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DOSSIER urant la dernière décennie, 2 millions d’enfants ont été tués dans le monde, 6 mil- lions blessés ou mutilés à vie et 250 000 environ – filles et garçons confon- dus, dont plus du tiers en Afrique – enrôlés et transformés en enfants soldats. En 2011, selon l’ONU, les conflits armés impliquant 23 pays ont touché des milliers d’enfants de manière préoccupante (1) . Des violations graves Le Conseil de sécurité de l’ONU recense ainsi « six violations graves » : le meurtre ou la mutilation d’enfants, le recrutement ou l’emploi d’enfants soldats, les vio- lences sexuelles commises contre les enfants, les attaques dirigées contre des écoles ou des hôpitaux, l’impos- sibilité pour les enfants de bénéficier d’une prise en charge humanitaire et, enfin, l’enlèvement d’enfants. « Depuis 2000, la participation d’enfants sol- dats a été rapportée dans la plupart des conflits armés et dans presque toutes les régions du monde, a indiqué lire p 2, 3 » Pour que frères et sœurs partagent la même enfance D Villages de joie LA REVUE DES DONATEURS mars 2013 / n° 224 / 2 Enquête / p 8 Accueil des fratries : les pratiques en Europe Zoom / p 6 Alerter, c’est protéger les enfants en danger www.sosve.org Les enfants de la guerre Si la guerre fait des ravages de par le monde, les civils sont au premier rang de ces attaques meurtrières. Malgré la vigilance de l’ONU, malgré les principes du droit humanitaire international, les enfants en sont trop souvent les victimes, directes ou collatérales. Enquête.

Villages de Joie - Mars 2013

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Villages de Joie - Mars 2013, la revue des donateurs de SOS Villages d'Enfants.

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DOSSIER

urant la dernière décennie, 2 millions d’enfants ont été tués dans le monde, 6 mil-lions blessés ou mutilés à vie et 250 000 environ – fi lles et garçons confon-

dus, dont plus du tiers en Afrique – enrôlés et transformés en enfants soldats. En 2011, selon l’ONU, les confl its armés impliquant

23 pays ont touché des milliers d’enfants de manière préoccupante (1).

Des violations graves

Le Conseil de sécurité de l’ONU recense ainsi « six violations graves » : le meurtre ou la mutilation d’enfants, le recrutement ou l’emploi d’enfants soldats, les vio-lences sexuelles commises contre les

enfants, les attaques dirigées contre des écoles ou des hôpitaux, l’impos-sibilité pour les enfants de bénéfi cier d’une prise en charge humanitaire et, enfi n, l’enlèvement d’enfants. « Depuis 2000, la participation d’enfants sol-dats a été rapportée dans la plupart des confl its armés et dans presque toutes les régions du monde, a indiqué

lire p 2, 3 »

Pour que frères et sœurs partagent la même enfance

D

Villages de joie LA REVUE DES DONATEURS

mars 2013 / n° 224 / 2 €

Enquête / p 8

Accueil des fratries : les pratiques en Europe

Zoom / p 6

Alerter, c’est protéger les enfants en danger

www.sosve.org

Les enfants de la guerreSi la guerre fait des ravages de par le monde, les civils sont au premier rang de ces attaques meurtrières. Malgré la vigilance de l’ONU, malgré les principes du droit humanitaire international, les enfants en sont trop souvent les victimes, directes ou collatérales. Enquête.

2 / Villages de joie / MARS 2013 / N° 224 / www.sosve.org

Le mot du président

Guerre et paix

Villages de joie. Magazine édité par SOS Villages

d’Enfants / 6, cité Monthiers - 75009 Paris /

Tél : 01 55 07 25 25 / Président : Pierre Pascal / Vice-

présidents : Jean-Pierre Rousselot et Michel Rémond /

Directeur général et directeur de la publication : Gilles

Paillard / Rédacteur en chef : François-Xavier Deler /

Impression sur papier recyclé : Imprimerie SIEP /

Photos : Adel Samara, Conor Ashleigh, Reuters,

SOS Archives, Marko Mägi, SOS Villages d’Enfants,

droits réservés. Publication trimestrielle éditée par

SOS Villages d’Enfants / Abonnement annuel : 8 €.

Prix au numéro : 2 € / Commission paritaire :

N° 0117 H 81095 – ISSN : 0243.6949 – Dépôt

légal à parution. Cette revue est accompagnée

d’un encart d’appel à dons (enveloppe, lettre

et bulletins d’abonnement/don).

Les droits des enfants sont théoriquement garantis par la Convention internationale, ratifi ée

par de très nombreux pays membres de l’ONU en 1989. On pourrait raisonnablement penser que ces droits seraient au centre des préoccupations des États en toutes circonstances, guerre y compris.

Force est de constater que, dans les zones de confl it, ce ne sont pas les seuls hommes en armes qui sont exposés aux risques des combats. La population civile paie un lourd tribut aux affrontements. Et que dire des enfants ? Où sont leurs droits ? Vulnérables, dépendants, leur premier enjeu est la survie. Même s’ils échappent au massacre, les enfants sont marqués à vie par des traumatismes physiques et psychologiques. Que valent les droits des enfants ?

Dans les pays où sévit la guerre, et c’est le cas aujourd’hui au Mali, notre association œuvre pour assurer la sécurité physique, affective et psychologique des enfants qu’elle accompagne (cf. Dossier). Ce minimum est fondamental. Beaucoup d’enfants n’en bénéfi cient pas.

Mais notre association va au-delà. Nous croyons que la paix se construit. Nous œuvrons pour que les enfants de différentes cultures ou religions apprennent à se respecter, à découvrir d’autres richesses que les leurs (cf. ci-contre, le portrait d’Ali Mahdi). Ils peuvent aussi cultiver des liens forts qui seront une référence pour leur vie d’adulte.

Nous semons des graines de paix. Nos équipes s’y emploient chaque jour. Avec vous.

Veuillez croire à tous mes vœux pour cette année 2013.

PIERRE PASCAL

DOSSIER

l’ONG Child Soldiers International dont l’objectif est de mettre un terme et prévenir le recrutement de toute personne de moins de 18 ans dans les confl its armés. (…) On estime que des dizaines de milliers d’enfants de moins de 18 ans continuent de servir dans des forces gouverne-mentales ou des groupes d’opposi-tion armés. Et parmi eux, certains ont moins de 10 ans. » « Depuis 2010, vingt États ont eu recours à des enfants soldats dans des confl its armés et de nombreux autres ris-quent de le faire », indique un rap-port publié récemment par l’ONG.

Des enfants en grande vulnérabilité

Au-delà de ces violations graves, les enfants sont aussi très durement tou-chés par les effets indirects induits par les situations de guerre. Ainsi, selon le Comité international de la Croix-Rouge, 8 à 10 000 enfants sont chaque année victimes des mines antipersonnel, 23 millions réfugiés ou déplacés et 12 millions laissés sans abri. En 2008, on comptait 18 mil-lions d’enfants forcés à fuir de chez eux (2). Déplacés à l’intérieur de leur pays ou au-delà des frontières, très souvent séparés de leur noyau fami-lial, ils se retrouvent dès lors dans des situations de danger extrême, obligés de se débrouiller seuls pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs frè-res et sœurs plus petits.Le droit international humanitaire (DIH) interdit pourtant tout type de comportement menaçant l’unité familiale et, lorsque des familles sont

dispersées à cause d’un confl it armé, il vise au regroupement familial. La Convention internationale des droits de l’enfant préconise également que les enfants séparés ou non accom-pagnés reçoivent une protection et une assistance spéciales, et fassent l’objet de mesures appropriées à leur situation comme, par exemple, le placement en famille d’accueil ou dans des institutions adéquates.Au quotidien, ces enfants exposés

• Sud-Soudan, 2011 •

»

Artiste pour la paix

Le 30 octobre 2012, Ali Mahdi Nouri*,

acteur et directeur de théâtre soudanais,

était honoré de la distinction d’« artiste

pour la paix » par l’Unesco.

Fondateur en 2000 de la compagnie

Al-Bugaa, cet artiste engagé pour la

paix, les droits de l’homme et des en-

fants n’hésite pas à parcourir les zones

de confl it soudanaises et à mettre en

scène des œuvres qu’il fait jouer par

des enfants soldats ou des orphelins

de guerre. Ses travaux, inspirés du pa-

trimoine culturel soudanais, utilisent

diverses techniques de narration, ainsi

que le folklore et la pantomime. Le

rôle très actif joué par Ali Mahdi Nouri

au sein de l’Institut international du

théâtre a conféré une reconnaissance

internationale à son travail : « Je crois

que j’ai reçu cette distinction internatio-

nale pour mon art mais aussi en lien avec

mon travail à SOS Villages d’Enfants, en

particulier grâce à l’aide apportée aux en-

fants dans les zones de confl its afi n qu’ils

connaissent la paix. »

* Ali Mahdi Nouri est aussi directeur national

de SOS Villages d’Enfants Soudan.

Au quotidien, ces enfants exposés en zones de confl it se

retrouvent privés de nourriture, d’éducation et de soins.

/ 3

en zones de confl it se retrouvent pri-vés de nourriture, d’éducation et de soins. « Lorsque les systèmes de soins de santé s’effondrent (…), le risque de complications médicales augmente chez les patients qui ne reçoivent plus de soins. Des mala-dies facilement soignables qui n’ont pas été traitées dégénèrent en handicaps permanents, relève le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les mines (…) et les engins explosifs improvisés sont des armes d’une extrême dange-rosité qui continuent de causer des ravages (…). Des milliers d’enfants meurent pendant les confl its alors qu’un plus grand nombre encore sont blessés souvent longtemps après la fi n des combats et restent handicapés à vie » (3).

Susciter une prise de conscience

Si, depuis longtemps, on peut déplo-rer des violations réitérées du droit international humanitaire, une prise

de conscience semble se faire jour dans la communauté internationale. En 2012, la Cour pénale internatio-nale (CPI) a ainsi rendu son premier jugement condamnant le recrute-ment d’enfants soldats en République démocratique du Congo (4). L’ONU entend elle aussi susciter de nou-veaux comportements des États, en publiant chaque année sa « liste de la honte ». Y fi gurent les parties qui, lors d’un confl it, recrutent ou utilisent des enfants, les tuent, les mutilent ou commettent des vio-lences sexuelles. Enfi n, les travaux effectués par les différentes orga-nisations internationales telles que l’Unicef, l’ONU-Femmes, l’Unesco, etc., et l’utilisation des technologies de l’information et de la communi-cation dans le domaine de l’humani-taire et de l’aide au développement devraient permettre d’atteindre un nouveau stade de maturité, laissant entrevoir une plus grande effi cacité dans la lutte pour la protection des enfants en temps de guerre.

(1) Rapports ONU, 2010 et 2012.

(2) CICR, 2009.

(3) Déclaration du CICR aux Nations unies

sur la promotion et la protection des droits

de l’enfant, 2011.

(4) CPI, 14 mars 2012, Le Procureur c. Thomas

Lubanga Dyilo.

Dans certains pays épargnés par la guerre sur leur territoire, les enfants et

les jeunes ont une perception de la guerre qui se fait à travers la littérature, les bandes dessinées ou le cinéma. Ils peuvent aussi accéder quotidiennement à des images de guerre à travers les médias, en particulier via la télévision et internet, où le traitement visuel est prédominant. Parallèlement, on constate le très grand succès des jeux vidéo qui mettent en scène des situations de combats où les personnages « meurent » de façon réaliste sous la manette du joueur. Que ce soit au travers des médias ou des jeux où ils sont acteurs, leur expérience de la guerre se fait ainsi le plus souvent par écran interposé. Une perception lointaine, virtuelle, déconnectée de la réalité, bien que les images soient réalistes… Un contraste saisissant avec les violences vécues au quotidien par les enfants confrontés, de par le monde, à la guerre.

La guerre, réelle ou virtuelle ?2

6 millions blessés ou mutilés à vie

23 millions réfugiés ou déplacés

250 000 enfants soldats

millions d’enfants tués

• Séparés de leur famille, vulnérables,

les enfants doivent subvenir seuls

à leurs besoins. •

Dans certains pays, on fait la guerre, dans d’autres, on y joue. Jeux vidéo, pistolets, jeux de rôles… Où en est la guerre dans l’enfance de ceux qui en sont protégés ?

4 / Villages de joie / MARS 2013 / N° 224 / www.sosve.org

En direct

près le coup d’État du 22 mars 2012, le Nord du Mali s’est retrouvé face à des groupes incontrôlés repré-sentant une réelle menace

pour la population de la région de Mopti où SOS Villages d’Enfants est présente. Aussi, par mesure de précaution, la direc-tion de SOS Villages d’Enfants a-t-elle pris la décision, le 1er avril dernier, d’évacuer les familles du village SOS de Socoura/Mopti pour les mettre à l’abri dans les deux villages SOS de Sanankoroba et de Kita, situés plus au sud.

Préserver la sécurité matérielle

et affective des enfants

« Notre priorité a été de mettre en sécurité les enfants et les familles SOS, souligne Ibrahima Bane, directeur de l’association nationale SOS Villages d’Enfants Mali. Mais dans ce contexte très déstabilisant, il était également essentiel de préserver la sécurité affective des enfants et de s’assurer que les 137 enfants déplacés pour-suivent leur vie en famille auprès de leur mère SOS. » Les villages SOS de Sanankoroba et de Kita ont ainsi chacun accueilli sept familles supplémentaires. Les enfants échangent sur leurs expé-riences et s’enrichissent mutuellement. Ils ont conscience de la guerre comme en témoigne Salif, 11 ans, du village SOS de Socoura/Mopti, qui vit actuellement à Kita : « Ce qui se passe au Mali est triste parce que des gens meurent ; certains enfants ont perdu leurs parents et d’autres les perdront tant que les combats continuent. Beaucoup d’enfants ont fui à cause de la guerre pour se réfugier ailleurs. Ils vivent certainement dans des conditions dif-fi ciles et ça me fait de la peine. »Au quotidien, cependant, les multiples activités laissent peu de place à l’an-goisse. L’adaptation des enfants s’est

faite aisément grâce à la participation aux excursions, qui leur a permis de découvrir des lieux attractifs de la capi-tale ou les arbres fruitiers et les oiseaux de la savane. Ils se sont aussi intégrés aux activités sportives du village : foot-ball, basket ou judo. Aujourd’hui, ils se considèrent comme des frères et sœurs d’un seul et même village.

En janvier 2013, alors que les combats se rapprochent de Konna, les familles des équipes SOS de Socoura/Mopti ont dû être évacuées vers le sud. En revan-che, parmi la centaine de collabora-teurs, 90 % d’entre eux ont fait le choix de rester sur place pour poursuivre leur mission. Un service de gardiennage veille à la sécurité des infrastructures.

A

Au Mali… SOS Villages d’Enfants poursuit sa mission Au Mali, le village d’enfants SOS de Socoura/Mopti, près de Sevare, a été évacué en avril 2012 et les familles ont été réparties dans les deux villages SOS situés plus au sud, à l’abri de la guerre. Sur place, les équipes SOS poursuivent cependant leurs missions. Malgré les confl its, SOS Villages d’Enfants veille à préserver un peu d’enfance (1).

• Autour du repas, à Kita. •

• Le village SOS de

Socoura évacué. •

AIDEZ-NOUS à construire le 4e village SOS

au Mali, à Khouloum, près de Kayes. MERCI !

Faites un don sur www.sosve.org

• Mogadiscio (Somalie) : le retour des enfants au village SOS

> Après plus d’un an passé en dehors du village SOS, les enfants, les mères SOS et les jeunes ont

pu réintégrer les maisons familiales, qui ont été remises en état. La zone est sécurisée. Le village SOS avait été évacué pour la 4e fois en août 2011.

• Internet au service des dons > Dans un environnement marqué par la crise, SOS Villages d’Enfants s’appuie sur les nouvelles

techno logies pour proposer des possibilités innovantes de soutien à son action :• effectuer des « microdons » de 3 € sur le site de SOS Villages d’Enfants,

en un simple clic. Cette opération, limitée dans le temps, sera renouvelée ;• arrondir le montant d’un achat sur des sites marchands comme PriceMinister : la différence est reversée à SOS Villages d’Enfants ;• placer un bouton de don extrêmement simple (en trois clics) sur des sites à forte fréquentation.

www.sosve.org

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A C T U A L I T É en bref...

Implantée en Syrie depuis 1980, SOS Villages

d’Enfants fait aujourd’hui face à une situation

où les droits des enfants sont violés chaque

jour. Le village SOS d’Alep a été évacué et

les familles se sont réfugiées au village SOS

de Qodsaya, à 8 km de Damas. Les enfants

des villages SOS continuent d’aller à l’école

malgré la situation qui reste très sensible.

Pour assurer leur mission auprès des

enfants, les équipes SOS restent soudées

et doivent faire preuve d’une capacité

d’adaptation hors pair.

1,5 million de personnes déplacées

Au-delà de la prise en charge des enfants

au village SOS, SOS Villages d’Enfants Syrie

apporte un soutien aux populations les plus

touchées par le confl it qui perdure. Selon

l’ONU, 1,5 million de personnes ont été

déplacées. Les écoles sont souvent fermées

ou transformées en lieu d’hébergement

d’urgence. De nombreuses familles luttent

pour un minimum vital. Privées de logement,

de revenus, elles sont dépendantes d’aides

extérieures. SOS Villages d’Enfants Syrie vient

en aide à 3 900 personnes.

SOS VILLAGES D’ENFANTS SYRIE

Rester soudés et s’adapter

Autre priorité : la scolarité

En période de guerre, SOS Villages d’Enfants accorde une attention parti-culière à la scolarisation des enfants. Au-delà des apprentissages, le fait même d’aller à l’école est un repère important du quotidien des enfants et leur permet de se tourner vers l’avenir. À Socoura/Mopti, SOS Villages d’Enfants poursuit ainsi sa mission de scolarisation : plus de 800 élèves de 6 à 14 ans fréquentent l’école SOS et le jardin d’enfants SOS accueille plus de 200 élèves de 3 à 6 ans. « Les résultats scolaires de l’école à Mopti sont encourageants, se réjouit Ibrahima Bane. Le taux de passage en classe supérieure pour l’ensemble des enfants scolarisés est de 83 % au titre de l’année scolaire 2011-2012. De très bons résultats au regard de la situation. »

Un accompagnement familial élargi

Le 15 janvier dernier au matin, Ibrahima Bane fait le tour des classes de l’école SOS de Socoura/Mopti. Hormis l’ab-sence de certains élèves, partis avec leurs parents vers le sud, rien n’est à signaler. Pourtant, quelques jours aupa-ravant, les combats ont repris à 70 km à peine au nord de Socoura/Mopti. 500 enfants sont encore pris en charge avec leur famille dans la région, dans le cadre du programme de renforcement de la famille (PRF). Pour ces enfants particulièrement fragilisés, SOS Villages d’Enfants Mali a mis en place un sou-tien psychosocial. Recruté à cette fi n, un spécialiste rencontre les familles pour des entretiens individualisés.SOS Villages d’Enfants France reste pour sa part en contact permanent avec la direction nationale de SOS Villages

d’Enfants Mali qui ne ménage pas ses efforts, comme le souligne Ibrahima Bane : « Nous poursuivons notre tra-vail. C’est en ce moment qu’on a le plus besoin de nous. »

(1) Informations disponibles au moment

de l’impression (fév. 2013).

www.sosve.org rubrique Actus

• L’équipe SOS restée à Socoura. •

6 / Villages de joie / MARS 2013 / N° 224 / www.sosve.org

Zoom

arina, Tiphaine… L’actualité récente a mis en lumière les maltraitances que peuvent subir les enfants, parfois jusqu’à en mourir. En 2011, le ministère de l’Intérieur a recensé 57 enfants de moins de 15 ans victimes d’homicides et

17 889 enfants victimes de violences, mauvais traitements ou abandons (1). Face à ces constats, la question se pose alors : « Savons-nous protéger nos enfants ? ». Une interrogation à laquelle ont tenté de répondre, les 11 et 12 février dernier, les 6es Assises de la protection de l’enfance organisées au Mans.

Alerter, une obligation qui s’impose à tous

Il existe en France un dispositif complet pour identifi er de possibles maltraitances et, le cas échéant, protéger les enfants concernés. Il est organisé autour de « l’information préoccu-pante (IP) » et du « signalement », deux termes qui recou-vrent des notions très précises. Transmettre une IP consiste à porter à la connaissance de la cellule départementale de recueil des IP (CRIP), par voie orale ou écrite, la situation d’un enfant potentiellement en danger : inquiétude sur des comportements inhabituels, faits observés, propos entendus ou rapportés. Ces informations seront ensuite analysées et évaluées par une équipe de professionnels (assistantes sociales,

psychologues, médecins…). Signaler, c’est alerter l’auto-rité judiciaire. Une étape du dispositif d’alerte réservée aux situations les plus graves. « D’une manière générale, la loi impose à chacun de ne pas se taire et d’agir lorsqu’il a connaissance de la situation d’un enfant en danger ou en risque de l’être, souligne Vanessa Fitoussi, avocate au barreau de Paris. Toute personne en relation directe avec des mineurs identifi ant d’éventuelles maltraitances a ainsi l’obligation de les signaler. »Depuis la loi de 2007, le dispositif de repérage s’est sensiblement amélioré. Aussi, comme l’explique Karine Senghor (2), les Assi-ses de la protection de l’enfance 2013 se sont-elles attachées à dépasser la seule question de la détection : « Nous avons notam-ment analysé les dysfonctionnements qui peuvent se pro-duire dans l’évaluation de la gravité des situations, comme l’ont montré de récentes affaires, et dans la mise en œuvre des mesures, souvent ralentie par le fonctionnement en silo des différents intervenants concernés, le poids des procédu-res, ou encore le manque de formation des professionnels à la question du risque. Mais, au-delà, nous avons tenu à requestionner la fi nalité de la protection de l’enfance et le contenu des pratiques éducatives, en partant notamment des témoignages de nos partenaires auxquels nous avions demandé quelle était, selon eux, la toute première priorité pour améliorer la protection de l’enfance. »

SOS Villages d’Enfants : quelle priorité pour l’avenir ?

Pour sa part, SOS Villages d’Enfants a insisté sur la nécessité de recréer du lien et de la proximité entre les enfants et les travailleurs sociaux. De fait, avec la complexifi cation crois-sante de notre système de protection de l’enfance, les adultes sont de moins en moins disponibles pour l’enfant, alors même que les évolutions législatives ont prévu de mettre l’usager au centre du dispositif et que l’engagement fi nancier des départe-ments n’a cessé de croître depuis la décentralisation.

(1) Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice,

faits constatés en France métropolitaine en 2011.

(2) Directrice du Journal de l’Action Sociale, organisateur des 6es Assises

de la protection de l’enfance qui ont réuni 1 700 professionnels au Mans.

M

119Allô enfance en danger

• Numéro national gratuit, ouvert 24h/24, 7jours/7 pour signaler toute situation ou risque de maltraitance.

• Des spécialistes vous écouteront et vous dirigeront, le cas échéant, vers la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP)du département concerné.

Alerter, c’est protéger les enfants en dangerChaque année, trop d’enfants sont victimes de graves maltraitances. Pourtant, en France, le dispositif permettant de signaler ces violences semble bien rodé… Éclairage.

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InfoEntretien

partenairesInfo partenaires

Agence Nationale pour les Chèques-Vacances

Permettre la reconstruction des jeunes par le sport

Partenaire de SOS Villages d’Enfants

depuis 2007, l’ANCV renouvelle son

soutien en faveur du programme

d’épanouissement par le sport

(PEPS). L’objectif du PEPS est de

faire du sport un levier éducatif pour

la reconstruction des jeunes accueillis au sein des villages

d’enfants SOS. www.ancv.com •

Maisons du Monde

Soutenir durablement les enfants d’un village SOS en Inde

Depuis 2008, Maisons du

Monde soutient l’association

SOS Villages d’Enfants

autour d’une opération de

produit-partage. Parmi une

sélection de meubles « spécial

enfant », 10 € sont reversés

à l’association en faveur du village SOS de Raipur en Inde.

20 % de la production de Maisons du Monde est issue

de ce pays. www.maisonsdumonde.com •

Crédit Coopératif

Épargner utile en soutenant les actions de SOS Villages d’Enfants !

Depuis 2009, SOS Villages d’Enfants

est partenaire de trois produits

bancaires solidaires du Crédit

Coopératif :

• Le livret Agir et le livret Jeune

Agir sont des livrets de partage. Ils permettent d’épargner,

tout en reversant automatiquement une partie des intérêts

perçus, sous forme de don.

• La carte Agir permet de réaliser un don à chaque

utilisation de la carte.

Vos achats et vos retraits prennent un nouveau sens !

www.credit-cooperatif.coop •

AVIS-Immobilier

Rénover les maisons et améliorer le confort des enfants

Depuis 2006, l’enseigne et

ses franchisés reversent 5 €

à l’association pour chaque

compromis de vente réalisé.

Les fonds collectés permettent

de soutenir les programmes

de rénovation et de construction

des villages d’enfants SOS.

Cette année, AVIS-Immobilier contribue aux travaux

de rénovation du village d’enfants SOS de Neuville,

dans le Nord. www.avis-immobilier.fr •

« Les enfants des rues, une priorité pour la Fondation Air France »

Année après année, la Fondation Air France soutient des projets menés par des associations en faveur des enfants. L’objectif ? Favoriser l’éducation et la formation d’enfants en grande diffi culté. Entretien avec Cécile Vic, déléguée générale de la Fondation Air France.

Quelle est la vocation de la Fondation Air France ?

Depuis 20 ans, la Fondation fi nance et soutient des projets

portés par des associations qui œuvrent en faveur des enfants

malades, handicapés ou en grande diffi culté. Nous interve-

nons toujours dans le cadre de l’éducation et de la formation

au sens large du terme, puisqu’il s’agit d’accompagnement au

développement de l’éducation, mais aussi de l’éducation aux

loisirs, à la culture et au sport. Depuis sa création, en 1992, la

Fondation a fi nancé 856 projets, 625 en faveur des enfants en

diffi culté et 231 en faveur des enfants malades ou handicapés.

Actuellement, nous soutenons une centaine de projets par an

pour un budget total de 2 millions d’euros et ce, partout dans le

monde où Air France est présent.

Quelles sont vos priorités d’action ?

Nous sommes la Fondation d’entreprise française qui fi nance

le plus de projets en faveur des enfants des rues. C’est une de

nos priorités car c’est la pire des situations que peuvent vivre

des enfants, exposés à la drogue, aux violences et abus en tout

genre. Nous sommes également très attachés aux projets liés

à l’hôpital afi n qu’à un moment de leur vie, les enfants hospita-

lisés puissent être des enfants à part entière, au travers d’espa-

ces de jeu ou d’animations. Il en est de même pour les enfants

handicapés qui doivent avoir accès à l’éducation, notamment,

dans certains cas, par le biais de l’école à la maison.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets

que vous soutenez ?

Depuis plusieurs années, par exemple, nous soutenons un pro-

jet d’agrandissement d’une école au Cameroun. Situé dans les

faubourgs de Douala, cet établissement ne pouvait scolariser

les enfants que jusqu’en CM2 alors que les autres écoles étaient

très éloignées. En 2011, l’école a fêté ses premiers bacheliers,

tous diplômés avec des notes supérieures à la moyenne natio-

nale. Nous sommes très heureux d’avoir permis aux enfants

de poursuivre leurs études. Nous fi nançons également des

projets comme ceux conduits par le Samu Social International

au Sénégal, au Pérou ou en Russie pour sortir des enfants des

rues et leur permettre de retourner dans une structure fami-

liale ou, tout au moins, à l’école. Enfi n, nous apprécions beau-

coup les projets menés par des associations de taille moyenne,

telle SOS Villages d’Enfants. Ainsi, nous soutenons les projets

de l’association à Madagascar depuis plusieurs années, autour

de nombreuses actions en faveur des enfants.

www.sosve.org rubrique Nous soutenir http://corporate.airfrance.com/fr/fondation+ sur

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8 / Villages de joie / MARS 2013 / N° 224 / www.sosve.org

Enquête

ans quelles circonstances doit-on placer des enfants et a fortiori des fratries ? Pour Maria Herczog, docteur en sociologie, présidente d’Eurochild (2) et membre du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, « le placement doit toujours

être considéré en dernier ressort et être alors soigneuse-ment évalué, planifi é, suivi – ce qui inclut d’éviter une séparation des fratries qui irait à l’encontre de l’intérêt supérieur et des souhaits des enfants ». Afi n d’encadrer l’accompagnement des enfants faisant l’objet d’une mesure de placement, les Nations unies ont approuvé, en 2009, les lignes directrices relatives à la protection de remplacement pour les enfants. Des normes de qualité internationales et européennes sont désormais disponibles, qui incluent des dispositions concernant les fratries. L’ensemble constitue un cadre reconnu au niveau international et s’appuie sur deux principes fondamentaux : le principe de nécessité et le principe d’adéquation. Pourtant, dans la pratique, l’ac-cueil des fratries en protection de l’enfance semble assez éloigné de ces normes de qualité. Un constat mis en valeur par les résultats chiffrés de la recherche publiée en octobre

2012 par SOS Villages d’Enfants International et SOS Villages d’Enfants France. Ils font état de la grande disparité des dis-positifs existants et font apparaître que, trop souvent encore, les fratries sont séparées dans le cadre d’un placement.

Des dispositifs insuffi samment adaptés aux fratries

Outre-Rhin, la grande majorité des enfants et des adolescents placés (soit environ 110 000 jeunes de moins de 18 ans) ont des frères et des sœurs. Pourtant, on estime que moins de 20 % de ces fratries vivent sous le même toit. La priorité étant donnée au maintien de l’enfant dans sa famille d’origine, le principe de l’examen au cas par cas aboutit à retirer les enfants les uns après les autres pour les placer dans des lieux d’accueil différents.

Lorsque le placement est inévitable, la prise en compte des relations fraternelles et le maintien de la fratrie sont essentiels. Si tous les acteurs de la protection de l’enfance s’accordent sur ce point, sur le terrain, tout reste encore à faire. Un constat issu de la première démarche de recherche conduite en 2012 à l’échelle européenne, en Allemagne, Autriche, Espagne, France et Italie (1). Focus.

P R O T E C T I O N D E L’ E N FA N C E

Accueil des fratries : quelles pratiques en Europe ?

D Les recherches sur le lien fraternel

et les fratries placées sont primordiales

pour pouvoir influer sur les politiques

et les pratiques. -MARIA HERCZOG

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3 questions à…

Régines Scelles, psychologue et professeur de psychopathologie à l’université de Rouen*.

Vous avez mené des recherches pendant cinq ans sur les liens fraternels. Quels en étaient les enjeux ?Nous avons souhaité mieux comprendre à quelles situations étaient confrontés les professionnels qui accueillaient les fratries placées. Nos recherches ont principalement porté sur deux volets : repérer les moments de crise dans les liens fraternels après le placement, puis la manière dont ils étaient gérés ; identifi er les outils qui pourraient être utiles aux professionnels pour analyser la qualité de ces liens entre frères et sœurs. Car des fratries sont placées ensemble sans que l’on connaisse véritablement la nature des liens qui les unissent. Or, au sein d’une même fratrie, certaines relations fraternelles peuvent être une ressource, au sens où elles représentent un pôle de sécurité, un lien à l’histoire familiale, un soutien affectif. Alors que d’autres relations seront source de maltraitance intrafraternelle.

Quelle méthode avez-vous utilisée ?Nous avons opté pour une méthode dite de « regards croisés » qui a consisté, à l’occasion d’études de cas, à entendre à la fois la parole des enfants, des professionnels qui s’occupaient d’eux et des directeurs d’établissements qui avaient accueilli les fratries. Cette approche nous a permis d’avoir des repères pour voir comment enfants et adultes différenciaient ce qui relève du normal ou du pathologique dans les agressions physiques ou psychiques au sein de la fratrie.

Quels sont les principaux enseignements de ces recherches ?Qu’il est urgent de doter les professionnels d’un processus d’analyse, autrement dit d’une sorte de check-list, de la qualité des liens fraternels. Nous avons démontré qu’au sein d’une fratrie, par exemple de quatre enfants, deux ou trois jeunes peuvent s’épauler mutuellement et incarner les uns pour les autres des fi gures d’attachement. Alors qu’un quatrième peut être jaloux de ces relations et mettre toute son énergie à perturber la qualité de ces liens fraternels. Plus important encore, nos études prouvent qu’au-delà de tout outil, il faut d’abord et avant tout prendre le temps d’écouter l’enfant raconter la façon dont il gère ses liens avec ses frères et sœurs et le rôle que cela joue dans sa vie. Cela demeure la meilleure méthode pour analyser une situation sans se tromper.

* Régines Scelles est l’auteur de Liens fraternels et handicap, De l’enfance à l’âge adulte, souffrances et ressources, publié aux Éditions Érès, septembre 2010.

En Autriche, 11 088 enfants et adolescents sont placés, dont 40 % environ dans des familles d’accueil et 60 % dans des structures de type familial, des foyers d’accueil ou des institutions. Le législateur ne mentionne que rarement les fratries de façon explicite. Résultat, la question du place-ment des fratries est rarement abordée. Et aucune disposi-tion juridique ne traite des fratries qui vivent ensemble ou séparément. En Espagne, 9 014 enfants de moins de 18 ans ont été placés en établissement, 4 216 en familles d’accueil, 8 215 dans d’autres modes d’hébergement (de type villages SOS). Dans toutes les régions, la non-séparation des fratries fi gure bien comme l’un des critères constitutifs de « l’intérêt supérieur de l’enfant ». Mais elle n’est que le dernier des quatre cri-tères pris en compte lors d’un placement. En outre, depuis 2010, une nouvelle législation stipule qu’aucun enfant de moins de 6 ans ne peut être placé en institution. La variable « fratrie » n’est, le plus souvent, pas prise en compte.

L’Italie (30 657 enfants placés, dont 15 203 dans des fa-milles d’accueil et 15 454 en établissement) ne dispose pas pour sa part de loi spécifi que sur le placement des fratries. En France, enfi n, sur les 145 650 enfants placés à l’Aide sociale à l’enfance, 53 % sont accueillis en familles d’ac-cueil, 39 % en établissement et 8 % dans d’autres modes d’hébergement (internat scolaire, etc.). La loi réformant la protection de l’enfance de mars 2007 précise que « le lieu d’accueil de l’enfant doit être recherché dans l’intérêt de [l’enfant] et afi n de faciliter [...] le maintien de ses liens avec ses frères et sœurs en application de l’article 371-5 du code civil ». Quinze ans plus tard, rares sont les lieux qui peuvent accueillir des fratries en leur permettant de vivre ensemble et il n’existe pas de données sur la si-tuation des fratries placées. Or, comme le rappelle Maria Herczog, « les recherches sur le lien fraternel et les fra-tries placées sont primordiales pour mieux compren-dre les problèmes qui se posent et pour pouvoir infl uer sur les politiques et les pratiques qui ont des incidences sur la vie des enfants et de leurs familles. »

(1) Source : Les Cahiers SOS n° 6, octobre 2012 : « Les relations fraternelles

pendant le placement », chiffres 2009, 2010 et 2011 selon les pays.

(2) Eurochild est un réseau européen dont la mission consiste à aider ses

membres à promouvoir le bien-être et les droits de l’enfant et des jeunes

en Europe.

« Avant tout, écouter l’enfant »

www.sosve.org rubrique Médiathèque Cahiers SOS n°6

En France

145 650 enfants placés à l’Aide sociale à l’enfance fi n 2010 :

• 53 % accueillis en familles d’accueil

• 39 % en établissement

• 8 % dans d’autres modes d’hébergement

10 / Villages de joie / MARS 2013 / N° 224 / www.sosve.org

Sibiri Millogo, infi rmier au grand cœur

ertains parcourent plus de 20 km à pied pour le voir. Sibiri Millogo est, avant tout, l’infi rmier des 113 enfants du village SOS

de Dafra, mais il accueille aussi, cha-que jour, les habitants des environs. « La vaccination, la pesée et le suivi des enfants, la prise en charge des femmes enceintes sont mes princi-pales occupations, explique Sibiri. Les consultations sont gratuites, y compris le week-end pour les cas graves ou urgents. » S’occuper des enfants même le samedi, quoi de plus naturel lorsque l’on se prénomme Sibiri ? « Sibiri, cela veut dire samedi : c’est le jour où je suis né ! », précise l’infi rmier, qui impres-

sionne par sa haute stature, mais sur-tout par son regard aussi pénétrant que bienveillant.

Vacciner, soigner, conseiller

Chaque mois, Sibiri reçoit près de 900 patients, parmi lesquels de nombreux enfants du village SOS, des mères SOS, des membres du personnel, les élèves de l’école SOS, ou encore les enfants et adultes du programme de renforcement de la famille (PRF). 380 enfants sont pris en charge par ce programme : la plu-part des familles viennent de Côte-d’Ivoire, chassées par les confl its internes du pays. « Je réalise un bilan médical de l’état de santé de chaque enfant que je reçois.

Je leur administre des vaccins contre la coqueluche, la polio, le tétanos, la diphtérie, le pneumo-coque, et contre la rage en cas de morsure. Je cherche aussi à bien comprendre dans quel environ-nement vivent mes patients : cela me permet de leur apporter des conseils, pour qu’ils apprennent à éliminer certaines causes de maladie. »Sibiri remet chaque mois un rapport à l’observatoire du district sanitaire, qui dépend du ministère de la Santé, en mettant l’accent sur les cas de paludisme et de maladies épidémiques comme la rougeole ou les méningites. Il profi te de cette occasion pour s’ap-provisionner en petit matériel médical.

C

Parcours

• La vaccination : un axe

important de prévention. •

Infi rmier au village d’enfants SOS de Dafra/Bobo-Dioulasso* au Burkina-Faso, Sibiri Millogo s’investit sans compter auprès des familles de la région, qu’il soigne et sensibilise aux règles d’hygiène et de prévention.

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Des « causeries »

pour la prévention santé

En plus des visites à son cabinet, Sibiri organise aussi des « causeries », séan-ces de sensibilisation et d’information auxquelles sont invités les bénéfi ciai-res du programme de renforcement de la famille comme les habitants des environs. Une cinquantaine de per-sonnes, majoritairement des femmes, participent à chaque séance. « Ces réunions sont l’occasion d’aborder de nombreux thèmes. Cela va des règles d’hygiène au paludisme, en passant par la planifi cation fami-liale, la vaccination et tous les sujets sur lesquels les participants me demandent des informations : dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, apprentissage des gestes de premier secours, ques-tions sur la sexualité, prévention contre le VIH et les autres maladies sexuellement transmissibles… » Les femmes peuvent aussi profi ter de ces séances pour apporter leurs moustiquaires, que Sibiri imprègne de produit répulsif.Toutes ces actions portent leurs fruits. Ainsi, Sibiri se félicite de la baisse du nombre de grossesses non dési-rées observées chez les jeunes fi lles : trois à quatre cas sont aujourd’hui observés par an, contre huit à treize auparavant.

Faire mieux, grâce aux progrès

de la médecine

Le village d’enfants SOS de Dafra permet aussi aux familles de se voir délivrer facilement des médicaments sur ordonnance de Sibiri, grâce à la mise en place d’un partenariat avec plusieurs pharmacies des environs. L’association prend en charge une partie du coût des médicaments : les enfants bénéfi ciaires du PRF sont couverts à 100 % jusqu’à leur majorité. Leurs parents peuvent également bénéfi cier d’une prise en charge de 50 %, en fonction de leur niveau de ressources.Si Sibiri Millogo fait déjà beaucoup, il aimerait faire mieux encore.

« Afi n d’actualiser mes connais-sances, notamment en matière de traitements contre le VIH et de maladies infantiles, je me rends tous les soirs à l’hôpital, après mes consultations, pour observer, interroger et échanger avec mes collègues du service de pédia-trie. Je me dois de toujours rester informé, car la médecine réalise sans arrêt de nouveaux progrès », conclut Sibiri.

* Soutenu par SOS Villages d’Enfants France.

Les consultations sont gratuites, y compris le week-end

pour les cas graves ou urgents.

• Des séances d’information

sont régulièrement organisées

autour de thèmes variés :

hygiène, paludisme, vaccinations… •

• Sibiri reçoit près de 900 patients par mois. •

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