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week-end Samedi 23 juin 2012 - 68 e année - N˚20971 - 3,20 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,20 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,20 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA, A u moment où elle s’achève à Rio de Janeiro, le bilan de la conférence des Nations unies sur le développement dura- ble peut se résumer de manière simple : il y a un gagnant, le Brésil, et une perdante, la planète. Rude constat, vingt ans après l’emblé- matique Sommet de la Terre, qui, dans la même ville, avait posé les bases d’une politique de dévelop- pement soucieuse de la préserva- tion des ressources du globe. Le pays hôte, le Brésil, a « réussi son coup », si l’on ose dire. Son objectif était de parvenir à un accord. Il l’a obtenu. Au prix d’une certaine brutalité, inhabituelle dans ce type de processus, il a débloqué en trois jours une négo- ciation qui piétinait depuis six mois. Mais cela s’est fait par le bas, en supprimant purement et sim- plement tous les passages du pro- jet de déclaration finale qui susci- taient des oppositions. Et en ne conservant que les pétitions de principe générales et consensuel- les. Dès lors que personne ne s’at- tendait à un miracle, ce manque d’ambition n’est pas une surprise. Mais la « profonde déception », voire la « colère », du Réseau Action Climat, qui regroupe quel- que 600 ONG écologistes dans le monde, est compréhensible. Car, trois ans après l’échec retentissant du sommet de Copenhague sur le climat, c’est bien la planète qui est perdante dans cet accord a mini- ma. Et pour les mêmes raisons. Pour avancer, en effet, les négo- ciations climatiques multilatéra- les ont besoin de deux moteurs : un groupe de pays leaders et des financements qui témoignent de leur détermination. Les deux font aujourd’hui défaut. Il n’y avait pas grand-chose à attendre des Etats-Unis, qui n’ont jamais été en pointe sur ces ques- tions et qui sont plus préoccupés par leur élection présidentielle que par l’économie verte et la cri- se écologique. Pas plus du Canada, qui partage cette attitude très conservatrice. Pas davantage de la Chine et de l’Inde, qui ont été d’une remarquable discrétion. Quant aux pays du Sud, regrou- pés au sein du « G77 », ils ont bien tenté un coup de force, à la veille de la conférence, en exigeant des pays riches qu’ils s’engagent à mettre sur la table 30 milliards de dollars par an jusqu’en 2017 et 100 milliards au-delà pour finan- cer de nouveaux programmes. Ce fut peine perdue : les nations solli- citées ont fait la sourde oreille. L’Europe, en particulier, sem- ble avoir abandonné toute velléi- té de leadership en la matière. Engluée dans la crise de la zone euro, tétanisée par sa croissance en berne, sans ressort financier, elle s’est retrouvée isolée dans les négociations. Privée de son pou- voir d’influence, elle s’est mon- trée incapable de tirer vers le haut un texte final qui rabâche constats et engagements déjà anciens et ne formule pratique- ment aucune proposition concrè- te nouvelle. Le bilan est donc cruel : les lourds enjeux de la crise écologi- que sont esquivés. Et les chefs d’Etat pourront d’autant mieux se laisser aller à un lâche soulage- ment que l’agenda international ne prévoit plus aucun rendez- vous en la matière. Ils ne sont donc pas près d’être à nouveau interpellés sur leur inaction. p Lire page 6 ENTREPRISE L’administrateur du volailler en dépôt de bilan a lancé le processus de cession d’actifs. P. 12 POLITIQUE Quatre nouveaux membres, une « victime » à l’écologie : récit du remaniement « hollandais ». P. 6 et 8 L ’ancien trader de la Société générale a un problème. Depuis le début de son affaire une fraude bancaire ayant conduit à la plus grosse perte de l’histoire de la finance –, la sympa- thie que le jeune homme suscite se transforme en agacement. Ce fut le cas lors de l’instruction, puis pendant le premier procès, en juin 2010. Ça recommence ces jours-ci devant la cour d’appel. Des- servi par la défense de M e David Koubbi, tonitruant mais peinant à démontrer ce qu’il avance, Jérôme Kerviel a encore réussi à se mettre l’auditoire à dos, à la grande satis- faction des avocats de la Société générale, qui ont adopté profil bas pendant l’audience. p Lire page 9 Editorial Mario Monti : « Le Conseil européen doit agir vite » Pourquoi la philo prospère partout sauf à l’université CULTURE & IDÉES Euro : Benzema peut-il mater les Espagnols ? SPORT & FORME Qui va gagner la course à la viande artificielle ? SCIENCE & TECHNO Le groupe Doux va être vendu morceau par morceau Les subtils équilibres politiques du gouvernement Ayrault II Zinédine Zidane, l’âge de raison t « Zizou » a 40 ans, l’occasion d’un bilan. Rencontre et confidences t Sur la route des festivals : tous les rendez- vous de l’été Lire aussi page 18 GIE INFOGREFFE 338 885 718 RCS CRÉTEIL / Crédit photo : Nicolas Guérin / Lucie est avocate. Pour déposer les comptes de ses clients, elle a choisi la solution i-greffes.fr : sa rapidité plaide en sa faveur. Rio + 20 : le Brésil gagnant, la planète perdante Jérôme Kerviel, un accusé exaspérant t En prélude au sommet européen des 28 et 29 juin, le président du conseil italien prône, dans un entretien au réseau de quotidiens Europa – dont « Le Monde » – plus d’intégration, une union bancaire et un rôle accru pour son pays UK price £ 1,50 M LE MAGAZINE DU « MONDE » UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE, EN BELGIQUE ET AU LUXEMBOURG Entretien Rome Correspondant E conomiste et universitaire, Mario Monti, 69 ans, préside le conseil des ministres italien depuis le 16 novem- bre 2011. Il n’appartient à aucun parti poli- tique. Quel est pour vous l’objectif minimal que doit se fixer le sommet de Bruxelles ? Deux objectifs sont indispensables. Pre- mièrement : renforcer à moyen terme l’in- tégration de manière à ce que tous les Euro- péens sachent où ils vont et que les mar- chés puissent se convaincre de notre volon- té – qui sera encore renforcée – de donner à la monnaie unique un caractère indissolu- ble et irrévocable. Mais cela ne suffira pas. Deuxièmement : prendre un ensemble de mesures réalisables en l’état actuel des trai- tés européens et des institutions pour don- ner une stabilité financière à la zone euro. Cela passe par des progrès concernant la supervision intégrée, et si possible unitai- re, des banques, afin de bâtir une véritable union bancaire. Cela passe aussi par la mise en place d’un dispositif européen de garantie des dépôts. Cela passe encore par l’activation de mécanismes de soutien qui soient en mesure de protéger les pays qui font de sérieux efforts en matière de disci- pline budgétaire et de réformes structurel- les, sans en être récompensés par les mar- chés. Ces derniers mettent parfois beau- coup de temps à reconnaître le mérite de ces « bons élèves ». aLire la suite p. 3 et les textes de Valéry Giscard d’Estaing p. 15 et Daniel Cohen p. 16 Propos recueillis par Andrea Bachstein, Tomasz Bielicki, John Hooper, Fabio Martini, Pablo Ordaz et Philippe Ridet Le regard de Plantu

Journal le monde samedi 23 juin 2012

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week-endSamedi 23 juin 2012 - 68e année - N˚20971 - 3,20 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA,Allemagne 2,20 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤,Belgique 3,20 ¤,Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤,Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £,Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,20 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS,Suisse 3,20 CHF, TOMAvion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

A umomentoù elle s’achèveàRiode Janeiro, le bilandela conférencedesNations

unies sur le développementdura-blepeut se résumerdemanièresimple: il y a ungagnant, le Brésil,et uneperdante, la planète. Rudeconstat, vingt ans après l’emblé-matiqueSommetde la Terre, qui,dans lamêmeville, avait posé lesbases d’unepolitiquededévelop-pement soucieusede la préserva-tiondes ressourcesduglobe.

Lepayshôte, le Brésil, a «réussison coup», si l’on osedire. Sonobjectif était de parvenir à unaccord. Il l’a obtenu.Auprix d’unecertainebrutalité, inhabituelledans ce type deprocessus, il adébloquéen trois joursunenégo-ciationqui piétinait depuis sixmois.Mais cela s’est fait par le bas,en supprimantpurement et sim-plement tous les passages dupro-jet de déclaration finale qui susci-

taientdes oppositions. Et enneconservantque les pétitionsdeprincipegénérales et consensuel-les. Dès lors quepersonnene s’at-tendait à unmiracle, cemanqued’ambitionn’est pas une surprise.

Mais la«profondedéception»,voire la «colère», duRéseauActionClimat, qui regroupequel-que600ONGécologistesdans lemonde, est compréhensible.Car,trois ans après l’échec retentissantdusommetdeCopenhaguesur leclimat, c’est bien laplanètequi estperdantedans cet accordamini-ma. Etpour lesmêmes raisons.

Pour avancer, en effet, les négo-ciations climatiquesmultilatéra-les ont besoindedeuxmoteurs:ungroupedepays leaders et desfinancementsqui témoignentde

leurdétermination. Les deux fontaujourd’huidéfaut.

Il n’y avait pas grand-choseàattendredes Etats-Unis, qui n’ontjamais été enpointe sur ces ques-tions et qui sontplus préoccupéspar leur électionprésidentiellequepar l’économieverte et la cri-se écologique. Pas plus duCanada,qui partage cette attitude trèsconservatrice. Pas davantagede laChine et de l’Inde, qui ont étéd’une remarquablediscrétion.

Quant auxpaysdu Sud, regrou-pés au sein du«G77», ils ont biententéun coupde force, à la veillede la conférence, en exigeantdespays riches qu’ils s’engagentàmettre sur la table 30milliardsdedollars par an jusqu’en2017 et100milliards au-delàpour finan-cer denouveauxprogrammes. Cefut peineperdue: les nations solli-citées ont fait la sourdeoreille.

L’Europe, enparticulier, sem-

ble avoir abandonné toute velléi-té de leadership en lamatière.Engluéedans la crise de la zoneeuro, tétaniséepar sa croissanceenberne, sans ressort financier,elle s’est retrouvée isolée dans lesnégociations. Privée de sonpou-voir d’influence, elle s’estmon-trée incapablede tirer vers lehautun texte final qui rabâcheconstats et engagementsdéjàancienset ne formulepratique-ment aucuneproposition concrè-tenouvelle.

Le bilan est donc cruel: leslourds enjeuxde la crise écologi-que sont esquivés. Et les chefsd’Etatpourront d’autantmieux selaisser aller à un lâche soulage-ment que l’agenda internationalneprévoit plus aucun rendez-vous en lamatière. Ils ne sontdoncpas prèsd’être ànouveauinterpellés sur leur inaction.p

Lire page6

ENTREPRISE L’administrateur du volailler en dépôtde bilan a lancé le processus de cession d’actifs.P. 12

POLITIQUEQuatre nouveauxmembres, une«victime»àl’écologie : récit du remaniement «hollandais».P.6 et 8

L ’ancien trader de la Sociétégénérale a un problème.Depuisledébutdesonaffaire

– une fraude bancaire ayantconduit à la plus grosse perte del’histoirede la finance–, la sympa-thie que le jeune homme suscitese transforme en agacement. Cefut le cas lors de l’instruction, puispendant le premier procès, enjuin2010. Ça recommence cesjours-cidevantlacourd’appel.Des-servi par la défense de Me DavidKoubbi, tonitruantmais peinant àdémontrer ce qu’il avance, JérômeKerviel a encore réussi à semettrel’auditoire à dos, à la grande satis-faction des avocats de la Sociétégénérale, qui ont adoptéprofil baspendant l’audience.p Lire page9

Editorial

MarioMonti:«LeConseileuropéendoitagirvite»

Pourquoi la philoprospère partoutsauf à l’universitéCULTURE& IDÉES

Euro: Benzemapeut-ilmaterles Espagnols?SPORT&FORME

Qui va gagnerla course à la viandeartificielle?SCIENCE&TECHNO

LegroupeDouxvaêtrevendumorceauparmorceau

LessubtilséquilibrespolitiquesdugouvernementAyraultII

ZinédineZidane,l’âgederaisont«Zizou »a40 ans,l’occasiond’unbilan.Rencontre etconfidences

tSur la routedes festivals :tous les rendez-vousde l’étéLire aussi page 18

GIEINFOGREFFE338885718RCSCRÉTEIL/Créditphoto:NicolasGuérin/

Lucie est avocate.Pour déposer les comptesde ses clients, elle a choisila solution i-greffes.fr :

sa rapidité plaide en sa faveur.

Rio+20: leBrésilgagnant, laplanèteperdante

JérômeKerviel,unaccuséexaspérant

tEnpréludeausommeteuropéendes28et 29juin, leprésidentduconseil italienprône,dansunentretienauréseaudequotidiensEuropa–dont«LeMonde»–plusd’intégration, uneunionbancaire etunrôle accrupour sonpays

UKprice£1,50

M ●LEMAGAZINEDU«MONDE»UNIQUEMENTENFRANCEMÉTROPOLITAINE,ENBELGIQUEETAULUXEMBOURG

Entretien

RomeCorrespondant

E conomiste et universitaire, MarioMonti, 69 ans, préside le conseil desministresitaliendepuis le 16novem-

bre2011. Il n’appartient à aucunparti poli-tique.Quel est pour vous l’objectifminimal quedoit se fixer le sommetdeBruxelles?

Deuxobjectifssontindispensables.Pre-mièrement: renforceràmoyenterme l’in-tégrationdemanièreàcequetouslesEuro-

péens sachent où ils vont et que les mar-chéspuissentseconvaincredenotrevolon-té–quiseraencorerenforcée–dedonneràlamonnaieuniqueuncaractère indissolu-ble et irrévocable.Mais cela ne suffira pas.Deuxièmement: prendre un ensemble demesuresréalisablesenl’étatactueldestrai-téseuropéensetdesinstitutionspourdon-ner une stabilité financière à la zone euro.Cela passe par des progrès concernant lasupervision intégrée, et si possible unitai-re, des banques, afin debâtir une véritableunion bancaire. Cela passe aussi par lamise en place d’un dispositif européen degarantie des dépôts. Cela passe encore par

l’activationdemécanismesdesoutienquisoient enmesure de protéger les pays quifontde sérieuxefforts enmatièrededisci-plinebudgétaireetderéformesstructurel-les, sans en être récompensés par lesmar-chés. Ces derniers mettent parfois beau-coup de temps à reconnaître le mérite deces «bons élèves».

aLire la suitep.3et les textesdeValéryGiscard

d’Estaingp.15 etDanielCohenp.16Proposrecueillis par

AndreaBachstein, Tomasz Bielicki,JohnHooper, FabioMartini,

PabloOrdaz et PhilippeRidet

LeregarddePlantu

Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du «Monde»SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du «Monde»,membre du directoire, directeur des rédactions Erik IzraelewiczSecrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions SergeMichel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriauxGérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue («M Lemagazine duMonde»)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateurPascal GalinierSecrétaire générale de la rédactionChristine LagetDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

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Il n’a pasmis longtemps pour s’ins-taller dans le fauteuil très convoitéde Laurence Ferrari. Le 1er juin, aulendemain du départ précipité dela présentatrice du «20heures» deTF1,GillesBouleaunes’estpasposé

de questions. Joker de Laurence Ferraridepuis2011, il apris larelèveavec l’avanta-gedenepas avoirà faire ses classes. Il s’estmêmeglissé naturellementdans le costu-meduprésentateursansquecelanesusci-teuneavalanchedecommentairesoud’ar-ticles, contrairement à ce qui se passaitdèsqueLaurenceFerarrichangeaitdecoif-fure.

Gilles Bouleau a finalement été confir-mé quelques jours plus tard par la direc-tion de TF1 pour occuper le poste, avecpour mission de redresser le journal, ensérieuse perte d’audience depuis de nom-breux mois. Concurrencé par les multi-pleschaînesd’infoset Internet,le«20heu-res» de TF1 est passé en quatre ans de7,8millions de téléspectateurs à 6,3mil-lions, enmoyenne.

«J’ai été unpeu surprismais j’ai acceptésans hésitationla proposition», confie lejournaliste qui se présente comme «unenfant de TF1». Il y est entré en 1986, sondiplômeduCentre de formationdes jour-nalistes (CFJ) en poche. Presque enmêmetemps que… David Pujadas, aujourd’huison rival sur France 2.

A l’époque, laUne était encoreune télé-vision publique installée dans les mythi-ques studiosde la rueCognacq-Jayà Paris.Un rêve pour tous les jeunes journalistesqui sedestinaientà la télévision.Du servi-ce économique en passant par la politi-que, les enquêtes et les reportages, GillesBouleaun’ajamaisquittélapremièrechaî-ne, privatisée en 1987 par le gouverne-ment de Jacques Chirac. Présentateur àLCI, la chaîned’informationencontinudeTF1, de 1996 à 1999, il a passé ensuite qua-tre ans à Londres et cinq à Washingtoncommecorrespondantdes deux chaînes.commecorrespondantdes deux chaînes.

Des années anglo-saxonnes «exigean-tes et très formatrices»tes et très formatrices», dit-il, qui lui ontdonné une autre vision du journalisme.donné une autre vision du journalisme.Plus marqué par la Grande-Bretagne quePlus marqué par la Grande-Bretagne quepar les Etats-Unis, il admire–même enco-par les Etats-Unis, il admire–même enco-re aujourd’hui – la manière dont lesre aujourd’hui – la manière dont lesmédias anglais se comportent vis-à-vismédias anglais se comportent vis-à-visdes différents pouvoirs. Il rappelle com-des différents pouvoirs. Il rappelle com-ment ils ontdémasquément ils ontdémasqué« lesmensongesdeTonyBlair sur la guerre en Irak»TonyBlair sur la guerre en Irak».

Mais son modèle reste Peter Jennings,présentateur vedette de la chaîne améri-caineABCdans lesannées1990,décédéen2005.«Unmodèlede clarté etd’éléganceàl’antenne qui savait manier la subtilité etl’humour», résumeGillesBouleau.Mais lejournaliste reconnaît aussi que l’exempleanglo-saxon n’est pas transposable enFrance. «Aux Etats-Unis, le texte lu par leprésentateur est passé à lamoulinette parun tas de directeurs de l’information et dejuristes. En France, il faut bien sûr être irré-prochable, mais aussi avoir un sens durécit et un mode d’écriture plus person-nel», pointe-t-il.

Gilles Bouleau est attaché à ce sens durécit du journal télé. A l’été 2011, lorsqu’ilprésentesonpremier«20heures»,NoncePaolini, lePDGdeTF1,setrouveexception-nellement en régie. «C’est bien écrit ! »,lâche-t-il simplementà l’issueduJT.GillesBouleaudit tenir sonsoucide l’écrituredePatrickPoivred’Arvor,présentateurvedet-te du «20heures» de TF1 de 1987 à 2008.«C’est un autre de mes modèles, insis-te-t-il. J’ai travaillévingtanspour son jour-nalet c’est le seulquisavait trèsbienracon-ter les choses.»

Visiblement, lesdeuxhommess’appré-cient. PPDA, qui n’aimait guère LaurenceFerrari, renvoie le compliment: «GillesBouleau est un excellent journaliste. J’ap-précie sa distance vis-à-vis de l’informa-tionetdesgens. Il n’estpasembarquédansle système», confie t-il auMonde.

Le nouveau présentateur veut se met-tre à la portée de tous les publics.tre à la portée de tous les publics. «Mon«Mon

obsession est que les adolescents qui vontregarder le journal, ceux qui ont l’âge demes enfants, comprennent un sujet sur lacrise économique»,dit-il.

Pour Catherine Nayl, la directrice del’information de TF1, « le choix de Gilles[Bouleau] est logique. C’est un grand pro-fessionnel, qui correspond exactement àla nouvelle ligne éditoriale que nous sou-haitons mettre à l’antenne dès la ren-trée», souligne-t-elle, sans pour autantrévéler lescontoursde la futuremessedu«20heures». «Quand vous avez dix-neufchaînesau lieude cinq, uneoffre très fortede fictions sur d’autres chaînes et desmodes de consommation de l’informa-tion totalement modifiés, cela devienttrès difficile et il faut se battre, indi-que-t-elle. En tout cas, le nouveau JT nesera plus unmille-feuille de sujets.»Deuxgroupesdetravailconstituésde journalis-tes réfléchissent donc à ce que devra êtrele « 20heures» à la rentrée et NicolasCharbonneau, rédacteur en chef au Pari-sien, a rejoint TF1 début juin en tant quedirecteur adjoint de la rédaction.

Signequelestempschangent,dansl’an-cien bureau de Laurence Ferrari où il s’estinstallé,GillesBouleauarelevélestorequile sépare de la rédaction et laisse souventsa porte ouverte. «C’est un véritable chan-gement», assure un journaliste qui a vulongtemps ce bureau «comme un bun-ker».Difficilede trouverdans la rédactionune réaction critique contre le présenta-teur, apprécié depuis longtemps par lesjournalistes de TF1 qui n’avaient jamaisvraiment accepté la venue de LaurenceFerrari. «C’est peut-être la première foisqu’un journaliste devient présentateur à50ans, après vingt ans de carrière de ter-rain, souligne Michel Izard, journaliste àTF1. Il a le parcours très complet d’unhom-me qui, au départ, n’était pas destiné à laprésentation.» Plusieurs de ses confrèresvantent son sens de l’humour et de larepartie.repartie.

En revanche, les magazines people ris-En revanche, les magazines people ris-quentde rester sur leur faim.Quelqu’unaquentde rester sur leur faim.Quelqu’unaécrit sur Twitter :écrit sur Twitter : «Gilles Bouleau, aucunpotentielpeople»potentielpeople». Le journalisteconfirmesansgêneaucune.sansgêneaucune.«Jen’aipasunphysiquede jeunepremier. Je ne vais pasm’inventerde jeunepremier. Je ne vais pasm’inventerun personnage oum’imposer unmasque.un personnage oum’imposer unmasque.Le conseil qu’onm’a donné, c’est “reste toi-Le conseil qu’onm’a donné, c’est “reste toi-même”.»Ce passionnéd’information res-Ce passionnéd’information res-te discret sur les réseaux sociaux, puis-te discret sur les réseaux sociaux, puis-qu’il n’est ni sur Facebook ni sur Twitter.qu’il n’est ni sur Facebook ni sur Twitter.Gilles Bouleau se veut un présentateurGilles Bouleau se veut un présentateur«normal», àmille lieux des années bling-, àmille lieux des années bling-blingdudernierquinquennat.blingdudernierquinquennat.

Ses premiers pas semblent bienSes premiers pas semblent bienaccueillis par le public. Depuis le 4 juin,accueillis par le public. Depuis le 4 juin,selonMédiamétrie, il a réuni enmoyenneselonMédiamétrie, il a réuni enmoyenne6,5millions téléspectateurs (25,7%depart6,5millions téléspectateurs (25,7%departd’audience)malgréunesévèreconcurren-d’audience)malgréunesévèreconcurren-ce des matchs fleuves de Roland-Garrosce des matchs fleuves de Roland-Garrossur France3.sur France3. «Le “20heures” est fondé surun lien qu’on noue avec les gens et je resteun lien qu’on noue avec les gens et je restepersuadé que l’on se légitime dans lapersuadé que l’on se légitime dans ladurée», explique ce coureur de fond,, explique ce coureur de fond,grandadeptedumarathon.grandadeptedumarathon.p

Daniel PsennyetXavier Ternisien

«C’estunexcellentjournaliste.J’appréciesadistancevis-à-visdel’informationetdesgens.Iln’estpasembarquédanslesystème»

PatrickPoivre d’Arvorprésentateur du JT de TF1 de 1987 à 2008

Gilles BouleauGilles Bouleauprésenteprésentele JT de TF1le JT de TF1depuis le 1depuis le 1er juin.CHRISTOPHE CHEVALIN/TF1CHRISTOPHE CHEVALIN/TF1

Unechaîneencoreleader,maisàlapeine

page deux

C ’estunesortedeversioncor-réziennedeGraceland, lecircuit touristiqueà la gloi-

re d’ElvisPresley àMemphis (Ten-nessee). Sauf qu’àTulle, cen’estpas sur les traces glamourd’unestar du rock que le visiteur serend,mais bien sur celles, «nor-males», d’unprésidentde laRépublique récemmentélu.

L’office de tourisme intercom-munal de Tulle (15600habi-tants) et Cœur de Corrèze pré-voit en effet de créer un circuitbaptisé : «Sur les pas de FrançoisHollande».

«Nous avons voulu répondreàlademande, expliqueGuyValérie, le présidentde l’office.Desgens nousappelaientpour serenseigner sur tous les endroitssymboliquesqu’ils avaient vus àla télévision, durant la campagneélectorale. Cela a donné l’idéeauxélus, à l’office et auxassociationsde travailler sur unepropositionde visite de la ville.»

Le circuit devrait démarrerparl’HôtelMarbot, ancien séminaireet ancienne casernedes enfantsde troupe, l’actuel siège duconseil général que FrançoisHol-landeaprésidéde 2008 jusqu’aumoisdemai2012. C’est depuis ceshauteursdeTulle qu’il a annoncésa candidatureà laprimaire àgau-che, le 31mars 2011. Les visiteursse rendront ensuite à lamairie,unancien couventdesUrsulinesoùFrançoisHollandea siégépen-dantplus de vingt ans, commeconseillermunicipal etmaire. Sui-vraunedéambulationdans lesrues de la vieille ville, avecunarrêt sur la placede la Cathédrale,où le nouveauprésident a pro-noncé sonpremierdiscours à laNation.

Un repas à La TaverneouauCentral, «cantines»habituelles

du candidatHollande, pourraitfigurer auprogramme. La ver-sion longue inclura aussi unpas-sage à sapermanencede l’avenueVictor-Hugo,où leprésident gar-de en locationunpetit apparte-mentqui lui permetde rester ins-crit sur les listes électorales à Tul-le. Un logementqu’il a encoreoccupé lors de sa dernièrevenueles 9 et 10juin.

«La chambre deChirac»«C’est aussi l’occasion de pro-

mouvoir Tulleen élargissant lavisite au quartiermédiéval qui aété réhabilité durant lemandatde François Hollande», souligneMarie Bouchet, chargée demet-tre en place ce circuit. Unevariante englobant des commu-nes environnantes est aussi àl’étude.

GeorgesDelord, ancienpatrond’hôtel etmembrede l’office detourisme, fut l’undespremierspartisansde ce «HollandeTour».«Depuis le 6mai, je rencontrerégulièrementdes gens en ville,avecdes cartes, à la recherchedeslieuxmarquants de la “Hollan-die”, dit-il. Il faut profiter de cetengouement. Jeme souviens que,avantqu’il devienneprésident, Jac-quesChirac venait régulièrementdansmonhôtel et logeait dans lachambre406.Quand il fut éluchef de l’Etat, beaucoupde genssont venus enpèlerinageenCorrè-ze, et ceuxqui passaientdansmonétablissementdemandaientla chambredeChirac.»

Dès le début de la saison tou-ristique, il devrait en coûter envi-ron 25euros au visiteur, restau-rant compris, pour passer unejournée «sur les pas de FrançoisHollande». p

AlainAlbinet(Tulle, correspondant)

PortraitLe successeur deLaurenceFerrari a fait toute sa carrière àTF1.Rubricard, reporter, correspondant à l’étranger, il doit tenterde redresserl’audiencedu JT.Appréciéde ses confrères, il refused’êtreun«people»

GillesBouleau, l’homme«normal»du«20heures»deTF1

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Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

Le«HollandeTour»àTulle,delamairieaubistrot

TF1 A L’IMPRESSIONd’être traitéedemanière injuste par lesmédias. «On nous juge toujourscomme si le paysage audiovisueln’avait pas changé, comme s’iln’y avait toujours que cinq chaî-nes gratuites», regrette FrédéricIvernel, directeur de la communi-cation du groupe.

En cinq ans, la chaîne a vu sapart d’audience tomberde 30%à23%enmoyenneet le titre enBourse a quasiment retrouvé son

plusbasniveau, qui était de5,20euros lors de la crise de 2009.

LaUnedoit faire face à l’émiet-tementdes audiences, liée à lamultiplicationdes chaînes gratui-tes sur la TNT. Elle est concurren-céepar les chaînes d’informationen continumais aussi par lacontre-programmationdeM6etde France3, particulièrementàl’heuredu «20heures», avec «Scè-nesdeménages»pour l’une et«Plus belle la vie» pour l’autre.

Sur le créneau de l’informa-tion, TF1, qui se présente pour-tant comme « la chaîne de l’événe-ment», a été régulièrement dis-tancée par France 2 pendant lessoirées électorales et lors de laretransmissionde la passationde pouvoirs à l’Elysée, le 15mai.Cependant, la chaîne privée restetrès largement leader, avec unepart d’audience de 23,7% et unepart dumarché publicitaire de43% en 2011.

Sur les trois premiersmois del’année, son chiffre d’affairespublicitaire est en recul de 3,9%.Le groupe Bouygues a engagé desmesures d’économies sur sagrille de programmes avec desrenégociationsde contrats dansle football et la formule1. Au ris-que de tomber dans une spiraleinfernale où les économies réali-sées entraîneraient une baisse del’audience.p

X. T.

0123Samedi 23 juin 2012

international

balenciaga.com

«Lavoixdel’Italieestdenouveauécoutée»

La crise de l’euro

aaaSuitede la premièrepage

Lesmarchés sont-ils coupables?Ilsnesontpas l’expressionde la

perfection. Ils n’ont pas réagi pen-dant huit ou neuf ans après l’en-tréeenvigueurdel’euro.Cetteatti-tudeapermisauxgouvernementsde rester eux aussi amorphes faceà lamontée des taux.

Aujourd’hui, nous sommesdans une situation de vigilanceextrême, d’insomnie, de convul-sions.Mais commehier, quand lesmarchés empêchaient l’adoptionde bonnesmesuresparce qu’ils neles jugeaient pas nécessaires, cesmêmes marchés découragent lesbons choix en sanctionnant lesefforts. Nombreux sont les paysquionttoujoursplusdedifficultésà expliquer à leur opinion publi-que que les bonnespolitiques doi-vent être poursuiviesmalgré l’ab-sence temporairede résultats.

Lorsque les autoritéseuropéen-nes reconnaissent qu’un Etat res-pecte ses engagements en faveurdesfinancespubliquesetdesréfor-mes structurelles, il serait peut-être opportun de trouver un ins-trument qui permette de discipli-ner les marchés du point de vuedes tauxd’intérêt.Quelle est votre position surl’aide aux banques espagnoles?

Je suis très favorable à cettemesure. La situationdes systèmesbancaires dansde nombreuxpaysest inextricablement liée à ladettepublique.Mais l’aide apportéeparl’Europe aux banques, lesquellesdétiennent de nombreux titres dedette souveraine, aggrave la posi-tion des Etats eux-mêmes, créantainsi une spirale infernale. C’estcomme si en visant un pigeon onen tuait deux d’un coup. Or cespigeons, outre leurs liens d’affec-tion, ont aussi des relations finan-cièresetcomptableset ilseraitpré-férable qu’ils ne meurent pasensemble et qu’un des deux resteenvie pour soutenir l’autre!Pourquoi répétez-vous si sou-vent que l’Italie n’aura besoind’aucune aide?

Certainspeuples et paysd’Euro-pesontpersuadésdepayerpourles

autres. L’Italie fait partie desnationsquisesontbattuesafinquedes systèmes efficaces et suffisam-ment financés soientmis en placeen cas de besoin. Cela a parfois étécompris comme une demandeimplicited’aide.

Mon prédécesseur et moi-même avons subi des pressionspour accepter une forme de misesous tutelle. Prenons l’exemple duFonds européen de stabilité finan-cière. Nous contribuons pour19,2%aufinancementduFESF,der-rière l’Allemagne(29,1%)et laFran-ce(21,8),etlargementdevantl’Espa-gne (12,7%). Jusqu’à présent, nousn’avons demandé aucun prêt etnous en avons accordé beaucoup,et, chaque jour, nous aidons lesautresenpayantdes tauxd’intérêtélevés sur les marchés. A l’avenir,l’Italie n’aura besoin d’aucune

aide; s’il n’en était pas ainsi, celasignifierait que quelque chose nefonctionnepas. Selon les dernièresprévisions de la Commission, fin2012, l’Italie aura un déficit publicde2%desonPIB,alorsquel’UEseraà3,6%,lazoneeuroà3,2%,lesPays-Basà4,4%, laFranceà4,5%et l’Alle-magne à 0,9%. En 2013, nousseronsundespremierspaysàavoirunexcédentstructurelde+0,6%.Iln’est pas normal qu’un pays quifait d’énormes efforts paye destauxd’intérêtaussi élevés.Quediriez-vousàunhypothétiqueM.Müller, citoyenallemand,pourleconvaincredeparticiperàunefforten faveurde la croissance?

Je lui dirais : «Cher monsieurMüller, avant tout, détendez-vous.Vous êtes convaincu, ou on vous aconvaincu, que vous mainteniezparvos efforts le train de vie exces-

sifdesItaliens.Cen’estpasvrai.L’Ita-lien’areçuaucunfinancement,etjen’irai pas jusqu’à vous demanderde considérer que vous, les Alle-mands, profitez du fait que votrepays se financeàdes tauxaussi basparunsimpleeffetcomparatifavecses voisins.MêmeMmeMerkel le ditdepuis quelque temps, cher mon-sieurMüller : l’Allemagne tire denombreux avantages de l’intégra-tioneuropéenne.Ilestvraiqu’étantl’économie la plus importante, elleparticipeplusaubudgetdel’Union.Mais si l’économieallemande –quifonctionne si bien parce que vousêtestravailleurs,économesetpassimalgouvernés–aobtenudesibonsrésultats depuis cinquante ans,c’est également grâce à sa positioncentraleauseind’ungrandmarchéunique. Auparavant, vous étiezpénalisésparlesdévaluationscom-

pétitives des uns et des autres,aujourd’hui vous êtes au cœurd’une zone de stabilité monétaire.Enfin, monsieurMüller, j’ajouteraiceci: nous, les Italiens, avons égale-mentprofitédevousen important,peu à peu, votre culture de larigueur.» Je suis sûr qu’après deuxbièresnousnouscomprendrons!L’élection de FrançoisHollandechange-t-elle quelque chosepour l’Europe?

Je vois d’un bonœil l’arrivée dece nouvel acteur. Je partage sesefforts en faveur d’une politiquede croissance. Je suis satisfait deconstater qu’il n’a pas l’intentionde sepasserd’unsystèmede stabi-lité financière, contrairement à ceque pouvait faire croire sa campa-gne électorale. Enfin, je suis heu-reux de voir en lui, et j’espère nepas me tromper, une France plus

disposée que par le passé à accep-terplusd’intégration.Etsidesdiffi-cultésdecompréhensiondevaientapparaître entre lui et MmeMerkel–mais je ne crois pas qu’il y enaura–, je suis prêt à faciliter l’har-monie entre la France et l’Allema-gne.Cesdeuxmoteursnesuffisentpas,mais si l’undesdeuxs’enraye,alors l’Europeadegrosproblèmes.Vous avez évoqué«dix jourspour sauver l’Europe». En casd’échec àBruxelles, quel pour-rait être le scénario?

Ilyauraitdesattaquesspéculati-vestoujoursplusfortessurtous lespaysetunacharnementparticuliernon seulement sur ceux qui ne se

sont pas encore conformés auxparamètres,maiségalementà l’en-contre de ceux qui, comme l’Italieetmalgré leurs efforts, conserventune dette importante héritée dupassé. Lamajeure partie de l’Euro-pe devrait continuer de supporterdes taux d’intérêt très élevés quipèseraient ensuite sur les entrepri-ses. La frustration des citoyens àl’égardde l’Europegrandiraitenco-re.Paradoxe:alorsqu’ilfautdavan-tage d’intégration pour sortir de lacrise,desgouvernements,desparle-ments et des opinions publiquesrejettentcettesolutionindispensa-ble. Le Conseil européen doit agirvite. D’un point de vue financier,économique et politique. L’élogede la lenteur qui a parfois inspirél’Europen’aplus cours.p

Proposrecueillis parAndreaBachstein

(«SüddeutscheZeitung»),TomaszBielicki

(«GazetaWyborcza»),JohnHooper («TheGuardian»),

FabioMartini («La Stampa»),PabloOrdaz («El Pais»)

et Philippe Ridet («LeMonde»)

M.Montiveut«davantaged’intégration»dansl’UEPour leprésidentduconseil italien,«l’élogede la lenteur,quiaparfois inspiré l’Europe,n’apluscours»

«Aunhypothétiquecitoyenallemand,jedirais:“Cher

monsieurMüller,avanttout,

détendez-vous”»

MarioMonti au palais Chigie, à Rome, siège de la présidence du conseil, jeudi 21juin. ANTONIO SCATTOLON/A3/CONTRASTO/«LA STAMPA»

Qu’attendez-vous du sommet àquatre de ce vendredi à Rome?

Il était une fois, commeonditdans les fables, la France et l’Alle-magne…Cela continueraencorelongtempscommeça. L’accordentre ces deuxpays est une condi-tionnécessaireauxprogrèsdel’Europe,mais cen’est plusuneconditionsuffisante. La France etl’Allemagnesont les premières às’en rendre compte. Les accordsdeDeauville, l’annéedernière, onteudumal à être acceptéspar tous.

L’Italie,presqueaussi importan-teen raisonde sesperformances,auraitdû–depuis longtemps–être considéréepresqueà l’égal del’Allemagneetde laFrance. Je dis«presque»parceque l’harmoniedece couple représenteun intérêtvitalpour l’Europeentière. L’histoi-renous l’a enseigné.Mais l’ex-pré-sidentNicolasSarkozyet la chance-lièreAngelaMerkelontproposéuneouvertureà l’actuelgouverne-ment italien.Depuisplusieursmois, l’idéed’une rencontreàtrois, à Rome, étaitdans l’air. Et, vul’intérêtdugouvernementespa-gnolpourcemini-sommet,nousavonsaccueilli favorablementsademande.D’autresEtats étaientdemandeurs,mais j’ai tenuàenrester làpournepas faire de cetterencontreunersatzdeConseileuropéen: laparticipationde l’Ita-lie à ce cercle informel est impor-tante.Mais elle resteunmoyenderenforcer l’approchecommunau-taireetnonpasde l’affaiblir.

Comment envisagez-vousdésormais le rôle de l’Italie?

Il consiste à construireunpontentre ceuxqui fontpartie de lazone euro et ceuxqui s’apprêtentà y entrer. C’est pourquoinoussoutenons la volontédugouver-nementpolonais d’avoir, dans lecadredupacte budgétaire, uneprésence correspondantà sa posi-tion àpresque tous les sommetseuropéens.Nous avons égale-ment beaucoupd’initiatives com-munes avec laGrande-Bretagne.Notre convictionest que la crois-sance européennepeut tireramplementprofit d’unmarchéuniquevraiment intégré.Il y a huitmois, Silvio Berlusconiavait été «convoqué» parMmeMerkel etM.Sarkozy, lors duG20deCannes, etmis endemeu-re de donner des garanties.Qu’est-ce qui a changé depuis?

Onm’adit que ces deux jour-néesavaient été extrêmementpéniblespour laGrèce et l’Italie.En septmois, notre situation s’estaméliorée.A titre d’exemple, il y aquelque jourun rapport de l’uni-versitéde Toronto, qui évalue l’im-portanceet le suivi des engage-mentspris par plusieurspays àCannes,place l’Italie endeuxièmepositionau seinde l’Union.Natu-rellement,nous avonsencoreénormémentde cheminàparcou-rir,mais il est encourageantdeconstaterque l’avis de l’Italie est àprésent recherchéet sa voixdenouveauécoutée.p

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international

NicosieEnvoyé spécial

C hypre va-t-il rejoindre la lis-te des Etats sous assistancefinancière de l’Union euro-

péenne? Alors que sa situationfinancièreenfaituncandidatnatu-rel au Fonds européen de stabilitéfinancière (FESF), le gouverne-ment de l’île a confirmé, jeudi21 juin, mener des négociationsparallèles pour trouver une autresource de financement. «Noussommesencontact avecnosparte-naires européens, et travaillonssimultanément sur l’obtentiond’un prêt bilatéral auprès d’unautre pays», a indiqué son porte-paroledansun communiqué.

Les délais sont serrés : l’île doittrouver 1,8milliard d’euros pourrecapitaliser la Banque populaire,le deuxième établissement dupays, particulièrement touchéparla restructuration de la dette grec-que, avant le 30juin. L’Etat chy-priote a aussi besoin de 2,4mil-

liards pour honorer ses échéancesde remboursementen 2013.

«Lesdécisionsserontprisesdansle dialogue et la coopération avecl’Unioneuropéenne», ajoute letex-te. Ces précautions ne sont pas detrop, tant la stratégie adoptée parNicosie fait grincer des dents àBruxelles. Alors que l’Union serait

prête à débloquer un matelasconfortablede 10milliardsd’eurosetquelepaysprendra le 1er juillet laprésidence tournante de l’UE, lestentativeschypriotesd’échapperàunplaneuropéen irritent.

«Ce double jeu pose un sérieuxproblème d’affichage», regrette

undiplomateeuropéenquiva jus-qu’à questionner la « loyauté» deChypre.Car c’est bien ladeuxièmeoptionquialespréférencesdugou-vernement, celle impliquant unEtattiers, enl’occurrencelaRussie.Un éventuel recours au FESF faitfigure de pis-aller en cas d’échecdesdiscussionsavecMoscou.

Malgré le précédent espagnol–Madrid a obtenu des fonds pourla recapitalisation de ses banquessansréellescontreparties–,Chyprecraintde recevoir, enmême tempsquel’argent, lavisitedesexpertsdela «troïka». «Nous sommesmoinsarmés que l’Espagne pour résisterauxexigenceseuropéennes»,recon-naît Andreas Mavroyiannis, vice-ministreauxaffaireseuropéennes,inquiet pour le taux d’impositionsur les sociétés de 10%, sans lequell’économie de l’île, largementdépendante des services finan-ciers, seraitmiseàmal.

Maisplusencorequ’uneremiseencausedecetaux,leplusbasd’Eu-rope, Chypre craint des mesuresd’austérité. «Nous en avons déjàadopté et nous sommes prêts àcontinuer», se défend GiorgiosSklavos, haut fonctionnaire auministère des finances. Depuis unan, l’île a découvert la rigueur: geldesembauches, créationdecotisa-tionsretraitepour les fonctionnai-res, baisse de dépenses sociales,haussede la TVAde 15%à 17%.

Insuffisant, assurent l’opposi-tion et nombre d’observateurs: lafonctionpublique reste hypertro-phiée. Les salaires y sont enmoyenne deux fois plus élevésque dans le privé et les privilègesnombreux. A huit mois de l’élec-

tion présidentielle, le gouverne-ment, dominé par les communis-tes (AKEL), semble vouloir éviterde froisser ses premiers électeurset des syndicats puissants.

Qu’aurait à gagner la Russie?Fin 2011, Moscou avait déjà accor-dé un prêt de 2,5milliards d’eurosà Nicosie, à un taux d’intérêt de4,5%, bien inférieur à ceux prati-quéssur lesmarchés.Les relationspersonnelles du président com-muniste,DimitrisChristofias, for-mé enURSS, jouent.MaisMoscouasurtoutintérêtàunclimatfinan-cier apaisé surplace: Chypreest le

premier investisseur mondial enRussiedufaitdesfondsrussespla-cés sur l’île pour bénéficier desaccords fiscaux entre les deuxpays puis rapatriés en Russie.

«Noussommesentraindedeve-nir un protectorat russe», s’indi-gneunesourceauseindel’opposi-tion, qui rappelle qu’un prêt de10milliards représenterait plusde la moitié du PIB chypriote.Nicos Anastasiades, président duDISY (opposition, droite) et candi-dat à la présidentielle de février,dénonce quant à lui « l’opacité»dans laquelle sontmenées les dis-

cussions ainsi que les errementsdu pouvoir, qui a longtemps niéavoirbesoind’unquelconquesou-tien.

Les réservesdegazdécouvertesen 2011 au largede l’île pourraientaussi jouer un rôle. Nicosiedément tout lien entre les deuxsujets. Mais un officiel concèdequ’il faudra « rééquilibrer lescontrats» après l’attribution d’unpremier lot à la compagnieaméri-caine Noble Energy, alors que desentreprises russes se sont portéescandidates.p

BenoîtVitkine

LuxembourgEnvoyé spécial

L ’opération sauvetage du« club Med » connaît desratés : le sort de la Grèce, de

Chypre, mais aussi, et surtout, del’Espagneetdel’Italiedevaits’invi-terdanslesdiscussionsentreAnge-la Merkel, François Hollande,Mariano Rajoy et Mario Monti, àRome, vendredi 22 juin. Pour lesquatre principaux dirigeants del’euro, l’aggravation de la crisedans le sud de l’Union monétairevient compliquer les préparatifs,déjà très tendus, du Conseil euro-péendes 28 et 29juin.

Le sauvetage est ardu, tant l’in-cendie menace et mine la cohé-sion de la zone euro : alors que lenord de l’Union monétaire exigeaustérité et réformes pour justi-fier des plans d’aide de plus enplus impopulaires, le Sud appelleà l’aide,mais renâcle avantdepas-ser sous les fourches Caudines duFonds monétaire international(FMI) et des pays les plus prospè-res de l’euro.

L’affrontement n’a pas tardé àémerger au sujet de la Grèce, enmarge d’une réunion des minis-tres des finances de l’euro, dans la

nuitdejeudiàvendredi.Si ladéfai-te de l’extrême gauche anti-austé-rité a soulagé les dirigeants euro-péens, le nouveau gouvernementd’Antonis Samaras présenté jeudiexigede renégocier le programmed’assainissement signé avec sesbailleursde fonds. Il réclamedeuxanssupplémentairesetunerallon-ge de près de 20milliards d’eurospour tenir les objectifs fixés avecle FMI et la zone euro.

«Lesmargesdemanœuvre sontlimitées», a mis en garde Jean-Claude Juncker, le président del’Eurogroupe, commeenéchoauxréserves du gouvernement alle-mand. Laministre finlandaise desfinances, Jutta Urpilainen, a étéplus sèche : son pays n’est «pasprêt à donner plus de temps à laGrèce». En réalité, le front euro-péenestlézardé: laFrance, laBelgi-que et leurs alliés du Sud enten-dent faire preuve de flexibilité.Pierre Moscovici a même invitéses partenaires, pour son premierrendez-vous européen, à être«attentifs à ce que ressentent lesGrecs» afin d’entretenir « l’espoirde la croissance».

Le pas de deux de l’Espagne ausujet du sauvetage de ses banquesagace davantage encore ses voi-

sinsduNord.Contre touteattente,le gouvernement de MarianoRajoy n’a pas demandé officielle-ment d’aide, jeudi, en dépit de lapublicationdudoubleauditatten-dupour étayer sa requête. Ses par-tenaires luiontdonné jusqu’à lun-di pour se décider formellement.

Mais Madrid, qui a tout faitpour éviter une mise sous tutellecomplète,négociepiedàpiedavecBruxelles les modalités du futurprogramme, tels que les tauxd’in-térêt, la durée et les contrepartiesdu plan, et ne semble pas pressé.

Dans l’idéal, les Espagnols souhai-teraientmêmeattendre lamiseenplace, en principe en juillet, duMécanisme européen de stabilité(MES), dont le fonctionnementpourrait leur êtreplus favorable.

En Espagne, l’idée que lesbailleurs de fonds pourraientimposer une réforme du secteurbancaire,affectantnonseulementlesbanquesàproblèmesmaisaus-si lesétablissementssains,commeils l’ont fait pour le Portugal,inquiète les principales enseignesqui souhaitent se démarquerde lamauvaise image donnée du sec-teurpar lescaissesd’épargnecom-meBankia. L’Europe pourrait aus-si demander une réduction de laproportion de crédits en fonctiondes dépôts. Dans ce cas, c’est leprincipalobjectifduplandesauve-tage qui tomberait à l’eau, selonMariano Rajoy : «S’il n’y a pas decrédit, il est impossibleque l’écono-mie se redresse», prévient-il.

L’Italie,qui tremblederrièrel’Es-pagne,n’estpasenreste.Atitrepré-ventif, Mario Monti, le présidentdu Conseil, plaide pour laisser lesfondsdesecours racheterde ladet-te de son pays. Le Fonds européende stabilité financière (FESF), com-me son successeur, le MES, sontd’ores et déjà habilités à agir en cesens.Mais dans des conditions quidivisent lespaysde la zoneeuro.

«C’est une possibilité», a recon-nujeudiWolfgangSchäuble,minis-tre des finances allemand, tout enprécisantqu’untelsoutiennécessi-terait«unprogrammed’assainisse-ment»,commeenIrlande,auPortu-galetenGrèce.PourBerlin,unetel-leaidenepeutvenirqu’en«dernierressort». AuxyeuxdeM.Monti, aucontraire, ce soutien doit pouvoirrécompenserunpays comme l’Ita-lie, qui a lancé de multiples réfor-mes, sans parvenir pour autant àapaiser lesmarchés.

Faceàl’urgence,ChristineLagar-de est venue jeudi au Luxembourgapporter de l’eau au moulin despaysduSud.Pourladirectricegéné-raleduFMI, l’unionmonétairedoitlever les doutes sur sa «viabilité»en créant une véritable union ban-caire et une union budgétaire ren-forcée. Selon elle, cela passe par unpartage des risques, peu populaireà Berlin, qu’il s’agisse de fonds desecoursdesbanquesmutualisésoudeseuro-obligationsréclaméesparles pays en difficultés. Elle deman-de aussi à la Banque centrale euro-péenne de reprendre, contre l’avisdelaBundesbank,sesachatsd’obli-gations d’Etats dans le collimateurdesmarchés. Elle suggère enfin depermettre aux fondsde secours derecapitaliser directement les ban-quesendifficulté.Unedemandedel’Espagne, de l’Italie et de la Francerepoussée avec force, jusqu’ici, parla chancelière,AngelaMerkel.p

PhilippeRicardavec SandrineMorel (àMadrid)

La crise de l’euro

BerlinCorrespondant

L erépitn’auraétéquedecour-tedurée.ApeineAngelaMer-kel pouvait-elle se féliciter

jeudi 21 juin, en fin de matinée,d’être parvenue à un compromisavecl’oppositionpourqueleMéca-nismeeuropéende stabilité (MES)et le pactebudgétaire soient adop-tés par le Parlement le 29juin quela Cour constitutionnelle faisaitsavoir qu’elle allait demander auprésident de la République de nepas parapher immédiatement laloi. Celle-ci ne pourra donc pasentrer en vigueur le 1er juillet.

A l’origine de ce retard, l’annon-ce par Die Linke, le parti de la gau-cheradicale,que,sitôt la loivotée, ilsaisirait la Cour de Karlsruhe enurgence sur le pacte budgétaire.HertaDäubler-Gmelin(SPD),minis-tredelajusticede1998à2002,afaitde même. Pour les plaignants, cepactenerespectepasledroitfonda-mental du Parlement sur les ques-tions budgétaires. De plus, il estsans limite dans le temps. «Eter-nel», même si la zone euro dispa-raît, ont fait valoir des juristes. Lesjugesontprislesdevantsetleprési-dent Joachim Gauck a fait savoirqu’il suivrait leursdemandes.

LaCour amenée à trancherIronie du sort : à Bruxelles, le

17avril, JoachimGaucks’étaitavan-céendéclarantausujetduMécanis-me européen, qu’il ne voyait pas«les dispositions du gouvernementcontrariéesparlaCourconstitution-nelle».Certes,celle-cinebloquepassonadoption,maiselledevraitmet-tre quelques semaines pour étu-dier la plainte de Die Linke, retar-dant d’autant la mise en route du

MES. Et tout indique que d’autresplaintes suivront et que la Courseraamenéeà tranchersur le fond.

En liant leMécanismeeuropéendestabilitéet lepactebudgétaireeten faisant voter sur l’ensembledeux jours avant lamise enœuvreespéréeduMES,AngelaMerkelpre-nait un risque. Mais elle n’a pastout perdu. Elle dispose des voixsuffisantes pour la majorité quali-fiée exigée au Parlement. La coali-tion au pouvoir, le SPD et les Vertssont parvenus à un accord pour«compléter» lepactepardesdispo-sitionsfavorablesàlacroissance.LeSPDparle de «grand succès», maisl’accordvamoins loinquecequ’es-pérait FrançoisHollande.

Le gouvernement a cédé sur unpoint: iln’exigeplusque lesvingt-septpays de l’Union européenneapprouvent la taxe sur les transac-tions financières telle que définiepar Bruxelles pour que celle-cientre en œuvre. Siau moins neufEtats y consentent, l’Allemagnel’appliquera, si possible avant lafin de l’année 2012. Par ailleurs,l’enveloppe européenne de230millions d’euros destinée àfinancer des obligations de projet(project bonds) devrait être portéeàunmilliardd’euros.

En revanche, l’idée d’un fondsd’amortissement de la dette auniveau européen, préconisé parl’opposition,n’estmêmepasmen-tionnée dans l’accord. Enfin, lecapital de la Banque européenned’investissement va être augmen-té de 10milliards d’euros. Autantde bases pour un éventuel accordlors du conseil européen des 28 et29juin,maisquiparaissentinsuffi-santes pour véritablement relan-cer la croissance en Europe.p

Frédéric Lemaître

AngelaMerkelestfreinéeparlaCourdeKarlsruheLaCourconstitutionnelleveutexaminerdesrequêtescontre lesderniersaccordseuropéens

L’UEestpourtantprêteàdébloquer

unprêtde10milliardsd’euros,soitplus

delamoitiéduPIBchypriote

Pourrésorbersadette,ChypresetourneverslaRussie,augranddamdesEuropéensLepaysdoit trouver4,3milliardsd’eurosd’ici au30juin, afinderecapitaliser sadeuxièmebanqueetd’honorer seséchéancesderemboursement

«Sanscrédit,ilest impossiblequel’économieseredresse»MarianoRajoy

président

L’agence de notation américaineMoody’s a abaissé, jeudi 21 juin,les notes de quinze grandes ban-ques, dont Bank of America, Citi-group etMorganStanley auxEtats-Unis, Credit Suisse et UBSenSuisse, et BNPParibas, Cré-dit agricoleSAetSociété généra-le en France. Il s’agit d’un tourde vis général donné au secteur,alors que la crise de l’euro et lestensions économiquesmondia-les risquent d’entraîner «despertes importantes», selonMoo-dy’s. Les plus durement sanc-

tionnées sont Bank of Americaet Citigroup, rétrogradées àBaa2, à deux crans de la catégo-rie «spéculative» (à risques).Citi conteste une décision«arbi-traire et injustifiée». BNPPari-bas, laGénérale et le Crédit agri-cole sont désormais notés toustrois A2.Moody’s devient ainsila plus sévère des trois grandesagences de notation envers lesbanques françaises : BNPPari-bas est notée deux crans au-des-sus par Standard andPoor’s(AA–) et un cran par Fitch (A+).

Moody’s donne un tour de vis au secteur bancaire

LespaysduSudveulentobtenirdeBerlinuneplusgrandeflexibilitéL’austérité imposéeauxpaysendifficultémetàmal la cohésionde lazoneeuro. LadirectricegénéraleduFMIencourage la créationd’uneunionbudgétaireetbancaireauseinde l’UE

4 0123Samedi 23 juin 2012

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L edébatsur lapertinencede ladissuasion nucléaire rebon-ditenFrance,dansuncontex-

te particulier: la préparation d’unbudget de la défense que lesarmées attendent comme trèsmauvais en dépit des assurancesde l’exécutif.

«Qu’il y ait des négociations surle désarmementnucléaire, la Fran-ce doit y prendre toute sa part, etnous le ferons. Mais renoncer à ladissuasion nucléaire pour des rai-sons d’économies budgétairesn’estpasaujourd’hui lapositiondela France», a déclaré François Hol-lande, mercredi20 juin, à Rio, enmargedu sommetde la terre.

Le chef de l’Etat était question-né par la presse sur les propos del’ancien premier ministre MichelRocard, qui avait assuré deuxjours plus tôt sur BFM TV: la dis-suasion, «16milliards d’euros paran qui ne servent absolument àrien». Le chiffre est faux mais ledébat relancé sur cette arme queseuls la France et le Royaume-Unipossèdent en Europe.

Jeudi, c’est un contrôleur géné-ral des arméesaujourd’huidans lecivil, ancien du cabinet d’AlainRichard (socialiste) à la défense,qui a défendu dans le Figaro une«dissuasionplus flexiblemaisdéfi-nitivement inscrite dans une logi-que de non-emploi», modèle com-biné àune arméede terre réduite.

Vendredi, l’ancien ministresocialiste de la défense Paul

Quilès, signatairede ladéclarationGlobal Zero pour un monde sansarme nucléaire, devait tenir auSénat une conférence autour deson livre Nucléaire, un mensongefrançais (Editions Charles LeopoldMayer). M.Quilès réfute l’existen-ce du «consensus français» sur ladissuasion et conteste que l’armenucléaire demeure « l’assurance-vie de la nation». «C’est le dogme!Il fautundébat», plaide-t-il.

L’arméede terre se sent viséeLe budget de la défense, 31mil-

liards d’euros, se répartit de façonéquivalente entre fonctionne-mentetinvestissement.Surcepos-te, les « grands programmes»(Rafale, hélicoptères, frégates,etc.)pèsent lourd, environ 7milliardsparan. Ilssontunpaquebotdiffici-le à manœuvrer. La dissuasioncompte pour 3,5milliards d’eurosannuels.C’estlaseulepartsanctua-riséedubudget, tout aussi rigide àcourt terme. Le reste se répartitdans les «petits programmes», enréalité tout ce qui maintient lacapacitéd’actiondes armées.

C’est là, qu’aujourd’hui, lesinquiétudes sont vives. La défensea du mal à achever la réforme2009-2015, qui prévoit déjà54000 suppressions d’emplois etune réduction des moyens; quel-que20000suppressionsrestentàréaliser. Dans la période, chaquearméedéfendâprementsespréro-gatives,considérantquelesécono-

mies,siellessontencorepossibles,sontàchercherchezlesautres.L’ar-mée de terre se sent particulière-mentvisée, avec le retrait d’Afgha-nistan. Les appels d’offres pourson programme de modernisa-tion, Scorpion (5milliards d’eu-ros), ne sont pas encore lancés.

«L’armement conventionnelest plus dissuasif face aux nouvel-les menaces», juge le général Vin-cent Desportes, ancien patron del’Ecoledeguerre.«Iln’yaplusd’ar-gent.Sionnetouchepasàladissua-sion, il n’est pas possible de faire lenouveau Livre blanc. Il n’y a plusd’intérêt à garder une arme quicoûte 20% du budget et n’a aucu-ne chance de servir», ajoute-t-il.Unhautgradénuance:«Ilest irréa-liste d’espérer récupérer des mil-liardsdans l’immédiat,mais il fautun vrai débat dans la perspectivefuturede la défense.»

Deshypothèsesnoirescirculentsur le budget, dont aucune n’est

confirmée. Parmi elles, une pro-gressionnulledubudgetenvaleursur les cinq prochaines années,soit jusqu’à 2milliards d’eurosd’économiesparan. Est évoquée lasuppression de deux brigadesdansl’arméedeterre(20000hom-mes) alors qu’elle doit déjà suppri-mer 24000 emplois d’ici à 2015.Autrepropositiontrèsdécriée,unesuspensiondu recrutement.

D’autres évoquent une réduc-tiondunombredes avions.Oudesnavires de combat, mais ce choixbute sur l’emploi des ouvriers deschantiers navals (à Lorient, dans larégionduministreladéfense,Jean-YvesLeDrian,ouàCherbourg,lavil-le duministredéléguéauxaffaireseuropéennes,BernardCazeneuve).

Mardi, en toute discrétion, l’ar-mée de l’air a procédé au premiertird’évaluationdunouveaumissi-le nucléaire ASMP-A en «missioncomplète» sur Rafale.p

NathalieGuibert

Syrie Unpilote de chasse déserte avec sonMiG-21DAMAS.Pour la première fois le début du soulèvement contre le régi-me syrien il y a quinzemois, unpilote de chasse, le colonelHassanMerhiAl-Hamadé, a fait défectionet a atterri jeudi 21juin, aux comman-des de sonMiG-21, surunebasemilitaire jordanienne. Il a demandé l’asi-le politique au royaumehachémite, qui le lui a accordé. Leministèresyriende la défense a réagi enqualifiant le colonel de«déserteur et traî-tre à la nation». Des contacts entre les deuxpays sont en cours en vued’une restitutionde l’avionde guerre. Les Etats-Unisont salué la déser-tion enestimant que cepilotene serait pas le dernier. – (AFP.)

Afghanistan Fin de la prise d’otages près deKaboulKABOUL. Les forcesde sécurité afghanesontmis fin, vendredi 22juin, àla prise d’otagesmenéepar des talibans contre les clients d’unhôtelsitué sur les bordsdu lacQhargar, dans les environsdeKaboul. Lancéaprèsdouzeheures de siège, l’assaut s’est conclupar lamort des quatrepreneursd’otages et d’aumoinsneuf autres personnes. Les talibansavaient accusé l’élite afghaneet des étrangersde se livrer dans cet éta-blissementà des «fêtes sauvages». – (AFP, Reuters.)

Indonésie L’artificier des attentats deBali condamnéà vingt ans de prisonDJAKARTA.La justice indonésiennea condamné, jeudi 21juin, àvingt ansdeprison,UmarPatek, accuséd’avoir fabriqué lesbombesqui ont tué202personnesdans les attentatsdeBali, le 12octobre2002. L’hommeaégalement été reconnucoupable d’avoirparticipé auxattentats contrecinqéglises deDjakarta en2000, qui ont fait quinzemorts. La justiceindonésienneapris en compte sa demandedepardonaux familles desvictimesendécidantdenepas le condamneràmort. – (AFP.)

BiélorussieUn journaliste arrêté pour diffamationMINSK.Andrzej Poczobut, un journalistebiélorussequi collabore auquotidienpolonaisGazetaWyborcza, a été arrêté, jeudi 21juin, pourdif-famationenvers le présidentAlexandre Loukachenko.M.Poczobutavait critiqué l’exécutiondedeuxhommes enmars,malgréunman-quedepreuves. Le journaliste avait déjà été condamnépour diffama-tion, en 2010, écopantde trois ansdeprison avec sursis. – (AFP.)

EnFrance, larigueurrouvreledébatsurladissuasionnucléaireFrançoisHollanderefusede lier renoncementà l’armesuprêmeetéconomiesbudgétaires

A peine le premier ministrepakistanais, Youssouf RazaGilani, venait-il d’être desti-

tué, mardi 19 juin, par la Coursuprêmepour avoir refusé de rou-vrir l’enquête sur des soupçons decorruptionvisant le président AsifAliZardari,quelecandidatàsasuc-cession,MakhdoumShahabuddin,a été à son tourvisépar la justice.

Unmandat d’arrêt a été délivrécontre lui par le service antidro-gues pakistanais (Anti-NarcoticsForce)dans le cadred’uneenquêtesur des exportations illégales d’é-phédrineenAfghanistan.Le7 juin,l’un des directeurs de l’ANF, le bri-gadier Fahim Ahmed Khan, avaitremisdesélémentsàlaCoursuprê-me permettant l’extension desrecherchesversM.Shahabuddin.

Ce dernier, en sa qualité deministrede la santé,serait interve-nu, en 2010, selon l’ANF, pour per-mettre à deux laboratoires phar-maceutiques,DanasPharmaceuti-cal et Berlex Lab International, des’affranchir illégalement des quo-tas d’exportations de cette subs-tance fixés par les instances inter-nationales.

Lejugepakistanaisenchargedece dossier, Shafqatullah Khan, aégalement émis un mandat d’ar-rêt contre Ali Musa Gilani, fils deYoussouf Raza Gilani, le chef dugouvernementdestitué. Lemagis-trat a convoqué les deux suspectsdevant une juridiction spécialiséeenmatière de stupéfiants, situéeàRawalpindi, près d’Islamabad.

Ce mandat d’arrêt menaçaitl’élection,parleParlementpakista-nais, vendredi, du nouveau pre-mierministre désigné par le Partidu peuple pakistanais (PPP) aupouvoir. Si cette péripétie devaitbloquer sa nomination, le PPP,majoritaire, devrait proposer unautre candidat.

Le président Asif Ali Zardari

avait désigné, jeudi, M.Shahabud-din,ministrede l’industrie textile,au poste de premier ministreaprèsunelongueguérillaprocédu-rale avec la Cour suprême quientend faire rouvrir l’enquêtevisant le chef de l’Etat sur des faitsde corruption en Suisse.

Après avoir été inculpé le8 février par la Cour suprême,M.Gilani avait été condamné, le26avril, pour «outrage à la jus-tice»pour avoir refuséde relancerdes investigations. La plus hautejuridiction pakistanaise a fini paravoir le dernier mot sans pourautant faire perdre le pouvoir auPPP, dont le chef de l’Etat reste lecoprésident.

Emprisonné puis blanchiDevenu chef du PPP après la

mort de son épouse, BenazirBhutto, en2007, il avait étéempri-sonné au Pakistan, en 1990, pourracket. Blanchi en 1993, quand sonépouse était premier ministre, ilavait été de nouveau incarcéré, en1997, après le départ de sa femme,pour corruptionetmeurtre, avantd’être expulsé en 2004.

Une partie des poursuites pourblanchimentengagéesparlePakis-tancontreM.Zardarirestaientpen-dantes, en Suisse, jusqu’au classe-ment de l’affaire, le 25août 2008,par la justice helvétique. Le Pakis-tan, de nouveau dirigé par le PPP,avait en effet retiré sa plainte.

La justice genevoise suspectaitM.Zardari d’avoir perçu, en 1997,8,8millionsd’eurosdel’entreprisesuisse Cotecna afin d’obtenir unmarchéauPakistan. Les investiga-tions avaient mis en lumièred’autres mouvements de fondssuspects d’un montant total de36,6millions d’euros. C’est cetteenquêteque laCour suprêmeveutvoir relancée.p

Jacques Follorou

LepartiaupouvoirauPakistanviséparuneséried’affairesjudiciairesLesuccesseurdésignédupremierministredestitué fait l’objetd’unmandatd’arrêt

50123Samedi 23 juin 2012

planète

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L ’«affaire» de la suspensiondes forages de Shell au largede la Guyane aura duré une

semaine. Et aura fait une victime:NicoleBricq.Alafaveurdupremierremaniement du gouvernementde Jean-Marc Ayrault, la ministrede l’écologie, du développementdurableetdel’énergieestmutéeauministère du commerce extérieur,unedépendancedeBercy.

Impossibledenepas faire le lienentre ce désaveu et la décision sur-prise deMmeBricq, jeudi 14juin, deretarder l’exploration du bassinpétrolier de Zaedyus, à 150kilomè-tres des côtes du départementd’outre-mer (DOM). Le ministèreavait alors stoppé à la signaturedeuxarrêtéspréfectorauxnécessai-resau lancementdestravaux,met-tantenavant«unenécessaireremi-seàplatde l’instructiondesdeman-des de permis afin de ne plus sacri-fier l’environnement».

Nicole Bricq souhaitait doncrefondre le code minier françaisqui jusqu’à maintenant ne prendguère en compte l’impact sur la

nature des permis miniers accor-déspar l’administration.

Las ! Même si la confirmationofficielle de la reprise des foragesn’est pas encore tombée à Paris –c’est imminent –, en Guyane, onsaitque lapageest tournée.

«Lesarrêtéspréfectorauxontétésignés»,annonceauMondeleséna-teur guyanais Jean-Etienne Antoi-nette (apparenté socialiste). Shelldevrait donc lancer les forages endébut de semaine prochaine. Lacompagnie avait pris garde de nepasstoppersesopérationsprépara-toires.Lebateaudeforageloué–onparled’uncoûtd’unmilliondedol-lars par jour (0,79million d’euros)–parlepétrolierà lasociétésuédoi-se Stena est arrivé mardi 19 juindanslazoned’exploration.Unnavi-re de ravitaillement a accosté lemême jour au port de Degrad desCannes, etmercredi,despremièreséquipes ont été acheminées parhélicoptèreverslebateauplate-for-me.

Commentexpliquercettevolte-facegouvernementale? Par unedoublemobilisation. Celle des élusde Guyane attachés à la poursuitedesforagesetà leursretombéesfis-cales et économiques. VictorinLurel, le ministre des outre-mer,fut leur relais parisien. Mais c’estsurtout la voix des groupes pétro-liers et des industriels qui sembleavoir pesé. La colère de Shell a étésuivie de celle de Total, de l’Unionfrançaisedes industriespétrolières(UFIP)etdeLaurenceParisot,prési-dente duMedef, qui en ont appelédirectement àMatignon, voire à laprésidence de la République. «Au-delàd’unequerelleavecunministè-re en particulier, nous avons expli-qué deux ou trois petites choses au

gouvernement, précise Jean-LouisSchilansky, président de l’UFIP. Enl’occurrence, le respect de la parolede l’Etat français. Shell disposaitd’unpermis en bonne et due formeetavaitdéjàengagé250millionsdedollars dans cette opération… Ladécision du ministère de l’écologieétait un signal négatif donné auxinvestisseurs étrangers. Sans parlerde l’absence de toute concer-taion…»

Erreur de jeunesse d’uneminis-tre tout juste nommée? Il est clairentoutcasqueNicoleBricqa«fon-cé» dans cette opération, oubliant,parexempledeprévenirShelldesadécision et forçant visiblement lamain,entoutcasenpartie,àsoncol-

lègue ArnaudMontebourg,minis-treduredressementproductif.L’ex-ministredel’écologieavait-elleaus-simesuré les enjeux économiquesdu dossier? Selon les chiffres deShell, l’exploitation du bassinpétrolier guyanais, à 6000mètresde profondeur, pourrait produire300millions de barils. De quoidiminuer en partie la facture éner-gétique française endiminuant lesimportations d’or noir. Le coût duprojet,de l’explorationàl’exploita-tion, a été évalué entre 5 à 10mil-liardsde dollars. Et en cas d’exploi-tation, si les premiers sondagesrévèlentungisementdebonnequa-lité, les retombées pour le DOMnesont guère négligeables : plus de1000 emplois et une taxe de 12%

sur la production répartie à partégale entre la région et l’Etat, votéefin2011par l’assembléenationale.

«Le départ de Nicole Bricq duministère de l’écologie est une sur-prisepourtout lemonde,ycomprissans doute pour son cabinet», aestimé, jeudi 21 juin, France Natu-re Environnement. Au sein d’unlarge collectif d’associations,l’ONG avait indiqué lemême jour«queMmeBricqavaitperdusonpre-mier arbitrage puisque les foragesguyanais allaient reprendre». AuParti socialiste, certains expli-quaientque«ledossierShellaeu la

peaudeNicole Bricq».«Le gouvernement est passé à

côtéd’unedécisioncourageuse,sur-tout au moment du sommet Rio+20», déplore ChristianRoudgé, lecoordinateurdelafédérationGuya-ne Nature Environnement. «Nousavions identifié plusieurs faiblessesdansledossier,dontl’absenced’étu-ded’impact,lasuperpositiondel’ex-ploration avec la période de plusgrandeprésencedescétacésenmer,et l’utilisationd’unprocédéde fora-gepolluant–desbouesavecdeshui-les de synthèse – interditpar le codede l’environnement», résume-t-il,

se réservant la possibilité d’atta-querlesarrêtéspréfectorauxautri-bunaladministratif.

Ledossierguyanaiséchoitdésor-maisàDelphineBathoqui succèdeà MmeBricq. Une seule questiondésormais: que va devenir l’indis-pensable réformedu codeminier?Ou plus encore, quel le politiqueenvironnementale le gouverne-ment veut-il porter? Un débat quine manquera pas d’avoir lieu, aumoins,avecsonalliépolitiqued’Eu-rope-Ecologie-LesVerts.p

Marie-BéatriceBaudetet LaurentMarot (à Cayenne)

CommentlepétroledelaGuyaneaeuraisondelaministredel’écologieLegouvernement, quidevrait réautoriser les foragesdeShell, a cédéauxargumentsdespétroliers etdesélus

Rio de JaneiroEnvoyés spéciaux

L ’amertumeapris le pas sur lacolère. A quelques heures dela clôture de la conférence

desNationsuniessurledéveloppe-mentdurable, lesprincipalesorga-nisations non gouvernementales(ONG)ontfaitpart, jeudi21 juin,deleur désarroi face à la faiblesse dutextede l’accordonusien.

Sousuncielgrisdecirconstanceet dans une atmosphère parfoispesante, lesorganisateursduSom-met des peuples, qui regroupe desmembres de la société civile danslecentredeRiodeJaneiro,n’onteude cesse de critiquer, au cours deleurs réunionsplénières, un docu-ment jugé flou et peu ambitieux,ne mentionnant ni calendrier niobjectifschiffrés.Surtout, ilsrepro-chentaux responsablespolitiquesde ne pas avoir su faire émergerune approche globale des ques-tions environnementales, laissantà chaquepays le soinde légiférer àsa guise.

«La frustration est totale, affir-mePabloSolon,directeurdeFocuson the Global South, une des voixles plus écoutés du Sommet despeuples. Nous sommes entrés deplain-pied dans l’ère du multila-téralisme,mais l’humanité court àsa perte si nous continuons à pen-ser comme des diplomates. » Denombreuses voix se sont égale-

ment élevées contre l’incapacitéde la société civile à trouver unsouffle nouveau et à définir unealternativeportéedemanièreuni-taire. «Nous sommes trop faibles,regretteTadzioMüller,delaFonda-tion Rosa-Luxemburg. Noussavons depuis la conférence sur leclimat de Copenhague [en 2009],qu’il est urgent de nous unir etd’amplifier notre force pourconcentrer nos actions sur lessujets névralgiques.»

«Discours de cinqminutes»A une trentaine de kilomètres

de là, au centre de conférences deRiocentro, où se déroule le som-met officiel, des représentants dela société civile ont symbolique-mentdéchiré le textede ladéclara-tionfinalequidevaitêtreofficielle-ment adoptée vendredi 22 juin.D’autresont choisi de rendre leursaccréditations et de quitterRio+20 sansplus attendre.

Le fait que les chefs d’Etat et degouvernement présents à Rio sesoient contentés de défiler à la tri-bune sans retoucher un accordtrouvé par les négociateurs dèsmardi19, avantmême l’ouverturedu sommet, est très critiquépar lasociété civile. L’ancienneministrebrésilienne de l’environnementMarina Silva, comme les prési-dents deGreenpeace et de l’Unioninternationale pour la conserva-tionde lanature (UICN), ont décla-

ré, d’une même voix, leur décep-tion et leur rejet de ce texte.

«Le monde que nous voulonspeut très bien se passer de diri-geantsquiontdémontré leurman-quedecourageetn’ontvoulupren-dreaucunrisque, qui sont venus icifaireundiscoursdecinqminutesetparticiperàuneséancephoto», lan-ceSharonBurrow, secrétairegéné-raledelaConfédérationinternatio-nale des syndicats (CSI).

«Le résultat n’est pas loind’êtredésastreux, estime pour sa partDaniel Mittler, directeur politi-quedeGreenpeace. Iln’yanienga-gements ni financements. Lespays riches disent qu’ils ne peu-vent pas mettre d’argent sur latable,mais ilsconsacrentmillemil-liards de dollars à subventionnerles énergies fossiles.»

Une rencontre entre une délé-gation de trente-six représen-tants du Sommet du peuple et lesecrétaire général des Nationsunies, Ban Ki-moon, était prévuevendredi matin. Un texte courtrésumant les travaux de la semai-ne et fixant «un agenda des lut-tes» devait être transmis à cetteoccasion au patron de l’ONU. Lesmédias n’ont pas été conviés àassisterà cetteentrevueenraison,ont indiqué les autorités onusien-nes, de l’espace limité de la salle.C’est tout dire.p

NicolasBourcieretGilles vanKote

La«frustrationtotale»delasociétécivileauSommetdelaTerre

Rio+20Pour les représentantsdespeupleset lesONG, lebilande laréuniononusienne, sansengagementsni financements, estdésastreux

StockholmCorrespondance

L es explosifs trouvés mercre-di 20 juin dans la centralenucléairede Ringhals, au sud

de Göteborg, ont relancé la ques-tiondelasécuritédescentralessué-doises,déjàécornéepar lepasséendépit de leur bonne réputation.

Il était 23h22,mercredi, lorsquelapoliceaétéalertéedeladécouver-te d’explosifs à l’intérieur du péri-mètre de la centrale. Des chiensrenifleursdebombesavaientdétec-téun véhicule sur le pointd’entrerdans la zone protégée. L’explosif,de type civil et de la taille d’unpoing,a été trouvésurunemarched’un chariot élévateur. Les autori-

tés ont rapidement écarté un ris-que d’explosion en raison de l’ab-sencededispositif demise à feu.

La centrale emploie 1500 per-sonnes, auxquelles s’ajoutent1000 employés travaillant pourdes sous-traitants. Plusieurs inter-rogatoires ont été menés, uneenquêtepoursoupçondesabotageest ouverte, mais personne n’a étéinterpellé. L’Autorité suédoise desûreté nucléaire a relevé le niveaud’alerte dans les trois centrales dupays.

Longue dégradationIl y a une semaine seulement,

Greenpeace avait demandé la fer-meture de Ringhals, estimant quelacentraleavaitmontrédesfaibles-

ses lorsdes«stress tests» réalisésàla suite de l’accident de Fukushi-ma.Destestsauxquelslesécologis-tes reprochent, notamment, den’avoir pas pris en compte lesmenaces terroristes.

Greenpeace avait déjà provo-qué des remous durant l’été 2010en réussissant à pénétrer facile-mentdansuneautrecentrale,cellede Forsmark, et à grimper sur unréacteur,afindeprotestercontreladécisionde l’Agencedegestiondesdéchets nucléaires de déposer unedemande de permis de construirepourunsited’enfouissementdéfi-nitif desdéchetsnucléaires.

En 2006, dans cettemême cen-trale de Forsmark, une erreurhumaineavait provoqué l’arrêt del’alimentation électrique. Cet inci-dentavaitmisenévidencedesdys-fonctionnements dans le systèmedesecoursd’unréacteur.Unecatas-trophe avait été évitée de justesseet le directeur général de la centra-le avait été renvoyé. Selon un rap-port,l’incidentdelacentraledeFor-smark avait été « le point culmi-nant d’une longue dégradation dela culturede sécurité».

Pour les écologistes suédois, ladécouverte d’explosif à Ringhalsest le signe qu’«il reste des lacunesdans la culture de sécurité des cen-trales suédoises». Les dix réacteurssituésdans trois centrales fournis-sent près de 40% de la productiond’électricitéde la Suède.p

OlivierTruc

L’exploitationdugisement

pourraitproduire300millionsdebarils

BRÉSIL

SURINAM

E

GUYANEFRANÇAISE

Cayenne

OcéanAtlantique

Bassin pétrolierde Zaedyus

Permisde Guyanemaritime

100 km

150km

EnSuède,desexplosifsdansunecentralerelancentledébatsurlasûreténucléaireLafiabilitédesdixréacteursdupaysadéjàétésouventmiseencause

6 0123Samedi 23 juin 2012

france

Dansl’éducation, ledifficilerecrutementdes«60000postes»

L es quatre nouveaux minis-tres du gouvernementAyrault n’auront que peu de

temps pour s’installer. Dès lundi25 juin, ils sont convoqués avectous leurs collègues à Matignonpourlepremierséminairegouver-nemental du quinquennat. A l’or-dredujourdecetteréunion,lapré-paration du budget 2013 qui seraprésenté cet automne au Parle-ment et la programmation desfinances publiques pour la pério-de 2013-2015.

Au-delà de l’aspect politiquede cette réunion où le premierministrevarappeleràchacunl’en-semble des engagements pris, lesenjeux de l’exercice sont simplespour Jean-Marc Ayrault. Il s’agit

de fixer le cadrequipermettraà laFrance de crédibiliser la trajectoi-re de redressement de ses comp-tes et, notamment, son premier« chrono intermédiaire », àsavoir une réduction du déficitpublic à 3% du PIB en 2013. Avecen ligne mire, le retour à l’équili-bre en 2017.

Ce cadrage devrait être «dansla continuité» des engagementsprisparFrançoisHollandedurantla campagne, indique une sourcegouvernementale. Les «points depassage» seront respectés : il n’yaura pas de «contre-pieds» à l’is-sue de ce séminaire, ajoute cettemême source.

Si l’horizonest clairementdéfi-ni, lesmoyenspourl’atteindreres-

tent à déterminer. La croissancesedérobesouslespiedsdugouver-nement et complique l’équation.La probabilité que l’économiefrançaise parvienne à croître de1,7% en 2013, après 0,5% en 2012,est considérée comme faible parles experts. Le consensus des éco-nomistesparieplutôtsurunepro-gressionduPIB limitéeà0,3%cet-teannéeetà 1% l’anprochain,et leministrede l’économie a reconnu«ajuster» ses prévisions.

«Rien ne sera facile»Cettedétériorationdesperspec-

tives de croissance va évidem-ment peser sur la construction dubudget 2013. Un dixième de crois-sance en moins, c’est 1milliard

d’euros de recettes enmoins dansles caisses de l’Etat, ont coutumed’expliquer les «budgétaires» deBercy. Et au lendemaindes législa-tives, Jean-Marc Ayrault a préve-nu: «L’œuvre qui est devant nousest immense. Rienne sera facile.»

C’est ainsi que, du côté de ladépense, la stabilité des effectifsdes fonctionnaires de l’Etat se tra-duira l’année prochaine et les sui-vantesparune baissemoyennede2% du nombre d’agents dans lesministères non protégés. En effet,l’engagement de François Hollan-de de recruter 13000fonctionnai-res par an sur le quinquennat àl’éducation (12000) et à la justiceet l’intérieur (1000) apour traduc-tion une baisse équivalente de

13000postes dans les autresministères. Une pression particu-lièrementforte,puisquecesminis-tères «non prioritaires» représen-tentmoinsd’un tiersdespostesdel’Etat (600000 sur 1,9million)quandle seulministèrede l’éduca-tionenconcentreprèsde lamoitié.

Même si le ministre du travail,Michel Sapin, a jugé jeudi qu’il n’yavait pas là matière à « révéla-tion», ce constat a immédiate-ment suscité des réactions. L’an-cienneministredubudget,ValériePécresse, a vivement critiqué l’ac-tion gouvernementale, prédisantsur France 2 une politique d’une«brutalité inouïe» dans lesminis-tères autresque l’éducation.

Dans les rangs syndicaux, le

plus ferme a été Jean-ClaudeMailly.LesecrétairegénéraldeFor-ce ouvrière a demandé jeudi surRTL que le gouvernement expli-que si, oui ou non, «il y a un arrêtde la révision générale des politi-ques publiques [RGPP], mise enœuvre sous la présidence de Nico-las Sarkozy». Selon Jean-ClaudeMailly, dans tous secteurs de lafonction publique, les agents«n’en peuvent plus» et « sont àbout», et il veut connaître les sec-teurs les plus touchés par cesréductionsd’effectifs.

En assumant de stabiliser leseffectifsdel’Etat–alorsquelequin-quennatdeNicolas Sarkozy s’étaittraduit par environ 30000sup-pressions de postes par an – et enaffirmant parallèlement unevolonté de maîtriser l’évolutionde la dépense, le nouveau gouver-nement s’est placé dans la situa-tion de devoir couper ailleurs.LeFigaro affirmait jeudi que l’exé-cutif visait une réduction de 10%en 2013 des dépenses de fonction-nement et de 40% sur les dépen-ses d’intervention pour la période2013-2015 (hors champ social etministères prioritaires). Ces chif-fres ont été formellement démen-tis par Matignon et Bercy jeudimatin (LeMondedaté du 22juin).

Avec cette polémique sur l’am-pleur des efforts à consentir dansl’avenir, les ministres sont préve-nusdel’extrêmesensibilitédel’opi-nionsurlesujet.Ilsn’enécouterontquemieuxJean-MarcAyraultpource séminaire gouvernemental qui,avouons-le, tombeàpic. p

AnneEveno

Dépenses: legouvernementvadevoirtrancherLesministressontconvoquésle25juinàMatignonpourunséminaireconsacréà lapréparationdubudget2013

DIFFICILEMISSIONpourVincentPeillon: faire vivre la promessede FrançoisHollandede renforcerles équipes enseignantesde60000postes sur le quinquen-nat. De quoi se faire beaucoupd’ennemisparmi lesministresqui, eux, vont devoir dégraisser.De quoi, aussi, se faire dumau-vais sang quand le démarrage estplus lent qu’escompté.

Depuisqu’il s’est installé ruedeGrenelle, Vincent Peillon courtaprès le temps, ouplutôt essaie envainde faire coïncider tempspoli-tique et temps éducatif. Une rudeaffairepuisqued’un côté, il fautdeuxans avantqu’un jeunepré-recrutédevienneenseignant et

quede l’autre, il a l’objectif des60000embauches à réaliserdansun contextebudgétaire tendu.

Leministre aobtenude recru-ter 1000enseignantsdeprimaireenurgencepour cette rentrée2012. S’il avaitdûen trouver ledou-ble, il n’estpas sûrqu’il aurait réus-si…Pourpréserver laqualité acadé-miquedes futursenseignants, iln’étaitpaspossibled’en sélection-nerplusdans touteune séried’aca-démies, dont l’Ile-de-Franceetdans les académiesd’outre-mer.

Or, à la part annuelle des60000postes,M.Peillon devraajouter le remplacement intégralde tous les départs à la retraite,sanctuarisationde l’éducation

oblige. En clair, doubler les recru-tements actuels.

Pour avancer vite, M.Peillonavait parié sur lamise en placerapide de contrats d’avenir dansl’éducation. Prérecruter des étu-diants d’originemodeste, dèsleur entrée en licence ou enmas-ter 1 pour les inciter à continuerleurs études et à passer lesconcours, est un dispositif cen-tral dans son projet.

Assistants d’éducationCe qui permet à ses yeuxune

entrée progressive dans lemétier, avant le passage par lesécoles supérieures du professo-rat. Ces étudiants salariés

devront en effet jouer le rôle d’as-sistants pédagogiques et assurerune aide aux devoirs. Ce sera ins-crit dans leur contrat. Commel’engagement de passer unconcours enseignant.

Outreunemeilleure formationdes enseignants, la formule a ledoublemérite de repopulariserunmétier qui s’est embourgeoisé– et donc éloignéd’unepartie desélèves – et d’augmenter le vivierde futurs candidatsprofesseurs.

Vincent Peillon rêvait demet-tre enplace ces contrats d’aveniren septembre2012. Ce sera impos-sible avant janvier, voire septem-bre2013. Pressé, leministre del’éducationpourrait contourner

la difficulté enprérecrutant sesfutursprofesseurs sous statutd’assistantsd’éducation. Le statutexistedéjà,mais lamesure coûte-ra plus cher car elle nedispenserapasd’embaucherdansd’autressecteurs les emplois d’avenirpro-mis par le candidatHollande.

Sans ce prérecrutement,M.Peillon sera condamnéà atten-dreque la courbedunombred’ins-crits aux concours remonte.Depuisvingt ans, ce nombre secale sur lenombredes postesofferts aux concours.Mais cetattentismen’est pas politique-mentplus facile à gérer que lesdis-cussions avecBercy. p

MarylineBaumard

70123Samedi 23 juin 2012

Récit

L ’annonce devait avoir lieu à18heures, mais il aura falluattendre presque trois de

plus.Commequoi,mêmeunrema-niement aminima, fait d’«ajuste-ments»àlafois«techniques,politi-ques et humains», indique-t-on àl’Elysée, peut prendre beaucoupplusde tempsqueprévu.

Présentée jeudi 21 juin, l’équipeAyrault II compte quatre mem-bressupplémentaires,cequiportesoneffectifà38ministresetminis-tres délégués. C’est beaucoup,mais pas autant que certains gou-vernementsde gauchedes années1990 : la deuxième équipe deMichel Rocard en comptait 49, enincluant les secrétaires d’Etat.

Parité oblige, deux de ces nou-veaux entrants sont des femmes.Par ailleurs, trois de ces nouveauxministres viennent du Sénat, cequidénote«unevolontédedonnerunsigneà ladeuxièmechambrede

cepays,quipeutaussi fournirquel-ques talents», indique-t-onàMati-gnon. Le gouvernement ne comp-tait jusqu’ici qu’une seule sénatri-ce, Nicole Bricq.

C’est sans doute un de ceuxdont le nom circulait avec le plusd’insistance,déjàaumomentde laformation du gouvernementAyraultI :ThierryRepentin,spécia-liste du logement, est nomméministre délégué à la formationprofessionnelle. Le sénateur deSavoie n’est pas un «hollandais»historique, mais s’était montrétrèsprésentpendant la campagne.

Sénatrice de l’Aveyron, Anne-Marie Escoffier devient ministredéléguéeà ladécentralisation. Syl-

viaPinel, radicaleelleaussi, se voitpour sa part promue ministre deplein exercice de l’artisanat, ducommerceet du tourisme.

Autantdediscrètesmaisdélica-tes attentions à l’adresse du Partiradical de gauche. Son président,Jean-Michel Baylet, jusqu’alorsmécontent de voir sa formationfaiblement représentée avec unseul ministre délégué, soit moinsque les écologistes, «se félicite queles Radicaux de gauche aient trou-vé toute leur place dans le gouver-nement».Aupointqu’uncadreduPRG y voit un «rééquilibrage de lamajorité, qui marche sur ses deuxjambes. On y est traité à égalitéavec les écologistes.»

Pour l’anecdote, on retiendraque le président de la République,

de retour du sommet de la terre àqui s’est tenuàRiode Janeiro (Bré-sil), et le premier ministre,s’étaient entretenus jeudi endébut d’aprèsmidi et «assez vite»mis d’accord sur le casting. Maisdans un premier temps, FrançoisHollande n’a pu joindre au télé-phone Axelle Lemaire, la jeunedéputée de l’Europe du Nord,37ans, à laquelle il entendait pro-poser le poste de ministre délé-guée auxFrançais de l’étranger.

Quandleprésidentaenfinréus-si et lui a proposé le poste, sur lescoups de 19h30, celle-ci a décliné,à la surprise de Matignon. «Onn’attendait plus qu’elle pourannoncer le gouvernement», glis-se unprochedupremierministre.En catastrophe, l’Elysée déniche

donc lenumérod’HélèneConway,sénatrice des Français de l’étran-ger depuis septembre, quiapprendà20h30,quelquesminu-tesavantl’annonceofficielle,qu’el-

lehéritedecedossier.YaminaBen-guigui,quineconservequelafran-cophonie,perddoncunpandesonministère. «On s’est dit que ceserait bien qu’elle soit épaulée»,

glisse unproche duprésident. Iro-nie de l’histoire: quelques heuresplus tôt, jeudi 21 juin, YaminaBen-guigui recevait à déjeuner les qua-tre sénateurs français de l’étran-ger, dont MmeConway, sans que nil’une ni l’autre ne se doutent de lasuite des opérations.

Quatrième arrivant, le députéet maire de Laval (Mayenne)GuillaumeGarot devient à 46 ansministredéléguéchargédel’agroa-limentaire, auprès de son voisinde la Sarthe Stéphane Le Foll,ministredel’agriculture.Unminis-tèrequin’existaitplusdepuisRay-mond Barre. Ce fidèle parmi lesfidèles de Ségolène Royal n’étaitpas attendu dans le décor.Mais sanomination ne peut qu’être inter-prétéecomme«ungeste»de l’Ely-

séeàl’égarddel’anciennecandida-te à la présidentielle, défaite auxlégislatives à LaRochelle.

La garde rapprochée deMmeRoyal est entièrement entréeau gouvernement. M. Garotrejoint Najat Vallaud-Belkacem,ministre des droits des femmes etporte-parole dugouvernement, etDominique Bertinotti, ministredéléguéeà la famille.

Mais on assiste également à lapromotion de Delphine Batho auministèredel’écologie,dudévelop-pementdurableetde l’énergie, elleaussi fidèle deSégolèneRoyal. Unemanièrede saluer sa réélectiondèslepremiertour(53,18%)danssacir-conscription des Deux-Sèvres ettrès active dans la campagne.Maiss’est aussi imposée « l’idée qu’elleétait mal utilisée, indique-t-on àl’Elysée. Elle était sur un ministèrequi ne fonctionnait pas pleine-ment». Ministre déléguée à la jus-tice, sans attribution précise, sesdésaccords, avec la garde dessceaux, Christiane Taubira, étaientnotoires, et le partage des attribu-tions avec sa ministre de tutelles’était révéléproblématique.

Pas précisément spécialiséedans les questions environnemen-tales, Delphine Batho, qui visitaitjeudi matin encore une maisond’arrêt, assure qu’elle n’était pas«demandeuse». A l’écologie,MmeBatho remplace Nicole Bricq.Plutôt connue comme spécialistedesquestionséconomiquesetbud-gétaires,MmeBricqglisseauministè-re du commerce extérieur, unpos-te qui n’existait pas dans la précé-dente mouture, mais pour lequelelle avait été alorsdéjàpressentie.

Le remaniement récompenseaussilesministresqui l’ontempor-té aux législatives alors qu’ilsétaient en difficulté : BenoîtHamon, nouvellement élu dansles Yvelines, hérite de la consom-mation en plus de l’économiesociale et solidaire.

Marie-Arlette Carlotti, tombeu-sedeRenaudMuselier àMarseille,ajoute la lutte contre l’exclusion àsonministèredéléguéauxperson-neshandicapées. p

DavidRevaultd’Allonnes

HélèneConwayMinistredéléguéeauxFrançais de l’étrangerSénatricedes Français de l’étran-ger,HélèneConwayest auditricede l’Institut des hautes étudesdedéfensenationale, etmembreduconseil d’administrationdel’Agencepour l’enseignementfrançais à l’étranger. Elle gagne ceportefeuilledes Françaisdel’étranger, confié jusqu’ici à ladocumentaristeYaminaBengui-gui, qui devientministre délé-guée à la francophonie.MmeConway, 51 ans, va connaîtresapremière expériencegouverne-mentale. – (AFP.)PHOTO: D.BUTET/SÉNAT

GuillaumeGarotMinistredéléguéà l’agroalimentaireA46ans, GuillaumeGarot, députéde laMayenneetmairede Laval,est la «surprise» de ce remanie-mentministériel. Avantdeconquérir en 2007 le fief de l’an-cienministreUMPFrançoisd’Aubert,M.Garot avait active-mentparticipéà la campagnedeSégolèneRoyal en 2007. Il avaitauparavant travaillé aux côtés deDanielVaillant et BertrandDelanoëà Paris. Il est désormaisministredéléguéà l’agroalimen-taire auprèsduministrede l’agri-culture, StéphaneLe Foll. – (AFP.)PHOTO: MAXPPP

Anne-MarieEscoffierMinistredéléguéeà la décentralisationSénatricede l’Aveyron,Anne-Marie Escoffier, 69ans, estmem-breduParti radical de gauche. Elleétait, au Sénat, vice-présidentedela délégation sénatoriale aux col-lectivités territoriales et à la décen-tralisation.Conseillère généralede l’Aveyrondepuis 2008, elle aégalement été préfètedudéparte-ment entre1999et 2002. Elle aoccupé, en 1993, la fonctionde rap-porteure généralede la commis-siond’études sur les relationsfinancières entre l’Etat et les col-lectivités locales.– (AFP.)PHOTO: D.BUTET/SENAT

ThierryRepentinMinistredélégué à laformationprofessionnelleA49ans, ThierryRepentin, séna-teurde Savoie, est spécialistedesquestionsde logement. Il présidel’Union sociale pour l’habitat, quifédère l’ensembledes organismesd’HLM,depuis décembre2008.Diplôméde l’IEPdeGrenoble, il aété collaborateurde Louis Besson,secrétaired’Etat au logementdans le gouvernement Jospin. Il aégalementparticipéà l’élabora-tionde la loi SRU, qui imposeunquotade 20%de logementssociauxdans les communesdeplusde 3500habitants. – (AFP.)PHOTO: D. BUTET/SÉNAT

C artonpleinpour le«9-3».Enl’absence de représentantsau gouvernement, le dépar-

tement de la Seine-Saint-Denisvoit deux de ses élus accéder à laprésidence du groupe socialiste età la présidence de l’Assembléenationale.Ainsi enontdécidé, jeu-di 21 juin, les députés socialistes etapparentés réunis, en débutd’après-midi, dans la salle desfêtesde l’hôtel de Lassay.

Ils sont, pour l’heure, 291 dépu-tés–280PSet 11«diversgauche»–inscrits au groupe socialiste.M.LeRoux ne désespère pas queles 13radicauxdegauche le réintè-

grent, commecela était le cas dansla précédente législature, malgréla volonté affirmée par le prési-dent du PRG, Jean-Michel Baylet,de constituer un groupe autono-me. «Les députés radicauxde gau-che nous disent le plaisir qu’ils onteuàtravailleravecnous. Je suisévi-demmentprêtàreconduireceplai-sir», assure le nouveau «patron»desdéputés PS.

M.Le Roux a été élu «par accla-mation»àlaprésidencedugroupesocialiste. Il était le seul candidataprès le retrait annoncé, la veille,

de Philippe Martin, député duGers,quidevraitquantàluihériterde la vice-présidencedugroupe.

S’adressant à ses collègues, lenouveau président a défini saconception du rôle que devraitavoir le groupe dans une période«d’une extraordinaire gravité». Ni« simple chambre d’enregistre-ment» ni « rapport de forces »,a-t-il résumé, plaidant pour « lemeilleur équilibre entre le pouvoirexécutif et le pouvoir législatif».

Proche de François Hollande, àqui il avait fait part depuis un andesavolontédepostulerà laprési-dence du groupe, M.LeRoux n’apas pu s’empêcher de passer uncoupde«brosseàreluire»:«Lesty-le Hollande, celui de lamodestie etdu sérieux, doit être contagieux»,a-t-il expliqué à ses collègues, sus-citantquelques sourires en coin.

Il a annoncé que serait rapide-mentmise en chantier la proposi-tionde loi présentée lors de la pré-cédente législature par le groupesocialiste,etquel’anciennemajori-té avait rejetée, visant à ce que lespartispolitiquesnerespectantpasla parité aux élections législativesne soient pas seulementpénalisésfinancièrement mais «purementet simplement privés de subven-tions publiques». M.LeRoux s’estenfin engagé à «montrer l’exem-ple» en respectant la parité hom-mes-femmes dans la répartitiondes postes de responsabilitéincombantau groupe.

Premier exercice pratique : lechoixducandidatduPSpourl’élec-tionàlaprésidencede l’Assemblée

nationale qui aura lieu mardi26juin. La fonction semblait pro-mise à Ségolène Royal, avant quelesélecteursdelaCharente-Mariti-me,oùelleconcouraitpourredeve-nir députée, n’en décident autre-ment. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a tenté, en vain, deconvaincre Marylise Lebranchu,nommée ministre de la réformede l’Etat, de la décentralisation etde la fonction publique dans sonpremier gouvernement, de reve-

nirsiégeràl’Assembléeetdesepré-senter au «perchoir». Elle ne s’estpas laissé fléchir.

Place,dèslors,au«planB»,com-me Bartolone. Quatre candidatu-res avaient étédéposées,mercredisoir, à l’heure de la clôture des ins-criptions:cellesdeClaudeBartolo-ne, Jean Glavany, Elisabeth Gui-gou et, surprise, celle de DanielVaillant. Jeudimatin, lesresponsa-bles des diverses sensibilités sesontaccordés,aprèsunbreféchan-

ge, pour appeler à voter pour ledéputéde la Seine-Saint-Denis.

Le scrutin n’a guère réservé desurprise, le principal enjeu consis-tant à savoir si le favori passeraitdès le premier tour. Au dépouille-ment des 258suffrages exprimés,M.Bartolone recueille 127voix,M.Glavany en obtient 59,MmeGui-gou 50 et M.Vaillant 22. Les voixrecueillies par ce dernier suffisentà empêcher M.Glavany, entré tôten campagne pour le poste, de se

maintenir au second tour comptetenu de l’écart qui le sépare deM.Bartolone. Le député des Hau-tes-Pyrénées indique qu’il se reti-re. A l’annonce du résultat, immé-diatement transmis par tweets àl’extérieur de la salle des fêtes, lescollaborateurs de M.Bartolones’étreignent.

«Jesuisunjoueurderugby.Monéducation a fait de moi quelqu’unqui reconnaît sa défaite, expliqueM.Glavany à la sortie. Claude estun vieux copain. On tourne lapage.»Non sans un certain dépit.Il note ainsi un «paradoxe». «Il yavait quatre candidats pour le per-choir.Unseulavait votépourFran-çois Hollande à la primaire. C’estcelui qui fait lemoins de voix. Il y apeut-être quelques enseignementsàentirer», fait remarquerce fidèlede Lionel Jospin.

MmeGuigou, quant à elle, dit nerien regretter. «Claude avait prisde l’avance, convient-elle.Mais il ya une question qui se pose avec deplusenplusd’importance, c’est cel-le de la parité et de la présenced’une femme, au moins, aux plushautesresponsabilités. J’espèrequel’équilibre sera respecté la semaineprochaine.» Le groupe va en effetprocéderà ladistributiondesrôlespourlesvice-présidences,lesprési-dences de commission et les deuxpostes de questeur. Ce ne sera passimple.«Ilyaeuunpeude“surboo-king”», reconnaîtPhilippeMartin,laissant entendre qu’il y aurait euplus de promesses que de places àpourvoir.p

PatrickRoger

politique

Claude Bartolone (à gauche) et Bruno Le Roux (à droite), à Paris, jeudi 21juin. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR «LE MONDE»

M.HollandearéussiàjoindretardivementladéputéeAxelleLemairequi,à lasurprise

deMatignon,arefuséunpostedeministre

MmesBenguiguiet Conwayont

déjeunéensemble,sansquenil’une

nil’autresedoutentdelasuite

«Ilyaunequestionquiseposed’autant

plus,c’estcelledelaparité»ElisabethGuigou

députée socialiste

Lesdéputéssocialistesadoptentleur«planB»pourlaprésidencedel’AssembléeLegroupePSachoisiClaudeBartolonepourêtresoncandidat au«perchoir»etadésignéBrunoLeRouxcommechefdefile

Lesajustementstrèspolitiquesd’unmini-remaniementLegouvernementAyrault II faitplusdeplaceaux«royalistes»etauxradicauxdegauche, sansmodifier leséquilibresgouvernementaux

TroissénateursetunfidèledeSégolèneRoyal

8 0123Samedi 23 juin 2012

société

ACTUELLEMENT AU CINÉMA

“Une œuvre admirableet bouleversante”

POSITIF

“Film formidableRachel Weisz est géniale”

ELLE

“Incandescent”TÉLÉRAMA

© C o p y r i g h t M M X I D e e p B l u e S e a P r o d u c t i o n s L i m i t e d a n d U K F i l m C o u n c i l

RACHELWEISZ

TOMHIDDLESTON

SIMONRUSSELL BEALE

T E R E N C E R A T T I G A N

U n f i l m d e

T E R E N C E D A V I E S

D ’ a p r è s l a p i è c e d e

T E R E N C E D A V I E S

E tait-ce une réaction auxmots cruels de Daniel Bou-ton, l’ancienPDGde la Socié-

té générale entendu commetémoin, qui venait de le qualifier«d’épouvantable dissimulateur»mûpar le seul appât du bonus? Aceux, simples et chaleureux deJean-Raymond Lemaire, le chefd’entreprise qui l’a accueilli pen-dant quelquesmois dans sa socié-té après l’affaire?Ou le fruit d’uneopportune recommandation desonavocat,aumomentoùseclôtu-raient les débats? Toujours est-ilque pour la première fois, jeudi21 juin, Jérôme Kerviel a donnél’impressionde se lâcher unpeu.

A laprésidenteMireilleFilippiniqui luiademandés’ilavaitquelquechoseàdéclarer,l’ex-traderarépon-du: «Devant le tribunal, quand leprésident m’a posé cette question:“Mais qui êtes-vous, Jérôme Ker-viel?”, jen’aipascompris. Jesaisquecette absence de réponse m’a étédéfavorable. J’ai été éduqué dansune famille qui a des valeurs, celledu travail, pas celle de l’argent, mamère tenait un salon de coiffure.Alors, dire que ma motivation,c’était le bonus, je le prends commeune insulte.

»A la Société générale, je suisentrédansunmilieuoùl’onm’aino-culé des nouveaux codes. A force detravail,onm’aproposé le trading. Jene cherchais pas cela. Je n’avais pas

de revanche à prendre sur ceux quiont fait de meilleures écoles quemoi. La banque, c’étaitma passion.Mon objectif, c’était de ramener lemaximum d’argent pour la ban-que. Certainement qu’à unmoment, j’ai été déconnecté de laréalité.Maisjen’aipasinventélesys-tèmefrauduleux,jen’aifaitquemet-treenpratiquecequiétaitadmis.Cesystème, c’était celuide labanque.»

Onpourrait appeler cela le para-doxe de Jérôme Kerviel. Sauf àappartenir à la hiérarchie de laSociétégénéraleouàêtreactionnai-redecettebanque,chacunainstinc-tivement mille et une raisons depencher en faveur de l’ancien tra-der. Par fascination ou par simplecuriositépourle«badboy»àl’origi-ne de la plus grosse perte jamaissubieparunebanque. Par compas-sion ou par attirance pour l’hom-me jeune et plutôt bien de sa per-sonne,assis seulaubancdespréve-nus.Par intuitionqu’il est le révéla-teur de quelque chose qui ne tour-nepasvraiment ronddans lemon-

dedelafinance.Etsurtoutpardétes-tation des banques, le sentimentsans doute le mieux partagé dansl’opinion.

Le problème de Jérôme Kervielest que cette empathie originelle aune fâcheuse tendance à s’éva-nouir dès que l’on s’intéresse d’unpeuplusprèsauxélémentsdudos-sieretà la façondont il les conteste.Ce fut le cas, pendant l’instruction,avec RenaudVanRuymbeke. Entrele juge financier et l’ex-trader, lesrelations furent d’abord confian-tes,notammentparceque, contrai-rement à l’accusation, RenaudVanRuymbeke n’a pas demandé samise en détention provisoire etqu’il s’est interrogé sur une éven-tuelle responsabilité de la banquedans cette perte historique de4,9milliards d’euros. Mais, aprèsquelquesmois d’enquête, il a signéune ordonnance implacable quirenvoyait Jérôme Kerviel, seul,devant le tribunal,pouryrépondrede l’accusation de faux, usage defauxet abusdeconfiance.

Lorsque le premier procès s’estouvert, en juin2010, le tribunal amanifestéà la foisunsoucide tenirà bonne distance l’aréopage juridi-queenvahissantde la Sociétégéné-raleetunintérêtréelpourlaperson-nalité duprévenu.Mais le ton s’estdurci au fil des débats et le juge-ment qui a condamné Jérôme Ker-viel était aussi sévère dans le fond–trois ans d’emprisonnement fer-me et le remboursement des4,9milliards de préjudice – quedans la forme, l’ex-trader étantdécrit comme une personnalité«cynique» au «sang-froid perma-nent» qui a «mis en péril la ban-que»et ses 130000salariés.

Un tel échec aurait pu amener

JérômeKerviel à s’interroger sur sastratégieenappel.Aulieudequoi,ilpersiste, et enmoins bien. En rem-placement de Me Olivier Metzner,qui a jeté le gant, il a choisi l’un deces avocats qui font merveille àdéfendre leur client aux marchesdu palais, sans contradicteur,maisqui peinent à démontrer ce qu’ilsavancent à l’intérieur de la salled’audience. Ainsi est MeDavidKoubbi: la solidité et la rigueur deses arguments sont inversementproportionnelles à la passion aveclaquelle il lesénonce.

Que lecabinetdedroitpénaldesaffaires le plus réputé de Paris sesoit penché sur ce dossier avant luiaurait incité tout autre avocat à laprudence. Pas Me Koubbi. Là où ilfaudrait jour après jour creuser,même modestement, la faille dudoute, ce précieux doute qui doit

bénéficier à l’accusé, l’avocat deJérôme Kerviel tourbillonne, toni-true, promet chaque jour un nou-vel élément. Des documents, untémoin, forcément explosifs. Sur-vendus dehors, lesdits documentsou lesdits témoins se révèlent rare-ment à la hauteur des promessesdevant la cour.Mêmeladépositiontrès intéressanted’unepetitemaindela finance,PhilippeHoubé,venuexprimer sa conviction que la ban-que ne pouvait ignorer les posi-tions à risqueprises par son trader,

souffre du trop-plein de réclamequi l’aprécédée.

Tout cela est d’autant plusennuyeux pour Jérôme Kervielquelesélémentsquipèsentcontrelui sont solides. Les affirmationsde son avocat – du «tout lemondesavait» à la théorie du complotselon laquelle la perte imputée àl’ex-trader aurait en réalité servi à«dégazer»dessubprimes–butentsur les mensonges avérés de sonclient, qu’il s’agisse de l’inventiond’un donneur d’ordre ou de l’en-voi de faux mails à en-tête de laBundesbank ou de JPMorgan, enréponseaux interrogations, certestroprares,desservicesdecontrôle.

De cette défense-spectacle etsouventapproximativesurlefond,la présidente s’agace. Les remar-ques acides de Mireille Filippini àl’adressedeMeKoubbi–«Jenevou-drais pas être méchante, Maître,mais je crois que la cour montredepuis le début du procès qu’elleconnaît le dossier au moins aussibien que vous…», « ici, on ne tra-vaillepaspour lapresse»ouencore«ici, on faitdudroit»–sesontmul-tipliées ces derniers jours. LesconseilsdelaSociétégénéraleadop-tentprofilbas,quiontvitecomprisque la défense tonitruante de leuradversaire était leur meilleuratout. L’échec implicite de JérômeKervieletde sonavocatn’est-ilpas,justement,dans laplaciditéretrou-véedelaSociétégénérale,principa-le partie civile? Faire le procès dusystème est une défense légitime.Mais se révéler incapable de lemener à son terme et contribuer, àdeux ou trois escarbilles près, à lerenforcer, est peut-être l’ultimeparadoxede l’affaireKerviel. p

PascaleRobert-Diard

LaSociétégénéraleavitecompris

quecettedéfense-spectacleétaitsonmeilleuratout

Làoùilfaudraitcreuser,même

modestement, lafailledudoute,MeKoubbi,l’avocatdeKerviel,

tourbillonne, tonitrue

L’Ecolepolytechnique,victimecollatéraledel’affaire

L’ancien trader JérômeKerviel à son arrivée au palais de justice de Paris, lemercredi 6juin. MARTINBUREAU/AFP

LeparadoxeKervieloucommentl’ex-traderaéchouéàsusciterl’empathieDevant lacourd’appel, leprévenun’apasétéplusconvaincantque lorsdesonpremierprocès

A uxcôtés desmilliardsper-dusde la Société générale,de l’univers et de la langue

hermétiquesdes salles demar-ché, l’Ecolepolytechniqueestl’undes personnagesde l’affaireKerviel.Unebonnepart de la hié-rarchiede la banque, aupremierrangde laquelle son ancienprési-dent,Daniel Bouton, et des tra-dersdudeskDeltaOneoùoffi-ciait JérômeKerviel, en étaientissus.

Parcequ’il n’était titulairequed’unDESSde financesobtenuavec lamention «assez bien», onaparfois cherchédansune volon-té de «revanche» l’originedes ris-ques inconsidérésque le prévenuaurait pris pour se hisser au rangdesmeilleurs.On s’est aussidemandé si, dans la sidérationexpriméepar la hiérarchiede labanque lorsde la découvertedes

50milliardsd’euros engagés sanscontrepartiepar JérômeKervielen janvier2008, n’entrait paspourunepart le fait d’avoir ététrompésparmoins capéqu’eux.

Mais la fascination très françai-se que suscitent les polytechni-ciensn’a d’égale que celle, obscu-re et trouble, qu’exerce le specta-cle de leur chute. Ce sentimentavait accompagné la dépositiontrès attenduedeDaniel Bouton,lorsdupremierprocès. L’ancienprésidentde la Société généraleétait apparu encore affaibli parl’affairequi a entraîné sonévic-tionde la banque et aun tempsfait vaciller sonéquilibre. «A lasuite de cela, j’ai été hospitalisépendantquelque temps. Grâceàlamédecine et àma famille, jesuis sorti de cette période», avait-il confié. Daniel Boutonavaitalors ajouté, sans celer ce que cet

aveuavait de douloureuxpourlui: «Je suis dans la situationdésa-gréablede l’hommequi a essayéde comprendreet quin’a rien com-pris.»

Trajectoire briséeDevant la courd’appel de

Paris, c’est uneautre trajectoirebriséedepolytechnicienqui amarqué les débats. Lorsqu’il s’estprésentéà la barredes témoins,Eric Cordelle a décliné le parcoursprofessionnelbrillant qui avaitconduit ce spécialisted’ingénie-rie financière à exercer plusieurspostesde responsabilité au seinde la Société générale, en Franceet à l’étranger, avant d’êtrenom-méà la tête dudeskDeltaOnedans le courantde l’année 2007.«Mondernierposte a été celui demanagerde JérômeKerviel»,a-t-il dit.

Le timbrede savoix s’est voilélorsqu’il a expliquédevant lacourqu’après l’affaire, il a vaine-ment cherchédu travail pendantquatreans. «Macarrière s’est arrê-téenet. Avantn’importe quelentretiend’embauche, on tapemonnomsur Internet. Et ondit :“Ah! Cordelle, l’ancienpatrondeKerviel? Ça va être difficile de l’em-baucher…”.»

Lorsque laprésidenteMireilleFilippini l’a interrogésur sesdiplô-mes, il a simplement réponduqu’il avait fait des«étudesd’ingé-nieur».«Vousavez fait…Polytech-nique, c’est ça?»,ademandélapré-sidente. EricCordellea approuvéd’unhochementde tête.Danscet-te enceinte,dans cetteaffaire, surles épaulesdecethomme,ellesemblaitpeser lourd, à cet instant,laprestigieuseécole française. p

P.R.-D.

90123Samedi 23 juin 2012

OSP - CESSATIONS DE GARANTIE

COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33

du livre II du code du tourisme,L’ASSOCIATION

PROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DU

TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce qu’elle cesse d’accorder sagarantie à :

STAR INTERNATIONALImmatriculation : IM 075 11 0270

SARL au capital de : 8 000 €

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75010 PARISL’association précise que la ces-sation de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33

du livre II du code du tourisme,L’ASSOCIATION

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TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce qu’elle cesse d’accorder sagarantie à :

INTERCONTILicence : LI 075 03 0001

SAS au capital de : 15 000 €

Siège social : 202, avenue Jean Jaurès75019 PARIS

L’association précise que la ces-sation de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33

du livre II du code du tourisme,L’ASSOCIATION

PROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DU

TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce qu’elle cesse d’accorder sagarantie à :

FRANCE TRAVEL SQUAREImmatriculation : IM 075 10 0138

SARL au capital de : 50 000 €

Siège social : 2 rue de Berne,5 rue de Saint-Pétersbourg

75008 PARISL’association précise que la ces-sation de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33

du livre II du code du tourisme,L’ASSOCIATION

PROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DU

TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce qu’elle cesse d’accorder sagarantie à :

SUDEXPELicence : LI 013 97 0009

SARL au capital de 7 622.45 €

Siège social : ZA CastellamareLot n°13, Chemin du Desesplan

13250 SAINT - CHAMASL’association précise que la ces-sation de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33

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PROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DU

TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce qu’elle cesse d’accorder sagarantie à :

MIFLTImmatriculation : IM 013 11 0032

SAS au capital de : 7 500 €

Siège social : 184, rue de Rome13006 MARSEILLE

L’association précise que la cessa-tion de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33

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PROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DU

TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce qu’elle cesse d’accorder sagarantie à :

TERRESUDImmatriculation : IM 012 10 0018

SARL au capital de 8 000 €

Siège social : Le Moulinou12160 GRAMOND

L’association précise que la ces-sation de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

Entretien

M grDominiqueRey,59ans,est évêque du diocèse deFréjus-Toulon depuis

2000. Il y a fortement développél’accueil de petites communautésnouvelles, françaisesetétrangères.Charismatiques, traditionalistesou missionnaires, tournées versl’évangélisation explicite (por-te-à-porte, présence sur les plagesoulesboîtesdenuit), l’adorationetla prière, elles comptent souventtrèspeudemembres, à l’imagedescommunautés Points-Cœur, Fra-ternité missionnaire Jean-Paul IIou Missionnaires du Très SaintSacrement.Cette stratégie,quisus-cite des réserves de la part de cer-tains de ses confrères, lui permetd’afficherunnombrede vocationssanscommunemesureaveclaplu-part des diocèses de France, mar-qués par la pénurie et le vieillisse-ment du clergé. Dans le diocèse deMgrRey, lamoyenned’âge des 210prêtresest de seulement 54ans.

SelonlaConférencedesévêquesde France, 96 prêtres diocésainsseront ordonnés en 2012, contre106 en 2011. Dimanche 24 juin,MgrReyordonnera13prêtres,dont

7œuvreront pour son diocèse. Lesautres resteront au service de leurcommunauté ou repartiront àl’étranger. L’évêque explique seschoix et les impératifs de «nouvel-le évangélisation» – priorité duVatican–dansunesociétéoù« l’onperd la traceduchristianisme».

Votre diocèse est, avec celui deParis qui procède dimanche àdix ordinations, le seul diocèsede France à fournir autant denouveaux prêtres. Comments’explique cette situation?

Faceàunclergéquiavaitdumalàserenouveler,mesprédécesseursont cherché des vocations ailleurs.Cela semblait à certains une entre-prise risquée, mais je me suis ins-crit dans ce sillage: j’ai développélaprésencede communautésnou-velles pour enrichir et féconder leterrainlocal.Aprésent, ilyadanslediocèse une cinquantaine de cesmouvements, venus d’autres uni-vers, dont 25 formentdesprêtres.

Quelle que soit leur origine, lesfuturs prêtres reçoivent un tronccommundeformationauséminai-re diocésain, lieu fédérateur. Ilaccueille 80 séminaristes, dont

une douzaine sont originaires dudiocèse,d’autresviennentdurestede la France pour rejoindre desmouvements installés dans le Var,d’autres arrivent de l’étranger. Ilsreçoivent un accompagnementpour favoriser l’inculturation audiocèse, et cela ne se limite pas àdescoursde français! Leséminaireprenden compte leur identitépar-ticulière, leur charisme.

Aujourd’hui, les jeunes choisis-sentun séminaire commeonchoi-sit une école de commerce, parInternet; ils recherchent un par-courssignificatif.Laréférenceterri-toriale n’agit plus. Cette approchecorrespondàcequisepassedans lasociété civile, caractérisée par unfonctionnementen réseauxet unemondialisationdeséchanges.Certains de vos confrères ont vudans ces choix une politique du

chiffre, fragile pour la vie des dio-cèses.Quel bilan en tirez-vous?

Ilyatoujoursunesuspicionfaceà ce qui dérange les habitudes, cequi sort du bien-pensant. On serajugé dans vingt ou trente ans ! EnEurope, on fait face àun fort déclindes vocations religieuses. Quandonn’aplusdansundiocèsequ’unequinzaine de prêtres, dont lamoyenned’âge est de 72 ans, onnepeuttenir leterrain.Celaaccélèreledécrochage de la vie de foi. Si onveut mettre en place de nouvelleslogiques, il faut de nouvelles res-sources. J’ai pu lancer des campa-gnesd’évangélisationparcequej’aiun nombre suffisant de prêtres etde religieux mobilisés. L’installa-tion d’une communauté nouvellepeut revitaliser une paroisse, àcondition que ce ne soit pas vécucommeunparachutage.Lediocèseaffiche un certain dynamisme. Lapratique religieuse et le nombred’enfants catéchisés y connaissentune décélération moins fortequ’ailleurs. Mais on est conscientque, plus le clergé est diversifié,plus il faut travailler pour éviter lajuxtaposition de chapelles. Ici, lesvisions peuvent être différentes,mais on partage des fondamen-taux, comme la nouvelle évangéli-sation.Parailleurs,descommunau-tés, pleines de zèle mais fragiles,n’ontpasréussi leur inculturation;elles sont repartiesdans leurpays.Vousprivilégiez la «nouvelleévangélisation», en dévelop-pant notamment une présencedans des quartiersmusulmans.Comment cela se passe-t-il?

Une composante de cette nou-velle évangélisation a en effetconsisté à installer une commu-nauté de prêtres traditionalistesdans un quartier de centre-ville àmajorité musulmane. Certains decesprêtres ont reçuune formationau monde musulman. L’évangéli-sationnedoitpasêtredelaprovoca-tion,maispeutsefaireàtraversdesrencontres, en toute délicatesse.Dans ce quartier, nous organisonsdes processions, et cela se passetrès bien. Ces rencontres peuvententraînerunquestionnementpuisun itinéraire vers un baptême.Maislebutn’estpasd’ordrestatisti-que. Dans une société séculariséeoù la présence chrétienne est effa-cée, l’important est de lui donnerunevisibilité. La foin’estpas seule-mentquelquechosed’intime,c’estaussiunemanifestationcollective.L’Eglise doit être aussi un signepour ceux qui sont à l’extérieur. Ilnous faut mettre en place desoutils spécifiques en fonction despublics que l’on veut toucher: pre-mier cercle des chrétiens, «saison-niers»[del’Eglise],croyantsdupar-vis ou ceux qui sont les plus éloi-gnésducatholicisme.p

Proposrecueillis parStéphanie Le Bars

société

AffairedelaDCN:troiscadresdel’armementrenvoyésenjusticeLedossierd’espionnageimpliquantlegroupeindustrielavaitrelancél’affairedeKarachi

«Quandonn’aplusqu’unequinzainedeprêtres,dontlamoyenned’âgeestde72ans,onnepeuttenir leterrain»

En juin 2007, douze prêtres étaient ordonnés parMgr Vingt-Trois, àNotre-Dame-de-Paris. MEHDI FEDOUACH/AFP

Lastratégiedel’évêquedeFréjus-TouloncontreledéclindesvocationsdeprêtresMgrRey,quiprocéderaà 13ordinations le24juin,développe l’accueildepetitescommunautés

L es principaux protagonistesd’une affaire d’espionnageimpliquant le groupe Direc-

tion des constructions navales(DCN, aujourd’hui DCNS), unesociétéd’armementdont l’Etat estactionnaire majoritaire, viennentd’être renvoyés devant le tribunalcorrectionneldeParis.L’ordonnan-ce de renvoi a été signée le 13 juinpar la juge Patricia Simon. C’estdans le cadre de cette enquêtequ’avaient été saisis des docu-ments confidentiels qui relancè-rent les investigations sur l’atten-tat de Karachi, qui coûta la vie àonze Français, en 2002, en suggé-rantunepiste financière jusque-làignoréepar la justice.

L’enquête, ouverte enfévrier2008pour«corruptionacti-ve et passive», «abus de bienssociaux», «violation du secret del’instruction» et «violation dusecret de la défense nationale», aétabli que la DCN avait eu recours,entre2001 et 2004, aux services desociétés d’intelligence économi-que pour se procurer des pièces deprocédures judiciaires d’affairessensibles susceptibles de concer-nerlegrouped’armement.Ontain-si été découverts en perquisitiondesdocumentsrelatifsauxaffairesClearstream ou des frégates deTaïwan, mais aussi des renseigne-ments sur des magistrats, tels quele juge Renaud Van Ruymbeke oule jugePaulPerraudinenSuisse,ouencoresurl’entouragedepersonna-lités politiques, comme MichèleAlliot-Marie, alors ministre de ladéfense.Chaquedossierouperson-nalité était désigné sous un nomdecode:«Méditerranée»dissimu-laitainsiM.VanRuymbeke,quand«Lustucru»signifiaitThalesInter-national, etc. Pour obtenir cesinformations confidentielles, laDCN eut recours aux services desociétés d’intelligence économi-que dirigées par deux anciens desservices secrets : Michel Mau-chand (passé par la DGSE) et sur-tout ClaudeThévenet (ex-DST).

Comme le rappelle l’ordonnan-ce de la juge, lesmissions confiéesparlaDCN«visaientàrecueillirdesinformations,contacterdesautori-tés judiciaires proches des dossiers,obtenir des documents. Ces mis-sions nécessitaient de recourir àdes sources queM.Thévenet devaitrémunérer, de sorte qu’il avait uncompte en Suisse auprès de la ban-que Darier Hentsch». L’enquêten’ayant pu établir qui avait fourniles documents confidentielsdécouverts, les poursuites pour

violation du secret ont été aban-données, tandis que les faits de«corruption» ont été requalifiésen «trafic d’influence». C’est de cedélit dont devra répondreM.Thévenet devant le tribunal, demême que Gérard-PhilippeMénayas, commanditaire pourDCN-I (la filiale commerciale de laDCN), dont il était le directeurfinancier, des missions de rensei-gnement contestées. Ce dernierestégalementrenvoyépour«com-plicité d’abusde biens sociaux».

«Simple exécutant»Les deux hommes comparaî-

tront aux côtés de deux dirigeantsd’envergure de la DCN, renvoyéspour«abusdebiens sociaux» : Phi-lippeJapiotetAlexFabarez, respec-tivementanciensprésidentetdirec-teurgénéraldeDCN-I.Enrevanche,Jean-Marie Boivin, l’homme descommissionsoccultesau seinde laDCN, échappera au procès, la jugeluiayantaccordéunnon-lieu.Inter-rogé par Le Monde, Me Jean-MarcFedida, l’avocat de M.Thévenet,déçu pour son client, qualifié de«simpleexécutant», s’estexclamé:«Puisqu’ils veulent un procès, ilsvontenavoirunvrai!»

A titres divers, toutes ces per-sonnes sont aujourd’hui lesacteurs de l’un des principauxfeuilletonspolitico-financiers,l’af-fairedeKarachi.Parmi lesdossierssaisisà laDCN, lespoliciers tombè-renteneffetsurleclasseur«Nauti-lus», nom de code désignant l’at-tentat de Karachi. Les rapports«Nautilus», rédigés par M.Théve-net dès 2002, révélaient que l’at-tentat, longtempsimputéàAl-Qai-da, trouverait son origine dans lesdessous financiers du contratAgosta – la vente par la France auPakistan, en 1994, de trois sous-marins, construits par la DCN.Selon cette hypothèse, l’attentataurait été décidé par des intermé-diaires furieux de l’arrêt décidépar Jacques Chirac, après son élec-tionen1995,duversementdecom-missions dont il pensait qu’ellesavaient servi à financer son rival,EdouardBalladur.

C’estendécouvrant,enseptem-bre 2008, sur Mediapart, lesextraits de «Nautilus» que le jugeantiterroristeMarc Trévidic, char-géde l’enquête sur l’attentat, déci-da d’orienter son enquête vers lapiste financière, aujourd’hui trai-téepar son collèguedupôle finan-cier…RenaudVanRuymbeke.p

GérardDavet etFabrice Lhomme

AffaireWoerthVente de l’hippodromedeCompiègne:le gouvernement nommeun expert indépendantUnexpert indépendantchargéd’étudier les conditions juridiquesd’uneannulationde la ventede l’hippodromedeCompiègnedevait êtrenom-méenconseil desministres, vendredi 22juin. Leministredubudget,JérômeCahuzac, chercheà faire annuler cette cessionautoriséeenmars2010parEricWoerth, quelques jours avant sondépart deBercy.Les conditionsde la ventede l’hippodromepar l’Etatpour 2,5millionsd’eurosà la Sociétédes coursesdeCompiègne font l’objetdedeuxenquê-tes. L’unemenéepar la Courde justicede laRépubliqueet l’autrepar lepôle financierdu tribunaldegrande instancedeParis. Face à la complexi-tédudossier, leministredubudget entend s’assurer contreunéventuelrecoursqui serait déposé contreuneprocédured’annulation.

JusticeMmeTaubira veut autoriser les «class actions»Laministre de la justice, ChristianeTaubira, a annoncé, dansun entre-tien au Parisiendu 22juin, son intentiondepermettre les actionsdegroupeen France. Très populaire auEtats-Unis, ce recours collectif per-met à des consommateursde s’unir pour réclamer réparationen justicedepréjudices individuels causésdu fait dumêmeauteur – (AFP.)

Fait diversHommagenational aux gendarmes tuéesCinq jours après lemeurtre, dans l’exercicede leurmission, d’AliciaChamplon,une adjudantede 29 ans, et d’AudreyBerthaut,maréchaldes logis-chef de 35 ans, dimanche 17 juin, dans le village deCollobrières(Var), unhommagenational leur a été rendu, vendredi 22juin, àHyèresenprésenceduministrede l’intérieur,ManuelValls. – (AFP.)

10 0123Samedi 23 juin 2012

Qui veut sauver la peau du fabriQué en france ?

Nous, couturières, modélistes, stylistes, graphistes, agents des méthodes, logisticiens, commerciaux, agents administratifs,agents de production de la Maison CHACOK, signataires de cette lettre, nous battons en équipe pour conserver nos emploiset nos savoir faire en France.

Pour maintenir la compétitivité de notre entreprise, notre fabrication française et participer à la pérennité de nos emplois etdes emplois indirects du tissu industriel roannais, nous avons solidairement exprimé notre volonté d’adapter notre temps detravail au rythme de la création.

Alors que nous mêmes et notre Comité d’entreprise avons donné un avis favorable à un accord d’aménagement du temps detravail, une Commission paritaire a refusé notre projet et compromet ainsi notre avenir, notre emploi et la continuité de nosmétiers dans l’industrie textile française.

Qu’ils sont vains les discours incantatoires sur la restauration de la compétitivité française et «le fabriqué en France» quandon interdit à une entreprise de chercher les voies de sa croissance.

Sans arrière pensées politiques, par passion pour notre métier, par amour de nos créations, nous représentons ce projetle 9 juillet prochain et vous remercions pour votre soutien sur notre site :www.chacok.com, rubrique « je défends le fabriqué en france ».

Les salariés de la Maison CHACOKLes salariés de la Maison CHACOK

économie

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Enhaussele livret a – La collectenette (dépôtsmoinsretraits) a franchi, enmai, le seuil des 10mil-liardsd’euros (10,42milliards), selondes chiffrespubliés, jeudi 21 juin, par la Caissedes dépôts. Lerythmedeprogressionest supérieur, sur les cinqpremiersmois, à celui de 2011 (9,63milliards).

Enbaissepétrole – Lebaril de pétrole «light sweet cru-de», pour livraisonenaoût, a plongé jeudi21juin àNew-Yorkde 3,25dollars par rapport à laveille et terminéà sonplus-basdepuis octobre, à78,20dollars, dansun contextede demandeenrecul et d’offre toujoursplus abondante.

Q ui va s’offrir les meilleursmorceaux de Doux ? Levolailler va être vendu à ladécoupe. Le couperet

devrait tomber sur le volaillerbre-ton en redressement judiciairedepuis le 1er juin. L’information aété confirméevendredi 22juinparles administrateurs judiciaireschargésparletribunaldecommer-ce de Quimper d’accompagnerl’entreprise durant les sixmois depériode d’observation. L’asphyxiefinancière précipite le sort de l’ex-numéro un européen de lavolaille. Findepartie pourCharlesDouxquidirigedepuis1975l’entre-prise familiale crééepar sonpère?

La quête d’argent frais est uneobsession du volailler depuis plu-sieursmois. Incapabledefairefaceàl’échéancedupaiementdessalai-res à ses 3400 salariés, le groupeDoux a déposé le bilan début juin.Depuis la direction de l’entrepriseet les administrateurs judiciairescherchent désespérément dessolutions.D’autantqueles800éle-veurset les fournisseurs– dont lesfactures ont été réglées demaniè-re souvent aléatoire ces derniersmois – doivent être désormaispayés au comptant. Des rupturesd’approvisionnement ontcontraint déjà certaines usines deDouxà tourner au ralenti, les sala-riés sont inquiets. A toutmoment,la chaîne menace d’être rompueparmanqued’argent frais.

Or l’entreprise a rencontré desdifficultésaveclasociétéd’affactu-rageNatixisqui rechignait à avan-cer 10millions d’euros gagés surdes créances clients. Elle n’a pasnon plus réussi à trouver unaccord avec les banques. Les enti-tés régionales du Créditmutuel etdu Crédit agricole se disaient prê-tes à financer les éleveurs, maispas la sociétéDouxelle-même.

De plus les relations sont trèstendues avec Bercyqui suit le dos-sierdeprès. leministèredel’écono-mie a l’impression d’avoir étémené en bateau, lorsque CharlesDoux déposait le bilan à Quimper

quand ses conseils négociaient unaccord financier sous l’égide duComitéinterministérielderestruc-turation industrielle (CIRI), avecles principaux créanciers dont labanque Barclays. Depuis, leséchanges entre le gouvernementet CharlesDoux restent crispés.

Le patron de l’entreprise s’estfarouchement opposé à la solu-tion proposée par la banque Bar-clays et soutenue par les servicesd’Arnaud Montebourg, ministre,du redressement productif. Asavoir : Barclays renoncerait à sacréance de 140millions d’euros,s’engagerait à injecter 35millionsd’eurosmais exigerait en échangeledépart deCharlesDouxet la pri-se de contrôle duvolailler.

Dans l’urgence, l’entreprise apréféré chercher à céder un actif.Le choix s’est porté sur une usined’aliments valorisée 17millionsd’euros. Les administrateurs onttrouvé un repreneur mais, pourdes raisons juridiques, la cessionest compliquée à mettre enœuvre. Ils tentent de trouver unesolutionet espèrent boucler l’opé-ration lundi 25 juin et faire entrerl’argentdans les caissesdèsmardi.

Une somme qui de toute façonnesuffirapasalorsquelemontantminimalpourfairetournerl’entre-

prise est estimé à 35millions d’eu-ros. Les administrateurs ont doncdécidédelancerunprocessusd’ap-pel d’offres de cession d’autresactifs dugroupe.

Certains sites de Doux en Fran-ce sont très convoités. Nul douteque l’actuel leader européen de lavolaille, la société LDC connuepour sa marque poulets de Loué(2,8milliards d’euros de chiffred’affaires sur l’exercice 2011-2012),devrait regarder le dossier. Toutcomme la coopérative Terrena,associée entre autres àMaïsadourdans le poulet label du Sud-Ouest,ouencore le troisièmeacteur fran-çais la société Duc. Les appétits nemanquent pas autour du dossierDoux.

Les syndicatsmobilisésPour accompagner cette pério-

dederedressementjudiciaireet ceprocessus de cession, les adminis-trateurs judiciaires ont cherché àrenforcerladirectiondel’entrepri-seDoux.Grandconnaisseurdusec-teur agroalimentaire, Michel Léo-nard, ex-président du directoiredugroupe laitierLactalis, parti à laretraiteen2009,aéténommémer-credi, directeur général délégué.Unpostequ’occupait Jean-CharlesDoux depuismoins d’unmois. Le

fils de Charles Doux avait lui-même succédé à Guy Odri, sèche-ment licencié par la famille quel-ques jours avant le dépôt de bilan.

Ce processus de cession devraitsefairesous l’œilattentifdesauto-rités. Le ministre de l’agriculture,StéphaneLe Foll, s’est dit préoccu-pé du sort des éleveurs et du ris-que de déstabilisation de la filière

avicole. Les autorités régionalessont aussi très mobilisées sur cedossier. Les syndicatsCFDT etCGTdeDouxont appelé pour leur partà une mobilisation des salariés,des éleveurs et des petits fournis-seurs du groupe au siège du grou-pe à Châteaulin dans le Finistère,samedi 23juin. p

LaurenceGirard

4maiDoux cède l’exploitation deses douze usines brésiliennes àJBSFriboi, le numéro1mondialde la viande bovine.

24maiGuyOdri, directeur géné-ral du groupedepuis 2004, estdébarquéau profit de Jean-Char-lesDoux, le fils duPDG.

1er juinDoux estmis en redresse-ment judiciaire par le tribunal decommercedeQuimper.

15juinBarclays, qui détient unecréancede 140millions d’eurossurDoux, affirmequ’aucun

accord n’a pu être trouvé sur leplan de sauvetage du volailler.

19juinRéunion «de la dernièrechance» àBercy, à laquelle lafamilleDoux refuse de se rendre.

20juinMichel Léonard, ex-Lacta-lis à la retraite, est nommédirec-teur général de l’industriel bretonà la place de Jean-Charles Doux.

22juinRégis Valliot, l’administra-teur judiciaire chargé de redres-ser le numéro1 européen de lavolaille, lance le processus de ven-te à la découpe dugroupe.

LegroupeDouxvenduàladécoupeEnredressementjudiciairedepuis le 1er juin, levolaillerbretonestasphyxiéfinancièrement

Lescoursdujour ( 22/06/12 ,09h51 )

Deuxmois de tractationsqui ont échoué

Unemanifestation des salariés deDoux devant le siège duvolailler, à Châteaulin, dans le Finistère, le 11 juin. FRED TANNEAU/AFP

Euro 1euro 1,2544dollar (achat)Or Onced’or 1582dollarsPétrole LightSweetCrude 78,03dollarsTauxd’intérêt France 2,64 (àdixans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 1,62 (àdixans)

12 0123Samedi 23 juin 2012

économie

UN FILM DEBRUNO PODALYDÈS

DENISPODALYDÈS

VALÉRIELEMERCIER

ISABELLECANDELIER

UGC présente une production WHY NOT PRODUCTIONS

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NNE-

FRAN

ÇOISE

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LOT

“DRÔLE, POÉTIQUE ET TOUCHANT”PREMIERE

COLOMBE SCHNECKSamedi 15hLes liaisons heureusesAvec la chroniquede Raphaëlle Rérolle du journal

franceinter.fr

L anecdote est révélatrice. Jus-qu’à ces derniers jours, legroupe Vivendi avait prévu

d’organiserleséminaireannueldeses dirigeants en Corse. Mais levoyage a été annuléau derniermoment: la réunion, qui se tientdu vendredi 22 au dimanche24juin, aura finalement lieu… enrégion parisienne, dans un lieujalousementtenusecret.«Legrou-peaeupeurdespaparazzietpréfé-ré faire profil bas», explique unprochede la directiondeVivendi.

Qu’a-t-il donc de particulier, cetévénement purement interne quele groupe organise tous les ansdepuis 2005? «Rien», assure unporte-parole du groupedemédiaset de télécommunications fran-çais. Il est pourtant à l’agenda detous les analystes financiers et desjournalistes qui suivent Vivendi.Aucun n’est invité, mais tous fontdes plans sur la comète : des ces-sionsd’actifs vont-elles s’y décider,voire un découpage en deux dugroupe?

C’est une lettre aux actionnai-res, rédigée finmarspar Jean-RenéFourtou, président du conseil desurveillance,et Jean-BernardLévy,président du directoire, qui a misle feu aux poudres. Ils y indi-quaient qu’ils étaient prêts à envi-sager une redéfinition du périmè-tre de Vivendi. « Il y a eu une vraierupture dans le discours : avant, lemanagement indiquait qu’il sou-haitait conserver tous ses actifs»,relève Bruno Hareng, analystechezOddoSecurities.

Industriellement, il n’y a pour-tant pas d’urgence. Vivendi n’estpas auborddugouffre, commeen2002, quand Jean-Marie Messieravait dû quitter le groupe aprèsl’avoirmisenquasi-faillite.Aupre-mier trimestre 2012, l’entreprise acertes publié des résultats médio-cres mais pas alarmants: un chif-

fre d’affaires en baisse de seule-ment 1% (à 7,1milliardsd’euros) etunrésultatopérationnelen retraitde 5% (à 1,6milliardd’euros).

Bien sûr, certaines filiales souf-frent. L’opérateur SFR, qui contri-bue pour 40% au résultat opéra-tionnel de Vivendi, a mal anticipél’arrivée de Free Mobile et perdu620000clientsaupremiertrimes-tre. La croissance de Maroc Tele-com,unedeslocomotivesdugrou-pe, ralentit. Et Canal+ attend avecanxiété une décision de l’Autoritéde la concurrence sur sa fusionavec TPS (elle doit tomber le4juillet), qui pourrait entamer sadominationdumarchédelatélévi-sionpayante.

MaisVivendiconservedespépi-tes : GVT, le « Free brésilien »,acquisen2009à labarbede l’espa-gnol Telefonica. Ou l’éditeur dejeuxvidéoActivisionBlizzard, l’undes plus importants au monde,avec ses jeux cultesWorld ofWar-craftouCall of Duty.

«Faire du buzz enBourse»Que se passe-t-il, alors? «Four-

tou et ses copains du conseil de sur-veillance sont obsédés par le coursde Bourse de Vivendi et ne saventplusquoi fairepourqu’il remonte»,assure un habitué de l’avenue deFriedland,lesiègeparisiendugrou-pe. Dans le rapport annuel 2011, ilétait précisé que M.Fourtou déte-nait 786599actionsVivendi.

De fait, le titre Vivendi se traînedepuisdesmoisentre12et14euros,très loin des 140 euros atteints en2000, du temps de M.Messier.Humiliation supplémentaire, l’ac-tion est considérée par les analys-tes comme spéculative. En clair, cen’estpasunevaleurdebonpèredefamille.

Lafameusedécotedeholding(letotal vautmoins que la somme deses parties), évaluée à 32% par

Natixis, y est pour quelque chose,mais pas seulement: «Vivendi aannoncé une baisse du dividendede 1,4 à 1 euro en numéraire paraction.Pournous,cen’estplus“unehistoirequiade lavaleur”», regret-te Andrea Beneventi, de la sociétédegestionCheuvreux.

L’arrivée dans le jeu de VincentBolloréparticipe,selondesprochesdu dossier, de cette stratégie deredynamisationdu cours.M.Four-touainvitél’entrepreneurbretonàéchanger les chaînes de télévisionDirect8etDirectStarqu’ildoitven-dre à Canal+ contre une entrée aucapitaldeVivendi.Al’issuedel’opé-ration,prévuecetautomne,M.Bol-loré, habitué des «coups» finan-ciers et considéré sur les marchéscomme un investisseur avisé,devrait détenir un peu plus de 5%des actions et obtenir un siège auconseil de surveillance. Officielle-ment, Vivendi se félicite queM.Bolloré devienne un actionnai-re de référence, français. «En fait,M.Fourtou l’a fait entrer pour fairedubuzzenBourse», croit savoirunprochede ladirectiondeVivendi.

En tout cas, l’attente des analys-tes est à son comble. Selon unemajoritéd’entre eux,MM.Fourtouet Lévy ne peuvent plus esquiverles questions autour de l’avenir du

groupe. L’alternative est simple.SoitVivendiannoncequelquecho-se à brève échéance – cessiond’unefiliale, changementdedirec-tion, séparation du groupe entreles télécommunications et lesmédias –, et l’action rebondit. Soitc’estl’inaction,et«ceserait lagout-te d’eau qui fera déborder levasepour les actionnaires», selonM.Beneventi.

Du coup, la communication dugroupe s’employait ces derniersjours à calmer le jeu, ayant troppeur que lesmarchés soient déçusde ne voir rien venir immédiate-ment. «Ce n’est tout de même pasunG8, ce séminaire!», s’exaspéraitun porte-parole. Il assure qu’il n’yaurapasdecommuniquéaprèscet-te réunion, sans toutefois fermer

les portes: «Il y aura peut-être deschosesdans lesmoisqui viennent.»

M.Fourtou aurait pris la mesu-reduproblèmeetseraitprêtàbou-ger : « C’est lui qui a initié laréflexion stratégique, qui en est lemaîtredu jeu», veutcroireStépha-neBeyazian,ducourtierRaymondJames. Officiellement, il n’y a pasde dissension entre M.Fourtou etM.Lévy, mais ce dernier plaidaitencore, récemment, pour lemain-tien de la holding, défendant lessynergiesentrelesdifférentesfilia-les. « Je n’imagine pas Jean-Ber-nard Lévy céder SFR à court terme.Il considère que le secteur des télé-communications est actuellementsous-valoriséenFranceàlasuitedel’arrivée de Free», juge un autreanalyste.

Bertrand Meheut, le patron deCanal+, n’est pas sur la mêmeligne. Lui ne cache pas sa volontéde voir la chaîne cryptée prendresonindépendance,etestimequelaholding n’a plus d’intérêt. Ducoup, pour les observateurs, uneséparation des médias et des télé-communications aurait un sens :M.Meheut garderait un pôlemédia et M.Lévy conserverait lestélécommunications.

Si legroupeprenddesdécisions,ilestprobablequeceseraaprèsquela Commission européenne aurastatué sur la fusion Universal-EMI(en septembre) et que l’Autoritéfrançaise de la concurrence se seraprononcéesurCanal+.p

CécileDucourtieux etCédric Pietralunga

2010 2011 2012 2013 2014estimations

RÉSULTATS

chiffre d’affaires, en milliards (éch.de gauche)

marge opérationnelle, en % (éch. de droite)

27,5

28

28,5

20

19

18

17

29

2010 2011 2012 2013 2014estimations

en pourcentageRENDEMENTDE L’ACTION*

10,6

7,6 7,6 7,6 7,6

SFR

GVT(télécoms)

MarocTelecom

Canal+

9 %

5 %

17 %Universal MusicGroup

ActivisionBlizzard(jeux vidéo)

15 %12 %

RÉPARTITION DU CHIFFRE D’AFFAIRESDE VIVENDI, en %

42 %60

50

40

30

20

10

0

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 21 juin 2012

13,96

en eurosCOURS DE L’ACTION VIVENDI

Un cours de Bourse qui ne reflète pas les performances du groupe

SOURCES : SOCIÉTÉS ; BARCLAYS CAPITAL* dernier dividende..../cours de l’action

Remue-méningesautourdel’avenirdeVivendiAlorsque l’actionnedécollepas,ladirectiondoit revoir sastratégie

LesplansdesanalystesfinanciersLESANALYSTESqui suivent lavaleurVivendi cogitent depuisdesmois. Tous sont d’accord surunpoint: le périmètre dugroupedoit évoluer. Pas parce que celaferait sens industriellement.Non,pourque l’action remonteet queles actionnaires soientmieuxrémunérés.

Beaucoupplaidentpourunerevented’ActivisionBlizzard, l’édi-teurde jeuxvidéoaméricain (savaleurestestiméeà9milliardsd’euros)oudeGVT, l’opérateurtélé-

combrésilien,qui sont les filialesencroissance.«SiVivendivendaitGVTetutilisait l’argentpour rache-ter sespropres titres, l’actionpour-raitprogresserde65%. Si legroupevendait les60%qu’il détientdansActivision, le titregagnerait 37%»,selonOmarSheikh,duCreditSuis-se,dansunenotedemars.AndreaBeneventi, chezCheuvreux,estdumêmeavis,dansuneétudededébut juin: «GVTest l’actifqu’ilserait leplusopportundevendre,justeavantActivision.Cesactifs

seraient lesplusàmêmede trouverpreneurvite etàunbonprix.»

ChezOddoSecurities,BrunoHarengestimeque«desventesdefiliales, commeGVT,MarocTele-comouActivisionBlizzard, sontpossibles, et techniquementpastropdifficilesàorchestrer.Dans lecasdeGVT, c’est vraiqu’il s’agitd’unepépite.Unecessionpourraitfreiner lepotentielde croissancedeVivendi. L’impact sur le coursdeBoursepourraitnéanmoinsêtrepositif».Will Smith, chez Jefferies,penchepouruneventedeMarocTelecom,«ce seraitmieuxquedesedéfaired’Activision,qui estunepépite».Mais il estimeque laces-sionde l’opérateur (dont le royau-meduMarocestactionnaire) ris-qued’êtreardue.

D’autresplaidentpourunesépa-rationdesactivitésmédiaet télé-coms.«Aujourd’hui,unepartiedesactifsmédia subissentunedécotedeholding [le totalvautmoinsquela sommedesesparties] liéeauxfaiblesvalorisationsdes télécoms,et enparticulierà la situationdeSFR. Faireuneséparationpermet-traitde redonnerdupotentieldevalorisationà lapartiemédia. Si legroupenevendqu’Activision, ladécotedes télécomscontinueraitàpeser sur le restedugroupe», esti-meStéphaneBeyazian,ducourtierRaymondJames.

Dansunenotedatantd’avril, ilrelevaitque Jean-RenéFourtou,présidentduconseilde surveillan-cedeVivendi,«adéjàété impliquédansdesméga-opérationspar lepassé, ce quidonnedupoidsàunscénariode scission». p

C.Du.

130123Samedi 23 juin 2012

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3086,10 22/6 -0,90 3600,48 16/3 2922,26 1/6 9,00

ALLEMAGNE DAX Index 6282,58 22/6 -0,95 7194,33 16/3 5900,18 2/1 9,35

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5522,81 22/6 -0,78 5989,07 14/3 5229,76 1/6 9,66

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12573,57 21/6 0,00 13338,66 1/5 12035,09 4/6 11,19

Nasdaq composite 2859,09 21/6 0,00 3134,17 27/3 2627,23 4/1 15,79

JAPON Nikkei 225 8798,35 22/6 -0,29 10255,15 27/3 8238,96 4/6 13,11

LESMARCHÉSDANSLEMONDE 22/6, 9h51

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PERcours 2012 2012

VALEURSDUCAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 23,55 23,97 -1,77 20,22 27,98 18,70 1,15 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 87,91 88,75 -0,95 1,40 92,79 83,45 2,50 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 1,28 1,31 -1,91 6,30 1,97 1,08 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 24,80 25,27 -1,84 5,85 32,90 21,93 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ............... 11,88 12,09 -1,74 -15,96 17,96 10,60 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 9,98 10,19 -2,01 -0,60 13,25 8,65 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 28,86 29,21 -1,22 -4,93 39,48 24,54 1,20 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 20,14 20,32 -0,89 -10,81 23,87 18,55 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 28,04 28,59 -1,96 16,11 34,50 24,04 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 14,24 14,41 -1,18 -19,16 19,34 13,38 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 3,28 3,34 -1,65 -24,68 5,71 2,84 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 47,52 47,83 -0,65 -2,16 54,96 45,93 1,39 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 26,57 26,90 -1,25 10,00 31,69 24,02 0,38 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 16,73 16,78 -0,27 -10,98 19,71 14,80 0,58 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 73,75 74,07 -0,43 35,20 75,52 54,50 0,85 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 9,76 9,81 -0,48 -19,55 12,40 9,45 0,80 S FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 17,32 17,48 -0,92 -17,99 21,85 15,62 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 33,34 33,94 -1,75 22,75 36,96 26,07 1,00 T FR0000120537LEGRAND .......................... ◗ 25,80 26,06 -1,00 3,82 28,65 23,50 0,93 T FR0010307819L’OREAL ............................ ◗ 89,35 90,07 -0,80 10,72 94,80 79,22 2,00 T FR0000120321LVMHMOET HEN. ............ ◗ 117,45 119,60 -1,80 7,36 136,80 108,00 1,80 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 48,12 48,46 -0,69 5,36 58,22 45,31 2,10 T FR0000121261PERNODRICARD ............... ◗ 79,68 80,22 -0,67 11,19 82,25 70,50 0,77 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 7,71 7,88 -2,18 -27,05 15,18 7,18 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 112,30 114,00 -1,49 1,49 136,90 108,60 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 37,42 37,80 -0,99 5,29 43,30 35,30 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 32,17 32,67 -1,53 20,04 43,83 26,76 1,16 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 28,42 28,81 -1,35 22,47 28,98 22,75 0,37 S FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 27,38 27,73 -1,28 -7,72 37,62 25,77 1,24 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 57,50 57,90 -0,69 1,32 59,56 53,20 2,65 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 42,30 43,05 -1,74 3,99 53,47 40,17 1,70 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 17,51 17,74 -1,30 1,77 25,96 14,88 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 4,42 4,51 -2,08 -3,70 6,46 3,64 0,09 A NL0000226223TECHNIP ............................. ◗ 79,02 80,18 -1,45 8,81 89,70 68,76 1,58 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 34,48 34,84 -1,02 -12,71 42,97 33,42 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 140,50 141,45 -0,67 1,15 157,70 130,35 8,00 T FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 28,28 28,82 -1,89 -43,62 58,24 25,68 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 9,99 10,17 -1,73 18,01 13,05 7,88 0,70 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 34,58 34,67 -0,29 2,41 40,84 31,23 1,22 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 13,77 13,96 -1,40 -15,90 17,06 12,02 1,00 T FR0000127771

Vendredi 22 juin 9h51Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code

cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

FinanceChine et Brésilsignent un crédit de swapsde 30milliards de dollarsLeBrésil et la Chine signerontunaccordpourune ligne de créditréciproque (swap), a annoncé, jeu-di 21 juin, leministre des financesbrésilien,GuidoMantega. Chaquepayspourra retirer de la Banquecentralede l’autre jusqu’à 30mil-liardsde dollars (23,9milliardsd’euros) qu’ils«pourrontutiliserpour leurs réserves ou leur com-mercebilatéral», a-t-il dit. Cetaccordpréfigure le fonds com-munque le Brésil, la Russie, l’Inde,la Chine et l’AfriqueduSudveu-lentmettre enplace. – (AFP.)

AérienAir France veutsupprimer 5122 postesAlexandrede Juniac, PDGd’AirFrance, a annoncé, jeudi 21 juin,5122suppressionsdepostes d’ici àfin 2013, dont 3410dans le cadred’unplandedéparts volontaires.Air France attend900millionsd’eurosd’économies sur ses effec-

tifs dans le cadre duplanTrans-form2015, qui prévoit 2milliardsd’économies sur trois ans.

SatellitesLaChine prend7%du capital d’EutelsatLe groupe espagnolAbertis aannoncévendredi 22juin avoirvendu7%d’Eutelsat au fonds sou-verain chinoisCICpour 385mil-lionsd’euros. L’opérateur euro-

péende satellites, créé en 1977 entant qu’organisation intergouver-nementale, avait été privatisé en2001. La France en est actionnaireà 26%, via le Fonds stratégiqued’investissement.

TélévisionMotionde défiance à France 3La rédactionnationale de France 3a adopté, jeudi 21 juin, à 74%une

motiondedéfiance contreThierryThuillier, directeurde l’in-formationde France Télévisions,et demande sondépart. Les jour-nalistes craignentune «fusion-absorption»par France 2.

AgroalimentaireLes surgelés Iglointéressent deux fondsIglo, leadereuropéendusurgelé, afait l’objet, jeudi 21juin, d’uneoffreà50-50de lapartdes fondsaméri-cainBlackstoneetbritanniqueBCPartners.Leprojet, révélépar leFinancialTimeset confirméauMonde, valorise Iglo à3milliardsdedollars (2,4milliardsd’euros).

DistributionLeroyMerlinrachète un e-commerçantLa société Elbee, qui exploitenotammentDelamaison.fr – unspécialistedu e-commerce spécia-lisédans l’univers de lamaison –,vientd’être rachetéeparAdeo,qui coiffe les enseignes LeroyMer-lin, Bricoman, etc.

Marchés

Rémunérationdespatrons

ALondres,timideavancéepourlepouvoirdesactionnairesLegouvernementbritanniquevadonnerauxactionnaires lepouvoirdebloquer la rémunérationdesdirigeants. Ilsn’ontactuellementqu’unvoteconsultatif.Unprojetde loiprésentéparVinceCable,ministrede l’in-dustrie,proposeque les actionnairesdonnent leurautorisationauxsalai-resdesdirigeants tous les trois ans. Les entreprisesdevrontaussi commu-niquerunchiffreglobalpour l’ensembledes rémunérationsdechaquedirigeant, au lieude l’actuelleavalanchededonnéesqui comprenddiffé-rentsbonuset autres«incitationsde long terme».Cespropositionssontunreculpar rapport à l’objectifdugouvernement,quiprévoyaitunvoteannuelsur les salairesetque les rémunérationssoientapprouvéesàunemajoritéde75%, contre50%finalement. p EricAlbert (à Londres)

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Laviedesentreprises

Casino

N ulle réussitehumainenepeut s’édifier sansun longeffortdepatience,depru-

denceetde travail.»Cette sentenceplacardéeàSaint-Etienne,ausiègesocialdeCasino, était làbienavantque Jean-CharlesNaourines’inviteaucapitaldugroupededis-tribution.Mais finalement, elle luiva commeungant. La façondontlePDG-propriétairedeCasinoapris le contrôle, vendredi 22juin,dePãodeAçúcar, lepremierdistri-buteurbrésilien, illustre laphraseà laperfection.

En l’espacedevingt ans,M.Naouri aura faitdupetitdistri-buteurstéphanoismoribondunchampionfrançais, qui réalisedésormais les deuxtiersde sonchiffred’affairesà l’international.Toutcela sans le sou,maisavecunincontestablegéniedesmontagesfinanciersmisau serviced’unestratégie industrielleétudiéedanslesmoindresdétails.

Il a fallu treize ansetunpeumoinsde2milliardsdedollars(1,6milliardd’euros)pourquePãodeAçúcar tombedanssonescarcel-le.Cela représentebeaucoupdetemps,beaucoupd’argent,maisàl’arrivée, c’est le jackpotpourCasi-no,quidevientnumérounsurl’undesmarchés lesplusdynami-quesdumonde.

M.Naourinechoisitpas sesciblesauhasard. Il s’agit toujoursdegroupes familiaux,qui sontdemandeursde capitauxfrais, queCasinose faitunplaisird’apporter.Maiscommedanscescontratsd’as-

surance illisibles, il y a toujours cet-te clause, écriteen caractèresmicroscopiques,qui change toutlorsqu’elles’applique.Tout lemon-deabeauconnaître le truc, tôtoutard, ils se sont tous fait piéger: lafamilleDiniz, qui a fondéPãodeAçúcar, commelesGuichardchezCasino, lesBaudchezFranprix-Lea-derPriceoubien lesMoulinchezMonoprix. Le scénariose répèteàl’infini avec toujours lemêmeépi-logue: laprisedecontrôle.

Destin inéluctableducapitalis-mefamilial, lorsque l’heurede lasuccessionsonne, lorsqu’unegéné-rationfaitun fauxpas, les fortu-nes changentdemains,mais cenesontpas forcémentcellesqu’onavait imaginéesaudépart.

A63ans,M.Naouri se retrouveàsontourbâtisseurd’empireavecsesavantageset ses inconvénients.Un jour, lui aussidevra réfléchiràl’après, lorsquedeprédateur il seradevenuproieà son tour. Lemomentn’estpasencorevenu.Jean-CharlesNaouri a le tempsdese rendre indispensableàd’autresintérêts familiauxavantdesepen-cher sur les siens.Mais ce jour-là, ildisposerad’unatout irremplaça-ble: l’expérience.p

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économie

Pertes&profits | chroniquepar Stéphane Lauer

Familles, jevousaime

U ne monnaie forte, descoûtsdeproductionélevés,unmanquedecompétitivi-

té à l’étranger: les problèmes quiminent l’industrie automobilefrançaise sont aussi ceux desconstructeurs japonais. Pénaliséspar la hausse du yen, qui s’estapprécié de 38% par rapport audollar enquatre ans, et de65%parrapport à l’euro, Toyota et Nissanaccélèrent le transfert de leur pro-ductionà l’étranger.

Toyota a ainsi annoncé cettesemaine son intention de réduirepeu à peu de 400000 unités sacapacité de production au Japon,pour la ramener à 3,2millions devéhicules par an. Le numéro unnipponapromisdenepasdescen-dre sous la barre des 3millions devéhicules, afin de maintenir del’emploidans le pays.

Danslamêmelogique,soncom-patriote Nissan va fermer le moisprochain une des deux lignes deson usine de Yokosuka, près deTokyo. L’allié japonais de Renaultvaainsiabaissersacapacitédepro-ductionannuelle au Japonde 15%,à 1,15million de véhicules. C’est lapremièrefoisdepuis2001queNis-santailledanssonoutildeproduc-tion national, même si le groupeassure que la ligne pourra êtreremise en service si nécessaire.

Quatremodèles, dont la Note etla Tiida, ne seront désormais plusfabriqués au Japon. Selon le quoti-dienNikkei,unepartiedelaproduc-tion devrait être délocalisée enThaïlande.Laquestiondelacompé-titivitédeNissanseraévidemmentabordéelorsdel’assembléegénéra-le du groupe, mardi 26juin. Maisun autre sujet risque de susciter ledébat: lechangementquiseprofileà la tête du groupe. Carlos Ghosn,

qui dirigeNissandepuis douze anstout en présidant Renault, com-mencesemble-t-ilàpréparersasor-tie. Elle pourrait intervenir avant2017, année de la fin du planquinquennal Power 88 qui prévoitunemarge opérationnelle annuel-le de 8% et une part du marchémondialà 8%.

Le«Cost Killer»«Carlos Ghosn a déclaré qu’il

s’agira du dernier plan d’activité àmoyen terme dans lequel il s’impli-quera.Nousdevonsnousprépareràson possible départ dans les cinqannéesàvenir», adéclaréKojiOku-da,l’undesporte-paroledugroupe,selonl’agenceBloomberg. JointparLe Monde, M.Okuda a refusé decommenter ces propos, ajoutantqu’ilsavaient été«déformés».

Un responsable anonyme duconstructeur interrogé par Bloom-berg cite comme possibles succes-seursCarlosTavares,ancienpatrondeNissan en Amérique duNord etactuel numéro deux de Renault,ainsi que le directeur financier dugroupe français, Dominique Thor-mann.

M.Ghosn est arrivé à la tête deNissanen1999,quandRenaultenapris le contrôle.A l’époque, le grou-pe nippon affichait une dette de2600milliards de yens (25mil-liards d’euros) et ses parts dumar-ché japonais baissaient depuisvingt-septans.Surnomméle«CostKiller» pour sa capacité à réduireles coûts, M.Ghosn a licencié21000employés et fermé trois dessept usines nippones du groupe,qui a renoué avec les bénéfices en2001. Il est alors devenu très popu-lairedans l’Archipel.p

Denis Cosnard(avecPhilippeMesmer, à Tokyo)

L es stock-options ? « Ellesn’ontaucune légitimité.Doncellesn’aurontaucune légalité

etune loi viendra en terminer, saufpour les entreprises qui naissent»,avait déclaré le candidat FrançoisHollande en janvier. Le présidentn’apasencoremissamenaceàexé-cution.Mais les dirigeants d’Arke-ma ont préféré prendre lesdevants.Legroupechimiquevientde décider d’abandonner ce systè-mede rémunérationqu’il utilisaitdepuis son entrée en Bourse, en2006.

En2009,l’entrepriseyavaitdéjàrenoncépourunan.Lecoursdel’ac-tion était alors très bas, et la direc-tion ne voulait pas que les bénéfi-ciairestouchentle jackpotpareffetd’aubaine. Cette fois, l’abandon estdéfinitif.«Grâceauxstock-options,lesdirigeantset lesactionnairesontles mêmes intérêts, expliqueThierryLeHénaff, lepatrond’Arke-ma, qui a reçu l’an dernier desoptions évaluées à 745000 euros.Maisonsentqueçanepasseplus…»

Les stock-options ont connuleur âge d’or dans les années 1990.A l’époque, ce dispositif, grâceauquel certains cadres se voient

attribuer un droit d’acheter plustarddes titresàunprixd’ami fixéàl’avance, semblait parfait pourmotiver les dirigeants sans tropcoûter à l’entreprise. Mais depuisquelques années, il est devenu lesymbole des excès du capitalisme.«L’instrument a eu des effets per-vers. Un grand classique est, parexemple, une politique de prix quigonflelerésultatàcourttermemaisfait perdre des parts de marché àlong terme», explique BénédicteHautefort, associée chez EuroRSCG. Critiquées de toutes parts,les options souffrent en outre, enFrance, d’un régime fiscal moinsattractifdepuis 2011.

«Actions de performance»Arkema n’est pas le premier

grand nom français à en tirer lesconséquences. Après Danone, GDFSuez a renoncé à distribuer desstock-options en 2009, et L’Oréalcette année. Selon sonpatron Jean-Paul Agon, les options «polluent ledébat» : les rapports annuels fontapparaître à ce titre des montantsparfois considérables – les actionsgratuitesetstock-optionsreprésen-tent en moyenne deux tiers de la

rémunération des dirigeants fran-çais, selonEuroRSCG–alorsmêmeque, si l’action n’atteint pas lesniveaux espérés, les options peu-vent in finene rienvaloirdu tout.

Les actionnaires eux-mêmes sesont mis à tousser. Chez Seb, unemaison familiale jusqu’alors tran-quille, les résolutions sur les stock-options et les actions gratuites ontétérejetéespar l’assembléeen2011.Elles profitaient à un trop petitnombre de dirigeants, jugeaientcertainshéritiers. La direction a dûamendersesplanspourobtenirunfeu vert cette année. Chez Carre-four, le 18juin, l’assemblée généra-le a aussi bloqué des plans jugéstropgénéreux.

Malgrélescritiques,«unebonnepartiedes grandsgroupes continueà distribuer des options», observePierre-Henri Leroy, chez Proxin-vest. Comme le groupe de luxeLVMH, l’assureur Scor et biend’autres. «Il y a toutefois un débutde remise en cause des stock-options,auprofitdesactionsgratui-tes», note M.Leroy. Car les poidslourds de la Bourse ne renoncentpas à rétribuer leurs cadres enactions. Plutôt que les stock-

options, ils misent sur les actionsgratuites, accordées sous condi-tionsdeperformance.Cette année,13 entreprises du CAC 40 ont pré-sentédesprojetsen ce sensauvotedesactionnaires.

L’avantagedesactionsgratuites,souvent baptisées «actions de per-formance» pour ne pas donnerl’impression d’un cadeau, ne tientpas seulement à leur imagemoinsnégative. C’est aussi un systèmeplus transparent et moins aléatoi-re,danslamesureoùlegain,immé-diat, ne dépend pas de l’évolutionfutureducoursdeBourse.«Ilprofi-te généralement à un groupe pluslarge de personnes dans l’entrepri-se», souligne Caroline de La Mar-nierre,chezCapitalcom.ChezArke-ma, plus de 700 cadres vont ainsien bénéficier cette année, alorsqu’en 2011, seuls les 8membres ducomité exécutif avaient reçu desstock-options.p

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n Lire aussi «M», lemagazinedu«Monde»p. 36«Actionnaires de tous les pays,unissez-vous ! »

14 0123Samedi 23 juin 2012

décryptagesDÉBATS

ThierryBretonPrésident-directeur général d’Atos

La torture existe et elle se portetristement bien. Les témoigna-ges en provenance du mondeentier nous le rappellent tousles jours. Un pays sur deux lapratique. Il faut rappeler que la

frontière entre les pays qui pratiquent latortureet ceuxqui ne lapratiquentpas estporeuseet fragile.

Qu’il ne s’agit pas de deux campsdistri-bués pour toujours. Que cela fluctue enfonction de la vie des Etats, de leur politi-que. Les démocratiesmême ne sont pas àl’abri de ce fléau. Nous en savons quelquechose en France, nousqui l’avonspratiquémassivement lors de la guerre d’Algérie.Les Etats-Unis en savent quelque chose,eux qui ont signé sous l’administrationBush des textes autorisant la torture dansle cadrede la lutte contre le terrorisme.

Deplus en plus souvent, les victimesdela torture sont frappées d’une double pei-ne. Elles ont d’abord souffert dans leurchairet leuresprit.Ellesontensuitedûfuir,abandonnant leurs proches, leurs biens,leur pays, et, une fois arrivées dans le paysd’accueil, elles sont trop souvent condam-nées à l’errance, à la précarité, à une autreforme de peur. Elles sont invisibles parcequ’à la marge. Elles arrivent ainsi dansnotrepaysfracturéesparlavie,etellessontmises en difficulté par les barrières admi-nistratives, économiques, linguistiques.Leurhistoiremêmeestmiseendoute.Ilestd’autantplusdifficilede lesaider: lapréca-rité du réfugié rend impossible l’aide aumalade.Commentsoignersoninsomniesiparailleurs il dortdans la rue?

L’actedetortureporteatteinteàl’huma-nitédutorturémaisaussiàcelledutortion-naire. Chez les survivants, les blessures ducorps sont lentes à guérir ; les atteintes àl’esprit risquent de ne jamais disparaître,provoquant,plustard,desréactionspatho-logiques. Les enfants des torturés, qui ontsouvent assisté aux violences, sont aussimarquésàvie.Lessoinsaccordésnesuppri-ment pas le traumatisme, ils aident seule-ment les victimesàvivreavec lui.

LalectureduLivreblancSoignerlesvicti-mes de la torture exilées en France publiéparleCentrePrimo-Levinousfaitosciller,àchaque page, entre deux réalités. Entre lepireetlemeilleur.D’uncôtélaviolenceins-crite dans la chair et l’esprit, l’humiliation,lapeur,toutcequiconstitueunemortinté-rieure, niant l’individu, sa liberté, son inté-

grité, sa vie. De l’autre, l’acte de recueillirl’êtresouffrant.L’aider.Pansersesplaiesenle soignant, en l’écoutant. Il faut être obsti-né et courageux pour soigner, car celaprend du temps, plus de temps qu’il n’enfaut pour détruire. Cela demande égale-mentdesmoyensetunevolontépolitique.

Les centres spécialisés dans le soin auxvictimesde torture sont confrontés à cetteréalité. Face aux lacunes existantesdans ledispositif d’accueil, ils proposent des amé-liorations.Resteunequestionfondamenta-le qu’il ne faut pas esquiver. En quoi celanous concerne-t-il? Il faut avoir le couragedeposercettequestion.Lapopulationfran-çaise n’a-t-elle pas déjà assez de soucis,entre chômage, appauvrissement, incerti-tudessurl’avenir?Aunomdequoiest-ildenotre devoir d’accueillir ces hommes, cesfemmes, ces enfants venus du mondeentier, et de les soigner?

La réponse est double. Habitués au dis-cours des droits de l’homme, nousoublions souvent leur corollaire, lesdevoirshumains,entêtedesquels figure ledevoir d’assistance. Ce devoir-là traverseles frontières. Telle est la leçon de l’huma-nisme laïquemais aussi celle de toutes lesgrandes religions du passé. En mêmetemps, agir contre la torture estdansnotre

propreintérêt.UnEtatquiresteindifférentàladétressedestorturésetcherchesurtoutà s’en débarrasser n’hésitera pas demain,sous prétexte que la situation est excep-tionnelle, à prendre cette pratique à soncompte. Chacun de nous peut alors deve-nir laprochainevictimede la torture.

Il existe dans nos villes, dans nos rues,une population d’«invisibles», estimée à125000personnes, hommes, femmes etenfantsconfondus,quiontétébriséspar laviolence. Notre devoir, c’est de les rendrevisibles,nonpaspourlesbrandiretlesfigerdans cette identité de victime, mais aucontrairepour les aider à s’en affranchir età vivre après. Pourtant, le regard porté sureux,nécessaire,nesuffitpas. Ilfautquesoitenmême temps amendée et complétée laréglementation concernant ces réfugiés.Que soientmieux formés les intervenantsdanscedomaine, travailleurssociaux,psy-chologues,médecins, sensibilisés ainsi à laspécificitédecette souffrance.

Qu’en dépit des difficultés économi-ques actuelles, les pouvoirs publics pren-nent acte par le soutien financier de l’im-portancedelamissionexercéeparlesasso-ciations qui assument les soins prodigués.Aider ainsi les victimes de la torture, c’estaidernotrepropre sociétéàmieuxvivre. p

Plongeant ses racines dans l’ère pompido-lienne, notre industrie des télécoms estdevenue unmoteur économique de pre-mier plan, avec des opérateurs représen-tant environ 1,5% du PIB, près de 2% desinvestissementsdes entreprises et de très

importantes recettes fiscales et sociales.Malgré ses réussites technologiques, des prix par-

milesplusbasenEurope,unrayonnementinternatio-nal remarquable, onvoudraitmettreun termeà cettemagnifiquehistoireindustrielledeprèsd’undemi-siè-cle de succès français et européens qu’on ne s’y pren-draitpasautrement.Notreindustriedestélécomsbrû-leetnous regardonsailleurs.Ace jour, l’entréedeFreesur le marché de la téléphonie mobile a amplementbénéficié au consommateur, par une baisse de prixdrastique. Qui s’en plaindrait?Mais un effet de courttermesurlesprixpeut-il,à luiseul, justifierl’irruptiond’unquatrièmeopérateur? Sûrementpas.

Entermesd’emplois,préoccupationcentrales’il enest, selonde nombreuses études, l’impact du quatriè-me entrant représenterait un risque de 50000à70000destructions de postes dans les deux ans. Unimpactqueleprésidentdel’Autoritéderégulationdescommunications électroniques et des postes (Arcep)évalue, lui, à «seulement» 10000pertes d’emplois…Envérité, il s’agit deprendreencompte lespertesnet-tes générées chez les opérateurs, distributeurs, four-nisseurs et partenaires indirects. (Orange Francecompteenviron80000salariés,SFRetBouyguesTele-com environ 10000 salariés chacun.) Dès lors, com-ment célébrerdes effets schumpétériensde«destruc-tion créatrice» profitant essentiellement à un acteurde4000employés, si véloce et imaginatif soit-il?

Depuisdébut 2009, et avec l’attributionde la qua-trième licence, la valeur créée pour les actionnairesde Free (2,1milliards d’euros de chiffre d’affaires,251millions d’euros de résultat net) s’est accrue de68%. Sa capitalisation boursière dépasse mainte-nant celle du groupe Bouygues, leader mondial duBTP, leadereuropéendelatélévisiongratuite, troisiè-me opérateur mobile (134000salariés, 32milliardsd’euros de chiffre d’affaires et un résultat net de1,070milliard d’euros).

Parallèlement, la valeur de France Télécom a étédivisée par deux, soit une perte sèche de 7milliardsd’euros pour le patrimoine de l’Etat actionnaire, pen-dant que s’envolait au-delà des 4milliards d’eurosceluide l’actionnairemajoritairede Free.

Au-delà de l’effet patrimonial, l’affaiblissement delavaleuretde laprofitabilitédesopérateursqui inves-tissentdans leurspropres réseauxet infrastructuresapotentiellement deuxtypes de conséquences. D’unepart, il vulnérabiliselesacteursfrançaisdans laconso-lidationmondiale en cours.D’autrepart, il réduit leurcapacitéd’endettementet d’investissementdansunepériode où ils vont devoir faire face à des mutationsd’infrastructuresconsidérables.

Car l’arrivée d’un quatrième opérateur survient àunmomentinéditoùémergentdefaçonconcomitan-te troiscycles d’investissement cruciaux : la fibrepour les réseaux fixes, la nouvelle génération «4G»pourlemobile, les infrastructuresmassivesdestocka-geetdegestiondesdonnéesdesutilisateursetclients,

avecle«cloudcomputing».EnFrance,3milliardsd’eu-ros seront nécessaires chaque année pour déployer la4G.Etde20à30milliardsd’eurossur ladécenniepourla fibre optique. Comment y pourvoir si les margesfondent rapidement?

Unespiraledestructriceestà l’œuvreetnousavonsl’œil rivé sur les baisses de prix et la frénésie des nou-velles offres. Nous nemesurons ni les symptômes nileseffetsdutsunami.Pourmapart,jamaisjeneblâme-rai un entrepreneur ingénieux, qui a su faire preuved’une réactivité peu commune et tirer profit, dans lerespectdeslois,detouteslesopportunitésoffertesparle régulateur des télécoms, l’Arcep: baisse du prix dudégroupage de la ligne téléphonique, licence mobiletrois foismoins chèreque celledes concurrents, régu-lation asymétrique sur les prix des communicationsmobiles avec bénéfice de l’usage immédiat de la cou-verturedu réseauglobald’autrui, etc.

Mais j’entendsaussibienledésarroidesopérateursqui ont investi des dizaines demilliards pour faire denotre secteur des télécoms ce qu’il est, au bénéfice detous, y compris du nouvel entrant. La régulation desdernières années, c’est évident, plonge les entrepriseset leursdizainesdemilliersde collaborateursdansunabîmed’incertitude.

Je ne jetterai pas non plus la pierre au seul régula-teurquin’afaitqu’appliquerunedoctrinedontiln’estpas l’auteur. Il demeurequ’enépousantl’airdutempsde la «dérégulation» européenne, voire en l’ampli-fiantalorsmêmequelacrisedesdettessouverainesvaavoirunimpactdurablesur lechampdecontraintedetous acteurs du secteur dont il a la charge, le régula-teur a continué à privilégier consumérisme à touscrins, concurrence échevelée et baisse des prix… unpeucommesinousétionsretournésvingtansenarriè-re, avecnonpasun,mais trois opérateurshistoriquessurunmarchéalors en croissanceet enexpansion!

Surtout, il s’estdefactoéloignéd’undesvoletsde lamissionqueluiavaitconfiéelelégislateur.Celui-cil’in-vitait en effet à rester attentif à toutes, je dis bien tou-tes, les parties prenantes en veillant notamment «audéveloppementde l’emploi». Onvoit ce qu’il enest.

Puisqu’un parti pris aussi lourd de sens pour lanation n’a pas pu être décidé sans études d’impactpréalables, il est urgent de les rendre publiques,d’en évaluer le bien-fondé et, s’il est encore temps,d’en corriger les effets destructeurs. Loin de négli-ger les bienfaits d’une saine concurrence, il fautredonner du sens collectif à la régulation, infléchiraunomde l’intérêt général les excès individualistesportés par le consumérisme. Privilégier le « lowcost»dans ladécenniequivientnesaurait tenir lieude politique industrielle !

Dès ses débuts, le gouvernement a manifesté unréel intérêtpour lenumériqueengénéralet lesortdesopérateursenparticulier. L’occasionlui estdonnéederelancerunsecteurd’avenirà lapeine,enconcentrantseseffortssurlarefondationdelarégulationsectoriel-le. Ilesturgentdeserecentrersurlesmissionscardina-lesde l’emploiet de l’investissement;de favoriserdesniveauxdeprixencohérenceaveclavaleurdesinfras-tructures; de simplifier les organesde régulation, parexempleparune fusionde l’ArcepetduConseil supé-rieurde l’audiovisuel (CSA). p

La crise de l’euro traîne en lon-gueur depuis plus de deuxansetempoisonnel’activitéécono-miquede l’Union européenne.

Pour être précis, ce n’est pasune crise monétaire, car l’euro

est une monnaie dont aucun usager necherche à se défaire, et qui est bien géréepar la Banque centrale européenne (BCE).

C’est une crise liée à l’évolution spécu-lativedusystèmebancaire libéréde touteréglementation sous la pression de l’ad-ministration de Bill Clinton et de RobertRubin, secrétaire au Trésor américain de1995à1999,etaggravéeparlagestionbud-gétaire irresponsable de plusieurs Etatsde la zone euro, qui se croyaient protégéspar la nouvellemonnaie.

L’agitation désordonnée et quotidien-ne des intervenants, dont la plupart

appartiennent aux lobbies anti-euro etquisontassoiffésdesprofitsque leurpro-curerait la dislocation de la zone euro,trouble les esprits et rend difficile leretour à une situation apaisée. A peine lacrise bancaire espagnole est-elle traitéequ’on se tourne aussitôt vers l’endette-ment italien!

Face à cette offensive, la défense a dumalàse faireentendre,et sonsilences’ex-plique par une lacune évidente : la zoneeuro ne dispose d’aucune organisationqui puisse la défendre, et coordonner lesréactions de ses membres. Il est extrava-gant de constater que la deuxièmemon-naiedelaplanètenedisposed’aucuneins-tancepermanentepourcoordonnerl’acti-vité économique et les prises de positiondes Etats qui l’utilisent!

Certes, il existe bien l’Eurogroupe, pré-sidé avec conviction et talent par leLuxembourgeois Jean-Claude Juncker,mais ilne s’agitquede la réunionpériodi-que des ministres des finances. Chacunsaitqueceux-cinesiègentpasausommetde leurs Etats où les décisions majeuressont prises par les présidents et les pre-miersministres.

Les institutions européennes de

Bruxelles, en particulier la Commission,non réformée depuis le grand élargisse-ment, cherchent à s’insérer dans le dispo-sitif, mais elles ne peuvent que compli-quer le jeu, car un tiers de leursmembresn’utilisent pas l’euro, et une minoritéinfluente s’oppose à tout nouveau pro-grès de l’intégration européenne.

Il devient alors impossible de leurconfier le soin de gérer les problèmes del’euro. En revanche, elles conservent tou-tes les compétences nonmonétaires queleurattribuent les traitésdeMaastrichtetde Lisbonne.

Ainsi le paysage est clair. C’est auxEtats de la zone euro, et à eux seuls, qu’ilappartient de se doter des instrumentsleurpermettantdecoordonnerleurspoli-tiquesbudgétaires,etdemettreprogressi-

vement en place le volet économiquesymétriquedu voletmonétaire.

Ils n’ont besoin que de quelques outilsdont ils peuvent décider eux-mêmes lamise en œuvre, et qui sont indispensa-bles. J’en vois trois :

1.Uneréunionrégulière,à jourfixe,deschefs d’Etat ou de gouvernement de lazoneeuropourun «conseil de l’Euro». Lerythme mensuel paraît approprié. Cetteréunion fixera la règle concernant sa pré-sidence. Elle ne nécessite aucun traité .

2.La désignation d’un secrétaire géné-ralde la zoneeuro.A l’imagedecequ’aétéRobert Marjolin au temps de l’Organisa-tioneuropéennedecoopérationéconomi-que(OECE),unegrandestaturepersonnel-le, un bon diplomate, connaissant bienl’économie: il s’agiraitd’unhautfonction-naire entouré d’une équipe réduite quiprendraitnotedesdécisions, suivrait leurapplication, et en rendrait compte auxchefs de gouvernement. La décision de lemettre en place peut être prise par leschefs de gouvernementde la zone euro.

3. La surveillance des engagementspris en matière de finances publiquesserait exercée au niveau de ce «conseilde l’euro» où siégeraient à la fois les

créanciers et les éventuels débiteurs,autrement dit les payeurs et les deman-deurs, ce qui assurerait une contrainteplus efficace que le recours à un systèmeadministratif.

Un accord entre les Etats de la zoneeuro, reprenant certaines des proposi-tions du Parlement européen, organise-rait cette surveillance. Il devrait être rati-fié par les Parlements nationaux.

La zone euro est encore orpheline, cequi explique son désarroi. Que ses diri-geants appliquent leur volonté politi-que en la dotant rapidement de la struc-ture institutionnelle qui lui fait cruelle-ment défaut !

On assisterait, alors, au retour d’uneplus grande modération des marchés.Ce serait le signal de la fin de la crise del’euro. p

«Uneffetdecourttermesurlesprixpeut-il,àluiseul, justifierl’irruptiond’unquatrièmeopérateur?»

¶Thierry Breton

a été PDGde France

Télécom de 2002à 2005 et ministrede l’économie,des finances etde l’industriede 2005 à 2007

¶Valéry Giscard d’Estaing a étéprésident de la Convention

européenne

«Chezlessurvivants,lesblessuresducorpssontlentesàguérir ;lesatteintesàl’espritrisquentdenejamais

disparaître»

CollectifMiguel Benasayag, Laurent Gaudé,

Louis Joinet, Olivier Le CourGrandmaison, Rithy Panh,

Serge Portelli, Nicole Questiaux,Catherine Teitgen-Colly,

Tzvetan Todorov, AnnetteWieviorkasontmembres du Comité de soutien

du Centre Primo Levi

Soignerlesancienstorturésestundevoirhumain

«Apeinelacrisebancaireespagnoleest-elletraitéequ’onsetourneaussitôtversl’endettementitalien»

ValéryGiscardd’Estaing

Ancien président de la République

Freemenacel’innovationdanslestélécomsNonàunepolitiqueindustrielleaurabais

Il fautcréeruneorganisationdecoordinationdelazoneeuro,etvite!

150123Samedi 23 juin 2012

A quelques jours du conseil européen des28 et 29 juin, les débats franco-alle-mands tournent au dialogue de sourds.

LesFrançaisveulentrenforcerl’unionéconomi-que, lesAllemandsveulentunaccordpréalablesur l’unionpolitique.Personnenesemblecom-prendre ceque l’autreveut dire. LesAllemandsentendent les propositions françaises commeune nouvelle édition du slogan «L’Allemagnepaiera», qui avait rythmé la vie politique fran-çaise après la première guerre mondiale. LesFrançais interprètent l’intégration politique àl’allemande comme un droit de regard et d’in-gérence sur leur systèmedeprotection sociale.

Cette difficulté à se comprendre est en faitle symptôme du problème à résoudre. L’euroesthors sol, lamonnaied’uneunionmal iden-tifiée. Il souffre, selon le raisonnementconstamment rappelé par les économistesaméricains, de ne pas être adossé à un Etatfédéral.AuxEtats-Unis,unEtat frappéparunerécession paie mécaniquement moins d’im-pôtsà l’Etat central, sansquecelaaitd’influen-ce sur les dépenses fédérales dont il bénéficie.Ce mécanisme crée un coussin automatiqueimportant, permettant de compenser entre30% à 40% du coût de la récession.

A l’inverse, la crise actuelle paralyse lesEtats européens, qui ne peuvent avoir recoursà un niveau supérieur de responsabilité pourenamortir le poids. Et comme,par ailleurs, unchômeurgrecouespagnolnepeutpasaller enBavièrepour trouver un emploi, les frontièresnationales deviennent de facto des prisonspour les pays en difficulté.

La crise bancaire est un exemple essentieldesproblèmesposés.Lorsque l’Etatcalifornienestencrise, lesdéposantsdelabanquenationa-leWellsFargo ne sont pasmenacés, car ils sontprotégés par des garanties fédérales inséca-bles. Beaucoup réclament aujourd’hui uneunion bancaire européenne, faisant remonterauniveaufédéral ladoubletâchedesuperviseret de recapitaliser les banques endifficulté.

Mais le bât blesse deux fois. D’abord, onn’achète pas une police d’assurance après que

l’incendieaeulieu, lorsquelevoiledel’ignoran-ce a été levé sur les bénéficiaires du dispositif.Vue d’Allemagne, la proposition d’une unionbancaire revient à demander aux contribua-bles allemands de recapitaliser les banquesespagnoles. Ensuite – c’est l’obstacle le plusimportant–, onne sait pas ce qu’est le «niveaufédéral» au niveau de la zone euro. La Courconstitutionnelle de Karlsruhe interdit dedéposséderleBundestagdesonpouvoirbudgé-taire en faveur d’institutions non «démocrati-ques». Quel est le sensprécis de la notion?

Si l’onseréfèreauxrécentesdécisionsdecet-te Cour constitutionnelle, est considérée com-me démocratique une instance élue selon leprincipe qu’une voix a un poids égal à uneautre. Le Parlement européen, selon cette défi-nition,ne l’est pas, car les élus le sont selondescirconscriptions nationales qui ne respectentpas l’équivalence entre démographie et repré-sentation.Deplus, leParlementeuropéenn’estpasconsacréà la zoneeuro,maisà l’Europedes27.Bref, il n’existepasune instancedecontrôledémocratiquequipourraitencadrer lepouvoiraccordé à un organisme chargé, par exemple,de recapitaliser unebanque endifficulté.

L’immensité de la tâche semble découra-geante. Aucun de ces problèmes n’est pour-

tant insurmontable. Pour rester dans l’exem-ple de l’union bancaire, on peut tout d’abords’entendre sur le fait qu’elle verra le jour unefois que les banques nationales auront étéconvenablement recapitalisées. Cela règle lepremierproblème, celui duvoile de l’ignoran-ce: on fait leménaged’abord, puis onpasse auniveau fédéral, pour redonnerde la cohérencesystémiqueauprojeteuropéen.Concernant lecontrôle démocratique, il faut disposer d’uneinstance propre à la zone euro. Les Allemandsréfléchissent à unenouvelle Chambre, consti-tuée de parlementairesnationaux.

Ilestégalementpossibled’imaginerd’autresformules.Leseurodéputésdelazoneeuropour-raient ainsi être élus au scrutin de listes trans-nationales, tandis que les autres pays choisi-raientleursreprésentantsselonlescirconscrip-tions nationales habituelles. Un parlement delazoneeuropourraitalors se réunirautantquenécessaire, pour désigner les commissionsconsacrées aux sujets concernant la zone etvotersurceux-ci.Leprocessusseralongetcom-plexe. Il ne suffira pas de trouver un accordavec l’Allemagnesurunnouveaucadre institu-tionnel, il faudra aussi trouver un compromissur les principes constitutionnels fondateursqui orienteront les politiques communes.

A-t-on le luxe de s’engager dans cette nou-velle démarche, à l’heure où la crise exige deprendredesdécisions rapides? Ellene se subs-tituera évidemment pas aux décisions decourt terme qui devront être prises, concer-nant ladette et la conduitede lapolitiquebud-gétaire. Mais l’annonce qu’une démarcheambitieuse a été engagée, avec un calendrierprécis,auraituneffetconsidérable.Car lepara-doxe des marchés financiers est qu’ils peu-vent partir en vrille lorsqu’ils sont laissés àeux-mêmes, mais qu’ils sont aussi parfaite-ment capables d’anticiper sur un calendrierlointain, pourvuqu’il soit crédible. Il est enco-re possible de sortir de la crise par le haut, sil’onmontre qu’on en a compris la cause.p

[email protected]

J usqu’où iront-ils? Jusqu’àquelpointoseront- ils exercer leurdroitd’inventaire? Les rescapés

de ladéfaitehésitent. Ils tournentautourdupot, invoquentungrosmalaisesur«lesvaleurs», s’enprennentà la lâche règledu«ni-ni»qu’ils avaientcollectivementédictéepour tenterde sauver lesmeubles. Ils réclamentuneclarifi-cation faceauFrontnational, s’enprennentàceuxqui, commeNadi-neMorano,ontvainement tentédesauver leur siègededéputéenreconnaissant«beaucoupdetalent»àMarineLePen.

Maisdansce jeudequilles,quiestungrandclassiquedes lende-mainsdedéfaite, ils évitentdes’enprendreau totem:NicolasSarko-zy, l’hommequi les avait faitgagneren2007etqui lesaconduitscinqansplustardà ladou-bledéfaiteprésidentielleet législa-tive.C’estqu’au fond ilsne sontpas trèsà l’aise aveceux-mêmes,touscesélusUMPde tendancechiraquienne, radicaleoucentris-te, qui enavaientgrossur le cœurlorsqueM.Sarkozyflirtait dange-reusementavec lesvaleursduFN,maisn’ont jamaisosé fairedissi-dence.Aucontraire.Pasde claqua-gedeportes lorsqu’en2007aétécréé leministèrede l’immigrationetde l’identiténationale,quiannonçaitpourtant la couleur. Pasdedémissionspectaculaire lors-que, en juillet2010, lediscoursdeGrenobleouvrait la chasseauxRoms.Lesplus témérairesontoséquelquesmots. Les autresont ren-tré la têtedans lesépaulesenatten-

dantqueçapasse. Et, pendant l’en-tre-deux-toursde laprésidentiel-le, quandunesortedeparoxysmeaétéatteintdans la lignedroitièreduconseillerPatrickBuisson, ilsétaientencoreauxabonnésabsents:ne rien fairequicompro-mette l’impossiblevictoire.

Ouvrir ledroitd’inventaire, ceserait instruire leurpropreprocès,s’interrogersur leurpropre faibles-sedanscequinquennatde ferqu’a

été celuideM.Sarkozy.Subjuguéspar la renaissanceen formederup-turequ’il leuravaitofferteen2007, ils se sont laissébriderparunhommequi les surpassaitentermesd’énergie,d’envieetde for-cedeconviction.S’il avait gagné le6mai, ils auraientsûrement toutgobé.C’est celaqui rend l’exercicepost-défaitesidélicat: aucunnepeutproclamer la rupture, car toussontcomplicesàdesdegrésdivers.Obligésdecomposeravec lepassépour tenterde construire l’avenir.Avec lamenacede recevoiruncoupdegriffesmortelduvaincu,qui, bienque retiréde laviepoliti-que,neperdpasunemiettedecequi sepasseà l’UMP.p

[email protected]

AnalyseDaniel CohenEditorialiste associé

Aucunnepeutproclamerlarupture,

cartoussontcomplices

àdesdegrésdivers

C euxqui pleurent la mort deThierry Roland préfèrent sansdoute le jeu de jambes des Bleus

aux seins des Femen. Pourtant, les fémi-nistes ukrainiennes ontmarqué despoints pendant l’Euro 2012. Après avoirpointé le bout de leurs seins contrel’Eglise catholique interdisant l’avorte-ment en Pologne et contre la burqa àParis (une vidéo vue 500000fois surInternet), elles visaient un nouvelexploit. Dénoncer l’explosion de la pros-titution enmarge de la grand-messe dufootball européen. Toujours grâce à cemode d’action, apparemment sexymais hautement subversif, où le corps-objet des femmes devient un outil pourattirer l’attention contre la dominationmasculine.

Il faut les voir passer à l’action auxabords du stade le jour de l’inaugura-tion en Pologne. Semi-nues et tatouéesd’un: «Fuck Euro», en train d’aspergerles supporteurs de foot avec des extinc-teurs. Image renversante de femmesblondes prenant le dessus sur unmodephallique. Un autre jour, elles ont tentéde dérober la coupe – autant dire le phal-lus lui-même – de l’Euro 2012. Une telleaudace ne pouvait rester impunie. Lesvoilà embarquéesmanumilitari par lapolice polonaise. Safia Lebdi, cofondatri-ce des associations Ni putes ni soumiseset Insoumises participait à l’action. Elleen a encoremal aux côtes.Mais c’estdans la ville ukrainienne de Donetsk, enmarge dumatch France-Ukraine, queles choses se sont vraiment gâtées.

La région est dirigée par lemilliardai-re Rinat Akhmetov, douteux soutien dupremierministre. A leur arrivée, lestroismilitantes des Femen se sentent

suivies. Des gros bras, visiblement auxordres, les emmènent au commissariatpuis les kidnappent littéralement. Ellessont retenues neuf heures dans unemorgue, et frappées pour les dissuaderde recommencer. C’est que la rébellioncoûte cher en Ukraine. Véritables oppo-santes politiques, les Femen sont régu-lièrement arrêtées, intimidées, et ris-quentmême la prison à cause de plu-sieurs procès. Pour «outrage public» et«hooliganisme». Le régime a le sens del’ironie,mais pas de l’humour. Connais-sant la dureté des campagnes orches-trées contre l’ancienne premierminis-tre Ioulia Timochenko, rien ne leur seraépargné. A commencer par l’accusationde «salir» et de «stigmatiser» leur paysd’origine, décidément utilisée pour fai-re taire les femmes rebelles. A l’Est ouen banlieue parisienne.

D’autres rebelles sont attendues àParis ce week-end. Elles viennent d’Afri-que du Sud et de ses townships et ontété violées parce que lesbiennes. Par deshommes qui voulaient leur apprendre à«être de vraies femmes». Certaines ensontmortes. ZaneleMuholi, photogra-phe etmilitante, défend leur voix etleurs visages à travers ses portraits. Ellea également décidé de fonder un club defoot, où des lesbiennes venant des quar-tiers populaires du Durban jouentensemble contre ces crimes. Plusieursassociations les ont invitées à en parlerdans le cadre de l’opération «Foot forLove» et d’une série d’événementsdédiés à la lutte contre le racisme, lesexisme et l’homophobie dans l’universdu ballon rond. Les commentateurssportifs sont prévenus. Il existe unmon-de où un autre football est possible.p

LesFrançaisveulentrenforcerl’unionéconomique,lesAllemandsveulentunaccordpréalablesur

l’unionpolitique.Personnenesemblecomprendrecequel’autreveutdire

Sans détour | chroniquepar Caroline Fourest

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Politique | chroniquepar Françoise Fressoz

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Paris-Berlin: ledialoguedesourds?

¶Essayiste etjournaliste,

rédactrice en chefde la revue«ProChoix»,

elle est l’auteurenotamment de«La DernièreUtopie»

(Grasset, 2009)et de « Libres

de le dire», avecTaslima Nasreen(Flammarion,

2010)

Police Lanominationd’une fem-meà la têted’unedirectiondépar-tementalede la sécuritépublique

remonteau 11septembre1995,dans l’Yonne, etnonà2011, com-meindiquéparerreurdans l’arti-

cle«Dans la fonctionpublique,beaucoupde femmes…sauf chezlespoliciers» (LeMondedu7juin).

16 0123Samedi 23 juin 2012

LeFrontnational fait sonretourS’ilyaunechosequivousafaitréagirsurlesréseauxsociaux,commesurLemonde.fr,dimanchedernier, à l’annoncedes résultatsdes législatives,c’estbien ledevenirduFrontnationalà l’Assemblée.Voscommentairessur l’échecdeMarineLePenàHénin-Beaumontet les succèsdeMarionMaréchal-LePenetdeGilbertCollardontétéplusquepassionnés.

Le cloude cette soiréedu 17 juin fut l’annoncede la défaite deMarineLePen àune centainede voixprès. Au grandplaisir de Tan, sur notrepage Facebook: «#radiolondres [ndlr : le hashtagdes diffusionsdes esti-mationsavant 20heures sur Twitter] s’est trompé!»Maisune réactionaprévalu, un «Ouf!»de soulagement.Ouencore: «et toc», «ohmercimonDieu», «bravoà tous les démocrates».

Certains,plus rares, commeSyger, sedésolentdu résultatde la respon-sableduFN, commedeceuxduparti :«Jen’adhèreabsolumentpasauxidéesni auprogrammeduFN,mais je trouve çahonteuxqu’unpartiayant fait 17,9% [aupremier tourde laprésidentielle]n’obtiennequedeuxdéputés.» Flavien,de soncôté, s’en réjouit: «La raison finit toujourspar l’emporter, et le FN senourritde tout, saufde raison. Les vendeursdehaineet dedémagogien’ontpas leurplaceauseind’unedémocratie.»

Vos réactions sur l’électiondeMarionMaréchal-LePen sont plusdubitatives.Marie s’interroge sur son âge: «A 22ans, n’ayantpresquepas vécudans la vie active, que sait-on des problèmesdes Français? Sur-tout lorsqu’ona été parachuté enpolitique par son grand-père?»Mais leprincipal axede conversation tourne autourde… sonphysique: «Elleest pas vilaine,Marion.Mais je pensepas que j’auraismes chancesavecelle», déclareYounous sur Lemonde.fr.

Quant àMeCollard et son désir d’être un «casse-couilles» à l’Assem-blée,Danièle se pose la questionde savoir si undéputédoit utiliser unlangageaussi ordurier.Mais, à vrai dire, son électionvouspassionnemoinsque samarionnettedes «Guignols de l’info». p

ControverseduNet Flavien Hamon

décryptagesDIALOGUES

Energie

UnequestiondelogiqueAinsi donc lesmoteursdiesel produisent des gaz d’échappementparti-culièrementnocifs. Il y a belle lurette qu’on le sait. Pourquoi les Fran-çais en sont-ils tellement friands? En grandepartie, bien que l’entretienen soitplus coûteux, parceque la consommationde carburant estmoin-dre et parce qu’il estmoins cher.Alors, question: pourquoinepas faire en sorte que le coût dukilomètreparcouru soit équivalent à puissance égale? C’est-à-dire vendre le gas-oil plus cher au litre que l’essence? C’est ceque la Suisse fait depuis tou-jours, entre autrespourpénaliser le transport desmarchandisespar laroute et favoriser le rail. Celane serait pas unemesuredifficile à pren-dre et nedécouragerait qu’à terme la conversionduparc automobile,surtout si l’augmentationest progressive.

PierreAron, Paris

LecteursAcadémie

S oixante-huit. C’est le chiffre-clé decette année 2012. LeMonde célébre-ra, le 18décembre, la sortie de son

numéro1 (daté 19décembre 1944).Pour souffler ses soixante-huit bou-

gies, votre quotidien invite soixante-huitconvives.Attention, pas n’importequi :des jeunes de 18 à 25ans «d’expressionfrancophone», «avec ou sans diplômes».Triés sur le volet par un juryde journalis-tes – autant deparrains pour initier cesheureux lauréats à notre beaumétier. Unconcoursà l’issueduquel, le 24juin 2013,trois d’entre eux se verront proposerunCDDd’un an– etplus si affinités…

MondeAcadémie: tout unprogram-me, imaginé etmis enmusiquepar Flo-renceAubenaset SergeMichel, respective-ment grand reporter et directeur adjointde la rédactiondenotre éminentquoti-dien. «Avez-vous vraimentbesoin de cegenre de concours pour faire entrer la

diversitédans vos rédactions?», leur ad’embléedemandéun internautedansun chat, jeudi 7 juin. «Ce concours n’estpas la seulemanièrede faire entrer ladiversité,mais c’en est une», reconnurentnosdeuxanimateurs.Objectif : «Aboutirrapidementà denouveaux contenus et àdenouvelles opportunités pourdes jeunesqui rêvent d’être journalistes.»

Question: le «quotidiende référence»fondéparHubert Beuve-Méryvoicisoixante-huit ans fait-il encore «rêver»les apprentis journalistes? Certains lec-teurs endoutent. «Ilmeparaît inconve-nant qu’un journal comme le vôtre puissepenser que cemétier peut s’apprendre entrois reportages et quelques conférencesavec vos équipes», nous écrit un certainPaul «PoluxTroy». «L’idée d’uneacadé-mie de journalismeouverte aux jeunes estintéressanteparce qu’elle signifie que lapresseprendà bras-le-corps sonproblème

de reproduction, estime au contraire IgorDeperraz (Bully, Seine-Maritime). Il esturgent que denombreux jeunes issus dela diversité sociale et culturelle franchis-sent le pas des rédactions. La presse écritedoit redevenir ce vivier intellectuel de com-pétences, afin d’y retrouver sonpublic.»

«MondeAcadémien’a pas pour voca-tiond’apprendre le journalismeà de jeu-nes sauvageons en deux coups de cuillèreà pot, répond SergeMichel.Nous n’avonspas voulu limiter les candidaturesaux étu-diants des écoles en question, parce quenous sommes convaincus qu’il existe aus-si des talents en dehors de ces filières. LavocationduMonden’est pas de résoudretout oupartie des questionsde précaritéparmi les jeunes journalistes. Samissionest d’offrir à ses lecteurs, dans ses pages etsur son site, lemeilleur contenudisponi-ble en français, sur le plus grandnombrede sujets.» ElisabethHuet (Web) n’y croitguère: «Votre proposition est de la pou-dre auxyeux, juste pour obtenir, sans êtremeilleur, plus de lecteurs. La seule recettepour obtenir ce résultat c’est l’indépendan-ce, des reportages fouillés… Enfin, dubou-lot de journaliste, pas demarketing!»

Encore faut-il, chère lectrice, que ledit«boulot»nouspermettede «nous rap-procherdes nouvelles générations qui nese retrouventpas dans l’offre actuelle»,comme le souligne Erik Izraelewicz. L’of-fre actuelle duMonde est certes variée,sur le contenant sinon sur le contenu: unsiteWeb, unquotidien, unhebdomadai-re, unmensuel, des suppléments, des

numéros spéciaux, des hors-série…Dequoi justifier, aupassage, la perspectiveofferte aux«68» de se voir publiés (etpigés) aumoins cinq fois dans l’année àvenir sous le label LeMonde.

«PoluxTroy»n’endémordpas: «Enorganisant ce concours, LeMonde se rap-prochede l’univers de la télé-réalité (…) surlemêmeprincipeque la “StarAc”.»«L’idéen’est pas de faire un show, a déjàrépliqué, le 6juin, FlorenceAubenas à unjournalistequi faisait ce parallèle avecl’émissionde TF1.Nous sommesavanttout curieuxde savoir ce que les jeunesgensde 18à 25ans ont enviede voir dansun journal. Ce sera à euxdenous proposerdes sujets, à partir de leurs envies et pasdesnôtres.» La «MondeAc» (sic), ou com-ment casser le «plafondde verre», pourceque le journaliste appelle « la généra-tion stagiaires» – tout en ciblantunnou-veau lectorat, a priori peu enclin à fré-quenternotre vénérable institution…

M ais enquoi tout cela concer-ne-t-il lemédiateur? Ehbien,disonsque celui-ci est en quel-

que sorte le «surgé», commeondisaitnaguèredans les collèges pour désignerle CPE. «Profession? Emmerdeur…»,annonçait la toute première chroniquedevotre serviteur, le 3 juillet 2011. Le jobdemédiateurdepresse consiste, rappe-lons-le, à veiller au respect des règlesparles journalistes. Tout en écoutant ce quelesuns et les autres ont à dire. Et à se dire.

Car sachez-le, chers «68», vousn’allez

paspratiquerparminous ce beaumétierde journaliste (que) «pour le fun».Maispourdes lecteurs. Les nôtres – qui serontaussi les vôtres.

Des lecteursplus divers et variés quevous l’imaginezpeut-être.Des lecteursqui «n’habitent plus le 5earrondissementet ne partagentplus le point de vue pari-sien des rédacteurs…», ironise IgorDeper-raz, en bonprovincial (au sens géographi-que, pas jésuitique…). Des lecteurs jeunesetmoins jeunes –mais vifs comme lemercure lorsqu’ils prennent la plume.Des lecteursqui ont eux aussi enviede«voir dans leur journal» ce qu’ils n’y trou-ventpas. Qui nous le disent, qui nousl’écrivent.Qui l’écriraient volontiers ànotreplace – ils ne sepriventd’ailleurspasde le faire sur Internet! Sans tropd’a-cadémisme…

Jugezplutôt: «Conseil d’unvieux c…(entre 58 et 65ans) : la liberté et la richessed’expression sont allergiquesau formata-ge» (Eric Thuillier, Périgueux); «Le droità l’informationsupposeune éthique»(JackPagot); «Ahque voilàunebelle initia-tive!Mais hélas pourmoi, j’ai quelquesannées en trop! Et c’est biendommage…»(ClaudeBachelier).

«La France s’ennuie», constataitunédi-torialpassé à la postérité, en 1968, quel-ques semainesavant le fameuxprin-temps. Pour leurs 68printemps,LeMon-de et ses lecteursnevontpas s’ennuyer…p

[email protected]

LittératureAutour du livredu«Monde»A la lectureduPrière d’insérerdeJeanBirnbaum«LeLivre du“Mon-de”» (LeMondedu8juin), je suisenchantéde savoir que LeMondevaavoir sonprixdu roman. J’at-tendais ce jour avec impatience.Toutefois, je ne saisis pas trèsbienquelle en sera la périodicité. Si laconditionestque le roman«cham-boule» la langue«de l’intérieur»,la«relanceautrement», qu’il nousdonne«envie de lui confier notredestin», il faudrapeut-être atten-dredes années (voiredesdécen-nies) avant d’en trouverunquirépondeà cette condition.Amoinsqu’onne fasseuneextrê-meconfianceà l’inventivité litté-raire, au génie créateur et subver-sif, et qu’onnedoutepas qu’il s’enprésenteundecette sorte chaqueannée.Après tout, avec «LeMon-dedes livres», nousavons, com-mepromis, notre dosehebdoma-daired’«admiration». Je désire-rais que JeanBirnbauméclaire leslecteursduMonde sur cepoint.

Pierre RétatLyon

Réponsede JeanBirnbaum:CherMonsieur,Merci pour votremessage,mercipour votre franchise et votrehumouraussi. Vous avez raison,ces textes-làne nous tombent pasdessus tous les jours.Mais il s’entrouve, tout demême. Raisondepluspour semettre activementàleur recherche. En s’ymettant àplusieurs, on devrait quandmêmeyarriver…

Rousseau, écrivainDans le dossier du«Mondedeslivres» du 1er juin consacré à Jean-JacquesRousseau à l’occasiondutricentenairede sanaissance le28juin, ony rapporteque «plu-sieurs essais soulignent la puissan-ce littéraired’uneœuvreparfoisréduiteà sa dimensionpolitiqueet philosophique». Pourtant, tou-tes les générationsde lycéensnourriespar lesmanuelsde litté-

raturedugenre «Lagarde etMichard», pourne citer que l’undesplus célèbres (le volumeconsacréauXVIIIesiècle lui réser-ve88pages sur 400!), ont bien euà étudier cetteœuvre en tantqu’œuvre littéraire!On leur amêmeappris qu’elle annonçait lecourant romantiqueet que soninfluence s’est fait sentir, entreautres, surGoethe (Werther) etChateaubriand (René)…Biend’autres «philosophes» dece siècle des Lumières commeMontesquieu,Voltaire ouDiderotse classent sans discussiondans legenre littérature en tant qu’art.C’est peut-être ce qui étonneaujourd’hui avecdes «penseurs»contemporainsqui se croientobli-

gés d’utiliser un style indigeste aupointden’être accessibles qu’àunepetite «élite» fermée,oubliantque «ce que l’on conçoitbien s’énonce clairement» (Boi-leau, 1674).

Daniel TourtoisSucy-en-Brie (Val-de-Marne)

ImpôtsLeçons deDavidCameronLepremierministreanglais estplaisantdevouloir accueillir chezlui les richesFrançais fuyant l’im-pôt. Ils aiderontparaît-il à financerles servicespublics. Il auraitdûdire: cequ’il en reste. Carpeut-êtrenos fuyards croiseront-ilsen routedes citoyensbritanniquesvenantversParispour trouverdes soinsqu’ilsn’ontpas chezeux, oudesétudiantsenquêted’étudesgratui-tes.Mais surtout,M.Cameronferaitmieuxderegarder chez lui :croissancenulle, chômage, endet-tementetdéficit considérablesmalgré (ouà cause)de sapolitiquetrès libérale: exigeanteavec lesclassesnon fortunées (salaires,pensions,TVA, fonctionnaires…duclassique)et complaisanteavec lesriches, car il est bienentenduquela richessedesunsentraîne celledesautres, lireAdamSmith.Maisla réalité est têtue.Certes, il fautattendre la finde la guerrepourcompter lesmorts.Mais,malgré lerejetde l’euroet la plancheàbillets,malgré lagentillessedesmarchésetdesagencesdenota-tion, rienn’y fait : çanedécolle

pas.Reste ledumpingfiscal car ain-si fonctionne l’EuropedeLisbon-ne: chacunpoursoi, dansuneconcurrencequinousdresse lesuns contre les autres.

BernardDelattreParis

ElectionsLa victoire en chantant…NadineMoranoetMichèleAlliot-Marie vaincues? Bravo! SégolèneRoyal et Jack Langbattus? Peum’enchaut! FrançoisBayrou

défait? Une grave erreurdu PSqui se paiera auprix fort dans lesannées à venir car le centre, danstoute sa diversité, n’a désormaisplusd’autres choix quede sereconstruire…àdroite. GilbertCol-lard etMarionLePen élus?Unevictoire symboliquede l’extrêmedroitequi entachedehonte le PSet l’UMP, qui ontpermis locale-ment son retour à l’Assembléenationale alorsque suivant la logi-quedu scrutinmajoritaire, clé denotre systèmepolitique, le FN

n’aurait dû avoir aucundéputé,«parce que la seulemajorité qu’ilarrive à constituer, c’est unemajo-rité… contre lui. Unemajoritéderejet» (dixitHervéGattegno,rédacteur en chef auPoint). Resteque FrançoisHollande a obtenudes Français lamajorité désirée,mais cette victoire risque rapide-mentde tourner à l’amer tant lesdéfis sont immenses et l’avenirincertain.

LaurentOpsomerHergnies (Nord)

Courrier

Ukraine: ladémocratiee

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pays estenpleine ré

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Essordel’Inde:le

coupdefrein

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mocratiedumondead

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sondéveloppement. Ces

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PAGES 4-5

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Notre supplémeNt

Québec,génération «indignés»Lancé en février par des étudiants opposés à la haussede 75 % de leurs frais de scolarité, le «printemps érable»s’est étendu depuis à d’autres secteurs de la populationquébécoise. Pour résoudre la crise, le gouvernementenvisage d’organiser des élections cet automne.Reportage et entretien.

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E MONDE

MédiateurPascal Galinier

170123Samedi 23 juin 2012

culture

22 JUIN 7 JUILLET .12DANSEMONTPELLIER

Le goût de la méditerranée

MOURAD MERZOUKI

MATHILDE MONNIER

ANDRÉS MARÍN

WILLIAM FORSYTHE

RAIMUND HOGHE

SABURO TESHIGAWARA

CEDAR LAKE

& SIDI LARBI CHERKAOUI

BOUCHRA OUIZGUEN | RIMA MAROUN | MOHAMED BELARBI | DANYA HAMMOUD

BRAHIM BOUCHELAGHEM | ALI MOINI | COLLECTIF 2 TEMPS 3 MOUVEMENTS

RADHOUANE EL MEDDEB & THOMAS LEBRUN | HOOMAN SHARIFI

MUSTAFA KAPLAN & FILIZ SIZANLI | FABRICE RAMALINGOM | GERMANA CIVERA

THOMAS HAUERT & SCOTT HERON | BARO D’EVEL CIRK CIE | SALIA SANOU

MATTHIEU HOCQUEMILLER | PANORAMA DU CINEMA IRANIEN

Musique

P lacées sous le signe duconsensus et de la générosi-té, les trois grandes journées

de concerts de Solidays ne signentpas seulement, du 22 au 24juin, levéritablelancementdel’étédesfes-tivals musicaux, elles en donnentaussi la couleur artistique domi-nante, tant la programmationfédératrice de l’hippodrome deLongchamp mobilise la plupartdesmarathoniensestivaux.

Septdesdixartistesqui,d’aprèsune récente étude de la Sacem,seront les plus fréquemment pro-grammés en France cette année,participent ainsi à l’événementorganisé,depuis1999,parSolidari-té Sida : Zebda, Orelsan, 1995, Skipthe Use, Brigitte, Charlie WinstonetShakaPonk(nemanquentàl’ap-pel que Dionysos, C2C et Hubert-Félix Thiéfaine). D’autres commeMetronomy, Miles Kane, François

&theAtlasMountains, BirdyNamNam, Selah Sue ou Amadou&Mariamsillonnerontégalementun pays où on recense près de1000 festivals demusique, toutestailles et genres confondus.

«On se laisse facilement empor-ter par l’énergie particulière despublics de festival», assure Frah,l’exubérant chanteur des Françaismétal hip-hop de Shaka Ponk qui,avecunetrentainededatesde juinà septembre, seront avec Zebda legroupe le plus demandé de l’été.ShakaPonk joueraà Solidayspourla troisième année consécutive.«En fin de soirée, on y trouve uneatmosphère.Lescoulissessontamé-nagées comme un village. Tout lemonde a la banane», explique lechanteur.

L’ambiance, l’accueil, le sitemême, fontsouventpluspourdis-tinguer un événement que sa pro-grammation.Carsi,envingtans, laFranceestpasséede lapénurie fes-

tivalière à une densité d’événe-mentsquasiuniqueenEurope,cet-te multiplication est paradoxale-ment allée de pair avec une stan-dardisationdespropositionsartis-tiques. Sur un créneau «pop-rock-chanson» regroupant, si l’on encroit l’étude de la Sacem, près de50% des festivals musicaux, lesaffiches semblent souvent inter-changeables. «Avant, on allaitécouter en festival un artiste qu’onne pouvait pas voir en tournée.Aujourd’hui, les festivals fonction-nentpourlesartistescommedesvil-les étapes», témoigne Kem Lalot,programmateur, avec ChristianAlex, des EurockéennesdeBelfort,l’un des plus importants rassem-blements rock français.

Alors que les musiciens n’ontjamaisétéaussinombreuxàpren-dre la route, espérant compenserpar le spectacle vivant les pertesentraînées par la chute des ventesde disques, la venue exclusive de

vedettes anglo-saxonnes se révèlede plus en plus compliquée.«Leurs cachets ont été multipliéspar 5 en cinqans, beaucoup sontdevenus inaccessibles, expliqueKem Lalot. Lemarché des festivalsconnaît une concurrence interna-tionale. Pendant le week-end desEurockéennes, du 29 juin au1er juillet, se déroule en Europe unetrentaine d’événements aussi grosouplusgrosquenous.»Parmieux,plusieurs festivals organisés dansdes pays de l’Est, sponsorisés pardegrandsbrasseurscommeleHei-neken Music festival polonais,capables de payer des tarifs troisou quatre fois supérieurs à ceuxproposés par les plus grands ras-semblements français.

Aux programmateurs dès lorsderuser.«Toutesthistoirededosa-ge, estime celui des Eurockéennes.Idéalement, il faut avoir une oudeux locomotives – comme TheCure pour nous cette année, lecachet le plus cher jamais payé parle festival, mais une journée à gui-chets fermés plusieurs semaines àl’avance –, un ou deux noms enexclusivité – comme Lana Del Reyou Jack White –, une grosse based’artistes marquants de l’année,populaires sans être des stars, com-meOrelsan,Dionysos,1995ouChar-lie Winston, et une sélection futéedegroupespluspointusouendeve-nir.»Aveccesingrédients,ilditdes-siner un parcours, une histoire, oùpuisse se retrouver un public à lafois largeet connaisseur.

Souventmotivéspar le souci defédérerunpublic intergénération-nel, beaucoup de festivals – auxmoyens inférieurs à ceux desEurockéennes, des Vieilles Char-rues ou du Main Square d’Arras –donnent dans le consensus mou.De façon significative, de plus enplus d’événements glissent ainsisurleurpageFacebookdesdeman-desadresséesà leursclientspoten-tiels pour connaître les concertsauxquels ils aimeraient assister.Commentaprès s’étonner que desaffichespuissent se ressembler?

«Quoideplusnormalqu’un fes-tivalprésenteunnoyaudurde suc-cès du moment pour satisfaire lademande du public ?» s’étonneYannDernaucourt,undes respon-sables de lamaison de productiondespectaclesAstérios,dontundesartistes, le rappeurOrelsan, joueradansune trentainede festivals cetété. «Même si on trouve presque lemême programme dans différen-tes régions, celaneposepasdepro-blèmepuisque les bassins depopu-lation sont différents.» Il précise :«C’est aussi aux artistes et à leursagents de ne pas assécher un terri-toire en passant quatre fois dansun rayonde 40km.»

L’originalitéet lepartiprisartis-tique peuvent aussi se révélerpayants.Plusieursfestivalssesont

ainsi développés en misant surl’exigence plus que sur les goûtsmajoritaires. On pense, pourl’avant-garde pop à la Route durock de Saint-Malo, au Midi Festi-val, àHyères, auxDaysOff, à Paris,ou, pour ce qui concerne la scèneelectro, à Astropolis, à Brest, ou àMarsatac, à Marseille. «Nousavons fidélisé notre public en choi-sissantlacohérenceplusquelesau-poudrage, une addition de jolisnoms plus que des têtes d’affiche,affirme François Floret, le patronde la Route du rock, dont l’édition2012 proposera ànouveaude clas-sieuses exclusivités (Soft Moon,MazzyStar, Alt-J…).

La radicalité stylistique peutaussi enfanter des succès de mas-se, commeceluiduReggaesunskaà Pauillac, dans leMédoc, ou celui,spectaculaire, du Hellfest, à Clis-son, près de Nantes, dont le rockextrême a rassemblé, mi-juin,115000personnes.

L’originalité des propositionspeut aussi se loger ailleurs quedans les choixdeprogrammation.Début août, à Aulnoye-Aymeries,dans leNord, par exemple, le festi-val des Nuits secrètes permet,entre autres, à des spectateurs dese laisser conduire vers de mysté-rieusesdestinations (unepéniche,une grange, un buffet de gare…)pourassisteràdesconcertsd’artis-tes dont ils n’apprennent le nom

qu’au dernier moment. Depuisdix ans, un viticulteur de Puget-sur-Argens,dansleVar,organiselefestival Le Mas (Olivia Ruiz, lesTêtes raides, Izia…), en bordde pis-cine, dans le cadre étonnant de samaison de famille, où artistes etspectateurs(900parsoir)ontl’im-pression d’être reçus comme desamis.

L’époque laisse-t-elle le tempsde grandir aux idées originales?Après avoir été portée par lemilieuassociatif, puis secondéparlescollectivitéslocales, l’économiedes festivals implique de plus enplus les tourneurs et producteursde spectacles. On l’a vu avec RockenSeine, lancéentreautres,par lessociétés Radikal et Nous Produc-tions, puis avec le Main square,organiséparlegéantmondialde laproduction,LiveNation,ouencoreavecle tourneurfrançaisAliaspre-nant des parts dans des festivalscomme Musilac, à Aix-les-Bains,Garorock, à Marmande, les Défer-lantes,àArgelès-sur-Mer,ouBeau-regard àHérouville-Saint-Clair.

«Devant la diminution desaidespubliques,laplupartdesfesti-vals mise aujourd’hui sur le parte-nariat privé», explique Paul Lan-geois, directeur de Beauregardquia cédé 25% des parts du festival àAlias. «L’apport d’un producteurnousdonnedesgaranties financiè-res que ne pouvait plus tenir uneassociationetnouspermetdeviserplus haut en termes de program-mation.» Sans qu’on sache encoresi cette concentration sera unremèdeà l’uniformisation. p

StéphaneDavet

D Lire aussi «M»lemagazine du«Monde»Scènes (f)estivales, le cahierdes rendez-vous de l’été 2012(40 pages).

Lancéen 1999par l’associationSolidaritéSida,Solidaysa tou-jours su concilier ambianceà lacoolet vocationpédagogique, fré-nésie festive et sérieux humani-taire, sur unhippodromeaccueillant, dansuneambianceforaine, desdizainesde stands,cinqscèneset prèsde 150concertsàambition fédératrice.Espéronsque lesorages épargne-ront ce festival rassemblant lajeunesseaugrandcœur, tentéepar lebénévolat, et desartistesprêts à renoncer àunepartiedeleur cachet, optimisantainsi desbénéficesentièrement reversésàdesassociationsde luttecontre le sidaet àdesprogram-mesdepréventionet d’aided’ur-genceauxmalades.Le 22juin:Orelsan,Metronomy,TheKills, SelahSue,BirdyNamNam,LePeuplede l’herbe,Miles

Kane, LaGrandeSophie,Béna-bar,BenHoward, Ayo,DonRimi-ni,DidierWampas,Blitz theAmbassador…;Le 23:Zebda,ShakaPonk, TheBloodyBeetroots,Danakil, Yous-soupha,SkipTheUse, Tinariwen,Rover, François&theAtlasMoun-tains, Triggerfinger,Shantel&BucovinaClubOrkestar,Kavinsky,AnthonyJoseph&theSpasmBand,NewPolitics…Le 24:Garbage, JoeyStarr,Ama-dou&Mariam,General Elektriks,BeatAssaillant, Brigitte, TikenJahFakoly,CharlieWinston,1995,Bernhoft,AthurH, Irma,Air-nadette…Solidays,HippodromedeLongchamp,Paris 16e.M˚Boulo-gne-Jean-Jaurès. 39¤ la journée,25¤ lebillet, nuit avecaccèsaufestival àpartir de23heures.Solidays.org

Millefestivals,partoutlemêmerefrain?Sibeaucouppartagent les têtesd’affiche,chaquemanifestationtentedetirersonépingledujeu

«Nousavonsfidélisénotrepublicen

choisissantdesjolisnomsplusquedestêtesd’affiche»

François Floretpatron de La Route du rock

Solidays: trois jours pour lancer l’été

Lors du festival«Le Rock danstous ses états»,à Evreux, en 2011.LIONELMOREAU/DALLE

18 0123Samedi 23 juin 2012

culture

CorrespondanceUnelettredeDominiqueVoynet

A la suite de l’enquête intitulée« Imbroglio autour d’un multi-plexe», parue dans Le Monde du7juin,DominiqueVoynet,mairedeMontreuil, nous écrit :

« Je tiens à rappeler l’engagementde la ville pour son cinéma – troissalles aujourd’hui, et bientôt six,avec plus de mille cent fauteuils,pour un investissement total de15millionsd’euros–etnotreambi-

tion culturelle – de conserver nostrois labels de qualité et d’exigen-ce, mieux exposer les films pourdonner à chacun d’eux la chancede rencontrer son public, aller à laconquête des populations aujour-d’hui éloignées du cinéma, facili-ter lesrencontresautourdesfilms,travailler avec d’autres, plasti-ciens,musiciens,metteurs en scè-ne de théâtre, amoureux deslivres…» p

Danse

L e chorégraphe FaustinLinyekula a euune idée folle.Dans son spectacle La Créa-

tion dumonde 1923-2012, il a inté-gré le premier ballet d’inspirationnègre imaginé en 1923 par le pein-tre Fernand Léger, le poète BlaiseCendrars, le chorégraphe JeanBörlin et le compositeur DariusMilhaud. Ressuscitée par lesexperts en reconstitution Ken-neth Archer et Millicent Hodsonen 2000, cette pièce d’anthologiedonne un coup de fouet à la pro-duction de Linyekula interprétéepar le Ballet de Lorraine.

Commençonspourunefoisparle dessert. Avoir la chance de voirLa Création du Monde présentéeen 1923 par la troupe des BalletsSuédois au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris, est un pur bon-heur. Les immenses toilesmobilesde Léger, entre désert sensuel ettotemgéométrique,sescostumes-sculptures multicouches, ses sin-ges et ses oiseaux, font surgir uneAfrique fantasmée en droite lignedu mouvement cubiste de l’épo-que. Dans cette jungle mirifique,la danse, très simple, proche de laparade, fait fi de tous complexespour combiner des pas de charles-ton, des arabesques sur pointespour les filles et des postures plusgymniques pour les guerriers. LaCréation du monde est une fabu-leuserêveried’artistequin’estpassans évoquer les élucubrationscontemporaines d’un Jean-PaulGoudeoud’unPhilippeDecouflé.

Cetteséquences’inscritdansunspectacle disparate sur le thème,cher à Linyekula, de la figure del’hommenoir dans la culture occi-dentale. Un seul acteur noir, Djod-jo Kazadi, est en vedette face auxtrente et un interprètes du BalletdeLorraine.Les«citations»decer-tainsmotifsdeladansecontempo-raine, comme la marche frontalevers les spectateurs, la courseautourduplateauoulatraverséeàquatre pattes façon troupeau delions, irriguentunproposrevendi-cateur dont la force atmosphéri-que rassemble lesmorceaux.

Dans ce contexte volontaire-ment inconfortable, la citationduballet de 1923 sert de tremplinàunevisioncritiqueplusperson-nelle de Linyekula. Celui quidéclareen«avoirassezde sa cein-ture de bananes pourries» tented’inscrire le spectacle de l’équi-pe Léger-Cendrars-Milhaud-Börlin dans sa propre histoired’artiste noir, congolais, dont lesancêtres ont peut-être participéaux films sur les danses tradi-tionnelles du Congo que JeanBörlin avait regardés. Il souligneau passage la pauvreté du traite-ment«blanc dominant»de cetteCréation dumonde.

Danslabouchedel’acteurDjod-jo Kazadi, ce coup de gueule biffed’un trait un peu rapide uneœuvre d’art qui n’avait besoind’aucuncommentairepourqu’onenmesureles limites.La remettre,mêmerapidement,danslecontex-te général de la passion pour l’artnègredespeintrescommePicassoouMatisse au début du XXesiècleexplique son esthétique.

A la même époque, en 1922, leBallet triadique du plasticien etchorégraphe allemand OskarSchlemmer faisait disparaîtretrois interprètes derrière des cos-tumes géométriques surdimen-sionnés qui limitaient les gestespourmieux faire danser les volu-mes dans l’espace. En 1925, LaRevue nègre avec Joséphine Baker(et ses bananes !) explosait auThéâtre des Champs-Elysées. p

RositaBoisseau

La Création dumonde 1923-2012 deFaustin Linyekula. Théâtre de la Ville,Place du Châtelet, Paris 4e. Jusqu’au23 juin. 20h30. Tél. : 01-42-74-22-77.De 16 à 29 euros.

L’anti-revuenègredeFaustinLinyekulaPiècesurprisedesonnouveauspectacle,unballet signéLéger,Cendrars,Milhaud,Börlin

Photographie

D rôle d’idée que de publier,pour un portfolio sur labeauté, des photos de fem-

mes victimes d’atroces violences.C’est pourtant ce qu’a fait unmagazine demode bulgare, 12, enaffublant des mannequins d’unmaquillage de cinéma particuliè-rementréalisteetsanglant:œilaubeurre noir, lèvre et nez fendus,visagebrûléà l’acide…Laséries’in-titule«Victimesde lamode»etnesemble avoir aucune visée socialeou critique, puisqu’il ne s’accom-pagned’aucunemise en contexte.Lemagazinesecontented’unaver-tissement : «Les photographiessont déconseillées aux personnesdemoinsde16ans.Etauxâmessen-sibles.»

Désir de choquer? De divertir?L’initiative n’a pas fait rire les blo-gueusesdemode,et encoremoins«Jezebel»,blogféminintrèspopu-laireauxEtats-Unis,quiadénoncécette initiative «consternante».Cheryl Wischhover, du blog«Fashionista», écrit : «La violencecontre les femmes existe bien tropsouvent dans la réalité pour qu’onaitenviedelavoirdansunmagazi-ne demode.»

La sociologue Maryse Jaspard,auteure du livre de référence LesViolences contre les femmes (éd. LaDécouverte, 2005), reste pruden-te:«Lamodemetsouventenscènedes fantasmes, des fictions et ilserait ridicule de vouloir réprimerla liberté d’expression des artis-tes. » Mais, dans ce cas-ci, ajou-te-t-elle, «on est en plein dans lesstéréotypesdelafemmebattue,vic-timisée, avec un corps dégradé».Le fait que l’initiative vienne deBulgarie n’est peut-être pas unhasard : elle souligne que lesanciennes républiques soviéti-ques affichent des taux record enmatière de violence conjugale: enRussie, selon les dernières enquê-tes nationales, 10% des femmesdisent avoir subi des violencesphysiques de la part de leurconjoint au cours des douze der-niers mois et 7% en Roumanie –contre 2,5% enFrance.

Leséditeursdumagazine 12ontbien tenté de se défendre, avecl’idée que «la photo demode n’estqu’une imitation de la réalité ».

Mais Jenna Sauers, du blog «Jeze-bel», elle-même ancien manne-quin, a enfoncé le clou, dénonçantles stéréotypes sexistes de lamode : «Pourquoi l’industrie de lamode continue-t-elle de trouverqu’il est d’“avant-garde” de repré-senter les femmes comme desobjets bons à être battus ou tués?(…)Lamajoritédes imagesutiliséespar la mode pour faire passer sonmessage, au mieux reflète, et aupirerenforce, les idéeslesplusnéga-tives de notre culture sur les fem-mes et les jeunes filles.»

Récemment, plusieurs campa-gnes depublicité ont fait scandaleaprès avoir ouvertement cultivéles clichés sur les femmes victi-mes de violences – sexuelles danslaplupartdescas–,maisenréalitépas simécontentesde leur sort : lacampagne de Steven Klein pourDolce &Gabbana, en 2007, a étéinterdite dans plusieurs payspour avoir montré une femmeauxprisesavecunhomme,sousleregard de trois autres. En 2009, lamarque Relish a aussi défrayé lachronique en affichant, en Italie,une campagne de publicité mon-trant deux jolies touristes contrô-

lées avec un peu trop de zèle pardespoliciers cariocas.

Il est vrai que l’associationfem-mes séduisantes/mort violenteest depuis longtemps un motifclassique de la photographie depublicité et de mode. Le FrançaisGuy Bourdin et l’Allemand Hel-mut Newton, dans lesannées1960 et 1970, ont été despionniers du genre avec des ima-

ges très scénarisées, mettant enscène des femmes fatales, en peti-te tenue, dans des situations évo-quant les filmsnoirs ou les polars.Plusieurs photographes, commeSteven Klein, s’inscrivent en par-tie dans cette veine. Mais, pourMichel Mallard, directeur artisti-queduFestivaldemodeetdepho-tographie d’Hyères, ces images

sont des fictions, mises en scènepour être comprises comme tel-les. Et c’est justement quand lamodeabordedes questionspoliti-ques, des sujets de société – latyrannie de la beauté, la violencecontre les femmes, le handicap –qu’elle est la plus intéressante.«Les telenovelasparlentdekidnap-ping, il estnormalque lamodepui-se dans la réalité», dit-il, en citantle travail de Steven Meisel sur lachirurgie esthétique publié dansleVogue Italie.

Ce qui ne veut pas dire, selonlui, qu’on peut faire n’importequoi. Pour Michel Mallard, lasérie d’images du magazine bul-gare 12 est impossible à défendre:«C’est de la provoc’ complète-ment gratuite. Ça n’a aucun inté-rêt.» Il cite le photographe Jean-Baptiste Mondino, qui avait fait« la même chose en tellementmieux il y a vingt ans». Dans unephoto pour le magazine Face,jamais publiée, on voit KateMossavec un cocard et tous les indicesd’un passage à tabac. La différen-ce? «C’est une photo de violence.Pas de beauté.»p

ClaireGuillot

Librairie

AurélieFilippetticonfirmeleretourdelaTVAà5,5%pourlelivreLaministre de la culture a réuni, jeudi 20juin, les représentantsdes dif-férents réseauxde librairie et des collectivités territorialespour échan-ger sur l’avenir de la librairie. Conformémentà l’engagementpris parFrançoisHollandependant sa campagneélectorale, Aurélie Filippetti aconfirmé le retourau tauxde TVAde 5,5%pour le livre, selonun calen-drier qui tiendra compte «des contraintes techniques et logistiques dusecteur». «Le livre numérique sera aligné sur le livre imprimé», indiquele communiquéde laministre, alors queBruxelles entendprochaine-ment contester la décisionprise parNicolas Sarkozyde baisser de 19,6%à 7% la TVAsur le livre numérique. pAlainBeuve-Méry

LittératureLiao YiwuPrix de la paix des librairesallemandsLepoète chinois LiaoYiwu recevra enoctobre, lors de la Foiredu livredeFrancfort, le Prix de la paixdes libraires allemands, l’unedesplus presti-gieuses récompenses littéraires dupays. LiaoYiwus’est notamment ins-pirédes événementsde la place Tiananmen, le 4juin 1989, pour rédigersonpoème intitulé LeGrandMassacre, qui lui a valud’être arrêté puiscondamnéà4 ans deprison. – (AFP)

Arts

L e visible est un piège»… C’estceque clameundesnéons deLaurentGrasso.Maisleplasti-

ciensaitcommentfairepouréviterd’y tomber: c’est plutôt l’infravisi-ble qui l’intéresse, avec tout ce quecela peut receler de paranoïa et descience-fictionbienréelle.Démons-tration avec son exposition la plusimpressionnanteàce jour,«Urani-borg», au premier étage du Jeu depaume: elle restitue dans toute sacohérence l’univers de l’artiste,marquéparuneinquiétanteétran-geté. Pour avoir abordé son travailà travers de nombreux accrocha-gesengaleries,deParisàNewYork,on connaissait son sens de l’énig-me. Il l’affûte ici en métamorpho-sant complètement l’espace.

Soit un corridor aussi long queténébreux, qui vient contraindrelessalleshabituellementvastesenun labyrinthe. Des fenêtres y sontménagées: c’est à travers elles quese livrent d’abord les œuvres,vidéos, toiles ou photographies.Grâce à cette très habile mise ensituation, une aura entoure sou-dain les plus anodines d’entreelles: rendues inaccessibles, ellestranspirent de tout le mystère. Acommencerparcettesériedepein-tures qui s’avère l’œuvre la plusaboutiede l’artiste françaisausuc-cès désormais international.

Elles nous perdent dans letempsde l’histoirede l’art :de loin,on croirait de simples paysages dela Renaissance italienne, avecleurschairsminéralesetleurspers-pectivesmaladroites.Maisunsen-timent d’anomalie domine. C’estalors que l’amateur de Grassoreconnaît,enguisedemotifprinci-pal, quelques-unes de ses piècesles plus connues, que les maîtrescopistes ont infiltrées dans cesimages primitivistes: produisantun amusant brouillage des temps,une éclipse solaire, un semis de

chauve-souris, ou encore un vold’étourneauxnousramènentsou-dain dans les années 2000, à lanaissancede sonparcours.

Valser au gré des oiseauxMiraculeux volatiles, les étour-

neaux font par exemple l’objetd’un de ses films les plus envoû-tants, tourné depuis la terrasse delaVillaMédicis,où lebienheureuxa été en résidence. On y voit lesoiseaux en masse magnétique,fronder dans les cieux romains,produire des nuées constamment

changeantes, disparaître dansl’éther pour se reformer en unemicroseconde.

L’effet est facile. Mais c’est làque l’habilemise en scène de l’ex-positionjouetoutsonrôlededéso-rientation. Le visiteur peut voir lefilm de deux manières: dans unesalle, en une projection classique.Ou le nez quasiment collé surl’écran, à travers une fenêtre. C’estalors que le vertige agit : quandonpénètredans la texturede l’image,et que l’œil se fait léger et étourdipourvalseraugrédesoiseaux.L’ef-fet estmoins spectaculaire sur lesautres vidéos, que l’on conseilleplutôt de regarder tranquillementassis. Installations militairescamouflées dans le paysageautour de Carthagène en Espagne,images captées par un faucon enplein vol, grâce à une micro-caméra dont l’a harnaché l’artiste,ou exploration des bizarres jar-dinsgrotesquesdeBomarzo,enIta-lie… Le visible effectivement s’ydérobe, pour se révéler seulementdans ses infrabasses. p

Emmanuelle Lequeux

Laurent Grasso, «Uraniborg», Jeu depaume, 1, place de la Concorde, Paris8e.Tél. : 01-47-03-12-50. De 5,50 à8,50euros. Le mardi de 11heures à21heures, du mercredi au dimanche de11heures à 19heures. Jusqu’au 23sep-tembre.jeudepaume.org

Unefabuleuserêveried’artistequin’estpas

sansévoquerlesélucubrations

d’unGoudeoud’unDécouflé

Image extraite du film super-huit «Bomarzo», réalisépar Laurent Grasso et projeté au Jeu de paume. LAURENT GRASSO/ADAGP

LaurentGrasso,d’uneimpressionnantehabiletéUneexpositionauJeudepaumeconforte lastaturedésormais internationalede l’artiste français

Lesanciennesrépubliques

soviétiquesaffichentdestauxrecordenmatière

deviolenceconjugale

Photos extraites de la série «Victimes de lamode», du photographe Vasil Germanov,publiées dans lemagazine demode bulgare «12». VASIL GERMANOV/THINKTANKLAB/12MAG.NET

Photosdemode: lecoupdetropUnmagazinebulgareachoquéenpubliantunesérie«beauté»oùdesmannequinsont l’aird’avoirétéagressées.Unenouvelle tentatived’esthétiser laviolencecontre les femmes?

190123Samedi 23 juin 2012

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Les responsables de colonies devacances vont devoir appliquercet été le nouveau décret (du26avril) qui régit désormais lestatut desmoniteurs. Le précé-dent a été annulé par le Conseild'Etat, car il prévoyait un congéde24heures par semaine, alorsqu’unedirective européennede2003prescrit une interruptiondeonzeheures par jour. Le nou-veaudécret adapte la directiveaux colonies : cette plage deonzeheures peut être réduite,moyennant des repos compensa-

teurs en fin de séjour.«Celanous oblige à recruter 15% à20% de moniteurs en plus, cequi va créer une tension économi-que, puisque nous n’avons pas puaugmenter nos tarifs cetteannée», constate ThierryBarran-co, chargé demissionau secteurvacancesde la Liguede l’ensei-gnement.«Et nous ne sommespas certains de les trouver, car ilfaut qu’ils aient le brevet d’aptitu-de aux fonctions d’animateur (leBAFA) ou qu’ils soient en coursde formation », s’inquiète-t-il.

L e bistrot de base avec soncomptoir en zinc est en voiededisparition. Un coup fatal

lui a été porté sous la forme insi-dieuse des bars à vins. PourunBaratin flamboyant, sur les hau-teurs de Belleville, combiend’en-droits anonymesoù le choix n’estoffert qu’entre des vins aigres denégociants à prix exorbitants?Unenouvelle générationd’établis-sements voit le jour qui entendconcilier un réel choixde vins dequalité servis au verre et unenourriturede brasserie.D’où lenéologisme«brasserie du vin»que les frères Gardinier, proprié-taires de Taillevent depuis 2011,appliquent à leur nouvelle ensei-gne Les 110 de Taillevent (195, ruedu Faubourg-Saint-Honoré,Paris8e. Tél. : 01-40-74-20-20).Décorde panneauxde chêne auxdiscrètes allégories de la vigne, etcuisine sérieuse et sobre – super-visée par Alain Solivérès – qui sebaladeparmi les classiques, dupâté en croûte au vol-au-vent etdumerlanColbert à la pièce duboucher sauce aupoivre et frites(parfaites). Soit unevingtained’entrées et de plats pour lesquelssont proposées pour chacunqua-tre suggestions d’accordsmets etvin, dans quatre fourchettes deprix. Cent dix bouteilles peuvent

ainsi être servies au verre et plusde trois cents en bouteille. Audéjeuner:menuà 39euros, 65euros à la carte. Ouvert sept jourssur sept. Chez Bakkus (97, rue duCherche-Midi, Paris 6e. Tél. :01-42-22-19-18. Fermé le diman-che), ni carte nimenu,mais uneardoise quotidiennequi vagabon-de entre le porc fermier ibaïona,la truite sauvagedupays basque,lesmaraîchers d’Ile-de-France etles poissons endirect de Bretagne(compter 38 euros). Une quaran-tainede vins choisis parGillesAjuelos sont servis uniquementauverre, prélevés dans les bou-teilles, oùun gaz inerte évite tou-te altération.

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L es racinesnous rattrapenttoujours. Le pèredePierreFabre, le père de sonpère, et

ainsi de suite depuisplusieursgénérations, étaient vigneronsdans leGard. La récoltedupèreallait à la cave coopérative, quiachetait 40centimesde franc lekilode raisin, quelle que soit saqualité.Horsdequestionque sonfils suive ses traces. Pourtant, voi-là qu’après avoir écouté sonpèreet suivi une carrière exemplairejusqu’àdevenir directeurde lafiliale belgeCrowncok, Pierrenepeut s’empêcherde faireduvin.Lorsqu’il achète, en 2004, undomaineprèsdeCarcassonne, leChâteaudeGaure, sonpère le pré-vient: «Tuvas te ruiner!»Depuis,Pierre investit, investit encore. Ilsouhaiteprouver à sonpère qu’onpeutaimer la vigne et qu’ellenousle rendbien. Culturebiologique,travail au cordeau, conseillers avi-sés, il fait la fiertéde sonpère avecsespremiersvins. Sa CuvéeCam-pagne (chardonnay) estuneréjouissance.C’est gai, vif, long.Onen redemande. p

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Enfance

A partir de quel âge envoyerses enfants en colonie devacances ? La possibilité

s’offre aux parents dès l’âge de4ans. C’est ce qu’ont fait Michelet Véronique de Amorim, pourles congés de février dernier.Leurs jumeaux, Benjamin etMaxime, ont passé une semaineen Seine-et-Marne, dans un petitcentre avec poneys, piscine etchèvres. «Dès qu’ils sont montésdans le car, ils se sont mis à rireavec les moniteurs et les copains,ils nous ont oubliés », raconteleur père. Ils sont revenus sicontents que l’an prochain ilsiront au ski, en profitant desoffres du comité d’entreprise dela Société générale, où travailleleurmaman.

En2011, prèsde75000enfantsâgés de 4 à 6 ans, soit environ 4%des mineurs de moins de 17ans,sont partis en colonie de vacan-ces, selon leministère des sports.

Les familles qui les envoient« sont essentiellement desurbains, avec une surreprésenta-tion de foyers monoparentaux»,constate Patrick Drouet, direc-teur général de l’associationEchanges et découvertes, l’unede celles qui en organise le plus.« Ils souhaitent que leur enfantprofite de la mer ou de la campa-gne, au lieu de jouer dans unecour d’école bitumée accueillantun centre de loisirs», ajoute-t-il.

Quatre ans, n’est-ce pas troptôt pour quitter son cocon fami-lial ? «Tout dépend de la capacitéde l’enfant à se séparer de sesparents», répond le psychiatrePatriceHuerre. «Pour certains, cesera très facile, mais, pourd’autres, l’angoisse sera considé-rable », avertit le spécialiste.«Cela dépendde leur histoire, parexempledu fait que leurpremièreenfance ait été marquée ou nonpar des séparations, comme unséjour en réanimation, expli-que-t-il. Les parents doivent faire

l’inventaire des circonstances oùil y a eu séparation – entrée à lacrèche ou à la maternelle, départchez lanourrice – et de lamanièredont cela s’est passé, avant deprendre la décision de les yenvoyer.»

Pour démarrer en douceur,Thierry Barranco, chargé demis-sion au secteur vacances de la

Ligue de l’enseignement,conseille de choisir des séjourscourts,«qui vontdu lundiauven-dredi, et qui ne sont pas très éloi-gnés de la famille ». De cettefaçon, celle-ci pourra facilementvenir récupérer l’enfant, en casde problème. M.Drouet assurepour sapart que« lesplusangois-sés, ce sont les parents». Ce sonteux qui réclament des rendez-vous téléphoniques avec lesenfants, insiste-t-il. Lesorganisa-teurs le leur déconseillent : « Ilsréactivent ladouleurde la sépara-tion, et la conversation se termi-ne souvent dans les pleurs »,constate M.Barranco. D’ailleurs,lorsque les parents confient untéléphone portable à l’enfant,afin de rester en contact avec luià distance, les moniteurs le met-tent de côté.

«En revanche, le petit est infor-mé que ses parents ont appelé,précise ce professionnel. Et ilpeut leur laisser desmessages surunrépondeurAudiotel», engéné-ral hélas surtaxé, « la marge tari-faire allant chez l’opérateur». Cesystème du répondeur est pro-gressivement remplacé par celuidu blog, consultable gratuite-ment sur Internet, que les moni-teurs remplissent dans la jour-née avec l’aide des enfants.

L’une des clés de la réussitedes séjours pour les petits, c’estleur taux d’encadrement, esti-mentMM.Barranco et Drouet : laréglementation impose un ani-mateur pour huit enfants, com-meen crèche,mais, dans les faits,la plupart des organisateurs pro-posent un encadrement renfor-cé : un animateur pour cinq ousix enfants. Une autre clé était,jusqu’à présent, la « continuitééducative» : une même monitri-ce référente était présente pen-dant toute la semaine auprèsd’un groupe de petits. Elle avaitbien droit à une journée decongé,mais ceprincipeétait rare-ment respecté : au cours duséjour, elle pouvait en réalitéêtre constamment sollicitée.L’enfant qui avait besoin d’uncâlin pouvait la trouver à touteheure de la journée, et même lesoir. Cela va changer cet été,l’union syndicale Solidaires Isèreayantobtenul’annulationdusta-tut des moniteurs de colonie, etle Parlement ayant adopté unenouvelle loiqui imposedes inter-ruptions de travail (voir fenêtreci-contre). «Du coup, il y auradavantage de turnover», prévoitM.Barranco.

En effet, sur une période desept jours, les moniteurs aurontdésormais droit à une vraie jour-née de 24heures sans travail ain-si qu’à deuxnuits de huit heures,pendant lesquelles, s’ils restentsur place, ils ne devront pas êtresollicités. Il faudra d’ailleurs lefaire comprendre à l’enfant, enmettant par exemple un pan-neau rouge sur sa porte, lorsquela colonie ne dispose pas dechambres éloignées… C’est làl’un des multiples casse-tête quelesorganisateursdevrontpour lapremière fois avoir à gérer cetété. p

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Saveurs | chroniquepar Jean-Claude Ribaut

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20 0123Samedi 23 juin 2012

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Vos grands événementsNaissances, baptêmes,fiançailles, mariages,

anniversaires de naissanceAvis de décès, remerciements,

messes, condoléances,hommages,

anniversaires de décès,souvenirs

Colloques, conférences,séminaires, tables-rondes,portes-ouvertes, forums,

journées d’études, congrès,nominations,

assemblées généralesSoutenances de mémoire, thèses,

HDR,distinctions, félicitationsExpositions, vernissages,

signatures, lectures,communications diverses

Pour toute information :01 57 28 28 2801 57 28 21 36

[email protected]

Le Carnet

AU CARNET DU «MONDE»

Anniversaire de naissance

Naissance

Heureux anniversaireTimothé.

Félicitations pour cette brillantepremière année !Merci à

Clara et Thomasd’avoir permis ta venue.Familles Aubry, Boco, [email protected]

Mariage

Narjes GUEDICHEet

Guilhem ARMANETsont heureux et annoncent leur mariage,le 23 juin 2012, à Paris.

Décès

Jacqueline BERGER,professeur de Lycée àMetz,

militante pour les droits de l’Homme,

est décédée à l’âge de quatre-vingt-troisans.

M. François de la Saussay,M. et Mme Philippe de la Saussay,Fabrice et Simon,M. et MmeMarc de la Saussay,Cynthia,M. et MmeWilliam Preston,Pauline,

ses enfants et petits-enfantsEt toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Claude de la SAUSSAY,née Jacqueline SACHET,

survenu le 18 juin 2012,dans sa quatre-vingt-onzième année.

La cérémonie sera célébrée le lundi25 juin, à 14 h 30, en l’église de Notre-Dame de Vincennes, (Val-de-Marne),où l’on se réunira, suivie de l’inhumationdans l’intimité familiale, dans le caveaude famille.

Condoléances sur registres.

La présidente,Les membres du collège de directionEt l’ensemble du personnel

de l’Institut national de la rechercheagronomique (INRA),

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Jean-Claude FLAMANT,directeur de recherche

de classe exceptionnelle à l’INRA,président

du Centre de Recherches de Toulouseet délégué régional de l’INRA

en Midi-Pyrénées de 1985 à 1999,ancien directeur d’unité au seindu département systèmes agraires

et développement,chercheur en génétiqueanimale et zootechnicien,officier du Mérite agricole,

chevalier de l’ordre national du Mérite,chevalier de la Légion d’honneur,

survenu le 19 juin 2012,dans sa soixante-treizième année

et s’associent à la douleur de sa famille.

Les obsèques auront lieu samedi23 juin, à 10 h 30, en l’église de Nailloux(Haute-Garonne).

Sa familleEt ses proches,

ont le chagrin d’annoncer le décès,survenu le 15 juin 2012,à Saint-Jean-de-Luz, de

Madeleine LADOUÈS,professeur d’histoire-géographie.

Famille Ladouès,14, rue Georges Méliès,64500 Saint-Jean-de-Luz.

Muriel et Jean-François JOGUETont l’immense joie d’annoncer la naissancede

Pierre-Louis,le 19 juin 2012, à Nantes.

Thibault et Anna,son frère et sa sœur,

sont très heureux.Famille Joguet-Darniche,44400 Reze, Trentemoult.

Sylvie, Sophie, Sonia, Emmanuel,ses enfantset leurs conjoints,Ses petits enfants

et leurs conjointsIn memoriam Sandrine,Ses arrière-petits-enfants,Sa famille,La Grande loge féminineEt ses amis,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Madeleine ROUBENNE,16 février 1924-19 juin 2012,officier de la Légion d’honneur,

croix de guerre 1939-1945 avec Palme,médaille de la Résistance,

croix du combattant volontairede la Résistance.

Résistante, déportée à vingt ans,enceinte, au camp nazi de Ravensbrück.Auteure de J’ai donné la vie dans un campde la mort.Veuve de

Jean AYLMER,résistant, déporté,

mort au camp nazi de Nordhausen,et de

Roger ROUBENNE,avec lequel elle sera inhumée, le lundi25 juin, à 14 h 15, au cimetière de Tulle.

Le gouverneur des Invalides,Le directeur,Le président du Foyer,Les pensionnairesEt les bénévoles de

l’Institution nationale des Invalides,

font part, avec tristesse, du décès du

sous-lieutenantMadeleine ROUBENNE,

pensionnairede l’Institution nationale des Invalides,

officier de la Légion d’honneur,croix de guerre 1939-1945 avec palme,

médaille de la Résistance,croix du combattant volontaire

de la Résistance.

Ils lui feront leurs adieux le vendredi22 juin 2012, à 14 h 30, en la cathédraleSaint-Louis-des-Invalides, Paris 7e.

Alain RUELLANnous a quittés le 14 juin 2012.Nous sommes nombreux qui avons

eu l’honneur et le bonheur de travailleravec lui lorsqu’il a réalisé de 1982 à 1987la réforme de l’ORSTOM.Nous partageons la tristesse immense

de ses proches.Nous nous souvenons de son

humanisme, de sa rigueur, de sesconvictions, de ses éminentes qualités dechercheur et de son aptitude à diriger unorganisme complexe en pleine mutation.Alain avait une vision affirmée d’une

politique scientifique au service dudéveloppement dans une coopérationrespectueuse de ses partenaires.Son action a durablement marqué

l’institution.Merci Alain !

Catherine Weirich,Francine Diener,Philippe Rusch,Olivier Rusch,Emmanuel Rusch,

ses enfants,ses petits-enfants, ses arrière-petitsenfants,ont la douleur de faire part du décès de

Elise RUSCH,née BIRGHOFFER,

survenu le 20 juin 2012,à l’âge de quatre-vingt-sept ans.message à [email protected]

Aix-en-Provence. Lyon.

M. J. de Saint Ferréol,sa fille,Julien et Anne Laure Rouvié Rougon,Elleonore Damerio,

ses petits-enfants,Antoine et Raphaël Rougon,

ses arrière-petits-enfants,Parents, alliés,Amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Thérèsede SAINT FERRÉOL,

née SIMOND,

dans sa quatre-vingt-dix-neuvièmeannée.

Les obsèques auront lieu dans l’intimitéfamiliale.

Ils associent à leur peine le souvenir du

bâtonnier Edmondde SAINT FERRÉOL,

son époux.

M. Georges Toumanoff,son filset Mme Dominique Toumanoff,sa belle-fille,Marie, Alexandre, Cécile, Hélène

et Marie-Clémence,ses petits-enfants,Romane et Raphaël,

ses arrière-petits-enfants,Les familles Cazenave, Germain,

Château, Olivier et Costes,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Christiane TOUMANOFF,née CAZENAVE,

survenu le 19 juin 2012,à l’âge de quatre-vingt-sept ans.

Les obsèques auront lieu, dans la plusstricte intimité familiale à Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne).

Remerciements

Mme Nicole Strauss,son épouse,Ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfantsEt toute la famille,

très touchés des nombreuses marquesde sympathie reçues lors des obsèques de

M. Bertrand STRAUSS,

remercient toutes les personnes qui, parleur présence, leurs envois de fleurs oumessages d’amitié, se sont associées à leurpeine et les prient de trouver, ici,l’expression de leur profonde gratitude.

184, boulevard Bineau,92200 Neuilly-sur-Seine.

Anniversaire de décès

Philippe Paquot et Corinne Bellaiche,Pierre et Alexandre,

rappellent à votre souvenir la disparition de

Claudine PAQUOT,néeMASSARD,

le 22 juin 2011.

Tous ceux et celles qui l’ont aimée,fréquentée, lue, défendue ou critiquée,auront une pensée pour elle et pour sonsourire...

Anniversaire

24 juin 1912- 24 juin 2012.

A l’occasion du centième anniversairede sa naissance, ayons une pensée pour

Pierre DUMONCEAUX,professeur à la Faculté des Lettres

de Nantes,décédé le 11 mai 1984,

et pour sa femme,

Jacqueline DUMONCEAUX,professeur de classes préparatoiresau lycée Guist’hau à Nantes,décédée le 17 juin 2010.

Les familles Dumonceauxet Grosgeorge.

Commémoration

Commémoration de la déportationdes Juifs de France par l’association« Les Fils et Filles des Déportés Juifs deFrance », avec le soutien de la Fondationpour la Mémoire de la Shoah.

Cérémonie à la mémoire des déportésdu convoi n° 4 parti, il y a 70 ans, du campde Pithiviers pour le camp d’exterminationd’Auschwitz-Birkenau.

Lundi 25 juin 2012, à 12 heures.

Lecture des noms des mille déportés duconvoi n° 4.

Mémorial de la Shoah,17, rue Geoffroy l’Asnier,Paris 4e.

Renseignements : FFDJFTél. : 01 45 61 18 78Email : [email protected]

Colloque

Colloque de l’Institut d’Histoire socialeLa démocratie représentative

est-elle en crise ?Démocratie et RépubliqueDémocratie et révolution

La démocratie sans le peuple ?Khattar Abou Diab, Alexandre Adler,Stéphane Courtois, Gérard Grunberg,Blandine Kriegel, Stephen Launay,

Philippe Raynaud, Jérôme Sainte-Marie,Alberto Toscano, Ilios Yannakakis.

Sous la présidencede Emmanuel Le Roy Ladurie.

Mardi 26 juin 2012,de 9 h 30 à 18 heures,Maison de l’Europe,

35, rue des Francs-Bourgeois, Paris 4e

Entrée libre sur inscriptionRenseignements et inscriptions :Tél.: 01 46 14 09 29 - courriel :

[email protected]

Conférence

La Fédération de Parisde la Ligue Internationale

contre le racisme et l’antisémitisme(Licra Paris)

vous invite à sa conférence-débat :

«Mauvais temps, mauvaises pensées :les populismes et l’opinion xénophobe

en France et en Europe »,

avec M. Dominique Reynié,directeur général de la fondationpour l’innovation politique,

professeur à Sciences-Po et écrivain,le mardi 26 juin 2012, à 19 h 30,

à la mairie du 3e arrondissement de Paris,Salle Odette Pilpoul,

2, rue Eugène Spuller, Paris 3e.Entrée gratuite.

Renseignements et inscriptions :[email protected] 01 45 08 08 08.

Plus d’informations : www.licraparis.org

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Christian et Renée Bange,ses parents,Raphaël Bange,

son frère,Thalia Bange,

sa fille,ont la douleur de faire part du décès deJean-François Anthelme BANGE,

(Anthelme Lee)survenu le 23 mai 2012,à l’âge de quarante-six ans.Une messe sera célébrée le vendredi

29 juin, à 19 heures, en l’église orthodoxeSaint-Irénée, 96, boulevard AugusteBlanqui, Paris 13e.

LOLPoint.C’estunehistoireoù il estquestiondemourirderire,maisoù l’onnemeurt qu’à la fin. D’ici là, d’ici à la finde cette chronique, c’est unpeurude, il faut le savoir, rudemais important.On se penche eneffet sur cequ’il est convenud’appeler l’extensiondunomdedomaine, dossier quin’a rien departiculièrementaustèremais qui n’incitepas à une franchehilarité. Cela concerneplutôt les entreprises et les institutions. Et ce quiest en jeun’est rien demoinsqu’une bonneplace dans l’Internetdedemain. Plusde visibilité pour lesmarques. Plus de lisibilitépour lesinternautes.Vous connaissiezdéjà, auminimum, le «.com»et le «.fr».Peut-être aussi le « .org» et le «.net». Au total, il en existe aujourd’huimoinsde 300, géographiquesou génériques, qui couvrent l’ensembleduNet. Eh bien sachezqu’il va falloir bientôt s’habituer auxadresses en«.mcdonalds», en « .clubmed», « .airbus», « .total», oubienmêmeen«.love». On enpasse et desmeilleures obligatoirement: au termed’unappel à candidatures, l’Icann (InternetCorporation forAssignedNamesandNumbers), la société chargéede l’attributiondes nomsdedomainesur Internet, a récemmentpubliéune liste de 1930nouvelles exten-sionsqui pourraient bientôt faire leur apparition. L’inventaire est ici :http://gtldresult.icann.org.Comique. Champion toutes catégories, Google a déposé auprès de l’I-cannplus de centdemandes!Notons aupassagequ’à 138000euros ledossier, tout lemondenepeutpas se le permettre. Afindeprotéger sesmarques, lemoteurde recherche s’est inscrit pour que lui reviennentlogiquement le « .google» et le « .youtube». On croit devinerunpeudesa stratégie en constatant qu’il souhaite aussi détenir le « . book»–toutcommeAmazon– du livre électronique, ou encore le « .app»des appli-cationspour tablettes. Ce que l’onne savait pas, c’est qu’en seportantacquéreurdu«.lol» il entrait dans les intentionsdeGoogle denous fai-remourir de rire. Je vous l’avais dit. p

InternationalPourquoi leNigeria s’embrase-t-il?Denouveauxheurts entremusulmans et chrétiens frappent leNigeriadepuis le dimanche 17juin.Une insurrectionarmée, conduitepar legroupe islamisteBokoHaram, est accuséedepuis plusieursmois devouloirdéclencher sciemmentuneguerre de religion.Mais cela fait desannéesdéjà qu’émeutes et attentats secouent le pays. Tentative d’expli-cation.http://www.lemonde.fr/afrique/

SciencesLamystérieuse formation des planètes«Tatooine»Le cataloguedes exoplanètes comptedésormaisplusieursplanètes ins-tallées autourd’étoiles doubles, comme la célèbre terre de LukeSkywal-ker dans LaGuerre des étoilesdeGeorge Lucas. Le blogPasseur de scien-cesnous explique comment cette science-fictionest devenue réalité.http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/

Ceweek-end sur0123.fr

C’est toutNet! Olivier Zilbertin

Vendredi22juinTF1

20.45 Football.Euro 2012 (quarts de finale) :Allemagne - Grèce. En direct de Gdansk (Pol.).22.45 UEFAEuro 2012, le mag.23.05 Secret Story. Episode 5. L’AfterU.1.49 Confessions intimes.Magazine présenté par Marion Jollès (117min).

FRANCE2

20.35 Obsession(s).Téléfilm. Frédéric Tellier. Avec Emilie Dequenne,Samuel Le Bihan, Olivier Sitruk (Fr., 2009)U.22.25 Roses à créditpTéléfilm. Amos Gitaï. Avec Léa Seydoux, GrégoireLeprince-Ringuet, Catherine Jacob (Fr. - Isr., 2010).0.05 Taratata. Divertissement (100min).

FRANCE3

20.35 Thalassa.Depuis Ajaccio. Présenté par Georges Pernoud.Au sommaire : Ajaccio entre ciel et mer ; Aucœur d’Ajaccio ; Les Surprises de Diane ; etc.22.55 et 2.55Météo, Soir 3.23.25 LesPatients de l’espoir.Documentaire (France, 2012, 90min).

CANAL+

20.55Monsieur Papap

Film Kad Merad. Avec Michèle Laroque, KadMerad, Judith El Zein (Fr., 2011, audiovision).22.20 Itinéraire bisFilm Jean-Luc Perréard. Avec Fred Testot,Leïla Bekhti, Catherine Gandois (France, 2011).23.40 BeginnerspFilm Mike Mills. Avec Ewan McGregor, Christo-pher Plummer (Etats-Unis, 2010, 104min).

ARTE

20.35 Fondu au noir.Téléfilm. Sophie Heldmann. Avec Senta Berger,Bruno Ganz, Barnaby Metschurat (All., 2010).22.05 Sous le soleil deminuit.Un voyage en Finlande. Emission spéciale présen-tée par Ella Kanninen et Liro Rantala (600min).

M6

20.50NCIS.Série. Un Noël électromagnétique. Soussurveillance (saison 3, 11 et 12/24, inédit)U.Au champ d’honneur (S2, 13/24) ; Personnel etconfidentiel (S1, 7/24). Avec Chris O’DonnellU.0.00 100% Euro. Magazine (70min).

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Lisbonne

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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RomeBarcelone

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Le CaireJérusalem

Beyrouth

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ZagrebMilanBelgrade

Bucarest

St-PétersbourgHelsinki

Minsk

Moscou

30 à 35° > 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°-10 à -5°< -10°

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Ajaccio

Nice

Clermont-Ferrand

Lyon

Chamonix

Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

Rouen

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Châlons-en-champagne

Toulouse

Dijon

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assezensoleillébeautempsvariable,orageuxassezensoleillésoleil,oragepossiblebeautempsbeautempssoleil,oragepossiblebeautempsvariable,orageuxbeautempsassezensoleillébeautempsvariable,orageuxsoleil,oragepossiblevariable,orageux

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Dimanche

Samedi 23 juin 201223.06.2012

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ÉTATS-UNIS PLUIES PAR ENDROITS ABONDANTES EN FLORIDE

En Europe12h TU

Un temps sec s'imposera sur le payset le soleil jouera souvent lespremiers rôles, notamment sur unegrandemoitié sud de la France. Sur lenord et le nord-ouest du pays, le cielsemontrera plus partagé entre soleilet nuages et il faudra égalementcompter sur des nuages basmatinaux au pied des Pyrénées. Levent soufflera parfois fort près descotes de laManche.

Sainte-AudreyCoeff. demarée

LeverCoucher

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Chaud dansle Sud

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Solution du n° 12 - 148HorizontalementI. Présomptions. II. Saboteur. Uoi(oui) III. Etrier. Enfin. IV. Ee.Came. Et.V.Dé. Réexaminé.VI.Ophiures. Tr.VII.Niée. Il. NS.VIII. Yen. Ue. Bines. IX.Munch.Canope.X. Ereutophobie.

Verticalement1. Pseudonyme. 2. Rat. Epieur.3. Ebre. Henné. 4. Soierie. Cu.5.Ote. Eu. UHT. 6.Mercerie. 7. Pu.Axel. CP. 8. Trémas. Bah. 9.Nem.Niño. 10.Ouf. Snob. 11.Noient.Epi. 12. Sintérisée.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

1. A belle carrure. 2. Voudraitlaisser quelque chose de propreà nos enfants. 3. Petit renflement.Devient noble sous les coups.4.Ouverture de compte àWallStreet. Jamais entendue. 5. Bienmalmené. Dans le coin. 6. Pastoujours sage. Déplacement dansles airs. 7.Négation. Met du tempsà agir. En liste. 8. Très éloquentes.9. Pour n’oublier personne.Populations asiatiques. 10.Devraêtre réparée. Fit l’innocent.11. L’histoire au jour le jour.Capitale duMassachusetts.12. Reprennent le dossier enmain.

I.Devient commun aprèsréduction. II.Mesuré dans sesdépenses et ses épluchages. Passepar Caen. III. Façonna du bout desdoigts. Espace de temps. IV. Atrouvé un siège. Institution ouédifice.V. Retenues avant departir. Drôle de bonhomme venude Pologne.VI.On le retrouvedans tous les boulots. Grandchasseur de la Bible.VII. Arméchez Barak Obama. Donne levertige à la bergerie. Accord.VIII. Enfant de Rébecca. Mise à nuà la bergerie. IX. Petit sac dans lesfeuilles. Atome.X. Fait grandbruit.

météo& jeux écrans

Sudokun˚12-149 Solutiondun˚12-148Samedi23juinTF1

20.45 Football.Euro 2012 (quarts de finale) : Espagne - France.En direct de Donetsk (Ukraine).22.40 UEFAEuro 2012, le mag.23.10 Les Experts : Miami.Série. Transfert à haut risque. Mort à crédit.Défilé électrique (S6, 3, 4 et 7/21, 180min)U.

FRANCE2

20.35 Les Stars du rire.Invités : Anne Roumanoff, Sébastien Cauet,Eric Antoine, Amanda Lear, Claudia Tagbo...22.55 On n’est pas couché. Invités :Jean-Marie Pontaut, Franck Gastambide, MediSadoun, Jib Pochtier, Marie-Célie Guillaume,Clémentine Célarié, Gérard Holtz (210min).

FRANCE3

20.35 Une cible dans le dos.Téléfilm. Bernard Uzan. Avec Bernard Le Coq,Alexandra Vandernoot (France, 2009)U.22.10 Les Beaux Jours.Téléfilm. Jean-Pierre Sinapi. Avec ClotildeCourau, Nadine Marcovici (France, 2008).23.50Météo, Soir 3 (20min).

CANAL+

20.50 Sanctump

Film Alister Grierson. Avec Richard Roxburgh,Rhys Wakefield (EU - Austr., 2010)U.22.35 Strike Back. Série (S1, 2/3)V.0.05 L’Affaire Rachel SingerpFilm John Madden. Avec Helen Mirren, SamWorthington, Jessica Chastain (2010, 120min)V.

ARTE

20.45 L’Aventure humaine.Elisabeth Ire. Les Secrets de la reine vierge.Documentaire. Tom Cholmondeley (GB, 2012).21.35 Jean-Jacques Rousseau. Tout dire.Documentaire. Katharina von Flotow (2012).23.05 London Calling.Mode et design dans le rock [3/4] (All., 2012).23.55 Tracks.Au sommaire : Battle Beast ;Kim Fowley ; The Raid ; Effet domino... (55min).

M6

20.50NCIS.Série. Une vieille histoire. Au nom des miens.Règle 51 (saison 7, 22 à 24/24)U. Retrouvailles(saison 6, 4/25)U. Avec Mark Harmon.0.00 100% Euro Magazine (75min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les joursMots croisés et sudoku.

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiateur :[email protected]

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Le Mondesur microfilms : 03-88-04-28-60

Motscroisés n˚12-149

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Tres difficileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

Les espaces événementielsdu 123

0123 met à disposition son auditorium

(capacité de 150 places), avec possibilité de projection,

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manifestations. Paris, 13 e arr.

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22 0123Samedi 23 juin 2012

230123Samedi 23 juin 2012

EnquêteDes victimes de la torture livrées à elles-mêmesEnFrance, aucune structurepubliquede soinne prenden charge les per-sonnes exilées victimesde la torture, regrette le CentrePrimoLevi dansunLivreblancdévoilé jeudi 21 juin.http://www.lemonde.fr/societe/

SociétéObsèques «low cost»pour ParisiensLes Services funéraires de la ville de Paris (SFVP) lanceront, lundi2juillet, le tout premier service d’obsèques «lowcost» en ligne.http://www.lemonde.fr/vous/

Anepasmanquer sur0123.fr

Voixafghanesauféminin

Lettred’AsieFrédéric Bobin

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Le Monde vous propose une radiographiede Londres, la ville des Jeux olympiques 2012. Nous sommes partis à la découverte decette capitale dynamique, multiculturelle, excentrique, cité de tous les sports, de la finance,de la royauté et des folies architecturales. A travers les photographies de Martin Parr,les textes d’écrivains londoniens et les reportages de nos correspondants, prenez un billetpour un été anglais. Et aussi : des cartes, des infographies et un guide pour découvrir la ville.

LONDONIENL’ÉTÉ SERA

0123

E lles s’appellent ToubaNeda etPalwashaHashmi. Elles sont afgha-nes. FemmesenAfghanistan: le

sujet est sensible, lesté d’images, chargéd’histoire,unede cespréoccupations lan-cinantesqui gravite autour de ce paysdamné. Le cliché s’est impriméà jamaisdans l’imaginaire collectif : cette burqableue, grillagéedebarreauxde laineoccul-tant le visage, silhouette encagée traver-sant le bazar suivied’un accompagnateurmâle vigilant. Au lendemaindu 11-Sep-tembre, lesOccidentauxeurentbeau jeudemettre en scène l’oppressionque lesfemmesd’Afghanistan subirent sous lerégime taliban (1996-2001)pour justifier– entre autres raisons – l’assaut dupays.

Voilàpourquoi le sujet est empoison-né, avivant toujours les soupçonsdemanipulationde l’«impérialismeocci-dental».Oublionsun instant la propagan-

de, quelle qu’elle soit. Et écoutonsToubaNedaet PalwashaHashmi. En cette pério-de charnièreoù les troupes internationa-les s’apprêtent à quitter l’Afghanistanaprèsdix ans de guerre, et alors quemon-te la clameur favorable à la «réconcilia-tion» avec les talibans, ce qu’elles disentméritequ’on s’y arrête. Car la questiondes femmesne finira pas dehanter l’ave-nir de l’Afghanistan.

On les rencontreà Kaboul sur leur lieude travail, unorganismededéveloppe-ment chargéde l’irrigation enmilieurural. Au-delàdes stéréotypes catastro-phistes, c’est l’Afghanistanqui s’échine àfaire bouger les choses, à creuserdessillons.Dehors, la ville est calme– ce jour-là –, surplombéede son immémorial cer-cle de collinespierreuses où s’agrippentdesmaisonsde brique et deglaise. A l’in-térieur, la salle de réunionest vaste, il y a

des tableauxoù s’inscrivent au feutredesprogrammes,des ordinateursoù seconçoiventdes diagrammes.Après sesheuresde travail, ToubaNeda est écri-vain. Roman, poèmes, nouvelles: elle jet-te sur dupapier tout cequ’elle a sur lecœur. Elle s’est taillé une certainenotorié-té, la télévisionnationale l’a récemmentmontrée lisant unpoème lors d’une céré-monie littéraire.

ToubaNedaajuste son châle bleu etvert. Son apparence fluettene doitpas fai-re illusion, elle cacheun sacré tempéra-ment. Il y a quelques années, elle publiaun romannarrant la révolte d’une fem-me– sous le régime taliban– s’insurgeantcontre sonmari qui voulait l’empêcherde terminer ses étudesdemédecine.

Depuis, elle est indésirabledans sondistrict familial de Tagab (provinceKapi-sa), fief des talibans insurgés. La luttepour l’éducationdes filles est uneconstan-tede ses écrits. Elle s’épancheaussi surl’amourplatonique.Dans lesdeuxcas,elle embarrassebeaucoupsoncercle fami-lial, quinepriseguèrequ’elle s’afficheain-si.«Onmedit : “Nous sommesafghans,nous sommespachtounes, il n’est pasconvenablequ’une fille commetoi appa-raisse à la télévisionà lire despoèmes.”»

Sonpère, unmembrede l’élite éclairéedeKaboul, l’avait encouragée jadis,maissondécès la laisse aujourd’hui sans grandsoutien.«Il y a toujours cette peur logéeauplus profonddemoncœur,glis-se-t-elle. Je sens commeunemainposéesurmon cou.»Elleneniepas les«pro-

grès» accomplis depuisdix ans sur lefrontdesdroits des femmes, enparticu-lier enmilieuurbain.Mais elle nuance:«Simoi, une fille éduquéedes villes, inté-gréedans lemarchédu travail, je ressenscette crainte, alors imaginez ce que doi-vent éprouverdes femmesdans les campa-gnes reculées.»Cette «peur», elle est prê-te à l’affronter, à la combattre.«Jen’aban-donneraipas celui qui n’a jamais étémien», dit-elle dansune formule ellipti-que.Ondevinequ’elle veutparler du rêved’amour.

A ses côtés, PalwashaHashmiest vêtueplus strictementavec sonhijabnoir luiencadrant le visage. La jeunePachtouneapassé l’essentielde sa vie àPeshawar, auPakistan, avant de regagner récemmentl’Afghanistan. Elle fut un tempsembau-chéeparune organisations’efforçantderépandre la consciencedesdroitsdes fem-mesenmilieu traditionnel. La tâche estarduedans cette sociétépachtouneoù les

filles sont souventutilisées commemon-naied’échangepour régler des litiges cou-tumiers.«Nombrede ces traditions sontpréislamiques, soulignePalwasha.Nousessayionsd’expliquerauxvillageois quel’islamn’a jamais dit qu’il fallait vendre lesfilles.»

Palwashaest unebonnemusulmane,respectueusedes préceptes.Maisqu’onne lui parle surtoutpasdes talibans!«Avec leurobsessiond’interdireaux fem-mesde travailler, ils ontdétruit unpays,enrage-t-elle.Le Prophèten’a jamais ditqu’il fallait interdire l’éducationdes filles.»La réconciliationavec les talibans, dontl’insurrectionn’a paspuêtredéfaiteparles troupesde l’OTAN?Palwashagrima-ce, ellene veut guère en entendreparler.

On lui rapporteque certainsmilieuxfavorables à la paix soutiennentque lestalibansont changé, qu’ils sont devenuspluspragmatiques,moins intolérants. Lajeune femme se raidit. «Commentpeut-ondire que les talibans ont changé? Surquelles bases? Ames yeux, ils restent destueurs des droits des femmes.»Voilà pour-quoi elle s’inquiètedes conséquencesdudépart des troupes internationales.«J’aibienpeur que les talibans reviennentaupouvoir àKaboul après le retrait des sol-dats étrangers.»Alors,« la conditiondesfemmesva ànouveau régresser».

Touba et Palwashaou les cris du cœurdedeux jeunesAfghanes en ces tempsdetransitionde l’Histoire.p

[email protected]

E llesétaientdevenuespres-quedescopines.On lesretrouvaitpourplusieurs soi-

rées,une foisparandepuis septans. Le tempsqu’onapassédansleurcuisine, sous leurporcheà lesécouter raconter leurvieouà criti-quercelledesautres!Avec lesder-niersépisodesde ladernièresai-sonde«DesperateHousewives», apris fin, jeudi21 juinsurCanal+,cettehabitude.

Nousn’irons plus àWisteriaLane, qui a désormais sa placedans le cadastre télévisuel entreunranch texanoù intrigueset tur-pitudes sont dopées aupétrole ouauwhisky et «une petitemaisondans la prairie»pleine de bonnespersonnes et d’excellents senti-ments, élevés enplein air. Dans lemondedes «DesperateHousewi-ves», cette avenueproprette étaitbordéede barrières trop blan-ches, de pelouses trop vertes etd’hortensias trop épanouis pourdécorer des existences tout à faithonnêtes.

Scénarisés aumillimètre et dia-logués au cordeau, les vies et lescaractèresdes quatre amies donton suit l’évolutiondepuis 2005oscillent entre l’archétypiqueetle paradoxal: Gaby, bombesexuelle amoureused’un seulhomme; Lynette, executivewoman toujours entre deux gros-sesses et deux lessives; Bree,paroissiennemodèle régulière-ment tentée par le dévergondage;Susan, femme-enfantqu’on aquittée grand-mère.

C’était sansdoute le secretde laréussitede la série: entredeuxfournéesde cookies, on savait cesdamescapablesd’enterreruncada-vre,unvrai, enplusde ceuxqu’el-lesplanquaientdans leurspla-cards, commetout lemonde.Elles

pouvaientaffronter lamaternité,lamaladie, lamort,mais aussi lacuriositéde lapolice. Il y a ceuxqui aimentdétesterBree, d’autresquipréfèrentplaindreLynette etinversement; il y a ceuxqu’agaceGabyetd’autresquecharmeSusan, et vice-versa.Quine s’estjamaisdemandé, aumoinsunefoispar saison: quelle estmaDes-perateHousewifepréférée?

Lesderniers épisodesétaientunpeununuches,maisy a-t-il unefaçon intelligentede cumulerdansunscénario lamortdeKaren,voisineévidemmentmoinsméchanteque sonœilderrière lerideau, lemariagedeRenéedontles généreusesmensurationsnedisent riend’uncœurpourtant

gros commeça, la réconciliationdeTomet Lynetteaumilieudel’avenueparunenuit sans lune, lanaissancede l’enfantde Julie, quicommencedansune limousineetfinitbien, dansunhôpital?

A la réplique transiedeTom «Jet’aime toujours… Il faut se dire cegenrede chose tantqu’il est encoretemps», onpréférerabien sûr l’ul-timevacherie lancéeparGaby lorsde ladernièrepartiedepoker:«J’ai toujours rêvéqu’onvieilliraitensemble ici… Je resterais canonalorsquevous trois vousdevien-driez vieilles etmoches.»

Quine s’est jamaisentendurépondre: «Non, ce soir, je regardeles “Desperate”», car on les appe-lait commeça. Ellesdesperate,noushousewives. Encoreque… p

Nousn’ironsplusàWisteriaLane,quia

désormaissaplacedanslecadastre télévisuel

Encettepériodecharnièreoùlestroupes

internationaless’apprêtentàquitter l’Afghanistan,

lescrisducœurdeToubaNeda

etdePalwashaHashmisurlaconditiondesfemmes

C’est toutvu ! | chroniquetélépar Isabelle Talès

Désespérément«desperate»

pTirage duMondedaté vendredi 22 juin 2012 : 356 475 exemplaires. 1 2 3