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Lettre d’Information bimestrielle - n°5 - septembre 2014 SOMMAIRE VÉTÉRAMA DU PING Cette fois, comme annoncé, nous avons choisi pour fil rouge de ce Vétérama n°5 une personnalité du monde contemporain en la personne du grand mathématicien français Cédric Villani, dont vous trouverez ci-après le communiqué que nous avions diffusé de façon restreinte en juin dernier, ainsi que quelques citations particulièrement riches de signification et plus accessibles que les formules mathématiques à travers lesquelles se meut avec aisance notre chercheur de renommée internationale... Yves Lainé LE GRAND MATHÉMATICIEN ET PONGISTE FRANÇAIS CÉDRIC VILLANI reçu par la Fédération Française de Tennis de Table le 2 juin 2014 RÉSULTATS DE LA COUPE NATIONALE VÉTÉRANS DE MAI 2014 À CEYRAT par Gérard Martin DEUX PONGISTES HAUT-NORMANDS SUR LE DEVANT DE LA «SEINE» par Yves Lainé MICHEL BUSSI, universitaire, romancier et pongiste à la fois ! MARIE-CHRISTINE TANGUY, une sportive très polyvalente NICAISE DEMMERY, seule V2 «numérotée» de l’hexagone par Patricia Dubosc INFORMATIONS : CHAMPIONNATS D’EUROPE VÉTÉRANS 2015, À TAMPERE (FINLANDE), DU 29 JUIN AU 4 JUILLET LE GRAND PRIX NATIONAL VÉTÉRANS +60 ANS

Vétérama n°05

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Lettre d’Information bimestrielle - n°5 - septembre 2014

SOMMAIRE

VÉTÉRAMADU PING

Cette fois, comme annoncé, nous avons choisi pour fil rouge de ce Vétérama n°5 une personnalité du monde contemporain en la personne du grand mathématicien français Cédric Villani, dont vous trouverez ci-après le communiqué que nous avions diffusé de façon restreinte en juin dernier, ainsi que quelques citations particulièrement riches de signification et plus accessibles que les formules mathématiques à travers lesquelles se meut avec aisance notre chercheur de renommée internationale...

Yves Lainé

LE GRAND MATHÉMATICIEN ET PONGISTE FRANÇAIS CÉDRIC VILLANIreçu par la Fédération Française de Tennis de Table le 2 juin 2014 RÉSULTATS DE LA COUPE NATIONALE VÉTÉRANS DE MAI 2014 À CEYRAT par Gérard Martin

DEUX PONGISTES HAUT-NORMANDS SUR LE DEVANT DE LA «SEINE»par Yves Lainé • MICHEL BUSSI, universitaire, romancier et pongiste à la fois ! • MARIE-CHRISTINE TANGUY, une sportive très polyvalente

NICAISE DEMMERY, seule V2 «numérotée» de l’hexagonepar Patricia Dubosc

INFORMATIONS :• CHAMPIONNATS D’EUROPE VÉTÉRANS 2015,À TAMPERE (FINLANDE), DU 29 JUIN AU 4 JUILLET• LE GRAND PRIX NATIONAL VÉTÉRANS +60 ANS

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Cédric Villani (à gauche), que nous avons reçu avec le président Palierne et Alain Mercier, le 2 juin 2014, au siège de la Fédération et qui pendant près de deux heures a répondu à nos questions, aussi bien sur le tennis de table que sur son engagement en matière de recherche scientifique, sa conception de l’Europe ou sa vision pédagogique de l’enseignement des mathématiques.

CÉDRIC VILLANI LE GRAND MATHÉMATICIENET PONGISTE FRANÇAIS

« Tout mathématicien digne de ce nom a ressenti,même si ce n’est que quelquefois, l’état d’exaltation lucide

dans lequel une pensée succède à une autre comme par miracle…Contrairement au plaisir sexuel, ce sentiment peut durer plusieurs heures,

voire plusieurs jours. »

Cédric Villani

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«IMAGINATION, RIGUEUR ET TÉNACITÉ» LES TROIS QUALITÉS DE L’HOMME MODERNE

SELON CÉDRIC VILLANI

Bien qu’imprégnée de formules mathéma-tiques indéchiffrables par le commun des mortels, lorsque le mathématicien Cédric Villani prend la parole quelque part l’at-mosphère se trouve subitement traversée et colorée d’une multitude de simplicités...La richesse du propos, la profondeur du raisonnement et l’aisance de l’expres-sion impressionnent par leur spontanéité et leur constance, quel que soit le sujet abordé. Rarement nous avons rencontré une personnalité aussi apte à s’empa-rer d’une question pour en fabriquer une réponse cohérente et porteuse de progrès : quand on voit combien nos politiques ont aujourd’hui du mal à faire émerger des solutions, on en vient presque à penser que la France ne sait décidément plus donner la place qui convient à ses élites.On savait qu’en mathématiques deux et deux faisaient quatre, mais à l’écoute de notre célèbre mathématicien et fervent pongiste à la fois on est tout près d’ad-mettre que deux et deux font huit, ce qui par les temps difficiles que nous traver-

sons changerait bien des choses dans nos manières de compter et de vivre !Cédric Villani est véritablement un «spor-tif de haut niveau» dans le domaine des mathématiques : il se bat contre les équations et théorèmes à la manière du pongiste qui attaque une balle qui lui revient sans cesse et qu’il faut top-spiner, bloquer ou couper dans tous les sens pour espérer dominer la situation et accéder à la victoire. Son intelligence, sa clair-voyance, sa sensibilité à l’atmosphère des lieux, au climat relationnel, permettent à Cédric Villani de percevoir avec aisance et rapidité les aspirations des êtres et les enjeux sous-jacents des situations : nous sommes vraiment très heureux qu’il ait accepté de venir en toute simplicité s’ex-primer au siège de notre Fédération.Chapeau l’athlète ! Et respect aussi à votre famille sans laquelle vous ne seriez pro-bablement pas non plus ce que vous êtes aujourd’hui...

Yves Lainé

Cédric Villani, Yves Lainé et le président Christian Palierne

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RÉCIT PASSIONNÉ ET ÉMOUVANT DE LA REMISE DE LA MÉDAILLE FIELDS 2010

À CÉDRIC VILLANI«Mon nom retentit dans la salle immense, et mon portrait – lavallière rouge carmin, araignée blanche teintée de mauve – réalisé par le photographe Pierre Maraval, s’af-fiche sur l’écran gigantesque. Je n’ai pas dormi de la nuit, pourtant j’ai l’impression de n’avoir jamais été aussi éveillé. C’est l’instant le plus important de ma vie profes-sionnelle, celui dont les mathématiciens rêvent sans oser se l’avouer. Le scientifique plus ou moins anonyme, n°333 dans la liste des «Mille Chercheurs» photographiés par Maraval, est en train de passer en pleine lumière.

Je me lève et je m’avance vers l’estrade pendant que la citation retentit : A Fields Medal is awarded to Cédric Villani, for his proofs of nonlinear Landau damping and convergence to équilibrium for the Boltzmann equation.

Je monte les marches, en m’efforçant de n’être ni trop lent ni trop rapide et m’ap-proche de la Présidente de l’Inde au centre de l’estrade (…) Elle me tend la médaille et je la présente à la foule (…) Quelque trois mille personnes m’acclament, dans la gigantesque salle de conférences attenante à l’hôtel de luxe qui héberge le Colloque International des Mathématiciens, cuvée 2010 …

Puis est venu le moment de présenter les récompenses à la nuée digitale – appareils photos, appareils vidéo, machines captantes et enregistrantes – ainsi qu’une confé-rence de presse (…) Tout à l’heure il y aura 300 mails de félicitations dans ma boîte aux lettres et bien d’autres suivront (...) Et par voie de presse un message officiel de félicitations du Président de la République. Les Français vont redécouvrir maintenant que la France est, depuis quatre siècles déjà, à la pointe de la recherche mathéma-tique internationale. En ce 19 août 2010 leur pays ne totalise désormais pas moins de 11 médailles Fields sur les 53 attribuées à ce jour ! …

Je quitte la foule pour retrouver ma chambre d’hôtel. Quatre heures durant, sans discontinuer je réponds aux appels téléphoniques des journalistes, jonglant entre télé-phone fixe et mobile. A peine un appel est fini, je vérifie mon répondeur et trouve de nouveaux messages, c’est sans fin. Questions personnelles, questions scientifiques, questions institutionnelles et des questions qui reviennent souvent à l’identique ou presque : qu’est-ce que ça fait de recevoir cette récompense ?

Je redescends enfin de ma chambre, un peu pâle et affamé, mais j’en ai vu d’autres. Je me fais servir un thé massala, bien épicé, et je retourne affronter la foule. Une nuée de jeunes se jette sur moi, beaucoup d’Indiens bien sûr. Je signe les autographes par centaines et je pose, un peu étourdi, pour d’innombrables photographies...»

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L’un après l’autre, les quatre Lauréats de la Médaille Fields, les lauréats des prix Gauss, Nevanlinna et Chern sont offerts en sacrifice au Dieu Shiva. La Présidente de l’Inde, grande prêtresse, présente les sept mathématiciens terrorisés aux acclamations de la foule. C’est le début de la grande fête du Congrès International des Mathématiciens, qui durant deux semaines verra se succéder les exposés, discussions, réceptions, inter-views, photographies, délégations, soirées dansantes et riantes, virées en taxis et en rickshaws romantiques. On y célèbre l’unité et la diversité de la mathématique, sa géométrie toujours mouvante, la joie du travail accompli, l’émerveillement devant la découverte, le rêve devant l’inconnu.

Une fois la fête finie, tous les mathématiciens rentreront dans leurs universités et centres de recherche, dans une entreprise ou dans leur foyer, et reprendront chacun à sa manière la grande aventure de l’exploration mathématique, repoussant ensemble les frontières de la connaissance humaine, armés de leur logique et de leur dur labeur, mais aussi de leur imagination et de leur passion...»

Extraits du roman de Cédric Villani «Théorème Vivant» publié en 2012 chez Grasset

Je suis à dix mille lieues d’imaginer que, pendant qu’à Hyderabad je pose pour une foule de photographes improvisés, à Lyon ma collègue Michelle Schatzman se meurt. Fille du grand astrophysicien français Evry Schatzman, Michelle était une des mathématiciennes les plus originales qu’il m’ait été donné de rencontrer, toujours prête à se lancer dans des défis pédagogiques insurmontables ou à explorer les lieux auxquels per-sonne d’autre n’osait s’intéresser... Atteinte d’un cancer incurable depuis plus de cinq ans, elle allait de chimio-thérapies en opérations et nous expliquait, les yeux pétillants, combien la vie était belle depuis qu’elle éco-nomisait sur les frais de shampoing.Il y a quelques mois nous avions fêté ses soixante ans à Lyon en mathématique. Mais ces dernières semaines son état s’était brusquement aggravé. Fière et droite dans la maladie comme elle l’a été toute sa vie durant,

Michelle a refusé la morphine pour garder sa lucidité.Sur son lit de mort, elle a appris les résultats de la Médaille Fields qu’elle attendait avec impatience : et quelques heures plus tard elle s’est éteinte.On le sait, la vie est pleine de joies et de peines entremêlées inextricablement...

« Le grand mathématicien n’est pas celui qui est plus rigoureux,c’est celui qui voit plus loin.

Nul ne peut être mathématicien sans avoir l’âme d’un poète. »

Cédric Villani

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COUPE NATIONALE VÉTÉRANS 24, 25 MAI 2014 À CEYRAT (63)

C’est à l’Artenium de Ceyrat dans le Puy-de-Dôme que le CL Cournon organisait en mai dernier, l’échelon national de la coupe vétéran. Cette compétition réservée aux vété-rans comporte trois tableaux : tableau A plus de 40 ans, tableau B plus de 50 ans, tableau C plus de 60 ans. Les équipes sont constituées de 2 à 4 joueurs avec possibilité de composer une entente de 2 associations d’un même dépar-tement et les rencontres ont lieu en 5 parties : 4 simples et un double.Après avoir disputé l’échelon départemental, puis régio-nal, 30 équipes sur 32 dans le tableau A, 23 sur 24 dans le tableau B et seulement 17 sur 24 dans le tableau C se

retrouvaient raquette en main pour ce week-end pongiste (résultats ci-dessous).On peut regretter que les tableaux ne soient pas complets mais le délai de repêchage est assez court, il faut en effet attendre la réponse d’une équipe qui se voit proposer un repêchage puis si cette dernière est négative proposer le repêchage à une autre association et ainsi de suite…Remercions les organisateurs et le corps arbitral pour la réussite de ce week-end pongiste auvergnat et rendez-vous les 30 et 31 mai 2015 à Wissembourg en Alsace.

Gérard Martin

TABLEAU A1. Royan St Sulp Chaillevette2. SU Agenais TT3. TT du Grésivaudan4. TT Nord Alsace Wissembourg5. Ingré CMPJM6. Ormesson US7. Avion TT8. ASPTT Albi9. FC Gueugnon10. AS Gueux Tinqueux TT/ Châlons-en-Champagne TT11. Chartreuse Belledonne TT12. TT St Villepinte13. ASPTT Toulouse TT14. RP Fouesnant15. Sarrebourg TT16. TT Joué-lès-Tours17. Argantel Club Plérin18. Alouette Limoges19. Pantin CMS20. Groslay TTC21. CL Cournon22. Abbeville AC23. CPS 10e

24. Paris 13 TT25. Avenir de Paron TT26. AS Avenir Notre-Dame/ US Cheminots Marseillais

TABLEAU B1. TT Nord Alsace Wissembourg2. Châlons-en-Champagne TT3. Manom JS/ Ste Marie-aux-Chênes ASPTT4. Courbevoie Sport TT/ Issy-Les-Moulineaux5. Alfort JS6. Ent. P Isigny-Montigny7. Fouquières-les-Lens/Labourse TT8. US Villers Bocage9. Le Crès Salaison TT/Prades St Gély TT10. BX Centre La Flèche TT/US Talence11. St Gratien AS12. AL Le Côteau13. Cruseilles TT/ MJC Reignier Section TT14. Paris 13 TT15. Club Pongiste du Gatinais16. Bressuire EP17. AS Fondettes18. CS Pertuisien19. Aubers Raquette20. Senlis GS21. Avion TT22. Ping du Pays de Naucelles23. Alouette Limoges

TABLEAU C1. Raquette Gujanaise/ US Miossaise Ping Pong2. Lomme CP3. Noisiel VLAN4. Doullens-Bernaville TT5. Dombasle STT/ Villers-les-Nancy COS6. Charleville Mezieres Ardennes TT7. AS Marcy Charbonnières8. ASPTT Toulouse TT9. Luisant ACTT/Pays Courvillois TT10. Gond Pontouvre TTGP11. ATT Dracenie/CP Farledois12. ASPTT Clermont-Ferrand/ TT Peschadoires13. Labourse TT14. EATT Saint-Yrieix15. ASC Saint Apollinaire16. ASA Vauzelles17. Nogent TT

« Vous pouvez avoir le cerveau le plus puissant du monde,si vous restez toujours sur votre problème,ce n’est pas ça qui fera avancer les choses. »

Cédric Villani

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MICHEL BUSSI UNIVERSITAIRE, ROMANCIER ET PONGISTE À LA FOIS !

Yves Lainé : Vous semblez beaucoup aimer la Normandie, qui sert souvent de toile de fond à vos romans, comme si les boucles de la Seine étaient à l’image des méandres de vos histoires policières ?Michel Bussi : Oui, je suis né en Normandie, j’y ai grandi, et toujours joué au ping-pong, en Normandie, dans l’Eure, à Pont-de-l’arche.

Y.L. : Puisque le Vétérama du Ping est un organe de communication adressé aux licenciés vétérans du tennis de table, pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours sportif dans cette dis-cipline ?M.B. : J’ai commencé à jouer à 11 ans, au club de Pont de l’Arche, et j’ai continué depuis sans interruption dans le même club, c’est-à-dire depuis 38 ans mainte-nant. J’ai longtemps joué en régionale, et depuis une dizaine d’année, en départe-

mentale 1, lorsque j’en ai eu assez de me lever le dimanche matin...

Y.L. : Voudriez-vous nous présenter le club de L’Arche (27) où vous évoluez actuellement ?M.B. : Le TTA, Tennis de Table de l’Arche, est juste le club le plus sympathique de Normandie, voire de France ! Il rassemble une bande de copains de très longue date, beaucoup de vétérans donc, mais le TTA, c’est aussi 8 équipes adultes enga-gées, de la D4 à la régionale 1, ainsi que de très bons résultats en jeunes et en féminines. C’est un club qui a 50 ans d’existence maintenant, et qui a toujours été porté par des bénévoles très investis. Mais c’est surtout un club où l’ambiance conviviale compte au moins autant que les résultats, et où les repas d’après matchs comptent autant que les matchs eux-mêmes !

On connaissait Debussy, mais trois Bussi réunis en une seule et même personne voilà une réalité exceptionnelle qui mérite bien l’interview que nous vous livrons aujourd’hui. Cette triple appartenance littéraire, universitaire et spor-tive est séduisante à plus d’un titre. Auteur d’une dizaine de romans policiers très prisés aujourd’hui du grand public, professeur de géographie à l’Université de Rouen et direc-teur de laboratoire au CNRS, encore classé 13 à l’approche de la cinquantaine et vedette du TT de l’Arche-dans-l’Eure, Michel Bussi assume sa polyvalence avec sourire et humour... Presque comme les titres de deux de ses dernières publications on peut dire que Michel Bussi «ne lâche pas la main» et n’est assurément pas prêt à «mourir sur Seine» !

Yves Lainé

Créé en 1965, grâce à l’esprit d’innovation d’une femme, Odette Demercastel et de trois hommes, Alain Demercastel, Guy Blascot et Claude Mainemare, le TTA Pont-de-l’Arche est aujourd’hui présidé par Jean-Claude Filoche, le secrétariat général du club étant assuré par Mathieu Cheret dont la devise est : «On construit son set point après point» !

D EUX PONGISTES HAUT -NORMANDS SUR LE DEVANT DE LA « SE INE »

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Y.L. : Votre jeu en tennis de table est-il d’une certaine manière aussi «imprévi-sible» que le sont vos intrigues policières ?M.B. : Encore davantage… je pourrais vous parler de mon top de revers légen-daire (heu, je joue avec un Antitop depuis 35 ans…), de mon service éclair (dont certaines mauvaises langues prétendent depuis 30 ans qu’il est faux), ou encore de mes frappes de coup droit (j’en ai réussi trois lors de la saison 2013-2014, ce qui constitue mon record personnel)… mais en réalité, je pense que c’est surtout l’en-traînement qui paye (même si je crois que mon dernier entraînement remonte à sep-tembre 1991)…

Y.L. : Votre aptitude à camper dans vos romans des personnages féminins vous rend-t-elle plus apte à jouer au tennis de table en double mixte ?M.B. : Hélas, il y a peu de filles qui jouent en D1… l’ambiance dans l’équipe est plu-tôt... virile. Donc j’en profite pour saluer mes partenaires de doubles favoris : Gros-suisse (avec qui nous étions invincibles et avec qui nous avons gagné en duo la coupe de l’Eure et de Haute-Normandie), Cap’tain Effiloché, Froggy, Malko, Goupilou, Blanchette, Première-main...

Y.L. : Plus les années avancent, plus l’homme de lettres s’affirme et se trouve mobilisé , alors que le pongiste a prati-quement atteint son apogée : comment voyez-vous aujourd’hui votre avenir dans ces deux disciplines?M.B. : Comment cela mon apogée au ping-pong ? Mon rêve absolu reste de passer un jour 14 ! Je suis resté 13 depuis

plus de 30 ans ! Plus sérieusement, si je peux passer un petit coup de colère, je déplore le passage à 4 des équipes, ce qui casse complètement les dynamiques de copains, et rend beaucoup moins convi-viales les soirées. Pourquoi appliquer un règlement aussi stupide au championnat départemental ?

Y.L. : Imaginez-vous de pouvoir un jour publier un livre qui ferait la synthèse entre le roman policier et le tennis de table, avec un titre du genre : «enquête sur les trajectoires de balles dans le milieu pongiste» ?M.B. : Pas facile… mais le club du TTA ne manque pas d’imagination pour autant, comme en témoigne la très fameuse confrérie créée au sein du club, la confré-rie de la Chèvre d’Or, à laquelle bien entendu j’appartiens, que tous les autres clubs nous envient, et qui dispose de son hymne officiel, de ses tenues de cérémo-nies, de ses intronisations officielles…Mais effectivement, il y a quelques petites références cachées au ping-pong dans mes romans, dans «N’oublier jamais» par exemple…

« En mathématique, c’est comme dans un roman policierou un épisode de Columbo : le raisonnement par lequel le détective confond

l’assassin est au moins aussi important que la solution du mystère elle-même. »

Cédric Villani

Michel Bussi en compagnie dePatrick Poivre d’Arvor après la remise

du prix «Maison de la Presse»le 4 juin 2012 pour son roman

«Un avion sans elle»

Comme ses intrigues policières toujours cousuesde fil blanc, Michel Bussi la joue «serré»en tennis de table !

LES PRINCIPAUX ROMANS DE MICHEL BUSSI :Code Lupin (2006) / Omaha Crimes (2007) / Mourir sur Seine (2008) /Sang famille (2009) / Nymphéas noirs (2011) / Un avion sans elle (2012) /Ne lâche pas ma main (2013) / N’oublier jamais (2014)

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MARIE-CHRISTINE TANGUY GYMNASTIQUE, SKI NAUTIQUE,TENNIS DE TABLE,UNE SPORTIVE TRÈS POLYVALENTE

Sans nier les mérites de certains cham-pions un peu enfermés dans leur discipline, comment ne pas admirer et mettre en exergue la richesse de Marie-Christine Tanguy, gymnaste à ses débuts, puis championne de ski nau-tique et devenue enfin aujourd’hui une pongiste performante dans sa troisième vie sportive ! Habituée dans les années 80/90 à slalomer entre les bouées et

à sauter sur les tremplins nautiques, Marie-Christine est retombée les pieds sur terre mais a su conserver ses qualités athlétiques et de battante derrière les tables de tennis de table qu’elle côtoie principalement dans son club des Cheminots de Sotteville-lès-Rouen (76)... Appelée aujourd’hui à se battre sur le plan santé, Marie-Christine sait que son avenir ne passe pas seulement par des victoires sur les autres mais par la victoire sur elle-même. Et sur ce plan, notre championne n’a guère d’égale pour l’esprit de combativité !

Yves Lainé

Yves Lainé : Votre première activité sportive a été je crois la gymnastique : comment avez-vous vécu ce premier engagement dans le sport ?Marie-Christine Tanguy : C’est un sport qui m’a demandé beaucoup d’investis-sement et je m’y suis consacrée corps et âme de l’âge de 11 à 18 ans. Cela m’a permis non seulement d’adopter une bonne hygiène de vie comme : limiter les sorties tardives, respecter les temps de repos et de récupération, faire attention en matière d’alimentation et surtout ne pas négliger mes études ! J’aimais la fré-

quence des entraînements et la répétition des mêmes exercices jusqu’à la réussite et le plaisir que cela pouvait engendrer surtout quand il était partagé avec ceux avec qui je m’entraînais : mon entraîneur et mon équipe dans laquelle nous avions une forte complicité. La gymnastique m’a non seulement apporté tout un bagage technique mais également un bagage comportemental avec des valeurs que sont : le respect, la rigueur, la volonté, la discipline, la persévérance, le goût de l’ef-fort et du travail bien fait, le partage et la convivialité.

D EUX PONGISTES HAUT -NORMANDS SUR LE DEVANT DE LA « SE INE »

Marie-Christine Tanguy, première à gauchelors du gala d’ouverture France-Roumanie en 1976 et en présence ce jour-là de Nadia Comaneci.

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La gymnastique, je l’ai vécue comme une vraie école de la vie car rien n’y est jamais acquis et il faut constamment se remettre en cause pour progresser encore et encore ! Cela m’a certes apporté des qualités physiques, mentales et compor-tementales mais également la fierté de la victoire, la mienne ou celle des autres.

Y.L. : Quand et comment êtes-vous pas-sée de la gymnastique en salle au ski nautique en plein air ?M-C.T. : En été 1976 (j’avais 16 ans) c’était l’année de la sécheresse et j’ai vu dans le journal un article proposant de décou-vrir le ski nautique à Poses (Eure) à 30 mn de Rouen. Mes parents m’y ont emme-née puis ce fut le coup de foudre, j’ai eu des sensations de glisse extraordinaires lorsque se sont mêlés une poussée d’adré-naline et un sentiment de liberté et de vitesse. J’ai voulu absolument renouve-ler ces sensations et je fus assidue tous les week-ends et les 25 ans qui ont suivi…

Y.L. : Vous avez connu dans le ski nautique de nombreux succès, toutes dis-ciplines confondues : pouvez-vous nous en parler ?M-C.T. : J’ai obtenu de très nombreux titres aux championnats de Normandie de ski nautique classique, tant en figures, en slalom qu’en saut et au combiné. Entre 1987 et 1997, je remporte plusieurs titres de vice-championne de France notam-ment au combiné et des podiums dans les 3 disciplines. Un titre de championne de France en saut en 1997 et je termine également cinquième des finalistes au championnat d’Europe de téléski nau-tique en saut.

Y.L. : Sport particulièrement exigeant, estimez-vous que le ski nautique a par-ticipé spécifiquement à l’affirmation de votre personnalité ?M-C.T. : J’ai découvert d’autres limites, de nouvelles aptitudes, et surtout jusqu’où je pouvais aller. J’avais de l’énergie à revendre, cela m’a permis de mieux gérer et de maîtriser mes élans et plus particulièrement mes prises de risque. J’ai beaucoup peaufiné et perfectionné ma relation avec les autres en tant que skieuse et en tant qu’entraîneur. J’ai connu de grandes émotions notamment quand un parcours et/ou une figure maintes fois répétés étaient réussis ! J’ai gagné en combativité, en hargne, en dépassement de soi. Je me suis donné des objectifs pour toujours faire mieux et j’ai réalisé des choses que je ne m’imaginais pas capable de faire (non seulement pas-ser le tremplin mais par la suite arriver à pleine vitesse en bas de celui-ci).

Y.L. : Quand et comment s’est effectuée votre mutation du ski nautique vers le tennis de table ?M-C.T. : En 2001, j’accompagnais ma fille à son club de gymnastique du Val de Reuil (Eure), étonnant non ? Et en l’at-tendant, j’ai vu un jeune se diriger vers le gymnase qui était juste à côté raquette à la main (il faut préciser que j’avais fait plutôt du «ping pong» avec mon père dans un garage et ensuite du tennis de table pendant mes études et cela m’avait bien plu). Je l’ai suivi et j’ai regardé les joueurs s’entraîner, on m’a demandé si je voulais un peu taper la balle et là ce fut le début d’une longue série car à chaque fois que j’emmenais ma fille je l’attendais en

«Une skieuse nautique anime et embellit le plus bucolique des paysages auquel elle s’incorpore en laissant sur son passage un sillage irisé» (Patrice Martin)

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jouant ! J’avais donc 41 ans et le ski nau-tique physiquement me correspondait de moins en moins, je ne m’entraînais plus qu’en figures pour éviter toutes blessures. En septembre j’ai fait mes premiers pas pongistes en prenant une licence au Val-de-Reuil puis j’ai concilié pendant 2 ans le ski nautique et le tennis de table sachant que les saisons étaient complémentaires. Puis j’ai totalement arrêté le ski et l’école de ski pour me consacrer entièrement à ce nouveau sport qui me fascinait.

Y.L. : Pouvez-vous nous retracer votre par-cours dans le tennis de table et nous dire quelques mots de votre club, le Stade Sottevillais dans la banlieue de Rouen ?M-C.T. : Je voulais progresser mais ce club ne proposait que très peu d’entraî-nements, alors je suis partie à Alizay (Eure) pendant 2 ans, puis nous avons fait une entente pour jouer en équipe fémi-nine avec le Stade Sottevillais Cheminot Club, donc ensuite tout naturellement j’y suis allée et je n’en suis jamais par-tie. Ce club a été fondé le 6 juillet 1949, le SSCC regroupe plusieurs sections, nous sommes bien évidemment la section ten-nis de table. Quand je suis arrivée c’était Pascal Chauvris le président et c’est tou-jours lui actuellement. Nous sommes un petit club près des gros clubs de la région Rouennaise avec un effectif réduit de licenciés, cependant nous avons une Pré-Nationale féminine qui monte en Nationale 3, une R1 qui se maintient, une R4 qui descend, des équipes jeunes et quelques équipes départementales et ce que beaucoup de clubs nous envient ; il y règne une bonne ambiance à l’en-traînement et dans les équipes, des créneaux sont réservés pour les vétérans très assidus. Et surtout là-bas j’ai rencontré un entraîneur-coach hors pair que je ne

citerai pas car il aime être discret, il faut savoir que c’est un bénévole actif dans le club et je peux dire que c’est en grande partie grâce à lui si j’ai eu les résultats sui-vants en V2 :

En 2011 : Championnat de France vété-ran à Joué-lès-Tours :Quart de finale en simple V2 damesChampionnat de France Corpo à Mèze :Première en double mixte avec Grégory CognardTroisième en double dames avec Célia ChauvrisQuart de finale en simple vétéran damesEn 2012 : Championnat de France vété-ran à Ceyrat :Quart de finale en simple V2 damesQuart de finale en double V2 dames avec Claudine NguyenChampionnat de France corpo à Issoudun :Troisième en simple vétéran damesTroisième en double dames avec Célia ChauvrisEn 2013 : Championnat de France vété-ran à Joué-lès-Tours :Quart de finale en simple V2 damesQuart de finale en double V2 dames avec Claudine NguyenChampionnat de France Corpo à Charleville-Mézières :Troisième en double dames avec Sophie LarcherQuart de finale en simple vétéran dames

En V1 j’ai fait quelques championnats de France, à cette époque ce fut difficile de sortir de poule. En effet, ce n’est que vers 43 ans que j’ai vraiment commencé à avoir des conseils et à progresser. Sinon j’ai eu également de nombreux titres dépar-tementaux et régionaux en vétéran.

Marie-Christine Tanguy remercie son coach après l’effort !

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Lettre d’Information bimestrielle - n°5 - septembre 2014

En effet, cet entraîneur, malgré mon jeu atypique : picot long dans le coup droit et backside en revers a su malgré mes gestes qui ne sont pas du tout d’école, les faire progresser par rapport à ma gestuelle et ce pour être la plus efficace possible. En match, la difficulté pour moi c’était la nouveauté de l’adversaire, en effet en gymnastique et au ski nau-tique, il me suffisait de reproduire ce que je répétais inlassablement aux entraî-nements, par exemple, en ski, je devais juste tenir compte du vent… Mais là ce ne sont pas des compétitions de régula-rité, il faut tenir compte du joueur en face et s’adapter à chaque rencontre c’est une grande richesse du tennis de table et une grande nouveauté pour moi. Avoir un coach comme lui m’a beaucoup fait progresser par rapport à toutes ces prises d’information. Il est et a toujours été pré-sent pour me coacher et pour m’entraîner dès qu’un créneau de libre se présentait, beaucoup de disponibilités et de patience et ce avec tous. Les joueurs, outre ses qua-lités humaines lui sont reconnaissants de cette envie qu’il nous transmet de vou-loir progresser, il nous encourage, nous fais espérer et surtout nous transmet sa confiance afin de chasser nos incertitudes, nos inquiétudes, il nous donne cette éner-gie qui nous pousse et qui est nécessaire pour de belles réussites…

Y.L. : Vous avez été confrontée récem-ment aux interrogations de la maladie. Quel impact cette situation a eu sur votre pratique sportive ? M-C.T. : En effet, début novembre 2013 on m’a décelé un cancer du sein, je n’ai pas eu d’autre choix que l’ablation du sein et le curage des ganglions axillaires. Cette douche froide inattendue ainsi que le che-min inconnu de la maladie furent durs à avaler, à accepter et le futur laissait pas mal d’appréhensions et d’inquiétudes.Après ce choc, j’ai dû apprendre à vivre avec la maladie et m’habituer à un quoti-dien partagé entre l’hôpital et la maison et fort heureusement, mon club de tennis de table. J’ai commencé mes premiers trai-tements de chimiothérapie début janvier, ces fortes doses obligatoires à ma future guérison m’ont affaiblie mais j’ai toujours été d’un naturel optimiste et j’ai vécu cette maladie plutôt comme un défi, un com-bat à remporter. Cela doit être mon côté sportif et désormais pongiste !Ma thérapie a été et est toujours le tennis de table, je le bénis, dès que ma forme

revenait c’est-à-dire 5 à 6 jours après une chimio, je m’entraînais régulièrement dans mon club, cela agissait sur mon corps et mon mental : continuer ma pratique me permettait non seulement de contribuer à ma guérison, mais cela me permettait de garder contact avec le monde exté-rieur et d’affronter le regard des autres et grâce à cela j’ai repris confiance en moi… Un des rares matchs que j’ai loupé fut la journée sélective régionale pour les championnats de France Vétéran. Aucun repêchage n’a été possible malgré mes démarches auprès de la FFTT. Celle-ci ayant bien été obligée d’appliquer le règlement, malgré son engagement dans le dispositif «Ping Santé» plusieurs fois évo-qué dans Ping Pong Mag. Ce fut bien entendu une grosse déconvenue pour moi d’autant que je m’étais entraînée dur pour cette épreuve. Mais j’ai su combattre cette déception et je suis bien décidée à ne pas manquer la prochaine édition…Par ailleurs en féminine nous jouons en pré-nationale (depuis quelques années d’ailleurs avec la même équipe) et on savait que cette année je ne serais pas toujours disponible et d’autres ont éga-lement quelques soucis de santé dans l’équipe, notre objectif était de nous main-tenir. On s’est tellement serré les coudes et avons toutes donné le meilleur de nous-mêmes à chaque rencontre qu’à la fin de notre deuxième phase nous avons été récompensées car nous montons en Nationale 3. Merci à notre coach (toujours le même) et à Pascal Chauvris qui nous véhicule et nous encourage sur tous les matchs et à nos quelques supporters, cela ce fut une véritable réussite collective et un beau pied de nez à la maladie !

Y.L. : Aujourd’hui en phase de rémission, comment gérez-vous votre présent sportif et quels projets vous habitent en matière de compétition ?M-C.T. : Ma radiothérapie s’est terminée début juillet, ensuite toutes les 3 semaines pendant un an j’aurai encore une injec-tion mais rien de comparable avec ce que je viens de vivre.La sagesse veut que je me repose cet été, en effet d’habitude, tous les ans je fais au mois d’août un stage au club d’Henne-bont à Etel où je progresse également, grâce à des conseils personnalisés, depuis le temps ils connaissent bien mon jeu avec mon picot long dans le coup droit et y adapte tous les exercices et ce dans une ambiance très studieuse mais sur-

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tout conviviale. Boris, Jérôme, Quentin, Julien… Cette année je vais devoir privi-légier le repos avant la reprise du travail et ils vont me manquer !Dès septembre, je compte bien être beau-coup plus présente dans les compétitions, je vais refaire le critérium fédéral indi-viduel auquel je n’ai pu participer cette année, faire les tours de critérium vétéran, jouer en Nationale 3 avec mon équipe féminine, jouer en Régionale 4 garçons et faire les sélections pour les championnats de France Vétéran et Corpo ! Mon désir de compétition est resté intact et cette maladie m’a fait progresser au niveau du mental, je sens avoir progressé en «gnaque» mais à confirmer…Objectifs :• Le maintien en Nationale 3 féminine.• Tenter de monter la Régionale 4 gar-çons qui vient de redescendre.• Un podium au championnat de France vétéran.• Un podium au championnat de France corpo.Je n’ai jamais fait de compétition inter-nationale en tennis de table mais si mon proviseur m’octroie quelques journées et si mes finances suivent, la Finlande en 2015 et l’Espagne en 2016 me tenteraient bien, pour cela il faut que je m’entraîne encore et encore mais cela tombe bien, j’adore cela !

Y.L. : Vous êtes non seulement une sportive pratiquante, une compétitrice volontaire mais aussi une dirigeante et une enseignante dans le sport : pouvez-vous nous apporter quelques pré-cisions sur ces deux derniers points ?M-C.T. : En 1981 j’obtiens mon Brevet d’Etat de ski nautique et prend en charge le fonctionnement de l’école de ski pendant une vingtaine d’années, mon parcours a été loin d’être routinier et a été ponctué de nombreux défis : école de ski, créa-tion d’une section baby-ski, mise en place d’un plan nautique régional pour les 8-12 ans et les 12-14 ans, stages club, stages de ligue, planète vacances avec la ville de Rouen et la création d’un challenge du club en 2001 toujours en fin de saison, qui perdure d’ailleurs puisqu’en septembre cela fera 13 ans que cela existe, ouvert à tous, compétiteurs ou non quel que soit leur âge. J’ai également été secrétaire du club une quinzaine d’année…En 1983 j’ai obtenu le professorat d’Edu-cation Physique et Sportive, j’ai exercé 2 ans à Amiens dans un collège puis j’ai été mutée rapidement sur Rouen grâce au ski nautique et j’enseigne depuis 1985 au lycée technique qui est devenu à tour de rôle le lycée professionnel Bernard Palissy puis le lycée des métiers de l’acier, de l’aluminium et des services à Maromme (Seine-Maritime).

Marie-Christine Tanguy :deuxième en partant de la gauche.

« Pour faire des choses importantes il faut se mettre en position de vulnérabilité : c’est ça l’audace. »

Cédric Villani

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NICAISE DEMMERY SEULE NUMÉROTÉE V2DANS L’HEXAGONE PONGISTE !

Patricia Dubosc : certains de nos lec-teurs(trices) se rappellent de toi pour avoir joué avec ou contre toi, mais ne te connaissent pas vraiment. Peux-tu nous dire d’où tu viens ? Nicaise Demmery : Je suis née à Saint-Benoît sur l’Ile de la Réunion en 1962.

P.D. : Parle-nous de tes débutsN.D. : J’ai découvert le tennis de table à 21 ans grâce au sport dans l’entreprise, en m’inscrivant à l’USEG, club essentielle-ment corporatif, lié à EDF à l’époque.La salle était au sixième étage, dans un vieil immeuble du quartier de la Trinité à Paris. On y arrivait après avoir monté un escalier métallique. Rien de tel pour com-mencer un échauffement !

P.D. : Tu as un jeu «atypique», d’où cela vient-il ?N.D. : Justement de mes débuts. A cette époque, je n’ai jamais suivi d’entraî-nement spécifique. Je jouais avec des personnes de plus de 45 ans : beaucoup

de défenseurs avec des raquettes picots et/ou anti-top. Dès le début, j’ai joué avec des picots.

P.D. : Te rappelles-tu tes débuts en com-pétition ?N.D. : Au bout de six mois en corpo, j’ai par-ticipé au «Challenge Banque de France», compétition organisée annuellement par la BDF et réservée aux joueuses non clas-sées et 4e série (de 35 à 50 en 1981). J’ai été finaliste et dans la foulée, j’ai obtenu mon premier classement à 50. Une saison après, je passais à 35 et j’ai rejoint ensuite l’ASPTT pour jouer «en libre».

P.D. : Ta progression et ton meilleur clas-sement ?N.D. : J’ai arrêté de jouer pendant deux ans pour donner naissance à ma fille et c’est pourquoi cela m’a pris cinq ans pour monter de 35 à 20. Mon meilleur clas-sement a été numérotée 80 française l’année de mes quarante ans en 2002.

Interview menée par Patricia Dubosc, du même club que Nicaise Demmery, le TT Chelles (77)

Joueuse de haut niveau qui ne fait guère parler d’elle mal-gré un palmarès éloquent, Nicaise Demmery a quelque chose d’instinctif dans son jeu qui relève plus de dons natu-rels que de gestes longuement travaillés à l’entraînement. Ce jeu atypique lui a valu des succès et des victoires dans toutes les divisions féminines de l’Hexagone et dans la plu-part des grandes compétitions nationales et internationales.Classée 15 aujourd’hui (1.564points) à 52 ans, Nicaise ne semble pas pressée de vieillir et devrait grâce à ses qualités innées continuer à surprendre bien des adversaires dans les années à venir !

Yves Lainé

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« l’Europe est très forte pour s’auto-dénigrer, la France y compris...Cette tendance au dénigrement est un frein considérable. L’Europe

des sciences, comme l’Europe tout court, souffre d’une bureaucratie héritéedu souci de ménager les susceptibilités dans un jeu compliqué avec plus

de vingt pays. Elle manque aussi d’un leadership établi (...). Je suis le premierà déplorer la surabondance de normes et de règles tatillonnes qui viennent

de l’Europe, mais l’Europe reste un continent riche de compétences et de talents variés. L’Europe doit investir massivement dans l’éducation et la jeunesse.

Imaginons le futur, rendons-le possible ! »

Cédric Villani, vice-président d’EuropaNova

P.D. : Tu as accumulé pas mal de sou-venirs : quels sont ceux qui t’ont le plus marquée ?N.D. : Ce qui me vient en premier, c’est justement l’annonce par mon président de club à Montpellier de mon nouveau classement à 80 l’année de mes 40 ans.En second, ce sont les médailles d’or que j’ai gagnées en 1993 en simple dames et double mixte aux Jeux des Iles de l’Océan Indien. Cette compétition se déroule tous les 5 ans et réunit les Seychelles, l’Ile Maurice, les Comores, Madagascar et la Réunion. J’ai participé plusieurs fois à cette compétition et gagné bien sûr d’autres médailles, mais ce sont ces 2 médailles d’or qui restent gravées dans ma mémoire.

P.D. : Tu es encore joueuse numérotée 282, mais on ne te voit plus aux cham-pionnats de France vétérans. Pourquoi ?N.D. : Les qualifications régionales ont lieu en janvier ou février et à cette époque-là je suis absente. C’est dommage, car c’est là où j’ai eu mes meilleurs résultats et notamment un titre de championne de France V1 à Mèze en 2007.

P.D. : Quelles sont tes activités en dehors du tennis de table ? N.D. : Je suis commerçante indépen-dante, cela m’occupe pas mal. J’aime bien pratiquer le footing 3 à 4 fois par semaine, faire du vélo, de la marche.

P.D. : Que t’a amené le tennis de table que tu n’aurais peut-être pas connu si tu n’avais pas été dans ce milieu ? N.D. : Avant tout, les rencontres de per-sonnes d’origine différentes, mais toutes animées par la même passion. Les voyages aussi : j’ai bien aimé jouer en Allemagne où cela était parfaitement organisé.

P.D. : Avec le recul, comment analyses-tu ces années ?N.D. : Quand j’ai débuté, je jouais plu-tôt «loisirs» et j’ai été surprise de mes performances.Pour moi la vie en dehors du tennis de table était plus importante. Mais quand je suis à la table, je suis battante, je ne lâche rien. Par contre, une fois la raquette posée, je passe à autre chose.C’est pourquoi j’ai rarement joué en Pro B : une saison à Bordeaux et une autre à Saint-Quentin comme quatrième joueuse, car cela demandait trop de « rigueur ». En revanche, j’ai joué dans toutes les divi-sions féminines.Mon jeu «atypique» a souvent dérangé au haut niveau, bien qu’il ne soit pas très spectaculaire.

P.D. : Et maintenant ? N.D. : Je joue moins souvent, mais je suis toujours aussi motivée par les compéti-tions par équipes. Si on m’appelle pour jouer, je vais vite aller m’entraîner deux ou trois fois dans la semaine pour être prête le week-end...

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Lettre d’Information bimestrielle - n°5 - septembre 2014

« Je jouais beaucoup au ping-pong, un sport complet qui demandede la coordination et de la stratégie. Ceux qui n’ont jamais pratiqué

la compétition au tennis de table n’ont pas idée de la variétéqu’offre ce sport, encore plus grande qu’au tennis avec l’importance

des effets, des propriétés de la raquette qu’on peut tourner etchanger de face, ou de passer d’un style offensif à défensif, etc. »

Cédric Villani

CHAMPIONNATS D’EUROPE VÉTÉRANSÀ TAMPERE (FINLANDE)

DU 29 JUIN AU 4 JUILLET 2015

LE GRAND PRIX NATIONALDES VÉTÉRANS +60 ANS

Dans le courant de la seconde quinzaine de septembre un document fédéral d’information précisera les modalités d’inscription aux prochains championnats d’Europe vétérans . L’inscription par le canal de la FFTT/Mission Vétérans ouvre droit à la remise d’un équipement gratuit offert par Wack Sports (1 survêtement, 1 short et 2 maillots), dans le cadre de l’accord de partenariat signé entre ce dernier et la Fédération, à l’exception des vétérans déjà équipés lors de leur par-ticipation aux championnats du Monde d’Auckland 2014.Seront également précisées les modalités de transport, d’hébergement et de res-tauration ainsi que les possibilités d’excursions proposées au choix des participants.

Des contacts sont actuellement en cours pour organiser un premier Grand Prix National au printemps 2015. La date privilégiée à ce jour est celle du week-end prolongé de la Pentecôte, les samedi 23, dimanche 24 et lundi 25 mai 2015.

Rappelons que ce premier «Grand Prix» devrait comporter :• six catégories en «simple messieurs» et en «simple dames» : 60/64, 65/69, 70/74, 75/79, 80/84, 85 et +• trois catégories en «double messieurs» et «double dames» : 60/69, 70/79, 80 et +• trois catégories en «double mixte» : 60/69, 70/79, 80 et +

Des précisions complémentaires vous seront apportées dans le prochain Vétérama du Ping n°6 de novembre 2014.

INFORMATIONS

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Lettre d’Information bimestrielle - n°5 - septembre 2014

Le soutien apporté cette année par Wack Sport aux vétérans fran-çais engagés dans les compétitions internationales de tennis de table a eu pour effet, lors des derniers championnats du Monde vétérans qui se sont déroulés à Auckland en mai 2014, de déve-lopper une identité collective et un sentiment d’appartenance à un Groupe national, contribuant ainsi à augmenter l’efficacité de chacun. Et c’est ainsi que la réussite sportive a été au rendez-vous d’Auckland avec des résultats exceptionnels.

Le contrat de partenariat signé le 19 février 2014 entre la Mission Vétérans/FFTT et l’équipe Wack Sport a donc pleinement rem-pli son rôle et permettra d’équiper gratuitement les joueuses et joueurs Français désireux de participer aux prochains Championnats d’Europe vétérans de tennis de table qui se dérou-leront à Tampere en Finlande du 29 juin au 4 juillet 2015.

Merci à Wack Sport !

L’ÉQUIPE DE LA MISSION FÉDÉRALE

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Lettre d’Information bimestrielle - n°5 - septembre 2014

« Beaucoup sont persuadés de ne pas aimer les maths et ne pas avoirde prédispositions pour cette matière, mais je pense qu’ils en auraientsi on prenait le temps de bien les leur enseigner (…) Ce n’est pas l’élèvequi doit s’adapter à la méthode mais c’est la méthode qui doit s’adapter

à l’élève et c’est l’encouragement qui doit l’emporter sur la sanction,avec une large autonomie laissée à l’élève : un élève qui répond juste

à moitié à un problème a tout faux, alors qu’il est à mi-parcours...Toute la question de la pédagogie, c’est de trouver un bon équilibre

entre l’encouragement et la sanction. Il est clair qu’en France le curseurest actuellement trop du côté de la sanction et pas assez de l’encouragement. Cela change vraiment tout pour un élève qui répond juste à moitié qu’on lui

dise « non c’est faux » ou « bravo, continue, tu es sur la bonne voie. »

« Le talent de la transmission ne vient pas forcémentde la connaissance mais du charisme. »

Cédric Villani

L’ÉQUIPE DE LA MISSION FÉDÉRALEAU SERVICE DES VÉTÉRANS

GÉRARD MARTIN(licencié Vétéran 2)Chargé de [email protected]

YVES LAINÉ(licencié Vétéran 5)CommunicationRencontres [email protected]

JEAN-JACQUES BRION(licencié Vétéran 4)

RéglementationCompétitions Nationales

[email protected]

LE PROCHAIN VÉTÉRAMA DU PING N°6 EN NOVEMBRE 2014

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