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Cliniques : le palmarès 2009 Martine Betti-Cusso 19/06/2009 | Mise à jour : 23:30 |
Les palmarès des cliniques privées que nous publions sont surprenants à bien des égards. Dans la
première partie de notre classement, nous avons examiné la gestion mise en place par les
établissements pour assurer une qualité et une sécurité des soins. C'est le tableau général de
l'excellence. Dans la seconde partie nous avons établi un classement, par pôles d'excellence : les
meilleurs dans un acte technique, dans une spécialité. Premier constat : l'excellence ne réside pas
toujours dans la taille de l'établissement ni dans son niveau d'équipements. Dans le haut de notre
classement général figurent en effet des structures de petites et moyennes dimensions : 26 cliniques
parmi les 50 meilleures, et notamment les deux lauréates, offrent moins de 100 lits et places ! Les
grands «paquebots» mieux équipés (scanner, IRM...) et dotés de services de réanimation ou d'urgences
ne sont pas forcément à privilégier. Autre surprise, la province tient la dragée haute à la capitale. Il n'y a
que trois cliniques parisiennes parmi les 50 meilleures ! Mais la concurrence d'hôpitaux en nombre dans
la capitale, ou les budgets loyers disproportionnés grignotant sur les autres postes, fournissent peutêtre
des éléments d'explication.
Ce palmarès, réalisé avec les Drs Stéphane Bach et Jean-Pascal Del Bano, fondateurs du Guide Santé
(www.le-guide-sante. org) révèle également des tarifs disparates et sans lien avec la qualité des
soins. Ce n'est qu'à moitié surprenant. Mais notre enquête, la première du genre à indiquer les prix des
prestations hôtelières, le confirme.
Pour réaliser le classement général, nous avons retenu comme critère essentiel l'investissement dans la
lutte contre les maladies nosocomiales. De fait, un établissement de santé a pour vocation de soigner et
non de rendre malade. Et l'excellence se manifeste avant tout par une volonté de mettre en oeuvre les
moyens nécessaires pour prévenir et surveiller ce risque. Nos 50 meilleures cliniques ont toutes obtenu
le meilleur score en la matière.
Nous avons également examiné et c'est inédit les rapports de certification de la Haute Autorité de santé.
Cet organisme indépendant dispose d'une commission dédiée à la certification des établissements de
santé. Cette procédure d'évaluation est effectuée tous les quatre ans par une équipe de médecins,
soignants et gestionnaires qui visitent les établissements pour en étudier les pratiques, vérifier que tout
est mis en place pour assurer la qualité et la sécurité des soins. Ils considèrent le management, les
ressources humaines, la prise en charge des patients, l'organisation de la gestion des risques...
«C'est un examen très attentif avec un référentiel sérieux, explique Jean-Paul Guérin, président de la
commission de certification à la Haute Autorité de santé. Une certification sans recommandation (3
étoiles) garantit une amélioration continue dans la qualité et la sécurité des soins. La plupart du temps,
les établissements jouent le jeu et tentent de perfectionner leurs services.»
Ces deux indicateurs de qualité et de sécurité nous ont semblé primordiaux car rien ne sert d'être un
grand pilote de Formule 1 dans une voiture à la mécanique douteuse, voire dangereuse ! C'est pourquoi
certains établissements, bien positionnés dans d'autres palmarès, se trouvent rétrogradés dans notre
classement. Il en va ainsi du centre hospitalier privé Saint-Grégoire, à Rennes, qui souffre d'un score
agrégé de lutte contre les maladies nosocomiales de niveau C, ou encore des Nouvelles Cliniques
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nantaises qui affichent, de leur côté, un score de niveau B et sont, en plus, affligées d'une certification
avec suivi !
Un taux d'occupation supérieur à 60%
Mais bien sûr, nous avons pris en compte la qualité des soins. Il est reconnu que la performance tient à
la répétition des actes. Seules les cliniques dont le taux d'occupation est supérieur à 60 % ont été
retenues pour notre classement. De même, nous nous sommes intéressés aux ressources humaines, et
au ratio effectifs/activités. Plus ce ratio est élevé, plus la clinique a recruté du personnel soignant pour
faire face aux besoins. Ce qui est un gage de qualité. Les charges de personnels représentent en
moyenne 50 % des dépenses d'une clinique, et certaines sont tentée de rogner sur ce poste. Un ratio
élevé signe la volonté d'assurer une bonne prise en charge.
Ces critères objectifs ont pour avantage de s'appliquer indistinctement à des établissements de toutes
tailles et de toutes disciplines, dans un secteur en pleine mutation. Un milieu dynamique, sujet à la
concurrence, où chacun se doit de séduire les patients pour exister.
«Si l'hôpital est un service public bénéficiant de dotations, une clinique sans patients met la clé sous la
porte, commente le PrGuy Vallancien, auteur d'un rapport sur la chirurgie dans les petits hôpitaux. C'est
pourquoi elles sont réactives, mobilisant rapidement un plateau technique, entretenant une relation
personnalisée forte entre médecins et malades. Beaucoup proposent des prestations hôtelières
correctes, voire excellentes.»
Une saine émulation avec l'hôpital
Cette souplesse de réaction séduit les praticiens tout autant que les conditions de travail et de
rémunération, meilleures que celles proposées dans le secteur public. Il n'est plus rare de voir de grands
mandarins quitter l'hôpital public pour intégrer une structure privée. Avec 8 millions de patients chaque
année, les cliniques s'imposent dans notre système de soins, entretenant une saine émulation avec
l'hôpital. Elles assurent près de 80 % de l'ambulatoire, et plus de 60 % de l'activité chirurgicale. Ce n'est
pas un hasard. Ces entités se sont restructurées, avec des rachats, des regroupements, des
fermetures...
«A l'origine, elles étaient fondées par des chirurgiens pour exercer leur métier, commente Claude Le
Pen, économiste de la santé.Mais nombre d'entre eux, parvenus à l'âge de la retraite, ont rencontré des
difficultés pour trouver des repreneurs. L'évolution des normes de qualité et de sécurité sanitaires, les
nouveaux équipements ont exigé de lourds investissements. Parallèlement, les durées de séjour ont
chuté, et beaucoup n'ont pu suivre le rythme.» Aujourd'hui, le paysage des cliniques se partage entre
des établissements indépendants des cliniques familiales ou appartenant à des associations de médecins
et des groupements de cliniques rachetées par des sociétés cotées en Bourse ou contrôlées par des
fonds de pension qui les restructurent, les modernisent et les rentabilisent. Un placement sûr, mais avec
une rentabilité moyenne et la possibilité de revente si besoin est.
Ces dernières sacrifient-elles la qualité des soins à la rentabilité ? Ce n'est pas forcément le cas : 23 des
cliniques sur les 50 classées appartiennent à un groupe (Vitalia, Almaviva, Médi-Partenaires...). Le
groupe Vitalia, né en avril 2006 et lié au fonds d'investissement Blackstone, compte cinq établissements
dans notre palmarès.
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«Nous avons une démarche permanente de qualité, et allons parfois plus loin que ce qui nous est
demandé par l'administration, assure le Dr Christian Le Dorze, président du groupe. Tout simplement
parce que cela participe à la réussite de l'établissement. Avec nos 46 cliniques, nous proposons une offre
globale de soins intégrant des structures de proximité et des pôles spécialisés. Nous sommes
complémentaires de l'hôpital public dans les grandes villes et nous jouons son rôle dans les petites et
moyennes communes. Vingt et une de nos cliniques disposent d'un service d'urgence.»