RECORDRECORD 14-1023/1A
Impacts écologiques de sédiments pollués extraits et déposés en milieux terrestres
mai 2017
www.record-net.org
ETUDE N° 14-1023/1A
IMPACTS ECOLOGIQUES DE SEDIMENTS POLLUES EXTRAITS ET DEPOSES EN MILIEUX TERRESTRES
ETAT DES CONNAISSANCES ET EVALUATION
DES RISQUES POUR LES ECOSYSTEMES
RAPPORT FINAL
mai 2017
A. HAYET, A. DERAM, D. BOHAIN – ILIS - Universite de Lille 2
Etude RECORD n°14-1023/1A
Créée en 1989 à l’initiative du Ministère en charge de l’Environnement, l’association RECORD – REseau COopératif de Recherche sur les Déchets et l’Environnement – est le fruit d’une triple coopération entre industriels, pouvoirs publics et chercheurs. L’objectif principal de RECORD est le financement et la réalisation d’études et de recherches dans le domaine des déchets et des pollutions industrielles. Les membres de ce réseau (groupes industriels et organismes publics) définissent collégialement des programmes d’études et de recherche adaptés à leurs besoins. Ces programmes sont ensuite confiés à des laboratoires publics ou privés. Avertissement : Les rapports ont été établis au vu des données scientifiques et techniques et d'un cadre réglementaire et normatif en vigueur à la date de l'édition des documents. Ces documents comprennent des propositions ou des recommandations qui n'engagent que leurs auteurs. Sauf mention contraire, ils n'ont pas vocation à représenter l'avis des membres de RECORD.
Pour toute reprise d’informations contenues dans ce document, l’utilisateur aura l’obligation de citer le rapport sous la référence :
RECORD, Impacts écologiques de sédiments pollués extraits et déposés en milieux terrestres. Etat des connaissances et évaluation des risques pour les écosystèmes, 2017, 308 p, n°14-1023/1A
© RECORD, 2017 Comité de suivi de l’étude :
Violaine BROCHIER – EDF, Julie CHARTON-BISSETTA – EDF, Bénédicte COUFFIGNAL –
RECORD, Karine FAUCHER – TOTAL, Cécile GRAND – ADEME, Grégory LANFREY –
SOCOTEC, Thierry MEUNIER – SECHE ENVIRONNEMENT
Etude RECORD n°14-1023/1A
Résumé
Chaque année en France, des opérations de dragage sont menées afin d’entretenir les voies navigables, de restaurer les voies d’eau et/ou d’améliorer la qualité du milieu aquatique marin ou continental. Ce sont 40 à 50 millions de m3 de matériaux qui sont extraits chaque année, dont 90 % concernent des dragages maritimes des ports estuariens. Actuellement 90 à 95 % des matériaux de dragage sont immergés. Le reste des matériaux, soit environ sept millions de m3 par an, est orienté vers des filières de gestion à terre où selon leurs caractéristiques ils pourront être traités, stockés ou valorisés. La problématique relative à la gestion des sédiments gérés à terre est récente et a suscité de nombreuses réflexions au sein de la communauté scientifique mais également chez les gestionnaires, notamment des zones portuaires. Les connaissances et retours d’expérience acquis ces dernières années ont permis une avancée considérable en matière de gestion et de valorisation des sédiments de dragage. Néanmoins, certaines questions subsistent et l’une d’entre elles concerne l’évaluation des impacts sur l’écosystème des sédiments de dragage pollués et déposés en milieu terrestre. Le contexte de la présente étude concerne l’impact écologique des sédiments de dragage et/ou de curage, pollués et déposés en milieux terrestres. Les objectifs de l’étude sont (i) de définir sur la base d’une analyse bibliographique, les caractéristiques physico-chimiques des sédiments et de leur contamination suite à leur mise en dépôt, (ii) d’évaluer les effets des polluants sur les caractéristiques écologiques du milieu récepteur, (iii) d’étudier la faisabilité d’une approche éRé appliquée au cas des sédiments extraits de différents milieux aquatiques et déposés au sol de manière définitive, (iv) de proposer une stratégie de hiérarchisation des impacts des sédiments extraits par la comparaison de plusieurs scénarii définis en fonction de la nature et de la qualité du milieu récepteur, de la nature sédiments et de leur niveau de pollution, et enfin (v) d’extraire de la littérature et de l’analyse menée des préconisations en matière de gestion de sédiments pollués extraits et déposés en milieu terrestre.
Mots clés
Sédiments contaminés, dragage, évaluation des risques pour les écosystèmes (éRé), écosystèmes
terrestres
Summary
Every year in France, dredging operations are regularly carried out to maintain and restore waterways and/or improve the quality of the marine or continental aquatic environment. This produces 40 to 50 million m3 of material per year, 90% of which originates from the marine dredging of estuarine harbours. Currently 90 to 95% of dredged material is dumped at sea. The remaining 10% of dredged material (an estimated seven million cubic meters per year) is sent to waste management centres onshore, where they are treated, stored or reused according to their characteristics. The management of sediments on land is a recent issue that has generated a number of discussions not only within the scientific community, but also among administrators, particularly in port areas. Although considerable progress has been made in the management and exploitation of dredged sediments over recent years, some questions remain, including the assessment of how polluted dredged sediments deposited on land affect the ecosystem. This study concerns the ecological impact of polluted sediments resulting from dredging that are
deposited in terrestrial environments. These objectives are as follows: (i) Carry out a bibliographic
analysis to define the physical and chemical characteristics of the sediments and their contamination
levels after land disposal, (ii) Evaluate the impacts of the pollutants on the ecological characteristics of
the receiving environment, (iii) Evaluate the suitability of an ERA (Ecosystem Risk Assessment)
approach to the permanent land disposal of sediments extracted from different aquatic environments,
(iv) Propose a strategy to rank the impacts of extracted sediments through the comparison of different
scenarios defined according to the nature and pollutant level of sediments and the nature and quality
of the receiving environment, and (v) Use existing literature and the current analysis to draw up a list
of recommendations to manage the land disposal of extracted polluted sediments.
Keywords
polluted sediment, dredging, Ecosystem Risk assessment (ERA), terrestrial ecosystem
Etude n°14-1023/1A 2
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................. 10
CHAPITRE I : CONTEXTE ET CADRE REGLEMENTAIRE DE LA GESTION DES SEDIMENTS DE
DRAGAGE .............................................................................................................................. 13
Partie 1 : Cadre réglementaire .............................................................................................................. 13
I. A l’échelle internationale ........................................................................................................... 14
II. A l’échelle communautaire ...................................................................................................... 15
III. Au niveau national .................................................................................................................. 22
IV. Discussion ................................................................................................................................ 48
Partie 2. Etat des lieux des pratiques et enjeux de la gestion à terre des sédiments ..................... 52
I. Les principaux traitements des sédiments de dragage .......................................................... 52
II. Mise en dépôt des sédiments à terre ...................................................................................... 54
III. Les filières de valorisation ...................................................................................................... 55
IV. Le stockage ............................................................................................................................... 63
Partie 3 : Mise en place d’une enquête à destination des acteurs de la gestion des sédiments de
dragage ..................................................................................................................................................... 64
I. Matériel et méthode ................................................................................................................... 64
II. Résultats ..................................................................................................................................... 66
III. Discussion – Conclusion ....................................................................................................... 82
Conclusion du chapitre I ...................................................................................................................... 86
CHAPITRE II : DU DRAGAGE A LA GESTION A TERRE : EVOLUTION ET MODIFICATION DES
SEDIMENTS, DES POLLUANTS ASSOCIES ET DES MILIEUX RECEPTEURS ................................ 88
Partie 1 : caractérisation des sédiments et de leur comportement lors d’un projet de dragage .. 88
I. La sémantique du sédiment ...................................................................................................... 88
II. Principales caractéristiques des sédiments ............................................................................ 89
III. Evolution du comportement des sédiments au cours d’un dragage.............................. 100
IV. Impact du dragage sur les caractéristiques des sédiments ............................................... 103
Partie 2 : Principaux contaminants des sédiments et leur évolution ............................................ 105
I. Les contaminants ..................................................................................................................... 105
II. Evolution du comportement des contaminants lors de la gestion à terre des sédiments
120
III. Conclusion de la partie 2...................................................................................................... 129
Partie 3. Conséquence de la gestion à terre des sédiments sur les écosystèmes ......................... 131
I. Impacts sur les microorganismes ........................................................................................... 131
Etude n°14-1023/1A 3
II. Impact sur la faune ................................................................................................................. 132
III. Impacts sur la flore ............................................................................................................... 133
Conclusion du chapitre 2 .................................................................................................................... 136
CHAPITRE III : EVALUATION DES RISQUES POUR LES ECOSYSTEMES - ERE APPLICATION A LA
PROBLEMATIQUE DES SEDIMENTS CONTAMINES DEPOSES EN MILIEU TERRESTRE ........... 138
Partie 1 : l’éRé – principes et concepts méthodologiques .............................................................. 138
I. Définition de l’éRé ................................................................................................................... 138
II. Objectifs de l’éRé .................................................................................................................... 139
III. Les outils biologiques classiquement utilisés en éRé ....................................................... 145
Partie 2 : Application de l’éRé à la problématique des sédiments pollués déposés en milieux
terrestres ................................................................................................................................................ 168
I. Principes méthodologiques décrits dans la littérature ......................................................... 168
II. Les outils biologiques appliqués à l’éRé de sédiments contaminés déposés en milieux
terrestres ........................................................................................................................................... 176
III. Faisabilité de l’éRé selon les filières de valorisation ......................................................... 179
Partie 3 : étude de 3 cas théoriques de gestion à terre de sédiments ............................................ 188
I. Présentation des trois scénarios ............................................................................................. 188
II. Principes méthodologiques de l’éRé .................................................................................... 190
III. Application de l’éRé aux trois scénarios ............................................................................ 203
Conclusions du chapitre 3 .................................................................................................................. 240
DISCUSSION GENERALE ..................................................................................................... 244
CONCLUSION ET PERSPECTIVES ......................................................................................... 255
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 258
ANNEXES ........................................................................................................................... 295
Annexe 1 : Questionnaire soumis en ligne via « Google Form » .................................................. 295
Annexe 2 : Mail personnalisé accompagnant l’envoi du questionnaire........................................ 306
Etude n°14-1023/1A 4
LISTE DES ABREVIATIONS
ARR : Analyse des Risques Résiduels
AVS : Acid Volatil Sulfide
BEBA : Biological Effects-Based Assessment
BSD : Bordereau de Suivi des Déchets
BTEX : Benzène Toluène Ethylbenzène Xylène
CE : Code de l’Environnement
CEAEQ : Centre d’Expertise en Analyse Environnementale du Québec
CEC : Capacité d’Echange Cationique
CEFAS : Center for Environment Fisheries and Aquaculture Science
CLP : Classifying Labelling Packaging
COT : Carbone Organique Total
CRA : Cumulative Risk Assessment
DBO : Demande Biologique en Oxygène
DCE : Directive Cadre sur l’Eau
DCSMM : Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin
DDT : Dichloro-Diphényl-Trichloroéthane
DDTM : Direction Départementale des Territoires et de la Mer
DDE : Dichloro-Diphényl-Ethylène
DDD : Dichloro-Diphényl-Dichloroéthane
DJE : Dose Journalière d’Exposition
DND : Déchets Non Dangereux
Eco-SSL : Ecological Soil Screening Level
EDR : Evaluation Détaillée des Risques
EI : Etude d’Impact
ERA : Environmental Risk Assessment
éRé : évaluation des Risques pour les écosystèmes
ERS : Evaluation des Risques Sanitaires
ESR : Evaluation Simplifiée des Risques
ET : Elément Trace
ETM : Elément Trace Métallique
FPM : Faible Poids Moléculaire
GEODE : Groupe d’Etude et d’Observation sur le Dragage et l’Environnement
GPMD : Grand Port Maritime de Dunkerque
HAP : Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques
HC : HydroCarbures
HPM : Haut Poids Moléculaire
IBGN : Indice Biologique Global Normalisé
IBQS : Indice Biologique de la Qualité des Sols
IBMR : Indice Biologique Macrophytique en Rivière
IEM : Interprétation de l’Etat des Milieux
IPR : Indice Poisson Rivière
Etude n°14-1023/1A 5
ICPE : Installation Classée pour la Protection de l’Environnement
IS : Installation de Stockage
ISD : Installation de Stockage de Déchets
ISDD : Installation de Stockage de Déchets Dangereux
ISDI : Installation de Stockage de Déchets Inertes
ISDND : Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux
LOE : Line Of Evidence
LOEC : Lowest Observed Effect Concentration
MCDA : Multi-Criteria Decision Analysis
MEDD : Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable
MEEM : Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer
MMO : Marine Management Organisation
MO : Matière Organique
NOEC : No Observed Effect Concentration
NQE : Norme de Qualité Environnementale
NQEp : Norme de Qualité Environnementale provisoire
NSP : Ne Se Prononce pas
PCB : PolyChloroBiphényle
PCB-DL : PolyChloroBiphényle Dioxin-Like
PCB-NDL : PolyChloroBiphényle Non Dioxin-Like
PCDD : PolyChloroDibenzoDioxine
PCDF : PolyChloroDibenzoDifurane
PEC : Predictive Environmental Concentration
PNEC : Predictive No effect Concentration
POP : Polluants Organiques Persistants
PSEE : Polluants Spécifiques à l’Etat Ecologique
QR : Quotient de Risque
SDAGE : Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux
SDP : Substances Dangereuses Prioritaires
SP : Substances Prioritaires
SPAS : Substances Prioritaires A Surveiller
SQG : Sediment Quality Guidelines
SQV : Sediment Quality Values
SSP : Sites et Sols Pollués
TBT : Tributylétain
TGAP : Taxe Générale sur les Activités Polluantes
TGD : Technical Guidance Document
TP : Travaux Publics
VTR : Valeur Toxicologique de Référence
WOE : Weight Of Evidence
Etude n°14-1023/1A 6
INDEX DES ILLUSTRATIONS
FIGURE 1 : CADRE COMMUNAUTAIRE COMMUN ET DIFFERENCES NATIONALES 18 FIGURE 2 : LOGIGRAMME DE DECISION POUR LA GESTION DES SEDIMENTS 25 FIGURE 3 : SYNTHESE SUR LE CLASSEMENT ICPE DES SEDIMENTS GERES A TERRE (HORS VALORISATION) 30 FIGURE 4 : SYNTHESE DU DEVENIR DES SEDIMENTS EN FONCTION DE LEURS DIFFERENTES CARACTERISTIQUES
(INSPIRE DE DDTM FINISTERE & DREAL BRETAGNE, 2013) 32 FIGURE 5 : ITINERAIRE REGLEMENTAIRE DES SEDIMENTS GERES A TERRE 33 FIGURE 6 : SYNTHESE DES REGLEMENTATIONS ENCADRANT LES FILIERES DE VALORISATION A TERRE DES
SEDIMENTS 34 FIGURE 7 : PISTE CYCLABLE DU MONT SAINT MICHEL ELABOREE A L'AIDE DE 70 000 M3 DE SEDIMENTS (ANGER,
2014) 58 FIGURE 8 : VUE AERIENNE DU SITE DE REMBLAIEMENT EXPERIMENTAL DE LA BALLASTIERE D’YVILLE SUR SEINE
(EN AVAL DE ROUEN) (JOURNAL NATURE, 2013) 59 FIGURE 9 : EXEMPLES DE MOBILIER URBAIN ELABORE A PARTIR DE SEDIMENTS : A GAUCHE ACROPODES (AQUA ET
AL., 2013) ; AU CENTRE BLOC BETON / BRISES-VAGUES A DUNKERQUE (HERMAN ET AL., 2014A) ; A DROITE
SUPPORT DE VELO MODULABLE (SITA NORD & DOUBLET, 2014) 60 FIGURE 10 : ECO-MODELE PAYSAGER REALISE AU GRAND PORT MARITIME DE DUNKERQUE (HERMAN ET AL.,
2014A) 60 FIGURE 13 : SONDAGE SUR UN RETOUR D'EXPERIENCE DE VALORISATION A TERRE DES SEDIMENTS 66 FIGURE 14 : REPARTITION DES DIFFERENTS SECTEURS D’ACTIVITES DES REPONDANTS AYANT UN RETOUR
D’EXPERIENCE SUR DES PROJETS DE VALORISATION DE SEDIMENTS 66 FIGURE 15 : SONDAGE CONCERNANT LA PERTINENCE D'ANALYSES SUPPLEMENTAIRES 67 FIGURE 16 : SONDAGE SUR DES ANALYSES EFFECTIVEMENT REALISEES LORS D'UN DRAGAGE 68 FIGURE 17 : SONDAGE SUR LA REALISATION DES TESTS ECOTOXICOLOGIQUES 69 FIGURE 18 : SONDAGE SUR LA CONNAISSANCE DE REALISATION DES FILIERES DE VALORISATION 71 FIGURE 19 : SONDAGE SUR LA PARTICIPATION A LA REALISATION D'UN ECO-MODELE PAYSAGER 72 FIGURE 20 : SONDAGE SUR LA NATURE DES SEDIMENTS UTILISES 72 FIGURE 21 : SONDAGE SUR LES FRACTIONS GRANULOMETRIQUES UTILISEES POUR LA REALISATION DE L'ECO-
MODELE PAYSAGER 73 FIGURE 22 : SONDAGE SUR LE RECOURS A D'AUTRE(S) MATERIAU(X) QUE DES SEDIMENTS DANS LA REALISATION
D'ECO-MODELE PAYSAGER 74 FIGURE 23 : SONDAGE SUR LE MODE DE REALISATION DE L'ECO-MODELE PAYSAGER 74 FIGURE 24 : SONDAGE SUR LA MANIERE DE FAVORISER LA VEGETALISATION SUR DES ECO-MODELES PAYSAGERS 75 FIGURE 25 : SONDAGE SUR LA PERTINENCE D'EFFECTUER UN SUIVI A L'ISSUE DE LA VALORISATION 76 FIGURE 26 : SONDAGE SUR LA NECESSITE D'INCLURE DES AMENAGEMENTS SPECIFIQUES 77 FIGURE 27 : SONDAGE SUR L'EXISTENCE D'UN RISQUE ECOLOGIQUE A L'ISSUE DE LA VALORISATION 78 FIGURE 28 : SONDAGE SUR LA CONNAISSANCE DE L'ERE 80 FIGURE 29 : SONDAGE SUR L'UTILITE D'UN GUIDE POUR LA REALISATION DES ERE 81 FIGURE 30: ILLUSTRATION DE QUELQUES ESPECES BENTHIQUES PRESENTS DANS LES SEDIMENTS
(HTTP://WWW.CHESAPEAKEBAY.NET/) 98 FIGURE 31 : SCHEMA GENERAL DE LA COMMUNAUTE D’INVERTEBRES BENTHIQUES ET DES MODIFICATIONS DE LA
SEDIMENTATION PAR RAPPORT A LA PERTURBATION DU MILIEU BENTHIQUE ET A L’ENRICHISSEMENT
ORGANIQUE (D’APRES LE MODELE ETABLI PAR NILSSON ET ROSENBERG EN 2000) 99 FIGURE 32 : FORMULE GENERALE DES PCBS 116 FIGURE 33 : SYNTHESE DE L'ETUDE BOTTA & DULIO (2014) 120 FIGURE 34 : BILAN DES CHANGEMENTS IMPACTANT LES SEDIMENTS DEPUIS SON MILIEU D’ORIGINE JUSQU’A SA
GESTION A TERRE 121 FIGURE 35 : SCHEMA DES PRINCIPALES VOIES DES SUCCESSIONS VEGETALES SE DEVELOPPANT SUR DES DIGUES
COMPOSEES DE SEDIMENTS SAUMATRES DE DRAGAGE (D’APRES PIESSCHAERT ET AL., 2005) 135 FIGURE 36 : LES PRINCIPAUX OBJECTIFS DE L’ERE (ADAPTEE DE DERAM ET HAYET, 2006) 140 FIGURE 37. GUIDELINE ON ERA, US EPA, 1998 142 FIGURE 38. ARCHITECTURE PAR ETAPES DE L’ERE 143
Etude n°14-1023/1A 7
FIGURE 39. ARCHITECTURE PROGRESSIVE DE L’ERE 144 FIGURE 40. ARCHITECTURE SEMI-PROGRESSIVE DE L’ERE 145 FIGURE 41 : LARVES DE L’HUITRE CRASSOSTREA GIGAS NORMALES AU STADE D (24H DE DEVELOPPEMENT) ET
DIFFERENTS TYPES D’ANOMALIES LARVAIRES CARACTERISTIQUES (D’APRES GALGANI, 2007). 155 FIGURE 42. LOGIGRAMME DE L’EVALUATION DES RISQUES ECOTOXICOLOGIQUES (BABUT ET AL., 2003) 171 FIGURE 43. MODELE CONCEPTUEL DU SCENARIO DEPOT EN GRAVIERE (BABUT ET AL., 2013) 172 FIGURE 44. MODELE CONCEPTUEL DU SCENARIO DEPOT NON CONFINE SUR SOL (BABUT ET AL., 2013) 173 FIGURE 45. SCHEMATISATION DE L’APPROCHE TRAID DEVELOPPEE DANS LE GUIDE « CARACTERISATION DES
SEDIMENTS (AGENCE DE L’EAU ARTOIS-PICARDIE, 2001) 175 FIGURE 46 : SYNTHESE DE L'ETAPE 1 DE L'ERE « SITE SPECIFIQUE » (D'APRES HAYET, 2010) 191 FIGURE 47 : SYNTHESE CARACTERISATION ENVIRONNEMENT ELARGI, ETAPE 1 ERE « SITE SPECIFIQUE » 192 FIGURE 48 : SYNTHESE CARACTERISATION DE LA POLLUTION, ETAPE 1 ERE "SITE SPECIFIQUE" 193 FIGURE 49 : SYNTHESE CARACTERISATION DE L’EXPOSITION, ETAPE 2 ERE « SITE SPECIFIQUE » 195 FIGURE 50 : SYNTHESE CARACTERISATION DES EFFETS ECOLOGIQUES, ETAPE 2 ERE « SITE SPECIFIQUE » 196 FIGURE 51 : SYNTHESE CARACTERISATION DU RISQUE, ETAPE ERE « SITE SPECIFIQUE » 199 FIGURE 52. LOGIGRAMME DE LA PROCEDURE GENERALE D’EVALUATION DES MATERIAUX DE DRAGAGE (BABUT ET
PERRODIN, 2001 IN PERRODIN ET AL., 2006) 200 FIGURE 53 : SCHEMA CONCEPTUEL, SCENARIO 1 207 FIGURE 54 : SCHEMA CONCEPTUEL SCENARIO 2 221 FIGURE 55 : SCHEMA CONCEPTUEL, SCENARIO 3 235
Etude n°14-1023/1A 8
INDEX DES TABLEAUX
TABLEAU I : DESCRIPTEURS DU BON ETAT ECOLOGIQUE DEFINIS PAR LA DCSMM APPLICABLES AUX ACTIVITES DE
DRAGAGE ET A LA GESTION DES SEDIMENTS DRAGUES (D’APRES MEDD, 2012 DCSMM) ................................. 16 TABLEAU II : SYNTHESE DES CONDITIONS D’UTILISATION DES SEUILS N1 ET N2 DEFINIES PAR LA CIRCULAIRE
N°2000-62 DU 14 JUIN 2000 ................................................................................................................................................ 23 TABLEAU III : NIVEAUX RELATIFS AUX ELEMENTS TRACES, EN MG/KG DE SEDIMENT SEC ANALYSE SUR LA
FRACTION INFERIEURE A 2 MM .......................................................................................................................................... 23 TABLEAU IV : NIVEAUX RELATIFS AUX POLYCHLOROBIPHENYLES (PCB), EN µG/KG DE SEDIMENT SEC ANALYSE
SUR LA FRACTION INFERIEURE A 2 MM ............................................................................................................................. 24 TABLEAU V : NIVEAUX RELATIFS AUX HYDROCARBURES AROMATIQUES POLYCYCLIQUES (HAP), EN µG/KG DE
SEDIMENT SEC ANALYSE SUR LA FRACTION INFERIEURE A 2 MM ................................................................................ 24 TABLEAU VI : NIVEAUX RELATIFS AU TRIBUTYLETAIN (TBT), (EN µG/KG DE SEDIMENT SEC ANALYSE SUR LA
FRACTION INFERIEURE A 2 MM) ......................................................................................................................................... 24 TABLEAU VII : NIVEAUX RELATIFS AUX ELEMENTS ET COMPOSES TRACES, EN MG/KG DE SEDIMENT SEC ANALYSE
SUR LA FRACTION INFERIEURE A 2 MM) ............................................................................................................................ 25 TABLEAU VIII : RUBRIQUES ICPE SELON L’OPERATION ET LA DANGEROSITE DU SEDIMENT........................................ 29 TABLEAU IX : EXEMPLES DE FILIERES DE VALORISATION DE SEDIMENTS SOUMISES A LA LOI SUR L’EAU .................... 31 TABLEAU X : VALEURS LIMITE (MG/KG MS) PRECONISEES PAR L’ARRETE DU 28/10/2010 – TESTS DE LIXIVIATION
NF EN 12 457-2 .................................................................................................................................................................... 37 TABLEAU XI : VALEURS LIMITE (MG.KG DECHET SEC) PRECONISEES PAR L’ARRETE DU 28/10/2010 – ANALYSES EN
CONTENU TOTAL .................................................................................................................................................................. 37 TABLEAU XII : RECAPITULATIF DES REGLEMENTATIONS ENCADRANT LES FILIERES DE VALORISATION A TERRE DES
SEDIMENTS ............................................................................................................................................................................. 45 TABLEAU XIII : LIMITES DE LA REGLEMENTATION POUR LA GESTION A TERRE DES SEDIMENTS .................................. 47 TABLEAU XIV : COMPARAISON DES SEUILS POUR QUELQUES ELEMENTS TRACES POUR DIFFERENTS PAYS DE L’UE
(D’APRES LE GAC ET AL., 2011) .......................................................................................................................................... 48 TABLEAU XV : OBJECTIFS ET EFFICACITE DES PRINCIPAUX PRE-TRAITEMENTS ET TRAITEMENTS DE SEDIMENTS
CONTAMINES ......................................................................................................................................................................... 54 TABLEAU XVI : RESULTAT SUR LA PERTINENCE DE REALISER UNE CARACTERISATION DES SEDIMENTS A L'ISSUE DE
LA PHASE DE STOCKAGE...................................................................................................................................................... 70 TABLEAU XVII : SONDAGE SUR L'AGE DES SEDIMENTS UTILISES .......................................................................................... 73 TABLEAU XVIII : COMBINAISON DES DIFFERENTS MOYENS DE FAVORISER LA VEGETATION ........................................ 75 TABLEAU XIX : SONDAGE SUR LES AVANTAGES DES AMENAGEMENTS PAYSAGERS ......................................................... 76 TABLEAU XX : HIERARCHISATION DES FINALITES DE L’ERE EN FONCTION DES CRITERES D’INTERET ....................... 80 TABLEAU XXI: CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DES SEDIMENTS ET SICCITE ..................................................................... 93 TABLEAU XXII : BILAN DES DIFFERENTES TECHNIQUES DE DRAGAGE (D’APRES NETO, 2007) ...................................103 TABLEAU XXIII : TOXICITE RELATIVE DES ORGANOETAINS SELON LES GROUPES ECOLOGIQUES (D'APRES
BERTRAND ET AL., 2005)...................................................................................................................................................111 TABLEAU XXIV : SYNTHESE DU COMPORTEMENT DES CONTAMINANTS DANS LE SEDIMENT EXTRAIT DE SON MILIEU
................................................................................................................................................................................................122 TABLEAU XXV: SYNTHESE DES DIFFERENTS TESTS ECOTOXICOLOGIQUES .....................................................................158 TABLEAU XXVI : LES DIFFERENTS INDICES BIOLOGIQUES DU MILIEU AQUATIQUE ET TERRESTRE ............................166 TABLEAU XXVII : ETAT D’AVANCEMENT DES BEBA EN EUROPE (DEN BESTEN ET AL., 2003) ..................................170 TABLEAU XXVIII : EXEMPLES DE BIO-ESSAIS SUR SEDIMENTS RECOMMANDES DANS LE MONDE PAR DIFFERENTES
AGENCES OU ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX A UTILISER DANS LE CADRE D’UNE APPROCHE PAR ETAPES
DE LA GESTION DES MATERIAUX DE DRAGAGE (DELVALLS ET AL., 2004) .............................................................176 TABLEAU XXIX : BIO-ESSAIS DEVELOPPES DANS LA PUBLICATION DE VASICKOVA ET AL. (2013) ..............................177 TABLEAU XXX : EVALUATION DE LA FAISABILITE DE L’ERE POUR LES PRINCIPALES FILIERES DE VALORISATION A
TERRE DES SEDIMENTS ......................................................................................................................................................181 TABLEAU XXXI : VALEURS ECOTOXICOLOGIQUES DE REFERENCE, CONTAMINANTS INORGANIQUES ......................197 TABLEAU XXXII : VALEURS ECOTOXICOLOGIQUES DE REFERENCE, CONTAMINANTS ORGANIQUES ........................198 TABLEAU XXXIII : TOXICITE ET COMPORTEMENT DANS L'ENVIRONNEMENT, SCENARIO 1 - SEDIMENTS MARINS .206
Etude n°14-1023/1A 9
TABLEAU XXXIV : PLAN D'ANALYSE, SCENARIO 1 - SEDIMENTS MARINS..........................................................................209 TABLEAU XXXV : VALEURS ECOTOXICOLOGIQUES DE REFERENCE RETENUES DANS LE CAS DU SCENARIO 1 -
SEDIMENTS MARINS ............................................................................................................................................................211 TABLEAU XXXVI : RESULTAT POUR LA CARACTERISATION DU RISQUE SCENARIO 1 - SEDIMENTS MARINS ...............212 TABLEAU XXXVII: RESULTAT POUR LA CARACTERISATION DU RISQUE (2) SCENARIO 1 - SEDIMENTS MARINS.........214 TABLEAU XXXVIII : SYNTHESE TOXICITE ET COMPORTEMENT DANS L'ENVIRONNEMENT, SCENARIO 2 .................219 TABLEAU XXXIX : PLAN D'ANALYSES, SCENARIO 2...............................................................................................................222 TABLEAU XL : SYNTHESE DES VALEURS TOXICOLOGIQUES RETENUES POUR LE SCENARIO 2 ......................................224 TABLEAU XLI : RESULTAT DE LA CARACTERISATION DU RISQUE, SCENARIO 2 ................................................................227 TABLEAU XLII : RESULTAT DE LA CARACTERISATION DU RISQUE (2), SCENARIO 2 .........................................................228 TABLEAU XLIII : TENEURS MOYENNES ETM, HAP ET PCB DES SEDIMENTS – SCENARIO 3 ........................................230 TABLEAU XLIV : CONCENTRATIONS BRUTES ET PEC DES CONTAMINANTS ETUDIES DANS LE CADRE DU SCENARIO 3
................................................................................................................................................................................................231 TABLEAU XLV : SYNTHESE DES RATIOS CMOY / PEC ..........................................................................................................231 TABLEAU XLVI : CALCUL ET REGLES DE PRECISION DE QPECM .......................................................................................232 TABLEAU XLVII : LES ENTITES CIBLES DE L’ERE DU SCENARIO 3 – STRATEGIE DE SELECTION ..................................233 TABLEAU XLVIII : LISTE DE BIOESSAIS POUVANT ETRE MIS EN OEUVRE DANS LE CAS DU SCENARIO 3 .....................236 TABLEAU XLIX : CI MOYENNE - SOL DES CONTAMINANTS ..................................................................................................236 TABLE LII : SCENARIO 3 – RISQUES CALCULES A PARTIR DES ECO-SSL (USEPA) POUR LES INVERTEBRES DU SOL .237 TABLE LIII : SCENARIO 3 – RISQUES CALCULES A PARTIR DES ECO-SSL (USEPA) POUR LES PLANTES ......................237 TABLE LIV : SCENARIO 3 – RISQUES CALCULES A PARTIR DES VALEURS DE REFERENCE POUR LES RECEPTEURS
TERRESTRES (CEAEQ) POUR LES INVERTEBRES DU SOL ............................................................................................237 TABLE LV : RISQUES CALCULES A PARTIR DES VALEURS DE REFERENCE POUR LES RECEPTEURS TERRESTRES
(CEAEQ) POUR LES PLANTES ..........................................................................................................................................238 TABLE LVI : RISQUES CALCULES A PARTIR DES VALEURS DE REFERENCE POUR LES RECEPTEURS TERRESTRES
(CEAEQ) POUR LES MICROORGANISMES DU SOL (MO) .............................................................................................238 TABLEAU LV : COMPARAISON DES VALEURS DE REFERENCE DE L’USEPA ET DU CEAEQ POUR LES INVERTEBRES
DU SOL ET LES VEGETAUX ................................................................................................................................................239
Etude n°14-1023/1A 10
INTRODUCTION GÉNÉRALE
CONTEXTE
Chaque année en France, des opérations de dragage sont menées afin d’entretenir les voies
navigables, de restaurer les voies d’eau et/ou d’améliorer la qualité du milieu aquatique marin ou
continental. Ce sont 40 à 50 millions de m3 de matériaux qui sont extraits chaque année (Charrasse,
2013), dont 90 % concernent des dragages maritimes des ports estuariens (rapport final, Gr 11 du
Grenelle de la Mer, 2010). Depuis le début des années 2000, la réglementation a été renforcée dans
ce domaine et oblige désormais une évaluation systématique de la qualité physico-chimique des
sédiments préalablement à toute opération de dragage. Des seuils ont été définis aussi bien pour le
milieu aquatique marin que continental. Ainsi, les caractéristiques et en particulier le niveau de
contamination des sédiments permettent d’orienter ceux-ci vers le mode de gestion jugé le plus
adapté. Actuellement 90 à 95 % des matériaux de dragage sont immergés, les zones d’immersion
étant réglementées et soumises à arrêté préfectoral. Le reste des matériaux, soit environ sept
millions de m3 par an, est orienté vers des filières de gestion à terre où selon leurs caractéristiques
ils pourront être traités, stockés ou valorisés.
La problématique relative à la gestion des sédiments gérés à terre est récente et a suscité de
nombreuses réflexions au sein de la communauté scientifique mais également chez les
gestionnaires, notamment des zones portuaires. Cet intérêt s’est notamment traduit par l’émergence
de nombreux projets de recherche, tels que Sedimard, Sedigest, etc. Les connaissances et retours
d’expérience acquis ces dernières années ont permis une avancée considérable en matière de gestion
et de valorisation des sédiments de dragage. Néanmoins, certaines questions subsistent. L’une
d’entre elles concerne l’évaluation des impacts sur l’écosystème des sédiments de dragage pollués
et déposés en milieu terrestre, sujet de la présente étude.
POSITIONNEMENT DE L’ETUDE
Notre analyse de la littérature scientifique s’est essentiellement centrée sur une période de 10 ans
soit entre 2005 et 2015. Néanmoins, lorsque cela s’est avéré pertinent, nous avons retenu des
documents plus anciens en respectant une ancienneté maximale de 20 ans.
Le contexte de la présente étude concerne l’impact écologique des sédiments de dragage et/ou de
curage, pollués et déposés en milieux terrestres, c’est-à-dire destinés à la « filière à terre » (par
opposition à la « filière en mer », c’est-à-dire l’immersion). Cette problématique inclut les sédiments
marins, portuaires et continentaux. En revanche, elle exclut la gestion et l’impact écologique du
dragage sur le milieu aquatique marin ou d’eau douce.
OBJECTIFS
Nos objectifs sont :
définir, sur la base d’une analyse bibliographique, les caractéristiques physico-chimiques des
sédiments et de leur contamination suite à leur mise en dépôt ;
évaluer les effets des polluants sur les caractéristiques écologiques du milieu récepteur
(milieu terrestre) ;
Etude n°14-1023/1A 11
étudier la faisabilité d’une approche éRé appliquée au cas de sédiments extraits de milieux
aquatiques (eau douce, et/ou marins) et déposés au sol de façon définitive ;
proposer une stratégie de hiérarchisation des impacts des sédiments extraits par une analyse
comparative de plusieurs scénarios définis en fonction de la nature et de la qualité du milieu
récepteur, de la nature des sédiments (eau douce ou marin) et de leur niveau de pollution ;
Extraire de la littérature et de notre analyse des préconisations en matière de gestion de
sédiments pollués extraits et déposés en milieu terrestre.
PLAN DU RAPPORT
Dans un premier chapitre, intitulé « Contexte et cadre réglementaire de la gestion des sédiments
dragage », une description de la réglementation encadrant la gestion des sédiments à l’échelle
internationale, communautaire et nationale est proposée et fait l’objet de la première partie. Sur la
base d’une analyse de la littérature scientifique, la deuxième partie décrit l’état des lieux des pratiques
en matière de gestion des sédiments de dragage. Enfin, pour compléter cette démarche, les résultats
d’une enquête réalisée auprès des acteurs de la gestion et de la valorisation des sédiments sont
présentés dans la troisième et dernière partie du chapitre I.
Dans un second chapitre, intitulé « Du dragage à la gestion à terre : évolution et modifications des
sédiments, des polluants associés et des milieux récepteurs », une description et une analyse des
principales caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des sédiments sont proposées
(partie 1). Les modifications subies par les sédiments et l’évolution de ces caractéristiques suite à
leur mise en dépôt sur un milieu terrestre sont étudiées dans la partie 2. Enfin, dans une troisième
et dernière partie, les conséquences de la gestion à terre des sédiments sur les écosystèmes au travers
de la connaissance acquises et décrite dans la littérature scientifique sont décrites.
Dans un troisième chapitre, nous nous sommes intéressés aux méthodologies d’évaluation des
risques pour les écosystèmes (éRé) dont nous rappelons la définition et les grands principes (partie
1) avant de nous intéresser aux démarches d’évaluation et de gestion des sédiments (partie 2). Pour
évaluer les impacts de la mise en dépôt sur le milieu récepteur ainsi que la dynamique évolutive de
l’écosystème qui se développera sur le dépôt de sédiment, un recensement des outils et/ou
méthodes biologiques, écologiques et écotoxicologiques pertinents a été réalisé. Notre démarche a
intégré une réflexion quant au type d’indicateurs les plus adaptés à cette problématique en
envisageant notamment l’adaptabilité des indicateurs de la qualité des sols. Selon les principaux
scénarios de valorisation actuels, nous avons évalué la faisabilité de l’éRé, en précisant la ou les
approches les plus adaptées. Nous avons extrait de cet état de l’art, les éléments susceptibles de
constituer un support méthodologique d’éRé pour les scénarios d’étude, objet de la partie 3. Trois
scénarios théoriques ont été définis en considérant deux modes de valorisation, le régalage sur
berges et l’éco-modelé paysager, deux types de sédiments, marins (scénario 1) et fluviaux (scénarios
2 et 3) et des contaminations organiques (PCB) et inorganiques (ETM). Deux approches d’éRé ont
été mises en œuvre : une approche dite « site-spécique » pour les scénarios 1 et 2 et une approche
dite « matrice » pour le scénario 3. Les résultats, l’analyse et la discussion de ces résultats sont
proposés partie 3.
Etude n°14-1023/1A 12
Une discussion générale aborde trois grandes questions soulevées dans les 3 chapitres de l’étude.
Un premier point précise les apports/atouts de l’éRé dans le contexte réglementaire actuel,
contexte où l’étude d’impact est un outil incontournable. En conséquence, les interactions
possibles entre l’éRé et l’étude d‟impact (EI) ont été définies et analysées. En termes de faisabilité,
un autre point essentiel concernait la question de l’assimilation des sédiments déposés à un sol. Un
état de l’art sur ce sujet est donc proposé. Enfin, selon les principaux scénarios de valorisation
actuels, nous avons discuté l’apport de l’éRé à la problématique de valorisation à terre de sédiments
extraits et contaminés.
Une conclusion générale et les perspectives identifiées à l’issue des réflexions menées dans le cadre
de l’étude terminent ce rapport.
Etude n°14-1023/1A 13
CHAPITRE I : CONTEXTE ET CADRE RÉGLEMENTAIRE DE LA GESTION DES
SÉDIMENTS DE DRAGAGE
Ce premier chapitre a pour objectif de situer le contexte, notamment réglementaire, de la gestion à
terre des sédiments de dragage. Pour ce faire, la première partie est consacrée à la description du
cadre réglementaire international, communautaire et national de la gestion à terre des sédiments,
c’est-à-dire depuis le projet du dragage jusqu’à la valorisation ou le stockage à terre.
Dans une seconde partie, un état des lieux des pratiques, basé sur une analyse de la littérature
scientifique mais aussi sur le retour d’expérience des projets de recherche menés en particulier en
Europe, est proposé. De cette réflexion, des questions et zones d’ombre ont été mises en exergue
et ont justifiées la réalisation d’une enquête auprès des acteurs de la gestion des sédiments. La
méthodologie et les principaux résultats de ce sondage font l’objet de la troisième partie de ce
chapitre.
PARTIE 1 : CADRE REGLEMENTAIRE
La problématique du dragage et du devenir des sédiments contaminés est à l’interface de plusieurs
enjeux des Grenelle de l’environnement et de la mer, à savoir : la protection des milieux naturels,
la volonté de privilégier les transports fluviaux et maritimes et la volonté de valoriser les déchets.
Elle dépasse également la seule problématique marine, puisque s’agissant notamment de la gestion
terrestre des sédiments et des filières de valorisation, un lien avec les sédiments de dragage fluviaux
est nécessaire ».
Le Grenelle de l’Environnement encourage l’amélioration de la gestion des sédiments en limitant
notamment l’impact des opérations de dragage et/ou de curage et en réduisant l’impact
environnemental de la gestion à terre des sédiments. Le Grenelle de la Mer complète ces
engagements et les spécifie au milieu marin et au littoral. Un groupe de travail « Sédiments de
dragage » (groupe de travail n°11) a été créé pour traiter l’engagement 29 du Grenelle de la mer
intitulé « Réduire les pollutions de la mer par les activités maritimes autres que le transport » et plus
particulièrement l’engagement 29a intitulé « Interdire le rejet en mer des boues de dragage polluées
: mettre en place une filière de traitement des boues et de récupération des macro-déchets associés
» et l’engagement 29c intitulé « Faire évoluer les pratiques d’entretien des estuaires, espaces
portuaires et chenaux d’accès et les modalités de gestion des sédiments et boues de dragage ».
Depuis le début des années 2000, la réglementation relative aux activités de dragage a évolué et
s’est renforcée afin de mieux prendre en compte les enjeux environnementaux. Il est désormais
obligatoire d’évaluer la qualité des sédiments à extraire. Cela se traduit notamment par la réalisation
d’analyses physico-chimiques visant à déterminer le niveau de contamination des sédiments. Notre
objectif étant d’évaluer l’impact écologique de cette pollution une fois le sédiment déposé en milieu
terrestre, il est important de connaître clairement les données susceptibles d’être générées par le
projet de dragage car celles-ci participent à la définition de l’état chimique initial des sédiments
étudiés. Ainsi, le cadre réglementaire décrit dans le présent paragraphe se veut volontairement plus
Etude n°14-1023/1A 14
large que celui de la gestion à terre des sédiments et inclut par conséquent la réglementation relative
au dragage en lui-même. En revanche, il ne prétend pas à l’exhaustivité de la réglementation en
vigueur mais il reprend et analyse les principaux textes influant sur notre problématique.
Les opérations de dragage de sédiments et leur gestion en mer ou à terre sont encadrées par des
dispositions réglementaires adoptées (i) au niveau international, dans le cadre de conventions
internationales, (ii) au niveau communautaire dans le cadre des directives cadre sur les déchets, l’eau
et sur la stratégie pour le milieu marin et (iii) au niveau national.
I. A l’échelle internationale
Au niveau international, trois instruments juridiques encadrent et organisent les activités de dragage
et la gestion des sédiments extraits :
La Convention OSPAR (1992) ;
Le Protocole de Londres ;
La Convention de Barcelone.
Sur le plan réglementaire, ils engagent les pays signataires à respecter certaines dispositions dont
l’application se traduit le plus souvent par une modification ou une mise à jour de la législation au
niveau communautaire et/ou national.
En termes de gestion des sédiments, ces conventions défendent un principe général commun
d’interdiction d’immersion de toute substance. Néanmoins, à titre d’exception, elles autorisent
l’immersion en mer sous réserve de démontrer que les sédiments ne sont pas dangereux pour le
milieu marin. La caractérisation des sédiments de dragage définie par ces conventions consiste en
la comparaison de résultats d’analyses physico-chimiques avec des seuils fixés par chaque état
signataire (seuils N1 et N2 pour la France).
1. La convention OSPAR1
La convention pour la protection sur le milieu marin de l’Atlantique Nord-Est ou convention
OSPAR (1992) est l’instrument légal actuel qui guide la coopération internationale pour la
protection de l’environnement marin de l’Atlantique du Nord-Est.
En 2009, la commission OSPAR a publié un guide précisant les lignes directrices sur la gestion des
matériaux de dragage afin que cette gestion « puisse empêcher et supprimer la pollution,
conformément à l'annexe II de la Convention OSAR de 1992, et protéger les espèces et habitats
de la zone maritime OSPAR, conformément à l'Annexe V » (guide OSPAR, 2009). Une partie de
ce guide précise les éléments à considérer pour une caractérisation chimique, physique et biologique
des matériaux de dragage (§5) et une annexe technique (annexe technique n°I) fait état des normes
d’analyse nécessaire à son application.
1 OSPAR pour « Oslo-PARis » (www.ospar.org)
Etude n°14-1023/1A 15
2. Le Protocole de Londres
Le Protocole de Londres (1996) est une version actualisée de la Convention de Londres sur la
prévention de la pollution des mers résultant de l’immersion de déchets et autres matériaux. Ce
traité international encourage les pays signataires à se mettre d’accord sur le contrôle de la pollution
des mers dûe à l’élimination des déchets depuis les navires, plate-formes… mais aussi à l’immersion
de déchets, notamment les « déblais de dragage » mentionnés en annexe I.
Les engagements de la France ont notamment été traduits en droit français par le Décret n° 2006-
401 du 03/04/2006 portant publication du protocole de 1996 à la Convention de 1972 sur la
prévention de la pollution des mers résultant de l'immersion de déchets, fait à Londres le 7
novembre 1996.
3. La Convention de Barcelone
La Convention pour la protection de la Mer Méditerranée contre la pollution engage les pays
signataires à prendre, individuellement ou conjointement, toutes les mesures nécessaires pour
protéger ou améliorer le milieu marin dans la zone de la mer Méditerranée en vue de contribuer à
son développement durable et pour prévenir, réduire, combattre et dans toute la mesure du possible
éliminer la pollution de cette zone (GEODE, 2012).
II. A l’échelle communautaire
Selon le CEAMaS2, la législation pour le traitement des matériaux dragués est complexe et se situe
à l’intersection des Directives Cadres européennes sur l’Eau (DCE), les déchets et la stratégie pour
le milieu marin. Les procédures et les valeurs limites de contaminants utilisés pour autoriser le rejet
en mer ou la gestion à terre varient considérablement d'un pays à l'autre et aucun règlement
harmonisé au niveau de l'UE n’existe.
1. Directive Cadre sur l’Eau 2000/60/CE
Les opérations de dragage doivent tenir compte des objectifs de qualité de l’eau superficielle
imposés par la DCE. Cette directive établit un cadre pour une politique communautaire dans le
domaine de l’eau. Elle a pour objectif de réduire les rejets et émissions de substances classées
« prioritaires » (SP) et supprimer, d’ici, 2021, les rejets de substances classées comme « prioritaires
dangereuses » (SDP). Les substances prioritaires et prioritaires dangereuses dans le domaine de
l’eau sont listées dans l’annexe X de la DCE.
En vue d'obtenir un bon état chimique des eaux de surface et conformément aux dispositions et
aux objectifs de l'article 4 de la DCE, des Normes de Qualité Environnementale (NQE) pour les
substances prioritaires et certains autres polluants ont été établis dans la Directive 2013/39/UE
qui concerne le bon état chimique des masses d’eau.
2 Le projet CEAMaS est un projet transnational promu et financé par l’Union Européenne (UE)
visant à encourager la connaissance et le consensus afin de faire émerger de nouvelles solutions
pour la réutilisation de sédiments marins applicables dans toute l’Europe.
(http://www.ceamas.eu/fr)
Etude n°14-1023/1A 16
2. Directive Cadre sur les Déchets 2008/98/CE du 19 novembre 2008
Cette directive établit un cadre juridique pour le traitement des déchets au sein de l’UE. Elle vise à
protéger l’environnement et la santé humaine par la prévention des effets nocifs de la production
et la gestion de déchets (GEODE, 2012). Cette directive stipule notamment que les « sédiments
placés au sein des eaux de surface aux fins de gestion des eaux et des voies d’eau, de prévention
des inondations, d’atténuation de leurs effets ou ceux des sécheresses ou de mise en valeur des
terres sont exclus du champ d’application de la présente directive, s’il est prouvé que ces sédiments
ne sont pas dangereux ». Par effet inverse, les sédiments hors d'eau dangereux sont donc considérés
comme des déchets au sens de cette directive (GEODE, 2012).
3. Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin 2008/56/CE
La Directive Cadre « Stratégie pour le Milieu Marin » (DCSMM) 2008/56/CE du 17 juin 2008 vise
à améliorer l’état de conservation de la biodiversité marine. Elle a pour objectif l’atteinte ou le
maintien d’un bon état écologique du milieu marin pour 2020. Tel qu’il est défini dans la Directive,
le bon état écologique du milieu marin tient compte de l’exercice d’activités humaines en mer ou à
terre ayant un impact sur le milieu (MEDD, 2012 DCSMM). Les activités de dragage et les filières
de valorisation sont directement concernées par la DCSMM. De plus, le bon état écologique,
objectif final à atteindre, est défini sur la base de onze descripteurs qualitatifs (annexe I de la
Directive, tableau I) répartis en trois catégories : descripteurs d’état, descripteurs d’impact et
descripteurs de pression. Cinq des onze descripteurs proposés peuvent s’appliquer aux impacts
potentiels des activités de dragage (GEODE, 2012) (Tableau I).
Tableau I : Descripteurs du bon état écologique définis par la DCSMM applicables aux activités de dragage et à la gestion des sédiments dragués (D’après MEDD, 2012 DCSMM)
Description Libellé synthétique Type de
descripteurs
D6
« le niveau d’intégrité des fonds marins garantit
que la structure et les fonctions des écosystèmes
sont préservées et que les écosystèmes
benthiques, en particulier, ne sont pas perturbés »
Intégrité des fonds Pression
Impact
D7
« une modification permanente des conditions
hydrographiques ne nuit pas aux écosystèmes
marins »
Conditions
hydrographiques
Pression
Impact
D8 « le niveau de concentration des contaminants ne
provoque pas d’effets dus à la pollution » Contaminants / milieu
Pression
Impact
D9
« les quantités de contaminants présents dans les
poissons et autres fruits de mer destinés à la
consommation humaine ne dépassent pas les
seuils fixés par la législation communautaire ou
autres normes applicables »
Contaminants /milieu Pression
D10
« les propriétés et les quantités de déchets marins
ne provoquent pas de dommages au milieu côtier
et marin »
Déchets marins Pression
Impact
L’annexe III de la DCSMM, précise également que la caractérisation du milieu marin doit
notamment « décrire la situation en ce qui concerne les substances chimiques, y compris les
Etude n°14-1023/1A 17
substances chimiques problématiques, la contamination des sédiments, les points chauds, les
questions sanitaires et la contamination des biotes » (tableau 1, annexe III). Il y est également
indiqué les pressions et impacts subis par le milieu marin dont certains peuvent être directement
en lien avec une activité de dragage comme « la perte ou un dommage physique » pouvant être
causé par « l’évacuation de résidus de dragage ».
4. Bilan : un cadre réglementaire commun mais des différences en termes
d’application
D’après Le Gac et al. (2011), les directives européennes réglementant l’impact environnemental et
la gestion des sédiments (par la définition du statut des sédiments dragués ; la caractérisation et les
filières de traitement et de valorisation ; l’impact environnemental des sédiments gérés à terre) sont
les suivantes :
- Directive relative aux Etudes d’Impact sur l’Environnement (EIE) (97/11/EEC) ;
- Directive relative à l’évaluation stratégique environnementale (2001/42/EC) ;
- Directive Cadre sur les Déchets 2008/98/CE. La liste et les catégories de déchets cités dans
le catalogue européen des déchets ont été reprises ensuite par le décret n°2002-540 dans le
droit français et à l’article R.541-8 du CE. Les déblais de dragage sont actuellement classés
en France d’après ce catalogue.
- Directive relative aux déchets dangereux (91/689/EEC), révisée par la Directive
(94/31/EC) ;
- Directive concernant la mise en décharge des déchets (99/31/CE) ;
- Directive relative à la prévention et à la réduction intégrées de la pollution (2008/1/CE) ;
- Directive sur la responsabilité environnementale en ce qui concerne la prévention et la
réparation des dommages environnementaux (2004/35/CE).
Ces directives permettent de fournir un cadre réglementaire commun aux pays européens en
matière de dragage et apportent une réponse sur certains aspects lorsque la réglementation
nationale est inexistante (http://www.ceamas.eu/fr). Pour autant, des différences existent entre les
pays de l’UE en termes d’application et de mise en œuvre du cadre réglementaire européen,
représentée dans la figure 1.
Etude n°14-1023/1A 18
Figure 1 : Cadre communautaire commun et différences nationales
Dans la suite de notre propos, quelques exemples de mise en application sont présentés.
(i) Au Royaume Uni
L’administration de l’espace maritime en Angleterre est complexe. Elle dépend de la localisation
du projet qui précise le propriétaire et le gestionnaire de l’espace maritime, ainsi que l’autorité
administrative. Pour la façade Manche de l’Angleterre, la Marine Management Organisation
(MMO) joue un rôle central en tant qu’autorité et service instructeur unique, pour l’attribution des
licences de dragages et de tout projet comportant l’immersion de sédiments en mer (Le Gac et al.
2011). La procédure pour le permis d’immersion possède deux étapes préliminaires pour évaluer la
nécessité d’une étude d’impact environnemental et les analyses requises pour renforcer le dossier
avant soumission à la MMO. Le Center for Environment Fisheries and Aquaculture Science
(CEFAS) est mandaté par la MMO pour réaliser les analyses, et utilise les niveaux de référence N1
(Action Level 1 AL1) et N2 (AL2) pour caractériser les sédiments et proposer une filière de gestion
des sédiments.
Ces niveaux (AL1 et AL2) ne sont pas des standards réglementaires en Angleterre et ne constituent
pas un seuil d’acceptation ou non pour l’immersion. Si les concentrations en contaminants sont
inférieures à AL1, les sédiments sont considérés comme non responsables de pollution. Pour des
concentrations comprises entre les deux valeurs AL1 et AL2, des études plus poussées sur les
sédiments sont à envisager (augmentation du nombre d’échantillons/analyses), bioessais) ou un
changement de la solution de gestion envisagée. Au-delà de la valeur AL2, les sédiments sont
(généralement) considérés comme impropres à l’immersion, et la plupart du temps nécessitent des
investigations et études supplémentaires, pouvant inclure des traitements (Röper & Netzband,
2011).
La gestion des sédiments à terre nécessite un permis environnemental et implique souvent des
procédures complexes, pour trouver une filière de traitement adéquate et un site acceptant ce type
Etude n°14-1023/1A 19
de matériau. Les orientations actuelles du gouvernement visent à favoriser ces filières par rapport
à l’immersion et des groupes techniques réfléchissent sur les valorisations possibles des sédiments
de dragage (Le Gac et al. 2011).
Le texte de loi adopté en Décembre 2009 (« Marine and Coastal Access Act 2009 ») vise à organiser
les différents usages de la mer et à permettre le développement durable des activités maritimes en
Angleterre. Ce texte a permis en partie de transposer la Directive Cadre européenne « Stratégie
pour le Milieu Marin » (2008/56/EC), qui programme, entre autres, le retour à une bonne qualité
des eaux côtières d’ici 2020 (Le Gac et al. 2011).
Au Royaume Uni, l’immersion des sédiments est la solution presque exclusivement employée
comme filière de destination (seul 1 % est mis à terre), la demande de départ étant toujours
l’autorisation ou non de l’immersion des sédiments. Le dispositif réglementaire national oriente par
défaut vers cette filière, mais d’autres paramètres tels que le coût, la logistique, la proximité du site
et la simplicité par rapport à leur traitement et valorisation à terre finit de justifier l’orientation vers
l’immersion. En France, l’immersion est moins systématique (7 % mis à terre).
En ce qui concerne les dossiers de demande d’autorisation, il existe une différence fondamentale
entre la France et l’Angleterre, celle-ci réside dans le contenu de la demande :
Au RU, la procédure de demande de permis d’immersion est unique, payante (toute
modification du projet en cours d’instruction est payante). Pour toutes autres phases d’un
projet plus important qu’un simple dragage d’entretien, un permis spécifique doit être
demandé auprès du service concerné. L’évaluation des impacts du projet sur
l’environnement n’est pas obligatoire, cela dépend de plusieurs facteurs dont la nature du
site (zone protégée) et la taille du projet. Au RU, c’est la MMO, avec l’avis du CEFAS entre
autre, qui va décider du projet. A la différence de la France, le type de procédure ne varie
pas en fonction des volumes dragués ou de la contamination des sédiments. En ce qui
concerne les espaces protégés, la réglementation anglaise semble poser des blocages
importants qui ne sont pas rencontrés dans cette proportion en France.
En France, la demande d’autorisation de dragage prend en compte l’ensemble du projet si
ce dernier comprend d’autres phases. Il est présenté dans sa globalité sous forme d’un
dossier dont la procédure diffère selon différents critères (qualité sédiments, montant du
projet…) (autorisation/déclaration). Il est déposé à un unique service instructeur et
présente, dans tous les cas, une justification des choix techniques et l’évaluation des impacts
du projet sur l’environnement. Le service instructeur se prononce en fonction de la
proposition qui lui est faite, où toutes les possibilités sont envisagées au départ et
l’immersion n’est même parfois pas prise en compte.
La caractérisation des sédiments est obligatoire en France et non demandée au RU. L’interprétation
qui en est faite est réalisée au cas par cas dans les deux pays mais elle est gérée uniquement par
l’administration au RU alors qu’elle est d’abord étudiée par le maître d’ouvrage en France et déposée
pour avis auprès de l’administration qui prendra la décision finale. Les seuils anglais découlent
directement de l’avis d’experts. En France, ils ont été élaborés d’après les travaux du groupe Géode
et sont pris en compte dans la réglementation française. Ils font également partie des critères qui
déterminent le type de dossier à réaliser (autorisation/déclaration).
Etude n°14-1023/1A 20
(ii) Aux Pays-Bas
Les matériaux dragués sont à l’intersection des réglementations sur l’eau, le sol et les déchets, la
structure très complexe de la législation freinant le dragage (de Boer, 2010a). « Les sédiments ne
sont pas un déchet, mais un objet de valeur, une ressource naturelle qui mérite une protection, une
conservation ou même une restauration sur certains sites » (citation de SEDNET).
Une nouvelle législation sur la qualité des sols (décret de 2008) a émergé pour encourager
l’utilisation de matériaux dragués pour une disposition sur les berges, la relocalisation en mer et le
rechargement de carrières. La plupart des matériaux dragués peut être réutilisée, avec seulement
une faible quantité devant être transférée en installation d’élimination (de Boer, 2010b).
Les Pays-Bas sont le seul pays de la mer du Nord à n’avoir qu’un seul seuil réglementaire, le
« Maximal permissible concentration » (Stronkhorst & van Hattum, 2003). Ce seuil existe pour :
- les PCB, en valeur individuelle pour les sept PCB indicateurs3 mais pas pour la somme (en
µg/kg de poids sec) ;
- les éléments traces :
En plus de ceux analysés en France, il existe une valeur pour le Cérium Ce, le Lanthane
La et le Néodyme Nd (en mg/kg de poids sec) ;
- les HAP, 10 contre 16 en France (en mg/kg de poids sec) ;
- les organostanniques, TBT et Tri-Phényl-étain TPhT (en µg de Sn/kg de poids sec) ;
- d’autres composés organiques en supplément de ceux réglementés en France :
l’aldrine, la dieldrine, l’endrine, le lindane, la somme des DDT (DDT, DDE,
DDD), l’hexachlorobenzène (en µg/kg de poids sec) ;
les huiles minérales (en mg/kg de poids sec).
Cet unique seuil est une combinaison de valeurs guides (As, Cr, Cu, Zn, Huiles minérales) et
de seuils stricts (Pb, Cd, Ni, Hg, somme des PCB, hexachlorobenzène, somme
DDT/DDE/DDD, TBT et somme des 10 HAP) qui sont donnés aux substances prioritaires.
Ces seuils stricts ne font pas l’objet d’exception ; pour les substances non prioritaires un excès de
50 % peut être toléré tant que cela ne concerne pas plus de deux substances (Röper & Netzband,
2011).
Les exploitants du plus grand site de stockage du pays4, le « Slufter », craignant son remplissage en
2005 ont été amenés à imaginer le retraitement des sédiments contaminés puis leur valorisation
(Van Paassen, 2012). Grâce à différentes méthodes, les réutilisations possibles des sédiments sont
nombreuses : talus routiers, recouvrement de décharges, création de zones naturelles et récréatives,
élargissement des digues et des barrières côtières, sous-couche routière et fabrication de briques.
Malgré la multiplication des possibilités d’exploitation des sédiments des questions restent en
suspens, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en sédiments (les dragages restant
des opérations ponctuelles), le coût de ces matériaux et l’acceptation sociale. Il est à noter
cependant, qu’à la différence des Pays Bas, en France les sédiments dangereux ne peuvent être
3 PCB 28, 53, 101, 118, 138, 153, 180 4 Situé dans le port de Rotterdam
Etude n°14-1023/1A 21
utilisés dans le cadre d’une valorisation, ils sont destinés à l’élimination en Installation de Stockage
de Déchets Dangereux (ISDD) ou à l’incinération pour une valorisation énergétique.
(iii) En Belgique
Deux valeurs seuils existent en Belgique : une valeur guide et une valeur seuil limite. Celles-ci ont
été définies après un ajustement des données de la littérature pour une sélection de contaminants
marins et sédimentaires, et également évaluées par utilisation du potentiel de bioaccumulation pour
les oiseaux marins et l'Homme (Röper & Netzband, 2011).
Si les concentrations sont inférieures au premier niveau, l’immersion en mer est possible. A partir
de trois valeurs de contaminants comprises entre les deux valeurs seuils, l’immersion ne sera pas
possible. Il est alors suggéré de multiplier le nombre d’échantillons par un facteur cinq et d’effectuer
une nouvelle analyse. Si cette seconde série d’analyses démontre une plus faible contamination un
permis pour l’immersion pourra être donné. En revanche, si les résultats sont confirmés, des
bioessais selon les standards internationaux sont recommandés. Leurs résultats sont vus comme
un support à la décision et non comme un critère d’exclusion pour l’immersion (Röper &
Netzband, 2011).
En Flandre, depuis 2001, trois arrêtés successifs du Gouvernement Flamand fixent trois catégories
de gestion des sédiments en vue de leur utilisation future : en tant que terre (réhabilitation de sol),
en tant que constituant ou en tant que matériau de construction à part entière. Ces catégories sont
organisées à l’aide de deux valeurs, l’une de référence et l’autre d’intervention (MIE, 2014).
En Wallonie, depuis 2001, un arrêté permet de valoriser les boues en fonction de leurs seuils de
pollution. Deux classes (A et B) se distinguent et se définissent en fonction de leur concentration
en composés organiques et inorganiques. Leur valorisation à terre est conditionnée par leur siccité,
(les boues sont constituées d’eau et de matières sèches, la siccité étant le pourcentage massique de
matière sèche; ainsi une boue avec une siccité de 10 % présente une humidité de 90 %) (MIE,
2014).
(iv) En Allemagne
Il existe deux seuils en Allemagne : RW1 et RW2, le RW1 correspond à l’équivalent du 90è percentile
du niveau de contamination actuelle, et le RW2 correspond au RW1 multiplié par un facteur 3 (à
l’exception du TBT). La taille de la zone à draguer, le volume de matériaux, la variation horizontale
et verticale de l’intensité de la contamination doivent être inclus dans l’échantillonnage ; le nombre
d’échantillons dépendant du volume total. Généralement les échantillons doivent être analysés
individuellement ; une analyse combinée étant possible dans certains cas spécifiques. Des bio-essais
doivent être réalisés si les concentrations dépassent le RW2, et notamment des tests sur algues
marines, sur bactéries bioluminescentes et ou toxicité aigüe sur amphipode (Röper & Netzband,
2011).
Les éléments trace sont analysés sur la fraction granulométrique inférieure à 20 µm, les
contaminants organiques sur la fraction inférieure à 63 µm (mesure indirecte depuis la
concentration totale de l’échantillon et le pourcentage de la fraction inférieure à 63 µm). Les
éléments trace analysés sont les mêmes qu’en France, de même que pour les sept PCB indicateurs,
Etude n°14-1023/1A 22
les hydrocarbures et les 16 HAP. Il existe une distinction pour le TBT : un couple de seuil
RW1/RW2 en général et un pour la mer des Wadden. En complément de ces contaminants
organiques, il existe des valeurs seuils pour les hexachlorocyclohexane, l’hexachlorobenzène, le
DDT/DDE/DDD. Le PTOT et le NTOT sont également analysés sur le sédiment et l’éluat.
(v) En Norvège
Les sédiments peuvent être classés en cinq catégories d’après les valeurs de quatre seuils, seuils
basés sur un risque écologique. Le nombre de composés organiques analysés est important et
comprend entre autre les PCDD/F, la somme des DDT/DDE/DDD, le lindane,
l’hexachlorobenzène, le nonylphénol, le bisphénol A, l’irgarol (Röper & Netzband, 2011). Ces seuils
ont été déduits des Directives Cadres sur l’eau, des normes de qualité environnementale et des
substances prioritaires, ou encore d’autres sources telles que OSPAR, l’US-EPA ou encore de la
littérature scientifique.
L’échantillonnage est dépendant de la taille de l’opération de dragage. Le système d’évaluation est
développé de manière à évaluer le risque in situ des sédiments et de déterminer un besoin en
dépollution. En général les sédiments des classes I (qualité équivalente au bruit de fond
environnemental, inférieur à C1) et II (bonne qualité, entre C1 et C2) peuvent être immergés. Des
sédiments de classe III (entre C2 et C3) peuvent nécessiter une évaluation plus poussée du risque
sur l’environnement. La gestion de sédiments de classe IV et V requiert des programmes de
dépollutions spécifiques et un suivi plus approfondi pendant les opérations (Röper & Netzband,
2011).
III. Au niveau national
Comme nous venons de le décrire, un cadre commun existe à l’échelle communautaire. Cependant,
les pays sont libres de choisir les modalités d’atteinte des objectifs fixés par l’Europe, ce qui aboutit
à des choix réglementaires différents (Loi sur l’eau vs Loi sur les déchets), des méthodes de calculs
et des seuils réglementaires variables aboutissant à une interprétation des dangers différente. Enfin,
la retranscription en droit national peut être plus ou moins longue selon les pays, aboutissant à des
avancements variables.
Dans la suite de notre propos, nous allons désormais nous intéresser au cadre réglementaire en
vigueur en France en considérant la réglementation relative au dragage, à la gestion à terre des
sédiments extraits et du stockage.
1. Réglementation relative au dragage
Depuis la circulaire du 14 juin 2000 renforcée par l’arrêté du 8 février 2013, une opération de
dragage, en milieu marin et/ou portuaire, est précédée d’une évaluation de la qualité physico-
chimique des sédiments qui, selon leur niveau de contamination, seront orientés vers la filière
immersion pour les sédiments considérés comme non contaminés ou vers la filière à terre pour les
sédiments considérés comme contaminés (des investigations complémentaires plus ou moins
approfondies sont exigées dans ce cas). L’orientation du sédiment vers l’une ou l’autre des filières
est conditionnée par deux valeurs seuils nommées N1 et N2. Les conditions d’utilisation de ces
valeurs-seuils sont définies dans la Circulaire no 2000-62 du 14 juin 2000 relative aux conditions
Etude n°14-1023/1A 23
d’utilisation du référentiel de qualité des sédiments marins ou estuariens présents en milieu naturel
ou portuaire défini par l’arrêté interministériel dont une synthèse est proposée dans le tableau II.
Tableau II : Synthèse des conditions d’utilisation des seuils N1 et N2 définies par la Circulaire n°2000-62 du 14 juin 2000
< N1
Impact potentiel jugé neutre ou négligeable
Valeurs mesurées comparables aux bruits de fond environnementaux
Filière immersion possible
N1< _ < N2
Investigations complémentaires nécessaires en fonction du degré de dépassement du
niveau N1 et des risques encourus pour le projet.
Investigations devant être proportionnelles à l’importance de l’opération envisagée
> N2
Impact potentiel négatif
Etude spécifique portant sur la sensibilité du milieu aux substances concernées, avec
au moins un test d’écotoxicité globale du sédiment et une évaluation de l’impact
prévisible sur le milieu
+
Si nécessaire, affiner le maillage des prélèvements sur la zone concernée
Filière immersion susceptible d’être interdite, auquel cas => Gestion à terre des
sédiments
Les tableaux suivants (III, IV, V, VI) extraits de l’arrêté du 9 août 2006 relatif aux niveaux à prendre
en compte lors d’une analyse de rejets dans les eaux de surface ou de sédiments marins, estuariens
ou extraits de cours d’eau ou canaux relevant respectivement des rubriques 2.2.3.0, 4.1.3.0 et 3.2.1.0
de la nomenclature annexée à l’article R. 214-1 du code de l’environnement, précisent la valeur des
seuils considérés.
Tableau III : Niveaux relatifs aux éléments traces, en mg/kg de sédiment sec analysé sur la fraction inférieure à 2 mm
ÉLÉMENTS TRACES NIVEAU N1 NIVEAU N2
Arsenic 25 50
Cadmium 1,2 2,4
Chrome 90 180
Cuivre 45 90
Mercure 0,4 0,8
Nickel 37 74
Plomb 100 200
Zinc 276 552
Etude n°14-1023/1A 24
Tableau IV : Niveaux relatifs aux polychlorobiphényles (PCB), en µg/kg de sédiment sec analysé sur la fraction inférieure à 2 mm
PCB NIVEAU N1 NIVEAU N2
PCB congénère 28 5 10
PCB congénère 52 5 10
PCB congénère 101 10 20
PCB congénère 118 10 20
PCB congénère 138 20 40
PCB congénère 153 20 40
PCB congénère 180 10 20
Tableau V : Niveaux relatifs aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), en µg/kg de sédiment sec analysé sur la fraction inférieure à 2 mm
HAP NIVEAU N1 NIVEAU N2
Naphtalène 160 1 130
Acénaphtène 15 260
Acénaphtylène 40 340
Fluorène 20 280
Anthracène 85 590
Phénanthrène 240 870
Fluoranthène 600 2 850
Pyrène 500 1 500
Benzo [a] anthracène 260 930
Chrysène 380 1 590
Benzo [b] fluoranthène 400 900
Benzo [k] fluoranthène 200 400
Benzo [a] pyrène 430 1 015
Di benzo [a,h] anthracène 60 160
Benzo [g,h,i] pérylène 1 700 5 650
Indéno [1,2,3-cd] pyrène 1 700 5 650
Tableau VI : Niveaux relatifs au tributylétain (TBT), (en µg/kg de sédiment sec analysé sur la fraction inférieure à 2 mm)
PARAMÈTRE NIVEAU N 1 NIVEAU N2
TBT 100 400
Pour les sédiments continentaux, une évaluation de leur qualité physico-chimique doit également
être effectuée préalablement aux opérations de curage. Les seuils de contamination considérés sont,
dans ce cas, définis par l’arrêté du 9 aout 2006 dans sa version consolidée au 11 juin 2015 (tableau
VII).
Etude n°14-1023/1A 25
Tableau VII : Niveaux relatifs aux éléments et composés traces, en mg/kg de sédiment sec analysé sur la fraction inférieure à 2 mm)
PARAMÈTRES NIVEAU S1
Arsenic 30
Cadmium 2
Chrome 150
Cuivre 100
Mercure 1
Nickel 50
Plomb 100
Zinc 300
PCB totaux 0,680
HAP totaux 22,800
Pour résumer le contexte réglementaire relatif au dragage de sédiments, un logigramme de décision
pour la gestion des sédiments extraits est proposé figure 2.
Figure 2 : Logigramme de décision pour la gestion des sédiments
Etude n°14-1023/1A 26
2. Réglementation relative à la gestion à terre des sédiments de dragage
La circulaire du 4 juillet 2008 présente deux modes de gestion des sédiments dragués :
l’immersion ou la remise en suspension dans un site choisi selon le volume, la proximité de
zones conchylicoles, les niveaux de contamination, les études d’incidences Natura 2000 ;
la gestion à terre des sédiments lorsque l’immersion ou la remise en suspension des
sédiments n’est pas possible ou souhaitable. A terre, le sédiment a le statut de déchet et
subit une première étape de caractérisation (inerte/ non dangereux / dangereux), avant sa
valorisation ou son élimination.
Au niveau national, lorsque les déblais de dragage sont destinés à une filière terrestre, ils entrent
dans la nomenclature des déchets (Décret n°2002-540 du 18 avril 2002 - Nomenclature européenne
des déchets).
a. Législation « Déchets »
Quel que soit leur devenir (filière immersion ou gestion à terre), les sédiments extraits doivent faire
l’objet d’une évaluation de la dangerosité. L’article R. 541-8 du code de l’environnement relatif à la
classification des déchets définit le potentiel de dangerosité d’un sédiment. Cette démarche aboutit
à trois types de sédiments-déchets : le sédiment inerte, le sédiment non inerte et non dangereux et
le sédiment non inerte et dangereux.
(i) Sédiment dangereux ou non dangereux ?
Selon l’article R. 541-8 du Code de l’Environnement, « sont considérés comme dangereux les
déchets qui présentent une ou plusieurs des propriétés énumérées à l’annexe I au présent article.
Ils sont signalés par un astérisque dans la liste des déchets de l’annexe II (nomenclature déchets) ».
L’annexe I de ce même article spécifie qu’un déchet est dangereux s’il possède au moins une des
15 propriétés de danger (HP 1 à HP 15)5 .
Néanmoins, comme le précise la note juridique du 18 septembre 2002 du MEDD, plusieurs de ces
critères ne sont pas adaptés aux déblais de dragage. C’est le cas du critère HP 15 dont l’applicabilité
aux sédiments-déchets fait toujours l’objet de débat. De même, l’application du critère HP 14
5 L’évolution des méthodes d’analyse et des réglementations françaises et européennes applicables aux déchets a rendu nécessaire
la mise à jour du guide français de référence pour l’évaluation de la dangerosité des déchets. Un guide publié en février 2016 par
l’INERIS reprend les méthodes pour l’évaluation du caractère dangereux d’un déchet via les propriétés de danger suivant la Directive
Cadre Déchets actuellement en application (Rebischung & Hennebert, 2016). L’objectif des récentes modifications concernant les
propriétés de danger des déchets est de tenir compte du nouveau cadre réglementaire communautaire sur la classification et
l’étiquetage des substances et mélanges provenant de l’application du règlement n°1272/2008, dit règlement CLP (« Classifying,
Labelling, Packaging »). Avant le 1er Juin 2015, ces propriétés de danger étaient appelées H1 à H15 : la Commission européenne du
18/12/2014 a décidé de les renommer HP1 à HP15 afin d’éviter toute confusion avec les mentions de danger du règlement CLP.
De plus, certaines propriétés de danger ont été renommées afin de les adapter aux modifications de la législation relative aux produits
chimiques ou pour garantir une cohérence par rapport aux dénominations des autres propriétés (H15 « Substances et préparations
susceptibles, après élimination, de donner naissance, par quelque moyen que ce soit, à une autre substance, par exemple un produit
de lixiviation, qui possède l’une des caractéristiques énumérées ci-avant » est devenue HP15 « Déchet capable de présenter une des
propriétés dangereuses susmentionnées que ne présente pas directement le déchet d’origine ») (Rebischung & Hennebert, 2016).
Etude n°14-1023/1A 27
présente plusieurs limites car il n’existe pas de seuil réglementaire pour ce critère ni de méthodes
reconnues officiellement permettant la définition de ce critère. Pour autant des protocoles ont été
proposés et retenus pour leur pertinence. C’est le cas de la méthode proposée par le BRGM pour
évaluer le caractère écotoxique du sédiment – déchet ; cette méthode d’évaluation de la dangerosité
au regard de la propriété écotoxicologique proposée par le BRGM et applicable aux sédiments est
reprise dans le guide l’INERIS-DRC-15-149793-06416A publié le 04/02/2016 (Rebischung &
Hennebert, 2016). Ce protocole se base sur des tests classiques et normalisés d’écotoxicité. Il
intègre des tests de toxicité aigüe ou chronique, sur matrice solide ou lixiviat, et sur des organismes
aquatiques (Vibrio fischeri, Daphnia magna, Brachionus) et terrestres (deux végétaux : Avena sativa et
Brassica naptus). Dans ce guide, la démarche d’évaluation de la dangerosité des sédiments au regard
de la propriété écotoxique est réalisée par une démarche graduée :
1. Une analyse des paramètres (As, Cd, Cr, Cu, Hg, Ni, Pb, Zn, PCBt, HAPt dont les valeurs
à respecter correspondent au seuil S1 et à N1 pour le TBT.
Si aucune de ces valeurs n’est dépassée, les sédiments sont réputés non dangereux au regard
de la propriété HP 14. Si au moins un polluant présente une valeur supérieure, des essais
biologiques sont alors réalisés selon la seconde étape.
2. Des essais écotoxicologiques sont réalisés sur le déchet après centrifugation : deux tests
sont réalisés sur l’éluat obtenu par lixiviation (suivant le protocole de lixiviation EN 12457-
2, indice de classement X 30 402-2) et un test sur la matrice solide.
a. Sur les éluats :
Essai de toxicité aigüe : test d’inhibition de la luminescence de bactéries marines
(Vibrio fischeri, NF EN ISO 11348-3) :
valeur seuil de CE50 30 min < 10 % ;
Essai de toxicité chronique : essai d’inhibtion de la croissance de la population
(Brachionus calyciflorus en 48h, NF ISO 20266) :
valeur seuil de CE20 < 1 % ;
b. Sur les sédiments centrifugés : Essai d’inhibition de l’émergence et de la croissance
de semences par une matrice potentiellement polluée (NF EN ISO 11269-2,
uniquement sur l’avoine Avena sativa, une monocotylédone, celui-ci étant plus
discriminant que le test avec le colza) :
valeur seuil de CE50 < 10 %.
Un même référentiel est utilisé pour tous les sédiments, qu’ils soient marins ou continentaux. En
ce qui concerne les sédiments marins, l’usage de S1 évite d’associer une image de dangerosité
potentielle à des sédiments qui dépassent N1 et dont la destination finale n’est pas obligatoirement
la gestion à terre. S1 fait référence à des valeurs déterminées sur la base des propriétés
écotoxicologiques de la matrice, alors que N1 et N2 résultent principalement de traitement
statistique de données physico-chimiques (Mouvet, 2012). Les analyses écotoxicologiques
permettent de conclure sur la toxicité du sédiment en vue d’une gestion à terre. Ainsi, une fois
centrifugés, les sédiments sont testés à partir de bio-essais réalisés initialement sur une
monocotylédone (Avena sativa) et une dicotylédone (Brassica naptus). Des tests sur Eisenia fetida ont
été envisagé en première intention mais les essais sur végétaux ayant montré une plus grande
sensibilité de réponse (Mouvet, 2012), ils n’ont finalement pas été retenus. Pour les mêmes raisons,
un seul modèle végétal, en l’occurrence Avena sativa, a été finalement retenu dans le protocole final.
Etude n°14-1023/1A 28
(ii) Sédiment inerte ou non inerte ?
Selon l’article R. 541-8 du Code de l’Environnement, « est considéré comme inerte tout déchet qui
ne subit aucune modification physique, chimique ou biologique importante, qui ne se décompose
pas, ne brûle pas, ne produit aucune réaction physique ou chimique, n’est pas biodégradable et ne
détériore pas les matières avec lesquelles il entre en contact d’une manière susceptible d’entraîner
des atteintes à l’environnement ou à la santé humaine ». Un sédiment est considéré comme
« inerte » si :
- Il respecte les valeurs limites lors du test de lixiviation pour les paramètres définis à l’annexe
II de l’arrêté du 28 octobre 2010 relatif aux installations de stockage des déchets
inertes (abrogé et remplacé par l’arrêté du 12/12/14, relatif aux prescriptions générales
applicables aux installations du régime de l'enregistrement relevant de la rubrique n°2760
de la nomenclature des ICPE) ;
- Il respecte les valeurs limites en contenu total pour les paramètres définis à l’annexe II de
l’arrêté du 28 octobre 2010 relatif aux installations de stockage des déchets inertes.
Un sédiment ne respectant pas les valeurs seuils indiquées à l’annexe II est considéré comme « non
inerte ».
(iii) Mise en décharge
Selon les caractéristiques des déchets ou si aucune autre voie de traitement ne peut être envisagée,
les sédiments-déchets peuvent être placés dans des installations de stockage de déchets comme
suit :
Les installations de stockage de déchets inertes (ISDI). Elles sont destinées à ne recevoir
que des matériaux inertes, ce qui n’est jamais le cas avec les sédiments de dragage d’origine
marine, notamment en raison de la concentration en sels ;
Les installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) sont destinées à recevoir
des déchets non dangereux, représentés principalement par les ordures ménagères. Les
sédiments entrent ainsi en compétition avec ce type de produits ;
Les installations de stockage de déchets dangereux (ISDD) sont généralement intéressées
par les déblais de dragage. Mais les sécurités environnementales liées à ce type d’installation
sont démesurées. Par ailleurs, les coûts d’acceptation ne sont pas compatibles avec une
gestion durable.
b. Législation ICPE
Depuis le décret n°2010-369 du 13 avril 2010 modifiant la nomenclature des ICPE, le stockage et
le transit des sédiments à terre les sédiments gérés à terre sont réglementés au titre de la législation
relative aux ICPE. Auparavant, ils étaient encadrés règlementairement au titre de la « loi sur l’eau »
dans le cadre de l’opération de dragage (DREAL NPdC, 2012). Néanmoins, si le dépôt est
temporaire (sur la durée des travaux de dragage) et à proximité immédiate du chantier, il ne relève
pas de la législation ICPE.
Dans la suite de notre propos, nous exposerons la réglementation nationale relative à la gestion à
terre des sédiments, hors filières de valorisation, pour les sédiments inertes et non inertes. Sauf
exception, ces modes de gestion relèvent de la législation ICPE. En revanche, la plupart des filières
de valorisation des sédiments à terre étant soumises à la loi sur l’eau, au code de l’urbanisme et à la
Etude n°14-1023/1A 29
réglementation déchet mais n’étant pas des ICPE, elles ne seront pas développées dans ce
paragraphe.
(i) Gestion à terre (hors valorisation) des sédiments non inertes
Les installations prenant en charge à terre les sédiments non inertes relèvent de la législation des
ICPE (livre V du Code de l’Environnement). On distingue trois types d’installation :
Tri, transit, regroupement ;
Traitement ;
Stockage définitif.
Le tableau VIII reprend les rubriques de la réglementation ICPE selon l’opération et le niveau de
dangerosité du sédiment.
Tableau VIII : Rubriques ICPE selon l’opération et la dangerosité du sédiment
Il convient de préciser que les opérations d’aménagement de berges ou de remblais réalisés à l’aide
de sédiments, les aménagements paysagers réalisés à l’aide de sédiments non dangereux, pour autant
qu’ils répondent à un besoin, sont exclues ou non soumises à la rubrique 2760. Dans le cas
contraire, les dépôts de sédiments à terre doivent être classés sous cette rubrique et satisfaire les
dispositions des arrêtés ministériels du 9 septembre 1997 (sédiments non dangereux) ou du 30
décembre 2002 (sédiments dangereux) en prenant en compte le cas échéant, les dispositions
spécifiques opposables aux installations de stockage dites « mono-déchets ».
La durée maximale d’entreposage des déchets sur un site de tri/transit/regroupement est de un an
si le déchet a vocation à être éliminé, trois ans s’il a vocation à être valorisé. Au-delà l’activité relève
de la rubrique 2760 (relative au stockage définitif) pour les sédiments non inertes.
(ii) Gestion à terre des sédiments inertes
Les stockages de sédiments inertes sont réglementés par l’article L541-30-1 du code de
l’environnement, dont l’application est confiée à la direction départementale des territoires et de la
mer (DDTM). Les conditions d’admission des déchets inertes dans les installations classées
(relevant des rubriques 2515, 2516 et 2517) sont précisées dans l’arrêté du 6 juillet 2011 modifié
par l’arrêté du 1er décembre 2014 (figure 3).
N° de rubrique ICPE selon l’opération
Transit Stockage Traitement
thermique
Traitement non
thermique
Sédiment non dangereux 2716 2760-2 2771 2791
Sédiment dangereux 2717/2718 2760-1 2770 2791
Etude n°14-1023/1A 30
Figure 3 : Synthèse sur le classement ICPE des sédiments gérés à terre (hors valorisation)
c. Législation sur « l’eau »
Depuis 2007, de nombreux textes sont parus dans le cadre de la transposition de la DCE en droit
français. Ils traduisent l’amélioration des connaissances sur l’état des milieux et sur les émissions
de substances et le retour d’expérience de la mise en œuvre des mesures. Parmi ces textes, nous
retiendrons :
les arrêtés du 21 mars 2007 et du 7 mai 2007 modifiant l’arrêté du 20 avril 2005 modifié
fixent les normes de qualité des milieux pour 36 substances, et l’arrêté du 30 juin 2005
modifié précise le contenu du programme national d’action contre la pollution des milieux
aquatiques par certaines substances dangereuses ;
la circulaire du 7 mai 2007 définit les « normes de qualité environnementale provisoires
(NQEp) » des 41 substances impliquées dans l’évaluation de l’état chimique des masses
d’eau ainsi que des substances pertinentes du programme national de réduction des
substances dangereuses dans l’eau ;
l’arrêté du 25 janvier 2010 modifié relatif aux méthodes et critères d’évaluation de l’état
écologique, de l’état chimique et du potentiel écologique des eaux de surface définit les
règles établies pour déterminer l’état des masses d’eau inscrit dans les SDAGE en 2009
établis à partir d’un état chimique et d’un état écologique ;
l’arrêté du 8 juillet 2010 modifiant l’arrêté du 20 avril 2005 modifié pris en application du
décret du 20 avril 2005 relatif au programme national d’action contre la pollution des
milieux aquatiques par certaines substances dangereuses ;
l’arrêté ministériel du 8 juillet 2010 fixant la liste des substances prioritaires et le calendrier
de réduction des émissions à l’article R 512-9 du Code de l’Environnement.
Etude n°14-1023/1A 31
Ces textes font référence aux substances dont le rejet dans le milieu aquatique est susceptible d’être
néfastes pour celui-ci. Les valeurs seuils mentionnées dans ces textes doivent donc être respectées
dans le cadre des projets de curages mais également dans le cadre d’aménagement ou de réalisations
mettant en contact les sédiments dragués et le milieu aquatique. De plus, certaines valorisations des
sédiments de dragage sont soumises à d’autres dispositions de la législation sur l’eau en France
(tableau IX).
Tableau IX : Exemples de filières de valorisation de sédiments soumises à la loi sur l’eau
Filières de valorisation Procédure /
Nomenclature Critères
Rechargement de plages
Confortement dunaire
Autorisation/Déclaration
Rubrique 4.1.2.0
Si volume > 10 000 m3 => EI +
Enquête publique même si
déclaration (Arrêté du 01/06/2012)
Réalisation de terre-pleins ou
polders
Autorisation/Déclaration
Rubrique 3.3.1.0 ou 4.1.2.0
Utilisation en remblais ou
endiguement
Autorisation/Déclaration
Rubrique 3.2.2.0
Rubrique 3.3.1.0
Rubrique 3.2.6.0
Si remblaiement dans le lit majeur
d’un cours d’eau
Si remblaiement de zones humides
ou de marais
Si digues de protection contre
inondation
Rechargement/renforcement
de berges
Autorisation/Déclaration
Rubrique 2.2.3.0
Si sédiments inertes ou si
caractéristiques inférieures à S1 ou
N2 (arrêté du 9 août 2006 modifié)
Etude n°14-1023/1A 32
d. Synthèse
Figure 4 : Synthèse du devenir des sédiments en fonction de leurs différentes caractéristiques (inspiré de DDTM Finistère & DREAL Bretagne, 2013)
Etude n°14-1023/1A 33
Pour synthétiser la réglementation relative à la gestion à terre des sédiments, un logigramme
illustrant le devenir des sédiments selon leurs caractéristiques physico-chimiques et les normes
réglementaires est proposée figure 4.
Figure 5 : Itinéraire réglementaire des sédiments gérés à terre
Pour compléter ce schéma, une deuxième illustration (figure 5) précise, les textes de loi à prendre
en compte au fil des étapes de la gestion à terre du sédiment-déchet.
3. Réglementation relative aux filières de valorisation
Pout illustrer la réglementation relative aux filières de valorisation, un schéma (figure 6) a été établi
et présente de manière synthétique les différents textes encadrant les filières de valorisation. Les
filières de valorisation n’étant pas toutes encadrées par les mêmes textes, un bilan des différentes
exigences est donc présenté à la suite dans la figure 6.
Etude n°14-1023/1A 34
Figure 6 : Synthèse des réglementations encadrant les filières de valorisation à terre des sédiments
a. Valorisation en rechargement de plages
Depuis le 1er juin 2012, date d'entrée en vigueur des dispositions des décrets n°2011-2018 et
n°2011-2019 du 29/12/2011 portant réforme de l'enquête publique et de l'étude d'impact, si le
volume de sable utilisé en rechargement de plage ou confortement dunaire est :
- supérieur à 10 000 m3, la réalisation d'une étude d'impact et d'une enquête publique sont
requises, même si le projet de dragage et de rechargement ou confortement relève d'une
déclaration au titre de la Loi sur l'Eau. Dans ce cas, l'avis de l'autorité environnementale est
requis dans le cadre de la procédure, avant la mise à l'enquête publique du dossier ;
- inférieur à 10 000 m3, le projet peut éventuellement être dispensé d'étude d'impact par
l'autorité environnementale dans le cadre d'une appréciation au cas par cas sur la base des
éléments d'information fournis dans un formulaire spécifique (cf. arrêté du 26/07/2012
relatif au formulaire CERFA de demande d'examen au cas par cas). Le préfet de Région
(autorité environnementale) dispose d'un délai de 35 jours pour le faire savoir au maître
d'ouvrage, dès lors que le formulaire de demande d'examen est complet. En l'absence de
dispense de l'autorité environnementale, une étude d'impact proportionnée à la sensibilité
environnementale de la zone susceptible d'être affectée par le projet, à l'importance et à la
nature des travaux, ouvrages et aménagements projetés et à leurs incidences prévisibles sur
l'environnement ou la santé humaine, devra être produite. Le projet sera ensuite soumis à
enquête publique, après avis de l'autorité environnementale sur le dossier (Vernus et al.
2013).
b. Valorisation en épandage agricole
D’après la DREAL (2012), la valorisation agricole n’est envisageable que si :
- Les sédiments présentent un intérêt agronomique pour le sol ou pour la nutrition des
cultures et des plantations (article R 211-31 du CE) ;
Etude n°14-1023/1A 35
- L’usage et la manipulation des sédiments lors de cette opération ne portent pas atteinte à
la santé, à l’état phytosanitaire des cultures, la qualité des sols et des milieux aquatiques
(article R 211-31 du CE) ;
- L’accord des propriétaires des parcelles concernées par l’opération est obtenu - Cf article 9
de l’arrêté du 30/05/2008.
Les prescriptions techniques définies par l’arrêté du 08/01/1998 relatives aux épandages de boues
sur les sols agricoles doivent être respectées - Cf article 9 de l’arrêté du 30/05/2008, fixant les
prescriptions générales applicables aux opérations d’entretien de cours d’eau ou canaux soumis à
autorisation ou à déclaration. Notons également que la circulaire du 4 juillet 2008 précise que
l’épandage de sédiments de dragage sur une parcelle agricole ne peut se réaliser que pour des
sédiments non dangereux (Cantegrit & Nouvion-Dupray, 2011).
Sur le plan technique, les sédiments peuvent être épandus sur les terres agricoles par refoulement
hydraulique, sous forme de boues liquides, ou sous forme solide, après égouttage et entreposage.
L'épandage de boues autres que les boues issues du traitement des eaux usées peut être soumis à
procédure de déclaration ou d'autorisation au titre de la rubrique 2.1.4.0 de la loi sur l'eau en
fonction du volume ou des flux annuels épandus en azote total ou en DBO5.
Le règlement relatif à la production biologique (règlement d’exécution UE n°354/2014 du
08/04/2014) autorise en amendement les sédiments anaérobies riches en matière organique
provenant de masses d’eau douce, en respectant cependant les valeurs limites de concentration en
éléments traces prévues dans l’arrêté du 08/01/1998, les sédiments devant provenir de sources
exemptes de contaminations par des pesticides, polluants organiques persistants et substances telles
que l’essence (concentrations maximales en mg/kg de matière sèche : Cd : 0,7 ; Cu : 70 ; Ni : 25 ;
Pb : 45 ; Zn : 200 ; Hg : 0,4 ; Crtotal : 70 ; CrVI : non détectable). Les sédiments pourront provenir
des suites de la gestion des masses d’eau ; ils pourront également être extraits d’anciennes masses
d’eau douce. L’extraction devra s’effectuer de manière à limiter autant que possible l’incidence sur
le milieu aquatique.
Enfin, l’arrêté du 30/05/2008 prévoit un usage possible des sédiments fluviaux pour l’épandage
agricole. En effet, selon cet arrêté, les sédiments fluviaux non remis dans le cours d’eau doivent
faire l’objet en priorité d’un traitement approprié permettant leur utilisation en tant que granulats,
dans des conditions technico-économiques acceptables. Ceux qui ne seront pas remis dans le cours
d’eau pourront faire l’objet d’un régalage sur les terrains riverains, d’une utilisation directe en
travaux publics et remblais sous réserve de test de percolation ou de stabilité (mesure de la
compatibilité), d’un dépôt sur des parcelles ou d’un stockage y compris par comblement
d’anciennes gravières ou carrières, ou en épandage agricole.
c. Valorisation en technique routière
La valorisation des sédiments en technique routière n’a pas de cadre réglementaire particulier
(DREAL NPC, 2012). Plusieurs méthodologies existent cependant. Parmi elles, la méthode
élaborée dans le cadre de la démarche Sédimatériaux (septembre 2014) expose les modalités selon
lesquelles les sédiments de dragage peuvent être valorisés en technique routière et constitue une
base de travail pour l’élaboration d’un guide. Cette méthodologie est issue de recherches par le
Département Génie Civil et Environnemental (DGCE) de l’Ecole des Mines de Douai, en
Etude n°14-1023/1A 36
cohérence avec le cadre méthodologique de l’ADEME 2010 et SETRA6 2011 (guide d’acceptabilité
de matériaux alternatifs en technique routière – évaluation environnementale).
Plusieurs thèses ont été menées autour de cette thématique et montrent l’intérêt pour cette filière
de valorisation et ce, depuis plusieurs années. Ces travaux ont été réalisés dans plusieurs régions de
France comme dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Normandie ou encore le Languedoc-Roussillon.
Nous pouvons citer par exemple :
- Scordia, P-Y. (2008). Caractérisation et valorisation de sédiments fluviaux pollués et traités
dans les matériaux routiers. Ecole Centrale de Lille, 203 pages ;
- Thanh, T-N (2009). Valorisation de sédiments marins et fluviaux en technique routière.
Université d’Artois (DGCE de l’École des Mines de Douai), 225 pages ;
- Tribout, C. (2010). Valorisation de sédiments traités en techniques routières : contribution
à la mise en place d’un protocole d’acceptabilité. Université de Toulouse, 310 pages ;
- Miraoui, M., 2010. Mise en œuvre d’une démarche de prétraitement et de traitement des
sédiments de dragage en vue d’une valorisation dans le génie civil. Thèse de Doctorat,
Université Des Sciences et Technologies de Lille 1 ;
- Dia, M. (2013). Traitement et valorisation de sédiments de dragage phosphatés en
technique routière. Université d’Artois (DGCE de l’École des Mines de Douai), 169 pages ;
- Anger, B., (2014). Caractérisation des sédiments fins de retenues hydroélectriques en vue
d’une orientation vers des filières de valorisation matière. Thèse de Doctorat, Génie-Civil,
Université de Caen Basse-Normandie 316 pages ;
- Azrar, H. (2014). Contribution à la valorisation des sédiments de dragage portuaire :
technique routière, béton et granulats artificiels. Université de Lille 1. (Thèse soumise à
l’embargo de l’auteur jusqu’au 09/04/2017).
Les prochaines voies de valorisation (4 à 7) dépendent de l’arrêté du 12/12/2014 remplaçant
l’arrêté du 28/10/2010. Cet arrêté relatif aux conditions d’admissions des déchets inertes dans les
installations relevant des rubriques 2515, 2516, 2517 et dans les installations de stockage de déchets
inertes de la rubrique 2760 reprend les valeurs limites à respecter pour les conditions d’admissions
de l’annexe II de l’arrêté du 28/10/2010.
Des déchets ne pourront être admis ni stockés, entre autres conditions, s’il existe une des propriétés
de danger énumérées à l’annexe du CE R.541-8, si les déchets sont liquides ou s’ils ont une siccité
inférieure à 30 % et si les déchets sont non pelletables. Pour les déchets relevant de la rubrique
2760, une adaptation est toutefois possible pour permettre un stockage dont la composition
correspond au fond géochimique local (sans dépasser d’un facteur 3 les limites de l’annexe II, et
d’un facteur 2 la valeur pour le Carbone Organique Total COT sur l’éluat).
Cet arrêté préconise une évaluation a minima du potentiel polluant par un essai de lixiviation (par
un test normalisé NF EN 12457-2) pour certains paramètres, repris dans le tableau X.
6 Service d'études sur les transports, les routes et leurs aménagements
Etude n°14-1023/1A 37
Tableau X : Valeurs limite (mg/kg MS) préconisées par l’arrêté du 28/10/2010 – Tests de lixiviation NF EN 12 457-2
Critères
Valeur limite à respecter
(en mg/kg de matière
sèche)
As 0,5
Ba 20
Cd 0,04
Cr (total) 0,5
Cu 2
Hg 0,01
Mo 0,5
Ni 0,4
Pb 0,5
Sb 0,06
Se 0,1
Zn 4
Chlorure **** 800
Fluorure 10
Sulfate **** 1000 **
Indice phénols 1
COT sur éluat *** 500
FS (fraction soluble) 4000
D’autres paramètres sont également à analyser en contenu total (tableau XI):
Tableau XI : Valeurs limite (mg.kg Déchet Sec) préconisées par l’arrêté du 28/10/2010 – Analyses en contenu total
Paramètres Valeur limite à respecter (en
mg/kg de déchet sec)
COT 30 000
BTEX 6
PCB (7) 1
HC (C10 à C40) 500
HAP 50
d. Valorisation en remblaiement de carrières
L’arrêté du 22/09/1994 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier
traitement des matériaux de carrières, et notamment le point 12.3, encadre la valorisation en
remblaiement de carrières et a été modifié successivement par deux arrêtés :
Etude n°14-1023/1A 38
L’arrêté du 05/05/2010, relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier
traitement des matériaux de carrière ;
L’arrêté du 12/03/2012, relatif au stockage des déchets d’amiante.
Réglementairement, le remblayage des carrières doit être géré de manière à assurer la stabilité
physique des terrains remblayés. Il ne doit pas nuire à la qualité du sol, compte tenu du contexte
géochimique local, ainsi qu’à la qualité et au bon écoulement des eaux, l’annexe I de l’arrêté du
05/05/2010 précise qu’une terre est considérée comme non polluée dès lors que ses
caractéristiques sont cohérentes avec le fond géochimique naturel local.
Lorsque le remblayage est réalisé avec un apport de matériaux extérieurs (déblais de terrassements,
matériaux de démolition...), ceux-ci devront être préalablement triés de manière à garantir
l’utilisation des seuls matériaux inertes. Lorsque les matériaux extérieurs sont des déchets, seuls les
déchets inertes peuvent être admis dans l’installation.
Les déchets dangereux, en particulier les déchets de matériaux de construction contenant de
l’amiante relevant du code 17 06 05* de la liste des déchets figurant à l’annexe II de l’article R. 541-
8 du CE, ne sont pas admis dans l’installation. Cet alinéa ne s’applique pas lorsque l’installation est
également classée sous la rubrique 2760 de la nomenclature des installations classées (ISD autres
que celles mentionnées à la rubrique 2720 qui correspond au stockage de déchets résultant de la
prospection, de l’extraction, du traitement et du stockage de ressources minérales ainsi que de
l’exploitation de carrières).
e. Valorisation en aménagement paysager, en génie côtier et en produits de construction
Comme cité précédemment, cette filière de valorisation est encadrée par l’arrêté du 12/12/2014.
De plus, la norme NF EN 12920+A1 est recommandée dans le cadre notamment d’une étude
spécifique de sédiments en vue d’une de ces trois valorisations (aménagement paysager, génie côtier
et produits de construction). Elle préconise entre autres la caractérisation des matériaux avant et
après traitement (ou pré-traitement), la mise en place et le suivi du scénario de valorisation, la
modélisation du transfert de contaminants vers le milieu environnant et la validation des modèles.
Le projet Sédimatériaux, dont l’objectif est de faire émerger des filières de gestion et de valorisation
des sédiments à terre, repose sur la mise en commun de données techniques et environnementales
issues de la réalisation d’ouvrage expérimentaux de référence à échelle réelle à partir de sédiments
issus de dragage portuaires ou fluviaux (DREAL NPC, 2011). Dans le cadre du projet, une
méthodologie basée sur les principes de cette norme a été élaborée et propose des solutions
opérationnelles aux gestionnaires et/ou détenteurs de sédiments. Cette démarche se découpe en
trois phases, qui permettent de valider la faisabilité technique et environnementale du projet :
- phase 1 : une phase de caractérisation, pour une connaissance du gisement de sédiments
plus une étude d’impact du projet ;
- phase 2 : une phase d’étude en laboratoire, avec une étude de formulation et une réalisation
de planches expérimentales ;
- phase 3 : une étude de terrain, avec la réalisation de prototypes sur le terrain et une
évaluation des caractéristiques géotechniques et mécaniques ainsi que de l’impact
environnemental (Mamindy-Pajany, 2014).
Etude n°14-1023/1A 39
La phase de caractérisation (phase 1) demande des analyses complémentaires sur le gisement de
sédiments qui doivent être non dangereux et non radioactifs. L’évaluation des caractéristiques
géotechniques et mécaniques donnera des préconisations techniques pour la réalisation du projet.
L’évaluation de l’impact environnemental se fera par le biais d’analyses chimiques (métaux, HAP,
PCB, BTEX, TBT, hydrocarbures HC) et environnementales (tests de lixiviation NF EN 12457-2
et de percolation NF CEN/TS 14405) qui aboutiront également à des préconisations. Une étude
d’impact sur le site récepteur après sa sélection permettra de caractériser l’état initial du site, l’impact
environnemental et le risque sanitaire et d’évaluer ainsi les risques sanitaires et environnementaux.
La phase d’étude en laboratoire (phase 2) repose sur des analyses physiques, mécaniques,
environnementales. Des analyses chimiques et écotoxicologiques sont réalisées sur les eaux de
ruissellement et de percolation.
Dans la phase d’étude terrain (phase 3), un suivi visuel et géotechnique doit être mis en place pour
le contrôle des sédiments déshydratés utilisés. L’installation de piézomètres permet le prélèvement
des eaux d’infiltration par des analyses physico-chimiques en laboratoire (polluants, pH,
conductivité, éléments majeurs, …) et des analyses écotoxicologiques. Le suivi environnemental du
site récepteur est assuré par l’analyse des eaux de surface et de sédiments des systèmes aquatiques
situés à proximité de l’ouvrage, ainsi que par l’état de la faune et de la flore et une analyse de la
qualité des sols (Mamindy-Pajany, 2014).
Des réalisations d’exhaussement de sols (merlons paysagers, murs d’isolation phonique, …) sont
également possibles. Au titre de l’article L.541-30-1 du Code de l’Environnement, l’utilisation de
déchets inertes pour la réalisation de travaux d’aménagement, de réhabilitation ou à des fins de
construction ne rentre pas dans le champ des Installations de Stockage de Déchets Inertes. L’article
R.441-19 du code de l’urbanisme prévoit que les exhaussements de sol dont la surface est inférieure
à 2 hectares et dont la hauteur est inférieure à 2 m doivent faire l’objet d’un permis d’aménager
délivré par le maire de la commune. Lorsque ces dimensions sont dépassées, il est prévu au titre du
décret n°2011-2019 du 29/12/2011 qu’ils soient soumis à étude d’impact. La différence entre un
aménagement des fins utiles et un stockage de déchets réalisé de manière irrégulière mériterait d’être
éclaircie car aucun critère précis n’est donné dans les textes cités ci-dessus. De même, la
réglementation ne prévoit aucune limite de répétitivité à ces aménagements, ce qui entraîne des
dérives importantes sur les surfaces totales occupées par ces déchets (Vernus et al. 2013).
Il existe un guide méthodologique, issu des travaux de SEDILAB, sur la valorisation des sédiments
de dragage en aménagement paysager publié en 2014 (Abriak et al, 2014).
f. Valorisation en couverture d’installation de stockage de déchets
Cette filière de valorisation est également encadrée par l’arrêté du 12/12/2014. Les sédiments
présentant une nature fine et argileuse peuvent être utilisés dans les couvertures intermédiaires ou
finales des ISD. Les sédiments utilisés en tant que matériau nécessaire à l’exploitation doivent
respecter les caractéristiques d’admissibilité des Déchets Non Dangereux (DND) définies par
l’arrêté du 15/02/2016 relatif aux Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux, qui
remplacera au 1er Juillet 2016 celui du 09/09/1997. Dans le cadre d’une couverture définitive de
l’installation, seuls des sédiments inertes doivent être utilisés. Les exigences du plan de couverture
sont fixées par l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploiter de l’ISD.
Etude n°14-1023/1A 40
L’annexe III fixe la caractérisation de base des déchets admissibles dans ce type d’installation. Celle-
ci constitue la première étape de la procédure d’admission, en caractérisant de manière globale le
déchet en rassemblant les informations attestant du respect des critères correspondant à la mise en
décharge pour déchets non dangereux, informations du type source et origine du déchet,
composition du déchet (odeur, couleur, apparence physique) et son comportement à la lixiviation.
Le contenu de la caractérisation, l'ampleur des essais requis en laboratoire et les relations entre la
caractérisation de base et la vérification de la conformité dépendent du type de déchets. Il convient
cependant de réaliser le test de potentiel polluant basé sur la réalisation d'un essai de lixiviation via
un test de lixiviation à réaliser selon les normes en vigueur. L'analyse des concentrations contenues
dans le lixiviat porte sur les métaux (As, Ba, Cd, Cr total, Cu, Hg, Mo, Ni, Pb, Sb, Se et Zn), les
fluorures, l'indice phénols, le carbone organique total (COT) sur éluat ainsi que sur tout autre
paramètre reflétant les caractéristiques des déchets en matière de lixiviation. La siccité du déchet
brut et sa fraction soluble sont également évaluées. Les tests et analyses relatifs à la caractérisation
de base peuvent être réalisés par le producteur du déchet, l'exploitant de l'ISD ou tout laboratoire
compétent.
Les casiers sont munis dès la fin d’exploitation d’une couverture intermédiaire dont l’objectif est
de limiter les infiltrations des eaux pluviales et la limitation des émissions gazeuses. L’épaisseur de
cette couverture est de 0,5 mètre, constituée de matériaux inertes dont la perméabilité est inférieure
à 1.10-7 m/s. Au plus tard deux ans après la fin d’exploitation, tout casier est recouvert d’une
couverture finale. Celle-ci est composée du bas vers le haut de :
une couche d’étanchéité ;
une couche de drainage des eaux de ruissellement composée de matériaux naturels d’une
épaisseur minimale de 0,5 mètre ou de géosynthétique ;
une couche de terre de revêtement d’une épaisseur minimale d’un mètre.
Des travaux de revégétalisation sont engagés dès l’achèvement des travaux de mise en place de la
couverture finale. La flore utilisée est autochtone et non envahissante, afin de maintenir l’intégrité
de la couche d’étanchéité, l’enracinement étant compatible avec l’épaisseur de la couche de terre.
L’exploitant met en place un programme de surveillance de ses rejets sur le long terme, et à minima
le contrôle des lixiviats, des rejets gazeux et des eaux de ruissellement fixé dans l’annexe II du
présent arrêté.
Un guide réalisé par le BRGM et l’ADEME a été publié en 2001 afin d’aider aux dimensionnement
des couvertures des sites de stockage de déchets non dangereux en intégrant le caractère évolutif
du système (Vernus et al, 2013).
g. Valorisation en renforcement/confortement de berges
Cette filière de valorisation est également encadrée par l’arrêté du 12/12/2014. L’article L.215-14
du code de l’environnement encadre également tous travaux d’extraction de sédiments non réalisés
par le riverain ou bien non réalisés dans le cadre d’un entretien régulier. Dans ce cas, l’auteur des
travaux est soumis à une procédure de déclaration ou d’autorisation selon le volume de sédiments
extrait au cours d’une année et selon la concentration en métaux lourds de ces sédiments, définis
par l’arrêté du 09/08/2006, relatif aux niveaux à prendre en compte lors d'une analyse de rejets
dans les eaux de surface ou de sédiments marins, estuariens ou extraits de cours d'eau ou canaux :
Etude n°14-1023/1A 41
- Supérieur à 2 000 m3 (autorisation) ;
- Inférieur ou égal à 2 000 m3 dont la teneur des sédiments extraits est supérieure ou égale
au niveau de référence S1 (autorisation) ;
- Inférieur ou égale à 2 000 m3 dont la teneur des sédiments extraits est inférieure au niveau
de référence S1 (déclaration).
Le stockage temporaire des matériaux fins (vases, sables, limons) extraits du lit mineur du cours
d'eau et des débris végétaux est effectué de manière à limiter le risque de départ vers le lit mineur
du cours d'eau. En cas de régalage ou de mise en dépôt, même provisoire, de matériaux à proximité
du cours d'eau, le bénéficiaire de l'autorisation ou le déclarant doit s’assurer que des dispositions
efficaces sont prises pour éviter toute contamination des eaux, en particulier par ruissellement
(arrêté du 30/09/2014).
Les sédiments peuvent être déposés sur les berges ou valorisés en renforcement de berges s’ils sont
inertes ou présentent des caractéristiques inférieures aux seuils N2 ou S1 de l’arrêté Géode
(Schneider). Le régalage sur berge consiste à déposer les sédiments en formant une bande de 5 à
10 cm de large et de 10 à 30 cm d’épaisseur. Cette mise en cordon le long des cours d’eau présente
certains inconvénients :
- La création d’un cordon riche en azote provoquant une mauvaise évacuation des eaux de
ruissellement ;
- La formation d’un néosol le long du cours d’eau ; néosol en voie de formation au sens
chimique du terme, les composantes chimiques et organiques du sédiment extrait ne sont
pas à l’équilibre avec le milieu aérien, il s’en suit un processus de transformation plus ou
moins lent, jusqu’à l’obtention d’un sol ayant des caractéristiques pédologiques et
agronomiques spécifiques.
L’arrêté du 13/02/2002 pour la consolidation ou la protection des berges (à l’exclusion des canaux
artificiels), modifié par l’arrêté du 27/07/2006 rappelle que :
- L’espace de mobilité doit être conservé et « les ouvrages ne devront pas réduire la section
d’écoulement naturelle du cours d’eau ni conduire à créer une digue et à rehausser le niveau
du terrain naturel » ;
- L’impact potentiel sur cet espace doit être évalué par une étude d’incidence « sur un secteur
représentatif du fonctionnement géomorphologique du cours d’eau en amont et en aval du
site, sur une longueur minimale totale de cinq kilomètres » ;
- Et « d’une manière générale, les protections de berge trop lisses sont proscrites et les
techniques qui permettent d’obtenir la même rugosité que celle de la rivière doivent être
privilégiées, pour éviter les risques d’affouillement directement à l’aval et d’accélération de
l’écoulement de l’eau ».
L’entretien de la ripisylve7, sur berges naturelles ou artificielles, est abordé dans l’arrêté du
29/02/2008. L’exploitant des ouvrages ou installations doit constituer un dossier portant
notamment sur (i) les modalités d’entretien et de vérifications périodiques du corps de l’ouvrage et
des divers organes mobiles ou fixes et (ii) le contrôle de la végétation (les espèces végétales vivantes
7 Formations végétales qui se développent sur les cours d’eau ou des plans d’eau situés dans la zone
frontière entre l’eau et la terre
Etude n°14-1023/1A 42
devant avoir été choisies parmi les espèces naturellement présentes sur les berges et rives des cours
d’eau, ou écologiquement adaptées : hélophytes, aulnes, saules, etc). Le contrôle de la végétation
devra se faire dans le respect des dynamiques écologiques du milieu (préservation des espèces
locales, préservation des habitats, de la trame verte et bleue, etc). La préservation des espèces locales
est également recommandée dans la circulaire n°426 du 24/07/2002 par le choix d’espèces
végétales vivantes naturellement présentes ou écologiquement adaptées pour les opérations de
gestion des berges et des rives des cours d'eau (Anteagroup, 2012b).
h. Valorisation en couverture de friches industrielles
Le projet de révision de la circulaire du 08/02/2007 relative aux modalités de gestion et de
réaménagement des Sites et Sols Pollués (SSP) propose que les modalités réglementaires encadrant
la valorisation en couverture de friche industrielle dépendent de la législation sur les SSP. Pour
rappel, les modalités de gestion et de réaménagement des sites pollués encadrées par la Circulaire
du 08/02/2007 relative aux SSP constituent une base méthodologique robuste et reconnue par les
acteurs du domaine.
La gestion de sites (potentiellement) pollués suit deux étapes :
- la première étape est la réalisation du schéma conceptuel, qui permet d’appréhender les
sources de pollution, les différents milieux de transfert et leurs caractéristiques pour
déterminer l’étendue des pollutions, les enjeux à protéger (populations riveraines,
ressources naturelles à protéger).
C’est le fondement nécessaire à une politique de gestion du risque selon l’usage.
- la seconde étape met en œuvre des actions complémentaires, définies à l’issue d’une
démarche d’interprétation de l’état des milieux (IEM) et/ou de plan de gestion.
Ces deux démarches de gestion (IEM et plan de gestion), selon le cas, peuvent être mises en œuvre
indépendamment l’une de l’autre, simultanément ou successivement. Elles sont caractérisées par :
La démarche d’IEM : démarche pour laquelle il s’agit de s’assurer que l’état des
milieux est compatible avec des usages déjà fixés. C’est une démarche de gestion à
part entière, progressive et proportionnée à toutes ses étapes, qui conduit à
identifier précisément l’ensemble des voies et des expositions pertinentes et à
s’appuyer sur des campagnes de mesures réalisées dans les différents milieux
d’exposition susceptibles de poser problème pour caractériser leur état de pollution
éventuel. A l’issue d’une démarche d’interprétation de l’état des milieux, et dès lors
que des actions simples de gestion ne sont pas suffisantes, un plan de gestion peut
être nécessaire pour rétablir la compatibilité entre l’état des milieux et les usages ;
Le plan de gestion : démarche lorsque la situation permet d’agir aussi bien sur l’état
du site (par des aménagements ou des mesures de dépollution) que sur les usages
qui peuvent être choisis ou adaptés. La politique de gestion des risques suivant
l’usage ne dispense en aucune manière de rechercher les possibilités de suppression
des sources de pollution compte tenu des techniques disponibles et de leurs coûts
économiques. La maîtrise des sources de pollution et de leurs impacts est un aspect
fondamental du plan de gestion car elle participe :
à la démarche globale de réduction des émissions de substances responsables
de l’exposition chronique des populations ;
à la démarche globale d’amélioration continue des milieux.
Etude n°14-1023/1A 43
Lorsque les caractéristiques du plan de gestion ne permettent pas de supprimer toutes possibilités
de contact entre les pollutions et les personnes, les risques sanitaires potentiels liés aux expositions
résiduelles doivent être évalués et appréciés. L’Analyse des Risques Résiduels (ARR) est l’outil dédié
à cet effet et est une évaluation quantitative des risques sanitaires réalisée sur les expositions
résiduelles.
Pour tenir compte des évolutions réglementaires, méthodologiques, toxicologiques et du retour
d’expérience acquis depuis 2007, le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer a
élaboré, en partenariat avec l’ADEME, le BRGM et l’INERIS, un projet de guide méthodologique.
Avant sa finalisation, celui-ci est soumis à consultation par l’ensemble des acteurs concernés. La
date limite d’envoi des avis pour cette consultation initialement prévue au 30 Avril a été repoussée
au 30 Mai 2016.
4. Réglementation encadrant le stockage
L’arrêté du 15/02/2016 relatif aux installations de stockage de déchets de sédiments fixe des
prescriptions techniques applicables aux installations de stockage de déchets de sédiments
comparables aux ISDND et a donc modifié celui du 12/12/2014. Ces installations sont désormais
adaptées aux déchets de sédiments, du fait de l'importance des eaux présentes dans les sédiments
de dragage. De plus, il permet désormais d’accueillir au sein d’une ISDND transformée des déchets
de sédiments non dangereux et dangereux (ceux-ci devant cependant être stables et non réactifs).
Stockage vs valorisation
La valorisation est moins coûteuse que la mise en installation de stockage de déchets (ISD),
notamment par le transport et la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP). En 2013, la
TGAP était en moyenne de 25 €/m3. Elle a été estimée à 29 €/m3 en 2015. Même avec la création
de plateformes de traitements et/ou de transit nécessaires à la valorisation des sédiments, le coût
de cette valorisation resterait bien moindre que celui de la mise en ISD (MIE, 2014).
Par exemple, pour 160 000 m³ de sédiments non dangereux dragués sur 10 ans sur la Métropole
Européenne de Lille les coûts représentent :
- 2 à 3 M€ pour le curage ;
- 17 M€ pour la mise en décharge ;
- 2,7 à 5 M€ pour le traitement/la valorisation
entre 0,2 et 1 M€ pour la création et la gestion de plateformes de traitement ;
dans le cas d’une valorisation en éco-modelé paysager, entre 2,5 M€ et 4 M€
supplémentaires.
Ainsi, le choix de la valorisation pourrait représenter entre 12 et 14 M€ d’économie par
rapport au choix de la mise en décharge (MIE, 2014).
5. Réglementation encadrant la traçabilité
Afin d’assurer la traçabilité de certains déchets et de constituer une preuve de leur élimination, un
bordereau de suivi de déchets (BSD) peut être imposé, il doit être rempli par tous les intermédiaires.
Ce bordereau comporte des indications sur la provenance des déchets, leurs caractéristiques, les
Etude n°14-1023/1A 44
modalités de collecte, de transport et d’entreposage, l’identité des entreprises concernées et la
destination des déchets.
Déchets dangereux vs déchets non dangereux ou inertes
Dans le cadre du traitement des déchets dangereux (en référence au Code de l’Environnement,
article L.541-7), ce bordereau est obligatoire. Ces déchets sont ceux signalés par un astérisque dans
la nomenclature des déchets, ainsi que les déchets radioactifs destinés à être traités dans des ICPE
(Code de l’Environnement, articles R.541-42 à R.541-48).
Dans le cas des déchets non dangereux ou des déchets inertes, les BSD peuvent être exigés
notamment par certains producteurs de matériaux qui souhaitent s’assurer de la bonne provenance
des déchets. Un registre peut être mis en place, son contenu est fixé par l’arrêté du 29/02/2012.
Le public concerné par cet arrêté est les exploitants des établissements produisant ou expédiant des
déchets, les collecteurs, les transporteurs, les négociants et les exploitants des installations de transit,
de regroupement ou de traitement de déchets ainsi que les exploitants des installations visées à
l'article L. 214-1 ou des installations visées à l'article L. 511-1 qui traitent des substances ou objets
qui sont des déchets afin qu'ils cessent d'être des déchets conformément à l'article L. 541-4-3.
L’article 18 de l’arrêté 15/02/2016 relatif aux installations de stockage de déchets de sédiment
prévoit l’installation d’outil de contrôle quantitatif des déchets de sédiments. Une caractérisation
de base est demandée dans le cadre de l’admission et notamment la source et l’origine des déchets
de sédiments, des données concernant la composition et le comportement à la lixiviation, ainsi que
la dangerosité ou non des déchets de sédiments. Un lot de déchets de sédiments n'est admis dans
une installation de stockage qu'après délivrance par l'exploitant au producteur ou au détenteur du
déchet, d'un certificat d'acceptation préalable.
6. Synthèse de la législation française
Une synthèse des différentes législations encadrant les filières de valorisation à terre des sédiments
est présentée dans le tableau XII. Celui-ci est suivi du tableau XIII qui synthétise les limites
réglementaires de ces législations pour la problématique des sédiments gérés à terre.
Etude n°14-1023/1A 45
Tableau XII : Récapitulatif des réglementations encadrant les filières de valorisation à terre des sédiments
Epandage agricole
Arrêté du 08/01/1998
Valeurs limites :
- Eléments Trace (hors l’arsenic),
- 3 HAP (contre 16 pour arrêté Géode)
- Somme des PCB
- Ntotal, DBO5
- Pas de valeur pour le TBT Article R 211-31 du CE
- Les sédiments présentent un intérêt agronomique pour le sol ou pour la nutrition des cultures et des plantations (article R 211-31 du CE) ;
- L’usage et la manipulation des sédiments lors de cette opération ne portent pas atteinte à la santé, à l’état phytosanitaire des cultures, la qualité
des sols et des milieux aquatiques (article R 211-31 du CE).
Arrêté du 30/05/2008
Pour l’accord des propriétaires des parcelles concernées par l’opération
Aménagement paysager
Travaux maritimes
Produits de construction
Arrêté du 12/12/2014
(modifiant celui du
28/10/2010)
Valeurs limites :
- ET
- Chlorures, fluorures, sulfates
- Indice phénols
- COT sur éluat
- Fraction soluble
- BTEX
- PCB
- HC (C10 à C40)
- HAP
Norme NF EN-12920+A1
Trois phases :
- Caractérisation aboutissant à des préconisations géotechniques et environnementales
- étude en laboratoire avec des analyses physiques, mécaniques, environnementales
- étude terrain avec un suivi visuel, géotechnique et des analyses physico-chimiques et écotoxicologiques
Renforcement de berges
Régalage sur les berges
CE 215.14
Pour des travaux d’extraction de sédiments non réalisés par le riverain ou non réalisés dans le cadre d’un
entretien régulier
Arrêté 09/08/2006
Utilisation de sédiments acceptables en immersion par les seuils de l’arrêté « Géode » => Régime
d’autorisation ou de déclaration selon les volumes extraits et les concentrations des contaminants possibles
de l’arrêté Géode
Remblaiement de carrières
Arrêté du 22/09/1994, modifié par les arrêtés du 05/05/2010 puis du 12/03/2012
Le remblayage est géré de manière à en assurer sa stabilité physique. Il ne doit pas nuire à la qualité du sol
(compte tenu du contexte géochimique local) et à la qualité et au bon écoulement des eaux
Etude n°14-1023/1A 46
Couverture finale
d’ISDND
Arrêté du 15/02/2016, relatif aux Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (remplace
celui du 09/09/1997 au 1er Juillet)
Caractérisation des concentrations dans les lixiviats en ET, fluorures, indice phénols, COT sur éluat, de la
siccité et de la fraction soluble.
Végétalisation à entreprendre par des espèces autochtones et non invasives
Programme de surveillance des rejets sur le long terme (physico-chimique).
Pas de seuil pour le TBT
Couverture de friche
industrielle
Circulaire du 08/02/2007 relative aux sites et sols pollués (nouveau guide en cours de consultation par le MEDDE)
Deux étapes :
- Constitution du schéma conceptuel faisant figurer les sources de pollution, les différents milieux de transfert et leurs caractéristiques pour déterminer l’étendue des pollutions, et les enjeux à protéger (populations riveraines et ressources naturelles à protéger
- La mise en œuvre d’actions complémentaires, qui seront définies à l’issue d’une démarche d’interprétation de l’état des milieux (IEM) et/ou de plan de gestion
Deux démarches de gestion :
- L’IEM, pour laquelle il s’agit de s’assurer que l’état des milieux est compatible avec l’usage déjà fixé
- Le plan de gestion, lorsque la situation permet d’agir aussi bien sur l’état du site (par des aménagements ou des mesures de dépollution) que sur les usages qui peuvent être choisis ou adaptés
Stockage
(durée > 3ans)
Arrêté du 15/02/2016, relatif aux Installations de Stockage de Déchets de Sédiment (applicable au 1er Juillet)
L’annexe I fixe les critères à respecter pour l'acceptation de déchets de sédiments dangereux (ET, chlorure, fluorure, sulfate, COT sur éluat,
fraction soluble).
L’annexe II fixe les critères minimaux applicables aux rejets d’eaux de ressuyage et des lixiviats (MES totale, COT, DCO, DBO5, Ntotal, Ptotal,
phénols, métaux totaux (dont Cr VI, Cd, Pb, Hg, As, Fluor et composés fluorés, CN libres, HC totaux, composés organiques halogénés).
L’annexe III fixe les dispositions relatives au contrôle des eaux (volume et composition des eaux de ruissellement), des lixiviats (volume et
composition) et des gaz (qualité du biogaz capté et pression atmosphérique ; équipement de valorisation et de destruction du biogaz
Le contenu de la caractérisation, l'ampleur des essais requis en laboratoire et les relations entre la caractérisation de base et la vérification de la conformité dépendent du type de sédiments. Il convient cependant de réaliser le test de potentiel polluant basé sur la réalisation d'un essai permettant d'évaluer le passage des polluants dans l'eau et le contenu total en polluants fréquemment présents dans les sédiments
Tableau XII (suite) : Récapitulatif des réglementations encadrant les filières de valorisation à terre des sédiments
Etude n°14-1023/1A 47
Tableau XIII : Limites de la réglementation pour la gestion à terre des sédiments
Epandage agricole
Volumes possibles à épandre peu importants
Seuils réglementaires maximum non en rapport avec la contamination des sédiments
Pas de réglementation ni de seuils pour certains polluants plus caractéristiques des sédiments et notamment en ce qui concerne les
organostanniques (TBT et dérivés), l’arsenic, d’autres HAP (seuls 3 HAP ont une valeur limite contre 16 dans l’arrêté « Géode », le détail des
PCB (juste la somme pour l’arrêté du 08/01/1998, dans l’arrêté géode, une valeur seuil pour chacun des 7 PCB indicateurs)
Valeur de NTOT et DBO5 très probablement inférieur aux seuils de déclaration (au regard des « boues » épandues actuellement en France,
sous réserve d’innocuité)
Aménagement paysager
Travaux maritimes
Produits de construction
Caractérisation physico-
chimique uniquement avec des
valeurs limites à respecter
Pas de valeur limite pour les
organostanniques
Au cours de la phase I, analyse de l’impact environnemental par des analyses chimiques et des tests
lixiviation/percolation. Existence d’une étude d’impact du site récepteur.
Au cours de la phase II, analyses écotoxicologiques sur les eaux de ruissellement et de percolation.
Mise en place d’un suivi physico-chimique par la mise en place de piézomètre avec en plus une analyse de
la qualité des sols et l’état de la faune et la flore.
Renforcement de berges
Régalage sur les berges
Les analyses supplémentaires prévues par cet arrêté dans le cas d’une valorisation en renforcement de berges
ne prévoient que des analyses physico-chimiques, sans tenir compte de la présence éventuelle
d’organostanniques pour lesquels il n’y a pas de valeur limite.
Remblaiement de
carrières Utilisation de sédiments inertes uniquement
Couverture finale
d’ISDND
Pas de valeur seuil pour le TBT.
Programme de surveillance des rejets sur le long terme (uniquement physico-chimique), pour une
préservation de la ressource en eau.
Couverture de friche
industrielle
Circulaire en cours de consultation pour évolution de la réglementation.
Filière ponctuelle, encore peu connue.
L’utilisation de sédiments pourrait engendrer des problèmes de compatibilité avec certaines requalifications.
Etude n°14-1023/1A 48
IV. Discussion
A l’échelle européenne, les Directives retranscrites en droit national ne présentent pas le même
niveau d’avancement selon les pays, certaines étant retranscrites dans un pays mais pas dans l’autre.
De même, la valeur des seuils considérés dans la législation relative aux sédiments de dragage ainsi
que la méthode de calcul de ces valeurs de référence varie selon les pays.
A titre d’exemple, la législation française préconise la mesure de la concentration de 7 PCB et les
considère indépendamment alors que le Royaume Uni préconise la mesure de la concentration de
25 PCB (cette liste incluant les 7 PCB préconisés par la législation française) à partir de laquelle elle
déduit une concentration totale en PCB (Le Gac et al. 2011).
Par ailleurs, malgré un cadre réglementaire européen commun, le statut du sédiment influence la
rigueur réglementaire associée à sa gestion. En effet, les pays considérant le sédiment dragué
comme un déchet et mettant en œuvre les Directives européennes sur les déchets disposent d’un
cadre réglementaire plus restrictif que les pays mettant en œuvre les directives européennes sur
l’eau. Ce constat démontre un lien entre le statut du sédiment et la législation relative à la gestion
et donc la valorisation des sédiments dragués.
Au regard des valeurs de référence considérées pour définir la dangerosité du sédiment, il existe
également des différences entre les pays de l’UE. Pour illustrer ce propos, les valeurs seuils N1/N2
pour les éléments trace ont été regroupées dans le tableau XIV pour neuf des pays de l’UE. Les
valeurs sont présentées en mg/kg de matière sèche.
Tableau XIV : Comparaison des seuils pour quelques éléments traces pour différents pays de l’UE (d’après le Gac et al., 2011)
Allemagne Belgique Danemark Espagne Finlande France Irlande RU Norvège
N1 N2 N1 N2 N1 N2 N1 N2 N1 N2 N1 N2 N1 N2 N1 N2 N1 N2
Mercure 1 5 0,3 1,5 0,25 1 0,6 3 0,1 1 0,4 0,8 0,2 0,7 0,3 3 0,6 5
Cadmium 2,5 12,5 2,5 7 0,4 2,5 1 5 0,5 2,5 1,2 2,4 0,7 4,2 0,4 5 1 10
Chrome 150 750 60 220 50 270 200 1000 65 270 90 180 120 370 40 400 300 5 000
Cuivre 40 200 20 100 20 90 100 400 50 90 45 90 40 110 40 400 150 1 500
Plomb 100 500 70 350 40 200 120 600 40 200 100 200 60 218 50 500 120 1 500
Arsenic 30 150 20 100 20 60 80 200 15 60 25 50 9 70 20 100 80 1 000
Zinc 350 1750 160 500 130 500 500 3000 170 500 276 552 160 410 130 800 700 10 000
Nickel 50 250 70 280 30 60 100 400 45 60 37 74 21 60 20 200 130 1 500
Comme le montre le tableau XIV, il existe une différence parfois très importante entre les valeurs
de référence considérée pour un même contaminant. Par exemple, nous pouvons noter que :
- Pour le mercure : un facteur 50 existe entre le N1 le plus bas (en Finlande) et le N2 le plus
élevé (en Norvège et en Allemagne) ; la valeur seuil N1 de l’Allemagne (1 mg/kg de MS)
étant déjà supérieure à N2 pour la France et l’Irlande ;
- Pour le plomb : un facteur de 37,5 existe entre le N1 le plus bas (en Finlande et au
Danemark) et le N2 le plus élevé (en Norvège).
Notons également que, parmi les neuf pays européens dont les seuils pour les éléments trace sont
présentés dans le tableau XIV, la France figure parmi les pays possédant les valeurs de référence
les plus contraignantes (Le Gac et al., 2011). Cette observation étant, comme évoqué
précédemment, très probablement corrélée au statut réglementaire des sédiments dragués, la France
Etude n°14-1023/1A 49
ayant adoptée le cadre réglementaire le plus restrictif en matière de gestion et de valorisation des
sédiments de dragage.
Il est important également de souligner qu’en fonction des pays, la gestion des sédiments considérés
comme « dangereux » est variable. A titre d’exemple, alors qu’en France, les sédiments dangereux
font l’objet d’une gestion spécifique et ne peuvent être valorisés, aux Pays-Bas, ils peuvent, sous
certaines conditions, être valorisés en tant que matériau. De plus, certains pays, notamment les
Pays-Bas et la Belgique, tiennent davantage compte des émissions que des concentrations totales
en contaminants dans le sédiment brut. En effet, la Flandre et les Pays-Bas peuvent autoriser des
dépassements de seuils en contaminants de sédiments bruts lorsque les émissions du matériau
produit à partir de ces sédiments ne dépassent pas une autre catégorie de valeurs seuils. Dans le cas
présent, ce sont des résultats de tests de lixiviation qui sont considérés.
En procédant ainsi, ces pays augmentent les possibilités de valorisation de sédiments, d’autant que
celles-ci peuvent inclure des applications utilisant des sédiments à grande échelle
(http://www.ceamas.eu/fr).
La transposition en droit français d’une partie de la Directive Cadre européenne 2008/98/CE par
le décret 2012-602 du 30/04/2012 permet d’envisager pour un déchet la sortie de son statut pour
autant qu’il réponde à différentes caractéristiques, qui sont (i) s’il est valorisé, (ii) si la valorisation
a lieu dans une installation classée, (iii) s’il répond à quatre critères (la substance est couramment
utilisée et à des fins spécifiques ; elle répond à un marché stable ; elle remplit les exigences
techniques aux fins spécifiques et respecte la législation et les normes applicables au produit pour
lequel elle est utilisée ; l’utilisation du déchet valorisé n’a pas d’effets globaux nocifs pour
l’environnement ou la santé humaine), (iv) ces critères étant fixés par l’autorité administrative
compétente (communautaire ou étatique). Toutefois, ce texte ne pourra pas être utilisé dans le cas
des sédiments pour deux principales raisons : la première est qu’il n’existe pour l’instant pas de
véritable marché stable et la seconde compte tenu de leur difficile caractérisation (Pas, 2012).
De par la variabilité de l’environnement et des caractéristiques des sédiments, l’évaluation de leurs
qualités est un problème complexe (Charriau, 2009). De plus, au travers des quelques exemples de
pays européens décrits dans la partie 1, les valeurs de référence permettant de déterminer une
« qualité » ne sont pas forcément identiques (existence d’un ou de plusieurs seuils, valeurs de seuil
pouvant être différentes selon les pays), et les méthodes permettant l’analyse des différents
contaminants peuvent également différer selon les pays.
Dans le cadre du projet européen SETARMS, 13 pays européens ont été étudiés, et notamment les
techniques évaluant la dangerosité des sédiments. Une analyse prospective de la réglementation
actuelle et future a également été menée (Dumay, 2015). L’immersion en mer constitue la principale
voie de devenir des sédiments, pour laquelle une caractérisation des sédiments est définie par les
conventions internationales (OSPAR, Londres, Barcelone, Helsinki). Cette caractérisation consiste
essentiellement en des analyses physico-chimiques dont les résultats sont comparés à des seuils
fixés par chaque Etat. Le nombre de seuils, ainsi que la méthode d’analyse (fraction
granulométrique) et les concentrations diffèrent selon les pays étudiés : une majorité de pays étudiés
présentent deux seuils, sauf pour la Norvège pour laquelle il en existe quatre, la Suède cinq et les
Pays-Bas un. Certains pays présentent des valeurs strictes d’immersion (Belgique, Danemark,
Pologne, Finlande…).
Etude n°14-1023/1A 50
En plus d’une variabilité des seuils, les pays présentent une grande diversité au niveau des analyses :
- Les polluants organiques (hexachlorobenzène, DDT, huile minérale, etc) ;
- Les PCB sont analysés soit de façon individuelle (France, Irlande, Finlande) ou par l’analyse
de la somme de plusieurs (somme de 7 ou de 25, Royaume Uni par exemple) ;
- Le TBT et les HAP ne sont pas analysés dans tous les pays et/ou peuvent être analysés de
façon différente.
Globalement, l’évaluation de l’impact du dragage et de l’immersion, pour la plupart des pays
étudiés, se basent sur des valeurs chimiques, associées parfois à des valeurs de toxicité sur des
organismes marins. En fonction de la destination en mer ou à terre, la caractérisation et la notion
de dangerosité diffèrent selon la stratégie développée par les pays. Il n’y a aucun consensus sur
l’utilisation des tests écotoxicologiques, qu’ils soient marins ou terrestres, en raison de leur
sensibilité par rapport aux contaminants, ce qui explique que de nombreux Etats préfèrent ne pas
les utiliser (Dumay, 2015).
Pour la gestion à terre des sédiments, il n’existe en général pas de protocole officiel validé. Elle est
très peu pratiquée au Royaume Uni ou en Pologne ; dans des pays comme la France ou la Finlande
des solutions sont trouvées au cas par cas. Au Pays-Bas et en Belgique, la gestion à terre est
organisée au niveau national, notamment en ce qui concerne les sites de stockage et de traitement
(Dumay, 2015).
A l’échelle nationale, les nouvelles exigences réglementaires encadrant la gestion des sédiments de
dragage / curage vont générer de grands volumes de sédiments devant être gérés à terre. Cette
perspective semble à contre-sens des objectif de la loi de transition énergétique pour la croissance
verte (loi 2015-992, et notamment l’article 70, V-7° modifiant l’article L-541-1 du Code de
l’environnement) qui prévoit une réduction de l’ordre de 30% de déchets non dangereux non
inertes admis en IS en 2020 par rapport à 2010 et de 50 % en 2025.
Les volumes générés soulèvent nécessairement la question du stockage. Or, les coûts de stockage
et de transport sont relativement élevés et la capacité de stockage doit être adaptée pour répondre
aux nouveaux besoins. Récemment, un arrêté spécifique à la gestion à terre des sédiments a été
publié. Il s’agit de l’arrêté du 15/02/2016 relatif aux installations de stockage de déchets de
sédiments (applicable au 1er Juillet 2016) (en parallèle de cet arrêté est paru un arrêté relatif aux installations
de stockage de déchets non dangereux, également le 15/02/16 et applicable au 1er Juillet 2016).
Par l’application de cet arrêté, les installations de stockage sur le long terme des sédiments sont
désormais séparées de celles dédiées aux déchets ménagers, dans lesquels ils pouvaient auparavant
se retrouver « mélangés ».
Cet arrêté s’applique aux installations de stockage de déchets de sédiments, que ceux-ci proviennent
d’une ou plusieurs opérations de dragage. Ne sont pas soumises à cet arrêté :
- Les installations stockant des déchets de sédiments pour une durée inférieure à un an si les
déchets de sédiments sont destinés à l’élimination ;
- Les installations stockant des déchets de sédiments non dangereux pour une durée
inférieure à trois si les déchets de sédiments sont destinés à valorisation.
Etude n°14-1023/1A 51
Une consultation du public sur ce projet d’arrêté a été menée par voie électronique sur le site
Internet du Ministère en charge du Développement Durable du 17 Septembre 2015 au 8 Octobre
2015 inclus. D’après la synthèse des observations du public, neuf contributions ont été déposées
sur le site, une seule venant d’un particulier, les huit autres provenant de professionnels du stockage
de déchets de sédiments, ces derniers ayant pour la plupart déjà été consultés lors de l’élaboration
du projet de texte.
Cette consultation et les différents avis déposés sur la plateforme dédiée ont permis de clarifier et
de préciser certains points. En effet, plusieurs remarques et/ou commentaires ont été pris en
compte dans l’arrêté promulgué au 15/02/2016. Des remarques ont porté sur la mise en
conformité des sites existants, notamment le délai de mise en conformité qui était trop court.
L’arrêté devait entrer en application le 1er Janvier 2016 : le délai a été repoussé au 1er Juillet
2016.
Deux remarques portent sur une demande de modification des définitions de déchets de sédiments
et d’opération de dragage.
Des précisions sur certains termes sont donc apportées dans l’article 1er du titre I de cet
arrêté. Certains termes sont donc plus clairement définis, tels que casier, eau de ressuyage,
lixiviat (distinction à faire entre les eaux de ressuyage et les lixiviats), opération de dragage,
période de ressuyage, période de remplissage d’un casier, période de post-exploitation d’un
casier, période de suivi long terme, période de surveillance des milieux.
De la synthèse des observations du public concernant cet arrêté ressort le besoin de clarté et de
précision, à différents niveaux. Dans un autre contexte, des gestionnaires de la filière interrogés ont
exprimé des contraintes et ont manifesté un besoin d’information sur la caractérisation des
sédiments, les opérations de curage et la gestion des sédiments. D’après la MIE (2014), il est
recommandé que la réglementation entourant la gestion des sédiments soit précisée pour une
valorisation à plus grande échelle. Les vérifications et les suivis effectués de valorisations proposées
devront être nécessairement démonstratifs en termes d’innocuité environnementale. Ces précisions
et cette démonstration permettraient d’adapter la réglementation au cas particulier des sédiments.
Cet arrêté du 15/02/2016 permet également d’apporter des précisions réglementaires quant à la
traçabilité des sédiments à mettre en place dans le cas d’une installation de stockage de déchets de
sédiments, qu’ils soient dangereux, non dangereux ou inertes. La réglementation encadrant les
déchets dangereux était déjà clairement établie et notamment pour la traçabilité : il y a obligation
d’avoir un bordereau de suivi comportant diverses informations (provenance, caractéristiques,
destinations, etc). En revanche, elle n’était pas aussi aboutie concernant les déchets non
dangereux/inertes où, même si le bordereau de suivi pouvait être demandé dans certains cas, celui-
ci n’était pas obligatoire.
En ce qui concerne les filières de valorisation, il n’existe pas, à ce jour, de législation
spécifique aux sédiments gérés à terre. Or, comme le souligne à la fois le retour
d’expérience décrit dans la littérature ou celui de l’enquête menée (partie 3), il existe une
attente très marquée de clarification et d’harmonisation de la réglementation afin d’éviter,
notamment des lectures ou interprétations différentes selon les individus ou les structures.
Etude n°14-1023/1A 52
PARTIE 2. ETAT DES LIEUX DES PRATIQUES ET ENJEUX DE LA GESTION A TERRE
DES SEDIMENTS
Pour compléter l’analyse du contexte réglementaire de la gestion des sédiments, un état de l’art sur
les pratiques de gestion et de valorisation de sédiments est proposé dans la suite de notre propos.
Ainsi, après avoir décrit les principaux traitements des sédiments de dragage (I), la plupart de ceux-
ci permettant aux sédiments d’acquérir des caractéristiques compatibles avec le mode de gestion
envisagée, nous décrirons les techniques et conditions de mise en dépôt (II), les principales filières
de valorisation (III) et enfin les condtions de stockage des sédiments (IV).
I. Les principaux traitements des sédiments de dragage
Les pré-traitements et traitements des sédiments ont été conçus et sont appliqués dans une logique
de valorisation. L’objectif du présent paragraphe n’est pas de présenter de manière exhaustive
l’ensemble des techniques de traitements employées mais d’en décrire brièvement les principales
afin d’extraire les informations relatives à l’évolution des caractéristiques physiques et chimiques
des sédiments après traitement, le recueil de ces données alimentera les réflexions menées dans le
chapitre 2 de la présente étude qui, pour rappel, concerne l’évolution des caractéristiques des
sédiments depuis leur extraction jusqu’à leur valorisation ou stockage à terre.
1. Les pré-traitements
Les pré-traitements permettent de débarrasser le sédiment des gros débris et de le déshydrater.
Généralement peu coûteux, ils sont souvent nécessaires pour le traitement, le stockage ou la
valorisation des sédiments. Ils correspondent à des opérations physiques ou physico-chimiques qui
permettent de réduire le volume de sédiments ou de rendre les matériaux manipulables.
Deux techniques sont généralement utilisées :
(i) la déshydratation qui permet de réduire jusqu’à 50 % l’eau interstitielle contenue dans
le sédiment (Mulligan et al., 2001). Les principales techniques employées sont la
centrifugation, la filtration (ex. : filtre-presse), la décantation (ex. : bassin de
décantation) et l’évaporation (dans des évaporateurs).
(ii) la séparation granulaire qui permet la séparation des fractions fines et sableuses par
hydro-cyclonage.
Ces modes opératoires peuvent avoir une influence sur les contaminants mais ils ne permettent pas
l’inertage des matériaux, ce qui peut être problématique pour la valorisation.
2. Les traitements physico-chimiques
Il s’agit de traitements physiques de séparation ou de traitements par extraction chimique qui
induisent un changement d’état des contaminants.
La majorité des polluants étant fixés sur la fraction fine du sédiment (Kribi, 2005), les techniques
de séparation consistent à éliminer une partie des contaminants en enlevant les particules fines du
sédiment. Parmi les techniques couramment employées, nous citerons :
- La centrifugation qui permet d’isoler des éléments solides en suspension dans une boue en
la faisant tourner à grande vitesse ;
Etude n°14-1023/1A 53
- L’hydrocyclonage s’effectue dans une chambre cylindrique sous pression. Sous l’effet de
la force centrifuge, une séparation entre les particules les plus denses et les plus fines
s’effectuent. L’eau injectée est recyclée ou traitée pour être rejetée (rendement élevé et
grande efficacité) ;
- Le lessivage utilise l’action mécanique de l’eau et des agents d’extraction (acides, bases,
chélateurs) pour enlever les contaminants liés physiquement aux particules ;
- La flottation basée sur la différence de densité, le caractère hydrophobe ou hydrophiles des
solides et l’ajout d’additifs chimiques. Cette technique permet de concentrer les polluants ;
- …
Les traitements par extraction chimique induisent un changement d’état des contaminants. Les
techniques couramment employées sont la lixiviation, l’extraction par solvant (technique de
lessivage) ou encore la complexation, qui consiste à introduire, en agitation dans le sédiment, des
agents chimiques ayant de fortes propriétés complexantes vis-à-vis des contaminants inorganiques.
3. Les traitements thermiques
Les traitements thermiques constituent, selon certains auteurs, des techniques d’inertage dont
l’objectif est de fixer les contaminants dans la matière afin qu’ils ne soient plus mobiles (Agostini,
2006). Il existe plusieurs techniques de traitements thermiques, nous citerons pour exemple :
- La désorption thermique (600 °C) qui entraîne une évaporation de l’eau et une oxydation
de la matière organique naturelle ;
- L’incinération (800-1200 °C) qui évapore l’eau, détruit la matière organique et oxyde les
éléments trace métalliques (ETM). Obtention de graviers pouvant être vitrifiés et dans
lesquels les ETM sont immobilisés.
4. Les traitements biologiques
Ces traitements utilisent des organismes vivants (champignons, bactéries, végétaux, … ) afin de
traiter les sédiments :
La bioremédiation in situ qui consiste à intégrer des microorganismes dans la matrice à
traiter pour favoriser et accélérer les procédés biologiques de dégradation. Ce traitement
biologique est adapté à la dégradation des hydrocarbures. De rentabilité et efficacité faibles,
cette technique a pour contrainte majeure l’apport en oxygène ;
La phytoremédiation qui fait appel à la faculté des végétaux à dégrader les contaminants
organiques ou à fixer, absorber les contaminants métalliques via leur système racinaire pour
les végétaux terrestres ou leur paroi cellulaire pour les algues. Cette technique utilise trois
phénomènes naturels (la phytoextraction, la phytostabilisation et la phytodégradation)
La phytoextraction consiste à utiliser des plantes, notamment les plantes dites
hyperaccumulatrices, pour traiter les sols pollués, le plus souvent des sols contaminés
aux ETM ;
La phytodégradation consiste à accélérer la dégradation des composés organiques
polluants (hydrocarbures, pesticides, explosifs...) en présence de plantes. Cette
dégradation peut avoir lieu soit hors de la plante, grâce à l’activité des micro-organismes
présents dans l’environnement des racines (rhizosphère), soit dans la plante après
absorption du composé puis dégradation dans les cellules ;
Etude n°14-1023/1A 54
La phytostabilisation consiste à immobiliser la pollution. Il s’agit d’installer un couvert
végétal avec des espèces tolérant les polluants. La présence de ces plantes permet de
réduire les processus d'érosion et de ruissellement de particules porteuses de polluants
et les processus d'entraînement de ces polluants en profondeur. L’efficacité est liée à
plusieurs facteurs notamment les caractéristiques des plantes et du sol à traiter.
Ces techniques peuvent être utilisées en complément des traitements physico-chimiques.
5. Synthèse
Le tableau XV propose une synthèse des différents modes de traitements et de pré-traitements et
précise leur objectif et leur efficacité (à relativiser en raison de l’ancienneté de la référence).
Tableau XV : Objectifs et efficacité des principaux pré-traitements et traitements de sédiments contaminés
Traitements Objectif Efficacité
Filtration Diminuer teneur en eau 85 à 95%
Evaporateur Diminuer teneur en eau 90%
Décantation Diminuer la teneur en eau 90 à 99%
Hydrocyclonage Diminuer la teneur en eau
Séparation des particules
90% pour les fines
Lessivage Enlever les contaminants organiques 90%
Flottation
Complexation Enlever les contaminants inorganiques 70 à 90%
Bioremédiation Enlever les contaminants organiques 50 à 80%
Phytoremédiation Extraire, stabiliser contaminants organiques et
inorganiques Variable
Désorption
thermique
Enlever les contaminants organiques volatils
et quelques métaux 99% (HAP et PCB)
Incinération Encapsuler les métaux lourds et les hydrocarbures
99% (contaminants
organiques)
100% (métaux)
Les traitements subis par les sédiments ont pour objectif de détruire, transformer ou stabiliser les
contaminants. Comme l’illustre le tableau XV, les traitements physiques et chimiques sont
généralement efficaces mais ils ont des coûts élevés pouvant freiner les opérations de dragage. Les
techniques thermiques sont efficaces pour immobiliser les contaminants mais ce sont des
techniques très énergivores et coûteuses. Les traitements biologiques présentent l’avantage
d’utiliser des procédés plus écologiques et peu coûteux, en revanche, ils sont souvent critiqués pour
leurs délais de réalisation longs allant de plusieurs mois à plusieurs années.
II. Mise en dépôt des sédiments à terre
Une installation de transit est une installation qui va recevoir et réexpédier des déchets. Ces derniers
sont donc dans l’attente de leur reprise ou leur évacuation pour élimination ou valorisation. Les
seules opérations pouvant être conduites sur les déchets en transit sont une rupture de charge ou
un entreposage temporaire.
Etude n°14-1023/1A 55
D’un point de vue réglementaire, les sites de tri, transit et regroupement dépendent de la législation
ICPE sauf dans le cas de stockage définitif de déchets inertes. La durée maximale d’entreposage
des sédiments sur un site de tri, de transit ou de regroupement est d’un an si le déchet a pour
vocation d’être éliminé ou de trois ans pour une filière de valorisation. Au-delà, le stockage est
considéré par l’administration comme définitif.
Selon les caractéristiques des sédiments et notamment leur dangerosité, le site de dépôt peut être
un bassin creusé dans la terre sans étanchéité particulière, il doit se situer dans une zone non
inondable, facile d'accès et proche du site à curer de manière à simplifier le transport des sédiments
extraits. Une étude d'usage du futur site doit être effectuée en même temps que le plan de mise en
dépôt. Les usages de ces sites peuvent être l'aménagement et l'entretien d'une zone de loisirs, la
culture alimentaire et non alimentaire, le remblaiement de carrière. Les sédiments peuvent
également être mis en dépôt confiné. Cette solution consiste à stocker les sédiments sur un site
étanche et imperméable (couverture argileuse et géomembrane avec un système de drainage pour
récupérer les lixiviats pollués) (INRA). Après exploitation, les sites doivent être réaménagés
(travaux paysagers) et soumis à contrôle.
III. Les filières de valorisation
Sur le plan réglementaire, la valorisation consiste au « […] réemploi, […] recyclage ou toute autre
action visant à obtenir, à partir des déchets, des matériaux réutilisables ou de l’énergie » (Loi n°75-
633 du 15 juillet 1975 relative à l'élimination des déchets et à la récupération des matériaux). Un
sédiment peut être valorisé s’il n’est pas classé comme déchet dangereux. Selon la circulaire du
24/12/2010, les ouvrages de valorisation, pour autant qu’ils répondent à un besoin, ne relèvent pas
de la législation ICPE (DREAL, 2012). En revanche, ils peuvent relever de la législation sur l’eau,
du code de l’urbanisme et du code rural.
Les filières de valorisation se répartissent dans trois domaines (Zentar et al., 2009) :
- Le génie civil et les travaux publics :
Dans ce domaine, les sédiments valorisables en technique routière (sous réserve d’une
conformité à certaines prescriptions géotechniques et environnementales) sont très
largement étudiés aujourd’hui, de nombreuses thèses et programmes de recherche sont
actuellement en cours sur le sujet ;
- L’agriculture pour l’amendement des sols :
La valorisation agricole a pour objectif l’amélioration de la structure du sol ou de ces
qualités fertilisantes. Cette filière est possible si les sédiments présentent un intérêt
agronomique et s’ils ne portent pas atteintes à la santé et/ou à l’environnement (article
R211-31 du Code de l’environnement). Sur le plan réglementaire, l’arrêté du 8 janvier 1998
relatif aux épandages de boues sur les sols agricoles définit les prescriptions techniques à
respecter. Selon les volumes en jeu et les caractéristiques des sédiments, l’épandage des
sédiments peut relever de la législation loi sur l’eau (livre II du code de l’environnement,
rubrique 2.1.4.0) ;
- La réhabilitation de sites naturels (habitats aquatiques ou terrestres) :
Si les sédiments sont inertes ou si une absence d’impact sur la santé et l’environnement a
été démontrée après étude, ils peuvent être utilisés pour créer des espaces naturels et des
zones de loisirs.
Etude n°14-1023/1A 56
1. Rechargement de plages
La plage est un système dynamique dont les phénomènes naturels tels que les vagues ou le vent
ainsi que les pressions anthropiques entraînent une diminution de l’épaisseur. Cette érosion côtière
entraîne un besoin en matériaux estimé entre deux à trois millions de tonnes de sable par an pour
la France (Vernus et al., 2013). En France métropolitaine, on compte un total de 5 500 km de côtes.
Cela comprend environ 2 500 km de plages et de dunes, dont 48 % sont en érosion et seulement
10 % en engraissement (Le Guern et al, 2004).
Les sédiments pourraient être un matériau alternatif pour stabiliser l’érosion du littoral (SEDILAB,
2011) à condition que leurs caractéristiques soient compatibles avec cette utilisation. En effet, le
matériau servant à recharger une plage doit présenter des caractéristiques similaires à celle du sable
déjà présent sur la plage. A titre d’exemple, le matériau utilisé devra être de granulométrie identique
ou de préférence supérieure pour protéger la plage de l’érosion, en effet en étant plus fin, il sera
emporté par la houle et les courants. Il ne devra pas non plus être trop gros au risque de changer
le type de plage (Foucher, 2005).
L’Ecole des Mines de Douai a développé en laboratoire un granulat artificiel à partir de sédiments
dans le but de développer une autre voie de valorisation et de proposer des solutions face à l’érosion
du littoral. Pour cela, des essais ont été menés en laboratoire en reconstituant un profil de plage
dans un canal à houle avec diverses configurations. Il apparait que le matériau est stable et des
phases terrains sont depuis envisagées (Brakni, et al , 2007; SEDILAB, 2011). Ces travaux de
recherche ont fait l’objet d’une thèse de doctorat en Science pour l'ingénieur, Génie civil et
environnemental intitulée « Première approche vers une valorisation de granulats artificiels à base
de sédiments de dragage portuaire : application en génie côtier » et a été réalisée par Samira Brakni
en 2008 à l’Université d’Artois.
La valorisation de sédiments de dragage en rechargement de plages a été utilisée, entre autres
exemples, lors du ré-ensablement :
- des petits fonds devant les plages d’Anglet par des matériaux issus de l’Adour (Foucher,
2005) ;
- de la plage du Port La Nouvelle dans le département de l’Aude (région Languedoc-
Roussillon-Midi-Pyrénées) (In Vivo, 2005) ;
- de la plage du centre-ville de Ste Maxime (au cœur du Golfe de Saint-Tropez dans la région
Provence Alpes Côte d’Azur) après extraction des sables du port de St Cyprien par dragage
mécanique. Après vérification de la qualité chimique au regard des seuils N1/N2 et de la
cohérence granulométrique, les sables ont donc été déposés et égouttés directement sur le
haut de plage, puis étalés au printemps (IDRA Environnement, 2014).
2. Valorisation agricole
D’après Vernus et al. (2013), l'épandage est une technique agricole consistant à répandre divers
produits sur des zones cultivées, forêts, voies ferrées, marais… L’amendement des sols avec des
sédiments conduit à une amélioration des propriétés du sol ainsi que la disponibilité des nutriments
pour les plantes (Middleton & Jiang, 2013). Une étude menée par le CETMEF et le CETE de Lyon
sur la valorisation agricole des sédiments de dragage des voies navigables a mis en évidence des
Etude n°14-1023/1A 57
propriétés des sédiments voisines de celles des sols (Bernes Cabanne, 2009 in Anger 2014). Une
expérimentation a ensuite été entreprise en 2010 pour confirmer le potentiel agronomique des
sédiments de canaux sur une parcelle agricole de 2,58 ha (SEDILAB, 2011). D’autres études
similaires ont été menées en Saône et Loire (Cantégrit & Nouvion-Dupray, 2011; Cantegrit, 2011).
Plusieurs études se sont intéressées à l’intérêt pédologique voir agronomique des sédiments (par
exemple Abriak, 2014; Bedell & Delolme, 2013; Sheehan et al, 2010 ; Sturgis et al. 2001 in Anger
2014). Une étude en Moselle a démontré le potentiel de végétalisation des sédiments fluviaux
déposés sur un parc de cendres volantes d’un centre de production thermique EDF de Blénod-lès-
Pont à Mousson (ANTEA 1999 in Anger 2014).
La Surface Agricole Utile (SAU) en France en 2013 s’élevait environ à 29 millions d'hectares, ce
qui pourrait potentiellement représenter une voie de valorisation régulière des sédiments.
Historiquement, les sédiments carbonatés dragués dans le golf normand-breton (appelés tangue)
sont utilisés depuis des décennies pour amender les terres agricoles (Bourret, 1997; Camuzard,
2011). La valorisation des sédiments en épandage a également été appliquée pour des sédiments de
la Rance. Il est prévu de valoriser sur des parcelles agricoles proches des sédiments qui auront été
stockés entre décembre 2015 et 2017. Sur ce laps de temps, le vent la pluie et le soleil auront rendu
les sédiments parfaitement compatibles avec un usage agricole. Ce projet a été mené à bien par
CŒUR Emeraude, appuyé par le bureau d’étude IDRA Environnement (association Cœur
Emeraude).
Même si leur utilisation traditionnelle est connue, peu de travaux de recherche ont été publiés et
l’intérêt pour cette voie de valorisation est relativement récent (Anger, 2014).
3. Valorisation en techniques routières
Il existe différents exemples de valorisation de sédiments en technique routière en France. En 2005,
à Dunkerque (Nord) une planche expérimentale routière utilisant des sédiments a été mise en place
(Damidot et al., 2006), puis en 2012 une route expérimentale de 600 mètres, dite route du quai
« Freycinet 12 » a été construite (Anger, 2014; SEDILAB, 2011). Conçue pour supporter un trafic
moyen de 100 poids lourds par jour et d’une durée de vie de 15 ans, sa construction a nécessité
l’utilisation de 450 m3 de sédiments secs soit 1 800 m3 de sédiments dragués (Herman, et al., 2014;
a,b). En Basse Normandie (port de Bessin) une plateforme expérimentale a également été réalisée
à partir de sédiments marins (Silitonga 2010 in Anger, 2014). En Lorraine (Dombasle) une route
test de 100 m² a été réalisée en 2005 à l’aide de sédiments (Depelsenaire 2007 in Anger, 2014). Une
piste cyclable de 35 km a été réalisée à proximité du Mont Saint Michel à l’aide de 70 000 m3 de
sédiments carbonatés (tangue) (Anger, 2014) dont une illustration est proposée en figure 7 .
Etude n°14-1023/1A 58
Figure 7 : Piste cyclable du Mont Saint Michel élaborée à l'aide de 70 000 m3 de sédiments (Anger, 2014)
Cependant, des réponses restent encore à apporter, notamment en ce qui concerne l’adaptabilité
des tests environnementaux, les contaminations multiples et la dangerosité et le comportement à
long terme (Aqua, 2014).
4. Valorisation en remblaiement de carrières
Le remblaiement de carrière apparait comme une possibilité prometteuse pour la gestion des
sédiments de dragage et permet la restauration des milieux. A travers le programme de recherche
SEDIGEST8, une méthodologie d’évaluation des risques écologiques a été conçue afin de proposer
une approche permettant d’intégrer cette filière de valorisation des sédiments qui soit compatible
avec les écosystèmes en place (Donguy, et al, 2007).
Dans le cadre du projet d’amélioration des accès maritimes, HAROPA-Port de Rouen mène
différentes démarches de valorisation des sédiments de dragage. La gestion est différenciée en
fonction de la nature des sédiments. Les matériaux limoneux sont mis en dépôt dans les ballastières9
pour la recréation de zones humides et la valorisation paysagère, tandis que les matériaux sableux
sont mis dans des chambres de dépôt pour être revalorisés ensuite dans le BTP. Un programme de
suivi scientifique a été mis en place (Samson, 2013).
Ainsi en Normandie, l’opération « les tas dans les trous » a utilisé de 2000 à 2008 les sédiments
dragués entre Tancarville et Rouen pour remblayer une ancienne ballastière de carrières (CBN filiale
Eurovia). Au total, près d’un million de m3 de sédiments a été utilisé pour combler la ballastière
d’Yville sur Seine (en aval de Rouen) qui a servi de site de remblaiement expérimental. Une phase
de réaménagement écologique a débuté en 2008 afin de créer des milieux humides tourbeux
(prairies humides, mégaphorbiais) de grand intérêt écologique et rares à l’échelle national (figure 8).
Les sédiments ont été recouverts de tourbe (environ 70 cm) et une recolonisation rapide du milieu
par la végétation et notamment pour les prairies humides a été observée par les acteurs10 du suivi
scientifique mis en place. Un avis favorable a été émis par la commission de suivi sur l’aspect
hydrogéologique de l’expérience et ce mode de gestion des sédiments a été validé grâce aux suivis
8 http://www.agence-nationale-recherche.fr/?Projet=ANR-07-ECOT-0012 9 Une ballastière est une carrière en eau qui résulte de l’exploitation de matériaux alluvionnaires
(Samson, 2013) 10 L’université de Rouen (Equipe ECODIV) ; le Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine
Normande grâce à des conventions mises en place avec le Grand Port Maritime de Rouen
Etude n°14-1023/1A 59
scientifiques mis en place. L’utilisation des sédiments de dragage comme remblaiement est depuis
acté dans la charte 2001/2011 du PNR des Boucles de Seine Normande (Journal Nature, 2013;
Levesque, 2008; PNR, 2015).
Figure 8 : Vue aérienne du site de remblaiement expérimental de la ballastière d’Yville sur Seine (en aval de Rouen) (Journal Nature, 2013)
Autre exemple, le projet Predis vise à valoriser des sédiments marins du port de Gravelines sous
forme de coulis pour combler des réseaux désaffectés comme par exemple les réseaux de
charbonnage (SEDILAB, 2011).
5. Valorisation en génie côtier et en produits de construction/mobilier urbain
En France, 379 millions de tonnes de granulats (dont sept millions provenant de la mer) sont
consommés chaque année (Vernus et al., 2013) ce qui ouvre un marché intéressant pour la
valorisation des sédiments. Les laboratoires de l’école des mines, SITA Nord et Néo Eco ont réalisé
un béton à partir de sédiment fluviaux et de matériaux minéraux recyclés qui sert déjà à l’élaboration
de mobilier urbain comme des bordures de trottoirs, des bancs, des balconnières ou encore des
support de vélo modulable (Anger, 2014, SITA Nord & Doublet, 2014, La Voix du Nord, 2012).
En 2013, des brises-vagues ont été réalisés pour le port de Dunkerque en intégrant des sédiments
issus du chenal de Broucqaire et Darse 6 (Herman et al., 2014; a,b) et ont été disposés sur la digue
des Huttes à Dunkerque (Abriak et al., 2014b). Des acropodes ont également été réalisés à Toulon
en intégrant eux aussi des sédiments issus de dragages (Aqua et al., 2013). Des illustrations de ces
exemples de mobilier urbain élaborés à partir de sédiments sont présentées figure 9.
Etude n°14-1023/1A 60
Figure 9 : Exemples de mobilier urbain élaboré à partir de sédiments : à gauche acropodes (Aqua et al., 2013) ; au centre bloc béton / brises-vagues à Dunkerque (Herman et al., 2014a) ; à droite support de vélo modulable (SITA
Nord & Doublet, 2014)
6. Valorisation en aménagement paysager
Eco-modelé paysager dans un cordon dunaire
Un éco-modelé paysager (figure 10) de 500 m, de 30 à 50 m de large et 5 à 7 m de haut, a été érigée
entre le canal des Dunes et l’usine Polychim sur le site du Grand Port Maritime de Dunkerque
(GPMD) (Abriak et al., 2014; Herman, et al., 2014a,b; SEDILAB, 2011). Elle a validé le
comportement mécanique et a ainsi donné une vision de l’évolution des polluants à l’intérieur et
dans le milieu récepteur par l’installation de cinq piézomètres. Un dépassement de quelques
éléments chimiques pendant les derniers mois leur a fait envisager de prolonger ce suivi, qui était
initialement prévu pour un an. Dans le cadre de cette valorisation, le suivi de la végétation pourrait
être envisagé, végétation principalement composée de Salix repens, Sambucus nigra, Hippophae
rhamnoides et Acer campestre.
Figure 10 : Eco-modelé paysager réalisé au Grand Port Maritime de Dunkerque (Herman et al., 2014a)
Le suivi environnemental réalisé dans le cadre de l’aménagement paysager du GPMD repose sur
l’installation de piézomètres pour permettre l’analyse des eaux de surface et d’infiltration. Le suivi
Etude n°14-1023/1A 61
de la végétation n’est pour l’instant qu’envisagé (Khezami, 2014). Cette valorisation des sédiments
en butte paysagère a fait l’objet d’une thèse par M. Khezami (« Caractérisation et valorisation des
sédiments fluviaux en butte paysagère ») encadrée par le DGCE de l’Ecole des Mines de Douai.
Merlon éco-paysager
Un merlon éco-paysager d’une hauteur de 2,5 m et d’une largeur de 10 m a été aménagé également
dans le Bassin d’Arcachon. Cet ouvrage, réalisé à partir des sédiments traités de la première année
recouvert d’une couche de terre végétale issue de la parcelle, a été végétalisé à l’aide d’essences
locales d’origine indigène (transplantation sur place si possible) et n’intègre pas d’essences
exotiques, urbaines ou ornementales. Les espèces herbacées ont été choisies de préférence afin de
favoriser le corridor écologique pour la faune en particulier (SOVASOL, 2012).
Polder
La création de polder11 remonte au XVème siècle avec l’apparition des premières dragues aux Pays
Bas (In Vivo, 2005). En France, des polders ont été créés le long de la côte Picarde (Baie d’Authie),
au Nord-ouest de l’estuaire de la Gironde ou encore sur les îles de Ré, d’Oléron ou de Noirmoutier.
La Baie du Mont Saint Michel abrite également des polders qui ont été construits dès 1856 afin de
créer des supports aux cultures (comme les carottes, betteraves ou encore le blé). A l’époque, ils
utilisaient déjà les sables et vases marins (tangues) qui étaient dragués à l’automne puis laissés hors
de l’eau pendant l’hiver afin que les eaux de pluie diminuent la concentration en sels des sédiments
(Bourret, 1997).
Divers
D’autres exemples de réalisations existent, comme les projets de réalisation en modelés paysagers
et remblais divers (terre-pleins, merlons, …) dans le département du Morbihan. Ils ont fait l’objet
d’une évaluation des risques sanitaires (ERS) afin de vérifier l’innocuité des matériaux sur la santé
humaine. La ville de Vannes s’est engagée à réaliser des inventaires réguliers sur l’ensemble du site,
notamment sur les fossés et haies périphériques ainsi qu’à mettre en œuvre un plan de gestion
d’entretien du site. Les aménagements éco-paysagers sont conçus de manière à être favorables à la
biodiversité. Des zones herbacées fauchées sont favorisées aux pieds des plantations ligneuses sur
les zones périphériques (l’ensemencement est d’origine locale, et si possible spontané). Le choix
des essences porte sur des espèces locales d’origine indigène (transplantation sur place si possible)
et n’intègre pas d’essences exotiques, urbaines ou de cultivars ornementaux (IDRA
Environnement, 2012).
7. Valorisation en couverture de friches industrielles
Si elle intègre le cadre de la nouvelle version de la circulaire du 08/02/2007, la valorisation en
couverture de friche industrielle constituerait une filière ponctuelle, certes peu connue encore, mais
pouvant potentiellement utiliser de grands volumes de sédiments et pourrait permettre un recours
à de la « terre » moins chère (Delcour, 2013). Cependant, cette utilisation pourrait engendrer des
problèmes de compatibilité avec certaines requalifications.
11 étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau
Etude n°14-1023/1A 62
8. Valorisation en renforcement/confortement de berges
Le canal de la Marne accueille près de 250 bateaux de commerce et plus de 400 bateaux de plaisance
par an. Afin de maintenir les conditions normales de navigation et de garantir le tirant d’eau aux
bateaux, l’enlèvement des dépôts de sédiments par voie de dragage s’avère nécessaire.
Les 7 750 m3 de sédiments inertes du canal de la Marne au Rhin Ouest ont été prioritairement
réutilisés en confortement de berges après être passés dans une installation de transit servant à leur
ressuyage. Ils ont été déposés sur les berges (figures 11 & 12), pour former des bandes de 5 à 10 m
de large et de 10 à 30 cm d’épaisseur le long des rives de la voie d’eau. Les terrains ont été par la
suite reprofilés par aplanissement ou à l’aide d’un remblai de façon à lui donner une surface
régulière (Antéagroup, 2012a).
Un autre exemple de valorisation de sédiments en renforcement de berge est actuellement envisagé
dans le port de Gävle, en Suède. Cette berge sera composée, pour sa partie extérieure,
d'enrochement, et pour sa partie intérieure, de 700 000 m3 de sédiments contaminés (OFRIR,
2016).
Figure 11 : confortement de berges sur un canal (source VNF)
Figure 12 : recyclage sur berges au niveau d’un chemin de halage (source VNF)
Etude n°14-1023/1A 63
9. Valorisation en couverture de sites de stockage
Plusieurs ouvrages font mention de la valorisation des sédiments en couverture de site de stockage
(par exemple (DREAL Nord-Pas de Calais, 2011 ; In Vivo, 2008 ; Le Guern et al., 2004) et
notamment pour les propriétés imperméables des fractions fines. Cependant, aucun retour
d’expérience ou d’exemple concret n’a été trouvé, à ce jour, dans la littérature pour cette voie de
valorisation.
IV. Le stockage
Dans le cadre de ses travaux d’amélioration des infrastructures du port du Guilvinec-Léchiagat
(2008-2009), le Conseil Général du Finistère a réhabilité une ancienne carrière en un site de dépôt
et de stockage de sédiments de dragage, non dangereux mais non valorisables, des ports
départementaux de Cornouaille (Rasseneur, 2013). Il est à noter que cette réhabilitation d’anciennes
carrières en dispositif de confinement était une première en France (avec un dispositif de
confinement : géotextile, géomembranes, terre végétale, etc.). Elle a pu recevoir les sédiments
marins de dragage déshydratés de plusieurs ports. Ce dispositif a permis d’encapsuler les sédiments
et ainsi de limiter tout impact sur l’environnement. Trois piézomètres permettant le suivi de la
qualité des eaux souterraines ont été installés sur le site. Un état initial de la qualité des eaux
souterraines prélevées dans les piézomètres a été réalisé avant le dépôt des matériaux. Les analyses
ont porté sur les métaux lourds, hydrocarbures, HAP, PCB, et TBT. Outre le maintien en bon état
de propreté du site, le premier casier végétalisé fait l’objet annuellement de travaux de tonte pour
éviter l’apparition d’arbres ou d’arbustes qui pourraient avec leurs racines détériorer la couche
d’étanchéité (Rasseneur, 2013).
Cependant, les prescriptions devront être (i) justifiées d’un point de vue environnemental et (ii)
proportionnées afin d’éviter des surcoûts financiers pouvant être difficilement supportables par les
maitres d’ouvrage. Dans l’exemple de valorisation décrit ci-dessus, une meilleure appréhension de
la cinétique du TBT et spécifiquement en ce qui concerne sa dégradation sous les UV, est
préconisée de manière à adapter les seuils de rejets et de limiter les surcoûts qui pourraient altérer
la réalisation de tels projets. Un seuil avait été fixé à 2 ng/L pour les rejets d’eau, mais l’atteinte de
celui-ci ne pouvait se faire que par le recours à un dispositif de traitement du type osmose inverse
qui est utilisée pour la potabilisation de l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH)
(Rasseneur, 2013).
Aqua (2014) a également souligné la nécessité d’amélioration des connaissances pour la mise en
place d’une nouvelle filière éco-industrielle pour un nouveau déchet public (le sédiment), et
notamment en ce qui concerne :
- Les caractérisations y compris la dangerosité ;
- Les comportements en scénarios et analyses des risques ;
- L’efficacité des prétraitements et traitements ;
- Les planifications et les outils de gestion ;
- Les modèles économiques.
Etude n°14-1023/1A 64
PARTIE 3 : MISE EN PLACE D’UNE ENQUETE A DESTINATION DES ACTEURS DE
LA GESTION DES SEDIMENTS DE DRAGAGE
Pour compléter l’analyse de la littérature scientifique, une enquête a été élaborée dans le but de
recueillir le retour d’expérience de différents acteurs du milieu et d’obtenir une vision plus élargie
et plus aboutie de la problématique de la gestion et de la valorisation à terre des sédiments
contaminés. Il s’agit également d’obtenir des éléments de réponses concernant la faisabilité de l’éRé.
I. Matériel et méthode
1. Le contenu de l’enquête
L’enquête comporte une quinzaine de questions. Afin de rendre le questionnaire plus vivant et de
renouveler en permanence l’intérêt de la personne sondée, les formats de questions ont été alternés
avec notamment :
- Des questions fermées à cocher (exemple : oui / non / ne se prononce pas) ;
- Des questions à choix multiples (QCM) :
o avec une seule réponse possible ;
o avec plusieurs réponses possibles
- Des questions à échelle linéaire permettant d’indiquer une préférence ou de hiérarchiser les
réponses (exemple : totalement d’accord / plutôt d’accord/ plutôt pas d’accord / totalement pas d’accord
/ Ne se prononce pas) ;
- Des questions ouvertes.
Une courte présentation précède les premières questions afin de résumer en quelques lignes le cadre
de l’étude (« impact écologique de sédiments pollués extraits et déposés en milieux terrestres »), les
auteurs (LSVF/ILIS et RECORD) ainsi qu’une indication sur le temps de réponse estimée (environ
15 min).
Le déroulé de l’enquête évolue selon le profil et l’expérience du professionnel sondé. Ainsi chaque
participant peut avoir un nombre de question différent. Pour faciliter la saisie et l’analyse des
réponses, l’enquête a été créée en ligne via la plateforme « Google Form ». Le questionnaire et la
logique de l’enchainement des questions sont présentés en Annexe 1.
Le questionnaire a été envoyé par mail aux différents contacts de façon personnalisée (Annexe 2).
En effet, une attention particulière a été portée sur l’envoi du questionnaire, afin de justifier la prise
de contacts avec l’interlocuteur (nous savons que vous avez travaillé sur… / que vous faites partie du comité
de rédaction de…/ que vous avez réalisé tel ouvrage…) et de susciter l’intérêt des répondants. Dans le but
de rassurer les personnes sollicitées, l’anonymat des réponses récoltées a été garanti. Afin de
remercier les participants pour leur contribution, il leur a été proposé de recevoir une note
synthétique de l’analyse des résultats ainsi que d’être informé de la date de parution en ligne du
rapport final de l’étude sur le site RECORD.
2. Le public ciblé par l’enquête
Dans le but d’atteindre un panel d'acteurs le plus représentatif possible, l’enquête a ciblé des acteurs
présentant :
Etude n°14-1023/1A 65
des profils d’activité variables : opérationnels, scientifiques, institutionnels, experts, juristes,
associatifs, maître d’œuvre... ;
des supports de travail variables : sédiments portuaires, estuariens, marins, fluviaux ;
des localisations géographiques différentes. Sur ce point, les contacts ont volontairement
été ciblés francophones (Français, Belge, Canadien). En effet, à la lumière de l’analyse
bibliographique à l’échelle internationale, des différences ont été mises en évidence dans la
réglementation selon les pays (cf Partie I). De plus, à l’échelle nationale, des zones d’ombre
existent d’un point de vue réglementaire et la gestion à terre des sédiments et leurs
valorisations apparaissent comme particulièrement complexes. Dans un souci de clarté, il
est apparu nécessaire de se focaliser cette fois à l’échelle nationale. Toutefois, la portée du
questionnaire est plus large à travers le retour d’expériences de bureaux d’études
internationaux comme ENVISAN, Tauw environnement ou encore URS/AECOM et de
scientifiques impliqués dans des programmes de recherches européens/internationaux (par
exemple : le Professeur Nor Edine Abriak, école de mines de Douai [Sedilab, Sedigest,
Sedimatériaux,…]; le Docteur Ben Amor Mourad, Université de Sherbrooke, Canada,
fondateur du LIRIDE [Laboratoire interdisciplinaire de recherche en ingénierie durable et
en éco-conception] et membre du comité scientifique du « International Symposium on
Sediment Management » [I2SM] ; le Docteur Patrice Rivard, Université de Sherbrooke,
Canada, membre du comité scientifique du I2SM ; le Docteur Claire Chassagne, Université
de Delft aux Pays-Bas, partenaire du projet européen CEAMaS ; le Professeur Mohamed
Ridha Driss, Université de Carthage, Faculté des sciences de Bizerte, Tunisie ; le Docteur
Sébastien Sauvé, Université de Montréal, Canada).
Les acteurs ont été recensés à travers la recherche bibliographique sur la valorisation à terre des
sédiments comme auprès du centre de ressources SEDILAB (http://www.sedilab.com). Les
contacts ont également été recrutés à travers leurs participations :
- à la rédaction de divers rapports sur la valorisation des sédiments (Aqua et al., 2013 ;
Cerema, 2011 ; CETMEF, 2008 ; Gregoire & Glaser, 2010 ; Grenelle de la Mer, 2010 ;
Herman, et al., 2014a ; Le Guern et al., 2004 ; Ministère de l’écologie et du développement
durable, 2002 ; Tauw Environnement & Ophrys, 2001 ; Tiffreau & Laboudigue, 1997 ;
USAN, 2011 ; Vernus et al., 2013) ;
- à la rédaction de guides méthodologiques (Abriak et al., 2014 ; Agence Artois Picardie,
2002 ; Donguy et al., 2007 ; Geode, 2012 ; In Vivo, 2008, 2005 ; Mamindy-pajany, 2014 ;
VNF, 2012…) ;
- en tant que membres de groupe d’experts comme GEODE12 ou ASTEE13 ou membres
de comité de lecture comme Cap sédiment (http://cap-sediments.fr/comite-
lecture.html) ;
- à des communications (conférences, tables rondes, salons…) comme Journée nationale
du sédiments, Assises Port du futur, Grenelle de la mer, Pollutec … (Abriak, 2014 ; 2015 ;
CD2e, 2013 ; Gerard & Ducros, 2014 ; Gregoire & Proulhac, 2010 ; Herman, et al., 2014a) ;
- à différents projets tels que Sedivald (Garbolino, et al, 2013), Sedimar (Marmier et al, 2013
; Sannier et al., 2013), Seditox (Marmier & Mamindy-Pajany, 2013), Sedimatériaux
12 GEODE : Groupe d'étude et d'observation sur le dragage et l'environnement 13 ASTEE : Association Scientifique et Technique pour l’Eau et l’Environnement
Etude n°14-1023/1A 66
(http://www.cd2e.com/recyclage-valorisation/projet-sedimateriaux(Abriak, 2014 ; 2015 ;
Borloo, et al, 2010) , sedigest (http://www.agence-nationale-recherche.fr/?Projet=ANR-
07-ECOT-0012)(Donguy et al., 2007) , CEAMaS (http://www.ceamas.eu/)…
II. Résultats
L’enquête a été diffusée à un panel de 233 acteurs, 95 % travaillant en France (les autres pays
sollicités étaient la Belgique, les Pays-Bas, la Tunisie et le Canada).
Nombre de réponses : 44
Taux de réponse : 18,9 %
78,6 % des personnes interrogées (33 personnes) ont déclaré avoir un retour d’expérience sur des
projets de valorisation ou de gestion à terre des sédiments (figure 13).
Figure 13 : Sondage sur un retour d'expérience de valorisation à terre des sédiments
Parmi les 33 personnes ayant un retour d’expérience sur des projets de valorisation ou de gestion
à terre, 32 ont précisé le cadre dans lequel ils y avaient participé (figure 14). Ainsi la majorité (50
%, soit 16 personnes) a participé en tant que qu’expert scientifique, 12,5 % (soit quatre personnes)
en tant qu’opérateur et en suivi de projet, 9,4 % (soit trois personnes) en tant que maitre d’œuvre
et 15,6 % (soit cinq personnes) ont répondu autre (maitre d’ouvrage, exécution de projet, financeur,
instructeur réglementaire Loi sur l’Eau, coordinateur de projet européen).
Figure 14 : Répartition des différents secteurs d’activités des répondants ayant un retour d’expérience sur des projets de valorisation de sédiments
En plus de la qualité physico-chimique des sédiments exigée par la réglementation (arrêté du
09/08/2006 entre autre), 73,8 % des personnes interrogées (soit 31 personnes) se sont déclarées
favorables à la réalisation d’analyses supplémentaires (figure 15).
Etude n°14-1023/1A 67
Figure 15 : Sondage concernant la pertinence d'analyses supplémentaires
Ces 73,8 % de personnes ont apporté des compléments de réponses sur la pertinence de réaliser
une caractérisation supplémentaire, avec notamment la réalisation de l’évaluation du critère HP14
(voire HP15 après l’utilisation) relatif à l’arrêté du 12/12/2014. Pour d’autres, des analyses
supplémentaires permettent/permettraient de mieux caractériser et d’appréhender :
- Les évolutions néfastes s’il y a présence de contaminants ;
- La manière dont les éléments dangereux sont piégés ;
- La présence par exemple d’une micro-faune ;
- Les transferts potentiels dans la chaine trophique ;
- Pour évaluer les concentrations ;
- Les aspects microbiens/virologiques/parasitaires et l’impact sur les sols et en fonction des
usages concernés, et la caractérisation biologique en général.
Plusieurs réponses soulignent que l’analyse in vitro et la caractérisation chimique seules ne sont ni
suffisantes ni exhaustives, que le matériau est complexe et évolutif, ce qui influencera le
comportement des xénobiotiques et un relargage progressif de contaminants. La concentration
n’est pas un critère de nocivité/risque.
Ces analyses permettent/permettraient une meilleure estimation des impacts sur les milieux, les
composés des sédiments étant spécifiques. D’autres remarques font également mention du fait que
certains contaminants ne sont pas pris en compte et que l’on ne connait que ce qu’on analyse.
Dans le cadre d’un projet de dragage, 67,7 % des personnes (21) ayant répondu que des analyses
supplémentaires seraient pertinentes ont répondu avoir été amenées à en réaliser dans le cadre d’un
projet de dragage ; 32,3 % (10) ont quant à elles déclaré ne pas en avoir réalisé (figure 16).
Etude n°14-1023/1A 68
Figure 16 : Sondage sur des analyses effectivement réalisées lors d'un dragage
19 personnes sur ces 21 ont complété leur réponse par différentes remarques. En ce qui concerne
les analyses physico-chimiques mentionnées comme réalisées, les précisions étaient les suivantes :
- les analyses pour l’évaluation du critère HP14 (obligation réglementaire suite à l’arrêté du
12/12/2014 relatif aux ISDI) ;
- une étude minéralogique, extraction chimique « sélective », mesure de différents paramètres
(taux de carbonate, de matière organique, granulométrie (pour une meilleure
compréhension du comportement des contaminants en conditions oxydantes, dans le cadre
de programme R&D) ;
- granulochimie : répartition des polluants en fonction de la distribution granulométrique
(pour identifier la part de sédiment valorisable à moindre coût et la spéciation des métaux
présents pour adapter le traitement de purification), ou spéciation des métaux pour
déterminer le comportement au fil du temps ;
- valeurs agronomiques (mesures sur les jus de lixiviation et sur des extractions chimiques
sélectives simples) ou par des tests de lixiviation/perméabilité à l’optimum Proctor, essai
au bleu…
- toutes les analyses Sédimatériaux ;
- écotoxicologiques ;
- des formes du soufre et du fer (pour évaluer le potentiel évolutif des sédiments) ;
- différence selon le dragage, les scénarios, la liste des analyses de bases pouvant évoluer ;
- des paramètres particuliers qui posent au représentant du SAGE ;
- Ag et radionucléides ;
- Echantillonnage problématique, le sédiment évoluant au cours du stockage ;
- Des dosages de contaminants hors liste obligatoire pour détecter une existence ou non.
En ce qui concerne les tests écotoxicologiques, neuf réponses sur 19 font mention du protocole
HP 14, qu’il soit modifié (celui qui devrait sortir en réglementation) ou non, ou de tests de
lixiviations pour le dépôt à terre, sur des larves d’huître étant un exemple donné. Une réponse fait
mention de l’obligation réglementaire de ce protocole. D’autres tests ont été rapportés comme
réalisés :
- Test de germination, test de croissance couplé à des valeurs de bioaccumulation et test
chronique ver de terre ;
- Plantes, vers de terre, ostracode, daphnies, micro-algues, rotifères, lignées cellulaires de
poissons, tests chroniques à chaque fois que cela est possible ;
- Deux réponses font mention d’essais d’évitement et de reproduction des vers de terre
(généralement proposés dans le cadre d’une valorisation sous forme de remblais) dont une
réalisant en supplément une mesure de la bioaccumulation dans les vers adultes ;
Etude n°14-1023/1A 69
- Les essais « classiques » de toxicité aigüe et chronique sur des organismes aquatiques et
terrestres, sur des sédiments bruts, centrifugés, lavés vieillis ainsi que sur les éluats, filtrés
ou non ;
- Bio-essais sur des pilotes de vieillissement des sédiments, ou sur sédiments déjà vieillis sur
le terrain ;
- Sur des végétaux, des organismes d’eau douce pour évaluer l’acceptabilité pour le milieu
récepteur ;
- Sur des communautés benthiques, étude de bioaccumulation dans les organismes.
Un commentaire signale que ces analyses ont été réalisées pour donner une signification à des
données résultats d’analyses chimiques non exhaustives et sans réels seuils réglementaires.
Deux personnes ont répondu que les tests écotoxicologiques s’étaient effectués sur le sédiment,
l’éluat et in situ, 14 sur le sédiment et l’éluat, et quatre uniquement sur le sédiment (figure 17).
Figure 17 : Sondage sur la réalisation des tests écotoxicologiques
Pour les 11,9 % de personnes (cinq ; figure 15) ayant répondu que des analyses supplémentaires ne
seraient pas pertinentes, trois arguments ont été apportés.
Un premier est que les demandes des services instructeurs allaient déjà au-delà de la réglementation.
Le deuxième est que la procédure réglementaire encadrant la gestion des sédiments est déjà lourde,
compliquée et peu adaptée à la matrice. Cette personne a précisé sa réponse en expliquant que d’un
département à l’autre, il existe des différences d’application de la Loi (pas d’accord sur les lectures
ou les tolérances entre les différentes Direction Départementales des Territoires et de la Mer
aboutissant à des notes internes pour l’instruction des demandes d’autorisation différentes). De
plus, pour cette même personne réaliser des analyses supplémentaires aggraverait ces « problèmes »,
et rendrait la gestion des sédiments encore plus complexe, aussi bien en termes de valorisation,
économique ou d’opportunité, ce qui pourrait favoriser les curages sauvages. Le dernier fait
mention du fait que tous les paramètres analysés se situent sous le seuil d’admissibilité.
En ce qui concerne l’appréciation par les personnes interrogées de la qualité de la traçabilité des
sédiments gérés à terre, 33 réponses ont été obtenues. Sept personnes font mention d’une bonne
traçabilité (voire très bonne) avec par exemple des bordereaux de suivi de déchets signés par les
transporteurs et les différentes entreprises concernées, et que la mise en œuvre de la traçabilité par
VNF pour la gestion à terre des sédiments est plutôt satisfaisante.
Six personnes sont sans avis, ou estiment que cette question est en dehors de leur champ de
compétences/connaissances. Quatre autres réponses mentionnent le fait que la traçabilité est faible,
médiocre, à améliorer ou inexistante.
Etude n°14-1023/1A 70
Différentes réponses ont fait l’objet de préconisation(s), qui sont notamment les suivantes :
- Proscrire le dépôt de sédiment non inerte en zones (humides) surplombant des nappes
phréatiques ;
- Réaliser un plan de gestion pour chacun des dépôts (avec date, origine, volume des
sédiments…) ou tenir un tableau de bord avec pour chaque sédiment son origine, les
conditions de prélèvement, la description du milieu (contexte d’origine) et les
caractéristiques du sédiment ;
- S’inspirer de la traçabilité de la sortie de déchets ;
- Suivre le TBT pour les sédiments des ports ; tenir compte de l’« ageing effect » ;
- Deux remarques ont fait mention de la mise en place d’une démarche similaire à celle
utilisée dans le domaine des terres excavées.
D’autres dernières remarques font mention que des recommandations simples seraient utiles, et
que la mise en place d’une traçabilité impose de l’honnêteté et de la transparence des informations,
et que la mise en place d’un suivi de la qualité/toxicité des eaux de ruissellement lessivant les dépôts
à terre devrait être mis en place pour valider ce qui a été évalué sur les éluats.
93 % des personnes interrogées ont donné leur avis (inutile, à réaliser au cas par cas, indispensable,
Ne se prononce pas) sur la caractérisation des sédiments à l’issue la phase de stockage. Les résultats
pour les quatre filières de valorisation proposées sont représentés dans le tableau XVI.
Tableau XVI : Résultat sur la pertinence de réaliser une caractérisation des sédiments à l'issue de la phase de stockage
Inutile A réaliser au
cas par cas Indispensable NSP Vide*
Génie civil 2 14 24 1 3
BTP 1 15 24 1 3
Aménagement
paysager 1 13 28 2
Remblaiement 2 13 26 3
* Correspond aux nombres de personnes n’ayant pas souhaité répondre à la question (passage direct à la question suivante) et se distinguent
bien des personnes ne souhaitant pas se prononcer sur la question.
Pour ces quatre filières de valorisation (Génie civil, BTP, Aménagement paysager et
Remblaiement), la majorité des personnes a répondu que la caractérisation à l’issue de la phase de
stockage était indispensable, et notamment en ce qui concerne l’aménagement paysager (66,7 %)
et le remblaiement (63,4 %).
A propos de la prise en charge de cette caractérisation, 23 réponses ont été obtenues et les réponses
sont les suivantes.
Un des répondants est sans avis sur cette question, un autre fait mention du fait que cette question
est juridique et qu’il ne peut se prononcer. Un autre commentaire précise que cette prise en charge
pourrait être variable en fonction de la caractérisation et de la filière. Les réponses les plus
fréquemment citées sont le gestionnaire de l’installation de transit/du dépôt (6), mais également le
maitre d’ouvrage (5).
En autres propositions pour la prise en charge de ces caractérisations supplémentaires :
- bureau d’étude ;
Etude n°14-1023/1A 71
- celui qui demande cette caractérisation ;
- le fournisseur de sédiments ou les acteurs économiques/collectivités ayant généré le
sédiment pollué (2) ;
- le gestionnaire final des sédiments (2);
- un organisme indépendant missionné par le propriétaire du déchet ;
- le « propriétaire » du sédiment pour que l’utilisateur ait tous les éléments pour décider de
sa bonne utilisation ;
- les structures d’Etat (DREAL, DDT, …).
Un commentaire fait mention du fait que la compétence de gestion des déchets est communale,
mais que la charge technique et financière de cette caractérisation et de gestion des sédiments est
souvent trop lourde pour les municipalités : le gestionnaire identifié devrait avoir un pouvoir
technique et financier assez important pour gérer ce type de mission. Un dernier commentaire sur
cette question de prise en charge précise qu’avant de savoir qui, il faudrait bien préciser quoi faire
exactement.
88,6 % des personnes interrogées (soit 39) ont mentionné la ou les filières de valorisation pour
lesquelles ils connaissaient une (ou des réalisations). Les résultats sont présentés dans la figure 18.
Figure 18 : Sondage sur la connaissance de réalisation des filières de valorisation
Les filières de valorisation les plus « connues » en termes de réalisation parmi les personnes ayant
répondu sont :
- les routes et pistes cyclables, avec 26 personnes sur 39 (soit 66,7 %) ;
- le comblement de carrières, avec 25 personnes sur 39 (soit 64 %) ;
- la butte paysagère, avec 24 personnes sur 39 (soit 61,5 %).
0
5
10
15
20
25
30
Effectif (Nombre)
Etude n°14-1023/1A 72
Parmi les réponses « Autre », les exemples suivants ont été cités : régalage, granulat artificiel,
amendement agricole, création d’iles artificielles, construction de sol, fabrication de briques,
création d’un complexe sportif, remblaiement de ballastière, recréation de zones humides.
Parmi les personnes interrogées, 28,6 % (soit 12 personnes sur 42 ; figure 19) ont participé à un
projet d’éco-modelé paysager conçu à partir de sédiments de dragage. Parmi eux, certains (7) ont
répondu avoir eu recours à un guide méthodologique/cahier des charges, et 6 ont cité en exemple
ce qu’ils avaient utilisé :
- le guide SETRA (cité 3 fois) ;
- le guide sur la caractérisation géotechnique des éco-modelés ;
- des études environnementales (diagnostic de site, évaluation détaillée des risques et plan de
gestion) ;
- le guide hollandais.
Deux personnes ont déclaré ne pas avoir eu recours à des outils, et trois ne se sont pas prononcés.
Figure 19 : Sondage sur la participation à la réalisation d'un éco-modelé paysager
Les sédiments utilisés au cours de ce type de valorisation étaient marins dans 66,7 % des réponses
(8) et d’eau douce pour les 33,3 % (4) (figure 20).
Figure 20 : Sondage sur la nature des sédiments utilisés
En ce qui concerne les fractions granulométriques, la majorité des personnes interrogées ayant un
retour d’expérience ont déclaré les avoir toutes utilisées (58,3 %, soit sept personnes), les cinq
autres personnes ont soit fait une sélection de certaines, soit utilisé un mélange de sédiments «
entiers » et de différentes fractions ; une personne a préféré ne pas se prononcer. La répartition
des réponses est présentée dans la figure 21.
Etude n°14-1023/1A 73
Figure 21 : Sondage sur les fractions granulométriques utilisées pour la réalisation de l'éco-modelé paysager
Les résultats sur l’âge des sédiments utilisés par notre panel de répondants ayant un retour
d’expérience sur de la valorisation en éco-modelé paysager sont présentés dans le tableau XVII.
Tableau XVII : Sondage sur l'âge des sédiments utilisés
Nb de Réponse %
Entre 0 et 6 mois inclus 2 16,7
Entre 6 et 12 mois inclus 1 8,3
Entre 12 et 18 mois inclus 2 16,7
Plus de 24 mois 2 16,7
Entre 0 et 6 mois inclus, entre 6 et 12 mois inclus 1 8,3
Entre 12 et 18 mois inclus, plus de 24 mois 1 8,3
Ne se prononce pas 3 25
Nombre de réponses totales : 12
L’âge des sédiments utilisés dans le cadre de leur retour d’expérience est varié, notons cependant
que deux personnes ont utilisé deux sédiments d’âge différents.
Les raisons pour le choix de tel type de sédiments ont été variées et neuf réponses ont été apportées.
Une personne a mentionné que la démarche avait été inverse, et qu’ils avaient cherché une filière
de valorisation adaptée à leurs sédiments. Pour les autres personnes ayant partagé leur retour
d’expérience, le choix s’est fait soit avec les partenaires du projet Sédimatériaux, soit en fonction
des concentrations des contaminants présents dans les sédiments, de la granulométrie et des
besoins de dragage, soit parce qu’il s’agissait de sédiments inertes ne présentant pas de risques de
transfert de polluants dans l’environnement ou finalement soit pour des questions de disponibilité
et de compatibilité. Egalement, dans le cadre d’un projet de recherche deux sédiments (l’un jugé
fortement polluant, le second faiblement) ont été choisis. Un dernier répondant mentionne la
fourchette de contamination large.
Pour ce type de valorisation, un recours à d’autre(s) matériau(x) est possible. Les retours
d’expérience de notre panel sont présentés dans la figure 22.
Etude n°14-1023/1A 74
Figure 22 : Sondage sur le recours à d'autre(s) matériau(x) que des sédiments dans la réalisation d'éco-modelé paysager
Parmi les propositions du questionnaire (Terre végétale ; Remblais), la terre végétale a été déclarée
comme la plus utilisée dans le cadre de cette valorisation. Six répondants ont déclaré avoir eu
recours à celle-ci, dont une avec l’utilisation de remblais en complément. 16,7 % des personnes
(deux) ayant ce retour d’expérience ont déclaré ne pas avoir eu recours à de la terre végétale ou à
des remblais.
Ce type de valorisation peut se réaliser de différentes manières, et les résultats des personnes ayant
un retour d’expérience sont présentés dans la figure 23.
Figure 23 : Sondage sur le mode de réalisation de l'éco-modelé paysager
Dans 50 % (soit six réponses) des cas l’éco-modelé paysager s’est réalisé par dépôts de couches
successives, dans 25 % (trois réponses) l’éco-modelé a été réalisé par tronçon, 16,7 % (2 personnes)
ont répondu « autre » et ont précisé leur réponse : la réalisation s’est fait en mélange des méthodes
proposées, et que le dépôt a par la suite été recouvert de 30 cm de terre ; une personne ayant préféré
ne pas se prononcer.
Les résultats de l’enquête sur comment la végétalisation d’un ouvrage valorisant les sédiments
devrait être favorisée sont présentés dans la figure 24 (41 réponses obtenues).
0
1
2
3
4
5
TerreVégétale
Non Ne seprononce pas
TerreVégétale +Remblais
Remblais Autre :compost de
déchets verts
Effe
ctif
(n
om
bre
)
Etude n°14-1023/1A 75
Figure 24 : Sondage sur la manière de favoriser la végétalisation sur des éco-modelés paysagers
Le recours à des semis et/ou des plantations est la réponse la plus fréquemment citée (22 et 21
personnes sur 41, soit 53,7 et 51,2 %). L’intervention d’un paysagiste a été moins mentionnée (12
réponses sur 41). Différentes combinaisons de réponses étant possibles, celles-ci sont présentées
dans le tableau XVIII.
Tableau XVIII : Combinaison des différents moyens de favoriser la végétation
Nombre de
réponse %
Ne se prononce pas 13 31,7
Par des plantations et des semis 8 19,6
Par des semis, des plantations et l’intervention
d’un paysagiste 8 19,6
Par des plantations 4 9,8
Par des semis 3 7,3
Par l’intervention d’un paysagiste 1 2,4
Par des semis et l’intervention d’un paysagiste 1 2,4
Par des plantations et l’intervention d’un
paysagiste 1 2,4
Par des semis, des plantations et l’intervention
d’un paysagiste, NSP 1 2,4
Autre : dépend de la spécificité, à gérer au cas
par cas 1 2,4
Vide* 3 -
Nombre de réponses totales : 44
* Correspond aux nombres de personnes n’ayant pas souhaité répondre à la question (passage direct à la question suivante) et se distingue
bien des personnes ne souhaitant pas se prononcer sur la question.
31,7 % des personnes interrogées ont préféré ne pas se prononcer sur la manière dont la
végétalisation devrait être favorisée. Les personnes interrogées ont répondu, à hauteur de 19,6%,
que la végétalisation devrait être favorisée par des plantations et des semis, ou par ces mêmes étapes
avec le recours à un paysagiste en plus. Le recours à des plantations, des semis, un paysagiste
séparément est moins cité (9,8 % ; 7,3 % ; 2,4 %).
0
5
10
15
20
25
Par des plantations Par des semis Ne se prononcepas
Par l'interventiond'un paysagiste
Effe
ctif
(n
om
bre
)
Etude n°14-1023/1A 76
Les résultats sur les avantages en termes financiers, de vitrine, d’acceptation des riverains,
géotechnique, paysager, écologique, sanitaire ou de valorisation des sédiments d’un aménagement
sont présentés dans le tableau XIX.
Tableau XIX : Sondage sur les avantages des aménagements paysagers
Totalement
d’accord
Plutôt
d’accord
Plutôt pas
d’accord
Totalement pas
d’accord NSP Vide*
Financier 3 22 4 3 9 3
Vitrine 5 19 8 1 7 3
Acceptation des riverains 3 22 8 7 4
Géotechnique 4 16 6 1 12 5
Paysager 11 20 2 6 5
Ecologique 8 14 7 2 9 4
Sanitaire 1 9 6 4 19 5
Valorisation des sédiments 17 19 1 2 5
* Correspond aux nombres de personnes n’ayant pas souhaité répondre à la question (passage direct à la question suivante) et se distinguent bien des personnes
ne souhaitant pas se prononcer sur la question.
La majorité des personnes a répondu être plutôt d’accord sur le fait que les aspects « financier »,
« vitrine », « acceptation des riverains » et « géotechnique » représentent un avantage pour
l’aménagement paysager. Les aspects « paysager » et « valorisation de sédiments » présentent des
réponses plus unanimes, en effet 31 personnes sont totalement ou plutôt d’accord avec l’avantage
que représente l’aspect paysager, et 36 personnes pour l’aspect valorisation de sédiments. Pour
l’aspect sanitaire, un peu moins de la moitié des personnes ayant répondu à la question ont préféré
ne pas se prononcer, 10 étant ou plutôt pas d’accord voire totalement pas d’accord avec l’avantage
sanitaire que représenterait l’aménagement paysager.
Pour 84,6 % des personnes interrogées (soit 33 personnes), un suivi pour étudier l’impact
environnemental de l’éco-modelé paysager est (ou a été) à mettre en place, 15,4 % n’étant pas pour
cette mise en place (figure 25).
Figure 25 : Sondage sur la pertinence d'effectuer un suivi à l'issue de la valorisation
32 personnes sur les 33 ayant répondu qu’un suivi devait être mis en place pour étudier l’impact
environnemental ont précisé les raisons pour lesquelles l’impact environnemental devrait ou a été
suivi pour :
- s’assurer qu’il n’y a pas d’impact négatif sur l’environnement et qu’il y a bien absence de
conséquence néfaste sur le milieu environnant (réponse citée plusieurs fois) ;
- permettre de vérifier l’innocuité de la filière de valorisation ;
- évaluer la réussite de la réalisation ainsi que sa pérennité ;
Etude n°14-1023/1A 77
- mesurer les effets sur le long terme.
Le contrôle devrait ou a également été mis en place pour :
- suivre l’évolution dans le temps de la valorisation (certains contaminants ont des spéciations
pouvant évoluer ; sans traitement les sédiments ne sont pas stables et non réactifs), (réponse
citée plusieurs fois) ;
- vérifier l’absence de relargage de contaminants (réponse citée plusieurs fois) et/ou l’absence
d’émissions, pouvant se transférer dans la chaine trophique (via notamment les plantes et
les décomposeurs) ;
- confirmer le caractère inerte sur le milieu.
Une remarque mentionne le fait que ce suivi est à gérer au cas par cas selon les études préalables
effectuées, et qu’il permet de vérifier l’adéquation des aménagements et le respect des éléments
présents dans l’étude d’impact et l’absence de dérive. Plusieurs commentaires ont également
mentionné que ce suivi permet/permettrait d’acquérir un retour d’expérience suffisant et donc
pouvoir donc considérer que ce type d’aménagement ne génère pas d’impact sur la qualité des eaux
et des sols et que cela permet de vérifier in situ ce qui se passe réellement (chaque lieu et type de
valorisation étant quasiment un cas unique encore pour le moment). Un dernier commentaire
précise que ce suivi est préconisé dans la démarche Sédimatériaux.
Pour les trois personnes ayant répondu qu’un suivi environnemental n’était pas à mettre en place,
les réponses ont été argumentées de différentes manières :
- soit qu’il n’y avait pas matière à le faire ;
- soit que les précautions environnementales doivent être prises avant et qu’il faut être en
mesure d’anticiper toute évolution néfaste avant la mise en œuvre des matériaux, en
s’assurant que le futur ouvrage ne pose aucun problème compte tenu de son usage ;
- si le matériau a pu être valorisé c’est qu’il ne présente pas de problème et que c’est inutile
de rajouter un suivi.
En ce qui concerne le fait d’inclure ou non des aménagements spécifiques pour le suivi de l’éco-
modelé, 64,3 % des personnes interrogées (27) s’y montrent favorables, contre 9,5 % (4) ne l’étant
pas (26,2 % ne s’étant pas prononcées, 11) (figure 26).
Figure 26 : Sondage sur la nécessité d'inclure des aménagements spécifiques
Parmi ces 27 personnes favorables, 21 personnes ont complété leurs réponses sur les
aménagements qui devraient ou ont été inclus pour le suivi de l’éco-modelé.
Etude n°14-1023/1A 78
Les sédiments peuvent présenter des risques sanitaires, il y a nécessité de suivre la durabilité
chimique , l’effet du vieillissement, les changements de spéciations, la zone de battement de nappes.
Huit réponses mentionnent l’installation de piézomètres comme aménagement pour le suivi
environnemental (une réponse précisant également l’installation de piézomètre à proximité de la
zone d’étude), une un piézair dans le cas de contaminants volatils, et qu’a minima des piézomètres
et un suivi écologique sont à envisager.
Une réponse mentionne le fait que cela relève encore de l’expérimentation (pas d’autorisation
réglementaire globale), qu’un suivi est indispensable et qu’il se définit au cas par cas selon le projet.
Une autre réponse est que cela est difficile à dire dans l’absolu car cela est fonction du site, des
aménagements réalisés, du contexte local, des enjeux environnementaux et sanitaires de la zone, de
la qualité des sédiments…
Quatre réponses mentionnent également un inventaire écologique pour suivre l’impact de la
valorisation sur la faune et la flore. Trois réponses indiquent une mesure des écoulements et la
composition chimique des eaux percolant, ainsi qu’une gestion des flux d’eau et de sa disponibilité.
Un dernier répondant mentionne le fait qu’il est sans avis sur la question.
Parmi les personnes faisant partie du panel de répondants, 54,8 % des personnes (23) pensent
qu’un risque écologique est possible à l’issue de la valorisation paysagère des sédiments (figure 27).
Figure 27 : Sondage sur l'existence d'un risque écologique à l'issue de la valorisation
Les 23 personnes ayant répondu « oui » ont toutes justifié leur réponse sur la possible existence
et/ou la nature du risque écologique. Une réponse mentionne le fait que le risque est lié à la
présence possible de contaminants au sein des boues de dragage et d'une possible évolution de leur
mobilité (au sens large, c'est à dire qui englobe la phyto-, biodisponibilité) suite aux nouvelles
conditions physico-chimiques qui règneront dans l'édifice après valorisation. Cette personne ajoute
qu’il faut donc s'assurer que tous les scénarios d'exposition des cibles soient caractérisés en tenant
compte de cette évolution. Par ailleurs, puisqu'il est question de valorisation, et donc de « valeur »
redonnée au matériau, il faut se poser aussi la question de la valeur du site receveur. Quel est son
fonctionnement écologique avant qu'il ne reçoive les boues ? A-t-il un intérêt ? Pour qui ? Pour
quoi ?
Deux répondants indiquent que le risque « zéro » n’existe pas, et qu’un sédiment contaminé
constitue un risque (par exemple pollution de l’eau par lessivage). Une autre réponse indique que
le risque pourrait provenir de relargage de percolats pollués, d’envol de particules fines
contaminées. Plusieurs réponses indiquent que le relargage, la dissémination ou la modification de
la forme chimique de certains éléments peuvent faire suite à l’évolution/vieillissement du substrat
(une réponse ajoutant que les changements physico-chimiques sont liés à la rhizosphère). Une
Etude n°14-1023/1A 79
réponse mentionne que le risque peut provenir de la désorption des contaminants métalliques dans
le temps et de la dégradation des contaminants organiques. Une réponse précise que l’évolution
bio-physico-chimique des sédiments rendait possible le relargage de polluants au cours du temps
(en fonction de la teneur en matière organique, du pH, de l’oxygène une évolution chimique est
susceptible de se produire et de générer des flux de substances toxiques pour le milieu naturel).
Le risque chimique est fonction de la qualité des sédiments et de nombreuses caractéristiques
intrinsèques au matériau, à la présence de polluants (POP, métaux, parasites…) que cette
contamination chimique est fonction de la provenance des sédiments et de leur caractère non
inerte ; qu’avec le temps les contaminants métalliques peuvent se désorber et que les contaminants
organiques peuvent se dégrader et libérer des radicaux pouvant être toxiques ; que des risques
chroniques peuvent exister suite à la diffusion des polluants présents dans les sédiments ; et que
ces ouvrages sont constitués d’une importante masse de sédiments.
Une réponse mentionne le fait qu’une valorisation paysagère ne veut pas dire respect de
l’environnement, le résultat peut être beau et bien intégré au paysage mais être néfaste pour la faune
et la flore, voire les populations humaines (le choix des espèces végétales pouvant être inadaptées,
non favorables à la biodiversité locale, implantation d’espèces exotiques envahissantes, destruction
et modification d’habitats). Une autre réponse ajoute que des espèces nuisibles ou opportunistes
peuvent se développer et avoir un effet sur les espèces préexistantes.
Une dernière réponse relève le fait qu’actuellement l’impact de certaines molécules est bien connu
mais que la science poursuit son évolution et il est possible qu’un jour une molécule soit déclarée
dangereuse/nuisible pour l’écologie ou bien même pour la santé. La rémanence des produits
contenus dans les sédiments qui pourrait être dangereuse est également évoquée. Un dernier
commentaire mentionne qu’en l’absence de vérification on ne peut pas savoir ce qui se passe.
Pour les 28,6 % (12 personnes) pensant qu’un risque écologique n’est pas envisageable, 11 ont
argumenté leur réponse de différentes manières.
Les analyses actuellement faites sur les sédiments sont toujours négatives.
Un suivi de 24 mois a montré l’absence de relargage, et le suivi se poursuit dans le temps.
Dans le cas d’une valorisation, les sédiments étaient encapsulés dans une géomembrane étanche et
les sédiments ne présentaient aucun caractère de dangerosité.
Pour toute valorisation, une étude d’impact spécifique doit être effectuée ; si celle-ci montre un
risque, la valorisation ne peut être la solution retenue, cependant une surveillance adaptée doit être
mise en œuvre afin de s’assurer de l’absence de risque à plus long terme.
Si des tests ont été réalisés après un traitement et avant une réutilisation, le suivi environnemental
se fait uniquement pour confirmer la bonne qualité de la valorisation.
D’autres commentaires mentionnent le fait que le sédiment n’est pas un danger mais une matière
naturelle pouvant éventuellement contenir des polluants ; que le niveau de traitement réglementaire
est exigeant ; que cette utilisation suppose l’emploi de sédiments non pollués.
Pour les questions plus spécifiques à l’éRé, 57,1 % des personnes interrogées (24) ont déclaré avoir
déjà entendu parler de celles-ci, contre 42,9 % (18) (figure 28).
Etude n°14-1023/1A 80
Figure 28 : Sondage sur la connaissance de l'éRé
Par la suite il a été demandé de hiérarchiser différentes finalités de l’éRé en fonction de leurs critères
d’intérêt, la valeur « 1 » représentant le critère le plus important et la valeur « 7 » un critère moins
déterminant. Ces résultats sont présentés dans le tableau XX.
Tableau XX : Hiérarchisation des finalités de l’éRé en fonction des critères d’intérêt
1 2 3 4 5 6 7 Vide*
Identifier les dangers 21 5 6 1 2 2 7
Identifier les espèces à risque 11 7 7 7 3 1 8
Anticiper les risques pour
l’écosystème récepteur 14 13 3 5 1 1 7
Garantir un écosystème pérenne et de
qualité 15 6 6 6 4 7
Optimiser les aménagements
paysagers 2 5 8 4 8 4 6 7
Etablir la traçabilité des contaminants
au sein de l’écosystème 4 7 8 3 7 6 2 7
Valoriser des sédiments selon une
technique routière 3 3 4 5 2 9 10 8
* Correspond aux nombres de personnes n’ayant pas souhaité répondre à la question (passage direct à la question suivante) et se distinguent
bien des personnes ne souhaitant pas se prononcer sur la question.
La finalité de l’éRé la plus fréquemment citée comme la plus importante est l’identification des
dangers (21 réponses sur 37, soit 56,8 %), en prenant en considération le critère « 2 », on obtient
26 réponses sur 37 pour ce critère (soit 70,3 %). 15 personnes ont classé en « 1 » la garantie d’un
écosystème pérenne et de qualité comme finalité de l’éRé la plus déterminante. Par rapport à
l’anticipation des risques pour l’écosystème récepteur, 14 personnes l’ont classé en « 1 » et 13 autres
en « 2 », ce qui montre l’importance également de cette finalité de l’éRé (73 % des répondants
l’ayant classé en « 1 » ou « 2 »). Les propositions de finalités d’éRé étant moins déterminantes sont
l’optimisation des aménagements paysagers, l’établissement de la traçabilité des contaminants au
sein de l’écosystème ou encore la valorisation des sédiments selon une technique routière.
71,4 % des personnes (soit 30 sur les 42 ayant répondu à cette question) ont répondu qu’un guide
pour la réalisation des éRé leur serait utile pour la valorisation des sédiments en technique
paysagère, 23,8 % (soit 10 personnes) ne se sont pas prononcées, et seules deux personnes ont
répondu par la négative (figure 29).
Etude n°14-1023/1A 81
Figure 29 : Sondage sur l'utilité d'un guide pour la réalisation des éRé
La dernière partie du questionnaire comportait un espace « Avis – Commentaire, pouvant être sur
ce questionnaire et/ou tout autre commentaire autour de la gestion à terre des sédiments de
dragage », où 19 personnes ont déposé un commentaire.
Six remarques ont été laissées sur le questionnaire à proprement parler : une première sur la
formulation des questions qui laisse la place à une certaine ambiguïté ; une deuxième sur le fait
qu’elles sont trop succinctes ; une troisième sur le fait que le questionnaire est intéressant mais que
les questions sont parfois difficiles dans leur compréhension ; une autre sur le fait que la possibilité
de retour en arrière pour modification/rectification était très bien et une dernière sur le fait que
vers la fin le questionnaire se focalise sur une seule piste de valorisation. Une autre remarque
mentionne le fait que le questionnaire ne tient pas compte de la différence notable existant entre
les sédiments marins et fluviaux.
Quatre autres remarques mentionnent l’existence d’un projet de guide réalisé par le CEREMA, que
des groupes de travail sur la valorisation à terre des boues de dragage sont en cours sous l’égide du
MEEM (piloté par le CEREMA et le BRGM), que les questions abordées dans cette enquête sont
également abordées au Secrétariat Permanent pour la Prévention des risques et Pollutions
Industrielles (SPPPI) lors de débats sur la réhabilitation de friches industrielles en présence du
BRGM, de Burgeap, de « décideurs » économiques et politiques ainsi que de représentants
d’associations environnementales, et que le projet SEDIMED piloté par Envisan France, dont
l’expérimentation est en cours, a permis de réaliser des prototypes de valorisation des sédiments
marins en modelé, bloc béton, route (en complément de cette remarque, le répondant précise que
l’approche hollandaise ne fait pas de distinction entre sol et sédiment).
Deux remarques mentionnent le fait qu’il conviendrait :
- de dédramatiser le sujet en évitant de qualifier les sédiments de « boues de dragage » et de
relativiser leur potentiel de dangerosité en évitant les a priori négatifs ;
- d’arrêter de considérer le sédiment comme un déchet et qu’il est un produit d’avenir.
Une remarque précise que l’éRé n’est pas qu’un outil de gestion et qu’elle peut aussi être mise en
relation avec la gestion et ses modalités pour permettre des allers/retours entre choix techniques
et risques évalués. Le dépôt à terre, et d’autant plus s’il est aménagé d’un point de vue paysager,
peut devenir un milieu « neuf » et créer un écosystème avec des services et des valeurs
écosystémiques. Cette remarque est renforcée par une autre : l’éRé est une démarche intéressante
pour les ouvrages de grande dimension, qui pourrait être imposée sur une durée limitée dans le
Etude n°14-1023/1A 82
cadre d’un programme national pour constituer un retour d’expérience sur les impacts de ce type
d’ouvrage ; ce retour d’expérience pourrait déboucher sur une procédure plus simple et sécurisante
pour la valorisation des sédiments en butte paysagère.
Une autre remarque mentionne le fait que la gestion à terre des sédiments est difficilement
programmable, que les volumes et la qualité des sédiments ne peuvent être prévus à l’avance. De
ce fait, il est compliqué pour les gestionnaires de cours d’eau de s’associer à des partenaires de BTP
/ génie civil / aménagement paysager pour tester une valorisation sans savoir si les négociations
avec les municipalités / riverains aboutiront. En considérant de surcroît le coût élevé du transport
des sédiments, la gestion se fait in fine préférentiellement sur site (régalage). Ce répondant suggère
qu’une gestion quantitative départementale ou régionale des sédiments serait plus adaptée, et que
cela permettrait aux partenaires « valoriseurs » de disposer de la quantité / qualité de sédiments
nécessaires pour la technique adaptée.
Un des répondants espère que ce questionnaire sera suivi d’effets et que les études de suivi se
développeront pour une meilleure gestion des dépôts à terre et une bonne traçabilité de ces
derniers.
III. Discussion – Conclusion
Une analyse ainsi qu’un commentaire des réponses à l’enquête décrite précédemment sont
proposés ci-après.
Panel des répondants
Le panel de répondants se compose en majorité (50 %) par des membres de la communauté
scientifique. Plusieurs explications peuvent être envisagées :
1) Tout d’abord, les scientifiques sont les plus nombreux dans la base de données et
représentent 33 % des effectifs totaux ;
2) les nombreux projets de recherche insufflés par la récente évolution du contexte
réglementaire au début des années 2000 dont les résultats, conclusions et avancées en
termes de gestion et de valorisation des sédiments sont valorisés ou en cours en valorisation
dans la littérature scienfique et qui expliquent que le sujet soit, à ce jour, davantage porté
par les scientifiques que par les opérationnels, tout du moins dans la littérature.
Les analyses et le critère HP 14
Concernant les analyses à réaliser sur les sédiments, le cadre réglementaire ainsi que le cadre
scientifique ressortent particulièrement des réponses.
La majorité des répondants (73,8 %) estime nécessaire la réalisation d’analyses supplémentaires.
Celles-ci permettraient :
- de répondre à une demande réglementaire (critère HP 14) ;
- et/ou de répondre à une question/besoin spécifique de la filière de valorisation envisagée
(par exemple pour valoriser en éco-modelé paysager il ne faut pas qu’il y ait de contaminants qui pourraient
nuire à l’écosystème environnant) ;
- et/ou parce que le site de prélèvement comporte des particularités spécifiques en termes
de contamination, géologie etc. qui justifient la recherche d’autre(s) paramètre(s) et donc la
Etude n°14-1023/1A 83
réalisation d’analyses supplémentaires (par exemple un site de dragage à proximité d’une centrale
nucléaire).
Pour que cette caractérisation soit correctement réalisée, il est nécessaire qu’elle implique
l’intervention d’experts scientifiques.
Certains répondants, minoritaires, se cantonnent aux analyses obligatoires actuellement. Ils
estiment qu’étoffer la réglementation en ajoutant d’autres analyses complexifierait davantage la
gestion qui n’est déjà pas toujours simple et que cela n’encouragerait pas les meilleures pratiques
de gestion.
En dehors d’une obligation réglementaire (critère HP 14) la plupart des tests écotoxicologiques
évoqués ont dû être réalisés dans un cadre d’expérimentations scientifiques (au regard du panel
assez marqué scientifique). Cependant, il n’est pas à exclure que des essais complémentaires aient
été réalisés par manque de signification des résultats des tests physico-chimiques comme le souligne
une remarque d’un répondant.
Ces tests ont davantage été réalisés sur sédiments et/ou sur éluats/lixiviats et peu de réponses (2)
font référence à des tests réalisés in situ. Plus de la moitié des réponses fait référence à la
réglementation pour la réalisation des tests écotoxicologiques. De plus, pour la plupart des réponses
concernant des analyses, celles-ci ont été réalisées en amont du projet de dragage.
Concernant la prise en charge financière des coûts des analyses supplémentaires à envisager, il est
difficile de déterminer à qui revient cette charge. Parmi les réponses proposées, cela pourrait se
jouer entre le propriétaire initial et le gestionnaire. Comme l’a souligné un répondant qui n’a pas
souhaité s’exprimer sur cette question, il s’agit d’un point juridique sur lequel il conviendrait de
légiférer.
Traçabilité
Concernant la traçabilité des sédiments, les réponses sont très opposées : soit les répondants en
sont très satisfaits (7) soit à l’inverse ils l’estiment insuffisante (4). Il n’y a pas de réponses
intermédiaires.
Pour expliquer cet écart, plusieurs hypothèses peuvent être avancées. Ainsi, la variabilité dans la
traçabilité peut s’expliquer par :
- une différence de gestion selon que les sédiments soient marins ou fluviaux en lien avec
des volumes de dragages différents ;
- des exigences selon les régions qui ne sont pas les mêmes. A titre d’illustration, nous
reprenons ici le commentaire laissé par un des répondants : « il existe une spécificité en
Languedoc-Roussillon, où la DREAL (devenue MP-LR) assure la police de l’eau et non pas la Direction
Départementale des Territoires et de la Mer concernant le canal du Rhône à Sète notamment ou les eaux
saumâtres » ;
- un manque de clarté dans la réglementation, ce qui peut entrainer des différences
d’appréciation dans sa lecture. En effet, si le sédiment acquiert le statut de déchet
dangereux, la réglementation est claire et la traçabilité bien définie, à l’inverse, il y a un réel
manque d’informations et de consignes concernant l’organisation de la traçabilité des
Etude n°14-1023/1A 84
sédiments étiquetés non dangereux. Leur gestion est alors envisagée au cas par cas, ce qui
explique une grande variabilité.
Le manque de clarté dans la réglementation et la nécessité de solutions en matière de gestion des
sédiments à terre sont deux points très souvent cités par les répondants tant dans les réponses que
les commentaires en expression libre de l’enquête.
Les voies de valorisation
Les résultats de l’enquête mettent en évidence la bonne connaissance de nombreuses voies de
valorisation des sédiments. En effet, sur les 11 exemples de valorisation proposés, tous étaient
connus au moins une fois, ce qui témoigne d’une bonne diffusion de l’information sur ces filières
y compris un transfert vers le « grand public ».
Les voies de valorisation les plus connues par le panel de répondants sont les routes, le comblement
de carrières et les buttes paysagères. Un « effet vitrine » des projets de recherche associé à ces
thématiques n’est pas à exclure. Il se reflète par les publications dans la littérature scientifique mais
également par des campagnes d’affichage pour les projets impliquant des opérationnels. Nous
pouvons, à titre d’exemple, citer la butte paysagère du GPMD, qui bénéficie d’un affichage mettant
en avant l’innovation du projet.
Les voies de valorisation moins connues sont les brises-vagues et les cordons dunaires. Cela peut
s’expliquer par une localisation restreinte aux milieux côtiers/littoraux. De plus, la réglementation
sur ces milieux est plus complexe, notamment pour les rechargements de plage.
En termes de secteur d’activité, il apparait à travers l’enquête qu’aussi bien les gestionnaires que les
prestataires s’intéressent à la valorisation des sédiments. De façon assez logique, la première
explication est l’importance des volumes de sédiments dragués chaque année. Pour rappel, le
dragage des principaux ports français représentent chaque année près de 50 millions de m3 de
sédiments (Alzieu, 1999 ; Mamindy-Pajany et al., 2011), auxquels il faut ajouter les sédiments
fluviaux. A ce jour, les besoins des gestionnaires et des prestataires ne semblent pas suffisamment
connus. En effet, comme l’illustrent certains commentaires de l’enquête, il existe d’un côté, (i) des
gestionnaires en recherche de solutions alternatives au stockage de sédiments (par manque de site
de stockage et par manque de moyens financiers) et qui de ce fait sont en attente de filières de
valorisation adaptées et de l’autre, (ii) des prestataires ayant des besoins en matériaux qui, pour
certains, deviennent de plus en plus rares et chers et pour lesquels il faut trouver des substituts
(exemple des sédiments remplaçant le sable dans la création de béton). Il est donc très probable
que dans les années à venir des progrès soient réalisés afin de mieux répondre à l’offre de sédiments
et à la demande de matériaux. Ces progrès s’exprimeront sans doute par une information plus
efficace, une meilleure traçabilité et une réglementation enrichie par le retour d’expérience.
Les outils d’aide à la conception des éco-modelés
Sur la base du retour d’expérience exprimée dans l’enquête, les éco-modelés réalisés ont plutôt
utilisé des sédiments marins sans distinction de la fraction granulométrie et d’âge très variable.
Parmi les répondants, seuls quelques-uns mentionnent le recours à un guide/support
méthodologique. La réponse la plus fréquente cite un guide géotechnique (guide SETRA [Service
d'études sur les transports, les routes et leurs aménagements], cité trois fois) ou environnemental
Etude n°14-1023/1A 85
(diagnostic de site, évaluation détaillée des risques et plan de gestion). Aucun répondant n’a fait
référence à des guides d’évaluation des risques écologiques.
La question des risques écosystèmiques susceptibles d’être engendrés par les dépôts de sédiments
s’envisage, selon les résultats de notre enquête, au cas par cas et semble plutôt inscrits dans un
contexte expérimental. La préoccupation écologique semble plutôt se traduire, dans la pratique, par
l’intégration paysagère d’un ouvrage/d’un amanégament et/ou par une nécessité de stabilisation du
substrat. Un « réflexe » de végétalisation ou de plantation, le plus souvent associé à un apport de
terre végétale, est assez classiquement décrit.
Pour garantir la réussite et la pérénnité d’un ouvrage ou aménagement paysager, la technique de
végétalisation doit être adaptée à l’environnement et l’écologie du milieu dans lequel s’intègre le
dépôt. A titre d’exemple, l’apport de terre végétale pour la butte paysagère d’un cordon dunaire ne
se justifie pas nécessairement d’un point de vue écologique et peut, contrairement aux attentes,
entraîner le développement d’une végétation peu adaptée et en conséquence des problèmes
d’érosion ou de nuisances écologiques (dissémination d’espèces invasives par exemple).
Evaluation des risques
Au regard des 57,1 % de réponses positives, l’évaluation des risques pour les écosystèmes (éRé) est
plutôt bien connue du panel de répondants. Ils y voient un outil permettant « d’identifier les
dangers », « garantir un écosystème pérenne et de qualité », « identifier les espèces à risques »
et « anticiper les risques ». Un réel intérêt pour l’utilisation d’un guide éRé pour la valorisation des
sédiments a été manifesté à travers les 71,4 % de réponse favorable des répondants. Seules deux
personnes n’ont pas trouvé d’utilité à un guide éRé.
Une forte préoccupation concernant les transferts de contamination des sédiments sur l’écosystème
est exprimée. Deux entités se distinguent assez nettement : la butte paysagère, perçue comme
source potentielle de contaminants, et l’écosystème récepteur. Ce dernier est le plus souvent perçu
comme l’écosystème exposé au transfert de contaminants. Les effets de la contamination sur
l’écosystème du dépôt en lui-même ne sont pas exprimés.
Comme le souligne l’un des répondants, l’écosystème peut être exposé à des effets autres que celui
de la contamination. L’introduction d’espèces invasives, sujet de préoccupation du répondant, peut
tout à fait constituer un agent de stress considéré dans le cadre d’une évaluation des risques pour
les écosystèmes. C’est un domaine d’application moins connu de l’éRé mais qui est envisageable.
Remarques sur le questionnaire
Une remarque sur le questionnaire soulève qu’aucune distinction n’a été faite entre les sédiments
fluviaux et les sédiments marins.
Conscients des différences qui existent entre les sédiments marins et fluviaux (salinité, siccité,
granulométrie, contaminants, etc), nous avons néanmoins fait le choix de traiter le sujet dans sa
globalité, sans nécessairement distinguer les questions selon le type de sédiments considérés. La
stratégie visée était d’établir un questionnaire pouvant s’adresser à plusieurs profils d’acteurs, donc
potentiellement des gestionnaires de sédimentaires fluviaux et/ou marins. Entre autres arguments,
nous pouvons également souligner que le sédiment, une fois extrait, acquiert le même statut de
déchet quelle que soit sa provenance.
Une autre remarque fait mention de « questions qui amènent à des réponses ambigües » ou de
« questions parfois difficiles dans leur compréhension ».
Etude n°14-1023/1A 86
Cette remarque met en lumière la complexité du sujet. L’ambiguïté et/ou la complexité perçues
peuvent s’expliquer par des perceptions différentes selon le profil du professionnel interrogé
(scientifique, gestionnaire, opérationnels, ...) et l’angle d’étude de la problématique. Or, le
questionnaire a été adressé à des acteurs aux profils très variables et sans doute avec des points de
vue et des retours d’expérience différents. Néanmoins, malgré l’ambiguité et la complexité
exprimées par certains répondants, la diversité des réponses a apporté un éclaircissement sur
certaines questions, mis en lumière des problématiques non pressenties par l’analyse de la littérature
et, dans tous les cas, enrichis nos réflexions par les retours d’expérience décrits et la mise en
perspective de la réalité du terrain par rapport à une réglementation, une expérimentation ou à des
hypothèses formulées sur la base d’analyse bibliographique.
CONCLUSION DU CHAPITRE I
D’un point de vue quantitatif, les sédiments dragués proviennent principalement des zones
portuaires maritimes. Depuis le début des années 2000, la réglementation relative aux activités de
dragage a évolué et s’est renforcée afin de mieux prendre en compte les enjeux environnementaux.
Il est désormais obligatoire d’évaluer la qualité des sédiments à extraire. Cela se traduit notamment
par la réalisation d’analyses physico-chimiques visant à déterminer le niveau de contamination des
sédiments. Ce contexte réglementaire est complexe car un projet de dragage peut, selon les cas,
dépendre de la législation sur les déchets, l’eau, le milieu maritime ou des ICPE. Néanmoins, il
présente l’avantage de produire des données qui permettent d’établir un diagnostic initial des
sédiments et, selon la gestion envisagée, de caractériser le ou les milieux récepteurs des sédiments
dragués.
Malgré un contexte réglementaire commun à l’échelle de l‘Europe, il existe une disparité des
pratiques de gestion. Parmi les principales différences constatées figurent :
- l’état de retranscription en droit national (cette étape est plus ou moins complexe selon les pays et
prend donc plus ou moins de temps) ;
- le statut du sédiment dragué et la réglementation à laquelle il se réfère (soit il se rapporte à la
DCE ou soit il prend le statut de déchet et la réglementation est alors plus stricte) ;
- les méthodes de calculs et les seuils de décision avec parfois de très grands écarts ;
- l’interprétation du danger des sédiments dragués.
Des différences existent également à l’échelle du territoire national, c’est notamment ce qu’a permis
de souligner l’enquête menée. En effet, parmi les principales conclusions formulées, des disparités
dans les connaissances ont été mises en évidence (i) entre les différentes voies de valorisation ainsi
que (ii) entre la littérature et la réalité du terrain.
Autre point souligné par l’enquête, déjà révélé par notre analyse de la littérature et de la
réglementation, la traçabilité considérée comme un élément central dans l’amélioration de toutes
les filières de valorisation. Pourtant, la perception de celle-ci est très variable. En effet, selon les
pratiques/usages (sédiments marins et fluviaux) des différences sont observées : la traçabilité des
sédiments fluviaux semble plus claire mais il faut préciser qu’ils représentent un volume moins
important que les sédiments marins.
Etude n°14-1023/1A 87
La récente parution d’un arrêté spécifique au stockage des sédiments témoigne de la prise de
conscience des autorités concernant l’évolution indispensable de la réglementation. Cet
accompagnement est d’autant plus important qu’à travers l’enquête, il ressort un fort potentiel en
termes d’offres et de demandes concernant l’utilisation de sédiments de dragage dans diverses
filières de valorisation.
De réels besoins ont été exprimés dans les réponses du questionnaire concernant la mise à
disposition d’outils méthodologiques et la reconnaissance officielle d’outils d’aide à la décision.
Nombre de répondants ont également soulignés la nécessité de compléter les démarches actuelles
qui, malgré leur utilité, ne s’avèrent pas toujours suffisantes. Eux-mêmes font le constat qu’il y a
des manques actuellement dans la caractérisation obligatoire des sédiments et qu’il est nécessaire
de faire des analyses supplémentaires en termes de risques environnementaux.
Etude n°14-1023/1A 88
CHAPITRE II : DU DRAGAGE A LA GESTION A TERRE : EVOLUTION ET
MODIFICATION DES SEDIMENTS, DES POLLUANTS ASSOCIES ET DES MILIEUX
RECEPTEURS
La première partie de ce chapitre II propose une description et une analyse des principales
caractéristiques physiques, chimiques et biologiques des sédiments. Les modifications subies par
les sédiments et l’évolution de ces caractéristiques suite à leur mise en dépôt sur un milieu terrestre
sont étudiées dans la partie 2. Enfin, la partie 3 expose les conséquences de la gestion à terre des
sédiments sur les éosystèmes au regard de la connaissance et du retour d’expérience décrits dans la
littérature scientifique.
PARTIE 1 : CARACTERISATION DES SEDIMENTS ET DE LEUR COMPORTEMENT
LORS D’UN PROJET DE DRAGAGE
I. La sémantique du sédiment
A partir du moment où le sédiment est extrait de son milieu d’origine, il peut être défini par diverses
appellations, y compris dans la réglementation. Nous pouvons citer, par exemple, les notions
« boues de curage » ou « sédiments-déchets ». L’objectif de ce paragraphe est donc de faire le point
sur les principaux termes faisant référence aux sédiments extraits, de préciser leur définition et, si
nécessaire, de statuer sur la terminologie retenue dans le cadre de la présente étude.
(i) « boues » ou « sédiments » ?
Il convient dans un premier temps d’éviter toute confusion entre les termes « boues » et
« sédiments », les deux termes étant utilisés à même escient dans les réglementations
communautaires et nationales relatives aux déchets.
Dans le présent rapport, nous reprendrons la position adoptée par le Groupe de travail « sédiment
de dragage » du Grenelle de la Mer, à savoir qu’il « est plus pertinent de parler de sédiments de
dragage et non de boues car l’utilisation de ce terme ne préjuge ni du niveau de contamination, ni
de la nature du matériau, ni du statut éventuel de déchet des sédiments dont il est question. ».
Dans la littérature, il est assez courant d’associer les notions sédiments ou boues à la technique
employée pour extraire le sédiment, comme par exemple les « boues de curage ». Sur ce point, il
convient de préciser que sur le plan juridique, il n’existe pas de distinction entre le curage et le
dragage, les deux correspondent à un terme générique désignant une méthode d’extraction des
sédiments. La différenciation proviendrait davantage d’une convention d’usage. En se référant aux
définitions de la circulaire du 4 juillet 2008, le terme dragage s’emploierait plutôt pour le milieu
maritime et le terme curage pour le milieu fluvial.
Dragage : Opération d’une certaine envergure réalisée avec des outils lourds (pompe aspirante, drague, etc.). Il est souvent utilisé dans le cadre des travaux maritimes qui couvrent tant des opérations d’entretien ou des opérations liées à des travaux neufs que toutes opérations qui peuvent aussi bien concerner les accès aux ports, les ouvrages portuaires, les chenaux de navigation en deçà
Etude n°14-1023/1A 89
de la limite transversale de la mer. Par assimilation, le terme dragage est souvent utilisé dans le cadre des opérations de maintien du chenal de navigation des canaux et cours d’eau. Curage : Le curage est le terme le plus générique qui couvre tant des opérations de simple mobilisation de sédiments à très petite échelle sans sortie du lit mineur du cours d’eau que l’enlèvement des sédiments lié à une opération d’entretien de cours d’eau à grande échelle ou liée à des travaux ou à la création d’un ouvrage dans le lit mineur d’un cours d’eau et à l’entretien de cet ouvrage (curage des retenues de barrages par exemple). Il est communément utilisé dans le cadre de l’entretien ou de travaux en milieu fluvial (hors maintien des chenaux de navigation).
(ii) Le sédiment-déchet
D’un point de vue réglementaire, le déchet est défini dans l'article L 541-1 du Code de
l’Environnement qui stipule que « tout résidu d'un processus de production, de transformation ou
d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné
ou que son détenteur destine à l'abandon » est considéré comme un déchet (Art.L.541-1.-II).
L’association des termes « déchet » et « sédiment » est à rapprocher du contexte réglementaire et
du statut du sédiment une fois extrait de son milieu d’origine. En effet, depuis le début des années
2000, la législation relative aux déchets a évolué et impose aujourd’hui un cadre plus contraignant
pour les sédiments gérés à terre qui sont désormais considérés comme des déchets d’où la notion
de « sédiment-déchet ».
Ainsi défini, le sédiment-déchet peut être classé selon sa dangerosité, cette dernière reposant sur
les 15 critères de dangerosité des déchets (HP 1 à HP 15). Selon le décret n°2000-540 du
18/04/2002 relatif à la classification des déchets selon la nature européenne, les sédiments sont
classés dans la rubrique 170505* (boues de dragage contenant des substances dangereuses) si le
sédiment-déchet présente un seul des 15 critères de dangerosité ou dans la rubrique 170506 pour
les boues de dragage non rattachées au 170505*.
(iii) Sédiments marins vs sédiments continentaux
Dans la littérature, deux principales catégories de sédiments s’opposent : les sédiments marins qui
incluent les sédiments estuariens et les sédiments portuaires et les sédiments continentaux que nous
retiendrons comme le terme générique pour désigner l’ensemble des sédiments des milieux
aquatiques d’eau douce.
(iv) Sédiments fluviaux ou fluviatiles ?
Les adjectifs « fluvial » et « fluviatile » sont en général utilisés comme des synonymes. Il existe
néanmoins une différence entre ces termes. D’après le Centre National de Ressources Textuelles
et Lexicales (CNRTL), fluvial fait référence à « tout ce qui concerne le fleuve » alors que fluviatile
fait plutôt référence à « ce qui vit, qui croît dans l’eau des fleuves, des ruisseaux ou sur leurs bords »
(ex. : plantes fluviatiles, insectes fluviatiles). Pour notre sujet, nous retiendrons les termes
« sédiments fluviaux » pour faire référence aux sédiments extraits des fleuves, ruisseaux ou autres
cours d’eau.
II. Principales caractéristiques des sédiments
La caractérisation et la bonne connaissance du sédiment dans son milieu d’origine, qu’il soit marin
ou continental, sont indispensables à l’évaluation (i) des modifications s’opérant sur la matrice
Etude n°14-1023/1A 90
sédimentaire une fois déposée à terre et (ii) de l’impact sur le milieu récepteur. Le paragraphe II est
donc consacré à la description des principales caractéristiques physiques et chimiques des
sédiments, l’influence de ces paramètres sur le comportement des contaminants et leur évolution
lors de la mise en dépôt terrestre (passage en milieu aérobie).
Un sédiment peut se définir comme un dépôt, continental ou marin, provenant de l’altération ou
de la désagrégation des roches préexistantes et de la précipitation de matières en suspension qui
transitent dans la colonne d’eau (Loustau Cazalet, 2012). Il est caractérisé par la présence de trois
phases : une phase « eau », une phase organique et une phase inorganique, décrites dans le
paragraphe 1. Les propriétés de ces différentes phases et leur interaction confèrent au sédiment des
caractéristiques physiques et chimiques qui lui sont propres et qui font l’objet des paragraphes 2 et
3.
1. Différentes phases dans les sédiments
a. Phase « eau »
La teneur en eau des sédiments peut varier fortement, de 100 à 300 %, en fonction de son origine
(continentale ou marine) ou de sa localisation géographique (proximité des côtes, profondeur du
cours d’eau, ...).
Afin d’apprécier la phase aqueuse d’un sédiment dans son milieu d’origine, il fait considérer l’eau,
de la colonne d’eau, c’est-à-dire au-dessus du sédiment, et l’eau interstitielle à l’intérieur du
sédiment. L’eau interstitielle se découpe en quatre catégories : (i) l’eau libre (non liée aux particules
fines), (ii) l’eau capillaire (liée aux particules fines par capillarité), (iii) l’eau colloïdale et (iv) l’eau
intercellulaire qui est chimiquement liée à la surface des particules et qui constitue un film autour
d'elles (Eau Artois Picardie).
L’eau intercellulaire représente une fraction importante du sédiment, avec généralement plus de 50
% de son volume (Geffard, 2001) et est un vecteur important de transport de molécules dans la
colonne d’eau, pour les sédiments en place, ou vers la nappe phréatique pour les sédiments déposés
en milieu terrestre. Cette voie de transfert est d’ailleurs considérée comme la voie d’exposition
majeure aux contaminants présents dans les sédiments (Charrasse, 2013).
Pour les sédiments déposés en milieu terrestre, la teneur en eau des sédiments va dépendre de la
nature du sédiment (marin, fluvial), de la technique de dragage employée, de la nature des matériaux
composant le sédiment extrait (Thanh, 2009) et des caractéristiques du dépôt (orientation,
localisation, hauteur, ...).
b. Phase inorganique
La phase inorganique des sédiments exerce une influence sur les caractéristiques physiques et
mécaniques des sédiments. Les principaux constituants de la matière minérale des sédiments sont
le quartz, les oxydes et hydroxydes métalliques et les argiles. Les argiles représentent une part
importante des sédiments et leur proportion est généralement plus grande que dans un sol. Elles
sont, la plupart du temps, associées à la matière organique formant le complexe argilo-humique
et/ou des oxyhydroxydes (Panfili, 2004). Leur structure cristalline en feuillets leur permet de
s’hydrater, avec parfois un phénomène de gonflement important. Elles sont, pour la plupart,
Etude n°14-1023/1A 91
thixotropiques et perdent leur rigidité en présentant un comportement liquide lorsqu’elles subissent
une sollicitation mécanique et retrouvent leur caractéristique initiale au repos.
Les particules inorganiques du sédiment ont une grande capacité d’adsorption vis-à-vis des
contaminants. Ce sont l’hydroxyde de fer, le manganèse et les substances organiques qui enrobent
les particules inorganiques qui leur confèrent cette propriété ou encore les échanges pouvant
s’opérer entre les argiles et le milieu, et notamment les métaux lourds.
c. La phase organique
La phase organique occupe un faible volume, 5 % en moyenne quelle que soit la nature du
sédiment. Cette proportion peut aller jusqu’à 10 % dans les sédiments des cours d’eau.
Elle est composée d’acides non humides et d’acides humiques. Ces derniers représentent entre 80
et 90 % de la fraction organique totale. On distingue les acides fulviques, qui représentent la fraction
la plus importante, les acides humiques et l’humine. Il n’existe pas de frontière nette entre ces trois
fractions, on observe une transformation continue évoluant dans le sens : Acides fulviques =>
acides humiques => humine. Leur solubilité est variable. En effet, les acides fulviques sont solubles
dans les acides et bases quel que soit le pH, les acides humiques sont insolubles dans l’eau mais
solubles en milieu alcalin et l’humine est insoluble dans les acides et les bases (Thanh, 2009). Dans
le corps des sédiments, les substances humiques se regroupent avec les particules minérales pour
former des associations organo-minérales (i) par simple physisorption de la substance humique
(liaisons hydrogènes), ce qui favorise l'agglomération des particules entre elles, ou (ii) par
complexation mixte d'un même ion métallique entre le composé organique et la particule minérale,
ce qui entraine une dissolution de la particule si l'ion métallique fait partie d'une structure assurant
la cohésion de la particule minérale.
La phase organique du sédiment joue un rôle important car elle gouverne une grande partie des
phénomènes d'interactions moléculaires. Un enrichissement des sédiments en matière organique
rend les conditions plus réductrices en raison de l’oxydation du carbone organique par les
microorganismes (Panfili, 2004). Elle régule par ailleurs la mobilité et donc la biodisponibilité d'un
grand nombre de contaminants, en particulier les composés organiques non ioniques (Scordia,
2008 ; Geffard, 2001).
2. Caractéristiques physiques
Les caractéristiques physiques des sédiments ont une grande influence sur les propriétés
mécaniques des sédiments, mais aussi sur le comportement à l’égard des contaminants (Agence de
l’Eau Artois Picardie).
Selon la circulaire n°2000-62 du 14/06/2000, relative aux conditions d’utilisation du référentiel de
qualité des sédiments marins et estuariens présents dans le milieu naturel ou portuaire définis par
arrêté ministériel, les renseignements relatifs aux propriétés physiques doivent être déterminés car
ces dernières permettent (i) de connaitre le comportement des sédiments pendant les opérations
de dragage et d’élimination des matériaux, et (ii) de savoir si des analyses chimiques et/ou
biologiques sont nécessaires.
Etude n°14-1023/1A 92
a. Granulométrie
L’analyse granulométrique des sédiments permet de déterminer la taille des particules, d’établir les
processus de décantation et de remise en circulation et d’identifier une éventuelle séparation
fractionnée. Elle permet de connaitre :
- la taille des particules ;
- la capacité d’adsorption des métaux lourds et de la matière organique ;
- la quantité de matières en suspension dans l’eau ;
- le choix de la technologie la mieux adaptée en fonction de la texture du sédiment (Agence
de l’Eau Artois Picardie).
Selon Liang (2012), il convient d’éviter la confusion entre la granulométrie qui s’intéresse à la
détermination de la dimension des grains et la granularité qui concerne la distribution
dimensionnelle des grains d’un granulat.
On définit plusieurs classes granulométriques :
- blocs : taille supérieure à 20 cm ;
- galets et cailloux : de 2 cm à 20 cm ;
- graviers : de 2 mm à 2 cm ;
- sables (grossiers, fins) : de 63 µm à 2 mm ;
- limons (ou silt) : de 2 µm à 63 µm ;
- boues argileuses ou vases : taille inférieure à 2 µm.
Comme le précise Dia (2013), aux limites de chaque classe granulométrique correspondent
généralement des changements de propriétés physiques et mécaniques :
- Les fractions supérieures à 63 µm présentent une faible cohésion ainsi qu’une surface de
contact peu significative et sont donc peu associées aux contaminants ;
- Les fractions inférieures à 63 µm concentrent la majorité des contaminants. La nature
cohésive des particules fines et l’importance de leur surface de contact chargée positivement
leur procurent un grand pouvoir adsorbant vis-à-vis des contaminants métalliques. Le
carbone organique constitué de macromolécules polymérisées contenu dans la matière
organique possède des sites hydrophiles qui leur permettent de s’adsorber à la surface des
particules argileuses et de complexer de nombreux contaminants organiques (Dia, 2013).
Un sédiment est généralement constitué de trois classes granulométriques : les sables, les limons et
les argiles. La proportion de ces différentes classes d’un sédiment peut varier fortement en fonction
de leur provenance géographique, du lieu de prélèvement (portuaire, estuarien ou fluvial), de la
nature de la matière solide, …, mais la fraction argileuse est généralement prédominante (Scordia,
2008). Pour les sédiments d’origine marine, la variabilité des teneurs en argile, limons et sables
proviennent de différences entre les bassins versants et des conditions hydrodynamiques, les
particules les plus fines étant plus facilement transportées que les sableuses. D’après Agostini
(2006), les sédiments estuariens et portuaires sont à dominante limoneuse (autour de 60 %), la
fraction argileuse est autour de 25 % (la proportion d’ultrafins ou colloïdes dont la taille est
inférieure à 0,2 µm, est estimée entre 30 et 60 % de la fraction argileuse), les sables seraient souvent
inférieur à 20 %.
Etude n°14-1023/1A 93
La granulométrie du sédiment influence l’adsorption des métaux et des contaminants organiques.
En effet, lorsque la taille des particules diminue, la surface de ces particules par unité de masse
augmente. Or, les contaminants dans le sédiment sont particulièrement associés aux particules
fines, et un sédiment très sableux tend à être plus « propre » qu’un sédiment vaseux (Loiseau, 1999).
En conséquence, la granulométrie du matériau va influencer sa décontamination, notamment dans
le cas de contaminants inorganiques. Pour les sédiments de granulométrie supérieure à 45 µm, la
décontamination sera plus facile que pour les sédiments de granulométrie inférieure, elle peut même
être considérée inutile pour une granulométrie supérieure à 1700 µm (Thanh, 2009). Cette
décontamination peut s’opérer par une séparation de la fraction fine des sables, car en général, les
sables sont peu voire pas contaminés (faible surface spécifique) et sont donc plus facilement
valorisables (Achard 2013).
b. Siccité
La teneur en matière sèche, généralement appelée siccité, est un élément de référence indispensable
à la description d’une boue. Elle inclue à la fois les matières en suspension, particules insolubles en
suspension de taille supérieure à 30 µm, les colloïdes et les sels dissous (Mechaymech, 2002). Elle
se calcule en comparant la masse brute du sédiment après prélèvement et sa masse sèche, passé à
l’étuve durant 24h à une température de 105°C (Ferro, 2010).
A l’état liquide, la boue s’écoulera par gravité. A l’état pâteux, elle manquera de stabilité mécanique
et se déformera de manière permanente. A l’état solide, elle pourra se mettre en tas sans s’affaisser.
Ces différents états sont repris dans le tableau XXI.
Tableau XXI: Caractéristiques physiques des sédiments et siccité
Boue liquide Boue pâteuse Boue solide Boue sèche
Siccité De 1 à 10 % De 10 à 30 % De 30 à 90 % > 90%
Caractéristique physique
Boue non déshydratée
Boue déshydratée, pelletable mais
s’affaisse sous son poids
Peut se mettre en tas sur une hauteur
de un mètre
Pulvérulente ou granulée
Si les sédiments sont peu ou pas pollués et que la siccité est inférieure à 30 %, les sédiments seront
valorisés en aménagement des cours ou plan d’eau, hors zone protégée. Si la siccité est supérieure
à 30 %, ils seront valorisés en sous-couche routière (MIE, 2014).
La mise en installation de stockage des déchets sera difficilement envisageable directement après
extraction. En effet, pour une acceptation en installation de stockage de déchets non dangereux, la
siccité des sédiments issus de dragage doit être supérieure à 30 % (arrêté du 12 Mars 2012). Un
ressuyage préalable en terrain de dépôt sera donc nécessaire avant l’évacuation en installation de
stockage (VNF, 2012). De plus, pour des sédiments inertes leur mise en installation de stockage de
déchets inertes ne sera pas autorisée si leur siccité est inférieure à 30 % (arrêté du 28 Octobre 2010).
c. Densité
La densité est un autre paramètre physique permettant de caractériser le sédiment (Agence de l’Eau
Artois Picardie). C’est le rapport entre la masse volumique d’un corps par rapport à la masse
volumique d’un corps de référence (l’eau pour les solides et liquides). Elle se mesure généralement
sur le sédiment sec (Ferro, 2010).
Etude n°14-1023/1A 94
Les dragages mécaniques extraient généralement les sédiments à leur propre densité, ce qui limite
le volume à transporter et à traiter (utilisation de dragues à godets ou pelleteuse par exemple).
3. Caractéristiques chimiques
a. Carbonates
Les sédiments littoraux des basses altitudes sont à dominance carbonatée. Les carbonates jouent
un rôle important dans les sédiments, leur équilibre de dissolution contrôle partiellement le pH et
une teneur élevée en carbonates rend le sédiment alcalin et favorise ainsi l’ensemble des modes de
fixation. De plus, la surface des carbonates est le siège de phénomène de sorption des ions
métalliques : précipitation et adsorption (Ramaroson, 2008).
L’impact des carbonates (presque uniquement calcites dans les sédiments marins) dans les
sédiments est étroitement lié à leur teneur. En effet, de par leur caractère tampon, les carbonates
peuvent réguler le pH du milieu et ainsi imposer aux sédiments une valeur de pH légèrement
alcaline de 7,8. En milieu faiblement basique, les ions métalliques sont stables sous formes de
carbonates et d’hydroxycarbonates (Loustau-Cazalet, 2012). En l’absence de carbonates libres, les
sédiments secs et oxydés peuvent montrer une forte diminution du pH, lié à la baisse du pouvoir
tampon de ces carbonates (Tack & Vandecasteele, 2008).
b. Sulfures
Les sulfures inorganiques se divisent en deux groupes : les « Acid Volatile Sulfide » (AVS) et les
« Chromium Reductible Sulfur » (CRS). Les AVS sont amorphes ou mal cristallisés. Ils évoluent vers
des formes secondaires plus stables : les CRS qui sont principalement composés de la pyrite (FeS2).
En condition anaérobie, les sulfures les plus abondants sont les sulfures de fer (Vansimaeys, 2011).
La formation ainsi que la précipitation des sulfures de fer et métalliques dans les sédiments
anoxiques suivent des étapes et des cinétiques complexes (Loustau-Cazalet, 2012). Plusieurs
facteurs sont susceptibles de limiter ou d’accélérer ces processus de formation :
- la quantité de matière organique métabolisable par les bactéries ;
- la diffusion et la concentration des sulfates ;
- la concentration et la réactivité du fer minéral et des métaux traces.
En milieu marin, les sulfates constituent la principale source de soufre disponible à l’interface eau-
sédiment. La forme prédominante est le sulfure d’hydrogène (HS) (milieu neutre). La réduction des
sulfates en sulfure d’hydrogène s’opère sous l’action de bactéries sulfato-réductrices, en présence
de matières organiques réactives et en l’absence d’oxygène.
Le contact avec l’oxygène lors de la mise en dépôt à terre de sédiments va entraîner une oxydation
des sulfures (mécanisme pouvant s’opérer par simple contact avec l’oxygène sans implication
bactérienne). Cette oxydation aura deux conséquences immédiates :
- L’apparition d’acide sulfurique dans la matrice sédimentaire pouvant entrainer des réactions
secondaires avec des espèces minérales voisines, mais entrainera surtout la dissolution des
carbonates ;
Etude n°14-1023/1A 95
- La dissolution des carbonates entrainera la formation de sulfate de calcium, ce qui
entrainera la cristallisation de gypse.
De même, l’oxydation de la pyrite en gypse (sulfate dihydraté de calcium, CaSO4-2H2O)
s’accompagnera d’une augmentation de volume, en effet le volume occupé par la gypse est quasi
deux fois plus grand que celui occupé par le carbonate de calcium. Ce facteur doit être pris en
compte pour un stockage à terre des sédiments (augmentation du volume de la matrice
sédimentaire). Ceci peut engendrer un surcoût et/ou engendrer des malformations structurelles
(gonflement) après valorisation dans le secteur du bâtiment (Loustau-Cazalet, 2012).
c. La salinité
La concentration en chlorures (et notamment en chlorure de sodium) dépend de la salinité de l’eau
d’où proviennent les sédiments. La salinité moyenne de l’eau de mer est en moyenne 35 g/L, mais
celle-ci peut être variable selon la mer considérée (35 g/L pour la Mer du Nord, 30 g/L pour
l’Atlantique Nord et entre 36 et 38 g/L pour la Méditérannée). La concentration des sels dissous
varie en fonction du lieu mais également de la profondeur ; cependant la proportion des
composants les plus importants reste à peu près constante, avec environ 55 % de chlorures, 30 %
de Na+, 8 % de SO42- et 4 % de Mg2+ (Le Calvé, 2002).
Une augmentation de la concentration en sodium dans les sols pourra entrainer une altération de
la structure chimique et physique, pouvant conduire à une perte de stabilité par floculation des
argiles (SETRA, 2011), tout comme les sels des sédiments marins peuvent empêcher la création de
liens hydratés dans des procédés de solidification à bases de ciments (Liang, 2012). Les sels peuvent
également conduire à une baisse de la capacité à retenir l’eau (Newell, 2013).
Les chlorures sont nécessaires au développement et au maintien de la plante, mais s’ils sont présents
en excès, il y a un risque de salinisation. Ceci peut avoir plusieurs conséquences sur le
développement des végétaux supérieurs :
- En premier, la salinisation du sol risque de priver la plante d’eau ;
- La deuxième conséquence tient au rôle spécifique de certains ions de s’accumuler lorsque
le phénomène de salinisation se développe, des éléments de transition (B, Se, As…) ou des
métaux lourds (Cd, Hg, …) peuvent s’accumuler et être parfois accompagnés d’ions
majeurs (Na+, Ca2+, Mg2+, Cl-, HCO3-, SO4
2-) ;
- La troisième conséquence est un changement de pH du sol, pouvant intervenir suite à ce
phénomène de salinisation. La présence des ions HCO3- pourra entrainer une élévation du
pH jusque pH = 10, or beaucoup d’éléments indispensables à la plante sont insolubles à ce
pH. En cas de réoxydation des sulfures accumulés à faible profondeur, la valeur du pH
pourra chuter (Ferro, 2010).
Le stress salin s’applique sous deux formes de contraintes sur la plante (Nguyen, 2012 ; Newell,
2013) :
- Le stress osmotique ;
- Le stress ionique, par accumulation dans les feuilles. Il se développe au fil du temps et est
dû à la combinaison de l’accumulation d’ions dans la partie aérienne et une incapacité à
tolérer les ions qui se sont accumulés dans les tissus végétaux (Munns & Tester 2008).
Etude n°14-1023/1A 96
La combinaison de ces deux stress pourra affecter des processus majeurs de la plante, comme la
croissance, les végétaux concentrant leur énergie pour économiser l’eau et améliorer la balance
ionique (Newell, 2013). Le stress salin entrainera une fermeture des stomates et aura donc pour
conséquence une baisse de la fixation du carbone, ainsi que la production d’espèces réactives de
l’oxygène (superoxyde et oxygène singulet notamment) pouvant aboutir à des dommages sur la
cellule (lipides, protéines et/ou acides nucléiques) (Newell, 2013).
Une augmentation de la concentration en Na+ dans les sols entrainera une diminution de
l’absorption du potassium (K+) qui est nécessaire aux végétaux (SETRA, 2011) mais également de
Ca2+ et Mn2+ (LGBP, 2012). Le potassium est impliqué dans de nombreux phénomènes, tels que
la régulation d’activités enzymatiques, la synthèse de protéines ou encore la photosynthèse. Une
carence en K+ entrainera des perturbations des flux de la sève. Des symptômes de chlorose et de
nécrose provenant de la photo-oxydation de l’appareil photosynthétique sont fréquemment
observés et résultent d’une augmentation de la production de superoxydes (Jabnoune, 2008). De
plus, le sodium a une concentration toxique plus faible que l’anion chlorure qui est un
micronutriment essentiel pour les plantes supérieures, les vitesses d’accumulation pour ces deux
ions pouvant être variables d’une espèce à une autre (Nguyen, 2012). En effet, le chlore est
nécessaire à la photosynthèse et favorise l’hydratation des tissus, les seuils de toxicité au chlore
étant très variables.
En raison des concentrations de chlorure de sodium dissous et des phénomènes d’échange d’ions,
les concentrations en ETM dans la phase aqueuse seront plus importantes (notamment pour le
cadmium et le mercure), probablement augmentées par la formation de complexes chlorés, les
mécanismes de mobilisation du cuivre et du plomb étant probablement dûs à une coagulation /
sorption sur la matière organique en lien avec la dispersion des colloïdes (Bäckström et al., 2004 ;
SETRA, 2011). La formation de complexes entre les éléments métalliques et l’anion chlorure
(notamment pour le plomb, le zinc et le cuivre) rendra les éléments trace plus biodisponibles pour
les organismes vivants et pourront s’accumuler tout le long de la chaine alimentaire (Nörrström &
Jacks, 1998). En présence de NaCl, certaines plantes se montreront plus vulnérables aux maladies,
au froid et dans certains cas, aux insectes.
Certaines espèces de ver (Eisenia fetida par exemple) se montrent sensibles à la salinité, salinité qui
pourra également modifier l’activité bactérienne du sol pouvant entrainer des répercussions sur le
cycle de l’azote (Green et al., 2008). Chez les amphibiens, la salinité entraine des perturbations de
la thyroïde, ayant pour effet une perte de poids, de l’activité et une augmentation des anomalies
physiques, mais également des modifications du cycle de développement des espèces, pouvant
mettre en péril le développement des populations (SETRA, 2011).
La salinité dans les sols pourra entrainer une perte de biodiversité, un dessèchement
racinaire et/ou des tissus cellulaires, la mort des individus les plus sensibles, une
germination réduite ou retardée, symptôme de nécrose /chlorose, réduction de croissance
(SETRA 2011 ; Newell, 2013 ; Shrivastava & Kumar, 2014). Les végétaux sont plus
sensibles aux effets directs en fin d’hiver au moment où les plantes entrent dans la phase
active de leur croissance. Cependant, certains de ces effets peuvent également être observés
dans le cas de stress hydrique et/ou de sécheresse.
Etude n°14-1023/1A 97
Des dommages sur la végétation ont été constatés pour 16 mg de Na/kg de sol et pour 30
mg de Cl/kg de sol (en poids sec) (SETRA, 2011).
d. Matière organique
La matière organique est un ensemble de trois pôles avec des cinétiques de dégradation différentes :
- un pôle ayant une décomposition rapide (plusieurs % par jour pour les sédiments marins) ;
- un pôle ayant une décomposition lente (quelques dixièmes de % par jour pour les sédiments
marins) ;
- un pôle réfractaire (pas de décomposition aux échelles de temps considérées pour les
sédiments marins).
Les sédiments en milieu marin contiennent principalement des matériaux de décomposition lente
et des matériaux réfractaires (taux global de décomposition aérobie est de 0,78 %/an pour la 1ère
année de dépôt puis diminue de 0,1 % chaque année suivante) (Ineris 2009).
Dans le sédiment, il est possible de trouver tous les composés organiques naturels, issus des
végétaux, des algues et des animaux, ou bio-synthétisés par la microflore, ainsi que les colloïdes
humiques. La décomposition de cette matière est lente (plusieurs centaines d'années) et combine
de très fortes propriétés tensioactives et complexantes. Les substances humiques interagissent avec
la partie minérale provoquant des conglomérations. Elles peuvent également réagir avec les
composés minéraux dissous (tels que les ions métalliques), formant avec les cations métalliques des
humates ou des fulvates qui seront plus ou moins solubles dans le milieu liquide. Par exemple,
l’humate de mercure a une structure très stable et une fonction protectrice vis à vis des organismes
menacés par l'action toxique du mercure.
La teneur en matière organique naturelle est variable selon les milieux (Achard, 2013) :
environ 0,5 % dans les sédiments sableux ;
de 5 à 60 % dans les sédiments fluviaux de la région Nord-Pas de Calais et de Belgique ;
de 0,5 à 20 % dans les sédiments marins méditerranéens français ;
et de 2 à 40 % pour les sédiments marins méditerranéens espagnols).
4. Caractéristiques biologiques des sédiments dans le milieu d’origine
Les sédiments, dans leur milieu d’origine, abritent une multitude d’organismes (Figure 30)
appartenant aux différents règnes du monde vivant. Ils vivent à l’interface eaux-sédiments et sont
regroupés sous l’appellation « benthos » (Ramade, 2008). Ces organismes peuvent être classés selon
différents critères :
- La taille : souvent utilisée pour distinguer les différents organismes peuplant les sédiments
le macrobenthos correspond aux organismes dont la taille est supérieure à 1 mm
comme les vers polychètes, les coquillages bivalves, les échinodermes, les coraux
etc. ;
le meiobenthos regroupe les organismes dont la taille est comprise entre 1 mm et
63 µm comme les nématodes, les foraminifères, les crustacés copépodes ou
ostracodes etc. ;
le microbenthos rassemble les organismes de taille < 63 µm comme les bactéries,
les diatomées, les ciliés, les amibes ou encore les flagellés etc. (Ramade, 2008) ;
Etude n°14-1023/1A 98
- Le mode de vie de différents organismes peuplant les sédiments permet de distinguer :
l’épibenthique libre (mobile, vagile), de l’épibenthique fixé au substratum ;
l’endobenthos (organismes fouisseurs) (Ramade, 2008) ;
- Le règne : faune benthique, flore benthique, bactéries, virus (Ramade, 2008) ;
- Le type de sédiments : des sédiments marins abritent le benthos marin et ceux
fluvial/lacustre, un benthos limnique (Ramade, 2008).
Figure 30: Illustration de quelques espèces benthiques présents dans les sédiments (http://www.chesapeakebay.net/)
Des communautés différentes se développent selon la qualité de l’eau et des sédiments (Sasaki et
al., 2005). Ainsi, la présence de sable, vase ou argile (la texture du sédiment), la teneur en matière
organique, la température, la compétition entre les organismes sont autant de paramètres qui vont
influer sur la quantité et la diversité des espèces présentes dans les sédiments. En effet, ces
paramètres jouent un rôle important dans la pénétration et la circulation des liquides, gaz, solutés
(organiques ou inorganiques). Par exemple, pour un sédiment sableux, les pores de gros diamètres
occupent environ 30 % du volume alors que dans les argiles, les interstices de petits diamètres
représentent jusqu’à 50 % du volume. Ces pores sont remplis de liquides ou de gaz, nécessaires au
développement des organismes notamment la flore bactérienne (qui constitue une ressource
alimentaire pour de nombreuses autres espèces) et conditionnent les échanges entre le sédiment et
les éléments (oxygène, nitrate, phosphate…) issus de la colonne d’eau (Crenn et al., 1999). Ainsi, la
surface de colonisation des particules les plus fines étant plus grande, les sédiments en contenant
beaucoup contiennent un plus grand nombre de bactéries. Il a été estimé que sur des particules de
petite taille, un type de bactérie (coliformes thermotolérants) était fixé à hauteur de 90,5 %, contre
9,5 % pour des grosses particules (Crenn et al., 1999).
La teneur en oxygène est, parmi tous ces facteurs, celui qui joue un rôle prépondérant dans la
structure écologique du sédiment. En effet, la plupart du temps, les sédiments sont anoxiques en
dessous d’une fine couche superficielle oxydée. Ainsi une « succession écologique » sera observée
selon les modes de vie (fixé, fouisseur, cavernicole…) et de respiration utilisés par les organismes
benthiques (Crenn et al., 1999). Les régimes alimentaires (filtreur, suspensivore, saprophage,
prédateur, …) ou les exigences en termes d’habitat (composition du sédiment, teneur en oxygène,
pH, salinité…) vont également être discriminants pour le développement ou non d’une espèce. La
Etude n°14-1023/1A 99
taille des particules de sédiments joue donc un rôle important de régulation dans la distribution du
benthos car le mode de galeries de nombreux organismes est spécialisé et ne sont compatibles
qu’avec un certain type de substrat (Tait et Dipper, 1998).
La richesse spécifique et l’abondance du benthos dans les sédiments dépendent de la qualité de ces
derniers. Par exemple sur le graphique suivant (figure 31), l’axe des abscisses correspond à la qualité
du sédiment. Ainsi, plus la qualité du sédiment se détériore, plus l’assemblage des communautés se
modifie avec notamment un pic d’abondance des espèces opportunistes et une baisse de diversité
qui souligne donc le caractère dégradé du milieu.
Figure 31 : Schéma général de la communauté d’invertébrés benthiques et des modifications de la sédimentation par rapport à la perturbation du milieu benthique et à l’enrichissement organique (d’après le modèle établi par Nilsson et
Rosenberg en 2000)
Les sédiments, dans leur milieu naturel, abritent donc une diversité d’organismes (micro-
organismes, faune, flore), de différentes tailles (macro, méio et microbenthos), au régime
alimentaire varié (filtreur, suspensivore, détritivore, prédateur…), et occupent différents micro-
habitats au regard de leur mode de vie (fixé, fouisseur, cavernicole, ) avec des stratégies
d’adaptations propres à chaque espèce pour faire face aux conditions particulières du milieu (teneur
en oxygène, taille des particules…).
Etude n°14-1023/1A 100
III. Evolution du comportement des sédiments au cours d’un dragage
1. Physico-chimique
Les sédiments de dragage sont une matrice complexe et en fonction de leur nature et origine, ils
sont le siège de plusieurs réactions de transformations (à plus ou moins long terme). Dans son
milieu naturel, le sédiment évolue selon les espèces minérales, le type de matière organique et la
population de microorganismes présente. Une fois le sédiment extrait de son milieu naturel, le
contact avec l'air engendre son oxydation qui causera également un changement de comportement
des espèces minérales et organiques, et des microorganismes (Dia, 2013). Les phénomènes de
remise en suspension, de réoxygénation des sédiments et de biodégradation sont étroitement liés.
Dans les sédiments en milieu anoxique, la décomposition se fait d'abord par la réduction des
sulfates et les taux de décomposition sont diminués de moitié, voire par 10, par rapport aux
sédiments soumis aux processus en milieu aérobie (Ineris 2009).
Les opérations de dragage et de curage, qui entrainent des remises en suspension, augmentent la
concentration des contaminants dans la colonne d’eau. Comme le précise Loiseau (1999), cette
augmentation n’est pas une simple fonction linéaire de la masse de sédiment remise en suspension
parce que les contaminants sont préférentiellement adsorbés sur la matière organique et les
particules fines qui seront plus facilement remises en suspension. Les énergies de remise en
suspension dépendront de la quantité de sédiments. Elles modifieront également les vitesses de
chute et en fin de compte les temps de résidence des contaminants dans la colonne hydrique
(Eggleton & Thomas, 2004).
Ainsi lors des opérations de dragage et de curage, l’agitation dans le milieu naturel puis l’excavation
à l’air des sédiments va irrémédiablement conduire à la réoxygénation du sédiment, entraînant des
modifications très importantes aux niveaux chimique et biologique telles que les conditions
d’oxydoréduction, le pH ou encore l’oxydation des sulfures présents dans de nombreuses espèces
minérales (Loustau-Cazalet, 2012).
La mise à terre des sédiments poursuivra l’augmentation importante du potentiel d’oxydo-
réduction par mise en contact du sédiment avec l’atmosphère. L’oxydation des phases minérales
initialement réduites sera catalysée par les micro-organismes, et notamment les sulfures, qui pourra
être fortement ralentie en leur absence. L’oxydation des sulfures entrainera une baisse du pH,
l’ampleur de cette baisse dépendra plus de la quantité de sulfures dans le sédiment que de son état
d’oxydation (Delaune & Smith, 1985). La percolation des eaux de pluies sera susceptible d’entrainer
les éléments solubles (ou solubilisés par l’oxydation) ou particulaires, ce qui représentera un vecteur
potentiel de contamination des aquifères en profondeur (Achard, 2013).
L’oxydation des sédiments anoxiques augmentera également l’activité microbienne, par exemple
les thiobactéries qui sont des bactéries vivant dans des eaux à fort taux d’anhydride sulfuré (Delaune
& Smith, 1985).
La variation de la température engendrée par les opérations de dragage et la gestion à terre du
sédiment n'aura pas un effet significatif sur l'adsorption, mais elle jouera un rôle indirect sur celle-
Etude n°14-1023/1A 101
ci par l'intermédiaire de l'activité biologique produisant les substances acides et complexantes. Ainsi
la température influera l'activité des micro-organismes pouvant réguler les conditions d’oxydo-
réduction, Thiobacillus par exemple (Achard, 2013).
L’activité métabolique des bactéries dépendra des caractéristiques des sédiments, de la température
mais aussi de la prédation par les protozoaires. La flore bactérienne se trouve dans les interstices
des sédiments qui permettent leur croissance. L’adsorption des virus est le fait de la présence d’ions
Na+ et Ca2+ et d’un pH faible. Les sédiments constitués de particules fines contiennent les plus
grands nombres de bactéries et virus.
Le dragage provoque la remise en suspension de bactéries et de virus. Leur impact sera alors
déterminé par les conditions hydrodynamiques et la quantité des matériaux dragués (Eau Artois
Picardie).
Un aspect également important lorsqu’on parle de transformation biochimique est de considérer
les différentes associations possibles entre les micro-organismes. L’association des micro-
organismes, appelée « consortium », permet de dégrader des molécules considérées comme très
récalcitrantes par une succession de transformations effectuées par différentes souches. Cependant,
les produits ou métabolites issus de l’activité des espèces bactériennes peuvent alors être toxiques
pour d’autres espèces et ainsi réduire l’activité microbienne du milieu (Charrasse, 2013).
Les sédiments peuvent également héberger des organismes pathogènes tels que Salmonella,
Escherichia coli, des streptocoques fécaux, certains Clostridium, le virus de l’hépatite et d’autres virus.
La période de survie des organismes pathogènes est limitée dans l’eau de mer mais elle peut
s’étendre jusque plusieurs semaines dans les matrices sédimentaires des fonds marins ou fluviaux.
Certaines études ont montré que le prolongement du temps de contact entre le polluant et le
sédiment entrainait une plus forte adsorption et ainsi une plus grande résistance à la désorption et
à la minéralisation. Ce phénomène est appelé « AGEING », ou vieillissement.
La biodisponibilité est influencée par plusieurs facteurs, incluant les caractéristiques physiques du
sorbant (formes des particules, taille, porosité interne), les propriétés chimiques et des facteurs
biologiques (abondance microbienne et affinité pour le contaminant). Ces processus simultanés
couplés à la complexité in situ rendent difficiles d’isoler et de vérifier par simple disparition des
contaminants le taux de biodégradation. Un autre facteur important influençant la biodisponibilité
est la présence d’autres produits chimiques. De multiples contaminants peuvent entrer en
compétition sur les sites d’adsorption et sur les enzymes microbiologiques (Haws et al. 2006).
2. Biologique
De nombreuses études ont démontré l’impact néfaste du dragage sur les communautés benthiques
peuplant les fonds marins (e.g. Boyd et al., 2005 ; Lewis et al., 2001 ; Van Dalfsen et Essink 2001 ;
Newell et al., 1998). Une disparition complète d’une population est souvent observée (Monbet,
1999). Les impacts subis par les organismes lors des opérations de dragage sont de diverses natures.
Selon les méthodes de dragages (e.g. drague suceuse, à benne, pelleteuse, racleuse, cf. paragraphe IV
– page 104), la sévérité des impacts n’est pas la même. Selon la richesse faunistique et floristique
initialement présente dans le milieu, les impacts ne seront pas les mêmes (Monbet, 1999). Le
Etude n°14-1023/1A 102
dragage des fonds marins provoque principalement des modifications physiques et chimiques de
l’environnement (Monbet, 1999) avec principalement une destruction et modifications physiques
de l’habitat, une augmentation de la turbidité, une diminution du taux d’oxygène dissous et un
relargage d’ammoniaque (Babut et al., 2004). Cela affecte la survie des organismes aquatiques,
notamment les poissons (Babut et al., 2004), les coraux (Jones et al., 2015 ; Erftemeijer et al., 2012),
la distribution de la flore benthique (Erftemeijer et Lewis, 2006 ; Tait et Dipper, 1998) et la faune
benthique (Monbet 1999).
Ainsi, une réduction de l’abondance, de la diversité spécifique et des biomasses est observée (Boyd
et al., 2005 ; Van Dalfsen et Essink 2001 ; Newell et al., 1998), ainsi qu’un développement d’espèces
opportunistes14 (Harvey et al., 1998) comme les polychètes telles que Capitella capitata (Fabricius
1780), Magelona papillicornis (F. Muller 1858), Scololepis squamata (Muller 1789), Spio filicornis (Muller
1766) and Spiophanes bombyx (Claparede 1870) (Van Dalfsen et Essink, 2001). Ces espèces
opportunistes sont plus adaptées pour faire face à ces changements, ce qui entraine une compétition
interspécifique, une concurrence pour les autres espèces, vis-à-vis de l’accès aux ressources et donc
du développement de celles-ci (Ramade, 2008).
Monbet (1999) rapporte des effets néfastes sur la croissance et le taux de reproduction des
organismes benthiques du fait du dragage. En effet, même si certaines espèces comme les bivalves
(huître, moule, coquille saint jacques) supportent des taux de turbidité élevés (jusqu’à 700 mg/L),
le développement des œufs et la phase de croissance des juvéniles, qui sont plus sensibles que les
adultes, sont plus affectés par les particules fines en suspension. La turbidité ralentit également la
photosynthèse chez les algues (Monbet, 1999).
Des études concernant le clapage en mer ont également mis en évidence des résistances selon
l’épaisseur de sédiments relargués. Ainsi, si elle est inférieure à 20 cm, les espèces les plus mobiles
résisteraient mieux à l’enfouissement. Les espèces suspensivores (qui se nourrissent de particules
en suspension) sont les plus résistantes et supporteraient une épaisseur de 50 cm (Monbet, 1999).
Pour aider à minimiser l'impact environnemental à long terme, un certain nombre d’initiatives
visant à caractériser et évaluer le taux de recouvrement des fonds marins après une perturbation
ont été prises (Gray et al., 2006 ; Leung et al., 2005) parfois même émanant de gouvernement (e.g.
Royaume uni : Cooper et al., 2008). Ainsi, plusieurs études se sont intéressées au temps nécessaire
à la recolonisation de ces milieux dégradés par les opérations de dragage et tout indique que la zone
draguée soit capable d’un retour à une bonne fonctionnalité si on lui donne assez de temps (Cooper
et al., 2008 ; Robinson et al., 2005 ; Bolam et Rees, 2003). La pleine restauration de la faune et des
sédiments peut être attendue dans un délai d’environ deux à quatre ans (Boyd et al., 2005 ; Sarda et
al., 2000 ; Van Dalfsen et al., 2000 ; Kenny et al., 1998). Van Dalfsen et Essink (2001) précisent
qu’après huit mois, le développement d’espèces opportunistes diminue et que le temps de
récupération de la communauté benthique en termes d’abondance est de l’ordre de deux ans.
Toutefois, il a été démontré que les contaminants présents dans les sédiments (sur place lors d’une
opération de dragage ou ceux issus d’un clapage en mer) étaient souvent remobilisés, dispersés sous
14 Une espèce opportuniste est une espèce qui tire profit du milieu où il se trouve (Ramade, 2008). Elle est souvent peu spécialisée et peut
s’adapter à des conditions de vie très variables ou bien privilégier la reproduction à la survie.
Etude n°14-1023/1A 103
l’action des courants et stockés plus loin dans des zones d’accumulation où ils peuvent alors se
retrouver dans le réseau trophique, ce qui soulève d’autres problèmes environnementaux (Monbet,
1999).
IV. Impact du dragage sur les caractéristiques des sédiments
Bien que notre problématique soit axée sur la gestion à terre des sédiments, il est nécessaire
d’inclure dans notre réflexion les techniques de dragage car (i) celles-ci sont en lien étroit avec la
nature du sédiment à extraire mais également parce que (ii) la technique employée va avoir un
impact sur les caractéristiques des sédiments extraits et leur évolution. Le tableau XXII propose
une synthèse des avantages et inconvénients des différents types de dragage.
Tableau XXII : Bilan des différentes techniques de dragage (d’après Neto, 2007)
Type de dragage Avantages Inconvénients Technique de
dragage
Dragage
hydraulique
Rendement élevé
Faible contact en matériau et équipage
Coût faible
Gêne si présence de débris
Haute teneur en haut
Remise en suspension
importante
Mélange de 80-90 % eau et 10-
20 % de sédiments
Drague suceuse
Drague à l’américaine
Drague par injection
d’eau
Dragage
mécanique
Peut travailler sur des matériaux meubles
ou durs
Limitation des matériaux à transporter
Extraction des matériaux à leur propre
densité
Bonne précision en eaux profondes
Rendement modeste
Remise en suspension
importante
Drague à benne preneuse
Drague à godet
Drague pelleteuse
Dragage
pneumatique
Pompage à haute densité
Travaille en circuit fermé
Remise en suspension faible
Gêne si présence de débris
Dragage
environnemental
Turbidité réduite
Pas de dispersion des contaminants par
remise en suspension
Rendement modeste
Profondeur maximale moindre
que les dragues usuelles
Drague à vis sans fin
Drague balayeuse
Drague racleuse
Drague à godet obturable
Bio-dragage ou
bio-remédiation
in situ
Dégradation de certains contaminants organiques (HAP à chaine linéaire et courte par exemple)
Utilisation de bactéries endogènes (prélevées, multipliées puis réinjectées) ou de bactéries exogènes
(souches extérieures au site présentant des spécificités propres) qui accélèrera la dégradation de la matière
organique
Technique qui soulève des interrogations (efficacité, persistance, impact des micro-organismes utilisés,
remise en suspension des contaminants lors de la dégradation de la matière organique, etc.)
La diminution de la matière organique peut entrainer un enrichissement de la teneur en métaux dans le
sédiment résiduel (Leguern et al. 2004)
En termes d’utilisation, le dragage des voies navigables de France sur la période 2000-2005 a
essentiellement été effectué par voie mécanique (73 %) et dans une moindre mesure par voie
hydraulique (18 %). Au niveau des estuaires, ce sont essentiellement des dragages hydrauliques qui
sont effectués. Pour les bassins portuaires, le dragage mécanique est privilégié car il permet de
conserver les sédiments compacts, la benne preneuse étant la technique la plus employée en France
pour ce type de dragage (GEODE, 2012). Lorsque le sédiment est à dominance sableuse, le dragage
Etude n°14-1023/1A 104
hydraulique peut être envisagée car les sédiments sont en général moins contaminés que les
sédiments à granulométrie plus fine.
En termes d’impact, le dragage est susceptible d’avoir un impact sur le milieu récepteur en raison
de la remise en suspension des sédiments, et de certains contaminants, bactéries et virus. Cette
remise en suspension et ses conséquences varient selon la technique employée. Pour palier l’impact
local du brassage de sédiments potentiellement contaminés, des technologies permettant
d’encapsuler le sédiment se développent.
En plus de ces impacts au niveau local, la technique de dragage employée va influencer les
caractéristiques des sédiments (tableau XXII) et va de fait avoir des conséquences sur la gestion à
terre des sédiments extraits. Avec des dragages hydrauliques par exemple, les sédiments seront
dilués et déstructurés, leur teneur en eau et donc les volumes devant être gérés à terre seront donc
plus conséquents.
Etude n°14-1023/1A 105
PARTIE 2 : PRINCIPAUX CONTAMINANTS DES SEDIMENTS ET LEUR EVOLUTION
Le sédiment peut présenter des teneurs élevées de contaminants qui ne sont pas remobilisables
dans les conditions naturelles du milieu, mais il peut devenir toxique lorsque les conditions physico-
chimiques sont modifiées, lors d’un dragage ou d’une mise en dépôt à terre par exemple. Le
sédiment est en effet capable d’adsorber et de transformer les contaminants, de modifier leur
biodisponibilité, de les recycler, de les transférer vers la colonne d’eau, le sol ou les nappes
phréatiques (Agence de l’Eau Artois Picardie).
Lors des opérations de dragage ou de curage, les sédiments sont placés en contact direct avec la
colonne d’eau, pouvant aller jusqu’à une remise en suspension complète dans le cas de dragage
hydraulique, et certains polluants adsorbés sur la phase solide peuvent se retrouver dissous dans la
phase aqueuse par le jeu de processus physico-chimiques complexes.
Par conséquent, la connaissance des contaminants des sédiments et leurs caractéristiques sont des
paramètres clés permettant d’évaluer au mieux leur devenir lors des différentes étapes d’un projet
de dragage (détermination du mode de gestion à terre, curage/dragage, traitement, valorisation) et
de prévenir au mieux les risques de contamination une fois le sédiment extrait de son milieu.
I. Les contaminants
1. Les contaminants inorganiques
Les principaux métaux lourds retrouvés dans les sédiments sont l’arsenic, le cadmium, le chrome,
le cuivre, le mercure, le nickel, le plomb et le zinc. Dans les années 80, le tributylétain (TBT) a été
remplacé par des oxydes de cuivre (Cu2O) comme matière active des peintures anti-salissures, ce
qui explique des concentrations élevées de cuivre dans les sédiments portuaires (Benoit-
Bonnemason et al., 2012).
Dans les sédiments, plusieurs fractions se superposent, et chacune d’elle interagit de manière
différente avec les éléments traces (Doni et al., 2015) :
1. Fraction échangeable, associée à la phase carbonatée. Les métaux y sont adsorbés sur les
hydroxydes de fer et de manganèse. C’est la fraction la plus mobile, potentiellement la plus
toxique pour les plantes, cependant la fraction mobile ne correspond pas nécessairement à
la fraction biodisponible (Prokop et al., 2013) ;
2. Fraction réductible, associée aux oxydes de fer et de manganèse. Les métaux lourds sont
fortement liés à ces oxydes mais sont thermodynamiquement instables dans des conditions
anoxiques et acides ;
3. Fraction oxydable, liée à la matière organique. Les métaux peuvent être complexés sur des
substances organiques naturellement. Ces formes deviennent stables quand la matière
organique est dégradée dans des conditions oxydantes. Cette fraction n’est pas considérée
comme biodisponible et mobile car les métaux sont incorporés dans des substances
humiques stables et de haut poids moléculaire (HPM), qui libèrent peu de métaux et très
lentement ;
Etude n°14-1023/1A 106
4. Fraction résiduelle, les solides résiduels contiennent des solides primaires et secondaires qui
enferment les métaux dans leur structure cristalline. Ils sont considérés comme inertes et
non extractibles.
Les éléments traces peuvent se présenter sous différentes formes : ions, complexes, adsorbés à la
surface d’autres particules, etc. Cela conditionne leur disponibilité et donc leur toxicité. Ils sont en
général en équilibre avec l’eau interstitielle mais la moindre perturbation des conditions
environnementales peut entrainer une remobilisation des métaux piégés dans le sédiment (Scordia,
2008).
Deux facteurs accentuent la gravité des polluants métalliques. D'une part ils s'accumulent dans
l'environnement, et en particulier dans les sédiments, qui ne constituent pas qu’un simple réservoir
(les sédiments sont le plus gros réservoir d’ETM des milieux aquatiques, Achard 2013). D’autre
part les sédiments sont aussi des réacteurs biochimiques, ils adsorbent et transforment les ETM en
modifiant leur biodisponibilité (Silitonga, 2010).
Les mécanismes les plus importants :
- Echanges ioniques (adsorption non spécifique) ;
- Adsorption spécifique sur les phases minéralogiques (complexation de surface) ;
- Complexation par la matière organique ;
- Phénomène de précipitation et co-précipitation.
Selon les conditions physico-chimiques du milieu, un de ces phénomènes sera toujours
prépondérant. Les oxydes (MxOy), oxyhydroxydes (MxOy(OH)z) et hydroxydes (M(OH)x) sont
abondement présents dans la fraction inférieure à 2 µm des sédiments. L’aluminium, le fer et le
manganèse constitue la plupart des oxydes. Ils sont fortement impliqués dans les mécanismes
d’adsorption et de co-précipitation des ions métalliques. Les variations de surface de liaison de
certains oxydes/hydroxydes métalliques peuvent se traduire par une variation de la stabilité des
composants (Eggleton & Thomas, 2004). Le carbone organique est également un composant
important dans l’adsorption des métaux, aussi bien dans la partie oxygénée du sédiment que dans
la partie anoxique lorsque les métaux sont en quantité supérieure aux ions sulfures (Geffard, 2001).
Les argiles de par leur charge négative sont les plus à même de fixer les ETM.
Les contaminants inorganiques sont souvent dans des conditions réductrices à l’équilibre
thermodynamique et sont associés à la phase minérale des sulfures. Les éléments libérés par
oxydation progressive peuvent soit précipiter (sous formes de sulfates, phosphates, hydroxydes),
soit rester en solution ou être retenus par les hydroxydes, les argiles et la matière organique. Les
contaminants redistribués sont potentiellement plus mobiles que la forme sulfure originelle (Lions
et al. 2010).
La toxicité des ETM dépend de leur spéciation, ainsi la forme ionique libre est une des formes les
plus disponibles pour les organismes, la toxicité décroissant avec la stabilité des complexes formés.
Les paramètres physico-chimiques (pH, Eh, teneur en oxygène, salinité, teneur en carbone
organique et inorganique, nature des ligands, la taille des particules, …), biologiques mais également
les contraintes cinétiques et thermodynamiques réactionnelles contrôlent fortement la spéciation
des ETM, distribués entre la phase solide du sédiment, l’eau interstitielle et la phase colloïdale.
Etude n°14-1023/1A 107
D’autres constituants ont également un rôle important dans la disponibilité des éléments traces,
tels que les carbonates, silicates, oxydes et hydroxydes de fer et manganèse (Loustau Cazalet, 2012).
Sans remise en suspension des sédiments, les contaminants inorganiques présenteront un risque
limité de pollution, en raison de leur faible mobilisation dans le milieu naturel (Loustau-Cazalet,
2012). Durant leur transition d’une phase anoxique vers une phase oxique, les éléments traces
initialement présents sous forme insoluble deviennent progressivement plus mobiles et solubles
(Lions et al., 2010).
D’importants changements apparaissent dans la distribution géochimique des métaux après
dragage et dépôt à terre (Piou et al., 2009) et leur répartition dans les différentes fractions
sédimentaires n’est pas uniforme (Doni et al., 2015). Lors d’un dragage puis d’un dépôt de
sédiments marins exposés aux conditions climatiques et atmosphériques, une augmentation des
concentrations des métaux en solution a été observée lors de l’oxydation des sédiments (Bataillard,
2004). Cette oxydation entraine une baisse du pH, qui favorise la mise en solution et la dissolution
des sels métalliques, cette baisse de pH est d’autant plus importante que le sédiment est pauvre en
carbonates (Vansimaeys, 2011). Ces variations de pH peuvent entrainer la dissolution ou la
précipitation de phases minérales, les espèces chlorées pouvant facilement être mobilisées et former
des complexes métalliques (Achard, 2013).
Ainsi, l’oxydation de la matière organique et des sulfures entrainera des conditions acides si le
pouvoir tampon du milieu récepteur n’est pas suffisant. Ce mécanisme est considéré comme le plus
important pour la mobilité des métaux (Prokop et al., 2013). L’oxydation des sulfures libère des
protons, des sulfates et des métaux dans les eaux souterraines, tandis que le fer précipite en
oxyhydroxydes et que l’arsenic est adsorbé ou précipite. Les covellites (CuS) et les pyrites (FeS2)
ont des cinétiques d’oxydation plus lentes (Eggleton & Thomas, 2004). Même si les métaux sont
immobilisés dans les couches inférieures, une future remobilisation n’est pas à exclure. Même après
une longue période, les contaminants sont toujours présents, principalement sous formes de
sulfures, et la mobilité de ces métaux peut varier significativement en fonction des conditions
physico-chimiques du dépôt (Lions et al., 2010).
La lixiviation est un phénomène complexe qui peut être influencé par plusieurs facteurs. Les
principaux facteurs géochimiques influençant la libération des ETM dans l’environnement par
lixiviation depuis le sédiment dragué est le pH, le potentiel redox (Eh), la quantité de matière
organique, la complexation (Tack et al., 1999).
Dans l’étude de Tack et al. (1996), des différences mineures dans la solubilité ont été observées
après deux semaines, qui étaient fonction du pH. Après trois mois, la solubilité du cadmium, du
cuivre, du plomb et du zinc ont fortement augmenté dans les sédiments oxydés, la mobilité et la
lixiviation du cadmium et du zinc dans les sédiments augmentent également avec une baisse de
concentration de la matière organique. La lixiviation du fer a diminué, tandis que celles du
manganèse, du cobalt et du nickel n’ont globalement pas été affectées. La mobilité à court et long
terme des métaux (à l’exception du fer) est généralement attendue comme moindre si les sédiments
restent à l’état réduit (Tack et al., 1996). L’écoulement de l’eau à travers les sédiments réduit la
toxicité réelle des couches supérieures des sédiments déposés à terre mais dans le même temps
intensifie le risque de contamination des eaux souterraines (Prokop et al., 2003).
Etude n°14-1023/1A 108
Pour Mamindy-Pajany et al., (2013), la lixiviation des ETM est plus importante dans les trois
premières semaines, ce qui indique que le risque écologique apparaitra à court terme après le dépôt
des sédiments marins. Une tendance similaire a été observée dans une étude sur un dépôt terrestre
de sédiments fluviaux soumis aux conditions atmosphériques. Les taux de lixiviation n’étaient pas
en accord avec les concentrations de contaminants. En effet, les plus grands pourcentages de
lixiviation ont été observés pour les polluants les moins concentrés (molybdène et cadmium).
L’augmentation de la salinité entraine la remobilisation des métaux sédimentaires par compétition
des ions magnésium et calcium vis-à-vis des autres métaux sur les sites de fixation. Les métaux
libérés présentent une toxicité plus ou moins marquée car ils forment des chloro-complexes qui
sont moins biodisponibles que les ions libres (formation possible de complexes avec d’autres
anions que le chlorure). Ce mécanisme diminue l’adsorption du cadmium sur les
oxydes/hydroxydes de fer du sédiment, ce qui le rend plus mobile et augmente son temps de
résidence en solution. Pour Eggleton & Thomas (2004), le cuivre voit sa biodisponibilité augmenter
avec la salinité tandis que le cadmium est moins disponible dans les eaux de mer.
Le rôle significatif du calcium sur les procédés de mobilisation a été mis en évidence (Lions et al.
2010). Le calcium entre en jeu dans la force ionique qui stabilise les fractions colloïdales, et joue un
rôle prépondérant dans les réactions d'échanges ioniques, favorisant la remobilisation des ETM par
effet de compétition pour les sites de surface. Une eau riche en ions Ca2+ en contact avec
l'atmosphère va favoriser la précipitation de carbonates et donc la rétention des métaux (Achard,
2013).
Les variations climatiques auraient également un rôle prépondérant sur la mobilisation des métaux.
En période estivale, la nappe phréatique et le taux d'humidité dans le matériau baisse, il y a donc
désaturation et oxydation. Des périodes plus fraiches accompagnées de pluies plus abondantes
peuvent entrainer la mobilisation des métaux (et notamment le zinc et le cadmium) vers l'aquifère
(Achard, 2013). Pour Piou et al. (2009), des éléments traces, et particulièrement le fer, apparaissent
comme liés aux cycles des saisons. Des conditions hivernales causent une augmentation de la
matière organique liée, et probablement des sulfures et carbonates métalliques, tandis que des
conditions estivales favorisent la précipitation d’oxyhydroxydes. Le sol apparait comme un système
thermodynamique, montrant une alternance de phase « ouverte » en été et « fermée » en hiver (Piou
et al., 2009).
Lorsqu'un sédiment anoxique devient progressivement oxique, l'activité bactérienne est modifiée.
Les bactéries indigènes jouent un rôle sur la lixiviation des métaux dans les sédiments dragués. En
effet, celle du zinc et du cadmium seraient plus importantes en conditions biotiques qu'en
conditions abiotiques, et une faible fraction de ces métaux serait lixiviée par oxydation chimique
seule. L'implication de bactéries acidophiles oxydant les sulfures (Acidoferrobacter par exemple) a été
mise en évidence. La population de ces bactéries croit rapidement avec le temps au détriment des
bactéries sulfato-réductrices. De plus, en conditions biotiques le cuivre est moins lixivié qu'en
abiotique car il est fortement associé à la matière organique naturelle (Achard, 2013) ; le plomb n’a
pas été observé en solution à cause de sa faible solubilité dans des conditions neutres et de sa ré-
adsorption sur la phase solide. Des bactéries comme Acidithiobacillus thiooxidans ont été identifiées
comme jouant un rôle majeur dans ce process de libération des métaux, en renforçant les cinétiques
Etude n°14-1023/1A 109
oxydantes. Cependant la production d’acide résultant de ces réactions est presque totalement
tamponnée par la dissolution des calcites présents dans les sédiments. (Lors et al., 2004).
Les plus grandes concentrations de méthyl-mercure se retrouvent dans les couches anoxiques des
sédiments, là où l’activité biologique est faible. Le dragage permet le mélange des sédiments
anoxiques avec des sédiments à la surface active biologiquement menant à la libération du sédiment
et de l’eau associée au méthyl-mercure contenue dans les pores (Eggleton & Thomas, 2004). Une
concentration élevée en mercure pourrait inhiber le développement des bactéries sulfato-
réductrices (BSR) et donc réduire la transformation du mercure en méthyl-mercure. De plus, les
sites des AVS de la phase sédimentaire solide peuvent fixer le méthyl mercure en le rendant peu
disponible pour les organismes vivants. Par ailleurs, la matière organique forme aussi des complexes
stables avec le mercure qui le rendent moins disponible pour la méthylation, mais avec un effet
inverse car la matière organique fournit de l’énergie aux BSR favorisant la méthylation
(Manouchehri, 2012).
Dans une étude sur des sédiments contaminés au molybdène, il a été reporté qu’après séchage à
l’air il s’était transformé en forme soluble. Ce phénomène pourrait être important pour des
sédiments prétraités avec cette technique, ce qui amènerait une grande quantité de molybdène dans
les lixiviats de sédiments dragués puis gérés à terre (Mamindy-Pajany et al., 2013)
Il n’y a pas de réel consensus sur l’effet de l’âge des sédiments dragués. Certains ont trouvé un effet
sur les phénomènes de sorption/désorption des éléments traces, tandis que d’autres n’ont pas
trouvé de différence significative, et notamment sur la désorption du nickel, du cuivre ou de
l’arsenic. Le fer serait, quant à lui, caractérisé par une libération plus importante dans des sédiments
récents que dans des sédiments plus anciens. Il n’y a que pour le cadmium qu’une plus grande
libération a été observée sur des sédiments récents après un test de lixiviation et extraction avec de
l’acide acétique (α = 0,01). Le cuivre affiche une mobilité plus faible dans les sédiments récents, qui
serait reliée à la dégradation de la matière organique (Cappuyns & Swennen, 2006).
La présence de polluants en cas d'épandage peut entrainer des nuisances, que ce soit par la
contamination des eaux souterraines ou bien par une inhibition de la croissance des végétaux, ou
encore par transfert dans les plantes et les organismes.
2. Les contaminants organiques
Les molécules organiques toxiques sont, pour la plupart, des produits fabriqués par l’Homme. Il
en existe des dizaines de milliers. Les composés qui vont persister et se retrouver dans les sédiments
sont généralement des composés présentant un fort caractère hydrophobe. Les composés non
polaires (HAP, PCB et autres composés organiques halogénés) s’accumulent dans les phases
organiques et sont adsorbés sur les différents constituants en raison de leur forte hydrophobicité
et de leur masse moléculaire. Leur distribution granulométrique diffère donc de celle des ETM
(Charrasse, 2013).
Les différents procédés répertoriés pouvant être pris en compte sont les suivants :
- Pour la chimie :
Etude n°14-1023/1A 110
Sorption/désorption des contaminants dans l’eau (phase dissoute) et la matière solide
(sol, sédiment, matière en suspension) ;
Dissolution, complexation, formation de colloïdes ;
Dégradation des contaminants organiques ;
Décomposition de la matière organique ;
- Pour le transfert :
Lixiviation ;
Transports convectifs et diffusifs (phase dissoute et la phase particulaire), dépôt de la
matière en suspension et déplacement lié aux mouvements des animaux (bioturbation) ;
Volatilisation dans l’air et dépôt de poussières depuis l’air.
Ce comportement résulterait de résistance à la diffusion des forces physiques à travers le sorbant.
Les cinétiques de désorption globales dépendent donc de la distribution entre les phases de
libération rapide et prolongée, et des constantes de chacune de ces phases. Le comportement de
certains composés organiques (surtout à fort coefficient de partage) peine à être modélisé (Debruyn
& Gobas, 2004) et la décomposition de la matière organique n’accélèrerait pas les cinétiques de
désorption.
Les phénomènes de sorption des contaminants organiques jouent un rôle majeur dans la
distribution, le transport, la biodisponibilité, la dégradation, etc. dans l’environnement.
Structurellement et/ou chimiquement, les différents constituants de la matière organique
sédimentaire interagissent différemment avec des composés organiques hydrophobes, en termes
de liaison et de taux associés aux phénomènes de sorption (Ran et al., 2007). La quantité de colloïdes
de l’eau interstitielle joue également un rôle important dans la mobilité des contaminants
organiques, la concentration en PCB de l’eau interstitielle lui étant corrélée (Geffard, 2001).
La dégradation des composés xénobiotiques organiques est principalement liée à l’activité des
microorganismes (bactéries, protistes, champignons). Même s’ils sont présents, seule une fraction
de ces microorganismes est métaboliquement active, en fonction des conditions du milieu.
L’activité dépend du pH, de la température, des contraintes en nutriments, de la présence d’oxygène
dissous et de la présence d’autres composés organiques et affecteront l’activité de ces
microorganismes. Par exemple, le naphtalène (contrairement au tétrachlorure de carbone) est plus
rapidement dégradé en présence d’oxygène et devient très persistant en son absence (Charrasse,
2013).
Au cours du temps, les contaminants organiques se retrouveraient associés à une matière organique
condensée et seraient donc moins disponibles. En effet, les molécules diffuseraient
progressivement à l’intérieur de la matrice organique et seraient retenues plus fortement (Charrasse,
2013 ; Geffard, 2001). La séquestration des composés organiques hydrophobes par le phénomène
du vieillissement (baisse d’extractibilité) est de fait corrélée avec la baisse de leur (bio)disponibilité.
Dans le cadre d’une gestion des risques liés au terme source et au transfert de polluants vers les
nappes phréatiques ou aux écosystèmes aux alentours, ce phénomène est à considérer
sérieusement, en particulier pour les stratégies de gestion de type « atténuation naturelle contrôlée »
et dans l’évaluation de la dangerosité HP 15 (Charrasse, 2013).
Etude n°14-1023/1A 111
a. Les organoétains
Aujourd’hui plus de 800 organoétains sont recensés dans la littérature, la plupart étant d’origine
anthropique. Ils ont des propriétés chimiques, physiques et biologiques variées, et sont utilisés en
agriculture comme pesticides, fongicides et insecticides entre autres (Hoch, 2001).
Ils ont pour formule générale :
(n-R)Sn-X Où X est un anion dont la nature peut influencer les propriétés physico-chimiques, et
notamment la solubilité ;
Et R est un groupement carboné influençant principalement la toxicité.
Les espèces trisubstituées comme le TBT, le triphénylétain (TPhT) et le tricyclohexylétain
(TcHexT) sont employées dans la préservation du bois, les peintures antisalissures, les fongicides,
pesticides, miticides et acaricides. Les radiations UV, les acides forts et les agents électrophiles ainsi
que l’activité biologique contribuent à la rupture de la liaison Sn-C, qui est stable en présence d’eau
et d’oxygène atmosphérique jusqu’à une température de 200 °C. Les vitesses de décomposition
dépendent des conditions environnementales, et notamment de la température et de la nature des
microorganismes. La persistance des organoétains dans l’environnement apparait indéniable et
induit donc un risque potentiel (Marcic, 2005).
Les triorganoétains sont les composés les plus toxiques, cependant en fonction du groupement
carboné les niveaux de toxicité diffèrent. En général, les organoétains agissent par fixation sur la
membrane cellulaire des liposomes en formant un complexe avec les groupements phosphates des
phospholipides. Ils sont alors disponibles pour l’organisme cible et deviennent toxiques. Le tableau
XXIII présente pour quelques exemples de composés les groupes écologiques les plus sensibles à
ces composés.
Tableau XXIII : Toxicité relative des organoétains selon les groupes écologiques (d'après Bertrand et al., 2005)
Composés d’organoétains Hautement toxiques pour
Triméthylétains Insectes, oiseaux et mammifères
Triéthylétains Mammifères
Tributylétains Poissons, mollusques, champignons, bactéries
gram +
Triphénylétains Poissons, champignons, mollusques
Tricyclohexylétains Acariens
En dépit d’une plus grande préoccupation des effets toxiques des organoétains dans les systèmes
aquatiques, des données supplémentaires sur l’accumulation et les conséquences écotoxicologiques
le long de la chaine alimentaire sont encore nécessaires (Antizar-Ladislao, 2008). L’exposition des
niveaux trophiques élevés (avifaune, mammalofaune) se fait principalement via l’alimentation. Une
étude danoise sur l’accumulation et le transfert des organoétains dans une chaine alimentaire marine
(Strand & Jacobsen, 2005) a mis en évidence les concentrations les plus élevées en TBT pour un
mammifère (Phocoena phocoena). Cependant une grande variance dans le potentiel d’accumulation
entre les espèces a été trouvée, et ce même pour des niveaux trophiques équivalents, ce qui reflète
probablement des voies de métabolisation et/ou d’élimination des organoétains propres à chaque
espèce (Strand & Jacobsen, 2005).
Etude n°14-1023/1A 112
(i) Les TBT
Les TBT et ses produits de dégradation (DBT, MBT) sont à présents inclus dans la Convention de
Rotterdam et ont été bannis de l’organisation maritime internationale. Le TBT est interdit en France
sur des bateaux inférieurs à 25 mètres depuis 1982, et depuis le 1er janvier 2008 pour tous les navires
entrant dans un port européen. Les sédiments marins apparaissent plus contaminés, et notamment
à cause du TBT. En effet, plus de 50 % de ceux-ci dépasseraient le seuil N1, dont 25 %
dépasseraient le seuil N2. Le TBT est également inscrit à l’annexe X de la Directive 2013/39/UE
pour les substances prioritaires, et parmi les composés organostanniques, il est le plus étudié.
Il se concentre dans les 50 premiers centimètres des sédiments (Agence de l’Eau Artois Picardie)
et présente une grande aptitude à se fixer sur un sol riche en matière organique (Marcic, 2005). La
dégradation se fait par action microbiologique et photolytique dans l’eau, cependant sur un temps
très long. Il est adsorbé et bioconcentré par les bactéries, les phytoplanctons, les mollusques et les
poissons (Agence de l’Eau Artois Picardie).
Dans les conditions environnementales normales, l’hydrolyse du TBT n’est pas significative. Il est
dégradé en DBT, lui-même dégradé en MBT. Ce dernier est lentement minéralisé et l’étain libéré
sous forme inorganique. Le TBTO15 se dissocie en solution aqueuse pour former du TBT cation
(GIP Seine Aval, 2007). Les microorganismes, les crustacés et les poissons évitent les zones où les
concentrations en TBTO dépassent 1 µg/L (WHO, 1990).
La désorption du TBT est dépendante du pH et de la salinité, avec une plus grande désorption à
des pH bas ou élevés et à une salinité intermédiaire (≈ 30 ‰). A des pH autour de 6-7, la désorption
sera plus faible, ce qui sera le cas en eau douce, où le pH avoisine 7 (Eggleton & Thomas, 2004).
Dans les eaux côtières, la durée de demi-vie des TBT est estimée entre 3 et 15 jours, et dans les
sédiments en milieu anaérobie entre quatre mois et huit ans. L’absence de lumière (photolyse),
d’oxygène (biodégradation) ou la biodisponibilité réduite justifient ces différences. Ces données
sont toutefois variables, la durée de vie du TBT dans les sédiments estuariens et fluviaux est estimée
entre 360 et 775 jours et à une dizaine d’années dans des sédiments en milieu anaérobie (Ineris
2009).
Ils se retrouvent dans l’eau de mer à l’état dissout sous forme d’hydroxyde de carbonates ou de
chlorures et faiblement associés aux matières en suspension. Cette faible affinité pour la forme
particulaire se traduit par des coefficients de partage eau-sédiment faibles. Les cinétiques
d’adsorption sur les sédiments sont lentes et les taux de désorption non spécifiques. Ceci traduit
de faibles échanges entre les sédiments et l’eau interstitielle. Néanmoins une faible fraction (< 1%)
peut être désorbée par agitation de sédiments contaminés dans l’eau de mer (Charrasse, 2013).
En ce qui concerne le comportement des TBT dans les écosystèmes terrestres, les TBT montrent
une persistance très grande dans le sol par rapport au TPhT. De plus, le transfert des organoétains
au végétal a pu être mis en évidence, ce qui fait que leur présence dans les sols représente donc un
risque non négligeable. Il est à noter que lorsque plusieurs organoétains sont présents, leurs
comportements peuvent différer, et des compétitions pourraient apparaitre vis-à-vis de la sorption
15 Oxyde de TBT ; l’un des principaux dérivés du TBT à usage industriel
Etude n°14-1023/1A 113
ou du prélèvement par les végétaux (Marcic, 2005). Le TBT est susceptible d’être bioaccumulé de
façon conséquente dans les organismes (WHO, 1990).
Les conséquences de cette exposition des végétaux à certains composés organostanniques (TBT,
TPhT et TcHexT) ont été étudiées au travers de tests de phytotoxicité. Balabaskaran et al. (1987)
ont mis en évidence une inhibition de la germination et une réduction du poids des feuilles sur des
graines de haricot mungo ; Simon et al. (2002) ont révélé des nécroses importantes au niveau des
racines de haricot vert à partir de concentrations supérieures à 1 µg(Sn)/L.
De fortes perturbations du métabolisme d’organismes sensibles (algues, zooplancton, larves de
poisson) ont été observées pour des concentrations de l’ordre du ng/L dans l’eau (Marcic, 2005).
Chez certains mollusques comme les huîtres (et notamment au niveau du bassin d’Arcachon) ou
les gastéropodes, des concentrations de 0,5 ng(Sn)/L peuvent entrainer des phénomènes d’imposex
(apparition de caractéristiques mâles chez les femelles) et également une stérilisation des femelles
(Rüdel, 2003). Ce phénomène d’imposex chez les gastéropodes est spécifique de la pollution par
les TBT, et son intensité est proportionnelle à la contamination subie (GIP Seine Aval, 2007), les
gastéropodes bioaccumulant les TBT (Antizar-Ladislao, 2008).
Quelques études sur des oiseaux et des rats ont fait apparaitre la toxicité du TBT sur certains de
leurs organes par inhibition de l’activité enzymatique à partir de concentrations comprises entre
quelques ng(Sn)/g et quelques µg/g de poids corporel (Fent, 1996 ; Maguire, 2000).
De par ses propriétés ioniques et lipophiles, le TBT se concentre dans les lipides et/ou se fixe sur
les macromolécules telles que le glutathion. Il s’accumule dans le foie et les reins. Ses
caractéristiques permettent au TBT de se transmettre dans la chaine alimentaire. Il agit sur l’activité
du système immunitaire, nerveux, digestif et endocrinien de beaucoup d’organismes vivants et peut
avoir des effets neurotoxiques, mutagènes, cancérogènes et immunotoxiques (Markert, 1998).
Le TBT est un perturbateur endocrinien très actif induisant la raréfaction de nombreuses espèces
de mollusques (Agence de l’Eau Seine Normandie) et a été classé en catégorie 1 par l’UE
(perturbateur endocrinien avéré) (GIP Seine Aval, 2007). Le TBT est absorbé via le tractus gastro
intestinal et via la peau. Il peut traverser la barrière encéphalique et arriver au cerveau, ainsi que le
placenta pour arriver au fœtus. Il est rapidement métabolisé par déalkylation progressive jusqu’à
l’étain inorganique et est principalement excrété par la bile. Une exposition chronique chez les
mammifères aura essentiellement des effets immunotoxiques, mais également des effets hépatiques,
hématologiques (anémies), embryotoxiques et tératogènes avec des malformations faciales
(ATSDR, 2005). Le TBTO a été classé en catégorie D par l’US-EPA (non classifiable).
La non-prise en compte du TBT dans les sédiments continentaux est liée au manque de
données sur l’ampleur de la problématique dans ce milieu, ainsi qu’à l’absence de seuil
« continental » approprié (Mouvet, 2012). Les sédiments d’eau douce constituent un
réservoir d’organoétains, qu’ils sont susceptibles de relarguer sous l’effet d’une perturbation
(Brignon, 2005).
Etude n°14-1023/1A 114
(ii) Le TPhT
Comme pour le TBT, des effets délétères sur les organismes aquatiques sont observés à très faibles
concentrations. Les effets peuvent être variés sur l’organisme, et peuvent notamment concerner le
système immunitaire, la reproduction, la croissance et ce à des doses proches de quelques mg/g de
poids corporel. Des phénomènes d’imposex sont également observés à partir de concentrations de
l’ordre de 1 ng/L de ce composé dans l’eau.
Sur les végétaux, le TPhT a une action phytotoxique entrainant un faible développement racinaire,
une diminution de la quantité de chlorophylle contenue dans les végétaux entrainant une baisse de
l’activité photosynthétique et respiratoire ainsi qu’une faible biomasse. Des phénomènes de nécrose
et de retard de croissance ont été également mis en évidence suite à une exposition de haricot vert
au TPhT. Le TPhT a été classé en catégorie 3 pour l’Europe (cancérigène suspecté chez l’Homme).
b. Les HAP
La structure des molécules de ce groupe d’hydrocarbures est formée par la fusion d’un nombre
variable de cycles benzéniques, et sont composés presque exclusivement de carbone et
d’hydrogène. Il existe plus de 100 HAP différents et ceux-ci se rencontrent comme mélanges
complexes de plusieurs identités et non comme composés isolés. Les sources anthropiques sont
nombreuses, les émissions se font dans tous les milieux environnementaux et sont principalement
liées aux activités industrielles (Ferro, 2010). Les HAP les plus rencontrés dans les sédiments ont
au moins quatre cycles (Wick et al., 2011).
Règlementaiement, 16 des HAP doivent être suivis depuis le 8 février 2013 (consolidation de
l’arrêté du 06 Août 2006).
La biodisponibilité des HAP est affectée par différents paramètres :
- les propriétés physiques des composés, les composés de haut poids moléculaires (HPM)
sont moins biodisponibles dans l’environnement que les composés de faible poids
moléculaire (FPM). Ces derniers seront éliminés plus rapidement par des procédés physico-
chimiques et biologiques, en raison de leur plus grande solubilité et volatilité et la capacité
de différents microorganismes à les utiliser comme source de carbone ;
- les caractéristiques du sol (argile, matière organique, structure) et les organismes récepteurs
(Wick et al. 2011) ;
- lorsque la fraction de particules fines d’un sédiment augmente, la biodisponibilité et la
mobilité diminuent.
L’origine de la contamination en HAP est également importante dans la détermination de la
mobilité et de la disponibilité :
- les HAP pétroliers sont plus facilement disponibles et sont présents sous forme d’émulsion
avec l’eau ;
- les HAP d’origine pyrolytique (générés par des processus de combustion incomplète de
matière organique à haute température) sont moins disponibles car fortement adsorbés sur
et dans les particules (Geffard, 2001).
Etude n°14-1023/1A 115
Ils possèdent une solubilité très faible, celle-ci diminuant avec le nombre de cycles aromatiques
constituant les molécules. Leur hydrophobicité favorise leur association avec les particules
organiques en suspension et c’est pourquoi la teneur en carbone organique total et la granulométrie
influent sur la teneur en HAP des sédiments.
La solubilité des HAP dépend fortement de la température des eaux naturelles. La température est
un paramètre important dans les phénomènes de sorption, elle agit sur les propriétés intrinsèques
du soluté en augmentant la solubilité. Elle agit également sur tous les processus en augmentant les
vitesses de réaction (Charrasse, 2013). Les HAP ont une forte affinité pour les solvants organiques.
L’adsorption est élevée sur les MES et les colloïdes en milieu aquatique en présence d’oxygène : la
dégradation se fera par oxydation chimique, photo-oxydation et transformation métabolique par
les organismes vivants, animaux ou végétaux. En milieu anoxique, ils sont résistants à ces
dégradations chimiques et biologiques (Eau Artois Picardie). Le phénomène d’association aux
matières en suspension et d’accumulation dans les sédiments est accentué par la teneur en matière
organique du sédiment (Geffard, 2001).
La demi-vie des 16 HAP est variable selon les conditions aéro/anaérobie et selon le milieu :
- de 2 à 320 jours en milieu aérobie, de 16 à 4 621 jours dans les eaux en milieu anaérobie ;
- de 0,21 à 12 490 jours dans les sols en milieu aérobie, de 2,6 à 4 000 jours dans les sols en
milieu anaérobie (Ineris 2009).
Les HAP-FPM (deux cycles aromatiques) ont une demi-vie de un an dans les sédiments, ceux à
trois ou quatre cycles ont des demi-vies d’environ deux ans, et ceux a cinq cycles et plus ont des
demi-vies de plusieurs années dans les sédiments (Wick et al. 2011).
La dégradation des HAP se fait majoritairement en conditions oxydantes, mais peut également
s’opérer en anaérobiose. En l’absence d’oxygène moléculaire, d’autres accepteurs d’électrons, tels
que les nitrates, le fer ferreux et les sulfates sont nécessaires pour oxyder les HAP.
La biodégradation bactérienne anaérobie des HAP commence généralement par l’action d’une
enzyme dioxygénase (addition de deux atomes d’oxygène) qui attaque un des noyaux aromatiques
pour former un cishydrodiol. Celui-ci est ensuite déshydraté en catéchol, qui est un intermédiaire
décisif à partir duquel peut avoir lieu l’ouverture du noyau aromatique. Cette ouverture va conduire
à la formation de composés simples (pyruvates, succinates) pouvant entrer dans la voie métabolique
centrale des bactéries (cycle de Krebs). Cette biodégradation directe aura lieu pour les HAP-FPM
(jusque quatre cycles). Peu de bactéries sont capables d’utiliser des HAP-HPM comme unique
source de carbone et d’énergie. Leur biodégradation se fait généralement par co-métabolisme. La
dégradation des HAP se fait via des réactions enzymatiques non spécifiques, sans apport de carbone
ou d’énergie pour la cellule bactérienne. Les produits finaux de dégradation peuvent être dégradés
par d’autres souches présentes (dégradation en chaine).
Une autre voie de biodégradation des HAP est la co-oxydation (ou cométabolisation). Cette
dégradation partielle par un (ou des) microorganisme(s) utilise un (ou des) substrat(s) pour sa
croissance sans que cette dégradation n’apporte à l’organisme directement ni nutriment ni énergie.
Etude n°14-1023/1A 116
Ce type de dégradation est le mécanisme proposé pour la dégradation des HAP les plus lourds
(plus de cinq cycles), mais peut conduire à une accumulation de métabolites toxiques dans le milieu.
Les HAP sont également photodégradables, certains étant même particulièrement photo-toxiques
sous lumière UV (Ineris, 2009). Cette oxydation se fera par absorption des radiations solaires. Ce
mécanisme est encore peu clair, cependant il est intéressant de noter que cette dégradation par
photo-oxydation serait plus importante pour des HAP-HPM (Wick et al., 2011).
Les champignons en se développant au sein du sédiment peuvent permettre aux bactéries de mieux
accéder aux HAP et/ou d’augmenter l’oxygénation au sein des agrégats (Charrasse, 2013). La
concentration des HAP dans la phase aqueuse des lixiviats augmente avec la température (Ran et
al., 2007).
c. Les PCB
Ces composés de synthèse sont obtenus par chloration de divers hydrocarbures insaturés. Ce sont
des mélanges de biphényls à différents états de chloration (quatre à huit atomes de chlore par
molécule), la figure 32 présente la formule générale.
Figure 32 : Formule générale des PCBs
Typiquement cette famille est représentée par sept PCBs indicateurs PCBi (PCB 28, 52, 101, 118,
138, 158 et 180). Ils s’accumulent facilement dans les sédiments et ont des temps de demi-vie
souvent longs. Leur biodégradabilité est quasi nulle, exception faite du lindane. Ils font partie de la
liste des Polluants Organiques Persistants (POP) de la Convention de Stockholm et sont soumis
au plan national d’action de 2008 (Charrasse, 2013). Ces produits sont ininflammables, inertes vis-
à-vis des acides, des bases et il faut une température supérieure à 1000 °C pour les dégrader
complètement. Ils sont persistants dans l'environnement (du fait de leur stabilité chimique) et
liposolubles. Le milieu marin serait le milieu récepteur principal des PCBs, et la zone la plus
contaminée en France est l'estuaire de la baie de Seine (Silitonga, 2010).
Quand la quantité de particules fines augmente et que le taux de carbone organique augmente, la
capacité du sédiment à piéger les PCBs augmente aussi. Les contaminants organiques hydrophobes
se désorbent facilement du sédiment, bien que ce taux de désorption tende à diminuer avec le
temps. Les congénères des PCBs ont tendance à se désorber du sédiment à différents niveaux
(Eggleton & Thomas, 2004), en fonction de la taille des sédiments et du degré de chloration. Les
PCBs hautement chlorés, ou les contaminants hydrophobes ayant un coefficient de partage élevé,
ont tendance à désorber plus lentement (en années).
Des études ont constaté une atténuation naturelle anaérobie des PCBs, une baisse significative de
la concentration en PCB sur des carottes sédimentaires (Charrasse, 2013). Egalement, des
échantillons de sédiments historiquement contaminés affichent des profils de congénères avec une
plus faible substitution en chlore que les composés initiaux, correspondant à une déchloration
générale. Les PCBs para- et méta-substitués semblent être plus particulièrement affectés en
Etude n°14-1023/1A 117
montrant une nette décroissance dans les horizons en profondeur (Magar et al., 2005). La position
des atomes de chlore détermine les possibilités de biodégradation : les isomères ortho-substitués
ainsi que ceux dont l’ensemble des atomes de chlore sont présents sur le même cycle montrent une
grande résistance conduisant à une plus grande rémanence (Tiedje et al., 1993). Les PCBs hautement
chlorés sont sujets à une déchloration réductive (déchloration anaérobie en particulier, Imamoglu
et al., 2004) ce qui tend à augmenter la concentration en PCBs plus faiblement chlorés, qui eux
seront dégradés par des bactéries aérobies (Imamoglu et al., 2004 ; Bisson et al., 2005).
Les déchlorations ortho-, méta- et para- suivent des processus différents et sont attribués à des
populations différentes de bactéries anaérobies. La déchloration se produit souvent dans des
gammes de température comprises entre 12 et 25 °C ; au-delà de 37 °C celle-ci serait inexistante
(Bisson et al., 2005). L’association de PCBs à d’autres molécules organiques (huiles, graisses ou
solvants) peut inhiber les mécanismes de déchloration par biodégradation (Tiedje et al., 1993).
Les PCBs sont largement retrouvés dans l’atmosphère, en raison de leur pression de vapeur
modérée, de leur faible solubilité et de leur réactivité. Ils ont tendance à s’accumuler dans le sol, la
végétation, l’eau et les particules atmosphériques, et peuvent donc se revolatiliser dans l’atmosphère
(la volatilité des PCBs est corrélée au nombre d’atomes de chlore du congénère : moins le congénère
est chloré, plus il aura tendance à se volatiliser ; Air Rhône Alpes, 2013). Ces phénomènes de
volatilisation/condensation sont principalement contrôlés par des changements de température.
Le procédé préférentiel de libération et transport des contaminants depuis le sédiment jusque l’air
se découpe en trois parties :
- Premièrement le contaminant adsorbé sur la phase solide se retrouvera en équilibre avec la
concentration du contaminant dans l’eau porale (ou interstitielle), équilibrage des KD ;
- Deuxièmement, la concentration en contaminant dans l’eau porale sera en équilibre avec
celle dans l’air des pores, équilibrage selon les constantes de Henry ;
- Troisièmement, le contaminant sera transporté dans la phase vapeur à travers le sédiment
jusque dans l’air (fonction de la diffusivité DE).
Les lois de Henry sont dépendantes et proportionnelles à la température, une augmentation de la
température entraine une augmentation des flux. Une augmentation de 3 °C sur des sédiments
bruts entrainent une augmentation de la volatilisation de 30, 135 et 101 % sur des PCBs di-, tri- et
tétra-chlorés (Miskewitz et al. 2008).
3. Les contaminants émergents
Le terme générique de « polluant émergent » regroupe les contaminants chimiques ou biologiques,
sans statut réglementaire clairement défini. Il s’agit bien souvent de molécules qui ne sont pas
nécessairement d’un usage nouveau, mais plutôt nouvellement identifiées, pour lesquelles les
données concernant leur présence, leur devenir dans l’environnement et leurs impacts potentiels
sur la santé ou l’environnement sont parcellaires. Le nombre de molécules concernées évolue en
permanence, tant au niveau des produits parents que de leur produit de dégradation, naturel ou
issus de traitement (BRGM, 2015).
La France est le premier consommateur européen de médicaments vétérinaires (300 molécules) et
le 4ème consommateur mondial de médicaments humains (3000 molécules). Les concentrations en
Etude n°14-1023/1A 118
médicaments ne sont connues qu’avec une précision limitée car les sources d’imprécision sont
nombreuses :
- L’étape de prélèvement et de transport peut apporter une forte part d’incertitude
(difficilement appréciable), fonction de la méthode utilisée ;
- Les prélèvements ponctuels sur un faible volume d’eau ne permettent pas une
représentativité objective du milieu ;
- L’analyse de médicaments requiert l’emploi de techniques analytiques pointues permettant
d’atteindre des seuils de détection très bas (présence en très faibles concentrations dans
l’eau) ;
- En l’absence de méthode normalisée, la méthode d’analyse est laissée à l’appréciation et au
savoir-faire du laboratoire (Eau Artois Picardie, 2010).
La contamination des eaux continentales, estuariennes et côtières par ces composés fait l’objet de
questions quant à l’évaluation et la gestion des risques environnementaux qui y sont associés. Parmi
les classes médicamenteuses concernées, on retrouve le plus régulièrement les anti-inflammatoires,
les hormones stéroïdes, les antibiotiques et les hypolipémiants. La présence d’hormones stéroïdes
agissant comme perturbateurs endocriniens est la plus préoccupante.
Les données mesurées dans le compartiment aquatique sont quasi inexistantes. Une étude a montré
que le sédiment du lit des rivières joue le rôle de réservoir environnemental pour certaines
substances en raison de la faible polarité des composés (log Kow compris entre 2,5 et 5).
L’adsorption apparait être un processus cumulatif dans cette couche sédimentaire. On trouve
également quelques données sur des substances antiparasitaires, notamment l’ivermectine (utilisé
pour traiter des parasitoses comme la gale, elle appartient au groupe des lactones macrocycliques ;
sa formule chimique brute est C95H146O28), dans le sédiment des bassins d’aquaculture, phénomène
lié à la lipophilie élevée de ce produit, spécialement en conditions anaérobies (Collette-Bregand et
al., 2009).
Les sédiments peuvent aussi contenir des concentrations élevées d’antibiotiques provenant des
fermes piscicoles. Le compartiment sédimentaire des rivières est loin d’être inerte et comporte des
micro-organismes capables de les métaboliser et de fortes concentrations y sont observées. C’est le
cas des tétracyclines ou de l’ivermectine. Les résidus d’antibiotiques qui restent dans les sédiments
peuvent alors altérer la composition de la microflore et y sélectionner des bactéries antibio-
résistantes (Jançon et al., 2008).
Les données de l’étude de Botta & Dulio pour l’Ineris et l’Onema sortie en 2014 servent à établir
les Substances Pertinentes A Surveiller (SPAS) spécifiques à la réglementation française, qui
contribueront à construire la liste des Polluants Spécifiques à l’Etat Ecologique (PSEE). Dans la
perspective du deuxième cycle de la DCE (2016-2021), un nouvel arrêté a été publié le 07/09/2015
et a modifié celui du 08/07/2010. Il établit la liste des substances prioritaires et fixe les modalités
et délais de réduction progressive et d'élimination des déversements, écoulements, rejets directs ou
indirects respectivement des substances prioritaires et des substances dangereuses visées à l'article
R. 212-9 du code de l'environnement. L’arrêté du 25/01/2010 a été révisé par l’arrêté du
28/06/2016 pour ce qui concerne les méthodes et critères d'évaluation de l'état écologique, de l'état
chimique et du potentiel écologique des eaux de surface.
Etude n°14-1023/1A 119
Au cours de l’étude de Botta & Dulio (2014), 150 analyses par substance ont été réalisées pour la
matrice « sédiment » des cours d’eau, une vingtaine pour les sédiments des plans d’eau. 85
substances sur les 134 molécules recherchées ont été quantifiées dans la matrice « sédiment » (c’est
à dire que le résultat était au moins supérieur aux limites de quantification). Les résultats ont attesté
une omniprésence des plastifiants et des produits de soins corporels dans les milieux (molécules
retrouvées dans 50 à 99 % des échantillons sur tous les bassins hydrographiques). Du fait du risque
de contamination d’échantillon inhérent à ce type de substances, largement répandues et dans un
grand nombre de matériaux, une surestimation est possible. Des études complémentaires sont en
cours pour détecter et estimer l’importance des éventuels biais d’analyse.
Pour la matrice sédimentaire, plus de 40 substances « omniprésentes » sont retrouvées dans tous
les bassins au moins une fois. La quasi-totalité des catégories d’usage est représentée : deux
retardateurs de flamme, deux métabolites d’additifs d’essence, trois molécules industrielles
(naphtalène et organo-étains), trois résidus de médicaments, dix-huit HAP, sept pesticides, deux
plastifiants, un antioxydant, cinq surfactants. Ont été retrouvés dans les sédiments :
- 50 % des phytosanitaires et biocides recherchés (soit 21 molécules) ;
- 52 % de résidus médicamenteux (soit 15 molécules) ;
- 95 % des HAP (soit 20 molécules) retrouvés exclusivement dans les sédiments (molécules
hydrophobes) avec une fréquence de quantification comprise entre 50 et 98 %, sur 100 %
des bassins (il s’agit de HAP non réglementés et pour lesquels il manque des informations
sur leur occurrence dans les sédiments) ;
- six molécules sur onze de la famille des retardateurs de flamme (composés également
hydrophobes) ;
- trois molécules sur quatre de la famille des surfactants, retrouvés exclusivement dans les
sédiments.
Il a été retrouvé 50 substances sur 85 dans la matrice sédimentaire présentant au moins une fois un
dépassement de la « Predictive No Effect Concentration » (PNEC : concentration prévisible sans effet
pour l’environnement). Les dépassements les plus fréquents sont dus à cinq HAP, un surfactant (le
4-nonylphénol di-éthoxylate), un pesticide (terbutryne, herbicide interdit d’usage et qui fait partie
de la nouvelle liste de substances prioritaires de la DCE Directive 2013/39/UE) et un résidu de
médicament (amiodarone, anti-arythmique). Le recours à cette valeur seuil indicative a été envisagé
dans la perspective de hiérarchisation future pour pondérer l’importance de certaines substances
par rapport à d’autres.
Pour les résidus de médicaments, il semblerait ne pas y avoir de différences en terme de typologie
de pression, les fréquences de quantification ont été homogènes pour les trois types de pression
(industrielles, agricoles, urbaines) ou peu de lien a pu être établi. Seuls les HAP sont majoritairement
plus présents dans les stations urbaines par rapport aux stations de type agricole ou industriel.
Quatre autres substances appartenant à différentes familles présentent également ce type de profil,
il s’agit de trois biocides (la perméthrine, la terbutryne et le triclocarban) et d’un additif d’essence
(le plomb diéthyl). Cette étude sur les contaminants émergents a été synthétisée dans la figure 33.
Etude n°14-1023/1A 120
Figure 33 : Synthèse de l'étude Botta & Dulio (2014)
II. Evolution du comportement des contaminants lors de la gestion à terre des
sédiments
1. Comportement des contaminants dans le sédiment extrait de son milieu
La figure 34 (page suivante) présente un schéma des différents changements pouvant s’opérer dans
les sédiments, qu’ils soient encore in situ ou qu’ils soient soumis aux changements consécutifs aux
opérations de dragage, les flèches présentant des traits plus fins représentent des voies d’évolution
moins importantes.
Etude n°14-1023/1A 121
Figure 34 : Bilan des changements impactant les sédiments depuis son milieu d’origine jusqu’à sa gestion à terre
Suite à ces différentes conditions pouvant survenir sur le sédiment extrait de son milieu, le
comportement des contaminants peut être amené à évoluer. Pour terminer cette partie sur les
contaminants, une synthèse de ces changements et toxicités est proposée dans le tableau XXIV.
Etude n°14-1023/1A 122
Tableau XXIV : Synthèse du comportement des contaminants dans le sédiment extrait de son milieu
Polluant Comportement Toxicité
ETM
Augmentation des concentrations des métaux en solution avec une baisse du pH suite à l’oxydation du sédiment (oxydation potentialisée par les micro-
organismes), baisse de pH d’autant plus importante que la teneur en carbonates est faible
Rôle du Ca2+ dans la remobilisation des métaux, une eau riche en Ca2+ favorise la rétention des ETM
Lixiviation des métaux fonction du pH, Eh, quantité de matière organique et complexation, et des conditions climatiques pour certains métaux
Rôle indirect de la température sur l’adsorption, influence l’activité de micro-organismes régulant les conditions d’oxydo-réduction
L’oxydation de la matière organique est considérée comme le mécanisme le plus important induisant la mobilité des métaux, renforcement des cinétiques
d’oxydation par les bactéries sulfato-oxydantes
Lixiviation plus importante les premières semaines de dépôt (risque écologique à court terme)
Oxydation chimique seule pour une faible fraction
As
Forte affinité pour la matière organique
Le séchage favorise la mobilité
Certains processus de lixiviation sont encore inconnus
As(III) a une mobilité faible, As(V) très faible
Oligo-élément essentiel
Inorganique : cancer de la peau, voies urinaires, rein,
foie, poumon.
Toxicité très dépendante des conditions du milieu
(température, pH, Eh, matière organique, phosphates)
Cd
Globalement mobile, Cd2+ correspond à la forme ionique libre disponible pour les
organismes
Le séchage renforce la mobilité
L’acidification augmente sa lixiviation, lixiviation elle-même plus grande sur des
sédiments récents (potentialisée par l’activité des micro-organismes)
Lixiviation plus importante en aérobie
Une augmentation de pH augmente l’adsorption
Peu sensible aux conditions redox
Cancérogène cat 1
Ver de terre très sensible à une contamination au Cd
Organismes d’eaux salées plus résistants que ceux
d’eaux douces
Cr Solubilité influencée par les conditions redox
Hautement lixiviable à pH acide
Sous une certaine forme, joue un rôle essentiel
Cr (VI) cancérogène certain pour le CIRC
Etude n°14-1023/1A 123
Cr (VI) apparait après une mise en dépôt de 2 mois
Cu
Disponibilité accrue dans les eaux salées, Cu2+ correspond à la forme ionique libre
disponible pour les organismes ; moins mobile dans les sédiments récents
Forte affinité pour la matière organique, y sera complexée en conditions biotiques ce
qui le rend moins disponible
Une augmentation du pH augmente son adsorption
Une baisse de la température entraine une baisse de sa concentration dans les lixiviats
Le séchage ne change pas le comportement à la lixiviation
Elément nécessaire à de nombreuses réactions
enzymatiques
EPA a classé le Cu en catégorie « D » (données
insuffisantes pour les humains et animaux)
Présence plus importante dans les eaux du fait du
remplacement du TBT par le Cu2O
Hg
Transformation en méthyl mercure sous l’action des micro-organismes
Formation de complexes stables entre le mercure et la matière organique : moins
disponibles pour la méthylation
Une concentration élevée pourrait inhiber l’activité des BSR et donc réduire la
transformation en méthyl mercure
Les AVS peuvent fixer le méthyl-mercure, le rendant peu disponible pour les
organismes
Inorganique : atteinte des reins et du système nerveux
central (SNC)
Organique (chronique) : effet majeur sur SN et
également néfaste sur les systèmes immunitaire et
cardiovasculaire
Méthyl-mercure : catégorie 2B
Ni
Forte affinité pour les sulfures
Une baisse de la température entraine une baisse de sa concentration dans les lixiviats
Hautement lixiviable à pH acide
Lixiviation influencée par alternance séchage/aération/humectation
Certains processus de lixiviation sont encore inconnus
Associé à la fraction résiduelle
Elément essentiel pour les végétaux supérieurs mais un
excès conduit à une toxicité
Dérivés inorganiques : catégorie 1
Ni métallique : 2B (cancérogène possible)
Pb
Peu soluble si le pH > 5
Pb2+ est la forme ionique libre disponible pour les organismes
Mobile par le transport colloïdal
Hautement lixiviable à pH acide
Affinité pour la matière organique
Très toxique
Atteinte du SNC, reins, moelle osseuse, et également
un effet sur la reproduction
Tableau XXIV (suite) : Synthèse du comportement des contaminants dans le sédiment extrait de son milieu
Etude n°14-1023/1A 124
Le séchage favorise sa mobilité
Associé à la fraction résiduelle
Zn
Une augmentation du pH augmente l’adsorption
Une acidification augmente la lixiviation, potentialisée par les micro-organismes, sera
hautement lixiviable à pH acide
Lixiviation plus importante en aérobiose
Une baisse de la température entraine une baisse de sa concentration dans les lixiviats
Le séchage ne change pas son comportement à la lixiviation
Elément essentiel
Toxique à haute dose
Composés
organique
s
Quantités de colloïdes de l’eau interstitielle joue un rôle important dans la mobilité des contaminants organiques
Dégradation des composés xénobiotiques organiques principalement liée à l’activité des micro-organismes (bactéries, protistes, champignons), fonction
des conditions du milieu : pH, température, contraintes en nutriment, oxygène dissous, présence d’autres composés organiques.
Séquestration par le phénomène de vieillissement (baisse d’extractibilité) est corrélée à la baisse de la biodisponibilité
Avec le temps : composés organiques associés à une matière organique condensée et moins disponibles → diffusion progressive à l’intérieur de la matrice
organique et rétention plus importante
HAP
Biodégradation directe par des bactéries pour les HAP de FPM (jusque 4 cycles)
Co-métabolisme (ou co-oxydation) par un (ou des) micro-organisme (s) pour des HAP
de HPM, via réactions enzymatiques non spécifiques
Dégradation majoritairement en aérobiose, mais possible en anaérobiose (en présence
de nitrates, fer ferreux et sulfates pour oxyder les HAP)
Photodégradation par adsorption des radiations solaires, phénomène plus important
pour les HAP de HPM (certains sont photo-toxiques)
Les champignons se développant au sein du sédiment peuvent permettre aux bactéries
de mieux accéder aux HAP et/ou d’augmenter l’oxygénation
La température augmente les vitesses de sorption et la concentration des HAP dans les
lixiviats
Effets systémiques (hépatique, hématologie,
immunologique, développement, etc.)
Et/ou effets sur la reproduction ainsi que effets
génotoxiques et cancérigènes
Tableau XXIV (suite) : Synthèse du comportement des contaminants dans le sédiment extrait de son milieu
Etude n°14-1023/1A 125
Naphtalène rapidement dégradé en présence d’oxygène, persistant en son absence
Origine de la contamination des HAP importante dans mobilité/disponibilité : HAP
d’origine pétroliers plus facilement disponibles à l’inverse des HAP d’origine
pyrolytiques
PCB
Grand nombre de bactéries capables de réaliser une déchloration réductive, la
température semblant jouer un rôle dans cette déchloration
Quantité de PCB dans l’eau interstitielle corrélée à la quantité de colloïdes
Dégradation possible en anaérobiose et en aérobiose
Métabolite de fin de dégradation pour tous les PCB : acide benzoïque
Taux de dégradation diminue avec l’augmentation du degré de chloration
Dans de nombreux cas les PCB à 2/3 atomes de Cl sont très difficilement dégradés
PCB ortho-substitués plus rémanents que les para- et méta-substitués
Dégradation également par des souches de pourriture blanche, inversement
proportionnelle au nombre de Cl
Exposition aigue : effets cutanés (chlor-acnée),
oculaires, troubles hépatiques
Exposition chronique : troubles
neurocomportementaux, perturbation métabolique +
effets sur la thyroïde
Classé 2A (cancérigène probable)
TBT et
ses
dérivés
Se concentrent dans les 50ers centimètres des sédiments
Désorption du TBT dépendant du pH et de la salinité : désorption plus grande à pH
bas ou élevé et salinité intermédiaire (≈ 30 ‰)
Biodégradabilité lente dans les sédiments
Manque de données sur l’ampleur de la problématique en milieu continental, et absence
de seuil continental approprié
Organismes les plus sensibles à une contamination par
les TBT : gastéropodes
Très toxique pour l’environnement, en particulier
aquatique. Action sur système immunitaire, nerveux,
digestif et endocrinien.
Perturbateur endocrinien très actif
Classé comme substance dangereuse prioritaire (peut
avoir des effets neurotoxiques, mutagènes,
cancérogènes et immunotoxiques)
Pas de données sur l’écotoxicité du MBT, peu pour le
DBT
Tableau XXIV (fin) : Synthèse du comportement des contaminants dans le sédiment extrait de son milieu
Etude n°14-1023/1A 126
2. Evolution du comportement des contaminants lors de leur valorisation à terre
Selon la valorisation envisagée du sédiment, des pré-traitements et traitements peuvent s’avérer
nécessaires. Pour rappel, les techniques de pré-traitements, même si elles peuvent agir sur les
contaminants ne permettent pas l’inertage des matériaux qui est le propre des techniques de
traitement (CETMEF, 2008). Néanmoins, elles permettent de modifier les caractéristiques
physiques du sédiment (séparation granulométrique, déshydratation, …) et de conditionner le
sédiment en vue (i) de son transport, (ii) d’un éventuel traitement, qui permettra de modifier sa
nature et sa dangerosité intrinsèque selon des mécanismes physiques, chimiques ou biologiques
(Benoit-Bonnemason et al., 2012) ou (iii) de sa valorisation.
A ce jour, grâce notamment au retour d’expérience acquis par les nombreux projets de recherche
sur la problématique des sédiments contaminés, une évaluation de l‘efficacité de ces traitements a
pu être réalisée. L‘objectif de ce paragraphe est de présenter succinctement ce retour d’expérience
pour six modes de pré-traitements et traitements couramment employés.
a. Alternance des régimes hydriques (séchage/humectation)
Lors du séchage, la déshydratation peut altérer la structure tridimensionnelle des sédiments. Les
sédiments humides ont une apparence gélatineuse, tandis que les sédiments secs puis réhumidifiés
apparaissent cristallins et angulaires. En outre le volume des sédiments humides peut être jusqu’à
deux fois celui de sédiments secs puis réhumidifiés (à poids sec équivalent). Selon Charrasse (2013),
ceci suggère que tous les sédiments frais perdent la moitié de leur capacité de rétention d’eau quand
ils sont séchés et que ce phénomène est irréversible. Pour Ramaroson (2008), la réversibilité de
cette capacité d’hydratation et de gonflement dépend des argiles contenues dans le sédiment, de la
pression et de la température.
La déshydratation peut également entraîner un comportement différent de celui des sédiments
initiaux. Les sédiments séchés deviennent en effet plus hydrophobes après séchage. Ils sont
d’ailleurs plus hydrophobes que les sédiments brûlés. Après séchage puis réhumidification, la
capacité d’échange cationique peut également diminuer de 50 %. La matière organique d’un sol
séché serait par ailleurs plus facilement dégradée que dans les sols non déshydratés. Enfin, la
déshydratation favorise la diffusion de l’oxygène, ce qui peut conduire à l’oxydation de certains
minéraux (Charrasse, 2013).
b. Mise en dépôt terrestre
Le stockage à terre sur une durée de dix mois est un traitement qui a été envisagé dans le cadre du
projet SEDI.MAR.D 83. Ce traitement permet d’abaisser la moitié de la concentration initiale du
TBT après deux mois d’entreposage. Cette dégradation s’accompagne de formation d’espèces
d’étain qui sont moins dangereuses (transformation du TBT en DBT, MBT puis en étain
inorganique), elle se fait via des procédés biotiques et abiotiques.
L’arsenic tertiaire - As (III) est la forme majoritaire dans le sédiment fraichement dragué et s’oxyde
en arsenic (V) en fonction de la durée du traitement. L’arsenic (V) est considéré comme la forme
mobile, mais sa mobilité pourra être affectée par de nombreux paramètres physico-chimiques. Le
chrome s’oxyde également, avec apparition de faibles quantités de chrome (VI), qui a une grande
Etude n°14-1023/1A 127
toxicité. Le chrome (VI) apparait après deux mois de stockage de sédiments bruts alors qu’il
apparaît à partir du 4ème mois dans le cas de sédiments dessablés.
Dans le cas de sédiments dessablés, les teneurs en métaux restent sensiblement constantes pendant
dix mois de stockage alors qu’une baisse des concentrations est observée pour les sédiments bruts
avec obtention d’un plateau après quatre mois de vieillissement. Cette baisse des concentrations est
importante les deux premiers mois et diminue ensuite de façon progressive. Elles se stabiliseront
entre le 4ème et 10ème mois. Les concentrations en manganèse par contre diminuent peu les deux
premiers mois puis restent stables. Les concentrations plus importantes en métaux dans les
sédiments dessablés par rapport aux sédiments bruts peuvent être expliqués par la faible affinité
des métaux pour le sable. Seul l’arsenic présente des niveaux de concentrations très proches dans
les deux types de sédiments, ce qui laisse penser que cet élément a une affinité similaire avec tous
les types de particules.
Une période de stockage de deux à quatre mois semble nécessaire pour oxyder les sédiments
fraichement dragués, la période devant être optimisée pour minimiser la formation du chrome (VI)
tout en réduisant la charge de la contamination en TBT. Ce comportement est toutefois moins
significatif pour les sédiments dessablés, car le traitement de dessablage en lui-même entraine une
oxydation rapide du sédiment et la concentration des métaux restera stable après le dépôt à terre
(Seby et al. 2009).
c. Stabilisation
Les procédés de stabilisation vont assécher le sédiment et ainsi réduire la quantité de PCB
volatilisés. Le matériel dragué puis stabilisé sera moins affecté par les fluctuations de température
parce qu’éliminer l’eau élimine la voie préférentielle de libération des PCB à l’atmosphère. Ainsi, il
apparait que le sédiment stabilisé retient plus les PCB. Cependant, des mesures prises pendant et
après la phase de stabilisation suggèrent que les pertes pourraient être significatives pendant le
traitement (Miskewitz et al. 2008).
Bien que les flux mesurés dans l’étude de Miskewitz et al. de 2008 soient plus faibles que les limites
d’exposition établies, et qu’ils ne représentent donc pas de danger direct pour la santé humaine, le
sédiment pourrait représenter une source significative de PCB dans l’atmosphère.
d. Traitement à l’acide phosphorique
Les traitements industriels des sédiments dragués ont été développés pour fournir un procédé à
moindre coût et bien adapté pour éviter la formation de déchets résiduels. Le traitement à l’acide
phosphorique est une méthode d’immobilisation efficace pour les sédiments contaminés aux
métaux lourds. L’utilisation de l’acide phosphorique pourrait rivaliser avec le phosphate comme
fertilisant, mais son impact est plus faible parce qu’1 % acide phosphorique est suffisant pour traiter
les sédiments dragués.
Les acides causent la décomposition des carbonates et des sulfures présents dans les sédiments
dragués. Cependant, l’acidité est rapidement compensée par la libération de dioxyde de carbone et
la formation de sels ortho-phosphatés de calcium et d’autres métaux. Un traitement thermique des
sédiments traités chimiquement renforce la stabilité des minéraux nouvellement formés. La
Etude n°14-1023/1A 128
lixiviation des métaux lourds est ainsi minimisée. Pour une réutilisation avantageuse, les sédiments
traités devraient être comparés à d’autres matériaux naturels (Kribi et al., 2012).
e. Traitement par additifs minéraux
Dans le cadre d’une étude réalisée et décrite par Mamindy-Pajany et al. (2013), l’évolution
d’échantillons de sédiments et de leurs caractéristiques physico-chimiques (notamment de leur
contamination) a été suivie lors de traitements par additifs minéraux. Les principaux éléments
retenus sont décrits dans la suite de ce paragraphe.
(i) Traitement à la zéolithe
Les traitements par additifs minéraux altèrent la mobilité des ETM. L’expérimentation menée par
Mamindy-Pajany et al. (2013) a montré que le traitement à la zéolithe grossière réduit l’accumulation
des ETM dans les lixiviats comparés à un sédiment non traité (Cd : 20 %, Cu : 19 %, Zn : 7 %, Ni :
5 %). Dans ce contexte, le traitement à la zéolithe fine a renforcé la libération des ETM dans les
lixiviats, mais n’a pas été pas efficace dans la stabilisation des ETM dans les sédiments marins. La
réactivité de la zéolithe grossière pourrait être attribuée à sa surface spécifique tandis que
l’augmentation des ETM dans les lixiviats après traitement à la zéolithe fine pourrait être expliquée
par leur transport dans la phase solide associée aux particules fines de zéolithe (diamètre inférieur
à 0,45 µm) pendant des phases successives de lixiviation (densité inférieure à celle de l’eau)
(Mamindy-Pajany et al. 2013).
(ii) Traitement à l’hématite
Mamindy-Pajany et al. (2013) ont comparé des concentrations différentes d’hématite dans des
opérations de traitement. Ils ont mis en évidence que les taux de stabilisation étaient inférieurs avec
un taux de 15 % (comparé à un traitement à 5 %), avec une exception pour les éléments les plus
mobiles : le molybdène et le zinc. Selon les auteurs, la stabilisation des ETM dans les sédiments
traités avec de l’hématite est due à des réactions de complexation sur les sites de surface de
l’hématite. Ce traitement est capable de piéger des contaminants anioniques et cationiques dans des
gammes de pH neutres.
(iii) Traitement au Fer zéro
Le traitement au Fer zéro peut être utilisé pour stabiliser des cations et anions métalliques des
sédiments marins. Ce traitement a été montré comme réduisant la mobilité des ETM dans les sols
pollués, sans toxicité résiduelle pour les plantes et les microorganismes, même sur des longues
périodes de temps.
Dans l’étude de Mamindy-Pajany et al. (2013), les traitements à l’hématite et au fer zéro se sont
avérés les traitements les plus efficaces pour stabiliser des sédiments marins dragués en améliorant
la qualité des eaux de percolation, avec des taux de stabilisation allant de 45 à 51 %.
f. Phytoremédiation
Pour rappel, la phytoremédiation fait référence à trois techniques :
- Phyto-extraction : absorption des métaux du sol/sédiment par la plante puis translocation
des métaux dans les parties récoltables ;
- Phyto-dégradation : utilisation de plantes dégradant les contaminants organiques ;
Etude n°14-1023/1A 129
- Phyto-stabilisation : stabilisation plutôt que suppression par rétention racinaire.
Son objectif est de réduire des concentrations en contaminants de façon naturelle. Par ailleurs, le
ressuyage passif des déblais permet d’abattre les teneurs en chlorures, qui posent problème vis-à-
vis des seuils pour le stockage. Cette technique est plus efficace sur des sédiments bruts que sur
des sédiments dessablés (CETMEF, 2008).
L’étude de Doni et al. (2015) a montré que, dans les sédiments marins, la distribution chimique des
métaux n’était pas uniforme dans les différentes phases sédimentaires. Cette distribution chimique
a été mesurée pour réaliser une estimation plus réelle de l’efficacité de la phyto-remédiation de
sédiments contaminés. Une cartographie complète des flux de métaux a été obtenue pour les
sédiments traités. Les résultats ont montré que chaque métal prédomine dans différentes fractions.
Le nickel et le plomb ont été montrés comme fortement associés à la fraction résiduelle, tandis que
le cuivre est principalement lié à la matière organique. Le cuivre montre une grande affinité pour la
matière organique et forme des complexes stables. La présence du nickel et du plomb dans la phase
résiduelle pourrait venir d’une faible translocation de ces métaux vers les tissus de la plante. A
l’inverse, le cadmium et le zinc sont plus translocables (que ce soit vers les parties aériennes ou
racinaires) ce qui confirme leur plus grande disponibilité. De 0 à 20 cm de profondeur, la
biodisponibilité est plus importante pour le cadmium, ensuite le zinc, puis le cuivre, le plomb et le
nickel.
Smith et al. (2008) ont trouvé une corrélation négative entre la disparition de l’azote et la baisse de
la concentration en HAP, ce qui suggère une compétition pour les nutriments entre les plantes et
les microorganismes, ce qui a entravé la biodégradation des HAP dans la rhizosphère. Des variables
testées dans cette étude, seules l’extraction de l’azote par les plantes et le log Kow sont
significativement corrélées aux pertes en HAP. Ce phénomène de compétition pourrait être à
l’origine d’une baisse d’efficacité de la phyto-remédiation des HAP. Les plantes devront donc être
fertilisées de manière optimale pour maximiser la biodégradation des HAP.
L’étude de Bataillard et al. (2004) a montré également que la végétalisation d’un sédiment contaminé
peut affecter profondément la spéciation des polluants métalliques comme le zinc, et certainement
également d’autres métaux, les plantes augmentant les cinétiques d’oxydation des sulfures. En effet,
les plantes induisent des modifications physiques, chimiques et biologiques dans la rhizosphère.
L’intensité de ces changements dépend essentiellement des caractéristiques du sol, de la nature des
espèces végétales et des conditions nutritives. Certains processus favorisent la mobilité des métaux
alors que d’autres la diminuent (Panfili, 2004).
III. Conclusion de la partie 2
Quelle que soit la filière de valorisation choisie (remblaiement de carrières, régalage, épandage, etc.),
les sédiments peuvent être traités pour réduire l’impact de la contamination ou pour modifier
certaines propriétés physiques des sédiments.
Comme vu dans ce paragraphe, plusieurs techniques peuvent être appliquées in situ ou ex situ
(Panfili, 2004) avec une efficacité très variable selon la technique considérée. Ces traitements vont,
par ailleurs, générer des conséquences sur le sédiment, qui doivent être prises en compte pour la
Etude n°14-1023/1A 130
valorisation. Prenons l’exemple d’une valorisation en modelé paysager, un traitement préalable par
phytoremédiation va induire des modifications physiques, chimiques et biologiques au niveau de la
rhizosphère. Si une mise en dépôt est envisagée et selon la durée de celle-ci, une végétalisation
spontanée du dépôt pourra également avoir des répercussions sur les caractéristiques du sédiment
mais également sur la contamination, notamment en surface.
Un autre paramètre à prendre en compte est la divergence de pratiques de certains traitements.
C’est le cas du tamisage dont les pratiques vont différer selon la nature des polluants à analyser :
Pour une contamination organique, l’analyse va généralement être réalisée pour la fraction
inférieure à 2 mm et les résultats sont normalisés pour le Carbone Organique Total (COT).
Cette pratique, recommandée dans la littérature par Schiavone & Coquery (2011), est
effectuée par la plupart des laboratoires en France ;
Pour une contamination par les ETM, il n’existe pas de consensus. Il est possible de
travailler sur la fraction inférieure à 63 µm ou celle inférieure à 2 mm. Le travail sur la
fraction inférieure à 63 µm n’est pas pratiqué par les laboratoires français travaillant sur les
sédiments continentaux. Elle est en revanche utilisée par les pays Anglo-saxons et ceux
d’Europe du Nord. Le tamisage sur la fraction inférieure à 63 µm est une pratique délicate
à mettre en place et est une source importante de contamination car elle est effectuée par
voie humide. De plus, il est nécessaire d’utiliser de l’eau prélevée sur site afin de ne pas
modifier la physico-chimie de l’échantillon (Schiavone & Coquery, 2009). Ces différences
de méthode sont un paramètre à prendre en compte dans la comparaison des résultats
d’études entre différents pays.
Pour appréhender au mieux l’impact de la gestion à terre des sédiments, il est donc indispensable
de connaître les caractéristiques du sédiment, la nature et le niveau de contamination de celui-ci
mais également les éventuels traitements effectués.
Etude n°14-1023/1A 131
PARTIE 3. CONSEQUENCE DE LA GESTION A TERRE DES SEDIMENTS SUR LES
ECOSYSTEMES
Même si cela n’a pas pu être démontré par la recherche bibliographique, tout porte à croire que les
individus aquatiques présents dans les sédiments devraient disparaître dans un temps plutôt court
en raison du changement de milieu eau/air et des paramètres physico-chimiques différents qui en
découlent. En revanche, plusieurs études se sont intéressées à l’impact du dépôt de sédiments
(marins ou fluviaux) sur les sols notamment aux Etats-Unis, où les sédiments ont été utilisés pour
recréer des habitats intertidaux ou pour engraisser des plages (Bolam et Whomersley, 2005)
notamment pour les marais salants (Shafer et Streever, 2000 ; Streever, 2000 ; Posey et al., 1997 ;
Laselle et al., 1991) et les vasières (Ray, 2000). Peu d’études se sont intéressées à l’impact des dépots
sur l’écosystème sol.
Au Royaume-Uni, des inquiétudes sur le devenir des matériaux utilisés pour les dépôts et des
conséquences écologiques du dépôt de matériaux à grain fin sur des habitats intertidaux ont permis
de limiter cette pratique à des essais sur le terrain à petite échelle (Bolam et Whomersley, 2005).
Lorsque les déblais de dragage sont placés dans une vasière intertidale les invertébrés résidents sont
étouffés et la récupération / le rétablissement se produit par l'intermédiaire d'une combinaison de
colonisation par les adultes / juvénile et par une migration latérale et/ou verticale (Bolam et al.,
2003 in Bolam et Whomersley, 2005). Après un an, le nombre d’individus et le nombre d’espèces
dans le milieu rechargé sont significativement plus faibles que ceux dans le milieu de référence qui
n’a pas reçu de dépôt (Bolam et Whomersley, 2005).
Les expériences acquises à partir d'études de création de marais salants suggèrent que l'échec des
communautés créées à converger vers celles des sites de référence peut être expliqué en partie par
des différences dans les caractéristiques des sédiments entre les habitats créés et naturels (Levin et
al., 1996 in Bolam et Whomersley, 2005). Suite à des apports de sédiments dragués dans une vasière
au Royaume-Uni, Bolam et al. (2004) précisent que dans un premier temps, l’augmentation de la
teneur en sable induit un effet à court terme (un mois) sur la recolonisation de la macrofaune.
L’augmentation de la teneur en matière organique, en revanche, ralentit le processus de
rétablissement de la communauté en terme de nombre total d’individus, nombre d’espèces et
diversité. Ainsi, les assemblages de communautés des traitements à faibles teneurs en matière
organique ont été rétablis après 12 mois alors que celles des traitements à fortes teneurs en matière
organique étaient encore significativement différentes à celles du témoin à la fin de
l’expérimentation. Une étude similaire portant sur les processus affectant le développement des
assemblages méiobenthiques de nématodes dans une vasière intertidale du sud-est du Royaume-
Uni en fonction de la mise en place de différents types de sédiments met également en évidence
une recolonisation plus rapide (trois mois) pour les sédiments à teneur élevée en sable que ceux
enrichis en matière organique (12 mois ; Schratzberger et al., 2004).
I. Impacts sur les microorganismes
Une flore microbienne importante est souvent présente dans les sédiments. Evaluer l’impact
microbiologique du dragage nécessite de connaître la charge bactérienne et virale initiale du
Etude n°14-1023/1A 132
sédiment et les mécanismes qui permettent l’activité et la survie des bactéries dans cet écosystème
(Crenn et al., 1999). Les sédiments fins accumulés abritent une flore importante où les bactéries et
les virus d'origine entérique cohabitent avec la flore microbienne autochtone.
Ainsi, les sédiments dragués contiennent souvent un grand nombre de bactéries et virus d’origine
anthropique tels que Salmonella, Escherichia coli, Clostridium sp. ou encore des streptocoques qui vont
cohabiter avec la flore microbienne autochtone. Ces microorganismes proviennent des eaux usées
d’origine urbaine et agricole qui sont plus ou moins bien épurées (Crenn et al., 1999).
A notre connaissance, il n’existe pas d’information concernant le devenir de ces microorganismes
une fois le sédiment sorti de son milieu d’origine et déposé au sol. Toutefois, dans les premiers
temps du dépôt, il est envisageable que le taux d’humidité soit suffisant pour permettre la survie de
quelques individus. En effet, les microorganismes sont, pour la plupart, des organismes résistants
aux conditions de stress grâce à différents modes d’adaptations comme notamment la formation
de spores qui offre une grande résistance à la température et aux conditions peu favorables. La
fixation aux sédiments et la réduction de l’activité métabolique offrent une certaine forme de
résistance (Crenn et al., 1999).
Ces microorganismes devront toutefois faire face à la flore autochtone propre au milieu de dépôt
et une compétition devrait être établie à condition que la flore microbienne du milieu récepteur ne
soit pas affectée par le dépôt de sédiments. Ces questions demeurent des pistes de réflexion
intéressantes.
II. Impact sur la faune
1. Benthos
Les organismes benthiques présents dans le milieu d’origine sont nombreux et de taille variable.
Tout porte à croire que, aussi bien les individus du macrobenthos (vers polychètes, les coquillages
bivalves, les échinodermes, etc.), ceux du meibenthos (nématodes, foraminifères, crustacés
copépodes ou ostracodes etc.) et ceux du microbenthos (bactéries, les diatomées, les ciliés, les
amibes ou encore les flagellés etc.) ne puissent survivre une fois sortis de leur milieu d’origine,
aquatique, et déposés au sol, milieu aérien. En revanche, on peut s’interroger sur le devenir de ces
organismes lorsque les sédiments sont déposés dans un milieu aquatique, comme une gravière par
exemple. A notre connaissance, aucune étude n’a évalué cette hypothèse.
2. Organismes du milieu récepteur (sol)
Le dépôt sédimentaire transposé vers le milieu récepteur (sol) pourrait impacter l’écosystème du
sol. Il convient donc, dans un premier temps, de définir les caractéristiques biologiques du sol et
notamment les organismes qui le composent. Ainsi, la pédofaune désigne la faune du sol, constituée
par l’ensemble des divers groupes d’animaux épigés, hypogés et endogés (Ramade, 2008).
Certains organismes passent leur cycle de vie entier dans le sol, comme les vers de terre, les acariens,
ou les collemboles. Ils font partie des organismes géobiontes. D’autres, comme des larves
d’insectes, n’y passent qu’une partie de leur cycle de vie, ce sont les organismes dits géophiles
(Jeffery et al., 2010 ; Bachelier 1978). Ces organismes sont souvent classés en fonction de leur taille.
Etude n°14-1023/1A 133
Ainsi, une distinction peut être faite entre : la microfaune (< 0,2 mm) composée essentiellement de
protozoaires et nématodes ; la mésofaune (0,2 – 4 mm) regroupant principalement les collemboles,
les acariens et les plus petits insectes ; la macrofaune (4 – 80 mm) avec les vers de terre, les insectes
supérieurs, myriapodes, arachnides, mollusques et isopodes (Gobat et al., 2010 ; Bachelier 1978 ;
Coineau 1974).
La composition biologique de l’écosystème-récepteur va dépendre du type de milieu dans lequel
les sédiments seront déposés (plages, vasières, carrières, ...) et de la pression anthropique exercée
sur le milieu (environnement urbain, industriel, agricole, naturel ...). Si le dépôt sédimentaire a pour
vocation de venir engraisser les plages ou les vasières, les communautés de l’écosystème impacté
seront plutôt aquatiques. En revanche, si les sédiments sont déposés dans le but de constituer un
modelé paysager par exemple, les communautés seront plutôt terrestres et la composition en
espèces de ces communautés variera en fonction des conditions de vie du milieu récepteur, et
notamment de la pression anthropique exercée.
A notre connaissance, peu d’études se sont intéressées au devenir de ces sédiments une fois posés
au sol, en termes de colonisation par les organismes du milieu récepteur. Toutefois, une étude
menée au pays-bas à Westwouderpolder s’est intéressée au processus de colonisation par les vers
de sédiments contaminés (HAP) déposés au sol (polder) sur un petit polder isolé à environ 20 km
au nord d'Amsterdam (Eijsackers et al., 2001). Trois expérimentations ont été menées en utilisant
trois sédiments d’âges différents : des sédiments frais, des âges de six ans et des âges de 20 ans.
- Observations in situ
Des inventaires des vers présents sous les dépôts ont été réalisés de juin à décembre. Dès la
première semaine de dépôt, des vers Lumbricus rubellus au stade adulte ont été observés dans les plus
basses couches du dépôt. A la fin du dispositif, des juvéniles ont été inventoriés également.
- Expérimentation réalisée en mésocosme
La taille et le nombre de galeries creusées par des vers d’élevage (L. rubellus) dans les différents
sédiments ont été suivis pendant quatre jours à l’aide de mésocosmes mis en place en conditions
contrôlées. Il y a eu moins de galeries dans les sédiments frais.
- Expérimentation de type « Bio-essai »
Des bio-essais avec des vers issus du terrain (E. fetida) (7, 42, 77 et 112 jours) ont révelé une bonne
survie des organismes dans les différentes modalités testées.
En conclusion, cette étude révèle une colonisation des sédiments possible par les vers, même si la
teneur en humidité élevée des sédiments frais leur est moins favorable
III. Impacts sur la flore
Tout comme la faune, il est envisagé (sans que cela ait pu être confirmé par la littérature) que la
flore aquatique du milieu sédimentaire meurent une fois déposée au sol, les conditions de milieu
étant trop différentes (teneur en eau, en oxygène, en sels etc).
Toutefois, quelques études se sont intéressées au processus de colonisation des dépôts de
sédiments par la flore terrestre. Ainsi, la démarche d’investigation citée précédemment s’intéressant
Etude n°14-1023/1A 134
à la colonisation par les vers, a également montré une colonisation par différentes plantes,
notamment des graminées et des astéracées comme l’Achillée millefeuille (Achillea millefolium L.) et
la Porcelle enracinée (Hypochaeris radicata.L.). Ces individus se sont principalement développés dans
les fissures créées par l’assèchement du dépôt mais ne persistaient pas dans le temps. Dans les
couches les plus denses, des mousses (espèces non précisées dans l’article) se sont développées
(Eijsackers et al., 2001).
Une étude menée dans le cadre du projet SEDIGEST laisse supposer que sur des sédiments marins
suffisamment anciens, une colonisation par les plantes peut être envisagée (Bedell et al., 2013). Ces
conclusions sont le résultat de tests de germination (Phytotoxhit, 2004) réalisés sur trois espèces
(Lolium perenne, Sinapis alba et Lepidium sativum) menés sur des sédiments portuaires contaminés
(PCB, HAP, métaux, TBT, DBT, MBT) et « vieillis » expérimentalement suite à une succession de
lixiviations en laboratoire.
Piesschaert et al. (2005) se sont intéressés au suivi de la végétation spontanée se développant sur
des dépôts sédimentaires saumâtres du port d’Anvers en Belgique et selon différents modes de
gestion. Ils constatent que les espèces pionnières sont dominées par des espèces tolérantes au sel
(halophytes) et sont principalement des espèces annuelles nitrophiles comme Atriplicatum littoralis,
Matricaria maritima ou Atriplex prostrata. Le développement d’une végétation spontanée après le stade
pionnier dépend de la teneur en sel et en eau du sédiment et du mode de gestion employé comme
l’illustre la figure 36. Si les taux de sel et d’eau sont élevés, la communauté végétale s’y développant
sera plutôt reliée au Puccinellio-Spergularion salinea mais elle ne perdure pas longtemps en raison de
l’intrusion d’espèces herbacées stolonifères. La suite de l’évolution est difficile à prédire mais suite
à des observations réalisées sur un ancien site de dépôts sédimentaires, les auteurs envisagent pour
les milieux plus secs, une végétation dominée par Calamagrostis epigejos et pour les zones plus
humides, une dominance de Phragmites australis. Les successions écologiques se réalisant sur les
dépôts sédimentaires sont similaires à celles décrites pour les sols hyper-eutrophiés comme les
terres agricoles abandonnées et correspondent généralement à une végétation spontanée banale.
Toutefois, les auteurs recommandent de ne pratiquer aucune gestion pour les milieux où les teneurs
en sel et en eau permettent le développement d’une végétation halophytique afin de préserver ce
milieu fragile.
Etude n°14-1023/1A 135
Figure 35 : Schéma des principales voies des successions végétales se développant sur des digues composées de sédiments saumâtres de dragage (d’après Piesschaert et al., 2005)
Les types de végétation de fin de succession sont hypothétiques. Chemins indiqués par des lignes en pointillés
impliquent une intervention de gestion qui soit ou non récurrents.
Etude n°14-1023/1A 136
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
Lors de la gestion à terre des sédiments, les caractéristiques évoluent sous l’influence notamment
de la mise en contact avec l’air qui entraîne une oxydation du milieu, des différences de température
qui influencent l’activité microbienne du milieu et d’une diminution de la teneur en eau qui entraîne
une déshydratation du milieu. Ces réactions en chaîne vont également avoir une influence sur la
contamination. Dans le contexte réglementaire actuel, ce sont essentiellement les ETM, PCB, HAP
et le TBT qui constituent le pool de contaminants suivis dans le cadre d’un projet de dragage.
Néanmoins, comme le démontre la littérature, d’autres contaminants comme par exemple les
substances émergentes ou les SPAS, sont susceptibles d’être présentes dans le compartiment
sédimentaire et donc de causer des dommages à l’environnement. Néanmoins, en l’absence de
réglementation ou de méthodologie appropriée, ces substances ne sont pas prises en compte à ce
jour. Par ailleurs, comme l’a démontré une étude brésilienne menée en 2014, même si ces
contaminants sont présents à des concentrations inférieures aux limites établies par la législation,
cela n’exclut pas la mise en évidence d’effets biologiques. Ce résultat rejoint le principe de
l’évaluation de risque selon lequel toute substance constitue potentiellement un risque pour
l’écosystème.
Une fois extrait de leur milieu d’origine, les propriétés de la matrice sédimentaire vont évoluer et la
mise en dépôt en milieu terrestre va entraîner des conséquences sur l’écosystème/le milieu
récepteur. En prenant l’exemple des sédiments marins, ces derniers, une fois extraits, vont
présenter une texture différente, une mauvaise aération et un faible drainage. Ces changements
peuvent induire un phénomène de « croute », ce qui rend les sédiments ni assimilables à un sol, ni
acceptables par les sols. Des tests de phytotoxicité réalisés en laboratoire ont par ailleurs démontré
que la teneur en sels dans les sédiments marins dragués était un inhibiteur de croissance des graines
et que les sédiments devaient subir un prétraitement pour modifier notamment leur texture afin de
les rendre plus favorable au développement d’espères terrestres (Macia et al., 2014). En termes de
gestion, ces propriétés peu favorables au développement des organismes non-halophiles peuvent
être modifiées par des techniques relativement simples comme par exemple celle du lessivage à
l’eau douce couplée à des mesures de CEC (capacité d’échange cationique).
Sur le plan biologique, de nombreux organismes peuplent les sédiments dans leur milieu d’origine,
qu’ils appartiennent aux microorganismes, à la faune ou encore à la flore benthique. Les conditions
de vie sont si particulières (salinité, teneur en oxygène, en nutriments, texture) que les organismes
ont développé des mécanismes d’adaptation, c’est pourquoi les modes de vie (fixés, cavernicoles,
fouisseurs…) et les régimes alimentaires du benthos (suspensivore, filtreur, saprophage,
prédateur…) sont aussi variés. Le dragage a des impacts directs (morts des individus) et indirects
(e.g. : du fait de la turbidité : ralentissement de la croissance des juvéniles, baisse des activités
photosynthétiques etc.) sur les communautés benthiques. Toutefois, plusieurs études laissent à
penser qu’un retour à une situation « normale » est envisageable à condition de laisser un temps
suffisant, qui peut varier selon la quantité et la profondeur de sédiments prélevés, la technique
utilisée, ainsi que l’état initial du milieu en terme de biodiversité. Une fois déposés au sol, nous
avons émis l’hypothèse que la plupart des organismes benthiques du sédiment, n’étaient plus viables
en raison d’un changement du milieu (eau/air). A notre connaissance, peu d’études (avec en plus
une disparité faune / flore) se sont intéressées à l’évolution et aux successions écologiques
existantes sur le dépôt au cours du temps. Celles-ci mettent en lumière un potentiel de colonisation
Etude n°14-1023/1A 137
par les organismes présents aux alentours du milieu récepteur, avec souvent un besoin de traiter les
sédiments en amont du dépôt. En effet, comme évoqués précédemment, les sédiments extraits, à
l’état brut, ne peuvent être considérés comme un sol16. Ainsi, les traitements visent surtout à
modifier les propriétés physico-chimiques du sédiment pour les rendre plus compatible au milieu
récepteur (e.g. texture, degré de salinité, de contamination, etc). Toutefois, la plupart de ces études
ont réalisé des tests en laboratoire (principalement des tests de germination), ce qui est peu
représentatif de la réalité de terrain. En effet, le succès de colonisation (ou non) dépendra aussi du
potentiel écologique présent dans le voisinage du milieu récepteur et des capacités de dispersion
des organismes présents.
D’un point de vue général, les successions écologiques (faunistiques et floristiques) qui pourront
être observées sur les dépôts sédimentaires dépendent avant tout de la zone dans laquelle est déposé
le sédiment et la qualité de celui-ci. Des pré-traitements sur les sédiments (en termes de salinité,
contaminant, CEC, …) pourraient permettre de favoriser le processus de colonisation. Le succès
de cette colonisation dépendra également du potentiel de déplacement des espèces aux alentours
du dépôt.
16 La question concernant l’assimilation d’un sédiment extrait et déposé à un sol fait l’objet d’un paragraphe de la discussion générale car il n’existe
pas, à notre connaissance, de consensus au sein de la communauté scientifique sur la réponse à cette question.
Etude n°14-1023/1A 138
CHAPITRE III : ÉVALUATION DES RISQUES POUR LES ÉCOSYSTÈMES - ÉRÉ
APPLICATION À LA PROBLÉMATIQUE DES SÉDIMENTS CONTAMINÉS DÉPOSÉS
EN MILIEU TERRESTRE
Dans une première partie, un rappel de la définition de l’évaluation des risques pour les écosystèmes
(éRé), ses critères d’application et ses différentes architectures méthodologiques ainsi qu’une
évaluation de la place des outils biologiques dans le processus d’évaluation sont proposés. Cette
première partie est essentiellement basée sur les connaissances apportées par les études « Recherche
et validation des critères d’application des méthodologies d’évaluation des risques pour les
écosystèmes par leur comparaison et leur application in situ » (Deram et Hayet, 2011) et
« Evaluation et acceptabilité des risques environnementaux. Volet 1 : méthodes d’évaluation,
analyse comparative » (Deram et Hayet, 2006) ainsi que les travaux de thèse d’Audrey Hayet sur
« L’apport des indicateurs écologiques à la caractérisation des sites contaminés. Application à
l’éRé ».
Dans une seconde partie, sur la base d’une analyse de la littérature scientifique, les démarches
d’évaluation et de gestion des sédiments développées à l’échelle internationale sont présentées et
analysées. A partir des éléments recueillis, une discussion sur la faisabilité de l’éRé à la
problématique des sédiments contaminés et déposés en milieux terrestres est proposée.
Enfin, dans le but de confronter nos observations à des situations de terrain, trois scénarios fictifs
de gestion à terre de sédiments extraits sont décrits et font l’objet d’une procédure d’évaluation des
riques pour les écosystèmes.
PARTIE 1 : L’ERE – PRINCIPES ET CONCEPTS METHODOLOGIQUES
I. Définition de l’éRé
Selon la littérature, l’éRé peut être définie comme une démarche scientifique (Munns, 2006) qui
organise, analyse les données écotoxicologiques et écologiques (Power et al., 1997), les hypothèses
et les incertitudes et dont l’objectif est d’évaluer la probabilité d’apparitions d’effets écologiques
néfastes (Hope, 2006). Généralement liés aux activités humaines, ces effets sont causés par un ou
plusieurs agents de stress (Noss, 2000 ; Munns, 2006) de nature chimique (toxiques et composés
dangereux), physique (destruction d’habitats) ou biologique (introduction d’espèces invasives)
(Hope, 2006). Ils peuvent également affecter plusieurs niveaux d’organisation de l’écosystème :
spécifique, populationnel, communautaire et/ou écosystémique (Calow, 1997 ; Solomon, 2002).
L’intitulé de la méthodologie varie dans la littérature ou selon les administrations. A titre
d’illustrations, nous avons repris la liste de neuf méthodes d’éRé étudiées dans une étude
bibliographique nommée « Méthodes d’évaluation des risques environnementaux et risque
acceptable : état des lieux, étude comparative » menée en 2005 par l’Université de Lille 2 et financée
par RECORD :
Guidelines on Ecological Risk Assessment (ERA) – USEPA, 1998
Ecological Risk Assessment - Environnement Agency of United Kingdoms, 2003
Etude n°14-1023/1A 139
Guideline on Ecological Risk Assessment – NEPC, Australia, 1999
Caractérisation des sédiments - Agence de l’eau Artois-Picardie, 2001 ;
Procédure d’évaluation du risque écotoxicologique pour la réhabilitation de terrains
contaminés, Centre d’expertise en analyses environnementales du Québec (CEAEQ),
1998 ;
Evaluation écotoxicologique de sédiments contaminés ou de matériaux de dragage,
CETMEF France, 2001 ;
évaluation de l’écocompatibilité de scénarios de stockage et de valorisation de déchets -
ADEME France, 2002 ;
Evaluation du risque environnemental des produits phytopharmaceutiques - Comité
d’études de la toxicité de produits anti-parasitaires à usage agricole et des produits assimilés
des matières fertilisantes et des supports de culture, 2004 ;
Technical guidance document on risk assessment - European chemicals bureau, 2003
Comme le stipulent les conclusions de l’étude précitée, malgré des intitulés variables, les concepts
développés dans ces méthodes font référence aux mêmes principes méthodologiques. Par souci de
clarté, nous utiliserons, dans le présent rapport, l’intitulé évaluation des risques pour les
écosystèmes ou éRé comme terme générique pour désigner la méthodologie définie ci-dessus.
II. Objectifs de l’éRé
En fonction de la place de l’éRé par rapport à un projet d’activité ou un aménagement, les objectifs
de l’éRé sont variables (figure 37).
Etude n°14-1023/1A 140
Figure 36 : Les principaux objectifs de l’éRé (adaptée de Deram et Hayet, 2006)
En avant-projet d’activité ou d’aménagement, l’éRé se veut prospective et a pour objectif de prédire
les effets du projet sur le milieu naturel impacté. Dans le cadre d’un projet de dragage, l’éRé peut,
à l’aide d’outils adaptés, évaluer les effets des substances présentes dans le sédiment sur
l’écosystème aquatique. Dans le cas des dépôts de sédiments en milieux terrestres, l’éRé peut
concerner le milieu récepteur des sédiments pour prédire les effets du sédiment sur l’écosystème
récepteur et sur l’écosystème du sédiment (cas d’étude pertinent pour les modelés paysagers). Dans
cette configuration, les outils prédictifs tels que les bio-essais et les outils de modélisation jouent
un rôle déterminant. En termes de gestion, l’éRé peut participer à la définition de mesures de
gestion pour limiter voire éviter l’apparition des effets néfastes prédits. Sur le plan réglementaire,
l’éRé peut être envisagée en complément/en soutien de l‘étude d’impact du projet de dragage bien
que celle-ci ne soit pas mentionnée dans les textes.
Après une activité/un aménagement, l’éRé peut être :
- prospective et a pour objectif de prédire les effets de la contamination ou de tout autre
facteur de perturbation sur l’écosystème étudié, elle peut également participer à l’évaluation
de la compatibilité l’usage futur de l’écosystème étudié en fonction du risque estimé. Dans
le cas de dépôt de sédiments en milieux terrestres, l’éRé prospective pourra être envisagée
si les risques n’ont pas été évalués dans l’EI du projet de dragage ;
- rétrospective pour expliquer la causalité des effets observés suite à une activité ou un
aménagement. Dans le cas de dépôt de sédiments en milieux terrestres, l’éRé pourra être
envisagée pour évaluer les risques encourus par l’écosystème du dépôt (ex. : butte paysagère
conçue à partir de sédiments de dragage pour laquelle l’EI a considéré les impacts du dépôt
sur l’écosystème récepteur mais pas pour l’écosystème du dépôt. L’éRé peut être pertinente
dans ce cas pour apprécier la pérennité de l’aménagement paysager effectué).
éRé prospective
ERE rétrospective
éRé prospective* (au m
om ent d’ un
aménagement ou
d’un changement d
e
process).
PÉ
RIO
DE D’A
CT
IVIT
É
ERE prospective
Objectifs :
Prédire le s e ffets d’ un e activité ou d’ un aménagement su r l’ écosystème cible.
Participer à la définition de s me sur es de gestion po ur li miter vo i re é viter l’ apparition de s ef fets pr édits.
Objectifs :
Prédire le s e ffets d’ un aménagement ou d’ un changement de pr ocess su r l’ écosystème cible.
Participer à la d éfinition de me sur es de gestion po ur li miter vo i re é viter l’ apparition de s ef fets pr é dits.
Objectifs :
Prédire le s e ffets de l a contamination o
u
de
tou
t
autr e facteur de perturbation su r l’ écosystème étudié
Participer à l’ évaluation de compatibilité de l’ usa ge futur du si te étudié en fonction de s ri sque s es t i més.
Objectif :
Expliquer la causalité des effets observés sur l’écosystème suite à un aménagement ou suite à une
période d’ activité, no t amme nt in
d
us trielle.
* s’adresse principalement aux activités industrielles
Etude n°14-1023/1A 141
Pour les cas d’activités industrielles, il est également possible d’envisager la réalisation d’une éRé
pendant la période d’activité, l’éRé est alors prospective et a pour objectifs de prédire les effets d’un
aménagement ou d’un changement de process sur l’écosystème cible et de participer à la définition
de mesures de gestion pour limiter voire éviter l’apparition d’effets néfastes sur l’écosystème cible.
1. Les domaines d’application de l’éRé
Selon Hayet et al. (2009), il existe trois grands domaines d’application définis principalement en
fonction de la nature de la source de perturbation (chimique, physique ou biologique) et l’objectif
de l’évaluation de l’évaluation (mise en dépôt d’un sédiment, réhabilitation de friche...) : l’approche
substance, l’approche matrice et l’approche milieu.
L’approche substance fait référence aux méthodes où la source est une substance tel qu’un
produit chimique destiné à la commercialisation. Selon cette approche, les risques sont
évalués et exprimés substance par substance. Ce sont des méthodes ayant principalement
recours aux tests d’écotoxicité en laboratoire pour exprimer le risque d’une substance sur
l’environnement et notamment la faune et la flore.
L’approche matrice fait référence aux méthodes où la source est une matrice comme par
exemple un sédiment. Selon cette approche, ce sont les effets d’une matrice sur un milieu
récepteur qui sont considérés. Ce sont des méthodes ayant principalement recours aux bio-
essais en laboratoire pour exprimer le risque d’une matrice contaminée sur l’environnement
et notamment la faune et la flore.
L’approche « site-spécifique » fait référence aux méthodes où la source est un milieu,
comme par exemple une friche industrielle. Selon cette approche, les effets de l’ensemble
des contaminants présents dans le milieu sont intégrés au calcul de risque. Ce sont des
méthodes pouvant avoir recours à de multiples outils : tests d’écotoxicité, bioessais,
inventaires et suivis écologiques in situ...
2. Les critères d’application de l’éRé
Selon l’approche développée, les critères d’application de l’éRé sont variables. Pour les approches
matrice et substance, ces critères sont en général liés à un contexte réglementaire ou normatif
précisant les conditions pour lesquelles la réalisation d’un éRé se justifie.
Pour l’approche « site-spécifique », les critères sont multiples et varient en fonction des
caractéristiques des sites étudiés. D’après Hayet et al. (2009), ces critères sont (i) liés à
l’environnement (ex. : identification d’une zone polluée engendrant ou susceptible d’engendrer des
effets sur le milieu naturel), (ii) écologiques (ex. : préservation d’espèces patrimoniales) ou (iii)
réglementaires, certains pays ayant inscrits dans leur législation les scénarios justifiant la mise en
œuvre d’une éRé (ex. : acte britannique de protection de l’environnement).
3. La construction méthodologique générale de l’éRé
Principalement inspirée du modèle américain dont la méthodologie « Guidelines for ERA » est
considérée comme référente (Rivière, 1998 ; Hayet et al., 2009), l’éRé est généralement constituée
de trois phases conduites en continu. Ces trois phases sont :
Etude n°14-1023/1A 142
- la formulation du problème ;
- l’analyse de l’exposition et des effets ;
- la caractérisation du risque.
La formulation du problème consiste à définir et préciser la problématique.
L’analyse des expositions (ou interaction entre agents de stress et récepteurs écologiques) consiste essentiellement à mesurer :
- les concentrations de contaminants dans l’environnement ; - les changements physiques d’un habitat.
L’analyse des effets (vecteur/transfert entre agent de stress et récepteur) consiste à étudier la nature
et l’amplitude des effets en fonction de l’exposition.
La caractérisation du risque est réalisée en intégrant les résultats de l’analyse de l’exposition et des
effets. Elle permet d’estimer un risque écologique à partir de méthodes qualitatives et/ou
quantitatives et d’évaluer les incertitudes.
Le risque écologique ainsi calculé traduit la possibilité que des effets néfastes soient observés suite
à l’exposition aux agents de stress identifiés pour une cible donnée (la cible pouvant correspondre
à une espèce, une population, une communauté, ...). Les risques calculés pour les entités cibles de
l’écosystème impacté constituent un ensemble d’indices permettant de hiérarchiser et/ou prioriser
les décisions de gestion.
La figure 38 est une reproduction de la construction méthodologique de l’éRé selon le modèle
américain (USEPA, 1998). Ce modèle de construction, repris et adapté par de nombreuses autres
méthodologies d’éRé, permet de visualiser l’articulation des phases essentielles de l’éRé.
Figure 37. Guideline on ERA, US EPA, 1998
Etude n°14-1023/1A 143
4. Organisation des principales phases constitutives de l’éRé
L'architecture méthodologique est la manière dont les phases essentielles sont organisées. Trois
types d’architecture se distinguent selon les objectifs de l'évaluation et des données appuyant la
prise de décision :
Les évaluations par étapes ;
Les évaluations progressives ;
Les évaluations semi-progressives.
Les évaluations par étapes (figure 39) où le risque est évalué à chaque niveau du processus d’évaluation
selon un quotient ou ratio de risque, au moins pour les premières étapes de l’évaluation. Lorsque
le risque estimé est inférieur à la valeur de référence, l'agent de stress est considéré comme
n’engendrant pas d’impact sur l’écosystème et le processus d’évaluation est arrêté. Par contre,
lorsque le risque estimé est supérieur à la valeur de référence, la contamination est considérée
comme susceptible d’avoir un impact sur l’écosystème. D’un point de vue méthodologique, il est
nécessaire de passer à l’étape suivante de l’éRé et de réaliser des investigations supplémentaires
comme par exemple des études écologiques ou des tests en microcosmes qui ont pour but d’affiner
l’estimation du risque.
Figure 38. Architecture par étapes de l’éRé
Etude n°14-1023/1A 144
Les évaluations progressives (figure 40) dans lesquelles les différentes phases sont menées les unes après
les autres. L'évaluation se déroule ainsi de manière progressive mais itérative. Ceci induit que
l'apport de nouvelles données peut conduire, si nécessaire, à la révision d'une étape antérieure sans
remettre en cause l'ensemble du processus. Le risque est évalué à la fin du processus d’évaluation
à partir des données bibliographiques et/ou de résultats d'investigations de terrain. Le mode
d'évaluation du risque écologique est établi en fonction de la disponibilité des données. Par
exemple, lorsque les données concernant l’exposition et les effets sont limitées ou ne sont pas
exprimées en termes quantitatifs, il est proposée d'utiliser une technique d’évaluation appelée
« categorical ranking ». Cette technique est basée sur l'expertise et le jugement de l'évaluateur qui
classe le risque selon des catégories (« petit, moyen, grand » ou « oui/non ») qu'il aura arbitrairement
défini. Par contre, lorsque l’exposition et les effets sont exprimés en termes quantitatifs (lorsque
les valeurs de références sont disponibles), une approche basée sur le calcul de ratios ou de
quotients de risque pourra être appliquée.
Figure 39. Architecture progressive de l’éRé
Les évaluations semi-progressives (figure 41) sont composées de deux niveaux : le premier correspond à
une évaluation préliminaire qui conduit au calcul d’un risque exprimé par un quotient ou un ratio
de risque. Ensuite, lorsque le risque estimé est jugé inacceptable, la méthode propose un second
niveau dénommé « éRé quantitative » aboutissant au calcul d’un risque apprécié à partir de
méthodes empiriques, mécanistes et expérimentales.
Etude n°14-1023/1A 145
Figure 40. Architecture semi-progressive de l’éRé
Selon le type d’architecture méthodologique, l'expression du risque et le type de données
permettant de le qualifier et/ou le quantifier sont variables.
Le calcul de risque sera exprimé soit par un quotient ou ratio de risque, soit par des méthodes
empiriques, mécanistes et expérimentales. Le choix d’un type architectural conditionne également
le type de données nécessaires pour évaluer le risque. En effet, pour les évaluations par étapes et
semi-progressives, le risque est préférentiellement calculé à partir de données physico-chimiques,
au moins durant les premières étapes. Les investigations de terrain, notamment les études
écologiques sont principalement conduites dans les derniers niveaux de l’évaluation. En revanche,
pour les méthodologies progressives, le niveau d’information requis est discuté et fixé en fonction
des objectifs de l’éRé et le risque pourra être apprécié avec des données bibliographiques et/ou des
données de terrain (Hayet et al., 2009)
III. Les outils biologiques classiquement utilisés en éRé
1. Place des outils dans le processus d’éRé
Outre les analyses physico-chimiques, indispensables à la caractérisation de la contamination et des
propriétés physiques et chimiques du milieu, les outils biologiques, écologiques ou
écotoxicologiques peuvent être employés en éRé.
Etude n°14-1023/1A 146
L’utilisation des données produites par ces différents outils varie en fonction des phases de
l’évaluation. Le schéma suivant (figure 42) permet de synthétiser l’emploi potentiel de ces données
dans un processus classique d’éRé.
Figure 42. Utilisation des données physico-chimiques, écologiques et écotoxicologiques en éRé (Hayet, 2010)
Comme l’illustre la figure 42 (Hayet, 2010), les données écologiques, issues de la caractérisation de
l’écosystème cible, participent à l’identification des entités cibles de l’éRé. Lorsqu’elles sont issues
d’inventaires écologiques in situ, les données de caractérisation de l’écosystème permettent une
sélection d’entités cibles représentatives de la réalité du terrain, en termes de biodiversité, et des
conditions d’exposition et révélatrices d’effets, si ces derniers sont visibles. Une caractérisation de
l’écosystème implique nécessairement une identification et une analyse des réseaux trophiques qui
vont participer à l’évaluation des transferts notamment via la chaîne alimentaire. Par la connaissance
et/ou l’étude du comportement des entités cibles, les données écologiques concourent à la
caractérisation de l’exposition.
Les données écotoxicologiques, notamment les tests de bioaccumulation, participent à la
caractérisation de l’exposition. Les bio-essais réalisés sur site ou des échantillons de matrice (sol,
eaux, sédiments) permettent de déterminer des concentrations d’effets. La combinaison des
informations fournies par les données écotoxicologiques et physico-chimiques (flèche en pointillés)
peuvent aboutir à l’expression d’un risque sous forme du ratio PEC/PNEC.
Quelle que soit leur nature, les données biologiques (écotoxicologiques ou écologiques) peuvent
alimenter toutes les étapes de l’éRé, depuis la formulation du problème jusqu’au calcul de risque.
Données écotoxicologiques Données physico-chimiques Données écologiques
Caractérisation du danger
Propriétés intrinsèques des substances
Evaluation des transferts
Comportement des substances
dans milieu
Caractérisation de l’exposition
Identification des milieux récepteurs
Concentrations et mode d’exposition
à contamination
Caractérisation des effets
Détermination des PNEC
Evaluation des transferts
Bioaccumulation
via la chaîne alimentaire
Caractérisation du danger
Identification des entités cibles
Caractérisation de l’exposition
Etude du comportement des espèces
Evaluation des transferts
Caractérisation de
la chaîne alimentaire
Caractérisation des effets
Stratégie écotoxicologique
Caractérisation des effets
Détermination des PEC
Caractérisation de l’exposition
Détermination des
concentrations d’exposition
via chaîne alimentaire
Caractérisation du risque
Etude n°14-1023/1A 147
Le recours aux données biologiques en éRé est à définir au cas par cas en fonction notamment des
besoins de l’étude, des exigences réglementaires, de l’architecture méthodologique retenue (cf
paragraphe précédent).
Comme soulignée par de nombreux auteurs, l’information fournie par l’analyse de données
biologiques est complémentaire de la caractérisation physico-chimique classiquement réalisée pour
évaluer le risque. En effet, les données biologiques peuvent mettre en évidence des
dysfonctionnements de l’écosystème sans nécessairement pouvoir en expliquer la cause alors que
les données issues de l’analyse physico-chimique permettent de mettre en évidence une
contamination sans nécessairement pouvoir en traduire les conséquences (Hayet, 2010). Expliquer
la causalité des effets observés étant l’objectif de l’éRé (Suter, 2001), il semble pertinent d’associer
ces deux types de données en éRé.
2. Les outils biologiques et la caractérisation des sédiments
Le sédiment constitue un milieu dynamique dont dépendent de nombreuses espèces en tant
qu’habitat, lieu de nourrissage ou encore site de reproduction. Les propriétés physico-chimiques
du sédiment induisent souvent une absorption des polluants qui peuvent être toxiques pour les
organismes et se retrouver dans la chaîne alimentaire (Monbet, 1999). Il est donc important de
surveiller et évaluer la qualité de ces sédiments afin de protéger ces écosystèmes. C’est dans ce sens
que plusieurs Directives européennes (e.g. Grenelle de la mer, Directive Cadre sur l’Eau) mettent
en évidence le besoin d’un suivi de la qualité écologique des cours d’eau, et du besoin de méthodes
de bioévaluation plus performantes ce qui nécessite l’actualisation et l’utilisation d’outils
spécifiques. Les caractérisations physico-chimiques des sédiments ne permettent pas d’évaluer le
risque toxique in situ, ni de prédire l’effet des polluants sur les organismes benthiques. De plus, il
n’est pas envisageable de doser de façon exhaustive la totalité des contaminants pouvant être
présents dans le sédiment. C’est pourquoi des méthodes d’analyses biologiques des sédiments
viennent les compléter afin de décrire les effets de ces polluants sur les organismes. Ainsi, des tests
écotoxiques en laboratoire ont été développés dans ce but mais ne sont pas toujours extrapolables
à la réalité du terrain. C’est pourquoi, dès les années 1990, la méthode des triades est recommandée
pour évaluer la qualité des sédiments. Il s’agit de réaliser des analyses physico-chimiques, des tests
écotoxiques et des méthodes biologiques in situ (effets sur les peuplements) (e.g. de Castro-Català et
al., 2015 ; Chapman, 1990).
Plusieurs difficultés existent pour mettre en place des outils en routine, notamment dans le fait qu’il
existe diverses voies d’exposition possibles pour les organismes, différents micro-habitats (dans ou
à la surface de sédiment) et régimes alimentaires (filtreurs, broyeurs, prédateurs …). En
conséquence il existe une multitude de tests de toxicité, de tests écotoxiques encore appelés bio-
essais. Par exemple, rien que pour les invertébrés benthiques, 30 espèces sont étudiées pour les
milieux d’eau douce et 70 espèces pour les milieux marins (Beketov et al., 2013). Ces tests utilisent
aussi bien des microorganismes que des organismes de la faune ou la flore benthiques (e.g. Beketov
et al., 2013 ; Burton 2000 ; van Beelen, 2003). Toutefois, ces tests manquent de synthèse et
d’harmonisation comme en font le constat Beketov et al., (2013).
Afin d’aider les décideurs dans leur choix de gestion, il existe différentes plateformes en ligne qui
essaient de guider les utilisateurs dans leur choix pour sélectionner les indicateurs les plus pertinents
Etude n°14-1023/1A 148
au regard de leur problématique et de différents critères tels que le coût ou la facilité d’utilisation
comme le site de l’ADEME en France concernant les sols (https://ecobiosoil.univ-
rennes1.fr/ADEME-Bioindicateur/) ou le site ECOTOX de l’EPA aux Etats-Unis
(http://cfpub.epa.gov/ecotox/quick_query.htm).
Dans un premier temps, il est donc nécessaire de lister les principales méthodes existantes, qui sont
les plus utilisées et qui sont, pour la plupart, normées (OECD 2004, 2007, 2010 ; ECHA 2008 ; EC
2003 ; USEPA 2000 etc.). Plusieurs auteurs s’accordent à dire qu’il est important de prendre compte
plusieurs niveaux trophiques (e.g. Beketov et al., 2013), c’est pourquoi dans les indicateurs retenus,
un soin a été apporté à présenter - dans la mesure où ils existent - à la fois des organismes des
différents règnes (fongique, végétal, animal) et appartenant également à différentes échelles (micro
à macroscopique).
Ainsi, dans un premier temps les tests écotoxicologiques encore appelés bioessais seront présentés
en veillant à distinguer les niveaux d’organisation (organismes microbiens, faunistiques et
floristiques) ainsi que le type de milieu pour lesquels ils sont adaptés (eau douce, marine ou milieu
terrestre). Dans un second temps, les différents indices biologiques permettant d’évaluer la qualité
« globale » du milieu seront exposés. Enfin les avantages et limites de ces méthodes seront discutés.
1. Les tests écotoxicologiques ou bio-essais
Afin d’évaluer les effets d’un (ou plusieurs) contaminant(s) sur l’écosystème, des tests sur des
organismes modèles sont mis en place, souvent au laboratoire. Il s’agit bien souvent d’exposer un
organisme vivant à des substances à tester. Ces organismes sont souvent appelés « espèces
sentinelles ». Cette substance peut-être ingérée ou se trouver directement dans le milieu de vie, par
exemple un sol ou une eau contaminé. Souvent, il s’agit de disposer plusieurs individus (le plus
souvent issus d’élevage) dans différents milieux contenant des degrés de contamination variable
afin d’évaluer l’effet de ce polluant sur la survie, la croissance ou encore la reproduction des
organismes. Ainsi les organismes des différents lots sont suivis régulièrement. Un lot témoin, c’est-
à-dire qu’il ne contient aucun polluant, est toujours réalisé afin de servir de référence (Walker et al.,
2012 ; Ramade, 2007 ; Hoffman et al., 2002).
Les tests écotoxicologiques sont donc utilisés pour (i) évaluer la dangerosité d’une ou plusieurs
substances (connue ou nouvelle substance), (ii) évaluer la qualité d’un milieu et (iii) comprendre les
mécanismes d’action d’un polluant. Ils visent également à mettre en évidence une toxicité aigüe
(effet en peu de temps) ou une toxicité chronique (effet à long terme) (Walker et al., 2012 ; Ramade,
2007 ; Hoffman et al., 2002).
Plusieurs valeurs de références sont mesurées lors de la mise en place de ces tests (Walker et al.,
2012 ; Ramade, 2007 ; Hoffman et al., 2002).
NOEC : No Observed Effect Concentration : c’est la plus forte concentration pour
laquelle aucun effet n’a été observé ;
LOEC : Low Observed Effect Concentration : c’est la plus faible concentration pour
laquelle un effet a été observé ;
CE50 : Concentration Effective 50% : c’est la concentration qui induit 50% d’effet. Cette
valeur est déterminée grâce à la courbe tracée d’après les points expérimentaux ;
Etude n°14-1023/1A 149
CL50 (Concentration Léthale 50%) : c’est la concentration en polluant qui tue 50% des
individus en un temps donné ;
CI50 (Concentration inhibitrice 50%) : c’est la concentration en polluant qui inhibe une
fonction biologique ou biochimique spécifique à hauteur de 50%.
Calow (2003) estime que pour qu’un test écotoxicologique soit efficace, il doit respecter la règle des
5R :
1) Réalisme, pertinence, représentativité (Relevance). L’organisme choisi doit être
représentatif du milieu évalué ;
2) Fiabilité (Reliability). La méthode doit être fiable afin de pouvoir être employée dans divers
cas de figure ;
3) Répétabilité (Repeatability). Lorsque le test est répété, les résultats doivent être similaires ;
4) Reproductibilité (Reproducibility). Des résultats similaires doivent être obtenus, quel que
soit le laboratoire effectuant le test ;
5) Robustesse (Robustness). Un test robuste permet le limiter les effets des
expérimentateurs.
Ainsi, la recherche en écotoxicologie a permis de mettre au point différents outils permettant de
définir la toxicité d’un contaminant vis-à-vis des êtres vivants ou d’évaluer l’état d’un milieu naturel.
De nombreux outils sont couramment utilisés en raison de leur rapidité et leur relative facilité
d’exécution et sont définis ci-après (Walker et al., 2012 ; Ramade, 2007 ; Hoffman et al., 2002). De
plus, ces tests présentent l’avantage d’être standardisés ce qui permet la comparaison des résultats
obtenus avec la littérature.
a. Micro-organismes
(i) Système aquatique
La bactérie marine Vibrio fischeri est couramment utilisée pour évaluer la toxicité aigüe d’un ou
plusieurs contaminants (e.g. en milieu marin : Mamindy-Pajany et al., 2013 ; Schipper et al., 2010 ;
Stronkhorst et al., 2003 et en milieu dulcicole : de Castro-Català et al., 2015). Cette bactérie émet
naturelle de photons (lumière). En présence de contaminants, son métabolisme est affecté ce qui
induit une baisse de la luminescence. Cette propriété a été exploitée. Cette baisse de luminescence
peut être mesurée et ainsi ce test permet de déterminer la concentration du produit testé pour
laquelle une diminution de 50% de l’activité métabolique (EC50 après 15 min) est mesurée (Burton
et al., 2002). Cette méthode de mesure de bioluminescence a été normalisée (ISO 11348-1, 2007) et
est applicable à de nombreux contextes (e.g. eaux usées, extraits aqueux et lixiviats, eaux douces et
marines, éluats de sédiments …). Ce test est aussi connu sous le nom « Microtox® Toxicity
Testing ».
(ii) Système terrestre
Les microorganismes du sol ont un rôle essentiel dans la dégradation biochimique et la
minéralisation des matières organiques mortes (Seastedt, 1984 ; Parkinson and Coleman, 1991 ;
Lavelle and Spain, 2001 ; Nannipieri et al., 2002 ; Gobat et al., 2010). Ils permettent l’hydrolyse
(« digestion ») des macromolécules qui composent la litière en secrétant des enzymes
extracellulaires comme la cellulase dans le sol. Ils sont responsables de la libération dans le sol de
Etude n°14-1023/1A 150
près de 90 % des nutriments stockés dans les matières organiques (Dungern, 1983). De ce fait, les
micro-organismes sont fréquemment étudiés en tant qu’indicateurs de la qualité des sols (e.g.:
Anderson, 2003 ; Schloter et al., 2003 ; Bloem et al., 2009 ; Phillippot et al., 2012 ; Muscolo et al.,
2014).
Parmi les activités microbiennes des sols, nous retiendrons ici trois indicateurs qui sont parmi les
plus utilisés.
Les activités enzymatiques
Les activités enzymatiques sont de bons indicateurs du fonctionnement biochimiques des sols
(naturel et anthropique) et sont utilisées depuis plusieurs décennies. Il s’agit souvent de méthodes
simples, précises, sensibles et qui sont réalisées rapidement. De plus, ces méthodes ne nécessitent
bien souvent qu’une petite quantité de sol (Nannipieri et al., 2002). Cependant, les enzymes
présentes dans le sol peuvent être libérées par d’autres organismes que la fonge ou les bactéries.
C’est pourquoi il est important de bien cibler les enzymes à étudier.
On peut distinguer deux types d’enzymes fréquemment étudiées : les enzymes en lien avec les
grands cycles biogéochimiques et le processus de minéralisation et celles dites généralistes. Pour le
premier groupe, on peut citer les phosphatases ou l’uréase. Les phosphatases du sol sont des
enzymes associées à la minéralisation de certains composés organiques. Elles rentrent en jeu dans
le cycle du phosphore en catalysant l’hydrolyse des phosphates organiques en ortho-phosphates
afin de rendre le phosphate de nouveau assimilable par les plantes et les microorganismes (Eivazi
and Tabatabai, 1977 ; Gobat et al., 2010). L’uréase est une enzyme commune chez les
microorganismes du sol, laquelle est associée au cycle de l’azote. Elle hydrolyse l’urée en NH3 et
CO2 (Tabatabai and Bremner, 1972 ; Gobat et al., 2010). C’est une enzyme couramment étudiée
(Tabatabai and Bremner, 1972 ; Zantua and Bremner, 1977 ; Kandeler and Gerber, 1988 ; Francis
et al., 2002).
Toutefois, la mesure d’une seule enzyme ne permet pas de « déterminer » la qualité d’un sol et la
mesure de plusieurs activités enzymatiques rend l’interprétation parfois plus difficile en raison de
leur comportement différent d’un sol à un autre (Laval et al., 2009), c’est pourquoi utiliser un test
permettant d’appréhender l’activité de plusieurs enzymes en même temps semble pertinent. Ainsi,
les bactéries et la fonge sont capables d’hydrolyser le diacétate de fluorescéine (FDA) et la quantité
de fluorescéine ainsi libérée s’avère être corrélée avec la biomasse microbienne et se révèle donc
être un indicateur pertinent (Schnurer and Rosswall, 1982). Le produit de la FDA, la fluorescéine,
est un composé fluorescent vert, facilement quantifiable par des techniques de spectrométrie
(Green et al., 2006 ; Alarcon-Gutierrez et al., 2008). Schnurer and Rosswall (1982) ont été les
premiers à utiliser cette capacité pour estimer la biomasse microbienne du sol (Lavelle and Spain,
2001). Elle est depuis couramment utilisée pour estimer la biomasse fongique des sols (Kjoller and
Struwe, 2002 ; Muscolo et al., 2014 ; Stauffer et al., 2014).
Quelle que soit l’activité enzymatique choisie, la méthode repose sur l’utilisation d’un substrat
homogénéisé qui est ensuite transformé en solution et réparti dans des microplaques. Après ajout
d’une substance réactive spécifique et un temps d’incubation propre à chaque enzyme, la réaction
est ensuite arrêtée puis les échantillons sont dosés à l’aide d’un spectrophotomètre. Il convient de
préciser qu’une gamme d’étalonnage sert de référentiel.
Etude n°14-1023/1A 151
La respiration basale microbienne
La respiration basale microbienne est définie comme la respiration dans le sol et provient de la
minéralisation de la matière organique (Creamer et al., 2014). Elle est estimée en quantifiant le CO2
produit (ou l’O2 consommé) par les microorganismes (Nannipieri et al., 2002 ; Bispo et al., 2009 ;
Creamer et al., 2014). Il s’agit d’un indicateur de l’activité globale de la microflore (Nannipieri et al.,
2002 ; Bispo et al., , 2009). Cette technique ne permet pas la distinction entre la fonge et les bactéries,
mais la respirométrie est une technique intéressante pour les études comparatives (Lavelle and
Spain, 2001 ; Sinsabough et al., 2002). La respiration basale microbienne est fréquemment utilisée
pour quantifier les activités des communautés microbiennes du sol (Hofman et al., 2004 ; Winding
et al., 2005 ; Creamer et al., 2014) et a fait l’objet d’une normalisation (ISO 16072, 2002). De plus,
c’est une méthode qui présente les avantages d’être peu coûteuse, simple et rapide (Hofman et al.,
2004).
L’ergostérol
L’ergostérol est un composant des membranes lipidiques présent exclusivement dans des cellules
fongiques (Eash et al., 1996 ; Mille-Lindblom et al., 2004). C’est un stérol qui remplit une fonction
importante au sein de la cellule (comme le contrôle de la fluidité ou précurseur d’autres molécules)
à l’instar du cholestérol pour les cellules animales (Weete et al., 2010). L’ergostérol est donc un
composant couramment utilisé pour estimer la biomasse fongique vivante des litières et des sols et
ce, depuis les années 1970 (Djajakirana et al., 1996 ; Eash et al., 1996 ; Montgomery et al., 2000 ;
Gong et al., 2001 ; Kjoller and Struwe, 2002 ; Mille-Lindblom et al., 2004 ; Zhao et al., 2005 ; Legras,
2012).
b. Invertébrés
(iii) Système aquatique d’eau douce
Daphnies (Daphnia magna)
Les daphnies sont de petits crustacés mesurant un à cinq millimètres très
communs. Elles cohabitent avec divers copépodes et larves de chironomidés et
forment ainsi l’essentiel du zooplancton des eaux douces tempérées. Les tests
écotoxicologiques utilisant les daphnies ont pour objectif d’évaluer la toxicité d’un
contaminant (Burton et al., 2002). Les tests d’écotoxicologie utilisant les daphnies
sont parmi les plus utilisés notamment du fait de leur facilité d’utilisation (e.g. de Castro-Català et
al., 2015 ; Kuzmanović et al., 2015 ; Burton et al., 2002). Deux types de tests, normalisés, utilise ces
organismes.
Test de mobilité (norme ISO 6341, 2012)
Afin d’évaluer les effets à court terme d’un polluant, un test de mobilité utilisant les daphnies a été
normalisé en 1996 puis 2012 (ISO 6341, 2012). Ce test a pour objectif d’évaluer la toxicité aigüe
d’un produit testé. Il permet de déterminer la concentration du produit testé qui, en 24h, immobilise
50% des daphnies (Daphnia magna) soit la CE50 du produit. Cette méthode s’applique à de
nombreuses substances comme les substances chimiques solubles, les effluents industriels ou
domestiques, les eaux usées traitées ou non, les extraits aqueux et lixiviats, les eaux douces de
surface et souterraines, les éluats de sédiments ainsi que les eaux interstitielles de sédiments d’eau
douce.
Etude n°14-1023/1A 152
Test de reproduction (OECD, 2012)
Pour évaluer les effets à plus long terme, un test sur la reproduction des daphnies a été normalisé
en 2012 (OECD, 2012). Il s’agit d’évaluer les effets d’un contaminant sur la descendance engendrée
de l’espèce Daphnia magna. Pour cela, le nombre de descendants vivants à différentes concentrations
d’un produit après 21 jours est comptabilisé.
Amphipodes (Hyalella azteca et Gammarus pulex)
Les amphipodes sont de petits crustacés très communs, mesurant généralement une
taille de l’ordre du centimètre. Ils sont utilisés comme organismes tests pour évaluer
la toxicité des sédiments limniques (ISO 16303, 2014 ; Environnement Canada,
2013). Hyalella azteca est un amphipode d’eau douce connu pour sa sensibilité en
présence de contaminants dans les sédiments d’eau douce. C’est un organisme
benthique détritivore et herbivore qui s’enfouit dans les sédiments de surface à la
recherche de nourriture. Cet organisme présente différents avantages : un cycle de
vie court, une distribution large et abondante, une facilité de mise en culture, une large tolérance à
la taille des grains des sédiments ainsi qu’à la salinité (Burton et al., 2002). Cela en fait une espèce
sentinelle couramment utilisée (Hasenbein et al., 2015 ; Environnement Canada, 2013 ; Ingersoll et
al., 1996 ; Hargrave 1970). En Europe, le genre Gammarus est aussi utilisé (De Lange et al., 2006 ;
Burton et al., 2002 ; McCahon et Pascoe, 1988). La méthode, normalisée, utilisant Hyalella azteca
repose sur un test de survie ainsi que l’inhibition de la croissance après 14 et/ou 28 jours (ISO
16303, 2014 ; NF T90-338-1, 2010 ; USEPA, 2000). Elle s’applique aux échantillons de sédiments
d’eau douce contaminés, aux boues chimiques, industrielles, urbaines, ou autres déchets solides
pouvant se combiner à des sédiments d’eau douce, ou à des produits chimiques ou des préparations
ajouté(s) à un sédiment propre.
Rotifères (Brachionus calyciflorus)
Les rotifères sont des organismes d’eau douce, communs et de petite taille.
Leur large répartition et leur abondance en font des organismes important
dans les premiers maillons du réseau trophique. Ils ont un cycle de vie court
(une génération peut être obtenue en un peu plus deux jours à 24°C). Un
test écotoxicologique utilisant l’espèce Brachionus calyciflorus a été mis au
point et normalisé (ISO 20666, 2008). Il s’agit d’une méthode de
détermination de la toxicité chronique basée sur l’étude de la croissance de
la population en 48h à partir d’individus âgés de moins de deux heures. Le protocole préconise une
incubation de 48h à 25°C et dans le noir. Ainsi, un individu est mis en contact avec 0,9 mL de
solution test et ASTM E 1440-91 (2004) préconise d’utiliser au moins six réplicats de chaque
échantillon. Cette méthode peut être utilisée dans de nombreuses situations comme aux substances
chimiques solubles, aux effluents industriels, aux eaux usées, aux extraits acqueux… (e.g. Isidori et
al., 2009 ; Parrella et al., 2014 ; Zarrelli et al., 2014)
Larves de chironome (Chironomus riparius)
Les larves de chironomes constituent une ressource importante pour de nombreux
prédateurs. Chironomus riparius (mouche arlequin) est une espèce de diptères de la famille
des Chironomidae, commune en Amérique du Nord et en Europe. C'est une mouche
non piqueuse qui ressemble à un moustique.
Etude n°14-1023/1A 153
Cette espèce est couramment utilisée comme espèce sentinelle afin de déterminer la toxicité d’un
sédiment (Hasenbein et al.,, 2015 ; de Castro-Català et al., 2015 ; Agra et al., 2009 ; Burton et al.,
2002 ; Ingersoll et al., 1996). Deux types de tests normalisés sont fréquemment employés :
- Test de survie à court terme :
Afin d’estimer les effets à court terme (test de toxicité aigüe) un test de survie est mis en
place. Des individus au premier stade larvaire sont exposés pendant un à deux jours aux
échantillons à tester en phase aqueuse (NF T90-339-1 2010 ; OECD Draft, 2010 ; Weltje
et al., 2010). Les larves survivantes sont ensuite comptabilisées ;
- Test de survie à long terme et d’étude du cycle de vie :
Pour estimer les effets à plus long terme, un test de toxicité chronique est également
disponible (NF T90-339, 2010 ; Environnement Canada, 1997). Il s’agit d’étudier les effets
des polluants et des échantillons de sédiments sur le développement et la survie des
chironomes (Williams et al., 1986 ; Ingersoll et al., 1996, Desrosiers et al., 2012). Les
individus sont exposés aux échantillons à tester pendant sept à dix jours pour le test de
croissance (NF T90-339-1 2010; AFNOR, 2004 ; OCDE 2004 a,b) et 28 jours pour le test
d’émergence (OCDE, 2004 a,b).
Il existe également un test de toxicité sur la totalité du cycle de vie des chironomes pour l’étude des
sédiments chargés contenant différentes concentrations de polluant (OCDE, 2010). Les paramètres
étudiés sont la croissance des larves (mesure de la taille ou du poids), le taux de survie, l’émergence
et le sex-ratio ainsi que l’étude de la reproduction (nombre et taux de fertilité des œufs).
Oligochète
Les oligochètes présentent de nombreux avantages pour l’étude des
sédiments contaminés comme le fait d’être en contact direct avec le
sédiment, largement présent, facilement cultivable ou encore d’être
tolérant face aux variations des propriétés physico-chimiques des
sédiments. Un test de bioaccumulation a été standardisé aux Etats-Unis et
utilise l’espèce Lumbriculus variegatus au stade adulte. L’expérimentation se
déroule pendant 28 jours. Il s’agit ensuite de doser la quantité de polluant présent dans l’organisme
afin d’estimer le degré de bioaccumulation du/des polluants (USEPA, 2000). Ce test est
couramment utilisé, notamment en Amérique du Nord (e.g. Burkhard et al., 2015 ; Jantunen et al.,
2008 ; Higgins et al., 2007 ; Hyötyläinen et Oikari, 2004 ; Brunson et al., 1998 ; Phipps et al., 1993).
(iv) Système aquatique marin
Au niveau de système aquatique marin, il existe de nombreux tests utilisant des espèces sentinelles
mais peu sont normalisés.
Copépodes (Tigriopus japonicus)
Les copépodes sont de petits crustacés largement présents dans le milieu
marin et constitue de ce fait une ressource pour de nombreux organismes
marins. L’espèce Tigriopus japonicus est la première du genre à avoir été
utilisée pour des études écotoxicologiques (Raisuddin et al., 2007)
notamment à travers (i) des mesures de mortalité suite à une toxicité aiguë,
(ii) l’étude du cycle de vie de plusieurs générations à travers des tests de
Etude n°14-1023/1A 154
toxicité au niveau des populations, et (iii) des études de toxicité à court terme étudiant les effets au
niveau infra-individuel (e.g. Yi et al., 2014 ; Raisuddin et al., 2007 ; Kwok et al., 2005).
Amphipodes (Ampelisca abdita, Leptocheirus plumulosus, Corophium volutator, Eohaustorius estuarius)
Les amphipodes sont de petits crustacés très communs dans la zone de balancement des marées.
Ils sont utilisés comme organismes tests pour évaluer la toxicité des sédiments marins (Anderson
et al., 2008 ; Quiniou et Alzieu, 1999 ; Schlekat et al., 1995). Le test peut être corrélé positivement
avec un changement des communautés benthiques (Chapman et al., 2002). Ce test de toxicité des
sédiments était déjà recommandé en 1993 par l’ASTM (Quiniou et Alzieu, 1999). Ces organismes
répondent à différentes pollutions comme des pollutions métalliques (McPherson et Chapman,
2000), des résidus médicamenteux (De Lange et al., 2006), des pesticides (Swartz et al., 1994).
Différentes espèces sont utilisées comme par exemple pour les espèces marines Ampelisca abdita
(Anderson et al., 2008) qui est sensible mais dont il est difficile de faire un élevage (Chapman et al.,
2002), et Leptocherius plumulosus (Schlekat et al., 1995) qui est moins sensible mais qui peut se
développer en élevage ce qui assure une meilleure assurance qualité (Chapman et al., 2002 ;
McPherson et Chapman, 2000). Des différences de sensibilité selon les espèces et les polluants ont
également été mises en évidence par Anderson et al. (2008) ou Schlekat et al. (1995). D’autres
espèces sont également étudiées pour réaliser des tests écotoxicologiques comme par exemple
Corophium volutator, Eohaustorius estuarius, Ampelisca abdita (Schipper et al., 2010 ; Anderson et al.,
2008 ; Stronkhorst et al., 2003 ; McPherson et Chapman, 2000).
Echinodermes et bivalves
En raison de la grande sensibilité aux toxiques de la phase de développement
embryonnaire des invertébrés marins, l’étude du développement
embryonnaire chez les oursins et les bivalves se développent (Quiniou et
Alzieu, 1999).
Les oursins
Les différents stades de développement des oursins a toujours succité l’intérêt
en écotoxicologie et la phase la plus étudiée correspond à celle des gamètes et
de la fécondation (Pétinay et al., 2009). Des essais de standardisation et
normalisation sont en cours. Il s’agit de tests toxicologiques sublétaux. Ainsi, le sperme est exposé
à la substance à tester puis des œufs sont ajoutés. Tout en poursuivant l’exposition à une
concentration constante de la substance testée, le succès de fécondation est mesuré
(Envrionnement Canada, 2011). Ainsi, il s’agit d’évaluer le taux de non développement des œufs
fécondés, les taux de malformations et la longueur des larves à 96h (Pétinay et al., 2009). Ce test
présente l’avantage d’être peu chronophage et sensible (Pétinau et al., 2009). Plusieurs espèces sont
utilisées comme Paracentrotus lividus (Pétinay et al., 2009), Echinocardium cordatum (Schipper et al.,
2010 ; Stronkhorst et al., 2003) ou encore Sphcerechinus granulans, Paracentrotus lividus (Quiniou et
Alzieu, 1999).
Les bivalves
L’huître creuse, encore appelée l’huître japonaise (Crassostrea gigas) est originaire du Pacifique mais
est aujourd’hui présente dans de nombreuses régions du monde du fait de sa commercialisation.
Ce bivalve, suspensivore et de 15 cm le long en moyenne, vit le long des côtes abritées, dans la
Etude n°14-1023/1A 155
zones des marées et supporte bien les variations de salinité. Ces caractéristiques ont poussé les
écotoxicologues à s’intéresser à cette espèce pour évaluer la toxicité des milieux. Ainsi des tests
visant à évaluer la toxicité de sédiments se développent à travers l’étude du développement larvaire
en présence d’élutriat de sédiments. Ainsi, des œufs d’huître fraîchement fécondés sont mis en
développement (24 h à 23°C) dans différents élutriats et les pourcentages d’anomalies de
développement larvaire (Figure 43) sont alors déterminés (Galgani, 2007).
Figure 41 : Larves de l’huitre Crassostrea gigas normales au stade D (24h de développement) et différents types d’anomalies larvaires caractéristiques (d’après Galgani, 2007).
Plusieurs études ont utilisé cette méthode (Picone et al., 2016 ; Mamindy-pajany et al., 2010, 2011,
2013). Par exemple, une étude réalisée dans les Bouches du Rhône a mis en évidence des
pourcentages d’anomalies allant de 0 à 100 %, les zones les plus touchées étant les zones portuaires
(Galgani, 2007).
(v) Système terrestre
Vers de terre (ISO 11268, 2012)
Les vers de terre sont considérés comme les ingénieurs du sol car, du fait de leur caractère fouisseur,
ils participent au mélange des couches du sol. Ils jouent ainsi un rôle essentiel dans la fonctionnalité
du sol (Lavelle et Spain, 2001). De ce fait, les vers sont souvent utilisés pour étudier la toxicité des
sols et notamment Eisenia fetida et Eisenia andrei qui sont considérés comme étant représentatifs de
la faune du sol et des vers de terre en particulier. D'autres espèces, par exemple Aporrectodea caliginosa,
Lumbricus rubellus et Lumbricus terrestris, ont également été utilisées comme organismes d'essai. En
général, ces espèces, ou d'autres, ne se sont pas avérées plus sensibles, et les bases de données et
l'expérience dans l'évaluation des sols sont réduites (ISO 11268, 2012). Deux tests ont été
normalisés et sont présentés ci-après.
Test de mortalité (ISO 11268-1, 2012)
Ce premier test évalue la toxicité à court terme (toxicité aiguë) à travers l’étude de la mortalité des
vers de terre (E. fetifa) exposés pendant 14 jours à un sol pollué. La CL50 (concentration léthale
pour 50 % des individus) est ensuite déterminée. Ce test est utilisé fréquemment (Correia et al.
2010 ; Xiao et al., 2006 ; Schaefer et al., 2003).
Test de reproduction (ISO 11268-2, 2012)
Pour le second test, les effets de la toxicité chronique (effets à long terme : 4 à 8 semaines) des
polluants sur la reproduction des organismes sont étudiés. Cette méthode permet d’évaluer la
fonction d’habitat des sols et de déterminer les effets des contaminants du sol et de produits
chimiques sur la reproduction de d'Eisenia fetida et Eisenia andrei par absorption cutanée et ingestion.
Pour cela, la concentration sans effet sur la reproduction (NOEC) est le paramètre retenu.
Etude n°14-1023/1A 156
Exemples d’utilisation de ce test : Chelinho et al., 2014 ; Xiao et al., 2006 ; Pandard et al., 2006 ;
Schaefer, 2004.
Collemboles : Folsomia candida (ISO 11267, 2014)
Les collemboles sont les organismes les plus nombreux dans le sol. Leur taille
varie entre 1 et 3 mm et ils ont des morphologies très variables. Ils sont
ubiquistes et vivent principalement dans la litière et les premiers centimètres
du sol (Thibaud et D’Haese, 2010 ; Lavelle et Spain, 2001).
Il existe un test écotoxicologique utilisant l’espèce Folsomia candida qui vise à évaluer la qualité du
sol (Luo et al., 2014 ; Filser et al., 2013 ; Thibaud et D’Haese, 2010 ; Pernin et al., 2005) et qui est
normalisé (ISO 11267, 2014). Il s’agit d’un test permettant d’évaluer la fonction d’habitat du sol et
les effets des contaminants sur la reproduction de Folsomia candida par voie cutanée et alimentaire.
Dans ce test, dix individus âgés de 10 à 12 jours sont mis en contact avec le sol à étudier pendant
28 jours à 20°C dans une salle respectant l’alternance jour/nuit (12/12h).
c. Flore
(i) Système aquatique d’eau douce
Algue
Pseudokirchneriella subcapitata (ISO 8692, 2012/ AFNOR T90-304, 2005)
Les algues sont largement réparties dans les milieux aquatiques et
constituent une part importante de la ressource pour de nombreux
organismes, c’est pourquoi elles ont un rôle important dans le réseau
trophique. Ainsi, les algues sont étudiées en tant qu’espèce sentinelle, et
notamment l’espèce d’algue verte unicellulaire Pseudokirchneriella subcapitata
(anciennement appelée Selenastrum capricornutum). Une méthode
déterminant la toxicité d’un milieu a été mise au point à travers l’étude de la croissance chez l’algue
d’eau douce P. subcapitata. Il s’agit de mesurer la densité cellulaire après quatre jours d’exposition.
La concentration de l’échantillon qui cause une réduction de 25 % de la croissance de la population
algale après une période de 96h (CI25 96h) peut ainsi être déterminée. La CI50 est aussi calculée. Les
algues utilisées pour le test doivent être en phase logarithmique de croissance et âgée de 3 à 7 jours
(Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec, 2015). Ce test a été normalisé (ISO
8692, 2012/ AFNOR T90-304, 2005) et est fréquemment utilisé (de Castro-Català et al., 2015 ;
Kuzmanović et al., 2015 ; Rodgher et al., 2012 ; Perrodin et al., 2006 ; Heijerick et al., 2002).
(ii) Système aquatique marin
Algue Chlorella vulgaris (OECD 201 Guideline, 2006)
Tout comme les algues marines, les algues d’eau douce ont été utilisées comme espèce sentinelle et
notamment l’espèce unicellulaire. Il s’agit également d’une étude de la croissance algale mais ici au
bout de 72h. Le test est également normalisé (OECD 201 Guideline, 2006) et utilisé fréquememnt
(Baltazar et al., 2014 ; Mamindy-pajany et al., 2011 ; Silva et al., 2009)
Etude n°14-1023/1A 157
(iii) Système terrestre
Test de phytotoxicité (NF EN ISO 11269, 2013)
La croissance des végétaux peut être fortement influencée par les propriétés du sol, telles que la
texture, le pH, la teneur en éléments nutritifs ou de contaminants. Ainsi, la flore terrestre a
également été utilisée pour évaluer la qualité d’un milieu et sa fonction d’habitat et notamment la
qualité d’un sol inconnu. La méthode employée vise à étudier l’émergence et la réponse sur les
premiers stades de croissance d’au moins deux espèces végétales terrestres et de la comparer à des
sols de référence ou témoins standards. Le taux de germination est mesuré après quatre à sept jours
d’exposition, selon les espèces choisies. Cette méthode a été normalisée (NF EN ISO 11269-2,
2013) et est applicable à des sols de qualité inconnue comme par exemple des sols provenant de
sites contaminés, des sols amendés (e.g. Lafont et al., 2007 ; Pandard et al., 2006 ; Aı̈t-Aı̈ssa et al.,
2003 ; Thybaud et al., 1998). Ces tests de phytotoxicité ont également été réalisés sur des sédiments
d’eau douce (Perrodin et al., 2006 ; Bedell et al., 2003) et marins (Bedell et al. 2013).
d. Synthèse des principaux tests écotoxicologiques
Pour résumer, les différents tests écotoxicologiques présentés précédemment ont été regroupés
dans un tableau synthétique (tableau XXV).
Etude n°14-1023/1A 159
Les tests écotoxicologiques proposent un panel d’indicateurs permettant d’évaluer la toxicité d’un
milieu sur les différents organismes appartenant à différents maillons de la chaîne trophique et
ayant des sensibilités différentes. Ils permettent également de réaliser des suivis sur le court ou le
long terme et intègrent différents niveaux de développement (œufs, juvéniles, adultes). Pour cela,
différents paramètres sont suivis comme la survie/mortalité, la reproduction, le développement
embryonnaire, la croissance, la mobilité, le cycle de vie ou encore la bioaccumulation. Une approche
qui se veut donc assez complète. De plus, si la teneur en contaminant(s) n’est pas connue, ces tests
permettent de renseigner sur le caractère potentiellement dangereux du milieu et ont l’avantage
d’être relativement faciles à mettre en place et à standardiser.
Toutefois, leur faible réalisme est souvent critiqué car ils ne prennent pas en compte les variations
environnementales comme les conditions météorologiques, l’habitat de l’organisme testé ou encore
le courant. En effet, tester une seule espèce en laboratoire n’a pas la même précision, la même
représentativité, ni la même possibilité d’extrapolation que d’étudier un peuplement végétal
« entier ». Ainsi, il serait tentant de se tourner vers des tests in situ, c’est-à-dire effectués sur le terrain
qui sont de plus en plus développés aujourd’hui car plus réalistes. La difficulté réside cette fois dans
la mise en place, beaucoup plus complexe, et surtout le problème de la standardisation. Cependant,
pour pouvoir comparer les résultats entre eux, cette étape de standardisation est indispensable. Ces
tests sont donc régulièrement améliorés pour palier cette limite et parfois à l’état de développement.
Pour compléter les réponses apportées par les bio-essais, le recours aux indicateurs biologiques ou
écologiques constitue une alternative intéressante, notamment pour apprécier l’influence d’un
milieu, en l’occurrence d’un milieu perturbé, sur la biocénose. Une présentation et une analyse
critique des indicateurs écologiques les plus couramment employés et décrits dans la littérature
scientifique esont proposées dans la suite de notre propos.
2. Les indicateurs biologiques
Les méthodes de bioindication sont apparues dès le début du XXème siècle dans la littérature
européenne et notamment allemande, et s’intéressent à l’étude des organismes ayant des exigences
écologiques particulière vis à vis des pollutions organiques (Reyjol et al., 2012). Ces organismes sont
considérés comme des indicateurs biologiques et permettent donc de renseigner de la qualité d’un
milieu. La présence ou l’état de l’indicateur va permettre de renseigner sur certaines caractéristiques
écologiques comme le degré de contamination, salinité, pH… Contrairement à la recherche d’un
contaminant dans le milieu, l’utilisation des indicateurs biologiques afin de prévenir les
conséquences écologiques, vise à détecter les changements produits au sein d’un peupement
(Dauvin et al., 2006).
Un bioindicateur ou indicateur biologique a été précisé dans le cadre du programme
« bioindicateurs de qualité des sols de l’ADEME » comme « un organisme (ou une partie d’un
organisme ou une communauté d’organismes) qui renseigne sur l’état et le fonctionnement d’un
écosystème » (Bispo et al., 2008). Ceci est permis car l’organisme est particulièrement bien adapté
aux caractéristiques d’un milieu et/ou qu’il réagit aux impacts et changements de l’environnement
(Paoletti, 1999). Il est possible de différencier des bioindicateurs d’anthropisation, lesquels
Etude n°14-1023/1A 160
répondent à des modifications de l’environnement engendrées par les activités anthropiques
(Ramade, 2012). Ainsi, un bioindicateur a des caractéristiques propres (par exemple, la présence ou
l'absence, la densité de la population, la dispersion de l’espèce, le succès de reproduction, etc)
lesquelles peuvent être utilisées comme indice pour évaluer un milieu (Lindenmayer et al., 2000) et
comme critères d’effets en éRé.
Les informations recueillies à partir des bioindicateurs aboutissent souvent à l’utilisation d’un indice
qui permet de résumer la qualité biologique du milieu au travers d’une valeur numérique unique
qui est représentative d’un nombre suffisant d’informations écologiques et comprises par un large
public. Ainsi, pour répondre aux variations des paramètres physico-chimiques du milieu, les indices
permettent de synthétiser des informations concernant la structure des peuplements (richesse
spécifique, abondance, biomasse, groupes trophiques ou écologiques, etc) (Dauvin et al., 2006).
Les principaux indices biologiques sont présentés ci-dessous en fonction des différents types de
milieu étudié : aquatique d’eau douce, marine et milieu terrestre.
a. Système aquatique d’eau douce
(i) Indice Biologique Diatomique (IBD)
Les diatomées sont des algues brunes microscopiques unicellulaires et sont utilisées pour évaluer
la qualité biologique d’une station et permet également le suivi temporel d’une station. Il existe plus
d’une vingtaine de méthodes référencées en Europe (Prygiel et Coste, 2000). En France, un premier
indice permettant d’évaluer la qualité biologique de l’eau au moyen d’une analyse des communautés
diatomiques benthiques a été proposé en 1995 (Lenoir et Coste, 1996) puis a évolué avant d’être
normalisée en 2000 par l’AFNOR (Prygiel et Coste, 2000). Cet indice était peu adapté aux milieux
acides et saumâtres. Pour faire face à ces limites et afin de répondre aux exigences imposées par la
Directive Cadre sur l’Eau (DCE), la méthode a évolué en 2004 et a abouti à une nouvelle version
(Coste et al., 2009). La base de données s’est enrichie et a désormais une assise taxonomique plus
large (plus de 800 taxons). Les sept classes de qualité des eaux ont été redéfinies et le nombre
d’espèces prises en compte dans le calcul a été revu à la hausse. Cette nouvelle méthode, normalisée
en 2007 (NF T 90-354, 2007), permet une amélioration des profils écologiques retenus et considère
davantage les caractères anthropiques à travers une pondération (Reyjol et al., 2012). Cet indice
biologique diatomique est couramment utilisé (e.g. Luis et al., 2009 ; Torrisi et al., 2006 ; Prygiel et
al., 2002).
Des programmes de recherche sont actuellement en cours (notamment par Irstea et INRA) et
visent à identifier les métriques spécifiques reposant sur les traits biologiques (forme de vie, guildes)
répondant à d’autres contaminations comme des métaux et des pesticides. L’objectif étant, in fine,
d’obtenir un indice diatomées multimétrique qui soit à la fois sensible à la physio-chimie générale
de l’eau mais aussi à des pollutions chimiques plus spécifiques (Reyjol et al., 2012).
(ii) Indice Biologique global normalisé (IBGN I2M2)
Les macro-invertébrés benthiques ont depuis longtemps suscité l’intérêt et font partie des premiers
organismes à avoir été étudiés en tant que bioindicateur dès le début du XXème siècle et constituent,
encore aujourd’hui et à l’échelle internationale, un des maillons de la chaîne trophique le plus
employé pour évaluer la qualité écologique d’un milieu (Reyjol et al., 2012). Dans les années 1970
Etude n°14-1023/1A 161
en France, l’attrait pour la bioindication mène Verneaux et Tuffery (1967) à étudier les macro-
invertébrés benthiques, afin de déterminer l’état général d’un milieu. Cela les conduira ensuite à
créer un premier Indice de Qualité Biologique Globale (IQBG) en 1976. L’indice évolue ensuite au
cours du temps : Indice Biologique Global (IBG) en 1985, avant d’être normalisé en 1992 (NF
T90-350) sous l’appellation Indice Biologique Global Normalisé (IBGN) (Reyjol et al., 2012). Cet
indice repose sur une méthode d’identification de différents macro-invertébrés d’eau douce afin de
calculer une note (0-20) basée sur la présence ou l’absence de certains taxons bioindicateurs et de
la richesse faunistique globale du site (Gay et al., 2000). Cet indice est fréquemment utilisé (e.g.
Kuzmanovi et al., 2015 ; Bennett et al., 2011 ; Genin et al., 2003, Kosmala et al., 1999) et existe aussi
dans les protocoles internationaux comme ceux de l’EPA.
Cependant, l’IBGN connait quelques lacunes, notamment la non prise en compte explicite de (i)
l’abondance et de la diversité des taxons ni de l’abondance relative des taxons sensibles par rapport
aux taxons résistants, (ii) la typologie des cours d’eau, (iii) faible sensibilité de certains taxons aux
pressions anthropiques, (iv) un écart par rapport à un état de référence (fortement souhaité par la
DCE). L’IBGN a donc lui aussi évolué vers un nouvel indicateur IBG-DCE (XP T90-388, 2010 ;
XP T90-333, 2009) jusqu’à aujourd’hui l’Indice Invertébrés Multi-Métriques (I2M2) qui prend en
compte d’autres paramètres que la « seule » richesse faunistique et groupe indicateur (Agence de
l’eau Artois-Picardie et Aquascop 2014 ; Mondy et Usseglio-Polatera, 2012 ; Prieto Montes et al.,
2012). Au final, l’I2M2 se révèle être plus sensible que l’IBGN aux perturbations anthropiques et
permet de discriminer plus efficacement les situations perturbées (Reyjol et al., 2012).
(iii) Indice Oligochète de bioindication des sédiments (IOBS)
Les vers oligochètes aquatiques vivent dans les sédiments au fond des cours d’eau et sont
relativement peu mobiles. Ces organismes sédentaires et fouisseurs possèdent des capacités
d’adaptation et colonisent des habitats très diversifiés. Selon les espèces, ils expriment une
sensibilité à la pollution variable. Toutes ces propriétés expliquent l’intérêt porté à ces organismes
pour décrire la qualité biologique des milieux à travers l’analyse des communautés présentes dans
le sédiment étudié. Ainsi, les vers sont prélevés dans le sédiment puis extraits et identifiés au
laboratoire. Un indice est calculé : l’IOBS. Si la valeur de l’indice est égale à zéro, cela signifie qu’il
n’y a aucun oligochète et que la qualité du milieu est mauvaise. Un indice supérieur à six indique en
revanche un milieu de très bonne qualité. Cette méthode a été normalisée en 2002 (NF T90-390,
2002) et est applicable aux cours d’eaux naturels ou artificialisés dans la mesure où la concentration
en chlorures est inférieure à 5 g.L-1. Cet indice permet d’évaluer la qualité biologique des sédiments
fins ou sableux permanents et stables. En revanche il ne s’applique pas aux sédiments constitués
presque exclusivement par une fraction minérale ou presque exclusivement par une fraction
organique. Il renseigne sur l’influence des micropolluants organiques et minéraux. La richesse
taxonomique (nombre d’espèces différentes) ainsi que le pourcentage d’individus les plus tolérants
à la pollution (famille des Tubificidae) permet de calculer cet indice. Le calcul est présenté ci-
dessous.
IOBS = 10 x S.T-1 où S = nombre total de taxons identifiés parmi 100 oligochètes et T le
pourcentage du groupe dominant de Tubificidae.
Etude n°14-1023/1A 162
Cet indice est de plus en plus utilisé (e.g. Braud et al., 2011 ; Lafont et al., 2007 ; Montuelle, 2003) et
notamment entre 2002 et 2005 dans le cadre du Réseau National de Bassin (RNB). Toutefois, il a
quelques limites. En effet, il peut surestimer l’impact de la pollution pour des sédiments fins de
sources ou des sédiments sableux des petits cours d’eau. Les valeurs faibles de l’indice révèlent une
faible capacité d’assimilation des sédiments face à des rejets polluants réels mais encore modérés.
Inversement, l'indice IOBS peut présenter des valeurs élevées dans des sédiments sableux très
instables ou dans des sédiments recouverts d'un tapis dense et épais de macrophytes et/ou d'algues
filamenteuses ; l'instabilité des sédiments ne permet pas en effet à la charge polluante d'être stockée
et les macrophytes, ou les algues filamenteuses, peuvent constituer une couche protectrice par
rapport à la toxicité sous-jacente des sédiments (NF T90-390, 2002).
(iv) Indice Biologique Macrophytique en rivière (IBMR)
L’indice Macrophytique en Rivière (IBMR) repose sur un relevé de la végétation aquatique et supra-
aquatique (Haury et al., 1996 ; Haury et al., 2006) et a été normalisé en 2003 sous la référence NF T
90-395. Cet indice permet de prendre en compte la dégradation de la qualité physico-chimique
générale du milieu. Il prend en compte plus de 200 taxons et intègre des données qualitatives qui
sont pondérées par des coefficients d’abondance (Reyjol et al., 2012). Cet indice est basé sur l’étude
des peuplements et la mesure in situ de l’abondance des macrophytes du milieu (identification des
taxons) et sur le principe d’un écart à une référence. Le calcul de l’indice est réalisé à partir d’un
référentiel et donne une valeur comprise de 0 à 20. Il révèle principalement un degré
d’eutrophisation du milieu (Reyjol et al., 2012). L’application de cet indice est fréquent pour estimer
la qualité des cours d’eau (e.g. Lainé et al., 2014 ; Loriot et al., 2014 ; Birk et Willby, 2010)
Actuellement, des travaux sont en cours pour améliorer cet indice et prendre en compte les
remarques de la DCE. Il s’agit notamment de mettre en évidence des métriques complémentaires
qui soient sensibles aux pressions hydromorphologigues et de définir les valeurs de références pour
les différents types de cours d’eau présents sur la métropole. Huit biotypes ont déjà été identifiés
et un calcul d’un Elément de Qualité Biologique (EQR) est à l’étude. (Reyjol et al., 2012).
(v) Indice Poisson Rivière (IPR)
Les années 1980 sont davantage tournées vers les outils de bioindication « multimétriques », dont
l’IPR fait partie, qui prennent en compte la variabilité naturelle du milieu dans le temps et l’espace
ainsi que les impacts des différentes pressions anthropiques (Reyjol et al., 2012). La méthodologie
de l’IPR repose sur la mesure de l’écart entre la composition d’un peuplement à une station donnée
à celle d’une situation de référence c’est-à-dire dans des conditions peu ou pas modifiées par
l’homme. Les échantillonnages sont effectués par pêche électrique (ONEMA, 2006). Cet indice a
été normé en 2004 par l’AFNOR (NF T90-344). C’est le premier outil multimétrique (7 paramètres
pris en compte) français prenant en compte des sites de références et des sites dégradés (Reyjol et
al., 2012), intègre une approche état/pression/réponse et prend en compte l’intensité des
perturbations anthropiques qui renseignent sur la composition taxonomique, la structure trophique
et l’abondance des espèces (ONEMA, 2006). Exemples d’application : Le Pape et al., 2015 ; Lainé
et al., 2014 ; Launois, 2011 ; Delpech et al., 2010 ; Oberdorff et al., 2002.
Etude n°14-1023/1A 163
b. Système aquatique marin
Tout comme le système aquatique d’eau douce, il existe de nombreux indices biotiques (Dauvin et
al., 2006 ; Diaz et al., 2004) dont les plus utilisés sont présentés ci-après. L’évaluation du système
aquatique marin repose bien souvent sur l’étude des communautés des macro-invertébrés
benthiques qui sont de bons bioindicateurs de l’état du milieu du fait de leur faible dispersion
(organismes plutôt sédentaires), de leur longévité (souvent plus d’un an) et de leurs réponses très
variables face à des sources différentes de perturbation (pollution, eutrophisation, etc) (Dauvin et
al., 2006).
(i) AMBI (AZTI Marine Biotic Index)
L’AMBI est un indice défini par Borja et al., (2000) qui vise à évaluer la qualité écologiques des
côtes et estuaires européens. Il est calculé à partir des proportions d’individus présents dans chacun
des cinq groupes écologiques définis. Il s’agit de comparer les communautés benthiques présentes
dans un milieu naturel non perturbé et à celles de milieux perturbés. L’indice peut varier de 0
(Excellent) à 7 (Mauvais). L’efficacité de cet indice a été mise en évidence à travers diverses
perturbations (Hutton et al., 2015 ; Muniz et al., 2005 ; Muxika et al., 2005 ; Borja et al., 2000, 2003,
2005).
(ii) Indice d’évaluation de l’endofaune côtière (I2EC)
L’I2EC a été mis au point par Grall et Glémarec (2003) et apparaît comme un outil opérationnel
visant à mettre en évidence les perturbations variées que subit l’écosystème côtier. Cet indice se
base lui aussi sur la réponse des peuplements benthiques face aux changements naturels ou induits
par l’homme. Un I2EC de 0 indique un état normal du peuplement avec la présence d’espèces
sensibles et un indice de 6 correspond à un milieu fortement dégradé en lien avec un état de
pollution maximale et caractérisé par la présence de quelques espèces opportunistes en densités
inhabituelles (100 000 individus par m²). Entre ces deux extrêmes, il existe des étapes de transition
ou écotones qui sont définis par l’effondrement des paramètres représentant la richesse spécifique
et l’abondance des peuplements ou par l’explosion d’une espèce indifférente, qui s’explique
notamment par un manque de compétition. Cet indice est obtenu par des mesures quantitatives
sur la macrofaune qui permettent ensuite la distinction de cinq groupes d’espèces qui ont une
sensibilité similaire vis-à-vis de la matière organique en excès et d’un potentiel déficit en oxygène
(Gregoire et al., 2013 ; Alzieu, 2003 ; Grall et al., 2003).
(iii) Autres indices
La macrofaune benthique n’est pas la seule communauté étudiée au regard des indices biologiques
des milieux marins. Les macrophytes sont également utilisés dans l’indice Ecological Evaluation
Index (EEI) créé par Orfanidis et al. (2001). Deux groupes écologiques de macrophytes sont
étudiés (les algues et les herbiers) pour évaluer les stress abiotiques à travers les changements
observés entre les groupements dans lesquels les espèces sensibles et de fin de succession
écologique sont développées et ceux des états dégradés avec des espèces opportunistes (Orlando-
Bonaca et al. 2008 ; Austoni et al., 2007 ; Orfanidis et al. 2001, 2003, 2011).
L’Infaunal Trophic Index (ITI) est défini à partir de quatre grands groupes trophiques (Maurer et
al., 1999) : i) les suspensivores, ii) les déposivores de surface et mixte, iii) déposivores de subsurface
Etude n°14-1023/1A 164
et iv) les autres. Il varie de 0 (100% de déposivores de subsurface) à 100 (100% de suspensivores).
Un milieu est dégradé lorsque l’indice est compris entre 0 et 30 ; modifié entre 30 et 60 et « normal »
entre 60 et 100 (Dauvin et al., 2006).
c. Système terrestre
Le « bon état écologique » voulu dans de nombreuses directives européennes est également
souhaité pour le système terrestre (Directive Habitat, Trame Verte et Bleue, etc) et l’efficacité des
mesures de restauration dépendent des méthodes d’évaluation du fonctionnement des sols. Ainsi,
pour mettre en place, suivre et assurer les actions de protection et de gestion, il convient de définir
des indicateurs qui permettent d’identifier et de quantifier les perturbations, les transformations du
sol et les impacts sur les écosystèmes (Bispo et al., 2008).
L’étude de la qualité des sols s’est d’abord concentrée sur ses propriétés physico-chimiques
(Schoenholtz et al., 2000 ; Walter et al., 2002 ; Jolivet et al., 2006 ; Volchko et al., 2014). Larson et
Pierce ont défini en 1991 un nombre minimum de paramètres physico-chimiques à considérer
(MDS = Minimum Data Set). Des paramètres biologiques, comme le carbone microbien ou la
respiration du sol, ont ensuite été proposés pour compléter ces indicateurs physico-chimiques
(Doran and Parkin, 1994 ; Doran and Safley, 1997 ; Walter et al., 2002). En complément de l’étude
des microorganismes (e.g. Anderson, 2003 ; Schloter et al., 2003 ; Bloem et al., 2009 ; Muscolo et al.,
2014), un intérêt spécifique a été porté sur les organismes du sol (Paoletti and Bressan, 1996 ;
Paoletti, 1999 ; Doran et Zeiss, 2000 ; Breure et al., 2003 ; Breure, 2004 ; Ruiz et al., 2009 ; Santorufo
et al., 2012). Parmi eux citons par exemple des organismes de la pédofaune comme les collemboles,
les acariens, les cloportes, les vers ou les carabes. Les organismes de la pédofaune sont en contact
direct et permanent avec le sol où ils vivent, se nourrissent et se reproduisent. Ils ont des modes
de vie très variés et occupent une grande diversité d’habitats. Ils sont ainsi capables d’intégrer les
changements de l’environnement dans le temps et dans l’espace et d’y répondre avec un degré
d’intensité variable dépendant de leur mode de vie. Faciles à échantillonner à l’aide d’une méthode
standardisée (Anderson et Ingram, 1993 ; ISO 23611-51), les macro-invertébrés du sol constituent
d’excellents bioindicateurs de l’état du milieu et de l’impact des pratiques de gestion. Ainsi plusieurs
indicateurs de la qualité du milieu ont été développés à partir de l’étude des organismes qui
composent la pédofaune.
(i) IndVal (Indicator Value Index)
Après avoir identifié l’ensemble des espèces de macro-invertébrés présents dans les échantillons, la
méthode IndVal (Dufrêne et Legendre, 1997) permet le regroupement des sites les plus similaires
à partir de la sélection des taxons les plus représentatifs et les plus informatifs pour un groupe de
site. Autrement dit, les taxons qui ont une valeur indicatrice. Ces taxons seront par conséquent
représentatifs d’un état donné de l’écosystème. Le groupement des sites peut se faire (i) a priori : les
sites sont réunis en fonction des caractéristiques et des similitudes connues (e.g. milieux très pollués,
faiblement pollués et peu ou pas pollués) et il s’agit d’identifier les taxons indicateurs
caractéristiques de ces groupements en appliquant la méthode IndVal ou (ii) a posteriori, à l’aide
d’analyses multivariées à partir de données caractérisant l’état du sol et de l’écosystème (e.g. données
physico-chimiques ou faunistiques). Ainsi la méthode IndVal permet d’identifier les espèces
indicatrices et les assemblages d’espèces caractéristiques de groupement d’échantillons. Elle
combine la notion d’abondance relative (spécificité pour un groupe) et de fréquence relative (notion
Etude n°14-1023/1A 165
de fidélité à l’intérieur du groupe). Cette méthode est appliquée à de nombreux groupes faunistiques
(Podani et Csányi, 2010 ; Ouellette et al. 2005 ; Bonte et al. 2004 ; Nahmani et al. 2003).
(ii) IBQS (Indice Biologique de Qualité des Sols / Index of Biological Soil Quality)
Un autre indice de l’état physique, chimique et écologique du sol est calculé à partir des données
d’abondance et de la diversité des taxons indicateurs présents dans les peuplements de macro-
invertébrés du sol, il s’agit de l’IBQS. Cet indice varie de 0 (mauvaise qualité) à 20 (qualité optimale)
(Ruiz, 2004 ; 2008 ; 2011) et permet de renseigner sur l’état écologique du sol. Il s’agit d’étudier la
capacité du sol à s’autoréguler afin d’assurer les fonctions essentielles au maintien de sa qualité ainsi
que sa capacité à intégrer les changements qu’ils soient d’origine naturelle ou en lien avec les
activités anthropiques (Volchko et al., 2014 ; Ruiz et al., 2008 ; Ruiz et al., 2011).
(iii) GISQ (General Indicator of Soil Quality)
Un nouvel indice de la qualité des sols a été développé et évalue les services de l’écosystème sol
grâce à un ensemble de cinq sous-indicateurs, basés sur cinq types de données collectées sur le
terrain (données physico-chimiques et biologiques) qui sont ensuite regroupée en un seul indice
général : le GISQ. Les sous-indicateurs sont basés sur des analyses multivariées, notamment des
analyses en composantes principales (ACP) (Velasquez et al., 2007). Cet indicateur semble
prometteur mais certains auteurs critiquent le manque de bases théoriques et/ou empiriques,
notamment dans les calculs statistiques (Rossi et al., 2009).
(iv) Nématofaune (NF EN ISO 23611-4, 2011)
Les nématodes sont des vers microscopiques (d’environ 1 mL) qui présentent plusieurs avantages :
ils sont ubiquistes, abondants (environ 1 million de nématodes par m²), grande diversité
taxonomique et fonctionnelle (différents comportements alimentaires, différentes capacités de
colonisation, etc), ils jouent un rôle clé dans le réseau trophique (régulateur des micro-organismes)
et sont sensibles aux perturbations physiques et chimiques (IRD UMR Eco & Sol, 2012). Ces
caractéristiques en font un bioindicateur de choix (Stone et al., 2016 ; Coll et al., 2013 ; Villenave et
al., 2013). Ainsi ces organismes sont utilisés afin de définir la qualité d’un sol. Il s’agit
d’échantillonner des sols, d’en extraire les nématodes puis de les dénombrer et les identifier. Les
abondances obtenues permettent ensuite de calculer plusieurs indices (SI : indice de structure qui
renseigne sur la stabilité du milieu, EI : indice d’enrichissement, MI : indice de maturité, PPI : indice
de nématodes phytophages, IVD : indice des voies de décomposition des matières organiques)
(IRD UMR Eco & Sol, 2012). Cette méthode a été normalisée (NF EN ISO 23611-4, 2011).
(v) La phytosociologie
La phytosociologie est une discipline qui a pour objectif la description de la structure des
phytocœnoses (c’est-à-dire l’ensemble des communautés végétales présentes) et l’analyse des
groupements végétaux à partir desquels sont définies des associations végétales. L’évolution dans
le temps de ces communautés végétales est également étudiée (Ramade, 2008). Tout commence
par une analyse de la végétation en place à travers un inventaire floristique à partir duquel des
groupements végétaux peuvent être mis en évidence. L’abondance de certaines espèces
caractéristiques peut mettre en évidence des spécificités écologiques du biotope étudié (Ramade,
2008). Par exemple, les pelouses métallicoles et calaminaires (spécifiques aux sols contaminés en
Etude n°14-1023/1A 166
plomb, cadmium et zinc) se distinguent par la présence de quatre plantes métallophytes (qui ont
une tolérance pour les fortes concentrations en métaux dans les sols) inféodées à ces pelouses. Il
s’agit de l’Arabette de Haller (Arabidopsis halleri), la Silène humble (Silene vulgaris ver. Humilis),
l’Armerie de Haller (Armeria maritima subsp halleri) et la Pensée calaminaire (Viola calaminaria)
(Lemoine et Pauwels, 2014).
d. Synthèse
Les différents indices biologiques précédemment détaillés sont résumés dans le tableau XXVI.
Tableau XXVI : Les différents indices biologiques du milieu aquatique et terrestre
Type de
milieu Nom
Norme /
Références Principe Exemples
Indicateur biologique de la qualité du milieu
Eau
douce
IDB :
Indice Biologique
Diatomique
NF T 90-354,
2007
identification de différentes
diatomées et calculs d’indice
Luis et al., 2009 ; Torrisi et al.,
2006 ; Prygiel et al., 2002.
IBGN :
Indice Biologique
global normalisé
INGN-DCE
I2M2:
l’Indice Invertébrés
Multi-Métriques
NF T90-350,
1992
XP T90-388,
2010 ;
XP T90-333,
2009
(en cours)
identification de différents
macro-invertébrés
Gay et al., 2000 ; Mondy et
Usseglio-Polatera, 2012 ;
Prieto Montes et al., 2012;
Reyjol et al., 2012
IOBS :
Indice Oligochète de
bioindication des
sédiments
NF T90-390,
2002
Identification de différents vers
oligochètes
Braud et al., 2011 ; Lafont et
al., 2007 ; Montuelle, 2003
IBMR :
Indice Biologique
Macrophytique en
Rivière
NF T 90-395,
2003
Etude des peuplements et
mesure in situ de l’abondance
des macrophytes du milieu
Reyjol et al. 2012 ; Lainé et al.,
2014 ; Loriot et al. 2014 ; Birk
et Willby, 2010
IPR :
Indice Poisson Rivière
NF T90-344,
2004
Outil multimétrique
Identification de l’ichtyofaune
Pape et al., 2015 ; Lainé et al.,
2014 ; Launois, 2011 ;
Delpech et al., 2010 ;
ONEMA, 2006 ; Oberdorff
et al., 2002
Eau
marine
AMBI :
AZTI Marine Biotic
Index
Borja et al., 2000
Comparaison entre les
communautés benthiques
présentes dans un milieu
naturel non perturbé et celles
de milieux perturbés
Hutton et al., 2015 ; Muniz et
al., 2005 ; Muxika et al., 2005 ;
Borja et al., 2000, 2003, 2005
I2EC :
indice d’évaluation de
l’endofaune côtière
Grall et
Glémarec, 2003
Étude des peuplements
benthiques
Gregoire et al., 2013 ; Alzieu,
2003 ; Grall et al., 2003
Tableau XXVI (suite) : Les différents indices biologiques du milieu aquatique et terrestre
Etude n°14-1023/1A 167
EEI :
Ecological Evaluation
Index
Orfanidis et al.,
2001 Étude des algues et les herbiers
Orlando-Bonaca et al. 2008 ;
Austoni et al., 2007 ;
Orfanidis et al. 2001, 2003,
2011
ITI :
L’Infaunal Trophic
Index (ITI
Maurer et al.,
1999
Étude des groupes trophiques
(les suspensivores, les déposivores de
surface et mixte, les déposivores de
subsurface et les autres)
Maurer et al., 1999;
Dauvin et al., 2006
Système
terrestre
IndVal :
Indicator Value Index
Dufrêne &
Legendre, 1997
Étude des macro-invertébrés du
sol et des espèces indicatrices
permettant d’identifier les
assemblages d’espèces
caractéristiques de groupement
d’échantillon
Podani et Csányi 2010 ;
Ouellette et al. 2005 ; Bonte et
al. 2004 ; Nahmani et al. 2003
IBQS :
Indice Biologique de
Qualité des Sols
Ruiz, 2008
Étude des données
d’abondance et de la diversité
des taxons indicateurs présents
dans les peuplements de macro-
invertébrés du sol,
Volchko et al., 2014 ; Ruiz et
al., 2008 ; Ruiz et al., 2011
GISQ :
General Indicator of
Soil Quality
Velasquez et al.
2007
Étude des services
écosystémiques du sol grâce à
un ensemble de cinq sous-
indicateurs
Rossi et al., 2009
Velasquez et al., 2007
Nématofaune NF EN ISO
23611-4, 2011
Calcul d’indices à partir des
inventaires des nématodes du
sol
Stone et al., 2016 ; Coll et al.,
2013 ; Villenave et al., 2013
Phytosociologie Indice phytosociologique à
partir de l’étude des
associations végétales
Lemoine et Pauwels, (2014)
Etude n°14-1023/1A 168
PARTIE 2 : APPLICATION DE L’ERE A LA PROBLEMATIQUE DES SEDIMENTS
POLLUES DEPOSES EN MILIEUX TERRESTRES
I. Principes méthodologiques décrits dans la littérature
Dans la littérature, la problématique des risques liés aux sédiments s’inscrit le plus souvent dans un
projet de dragage ou de restauration de milieu et pose la question des effets du projet, et en
particulier du dragage sur le milieu. La réponse à cette question implique nécessairement une
évaluation de la qualité du sédiment. Un outil classiquement cité dans la littérature pour évaluer la
qualité des sédiments est l’utilisation des SQG pour « Sediment Quality Guidelines », parfois
également nommées SQV pour « Sediment Quality Values ». Ils sont en effet un outil important
de nombreux guides d’évaluation des sédiments (Apitz et Power, 2002) et font l’objet du
paragraphe I.1. Le plus souvent, cette caractérisation repose sur des analyses physico-chimiques
des sédiments dont les résultats, notamment en termes de contamination, constituent les bases
d’une prise de décisions quant à la faisabilité du projet ou du/des mode(s) de gestion des sédiments.
Cette méthode, bien que reconnue et appliquée dans le Monde, présente néanmoins certaines
limites, notamment en termes de représentativité des résultats, dont nous discuterons dans ce
paragraphe.
D’autres méthodes, parfois décrites comme des éRé, traitent de la problématique des sédiments
contaminés en se basant essentiellement sur la caractérisation des effets biologiques pour évaluer
la qualité/les risques des sédiments. Ces méthodes appelées BEBA pour Biological effects-Based
Assessment font l’objet du paragraphe I.2. Il existe également des méthodes intégrant à la fois les
données physico-chimiques, biologiques et écologiques. Dans le paragraphe I.3, nous décrirons
l’approche dite Triad, considérée comme la méthode la plus souvent employée pour évaluer la
qualité des sédiments (Chapman, 2002).
Toutes ces méthodes participent à la prise de décision quant à la faisabilité d’un projet ou le devenir
des matériaux extraits. Certaines méthodes proposent de renforcer ce processus d’aide à la décision
en développant des approches basées sur la comparaison de scénarios ou sur l’intégration de
l’expertise, de l’avis des gestionnaires ou autres décideurs. Deux exemples de ces méthodes sont
décrits dans le paragraphe I.4.
1. SQG et évaluation de la qualité des sédiments
Les SQG sont des valeurs de référence correspondant à des concentrations chimiques destinées à
protéger la ressource biologique, à prédire les effets néfastes sur cette ressource ou les deux
(Wenning et Ingersoll, 2002). Elles sont déterminées selon des approches empiriques, théoriques
ou consensuelles (voir la publication de Delvalls et al., 2004, pour une approche critique de la
construction des SQG).
Selon Kwok et al. (2014), l’utilisation des SQG est considérée comme l’un des plus importants outils
réglementaires de gestion des sédiments depuis le début des années 80. Le principe de l’utilisation
des SQG est une comparaison entre la teneur d’un contaminant (il s’agit en général d’une
Etude n°14-1023/1A 169
concentration mesurée dans un ou plusieurs échantillons du sédiment étudié) et une valeur de
référence, valeur renseignée dans le SQG.
A la fin des années 90, de nombreuses études mettent en avant certaines limites de la méthode des
SQG, elles soulignent d’une part l’importance de prendre en compte la fraction biodisponible des
contaminants et d’autre part la nécessité de considérer l’effet cocktail des substances présentes dans
le sédiment pour apprécier, de manière plus représentative l’exposition des organismes benthiques
(den Besten et al., 2003). Pour sa capacité à apporter une réponse plus globale, l’éRé reçoit à cette
période une attention particulière (den Besten et al., 2003). On s’intéresse alors en particulier à
l’approche dite matrice de l’éRé qui, en testant les effets de la matrice sédimentaire sur des
organismes, permet d’obtenir une réponse intégrant à la fois la biodisponiblité et l’effet cocktail des
substances.
En effet, si l’évaluation de la qualité des sédiments est indispensable à la prise de décision de gestion,
elle ne constitue pas pour autant une évaluation des risques telle que nous l’avons défini
précédemment. Comme le stipulent Chapman et Mann (1999), l’application des SQV en éRé
devrait être restreinte à l’étape de la formulation du problème où elles peuvent être utilisées seules
ou dans une approche de type « poids de preuves » (Weight Of Evidence – WOE) afin d’écarter
les contaminants engendrant des risques négligeables pour les récepteurs écologiques. L’approche
WOE est d’ailleurs reprise par la plupart des guides méthodologiques d’élimination des sédiments
dragués, produits sous l’impulsion des conventions internationales sur la gestion des sédiments
dragués (Convention de Londres, Convention OSPAR, Convention de Barcelone, ...). (Delvalls et
al., 2004). Son principe repose sur une première étape dite de « screening » où sont considérés des
facteurs relatifs aux matériaux de dragage (ex. : caractéristiques granulométriques, historique du
sédiment, données environnementales, ...) qui, selon les cas et le niveau d’information recueillie,
peut évoluer vers une évaluation plus détaillée impliquant une caractérisation chimique du sédiment
couplée, selon les pays, à des bio-essais de « screening ». La qualité des sédiments ainsi estimée peut
conduire à une prise de décision de gestion. Si ce n’est pas le cas, le processus de décision nécessite
alors des mesures directes de toxicité, des tests de bioaccumulation ou toutes autres études
spécifiques au site jusqu’à ce que le niveau d’information recueillie soit jugé suffisant pour une prise
de décision concernant l’élimination des sédiments (Delvalls et al., 2004). Ce processus de décision
par étapes rappelle un des modèles d’architecture méthodologique de l’éRé nommé architecture
par étapes (Hayet et al. 2009) (figure 6). Dans une revue des guides d’évaluation et de gestion des
sédiments, Apitz et Power (2002) soulignent que pratiquement toutes les méthodologies
d’évaluation adaptée ou appliquée aux sédiments ont en commun un processus par étapes (Hill et
al., 2000 ; Chapman et al., 2002), de même qu’elles utilisent pratiquement toutes des SQG dans les
premières étapes et que nombre d’entre elles utilisent des évaluations biologiques pour les étapes
supérieures de l’évaluation.
Notons que cette démarche repose sur les mêmes principes que l’approche substance de
l’éRé dans le sens où la réponse apportée est le plus souvent appréciée substance par
substance et non pour une matrice ou un milieu.
Etude n°14-1023/1A 170
2. Les évaluations basées sur des effets biologiques ou BEBA
Des méthodes d’évaluation basée sur des effets biologiques, très -trop- souvent nommées éRé
(Den Besten et al., 2003) sont décrites dans la littérature. Il s’agit des évaluations de la qualité des
sédiments basées sur les effets biologiques dites BEBA pour Biological effects-based assessment
(den Besten et al., 2003).
En Europe, le rôle des BEBA est très variable selon les pays et un nombre limité de pays ont inscrit
les BEBA dans un cadre réglementaire (tableau XXVII, den Besten et al., 2003).
Tableau XXVII : Etat d’avancement des BEBA en Europe (den Besten et al., 2003)
Il convient de distinguer les « in situ BEBA » qui évaluent les risques de sites où la qualité des
sédiments et potentiellement la gestion des sédiments doivent être considérés et les « ex situ
BEBA » qui évaluent la qualité de sédiments de dragage avec pour objectif la définition de modes
de gestion des sédiments. Ces deux approches interviennent à des niveaux différents du processus
de décision : les « in situ BEBA » intervenant pour évaluer le risque que représente le sédiment avant
toutes actions envisageables et les « ex situ BEBA » intervenant lorsque la décision d’un dragage
s’impose (ex. : entretiens de voies d’eau) mais qu’il est nécessaire de définir des options de gestion
des sédiments dragués.
Notre problématique se concentre sur les effets des sédiments pollués déposés en milieux
terrestres, nous nous sommes donc plutôt intéressés aux « ex situ BEBA » et leurs applications,
notamment en France. Dans la suite de notre propos, les « in situ BEBA » ne seront donc pas
considérées car elles évaluent les risques de la contamination du compartiment sédimentaire sur le
milieu d’origine (écosystème aquatique d’eaux douces, marines ou estuariennes).
Selon den Besten et al. (2003), les « ex situ BEBA » correspondent à une évaluation du danger, dans
laquelle les critères d’effets biologiques et toxicologiques sont employés comme prédicteurs des
effets potentiels susceptibles de s’exprimer lors du dépôt du sédiment. En France, deux exemples
d’application d’ « ex situ BEBA » figurent dans la méthodologie d’évaluation écotoxicologique de
matériaux de dragage (Babut et Perrodin, 2004)
a. L’exemple de la méthodologie d’évaluation écotoxicologique de matériaux de dragage
(Babut et Perrodin, 2004)
Cette démarche d’évaluation des risques de sédiments extraits de milieux aquatiques d’eaux douces
(figure 44) est inspirée du Guidelines for ERA (USEPA, 1998) et propose une évaluation en trois
étapes :
Etude n°14-1023/1A 171
étape 1 appelée ESR pour évaluation simplifiée des risques, méthode appliquant le principe
des SQG (Den Besten et al., 2003) par le calcul d’un quotient de risque exprimé par le ratio
PEC/PNEC pour les contaminants du sédiment étudié (dans la limite des données
disponibles sur les caractéristiques et les effets des contaminants) ;
étape 2 nommée affinement, si l’ESR ne permet pas d’exclure un risque, des tests
complémentaires, comme par exemple les bio-essais sur chironomes (C riparius) ou crustacé
(H azteca) peuvent être réalisés afin d’affiner l’ESR. Si les résultats ne permettent toujours
pas d’exclure un risque alors passage à l’étape 3 ;
étape 3, l’EDR pour évaluation détaillée des risques applicables à deux scénarios : le dépôt
non confiné sur sol et le dépôt en gravière.
Figure 42. Logigramme de l’évaluation des risques écotoxicologiques (Babut et al., 2003)
(i) Le scénario « dépôt en gravière »
Le scénario « dépôt en gravière » (figure 45) considère un réseau trophique à trois niveaux avec
pour cibles potentielles des contaminants du sédiment : des producteurs primaires (phytoplancton
et éventuellement des macrophytes), des consommateurs primaires (micro et macro invertébrés
pélagiques et benthiques) et des consommateurs secondaires (batraciens, poissons, oiseaux se
Etude n°14-1023/1A 172
nourrissant d’invertébrés aquatiques). Les principales voies de transfert considérées sont les eaux
interstitielles du sédiment et la remise en suspension de particules fines. Les outils utilisés pour
caractériser les effets biologiques sont les essais sur crustacés (survie et croissance H. azteca, ISO
16303, 2014 ) et chironomes (survie et croissance C. riparius, norme NF T 90-339, 2010) pour le
compartiment sédimentaire et essais sur algues (croissance P. subcapitata (norme ISO 8692, 2012
eau douce et C. vulgaris, norme OECD 201, 2006 pour eau marine), sur bactéries (diminution de la
photoluminescence V. fischeri, norme ISO 11348-1, 2007) et rotifères d’eau douce (survie et
reproduction de B. calyciflorus, norme ISO 20666, 2008) ou crustacés (survie et reproduction D.
magna, norme ISO 6341,2012) pour le compartiment aquatique.
Figure 43. Modèle conceptuel du scénario dépôt en gravière (Babut et al., 2013)
(ii) Le scénario « dépôt non confiné sur sol »
Le scénario « dépôt non confiné sur sol » (figure 46) considère les effets des contaminants du dépôt
de sédiment sur le sol, les organismes cibles pris en compte dans ce cas étant les végétaux, la
Etude n°14-1023/1A 173
microflore du sol et la faune du sol (insectes et vers de terre). Les principales voies de transfert sont
les eaux de lessivage et de ruissellement. Si le dépôt se situe à proximité d’un milieu aquatique
susceptible de recueillir les eaux de lessivage du dépôt, le scénario considère en complément les
effets des contaminants présents dans les eaux de lessivage du dépôt sur des producteurs primaires
(phytoplancton et éventuellement des macrophytes), des consommateurs primaires (micro et
macro invertébrés pélagiques et benthiques) et des consommateurs secondaires (batraciens,
poissons, oiseaux se nourrissant d’invertébrés aquatiques). Les outils utilisés pour caractériser les
effets biologiques sont des tests sur végétaux supérieurs, des essais sur les micro-organismes du sol
et des essais sur la microfaune pour le compartiment sol périphérique ; des essais sur les algues
(Croissance P. subcapitata, norme ISO 8692) et les crustacés (Survie et reproduction C. dubia, norme
NF T 90-376).
Figure 44. Modèle conceptuel du scénario dépôt non confiné sur sol (Babut et al., 2013)
Etude n°14-1023/1A 174
b. BEBA ou éRé ?
Selon le modèle développé, les BEBA peuvent faire partie intégrante de l’éRé voire être assimilées
à de véritables éRé comme le démontre l’exemple de la méthode développée par Babut et Perrodin.
Comme le soulignent den Besten et al. (2003), les BEBA figurent parmi les trois plus importants
faisceaux de preuve de l’éRé de sédiments contaminés en Europe ; les deux autres étant l’évaluation
des conditions communautés de zoomacroinvertébrés benthiques et l’évaluation des effets dans la
chaîne alimentaire (bioaccumulation, bioamplification).
L’intérêt des BEBA en éRé traduit l’importance des bio-essais dont « l’application apporte aux éRé plus
d’information sur l’exposition des organismes du sédiment contaminé ». Néanmoins, les auteurs rappellent
certaines précautions d’usage concernant les bio-essais notamment le fait qu’ils peuvent mettre en
évidence des effets non en lien avec la contamination, comme l’influence de la granulométrie du
sédiment par exemple. Ils soulignent également l’importance de définir un témoin pertinent pour
le site ou la situation étudié. Cette question du témoin fait aussi débat lors de la réalisation d’une
évaluation des risques écologiques (se référer à étude RECORD, 2006). Enfin, ils concluent que
les ex situ BEBA peuvent aider à une meilleure priorisation des sédiments dragués à haut risque
écologique, qui pourraient dans ce cas être orientés vers un confinement. Selon les auteurs, il est
préférable qu’une telle priorisation se base sur des observations d’effets plutôt que sur des mesures
chimiques car les réponses écologiques intègrent les effets de tous les contaminants biodisponibles
(den Besten et al., 2003).
3. L’approche Triad
D’après le SMOCS (Sustainable Management of Contaminated Sediments in the Baltic Sea)
Guideline (2013), l’outil de gestion essentiel pour une évaluation de la qualité est une approche par
étapes et basée sur la caractérisation physique, chimique et écotoxicologique des sédiments à
draguer. L’intégration de données de différentes nature et notamment de données chimiques,
écotoxicologiques et écologiques selon une approche nommée « Triad » est, selon Chapman (1996),
souvent employée pour évaluer la qualité des sédiments.
A titre d’exemple, en 2001, en France, un guide méthodologique de caractérisation des sédiments
des milieux aquatiques d’eaux douces a développé, dans le cadre d’un diagnostic approfondi des
sédiments, une approche « Triad » dont l’objectif est de compléter l’information apportée par les
analyses physico-chimiques par une caractérisation biologique du sédiment. Selon les auteurs, celle-
ci permet de démontrer la biodisponibilité des contaminants (par la réalisation de tests de
bioaccumulation) et d’obtenir un aperçu de la qualité écologique du sédiment par la réalisation
d’inventaires sur site (comprenant l’analyse de la composition, la définition de la densité des
populations ou la recherche de malformations des organismes vivant dans les sédiments). Les
auteurs précisent toutefois que, dans la pratique, la caractérisation biologique était peu usitée alors,
notamment dans le cadre de projets de curage, et que la caractérisation physico-chimique était
appliquée de manière prépondérante, voire exclusive.
Pour organiser la méthode, les auteurs se sont inspirés des travaux de Burton (1992) et Chapman
(1995) sur l’approche dite « Triad » qui témoignait déjà d’un consensus international pour la
caractérisation des effets biologiques de substances indésirables d’un sédiment sur les écosystèmes.
Etude n°14-1023/1A 175
Cette approche reprend trois modes de caractérisation : la caractérisation physico-chimique qui
permet de quantifier les concentrations des substances indésirables, la détermination des effets
biologiques par la mise en œuvre de bio-essais et l’indentification d’effets in situ par la réalisation
d’inventaires biologiques sur site. L’organisation de cette démarche est proposée figure 47.
Figure 45. Schématisation de l’approche traid développée dans le guide « Caractérisation des sédiments (Agence de
l’eau Artois-Picardie, 2001)
4. CRA et MCDA
Plusieurs méthodes associées à l’évaluation ou la gestion des sédiments contaminés possèdent des
intitulés variables et intègrent tout ou partie d’une évaluation des risques dans leur démarche. C’est
le cas notamment des CRA pour Comparative Risk Assessment et MCDA pour Multicriteria
Decision Assessment. L’objectif de ces deux méthodes étant de fournir aux décideurs des outils
performants et intégrateurs d’aide à la décision.
Les MCDA intègrent des résultats scientifiques et des « avis » de décideurs pour comparer des
scénarios de gestion. En effet, quel que soit le contexte, « stakeholder involvement is increasingly recognized
as being an essential element of successfull environmental decision making » (Linkov et al. 2006). Plusieurs
méthodes de MCDA existent, voici une liste non exhaustive des méthodes recensées :
MAUT pour MultiAtribute utility theroy
MAVT multiAtribute value theory
AHP Analytical hierrachy ptocess
SMART Simple Atribute Rating technique
Les MCDA sont des méthodes davantage utilisées pour les problématiques de sites et sols
contaminés. Selon Linkov et al. (2006), elles sont rarement appliquées à la restauration des
sédiments et systèmes aquatiques. Lors de notre réflexion sur l’apport de l’éRé à la problématique
des dépôts de sédiments contaminés (problématique assimilable à une problématique de SSP), nous
1 : mesures physico-chimiques ; 2 : mesures écologiques ; 3 : mesures
biologiques
Etude n°14-1023/1A 176
évaluerons l’intérêt d’intégrer et la faisabilité de ce type de démarche dans le processus d’aide à la
décision.
II. Les outils biologiques appliqués à l’éRé de sédiments contaminés déposés
en milieux terrestres
Dans le cadre de la gestion de sédiments contaminés, les bio-essais sont classiquement utilisés pour
caractériser le potentiel « danger » d’un sédiment. Ils sont souvent cités comme complémentaires
des analyses physico-chimiques pour apprécier la qualité d’un sédiment et interviennent alors dans
la prise de décisions de gestion. A ce titre, ils apparaissent dans plusieurs guides méthodologiques
de caractérisation des sédiments. Le tableau XXVIII donne quelques exemples de bio-essais
recommandées par différentes agences ou organisations gouvernementales dans le Monde à utiliser
dans le cadre d’une approche par étapes de la gestion des matériaux de dragage (Delvalls et al.,
2004).
Tableau XXVIII : Exemples de bio-essais sur sédiments recommandés dans le Monde par différentes agences ou organismes gouvernementaux à utiliser dans le cadre d’une approche par étapes de la gestion des matériaux de
dragage (Delvalls et al., 2004)
Type Test Country
Screening
Microtox (STP) The Netherlands
Canada
Australia
Spain
Solid phase
Amphipods
Benthic algae viability
The Netherlands
Canada
USA
UK
Australia
Spain
Australia
Liquid phase
Sea urchin embryo development
Sea urchin fertilization and larval development
Bivalve larval development
Tiger prawn survival (post larvae)
Algal growth inhibition test
Canada
Spain
USA
Australia
USA
Australia
Australia
Australia
Bioaccumulation
Bivalves
Polichaetae
Canada
USA
USA
Parmi les organismes testés pour évaluer la toxicité des sédiments, les amphipodes sont
généralement reconnus comme des organismes de choix pour l’évaluation de la toxicité de
nombreux sédiments, les tests de toxicité sur les amphipodes étant positivement corrélés aux
changements de communautés benthiques (Swartz et al., 1994 ; Long et al., 2001. In Chapman et al.,
2002).
Etude n°14-1023/1A 177
Comme l’illustre le tableau XXVIII, les organismes testés dans le cadre d’une évaluation des
sédiments sont essentiellement aquatiques. Une grande majorité des sédiments dragués étant
d’origine marine ou estuarienne et destinés à l’immersion principalement en milieu marin, il est
assez cohérent d’évaluer le danger potentiel d’un sédiment sur des organismes aquatiques ou
benthiques. Néanmoins, dans notre contexte de gestion à terre des sédiments, l’information
apportée par ce type de bio-essais ne répond pas à la question ni du danger ni du risque que le
sédiment contaminé représente pour l’écosystème récepteur, en particulier dans l’hypothèse d’un
dépôt sur sol.
Dans la littérature, il existe peu d’exemples d’approches basées sur des essais réalisés sur des
organismes terrestres afin d’apprécier les effets du sédiment sur le milieu récepteur ou les effets des
contaminants du sédiment sur l’écosystème susceptible de coloniser le dépôt de sédiment. Selon
Vasickova et al. (2013), les recommandations officielles pour l’évaluation des sédiments dragués
sont généralement rares et ne considèrent pas souvent les aspects écotoxicologiques alors que,
selon les auteurs, les tests d’écotoxicité de matériaux complexes que l’on projette de déposer sur le
sol sont nécessaires afin de prendre en compte la biodisponibilité des contaminants, les interactions
possibles entre polluants et intégrer les effets de la matrice environnementale. Dans les exemples
décrits dans la littérature, l’organisme le plus utilisé pour tester la phase solide des sédiments
dragués sont les plantes. Les études où les invertébrés du sol sont utilisés sont beaucoup plus rares
(Vasickova et al., 2013 ; Eijsackers et al., 2001).
Dans une étude menée sur 36 échantillons de sédiments, Vasickova et al. (2013) ont comparé les
résultats de plusieurs bio-essais réalisés sur des organismes terrestres et les ont confrontés aux
résultats des analyses physico-chimiques. Les bio-essais réalisés dans le cadre de cette étude sont
précisés dans le tableau XXIX.
Tableau XXIX : Bio-essais développés dans la publication de Vasickova et al. (2013)
Types de tests Dénomination du test
Tests réalisés dans le cadre
d’épandage sur sol (soumis à
réglementation en République
Tchèque)
reproduction de Enchytraeus crypticus
reproduction de Folsomia candida,
élongation racinaire de Lactuca sativa,
potential ammonium oxydation
Bio-essais sur phase solide mortalité de Caenorhabditis elegans,
reproduction et évitement d’Eisenia foetida
Bio-essais sur éluats
immobilisation de Daphnia magna,
test d’inhibition de croissance de Pseudokirchneriella
subcapitata,
luminescence de Vibrio fischeri.
Les résultats obtenus montrent que les cinq bio-essais réglementés sont efficaces pour détecter les
échantillons toxiques pour le milieu terrestre et les différentes voies d’exposition. Ces résultats
encouragent le développement de bio-essais sur la phase solide du sédiment à partir d’organismes
terrestres pour évaluer l’écotoxicité d’un dépôt de sédiments contaminés sur l’écosystème du sol.
Etude n°14-1023/1A 178
A l’heure actuelle, cette démarche est peu répandue bien qu’elle soit recommandée, notamment en
France par Babut et Perrodin (méthode CETMEF).
Les bio-essais réalisés sur les éluats ont démontré leur efficacité à identifier les échantillons
dangereux pour le milieu aquatique, et non pour le milieu terrestre. Résultat intéressant à souligner
alors que la plupart des études traitant la question de l’écotoxicité des sédiments dragués sur les
écosystèmes terrestres utilisent des tests sur éluats.
Dans l’étude de Vasickova et al. (2013), les auteurs soulignent également que les sédiments diffèrent
non seulement en termes de contaminants toxiques mais aussi en termes de propriétés physico-
chimiques. Ces propriétés peuvent affecter les organismes testés et de surcroît biaiser
significativement les résultats des bio-essais. En conséquence, ils encouragent la réalisation d’une
batterie de test pour différents niveaux trophiques, habitats et critères d’effets.
Cette publication et les réflexions portées par les auteurs soulèvent de nombreuses questions en
lien direct avec notre problématique :
1. Les bio-essais sont indispensables à la caractérisation des effets biologiques du dépôt de
sédiment sur le milieu terrestre-récepteur. Pour autant, ils n’expliquent pas tout et les
caractéristiques spécifiques du sédiment font certainement partie des variables non
expliquées. Peut-on, comme certains auteurs le proposent (Vandecasteele et al., 2005,
Capilla et al., 2006), assimiler le dépôt de sédiment à un sol et auquel cas, dérouler les
méthodes d’éRé classiquement appliquées aux sites et sols pollués ?
2. L’analyse des résultats a nécessité la définition d’un sol de référence. Pour les besoins de
l’étude, c’est un sol cultivé non contaminé qui a été retenu. La question du choix d’un « bon
témoin » fait toujours débat en éRé et devra donc être de nouveau abordée lors de l’analyse
de la faisabilité de l’éRé à la problématique de la gestion à terre des sédiments.
3. La finalité des essais biologiques réalisés dans le cadre de l’étude est d’évaluer le risque que
représente le sédiment dragué sur le sol récepteur, en l’occurrence le sol agricole. Dans le
cadre de notre problématique, cette approche peut également servir la phase de
caractérisation des effets d’une éRé dont l’objectif est d’apprécier les effets du dépôt, et
notamment de ses contaminants, sur l’écosystème susceptible de coloniser le dépôt. En
d’autres termes, les résultats de bio-essais réalisés sur la phase solide du sédiment et
employant des organismes terrestres peuvent permettre d’évaluer les risques du dépôt sur
le milieu récepteur-sol et sur l’écosystème du dépôt.
4. La caractérisation des risques pour l’écosystème cible nécessite la réalisation de batteries de
tests pour différents niveaux trophiques, habitats et critères d’effets. En éRé, les tests de
toxicité sont un moyen mais pas une finalité pour comprendre les risques des sédiments.
En effet, comme le précisent Chapman et al. (2002), l’utilisation de tests de toxicité dans les
éRé des sédiments nécessite la définition de critères d’effets (« endpoints » en anglais)
appropriés et des hypothèses de risque ne considérant pas uniquement des résultats
statistiquement significatifs, et que danger ne signifie pas risque. La différence entre danger
et risque est importante et souvent confondue dans la littérature. Or, elle apparaît comme
un critère de décision essentiel pour le choix du test le plus adapté au contexte d’étude.
Etude n°14-1023/1A 179
III. Faisabilité de l’éRé selon les filières de valorisation
Notre analyse de la littérature scientifique, des retours d’expérience et de la réglementation a mis
en évidence une grande variabilité d’utilisation des sédiments en fonction des filières de
valorisation. Cette variabilité se traduit par des caractéristiques différentes des sédiments en lien
avec leur provenance (différence entre sédiments marins et fluviaux, différence en fonction de la
provenance géographique), le type d’activités exercées au niveau du site de prélèvements et le
parcours suivi depuis le site de dragage jusqu’à la valorisation.
Pour chaque filière de valorisation, nous posons donc la question de l’applicabilité de l’éRé : l’éRé
est-elle l’outil le mieux adapté ? Quelle est l’approche la plus pertinente et quelle est sa finalité ?
Pour y répondre, il a été nécessaire de définir en première approche les contraintes/exigences de
la filière de valorisation vis-à-vis des sédiments et de l’écosystème récepteur, et ce pour chacune
des sept filières identifiées.
Par souci de synthèse, nous avons consigné l’ensemble de ces questions dans un tableau (tableau
XXX) dans lequel figure en première colonne les principales filières de valorisation, en deuxième
et troisième colonne les contraintes/exigences des sédiments et de l’écosystème récepteur, en
quatrième et cinquième colonne, une justification, au cas par cas, de l’applicabilité et l’apport des
approches « matrice » et « site-spécifique » de l’éRé.
A la suite du tableau de synthèse, les différentes approches éRé pour chacune des sept filières de
valorisation sont discutées.
L’approche substance n’a pas été retenue dans le cadre de cette analyse car nous cherchons
à déterminer les effets soit de la matrice sédimentaire (approche matrice) soit de
l’aménagement ou de l’ouvrage (approche site-spécifique) dans lequel s’insèrent les
sédiments. Pour aucun des scénarios envisagés, la porte d’entrée est une substance dont
nous souhaiterions évaluer les effets sur l’écosystème.
Pour rappel, l’approche matrice fait référence aux méthodes où la source est une matrice
comme par exemple une matrice sédimentaire. Selon cette approche, ce sont les effets de
la matrice sédimentaire sur un milieu récepteur qui sont considérés. Ce sont des méthodes
ayant principalement recours aux bio-essais en laboratoire pour exprimer le risque de la
matrice sur l’environnement et notamment la faune et la flore. Il s’agit d’une approche
résolument prospective plutôt axée sur les effets du transfert de contaminants sur la faune
et la flore. Une extrapolation des observations de laboratoire permet de conclure sur les
effets de la matrice sur un ou plusieurs écosystèmes récepteurs. Les conclusions de cette
approche sont donc transposables à des problématiques similaires.
L’approche « site-spécifique » fait référence aux méthodes où la source est un milieu,
comme par exemple une friche industrielle (principal cas d’application). Selon cette
approche, les effets de l’ensemble des contaminants présents dans le milieu sont intégrés
au calcul de risque. Ce sont des méthodes pouvant avoir recours à de multiples outils : tests
Etude n°14-1023/1A 180
d’écotoxicité, bio-essais, inventaires et suivis écologiques in situ... Cette approche peut être
envisagée en amont ou en aval d’un projet pouvant ainsi être prospective ou rétrospective
selon les cas. Elle apporte des réponses spécifiques à un site d’étude, les conclusions sont
par conséquent difficilement transposables.
Etude n°14-1023/1A 181
Tableau XXX : Evaluation de la faisabilité de l’éRé pour les principales filières de valorisation à terre des sédiments
Type de
valorisation
Contraintes/Exigences Faisabilité éRé
Sédiments Ecosystème Approche
site-spécifique Approche matrice
Valorisation
agricole
Salinité des sédiments marins ou estuariens
Volume de sédiments utilisables limité par la réglementation
Conformité avec les normes d’épandage, notamment en termes de contamination
Valeur agronomique
Matrice sédimentaire potentiellement composite *
Saisonnalité des perturbations ;
Remaniement important et fréquent en période d’activités ;
Multiplicité des sources potentielles de perturbation (apport engrais, pesticides, …).
Evaluation de la causalité des effets
et lien avec l’apport sédimentaire
difficile à établir dans le cadre d’une
approche site-spécifique
Evaluation des effets de la matrice
sédimentaire sur la faune et la flore
Les espèces testées seront en lien avec
l’usage.
Ré-
ensablement de
plages
Granulométrie et colorimétrie similaire à celle du sable de la plage réceptrice
Risques sanitaires (microbiologique et physico-chimique)
Nécessité de cohérence entre l’origine du sédiment et le milieu d’accueil
Matrice sédimentaire potentiellement composite *
Remaniement important ponctuel lié au ré-ensablement
Variabilité des pressions naturelles (marée et force des vents) et saisonnalité des pressions anthropiques (plage sauvage vs plage fréquentée)
Evaluation des effets à long terme
de l’apport sédimentaire sur
l’écosystème marin
Evaluation des effets de la matrice
sédimentaire sur la faune et la flore
Les espèces testées seront en lien avec
l’usage
Remblaiement
de carrières
Contraintes réglementaires
Matrice sédimentaire potentiellement composite (potentiellement composée de matrices sédimentaires issues de dragage différent)
À évaluer au cas par cas
Evaluation à long terme des effets
de la matrice sédimentaire sur
l’écosystème récepteur
Evaluation de la compatibilité entre
l’usage futur et les caractéristiques de la
matrice sédimentaire
Génie civil
- Mobilier urbain - Routes - Pistes cyclables - …
Granulométrie compatible
Siccité
Salinité
Pas d’écosystème en cible directe
Possible pour évaluer les effets de
l’ouvrage (et non de la matrice
sédimentaire) sur l’écosystème
récepteur
Possible pour évaluer les effets du
transfert de contaminants de l’ouvrage
(et non de la matrice sédimentaire) sur
la faune et la flore
Etude n°14-1023/1A 182
Renforcement
de berges Origine du sédiment cohérent avec
milieu d’accueil
Remaniement important mais ponctuel lié à l’opération
Écosystème avec une composante aquatique et une composante terrestre
Evaluation des effets à long terme
du dragage et de l’apport
sédimentaire sur l’écosystème
récepteur aquatique et terrestre
Evaluation des effets de la matrice
sédimentaire sur la faune et la flore
Le choix des espèces testées sera en
lien avec l’usage et devra considérée la
composante aquatique et terrestre
Couverture
installation
de stockage de
déchets
Contraintes réglementaires
Matrice sédimentaire potentiellement composite (potentiellement composée de matrices sédimentaires issues de dragage différent)
À évaluer au cas par cas
Evaluation à long terme des effets de
la couverture sur l’écosystème
À envisager dans une approche
globale à l’échelle de l’installation
Évaluer les effets de la matrice sur la
faune et la flore
Aménagements
paysagers
- Buttes paysagères - Terre-plein - Merlon anti-bruit - …
Contraintes réglementaires
Contraintes géotechniques
Matrice sédimentaire vraisemblablement composite (potentiellement composée de matrices sédimentaires issues de dragage différent)
Remaniement important de durée variable selon la conception de l’aménagement
À évaluer au cas par cas
Evaluation des effets à long terme de
l’aménagement sur l’écosystème
récepteur de l’aménagement et sur
l’écosystème de l’aménagement
Evaluation des effets de la matrice
sédimentaire sur la faune et la flore
Choix des espèces testées en cohérence
avec milieu d’accueil de l’aménagement
*Matrice sédimentaire potentiellement composite signifie que la matrice sédimentaire peut être composée de matrices sédimentaires issues de dragages différents donc de sédiments d’origine différente, d’âge différents, de granulométrie
différents, de parcours différents, de traitements différents ...
Tableau XXX (suite) : Evaluation de la faisabilité de l’éRé pour les principales filières de valorisation à terre des sédiments
Etude n°14-1023/1A 183
1. Valorisation agricole
Les sédiments valorisables en épandage agricole sont soumis à des exigences particulières
conditionnant leur usage. Ils doivent notamment être conformes aux normes d’épandage et
présenter des caractéristiques justifiant un intérêt agronomique pour les sols. La réglementation en
vigueur limite, par ailleurs, le volume de sédiments utilisables en épandage. Enfin, le recours à des
sédiments marins « bruts »/non traités est proscrit en raison de la salinité et des effets néfastes de
celle-ci sur le développement de la végétation (Macía et al., 2014; Sardinha, et al., 2003; Sheehan, et
al., 2010; Wichern, et al., 2006). Enfin, il n’est pas exclu que les sédiments employés dans le cadre
d’un épandage puissent avoir des origines et des typologies différentes.
En ce qui concerne l’écosystème récepteur, nous avons mis en avant les pressions subies par les
agrosystèmes, ces pressions ayant des conséquences non négligeables sur leurs caractéristiques et
leur fonctionnement. En effet, comme le soulignent Burel et al. (2008), certaines pratiques agricoles
sont susceptibles d’engendrer des perturbations des agroécosystèmes :
- le labour, utilisé de façon répétée, a un effet sur la richesse spécifique ou l’abondance de
nombreux organismes :
dans le cas de labour répété et des conditions défavorables (ressources organiques
faibles, conditions microclimatiques contraignantes) la richesse spécifique des
communautés de macrofaune peut également être réduite ;
les différentes techniques de travail peuvent modifier la structure des communautés ;
- les produits phytosanitaires de synthèse sont considérés comme l’un des facteurs majeurs
responsables du déclin de la biodiversité dans les agroécosystèmes ;
- la fertilisation croissante a pour conséquence une homogénéisation des milieux et une
baisse de la richesse spécifique aussi bien dans les parcelles que dans les bordures
adjacentes, et notamment la fertilisation azotée (effets particulièrement marqués dans le cas
d’une fertilisation minérale et plus nuancés dans le cas d’une fertilisation organique) ;
- l’irrigation est globalement favorable à la faune du sol, mais conduit à une diminution de la
diversité végétale.
Ces pressions conditionnent également la faisabilité de l’éRé et le choix de l’approche la plus
adaptée. En effet, la multiplicité des sources potentielles de perturbation (labour, utilisation de
produits phytosanitaire, irrigation, épandage…) ne permettent pas d’évaluer spécifiquement la
causalité des effets en lien avec l’apport sédimentaire dans le cadre d’une approche site-spécifique.
L’approche matrice, quant à elle, peut être envisagée avec pour objectif d’apprécier, en amont d’un
projet d’épandage, les effets de la matrice sédimentaire sur l’agrosystème. Cette démarche
privilégiera dans ce cas des bio-essais réalisés sur des espèces cultivées et/ou des organismes du
sol. Soulignons toutefois que l’approche matrice ainsi envisagée n’est pertinente que si les sédiments
sont parfaitement caractérisés, cette condition s’impose tout particulièrement dans le cas d’une
matrice sédimentaire composite. En effet, un mélange de sédiments peut être problématique en
raison des interactions possibles entre les contaminants et des potentiels effets synergiques.
Etude n°14-1023/1A 184
2. Ré – ensablement de plage
Les sédiments valorisables en ré-ensablement de plages sont soumis à des exigences particulières
conditionnant leur usage. Ils doivent notamment présenter une granulométrie et une colorimétrie
similaire à celle du sable de la plage réceptrice afin d’augmenter la bonne perception/ acceptation
par les usagers (Foucher, 2005) et limiter les impacts écologiques du dépôts de matériaux
sédimentaires sur les habitats intertidaux (Bolam & Whomersley, 2005 ; Ray, 2000 ; Shafer &
Streever, 2000). La qualité physico-chimique et biologique des matériaux employés pour ce type
d’usage doit être conforme aux exigences réglementaires afin de garantir une innocuité sanitaire.
Enfin, il n’est pas exclu que les sédiments employés pour le ré-ensablement puissent avoir des
origines et des typologies différentes.
En ce qui concerne l’écosystème récepteur, nous avons mis en avant les pressions subies par le
milieu car celles-ci offrent des conditions de vie et de développement spécifiques. Ces pressions
peuvent être d’origine naturelle (influence des marées, des vents et embruns...) ou anthropiques,
(en particulier pour les plages touristiques) et varient notamment en fonction des saisons.
Pour ce type de valorisation, les deux approches d’éRé peuvent être envisagées, le recours à l’une
ou l’autre dépendra de la finalité attendue de l’évaluation.
- Pour l’approche site-spécifique, la multiplicité des sources potentielles de perturbation ne
permet pas d’évaluer spécifiquement la causalité des effets en lien avec l’apport
sédimentaire sur l’écosystème de la plage. En revanche, elle peut être conduite afin
d’apprécier les effets à long terme de l’apport sédimentaire sur les caractéristiques et le
fonctionnement de l’écosystème marin, en particulier si le ré-ensablement concerne une
plage soumise à l’influence des marées, qui accentuent la probabilité de migration des
sédiments depuis le site de ré-ensablement vers le milieu marin.
- L’approche matrice peut avoir pour objectif d’apprécier, en amont d’un projet de ré-
ensablement, les effets de la matrice sédimentaire sur l’écosystème de la plage et
l’écosystème marin. Cette démarche privilégiera dans ce cas des bio-essais réalisés sur des
espèces du littoral (milieu marin et plage). Soulignons toutefois que l’approche matrice ainsi
envisagée n’est pertinente que si les sédiments sont parfaitement caractérisés, cette
condition s’impose tout particulièrement dans le cas d’une matrice sédimentaire composite.
En effet, un mélange de sédiments peut être problématique en raison des interactions
possibles entre les contaminants et des potentiels effets synergiques.
3. Remblaiement de carrières
Les sédiments valorisables en remblaiement de carrières sont soumis à des exigences particulières
définies réglementairement. Comme pour les scénarios précédemment décrits, il n’est pas exclu
que les sédiments employés pour ce mode de valorisation puissent avoir des origines et des
typologies différentes.
En ce qui concerne l’écosystème récepteur, celui-ci est à apprécier au cas par cas. L’existence et les
caractéristiques de l’écosystème vont notamment dépendre de la période écoulée entre l’arrêt de
l’exploitation et le remblaiement.
- L’approche site-spécifique, dans ce cas de figure, peut être envisagée pour évaluer le risque
de la matrice sédimentaire sur l’écosystème allant se développer au droit de l’ancienne
Etude n°14-1023/1A 185
carrière. Les entités cibles, dans ce cas, seront sélectionnées sur la base d’observation des
écosystèmes limitrophes afin d’extrapoler les espèces susceptibles de coloniser le milieu
nouvellement créé (approche prospective) ou, dans le cas d’une végétalisation, sur la base
des espèces semées ou plantées.
- L’approche matrice peut avoir pour objectif d’apprécier, en amont d’un projet de
remblaiement de carrière, les effets indirects de la matrice sédimentaire sur l’écosystème
limitrophe ou d’évaluer la compatibilité entre l’usage futur et les caractéristiques de la
matrice sédimentaire. En fonction du milieu dans lequel s’intègre la carrière à remblayer,
cette démarche aura recours à des bio-essais réalisés sur des espèces en cohérence avec le
milieu environnant. Soulignons par ailleurs que l’approche matrice ainsi envisagée n’est
pertinente que si les sédiments sont parfaitement caractérisés, cette condition s’impose tout
particulièrement dans le cas d’une matrice sédimentaire composite. En effet, un mélange
de sédiments peut être problématique en raison des interactions possibles entre les
contaminants et des potentiels effets synergiques.
4. Génie civil
Les sédiments valorisables en génie civil doivent être compatibles avec les exigences de l’ouvrage
en termes de granulométrie, de siccité et de salinité. D’un point de vue réglementaire, cette voie de
valorisation n’est soumise à aucune contrainte particulière. Pour ce mode de valorisation,
l’écosystème récepteur est celui qui va accueillir l’ouvrage ou le matériau. De ce fait, si une éRé est
menée, elle évaluera, non pas les effets de la matrice sédimentaire sur l’écosystème récepteur mais
les effets de l’ouvrage sur l’écosystème récepteur que ce soit dans le cadre d’une approche site-
spécifique ou d’une approche matrice. De ce fait, nous sortons du champ de l’étude ici présentée.
Une étude d’impact est normalement réalisée en amont du projet de construction ce qui permet la
caractérisation des espèces sensibles et de prévoir des mesures compensatoires mais elle n’évalue
pas les effets sur le long terme.
Or, lors de la construction d’une route, de nombreuses pressions se font sentir et elles ne sont pas
sans conséquence pour l’écosystème récepteur. En effet, au-delà de l’impact ponctuel à un temps
donné de la construction de la route, des impacts sur le long terme en lien avec l’utilisation de la
route se font également sentir. Ceux-ci sont à même d’engendrer (i) des perturbations aux
écosystèmes alentours (Coffin, 2007) en lien notamment avec le cocktail de polluants émis par le
trafic routier (Bignal, et al., 2007 ; Truscott, et al., 2005), (ii) l’isolement des individus en lien avec la
fragmentation des paysages (Fahrig, 2003) ou encore (iii) d’engendrer une augmentation de la
mortalité car les routes sont des obstacles difficilement franchissables (Primack, et al, 2012) aussi
bien pour les gros animaux (Fischesser & Dupuis-Tate, 2007) que les insectes (Mader, 1984). Ces
pressions conditionnent également la faisabilité de l’éRé et rendent difficile le choix de l’approche
la plus adaptée.
La valorisation des sédiments en génie civil est parmi les filières les plus connues (voir résultats de
l’enquête et nombreuses références bibliographiques) pourtant des réponses restent encore à apporter,
notamment en ce qui concerne l’adaptabilité des tests environnementaux, les contaminations
multiples et la dangerosité et le comportement à long terme (Aqua, 2014).
Etude n°14-1023/1A 186
5. Renforcement de berges
Les sédiments valorisables en renforcement de berges sont le plus souvent directement extraits de
la rivière faisant l’objet de l’opération de consolidation. Dans le cas contraire, il conviendrait de
s’assurer a minima de la cohérence et de la compatibilité entre la matrice sédimentaire et le milieu
d’accueil. En ce qui concerne l’écosystème récepteur, il présente la particularité d’être composé
d’habitats aquatiques et terrestres. Ces deux composantes doivent donc être considérées pour
apprécier les effets de la valorisation. En termes de perturbation, nous avons souligné le
remaniement important mais ponctuel de l’écosystème au moment des travaux d’aménagement.
Il semble pertinent, pour ce mode de valorisation, d’apprécier les effets du dragage et du
renforcement dans une même éRé.
- Dans le cas d’une approche site-spécifique, il s’agit d’évaluer les effets à long terme de
l’opération de dragage et du renforcement de berges sur l’écosystème récepteur.
- Pour l’approche matrice, l’objectif est d’évaluer les effets de la matrice sédimentaire sur la
faune et la flore terrestre afin d’anticiper, en amont du projet, les effets directs et indirects
des sédiments sur la faune et la flore. Pour le choix des bio-essais, cette démarche
considérera des espèces terrestres et aquatiques.
6. Couverture d’installation de stockage de déchets
Les sédiments valorisables en couverture d’installations de stockage de déchets sont soumis à des
exigences particulières définies réglementairement. Comme pour les scénarios précédemment
décrits, il n’est pas exclu que les sédiments employés pour ce mode de valorisation puissent avoir
des origines et des typologies différentes.
En ce qui concerne l’écosystème récepteur, celui-ci est à apprécier au cas par cas.
- Dans le cas d’une approche site-spécifique, les caractéristiques de l’écosystème récepteur
vont notamment dépendre de la période écoulée entre la couverture et la réalisation de
l’éRé. L’approche site-spécifique, dans ce cas de figure, a pour objectif d’évaluer le risque
de l’ouvrage sur l’écosystème récepteur. Une approche globale à l’échelle de l’installation
semble pertinente.
- L’approche matrice a pour objectif d’apprécier, en amont d’un projet de couverture
d’installation, les effets de la matrice sédimentaire sur la faune et la flore. En fonction du
milieu dans lequel s’intègre l’installation, cette démarche aura recours à des bio-essais
réalisés sur des espèces en cohérence avec le milieu environnant. Soulignons par ailleurs
que l’approche matrice ainsi envisagée n’est pertinente que si les sédiments sont
parfaitement caractérisés, cette condition s’impose tout particulièrement dans le cas d’une
matrice sédimentaire composite. En effet, un mélange de sédiments peut être
problématique en raison des interactions possibles entre les contaminants et des potentiels
effets synergiques.
7. Aménagements paysagers
Les sédiments valorisables en aménagements paysagers sont soumis à des exigences réglementaires
et géotechniques. Le volume de matériau nécessaire à la réalisation des ouvrages et le retour
d’expérience acquis par l’analyse de la littérature scientifique et l’enquête que les sédiments
employés pour ce mode de valorisation ont/auront des origines et des typologies différentes.
Etude n°14-1023/1A 187
En ce qui concerne l’écosystème récepteur, celui-ci est à apprécier au cas par cas. En termes de
perturbation, l’écosystème récepteur de l’ouvrage subira un remaniement dont la durée et l’intensité
varieront selon les modalités de conception de l’aménagement.
- Dans le cas d’une approche site-spécifique, les caractéristiques de l’écosystème récepteur
vont notamment dépendre de la période écoulée entre la finalisation de l’ouvrage et la
réalisation de l’éRé. L’approche site-spécifique, dans ce cas de figure, a pour objectif
d’évaluer les effets à long terme de l’aménagement sur l’écosystème récepteur de
l’aménagement et sur l’écosystème de l’aménagement.
- L’approche matrice a pour objectif d’apprécier, en amont d’un projet d’aménagement, les
effets de la matrice sédimentaire sur la faune et la flore. En fonction du milieu dans lequel
s’intègre l’installation, cette démarche aura recours à des bio-essais réalisés sur des espèces
en cohérence avec le milieu environnant. Soulignons toutefois que l’approche matrice ainsi
envisagée n’est pertinente que si les sédiments sont parfaitement caractérisés, cette
condition s’impose tout particulièrement dans le cas d’une matrice sédimentaire composite.
En effet, un mélange de sédiments peut être problématique en raison des interactions
possibles entre les contaminants et des potentiels effets synergiques.
Etude n°14-1023/1A 188
PARTIE 3 : ETUDE DE 3 CAS THEORIQUES DE GESTION A TERRE DE SEDIMENTS
D’après l’analyse de la littérature et des résultats de l’enquête menée auprès de différents acteurs de
la filière dans le cadre de cette étude, nous avons pu relever que l’éRé était plutôt bien connue mais
finalement peu appliquée dans le cadre d’une gestion à terre des sédiments, pour le moins en
France. Cela peut notamment s’expliquer par son caractère non obligatoire et le manque de guide
disponible.
L’analyse de la littérature et des résultats de l’enquête a également montré une grande disparité des
modes de gestion à terre des sédiments, disparité selon l’origine des sédiments (marins vs fluviaux)
et selon le mode de réalisation de la filière de valorisation envisagée. Bien souvent, cette gestion à
terre s’effectue au « cas par cas ». Ainsi, pour répondre au questionnement de l’étude et aider à la
compréhension de l’éRé, une simulation sur trois cas théoriques est proposée :
- Réalisation d’un éco modelé paysager valorisant des sédiments marins de différentes
origines selon une approche site spécifique (scénario 1),
- Réalisation d’un éco modelé paysager valorisant des sédiments marins de différentes
origines selon une approche site spécifique (scénario 2),
- Régalage sur berges de sédiments fluviaux selon une approche matrice (scénario 3).
Ses trois cas théoriques ont été choisis (i) pour prendre en considération les différences
fondamentales existant entre les sédiments marins et fluviaux (notamment en termes de
caractéristiques et de volumes générés), (ii) pour illustrer les deux approches retenues dans le cadre
de la problématique de l’étude, permettant ainsi une meilleure compréhension de la méthodologie
de l’éRé, et (iii) pour évaluer sa valeur ajoutée par rapport à l’étude d’impact.
I. Présentation des trois scénarios
1. Scénario 1 : Réalisation d’un éco-modelé paysager à partir de sédiments marins
Concernant les sédiments utilisés dans le cadre de cette valorisation, les différents paramètres
retenus sont les suivants :
- Dragage d’entretien pour réduire l’envasement des infrastructures du port et rétablir les
voies de navigation ;
- Sédiments dont l’immersion peut ne pas être autorisée compte tenu des seuils de qualité
(TBT : rapport 1, plus de 50 % des sédiments marins dépasseraient le seuil N1 (Padox &
Hennebert, 2010b), éléments traces ou autres contaminants organiques ; fonction des
caractéristiques du lieu de dragage) ;
- Présence de chlorures dans les sédiments de par leur origine portuaire (sédiments
potentiellement réducteurs ?)
- Utilisation de sédiments issus de plusieurs activités de dragage (matrice sédimentaire
composite) ;
- Période de ressuyage (lagunage actif : décantation / déshydratation naturelle /
déshydratation mécanique) afin de rendre les sédiments pelletables et donc transportables,
mais également conformes aux normes géotechniques ;
(La siccité devant atteindre une valeur avoisinante de 60 % après déshydratation) ;
- Stockage temporaire en vue de la valorisation.
Concernant la réalisation de l’éco-modelé, elle sera effectuée selon les caractéristiques suivantes :
Etude n°14-1023/1A 189
- Eco-modelé contenant plus de 90 % des sédiments marins ;
- Utilisation de 30 à 40 000 m3 de sédiments ;
- Dépôts des sédiments en couches successives :
Longueur : 500 m ;
Hauteur : de 5 à 7 m ;
Largeur : 30 à 50 m ;
- Utilisation de matériau(x) annexe(s) : non ;
- Type de végétalisation envisagée : semis et plantation dont le choix des espèces sera adapté
au contexte environnemental.
Type d’éRé envisagée pour ce scénario : approche site spécifique, à démarrer une
fois l’éco-modelé réalisé
L’absence de recours à des matériaux annexes se justifie par le fait que cela reviendrait à une dilution
de la contamination, ainsi que par l’absence de contact direct entre la matrice sédimentaire
composite et des espèces étudiées dans le cadre de l’éRé.
Les teneurs médianes des fractions granulométriques des sédiments marins sont de 5,71 % d’argile,
63,0 % de limon, 27,3 % de sable, avec 3,4 % de carbone organique et 0,35% d’azote Kjeldahl
(Padox & Hennebert, 2010b).
2. Scénario 2 : Réalisation d’un éco-modelé paysager à partir de sédiments fluviaux
Les caractéristiques de ce scénario sont les mêmes que celles du scénario 1, à la différence que la
valorisation sera effectuée à partir de sédiments fluviaux.
3. Scénario 3 : Réalisation d’un régalage sur berges de sédiments fluviaux
Concernant les sédiments utilisés dans le cadre de cette valorisation, les différents paramètres
retenus sont les suivants :
- Curage d’entretien pour restaurer les voies de navigation garantissant ainsi le tirant d’eau,
et lutter contre les inondations ;
- Sédiments ne présentant pas de dépassement de seuils
Sédiments inertes
- Utilisation d’un seul type de sédiments
- Volume et nature des sédiments dépendent de facteurs du type géologie du bassin versant,
du régime climatique de la vallée, du régime hydrologique du cours d’eau, de la couverture
végétale du bassin versant et du degré d’activités humaines ;
- Source des sédiments : érosion hydrique des sols du bassin versant
Concernant la valorisation en tant que telle, les caractéristiques retenues sont les suivantes :
- Le dépôt / projection ne doit pas former un tas, et doit s’effectuer en dehors de secteurs
écologiquement sensibles :
Volume compris entre 5 à 10 000 m3 ;
Dépôt en bandes de 5 à 10 mètres de larges, contigües au cours d’eau ;
Epaisseur du dépôt : de 10 à 30 cm ;
- Utilisation de matériau(x) annexe(s) : non (même remarque que pour le scénario 1
concernant cet item) ;
Etude n°14-1023/1A 190
- Type de végétalisation envisagée : Génie végétal17 en complément pour restaurer et
protéger les berges.
type d’éRé envisagée pour ce scénario : approche matrice, à réaliser dans la
globalité du projet de dragage.
Remarque concernant l’approche matrice : celle-ci a déjà été utilisée dans le cadre de différents
travaux (Babut et al., 2004 notamment). La méthodologie sera donc adaptée au scénario de
valorisation de sédiments fluviaux en régalage sur berges.
Les teneurs médianes des fractions granulométriques des sédiments fluviaux sont de 11,9 %
d’argile, 52,3 % de limon, 29,5 % de sable, avec 3,4 % de carbone organique (Padox & Hennebert,
2010a)
II. Principes méthodologiques de l’éRé
1. Principes méthodologiques des scénarios 1 et 2
Pour les scénarios 1 et 2, c’est une approche site-spécifique menée une fois l’ouvrage réalisé qui est
développée.
L’approche site spécifique dans ce cas d’étude se justifie par le fait qu’elle permet d’englober tous
les effets potentiels de l’éco-modelé, i.e. les effets des contaminants entre eux (synergiques,
antagonistes, additifs) mais également de par la réalisation en elle-même.
Dans la suite de ce paragraphe, une description des différentes étapes méthodologiques issues des
travaux de thèse d’Audrey Hayet (2010) est proposée. Celle-ci est issue de celle de l’US-EPA et se
découpe en trois étapes :
- Etape 1 : la formulation du problème :
définir et préciser la problématique en caractérisant l’environnement de manière élargie
et la pollution (ces étapes sont synthétisées de manière schématique, figures 48, 49 et
50) ;
- Etape 2 : analyse de l’exposition et des entités cibles (figures 51 et 52) ;
- Etape 3 : caractérisation du risque (figure 53).
Pour la réalisation d’un écomodelé paysager, il existe une méthodologie normée recommandée
notamment par sédimatériaux et sédilab. Il s’agit de la norme NF 12920+A1 (2008). Cette
méthodologie se compose de 3 phases :
La phase 1 est une phase de caractérisation, elle demande des analyses complémentaires sur le
gisement de sédiments qui doivent être non dangereux et non radioactifs. L’évaluation des
caractéristiques géotechniques et mécaniques donnera des préconisations techniques pour la
réalisation du projet. L’évaluation de l’impact environnemental se fera par le biais d’analyses
chimiques (métaux, HAP, PCB, BTEX, TBT, hydrocarbures HC) et environnementales (tests
de lixiviation NF EN 12457-2 et de percolation NF CEN/TS 14405) qui aboutiront également
17 Le Génie végétal (fascines, tressages, bouturage…) se compose de techniques écologiques et économiques en faveur de la biodiversité, les coûts
au mètre linéaire étant globalement inférieurs aux procédés classiques (génie civil). Actuellement dans 50 % des cas, des techniques de génie végétal
pour protéger et restaurer les berges sont mises en œuvre par VNF (VNF, 2014). Ces techniques doivent être privilégiées dans le cas de berges
naturelles.
Etude n°14-1023/1A 191
à des préconisations. Une étude d’impact sur le site récepteur après sa sélection permettra de
caractériser l’état initial du site, l’impact environnemental et le risque sanitaire et d’évaluer ainsi
les risques sanitaires et environnementaux.
La phase 2 est une phase d’étude en laboratoire. Elle repose sur des analyses physiques,
mécaniques et environnementales. Des analyses chimiques et écotoxicologiques sont réalisées
sur les eaux de ruissellement et de percolation.
La phase 3 est une phase d’étude terrain. Un suivi visuel et géotechnique doit être mis en place
pour le contrôle des sédiments déshydratés utilisés. L’installation de piézomètres permet le
prélèvement des eaux d’infiltration par des analyses physico-chimiques en laboratoire (polluants,
pH, conductivité, éléments majeurs, etc) et des analyses écotoxicologiques. Le suivi
environnemental du site récepteur est assuré par l’analyse des eaux de surface et de sédiments
des systèmes aquatiques situés à proximité de l’ouvrage, ainsi que par l’état de la faune et de la
flore et une analyse de la qualité des sols (Mamindy-Pajany, 2014).
Dans ce contexte, l’éRé pourrait être envisagée dès la phase 1, en appui ou en complément de l’étude
d’impact. Elle peut également alimenter certains besoins des phases 2 et 3, notamment en ce qui
concerne l’évaluation des effets écotoxicologiques (phase 2) et le suivi environnemental du site récepteur
(phase 3)
a. Etape 1 : Définir et préciser la problématique
Différentes caractérisations pour la formulation du problème sont à mettre en œuvre au cours de
cette première étape de l’évaluation des risques pour les écosystèmes. Celles-ci sont présentées ci-
dessous (figure 48).
Figure 46 : Synthèse de l'étape 1 de l'éRé « site spécifique » (d'après Hayet, 2010)
La caractérisation de l’environnement et de la pollution sont à réaliser dans le but de préciser et de
définir la problématique, afin de pouvoir formuler des hypothèses de risques reliant des agents
stresseurs et les groupes écologiques identifiés, qui seront illustrées dans un schéma conceptuel.
Etude n°14-1023/1A 192
Caractérisation de l’environnement
Pour la caractérisation de l’environnement, certaines étapes de l’éRé recoupent celles de l’étude
d’impact, notamment en ce qui concerne les ressources en eau et la présence de groupes
écologiques sur le site de valorisation et aux alentours.
Figure 47 : Synthèse caractérisation environnement élargi, étape 1 éRé « site spécifique »
Par rapport à l’étude d’impact, des données supplémentaires seront à recueillir sur les groupes
écologiques susceptibles d’être présents au pourtour et sur l’éco-modelé paysager (i) par une analyse
de la littérature et (ii) par des inventaires écologiques de terrain qui permettent d’obtenir une
représentation réaliste de la biocénose présente.
L’efficacité de l’information fournie va essentiellement dépendre de l’investissement financier et
humain (recours à des écologues ; contraintes de temps de l’étude : selon les groupes biologiques
et la stratégie mise en place le délai de réalisation des inventaires peut être plus ou moins long
(Hayet & Deram, 2011).
Les inventaires in situ présentent l’avantage d’évaluer l’écosystème étudié d’un point de vue
qualitatif et quantitatif, d’autant plus si le nombre de groupes biologiques considérés
augmente ;
L’inconvénient est que cette démarche est souvent perçue comme complexe par les non
spécialistes, ce qui induit une utilisation et une communication de ces résultats souvent
limitées malgré l’intérêt qu’elles représentent.
Des indicateurs écologiques (nématofaune, IBQS par exemple) complètent ces inventaires in situ
en les transcrivant en une donnée chiffrée plus accessible. Cependant, les indicateurs écologiques
pour les écosystèmes terrestres sont encore insuffisants, a contrario de la gamme d’indicateurs
existant pour les systèmes aquatiques d’eau douce (IBGN, IBMR, IPR, etc) (Hayet, 2010).
Le choix d’une entité écologique dans le cadre d’une éRé sera à déterminer en fonction (i) de la
susceptibilité aux agents de stress (fonction de la voie et du niveau d’exposition ; mobilité et
ubiquité de l’entité), (ii) de la pertinence écologique au sein de l’écosystème récepteur (place dans
la chaine alimentaire, abondance, valeur patrimoniale, fonction et/ou rôle dans l’écosystème) et (iii)
des objectifs de gestion (importance de l’entité dans le maintien de l’écosystème) devant être
également considérés (principe de spécificité).
Etude n°14-1023/1A 193
Caractérisation de la pollution
Pour mener à bien l’évaluation du risque pour les écosystèmes, une stratégie analytique devra être
menée afin de déterminer précisément les concentrations et la localisation des polluants sur le site
de la valorisation des sédiments. Parallèlement des analyses agronomiques et granulométriques
peuvent être également réalisées. La bonne connaissance de tous les paramètres de la réalisation
permettra d’affiner le plan d’analyse. L’ensemble de ces données permet de caractériser le biotope
dans lequel s’inscrit la réalisation. Les résultats obtenus seront à mettre en parallèle des données
biocénotiques de manière à étudier d’éventuelles corrélations entre les inventaires, les indicateurs
biologiques et la présence de contaminants dans le sol (Hayet, 2010).
Figure 48 : Synthèse caractérisation de la pollution, étape 1 éRé "site spécifique"
Dans le but d’appréhender les teneurs et la répartition spatiale des contaminants et ainsi établir la
traçabilité des contaminants au sein de l’écosystème, des sondages du sol seront à réaliser selon les
critères spécifiques (i) du site d’étude, (ii) de la valorisation en tant que telle, et (iii) des contaminants
présents au sein de la matrice sédimentaire.
Schéma conceptuel
Ce schéma correspond à une description écrite et à une représentation visuelle des relations prédites
entre les entités écologiques et des agents de stress auxquels elles sont susceptibles d’être exposées.
Il est composé de deux parties principales : la définition d’hypothèses de risque et la réalisation
d’un diagramme qui illustre ces hypothèses de risque.
La réalisation du diagramme
Le modèle conceptuel est considéré comme l’une des plus importantes sources d’incertitude, du
fait notamment de la non prise en compte de certaines relations, d’une mauvaise représentativité
du risque, d’un manque d’informations, de difficultés pour identifier et interagir les paramètres
spatio-temporels ou encore de l’oubli d’un agent de stress.
Plusieurs logiciels peuvent être utilisés pour réaliser ces schémas conceptuels, (i) le logiciel Caltox©
qui permet une représentation de l’environnement et du transfert des polluants entre les milieux
Etude n°14-1023/1A 194
(fréquemment utilisé pour estimer les expositions des populations liées aux retombées des
émissions atmosphériques des installations classées pour l’environnement), (ii) le logiciel Aquatox,
qui permet de développer des modèles simplifiés en regroupant des groupes taxonomiques selon
des caractéristiques trophiques et fonctionnelles (les modèles peuvent ensuite être détaillés en
distinguant des compartiments caractérisés par des sensibilités différentes par rapport aux
contaminants), et (iii) le logiciel Terrasys© qui est un logiciel d’évaluation des risques
écotoxicologiques des terrains contaminés, de la société canadienne « Sanexen services
environnementaux inc » (permet de modéliser ces relations mais également de calculer les risques).
Plan d’analyse
Le plan d’analyse constitue la dernière étape de la formulation du problème. Les hypothèses de
risque sont analysées afin de déterminer lesquelles pourront être évaluées. Cette démarche implique
une identification des mesures d’effets, d’exposition et des caractéristiques de l’écosystème
nécessaires à l’évaluation des critères d’effets (Hayet, 2010).
b. Etape 2 : Analyse de l’exposition des entités cibles et des effets
Cette deuxième étape est possible par la caractérisation des expositions des entités cibles et de la
pollution.
(i) Caractérisation des expositions
La caractérisation de l’exposition des différentes espèces relevées parmi les groupes écologiques est
une des phases les plus complexes de l’éRé. En effet, les informations nécessaires pour caractériser
cette exposition ne sont pas toutes disponibles, et des extrapolations seront parfois à envisager.
Ces extrapolations devront être intégrées à la discussion sur les incertitudes au moment de la
caractérisation du risque.
L’amélioration de cette étape dépendra notamment de (i) l’amélioration des modèles
toxicocinétiques, (ii) de l’amélioration des connaissances concernant la bioaccumulation
dans les chaines alimentaires, et (iii) de l’avancée des connaissances dans le domaine de la
caractérisation du comportement des organismes vis-à-vis d’une émission de polluants
(Perrodin, 2012).
Etude n°14-1023/1A 195
Figure 49 : Synthèse caractérisation de l’exposition, étape 2 éRé « site spécifique »
Selon Sample et al. (1997), l’exposition dermique chez les oiseaux et les mammifères peut être
considérée comme négligeable au regard des autres voies d’exposition. En effet, la présence de
plumes pour les oiseaux ou de fourrures pour les mammifères limite considérablement le contact
de la peau avec le sol. Il en est de même pour l’inhalation en raison de (i) la rapide dilution et/ou
dispersion des substances volatiles dans l’atmosphère et (ii) de la part minimisée de poussières
émises dans l’atmosphère, notamment lorsque le couvert végétal est important. Par conséquent, la
concentration totale d’exposition correspond à la concentration d’exposition par ingestion (ou
Dose Journalière d’Exposition DJE orale) (Hayet, 2010).
=> Les incertitudes liées aux calculs de la DJE
Les concentrations d’exposition varient en fonction de l’âge, du sexe, de la saison ce qui peut
constituer une source d’incertitudes. De plus, les individus n’auront pas nécessairement la même
taille, le même métabolisme, la même diète (existence de différences entre juvéniles, adultes, mâles,
femelles). Il est possible de calculer plusieurs concentrations d’exposition pour chaque saison et/ou
chaque sexe par exemple, la comparaison de ces différentes estimations permettrait d’appréhender
la population la plus exposée et/ou la saison de l’année où l’exposition est la plus conséquente.
Néanmoins, cela implique la connaissance parfaite du comportement des espèces cibles pour les
différents stades de leur vie. La modélisation de l’exposition ne renseigne pas non plus la
distribution spatiale de l’exposition ni de la disponibilité de la ressource (Hayet, 2010).
(ii) Analyse des effets
Cette analyse des effets se fait par une analyse bibliographique pour chaque agent stresseur sur les
entités cibles afin de lister les effets attendus en vue de mener une analyse approfondie des résultats
(caractérisation reprise sous forme de schéma, figure 52).
Etude n°14-1023/1A 196
Figure 50 : Synthèse caractérisation des effets écologiques, étape 2 éRé « site spécifique »
Les valeurs de référence devront faire l’objet d’une attention particulière afin de garder ce principe
de spécificité. En fonction des valeurs disponibles, le choix pourra s’opérer entre des PNEC (une
PNECsol ne fait à priori pas de distinction entre les végétaux et les invertébrés du sol), des Eco-SSL
(Ecological Soil Screening Levels), des VTR (l’US-EPA propose des valeurs spécifiques pour les
mammifères et les oiseaux), des PNECfood (pour des consommateurs de fin de chaine alimentaire
et espèces dépendantes ; valeurs issues du projet « nomiracle »).
Des valeurs écotoxicologiques susceptibles d’être utilisées dans le cadre d’une éRé sur des
sédiments ont été listées dans deux tableaux (pages suivantes) : le tableau XXXI pour les
contaminants inorganiques et XXXII pour les contaminants organiques. Les contaminants figurant
dans ces tableaux sont spécifiques aux sédiments.
Etude n°14-1023/1A 197
Tableau XXXI : Valeurs écotoxicologiques de référence, contaminants inorganiques
Valeur toxicologique Référence
Pb
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 1700 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 120 mg/kg ps
VTR (avifaune) = 1,63 mg/kg ps/j
VTR (mammifères) = 4,7 mg/kg ps/j
US-EPA (Mars, 2005). Ecological Soil Screening Levels for
Lead Interim Final. OSWER Directive 9285.7-70.
Zn
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 120 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 160 mg/kg ps
VTR (avifaune) = 66,1 mg/kg/j
VTR (mammifères) = 75,4 mg/kg ps/j
US-EPA (Juin, 2007). Ecological Soil Screening Levels for
Zinc Interim Final. OSWER Directive 9285.7-73.
Cd
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 140 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 32 mg/kg ps
VTR (avifaune) = 1,47 mg/kg ps/j
VTR (mammifères) = 0,77 mg/kg ps/j
US-EPA (Mars, 2005). Ecological Soil Screening Levels for
Cadmium Interim Final. OSWER Directive 9285.7-65.
Cu
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 80 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 70 mg/kg ps
VTR (avifaune) = 4,05 mg/kg ps/j
VTR (mammifères) = 5,6 mg/kg ps/j
US-EPA (Février, 2007). Ecological Soil Screening Levels for
Copper Interim Final. OSWER Directive 9285.7-68.
Ni
PNECsol = 4,3 mg/kg ps
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 280 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 38 mg/kg ps
VTR (avifaune) = 6,71 mg/kg/j
VTR (mammifères) = 1,70 mg/kg ps/j
Ineris
US-EPA (Mars, 2007). Ecological Soil Screening Levels for
Nickel Interim Final. OSWER Directive 9285.7-76.
As
Eco-SSL (invertébrés du sol) = ND*
Eco-SSL (végétaux) = 18 mg/kg ps
VTR (avifaune) = 2,24 mg/kg ps/j
VTR (mammifères) = 1,04 mg/kg ps/j
US-EPA (Mars, 2005). Ecological Soil Screening Levels for
Arsenic Interim Final OSWER Directive 9285.7-62.
Hg total
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 0,1 mg/kg
Eco-SSL (végétaux) = 0,3 mg/kg ps
PNECsol = 0,027 mg/kg ps
US EPA (2015). Supplemental Guidance to ERAGS: Region
4, Ecological Risk Assessment. Originally published
November 1995
Méthyl-
Hg
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 0,1 mg/kg
Eco-SSL (végétaux) = 0,3 mg/kg ps
US EPA (2015). Supplemental Guidance to ERAGS: Region
4, Ecological Risk Assessment. Originally published
November 1995
Cr III
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 18 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = ND*
VTR (mammifères) = 2,4 mg/kg ps/j
US-EPA (Avril, 2008). Ecological Soil Screening Levels for
Chromium Interim Final. OSWER Directive 9285.7- 66.
Cr VI
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 7,8 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 0,35 mg/kg ps
VTR (mammifères) = 9,24 mg/kg/j
US EPA (2015). Supplemental Guidance to ERAGS: Region
4, Ecological Risk Assessment. Originally published
November 1995
Cr VTR (avifaune) = 2,66 mg/kg/j US-EPA (Avril, 2008). Ecological Soil Screening Levels for
Chromium Interim Final. OSWER Directive 9285.7- 66. *ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Etude n°14-1023/1A 198
Tableau XXXII : Valeurs écotoxicologiques de référence, contaminants organiques
Valeur toxicologique Référence
TBT PNECsol = 5,9 µg/kg ps Agence Eau Seine Normandie. Métalloïdes et
organométalliques – organoétains. p.75-95
HAP
FPM
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 29 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = ND*
VTR (avifaune) = ND*
VTR (mammifères) = 65,6 mg/kg ps/j US EPA (June 2007). Ecological soil screening levels
for PAHs, interim final. Oswer directive 9285.7-78
HPM
Eco-SSL (invertébrés du sol) = 18 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = ND*
VTR (avifaune) = ND*
VTR (mammifères) = 0,615 mg/kg ps/j
∑ PCBi Eco-SSL (invertébrés du sol) = 0,33 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 40 mg/kg ps
US EPA (2015). Supplemental Guidance to ERAGS:
Region 4, Ecological Risk Assessment. Originally
published November 1995
Contaminants
émergents
Beaucoup de valeurs d’Eco-SSL disponibles
(notamment pour les invertébrés du sol) pour
les familles de contaminants suivantes :
Alcanes/alcènes chlorés, chlorobenzènes, hydrocarbures
mono-aromatiques, cétones, chloro-anilines,
chlorobenzènes, di/tri/tétra-chlorophénols, autres
phénols, COV énergétiques (TNT entre autres),
pesticides
Moins de valeurs disponibles pour les familles
de composés suivants :
Phtalates, HAP (FPM, HPM), PCB,
PCDD/PCDF
US EPA (2015). Supplemental Guidance to ERAGS:
Region 4, Ecological Risk Assessment. Originally
published November 1995
*ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Des éco-SSL et/ou des VTR pour certains groupes ne sont pas disponibles en raison du manque
de données disponibles pour certains contaminants, et notamment les contaminants organiques.
En ce qui concerne les PCB-NDL, leur toxicité est complexe à évaluer car ils présentent des
interactions avec de nombreux récepteurs, transporteurs, médiateurs, impliqués dans de nombreux
processus toxiques. La plupart des données toxicologiques et écotoxicologiques ont longtemps été
relatives à des mélanges commerciaux, or les mélanges de congénères retrouvés dans
l’environnement diffèrent de ceux-ci (métabolisme et transfert différentiel dans les réseaux
trophiques). L’évaluation de VTR pour ce type de congénères est peu aisée, certaines substances
comme les polybromodiphényléthers (PBDE) ayant des mécanismes d’actions très proches des
PCB-NDL (Hubaux & Perceval, 2011).
En ce qui concerne les organostanniques, des PNEC visant la protection des grands prédateurs
contre un empoisonnement secondaire ont été établies :
- PNECTBT = 0,0152 mg/kg food (CIRCA) ;
- PNECTPhT = 0,018 mg/kg food (ATSDR).
Etude n°14-1023/1A 199
c. Etape 3 : Caractérisation du risque
C’est la phase finale de l’évaluation du risque pour les écosystèmes (figure 53). Dans un premier
temps, l’évaluateur va utiliser les résultats de l’analyse pour estimer le risque causé aux entités
écologiques pour lesquelles des critères d’effets ont été identifiés dans la phase de formulation du
problème. Le risque sera ensuite estimé en fonction de tous les effets nuisibles et de leur niveau de
probabilité, sous la forme d’un quotient ou ratio de risque (QR).
Figure 51 : Synthèse caractérisation du risque, étape éRé « site spécifique »
La quantification du risque est également une étape considérée comme source d’incertitudes (US
EPA 1998 in Hayet, 2010). L’inhalation et le contact dermique ne sont pas considérés. En ce qui
concerne les choix de valeurs de référence, celles de l’US-EPA présentent l’avantage de considérer
plusieurs groupes biologiques et plusieurs maillons de la chaine alimentaire ce qui en fait des valeurs
plus discriminantes que les PNEC. Cependant, elles mettront en évidence des risques globaux, et
non pas reliés à des effets stricts.
2. Principes méthodologiques du scénario 3
Comme l’illustre la figure 54, la procédure générale comprend trois étapes :
Une première étape reposant sur une caractérisation chimique
Une seconde étape reposant sur des bio-essais
=> Ces deux premières étapes constituent une évaluation simplifiée du risque.
Une troisième étape d’évaluation détaillée des risques
Etude n°14-1023/1A 200
Figure 52. Logigramme de la procédure générale d’évaluation des matériaux de dragage (Babut et Perrodin, 2001 In Perrodin et al., 2006)
a. Evaluation simplifiée des risques
Elle est basée sur des analyses physico-chimiques des sédiments de dragage permettant de calculer
un risque global pour les sédiments d’un site spécifique (QPECm). Ce risque est obtenu par la somme
des ratios entre la concentration en polluant et la PEC pour ce polluant (donnée issue de la
littérature), rapportée au nombre de polluants considérés :
Dans le cadre de cette évaluation simplifiée des risques, Babut & Perrodin ont proposé de
considérer la valeur 0,1 comme seuil en-dessous duquel le risque sera considéré comme négligeable,
le matériau dragué pouvant alors être « éliminé » sans prendre de mesures spécifiques. Pour une
valeur de QPECm supérieure à 0,5, il est conseillé d’effectuer une évaluation détaillée des risques.
Pour des valeurs de QPECm comprises entre 0,1 et 0,5, des tests additionnels sur la matrice
Etude n°14-1023/1A 201
sédimentaire sont à mener (et notamment sur Chironomus riparius18 et Hyalella azteca19). Si ces tests
révèlent un potentiel d’écotoxicité sur la matrice sédimentaire, une évaluation détaillée des risques
doit également être envisagée.
b. Evaluation détaillée des risques
Le processus d’évaluation détaillée des risques reprend les grands principes de la méthodologie
d’éRé de l’USEPA (1998). Celle-ci se décline en trois grandes étapes :
1. La formulation du problème ;
2. L’analyse de l’exposition et des effets ;
3. La caractérisation du risque.
Dans la suite de notre propos, une description de ces trois étapes est proposée. En plus des
indications directement issues des travaux de Perrodin et al. (2006), nous avons, lorsque cela se
justifiait, apporter des éléments d’informations complémentaires.
(i) Formulation du problème
Cette première étape consiste à définir et préciser la problématique en caractérisant le contexte
environnemental du projet et en intégrant les données disponibles. La finalité de cette première
étape est la formulation des hypothèses de risques reliant des agents stresseurs et des groupes
écologiques identifiés qui seront illustrées dans un schéma conceptuel.
Description du contexte et intégration des données disponibles
La définition du contexte environnemental comporte notamment une description de la géologie,
l’hydrologie, l’hydrogéologie, du climat et de l’écologie du secteur d’étude. Ces différents items
figurent dans l’état initial de l’étude d’impact. Pour l’écologie, l’étude d’impact permet d’identifier
a minima les espaces et espèces sensibles, susceptibles notamment d’interférer avec la faisabilité du
projet (ex. présence d’espèces protégées nécessitant des autorisations spécifiques ou un
aménagement du projet). Classiquement, un inventaire de la flore vasculaire et de l’avifaune est
réalisé. Ce sont les impacts du projet dans sa globalité qui sont appréciés et qui justifient la mise en
place de mesures compensatoires en cas d’impact. Pour l’éRé, il est nécessaire de connaître les
espèces présentes susceptibles d’être impactées en particulier par la présence de contaminants, ces
espèces constituent les entités cible de l’éRé. La réalisation d’inventaires écologiques de terrain, en
amont de la réalisation des travaux de curage, est par conséquent vivement conseillée.
Dans le cadre du d’un projet de régalage sur berges de sédiments, l’éRé pourra considérer :
les effets des travaux de curage et de régalage sur berges, l’éRé est dans ce cas envisagée en
complément de l’étude d’impact ;
les effets du dépôt de sédiment sur l’écosystème constitutif de la valorisation, démarche
propre à l’éRé.
En conséquence, l’écosystème cible comprendra l’écosystème aquatique de la rivière (eau libre +
sédiments) et l’écosystème terrestre des berges, dans la limite de la zone d’influence du projet qui
est à définir au cas par cas.
18 Insecte diptère, dont la larve vit dans les écosystèmes aquatiques d’eau douce 19 Crustacé amphipode d’eau douce
Etude n°14-1023/1A 202
Quelle que soit la nature du projet, la sélection des groupes biologiques à inventorier doit être
représentative des écosystèmes terrestre et/ou aquatique de la zone d’étude. Les critères de
sélection pourront considérer, comme le préconise la méthode de l’USEPA (1998), la vulnérabilité
des espèces aux agents de stress, la pertinence écologique et la pertinence avec les objectifs de
gestion.
Détermination des paramètres d’évaluation et élaboration du schéma conceptuel
Les hypothèses de risques reliant des agents stresseurs et des groupes écologiques identifiés sont
formulées. Elles sont ensuite illustrées dans un schéma conceptuel.
(ii) Analyse de l’exposition et des effets
Analyses physico-chimiques
Sur la base des données disponibles sur la zone étudiée (ex. : historique de la contamination,
activités industrielles, agricoles, urbaines...), des analyses physico-chimiques complémentaires
peuvent être envisagées afin de caractériser l’ensemble des effets potentiels de la matrice
sédimentaire sur le milieu récepteur. Pour l’écosystème aquatique, il peut être judicieux de se référer
à la liste des substances prioritaires et préoccupantes inscrite en annexe de la DCE.
Il convient également de considérer les substances, leurs métabolites potentiels et leur spéciation.
En effet, les métabolites peuvent avoir des propriétés différentes de la molécule d’origine. En ce
qui concerne les produits organiques, leur dégradation est principalement liée à l’activité des micro-
organismes. Pour les organochlorés, les produits de dégradation et/ou de biotransformation
donnent des métabolites plus stables dans l’environnement qui ont tendance à s’accumuler via la
chaine alimentaire. En ce qui concerne les métaux, l’oxydation chimique des sédiments et l’activité
des bactéries aérobies peuvent augmenter la concentration et la solubilité des métaux en solution,
ce qui peut générer un risque important, notamment au début du dépôt, de bioaccumulation d’une
part et de contamination des eaux souterraines et des eaux de surface par lixiviation d’autre part.
Enfin, dans le but d’appréhender le comportement et l’évolution des substances dans
l’environnement, des analyses granulométriques de la matrice sédimentaire et du sol-récepteur ainsi
que des analyses agronomiques du sol-récepteur peuvent être réalisées. L’ensemble des ces
investigations permet d’affiner le plan d’analyse.
Définition des ratios caractéristiques de l’exposition
Afin d’apprécier l’exposition des entités cibles de l’éRé, les volumes et proportions des eaux et
lixiviats formés au niveau et à proximité de l’ouvrage/aménagement doivent être évalués. Ainsi,
comme le préconisent Perrodin et al. (2006), les ratios suivants peuvent être définis :
- Volume annuel des eaux de drainage par unité de surface du sol environnant affecté ;
- Volume annuel des eaux de pluie lessivant les sédiments ;
- Proportion de lixiviats provenant du dépôt vers le canal/rivière ;
- Proportion de lixiviats provenant du dépôt s’infiltrant dans les eaux souterraines en-
dessous du dépôt.
Etude n°14-1023/1A 203
Bio-essais
Pour évaluer les effets, des outils standardisés seront choisis de manière à refléter au maximum les
écosystèmes et les réseaux trophiques.
Les bio-essais préconisées dans le cadre des travaux de Perrodin et al. (2006) sont :
- Inhibition de l’activité de la β-galactosidase chez E. coli ;
- Inhibition de l’activité de la glucosidase sur des communautés microbiologiques du
sédiment ;
- Croissance chez P. subcapitata ;
- Survie chez Ceriodaphnia dubia ;
- Reproduction, survie, génotoxicité (micronoyaux et comètes) chez Xenopus laevis ;
- Germination et croissance des parties aériennes et élongation racinaire chez Lolium perrenne.
Selon les besoins de l’étude, des bio-essais complémentaires peuvent être envisagés.
Tests de lixiviation
Dans le but d’apprécier le transfert des contaminants via et vers le milieu aquatique, des tests de
lixiviation peuvent être réalisés.
(iii) Caractérisation du risque
Pour caractériser le risque, la méthode du quotient de risque est classiquement employée. Dans
l’approche proposée par Perrodin et al., (2006), le risque est exprimé par le quotient « Q »,
équivalent d’un ratio PEC/PNEC. La PNEC est estimée à partir de données de la littérature pour
des substances pures et de méthodes expérimentales (bioessais) sur des mélanges de polluants. Si
Q > 1, le risque est considéré comme significatif, néanmoins, ce risque ne peut être quantifié : au
mieux cette approche permet de conclure sur la possibilité que le risque soit faible ou fort.
La PNEC est souvent représentée par une CE10 ou CE20 ou une NOAEL auxquelles sont
appliquées des facteurs de sécurité.
III. Application de l’éRé aux trois scénarios
1. Scénario 1
L’éco-modelé est majoritairement réalisé à partir de sédiments issus de différents dragages
d’entretien. Le matériau est donc une matrice sédimentaire composite, composée à plus de 90 %
de sédiments. Ces sédiments ont subi une période de ressuyage (lagunage actif : décantation /
déshydratation naturelle / déshydratation mécanique) afin de les rendre pelletables et donc
transportables, mais également conformes aux normes géotechniques. Ils ont été temporairement
stockés en vue de leur valorisation. La conception de l’éco-modelé a nécessité entre 30 à 40 000 m3
de sédiments déposés en couches successives. Les dimensions finales de l’éco-modelé sont :
Longueur : 500 m ;
Hauteur : de 5 à 7 m ;
Largeur : 30 à 50 m.
Les sédiments portuaires (et donc salés) utilisés dans cette étude de cas sont issus de plusieurs
activités de dragage et sont valorisés en éco-modelé paysager implanté au sein d’un milieu dunaire.
Etude n°14-1023/1A 204
Les sédiments utilisés dans ce scénario présentent des concentrations en ETM et TBT20
équivalentes à la valeur médiane des sédiments issue de l’étude de Padox & Hennebert (2010b). Ils
sont déposés en couches successives sur le lieu de réalisation, sur une géomembrane dont la
taille a été adaptée aux caractéristiques du dépôt. Une végétalisation a été réalisée à partir de semis
et plantation dont le choix des espèces a été adapté au contexte dunaire. Les différentes voies de
transfert retenues sont (i) le ruissellement le long de l’éco-modelé pouvant entrainer une infiltration
dans le sol, (ii) le réenvol des sédiments n’est pas à exclure en raison de vents pouvant être forts et
fréquents en bord de mer. Ces vents pourront être accompagnés d’embruns salés.
a. Formulation du problème
La végétalisation a été réalisée de manière à maintenir (i) la cohérence écologique du milieu dans
lequel s’intègre la valorisation et (ii) la fonctionnalité du réseau trophique du site. Situé au sein d’un
cordon dunaire, l’éco-modelé accueille les espèces suivantes : Elymus farctus (chiendent des sables),
Euphorbia paralias (Euphorbe maritime), Eryngium maritimum (Panicaut des dunes), Ammophila
arenaria (Oyat), Salix arenaria (Saule des dunes).
Une plantation pluri-spécifique composée d’essences locales et plantées selon un maillage adapté
au bon développement des espèces permettrait le développement d’une faune et d’une flore
diversifiée, et favoriserait un écosystème diversifié (Hayet, 2010).
(i) Caractérisation de l’environnement
Les entités écologiques à retenir dans le cadre de cette éRé ont été déterminées en fonction de la
susceptibilité aux agents de stress, de la pertinence écologique au sein de l’écosystème récepteur
(place dans la chaine alimentaire, abondance, valeur patrimoniale, fonction et/ou rôle dans
l’écosystème). L’importance de l’entité dans le maintien de l’écosystème a également été considérée.
Les groupes écologiques suivants ont donc été sélectionnés :
- La flore (herbacée, arbustive et arborée) est en contact direct et permanent avec le sol ; ce
sont les producteurs primaires et donc le premier maillon des chaines alimentaires ;
- La faune du sol est exposée de manière directe et permanente aux contaminants ; soit
absorption des contaminants causant des dommages, soit bioaccumulation via la chaine
alimentaire ; de plus, les invertébrés du sol constituent une ressource alimentaire pour de
nombreuses espèces omnivores ;
- Les microorganismes du sol sont exposés de manière directe et permanente aux
contaminants. Ces organismes participent à la minéralisation et à l’humification ;
- L’entomofaune est essentielle au fonctionnement des chaines trophiques (formation /
fertilisation des sols ; pollinisation des végétaux) ;
- L’avifaune figure à la fois parmi les consommateurs primaires, secondaires et tertiaires de
la chaine alimentaire. Une distinction est également à considérer dans le cas d’espèces
nichant sur le site (selon la surface du territoire, consommation importante à exclusive de
ressources potentiellement contaminées). L’exposition aux contaminants diffère également
selon le régime alimentaire :
Herbivores, granivores, fongivores : consommateurs primaires, le niveau d’exposition
varie en fonction de l’âge des individus, de la période d’activité et de la disponibilité de
20 Padox & Hennebert (2010b) : plus de 50 % des sédiments marins dépasseraient le seuil N1
Etude n°14-1023/1A 205
la ressource (diversification du régime alimentaire en fonction des saisons pour
s’adapter à la disponibilité) ;
Omnivores : consommateurs secondaires, le niveau d’exposition varie en fonction de
l’âge des individus, de la période d’activité et de la disponibilité de la ressource ;
Prédateurs : consommateurs de fin de chaine alimentaire (tertiaires) susceptibles
d’exprimer les effets d’une contamination bioaccumulée au fil de la chaine alimentaire ;
- La mammalofaune figure à la fois parmi les consommateurs primaires, secondaires et
tertiaires de la chaine alimentaire. Une distinction est à considérer dans le cas de
mammifères nichant sur le site (exposition quasi permanente aux contaminants.
L’exposition aux contaminants diffère également selon le régime alimentaire :
Herbivores et omnivores : utilisation du sol comme milieu de refuge et/ou de
reproduction (contact intermittent), se nourrissant de ressources potentiellement
contaminées ;
Prédateurs : utilisation du sol comme milieu de refuge et/ou de reproduction (contact
intermittent) ; consommateurs de fin de chaine alimentaire susceptibles d’exprimer les
effets d’une contamination bioaccumulée au fil de la chaine alimentaire.
(ii) Caractérisation de la pollution
Synthèse du comportement des contaminants dans l’environnement et toxicité
Les sédiments utilisés dans ce scénario présentent des concentrations en ETM et TBT équivalentes
à celle de la valeur médiane des sédiments issus de la base de données « sédiments marins » élaborée
à partir de données du Réseau de surveillance de Ports Maritimes (pour 97,5 % des données) et de
deux projets de caractérisation et de traitement de sédiments (PROPSED et SEDIMARD). Elle
comporte 27 538 données pour 818 échantillons, sur une période allant de 1996 à 2008 (Padox &
Hennebert, 2010b).
En matière de sites et sols pollués, les éléments trace les plus classiquement étudiés (et pour
lesquels il existe des packages analytiques) sont le plomb, le zinc, le cadmium, le mercure,
le chrome, l’arsenic le cuivre et le nickel ;
Il est à noter également la présence de chlorures en raison de l’origine portuaire des
sédiments.
Une synthèse de la toxicité et du comportement dans l’environnement des contaminants présents
dans ce cas pratique est présentée dans le tableau XXXIII (page suivante).
Etude n°14-1023/1A 206
Tableau XXXIII : Toxicité et comportement dans l'environnement, scénario 1 - sédiments marins
Contaminant Comportement dans l’environnement Toxicité
TBT (et ses dérivés)
Fortement bioaccumulable
Grande aptitude à se fixer sur sol riche en
matière organique
Biomagnification négligeable à modérée
Biocide non spécifique (fongicide, insecticide
entre autre)
A très faibles concentrations, toxique pour
organismes aquatiques, mollusques
notamment et gastéropodes (perturbation
endocrine : imposex21)
Pas de données sur la toxicité chronique pour
avifaunes et mammifères autres que
l’Homme
Eléments trace
(As, Cd, Cr, Pb, Zn22,
Hg, Sn, Cu2, Ni, …)
Mobilité et biodisponibilité dépend de leurs
spéciations et des conditions physico-
chimiques
Concentrés dans phase solide du sol
Généralement toxique à faibles
concentrations
La spéciation conditionne la toxicité
Influence de la salinité sur les concentrations
d’ETM dissous
Les TBT et ses dérivés
Le transfert des organoétains au végétal a été mis en évidence, ce transport est influencé par
différents facteurs (une plante en début de croissance prélèvera plus d’organostanniques du sol),
cependant au sein du végétal, peu de dégradations des organostanniques ont été observées (Marcic,
2005). Le TBT agit sur l’activité du système immunitaire, nerveux, digestif et endocrinien de
beaucoup d’organismes vivants et peut avoir des effets neurotoxiques, mutagènes, cancérogènes et
immunotoxiques. Les dérivés organostanniques sont inscrits à l’annexe X des substances
prioritaires au sens de la Directive DCE 2013/39/UE du 12/08/2013. Le TBT dans un sol riche
en particules organiques verra sa toxicité diminuer car en étant sorbé sur ces particules il est moins
biodisponible. Le TBT et ses dérivés auront également un effet sur les microorganismes (en raison
de l’activité biocide non spécifique), qui peut être également mesuré par le calcul de la diminution
du taux de la respiration de la biomasse ou de l’activité enzymatique.
Les éléments trace
Le comportement des éléments trace dans le sol dépend de paramètres physico-chimiques (texture,
pH, teneurs en matières organiques) ou biologiques (plantes et microorganismes) ; le pH, la teneur
en matière organique et la CEC sont connus pour affecter la solubilité et la phytodisponibilité
(Hayet, 2010). L’usage de sédiments issus du milieu marin aura différents impacts, comme (i) des
phénomènes d’échanges d’ions pouvant participer à l’augmentation des concentrations en ETM
dans la phase aqueuse (Cd et Hg notamment), et (ii) des complexes entre l’anion chlorure et les
ETM pourront se former les rendant plus biodisponibles pour les organismes vivants.
Enfin, de par l’utilisation de sédiments marins, d’autres impacts sont à considérer. En effet les
processus majeurs des végétaux peuvent être affectés par le stress salin (perte de biodiversité,
germination réduite et/ou retardée, réduction de croissance, …). Certaines plantes sont plus
21 Apparition de caractéristiques sexuelles mâles chez des individus femelles 22 Oligo-éléments ayant une fonction biologique chez l’Homme dans des quantités minimes
Etude n°14-1023/1A 207
vulnérables aux maladies, au froid et dans certains cas aux insectes. L’activité bactérienne peut
également être perturbée en présence de chlorure de sodium.
Echantillonnage
Un échantillonnage systématique permet de connaitre précisément la répartition spatiale des
polluants, de calculer la moyenne et les percentiles de la concentration, et de rechercher des points
chauds. L’inconvénient de cet échantillonnage est de possiblement conduire à des erreurs de par le
choix d’une grille inadaptée, pouvant coïncider avec les points chauds du site (Pascal et al., 2008).
Chaque sondage fait l’objet d’un prélèvement selon différentes profondeurs, définies selon les
critères spécifiques du site d’étude. Dans cette étude de cas, l’éco-modelé paysager a été réalisé par
dépôt de couches successives : une contamination peut donc être répartie sur toute la hauteur. Le
résultat des analyses des éléments trace a été comparé aux concentrations du fond
pédogéochimique local, afin de déterminer les éléments présentant une concentration supérieure à
celui-ci, et qui sont ceux à considérer dans l’évaluation du risque pour les écosystèmes.
(iii) Schéma conceptuel et hypothèses de risque
Figure 53 : Schéma conceptuel, scénario 1
Les hypothèses de risque décrivent les relations prédites entre les agents de stress et les critères
d’effets de l’évaluation.
H1. Le sol de l’éco-modelé paysager est contaminé par des ETM et des TBT à des
teneurs équivalentes à la valeur médiane de l’étude de Padox & Hennebert sur les
sédiments marins (2010b). Ces contaminants sont susceptibles de migrer dans
l’environnement via la chaîne alimentaire, les eaux de ruissellement et de percolation et
l’atmosphère par le réenvol de poussières contaminées ;
H2. Le chlorure de sodium des sédiments est susceptible de transférer dans
l’environnement en particulier via les eaux de ruissellement et de percolation ;
Etude n°14-1023/1A 208
H3. La présence de chlorure de sodium dans le substrat de l’ouvrage peut être à l’origine
d’une plus grande biodisponibilité des éléments traces par la formation de complexes
entre l’anion chlorure et les éléments traces ;
H4. Les organismes en contact direct avec le sol (tels que la flore, la macrofaune du sol
ou les organismes nichant dans le sol) sont exposés de manière directe et à long terme
aux ETM et au TBT. Ils sont susceptibles d’exprimer des effets néfastes liés à cette
exposition ;
H5. Les métaux et le TBT sont susceptibles de perturber la pédofaune et la pédoflore,
avec comme conséquence une perturbation de l’activité biologique du sol, pouvant
s’exprimer par un ralentissement de la décomposition de la litière ;
H6. La teneur en sel ainsi que les ETM et le TBT présents dans les sédiments sont
susceptibles d’engendrer des effets néfastes sur la flore vasculaire tels qu’une
diminution du taux de germination, un ralentissement de la croissance ou la mort des
individus ;
H7. Les ETM et le TBT peuvent être absorbés par les végétaux puis transloqués des
parties racinaires vers les parties aériennes. Cette absorption est variable selon l’espèce,
le contaminant et les caractéristiques du sol ;
H8. Le transfert des contaminants via la chaîne alimentaire est susceptible d’entraîner
des effets néfastes pour l’ensemble des consommateurs, notamment les grands
prédateurs (mammifères et oiseaux) en raison de la bioaccumulation des ETM et du
TBT dans la chaine alimentaire ;
H9. Par le réenvol de poussières, un dépôt de particules de sol contaminé sur les parties
aériennes est également possible, néanmoins, dans le cadre du présent scénario, cette
voie d’exposition est considérée comme minoritaire ;
H10. Les dommages causés à la flore vasculaire sont susceptibles d’altérer la capacité
de refuge et de nidification de l’écosystème.
(iv) Plan d’analyses
Les hypothèses de risques sont analysées afin de déterminer comment elles vont pouvoir être
évaluées. Cette démarche implique une identification des mesures d’effets, d’exposition et des
caractéristiques de l’écosystème nécessaires à l’évaluation des critères d’effets. Cette analyse est
présentée dans le tableau XXXIV (page suivante).
Etude n°14-1023/1A 209
Tableau XXXIV : Plan d'analyse, scénario 1 - sédiments marins
Entités cibles Critères d’effet Mesures d’effets Mesures
d’exposition
Mesures des
caractéristiques de
l’écosystème
Flore
Croissance et
reproduction
Abondance / diversité
Etat phytosanitaire
Inventaires
écologiques
Indices de diversité
Bio-essai : élongation
racinaire, germination
Teneur en ETM et TBT
dans les sols et dans les
parties aériennes
Etude des
caractéristiques du sol et
de la capacité de
reproduction
(dissémination du pollen
et dispersion des
diaspores)
Invertébrés du
sol
Abondance / diversité
Etat de l’activité
biologique
Mortalité / croissance /
reproduction
Tests sur ver de terre23
Calcul de taux de
respiration de la
biomasse et/ activité
enzymatique
Teneur en ETM et TBT
dans les sols
Inventaires écologiques
Indicateurs écologiques
Caractéristiques du sol
Mammalofaune
et avifaune
nicheuses
Abondance / diversité
Mortalité / croissance /
reproduction
Structure et
fonctionnement des
peuplements
Analyse des
caractéristiques
morphologiques
Indices de diversité
Teneur en ETM dans
les sols et modélisation
de l’exposition via la
chaine alimentaire
Diversité / abondance de
la ressource
Caractéristique de
l’habitat
Etude des relations
trophiques
Mammalofaune
et avifaune
herbivores
Diversité / abondance
/survie
Structure et
fonctionnement des
peuplements
Analyses des
caractéristiques
morphologiques
Indices de diversité
Teneur en ETM et TBT
des végétaux
Mammalofaune
et avifaune
omnivores
Diversité / abondance /
survie
Indice d’abondance et
de survie
Données
bibliographiques
Teneur en ETM et TBT
dans pédofaune et
pédoflore
Mammalofaune
et avifaune
prédateurs
Abondance / diversité Indices d’abondance
et de diversité
Teneur en ETM et TBT
dans les proies par
modélisation du
transfert dans la chaine
alimentaire
b. Analyse de l’exposition des entités cibles et des effets
(i) Caractérisation de l’exposition
Les milieux d’exposition sont le sol, mais également le sol en profondeur (dépôt de
couches successives de sédiments).
23 Test reconnu et normé
Cependant sa représentativité est limitée et dans le cas de ce scénario il pourrait être complété. De
plus, le résultat des tests réalisés sur Eisenia fetida pourra être influencé de par la sensibilité de
l’espèce aux organostanniques (Silva et al., 2014) et à la salinité (Green et al., 2008)
Etude n°14-1023/1A 210
Les entités cibles sont susceptibles d’être exposées via le sol, la chaine alimentaire et
l’atmosphère par l’envol de poussières.
La variation spatio-temporelle de l’exposition doit être considérée lors du calcul de risque et doit
être exprimée pour chaque entité cible.
Pour les producteurs primaires (végétaux), l’exposition potentielle est continue au cours de l’année
pour les ETM et le TBT et l’absorption de ces contaminants est variable selon les espèces ; en
raison du lessivage, l’exposition au chlorure de sodium est décroissante. Pour les parties aériennes,
l’exposition des feuilles et/ou parties végétatives aux poussières de sol contaminé varie en fonction
des saisons et de la couverture végétale, l’érosion pouvant être plus importante au début de la
réalisation en raison du couvert végétal moins important (ce point constitue donc une source
potentielle d’incertitudes dans le calcul du risque, l’exposition foliaire ne pouvant être exclue).
Pour la flore et la faune du sol, l’exposition potentielle est également continue au cours de l’année
pour les ETM et le TBT ; en raison du lessivage, l’exposition au chlorure de sodium est
décroissante.
Pour les animaux nichant sur le site, l’intensité et la variation spatio-temporelle de l’exposition des
oiseaux et des mammifères sont à corréler à :
La sédentarité ;
L’activité saisonnière (hibernation, reproduction, nidification, …) ;
Le mode de vie (création de galeries et/ou de nids dans le sol, recherche de nourriture,
…) ;
L’aire de territoire ;
La densité du couvert végétal ;
Pour les consommateurs secondaires ou tertiaires : l’accumulation des agents de stress
dans la chaine alimentaire ;
Pour les animaux se nourrissant sur le site, l’intensité et la variation spatio-temporelle de
l’exposition sont à corréler avec l’hétérogénéité de la distribution de la contamination et avec la
diversité et/ou disponibilité de la ressource alimentaire (pouvant être variable selon les saisons).
(ii) Caractérisation des effets
Pour cette caractérisation, une analyse bibliographique des effets de chaque agent de stress sur les
entités cibles a été menée afin de lister les effets attendus en vue d’une analyse approfondie des
résultats. Ces éléments ont été utilisés et intégrés (i) pour définir les valeurs écotoxicologiques de
référence et (ii) pour l’interprétation des résultats et des indices de risque obtenus. Les valeurs
écotoxicologiques retenues dans le cadre de cette éRé sont présentées dans le tableau XXXV.
Etude n°14-1023/1A 211
Tableau XXXV : Valeurs écotoxicologiques de référence retenues dans le cas du scénario 1 - sédiments marins
Contaminant Valeur de référence
As Eco-SSL (invertébrés du sol) = ND*
Eco-SSL (végétaux) = 18 mg/kg ps
Cd Eco-SSL (invertébrés du sol) = 140 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 32 mg/kg ps
Cu Eco-SSL (invertébrés du sol) = 80 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 70 mg/kg ps
Hg total Eco-SSL (invertébrés du sol) = 0,1 mg/kg
Eco-SSL (végétaux) = 0,3 mg/kg ps
Ni Eco-SSL (invertébrés du sol) = 280 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 38 mg/kg ps
Pb Eco-SSL (invertébrés du sol) = 1700 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 120 mg/kg ps
Zn Eco-SSL (invertébrés du sol) = 120 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 160 mg/kg ps *ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Bioessais eau douce et système terrestre
Les bioessais ont pour but d’évaluer la dangerosité d’une ou plusieurs substances, d’évaluer la
qualité d’un milieu et de comprendre les mécanismes d’un polluant. Des bioessais peuvent
également être réalisés dans le cadre de cette éRé afin d’évaluer l’effet de la valorisation des
sédiments de manière complémentaire. L’utilisation d’espèces de niveaux trophiques différents
permet une meilleure compréhension et/ou mesure des effets des substances présentes dans la
matrice sédimentaire et de l’éco-modelé en tant que tel sur les écosystèmes du sol récepteur et
environnant.
La mise en évidence et/ou l’identification de problèmes pour l’écosystème environnant suite à des
phénomènes de ruissellement et/ou de lixiviation est possible par la réalisation de bioessais sur les
éluats des sédiments. Afin de considérer l’impact (i) des contaminants et (ii) de la salinité des
sédiments marins utilisés sur l’écosystème environnant, les bioessais pour le système aquatique
proposés sont ceux à réaliser sur des espèces d’eaux douces.
Pour les microorganismes, le test sur la bactérie marine Vibrio fischeri peut être utilisé pour évaluer
la toxicité aigüe d’un ou plusieurs contaminants selon la méthode normalisée ISO 11348-1 (2007).
Pour les invertébrés, différentes espèces peuvent être envisagées pour évaluer l’écotoxicité des
lixiviats des sédiments, (i) un test de mobilité (ISO 6341, 2012) pour évaluer la toxicité aigüe et un
test sur la reproduction (OECD, 2012) pour la toxicité chronique sur Daphnia magna, et (ii) un test
de survie à court terme (NF T90-339-1, 2010) couplés à des tests de croissance et d’émergence
pour évaluer la survie à long terme ainsi que le cycle de vie de larves de chironomes (Chironomus
riparius). Les amphipodes, et notamment Hyalella azteca, sont couramment utilisés dans le cadre de
bioessais. Cependant, en raison d’une grande tolérance à la salinité, cette espèce n’est pas à
privilégier pour l’évaluation de l’écotoxicité et de la salinité sur l’écosystème environnant dans le
cadre de ce scénario. Un test de bioaccumulation sur des oligochètes (Lumbriculus variegatus) peut
également être envisagé compte tenu du caractère bioaccumulable des contaminants considérés
dans ce cas théorique. Afin de déterminer la toxicité des lixiviats sur la flore, l’espèce
Pseudokirchneriella subcapitata est à utiliser selon le test standardisé ISO 8692 (2012).
Etude n°14-1023/1A 212
Babut & Perrodin (méthode CETMEF) recommande d’utiliser des bioessais pour le milieu terrestre
afin d’évaluer également les risques du dépôt pour l’écosystème du sol récepteur et sur l’écosystème
terrestre du dépôt. Ainsi, pour les microorganismes, la mesure de la respiration microbienne pourra
être mesurée selon la norme ISO 16072. Pour les invertébrés, deux types d’espèces peuvent être
étudiés, des vers de terre (Eisenia fetida) avec notamment un test de toxicité aigüe mesurant la
mortalité (ISO 11268-1) et un test de toxicité chronique mesurant la reproduction (ISO 11268-2) ;
et des collemboles (Folsomia candida) afin d’évaluer la fonction habitat du sol et les effets des
contaminants sur la reproduction (ISO 11267). Pour les végétaux, leur croissance peut être
influencée par différents facteurs (tels que le pH ou la présence des contaminants). L’émergence et
la réponse sur les premiers stades de croissance d’au moins deux espèces végétales peuvent être
utilisées pour évaluer la qualité d’un milieu et sa fonction d’habitat. Ce test de phytotoxicité est
également normalisé (NF EN ISO 11269).
c. Caractérisation du risque
L’éRé de ce scénario est prospective, elle permet d’évaluer la probabilité d’apparition d’effets
néfastes sur l’écosystème, et/ou sur certaines entités cibles identifiées. Des mesures de suivi et/ou
de gestion doivent être envisagées dans le cas de quotients de risque supérieurs à 1.
Pour ce cas théorique utilisant des sédiments marins, des concentrations en contaminants (ETM et
TBT) ont été choisies, et ce de manière arbitraire. Celles-ci sont égales à la médiane des
concentrations retenues dans le cadre de l’étude de Padox & Hennebert (2010b). Un quotient de
risque pour les éléments trace a été calculé pour certains groupes écologiques (invertébrés du sol et
végétaux) en utilisant les Eco-SSL fournies par l’US-EPA. En ce qui qui concerne l’avifaune et la
mammalofaune, l’indice de risque n’a pu être calculé dans le cadre de ce cas théorique (espèces non
déterminées et expositions non quantifiées, ces paramètres étant caractéristiques de l’écosystème
récepteur dans lequel s’inscrit la valorisation). Le tableau XXXVI présente les résultats obtenus.
Tableau XXXVI : Résultat pour la caractérisation du risque scénario 1 - sédiments marins
Valeur médiane
(mg/kg)
(1)
Eco-SSL
Invertébrés du sol
(mg/kg)
(2)
QR
Invertébrés
du sol
(1)/(2)
Eco-SSL
Flore (mg/kg)
(3)
QR
Flore
(1)/(3)
As 13 ND - 18 0,72
Cd 0,33 140 0,002 32 0,01
Cu 41,3 80 0,518 70 0,59
Hg 0,13 0,1 1,3 0,3 0,43
Ni 20 280 0,071 38 0,53
Pb 41 1700 0,024 120 0,34
Zn 150 120 1,25 160 0,94 *ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Il est à noter que le quotient de risque pour l’arsenic sur les invertébrés du sol n’a pas pu être calculé
en raison de l’insuffisance des données permettant d’aboutir à l’établissement d’une Eco-SSL. Pour
le chrome, les Eco-SSL de l’US-EPA font une distinction entre le chrome III et le chrome VI : les
valeurs arbitraires choisies dans le cadre de ce cas théorique ne permettent pas de calculer un
Etude n°14-1023/1A 213
quotient de risque, la concentration retenue considérant le chrome total sans distinction de l’état
d’oxydation.
Les concentrations en éléments traces mesurées sur les sédiments ont été supposées supérieures
aux valeurs du fond pédogéochimique du lieu de valorisation, l’arsenic, le cadmium, le cuivre, le
mercure, le nickel, le plomb et le zinc ont été retenus pour l’évaluation du risque pour les
écosystèmes. Dans le cadre de cette valorisation de sédiments marins en éco-modelé paysager,
l’évaluation met en évidence a priori un risque uniquement pour les invertébrés du sol en raison
d’indices de risque supérieurs à 1 pour le zinc et le mercure (1,25 et 1,3). Les autres éléments traces
considérés ne semblent pas engendrer de risque ni pour les invertébrés du sol ni pour la flore.
Cependant, le QRFlore calculé pour le zinc dans le cadre de cette caractérisation du risque a une
valeur proche de 1 (0,93).
Pour le TBT, un quotient de risque a également pu être calculé en utilisant comme valeur de
référence une PNECsol égale à 5,9 µg/kg et la valeur médiane disponible (0,115 mg/kg) dans l’étude
de Padox & Hennebert (2010b). La caractérisation du risque pour le TBT conduit à un QR bien
supérieur à 1, avec un résultat proche de 20 (QRTBT = 19,49).
Malgré le fait que cette étude présente une vue synthétique de la qualité des sédiments marins en
France, les concentrations en un même lieu peuvent être très variables au cours des années selon
les paramètres analysés et les lieux de prélèvement. Elles dépendent probablement de nombreux
facteurs environnementaux (activité du port et du bassin versant amont ; dragages ; effets de
marée ; météo ; granulométrie), chaque contaminant ayant sa propre évolution (Padox &
Hennebert, 2010b). D’après cette même étude, le cuivre et le TBT sont les contaminants
principalement responsables des dépassements de seuils pour les sédiments marins. Au regard de
la caractérisation du risque réalisée pour cette étude de cas, des cinq millions de m3 de sédiments
amenés à être gérés à terre et notamment des quotients de risque bien à supérieurs à 1 pour le TBT
et pour le zinc, une réflexion supplémentaire sur la valeur protectrice pour les écosystèmes
terrestres de ces valeurs seuil a semblé pertinente.
Ces valeurs médianes ont donc été comparées au seuil N1, seuil au-delà duquel des études
complémentaires sont nécessaires pour l’immersion (et études du milieu récepteur dans le cas d’un
dépassement supérieur à N2). La concentration médiane des sédiments issue de cette étude pour
le TBT est supérieure à celle du seuil N1 (TBT : 0,115 mg/kg pour N1 à 0,1 mg/kg), la
concentration médiane pour le cuivre étant sensiblement proche de N1, quoique légèrement
inférieure (41,3 mg/kg pour N1 à 45 mg/kg). Des calculs de risque ont donc été réalisés pour les
valeurs du seuil N1 de l’arrêté du 09/08/2006. Les résultats sont présentés dans le tableau XXXVII.
Etude n°14-1023/1A 214
Tableau XXXVII: Résultat pour la caractérisation du risque (2) scénario 1 - sédiments marins
N1 (mg/kg)
(1)
Eco-SSL
Invertébrés du sol
(mg/kg)
(2)
QR
Invertébrés
du sol
(1)/(2)
Eco-SSL
Flore (mg/kg)
(3)
QR
Flore
(1)/(3)
As 25 ND - 18 1,39
Cd 1,2 140 0,009 32 0,04
Cu 45 80 0,56 70 0,64
Hg 0,4 0,1 4 0,3 1,3
Ni 37 280 0,13 38 0,97
Pb 100 1700 0,06 120 0,8
Zn 276 120 2,3 160 1,7 *ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Ce nouveau calcul de risque met en évidence un risque pour les invertébrés du sol et la flore,
notamment en raison d’un indice de risque supérieur à 1 pour le mercure (4 et 1,3). La valeur de
N1 pour le zinc génère un risque pour les invertébrés du sol (2,3) et pour la flore (1,7). L’arsenic
génère également un risque pour la flore (QR = 1,39). Le cadmium, le cuivre, le nickel et le plomb
ne semblent pas générer de risque, ni pour les invertébrés du sol ni pour la flore ; cependant les
QRFlore calculés pour le nickel et le plomb ont des valeurs proches de 1 (0,97 et 0,8). Pour le TBT,
malgré une concentration N1 un peu moins importante que la valeur médiane, le quotient de risque
calculé est toujours bien supérieur à 1 (QRTBT = 100 (valeur du seuil N1) / 5,9 = 16,95).
Les quotients de risque supérieurs à 1 pour l’arsenic, le mercure, le zinc et le TBT sont suffisamment
élevés pour susciter un questionnement sur leur valeur protectrice pour des écosystèmes terrestres
lorsque des sédiments sont amenés à être gérés à terre en l’état, et notamment pour les substances
reconnues comme bioaccumulables et/ou bioamplifiables (mercure et TBT notamment).
d. Discussion sur les incertitudes
Les bryophytes et la fonge sont écartées dans ce cas de figure : les bryophytes sont des
espèces traduisant le plus souvent le caractère pionnier des écosystèmes. Leur
détermination et la connaissance de ce groupe biologique relèvent de compétences très
spécifiques. Il n’existe de surcroît aucune donnée permettant de quantifier un risque pour
ce groupe biologique. Par conséquent, ce groupe n’a pas été retenu dans le cadre de cette
étude de cas. De même, très peu d’informations existent à ce jour sur les effets des
contaminants sur les champignons, notamment les carpophores. De ce fait, ils n’ont pas
été retenus en tant qu’entité cible de l’éRé (pas de calcul de risque possible). En revanche,
la fonge est un très bon indicateur de la richesse écologique et du fonctionnement d’un
écosystème. Les données issues d’observations de terrain sur la fonge enrichissent le niveau
de compréhension des effets observés ou pressentis des contaminants sur l’écosystème.
Selon le délai écoulé entre la réalisation de l’éco-modelé et l’éRé, une évolution de la
composition et des effectifs des espèces présentes est à considérer et peut faire évoluer le
pool d’entités cibles. En effet, l’avifaune et la mammalofaune susceptibles de fréquenter,
d’utiliser ou de nicher au niveau de l’éco-modelé vont évoluer de façon concomitante avec
le développement de la strate végétale et la diversification des habitats potentiels.
Etude n°14-1023/1A 215
En ce qui concerne les incertitudes, elles sont de plusieurs natures. Toutes les entités cibles n’ont
pu être représentées sur le schéma conceptuel. De plus, le niveau de représentation des entités
cibles est variable. A titre d’illustration, la flore vasculaire constitue une entité cible à part entière
alors que pour l’avifaune, ce sont les espèces qui constituent les entités cibles de l’éRé. En termes
de calcul de risque, la représentation du résultat est en conséquence à pondérer en fonction de ce
niveau de représentativité. Par ailleurs, il existe des groupes biologiques pour lesquels le risque n’a
pu être calculé par manque de données/connaissances et/ou par l’accessibilité à la connaissance
(cas de groupes biologiques peu étudiés dont la connaissance/détermination relève nécessairement
de spécialistes, i.e. bryophytes). La fonge, malgré sa vulnérabilité aux contaminants, n’a pas été
retenue par manque de modèles mathématiques et de données permettant le calcul de risque. En
revanche, elle peut faire partie intégrante de l’évaluation en tant que denrée alimentaire à risque
pour les fongivores et omnivores. La caractérisation écologique de la fonge d’un milieu constitue
par ailleurs une aide précieuse à la compréhension de l’état et du fonctionnement de l’écosystème
et à l’interprétation de l’éRé.
L’inhalation et le contact dermique n’ont pas été considérés et seule la voie orale a été retenue
comme voie d’exposition. En ce qui concerne les végétaux, l’érosion plus importante au début de
la valorisation en raison d’un couvert végétal moindre pourra occasionner un biais dans l’exposition
des feuilles et/ou des parties végétatives aux poussières de sol contaminé. De manière générale,
l’exposition de la faune et de la flore peut être variable selon (i) les espèces considérées et (ii) les
contaminants effectivement présents au sein de la matrice sédimentaire.
Les VTR de l’US-EPA retenues ici présentent l’avantage d’être plus discriminantes en distinguant
notamment les espèces de l’avifaune et de la mammalofaune en fonction de leur régime alimentaire
(herbivores, omnivores, prédateurs, ...). De plus, les effets mis en évidence expriment des effets
globaux, sans distinction de la nature des effets.
Une autre source d’incertitudes dans le cas de cette éRé est l’utilisation des concentrations des
sédiments pour leur caractérisation en vue du dragage. En effet, de par les modifications
biologiques, biochimiques liées au dragage puis au traitement/stockage à l’air des sédiments en vue
de les rendre transportables et conformes aux normes géotechniques pour la réalisation de l’éco-
modelé paysager, le sédiment a été susceptible d’évoluer (contamination, oxydation, reprise d’une
activité microbienne aérobie, …). Des traitements ont également pu être envisagés dans le cas d’une
contamination, afin de réduire autant que possible voire éliminer les risques pour l’écosystème
terrestre lors d’une gestion à terre des sédiments. Toutefois, si ces traitements ne sont pas suffisants,
des mesures pourront être mises en place spécifiquement afin de suivre et/ou contrôler les impacts
de la valorisation des sédiments sur l’écosystème récepteur et/ou environnant, et notamment sur
les groupes écologiques identifiés au cours de l’éRé.
Les sédiments dans cette hypothèse ont été considérés comme un sol « naturel » avec un
comportement identique, au niveau de la pédogénèse mais également d’un point de vue réactivité
à des facteurs du type climat, végétation ou encore activité biologique. Le comportement des
contaminants à l’intérieur de la valorisation sera de facto influencé par ces facteurs. Cependant, les
avis sur l’assimilation d’un dépôt de sédiment à un sol sont encore partagés.
Etude n°14-1023/1A 216
De plus, les quotients de risque calculés dans le cadre de cette éRé ont été obtenus en utilisant des
concentrations totales en contaminants, celles-ci ne distinguant ni les différentes spéciations ni la
fraction biodisponible pouvant être présentes dans le milieu. Or, au sein de la matrice sédimentaire
gérés à terre (i) des phénomènes d’échange d’ions peuvent participer à l’augmentation des
concentrations en ETM dans la phase aqueuse (notamment pour le cadmium et le mercure), et (ii)
des complexes entre l’anion chlorure et les éléments traces peuvent se former rendant ces derniers
plus biodisponibles pour les organismes vivants.
La traçabilité des sédiments gérés à terre est fondamentale afin de réduire les incertitudes liées aux
changements potentiels de biodisponibilité des contaminants au sein de la matrice sédimentaire. Il
est important de bien connaitre la matrice sédimentaire utilisée, i.e. (i) les concentrations des
différentes substances présentes mais également (ii) les effets des pré-traitements et/ou traitements
effectués en amont de la réalisation afin d’anticiper les impacts pour l’écosystème terrestre.
En raison des nombreuses sources d’incertitudes, l’indice de risque calculé doit être considéré
comme une indication permettant de cibler les dangers et de hiérarchiser des entités cibles en
fonction de leur susceptibilité aux agents de stress (Hayet, 2010). Les valeurs seuils sont souvent
utilisées dans le contexte d’évaluation de sites contaminés, notamment pour les situations les plus
simples, ou en première étape (screening) (Hubaux & Perceval, 2011).
e. Conclusions de l’éRé - scénario 1
L’évaluation du risque pour les écosystèmes menée dans le cadre de ce premier cas théorique a
permis de mettre en évidence un risque pour les invertébrés du sol pour le mercure et le zinc (QRHg
= 1,3 ; QRZn = 1,25), même si aucun risque ne semble engendré pour la flore dans ce cas théorique,
il est à noter que le QRZn calculé pour la flore est proche de 1 (0,94). Le TBT constitue la substance
la plus susceptible d’engendrer des dommages à l’écosystème terrestre en raison d’un QR très
supérieur à 1 (19,49) calculé à partir d’une PNECsol. Or cette substance est responsable du plus
grand nombre de dépassement du seuil N1 dans le cas des sédiments maritimes, ce qui nous a
amené à comparer les valeurs médianes des sédiments maritimes aux valeurs du seuil N1, puis à
envisager une caractérisation du risque à partir de N1 afin d’évaluer la valeur protectrice de ces
valeurs pour l’écosystème terrestre. Pour cet autre calcul de risque, le mercure et le zinc engendrent
des risques pour les végétaux et les invertébrés du sol. Cela fait également émerger l’arsenic vis-à-
vis de la flore. Le TBT présente un indice de risque toutefois moins élevé (16,95) mais tout de
même largement supérieur à 1 et est le contaminant le plus susceptible d’engendrer des
perturbations au sein de l’écosystème. Le cadmium, le cuivre, le nickel et le plomb quant à eux ne
semblent pas générer de risque ni pour les invertébrés du sol ni pour la flore, cependant les QRNi
et QRPb pour la flore ont des valeurs proches de 1 (0,97 et 0,8).
Dans le cadre d’une gestion à terre des sédiments en éco-modelé paysager, les valeurs seuil de
l’arrêté du 09/08/2006 pour le cadmium, le cuivre, le nickel et le plomb semblent protectrices pour
les premiers maillons des écosystèmes terrestres au regard des quotients de risque inférieurs à 1
pour les invertébrés du sol et la flore. En revanche, pour l’arsenic, le mercure, le zinc et le TBT les
QR calculés sont supérieurs à 1, et largement supérieur à 1 dans le cas du TBT. L’éRé a mis en
évidence un risque pour ces groupes écologiques et notamment en ce qui concerne des
contaminants qui auraient tendance à se bioaccumuler (TBT, arsenic, mercure, zinc) mais
également à s’amplifier au sein des chaines alimentaires (TBT et mercure notamment). Des
Etude n°14-1023/1A 217
traitements physico-chimiques sont alors à envisager en amont de la réalisation, du type
complexation dans le cadre d’une contamination inorganique (introduction d’agents chimiques
ayant de fortes propriétés complexantes) ou du type lessivage (utilisation de l’action mécanique de
l’eau couplée à des agents d’extraction pour désolidariser les contaminants des particules) dans
l’hypothèse d’une contamination organique.
Les invertébrés du sol et la flore sont tous les deux en contact permanent avec les sédiments. La
flore, en tant que producteur primaire, est à la base des chaines alimentaires et les invertébrés du
sol constituent une ressource alimentaire pour de nombreux omnivores. Une surveillance des
consommateurs primaires, par la mise en place de suivis écologiques de terrain, doit donc être
encouragée.
En raison de leur rapidité et de leur relative facilité d’exécution, la réalisation de bioessais en
complément de l’éRé permet de mettre en évidence et/ou d’identifier des problèmes pour
l’écosystème environnant suite à des phénomènes de ruissellement et/ou de lixiviation. L’utilisation
d’espèces de niveaux trophiques différents permet une meilleure compréhension et/ou mesure des
effets des contaminants présents au sein de la matrice sédimentaire. De plus, les bioessais suggérés
dans ce cas théorique sont standardisés ce qui permet de comparer les résultats obtenus avec ceux
issus de la littérature.
2. Scénario 2
Les sédiments d’eau douce utilisés dans cette étude de cas sont issus de plusieurs activités de
dragage et sont valorisés en éco-modelé paysager implanté au sein d’un milieu prairial. Les
sédiments sont déposés en couches successives sur le lieu de réalisation, sur une géomembrane
dont la taille a été adaptée aux caractéristiques du dépôt. Les différentes voies de transfert retenues
sont (i) le ruissellement le long de l’éco-modelé pouvant entrainer une infiltration dans le sol, (ii) le
réenvol des sédiments n’est pas à exclure en raison des vents (les conditions météorologiques étant
à vérifier dans le cadre de l’étude d’impact).
a. Formulation du problème
La végétalisation a été réalisée de manière à maintenir (i) la cohérence écologique du milieu dans
lequel s’intègre la valorisation et (ii) la fonctionnalité du réseau trophique du site. Situé dans un
milieu prairial, l’éco-modelé pourra accueillir les espèces suivantes : Avoine élevé (Arrhenatherum
elatius), Fétuque élevée (Festuca eliator), Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), Fléole des prés (Phleum
pratense), Houque laineuse (Holcus lanatus), Pâturin des prés (Poa pratensis), Achillée millefeuille
(Achillea millefolium), Carotte sauvage (Daucus carota), Géranium des colombes (Geranium colombinum),
Knautie (Knautia arvensis) Marguerite (Leucanthemum vulgare), Oseille des prés (Rumex acetosa). Les
teneurs médianes des fractions granulométriques des sédiments fluviaux sont de 11,9 % d’argile,
52,3 % de limon, 29,5 % de sable, avec 3,4 % de carbone organique (Padox & Hennebert, 2010a).
Une plantation pluri-spécifique composée d’essences locales et plantées selon un maillage adapté
au bon développement des espèces permettrait le développement d’une faune et d’une flore
diversifiée, et favoriserait un écosystème diversifié (Hayet, 2010).
Etude n°14-1023/1A 218
(i) Caractérisation de l’environnement
Les entités écologiques à retenir dans le cadre de cette éRé ont été déterminées en fonction de la
susceptibilité aux agents de stress, de la pertinence écologique au sein de l’écosystème récepteur
(place dans la chaine alimentaire, abondance, valeur patrimoniale, fonction et/ou rôle dans
l’écosystème). L’importance de l’entité dans le maintien de l’écosystème a également été considérée.
Les groupes écologiques suivants ont donc été sélectionnés :
- La flore (herbacée, arbustive et arborée) est en contact direct et permanent avec le sol ; ce
sont les producteurs primaires et donc le premier maillon des chaines alimentaires ;
- Les invertébrés du sol est exposée de manière directe et permanente aux contaminants ;
soit absorption des contaminants causant des dommages, soit bioaccumulation via la chaine
alimentaire ; de plus, les invertébrés du sol constituent une ressource alimentaire pour de
nombreuses espèces omnivores ;
- Les microorganismes du sol sont exposés de manière directe et permanente aux
contaminants. Ces organismes participent à la minéralisation et à l’humification ;
- L’avifaune figure à la fois parmi les consommateurs primaires, secondaires et tertiaires de
la chaine alimentaire. Une distinction est également à considérer dans le cas d’espèces
nichant sur le site (selon la surface du territoire, consommation importante à exclusive de
ressources potentiellement contaminées). L’exposition aux contaminants diffère également
selon le régime alimentaire :
Herbivores, granivores, fongivores : consommateurs primaires, le niveau d’exposition
varie en fonction de l’âge des individus, de la période d’activité et de la disponibilité de
la ressource (diversification du régime alimentaire en fonction des saisons pour
s’adapter à la disponibilité) ;
Omnivores : consommateurs secondaires, le niveau d’exposition varie en fonction de
l’âge des individus, de la période d’activité et de la disponibilité de la ressource ;
Prédateurs : consommateurs de fin de chaine alimentaire (tertiaires) susceptibles
d’exprimer les effets d’une contamination bioaccumulée au fil de la chaine alimentaire ;
- La mammalofaune figure à la fois parmi les consommateurs primaires, secondaires et
tertiaires de la chaine alimentaire. Une distinction est à considérer dans le cas de
mammifères nichant sur le site (exposition quasi permanente aux contaminants.
L’exposition aux contaminants diffère également selon le régime alimentaire :
Herbivores et omnivores : utilisation du sol comme milieu de refuge et/ou de
reproduction (contact intermittent), se nourrissant de ressources potentiellement
contaminées ;
Prédateurs : utilisation du sol comme milieu de refuge et/ou de reproduction (contact
intermittent) ; consommateurs de fin de chaine alimentaire susceptibles d’exprimer les
effets d’une contamination bioaccumulée au fil de la chaine alimentaire ;
(ii) Caractérisation de la pollution
Synthèse du comportement des contaminants dans l’environnement et toxicité
Les sédiments utilisés dans ce scénario présentent des concentrations en ETM et en PCBi
équivalentes aux valeurs médianes issues de l’étude de Padox & Hennebert (2010a). Cette base de
données regroupe 12 850 échantillons couvrant une période de 28 ans et a été alimentée par des
Etude n°14-1023/1A 219
données venant des Voies Navigables de France, des Agences de l’Eau Adour Garonne, Artois
Picardie, Loire Bretagne, Rhin Meuse et Rhône Méditerranée Corse ainsi que du Service Public de
Wallonie (Belgique).
Une synthèse de la toxicité et du comportement dans l’environnement des contaminants présents
dans ce cas pratique est présentée dans le tableau XXXVIII.
Tableau XXXVIII : Synthèse toxicité et comportement dans l'environnement, scénario 2
Contaminant Comportement dans l’environnement Toxicité
PCBi
Persistance proportionnelle au degré de
chloration (congénères ortho-substitués plus
rémanents)
Tous bioaccumulables et biomagnifiables
Difficilement dégradés (dépend du degré de
chloration)
Adsorption sur les particules en suspension
(plus importante si degré de chloration élevé)
Revolatilisation possible dans atmosphère
inversement proportionnelle du degré
chloration
Vieillissement contribue à la baisse de
biodisponibilité
Perturbateur des fonctions reproductrices en
fin de chaine trophique
Très toxiques pour organismes aquatiques
Nombreux effets systémiques et
neurotoxiques
Eléments trace
(As, Cd, Cr, Pb, Zn24,
Hg, Sn, Cu2, Ni, …)
Mobilité et biodisponibilité dépend de leurs
spéciations et des conditions physico-
chimiques
Concentrés dans phase solide du sol
Généralement toxique à faibles
concentrations
La spéciation conditionne la toxicité
Les PCBs
La grande majorité des espèces végétales est incapable de prélever les PCB-DL dans le sol via leur
système racinaire et de les transloquer vers les parties aériennes (Kew et al., 1989), les plantes de la
famille des cucurbitacées constituant une exception (Laurent et al., 2012). En raison de leur haut
poids moléculaire, de leur faible solubilité et de leur grande capacité à s’adsorber sur la phase
particulaire, les PCBs sont difficiles à éliminer des sols. L’hydrophobicité et la lipophilie de ces
composés les rendent faiblement phytodisponibles (Passatore et al., 2014). Cependant sur des
végétaux, ils pourront entrainer une baisse de la production primaire.
Liu & Schnoor (2008) ont étudié la translocation de PCBs faiblement chlorés dans des végétaux
supérieurs (Populus deltoides x nigra) et ont démontré que la translocation était reliée à
l’hydrophobicité des congénères, le facteur de concentration racinaire ayant été corrélé au log Kow.
Au plus le log Kow est élevé, au plus les congénères restent fortement liés aux tissus racinaires. Les
composés mono- ou di-chlorés sont transloqués depuis les racines vers les tiges, les feuilles
accumulant moins les PCBs en condition d’exposition hydroponique.
24 Oligo-éléments ayant une fonction biologique chez l’Homme dans des quantités minimes
Etude n°14-1023/1A 220
Les PCBs sont très toxiques notamment pour les mammifères aquatiques et les oiseaux,
notamment dans le cas d’une exposition chronique. Chez les oiseaux des effets du type non
éclosion des œufs et/ou amincissement de la coquille pourront être observés, comme des
altérations du développement chez les têtards pour les amphibiens.
Les éléments trace
Le comportement des éléments trace dans le sol dépend de paramètres physico-chimiques (texture,
pH, teneurs en matières organiques) ou biologiques (plantes et microorganismes) ; le pH, la teneur
en matière organique et la CEC sont connus pour affecter la solubilité et la phytodisponibilité
(Hayet, 2010). Chez les amphibiens, la présence d’éléments trace et notamment de cadmium et de
sélénium entrainera des phénomènes d’hypoxie et de tératogénèse.
Echantillonnage
Comme dans le premier cas de valorisation de sédiments en éco-modelé paysager, un
échantillonnage systématique permet de connaitre précisément la répartition spatiale des polluants,
de calculer la moyenne et les percentiles de la concentration, et de rechercher des points chauds.
L’inconvénient de cet échantillonnage est de possiblement conduire à des erreurs de par le choix
d’une grille inadaptée, pouvant coïncider avec les points chauds du site (Pascal et al., 2008).
Chaque sondage fait l’objet d’un prélèvement selon trois différentes profondeurs, définies selon les
critères spécifiques du site d’étude. Dans cette étude de cas, l’éco-modelé paysager a été réalisé par
dépôt de couches successives : une contamination peut donc être répartie sur toute la hauteur. Le
résultat des analyses des éléments trace a été comparé aux concentrations du fond
pédogéochimique local, afin de déterminer les éléments présentant une concentration supérieure à
celui-ci, et qui sont ceux à considérer dans l’évaluation du risque pour les écosystèmes.
Etude n°14-1023/1A 221
(iii) Schéma conceptuel et hypothèses de risque
Figure 54 : Schéma conceptuel scénario 2
Ces hypothèses décrivent les relations prédites entre les agents de stress et les critères d’effets de
l’évaluation.
H1. Le sol de l’éco-modelé paysager est contaminé par des ETM et des PCBs à des teneurs
équivalentes à la valeur médiane de l’étude de Padox & Hennebert sur les sédiments d’eau
douce (2010a). Ces contaminants sont susceptibles de migrer dans l’environnement via la chaine
alimentaire, les eaux de ruissellement et de percolation et l’atmosphère par le réenvol de
poussières ou la revolatilisation ;
H2. Les organismes en contact direct avec le sol (tels que la flore, la macrofaune du sol ou les
organismes nichant dans le sol) sont exposés de manière directe et à long terme aux ETM et
aux PCBs. Ils sont susceptibles d’exprimer des effets néfastes liés à cette exposition ;
H3. Les métaux et les PCBs sont susceptibles de perturber la pédofaune et la pédoflore, avec
comme conséquence une perturbation de l’activité biologique du sol, pouvant s’exprimer par
un ralentissement de la décomposition de la litière ;
H4. Les ETM et les PCBs en raison de leur action toxique, peuvent entrainer une altération de
la germination et un ralentissement de la croissance des végétaux, ce qui entrainera une
diminution de la ressource alimentaire des herbivores ;
H5. Les ETM peuvent être absorbés par les végétaux puis transloqués des parties racinaires
vers les parties aériennes. Cette absorption est variable selon l’espèce, l’élément trace et les
caractéristiques du sol ;
H6. Un dépôt de particules de sol contaminé sur les parties aériennes est également possible. Il
existe donc un risque pour l’ensemble des consommateurs en raison de la bioaccumulation des
ETM et de leur transfert dans la chaine alimentaire, les effets pour les grands prédateurs
(mammalofaune et/ou avifaune) peuvent être importants ;
H7. Le transfert des contaminants via la chaine alimentaire est susceptible d’entrainer des effets
néfastes pour l’ensemble des consommateurs, notamment les grands prédateurs (mammifères
Scénario 2
Etude n°14-1023/1A 222
et oiseaux) en raison de la bioaccumulation et de la bioamplification des ETM et des PCBs dans
la chaine alimentaire ;
H8. Les dommages causés à la flore vasculaire sont susceptibles d’altérer la capacité de refuge
et de nidification de l’écosystème.
(iv) Plan d’analyses
Les hypothèses de risques sont analysées afin de déterminer comment elles vont pouvoir être
évaluées. Cette démarche implique une identification des mesures d’effets, d’exposition et des
caractéristiques de l’écosystème nécessaires à l’évaluation des critères d’effets. Cette analyse est
présentée dans le tableau XXXIX.
Tableau XXXIX : Plan d'analyses, scénario 2
Entités cibles Critères d’effet Mesures d’effets Mesures
d’exposition
Mesures des
caractéristiques de
l’écosystème
Flore
Croissance et
reproduction
Abondance / diversité
Etat phytosanitaire
Indices de diversité
Bio-essai élongation
racinaire, germination
Teneur en ETM dans
les sols et dans les
parties aériennes
Teneur en PCB dans les
sols
Etude des caractéristiques
du sol et de la capacité de
reproduction
(dissémination du pollen
et dispersion des
diaspores)
Faune / Flore
du sol
Abondance / diversité
Etat de l’activité
biologique
Mortalité / croissance /
reproduction
Tests sur ver de terre
Calcul de taux de
respiration de la
biomasse et/ activité
enzymatique
Teneur en ETM et PCB
dans les sols Caractéristiques du sol
Mammalofaune
et avifaune
nicheuses
Abondance / diversité
Mortalité / croissance /
reproduction
Structure et
fonctionnement des
peuplements
Analyse des
caractéristiques
morphologiques
Indices de diversité
Teneur en ETM et PCB
dans les sols et
modélisation de
l’exposition via la chaine
alimentaire
Diversité / abondance de
la ressource
Caractéristique de l’habitat
Etude des relations
trophiques
Mammalofaune
et avifaune
herbivores
Diversité / abondance
/survie
Structure et
fonctionnement des
peuplements
Analyses des
caractéristiques
morphologiques
Indices de diversité
Teneur en ETM des
végétaux
Mammalofaune
et avifaune
omnivores
Diversité / abondance /
survie
Indice d’abondance et
de survie
Données
bibliographiques
Teneur en ETM et PCB
dans pédofaune et
pédoflore
Mammalofaune
et avifaune
prédateurs
Abondance / diversité Indices d’abondance
et de diversité
Teneur en ETM et PCB
dans les proies par
modélisation du
transfert dans la chaine
alimentaire
Etude n°14-1023/1A 223
b. Analyse de l’exposition des entités cibles et des effets
(i) Caractérisation de l’exposition
Les milieux d’exposition sont le sol, mais également le sol en profondeur (dépôt de
couches successives de sédiments).
Les entités cibles sont susceptibles d’être exposées via le sol, la chaine alimentaire et
l’atmosphère par l’envol de poussières ou la revolatilisation.
La variation spatio-temporelle de l’exposition doit être considérée lors du calcul de risque et doit
être exprimée pour chaque entité cible.
Pour les producteurs primaires (végétaux), l’exposition potentielle est continue au cours de l’année
pour les ETM, exposition décroissante pour le chlorure de sodium en raison du lessivage.
L’absorption des ETM par les racines est variable selon les espèces. Pour les parties aériennes,
l’exposition des feuilles et/ou parties végétatives aux poussières de sol contaminé varie en fonction
des saisons et de la couverture végétale, l’érosion pouvant être plus importante au début de la
réalisation en raison du couvert végétal moins important (ce point constitue donc une source
potentielle d’incertitudes dans le calcul du risque, l’exposition foliaire ne pouvant être exclue).
Pour la flore et la faune du sol, l’exposition potentielle est continue au cours de l’année pour les
ETM et les PCBs, celle-ci pouvant être variable selon les espèces considérées.
Pour les animaux nichant sur le site, l’intensité et la variation spatio-temporelle de l’exposition des
oiseaux et des mammifères sont à corréler à :
La sédentarité ;
L’activité saisonnière (hibernation, reproduction, nidification, …) ;
Leur mode de vie (création de galeries et/ou de nids dans le sol, recherche de
nourriture, …) ;
L’aire de territoire ;
La densité du couvert végétal ;
Pour les consommateurs secondaires ou tertiaires, l’accumulation des agents de stress
dans la chaine alimentaire.
Pour les animaux se nourrissant sur le site, l’intensité et la variation spatio-temporelle de
l’exposition des espèces nichant sur le site est à corréler avec l’hétérogénéité spatiale de la
distribution de la contamination et à la diversité et/ou disponibilité de la ressource alimentaire
(variable selon les saisons).
(ii) Caractérisation des effets
Pour cette caractérisation, une analyse bibliographique des effets de chaque agent de stress sur les
entités cibles a été menée afin de lister les effets attendus en vue d’une analyse approfondie des
résultats. Ces éléments sont utilisés et intégrés (i) pour définir les valeurs toxicologiques de
référence et (ii) pour l’interprétation des résultats et des indices de risque obtenus. Les valeurs
écotoxicologiques retenues dans le cadre de cas théorique sont présentées dans le tableau XL.
Etude n°14-1023/1A 224
Tableau XL : Synthèse des valeurs toxicologiques retenues pour le scénario 2
Contaminant Valeur toxicologique
As Eco-SSL (invertébrés du sol) = ND*
Eco-SSL (végétaux) = 18 mg/kg ps
Cd Eco-SSL (invertébrés du sol) = 140 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 32 mg/kg ps
Cu Eco-SSL (invertébrés du sol) = 80 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 70 mg/kg ps
Hg total Eco-SSL (invertébrés du sol) = 0,1 mg/kg
Eco-SSL (végétaux) = 0,3 mg/kg ps
Ni Eco-SSL (invertébrés du sol) = 280 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 38 mg/kg ps
Pb Eco-SSL (invertébrés du sol) = 1700 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 120 mg/kg ps
Zn Eco-SSL (invertébrés du sol) = 120 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 160 mg/kg ps
∑ PCBi Eco-SSL (invertébrés du sol) = 0,33 mg/kg ps
Eco-SSL (végétaux) = 40 mg/kg ps *ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Bioessais eau douce et système terrestre
Les bioessais ont pour but d’évaluer la dangerosité d’une ou plusieurs substances, d’évaluer la
qualité d’un milieu et de comprendre les mécanismes d’un polluant. Des bioessais peuvent
également être réalisés dans le cadre de cette éRé afin d’évaluer l’effet de la valorisation des
sédiments de manière complémentaire. L’utilisation d’espèces de niveaux trophiques différents
permet une meilleure compréhension et/ou mesure des effets des substances présentes dans la
matrice sédimentaire et de l’éco-modelé en tant que tel sur les écosystèmes du sol récepteur et
environnant.
La mise en évidence et/ou l’identification de problèmes pour l’écosystème environnant suite à des
phénomènes de ruissellement et/ou de lixiviation est possible par la réalisation de bioessais sur les
éluats des sédiments.
Pour les microorganismes, le test sur la bactérie marine Vibrio fischeri peut être utilisé pour évaluer
la toxicité aigüe d’un ou plusieurs contaminants selon la méthode normalisée ISO 11348-1 (2007).
Pour les invertébrés, différentes espèces peuvent être envisagées pour évaluer l’écotoxicité des
lixiviats des sédiments, (i) un test de mobilité (ISO 6341, 2012) pour évaluer la toxicité aigüe et un
test sur la reproduction (OECD, 2012) pour la toxicité chronique sur Daphnia magna, et (ii) un test
de survie à court terme (NF T90-339-1, 2010) couplé à des tests de croissance et d’émergence pour
évaluer la survie à long terme ainsi que le cycle de vie de larves de chironomes (Chironomus riparius).
Un test de bioaccumulation sur des oligochètes (Lumbriculus variegatus) peut également être envisagé
compte tenu du caractère bioaccumulable des contaminants considérés dans ce cas théorique. Afin
de déterminer la toxicité des lixiviats sur la flore, l’espèce Pseudokirchneriella subcapitata est à utiliser
selon le test standardisé ISO 8692 (2012).
Babut & Perrodin (méthode CETMEF) recommande d’utiliser des bioessais pour le milieu terrestre
afin d’évaluer également les risques du dépôt pour l’écosystème du sol récepteur et sur l’écosystème
Etude n°14-1023/1A 225
terrestre du dépôt. Les bioessais à effectuer sur l’écosystème terrestre dans le cadre de ce cas
théorique sont les mêmes que pour la valorisation de sédiments marins en éco-modelé paysager.
Pour les microorganismes, la mesure de la respiration microbienne est à effectuer selon la norme
ISO 16072. Pour les invertébrés, deux types d’espèces peuvent être étudiées, (i) des vers de terre
(Eisenia fetida) avec notamment un test de toxicité aigüe mesurant la mortalité (ISO 11268-1) et un
test de toxicité chronique mesurant la reproduction (ISO 11268-2) ; et (ii) des collemboles (Folsomia
candida) afin d’évaluer la fonction habitat du sol et les effets des contaminants sur la reproduction
(ISO 11267). Pour les végétaux, leur croissance peut être influencée par différents facteurs (tels que
le pH ou la présence des contaminants). L’émergence et la réponse sur les premiers stades de
croissance d’au moins deux espèces végétales peuvent être utilisées pour évaluer la qualité d’un
milieu et sa fonction d’habitat. Ce test de phytotoxicité est également normalisé (NF EN ISO
11269).
(iii) Discussion sur les incertitudes
En ce qui concerne les incertitudes, elles sont de plusieurs natures. Toutes les entités cibles n’ont
pas pu être représentées sur le schéma conceptuel. De plus, le niveau de représentation des entités
cibles est variable. A titre d’illustration, la flore vasculaire constitue une entité cible à part entière
alors que pour l’avifaune, ce sont les espèces qui constituent les entités cibles de l’éRé. En termes
de calcul de risque, la représentation du résultat est en conséquence à pondérer en fonction de ce
niveau de représentativité. Par ailleurs, il existe des groupes biologiques pour lesquels le risque n’a
pas pu être calculé par manque de données/connaissances et/ou par l’accessibilité à la connaissance
(cas de groupes biologiques peu étudiés dont la connaissance/détermination relève nécessairement
de spécialistes, i.e. bryophytes). La fonge, malgré sa vulnérabilité aux contaminants, n’a pas été
retenue par manque de modèles mathématiques et de données permettant le calcul de risque. En
revanche, ils peuvent faire partie intégrante de l’évaluation en tant que denrées alimentaires à risque
pour les fongivores et omnivores. La caractérisation écologique de la fonge d’un milieu constitue
par ailleurs une aide précieuse à la compréhension de l’état et du fonctionnement de l’écosystème
et à l’interprétation de l’éRé.
L’inhalation et le contact dermique n’ont pas été considérés et seule la voie orale a été retenue
comme voie d’exposition. En ce qui concerne les végétaux, l’érosion plus importante au début de
la valorisation en raison d’un couvert végétal moindre pourra occasionner un biais dans l’exposition
des feuilles et/ou des parties végétatives aux poussières de sol contaminé. De manière générale,
l’exposition de la faune et de la flore peut être variable selon (i) les espèces considérées et (ii) les
contaminants effectivement présents au sein de la matrice sédimentaire.
Les VTR de l’US-EPA retenues ici présentent l’avantage d’être plus discriminantes en distinguant
notamment les espèces de l’avifaune et de la mammalofaune en fonction de leur régime alimentaire
(herbivores, omnivores, prédateurs, ...) de distinguer les espèces selon leur régime alimentaire. De
plus, les effets mis en évidence expriment des effets globaux, sans distinction de la nature des effets.
Une autre source d’incertitudes dans le cas de cette éRé est l’utilisation des concentrations des
sédiments pour leur caractérisation en vue du dragage. En effet, de par les modifications
biologiques, biochimiques liées au dragage puis au traitement/stockage à l’air des sédiments en vue
de les rendre transportables et conformes aux normes géotechniques pour la réalisation de l’éco-
modelé paysager, le sédiment a été susceptible d’évoluer (contamination, oxydation, reprise d’une
Etude n°14-1023/1A 226
activité microbienne aérobie, …). Des traitements ont également pu être envisagés dans le cas d’une
contamination, afin de réduire autant que possible voire éliminer les risques pour l’écosystème
terrestre lors d’une gestion à terre des sédiments. Toutefois, si ces traitements ne sont pas suffisants,
des mesures pourront être envisagées afin de suivre et/ou contrôler les impacts de la valorisation
des sédiments sur l’écosystème récepteur et/ou environnant, et notamment sur les groupes
écologiques identifiés au cours de l’éRé.
De plus, les quotients de risque calculés dans le cadre de cette éRé ont été obtenus en utilisant des
concentrations totales en contaminants, celles-ci ne distinguant ni les différentes spéciations ni la
fraction biodisponible pouvant être présente dans le milieu. Or, au sein de la matrice sédimentaire
gérée à terre des phénomènes d’échange d’ions peuvent participer à l’augmentation des
concentrations en ETM dans la phase aqueuse (notamment pour le cadmium et le mercure).
La traçabilité des sédiments gérés à terre est fondamentale afin de réduire les incertitudes liées aux
changements potentiels de biodisponibilité des contaminants au sein de la matrice sédimentaire. Il
est important de bien connaitre la matrice sédimentaire utilisée, i.e. (i) les concentrations des
différentes substances présentes mais également (ii) les effets des pré-traitements et/ou traitements
effectués en amont de la réalisation afin d’anticiper les impacts pour l’écosystème terrestre.
En raison des nombreuses sources d’incertitudes, l’indice de risque calculé doit être considéré
comme une indication permettant de cibler les dangers et de hiérarchiser des entités cibles en
fonction de leur susceptibilité aux agents de stress (Hayet, 2010). Les valeurs seuils sont souvent
utilisées dans le contexte d’évaluation de sites contaminés, notamment pour les situations les plus
simples, ou en première étape (screening) (Hubaux & Perceval, 2011).
c. Caractérisation du risque
L’éRé de ce scénario est prospective, elle permet d’évaluer la probabilité d’apparition d’effets
néfastes sur l’écosystème, et/ou sur certaines entités cibles identifiées. Des mesures de suivi et/ou
de gestion doivent être envisagées dans le cas de quotients de risque supérieurs à 1.
Pour ce cas théorique utilisant des sédiments d’eau douce, des concentrations en contaminants
(ETM et PCBi) ont été choisies, et ce de manière arbitraire. Celles-ci sont issues de l’étude de
Padox & Hennebert (2010a) et correspondent aux valeurs médianes des contaminants présents
dans les sédiments fluviaux (valeur sur brut et non sur lixiviat). Un quotient de risque pour les
éléments trace a été calculé pour certains groupes écologiques (invertébrés du sol et végétaux) en
utilisant les Eco-SSL fournies par l’US-EPA. En ce qui concerne l’avifaune et la mammalofaune,
l’indice de risque ne peut être calculé dans le cas de scénario théorique (espèces non déterminées
et expositions non quantifiées, ces paramètres étant caractéristiques de l’écosystème récepteur dans
lequel s’inscrit la valorisation). Le tableau XLI présente les résultats obtenus.
Etude n°14-1023/1A 227
Tableau XLI : Résultat de la caractérisation du risque, scénario 2
Valeur médiane
(mg/kg)
(1)
Eco-SSL
Invertébrés du sol
(mg/kg)
(2)
QR
Invertébrés
du sol
(1)/(2)
Eco-SSL
Flore (mg/kg)
(3)
QR
Flore
(1)/(3)
As 7,27 ND - 18 0,4
Cd 0,65 140 0,005 32 0,02
Cu 21,7 80 0,27 70 0,31
Hg 0,13 0,1 1,3 0,3 0,43
Ni 19 280 0,07 38 0,5
Pb 32,6 1700 0,019 120 0,27
Zn 130 120 1,08 160 0,81
PCBT 0,057 0,33 0,17 40 0,001 *ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Comme dans le cas de sédiments marins, le quotient de risque pour l’arsenic sur les invertébrés du
sol n’a pas pu être calculé en raison de l’insuffisance des données permettant d’aboutir à
l’établissement d’une Eco-SSL. Pour le chrome, les Eco-SSL de l’US-EPA font une distinction
entre le chrome III et le chrome VI : les valeurs arbitraires choisies dans le cadre de ce cas théorique
ne permettent pas de calculer un quotient de risque, la concentration retenue considérant le chrome
total sans distinction de l’état d’oxydation.
Les concentrations en éléments traces mesurées sur les sédiments ont été supposées supérieures
aux valeurs du fond pédogéochimique du lieu de valorisation, l’arsenic, le cadmium, le cuivre, le
mercure, le nickel, le plomb et le zinc ont été retenus pour l’évaluation du risque pour les
écosystèmes. Dans le cadre de cette valorisation de sédiments d’eau douce en éco-modelé paysager,
l’évaluation met en évidence un risque a priori uniquement pour les invertébrés du sol, notamment
en raison d’un indice de risque supérieur à 1 pour le mercure et le zinc (1,3 et 1,08), les autres
éléments traces considérés pour les calculs ne semblant pas engendrer de risque pour ce groupe
écologique. Les valeurs retenues pour cette étude de cas ne paraissent également pas présenter de
risque pour la flore, cependant le QRFlore calculé pour le zinc a une valeur proche de 1 (0,81).
Les concentrations choisies dans le cadre du calcul de risque correspondent aux valeurs médianes
de données d’analyses chimiques conventionnelles disponibles pour les sédiments fluviaux. Aucun
paramètre ne présente une distribution symétrique, et des disparités géographiques ont été
constatées, (i) les données du service public de Wallonie et de la direction VNF Nord-Pas de Calais
présentent les plus forts dépassements en cadmium, plomb et zinc, (ii) l’ensemble des échantillons
issus de la direction de Strasbourg de VNF dépassait le seuil S1 pour le mercure sans explication
connue des auteurs (Padox & Hennebert, 2010a). Globalement, pour les seuls échantillons français,
le taux d’échantillon supérieur au seuil pour au moins un paramètre est de 36 %, les taux de
dépassement du seuil S1 étaient de 11,7 %, dépassements probablement dûs au cadmium, au plomb
et au zinc, et moins fréquemment pour l’arsenic, le chrome, le cuivre, le mercure et le nickel (Padox
& Hennebert, 2010a).
Au regard (i) des résultats de l’éRé et des quotients de risque pour les invertébrés du sol supérieurs
à 1 dans le cas du mercure et du zinc (la valeur utilisée dans ce premier calcul est pourtant bien
Etude n°14-1023/1A 228
inférieure à S1), et (ii) le fait que le zinc est un des éléments trace occasionnant des dépassements
de seuil, une réflexion supplémentaire sur la protection de ces valeurs guide pour les écosystèmes
terrestres a semblé pertinente, ces dépassements de seuil faisant envisager une gestion à terre des
sédiments. Des quotients de risque ont donc été calculés à partir du seuil S1 de l’arrêté du
09/08/2006. Ces résultats sont présentés dans le tableau XLII.
Tableau XLII : Résultat de la caractérisation du risque (2), scénario 2
S1 (mg/kg)
(1)
Eco-SSL
Invertébrés du sol
(mg/kg)
(2)
QR
Invertébrés
du sol
(1)/(2)
Eco-SSL
Flore (mg/kg)
(3)
QR
Flore
(1)/(3)
As 30 ND - 18 1,67
Cd 2 140 0,01 32 0,06
Cu 150 80 1,25 70 1,43
Hg 1 0,1 10 0,3 3,33
Ni 50 280 0,18 38 1,32
Pb 100 1700 0,06 120 0,83
Zn 300 120 2,5 160 1,88
PCBT 0,68 0,33 2,06 40 0,017 *ND = Non Disponible (données insuffisantes)
Ce nouveau calcul de risque met en évidence un risque pour les invertébrés du sol et la flore,
notamment en raison d’un indice de risque supérieur à 1 pour le cuivre (1,25 et 1,43), le mercure
(10 et 3,33) et le zinc (2,5 et 1,88). L’arsenic et le nickel génèrent également un risque pour la flore
avec des indices de risque de respectivement 1,67 et 1,32 et les PCBT ne semblent a priori engendrer
un risque que pour les invertébrés du sol (2,06). Le cadmium et le plomb ne semblent pas générer
de risque, ni pour les invertébrés du sol ni pour la flore ; cependant le QRFlore calculé pour le plomb
a une valeur proche de 1 (0,83).
Ces nouveaux quotients de risque calculés à partir du seuil S1 sont suffisamment élevés pour
susciter un questionnement sur la valeur protectrice de cette concentration sur les écosystèmes
terrestres lorsque les sédiments sont amenés à être gérés à terre, et notamment en ce qui concerne
des substances reconnues comme bioaccumulables et/ou bioamplifiables (mercure et PCBs
notamment).
Pour les trois éléments traces (cadmium, plomb et zinc) occasionnant le plus fréquemment des
dépassements de seuils pour les sédiments fluviaux, seul le zinc présente des quotients de risque
supérieurs à 1 pour les invertébrés du sol et la flore. En dépit du fait que le zinc est un
micronutriment essentiel aux végétaux (formation de la chlorophylle et de certains glucides ;
conversion d’amidon en sucre), une toxicité pourra apparaitre à partir d’une certaine concentration,
tout comme des effets toxiques ont été mis en évidence sur Eisenia fetida. Les concentrations du
seuil S1 pour le cadmium et le plomb ne semblent pas engendrer de risque pour les écosystèmes
terrestres en raison d’un quotient de risque inférieur à 1.
Pour les autres contaminants utilisés dans le cadre de cas théorique et des hypothèses majorantes
retenues, et occasionnant moins fréquemment des dépassements du seuil S1, certaines valeurs ne
Etude n°14-1023/1A 229
semblent pas protectrices pour les invertébrés du sol et/ou la flore (notamment pour le mercure,
le cuivre, l’arsenic, le nickel et les PCBs) au regard des quotients de risque supérieur à 1.
d. Conclusion de l’éRé - scénario 2
L’évaluation des risques pour les écosystèmes menée dans le cadre de ce cas théorique a permis de
mettre en évidence un risque pour les invertébrés du sol pour le mercure et le zinc également (QRHg
= 1,3 ; QRZn = 1,08), même si aucun risque ne semble engendré pour la flore dans ce cas également,
il est à noter que le QRZn calculé pour la flore est proche de 1 (0,81). Les autres éléments trace et
les PCBs ne semblent pas engendrer de risque pour ces deux groupes écologiques.
Les substances les plus responsables des dépassements de seuil dans le cas de sédiments d’eau
douce sont le cadmium, le plomb et le zinc (Padox & Hennebert, 2010a). Ces dépassements de
seuil feront envisager une gestion à terre, c’est pourquoi une réflexion sur la valeur protectrice du
seuil S1 de l’arrêté du 09/08/2006 pour l’écosystème terrestre a été menée. De nouveaux quotients
de risque ont donc été calculés pour les invertébrés du sol et la flore. Les valeurs pour le cadmium
et le plomb semblent également protectrices pour ces premiers maillons des écosystèmes terrestres
au regard des quotients de risque inférieurs à 1. En revanche, cette nouvelle caractérisation a fait
émerger de nouveaux contaminants susceptibles d’engendrer un risque pour les écosystèmes
terrestres, comme le cuivre, le nickel, l’arsenic et les PCBs vis-à-vis des invertébrés du sol et/ou de
la flore. Il est à noter que le QRHg pour les invertébrés du sol est ici bien supérieur à 1 pour les
invertébrés du sol et la flore (10 et 3,33). Certains des contaminants mis en évidence au cours de
cette caractérisation sont connus pour leur capacité à se bioaccumuler (PCBs, arsenic, mercure,
zinc) mais également à s’amplifier au sein des chaines alimentaires (PCBs et mercure notamment).
Des traitements physico-chimiques sont à envisager en amont dans le cas de contamination
présentant des quotients de risque supérieurs à 1, et notamment du type complexation pour des
contaminations inorganiques et/ou du type lessivage pour des contaminants organiques.
Les invertébrés du sol et la flore sont tous les deux en contact permanent avec les sédiments. La
flore, en tant que producteur primaire, est à la base des chaines alimentaires et les invertébrés du
sol constituent une ressource alimentaire pour de nombreux omnivores. L’éRé a mis en évidence
un risque pour ces groupes écologiques et notamment en ce qui concerne des contaminants qui
auraient tendance à se bioaccumuler (PCBs, arsenic, mercure, zinc) mais également à s’amplifier au
sein des chaines alimentaires (PCBs et mercure notamment). Une surveillance des consommateurs
primaires, par la mise en place de suivis écologiques de terrain, doit donc être encouragée.
En raison de leur rapidité et la relative facilité d’exécution, la réalisation de bioessais en complément
de l’éRé permet de mettre en évidence et/ou d’identifier des problèmes pour l’écosystème
environnant suite à des phénomènes de ruissellement et/ou de lixiviation. L’utilisation d’espèces
de niveaux trophiques différents permet une meilleure compréhension et/ou mesure des effets des
contaminants présents au sein de la matrice sédimentaire. De plus, les bioessais suggérés dans ce
cas théorique sont standardisés ce qui permet de comparer les résultats obtenus avec ceux issus de
la littérature.
Etude n°14-1023/1A 230
3. Scénario 3 : Régalage sur berges25 de sédiments fluviaux
Pour notre étude de cas théorique, nous avons considéré les résultats de l’étude menée par Padox
et Hennebert (2010a) et avons retenu les teneurs moyennes en ETM, PCB totaux et HAP totaux
que nous avons comparé aux seuils S1 (tableau XLIII).
Tableau XLIII : Teneurs moyennes ETM, HAP et PCB des sédiments – scénario 3
Contaminants Concentrations (Ci-moyenne) -
mg/kg S1 (mg/kg)
Arsenic 12,4 30
Cadmium 10,2 2
Chrome 52,1 -
Cuivre 48,5 150
Mercure 1,22 1
Nickel 26,8 50
Plomb 122 100
Zinc 446 300
Concentrations (Ci-moyenne) - µg/kg Concentrations (Ci-moyenne) - µg/kg
HAP totaux / /
PCB totaux 0,20 0,68
Comme l’illustre le tableau XLIII, des dépassements de seuils sont constatés pour le cadmium, le
mercure, le plomb et le zinc. Ces résultats justifient une gestion à terre des sédiments, conforme au
projet de valorisation envisagée. Néanmoins, il convient de s’assurer que le projet de régalage sur
berges n’occasionne pas d’effets néfastes pour l’écosystème récepteur. En conséquence, une
évaluation des risques selon l’approche méthodologique proposée par Perrodin et al. (2006) est
réalisée et fait l’objet de la suite de notre propos.
a. Evaluation simplifiée des risques
La première étape est, pour rappel, basée sur une analyse physico-chimique des sédiments curés.
Pour un site et un polluant donnés, le risque est représenté par le ratio entre la concentration brute
du contaminant et la concentration prédite dans l’environnement, définie par MacDonald et al.,
2000).
Dans le tableau XLIV, nous avons reporté les concentrations mesurées dans les sédiments et les
PEC des ETM, HAP totaux et PCB totaux.
25 Les berges sont une zone de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. Elles sont
sources de nombreuses fonctions physiques, biologiques et socio-économiques.
Etude n°14-1023/1A 231
Tableau XLIV : Concentrations brutes et PEC des contaminants étudiés dans le cadre du scénario 3
Contaminants PEC Unité PEC Concentrations
(Ci-moyenne)
Arsenic 33 mg/kg PS 12,4 mg/kg
Cadmium 4,98 mg/kg PS 10,2 mg/kg
Chrome 111 mg/kg PS 52,1 mg/kg
Cuivre 149 mg/kg PS 48,5 mg/kg
Mercure 1,06 mg/kg PS 1,22 mg/kg
Nickel 48,6 mg/kg PS 26,8 mg/kg
Plomb 128 mg/kg PS 122 mg/kg
Zinc 459 mg/kg PS 446 mg/kg
HAP totaux 22800 Microg/kg PS 8710 µg/kg
PCB totaux 676 Microg/kg PS 200 µg/kg
NB : Pour la PEC, les HAP totaux sont assimilés à la somme de 13 HAP : acénaphtène, acénaphtylène, anthracène,
fluorène, 2 méthylnaphtalène, naphtalène, phénanthrène, benzo(a)anthracène, dibenzo(a,h)anthracène,
benzo(a)pyrène, chrysène, fluoranthène, pyrène.
Pour les concentrations moyennes, les HAP totaux sont assimilés à la somme de 16 HAP : acénaphtène, acénaphtylène,
anthracène, fluorène, naphtalène, phénanthrène, benzo(a)anthracène, dibenzo(a,h)anthracène, benzo(a)pyrène,
chrysène, fluoranthène, pyrène, benzo(b)fluoranthène, benzo(k)fluoranthène, benzo(ghi)pérylène.
Pour les besoins de l’exercice, bien que les HAP totaux ne soient pas assimilés à la même somme des HAP, nous avons
effectués le calcul du ratio correspondant. Ceci constitue donc une incertitude que nous considérerons dans l’analyse
et l’interprétation des résultats de l’éRé.
De même, les PCB totaux de la concentration moyenne considérée dans ce cas d’étude (et repris de l’étude de l’INERIS,
2010) sont assimilés à la somme des 7 congénères réglementaires de l’USEPA (standard usuel).
Pour les besoins de l’exercice, bien que les PCB totaux ne soient pas assimilés à la même somme des PCB, nous avons
effectués le calcul du ratio correspondant. Ceci constitue donc une incertitude que nous considérerons dans l’analyse
et l’interprétation des résultats de l’éRé.
Tableau XLV : Synthèse des ratios Cmoy / PEC
Contaminants Ratio Cmoy./PEC
Arsenic 0,38
Cadmium 2,05
Chrome 0,47
Cuivre 0,33
Mercure 1,15
Nickel 0,55
Plomb 0,95
Zinc 0,97
Somme 16 HAP 0,38
Somme 7 PCB 0,30
Ces quotients sont ensuite agrégés pour représenter le risque global des matériaux de dragage
étudiés : QPECm (tableau XLVI, page suivante).
Ci : concentration mesurée du polluant i
PEC : Predicted environmental concentration (MacDonald et al., 2000)
n : nombre de polluants mesurés
Etude n°14-1023/1A 232
Tableau XLVI : Calcul et règles de précision de QPECm
n
7,52 10 0,75
Règles de décision:
Si QPECm est inférieur à 0,1, la probabilité d’apparition d’effets néfastes est faible, le risque est considéré négligeable et les matériaux peuvent être éliminés sans mesures spécifiques.
Si QPECm est supérieur à 0,5, la probabilité d’apparition d’effets néfastes est forte, la réalisation d’une EDR est préconisée,
Si QPECm est compris entre 0,1 et 0,5, des tests d’écotoxicité doivent être réalisés. Perrodin et al., 2006 préconisent les tests H. azteca et C. riparius. Les les résultats des tests démontrent une écotoxicité intrinsèque de la matrice sédimentaire, alors une EDR doit être conduite.
Le QPECm calculé pour le scénario 3 est de 0,75. Conformément aux règles de décision, rappelées
tableau XLVI, lorsque le risque global est supérieur à 0,5, il est considéré comme significatif et
implique la réalisation d’une évaluation détaillée des risques (étape 3 de la méthodologie), objet de
la suite de notre propos.
b. Evaluation détaillée des risques (étape 3)
Le processus d’évaluation détaillée des risques reprend les grands principes de la méthodologie
d’éRé de l’USEPA (1998). Celle-ci se décline en 3 grandes étapes :
1. La formulation du problème ;
2. L’analyse de l’exposition et des effets ;
3. La caractérisation du risque.
(i) Formulation du problème
Description du contexte et Intégration des données disponibles
Les principales cibles du dépôt de sédiments sur les berges sont le cours d’eau d’où sont issus les
sédiments, les écosystèmes terrestre et aquatique mais également les eaux souterraines.
Ces cibles pourront être affectées soit par percolation dans le sol et/ou la zone non saturée du sol,
par ruissellement vers le cours d’eau ou par la bioaccumulation au travers des chaines alimentaires
(les niveaux trophiques concernés étant les producteurs primaires, les consommateurs primaires,
secondaires et tertiaires) ; les principales voies de transfert étant la phase aqueuse (transfert
horizontal le long de la berge vers le cours d’eau, transfert vertical depuis le dépôt vers la nappe) et
la bioaccumulation.
Les entités cibles de l’éRé sont sélectionnées sur la base de 3 critères : la vulnérabilité aux agents de
stress, la pertinence écologique et la pertinence avec les objectifs de gestion (tableau XLVII).
Etude n°14-1023/1A 233
Tableau XLVII : Les entités cibles de l’éRé du scénario 3 – stratégie de sélection
Entité cible Vulnérabilité Pertinence écologique Pertinence de gestion
Ecosystème terrestre
Végétaux supérieurs Contact racinaire direct et permanent avec
sol contaminé (dépôt)
Producteurs primaires
Accueil et nourrissage
Diversité, structure et fonctionnement
de l’écosystème
Stabilité du substrat
Esthétisme paysager
Filtration de la contamination
Micro-organismes du sol Contact direct et permanent Activité biologique du sol
Fonctionnement de l’écosystème Fonctionnement du sol (minéralisation de la MO)
Invertébrés du sol Contact direct permanent Activité biologique du sol
Fonctionnement de l’écosystème Fonctionnement du sol (cycle de la matière)
Faune supérieure
(oiseaux et mammifères)
Contact
Consommation de denrées alimentaires
potentiellement contaminées
Fonctionnement de l’écosystème et
notamment de la chaîne alimentaire
Fonctionnement de la chaîne trophique - Pérennité
de l’écosystème
Ecosystème aquatique
Végétaux supérieurs
(macrophytes) Exposition indirecte - Variable selon
transfert des contaminants via la phase
aqueuse
Producteurs primaires
Accueil et nourrissage
Diversité de l’écosystème
Fonctionnement de la chaîne alimentaire
Algues Producteurs primaires
Nourrissage
Diversité de l’écosystème
Fonctionnement de la chaîne alimentaire
Invertébrés benthiques
et pélagiques
Source de nourriture
Décomposition de la MO
Diversité de l’écosystème
Fonctionnement de la chaîne alimentaire
Amphibiens Exposition indirecte - Variable selon
transfert des contaminants via la phase
aqueuse
Vulnérabilité aux contaminants importante
en raison de la grande perméabilité de leur
peau)
Diversité et fonctionnement de la chaîne
alimentaire
Un stade de vie aquatique (larve) et un
autre terrestre (adulte)
Indicateurs de la qualité du milieu, terrestre et
aquatique
Poissons Exposition indirecte - Variable selon
transfert des contaminants via la phase
aqueuse
Diversité et fonctionnement de la chaîne
alimentaire
Indicateurs de la qualité écologique du milieu
aquatique
Activités de pêche
Etude n°14-1023/1A 234
Définition des hypothèses de risque et élaboration du schéma conceptuel
Les hypothèses de risque décrivant les relations entre les agents stresseurs et les critères d’effets de
l’évaluation dans le cas du scénario n°3 sont :
H1. Suite au dépôt des sédiments sur les berges, les organismes en contact direct avec le sol
sont susceptibles d’exprimer des effets néfastes (sur la germination et/ou la croissance) ce
qui entrainera une diminution de la ressources alimentaire des herbivores ;
H2. Les contaminants présents dans les sédiments peuvent être absorbés par les végétaux puis
transloqués des parties racinaires vers les parties aériennes. Cette absorption est variable
selon l’espèce, la substance et les caractéristiques du sol. Un dépôt de particules de sol
contaminé sur les parties aériennes est également possible. Il existe donc un risque pour
l’ensemble des consommateurs en raison de la bioaccumulation possible de certains
contaminants présents dans la matrice sédimentaire et de leur transfert dans la chaine
alimentaire ;
H3. Les grands prédateurs (mammifères et/ou avifaunes) peuvent potentiellement consommer
des proies contaminées (en raison du caractère bioaccumulable de certaines substances) ;
H4. Le dépôt de sédiments est susceptible de perturber la pédofaune et la pédoflore26, avec
comme conséquence des perturbations de la dégradation de la matière organique, une
diminution de la diversité ou un changement dans la structure des communautés, une
diminution de l’activité : pouvant induire des effets sur la structure du sol, la vitesse de
l’infiltration de l’eau et les échanges de gaz ;
H5. La présence de traces de certains contaminants, en raison de leur action toxique
(phytosanitaire et/ou biocide), peuvent entrainer un ralentissement ou une mortalité de la
croissance des végétaux et de la fonge, ce qui entrainera une diminution de la ressource
alimentaire des herbivores / fongivores, ainsi qu’une restriction de la capacité de refuge ou
une diminution de la diversité;
H6. La présence de contaminants même à l’état de traces dans les sols peut être à l’origine d’une
altération de l’état sanitaire des organismes ;
H7. Le dépôt de sédiment peut être à l’origine d’une contamination du milieu aquatique via un
transfert des contaminants du dépôt par voie aqueuse (lessivage, percolation, lixiviation...)
et engendrer un risque pour les espèces vivant ou utilisant le milieu aquatique (exposition
indirecte aux contaminants du dépôt de sédiments transférés par la phase aqueuse) ;
H8. Le dépôt de sédiment peut être à l’origine d’une contamination des eaux souterraines.
26 Comprend les organes souterrains des plantes (racines, tubercules, rhizomes, bulbes, etc.) et surtout des microorganismes (al gues uni ou
pluricellulaires, champignons, cyanobactéries et bactéries)
Etude n°14-1023/1A 235
Figure 55 : Schéma conceptuel, scénario 3
(ii) Analyse de l’exposition et des effets
Bio-essais
Etant donné le contexte de notre étude théorique, nous avons identifié, parmi les bio-essais
standardisés et normés, les plus adaptés à notre problématique. Nous avons sélectionné des bio-
essais qui permettent d’estimer les effets à court et à long terme de la contamination sur les micro-
organismes, la flore et la faune terrestres et aquatiques d’eau douce. Afin d’être le plus proche
possible de la réalité du terrain, ces essais seront, de préférence, réalisés à partir d’une gamme de
dilution de matrices sédimentaires contaminées prélevées au niveau de la zone d’étude.
Le tableau XLVIII liste non exhaustive des bio-essais pouvant être mis en œuvre dans le cadre de
notre étude théorique.
Scénario 3
Etude n°14-1023/1A 236
Tableau XLVIII : Liste de bioessais pouvant être mis en oeuvre dans le cas du scénario 3
Nature de
l’écosystème Organisme
Paramètres
d’évaluation Norme
Aquatique
(eaux douces)
Vibrio fischeri Bioluminescence ISO 11 348-1, 2007
Chironomus riparius Survie
Croissance NF T90-339-1, 2010
Brachionus calycflorus Croissance ISO 20 666, 2008
Hyalella azteca Survie
Croissance ISO 16 303, 2014
Daphnia magna Survie
Reproduction ISO 6341, 2012
Terrestre
Flore microbienne du sol
Collembole Reproduction ISO 11269, 2013
Végétaux supérieurs Germination
Croissance
NF EN ISO 11 269,
2013
Analyses physico-chimiques
Pour les besoins de l’exercice, nous avons considéré que les teneurs moyennes mesurées dans les
sédiments étaient identiques à celles mesurées dans les sédiments une fois déposés au sol (après
régalage). En considérant cette hypothèse, nous admettons un facteur d’incertitude lié à l’évolution
du comportement des contaminants suite à leur transfert en milieu terrestre. Cette incertitude sera
considérée lors de l’analyse des risques calculés pour le scénario 3.
Tableau XLIX : Ci moyenne - sol des contaminants
Contaminants Ci moyenne - sol
Arsenic 12,4 mg/kg
Cadmium 10,2 mg/kg
Chrome 52,1 mg/kg
Cuivre 48,5 mg/kg
Mercure 1,22 mg/kg
Nickel 26,8 mg/kg
Plomb 122 mg/kg
Zinc 446 mg/kg
HAP totaux 8710 µg/kg
PCB totaux 200 µg/kg
(iii) Etape 3 : Caractérisation du risque
Les quotients de risque ont été calculés à partir de deux valeurs de référence, les Eco-SSL de
l’USEPA et les valeurs de référence pour les récepteurs terrestres du CEAEQ (2012). Les résultats
sont proposés dans les tableaux LII à LVI.
Etude n°14-1023/1A 237
Table L : Scénario 3 – Risques calculés à partir des Eco-SSL (USEPA) pour les invertébrés du sol
Valeur moyenne
(mg/kg)
Eco-SSL
Invertébrés du sol
(mg/kg)
QR
Invertébrés du sol
As 12,4 ND -
Cd 10,2 140 0,07
Cr 52,1 / /
Cu 48,5 80 0,61
Hg 1,22 0,1 12,20
Ni 26,8 280 0,10
Pb 122 1700 0,07
Zn 446 120 3,72
Table LI : Scénario 3 – Risques calculés à partir des Eco-SSL (USEPA) pour les plantes
Valeur moyenne
(mg/kg)
Eco-SSL
Flore (mg/kg)
QR
Flore
As 12,4 18 0,69
Cd 10,2 32 0,32
Cr 52,1 /
Cu 48,5 70 0,69
Hg 1,22 0,3 4,07
Ni 26,8 38 0,71
Pb 122 120 1,02
Zn 446 160 2,79
Pour la méthode de calcul utilisant les Eco-SSL, des indices de risques supérieurs à 1 sont exprimés
pour le mercure, le plomb et le zinc. En raison de ces résultats, le régalage sur berges des sédiments
étudiés est susceptible d’engendrer des effets néfastes pour l’écosystème terrestre, en particulier la
flore et les invertébrés du sol.
Table LII : Scénario 3 – Risques calculés à partir des valeurs de référence pour les récepteurs terrestres (CEAEQ) pour les invertébrés du sol
Valeur moyenne
(mg/kg)
Valeur de référence CEAEQ
Invertébrés du sol (mg/kg)
QR
Invertébrés du sol
As 12,4 16 0,78
Cd 10,2 65 0,16
Cr 52,1 42 1,24
Cu 48,5 122 0,4
Hg 1,22 3,2 0,38
Ni 26,8 162 0,17
Pb 122 645 0,19
Zn 446 251 1,78
Etude n°14-1023/1A 238
Table LIII : Risques calculés à partir des valeurs de référence pour les récepteurs terrestres (CEAEQ) pour les plantes
Valeur moyenne
(mg/kg)
Valeur de référence CEAEQ
Flore (mg/kg)
QR
Flore
As 12,4 25 0,5
Cd 10,2 13 0,78
Cr 52,1 88 0,59
Cu 48,5 65 0,75
Hg 1,22 25 0,05
Ni 26,8 71 0,38
Pb 122 172 0,71
Zn 446 124 3,60
Table LIV : Risques calculés à partir des valeurs de référence pour les récepteurs terrestres (CEAEQ) pour les microorganismes du sol (MO)
Valeur moyenne
(mg/kg)
Valeur de référence CEAEQ
Microorganismes (mg/kg)
QR
MO
As 12,4 304,8 0,04
Cd 10,2 257,9 0,04
Cr 52,1 275,73 0,19
Cu 48,5 447,7 0,11
Hg 1,22 175,9 0,01
Ni 26,8 312 0,09
Pb 122 1834,9 0,07
Zn 446 387 1,15
Pour la méthode de calcul utilisant les valeurs de référence pour les récepteurs terrestres du
CEAEQ, des indices de risque supérieurs à 1 sont exprimés pour le zinc pour les trois récepteurs
évalués : micro-organismes, plantes et invertébrés du sol (valeurs respectives : 1,78 ; 3,60 et 1,15).
Un indice de risque supérieur à 1 est également calculé pour le chrome pour les invertébrés du sol
(valeur : 1,24).
c. Conclusion de l’éRé - scénario 3
L’évaluation des risques pour les écosystèmes menée dans le cadre de ce cas théorique a permis de
mettre en évidence un risque pour les invertébrés du sol, la flore et les micro-organismes du sol.
Les polluants pour lesquels un quotient de risque supérieur à 1 a été calculé sont le chrome, le
mercure, le plomb et le zinc. Des polluants étudiés, le zinc est la substance pour laquelle un risque
est exprimé (QR>1) quelle que soit la valeur de référence retenue ou l’entité cible considérée.
Les risques exprimés pour ces contaminants, dont certains sont connus pour leur capacité à se
bioaccumuler (mercure, zinc) mais également à s’amplifier au sein des chaines alimentaires (mercure
notamment), encouragent une ré-évaluation du projet de régalage sur berges et/ou la réalisation de
traitements physico-chimiques en amont du régalage afin de minimiser les effets de l’opération sur
l’écosystème terrestre récepteur.
Etude n°14-1023/1A 239
L’expression d’un risque pour les invertébrés du sol, la flore et les micro-organismes du sol
constitue un facteur d’alerte pour l’écosystème. En effet, ce sont des entités cibles en contact direct
et permanent avec le sédiment et par conséquent avec les polluants présents dans la matrice, ce qui
les rend particulièrement vulnérables. D’autre part, ils jouent un role essentiel dans le
fonctionnement et l’équilibre de l’écosystème. La flore, en tant que producteur primaire, est à la
base des chaines alimentaires et les invertébrés du sol constituent une ressource alimentaire pour
de nombreux omnivores. Sur la base des résultats de l’éRé, une surveillance des consommateurs
primaires, par a minima la mise en place de suivis écologiques de terrain, doit donc être encouragée.
Au regard des résultats obtenus avec les valeurs de référence proposées par l’USEPA et le CEAEQ,
il existe une grande variabilité entre les valeurs de référence (tableau LVII) entraînant
nécessairement des variations parfois très importantes des risques calculés. Pour le même récepteur
et la même substance, une différence de plus de 150% peut être constatée.
Tableau LV : Comparaison des valeurs de référence de l’USEPA et du CEAEQ pour les invertébrés du sol et les végétaux
VR CEAEQ - N2 Eco-SSL VR CEAEQ - N2 Eco-SSL
Invertébrés du sol (mg/kg) Végétaux (mg/kg)
As 16 ND 25 18
Cd 65 140 13 32
Cr 42 88
Cu 122 80 65 70
Hg 3,2 0,1 25 0,3
Ni 162 280 71 38
Pb 645 1700 172 120
Zn 251 120 124 160
Néanmoins, malgré les différences constatées et en considérant qu’il y a risque à partir du moment
où au moins un indice de risque supérieur à 1 est exprimé, le régalage sur berges des sédiments
étudiés engendre un risque pour l’écosystème terrestre.
En termes de gestion, les conclusions ici formulées suggèrent d’envisager soit un traitement avant
régalage sur berges soit de revoir le projet de valorisation envisagé et d’opter pour un usage moins
sensible (usage industriel par exemple).
Etude n°14-1023/1A 240
CONCLUSIONS DU CHAPITRE 3
EVALUATION DE LA FAISABILITE DE L’ERE
L’évaluation de la faisabilité de l’éRé selon les principales filières de valorisation à terre des
sédiments a permis de distinguer, selon les scénarios envisagés, la ou les approches d’éRé les plus
adaptées. Dans la plupart des cas, l’approche matrice permet, notamment en raison de sa vision
prospective des risques, d’anticiper les effets indésirables susceptibles d’être causés à l’écosystème
récepteur et si besoin de réviser le projet ou de mettre en place un ou plusieurs traitements des
sédiments afin qu’ils soient compatibles avec leur usage futur. Comme souligné à de nombreuses
reprises précédemment, l’approche matrice n’est pertinente que si les sédiments sont parfaitement
caractérisés or il n’est pas exclu que les sédiments employés aient des origines, des typologies
différentes (matrice sédimentaire composite). En conséquence, l’applicabilité de l’approche matrice
va dépendre essentiellement :
des volumes nécessaires à la réalisation de l’ouvrage ou de l’aménagement,
de la distance entre le site de dragage (ou de stockage) et l’ouvrage (ou l’aménagement),
de la traçabilité des sédiments.
Ces trois paramètres conditionnent en effet la probabilité de recours à une matrice sédimentaire
composite et la capacité de caractérisation de cette matrice.
En ce qui concerne l’approche site-spécifique, son application et la finalité de l’éRé sont variables
selon les filières de valorisation. Dans nos propositions, l’approche site-spécifique est envisagée
lorsque l’ouvrage ou l’aménagement est réalisé. Elle permet donc d’évaluer la causalité des éventuels
effets observés (vision rétrospective) et d’évaluer à long terme les effets de l’aménagement ou de
l’ouvrage sur l’écosystème récepteur (vision prospective).
L’approche site-spécifique nécessite une caractérisation du milieu dans sa globalité, son applicabilité
n’est donc pas conditionnée par les volumes, ni la traçabilité des sédiments employés. Cette
nécessaire caractérisation du milieu implique la réalisation d’investigations complémentaires mais
elle présente l’avantage d’obtenir des résultats spécifiques au site d’étude, intégrant le
comportement des sédiments et l’évolution de celui-ci dans le milieu d’accueil, les interactions au
sein de la matrice sédimentaire (important surtout si c’est une matrice composite) et entre la matrice
et le milieu d’accueil.
Le recours à l’une ou l’autre des approches est à apprécier au cas par cas. Nous soulignerons la
complémentarité de réponses apportées par les deux approches qui pourraient donc être menées
en fil rouge d’un projet : l’approche matrice en amont pour évaluer la compatibilité du projet et
l’approche site-spécifique en aval pour apprécier la pérennité de l’écosystème.
APPORT DES SCENARIOS
Pour les scénarios 1 et 2, l’hypothèse d’un éco-modelé paysager réalisé à partir de sédiments issus
de différents dragages d’entretien a été retenue : des sédiments d’origine portuaire pour le scénario
1 et fluviale pour le scénario 2. Le matériau a été assimilé à une matrice composite composée à plus
de 90 % de sédiments sans recours à des matériaux annexes. Pour ces scénarios, nous avons
Etude n°14-1023/1A 241
également considérés que les sédiments avaient été stockés temporairement en vue de leur
valorisation et avaient subi une période de ressuyage afin de les rendre pelletables et donc
transportables, mais également conformes aux normes géotechniques.
Les sédiments déposés, quel que soit le scénario étudié, ont été considérés comme un sol ou
technosol présentant des propriétés (physico-chimiques et mécaniques) proches ou identiques du
sol récepteur. Ce postulat nécessaire pour la conduite de nos scénarios constitue néanmoins une
source d’incertitude à considérer dans l’appréciation des risques exprimés. Dans une approche
prospective, il convient également d’envisager les facteurs d’évolution de la matrice sédimentaire.
A titre d’exemples, nous pouvons citer l’influence de la granulométrie et la teneur en eau sur le
développement des individus ou encore le rôle prépondérant de la teneur en matière organique
dans l’évolution d’un technosol. Les caractéristiques de la matrice sédimentaire seront donc
dépendantes des facteurs pédogéniques et du fonctionnement global de l’écosystème qui se
développera sur le depôt de sédiments. Dans le même temps, l’évolution de ces caractéristiques
influencera de facto le comportement des contaminants au sein du dépôt. Ainsi, des incertitudes
demeurent sur l’évolution des caractéristiques du dépôt, notamment sur l’évolution de l’activité
biologique (racines, faune, microorganismes) et le comportement des polluants, et sur la réaction
de la matrice vis-à-vis de facteurs tels que le climat, la végétation ou les organismes vivants présents.
L’approche « site spécifique » a été retenue pour les scénarios 1 et 2 et la méthodologie d’éRé
utilisée est celle issue des travaux de thèse de Audrey Hayet (2010), reprenant celle de l’US-EPA.
En effet, cette méthodologie permet d’englober tous les effets potentiels de l’éco-modelé, aussi
bien les effets des contaminants entre eux (synergiques, antagonistes, additifs) que ceux de la
réalisation en elle-même. Pour les besoins de l’exercice, les évaluations des risques pour les
écosystèmes ont été menées en considérant des concentrations en contaminants choisies de
manière arbitraire. Celles-ci sont équivalentes aux valeurs médianes (scnéarios 1 et 2) ou
moyennes (scénario 3) des études de Padox & Hennebert sur les sédiments d’eau douce (2010a) et
marins (2010b). Les concentrations choisies dans le cadre de ce cas pratique ont permis de
considérer la présence d’éléments traces au niveau du sol, ces concentrations étant supposées
supérieures au fond pédogéochimique caractéristique du lieu d’implantation de la valorisation.
Pour les scénarios 1 et 2, la caractérisation du risque pour les sédiments portuaires et d’eau douce
a permis d’identifier que le mercure et le zinc pouvaient engendrer un risque pour les invertébrés
du sol, les quotients de risque étant supérieurs à 1. De plus, dans le cas des sédiments portuaires,
le TBT s’est révélé comme le contaminant le plus susceptible de provoquer un risque pour
l’écosystème terrestre (indice calculé autour de 20). Les autres contaminants caractéristiques des
sédiments envisagés dans ces cas d’étude (cadmium, plomb) ne semblent pas entrainer de risque
au regard des quotients inférieurs à 1, ceci même dans les conditions majorantes choisies dans le
cadre de ce scénario (non recours à des matériaux annexes) ; toutefois certains sont proches de 1
pour la flore (notamment pour le plomb). Le zinc pour les sédiments d’eau douce et le TBT pour
les sédiments portuaires sont les plus susceptibles de provoquer un dépassement des seuils S1 ou
N1, ces dépassements faisant alors envisager une gestion à terre. Pour compléter cette approche,
une évaluation de l’influence de la contamination sur l’écosystème susceptible de se développer sur
l’éco-modelé paysager a été réalisée en utilisant ces valeurs S1 et N1 afin d’en appréhender la valeur
Etude n°14-1023/1A 242
protectrice pour les écosystèmes terrestres, et ce toujours selon les mêmes hypothèses majorantes
et sans traitement autres que ceux envisagés afin de rendre le matériau pelletable, transportable et
conforme aux normes géotechniques. D’après les résultats de ce nouveau calcul de risque, certains
éléments traces, le TBT dans le cas de sédiments portuaires et les PCBs pour les sédiments fluviaux
engendreraient un risque pour l’écosystème terrestre, et en particulier pour la biocénose en contact
direct et permanent avec le sol, c’est-à-dire les végétaux et/ou les invertébrés du sol.
Toutefois, ces résultats demanderaient à être confirmés analytiquement, en mesurant la migration
de cette contamination depuis le sol jusque ces premiers maillons. En effet, la contamination en
éléments trace des sols est susceptible de perturber l’activité biologique des sols et donc d’entrainer
à long terme des conséquences néfastes sur le fonctionnement global de l’écosystème, le délai et
l’intensité d’expression de ces effets pouvant être influencés par les caractéristiques de l’écosystème.
La présence de contaminants inorganiques ou organiques (TBT et/ou PCBs) est susceptible
d’engendrer également des effets à long terme, notamment pour les espèces en bout de chaîne
alimentaire en raison du caractère bioaccumulable et/ou bioamplifiable de ces substances. Des
quotients de risque pour les prédateurs permettraient de vérifier cette hypothèse. Cependant, ces
espèces de bout de chaine alimentaire, dans le cadre de ce cas théorique, n’ont pas été déterminées
et l’exposition n’a pas été quantifiée, ces deux paramètres étant à évaluer au cas par cas selon les
caractéristiques du lieu d’implantation de la valorisation des sédiments.
Le scénario 3 a, outre la mise en application d’une approche « matrice », permis de discuter la place
et l’importance des valeurs de référence. Une grande disparité de réponse a été mise en évidence
mais, malgré des amplitudes très différentes, les réponses aboutrissent néanmoins à l’expression
d’un risque pour les écosystèmes. Ces observations confortent l’importance de considérer les
incertitudes dans l’interprétation des indices de risque et d’envisager ces derniers comme un
indicateur de risque pouvant orienter les gestionnaires vers des investigations complémentaires
et/ou des mesures de gestion adaptées.
REPRESENTATIVITE DES VALEURS GUIDES N1, N2 ET S1 POUR LES SEDIMENTS GERES A
TERRE
En France, les seuils N1 et N2 ont été proposés par le groupe GEODE dans le cadre de la
convention OSPAR, et visent les opérations de dragage et d’immersion (Haropaport, 2007). N1 et
N2 résultent principalement de traitement statistique de données physico-chimiques, tandis que S1
fait référence à des valeurs plutôt déterminées sur une base écotoxicologique (Mouvet, 2012). De
plus, cette valeur S1 est également utilisée comme seuil pour le protocole de l’évaluation de la
propriété HP14, et ce quelle que soit l’origine, marine ou fluviale, des sédiments. La première étape
de cette évaluation consiste en une comparaison des concentrations en contaminants aux valeurs
du seuil S1. Si au moins l’une d’entre elles est supérieure, un protocole de tests écotoxicologiques
est alors envisagé afin de déterminer si les sédiments peuvent être considérés comme non
dangereux au regard de la propriété HP 14.
Dans le cadre des scénarios développés dans la présente étude, la valeur guide S1 a été utilisée
comme équivalente au niveau de contamination de la matrice sédimentaire. L’évaluation des risques
ainsi menée a mis en évidence que, sur les bases des hypothèses retenues, les valeurs du seuil S1
pour le cadmium et le plomb ne semblent pas engendrer de conséquences néfastes pour les
Etude n°14-1023/1A 243
écosystèmes terrestres et aquatiques. A l’inverse, les valeurs du seuil S1 pour d’autres substances
ressortent comme des teneurs susceptibles d’entrainer des effets néfastes sur les invertébrés du sol
et/ou les végétaux (quotients de risque supérieur à 1). Certaines des substances concernées sont
connues pour leur caractère bioaccumulable et/ou bioamplifiable (PCBs, TBT ou mercure). Dans
le cas du TBT, les quotients de risque sont nettement supérieurs à 1 et invitent donc à une prudence
quant à la gestion à terre d’une matrice sédimentaire présentant ce niveau de contamination en
TBT. Au moment de la rédaction de ces conslusions, un besoin de données complémentaires est
exprimé concernant notamment (i) le comportement du TBT au sein des écosystèmes terrestres,
et plus spécifiquement son transfert dans la chaîne alimentaire, et (ii) l’ampleur de cette
problématique pour le milieu fluvial.
D’une manière générale, des investigations supplémentaires pour les contaminants présentant des
indices de risque supérieurs à 1 devraient être envisagées afin de déterminer dans quelles mesures
les écosystèmes terrestres sont effectivement impactés lorsque des sédiments présentant ce profil
de « contamination » sont amenés à être gérés à terre.
Etude n°14-1023/1A 244
DISCUSSION GÉNÉRALE
« LES SEDIMENTS UNE FOIS DEPOSES PEUVENT-ILS ETRE ASSIMILES A UN SOL ? »
Pour apporter des éléments de réponse à cette question, nous définirons dans un premier temps ce
qu’est un sol puis dans un deuxième paragraphe, nous discuterons, sur la base d’une analyse de la
littérature scientifique, si et comment un sédiment déposé peut être assimilé à un sol.
QU’EST-CE QU’UN SOL ?
Le sol est un constituant essentiel des écosystèmes continentaux et un compartiment majeur de la
biosphère (Ramade, 2008). Il est à l’intersection de la biologie et de la géologie puisque c’est un
mélange de matières organiques vivantes et de matières minérales inertes (Gobat, et al., 2010,
Lavelle & Spain, 2001). A l’interface entre l’atmosphère, la lithosphère et la biosphère, il est le
résultat d’un long processus et l’aboutissement de l’activité incessante de milliers d’organismes qui
l’habitent (Fischesser & Dupuis-Tate, 2007). C’est un milieu vivant, dynamique, qui évolue
constamment et qui joue un rôle primordial dans le fonctionnement des écosystèmes (Gobat et al.,
2010; Lavelle & Spain, 2001).
Vassili Dokoutchaiev (1846-1903), considéré comme le fondateur de la pédologie, définissait le sol
comme « un corps naturel distinct de la roche mère- ayant sa propre genèse et son propre historique de
développement ; un corps au sein duquel des processus complexes et multiformes interviennent sous l’effet de facteurs
de formation comme le climat, la végétation, l’action des organismes vivants, le relief et l’âge » (Boukharaeva &
Marloie, 2013; Séré, 2007). Aujourd’hui, selon la définition de (Girard et al., 2011), le sol est « un
volume qui s'étend depuis la surface de la Terre jusqu'à une profondeur marquée par l'apparition d'une roche dure
ou meuble, peu altérée ou peu marquée par la pédogenèse. L’épaisseur du sol peut varier de quelques centimètres à
quelques dizaines de mètres, ou plus. Il constitue, localement, une partie de la couverture pédologique qui s'étend à
l'ensemble de la surface de la Terre. Il comporte le plus souvent plusieurs horizons correspondant à une organisation
des constituants organiques et/ou minéraux (la terre). Cette organisation est le résultat de la pédogenèse et de
l'altération du matériau parental. Il est le lieu d’une intense activité biologique (racines, faune et microorganismes) ».
Face aux besoins grandissant en matériaux induits par les activités anthropiques et par la raréfaction
des ressources, la création de nouveaux substrats s’est développée. Ainsi des « sols » construits par
l’homme apparaissent :
- Les anthroposols construits sont, selon la définition de (Baize, et al,, 2008) « nés d’un procédé
du génie pédologique, ils permettent la réutilisation de déchets dans des opérations de végétalisation d’espaces
dégradés ».
- Les technosols (anthroposol construit ou sol reconstitué) qui sont, selon (Baize et al., 2008)
« un sol néoformé selon des processus impliquant des matériaux techniques (mélanges en proportion variables
de matériaux d’origine naturelle, de matériaux organiques et de matériaux techniques issus de l’activité
anthropique ».
Ils sont construits dans une logique de restauration/remise en état du milieu afin de retrouver les
fonctions essentielles du sol.
Etude n°14-1023/1A 245
D’une approche plutôt naturaliste, les actions anthropiques sur le sol résultant des activités urbaines
et industrielles ont peu à peu été intégrées dans la définition du mot sol, jusqu’à être englobée. Un
anthroposol ou technosol se compose donc de différents matériaux et n’a pas d’équivalent dans la
nature (Séré et al., 2010). Ce terme fait référence aux sols dont les propriétés et la pédogénèse sont
dominées par leur origine technique et sont fortement influencés par les matériaux qui les
composent, souvent créés par l’homme (Macía et al., 2014; Rossiter, 2006). Le mot « Technosol » a
depuis été référencé dans le « World Reference Book for Soil Ressources » (Séré et al., 2010;
Lehmann, 2006; Rossiter, 2006).
Un sédiment est, selon (Ramade, 2008), « un dépôt de matériel constitué de particules de taille et de nature
très variées, souvent meuble, d’origine inorganique ou biogène, ayant séparément subi un certain transport. […] Ils
sont constitués par des matériaux minéraux et organiques de tailles très variable. Il existe cinq grandes catégories de
constituants des sédiments que l’on classe en ordre de dimension décroissante en blocs, pierres, cailloux, graviers, sables
et vases. À ces dernières s’ajoutent des structures physico-chimiques ultra-microscopiques – des molécules colloïdales
– qui peuvent floculer et passer réversiblement en pseudo-solution dans l’eau ».
Les sédiments représentent une matrice complexe et hétérogène (Simpson et al., 2005) composée
de trois fractions principales : l’eau interstitielle qui occupe les espaces entre les particules, la phase
inorganique composée de minéraux principalement argile, carbonates et silicates, la phase
organique qui ne représente souvent qu’une faible fraction de sédiments mais qui joue un rôle
primordiale dans la mobilité et donc la biodisponibilité de nombreux contaminants comme les
métaux (Chapman et al., 1998).
UN SEDIMENT DEPOSE AU SOL PEUT-IL ETRE CONSIDERE COMME UN SOL ?
Dans la littérature, le sujet fait débat et les avis des scientifiques se partagent entre une assimilation
envisageable dans certains conditions et une incompatibilité majeure en raison de propriétés
physico-chimiques différentes (Vašíčková et al., 2013).
Certains auteurs (Bedell & Delolme, 2013, Eijsackers, et al., 2009, 2001, Piesschaert, Mertens, et al.,
2005) s’accordent sur l’assimilation possible d’un sédiment à un sol, sous réserves toutefois que le
sédiment possède certaines caractéristiques physico-chimiques, voir mécaniques proches du milieu
récepteur. Dans les études ici prises en référence, ce sont des sédiments « bruts » qui sont assimilés
à des sols et non des fractions granulométriques des sédiments. Selon les voies de valorisation des
sédiments gérés à terre, certaines, comme la valorisation en couverture de stockage, n’utilisent
qu’une fraction granulométrique : dans notre exemple, la fraction fine pour leurs propriétés
imperméables (DREAL Nord-Pas de Calais, 2011; In Vivo, 2008; Le Guern et al., 2004). Or,
l’utilisation d’une seule fraction granulométrique, en particulier la fraction fine du sédiment, peut
être défavorable à l’installation des organismes. En effet, les particules fines induisent une mauvaise
aération et un faible drainage (Macía et al., 2014) ou encore une salinité (Sheehan et al., 2010) si la
fraction fine est extraite de sédiments marins.
L’influence de la granulométrie sur le milieu naturel a également été étudiée par (Bedell & Delolme,
2013) dans le cadre d’une étude portant sur le rôle de la végétation spontanée sur l’évolution des
caractéristiques physico-chimiques d’un dépôt de sédiment. Les auteurs ont mis en évidence une
influence de la granulométrie, mais aussi de la teneur en eau, sur le développement des individus et
Etude n°14-1023/1A 246
des variations dans les successions de développement sur sédiments. Pour ces auteurs, en raison
de leurs propriétés physico-chimiques, il est difficile d’envisager l’utilisation, y compris « brute » de
sédiments (surtout marins), en tant que sol.
Une autre étude réalisée en Irlande s’est intéressée à l’utilisation des matériaux de dragages de
milieux marins et notamment la fraction fine comme substitut de sol (Sheehan et al., 2010). Dans
cette étude, la teneur en matière organique, le pH et la salinité ressortent comme étant les
paramètres ayant la plus grande influence sur les propriétés et la compatibilité avec un sol naturel.
Pour cause, les sédiments marins ont généralement une faible teneur en matières organiques, un
pH élevé et une forte teneur en sel (Sheehan et al, 2010). Ce dernier paramètre, la salinité, est
reconnu pour être un des paramètres environnementaux les plus stressants pour les
microorganismes du sol (Sardinha et al., 2003) avec pour conséquence une altération du processus
de renouvellement de la matière organique dans le sol (Wichern et al., 2006). La salinité entraîne
également des conséquences néfastes sur le développement de la végétation comme le démontrent
notamment Macía et al., 2014 qui, sur la base des résultats de tests de phytotoxicité, ont mis en
évidence une inhibition de la croissance des graines causée par la salinité contenue dans les
sédiments marins.
Les sédiments fluviaux semblent plus compatibles car ils ont des propriétés voisines de celles des
sols (Bernes Cabanne, 2009 in Anger, 2014). Différentes expérimentations ont confirmé le potentiel
agronomique de ces sédiments (Abriak, 2014 ; Bedell & Delolme, 2013 ; Cantégrit & Nouvion-
Dupay, 2011 ; SEDILAB, 2011 ; Sheehan et al., 2010).
Pour permettre une meilleure assimilation des sédiments, notamment marins, aux écosystèmes
terrestres, des solutions ont été étudiées et décrites dans la littérature par des auteurs conscients à
la fois des difficultés mais aussi des enjeux de l’utilisation des sédiments « à terre ».
A titre d’exemple, dans le guide méthodologique de valorisation des sédiments de dragage en
aménagement paysager (projet SEDIGEST, (Abriak et al., 2014)), des remblais ont été ajoutés aux
sédiments employés pour la construction d’une butte paysagère afin de modifier la texture de cet
« anthroposol » et la rendre plus favorable à la colonisation pour les organismes.
D’autres suggèrent l’ajout d’amendement pour modifier les paramètres physico-chimiques et les
rendent plus favorables (Le Guern et al., 2004 ; Zanuzzi et al., 2009). L’ajout de paille, ou d’une
façon générale la réalisation d’un amendement en matière organique, permettrait de contrebalancer
les effets négatifs du sel sur les communautés microbiennes (Wichern et al., 2006). Pour (Sheehan
et al., 2010), une déshydratation et une désalinisation ainsi qu’un ajout de compost favoriserait une
augmentation de la teneur en matière organique (jusqu’à 5 à 7 %). En effet, selon Huot et al., 2015
la teneur en matière organique joue un rôle essentiel à l’intégration et la bonne évolution d’un
technosol composé de sédiments en sol naturel. Enfin, l’ajout en surface d’une couche de « terre
végétale27 » permettrait de favoriser l’installation de plantes (Abriak et al., 2014; Séré, 2007).
Toutefois, cette utilisation peut révéler plusieurs problèmes notamment en terme de (i)
conservation de ces terres afin que celles-ci préservent leur qualité et leurs propriétés initiales
27 Le terme « terre végétale » est plutôt employé en génie civil et n’a pas de réel sens du point de
vue pédologique.
Etude n°14-1023/1A 247
(Dinger 1997 in Séré 2007), (ii) de disponibilité de ces terres à proximité du site, (iii) du coût
économique élevée de la prise en charge de ces terres (Bradshaw, 2000 in Séré, 2007) et (iv) de la
compatibilité. Au-delà des barrières techniques, Sheehan et al. (2010) et Sheehan & Harrington
(2012) précisent que le succès de la valorisation des sédiments de dragage en techniques paysagères,
repose aussi sur la bonne perception du public (utilisation d’un « déchet ») et également sur une
forte demande locale / fort besoin.
Pour certains auteurs, les sols produits à partir de sédiments de dragage constituent des technosols
et, comme les sols naturels, les matériaux composant un technosol vont être transformés par les
facteurs pédogéniques28 ce qui va contribuer à les faire évoluer (Huot et al., 2015; Séré et al., 2010).
Or, pour évoluer vers un sol naturel, il est important qu’il y ait une colonisation par les plantes dites
pionnières qui, par leur implantation, vont d’une part favoriser la stabilisation du substrat, ce qui
est très important en particulier quand la texture est fine et soumise à l’érosion par le vent et la
pluie (Bradshaw, 2000), et, d’autre part, modifier les conditions initiales du milieu, les rendre
favorables à l’accueil d’autres espèces végétales et animales et engendrer ainsi une dynamique de
colonisation par la faune et la flore et une diversification des habitats. L’évolution vers un sol
naturel implique également une colonisation par les organismes du sol qui vont dégrader et intégrer
la matière organique (Huot et al., 2015; Pey et al., 2013). Quelques exemples de colonisation réussie
de dépôts de sédiments par la faune (Eijsackers et al., 2009, 2001; Eijsackers, 2010) et la flore
(Piesschaert et al, 2005) sont décrits dans la littérature. Une étude en Moselle a notamment
démontré le potentiel de végétalisation des sédiments fluviaux déposés sur un parc de cendres
volantes d’un centre de production thermique EDF de Blénod-lès-Pont à Mousson (ANTEA 1999
in Anger 2014). Une recolonisation rapide par la végétation a été observée lors d’un réaménagement
écologique visant à créer des milieux humides tourbeux (prairies humides, mégaphorbiaies…). Les
sédiments ont été recouverts par de la tourbe (Journal Nature, 2013 ; Levesque, 2008 ; PNR, 2015).
En conclusion, si les conditions nécessaires (environnement perméable, développement de la
végétation et activités biologiques) sont réunies, alors les technosols utilisant par exemple des
sédiments pourraient être une étape intermédiaire dans l’évolution des sols anthropisés vers des
sols naturels (Séré et al., 2010).
ERE VS EI
Pour la plupart de ces filières de valorisation, il existe un contexte réglementaire pouvant exiger la
réalisation d’une étude d’impact. C’est le cas des aménagements relevant de la procédure
d’autorisation ou de déclaration dans le cadre de l’application de la loi sur l’eau (ex. : rechargement
de plages, remblaiement en zones humides, ...). Les réflexions quant à l’applicabilité de l’éRé pour
ces différentes voies de valorisation des sédiments devront donc considérées la complémentarité
possible entre l’étude d’impact et l’éRé.
L’ERE EN RESUME
28 La pédogénèse est un processus naturel d’ajout, de perte, de transformation et de translocation
subi par un matériau in situ (Séré et al., 2010; Simonson, 1959).
Etude n°14-1023/1A 248
Un risque peut se définir comme la probabilité qu’un effet indésirable se réalise dans des conditions
d’exposition données (MATE, 2000). Un danger est défini comme une « situation ou possibilité
pour une substance, du fait de ses caractéristiques ou propriétés intrinsèques, de provoquer des
dommages aux personnes, aux biens, à l’environnement » (MATE, 2000).
L’évaluation des risques écologiques est une démarche scientifique qui organise et analyse
les données écotoxicologiques et écologiques, les hypothèses et les incertitudes. Son
objectif est d’évaluer la probabilité d’apparition d’effets écologiques néfastes (disparition,
altération de la capacité fonctionnelle…), effets pouvant faire suite à une contamination
ou à tout autre facteur de perturbation de l’écosystème. Ceux-ci sont susceptibles d’affecter
plusieurs niveaux d’organisation de l’écosystème : spécifique, populationnel,
communautaire et/ou écosystémique.
Les pollutions de nature chimique et le constat d’impact sur l’environnement (mortalité d’espèces,
dégradation d’une communauté) sont les facteurs déclencheurs d’une éRé les plus souvent cités
(Deram & Hayet, 2006).
Les évaluations des risques écologiques peuvent être utilisées à titre :
prospectif, leur objectif étant dans ce cas d’évaluer, sur la base des données disponibles sur
l’écosystème et les facteurs de perturbation, les risques pouvant être causés à un
écosystème, même si ce dernier n’est pas encore implanté ;
rétrospectif : leur objectif dans ce cas étant d’étudier la causalité des effets observés. Ce
type d’approche est très courant pour évaluer les risques de sites et sols pollués.
La méthodologie des éRé repose sur :
- la formulation du problème, avec notamment la caractérisation de l’écosystème, soit
par des inventaires écologiques et/ou des données de la littérature, et une
caractérisation des dangers, le plus souvent par la mise en place d’un plan de
prélèvements et d’analyses physico-chimiques. Cette caractérisation permet de définir
des entités cibles et les contaminants traceurs de l’évaluation ;
- établissement des doses journalières d’exposition (DJE) pour les différentes voies
d’exposition par une analyse caractérisant les effets et les expositions des entités cibles
par la détermination :
des milieux d’exposition ;
des vecteurs d’exposition entre agent(s) de stress et récepteur(s) écologique(s) ;
des paramètres individuels d’exposition, avec notamment des informations sur le
type d’individus, la durée du cycle de vie, la sédentarité ou non des espèces animales,
les habitudes de vie (repas, niche…), l’aire de répartition, la détermination des
comportements, type d’individus (adultes, jeunes, mères…).
Cette analyse sera suivie d’une discussion sur les incertitudes devant être considérées
dans le cas d’étude.
- Caractérisation du risque, exploitant les résultats des deux premières étapes. Les risques
calculés pour des entités cibles de l’écosystème permettent de hiérarchiser et/ou de
prioriser les décisions de gestion.
Etude n°14-1023/1A 249
La finalité de l’éRé est de mieux comprendre le fonctionnement de l’écosystème soumis à des
facteurs de perturbation (de nature chimique, physique ou biologique) et contribuer, par des
préconisations, des mesures de gestion ou des plans de suivi, à la pérennité de l’écosystème.
L’ETUDE D’IMPACT
Un impact peut se définir, selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, comme
« un effet de choc, un retentissement (d’une action forte) sur quelqu’un ou quelque chose ». Ainsi, l’étude d’impact
analyse les effets positifs et négatifs des projets de travaux et d’aménagement sur l’environnement
et le cadre de vie. Dans la conception et la mise en œuvre de leurs projets, les maîtres d’ouvrage
doivent définir les mesures adaptées pour éviter, réduire et, lorsque c’est nécessaire et possible
compenser leurs impacts négatifs significatifs sur l’environnement. Cette démarche doit conduire
à prendre en compte l’environnement le plus en amont possible lors de la conception des projets
d’autant plus que l’absence de faisabilité de la compensation peut, dans certains cas mettre, en cause
le projet. (MEEM, 2014).
Les études d’impact sont encadrées réglementairement, que ce soit au niveau des conditions
d’application ou du contenu des dossiers, et notamment par les articles L.122-1 à L.122-3 et R.122-
5 du code de l’environnement (modifié par décret n°2011-2019 du 29 Décembre 2011 – article 1).
Le contenu de l’étude d’impact est proportionné à la sensibilité environnementale de la zone
affectée par le projet, à l’importance et à la nature des travaux et à ses incidences prévisibles sur
l’environnement et la santé humaine. Elle comprend :
1. Une description du projet (conception, dimensions, description des caractéristiques
physiques de l’ensemble du projet et des exigences techniques en matière d’utilisation
du sol lors des phases de construction et de fonctionnement, une description des
principales caractéristiques des procédés de stockage, de production et de fabrication
ainsi qu’une estimation des types et des quantités des résidus et des émissions attendus
résultant du bon fonctionnement du projet ;
2. Une analyse de l’état initial de la zone susceptible d’être affectée par le projet, portant
notamment sur la population, la faune et la flore, les habitats naturels, les sites et les
paysages, les biens matériels, les continuités écologiques telle que définies par l’article
L.371-1, les équilibres biologiques, les facteurs climatiques, le patrimoine culturel et
archéologique, le sol, l’eau, l’air, le bruit, les espaces naturels, agricoles, forestiers,
maritimes ou de loisirs ainsi que les interrelations entre ces éléments ;
3. L’étude des effets du projet sur l’environnement et la santé humaine, effets
négatifs et positifs, directs et indirects, temporaires (y compris pendant la phase de
travaux) et permanents, à court/moyen/long terme, en particulier sur les éléments du
point précédent et sur la consommation énergétique, la commodité du voisinage (bruit,
odeur, vibration, émission lumineuse), l’hygiène, la santé, la sécurité, la salubrité
publique ainsi que l’addition et l’interaction de ces effets entre eux ;
4. Une analyse des effets cumulés du projet avec d’autres projets connus. Ces
projets sont ceux qui lors du dépôt de l’étude d’impact :
Ont fait l’objet d’un document d’incidence au titre de l’article R.214-6 et d’une
enquête publique
Etude n°14-1023/1A 250
Ont fait l’objet d’une EI, et pour lesquels un avis de l’autorité administrative de
l’Etat compétente en matière d’environnement a été rendu public
Sont exclus les projets mentionnant un délai et devenus caduque, ceux dont la décision
d’autorisation, d’approbation ou d’exécution est devenue caduque, dont l’enquête
publique n’est plus valable ainsi que ceux abandonnés par le pétitionnaire ou le maitre
d’ouvrage ;
5. Une esquisse des principales solutions de substitution examinées par le
pétitionnaire ou le maitre d’ouvrage et les raisons pour lesquelles, eu égard aux effets
sur l’environnement ou la santé humaine, le projet présenté a été retenu ;
6. Les éléments permettant d’apprécier la compatibilité du projet avec l’affectation
des sols ;
7. Une présentation des mesures prévues pour :
Eviter les effets négatifs notables du projet sur l’environnement ou la santé humaine
et réduire les effets n’ayant pu être évités ;
Compenser, lorsque cela est possible, les effets négatifs notables du projet sur
l’environnement ou la santé humaine qui n’ont pu être ni évités ni suffisamment
réduits. S’il n’est pas possible de compenser ces effets, le pétitionnaire ou le maitre
d’ouvrage justifie cette impossibilité.
8. Une présentation des méthodes utilisées pour établir l’état initial et évaluer les
effets du projet sur l’environnement et, lorsque plusieurs méthodes sont disponibles,
une explication des raisons ayant conduit au choix opéré ;
9. Une description des difficultés éventuelles, de nature technique ou scientifique,
rencontrées par le maitre d’ouvrage pour réaliser cette étude ;
10. Les noms et qualités précises et complètes du ou des auteurs de l’EI et des études
qui ont contribué à sa réalisation ;
11. Lorsque le projet concourt à la réalisation d’un programme de travaux dont la
réalisation est échelonnée dans le temps, l’EI comprend une appréciation des
impacts de l’ensemble du programme ;
12. Une esquisse des principales solutions de substitution examinées et les raisons de
son choix ;
13. Un résumé non technique, afin de faciliter la prise de connaissance par le public des
informations contenues dans l’étude.
PRINCIPALES DIFFERENCES ET INTERACTIONS POSSIBLES ENTRE L’ERE ET L’ETUDE
D’IMPACT
Une reconnaissance réglementaire différente
Comme cité précédemment, les études d’impact sont encadrées réglementairement, que ce soit au
niveau des conditions d’application ou du contenu des dossiers, et notamment par les articles
L.122-1 à L.122-3 et R.122-5 du code de l’environnement (modifié par décret n°2011-2019 du 29
Décembre 2011 – article 1). A l’inverse des études d’impact, le contenu de l’éRé n’est pas fixé
réglementairement en France. Dans le cadre de la législation relative aux SSP, il existe des textes
définissant et mentionnant les intérêts de l’éRé comme outil de gestion des SSP. Néanmoins, aucun
guide méthodologique n’a été ni publié ni reconnu à ce jour. Une révision de la circulaire du
Etude n°14-1023/1A 251
08/02/2007 relative au SSP, dont une consultation avait cours sur le site du ministère de
l’environnement jusqu’au 30 mai 2016, permettra peut-être de combler ce manque.
Une expression des résultats variable
En termes de résultats, la principale différence entre l’éRé et l’étude d’impact (EI) est le type de
résultats générés, les impacts se traduisent le plus souvent par des informations qualitatives alors
que l’éRé génère une information quantitative ou semi-quantitative, les risques étant le plus souvent
exprimé par un ratio de risque ou une probabilité d’apparition d’effets néfastes.
Autre différence, l’EI va considérer les effets d’un ouvrage ou d’un aménagement sur une période
de temps plus restreinte que l’éRé.
Une projection dans le temps différente
Le repère temporel est la principale différence entre les études d’impact et les éRé. En effet,
l’évaluation des risques se positionne en amont (approche prospective) ou en aval (approche
rétrospective) d’une activité et/ou d’un ouvrage, en cherchant à connaitre les effets d’une situation
avant qu’ils n’apparaissent ou à déterminer la causalité d’un effet alors que l’étude d’impact se
positionne au moment d’une action ou légèrement en amont, en cherchant à connaitre les effets
d’une situation à partir du moment où elle est mise en place (Deram & Hayet, 2006).
Interactions possibles
L’évaluation des risques écologiques peut répondre en partie à la question posée par les études
d’impacts mais selon une approche différente.
« Exemple d’un aménagement paysager réalisé à partir de sédiments à proximité d’une zone
humide, et dont les eaux de ruissellement seront évacuées dans le réseau hydraulique de surface. Si
l’on s’intéresse aux conséquences sur les populations de libellules :
Pour l’EI, il y aura notamment un effet indirect de l’aménagement paysager sur ces
espèces en raison de la présence potentielle d’éléments trace dans les eaux de
ruissellement de l’aménagement paysager ;
Pour l’éRé, avec un niveau de confiance de 95 %, il existera un risque d’observer
une baisse de « x » % de la natalité pour des concentrations supérieures à « y » g/L
de polluant (dans des conditions spécifiques et connues) ».
A l’image d’une photographie, l’EI dresse un état des lieux à un instant T. Or, il est connu qu’un
écosystème est en constante évolution, que c’est un système complexe. De ce fait, les
recommandations en termes de gestion ne seront surement plus adaptées sur le long terme. L’éRé
est davantage comparable à un film puisqu’elle permet de retracer l’historique et anticipe l’évolution
du système. De plus, l’éRé peut cibler les espèces sensibles ou parapluies sur lesquelles il peut être
recommandé de concentrer les efforts. L’éRé se révèle donc être un outil d’aide à la décision
précieux pour les gestionnaires de sites et qui complète l’EI, à l’instar de l’ERS qui constitue un
volet essentiel de l’EI des ICPE.
Etude n°14-1023/1A 252
APPORT DE L’ERE A LA PROBLEMATIQUE DES SEDIMENTS CONTAMINES, EXTRAITS
ET DEPOSES EN MILIEUX TERRESTRES
APPORT DE LA METHODOLOGIE
Comme le soulignent Chapman et al. (2002), les éRé des sédiments tendent à être vraiment
spécifiques à une situation ou un site. Le plus souvent il s’agit d’éRé menées pour évaluer le risque
d’un projet de dragage sur le milieu aquatique impacté. Or, comme le relèvent les auteurs, il y a un
besoin de procédures génériques pour répondre à d’autres questions en lien avec la gestion des
sédiments. Ils citent notamment l’exemple des risques écologiques associés à une option de gestion
particulière des matériaux dragués.
La démarche d’éRé implique la collecte de données plus nombreuses, ce qui peut engendrer des
coûts plus élevés et/ou des délais plus longs. Pour les opérateurs, l’évaluation des risques avec une
appréciation quantitative ne serait avantageuse que pour des cas particuliers, sites étendus avec des
contaminants multiples par exemple (Babut et al., 2011).
En revanche, l’amélioration des connaissances sur les impacts pour les écosystèmes terrestres des
sédiments potentiellement contaminés gérés à terre permettrait d’envisager une pérennisation des
filières de valorisation encore à un stade expérimental. Cette démarche d’amélioration des
connaissances est d’autant plus importante au regard des quantités générées annuellement (50
millions de m3/an pour le milieu maritime et 6 millions pour le domaine fluvial alors que les besoins
pour ce dernier sont estimés à 9 millions de m3/an). L’émergence et la pérennisation de filières à
terre répondraient à de multiples enjeux de développement durable, (i) des enjeux
environnementaux en limitant l’extraction de ressources naturelles pour la réhabilitation de sites
(rechargement de plages par exemple), (ii) des enjeux économiques en répondant par exemple à
une pénurie de matières premières pour les travaux publics, actuelle ou future selon les régions, (iii)
des enjeux sociaux et sociétaux en diminuant les tensions et en facilitant la gestion des conflits
autour des zones de dépôt et/ou de stockage des sédiments (Charte de préfiguration du projet
« Sédimatériaux »).
La démarche globale d’éRé, et notamment l’approche « site spécifique », envisageant l’étude des
communautés microbiennes, floristiques et faunistiques peut constituer un outil répondant à ces
perspectives d’amélioration. En effet, l’utilisation de la capacité de l’éRé à prédire les effets permet
(i) d’appréhender les effets de la valorisation et des contaminants (et notamment ceux connus pour
leur caractère bioaccumulable et/ou bioamplifiable) sur les écosystèmes terrestres et (ii) de faire
envisager des traitements spécifiques et/ou des mesures de gestion pour des groupes écologiques
spécifiques, qui auront été identifiées au cours de l’étape de caractérisation du risque.
L’éRé permet de surcroît d’intégrer des informations, de préférence issues de mesures ou
d’observations in situ, de nature différente (données physico-chimiques, écologiques,
écotoxicologiques) et de les considérer à différentes échelles de l’écosystème pour aboutir à
l’expression de risques les plus représentatifs possibles de la réalité du terrain. L’intégration de ces
données dans une matrice de décision permettra de proposer une démarche du type « Triad », qui
témoigne déjà d’un consensus international pour la caractérisation des effets biologiques de
Etude n°14-1023/1A 253
substances indésirables d’un sédiment sur les écosystèmes et permet de démontrer leur
biodisponibilité et d’obtenir un aperçu de la qualité des sédiments.
APPORT DES CAS PRATIQUES
Les valeurs seuils
Les scénarios d’éRé proposés dans le cadre de cette étude ont été construits selon des hypothèses
raisonnablement majorantes afin de respecter le principe de prudence scientifique. Ainsi, les
scénarios n’ont retenu ni le recours à d’autres matériaux pour la valorisation, ce qui aurait contribué
à une dilution de la contamination, ni des traitements autres que ceux en vue de rendre le matériau
pelletable et donc transportable afin d’envisager des contaminants « disponibles ». Les
concentrations médianes pour le scénario 1 et moyennes pour le scénario 2 étaient issues des études
de Padox & Hennebert (2010a, 2010b). Elles ont permis de considérer une contamination
inorganique au niveau des sols ainsi que selon les cas une contamination organique (TBT ou PCBs).
Ces concentrations médianes sont globalement inférieures aux valeurs des seuils S1 dans le cas des
sédiments fluviaux et N1 pour les sédiments maritimes, à l’exception du TBT et du cuivre qui sont
sensiblement équivalentes à N1. Les éRé menées pour des niveaux de contamination équivalents
aux valeurs médianes et donc inférieurs aux valeurs-seuils ont néanmoins mis en évidence que
certains contaminants étaient susceptibles d’engendrer des effets néfastes sur l’écosystème terrestre
(Quotients de risque supérieurs à 1). Ces résultats soulèvent nécessairement la question de la valeur
protectrice des valeurs-seuils pour des écosystèmes terrestres, d’autant que, pour rappel, les valeurs-
seuils S1 sont utilisées dans le cadre de l’évaluation de la propriété HP 14.
Ainsi, pour les besoins de l’étude, les valeurs-seuils ont été utilisées dans le cadre d’une évaluation
des risques pour les écosystèmes. Celle-ci a mis en évidence que les niveaux de contamination ainsi
considérés engendraient des indices de risque supérieurs à 1 et pouvaient par conséquent induire
un risque pour l’écosystème terrestre. D’après l’étude de Padox et Hennebert (2010a, 2010b), les
contaminants concernés, à savoir le TBT et le zinc, sont de surcroît le plus souvent responsables
de dépassements des seuils N1 et S1 (TBT pour le milieu maritime ; zinc pour le milieu fluvial).
Par ailleurs, les quotients de risque les plus élevés ont été calculés pour le TBT, substance inscrite
sur la liste des substances prioritaires de l’annexe X de la Directive 2013/39/UE. Il n’existe pas, à
ce jour, de seuil S1 pour le TBT, ce qui entraîne notamment un recours à la valeur N1 pour
l’évaluation de la propriété HP 14. La problématique des organostanniques est bien connue pour
le milieu maritime. En revanche, pour mieux appréhender l’ampleur de la problématique pour le
milieu continental, des données complémentaires sont nécessaires en particuliers (i) sur les
mécanismes conduisant à sa bioaccumulation et bioamplification dans les chaines alimentaires
aquatiques et terrestres, ce qui implique, entre autres, une meilleure connaissance des mécanismes
du transfert sol-plante du TBT.
Afin de déterminer dans quelles mesures l’écosystème terrestre est effectivement impacté par ces
niveaux de contamination, des investigations complémentaires pour mieux connaître l’évolution
des contaminants, notamment le mercure, le zinc et les PCBs, au sein des dépôts sédimentaires
terrestres constituent une perspective de recherche intéressante.
Etude n°14-1023/1A 254
A terme, sur la base notamment du retour d’expérience des programmes de recherche en cours et
à venir, une révision de certaines valeurs-seuils pourrait être envisagée afin de garantir des valeurs
plus protectrices pour les écosystèmes terrestres. De même, des préconisations de traitements
spécifiques pourraient être proposées en vue d’une valorisation à terre de sédiments présentant des
concentrations identifiées comme potentiellement problématiques pour certain(s) groupe(s)
écologique(s). Le cas échéant, si la mise en œuvre de traitements n’est pas possible, suffisante ou
adaptée au contexte étudié, des mesures de protection supplémentaires devront être envisagées afin
de réduire voire empêcher les effets de ces contaminants sur l’écosystème.
Les valeurs toxicologiques de référence
Dans le cadre du scénario 3, en première intention des valeurs toxicologiques de références de
l’INERIS ont d’abord été recherchées. Pour les microorganismes, les plantes et les invertébrés du
sol, les quotients de risque résultant de l’utilisation des quelques valeurs disponibles (arsenic, cuivre,
nickel, zinc) ont tous été supérieurs à 1, voire supérieurs à 100. Des quotients de risque ont alors
été calculés avec les Eco-SSL de l’US-EPA mais également avec les valeurs de référence pour les
récepteurs terrestres du CEAEQ. Une grande variabilité entre ces différentes valeurs de référence
a été constatée, ce qui a abouti à une grande disparité dans le risque calculé.
Pour l’évaluation des risques sanitaires dans le cadre d’étude d’impact et de la gestion des sites et
sols pollués, un logigramme de décision a été établi afin de préciser et de simplifier le choix de ces
valeurs toxicologiques de référence. Au regard de la variabilité des valeurs de référence issues de la
littérature scientifique, il apparaitrait pertinent de construire un outil équivalent à ce logigramme
pour le choix des VTR dans le cadre d’une éRé.
Pour le zinc, hormis pour la flore dans le cas des concentrations médianes des sédiments marins et
fluviaux qui présentaient des quotients de risques proches de 1 (0,98 et 0,81), quels que soient les
groupes écologiques envisagés (microorganismes, flore, invertébrés du sol) et les valeurs de
référence utilisées, les quotients de risque sont supérieurs à 1 dans les cas des scénarii 1, 2 et 3.
Ainsi, la réflexion sur une révision de certains seuils apparait d’autant plus judicieuse dans le cas du
zinc au vu de l’ensemble des résultats.
Etude n°14-1023/1A 255
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Le premier chapitre a eu pour objectf de définir le plus exhaustivement possible le contexte
réglementaire encadrant la gestion des sédiments dragués. Des synoptiques ont été réalisés dans le
but de simplifier la lecture d’un cadre réglementaire très complexe, à l’intersection de plusieurs
réglementations (loi sur l’eau, sur les déchets, etc). Les discussions ont permis de souligner, entre
autres, l’importance du statut du sédiment et des conséquences que celui-ci peut avoir sur les
possibilités de gestion des sédiments extraits ainsi que la nécessité d’une traçabilité des sédiments
de leur extraction à leur valorisation ou élimination. Ce point est d’ailleurs exprimé dans les résultats
de l’enquête menée auprès d’acteurs de la filière, mettant ainsi en exergue une nécessaire
harmonisation des pratiques de suivi des sédiments. De l’enquête ressort également une réelle
volonté d’améliorer l’évaluation des risques encourus par les milieux récepteurs de sédiments
extraits, tout en reconnaissant un manque d’outils méthodologiques, notamment en ce qui
concerne l’éRé.
Le second chapitre, consacré à l’analyse bibliographique des modifications des sédiments, des
polluants associés et des milieux récepteurs suite à la mise en dépôt sur sol, a permis de rassembler
les connaissances sur (i) les sédiments, leurs caractéristiques physiques, chimiques et biologiques,
et sur (ii) le retour d’expérience sur la mise en dépôt de sédiments continentaux et marins. La
littérature scientifique, essentiellement des 10 dernières années, et le retour d’expérience des
programmes de recherche tels que SEDIMARD 83, SEDIGEST, ont constitué notre base de
travail bibliographique. L’analyse de cette bibliographie a permis d’apprécier les propriétés physico-
chimiques et biologiques des sédiments ainsi que l’évolution du comportement des sédiments et de
la contamination depuis leur extraction jusqu’à leur gestion à terre.
Dans un troisième chapitre, nous nous sommes intéressés aux méthodologies d’évaluation des
risques pour les écosystèmes dont nous avons rappelé la définition et les grands principes (partie
1) avant de nous intéresser aux démarches d’évaluation et de gestion des sédiments. Nous avons
avons notamment évalué la faisabilité de l’éRé selon les principales filières de valorisation à terre
des sédiments. Nous avons ainsi distingué, selon les scénarios envisagés, la ou les approches d’éRé
les plus adaptées. Dans la plupart des cas, l’approche matrice permet d’anticiper les effets
indésirables susceptibles d’être causés à l’écosystème récepteur et si besoin de réviser le projet ou
de mettre en place un ou plusieurs traitements des sédiments afin qu’ils soient compatibles avec
leur usage futur (approche plutôt prospective des risques). En ce qui concerne l’approche site-
spécifique, son application et la finalité de l’éRé sont variables selon les filières de valorisation. Le
recours à l’une ou l’autre des approches est à apprécier au cas par cas et peut s’envisager en fil rouge
d’un projet de dragage et de gestion des sédiments (approche rétrospective : causalité des effets
observés ; approche prospective : évaluation sur le long terme). Au final, il apparait dans l’étude
que l’éRé peut se révéler être un bon outil à appliquer à la gestion à terre des sédiments et que les
différentes approches (matrice/site spécifique) sont complémentaires.
Etude n°14-1023/1A 256
La discussion générale
Pour apprécier la faisabilité de l’éRé, il a été nécessaire de réfléchir au positionnement de l’éRé par
rapport à l’EI en mettant en avant les avantages et les inconvénients des sédiments, mais aussi en
soulignant la complémentarité des deux approches même si à ce jour, seule l’EI est reconnue sur
le plan réglementaire. Autre point important à considérer : le statut scientifique du sédiment dragué.
Peut-on le considérer comme un sol dès lors qu’il est géré à terre ? Encore aujourd’hui c’est un
sujet qui fait toujours l’objet de débats au sein de la communauté scientifique. De nombreux
paramètres doivent être pris en compte comme les caractéristiques physico-chimiques, en
particulier la granulométrie ou la salinité, la végétalisation et enfin l’influence des facteurs
pédogéniques, qui vont contribuer à les faire évoluer. Ainsi, les sols recevant des sédiments peuvent
être qualifiés de technosol par opposition en première intention aux sols naturels et pour garder la
mémoire de l’histoire du sol. Au final, si les conditions nécessaires sont réunies, alors les technosols
utilisant des sédiments pourraient être une étape intermédiaire dans l’évolution des sols anthropisés
vers des sols naturels.
Nous concluerons notre réflexion en proposant quelques perspectives concernant l’apport de l’éRé
à la problématique étudiée et en regroupant les principales questions soulevées par notre analyse
bibliographique, auxquelles nous tentons d’apporter des premiers éléments de réponse.
Outre la nécessité de poursuivre les recherches sur l’évolution du comportement des sédiments, et
notamment des substances présentes dans la matrice extraite, notre étude a également démontré la
nécessité de mieux connaître l’état et la dynamique évolutive des écosystèmes se développant sur
les ouvrages ou aménagements réalisés à partir de sédiments dragués. Actuellement, les démarches
ciblent davantage les effets encourus par le milieu récepteur (objet de l’étude d’impact) et par le ou
les milieux vers lesquels la contamination est susceptible de migrer, la plupart des scénarios décrits
dans la littérature envisagent le plus souvent les risques de migrations vers les systèmes aquatiques
(de surface ou souterrain). L’évaluation des effets encourus par l’écosystème se développant sur
l’ouvrage ou l’aménagement en lui-même est très peu décrite, les quelques exemples retrouvés dans
la littérature concernent le plus souvent un ou deux groupes écologiques (flore, micro-organismes).
Comme l’ont démontré les études de cas théoriques développées dans la présente étude, l’éRé peut
constituer un outil susceptible d’apporter des réponses à l’échelle de l’écosystème, il est toutefois
nécessaire de corroborer cette hypothèse par une mise en application de l’éRé à de réels scénarios
d’étude. L’enjeu de cette démarche est d’apporter aux gestionnaires un outil d’aide à la décision
contribuant à la réussite de projets à connotation écologique comme les éco-modelé paysagers par
exemple, cette réussite étant en grande partie tributaire de la pérennité de l’écosystème.
Pour compléter ou amender les réponses apportées par l’éRé, des indicateurs écologiques peuvent
être envisagés. Au préalable, il est toutefois nécessaire de répondre à la question de l’assimilation
d’un sédiment déposé à un sol. Or, comme nous l’avons développé un peu plus tôt dans l’étude (se
reporter à la discussion générale), ce sujet ne fait pas l’objet d’un consensus par la communauté
scientifique. Il semble donc intéressant d’une part de mieux connaître les propriétés des dépôts de
sédiments afin d’alimenter le débat et d’autre part d’évaluer si les indicateurs écologiques terrestres,
en se référant notamment au programme bio-indicateurs de la qualité des sols de l’ADEME,
peuvent constituer des outils efficaces pour apprécier la qualité des dépôts de sédiments en milieux
terrestres.
Etude n°14-1023/1A 257
Enfin, la problématique des sédiments extraits et déposés peut être étendue à d’autres sources que
les dragages et curages, même si ceux-ci générent d’importants volumes de sédiments à gérer. Il
existe en effet des ouvrages et installations dont l’entretien nécessite l’extraction et la gestion de
matrices potentiellement contaminées. C’est le cas notamment des ouvrages collectant les eaux de
ruissellement et/ou de lessivage des voiries, parkings et autres surfaces artificielles (bassins routiers
ou les bassins d’infiltrations des eaux pluviales par exemple). Au fond de ces bassins, l’accumulation
de particules engendre la formation d’une matrice sédimentaire potentiellement contaminée dont
l’extraction s’avère souvent nécessaire afin de garantir le bon fonctionnement de l’ouvrage. La
gestion de ces sédiments extraits et potentiellement contaminés soulève, d’un point de vue
scientifique, des questions similaires à celles abordées dans le cadre de la présente étude : comment
évolue la matrice sédimentaire et notamment la contamination qu’elle peut contenir ? Quels sont
les effets de cette matrice sur l’environnement et notamment les écosystèmes ? La matrice une fois
extraite et déposée au sol peut-elle être assimilée à un sol ? Dans ce contexte, il pourrait être
intéressant d’évaluer la faisabilité et l’apport des méthodologies d’éRé aux questions posées.
Etude n°14-1023/1A 258
BIBLIOGRAPHIE
A
Abriak, N-E. (2014). Projet SEDIMATERIAUX « TP-MARITIME ». ENVIRONORD, 50 p.
Abriak, N.-E. (2015). Du dragage à la valorisation des sédiments : SEDIMATERIAUX. Matériaux Du Génie-Civil é
Environnement, Cergy-Pontoise, 17 Septembre 2015, 76.p
Abriak, N.-E., Khezami, I., Mamindy-Pajany, Y., Brakni, S., & Zentar, R. (2014). Valorisation des sédiments de dragage
en aménagement paysager (Guide méthodologique). SEDILAB, 69p.
Achard, R. (2013). Dynamique des contaminants inorganiques dans les sédiments de dragage : rôle spécifique de la
matière organique naturelle. Thèse soutenue le 24/05/2013 pour l’obtention du grade de Docteur de l’Université
du Sud Toulon Var, 184 pages
Agence Artois Picardie, (2002). Enlèvement des sédiments: Guide méthodologique. Evaluation détaillée des risques
liés à la gestion des sédiments et aux opérations de curage. EDR Sédiments 148.
Agence de l’Eau Seine Normandie (2005). Métalloïdes et organométalliques : organoétains. p89-95
Agence de l’eau Artois-Picardie et Aquascop. (2014). Etude de l’indice invertébrés multimétrique (I2M2) en Artois-
Picardie. Rapport général, 70p.
Agency for Toxic Substances & Disease Registry, Department of Health and Human Services (2006). Toxicological
profiles for hazardous substances [en ligne]. http://www.atsdr.cdc.gov/toxpro2.html ATSDR, 2005.
Toxicological profile for tin and tin compounds, 426 p.
Agostini, F. (2006). Inertage et valorisation des sédiments de dragage marins. Thèse soutenue le 19 Juin 2006 pour
l’obtention du grade de Docteur, délivrée par l’Ecole Centrale de Lille, 215 pages
Agra, A., & Soares, A.V.M., (2009) Effects of Two Insecticides on Survival, Growth and Emergence of Chironomus
riparius Meigen. Bulletin of Environmental Contamination and Toxicology. 82 (4), 501–504
Air Rhône Alpes (2013). Transfert de dioxines / furanes et PCB entre le sol et l’atmosphère. Association agréée par le
Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement. 45 pages. Rapport d’étude disponible
sur le site : www.air-rhonealpes.fr
Aı ̈t-Aı ̈ssa, S., Pandard, P., Magaud, H., Arrigo, A. P., Thybaud, E., Porcher, J. M. (2003). Evaluation of an in vitro
hsp70 induction test for toxicity assessment of complex mixtures: comparison with chemical analyses and
ecotoxicity tests. Ecotoxicology and environmental safety, 54(1), 92-104.
Alarcon-Gutierrez, E., Floch, C., Ruaudel, F., Criquet, S. (2008). Non-enzymatic hydrolysis of fluorescein diacetate
(FDA) in a Mediterranean oak (Quercus ilex L.) litter. European Journal of Soil Science, 59(2), 139–146.
Alvarez-Guerra M., Viguri J.R., Casado-Martinez M.C. et Delvalls T.A, (2007). Sediment Quality Assessment and
dredged material management in Spain : part I, application of sediment quality guidelines in the bay of Santander.
Integrated Environmental Assessment and Management 3;4:529-538
Alzieu, C. (1999). Dragages et environnement marin : Etat des connaissances. IFREMER, 225.p
Etude n°14-1023/1A 259
Alzieu, C. (2003). Bioévaluation de la qualité environnementale des sédiments portuaires et des zones d'immersion.
Editions Quae. 247pp
Anderson, B. S., Lowe, S., Phillips, B. M., Hunt, J. W., Vorhees, J., Clark, S.,Tjeerdema, R. S. (2008). Relative
sensitivities of toxicity test protocols with the amphipods Eohaustorius estuarius and Ampelisca abdita. Ecotoxicology
and Environmental Safety, 69, 24–31. http://doi.org/10.1016/j.ecoenv.2007.05.005
Anderson, J.P.E. et Ingram, J.S.I., (1993). Tropical Soil Biology and Fertility. A Handbook of Methods. CA B
International. Oxon, UK, pp 44-46.
Anderson, T.-H. (2003). Microbial eco-physiological indicators to asses soil quality. Agriculture, Ecosystems Environment,
98(1-3), 285–293.
Anger, B. (2014). Caractérisation de sédiments fins de retenues hydroélectriques en vue d’une orientation vers des
filières de valorisation matière. Thèse de Doctorat, Université de Caen Basse-Normandie, 316 p
ANTEA (1999). Projet de végétalisation d’une partie du parc à cendres EDF de Blénod-lès-Pont à Mousson (54) à
l’aide de boues de dragage de la Moselle - Etude de faisabilité. réf A18127/A, 22 p. In : Anger, B., 2014.
Caractérisation des sédiments fins de retenues hydroélectriques en vue d’une orientation vers des filières de
valorisation matière. Thèse de Doctorat, Génie-Civil, Université de Caen Basse-Normandie 316 p
Anteagroup (2012a). Plan de gestion des travaux d’entretien régulier du Canal de la Marne au Rhin Ouest - Note
complémentaire au dossier de demande d’autorisation » 55-2012-00105
Anteagroup (2012b). Plan de Gestion des Travaux d’Entretien Régulier – Canal de la Marne au Rhin Ouest de Vitry-
le-François (51) à Toul (54) ; pièce n°5 : Guide des interventions d’entretien. A65797/A Mai 2012. VNF
Direction Interrégionale du Nord-Est
Antizar-Ladislao, B. (2008). Environmental levels, toxicity and human exposure to tributyltin (TBT) - contaminated
marine environment. A review. Environment international February 2008;34(2):292-308.
doi:10.1016/j.envint.2007.09.005
Apitz, S.E., Power, E. a., (2002). From risk assessment to sediment management : An international perspective. Journal
of Soils and Sediments 2, 61–66. doi:10.1007/BF02987872
Apitz S.E., Barbanti A., Giulio Bernstein A., Bocci M., Delaney E. et Montobbio L., (2007). The assessment of
sediment screening risk in Venice lagoon and Other Coastal Areas Using International Sediment Quality
Guidelines. Journal of Soils Sediments 7;5:326-341
Aqua, J-L, Sannier, L., Méhu, J., Tivolle, I., & Tessier, E. (2013). Guide des thématiques : Données SEDIMARD 83 :
Traitements. Cap Sédiment, 1–89.
Aqua, J-L. (2014). Cap sédiments – Rappel des réalisations et perspectives travaux 2014-2020. 4è assises du Port du Futur,
Paris 9-10 Septembre 2014
Association Cœur Emeraude. Le centre de transit des sédiments de la Rance. (Consulté le 21/04/2016). Disponible
sur le lien suivant : http://pnr-rance-emeraude.fr/fr/article/centre-transit-sediments-rance.
ASTM D 3978 (2004). Practice for Algal Growth Potential Testing with Pseudokirchneriella subcapitata
ASTM E 1440-91, (2004). Standard guide for acute toxicity with the rotifer Brachionus. American Society for Testing
and Materials. Philadelphia PA, USA, reapproved.
Etude n°14-1023/1A 260
ASTM, (1993). Standard guide for conducting 10-day static sediment toxicity tests with marine and estuarine
Amphipods (includes Annexes on procedures for the following organisms : Ampelisca abdita, Eobaustorius estuarius,
Grandidierella japonka, Leptocheirus plumulosus and Rhepoxinius abronius). In: ASTM 1993 Annual book of Standards,
vol 11.04, El367-92. American Society for Testing and Materials, Philadelphia.
Austoni, M., Giordani, G., Viaroli, P., Zaldívar, J. M. (2007). Application of specific exergy to macrophytes as an
integrated index of environmental quality for coastal lagoons. Ecological Indicators, 7(2), 229-238.
B
Babut, M., Martel, L., Ciffroy, P. et Férard J.F. (2011). Stratégies graduées d’évaluation des risques environnementaux
induits par les sédiments fluviaux : revue bibliographique sur la caractérisation des risques et des incertitudes
associées. Déchets Sciences & Techniques : Revue Francophone d’Ecologie Industrielle, 2011 ;60:7-17
Babut, M., Perrodin, Y., Bedell, J.P, Clement, B., Cosnier, S., Corriger, B., Delmas, H., Delolme, C., Devaux, A., Miege,
C., Péry, A., Roulier, J.L., Vollat, B. (2004). Méthodologie d’évaluation écotoxicologique de matériaux de dragage
: tests de la démarche et essais d’optimisation – Rapport final – 100 pp.
Babut, M., Perrodin, Y., Bray, M., Clément, B., Delolme, C., Devaux, A., … Charrier, C. (2002). Évaluation Des Risques
Écologiques Causés Par Des Matériaux De Dragage: Proposition D’Une Approche Adaptée Aux Dépôts En
Gravière En Eau. Revue Des Sciences de L’eau, 15(3), 615–639. http://doi.org/10.7202/705472ar
Bachelier, G. (1978) La faune des sols, son ecologie et son action, Orstom édition, Paris, pp. 391.
Bäckström, M., Karlsson, S., Bäckman, L., Folkeson, L., Lind, B. (2004). Mobilisation of heavy metals by de-icing salts
in a roadside environment. Water Research. 2004 Feb;38(3):720-32.
Baize, D., Girard, M., & Coordinateurs. (2008). Référentiel pédologique. (Edition Quae). Savoir-Faire ; Association
Française pour l’Etude du sol. 405 p.
Balabaskaran, S., Tilakavati, K., Kumar Das, V.G. (1987). Studies on the phytotoxic effects of some organotin(IV)
compounds on the germination of the mung bean seed, Phaseolus aureus. Applied Organometallic Chemistry 1, 347-
353
Baltazar, M. T., Dinis-Oliveira, R. J., Martins, A., de Lourdes Bastos, M., Duarte, J. A., Guilhermino, L., Carvalho, F.
(2014) Lysine acetylsalicylate increases the safety of a paraquat formulation to freshwater primary producers: A
case study with the microalga Chlorella vulgaris. Aquatic Toxicology, 146, 137-143.
Bataillard P., Piou S., Laboudigue A., et al. (2004). Evolution géochimique des sédiments contaminés mis en dépôt :
quel impact sur l’analyse des risques avant et après curage ? JST 301-310
Bedell J-P., Babut M., Delolme C., Bray M. et al. (2003). « Proposition d’une méthodologie d’évaluation des risques
écotoxicologiques liés à la mise en dépôt sur sol ou en gravière de sédiments de dragage » Bulletin des Laboratoires
des Ponts et Chaussées - 244-245 - Mai-Juin-Juillet-Août 2003 ; 4465 : 131-142
Bedell, J.-P., Bazin, C., Sarrazin, B., Perrodin, Y. (2013) Assessment of the phytotoxicity of seaport sediments in the
framework of a quarry-deposit scenario: germination tests of sediments aged artificially by column leaching.
Archives of Environmental Contamination and Toxicology, 65(1), 1–13. http://doi.org/10.1007/s00244-013-9881-9
Bedell, J. P., & Delolme, M. S. C. (2013). Rôle de la végétation sur l’évolution des caractéristiques physico-chimiques
des sédiments déposés dans un bassin d’infiltration des eaux pluviales. Etude et Gestion Des Sols, 20, 27–38.
Etude n°14-1023/1A 261
Bedell, J.-P., Briant, A., Delolme, C., Perrodin, Y. (2003) Evaluation of the phytotoxicity of contaminated sediments
deposited “on soil”. I. Impact of water draining from the deposit on the germination of neighbouring plants.
Chemosphere, 50(3), 393–402. http://doi.org/10.1016/S0045-6535(02)00600-8
Bedell, J.-P., Ferro, Y., Bazin, C., et Perrodin, Y. (2014) Selection of a halophytic plant for assessing the phytotoxicity
of dredged seaport sediment stored on land. Environmental Monitoring and Assessment, 186(1), 183–94.
http://doi.org/10.1007/s10661-013-3365-2
Beketov, M. a., Cedergreen, N., Wick, L. Y., Kattwinkel, M., Duquesne, S., Liess, M. (2013) Sediment Toxicity Testing
for Prospective Risk Assessment — A New Framework and How to Establish It. Human and Ecological Risk
Assessment, 19(November 2011), 98–117.
Bennett, C., Owen, R., Birk, S., Buffagni, A., Erba, S., Mengin, N., ... et Wagner, F. (2011) Bringing European river
quality into line: an exercise to intercalibrate macro-invertebrate classification methods. Hydrobiologia, 667(1), 31-
48.
Benoit-Bonnemason, C., Seby, F., Turlot, J-C. et al. (2012). Analyse statistiques des données obtenues sur les sédiments
traités sur le site pilote de SEDI.MAR.D 83. Revue Paralia Juillet 2012;5:3.1-3.16
Bernes Cabanne C. (2009). Valorisation agricole des sédiments de dragage des voies navigables. Rapport de Stage,
ENTPE, 148 p. In : Anger, B. (2014). Caractérisation des sédiments fins de retenues hydroélectriques en vue
d’une orientation vers des filières de valorisation matière. Thèse de doctorat, Génie-civil, Université de Caen Basse-
Normandie, 316 p.
Bertrand, E., Girard, D et Savy, A. (2005). Approche d’évaluation de toxicité des organoétains en mélange. Rennes
Bignal, K. L., Ashmore, M. R., Headley, A. D., Stewart, K., & Weigert, K. (2007). Ecological impacts of air pollution
from road transport on local vegetation. Applied Geochemistry, 22(6), 1265–1271.
http://doi.org/10.1016/j.apgeochem.2007.03.017
Birk, S., et Willby, N. (2010). Towards harmonization of ecological quality classification: establishing common grounds
in European macrophyte assessment for rivers. Hydrobiologia, 652(1), 149-163.
Bispo, A., Cluzeau, D., Creamer, R., Dombos, M., Graefe, U., Krogh, P.H., Sousa, J.P., Peres, G., Rutgers, M., Winding,
A., Rombke, J., (2009) Indicators for monitoring soil biodiversity. Integrated environmental assessment and management,
5(4), 717-719.
Bispo, A., Grand, C., Galsomies, L. (2008) Le programme ADEME “Bioindicateurs de qualite des sols” : Vers le
developpement et la validation d’indicateurs biologiques pour la protection des sols. Etude et Gestion Des Sols, 16,
145–158.
Bisson, M., Bureau, J., Denys, S., Lacroix, G. et al. (2005). Polychlororbiphényles. INERIS Fiche de données toxicologiques
et environnementales des substances chimiques. INERIS-DRC-02-25590-00DF045 version n°2-1
Bloem, J., Schouten, A.J., Sorensen, S.J., Rutgers, M., Van der Werf, A, Breure, A.M. (2009) Monitoring and Evaluating
Soil Quality. Microbiological Methods for Assessing Soil Quality, 23-49.
Bolam, S.G., et Whomersley, P. (2005) Development of macrofaunal communities on dredged material used for
mudflat enhancement : a comparison of three beneficial use schemes after one year. Marine Pollution Bulletin, 50,
40–47.
Etude n°14-1023/1A 262
Bolam, S.G., et Rees, H. L. (2003) Minimizing Impacts of Maintenance Dredged Material Disposal in the Coastal
Environment : A Habitat Approach. Environmental Management, 32(2), 171–188. http://doi.org/10.1007/s00267-
003-2998-2
Bolam, S.G., Rees, H.L., Murray, L., Waldock, R., (2003). Intertidal placement of dredged material: a biological
perspective. In: Proceedings of the 28th International Conference on Coastal Engineering. World Scientific, Inc.,
3606–3615.
Bolam, S. G., & Whomersley, P. (2005). Development of macrofaunal communities on dredged material used for
mudflat enhancement : a comparison of three beneficial use schemes after one year. Marine Pollution Bulletin,
50, 40–47. http://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2004.08.006
Bolam, S.G., Whomersley, P., et Schratzberger, M. (2004) Macrofaunal recolonization on intertidal mudflats: Effect of
sediment organic and sand content. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 306(2), 157–180.
http://doi.org/10.1016/j.jembe.2004.01.007
Bonte, D., Baert, L., Lens, L., Maelfait, J. P. (2004) Effects of aerial dispersal, habitat specialisation, and landscape
structure on spider distribution across fragmented grey dunes. Ecography, 27(3), 343-349.
Borja, A., et Muxika, I. (2005). Guidelines for the use of AMBI (AZTI’s Marine Biotic Index) in the assessment of the
benthic ecological quality. Marine Pollution Bulletin, 50(7), 787–789.
http://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2005.04.040
Borja, A., Franco, J., et Pérez, V. (2000) A marine Biotic Index to establish the ecological quality of soft-bottom
benthos within European estuarine and coastal environments. Marine Pollution Bulletin, 40(12), 1100–1114.
http://doi.org/10.1016/S0025-326X(00)00061-8
Borja, A., Muxika, I., et Franco, J. (2003). The application of a Marine Biotic Index to different impact sources affecting
soft-bottom benthic communities along European coasts. Marine Pollution Bulletin, 46(7), 835–845.
http://doi.org/10.1016/S0025-326X(03)00090-0
Borloo, J., Berard, J., Cau, E., Caron, J., & Duriez, J. (2010). Charte de préfiguration du projet Sédimatériaux. 9 p.
Botta, F. & Dulio, V. (2014). Etude sur les contaminants émergents dans les eaux françaises – Résultat de l’étude
prospective 2012 sur les contaminants émergents dans les eaux de surface continentales de la Métropole et des
DOM. ONEMA/INERIS Rapport final n°DRC-13-136939-12927A, Juin 2014
Boukharaeva, L., & Marloie, M. (2013). Vassili V . Dokoutchaiev et l ’ écologie urbaine 1. Etude et Gestion Des Sols, 20(2),
117–126.
Bourret, J. (1997). La valorisation agronomique des sédiments marins de la Rance. Courrier de L’environnement de l'INRA,
66–69.
Boyd, S. E., Limpenny, D. S., Rees, H. L., Cooper Boyd, K. M., et Cooper, K. M. (2005) The effects of marine sand
and gravel extraction on the macrobenthos at a commercial dredging site (results 6 years post-dredging). Journal
of Marine Science, 62, 145–162. doi:10.1016/j.icesjms.2004.11.014
Boyd, S. E., Rees, H. L., et Richardson, C. A. (2000) Nematodes as Sensitive Indicators of Change at Dredged Material
Disposal Sites. Estuarine, Coastal and Shelf Science, 51(6), 805–819. http://doi.org/10.1006/ecss.2000.0722
Bradshaw, A. (2000). The use of natural processes in reclamation - Advantages and difficulties. Landscape and Urban
Planning, 51(2-4), 89–100. http://doi.org/10.1016/S0169-2046(00)00099-2
Etude n°14-1023/1A 263
Brakni, S., Abriak, N. E., & Grégoire, P. (2007). Valorisation de boues de dragage maritime en granulats artificiels en
vue de stabiliser l’érosion littorale. 25ème Rencontres de l’AUGC, 23-25 Mai 2007 à Bordeaux, 8 p.
Braud, A., Nica, C., Grac, C., et Le Ber, F. (2011). A lattice-based query system for assessing the quality of hydro-
ecosystems. In CLA 2011, Oct 2011, Nancy, France. INRIA NGE et LORIA, pp.265-277, 2011. <hal-
00640048>
Breure, A.M., Mulder, Ch., Rutgers, M., Schouten, T., De Zwart, D., Bloem, J., (2004) A biological indicator for soil
quality. In: Proceedings from an OECD Expert Meeting Rome, Italy March 2003: Agricultural Impacts on Soil Erosion
and Soil Biodiversity: Developing Indicators for Policy Analysis, pp. 485–494.
Brignon J.M. (2005). Tributylétain, 18 p. INERIS. Base de données environnementales [en ligne].
http://chimie.ineris.fr/fr/lien/basededonnees/environnementale/presentation.php Dibutyltin dichloride,
2005. Tributyltin compounds, 2004
Brunson EL, Canfield TJ, Dwyer FJ, Ingersoll CG, Kemble NE (1998). Assessing the Bioaccumulation of Contaminants from
Sediments of the Upper Mississippi River Using Field-Collected Oligochaetes and Laboratory-Exposed Lumbriculus variegatus ;
Archives of environmental contamination and toxicology 35:2 1998 Aug pg 191-201 ; PubMed:9680511
BRGM (2015). Les polluants émergents : de nouveaux défis pour la gestion des eaux souterraines. Mai 2015.
Disponible sur le lien suivant
http://www.brgm.fr/evenement/polluants-emergents-nouveaux-defis-gestion-eaux-souterraines
Burel, F., Garnier, E., Amiaud, B., Aulagnier, S. et al. (). « Chapitre 1. Les effets de l’agriculture sur la biodiversité ».
Agriculture et biodiversité, ESCo
Burel, F., Garnier, E., Amiaud, B., Butet, A., & Steinberg, C. (2008). Chapitre 1. Les effets de l’agriculture sur la
biodiversité. ESCO “Agriculture et biodiversité,” 1–139.
Burkhard, L. P., Hubin-Barrows, D., Billa, N., Highland, T. L., Hockett, J. R., Mount, D. R., ... et Grabanski, C. B.
(2015) Sediment Bioaccumulation Test with Lumbriculus variegatus: Effects of Feeding. Archives of environmental
contamination and toxicology, 68(4), 696-706.
Burton GA. Jr & Scott KJ., (1992). Sediment Toxicity evaluations. Environ Sci Technol, 26 ;11 :2068-2075.
DOI :10.1021/es00035a002
Burton, GA. (2000). Sediment Toxicity Assessment. Lewis Publishers, Chelsea,MI, USA in Beketov, M. a., Cedergreen,
N., Wick, L. Y., Kattwinkel, M., Duquesne, S., et Liess, M. (2013). Sediment Toxicity Testing for Prospective
Risk Assessment — A New Framework and How to Establish It. Human and Ecological Risk Assessment,
19(November 2011), 98–117. http://doi.org/10.1080/10807039.2012.683741
Burton, G.A., Denton, D.I., Ho, K., Ireland, D.S (2002) Chapter 5 : Sediment toxicity Testing : Issues and Methods,
111-150 in Hoffman, D. J., Rattner, B. A., Burton Jr, G. A., & Cairns Jr, J. (Eds.). (2002). Handbook of ecotoxicology.
CRC Press. 1315 pp
C
Calow, P., Forbes, V., E. (2003). Peer Reviewed: Does Ecotoxicology Inform Ecological Risk Assessment?
Environmental Science and Technology. 6 p
Camuzard, J. (2011). L’exploitation des tangues ou le souvenir des savoirs oubliés. Bulletin de La Société Géologique et
Minéralogique de Bretagne, 1–32.
Etude n°14-1023/1A 264
Cantegrit, L. (2011). Valorisation agronomique des sédiments de dragage de canaux. AIPCN Prix Jeune Professionnel
Francophone, 20 p.
Cantégrit, L., & Nouvion -Dupray, S. (2011). Valorisation agronomique des sédiments de dragage de canaux : première
expérimentation agricole en Saône - et - Loire ( 71 ). Présentation Orale, Congrès Européen Ecotechnologies, 7-9 Juin
2011, Lille, (71), 1–15.
Capilla, X., Schwartz, C., Bedell, J.-P., Sterckeman, T., Perrodin, Y., Morel, J.-L., (2006). Physicochemical and biological
characterisation of different dredged sediment deposit sites in France. Environmental Pollution 143, 106–16.
doi:10.1016/j.envpol.2005.11.007
Cap sédiment : http://cap-sediments.fr/comite-lecture.html
Cappuyns, V., & Swennen, R. (2006). Comparison of metal release from recent and aged Fe-rich sediments. Geoderma
December 2006;137(1-2):242-251
CD2e. (2013). Synthèse des Journées nationales sur la gestion des sédiments de dragage. 5 et 6 Juin 2013, Lille Grand
Palais, 33.p
CEAMaS : http://www.ceamas.eu/
Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec (2015). Détermination de la toxicité : inhibition de la
croissance chez l’algue Pseudokirchneriella subcapitata.MA. 500 – P.sub. 1.0, Rév. 3, Ministère du Développement
durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec, 21 p
Cerema. (2011). Enquête dragage 2011 Synthèse des données. CETMEF, Collection Données, 45 p.
Cesar, A., Lia, L.R.B., Pereira, C.D.S. et al. (2014). Environment assessment of dredged sediment in the major Latin
American seaport (Santos, São Paulo – Brazil): An integrated approach. Science of the Total Environment November
2014;497-498:679-687
CETMEF. (2008b). Dragage en milieu marin, immersion et code de l’environnement : le guide des procédures
préalables. Les Outils, Notice N° C 08.06, 142 p.
CETMEF (2008a). Guide pour la gestion durable des déblais de dragages portuaires contaminés en France. Rapport
final, Mars 2008 http://fr.slideshare.net/fullscreen/rachidabdi925/guide-cetmef-lite2008/7 (rapport 1)
Chapman P.M., (1990) The sediment quality triad approach to determining pollution-induced degradation. The Science
of the total environment 97/98: 815-825.
Chapman, P.M., Mann, G.S., (1999). Sediment Quality Values ( SQVs ) and Ecological Risk Assessment (ERA). Marine
Pollution Bulletin 38, 339–344. doi:10.1016/S0025-326X(99)00033-8
Chapman, P. M., Ho, K. T., Munns, W. R., Solomon, K., et Weinstein, M. P. (2002) Issues in sediment toxicity and
ecological risk assessment. Marine Pollution Bulletin, 44(4), 271–8. http://doi.org/10.1016/S0025-326X(01)00329-
0
Chapman, P. M., Wang, F., Janssen, C., Persoone, G., & Allen, H. (1998). Ecotoxicology of metals in aquatic
sediments : binding and release, bioavailability, risk assessment, and remediation. National Research Council Canada,
55(10), 2221–2243.
Etude n°14-1023/1A 265
Charrasse, B. (2013). Comportement à long terme, caractérisation opérationnelle et évaluation environnementale des
contaminants organiques des sédiments de dragage. Thèse soutenue le 16 Décembre 2013 pour l’obtention du
grade de Docteur en Sciences de l’Université d’Aix Marseille, 493 pages
Charriau, A. (2009). Etude de la contamination organique et métallique associée aux sédiments du District
Hydrographique International de l’Escaut. Thèse de Doctorat, Université de Lille I, 249 p
Chelinho, S., Domene, X., Campana, P., Andrés, P., Römbke, J., et Sousa, J. P. (2014) Toxicity of phenmedipham and
carbendazim to Enchytraeus crypticus and Eisenia andrei (Oligochaeta) in Mediterranean soils. Journal of soils and
sediments, 14(3), 584-599.
Chenon, P. & Donguy, G. (2014). Elaboration d’une méthodologie d’évaluation des risques écotoxicologiques
simplifiée à l’usage des fertilisants en agriculture. Echo-MO n°108 – Juillet Août 2014, p.1-4
Clément, B., Vaille, G., Moretto, R., Vernus, E., et Abdelghafour, M. (2010) Effects of a physico-chemical treatment
of a dredged sediment on its ecotoxicity after discharge in laboratory gravel pit microcosms. Journal of Hazardous
Materials, 175(1-3), 205–215. http://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2009.09.150
Coffin, A. W. (2007). From roadkill to road ecology: A review of the ecological effects of roads. Journal of Transport
Geography, 15(5), 396–406. http://doi.org/10.1016/j.jtrangeo.2006.11.006
Coineau, Y. (1974) Introduction à l'étude des microarthropodes du sol et de ses annexes, Doin édition, pp. 118.
Coll, P., Le Cadre, E., Mérot, A., & Villenave, C. (2013) The characterization of the soil biological quality of organic
viticulture can be achieved by analyzing soil nematofauna. Innovations Agronomiques, 32, 391-400.
Collette-Bregand, M., James, A., Munshy, C. et Bocquenê, G. (2009). Contamination des milieux aquatiques par les
substances pharmaceutiques et cosmétiques. IFREMER Janvier 2009
Cooper, K. M., Barrio Froján, C. R. S., Defew, E., Curtis, M., Fleddum, A., Brooks, L., et Paterson, D. M. (2008)
Assessment of ecosystem function following marine aggregate dredging. Journal of Experimental Marine Biology and
Ecology, 366, 82–91. http://doi.org/10.1016/j.jembe.2008.07.011
Correia, F. V., et Moreira, J. C. (2010) Effects of glyphosate and 2, 4-D on earthworms (Eisenia foetida) in laboratory
tests. Bulletin of environmental contamination and toxicology, 85(3), 264-268.
Coste, M., Boutry, S., Tison-Rosebery, J., et Delmas, F. (2009) Improvements of the Biological Diatom Index (BDI):
Description and efficiency of the new version (BDI-2006). Ecological Indicators, 9(4), 621-650
Creamer, R.E., Schulte, R.P.O., Stone, D., Gal, A., Krogh, P.H., Lo Papa, G., … Winding, A. (2014) Measuring basal
soil respiration across Europe: Do incubation temperature and incubation period matter? Ecological Indicators, 36,
409–418.
Crenn, I., Gourmelon, M., Le Cann, P., Ménard, D., Le Guyager, F., Derrien, A., Pommepy, M. (1999) Chapitre III :
Microbiologie sanniataire des sédiments 39-58 in Alzieu, C. (1999). Dragages et environnement marin : Etat des
connaissances. IFREMER, 225 pp.
D
Dalfsen, J. A. Van, et Essink, K. (2001) Benthic community response to sand dredging and Shoreface Nourishment in
Dutch Coastal Waters. Senckenbergiana Maritima, 31(2), 329–332.
Etude n°14-1023/1A 266
Dauvin, J.-C., Ruellet, T., Desroy, N., et Janson, A. (2006) Rapport Scientifique Seine-Aval 3 : Tableau de bord et
indicateurs opérationnels. Indicateurs benthiques de l’état des peuplements benthiques de l'estuaire marin et
moyen et de la partie orientale de la baie de Seine. Seine-Aval Groupement D’intérêt Public, 43.
http://doi.org/10.1029/2006JD007277.BLOND
DDTM Finistère & DREAL Bretagne (2013). L’Etat recense toutes les réglementations applicables – Planifier le
dragage des Ports de Bretagne. Mai 2013
de Boer, P. (2010a) “Legislation and dredged material in the Netherlands – dredging for water management”.
Rijskswaterstaat, Ministerie van Verkeer en Waterstaat, workshop 29/10/2010, Brussel. 14 p
de Boer, P. (2010b) “Transitions in water management in the Netherlands – trends in dredging” Rijskswaterstaat,
Ministerie van Verkeer en Waterstaat. 31 p
de Castro-Català, N., Kuzmanovic, M., Roig, N., Sierra, J., Ginebreda, A., Barceló, D., … Muñoz, I. (2015) Ecotoxicity
of sediments in rivers: Invertebrate community, toxicity bioassays and the toxic unit approach as complementary
assessment tools. Science of The Total Environment, 540, 297–306. http://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2015.06.071
De Lange, H. J., Noordoven, W., Murk, A. J., Lürling, M., & Peeters, E. T. H. M. (2006) Behavioural responses of
Gammarus pulex (Crustacea, Amphipoda) to low concentrations of pharmaceuticals. Aquatic Toxicology, 78(3),
209–216. http://doi.org/10.1016/j.aquatox.2006.03.002
Delcour, P. (2013) Analyse prospective des filières de valorisation envisageables en région Nord-Pas-de-Calais, Centre
d'Etudes Techniques de l'Equipement Nord-Picardie, InterSol, 1-19.
Delpech, C., Courrat, A., Pasquaud, S., Lobry, J., Le Pape, O., Nicolas, D., ... et Lepage, M. (2010) Development of a
fish-based index to assess the ecological quality of transitional waters: the case of French estuaries. Marine
Pollution Bulletin, 60(6), 908-918.
DelValls, T. a., Andres, A., Belzunce, M.J., Buceta, J.L., Casado-Martinez, M.C., Castro, R., Riba, I., Viguri, J.R., Blasco,
J., (2004). Chemical and ecotoxicological guidelines for managing disposal of dredged material. Trends in
Analytical Chemistry 23, 819–828. doi:10.1016/j.trac.2004.07.014
Den Besten, P.J., De Deckere, E., Babut, M.P., Power, B., … et Heise, S. (2003) Biologicial Effects-based sediment
Qaulity in Ecological Risk assessment for European Waters. In Journal of Soils & Sediments September 2003 (3), 144-
162
Depelsenaire G. (2007). Procédé de stabilisation de résidus minéraux contaminés par des métaux lourds et des
composés organiques. Intersol, 27-29 mars 2007, présentation orale. In : Anger, B. (2014). Caractérisation des
sédiments fins de retenues hydroélectriques en vue d’une orientation vers des filières de valorisation matière.
Thèse de doctorat, Génie-civil, Université de Caen Basse-Normandie, 316 p
Deram, A., & Hayet, A. (2006). Evaluation et acceptabilité des risques environnementaux. Méthodes d’évaluation,
analyse comparative ; Etude sociologiques des représentations des risques, synthèse bibliographique. n°04-
0810//0811/1A RECORD, 228.
Desrosiers, M., Martel, L., Boudreau, L., Cormier, M., Gagnon, C., Lepage, S., ... Triffault-Bouchet, G. (2012)
Ecological Risk Assessment (ERA) of Open-water Disposal of Sediment to Support the Management of
Dredging Project in the St. Lawrence River. In Contaminated Sediments: 5th Volume, Restoration of Aquatic
Environment. ASTM International.
Dia, M. (2013). Traitement et Valorisation de Sédiments de Dragage Phosphatés en Technique Routière. Thèse de Doctorat, Université d’Artois et Mines de Douai, 169.p
Etude n°14-1023/1A 267
Diaz, R. J., Solan, M. et Valente R.M., (2004) A review of approaches for classifying benthic habitats and evaluating
habitat quality. Journal of Environmental Management 73 : 165-181.
Dinger, F. (1997). Végétalisation des espaces dégradés en altitude. Editions Quae. p 144 In : Séré, G., (2007).
Fonctionnement et évolution pédogénétique de Technosols issus d’un procédé de construction de sol. Thèse de
Doctorat, Institut National Polytechnique de Lorraine p 228.
Djajakirana, G., Joergensen, R.G., Meyer, B. (1996) Ergosterol and microbial biomass relationship in soil. Biology and
Fertility of Soils, 22(4), 299–304.
Donguy, G., Perrodin, Y., Pandard, P., & Andres, S. (2007). Guide méthodologique pour l’évaluation des risques
écologiques liés à la restauration de carrières de la zone littorale à l'aide de sédiments de dragage portuaires
prétraités. (Programme ANR “SEDIGEST”). Tome 1 Présentation de La Méthodologie, 33 p.
Doni, S., Macci, C., Peruzzi, E. et al. (2015). Heavy metal distribution in a sediment phytoremediation system at pilot
scale. Ecological engineering August 2015;81:146-157
Doran, J.W., and Zeiss, M.R. (2000) Soil health and sustainability: managing the biotic component of soil quality.
Applied Soil Ecology, 15(1), 3–11.
Doran, J.W., Parkin, T.B., (1994) Defining and assessing soil quality. In : Cecillon, L. (2008) Quels indicateurs pour
évaluer la qualité de sols forestiers soumis à des contraintes environnementales fortes. Thèse de doctorat en science
du sol, Université Joseph Fourier de Grenoble. pp. 215
Doran, J.W., Safley, M., 1997. Defining and Assessing Soil Health and Sustainable Productivity, in: Biological Indicators
of Soil Health. pp. 1–28. doi:10.2134/jeq1998.00472425002700050038x
DREAL Nord-Pas de Calais. (2011). Sédiments Trois modes de gestion Sédiments Mode d’emploi, MEDDTL, 6.p
DREAL NPC 2012 « Sédiment gestion à terre : quelle règlementation ? »
http://www.nord-pas-de-calais.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/dreal_2012_sediments.pdf
Dubois, V., Edine, N., Zentar, R., Ballivy, G. (2009). The use of marine sediments as a pavement base material. Waste Management, 29(2), 774–782. http://doi.org/10.1016/j.wasman.2008.05.004
Dufrêne, M., Legendre, P., (1997) Species assemblages and indicator species: the need for a flexible asymmetrical
approach. Ecological Monographs, 67, 3, pp. 345-366.
Dumay, N. (2015). Réglementations existantes en Europe sur le dragage portuaire. SETARMS-Séminaire sur les enjeux
des sédiments et leur valorisation dans les matériaux de construction-17 septembre 2015, 17 p.
Dungern, W. (1983) Tiere im Boden. Ziemsen, Wittenberg. In: Godet, J. (2010) Intérêt des isopodes terrestres dans
l’évaluation de la qualité des sols : Recherche de paramètres indicateurs de la pollution par des éléments traces
métalliques et contribution à la mise au point d’un outil écotoxicologique de terrain. Thèse de doctorat, Ecologie,
Université Lille 1, Sciences et Technologie. pp 251
E
Eash, N.S., Stahl, P.D., Parkin, T.B., Karlen, D.L. (1996) A Simplified Method for Extraction of Ergosterol from Soil.
Soil Science Society of America Journal, 60(2), 468-471.
Eau Artois Picardie « Inventaire détaillé des techniques de curage, transport, traitement et usage des sédiments »
Etude n°14-1023/1A 268
http://www.eau-artois-picardie.fr/IMG/pdf/gestionsediments.pdf
Eau Artois Picardie (2010). Les médicaments dans les cours d’eau du bassin Artois-Picardie : résultats de la campagne
exploratoire de 2010. Décembre 2010
http://www.eau-artois-picardie.fr/IMG/BaseDoc/aegis/2485/B%2022176.pdf
EC(EuropeanCommission) (2003) Technical Guidance Document on Risk Assessment in support of Commission
Directive93/67/EEConRisk Assessment for New Notified Substances, Commission Regulation (EC) No
1488/94 on Risk Assessment for Existing Substances and Directive 98/8/EC of the European Parliament and
of the Council Concerning the Placing of Biocidal Products on the Market; Part I–IV. Office for Official
Publications of the EC Luxembourg
ECHA (European Chemicals Agency) (2008) Guidance on Information Requirements and Chemical Safety
Assessment. ChapterR.7b: Endpoint Specific Guidance. Helsinki, Finland
Egeler P, Henry KS, and Riedhammer C. (2010) Potential effects of food addition to sediment on test conditions in
sediment toxicity tests. J Soils Sed 10:377–88.
Eggleton, J. & Thomas, K.V. (2004). A review of factors affecting the release and bioavailability of contaminants during
sediment disturbance events. Environment Int 2004 September;30(7):973-80
Eijsackers, H. (2010). Earthworms as colonisers: Primary colonisation of contaminated land, and sediment and soil
waste deposits. Science of the Total Environment, 408(8), 1759–1769.
http://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2009.12.046
Eijsackers, H., Bruggeman, J., Harmsen, J., de Kort, T., & Schakel, A. (2009). Colonization of PAH-contaminated
dredged sediment by earthworms. Applied Soil Ecology, 43(2-3), 216–225.
http://doi.org/10.1016/j.apsoil.2009.08.003
Eijsackers, H., Van Gestel, C. A. M., De Jonge, S., Muijs, B., et Slijkerman, D. (2001) Polycyclic aromatic hydrocarbon-
polluted dredged peat sediments and earthworms: a mutual interference. Ecotoxicology, 10(1), 35–50.
http://doi.org/10.1023/A:1008954706150
Eivazi, F., and Tabatabai, M.A. (1977) Phosphatases in soils. Soil Biology & Biochemistry, 9, 167–172.
Environnement Canada (2011) Méthode d’essai biologique : Essai sur la fécondation chez les échinides (oursins
globuleux et oursins plats) SPE 1/RM/27, 152p
Environnement Canada (2013). Méthode d’essai biologique : essai de survie et de croissance de l ’ amphipode dulcicole
Hyalella azteca dans les sédiments et l ’ eau. Rapport SPE 1 /RM/33, Deuxième édition, 180 pp.
Environnement Canada, (1997). Méthode d’essai biologique: essai de survie et de croissance des larves dulcicoles de
chironomes (Chironomus tentans ou Chironomus riparius) dans les sédiments.
Environnemental Canada (2013). Méthode d’essai biologique : essai de survie et de croissance de l’amphipode dulcicole
Hyalella azteca dans les sédiments et l’eau. Rapport SPE 1 /RM/33, Deuxième édition, 180pp.
Erftemeijer, P. L. A., et Lewis, R. R. R. (2006) Environmental impacts of dredging on seagrasses: a review. Marine
Pollution Bulletin, 52(12), 1553–72. http://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2006.09.006
Etude n°14-1023/1A 269
Erftemeijer, P. L. A., Riegl, B., Hoeksema, B. W., Todd, P. A., et Knight Merz, S. (2012) Environmental impacts of
dredging and other sediment disturbances on corals: A review. Marine Pollution Bulletin, 64, 1737–1765.
ttp://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2012.05.008
F
Fadil, F., Maarouf, A., et Zaid, A. (1997) Utilisation de Gammarus gauthieri Pinkster (Crustacé : Amphipode) pour tester
la toxicité des sédiments des eaux douces. Annales de Limnologie, 33(2), 73–78.
Fahrig, L. (2003). Effects of habitat Fragmentation on Biodiversity. Annual Review of Ecology, Evolution, and
Systematics, 34(1), 487–515. http://doi.org/10.1146/annurev.ecolsys.34.011802.132419
Fent, K. (1996). Ecotoxicology of organotin compounds. Critical Reviews in Toxicology 26, (1), 1-117
Fernandez-Casalderrey, A., Ferrando, M. D., Andreu-Moliner, E. (1993) Effect of the insecticide methylparathion on
filtration and ingestion rates of Brachionus calyciflorus and Daphnia magna. Science of the total environment, 134, 867-
876.
Ferro, Y. (2010). Sédiments marins et végétalisation : évaluation des impacts sur les écosystèmes de surface dans le
cadre d’un scénario de remplissage de carrières. Travail de fin d’étude 08 Septembre 2010, 120 pages
Filser, J., Wiegmann, S., Schröder, B. (2013) Collembola in ecotoxicology—Any news or just boring routine? Applied
Soil Ecology, 83, 193–199. http://doi.org/10.1016/j.apsoil.2013.07.007
Fischesser, B., & Dupuis-Tate, M. (2007). Le guide illustré de l’écologie, Editions de la Martinière, 349 p.
Foucher, J. (2005). Valorisation des déblais sableux de dragage portuaire en France Métropolitaine. Travail de Fin
d’Etudes, ENTPE. 66 p.
Francis, P.S., Lewis, S.W., Lim, K.F. (2002) Analytical methodology for the determination of urea : current practice
and future trends. Trends in Analytical Chemistry, 21(5), 389–400
G
Galgani (2007) Evaluation de la toxicité globale des sédiments du littoral des bouches du Rhône par un bio essai :
développement larvaire de l’huitre Crassostrea gigas en présence d’élutriats de sédiments. Ifremer, 23p.
Garbolino, E., Aqua, L., Bazin, C., & Sannier, L. (2013). Guide des réalisations : Sedivald. Cap Sédiments, 1–62.
Gay, C., Bourrain, X., Demortier, G., Lascombe, C., et Stroffek, S. (2000) Guide technique de l’Indice Biologique
Global Normalisé (IBGN) NF-T90-350. Les Etudes Des Agences De L’Eau, 2eme éditi, 37p.
Geffard, O. (2001). Toxicité potentielle des sédiments marins et estuariens contaminés : évaluation chimique et
biologique, biodisponibilité des contaminants sédimentaires. Thèse soutenue le 21 Décembre 2001 pour
l’obtention du grade de Docteur de l’Université de Bordeaux 1 (spécialité écotoxicologie), 376 pages
Genin, B., Chauvin, C., et Ménard, F. (2003). Cours d'eau et indices biologiques: pollution, méthodes, IBGN. Educagri éditions.
221 p.
Geode. (2012). Suivis environnementaux des opérations de dragage et d’immersion Guide méthodologique, p 134.
Etude n°14-1023/1A 270
Gerard, L., & Ducros, J. (2014). La gestion des sédiments de dragage - Point sur la réglementation-. 4ème Assises Du
Port Du Futur, 9-10 Septembre 2014, Paris.
GIP (Groupement d’intérêt Public) Seine Aval (2007). La contamination chimique : quel risque en estuaire de Seine ?
Fiche substance : organoétains.
Girard, M. C., Schvartz, C., & Jabiol, B. (2011). Étude des sols. Description, cartographie, utilisation. Dunod éd., Paris.
416 p.
Gobat J-M., Aragno M., Matthey W., (2010) Le sol vivant : Bases de pédologie – Biologie des sols, 3eme édition revue
et augmentée. Presses polytechniques et universitaires romandes. pp. 817.
Gong, P., Guan, X., Witter, E. (2001) A rapid method to extract ergosterol from soil by physical disruption. Applied
Soil Ecology, 17(3), 285–289
Grall J., Quiniou F., Glemarec M. (2003). Bioévaluation de la qualité environnementale des milieux portuaires. Institut
français de recherche pour l’exploitation de la mer, 247 p.
Grall, J et Glémarec, M. (2003) Chapitre III – L’indice d’évaluation de l’endofaune côtière I2EC : 53-88 in Alzieu, C.
(2003). Bioévaluation de la qualité environnementale des sédiments portuaires et des zones d'immersion. Editions
Quae. 247pp
Gray, J.S., Dayton, P., Thrush, S., Kaiser, M.J., (2006). On effects of trawling, benthos and sampling design. Marine
Pollution Bulletin 52, 840–843. doi:10.1016/j.marpolbul.2006.07.003
Green, S.M., Machin, R., & Cresser, M. S. (2008). Effect of long-term changes in soil chemistry induced by road salt
applications on N-transformations in roadside soils. Environmental Pollution 2008 Mar;152(1):20-31. DOI:
10.1016/j.envpol.2007.06.005)
Green, V.S., Stott, D.E., Diack, M. (2006) Assay for fluorescein diacetate hydrolytic activity: Optimization for soil
samples. Soil Biology and Biochemistry, 38(4), 693–701.
Gregoire, P., Abriak, N. E., Brakni, S., et Achour, R. (2013) Benthic quality evaluation of immersion zones of sediments
dredging. Revue Paralia, 6, 1–12. http//doi.org/10.5150/revue-paralia.2013.003
Gregoire, P., & Glaser, D. (2010). Dragage et valorisation – Traitement des sédiments non-immergeables dragués
dans le port de Dunkerque-France , 11 p
Gregoire, P., & Glaser, D. (2010). Dragage et valorisation – Traitement des sédiments non-immergeables dragués
dans le port de Dunkerque-France. CETMEF, 11 p. http://www.eau-mer-
fleuves.cerema.fr/IMG/pdf/T4_15_Gr_goire_Glaser_cle6cc561-1.pdf
Gregoire, P., & Proulhac, N. (2010). Présentation des dragages d’entretien grand port maritime de dunkerque
(GPMD). Grenelle de La Mer, Paris, 18 p.
Grenelle de la Mer. (2010). Sédiments de dragage. Groupe de travail n°11-rapport final. MEEDDM, 37p. Retrieved
from http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/G11-2.pdf
H
Hargrave, B. T. (1970) The utilization of benthic microflora by Hyalella azteca (Amphipoda). The Journal of Animal
Ecology, 427-437.
Etude n°14-1023/1A 271
Haropaport (2007). Accumulation sédimentaire de confluence, recommandations relatives et opérations impliquant
des sédiments aquatiques potentiellement contaminés. Rhône Méditerranée Eau France A2 V2.0, septembre
2013 annexes
Harvey, M., Gauthier, D., et Munro, J. (1998) Temporal Changes in the Composition and Abundance of the Macro-
benthic Invertebrate Communities at Dredged Material Disposal Sites in the Anse h Beaufils, Baie des Chaleurs,
Eastern Canada. Marine Pollution Bulletin, 36(1), 41–55. http://doi.org/10.1016/S0025-326X(98)90031-5
Hasenbein, S., Connon, R. E., Lawler, S. P., Geist, J. (2015) A comparison of the sublethal and lethal toxicity of four
pesticides in Hyalella azteca and Chironomus dilutus. Environmental Science and Pollution Research, 22(15), 11327-
11339.
Haury J. et al.. (1996) Des indices macrophytiques pour estimer la qualité des cours d’eau français : premières
propositions. Écologie 27 : 233-244.
Haury J. et al.. (2006) A new method to assess water trophy and organic pollution – the Macrophyte Biological Index
for Rivers (IBMR): its application to different types of river and pollution. Hydrobiologia 570: 153-158.
Haws, N.W., Ball, W.P. et Bouwer, E.J. (2006). Modeling and interpreting bioavailability of organic contaminant
mixtures in subsurface environments. Journal of contaminant hydrology February 2006;82(3-4):255-92
Hayet A. (2010). Contribution de l’écologie à la caractérisation de sites contaminés. Application à l’évaluation des
risques pour les écosystèmes. Thèse de doctorat soutenue publiquement le 26 janvier 2010. Université de Lille,
Droit et Santé, 766 p.
Hayet A. & Deram A. (2011). La biodiversité et les indicateurs écologiques comme outils d’évaluation des écosystèmes
terre liés à des terrains contaminés. Séminaire « Quels outils pour l’Evaluation des Risques pour les Ecosystèmes terrestres
liés à des terrains contaminés ? » Synthèse atelier n°1. 27-28 Septembre 2011 Paris.
Hayet A., Deram A., Couffignal B. (2009) Evaluation des risques écologiques : vers une harmonisation à l’échelle
européenne. Environnement, Risques et Santé. Vol. 8 (2) .. (Hayet et al 2009)
Hayet A., Deram A., Denayer F.O., Couffignal C., Van Haluwyn C. (2006). Variability of nine methodologies of
Ecological Risk Assessment (ERA) : consequences on results and application. Communication affichée SETAC La
Haye ;
Hayet, A., (2011). Apport des inventaires écologiques de terrain à l’évaluation des risques d’ un écosystème terrestre
contaminé aux ETM 3–5.
Heijerick, D. G., De Schamphelaere, K. A. C., & Janssen, C. R. (2002). Biotic ligand model development predicting
Zn toxicity to the alga Pseudokirchneriella subcapitata: possibilities and limitations. Comparative Biochemistry and
Physiology Part C: Toxicology & Pharmacology, 133(1), 207-218.
Herman, S., Glaser, D., Pieters, A., Grégoire, P., Priez, C., Desmoulin, D., & Guglielmetti, D. (2014)a. Cinq ans de
valorisation des sédiments contaminés extraits du Port de Dunkerque ( France ). XIIIème Journées Nationales Génie
Côtier-Génie Civil, Dunkerque, 2-4 Juillet 2014. http://doi.org/10.5150/jngcgc.2014.109
Herman, S., Pieters, A., Glaser, D., Grégoire, P., Priez, C., & Guglielmetti, D. (2014)b. A lustrum of valorisation of
contaminated sediments from the port of Dunkirk (France). Proceedings of the South Baltic Conference on
Dredged Materials in Dike Construction, Rostock, 10-12 April 2014, 8 p.
Etude n°14-1023/1A 272
Higgins, C. P., McLeod, P. B., MacManus-Spencer, L. A., et Luthy, R. G. (2007) Bioaccumulation of
perfluorochemicals in sediments by the aquatic oligochaete Lumbriculus variegatus. Environmental science et technology,
41(13), 4600-4606.
Hoch, M. (2001). Organotin compounds in the environment -- an overview. Applied Geochemistry 16, (7-8), 719-743
Hoffman, D. J., Rattner, B. A., Burton Jr, G. A., Cairns Jr, J. (2002). Handbook of ecotoxicology. CRC Press. 1 315 pp
Hofman, J., Dušek, L., Klanova, J., Bezchlebova, J., Holoubek, I. (2004) Monitoring microbial biomass and respiration
in different soils from the Czech Republic - A summary of results. Environment International, 30(1), 19–30.
Hope, B.K., (2006). An examination of ecological risk assessment and management practices. Environment International
32, 983–995. doi:10.1016/j.envint.2006.06.005
Hubaux, N. & Perceval, O. (2011). Pollution des milieux aquatiques par les polychlorobiphényles (PCB) en France :
principaux enjeux de gestion et lacunes identifiées dans les connaissances environnementales. Onema, Décembre
2011. 52 pages.
Huot, H., Simonnot, M.-O., & Morel, J. L. (2015). Pedogenetic Trends in Soils Formed in Technogenic Parent
Materials. Soil Science, 180(4), 1. http://doi.org/10.1097/SS.0000000000000135
Hutton, M., Venturini, N., García-Rodríguez, F., Brugnoli, E., et Muniz, P. (2015) Assessing the ecological quality
status of a temperate urban estuary by means of benthic biotic indices. Marine pollution bulletin, 91(2), 441-453.
Hyötyläinen T, et Oikari A (2004) Bioaccumulation of PAHs from creosote-contaminated sediment in a laboratory-exposed freshwater
oligochaete, Lumbriculus variegatus ; Chemosphere 57:2 2004 Oct pg 159-64.
I
IDRA Environnement, (2012). Résumé non technique du dossier de demande d’autorisation d’exploiter une
ICPE - Plate-forme de gestion traitement et valorisation des sédiments à Tohannic (56). Référence IDRA
Environnement : E 111002, 39 p
IDRA Environnement, (2014). Dossier de déclaration décennale pour le dragage de l’embouchure du Préconil, Ville
de Ste Maxime – annexe 2 : localisation et description des travaux envisagés. 22 p
Imamoglu, I., Li, K., Christensen, E.R., and McMullin J.K. (2004). Sources and Dechlorination of Polychlorinated
Biphenyl Congeners in the Sediments of Fox River, Wisconsin. Environ. Sci. Technol. 2004. 38 ;2574-2583
INERIS 2009 « Impacts sur les milieux aquatiques des sédiments de dragage gérés a terre : Problématique, contexte réglementaire,
modélisation du transfert de contaminants organiques » RAPPORT D’ETUDE 30/06/2009. N°DRC-08-95306-
16457A. Convention ONEMA-INERIS 2008. ACTIONS N°24 (partie 2) et N°25. 64 pages
http://www.ineris.fr/centredoc/r-08-16457a-action24et25-vf-couv.pdf
Ingersoll, C. G., Haverland, P. S., Brunson, E. L., Canfield, T. J., Dwyer, F. J., Henke, C. E., ... Fox, R. G. (1996)
Calculation and evaluation of sediment effect concentrations for the amphipod Hyalella azteca and the midge
Chironomus riparius. Journal of Great Lakes Research, 22(3), 602-623.
International Organization for Standardization (ISO), Soil quality – inhibition of reproduction of collembola (Folsomia
candida) by soil pollutants, in: ISO 11267. International Standardization Organization, Geneva, Switzerland, 1999
In Vivo. (2005). Guide pour la gestion des opérations de dragage : Fédération Française des Ports de Plaisance, 82 p
Etude n°14-1023/1A 273
In Vivo. (2008). Guide pour la gestion durable des déblais de dragage portuaires contaminés en France, 61 p
IRD UMR Eco & Sol (2012) La nématofaune, Fiche Outil Programme Bioindicateur, ADEME, 4 p.
Isidori, M., Lavorgna, M., Nardelli, A., Pascarella, L., et Parrella, A. (2005) Toxic and genotoxic evaluation of six
antibiotics on non-target organisms. Science of the total environment, 346(1), 87-98.
Isidori, M., Parrella, A., Pistillo, P., Temussi, F. (2009) Effects of ranitidine and its photoderivatives in the aquatic
environment. Environment international, 35(5), 821-825.
ISO 10253 : T90-3H, (1998) Qualité de l'eau - Essai d'inhibition de la croissance des algues marines avec Skeletonema
costatum et Pbaeodactylum tricornutum. International Standards Organisation, Standard NF EN ISO 10253 : T90-
3H, 8p.
ISO 11267(2014) Soil quality -- Inhibition of reproduction of Collembola (Folsomia candida) by soil contaminants, 19 p.
ISO 11268-1 (2012) Qualité du sol -- Effets des polluants vis-à-vis des vers de terre -- Partie 1: Détermination de la
toxicité aiguë vis-à-vis de Eisenia fetida/Eisenia andrei, 19 p.
ISO 11269-2 (2012) Qualité du sol -- Détermination des effets des polluants sur la flore du sol -- Partie 2: Effets des
sols contaminés sur l'émergence et la croissance des végétaux supérieurs, 19p.
ISO 11348-1(2007) Qualité de l'eau -- Détermination de l'effet inhibiteur d'échantillons d'eau sur la luminescence de
Vibrio fischeri (Essai de bactéries luminescentes) -- Partie 1: Méthode utilisant des bactéries fraîchement préparées.
25 pp
ISO 11348-1(2007) Qualité de l'eau -- Détermination de l'effet inhibiteur d'échantillons d'eau sur la luminescence de
Vibrio fischeri (Essai de bactéries luminescentes) -- Partie 1: Méthode utilisant des bactéries fraîchement préparées.
25 pp
ISO 14669, (1996). Qualité de l'eau - Détermination de la toxicité létale aiguë vis-à-vis de copépodes marins (Copepoda,
Crustacea). International Standards Organisation, Standard Draft ISO/DIS 14669/1996 (F), 23 p.
ISO 16072 (2002) Qualité du sol -- Méthodes de laboratoire pour la détermination de la respiration microbienne du
sol. AFNOR, pp 20
ISO 16303(2013) Qualité de l'eau -- Détermination de la toxicité des sédiments d'eau douce vis-à-vis de Hyalella azteca,
30 p
ISO 20666 (2008) Qualité de l'eau -- Détermination de la toxicité chronique vis-à-vis de Brachionus calyciflorus en 48 h ;
16 p
ISO 23611-5 : Qualité du sol – Prélèvement des invertébrés du sol – Partie 5 : Prélèvement et extraction des macro-
invertébrés du sol.
ISO 6341(2012) Qualité de l'eau -- Détermination de l'inhibition de la mobilité de Daphnia magna Straus (Cladocera,
Crustacea) -- Essai de toxicité aiguë, 24 p
J
Jabnoune, M. (2008). Adaptation des plantes au stress salin : caractérisation de transporteurs de sodium et de potassium
de la famille HKT chez le riz. Thèse soutenue le 19 Décembre 2008 en vue de l’obtention du grade de Docteur
Etude n°14-1023/1A 274
en Physiologie Végétale et Biologie Moléculaire. Laboratoire de Biochimie et Physiologie Moléculaire des Plantes
– Université Montpellier II SupAgro
Jançon, G., Parvy, P., Body, C. et al. (2008). Médicaments et environnement : rapport de l’Académie nationale de
Pharmacie. Septembre 2008, 103 pages. Disponible sur le lien suivant :
http://www.acadpharm.org/dos_public/1_Rapport_Med_Env_version_JMH_def_JPC.pdf
Janssen, C. R., Ferrando, M. D., et Persoone, G. (1994). Ecotoxicological studies with the freshwater rotifer Brachionus
calyciflorus: IV. Rotifer behavior as a sensitive and rapid sublethal test criterion. Ecotoxicology and Environmental
Safety, 28(3), 244-255.
Jantunen AP, Tuikka A, Akkanen J, Kukkonen JV (2008). Bioaccumulation of atrazine and chlorpyrifos to Lumbriculus
variegatus from lake sediments. Ecotoxicology and environmental safety 71:3 2008 Nov pg 860-8 ; PubMed:18353437
Jeffery, S., Gardi, C., Jones, A., Montanarella, L., Marmo, L., Miko, L., Ritz, K., Peres, G., Rombke, J., van der Putten
W. H., (2010). European Atlas of Soil Biodiversity. European Commission, Publications Office of the European Union,
Luxembourg. pp 128.
Jolivet C., Boulonne L. Ratie C., (2006). Manuel du Réseau de Mesures de la Qualité des Sols, édition 2006, Unité InfoSol,
INRA Orléans, France, 190 p.
Jones, R., Ricardo, G. F., et Negri, A. P. (2015). Effects of sediments on the reproductive cycle of corals. Marine Pollution
Bulletin, 100(1), 1–21. http://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2015.08.021
Journal Nature. (2013). Une ancienne ballastière devient un site écologique exemplaire dans une boucle de la Seine.
Le.journal.nature.com, 9. Retrieved from http://www.lejournalnature.com/ljnblogmain/?p=1638
K
Kandeler, E., and Gerber, H. (1988). Short-term assay of soil urease activity using colorimetric determination of
ammonium. Biology and Fertility of Soils, 6(1), 68–72.
Kenny, A. J., Rees, H. L., Greening, J., and Campbell, S. (1998). The effects of marine gravel extraction on the
macrobenthos at an experimental dredge site off North Norfolk, UK (results 3 years post-dredging). ICES CM
1998/V: 14. 14 pp.
Kew, G.A., Schaum, J.L., White, P. and Evans, T.T. (1989). Review of plant uptake of 2,3,7,8-TCDD from soil and
potential influences of bioavailability. Chemosphere, 18, 1313-1318.
Khezami, I. (2014). Application du guide éco-modelé paysager aux sédiments de dragage, Présentation aux Journées
Nationales Sédiments Juin 2014.
Kjoller, A.H., and Struwe, S. (2002). Fungal communities, succession, enzymes, and decomposition. pp 274-291. In:
Burns, R. G., and Dick, R. P. (2002) Enzymes in the environment : activity, ecology and applications. Marcel
Dekker Inc, Ed. pp 640.
Kosmala, A., Charvet, S., Roger, M. C., et Faessel, B. (1999). Impact assessment of a wastewater treatment plant
effluent using instream invertebrates and the Ceriodaphnia dubia chronictoxicity test. Water Research, 33(1), 266-
278.
Kribi, S., Ramaroson, J., Nzihou, A. et al. (2012). Laboratory scale study of an industrial phosphate and thermal
treatment for polluted dredged sediments. International Journal of Sediment Research 2012;27:538-546
Etude n°14-1023/1A 275
Kuzmanović, M., López-Doval, J. C., De Castro-Català, N., Guasch, H., Petrović, M., Muñoz, I., … Barceló, D. (2015).
Ecotoxicological risk assessment of chemical pollution in four Iberian river basins and its relationship with the
aquatic macroinvertebrate community status. Science of The Total Environment, 540, 324–333.
http://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2015.06.112
Kwok, K. W. H., et Leung, K. M. Y. (2005). Toxicity of antifouling biocides to the intertidal harpacticoid copepod
Tigriopus japonicus (Crustacea, Copepoda): Effects of temperature and salinity. Marine Pollution Bulletin, 51(8-
12), 830–837. http://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2005.02.036
L
Laffont-Schwob, I., Moreau, X., Masotti, V., Di Giorgio, C., De Jong-Moreau, L., Rabier, J., ... Thiéry, A. (2009). Outils
décisionnels dans la gestion des pollutions accidentelles des cours d’eau: vers des solutions écologiquement
durables. Ingénieries, 9-16.
Lafont, M., Grapentine, L., Rochfort, Q., Marsalek, J., Tixier, G., et Breil, P. (2007). Bioassessment of wet-weather
pollution impacts on fine sediments in urban waters by benthic indices and the sediment quality triad. Water
Science et Technology, 56(9).
Lainé, M., Morin, S., Tison-Rosebery, J. (2014). A Multicompartiment Approach-Diatoms, Macrophytes, Benthic
Macroinvertebrates and Fish-To Assess the Impact of Toxic Industrial Releases on a Small French River.
Laselle, M.W., Landin, M.C., Sims, J.G., (1991). Evaluation of the flora and fauna of a Spartina alterniflora marsh
established on dredged material in Winyah Bay, South Carolina. Wetlands 11, 191–208.
Launois, L. (2011). Impact des facteurs anthropiques sur les communautés piscicoles lentiques: vers l'élaboration d'un
indice poisson (Doctoral dissertation, Aix Marseille 1).
Laurent, C., Feidt, C. et Laurent, F. (2012) . Contamination des sols – Transfert des sols vers les animaux. EDP
Sciences/ADEME Editions. 216 pages ISBN : 2-86883-794-8).
Laval, K., Mougin, C., Akpa, M., Barray, S., Dur, J., Gangneux, C., … Trinsoutrot-Gattin, I. (2009). Nouvelles avancées
vers la compréhension des données biologiques. Etude et Gestion Des Sols, 16(3/4), 275–288.
Lavelle, P et Andrade, M. (2007). GISQ, a multifunctional indicator of soil quality. Soil Biology and Biochemistry, 39(12),
3066–3080.
Lavelle, P. et Spain, A.V. (2001). Soil ecology. Kluwer Academic Publishers, Dordrecht, pp 654.
Lavelle, P., Andrade, M. (2007) GISQ, a multifunctional indicator of soil quality. Soil Biology and Biochemistry, 39(12),
3066–3080.
Lefbvre, G., & Walkowiak, J. (2012). Evaluation du gisement de sédiments maritimes et continentaux en région Nord-
Pas de Calais. Bilan 2001-2011 et perspectives 2012-2016. Fiche de synthèse des résultats. Affaire 11 02 00185
DREAL Nord-Pas de Calais - CETE Nord Picardie, 53(9), 1689–1699.
doi:10.1017/CBO9781107415324.004
Le Calvé, O. (2002). Propriétés physiques du milieu marin – un cours d’introduction à l’océanographie physique.
Institut des Sciences de l’Ingénieur de Toulon et du Var. Mis à jour en mai 2002. 40 pages.
Le Gac, S., Chiffoleau, A.-C., Claudet, H., & Lozach, L. (2011). Bilan de la réglementation française et anglaise pour le
dragage des ports - Rapport de Synthèse. Setarms, 54 p.,
http://www.setarms.org/documentation/3/rapport-de-synthese.pdf
Etude n°14-1023/1A 276
Le Pape, O., Lepage, M., et Féra, P. (2015). La démarche de développement d’indicateurs basés sur l’ichtyofaune pour
évaluer la qualité écologique des eaux de transition françaises dans le cadre de la DCE: une marche forcée pour
des résultats positifs. Norois, (2), 37-49.
Legras, M. (2012). Biomasse moléculaire fongique estimée par la quantification de l’ergostérol. Fiche-Outil Programme
Bioindicateurs, ADEME, pp 4.
Le Guern, C., Conil, P., Clozel, B., Albrecht, M., Levacher, D., Proulhac, N., … Baticle, P. (2004). Aide à la gestion
alternative au rejet en mer de sédiments contaminés provenant du dragage de sites portuaires. Rapport final.
BRGM/RP-53470-FR, 235 p.
Lehmann, A. (2006). Technosols and other proposals on urban soils for the WRB (World Reference Base for Soil
Resources). International Agrophysics, 20(2), 129–134. Retrieved from
http://www.scopus.com/inward/record.url?eid=2-s2.0-33745198282&partnerID=tZOtx3y1
Lemoine, G et Pauwels, M. (2014) La pollution créatrice de biodiversité : les "gazons maudits du Nord - Pas-de-Calais. Espèces, 12, pp 81.
Lenoir A. et Coste M. (1996) Development of a practical diatom index of overall water quality applicable to the French
national water Board network. In: Whitton, B.A., Rott, E. (Eds.), Use of Algae for Monitoring Rivers, vol. II.
Innsbruck, Austria 17–19 September 95, Studia Student, GmbH, pp. 29-43.
Leung, K.M.Y., Bjørgesæter, A., Gray, J.S., Li, W.K., Lui, G.C.S., Wang, Y., Lam, P.K.S., (2005). Deriving sediment
quality guidelines from field-based species sensitivity distributions. Environmental Science and Technology 39, 5148–
5156. doi:10.1021/es050450x
Levesque, S. (2008). Fiche action - Remblaiement d’une ancienne ballastière. AREHN (Agence Régionale de
L’environnement de Haute Normandie), 2. Retrieved from http://www.arehn.asso.fr/6jdd/docs/Fiche-
action_CBN.pdf
Levin, L.A., Talley, D., Thayer, G., (1996) Succession of macrobenthos in a created salt marsh. Marine Ecology Progress
Series 141, 67– 82.
Lewis, M. a, Weber, D. E., Stanley, R. S., et Moore, J. C. (2001) Dredging impact on an urbanized Florida bayou: effects
on benthos and algal-periphyton. Environmental Pollution (Barking, Essex : 1987), 115(2), 161–71.
http://doi.org/10.1016/S0269-7491(01)00118-X
LGBP (2012). Stress salin/hydrique. APE Master MBVB 2012/2013. Laboratoire de Génétique et Biophysique des Plantes.
UMR 6191-IBEB CEA
Liang, Y. (2012). Co-valorisation des sédiments et des sols fins par apport de liants et de fibres. Thèse soutenue le 29
Mai 2012 en vue de l’obtention du grade de Docteur de l’Université de Caen (spécialité Génie Civil), 228 pages
Lindenmayer, D.B., Margules, C.R., Botkin, D.B., Biology, C., Aug, N. (2000) Indicators of Biodiversity for
Ecologically Sustainable Forest Management. Conservation Biology, 14(4), 941–950.
Linkov I., Satterstrom FK., Kiker G., Seager TP. , Bridges T., et al. (2006). Multicriteria Decision Analysis : a
comprehensive decision approach for management of contaminated sediments. US Army Corps of Engineers,
Omaha District. Paper 165
Lions, J., Guérin, V., Bataillard, P. et al. (2010). Metal availability in a highly contaminated dredged sediment disposal
site : fields mesurements and geochemical modelling. Environment Pollution 12 June 2010;158:2857-2864
Etude n°14-1023/1A 277
Liu, J. & Schnoor, J.L. (2008). Uptake and translocation of lesser-chlorinated polychlorinated biphenyls (PCBs) in
whole hybrid poplar plants after hydroponic exposure. Chemosphere November 2008;73(10):1608-1616.
doi:10.1016/j.chemosphere.2008.08.009
Loiseau, V. (1994). Synthèse des connaissances sur l’estuaire de la Seine – partie 3 : contamination chimique (deuxième
volet). IFREMER http://archimer.ifremer.fr/doc/00104/21553/19132.pdf
Loriot, S., Laplace-Treyture, C., Boutry, S., Bertrin, V. (2014) Des applications informatiques pour faciliter l'acquisition
des données Macrophytes dans les réseaux de surveillance des masses d'eau continentales. Sciences Eaux and
Territoires : la Revue du IRSTEA, IRSTEA, pp.60-62
Lors, C., Tiffreau, C., Laboudique, A. (2004). Effects of bacterial activities on the release of heavy metals
from contaminated dredged sediments. Chemosphere August 2004;56(6):619-630
Loustau Cazalet, M. (2012). Caractérisation physico-chimique d’un sédiment marin traité aux liants hydrauliques :
évaluation de la mobilité potentielle des polluants inorganiques. Thèse soutenue le 08 Novembre 2012 en vue
de l’obtention du grade de Docteur de l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, 267 pages
Luís, A. T., Teixeira, P., Almeida, S. F. P., Ector, L., Matos, J. X., et Da Silva, E. F. (2009) Impact of acid mine drainage
(AMD) on water quality, stream sediments and periphytic diatom communities in the surrounding streams of
Aljustrel mining area (Portugal). Water, air, and soil pollution, 200(1-4), 147-167.
Luo, W., Verweij, R. a, van Gestel, C. a M. (2014) Assessment of the bioavailability and toxicity of lead polluted soils
using a combination of chemical approaches and bioassays with the collembolan Folsomia candida. Journal of
Hazardous Materials, 280, 524–30. http://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2014.08.044
M
Macía, P., Fernández-Costas, C., Rodríguez, E., Sieiro, P., Pazos, M., et Sanromán, M. A. (2014) Technosols as a novel
valorization strategy for an ecological management of dredged marine sediments. Ecological Engineering, 67, 182–
189. http://doi.org/10.1016/j.ecoleng.2014.03.020
Mader, H. J. (1984). Animal habitat isolation by roads and agricultural fields. Biological Conservation, 29(1), 81–96. http://doi.org/10.1016/0006-3207(84)90015-6
Magar, V.S., Brenner, R.C., Johnson, G.W., Quensen, J.F. (2005). Long-term recovery of PCB-contaminated sediments at the Lake Hartwell superfund site: PCB dechlorination. 2. Rates and extent. Environmental Science and Technology 39, 3548-3554.
Maguire, R. J. (2000). Review of the persistence, bioaccumulation and toxicity of tributyltin in aquatic environments in relation to Canada's toxic substances management policy. Water Quality Research Journal Canada 35, (4), 633-679
Maltby L, Arnold D, Arts G, et al. (2009a) Aquatic Macrophyte Risk Assessment for Pesticides. SETAC Press and CRC Press, Taylor and Francis Group, Boca Raton, FL, USA
Maltby L, Blake N, Brock TCM, et al. (2005) Insecticide species sensitivity distributions: Impor- tance of test species selection and relevance to aquatic ecosystems. Environmental Toxicology and Chemistry 24:379–88
Maltby L, Brock TCM, and van den Brink PJ. (2009b) Fungicide risk assessment for aquatic ecosystems: Importance of interspecific variation, toxic mode of action, and exposure regime. Environmental Science & Technology 43:7556–63
Mamindy-pajany, Y. (2014). Guide opérationnel : Valorisation des sédiments de dragage dans l’aménagement paysager. MINES Douai-SEDIMATERIAUX, 23 p.
Etude n°14-1023/1A 278
Mamindy-pajany, Y., Hamer, B., Roméo, M., Géret, F., Galgani, F., Durmi, E., … Marmier, N. (2011) Archimer evaluated by several bioassays. Chemosphere, 82(3), 362–369.
Mamindy-Pajany, Y., Hurel, M., Géret, F., Galgani, F., Battaglia-Brunet, F., Marmier, N., & Roméo, M. (2013) Arsenic
in marine sediments from French Mediterranean ports : Geochemical partitioning, bioavailability and ecotoxicology. Chemosphere, 90(11), 2730–2736.
Mamindy-Pajany Y., Hurel C., Geret F. et al. (2013). Comparison of mineral-based amendments for ex-situ stabilization of trace elements (As, Cd, Cu, Mo, Ni, Zn) in marine dredged sediments: a pilot-scale experiment. Journal of Hazardous Materials 15 May 2013;252-253:213-219 rapport 1
Mamindy-pajany, Y., Hurel, C., Marmier, N., Roméo, M., Nice, U. De, & Antipolis, S. (2011). Stabilisation des métaux et dégradation biologique des polluants organiques dans un sédiment portuaire contaminé. Déchets-REVUE FRANCOPHONE D’ECOLOGIE INDUSTRIELLE, 60, 3–6.
Mamindy-Pajany, Y., Libralato, G., Roméo, M., Hurel, C., Losso, C., Ghirardini, A. V., et Marmier, N. (2010). Ecotoxicological evaluation of Mediterranean dredged sediment ports based on elutriates with oyster embryotoxicity tests after composting process. Water Research, 44(6), 1986–1994. http://doi.org/10.1016/j.watres.2009.11.056
Manouchehri N., Besançon S. et Bermond A. (2012). Spéciation chimique et biodisponibilité du mercure dans les sols et les sédiments. ANSES, Bulletin de Veille Scientifique n°18, Santé/environnement/travail, Juillet 2012
Marcic, C. (2005). Evaluation du transfert des polluants organostanniques dans le système sol – plante à partir de l’épandage de boue de station d’épuration. Thèse en vue de l’obtention du grade de Docteur de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, spécialité Environnement et Matériaux. Soutenue le 28 Octobre 2005. 283 pages.
Markert, B. (1998). Distribution and biogeochemistry of inorganic chemicals in the environment. Chapitre de l'ouvrage Ecotoxicology. G. S. a. B. Markert, John Wiley & Sons
Marmier, N., & Mamindy-Pajany, Y. (2013). Guide des réalisations : SEDITOX. Cap Sédiment, 1–25.
Marmier, N., Battaglia-Brunet, F., & Mamindy-Pajany, Y. (2013). Guide des réalisations : GR ASEDMAR. Cap Sédiment, 1–27.
Marrec, A., Cotonnec, G., Prouhlac, N. (2011).Mise au gabarit européen de l’Oise : études préliminaires – Dragage et gestion des sédiments extraits, 133 p
Maurer, D., Nguyen, H., Robertson, G., Gerlinger, T. (1999) The Infaunal Trophic Index (ITI): its suitability for marine environmental monitoring. Ecological Applications, 9(2), 699-713.
Mc Cahon, C.P., et Pascoe, D. (1988) Use of Gammarus pulex (L.) in safety evaluation tests: culture and selection of a sensitive life stage. Ecotoxicology and Environmental Safety, 15(3), 245–252. http://doi.org/10.1016/0147-6513(88)90078-4
Mc Pherson, C.A. & Chapman, P.M., (2000) Copper effects on potential sediment test organisms: the importance of
appropriate sensitivity. Marine Pollution Bulletin 40, 656–665.
Mechaymech, A. (2002). Valorisation des boues de dragage – Application : port autonome de Dunkerque. Mémoire
présenté à l’Université d’Artois pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies (spécialité Génie civil)
MEEM. (2014). Etude d’impact ou évaluation environnementale systématique. Développement Durable, 1–2. Retrieved from http://www.developpement-durable.gouv.fr/L-etude-d-impact-projets.html
Middleton, B. a., & Jiang, M. (2013). Use of sediment amendments to rehabilitate sinking coastal swamp forests in Louisiana. Ecological Engineering, 54, 183–191. http://doi.org/10.1016/j.ecoleng.2013.01.025
Etude n°14-1023/1A 279
Middleton, B.a & Jiang, M. (2013). Use of sediment amendments to rehabilitate sinking coastal swamp forests in Louisiana. Ecological Engineering 54, 183-191. DOI :10.1016/j.ecoleng.2013.01.025X
Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement MATE. (2000). Gestion des sites (potentiellement) pollués. Annexe 18 Glossaire sites et sols pollués. BRGM éditions, 33 p Retrieved from http://www.developpement-durable.gouv.fr/amenagement-et-sites-pollues/pdf/glossaireSSP.pdf
Ministère de l’écologie et du développement durable. (2002). Historique national des opérations de curage et perspectives - Rapport final -. Etude Sur L’eau En France, 89, 190 p
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 22/09/1994 (point 12.3) relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrières. Paru au JO n°246 du 22/10/1994.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 08/01/1998 fixant les prescriptions techniques applicables aux épandages de boues sur les sols agricoles pris en application du décret n°97-1133 du 08/12/1997 relatif à l'épandage des boues issues du traitement des eaux usées. Paru au JO n° 26 du 31/01/1998
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 09/08/2006 relatif aux niveaux prendre en compte lors d’une analyse de rejets dans les eaux de surface ou de sédiments marins, estuariens ou extraits de cours d’eau ou canaux relevant respectivement des rubriques 2.2.3.0, 4.1.3.0 et 3.2.1.0 de la nomenclature annexée à l’article R. 214-1 du Code de l’Environnement (CE). Paru au Journal Officiel (JO) n°222 du 24/09/2006.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 30/05/2008, article 9, fixant les prescriptions générales applicables aux opérations d’entretien de cours d’eau ou canaux soumis à autorisation ou à déclaration en application des articles L. 214-1 à L. 214-6 du CE et relevant de la rubrique 3.2.1.0 de la nomenclature annexée au tableau de l'article R. 214-1 du code de l'environnement. Paru au JO n°147 du 25/06/2008.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 23/12/2009 complétant l'arrêté du 09/08/2006 relatif aux niveaux à prendre en compte lors d'une analyse de rejets dans les eaux de surface ou de sédiments marins, estuariens ou extraits de cours d'eau ou canaux relevant respectivement des rubriques 2.2.3.0, 3.2.1.0 et 4.1.3.0 de la nomenclature annexée à l'article R. 214-1 du code de l'environnement. Paru au JO n°12 du 15/01/2010.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 05/05/2010 modifiant l’arrêté du 22 septembre 1994 relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrière pour la prise en compte des dispositions de la directive européenne concernant la gestion des déchets de l’industrie extractive. Paru au JO n°198 du 27/08/2010.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 12/03/2012 relatif au stockage des déchets d’amiante. Paru au JO n° 83 du 06/04/2012.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 26/07/2012 fixant le modèle du formulaire de la « demande d'examen au cas par cas » en application de l'article R. 122-3 du code de l'environnement. Paru au JO n°203 du 01/09/2012.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 08/02/2013 complémentaire à l’arrêté du 09/08/2006 relatif aux niveaux à prendre en compte lors d’une analyse de rejets dans les eaux de surface ou de sédiments marins, estuariens ou extraits de cours d’eau ou canaux relevant respectivement des rubriques 2.2.3.0, 3.2.1.0 et 4.1.3.0 de la nomenclature annexée à l’article R. 214-1 du code de l’environnement. Paru au JO n°46 du 23/02/2013.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 17/07/2014 modifiant l'arrêté du 09/08/2006 relatif aux niveaux à prendre en compte lors d'une analyse de rejets dans les eaux de surface ou de sédiments marins, estuariens ou extraits de cours d'eau ou canaux relevant respectivement des rubriques 2.2.3.0, 3.2.1.0 et 4.1.3.0 de la nomenclature annexée à l'article R. 214-1 du code de l'environnement. Paru au JO n° 173 du 29/07/2014.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 30/09/2014 fixant les prescriptions techniques générales applicables aux installations, ouvrages, travaux et activités soumis à autorisation ou à déclaration en application des articles L. 214-1 à L. 214-3 du code de l'environnement et relevant de la rubrique 3.1.5.0 de la
Etude n°14-1023/1A 280
nomenclature annexée à l'article R. 214-1 du code de l'environnement. Paru au JO n°246 du 23/10/2014
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 12/12/2014 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations du régime de l'enregistrement relevant de la rubrique n°2760 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement. Paru au JO n°289 du 14/12/2014.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 15/02/2016 relatif aux installations de stockage de déchets non dangereux. Paru au JO n°69 du 22/03/2016.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Arrêté du 15/02/2016, relatif aux installations de stockage de déchets de sédiments. Paru au JO du 23/03/2016.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Article L. 211-31 du Code de l’Environnement.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Article L.215-14 du CE.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Article L.541-30-1 du CE.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Circulaire du 08/02/2007 relative aux sites et sols pollués – modalités de gestion et de réaménagement des sites pollués. Parue au BO n°2007/13 du 15/07/2007.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Circulaire du 04/07/2008 relative à la procédure concernant la gestion des sédiments lors de travaux ou d’opérations impliquant des dragages ou curages maritimes et fluviaux. Parue au BO n°2008/15 du 15/08/2008
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Circulaire du 24/12/2010 (Rubrique 2760, annexe II, point 4 « cas particulier ») relative aux modalités d'application des décrets n°2009-1341, 2010-369 et 2010-875 modifiant la nomenclature des installations classées exerçant une activité de traitement de déchets. Parue au Bulletin Officiel (BO) du MEDDTL (Ministère de l'Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement) n°1 du 25/01/2011.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Décret n°2010-369 du 13/04/2010 modifiant la nomenclature des installations classées. Paru au JO n°87 du 14/04/2010.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Décret n° 2011-2019 du 29/12/11 portant réforme des études d’impact des projets de travaux, d’ouvrages ou d’aménagements. Paru au JO n°302 du 30/12/2011.
Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer. Synthèse des observations du public - Projet d’arrêté ministériel relatif aux installations de stockage de déchets de sédiments.
Miskewitz J., Hires R.I., Korfiatis G.P. et al. (2008). Laboratory measurements of the volatilization of PCBs from amended dredged material. Environment Research March 2008;106(3):319-325
Mission d’Information et d’Evaluation MIE (2014). Les sédiments pollués dans les canaux – Synthèse du rapport de la mission d’information et d’évaluation », édition 2014
Mille-Lindblom, C., Von Wachenfeldt, E., Tranvik, L. J. (2004) Ergosterol as a measure of living fungal biomass:
persistence in environmental samples after fungal death. Journal of Microbiological Methods, 59(2), 253–62.
Monbet, Y., (1999) Chapitre VI : Les dragages et leurs impacts sur l’environnement marin 111-128 in Alzieu, C. (1999).
Dragages et environnement marin : Etat des connaissances. IFREMER, 225 pp.
Mondy, C., et Usseglio-Polatera, P. (2012) Proposition d’un nouvel indice multimétrique de bioévaluation des cours
d'eau basé sur le compartiment macro-benthique : l'I2M2. Séminaire DOM, Vincennes 24 février 2012
http://www.reseau.eaufrance.fr/webfm_send/2757
Montgomery, H.J., Monreal, C.M., Young, J. C., Seifert, K.A. (2000) Determination of soil fungal biomass from soil
ergosterol analyses. Soil Biology and Biochemistry, 32(8-9), 1207–1217.
Etude n°14-1023/1A 281
Montuelle, B. (2003) Qualité et gestion des sédiments d'eau douce. Éléments physico-chimiques et biologiques. Quae,
CEMAGREF Editions, 332 p.
Mouvet C. (2012). Protocole pour l'évaluation de l'écotoxicité de sédiments destinés à une gestion à terre – rapport
final. BRGM/RP-60835-FR, Janvier 2012. Disponible sur le lien suivant :
http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-60835-FR.pdf
Muniz, P., Venturini, N., Pires-Vanin, A. M., Tommasi, L. R., et Borja, A. (2005) Testing the applicability of a Marine
Biotic Index (AMBI) to assessing the ecological quality of soft-bottom benthic communities, in the South
America Atlantic region. Marine Pollution Bulletin, 50(6), 624-637.
Munns, R. & Tester, M. (2008). Mechanisms of salinity tolerance. Annu Rev Plant Biol 59:651-681
Muscolo, A., Panuccio, M. R., Mallamaci, C., Sidari, M. (2014) Biological indicators to assess short-term soil quality
changes in forest ecosystems. Ecological Indicators, 45, 416–423.
Muxika, I., Borja, A., Bonne, W. (2005) The suitability of the marine biotic index (AMBI) to new impact sources along
European coasts. Ecological indicators, 5(1), 19-31.
N
Nahmani, J., Rossi, J. P. (2003). Les macroinvertébrés du sol en tant qu'indicateurs de pollution du sol par les métaux
lourds. Comptes rendus-Biologies, 3(326), 295-303.
Nannipieri, P., Kandeler, E., Ruggiero, P., (2002) Enzyme Activities and Microbiological and Biochemical Processes
in Soil. Pp 13-45. In: Burns, R. G., and Dick, R. P. (2002) Enzymes in the environment : activity, ecology and
applications. Marcel Dekker Inc, Ed. pp 640.
Neto M. (2007). Scénarios de gestion de boue de dragage de cours d’eau – Rôle des bactéries dans la mobilité des
polluants métalliques. Thèse soutenue le 30 Mai 2007 en vue de l’obtention du grade de Docteur de l’Institut
National des Sciences Appliquées de Lyon, 312 pages
Newell, N. (2013). Review: Effects of Soil Salinity on Plant Growth. Plant Physiology, October 1, 2013. 4pages
Newell, R. C., Seiderer, L. J., et Hitchcock, D. R. (1998) The impact of dredging works in coastal waters: a review of
the sensitivity to disturbance and subsequent recovery of biological resources on the sea bed. Oceanography and
Marine Biology, 36, 127–178.
NF EN 12920+A1 (2008) Caractérisation des déchets - Méthodologie pour la détermination du comportement à la lixiviation d'un déchet dans des conditions spécifiées.
NF EN ISO 11269-2 (2013) Qualité du sol - Détermination des effets des polluants sur la flore du sol - Partie 2 : effets
des sols contaminés sur l'émergence et la croissance des végétaux supérieurs
NF EN ISO 23611-4 (2011) Qualité du sol - Prélèvement des invertébrés du sol - Partie 4 : prélévement, extraction et
identification des nématodes du sol
NF EN ISO 8692 (2012) Qualité de l'eau - Essai d'inhibition de la croissance des algues d'eau douce avec des algues
vertes unicellulaires
NF ISO 16303 (2014) Qualité de l'eau - Détermination de la toxicité des sédiments d'eau douce vis-à-vis de Hyalella
azteca
Etude n°14-1023/1A 282
NF T 90-354 (2007) Qualité de l'eau : Détermination de l'Indice Biologique Diatomées (IBD). 70 p.
NF T90-338-1 (2010) Qualité de l'eau - Détermination de la toxicité des sédiments d'eaux douces vis-à-vis de Hyalella
azteca - Partie 1 : sédiments naturels
NF T90-339-1 (2010) Qualité de l'eau - Détermination de la toxicité des sédiments d'eau douce vis-à-vis de Chironomus
riparius - Partie 1 : sédiments naturels
NF T90-344, (2004) Qualité de l’eau – Détermination de l’indice poissons rivières (IPR)
NF T90-390 (2002) Qualité de l'eau - Détermination de l'indice oligochètes de bioindication des sédiments (IOBS)
NF T90-395 (2003). Qualité de l’eau - Détermination de l’indice biologique macrophytique en rivière (IBMR).
Nguyen, C.T. (2012). Identification et caractérisation d’un canal chlorure, AtCLCg, impliqué dans la réponse au stress
salin chez Arabidopsis thaliana. Thèse soutenue le 19 Octobre 2012 en vue de l’obtention du grade de Docteur en
Sciences du Végétal de l’Université de Paris Sud.
Nilsson, H. C., & Rosenberg, R. (2000). Succession in marine benthic habitats and fauna in response to oxygen
deficiency: analysed by sediment profile-imaging and by grab samples. Marine ecology progress series, 197, 139-149.
Norrström, A.C. & Jacks, G. (1998). Concentration and fractionation of heavy metals in roadside soils receiving de-
icing salts. Science of the Total Environment 1998 May;218:161-174
O
Oberdorff, T., D. Pont, B. Hugueny et J.P. Porcher, (2002). Development and validation of a fish-based index (FBI)
for the assessment of rivers “health” in France. Freshwater Biology 47: 1720-1735
OCDE (2004a). Lignes directrices de l’OCDE pour les essais de produits chimiques 218: Essai de toxicité sur les
chironomes dans un système eau-sédiment chargé.
OCDE (2004b). Lignes directrices de l’OCDE pour les essais de produits chimiques 219: Essai de toxicité sur les
chironomes dans un système eau chargée-sédiment.
OCDE (2010). Ligne directrice de l’OCDE pour les essais de produits chimiques 233: Essai de toxicité sur le cycle de
vie des chironomes dans un système eau-sédiment chargé ou eau chargée-sédiment.
OECD (2007) OECD Guideline for the Testing of Chemicals No. 225: Sediment-Water Lumbriculus Toxicity Test Using Spiked Sediment (adopted October 2007). Paris, France
OECD (2010). (Draft) Guideline for Testing of Chemicals. Chironomus sp., Acute Immobilisation Test.
OECD (Organisation for economic co-operation and development) (2006) Freshwater alga and cyanobacteria, growth
inhibition test, Test Guideline 201
OECD (2012), Essai n° 211 : Daphnia magna, essai de reproduction, Lignes directrices de l'OCDE pour les essais de produits
chimiques, Section 2, OECD Publishing, Paris. DOI : http://dx.doi.org/10.1787/9789264185470-fr
OECD. (2004) OECD Guideline for the Testing of Chemicals No. 218: Sediment-Water Chironomid Toxicity Test Using Spiked Sediment (adopted April 2004). Paris, France
Etude n°14-1023/1A 283
OECD. (2010). OECD Guideline for the Testing of Chemicals No. 233: Sediment-Water Chironomid Life-Cycle
Toxicity Test Using Spiked Water or Spiked Sediment (adopted July 2010). Paris, France tests
OFRIR (2016). Observatoire Français du Recyclage dans les Infrastructures Routières / sédiments de dragage /
(Consulté en ligne le 10/05/16 http://ofrir2.ifsttar.fr/materiaux/categories-de-materiaux/materiaux-hors-
specifications/sediment-de-dragage/chantiers-emplois-repertories/)
ONEMA (2006) Indice Poisson Rivière, Notice de présentation et utilisation. 24 p
http://www.onema.fr/IMG/pdf/IPR_Onema.pdf
ONEMA 2011 « Comité de suivi des PCB » 19 Janvier 2011
Orfanidis S., Panayotidis P. Stamatis N., (2001) Ecological Evaluation of transitional and coastal waters : a marine
benthic macrophytes-based model. Mediterranean Marine Research 2 : 45-65.
Orfanidis S., Panayotidis P. Stamatis N., (2003) An insight to the Ecological Evaluation Index. Ecological Indicators 3 :
27-33.
Orfanidis, S., Panayotidis, P., Ugland, K. (2011). Ecological Evaluation Index continuous formula (EEI-c) application:
a step forward for functional groups, the formula and reference condition values. Mediterranean Marine Science,
12(1), 199-232.
Orlando-Bonaca, M., Lipej, L., Orfanidis, S. (2008). Benthic macrophytes as a tool for delineating, monitoring and
assessing ecological status: the case of Slovenian coastal waters. Marine Pollution Bulletin, 56(4), 666-676.
OsPar, (1994) Parcom final report of the results of the parcom sediment reworker ring test workshop, La Hague,
December 1993. GOP/18/4/4-E. Paris Commision - Group on O.P. Pollution.
OsPar, (1995) Parcom protocols on methods for the testing of chemicals used in the offshore industry. Oslo and Paris
Commissions, 33 p.
Ouellette, M. H., DesGranges, J. L., Legendre, P., Borcard, D. (2005). L’arbre de régression multivariable: classification
d’assemblages d’oiseaux fondée sur les caractéristiques de leur habitat. Société Francophone de Classification, Montréal.
P
Padox J-M., Hennebert P. (2010a). Qualité chimique des sédiments fluviaux en France Synthèse des bases de données
disponibles. INERIS, Rapport d’étude 03/06/2010 n° INERIS-DRC-10-105335-04971A)
Padox J-M., Hennebert P. (2010b). Qualité chimique des sédiments marins en France : Synthèse de données
disponibles. INERIS, Rapport d’étude 02/11/2010 n°INERIS-DRC-10-105335-11618A
Pandard, P., Devillers, J., Charissou, A. M., Poulsen, V., Jourdain, M. J., Férard, J. F., … Bispo, A. (2006) Selecting a
battery of bioassays for ecotoxicological characterization of wastes. Science of the Total Environment, 363(1-3), 114–
125. http://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2005.12.016
Panfili F. (2004). Etude de l’évolution de la spéciation du zinc dans la phase solide d’un sédiment de curage contaminé,
induit par phyto-stabilisation. Thèse soutenue le 09 Juin 2004 en vue de l’obtention du grade de Docteur de
l’Université de Provence-Aix-Marseille 1 (spécialité géochimie de l’environnement), 227 pages
Paoletti, M.G. (1999) Using bioindicators based on biodiversity to assess landscape sustainability. Agriculture, Ecosystems
etEnvironment, 74(1-3), 1–18.
Etude n°14-1023/1A 284
Paoletti, M.G. & Bressan, M. (1996). Soil invertebrates as bioindicators of human disturbance. Critical Reviews in Plant
Sciences, 15(1), 21–62.
Parkinson, D., and Coleman, D.C. (1991) Methods for assesssing soil microbial populations, activity and biomass.
Agriculture, Ecosystems & Environment, 34, 3–33.
Parrella, A., Lavorgna, M., Criscuolo, E., Russo, C., Fiumano, V., et Isidori, M. (2014) Acute and chronic toxicity of
six anticancer drugs on rotifers and crustaceans. Chemosphere, 115, 59-66.
Pas, O. (2012) Point d’information autour du décret du 30/04/2012 relatif à la sortie du statut de déchet. Note de synthèse Congrès éco-technologies pour le futur, Lille Grand Palais – Atelier sédiments – 13 juin 2012.
Pascal, M., Mathieur, A., Daniau, C. et Lucas, N. (2008). Grille de lecture échantillonnage et analyse des sols pollués. Projet inter-Cire sur les sites et sols pollués. InVS Santé environnement. 28p.
Passatore, L., Rossetti, S., Juwarkar, A.A., Massacci, A. (2014). Phytoremdiation and bioremediation of polychlorinated
biphenyls (PCBs): state of knowledge and research perspectives. Journal of hazardous materials. August
2014;278:189-202. doi:10.1016/j.jhazmat.2014.05.051
Pernin, C., Ambrosi, J.-P., Cortet, J., Joffre, R., Petit, J., Tabone, E., … Krogh, P. H. (2005) Effects of sewage sludge
and copper enrichment on both soil mesofauna community and decomposition of oak leaves (Quercus suber)
in a mesocosm. Biology and Fertility of Soils, 43(1), 39–50. http://doi.org/10.1007/s00374-005-0059-0
Perrodin, Y. (2012). Évaluation des risques écologiques : développements prioritaires et recherches concomitantes.
VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Débats et Perspectives, mis en ligne le 20 juin
2012, consulté le 16 juin 2016. URL : http://vertigo.revues.org/12097 ; DOI : 10.4000/vertigo.12097
Perrodin, Y., Babut, M., Bedell, J.-P., Bray, M., Clement, B., Delolme, C., … Montuelle, B. (2006) Assessment of
ecotoxicological risks related to depositing dredged materials from canals in northern France on soil.
Environment International, 32(6), 804–14. http://doi.org/10.1016/j.envint.2006.05.003
Perrodin, Y., Donguy, G., Pandard, P. et Andres, S. (). Guide méthodologique pour l’évaluation des risques écologiques
liés à la restauration de carrières de la zone littorale à l’aide de sédiments de dragage portuaires prétraités – Tome
1. Programme ANR « Sedigest ». 64 pages.
Pétinay, S., Chataigner, C., et Basuyaux, O. (2009) Standardisation du développement larvaire de l'oursin, Paracentrotus
lividus, pour l'évaluation de la qualité d'une eau de mer. Comptes Rendus Biologies, 332(12), 1104-1114.
Pey, B., Cortet, J., Watteau, F., Cheynier, K., & Schwartz, C. (2013). Structure of earthworm burrows related to organic matter of a constructed Technosol. Geoderma, 202-203(April 2016), 103–111. http://doi.org/10.1016/j.geoderma.2013.03.010
Philippot, L., Ritz, K., Pandard, P., Hallin, S., Martin-Laurent, F. (2012) Standardisation of methods in soil
microbiology: Progress and challenges. FEMS Microbiology Ecology, 82, 1–10.
Phipps, G. L., Ankley, G. T., Benoit, D. A., et Mattson, V. R. (1993) Use of the aquatic oligochaete Lumbriculus
variegatus for assessing the toxicity and bioaccumulation of sediment‐associated contaminants. Environmental
Toxicology and Chemistry, 12(2), 269-279.
Phytotoxkit (2004) Seed germination and early growth microbiotest with higher plants. Standard operation procedure.
MicroBio- Tests, Nazareth, Belgium, pp 1–24
Etude n°14-1023/1A 285
Picone, M., Bergamin, M., Losso, C., Delaney, E., Arizzi Novelli, A., et Ghirardini, A. V. (2016) Assessment of
sediment toxicity in the Lagoon of Venice (Italy) using a multi-species set of bioassays. Ecotoxicology and
Environmental Safety, 123, 32–44. http://doi.org/10.1016/j.ecoenv.2015.09.002
Piesschaert, F., Mertens, J., Huybrechts, W., et Rache, P. De. (2005) Early vegetation succession and management
options on a brackish sediment dike. Ecological Engineering, 25(4), 349–364.
http://doi.org/10.1016/j.ecoleng.2005.06.004
Piou S., Bataillard P., Laboudigue A. et al. (2009). Changes in the geochemistry of a Zn and Cd contaminated dredged
sediment over time after land disposal. Environment Research August 2009;109(6):712-720
PNR. (2015). Reconquête paysagère de la Boucle d’Anneville. Fédération Des Parcs Naturels Régionaux de France, 1–
5. Retrieved from www.parcs-naturels-r?gionaux.tm.fr
Podani, J., Csányi, B. (2010) Detecting indicator species: some extensions of the IndVal measure. Ecological Indicators,
10(6), 1119-1124.
Posey, M.H., Alphin, T.D., Powell, C.M., (1997) Plant and infaunal communities associated with a created marsh.
Estuaries 20, 42–47.
Prieto Montes, M., Mondy, C., Usseglio Polatera, P. (2012) Le nouvel indice I2M2. Indice Invertébrés Multimétrique.
Changement de la méthode d’évaluation des cours d’eau. 2 p
http://www.documentation.eaufrance.fr/notice/le-nouvel-indice-i2m2-indice-invertebres-multimetrique-
changement-de-la-methode-d-evaluation-des-cou0
Primack, Sarrazin, & Lecomte. (2012). Biologie de la conservation. Dunod éd., Paris., 360 p
Prokop Z., Vangheluwe M.L., Van Sprang P.A. et al. (2003). Mobility and toxicity of metals in sandy sediments
deposited on land. Ecotoxicology and Environment Safety January 2003;54(1):65-73
PROVADEMSE (2014). Choix du mode de gestion du sédiment lié au statut de déchet – approche substance. Journées
Nationales Sédiments, Juin 2014
Prygiel J. et Coste M. (2000). Guide méthodologique pour la mise en œuvre de l’Indice Biologique Diatomique (NF T
90-354), 134p.
Prygiel, J., Carpentier, P., Almeida, S., Coste, M., Druart, J. C., Ector, L., ... et Lalanne-Cassou, C. (2002) Determination
of the biological diatom index (IBD NF T 90–354): results of an intercomparison exercise. Journal of Applied
Phycology, 14(1), 27-39.
Q
Quiniou, F., (2004) Impacts des dragages sur l’environnement littoral de la prévision au suivi, JST : 259 – 264.
Quiniou, F., Alzieu, C. (1999) Chapitre VII : Analyse des risques chimiques appliquée aux dragages 129-151 in Alzieu,
C. (1999). Dragages et environnement marin : Etat des connaissances. IFREMER, 225 pp.
R
Raisuddin, S., Kwok, K. W. H., Leung, K. M. Y., Schlenk, D., et Lee, J.-S. (2007). The copepod Tigriopus: A promising
marine model organism for ecotoxicology and environmental genomics. Aquatic Toxicology, 83(3), 161–173.
http://doi.org/10.1016/j.aquatox.2007.04.005
Etude n°14-1023/1A 286
Ramade, F. (2007) Introduction à l'écotoxicologie : Fondements et applications; Lavoisier, 618 p.
Ramade, F. (2008) Dictionnaire encyclopédique des sciences de la nature et de la biodiversité. Dunod. 737 pp.
Ramade F. (2012) Eléments d’écologie. Ecologie appliquée : Action de l’Homme sur la biosphère. Dunod, pp 791.
Ramaroson J. (2008). Calcination des sédiments de dragage contaminés : études des propriétés physico-chimiques.
Thèse soutenue devant l’Institut National des Sciences Appliquées le 13 Mars 2008 pour l’obtention du grade
de Docteur, 181 pages
Ramírez-Pérez, T., Sarma, S. S. S., et Nandini, S. (2004) Effects of mercury on the life table demography of the rotifer
Brachionus calyciflorus Pallas (Rotifera). Ecotoxicology, 13(6), 535-544.
Ran Y., Sun K., Ma X. et al. (2007). Effect of condensed organic matter on solvent extraction and aqueous leaching of
polycyclic aromatic hydrocarbons in soils and sediments. Environment Pollution July 2007;148(2):529-538
Rasseneur X. (2013).Ty Cog, Guide des réalisations, Guide de réalisation thématique Travaux de Recherches et
Développement sur la gestion terrestre des sédiments marins non immergeables, CAP sédiment , 36 p.
Ray, G.L., (2000) Infaunal assemblages on constructed intertidal mudflats at Jonesport, Maine (USA). Marine Pollution
Bulletin 40 (12), 1186–1200.
Rebischung, F., & Hennebert, P. (2016). Classification réglementaire des déchets – Guide d’application pour la
caractérisation en dangerosité. INERIS, Rapport d’étude 04/02/2016 n°INERIS-DRC-15-149793-06416A. 288
pages
RECORD, (2006) Evaluation et acceptabilité des risques environnementaux. Méthodes d’évaluation, analyse
comparative ; Etude sociologiques des représentations des risques, synthèse bibliographique, 228 p, n°04-
0810//0811/1A
Règlement d'exécution (UE) n°354/2014 de la Commission du 08/04/2014 modifiant et rectifiant le règlement (CE)
n°889/2008 portant modalités d'application du règlement (CE) n°834/2007 du Conseil relatif à la production
biologique et à l'étiquetage des produits biologiques en ce qui concerne la production biologique, l'étiquetage et
les contrôles. Paru au OJ L 106 du 09/04/2014, p.7-14.
Reyjol, Y., Spyratos, V., et Basilico, L. (2012) Bioindication : des outils pour évaluer l’état écologique des milieux
aquatiques. Perspectives en vue du 2e cycle DCE-Eaux de surface continentale. Les Rencontres de l’ONEMA, 55.
Riedhammer C et Schwarz-Schulz B. (2001) The newly proposed EU risk assessment concept for the sediment
compartment. Journal of Soils and Sediments 1:105–10
Robinson, J. E., Newell, R. C., Seiderer, L. J., et Simpson, N. M. (2005) Impacts of aggregate dredging on sediment
composition and associated benthic fauna at an offshore dredge site in the southern North Sea. Marine
Environmental Research, 60(1), 51–68. http://doi.org/10.1016/j.marenvres.2004.09.001
Rodgher, S., Espíndola, E.L.G., Simões, F.C.F., Tonietto, A.E. (2012) Cadmium and chromium toxicity to
Pseudokirchneriella subcapitata and Microcystis aeruginosa. Brazilian Archives of Biology and Technology, 55(1), 161-169.
Röper H. & Netzband A. (2011) Assessment Criteria for Dredged Material with special focus on the North Sea Region
Disponible depuis le site SEDNET http://sednet.org/dge-cotner/
Etude n°14-1023/1A 287
Rossi, J. P., Franc, A., Rousseau, G. X. (2009) Indicating soil quality and the GISQ. Soil Biology and Biochemistry, 41(2),
444–445. http://doi.org/10.1016/j.soilbio.2008.10.004
Rossiter, D. G. (2006). Proposal for a new reference group for the World Reference Base for Soil Resources ( WRB )
2006 : the Technosols 2 nd revised draft. Working Group on Technosols WRB, 16 p.
Rüdel, H. (2003). Case study: bioavailability of tin and tin compounds. Ecotoxicology and Environmental Safety 56, (1), 180-
189
Ruiz N. (2004) Mise au point d'un système de bioindication de la qualité du sol basé sur l'étude des peuplements de
macro-invertébrés. Thèse de doctorat de l'Université Paris 6, Spécialité science de la vie, 14 septembre 2004,
Bondy : 327 p.
Ruiz N., et Velasquez E, Lavelle P. (2008) Vers la mise au point et l’application d’indicateurs synthétiques de la qualité
des sols. Congrès annuel 2008 Sol, Société et politique. 7et 8. février 2008, Université de Neuchâtel, France. 71
p.
Ruiz Camacho, N., Velasquez, E., Pando, A., Decaëns, T., Dubs, F., Lavelle, P., (2009). Indicateurs synthétiques de la
qualité du sol. Etude et Gestion Des Sols 16, 323–338.
Ruiz, N., Mathieu, J., Celini, L., Rollard, C., Hommay, G., Iorio, E., Lavelle, P. (2011) IBQS : A synthetic index of soil
quality based on soil macro-invertebrate communities. Soil Biology and Biochemistry, 43: 2032-2045.
Ruiz-Camacho N. (2010). Transfert sol – macrofaune du sol. In ADEME, 2010. Complémentarité des approches
physico-chimiques et biologiques pour caractériser des sols contaminés par des ETM sur six parcelles du secteur
de Métaleurop. 103 p.
Rusch B. (2010). Étude spectroscopique en conditions hydrodynamiques contrôlées du transfert des espèces
organiques à l'interface minéral/solution. Thèse soutenue le 12 Mars 2010 pour l’obtention du grade de Docteur
de l’Université de Nancy 1 (spécialité chimie et physico-chimie moléculaires), 283 pages
S
Samson, S. (2013).Contexte, origines et principe de l’expérimentation : Le contexte de la gestion des sédiments de
dragage. Réponse éco-responsable et durable en vallée de Seine, l’expérimentation de la ballastière d’Yville-sur-
Seine, Acte du séminaire « Quel devenir pour les sédiments de dragage », 23 mai 2013 Port de Rouen, 6-7.
Sannier, L., Tivolle, I., Mehu, J., & Aqua, J.-L. (2013). Guide des réalisations : SEDIMARD 83. Cap Sediment, 1–57.
Santorufo, L., Van Gestel, C.A.M., Rocco, A., Maisto, G. (2012) Soil invertebrates as bioindicators of urban soil quality.
Environmental Pollution, 161, 57–63.
Sarda´, R., Pinedo, S., Gremare, A., and Taboada, S. (2000). Changes in the dynamics of shallow sandy-bottom
assemblages due to sand extraction in the Catalan Western Mediterranean Sea. ICES Journal of Marine Science, 57:
1446-1453.
Sardinha, M., Müller, T., Schmeisky, H., & Joergensen, R. G. (2003). Microbial performance in soils along a salinity
gradient under acidic conditions. Applied Soil Ecology, 23(3), 237–244. http://doi.org/10.1016/S0929-
1393(03)00027-1
Sasaki, A., Ito, A., Aizawa, J., et Umita, T. (2005). Influence of water and sediment quality on benthic biota in an
acidified river. Water Research, 39, 2517–2526. http://doi.org/10.1016/j.watres.2005.04.047
Etude n°14-1023/1A 288
Schaefer, M. (2003) Behavioural endpoints in earthworm ecotoxicology. Journal of Soils and Sediments, 3(2), 79-84.
Schaefer, M. (2004). Assessing 2, 4, 6-trinitrotoluene (TNT)-contaminated soil using three different earthworm test
methods. Ecotoxicology and environmental safety, 57(1), 74-80.
Schiavone S. & Coquery M. (2009). Analyse comparative et critique des documents guides ou normes pour le
prélèvement des sédiments en milieu continental. Convention de partenariat ONEMA - CEMAGREF, Juin 2009
Schiavone S. & M. Coquery M. (2011). Guide d’échantillonnage et de prétraitement des sédiments en milieu continental
pour les analyses physico-chimiques de la DCE. AQUAREF et CEMAGREF, Avril 2011
Schipper, C. a., Rietjens, I. M. C. M., Burgess, R. M., Murk, a. J. (2010). Application of bioassays in toxicological hazard,
risk and impact assessments of dredged sediments. Marine Pollution Bulletin, 60(11), 2026–2042.
http://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2010.07.018
Schlekat, C.E., Scott, K.J., Swartz, R.C., Albrecht, B., Antrim, L., Doe, K., Douglas, S., Ferretti, J.A., Hansen, D.J.,
Moore, D.W., Mueller, C., Tang, A., (1995). Interlaboratory comparison of a 10-day sediment toxicity test
method using Ampelisca abdits, Eohau- storius estuarius and Leptocheirus plumulosus. Environmental Toxicology and
Chemistry 14(12), 2163–2174.
Schloter, M., Dilly, O., Munch, J. (2003). Indicators for evaluating soil quality. Agriculture, Ecosystems Environment, 98(1-
3), 255–262.
Schneider G.(). Le curage des sédiments des cours d'eau, sur le courrier de l’environnement de l’INRA. Consulté le
25/04/2016. Disponible sur le lien suivant : http://www7.inra.fr/dpenv/curage.htm#grille
Schnurer, J. & Rosswall, T. (1982). Fluorescein diacetate hydrolysis as a measure of total microbial activity in soil and
litter. Applied and Environmental Microbiology, 43, 1256-61.
Schoenholtz, S. ., Miegroet, H. V., Burger, J. (2000). A review of chemical and physical properties as indicators of
forest soil quality: challenges and opportunities. Forest Ecology and Management, 138(1-3), 335–356.
Schratzberger, M., Bolam, S.G., Whomersley, P., Warr, K., et Rees, H.L. (2004). Development of a meiobenthic
nematode community following the intertidal placement of various types of sediment. Journal of Experimental
Marine Biology and Ecology, 303(1), 79–96. http://doi.org/10.1016/j.jembe.2003.11.003
Scordia P-Y. (2008). Caractérisation et valorisation des sédiments fluviaux pollués et traités dans les matériaux routiers.
Thèse soutenue le 16 Octobre 2008 pour l’obtention du grade de Docteur, délivrée par l’Ecole Centrale de Lille,
201 pages
Seastedt T.R. (1984). The role of microarthropods in decomposition and mineralization processes. Annual Review of
Entomology, 29: 25-46.
Seby F., Benoit-Bonnemason C., Terrier E., et al. (2009). Etude de l’évolution des formes chimiques des métaux dans
des sédiments marins dragués stockés à terre. Revue Paralia Novembre 2009;2:3.1-3.12
SEDIGEST http://www.agence-nationale-recherche.fr/?Projet=ANR-07-ECOT-0012
SEDILAB. (2011). Journées nationales des sédiments- synthèse. Congres Europeen Eco-Technologies Pour Le Futur
- Journées Nationales Sédiments 8 et 9 Juin 2011, 28 p.
Sedimatériaux http://www.cd2e.com/recyclage-valorisation/projet-sedimateriaux
Etude n°14-1023/1A 289
Séré, G. (2007). Fonctionnement et évolution pédogénétique de Technosols issus d’un procédé de construction de sol.
Thèse de Doctorat, Institut National Polytechnique de Lorraine, 228.p
Séré, G., Schwartz, C., Ouvrard, S., Renat, J. C., Watteau, F., Villemin, G., & Morel, J. L. (2010). Early pedogenic
evolution of constructed Technosols. Journal of Soils and Sediments, 10(7), 1246–1254.
http://doi.org/10.1007/s11368-010-0206-6
SETRA (2011). L’impact des fondants routiers sur l’environnement. Etat des connaissances et pistes d’action. Note
d’information. Mars 2011. 25 pages.
Shafer, D. J., & Streever, W. J. (2000). A comparison of 28 natural and dredged material salt marshes in Texas with an
emphasis on geomorphological variables. Wetlands Ecology and Management, 8, 353–366.
http://doi.org/10.1023/A:1008491421739
Sheehan, C., & Harrington, J. (2012). Management of dredge material in the Republic of Ireland - A review. Waste
Management (New York, N.Y.), 32(5), 1031–1044. http://doi.org/10.1016/j.wasman.2011.11.014
Sheehan, C., Harrington, J., & Murphy, J. D. (2010). A technical assessment of topsoil production from dredged
material. Resources, Conservation and Recycling, 54(12), 1377–1385.
http://doi.org/10.1016/j.resconrec.2010.05.012
Shrivastava, P. & Kumar, R. (2014). Soil salinity: A serious environmental issue and plant growth promoting bacteria as one of the tools for its alleviation. Saudi J Biol Sci. 2015 Mar;22(2):123–131. Published online 2014 Dec 9. doi: 10.1016/j.sjbs.2014.12.001
SIBA Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (). « La valorisation des sédiments de dragage » http://www.siba-bassin-arcachon.fr/nos-competences/le-pole-maritime/valorisation-des-sediments-de-dragage)
Siham, K., Fabrice, B., Nor, A., & Patrick, D. (2008). Marine dredged sediments as new materials resource for road construction, 28, 919–928. http://doi.org/10.1016/j.wasman.2007.03.027
Silitonga E. (2010). Valorisation des sédiments marins contaminés par solidification/stabilisation à base de liants hydrauliques et de fumée de silice. Thèse de doctorat, Université de Caen Basse- Normandie, 229 p.
Silva, A., Figueiredo, S. A., Sales, M. G., & Delerue-Matos, C. (2009) Ecotoxicity tests using the green algae Chlorella
vulgaris—A useful tool in hazardous effluents management. Journal of hazardous materials, 167(1), 179-185.
Silva, P.V., Silva, A.R.R., Mendo, S., Loureiro, S. (2014). Toxicity of tributyltin (TBT) to terrestrial organisms and its
species sensitivity distribution. Science of The Total Environment, 1 January 2014;466-467:1037–1046.
doi:10.1016/j.scitotenv.2013.08.002
Simonson, R. W. (1959). Modern concepts of soil genesis - A Symosium- Outline of a generalized theory of soil genesis.
Soil Science Society Proceedings, 23(2), 152–156.
http://doi.org/10.2136/sssaj1959.03615995002300020021x
Simpson, B. S. L., Batley, G. E., Chariton, A. a, Stauber, J. L., King, C. K., Chapman, J. C., … Simpson, S. L. (2005).
Handbook for Sediment Quality Assessment Quality Assessment. Centre for Environmental Contaminants
Research (Environmen). CSIRO : Bangir, NSW. Retrieved from http://www.csiro.au/files/files/p8m1.pdf
Sinsabough, R.L., Carreiro, M.M., Alvarez, S. (2002). Enzyme and Microbial Dynamics of Litter Decomposition. pp
257-273. In: Burns, R. G., and Dick, R. P. (2002) Enzymes in the environment: activity, ecology and applications.
Marcel Dekker Inc, Ed. pp 640.
Etude n°14-1023/1A 290
SITA Nord, & Doublet. (2014). SITA et doublet pour développer la solution innovante et écologique C’URBAN.
Dossier de Presse SITA, 18 p.
Smith K.E., Schwab A.P. et Banks M.K. (2008). Dissipation of PAHs in saturated, dredged sediments : a field trial.
Chemosphere August 2008;72(10):1614-1619
Solomon, K.R., Sibley, P., (2002). New concepts in ecological risk assessment: where do we go from here? Marine
Pollution Bulletin 44, 279–285. doi:Pii S0025-326x(01)00252-1\rDoi 10.1016/S0025-326x(01)00252-1
Solomon KR, Brock TCM, de Zwart D, et al... (2008) Extrapolation Practice for Ecotoxicological Effect Characterization of Chemicals. CRC Press, New York, NY, USA
SOVASOL. (2012). Résumé non technique - Dossier de demande d’autorisation d'exploiter une installation classée pour la protection de l'environnement-Commune du Teich, 1–28.
Stauffer, M., Leyval, C., Brun, J.-J., Leportier, P., Berthelin, J. (2014). Effect of willow short rotation coppice on soil properties after three years of growth as compared to forest, grassland and arable land uses. Plant and Soil, 377(1-2), 423–438.
Stone, D., Costa, D., Daniell, T. J., Mitchell, S. M., Topp, C. F. E., & Griffiths, B. S. (2016). Using nematode communities to test a European scale soil biological monitoring programme for policy development. Applied Soil Ecology, 97, 78-85.
Strand, J. & Jacobsen, J.A. (2005). Accumulation and trophic transfer of organotins in a marine food web from the Danish coastal waters. Science of the Total Environment November 2005;350(1-3):72–85. doi:10.1016/j.scitotenv.2005.02.039
Streever, W.J., (2000). Spartina alterniflora marshes on dredged material: a critical review of the ongoing debate over
success. Wetlands Ecology and Management 8, 295–316.
Stronkhorst, J., Schipper, C., Brils, J., Dubbeldam, M., Postma, J., van de Hoeven, N. (2003). Using marine bioassays
to classify the toxicity of Dutch harbor sediments. Environmental Toxicology and Chemistry / SETAC, 22(7), 1535–
1547. http://doi.org/10.1897/1551-5028(2003)22<1535 :UMBTCT>2.0.CO;2
Stronkhorst J. & van Hattum B. (2003). Contaminants of Concern in Dutch Marine Harbor Sediment. Archives of
Environmental Contamination and Toxicology, 45;306-316. DOI:10.1007/s00244-003-0191-5
Sturgis, T.C, Lee, C.R, and Banks, H.C, Jr. (2001a). Evaluation of Toledo Harbor Dredged Material for Manufactured
Soil, Phase 1: Greenhouse Bench-Scale Test, Technical Report ERDC/EL TR-01- 25,U.S. Army Engineer
Research and Development Center, 31 p. In : Anger, B. (2014). Caractérisation des sédiments fins de retenues
hydroélectriques en vue d’une orientation vers des filières de valorisation matière. Thèse de doctorat, Génie-civil,
Université de Caen Basse-Normandie, 316 p.
Suter II, G.W., (2001). Applicability of indicator monitoring to ecological risk assessment. Ecological Indicators 1, 101–
112.
Swartz, R.C., Cole, F.A., Lamberson, J.O., Ferraro, S.P., Schults, D.W., DeBen, W.A., Lee, H.I., Ozretich, R.J., (1994).
Sediment toxicity, contamination and amphipod abundance at a DDT and dieldrin contaminated site in San
Francisco Bay. Environmental Toxicology and Chemistry 13, 949–962 in Chapman, P. M., Ho, K. T., Munns,
W. R., Solomon, K., et Weinstein, M. P. (2002). Issues in sediment toxicity and ecological risk assessment. Marine
Pollution Bulletin, 44(4), 271–8. http://doi.org/10.1016/S0025-326X(01)00329-0
Système d’information sur l’Eau (SIE), (2013). Recommandations relatives aux travaux et opérations impliquant des
sédiments aquatiques potentiellement contaminés. L’eau dans le bassin Rhône Méditerranée V2.0 Septembre 2013
Annexes. Disponible sur le lien suivant :
Etude n°14-1023/1A 291
http://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr/docs/PCB/sediments/Recommandations-sediments-V2-
0d_port.pdf
T
Tabatabai, M.A. and Bremner, J.M. (1972) Assay of urease activity in soils. Soil Biology & Biochemistry, 4, 479–487.
Tack, FMG., Callewaert, OWJJ. et Verloo, MG. (1996). Metal solubility as a function of pH in a contaminated, dredged
sediment affected by oxidation. Environmental Pollution 1996;91(2):199-208
Tack, FMG., Singh, SP. et Verloo MG. (1999). Leaching behaviour of Cd, Cu and Zn in surface soils derived from
dredged sediments. Environmental Pollution July 1999;106(1):107-114
Tack, FMG. & B. Vandecasteele, B. (2008). Cycling and ecosystem impacts of metals in contaminated calcareous
dredged sediment-derived soils (Flanders- Belgium). Science of the Total Environment 1st August 2008;400(1-3):283-
289
Tait, R., et Dipper, F. (1998) Elements of marine ecology - Fourth edition :The effects of brief mindfulness
intervention on acute pain experience: An examination of individual difference. . Butterworth Heinemann, Ed. 432
p. http://doi.org/10.1017/CBO9781107415324.004
Tauw Environnement, & Ophrys. (2001). Guide méthodologique de caractérisation des sédiments. Projet de curage
surveillance des sédiments, 409 p.
Thanh TN. (2009). Valorisation de sédiments marins et fluviaux en techniques routière. Thèse soutenue le 16 Février
2009 pour l’obtention du grade de Docteur de l’Université d’Artois (spécialité Génie Civil), 225 pages
Thibaud, J-M., & D’Haese, C.A. (2010). Le petit collembole illustré. Arvernsis. pp. 56.
Thybaud, E. (1998). Les tests d'écotoxicité terrestre. In Séminaire National sur l'Ecotoxicologie des sols et des déchets (pp. 46-
56).
Tiedje, J.M., Quensen, J.F.I., Chee-Sanford, J. (1993). Microbial reductive dechlorination of PCB. Biodegradation, 4, 231-
240
Tiffreau, C., & Laboudigue, A. (1997). Problématique des sédiments toxiques: impact sur un sol non pollué du dépôt
de sédiments contaminés. Centre National de Recherche Sur Les Sites et Sols Pollués (CNRSSP), 36 p.
Torrisi, M., Rimet, F., Cauchie, H. M., Hoffmann, L., et Ector, L. (2006). Bioindication by epilithic and epiphytic
diatoms in the Sure River (Luxembourg). Belgian Journal of Botany, 139(1), 39-48.
Truscott, A. M., Palmer, S. C. F., McGowan, G. M., Cape, J. N., & Smart, S. (2005). Vegetation composition of roadside
verges in Scotland: The effects of nitrogen deposition, disturbance and management. Environmental Pollution,
136(1), 109–118. http://doi.org/10.1016/j.envpol.2004.12.009
U
USAN. (2011). Résumé non technique Evaluation d’Incidences sur l’Environnement [ Réhabilitation écologique du
canal d’ Hazebrouck], 17 p.
United States Environmental Protection Agency (USEPA), (2000). Methods for Measuring the Toxicity and
Bioaccumulation of Sediment-associated Contaminants with Freshwater Invertebrates. Environmental Protection,
192. http://doi.org/EPA 600/R-94/024
Etude n°14-1023/1A 292
USEPA (US Environmental Protection Agency) (2000) Methods for Measuring the Toxicity and Bioaccumu- Lation of Sediment-Associated Contaminants with Freshwater Inverte- brates, 2nd edit. EPA 600/R-99/064. Duluth,MN, USA
V
Van Beelen P. (2003). A review on the application of microbial toxicity tests for deriving sediment quality guidelines. Chemosphere 53:795–808
Van Dalfsen J.A., Essink K., Toxvig Madsen H., Birklund J., Romero J., Manzanera M. (2000). Differential response of macrozoobenthos to marine sand extraction in the North Sea and the western Mediterranean. ICES Journal of Marine Science, 57, pp 1439-1445
Van Dalfsen, J. A., et Essink, K. (2001). Benthic community response to sand dredging and shoreface nourishment in Dutch coastal waters. Senckenbergiana Maritima, 31: 329-332.
Van Paassen, L. (2012).Note de synthèse – Congrès des éco-technologies pour le futur, Atelier sédiments Lille Grand Palais, juin 2012, 5-6.
Vandecasteele, B., De Vos, B., Muys, B., Tack, F.M.G., (2005). Rates of forest floor decomposition and soil forming processes as indicators of forest ecosystem functioning on a polluted dredged sediment landfill. Soil Biology and Biochemistry 37, 761–769. doi:10.1016/j.soilbio.2004.10.006
Vansimaeys C. (2011). Comportement à long terme de dépôts de sédiments de curage – Approche mécanistique du transfert de métaux en milieu poreux non saturé. Thèse soutenue le 07 Juillet 2011 pour l’obtention du grade de Docteur de l’Université des Sciences et Technologie de Lille 1, délivré conjointement par l’Ecole des Mines de Douai (spécialité Géosciences, Ecologie, Paléontologie, Océanographie), 215 pages
Vašíčková, J., Kalábová, T., Komprdová, K., Priessnitz, J., Dymák, M., Lána, J., … Hofman, J. (2013). Comparison of
approaches towards ecotoxicity evaluation for the application of dredged sediment on soil. Journal of Soils and
Sediments, 13, 906–915. http://doi.org/10.1007/s11368-013-0670-x
Velasquez, E., Lavelle, P., Andrade, M. (2007). GISQ, a multifunctional indicator of soil quality. Soil Biology and
Biochemistry, 39(12), 3066–3080. http://doi.org/10.1016/j.soilbio.2007.06.013
Verneaux J. et Tuffery G. (1967). Une méthode zoologique pratique de détermination de la qualité biologique des eaux
courantes. Indices biotiques. Ann. Sc. Univ. Besançon 3 : 79-89
Vernus E., Méhu J., Bonnet J., Bergeron A. (2013). Filières de gestion à terre, guide thématique -Travaux de Recherches et Développement sur la gestion terrestre des sédiments marins non immergeables, CAP Sédiment, 44 p
Villenave, C., Jimenez, A., Guernion, M., Péres, G., Cluzeau, D., Mateille, T., ... et Tavoillot, J. (2013). Nematodes for
soil quality monitoring: results from the RMQS BioDiv programme. Open Journal of Soil Science, 3, 30-45.
Volchko, Y., Norrman, J., Rosen, L., Norberg, T. (2014). A minimum data set for evaluating the ecological soil
functions in remediation projects. Journal of Soils and Sediments, 14(11), 1850–1860.
W
Walker, C. H., Sibly, R. M., Hopkin, S. P., et Peakall, D. B. (2012). Principles of ecotoxicology. CRC press.326 pp
Walter, C., Chaussod, R., Cluzeau, D., Curmi, P., Hallaire, V., (2002). Caracterisation, determinisme et surveillance de
la qualite des sols en milieux limoneux acides. Rapport Final Programme de Recherche GESSOL, Fonctions
environnementales des sols. pp 177.
Etude n°14-1023/1A 293
Weete JD, Abril M, Blackwell M. (2010). Phylogenetic distribution of fungal sterols. PLoS One. 28; 5(5): e10899-e10905.
Weltje L, Rufli H, Heimbach F, Wheeler J, Vervliet-Scheebaum M, Hamer M (2010). The chironomid acute toxicity
test: Development of a new test system. Integrated Environmental Assessment and Management. 6:301-307.
World Health Organization (WHO), (1990). International Programme on Chemical Safety – Environmental Health
Criteria 116, Tributyltin compounds [en ligne]
http://www.inchem.org/documents/ehc/ehc/ehc116.htm
Wichern, J., Wichern, F., & Joergensen, R. G. (2006). Impact of salinity on soil microbial communities and the decomposition of maize in acidic soils. Geoderma, 137(1-2), 100–108.
http://doi.org/10.1016/j.geoderma.2006.08.001
Wick AF., Haws NW., Sukkariyah BF. et al. (2011). Remediation of PAH-contaminated soils and sediments : a literature
review. Department of Crop and Soil Environment Sciences, Internal Research Document 102 pages
Williams, K.A., Green, D.W., Pascoe, D., Gower, D.E. (1986). The acute toxicity of cadmium to different larval stages
of Chironomus riparius (Diptera: Chironomidae) and its ecological significance for pollution regulation. Oecologia,
70(3), 362-366.
Winding, A., Hund-Rink, K., Rutgers, M., (2005). The use of microorganisms in ecological soil classification and
assessment concepts. Ecotoxicology and Environmental Safety, 62, 230–248
X
Xiao, N., Jing, B., Ge, F., et Liu, X. (2006). The fate of herbicide acetochlor and its toxicity to Eisenia fetida under
laboratory conditions. Chemosphere, 62(8), 1366-1373.
XP T90-333 (2009): Prélèvement des macroinvertébrés aquatiques en rivières peu profondes.
XP T90-388 (2010): Qualité de l’eau - Traitement au laboratoire d’échantillons contenant des macro-invertébrés de
cours d’eau
Y
Yi, A. X., Han, J., Lee, J. S., et Leung, K. M. (2014) Ecotoxicity of triphenyltin on the marine copepod Tigriopus japonicus
at various biological organisations: from molecular to population-level effects. Ecotoxicology, 23(7), 1314-1325.
Z
Zantua, M. I., and Bremner, M. (1977) Stability of urease in soils. Soil Biology and Biochemistry, 9, 135–140.
Zanuzzi, A., Arocena, J. M., van Mourik, J. M., & Faz Cano, A. (2009). Amendments with organic and industrial wastes stimulate soil formation in mine tailings as revealed by micromorphology. Geoderma, 154(1-2), 69–75. http://doi.org/10.1016/j.geoderma.2009.09.014
Zarrelli, A., DellaGreca, M., Iesce, M. R., Lavorgna, M., Temussi, F., Schiavone, L., ...Isidori, M. (2014)
Ecotoxicological evaluation of caffeine and its derivatives from a simulated chlorination step. Science of The Total
Environment, 470, 453-458.
Zentar R., Abriak NE., Dubois V. et Miraoui M. (2009). Beneficial use of dredged sediments in public works.
Environmental Technology July 2009;30(8):841-847
Etude n°14-1023/1A 294
Zhao, X.R., Lin, Q., Brookes, P.C. (2005) Does soil ergosterol concentration provide a reliable estimate of soil fungal
biomass? Soil Biology and Biochemistry, 37(2), 311–317.
Zoumis T., Schmidt A., Grigorova L. et Calmano W. (2001). Contaminants in sediments: remobilisation and
demobilisation. Science of Total Environment 5 February 2001;266(1-3):195-202
Etude n°14-1023/1A 295
ANNEXES
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE SOUMIS EN LIGNE VIA « GOOGLE FORM »
https://www.google.com/intl/fr_fr/forms/about/
Etude n°14-1023/1A 306
ANNEXE 2 : MAIL PERSONNALISE ACCOMPAGNANT L’ENVOI DU
QUESTIONNAIRE
Madame, Monsieur,
Le Laboratoire des Sciences Végétales et Fongiques (EA4483 /ILIS) de l’Université de Lille Droit
et Santé réalise une enquête sur la valorisation à terre des sédiments de dragage. Cette enquête
s’inscrit dans le cadre d’une étude plus globale sur « l’impact écologique de sédiments pollués
extraits et déposés en milieux terrestres », soutenue et financée par le réseau RECORD – Recherche
coopérative sur les déchets et l’environnement (www.record-net.org).
Votre expertise en tant que (membre du comité XX/ de suivi de l’étude XX/intervenant au congrès XXX
/opérateur/…) nous intéresse et nous vous serions reconnaissants de partager votre retour
d’expérience par l’intermédiaire d’un questionnaire qui vous prendra environ 15 minutes. Nous
vous garantissons l’anonymat des réponses.
Ce questionnaire est disponible en ligne à l’adresse suivante :
https://docs.google.com/forms/d/1le2Fl_3hbAYDmhIt45bFB-
tbDIw47Gv6w7NUBjMJVic/viewform?c=0&w=1&usp=mail_form_link vos réponses étant
attendues de préférence avant le 20 mai 2016.
A l’issue de l’enquête, nous serions ravis de vous envoyer une note synthétique de l’analyse des
résultats et de vous tenir informé de la date de parution en ligne du rapport final de l’étude sur le
site de RECORD (http://www.record-net.org/etudes-en-cours/en-savoir-plus/192). Pour cela,
merci d’indiquer vos choix et de laisser vos coordonnées en toute fin de questionnaire. Notez que
cette information sera traitée séparément des réponses pour respecter l’anonymat du questionnaire.
Pour de plus amples renseignements concernant l’enquête, merci de prendre contact par mail avec
Madame Audrey Hayet, PhD, [email protected].
Nous vous remercions pour votre participation et vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos
salutations distinguées.