se trouve le village d'EYGLIERS. Le voya- geur traversera ensuite la ville de GUILLESTRE, porte du Queyras, lieu de passage, de rencontres, ah, les foires de GUIL- LESTRE... mais j'en parlerai plus avant dans mon récit. Dans cette ville, il faut voir l'église, très belle, très ancienne, les amoureux des vieilles pierres seront ravis.

Passer la Place Sainte Catherine, se rendre au lieu-dit LA VISTE sur la route menant dans le Queyras. Là, s'arrêter et se régaler la vue sur le village d'EYGLIERS, MONTDAUPHIN et, de l'autre côté de la Durance, les chalets de REOTIER. La nou- velle route a été tracée en contrebas de l'ancien chemin

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carrossable et de l'unique sentier muletier. Elle surplombe le Guil qui coule au fond des gorges ses eaux vertes. Impression- nante, sinueuse, cette route en corniche avec ses tunnels succé- dant aux surplombs vertigineux. Après le troisième tunnel creusé dans le rocher des TOURNIQUETS, on arrive ensuite à la Maison du Roy. Le vieux sentier, lui, descendait par des escaliers taillés dans le roc en tournants (d'où TOURNIQUETS). C'était un passage très dangereux l'hiver, lorsque le sentier était gelé. Les muletiers, pour éviter que leurs mulets ne glissent, éten- daient des couvertures sous leurs pas. Ce n'était pas toujours suffisant. On raconte qu'un prêtre, fuyant vers le Queyras ne put retenir son cheval et fut emporté dans le Guil. L'endroit du drame porte d'ailleurs le nom de "Saut du Prêtre".

A la Maison du Roy, se trouve une enseigne portant l'ins- cription : "A la Maison du Roy, i l'entrée du Queyras, on loge à pied et d cheval chez BERARD ' '.

Louis XIII, se rendant en Italie en 1629, se serait arrêté là le 28 février, au pont la Pierre ; on lui aurait servi une omelette et il trouva les œufs bien chers. Il aurait fait la réflexion: "Les œufs sont donc bien rares dans votre pays " sur quoi il lui aurait été répondu: "Ce ne sont pas les œufs qui sont rares... c'est Votre Majesté..."

Au pont du Cristillan, vers la droite, on arrive à CEILLAC mais pour tout de même arriver aux ESCOYERES, il faut pren- dre à gauche en longeant le Guil puis en le traversant, on se retrouve rive droite, en empruntant un pont qui portait le nom de "Male/osse", On suit maintenant le Guil à son niveau; fini le vertige, mais quelle vue sur la vallée du Queyras, si pittores- que, ruisseaux se jetant dans le Guil, bois de pins, rochers déchiquetés, prairies fleuries. Il y a cent ans seulement cette route n'existait pas. A sa place, un sentier muletier rendu très dangereux par la glace l'hiver et les chutes de pierres en été ainsi que par les torrents grossis par la pluie et la fonte des neiges, permettait de circuler. La vallée du Queyras ne cédait pas volon- tiers devant le visiteur.

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A plus de deux lieues, la route franchit le ruisseau de la Valette qui s'est frayé un passage étroit et profond dans le flanc de la montagne (calcaire très dur). On passe ensuite rive gauche pour éviter le "Pas de la Mort". C'était le morceau de route le plus dangereux de l'ancien chemin. Les gens du pays n'en par- laient jamais sans frémir.

Dans l'ancien temps, la combe était aussi le domaine des brigands et du Diable. On racontait leurs méfaits aux veillées d'hiver. Mon grand-père nous racontait l'histoire d'un "beur- rier" qui voyait toujours le diable le suivre la nuit. Une fois, excédé, il se retourna et dit à son persécuteur : "Que me vo tu ? A siou l'Estrè Suprème (que me veux-tu ? Je suis l'Etre Suprême) " et, prononçant quelques mots cabalistiques, il vit le diable s'envoler pour ne plus revenir.

On raconte aussi qu'un charretier s'était débarrassé d'un loup (il y en avait beaucoup en ce temps-là) en laissant traîner une corde derrière lui. Le loup, se méfiant de cet objet, fut effrayé et s'enfuit... Et aussi, qu'un pauvre diable qui revenait de la foire avait été accosté par un détrousseur de grands che- mins et n'avait dû son salut qu'à l'arrivée providentielle d'un autre charretier...

Un peu en amont, on franchit le ruisseau de.FURFANDE, qui vient du vallon du même nom. Là, quelques champs travail- lés indiquent que l'on approche d'un village. Rive gauche, la combe s'élàrgit un peu et l'on aperçoit les groupes de maisons qui forment le village de BRAMOUSSE, les Chagnards, les Gar- cins, Le Serre, puis le Pontêt. Situé sur la rive gauche du Guil, BRAMOUSSE fait partie de la commune de GUILLESTRE. Face au village, à mi-côte, se trouve le village de MONT BARDON appartenant à la commune de CHATEAU VILLE VIEILLE. Sur la gauche, le chemin des ESCOYERES, dont il sera question fort souvent et qui fait partie de la commune d'ARVIEUX, ainsi que le VEYER. Celui-ci est situé à 12 kilomètres 250 de GUILLES- TRE. Il est composé de quelques maisons groupées autour de

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l'Eglise Saint-Claude, siège de la paroisse, créée en 1475, regroupant BRAMOUSSE, les ESCOYERES et la CHAPELUE ; plus tard, MONT BARDON, n'ayant plus de prêtre, a rejoint la paroisse du VEYER.

A l'heure actuelle, le VEYER ayant été détruit par les inon- dations de 1957, il ne reste plus que l'église et le cimetière. Une famille loge encore dans la Cure et a comme potager le petit bout de terrain attenant à l'église.

En continuant la route, on arrive à LA CHAPELUE, com- mune de CHATEAU VILLE VIEILLE. Face à LA CHAPELUE, côté rive gauche du Guil, se détache le chemin qui, par de nom- breux lacets, permet d'accéder au village de MONT BARDON, saint patron Saint THEOFFREY. Longtemps inhabité, deux familles y demeurent maintenant en permanence et quelques autres y viennent l'été. L'une de ces familles tient l'auberge "Le Cadran Solaire" où l'on reçoit l'accueil le plus charmant qu'il soit.

Après la CHAPELUE, s'ouvre le défilé des "crupies" (crè- ches) baptisé ainsi en raison des excavations creusées dans le rocher par le torrent, excavations disparues lors de la construc- tion de la route carrossable.

Cette seconde partie de la combe fait frémir ceux qui s'y aventurent pour la première fois. Les rochers surplombant la route sont d'une telle hauteur, piqués de sapins, que le soleil lui-même ne s'y engage jamais l'hiver et très peu l'été. On dirait de grande mâchoires qui veulent enserrer ROCHEBRUNE qu'on devine dans le lointain.

Encore une fois, dans les temps anciens, il n'y avait en fait de route qu'un mauvais sentier sinueux, rongé par les eaux du Guil, et les rochers, effroyablement inclinés l'un vers l'autre, semblaient n'attendre que le passage d'un voyageur pour se refermer et l'engloutir à jamais.

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On atteint enfin le Pont la Tête, qui marque la fin de la combe et du cauchemar. Là, l'horizon s'élargit, on respire enfin librement, les pen-

tes sont moins abruptes et sur la gauche s'étend la belle forêt de la FUSINE.

Toujours plus en amont, la route franchit le torrent de l'Aiguë d'Arvieux, qui se jette dans le Guil. La route semble se heurter ensuite à un mamelon conique appelé "Rocher de l'Ange Gardien ' ' ainsi nommé car il semble monter la garde au milieu de la vallée étroite.

Entre deux lacets, on voit s'élever le monument aux Morts du Queyras de la Guerre 14-18. Pyramide à 8 faces, sur sept de ces faces sont inscrits les noms des morts de chaque commune dans l'ordre suivant: CHATEAU VILLE VIEILLE, 31 morts; MOLINES, 34; RIS- TOLAS, 22; ABRIES, 28; SAINT VERAN, 30; AIGUILLES, 23 ; ARVIEUX, 42.

210 morts pour cette vallée du Queyras, et il ne s'agit là que des hommes qui ne sont pas revenus, d'autres, beaucoup d'autres sont morts après la guerre des séquelles de blessures ou gazés, comme mon oncle.

Sur la huitième face, un guerrier gaulois nu, appuyé sur une épée. A ses pieds, l'inscription suivante "PAX GALLIA" A ses braves du Queyras. 1914-1918.

Sur la face de la commune de RISTOLAS est gravée cette phrase : ' Du col proche de ce tertre, ils ont jeté un dernier regard d'adieu sur leurs foyers. C'est ici que le sacrifice a été consenti'

Après avoir rendu hommage à ses morts, la route reprend la direction de la vallée du Guil. Au col même se trouve l'ora- toire de l'Ange Gardien que les gens de la Vallée avaient fait construire pour les protéger des dangers qui les menaçaient tou- tes les fois qu'ils étaient obligés de traverser cette affreuse combe du Queyras.

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Antoinette MEISSIMILLY, née GARCIN, au vil- lage des ESCOYERES, commune d'ARVIEUX, QUEYRAS, le 11 SEPTEMBRE 1911.

Son père, Pierre GARCIN, meurt jeune, laissant son épouse Marie seule pour élever 6 enfants, le der- nier ayant à peine 1 an.

Antoinette se marie le 7 mai 1936, avec Jean MEISSIMILLY, cultivateur à VILLARD GAUDIN, commune d'ARVIEUX.

Elle nous raconte sa vie de paysanne, d'une manière très simple, mais quelle richesse de souvenirs. Son livre fourmille d'histoires, d'anecdotes, de con- tes, de légendes. En sa compagnie nous découvrons un monde pas si lointain dans le temps, mais telle- ment éloigné dans la manière de vivre. La vie quoti- dienne dans le QUEYRAS depuis l'aube du siècle jusqu'à nos jours, vie rude, vie de travail acharné, mais vie de fêtes, de veillées.

Après la lecture de cet ouvrage, un coin du voile de mystère recouvrant le passé se lève pour nous.

Prix: 60 F

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