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VERS UNE SOCIETE DE LA LECTURE

OBJECTIFS POUR LES ANNEES 80

UN PROGRAMME D'ACTION

UNESCO

TABLE DES MATIERES

Page

INTRODUCTION 3

PREPARATION D U CONGRES MONDIAL D U LIVRE 4

RESULTATS DU CONGRES MONDIAL DU LIVRE 6

Recommandation générale 7

La Déclaration de Londres : Vers une société de la lecture 16

Rapport final 18

VERS UNE SOCIETE DE LA LECTURE : OBJECTIFS POUR LES ANNEES 80 18

1. Formulation de stratégies nationales du livre 21

2. Reconnaissance du rôle vital de l'industrie du livre 27

3. Introduction de nouvelles techniques dans le circuit du livre 34

4. Création d'un environnement favorable à la lecture dans tous les types de société et à tous les niveaux 36

5. Stimulation de la coopération internationale en vue de consolider les capacités nationales dans le domaine du livre 40

6. Intensification de l'échange international du livre 42

ANNEXE

Liste des documents du Congrès mondial du livre, Londres, 7-11 juin 1982

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I N T R O D U C T I O N

lia Conférence générale de l'Unesco, à sa seizième session (1970), avait décidé à l'unanimité de proclamer 1972 "Année internationale du livre", et elle avait choisi quatre thèmes : 1. Mesures à prendre pour encourager les activités des écrivains et des traducteurs en tenant dûment compte de la nécessité de protéger le droit d'auteur ; 2 . Production et distribution des livres, y compris le développement des bi­bliothèques ; 3. Mesures à prendre pour développer l'habi­tude de la lecture ; 4 . Les livres au service de l'éducation, de la compréhension internationale et de la coopération pacifique.

U n Comité de soutien pour l'Année internationale du livre, créé par les organisations professionnelles interna­tionales concernées, a défini une Charte du livre, premier document de cette nature à être approuvé à l'échelle m o n ­diale par les associations professionnelles.

L'Année internationale du livre a marqué une étape importante dans la mise en oeuvre des activités de la com­munauté internationale en faveur de la promotion du livre. Elle a insufflé une vigueur et un élan nouveaux au pro­gramme de l'Unesco pour stimuler la production et la dis­tribution des livres dans les pays en développement, mais elle a également attiré l'attention sur la nécessité de ra­tionaliser et de rassembler tous les efforts entrepris dans les diverses sphères d'activité correspondantes. Les organi­sations internationales, gouvernementales ou non, ont montré le même souci d'harmoniser et de faire fusionner les actions.

Les résultats de l'Année internationale du livre/1 ont fourni à la Conférence générale les bases d'un plan d'action intitulé "Des livres pour tous", qu'elle a approuvé à l'una­nimité lors de sa dix-septième session, en 1972. Ce plan avait quatre objectifs principaux, correspondant aux quatre thèmes de l'Année internationale.

Tel a été le point de départ de dix ans d'efforts accrus en faveur de la promotion du livre. Avec le soutien et l'appui de l'Unesco, des centres régionaux pour le déve­loppement du livre ont été créés à Yaounde et Bogotá (en plus de celui de Tokyo, qui existait depuis 1969), et de nombreux pays ont institué des conseils nationaux pour le développement du livre. Le rôle de l'Unesco était essen­tiellement de stimuler, harmoniser et soutenir les actions

1. L'impact de l'Année internationale du livre a été évalué dans "Anatomie d'une Année internationale - Année du livre 1972", Paris, Unesco, 1975.

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menees par la communauté internationale. L'exécution de ce programme a mis en évidence le fait qu'une production accrue de livres ne répondait que partiellement au problème consistant à mettre en présence livres et lecteurs. Une approche interndisciplinaire et un plus grand nombre d'ac­tivités concrètes devenaient nécessaires pour faire face à la demande croissante des Etats membres. Le moment était venu de faire le point sur l'oeuvre accomplie à travers le monde au cours de la dernière décennie, et de définir de nouveaux objectifs pour les années 80, en réponse aux défis auxquels le livre allait être confronté dans l'avenir. Pour connaître l'opinion des organisations professionnelles concernées, le Comité international du livre/l a été consulté, lors de sa réunion de 1979 à Budapest. Il est ressorti de ces discus­sions qu'un large échange de vues et de données d'expé­rience était nécessaire entre les spécialistes de toutes les professions engagées dans la production et la distribution de livres - auteurs, traducteurs, éditeurs, libraires et bibliothécaires - et qu'un congrès mondial offrirait une utile tribune internationale à cet effet. En conséquence, en 1980, à sa vingt et unième session, la Conférence générale a approuvé l'organisation en 1982 d'un "Congrès mondial de spécialistes du livre afin d'évaluer les progrès accomplis dans le domaine de la promotion du livre au cours des dix années écoulées depuis l'Année internationale du livre" (1972).

P R E P A R A T I O N D U C O N G R E S M O N D I A L D U LIVRE

Dès novembre 1979, une réunion régionale avait eu lieu à Santiago pour évaluer les progrès réalisés en Amérique la­tine depuis le début de l'Année internationale et pour re­commander, à la lumière de l'impact des technologies nou­velles sur l'industrie du livre et sur les lecteurs, de nouvelles actions en faveur de la promotion du livre et de la lecture. Des réunions analogues ont été organisées pour l'Afrique, à Dakar, en février 1981, pour l'Asie et le Pa­cifique, à Karachi, en avril 1981, pour les Etats arabes, au Siège de l'Unesco, en juin 1980, et pour les Caraïbes, à Kingston, en novembre 1981.

1. U n Comité international du livre (CIL) a été créé en 1973 dans le prolongement du Comité de soutien pour l'Année internationale du livre. Il est composé de représentants des associations d'auteurs, de tra­ducteurs, d'éditeurs, de libraires, de bibliothécaires, et d'associations pour la lecture et d'associations de production de livres pour enfants.

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Lors de ces réunions, on a passé en revue la situation actuelle des livres et de la lecture dans la région concer­née, en inventoriant les obstacles qui entravent encore la mise en place ou l'essor d'industries nationales du livre, et en suggérant des mesures destinées à les surmonter. Bien que chaque réunion ait émis des recommandations devant permettre de triompher des difticultés dans sa propre ré­gion, toutes les régions ont abouti sur bien des points aux mêmes conclusions. Toutes les assemblées ont d'abord affir­mé être convaincues de l'importance du livre pour le déve­loppement social et économique, et donc de la nécessité que les gouvernements reconnaissent le rôle vital des livres dans tous les efforts nationaux pour éliminer l'analphabé­tisme, assurer l'éducation permanente, promouvoir le déve­loppement culturel et favoriser le progrès scientifique et technologique. Elles ont aussi indiqué qu'une action coor­donnée des secteurs public et privé était nécessaire, en considérant que la meilleure façon d'y arriver était d'éla­borer une stratégie et une méthodologie à l'échelon national. Il est également ressorti de ces réunions qu'il y avait dans chaque région suffisamment d'éléments communs pour per­mettre une coopération régionale dans certains domaines, comme celui des projets de coéditions. Toutes ces assem­blées régionales ont salué le projet de l'Unesco d'organiser un congrès mondial du livre en 1982, comme l'occasion pour tous ceux qui, de par le monde, sont concernés par le dé­veloppement du livre, de discuter de leurs problèmes et d'en chercher la solution.

D'autres réunions ont été organisées pour préparer le Congrès mondial, parmi lesquelles une consultation inter­nationale qui s'est tenue au Siège de l'Unesco en décembre 1980 pour définir les principales questions qui seront dis­cutées lors du Congrès, et les réunions annuelles du Comité international du livre qui ont eu lieu en juin 1980 au Siège de l'Unesco et en octobre 1981 à Washington, au centre du livre de la bibliothèque du Congrès. Pendant cette dernière réunion, le Comité a désigné certains aspects précis sur lesquels il lui paraissait devoir mettre l'accent, en par­ticulier le fait que le besoin d'une stratégie globale en la matière était tout aussi grand dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Il a également souli­gné l'importance de la qualité des manuels scolaires et la nécessité de coordonner la production de manuels et le dé­veloppement des réseaux de bibliothèques scolaires.

Une consultation internationale sur l'avenir du livre, qui a eu lieu à Paris en mai 1981, a réuni des spécialistes de diverses professions se rapportant aux livres et à la lec­ture, venus de différentes régions du monde. Deux grands thèmes de recherche ont été définis : d'une part, les aspects sociologiques liés à l'avenir de la lecture, et la

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manière dont les technologies nouvelles risquent de freiner ou de stimuler le développement de la lecture ; d'autre part, les aspects technologiques - possibilités de la tech­nologie nouvelle et son utilisation pour remplacer les livres ou en modiner le rôle dans les domaines de l'éducation, de l'information et de la culture, ainsi que les problèmes actuels d'approvisionnement en livres qui pourraient être résolus par l'application de ces technologies. Les résultats des recherches entreprises à la suite de cette réunion ont été portés à la connaissance des participations au Congrès./l

Toujours en vue du Congrès, on a entrepris d'étudier la situation actuelle en Afrique, en Asie et dans le Paci­fique, en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Europe, et on a également fait le point de la situation du livre à l'échelle mondiale. D'autres études ont porté sur la cir­culation internationale des livres, sur le livre dans le contexte de la révolution informatique, sur la préparation, la production et la distribution des manuels scolaires./2

R E S U L T A T S D U C O N G R E S M O N D I A L D U LIVRE

L'Unesco a organisé du 7 au 11 juin 1982, à Londres (Royaume-Uni), un Congrès mondial du livre. Ce congrès avait pour objet de "comparer les résultats obtenus dans diverses régions du monde, de déterminer les principaux obstacles qui s'opposent encore à la création d'industries du livre et de recommander les mesures qui pourraient être envisagées au niveau national, régional et mondial en vue de surmonter ces obstacles".

Trois cent quinze participants et observateurs venant de 92 pays ont assisté au Congrès, dont 214 spécialistes invités par le Directeur général, à titre personnel, et des représentants et observateurs de 20 Etats membres et du Saint-Siège, de 3 organisations du système des Nations Unies, de 6 organisations intergouvernementales et de 15 organisations internationales non gouvernementales. Parmi les participants, on comptait des auteurs, des éditeurs, des imprimeurs, des libraires, des bibliothécaires, des éduca­teurs, des représentants officiels de gouvernements, et des membres de la communauté intellectuelle en général.

T~. Voir la liste des documents en Annexe. 2 . Certaines de ces études ont été publiées et on peut se

les procurer en s'adressant à la Division de la pro­motion du livre et des échanges culturels internatio­naux, Unesco, Place de Fontenoy, 75700 Paris, France (voir la liste des documents en Annexe).

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Les participants ont eu à examiner un document de tra­vail en deux parties établi par le Secrétariat pour servir de base de discussion. La première partie de ce document, inti­tulée "L'Année internationale du livre : dix ans après", comportait une analyse des tendances actuelles ainsi que les prévisions pour l'avenir, et proposait une approche inter­disciplinaire des principaux problèmes intervenant dans la diffusion du livre et de la lecture. La seconde partie du document était intitulée "Vers une société de la lecture : objectifs pour les années 80" ; à partir de l'examen de la situation actuelle du livre et de la lecture, elle proposait des mesures destinées à surmonter les obstacles au dévelop­pement du livre dégagés dans la première partie, ainsi qu'un nouveau programme d'action ayant pour objectif l'avè­nement d'une "société de la lecture".

A la fin des délibérations, le Congrès a adopté par acclamation la Recommandation générale dans laquelle il re­commande aux gouvernements, et à tous ceux qui sont inté­ressés par la création, la production, la distribution et l'utilisation des livres, qu'ils entreprennent une série d'actions et qu'ils souscrivent aux objectifs proposés pour les années 80 et s'efforcent de les mettre en oeuvre. Le Congrès a en outre recommandé à l'Unesco de prendre ces objectifs en considération pour la formulation de ses pro­grammes futurs en matière de promotion du livre et de la lecture.

Recommandation générale

Le Congrès,

1. Convaincu de la prééminence du livre en tant que véhi-cule d'information, d'éducation et de recherche, et en tant que source de culture et de divertissement, au service du développement national et de l'épanouisse­ment de la personne humaine, propre à favoriser une meilleure compréhension entre peuples de différentes nations et cultures et à renforcer le désir de paix dans l'esprit des hommes, objectifs auxquels l'Unesco consacre ses efforts,

2 . Se félicitant de l'initiative prise par l'Unesco de lancer, à l'occasion de l'Année internationale du livre (1972), le programme d'action "Des livres pour tous" qui a été le point de départ d'une décennie d'efforts intenses en faveur de la promotion du livre à travers le monde, et de l'appui donné à cette action par le Comité international du livre, auteur de la "Charte du livre", dont les principes ont été adoptés par les

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organisations professionnelles internationales, et de­meurent valables,

3. Se félicitant également des progrès accomplis en m a ­tière de promotion du livre et de la lecture depuis l'Année internationale du livre (1972), grâce à l'action de l'Unesco, des conseils nationaux de promotion du livre, des institutions nationales à vocation culturelle, des associations professionnelles et des organismes spécialisés en matière de production de livres,

4 . Se félicitant en outre de l'action de soutien de l'Unesco en faveur du programme sur l'Accès universel aux pu­blications, qui a donné lieu à la convocation d'un C o n ­grès international qui s'est tenu à Paris (3-7 mai 1982),

5. Notant toutefois

(a) qu'en dépit des efforts accomplis pour éliminer l'ignorance, l'analphabétisme et la pauvreté, de nombreux besoins restent à satisfaire en matière de livres,

(b) que, malgré une diminution du taux d'anal­phabétisme, la croissance de la population mon­diale a entraîné une augmentation du nombre d'analphabètes,

(c) que, malgré l'augmentation de la production m o n ­diale de livres et la progression de la production de livres dans les pays en développement, il n'en existe pas moins un écart sensible entre la pro­duction des pays industrialisés et celle des pays en développement,

(d) que la faim de lire, constatée au cours de l'Année internationale du livre, persiste, notamment dans beaucoup de pays en développement,

(e) que, même dans les sociétés à majorité d'alphabètes et où les livres sont en nombre suffisant, beau­coup de lecteurs potentiels ne se rendent pas compte, faute d'un environnement favorable à la lecture, des avantages que leur offre le livre, si bien que l'on y rencontre un fort pourcentage de non-lecteurs,

6. Considérant

(a) que le développement de l'industrie du livre dans certains pays en développement est entravé par de nombreuses contraintes techniques et financières et

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que certains des changements technologiques actuels peuvent constituer un obstacle au déve­loppement du livre dans ces pays,

(b) que, bien que les progrès techniques ouvrent de nouvelles perspectives en permettant une trans­mission et une diffusion plus rapides et à coût réduit des informations et des idées au moyen des livres ou d'autres supports ainsi qu'une amelio­ration considérable au niveau des bibliothèques, des services bibliographiques et de documentation, qui seuls peuvent assurer un accès efficace aux livres, les pays en développement continuent de faire face à une pénurie de l'équipement nécessaire pour produire des livres,

(c) que les pays en développement peuvent également ne pas disposer d'un nombre suffisant de spécia­listes pour assurer le fonctionnement d'ateliers d'imprimerie et pour fournir la base professionnelle indispensable aux auteurs, traducteurs, illustra­teurs, éditeurs, libraires et bibliothécaires,

(d) que, bien qu'il existe déjà des programmes de for­mation dans ces domaines, la nécessité demeure de développer et d'améliorer ces programmes,

(e) que le transfert d'informations et de connaissances ainsi que la poursuite et la diffusion des re­cherches qui revêtent une importance fondamentale pour le développement scientifique, technologique, économique et social des pays développés comme des pays en développement dépendent dans une large mesure de l'établissement de réseaux de bi­bliothèques disposant de nombreuses collections, alors que de plus en plus de bibliothèques, par suite de difficultés financières croissantes, se voient contraintes de réduire leurs acquisitions, ce qui a pour eftet de créer un obstacle supplémen­taire au développement de l'industrie du livre,

(f) que, bien que l'on ait enregistré de nouvelles adhésions aux conventions internationales sur le droit d'auteur et que certains Etats aient manifesté leur intention de devenir partie à ces conventions dans un proche avenir, les droits des auteurs ainsi que ceux d'autres ayants droit se voient actuellement menacés par une piraterie croissante et par une utilisation illégale de leurs oeuvres,

7 . Soulignant l'apport unique des livres à la communi­cation des idées et des faits dans le temps et l'espace

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et le fait que le contenu des livres contribue de façon sensible à une appréciation mutuelle des cultures et, partant, à une meilleure compréhension internationale et à la sauvegarde de la paix,

Soulignant également l'importance que présente pour les pays en développement comme pour les pays indus­trialisés une action concertée des gouvernements et des divers secteurs de l'industrie du livre pour la création d'industries nationales du livre, saines et capables de produire et de distribuer tous les livres nécessaires pour satisfaire aux besoins de la communauté dans son ensemble,

Note avec grande satisfaction que le Programme inter­national pour ïë développement de la communication (PIDC) vise également à accroître les capacités de pro­duction de livres dans les pays en développement et que le Compte spécial créé par le Directeur général de l'Unesco dans le cadre de ce Programme pourrait aussi financer des projets de développement du livre ;

Recommande que soit reconnue l'importance du contenu des livres pour l'épanouissement de l'individu, la transmission des valeurs historiques, le développement de la conscience artistique et spirituelle, le progrès économique et social, la compréhension internationale et la paix ;

Recommande aux gouvernements et à tous ceux qui sont intéressés à la création, à la production, à la distribution et à l'utilisation des livres qu'ils souscrivent aux objectifs pour les années 8ÏÏ définis dans le document intitulé "Vers une société de la lec­ture" et s'efforcent de mettre en oeuvre ces objectifs qui visent à :

(a) la formulation de stratégies nationales du livre pour assurer une approche intégrée et d'ensemble ainsi que l'adoption de mesures appropriées pour contribuer à résoudre les problèmes de l'accès au livre, de sa production et de sa distribution ;

(b) la reconnaissance du rôle vital de la production et de la distribution du livre dans le développement national par les gouvernements qui devront encou­rager la création littéraire endogène, fournir les matières premières, l'équipement et les facilités de crédit nécessaires à la production de livres et assurer la mise en place et l'amélioration des pro­grammes et moyens de formation ;

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(c) l'introduction des nouvelles techniques dans le circuit du livre de manière à tirer parti des pers­pectives qu'elles offrent à toutes les étapes de la production et de la distribution du livre ;

(d) la création d'un environnement favorable à la lec­ture dans tous les types de société et à tous les niveaux qui s'établirait dès la période préscolaire et se poursuivrait dans toutes les étapes de la for­mation scolaire, extrascolaire et permanente, de manière à englober toutes les catégories de lec­teurs, y compris les néo-alphabètes, les groupes linguistiques minoritaires, les immigrants, les lecteurs débutants et les malvoyants ;

(e) la stimulation de la coopération internationale en vue de consolider les capacites nationales dans le domaine du livre eü mettant l'expérience, îë savoir-faire êTj si nécessaire, les équipements existant dans certains pays à la disposition de certains autres ;

(f) l'intensification de l'échange international des livres par-delà les frontières par la ratification par tous les pays des textes normatifs destinés à sup­primer les obstacles aux échanges de livres de par le monde ;

12. Recommande en outre aux gouvernements et à tous ceux qui sont intéressés à la création, à la production, à la distribution et à l'utilisation des livres

(a) d'oeuvrer de concert, en un effort c o m m u n et sou­tenu, au niveau national et international, dans un esprit de coopération mutuelle, pour créer une so­ciété de la lecture au cours de la prochaine décennie ;

(b) que les écrivains, les traducteurs, les illustrateurs et autres artistes bénéficient de mesures d'encou­ragement et que des dispositions soient prises afin d'améliorer la circulation de l'information sur le livre, et faciliter l'accès au livre au moyen des bibliothèques et des librairies ;

(c) que les législations nationales assurent l'application des principes en vigueur en matière de droit d'au­teur qui constituent le fondement juridique pour une plus large diffusion de la littérature et des idées au niveau national et international et que, tout en veillant à protéger pleinement les oeuvres des écrivains, traducteurs, illustrateurs et autres

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artistes, les mesures commerciales appropriées et nécessaires pour assurer la diffusion d 'un large éventail de livres soient reconnues, et que l'on encourage une large diffusion de ces oeuvres ;

(d) que les pays qui n'ont pas encore de législation sur le droit d'auteur, ou dont la législation est périmée ou inadaptée, promulguent des lois ou re­manient la législation nationale de manière con­forme aux conventions internationales sur le droit d'auteur en vigueur, et en particulier aux textes révisés en 1971, en faveur des pays en développement ;

(e) que, étant donné que l'Accord de Florence et son Protocole ont pour effet de réduire le coût des livres en supprimant les droits et redevances à l'importation et élargissent, ce faisant, sensi­blement l'accès aux livres, notamment dans les catégories à faible revenu, les gouvernements étudient toutes les possibilités d'étendre le principe et l'esprit de l'Accord de Florence et s'abstiennent aussi de frapper la circulation intérieure des livres de tous droits, taxes ou redevances, directs et indirects ;

(f) que , pour maintenir les frais d'affranchissement et d'acheminement des livres au niveau le plus bas possible, les organismes compétents de tous les pays fassent pression sur leurs gouvernements afin que l'on évite de percevoir des taxes de réception sur les livres au point de destination et, à tout le moins, afin que ces taxes ne soient pas majorées au prochain Congrès de l'Union postale universelle, en 1984 ;

(g) que ceux qui disposent de moyens d'encourager l'utilisation de livres reconnaissent l'importance des circuits de distribution, en particulier les librairies et les bibliothèques, à qui il appartient de stocker et d'exposer les livres, et fournissent les compé­tences nécessaires pour que l'éventail le plus large possible de livres soit mis à la disposition de la communauté ;

(h) que soit reconnu le rôle prépondérant des biblio­thèques scolaires et publiques dans la fourniture de livres au public, et notamment aux travailleurs immigrants des pays industrialisés, aux handicapés et aux néo-alphabètes, et que de telles biblio­thèques soient créées et reçoivent un soutien ;

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(i) que dans les sociétés qui, pour l'essentiel, n'ont jusqu'ici pas été alphabétisées et cherchent dé­sormais à instaurer des normes en matière d'alpha­bétisation, les méthodes adoptées pour répondre à leurs besoins de livres cherchent à établir un lien entre la communication orale traditionnelle et le mot imprimé, de manière que ce dernier soit plus aisé­ment accessible et acceptable à tous ;

(j) que la production et la distribution, par l'industrie nationale du livre, de manuels scolaires et d'ou­vrages de base de bonne qualité, qui demeurent un des moyens les moins coûteux et les plus effi­caces d'instruire les enfants et d'améliorer le niveau des connaissances, soient encouragées et soutenues ;

(k) que les actions entreprises pour inciter les enfants et les jeunes à lire en encourageant la création, la production et la distribution de livres pour enfants, notamment dans les langues nationales, soient poursuivies, en tenant compte de l'impor­tance du livre en dehors du système éducatif ;

(1) que, pour assurer le transfert eftectif d'infor­mations qui répondent aux besoins de la c o m m u ­nauté dans son ensemble, une attention particulière soit accordée à l'implantation de réseaux de dis­tribution dans les zones urbaines et rurales, et notamment de réseaux efficaces de bibliothèques dotées de ressources suffisantes pour répondre aux besoins de toutes les catégories de lecteurs et poursuivre l'évolution de l'art, de la philosophie et de la recherche scientifique et spécialisée ainsi que la publication des résultats de ces travaux ;

(m) qu'avec tout le respect dû. à l'écrivain et à son art, le potentiel offert par les nouvelles techniques soit pleinement exploité dans toutes les étapes du processus de fabrication et de distribution du livre afin de permettre une production à coût réduit d'ouvrages littéraires de grande diffusion et de livres spécialisés à tirage limité ;

(n) qu'une attention particulière soit accordée à la distribution des livres des pays en développement et, pour ce faire, que les organismes responsables de l'édition, de la fabrication et de la distribution de livres dans les pays industrialisés puissent contribuer, d'une part à la diffusion des livres des pays en développement et, d'autre part, à

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l'établissement de structures d'édition, de fabri­cation et de distribution propres à ces pays ;

(o) qu'un dialogue fécond s'instaure entre les gouver­nements et l'industrie du livre pour garantir une pleine utilisation des moyens disponibles et que l'infrastructure existante de l'industrie nationale du livre soit renforcée afin que chaque pays pos­sède sa propre industrie et puisse ne pas dé­pendre uniquement de celles d'autres pays ;

13. Recommande à l'Unesco

(a) de prendre en considération les objectifs et re­commandations susmentionnés pour formuler les programmes futurs de l'Organisation en matière de promotion du livre et de la lecture ;

(b) d'user de son prestige et des moyens dont elle dis­pose pour stimuler, encourager et appuyer l'acti­vité des gouvernements et des organisations pro­fessionnelles tendant à renforcer la production et la distribution de livres et inviter toutes les parties intéressées non seulement à produire des livres pour répondre aux besoins existants mais également à développer le goût de la lecture ;

(c) d'encourager les Etats membres, en tenant compte de leurs particularités propres, à accorder une attention particulière au rôle spécial des livres dans la vie nationale et internationale, notamment dans le cadre des plans nationaux de développe­ment, en veillant, autant que possible, à ce que les livres de toutes sortes ainsi que les équipe­ments et matériaux nécessaires à leur production soient exonérés de taxes internes, exempts de droits de douane, de restrictions monétaires et de toutes formes de contrainte, et que les coûts de transport soient réduits, afin de stimuler la création, la production et la diffusion des livres à l'intérieur des frontières nationales et par-delà ces frontières ;

(d) que l'Organisation encourage les Etats membres qui ne l'auraient pas encore fait à ratifier l'Accord de Florence et son Protocole et à en appliquer les dispositions ;

(e) qu'une attention particulière soit accordée aux programmes visant à l'éradication de l'analphabé­tisme, qu'une aide substantielle soit apportée aux programmes de production de matériels de lecture à

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l'intention des néo-alphabètes de façon à leur per­mettre de maintenir et de développer leur aptitude à la lecture ;

(f) d'encourager la formation de traducteurs dont la contribution est essentielle à la production d u livre et l'échange de traductions à travers le m o n d e ainsi que la recherche de solutions aux problèmes de traduction et de terminologie qui se posent aux pays en développement, notamment en ce qui con­cerne les ouvrages scientifiques et techniques ;

(g) d'examiner la possibilité d'inclure, dans la col­lection de l'Unesco des oeuvres représentatives, une collection spéciale de livres pour enfants ;

(h) de continuer à rechercher des ressources extra­budgétaires pour financer les projets de déve­loppement du livre, notamment dans le cadre du Programme international pour le développement de la communication ;

(i) étant donné que la pénurie de papier et que sa qualité sont des données essentielles pour la pro­duction de livres, d'encourager la recherche dans ces domaines et de faciliter la suppression des obstacles fiscaux et tarifaires pesant sur le papier au niveau national et international et qu'en coo­pération étroite avec les institutions spécialisées des Nations Unies, des moyens soient recherchés pour remédier à la situation actuelle ;

(j) d'encourager les gouvernements ou les associations professionnelles à prendre les arrangements néces­saires sur le plan national afin de faciliter la cession des droits pour répondre aux besoins des usagers, tout en sauvegardant les intérêts des créateurs ;

(k) de considérer la possibilité d'aider les éditeurs des pays en développement à obtenir plus facilement et dans des conditions meilleures et plus raisonnables les droits de reproduction et de traduction des oeuvres publiées dans les pays développés, en ré­duisant les contraintes économiques et adminis­tratives et que le Comité consultatif commun Unesco/OMPI continue d'étudier cette question ;

(1) de conserver l'approche interdisciplinaire adoptée pour la formulation et la mise en oeuvre des pro­grammes futurs de l'Organisation en matière de pro­motion du livre et de la lecture, et de poursuivre

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les consultations engagées avec les professionnels du livre à travers le monde et avec les organisa­tions non gouvernementales spécialisées ;

Recommande également à l'Unesco que cette Recomman-dation générale ainsi que la "Déclaration de Londres : Vers une société de la lecture" soient portées à l'attention de la Conférence mondiale sur les politiques culturelles convoquée par l'Unesco, du 26 juillet au 6 août 1982, à Mexico.

Déclaration de Londres : Vers une société de la lecture

Nous, écrivains, traducteurs, éditeurs, imprimeurs, libraires, bibliothécaires, éducateurs, responsables gouvernementaux et membres de la grande communauté intellectuelle, appartenant à 92 nations et réunis à Londres à l'occasion du Congrès mondial du livre 1982 convoqué par l'Unesco, affirmons encore une fois notre soutien aux principes ainsi qu'aux objectifs définis il y a dix ans pendant l'Année internationale du livre.

Nous pensons que les livres conservent leur caractère prédominant comme véhicules du savoir, de l'éducation, et des valeurs culturelles dans la société humaine. Ils sont au service du développement des nations comme de l'enrichissement de la vie des individus. Ils encou­ragent une meilleure compréhension entre les peuples et renforcent le désir de paix entre les hommes , l'un et l'autre étant parmi les vocations fondamentales de l'Unesco.

Ayant fait le bilan de la décennie qui s'est écoulée depuis l'Année internationale du livre, nous réaffir­mons la validité de la Charte du livre unanimement approuvée en 1972 par les associations professionnelles internationales et de l'objectif "Des livres pour tous" qui n'est pas encore atteint, mais qui mérite qu'on fasse de nouveaux efforts pour l'atteindre. Les dix principes énoncés dans la Charte affirmaient le droit de tout homme à la lecture ; le rôle irremplaçable des livres dans l'éducation ; l'obligation particulière qu'a la société de permettre aux écrivains l'exercice de leur activité créatrice ; le caractère vital d'industries saines de fabrication et de publication de livres dans le développement des nations ; la nécessité pour les libraires et les bibliothécaires d'établir une liaison efficace entre éditeurs et lecteurs ; l'importance fon­damentale de la libre circulation des livres entre les pays ; l'utilisation des livres comme moyens de servir

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et de promouvoir la compréhension internationale et la coopération en vue de la paix.

Pour l'avenir, notre espoir est celui d'un monde où les livres soient plus accessibles au plus grand nombre et où la capacité de lire ainsi que la volonté et le désir de jouir des fruits de la lecture soient plus largement répandus dans toutes les sociétés.

Les hommes et les femmes ont droit à l'enseignement et à l'éducation ; les uns et les autres ont le droit d'acquérir le savoir et de connaître la sagesse ainsi que l'expérience d'autres nations, d'autres cultures et de générations antérieures. Ils ont aussi besoin de laisser une trace de leurs idées et de leurs expé­riences. Les livres jouent un rôle particulièrement important pour créer une société à laquelle tout le monde participe à part entière et où tout le monde peut mener une vie plus enrichissante. D e plus, grâce à la parole écrite et imprimée, les écrivains expriment, explorent et développent de manière créatrice les va­leurs et les aspirations des sociétés auxquelles ils appartiennent en même temps qu'ils élargissent la conscience et enrichissent l'imagination de leurs lecteurs.

La lecture dépasse les barrières nationales et cultu­relles. Cependant, certains lecteurs potentiels sont privés des avantages que la lecture pourrait leur apporter du fait de leur bas niveau d'instruction, de leur manque de familiarité avec la pratique de la lec­ture et des obstacles qui s'opposent à la diffusion des livres de qualité. Nous faisons appel à toutes les per­sonnes et organismes intéressés pour qu'ils encou­ragent la production et la diffusion des livres ; pour qu'ils encouragent les écrivains et les lecteurs, par­ticulièrement les jeunes lecteurs à l'école comme au foyer.

Nous faisons appel à tous les intéressés, et surtout aux gouvernements, pour qu'ils s'efforcent de faire disparaître les contraintes de toutes sortes qui s'opposent à la création, à la production, à la p u ­blication des livres, à leur distribution aussi bien à l'intérieur des frontières qu'à l'extérieur des fron­tières, à l'entrée comme à la sortie. Nous considérons le renforcement et l'application des législations na­tionales sur le droit d'auteur, dans la mesure où elles sont conformes aux conventions internationales, comme de l'intérêt des écrivains, des traducteurs, des édi­teurs, des enseignants et des lecteurs de tous les pays.

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8. S'étant donné pour tâche de parvenir à une société où les livres seront d'accès plus facile et d'usage plus répandu, le Congrès a convenu d'une série d'objectifs qui tendent à créer un environnement dans lequel la lecture soit à la fois naturelle et désirable, où elle soit considérée comme une activité vitale devant être sti­mulée par des stratégies nationales du livre organisées et conscientes qui, avec l'aide d'une action interna­tionale et d'une coopération entre pays, renforceront dans l'avenir le rôle du livre.

9. Nous en appelons donc aux gouvernements et à tous ceux qui sont professionnellement concernés par les livres, pour qu'ils acceptent ces lignes d'action. Nous cherchons à faire naître un monde où, certes, il y aura des livres pour tous, mais où aussi tous pourront lire et accepter les livres et la lecture comme des apports nécessaires et désirables à leur vie quoti­dienne. Nous appelons de nos voeux non seulement un monde qui sache lire, mais encore une société univer­selle de la lecture.

Rapport final

Les vues et opinions durant le Congrès mondial du livre ont été résumées dans un rapport final qui a été largement diffusé./l

V E R S U N E SOCIETE D E L A L E C T U R E : OBJECTIFS P O U R LES A N N E E S 80

Pendant les années 70, l'Unesco a souligné la nécessité de faciliter l'accès aux livres. O n a constaté cependant que la disponibilité des livres doit s'accompagner d'un continuel encouragement à la lecture. L'éducation de masse et l'édu­cation permanente faisant partie intégrante du cadre de vie, il faut créer un climat dans lequel la lecture soit perçue comme une condition essentielle du développement national et de l'épanouissement de l'individu. L'accroissement de la production de livres ne peut être l'objectif unique : il doit se doubler d'efforts vigoureux pour encourager la lecture parmi les millions de lecteurs potentiels à travers le monde.

Les besoins et les aspirations de ces lecteurs sont multiples. Ils veulent des livres éducatifs et divertissants qui les informent et qui préparent les générations futures à vivre dans un monde exempt de racisme, de colonialisme et

1. Voir la liste des documents en Annexe.

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d'inégalités. Une "société de la lecture" est une société dont tous les membres savent lire et où les livres font partie intégrante de la vie quotidienne. Etablir une telle société exige une action concertée de la part de tous ceux qui par­ticipent à la production et à la diffusion du livre : auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, lecteurs. Les gouver­nements exercent eux aussi une influence primordiale puis­qu'ils peuvent, par leur intervention ou leur passivité, encourager ou contrarier cette action.

L'Unesco a joué un rôle de pionnier en appelant da­vantage l'attention sur ces questions, et de nombreux pays, tant industrialisés qu'en développement, ont pris des m e ­sures pour soutenir le livre et encourager la lecture. Force est de constater toutefois que le but initialement fixé, "Des livres pour tous", n'a pas été atteint et qu'il faut élaborer des stratégies d'action nationale et internationale si l'on veut qu'une "société de la lecture" puisse être instaurée en l'an 2000.

Tout en s'efforçant de répondre aux besoins de lecture de l'ensemble de la communauté, ces stratégies devraient mettre tout particulièrement l'accent sur certains domaines d'intérêt majeur : meilleure prise de conscience de l'identité culturelle des peuples ; programmes d'éducation perma­nente, notamment là où l'acquisition de nouvelles aptitudes peut aider à résoudre le problème de l'emploi ; programmes d'alphabétisation dont l'échec tient à ce que l'absence de matériels de lecture n'a pas permis d'assurer leur suivi, ce qui explique que la majeure partie de la population du monde reste enfermée dans le cercle vicieux que forme sa conjugaison de l'analphabétisme et de la pauvreté. Une action internationale menée seule ne peut suffire à pallier cette situation. Il revient à chaque pays de définir et de mettre en oeuvre une stratégie du livre en sachant qu'une population bien informée est le fondement du progrès et du dévelopement. C'est seulement dans ce contexte qu'une coo­pération internationale peut être fructueuse.

Ce qu'il faut maintenant, pour assurer la promotion du livre à l'échelon national, c'est élaborer une approche pluridisciplinaire systématique qui soit assez large pour englober tous les maillons de la chaîne qui va de l'auteur au lecteur mais cependant assez spécifique pour former une base d'action concrète et suffisamment souple pour pouvoir s'adapter au profil culturel et économique propre à chaque pays.

Pour créer cette société de la lecture, il est donc proposé une nouvelle décennie d'action intensifiée et élar­gie, dont les modalités devront être clairement précisées afin que, par une bonne coordination à l'échelon national et

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international, tous les éléments qui interviennent dans le domaine du livre soient reliés entre eux au sein d'un pro­gramme équilibré qui permettra à chaque pays, quel que soit le stade de développement de son industrie du livre, non seulement de bénéficier pleinement de l'expérience m o n ­diale mais aussi de participer en tant que partenaire à part entière à l'échange de livres par delà les frontières.

Le programme d'action pour les années 80 suggère des objectifs nationaux de base qui nécessiteront une action coordonnée des gouvernements et de tous ceux qui s'oc­cupent du livre et de la lecture. Ces objectifs, dont l'énoncé sera suivi d'un bref exposé du problème qu'on se propose de résoudre par une approche rationnelle, sont les suivants : (1) formulation de stratégies nationales du livre d'adoption des mesures législatives de soutien ; (2) création de l'infrastructure nécessaire à l'établissement d'une industrie du livre saine, capable de répondre aux besoins de toute la population ; (3) introduction, s'il y a lieu, de techniques nouvelles dans l'industrie nationale du livre ; (4) mobilisation de toutes les ressources disponibles pour assurer une communion totale des livres et des lecteurs ; (5) promotion de la coopération internationale en vue de fournir le soutien technique et économique nécessaire au développement des capacités nationales dans le domaine du livre ; (6) accroissement des échanges de livres par-delà les frontières, par l'adoption et l'application à l'échelle internationale d'instruments juridiques et de mesures de normalisation.

Cette enumeration constitue non pas une liste d'acti­vités à entreprendre mais plutôt un cadre d'action qui per­mettra à chaque pays de faire porter ses efforts soit sur la totalité de ces objectifs, soit sur certains d'entre eux en fonction des besoins nationaux particuliers, et de sélec­tionner les activités qui lui semblent les plus propres à atteindre les buts qu'il s'est assignés. Ces efforts nationaux devront être soutenus par l'Unesco et par la communauté internationale.

La présente brochure contient l'exposé des objectifs tels qu'ils ont été approuvés par le Congrès mondial du livre. Elle sera très largement diffusée afin de stimuler le développement du livre et de la lecture dans le monde entier.

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Objectif n° 1 : Formulation de stratégies nationales du livre

Une stratégie nationale du livre doit être formulée et mise en oeuvre pour assurer une approche intégrée de la promotion du livre à l'échelle du pays, éliminer les obstacles qui s'opposent à la création et au développement d'une industrie du livre saine et éviter les actions non concertées pouvant compro­mettre la croissance constante de cette industrie.

L'écriture est une activité propre à l'homme ; en lui permettant d'exprimer ses idées, d'enregistrer les connais­sances qu'il a acquises, de communiquer ces idées et ces faits à d'autres personnes, elle contribue au progrès de l'humanité et améliore la compréhension et l'appréciation mutuelle des différentes cultures. Le livre - l'écrit - est l'instrument privilégié de ce contact entre les hommes à travers le temps et l'espace. Etant donné ce rôle vital des livres et de la lecture, on s'est efforcé, par de nombreuses activités entreprises à l'échelon national et international, de faire en sorte que tous les membres de la société puissent avoir accès aux livres, et par conséquent à la connaissance. Ces activités ont généralement été menées de manière isolée, chacun des protagonistes - auteur, éditeur, libraire, bi­bliothécaire, lecteur - poursuivant ses objectifs propres sans toujours consulter les autres. O r , les livres ne sont pas assimilables à une simple marchandise, ils sont "diffé­rents" et exigent par conséquent un traitement spécial et une approche pluridisciplinaire.

Une communauté du livre florissante, capable de s'adap­ter à l'évolution des besoins de toutes les catégories so­ciales, suppose que les problèmes liés à la lecture, à la production et à la diffusion du livre, ainsi que les solutions à leur apporter, soient considérés globalement et abordés au moyen d'une approche intégrée, concrétisée en un plan de développement à long terme. Tous ceux qui interviennent sur la chaîne du livre ont intérêt à s'unir pour assurer le développement rationnel de ce secteur puisque leurs activi­tés sont interdépendantes et que les progrès réalisés dans tel domaine risquent de soulever des problèmes dans tel autre. Même si elle est assurée par des entreprises privées, l'édition est indirectement tributaire de plusieurs organismes gouvernementaux pour ce qui est des matières premières,

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de l'importation et de l'exportation des livres, des avan­tages fiscaux et des facilités de crédit, des tarifs postaux, de l'approvisionnement des bibliothèques et, souvent, de la production des ouvrages pédagogiques. Le rôle de l'Etat, qu'il soit direct ou indirect, est donc primordial.

Dans les pays qui ne manquent ni de moyens matériels ni de personnel qualifié, où le taux d'alphabétisation est élevé, le réseau de bibliothèques suffisamment étendu et le pouvoir d'achat d'un niveau satisfaisant, les lecteurs ne sont pas toujours portés à la lecture car ils en sont dé­tournés par les moyens d'information d'accès plus immédiat, les pressions de la vie citadine et la multiplication des obligations sociales. Le coût de production du livre aug­mente constamment et il faut trouver le moyen, par la re­cherche et l'expérimentation, de le maintenir dans des li­mites raisonnables.

Dans d'autres pays où les livres sont rares et les moyens de production limités, l'adoption d'une approche intégrée est encore plus nécessaire. L'Etat et le secteur privé doivent souvent assumer une responsabilité conjointe en matière de production et de diffusion du livre, déter­miner les domaines à développer d'urgence, stimuler la croissance d'une industrie du livre équilibrée et forte et favoriser le maintien de relations étroites et saines avec les autres moyens de communication de masse, de façon à ren­forcer considérablement le dynamisme et le pouvoir du livre. U n tel partage des tâches est particulièrement important dans le cas des livres scolaires qui, dans de nombreux pays, sont produits et diffusés en grande partie par le secteur public ; il convient en outre de maintenir un équi­libre harmonieux entre ouvrages "fonctionnels" et ouvrages "littéraires", afin d'éviter les chevauchements et de garantir une diversification suffisante. L'alphabétisation est un autre des grands domaines où une coopération est indispensable. Il faut produire des livres adaptés aux besoins particuliers des personnes qui ont été récemment alphabétisées et les rendre accessibles aux populations urbaines et rurales.

De nombreux pays ont pris conscience depuis long­temps du rôle du livre dans le développement des res­sources humaines de la nation et ont décidé d'adopter en la matière une politique spécifique. C'est le cas de sociétés à économie planifiée aussi bien que de sociétés à économie de marché. L'édition étant cependant un domaine d'activité en évolution constante, toute politique du livre, loin de revêtir un caractère définitif, doit être constamment révisée pour tenir compte de l'évolution des situations ou des problèmes nouveaux qui peuvent se présenter.

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En tout état de cause, les activités énumérées ci-après constituent le fondement de la formulation et de la mise en oeuvre d'une stratégie nationale du livre.

(i) Création d'un mécanisme de formulation d'une stratégie nationale du livre

O n ne peut concevoir un modèle simple qui permettrait à tous les pays des différentes régions du monde de formu­ler une stratégie nationale du livre adaptée à leurs besoins. Une telle stratégie peut être élaborée soit par un organisme d'Etat, déjà créé dans le cadre d'une politique globale de développement national, comme c'est le cas pour les pays à économie planifiée, soit par un organisme de coordination ou de promotion, privé ou officiel, bénéficiant ou non du sou­tien des pouvoirs publics. Dans certains pays, un tel orga­nisme existe déjà.

S'il n'existe pas encore de stratégie du livre élaborée au niveau gouvernemental, un organisme central peut être constitué afin de donner des avis aux autorités sur la for­mulation et la mise en oeuvre de cette stratégie. Dans les pays à économie planifiée, les fonctions de l'organisme cen­tral décrites ci-après incomberont normalement à l'adminis­tration désignée à cet effet. Dans les pays à économie de marché, un organisme central, qui représente de façon im­partiale tous les intérêts en cause, peut fournir un terrain neutre permettant aux divers secteurs de l'industrie du livre de procéder à des échanges de vues et d'expériences, entre eux et avec les pouvoirs publics, et de rapprocher leurs positions dans l'intérêt supérieur du pays. Une con­dition essentielle pour le bon fonctionnement de cet orga­nisme est qu'il comprenne des représentants de l'Etat et des associations nationales des différents métiers du livre (auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires), ainsi que des lecteurs. Les spécialistes de l'éducation devront aussi être représentés en raison du rôle déterminant qu'ils jouent dans le domaine de l'alphabétisation et de l'éducation permanente. Entre autres activités, l'organisme de coordination ou de promotion analysera les points faibles de la chaîne du livre qui va de l'auteur au lecteur et cherchera les moyens d'y remédier. Il sera principalement chargé de conseiller les autorités sur les mesures à prendre pour promouvoir et améliorer la situation du livre dans le pays. Il pourra aider à éliminer tout conflit d'intérêt entre les divers secteurs de l'industrie du livre, par exemple pour le paiement des rede­vances aux auteurs, le respect des dispositions concernant la propriété littéraire et artistique, les conditions de crédit et les politiques de rabais, le taux de change des devises pour les livres importés, les canaux de distribution, l'achat de matériel et la fourniture de services.

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Le rapprochement de tous les membres de la communau­té du livre est destiné à renforcer la position du livre dans le développement national mais chaque pays peut assigner à sa propre politique des priorités différentes.

Certaines de ces priorités sont indissociables des grandes questions touchant à l'économie nationale et au dé­veloppement social et culturel ; il peut s'agir, dans certains pays, de tenir compte dans l'industrie locale du livre de l'importance toujours croissante accordée à l'enseignement dans la langue maternelle, de veiller à produire des maté­riels de lecture adaptés aux pogrammes d'alphabétisation et d'éducation permanente, d'élaborer une politique du livre et une planification permettant d'obtenir plus facilement les matériels et les équipements nécessaires, de former le per­sonnel qualifié et de trouver de nouvelles techniques de production et de diffusion pour répondre aux besoins des populations rurales et urbaines. Ces priorités peuvent aussi conduire à entreprendre une action coordonnée pour s'oppo­ser à tout ce qui risque de nuire au développement du livre, à chercher les moyens de mettre la population en con­tact avec le livre, en particulier les lecteurs réticents, les personnes qui n'ont plus l'habitude de lire, ou encore à ré­pondre aux désirs des groupes minoritaires en matière de lecture.

(ii) Collecte de données fiables pour le recensement des besoins

Dans certains pays, on est parvenu à diffuser le livre et à encourager la lecture dans tous les secteurs de la com­munauté. Il faut néanmoins procéder constamment à des enquêtes pour mesurer les progres réalisés et déterminer les nouvelles mesures à prendre afin de poursuivre la mise en oeuvre de la stratégie du livre.

Disposer de données fiables est une condition indis­pensable à l'élaboration d'une stratégie de développement du livre réaliste et viable, sur laquelle pourra s'appuyer l'action à entreprendre. La collecte de telles données est donc une tâche importante de l'organisme de coordination.

Pendant les années 60, les gouvernements ont pu éprouver quelques difficultés à fonder leur stratégie du livre sur des bases véritablement scientitiques. Mais, depuis lors, des centaines d'enquêtes portant sur la production, la diffusion et la lecture du livre ont été menées dans le monde entier. Pourtant, les données statistiques disponibles restent peu nombreuses et, dans certains cas, aussi incom­plètes qu'elles l'étaient en 1972. Il est des organismes officiels qui négligent de recueillir les données de base relatives au développement du livre et qui n'établissent

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pas de statistiques avec suffisamment de rigueur. D'autre part, les données fourmes par certains pays peuvent être trompeuses car dépourvues d'objectivité.

Pour analyser la situation de manière véritablement scientifique, il faut donc procéder à des enquêtes selon une approche méthodologique. Ces enquêtes, effectuées à inter­valles réguliers, fourniront un moyen d'évaluation et de contrôle en retour tout en permettant de suivre en perma­nence les progrès réalisés et les résultats de la mise en oeuvre de la stratégie du livre.

(a) Evaluation des besoins de l'usager

Les enquêtes permettront de préciser les catégories d'ouvrages dont on a besoin pour l'éducation, la satisfaction des aspirations personnelles et l'avancement professionnel, et de déterminer l'ampleur de la demande de livres dans toutes les couches de la société ainsi que les raisons pour lesquelles des personnes alphabétisées, qui ont tout le loisir de lire, se désintéressent de la lecture. Deux questions m é ­ritent une attention particulière : comment les médias se substituent-ils au texte écrit et, d'autre part, comment sont-ils utilisés pour stimuler la demande de livres ? Grâce à cette analyse, on devrait pouvoir évaluer la place que tient le livre dans la vie quotidienne, définir comment il contribue à l'enrichissement éducatif, intellectuel et culturel de la population et, à partir de là, faire en sorte que les livres publiés répondent à l'attente des lecteurs.

(b) Analyse de l'infrastructure existante

Des données sur les ressources matérielles existantes sont indispensables pour prévoir les besoins, établir le degré d'application des techniques nouvelles et aider à identifier les domaines dans lesquels des recherches doivent être entreprises pour déterminer les techniques novatrices utilisables par l'industrie locale du livre. A la lumière de ces données, des stratégies peuvent être élaborées en vue de la modernisation systématique de l'équipement utilisé pour la production et la diffusion du livre dans chaque pays.

(c) Analyse des ressources en personnel

Une main-d'oeuvre qualifiée étant la composante m a ­jeure de l'infrastructure nationale, on devra analyser les effectifs existants par rapport aux estimations de croissance de l'industrie du livre afin de s'assurer que l'on dispose du personnel qualifié capable d'exécuter les diverses tâches spécialisées et non spécialisées. La disponibilité de ce per­sonnel devra ensuite être rapportée aux besoins nationaux

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exprimes en termes quantitatifs et qualitatifs. En fonction des résultats de l'enquête, on pourra élaborer des pro­grammes d'éducation et de formation tenant compte des pro­grès techniques les plus récents, afin de répondre aux be­soins en personnel dans des domaines tels que l'édition, la librairie, l'impression, la bibliothéconomie, la traduction, l'incitation à la lecture, etc.

(iii) Création d'un cadre législatif pour la mise en oeuvre d'une stratégie nationale du livre

Pour être solide, l'industrie du livre doit bénéficier de mesures législatives à chacune des étapes de sa création, de sa croissance et de son développement continu. L'adoption de mesures normatives appropriées permettra à l'appareil national de production et de diffusion du livre de fonction­ner avec efficacité. Bien entendu, la législation doit être conçue en fonction des conditions propres aux pays, mais il pourra en cela s'inspirer de nombreux ouvrages existants, notamment de plusieurs lois types.

Chaque aspect de l'industrie du livre fera l'objet d'un examen minutieux ayant pour but de déterminer les lacunes de la législation. La création de livres dans de bonnes con­ditions suppose qu'on protège et encourage les auteurs et traducteurs, notamment en assurant le respect du droit d'auteur et en allégeant les prélèvements sur les rede­vances. L'édition se heurte à un certain nombre d'obs­tacles : taux de change, disponibilité de capitaux, politique du crédit et imposition des matières premières - qui appellent des mesures législatives ou normatives. La dis­tribution est souvent entravée par les tarifs postaux élevés et la hausse continue des transports ferroviaires, maritimes et aériens ainsi que par le poids des taxes sur les ventes. Il est donc nécessaire que l'Etat accorde des conditions préférentielles à l'industrie du livre. Une fois que les lacunes ou les obstacles ont été recensés, l'organisme de coordination ou de promotion peut jouer un rôle important en fournissant des données pertinentes, en donnant des avis et en formulant des suggestions pour aider les auto­rités compétentes à prendre les mesures qui s'imposent et, au besoin, à adopter les dispositions législatives voulues. Ce dialogue est essentiel si l'on veut éviter que des m e ­sures unilatérales ne compromettent le rôle culturel et édu­catif du livre dans la société.

L'institution du dépôt légal est indispensable et il faut s'assurer qu'elle soit bien respectée ; cette législation devra être adoptée dans les pays qui en sont dépourvus, et révi­sée dans les cas où elle ne garantit pas une bonne protec­tion à toute la production intellectuelle nationale. En l'absence d'information sur les publications existantes, il est

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en effet plus difficile d'établir des bibliographies nationales et par conséquent d'atteindre le but final, à savoir l'accès universel aux publications ; il n'est pas possible non plus d'utiliser pleinement les publications au plan national et de procéder avec l'étranger à des échanges indispensables au développement scientifique et technique et à la compréhen­sion mutuelle des cultures.

Objectif n° 2 : Reconnaissance du rôle vital de l'industrie du livre

Les gouvernements devraient recon­naître le rôle vital de la production et de la distribution de livres dans le développement national et apporter à ces activités un appui constant afin qu'elles puissent satisfaire les besoins et les aspirations de tous les secteurs de la collectivité en matière de matériels de lecture.

L'essor d'une industrie du livre endogène et équilibrée dépend, dans une mesure variable selon les pays, de la po­litique du gouvernement et de sa volonté d'agir en faveur du livre. Les différences qui existent entre les infrastruc­tures nationales s'expliquent certes par des facteurs histo­riques, sociaux et économiques, mais elles reflètent aussi la place plus ou moins grande accordée au livre dans les plans nationaux de développement. La structure sociale du pays détermine ainsi l'attitude à l'égard du livre et de la lec­ture : alors que, dans certains pays, c'est le contenu qui prime, dans d'autres ce sont les tendances du marché. Mais dans les deux cas, production et distribution du livre doivent tendre à répondre aux besoins du pays, tels qu'ils sont identifiés lors de la formulation d'une stratégie na­tionale du livre.

Dans la plupart des pays industrialisés et dans un cer­tain nombre de pays en développement, les réseaux de pro­duction et de distribution des livres sont solidemment im­plantés dans le secteur public ou, parallèlement à celui-ci, dans le secteur privé. Par ailleurs, les jeunes nations ont montré qu'elles avaient conscience du rôle du livre dans le développement et qu'elles considéraient la mise en place d'une industrie endogène comme une composante du nouvel ordre et en instrument indispensable pour exprimer leurs conceptions et valeurs en fonction des exigences et des

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aspirations nationales. Elles savent aussi qu'une industrie prospère du livre contribue de façon non négligeable à la richesse nationale.

Les livres étrangers - qu'ils soient adoptés tels quels ou adaptés - ont une utilité incontestable : ils peuvent ser­vir à des fins multiples à certains moments et à certaines fins à tout moment. Par conséquent, si l'importation de livres demeure nécessaire dans tel ou tel domaine, elle ne suffit cependant pas à atteindre les objectifs de l'éducation permanente et de l'alphabétisation, car elle ne va pas tou­jours dans le sens du caractère national et des besoins de la population. La quantité de livres publiés ne peut consti­tuer le seul critère. L'industrie du livre est également appelée à remplir une double fonction dans la vie de la so­ciété : sauvegarder et diffuser les valeurs culturelles au sens le plus large de l'expression ; participer, à l'échelle nationale et internationale, à des activités culturelles et scientifiques qui soient de nature à en favoriser de nouvelles.

Chaque pays doit édifier l'infrastructure nécessaire pour permettre à son industrie nationale du livre de pros­pérer et de prendre place sur la scène internationale. Cette infrastructure repose sur quatre éléments essentiels, que l'on trouve à des degrés divers dans tous les pays : (i) encouragement de la création littéraire endogène et formation de traducteurs dans les langues nationales ; (ii) disponibilité des matières premières ; (iii) existence de l'équipement nécessaire à la production ; (iv) présence d'une main-d'oeuvre qualifiée. C'est notamment dans nombre de pays en développement que ces éléments ont besoin d'être renforcés.

(i) Encouragement de la création littéraire endogène

Les auteurs constituent le premier maillon de la chaîne du livre et l'on ne peut ignorer plus longtemps les diffi­cultés auxquelles ils se trouvent confrontés, si l'on veut faire aboutir les programmes nationaux en matière d'édition. Très souvent, ce ne sont pas les auteurs qui manquent, mais rares sont ceux qui peuvent vivre uniquement de leur plume ; la plupart, notamment dans les pays à économie de marché, doivent avoir un autre moyen de subsistance.

Seuls les penseurs, les écrivains et les artistes du pays peuvent produire des oeuvres qui reflètent véritable­ment les valeurs nationales, contribuent à l'enrichissement culturel et s'intègrent au système d'éducation, régissant ainsi avec précision et rapidité à l'évolution des besoins et des conditions générales. Cependant, dans nombre de pays en développement la rareté des auteurs s'explique parfois

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par la difficulté qu'éprouvrent ces pays à transcrire les langues et dialectes nationaux et minoritaires. Dans ce cas, des études et des recherches sur la transcription et l'har­monisation des langues d'une région donnée sont indispen­sables à l'éclosion d'une création littéraire dans ces langues. Une autre cause peut être recherchée dans la dif­ficulté d'intégrer la littérature endogène au circuit com­mercial de l'édition et de conquérir un vaste public, en raison de l'analphabétisme, de la faiblesse du pouvoir d'achat, du petit nombre de lecteurs assidus et, dans les pays multilingues, de la fragmentation du marché. Cette si­tuation défavorise principalement les jeunes écrivains, qui souvent ne parviennent pas à trouver d'éditeurs disposés à miser sur eux, et dont les ouvrages, à moins qu'ils ne soient rédigés dans la langue nationale, restent inacces­sibles à la plupart des lecteurs, notamment des lecteurs de fraîche date - enfants, adolescents et adultes récemment alphabétisés.

Pour vaincre certains de ces obstacles, il est indis­pensable que les gouvernements définissent les principes d'une politique linguistique avant de s'engager dans un vaste programme de publication dans les langues nationales. De nombreux pays en développement ont opté pour un sys­tème d'enseignement dans la ou les langues nationales, mais cette politique a été freinée par la pénurie d'auteurs ayant les compétences voulues pour rédiger les manuels scolaires. Il devient alors nécessaire d'aller chercher ces compétences dans les pays les plus avancés. A u niveau universitaire, en particulier dans les domaines scientifiques et techniques, l'insuffisance de manuels de base écrits dans la langue du pays constitue un grave handicap. Les progrès rapides de la science et de la technique posent des problèmes de ter­minologie même aux pays dont la langue est universellement parlée, et à plus forte raison aux pays en développement qui commencent à peine à utiliser leurs langues nationales à des fins éducatives et qui ne disposent ni d'une terminolo­gie technique consacrée, ni de traducteurs qualifiés. Il faudrait donc reconnaître l'importance de la traduction et voir en elle une discipline à part entière.

Il est manifestement nécessaire d'offrir aux auteurs et aux traducteurs des facilités et des stimulants dans le cadre de mesures législatives (voir objectif 1 (iii)) ou autres afin d'inciter un plus grand nombre d'entre eux à se livrer à une activité littéraire. Ces mesures d'encouragement de­vraient viser à créer un climat favorable dans lequel écri­vains et traducteurs pourraient exercer leur métier sans souci de contraintes économiques trop pesantes.

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(ii) Disponibilité de matières premières

Pour imprimer les manuscrits, il est indispensable de disposer des matériaux de base : encre, papier, tilms, m a ­tériel de reliure, etc. Dans l'ensemble, ces matières pre­mières ne manquent pas pour l'instant dans les pays indus­trialisés, encore que la hausse constante de leur coût se répercute inévitablement sur celui du livre. Il n'en va pas de même dans les pays en développement, où l'on observe un fait singulier : si le livre en tant que produit fini ne se heurte pratiquement à aucune barrière douanière, en re­vanche l'importation des matières premières servant à sa fabrication se trouve frappée de toutes sortes de taxes et de restrictions.

A u premier rang des matières premières, il faut citer le papier, qui entre pour une très grande part dans le prix de revient du livre. Sur le plan national, les pays du Tiers Monde producteurs de papier devraient accroître la fabrica­tion des différents types de papier culturel en créant de nouvelles usines ou en agrandissant celles qui existent déjà, de même qu'en affectant un pourcentage minimal de leur production de papier aux usages culturel et industriel. Par ailleurs, le papier journal devrait servir plus largement à la fabrication des livres éducatifs.

A l'heure actuelle, de nombreux pays en développement sont tributaires de l'étranger pour leur approvisionnement en papier. Toutefois, il est probable que cette dépendance ira en s'atténuant, essentiellement du fait que ces pays disposent des moyens de développer leur propre industrie de la pâte à papier. Etant donné que leur demande de pa­pier culturel augmente d'année en année, la solution à long terme consisterait pour eux à mobiliser leurs ressources - produits chimiques, eau, énergie électrique et transport -en vue d'une expansion de cette industrie à l'échelle na­tionale ou régionale. Mais cette solution risque parfois d'être coûteuse. Il faudrait aussi prendre conscience de toutes les répercussions d'une consommation effrénée de pa­pier dans les pays industrialisés. Afin de réduire la pres­sion sur le marché, ces pays devraient modérer leur con­sommation qui, lorsqu'elle ne répond pas à des besoins impératifs, confinent parfois au gaspillage. U n effort plus grand en faveur du recyclage du papier pourrait également aider à résoudre certains problèmes.

O n affirme depuis longtemps que la pénurie de papier dans certaines régions du monde résulte d'une carence de la distribution et de l'approvisionnement. Toutes les solutions proposées jusqu'à maintenant pour remédier à cette situation n'ont donné aucun résultat satisfaisant dans la plupart des pays du Tiers Monde, car il s'agit avant tout d'un problème

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économique touchant non seulement l'achat de papier, mais aussi l'application à l'échelle internationale des tarifs, taxes et accords douaniers relatifs au marché du papier.

L'aspect écologique de la question est aussi un sujet d'inquiétude aux niveaux national et international, et l'on estime de plus en plus que l'ensemble de la géopolitique actuelle du papier culturel souffre de sa structure même : énergie, écologie, exploitation et transfert des techniques politiques et économie. Pour pallier les difficultés éco­logiques et économiques de la production de papier, il fau­drait s'intéresser davantage aux tentatives faites pour uti­liser des ressources autres que le bois, qui ont donné des résultats encourageants, ainsi qu'aux possibilités offertes par les procédés de fabrication moins coûteux. Le problème se situe à deux niveaux : à l'échelle nationale, les gouver­nements ont toute latitude dans le choix de leurs politiques et ils devraient savoir que, faute de supprimer, comme on le préconise depuis des années, les charges fiscales et douanières qui pèsent sur le papier et les autres matières premières, le secteur de l'édition ne peut prospérer et les livres resteront, par leur prix excessif, hors de portée de l'ensemble de la population. A l'échelon international, le renforcement de la coopération entre les institutions des Nations Unies permettrait de trouver des solutions de rechange.

(iii) Existence de l'équipement nécessaire à la production de livres

L'aptitude future d'un pays à mettre en place un ré­seau efficace de production et de distribution du livre dé­pendra, dans une large mesure, de la façon dont son sec­teur de l'édition saura se doter des nouvelles méthodes et techniques, au moment où une telle décision apparaît comme économiquement viable et opportune à la lumière de l'analyse du marché. Il n'existe aucune formule ou critère précis permettant d'orienter le choix dans l'acquisition de l'équi­pement, mais les questions de compatibilité et de normali­sation ainsi que de performance et d'analyse des systèmes appellent une attention particulière.

L'acquisition de l'équipement étant une affaire parti­culièrement délicate il faut éviter d'acheter, pour des raisons de prestige ou sous l'influence de groupes d'intérêts économiques, des machines d'un prix excessif qui ne Con­viennent pas. L'application de méthodes d'impression très perfectionnées, voire révolutionnaires, pose des problèmes d'adaptation ou de recyclage du personnel ou sont accueil­lies avec réticence.

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La production en grande quantité de livres brochés bon marché - indispensable à l'alphabétisation et à l'édu­cation permanente - dépend dans une large mesure de l'existence d'un matériel moderne d'impression et de reliure. Mais très souvent les pays en développement disposent d'un équipement insuffisant et désuet, ou encore inadapté, ce qui les empêche de rivaliser à armes égales avec les pays industrialisés. Ils doivent en outre importer cet équipement et les pièces de rechange et connaissent ainsi de graves problèmes de financement et de devises. Certains éprouvent des difficultés particulières à se procurer les presses adaptées à leurs langues nationales, qui comportent parfois une grande variété de signes d'écriture, exigeant autant de caractères typographiques différents. Pour résoudre ce pro­blème, les pays dont l'écriture des langues nationales a une origine commune pourraient s'unir afin de mettre au point et produire des caractères typographiques, comme cela a déjà été fait dans certaines régions.

La réalisation d'enquêtes sur les ressources matérielles (voir objectif 1 (ii)) fournira les éléments d'information requis pour l'achat rationnel d'un équipement neuf répon­dant aux besoins des pays, ainsi que pour l'utilisation éco­nomique de la main-d'oeuvre et des moyens disponibles à l'échelle nationale, voire régionale ou sous-régionale si cela devait se révéler plus rentable. Toute décision devra s'ap­puyer sur une analyse minutieuse des coûts et prendre en compte l'ensemble des solutions possibles.

(iv) Ressources en main-d'oeuvre qualifiée

O n s'accorde à reconnaître qu'une main-d'oeuvre quali­fiée est l'élément primordial dans l'expansion de l'industrie du livre, quel que soit son niveau de développement. Sur la base des chiffres actuels et des projections concernant la main-d'oeuvre (objectif 1 (ii)), les programmes et moyens de formation devraient s'efforcer d'assurer un personnel qualifié suffisant pour aller de pair avec l'essor de la production et de la distribution nationales de livres et éviter une surproduction génératrice de frustrations.

Quand la main-d'oeuvre qualifiée est abondante, l'in­formatisation croissante de tous les secteurs de l'industrie du livre implique une adaptation des programmes tradition­nels de formation.

L'essor de l'édition dans les pays en développement est considérablement entravé par la pénurie de personnel quali­fié dans tous les secteurs de la branche - auteurs, traduc­teurs, rédacteurs, éditeurs, imprimeurs, compositeurs, typographes, illustrateurs, libraires, bibliothécaires et administrateurs. Les programmes nationaux devraient non

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seulement prévoir des cours d'initiation et des études avancées, mais aussi des stages spécialisés d'éducation per­manente et de recyclage.

Priorité devrait être accordée aux programmes destinés à former un personnel de haut niveau, lesquels devraient se dérouler dans des universités ou établissements équivalents de façon à maintenir un contact étroit entre les stagiaires et les représentants d'autres professions de statut analogue ; utiliser les enseignants et les moyens disponibles sur place afin de réduire les coûts et fusionner ces programmes avec ceux d'autres disciplines universitaires ; enfin, permettre aux stagiaires d'avoir accès aux services de documentation, de bibliothèques et d'archives. Ces programmes de formation devraient comprendre des cours sur l'application des nou­velles techniques à l'industrie du livre.

En ce qui concerne la traduction, c'est surtout en Europe et en Amérique du Nord que l'on trouve des activi­tés de formation et de recyclage. V u l'intérêt croissant porté aux langues nationales, il faudrait prévoir des pro­grammes de formation s'adressant expressément aux traduc­teurs dans les langues minoritaires.

L'importance de la distribution des livres n'est pas toujours estimée à sa juste mesure par les autorités com­pétentes. Les librairies représentent le principal débouché des éditeurs et la constitution d'un stock qui réponde aux goûts et aux exigences des lecteurs demande une somme con­sidérable d'expérience et de connaissances. Dans certains pays, le métier de libraire a été considéré traditionnellement comme le fait des érudits et l'on y trouve encore de n o m ­breux libraires formés à cette école. Dans d'autres pays en revanche, la formation des libraires a été négligée du fait que ce métier n'est pas tenu en très haute estime et cer­tains commerçants, sans aucune formation ni inclination par­ticulières, n'ont fait qu'ajouter les livres aux marchandises qu'ils vendaient déjà. Même si la production massive de livres brochés a permis de distribuer un certain type d'ou­vrages par l'intermédiaire de circuits non conventionnels qui sont devenus d'importants débouchés, le libraire de profes­sion reste indispensable pour aider le lecteur à choisir le livre qui répond à ses besoins (voir objectif 5 ) .

Les bibliothèques représentent un autre circuit impor­tant de distribution et, dans certains pays, elles consti­tuent pour les éditeurs un débouché stable et sûr. Ce n'est pas toujours le cas lorsque les bibliothèques sont rares et qu'elles disposent de crédits insuffisants pour renouveler leurs fonds. Il faudrait s'efforcer davantage de dispenser aux libraires et aux bibliothécaires une formation qui leur

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apprenne à choisir les livres et à inciter leur clientèle à acheter et à lire (voir objectif 4 ) .

Nombre de pays devront se doter d 'un personnel quali­fié suffisant pour mener à bien des programmes nationaux de formation professionnelle, à différents niveaux, dans tous les secteurs de l'industrie du livre. Il y aurait lieu également de mettre en place un dispositif administratif approprié, dans le cadre duquel les normes techniques de recrutement, l'enseignement théorique et pratique, de m ê m e que l'exercice du métier, feraient l'objet d 'un contrôle exercé soit par une association professionnelle, soit par une institution d'Etat ou tout autre organisme officiel.

Objectif n° 3 : Introduction des nouvelles techniques dans le circuit du livre

Les le

métiers du défi

exploitei qu' elles

livre devraient relever des nouvelles techniques et

au offrent.

mieux les possibilités

Les livres continueront d'exister contrairement à ce que peuvent prédire les inconditionnels de l'ordinateur. En fait, les nouvelles techniques ouvrent de nouvelles pers­pectives passionnantes à tous les partenaires de la chaîne du livre, des auteurs jusqu'aux lecteurs, mais elles agissent également sur les rapports qui ont prévalu jusqu'ici entre ces différents partenaires. Auteurs, éditeurs et libraires devront s'assurer que leurs compétences trouvent encore à s'appliquer aux côtés des nouvelles techniques et ils de­vront exploiter les nouvelles possibilités qui s'oftrent ainsi à eux.

L'apparition d'autres formes de diffusion des oeuvres ne change en rien le rôle de créateur de l'auteur ; son m e s ­sage reste le même qu'il s'exprime par l'écrit ou de toute autre façon. Nombreux sont les auteurs qui ont déjà re­cours aux techniques telles que les machines de traitement de textes. Il en résulte inévitablement une modification des rapports traditionnels entre l'auteur et l'éditeur, ainsi que certains problèmes touchant à la propriété littéraire, dont il faudra tenir compte dans les conventions internationales sur le droit d'auteur et dans les futures législations nationales.

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Le moment est venu, semble-t-il, de repenser l'en­semble du processus de production du livre et les opéra­tions complexes qu'il implique, en vue de le simplifier et d'en réduire le coût. De même que l'apparition des grandes rotatives a considérablement augmenté la capacité de pro­duction, de même l'électronique est en train de bouleverser les stades qui précèdent l'impression et la reliure, et cette tendance ira en s'accentuant. Les progrès techniques ont déjà rendu possible le tirage en grandes quantités d'un nombre restreint de titres. Elles permettront bientôt d'effectuer des tirages limités - voire de quelques exem­plaires seulement - d'un grand nombre d'ouvrages en édi­tion économique, ce qui permettra de satisfaire des besoins extrêmement spécialisés.

Les programmes de développement devraient prévoir l'application généralisée des nouvelles techniques dans les pays du Tiers Monde afin d'éviter tout nouveau décalage, sur le plan des compétences, entre ces derniers et le monde industrialisé. Simultanément, les méthodes traditionnelles de publication doivent continuer de répondre à l'actuelle urgence des besoins.

Il faudrait que des liens plus étroits s'instaurent entre les éditeurs et les spécialistes de l'information, afin que les premiers puissent exploiter plus largement le potentiel offert par les bases de données. A cet égard, les nouvelles possi­bilités de réseaux intra et interrégionaux peuvent permettre une plus grande interaction entre les usagers actuels - bibliothécaires et spécialistes de l'information d'une part, éditeurs et libraires de l'autre.

Pour l'étude du marché du livre, la plupart des pays en développement s'appuient encore largement sur les dos­siers administratifs et sur l'analyse de données rassemblées au moyen de questionnaires, ou encore sur les comptes ren­dus des agents de vente et des représentants sur le ter­rain. Pour planifier leurs activités, les éditeurs disposent d'une méthode simple consistant à analyser leurs ventes des différents types de livres au cours des années précédentes et à effectuer simultanément la même enquête auprès de leurs confrères.

Toutefois, dans les pays industrialisés, les éditeurs ont recours à l'informatique pour prévoir les ventes en fonction des tendances qui se manifestent dans les préfé­rences du public ; ils peuvent ainsi sélectionner les nou­veaux titres qui ont des chances de plaire aux lecteurs. Forts de ces mêmes renseignements, les libraires peuvent doser leurs commandes et éviter d'avoir en stock trop d'ouvrages qui se vendent mal. De m ê m e , l'informatisation au niveau de la distribution de gros donne des indications

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grâce auxquelles les libraires peuvent passer leurs com­mandes au moment voulu et selon les besoins, ce qui permet là encore d'améliorer la rotation du stock.

Le progrès technique se répercute inévitablement sur les lecteurs, qui devront à l'avenir adapter leurs habitudes aux nouveaux supports de l'information et du savoir, en utilisant ces derniers quand ils peuvent être plus efficaces, mais en leur préférant, dans d'autres cas, le livre sous sa forme actuelle. Universitaires et chercheurs sont désormais habitués à rechercher l'informatique micrographiée. A l'ave­nir, ils auront recours à d'autres supports - bandes magné­tiques, disques, micropuces - pour certains types d'infor­mation, mais le livre restera cette sources privilégiée de la connaissance. Dans l'enseignement, des auxiliaires comme la radio, la télévision, le magnétophone et la machine à apprendre ont fait leur preuve sans pour autant supplanter le manuel scolaire.

U n surcroît d'effort est nécessaire pour soutenir la concurrence des moyens de grande information et des autres incitations au loisir, encore qu'il ait été prouvé que ces moyens peuvent aussi promouvoir la lecture ; par exemple, les émissions télévisées sur les livres incitent les gens non seulement à lire les ouvrages présentés, mais aussi à enri­chir leurs connaissances sur les sujets abordés. U n plus grand nombre d'activités de cette nature permettrait de favoriser la littérature de bonne qualité et d'éveiller l'intérêt du public pour toutes sortes de thèmes scienti­fiques et culturels.

Objectif n° 4 : Création d'un environnement favorable à la lecture dans tous les types de société et à tous les niveaux

Il faudrait créer un environnement fa­vorable à la lecture qui donnerait nais­sance à une société consciente des avantages que procure la lecture et où les livres seraient à la portée de tous.

Le désir de lire provient d'une attitude culturelle et d'une prise de conscience de l'importance de la lecture, que ce soit à des fins professionnelles, pour l'accomplissement de devoirs sociaux, ou pour le plaisir.

\

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Très souvent, même lorsque les livres sont en nombre suffisant, les lecteurs potentiels ne sont pas motivés et ne se rendent pas compte des avantages qu'offre le livre, de sorte que cette source d'information reste inexploitée. Par ailleurs, le manque de livres peut décourager les efforts déployés en vue du développement de l'éducation et de l'épanouissement de l'individu. O n peut parler d'un environ­nement favorable à la lecture quand le livre voulu est mis à la disposition de la personne voulue au moment et au lieu voulus.

Il existe dans chaque pays une grande diversité de lecteurs, qu'il s'agisse du jeune enfant, de l'adulte ré­cemment alphabétisé ou du passionné de lecture. Tous ont besoin d'un produit adapté à leurs besoins et à leurs goûts.

La réussite de l'individu est liée à son accès à des ouvrages appropriés. L'éveil de l'intérêt pour les livres commence au foyer et pendant les premières années de sco­larité. Les enfants qui n'ont pu bénéficier de cette sti­mulation en raison du milieu dans lequel ils sont nés et de leur non-accès à l'enseignement resteront donc pénalisés par rapport aux enfants élevés dans un milieu familial où le livre et la lecture sont considérés comme un outil de l'instruction.

S'il est relativement facile d'apprendre à un enfant ou à un adulte à reconnaître les lettres et les mots, cette importante aptitude peut aussi se perdre aisément. Les maîtres ont une influence décisive sur l'attitude de l'enfant à l'égard des livres, car ils peuvent faire de l'exercice de la lecture une source de plaisir ou d'ennui. Les biblio­thèques scolaires peuvent également déterminer le dévelop­pement intellectuel et culturel de l'enfant. C'est à ce stade précoce que l'individu apprend le plus facilement à se ser­vir des livres et des bibliothèques et qu'il acquiert l'"instruction fonctionnelle", qui lui permet de ne pas re­tomber dans l'analphabétisme quand il quitte l'école.

Dès l'école primaire, il faudrait donc que l'utilisation des bibliothèques fasse partie intégrante de l'enseignement, de manière que la recherche documentaire devienne une habitude. Les bibliothèques publiques sont étroitement asso­ciées à cette tâche, du fait qu'elles favorisent une formation permanente et un recyclage fort nécessaires dans un monde en rapide évolution. Le rôle traditionnel des bibliothèques - publiques et scolaires en particulier - pourrait également être étendu à l'encouragement de la lecture.

Loin de se limiter à la période scolaire, l'incitation à la lecture devrait se poursuivre toute la vie. Dans une éduca­tion permanente, nécessaire à toute participation sociale, les

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livres ont un rôle essentiel à jouer à tous les stades. En lisant, les adultes peuvent enrichir leurs connaissances pratiques ou en acquérir de nouvelles, ce qui favorise la redistribution de la main-d'oeuvre et la lutte contre le chômage.

Dans certaines sociétés, le livre est considéré comme un symbole du statut social et cette attitude élitiste est préjudiciable à la démocratisation de la culture, tout comme l'absence de textes de lecture constitue - pour les nouveaux alphabètes, les groupes linguistiques minoritaires, les immigrants, les lecteurs débutants et les malvoyants - une entrave à leur participation à la vie communautaire.

Aux nouveaux alphabètes, il f,aut des ouvrages rédigés dans un style simple et imprimés en caractères faciles à lire, dont le contenu corresponde à des sujets connus et à des contextes socio-économiques particuliers. Si l'on veut créer un environnement favorable à la lecture, il faudrait s'efforcer d'étendre le réseau de bibliothèques jusqu'aux zones rurales et faire en sorte qu'il réponde à l'évolution des besoins des diverses catégories de lecteurs que ren­ferme ce milieu.

Il faudrait s'attacher plus particulièrement à appro­visionner en livres tous ceux qui vivent en dehors des zones urbaines et qui, en l'an 2000, devraient représenter encore la moitié de la population du globe ; c'est en effet de l'éducation de cette masse populaire et de sa pleine participation à la vie nationale que dépendra l'essor d'un pays. Les efforts en ce domaine pourraient porter notam­ment sur la préparation, la mise au point et la diffusion de textes de lecture à vocation rurale, notamment de livres rédigés spécialement à l'intention des femmes et consacrés à des sujets tels que les soins à l'enfant, l'hygiène et la nutrition.

Tandis que les pays en développement s'efforcent de créer un environnement favorable à la lecture, dans les pays industrialisés où le livre fait depuis longtemps partie du décor quotidien, les lecteurs potentiels ignorent de plus en plus les textes qu'ils ont à portée de la main. D 'où l'apparition d'une nouvelle catégorie de lecteurs peu enclins à la lecture ou qui en ont perdu l'habitude. Dans ces pays, la promotion du livre s'impose donc tout autant qu'ailleurs.

Si le livre constitue une des grandes richesses de l'homme, la lecture n'est certes pas aussi indispensable à la vie que la nourriture ou le sommeil, et l'habitude de lire n'a rien d'automatique. Dans la plupart des pays industrialisés le nombre de lecteurs connaît une baisse spectaculaire vers l'âge de douze ans. Les jeunes adolescents devraient

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donc faire l'objet d'une attention particulière dans toute activité d'éveil à la lecture. Ils ne sont certes pas les seuls dans ce cas. Toutes sortes de personnes, à un moment don­né de leur existence, s'arrêtent de lire pour une raison ou pour une autre. Il faut leur en redonner le goût. Pour créer des conditions favorables à la lecture, il convient également que les populations des villes et des campagnes puissent disposer de livres qui leur conviennent grâce à des réseaux commerciaux de librairies, à des bibliothèques ou à des centres d'encouragement à la lecture.

La distribution est donc l'un des principaux maillons de la chaîne du livre (voir objectif 2 (iv)), mais c'est aussi l'un des plus faibles, notamment dans les pays en dévelop­pement où les libraires ressentent autant que les auteurs et les éditeurs locaux le faible pouvoir d'achat des lecteurs et le taux d'alphabétisme insuffisant, en même temps qu'ils se heurtent à la médiocrité du réseau de transport intérieur. Dans les pays en développement, les circuits de distribution exigent une infrastructure beaucoup mieux charpentée, no­tamment pour les livres rédigés dans les langues nationales, dont la diffusion implique parfois une subdivision et une fragmentation du marché. En plus des librairies indispen­sables pour satisfaire les besoins des agglomérations urbaines, il faudrait avoir recours à des circuits non con­ventionnels pour la vente au détail et la distribution des livres.

Le livre revêt un caractère bien particulier en ce sens que, contrairement à certains produits, son prix ne peut être estimé exclusivement en fonction de sa valeur mar­chande puisqu'il sert à la fois à conserver et à transmettre le savoir.

Les livres se distinguent dans autres supports par le fait qu'ils permettent à tous les individus, dans toutes les couches de la société, d'enrichir leur existence et de par­ticiper plus activement aux décisions qui touchent l'ensemble de la communauté.

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Objectif n° 5 : Stimulation de la coopération internationale en vue de consolider les capacités nationales dans le domaine du livre

Compte tenu de la communauté d'inté­rêts qui unit les métiers du livre de par le monde, il faudrait intensifier la coopération technique et économique en vue de renforcer les capacités natio­nales dans le domaine du livre.

Les efforts visant à implanter ou à renforcer l'infra­structure nationale de production et de distribution du livre ne peuvent rester isolés, mais doivent tenir compte des do­maines où l'expérience et le savoir-faire de certains pays peuvent contribuer à satisfaire les besoins de certains autres. Très souvent des mesures doivent être prises paral­lèlement dans plusieurs domaines ; c'est ainsi que la li­vraison de matériels modernes doit s'accompagner de la for­mation d'une main-d'oeuvre qualifiée capable de la faire fonctionner et de l'entretenir, et que la mise en place d'un réseau étendu de distribution exige la création de librairies et de bibliothèques. Une coopération et une coordination internationales particulièrement poussées sont donc néces­saires pour planifier et exécuter de telles activités.

Dans ce domaine, un certain nombre d'organismes internationaux participent à l'élaboration et au financement de projets dont l'exécution est souvent confiée à l'Unesco. Citons notamment le Programme des Nations Unies pour le développement ( P N U D ) , dont le budget est alimenté entière­ment par des contributions volontaires et qui accepte des projets concernant la formulation des politiques, les infra­structures, la formation et la recherche en matière de com­munication ; la Banque mondiale, dont l'action dans le do­maine du livre a essentiellement porté jusqu'à présent sur la production de manuels scolaires ; le Programme international pour le développement de la communication (PIDC), récem­ment créé dans le cadre de l'Unesco, dont les apports, fi­nancés par des contributions volontaires, peuvent revêtir la forme de connaissances spécialisées, d'équipement, de transferts de techniques et d'activités de formation. La coopération peut se traduire également par des accords bi­latéraux en faveur de la promotion du livre.

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Les pays qui cherchent à se doter d'une capacité dans le domaine du livre devraient connaître de telles possibilités et inscrire la promotion du livre au premier rang des objec­tais de leurs plans nationaux de développement. En même temps, étant donné les rapports d'interdépendance qui ca­ractérisent le monde d'aujourd'hui, les pays où l'industrie du livre est prospère bénéficient, sur le plan culturel et économique, de l'essor de ce même secteur dans les autres pays ; ils devraient donc se rendre compte qu'à long terme ils ont tout à gagner à apporter leur concours à ces pro­grammes internationaux.

Quel que soit le canal emprunté par la coopération internationale, le savoir-faire des associations profes­sionnelles d'éditeurs, de libraires et de bibliothécaires reste un élément clé, et les métiers du livre devraient donc prendre une part active à ce partage des compétences. Dans les pays développés, certaines maisons d'édition du secteur privé aident depuis longtemps les pays peu déve­loppés à mettre en place des activités d'édition viables et il faudrait renforcer cette coopération par la fourniture de compétences techniques, de moyens de formation et de matériel.

Autre grand domaine où peut s'exercer la coopération internationale : le droit d'auteur. Depuis quelques années, les pays en développement éprouvent toujours plus le besoin d'accéder aisément aux oeuvres protégées par le droit d'au­teur, car celles-ci sont indispensables à leur essor sur les plans éducatif, scientifique et culturel ; il faudrait inten­sifier les efforts visant à leur céder les droits de traduction et de reproduction à des conditions préférentielles, voire à titre gracieux, dans la mesure du possible. A cet égard, le Comité pour les fonds internationaux de droit d'auteur, créé dans le cadre du Fonds international pour la promotion de la culture et alimenté par des contributions volontaires, consent des prêts destinés à couvrir., en tout ou en partie, les coûts entraînés par l'acquisition des droits de repro­duction des livres étrangers, et facilite ainsi la production locale des ouvrages d'intérêt majeur.

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Objectif n° 6 : Intensitication de l'échange international des livres

Les gouvernements naître le rôle compréhension transfert des des mesures

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intensifier l'échange des livres les frontières.

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Il existe à l'échelle internationale de nombreux ins­truments et textes normatifs destinés à faciliter la sup­pression des obstacles au développement du livre dans le monde. Ils portent essentiellement sur les problèmes de communication ou sur les questions de propriété intellec­tuelle. Les instruments concernant les problèmes de com­munication ont pour objet de faciliter les échanges internationaux de matériels éducatifs, scientifiques et cul­turels, en éliminant les restrictions entraînées par l'ap­plication de certains droits, taxes et tarifs douaniers ; ceux qui touchent à la propriété intellectuelle ont pour but de protéger les auteurs et les traducteurs. La plupart d'entre eux portent sur le droit d'auteur, la double taxation, les droits de douane, le statut des artistes ainsi que la pro­tection des traducteurs et des traductions, les échanges de publications officielles et autres. Pour l'établissement des statistiques de la production des livres, il existe des normes reconnues sur le plan international qui, quand elles sont appliquées, permettent d'effectuer des études compa­rées et de fournir des données fiables utilisables dans les recherches sur le marché du livre.

De même qu'aucun pays ne peut être entièrement auto­nome sur le plan économique du fait que son développement harmonieux dépend de ses échanges commerciaux avec l'étranger, de même la population d'un pays doit participer aux idées et aux connaissances des autres peuples, les­quelles sont transmises par l'écrit. Il faut donc que s'établisse un équilibre entre la littérature nationale et l'ouverture sur la production intellectuelle mondiale. Il s'agit d'un domaine où l'Etat, par son soutien et son action, peut jouer un rôle de premier plan, et l'organe de coordi­nation ou de promotion devrait se fixer pour tâche priori­taire d'étudier minutieusement les instruments et textes normatifs internationaux en vigueur et de les porter à l'attention des autorités nationales compétentes. Ayant pris ainsi connaissance des objectifs visés par ces instruments,

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les gouvernements devraient, s'ils le jugent opportun, les ratifier, promulguer une législation nationale et mettre en place les mécanismes nécessaires pour assurer leur efficacité (cf. objectif 1 ) , de façon qu'il en résulte une véritable concertation des efforts, à l'échelle internationale, pour supprimer les derniers obstacles à la libre circulation des livres. C'est ce qu'ont déjà fait de nombreux pays, mais tant qu'ils n'auront pas tous accepté et appliqué les mêmes règlements, le déséquilibre persistera.

La hausse du coût des transports et des tarifs postaux internationaux a un effet néfaste sur les échanges de livres. Outre qu'ils majorent le prix des livres, les tarifs postaux élevés entravent leur mobilité et font obstacle à la généralisation de la lecture. Force est de constater cepen­dant que si quelques pays appliquent un tarif réduit pour l'acheminement des livres, bien d'autres ne prévoient aucune mesure de faveur à cet égard. Les efforts déployés par le passé sont contrariés par les tendances actuelles et l'on observe de plus en plus une certaine réticence en ce qui concerne l'octroi d'un régime privilégié pour les livres. Malgré les récentes mesures prises par l'Union postale universelle et l'Association du transport aérien international en vue d'augmenter les tarifs postaux internationaux, les gouvernements devraient s'efforcer d'éviter d'en tirer profit et joindre leurs efforts, au niveau international, pour ré­duire non seulement les tarifs intérieurs mais aussi les tarifs internationaux, de manière à élargir le dialogue entre les pays.

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ANNEXE

LISTE DES DOCUMENTS D U CONGRES MONDIAL D U LIVRE

Londres, 7-11 juin 1982

Document de travail

Première partie L'Année internationale du livre : dix ans après Analyse des tendances actuelles et prévisions pour l'avenir COM-82/CONF.401/3 - Partie I

Deuxième partie Vers une société de la lecture Objectifs pour les années 80 COM-82/CONF.401/3 - Partie II

Rapport final du Congrès mondial du livre, Londres, 7-11 juin 1982.

Documents de référence

Le livre aujourd'hui en Afrique par S.I.A. Kotei Paris, Unesco, 1981 (anglais, français) (Livres sur le livre)

Des livres pour tous - Un programme d'action Paris, Unesco, 1973 (anglais, français, russe, espagnol)

Cultural Paper Paris, Unesco, 1978 (anglais) (Current studies and Research in Statistics)

Importation d'objets de caractère éducatif, scientifique ou culturel. Guide pour l'application de l'"Accord de Florence" et de son Protocole Paris, Unesco, 1978 (anglais, espagnol, français)

NATIS (Systèmes nationaux d'information) Objectifs d'une action nationale et internationale Paris, Unesco, 1975 (anglais, espagnol, français)

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Conseils nationaux pour la promotion du livre Paris, Unesco, 1979 (anglais, espagnol, français)

Le rôle des livres pour enfants dans l'intégration des jeunes handicapés à la vie quotidienne par Tordis Orjasaeter Paris, Unesco, 1981 (anglais, espagnol, français) (Etudes sur le livre et la lecture n° 1)

The Book Market in Latin America : Problems and Prospects Paris, Unesco, 1981 (anglais, espagnol) (Etudes sur le livre et la lecture n° 2)

La circulation internationale des livres par Edward Wegman Paris, Unesco, 1982 (anglais, espagnol, français) (Etudes sur le livre et la lecture n° 3)

Promoting National Strategies in Asia and the Pacific : Problems and Perspectives par Abul Hasan Paris, Unesco, 1981 (anglais) (Etudes sur le livre et la lecture n° 4)

Production de livres et lecture dans le monde arabe par Abdelkader Ben Cheikh Paris, Unesco, 1982 (anglais, arabe, français) (Etudes sur le livre et la lecture n° 5)

Tendances de la promotion du livre dans le monde 1970-1978 par Robert Escarpit Paris, Unesco, 1982 (anglais, espagnol, français) (Etudes sur le livre et la lecture n° 6)

Textbook Production in Developing Countries : Some Problems of Preparation, Production and Distribution par Douglas Pearce Paris, Unesco, 1982 (anglais) (Etudes sur le livre et la lecture n° 7)

L'avenir du livre, Partie I - L'impact des nouvelles technologies sous la direction de Priscilla Oakeshott et de Clive Bradley Paris, Unesco, 1982 (anglais, français) (Etudes sur le livre et la lecture n° 8)

L'avenir du livre, Partie II - Nouvelle lecture, nouveau lecteur par Michel Gault Paris, Unesco, 1982 (anglais, français) (Etudes sur le livre et la lecture n° 9)

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Books and the Mass Media : Modes of interaction in the USSR par V . D . Stelmakh Paris, Unesco, 1982 (anglais, russe) (Etudes sur le livre et la lecture n° 10)

Rapports

Réunion régionale d'experts sur les stratégies nationales du livre en Afrique, Dakar, Sénégal, février 1981 Paris, Unesco, 1981 (anglais, français)

Report of Collective Consultation on National Book Strategies in Asia and the Pacific, Karachi, Pakistan (anglais)

Karachi, Unesco Regional Office for Book Development in Asia and the Pacific, 1981 (anglais)

Report of Experts Consultation on Book Development in the Caribbean, Kingston, Jamaïque, novembre 1981 Paris, Unesco, 1982 (anglais)

Report of the Seminar on the Establishment of National Strategies for Book Development in Latin America, Santiago du Chili, 26-30 novembre 1979 Paris, Unesco, 1982 (espagnol)

Réunion régionale d'experts sur les stratégies nationales du livre en Afrique, Dakar, Sénégal, février 1981 Paris, Unesco, 1981 (anglais, français)

Report of Collective Consultation on National Book Strategies in Asia and the Pacific, Karachi, Pakistan avril 1981 (anglais)

Report of Experts Consultation on Book Development in the Caribbean, Kingston, Jamaïque, novembre 1981 Paris, Unesco, 1982 (anglais)

Rapport du Séminaire sur l'établissement de stratégies nationales du livre en Amérique latine, Santiago du Chili, 26-30 novembre 1979 Paris, Unesco, 1982 (espagnol)

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