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infectiologie | actualités 5 OptionBio | Lundi 25 janvier 2010 | n° 429 Une hypothèse infectieuse pour la colique du nourrisson rus A/H1N1 rus A/H1N1 Le vir Le vir le test le test dans dans SENS EasyQ SENS EasyQ NucliS NucliS ® ® enza A/B enza A/B Influe Influe La prévention des pathologies infantiles dues à H. influenzae est possible H aemophilus influenzae de type b représente une cause fréquente de pathologies sévères chez l’enfant à travers le monde. Les manifestations les plus fréquentes sont les pneumonies et les méningites, mais il existe aussi des épiglottites, des infections des tissus mous, des os, des articulations ou d’autres sites. Un vaccin conjugué efficace existe depuis 20 ans. Il a permis d’éliminer complètement les infections à Haemophilus influenzae de type b à la fois dans les pays indus- trialisés mais aussi dans les pays en voie de développement où le vaccin est utilisé en routine. Ce vaccin permet aussi de réduire le portage nasopha- ryngé asymptomatique et de protéger ainsi les sujets non vaccinés même si la couverture vaccinale est modérée, autour de 40 à 50 %. Une étude vient d’être réalisée par une équipe de chercheurs internatio- naux afin d’évaluer précisément les conséquences des infections dues à Haemophilus influenzae de type b et d’aider les programmes de santé publique à évaluer leurs priorités. Plu- sieurs données ont été recherchées chez les enfants âgés de moins de 5 ans au cours de l’année 2000 comme l’incidence des infections dues à ce germe, la proportion de cas fatals, l’âge de distribution et l’effica- cité du vaccin. Les résultats montrent qu’Haemophilus influenzae de type b est responsable d’environ 8,13 mil- lions de cas de pathologies sévères à travers le monde. Chez les enfants âgés entre 1 mois et 5 ans, cette bactérie a provoqué 371 000 décès, dont 2 % chez des sujets infectés par le VIH. Les conséquences de ces infections sont donc importantes et peuvent être entièrement prévenues par le vaccin. Il est donc nécessaire de favoriser l’utilisation de ce vac- cin à grande échelle afin de réduire l’incidence des pneumonies et des méningites infantiles et de diminuer la mortalité chez les enfants âgés de moins de 5 ans. Quelques impréci- sions persistent cependant au sujet des répercussions de ces infections dans certaines régions d’Asie. | OPHÉLIE MARAIS Médecion biologiste, Paris [email protected] Source Watt JP, Wolfson LJ, LJ, O’Brien KL et al. Burden of disease caused by Hi type b in children younger than 5 years: global estimates. Lancet. 2009 ; 374 (9693) : 903-11. L es coliques du nourrisson – ou du premier trimestre – sont défi- nies par des cris inexpliqués sur- venant chez un enfant par ailleurs en bonne santé, âgé de moins de 3 mois, pleurant plus de 3 heures par jour, au moins 3 jours par semaine, affectant 8 à 33 % des petits. Leur résolution est complète entre 4 et 5 mois. Parmi d’autres, l’hypothèse de fermentations coliques est souvent envisagée. Des chercheurs américains ont étudié 19 patients souffrant de coliques en comparaison de 17 contrôles. L’étude a compris la mesure de l’hydrogène, du méthane et du CO 2 dans l’air expiré, le dosage de la calprotectine fécale, qui mesure l’inflammation intestinale, et l’identification de la flore fécale par groupes de germes grâce aux études génomiques après dénaturation en gel d’électrophorèse, clonage et séquençage. La calprotectine était en moyenne 2 fois plus élevée chez les patients en comparaison des contrôles : 413 ± 71 contre 197 ± 46 μg/g de selles. La moitié des patients avaient une aug- mentation de l’hydrogène dans l’air expiré avant les repas, indépendam- ment du régime, ce qui pourrait être le reflet d’une pullulation microbienne ou de fermentations coliques. Les selles des enfants souffrant de coliques contenaient moins de popu- lations bactériennes que les contrô- les. Les klebsielles ont été identifiées chez 8 patients et un seul contrôle. Le groupe Enterobacter/Pantoea qui peut inhiber le Clostridium difficile n’a été détecté que chez les contrô- les. Ces différences n’ont pu être attribuées aux régimes, lait de mère ou lait artificiel ou hydrolysat ni à des antibiotiques. Il est cependant impos- sible de préciser si l’inflammation résulte des perturbations microbien- nes ou l’inverse par l’intermédiaire des médiateurs de l’inflammation. Ainsi, les coliques du nourrisson pourraient résulter d’une inflamma- tion intestinale et d’une flore fécale moins diversifiée. | JEAN-JACQUES BAUDON, © www.jim.fr Source Rhoads JM, Fatheree NY, Norori J et al. Altered microflora and increased fecal calprotectin in infants with colic. J Pediatr. 2009 ; 155 : 823-8.

Une hypothèse infectieuse pour la colique du nourrisson

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5OptionBio | Lundi 25 janvier 2010 | n° 429

Une hypothèse infectieuse pour la colique du nourrisson

rus A/H1N1 rus A/H1N1Le virLe virle testle testdans dansSENS EasyQSENS EasyQNucliSNucliS ®®QQQenza A/Benza A/BInflueInflue

L i A/H1N1

La prévention des pathologies infantiles dues à H. influenzae est possible

H aemophilus influenzae de type b représente une cause fréquente de pathologies

sévères chez l’enfant à travers le monde. Les manifestations les plus fréquentes sont les pneumonies et les méningites, mais il existe aussi des épiglottites, des infections des tissus mous, des os, des articulations ou d’autres sites. Un vaccin conjugué efficace existe depuis 20 ans. Il a

permis d’éliminer complètement les infections à Haemophilus influenzae de type b à la fois dans les pays indus-trialisés mais aussi dans les pays en voie de développement où le vaccin est utilisé en routine. Ce vaccin permet aussi de réduire le portage nasopha-ryngé asymptomatique et de protéger ainsi les sujets non vaccinés même si la couverture vaccinale est modérée, autour de 40 à 50 %. Une étude vient d’être réalisée par une équipe de chercheurs internatio-naux afin d’évaluer précisément les conséquences des infections dues à Haemophilus influenzae de type b et d’aider les programmes de santé publique à évaluer leurs priorités. Plu-sieurs données ont été recherchées chez les enfants âgés de moins de 5 ans au cours de l’année 2000 comme l’incidence des infections dues à ce germe, la proportion de cas fatals, l’âge de distribution et l’effica-cité du vaccin. Les résultats montrent qu’Haemophilus influenzae de type b

est responsable d’environ 8,13 mil-lions de cas de pathologies sévères à travers le monde. Chez les enfants âgés entre 1 mois et 5 ans, cette bactérie a provoqué 371 000 décès, dont 2 % chez des sujets infectés par le VIH. Les conséquences de ces infections sont donc importantes et peuvent être entièrement prévenues par le vaccin. Il est donc nécessaire de favoriser l’utilisation de ce vac-cin à grande échelle afin de réduire l’incidence des pneumonies et des méningites infantiles et de diminuer la mortalité chez les enfants âgés de moins de 5 ans. Quelques impréci-sions persistent cependant au sujet des répercussions de ces infections dans certaines régions d’Asie. |

OPHÉLIE MARAIS

Médecion biologiste, Paris

[email protected]

SourceWatt JP, Wolfson LJ, LJ, O’Brien KL et al. Burden of disease caused by Hi type b in children younger than 5 years: global estimates. Lancet. 2009 ; 374 (9693) : 903-11.

Les coliques du nourrisson – ou du premier trimestre – sont défi-nies par des cris inexpliqués sur-

venant chez un enfant par ailleurs en bonne santé, âgé de moins de 3 mois, pleurant plus de 3 heures par jour, au moins 3 jours par semaine, affectant 8 à 33 % des petits. Leur résolution est complète entre 4 et 5 mois. Parmi d’autres, l’hypothèse de fermentations coliques est souvent envisagée.Des chercheurs américains ont étudié 19 patients souffrant de coliques en comparaison de 17 contrôles. L’étude a compris la mesure de l’hydrogène, du méthane et du CO2 dans l’air expiré, le dosage de la calprotectine fécale, qui mesure l’inflammation intestinale, et l’identification de la

flore fécale par groupes de germes grâce aux études génomiques après dénaturation en gel d’électrophorèse, clonage et séquençage.La calprotectine était en moyenne 2 fois plus élevée chez les patients en comparaison des contrôles : 413 ± 71 contre 197 ± 46 μg/g de selles. La moitié des patients avaient une aug-mentation de l’hydrogène dans l’air expiré avant les repas, indépendam-ment du régime, ce qui pourrait être le reflet d’une pullulation microbienne ou de fermentations coliques. Les selles des enfants souffrant de coliques contenaient moins de popu-lations bactériennes que les contrô-les. Les klebsielles ont été identifiées chez 8 patients et un seul contrôle.

Le groupe Enterobacter/Pantoea qui peut inhiber le Clostridium difficile n’a été détecté que chez les contrô-les. Ces différences n’ont pu être attribuées aux régimes, lait de mère ou lait artificiel ou hydrolysat ni à des antibiotiques. Il est cependant impos-sible de préciser si l’inflammation résulte des perturbations microbien-nes ou l’inverse par l’intermédiaire des médiateurs de l’inflammation.Ainsi, les coliques du nourrisson pourraient résulter d’une inflamma-tion intestinale et d’une flore fécale moins diversifiée. |

JEAN-JACQUES BAUDON, © www.jim.fr

SourceRhoads JM, Fatheree NY, Norori J et al. Altered microflora and increased fecal calprotectin in infants with colic. J Pediatr. 2009 ; 155 : 823-8.