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N o 03 — Septembre-Novembre 2013 « Un entrepreneur à succès n’ayant pas pris de risque n'existe pas » Cristina GAGGINI Directrice romande d’economiesuisse

Uniéco N° 3

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Uniéco a pour but de promouvoir l'information économique à travers un trimestriel distribué gratuitement sur le campus de lʼUniversité de Fribourg et à la Haute Ecole de Gestion de Fribourg.

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Page 1: Uniéco N° 3

No 03 — Septembre-Novembre 2013

« Un entrepreneur à succès n’ayant pas pris de risque n'existe pas »

CristinaGAGGINIDirectrice romanded’economiesuisse

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Assurer l’avenir

du trimestriel.

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Magazine UniécoRoute Wilhelm-Kaiser 10

CH-1700 Fribourg

Abonnement de soutien4 numéros — Fr. 40.-*

C/c : 80-500-4

*Offre valable uniquement pour un envoi postal en Suisse.

Ensemble, traçons le chemin.

source: Schristia sur Flickr.com.

InformationsT : +41 79 295 24 66

E : [email protected]

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Obtenir un logement locatif à Fribourg n’est pas forcément une si-nécure, particulièrement en cette pé-riode de rentrée universitaire. Certes, ces dernières années, de nouveaux immeubles sont sortis de terre, per-mettant ainsi de satisfaire une de-mande croissante, mais les places se monnaient cher. Comptez environ 750 francs pour un studio neuf de 18m2 ou près de 2’000 francs pour un appartement de 3.5 pièces tout équipé en face de la chocolaterie Villars : des tarifs qui ont de quoi « vous laisser en plan » !Prenons le cas du plateau de Pérolles qui s’est littéralement métamorphosé en deux ou trois années seulement. En effet, certains promoteurs immo-biliers, flairant le bon coup, ont édifié de nouveaux lotissements dans cette zone dense en facultés universitaires, hautes écoles et autres instituts de formation. De surcroît, cette demande estudiantine est en constante augmen-tation chaque année et permettra donc aux propriétaires fonciers de dégager des profits substantiels.Il est vrai que le marché de l’immo-

bilier fribourgeois affiche une ex-cellente santé – à l’image d’ailleurs du canton (finances saines, fiscalité modérée, faible taux de chômage et accroissement démographique) – comparativement à la situation de surchauffe qui prévaut dans la région zurichoise, de l’arc lémanique et plus récemment dans les régions périphé-riques telles que Neuchâtel, Yverdon ou encore La Chaux-de-Fonds. D’ail-leurs, les étudiants de Lausanne et de Berne sont de plus en plus nombreux à venir habiter à Fribourg ; d’une part pour des raisons pratiques car la dis-ponibilité des logements y est plus élevée et, d’autre part, en raison du coût moins onéreux que ces derniers représentent. Ce nonobstant, à mon avis, il est primordial que les acteurs clés de ce marché (promoteurs, ré-gies et, dans une moindre mesure, les pouvoirs publics par l’octroi de logements subventionnés) restent vi-gilents sur la situation immobilière du canton afin de garantir la bonne pé-rennité de celui-ci, car comme le sti-pule si bien la « loi de la demande », même en considérant la faible élasti-cité : ceteris paribus, lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité de-mandée de ce bien diminue…

Milo Bozic, Rédacteur en chefPhoto: Lara Vehovar

ÉditorialLe prix de la proximité.

Milo Božić

ÉDITO

SOMMAIRE

◀ Photo de couverture : Agathe Seppey

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ProfesseursUne Swissness des pratiques RH ? Éric Davoine et Oliver Schröter

De l’utilité des normes comptables. Franck Missonier-Piera

Sur le terrain La patente qui divise. Junior Entreprise Fribourg

(Jérôme Castella et Marc Vincent)

InterviewCristina Gaggini, directrice romande d’economiesuisse.Thomas Bato et Léa Ruppen

ÉtudiantsBao Chau Nguyen et Lauranne Guillod

Les enjeux relatifs à l’initiative populaire 1:12.Thomas Bato

Pour conclure La caricature économique.Simon Beuret

MILO BOŽIĆ

Le prix de la proximité

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Page 4: Uniéco N° 3

UNE SWISSNESS DES PRATIQUES RH3 ? Quelles sont les influences de l’environnement national sur les pra-tiques de gestion des ressources humaines (GRH) des entreprises multinationales installées en Suisse ? La Chaire Ressources Humaines et Organisation (RHO) de l’Université de Fribourg s’in-téresse depuis plusieurs années à cette question4.

La Suisse, et plus particulièrement la région de l’arc lémanique, attire un grand nombre d’entreprises multinationales qui y installent des unités d’affaires internationales, des centres de recherche et déve-loppement, des sites de production spécialisés ainsi que des unités de coordination des activités Europe/Afrique/Moyen-Orient. Ces entreprises sont l’objet de nombreux débats récents dans la presse : régimes fiscaux préférentiels, intégration en Suisse d’expa-triés à hauts niveaux de qualification et de revenu ; mais aussi retombées économiques et source d’em-plois qualifiés pour la population suisse. Nous nous intéressons depuis quelques années aux pratiques de Gestion des Ressources Humaines observables dans ces entreprises. Dans le cadre d’une thèse de doctorat et de nombreux travaux de master, nous avons réalisé et fait réaliser plus d’une soixantaine d’entretiens avec des responsables RH et des ma-nagers d’entreprises américaines, allemandes, fran-çaises, japonaises et suisses installées en Suisse. Les pra-tiques de manage-ment et de GRH dans les multina-tionales sont sou-vent des pratiques hybrides, en partie adaptées à l’environnement du pays hôte mais aus-si liées au pays d’origine de la multinationale et à plusieurs effets de contexte.

INFLUENCES DU PAYS HÔTE

L’influence du pays de la filiale se fait habituelle-ment par différents types de mécanismes ; le plus évident et le plus visible est celui du cadre légal. Par rapport aux cadres relativement contraignants

des relations industrielles et des relations d’emploi de la France et de l’Allemagne, la Suisse apparaît comme un pays au marché de l’emploi relative-ment fluide, peu régulé et aux pratiques d’emploi très flexibles. Toutefois, si le cadre légal est peu contraignant, une situation de marché de l’emploi souvent favorable aux employés et un fort contrôle social de la population font que la réalité des pra-tiques RH (par exemple les politiques salariales ou les pratiques de licenciement) va souvent au-delà des exigences strictes de la loi. Un second méca-nisme de l’effet du pays hôte est celui du système éducatif qui structure les qualifications de l’offre de travail présente sur le marché de l’emploi local. La formation par apprentissage produit par exemple des qualifications spécifiques qui parfois rendent perplexes les responsables RH étrangers de mul-tinationales nouvellement installées qui ne savent pas toujours sur quelle catégorie de poste placer un

« employé de commerce ». De même, les brevets et diplômes fédéraux correspondent à des qualifica-tions validées par les associations professionnelles qui n’ont pas d’équivalent dans les pays d’origine des multinationales américaines ou françaises. Il n’est pas rare de voir des entreprises multinatio-nales qui s’adaptent dans leurs recrutements ; qui adaptent également leur organisation et leurs pra-tiques de formation au système local, jugé en gé-néral performant. Enfin, le troisième mécanisme

04ÉRIC DAVOINE1 / OLIVER SCHRÖTER2 PROFESSEURS

Par rapport aux cadres relativement contraignants des re-lations industrielles et des relations d’emploi de la France et de l’Allemagne, la Suisse apparaît comme un pays au marché de l’emploi relativement fluide, peu régulé et aux pratiques d’emploi très flexibles.

Éric DavoineProfesseur ordinaire à l’Université de Fribourg.Titulaire de la Chaire Ressources Humaines et Organisation.

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d’influence sera celui de l’institutionnalisation des normes sociales sous la forme de « bonnes pratiques RH » via des réseaux sociaux ainsi que par l’in-fluence de consultants, de prestataires de services et de leaders d’opinion. Dans un contexte national, voir régional comme celui de la Suisse romande, il existe des associations de praticiens RH, des clubs, des revues professionnelles, des séminaires et des programmes de formation continue dans lesquels des normes (de « bonnes pratiques » RH) se dif-fusent et se discutent pour le meilleur (par exemple l’abandon progressif des tests de graphologie dans le recrutement) ou pour le pire (par exemple la dif-fusion de programmes d’intégration spécifiques Génération Y).

INFLUENCES DU PAYS D’ORIGINE

Les praticiens RH rencontrés soulignent aussi les influences du pays d’origine de la maison-mère des entreprises multinationales. Si la plupart des entreprises multinationales cherchent à diffuser dans leurs filiales des pratiques et des processus re-

Oliver SchröterAssistant diplômé à la Chaire RHO del’Université de Fribourg.

05lativement standardisés, c’est dans les entreprises américaines que les processus RH sont les plus standardisés et les plus formalisés : du processus de sélection à celui de l’évaluation des performances, de la gestion des rétributions et des carrières jusqu’à la diffusion de codes de conduite correspondant à l’environnement légal de travail nord-américain. Ces pratiques se retrouvent d’ailleurs de plus en plus souvent dans toutes les multinationales, quels que soient les pays d’origine, car il existe des ef-fets de standardisation et d’institutionnalisation globaux des pratiques RH (certains auteurs parlent d’ « anglo-saxonization »), liés à l’existence de leaders d’opinion globaux (certaines grandes en-treprises mondiales), de consultants internationaux et de formations mondialement reconnues qui fa-cilitent la diffusion de « bonnes pratiques ». Ces « bonnes pratiques » peuvent varier en fonction du pays d’origine de la multinationale. Ainsi, les mul-tinationales d’origine française auront par exemple davantage une conception finement hiérarchisée de l’encadrement et de la gestion des talents ain-si qu’une approche plus flexible dans le transfert des processus alors que les multinationales d’ori-gine allemande seront généralement plus flexibles pour négocier leur politique d’emploi sur chaque site. Ces « effets du pays d’origine » varient aus-si en fonction d’autres facteurs, comme le secteur, la taille ou l’importance stratégique de la filiale au sein du groupe.►

Tableau : Analyse SWOT de l’environnement suisse pour la GRH(basé sur 25 entretiens avec des responsables RH de filiales)

Faiblesses

l Coût de la vie élevé

l Coût de la main-d’œuvre élevé

l Organisation étatique décentralisée et complexe

Opportunités

l Environnement coopératif d’économie de marché coordonnée

l Relations coopératives avec les administrations locales (développement de solutions négociées)

l Associations professionnelles et réseaux lo-caux forts et coopératifs (échange d’informations) y compris entre les entreprises multinationales

Menaces

l Non membre UE => difficultés accrues avec les permis de travail et la mobilité de la main-d’œuvre internationale

l Transformation des régimes fiscaux

l Marché de l’emploi tendu, ressources locales limitées pour les hauts niveaux de qualification et d’expertise, coûts du travail croissant et problèmes de rétention dus à la présence de nombreux concurrents

Forces

l Régime fiscal

l Qualité de vie

l Position géographique centrale

l Infrastructures de qualité

l Cadre légal favorable aux employeurs

l Syndicats coopératifs au pouvoir relativement faible

l Niveau de qualification de la main-d’œuvre

l Recherche de pointe dans des domaines stratégiques

l Image de qualité

=> différences importantes entre cantons (langue, régimes fiscaux, systèmes scolaires, procédures administratives, etc.)=> mobilité réduite entre cantons et problèmes de coordination/standardisation à l’intérieur du pays

Page 6: Uniéco N° 3

SWISSNESS DES PRATIQUES RH ?

Dans toutes les entreprises, quel que soit leur pays d’origine, les praticiens interviewés ar-rivent à définir les éléments communs d’une Swissness des pratiques RH. Ces éléments sont souvent culturels, par exemple une manière de prendre des déci-sions de manière consensuelle et incrémentale ou de communiquer en adoptant une attitude personnelle et res-pectueuse vis-à-vis de la personne. Certains éléments sont plus liés au cadre institutionnel d’économie de marché coordonnée dans lequel les conditions cadres peuvent être négociées de manière constructive avec les autorités locales ou les employés. Ces éléments ainsi que la présence d’une main-d’œuvre hautement qua-lifiée, nationale et internationale, sont perçus comme des facteurs favorables dans l’analyse SWOT que nous présentons dans le tableau. La dimension des coûts ne doit cependant pas être négligée dans les pratiques RH ; elle reste souvent prioritaire pour les grandes orienta-tions comme le choix de rester ou de ne pas

06

1 Éric Davoine est professeur à l’Université de Fribourg et titulaire de la Chaire Ressources Humaines et Organisation (RHO) depuis 2003.2 Oliver Schröter est assistant diplômé à la Chaire RHO et vient de termi-ner son doctorat sur le thème « Swissness in foreign multinationals ? ».3 RH est l’abréviation de « ressources humaines ».4 Cet article reprend partiellement le contenu de la conférence du 6ème Congrès HR sections romandes sur le thème « Globalisation : Quel rôle pour les Ressoucres Humaines ? » du 12 septembre 2013 et de l’article du numéro spécial de Persorama associé à cet événement.

C’est dans les entreprises américaines que les processus RH sont les plus standardisés et les plus formalisés.

s’installer en Suisse. Ainsi, les conséquences du franc fort et la menace sur les régimes fis-caux actuels, attractifs pour les capitaux autant que pour certaines catégories de personnel, risquent d’avoir un impact fort sur les orienta-

tions des politiques RH (expansion, consolida-tion, restructuration ou réduction) des filiales de multinationales dans les prochaines années en Suisse. ■

Publications récentesÉric Davoine a réalisé plusieurs publications ces dernières an-nées dans le domaine de la GRH internationale. Il a notamment co-édité l’ouvrage GRH et mon-dialisation: Nouveaux contextes, nouveaux enjeux avec trois col-lègues français et coordonné un dossier de la Revue Internationale de Gestion (HEC Montréal) sur la gestion des expatriés.

Page 7: Uniéco N° 3

En quelques années seulement, les normes comp-tables internationales IFRS se sont imposées dans nombre de pays. C’est le cas pour plus d’une centaine de pays, comme ceux de l’Union Euro-péenne, mais aussi l’Australie, la Nouvelle-Zé-lande, Hong Kong2, l’Afrique du Sud et plus ré-cemment le Canada. La Suisse n’échappe pas à cette internationalisation, avec une particularité puisqu’en plus du Code des Obligations, les en-treprises doivent – selon les situations – se confor-mer aux normes locales Swiss GAAP RPC3, aux IFRS ou aux normes comptables américaines (US GAAP4). Les organisations du secteur public comme par exemple, l’ONU, l’OMC, l’OTAN, l’OCDE ainsi que la Confédération et certains cantons (par exemple Genève) se conforment à des normes comptables internationales proches des IFRS sur de nombreux points, mais dédiées au secteur public (IPSAS5). Bien qu’elles ne soient généralement obligatoires que pour les entreprises cotées, les IFRS concernent dans les faits un très grand nombre d’entreprises par le truchement des filiales qui, à leur tour, doivent préparer des états financiers en IFRS pour leur maison-mère.

L’ÉVOLUTION DES NORMES INTERNATIONALES

La volonté de recourir à un seul référentiel (IFRS) a permis d’harmoniser les pratiques comptables et de faciliter la comparaison des performances financières entre sociétés cotées sur différentes places boursières. Toutefois, il est souvent repro-ché une complexité croissante des normes recon-nues internationalement (i.e. IFRS, IPSAS ou US GAAP), ce qui peut en rendre la compréhension plus ardue. Par ailleurs, les exigences accrues

d’information des IFRS ne sont pas sans coût pour les entreprises. La collecte et le traitement des informations nécessaires à la préparation des états financiers demandent du temps, du person-nel qualifié et peut même entraîner la réorganisa-tion d’une partie de l’entreprise. Des entreprises peuvent être tentées de quitter le segment prin-cipal de leur bourse respective afin de ne plus être contraintes de publier en IFRS. Pour autant, l’évolution des normes IFRS ne fait que suivre la complexité des activités des entreprises. Par exemple, les sociétés ont souvent recours à des instruments financiers complexes pour couvrir un certain nombre de risques liés à leurs activités. Dans certains secteurs, comme le transport aérien ou le transport maritime, la location à long terme plutôt que l’achat des actifs de production est une pratique courante.►

▼ La location du capital productif dans l’industrie maritime doit être prise en compte dans les états fi-nanciers. source: sludgegulper sur Flickr.com.

FRANCKMISSONIER-PIERA

PROFESSEURSProfesseur ordinaire à l’Université de Fribourg.Titulaire de la Chaire de Comptabilité et Analyse Financières.

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DE L’UTILITÉ DESNORMES COMPTABLES

Les normes comptables IFRS1 sont devenues un référentiel comptable mondialement reconnu. Bien des utilisateurs les considèrent pourtant parfois trop exigeantes et complexes.

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Or, ce type de location est un moyen de financement que la comptabilité doit être en mesure de prendre en compte et de retranscrire dans les états financiers puisque les normes comptables sont faites pour sa-tisfaire les besoins d’information de l’ensemble des utilisateurs des états financiers. L’actionnaire ou l’obligataire individuel n’a pas le même accès aux informations que le responsable d’entreprise, sur la vie de la société. Il convient donc que les états financiers re-flètent l’ensemble de ses activités, même si celles-ci sont complexes. Ce pro-blème ne se pose pas pour les entreprises où l’actionnaire est lui-même le dirigeant, puisqu’il a un accès interne direct à la réalité de l’en-semble des transactions de l’entreprise. Le recours à des normes moins exigeantes peut alors être justifié, car il/elle sera le/la seul(e), à tout le moins, le princi-pal utilisateur des informations comptables.

LE RÔLE DES ANALYSTES FINANCIERS

Il n’en demeure pas moins que l’actionnaire/utilisa-teur individuel doit non seulement posséder de so-lides connaissances comptables pour être en mesure de comprendre les états financiers de son entreprise et sa centaine de pages annexes, mais en plus, avoir le temps d’analyser ces informations avant d’expri-mer un vote « éclairé » lors de l’assemblée géné-

rale. Comment juger de la performance financière de l’équipe dirigeante ? En servant de référence, les recommandations et les prévisions de résultat des analystes financiers peuvent aider les divers utilisa-teurs dans leur prise de décision. Les prévisions de résultat des analystes sont d’ailleurs utilisées par de nombreux acteurs des marchés. Ainsi, on peut ob-server que le cours d’une entreprise peut être signi-

ficativement affecté par des « earnings surprises » (i.e. la différence entre les prévisions des analystes et le résultat finalement publié). Une mauvaise sur-prise, comme par exemple un résultat bénéficiaire mais inférieur aux attentes des analystes, se traduit souvent par une baisse de la valeur de l’action. L’im-portance du phénomène est telle, qu’afin d’aider les analystes dans leurs prévisions pour limiter les « surprises », certaines entreprises publient elles-mêmes des prévisions de leur propre résultat comp-table à venir. La situation devient paradoxale quand, bien que mettant en avant l’importance des données comptables, les analystes comme les entreprises se concentrent sur un résultat qui ne correspond pas au « résultat net » tel que définit par les IFRS (ou autre référentiel). Les uns comme les autres se fo-

▼ La comptabilité doit également tenir compte de la location à long terme des moyens de production dans le secteur du transport aé-rien.source : BriYYZ sur Flickr.com.

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L’actionnaire/utilisateur individuel doit non seulement pos-séder de solides connaissances comptables pour être en mesure de comprendre les états financiers de son entre-prise et sa centaine de pages annexes, mais en plus, avoir le temps d’analyser ces informations avant d’exprimer un vote « éclairé » lors de l’assemblée générale.

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calisent sur une mesure du résultat qui s’efforce de tenir compte des éléments (a) récurrents et (b) liés aux activités princi-pales de l’entreprise. Ainsi, de nombreuses charges et produits dont le calcul est exi-gé par les IFRS, ne sont pas pris en compte dans les prévisions. On peut citer par exemple le cas de certaines dépréciations d’actifs, comme le goodwill. Il y a plusieurs raisons permettant d’expliquer pour-quoi les analystes financiers et les utilisateurs profes-sionnels des états financiers n’utilisent pas a priori l’ensemble des données exigées par les référentiels comptables. Tout d’abord, les analystes ne font pas les mêmes prévisions de résultat, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas les mêmes modèles de prévisions et ne retiennent/n’éliminent donc pas systématiquement les mêmes éléments des états financiers ; des états financiers exhaustifs permettent cette sélection. Ensuite, selon leur spécialité, les analystes n’ont pas les mêmes objectifs ; certains tentent de pré-voir les résultats à venir, alors que d’autres tentent d’estimer les difficultés de paiement de l’entreprise. Dans ce dernier cas, les données comptables re-quises prennent alors en compte d’autres produits

et charges, notamment financiers. Enfin, après la publication du résultat net de l’entreprise, les ana-

lystes corrigent leur dernière prévision. En effet, ils disposent alors de l’ensemble des états financiers (annexes comprises) pour ajuster leur analyse et leur dernière prévision. Ce travail de correction permet d’affiner leur modèle de prévision pour les prochains exercices comptables. La qualité – et la quantité – d’information exigée par les normes comptables internationales montre alors toute son utilité.■

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1 IFRS est l’abréviation du terme anglais « International Fi-nancial Reporting Standards ». 2 Officiellement, Hong Kong est une région administrative spéciale appartenant à la République populaire de Chine.3 Les Swiss GAAP RPC sont les recommandations suisses relatives à la présentation des comptes.4 GAAP est l’abréviation du terme anglais « Generally Accep-ted Accounting Principles ».5 IPSAS est l’abréviation du terme anglais « International Pu-blic Sector Accounting Standards ».

Comptabilité en IFRSOuvrage d’introduction, ce livre fournit au lecteur une compréhension des prin-cipes fondamentaux de la comptabilité financière. En s’affranchissant des spé-cificités nationales et en s’appuyant sur les normes comptables internationales, les normes IFRS, il offre au lecteur une perspective globale. L’étudiant pourra ainsi lire, utiliser et déchiffrer tous les principaux états comptables et financiers (bilan, compte de résultat, tableau de flux de trésorerie), quelle que soit la règle comptable nationale utilisée lors de la production de ces documents. Il pourra ainsi en toutes circonstances décrypter et analyser la performance économique de l’entreprise étudiée, et apprécier l’impact des princi-pales transactions sur ses différents états.

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De nombreuses charges et produits dont le calcul est exigé par les IFRS, ne sont pas pris en compte dans les prévi-sions.

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L’heure est grave.1 La population s’inquiète. Les mesures diverses et récentes des autorités fri-bourgesoises (réglementation outrancière des gi-rons de jeunesse, réduction de l’heure de fermeture de certains bars, mise à mort des fameux « Mardi XXème ») ne sont pas des phénomènes isolés, mais bel et bien des présages annonciateurs d’une lutte préfectorale contre la vie nocturne fribourgeoise. À en croire les multiples réactions, jamais un tel événement n’aura fait autant frissonner la cité des Zaehringen depuis les tentatives d’incursion ber-noises du XIVème siècle. La patente B+ est pour-tant bel et bien entrée en vigueur le 31 janvier 2013 !Toutes ces nouvelles mesures ne sont bien évidem-ment pas passées inaperçues au sein de la commu-nauté locale qui s’est très tôt offusquée face à cette déferlante restrictive. « Déjà que le choix n’est pas large à Fribourg, il faut encore qu’on empêche les tenanciers de faire leur boulot », peut-on entendre de la bouche d’une cliente de L’Appart. « C’est n’importe quoi, il n’y a pas vraiment de problème de sécurité à Fribourg ; les bagarres se passent ail-leurs », s’étonne un étudiant en droit devant le café Le XXème. Que ce soit par ces réactions à chaud ou par les pétitions qui circulent en ce moment sur Internet pour annuler les quotas de fréquentation dudit café, il n’est pas difficile d’être témoin d’un certain ras-le-bol ambiant.

LES ENJEUX DE LA NOUVELLE PATENTE

Aussi, comme dans tout débat qui déchaîne les pas-sions lors de discussions de bistrot, il convient de faire la part des choses pour en concevoir les réels enjeux. Complémentaire à la patente ordinaire pour établissement avec alcool (ou B), la patente B+ « autorise une ouverture prolongée le samedi

LA PATENTE QUI DIVISELa région fribourgeoise a déjà connu son lot d’événements sym-boliques en 2013. Le départ d’Isabelle Chassot pour l’Office fé-déral de la culture, l’arrivée de la Gay Pride et maintenant la mise en place de la patente B+ qui s’inscrit dans une politique visant à mieux encadrer la vie nocturne en ville de Fribourg. Point sur ce débat opposant enjeux culturels et santé publique.

JUNIOR ENTREPRISE FRIBOURGSUR LE TERRAIN10

▼ Un match de football encourage-t-il vraiment les supporters à sortir jusqu’aux aurores ?source : Cmic Blog sur Flickr.com.

et le dimanche et donne le droit de proposer de ma-nière régulière des animations de nature musicale ou des retransmissions sportives ou culturelles sur écran [...]. Elle est réservée aux établissements qui, par leur emplacement et leur concept d’exploita-tion, garantissent une exploitation compatible avec le voisinage ».2 Véritable tacle à l’animation cultu-relle de la ville, il s’agit en fait, selon la préfecture de la Sarine, d’une lutte contre « les déprédations et actes de violence » ainsi que des « horaires de sortie de plus en plus tardifs » de la jeunesse.3 Si

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les autorités compétentes se veulent rassurantes, il est craint par le milieu professionnel que seuls des établissements situés hors de la zone urbaine puissent en « béné-ficier ». Plusieurs questions se posent dès lors à ce sujet. Un match de foot-ball encourage-t-il vraiment les spec-tateurs à sortir jusqu’aux aurores, alors qu’il prend générale-ment fin aux environs de 22h30 ? Un concert dé-clenche-t-il réellement chez le spectateur, une en-vie irrépressible de barbarie et de déprédation ? Et enfin, quid de la question économique qui se pose vis-à-vis de ce problème de santé publique ? Si les réponses aux premières questions demeurent en-core aujourd’hui un mystère aux yeux du peuple, il reste toutefois possible d’apporter des bases de réflexion à la dernière d’entre elles.

LES ASPECTS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX

D’un point de vue économique, une restriction appliquée aux bars de Fribourg peut réduire les opportunités de profit pour ces derniers. Certains

restaurateurs verront aussi leur clientèle dimi-nuer. De plus, les sociétés de taxi, pour lesquelles les demandes sont très fortes les soirs de fête,

risquent également d’être pénalisées à leur tour. De surcroît, on ne doit pas oublier que Fribourg est une ville étudiante ; un quart de sa population fréquente notre université. Aussi, les étudiants n’ont pas choisi les sites de Miséricorde et de Pérolles pour y terminer leur formation sans rai-son. Et, parole d’étudiants – au risque de briser un tabou et de révéler un –, il serait naïf de penser que l’ambiance d’un campus ne pèse pas dans la balance au moment de ce choix. De ce fait, endiguer la vie nocturne fribourgeoise qui jouit d’une bonne réputation au sein de la communau-té étudiante nationale, signifie, par ailleurs, di-minuer l’attractivité de l’université. Considérant l’importance de la tranche de population touchée, c’est tout une quantité de commerces (régies im-mobilières, bars, restaurants, etc.) en dépendant qui pourraient en payer le prix à moyen ou à long terme. Sur le plan social, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle si l’on prend conscience du contre-coup que cela risquerait d’occasionner ? « Oui ! », c’est du moins ce qu’a affirmé la préfecture ces dernières années. Ces mesures se justifieraient, si l’on en croit l’évolution des chiffres sur la crimi-nalité, où Fribourg suivrait la tendance haussière observée en Suisse. Seulement voilà, si le pro-blème social semble discutable dans la méthode employée, c’est bien « là où le bât blesse ». Ainsi, de l’avis de tenanciers concernés, ce n’est pas à l’intérieur des bars que se déroulent la plupart des rixes en question, mais plutôt à la sortie, une fois la fête terminée. Cette intervention étatique est donc généralement ressentie comme une in-justice et ne fait, selon certains, qu’alimenter une paranoïa qui n’a pas lieu d’être. Si l’on se penche sur les villes pionnières qui ont cherché à mieux encadrer le milieu de la nuit par des horaires de fermeture avancés à deux heures du matin, voire minuit, à savoir Lausanne et Genève, ces dernières sont aussi respectivement première et deuxième au classement des cités criminogènes de Suisse. Si le fait de s’inspirer des « derniers de la classe » pour régler le problème peut laisser sceptique, le message qui en ressort est clair : il semble qu’aux yeux de la préfecture de la Sarine, ►

Véritable tacle à l’animation culturelle de la ville, il s’agit en fait, selon la préfecture de la Sarine, d’une lutte contre « les déprédations et actes de violence » ainsi que des « horaires de sortie de plus en plus tardifs » de la jeunesse

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la tranquille bourgade de Fribourg se transforme en zone dangereuse où règnent violence, alcool et dépré-dations volontaires. Cepen-dant, dans les faits, il appa-raît que la ville de Fribourg se situe simplement dans la moyenne d’un phénomène d’ampleur nationale.

LA MORALE DE L’HISTOIRE ?

Finalement, cet exemple démontre une certaine in-capacité des pouvoirs publics à se mettre à l’écoute d’un marché. Bien sûr, les réactions générales dé-noncent un interventionnisme « à l’aveugle » et il conviendra par la suite de vérifier si les retombées sont autant néfastes qu’elles ne l’ont été annon-cées par les autorités fribourgeoises. Il est toutefois possible de constater qu’à défaut de devoir choi-sir entre vie culturelle, impératifs économiques et santé publique, en se penchant de manière plus ouverte sur le problème, nos autorités eurent peut-être pu concilier les trois. ■

Jérôme Castella et Marc Vincent

1 Les vues exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur.2 Loi sur les établissements publics (LEPu), art. 16, al. 2.3 http://www.fr.ch/spoco/fr/pub/actualites.cfm?fusea ction_pre=Detail&NewsID=39466.

LA JUNIOR ENTREPRISE FRIBOURG

La Junior Entreprise Fribourg (JEF, pronon-cé « Djef ») présente une problématique écono-mique de la région fribourgeoise sur un ton décalé. Active depuis plus de 25 ans, il s’agit d’une association universitaire qui fonctionne comme une vraie petite entreprise de conseil.

Le but de la manœuvre ? Donner aux étu-diants, qui en sont membres, l'opportunité de vivre leur première expérience professionnelle en appliquant les théories académiques à des problématiques bien réelles d'entreprises de la région. Par ces prestations offertes à des prix défiant toute concurrence – et à l'heure où l'expérience est une composante clé d'un bon CV – elle est ainsi l'occasion pour les écono-mistes en herbe de se confronter au monde du travail en situation réelle tout en fournissant des prestations de qualité à leurs clients. Bénéficiant d’une structure solide soutenue par l'université et les professeurs, la JEF est l'association idéale pour les étudiants qui souhaitent lier les théories acquises durant les cours, à la pratique.

Infos complémentaires sur www.jef.ch

Si l’on se penche sur les villes pionnières qui ont cher-ché à mieux encadrer le milieu de la nuit par des horaires de fermeture avancés à deux heures du matin, voire minuit, à savoir Lausanne et Genève, ces dernières sont aussi respectivement première et deuxième au classement des cités criminogènes de Suisse.

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CristinaGAGGINI

THOMAS BATO ET LÉA RUPPENINTERVIEW

BIO RAPIDE

1989-1992Université de LausanneLicence en sciences poli-tiques

1992-1993Institut de hautes études en administration publiquePostgrade en administration internationale

1993-1997Osec Business Network SwitzerlandAssistante en Marketing & Communication

1999-2002Vaudoise AssurancesCheffe de projet

2002-2004Institut Suisse de Relations Publiques (ISRP) Diplôme fédéral supérieur de Conseillère en relations publiques

2002-2007Vaudoise AssurancesSecrétaire générale et res-ponsable de la communica-tion institutionnelle

Depuis 2007economiesuisseDirectrice romande

INTRODUCTION

Cristina Gaggini, 42 ans, nous reçoit entre deux rendez-vous, dans son bureau cosy de Genève. Native de Lugano, c’est pourtant à Lausanne qu’elle posera ses premières valises pour y étu-dier les sciences politiques. La raison ? Mieux comprendre les systèmes de pensée des décideurs politiques. Diplômée en 1992, Cristina Gaggini débute son parcours professionnel au sein de l’Osec, véritable organisation référente en ma-tière de commerce extérieur. Une stratégie ga-gnante, confie-t-elle, avec pour devise : « mettre le pied à l’étrier ». Par la suite, la quadragénaire

change d’orientation et entame une carrière dans le secteur privé, au sein de la Vaudoise Assu-rances. Actuellement directrice romande chez economiesuisse, Cristina Gaggini ne cache pas ses convictions en faveur de l’économie de mar-ché. Interview. ►

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Directrice romande d’economiesuisse

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Quel est le rôle d’economiesuisse ? 14

Economiesuisse est la principale organisation faî-tière de l’économie suisse. C’est un groupe qui défend les intérêts des entreprises suisses dans le processus politique par l’instauration de condi-tions-cadres optimales. Au total, cela représente plus de 100'000 entreprises et près de 2 millions d’emplois, toutes branches et secteurs d’activités confondus. Une partie de notre travail consiste à identifier les sujets qui posent problèmes, puis à mettre en place une stratégie dite de lobbying. Par exemple, lors d’une session parlementaire, nous essayons de convaincre certains acteurs politiques, faits et chiffres à l’appui, que telle mesure est meil-leure que telle autre.

Comment définiriez-vous vos tâches en tant que directrice d’economie-suisse ?

Mes tâches sont hé-téroclites. Durant la même journée, je peux, par exemple, m’entretenir avec un chef d’entreprise qui me fait part de ses difficultés ou tout aussi bien répondre aux questions d’une journaliste sur un thème d’ac-tualité. Ainsi, je « saute régulièrement du coq à l’âne ». Du reste, le fait d’avoir travaillé 10 ans dans le secteur privé – au sein de la Vaudoise Assurances – m’a permis de déve-lopper des compétences très utiles à ce jour. En revanche, le plus compliqué reste encore à trouver du temps pour réfléchir. Certains ma-nagers vous le diront, le temps de la réflexion ne débute bien souvent qu’après vingt heures.

Certains managers vous le diront, le temps de la réflexion ne débute bien souvent qu’après vingt heures.

Comment définiriez-vous un bon entre-preneur ?

Un bon entrepreneur gère le côté opérationnel au quotidien tout en gardant de l’énergie pour pen-ser au lendemain. Il faut donc savoir constam-ment anticiper, c’est-à-dire garder les yeux ou-verts et déceler les tendances « lourdes ». Par ailleurs, certains gouvernements « bétonnent » tout avec des lois. La réglementation excessive est typiquement une réponse que je considère comme mauvaise dans le milieu des affaires. Les règles sont utiles mais lorsqu’elles ne vont pas « trop loin ». Enfin, la libre concurrence, l’innovation et le goût du risque sont bien trop souvent entravés. Une marge d’insécurité est généralement nécessaire pour stimuler l’entre-preneur.

Quels sont les entrepreneurs qui vous inspirent le plus ?

Beaucoup d’entre eux ! Je ne veux pas en citer un en particulier car après les autres vont être déçus. De façon générale, j’admire les chefs d’entreprise qui ont un sens de l’anticipation, mais également ceux dotés d’une certaine vi-

sion. Dans bien de PME suisses, il y a une ca-pacité d’innovation extraordinaire qui est le fruit d’un travail constant. De plus, cela m’a toujours fasciné d’observer le comportement des entre-preneurs en temps de crise et la façon qu’ils ont

Est-ce un problème d’être une femme dirigeante ?

C’est un long débat ! Selon moi, les femmes suisses ont autant de chance d’accéder à des postes de res-ponsabilité que leurs homologues masculins. Bien évidemment, cela devient délicat lorsque la femme souhaite avoir des enfants. En effet, elle doit se retirer du milieu professionnel tandis que leurs col-lègues hommes, quant à eux, pourront continuer à avancer dans leur carrière.

▼ Cristina Gaggini a déjà une solide expérience profes-sionnelle dans les secteurs public et privé.Photos de l’interview: Agathe Seppey.

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Comment economiesuisse s'est retrou-vé en conflit avec l'industrie horlogère au sujet du projet « Swissness », alors même que vous défendiez un renforce-ment de la « marque Suisse » ?

Le problème concernait une mésentente au sein même d’economiesuisse par rapport au niveau souhaité de taux de fabrication en Suisse. Au sein de notre organisation faîtière, les firmes horlogères étaient favorables à un taux minimal de 60 %, tandis qu’une autre partie de l’industrie (non horlogère) défendait un taux de 50 %. Nous avons donc élabo-ré, dans notre proposition de loi pour l’Assemblée fédérale, une volonté allant dans ce sens. Au final, un taux unique de 60 % a été retenu par les parle-mentaires pour tous les produits industriels.

Quels sont les points forts de la Suisse romande en termes de compétitivité ?

D’abord, l’économie romande est forte et diver-sifiée. On trouve tout aussi bien des banques et des assurances que des entreprises horlogères ou pharmaceutiques. Par ailleurs, la Suisse ro-mande – et plus particulièrement l’arc léma-nique – dispose d’un environnement propice à

15d’endosser le rôle de « capitaine du navire ». Suivre parfois sa propre intuition – au risque d’aller contre courant – est aussi un élément es-sentiel pour « sortir des sentiers battus ». Ainsi, on peut dire qu’un entrepre-neur à succès n’ayant pas pris de risque n’existe pas. Néan-moins, ce risque doit être ré-fléchi et mesuré.

Une marge d’insécurité est généralement néces-saire pour stimuler l’entrepreneur.

Et les points forts de Fribourg ?

Fribourg a un magnifique potentiel. Premiè-rement, le canton est bien géré puisque ses fi-nances sont saines. Deuxièmement, la région dispose de logements et de terrains à des prix abordables ainsi que des infrastructures de qualité. Enfin, la situation géographique de Fribourg, à cheval entre la région romande et alémanique, est stratégiquement intéres-sante.

Pour conclure, que conseilleriez-vous à un étudiant actuel en économie ?

Il est très important d’avoir déjà une expérience dans le monde du travail, comme par exemple, en effectuant un stage durant les vacances. En outre, la maîtrise de plusieurs langues est aussi indispensable, en particulier dans un pays mu-liculturel comme la Suisse. Il serait illusoire de croire que l’anglais suffise. Finalement, il ne faut pas négliger l’importance des connexions. En effet, commencer à créer très tôt son propre réseau peut s’avérer être très utile par la suite.

l’implantation d’entreprises internationales et au développement de diverses start-up. Cela s’explique notamment par une politique d’im-position attrayante mais également par la pré-

sence de hautes écoles aux formations poin-tues, à l’instar de l’EPFL.

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THOMAS BATOÉTUDIANTS

Que pensez-vous de l’initiative populaire 1:12 visant à limiter l’écart des salaires dans les entreprises suisses dans un rap-port maximum de 1 pour 12 ?

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D’abord, l’initiative 1:12 risque d’impacter des multinationales qui contribuent activement et ef-ficacement à la croissance de l’économie suisse. Ces dernières pourraient donc être amenées à quitter la Suisse pour un pays où le système de rémunération y est plus souple.Par ailleurs, sur le plan de la motivation, le fait de plafonner les hauts revenus risquerait de provo-quer une diminution de la productivité des cadres supérieurs.Enfin, si l’on se réfère à l’Office fédéral de la statistique (OFS), ces dix dernières années, la part des travailleurs gagnant le plus et celle des travailleurs gagnant le moins est restée, dans les deux cas, proches de 10%. On peut donc affirmer qu’il n’y a pas eu récemment de grandes dispari-tés parmi les rémunérations en Suisse.L’initiative 1:12 n’est donc pas une excellente mesure pour notre économie, car elle aurait, selon moi, des conséquences négatives sur l’emploi et les finances publiques. ■

Bao Chau Nguyen

Master en Économie politique.

Première année.

Lauranne Guillod

Master en Gestion d’entreprise.

Première année.

Cette initiative est un réel danger pour l’éco-nomie suisse. Pourquoi limiter des salaires qui contribuent fortement aux rentrées fiscales alors que ces dernières permettent justement de financer des prestations sociales ? Au final, ce sont les personnes avec de bas revenus qui en subiraient les conséquences du fait d’une di-minution des transferts sociaux de la part des pouvoirs publics. De surcroît, il est illusoire de penser qu’une telle initiative sera respectée. Les multinationales étrangères (du moins celles qui voudraient bien rester dans notre pays), ainsi que les grandes firmes suisses, auraient simplement recours à di-vers stratagèmes, comme « déplacer » les working poor dans d’autres entités afin de niveler le salaire minimum à la hausse et ainsi limiter les effets contraignants sur les hauts revenus. Il suffit de regarder chez certains proches voisins européens pour se rendre compte qu’un marché du travail trop et surtout mal réglementé engendre des conséquences néfastes sur l’économie d’un pays ; en comparaison, la Suisse s’en sort très bien. Dès lors, pourquoi accepter cette initiative ? ■

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LA CARICATURE

POUR CONCLURE SIMON BEURET18

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Notre président d’honneur est M. Jean-Marc Syl-vestre, journaliste français de la presse économique et également écrivain. Il a été de nombreuses années le spécialiste de l’économie pour les chaînes de té-lévision TF1, LCI (filiale du groupe TF1) et iTélé (filiale du groupe Canal+). En 2004, il a été décoré de l’ordre national de la Légion d’honneur. Pour l’anecdote, le journaliste avait officiellement inter-viewé Nicolas Sarkozy, alors Président de la Répu-blique française. Aujourd’hui, Jean-Marc Sylvestre gère un blog économique influent (JeanMarc-Syl-vestre.com) qui est visité par plus de 100'000 inter-nautes par mois.

UNIÉCO

Jean-Marc Sylvestre.Journaliste français.

source: jeanmarc-sylvestre.com

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Milo BožićThomas Bato, Léa RuppenRomain Collaud Aurélie MonnierFiona EndresThomas Bato, Milo Božić, Jérôme Castella, Éric Davoine, Lauranne Guillod, Franck Mis-sonier-Piera, Bao Chau Nguyen, Oliver Schröter, Marc VincentAgathe Seppey, Lara VehovarSimon BeuretMila BožićCrausaz & Partenaires SAJean-Marc SylvestrePhilippe GuglerEurop’Imprim Swiss1 numéros (1 an) - Fr. 40.- T: +41 79 295 24 [email protected]

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Créée en juin 2012 par Milo Bozic et Matthieu Seydoux (respective-ment étudiants en management et en droit), l’association Uniéco a pour but de promouvoir l’information économique à travers un maga-zine trimestriel du même nom. Uniéco est distribué gratuitement sur le campus de l’Université de Fribourg et à la Haute école de gestion de Fribourg. (tirage: 2000 exemplaires)

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