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Évaluation des biais attentionnels et des biais d'approche vis-à-vis de stimuli
associés à la consommation d'alcool
Auteur : Jovanovski, Laura
Promoteur(s) : Quertemont, Etienne
Faculté : þÿ�F�a�c�u�l�t�é� �d�e� �P�s�y�c�h�o�l�o�g�i�e�,� �L�o�g�o�p�é�d�i�e� �e�t� �S�c�i�e�n�c�e�s� �d�e� �l ��E�d�u�c�a�t�i�o�n
Diplôme : Master en sciences psychologiques, à finalité spécialisée en psychologie clinique
Année académique : 2017-2018
URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/4663
Avertissement à l'attention des usagers :
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un document par extrait ou dans son intégralité, l'utilisateur citera de manière complète les sources telles que
mentionnées ci-dessus. Toute utilisation non explicitement autorisée ci-avant (telle que par exemple, la modification du
document ou son résumé) nécessite l'autorisation préalable et expresse des auteurs ou de leurs ayants droit.
FACULTÉ DE PSYCHOLOGIE,
LOGOPÉDIE ET DES SCIENCES
DE L'ÉDUCATION
DEPARTEMENT DE
PSYCHOLOGIE QUANTITATIVE
Évaluation des biais attentionnels et des biais
d’approche vis-à-vis de stimuli associés à la
consommation d’alcool
Laura Jovanovski
Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de
Master en Sciences Psychologiques Année Académique 2017- 2018
Promoteur : Quertemont Etienne
Chercheuse responsable : Simon Jessica
Lectrices : Etienne Anne-Marie, Schmits Emilie
1
« If the automatic, implicit, and associative side of cognition is the
“default” in human decision, as Kahneman (2003) suggests,
acknowledgment and measurement of these processes could
substantially advance intervention research. »
Wiers & Stacy (2010)
2
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier mon promoteur, Monsieur Etienne Quertemont, docteur
en Sciences Psychologiques, Doyen de la faculté de Psychologie et chargé de cours à
l’Université de Liège, d’avoir accepté que je réalise mon mémoire au sein de son service et de
m’avoir accompagnée pendant un an et demi dans ce projet.
Je tiens également à remercier Jessica Simon, docteur en Sciences Psychologiques et
assistante en cours de statistiques, pour son aide, son accessibilité, ses enseignements, ainsi que
son implication tout au long de ce projet. Mais aussi (et surtout) pour sa patience et son
investissement malgré les nombreuses fois où j’ai perdu pied dans ce vaste océan que
représentait pour moi ce mémoire. Merci pour son accessibilité, ainsi que pour son travail
acharné menant à la création des tâches informatisées et de toute la procédure de l’étude, sans
lesquelles je n’aurais pas pu mener à bien cette recherche.
Je remercie ma famille qui a toujours cru en moi et qui m’a soutenue, encouragée et
supportée durant ces dernières années pendant les bons comme les mauvais moments. Ma
reconnaissance revient à ma mère, pour sa confiance et ses bons conseils.
Merci à Anaël, ma fidèle amie, pour ces heures passées à relire, corriger, réarranger et
embellir cet écrit.
Je remercie d’avance les futures lectrices de ce mémoire, Anne-Marie Etienne et Emilie
Schmits. Je vous remercie de l’intérêt que vous portez à la recherche que j’ai entreprise et
d’avoir souhaité devenir les lectrices de cet écrit.
Finalement, je remercie et salue toutes ces personnes qui ont participé à la réalisation de
ce mémoire et sans qui rien de tout ça n’aurait été possible. Je les remercie d’avoir accordé une
partie de leur temps à ma recherche et à l’obtention, je l’espère, de mon diplôme.
MERCI !
3
TABLE DES MATIERES
I. INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………6
II. THÉORIE………………………………………………………………………………………………….….10
1. L’ALCOOLO-DÉPENDANCE………………………………………………………………….…..11
1.1. INTRODUCTION SUR L’ALCOOLO-DÉPENDANCE…………………………...…...11
1.2. LA CONSOMMATION D’ALCOOL EN BELGIQUE EN CHIFFRES…………...…....11
1.3. ALCOOL ET DIGNOSTICS………………………………………………………...…...12
2. LES MODES DE CONSOMMATION D’ALCOOL CHEZ LES ÉTUDIANTS…………………...13
2.1. BINGE DRINKING……………………………………………………...…….. .14
2.1.1. BINGE DRINKING EN CHIFFRES…………………………....…. .15
2.2. SOCIAL DRINKING……………………………………… ……….…. .17
3. LES REPERES DE CONSOMMATION D’ALCOOL……………………………………………...18
4. EFFETS ET ACTION DE L’ALCOOL……………………………………………………………...19
5. DANGERS DE L’ALCOOL………………………………………………………………………....22
5.1. EFFETS DE L’ALCOOL SUR LE CORPS À COURT TERME………………………..22
5.2. EFFETS DE L’ALCOOL SUR LE CORPS À LONG TERME……………….…………23
6. LA SANTÉ PUBLIQUE EN CHIFFRES……………………………………………………………24
7. POURQUOI CONTINUER À CONSOMMER ?................................................................................25
7.1. LA RECHERCHE COGNITIVE………………………………………….………….…..25
8. LES BIAIS ATTENTIONNELS ET LES BIAIS D’APPROCHE………………..…………..……..26
8.1. L’ATTENTION…………………………………………………………………..……....26
8.2. LES BIAIS ATTENTIONNELS………….………………………………………….…..27
8.3. LES BIAIS D’APPROCHE………………………………………………………...…….27
9. LES PREUVES AU TRAVERS DE RÉCENTES MÉTHODES D’ÉVALUATION………….…...28
9.1. TÂCHE DE STROOP………………………………………………………….…….…..28
9.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE……………………………………………………….…..29
9.2.1. PARAMÈTRES………………………………….………………………..…..30
9.2.2. RÉSULTATS……………………………………………….……………..…..31
9.3. TÂCHE DE STOP SIGNAL……………………………………………………..……....31
9.3.1. PARAMÈTRES…………………………………………………………….…32
10. CRAVING……………………………………………………………………...……………….….33
10.1. MESURE…………………………………………………………………………….….34
10.1.1. OBSESSIVE COMPULSIVE DRINKING SCALE…………..………….…34
10.1.2. VISUAL ANOLOGUE CRAVING SCALE………………………..……....35
4
11. LES THÉORIES DE L’ADDICTION…………………………………………………………....35
11.1. QUEL EST LA RELATION ENTRE LE CRAVING ET LES BIAIS
COGNITIFS DANS CES THÉORIES DE L’ADDICTION ?...... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36
11.1.2. THÉORIE DE L’INTRUSION ELABORÉE……………………………...37
11.1.3. THÉORIE DE LA SENSIBILISATION MOTIVATIONNELLE…….......38
11.1.4. DUAL PROCESS MODEL……………………………………………......40
11.1.5. MODÈLE INTÉGRATIF………………………………………………….42
11.1.6. CONCLUSION..…………………………………………………………...43
12. OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE LA RECHERCHE…………………………...…………....45
12.1. LES OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES…………………………………...…………....45
III. MÉTHODOLOGIE…………………………………………………………………………...……...…….46
13. PARTICIPANTS ………………………………………………………………….………...47
13.1. DESCRIPTION………………………………………………………….......47
14. MESURES……………………………………………………………………………………......47
14.1. QUESTIONNAIRES………………………………………………………………47
14.1.1. COMPORTEMENTS VIS-A-VIS DE LA
CONSOMMATION D’ALCOOL…............................................................47
14.1.2. CRAVING…………………………………………………………………49
14.1.3. NIVEAU D’ÉVEIL………………………………………………………..49
14.1.4. ANXIÉTÉ………………………………………………………………….50
14.1.5. IMPULSIVITÉ…………………………………………………………….50
14.1.6. SYMPTÔMES DÉPRESSIFS……………………………………….…….51
14.2. TÂCHES INFORMATISÉES………………………………………………………...52
14.2.1. TÂCHE DE VISUAL PROBE……………………………………..……...52
14.2.1.2. PRÉSENTATION DE LA TÂCHE……………………...…….52
14.2.1.3. CONSTRUCTION DE LA TÂCHE……………………..…….53
14.2.1.4. MESURE DE BIAIS ATTENTIONNELS…………………….54
14.2.2. . TÂCHE DE STOP SIGNAL………………………………………........54
14.2.2.1. PRÉSENTATION DE LA TÂCHE………………………........54
14.2.2.2. CONSTRUCTION DE LA TÂCHE…………………………...54
14.2.2.3. MESURES DE BIAIS ATTENTIONNELS
ET DE BIAIS D’APPROCHE….…………….………55
15. PROCEDURE………………………………………………………………………………........55
IV. ANALYSES STATISTIQUES………………………………………………………………………........57
V. RÉSULTATS…………………………………………………………………………………………........60
16. DONNÉES DESCRIPTIVES ET INFÉRENTIELLES………………………………………….61
5
16.1. NORMALITE……………………………………………………………………..61
16.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE……………………………………………………61
16.3. NIVEAU D’ÉVEIL……………………………………………………………….62
16.4. NEUTRALITE DU STIMILUS BOISSON NON-ALCOOLISEE……………....65
16.5. TÂCHE DE STOP SIGNAL…………………………………………...…………66
VI. DISCUSSION………………………………………………………………………………………….69
17. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS……………………………………………………70
17.1. CRAVING………………………………………………………………….……..70
17.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE…………………………………………. .71
17.3. NEUTRALITE DES IMAGES DE
BOISSONS NON-ALCOOLISEES……………………………...……..71
17.4. TÂCHE DE STOP SIGNAL……………………………………...……..73
17.5. RELATION ENTRE LA TÂCHE DE VISUAL PROBE ET STOP
SIGNAL…………………………………………………………..………74
17.6. NIVEAU D’ÉVEIL………………………………………………..……..75
18. LIMITES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE……………………………………..…..75
18.1. ÉCHANTILLONNAGE………………………………………….………75
18.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE………………………………….……….76
19. FUTURES RECHERCHES………………………………………………………………….78
20. IMPLICATIONS POUR LES INTERVENTIONS………………………………………….79
21. CONCLUSION………………………………………………………………………………79
VII. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………………………………..81
VIII. ANNEXES……………………………………………………………………...……………………96
RÉSUMÉ………………………………………………………………………………………………….107
6
I. INTRODUCTION
7
Notre recherche porte sur la problématique de la consommation d’alcool chez les jeunes
adultes dans la société actuelle. Effectivement, la consommation de boissons alcoolisées est très
présente dans la culture (en Belgique, la consommation moyenne par litre d’alcool pur par an
est de 15 chez les hommes et 6,3 chez les femmes, voir Figure 1), et constitue un enjeu sanitaire
important (risques à court, moyen et long terme) pour le buveur, ainsi que pour son
environnement, qu’il s’agisse d’un usage régulier ou d’une consommation ponctuelle de
quantités importantes (Beck, & Richard, 2014). Étant donnés les multiples coûts sociaux liés à
la consommation excessive ou dangereuse de l’alcool en termes de services de soins, de
déploiement des forces de l’ordre et d’accidents de la route principalement, plusieurs
chercheurs se sont intéressés à l’étude de ce comportement, et plus particulièrement à son
dépistage et à sa prévention (Bien, Miller & Tonigan, 1993 ; Conigrave, Saunders & Reznik,
1995 ; Wiers & Stacy, 2006).
Dans cette optique, des recherches récentes ont montré que les personnes présentant une
dépendance à l’alcool présentent souvent des déficits d’inhibition ainsi que des biais d’attention
quand elles sont confrontées à des indices liés à l’alcool (Kreusch, Vilenne, & Quertemont,
2013). Notre étude portera donc sur les biais attentionnels et les biais d’approche liés à l’alcool,
c’est-à-dire sur l’orientation de l’attention préférentiellement vers les indices liés à l’alcool
présents dans l’environnement et sur cette tendance à l’approche à l’égard de ces mêmes stimuli
(Deleuze et al., 2013). Ces biais sont considérés comme des facteurs importants dans le
développement et le maintien des troubles de consommation d’alcool (Wiers & Stacy). Selon
Emery et Simons (2015), ces biais attentionnels se développent via un conditionnement
classique où les indices liés à l’alcool acquièrent des propriétés motivationnelles importantes,
en raison de leur appariement répété avec les effets spécifiques de l’alcool, comme
l’augmentation d’un affect positif ou l’atténuation d’un affect négatif. L'influence de ces biais
varie également en fonction de différences individuelles et de facteurs contextuels (Linder,
2013).
8
Figure 1. La consommation d’alcool per capita, en litres d’alcool pur, dans la population
belge âgée de plus de 15 ans. Source : Global status report on alcohol and health, (OMS
2014).
Aussi, Deleuze & al. (2013) expliquent que la rechute est déterminée par une série de
facteurs intra et interpersonnels tels que les affects négatifs, l’influence de la famille ou la
pression sociale exercée sur l’individu (Zywiak, Westerberg, Connors & Majsto, 2003 ;
Majsto ; Zywiak & Connors, 2006). De surcroit, le facteur le plus déterminant est le « craving »
(de l'anglais: désir ardent, appétit insatiable), décrit comme un état motivationnel dans lequel
un individu est obnubilé par le fait de consommer une substance, le plus souvent des drogues
(Baker, Morse & Sherman, 1986), et responsable de la majorité des rechutes, en particulier
durant les premiers mois post-traitement (Zywiak, Westerberg, Connors & Majsto, 2003). Le
craving combine à la fois des composantes obsessionnelles (de l’ordre de pensées intrusives
centrées sur l’alcool) et compulsives (c’est-à-dire des tendances incontrôlables à rechercher et
consommer de l’alcool) (Thompson, Heffner, Strong, Blom & Anthenelli, 2010).
Ce mémoire s’organise en quatre parties. La première, l’introduction, fera un survol des
définitions fréquemment utilisées quant aux problématiques de consommation d’alcool ainsi
qu’aux biais attentionnels et aux biais d’approche au travers de théories proposées pour les
expliquer (Flesch, 2015), ainsi que leurs relations avec le craving. Cette première partie
abordera également les outils utilisés afin de mesurer ces biais cognitifs et le craving. La
seconde partie sera consacrée à l’expérimentation, c’est-à-dire à la procédure et à tout ce qui
9
l’a rendue possible (questionnaires, échelles, tâches, etc.). Après un exposé complet de la
méthodologie, les analyses statistiques utilisées et les résultats obtenus vous seront présentés.
En dernier lieu, la quatrième et partie sera quant à elle vouée à l’interprétation de ces résultats,
aux limites et critiques de la présente expérimentation, ainsi qu’aux perspectives futures de
recherche, autrement dit la discussion.
10
II. THÉORIE
11
1. L’ALCOOLO-DÉPENDANCE
1.1. INTRODUCTION SUR L’ALCOOLO-DÉPENDANCE
Oei & Hasking (2013) rapportent que la consommation d'alcool est une tradition
fortement ancrée dans la société humaine, étant présente notamment dans les cérémonies
religieuses et culturelles depuis des millénaires. Il existe de nombreuses occasions sociales qui
sont axées autour de la consommation d'alcool, tels que les événements familiaux, à la buvette
du club ou en soirée, et celles-ci peuvent être très plaisantes. En effet, l’alcool est présent dans
la grande majorité des occasions de notre vie. Imaginez-vous recevoir une bonne nouvelle : « Et
si on fêtait cela en buvant un verre ? » ou bien encore le traditionnel « Champagne ! » sont des
phrases qui suivraient généralement l’annonce de cette bonne nouvelle. Dans le cas inverse, il
nous est souvent proposé de boire un verre à la suite d’une mauvaise nouvelle : en effet, les
expressions pour illustrer le fait de s’enivrer pour oublier son désarroi sont nombreuses, la plus
connue étant d’ailleurs « noyer son chagrin dans l’alcool ».
En outre, Oei & Hasking (2013) insistent sur le fait que l’alcool est la drogue la plus
largement utilisée dans le monde occidental, après la caféine, et est typiquement associé aux
célébrations, à la relaxation et à la socialisation. Gisle (2013) rapporte qu’en Belgique, 82% de
la population (de 15 ans et plus) consomme des boissons alcoolisées, un chiffre resté stable
dans le temps, et que 14% de la population boit quotidiennement de l’alcool, un taux en
constante progression (contre 8% en 1997). Étant donné que l’alcool est une substance qui agit
sur le cerveau et qui peut générer une dépendance, elle est considérée comme une drogue.
1.2. LA CONSOMMATION D’ALCOOL EN BELGIQUE EN CHIFFRES
En ce qui concerne la Belgique, Gisle (2013) a montré qu’en 2013, 82 % de la population
de 15 ans et plus a consommé une boisson alcoolisée au cours des 12 derniers mois. Cela montre
à quel point l’usage d’alcool est largement répandu (Dupuy, & al., 2009). En Belgique, Gisle
(2013) constate que la distribution du pourcentage de consommateurs d’alcool selon les
tranches d’âge (Figure 2) peut se représenter par une courbe en parapluie, malgré le fait que
l’amplitude de la variation soit relativement faible. Il passe de 77% chez les jeunes de 15 à 24
ans à 87,5% chez les adultes de 45 à 54 ans (cette tranche d’âge est associée au taux de
12
consommation le plus important), et il est utile d’indiquer que ce taux diminue de 15,5% pour
les 75 ans et plus (Gisle, 2013).
Figure 2. Pourcentage de la population (de 15 ans et plus) ayant consommé de l’alcool au
cours des 12 derniers par mois, par sexe et par âge. Source : Enquête de Santé, Belgique,
(2013).
1.3. ALCOOL ET DIGNOSTICS
L'Organisation Mondiale de Santé (OMS) reconnaît l'alcoolo-dépendance comme une
maladie depuis 1978 et la définit comme des « troubles mentaux et troubles du comportement
» liés à l’ingestion fréquente d'alcool éthylique. D’après la quatrième édition du manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV, American Psychiatric Association,
1994), deux modes d'utilisation de l'alcool sont particulièrement préoccupants : l’abus d’alcool
et la dépendance à l’alcool. Pour poser un diagnostic dans les deux cas, le patient doit présenter
un mode d’utilisation inadéquat de l’alcool conduisant à une altération de son fonctionnement
ou à une souffrance cliniquement significative :
1. L’abus d’alcool fait référence à un mode récurrent de consommation d’alcool,
conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures. En plus, une personne qui
13
abuse de l’alcool peut en consommer dans des situations où cela peut être physiquement
dangereux pour elle et/ou pour autrui. Pour finir, il y a consommation malgré des
problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés
par les effets de l’alcool, par exemple des disputes avec le conjoint à propos des
conséquences de l’intoxication.
2. La dépendance à l’alcool est un mode d’utilisation inapproprié, nettement mal adapté,
de la substance, entraînant une détresse ou un dysfonctionnement cliniquement
significatif. Les personnes dépendantes à l’alcool peuvent avoir des difficultés à
contrôler leur consommation, ressentent l’envie de boire, et de continuer à consommer
de l'alcool malgré l'expérience des conséquences négatives telles que d’importantes
activités sociales, occupationnelles ou de loisirs abandonnées ou réduites en raison de
l’utilisation de la substance.
La cinquième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-
5, American Psychiatric Association, 2013) combine maintenant en un seul diagnostic les
troubles d’abus et de dépendance à l’alcool. En effet, pour chaque substance, il décrit des
critères pour l'intoxication, le sevrage et les troubles induits par la substance. Aussi, un nouveau
critère, le craving, caractérisant une envie impérieuse ou de besoin de consommer, a été ajouté
à cette définition.
La consommation problématique d'alcool ne se résume cependant pas au seul diagnostic
d’alcoolo-dépendance. Effectivement, elle peut prendre différentes formes qui, en pratique,
peuvent déborder l'une sur l'autre. Parmi ces différentes formes, nous retrouvons notamment
les modes de consommations d’alcool chez les étudiants.
2. LES MODES DE CONSOMMATION D’ALCOOL CHEZ LES
ÉTUDIANTS
L’intérêt principal de l’étude de biais cognitifs dans une population étudiante est que
des données récentes indiquent que les effets à long terme de l'alcool et des drogues sur les
14
systèmes d'émotions et de motivation sont particulièrement prononcés durant l'adolescence,
probablement parce que ces systèmes sont encore en développement à l'époque (Wiers & Stacy,
2010). Malheureusement, c'est aussi la période au cours de laquelle la consommation d'alcool
et de drogues atteint son maximum, ce qui en fait une question importante pour une étude plus
approfondie (Wiers & Stacy, 2010).
2.1. BINGE DRINKING
Depuis quelques années, une nouvelle tendance s’est installée chez les jeunes, plus
particulièrement chez les étudiants, appelée binge drinking. Borsari (2013) utilise la description
du binge drinking du National Institute of Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA) qui définit
l'hyperalcoolisation comme un modèle de consommation d'alcool avec une alcoolémie égale ou
supérieure à 0,8 g d'alcool par litre de sang. Pour l'adulte moyen, il correspond à la
consommation de cinq verres ou plus (chez les hommes) ou de quatre verres ou plus (chez les
femmes), sur une durée de 2 heures environ. Ce mode de consommation est particulièrement
nocif et peut conduire à des altérations des fonctions perceptivo-motrices (Brumback, Cao &
King, 2007), mais aussi des habiletés d’attention, tant au niveau de la vigilance (Townshend &
Duka, 2005) que de l’attention divisée et soutenue (Zeigler et al., 2005). En outre, des troubles
amnésiques ont été mis en évidence, pour la mémoire de travail (Townshend & Duka, 2005) et
pour l’encodage et le rappel en mémoire à long terme (Scaife & Duka, 2009).
Il est en outre important d’amener quelques clarifications quant à cette définition
puisqu’il s'agit ici de « verres standards » d’alcool dont la contenance exacte varie
significativement suivant les pays. Dans le cadre de cette étude, nous nous baserons sur le
dosage recommandé par l'OMS qui est une base de 10 grammes d’alcool pur. Cette quantité
permet de définir l'unité d'alcool ou le verre standard comme instrument de mesure, ce qui
correspond soit à un verre de bière, à un verre de vin ou à un verre à shot d’un spiritueux distillé
(Figure 3).
15
Figure 3. Les différents verres standards d’alcool (10g d’alcool pur).
2.1.1. BINGE DRINKING EN CHIFFRES
AUX ÉTATS-UNIS
Le binge drinking est plus fréquent chez les jeunes de 18-20 ans, particulièrement au
sein des populations estudiantines. Une enquête auprès de 50.000 universitaires scolarisés au
États-Unis a ainsi relevé qu’approximativement 68% des étudiants à l’université avaient
consommé de l’alcool le mois précédant l’enquête, et que 40% avaient connu au moins un
épisode de binge drinking (Borsari, 2013).
D’après les données rapportées par le NIAAA en 2004, l’alcool est la substance la plus
utilisée par les adolescents. De fait, plus de 40% des jeunes ont commencé à consommer de
l'alcool avant l'âge de 16 ans et environ 80% déclarent consommer de l'alcool à 18 ans. Ces
chiffres sont préoccupants car la consommation d'alcool avant 14-15 ans est associée à un risque
accru de trouble de consommation d'alcool et de consommation d'autres substances.
EN BELGIQUE
Gisle (2013) écrit que le profil de consommation varie avec l’âge, les jeunes de 15 à 24
ans ayant une plus forte tendance à consommer de l’alcool lors d’un plus faible nombre
d’occasions, mais en quantité plus élevée et avec à un rythme plus soutenu (probablement lors
de sorties) tandis que les adultes vont progressivement étaler leur consommation sur plusieurs
16
jours, voire sur tous les jours de la semaine, et boivent à un rythme moins soutenu (cf. ivresse
ponctuelle) (voir figure 4).
Figure 4. Pourcentage de la population (de 15 ans et plus) qui présente un
comportement d’hyperalcoolisation hebdomadaire, par sexe et par âge. Source : Enquête de
Santé, Belgique (2013).
Figure 5. Pourcentage de la prévalence d’épisode de binge drinking (>60 grammes d’alcool
pur en une occasion) au sein de la population (de 15 ans et plus) en pourcentage, au cours
des 30 derniers jours, par sexe, en Belgique. Source: Global status report on alcohol and
health, (OMS 2014).
17
2.2. SOCIAL DRINKING
Un autre phénomène qui mérite d’être étudié est le « social drinking », qui peut se
définir comme le comportement d’une personne qui boit des boissons alcoolisées
habituellement en compagnie d’autres personnes (Alcohol Rehab). Cependant, il n’y a pas de
réel consensus en ce qui concerne la définition de ce phénomène, qui est accepté comme un
moyen légitime de célébrer des occasions spéciales ou tout simplement pour se détendre après
une laborieuse journée de travail (Cf. Oei & Hasking, 2013). Cooper (1994) répartit les motifs
de consommation d’alcool en quatre catégories distinctes :
1. Les motifs sociaux ;
2. Les motifs de renforcement d’effets ou de sensations attendues ;
3. Les motifs de coping : c’est-à-dire la manière de faire face à des sentiments et
des émotions négatives et ;
4. Les motifs de conformité (par rapport aux pairs).
Un fait important est que l'alcool est souvent décrit comme un lubrifiant social, les gens
ayant tendance à se sentir plus détendus après un verre et un peu moins conscients d’eux-mêmes
(Alcohol Rehab). Les occasions d’associer alcool et convivialité sont nombreuses, la plupart
des personnes qui consomment cherchant à créer une ambiance sympathique et relaxée.
Cependant, bien que cette activité soit en lien avec la consommation d’alcool, il y a un certain
nombre d'avantages à être un buveur social, ceci étant la raison pour laquelle cette pratique est
aussi populaire, et ce depuis des décennies. Il est vrai que l'alcool peut avoir des effets excitants,
euphorisants, désinhibants et faciliter les contacts : ainsi, ici la consommation d’alcool sera
motivée par l’aspect social que qu’elle procure et l’alcool devient d’une certaine façon un «
facteur d’intégration » (Alcohol Rehab), puisqu’au travers d’un motif de conformité (Cooper,
1994), certaines personnes se plient à ce jeu de règles sociales de par le phénomène de la
désirabilité sociale.
Même si certaines études vont jusqu’à suggérer que boire avec modération peut apporter
certains avantages pour la santé (notamment sur les avantages d’une consommation modérée
de vin) (Alcohol Rehab), la problématique de l’alcool chez les buveurs sociaux devient plus
inquiétante lorsque l‘alcool devient le centre de la fête et non plus une de ses composantes.
18
Comme l’a fait remarquer Martin de Duve (directeur d’Univers Santé) en 2013 : « On ne se dit
plus ‘Je vais passer une bonne soirée et peut-être que je vais boire un peu trop’ ; mais plutôt ‘Je
vais boire trop, donc je passerai une bonne soirée’ ». Une question, dès lors, se pose : « Buvons-
nous pour faire la fête ou pour oublier notre mal-être ? ». Ce sont ces aspects bénéfiques de
l'alcool qui assurent sa popularité continue, en dépit de ses innombrables conséquences
négatives mais où situer le seuil d’une consommation d’alcool responsable et sans risque ?
3. LES REPERES DE CONSOMMATION D’ALCOOL
Afin d’adopter une consommation modérée, il est conseillé de respecter les seuils de
consommation à moindre risque qui ont été définis par un groupe d’experts de l’OMS en 1980.
Ces repères sont utilisés depuis dans de nombreux pays pour informer les consommateurs
d’alcool sur les quantités en termes d’unité standard d’alcool à ne pas dépasser et sur les
circonstances dans lesquelles il convient de ne pas consommer et donc de s’abstenir.
Concrètement, l’OMS suggère de ne pas consommer plus de 21 unités standards par semaine
pour l'usage régulier chez l'homme (3 verres/jour en moyenne) et pas plus de 14 par semaine
pour l'usage régulier chez la femme (2 verres/jour en moyenne). L’enquête santé et protection
sociale (2002) illustre les différents modes de consommation en fonction du nombre de verres
standards et du mode de consommation de type binge drinking (voir Figure 5). Aussi, sur la
base d’une unité d’alcool correspondant à 10 grammes d’alcool pur, les organisations de santé
publique recommandent de ne consommer aucune unité d’alcool dans le cadre de situations à
risque telles que la grossesse et l’allaitement, avant l’âge légal, lors de conduite d’un véhicule
(au-delà de 2 unités d’alcool, la limite légale pour conduire est dépassée), pour des tâches qui
demandent de la vigilance (par exemple utilisation de machine dangereuse), en prenant des
médicaments et enfin en cas de maladies aiguës ou chroniques (OMS).
19
Figure 5. Comment se répartissent les différents modes de consommation d’alcool ? Source :
Enquête santé et protection sociale, 2002.
Cependant, il est important de rappeler que même ceux qui boivent avec modération
peuvent rencontrer des problèmes liés à l'alcool, ce dernier étant une toxine qui cause des
dommages au corps, même à petites doses, et ce à court et à long terme (Pinel, 2011). Alors,
afin d’avoir une connaissance plus approfondie et plus complète de l’alcool, il est intéressant
de se renseigner quant à ses mécanismes d’action dans le corps.
4. EFFETS ET ACTION DE L’ALCOOL
Pinel (2011) explique que l’alcool étant une petite molécule, à la fois soluble dans les
graisses et l’eau, il se diffuse dans toutes les régions du corps. De plus, il écrit que l’alcool est
ingéré par voie orale et qu’il sera directement assimilé au niveau de l’estomac, ses effets se
manifestant plus rapidement. Il est un dépresseur, car, à dose modérée ou élevée, il diminue
20
l’activité neuronale ; en revanche, à faible dose, il peut la stimuler et faciliter les interactions
sociales.
D'un point de vue pharmacologique, la plupart des drogues, directement ou indirectement,
agissent sur les récepteurs de la dopamine dans le centre du plaisir du cerveau, activant un
circuit que l’on surnomme « circuit de la récompense ». Il s’agit d’un ensemble de structures
cérébrales qui, comme un baromètre, nous indiquent dans quel état physique et psychique nous
nous trouvons. Dans le cas de l'alcool, il en résulte une activation de la zone tegmentale ventrale,
qui produit une libération de dopamine dans le noyau accumbens (NAc) (voir figure 6). La
libération de dopamine dans le noyau accumbens conduit à des sentiments d'euphorie et de
plaisir. Bien qu'il ne soit pas aussi puissant que les autres drogues, l'alcool a un effet indirect
sur les systèmes dopaminergiques et opiacés. Une activation accrue des neurones
dopaminergiques dans la région tegmentale ventrale est associée à une euphorie induite par
l'alcool. Il semble que l'effet principal de l'alcool soit d'augmenter l'action inhibitrice de l'acide
gamma-aminobutyrique (GABA), entraînant des effets anxiolytiques et sédatifs. (Oei &
Hasking, 2013)
Figure 6. Représentation de quelques régions cérébrales qui sont altérées par la prise
d’alcool. Le circuit de la récompense, mésocortico-limbique, comprend le cortex préfrontal,
le noyau accumbens et l’aire tegmentale ventrale (ATV). Le striatum, l’amygdale et
l’hippocampe sont également présentés. Source : Clapp, Bhave & Hoffman (2008).
21
Les neurones contenant de la dopamine dans le NAc sont activés par des stimuli de
motivation, qui encouragent une personne à exécuter ou à répéter un comportement, et même
les faibles doses d'alcool peuvent augmenter la libération de dopamine dans une partie du NAc
(Di Chiara, 1997). Cette libération de dopamine peut contribuer aux effets bénéfiques de l'alcool
et peut ainsi jouer un rôle dans sa consommation. Lorsque la quantité de dopamine augmente
dans ces structures cérébrales, quelle qu’en soit la raison, nous ressentons du plaisir et
considérons que tout va bien, même si par ailleurs notre corps souffre ou que nous sommes
déprimés. Le circuit de la récompense est donc au cœur de notre activité mentale et oriente tous
nos comportements. Contrairement à d'autres stimuli, les stimuli liés à l'alcool maintiennent
leur signification motivationnelle même après une administration répétée d'alcool, ce qui peut
contribuer à l'envie d'alcool observée chez les alcooliques (Di Chiara, 1997). Finalement, la
libération de dopamine des NAc peut être déterminante dans le développement de la
dépendance à l'alcool. La dépendance psychologique à l'alcool se développe parce que les
stimuli qui lui sont liés acquièrent des propriétés motivationnelles excessives qui induisent un
désir intense de consommer des boissons contenant de l'alcool (c'est-à-dire un craving). En
raison de cette envie intense, les renforçateurs conventionnels (par exemple, la nourriture, le
sexe, la famille, le travail ou les loisirs) perdent leur signification et n'ont qu'un impact réduit
sur le comportement du buveur (Di Chiara, 1997).
Finalement, l’alcool affecte les fonctions cérébrales du consommateur de différentes façons,
notamment en réduisant le flux calcique dans les neurones, en interférant avec la fonction des
seconds messagers neuronaux, en perturbant les transmissions GABAergique et
glutaminergique, ou bien encore en déclenchant l’apoptose (Farber & Olney, 2003 ;
Ikonomidou et al., 2000).
Cependant, tandis que la majorité des individus consomme de l'alcool à des niveaux qui
présentent un minimum de risques pour eux-mêmes et/ou pour les autres, la consommation
d'alcool peut conduire à des résultats négatifs au niveau social, personnel et en terme de santé
tout à la fois, à la suite d' une intoxication aiguë et, à long terme, à la suite d'une utilisation
chronique (Oei & Hasking, 2013). Il est important de stipuler que les risques encourus par la
personne qui boit ne sont pas inhérents à celle-ci mais peuvent impacter tous les domaines et
aspects de sa vie. En d’autres termes, les conséquences totales d’une consommation d’alcool
problématiques sont plus que la somme des parties puisqu’elles interagissent entre elles et
s’intensifient (cf. holisme).
22
5. DANGERS DE L’ALCOOL
5.1. EFFETS DE L’ALCOOL SUR LE CORPS À COURT TERME
En fonction de la quantité d’alcool ingérée et des différences individuelles des
consommateurs, la consommation d’alcool peut causer de manière immédiate ou quasi-
immédiate :
a. Des réactions physiologiques et physiques (somnolence, maux d’estomac,
vomissements, diarrhée, maux de tête, assèchement de la bouche, dilatation des
pupilles) ;
b. Des troubles de l’élocution, respiratoires, moteurs, de la perception et de la
coordination ;
c. Des trous de mémoires, appelés blackouts (lorsque le buveur ne peut pas se souvenir
des événements qui ont eu lieu sous l’influence du produit) ;
d. Une perte de connaissance pouvant aller jusqu’au coma éthylique.
5.2. EFFETS SUR LE CORPS À LONG TERME
Un fait important est que l’usage abusif de l’alcool est un facteur étiologique dans plus
de 200 maladies et traumatismes (OMS, 2015). D’après le site internet Drogues, Dépendances
(Drogues-dépendance, 2017), les effets de l’alcool sur le corps à long terme sont multiples et
nuisibles (voir figure 7) et sa consommation abusive et problématique altère :
a. Les voies de communication du cerveau et de son fonctionnement (perturbations de
l’humeur et du comportement, difficulté de coordination des gestes et la compréhension
de l’usager). De plus, à l’aide d’imagerie cérébrale et de test psychologique, les
chercheurs ont identifié les régions cérébrales les plus vulnérables aux effets de l’alcool
(National Institutes of Health NIH, 2010) :
i. Le cervelet (perte d'équilibre, altérations de fonctions cognitives telles
que la mémoire et la réponse émotionnelle) ;
ii. Le système limbique (troubles au niveau de la mémoire et des
émotions) ;
23
iii. Le cortex cérébral (altération de la pensée, de la planification et de
l’interaction social).
b. Le cœur (cardiomyopathie, arythmie, accident vasculaire cérébral, hypertension
artérielle, maladie coronarienne) ;
c. Le foie (inflammations du foie telles que la stéatose, l’hépatite alcoolique, la fibrose ou
encore la cirrhose);
d. Le pancréas (pancréatite, inflammation dangereuse et gonflement des vaisseaux
sanguins empêchant une bonne digestion) ;
e. Le système immunitaire, faisant du corps une cible beaucoup plus facile pour la maladie
et augmentant donc le risque de développer certains cancers (Drogues-dépendance,
2017).
Figure 7. Les effets à long terme de l’abus d’alcool (sur une longue période, la dépendance à
l’alcool peut causer de sérieux dommages au cerveau et au corps).
Outre les maladies chroniques susceptibles de se développer chez ceux qui boivent de
grandes quantités d'alcool pendant des années, la consommation d'alcool est aussi associée à
une augmentation de risques sanitaires aigus, notamment de blessures, en particulier lors
d'accidents de la route (OMS, 2016).
24
6. LA SANTÉ PUBLIQUE EN CHIFFRES
Pour résumer les dangers de l’alcool, notons tout d’abord que sa consommation
excessive comporte intrinsèquement de nombreux dangers. Les conséquences qui lui sont liées
sont à la fois sociales (Williams, 2006), biomédicales (Fischer, Bitschnau, Peternell, Eder, &
Topitz, 1999), et psychologiques (Locke & Newcomb, 2001). En outre, la Substance Abuse and
Mental Health Services Administration (SAMHSA, 2013) rapporte que la prévalence de la
consommation d’alcool et les conséquences associées sont élevées parmi les jeunes adultes.
Selon un rapport rédigé par l’OMS en 2015, l’usage nocif de l’alcool a de nombreuses
répercussions sur la santé publique. En effet, d’après les recherches menées par l’OMS, l’usage
abusif de l’alcool entraîne dans le monde 3,3 millions de décès chaque année, soit 5,9% des
décès. Selon Rehm, Zatonksi, Taylor, & Anderson (2011), au niveau de l’échelle mondiale,
environ un décès sur 25 a été causé par l’alcool en 2004 (3,8% chez les hommes, 6,3% chez les
femmes). Ainsi, l’alcool est la deuxième cause de décès en France. Les estimations établies à
partir des certificats de décès comptabilisent environ 22.000 décès directement liés à l’alcool et
20.000 attribuables à la part de l’alcool dans les maladies vasculaires et les accidents de la route
(Dupuy, Vorspan, & Lépine, 2009). En Belgique, 6% de la population a tendance à boire trop,
soit plus de 14 verres de boissons alcoolisées par semaine pour les femmes et de 21 verres par
semaine pour les hommes, un comportement toutefois en déclin par rapport à 2001-2008 (8-
9%) (Gisle, 2013).
Dans la tranche d’âge 20-39 ans, près de 25% du nombre total de décès sont attribuables
à l’alcool, et 320.000 jeunes gens âgés de 15 à 29 ans meurent chaque année de causes liées à
l’alcool, ce qui représente 9% de la mortalité totale dans ce groupe d’âge. D’ailleurs, l’OMS
s’inquiète également quant à l’augmentation de la consommation d’alcool chez les jeunes en
général, de fait, sur 82 pays ayant accepté de répondre, 80% auraient noté une telle évolution
(OMS, 2015).
Comme explicité précédemment, l’alcool entraînent des risques à court termes (accidents,
agressivité, coma éthylique, rapports sexuels non désirés, etc.), ainsi que des risques à plus long
terme tels que des complications cardiovasculaires, hépatiques, des cancers, etc. (Beck, &
Richard, 2014). Ainsi, selon Emery & Simons (2015), comprendre les mécanismes
psychologiques qui contribuent au développement d’une consommation problématique
d’alcool est important dans une optique de prévention ainsi que de prise en charge.
25
7. POURQUOI CONTINUER À CONSOMMER ?
Boire avec modération a tendance à être considéré comme une activité inoffensive. En
effet, ce sont seulement ceux qui sont habituellement en état d'ébriété qui sont jugés comme se
livrant à un comportement dangereux. Or, en réalité, aucun niveau de consommation d’alcool
ne peut être considéré comme tout à fait sans risque.
Alors au vu du nombre important d’effets négatifs résultant de la consommation
d’alcool (abusive ou non), des chiffres interpelant en termes de santé publique (mortalité,
accident, etc.), de la conscience collective des risques encourus en consommant de l’alcool,
pourquoi certaines personnes continuent-elles d’en consommer ?
7.1. LA RECHERCHE COGNITIVE
Tout d’abord, la plupart des recherches cognitives sur les comportements addictifs se
fondaient sur les théories de la prise de décision rationnelle, c’est-à-dire sur le fait que l’homme
fait généralement les choses en s’attendant à avoir de bons résultats et réfréne les actions
susceptibles de le blesser, ce qui constitue un rôle central de l’analyse des coûts-bénéfices,
à savoir les bénéfices attendus par rapport aux coûts risqués (Wiers & Stacy, 2006). Cependant,
nous soulignons un paradoxe qui joue un rôle central dans l’explication des conduites
d’addiction : Wiers & Stacy (2006) écrivent que les individus continuent à consommer des
drogues même s’ils savent qu’elles peuvent les blesser. Face à cette antinomie, les scientifiques
ont commencé à s’intéresser aux processus automatiques qui gouvernent partiellement les
comportements. De fait, l’intérêt grandissant à l’égard des processus implicites ne sous-entend
pas la non-importance des processus conscients ou délibérés, mais met l’accent sur leur
importance si les comportements addictifs doivent être compris et traités.
Pour paraphraser Wiers & Stacy (2006), nous nous questionnons sur les comportements
de dépendance qui sont parfois paradoxaux. En effet, certaines personnes continuent d’abuser
d’une substance, en l’occurrence l’alcool, alors que les effets nocifs et/ou négatifs sont
supérieurs aux bénéfices qui peuvent être retirés. Ceci est notamment expliqué par le fait que
ces comportements de dépendance soient partiellement sous-tendus par un ensemble de
mécanismes cognitifs automatiques et implicites qui opèrent donc à l’insu de la personne. Wiers
et Stacy (2006) rapportent que trois biais cognitifs ont été mis en évidence dans l’étude des
26
comportements de dépendance : le biais attentionnel, le biais d’approche et le biais en mémoire
associative (non étudié dans cette recherche).
De plus, les modèles théoriques de l’addiction suggèrent que les biais attentionnels vis-à-
vis des stimuli associés à la substance devraient être en lien avec le craving auto-rapporté. Il
convient dès à présent de définir les biais attentionnels et d’approche, et d’en déterminer les
méthodes d’évaluation dans un premier temps. Ensuite, il sera question de définir le craving
dans le cadre de l’addiction et d’établir les moyens utilisés afin d’en extraire les mesures.
Finalement, tous ces éléments seront supportés par des théories de l’addiction sélectionnées et
pertinentes dans le cadre de la présente recherche.
8. LES BIAIS ATTENTIONNELS ET LES BIAIS D’APPROCHE
Notre recherche se focalise sur l’évaluation des biais attentionnels et des biais
d’approche, qui sont parfois difficiles à distinguer. Avant de les définir de manière approfondie
et d’exposer leurs méthodes d’évaluation respectives, il convient d’introduire un point
théorique concernant l’attention et ses composantes.
8.1. L’ATTENTION
Pour Anderson (2000), l’attention implique le retrait de ressources cognitives accordées
à certains de ces stimuli pour pouvoir en traiter d’autres plus efficacement. Une personne
capable de sélectionner les stimuli jugés importants et d’ignorer ceux qui le sont moins fait
preuve d’attention sélective (Broadbent, 1958; Bruce & Jones, 2006; Trawalter, Todd, Baird &
Richeson, 2008; Yiend, Mathews, & Cowan, 2005), permettant ainsi de traiter ces stimuli
pertinents de façon efficace et de produire une réponse appropriée. À chaque instant, les sens
sont bombardés par des stimuli provenant simultanément de plusieurs sources (Fulcher, 2003).
En traitant seulement les stimuli pertinents, l’individu peut non seulement utiliser l’information
recueillie de façon immédiate, mais il pourra aussi la généraliser lors de situations similaires
(Griffiths & Mitchell, 2008). En d’autres termes, l’attention sélective est un processus cognitif
servant de base à plusieurs autres processus de plus haut niveau, tels que le langage, la lecture
et l’apprentissage (Casco, Tressoldi & Dellantonio, 1998; Dayan, Kadade & Montague, 2000;
Sreeivasan & Jha, 2007).
27
Cependant, l’attention sélective n’est pas toujours avantageuse puisqu’elle peut être
source de biais attentionnels (Jones, Bruce, & Livingstone, 2006; MacLeod, Mathews & Tata,
1986; Sharma, Albery, & Cook, 2001). Un grand nombre de chercheurs ont observé des liens
entre la présence de biais attentionnels et le développement et maintien de différentes
pathologies dont les troubles anxieux, les troubles dépressifs et, évidemment les troubles de
consommation (Amir, Najmi, & Morrison, 2009; Cox, Blount, & Rozak, 2000; Lee & Telch,
2008; Shafran, Lee, Cooper, Palmer, & Fairburn, 2008).
8.2. BIAIS ATTENTIONNELS
Dans le contexte de la toxicomanie, le biais attentionnel est donc le produit de processus
d’attention sélective qui favorisent systématiquement un stimulus spécifique tout en excluant
d’autres stimuli pertinents et renvoie à l'observation selon laquelle les indices liés aux
substances ont tendance à attirer l'attention des utilisateurs expérimentés de substances (voir
Field & Cox, 2008, Franken, 2003, Robbins et Ehrman, 2004, Rooke, Hine, Thorsteinnsson,
2008). Autrement dit, les biais attentionnels se traduisent par une tendance automatique à
diriger son attention sur les indices de l’environnement associés à sa dépendance : par exemple,
un buveur remarquerait ainsi plus rapidement un verre d’alcool dans une pièce en comparaison
à un non-buveur.
8.3. BIAIS D’APPROCHE
Quant au biais d’approche, il se caractérise par sa composante physique et correspond à
une tendance automatique à l’approche de ces cibles spécifiques. En d’autres termes, il est une
inclinaison comportementale à approcher plutôt qu’éviter certains stimuli. Des recherches
expérimentales ont démontré des corrélations entre les biais d’approche et la consommation de
drogues (Mogg, Field &Bradley, 2005 ; Wiers, Eberl, Rinck, Becker & Lindenmeyer, 2011).
On considère que les biais d’approche pourraient contribuer à un comportement problématique
de consommation de drogues (Stacy & Wiers, 2010, cités par Watson, Wit, Hommel, & Wiers,
2012). Sharbanee, Stritzke, Wiers, Young, Rinck, & MacLeod, (2012) ont mis en évidence au
28
travers de l’Approach/Avoidance Task (AAT)1 que les biais d’approche fluctuent en fonction
des capacités de mémoire de travail des sujets, démontrant de la sorte que les différences
individuelles jouent un rôle important dans la régulation des tendances à l’action et, ainsi, dans
la régulation de la consommation de boisson excessive.
9. LES PREUVES AU TRAVERS DE RÉCENTES MÉTHODES
D’ÉVALUATION
Divers paradigmes ont été utilisés pour étudier le biais attentionnel lié à la substance
chez les personnes souffrant de dépendance, y compris les mesures directes et indirectes. Pour
les mesures indirectes, telles que la tâche Stroop adaptée (Cox et al., 2006a), le biais attentionnel
est déduit si la performance des participants à une tâche principale (par exemple, la
dénomination des couleurs) est altérée lorsque des stimuli liés à la substance (par exemple, des
mots liés à l'alcool) sont présentés simultanément. Les mesures plus directes de l'attention
accordée aux stimuli liés à la substance comprennent les mesures des mouvements occulaires
(Eye Tracking), qui permet de mesurer l'attention sélective visuo-spatiale lorsque des indices
liés à la substance sont présentés. Fied et al. (2004) présentent deux méthodes d’évaluation du
biais attentionnels et ces deux méthodes serviront de support à la théorie de cette recherche.
9.1. TÂCHE DE STROOP
La première tâche est la tâche Stroop modifiée (Cox et al., 2006a), tâche informatisée
qui consiste à nommer la couleur dans laquelle les mots sont présentés à l’écran. Certains mots
sont neutres et d’autres sont indicés par l’alcool (par exemple, Whisky, ivrogne, etc.). Field et
al. (2004) rapportent que les études utilisant ce paradigme ont démontré que les alcoolo-
1 L'AAT (Rinck & Becker, 2007) est une tâche dans laquelle des stimuli seuls sont présentés
aux participants sur un écran d'ordinateur, le but étant de répondre le plus rapidement possible
à chaque stimulus en poussant ou en tirant un joystick. L'AAT est basée sur la découverte que
l'approche et l'évitement sont des réponses basiques associées aux systèmes moteurs primaires
du cerveau qui sous-tendent la réponse émotionnelle complexe (Lang et al., 1997).
Généralement, des stimuli agréables produisent des tendances d'approche automatique, alors
que des stimuli négatifs produisent des tendances d'évitement automatiques (par exemple, Chen
et Bargh 1999).
29
dépendants et les buveurs sociaux lourds sont plus lents à nommer la couleur des mots liés à
l'alcool que celle des mots neutres ou contrôles (par exemple, Johnsen et al., 1994, Stormark et
al., 2000, Sharma et al. 2001), ce qui suggère que les consommateurs problématiques d'alcool
accordent une attention sélective aux signaux liés à l'alcool. De plus, Cox et al. (2000) ont
constaté que les gros consommateurs d'alcool, contrairement aux autres, montraient une plus
grande distraction attentionnelle pour les mots liés à l'alcool que pour ceux liés aux
préoccupations.
9.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE
Pour la seconde méthode d’évaluation, Field et al. (2004) déclarent que d'autres études
ont utilisé la tâche de Visual Probe (Mathews & MacLeod, 1986), qui implique la présentation
simultanée de paires d'images. Immédiatement après la disparition des images, un probe
apparaît à l'emplacement de l'une d'elles et les participants sont invités à répondre le plus
rapidement possible au probe.
Les créateurs de cette tâche, Mathews & MacLeod (1986), se sont tournés vers la
littérature attentionnelle pour rechercher une mesure plus pure de l'attention, et ont adapté une
technique de repérage visuelle développée par Michael Posner. May (2013) nous informe que
la tâche peut varier de plusieurs façons mais une caractéristique clé est l'apparition simultanée
de deux stimuli qui sont en compétition pour des ressources attentionnelles. L'utilisation de
deux repères dans la tâche de Visual Probe repose sur l'idée que l'attention ne peut être
concentrée que sur un emplacement spatial (ou flux d'information) à la fois, et donc que
l'utilisation simultanée de deux repères force les deux repères à attirer l'attention. Si l'un d'entre
eux est particulièrement saillant d'une manière ou d'une autre (par exemple un mot lié à la
substance pour les utilisateurs de cette substance), l'attention des participants peut être attirée
vers l'emplacement de cette information (May, 2013). Il écrit également que les temps de
réaction aux probes qui apparaissent à l’emplacement de la cible indicée auront donc tendance
à être plus courts que ceux du probe présenté à l'emplacement de l'autre repère. La différence
de latences entre les deux localisations donne un indice de biais attentionnel.
30
9.2.1 PARAMÈTRES
Comme susmentionné, la tâche de base est assez flexible en ce qu'elle peut utiliser des
indices présentés soit subliminalement (moins de 50 ms), très brièvement mais
supraliminalement (entre 50 et 500 ms), ou pour des périodes beaucoup plus longues qui
permettent au participant d'assister, de regarder, puis de détourner le regard (>500ms). Ces
différents temps d’apparition sont intéressants dans la mesure où ils permettent, chacun, de
mesurer des composantes de l’attention bien spécifiques. Les deux composantes de l’attention
sont l’initiation et le maintien (Allport, 1989; LaBerge, 1995). L’initiation, qui est relativement
rapide et automatique est mesurée par l’exposition des stimuli d’une courte durée (50-200ms)
alors que le maintien est mesuré grâce à de plus longues durées d'exposition (1000ms ou plus)
(Field & Cox, 2008). Ils expliquent que le raisonnement de base est que, avec une courte
exposition, les participants ne peuvent pas déplacer leur regard d’une cible à l’autre, de sorte
que l'indice de focalisation attentionnelle est susceptible de refléter un biais dans la première
orientation de l'attention. Avec un temps d’exposition plus long, les participants sont capables
de faire de multiples changements dans l'attention entre les deux stimuli, donc l'indice
attentionnel est susceptible de refléter un maintien de l'attention (Field & Cox, 2008). Nous
utiliserons, sur base de ces résultats, trois temps d’apparition différents de paires de stimuli, à
savoir 500, 1000 et 1500 ms. Par ce faire, nous voulons définir lequel fera ressortir le lien le
plus fort entre les biais attentionnels et les mesures de craving.
Un aspect fondamental du paramétrage de cette tâche est l’appariement des différentes
paires de stimuli de ce plan expérimental. Effectivement, il sera question de trois types de
stimuli : boisson alcoolisée, boisson non-alcoolisée et objet neutre. Dès lors, quatre appariement
sont possibles : une boisson alcoolisée et un objet neutre ; une boisson alcoolisée et une boisson
non-alcoolisée ; une boisson non-alcoolisée et un objet neutre et finalement la présence
simultanée de deux objets neutres. Nous nous questionnons quant au statut neutre des stimuli
de type boisson non-alcoolisée étant donné que certaines de ces boissons sont extrêmement
associées à l’alcool (par exemple, l’association Whisky et Coca ou encore Gin et Tonic).
31
9.2.2. RÉSULTATS
Field et Cox (2008) ont publié une revue de la littérature concernant les biais
attentionnels dans les comportements addictifs. Bien qu’ils aient constaté qu'en général, les
utilisateurs de substances tendaient à montrer un biais attentionnel à l’égard de la substance,
deux modèles se sont distingués. D'abord, ils rapportent que les signaux subliminaux, qui
n'étaient pas rapportés par les participants et qui n'étaient donc pas disponibles pour un
traitement conscient, n'ont pas conduit à un biais attentionnel. Deuxièmement, les alcoolo-
dépendants en traitement ont montré un schéma d'évitement, avec une détection plus lente des
probes qui suivaient les indices liés d'alcool, ce qui semble indiquer que les effets de biais
attentionnels dans la dépendance peuvent être dus à un traitement explicite et conscient plutôt
qu'à un traitement automatique très précoce (Field & Cox, 2008). D’autres études utilisant cette
tâche ont montré que les gros buveurs sociaux sont plus rapides à répondre aux probes qui
apparaissent à l'emplacement des images associées à l’alcool, ce qui est cohérent avec leur
hyperréactivité attentionnelle vers les indices associés à la substance (Townshend et Duka
2001). Field et al. (2005) ont montré également que les buveurs sociaux avec un haut niveau de
craving au début de l’expérience avaient des biais attentionnels et d’approche plus prononcés
vis-à-vis des stimuli liés à l’alcool comparés à ceux avec un faible niveau de craving.
Nous avons décidé d’utiliser cette tâche de Visual Probe dans cette étude afin de mesurer
les biais attentionnels dans une population de jeunes adultes consommateurs non-pathologiques
d’alcool. Cette tâche informatisée a été montée et créée dans une visée exploratoire, c’est-à-
dire qu’elle se veut tester plusieurs temps d’apparition et différentes associations de paires de
stimuli afin de définir lesquels de ces paramètres sont les plus déterminants et optimaux dans
l’étude et l’évaluation de biais attentionnels.
9.3. TÂCHE DE STOP SIGNAL
La tâche de stop signal modifiée a été adaptée à partir du paradigme du stop signal
classique (Logan, 1994, Logan et al., 1997). Noël et al. (2005) ont conçu une version alcoolisée
d'un paradigme go/no-go qui examine l'inhibition de la réponse motrice, le déplacement de
l'attention et l'influence des stimuli alcooliques sur ces fonctions Cette tâche consiste en une
32
décision lexicale face à des cibles-mots, c’est-à-dire à définir si le mot présenté est un mot ou
un non-mot. Les mots sont soit des mots neutres, soit des mots liés à l’alcool (tels que taverne
ou armagnac). De temps en temps, un signal sonore retentit peu après l’apparition d’un mot : si
c’est le cas, il faut s’abstenir de répondre.
9.3.1. PARAMÈTRES
Ce que mesure cette tâche est pertinent dans cette étude puisque certaines théories
postulent que les indices d'alcool altèrent les performances dans les tâches d'inhibition
impliquant tout type de stimulus et que des études récentes suggèrent que les patients
dépendants de l'alcool montrent spécifiquement une diminution de l’inhibition de la réponse
lorsque la cible est liée à l’alcool (Kreusch, Billieux & Quertemont, 2017). Par exemple, Noël
et ses collègues (2007) ont utilisé une variante du paradigme Go/No-go dans lequel les
participants doivent produire une réponse motrice en ignorant les distracteurs. Les résultats de
l'étude montrent un nombre plus élevé d'erreurs de commission (c’est-à-dire, réponse lorsqu'un
distracteur est présenté) chez les alcoolo-dépendants par rapport aux participants contrôles
lorsque le distracteur est un mot lié à l'alcool.
De plus, Verbruggen & Logan (2008) écrivent que l’'inhibition de la réponse est une
caractéristique du contrôle exécutif. De fait, ce concept se réfère à la suppression des actions
qui ne sont plus nécessaires ou qui sont inappropriées, ce qui favorise un comportement flexible
et orienté vers un but dans des environnements en constante évolution. On retrouve, dans la
littérature, qu’un mauvais contrôle inhibiteur est caractéristique des troubles du comportement
addictif (Verbruggen & Logan, 2008). Il est clair alors que dans ces conditions, le paradigme
de la tâche Stop Signal est le plus approprié pour l'étude de l'inhibition de réponse, donc des
tendances d’approche automatiques (biais d’approche). Aussi la tâche de Signal de Stop est
employée comme modèle expérimental fiable dans l'exploration des soubassements
comportementaux et neurobiologiques de l'inhibition (Gomez, 2015). Cette tâche sera, dans le
cadre de cette étude, un support de comparaison d’évaluation de biais attentionnels pour notre
tâche de Visual Probe.
33
10. CRAVING
Skinner & Aubin (2010) se demandent, dans un article sur la place du craving dans les
théories de l’addiction, comment formuler une définition du « craving » sur bases des
connaissances accumulées tout au long de la rédaction de cette revue littéraire. Ils proposent
alors une définition du craving comme étant « un désir intense de consommer une substance ».
Ils expliquent que ce désir crée un déséquilibre (par exemple : anxiété, dissonance cognitive ou
irritabilité) s'il est réprimé, en partie en raison d'une altération de la fonction du cerveau et des
neurotransmetteurs (sensibilisation et allostase2) résultant de la consommation préalable d'une
substance. De plus, ils rajoutent que le craving est illogique, nécessitant des ressources
cognitives pour être géré et requiert donc un effort, modifiant l'attention, la mémoire (en
particulier la récupération), la perception et la concentration, bien que ces changements soient
souvent imperceptibles par la conscience de l'individu. En effet, le craving est une pulsion
incontrôlable, de très forte intensité, comparable à la soif ou la faim, une envie irrépressible de
consommer de façon compulsive. Selon Baker, Morse & Sherman (1986), le craving est décrit
comme un « état motivationnel dans lequel un individu est obnubilé par le fait de consommer
une substance, le plus souvent des drogues, il est responsable, en général, des rechutes ».
L’intégration du craving dans les critères diagnostiques du DSM-5 (American
Psychiatric Association, 2013) du trouble de l’usage de substance ainsi que les données de la
recherche clinique ont attiré l’intérêt des cliniciens et des chercheurs et en font aujourd’hui un
élément indispensable dans le diagnostic et la prise en charge de l’addiction (Auriacombe, Serre
& Fatseas, 2016). Ces auteurs rapportent que, si les données récentes ont permis d’identifier
des déclencheurs environnementaux du craving et ont mis en lumière son implication dans les
processus de rechute, l’intérêt clinique du craving semble bien résider dans sa capacité à prédire
l’évolution clinique et, à terme, pourrait constituer un marqueur pronostique fiable permettant
d’ajuster au mieux les interventions thérapeutiques quelle que soit l’addiction.
2 L'allostase du point de vue de la dépendance est définie comme le processus de maintien de la stabilité apparente de la fonction de récompense par des changements dans les mécanismes de récompense du cerveau (Kooh & Moal, 2001).
34
10.1. MESURES
L’évaluation clinique et la recherche expérimentale requièrent des méthodes fiables de
mesure du craving (Daniel, 2012). Dans beaucoup d’études, celle-ci consiste en une simple
cotation par le sujet de l’intensité de son désir de boire (Sayette et al., 2000). Des mesures
objectives associées ont également été proposées (Litt & Cooney 1999; Rosenberg, 2009), par
exemple le relevé de changements physiologiques supposés accompagner le craving :
modifications de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, ou de l’activité des glandes
sudoripares (Drobes & Thomas, 1999). Cependant, on ne retrouve pas alors de corrélation claire
avec les évaluations directes du craving (Rohsenow & Monti, 1999). Sans doute est-ce en raison
de l’absence de spécificité des fonctions considérées, et parce que la cotation utilisée pour le
craving ne s’effectue que sur un item, négligeant les autres aspects du phénomène de craving
(Drobes & Thomas, 1999).
De plus, May (2013) insiste sur le fait qu’une difficulté à démêler les relations de cause
à effet est que de nombreuses études de biais attentionnel utilisant des matériaux liés à la
substance ne mesurent pas le craving ou ne le mesurent pas en même temps que la mesure du
biais attentionnel. Mais depuis que le rôle du craving est plus reconnu, les échelles de mesure
qui demandent aux participants d'évaluer à quel point ils ressentent le besoin de consommer
une substance sur le moment-même sont administrées à plusieurs reprises pendant les études
(May, 2013). Il est clair, dès lors, que des instruments de mesure subjective à items multiples
sont plus efficaces puisque, d’une part, cela permet de gagner en précision dans l’identification
des différentes composantes du craving (Flannery et al., 1999) et d’autre part, la répétition des
questions sous formes diverses permet de contourner des problèmes d’interprétation des
énoncés (Flannery et al., 1999).
10.1.1. OBSESSIVE COMPULSIVE DRINKING SCALE
Il semble pertinent, à présent, de présenter des méthodes pertinentes d’évaluation du
craving, en fonction des critères explicités plus haut. Premièrement, l’Obsessive Compulsive
Drinking Scale (OCDS) (Anton et al., 1995; Kranzler et al., 1999; Roberts et al., 1999) est une
échelle à quatorze items qui nécessite cinq à dix minutes de passation. Celle-ci est constituée
35
de deux sous-échelles, les pensées obsédantes et les envies compulsives, qui reposent sur un
rapprochement entre certains aspects du craving et des caractéristiques du trouble obsessionnel-
compulsif.
10.1.2. VISUAL ANOLOGUE CRAVING SCALE
Ensuite, l’intensité du craving peut être évaluée à travers une Visual Analogue Craving
Scale (VAS) adapté de l’Alcohol Craving Questionnaire (ACQ; Singleton et al., 1994). Cette
échelle est composée de quatre items auxquels les participants doivent répondre au travers
d’une réglette non-graduée (évitement d’un biais en mémoire) allant de « pas du tout d’accord »
à « tout à faire d’accord ». Les quatre items mesurent quatre dimensions (sous-échelles) du
craving à savoir : l'attente d'un renforcement positif ("Prendre un verre rendrait les choses
parfaites") ; la force de l'envie ("Quelle est la force de votre désir de boire de l'alcool") ;
l'intention ("Si je pouvais boire de l'alcool maintenant, je le ferai") ; et le manque de contrôle
("Ce serait difficile de refuser une boisson maintenant"). Cette échelle est intéressante dans la
mesure où elle peut être administrée à plusieurs reprises et en un temps relativement court. De
plus, la non-graduation de la réglette virtuelle permet d’éviter que les participants retranscrivent
les mêmes réponses.
11. LES THÉORIES DE L’ADDICTION
Un survol des principales théories du domaine de la consommation problématique
d’alcool est proposé. Au cours des dernières années, de nombreux scientifiques ont développé
des théories tentant d’expliquer la dépendance alcoolique, notamment la théorie de l’intrusion
élaborée (May, Andrade, Panabokke & Kavanagh, 2004), la théorie de la sensibilisation
motivationnelle (Robinson & Berridge, 1993), le modèle du double processus et le modèle
intégratif (Field & Cox, 2008). Il n’est pas question, ici, de rédiger une revue de la littérature
concernant les modèles psychologiques de l’addiction mais seulement de sélectionner les
théories pertinentes et qui soutiennent les travaux entamés dans ce mémoire.
36
11.1. QUEL EST LA RELATION ENTRE LE CRAVING ET LES BIAIS
COGNITIFS DANS CES THÉORIES DE L’ADDICTION ?
De nombreuses théories de la toxicomanie supposent que le craving joue un rôle
central dans le développement et le maintien de la dépendance. Par exemple, le craving est
souvent décrit comme l'expérience subjective de l'état de motivation directement responsable
de toute consommation d'alcool. Le craving a deux caractéristiques importantes qui doivent être
expliquées par n'importe quel modèle viable de craving (Tiffany & Conklin, 2000):
1. Le craving a tendance à être très spécifique à la situation, c’est-à-dire qu’il peut être
facilement déclenché par des stimuli précédemment associés à la consommation de
drogues.
2. Deuxièmement, le craving peut persister bien au-delà de la cessation de la
consommation d'alcool.
Les théories conventionnelles traitent généralement de la spécificité et de la persistance des
stimuli en invoquant les concepts du conditionnement classique (Tiffany & Conklin, 2000).
Aussi, les théories qui considèrent le comportement addictif comme une réponse automatique
(voir Tiffany, 20003) prédisent une forte relation entre les biais attentionnels et le craving mais
aussi entre les biais attentionnels et la consommation de drogues. Cependant, une autre
alternative est que les biais attentionnels ne joueraient pas un rôle causal dans le craving mais
qu'ils en seraient soit une conséquence, soit qu'ils seraient causés par les mêmes processus qui
provoquent le craving (May, 2013). Ainsi, bien qu'ils puissent s'atténuer au fur et à mesure que
le craving diminue, les tentatives de modification directe des biais attentionnels n'auraient
aucun impact direct sur le craving, la consommation de substances ou la dépendance (May,
2013).
Tifanny & Conklin (2000) expliquent que le rôle du craving est relativement simple : il
est communément supposé que le craving est au cœur de tous les cas de consommation d'alcool
chez l’alcoolo-dépendance, c'est-à-dire que certaines catégories de stimuli, par exemple la vue
3 Sa théorie stipule que le comportement de recherche de drogue est motivé par l'activation de schémas
d'action superposés, avec la présence de craving lorsque ces schémas sont bloqués ou inhibés (Tiffany
& Conklin, 2000).
37
d’un bar, déclenchent un état de craving. Ils rajoutent que le craving, à son tour, génère des
habitudes compulsives de consommation d'alcool. Alors, ils formulent les hypothèses selon
lesquelles le craving joue le rôle de variable médiatrice responsable :
1. du maintien de toute consommation d'alcool chez l’alcoolo-dépendant et,
2. de la rechute chez l’alcoolo-dépendant abstinent.
Le craving est un concept clé de la dépendance à l’alcool qui se réfère, selon la
description de Tiffany (1990), à un état motivationnel subjectif encourageant un comportement
compulsif vers la prise d’une substance afin d’en ressentir les effets. Cet état motivationnel
entrave les efforts faits pour s’abstenir et cause une rechute suite à une abstinence, souvent, de
courte durée (Zahnd, 2009). Le craving provoque souvent des sensations et des sentiments
désagréables chez les personnes qui essayent de réduire leur consommation, ce qui provoque
dans la majorité des cas, comme l’a mentionné Tiffany (1990), une rechute.
11.1.2. THÉORIE DE L’INTRUSION ELABORÉE
May, Andrade, Panabokk & Kavanagh (2004) proposent une théorie appelée Intrusion
Elaborée (IE) qui vise à expliquer les processus cognitifs sous-jacents aux épisodes de craving,
et à expliquer les impacts émotionnels et motivationnels de ces processus (voir figure 9). Ils
soutiennent que ces épisodes persistent puisque les individus créent des images mentales de la
substance désirée. Celles-ci sont alors immédiatement perçues comme agréables et leur font
prendre conscience de ce désir et du manque qu’il occasionne. Le problème est que cette prise
de conscience cause un cercle vicieux de désir, d'images et de planification pour satisfaire ce
désir (May et al. 2004). Une caractéristique de ce modèle est sa distinction entre les processus
automatiques ou associatifs et les processus contrôlés et élaborés qui sous-tendent le désir
(Zahnd, 2009). Selon ces auteurs, autant les indices internes (comme sensation de manque,
affects négatifs, planification d’action) qu’externes (comme des stimuli associés à l’alcool)
peuvent sous-tendre les pensées intrusives.
38
Figure 9. Théorie de l'Intrusion Elaborée (Kavanagh et al., 2004). Les antécédents de
l'épisode de craving sont représentés par les petits rectangles arrondis à l’extérieur du
rectangle central, qui, lui, représente l'épisode de craving. Les productions cognitives sont,
elles, représentées par les rectangles et le traitement par une ellipse. Les traitements
élaborateurs incluent la construction et l’élaboration d’images de la cible et sa
consommation. Finalement, les conséquences du craving (i.e., consommation ou
comportement d’évitement) ne sont pas représentées dans cette figure. Source : May,
Andrade, Panabokk & Kavanagh (2004).
11.1.3. LA THÉORIE DE LA SENSIBILISATION MOTIVATIONNELLE
En psychologie, la motivation est généralement considérée comme la condition interne
qui guide et module le comportement d'un individu vers un but et, de facto, la motivation est
un ensemble de forces (ou de besoins) qui incitent un individu à s'engager dans un
comportement. Les processus psychologiques guidant le comportement de dépendance peuvent
être étudiés par des notions de motivation, en comprenant quels systèmes cérébraux sont
39
impliqués. D’après Berridge (2004), le comportement compulsif de recherche/prise de drogue
et la rechute sont attribuables à un changement du système motivationnel.
Kreusch et al. (2013), entre autres, expliquent que le développement des biais
attentionnels et d’approche chez les personnes qui abusent de l’alcool est classiquement
expliqué par la théorie de la sensibilisation motivationnelle (de l’anglais : incentive
sensitization theory) proposée par Robinson et Berridge (1993, 2003).
Cette théorie neuro-adaptative suggère que la transition de l’usage occasionnel à l’usage
compulsif de drogues est entraînée par la sensibilisation motivationnelle, c’est-à-dire une
augmentation progressive de la valeur incitative des drogues et des stimuli associés à celle-ci
(Berridge & Robinson, 1998). En effet, ils expliquent que la substance est perçue comme plus
saillante4, et acquiert, dès lors, de fortes propriétés motivationnelles. Donc, à terme, les stimuli
conditionnés auront acquis une saillance plus importante que les autres stimuli de
l’environnement. Conformément à cette théorie, il s’avère que l'exposition répétée aux drogues
déclenche une «sensibilité» dans le cerveau qui les rend plus attirantes ou souhaitables. Cette
sensibilisation peut conduire à la recherche de drogues, malgré la tolérance induite par ces
dernières, expliquant ainsi le phénomène de la rechute (Berridge & Robinson, 1998).
En effet, la théorie de la sensibilisation motivationnelle indique que la neuro-adaptation
centrale dans l'addiction est le développement d'une saillance incitative ou le développement
d'une hypersensibilité aux effets motivationnels des drogues et des stimuli associés à la drogue
(Robinson et Berridge 2003, 2008). Ils pensent que cela produit un biais attentionnel, une
motivation pathologique à utiliser la substance et l'activation des comportements d'approche
(Robinson et Berridge 2003, 2008). En 2008, ces deux auteurs écrivent, à propos de cette
sensibilisation motivation, qu’elle peut se manifester à travers le comportement soit par des
processus implicites (comme inconscients), soit explicites (comme le craving), en fonction des
circonstances. Un fait important est que la saillance incitative semble se développer
relativement rapidement à l'adolescence (Brenhouse et al., 2008).
Les résultats de différentes études (Field & Cox 2008, Franken 2003, Palfai & Ostafin
2003) concernant un biais attentionnel et un biais d'approche pour les stimuli liés à la substance
sont compatibles avec la théorie de la sensibilisation motivationnelle. De plus, une
4 La saillance désigne le phénomène selon lequel lorsque l'attention est dirigée différemment sur une
partie de l'environnement plutôt que sur d'autres, l'information contenue dans cette partie recevra une
pondération disproportionnée dans les jugements ultérieurs (Taylor and Thompson, 1982).
40
manipulation directe de la fonction dopaminergique (avec un antagoniste) chez les patients sous
héroïne a démontré un biais attentionnel réduit pour les indices de drogues (Franken et al.,
2004).
Comme détaillée ci-dessus, la théorie de la sensibilisation motivationnelle suggère que
la consommation de substances addictives entraîne des changements neurologiques dans le
cerveau, ce qui rend, dès lors, les consommateurs hypersensibles aux stimuli liés aux drogues
(voir Berridge & Robinson, 1993). May (2013) écrit que, tandis que ces changements peuvent
entraîner à la fois un craving et des biais attentionnels à l’égard de la drogue, la modification
du biais attentionnel ne devrait pas inverser les changements neurologiques liés à la substance.
En effet, cette neuro-adaptation due à la sensibilisation motivationnelle ne peut retourner à son
état de base, même s’il peut y avoir des changements comportementaux en termes de conduite
addictive réduite ou de reports réduits du craving subjectif. Il insiste aussi sur le fait qu’une
interprétation plus cognitive serait de dire qu'un biais attentionnel à l’égard des indices liés à la
substance pourrait conduire à une conscience accrue de la substance, et donc à un état subjectif
de craving qui détourne l'individu des autres activités, motivant ainsi le comportement de
recherche de drogues. Ce lien entre cognition automatique et contrôlée est un élément clé des
modèles de double processus.
11.1.4. DUAL PROCESS MODEL
Wiers et al. (2007) ont développé un modèle explicatif de l’addiction reposant sur
l’équilibre entre deux systèmes :
1. Un système associatif rapide «impulsif», qui comprend l'évaluation automatique
des stimuli en termes de signification émotionnelle et motivationnelle et,
2. Un système de «réflexion» plus lent, qui inclut des processus contrôlés liés aux
délibérations conscientes, à la régulation des émotions et aux résultats attendus
(Strack & Deutsch, 2004).
La recherche neurobiologique révèle que le cerveau change à la suite d'une utilisation
continue de la substance (Berridge, 2001). Stacy et Wiers (2006) relatent que ces changements
impliquent les substrats neuraux liés à l'émotion et la motivation. Ils en concluent donc qu’à
41
force d’utilisations répétées de drogues, le système impulsif devient sensibilisé à la substance
et aux signaux qui prédisent la consommation de substances et, qu’en conséquence, les signaux
liés à la drogue captent automatiquement l'attention (biais attentionnels) et cela peut favoriser
l'apparition automatique de tendances d'action d'approche envers la substance (biais
d’approche).
En effet, les biais attentionnels et d’approche peuvent être expliqués par la théorie du
double processus. Les processus ou les attitudes et les actions explicites peuvent changer avec
la persuasion ou l'éducation mais les processus ou attitudes implicites prennent généralement
une longue période de temps à changer avec la formation de nouvelles habitudes. L'intégration
des processus implicites et explicites ici, en tenant compte de l'influence des fonctions
exécutives, est compatible avec le principe majeur du modèle. Ainsi, le modèle du double
processus, ici pour la consommation d’alcool, servira de guide pour l'étude en cours.
En ce qui concerne la tendance à l'action, celle-ci peut encore être inhibée si la personne
a suffisamment de capacité et de motivation pour le faire (voir la Figure 10, cf., Fazio & Olson,
2003). Une donnée importante est que les effets à long terme de nombreuses drogues altèrent
la capacité à inhiber et à réguler les tendances à l'action impulsive (Bechara et al., 2006). De
plus, les individus impulsifs courent un risque accru de développer des comportements addictifs
(Bechara et al., 2006, Strack & Deutsch, 2004). Pour aggraver les choses, un effet aigu de
l'alcool et de nombreux autres abus est d'affecter les processus cognitifs contrôlés tout en
laissant les processus associatifs automatiques intacts (Fillmore et Vogel-Sprott, 2006). Ce
modèle est intéressant dans le cas présent car il permet d’intégrer toutes les variables que nous
évaluons, d’un côté les biais attentionnels, et de l’autre le déficit d’inhibition.
42
Figure 10. Modèle du double système d’après Wiers et al. (2007). La consommation et l’abus
d’alcool seraient déterminés par un déséquilibre entre deux sous-systèmes. D’une part, le
système appétitif, largement composé de processus automatiques guidés par les contextes de
consommation, serait sensibilisé suite à la prise d’alcool. D’autre part, un système inhibiteur,
censé réguler les affects liés à la consommation qui comprend principalement le
fonctionnement exécutif, serait affaibli au fur et à mesure des consommations. La motivation
à autoréguler sa consommation, pouvant faire suite aux expériences négatives avec l’alcool
(exemple : coma éthylique, accident de la route), influencerait également la capacité à gérer
sa consommation. Soure : Stacy & Wiers (2006) (traduction par Kreusch, 2013).
11.1.5. MODÈLE INTÉGRATIF
En outre, d’après le modèle intégratif de Field et Cox (2008) (voir figure 11), les biais
sont acquis par conditionnement pavlovien. Ils sont à la fois à la base des épisodes de
consommation et leurs propres renforçateurs (Deleuze et al., 2013). Ce modèle théorique
propose que les stimuli liés à la toxicomanie viennent susciter les attentes quant à la
disponibilité de la substance par un conditionnement classique. Ces attentes créent un biais
attentionnel pour ces stimuli, ainsi qu’un plus grand sentiment de craving.
43
Figure 11. Modèle intégratif de Field et Cox (2008).
11.1.6. CONCLUSION
En accord avec ces théories, un nombre croissant de preuves suggèrent que la motivation
à boire de l’alcool est associée à des biais attentionnels et d'approche à l’égard des indices liés
à l’alcool, c'est-à-dire une plus grande tendance à focaliser son attention et la présence de
comportements d'approche vers les stimuli liés à l’alcool et à évaluer ces stimuli comme
attrayants (Field, Mogg & Bradley, 2005). De plus, les biais attentionnels se développent au fil
du temps en parallèle avec une consommation d’alcool accrue, ayant une relation réciproque
avec la consommation d’alcool, c’est-à-dire que cette dernière favorise l’apparition de biais
attentionnels et inversement (Field & Cox, 2008; Field & Wiers, 2012).
Cependant, May (2013) souligne qu’une meilleure compréhension de la relation entre
addiction, craving et biais attentionnels serait très utile pour identifier les contributions relatives
que les processus explicites et conscients (comme le craving) et les processus implicites et
automatiques (tels que les biais attentionnels) jouent dans la dépendance (Stacy & Wiers, 2010).
De plus, une méta-analyse soutient l’existence d’un lien significatif modéré entre la présence
de biais attentionnels et l’envie de boire (Field, Munafo & Francken, 2009), cependant ils ont
44
conclu que bien qu'il existe une corrélation entre les biais attentionnels visuels et le craving,
elle était cependant plus faible que ce que l'on pourrait attendre des théories de l’addiction axées
sur les comportements de recherche de drogues.
Il a également été suggéré que les biais attentionnels et la consommation se renforcent
réciproquement, aboutissant à l’installation d’un cercle vicieux : les biais favorisant la
consommation d’alcool, qui va en retour augmenter l’intensité des biais (Franken, 2003). En
outre, si les biais sont maximaux durant le craving, c’est-à-dire avant l’initiation d’un épisode
de consommation (Weafer & Fillmore, 2013), ils ne “disparaissent” pas après consommation
(Miller & Fillmore, 2011). L’emploi du réentraînement attentionnel permettrait de réduire le
craving et/ou les comportements de consommation via la réduction des biais attentionnels.
De fait, Flesch (2015) signale que l’inconvénient des théories de l’addiction est qu’elles
sont davantage centrées sur les problématiques sévères comme celles définies dans le DSV-V
(American Psychiatric Association, 2014). Or, d’autres problématiques de consommation,
comme le binge drinking ou le social drinking ont des répercussions sur le fonctionnement de
l’individu mais ne sont pas ciblées spécifiquement par les théories proposées (Martinez, Sher,
& Wook, 2008). De plus, certains chercheurs suggèrent que le binge drinking est un précurseur
aux problématiques de consommation excessive plus sévères, d’où l’importance de s’y
intéresser (Ceballos, Komogortsev, & Turner, 2009).
Suite aux théories détaillées ici et aux résultats discutés plus haut, il est clair, dès lors,
que les biais attentionnels et d’approche se développent, même lentement, chez les
consommateurs de substances. Or, peu d’études ont investigué ces biais chez des
consommateurs non-dépendants au sens propre du diagnostic (REF PERDUE). Pourtant, nous
avons pu voir qu’il existait des modes de consommation d’alcool aussi variés qu’il existe de
consommateurs. Il a été souligné, lors de cette introduction, que ces mécanismes cognitifs
n’étaient pas toujours correctement mesurés, d’où l’importance de l’étude et de l’utilisation de
mesures implicites - d’après Wiers, R. W., & Stacy, A. W. (2006), les mesures sont implicites
dans le sens où elles capturent la construction à mesurer d’une manière relativement incontrôlée
et non-intentionnelle.
45
12. OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE LA RECHERCHE
Ainsi, la présente recherche vise à étudier et à évaluer la présence de biais attentionnels
et de biais d’approche vis-à-vis de stimuli associés à la consommation d’alcool au sein d’une
population de jeunes adultes non-dépendants à l’alcool. Cette population est principalement
constituée d’étudiants universitaires, groupe particulièrement exposé aux consommations
excessives ponctuelles d'alcool (binge drinking), qui rythment leurs vies (Simmat-Durand,
2000). Les mesures de biais attentionnels et d’approche ont été prises au moyen d’une tâche de
réactivité et une tâche d’inhibition. Enfin, des mesures de craving et d’habitudes de
consommation d’alcool ont été prises pour examiner si ceux-ci sont associés aux biais
attentionnels prédits pour les stimuli liés à l'alcool.
12.1. LES OBJECTIFS ET HYPOTHESES
La première étape de cette recherche aura pour objectif de déterminer les paramètres de
la tâche Visual Probe qui vont maximiser la corrélation entre les biais attentionnels et la
consommation d’alcool d’une part, et la relation entre les biais attentionnel et le craving d’autre
part. Particulièrement, nous tenterons de déterminer quel est le meilleur délai de présentation
du probe, à savoir 500-1000-1500ms. En outre, nous considérerons deux types de stimuli
neutres, à savoir des boissons non-alcoolisées ou des objets de la vie de tous les jours. En effet,
différents auteurs ont critiqué l’utilisation de boissons non-alcoolisées comme stimulus neutre
(Christiansen, Mansfield, Duckworth, Field & Jones,2015). Dans la présente étude, nous
tenterons de déterminer si les biais attentionnels issus de paires composées d’une boisson
alcoolisée et d’une boisson non-alcoolisée sont statistiquement différents des paires composées
d’une boisson alcoolisée et d’un objet.
En second lieu, nous tenterons de déterminer s’il existe une relation positive entre les
mesures de biais attentionnels issus de la tâche Visual Probe et celles du Stop Signal. Une
corrélation élevée entre les mesures de biais entre ces deux tâches nous permettrait de suggérer
que ces deux tâches mesurent les mêmes aspects des biais attentionnels. En outre, nous faisons
l’hypothèse que le pourcentage d’erreur d’inhibition vis-à-vis des stimuli associés à l’alcool de
la tâche de Stop Signal sera corrélé positivement aux mesures de craving et à la consommation
d’alcool.
46
III. MÉTHODOLOGIE
47
Cette partie présentera de manière exhaustive la méthode établie pour atteindre les
objectifs décrits et pour pouvoir tester les différentes hypothèses avancées plus haut.
13. PARTICIPANTS
13.1. DESCRIPTION
Soixante participants de 18 à 30 ans ont été recrutés aux abords de l’Université de Liège
(30 femmes et 30 hommes). Les participants sont étudiants pour la plupart (56/60) provenant
de différentes facultés et sont âgés de 18 à 28 ans (moyenne=21,88 ans (±2,44)). Ces derniers
ont été recrutés par le biais d’un questionnaire de screening ayant pour objectif de recueillir des
données démographiques (âge et niveau d'éducation), des informations sur leur état de santé,
leur consommation de drogues et d’alcool. Les participants inclus dans l’étude ne présentaient
pas de troubles neurologiques ou psychiatriques et étaient en bonne santé. De plus, ils ne
présentaient pas une consommation abusive de drogues (cannabis, stimulants, opiacés ou
solvants). Seule la consommation de tabac était acceptée et concernait 22 participants.
Finalement, le protocole expérimental a été approuvé par le Comité d’Éthique de la Faculté de
Psychologie de l’Université de Liège.
14. MESURES
14.1. QUESTIONNAIRES
14.1.1. COMPORTEMENTS VIS-A-VIS DE LA CONSOMMATION D’ALCOOL
Les habitudes de consommation d’alcool ont été, en premier lieu, évaluées au travers du
questionnaire de screening qui a permis de récolter les données démographiques des
participants, des informations sur leur consommation d’alcool des six mois précédant la
passation du questionnaire (fréquence par semaine, quantité par journée ordinaire de
consommation et quantité sur une semaine type) (voir Tableau 1). Ce faisant, les participants
ont reçu les explications nécessaires sur ce que représente une unité d’alcool pour pouvoir
48
répondre au mieux aux différentes questions. Par la suite, et afin de cerner de manière optimale
leur consommation d’alcool, les participants ont rempli l’Alcohol Use Disorders Identification
Test (AUDIT; World Health Organization, 1992 ; Saunders et al. 1993), mis au point par l’OMS
afin de détecter les personnes dont la consommation d’alcool cause ou risquerait de causer des
dommages de santé physique ou mentale. Il explore les douze derniers mois de l’individu au
travers de 10 items suivant une échelle de Likert de 0 à 4. Les trois premières questions de
l’AUDIT correspondent à une évaluation de la fréquence et de la quantité consommée et
permettent de calculer un risque quantitatif, les items 4 à 6 mesurent les symptômes de
dépendance et les quatre derniers évaluent les conséquences relatives à l’alcool.
Dans le cadre de cette étude, comme il est question d’étudier au sein d’une population
saine (c’est-à-dire sans diagnostic d’alcoolo-dépendance, d’abstinence, etc.), les participants
étaient exclus s’ils dépassaient le score seuil de 19. Ce seuil a été choisi en fonction de
différentes études car les individus scorant au-dessus de 19 sont considérés comme
pathologiquement alcoolo-dépendants. Cependant, en comparaison avec les autres scores seuils
choisis, celui-ci est plus élevé, nous permettant d’englober une plus grande proportion de la
population que nous souhaitions étudier.
Tableau 1. Statistiques descriptives des données sociodémographiques, de la consommation
d’alcool et de l’AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test).
N Moyenne (Écart-
type)
Minimum Maximum
Âge 60 21,88 (2,44) 18 28
Sexe (ratio H/F) 60 30 :30
Nombre d’années d’étude 60 13,78 (1,60) 12 19
Nombre de jours de
consommation/semaine
60 2 (1,48) 0 7
Nombre verres par jour de
consommation
60 4,98 (2,69) 0 10
Nombre de verres par semaine 60 8,92 (6,34) 0 14 (femme)
20 (homme)
AUDIT 60 10,08 (5,55) 0 19
49
14.1.2. CRAVING
L’évaluation du craving à l’égard de l’alcool sur base de quatre Visual Analogue Scales
(VAS; Aitken, 1969) de craving. Ces VAS mesurent respectivement le renforcement
positif (« Avoir un verre rendrait les choses tout simplement parfaites »), la force du craving
(« La force de votre envie de boire de l'alcool est très forte »), l’intention (« Si je pouvais boire
de l'alcool maintenant, je le ferais ») et le manque de contrôle (« Il serait difficile de refuser une
boisson alcoolisée en ce moment »). Les réponses sont enregistrées sur ordinateur à l’aide d’une
réglette non-graduée, le sujet positionne le curseur mobile sur la réglette allant de « Pas du tout
d’accord ») à « Tout à fait en accord ». Cette tâche a été créée grâce au logiciel E-Prime 2.0
(Psychology software tools, Inc.).
Cette mesure a été prise trois fois durant l’expérience, une fois avant les tâches
informatisées, une fois après la première et une fois après la seconde. Nous prendrons comme
mesure de craving, ici, les moyennes aux 4 VAS de la dernière passation, c’est-à-dire une
mesure de craving post-tâche.
Le craving sera également évalué au travers de l’Obsessive Compulsive Drinking Scale
(OCDS; Ansseau et al., 2000), une échelle de comportements et cognitions vis-à-vis de l’alcool
évaluant les pensées obsédantes et les envies compulsive de boire au travers de la
consommation d’alcool et du désir de contrôler cette consommation endéans les 7 derniers jours
(voir Table 3). Cet auto-questionnaire comporte 14 items scorés suivant une échelle de Likert
allant de 0 à 4. Le score total fera office de mesure de craving.
14.1.3. NIVEAU D’ÉVEIL
La Karolinska Sleepiness Scale (KKS: Åkerstedt & Gillberg, 1990) est une échelle qui permet
d’évaluer le niveau d’éveil des participants endéans les cinq 5 Quoi ?? de son administration.
Elle se fait au travers d’une échelle de Likert allant de 1 (extrêmement alerte et éveillé(e)) à 9
(extrêmement somnolent(e); combat le sommeil; difficultés à rester éveillé(e)).
50
Cette mesure a été prise à quatre reprises. On a mesuré le niveau d’éveil des participants
avant et après chacune des deux tâches informatisées afin de vérifier un quelconque effet de
fatigabilité qui pourrait affecter les performances des sujets.
14.1.4. ANXIÉTÉ
La STAI-Y (State-Trait Anxiety Inventory; Spielberger et al., 1983) est une épreuve
destinée à évaluer l'anxiété momentanée et l'anxiété habituelle (voir Tableau 2). Il comprend 2
échelles de 20 items chacune, où le sujet répond sur base d’une échelle de Likert à 4 niveaux
(score de 1 à 4). Tout d’abord, l’échelle d'Anxiété-Etat (STAI-Y-A) qui évalue les sentiments
d'appréhension, la tension, la nervosité et l'inquiétude que le sujet ressent au moment de la
passation. C'est un indicateur des modifications transitoires de l'anxiété provoquées par des
situations aversives et nous permet de vérifier l’impact des conditions expérimentales d’une
étude sur le sujet. Ensuite, l'échelle d'Anxiété-Trait (STAI-Y-B) qui, elle, mesure les sentiments
d'appréhension, la tension, la nervosité et l'inquiétude que le sujet ressent habituellement. Cette
échelle a pour but de repérer l'anxiété comme disposition stable.
14.1.5. IMPULSIVITÉ
La Short Urgency, Premeditation (lack of), Perseverance (lack of), Sensation Seeking,
Positive Urgency, Impulsive Behavior Scale (S-UPPS : Billieux et al., 2012) est une version
courte à 20 items (dont 12 items inversés) de l'échelle UPPS-P (Whiteside & Lynam., 2006),
où le sujet répond sur base d’une échelle de Likert à 4 niveaux allant de « Tout à fait d’accord »
à « Tout à fait en désaccord ». Elle évalue le comportement impulsif à travers les dimensions
du modèle des cinq facteurs de la personnalité qui sont (voir Tableau 2) :
1. L’urgence négative qui se traduit par une tendance à agir inconsidérément sous
des émotions négatives extrêmes ;
2. L’urgence positive mesurant la tendance à agir inconsidérément sous l’emprise
d'émotions extrêmement positives ;
3. Le manque de préméditation qui mesure la tendance à agir sans réfléchir ;
51
4. Le manque de persévérance qui signifie l’incapacité à rester concentré sur une
tâche et ;
5. La recherche de sensation ou la tendance à rechercher des expériences nouvelles
et passionnantes ;
14.1.6. SYMPTÔMES DÉPRESSIFS
Le Beck Depression Inventory (BDI ; Beck, Steer & Brown, 1996) est un questionnaire
d’autoévaluation servant à mesurer la sévérité de la dépression clinique (voir Table 2). Il est
largement utilisé par les cliniciens dans le dépistage et le suivi des symptômes dépressifs. Cet
inventaire comprend 21 items qui sont additionnés pour créer un score composite de dépression
(Beck et al., 1996). Les items concernent les changements dans les habitudes de sommeil, la
difficulté à se concentrer, la tristesse, l'autosatisfaction, les pleurs, la perte d'énergie et les
pensées suicidaires. Ces items ont été conçus pour capturer la dépression telle que définie par
la quatrième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV,
American Psychiatric Association, 2000).
Tableau 2. Statistiques descriptives de STAI (State-Trait Anxiety Inventory), UPPS (Urgency,
Premeditation (lack of), Perseverance (lack of), Sensation Seeking, Positive Urgency,
Impulsive Behavior Scale), BDI (Beck Depression Inventory)
N Moyenne
(Écart-type)
Minimum Maximum
STAI A (anxiété-état) 60 29,45 (7,14) 20 57
B (anxiété-trait) 60 40,92 (8,63) 26 62
UPPS Urgence 60 8,58 (2,52) 4 15
Urgence Positive 60 10,57 (2,35) 4 16
Manque de Préméditation 60 7,73 (2,26) 4 14
Manque de Persévérance 60 7,8 (2,23) 4 12
Recherche de Sensation 60 10,33 (2,61) 4 16
Total 60 45,02 (6,98) 29 63
BDI 60 9,03 (6,17) 0 23
52
14.2. TÂCHES INFORMATISÉES
Ces mesures expérimentales de biais attentionnels et de biais d’approche ont été
présentées sur un ordinateur portable de 17 pouces. Cette tâche a été créée grâce au logiciel E-
Prime 2.0 (Psychology software tools, Inc.)
14.2.1. VISUAL-PROBE TASK
14.2.1.1 PRÉSENTATION DE LA TÂCHE
Cette tâche se compose de suite de paires d’images défilant l’une après l’autre sur
l’écran d’ordinateur, de manière aléatoire, une image à droite et une image à gauche. Lorsque
que les deux images disparaissent de l'écran, une flèche apparait à la place de l'un des deux
objets (soit à gauche soit à droite). Il est alors demandé aux participants de déterminer le plus
rapidement et le plus correctement possible si la flèche pointe vers le haut ou vers le bas en
appuyant sur les touches-réponse appropriées du clavier de l’ordinateur (haut = touche « Y » ;
bas = touche « B »). En outre, le participant n’est pas averti de la présence de cibles associées
à l’alcool (voir Figure 12).
Figure 12. Le paradigme de la tâche de Visual Probe.
53
14.2.1.2. CONSTRUCTION DE LA TÂCHE
Elle se divise en un bloc d’entraînement de 30 paires de stimuli et 5 blocs tests,
contrebalancés entre les participants, comprenant chacun 42 paires de stimuli. Le plan
expérimental de cette tâche comporte, en tout, 240 essais : d’après Douillez & Philippot, (2008)
une tâche de Visual Probe comporte généralement entre 160 et 288 essais, rarement en dessous
de 96 essais. Pour l’appariement des images, plusieurs associations sont possibles : une image
de boisson alcoolisée avec un objet neutre ou avec une boisson non-alcoolisée ; un objet neutre
avec une boisson non-alcoolisée ou la présentation simultanée de deux objets neutres. Les
différents temps d’apparition (500-1000-1500ms), les positions (gauche/droite) et les
orientations du probe (haut/bas) ont été inter-mixés et équilibrés au sein du plan expérimental.
14.2.1.3. MESURE DE BIAIS ATTENTIONNELS
La précision et le temps de réaction de chaque réponse sont enregistrés et calculés par
l’ordinateur. De ce fait, nous avons pu calculer les temps de réactions pour chacune des
réponses correctes et ainsi, calculer les indices de biais attentionnels. Un temps de réaction plus
court pour répondre à un probe présenté dans l’espace précédemment occupé par un stimulus
donné est interprété comme un biais attentionnel en faveur de ce type de stimulus (Douillez &
Philippot, 2008). Généralement, on calcule séparément un score de biais pour chaque type de
stimulus indicé en soustrayant les temps de réaction moyens quand le probe est dans la même
localisation que le stimulus indicé des temps de réaction moyens quand le probe et le stimulus
indicé sont dans des localisations différentes (Mogg et Bradley, 1999).
En supposant qu’il y ait un biais attentionnel à l’égard des stimuli associés à la
consommation d’alcool, nous avons soustrait les temps de réaction des images de boisson
alcoolisée aux temps de réaction des objets neutres et aux temps de réaction des boissons non-
alcoolisées. Aussi nous avons procédé au même type de soustraction pour calculer les indices
de biais attentionnels entre les images de type boisson soft et les images de type neutre (ici pour
vérifier s’il y a une différence de valence entre ces deux types d’images).
54
14.2.2. TÂCHE DE STOP SIGNAL
14.2.2.1. PRÉSENTATION DE LA TÂCHE
Les sujets ont été soumis à une tâche informatisée de type Stop Signal adaptée aux
objectifs de l’étude. Cette tâche a été reprise des travaux de Kreusch, Billieux & Quertemont
(2017). Dans cette tâche, se présentent trois types de cibles lexicales : des mots neutres (par
exemple, maison), des pseudo-mots et des mots liés alcool (par exemple, taverne). Comme pour
la tâche de Visual Probe, le participant n’est pas averti de la présence des cibles lexicales
associées à l’alcool. Il sera demandé au participant de répondre le plus rapidement possible
mais aussi le plus correctement possible dès l’apparition de ces cibles. Une pression de la touche
« c » du clavier de l’ordinateur correspondra à la reconnaissance par le sujet d’un mot et une
pression de la touche « n » correspondra à la reconnaissance d’un pseudo-mot.
14.3.2. CONSTRUCTION DE LA TÂCHE
Cette tâche se divise en 2 blocs d’entraînement et 4 blocs tests, contrebalancés entre les
participants, comprenant chacun 64 stimuli. Chaque bloc se compose de cibles lexicales (mots
ou pseudo-mots) défilant une après l’autre sur l’écran d’ordinateur. Un appariement entre ces
cibles a été opéré sur base d’une analyse de familiarité et de valeur d’imagerie mais aussi selon
la longueur de ces éléments lexicaux, du nombre de syllabes, etc. Dans les essais « Go » (75%),
les participants répondent en déterminant si la cible lexicale présentée au centre de l'écran est
un non-mot ou un mot. Dans les essais « Stop » (25%), les participants doivent inhiber la
réponse lorsqu'ils entendent un son (1000 Hz, 100 ms). Le signal sonore retentit dans 25% des
essais et son délai d’apparition (SSD, stop signal delay) est fixé à 200, 250, 300 ou 350 ms.
Dans les deux essais, le mot-cible apparait 500 ms après la croix de fixation, celui-ci disparait
au moment de la pression du bouton ou lorsque 1250 ms se sont écoulés (voir Figure 13).
55
14.2.2.2. MESURES DE BIAIS ATTENTIONNELS ET DE BIAIS
D’APPROCHE
La précision et le temps de réaction de chaque réponse sont enregistrés et calculés par
l’ordinateur. De ce fait, nous avons pu calculer les temps de réactions pour chacune des
réponses correctes et ainsi calculer les indices de biais attentionnels. Les mesures recueillies
concernent les temps de réaction aux mots alcool, pseudo-mot et neutre lors des essais « Go »
(absence de signal sonore) ainsi que les erreurs d’inhibition (%) émises face aux trois catégories
de cibles lors des essais « Stop » (présence du signal sonore).
Figure 13. Le paradigme de la tâche de stop signal. Figure tirée de Kreusch (2013).
15. PROCEDURE
La durée de l’étude était d’approximativement une heure et pouvait légèrement varier
en fonction de la rapidité des participants. Chaque participant a été testé dans une pièce calme.
Ils ont d’abord pris connaissance de la lettre informative, les renseignant sur l’objectif de
l’étude, sur sa durée ainsi que sur le déroulement de l’expérience. Les réels objectifs n’ont pas
56
été dévoilés afin de ne pas influencer les résultats des participants, une « cover story » a été
mise en place. Il est évident que dire que cette étude se focalisait sur l’évaluation de biais
cognitifs vis-à-vis de stimuli associés à l’alcool aurait créé de l’attente chez les participants. De
ce fait, cette étude était présentée comme observant l’influence de l’alcool sur la réactivité aux
cibles dans une tâche attentionnelle et dans une tâche d’inhibition. Cette cover story a été
utilisée à toutes les étapes de la procédure : du pré-questionnaire à la passation, et ce, jusqu’au
débriefing final. Ensuite, ils ont signé un premier consentement éclairé qui les informait de leurs
droits. Ce consentement éclairé reprend les termes de la « cover story » et est donc factice.
Ils ont ensuite, dans cet ordre, rempli le questionnaire sur la consommation de
substances (alcool, drogues à usage récréatif et tabac), la Karolinska Sleepness Scale (KKS:
Åkerstedt & Gillberg, 1990) et la Visual Analogue Scale (VAS; Aitken, 1969) de craving une
première fois. Les participants ont ensuite réalisé la tâche de Visual Probe et celle de Stop
Signal, l’ordre de ces tâches ayant été contrebalancé. Après chaque tâche, il était demandé aux
participants d’évaluer leur craving (VAS) et leur niveau d’éveil (KSS). Une pause était
proposée aux participants entre les deux tâches informatisées. Enfin, nous leur avons demandé
de rempli différentes échelles, à savoir la STAI-YA, la STAI-YB (Spielberger et al., 1983),
l’UPPS-P (Billieux et al., 2012) et le BDI (Beck, Steer & Brown, 1996).
Pour finir, un débriefing a été effectué afin de les informer du but de l’étude et de nos
hypothèses de travail. Ce n’est qu’à ce moment que les participants se voyaient remmettre une
lettre d’information expliquant l’objectif réel de l’étude. Pour s’assurer de leur accord quant à
l’utilisation de leurs données après avoir découvert le réel objectif de cette étude, nous leur
avons demandé de signer un second consentement éclairé. Nous leur avons précisé qu’ils ne
devaient pas informer de potentiels participants du réel objectif de cette recherche afin de ne
pas invalider nos résultats. Enfin, les participants ont eu l’occasion de nous communiquer leur
adresse e-mail dans le cas où ils désiraient être informés des résultats et conclusions de l’étude.
57
IV. ANALYSES
STATISTIQUES
58
Ce point présente les analyses statistiques effectuées à l’aide de la version 9.4 du logiciel
SAS (32) pour Windows avec un seuil de significativité placé à 0,05.
Une ANOVA à mesures répétées sur les scores aux quatre administrations de
l’évaluation du niveau d’éveil a été effectuée. Nous voulons déterminer s’il existait une
différence significative entre les moyennes des scores obtenus aux quatre passations de la KSS
(évaluation du niveau d’éveil) afin de mesurer un quelconque effet de fatigue.
Aussi, la fiabilité à la tâche de Visual Probe et ainsi que celle du Stop Signal ont été
évaluées en utilisant l’alpha de Cronbach, qui évalue la cohérence interne des tâches.
Concernant la tâche de Visual Probe, nous avons analysé les temps de réaction pour les
bonnes réponses. Aussi les temps de réactions inférieurs à 100 ms et ceux supérieurs à 1000 ms
pour chaque participant n’ont pas été considéré. En effet, les temps de réaction inférieurs à 100
ms seraient le reflet de réponses automatiques et ceux supérieurs à 1000 ms d’une réponse
beaucoup trop lente. Ainsi, pour ces critères, aucun participant n’a été retiré de l’étude (pour
les autres critères cf. la description des participants).
Afin d’identifier le délai de présentation du probe ainsi que les catégories de stimuli les
plus susceptibles de mettre en lumière un biais attentionnel nous avons réalisé des corrélations
de Bravais-Pearson entre les biais attentionnels (différence de TR en ms), les mesures de
craving (VAS et OCDS) et les comportements vis-à-vis de l’alcool (AUDIT). Finalement, les
indices de biais attentionnels ont été analysés à l’aide d’une ANOVA à mesures répétées à deux
facteurs fixes : le type de stimuli neutre et le temps d’apparition du probe. Il est question, ici,
de déterminer s’il existe une différence entre les biais attentionnels issus de paires composées
d’une boisson alcoolisée et d’une boisson non-alcoolisée et ceux des paires composées d’une
boisson alcoolisée et d’un objet en fonction du temps d’apparition.
Ensuite, l'objectif est de déterminer si les biais attentionnels mesurés dans les deux
tâches sont corrélés. Alors, pour vérifier s’il existe une relation positive entre les mesures de
biais attentionnels issus de la tâche Visual Probe et celles du Stop Signal, nous avons procédé
à une analyse corrélationnelle (de type Bravais-Pearson) entre les mesures de biais entre ces
59
deux tâches (en termes de temps de réaction vis-à-vis des stimuli associés à la consommation
d’alcool).
Nous avons vérifié également s’il existait des relations positives entre les performances
à la tâche de Stop Signal, les mesures de craving (OCDS et VAS) et les comportements vis-à-
vis de l’alcool (AUDIT). Nous avons procédé à des analyses corrélationnelles de Bravais-
Pearson entre les temps de réaction vis-à-vis des stimuli associés à l’alcool, les mesures de
craving (VAS et OCDS) et les comportements vis-à-vis de l’alcool (AUDIT). Nous avons
procédé de manière similaire avec le pourcentage d’erreur d’inhibition vis-à-vis des stimuli
associés à l’alcool. Alors, afin de limiter l'impact des réponses tardives, nous n’avons pas
considéré les temps de réaction supérieurs à plus de 2,5 écarts-types de la moyenne pour chaque
type de mots (Billieux et al., 2010, Verbruggen et Houwer, 2007). Encore une fois, pour ces
critères, aucun participant n’a été retiré de l’étude (pour les autres critères cf. la description des
participants).
60
V. RÉSULTATS
61
16. DONNÉES DESCRIPTIVES ET INFÉRENTIELLES
16.1 NORMALITÉ
Au préalable, nous avons effectué la vérification des conditions de normalité nécessaire
à toute application de statistiques paramétriques. Étant donnée la petite taille de notre
échantillon (n=60), nous avons eu recours au test de Shapiro-Wilk. En raison du caractère
normal de la quasi-totalité de nos variables, nous avons choisi d’employer des statistiques
paramétriques. Les données descriptives sont exprimées en moyennes et écarts-types standards
à la moyenne et les données de statistiques inférentielles sont exprimées au moyen de la
statistique utilisée ainsi que sa probabilité de dépassement.
16.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE
Le tableau 3 présente les statistiques descriptives en termes de nombre de sujets, de
moyennes, d’écarts-types, de minimums et de maximums des variables utilisées dans les
analyses permettant de déterminer les meilleurs paramètres de la tâche de Visual Probe.
62
Tableau 3. Statistiques descriptives de l’AUDIT, l’OCDS, la VAS et des biais attentionnels de
la tâche de Visual Probe.
Notes. Le nombre de sujets, moyennes, écarts-types standards, minimums et maximums de
l’AUDIT, l’OCDS, la VAS (craving post-tâche) et des biais attentionnels de la tâche de Visual
Probe. Les indices de biais sont représentés en termes d’appariement de stimuli (A=Boisson
Alcoolisée ; NA=Boisson Non-Alcoolisée ; N=Objet Neutre) et de temps d’apparation
(500 ;1000 ;1500 entre parenthèses) (en ms).
16.3. NIVEAU D’ÉVEIL
Les statistiques descriptives des mesures d’éveil sont répertoriées dans le tableau 4.
Ensuite, une ANOVA à mesures répétées simple a été effectuée pour déterminer s’il existait
une différence significative entre les moyennes des scores obtenus aux quatre passations de la
KSS. Le test de Maulchy révélant que l’hypothèse de sphéricité n’était pas tolérée (DL=5 ;
F=0,175, X²=103,965, p<0,001), nous avons pris le correctif de Greenhouse et Geisser (G-G)
comme probabilité de dépassement ajustée. Les résultats ont montré qu’il existait une différence
significative entre les moyennes aux scores des quatre KSS (DL=3 ;F=4,79 ;p=0,009 ;
Variables N Moyenne (Écart-Type) Minimum Maximum
AUDIT 60 10,183 (±5,577) 0 19
OCDS 60 5,4 (±4,834) 0 24
VAS 60 19,908 (±26,39) 0 100
A-N
(500)
60 -0,995 (±47,401) -120,3 160,278
A-NA (500) 60 0,18 (±41,058) -96,8 101
NA-N (500) 60 -2,902 (±53,021) -137,8 190
A-N (1000 60 5,811 (±37,049) -95,4 157,1
A-NA (1000) 60 8,485 (±44,051) -95,711 147,456
NA-N (1000) 60 4,352 (±36,02) -107,3 109,5
A-N (1500) 60 3,045 (±44,189) -128,644 135,7
A-NA (1500) 60 -2,699 (±36,479) -93,167 92,2
NA-N (1500) 60 -0,234 (±1,504) -9,6 1,958
63
η²=0,75). Pour définir s’il y avait une différence entre la première passation et la dernière, et
comme l’hypothèse d’homogénéité des variances a été violée (F=1,20 ; p=0,49), nous avons
utilisé un test de Wilcoxon pour échantillons appariés qui a abouti à une différence des
médianes entre les deux résultats (T=-239 ; p=0,003).
Tableau 4. Statistiques descriptives des quatre administrations de l’évaluation du
niveau d’éveil
Variables N Moyenne (Écart-Type) Minimum Maximum
KSS1 60 3,43 (±1,51) 1 7
KSS2 60 3,53 (±1,56) 1 7
KSS3 60 3,47 (±1,5) 1 7
KSS4 60 3,9 (±1,65) 1 7
Note. Le nombre de sujets, les moyennes, écarts-types standards, minimums et
maximums des quatre scores à l’évaluation de l’éveil (KSS).
Concernant la fidélité, celle-ci a été évaluée pour chaque paramètre de chaque tâche à
l’aide de l’alpha de Cronbach, cependant aucune valeur n’a montré une fidélité acceptable selon
Nunnally et Berstein (α>0,70). En effet, pour chaque indice calculé l’alpha de Cronbach
standardisé n’excédait pas 0,52.
Par la suite, nous avons corrélé l’AUDIT, l’OCDS et la VAS (le craving post-tâche) afin
de vérifier les liens entre ces mesures. En outre, nous voulions nous assurer de retrouver une
corrélation positive entre les mesures de craving (VAS et OCDS) comme le montrent les
résultats dans la littérature scientifique (voir Daniel, 2012). Nos résultats montrent une
corrélation entre l’AUDIT et l’OCDS significativement positive (r=0,676 ; p<,001), de même
pour la corrélation entre l’OCDS et la VAS (r=0,573 ; p<,001) et pour celle entre l’AUDIT et
la VAS (r=0,448 ; p<,001).
Ensuite, une matrice corrélationnelle entre les biais attentionnels à la tâche de Visual
Probe, l’AUDIT, l’OCDS et la VAS a été effectuée sur base de corrélations de Bravais-Pearson
64
(voir Tableau 5). Nous avons retrouvé une corrélation positive significative (r=0,313 ; p=0,15)
entre l’OCDS et l’indice de biais attentionnels calculé pour les paires contituée d’une boisson
alcoolisée et d’un objet neutre en 1000 ms. Nous avons observé que la corrélation entre ce
même indice de biais attentionnels et la VAS n’était pas significative (r=0,246 ; p=0,059) mais
a obtenu une probabilité de dépassement légèrement supérieure au seuil déterminé dans cette
recherche (p=0,05). Nous retrouvons également une corrélation négative significative (r=-
0,288 ; p=0,026) entre l’indice de biais attentionnels calculé pour la paire d’images constituée
d’une boisson non-alcoolisée et d’un objet neutre en 1500ms et l’OCDS.
Tableau 5. Matrice de corrélations entre les indices de biais attentionnels à la tâche de Visual
Probe, l’AUDIT, l’OCDS et la VAS.
VARIABLES A-N
(500)
A-NA
(500)
NA-N
(500)
A-N
(1000)
A-NA
(1000)
NA-N
(1000)
A-N
(1500)
A-NA
(1500)
NA-N
(1500)
AUDIT r 0,151 -0,2074 -0,179 0,157 0,041 -0,013 -0,126 0,067 -0,219
p 0,25 0,112 0,172 0,23 0,755 0,922 0,338 0,611 0,093
OCDS r 0,181 -0,149 -0,172 0,313* -0,12 0,076 -0,083 0,03 -0,288*
p 0,165 0,257 0,19 0,015 0,361 0,566 0,527 0,824 0,026
VAS r 0,016 -0,005 -0,031 0,246 -0,036 0,06 -0,083 0,204 0,008
p 0,906 0,968 0,812 0,059 0,784 0,648 0,531 0,118 0,952
Notes. corrélations de Bravais-Pearson entre les indices de biais attentionnels (différence de
TR), le score global post-tâche de la VAS, le score total à l’OCDS et à l’AUDIT. *Corrélation
significative à p<0,05.Les indices de biais sont représentés en termes d’appariement de
stimuli et de temps d’apparation (500 ;1000 ;1500 entre parenthèse). Alcool Neutre =
l’indice de biais calculés entre les temps de réaction pour les boissons alcoolisées et les
objets neutres ; Alcool Non Alcool = l’indice de biais calculés entre les temps de réaction
pour les boissons alcoolisées et les boissons non-alcoolisées ; Non Alcool Neutre = l’indice
de biais calculés entre les temps de réaction pour les boissons non-alcoolisées et les objets
neutres.
65
16.4. NEUTRALITE DU STIMILUS BOISSON NON-ALCOOLISEE
Il est question de déterminer si les biais attentionnels issus de paires composées d’une
boisson alcoolisée et d’une boisson non-alcoolisée étaient statistiquement différents des paires
composées d’une boisson alcoolisée et d’un objet. Ce faisant, nous avons effectué un ANOVA
à mesures répétées à deux facteurs fixes : le type de stimuli neutre (Boisson Alcoolisée, Objet
Neutre) et le temps d’apparition du probe (500 ; 1000 ; 1500). Le test de Maulchy a permis de
tolérer l’hypothèse de sphéricité (DL=2 ; W=0,99 ; X² = 1,175 ; p=0,556). Ensuite, les résultats
nous ont permis de tolérer l’hypothèse d’égalité des moyennes des temps de réaction entre les
biais attentionnels de ces deux différentes sortes de paires (DL=1 ; F= 0,02 ; p = 0,884 ;
η²=0,001) mais aussi en fonction des temps d’apparition (variable TEMPS) (DL=2 ;F=0,2 ;
p=0,818 ; η²=0,002). Finalement, les résultats ont montré que nous devions tolérer l’hypothèse
de la nullité de l’interaction entre le type de stimuli et le temps d’apparition du probe
(DL=2 ;F=0,34 ; p=0,713 ; η²=0,003).
Nous venons de voir que les résultats ne montraient pas de différence significative entre
les biais attentionnels issus de paires composées d’une boisson alcoolisée et d’une boisson non-
alcoolisée. Cependant, nous avons vérifié s’il existait une différence significative entre les
temps de réaction à l’égard des boissons non-alcoolisés et des objets neutres au sein des paires
constituées d’une boisson non-alcoolisée et d’un objet neutre. Les statistiques descriptives des
variables utilisées sont représentées dans le tableau 6. Ensuite, la différence entre les temps de
réaction a été testé à l’aide d’une ANOVA à mesures répétés à deux facteurs fixes : le type de
stimuli neutre (Boisson Non-Alcoolisée, Objet Neutre) et le temps d’apparition du probe (500 ;
1000 ; 1500). Le test de Maulchy rejette l’hypothèse de sphéricité (DL=2 ;W=0,928 ; X² =
8,804 ; p=0,012) alors nous avons pris en compte la probabilité de dépassement fournie par
l’application du correctif de Greenhouse-Geisser. On peut conclure au rejet de l’égalité des
moyennes des temps de réaction à l’égard des images de boisson non-alcoolisée et d’objets
neutres en fonction des temps d’apparition (DL= 2 ; F= 4,84 ; p=0,01, η²=0,039). Cependant,
nous avons dû tolérer l’hypothèse de la nullité de l’interaction entre le type de stimuli et le
temps d’apparition (DL=2 ; F=0,54 ; p=0,572 ; η²=0,004).
66
Tableau 6. Statistiques descriptives des temps de réactions à l’égard des boissons non-
alcoolisées et des objets neutres dans les paires NA-N à chaque temps d’apparition du probe
(500 ; 1000 ; 1500).
Variables N Moyenne
(Écart-Type)
Minimum Maximum
TR N (500) 60 519,726
(±59,527)
421 797,667
TR N (1000) 60 487,443
(±46,198)
416,25 615,6
TR N (1500) 60 479,563
(±44,667)
367,4 679,7
TR NA (500) 60 532,113
(±44,298)
448,667 6691,1
TR NA (1000) 60 492,808
(±52,558)
390,556 628,111
TR NA (1500) 60 486,139
(±48,046)
394,3 685,5
16.5. TÂCHE DE STOP SIGNAL
Nous représentons, dans le tableau 7, une description statistique des performances à
la tâche de Stop Signal. Ces variables sont le temps de réaction aux mots alcool, aux mots
neutres et aux non-mots, le pourcentage d’erreur d’inhibition à l’égard des mots alcool, des
mots neutres et des non-mots.
67
Tableau 7. Statistiques descriptives des indices de biais de la tâche de Stop Signal.
VARIABLES N Moyenne
(Écart-type)
Minimum Maximum
TR A 60 781,63
(±64,178)
617,48 914
TR N 60 780,166
(±66,118)
649,34 937,58
TR NM 60 802.026
(±71,21)
624,457 926,037
ERR A 60 4,16 (±1,389) 0,39 6,25
ERR N 60 3,678 (±1,16) 0,39 5,86
ERR NM 60 6,628
(±2,219)
0,781 11,328
Notes. Les performances sont détaillées en termes de temps réaction à l’égard des mots liés
alcool (RT A), des mots neutres (TR N) et des non-mots (RT NM)(en ms) ; des pourcentages
d’erreur d’inhibition à l’égard des mots liés à alcool (ERR A), des mots neutres (ERR N) et
des non-mots (ERR NM) (en %).
Nous avons effectué des corrélations de Bravais-Pearson entre les performances à la
tâche de Stop signal, l’AUDIT, l’OCDS et la VAS afin de déterminer les relations entre ces
différentes mesures (Tableau 8). Il en ressort une corrélation positive (r=0,334 ; p=0,009) entre
l’OCDS et le pourcentage d’erreur d’inhibition vis-à-vis des mots neutres. Une seconde
corrélation positive (r=0,257 ; p=0,048) entre l’OCDS et le pourcentage d’erreur d’inhibition
vis-à-vis des mots liés à alcool est ressortie. En outre, les résultats ont montré une corrélation
positive significative (r=0,255 ; p=0,049) entre l’AUDIT et le pourcentage d’erreur d’inhibition
vis-à-vis des mots neutres.
68
Tableau 8. Matrice de corrélations de Pearson entre les performances à la tâche de Stop
Signal, l’AUDIT, l’OCDS et la VAS.
VARIABLES TR A TR N ERR A ERR N
AUDIT r -0,136 -0,051 0,188 0,255*
p 0,3 0,696 0,15 0,049
OCDS r -0,211 -0,186 0,257* 0,334*
p 0,105 0,154 0,048 0,009
VAS r 0,061 0,072 0,101 0,104
p 0,644 0,586 0,442 0,427
Notes. Les performances sont détaillées en termes de temps réaction à l’égard des mots
alcool (RT A), des mots neutres, des pourcentages d’erreur d’inhibition à l’égard des mots
alcool (ERR A) et des mots neutres (ERR N). Corrélation significative à p<0,05.
Enfin, nous avons déterminé s’il existait une relation positive entre les mesures de biais
attentionnels issus de la tâche de Visual Probe et celles du Stop Signal. Pour ce faire, nous avons
corrélé l’indice de biais attentionnels calculé pour la paire constituée de boisson alcoolisée et
d’objet neutre en 1000 ms (A-N 1000) avec les indices de biais à la tâche de Stop Signal. Pour
rappel, ces indices sont le temps de réaction (RT A) et le pourcentage d’erreur d’inhibition
(ERR A) vis-à-vis des mots liés à l’alcool. Cependant, aucune corrélation ne s’est révélée être
significative. En effet, la corrélation entre la mesure de biais à la Visual Probe (A-N 1000) et
les temps de réaction vis-à-vis des mots liés à l’alcool (r=-0,005 ; p=0,97) ainsi que celle avec
le pourcentage d’erreurs vis-à-vis des mots liés à l’alcool (r=0,058 ; p 0,66) n’étaient pas
significatives (voire quasi-nulles).
69
VI. DISCUSSION
70
Comme détaillé précédemment, l’objectif de cette étude était d’étudier et d’évaluer la
présence de biais attentionnels et de biais d’approche vis-à-vis de stimuli associés à la
consommation d’alcool au sein d’une population de jeunes adultes non-dépendants à l’alcool.
La première étape de cette recherche avait pour objectif de déterminer les paramètres de
la tâche Visual Probe qui maximiseraient la relation entre les biais attentionnels et la
consommation d’alcool d’une part, et le craving d’autre part. En second lieu, nous avons tenté
de déterminer s’il existait une relation positive entre les mesures de biais attentionnels issus de
la tâche Visual Probe et celles du Stop Signal.
17. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
17.1. CRAVING
Les résultats quant aux corrélations entre les mesures de craving (VAS et OCDS) et les
comportements vis-à-vis de l’alcool (AUDIT) montrent des corrélations positives significatives
entre chacune de ces trois mesures. En effet, la corrélation positive entre l’AUDIT et l’OCDS
(r=0,676 ; p<0,001) montre une relation positive entre les comportements vis-à-vis de l’alcool
et le craving. Ces résultats sont supportés par les résultats de la corrélation entre l’OCDS et la
VAS (r=0,573 ; p<0,001) et entre l’AUDIT et la VAS (r=0,448 ; p<0,001).
Dans le cadre de cette étude, il est relativement important et utile de remarquer une
relation positive significative entre nos deux mesures de craving, à savoir l’OCDS et la VAS.
En effet, par une sorte de validité concourante, nous pouvons penser que la mesure de craving
post-tâche prise à travers la Visual Analogue Scale (VAS) est pertinente et cohérente par rapport
à l’objectif de l’étude. Étant donné le rôle central du craving dans notre étude, ces résultats sont
renforçants.
71
17.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE
Une matrice de corrélations a été effectuée entre les mesures de craving, les
comportements vis-à-vis de l’alcool et les biais attentionnels issus de la tâche de Visual Probe.
Cette analyse a permis de déterminer les paramètres de la tâche Visual Probe qui
maximiseraient la corrélation entre les biais attentionnels et la consommation d’alcool d’une
part, et la relation entre les biais attentionnel et le craving d’autre part. Plus précisément, nous
avons tenté de déterminer quel était le meilleur délai de présentation du probe, à savoir 500,
1000 ou 1500 ms.
Nous retrouvons une corrélation positive significative (r=0,313 ; p=0,15) entre l’OCDS
et l’indice de biais attentionnels calculé pour la paire d’images contituée d’une boisson
alcoolisée et d’un objet neutre en 1000 ms. Nous observons que la corrélation entre ce même
indice et la VAS, bien que non-significative (r=0,246 ; p=0,059), est positive et va donc dans
ce même sens. Cette dernière corrélation obtient une probabilité de dépassement seulement
légèrement supérieure au seuil déterminé dans cette recherche (p=0,05). Dès lors, nous
déterminons que les paramètres qui maximisent la corrélation entre les biais attentionnels et le
craving sont le temps d’apparition en 1000 ms et l’appariement associant une image de boisson
alcoolisée et un objet neutre.
17.3 NEUTRALITE DES IMAGES DE BOISSONS NON-ALCOOLISEES
Nous considérions deux types de stimuli neutres, à savoir des boissons non-alcoolisées
et des objets de la vie de tous les jours. Dès lors, il était question de déterminer si les biais
attentionnels issus de paires composées d’une boisson alcoolisée et d’une boisson non-
alcoolisée étaient statistiquement différents des paires composées d’une boisson alcoolisée et
d’un objet. Ce faisant, nous avons effectué une ANOVA à mesures répétées. Les résultats de
cette analyse nous ont de tolérer l’hypothèse d’égalité des moyennes des temps de réaction entre
les biais attentionnels de ces deux différentes sortes de paires (DL=1 ; F= 0,02 ; p = 0,884 ;
η²=0,001) mais aussi en fonction des temps d’apparition (variable TEMPS) (DL=2 ;F=0,2 ;
p=0,818 ; η²=0,002). On doit tolérer l’hypothèse de la nullité de l’interaction association x
temps puisque (DL=2 ;F=0,34 ; p=0,713 ; η²=0,003).
72
Ces résultats révèlent qu’il n’y a pas de différence significative entre ces deux types de
stimuli neutres dans une association avec une boisson alcoolisée. Cependant, nous avons vérifié
s’il existait une différence significative entre les temps de réaction à l’égard des boissons non-
alcoolisées et des objets neutres au sein des paires constituées d’une boisson non-alcoolisée et
d’un objet neutre. Les résultats concluent au rejet de l’égalité des moyennes des temps de
réaction à l’égard des images de boisson non-alcoolisées et d’objets neutres en fonction des
temps d’apparition DL= 2 ; F= 4,84 ; p=0,01, η²=0,039). C’est-à-dire que le statut neutre de la
boisson non-alcoolisée n’est pas absolu. En effet, nous supposions que la boisson non-
alcoolisée possédait des propriétés appétitives supérieures à celles d’un objet neutre de la vie
de tous les jours. Lorsque nous employions le terme d’appétence, nous n’avons pas pu
déterminer s’il était question d’un conditionnement dû à l’association courante de boissons non-
alcoolisées avec de l’alcool dans la vie de tous les jours ou s’il est question d’une appétence
inhérente à la boisson non-alcoolisée. Dès lors, cette distinction pourrait être un sujet, même
secondaire, dans de futures recherches. Cependant, les résultats montrent la nullité de
l’interaction entre le type de stimuli et le temps d’apparition (DL=2 ; F=0,54 ; p=0,572 ;
η²=0,004). Ces résultats peuvent s’expliciter en disant que les moyennes des biais attentionnels
doivent être considérées comme différentes en fonction des différents temps d’apparition, mais
que l’occurrence de ces différences parait similaire au sein des deux types de paires.
Nous retrouvons également une corrélation négative significative (r=-0,288 ; p=0,026)
entre l’indice de biais attentionnels calculé pour la paire d’images constituée d’une boisson non-
alcoolisée et d’un objet neutre en 1500ms et l’OCDS. C’est-à-dire que les participants avec un
score de craving plus élevé repondraient plus lentement aux sondes qui suivent les boissons
non-alcoolisées dans les paires associant boisson non-alcoolisée et objet neutre en 1500 ms.
Nous avons cependant relevé, à travers une analyse de variances à mesures répétées qu’il y
avait une différence de neutralité entre ces deux type de stimuli. De fait, les participants scorant
haut en craving avaient une tendance à présenter un biais attentionnel à l’égard des boissons
non-alcoolisées lorssqu’elles sont présentées simultanément avec des objets neutres.
Cependant, cette corrélation négative nous indique le contraire. Une piste quant à
l’interprétation de cette corrélation négative serait en lien avec le temps d’apparition. En effet,
dans cette corrélation, le temps d’apparition est de 1500 ms, donc nous pouvons supposer que
ces participants ont eu le temps de désengager leur attention de l’indice biaisé (ici la boisson
non-alcoolisée) ce qui ralentit leurs temps de réaction à son égard.
73
17.4. TÂCHE DE STOP SIGNAL
Les performances à la tâche de Stop Stop ont été mesurées sous forme de temps de
réaction aux mots liés à l’alcool et aux mots neutres, et de pourcentage d’erreur d’inhibition à
l’égard des mots liés à l’alcool et des mots neutres. Nous avons corrélé ces performances avec
l’AUDIT, l’OCDS et la VAS et il en était ressorti plusieurs corrélations significatives. Des
corrélations positives entre l’OCDS et le pourcentage d’erreur d’inhibition vis-à-vis des mots
neutres (r=0,334 ; p=0,009) et ainsi qu’entre l’OCDS et le pourcentage vis-à-vis des mots alcool
(r=0,257 ; p=0,048) sont ressorties. Ces résultats sont cohérents puisque des relations positives
significatives avaient aussi été observées, au sein du groupe exposé à l’alcool, entre le score au
craving et les pourcentages d’erreur pour les mots liés à l’alcool et les mots neutres par Kreusch
et al. (2017).
Cependant nous n’avons pas retrouvé de corrélation significative entre les mesures de
craving et le temps de réaction à l’égard des mots liés à l’alcool contrairement aux résultats de
l’étude de Kreusch et al. (2017). Les corrélations entre le temps de réaction à l’égard des mots
liés à l’alcool et l’AUDIT (r=-0,136 ; p=0,3) d’une part et l’OCDS d’une autre (r=-0,211 ;
p=0,105) bien que non-significatives, vont tout de même dans le sens de nos hypothèses de
recherche. En effet, ces résultats se traduiraient par une plus grande rapidité aux mots liés à
l’alcool dans les essais « Go » chez les participants avec un craving plus élevé.
En effet, des temps de réaction plus courts vis-à-vis de stimuli associés à l’alcool
suggèrent des biais attentionnels et d'approche, et des performances inhibitrices plus faibles
pour ces stimuli chez les participants présentant un craving élevé. De plus, il y avait une
corrélation significative entre le craving à l'alcool et les pourcentages d'erreurs pour les mots
liés à l’alcool. Comme le font remarquer Kreusch et al. (2017), il n'est pas surprenant que la
capacité d'inhiber une réponse vers une catégorie spécifique de stimuli soit liée à un état interne
tel que le craving. Par exemple, Pessoa (2009) a soutenu que l'état de motivation interagissait
directement avec les fonctions exécutives pour améliorer ou altérer les performances
comportementales selon les circonstances. La théorie de sensibilisation motivationnelle indique
également que la valeur motivationnelle d'un stimulus de récompense spécifique peut être
augmentée de façon ciblée par des états physiologiques pertinents impliquant une activation
mésolimbique (Berridge, 2007, Robinson et Berridge, 2003).
74
Cependant, la corrélation entre les temps de réaction à l’égard des mots liés à l’alcool
et la mesure du craving à la VAS n’est ni significative, ni négative (r=0,061 ; p=0,644). Dès
lors, il conviendrait de critiquer cette mesure de craving post-tâche qui ne semble pas être
idéale. De fait, nous avons mesuré le craving des participants à trois reprises à l’aide de la VAS.
À travers ces trois mesures, nous avions calculé un score composite de différence de craving
pour chaque tâche. Cependant, ce score n’était pas représentatif du niveau du craving puisqu’il
y avait eu une induction de craving de par plusieurs éléments. Premièrement, le titre de la
recherche comportait des éléments en lien avec la consommation d’alcool « influence de
l’alcool (…) », ensuite le questionnaire sur la consommation de substances contenait une partie
sur la consommation d’alcool. Effectivement, dans ce questionnaire, il était demandé aux
participants de détailler leur consommation en termes de fréquence et de quantité notamment
mais aussi sur la nature de celle-ci. Ils ont donc dû penser et retranscrire quel(s) type(s) d’alcool
ils consommaient usuellement ainsi que leurs trois boissons alcoolisées favorites. Finalement,
ils ont rempli le questionnaire OCDS concernant les pensées obsédantes et les envies
compulsives de consommer. Bien que ce dernier questionnaire soit utilisé aussi comme mesure
de craving, il est clair qu’il ne peut pas être considéré comme mesure fiable du craving pour les
mêmes raisons qui discréditent les mesures de la VAS. Par conséquent, les résultats concernant
les corrélations entre les biais et le craving sont à nuancer à cause de mauvaises mesures (en
plus de l’induction, il y a peut-être la présence de désirabilité sociale).
17.5. RELATION ENTRE LA TÂCHE DE VISUAL PROBE ET STOP SIGNAL
Ensuite, nous avons déterminé s’il existait une relation positive entre les mesures de
biais attentionnels issus de la tâche Visual Probe et celles du Stop Signal. Pour ce faire, nous
avons corrélé l’indice de biais attentionnels de la Visual Probe calculé pour la paire constituée
de boisson alcoolisée et d’objet neutre en 1000 ms (A-N 1000) avec les indices de biais à la
tâche de Stop Signal. Cependant, aucune des corrélations calculées n’a été significative. La
corrélation entre l’indice de biais attentionnels à la Visual Probe et le temps de réaction vis-à-
vis des mots liés à l’alcool était non-significative et quasi-nulle (r=-0,005 ; p=0,97) alors que
nous aurions dû retrouver une corrélation négative significative, qui se serait traduite par un
lien entre la présence de biais attentionnels vis-à-vis des images de boissons alcoolisées et une
plus grande rapidité à l’égard des mots liés à l’alcool. Aussi, la corrélation entre l’indice de
biais attentionnels de la Visual Probe et le pourcentage d’erreur d’inhibition vis-à-vis des mots
liés à l’alcool, en plus d’être non-significative, était négative même si elle est proche de 0 (r=-
75
0,058 ; p=0,66). Il est difficile d’interpréter ces résultats puisqu’ils apparaissent, au premier
abord, comme contradictoires si nous considérons que ces tâches évaluent les mêmes
composantes de l’attention. De ce fait, il serait intéressant, à l’avenir, de se questionner quant
aux méthodes d’évaluations de biais attentionnels. En effet, il faudrait définir exactement ce
que chacune mesure en termes de spécificité et de sensibilité.
17.6. NIVEAU D’ÉVEIL
Les résultats concernant les évaluations du niveau d’éveil aboutissent à une différence
des médianes entre le score à la première évaluation et le score à la seconde évaluation (T=-
239 ; p=0,003). Ce qui signifie qu’au fur à mesure de l’expérimentation, un effet de fatigue
s’est fait ressentir chez les participants. Cependant, nous pouvons voir au travers des statistiques
descriptives que le score maximum à chacune des quatre évaluations est de 7, qui correspond à
l’item « somnolent(e), mais pas de difficultés à rester éveillé(e) ». Dès lors, nous n’utiliserons
pas cette différence pour nuancer les résultats et les performances des participants.
18. LIMITES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
18.1. ÉCHANTILLONNAGE
Avant de conclure, il convient d’expliciter les limitations de cette étude. La principale
limitation concerne la petite taille de l’échantillon (n=60) qui pourrait causer une barrière à la
détection des effets principaux, des interactions et des corrélations. En outre, notre échantillon
était constitué principalement d’étudiants universitaires, et donc, nos résultats devraient être
étendus à d’autres populations de consommateurs d’alcool (dépendantes à l’alcool, des
personnes abstinentes, ainsi qu’à d’autres groupes d’âge, etc.).
Une limitation supplémentaire concerne les conditions expérimentales de la recherche
puisque l’étude s’est déroulée à domicile. Même si la pièce était agencée tel un local de testing,
elle ne remplissait cependant pas les critères d’un laboratoire stérile. Effectivement, Stacy et
Wiers (2010) ont démontré que les mesures implicites étaient très sensibles aux changements
subtils de contexte (Mitchell et al., 2003, Roefs et al., 2006). Aussi, une autre étude récente a
76
montré que les associations d'alcool évaluées à domicile (via un dispositif basé sur le Web
notamment) étaient plus étroitement liées aux comportements de consommation que les
associations évaluées dans un laboratoire contrôlé (Houben & Wiers 2008b).
Ensuite, ce qui représente également une limite au sein de notre étude est l’utilisation
du questionnaire de l’AUDIT. En effet, nous nous sommes basés sur une seule mesure auto-
reportée de la consommation d’alcool afin de constituer notre échantillon de notre recherche.
Les résultats obtenus à l’AUDIT pourraient, par conséquent, être biaisés par le phénomène de
désidérabilité sociale d’une part et mais aussi par la mauvaise estimation du sujet de sa propre
consommation (sous ou surestimée). D’autant plus que les participants étaient, pour la plupart,
des connaissances plus ou moins éloignées. Il semblerait intéressant, pour le coup, d’employer
une autre méthode pour évaluer plus objectivement la consommation des sujets de cette étude
qui sont, en partie, concernés par la problématique de binge drinking. Suite à cette limite, on
peut alors souligner qu’il n’était peut-être pas optimal de sélectionner les participants à l’aide
de ce questionnaire. Effectivement, il s’avère être trop restrictif et ne semble pas être adapté
pour l’évaluation de la consommation d’alcool au sein de la population étudiante. Il est à noter
également le manque de consensus quant au score seuil du questionnaire de l’AUDIT.
Effectivement, l’OMS recommandait un score-seuil de 11 ou plus dans son utilisation
originale même si le seuil généralement accepté pour identifier un potentiel problème d’alcool
chez l’adulte est de 8 (Reinert & Allen, 2002). Quant à Fleming et al. (1991), dans leur étude
au sein d’un échantillon d’étudiants, en comparant les scores à l’AUDIT avec les critères-
diagnostics du DSM, ont montré que l’AUDIT possédait une haute sensibilité (0,94) avec un
score-seuil de 8 mais seulement une spécificité modérée (0,66) suggérant d’utiliser un score-
seuil plus élevé. Ici, il n’était pas question de faire une étude sur le score-seuil de l’AUDIT,
c’est-à-dire d’analyser et comparer les courbes ROC (de l’anglais : Receiver Operating
Characteristic, caractéristique de fonctionnement du récepteur) afin d’évaluer
les caractéristiques de performance du test, en termes de sensibilité et de spécificité.
18.2. TÂCHE DE VISUAL PROBE
Une limite aussi est la fiabilité des mesures utilisées. Elles ont été évaluées pour chaque
paramètre de chaque tâche, cependant aucune valeur n’a montré une fidélité acceptable selon
77
Nunnally & Berstein (1994) (Alpha de Cronbach >0,70). Ces résultats nous poussent à nous
questionner sur l’efficacité des tâches que nous avons utilisées dans le cadre de cette recherche
quant à l’évaluation des biais attentionnels et d’approche
Une limitation fréquente dans de nombreuses recherches récentes sur les biais
attentionnels dans l’addiction est une vision trop simpliste de l'attention sélective et une
tendance à ignorer les distinctions importantes qui ont été faites entre les mécanismes impliqués
dans l'orientation initiale et le maintien de l'attention (par exemple Allport 1989). Il est clair
que, dans de futures recherches, il serait intéressant de définir ce que mesurent exactement
chaque méthode d’évaluation de biais et d’en définir précisément chacun de leurs paramètres.
Pour ce faire, il faudrait maximiser les études sur le sujet afin d’obtenir des résultats
convergents. Bien qu’il existe de nombreuses études et revues de la littérature sur l’évaluation
des biais cognitifs dans le cadre de l’addiction, les mécanismes de l’attention ne sont tout de
même pas complétement différenciés et distingués.
Il a été question dans cette étude de déterminer quels étaient les paramètres les plus
déterminants quant à l’apparition de biais attentions dans une tâche de Visual Probe, mais il est
évident qu’il y a eu, dès le début, des problèmes quant au montage de cette tâche. Il n’y a eu
aucun consensus quant à l’appariement des images entre elles. Il aurait été plus qu’utile et
nécessaire de procéder à la validation du matériel avant de son utilisation. Une limite
supplémentaire est que plusieurs images de boissons alcoolisées concernent des marques qui
sont étrangères et donc, certainement non-familières aux participants. En effet, quel est l’intérêt
de présenter une bouteille de bière si le participant, lui-même, ne sait pas que c’en est une ?
Aussi, les biais attentionnels peuvent être propres à une catégorie d’alcool et pas à tous les
alcools présentés. Par exemple, un étudiant baptisé à Liège aura plutôt tendance à focaliser son
attention sur une bouteille/cannette de bière plutôt que sur du champagne alors la présence de
ses biais attentionnels sera fonction des alcools présentés.
Une dernière limite à l’utilisation de la tâche de Visual Probe est que ces études se
servent uniquement d’images simples (un seul objet ou mot), faisant contraste avec la réalité
où une variété de stimuli se présentent simultanément et peuvent ou non faire l’objet de
traitement et d’inhibition (Stacy & Wiers, 2010). L’utilisation de la tâche de Visaul Probe révèle
que les participants ont tendance à rapidement diriger leur attention vers les stimuli simples liés
à l’alcool et qu’ils sont incapables de l’orienter ailleurs. Cela étant dit, pour qu’un biais
78
attentionnel soit considéré comme un facteur important dans le développement et le maintien
de comportements problématiques, sa présence doit aussi se manifester dans les activités plus
naturelles ayant lieu quotidiennement (Stacy & Wiers, 2010). Il faut donc promouvoir des
mesures de biais attentionnels plus proches de la nature et de sa complexité.
19. FUTURES RECHERCHES
Actuellement, le développement de nouvelles méthodes et plus particulièrement
l’immersion dans des environnements virtuels apporte aux chercheurs un nouveau cadre à
l’étude des biais cognitifs en lien avec les comportements de consommation d’alcool. Ainsi
Malbos, Boyer & Lançon (2013) décrivent l’idée princeps en réalité virtuelle comme la
recréation artificiellement et à des fins thérapeutiques des humains virtuels, des barmans de
synthèse, des clients irréels qui vont peupler les environnements artificiels représentant les
signaux déclenchant le craving. Ils décrivent que l’une des premières études pilotes a exposé
cinq sujets dépendants de l’héroïne à un environnement virtuel. Cette étude a retrouvé pendant
l’exposition et par des mesures physiologiques (rythme cardiaque, rythme respiratoire,
saturation en oxygène, tension artérielle) une activation très importante du système autonome
et les sujets ont exprimé des sensations désagréables et le désir impérieux d’utiliser de la
drogue (Kuntze et al., 2001). L’apparition de ce craving, alors que le sujet est dans une situation
virtuelle, a démontré l’emploi possible de la réalité virtuelle dans le cadre thérapeutique
d’exposition (Malbos, Boyer & Lançon, 2013). Ces auteurs rapportent également que
concernant la consommation compulsive d’alcool, un essai clinique a mis en évidence une
apparition de craving et de pensées centrées sur l’alcool lorsque 15 sujets étaient exposés à des
environnements virtuels évoquant le contexte de consommation (soirée, bar, cuisine, etc.). La
particularité de cette étude est la combinaison de la réalité virtuelle avec l’exposition à des
stimuli olfactifs (Ryan, Kreiner, Chapman & Stark-Wroblewski, 2010). Dans un contexte plus
thérapeutique, une étude de thérapie d’exposition aux signaux liés à l’alcool en réalité virtuelle
et s’effectuant sur 8 alcooliques en période d’abstinence a rapporté une diminution du craving
lié aux signaux externes (bar, bouteille…) (Lee, Kwon, Choi & Yang, 2007).
Si l’ensemble de ces études suggèrent une utilisation prometteuse de la réalité virtuelle
pour le traitement de l’addiction, des études cliniques comparatives restent à effectuer pour
démontrer une utilisation plus définitive de ce support (Malbos, Boyer & Lançon, 2013). En
79
effet, il est important de rappeler que l’environnement virtuel est, à la base, conçu pour traiter
les troubles anxieux.
20. IMPLICATIONS POUR LES INTERVENTIONS
Les recherches révèlent une meilleure compréhension des processus implicites qui
jouent un rôle dans les comportements addictifs. Nous nous demandons alors si ces résultats
seront utiles à des fins d’interventions. Selon Deleuze et al. (2013), les interventions basées sur
la réduction des biais attentionnels pourraient contribuer à réduire les risques de rechute chez
les personnes dépendantes. Le réentrainement attentionnel (AR : Attentional Retraining) fait
référence à l'utilisation de tâches modifiées pour changer les biais attentionnels, et est le plus
souvent réalisée à l'aide d'une tâche de Visual Probe modifiée (Kerst & Waters, 2014). Dans
cette approche, les tests utilisés pour évaluer un biais attentionnel (par exemple, un test de
Stroop ou Visual Probe) sont modifiés de sorte que l'attention est entraînée à l'écart du stimulus
associé à la substance.
Les premiers résultats de trois laboratoires différents sont très prometteurs: les gros
buveurs apprennent implicitement à détourner leur attention de l'alcool (Deleuze et al., 2013).
Field & Eastwood (2005) ont entrainé un groupe de gros buveurs sociaux à s’écarter des stimuli
d'alcool et à aller vers des stimuli neutres et un second groupe à s’orienter vers des stimuli
d’'alcool. Le premier groupe (entrainé vers les stimuli neutres) a présenté, par rapport au second
groupe, moins de biais attentionnels envers les stimuli d’alcool et a rapporté un craving
inférieur. En résumé, le réentrainement attentionnel pourrait être utile dans le traitement de la
toxicomanie. Ainsi, en complément des prises en charge traditionnelles, il pourrait améliorer
l'efficacité du traitement (Deleuze et al. 2013).
21. CONCLUSION
Les processus cognitifs implicites, mesurés avec une variété de stratégies différentes,
ont recueilli beaucoup de soutien dans la recherche cognitive de base dans de multiples
domaines de la psychologie et à travers des méthodes distinctement différentes (Stacy & Wiers,
2010). À la suite de cette recherche, les résultats obtenus permettent de confirmer une relation
80
positive entre la présence de biais attentionnels vis-à-vis de stimuli associés à l’alcool et le
craving au sein d’une population de jeunes adultes non-dépendants. Cependant, les résultats de
cette étude n’ont pas obtenu les effets escomptés en termes de taille, d’interactions et de
corrélations. Malgré cela, nous avons pu faire avancer la recherche quant au paramétrage
optimal d’une tâche de Visual Probe afin de maximiser l’évaluation de biais attentionnels. Nos
résultats ont montré qu’un temps d’apparition de 1000ms et qu’une association d’images
composée de boissons alcoolisées et d’objets neutres maximisaient la relation avec le craving.
Malgré tout, il est nécessaire de poursuivre les recherches afin de pouvoir développer cette
méthode dans le cadre de l’évaluation des biais attentionnels. L’étude exploratoire menée à
travers les pages de ce mémoire permettra, je l’espère, de fournir bon nombre de pistes pour les
recherches futures..
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96
VIII. ANNEXES
97
ANNEXE 1 : Questionnaire de sélection (screening) comprenant 3
pages (A. Données personnelles ; B. Antécédents médicaux ; C.
Consommation d’alcool ; Alcool Use Disorders Identification, AUDIT)
L’objectif de ce questionnaire est de recueillir des informations générales sur votre
consommation d’alcool. Ces renseignements seront traités de manière strictement anonyme et
confidentielle. Pour ce faire, cette page sera détachée des autres et conservée séparément.
A. Données personnelles
Q1. Nom et Prénom : ……………………………………………………
Q2. Sexe : Féminin Masculin
Q3. Date de naissance : ………/………/……… Age : ………………..
Q4. Nombre d’années scolaires réussies : ……………. (Exemple, réussite du primaire = 6 ans)
Q5. Profession actuellement exercée : ………………………..………………………………
Q6. Le français est-il votre langue maternelle : Oui-Non
Sinon, depuis combien d’années le parlez-vous ? ………………
Q7. Main de préférence : Droite Gauche
J’accepte – je n’accepte pas* que l’on me contacte pour participer à une expérience ultérieure,
dont la date sera fixée à ma meilleure convenance.
Si j’accepte, voici mon numéro de téléphone : …………………………………………………
* Biffer la ou les mention(s) inutile(s)
Rappel de vos droits :
➢ Vous avez le droit de mettre un terme à votre participation à tout moment sans devoir motiver votre décision ;
➢ Vous pouvez contacter le chercheur pour toute question ou insatisfaction relative à votre participation à une
de ses recherches ;
➢ Les données recueillies sont strictement confidentielles et il sera impossible à tout tiers non autorisé de vous
identifier.
98
B. Antécédents médicaux
Q8. Souffrez-vous actuellement ou avez-vous souffert d’un ou plusieurs troubles répertoriés ci-
dessous ? Oui-Non
Si oui, veuillez les indiquer et renseigner la date si nécessaire.
Traumatisme crânien/Commotion (DATE : …………….)
o Avec perte de connaissance ? Oui – Non
Atteinte cérébrale (chirurgie, tumeur, etc.…) (DATE : …………….)
Stress Post-Traumatique (DATE : …………….)
Intoxication au CO (DATE : …………….)
Trouble dysfonctionnel de l’attention avec hyperactivité (TDAH)
Epilepsie
Daltonisme
Dyspraxie, dyslexie ou dyscalculie
C. Consommation d’alcool
Les questions suivantes ont pour but d’évaluer vos habitudes de consommation en matière d’alcool.
Répondez à ces questions en vous référant à vos habitudes de consommation au cours de ces six derniers
mois. Nous entendons par « verre standard d’alcool », la quantité d’alcool contenue dans un verre servi
dans un débit de boisson.
Q9. En moyenne, combien de jours par semaine consommez-vous de l’alcool ? ………………..
Q10. Combien de verres standards d’alcool consommez-vous au cours d'une journée ordinaire où vous
buvez ?
1 ou 2
3 ou 4
5 à 6
7 ou 8
10 ou plus
Q11. Combien de verres standards d’alcool consommez-vous, en moyenne, sur une semaine ?
………………..
99
Pour chaque question, nous vous demandons d’entourer la réponse correspondant le mieux à votre
situation.
0 1 2 3 4
1. Quelle est la fréquence de votre consommation
d’alcool ? jamais
1 fois par
mois ou
moins
2 à 4 fois
par mois
2 à 3 fois
par
semaine
au moins 4
fois par
semaine
2. Combien de verres contenant de l’alcool
consommez-vous un jour typique où vous buvez ? 1 ou 2 3 ou 4 5 ou 6 7 ou 8 10 ou plus
3. Avec quelle fréquence buvez-vous six verres ou
d’avantage lors d’une occasion particulière ? jamais
moins
d’une fois
par mois
une fois par
mois
une fois
par
semaine
tous les
jours ou
presque
4. Au cours de l’année écoulée, combien de fois
avez-vous constaté que vous n’étiez plus capable de
vous arrêter de boire une fois que vous aviez
commencé ?
jamais
moins
d’une fois
par mois
une fois par
mois
une fois
par
semaine
tous les
jours ou
presque
5. Au cours de l’année écoulée, combien de fois
votre consommation d’alcool vous a-t-elle empêché
de faire ce qui était normalement attendu de vous ?
jamais
moins
d’une fois
par mois
une fois par
mois
une fois
par
semaine
tous les
jours ou
presque
6. Au cours de l’année écoulée, combien de fois
avez-vous eu besoin d’un premier verre pour
pouvoir démarrer après avoir beaucoup bu la veille ?
jamais
moins
d’une fois
par mois
une fois par
mois
une fois
par
semaine
tous les
jours ou
presque
7. Au cours de l’année écoulée, combien de fois
avez-vous un sentiment de culpabilité ou des
remords après avoir bu ?
jamais
moins
d’une fois
par mois
une fois par
mois
une fois
par
semaine
tous les
jours ou
presque
8. Au cours de l’année écoulée, combien de fois
avez-vous été incapable de vous rappeler ce qui
s’était passé la soirée précédente parce que vous
aviez bu ?
jamais
moins
d’une fois
par mois
une fois par
mois
une fois
par
semaine
tous les
jours ou
presque
9. Avez-vous été blessé ou quelqu’un d’autre a-t-il
été blessé parce que vous aviez bu ? non
Oui, mais
pas au
cours de
l'année
Oui, au
cours de
l'année
10. Un parent, un ami, un médecin ou un autre
soignant s’est-il inquiété de votre consommation
d’alcool ou a-t-il suggéré que vous la réduisiez ?
non
Oui, mais
pas au
cours de
l'année
Oui, au
cours de
l'année
Merci pour votre participation
100
ANNEXE 2 : Questionnaire de consommation de substances (alcool ;
Au travers de ce questionnaire, nous souhaitons caractériser votre éventuelle consommation de
substances (tabac, alcool, ecstasy, etc.). Ces renseignements seront traités de manière confidentielle et
anonyme.
A. Consommation d’alcool
Les questions suivantes ont pour but d’évaluer vos habitudes de consommation en matière d’alcool.
Répondez à ces questions en vous référant à vos habitudes de consommation au cours de ces six derniers
mois. Nous entendons par « verre standard d’alcool », la quantité d’alcool contenue dans un verre servi
dans un débit de boisson.
1. Combien d’unité standard de vin ou d’autres boissons dérivées du vin (Porto, Martini, etc.)
consommez-vous, en moyenne, au cours de la semaine ? ………………… unités
2. Combien d’unité standard de bière ou de cidre consommez-vous, en moyenne, au cours de la
semaine ? ………………… unités
3. Combien d’unité standard de spiritueux, avec ou sans soft (Whisky, Vodka, Gin, Rhum, Cognac,
Tequila, etc.) consommez-vous, en moyenne, au cours de la semaine ? ………………… unités
4. Combien d’unité standard d’alcopops (Bacardi, Smirnoff, ect.) consommez-vous, en moyenne, au
cours de la semaine ? ………………… unités
5. Mélangez-vous des boissons non-alcoolisées avec de l’alcool ? Si oui, quelles sont-elles ?
.......…………………………………………………………………………………………….
6. Combien de fois avez-vous été alcoolisé au cours de ces deux derniers mois ? ……………… jours.
Par alcoolisation, nous entendons une perte de la coordination, des nausées et/ou une inhabilité à
parler clairement.
Quelles sont vos trois boissons alcoolisées favorites (Par exemple : 1. bière, 2. vin rouge, 3. Gin) ?
1. ……………………………………..
2. ……………………………………..
3. ……………………………………..
101
B. Utilisation de drogues récréatives
Les questions qui suivent portent sur votre consommation de de drogues, d’une part, au cours de votre
vie et d’autre part, au cours de ces deux derniers mois. Certaines substances listées peuvent être
prescrites par un médecin (ex. calmants, etc.). Nous vous demandons de ne pas prendre en compte les
médicaments pris sur ordonnance médicale. Ici, c’est l’usage récréatif de ces drogues qui sera
investigué.
Parmi les substances suivantes, lesquelles avez-vous déjà consommées au cours de votre vie ? Cochez
s’il vous plaît une réponse pour chaque drogue
Jamais
1 ou 2
fois
Plus d’1
ou 2 fois
Utilisation
régulière
- Cannabis (marijuana, joint, etc.) o o o o
- Cocaïne ou crack o o o o
- Ecstasy (XTC) o o o o
- Champignon hallucinogène o o o o
- Hallucinogènes (Ex : LSD, PCP,
paddo’s,…) o o o o
- Stimulants dérivés des amphétamines
(Ex : speed, crystal meth,…) o o o o
- Calmant (Ex : Valium, Xanax,…) o o o o
- Opiacés (Ex : héroïne, opium, morphine,
Vicodin, OxyContin,…) o o o o
- Solvants volatiles (Ex : poppers, gaz,
colle,…) o o o o
- D’autres drogues de soirée (Ex :
kétamine, Rohypnol, GHB) o o o o
Au cours des deux derniers mois, déterminez quelle a été votre consommation des substances
mentionnées ci-dessous ? Cochez s’il vous plaît une réponse pour chaque drogue
Jamais 1 ou 2
fois
Plus d’1
ou 2 fois
Utilisation
régulière
- Cannabis (marijuana, joint, etc.) o o o o
- Cocaïne ou crack o o o o
- Ecstasy (XTC) o o o o
- Champignon hallucinogène o o o o
- Hallucinogènes (Ex : LSD, PCP,
paddo’s,…) o o o o
- Stimulants dérivés des amphétamines
(Ex : speed, crystal meth,…) o o o o
- Calmant (Ex : Valium, Xanax,…) o o o o
- Opiacés (Ex : héroïne, opium, morphine,
Vicodin, OxyContin,…) o o o o
- Solvants volatiles (Ex : poppers, gaz,
colle,…) o o o o
- D’autres drogues de soirée (Ex :
kétamine, Rohypnol, GHB) o o o o
102
C. Consommation de tabac
Les questions qui suivent portent spécifiquement sur votre consommation de tabac
Actuellement, fumez-vous du tabac ? Oui-Non
Si non, veuillez-vous rendre à la question 5
Si oui, à quelle fréquence :
1. Rarement : une ou deux fois tous les 3 mois
2. Occasionnellement/mensuellement : une ou deux fois par mois
3. Hebdomadaire : une à quatre fois par semaine
4. Chaque jour ou presque chaque jour : cinq à sept jours/semaines
Si vous avez coché les réponses 3 ou 4.
• Quel est le nombre moyen de cigarettes fumées par jour :……………
• A quel âge avez-vous commencé à fumer ? …………….
Si vous ne fumez pas, plus actuellement, êtes-vous un ancien fumeur ? Oui-Non
• Si oui, combien de cigarettes fumiez-vous par jour ? …………….
• Pendant combien de temps avez-vous fumé ? : ……………. ans
• Quand avez-vous arrêté ? En …………………………. (mois/années)
103
ANNEXE 3 : Obsessive Compulsive Drinking Scale (OCDS)
104
105
ANNEXE 4 : Karolinska Sleepiness Scale (KSS)
Veuillez, sur l’échelle suivante, entourer le chiffre correspondant le mieux à votre niveau
d’éveil actuel.
106
ANNEXE 5 : Visual Analogue Scale (VAS)
107
RÉSUMÉ
Introduction : Dans le cadre de cette recherche, nous portons notre regard sur l’évaluation de
biais cognitifs (biais attentionnels et le biais d’approche) dans une population de jeunes adultes
non-dépendants. Ces mécanismes implicites se traduisent par une focalisation attentionnelle et
motrice face aux stimuli environnementaux associés à l’alcool. Selon la théorie de Robinson et
Berridge (1993), la consommation de substances va, par conditionnement classique, permettre
aux indices associés à l’alcool d’acquérir une plus grande valence motivationnelle, contribuant
à un haut craving à l’égard de l’alcool. Cette étude exploratoire a pour objectif de déterminer
les paramètres d’une tâche de Visual Probe (en termes de type de stimuli et temps d’apparition)
qui maximisent la corrélation entre les biais attentionnels, le craving et les comportements vis-
à-vis de l’alcool. Aussi, la comparaison des résultats du Visual Probe à ceux d’une tâche de
Stop Signal, destinée à mesurer les biais attentionnels et d’approche, permettra de déterminer
si notre tâche exploratoire mesure effectivement des biais attentionnels.
Méthode : Les participants ont été recrutés au préalable par le biais d’un pré-questionnaire sur
leur consommation d’alcool, afin de sélectionner ceux qui feront l’objet de cette étude. Dans
un second temps, ils ont rempli des questionnaires sur leur consommation, leur niveau de
craving (OCDS et VAS) et d’éveil. Par la suite, ils ont été soumis à une tâche informatisée de
Visual Probe, ainsi qu’à une tâche de Stop Signal. Directement après les tâches informatisées,
la Visual Analogue Craving Scale (VAS) leur a était ré-administrée afin d’évaluer leur envie
de boire. Pour finir, les participants ont répondu à des questionnaires qui visaient à évaluer
l’anxiété, l’impulsivité et la dépression.
Résultats : Le paramètre le plus optimal dans l’évaluation de biais attentionnels à l’aide d’une
tâche de Visual Probe semble être l’appariement d’une boisson alcoolisée et d’un objet neutre
du quotidien avec un temps d’apparition de 1000 ms. Nous n’avons pas retrouvé de relations
positives entre les mesures de biais cognitifs à chacune des tâches. Mais, de manière générale,
les participants présentaient davantage de biais attentionnels vis-à-vis de stimuli associés à
l’alcool lorsque leur craving était élevé.
Conclusion : Cette étude exploratoire a permis d’atteindre notre objectif principal quant au
paramétrage optimal d’une tâche de Visual Probe. Cependant, de futures recherches sont
nécessaires afin de pouvoir affiner et perfectionner les méthodes d’évaluation de biais
attentionnels dans l’addiction. Des technologies plus représentatives de la complexité de la
nature sont à promouvoir dans l’étude de ce domaine comme l’étude du comportement oculaire
(eye tracking) et la réalité virtuelle.