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CONFLITS, ÉMOTIONS ET BESOINS EN MATERNELLE ET EN PRIMAIRE, DES OUTILS POUR LES GÉRER P900090 - Bureau de dépôt : Namur Masspost Université de Paix ASBL TRIMESTRIEL - MARS - AVRIL - MAI 2019 #146

Université de Paix2 n 146 Mars 2019 - Université de Paix asbl « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde » Nelson Mandela

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CONFLITS, ÉMOTIONS ET BESOINS

EN MATERNELLE ET EN PRIMAIRE,

DES OUTILS POUR LES GÉRER

P900090 - Bureau de dépôt : Namur Masspost

Université de PaixASBL

TRIMESTRIEL - MARS - AVRIL - MAI 2019 #146

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2 n°146 Mars 2019 - Université de Paix asbl

« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde »

Nelson Mandela

L’Université de Paix est une Organisa-tion de jeunesse. Depuis sa fondation par Dominique Pire, sa mission est de créer et maintenir un climat de paix par le dialogue. Le moyen que nous privi-légions pour accomplir cet objectif est l’éducation.

Ce numéro du trimestriel est entière-ment consacré à des actions éducatives que nous mettons en place au quotidien auprès des enfants ainsi qu’avec les adultes qui les encadrent.

En effet, nous travaillons jour après jour sur le terrain avec des groupes de jeunes et d’adultes pour développer un climat de vie harmonieux à l’école et en-dehors. Ce numéro vise à présenter de manière succincte un panel d’actions concrètes que nous réa-lisons en ce sens.

Dans un premier article de fond, Julie Duelz nous présente des bases pédagogiques de nos interventions en maternelle. Les enseignants de maternelle doivent parfois faire preuve de beau-coup de créativité face au manque d’outils concrets directement applicables avec des tout-petits. À l’Université de Paix, nous travaillons depuis plusieurs années pour construire des activités « clés sur porte » pour ce public.

Dans un second texte, Catherine Breuer témoigne justement de sa réappropriation de contenus et méthodes en gestion de conflits qu’elle applique dans sa classe en maternelle. Elle nous explique notamment comment elle fait vivre les bases de la Communication NonViolente aux enfants.

Passage en primaire ensuite ! Dans un troisième article, Manon Lecocq nous témoigne elle aussi de ce qu’elle retire d’une for-mation pour gérer les conflits avec et entre enfants. Elle s’at-tarde notamment sur le cadre de vie et l’accueil de ce que vivent les enfants.

Dans un quatrième texte, Catherine Bruynbroeck nous explique sa vision de son rôle de détachée pédagogique à l’Université de Paix. Enseignante passionnée et créative, elle nous parle de l’importance d’ancrer les apprentissages dans la pratique, sur le terrain. Elle expose ensuite quelques idées créatives pour susci-ter la motivation des enfants.

Enfin, dans un dernier article de fond, nous présentons une uti-lisation possible des marionnettes, la girafe et le chacal, pour parler de la Communication NonViolente avec les enfants.

Pour terminer, nous partageons avec vous le fruit de notre veille documentaire, une activité pédagogique orientée sur la prise de conscience du poids des normes dans un groupe, notre agenda d’activités à venir, ainsi que quelques informations utiles sur le travail et la vie de l’institution.

Bonne lecture à vous !

Julien Lecomte

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SommaireARTICLES DE FOND

Peut-on empêcher la violence en maternelle ? 3

Des conflits, des émotions et des besoins en maternelle ! 4

Mes découvertes en gestion de conflits transposées dans ma classe ! 7

Entre réalité de terrain et semer des graines 10

Une girafe et un chacal avec les enfants 11

BOÎTE À OUTILS

Fiche d’activité : « Une question de norme - Le Nic Nac » 12

ESPACE DOCUMENTATION 13

ACTIVITÉS ÉVÉNEMENTIELLES 14

AGENDA

Formations, conférences et ateliers des mois à venir 15

Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs respectifs

Publié avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Trimestriel n°146 de l’Université de Paix Bd du Nord, 4 - 5000 Namur

Éditeur responsable : Isabelle Brouillard

Contributeurs : Catherine Breuer - Catherine Bruynbroeck - Julie Duelz - Frédéric Duponcheel - Manon Lecocq - Julien Lecomte.

Imprimeur : Mediascreen

Graphisme : Diana Lucic (COJ)

Photo de couverture : Joao Rafaël/unsplash

12 13 BOÎTE À OUTILS

VEILLE DOCU

7 10 BESOINS EN MATERNELLE

GESTION DE CONFLITS

SEMER DES GRAINES4 11 GIRAFE

ET CHACAL

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Julie Duelz est formatrice à l’Université de Paix (UP). Elle a contribué au développement de plusieurs programmes éducatifs de l’UP, notamment en maternelle.

Depuis quelques années, le nombre de demandes d’animation et de formation pour les équipes maternelle a véritablement explosé dans notre association. Les enseignants se retrouvent parfois démunis par rapport aux comportements des enfants (non-respect des règles, agressivité, coups…).

Parallèlement, notre conviction, étayée par les recherches scientifiques, est qu’il est indispensable de commencer au plus jeune âge d’apprendre à entrer en contact, développer les habiletés sociales et gérer les conflits de façon positive.

En effet, selon les conclusions des nombres recherches menées par Richard E. Tremblay (Prix Nobel de criminologie en 2017), l’enfant n’apprend pas à être violent par les médias et les jeux vidéos comme beaucoup le pensent : c’est dans la toute petite enfance que naissent les agressions physiques (dès le moment où l’enfant a la motricité pour se déplacer et taper, arracher, mordre…). Ce professeur canadien en pédiatrie, psychiatrie et psychologie a commencé sa carrière en prison, et s’est interrogé sur l’âge auxquels prévenir ces actes criminels : quelque que soit l’époque ou le pays, les recherches prouvent que le pic d’agressivité ne se situe pas à l’adolescence comme on peut le croire, mais entre 2 ans et 4 ans, et diminue progressivement jusqu’à 6 ans par la socialisation. Seulement, pour une partie des enfants, cette diminution ne se produit pas. Il est important de travailler avec les enfants dès la maternelle car c’est à cet âge que les programmes de prévention ont le plus de résultats.

L’enjeu de l’éducation en maternelle est donc d’apprendre à tous les enfants des moyens non violents pour obtenir satisfaction, le contrôle de soi, le développement du langage, la gestion des émotions, et de ne surtout pas lâcher les enfants qui sont les plus agressifs en se disant que cela va passer en grandissant.

Pour ce faire, il est indispensable de créer un climat de sécurité affective dans la classe. En effet, les enfants doivent se sentir en confiance dans leur classe, par le cadre et la bienveillance de l’enseignant ainsi que par les relations avec les autres enfants (travail de cohésion de groupe). Si ce n’est pas le cas, l’insécurité des enfants va contribuer à la mise en acte de l’agressivité.

À travers nos programmes éducatifs, nous proposons des pistes concrètes pour travailler la sécurité dans le groupe : par le cadre mis par l’enseignant, par sa manière de communiquer qui préserve l’estime de soi), par l’augmentation de la cohésion de groupe.

Sur base de ce climat de sécurité, l’enseignant pourra enseigner les habiletés sociales : les attitudes en conflit, la capacité à nommer et réguler les émotions, le développement de moyens non agressifs pour obtenir satisfaction, mettre sa limite, être créatif dans la résolution de conflits…

Malgré toute la bonne volonté de l’enseignant de maternelle à créer un environnement sécurisant et à développer les compétences sociales des enfants, il ne peut exclure totalement les agressions physiques qui correspondent au développement normal des jeunes enfants. Ceci permet de rassurer les professionnels tout en encourageant d’agir avec détermination parce que c’est aussi l’âge où la prévention est la plus efficace.

Peut-on empêcher la violence en maternelle ? PAR JULIE DUELZ

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Des conflits, des émotions et des besoins en maternelle !

MA CLASSE, MON ÉCOLE

Je travaille dans une petite école qui accueille 83 enfants : 31 en maternelle et 52 en primaire. Il y a une certaine mixité sociale dans notre école. Nous avons également quelques enfants dont la langue maternelle n’est pas le français. Nous avons 2 classes maternelles. Nous travaillons en cycle : dans ma classe, j’ai 6 grands, 4 moyens et 5 petits. Ce tout petit nombre d’enfants me permet d’entreprendre de chouettes activités au coin tapis où les débats et échanges d’idées se déroulent dans de très bonnes conditions. Que ce soit en maternelle ou en primaire, notre équipe est très soucieuse du bien-être de chaque enfant. La violence est pourtant parfois présente dans notre école (essentiellement dans la cour de récréation) mais nous tentons de mettre des dispositifs en place pour l’éviter ! En choisissant de suivre ce module, je voulais donc avoir quelques pistes, quelques petites idées pour améliorer la gestion des conflits et des émotions. Les nombreux partages m’ont permis de mettre quelques petites choses en place dans ma classe. Il suffit parfois de faire un petit jeu comme « La statue » pour aider les enfants à prendre conscience des différentes postures qui traduisent les émotions (langage non verbal).

CE QUE LE MODULE M’A APPORTÉ AU NIVEAU DE MA CLASSE

Dans ma classe, j’avais déjà mis en place des outils pour appendre à mieux communiquer afin de gérer les conflits.

Un tableau CNV

J’ai notamment un petit tableau qui permet aux enfants de « structurer » la communication non violente. Ils peuvent choisir des pictogrammes afin de remplir le tableau. Au préalable, un travail a été fait sur l’identification de la situation qui pose problème, sur l’expression des émotions, sur l’identification des besoins et sur la formulation des demandes.

J’ai construit cet outil parce que je pense qu’un support visuel permet de structurer les étapes. Les enfants peuvent l’utiliser en remplissant les cases ou juste comme référent.J’utilise cet outil en faisant des jeux de rôle. Je n’ai pas encore réussi à l’utiliser dans des situations de conflits réels. En effet, je pense que les enfants sont trop envahis par leurs émotions et ont du mal à s’en détacher. Prendre du recul, analyser la situation (surtout quand il y a un débordement d’émotions) est difficile pour un enfant de maternelle.

CATHERINE BREUER EST ENSEIGNANTE EN MATERNELLE. ENSEIGNANTE CRÉATIVE, ELLE A SUIVI UN MODULE DE FORMATION DONNÉ PAR L’UNIVERSITÉ DE PAIX À LA DEMANDE DE L’HELMO CESPL. DANS CET ARTICLE, ELLE NOUS PARTAGE COMMENT ELLE S’EST RÉAPPROPRIÉ DES OUTILS DE CETTE FORMATION ET COMMENT ELLE LES APPLIQUE DANS SA CLASSE.

PAR CATHERINE BREUER

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J’ai donc voulu mettre en place un autre outil afin d’aider les enfants à comprendre la situation et à se comprendre.

Vivre le cheminement de la CNV

Travailler l’auto-empathie avec un déplacement sur le bonhomme de la communication non violente me semble être une chouette activité à mettre en place dans ma classe.

J’ai introduit cet outil lors d’une séance de psychomotricité. Les enfants l’ont baptisé le « Géant bleu ». Je me suis dit que c’était l’endroit et le moment idéal pour débuter l’utilisation de cette démarche d’auto-empathie. En effet, pendant les séances de psychomotri-cité, les enfants entrent sans cesse en interac-tion, en communication. Il y a donc des conflits ! Aussi, je profite souvent de ces moments pour observer chacun de mes élèves et j’en ap-prends beaucoup sur leurs relations, leurs inté-rêts, leurs peurs…

Voici comment nous avons fait connaissance avec le « Géant bleu » :• Avant la séance, j’ai dit à mes élèves que

j’installais un bonhomme dans la salle et qu’on pouvait librement marcher dessus (ou courir, ou sauter…). Je voulais profiter d’une situation réelle de conflit pour expliquer à quoi il servait et comment l’utiliser.

• Ninon et Thélio ont été les premiers à l’uti-liser. Ninon voulait jouer avec Thélio mais ce dernier ne voulait pas… Petit conflit sans trop de gravité mais Ninon est venue me trouver toute tristounette. J’ai dit à Ninon et Thélio que le Géant bleu allait nous aider à comprendre la situation et à les écouter tous les deux.

• Dans le cerceau, Ninon a pu utiliser tous les mots qu’elle voulait : « Thélio, il est méchant, il ne veut jamais jouer avec moi ! »

• Sur la tête, Ninon a expliqué ce qu’il s’était passé ; « J’ai demandé à Thélio pour jouer avec lui et il m’a répondu non ».

Zone dans laquelle on

peut s’exprimer librement.

On se « lâche ».

Décrire la situation sans juger.

Exprimer ses émotions.

Identifier et exprimer ses besoins

Formuler une demande, trouver une solution.

J’ai choisi le triangle pour symboli-ser la pyramide de Maslow puisque c’est le référent que j’utilise avec les enfants pour parler des besoins.

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• Sur le cœur, j’ai demandé à Ninon comment elle se sentait. Elle a répondu qu’elle était triste. Thélio la regardait se déplacer sur le bonhomme et l’écoutait sans rien dire.

• Sur le triangle, Ninon devait exprimer ses besoins. Cette étape a été un peu plus diffi-cile à réaliser. J’ai dû la guider. Ninon a fina-lement identifié ses besoins en disant qu’elle ne voulait pas être toute seule et qu’elle avait besoin de jouer avec les autres.

• Sur les jambes, il fallait trouver des solutions. Ninon a d’abord suggéré l’idée d’aller jouer avec quelqu’un d’autre. Et là, Thélio a réagi « Mais non, si elle veut jouer avec moi, elle peut… Mais c’est moi qui décide mon jeu ! »

Thélio a également fait les déplacements sur le « Géant bleu » pour essayer de comprendre pourquoi il avait rejeté la demande de Ninon. Je pense que le fait de se déplacer et de s’exprimer en fonction de l’endroit où l’on se trouve, structure la situation, apaise les enfants, et permet de prendre du recul par rapport à la situation de conflit. C’est exactement l’outil qu’il me manquait dans ma démarche pour faire de la communication non violente avec les enfants. Le déplacement sur le bonhomme permet aux enfants de distinguer les étapes de la communication non violente et de passer de l’une à l’autre en exprimant leur vécu, leurs ressentis, leurs besoins et leurs propositions de résolution de conflit. Tout cela dans un ordre qui n’est pas imposé puisqu’ils peuvent faire des aller-retours librement.Jusqu’à présent, nous faisions de la communication non violente à partir de jeux de rôle ; nous faisions semblant. C’est évidemment déjà pas mal mais je pense que maintenant, je vais pouvoir travailler à partir de situations réelles de conflits. Le « Géant bleu » sera présent à chacune de nos séances de psychomotricité. Je serai là pour guider les enfants dans leurs déplacements dans la communication non violente. Et peut-être pourront-ils l’utiliser sans l’aide de l’adulte  ? Et pourquoi pas utiliser cet outil pendant la récréation, moment où l’on doit gérer pas mal de conflits ? Il suffirait de quelques petits coups de peinture sur le sol pour faire apparaitre le Géant bleu dans la cour de récréation ! Je suis convaincue, que dès la maternelle, nous pouvons mettre des outils en place pour apprendre à mieux communiquer. En tant qu’enseignante, je dois donner aux enfants des

moyens pour mieux s’exprimer, pour mieux se comprendre et pour mieux comprendre les autres. Bien communiquer, c’est difficile… mais ça s’apprend !

CE QUE LE MODULE M’A APPORTÉ SUR LE PLAN PERSONNEL

Dans ma classe, nous parlons beaucoup des émotions. Nous les traduisons par des mots, des gestes, des musiques, des dessins, des peintures… Les enfants aiment toutes les histoires traitant ce sujet. Lors de l’évaluation à la fin de chaque journée, les enfants ont l’occasion de raconter comment ils ont vécu leur journée. Nous faisons également un conseil de coopération (deux fois par semaine) pendant lequel ils peuvent s’exprimer sur ce qui va bien ou ce qui ne va pas. Bref, je donne une grande importance à l’expression des émotions dans ma classe. Et pourtant, dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un qui n’exprime pas très facilement ses émotions… Les petites situations que nous avons vécues pendant le module m’ont poussée à m’exprimer. Mettre des mots sur comment je me sens, trouver une situation dans laquelle je me sens triste ou en colère, sont des exercices qui ne sont pas si facile que ça pour moi. Je suis donc assez contente d’avoir joué le jeu sans avoir dû utiliser le STOP !J’aimerais aussi introduire la méditation dans ma classe. Je n’ai pas encore osé, je ne me sens pas encore tout à fait à l’aise avec la démarche. Je pense que je vais bouquiner et m’intéresser à ce sujet pour pouvoir faire des exercices de pleine conscience avec les enfants. Grâce à cette formation, j’ai pu mettre en place des outils concrets dans ma classe et j’ai aussi pu refaire les petits jeux « Brise-glace ». Ces 6 séances m’ont aussi donné l’envie d’approfondir ce que j’ai appris et d’aller plus loin.Les outils partagés comme par exemple « Graines de médiateurs » vont me permettre de continuer les apprentissages dans le domaine des émotions et de la gestion des conflits dans ma classe et dans mon école. J’ai également envie de me documenter sur la démarche de communication non violente avec la girafe et le chacal. L’idée d’utiliser des marionnettes pour concrétiser et caricaturer nos comportements dans les situations de conflits me plait aussi assez bien !

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Mes découvertes en gestion de conflits transposées dans ma classe !

Ce module « Gestion de conflits » m’a fait prendre conscience et découvrir certaines pra-tiques informelles.

DES OUTILS DE COMMUNICATION, D’ÉCOUTE ET D’ACCUEIL DES ÉMOTIONS

Le cercle de la frustration

Le modèle théorique du « cercle de la frustra-tion  » montre que l’on peut créer du change-ment de plusieurs manières pour prévenir ou stopper la violence ou les transgressions.

Un besoin peut être assouvi ou entendu sinon il engendre une émotion (de la colère) qui peut être exprimée, écoutée sinon elle engendre de l’hostilité par la posture, l’attitude qui peut être stoppée par un rappel de la règle et de la sanc-tion ou qui peut aboutir à un acte de violence qui doit alors générer une sanction réparatrice sous peine d’alimenter encore la frustration.

Avec de la communication et de l’écoute, on peut agir sur les besoins et les émotions. Avec des règles et des sanctions, on peut agir sur l’hostilité et les violences.

Avec un élève plus « difficile », j’ai utilisé le cercle de la frustration afin d’agir à plusieurs moments sur ses besoins, émotions et compor-tements. Cela a fonctionné à plusieurs reprises. La communication lui a permis d’évacuer cer-taines émotions et d’exprimer des besoins afin de les mettre de côté pour pouvoir penser à autre chose.

Après chaque conflit avec les autres enfants ou avec moi, il y a une discussion et une réflexion sur ce qui s’est passé.

D’abord, après chaque transgression, l’enfant restait avec moi en classe. Je le laissais toujours se calmer au début. Après quelques minutes, je

lui demandais de m’expliquer la raison de son comportement. J’essayais alors de lui poser des questions pour lui faire dire ce qu’il s’était passé.

Ensuite, je lui expliquais en quoi il n’avait res-pecté la règle et je lui rappelais la sanction.

Enfin, nous discutions ensemble sur une répa-ration possible. Dans certains cas, la réparation pouvait être la sanction. Lorsqu’il se moquait d’un autre, le fait de devoir aller demander pardon à l’enfant, de réaliser un dessin pour s’excuser était déjà une avancée. Dans ce cas, ce n’est parfois pas nécessaire d’ajouter une sanction inconfortable en plus.

« Atterrissage »

La prise en compte des besoins des enfants a été abordée dans le module, justement en lien avec le cercle de la frustration. Cela passe par une attention à des petits moments comme par exemple quand un enfant arrive en retard. Je laisse désormais le temps aux enfants qui sont en retard de s’installer, je ne les « plonge » pas dans l’apprentissage directement. J’avais l’habitude lorsqu’un enfant arrivait plus tard d’aller près de lui et de lui expliquer tout de suite ce qu’on était en train de faire. Mainte-nant, lorsqu’un enfant est en retard, je lui laisse le temps de sortir ses affaires, de préparer son crayon et sa gomme et, lorsqu’il est prêt, j’ar-rête l’activité que l’on est en train de faire et je demande aux autres enfants d’expliquer ce qu’on est en train de réaliser.

Cela permet aux enfants de se préparer à apprendre, de se poser calmement et de « se connecter » à l’activité qui est en train d’être vécue et cela permet aux enfants qui n’étaient pas en retard d’expliquer ce qu’ils sont en train d’apprendre pour vérifier leur compréhension.

MANON LECOCQ EST ENSEIGNANTE. ELLE A SUIVI UN MODULE EN GESTION DE CONFLITS. ELLE NOUS TÉMOIGNE D’OUTILS QU’ELLE RÉUTILISE DANS SA CLASSE, EN PREMIÈRE PRIMAIRE.

PAR MANON LECOCQ

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Un jour, j’ai vu qu’un enfant n’était pas dans de bonnes dispositions pour être réceptif aux ap-prentissages. Je lui ai alors proposé de ne pas faire l’activité qu’on était en train de faire et de se coucher sur son banc quelques minutes. Il a accepté sans déranger le groupe et il était bien prêt pour l’activité suivante.

Le « poisson froid » pour répondre aux provocations

Durant le module, nous avons distingué deux types de violence :

• La violence « chaude » : une émotion peut amener un acte de violence. Dans ce cas, une discussion, une situation d’écoute (et éventuel-lement une sanction) pourraient résoudre le problème.

• La violence « froide » fait référence à un comportement de domination pour avoir le contrôle de la situation (par exemple, par des provocations). Lorsque l’on est confronté à une violence froide, il est conseillé de ne pas réagir directement (par exemple, compter 5 secondes dans sa tête « 5 crocodiles ») et de faire le « poisson froid ». Face à de tels com-portements, la technique du « poisson froid » consiste à montrer que la situation ne nous atteint pas, que nous avons confiance en nous, que nous sommes conscients de notre valeur afin d’empêcher l’autre de prendre le pouvoir. Le « poisson froid » peut déstabiliser l’enfant en lui montrant que ses provocations n’ont aucun impact sur nous.

La technique du « poisson froid » fonctionne très bien. Le fait d’attendre quelques secondes avant de répondre déstabilise complètement notre interlocuteur lorsque celui-ci essaie de prendre un ascendant sur nous (par des provocations, par exemple), et cela nous permet de gagner en assurance. Montrer que ce qu’on entend n’a pas d’impact sur nous fait perdre de l’influence à notre interlocuteur. Après un certain temps, l’enfant a moins envie de provoquer puisqu’il a compris que ça n’aurait pas d’impact sur nous.

La météo pour exprimer ses émotions

Cette activité consiste à « prendre la tempéra-ture » du groupe, à exprimer son humeur, ses sentiments directement ou à l’aide du voca-bulaire de la météo. Je l’utilise tous les matins dans ma classe, les enfants doivent lever ou baisser le pouce et dire comment ils se sentent.

J’ai dû ajouter le geste à la parole parce que certains enfants étaient trop réservés pour par-ler devant les autres.

Au début, certains enfants ne s’exprimaient pas parce qu’ils étaient gênés de prendre la parole devant le groupe. J’ai alors proposé à ces en-fants-là de lever ou de baisser le pouce selon leur humeur et de ne pas parler. Après plusieurs jours, je leur ai dit qu’ils avaient le droit de ne rien dire mais qu’ils pouvaient aussi essayer de dire un mot quand ils seraient prêts.

Puis, petit à petit, tous sont parvenus à dire un petit mot sur leur humeur du jour. Les enfants adorent ça et cela permet également de désa-morcer un besoin, une émotion pouvant amener un éventuel comportement « violent ». Effecti-vement, une émotion qui est exprimée permet déjà à l’enfant de se décharger de cette émo-tion et d’essayer de se concentrer sur autre chose. Cela permet aussi à l’enseignant d’être plus attentif à tel enfant en fonction de ce qui aura été dit lors de la « météo ».

Cette activité renforce le sentiment d’appar-tenance au groupe et la confiance en soi. Pour certains enfants, c’est un réel défi de s’exprimer sur leurs émotions devant le groupe. Sans forcer les enfants, au fur et à mesure, ils prennent de l’assurance et osent s’exprimer de plus en plus.

L’activité « météo » est positive pour chaque enfant. Effectivement, ceux qui ont besoin de s’exprimer en ont la possibilité. Ceux qui ont « peur » de s’exprimer peuvent simplement faire un geste et ajouter des mots après quelques temps. Ces derniers prennent confiance en eux petit à petit.

Cette activité a aussi permis à un élève « dif-ficile » de trouver une place dans la classe et de se sentir appartenir à la classe mais aussi de s’exprimer et de libérer des émotions ou des besoins qu’il avait envie de partager. De plus, elle m’a permis d’écouter ce qu’il avait envie de dire et d’être attentive à son humeur afin d’essayer d’anticiper certaines ces réactions. Cette activité me permet également de prendre du temps pour écouter et essayer de percevoir l’univers de chaque enfant.

La synchronisation pour se connecter avec empathie

La synchronisation est le fait de se coordon-ner physiquement avec notre interlocuteur, de prendre la même posture, la même attitude que

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celui-ci. À l’école et dans ma vie personnelle, je fais régulièrement preuve d’empathie et je suis très souvent synchronisée avec la personne avec laquelle je parle. J’ai pris conscience de cela après notre séance sur ce thème. Je trouve cela très amusant d’observer les comporte-ments des gens et de voir ou non leur synchro-nisation avec leur interlocuteur.

LES RÈGLES ET LA DISCIPLINE POSITIVE

Donner du sens à la règle

Dans ma classe, nous n’avons qu’une règle : « il est interdit d’empêcher d’apprendre » (aux autres ou à soi-même).

Nous avons exprimé et listé des comporte-ments observables rencontrant ou non cette règle avec les enfants. Pour apprendre, il faut être dans de « bonnes conditions » comme ne pas interrompre autrui / parler une personne à la fois, avoir son matériel en ordre…

Cette règle « empêcher d’apprendre » peut être déclinée pour beaucoup de cas. Cependant, il est clairement difficile de s’obliger soi-même à apprendre et encore plus de sanctionner une transgression à cette règle. Mais par cet aspect de la règle, je voulais attirer l’attention des enfants sur le fait que leur comportement

influençait les apprentissages du groupe mais aussi leurs apprentissages personnels. Je mets beaucoup plus l’attention sur les conséquences de nos comportements pour chacun et essaie ainsi de les responsabiliser petit à petit plutôt que de leur dire que « c’est comme ça ». Ce point me semble important et je voudrais le mettre en place davantage dans ma pratique future.

Une sanction est accompagnée d’une écoute

Lorsqu’un enfant est puni, la sanction est tou-jours suivie d’un moment d’écoute et d’un temps de réflexion sur la réparation qui pourrait être envisagée. Ce point me semble important et je voudrais le mettre en place dans ma pra-tique future.

Une discipline positive

En parallèle, je valorise les enfants dès qu’ils font quelque chose de bien. Plusieurs enfants ont pris goût à cela et, maintenant, essayent réellement de bien faire et font beaucoup moins de bêtises. Des enfants qui attiraient autrefois l’attention par un comportement inapproprié comprennent qu’ils peuvent attirer l’attention autrement. Ils sont moins dans la provocation, en train de chercher les autres, plus posés... Ils jouent plus calmement dans la cour.

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dans une semaine scolaire déjà bien chargée. Bien sûr, il faut faire des choix, mais pour moi, il est important que l’UP continue à éveiller les consciences car rien n’est jamais acquis en ce domaine ! Le programme Graines de Média-teurs a tout son sens puisqu’il vise à former les enseignants dans leur classe sur une large période d’une année scolaire, c’est un minimum pour que l’enseignant puisse avoir une réelle réflexion et changer petit à petit ses habitudes dans le flot énorme de tout ce qu’il doit déjà apprendre aux enfants…

CRÉER POUR SUSCITER LA MOTIVATION

Pour susciter la motiva-tion, j’aime particuliè-rement venir en anima-tion avec des outils très variés, colorés et at-trayants.

Pour cela, je n’hésite pas à inventer, à collec-tionner des tas de supports par exemple un girafon grandeur nature sur affiche déroulante, des météos différentes (grands paysages cou-pés dans des livres de récupération, mini-pe-luches glanées dans des brocantes…).

Quand je parle des besoins, j’apporte une photo d’un arbre d’un mètre carré qui illustre l’his-toire de Gaspard le naufragé échoué sur une île déserte. Lors de la Saint Valentin, je viens avec un énorme ballon de baudruche en forme de cœur et des grelots à l’intérieur pour rame-ner au calme et clôturer la séance. J’adore aussi détourner des jeux de société existants à la réalité du programme Graines de Médiateurs ou encore chercher des activités qui répondent à la grande demande sur le harcèlement.

J’écoute beaucoup les enseignants dans leurs difficultés, je suis en train de créer une affiche pour demander avec des gestes plutôt qu’avec la parole, ce qui vise à réduire le bruit en classe, et je projette aussi de faire une boîte avec des fiches d’idées de gestion du groupe…

Institutrice primaire de formation depuis 1994, titulaire dans une école à discrimination positive à Bruxelles, j’ai eu la chance d’être formée par le projet Bernheim (Graines de médiateurs) de l’Université de Paix (UP), il y a dix ans déjà. J’ai intégré l’équipe depuis septembre 2017 en tant que détachée pédagogique.

Mon expérience de terrain me conforte dans l’idée qu’il faut outiller les enseignants à gérer la dynamique de leur classe. Ils ont parfois des réalités bien complexes : groupe nombreux, avec des comportements « difficiles », en-fants présentant des troubles d’apprentissage (TDHA, DYS, primo-arrivants…), sans compter la gestion des parents qui sont de plus en plus intrusifs. Les équipes nous disent combien elles sont démunies.

Le travail d’un enseignant ne s’arrête pas à la fin des cours : corrections, préparations, réu-nions sont leur quotidien pour travailler le volet purement pédagogique. Ils n’ont matériel-lement pas le temps de faire des recherches poussées sur l’apprentissage des habiletés sociales, sur la gestion des émotions, ou de se documenter efficacement sur le harcèlement scolaire etc… Et les quelques jours de formation qu’ils peuvent prendre par an n’est pas suffisant pour vraiment acquérir de telles compétences. Moi-même, j’ai dû payer de ma poche mes for-mations longues en gestion positive des conflits et en Communication Non Violente. Je me rends compte à présent du temps de recherche et de formation qu’il m’a fallu pour avoir une base suffisante à transmettre aux équipes qui viennent se former à l’UP.

Les outils de communication ne s’apprennent pas uniquement dans les livres : il faut avoir une certaine expérience de classe pour pou-voir accéder à une pratique qui tend à l’édu-cation positive et bienveillante. Pour y arriver, il faut un réel travail personnel et une remise en question constante. La gestion de conflits prend réellement du temps (et de l’énergie)

CATHERINE BRUYNBROECK EST ENSEIGNANTE ET DÉTACHÉE PÉDAGOGIQUE À L’UNIVERSITÉ DE PAIX. ELLE NOUS EXPLIQUE ICI COMMENT ELLE RELIE SON EXPÉRIENCE EN TANT QU’INSTITUTRICE AVEC LES OUTILS DE L’UNIVERSITÉ DE PAIX.

PAR CATHERINE BRUYNBROECK

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Une girafe et un chacal avec les enfants

LA GIRAFE : c’est un grand mammifère avec un très long cou, ce qui lui permet de prendre de la distance lors d’une dispute ; elle voit les choses d’en haut, ce qui lui permet de réagir de façon très sereine.

Par la longueur de son cou, elle doit avoir une très grosse pompe qui lui permet d’irriguer le sang jusqu’à la tête : c’est son COEUR.

La girafe ne crie pas, elle est muette, elle parle avec son cœur, et lors d’une dispute, elle tape du sabot comme pour marquer son territoire. Une girafe va pouvoir dire à l’autre ce qui la dérange sans l’attaquer ou le blesser. C’est pour cela qu’on dit qu’elle parle le langage du cœur.

Pour manger, elle se nourrit de feuilles d’acacias, ce qui fait qu’elle n’attaque jamais d’autres animaux. Elle pollinise et de ce fait, est très respectueuse de la nature puisqu’elle permet aux acacias de se reproduire.

Elle se met en danger lorsqu’elle boit ; du coup, elle a besoin du groupe pour la protéger.

LE CHACAL, lui, est différent. C’est un chien de la savane, tout petit dans ces hautes herbes, ce qui fait qu’il avance sans jamais voir ce qu’il se passe. Il ne voit rien au-delà du bout de son nez. Conséquence, il a souvent très peur, et son moyen de défense, c’est l’attaque. Il mord parce qu’il a peur.

Son grand malheur, c’est que parfois, il se rend compte qu’il est maladroit, il aimerait bien réagir autrement. Et parfois, il par-vient à sortir la toute petite girafe qui est en lui et quel soulagement de pouvoir dire à l’autre ce qu’on ressent sans l’attaquer ni le blesser.

LA GIRAFE SYMBOLISE LA COMMUNICATION NONVIOLENTE (CNV). AVEC LES ENFANTS, NOUS UTILISONS DES MARIONNETTES POUR ILLUSTRER DES CONFLITS ET DIFFÉRENTES MANIÈRES DE LES GÉRER. LE CHACAL N’EST PAS « MÉCHANT » PAR NATURE : IL NE VOIT SIMPLEMENT PAS LES CHOSES COMME LA GIRAFE, ET FONCTIONNE DONC PAR HABITUDE, EN GÉNÉRALISANT ET EN JUGEANT ! LA GIRAFE PEUT L’AIDER À VIVRE LES CHOSES AUTREMENT…

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Et bien, nous c’est pareil, nous avons en chacun de nous une girafe et un chacal. Parfois, spon-tanément, c’est peut-être le cha-cal qui sort le plus rapidement, et donc nous allons tout comme le chacal essayer de faire grandir la girafe qui est en nous !

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Le phénomène du harcèlement est une dynamique qui vise un ou plusieurs membre(s) d’un groupe comme étant en-dehors de la norme. La norme fait partie des codes implicites et parfois explicites de fonctionnement du groupe. Lorsqu’un adolescent ne répond pas aux critères de son groupe, en exposant une différence, bien souvent visible, il risque d’être pointé du doigts par ses pairs et exclu. Cette méca-nique bien souvent inconsciente conduit aux phéno-mènes de bouc émissaire et du harcèlement.

Pour prévenir ce genre de situation, l’Université de Paix propose des activités pédagogiques qui vont permettre aux jeunes de mieux comprendre les phé-nomènes liés à la vie d’un groupe. Amener de la conscience sur des schémas de réaction bien souvent inconscient grâce à l’expérience elle-même, voilà l’enjeu de la pédagogie active soutenue par l’asbl.

DÉROULEMENT

L’animateur-trice constitue des équipes de 5 jeunes. Les jeunes vont recevoir des instructions qu’il ne fau-dra pas dévoiler aux autres.

Dans chaque groupe, 4 jeunes reçoivent une sur laquelle est écrit : « mange un nicnac et essaie de convaincre ceux qui n’en mangent pas d’en manger. Trouve de bonnes raisons pour qu’il en mange. »

Dans chaque groupe un jeune reçoit un carton où il est écrit : « ne mange pas de nicnac et refuse toutes les offres de ceux qui t’en proposent. »

L’animateur-trice nomme plusieurs observateurs chargés de recueillir ce qu’ils voient et entendent.

Ensuite, il dispose le plat au centre en précisant que chacun-e doit respecter au mieux ce qui est écrit sur son carton.

Au bout d’un temps choisi, le jeu est arrêté pour en venir au temps de débriefing.

Une question de norme

LE DÉBRIEFING• Le vécu : comment vous-êtes-vous

senti-e durant cette activité ? Avez-vous respecté la consigne ? Comment avez-vous fonctionné ? Auriez-vous réagi de la même façon si vous n’aviez pas été en groupe ? Auriez-vous eu envie de changer de comportement ? L’avez-vous fait ou pas et pourquoi ?

• Le sens : à quoi a servi cette activité ? Quel sens cela fait pour vous ?

• La transposition : quelle conclusion pouvons-nous faire avec nos vies de tous les jours ? Qu’est-ce que cela nous apprend

Il est important d’amener les jeunes à se rendre compte qu’on peut adhérer ou non à une opinion, une action, mais qu’il faut laisser chacun-e libre de ses choix.

La diversité et la différence sont des richesses et non des moyens d’op-

pression et de discrimination.

OBJECTIFS• L’objectif étant de prendre conscience

de l’influence du groupe, mais aussi d’accepter l’autre dans son individua-lité, accepter l’autre dans ses choix et apprendre à assumer ses choix et décisions. Poser un regard sur la dynamique et le fonctionnement des groupes ainsi que les normes qui s’y vivent.

MATÉRIEL• Nicnac - cacahuètes - bonbons -…• Cartons avec la consigne

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Espace documentationDANS CETTE RUBRIQUE, RETROUVEZ DES RÉSUMÉS ET RÉFÉRENCES DE RESSOURCES DOCUMENTAIRES « VUES AILLEURS » (ARTICLES, VIDÉOS, ETC.) SUR LA PRÉVENTION DE LA VIOLENCE, LA COMMUNICATION ET LA GESTION DES CONFLITS.

L’école élémentaire Pasteur de Yutz a mis en place un système de médiation par les pairs. Il s’agit d’un procédé de gestion des conflits par les enfants au sein même de l’école.La médiation scolaire est une démarche centrée sur la parole et l’écoute venant se substituer comme mode relationnel et d’agir à la violence physique ou verbale. Elle permet d’impliquer les élèves dans la résolution des conflits, d’éviter le repli sur soi et de favoriser les échanges.

On appelle médiation le processus qui permet, lors d’un conflit, l’intervention d’un tiers pour dépasser le rapport de forces et trouver une solution gagnant-gagnant. La médiation scolaire par les pairs se caractérise par le fait qu’il s’agit de médiations réalisées par des jeunes pour d’autres jeunes. Les adultes référents de l’action accompagnent les élèves dans leurs fonctions.

Lire l’article complet : https://urlz.fr/96rb

YUTZ : EN CAS DE CONFLIT, LES MÉDIATEURS SONT LÀ

Et si le simple fait de nous connecter à nos émotions pouvait nous rendre la vie plus belle ? Le Dr Pascale Mohlo, formatrice en Communication Non Violente, nous expose dans ce talk ses clés pour des relations bienveillantes.

Voir la vidéo : https://urlz.fr/96rw

Le harcèlement peut avoir lieu n’importe où et se manifeste de différentes manières, de la propagation de rumeurs à des menaces, en passant par la publication de photos inappropriées. Nous espérons vous fournir des informations qui vous permettront de mieux aider les élèves impliqués dans un cas de harcèlement : quand et où avoir une conversation, que dire exactement et comment faire un suivi. Voici quelques conseils et stratégies d’ordre général pour vous aider à définir et à appliquer un règlement à l’école, à encourager des attitudes positives dans la classe et à prévenir le harcèlement.

Voir la vidéo : https://www.facebook.com/safety/bullying/educators

Valoriser les comportements est certainement un des leviers d’éducation les plus puissants. Dans cette optique, tu trouveras ici des outils pour accompagner les jeunes en difficulté, pour permettre à tous de trouver une variété de places ou rôles dans l’école, pour donner des responsabilités aux élèves, pour enfin évaluer et féliciter leur comportement.

Source : http://ecolecitoyenne.org/outils/valorisation/

PASCALE MOLHO : « DE L’ART DE SE RENDRE LA VIE PLUS BELLE »

UN PORTAIL FACEBOOK POUR PARENTS, ÉDUCATEURS, JEUNES

ECOLE CITOYENNE

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Vie de l’institution

L’Université de Paix met à disposition, depuis septembre 2018, une boîte à lire accessible gra-tuitement où trouver des livres (des romans, essais, guides touristiques, livres scientifiques, bandes dessinées, revues…), des vidéos, des jeux… en libre service et en bon état.

Son principe est simple : celui du « livre-échange ».

Les participants aux activités de l’Université de Paix, les membres du personnel… déposent un ou deux ouvrages dans la boîte à lire ou se servent parmi ceux apportés par d’autres personnes. Cela permet aux livres d’avoir une deuxième vie, une troisième… un nouveau propriétaire… un nouveau lecteur…

La boîte à lire prône le partage, l’échange, la culture pour tous, l’économie solidaire. Sa gestion en est participative et à la charge de chacun-e.

Victor Hugo aurait aimé cette tendance de partage de livres, lui qui déclara  : « Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser : mettez des livres partout ».

La boîte à lire de l’Université de Paix se situe au rez-de-chaussée, entre le hall d’entrée et l’espace d’accueil de la cuisine. À bon entendeur...

Sur notre site, retrouvez une compilation de nos nombreuses contributions pour faire face au phéno-mène du harcèlement scolaire : https://www.universitedepaix.org/dossier-le-harcelement-scolaire

L’Université de Paix a le plaisir de reprogrammer plusieurs cycles de formation de longue durée (Brevets et Certificats) en 2019-2020.

Nous avons construit plusieurs dispositifs de formation plus conséquents que des modules d’une ou deux journées :

• Le Certificat en gestion de conflits interpersonnels, pour toute personne désirant mieux gérer les conflits dans sa vie quotidienne, mieux comprendre les conflits, mieux gérer ses émo-tions (les siennes et celles de l’autre), mieux s’affirmer, mieux écouter ou encore développer ou renforcer des compétences transversales en négociation, en médiation, etc.

• Le Brevet en gestion de conflits avec les jeunes, pour toute personne travaillant avec un public de jeunes, enfants et/ou adolescents (5 – 17 ans). Ce Brevet vise à outiller les participants pour mieux gérer un groupe de jeunes et les rendre plus autonomes dans la gestion de leurs conflits.

• Le Brevet d’animateur en gestion de conflits, pour toute personne travaillant avec un public de jeunes ayant déjà suivi un cursus en gestion de conflits. Ce Brevet vise à former de véri-tables animateurs en gestion de conflits dans des groupes de jeunes, notamment sur base du programme Graines de médiateurs. Au terme de ce Brevet, les participants maîtrisent suffi-samment des outils de gestion de conflits et des bases pédagogiques pour réaliser des activités pertinentes avec les jeunes et ainsi leur transmettre des compétences en gestion de conflits.

• Le Certificat en gestion des tensions au travail, pour toute personne désirant développer et améliorer ses compétences en gestion de conflits dans le cadre professionnel : gestion du stress, gestion des tensions entre collègues, collaboration entre collègues, intervision…

Les dates des modules 2019-2020 seront prochainement communiquées sur https://www.universitedepaix.org/formations

> UNE BOÎTE À LIRE INSTALLÉE À L’UNIVERSITÉ DE PAIX…

> DOSSIER « LE HARCÈLEMENT SCOLAIRE »

> FORMATIONS LONGUES 2019-2020 : STAY TUNED !

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Les rendez-vous du trimestrePour disposer de toutes les informations relatives aux formations, conférences et ateliers à venir (programme, intervenants, horaires, conditions pratiques, etc.),consultez le site www.universitedepaix.org/formations. Vous pouvez également demander à recevoir notre catalogue d’activités (agenda) par courrier postal.

Les formations, conférences et ateliers ont lieu à l’Université de Paix asbl, Boulevard du Nord, 4 à 5000 Namur, sauf indication contraire. Ils peuvent aussi être réalisés « sur mesure », à la demande. Pour vous inscrire aux activités de l’Université de Paix, complétez en ligne ou imprimez le formulaire disponible sur notre site (Onglet « formations » > « Inscriptions », également accessible à http://www.universitedepaix.org/inscriptions), et renvoyez-le-nous.

TYPE DESCRIPTION DE L’ACTIVITÉ DATE LIEU RÉF PARTENARIAT

AVRIL 2019

Formation Développer l’estime de soi chez les enfants Ma 2 & ve 5 UP (Namur) 1932 APEF

Intervision Les petits-déjeuners : Analyser des pratiques et partager des expériences Ma 2 UP (Namur) 1933

Formation Introduction à la Communication Nonviolente Lu 8 & ma 9 UP (Namur) 1976

ONE 0-3 - Forem - CFM

Formation Aller plus loin dans la Communication Nonviolente Je 11 & ve 12 UP (Namur) 1934 CFM - ONE

0-3

Formation La valise du médiateur : outils et attitudes Ma 23 & mer 24 UP (Namur) 1935 CFM

FormationUn conte pour aborder les émotions, du mouvement pour les vivre, des musiques pour en sortir

Sa 27 avril & 4 mai UP (Namur) 1936 ONE 0-3

Formation Marionnettes et conflit Lu 29 avril & ma 7 mai UP (Namur) 1937

Formation Expérimenter la présence et l’écoute conscientes dans nos relations

Lu 29 avril & ma 7, 13 mai

Le Chat à 7 pattes (Namur) 1938 APEF

Formation Les rel@tions des jeunes sur le web Ma 30 UP (Namur) 1939 CFM

MAI 2019

Formation Développer l’estime de soi (4 matinées) Mer 8 & lu 13, 20, 27 UP (Namur) 1940 CFM - Forem

IntervisionLes petits-déjeuners : Accompagner le développement des habiletés sociales de l’enfant

Je 9 UP (Namur) 1941

Formation Règles et sanctions dans les groupes d’adolescents Je 9 & ve 10 UP (Namur) 1942 APEF -

Forem

Formation Faire face à la manipulation Ma 14 & ve 24 UP (Namur) 1943 APEF - CFM

Formation Bientraitance et douces violences Ma 14 & ve 24 Mundo-n (Namur) 1944 ONE 0-3

Formation Jeux coopératifs Je 16 & ve 17 Le Chat à 7 pattes (Namur) 1945 APEF -

Forem

IntervisionLes petits-déjeuners : Développer l’estime de soi de l’enfant et ses compétences relationnelles

Je 16 UP (Namur) 1946

Formation Mieux communiquer dans un environnement multiculturel Ma 21 & je 23 UP (Namur) 1947 ONE 0-3

Conférence Violence et conflit Ma 21 UP (Namur) 1948 Article 27

Formation Se protéger et prendre du recul (approfondissement) Mer 22 UP (Namur) 1949 CFM

Intervision Les petits-déjeuners : Comprendre, soutenir et ajuster la dynamique d’équipe Je 23 UP (Namur) 1950

Renforcer ses capacités de présence et d’écoute en médiation par la pleine conscience Ma 28 mai & 4 juin Le Chat à 7

pattes (Namur) 1951 CFM

JUIN 2019

Formation Accompagner les enfants dans la gestion de leurs émotions Lu 3 & ma 4 UP (Namur) 1952 APEF - ONE

0-3 - Forem

Formation Négocier : ancrer les bonnes pratiques Ma 4 Mundo-n (Namur) 1953

Intervision Les petits-déjeuners : Atelier d’intervision pour médiateurs Mer 5 UP (Namur) 1954

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W W W . U N I V E R S I T E D E P A I X . B E

Boulevard du Nord, 4 • 5000 Namur • BelgiqueTél + 32(0)81 55 41 40 • Fax + 32(0)81 23 18 82 n° de compte Fortis BE73 0010 4197 0360

[email protected] • n° national : 4161339-58

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TRIMESTRIEL - MARS - AVRIL - MAI 2019 #146

À FAIRE PASSER !

VOUS AVEZ TERMINÉ MA

LECTURE ? VOUS NE ME CONSULTEZ

PLUS ? NE ME JETEZ PAS !

PENSEZ À L’ENVIRONNEMENT ET

FAITES PROFITER DES RESSOURCES

DE CE PÉRIODIQUE À UN(E)

PROCHE, UN(E) AMI(E),

UN(E) COLLÈGUE… !