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Page 1: L'édito de "Minute"

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POLITIQUE

D imanche 10 mai 1981, 20heu res. Sur les écrans detélévision, un portrait pi -xel lisé se met à apparaître,en commençant par le crâ -

ne. Il y a quelques instants de dou -te puis, hélas, il n’y en a plus. Fran-çois Mitterrand est élu présidentde la République. Avec 51,76 % desvoix contre 48,24 % à Valéry Gis-card d’Estaing, soit 1065956 voixd’avance.

On décompte aussi 898984 bul-letins blancs et nuls… Merci qui?Merci Chirac, qui, ayant obtenu18 % des voix au premier tour,avait ordonné en coulisses, via lesr é seaux de Charles Pasqua, defaire la peau de Giscard, présidentsortant, soit en votant blanc, soit,car rément, en votant pour FrançoisMitterrand. Ce dernier confiera àVa léry Giscard d’Estaing quelquessemaines avant sa mort: « Vousétiez imbattable. […] Et je n’ai été éluque grâce aux 550000 voix que m’aapportées Jacques Chirac au deuxièmetour. Vous n’avez qu’à regarder leschiffres. Sans ces 550000 voix qui ontchangé de camp, je ne pouvais pas êtreélu. »

Le but de Chirac: faire placenette à droite pour reconfigurer cel -le-ci autour de lui et de son parti, leRPR, et lui permettre d’accéder à laprésidence de la République. « NiM. Giscard d’Estaing ni M. Mitter -rand ne veulent changer la société »,ar gumente alors, devant le comitécentral du RPR le directeur adjointde la campagne présidentielle deChirac, un trentenaire ambitieuxnom mé… Alain Juppé. Lamenta -ble manœuvre. Minable manœu -vre politicienne, accomplie sans au -cun égard pour l’intérêt national etpour celui des Français, et qui vaplonger la France dans quatorzeannées de « socialo-communisme »comme on disait à l’époque en uneformule qui redevient cruellementd’actualité. Quatorze années de so -

cialisme qui ne furent pas même at -ténuées par les deux cohabitations,tant la Constitution de la Ve Répu -blique est ordonnée autour du bonplaisir du chef de l’Etat.

Que ceux qui avaient13 ans en 1981

écoutent

Trois décennies plus tard, la ten-tation ressurgit de faire vivre à laFrance le « remake » de 1981. Pourles mêmes raisons. Sous les mêmespré textes. Avec la même inconsé-quen ce. En pire. Au moins, le 11mai 1981, Jacques Chirac avait-ildé claré: « Chacun devra voter selonsa conscience. A titre personnel, je nepuis que voter pour M. Giscard d’Es-taing. » La formule était assassinemais il avait fait le « service mini-mum ». Cette fois, rien de tel. Pourle moment. L’un, directeur de lacam pagne du candidat qui a obte-nu aussi 18 % (17,90 % pour êtreprécis), affirme sur RMC qu’il vote-ra blanc. L’autre, directeur « straté-gi que » de la même campagne, vasur Canal + asséner qu’il va « peut-être voter blanc ou revoter Marine LePen ». A moins que ce ne soitCharl es Martel, Louis XX (??) ou,tant qu’on y est, Jules Ferry?

« L’expérience est une lanternesourde qui n’éclaire que celui qui laporte », dit-on en une formule attri-buée tantôt à Confucius, tantôt àLouis-Ferdinand Céline. Manifes-tement, il y a du vrai. Ceux quiavaient 12 ou 13 ans en 1981 – oun’étaient même pas nés – croientque la gauche et la droite, c’est pa -reil, et que dès les prochaines légis-latives, par une levée en masse desélecteurs contre la politique de lagau che – tiens! ce n’est donc paspa reil, finalement? –, ils vont rafler

la mise. Foutaises. Non seulementils ne vont rien rafler du tout, aucon traire de 1986, en raison de laproximité du scrutin législatif avecla présidentielle et de leur refus detout accord électoral, mais, Fran-çois Hollande emportant l’Elysée,la gauche encore une fois socialo-communiste disposerait d’absolu-ment tous les pouvoirs.

Le 1er octobre 2011, la gauche apris possession du Sénat (« Minu -te » l’avait annoncé un an avant). Ilne s’é tait écoulé que deux moisquand, le jeudi 8 décembre 2011,par 173 voix contre 166, le Sénatrose-rouge-vert a adopté une pro-position de loi constitutionnelle vi -sant à ouvrir aux étrangers non ci -toyens de l’Union européenne quirésident depuis plus de cinq ans enFrance la possibilité de voter et d’ê -tre élus aux élections municipa -les… Si le texte, présenté par legrou pe Socialistes et apparentés etle groupe Europe Ecologie-LesVerts n’est pas allé plus loin, c’estuniquement parce que la droiteétait encore majoritaire à l’Assem-blée nationale… Ce même texteavait été en effet adopté par l’As-semblée nationale le 20 octobre1999 alors que la gauche y avait lamajorité et que Lionel Jospin était àMatignon. Heureusement, une loiconstitutionnelle ne peut être adop -tée que par les trois cinquiè mes desparlementaires réunis en congrès.

L’intérêt nationalpasse avant tout

Hollande élu, il aura cette majo-rité – que François Mitterrand n’ajamais eue! – dès le mois de juin.Ainsi que la mainmise sur la totali-té des conseils régionaux de métro-pole, à l’exception de l’Alsace. Ain -

si que sur soixante conseils géné-raux. Ainsi que sur vingt-cinq destrente-sept villes de plus de 100000habitants, en des majorités qui,hor mis de rares exceptions, réunis-sent les socialistes, les communis -tes, les mélenchoniens, les écolos,les trotskistes et on en passe, ce quirelativise infiniment les appels deJean-Luc Mélenchon et d’Eva Jolyà voter pour François Hollande« sans contrepartie », d’autant quecel les-ci sont déjà actées par des ac -cords pour les élections législativeset pour les élections locales de2014!

Sans oublier, bien sûr, qu’ilpourra s’appuyer sur l’écrasantema jorité des médias.

Maire d’Orange (Vaucluse), Jac -ques Bompard, ancien du FN etau thentique homme de droite de -puis sa jeunesse dans les rangs dumouvement Occident, puis aux co -mités Tixier-Vignancour, sait ceque l’emprise de la gauche sur unpays signifie. « Face au candidat del’assistanat, de la fiscalité délirante quifrappera autant les travailleurs que lesentreprises, du droit de vote pour lesétrangers et de l’incitation à l’immi-gration massive, pas une voix ne doitmanquer le 6 mai » à Nicolas Sarko-zy, a-t-il fait savoir, dès lundi ma -tin, par communiqué.

Un appel d’autant plus méritoi-re que, aux prochaines législatives,il aura face à lui un candidat del’UMP. Mais cette période crucialepour l’avenir de la France, JacquesBompard a su tout de suite définirles priorités: l’intérêt national pas -se avant tout.

Puisse-t-il être entendu et sonappel libérer la parole de ceux qui,ayant œuvré pour le succès de Mari-ne Le Pen, savent très bien que ladroi te sarkozyste et la gau che rose-rouge-verte, quels que soient lesnombreux reproches que l’on puissefaire à la première, ce n’est vraimentpas la même chose. !

EDITORIALpar « Minute »

Par pitié, pas de « remake » de 1981 !

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