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Zilil-étude de Numéraire

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numismatique

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  • Georges Depeyrot

    Zilil I. tude du numraireRome : cole Franaise de Rome, 1999, 196 p. (Publications de l'cole franaise de Rome, 250)

    RsumLes ruines de Iulia Constantia Zilil (Maroc) ont livr un ensemble de plus de 5700 monnaies qui traduit les diverses tapes del'urbanisme local.Les habitations des IIe et Ier sicles av. J.-C. furent remplaces vers 33-25 par la colonie fonde par Auguste. Les monnaiesd'poque rpublicaine soulignent principalement l'importance de la circulation locale et des contacts avec la pninsule Ibrique.Par la suite, Zilil clbra sa fondation par une srie de bronzes. Les espces du Haut-Empire confirment une arrive rgulire deRome, mais ce sont les sries du IIe sicle qui fournissent de trs nombreuses frappes locales au nom du Divin Claude.Aprs un abandon au IIIe sicle ap. J.-C. ou au dbut du IVe sicle, une nouvelle agglomration fut reconstruite vers 355-360.L'importance des dcouvertes (plus de 5000 monnaies du IVe sicle) permet de suivre l'arrive des espces gauloises dont onarrivait retir les bronzes lourds, la dure d'utilisation des pices et l'volution de la valeur du stock montaire. Cette masseconstitua le stock de base de la ville qui ne semble plus recevoir de monnaies partir du dbut du Ve sicle.

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    Depeyrot Georges. Zilil I. tude du numraire. Recherches archologiques franco-marocaines Dchar Jdid. Colonia IvliaConstantia Zilil. Rome : cole Franaise de Rome, 1999, 196 p. (Publications de l'cole franaise de Rome, 250)

    http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/monographie/efr_0223-5099_1999_arc_250_1

  • RECHERCHES D'ARCHOLOGIE AFRICAINE PUBLIES PAR L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES DE L'ARCHOLOGIE ET DU PATRIMOINE (RABAT)

    ET L'COLE FRANAISE DE ROME

    RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES FRANCO-MAROCAINES

    DCHAR JDID

    COLONIA rVLIA CONSTANTLY ZILIL

    ZILIL I

    TUDE DU NUMRAIRE

    par

    GEORGES DEPEYROT

    avec une introduction de Aomar Akerraz, Georges Depeyrot, Nama El Khatib-Boujibar,

    Antoinette Hesnard, Alain Kermorvant, liane Lenoir, Maurice Lenoir et Grard Monthel

    Ouvrage publi avec le concours du Ministre franais des affaires trangres

    COLE FRANAISE DE ROME 1999

  • - cole franaise de Rome - 1999 ISSN 0223-5099 ISBN 2-7283-0566-8

    Diffusion en France: DIFFUSION DE BOCCARD

    1 1 RUE DE MDICIS 75006 PARIS

    Diffusion en Italie: L'ERMA DI BRETSCHNEIDER

    VIA CASSIODORO 19 00193 ROMA

    Finito di stampare nel mese di luglio 1999 dalla Tipolitografa 2000 sas - Via Trento, 46-48 Grottaferrata (Roma)

    Tei. Fax 06.9410473 - E-mail: [email protected]

  • AVANT-PROPOS

    Grande est notre satisfaction de voir paratre ce premier volume sur les fouilles de Dchar Jdid, ce site que l'on pensait tre une petite station de l'Itinraire Antonin et qui s'avre l'un des plus importants du Maroc antique. Certes, il va enrichir la bibliographie du Maroc prislamique, mais il contribue galement nourrir nos connaissances dans le domaine de la numismatique et donc de l'conomie antique. Il vient en effet combler un vide sur la circulation montaire dans le nord du Maroc entre le Ier sicle avant J.-C. et le dbut du Ve sicle aprs J.-C. Cette publication tait attendue par la communaut scientifique, car elle met en lumire l'histoire mouvemente d'une cit trs implique dans les vnements des deux rives du dtroit de Gibraltar. Encore une fois, s'il fallait un t

    moignage sur la dimension mditerranenne du Maroc, le site de Dchar Jdid est l pour en donner une dmonstration clatante.

    Elle est le fruit d'une commune volont entre le Maroc et la France pour une coopration exemplaire en matire d'archologie qui s'est affermie au fur et mesure des annes, riches de connaissances, d'expriences et de respect mutuel. Depuis 1976, une quipe

    mixte coordonne par Madame Nama El Khatib-Boujibar pour le ct marocain et par Monsieur Maurice Lenoir pour la partie franaise en a assum la responsabilit. Ds les premires campagnes et tout au long des deux dcennies qui ont suivi, des gnrations de jeunes archologues marocains y ont consolid leur formation et leur savoir-faire.

    Messieurs Claude Nicolet et Andr Vau- chez ont accept d'accueillir la publication des fouilles dans la Collection de l'cole franaise de Rome. Qu'ils en soient trs vivement remercis. Notre gratitude va galement Monsieur Mohammed Benassa, ancien ministre des affaires culturelles, pour l'intrt qu'il a toujours port ces recherches. Mais nous ne pouvons clore cette prface sans rappeler que ces fouilles doivent aussi beaucoup Philippe Guillemin et Georges Vallet qui ont t les premiers croire avec leurs partenaires marocains la reprise d'une nouvelle et authentique coopration entre le Maroc et la France, qui aboutit aujourd'hui.

    Joudia Hassar-Benslimane Jean-Claude Jacq

  • PRFACE

    Lors de sa session de janvier 1977, la commission mixte franco-marocaine pour l'archologie, runie Rabat sous la prsidence de MM. A. Sefrioui et J.-B. Raimond dcidait la cration d'une quipe mixte franco-marocaine. Inspire par Mme J. Hassar-Benslimane, chef du Service de l'archologie du Ministre des affaires culturelles Rabat et M. Ph. Guillemin, charg de mission au Ministre des affaires trangres Paris, cette dcision devait marquer de faon claire la reprise des relations institutionnelles entre les deux pays en matire d'archologie. Le souhait des autorits marocaines, soutenu par leurs partenaires franais, tait d'tablir un chantier sur un site neuf, offrant la fois les possibilits d'une tude stratigraphique dtaille et celles d'une tude rgionale plus ample; la formation de jeunes archologues marocains, pour nourrir le Service de l'archologie alors en construction, tait une des missions prioritaires assignes l'quipe.

    Dans ce contexte, l'intrt du site de Dchar Jdid n'avait pas chapp G. Vallet, alors directeur de l'cole franaise de Rome et membre de la commission. Signal de faon anecdotique par divers voyageurs, reconnu par les premiers explorateurs du Maroc antique, Ch. Tissot et H.-P. de La Martinire, il n'avait fait l'objet que de sondages ponctuels par C. L. Montalbn puis M. Tarradell. Pour rapides qu'elles eussent t, ces recherches permettaient d'entrevoir dans les ruines de Dchar Jdid les vestiges d'une cit importante, dote de monuments publics et occupe durant une longue priode, ce que confirmaient les rsultats d'une reconnaissance du site en automne 1976. Les ramassages de surface alors effectus venaient l'appui de l'affirmation d'H.-P. de La Martinire, qui notait dj en 1889 que nulle part [il n'avait] rencontr

    en Tingitane une telle profusion de dbris de poteries fines et estampilles.

    Trois chantiers furent ouverts en 1977, sous la direction de N. El Khatib-Boujibar (citerne et aqueduc), . Lenoir (thermes) et M. Lenoir (terrasse mridionale ou Citadelle). La configuration du site imposait l'vidence le recours aux mthodes de la prospection gophysique: ce fut l'uvre d'A. Kermorvant, du Laboratoire d'archomtrie de l'universit de Tours. Aprs la publication prliminaire des rsultats combins des fouilles et de la prospection, une seconde tranche des travaux de terrain, toujours guide par la prospection gophysique, a t concentre sur les monuments de la terrasse suprieure, le complexe des temples (N. El Khatib-Boujibar), un quartier d'habitat tardif (A. Akerraz et M. Lenoir), l'enceinte urbaine et les monuments chrtiens (E. Lenoir). A. Hesnard a conduit alors deux sondages stratigraphiques profonds sur la terrasse intermdiaire, la recherche des tmoins de la ville augustenne. G. Monthel entamait l'tude du quartier prcdemment dgag par C. L. Montalbn.

    Conjointement aux travaux sur le site mme de la ville de Zilil, l'quipe a men une prospection tantt systmatique certaines campagnes lui ont t entirement consacres tantt ponctuelle de la rgion, pour tenter de comprendre aussi bien l'organisation des communications dans le nord du Maroc antique que celle du territoire de la colonie augustenne.

    Publier de faon exhaustive et d'un seul jet les rsultats de vingt annes de travaux tait entreprise utopique. Nous avons videmment fait le choix d'une publication fractionne. G. Depeyrot avait accept d'identifier et tudier les monnaies dcouvertes dans les fouilles, tche rendue d'autant plus lourde par l'nor-

  • 10 PRFACE

    me quantit des monnaies du IVe sicle produite par les niveaux suprieurs du site. Loin de le rebuter, cette masse l'a stimul et son tude a t acheve et mise en forme bien avant celle des archologues du terrain. Il tait juste que ce manuscrit achev ne ft point retard par la lenteur invitable de ceux-ci. Cl. Nicolet, alors directeur de l'cole franaise, avait propos d'accueillir la publication des fouilles de Dchar Jdid dans la Collection de l'cole franaise de Rome, et A. Vauchez a confirm son appui notre entreprise. C'est grce leur soutien dcid que ce livre voit le jour et notre reconnaissance leur endroit est la mesure de celui-ci.

    Un second volume, la charge des responsables des chantiers, exposera les acquis de notre recherche sur la stratigraphie gnrale et l'histoire du site et ceux de l'enqute rgionale. Les tudes dtailles de matriel par catgories, prises en charge par diffrents membres de l'quipe, en constitueront le prolongement, selon leur achvement.

    Une telle entreprise, qui s'est tendue sur une vingtaine d'annes, a suppos bien des bonnes volonts et de nombreux concours. Place ds l'origine sous les doubles auspices du Service de l'archologie du Ministre des affaires culturelles marocain, devenu l'Institut des sciences de l'archologie et du patrimoine et de la Direction gnrale des relations culturelles, scientifiques et techniques du Ministre des affaires trangres franais, la mission a toujours bnfici de l'appui bienveillant des responsables de ces institutions, Mme J. Hassar Benslimane Rabat, M. Ph. Guillemin, Mme M.-P. de Coss-Brissac, MM. Y. Saint-Geours, M. Jolivet et J.-Cl. Jacq Paris ne lui ont pas mnag leur soutien, qui ne fut pas seulement financier.

    Tanger, les inspecteurs des monuments historiques de la rgion, reprsentant le ministre des affaires culturelles, ont tous contribu pour leur part au bon droulement des campagnes, sous l'autorit amicale et efficace de M. A. Touri, directeur du patrimoine culturel. Localement, l'quipe a rencontr le

    meilleur accueil tant auprs des lus que des autorits et a bnfici pour son logement de l'aide des reprsentants des ministres de la jeunesse et des sports, de l'ducation nationale et du tourisme. Le Service culturel de l'Ambassade de France et en premier lieu les conseillers qui ont impuls ses activits ont toujours rserv la mission un accueil chaleureux et patient, que Danielle Penot a longtemps incarn: son dynamisme et son sourire ont eu raison de bien des obstacles. Nous aurons garde d'oublier ici les ouvriers de Dchar Jdid; les habitants de ce Bourgneuf ont particip avec un intrt grandissant la dcouverte de la ville romaine cache sous leurs champs; la fouille du site est d'abord leur uvre. Rome, C. Virlouvet, directrice des tudes pour l'Antiquit a suivi l'laboration de ce premier tome, qui a bnfici des habituels soins attentifs et prcis de Fr.-Ch. Uginet, directeur des publications.

    Les archologues publient lentement. On le leur reproche. Ils se le reprochent. Bien des amis nous ont en effet quitts avant de lire les premires lignes de l'ouvrage qu'ils nous ont d'une manire ou d'une autre aid btir. Pierre Lcuyer, sous le titre de charg de mission au Service culturel de l'Ambassade de France Rabat, a contribu l'installation de la mission. Xavier Pommeret, conseiller culturel adjoint, avait pris en charge, entre autres, l'archologie avec un enthousiasme communi- catif; ses visites annuelles Dchar Jdid, toutes marques du sceau de son humour et vite passes au rang de tradition, contribuaient affermir le moral de tous. Georges Vallet et Charles Pietri, la tte de l'cole franaise de Rome, ont tous deux cherch concilier les exigences de la vie de l'cole et celles d'une mission somme toute lointaine, qu'ils ont toujours fermement appuye de leur autorit scientifique.

    tous ceux, absents et prsents, qui nous ont aids va notre entire gratitude.

    Nama El Khatib-Boujibar Maurice Lenoir

  • INTRODUCTION

    1. - Le site

    Signales par les voyageurs ds le dbut du XIXe sicle, les ruines situes l'est du village moderne de Dchar Jdid ont t longtemps identifies avec celles de la station Ad Mercu- ri (templum) connue par l'Itinraire Antonin; elles sont dsormais reconnues comme celles d'une des trois colonies fondes par Auguste dans la partie occidentale du royaume de Maurtanie durant la priode de l'interrgne (33-25 av. J.-C), Mia Constantia ZUW.

    Elles couvrent une superficie d'environ 32 ha2, l'extrmit orientale d'une avance oriente approximativement est-ouest du plateau de Had el Rharbia qui, l'ouest, descend doucement vers la plaine ctire. Les ramassages de surface effectus tant sur le site romain qu' la priphrie assurent que la zone a t occupe au moins ds l'Epipalolithique; la trs grande majorit des pices rcoltes appartiennent en effet la priode volue de l'Ibromaurusien, soit entre 8000 et 4000 avant notre re3. Quelques pices, dcouvertes dans les fouilles parmi le matriel romain semblent pouvoir tre attribues la civilisation atrienne (Palolithique moyen, 40000 25000 ans avant notre re); une hache polie pourrait appartenir la priode nolithique.

    Les vestiges dgags par les diverses campagnes de fouille s'tendent sur deux terrasses, l'une et l'autre entailles sur leurs bords par de profondes ravines, spares par une lgre dpression. La terrasse suprieure, de loin la plus tendue (16,8 ha), constitue un grand trapze de 500 m de long, orient est-sud-est - ouest-nord-ouest, le grand ct se trouvant l'est; elle prsente une surface plane, l'altitude moyenne de 85 m. La terrasse infrieure (5,2 ha) a la forme d'une ellipse oriente perpendiculairement celle-ci; elle culmine 81 m l'est et s'incline doucement vers le sud et l'ouest jusqu' 77 m d'altitude4.

    Entre les deux terrasses s'tend une dpression rectangulaire, approximativement plane (77/78 m en moyenne). Cette dpression tait beaucoup plus marque dans l'antiquit. Les fouilles de la "Citadelle" (fig. 1, eh. 3) ont mis au jour le niveau maurtanien 2, pr-au- gusten5, 0,30 m sous le sol moderne, soit l'altitude de 78 m; en revanche, les deux sondages implants dans cette dpression (fig. 1, eh. 9.1 et 9.2) ont rencontr, sous un niveau de roccupation tardif, d'importants remblais qui ont t fouills sur une hauteur de 4 m. Le niveau le plus ancien atteint dans ces sondages peut tre dat de l'poque augustenne: la diffrence d'altitude entre cette terrasse in-

    1 Pour l'identification de la ville, voir A. Akerraz, N. El Khatib-Boujibar, A. Hesnard, A. Kermorvant, E. Le- noir, M. Lenoir, G. Monthel, Ab eo XXV in ora oceani colonia Augusti Iulia Constantia Zilil, dans L'Africa romana A. Atti del IV convegno di studio (Sassar, J986), Sas- sari, 1987, p. 433-442; l'quipe a donn une publication prliminaire de la premire tranche de travaux: A. Akerraz, N. El Khatib-Boujibar, A. Hesnard, A. Kermorvant, E. Lenoir, M. Lenoir, Fouilles de Dchar Jdid 1977-1980, dans BAM, 14, 1981-1982, p. 169-225.

    2 La superficie de la ville elle-mme est de 25,5 ha. 3 Le matriel dcouvert en 1977 et 1978 et le matr

    iel dcouvert par C. L. Montalbn, entrepos au muse

    de Ttouan, ont t analyss par Cl. Pommepuy et A. Sueur. La publication en sera assure par A. Sueur. Pour la priodisation de l'Ibromaurusien, voir G. Camps, Les civilisations prhistoriques de l'Afrique du Nord et du Sahara, Paris, 1974, p. 67-80.

    4 L'quipe a nomm cette butte "Citadelle", parce que C. L. Montalbn y voyait un camp, "castro" (C. L. Montalbn, Resumen de L memoria ... referente a los trabajos efectuados en el ano 1939 en las ruinas de Ad-Mercuri y Tabernes, Junta superior de monumentos histricos y artisticos, Larache, 1940, fig. 2). Cette dnomination est purement conventionnelle.

    5 Voir ci-dessous.

  • 12 1. - LE SITE

    termdiaire et la terrasse de la "Citadelle" atteignait donc probablement 5 6 m avant les remblais augustens, sur lesquels nous reviendrons.

    C'est sur cette terrasse de la "Citadelle", nettement distincte du reste du site, qu'ont t dcouvertes les plus anciennes traces d'habitat. En raison mme des circonstances de la dcouverte6, on ne peut dterminer la nature et l'extension de l'habitat correspondant ce niveau maurtanien 1 : il peut s'agir d'un groupe de fermes, simple hameau ou d'une partie d'un centre urbain plus tendu.

    La date de cette premire occupation est difficile dfinir. La datation du matriel est trs imprcise, du fait de la longvit des formes des cramiques et amphores dcouvertes, de leurs modles phniciens leurs productions locales7. Malgr des propositions remontant la datation de ce niveau maurtanien 1 la seconde moiti du IVe s. av. J.-C, mais dont les arguments ne nous paraissent pas solides8, nous conserverons pour l'instant la date que nous avions propose - avec beaucoup de prudence - dans la publication prliminaire, soit le IIe s. av. J.-C, et plus probablement vers la fin du sicle9.

    Aprs un laps de temps impossible dterminer, se cre au dbut du Ier s. une

    table ville, partiellement fouille, dont la prospection lectrique nous restitue les axes principaux et dfinit l'tendue, sur l'ensemble de la terrasse infrieure (5,5 ha). Hors du primtre urbain proprement dit, sur la terrasse suprieure, est rig en grand appareil un temple cella unique; sous les thermes d'poque flavienne, un mur repr dans un sondage tmoigne de l'existence d'un btiment l'est et en contrebas de la butte de la "Citadelle". Ce niveau maurtanien 2 se caractrise par une ouverture aux courants du commerce mditerranen: alors que le matriel dcouvert dans le niveau maurtanien 1 est uniquement d'origine locale, les importations d'Italie et d'Espagne - amphores surtout, mais aussi cramiques fines - sont nombreuses dans ce niveau.

    Cette ville fut dtruite entre 33 et 25 avant notre re, lorsqu'Auguste dcida d'installer sur le site une colonie romaine, nomme Iulia Constantia Zilil; Strabon nous apprend en effet (en 111,8) que les habitants de la ville furent alors dports en Espagne pour constituer, avec des habitants de Tingi et des colons italiens, la population de Iulia Ioza en B- tique10. Les divers sondages implants sur la terrasse mridionale montrent effectivement une destruction soudaine de ce niveau mau-

    6 Le reprage par la prospection magntique des structures ultrieurement fouilles a t rendu possible par leur incendie; celui-ci a pu n'affecter qu'une partie des constructions existant alors sur le site: A. Kermor- vant, Prospection gophysique, dans Fouilles, op. cit. n. 1, p. 174 - 176 et pi. VII; M. Lenoir et A. Hesnard, La "Citadelle", ibidem, p. 191-200.

    7 Rappelons que ce matriel est compos de vases bi- tronconiques, ou "vases chardons", peints bandes horizontales brunes ou rouges, de patres pte jaune clair et vernis rouge, de tradition "phnicienne" mais fabriqus localement et d'amphores paulement, de type Mana A4, elles-aussi fabriques localement.

    8 F. Lopez Pardo, Sobre la expansion fenicio-pnica en Marruecos. Algunas precisiones a h documentacin ar- queolgica, dans AEA, 63, 1990, p. 21-23 (dont dpend directement - et malheureusement - J. Ramon Torres, Las anforas fenicio-pnicas del Mediterraneo central y occidental, Barcelone, 1995, p. 97). Son argumentation, base sur une datation errone des amphores Mana A4 (cf. ci- dessous n. 9), elle-mme fonde sur la chronologie des fours de Kouass propose par M. Ponsich, ne saurait tre

    retenue: la "stratigraphie" de ces fours tablie par M. Ponsich est en effet hautement fantaisiste, comme l'a bien montr une nouvelle fois M. Kbiri-Alaoui lors du "IV Congreso internacional de estudios fenicios y punicos" tenu Cadix en 1995 (M. Kbiri-Alaoui, propos de la chronologie de la ncropole rurale d'An Dalia Lekbira (rgion de Tanger, Maroc), sous presse dans les Actes du colloque).

    9 M. Lenoir et A. Hesnard, La "Citadelle" , dans Fouilles, op. cit. n. 1, p. 195, 199; A. Hesnard, La cramique, ibidem, p. 202-203, 207. Si les amphores Mafia A apparaissent ds le VIe s., il est bien dmontr qu'elles durent jusqu'au IIe s. av. J.-C: R. Pascual Guasch, Un nuevo tipo de anfora pnica, dans AEA, 42, 1 19-120, 1969, p. 18-19; J.-Y. Empereur, A. Hesnard, Les amphores hellnistiques, dans Cramiques hellnistiques et romaines II, Besanon 1987, p. 37 et fig. 49 et dernirement, A. Roder, Las anforas preromanas en Andalusia, Faenza, 1995, p. 83-93, 116 et fig. 22, 26.

    10 J. Gascou, Note sur l'volution du statut juridique de Tanger entre 38 av. J.-C. et le rgne de Claude, dans An- tAfr, 8, 1974, p. 67-71.

  • INTRODUCTION 13

    rtanien 2, immdiatement surmont par un niveau de roccupation tardif. Cette terrasse semble assez largement abandonne pendant le Haut-Empire.

    La colonie augustenne s'est donc installe essentiellement sur la terrasse suprieure et sur la terrasse intermdiaire du site. Nous connaissons assez mal l'aspect de cette implantation coloniale, atteste sur tous les chantiers tablis sur la terrasse suprieure, mais largement occulte par les amnagements et reconstructions ultrieurs; les deux sondages 9 montrent l'ampleur des travaux de terrassement alors entrepris sur la terrasse intermdiaire et l'ambition probable du programme urbanis tique; le sondage 9.1 a rvl en outre un btiment en grand appareil (temple ?), lui-mme insr dans une trame urbanistique cohrente que nous restitue la prospection lectrique. Le temple de la terrasse suprieure est alors agrandi d'une "annexe" de type romano-africain, cella unique entoure d'un portique.

    Au cours des deux premiers sicles de notre re et jusqu' la fin de la dynastie sv- rienne, le dveloppement de la ville ne nous apparat pas de faon linaire. Diffrents niveaux, datables de l'poque flavienne ou de l'poque antonine, apparaissent sous des niveaux tardifs dans les espaces fouills sur l'une ou l'autre des terrasses dj occupes par la colonie augustenne.

    Trois monuments surtout attestent de sa vitalit. Sur la terrasse suprieure, le grand temple subit par deux fois, vers le milieu du Ier s. et dans la seconde moiti du IIe s., des modifications et des agrandissements, l'issue desquels il se prsente comme un ensemble quatre cellae prcdes d'un pronaos, selon un schma qui n'est pas sans exemples en Tingitane. A la fin du Ier s. est bti, en contrebas et l'est de la terrasse mridionale, hors des limites de la ville, un ensemble thermal comportant la srie canonique des salles tides et chaudes et tmoignant d'une certaine

    cherche en matire d'architecture thermale. Une imposante citerne quatre compartiments, alimente par un aqueduc en partie souterrain, sera construite pour l'alimenter en eau, postrieurement Hadrien. Sous les Svres, divers amnagements tmoignent d'une rduction de l'activit de l'tablissement. Enfin, dans la seconde moiti du IIe s., comme d'autres cits de la Tingitane, Zilil se dote d'une enceinte, fouille partiellement prs des portes nord et ouest, mais repre sur la majorit de son trac grce la prospection lectrique.

    La ville a t dtruite, un moment ar- chologiquement indtermin, entre 238 et le milieu du IVe s. La fourchette chronologique est donne d'une part par la dernire inscription date connue l'heure actuelle - une ddicace Gordien, aujourd'hui perdue (IAMlat. 68) -, d'autre part par la date de la reconstruction de la ville. Aucun niveau correspondant cette destruction n'a encore t fouill, mais elle est assure par l'emploi systmatique de matriel de remploi - colonnes, chapiteaux entiers et fragmentaires, bases inscrites11 - dans les btiments appartenant la phase postrieure.

    L'tude du stock montaire mene par G. Depeyrot montre de faon trs claire que la reconstruction de la ville rsulte d'une dcision impriale12; elle peut tre date assez prcisment des annes 355-360. La terrasse infrieure est alors entirement roccupe, sur des axes nettement diffrents de ceux qui organisaient l'habitat l'poque maurtanienne; sur les terrasses intermdiaire et suprieure s'tablit un habitat qui respecte partiellement les axes antrieurs; des boutiques (?) viennent s'appuyer contre les murs en grand appareil du temple de la terrasse suprieure et les tours des portes nord et ouest sont ramnages pour une occupation domestique. La cration la plus spectaculaire est celle d'une basilique palochrtienne, trois nefs, pourvue d'un baptistre et de diverses annexes, prs de la

    11 Celles-ci ont permis l'identification de la ville: voir Zilil, op. cit. n. 1.

    12 Ci-dessous, p. 35-39. L'tude permet de trancher

    entre les deux hypothses que nous avions nagure envisages; voir Zilil, op. cit. n. 1, p. 441, n. 32.

  • 16

    0 IO 20 30 40 SO ni

    U

    Fig. 1 - Le site de Zilil.

  • INTRODUCTION 15

    porte ouest de l'enceinte, unique monument de cette catgorie dgag en Maurtanie Tin- gitane.

    Sur la plupart des points de fouille est atteste une destruction brutale de la ville, par incendie, au dbut du Ve s. Ni les monnaies, ni la cramique ne permettent de prciser la date de cette destruction, qui ne marque cependant pas la fin de l'occupation du site. Celui-ci a ultrieurement fait l'objet d'une spoliation slective, qui a port la fois sur certains murs et sur quelques objets "prcieux" comme les meules; des cabanes ont t dresses et l en utilisant comme soubassement la partie encore mergente des murs antrieurs.

    La transformation du site en terre pture ou de culture, que nous ne pouvons videmment dater, doit remonter au haut moyen- ge islamique.

    A. Akerraz, N. El -Boujibar, A. Hesnard, A. Kermorvant,

    . Lenoir, M. Lenoir, G. Monthel

    2. - Les dcouvertes montaires

    Le site de Dchar Jdid13 a livr entre 1977 et 1993 plus de 5 000 monnaies antiques, soit lors des prospections de surface, soit au cours des fouilles archologiques situes sur plusieurs chantiers numrots de 1 914.

    De faon gnrale, les pices dcouvertes Zilil sont en trs pitre tat de conservation.

    L'oxydation gnre par un sol trs acide a transform la majorit des pices. La couverture superficielle sur laquelle sont imprimes les lettres et figures est le plus souvent compltement oxyde. Les lettres situes sur la partie extrieure de la monnaie ont disparu, et les traits gnraux des types sont difficiles reconnatre.

    Cette oxydation explique qu'un trs grand nombre de monnaies ne soient plus attri- buables un atelier. En revanche, la possibilit de lire les caractres gnraux des types montaires offre la possibilit de cerner les priodes de frappe des diverses monnaies. C'est donc davantage une tude gnrale que nous avons pu mener qu'une tude dtaille de la circulation montaire, prenant en compte chaque atelier.

    L'tude des monnaies de Zilil s'inscrit dans une large recherche entreprise de longue date.

    Depuis plusieurs annes, des sites importants de la Pninsule ibrique ont fait l'objet d'tudes dtailles. Ce fut le cas en 1974 de Conimbriga15, puis en 1987 de Belo16. Ces deux sites majeurs servirent de rfrence aux autres sites archologiques de la rgion comme Clunia17, Italica18 et La Olmeda19. En mme temps, des tudes plus gnrales s'attachrent cerner les aspects spcifiques de la circulation montaire ibrique ou occidentale. Ce fut le cas des deux grands colloques de Barcelone en 197920 et en 198021 ou des tudes rgionales22.

    A l'inverse, la Maurtanie, ou de faon plus gnrale, l'Afrique du nord, n'a pas bnfici

    13 Dans ce volume nous dsignerons les vestiges archologiques et la ville sous son nom antique de Zilil.

    14 Les dcouvertes montaires de Zilil ont dj fait l'objet de deux tudes ponctuelles: Recherches archologiques rcentes Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires, dans BSFN, 1989, 514-515. Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires II, dans BSFN, 1991, p. 65-69

    15 I. Pereira, J.-P. Bost, J. Hiernard, Fouilles de Conimbriga, III, Les monnaies, Paris, 1974.

    16 J.-P. Bost, F. Chavs, G. Depeyrot, J. Hiernard, J.- C. Richard, Belo IV, Les monnaies (Publications de la Casa de Velazquez, srie archologie, VI), Madrid, 1987, p. 79-93 et 144-186.

    17 J.-M. Gurt Esparraguera, Clunia III, hallazgos mo-

    netarios; la romanizacin de la Meseta Norte a travs de la circulacin monetaria en la ciudad de Clunia, Excava- tiones arqueolgicas en Espana, 1985.

    18 F. Chavs Tristan, Monedas halladas en las exca- vaciones de Caretia, Excavaciones arqueolgicas en Es- pana, 120, 1982, p. 289.

    19 M. Campo, Las monedas de h villa romana de La Olmeda, Palencia, 1990

    20 Societat catalana d'estudis numismatics, Symposium numismtico de Barcelona, I, II, Barcelone, 1979.

    21 Societat catalana d'estudis numismatics, // Sym- posi numismatic de Barcelona, Barcelone, 1980.

    22 P. P. Ripolls Alegre, La circulacin monetaria en la Tarraconense. mediterrnea, Valencia, 1982.

  • 16 2. - LES DCOUVERTES MONTAIRES

    de telles avances. La trs grande majorit des sites marocains n'a pas t publie. La rfrence traditionnelle reste celle de Banasa, publication de 196423. Les recherches de J.-P. Callu et de P. Salama sont encore trs largement indites, si on excepte une maigre synthse difficilement exploitable

    ment publie en 197924. Les recherches Carthage ont fait l'objet d'une synthse en 198725.

    La publication de Zilil revt donc une certaine importance. Les chercheurs disposeront ainsi d'un nouveau site de rfrence.

    G. Depeyrot

    LE NUMERAIRE LOCAL

    Zilil a livr 111 monnaies que nous pouvons qualifier de locales, bien que quelques monnaies catalogues parmi les sries impriales anciennes puissent avoir t frappes

    par des ateliers locaux. Nous analyserons ici l'ensemble des missions locales, de frappe autonome ou impriale (Auguste ou Tibre)

    Le numraire local de Zilil (atelier/date)

    Villes Massinissa Bocchus Juba Ptolme Rome Auguste Tibre Illisible Total

    brie Carteia Romula Emerita Gads Illisible Mauritanie Sans atelier Lixus Babba Zilil Illisible loi Cesaree Tingi Rome Maurtanie ou Rome

    1 -

    1 -

    26

    1 5

    -

    Total

    25 2 6

    22 34 2 31 22

    1 2 1 1 1

    33 34 2 4 1 1 5 3

    22 111

    23 J. Marion, Les dpts montaires du quartier du Macellum Banasa, dans BAM, V, 1964, p. 201-233.

    24 P. Salama, Huit sicles de circulation montaire sur les sites ctiers de Maurtanie centrale et orientale (IIIe sicle av. J.-C.-Ve sicle ap. J.-C), dans Societat

    talana d'estudis numismatics, Symposium numismtico de Barcelona, Barcelone, II, 1979, p. 109-146.

    25 W.E. Metcalf, The Michigan finds at Carthage, 1975-79: an analysis, dans American numismatic society, Museum notes, 32, 1987, p. 61-84.

  • LE NUMRAIRE LOCAL 17

    1 - Le numraire ibrique

    Seulement 6 monnaies ibriques et identifies comme telles ont t dcouvertes Zilil. C'est un nombre relativement faible, compar aux sites archologiques ibriques. Il s'explique en particulier par l'importance de la csure que constituait le dtroit de Gibraltar entre les mondes ibrique et maurtanien. Les sries maure taniennes, en effet, sont absentes des grands sites de Belo et de Conimbriga.

    L'impression dominante est celle d'un sol maurtanien davantage irrigu par des monnayages ibriques que l'inverse. En ralit, un bref coup d'il la carte de rpartition et de

    localisation des ateliers montaires ibriques et maurtaniens laisse penser que les premiers taient nettement plus nombreux que les seconds. Ds lors, il est logique de concevoir une diffusion de numraire ibrique en Maurta- nie. Cette circulation de monnaies, mais aussi les dcouvertes de cramiques communes, d'amphores, renforcent l'ide d'un commerce de part et d'autre du dtroit.

    Les sites ibriques majeurs permettent de mettre en vidence les sries les plus frquentes, tenant compte du fait que les deux sites de Conimbriga et de Clunia appartiennent au nord de la pninsule, alors que Belo et Italica sont situs dans la partie mridionale.

    Les

    Abdera Asido Bailo Bilbilis Caesaraugusta Calagurris Carmo Carteia Carthago Nova Carissa Castulo Celsa Clunia Colonia Lepida Colonia Patricia Colonia Romula Ebora Ebusus Ercavica Emerita Emporion Gads Gracurris Herda Dici Irippo Italica Iulia Traducta Lascuta Lastigi Myrtilis Obulco Osca Osca/Bilbilis Segobriga Sexi Turiaso Ulia

    missions ibriques

    Belo

    2 4 - - 1

    72 -

    3 -

    - 2 1

    3 - 8 _ 1 - 2 3 1 - - - - - - - - -

    dans les sites ibriques de Belo, Italica

    2 _

    - - -

    77 1 1 2 - - - 2 - - 2 - 3 - 7 - - -

    1 2 1 1 1 - 2 -

    -

    - -

    Italica, Conimbriga, Clunia

    Conimbriga

    - - 1 2 2 - 1 1 - 3 1 - - 6 1 2 - 1

    45 - - - - - 2 2 - - - 1 3 - - 1 1 1 -

    Clunia

    - - 3

    20 8 - - - - 1

    11 56

    1 1 - - 1 3 2 2 - 2 1 2 - - - - - - - 1 5 - - 5 1

  • 18 1 - LE NUMRAIRE IBRIQUE

    Les sites africains prsentent un fond de quelques sries ibriques. C'est le cas de Zilil, bien sr, mais aussi de Ceuta26, de Sala27, et

    des sites de Volubilis, Banasa, Thamusida, inventoris par J. Marion28.

    Les missions ibriques

    Balares Carmo Carteia Carthago Nova Celsa Cesaraugusta Corduba Emerita Gads Laelia Malacca Obulco Romula Searo Segobrida Sexi

    Zilil

    - 1 - - - -

    1 1 - - -

    2 - -

    dans les sites

    Ceuta

    1 2 - - - - 3 -

    - 1 - - - -

    africains de Zilil,

    Sala

    1 - - - -

    1 . 1 - - 1

    Ceuta, Sala, Volubilis,

    Volubilis

    1 - 6 1 2 - -

    10 1

    - - -

    Banasa, Thamusida

    Banasa

    - 4 1 - 2 1 .

    18 - 1 _

    1 1 -

    Thamusida

    - 1 - - - - -

    37

    - - -

    Ces divers sites archologiques permettent de cerner les grandes caractristiques de la

    circulation montaire africaine.

    Zilil Belo Italica Ceuta Volubilis Banasa Thamusida Sala Conimbriga Clunia

    La diffusion des monnaies des

    Carteia

    1 72 77

    2 6 4 1 1 1 -

    ateliers ibriques de Carteia,

    Emerita

    1 3 3 3 - - - -

    45 2

    Emerita, Gads, Romula

    Gads

    1 8 7 -

    10 18 37 55

    - -

    Romula

    2 -

    - - - - - - -

    La mise en perspective des divers ateliers et lieux de trouvailles permet ainsi de remettre

    trs facilement Zilil dans son contexte montaire.

    26 M. Abad Varela, Ceuta y su entorno en el estrecho relaciones econmicas durante la antigedad a travs de la numismatica, dans Congresso international El Estrecho de Gibraltar, Ceuta, noviembre 1987, p. 1003-1016.

    27 J. Boube, La circulation montaire Sala l'poque prromaine, Lixus, Actes du colloque organis

    par l'Institut des sciences de l'archologie et du patrimoine de Rabat avec le concours de l'Ecole franaise de Rome, Larache, 8-11 novembre 1989, Rome, 1992, p. 255-265.

    28 J. Marion, Note sur la contribution de la numismatique la connaissance de la Maurtanie Tingitane, Antiquit africaines, 1, 1967, p. 99-118.

  • LE NUMRAIRE LOCAL 19

    L'atelier de Carteia est prsent dans les grands sites ibriques et dans tous les sites maurtaniens. Atelier important, situ proximit de la mer, il irrigue un trs grand nombre de sites, l'exception de Clunia situ au nord- est de l'Espagne.

    Emerita, situe approximativement au centre de la pninsule ibrique, alimente en petit numraire la majeure partie des sites orientaux ibriques ou maurtaniens. Seuls, les sites mridionaux et intrieurs de Sala, Volubilis, Banasa et Thamusida en sont dpourvus.

    L'atelier de Gads est reprsent Zilil, mais uniquement par une pice. Cette raret contraste avec l'abondance de ce numraire Belo et surtout dans les sites de Volubilis, Banasa et de Thamusida.

    Les productions de Romula sont sans doute arrives Zilil avec les frappes de Carteia ou les autres sries ibriques.

    Nous pouvons donc, tout en constatant le rle majeur de l'atelier de Carteia, opposer les

    sites en examinant les frappes de Gads et d'Emerita. Les frappes de Gads sont essentiellement prsentes dans les sites maurtaniens orientaux: Thamusida et Banasa, situs le long de l'oued Sebou, devaient entretenir des relations suivies avec la mer; Volubilis, plus en retrait dans les terres, se trouvait dans la continuation du bassin fluvial de l'oued Sebou. On peut donc penser que les pices de Gads se diffusaient partir des ports et des villes de Banasa et Thamusida. A l'inverse, les monnaies d'Emerita prsentent une diffusion plus terrestre et ibrique, moins loigne.

    Il est donc possible d'imaginer une diffusion atlantique des monnaies de Gads, et une diffusion mditerranenne des monnayages de Carteia.

    2 - Le numraire Mauretanien

    Les sries maurtaniennes sont, normalement, assez nombreuses Zilil.

    Villes

    Le numraire maurtanien de Zilil (atelier/date)

    Massinissa Bocchus Juba Ptolme Auguste Total

    Sans atelier Lixus Babba Zilil loi Cesaree Tingi Illisible

    - 26

    - 1 5

    25 6

    - - 2 4 - - 1

    33 34 2 4 1 5 1

    Les frappes maurtaniennes ne se retrouvent pas ou presque pas en dehors de leur zone d'mission. Signalons, pour mmoire, deux bronzes maurtaniens non identifiables Italica29. A la pnurie des sites archologiques tudis se rajoute ainsi la pnurie des exemplaires pouvant tre tudis.

    Outre Zilil, nous pouvons effectuer des comparaisons avec Sala30, Ceuta31, Volubilis, Banasa, et Thamusida32.

    L'examen des diverses frappes des ateliers montaires met en vidence le rle dominant des ateliers de Lixus/Semes et de Tingi qui sont prsents dans tous les sites tudis.

    29 F. Chavs Tristan, Monedas halladas en las exca- vaciones de Caretia, Excavaciones arqueolgicas en Es- pana, 120, 1982, p. 289.

    30 J. Boube, La circulation montaire Sala l'poque prromaine, dans Lixus, cit note 27, p. 255-265.

    31 M. Abad Varela, cit note 26, p. 1003-1016 32 J. Marion, Note sur la contribution de la numis

    matique la connaissance de la Maurtanie Tingitane, dans Antiquit Africaines, 1, 1967, p. 99-118.

  • 20 2 - LE NUMRAIRE MAURTANIEN

    Le numraire

    Lixus/Semes Tngi Babba Bulla Regia Camarata loi Cesaree Sala Siga Zilil Sans atelier

    maurtanien

    Zilil

    34 5 2 - - 1 - - 4

    33

    dans les sites

    Sala

    35 5 - 3 - -

    28 - -

    18

    africains de Zilil,

    Ceuta

    1 1 - - -

    - - - 1

    Sala, Ceuta, Volubilis

    Volubilis

    93 10

    - 3 2 1 4 1 .

    67

    , Banasa,

    Banasa

    104 6 - 1 1 3 1 - -

    107

    Thamusida

    Thamusida

    19 1 - 2 -

    5 - 1

    18

    Ces deux ateliers de Tingi et de Lixus apparaissent donc bien comme les ateliers dominants de la Maure tanie occidentale.

    Ces frappes ne se diffusrent gure en dehors de la Maurtanie Tingitane. Les sites plus orientaux n'ont gure livr que sporadiquement des pices isoles33.

    2.1 - Lixus/Semes

    L'atelier de Lixus est au centre de nombreux dbats, du moins dans ses rapports avec celui de Semes. Certains auteurs ont souvent t tents de distinguer l'atelier de Lixus de celui de Semes. Dernirement, le dbat a rebondi l'occasion du colloque consacr Lixus. J. Alexandropoulos a clairement insist sur la ncessaire assimilation qu'il convenait de faire entre les deux ateliers34, tandis que E- Z. El-Harrif et J.-B. Giard l'acceptaient avec davantage de prudence35. Dans les publications prliminaires de Zilil36, nous avons

    admis sans quivoque la confusion Lixus/ Semes. Il n'est donc pas question de dbattre nouveau d'un point que la communaut scientifique a depuis longtemps admis.

    Les sries indpendantes du premier sicle avant J.-C. (Mazard 630-632) psent 13,39 g pour 3 exemplaires. Le divisionnaire (Mazard 643-644) pse en moyenne 2,82 g pour 7 exemplaires, tandis que le Mazard 645-648 pse 4,03 g pour 12 exemplaires. Les 6 monnaies de Lixus mises sous Juba II psent en moyenne 5,05 g. Quelques pices taient coupes. L'ensemble traduit un systme de deux monnaies.

    2.2 - Tingi

    Les trois bronzes de Tingi appartiennent aussi des systmes montaires voisins, caractriss par une pice lourde et un divisionnaire (catalogue 75/78). Zilil a livr un semis oncial (catalogue 79)37.

    33 P. Salama, Huit sicles de circulation montaire sur les sites ctiers de Maurtanie centrale et orientale (IIIe sicle av. J.-C. - Ve sicle ap. J.-C), dans Societal catalana d'estudis numismatics, Symposium numismatico de Barcelona, Barcelone, II, 1979, p. 109-146.

    34 J. Alexandropoulos, Le monnayage de Lixus: un tat de la question, dans Lixus, cit note 27, p. 249-254.

    35 F.-Z. El-Harrif, J.-B. Giard, Prliminaires l'tablissement d'un corpus des monnaies de Lixus, ibid.,

    p. 267-269. 36 Recherches archologiques rcentes Dchar Jdid

    (Zilil): les dcouvertes montaires, dans BSFN, 1989, p. 514-515 et Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires II, dans BSFN, 1991, p. 65-69

    37 M. Amandry, Bilan des recherches rcentes sur le monnayage romain de Maurtanie, dans Acta numismatica, 21-23, 1991-1933, Homenatge al Dr. Leandre Villa- ronga, p. 239-246.

  • LE NUMRAIRE LOCAL 21

    2.3 - Zilil

    L'incontestable nouveaut de cet ensemble reste les monnaies de la colonie de Zilil. Ces pices avaient attir notre attention ds les premiers lots38.

    Les frappes de Zilil se composent d'un grand bronze (catalogue, n 82), D/ CAESAR DIVI F CONST, buste d'Auguste, et au revers NI AR POM (...) DD, trophe, 2 captifs. Il s'agit sans doute d'un as oncial.

    Le divisionnaire associ (catalogue 83-85) prsente la mme lgende au droit (CAESAR DIVI F CONST, buste d'Auguste) et au revers (NI AR POM (...) DD), mais un buste remplace le trophe. Il pourrait s'agir d'un semis oncial. Les trois monnaies sont issues de la mme paire de coins.

    Ces deux monnayages sont de nouvelles preuves de l'activit de Zilil, peu aprs sa fondation sous Auguste. Ces frappes doivent dater des annes 33-25 avant J.-C. Elles s'inscrivent dans la suite de frappes indpendantes antrieures (Mazard 627-629) absentes des dcouvertes archologiques de Zilil, mais dont un

    exemplaire a t dcouvert Thamusida et d'autres Asilah39.

    2.4 - Babba Les deux pices de Babba dcouvertes

    Zilil appartiennent une srie bien connue date des annes 19 avant J.-C. et attribues au prfet C. Mar[..] Ambatus (catalogue 80/8 1)40.

    Il s'agit de quadrans dont l'tat de conservation permet de prciser la typologie. Les deux pices sont issues des mmes coins41.

    2.5 - Les sns de Juba II (loi) Les frappes de Juba II dites sans atelier ont

    sans doute t mises dans l'atelier royal de Iol/Caesarea. Deux pices ont particulirement retenu notre attention.

    Le bronze catalogue 14, sans doute mis vers 22/3-23/4 aprs J.-C prsente au droit le buste royal (Rex Iuba) avec buste, massue et au revers (r)A XL(...)III, lphant sur cippe. Il s'agit d'un type indit42, mais dont plusieurs parallles sont connus, ce qui permet de complter la lecture de la date du revers43.

    Le bronze catalogue 17 tait indit.

    38 Recherches archologiques rcentes Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires, dans BSFN, 1989, p. 514-515. Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires II, dans BSFN, 1991, p. 65-69

    39 J. Mazard, Corpus nummorvm Numidiae Maure- taniaeque, Paris, 1955. Recherches archologiques rcentes Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires, dans BSFN, 1989, p. 514-515. Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires II, dans BSFN, 1991, p. 65-69. A. Burnett, M. Amandry, P.P. Ripolls, Roman Provincial Coinage, I, From the death of Caesar to the death of Vitel- lius (44 BC - AD 69), Londres, 1992, 866A, 866; M. Amandry, Bilan des recherches rcentes sur le monnayage romain de Maurtanie, dans Acta numismatica, 21-23, 1991-1933, Homenatge al Dr. Leandre ViUaronga, p. 239- 246. Cette dernire mention de trouvailles Asilah signale par Mazard fait rfrence au travail de M. Mateu y Llopis, Monedas de Mauritania, Madrid, 1949, n 21-24; ces monnaies ont de fortes chances de provenir de Zilil.

    40 Recherches archologiques rcentes Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires, BSFN, 44, 1989, p. 514- 515. Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires II, dans BSFN, 1991, p. 65-69

    41 M. Amandry, Notes de numismatique africaine, 1.2. Le monnayage du prfet Ambatus Babba (Maurtanie Tingitane), Revue numismatique, 1984, p. 88-94. M. Amandry, Bilan des recherches rcentes sur le monnayage romain de Maurtanie, dans Acta numismatica, 21-23, 1991-1933, Homenatge al Dr. Leandre ViUaronga, p. 239- 246.

    42 Recherches archologiques rcentes Dchar Jdid (Zilil): les dcouvertes montaires, dans BSFN, 1989, p. 514-515.

    43 Sur le type de revers de cette monnaie: H.R. Bal- dus, Eine antike Elefanten-Dressur. Zu einem Mnzbild Knigs Jubas II., dans Chiron, 20, 1990, p. 217-220. L'interprtation que fait Baldus du revers est tonnante.

  • 22 1 - LA RPUBLIQUE ROMAINE

    LE NUMERAIRE REPUBLICAIN ET DU HAUT-EMPIRE

    1 - La Rpublique Romaine

    Les monnaies rpublicaines sont rares. Trois deniers ont t clairement identifis et quatre pices appartiennent sans doute des sries contemporaines (catalogue 105-111). Il est possible que certaines pices dates du Haut-Empire lato sensu (catalogue 224-342) appartiennent en fait la Rpublique romaine.

    La raret des trouvailles montaires d'poque trs ancienne (deuxime sicle avant

    J.-C.) Zilil, autant que l'absence de publications de sites majeurs des environs interdisent une analyse trs dtaille de la circulation montaire de l'poque de la Rpublique Romaine.

    2 - Le Haut-Empire

    Zilil a livr 232 monnaies du Haut-Empire ou rattaches cette priode (c'est le cas de la majorit des bronzes illisibles, catalogue 224- 342).

    Auguste Tibre Caligula Claude I Nron Vespasien Domi tien Flaviens Trajan Hadrien Antonin Marc Aurle Commode Dbut IIP sicle Illisible Total

    Le numraire romain du Haut-Empire Zilil (atelier/date)

    Espagne Lyon Rome Illisible

    1 4 2 1

    23 2 3 3

    37 9

    12 1 1

    106 119 122

    Total

    5 4 1

    23 3 3 3 3 8

    37 9

    12 1 1

    119 232

    2.1 - Les deniers

    La majorit des monnaies sont des pices de bronze, sauf un denier d'Auguste (n 112), 2 deniers de Tibre (n 117-118), un denier de Trajan (n 157), un denier d' Antonin le Pieux

    (n 207), un denier illisible (n 224). La rpartition chronologique de ces deniers ne prsente gure d'anomalie. On retrouve Conim- briga une rpartition similaire, ainsi que dans les principales fouilles de la partie occidentale de l'Empire.

  • LE NUMRAIRE RPUBLICAIN ET DU HAUT-EMPIRE 23

    Auguste Tibre Nron Vespasien Domitien Nerva Trajan Hadrien Antonin Marc Aurle Commode

    Les dcouvertes de deniers Zilil

    1 2 - - - - 1 - 1 - -

    romains Zilil, Conimbriga, Conimbriga

    7 6 - 4 -

    1 2 2 6 -

    Clunia, Belo Clunia

    2 4 2 2 1 2 4 2 3 . 2

    Belo

    . 1 - - 1 - 1 1 1 - -

    Cette rpartition gnrale est somme toute, assez proche de celle que nous retrouvons dans les principaux autres sites, exception

    faite de Vindonissa o le caractre militaire du lieu se traduit par une forte importation de pices d'argent.

    Auguste Tibre Caligula Claude Nron Guerres civ. Vespasien Titus Domitien Nerva Trajan Hadrien Antonin Marc Aurle Commode

    Les dcouvertes Namur

    1 -

    - 3 - 2 - 4 1 5 4 1

    de deniers romains Namur, Vindonissa,

    Vindonissa

    11 1 1 2 3

    20 5 9 2 8 6 8 5 -

    Brigetio, Athnes Brigetio

    - -

    1 8 1 7 1

    26 12 11 8

    10

    Athnes

    2 2 - - - 2 4 1 9 1

    10 6 6 8 2

    2.2 - Les bronzes

    Comme dans les autres sites archologiques, les monnaies de bronze sont les plus courantes.

    Une seule monnaie de bronze n'appartient pas au systme montaire au sens strict, un mdaillon de bronze d'Hadrien (n167).

    Auguste Tibre Caligula Claude I Nron Guerres civiles Vespasien

    Les bronzes romains Zilil

    5 4 1

    23 3 - 3

    Zilil, Conimbriga, Conimbriga

    13 8 6

    82 - - 8

    Clunia, Belo Clunia

    8 5 2

    74 15

    - 10

    Belo 5 7 4

    42 4 1 4

  • 24 2 - LE HAUT-EMPIRE

    Titus Domi tien Flaviens Nerva Trajan Hadrien Antonin Marc Aurle Commode

    3 3 - 8

    37 9

    12 1

    1 . 2 9

    17 11 5

    12

    9 29

    - 6

    39 56 37 29 17

    1 3 1 2

    11 14 15 10 3

    La comparaison avec les divers grands sites met aussi, lato sensu, l'accent sur le rle

    des frappes de Claude I et le renouveau des missions sous les Antonins.

    Auguste libre Caligula Claude Nron Guerres civiles Vespasien Titus Domitien Nerva Trajan Hadrien Antonin Marc Aurle Commode

    Les bronzes

    Namur

    41 2 7

    15 22

    3 32

    7 56 10 74 85 82' 72 17

    romains Namur, Vindonissa, Brigetio,

    Vindonissa

    2 570 1 072 427 327 253

    11 279 41

    169 36 64 55 55 35 12

    Athnes

    Brigetio

    3 7 1 4 3 2

    11 9

    21 11 51 46 72 62 15

    Athnes

    5 2 - 1 1 2 7 1

    11 3

    24 42 34 32 13

    Le classement chronologique de R. Reece pour les sites de Rome, Richborough, Lydney et Silchester met en vidence des phnomnes diffrents, avec l'importance bien connue des frappes des premiers Julio-claudiens Rome,

    mais leur maintien un trs haut niveau sous les Flaviens Richborough (en raison du camp militaire). Par contre les sites "tardifs" de Lydney et de Silchester mettent en vidence, eux aussi, l'impact des frappes antonines.

    -27/+41 41-54 54-69 69-96

    96-117 117-138 138-161 161-180 180-192

    Les trouvailles

    Rome 167 52 10 44 19 25 37 24 10

    montaires de Rome, Richborough,

    Richborough 184 404 142 386 93 76

    112 37 14

    Lydney, Silchester

    Lydney 5 1 4

    20 15 15 25 28 18

    Silchester 21 79 22

    187 107 125 158 102 42

  • LE NUMRAIRE RPUBLICAIN ET DU HAUT-EMPIRE 25

    Ainsi, selon les deux angles d'analyse des monnaies (deniers/autres monnaies, puis total des monnaies) le site de Zilil prsente toutes les caractristiques des sites non militaires de l'Occident romain.

    2.3 - Les Julio-claudiens

    La monnaie la plus intressant reste celle de l'atelier espagnol (?), denier indit (catalogue 112), prsentant une tte nue au droit et un taureau avec l'inscription AVGVSTVS au revers. Ce denier reprend une typologie connue en Orient ( Pergame, Samos). Le style de la pice la rapproche des frappes montaires ibriques. Nous pouvons donc envisager d'attribuer cette pice des frappes locales ibriques.

    Le reste de la collection est assez dcevant, gnralement en raison du mauvais tat de conservation des monnaies. Les frappes de Claude I sont nombreuses, comme dans les autres sites archologiques (ici ces monnaies sont difficiles distinguer des autres frappes contemporaines en raison de l'tat de conservation), mais les problmes poss par ces frappes tantt attribues des faussaires, tantt attribues des villes ibriques en vertu d'un plausible droit de frappe, ou plutt en vertu d'une ncessit imprieuse, sont maintenant bien cerns depuis les publications de Conimbriga et de Belo o ces frappes taient particulirement bien reprsentes.

    Cette abondance des espces au nom de Claude I (qu'elles aient t frappes Rome, dans les ateliers ibriques ou dans des ateliers locaux) ne saurait en l'occurrence tre interprte comme une consquence d'une dcision administrative de constituer un stock montaire nouveau au moment o s'tablissait la nouvelle administration romaine en Afrique

    (ce que nous pourrons constater pour la reconstruction de Zilil au quatrime sicle). Les bronzes de Claude sont une des espces romaines les plus courantes dans toute l'Europe occidentale. Elles taient destines constituer et complter les anciennes missions montaires, remplacer les frappes officielles locales tant gauloises (ou gallo-romaines) qu'ibriques, pourvoir aux besoins crs par les nouveaux centres urbains.

    Les ateliers les plus reprsents sont ceux de Lyon et de Rome, chose parfaitement logique, puisque la majeure partie des ateliers ibriques avaient t ferms et que ces deux lieux d'mission avaient concentr la quasi-totalit de la production montaire. Je rappelle que les sries locales ont t tudies supra.

    2.4 - Les Antonius

    Les frappes des Antonins (Trajan, Hadrien, Antonin et Marc Aurle principalement) sont nombreuses et consistent le plus souvent en des sesterces mal conservs.

    Le mdaillon de bronze d'Hadrien (n 1 67) a vraisemblablement t mis en circulation comme tout autre monnaie. En Pninsule ibrique, des sesterces en cuivre avaient t mis, d'un poids suprieur celui du sesterce normal. Il est donc vraisemblable que les frappes des mdaillons aient t confondues avec celles des sesterces de cuivre. La possibilit d'une circulation conjointe de monnaies et de mdaillons est aussi atteste par la dcouverte de deux mdaillons contorniates du quatrime sicle dans les fouilles de la villa de La Olmeda44. A dfaut d'inventaire des dcouvertes de mdaillons dans les divers sites archologiques, mentionnons aussi, titre d'illustration, celui de Mesnil-Saint-Nicaize (Somme)45.

    44 M. Campo, Las monedas de la villa romana de La Olmeda, Palencia, 1990, n 610-611.

    45 P. Gendre, Un mdaillon d'Antonin-le-Pieux

    couvert Mesnil-Saint-Nicaize (Somme), dans BSFN, 1987, p. 168-169.

  • 26 1 - LES ESPCES ANTRIEURES CLAUDE

    LE 3e SIECLE

    C'est principalement avec le troisime sicle que le site de Zilil commence livrer d'importantes sries montaires.

    En ralit deux ensembles doivent tre distingus: d'une part les frappes antrieures

    Claude, c'est dire celles des Svres jusqu' la mort de Gallien, et d'autre part, les missions montaires de Claude, ou au nom de Claude, c'est dire celles comprenant les frappes de Claude posthume.

    Total

    Rome

    Caracalla Elagabale Svre Alex. Gordien III Gallien Claude II Divo Clavdio Quintille Victorin Ttricus I/II Aurlien Tacite Probus Illisible

    1 1 2 7

    19 4 - -

    - 1

    _ 35

    Les monnaies du troisime sicle Zilil

    Siscia Milan Trves Cologne Serdica illisible imitation

    422 34

    Total

    - - - - - - - - 1 1 - - - _

    - - -

    - - - - - - - - 2 _

    - -

    - 31 54

    268 -

    1 7 1 - -

    60

    -

    - -

    4 - -

    14 - - -

    16

    1 1 2 7

    51 63

    268 2 3

    22 1 1 2

    76 500

    1 - Les espces antrieures Claude

    Le site de Zilil est pauvre en espces antrieures Claude. Cependant, cette pnurie s'inscrit dans un contexte bien plus large. Les sries de Septime Svre au rgne conjoint de Gallien compris reprsentaient 35 monnaies sur 517 Conimbriga, soit 7% du total du sicle, contre 2% Zilil. Quand on note l'abondance des DIVO CLAVDIO Zilil, on est fort

    tent de conclure que l'absence de numraire de la premire moiti du troisime sicle ne signifie pas absence d'habitant ou prsence d'envahisseurs. Une preuve par l'absurde (puisqu'elle est interprte comme la preuve des troubles) de la prsence de monnaies est donne par les trsors de Banasa46, qui tmoignent de l'arrive plus ou moins rgulire de monnaies du troisime sicle dans le sud de la Maurtanie Tingitane.

    46 J. Marion, Les dpts montaires du quartier du Macellum Banasa, dans BAM, V, 1964, p. 201-233.

  • LE 3e SICLE 27

    Julia Domna Caracalla Elagabale Maximin I Gordien III Philippe I Trajan Dce Trbonien Galle Valrien/Gallien

    Banasa: trsor de la boulangerie Rome Antioche

    1 4 7 2

    180 4 199 3 100 23 2

    Milan

    - - - - - 7 3 -

    Tibre Vespasien Hadrien Marc Aurle Elagabale Svre Alexandre Pupien Gordien III Philippe Trajan Dce Trbonien Galle Valrien/Gallien

    Banasa: trsor de la maison de Fonteius Lyon Rome

    1 1 1 1 3 2 1

    12 5 8 6 9

    Milan

    - - - - - - - - - - 1

    Remarquons cependant la raret de ce numraire qui est Zilil plus rare qu' Belo. A Belo, les monnaies pr-claudiennes reprsentaient 46% des espces du second sicle et 19% des monnaies du Haut Empire, tandis qu' Zilil elles reprsentent 17% des monnaies du second sicle et 5% des monnaies du Haut Empire. Cette baisse, voire pnurie de

    raire, peut tre constate dans tous les sites, l'exception des sites de l'Empire Central, zones proches du Danube et des lieux des affrontements entre Romains et Barbares.

    Ce qui reste important noter est le rapport entre les monnaies de Gallien et de Claude d'une part et les DIVO CLAVDIO d'autre part.

    Les

    Gallien, Claude Divo Clavdio Rapport

    trouvailles de monnaies de Conimbriga

    885 602 68%

    Gallien et de Claude Clunia

    198 82

    41%

    Conimbriga, Clunia, Belo, Zilil Belo

    154 248

    161%

    Zilil

    114 268

    235%

    Ainsi, Conimbriga les DIVO CLAVDIO taient moins nombreux que l'ensemble des monnaies de Gallien et de Claude II; il en tait de mme Clunia. Le rapport s'inverse Belo et dans une proportion encore plus

    grande Zilil. La stratigraphie de Zilil et les tudes ar

    chologiques confirment ce qui aurait pu n'tre qu'une impression floue: les DIVO CLAVDIO sont arrivs Zilil alors que le nu-

  • 28 1 - LES ESPCES ANTRIEURES CLAUDE

    mraire de la premire moiti du troisime sicle tait rarfi.

    La ventilation des diverses monnaies inscrit Zilil dans le groupe des sites

    nens caractriss par la forte prsence de monnaies de Gallien-Claude-DIVO CLAVDIO tels que nous pouvons le constater Conim- briga, Belo et Clunia.

    Septime Svre Caracalla Elagabale Svre Alexandre Maximin Balbin Gordien III Philippe Trajan Dce Trbonien Galle Valerien Gallien Claude II Divo Clavdio Quin tille Postume Victorin Ttricus I/II Aurlien Tacite Probus Carus

    Les monnaies du

    Zilil

    1 1 2 -

    7 - - - -

    51 63

    268 2 - 3

    22 1 1 2 -

    troisime sicle Zilil, Conimbriga,

    Conimbriga

    5 2 -

    17 4 1 8 1 4 8 9

    455 430 602 19

    - 17 85 16

    1 11

    -

    Clunia, Belo

    Clunia

    4 1 2 8 1 . 5 5 2 3 4

    111 87 82 5 2 7

    24 3 . 5 -

    Belo

    3 1 3 6 2 1 7 3 1 3 5

    76 78

    248 3 2 3

    28 1

    3 1

    A l'inverse les sites plus nordiques tels que Namur, Vindonissa et a fortiori les sites anglais de Richborough, Lydney et Silchester font apparatre une forte prdominance des espces de Ttricus et en rgle gnrale des autres empereurs gaulois.

    Par contre, les sites de Brigetio, Rome,

    Athnes, se caractrisent par des alimentations plus rgulires, avec certainement une forte arrive de monnaies frappes selon les nouvelles normes tablies par Aurlien en 274, abondance caractristique des sites de la Mditerrane orientale.

    Septime Svre Caracalla Elagabale Svre Alexandre Maximin Balbin Gordien III Philippe Trajan Dce Trbonien Galle

    Les monnaies du troisime sicle

    Namur

    22 10 33 12 2 - 8 4 - 4

    Namur, Vindonissa,

    Vindonissa

    35 3 4

    22 4 _ 6 6 - 3

    Brigetio, Athnes

    Brigetio

    54 37 28 91

    7 _

    47 43 17 9

    Athnes

    12 15 5

    38 22

    1 51 38 16 29

  • LE 3e SICLE 29

    Valerien Gallien Claude II Divo Clavdio Quintille Postume Victorin Ttricus I/II Aurlien Tacite Florien Probus Carus

    11 35 29 32

    3 27 19

    187 9 2 .

    44 2

    4 57 53 35

    1 5

    10 62 14 2 1

    12 5

    10 162 81

    - 3 - 1 5

    50 6 3

    48 16

    36 439

    14 9 1 1 1 2

    174 7 9

    100 19

    193-222 222-238 238-259 259-275 275-294

    Les monnaies du troisime

    Rome

    14 14 29 69 39

    sicle de Rome, Richborough,

    Richborough

    53 13 39

    4759 4099

    Lydney, Silchester

    Lydney

    33 14 16

    511 373

    Silchester

    100 55 71

    2144 1483

    Le site de Zilil permet galement de cerner le basculement du rapport argent/bronze qui atteint son apoge vers le rgne de Gordien III. Nous pourrions caractriser le phnomne comme suit:

    * Sous les Svres, arrive de grands nombres de monnaies d'argent et une certaine pnurie de monnaies de bronze;

    * Aprs Svre Alexandre (au plus tt) et jusqu' Trbonien Galle ou Trajan Dce,

    mentation des grands sites s'effectue essentiellement avec des bronzes au dtriment des espces d'argent (deniers et antoniniens).

    * Avec Valerien, le numraire d'argent redevient prdominant.

    Ce phnomne de large bascule est suffisant pour caractriser une circulation montaire africaine et du sud de la pninsule ibrique.

    Le rapport

    Septime Svre Caracalla Elagabale Svre Alexandre Maximin Balbin Gordien III Philippe I Trajan Dce Trbonien Emilien Valerien I

    argent (ag) - bronze

    Zilil ag aes

    1 1 2 - -

    7 - - - - -

    (aes) dans les sites de Zilil,

    Conimbriga ag

    1 - - 1 -

    - - - 6 7

    aes

    4 2 -

    14 4 1 8 1 - 4 2 2

    Conimbriga, Clunia, Belo

    Clunia ag 3 1 2 5 _ 3 2 1 2 - 4

    aes

    1 - - 3 1 . 2 4 1 1 - -

    ag 3 1 3 2

    3 1 - 1 - 4

    Belo aes

    _ - - 4 2 1 4 2 1 2 - 1

  • 30 2. - LES DIVO CLAVDIO

    Ce basculement est absent des autres grands sites de l'Empire romain. Les monnaies d'argent des Svres y arrivaient accompagnes de divisionnaires de bronze et les

    visionnaires de bronze des annes Maximin- Trbonien taient aussi accompagns de pices d'argent.

    Le rapport

    Septime Svre Caracalla Elagabale Svre Alexandre Maximin Balbin Gordien III Philippe I Trajan Dce Trbonien Emilien Valerien I

    argent (ag) - bronze (aes)

    Namur ag

    18 8

    32 5 1 . 5 3 - 2 1 8

    aes

    7 2 1 7 1 - 3 1 -

    1 - 3

    dans les sites de Namur,

    Vindonissa ag

    28 2 4

    15 2 . 6 4 - 2

    4

    aes

    7 1 - 7 2 _ - 2 -

    -

    Vindonissa, Brigetio, Athnes

    Brigetio ag aes

    51 3 29 8 25 3 75 16 4 3

    24 23 25 18 15 2 9 -

    10

    Athnes ag

    5 11 3 6 3 .

    30 27 12 25

    . 36

    aes

    7 4 2

    32 19

    1 21 11 4 4

    _ -

    2. - Les Divo Clavdio

    Pour les frappes de Claude au type DIVO CLAVDIO, a priori, le site de Zilil ne prsente pas d'anomalie particulire. Cette priode se caractrise en effet par une trs grande frquence des monnaies de Claude et au type DIVO CLAVDIO. A Belo, par exemple les DIVO CLAVDIO reprsentaient 248 monnaies sur 517, soit 48%, alors que le chiffre de Zilil s'tablit 268 sur 500, soit 54%. Ce chiffre s'effondre au fur et mesure qu'on s'loigne de Gibraltar: 36% Conimbriga, 25% en Catalogne, mais seulement 19% dans l'tude de Marion47, ce qui ne peut que nous laisser deviner un "tri" quelconque des espces aprs la dcouverte, impression confirme par l'tude des trsors locaux48.

    L'abondance de ces frappes explique mme

    l'invention de "vagues de thsaurisation" ou autres "vagues de destructions": les archologues constatant cette abondance et liant, comme trop souvent, absence de monnaies rcentes et absence d'habitat, ont considr que nombre de sites avaient t dtruits par un dferlement des Barbares, sous Claude II ou peu de temps aprs, contemporainement la frappe des DIVO CLAVDIO49. Les fouilles, tout comme les trsors, montrent au contraire, que ces monnaies palliaient l'absence de frappes plus rcentes, souvent retenues dans les zones militaires.

    Cette question des DIVO CLAVDIO est maintenant bien dbattue depuis les publications dj cites de Belo et Conimbriga, puis de Clunia, ainsi que les symposia de Barcelone. Traques, identifies et repres, ces modestes monnaies apparaissent comme les

    47 J. Marion, Note sur la contribution de la numismatique la connaissance de la Maurtanie Tingitane, dans Antiquits africaines, 1, 1967, p. 99-118.

    48 J.-P. Callu, Remarques sur le trsor de Thamusida

    III: les DIVO CLAVDIO en Afrique du Nord, dans MEFRA, 86, 1974, p. 523-547.

    49 M. Tarradell, La crisis del sigio III d. J. C. en Mar- ruecos, dans Tamuda, III, 1955, p. 75-105.

  • LE 3e SICLE 31

    pendants des grandes frappes de l'Occident romain aux noms des Ttricus. Frappes de ncessit comme l'avaient t celles des empereurs gaulois, frappes d'urgences rendues obligatoires par des besoins locaux d'autant plus importants que le numraire ancien faisait dfaut.

    Les 268 exemplaires DIVO CLAVDIO de Zilil psent en moyenne 1,25 g. A Conimbriga, les 217 exemplaires pesaient en moyenne 1,56 g. La lgre diffrence de poids peut largement s'expliquer par les conditions gnrales de conservation des monnaies (voir supra).

    La rpartition typologique entre les deux groupes de revers (autel ou aigle) n'offre gure

    d'autre intrt que de confirmer les rpartitions gnrales. Par contre, si nous examinons les sites plus loigns, les pourcentages prsentent des variations plus importantes, sans doute lies la diminution du nombre d'exemplaires retrouvs. A Richborough, les DIVO CLAVDIO sont au nombre de 593, mais de 32 dans les fouilles de Namur. En revanche, le trsor belge de Saint-Mard (qui en contenait 338) nous fournit des chiffres plus prs des moyennes habituelles. On peut donc considrer que 2/3 des DIVO CLAVDIO taient du type l'autel et 1/3 l'aigle. Les raisons techniques (facilit de la gravure de l'autel qua- drangulaire) expliquent ce choix prfrentiel.

    Ventilation des revers l'autel et

    Belo Volubilis Banasa Zilil Thamusida Conimbriga Namur Richborough (50) Saint-Mard I (51)

    l'aigle des DIVO CLAVDIO

    Autel

    65% 64% 63% 61% 60% 58% 74% 62% 57%

    Aigle

    35% 36% 37% 39% 40% 42% 25% 38% 43%

    Les distinctions subtiles mettant en relation la qualit de la gravure, le diamtre de la pice et son poids ne prsentent aucun

    rt, si ce n'est de dmontrer une vidente relation entre la surface frapper, la masse du flan et sa dimension.

    50 R. Reece, The Roman Coins from Richborough, A Summary, dans Bulletin of the Institute of Archaeology, 18, 1981, p. 49-71.

    51 J. Lallemand, M. Thirion, Le trsor de Saint-Mard I, Etude sur le monnayage de Victorin et des Ttricus, Wetteren, 1970.

  • 32 1 - PRSENTATION

    LES 4e ET 5e SIECLES

    1 - Prsentation

    Le quatrime sicle (et le dbut du cinquime sicle ventuellement) constitue la part de loin la plus importante des rcoltes de Zilil. L'ensemble des monnaies mises aprs l'accession au pouvoir de Diocltien reprsente 86% des monnaies recueillies (5012 sur 5855 pices) et fait du site l'un des mieux fourni de l'Empire romain. C'est donc sur cette priode que se concentrera notre attention.

    Il est inutile de rappeler que Zilil est un site qui, incontestablement, appartient au monde mditerranen. On peut constater les consquences de cette localisation gographique dans le simple rapport entre les missions antrieures 353 et celles postrieures cette date. Les sites nordiques, gnralement se caractrisent par une forte proportion de pices antrieures la rforme de 353, alors que c'est l'inverse dans les sites mridionaux.

    Londres Trves Lyon Arles Ticinum Ostie Rome Aquile Carthage Siscia Sirmium Thessalonique Hracle Constantinople Nicomdie Cyzique Antioche Alexandrie Imitation Illisible Total

    Le numraire de

    290-353

    4 37 45

    212 8 1

    107 12

    1 20

    - 10 8

    17 14 12 13 3

    34 1138 1696

    Zilil 353-Ve sicle

    4 14 85

    - -

    52 12

    - 7 2 7 3

    27 13 16 12 4

    40 3018 3316

    Total

    4 41 59

    297 8 1

    159 24

    1 27

    2 17 11 44 27 28 25

    7 74

    4156 5012

    II n'est pas inutile de rappeler que l'anne 353 se traduisit par un nombre important d'inflexions dans la politique et la situation montaires de l'Empire. La pnurie de monnaies de bronze qui avait svi en Occident (Gaule et Grande-Bretagne) durant les annes 336-341

    reprit ds 353 la suite des dvastations causes par la guerre contre Magnence, les troubles militaires et les invasions des Germains qui aboutirent la destruction de l'atelier de Trves. La rforme de 353 et surtout la dmontisation des espces anciennes les plus

  • LES 4e SICLE ET 5e SICLES 33

    lourdes accrurent la pnurie de numraire. Ds les premires frappes des nouveaux bronzes au FEL TEMP REPARATIO de petit module furent mises des imitations. Ces imitations locales inondrent le nord de l'Europe occidentale, la Gaule, la Belgique et la Grande-Bretagne principalement: les productions importantes de l'atelier d'Arles ne purent en aucun cas pallier l'insuffisance de numraire. Cette pnurie s'intensifia encore la suite du dpart de Julien vers l'Orient: les ateliers n'ayant plus effectuer les frappes pour les militaires suspendirent quasiment les missions d'argent. La politique des Valentiniens ne fit rien pour stopper cette situation, mme si la priode la plus difficile semble s'tre termine dans les annes 360. Des frappes d'argent reprirent en Occident, mais la majorit des missions de bronze tait destine subvenir aux besoins des troupes cantonnes le long du Danube. Ce ne fut que dans les annes 380, puis avec le retour des usurpateurs gaulois que les grandes frappes reprirent dans les ateliers gaulois. Ainsi, en substance, les ateliers occidentaux ne produirent que

    ment peu de numraire, compars aux ateliers mditerranens et surtout orientaux. Il est donc normal de constater que les sites archologiques bnficiant des productions d'ateliers actifs aient reu un numraire frais et abondant.

    Une simple comparaison entre les deux ensembles que nous pouvons distinguer dans les missions montaires du quatrime sicle (avant 353 et aprs 353), nous permet de replacer Zilil dans le large contexte de la circulation montaire.

    La rpartition Zilil (2/3 aprs 353 contre 1/3 avant 353) se situe des valeurs infrieures aux grands centres orientaux, mais ces derniers ont connu une grande activit au cinquime sicle, alors que la majeure partie des sites occidentaux taient abandonns. Les villes de Rome, d'Athnes prsentent des taux trs voisins de Zilil. Par contre, les sites de la partie nordique de l'Europe prsentent des taux trs faibles, proximit du rapport 1/1, et mme parfois trs infrieur. A ce dernier groupe, cependant, se rattachent des sites mditerranens abandonns trs tt.

    Site

    Apame Sardes Zilil Rome Athnes Vlndonissa Brigetio Conimbriga Belo Sambre

    Les espces antrieures et postrieures

    avant 353

    196 1093 1696 1357 2423 854 514

    2477 503 339

    27% 26% 34% 39% 40% 48% 49% 51% 61% 66%

    353 dans les sites occidentaux

    aprs

    530 3072 3316 2089 3604 935 528

    2358 317 170

    353

    77% 74% 66% 61% 60% 52% 51% 49% 38% 33%

    Total

    726 4165 5012 3446 6027 1789 1042 4835 820 509

    Nous traiterons plus loin les questions lies l'utilisation des monnaies anciennes encore en circulation.

    Le catalogue gnral est organis par

    liers et par type de numraire. La classification des monnaies par type de valeur faciale est reprise de deux tudes antrieures o ces questions sont dbattues52. La chronologie est

    52 G. Depeyrot, Crises et inflation entre Antiquit et Moyen- Age, Paris, 1991, et surtout G. Depeyrot, Le

    me montaire de Diocltien la fin de l'Empire romain, dans Revue belge de numismatique, 1992, p. 33-106.

  • 34 2 - LES MISSIONS ANTRIEURES 353

    celle des divers volumes du Roman Imperial Coinage et du Late Roman Bronze Coinage, sauf en ce qui concerne les productions des ateliers gaulois dont les monnayages ont t dats selon Le numraire gaulois.

    2 - Les missions antrieures 353

    Dans l'ensemble, les monnaies antrieures 330 sont assez peu frquentes dans les sites. Zilil ne fait pas exception cette constatation.

    Londres Trves Lyon Arles Ticinum Ostie Rome Aquile Carthage Siscia Sirmium Thessalonique Hracle Constantinople Nicomdie Cyzique Antioche Alexandrie Imitation Illisible Total

    290/4-305

    1 2 1* -

    - 2 - 1 - - - - - - - - - -

    5** 12

    * La seule pice antrieure pices des annes 330-348

    Les missions

    305-18 318-24

    1 7 9 7 2 1 4 - - - - - - - - - - 1 -

    20 52

    264 est

    2 13 5 9 4 - 7 6 -

    10 - 3 - - - 1 - - 3

    79 142

    lyonnaise. **

    antrieures

    324-30

    - - 5 2 - 5 6 - 7 - 7 2 - 2 1 2 1 - 1

    41

    Ensemble

    353 Zilil

    330-41

    12 18 41

    - -

    67 - - 1 - - 6 9

    12 8 2 1

    21 576*** 774

    des pices

    341-48

    3 3

    46 -

    9 - - - - -

    1 - - 8 - -

    198 268

    des annes

    348-49

    - -

    99 - - 5 - - - - -

    2 - 1 1 - 4

    232 344

    294-310

    350-53

    - 9 5

    8 - - 2 - -

    5 - 1 - - 6

    27 63

    Total

    4 37 45

    212 8 1

    107 12

    1 20 0

    10 8

    17 14 12 13 3

    34 1138 1696

    *** Ensemble des

    2.1 - L'ge du nummus (294-318)

    Les missions des monnaies issues de la rforme de Diocltien valaient 12,5 deniers; leur valeur fut augmente 25 deniers en 301 par l'Edit d'Aphrodisias. Ces monnaies sont, en gnral, rares.

    Les missions antrieures 318 sont rares et proviennent essentiellement des ateliers gaulois. Cette rgionalisation de l'alimentation montaire est une constatation souvent faite. On la retrouve dans les sites tant occidentaux qu'orientaux.

    A Zilil, l'apport des ateliers du nord de la Gaule semble toutefois plus important que dans les sites de la pninsule ibrique. A Zilil, les ateliers de Londres, Trves et Lyon

    sentent 20 monnaies sur les 38 attribues soit 52%, alors que ce mme taux n'est que de 13% Belo et 35% Conimbriga, deux sites plus nordiques. On ne constate un tel pourcentage qu'au camp suisse de Vindonissa, mais dans ce cas, la proximit gographique explique largement l'importance de l'apport. La part de l'atelier d'Arles n'est pas particulirement leve Zilil (18%), soit une proportion plus faible qu' Belo (36%), Conimbriga (20%), mais suprieure Vindonissa (8%). La faiblesse du nombre de pices doit cependant nous inciter la prudence dans l'tude de ces monnayages. Contentons-nous de remarquer l'anormale abondance des productions des ateliers du nord de la Gaule.

  • LES 4e SICLE ET 5e SICLES 35

    Londres Trves Lyon Arles Tcinum Ostie Rome Aquile Carthage Siscia Serdica Thessalonique Hracle Nicomdie Cyzique Antioche Alexandrie Illisible Total

    Zilil

    2 9 9 7 2 1 6 0 1 -

    - - - - -

    1 25 63

    Les trouvailles Belo

    2 1 1

    11 2 - 6 - 3 - - - 1 1 2 - -

    16 46

    de nummi dans les grands Conimbriga Vindonissa

    4 10 12 15 5 3

    22 1 - 1 - - - - 1 - -

    11 85

    11 38 13 8

    11 2 9 . 1 5 . 1 1 1 - -

    2 14

    117

    sites Brigetio

    1 - 2 2

    14 1

    18 12

    - 56 2 5 6 . 9 1 -

    10 139

    Athnes

    1

    1 - 3 -

    18 2 - 2 .

    18 69 4

    158 10 10 46

    342

    Rome

    - 1 1 5 3

    29 1 2 - - - - - - 1 9

    34 84

    2.2 - L'ge du centenionalis (318-348)

    La rforme de 318 se traduit par la multiplication par 4 du pouvoir libratoire de la pice de bronze: c'est l'ge du centenionalis.

    Avec 1225 monnaies, la priode du centenionalis marque le dbut des grandes sries montaires Zilil: elles reprsentent elles seules quelque 24% du total des monnaies du quatrime sicle.

    Cette abondance ne doit pas cependant faire illusion: avec un quart des monnaies des annes 294-402/8, le matriel de 318-348 est plutt faiblement reprsent Zilil. A Conimbriga, les pices de la mme poque reprsentaient 46% des espces du quatrime sicle (2250 sur 4878 pices). A Belo, ces mmes monnaies reprsentaient aussi 40% des pices (400 sur 995 monnaies). Dans les sites du nord de l'Europe, ces taux peuvent tre encore plus importants.

    Il est donc clair que les monnaies des

    nes 318-348 sont moins bien reprsentes Zilil que dans les autres grands sites. Cette constatation s'explique en grande partie par le fait que la cration de la ville du milieu du quatrime sicle s'est effectue alors que les pices des annes 318-348, les centenionales , taient dj anciennes (de prs de 10 ans pour les plus rcentes).

    Cette relative raret des centenionales explique que nous pouvons traiter en une seule fois les espces des annes 318-348.

    L'examen de la ventilation des diverses pices met en vidence une certaine sur-reprsentation des ateliers gaulois (Londres, Trves, Lyon et Arles). A Zilil ce pourcentage est de 42%, Conimbriga de 36%, Vindonissa de 51% (taux normal compte tenu de la proximit des ateliers gaulois), Brigetio de 4%. Ainsi, pour la seconde priode conscutive, nous sommes confronts une lgre et anormale abondance des monnaies de Gaule.

    Londres Trves Lyon

    Les Zilil

    2 28 26

    trouvailles Belo

    1 14 10

    de centenionales Conimbriga

    5 151 138

    dans les grands Vindonissa

    13 169 67

    sites Brigetio

    1 1 -

    Athnes

    6 3

    Rome

    3 -

  • 36 2 - LES MISSIONS ANTRIEURES 353

    Arles Tcinum Rome Aquile Siscia Sirmium Thessalonique Hracle Constantinople Nicomdie Cyzique Antioche Alexandrie Imitation Illisible Total

    101 6

    88 12 18

    - 10 8

    10 14 10 12 2

    24 854

    1225

    47 4

    56 6

    13 _ 3 3

    10 10 7 2 -

    14 155 355

    329 9

    286 26 13 8

    29 16 62 38 54 38 9

    1010 2221

    48 8

    30 19 42

    1 6 6

    11 4 5 2

    22 211 664

    8 5 9

    17 117

    1 41 22 18 6

    23 9 1 .

    17 296

    15 3

    22 10 52

    - 183 111 260 203 248 84 12

    719 1931

    8 -

    57 4 5 - 5

    10 16 3 5 5 2 .

    292 415

    Parmi les monnaies, signalons un bronze de Theodora de Trves indit (catalogue 870), un de Rome avec titulature fautive (catalogue 1293).

    2.3 - L'poque des majornae

    L'poque qui suivit la rforme de 348 jusqu' la cration du bronze de 1000 deniers en 353, fut riche en rforme et en rebondissements.

    Le systme montaire de 348-349 comprenait:

    - Un grand bronze, la majorna de 500 deniers, valant le quintuple de l'ancien bronze constantinien,

    - Un bronze mdian, gnralement caractris par un buste gauche,

    - Un petit bronze, souvent dsign sous le terme de fraction.

    Cet ensemble fut transform par la disparition du grand bronze qui se confondit avec le bronze mdian (dont l'orientation du portrait changea). En ralit, la diminution pondrale de la majorina rendit inutile la frappe des bronzes mdians. En Gaule, l'volution se compliqua de la prise de pouvoir de Magnen- ce et de ses rformes (cration d'un trs grand bronze en 353 au type du Salus).

    Nous pouvons, Zilil, distinguer les sries de 348-349 des sries postrieures. Cependant, dans de nombreux sites archologiques, il reste impossible de distinguer les sries de 348-349 des autres, soit parce que les monnaies de 348-349 n'ont pas t distingues, soit qu'elles ne se distinguent pas (cas des ateliers qui n'ont pas t soumis Magnence) ou que les descriptions des pices ne permettent pas cette distinction.

    Lyon Arles Rome Siscia Thessalonique Constantinople Cyzique Antioche Imitation Illisible Total

    Les bronzes de 348-353 Zilil 348-349

    _ 99

    5 - 2 1 1 4

    232 344

    350-353

    9 5 8 2

    10 5 1 - 6

    27 63

  • LES 4e SICLE ET 5e SICLES 37

    II convient donc d'examiner plusieurs aspects dans cette priode qui, Zilil, apparat

    avoir t mieux reprsente que dans les autres chantiers.

    Amiens Trves Lyon Arles Rome Aquile Siscia Sirmium Thessalonique Hracle Constantinople Nicomdie Cyzique Antioche Alexandrie Imitation Illisible Total

    Les trouvailles

    Zilil

    9 104 13

    - 2 -

    10 - 7 - 2 1 -

    10 259 407

    de bronzes

    Belo

    1 1 1 7 6 1 1 1 - 2 1 - 1 - 1 2

    26 52

    de 348-353 dans

    Conimbriga

    2 10 26 31 35 3 2 1 2 1

    10 3 3 -

    49 178

    les grands sites

    Vindonissa

    17 12 2 4 6 3 - - 1 - - - - - 2 7

    54

    Brigetio

    1 - 3 7

    38 8 6 1 7 1 3 -

    5 80

    Athnes

    1 - - 2 - 6 2

    12 6

    24 8

    11 2 - -

    58 132

    Le nombre des monnaies des annes 348- 353 est, en effet largement plus important

    Zilil que dans les autres sites tudis.

    La proportion des bronzes de

    Zilil Belo Conimbriga Vindonissa Brigetio Athnes

    348-353 dans le

    407 52

    178 54 80

    132

    stock des frappes du quatrime sicle

    8,2% 5,2% 3,6% 3,0% 7,6% 1,5%

    Cependant, l'apport de l'atelier d'Arles, qui est de tous le plus important pour la priode, est extraordinairement lev pour Zilil, alors qu'il est sensiblement le mme pour les deux

    sites de Belo et de Conimbriga (comparaison par rapport au total des monnaies attribues un atelier).

    La part de l'atelier d'Arles

    Zilil Belo Conimbriga

    dans les frappes

    70% 27% 24%

  • 38 2 - LES MISSIONS ANTRIEURES 353

    II est donc clair que Zilil a bnfici d'un envoi de monnaies mises en 348-349 contenant une proportion trs importante de monnaies arlsiennes.

    Il convient d'tudier les proportions entre les diverses catgories de bronzes. Zilil a livr 3 aes 2 la galre, 14 aes 2 la hutte, auxquels il conviendrait de rajouter un maximum de 7 aes 2 la galre appartenant vraisemblablement aux missions de fort module

    tage qu'aux bronzes de petit module. Les aes 2 reprsentaient au maximum 24 pices. Les aes 3 taient au nombre de 30 au type du Phnix sur le roc, 53 au Phnix sur le globe et 173 la galre, soit un total de 256. Dans cette tude qui porte sur les missions occidentales, nous ngligerons les 62 aes 2 au cavalier tombant principalement mis par les ateliers centraux ou orientaux, qui sont absents Belo et Conimbriga.

    Zilil Belo Conimbriga Sambre Vindonissa

    Ventilation typologique des bronzes des annes 348-353

    Illisible aes 2 galre aes 2 hutte aes 3 Phnix

    10

    6 6 6

    aes 3 galre

    14 6 2 6 6

    83 2 3 8

    13

    173 5 7

    La traduction en pourcentage du rapport entre aes 2 et aes 3 met en vidence le poids extraordinaire, au sens propre, des sries aes

    3 Zilil, alors qu'elles figurent en des proportions semblables aux autres monnaies (aes 2) dans les autres sites archologiques.

    Zilil Belo Conimbriga Sambre Vindonissa

    Ventilation mtrolog

    Illisible

    24 - 8

    12 12

    *ique des bronzes

    aes 2

    256 8

    10 8

    13

    des annes 348-353

    aes 3

    8% 8

    44% 60% 48%

    aes 2

    91% 50% 55% 40% 52%

    aes 3

    50% - - -

    Ainsi, l'examen des dcouvertes nous conduit constater une sur-reprsentation des espces arlsiennes et une sur-reprsentation des aes 3, qu'ils soient la galre ou au Phnix. La logique fait que les lots les plus importants de ces aes 3 sont arlsiens. A ce stade, nous devons vrifier que cette proportion

    portante ' aes 3 arlsiens ne soit pas le rsultat d'une production spcifique de l'atelier d'Arles qui se serait spcialis dans la production de telles pices. La comparaison avec les tableaux et les graphiques dresss en 1982 montre que la production arlsienne s'quilibrait grosso modo entre les aes 2 et les aes 353.

    53 G. Depeyrot, Le numraire gaulois du IVe sicle, aspects quantitatifs [BAR International Series, 127 (i) et

    (ii)], Oxford, 1982, p. 120 et pi. 82, n 5

  • LES 4e SICLE ET 5e SICLES 39

    II est donc clair dsormais que des monnaies du type aes 3 ont t volontairement choisies pour tre expdies Zilil.

    2.4 - La constitution du stock montaire de Zilil

    Des tudes antrieures, nous pouvons facilement dduire que des espces mises dans les ateliers gaulois ont t transportes et fournies Zilil.

    Cette constatation a tout d'abord t effectue lors de l'tude des nummi de 294-318. Nous l'avons retrouve dans les centenionales des annes 318-348. Des annes 348-349, des espces arlsiennes du type aes 3 ont t transportes Zilil.

    Il convient de dterminer comment ont t envoyes ces monnaies arlsiennes et gauloises et quand.

    Comment ? Il est clair qu' un certain moment un as

    sortiment montaire compos de plusieurs ensembles a t prlev sur le stock montaire gaulois et expdis Zilil. Ces ensembles com- prennaient des nummi assez rares et des centenionales en cours de rarfaction. Il n'y avait presque plus 'aes 2 mais une grande abondance d aes 3. Ces pices alors ont t dverses dans un stock montaire local (africain) caractris par une abondance de DIVO CLAVDIO, mais o les antoniniens du troisime sicle (y compris ceux de Gallien et de Claude II) s'taient rarfis.

    Quand ? Nous avons constat une sur-reprsenta

    tion des aes 3 au dtriment des aes 2. Il est impossible que cette collecte des aes 2 et aes 3 ait t faite en prlevant des monnaies rcemment frappes dans l'atelier, puisque les

    deux sortes de monnaies de bronze auraient t retrouves en nombre quivalent. Il est de mme impossible que les deux types 'aes aient t prlevs dans la circulation montaire peu aprs leur sortie, puisque nous aurions, l aussi, retrouv une proportion plus importante de bronzes aes 2. La seule possibilit est que les aes aient t prlevs par l'administration gauloise sur le stock en circulation dans le sud de la Gaule aprs novembre 353, date de la refonte et du retrait des aes 2. Le stock montaire de Zilil est une preuve de l'application des dispositions auxquelles il est fait allusion dans la loi Code Thodosien IX 23, l54. Si nous privilgions l'hypothse d'un retrait des monnaies anciennes par l'administration, c'est principalement en raison du rle que nous lui confrons dans l'organisation du transfert des pices vers Zilil. Il est possible que le stock montaire ait t collect en Occident aprs que les bronzes lourds aient t rassembls par les thsauriseurs et que ce retrait ait t autant l'oeuvre de l'administration que des personnes prives. En tous cas, nous avons Zilil la preuve "en ngatif de l'impact de la collecte et de la refonte des aes 2. Jusqu' prsent elle n'tait atteste que par les trsors o ces grands bronzes avaient t choisis au dtriment des pices plus lgres55.

    Cette date ne saurait tre trs loigne de 353. Dans les sries postrieures la rforme de 353, nous constatons que les proportions de monnaies gauloises et arlsiennes en re

    viennent des rapports similaires ceux des autres sites archologiques. Cette "anomalie" (sur-reprsentation des monnaies gauloises, en particulier arlsiennes) ne se constate donc plus aprs les frappes des annes 353-358.

    L'envoi des espces a donc eu lieu vers les annes 353-355 environ, voire quelques annes plus tard.

    54 Sur l'ensemble de ces questions, G. Depeyrot, Le systme montaire de Diocltien la fin de l'Empire romain, cit note 52, p. 33-106.

    55 G. Depeyrot, Le numraire gaulois du IVe sicle, cit

    note 53, et Vie et survie des monnaies du Bas-Empire, dans Colloque Vie et survie des monnaies antiques, Centre universitaire europen pour les biens culturels, 11-16 octobre 1990, sous presse.

  • 40 3 - LES MISSIONS POSTRIEURES 353

    3 - Les missions postrieures 353

    Les sries postrieures 353 prsentent deux grands ensembles dignes d'intrt: les missions au FEL TEMP REPARATIO de petit module des annes 353-358 et les

    sions des annes 381-388 et 388-402/8 de moyens bronzes gaulois (REPARATIO REI PVB) et orientaux (GLORIA ROMANORVM). Ces deux ensembles sont frquents sur tous les sites archologiques mditerranens.

    Les bronzes de la fin du quatrime sicle Zilil

    353-58 358-61 362-64 364-78 378-81 381-88 388-402/8 Illisible Total

    Trves Lyon Arles Ticinum Ostie Rome Aquile Carthage Siscia Sirmium Thessalonique Hracle Const. Nicomdie Cyzique Antioche Alexandrie Imitation Illisible

    - 7

    53

    - 36 2 - 2 2 4 1

    13 2 7 1 .

    35 978

    - 1

    10

    - 2 - - 1 - 1 - 1 - - -

    165 Total 1143 181

    1

    2

    1 1

    79

    4 6

    15 - - 6

    10 - 4 - 2 -

    -

    - - 4

    123

    - - - - - 1 - - - - - 1 13*

    9* 9*

    10* 3*