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formation | épidémiologie 12 OptionBio | Lundi 10 novembre 2008 | n° 408 L e département des maladies infectieuses de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) coordonne la surveillance de la grippe en France. Ce dispositif s’appuie sur plusieurs systèmes de surveillance aux objectifs complémentaires : – la surveillance de la grippe dans la communauté est assurée par deux réseaux de médecins libéraux, le réseau Sentinelles et le réseau des groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog) ; – la surveillance des formes sévères de grippe s’appuie sur le suivi des passages aux urgences hospitalières et des hospita- lisations pour grippe clinique (données transmises quotidien- nement à la cellule de coordination des alertes de l’InVS, le réseau Oscour s’appuyant sur 32 établissements hospitaliers en France métropolitaine) ; – la surveillance des décès par grippe clinique (réseau de 22 Ddass) ; – la surveillance virologique assurée par les centres nationaux de référence des virus influenza ainsi que par les laboratoi- res hospitaliers de virologie partenaires des Grog ou le Rénal (Réseau national des laboratoires hospitaliers) ; La surveillance des foyers d’infections respiratoires aiguës (IRA) survenues en collectivités de personnes âgées est réalisée à travers les signalements émis par les établissements (Ddass, CClin, etc.). Des durées épidémiques différentes (semaine 6) avec une incidence de 615 cas de consultations neuf semaines d’épidémie, le réseau Sentinelles a estimé que 2,1 millions de personnes ont consulté leur médecin généraliste pour un syndrome grippal. Le sexe-ratio homme/femme était de L’efficacité vaccinale de terrain contre les syndromes grippaux a été de 72 % chez les moins de 65 ans et de 57 % au-delà. incidences hebdomadaires des consultations pour infections respiratoires sont restées modérées. Une faible proportion d’hospitalisation Dans les services d’urgence participant à la surveillance, augmentation des passages pour grippe clinique a été rapportée - sations pour grippe clinique après passage aux urgences a atteint Selon les données du réseau Sentinelles, la proportion d’hos- pitalisations suite à une consultation de médecine générale est restée faible (<1 %) ; Peu de décès (inférieur au seuil d’alerte). L’âge médian des patients décédés 6 en maison de retraite et 13 en établissement de santé. Un type A-H1N1 majoritaire Ces virus provenaient pour 53 % de prélèvements hospitaliers communautaires effectués étaient positifs pour la grippe et le sur la période épidémique définie par les Grog. par une circulation très majoritaire de virus influenza de type A La circulation de virus influenza de type B a été plus tardive une queue d’épidémie prolongée. grippaux a révélé 61,7 % de virus de type A-H1N1 (la majorité des souches se distinguant antigéniquement de la souche vac- de virus de type B (essentiellement du lignage B/ Yamagata). Une saison grippale 2007-2008 modérée selon les réseaux de surveillance La saison épidémique grippale 2007-2008 a été modérée en France, avec peu d’hospitalisations et peu de décès. Le virus le plus fréquemment trouvé est le virus influenza de type A-H1N1. On déplore cependant toujours une couverture vaccinale insatisfaisante des professionnels de santé, victimes et vecteurs du virus.

Une saison grippale 2007-2008 modérée selon les réseaux de surveillance

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formation | épidémiologie

12 OptionBio | Lundi 10 novembre 2008 | n° 408

Le département des maladies infectieuses de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) coordonne la surveillance de la grippe en France. Ce dispositif s’appuie sur plusieurs

systèmes de surveillance aux objectifs complémentaires :– la surveillance de la grippe dans la communauté est assurée par deux réseaux de médecins libéraux, le réseau Sentinelles et le réseau des groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog) ;– la surveillance des formes sévères de grippe s’appuie sur le suivi des passages aux urgences hospitalières et des hospita-lisations pour grippe clinique (données transmises quotidien-nement à la cellule de coordination des alertes de l’InVS, le réseau Oscour s’appuyant sur 32 établissements hospitaliers en France métropolitaine) ;– la surveillance des décès par grippe clinique (réseau de 22 Ddass) ;– la surveillance virologique assurée par les centres nationaux de référence des virus influenza ainsi que par les laboratoi-res hospitaliers de virologie partenaires des Grog ou le Rénal (Réseau national des laboratoires hospitaliers) ;La surveillance des foyers d’infections respiratoires aiguës (IRA) survenues en collectivités de personnes âgées est réalisée à travers les signalements émis par les établissements (Ddass, CClin, etc.).

Des durées épidémiques différentes

(semaine 6) avec une incidence de 615 cas de consultations

neuf semaines d’épidémie, le réseau Sentinelles a estimé que 2,1 millions de personnes ont consulté leur médecin généraliste pour un syndrome grippal. Le sexe-ratio homme/femme était de

L’efficacité vaccinale de terrain contre les syndromes grippaux a été de 72 % chez les moins de 65 ans et de 57 % au-delà.

incidences hebdomadaires des consultations pour infections respiratoires sont restées modérées.

Une faible proportion d’hospitalisationDans les services d’urgence participant à la surveillance,

augmentation des passages pour grippe clinique a été rapportée -

sations pour grippe clinique après passage aux urgences a atteint

Selon les données du réseau Sentinelles, la proportion d’hos-pitalisations suite à une consultation de médecine générale est restée faible (<1 %) ;

Peu de décès

(inférieur au seuil d’alerte). L’âge médian des patients décédés

6 en maison de retraite et 13 en établissement de santé.

Un type A-H1N1 majoritaire

Ces virus provenaient pour 53 % de prélèvements hospitaliers

communautaires effectués étaient positifs pour la grippe et le

sur la période épidémique définie par les Grog.

par une circulation très majoritaire de virus influenza de type A

La circulation de virus influenza de type B a été plus tardive

une queue d’épidémie prolongée.

grippaux a révélé 61,7 % de virus de type A-H1N1 (la majorité des souches se distinguant antigéniquement de la souche vac-

de virus de type B (essentiellement du lignage B/ Yamagata).

Une saison grippale 2007-2008 modérée selon les réseaux de surveillance

La saison épidémique grippale 2007-2008 a été modérée en France, avec peu d’hospitalisations et peu de décès. Le virus le plus fréquemment trouvé est le virus influenza de type A-H1N1. On déplore cependant toujours une couverture vaccinale insatisfaisante des professionnels de santé, victimes et vecteurs du virus.

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Le fait marquant de la saison

en évidence de la circulation de virus de type A-H1N1, naturellement résistants à l’oseltamivir (Tamiflu®)

des pourcentages allant de 1 % pour l’Italie jusqu’à 67 % pour la Norvège. La France se situe au 3e rang avec

résistants sur l’ensemble des échan-tillons testés.Les virus isolés sont toujours sensibles au zanamivir (autre antiviral inhibiteur de la neuraminidase) et à l’amanta-dine (inhibiteur bloquant la protéine M2 des virus de type A). Depuis leur mise sur le marché en 1995, les inhi-biteurs de la neuraminidase ont été très peu utilisés en France.

Au cours des cinq dernières années,

circulation de virus A-H1N1 antigé-niquement apparentés à la souche

Tous les isolats étaient sensibles aux inhibiteurs de la neuraminidase. Les

étaient antigéniquement différents du prototype précédent et dérivent de la souche de référence A/Solo-

L’apparition des souches résistantes à l’oseltamivir était concomitante à la circulation de ce nouveau variant A-H1N1. La résistance a été mise en évidence par un test fluorimétrique in vitro permettant de mesurer la

)

des inhibiteurs de neuraminidase sur les virus grippaux. Les princi-pales mutations de cette résistance concernaient le gène codant la neu-

connue pour conférer un haut niveau de résistance à l’oseltamivir aux virus grippaux). Cette même muta-tion de résistance a été décrite pour des virus A-H5N1 isolés de patients atteints de grippe aviaire.

-dient géographique du pourcentage de virus H1N1 résistants à l’osel-tamivir (Nord-Ouest 61 %, Île-de-

Au cours de la surveillance, il a été constaté une progressive augmen-tation du pourcentage de souches

Aucune différence clinique n’a été constatée entre les patients infectés par les virus résistants ou sensibles, il en va de même pour la surmorbi-dité ou la surmortalité.La fréquence importante de virus naturellement résistants à l’oselta-

été inattendue et les raisons de cette émergence restent inexpliquées.Il est possible qu’une souche résis-tante ait émergé spontanément ou chez un patient traité par l’oselta-mivir et ait continué à se propager dans la collectivité. |

CHANTAL BERTHOLOM

Émergence de virus A-H1N1 naturellement résistants à l’oseltamivir

Des souches de virus influenza A-H1N1 présentant une résis-tance à l’oseltamivir ont été identifiées par les CNR (encadré).

-tivités de personnes âgées ont été signalés à l’InVS. Il a été mis en évidence une forte saisonnalité (décembre à mars) des épisodes signalés, avec une augmentation du nombre d’épisodes dès la

en fin d’épidémie de grippe alors que le virus influenza B était encore actif en France. Les rôles du type viral, de la circulation de virus de type B non couverts par le vaccin et d’une diminution de l’immunité vaccinale en fin de saison restent à déterminer.

syncytial ait été à l’origine de certains foyers.

Couverture vaccinale et grippe clinique

vaccinale moyenne contre la grippe des résidents de collecti-

Des membres du personnel de ces collectivités ont été tou-

-cinale moyenne contre la grippe des membres du personnel était de 37 %.Comme la saison précédente, il est apparu que si les couver-tures vaccinales antigrippales des résidents ont été générale-ment élevées celles des professionnels de ces établissements sont restées insuffisantes bien que ces professionnels soient touchés dans plus de la moitié des épisodes et qu’ils puissent avoir un rôle dans l’introduction ou la diffusion des virus dans la collectivité.Les observations ont montré que les délais de mise en place des mesures de contrôle restent généralement trop longs (6,9 jours en moyenne), alors que, selon les recommandations, ces mesu-res doivent être mises en place dès le premier cas d’IRA.

En conclusion-

litaine par une épidémie grippale modérée survenue entre

moyennes des épidémies anciennes. |

CHANTAL BERTHOLOM

professeur de microbiologie

École nationale de physique-chimie-biologie, Paris (75)

[email protected]

SourceVaux S, Valette M, Enouf V et al. Surveillance épidémiologique et virologique de la grippe en France : saison 2007-2008. BEH. 9/09/2008 ; 34 : 301-4.

Vaccins 2008/2009En février 2008, l’OMS a recommandé que trois nouvelles souches grippales soient

incluses dans le vaccin de l’hémisphère nord pour la saison 2008-2009.

Le vaccin disponible aujourd’hui comprend une souche analogue à A/Bris-

bane/59/2007 (H1N1), une souche analogue à A/Brisbane/10/2007 H3N2

et une souche analogue à B/Florida/4/2006.