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UNIVERSITE D’ABOMEY CALAVI (UAC) FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES (FLASH) DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE (DS-A) Mémoire de Maîtrise Mémoire présenté et soutenu par : FADONOUGBO Yvette Note 16 / 20 Le 25 Juin 2014 Membres du jury : Président / Rapporteur : Dr AMOUZOUVI D. Hippolyte, Maître de conférences des Universités du CAMES, Enseignant à lUAC. Examinateur : Dr AGUIADAHO Jacques (FLASH / UAC) Membre : BOTCHI GOMIDO Jean Marie (FLASH / UAC) Année académique : 2013-2014 SUJET :

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UNIVERSITE D’ABOMEY CALAVI (UAC)

FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES (FLASH)

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE (DS-A)

Mémoire de Maîtrise

Mémoire présenté et soutenu par :

FADONOUGBO Yvette

Note 16 / 20

Le 25 Juin 2014

Membres du jury :

Président / Rapporteur : Dr AMOUZOUVI D. Hippolyte, Maître de conférences

des Universités du CAMES, Enseignant à l’UAC.

Examinateur : Dr AGUIADAHO Jacques (FLASH / UAC)

Membre : BOTCHI GOMIDO Jean Marie (FLASH / UAC)

Année académique : 2013-2014

SUJET :

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SOMMAIRE

TITRES PAGES

Sommaire ……………………………………………………………............ 2

Dédicace ……..……………………………………………………………... 3

Remerciements .……………..……………………………………………..... 4

Liste des sigles …………….……………………………………………...... 5

Liste des tableaux, schémas et photos.…………………………………....... 6

Résumé /Abstract …………………………………………………............... 8

Introduction…………………………..……………………………............... 9

1er partie : La fête du vodun, un champ d’étude pour la sociologie du

développement endogène…………………………………………...............

12

Chapitre1- cadre théorique……………………………………...…………... 13

Chapitre2- cadre pratique………………………………………………….... 35

2e Partie : La fête du vodun : un enjeu social majeur………………………...

Chapitre3 : La fête du vodun : manifestations…………….........................

59

60

Chapitre 4 : La fête de vodun à Ouidah : profil et rôle des acteurs…………..

Chapitre 5 : Les fonctions sociales ………………………………………….....

Chapitre 6 : La fête du vodun : un marché …………………………………....

Conclusion……...............................................................................................

62

68

74

77

Références bibliographiques.……………...................................................... 79

Annexe……………………………………………………………................ 82

Table des matières………………………………………………………...... 89

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Je dédie ce travail à :

- mon père Joseph FADONOUGBO,

- ma mère Bernadette SOSSA,

DEDICACE

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Mes remerciements vont, naturellement, à tous ceux qui ont apporté leur

assistance pour la production de ce travail. Particulièrement à :

mon Directeur de mémoire, Prof. Dr. Dodji AMOUZOUVI, pour sa

rigueur, ses conseils pratiques et pertinents et sa disponibilité à suivre ce

travail ;

tous les enseignants du Département de Sociologie-Anthropologie de la

Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH) qui ont contribué

à ma formation ;

au professeur Honorat AGUESSY, pour ses conseils pratiques et pertinents

pour la réalisation de l’enquête de terrain;

monsieur Placide CLEDJO, pour ses conseils, sa détermination à faire de

ce travail une réalité ;

monsieur Roland AGODOKPESSI; monsieur Rodrigue SOGLO pour leur

soutien et leur attachement à faire évoluer ce travail;

monsieur Gilles OUENDO; Dr Jacques AGUIA-DAHO; Dr SINA Ilyass,

monsieur SODEGLA Achille, pour leurs orientations et les conseils

pratiques qu’ils n’ont cessé de me donner pour la réalisation de ce travail ;

monsieur Serge, et madame Estelle FADONOUGBO, pour leur soutien ;

tous mes frères et sœurs, pour leur amour et encouragement ;

la révérende sœur Hortense KLOUSSA, et à tous mes camarades d’amphi

pour leur esprit de fraternité et leur attachement ;

toutes les personnes ressources qui nous ont aidées sur le terrain et les

responsables du culte vodun pour leur disponibilité à répondre à nos

différentes préoccupations.

REMERCIEMENT

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Listes des sigles et acronymes

SIGLES

CA : Chef d’Arrondissement

FLASH : Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines

Hab : Habitant

IDEE : Institut de Développement des Echanges Endogènes

INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

MCAT : Ministère de la Culture de l'Artisanat et du Tourisme

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OT : Office du Tourisme de Ouidah et Région

PDC : Plan de Développement Communal

RGPH3 : Troisième Recensement Général de la population et de L'Habitat

UAC : Université d’Abomey-Calavi

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la

Culture

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

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LISTE DES TABLEAUX, CARTES ET PHOTOS

LES TABLEAUX

Tableau I Centres de documentation parcourus et types d’informations recueillies................ 35

Tableau II Récapitulatif de l'échantillon (population) d'enquête................................................ 39

Tableau III Calendrier de recherche............................................................................................ 40

Tableau IV

Tableau V

Répartition des populations suivant les catégories...................................................

Répartition des enquêtés suivant leur catégorie socioprofessionnelle……………….

41

42

Tableau VI Définition du vodun selon les adeptes et les dignitaires........................................... 43

Tableau VII Signification du vodun selon les adeptes et les dignitaires....................................... 44

Tableau VIII But du vodun selon les adeptes et les dignitaires...................................................... 44

Tableau IX Raisons de la pérennité du vodun selon les adeptes et les dignitaires.................... 44

Tableau X Autres valeurs véhiculées par le vodun..................................................................... 45

Tableau XI Régulation des actes et des désirs par le vodun........................................................ 45

Tableau XII Méthodes de régulation des actes et des désirs......................................................... 46

Tableau XIII Indication des voies à suivre et des interdits par le vodun....................................... 46

Tableau XIV Rassemblement de foules par la fête du vodun.......................................................... 46

Tableau XV Importance de la fête du vodun.................................................................................. 47

Tableau XVI Raisons de l'importance de la fête du vodun.............................................................. 47

Tableau XVII Attraction des populations pour la fête du vodun...................................................... 48

Tableau XVIII Satisfactions trouvées par les populations lors du la célébration de la fête du

vodun ........................................................................................................................

48

Tableau XIX vodun comme source d'inspiration en matière de musique, de chant et de

danse..........................................................................................................................

49

Tableau XX Activités économiques lors de ces manifestations...................................................... 49

Tableau XXI Dépenses effectuées par les adeptes.......................................................................... 49

Tableau XXII Synthèse de l'étude..................................................................................................... 58

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LES CARTES

Carte 1 Carte au sein de laquelle se situent les différents sites touristiques de Ouidah...... 23

LES PHOTOS

Photo 1 les vues d’ensemble des dignitaires du vodun un 10 janvier à Ouidah ….............. 62

Photo 2 la danse des égoungouns à Ouidah.......................................................................... 63

Photo 3 La sortie des nouvelles adeptes pour la fête du vodun à Ouidah............................. 66

Photo 4 La danse des adeptes Tron à Ouidah....................................................................... 69

Photo 5 la danse des adeptes du vodun Cokou à Ouidah .................................................... 69

Photo 6 La danse des adeptes du vodun Ganbada à Ouidah............................................... 71

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Résumé Le vodun, pleinement enraciné dans la vie des populations de nos sociétés

dites traditionnelle, justifie la valeur sociale qu’elle lui accorde. Il participe à

l'expression quotidienne de la vie de chaque Béninois dans le cadre général des

traditions et coutumes, à l’épanouissement des individus, au développement des

activités individuelles, à l’amélioration du climat et des performances de

l’ensemble. Le présent travail qui s’inscrit dans une démarche qualitative, tente

de présenter les enjeux sociaux liés aux pratiques du culte vodun à Ouidah. Sur

ce, l’objectif global poursuivit est de voir en quoi la fête du vodun contribue au

bien-être social, économique et culturel chez le Gléhouénou.

Au terme de l’étude, il est pertinent de souligner qu’en dehors des initiatives

étatiques qui renvoient à un bon développement communal, l’usage est fait aux

pratiques culturelles du vodun à Ouidah pour assurer un réel développement de la

localité. Ceci justifie les différentes stratégies et dynamiques qui structurent les

manifestations liées aux pratiques culturelles lors de la célébration de la fête du

vodun.

Mots clés: Culture ; Vodun ; Développement ; Ouidah.

Abstract Deeply rooted in the lives of the local populations referred to as traditional

societies, the vodun festival itself justifies the social importance the populations

place in it. The vodun, in the general context of the local traditions and customs,

contributes to the expression of the daily lives of each Beninese individual, to the

full expression of the individual’s personality, to the development of the activities

of the individual; and to an improvement of the business atmosphere and

economic performances in the Nation as a whole. Based on a qualitative

approach, this work aims at depicting the social stakes at play in the celebration

of the vodun festivals in Ouidah. Thus, the global objective of the work is to see

the extent to which the celebration of the vodun festival contributes to the social,

economic, and cultural well-being of the native of Gléhoué (or Gléhouénou).

In the end, the study will place a particular emphasis on the fact that, apart

from Government initiatives to develop the area, vodun festivals also play an

important part in the development of Ouidah. That is what justifies the different

strategies and approaches put in place in the celebration of the cultural practices

of the vodun festival in Ouidah.

Key words: Culture; vodun; Development; Ouidah.

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INTRODUCTION

La République du Bénin est une vieille terre de valeurs culturelles

incontestables. Les religions tant traditionnelles que révélées occupent une grande

place dans les activités des populations. En effet, plus de 60% de la population

pratiquent les religions traditionnelles, et plus de 20% se partagent les religions

chrétiennes importées ou assimilées : catholicisme, protestantisme, et diverses

sectes ; selon le troisième Recensement Général de la Population (RGPH3).Les

religions traditionnelles pratiquées dans toutes les régions du pays reposent sur

une base matérielle composée de divinités diverses appelées "vodun" dont le

Bénin est incontestablement le berceau.

Pour mieux appréhender le concept vodun, COURLANDER (1973) dira

que ‘’le vodun est un système intégré de concepts concernant la conduite

humaine, régissant les rapports de l’humanité avec ceux qui ont vécu jadis et

avec les forces naturelles et surnaturelles de l’univers’’. On peut comprendre le

vodun comme une complexe et mystique vision du monde dans laquelle

l’homme, la nature et l’invisible sont intimement liés. De plus, poursuit-il ‘’ le

vodun ne renferme pas seulement un ensemble de concepts spirituels, il prescrit

un mode de vie, une philosophie et un code éthique qui régulent le comportement

social’’. Abondant dans le même sens, DURKHEIM (1912) dira que ‘’Tous les

groupes humains ont une religion’’, ce qui l’amène à dire que ‘’la religion, soit la

société, est une caractéristique de la condition humaine. Autrement dit, aussi

longtemps que l'homme se trouve rassemblé en groupe, il va se former une

religion d'une certaine forme’’.

Les religions traditionnelles ou `'vodun'' s'expriment dans le vécu quotidien

par des symboles, des gestes, des objets, des rites, des cérémonies, des mythes, la

langue, la musique, les danses et même dans la manière de s'habiller. Des temples

sont disséminés partout : le Dan, le Sakpata, le Hêviosso etc. où chacun de ces

dieux a son temple, son clergé, ses adeptes et ses symboles : le fer pour le Dieu

Gou, l'iroko pour le Dieu dan, la jarre percée pour le Sakpata, la pierre de foudre

et autres objets pour Hêviosso. Il n'est pas inhabituel de trouver dans une

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communauté, un chrétien converti menant une double vie : membre pratiquant de

l'église à laquelle il appartient et fidèle aux croyances ancestrales. Le vodun

continue de manifester partout sa vitalité et des rituels sont chaque fois observés

lors des différentes cérémonies organisées.

A cet égard, il est fait le constat que le vodun est ancré dans la société

Béninoise qui est une société fortement hiérarchisée et ordonnée par les us et

coutumes. Ce qui amène à dire que le vodun est un fait à la fois culturel et cultuel.

Pour appréhender le phénomène de la culture en Afrique, nous partirons de

la définition qu’en donne KATOKE (1978) : « la culture, c’est la totalité des

éléments constitutifs du mode de vie d’une société donnée, lesquels sont le

produit des circonstances et du milieu à un moment et en un lieu donné…en

d’autres termes, elle est une manière de vivre adoptée par les membres de la

société face aux forces naturelles et surnaturelles qui ont une influence sur leur

existence ».

Au Bénin, il est organisé à chaque 10 janvier la fête nationale des religions

traditionnelles. Grâce au phénomène du syncrétisme, catholiques, protestants et

musulmans participent aux festivités du vodun. Ces festivités sont souvent

l’occasion de rassemblement des adeptes, des dignitaires du culte vodun, des

autorités locales et gouvernementales, des expatriés, des chercheurs et touristes

etc. Il est organisé dans chaque région, de grandes manifestations culturelles et

rituelles, de démonstrations spectaculaires et périodiques de chants et de danses

dont la beauté est inégalable dans la sous-région. C’est depuis “Ouidah 92’’,

festival culturel autour de « la route de l’esclave » (projet de l’UNESCO) et du

vodun, que le Bénin célèbre le 10 janvier. La rencontre du Bénin et de sa diaspora

aura été un catalyseur pour revaloriser le culte ancestral discrédité par le

colonisateur, mais qui restera un ciment d’unité pour la diaspora et

l’épanouissement de cette culture. C’est pourquoi notre étude s’est penchée sur

les enjeux sociaux de la fête du vodun.

L’idée directrice de cette étude prend appui sur les questions suivantes :

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Quels sont les impacts de la fête de vodun sur la vie sociale de la population de

Ouidah ?

Peut-on estimer un changement de vie de la population de Ouidah voire celle du

Bénin par la célébration de la fête du vodun?

L’objectif de ce travail consiste à explorer les rapports qui existent entre la

religion vodun et la société de Ouidah, particulièrement sous l’angle du

développement social, culturel et économique. Pour y parvenir, la présente étude

s’articule autour de deux grandes parties. La première partie s’intéresse aux

aspects théorique et méthodologique qui ont structuré la recherche, et la deuxième

partie, quant à elle, s’est consacrée à la présentation des résultats de la recherche

et leur analyse.

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1ère PARTIE

Cadre pratique et

méthodologique de la

recherche

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CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

1- Problématique

La culture occupe une place privilégiée dans chaque pays parce qu’elle

offre une gamme diversifiée d’aspirations qui se révèlent toutes significatives en

raison des problèmes qui les génèrent.

Les politiques d’action culturelle mises en œuvre par les gouvernants

contribuent tant bien que mal à sa pérennisation. La population béninoise quant à

elle accorde une importance à la spiritualité et à la pratique religieuse. Qu’elle

soit monothéiste ou polythéiste, traditionnelle ou moderne, cette pratique fait

partie du quotidien de tout Béninois. Ainsi, la célébration de la fête du vodun

permet d’obtenir des grâces diverses et variées comme le bien-être physique,

moral et spirituel immédiat de l’homme. C’est chez MONTILUS (1993) qu’il a

été trouvé l’une des plus judicieuses illustrations : « le vodun fait vivre et aide à

vivre » ; aussi, avec ses danses, ses chants, ses crises de possession, il procure à

ses adeptes, un moyen de s'évader. Il soude les cellules des communautés

paysannes et fait un lien d'unité à l'intérieur des collectivités familiales. Pour lui,

le vodun reste le principal élément d'intégration communautaire dans les sociétés

rurales à structures relâchées de nos jours. Cette religion se révèle surtout être un

système de sécurité efficace pour des masses populaires déshéritées. Partant de

l'époque de l'esclavage en passant par la guerre de l'indépendance, les régimes

d'après-guerre, MONTILUS (ibid) montre que le vodun, dans la société haïtienne,

a permis d'organiser la vie dans les campagnes ; et ceci s’est fait, sous le modèle

africain, c'est-à-dire autour d'un grand-père faisant fonction de chef de famille et

dans ce système, la terre était indivise, ils travaillent en commun. Ainsi, la

religion était là pour conditionner les consciences.

Si la philosophie a beau signifier sa connaissance d’un au-delà, le vodun

quant à lui préfère mettre les habitants d’un tel lieu, ancêtres et autres héros

divinisés à son service ici et maintenant. Cette obstination à obtenir un résultat

immédiat, fait penser que le vodun est un ensemble de pratiques magiques,

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condamnées, du reste, par les autres religions. De plus avec l’avènement des

religions importées, le vodun était devenu le diable à combattre et de ce fait, il a

perdu ses valeurs et s’est vu reléguer au second rang ; rejeter de nos villes, Le

pire a été de constater que certains acteurs sont devenus de véritables escrocs dans

la commercialisation du vodun vis-à-vis des expatriés à la recherche d’objet

d’arts sacrés. Tout ceci a été source de conflit entre les responsables du culte

vodun. Pendant la colonisation, on a assisté à la désacralisation du culte vodun

par l’entreprise coloniale. Ceci a causé d’énormes préjudices à l’ensemble des

valeurs culturelles endogènes. La période révolutionnaire quant à elle l’a

sévèrement pourchassé dans les années soixante-douze à quatre-vingt. Mais, vue

les bienfaits de cette vieille pratique dans la vie des ancêtres avant l’introduction

des religions modernes par la colonisation, elle mérite d’être sauvegardée. C’est

pourquoi à partir des années quatre-vingt-dix avec l’avènement de la démocratie,

le culte vodun va retrouver sa lettre de noblesse. A ce titre, les responsables du

vodun ne cessent de développer des stratégies cultuelles bien précises, qui

consistent à recruter et former des adeptes en leur livrant un savoir-faire

technique et pratique faisant d’eux des éléments indispensables pour la

pérennisation de la célébration de la fête du vodun.

En outre, en considérant le rituel de sacrifice mettant l’homme en

communion avec ses divinités, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est le point

de jonction entre l’homme et ses ancêtres. En effet, l’homme se trouve confronté

à de nombreux problèmes dont les maladies provoquées, les envoûtements, la

mauvaise récolte, la sorcellerie, la sécheresse prolongée, etc. Ces différents

problèmes constituent des obstacles pour son épanouissement social, culturel et

économique. L’homme a donc besoin de courage, de confiance, d’espérance, de

compagnie, de consolation, de confort, d’espoir pour le succès. D’où la nécessité

de se confier aux dieux qui l’aident à survivre, le rassurent et l’encouragent, lui

permettant d’avoir le contrôle sur les choses et les événements ; d’avoir le

pouvoir de soigner les maladies et, de vaincre ses ennemies, parfois contre

l’offrande de sacrifices. Ce qui amène à dire ici que le vodun assure alors le bien-

être social, culturel et économique de l’homme.

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Cette fête qui se déroule habituellement dans toutes les villes béninoises et

particulièrement à Ouidah est marquée par des manifestations culturelles et

rituelles. Elle est très importante car malgré tout, la religion traditionnelle est

l’identité première de tout Africain en général et de tout Béninois en particulier.

L’étude s’étant penchée sur les enjeux sociaux de la fête du vodun à Ouidah, il est

question pour nous de rechercher les impacts de cette fête sur la vie sociale de la

population. En d’autres termes, quels sont les changements qu’induit la fête du

vodun à Ouidah?

1-1 Hypothèses de recherche

- Les fonctions sociales des acteurs identifiables autours de la fête du vodun

expliquent les différents statuts qu’ils mobilisent ;

-La pluralité des activités observées pendant la fête du vodun justifient les

différentes fonctions des acteurs en présence ;

-La fête du vodun à Ouidah mobilise aussi bien des fonctions de régulation

que d’intégration sociale.

1-2 Objectif général

Faire ressortir les enjeux sociaux, économiques et culturels de la fête du vodun,

en plus des fonctions de régulation et d’intégration qu’elle assure à Ouidah.

1-2-1. Objectifs spécifiques

Catégoriser les acteurs en présence suivant les fonctions qu’ils remplissent

dans les manifestations de la fête du vodun ;

Présenter les différentes activités autour de la fête du vodun à Ouidah

suivant les types d’acteurs concernés ;

Relever les fonctions sociales de la fête du vodun.

2- Définition du sujet

2-1. La nature de l’étude

La présente étude revêt un double caractère. Elle est à la fois qualitative et

quantitative. Ceci est fonction de la nature des données collectées d’une part, et

des exigences du traitement de ces données d’autre part. La collecte des données

revêt un caractère fortement qualitatif. Les entretiens visent à rendre disponible

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des données pour recenser et comprendre les discours, les pratiques et perceptions

liées à la fête du vodun, sur les expériences des acteurs en présence suivant les

fonctions qu’ils remplissent dans les manifestations au cours de la célébration de

la fête du vodun. Toutefois, quelques données quantitatives ont été enregistrées

pour faciliter la triangulation et l’appréciation des informations qualitatives. La

deuxième partie qui renvoie à l’étude des acquis de la première phase, est

descriptive et analytique. Elle conduit à établir et apprécier les variables

qualitatives et quantitatives qui distinguent les acteurs et groupes d’acteurs face à

la question de la fête du vodun.

2.2. Clarification conceptuelle

Pour une parfaite compréhension de ce travail et pour éviter certaines

confusions, nous allons procéder à la clarification des concepts suivants: Enjeux

sociaux; Fonctions sociales; Acteurs sociaux ; Vodun.

Vodun : l’orthographe de ce terme de la langue fon que nous employons dans ce

mémoire est identique à celle utilisée par TALL(2003). Ici, le terme ‘’fétiche’’

étant tout à fait impropre, nous évitons de l’employer, mais quand les auteurs

cités, ou les enquêtés le conservent, il est maintenu. Aussi l’orthographe des

auteurs et leur façon d’écrire le concept ‘’vodun’’ est respecté, de même que les

langues vernaculaires : nombreuses variantes. La définition de ce concept est

multiple et varie d’un auteur à un autre. Ainsi, l'ethnologue français METRAUX

(1958) en donne une définition tout en insistant sur l'aspect utilitaire de cette

religion : " C'est un ensemble de croyances et de rites d'origine africaine qui,

étroitement mêlés à des pratiques catholiques constituent la religion de la plus

grande partie de la paysannerie et du prolétariat urbain de la République noire

d'Haïti. Ses sectateurs lui demandent ce que les hommes ont toujours attendu de

la religion : des remèdes à leurs maux, la satisfaction de leurs besoins et l'espoir

de survivre".

Le vodun est une religion de la nature, non point dans le sens que la nature

y serait adorée, mais parce que l'homme y est profondément inséré ; il est un

microcosme où le monde se lit tout entier ; il a sa place précise dans une

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hiérarchie de forces et d'êtres où tout est inclus : les dieux, les animaux, les

végétaux et les minéraux. Les adeptes de la religion vodun croient à l'existence

des êtres spirituels qui vivent quelque part dans l'univers en étroite intimité avec

les humains dont ils dominent l’activité.

Pour MAOUDI (1986), dans une version recueillie auprès d’une vieille

femme illettrée lors d’une réunion, la définition du vodun serait un terme ‘’adja

evé‘’1 et non fon. Le mot dériverait de la phrase suivante : « mi a nɔvo abla nu

đodju». Cette phrase transcrite mot par mot donne :

mi = nous ; a = allons ; nɔ= rester ; vo = à l’écart ; abla = attacher ;

nu = quelque chose ; đodju = ensemble. Ce qu’on peut traduire par « nous allons

rester à l’écart pour attacher quelque chose ensemble ».

Les ancêtres qui avaient initié le vodun voulaient dire par là que ceux qui

connaissent les plantes, les animaux et certaines forces de la nature devraient se

mettre à l’écart et ensemble créer quelque chose, c’est-à-dire une entité qui sera le

vodun. Le vodun forme donc « vo » = écart et « du » = ensemble ; deux termes

apparemment opposés qui signifieraient alors à l’origine, ce que les gens qui se

sont mis à l’écart ont réalisé ensemble.

Il sera retenu dans le cadre de cette étude, l'explication que donne

COURLANDER (1973) du vodun : " le vodun est un système intégré de concepts

concernant la conduite humaine, régissant les rapports de l'humanité avec ceux

qui ont vécu jadis et avec les forces naturelles et surnaturelles de l'univers ". On

peut comprendre le vodun comme une complexe et mystique vision du monde

dans laquelle l'homme, la nature et l'invisible sont intimement liés. De plus,

poursuit-il " le vodun ne renferme pas seulement un ensemble de concepts

spirituels, il prescrit un mode de vie, une philosophie et un code éthique qui

régulent le comportement social ". Des cultes sont ainsi rendus tous les dix (10)

janvier à Ouidah. Sous le triple effet du prosélytisme monothéiste tant chrétien

que musulman, de l’idéologie marxiste-léniniste (très active au Bénin dans les

1 Ce sont des peuples du sud – ouest du Bénin

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années 70 à 80) assimilant vodun et sorcellerie, et d’une certaine confusion avec

le vodun Haïtien, de réputation sulfureuse, le culte, qui se définit par son

polythéisme fondamental et ses conduites de possession, est l’objet de vues

souvent dépréciatives. Une thèse récente du sociologue KRESCHMER (1997)

présente ce culte comme essentiellement basé sur la peur.

Pour ce qui est de la part de ROUGET (2001), il dira toute apologie mise à

part, qu’il semble faire beaucoup moins appel à la peur que ne le font les religions

chrétiennes, juives et musulmanes chez lesquelles les idées du dernier jugement,

de châtiment de Dieu et d’enfer sont constamment présentés.

Enjeux sociaux : selon le dictionnaire universel, un enjeu est ce qu’on risque de

gagner ou de perdre dans une entreprise, une compétition. Ce sont les

changements qu’induit la fête du vodun au sein de la société. Selon BOSQUET

(1989), les enjeux peuvent s’avérer positifs ou négatifs selon les acteurs en

présence. Néanmoins, l’auteur observe que la réalité de la situation et des enjeux

des diverses parties sont révélés par une entité externe qui réalise un état objectif.

Il existe une différence notable entre la présentation objective et la représentation

ou le perçu de ces mêmes enjeux. Il convient dès lors d’identifier les perceptions

à l’égard du changement afin d’anticiper les blocages éventuels et d’accompagner

le changement proposé, sachant qu’il sera impossible de tout prévoir.

Fonctions sociales : selon le dictionnaire universel, on entend par fonctions

sociales, les rôles que jouent les acteurs sociaux au cours de la fête de vodun. Ce

sont les fonctions d’intégration et de régulation qu’induit la fête de vodun. Selon

CROZIER(1986), L’action organisée est un construit social qui aide les hommes

à trouver des solutions aux problèmes d’action collective en vue d’objectifs

communs mais qui, simultanément, oriente leur comportement, circonscrit leur

liberté d’action, conditionne leurs résultats. D’où le paradoxe. Au cœur de

l’action collective, on rencontre des effets contre-intuitifs dus au décalage entre

les orientations et les intentions des acteurs. Dans cette perspective, les problèmes

de coopération (et donc d’intégration) des acteurs sociaux poursuivant des

objectifs multiples, et d’incertitude liés au caractère indéterminé des ressources

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(technologiques, économiques) seraient redéfinis et résolus en vue de

l’amélioration des résultats. Cependant, il n’y a pas d’action sociale sans pouvoir,

car s’ils constituent des instruments pour la solution de problèmes, les construits

d’action collective sont aussi des contraintes pour ces solutions. Il faut donc les

réguler par un système de pouvoir. En effet, les relations de pouvoir constituent

un obstacle mais aussi une finalité pour le changement.

Acteurs sociaux : ce sont des personnes qui sont concernées directement par

l’organisation et la célébration de la fête du vodun de même que ceux qui y

participent. Pour CROZIER (1981) l’être humain est incapable d’optimiser car sa

rationalité reste limitée par sa marge de liberté et d’information. Les acteurs sont

des construits sociaux. La stratégie de l’acteur ne peut donc se concevoir

seulement en termes d’objectifs clairs et de projets cohérents mais comme un jeu

dans l’organisation, contingent au comportement et au vécu du participant. Ainsi,

la stratégie de l’acteur revêt deux aspects : offensif pour saisir les opportunités et

contraintes, et défensif pour agir et échapper aux contraintes. Mais cette idée

compromet l’utilité d’un organigramme et pose la question de savoir qui domine

en réalité. Du point de vue de l’acteur, le pouvoir, en tant qu’action de groupes ou

d’individus sur d’autres groupes ou individus, s’entend en terme de relation :

instrumentale quand les acteurs sont motivés par un but, non transitive car une

hiérarchie reste indispensable pour obtenir des actions, et enfin réciproque mais

déséquilibrée afin d’obtenir des forces de pouvoir. Puisque ces sources de pouvoir

correspondent ainsi à des possibilités d’action, les zones d’incertitude, contrôlées,

deviennent pertinentes en ce qu’elles élargissent la marge de liberté des

participants, leurs enjeux. En effet, ils pourront à la fois jouer de plusieurs

relations de pouvoirs, ainsi diversifier leurs domaines d’investissement et se fixer

un horizon dans le temps pour leurs stratégies. Du point de vue de l’organisation,

si les contraintes qui la conditionnent sont contrôlées par les ensembles de

pouvoir, ceux-ci sont également régularisés dans leur déroulement par la structure

de l’organisation et dépendent de la volonté des acteurs de se mobiliser. Ainsi,

l’organisation établit des canaux de communication entre les membres, et assoit

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son autorité légitime par un système de sanctions et de récompenses afin de

développer l’esprit de compétition entre les acteurs.

2-3. Justification du choix du sujet

2-3-1. Raisons subjectives

Ce sujet n’a pas été choisi au hasard. En effet, ce sujet émane d’un débat

entre collègues sur l’ampleur et le regain de manifestations cultuelles et

culturelles dont notamment la fête de vodun, que l’idée nous est venue d’en faire

le sujet de recherche pour notre mémoire de maîtrise.

Nous avons suivi, à la télévision nationale, un film documentaire sur la

célébration de la fête du vodun du 10 Janvier 2001. Depuis ce moment, il est

question pour nous de comprendre ce que recouvre la célébration de la fête du

vodun. C’est alors que nous avons entrepris de parcourir un certain nombre de

centre de documentation pour en savoir plus. Notre entreprise n’a pas abouti à un

résultat très satisfaisant à cause de la rareté des documents concernant le sujet,

mais suite aux personnes ressources contactées, quelques sources documentaires

et séminaires abordant plus ou moins le sujet a été mis à notre disposition pour

l’étude. Ensuite, la recherche sur le terrain a permis de murir notre réflexion et de

circonscrire le sujet d’étude.

2-3-2. Raisons objectives

C’est une grande innovation sur le plan culturel quant à la célébration de la

fête du vodun regroupant plusieurs communautés, un moyen d’auto-identification

car, le sentiment d’appartenance à la communauté se trouve renforcé. Cette fête

se veut religieuse car il se dégage de ces rituels un sentiment d’harmonie et

d’unité qui est visible en particulier dans l’échange entre les ancêtres et les

vivants. Afin d’attirer l’attention des uns et des autres sur la situation actuelle du

déroulement de la fête du vodun au Bénin et surtout à Ouidah et sur ce qui motive

les adeptes, nous avons jugé opportun d’investiguer sur les enjeux sociaux de la

fête du vodun.

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Compte tenu de certaines observations quasi-similaires enregistrées à

travers d’autres localités de la république du Bénin, nous avons compris que

l’importance du milieu a beaucoup contribué à notre motivation pour le sujet.

2-3-3Délimitation thématique

Le sujet de recherche, objet de la présente étude intitulé «les enjeux sociaux

de la fête du vodun à Ouidah» peut être étudié par plusieurs disciplines avec des

approches spécifiques. Ce sujet s’inscrit en général dans le cadre de la

Sociologie-Anthropologie plus précisément dans celui de la sociologie du

développement. L’étude ici s’intéresse aux fonctions des acteurs sociaux

identifiables autour de la fête du vodun qui sont liées aux différents statuts que

mobilisent chacun d’eux, à la pluralité des activités observées pendant la fête du

vodun qui est liée aux différentes fonctions des acteurs en présence, de même que

des fonctions de régulation et d’intégration sociale que mobilise la fête du vodun

à Ouidah. Ainsi, les concepts utilisés prennent sens dans ce contexte et s’appuient

sur les théories et modèles d’analyse propres à la discipline.

2-4. Présentation et justification du cadre de l’étude

La Commune de Ouidah est une cité historique du Département de

l’Atlantique en République du Bénin. Le nom Ouidah renvoie étymologiquement

à l’ethnonyme utilisé par les Fons d’Abomey pour désigner ses premiers

habitants, les HOUEDAH. Ce vocable sera perçu et transcrit différemment par les

européens : Juda, Ajuda par les portugais (XVIe siècle), Fida par les hollandais

(XVIIe siècle), Whydah par les anglais (1681-1780) et Ouidah par les français

(XVIIe siècle).

La population de la Commune est composée majoritairement de Fon, de

Nago, de Xuéda et de Mina. Les Xuéda ont été les premiers habitants de la ville

de Ouidah ainsi que de sa région. Les Fon d’Abomey y sont venus en grand

nombre sous le règne du Roi Agadja, qui a conquis le royaume Xuéda de Savi, et

a fait de Ouidah sa façade maritime en 1727 : c’était le principal port de la côte du

Golfe du Bénin. Ensuite, il y a eu la migration des commerçants nago et haoussa

du Nigeria.

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La commune de Ouidah s’étend sur une superficie de 364km2. Elle est

limitée au Nord par les communes de kpomassè et Tori-Bossito, au Sud par

l’Océan Atlantique, à l’Est par la commune d’Abomey-Calavi, et à l’Ouest par la

commune de Grand- Popo. Elle compte dix (10) arrondissements subdivisés en

soixante (60) quartiers de ville et villages à savoir: Ouidah 1, Ouidah 2, Ouidah 3,

Ouidah 4, Avlékété, Djègbadji, Gakpè, Houkpè, Pahou et Savi.

Les principales composantes socioculturelles de la commune selon

l’INSAE (Atlas monographique des communes du bénin) se présentent comme

suit:les Fons et apparentés sont majoritaires dans tous les arrondissements. Il

s’agit essentiellement des Fons, des Aïzo, des Xuéda, des Afro-brésiliens et des

Métis. Des résultats empiriques, ils représentent plus de 80% de la population des

arrondissements ruraux et plus de 60% de celle des arrondissements urbains.

Les Adja et apparentés sont plus importants dans l’Ouest de la Commune tandis

que les Yoruba sont implantés dans le centre urbain. Ceux-ci représentent le

second groupe socio-culturel de la ville de Ouidah après les Fons.

Ouidah est le site reconnu comme le bastion des rituels voduns et aussi la

ville où a été célébrée pour la première fois au Bénin, la fête du vodun.

Cependant, on y observe la cohabitation de plusieurs religions. Le cas du Temple

du Python et de la Basilique (Eglise catholique de construction centenaire) est

édifiant. C’est aussi à Ouidah qu’est implanté le Grand Séminaire de formation

des prêtres catholiques. Les principales confessions religieuses des populations de

la Commune sont : les pratiquants du vodun communément appelés Vodouisants

(46,7%) ; le Catholicisme (41,2%) ; l’Islam (3,6%) ; le Protestantisme (1,0%) et

autres (7,5%), (Recensement Général de la population, Bénin, 2002).

Ces pratiques religieuses se retrouvent sensiblement dans les mêmes

proportions au niveau des arrondissements. Cependant, les adeptes des cultes

traditionnels sont plus nombreux en milieu rural qu’en milieu urbain où les

religions chrétiennes tendent à prendre le pas sur le vodun. L’influence des chefs

religieux traditionnels est incontestable dans tous les arrondissements. Notons

qu’à Ouidah, nous avons différentes activités sources de revenu telles que

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l’agriculture, la chasse, la pêche, et autres, mais il est à souligner que la plus

dominante source de revenu est le commerce (impliquant le tourisme, la

restauration et l’hôtellerie). La carte ci-dessous présente les différents sites

touristiques que visitent les nombreux touristes ou expatriés qui choisissent la

destination Bénin.

Carte N°1 : carte au sein de laquelle se situent les différents sites touristiques de Ouidah

Source: Plan de développement communal 2006-2010

L’ensemble de ces informations renseignent sur les dynamiques sociales

influençant la fête du vodun dans la commune de Ouidah. Le choix de Ouidah

constitue donc un choix assez représentatif pour une étude portant sur la fête du

vodun au Bénin.

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3. QUELQUES AXES DE LA DISCUSSION

Le caractère socioculturel de la religion révèle la complexité de l’entreprise

religieuse elle-même, en ce sens qu’elle a fait l’objet de beaucoup de recherches

dans le monde. Ce travail n'est pas le premier à aborder un sujet relatif au vodun.

Après investigations, il a été constaté que biens d'auteurs, haïtiens, béninois ainsi

que brésiliens, et même l'Etat Béninois se sont penchés sur la question du vodun à

travers colloques, séminaires et festivals.

Ainsi, du document final du festival Ouidah 92 « Retrouvailles Amérique-

Afrique », on retient l’histoire du vodun depuis la guerre d'indépendance jusqu'à

nos jours où METRAUX (1993) montre que:« le vodun n'est pas seulement la

religion populaire, mais toute la vie paysanne dont le développement échappe.

Lorsqu'ils furent déportés en Amérique, les esclaves noirs étaient baptisés de

force, obligés de pratiquer le christianisme. Ils avaient tout perdu sauf la

connaissance et les souvenirs des cultes africains. Le vodun leur servait d'abord

de mémoire pour s'évader hors de l'aliénation du travail forcé dans les champs de

canne à sucre, puis de communion spirituelle avec l'Afrique devenue paradis

perdu. Enfuis des plantations, se cachant dans les montagnes, ils parviennent à se

forger une identité commune dans le vodun et à renforcer leur cohésion en tant

que groupe. Avec le vodun comme mode de résistance, les esclaves utilisent ses

croyances pour sceller des pactes de sang en vue d'exterminer les Blancs par le

poison. Le vodun a été une force de mobilisation et aussi de terreur. »

De ce fait, il est à comprendre à travers la position de cet auteur que le

vodun non seulement participe à la protection de l’Homme mais il assure la

conservation de la mémoire et la défense des esclaves d’entre temps. Une position

qui est partagée dans le cadre de la rédaction de ce travail.

Des travaux de SOUFFRANT (1993) on retient que : « le problème du

vaudou, en Haïti, des religions traditionnelles dans les pays du Tiers-monde, est

au cœur même du problème du développement défini comme passage d'une

société traditionnelle à une société moderne ».

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A travers la position de cet auteur, il est à comprendre qu'une société se

reflète dans le miroir de sa religion et que tout dépend de l'utilisation qu'on fait de

la religion traditionnelle africaine comme moteur ou comme frein pour le

développement socio- économique. Ce qui amène à dire que le vodun est à la fois

bon et mauvais. Dans le cadre de cette étude, le côté positif entre dans la droite

ligne rédactionnelle de ce travail.

Selon MONTILUS (1993) « le vodun fait vivre et aide à vivre. » Aussi,

avec ses danses, ses chants, ses crises de possession, il procure à ses adeptes, un

moyen de s'évader. Il soude les cellules des communautés paysannes et fait un

lien d'unité à l'intérieur des collectivités familiales. Pour lui, le vodun reste le

principal élément d'intégration communautaire dans les sociétés rurales à

structures relâchées de nos jours. Cette religion se révèle surtout un système de

sécurité efficace pour des masses populaires déshéritées. Partant de l'époque de

l'esclavage en passant par la guerre de l'indépendance, les régimes d'après-guerre,

MONTILUS (ibid) montre que le vodun dans la société haïtienne a permis

d'organiser la vie dans les campagnes et ceci, sous le modèle africain, c'est-à-dire

autour d'un grand-père, faisant fonction de chef de famille et dans ce système, la

terre était indivise, ils travaillaient en commun. Ainsi, la religion était là pour

conditionner les consciences.

De ce fait, il est à comprendre à travers la position de cet auteur que le

vodun participe au mode de vie de la société, assure la cohésion, l’intégration et

la régulation. Il est définit comme un système de sécurité efficace pour la masse

populaire. Une position qui est partagée dans le cadre de la rédaction de ce

travail.

L'histoire du Bénin a été toujours marquée depuis l'époque de l'esclavage,

avant l'indépendance et, jusqu'à présent par le vodun. Ainsi, cette institution

religieuse vodun a marqué de son empreinte un large pan de la population dans la

société traditionnelle du Bénin. Certains auteurs africains comme européens à se

pencher sur la question.

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Ainsi, ALAPINI (1993), fait remarquer la grandeur de l'organisation

animiste, l'esprit de discipline qui l'anime et la morale parfois élevée qui découle

de la plupart de ses règlements. Pour lui, l'animisme défend le vol sous peine de

sanctions sévères et interdit de « chercher la femme d'autrui ». La prostitution est

proscrite pendant certaines cérémonies. Le culte des morts est très observé de

même que le respect dû aux fétiches et aux personnes âgées.

La position de cet auteur rejoint celle de MONTILUS, une position qui est

partagée dans le cadre de la rédaction de ce travail.

SARTRE (1993) analyse quant à lui l'impact du culte du vodun sur la vie

quotidienne et la culture du Sud-Dahomey et plus précisément dans l'aire

culturelle adja. Il montre que le vodun s'explique par une technique de

domination de la nature. L'une des forces du vodun est la pharmacopée et les

plantes aux abords des couvents sont les témoins de la science d'herboriste dont

les couvents gardent jalousement le secret. L'art et la technique sont des attributs

du vodun. Ainsi, pour l’auteur, on ne peut valablement écrire l'histoire d'un

peuple si l'on néglige les divers voduns qu'il sert. Il fait également une

classification des voduns et distingue des voduns qui sont inter-ethniques et qui se

manifestent soit dans les phénomènes de la nature (Hêviosso, Sakpata, Ayizan,

Loko, Agè…) soit dans des êtres historico-mystiques (Lègba, gu) et les voduns

purement ethniques qui gravitent autour de l'ancêtre du clan (Nesuxué, Ajahuto,

Agasu...).

De la position de cet auteur, il est à comprendre participe au bien-être des

populations, au fondement de l’histoire d’un peuple et constitue une source

d’inspiration dans l’art et la technique de domination de la nature. Une position

qui est partagée dans le cadre de la rédaction de ce travail.

DAAVO (2003) fait un bref aperçu sur le lien de l'art béninois et la religion

et fait remarquer qu'à défaut de perpétuer la diffusion de la culture guerrière qui a

marqué l'histoire précoloniale de leur pays, les artistes béninois ont retenu de ce

passé, les aspects sacrés et religieux. Pour lui, les spécialistes de la décoration

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s'inspirent des symboles des temples voduns, symboles correspondant à chaque

divinité, du modelage des bas-reliefs, des toiles peintes de personnages divins. Ils

s'emploient donc à dessiner les portraits des voduns, parfois en les combinant

avec d'autres motifs. Cet auteur fait comprendre que rares sont ceux qui, dans leur

travail, ont pu se passer des thèmes tels que le vodun, le Fâ (croyance

divinatoire), les êtres invisibles, à côté de l'évocation des faits de société et de

l'actualité politique. D'autres fondent toute leur création sur la divinité Gou ou

Ogoun qui, dans le panthéon fon, est la divinité qui gouverne toute utilisation de

cette matière, le fer. Ils composent leurs sculptures avec le fer pour décrire surtout

la vie sociale au Bénin. D'autres encore projettent de temps en temps un regard

critique sur les réalités sociales et culturelles de leur environnement et en rendent

compte à travers leurs œuvres. Ainsi, on pourrait avec de telles approches

techniques deviner aisément que leur sujet privilégié est le vodun.

De La position de cet auteur, il est à comprendre que le vodun est un

symbole de beauté et une source d’inspirations pour les œuvres d’arts et

culturelles des artistes béninois. Une position qui est partagée dans le cadre de la

rédaction de ce travail.

Selon les théologiens, Dieu est « un être suprême, auteur de tout maître

unique de l’univers ». Ce Dieu est appelé « Mahou » en fon. C’est le maître

absolu des hommes, des esprits, des plantes, en un mot, de tout ce qui existe et

tout ce qui existe dépend aussi de lui de la façon la plus absolue. Ses dieux des

Fons peuvent faire du bien que du mal alors que le païen qui s’adressent à ses

divinités offre toute l’apparence d’un malheureux esclave au service d’un maître

inhumain. Ses prières ne sont qu’une jérémiade, une suite continue de

lamentations et de tourmenteuses supplications. Ces fétiches s’appellent des

« voduns » et il y a plusieurs catégories de divinités à savoir les divinités

terrestres (Aï-vodun), les divinités célestes (Aga-vodun) et les nymphes (To-

Vodun). Les divinités varient d’une collectivité à une autre et d’un village à un

autre.

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Le panthéon dahoméen se répartit en deux (02) catégories : les divinités

publiques et les divinités privées. Les divinités publiques reçoivent des

hommages de tout le pays tandis que celles privées sont spéciales à telle ou telle

collectivité familiale d’où leur nom de « Houénou-vodun », Ako-vodun » (voduns

familiaux). Ce sont les fondateurs et les bienfaiteurs d’une famille.

La position des théologiens rejoint en partie celle de SOUFFRANT où le

vodun est perçu comme à la fois bon et mauvais. Ici l’accent mis plus sur le côté

négatif du vodun qui n’assure ni le bien-être, ni le développement de l’homme.

Une position qui n’est pas partagée dans le cadre de la rédaction de ce travail.

ELLECK (1986) souligne que c'est bien la religion, le seul domaine où les

cultures africaines ont montré qu'elles étaient capables d'initiative, de souplesse,

de discernement et d'adaptation dans leurs rapports avec les cultures étrangères.

Mais il est surpris lorsqu'il songe à la manière qui a caractérisé l'offensive des

missionnaires chrétiens, de constater que les croyances traditionnelles exercent

encore une certaine influence en Afrique noire. Il soutient à cet égard que la

religion ainsi que les traits culturels de l'Afrique noire ont évolué.

A travers la position de cet auteur, il est à comprendre que le vodun

participe à l’intégration et à la conservation de la culture africaine. Une position

qui est partagée dans le cadre de la rédaction de ce travail

THOMAS et LUNEAU (1975) se proposent d'administrer un démenti

définitif à une monstruosité historique d'une part et, d'autre part, de disséquer

l'influence de l'Islam et du Christianisme sur la personnalité négro-africaine, sans

négliger les mutations inévitables qui ont conduit au fait social qui se remarque

aujourd'hui. A travers leur ouvrage, ces auteurs analysent la structure, le

caractère, la formation de la personnalité africaine. Pour eux, ce qui importe, c'est

que les religions africaines n'ont pas été anéanties mais que l'Afrique change, plus

en surface qu'en profondeur car, son identité est restée intacte devant tous les

assauts. A défaut de partir en guerre contre les religions révélées, venues se

plaquer sur des croyances que nul ne saurait gommer, les peuples noirs répondent

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à l'appel des esprits, respectueux de l'évangélisation certes, mais qui ont pris le

parti de sauvegarder l'essentiel : la culture.

La position de cet auteur rejoint celle d’ELLECK, Une position qui est

partagée dans le cadre de la rédaction de ce travail

ELANGA (1986) montre que malgré les formes d'organisation matérielle,

sociale et culturelle souvent très différentes, les sociétés traditionnelles de toute

l'Afrique noire ont encore des éléments spirituels communs qui font la spécificité

de leur culture. Pour cet auteur, « la vie est au commencement et à la fin de tout.

Elle est partout et tout procède de la vie et tout s'arrête et s'achève dans la vie.

Ainsi, la mort n'est pas la destruction de la personne mais un simple passage

dans le monde des ancêtres, un retour à la source. » Et poursuit-il « cette foi et

cette attitude fondamentale consistent dans la perception de la vie comme réalité

première et dernière et, cet attachement à la vie semble être à la source de tout ce

à quoi l'Africain voue un culte réel. »

De la position de cet auteur, il est à considérer que le vodun mérite d’être

conservé. Une position qui est partagée dans le cadre de cette étude.

L’écrivain PLUCHON (1987) a présenté le côté négatif du vodun. Il est

allé jusqu’à dire qu’on ne saurait considérer le vodun comme une religion. Selon

lui, le vodun est lourd de charges mystérieuses derrière lesquelles se cachent des

assemblées secrètes rendant grâce aux forces primitives et des sorciers tantôt

intercesseurs, tantôt empoisonneurs, qu’est-il véritablement ?

Selon les colons français, ce terme désigne non seulement la croyance

originaire du Bénin, mais aussi toutes les convictions surnaturelles de l’Afrique et

de ses fils. Ce culte dispose d’officiants, de rites et de symboles, aussi, grâce à sa

forte structure et à de grandes similitudes avec les autres cultes africains,

rassemble-t-il secrètement le peuple servile noir de la plus riche colonie de la

couronne de France dans les chants, danses, libations, sacrifices et manifestations

occultes.

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Le vodun, interprétation non pas rationnelle, mais magique des relations de

l’homme avec la nature, organise clandestinement la société des esclaves à

l’apparence brisée et émiettée, et fédère autour de lui la solidarité raciale et

culturelle des déportés africains. Quant aux colons français souvent coupés de

leurs propres cultures populaires, ils ont tendance à voir dans le culte dahoméen,

l’origine de tous les malheurs, envoutements, empoisonnements des gens et des

bêtes et à raisonner comme les Africains. La peur engendre une répression privée

et publique, sans commune mesure avec les crimes probables, pendant que les

sorciers mettent en place une structure de domination noire, parallèle à celle

qu’ont instituée les Blancs. Quand les esclaves se soulevèrent de 1791 à 1804,

date de l’indépendance d’Haïti, l’Afrique et ses secrets initiatiques les escortent :

le vodun est une récréation créole de la Guinée, nom donné jadis au continent

noir.

De la position de cet auteur il est à comprendre que le vodun est mauvais et

ne favorise pas le développement. Une position qui n’est pas partagée dans le

cadre de la rédaction de ce travail.

CHESI (1980) retrace les cérémonies rituelles du culte vodun à travers le

vaudou Hêbiosso, le vaudou Mami-Wata (Mixe), etc. En assistant lui-même aux

différentes fêtes et cérémonies vodun, aux rites d’initiation et de sortie des

adeptes de ces différentes sortes de vodun, il a souligné la beauté de l’habillement

des adeptes de vaudou en général et celle de Mami-Wata en particulier. L’auteur

note ici que les dieux voduns ne sont pas bienveillants comme ceux des autres

religions. Ils sont humains et inhumains, ils sont animal, plante, minéral, ils sont

tout. Ils utilisent l’homme pour leurs fins comme l’homme les utilise pour les

siennes. Ils sont physiques et métaphysiques, ils ont des visages interchangeables

à l’infini. Celui qui les domine est lui-même dieu, celui qu’ils dominent reste un

instrument, un jouet, le « pion » de l’échiquier céleste du vodun, toujours sous la

menace du sacrifice. Dans ses comparaisons et parallèles, l’auteur souligne les

éléments culturels yorubas dans les sociétés vodun du Togo. Selon lui, la plupart

des dieux connus au Togo existent sous d’autres noms en pays yoruba. Ils

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peuvent offrir des caractères différents d’un village à l’autre, mais on ne tarde pas

à reconnaître leur ascendance yoruba et leur véritable identité. L’auteur a constaté

également le rôle correctionnel dans les couvents en cas de résolution des conflits

et fautes graves assurant ainsi la régulation de la société.

La position de cet auteur souligne le vodun comme source de beauté mais

rejoint la position de SOUFFRANT, Une position qui n’est pas partagée dans le

cadre de la rédaction de ce travail.

ROUGET(2001) définit les voduns comme les idées que les croyants se

font de diverses puissances immatérielles émanant soit de faits de la nature, soit

des personnes humaines ayant rang d’ancêtres ; des lieux matérialisés par un

autel, où s’effectue la communication avec ces puissances, lesquelles forment

entre elles un ensemble rigoureusement organisé, qu’il est commode d’appeler un

panthéon. Le terme le plus adéquat pour traduire le mot vodun serait celui de

déité. Selon l’auteur, il existe deux catégories de vodun représentant des forces ou

des données de la nature et les voduns ancestraux, ancêtres divinisés qui sont

aussi nombreux qu’il y a de clans ou parfois de lignages. Pour lui, ce qui

caractérise plus la religion vodun, c’est la pratique du culte. On distingue trois

traits principaux : l’initiation des adeptes, longue et jalouse de ses secrets, la

transe de possession qui noue des rapports étroits et très particuliers entre l’adepte

et son vodun (le vodun incarne momentanément l’adepte et s’identifie à lui) et,

enfin, le sacrifice sanglant qui donne au vodun et au vodunsi la vigueur. L’adepte

du vodun est à la fois l’épouse du rang, du secret et de la divinité. La classe du

vodun se reconnaît à travers le type de recrutement. Le vodun se nourrit, se

cultive ; négligé, il dépérit, se venge d’une manière ou d’une autre. Qui dit

« culte » dit « rituel ». Un rituel est une suite d’actions et l’art du rituel est de les

enchaîner. Les rituels vodun sont massivement musicaux. La musique est une

combinaison de sons, de gestes et langage articulé, chants et ou instruments,

danses et paroles. Selon Rouget, le but et l’art des rituels initiatiques vodun est de

façonner de nouvelles personnes humaines, les faire naître, les développer en

fonction d’une certaine représentation du monde, puis les intégrer dans la société.

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La question qu’il se pose ici est de savoir où commence l’art et où finit-il ? La

musique, la danse et les parures font partie intégrante des rituels. L’initiation au

culte vodun consiste non pas en un rituel unique mais en une suite de rituels qui

s’enchaînent les uns aux autres, tout en constituant chacun une période distincte

et plus ou moins longue. L’auteur retrace ici les conditions de recrutement des

nouveaux adeptes (novices) à partir de la désignation, l’entrée au couvent, suite à

une période de réclusion allant de plusieurs mois à plusieurs années, durant

lesquelles les novices acquièrent les connaissances et secrets du couvent. Ensuite

le grand rituel de sortie s’étend sur plusieurs semaines et comporte plusieurs

étapes. Après avoir franchi les différentes étapes, les novices sont rendus à la vie

ordinaire avec, pour finir, un rituel de levée définitive d’intérêt. Les nouveaux

adeptes formés, dorénavant devenus vodunsi2 et à ce titre objet d’égards

particuliers, ne seront plus astreints qu’à prendre part à certains rituels notamment

la fête annuelle de leur vodun, organisé par le vodunon (gardien du vodun). Seuls

des rituels concernant l’entrée en réclusion, la réclusion elle-même et surtout la

sortie de réclusion compose ce livre de ROUGET.

A travers la position de cet auteur, il est à comprendre que le vodun est un

véritable système d’éducation des personnes humaines. Il participe à la

conservation des us et coutumes et développe une fonction d’intégration sociale.

Une position qui est partagée dans le cadre de la rédaction de ce travail.

AGUESSY (1987)a démontré que depuis bientôt vingt (20) ans, les ‘’pays

dits en voie de développement’’ se sont rendu compte que : premièrement la

stratégie du développement visant une croissance fondée sur l’aide extérieure et

sur les modèles des pays industrialisés s’est soldée par un échec et par une espèce

d’aliénation. Et deuxièmement, la science et la technique ne constituent pas à

elles seules les facteurs déterminants du développement ; elles ne sont plus des

garanties suffisantes pour l’essor d’un pays. Ces vérités ont conduit l’auteur à se

pencher sur l’analyse des éléments purement humains qui sont susceptibles

d’engendrer un développement en tant que source d’harmonie, d’équilibre, de

2Epoux, épouse du vodun

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concorde et de paix dans une société Fon. Le travail s’articule en deux grandes

parties :

Dans la première, il y a un aperçu sur l’univers anthropologique des fon. En

effet le besoin de courage, d’espérance, de confort, d’espoir pour le succès amène

le Fon à se confier à des êtres supérieurs invisibles (les voduns) et à respecter, par

conséquent, les normes, lois et interdits afin de maintenir l’harmonie, l’équilibre

entre le monde visible et invisible. Ces normes, valeurs et modèles de

comportement dont l’ensemble systématisé constitue une culture, s’acquièrent

dans la famille, cellule de base de la société. Et la transgression de l’un de ces

interdits exige la réparation. On remarque donc que le Fon attend beaucoup des

voduns qui non seulement assurent le respect des lois de la vie mais également

protègent l’homme. Cependant, ce dernier doit travailler pour satisfaire ses

besoins vitaux (se nourrir, se soigner, se loger). Il se livre à des activités comme

l’agriculture, la pêche, la chasse, l’élevage, etc. Ces activités exigent force,

connaissances techniques et savoir-faire en vue d’une plus grande protection. Or,

l’environnement du paysan Fon est réduit en technologie d’où son recours aux

dieux par des pratiques rituelles pour suppléer à l’insuffisance technologique.

La seconde partie, traite des différents rites et leurs impacts sur le

développement. Après la définition des notions de rite et de développement, elle

essaie de montrer comment pour le développement les Fons ont recours à des

rites et à des sacrifices aux voduns. Mais, il s’est posé la question de savoir si ces

pratiques résolvent-elles leurs difficultés permanentes et quotidiennes ?

Autrement dit, les rites de sacrifice sont-ils des garanties pour échapper à la

maladie, la famine, la malnutrition, au chômage, aux aléas climatiques qui sont

des maux qui minent dangereusement le continent africain ? Et il répond par la

négative mais, ajoute quand même qu’ils permettent de transcender les

oppositions ou rivalités familiales, claniques et sociales.

De la position de cet auteur, il est à comprendre que le vodun assure la

protection de l’homme. Il est source de règlement de conflit, de paix et de

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quiétude indispensable à tous développement. Une position qui est partagée dans

le cadre de la rédaction de ce travail.

Au-delà de toutes ces approches, il faut reconnaître que la question sur le

culte vodun est devenue aujourd’hui beaucoup plus complexe qu’on ne

l’imaginait il y a quelques années encore ; car face à une diversité culturelle plus

prononcée, la demande de la célébration du culte vodun ne cesse de s’accroître

considérablement au point de permettre aux communautés la nécessité de trouver

des solutions aux maux qui les minent. Ainsi, individuellement ou collectivement,

le Béninois n’hésite-t-il plus actuellement à célébrer le culte vodun pour essayer

d’assurer à leur progéniture, la paix et la quiétude indispensables. Cependant,

aucune de ces études ne s'est penchée sur ce les acteurs sociaux gagnent ou

perdent à célébrer la fête du vodun. C'est à cette tâche que la présente étude

intitulée « Les enjeux sociaux de la fête du vodun à Ouidah» s'est consacrée.

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CHAPITRE II : CADRE PRATIQUE

1- Démarche méthodologique

1-1 Recherche documentaire

La recherche documentaire permet de disposer des informations

nécessaires pour la triangulation. Le tableau suivant présente les centres

parcourus, la nature des documents collectés et les types d’informations

recherchées.

Tableau I : Centres de documentation parcourus et types d’informations

recueillies

Centre de

documentation

/bibliothèques

Nature des documents

Types d’informations

Centre culturel

français

Ouvrages généraux

Dictionnaires

- Informations sur les politiques

de développement des religions

endogènes et leurs enjeux.

- Clarification des concepts clés

Centre de

documentation de la

FLASH (UAC)

- Ouvrages sociologiques

- Ouvrages généraux

- Mémoires

- Approches et positions des auteurs

de communication scientifique sur

les aspects de la recherche.

A la bibliothèque

départementale de

Porto-Novo et à la

bibliothèque

nationale de Porto-

Novo

- Ouvrages généraux

- Rapports et

ouvrages spécifiques

- Point de vue de différents auteurs

sur le vodun

- Les ouvrages consultés nous ont

permis de préciser et de circonscrire

les orientations à donner à l’étude.

Internet

- Rapports

- Thèses

- Ouvrages généraux

Et spécifiques

-Les thèses et approches d’étude sur

la culture vodun dans le

développement social culturel et

économique à Abomey

- Guide de mémoire online

Source : Enquête de terrain, 2012

Cette première étape de notre travail nous permis de faire le point des

connaissances sur les questions. Cette étude s’est appuyée sur l’analyse

d’ouvrages et revues appropriés, consultés dans les centres de documentation et

bibliothèques.

Au centre de documentation de la Faculté des Lettres Arts et Sciences

Humaines (FLASH), nous nous sommes penchés sur les ouvrages et des travaux

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de recherche ayant trait aux voduns. Nous n’avons pas non plus négligé les

monographies faites dans le cadre des mémoires de maitrise et portant sur notre

terrain de recherche.

1.2- LES SOURCES ORALES

Les sources orales renvoient aux personnes ressources touchées lors de

l’étude à travers les entretiens. Il s’agit de personnes impliquées à divers niveaux

dans le processus de l’organisation de la célébration de la fête du vodun à Ouidah.

Ainsi, sont abordées des personnes ressources qui ont été d’un grand concours

pour l’étude. En effet des entretiens ont été faits avec les dignitaires des cultes

voduns dont KPASSENON et Daagbo HOUNON, de même que les adeptes.

L’apport du professeur Honorat AGUESSY a été très important dans la

réalisation de ce travail. Ces entretiens ont généré des données qualitatives sur les

enjeux sociaux autour de la célébration de la fête du vodun.

1-3. La pré-enquête

Dans le cadre de cette étude, une pré-enquête a été réalisée. En effet, lors

de cette phase, le contact a été pris avec un certain nombre de personnes

ressources qui ont fourni des informations fiables sur le sujet. La pré-enquête a

permis de parcourir certains chefs de culte vodun, un certain nombre de

chercheurs, de même que certains couvents ; en d’autres termes, elle a servi à

l’exploitation du terrain d’étude et de disposer de repères et de pistes de recherche

pour l’entretien. La pré-enquête a eu lieu en avril 2011.

1-4. Techniques de collecte des données

Le présent travail a une dimension fortement qualitative et renvoie à

l’usage de techniques et d’outils de collecte appropriés. Ainsi, la collecte des

données empiriques sur le terrain d’étude s’est faite au bénéfice d’une étude

documentaire, de l’observation directe, de l’entretien et le guide d’entretien.

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1-4-1. Etude documentaire

Les exigences de ce sujet de recherche renvoient à certaines données

repérables au travers des sources écrites. Elles ont permis la triangulation avec les

données orales pour mieux s’assurer de la validité et de la meilleure exploitation

des informations collectées. Dans un premier temps, l’étude documentaire a

consisté à interroger la mémoire des activités sur le vodun. Cette étape a permis

de réaliser une synthèse sur les enjeux, les activités et différentes dynamiques

sociales présentes dans le contexte de la célébration de la fête de vodun de 2002 à

2012. Dans un deuxième temps, l’étude documentaire a conduit à produire une

réflexion approfondie sur les enjeux sociaux et réponses sociales autour de la fête.

En somme, l’étude documentaire s’est accentuée sur le culte vodun, le

déroulement, la date d’institutionnalisation de la fête du vodun et les interactions

avec les autres acteurs sociaux autour de la problématique de l’organisation de

cette fête.

1-4-2. Observation directe

La technique d’observation engage un chercheur à se familiariser

intimement avec une situation spécifique, de manière à comprendre les processus

psychologiques et sociaux qui y sont à l’œuvre à travers l’immersion. Elle a été

une phase importante de notre étude. Elle s’est traduite par un séjour prolongé sur

le terrain avant, pendant et après l’enquête. Notre maîtrise de la langue Fon a

rendu les choses faciles. Comme autres techniques de collecte de données, nous

avons utilisé le reportage photographique, un magnétophone pour enregistrer

l’entretien fait avec certaines personnes ressources afin de recueillir les données

de façon exhaustive. Ensuite, la visite des lieux de célébrations où se déroulent de

diverses manifestations de vodun.

La combinaison de ces techniques de recherche a permis d’avoir des

données plus ou moins précises dans notre zone d’étude.

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1-4-3.L’entretien

Dans le cadre de la collecte des données empiriques, nous avions fait usage

de l’entretien libre en tant que technique de collecte de données dans une étude

qualitative. En tant que technique, il institue un processus d’interaction et de

communication entre deux individus dont l’un sollicite des informations auprès

de l’autre et l’interroge en fonction d’un objectif préalablement défini. Tout

individu est libre de choisir sa religion. De même, le domaine religieux est très

sensible et exotérique de sorte que la restriction des interventions des personnes à

rencontrer ne serait pas bienséante. De ce fait, nous avons conçu un guide

d’entretien sur la base des hypothèses et des objectifs à atteindre. Le travail de

terrain s’est articulé autour des grands axes du guide. Le guide d’entretien est un

outil flexible et son choix s’explique par cette raison et aussi par la latitude qu’il

offre. Il présente pour nous l’avantage de déceler à travers les discours de nos

enquêtés d’autres informations utiles pour l’analyse.

1-4-4. Guide d’entretien

Le guide d’entretien est utilisé pour répondre aux besoins du sujet en

matière de données qualitatives. Cette technique est mise en jeu exclusivement au

profit des dignitaires, des adeptes de vodun et des profanes. Les acteurs sociaux

enquêtés devaient, à travers le guide d’entretien, se prononcer sur les expériences

vécues ou connues lors des manifestations de la fête du vodun.

1-5-Population cible et échantillonnage

1-5-1Population cible

Le sujet objet de l’étude porte sur les acteurs directement ou indirectement

impliqués dans la célébration de la fête de vodun à Ouidah. A ce titre, la collecte

des données empiriques, ne pouvant atteindre toute la population, recours est fait

aux procédés d’échantillonnage admis dans les recherches en sciences sociales.

Selon AMOUZOUVI (2008), (rappelant les propos de Angers M.), « une

technique d’échantillonnage est l’ensemble des opérations permettant de

sélectionner un sous ensemble d’une population en vue de constituer un

échantillon ». L’étude ayant une dimension essentiellement qualitative, la

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technique d’échantillonnage utilisée est celle de boule de neige (vodunsis et

dignitaires de culte) et celui par choix raisonné (les autorités impliquées pour

l’organisation et le suivi, de même que les profanes).

Notre étude portant sur les enjeux sociaux de la fête du vodun à Ouidah, il

importe pour nous de définir la population concernée par cette étude. Sont

retenus ;des acteurs suivant le cas de figure ci-après : Les dignitaires du culte

vodun (hounons), les adeptes du vodun (vodunsis), et les profanes (ahè) à savoir ;

les chercheurs du domaine, les autorités religieuses, les autorités politiques et

administratives locales, les tenanciers de bars et hôteliers, les agents de la police

et de lagendarmerie, les chefs de familles, les conducteurs de taxi-ville et

zémidjans, les agents du Ministère de la Culture, populations, artistes, le

personnel des agences et compagnie de voyages.

1-5-2- Echantillonnage

Au total, 110 personnes ont été enquêtées. Le tableau suivant présente la

répartition statistique de l’échantillon.

TABLEAUII : Récapitulatif de l'échantillon (population) d'enquête

Populations Nombre de sujets

Dignitaires voduns (Hounons) 15

Adeptes voduns (vodunsis) 25

Profanes (Ahè) 70

Total 110

Source : Données de terrain 2012

1-6. Calendrier de la recherche

Le processus ayant conduit à la production du présent travail de recherche

s’est déroulé en plusieurs étapes. Le tableau suivant présente les étapes et la durée

mobilisée autour de leur réalisation. Au total, la recherche a couverture période de

cinquante-deux (52) semaines.

Le tableau III ci-dessous résume le calendrier de déroulement de la recherche.

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Tableau III : Calendrier de recherche

Activité Semaine Période

Etape exploratoire 3 semaines Janvier-Février 2012

Produire la première version protocole 2 semaines Mars 2012

Activité Semaine Période

Correction et version finale RC2 20 semaines Mai 2012- Novembre 2012

Enquête de terrain 8 semaines Décembre2012- Janvier 2013

Dépouillement et traitement 4 semaines Février 2013- Mars

Rédaction 3 semaines Avril –Mai

Repos 1semaine Juin 2013

Correction et relecture 3 semaines Juillet 2013

Dépôt 2 semaines Janvier 2014

Total 52 semaines

Source : Données de terrain 2012

* Déroulement de l’enquête de terrain

La collecte des données dans le cadre de l’exploitation des outils de

Collecte à couvert neuf semaines. Elle s’est effectuée en trois phases:

- Identification des enquêtés

Elle a consisté à prendre contact avec le terrain de l’étude, localiser les enquêtés

et programmer les entretiens. Un calendrier d’entretien est alors élaboré et arrêté

avec les acteurs stratégiques devant faciliter les enquêtes.

- Déroulement des entretiens et observations directes

A cette étape, les différents outils ont été utilisés selon le calendrier pré-

défini. Il s’est agi d’administrer les outils réalisés au profit des dignitaires vodun,

les adeptes et ceux adressés aux personnes ressources. Ensuite, ce fut le tour des

profanes. Cette période consacre le déroulement de l’enquête à Ouidah.

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1-7 Technique de dépouillement et de traitement des données

Le dépouillement des données est fait de façon manuelle. Après nettoyage

des fiches d’entretien, les données sont catégorisées suivant les centres d’intérêt

de la recherche. Elles ont été par la suite, triangulées.

1.8- Difficultés de l’étude

Certaines difficultés ont atténué la volonté de mener des investigations plus

approfondies lors de cette recherche. La difficulté majeure rencontrée concerne le

caractère très secret du vodun qui entraîne la réticence de certains acteurs face

aux questionnements. Ainsi, il a fallu parfois l'intervention de certains dignitaires

voduns influents pour leur redonner confiance. Une autre difficulté moins

négligeable est le caractère annuelle de la fête où l’absence d’une journée peuvent

faire perdre la partie observation et l’immersion du chercheur.

Un autre aspect est celui lié à la réticence des populations à répondre à nos

questions. Elles prétendent parfois que ces études sont financées et accusent les

enquêteurs d'avoir détourné les biens destinés à cette fin. En dépit de ces

difficultés, des résultats exploitables ont pu être obtenus.

2- PRESENTATION DES RESULTATS

Les données recueillies auprès des différentes cibles de la présente étude

après dépouillement et transcription sont présentées comme suit :

2.1 Résultats relatifs à l'identification des populations enquêtées

Tableau IV: Répartition des populations suivant les catégories

Populations Effectif prévu % Effectif enquêté %

Dignitaires 15 13,64 10 9,09

Adeptes 25 22,73 24 21,82

Profanes 70 63,64 60 54,55

TOTAL 110 100 94 85,45

Source : Données de terrain, 2012

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L’analyse de ce tableau montre la répartition des sujets suivant les catégories.

Ainsi, 10 dignitaires voduns sur 15 soit 9,09% des populations ont été

questionnés, 24 adeptes sur 25 représentant ainsi les 21,82 % du nombre de sujets

enquêtés et 60 profanes sur 70 constituant les 54,55 % des enquêtés.

Tableau V: Répartition des enquêtés suivant leur catégorie socioprofessionnelle

Profession Effectif %

Aucune 1 1,19

Agriculteur 8 9,52

Chanteur traditionnel et populations artistes 2 2,38

Commerce 13 15,48

Agent de police et de la gendarmerie 6 7,14

Décorateur 2 2,38

Electricien 2 2,38

Elève 9 10,71

Forgeron 6 7,14

Tenanciers de bars et hôteliers 5 5,95

Autorités politiques et administratives locales 4 4,76

Maçon 3 3,57

Autorités religieuses 3 3,57

Menuisier 2 2,38

Potier 3 3,57

Agent du Ministère de la culture 1 1,19

Sculpteur 6 7,14

Soudeur 3 3,57

Tisserand 2 2,38

Conducteurs de taxi-ville auto et moto

3 3,57

Source : Données de terrain, 2012

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L’analyse de ce tableau présente les activités exercées par les populations

enquêtées. Il montre les activités les plus pratiquées qui sont : le commerce avec

13 sujets soit (15,48%), l'agriculture avec 8 sujets (9,52%), la gendarmerie et

police, la forgerie et la sculpture avec 6 sujets chacune (7,14%). Le nombre

d'élèves enquêtés est de 9 soit 10,71 % et le nombre d’Autorités politiques et

administratives locales est de 4 soit 4,76%. Les personnes chargées de la gestion

des bars et hôteliers sont au nombre de 5 (5,95%).

Le reste constitué des autorités religieuses, des maçons, des potiers, des

soudeurs, des Conducteurs de taxi-ville auto et moto est de 3 (3,57%) sujets pour

chaque activité alors que les chanteurs de musique traditionnelle et populations

artistes, les décorateurs, les électriciens, les menuisiers et les tisserands

représentent chacun 2,38 %. Enfin ceux qui travaillent dans les bureaux

(Ministère de la culture) et ceux qui n'ont aucune activité sont minoritaires avec 1

sujet (1,19%).

2.2 Résultats relatifs à la définition que donnent les adeptes et les dignitaires

de la notion du vodun

Tableau VI: Définition du vodun selon les adeptes et les dignitaires

Définition du vodun Effectif %

Nous sommes venus constater à notre naissance 8 23,53

Ensemble de principes 14 41,18

Nous sommes venus constater mais c'est un ensemble de principes 2 5,88

Autres (le vodun est comme le vent, c'est-à-dire le respect de l'inconnu ou qu'il

est dieu) 10 29,41

Source : Données de terrain, 2012

De l’analyse de ce tableau, 23,53 % des adeptes et dignitaires déclarent

qu'ils sont venus constater à leur naissance le vodun et qu'ils ne peuvent pas le

définir. 41,18 % pensent que le vodun est un ensemble de principes. 5,88%

estiment être venus voir le vodun mais à travers ses manifestations y voient un

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ensemble de principes. 29, 41% pensent que le vodun est comme le vent, c'est-à-

dire le respect de l'inconnu ou qu'il est dieu.

Tableau VII : Signification du vodun selon les adeptes et les dignitaires

le vodun est donc Effectif %

l'intermédiaire entre Dieu et les hommes 29 85,29

Dieu 5 14,71

TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

De ce tableau, on note que 29 soit 85,29 % de l’effectif des adeptes et des

dignitaires disent que le vodun est l’intermédiaire entre Dieu et les hommes. 5

sujets soit 14, 71% pensent que le vodun est Dieu lui-même.

Tableau VIII: But du vodun selon les adeptes et les dignitaires

But ultime du vodun Effectif %

- offrir les moyens de mener une existence terrestre décente 34 100

- s’acquitter de ses devoirs envers les personnes âgées 0 0

TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

De ce tableau, il en ressort que l’ensemble des adeptes et des dignitaires,

s’accordent sur le fait que le but ultime du vodun est de fournir les moyens de

mener une existence décente sur terre et de s’acquitter de ses devoirs envers les

personnes âgées.

Tableau IX : Raisons de la pérennité du vodun selon les adeptes et les dignitaires

Raisons de sa pérennité Effectif %

les ménages lui font référence et se tournent vers lui en cas de danger 8 23,53

Autres 26 76,47

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TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

De ce tableau, il est à noter que 23,53 % des enquêtés trouvent que les

raisons de la pérennité du vodun résident dans le fait que les ménages s'en

réfèrent en cas de danger alors que les raisons sont toutes autres pour les 76,47 %.

Pour ces derniers, le vodun est venu avec le monde et ne disparaîtra pas même

après la disparition de tous les hommes ; d'autres par contre se focalisent sur les

différentes terminologies (noms, prénoms, désignation de jours, etc.) issues du

milieu vodun pour expliquer sa pérennité.

Tableau X : Autres valeurs véhiculées par le vodun

Autres valeurs du vodun Effectif %

le respect, la discipline et la pérennité du groupe 15 44,12

le respect, la discipline, la pérennité du groupe et autres 19 55,88

TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

Ce tableau montre d'autres valeurs que véhicule le vodun. Ainsi, 44,12%

pensent que le vodun est source de respect, de discipline et de pérennité de

groupe alors que les 55,88 % pensent qu'en plus de ces éléments, subsistent

d'autres tels que le respect des personnes âgées, la solidarité, l'entraide.

Tableau XI: Régulation des actes et des désirs par le vodun

Le vodun régularise les désirs Effectif %

Oui 34 100

Non 0 0

TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

L'ensemble des enquêtés constitué des adeptes et des prêtes voduns est

unanime sur le fait que le vodun régule les désirs et les actes des individus.

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Tableau XII: Méthodes de régulation des actes et des désirs

Méthodes de régulation du vodun Effectif %

- Protection des actes bons et châtiment de ceux qui sont mauvais 34 100

- Autres 0 0

TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

Ici, il est fait cas de ce que le vodun, comme méthodes de régulation,

protège ceux ayant une bonne conduite et châtie ceux ayant une mauvaise

conduite. Le pourcentage de ceux qui pensent de la sorte est de 100 %.

Tableau XIII : Indication des voies à suivre et des interdits par le vodun

Le vodun indique les voies

à suivre et les interdits Effectif %

Oui 34 100

Non 0 0

TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

A travers ce tableau, on remarque que 100 % des populations de cette

catégorie sont d'avis sur le fait que le vodun indique les voies à suivre et les

interdits à ne pas enfreindre.

2.3 Résultats relatifs aux influences de la célébration de la fête du

Vodun sur la vie sociale

Tableau XIV: Rassemblement de foules par la fête du vodun

Rassemblement de grandes foules Effectif %

Oui 92 97,87

Non 2 2,13

TOTAL 94 100

Source : Données de terrain, 2012

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47

Il ressort de ce tableau que 97,87 % des sujets à qui la question est

administrée, affirment que la fête du vodun est une occasion de rassemblement de

foules venant d'horizons divers. Seulement 2,13 % pensent le contraire.

Tableau XV: Importance de la fête du vodun

Importance de la fête du vodun Effectif %

Oui(dans la vie sociale des Habitants de Ouidah) 88 93,62

Non 6 6,38

TOTAL 94 100

Source : Données de terrain, 2012

A travers ce tableau, on constate que 93,62 % des enquêtés affirment que la

fête du vodun revêt encore toute son importance dans la vie sociale de la

population de Ouidah. 6 % pensent qu'il n'est plus utile de nos jours.

Tableau XVI: Raisons de l'importance de la fête du vodun

Raisons de cette utilité Effectif %

Elle redonne confiance et permet de discuter avec des personnes d'origines différentes 36 38,30

Elle permet de se retrouver et de réfléchir ensemble sur les problèmes de famille, de

santé, d’emploi, de justice, d’éducation, de conservation et de relève des valeurs

traditionnelles au sein de la société

52 55,32

Autres (à préciser) 6 6,38

TOTAL 94 100

Source : Données de terrain, 2012

Ce tableau affiche les raisons de l'utilité de la fête du vodun. Ainsi, 38, 30

% affirment qu'il redonne confiance aux populations et permet de discuter avec

des personnes d'origines diverses. 55 sujets (55, 32 %) affirment se retrouver et

réfléchir ensemble sur les problèmes de famille, de santé, d’emploi, de justice,

d’éducation, de conservation et de relève des valeurs traditionnelles au sein de la

société. Le reste soit 6,38 % y trouvent que c'est l'occasion de rester en

communion avec les êtres qui sont chers mais qui sont décédés.

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2-4 Résultats relatifs aux influences de la célébration de la fête du

Vodun sur la cohésion culturelle

Tableau XVII : Attraction des populations pour la fête du vodun

Attraction de la fête du vodun Effectif %

- Chant, danse, musique 49 52,13

- Chant, danse 8 8,51

- Chant, musique 12 12,77

- Autres (à préciser) 25 26,60

TOTAL 94 100

Source : Données de terrain, 2012

Ce tableau indique que l'intérêt des 52, 13 % de la population se retrouve

dans les chants, les danses et les musiques. 8,51 % de cette population trouvent

leurs intérêts dans les chants et les danses alors que les chants et la musique

intéressent 12,77 %. Les 26,60 % des sujets trouvent leur intérêt dans les

retrouvailles plus que dans les chants, la danse et la musique.

Tableau XVIII: Satisfactions données par la fête du vodun

La fête du vodun donne satisfaction Effectif %

- besoins de loisirs, de jeux 3 3,19

-besoins de loisir et de récréation 9 9,57

-besoins de loisir, de jeux et de

récréation 57 60,64

- Autres(à préciser) 25 26,60

TOTAL 94 100

Source : Données de terrain, 2012

Ce tableau révèle que 60,64 % des populations trouvent satisfaction aux

besoins de loisir, de jeux et de récréation. 25 (26,60 %) trouvent satisfaction dans

d'autres besoins comme la recherche des produits pour la guérison de certaines

maladies.

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Tableau XIX : vodun comme source d’inspiration en matière de musique, de chant et de

danse

Source et référence en matière de musique, chant et danse Effectif %

Oui 86 91,49

Non 8 8,51

TOTAL 94 100

Source : Données de terrain, 2012

On remarque à travers ce tableau que 86 (91,49 %) des sujets affirment que

le vodun est source d'inspiration de musique.

2-5 Résultats relatifs aux influences de la célébration de la fête du

Vodun sur l'économie

Tableau XX : Activités économiques lors de ces manifestations

Activités économiques

pratiquées en ces occasions

Effectif %

-Vente d'articles, des objets d’arts 66 70,21

-Accompagnement de touristes 21 22,34

-Hébergement de touristes contre récompense 7 7,45

TOTAL 94 100

Source : Résultat d'enquête, 2012

Les résultats de ce tableau indiquent que 70,21 % des enquêtés vendent

leurs articles, des objets d’arts, 22,34 % servent de guide aux touristes et 7, 45 %

offrent leur maison moyennant une certaine somme.

Tableau XXI: Dépenses effectuées par les adeptes et les dignitaires

les adeptes et les dignitaires effectuent

des dépenses Effectif %

Oui 34 100

Non 0 0

TOTAL 34 100

Source : Données de terrain, 2012

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A travers ce tableau, on remarque que l'ensemble constitué des adeptes et

des dignitaires affirme que des dépenses sont effectuées. Ces manifestations

constituent des moments pour ceux-ci de confectionner de nouvelles tenues et de

s'acheter les colliers. Il y a aussi des dépenses liées aux sacrifices qui se font

avant et au cours des cérémonies rituelles pour solliciter la paix sur le pays, une

pluviométrie abondante pour favoriser l’agriculture, moins d’accidents sur les

voies, une bonne pêche pour les pêcheurs et surtout la prospérité des affaires dans

le pays.

3- ANALYSE DES RESULTATS

3-1- Signification du vodun selon les adeptes et les prêtres voduns

En consultant les tableaux VI et VII, on peut comprendre le vodun comme

un ensemble de principes qui établissent la liaison entre l'homme, le reste du

monde et Dieu. Ainsi, les initiés reconnaissent la suprématie de Dieu sur toutes

les autres créatures. C'est le bon Dieu qui a inspiré le monde, chacun dans son

milieu pour instituer une forme d'adoration. La motte de terre est représentative

du support matériel qui permet aux gens de comprendre que l'endroit où nous

nous situons est un lieu sacré et qu'en ce lieu, est dédiée une forme d'adoration

adressée à Dieu. Ce que PLIYA (2003) confirme : « Le vodun vient de prise de

conscience de l'auteur des forces cosmiques et de la force vitale, l'âme, qui anime

tous les êtres et même les éléments matériels inertes ou vivants ».Le vodun est

simplement le respect de l'inconnu.

Lorsqu'on parle de certains initiés, on dit souvent « é yi vo do ». « vo » ou

« vivo » qui signifie à l'aise, bonheur et « do» c'est-à-dire lieu. Ainsi, « vo do » est

le lieu de félicité, le lieu où on est à l'aise, le lieu d'aisance. Et le vodun est le

responsable de ce lieu. Pour les initiés, les voduns seraient des anges de Dieu. Ce

qui amène à dire que le vodun est non pas Dieu créateur, mais l'intermédiaire

entre les hommes et lui. Pour les vodouisants, Dieu est le créateur du monde. Son

œuvre comprend le monde d'en haut et le monde d'en bas. Les deux mondes sont

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habités, même si l'un est le reflet renversé de l'autre. La terre, comme les êtres et

les choses, a une âme.

Le vodun puise l'essentiel de tout ce qu'il utilise dans la flore et la faune, ce

qui imprime aux pratiquants et aux prêtres, une rigueur implacable dans le respect

strict de la nature. Etant donné le fait qu'il doit son épanouissement permanent à

l'utilisation des éléments de la faune et de la flore, on assiste à la protection de

beaucoup de sites qui sont déclarés sacrés. Ceci, juste pour protéger des essences

animales et végétales dont les prêtes ont souvent besoin pour juguler des maladies

et que les profanes, détruisent consciemment ou inconsciemment. Ainsi, si tout le

monde comprenait l'importance de la nature telle que c'est vécu dans la culture

vodun, on n'aurait jamais des problèmes environnementaux. A cela, on peut

ajouter le fait que les populations, en cas de difficultés, qu'ils ont du mal à

résoudre ou en cas de danger, font recours au vodun et à ses essences pour se

soigner. Ainsi, comprenant l'importance de la médecine développée dans ces

lieux, il devient un centre de guérison et en même temps d’éducation. Ils y font

recours aussi pour se protéger d'éventuelles situations qui se présenteraient à eux.

Si on se base sur ces arguments et sur les opinions des prêtres selon

lesquelles « le vodun est venu avec le monde et ne disparaîtra jamais même après

la disparition des hommes » ou que « le vodun est comme le vent » c'est-à-dire

insaisissable et insondable, on comprend aisément les raisons de la pérennité du

vodun. Aussi, beaucoup de terminologies sont parties du vodun. De plus,

l'irruption de la modernité ayant bouleversé toutes les structures des sociétés

traditionnelles a eu pour conséquence l'exacerbation des incertitudes et des peurs,

au point que le Béninois rural ou urbain, intellectuel ou non, ressent plus que

jamais le besoin de protection. Le recours aux pratiques des religions

traditionnelles, l'émergence du syncrétisme religieux et des cultes néo-

traditionnels résultent donc de ce besoin intense de protection chez le Béninois.

Protection contre tout ce qui peut menacer la vie: la maladie, la sorcellerie, les

accidents, la jalousie ; bref, protection, pour tout dire, contre tout ce qui

symbolise et représente le mal.

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Le but ultime de la religion vodun n'est pas la recherche du salut individuel

mais la pérennisation de la société ; c'est d'offrir les moyens de mener une

existence terrestre descente (confère tableau VIII). A cet effet, une prêtresse

vodun affirmait : « Exister, c'est renoncer à l'être individuel, particulier,

compétitif, égoïste, agressif, conquérant, pour vivre avec les autres dans la paix

et l'harmonie avec eux, les morts, l'environnement naturel et les esprits présents

bien qu'invisibles. ». Le vodun est alors source de cohésion et de

communautarisme. Le vodun veille au maintien des liens qui unissent les

membres de la communauté. Ainsi, on n'est pas seulement comptable de ses actes

individuels, mais, solidairement responsable de nos semblables au risque de

perturber l'équilibre du monde extérieur.

Le vodun enseigne un certain humanisme et est porteur de valeurs

profondes comme le respect des personnes âgées, un engagement en ce qui

concerne les relations avec les semblables, un souci de fraternité et de solidarité

face à la maladie et au décès.

La morale vodun estime que ne pas s'acquitter de ses devoirs envers les

personnes âgées et des morts entraîne une rupture d'équilibre dans la vie de

l'individu et peut avoir des conséquences néfastes sur la famille du fautif et de

toute la communauté à laquelle il appartient. De plus, il faut toujours faire montre

de générosité, de bienveillance et d'amour envers les plus faibles et les plus

démunis.

La population de Ouidah trouve dans le vodun, un espace d'éducation et de

jeu. C'est le vodun qui assure l'éducation traditionnelle par l'intégration

harmonieuse de l'individu dans le groupe social conformément au statut que lui

assignent son sexe ou la fonction sociale de ses parents. Au cours de son

éducation, l'enfant apprendra progressivement mais très précisément les différents

rôles sociaux qu'il devra remplir pendant sa vie d'adulte. La connaissance de ce

rôle lui permet de savoir comment se comporter dans la plupart des cas avec

autrui. Les enseignements ne cherchent pas à développer des personnalités fortes

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et originales ; ils encouragent la conformité, non la compétition, source de

tensions dans l'existence du groupe.

Le vodun recherche l'équilibre. Toutes les forces de la nature sont liées.

L'univers est un tout : chaque force de la nature a une signification et une

connexion avec les autres entités. La plante, l'animal, le minéral et les personnes

sont sacrés et doivent être traités en conséquence. Cette unité de toute chose

explique la place de la sacralité de la vie.

Cette conception exige le respect de l'autre, de sa sécurité, de sa santé et de

l'intégrité de sa personne. De la même manière, les animaux, les arbres, les

sources, les rivières et la mer doivent être protégés. Aussi, AKOHA

(2005) ajoute-t-il que: « la caractéristique essentielle de cette culture vodun

consiste à s'en remettre aux voduns pour assurer la cohésion sociale en même

temps que leur sont reconnus la possibilité de générer chez leurs adeptes les

inspirations novatrices qui font progresser la société ».

3-2- Signification de la fête du vodun

Chez les Fons de Ouidah, on croit à l'existence d'une âme (lindon ou sê)

immortelle qui se retrouve au pays des morts avec des parents et des amis décédés

au milieu de ses biens : vêtements, ustensiles (asen)... Ainsi, les populations

adorent plusieurs divinités. La société est subdivisée en deux sphères: l'une

visible et l'autre invisible.

La sphère visible qui héberge les minéraux, les végétaux, les animaux et les

humains et la sphère invisible mais perceptible par les devins qui comporte deux

niveaux : le niveau céleste qui est la demeure de l'être suprême et le niveau

souterrain qui abrite le village des ancêtres qui survivent grâce aux rites et

sacrifices des vivants. « La mort n'est pas la destruction de la personne, le refus

de communication de la personne avec le reste de l'univers, mais un simple

passage dans le monde des ancêtres, un retour à la source »

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Ce qui amène à dire qu'en Afrique, les morts continuent donc d'exister

parmi les vivants et, de plus, le contact avec eux est possible. A ce propos,

DIOP(1948) dans l'un de ses plus célèbres textes, écrivait :

"Ceux qui sont morts ne sont jamais partis;

Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire,

Ils sont dans l'ombre qui s'épaissit...

Les morts ne sont pas morts;

Ils sont dans l'ombre qui frémit;

Ils sont dans le bois qui gémit;

Ils sont dans l'eau qui coule;

Ils sont dans l'eau qui dort;

Ils sont dans la case; ils sont dans la foule...

Les morts ne sont pas morts..."

Ces vers cités dans ce travail ne sauront guère surprendre car, l'on n'a

jamais cessé de le répéter, les morts en Afrique subsaharienne, existent et leur

présence est perçue comme réelle.

Pour rendre grâce aux dieux et aux ancêtres défunts, on observe des rituels.

Ce sont des cérémonies annuelles ou périodiques : on parle de la fête du vodun.

On offre des libations en implorant la clémence et la protection dans tous les

secteurs de la vie quotidienne. Ce ne sont pas des cérémonies organisées

uniquement à l'occasion d'événements heureux tels les naissances, les initiations

mais elles sont aussi exécutées lors d'événements tragiques : mort, pandémie et

autres fléaux. Ces derniers expriment la colère des dieux et des ancêtres qu'il faut

apaiser aussitôt pour regagner leur faveur.

Avant chaque cérémonie ou manifestation, il est impératif de consulter

l'oracle, le Fa. Au cours de cette consultation, le Fa révèle le nombre de jours que

pourrait duré cette manifestation. Elle peut être de trois jours, de cinq, de sept et

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plus. Après les libations et autres rites aux voduns, les adeptes et les officiants

organisent des chants et des danses.

Aux yeux des profanes, les rites et cérémonies vodun peuvent passer pour

de la pure superstition. Mais, pour le vodunsi (adepte du Vodun), ces rituels

constituent un moment important de la vie où les dieux et les esprits des ancêtres

exercent une influence positive directe sur la vie des êtres humains.

Et, comme le disait une prêtresse du vodun « la relation s'établit au cours

des rituels et des cérémonies qui constituent le cœur spirituel de la religion

vodun. Elle permet d'instaurer une sorte de communication aussi bien avec les

dieux implorés qu'avec l'esprit des défunts. Le sacrifice en est un élément

essentiel, il exprime une relation entre l'homme et la divinité. En échange de la

vénération et des offrandes, les dieux et les esprits invoqués assurent protection

et assistance.»

DURKHEIM (1994) écrit : « Pour qu'une société prenne conscience d'elle-

même et conserve ses sentiments au degré d'intensité nécessaire, il faut qu'elle se

rassemble et se concentre périodiquement. Cette concentration provoque une

exaltation de la vie mentale, qui prend la forme d'un groupe aux conceptions

idéales ».

Ainsi, la réelle signification de la fête du vodun est d'abord de rassembler

les membres de la société et deuxièmement, de renouveler chez ceux-ci un

sentiment de solidarité. Les rites produisent une excitation des esprits où disparaît

tout sentiment individuel et où les gens prennent conscience qu'ils forment une

collectivité unie par les choses sacrées. Mais, quand les membres de la société se

séparent, le sentiment de solidarité baisse peu à peu et il faut le ranimer de temps

en temps par un nouveau rassemblement et par la répétition des cérémonies grâce

auxquelles le groupe se réaffirme. Les rites ont donc une influence sur les esprits.

3-3 Impact de la fête du vodun sur la population de Ouidah

A travers les résultats, on retient que le souci majeur du vodun à travers la

fête du vodun est le bien-être des individus et du groupe. La fête du vodun est une

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occasion pour rendre hommage aux divinités protectrices de la collectivité, aux

ancêtres mais aussi, une occasion de retrouvailles pour communier par les chants,

les danses, la musique et par le partage de repas. « Le vodun a deux branches : la

branche culturelle et la branche cultuelle. La branche culturelle c'est ce qui se

fait au grand public. C'est ce que Sagbohan, le groupe H2O, Bizengor et les frères

Guèdèguè montrent : les gestes, les paroles. Ils y tirent leur inspiration. Il y a

certaines choses sacrées auxquelles ne peuvent accéder que les initiés aux

voduns ; C'est le cultuel». (Entretien du 02 juillet 2008 avec Monsieur Gabin

DJIMASSE, Directeur de l'Office du Tourisme (O.T) à Ouidah.

De nos jours, certains rythmes et mélodies ayant servi à évoquer les voduns

sont en vogue et sont très appréciés par le public. Ce qui signifie que le vodun

sert de source musicale dans la ville. A travers la danse, les initiés évoquent et

expriment avec le corps, ce que les autres arts n'ont pas pu faire. Elle vient donc

compléter ou suppléer un vide, une certaine insuffisance. Cette harmonie des

danseurs avec la nature, la société, l'avenir et les dieux constitue une preuve

évidente de la connaissance et de la maîtrise de l'art chorégraphique dans ces

différentes sociétés et sa participation à l'épanouissement artistique des peuples.

« Elle correspond à un besoin de l'homme d'exprimer sa joie, sa tristesse,

ses aspirations vers le beau, le bien, parce que ses sentiments sont parfois

spiritualisés pour les traduire par des mots », écrivait TIEROU (1983).

Ainsi, les danses sont organisées dans le but d'apaiser les esprits des

ancêtres et des défunts, de calmer la colère des divinités protectrices mécontentes

qui font planer sur la ville et les campagnes le spectre d'une épidémie ou d'un

malheur. A ce titre, elles constituent des rites expiatoires. Elles sont aussi

organisées pour manifester la gratitude des vivants à l'égard des voduns

protecteurs, suite à une bonne récolte ou à une saison prospère etc.

D'autres aspects dans le social sont à noter : le renforcement des liens

familiaux, renforcement du tissu social, la convivialité, des échanges s'établissent,

des amitiés sincères et profondes se tissent dans la confiance, la dignité et le

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respect, la sociabilité, des rencontres et une communication entre personnes

venant de divers horizons et d'ethnies différentes. Ce qui favorise un échange

interculturel.

En manque de distraction, les populations se rassemblent lors de ces

cérémonies pour satisfaire leur curiosité, leurs besoins de jeux, de loisirs et de

récréation ou pour vivre l'événement. Ainsi, La fête du vodun revêt pour eux une

certaine utilité et prouve son importance dans cette société moderne. Et comme le

disait AKOHA (2005), « à les comparer aux réjouissances populaires, les

spectacles de danses voduns sont les plus beaux ; ce sont des chefs d'œuvre de

chorégraphie et d'expression corporelle ». Ainsi, l'aspect connu de tous est

l'aspect social et culturel. Et pour se référer à SARTRE (1993), « aucune

collectivité, soucieuse de sa santé mentale, ne saurait se passer de

divertissements. Si chants et danses sont essentiellement des actes religieux, ils

n'en procurent pas moins de joies toutes profanes ». Les chants, les danses, les

rythmes constituent, aux yeux des profanes, des actes de réjouissance, de

spectacle, de rencontre et d'échanges. Ainsi, les initiés sont de véritables

« producteurs culturels » ; selon BOURDIEU (1987) : « les producteurs culturels

détiennent un pouvoir spécifique, le pouvoir proprement symbolique de faire voir

et de faire croire ». Et précisément, ces créateurs « donnent à voir » les

représentations de leur vie sociale, de leur affectivité ; ils élaborent des formes

donnant aussi « à croire », en relation avec la religion non écrite des ancêtres,

avec des rituels liés aux esprits des défunts et des anciens rois.

Sur le plan économique, la fête du vodun est l'occasion pour les adeptes de

se donner les ressources nécessaires pour se confectionner les accoutrements,

« pour habiller leur vodun » (en Fon « é nan do awù ni vodun »), en s'achetant les

bijoux et les parures. Ils offrent ce qu'ils ont de plus précieux au vodun. Il y a

aussi des dépenses liées aux sacrifices qui se font, avant et au cours des

cérémonies rituelles pour solliciter la paix sur le pays, une pluviométrie

abondante pour favoriser l’agriculture, moins d’accidents sur les voies, une bonne

pêche pour les pêcheurs et surtout la prospérité des affaires dans le pays. Elle est

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certes une source de dépense, mais également une occasion très propice pour les

ventes et surtout pour le tourisme, de plus la ville regorge d'énormes potentiels

historiques et touristiques. Les artistes, les sculpteurs et mêmes les forgerons

cèdent très facilement leurs produits. Parfois, ils trouvent des financements.

Les manifestations culturelles du vodun pourraient être à l'avant-garde des

moyens qui serviront de référence à toute action et activité de développement ;

moyens peu coûteux mais impressionnant dans ses capacités de mobilisation.

Tableau XXII: Synthèse de l’étude

VODUN

But Valeurs

Offrir les moyens de mener une

existence terrestre descente

* inculque un certain humanisme ;

* Cohésion et de communautarisme ;

* respect des personnes âgées ;

*engagement en ce qui concerne les

relations avec les semblables ;

* fraternité et de solidarité dans le groupe;

* respect de l'autre de sa sécurité, de sa

santé et de l'intégrité de sa personne ;

* protection de la faune et de la flore

Source : Données de terrain, 2012

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Deuxième partie

LA FETE DU VODUN : UN

ENJEU SOCIAL MAJEUR

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CHAPITRE III : La fête du vodun : manifestations

Afin de mieux cerner les enjeux sociaux de la fête du vodun, il importe de

connaitre les différentes sortes de manifestations qui se déroulent au cours de la

célébration du vodun.

1- Manifestations officielles

Elles sont des occasions pour rendre hommage aux divinités protectrices de

la collectivité, aux ancêtres mais aussi de retrouvailles pour communier par les

chants, les danses, la musique. Il existe deux grandes sortes de manifestations.

1-1 Déroulement des cérémonies officielles d’ouverture

Très tôt le matin la plage est assailli par des touristes, les photographes et

les adeptes. Le comité d’organisation est sur place pour assurer l’accueil et

l’installation des invités. Ensuite l’arrivée de Daagbo Hounon clôture la fin de

l’installation. Vient alors la cérémonie de la montée des couleurs suivie des

différents messages de paix, d’amour, de solidarité, d’union, prononcés à tour de

rôle par les autorités de la mairie de Ouidah, les différents rois du pays et

d’ailleurs, le discours de Daagbo Hounon, le discours du président des chefs

suprêmes des cultes voduns, enfin l’allocution du ministre de la culture de

l’artisanat et du tourisme représentant le chef de l’état, vient officiellement lancer

les festivités.

1-2 Les manifestations rituelles

Le président des chefs suprêmes des cultes voduns présente la

programmation des cérémonies rituelles. Ensuite, vient la consultation de l’oracle

Fâ par le prêtre du Fâ (bokonon). Ainsi, les cérémonies rituelles débutent en

fonction des révélations du Fâ. Après cela, Daabgo Hounon a procédé à

l’immolation au cours de laquelle il a demandé à Dieu la paix, la prospérité pour

le Bénin. Et ce geste à la fois fort et symbolique lance le démarrage des rituels de

sacrifices dans tous les couvents. Les groupes folkloriques venus de tous les

horizons donnent des manifestations suivant la divinité à laquelle ils

appartiennent à travers des démonstrations des danses et des pratiques qui leurs

sont usuelles. C’est une exposition festivale des voduns gambada, zangbéto,

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hêviosso, égoungoun, sakpata, tron etc. On note également le rôle fondamental du

ministre de la culture, qui vient représenter l’Etat, assister les dignitaires et lancer

officiellement la cérémonie. Parmi ceux qui viennent, il y en a ceux qui sont

venus pour la découverte, pour se reposer loin de la famille. D’autres sont venus,

pour prendre des images de la fête et observer le déroulement de la cérémonie,

pour vérifier la présence des divinités et leurs puissances. Il y en a qui sont venus

pour des raisons d’achat des produits artistiques, pour des travaux de recherche et

pour des raisons de maladies (recherche de remèdes, viagra africain et savons

antalgiques). C’est sur les pas de danses et dans cette liesse populaire que

s’achèvent les manifestations officielles. Pour les Béninois, le vodun est la base

intrinsèque des activités quotidiennes. Ils constituent un enjeu social majeur et

mérite d’être commémoré chaque année. Précisons qu’avant la fête, les

dignitaires immolent des coqs et des moutons (sacrifices) à leurs différents

voduns pour les préparatifs. Ils mobilisent des croyants aux voduns (vodouisants)

pour l’accueil des groupes organisés. Parfois il faut sept à neuf jours de

préparatifs chez certaines divinités. C’est l’occasion que saisissent certains

dignitaires du culte vodun pour faire sortir de nouveaux adeptes du couvent

(hounvi).

Le jour de la fête, des cérémonies rituelles de chants et de danses sont

dédiées aux différentes divinités dans les temples, les couvents, sous la

supervision des dignitaires du culte vodun et sur les places publiques où des

prières pour la paix sont dites également.

Après la fête, des sacrifices individuels se font dans les couvents, la danse

des égoungouns et autres groupes organisés de Ouidah continue jusqu’à une

semaine après les festivités du 10 janvier.

1-3 Sur le plan culturel

La diversité ethnique de la population du Bénin est une source de la grande

richesse de sa culture dont le folklore est la manifestation populaire. A travers les

chants, danses et musiques l'homme exprime sa joie, sa tristesse, ses aspirations

vers le beau, le bien. Ainsi, cela permet la satisfaction des besoins de jeux, de

loisirs et de récréation.

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CHAPITRE IV: La fête du vodun à Ouidah : profil et rôle des

acteurs

1-1Typologie des acteurs

Plusieurs comités d’organisation de vodun se mobilisent à cette date pour

fêter dans l’allégresse. Pour catégoriser les acteurs, nous avons ceux interviennent

directement au niveau de l’organisation, ceux qui interviennent indirectement le

jour de la fête à divers niveaux dans la réussite de l’événement, et enfin ceux qui

participent à la fête pour une raison ou une autre. En ce qui concerne ceux

intervenant directement dans l’organisation, on peut citer le comité dirigé par le

chef suprême des vodunons et vodunsi à Ouidah et le comité dirigé par le

président des chefs suprêmes des cultes voduns et des vodunons, le feu SOSSA

Guèdèhounguè dans le Mono-Couffo, la mairie de Ouidah, de même que la

diaspora. La photo ci-dessous montre une vue d’ensemble des dignitaires du culte

vodun à la plage autours de la fête du vodun à Ouidah.

Photo 1: Vue d’ensemble des dignitaires du culte vodun un 10 janvier à Ouidah

Source : cliché FADONOUGBO 2012

La fête s’organise également avec certaines ONG, (ORBTD) de même que

des associations un peu partout au Bénin comme par exemple : le collectif du

culte vodun Sakpata, le haut conseil de règlement des conflits et le collectif des

dignitaires du culte vodun des départements du Zou et des Collines (HCRC) ; le

CNCVB d’Abomey, la diaspora, le CNRTB de l’Atlantique et du Littoral. Les

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comités d’organisation diffèrent d’un département à un autre. Le constat se fait

avec la montée de drapeau ou banderole portant le nom de chaque comité

d’organisation à cette fête. Ainsi, la distinction par région et par département de

chacune des représentations des comités a été possible à partir de l’inscription

faite sur les drapeaux ou banderoles.

Outre les comités organisés, les acteurs qui interviennent indirectement à

divers niveaux pour la réussite de l’événement le jour de la fête du vodun sont en

générale, des autorités de la mairie de Ouidah, de certains députés comme par

exemple Venance GNIGLA, les membres du gouvernement ou leurs

représentants, les corps diplomatiques, les dignitaires du culte vodun (Daagbo

HOUNON, Dah Kpassènon, Ballet, Lissanon, Lokonon, Zonon, Dangbénon etc.),

les chefs de familles, les sages de Ouidah et les têtes couronnées (rois). Le

Ministre de la culture est là, pour lancer officiellement la fête et contribuer à la

réussite des cérémonies. On note également la présence de la diaspora, de la

gendarmerie, de la police, des militaires, et même des groupes d’adeptes et

folkloriques organisés autour de la fête ; (Adantohoumèhoun, Tchincounmin,

Toba, Egoungoun (revenants), Abikouhoun, Gambadahoun, groupe de la diaspora

(Kinikini groupe), Sakpatahoun, le groupe (Hèviosso) etc. Parfois, le Président de

la République et le Président de l’Assemblée viennent rehausser de leur présence

la célébration. Les photos ci-dessous montrent la présence des groupes

folkloriques organisés autour de la porte du non-retour à la plage, lors de la

célébration de la fête du vodun à Ouidah.

Photo 2 : Danse des égoungouns à Ouidah

Source : cliché FADONOUGBO 2012

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Enfin, en ce qui concerne ceux qui participe pour une raison ou une autre le

jour de la fête du vodun sont, des chercheurs, des touristes de tous âges, des

étudiants, des élèves, des autorités politiques et religieuses, les expatriés de

diverses nationalités (Africains, Européens, Asiatiques, Américains, etc.). Des

journalistes nationaux et internationaux, les photographes venus d’un peu partout,

des expatriés hommes comme femmes et enfants qui viennent seuls ou en famille,

ou par groupe d’amis. Certains sont natifs de Ouidah parce que liés par le sang, et

d’autres par alliance. Par contre d’autres viennent juste pour satisfaire leur

curiosité. On différencie souvent les expatriés par la couleur de leur peau et selon

leurs nationalités ; ou soit, ils viennent avec des interprètes. Ce sont des Afro-

brésiliens, des européens et Américains. Certains reçoivent personnellement ce

jour-là, la visite de parents et amis qui ne résident plus à Ouidah. Très souvent, ils

viennent de la France, de la Côte d’Ivoire, du Canada, et de l’intérieur du Bénin

comme Parakou, Cotonou, Agonli, Dassa-Zoumé, de Lokossa, de Sakété, de

Porto-Novo etc. Quand ils viennent, ils logent en famille ou à l’hôtel, ou dans les

Campements à la plage. Leur mode de transport est souvent par voie terrestre ou

par avion. Notons que certains viennent une semaine avant, d’autres soixante-

douze heures avant, d’autres encore un ou deux jours avant, soit d’autres logent à

Cotonou et viennent le jour de la fête. Quand ils viennent, ils font la visite des

temples, musées et couvents, la prise des images et visitent des sites culturels et

touristiques de Ouidah. En somme ils font la visite des lieux.

Certains, préoccupés par la fête, viennent à Ouidah un mois ou trois jours à

l’avance, et d’autres pendant la fête. On reconnaît la présence de l’Etat autour de

la fête par l’aide financière, soit par la mairie ou du gouvernement à travers des

fonds alloués par l’Etat pour les préparatifs, pour les manifestations officielles et

la présence sur les lieux des agents de sécurité (Gendarmerie, Police et Militaire).

Chacun de ces acteurs interviennent à des degrés différents.

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1-2 Rôle des acteurs

Les différents acteurs identifiés autour de la fête du vodun apportent leur

partition et, donc jouent des rôles différents pour contribuer à la réussite de

l’événement. Ainsi la mairie apporte son appui logistique et financier à

l’organisation de la fête à travers l’installation des cabines de toilettes au niveau

de la plage, le nettoyage de la ville et de la plage, l’aménagement des voies

d’accès à la plage et, est présent en ce qui concernent l’accueil des hôtes surtout

des autorités politiques. Les dignitaires sont les organisateurs, mais en même

temps ils ont pour rôle d’accueil des rois et autres autorités religieuses et

politiques, invités dans le cadre des festivités. Ils veillent à la réussite des

manifestations officielles et rituelles. Une fois sur le terrain, les autorités

politiques rendent la fête officielle et appuient les dignitaires dans leur démarche

vers le développement et la paix. En effet, Le Ministre de la culture lance

officiellement la fête. Les forces de l’ordre, assure la sécurité des personnes et des

biens et facilite la circulation. Les journalistes, relaient l’événement sur les

chaines de radio et de télévision. Quant aux touristes, ils font la visite du temple

de python, de la basilique de Ouidah située juste en face du temple, des musées

et couvents, la prise des images et la visite des sites culturels et touristiques de

Ouidah. Ils assurent, pour ainsi dire, l’ouverture de Ouidah surtout vers les

occidentaux, et favorisent de ce fait l’ouverture des voduns et de la culture, des

chefs de culte de Ouidah et du Bénin vers l’extérieur à partir de l’achat des objets

d’art, des voduns pour leur musées, et autres articles en les emportant chez eux.

Les adeptes quant à eux animent la fête à travers les démonstrations de danses, de

transe et de chants, et de par leur habillement reflètent l’art du vodun tout en

ressortant son côté culturel. Chercheurs, étudiants et élèves s’activent à faire

approfondir leur connaissance dans le domaine tandis que, les photographes et

caméramans viennent dans le but d’immortaliser l’événement à partir des images

qu’ils prennent. La diaspora participe financièrement à l’organisation de la fête.

Chacun d’eux dans leurs rôles respectifs contribue au développement de la

commune de Ouidah dans ce regroupement socio- culturel.

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Photo 3 : Sortie des nouvelles adeptes pour la célébration de la fête du vodun à Ouidah

Source : cliché FADONOUGBO 2012

1-2-1 La fête du vodun : les conflits de rôles

De parles entretiens avec les hauts dignitaires des cultes voduns ; à savoir

Kpassènon, Daagbo Hounon et le chef suprême du dieu arc-en-ciel, il a été

ressorti un certain nombre de problèmes en ce qui concerne l’organisation de la

fête du vodun. Selon lui la division est venue parmi eux à cause de l’argent. Car

au début, tous ensembles ils s’organisaient autours du chef des vodunons Daagbo

Hounon Hounan pour fêter à Ouidah et au bord de la plage. Mais ce dernier

pense-t-il à un moment donné semble les tromper sur le plan financier. Grâce à

l’entretien eu avec Daagbo Hounon, il reconnaît que l’Etat les subventionne pour

la fête. D’où les divisions venues de Kpassènon qui désormais forme avec

d’autres dissidents un groupe à part qui s’organise pour fêter dans la forêt sacré

de Kpassè (Kpassèzoumè). En restant dans cet ordre d’idées, il convient de noter

l’existence de conflits d’intérêts entre les dignitaires. Le conflit de leadership

suscité par les querelles de succession au trône entre Daagbo HOUNON et Daah

KPASSENON. Tous ces conflits ont été réglés grâce à l’intervention de monsieur

Sévérin ADJOVI et monsieur Emile OLOGOUDOU en accord avec le bureau

chargé du règlement des conflits. Il existe également des Conflits d’intérêt entre

les tamtameurs du vodun et les vodunons, conflit de chefferie ou d’appartenance

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à tels ou telles autres divinités (par exemple l’un se réclame guérisseur et qualifie

son second de féticheurs, et l’autre se réclame plus compétent que ce dernier).

Seuls, les vodunons sont qualifiés pour régler ces dissentiments. La résolution de

ces conflits a permis au nouveau Daagbo HOUNON et à l’ensemble des

dignitaires des cultes voduns de fêter en union et dans la quiétude. En somme la

fête du vodun assure le règlement des conflits. Lesquels conflits ne sont pas sans

conséquences. Sur le plan individuel, cela joue sur la conscience de l’individu

donc, il y a matière à inquiétude. Sur le collectif, des cérémonies s’imposent à

chaque collectivité. Ces cérémonies coûtent chères et se font sans l’aide de l’Etat

et, la non résolution de ces conflits peut conduire à une crise collectif. La

résolution de certains conflits passe parfois par des arrestations où des sages se

sont donnés pour rôle de ramener à la raison les parties adverses, de même que les

autorités de la Commune.

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CHAPITREV : Les fonctions sociales

1-1 Aspects identitaires

Le Vodun vécu au quotidien, imprègne la culture et l’existence du

Béninois. Ainsi affecte-t-il, la pensée, la parole et le geste du béninois. C’est ce

que révèlent toutes les manifestations populaires : naissance, baptême,

cérémonies funéraires. Même au cours d’une simple réception en famille, une

partie de la première boisson est versée au sol pour rendre hommage aux hôtes

invisibles, et pour établir ce lien entre les vivants et ceux qui vivent sur un autre

plan.

Le Vodun, une voie de croyance est aussi une voie de connaissance. Ce

dernier aspect se retrouve chez les ‘‘tradi-praticiens’’ qui s’investissent dans la

pharmacopée et cela se retrouve aussi dans des corps de métier suivants :

forgeron, potier, vannier, etc. Tout adepte qui sort du couvent sort avec un métier

: le Vodun n’est pas une religion de fainéant. Face à ces comportements, on se

pose la question suivante : Est-ce que le Béninois chrétien ou musulman peut

réellement être étranger à l’environnement Vodun?

Comme le dirait SERPOS (chercheur à l’UNESCO), le Vodun accompagne le

paysan au champ, au marché, à la fête, à l’enterrement. De nos jours il

accompagne l’élève à l’école, il est avec lui dans la classe de l’examen. Il

accompagne le député au parlement, le Ministre à des rencontres nationales et

internationales, il est omniprésent.

Le Vodun, une religion africaine est aussi une source de valeur de

civilisation. Il a été énuméré plus haut que la religion accompagne le quotidien.

Soulignons ici que la religion traditionnelle est la canne sur laquelle repose le

politique et représente par ailleurs les poumons de l’économie rurale.

Cette économie est une économie de subsistance. Le besoin étant à la fois

son stimulant et son propulseur, on observe facilement comment les cultes, les

rites et les cérémonies ont été et sont encore l’occasion de créer certains besoins

et de pousser à la consommation. Des besoins parfois spécifiques ont donné

naissance à des vocations scientifiques.

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Photo 4 et 5:danse des adeptes du vodun Tron et danse des adeptes du vodun Cokou

Source : cliché FADONOUGBO 2012

1-2. Les fonctions d’intégration sociale

La fête du vodun offre des occasions de découvertes des voduns anciens

comme nouveaux, permet les échanges entre les pratiquants du

vodun(vodouisants), renforce les relations d’amitié et d’échanges entre les

expatriés qu’ils soient africains, européens, asiatiques, ou américains. La

connaissance des secrets et des pratiques des autres pratiquants du vodun

(vodouisants) intéressent les adeptes entre eux. Les journalistes nationaux comme

internationaux (RFI, AFRICA 24, etc.) relaient les informations sur le vodun et la

célébration de la fête dans le but de mettre tout le monde au même niveau

d’information et de connaissances. La fête assure l’ouverture de Ouidah surtout

vers les occidentaux, elle permet aussi l’ouverture des voduns et de la culture

béninoise, des chefs de culte de Ouidah et du Bénin vers l’extérieur (Haïti,

France, Sénégal, Togo). Ce sont les Brésiliens, les Haïtiens, les Français, les

Américains, les Togolais, les Ghanéens, les Afro-brésiliens, la diaspora, et les

autres expatriés. Elle permet aux touristes d’acheter les articles et de les emporter.

La fête du vodun permet de:

- commémorer les valeurs culturelles et traditionnelles ;

- conserver les valeurs traditionnelles ancestrales ;

- rassembler les différents adeptes panthéons par panthéons autours de la fête ;

- aux adeptes de différentes divinités de bien se connaitre et de se retrouver ;

- revaloriser la culture des populations de Ouidah et du bénin en général ;

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- d’expliquer la pratique du culte vodun aux enfants du pays pour qu’ils

puissent comprendre l’importance quant à la conservation de ce patrimoine ;

- donner l’occasion aux autres (étrangers et béninois de l’extérieur) de

connaitre les fonctions et les valeurs du vodun à travers les retrouvailles, le

rassemblement des groupes (collectivité) et des gens,

- pérenniser le culte de la religion traditionnelle pour ne pas oublier la

tradition ;

- développer le tourisme du pays.

Aussi, assure-telle le renforcement des normes sur tous les plans au sein de

la population, favorise le renforcement des normes à travers les danses, assure la

cohésion sociale, parce que beaucoup de personnes viennent attendre Daagbo

HOUNON pour recevoir la bénédiction, exige le respect de la tradition dans

toutes ses dimensions (rappel de tous les rites du milieu), permet aux gens de

prendre de plus en plus conscience de la signification et de la valeur du vodun. La

célébration du culte vodun favorise une intégration culturelle avec l’acceptation à

Ouidah des danses des autres divinités, effectuées par les adeptes venus de tout le

pays et même du Togo voisin. La présence de plusieurs dignitaires venus des

quatre coins du Bénin et même des autres religions qui, sur invitation du chef des

dignitaires, viennent assister à la fête, favorise l’intégration sociale, sous

régionale, l’adhésion horizontale entre africains, et l’adhésion verticale entre

européens. Les blancs viennent nombreux assister à la fête et d’autres, pousser

par la curiosité cherchent à comprendre par exemple le consensus qu’il y a eu

dans le choix du nouveau Daagbo HOUNON. Les gens font les échanges de

cultures (vente des objets d’arts, qu’ils vont installer dans des musées, plus

particulièrement le musée des blancs). L’acceptation de la culture traditionnelles

africaine par les blancs qui, non seulement deviennent des adeptes de vodun, mais

vont jusqu’à nouer des pagnes autour de leur hanches. La fête permet également

le règlement des problèmes à travers le vodun, le rassemblement des vodunsis

(adeptes de vodun), et occasionne des causeries.

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C’est aussi une occasion de retrouvaille. Il y a des personnes que la fête

permet de revoir, un ami par exemple. Reconnaissance de l’un ou de l’autre et

réjouissance (manifestation de joie), retrouvaille d’une personne malade qu’on a

guérie il y a longtemps et perdue de vue, prise de photo sur caméra, on se raconte

des histoires pour amuser un peu la galerie, des consultations de l’oracle Fâ se

font si possible aux amis et ensuite chacun prend le chemin de retour.

En somme sur le plan social, la célébration de la fête du vodun permet le

renforcement des liens familiaux, le renforcement du tissu social, la convivialité,

des échanges s'établissent, des amitiés sincères et profondes se tissent dans la

confiance, la dignité et le respect, la sociabilité, des rencontres et une

communication.

Photo 6: danse des adeptes du vodun Ganbada à Ouidah

Source : cliché FADONOUGBO 2012

1-3- Les fonctions de régulation

La période de la fête de vodun est l’occasion que saisissent certaines

familles et dignitaires, pour régler des questions en instance, organiser des

réunions tenant lieu de conseil de famille, décider de l’organisation de la fête de

Ouidah (gléhouehoué), pour ce qui concerne le déplacement, les boissons à

acheter, les animaux à tuer et les aliments à préparer pour la fête. Ainsi de

différentes familles (famille GNANHOUIN, famille YEHOUENOU, famille

KPASSENON, famille HINDOTEGBE et famille HOUNON) se rencontrent en

leur sein pour décider chacun à leur niveau des cotisations à faire pour

l’organisation de la fête du vodun. Ces réunions se tiennent un mois avant la fête,

et généralement la nuit pour permettre le rassemblement de tout le monde. Mais

également dans le courant de la journée et précisément à partir de 16h ou 17h afin

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de susciter la présence de tous. Participent à ces réunions, les Daah, les vigans, les

tassinons, les dignitaires, les adeptes du vodun et les novices, les chefs de familles

et les parents. Ils parlent souvent de l’organisation de la fête, règlent des

problèmes liés à la fête, décident de la date des cérémonies de sortie des novices

(hounvi). Quand la fête est proche l’ordre du jour porte souvent sur l’organisation

interne et l’aide de l’Etat. Ces réunions se tiennent dans la Commune de Ouidah,

dans les grandes maisons familiales et dans les couvents. Avant, ces réunions se

tenaient chez kpassènon, mais à cause de la division, elles se tiennent désormais

chez Daagbo HOUNON. L’initiative émane souvent, et est présidé par les chefs

du culte vodun et les chefs de famille à savoir : Daagbo HOUNON, Daah

GNANHOUIN, Mr. OLOGOUDOU, le chef de famille BALLET, Vigan et la

prêtresse. Généralement ces réunions sont préparées par un comité d’organisation

ou une initiative commune (l’ensemble des dignitaires), mais aussi par une

personne influente. Cette personne influente ou le comité d’organisation est

souvent investit par l’ensemble des dignitaires, les chefs de familles, ou Daagbo

HOUNON. Par exemple pour la résolution des problèmes liés à la division entre

Daagbo HOUNON et Daah KPASSENON, monsieur ADJOVI Sévérin et

Monsieur Venance GNIGLA ont été investi par les sages de Ouidah pour la tenue

de ladite réunion. Ces formes de rencontre se tiennent souvent dans un lieu

profane (salle de réunion, maison familiale) ou dans un lieu sacré (couvent).

La diaspora participe activement à la fête et est présente le jour de la fête,

parce qu’elle participe aux réunions et apporte son aide financière selon ses

possibilités. Elle suit la manifestation le jour de la fête et prend la bénédiction des

rois, aborde les dignitaires de culte vodun pour y adhérer et garde des contacts

pour se renseigner sur les voduns. Elle se regroupe chaque année. Des procès-

verbaux existent mais ne sont pas disponibles.

L’arrivée du remplaçant de Daagbo HOUNON à suscité un nombre

impressionnant de personnes venues de tous les horizons pour voir comment le

nouveau Daagbo HOUNON allait marcher pour traverser la mer. Les différentes

divinités représentées par les nouveaux adhérents animent la ville et laissent leurs

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bénédictions au passage. La fête du vodun a permis le bien être de la population

de Ouidah à travers la réfection des bâtiments, l’arrangement des lieux et

réfection de chaque maison et la réhabilitation des sites touristiques. Ces

changements se remarquent avant la fête, pendant la fête, et après la fête à travers

la peinture des murs.

Conserver, garder le secret des valeurs ancestrales constitue l’aspect

profane d’une part, et d’autre part les rituels de la célébration du culte vodun à

travers les différentes sortes de sacrifices qui se font aux diverses divinités en ce

jour, concourent à implorer la paix sur le pays et permettent de rendre sacré la

fête. Le vodun permet d’éviter la guerre, les accidents, les maladies et donne la

joie. Au cours de la manifestation, on note parfois des conflits entre les groupes

du vodun. Ceci occasionne des démonstrations de force quelque peu dangereuse

au niveau de certains groupes. Ainsi, on voit parfois le mauvais côté du vodun,

mais le vodun en lui-même n’est pas mauvais. Ce sont les praticiens qui l’utilisent

pour faire du mal. Pour d’autres enquêtés, le vodun en lui-même est à la fois bon

et mauvais. C’est l’exemple que donne un haut dignitaire du tronkpéto en

énumérant les interdits (ne pas manger la viande du porc, ne pas se faire mordre

par le serpent, ne pas manger dans la casserole noir, ne pas manger le légume

gnantoto communément appelé salade sauvage) et les règles (aimer son prochain,

ne pas tuer, ne pas se prostituer, ne pas commettre l’adultère, ne pas voler), du

tron à observer par les adeptes pour vivre à l’aise. Il poursuit en disant que c’est

le non-respect de l’un ou l’autre de ces interdits qui peut entrainer la mort de

l’adepte mis en cause. Par contre, pour d’autres il n’y a rien de mauvais dans le

vodun.

La fête du vodun est pour certains une occasion ou une échéance pour la

réalisation de projets particuliers, tandis que pour d’autres, cela permet seulement

aux uns de trouver un peu de boulot à faire et de gagner un peu d’argent en se

mettant en contact avec certains étrangers du milieu. C’est aussi une occasion de

réalisation des projets mis en veilleuse depuis longtemps.

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CHAPITRE VI : La fête du vodun : un marché

1-1 Les activités commerciales autours de la fête

La fête du vodun est un moment de l’année où, les opérateurs économiques

enregistrent leur plus gros chiffre d’affaires à Ouidah. Les moments précis où ils

connaissent ces changements dans leurs affaires sont au milieu de l’année ou,

lors des manifestations(séminaire dans les hôtels), vers la fin de l’année à

l’approche des fêtes(Gléhouehoue, fête du vodun, pâques, Noel, nouvel an etc.),

plus précisément dans le mois de novembre à février ou, lors des cérémonies

d’enterrement ou également, au cours des événements comme le gospel et racine,

festival de jean ODOUNTAN, avec l’arrivée des étrangers qui achètent beaucoup

au cours de ses festivités. Les recettes évoluent plus à partir du mois d’octobre et

varie selon les années. Au niveau des musées, les recettes augmentent pendant les

vacances dans la ville de Ouidah.

Mis à part ces moments de l’année les affaires marchent moins bien surtout

lorsqu’il n’y a aucune manifestation, à partir du mois de mars à octobre. Les

baisses connues dans les affaires sont, parfois les causes de la politique du

gouvernement et plus particulièrement de la crise économique.

Signalons ici qu’autour de la fête du vodun se développe un marché à

divers niveau. Au niveau des hôtels, il y a très souvent augmentation de la

clientèle, deux semaines avant la fête, à la veille de la fête du vodun, une semaine

après. En raison de la fête, des investissements non négligeables se font dans les

entreprises à travers des aménagements des sites (hôtels, bar-restaurants

etc.).Ceci, dans le but d’attirer la clientèle et d’améliorer les recettes. La plupart

des clients sont des Américains, des noirs, des blancs, la clientèle habituelle;

chercheurs, des touristes jeunes comme vieux, élèves, étudiants, des autorités

politiques et religieux, des expatriés et des nationaux etc. Certains hôtels font

l’hébergement tout court, car leur restaurant ne fonctionne plus depuis un bon

moment.

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Au niveau de la ville, toutes les denrées alimentaires et articles augmentent

de prix, de même que les boissons locales (sodabi, bières, sucreries etc.); le prix

des transports augmente également à l’approche des fêtes. Cette hausse se

constate sur les denrées alimentaires comme huiles, riz, maïs, épices, tomates,

piments, les fruits, la nourriture (viande de mouton et volailles), les accessoires

d’imagerie, les cartes postales, les objets d’art, les transports (zémidjan et taxi

ville), hôtels et la restauration etc. Ces changements se justifient par

l’augmentation du prix du carburant le jour de la fête ; ce qui traduit

l’augmentation des prix au niveau des zémidjans, de plus l’affluence observée le

jour de la fête amène à dire que la demande est forte plus que l’offre.

C’est l’occasion pour les artistes, les sculpteurs et mêmes les forgerons de

vendre très facilement leurs produits.

1-2. Les sources de financement

L’Etat alloue des fonds pour l’organisation des manifestations officielles le

jour de la fête du vodun. La Mairie appuie l’organisation par ses aides financières

et logistiques. Les autres sources de financement proviennent de la diaspora et

des cotisations que font les dignitaires pour la réussite de la fête.

1-3 Les bénéficiaires de la fête du vodun

Même si le mécanisme au niveau nationale ne permet pas de faire le point

des chiffres d’affaire à tous les niveaux, en l’occurrence au niveau de

l’informelle, il est constaté tout de même que le marché informelle fonctionne

ainsi que les structure légales au cours de la fête du vodun. On note le

changement de l’aspect de la ville à travers l’embellissement des maisons et des

couvents. Ces moments occasionnent des changements des mentalités sur le plan

individuel, et la population de Ouidah dans ce dynamisme attend la venue des

étrangers dans la ville avec beaucoup de joie. Beaucoup de rencontres et

d’échanges se font également. Au niveau de la ville on note l’hébergement des

touristes dans les maisons et dans les Hôtels, l’animation de la ville par les

adeptes de vodun, toutes choses renforçant la réputation de la ville, l’écoulement

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des produits (bêtes, volailles et autres), l’augmentation des chiffres d’affaires sur

tous les plans, les retrouvailles et découvertes de la ville, des musées, et une large

diffusion de la ville de Ouidah sur les chaines télévisuelles. Tout ceci participe

aux changements de la Commune de Ouidah. Au niveau du pays, on note la

valorisation de la culture, l’aménagement des sites touristiques, la formation des

guides qui deviennent plus conscients. Ainsi, la vente du pays à travers la

célébration de la fête de vodun à Ouidah, devient une approche viable. D’où

l’importance de la présence de l’Etat dans les préparatifs.

Précisons que la fête du vodun est la source d’un vaste marché qui draine

une foule de bénéficiaires multiples et variées, dont aux premiers loges, les

Dignitaires et les adeptes. S’il est vrai que ces derniers constituent les

bénéficiaires directes, la fête du vodun par son envergure et son importance

contribue à la visibilité et à l’amélioration de l’image du pays sur la scène

nationale et internationale d’où l’implication de l’Etat et de la municipalité dans

la réussite de ce grand évènement à l’occasion de laquelle la ville fait peau neuve.

Par ailleurs, la fête du vodun, des préparatifs à la célébration constitue une

occasion privilégiée pour les bonnes affaires au sein de toutes les couches socio –

professionnelles. Du vendeur de volailles et de cabris, en passants par les

conducteurs de transport en commun et de taxi motos, les bonnes dames dans les

marchés, les acteurs culturels, artisanaux et artistiques à travers les foires et

expositions, les promoteurs hôteliers, les maquis, café – bar et buvette…. La fête

du vodun enrichie bien de personnes. Une autres catégorie de bénéficiaires qui

jouent un rôle plus ou moins important dans l’ébruitement et la pérennisation de

cet évènement sont les journalistes, les photographes, les curieux et les touristes

mais aussi les expatrié et ceux qui sont à la recherches de solution pour quelques

problèmes de santé. Notons également que cette fête est également un creuset

d’excellence qui regroupe des chercheurs de divers horizons, ce qui explique bien

les riches documentations existant sur ces pratiques.

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CONCLUSION

La religion traditionnelle vodun est un espace de cohésion sociale dans le

monde africain. Dans cet espace, la parole des ancêtres véhicule les

enseignements et règles de conduite qui sont à la base des valeurs qui alimentent

d’une manière permanente, le politique, l’économie et le ludique. Autrement dit,

le vodun règle la plupart du temps la vie sociale, politique, artistique et même

économique.

Malgré l’étreinte de la modernité, le vodun est loin d’être un phénomène en

voie de disparition. Au besoin et selon les circonstances, il est manifeste et

visible. Parfois quand certaines agitations tapageuses l’obligent, il se retire et vit

discrètement. On dirait qu’il vit des périodes de sommeil, des périodes de

résurgence et d’activités liées aux situations politiques et socio-économiques.

Longtemps laissés pour compte, les adeptes du vodun croient en la tradition

que leur ont légué leurs ancêtres et, ils organisent leur vie suivant un modèle qui

se trouve être le prolongement de ce qu'avaient coutume de faire les générations

qui les ont précédés dans le temps. En dépit de l'importance qu'elle représente,

cette population vodouesque a toujours été négligée, passant même inaperçue aux

instances gouvernementales, aux organismes internationaux et aux organismes

non gouvernementaux (ONG).

Pourtant, cette population vodouesque, trop souvent perçue comme

totalement dépourvue d'infrastructure sociales cohérentes, s'articule

harmonieusement autour du couvent vodun, qui se trouve être pour elle non

seulement un centre religieux mais aussi et surtout un centre culturel et social de

première importance.

Par des manifestations, le vodun contribue à éduquer les générations

actuelles sur les traditions, les us et coutumes de la société passée. En faisant le

lien entre le passé, il montre les sources d'où proviennent les hommes et met en

évidence le caractère historique des faits sociaux.

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Ainsi, il est possible à partir des manifestations de la fête du vodun afin de

mieux comprendre le passé et de prévoir l'avenir ; le développement social étant

assurément un trait d'union entre les différentes phases de l'histoire de la société à

savoir le passé, le présent et le futur, ces manifestations en véhiculant les grandes

valeurs morales comme la dignité, le travail, la sagesse, la paix, le dialogue, la

solidarité, le courage, etc. contribuent à perpétrer des valeurs qui sont

fondamentales pour la cohésion et le développement social et qui sont aujourd'hui

mises en péril par la société capitaliste et la mondialisation.

Dans la mesure où il crée un sentiment d'harmonie, de communion, et de

solidarité entre les membres de la société, on ne saurait trop insister sur la

nécessité de lui redonner sa place dans les programmes de développement du

pays, le Bénin. Moyen peu coûteux mais impressionnant dans ses capacités de

mobilisation de la jeunesse, les manifestations culturelles voduns doivent être à

l'avant-garde des moyens employés pour favoriser l'insertion sociale des jeunes.

Notre réflexion se porte sur un phénomène qui ne se laisse pas cerner

facilement par l’analyse scientifique. Considéré par les uns comme une religion

au sens le plus noble du terme, et par les autres comme le « cénacle » de toutes

les pratiques les plus diaboliques, le «Vodun » fait encore l’objet de spéculations.

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ANNEXE

GUIDE D'ENTRETIEN A L'ENDROIT DES DIGNITAIRES VODUNS

Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un mémoire de maîtrise sur le sujet : Enjeux

sociaux de la fête du vodun à Ouidah.

Ce guide d'entretien vise comme objectif d'explorer les rapports qui existent entre la culture

vodun et le développement économique, social, et culturel.

Thème du guide d'entretien Questions de relance

Signification donnée au

vodun

a. Qu'est-ce que le vodun selon vous ?

b. Serait-il Dieu ?

c. Quelles sont leurs principales fonctions ?

d. Pourquoi perdure-t-il jusqu'à aujourd'hui ?

Description de la fête du

vodun

a. Qu'est-ce que la fête du vodun ?

b. Quel sens la fête du vodun a pour vous ?

c. Comment le préparez-vous ?

d. Comment s'organise-t-il ?

e. Y a-t-il une périodicité pour l'organisation de cette fête ?

Les impacts économiques,

sociaux et culturels du vodun

a. Le mode de vie que prescrit le vodun régule le comportement

social ? si oui, comment ?

b. Ce mode de vie est-il approprié dans la société actuelle où la

modernité et l'économie ont pris place dans les familles ?

c. Que trouvent les masses populaires lors des manifestations de

la fête du vodun ?

d. Y a-t-il des interdits à ses manifestations? si oui, lesquels ?

pourquoi ?

e. Cela demande-t-il de dépenses ?

f. Comment les gens vivent-ils lors de cette manifestation ?

g. Que pensez-vous des rythmes et des mélodies exécutées

actuellement par les jeunes et qui semblent avoir servi à évoquer

et à chanter les voduns ?

Merci pour votre collaboration

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GUIDE D’ENTRETIEN A L'ENDROIT DES ADEPTES VODUNS

Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'un mémoire de maîtrise sur le sujet : Enjeux

sociaux de la fête du vodun à Ouidah.

I/ SIGNIFICATION DU VODUN

9 Selon vous, qu'est-ce que le vodun ?

a- c'est à notre naissance que nous avons constaté que nos pères avaient des voduns ;

b- c'est un ensemble de principes établissant la liaison entre l'homme, le reste du monde et le

créateur ;

c- Autres (préciser) :................................................................................................................

10 Selon ses manifestations, que peut-on dire du vodun ?

a- l'intermédiaire entre dieux et les hommes ; b- Dieux, créateur de la vie

c- Autres (préciser) :..............................................................................................................

11 Quel est le but ultime du vodun ?

a- offrir les moyens de mener une existence terrestre décente ;

b- s'acquitter de ses devoirs envers les personnes âgées ;

c- Autres (préciser) :...............................................................................................................

12 Pourquoi le vodun perdure jusqu'à nos jours ?

a- parce que les ménages lui font référence pour orienter leurs décisions

b- parce que les ménages se tournent vers lui en cas de danger

c- Autres (préciser) :...................................................................................................

13Régularise-t-il les désirs?

Oui ; Non ; Si oui, comment ?

a- En protégeant ceux considérés comme bon

b- En châtiant ceux considérés comme mauvais

c- Autres (préciser) :.....................................................................................................

14 Quelles autres valeurs véhicule le vodun ?

a- le respect ; b- la discipline ; c- la pérennité du groupe

d- Autres (préciser) :.....................................................................................................

15 Le vodun indique-t-il la voie à suivre et les interdits à ne pas enfreindre ?

Oui ; Non

II/ IMPACTS DU VODUN SUR LA VIE SOCIALE, ECONOMIQUE ET

CULTURELLE

16 Pourquoi organise-t-on selon vous des cérémonies annuelles dites fête du vodun ?

a- pour rendre grâce aux dieux de leurs bienfaits ; b- pour apaiser la colère des dieux

c- pour purifier la cité ;

d- Commémorer la mémoire des défunts ;

e- Autres (préciser) :...............................................................................................

17 Ces manifestations sont-elles réservées uniquement aux adeptes du vodun?

Oui ; Non

18 Y assiste-il un grand nombre de personnes ?

Oui ; Non

19 Ces manifestations sont-elles porteuses de valeurs ?

Oui ; Non

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Si oui, lesquelles ?

a- le respect des personnes âgées

b- un humanisme en ce qui concerne les relations avec les semblables ;

c- un souci de fraternité et de solidarité

d- obligation de venir en aide aux personnes en nécessité

e- Encouragement du travail collectif ;

f- Autres (préciser) :.......................................................................................

20 Ces valeurs sont-elles importantes de nos jours ?

Oui ; Non

Si oui, pourquoi ?

a- Parce qu'elles donnent confiance

b- Parce qu'elles permettent de se retrouver

c- Parce qu'elles permettent de réfléchir sur des problèmes de société

d- Autres(préciser) :.............................................................................................

21 Qu'appréciez-vous d'autres lors de ces manifestations ?

a- danses ; b- chants ; c- musique

d- la grande foule que mobilisent ces manifestations

e- Autres (préciser) :...................................................................................................

22Trouvez-vous en cela des satisfactions ?

Oui ; Non

Lesquelles

a- satisfaction à leur besoin de loisirs ; b- satisfaction à leur besoin de jeux

c- satisfaction à leur besoin de récréation ; d- Autres (préciser) :..............................

23Constitue-t-il des références en matière de chants, musiques et danses ?

Oui ; Non

24 Y a-t-il des rythmes voduns qui soient exécutés actuellement par les artistes?

Oui ; Non

24 Faites-vous de bonnes recettes lors de ces manifestations ?

Oui ; Non

En quoi faisant ?

a- En vendant des articles ; b- En accompagnant des touristes

c- Hébergement de touristes contre récompense ;

d- Autres (préciser) :.......................................................................................

25 Effectuez-vous également des dépenses ?

Oui ; Non

26 Trouvez-vous des financements pour vos activités en ces occasions ?

Oui Non

III/ SUGGESTIONS

28 Que suggérez-vous pour la promotion du développement endogène basé sur la culture

vodun? .............................................................................................................................

Merci pour votre collaboration !

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GUIDE D'ENTRETIEN A L'ENDROIT DES PROFANES

Ce guide est élaboré dans le cadre d'un mémoire de maîtrise sur le sujet : Enjeux sociaux de la

fête du vodun à Ouidah.

I/ IMPACTS DU VODOUN SUR LA VIE SOCIALE, ECONOMIQUE ET

CULTURELLE

I.1-Statuts et rôle des acteurs présents identifiables autours de la fête du vodun.

1- Pourquoi organise-t-on selon vous des cérémonies annuelles dites « fête de vodun » ? a- pour rendre grâce aux dieux de leurs bienfaits

b- pour apaiser la colère des dieux

c- pour purifier la cité

d- Autres (préciser) :...............................................................................................

2- Y assistez-vous ? Oui ; Non

3- Y assiste-il un grand nombre de personnes ? Oui ; Non

4-connaissez-vous de gens qui viennent à Ouidah pour la fête du vodun ?

Oui ; Non

5- Qui sont-ils ?

a- Sont-ils des hommes, des femmes, des enfants expatriés ?

b- A quoi reconnaissez-vous qu’ils sont ou ne sont pas expatriés ?

c- Sont-ils des blancs ou des noirs ?

d- Viennent-ils en famille ou seuls ?

e- Parmi ceux qui viennent, y en a-t-il qui sont de Ouidah ? par le sang ou par

alliance ?

f- Avez-vous des proches parmi eux ? parents ou amis

g- D’où viennent-ils

h- Comment viennent-ils

i- Quand viennent-ils ? Quelques jours avant la fête ? une semaine avant, deux

semaines avant plus que cela ? précisez !

j- Ou logent-ils ? à Ouidah ou ailleurs ? précisez !

k- En famille ou à l’hôtel ?

l- Quand ils viennent, que font-ils ?

6-Quelles autres personnes vivant habituellement à Ouidah ou ailleurs au Bénin

remarquez-vous autour de la fête ?

a- Citez-moi quelques-unes et dites-moi ce que chacun fait.

b- Qui sont les responsables ou dignitaires du vodun que vous remarquez ?

c- Quand les voyez-vous le plus préoccupé par la fête ? avant ou pendant la fête ?

7-L’Etat vous semble-t-il présent autour de la fête ?

a- De quelles manières ?

b- Par qui ?

c- Que fait-il précisément ?

8-Y a-t-il des groupes organisés qui viennent pour la fête du vodun ? Citez-moi quelques-uns ?

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I.2-Présentation et fonctions des différentes activités des acteurs en présence pendant la

fête du vodun.

1-Quelles sont les manifestations autour de la fête ? Avant, pendant et après ?

2-Au sein de votre famille, vous arrive-t-il de recevoir des ? Sont-ils de la famille ?

3-En profitez-vous pour atteindre d’autres objectifs ? (conseil de famille ?mariage ?

Dot ? Répudiation ? Succession ? Etc.)

4-Si oui quel type de rencontres ou réunions faites-vous en marge de la fête du vodun ?

5-Connaissez-vous d’autres personnes ou familles qui le font ?

6-A quel moment se tiennent généralement ces réunions ? Avant ou après la fête ? Le jour ou la

nuit ? Tôt le matin ? A quel moment précisément ? Pourquoi ?

7-Qui sont ceux qui participent à ces réunions ? Citez-les précisément.

8-De quoi parlent-ils ?

9-Dans quelles villes se tiennent ces réunions ? et dans quelle maison ?

10-Est-ce toujours les mêmes lieux ou change-t-on ?

11-Qui prend l’initiative de réunir, convoquer les gens ?

12-Qui préside la rencontre ?

13-Qui la prépare ? Une seule personne ou comité d’organisation ?

14-Qui investit cette personne ou met en place ce comité ?

15-Où se tient la rencontre ? Dans un lieu profane ou sacré ? où précisez !

16-La diaspora est semble-t-il un acteur majeur de la fête ?

17-Que fait-elle ? Par quelles structures ?

18-Organise-t-elle des réunions ?

19-Chaque année ou selon une autre périodicité ? Laquelle ?

20-Peut-on disposer des PV de ces réunions ?

I.3- Les fonctions d’intégration de la fête du vodun

1-Que remarquez-vous de nouveau autour de la fête ?

2-Nommez-les !

3-A quels moments remarquez-vous ces changements ? avant, pendant ou après ?

4-Sont-ils de bons ou de mauvais changements ?

5-Les changements observés ou remarqués sont-ils visible donc physiques (embellissement,

changement de comportement etc.…) ou au niveau des mentalités ?

6-Quels sont les choses apparues en bien ? Au niveau : individuel ? De la ville ? Du pays ? Du

vodun aussi bien dans son aspect profane que sacré ?

7-Quelles sont les choses apparues, qui sont mauvaises ? Au niveau : individuel ? De la ville ?

Du pays ? Du vodun aussi bien dans son aspect profane que sacré ?

8-Quels sont les tensions ou conflits qu’il y a eu ? Qui ça a opposé ? A-t-on réglé cela ?

9-La fête offre-t-elle l’occasion d’acquérir de nouvelles connaissances ?

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10-Lesquelles ? De quels types ? Qui ces connaissances intéressent-elles ?

11-Peut-on dire que la fête assure l’ouverture de Ouidah sur d’autres mondes ? villes ?

12-Quels sont ces mondes ? villes ?

13-Et comment assure-t-elle cette ouverture ?

I.4- Les fonctions de régulation de la fête du vodun

1-A quoi sert la fête du vodun ? Dites-le pour chaque composante de Ouidah et même du

Bénin ?

2-Assure-telle entre autre le renforcement des normes auxquelles sont attachées les

populations ? Comment ? Citez des cas précis !

3-Peut-on parler d’une intégration que permet la fête ? Laquelle ? Comment se manifeste-t-

elle ? Citez des cas précis !

4-Y a-t-il à votre connaissance des tensions ou conflits nés du fait de la fête ?

5-Lesquelles ? Qui cela a-t-il opposé ?

6-Comment qualifiez- vous ces conflits ?

7-Quelles en sont les conséquences aux niveaux individuels et collectifs ?

8-Ont-ils été résolus ? Par qui et comment ?

9-La fête du vodun est-elle pour vous une occasion ou une échéance pour la réalisation de

projets importants ?

10-Lesquels ? Citez nous deux ou trois choses que vous n’auriez pas pu faire sans la fête du

vodun.

11-Y a-t-il des personnes que vous n’espérez plus jamais retrouver et que la fête vous en a

donné l’occasion ? Qui par exemple ? Racontez-nous l’histoire !

12- Cela signifie-t-il que la fête de vodun est facteur de cohésion autour d'un but commun ?

13-Constitue-t-il donc un modèle de cohésion sociale ?

15- Ainsi, consolide-t-il le tissu social et familial ?

16- Ces manifestations sont-elles porteuses d'autres valeurs ?

Si oui, lesquelles ?

a- le respect des personnes âgées

b- un humanisme en ce qui concerne les relations avec les semblables

c- un souci de fraternité et de solidarité

d- obligation de venir en aide aux personnes en nécessité

e- Encouragement du travail collectif

f- Autres (préciser) :...................................................................................

17- Qu'appréciez-vous d'autres lors de ces manifestations ?

a- danses ; b- chants ; c- musique

d- la grande foule que mobilisent ces manifestations

e- Autres (préciser) :........................................................................................

18- Trouvez-vous en cela des satisfactions? Lesquelles?

a- satisfaction à leur besoin de loisirs,

b- satisfaction à leur besoin de jeux

c- satisfaction à leur besoin de récréation

d- Autres (préciser) :.......................................................................................

19- Constitue-t-il des références en matière de chants, musiques et danses ?

20- Y a-t-il des rythmes voduns qui soient exécutés actuellement par les artistes?

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I.5-influence de la célébration de la fête du vodun sur l'économie

1-A quels moments de l’année enregistrez- vous votre plus gros chiffre d’affaires ?

2-A quels moments de l’année les affaires marchent moins bien ?

3-Pourriez-vous me donner sur quelques années l’évolution de vos recettes ? Le plancher et le

sommet tout au moins ?

4-Comment expliquez-vous ces différences à ces moments précis de l’année ?

5-L’organisation de la fête à Ouidah vous donne-t-elle l’occasion d’engranger des hausses au

niveau de vos recettes ? De quel ordre ? En quoi faisant ?

a- En vendant des articles ; b- En accompagnant des touristes

c- Autres(Préciser) :.......................................................................................

6-La fête du vodun vous donne- t-elle à remarquer des baisses sensibles au niveau des vos

recettes ? De quel ordre ? Et pourquoi ?

7-En raison de la fête, faites-vous des investissements dans votre entreprise ?

8-En avez-vous toujours tiré des profits ?

9-Avez-vous regretté une fois l’avoir fait ?pourquoi ?

10- Trouvez-vous des financements pour vos activités en ces occasions ?

11-Quelle est la clientèle que vous avez dans cette période ?

12-Pour quels motifs viennent-ils généralement ?

13-A partir de quand commence l’affluence ?

14-Au niveau de la ville, avez-vous l’impression que les choses deviennent plus chères ?

15-A quels moments précisément se remarque la hausse ?

16-Sur quoi observez-vous cette hausse ? (hôtel, loyer, restauration, denrées alimentaires,

akassa, riz, maïs, sodabi, objet d’art ? zémidjan ? taxi-ville ? coiffeur ? autres.)

17-Observez-vous aussi des baisses au niveau de certains produits ou prestations ? Lesquels ?

18-Ces changements sont-ils justifiés à votre avis ? Pourquoi ?

Oui ; Non

Selon les groupes cible ou la profession de l’enquêté, les questions peuvent être modifiées et

contextualisées.

Autorités religieuses, autorités politiques et administratives locales, tenanciers de bars et

hôteliers, gendarmerie et police, chef de familles, conducteurs de taxi-ville auto et moto,

personnes ressources, ministère de la culture, populations artistes, agences et compagnie de

voyages.

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TABLE DES MATIERES

TITRES PAGES

SOMMAIRE…………………………………………………………………………………………………………….. 2

DEDICACE.......................................................................................................... 3

REMERCIEMENTS……………………………………………………………. 4

LISTE DES SIGLES……………………………………………………………. 5

LISTE DES TABLEAUX, CARTES ET PHOTOS……………………………. 6

RESUME……………………………………………………………………….. 8

Introduction…………………………………………………………. 9

1ère

Partie : La fête du vodun, un champ d’étude pour la sociologie du

développement endogène…………………………………………………

12

I-Cadre théorique………………………………………………………… 13

1-Problématique……………………………………………………….. 13

1-1 Hypothèses de recherche………………………………………….. 15

1-2 Objectif général…………………………………………………… 15

1-2-1 Objectifs spécifiques……………………………………………. 15

2-Définition du sujet……………………………………………………... 16

2-1Nature de l’étude……………………………………………………... 16

2-2Clarification conceptuelle……………………………………………. 16

2-3 Justification du sujet………………………………………………… 20

2-3-1 Raisons subjectives……………………………………………….. 20

2-3-2Raisons objectives…………………………………………………. 20

2-3-3Délimitation thématique…………………………………………… 21

2-4 Présentation et justification du cadre de l’étude…………………….. 21

3- Quelques axes de la discussion………………………………………. 24

II- Cadre pratique………………………………………………………... 35

1-Démarche méthodologique……………………………………………. 35

1- 1-Recherche documentaire…………………………………………… 35

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1-2-Sources orales………………………………………………………. 36

1-3- La pré- enquête…………………………………………………….. 36

1-4-Techniques de collectes des données……………………………….. 36

1-4-1-Etude documentaire………………………………………………. 37

1-4-2 Observation directe……………………………………………….. 37

1-4-3 Entretiens…………………………………………………………. 38

1-4-4Guide d’entretien…………………………………………………... 38

1-5-Population cible et échantillonnage………………………………… 38

1-5-1 Population cible………………………………………………….... 38

1-5-2 Echantillonnage…………………………………………………… 39

1-6 Calendrier de la recherche…………………………………………... 39

1-7Techniques de dépouillement et de traitement des données…………. 41

1-8 Limites de l’étude……………………………………………………. 41

2-Présentation des résultats………………………………………………. 41

2-1 Résultats relatifs à l’identification des populations enquêtées………. 41

2-2 Résultats relatifs à la signification que donnent les adeptes et les

dignitaires de la notion du vodun………………………………………....

43

2-3 Résultats relatifs aux influences de la célébration de la fête du vodun

sur la vie sociale………………………………………………………… .

46

2-4 Résultats relatifs aux influences de la célébration de la fête du la

cohésion sociale et culturelle……………………………………………..

48

2-5Résultats relatifs aux influences de la célébration de la fête du vodun

sur l’économie……………………………………………………………

49

3-Analyse des résultats………………………………………………….. 50

3-1 Signification du vodun selon les adeptes et les prêtres voduns……… 50

3-2Signification de la fête du vodun…………………………………….. 53

3-3Impact de la fête du vodun sur la population de Ouidah…………….. 55

2ème

Partie : La fête du vodun : un enjeu social majeur…………………... 59

Chapitre3 : La fête du vodun : manifestations…………………………… 60

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1-Les manifestations officielles…………………………………………. 60

1-1 Déroulement des cérémonies officielles……………………………... 60

1-2 Les manifestations rituelles…………………………………………... 60

1-3- Sur le plan culturel………………………………………………….. 61

Chapitre 4:La fête de vodun à Ouidah : profil et rôle des acteurs………… 62

1-1Typologie des acteurs………………………………………………… 62

1-2 Rôle des acteurs……………………………………………………… 65

1-2-1La fête du vodun : les conflits de rôles……………………………. 66

Chapitre 5 : Les fonctions sociales………………………………………. 68

1-1- Aspects identitaires…………………………………………………. 68

1-2- Les fonctions d’intégration sociale…………………………………. 68

1-3- Les fonctions de régulation………………………………………… . 71

Chapitre 6 : La fête du vodun : un marché……………………………….. 74

1-1Les activités commerciales autours de la fête………………………... 74

1-2Les sources de financement………………………………………….. 75

1-3 Les bénéficiaires …………………………………………………….. 75

Conclusion……………………………………………………………….. 77

Références bibliographiques…………………………………………….. 79

Annexe…………………………………………………………………… 82

Table des matières……………………………………………………….. 89