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www.snuipp.fr Premières classes D ébut décembre, la parution des résultats de PISA, une enquête internationale qui mesu- re la maîtrise de la langue, des mathéma- tiques et de la culture scientifique chez les élèves de 15 ans a dressé un constat sans appel pour la France : l’écart qui sépare les plus forts des plus faibles continue de grandir et la proportion des élèves en grande difficulté ne cesse de s’accroître depuis les années 2000. Ce que PISA révèle aussi c’est que les pays qui réussissent ont centré la transformation de leur système éducatif sur les enseignants en les attirant, en les formant et en les accompagnant. C’est dire l’importance de la réforme de la formation initiale. Si l’heure n’est pas encore au bilan des ESPE, seulement quelques mois après leur ouverture, les difficul- tés sont déjà nombreuses et multiples. Le SNUipp-FSU avec d’autres syndicats de la FSU ont demandé au ministre de considérer cette année comme transitoire. Dans le même temps, la FSU a ouvert un observatoire de la formation afin de récolter les témoignages des formateurs et étudiants, d’avoir en temps réel une photogra- phie de la situation, pour alerter les ministères et l’ensemble de la communauté éducative et pour continuer à porter des propositions alternatives. Le SNUipp-FSU vient de lancer une alerte au mi- nistre sur les conditions de formation des étu- diants qui préparent les concours 2014 et 2014 exceptionnelle, ainsi que sur les conditions d'en- trée dans le métier des stagiaires. Tout au long de l’année, le SNUipp-FSU est présent dans les ESPE pour vous accompagner, vous informer et dé- battre pour une réelle amélioration des condi- tions de formation. enêTr es [ ] f sur cours éd i t o [ ] Février 2014 infos service : Combien gagne-t-on ? Dossier : Faire la classe... autrement. Question métier : La poésie est ouverture de la conscience.

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www.snuipp.fr

Premièresclasses

Début décembre, la parution des résultats dePISA, une enquête internationale qui mesu-re la maîtrise de la langue, des mathéma-

tiques et de la culture scientifique chez les élèvesde 15 ans a dressé un constat sans appel pour laFrance : l’écart qui sépare les plus forts des plusfaibles continue de grandir et la proportion desélèves en grande difficulté ne cesse de s’accroîtredepuis les années 2000. Ce que PISA révèle aussic’est que les pays qui réussissent ont centré latransformation de leur système éducatif sur lesenseignants en les attirant, en les formant et enles accompagnant. C’est dire l’importance de laréforme de la formation initiale. Si l’heure n’estpas encore au bilan des ESPE, seulementquelques mois après leur ouverture, les difficul-tés sont déjà nombreuses et multiples. LeSNUipp-FSU avec d’autres syndicats de la FSUont demandé au ministre de considérer cetteannée comme transitoire. Dans le même temps,la FSU a ouvert un observatoire de la formationafin de récolter les témoignages des formateurset étudiants, d’avoir en temps réel une photogra-phie de la situation, pour alerter les ministères etl’ensemble de la communauté éducative et pourcontinuer à porter des propositions alternatives. Le SNUipp-FSU vient de lancer une alerte au mi-nistre sur les conditions de formation des étu-diants qui préparent les concours 2014 et 2014exceptionnelle, ainsi que sur les conditions d'en-trée dans le métier des stagiaires. Tout au long del’année, le SNUipp-FSU est présent dans les ESPEpour vous accompagner, vous informer et dé-battre pour une réelle amélioration des condi-tions de formation.

enêTres[ ]fsur cours

édito[ ]Février 2014

infos service : Combien gagne-t-on ?

Dossier : Faire la classe... autrement.Question métier : La poésie est ouverture de la conscience.

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Pour vous syndiquer au SNUipp-FSU :

http://adherer.snuipp.fr/sections

Depuis cette rentrée, le SNUipp-FSU, présent dans les ESPE et les écoles auprèsdes étudiants et stagiaires, a recensé de nombreux problèmes ou questions lesconcernant. Il s’est adressé au ministre de l’éducation pour obtenir rapidementdes réponses en demandant une audience afin de clarifier un certain nombre depoints (Indemnités de stages des M2 non contractuels ; prime ISAE pour les sta-giaires ; démissions de M2 contractuels ; conditions de formation, de stages, derémunération, de validation et de titularisation des PES, pour l’année 2014-2015…). Il demande également à ce que les PES lauréats du concours 2014 ex-ceptionnel ne soient pas en pleine responsabilité de classe et bénéficient d’uneréelle formation et continue d’exiger que le temps de stage ne dépasse pas letiers temps.Il demande également la prise en charge par le ministère de l’éducation des fraisd’inscription en ESPE de tous les étudiants contractuels admissibles en M2 etdes futurs professeurs des écoles stagiaires ainsi que le rétablissement de l’aidespécifique aux étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement. Il inter-viendra pour que tous les lauréats des concours 2014 puissent suivre leur for-mation en M2 MEEF, quel que soit leur M1.

2

Ce document a étéréalisé avec desencres végétales,sur papier recyclépar une imprimerieImprim’Vert.

le fil de l’école[ ]

Etudiants et stagiairesle SNUipp lance une alerte au Ministre

dans les espe...

La mobilisation des étudiants de l'ESPE AixMarseille s'est soldée par un accord avec la direc-tion de l'école satisfaisant leurs revendications. Ilsrevendiquaient les moyens nécessaires pour pou-voir préparer dans de bonnes conditions lesconcours CRPE, CAPES, CAPEPS, ils se sont mobi-lisés contre les baisses de volume de formation,pour un fonctionnement démocratique de l'EcoleSupérieure du Professorat et de l'Education. Lessyndicats de la FSU (SNESup, SNES, SNUipp,SNUEP, SNEP) les ont soutenus tout le long duconflit. De manière générale, la FSU est partie prenantedes luttes menées dans différentes ESPE(Marseille, Le Mans, Bordeaux…) pour une amélio-ration des conditions d’études des futurs ensei-gnants, des contenus de la formation, et pour uneamélioration des conditions de travail des forma-teurs.

Mobilisations desétudiants

Le Ministre a répondu à lademande du SNUipp de re-considérer les dossiers desadmissibles qui s'étaient vurefuser leur admissibilité,ayant rendu leurs attesta-tions AFPS et natation enretard. Il examinera avecbienveillance chaque dossierqui lui sera soumis.

formation des enseignantsla FSU met en place un observatoireLa mise en place de la réforme de la formation des enseignants et l'ouverturedes ÉSPÉ placent, dans toutes les académies, les étudiants, les formateurs et lesautres personnels face à de nombreuses difficultés. La FSU, est depuis la rentréetrès à l’écoute des personnels et des étudiant-e-s. Elle a recueilli de nombreuxtémoignages et a souhaité faire le point sur ce dossier pour, à la fois, alerter leministère et continuer de porter des propositions alternatives. Vous pouvez y déposer vos témoignages : observatoire-fde.fsu.fr

Le Comité de suivi de la réforme de la forma-tion des enseignants, réclamé par la FSU, estcomposé de représentants de l'État, de la for-mation, des organisations représentatives despersonnels et usagers du scolaire et de person-nalités qualifiés. Lors du comité de janvier, leSNUipp-FSU a porté entre autre, sa revendica-tion d’une entrée progressive dans le métier,avec seulement un tiers-temps de classe pourles PES de l’année prochaine. Il a également té-moigné des difficiles conditions de formationet de stages des étudiants et stagiaires actuelset a demandé un réel cadrage de la formation.

Comité de suivi

admissibles au concours 2014le SNUipp permet de faire évoluer la situation

Monsieur le Secrétaire général,

C’est avec toute l’attention qu’il mérite que Monsieur

Vincent PEILLON, ministre de l’éducation nationale, a

pris connaissance de votre courrier relatif à la situation

des candidats admissibles au concours 2004 excep-

tionnel, qui n’ont pu présenter dans les délais impartis

les pièces justificatives nécessaires à la validation de

leur inscription à l’oral.

Attentif à votre démarche, le ministre m’a personnelle-

ment demandé de vous répondre.

Nous comprenons parfaitement vos remarques, d’au-

tant plus légitimes que les résultats encourageants

d’admissibilité à la session 2014 tendent à prouver que

l’ouverture de ce concours est une réponse efficace à la

pénurie d’enseignants dans certaines académies.

C’est la raison pour laquelle le ministère examinera avec

bienveillance les différents dossiers qui n’ont pas été re-

tenus, pour les raisons que vous évoquez, afin d’envisa-

ger, dans la mesure du possible, de remédier à certaines

situations.Je vous prie de croire, Monsieur le Secrétaire général,

en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Bernard Lejeune

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Même si certains semblent éprou-ver moins de difficultés qued'autres, la conduite de la classe

n'est pas un don mais elle s’apprend.Quelques règles peuvent aider à instau-rer dans la classe une ambiance sereineet propice au travail. L’enjeu n’est passeulement de maintenir l’ordre et lapaix. Le rôle du maître est de faire tra-vailler les élèves, tous les élèves, pourles faire progresser. C'est le plus sou-vent pour les élèves en difficulté que laquestion du « apprendre oui mais com-ment  ?  » se pose avec la plus grandacuité.De nombreuses manières de travaillersont envisageables. Il peut être intéres-sant d'aller s’inspirer de formes de tra-vail différentes pour trouver quelquesidées pour gérer sa classe autrement.

Des projets pour mieux apprendre

La pédagogie de projet est une péda-gogie active, centrée sur l’activité del’élève dans une situation authentiqued’expérience qui permet de générerdes apprentissages. Écrire une paged'articles pour le journal local, organiserune exposition retraçant l'histoire deson école à l'occasion de l'anniversairede celle-ci, fabriquer un objet…Autant de projets qui cherchent à re-donner du sens à certains apprentis-sages en permettant aux élèves de serendre compte dans l'action de leur né-cessité.Pour Serge Boimare, monter un projetavec sa classe serait une des clefs de laréussite des élèves. Ce type de pédago-gie permet de capter l'attention de l'en-semble des élèves et notamment desélèves en difficulté. Inutile pour cela departir sur des projets ambitieux, un pro-jet simple mais bien construit peut per-mettre de renouer avec l'envie d'ap-prendre. Le projet choisi devra corres-pondre aux besoins et aux questionne-ments des élèves de la classe. Cetteétape de choix fait partie intégrante duprojet. L’enseignant, lui, organise lesapprentissages nécessaires à la réalisa-tion du projet, régule les problèmes defonctionnement des groupes et s’assu-re de l’aboutissement du projet et de saprésentation.La pédagogie de projet n’est pas uni-

quement appliquée à l’école primaire.Elle se pratique également au collègesous la forme des itinéraires de décou-vertes ainsi qu’au lycée à travers desTravaux Personnels Encadrés.Cette démarche tend à rendre l'élèveactif et surtout acteur de sa propre for-mation. Elle permet la formation de fu-turs citoyens qui sachent se prendre encharge, affirmer leur liberté et l'utiliser.

L'élève acteur de ses apprentis-sages

La pédagogie coopérative place aussil'élève en tant qu'acteur de ses appren-tissages, capable de participer à l'éla-boration de ses compétences en co-opération avec l'enseignant et ses pairs.L’évaluation, la performance ou la com-pétition ne guident plus les pratiques.L'acquisition des connaissances résulted'une «  collaboration du maître et desélèves, et des élèves entre eux, au seind'équipes de travail  ». Des démarchescoopératives peuvent se mettre enplace pour réaliser un travail ou pourprendre une décision. Il s'agit de mettrel'élève en situation vraie d'action, unesituation où il peut exercer ses capaci-tés, où, avec le groupe, il construit desréponses adaptées aux questions sou-levées par la mise en œuvre de projetsindividuels ou collectifs. Cela permetune mise en pratique des valeurs de ci-toyenneté du vivre ensemble. A traversles jeux coopératifs, les élèves appren-nent à développer des stratégies com-munes, à consulter l'équipe dans sonensemble et à accepter la solution choi-sie. Mettre en place une classe coopéra-tive aide à faire naître la solidarité.Dans la démarche d'auto-socio-construction, la place du groupe estégalement importante. Pour OdetteBassis, le savoir ne s'impose pas maischaque élève construit ses propres sa-voirs avec l'aide des autres élèves etsous le regard à la fois bienveillant etexigent de l'enseignant.

Des préoccupations mul-

tiples se posent à un en-

seignant au début de sa

carrière  : gérer sa classe,

mettre en place des dé-

marches pédagogiques

pour que chaque élève

puisse entrer dans les ap-

prentissages, «  accro-

cher  » les élèves les

moins concernés par

l'école, donner de la co-

hérence aux contenus.

faire la classe...autrement

dossier] 3

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4

Un, deux, trois, PROJET !dossier]

Vous avez déve-loppé la démarched ' a u t o - s o c i o -construction. Enquoi consiste-t-elle ?

Un savoir ne s'imposepas. Il se construit. Face à soi et ses re-présentations. Face et grâce aux autres.L’enjeu est donc, autour de noyaux-clésde compréhension, de proposer des si-tuations stimulant la pensée, où chacunpourra « se » construire ses savoirs, pas-ser du « faire au comprendre » en vuede « comprendre pour apprendre ». Dessituations où chacun prend sa place etose se questionner, chercher, imaginer,formuler pour apprendre à penser, às’émanciper du déjà là, pour soi-mêmeet dans les différences et le partageavec les autres.

Le travail de groupe suffit-il pour ap-prendre ?Le travail de groupe n'est pas un préa-lable ou un aboutissement. Il est impor-tant car il permet d'échanger les inter-rogations et essais personnels pour tis-ser ensemble des productions com-munes où sont mis à jour dans de vraisdébats constructifs, des points essen-tiels : en passant par le langage l'enfantaccède au symbolique et formalise ainsises apprentissages. Le travail de groupeest l'endroit où la pensée se réorganiseet se modifie.

Quels changements cette démarcheimplique-t-elle dans l'interventionde l'enseignant ?La fonction de l’enseignant est essen-tielle dans l’amont et le présent vivantde toute démarche :

- Chercher, derrière les titres des leçons,les noyaux-clés de compréhension,pour apporter du sens aux contenusabordés. D’où une nécessaire réflexionsur la « transposition » entre la significa-tion historique et culturelle des savoirset ce qu’il en devient pour les savoirsscolaires. - Puis chercher des situations (et/ou

textes) à la fois accessibles à tous et ce-pendant porteuses de mises en ques-tionnements, ouvrant sur des processusconstructifs, d’action et réflexion. - Tout au long de telles démarches, l'en-seignant doit montrer tout à la fois em-pathie et exigence. Pour que soit « tenule cap  » du but à atteindre, dans unparti-pris, mis en acte, que chercher etcréer sont possibles dans l’acte d’ap-prendre, tout autant que dans celuid’enseigner.

Odette BASSIS , présidente d’honneur du GFEN.

3 Qu

estion

s à«Notamment, quand on est débutant dans le métier, c’est utile d’avoir un support qui aide

à faire participer tous les élèves. C’est cette cohésion de groupe qui a été complètementoubliée ces dernières années. » Pour Serge Boimare, psychopédagogue, monter un pro-

jet avec sa classe serait une clé de la réussite des élèves. Il affirme que cela permet de cap-ter l’attention de l’ensemble des élèves et notamment les plus en difficulté. Pour lui, inutiled’avoir des ambitions folles dès le départ : « Cela peut commencer par prendre un texte my-thologique à lire aux élèves pendant une semaine, et là si ça s’enclenche, on voit les ensei-gnants qui commencent à avoir du plaisir. Ils découvrent que leurs élèves « commencent à s’al-lumer » car les histoires sont intéressantes, et pour les enseignants ça donne envie. Chacunpeut inventer un projet avec ses goûts, ce qu’il aime. C’est une sorte de voute qui permet d’ac-céder aux savoirs.»

Oser se lancer !

Pour ce psychopédagogue, la recette pour monter un projet est toute simple : « Pour moi, unprojet doit rassembler cinq points importants : d’abord choisir un sujet qui intéresse les élèveset qui permette de récupérer ceux qui sont en difficulté. Il faut que le projet apporte le « nour-rissage » culturel, c’est le second point. Troisièmement, il faut des sujets forts qui poussent lesenfants à réfléchir, à entrer dans des activités de débat qui sont si riches. Quatrième élément,le projet est un tremplin pour amener des savoirs qui donnent du sens, des racines. Lorsqu’onengage une leçon de lecture, de mathématiques,…, autour de questions qui sont amenées parexemple par la mythologie, c’est très riche pour eux. Et enfin, le projet apporte un support detravail. »Les projets de classe redonneraient donc l’envie d’apprendre ? Et si on essayait !...

livres et articles : www.gfen.asso.fr

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« Je m'occupe de tous lesdébutants en ASH, qu'ilssoient T1 ou T2, ou plusâgés dans le métier ».

L'enjeu comporte deuxétages : « D'une part, il faut rassurer les en-seignants pour qu'ils ne se sentent pas im-puissants vis-à-vis d'élèves dont la mise au

travail peut paraître impossible. D’autre part,il faut amener ces enseignants à mettre enplace des gestes professionnels qui rassurentdes élèves en insécurité, bloqués par la peurde penser, tout en imaginant des dispositifsde construction de savoirs enrôlants, qui im-pliquent l’engagement de tous dans l’activitéintellectuelle. »Car le pari est bien celui-ci : ces élèves sontcapables d'apprendre.En ce sens, la problématique n'est pas trèsdifférente de l'enseignement ordinaire.« D'ailleurs, beaucoup nous disent : maispourquoi ne nous a-t-on pas appris tout celaavant ? »Comment résumer son travail ? « Je veuxconvaincre les enseignants de mettre enplace des démarches exigeantes sur le plande la pensée, tout en posant un cadre rassu-rant. Il faut expliciter les objectifs, les enjeux,les consignes, le déroulement des activités,faire du lien. C'est essentiel pour des élèves,qui au-delà des troubles psycho-patholo-giques qui entravent leurs apprentissages,sont éloignés des codes de l'école. ».« Je m'appuie beaucoup sur les recherchesdéveloppées dans l'éducation nouvelle.Pratiques coopératives, ateliers d'écritures,ateliers de négociation orthographique,questions préalables sont autant de moyensde développer des démarches qui, partantd'un défi, d'un problème à résoudre, ouvrentla voie de la réflexion, individuelle et collecti-ve, et permettent aux élèves de construire dusavoir. »Ces pratiques nécessitent un étayage fort :ritualisation des temps de parole, sécurisa-tion du travail en groupe, appui sur des ou-tils de référence. Mais les résultats sont là.« Ainsi, un groupe d'adolescents en IME, quià Noël se cantonnait au coloriage de boulesde décoration du sapin, s'autorisait en avrilun débat orthographique sur la fonction du Sà la fin des mots. »« Le plus important, c'est de ne rien lâchersur la pensée. »

5dossier[

➲ Structurer le succès. Un ca-lendrier d’implantation de la co-opération Howden Jim, KopiecMarguerite La Chenelière, 1996.

➲ Coopérer pour réussir. Pré-scolaire et 1er cycle, SabourninMartine, Bernard Louise,Duschesneau Marie-France,Fugère Odette, LadouceurSophie, La Chenelière, 2001.

➲ Coopérer pour réussir. 2ème et3ème cycle, Sabournin Martine,Andreoli Lucie, CampeauBlanche, Gévry Francine, TrudelMarc, La Chenelière, 2001.

➲ Apprendre avec les pédago-gies coopératives. Démarches etoutils pour l’école, SylvainConnac, Paris, ESF éditeur, col-lection pédagogies 2009.[

Des outils pour commencer sa classe coopérative :

témoignage

Brigitte Bergeon estconseillère pédago-gique ASH en Gironde.

« Evitez de faire du frontal » nousdisent les formateurs… dans uncours magistral ! L’enseignement

coopératif a pour objectif de rendreactifs les apprenants. Performance,compétition, rendement ne guidentplus les pratiques. Il ne s’agit pas debannir de la classe toute pédagogiefrontale mais plutôt de donner unéventail pour que les élèves puissents’adapter à toutes les formes d’ap-prentissages. Il ne s’agit pas seule-ment de mettre les enfants ensemble,il faut passer du groupe à l’équipedans toute situation de constructiondes savoirs, ou avec, par exemple la«  discussion à visée philosophique  »ou la prévention des violences par les«  messages clairs  » ou par les «  en-fants médiateurs ». C’est une mise enpratique des valeurs de citoyennetédu «  vivre ensemble  » qui peut ré-pondre aux défis contemporains de lacrise de sens de l’école. La pédagogie coopérative permetaussi la responsabilisation, le droit àl’erreur et au doute, l’acceptation qu’ilexiste plusieurs façons d’apprendre,que la complémentarité c’est mieuxque la comparaison. L’enseignant doitalors accepter de laisser du temps autemps, de placer les régulations rela-

tionnelles au cœur du fonctionne-ment de la classe et de ne pas s’arc-bouter sur les programmes qui sontun cadre mais pas un carcan.Mettre les élèves en équipe c’estprendre le risque de faire émergerdes tensions. Le rôle de l’enseignantconsiste donc à fixer clairement les li-mites du climat acceptable en classeet surtout à fixer les objectifs à at-teindre.Les jeux concernant le développe-ment de différentes stratégies encommun permettent aux élèves d’ac-cepter l’idée de consulter tout lemonde sur leurs idées et l’acceptationde la solution choisie. Ils permettentde ne pas prôner la culture de la com-pétition. Il s’agit de faire gagner toutle monde, de mutualiser toutes lesforces.

Espérer que la solidarité fasse partiedes comportements des enfants etdes jeunes est un pari osé. Apprendreà coopérer en classe peut permettreaux élèves de ne pas rester indiffé-rents aux autres et de s’impliquer demanière citoyenne devant des injus-tices ou des demandes d’aide.

Pourquoi une classe coopérative ?

Les enseignants mettent dans leur pédagogie l’esprit de la co-opération mais leur posture reste souvent une volonté de toutmaîtriser. La pédagogie coopérative considère que l’élève estassez autonome pour apprendre autrement que sous le contrôlede l’adulte.

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6 Infosservice[ ]

À la rentrée prochaine, il y aura deux typesde situations :Pour les lauréats du concours 2014 ex-ceptionnel et antérieurVous êtes nommé fonctionnaire stagiaire au3ème échelon du corps PE à compter du 1er sep-tembre qui suit l'obtention du concours (indi-ce 432). Votre salaire mensuel net est de1699,25 € à 1752,52 € en fonction de la zone(tableau ci-dessous).

Pour les lauréats du concours 2014 (qui se-ront à mi-temps en ESPE et mi-temps en classe)Vous êtes nommé fonctionnaire stagiaire au 1er

échelon du corps PE depuis le 1er septembre2014 (indice 349). Votre salaire mensuel netest de 1332,68 € à 1374,61 € en fonction de lazone (tableau ci-dessous).

Le point d’indice n’a pas été augmenté depuis le 1er juillet 2010, par contre les prélève-ments (la CSG et les cotisations pour la retraite) ont augmenté ainsi que les mutuelles.Alors que le coût de la vie augmente, le pouvoir d'achat des enseignants poursuit sabaisse.

Combien gagne-t-on ?

Échelon Gd choix Choix Ancienneté indiceTraitementnet Zone 1

Traitementnet Zone 2

Traitementnet Zone 3

1er échelon 349 1 374,61 € 1 346,61 € 1 332,68 €

Du 1er au 2ème 3 mois 376 1 480,78 € 1 450,77 € 1 435,77 €

Du 2ème au 3ème 9 mois 432 1 701,31 € 1 666,84 € 1 649,61 €

Du 3ème au 4ème 1 an 445 1 752,52 € 1 717,00 € 1 699,25 €

Du 4ème au 5ème 2 ans 2 ans 6 mois 2 ans 6 mois 458 1 803,72 € 1 767,15 € 1 748,89 €

Tableau d'avancement et rémunération nette hors prélèvements MGEN

A quoi correspondent les zones 1, 2 et 3 ?Les zones sont définies par le montant de l'indemnité de résidence destinée à compenser les coûts dela vie plus importants dans certaines zones (grandes villes, communautés urbaines).

Les PES (concours 2013) serontévalués en regard des 10 compé-tences fixées par l'arrêté du 12 mai2010.Le tuteur établit un rapport sur le-quel s'appuie l’IEN pour émettre unavis. En cas de difficulté, une ins-pection peut être réalisée.Le jury entend en entretien tous lesstagiaires qu'il envisage de ne pasproposer à la titularisation et trans-met ensuite ses propositions aurecteur. Chaque PES qui en fait lademande peut avoir accès à sondossier.Le recteur arrête ensuite la liste desstagiaires aptes à être titularisés,celle des stagiaires autorisés à faireune seconde année de stage etcelle des stagiaires licenciés.En cas de difficulté ou pour toutequestion, prenez contact avecvotre section du SNUipp-FSU.

Évaluation, titularisation des PES :comment ça se passe ?

CASDEN Banque Populaire - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable. Siège social : 91 Cours des Roches - 77186 Noisiel. Siret n° 784 275 778 00842 - RCS Meaux. Immatriculation ORIAS n° 07 027 138 - BPCE - Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 155 742 320 €. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès France - 75201 Paris Cedex 13. RCS PARIS n° 493 455 042. Immatriculation ORIAS n° 08 045 100 - - Illustration : Killoffer.

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Quelle placedonner à la

poésie à l'école ?On doit donner une place centrale àla poésie parce qu'elle est essentiel-le. La poésie est ouverture de laconscience, elle permet à l'enfantun autre rapport au monde et à lui-même. La poésie dit de la réalité

autre chose que le langage courant. Ilest donc indispensable que l'enfant aitaccès par la poésie à une sorte d'excita-tion de la conscience. Par la poésie onamène l'enfant à voir au-delà des stéréo-types, à saisir la réalité dans sa profon-deur.Enfin la poésie donne accès à une libertédans la langue, la poésie c'est la fête de lalangue libre. L'enseignant doit enseignerles normes de la langue mais dans lemême temps, il doit permettre aux en-fants de faire l'expérience de la transgres-sion. C'est une dialectique. On doitconnaître la norme mais on doit égale-ment savoir que les poètes libèrent lalangue de ces contraintes et qu'ils disentainsi l'imprévu du monde, la part mysté-rieuse des choses. Confronter les enfantsà la langue poétique c'est leur donner unsavoir linguistique supérieur.

Comment l'aborder ?Je propose 3 axes. Le premier c’estl'écoute et la découverte du répertoire leplus large possible de poèmes (la poésie

d'hier et d'aujourd'hui, la poésie françaiseet la poésie traduite, les formes courtes,sans rime...). Les gens ne connaissentsouvent qu'un corpus restreint d’œuvrespoétiques. Il faut ouvrir la représentationde la poésie en lisant ou en faisant lire(dès que les enfants le peuvent), parexemple, un poème chaque jour à sa clas-se.Bien après, on peut passer à des travauxd'écriture poétique par des jeux qui peu-vent aboutir, quand on en a le temps, àdes projets d'écriture plus importants surplusieurs semaines.Quant au troisième axe, l'apprentissagede la diction du poème, j'ai toujours plai-dé pour qu'on prenne en compte lescompétences nécessaires pour dire unpoème et qu'on les construise avec lesenfants, par un travail sur le corps, la voix.

Pourquoi l'école doit s'ouvrir davan-tage à la subversion des arts ?Pour donner aux enfants à la possibilitéd'échapper aux conventions, aux confor-mités, pour comprendre qu'une autre vi-sion du monde est possible, pour s'affran-chir des lois idéologiques, religieuses...Toute pratique artistique fait toucher dudoigt à l'enfant cette liberté possible.C'est un point d'appui pour inventer lemonde et non pour le recevoir passive-ment.

dans le vif du métier

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“ La poésie est ouverturede la conscience.”

Sophie est PES en Lorraine.

Après l'obtention de deux licences, elle a tra-vaillé dans une société privée, puis elle s'estinscrite en Master MEEF afin de « me dirigervers un secteur qui m'attirait beaucoup : l'en-seignement. » C'est la dimension humaine dumétier de PE qui l'intéressait, malgré desdoutes et des inquiétudes : « suis-je faite pourça ? Est-ce que le fait de travailler avec desenfants va vraiment me plaire ? »Cette année, Sophie travaille tous les lundisdans la classe de CM2 de la directrice, pourassurer sa décharge et, les mardis, elle en-seigne l'anglais avec chaque classe du cycle 3.« Ayant validé le master, j'ai du temps librepour préparer correctement mes deux joursde travail. Ce n'est pas de trop ! »« Au début j'ai eu du mal à comprendre cequ'on attendait de moi : on me disait de faireà ma façon tout en suivant les habitudes dema collègues et en écoutant les conseils quiarrivaient d'un peu tous les côtés : formationsà l'ESPE, discussions avec d'anciens forma-teurs, avec ma tutrice... Je pense de toutefaçon que pour le bien-être des enfants, ilfaut une cohérence entre le travail de ma col-lègue et le mien. J'écoute donc les conseilsbienveillants et je compose à ma façon !  »Une autre difficulté réside dans le fait d'être la« maîtresse du lundi », la relation élève-pro-fesseur n'est pas la même. « La directrice queje remplace m'a tout de suite mise à l'aise. Ellese montre très disponible dès que j'ai desquestions, nous travaillons vraiment en-semble. De plus, ma tutrice m'aiguille tout entenant compte de ma manière d'enseigner. »

questionmétier[ ]Jean-Pierre SIMEON, poète, dramaturge et

enseignant, vient de publier La poésie au quotidien(Sceren/CNDP)

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Rémunérations : Annulation effective de la journéede carence ArchivesVidéo - Jean-Claude EMIN : « L’usage des évalua-tions, une question politique ! »

Archives vidéoRéponse du Ministère au SNUipp - validation certifi-cation Actions - Interventions ][[

Contre-rapport Réforme desrythmes : le bilan des enseignantsRubrique Le syndicat / Les inter-ventions

CSP : Nouveaux programmes enmaternelleRubrique L’école / La maternelle

Littérature de jeunesseRubrique L’enfant/ Littérature dejeunesse

La Florane : un projet linguistiquearc-en-ciel, Éveil aux langues etcultures du monde à Toulon. Rubrique Le métier / Reportages]

Page 8: w.snui p.fr Premières classes · w.snui p.fr Premières classes Début décembre, la parution des résultats de PISA, une enquête internationale qui mesu-re la maîtrise de la langue,

Le CDERE (collectif pour le droit des enfants roms àl’éducation) a mis au point des « fiches d’information àl’usage des enseignants concernant l’accès à l’éducationdes enfants allophones vivant en squat et bidonville ».Une fois passés les clichés qui consistent à dire que lesenfants vivant en bidonville vont peu ou pas à l’écoleparce qu’ils ne sont pas motivés, ou que leurs parentsrefusent de les y envoyer, on s’aperçoit que la réalité estplus complexe. Le quotidien que vivent ces familles etles obstacles administratifs qu’elles peinent à surmonterconduisent bien souvent à ce décrochage scolaire.

A l’école, comment faire ?

Des classes spécialisées dans l’accueil de ces enfantssont nommées des « unités pédagogiques pour élèvesallophones arrivants » (UPE2A) puis UPE2A-ENSA pourle secondaire. Seul bémol, ces structures d’accueil sont

trop peu nombreuses, etbien souvent les délais d’at-tente pour obtenir une affecta-tion sont très longs. Les enfantsallophones se retrouvent alorsdans des classes ordinaires, rendant dif-ficile leur accès aux apprentissages et pro-voquant parfois du découragement.Pourtant des dispositifs d’aides existent que ce soit pouraider les familles dans leurs démarches administratives,ou à l’école pour accompagner les enfants dans leursapprentissages. Les CASNAV ont un rôle prépondérantdans l’accueil et l’intégration de ces élèves dans lesclasses ordinaires. Ils apportent une aide aux équipespédagogiques et éducatives. Ils offrent aussi un lien pri-vilégié avec les familles et les partenaires. Il ne faut doncpas hésiter à faire appel à eux.

Accueillir un enfant allophone dans sa classecomment s’y prendre ?Il n’est pas simple aujourd’hui d’arriver en France et d’espérer voir son en-fant aller à l’école. Pourtant des lois existent et le droit à la scolarité desenfants est valable pour tous. Et une fois scolarisés, comment aider cesélèves qui ne parlent pas un mot français à entrer dans les apprentissages ?

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