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A lors que la 5 e édition du Salon Européen de la Recherche et de l’Innovation (SERI) ouvre ses portes à Paris, l’éco- nomie de la connaissance est plus que jamais au centre des attentions. Associée au po- tentiel de développement des Cleantechs (technologies ver- tes), l’autre thématique phare du SERI, ils apparaissent comme des champs d’oppor- tunités qui vont pousser les parties prenantes à adopter les méthodes de l’Open inno- vation (innovation ouverte). Une nouvelle approche du management de l’innova- tion qui « consiste à ne plus restreindre l’innovation à la seule R&D interne mais à interagir et collaborer avec tous les acteurs de l’écosys- tème de l’entreprise ». Une Europe de la recherche en construction Pour donner une solide ossature à l’espace euro- péen de la recherche, la Commission européenne a approuvé en décembre 2008 la création de dix grandes nouvelles infrastructures de recherche dans l’Union. Sélectionnés par le Forum stratégique européen pour les infrastructures de re- cherche (ESFRI), ces projets ambitieux vont du labo- ratoire de haute sécurité biologique (recherche sur les agents pathogènes mor- tels), aux installations pour l’expérimentation des tech- nologies de captage et de stockage du C0 2 , aux radars d’étude de l’atmosphère terrestre ou aux télescopes pour l’astronomie gamma à haute énergie. Elles consti- tueront autant de points de contact et d’échange entre chercheurs pour les dix ou vingt ans à venir. Stimuler la recherche et l’innovation passera aussi forcément, et plus prosaï- quement, par la capacité des Européens à harmoniser leurs juridictions : le brevet paneuropéen reste l’une des avancées les plus attendues par les chercheurs, investis- seurs et entrepreneurs. Un retard à combler dans les nanotechs Autre sujet de discorde relative : les nanotechno- logies. A la différence des technologies vertes, qui ont les faveurs du public, elles inquiètent l’opinion. Pour en prendre la mesure, la Commission nationale du débat public a récemment été saisie par le gouverne- ment – la consultation na- tionale devant avoir lieu au second semestre 2009. D’où la volonté de donner aux nanotechnologies une place importante au SERI 2009 et d’y associer des débats. Pré- senté comme une priorité du gouvernement par Valérie Pécresse, ministre de l’En- seignement supérieur et de la Recherche, le plan Nano- Innov se traduira, dès 2009, par un investissement de 70 millions d’euros, dans le cadre du plan de relance. Ici aussi l’objectif est juridique puisqu’il faudra augmenter notre part relative de bre- vets dans ces domaines. La ministre a en effet souligné que si la France occupe le 5 e rang mondial (3 526 pu- blications sur les nano- techs en 2006, soit 5,6% des publications mondiales), elle peine à transformer ces recherches en réussites industrielles (290 brevets dans le domaine en 2005, soit moins de 2% des bre- vets mondiaux). Les entreprises privées encouragées à innover Grand acteur également présent au SERI 2009, l’As- sociation nationale de la recherche et de la tech- nologie (qui rassemble les principaux acteurs publics et privés de la recherche et de l’innovation) fera un bilan des Conventions CI- FRE et de la plate-forme de prospective FutuRIS. Les conventions CIFRE ont, en 25 ans, réuni 6000 en- treprises (pour moitié des PME), 4 000 laboratoires et 12 000 doctorants autour de projets de recherche et d’innovation. Il est vrai que la France semble n’avoir découvert que récemment l’importance stratégique du doctorat : si dans la plupart des pays, il est le diplôme de référence, on leur a long- temps préféré le master et le titre d’ingénieur... Pour sa part, FutuRIS assure un suivi du système français de recherche et d’innovation et présentera un rapport sur « Les Processus d’Inno- vation : l’entreprise et son écosystème ». Fruit d’une série d’entretiens et de dé- bats avec les responsables de l’innovation de plusieurs dizaines de grandes entre- prises, il constitue un état de l’art des évolutions actuelles du management de l’innova- tion dans les grandes entre- prises. Celles-ci ne doivent pourtant pas monopoliser l’attention : s’il existe un sujet de consensus euro- péen, c’est bien la volonté de donner plus de poids aux PME et aux start-ups. Pour preuve, pendant le SERI 2009, le Grand Prix Sie- mens de l’Innovation (GPI) récompensera 3 entreprises françaises, et Saint-Gobain distinguera trois start-up européennes innovantes. Autant d’initiatives allant dans le bon sens, même si beaucoup d’efforts restent encore à faire : l’agenda de Lisbonne fixait pour 2010 aux membres de l’Union européenne un objectif de R&D global de 3% de leur PIB. En France, ce taux est de 2,2%. CHRISTOPHE CASTRO n CAHIER DU « MONDE » DATÉ DU 4 JUIN 2009, N° 20017. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT LES CAHIERS DE LA COMPÉTITIVITÉ, datés du 4 Juin 2009, sont édités par l’Agence Média Thème. Directeur de la rédaction : Franck Haufrecht - Rédactrice en chef : Elodie Toustou-Chelidze - Chef de rubrique : Christian Jacques. Ont participé à la rédaction de ce numéro : Carole Aïach-Soussan, Emmanuelle Angot, Rebecca Assoun, Frédéric Auzanneau, Fanny Bijaoui, Christophe Castro, Caroline Duprès, Gaëlle Ginibrière – Secrétaire de rédaction : Elisabeth Marchand – Studio graphique : David Garino, Ingrid Lhande – Directeur de la stratégie : Deror Sultan – Service administratif : Anne-Marie Duron – Responsables d’édition : Aurélien Obadia, Luc Parlier, Gilles Rubinstein, Frédéric Thabet – Responsable des relations extérieures : Marie de Bayser – Média Thème : 17, rue de Lancry - 75 010 PARIS - Tél. : 01 77 37 00 37 – www.mediatheme.fr - Contact : [email protected] (La rédaction du Monde n’a pas participé à la réalisation de ce supplément) spécial Recherche et Innovation (PUBLICITE) PAGE II PAGE III PAGE IV LA RÉDACTION DU MONDE N’A PAS PARTICIPÉ À LA RÉALISATION DE CE SUPPLÉMENT. POUR TOUTE INFORMATION : [email protected] Pour surmonter la crise, et bâtir des stratégies pérennes, politiques, entrepreneurs, chercheurs et investisseurs européens misent sur la recherche et l’innovation. INTERVIEW « L’innovation ouverte est une réalité qui s’impose » Quelles sont les grandes tendances sur le Salon cette année ? Les réponses de Catherine Gautier de La Plaine, commissaire générale du Salon Européen de la Recherche et de l’Innovation. Des recherches pionnières dans la lutte contre le cancer L’ambitieuse politique de la Ligue nationale contre le cancer. Quand la recherche repousse les limites Le Cern dispose du plus grand accélérateur de particules au monde. Les défis alimentaires boostent l’innovation La « seconde révolution verte » est en marche. Pourquoi avoir choisi le thè- me de l’innovation ouverte pour le SERI 2009 ? Le SERI a pour vocation de faire dialoguer les profes- sionnels de la recherche et de l’innovation, tous sec- teurs d’activité confondus. L’innovation ouverte est un thème fédérateur mais qui peut sembler idéaliste : com- ment un porteur de projet peut-il envisager sereine- ment de partager son avance technologique ? Pourtant l’innovation ouverte est une réalité qui s’impose au plan national et international, rendant nécessaire la col- laboration avec différen- tes parties prenantes : la tenue d’un évènement tel que le SERI 2009 illustre parfaitement cette tendance. Concrètement, les PMI/PME jouent, à notre avis, un rôle essentiel de « liant » entre les structures de recherche publiques ou privées. Elles sont capables de réagir vite et de développer des techno- logies ciblées, pouvant être déclinées ensuite dans de nombreux secteurs d’activi- té. La cinquantaine de PME/ PMI accueillies cette année en constituent la preuve et peuvent servir d’exemple. A noter également la pré- sentation des résultats du benchmark européen sur l’Open Innovation, d’Atos Consulting. La recherche et l’innova- tion peuvent-elles appa- raître comme une solution à la crise ? Récemment, M. Sarkozy a annoncé qu’il croyait en la relance économique par le biais de l’innovation. Gageons que la majorité des chefs d’entreprises, en France mais aussi dans le monde entier, partagent son avis… Consacrer un budget stable, voire augmenté, aux dépenses publiques et pri- vées de R&D est le gage d’une réponse adaptée aux grands défis planétaires (protection de l’environnement, change- ment climatique, lutte contre les maladies émergentes, énergies nouvelles...). Ces problèmes nouveaux, qui exigent des réponses rapides et pérennes, obligent tous les acteurs à innover. Comment le SERI 2009 vit-il cette crise ? Si nous organisons cha- que année avec autant de passion le Salon Européen de la Recherche & de l’In- novation, c’est parce que nous pensons que, crise ou pas crise, les rencontres directes sont indispensables pour faire avancer ses idées et en trouver de nouvelles. Notre challenge à nous, organisateur d’évènement, est… d’innover ! Notre pro- duit évolue et se modernise en fonction des attentes de nos clients. Pour exemple, un réseau WIFI sera dédié à l’accélération et à la qualifi- cation des rencontres entre exposants et visiteurs. Frappés par la crise, cer- tains grands acteurs ne sont pas au rendez-vous cette année. Mais de nombreu- ses structures françaises et européennes sont, comme nous, convaincues que c’est le moment où jamais d’accé- lérer son développement, de saisir des opportunités et de gagner en visibilité notam- ment auprès des pouvoirs publics. C’est en unissant nos énergies et nos idées que nous parviendrons à relancer notre économie. PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE DUPRÈS n Catherine Gautier de La Plaine. Le défi de la relance DR DR

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A lors que la 5 e é d i t i o n d u S a l o n Européen de la Recherche

et de l’Innovation (SERI) ouvre ses portes à Paris, l’éco-nomie de la connaissance est plus que jamais au centre des attentions. Associée au po-tentiel de développement des Cleantechs (technologies ver-tes), l’autre thématique phare du SERI, ils apparaissent comme des champs d’oppor-tunités qui vont pousser les

parties prenantes à adopter les méthodes de l’Open inno-vation (innovation ouverte). Une nouvelle approche du management de l’innova-tion qui « consiste à ne plus restreindre l’innovation à la seule R&D interne mais à interagir et collaborer avec tous les acteurs de l’écosys-tème de l’entreprise ».

Une Europe de la recherche en constructionPour donner une solide ossature à l’espace euro-

péen de la recherche, la Commission européenne a approuvé en décembre 2008 la création de dix grandes nouvelles infrastructures de recherche dans l’Union. Sélectionnés par le Forum stratégique européen pour les infrastructures de re-cherche (ESFRI), ces projets ambitieux vont du labo-ratoire de haute sécurité biologique (recherche sur les agents pathogènes mor-tels), aux installations pour l’expérimentation des tech-

nologies de captage et de stockage du C02, aux radars d’étude de l’atmosphère terrestre ou aux télescopes pour l’astronomie gamma à haute énergie. Elles consti-tueront autant de points de contact et d’échange entre chercheurs pour les dix ou vingt ans à venir. Stimuler la recherche et l’innovation passera aussi forcément, et plus prosaï-quement, par la capacité des Européens à harmoniser leurs juridictions : le brevet

paneuropéen reste l’une des avancées les plus attendues par les chercheurs, investis-seurs et entrepreneurs.

Un retard à combler dans les nanotechsAutre sujet de discorde relative : les nanotechno-logies. A la différence des technologies vertes, qui ont les faveurs du public, elles inquiètent l’opinion. Pour en prendre la mesure, la Commission nationale du débat public a récemment

été saisie par le gouverne-ment – la consultation na-tionale devant avoir lieu au second semestre 2009. D’où la volonté de donner aux nanotechnologies une place importante au SERI 2009 et d’y associer des débats. Pré-senté comme une priorité du gouvernement par Valérie Pécresse, ministre de l’En-seignement supérieur et de la Recherche, le plan Nano-Innov se traduira, dès 2009, par un investissement de 70 millions d’euros, dans le cadre du plan de relance. Ici aussi l’objectif est juridique puisqu’il faudra augmenter notre part relative de bre-vets dans ces domaines. La ministre a en effet souligné que si la France occupe le 5e rang mondial (3 526 pu-blications sur les nano-techs en 2006, soit 5,6% des publications mondiales), elle peine à transformer ces recherches en réussites industrielles (290 brevets dans le domaine en 2005, soit moins de 2% des bre-vets mondiaux).

Les entreprises privées encouragées à innover Grand acteur également présent au SERI 2009, l’As-sociation nationale de la recherche et de la tech-nologie (qui rassemble les principaux acteurs publics et privés de la recherche et de l’innovation) fera un bilan des Conventions CI-FRE et de la plate-forme de prospective FutuRIS. Les conventions CIFRE ont, en 25 ans, réuni 6000 en-treprises (pour moitié des PME), 4 000 laboratoires et

12 000 doctorants autour de projets de recherche et d’innovation. Il est vrai que la France semble n’avoir découvert que récemment l’importance stratégique du doctorat : si dans la plupart des pays, il est le diplôme de référence, on leur a long-temps préféré le master et le titre d’ingénieur... Pour sa part, FutuRIS assure un suivi du système français de recherche et d’innovation et présentera un rapport sur « Les Processus d’Inno-vation : l’entreprise et son écosystème ». Fruit d’une série d’entretiens et de dé-bats avec les responsables de l’innovation de plusieurs dizaines de grandes entre-prises, il constitue un état de l’art des évolutions actuelles du management de l’innova-tion dans les grandes entre-prises. Celles-ci ne doivent pourtant pas monopoliser l’attention : s’il existe un sujet de consensus euro-péen, c’est bien la volonté de donner plus de poids aux PME et aux start-ups. Pour preuve, pendant le SERI 2009, le Grand Prix Sie-mens de l’Innovation (GPI) récompensera 3 entreprises françaises, et Saint-Gobain distinguera trois start-up européennes innovantes. Autant d’initiatives allant dans le bon sens, même si beaucoup d’efforts restent encore à faire : l’agenda de Lisbonne fixait pour 2010 aux membres de l’Union européenne un objectif de R&D global de 3% de leur PIB. En France, ce taux est de 2,2%.

Christophe Castro n

CAHIER DU « MONDE » DATÉ DU 4 JUIN 2009, N° 20017. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

LES CAHIERS DE LA COMPÉTITIVITÉ, datés du 4 Juin 2009, sont édités par l’Agence Média Thème.Directeur de la rédaction : Franck Haufrecht - Rédactrice en chef : Elodie Toustou-Chelidze - Chef de rubrique : Christian Jacques. Ont participé à la rédaction de ce numéro : Carole Aïach-Soussan, Emmanuelle Angot, Rebecca Assoun, Frédéric Auzanneau, Fanny Bijaoui, Christophe Castro, Caroline Duprès, Gaëlle Ginibrière – Secrétaire de rédaction : Elisabeth Marchand – Studio graphique : David Garino, Ingrid Lhande – Directeur de la stratégie : Deror Sultan – Service administratif : Anne-Marie Duron – Responsables d’édition : Aurélien Obadia, Luc Parlier, Gilles Rubinstein, Frédéric Thabet – Responsable des relations extérieures : Marie de Bayser – Média Thème : 17, rue de Lancry - 75 010 PARIS - Tél. : 01 77 37 00 37 – www.mediatheme.fr - Contact : [email protected] (La rédaction du Monde n’a pas participé à la réalisation de ce supplément)

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Les cahiers de la compétitivités p é c i a l R e c h e r c h e e t I n n o v a t i o n

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PAGE II PAGE III PAGE IV

LA RÉDACTIOn Du MOnDE n’A PAS PARTICIPÉ à LA RÉALISATIOn DE CE SuPPLÉMEnT. POuR TOuTE InfORMATIOn : [email protected]

Pour surmonter la crise, et bâtir des stratégies pérennes, politiques, entrepreneurs, chercheurs et investisseurs européens misent sur la recherche et l’innovation.

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« L’innovation ouverte est une réalité qui s’impose »Quelles sont les grandes tendances sur le Salon cette année ? Les réponses de Catherine Gautier de La Plaine, commissaire générale du Salon Européen de la Recherche et de l’Innovation.

Des recherches pionnières dans la lutte contre le cancerL’ambitieuse politique de la Ligue nationale contre le cancer.

Quand la recherche repousse les limitesLe Cern dispose du plus grand accélérateur de particules au monde.

Les défis alimentaires boostent l’innovationLa « seconde révolution verte » est en marche.

Pourquoi avoir choisi le thè-me de l’innovation ouverte pour le SERI 2009 ?Le SERI a pour vocation de faire dialoguer les profes-sionnels de la recherche et de l’innovation, tous sec-teurs d’activité confondus. L’innovation ouverte est un thème fédérateur mais qui peut sembler idéaliste : com-ment un porteur de projet peut-il envisager sereine-ment de partager son avance technologique ? Pourtant l’innovation ouverte est une réalité qui s’impose au plan national et international, rendant nécessaire la col-laboration avec différen-tes parties prenantes : la tenue d’un évènement tel que le SERI 2009 illustre parfaitement cette tendance. Concrètement, les PMI/PME

jouent, à notre avis, un rôle essentiel de « liant » entre les structures de recherche publiques ou privées. Elles sont capables de réagir vite et de développer des techno-logies ciblées, pouvant être déclinées ensuite dans de nombreux secteurs d’activi-té. La cinquantaine de PME/PMI accueillies cette année

en constituent la preuve et peuvent servir d’exemple. A noter également la pré-sentation des résultats du benchmark européen sur l’Open Innovation, d’Atos Consulting.

La recherche et l’innova-tion peuvent-elles appa-raître comme une solution à la crise ?Récemment, M. Sarkozy a annoncé qu’il croyait en la relance économique par le biais de l’innovation. Gageons que la majorité des chefs d’entreprises, en France mais aussi dans le monde entier, partagent son avis… Consacrer un budget stable, voire augmenté, aux dépenses publiques et pri-vées de R&D est le gage d’une réponse adaptée aux grands

défis planétaires (protection de l’environnement, change-ment climatique, lutte contre les maladies émergentes, énergies nouvelles...). Ces problèmes nouveaux, qui exigent des réponses rapides et pérennes, obligent tous les acteurs à innover.

Comment le SERI 2009 vit-il cette crise ?Si nous organisons cha-que année avec autant de passion le Salon Européen de la Recherche & de l’In-novation, c’est parce que nous pensons que, crise ou pas crise, les rencontres directes sont indispensables pour faire avancer ses idées et en trouver de nouvelles. Notre challenge à nous, organisateur d’évènement, est… d’innover ! Notre pro-

duit évolue et se modernise en fonction des attentes de nos clients. Pour exemple, un réseau WIFI sera dédié à l’accélération et à la qualifi-cation des rencontres entre exposants et visiteurs.

Frappés par la crise, cer-tains grands acteurs ne sont pas au rendez-vous cette année. Mais de nombreu-ses structures françaises et européennes sont, comme nous, convaincues que c’est le moment où jamais d’accé-lérer son développement, de saisir des opportunités et de gagner en visibilité notam-ment auprès des pouvoirs publics. C’est en unissant nos énergies et nos idées que nous parviendrons à relancer notre économie.

propos reCueillis par Caroline duprès n

Catherine Gautier de La Plaine.

Le défi de la relance

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- 4 Juin 2009 -II

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Le monde de la compétitivité - RecheRche et innovation(PUBLICITE)

Quelle est la spécificité de la Ligue nationale contre le cancer ?La Ligue est une associa-tion caritative créée il y a 90 ans. Elle est représen-tée sur tout le territoire et dans les DOM-TOM par des comités départementaux. La Ligue n’a aucune res-source autre que celle qui vient de la générosité du pu-blic. La Ligue compte près de 720 000 adhérents qui payent une cotisation et font des dons ; la Ligue collecte aussi des legs. Dans chaque département, les comités de la Ligue organisent éga-

lement des manifestations qui permettent de récolter des fonds. Sans oublier les produits des quêtes qui ont lieu lors des obsèques. Les missions sociales de l’asso-ciation sont les suivantes : recherche, information, prévention, dépistage et actions pour les malades. La mission recherche est celle qui reçoit la plus large partie des fonds récoltés. Une évidence quand on sait que les donateurs mettent la recherche en première ligne comme moyen pour lutter contre le cancer.

Quelle est la politique de l’as-sociation en matière de Re-cherche et d’innovation ?Le budget recherche de la Li-gue est d’environ 35 millions d’euros. Depuis plusieurs années, la Ligue est le pre-mier financeur indépendant de la Recherche contre le cancer. Elle ne dépend pas des institutions publiques et décide seule de sa stratégie et de sa politique scientifique sans pression aucune. La

ENGAGEMENT

Des projets de recherche pionniers dans la lutte contre le cancerLa Ligue nationale contre le cancer est le premier financeur non gouvernemental de la recherche française contre le cancer. Jacqueline Godet, vice-présidente de la Ligue, chargée de la Recherche et présidente du conseil Scientifique national, évoque les axes stratégiques de l’association en matière de lutte contre le cancer.

Doté d’un budget annuel moyen de 2,5 millions d’euros, le programme

Carte d’Identité des Tumeurs (CIT®) a été initié par la Ligue il y a neuf ans. À ce jour, il a permis d’analyser, au plan génomique, 5 921 tumeurs sur un total de plus de 7 000 annotées et disponibles pour les ana-lyses génomiques (http://cit.ligue-cancer.net). Une vingtaine de pathologies diffé-rentes sont incluses, mais deux font l’objet de consortiums multicentriques : le cancer du sein (dix projets) et le cancer du côlon (cinq projets). On peut citer en exemple les études génomiques sur l’hépatoblastome – la tumeur hépatique pédiatrique la plus fréquente – qui ont mis en évidence une signature de 16 gènes prédictifs de l’évo-lution de la maladie et ont ouvert la voie à la recherche d’un traitement personnalisé lorsque la chimiothérapie conventionnelle n’apporte pas les résultats escomptés. De même, les travaux de génomique réalisés sur le cancer du sein sur plus de 1 000 tu-meurs, ont permis d’affiner le classement de celles-ci en huit groupes moléculaires contre les trois utilisés actuellement en routine clinique.

Un programme concret pour les maladesCe programme de recherche commence à trouver des applications au lit du malade. Ainsi, une étude CIT a permis de trouver une signature moléculaire qui différencie les tumeurs malignes des tumeurs béni-gnes de la glande corticosurrénale. Elle est utilisée en routine clinique à l’hôpital Cochin à Paris. Il en est de même pour les tumeurs cérébrales, difficiles à classer par les méthodes conventionnelles. L’étude CIT a permis de trouver des anomalies dans le génome qui permettent de mieux distinguer les différents types de tumeurs au moment du diagnostic. Cette étude est appliquée en routine clinique à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Plus de 800 patients ont déjà bénéficié de cette amélioration du diagnostic. Les apports du programme CIT vont s’ajouter à l’effort d’un consortium international (International Cancer Genome Consortium) qui vient de voir le jour avec pour objectif de recenser toutes les mutations dans 50 types de cancer différents.

F. B. n

La « Carte d’identité des tumeurs », un programme unique

Jacqueline Godet.

La Ligue nationale contre le cancer soutient des projets en recherche

épidémiologique sur les risques du cancer qui servent de base aux campagnes de prévention. Elle soutient ainsi des études menées par le réseau Francim qui s’ap-puie sur les données des registres de can-cer. Les résultats ont été publiés sous le titre Survie des patients atteints de cancer en France, aux éditions Springer. Depuis plus de dix ans, la Ligue supporte aussi une étude prospective, l’enquête E3N, qui concerne environ 100 000 femmes de la Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale. L’objectif est d’évaluer le rôle des facteurs hormonaux et alimentaires dans le cancer du sein et dans le cancer du côlon. La Ligue apporte également son aide à la recherche en sciences humaines

et sociales. En effet, la pathologie du cancer ne réunit pas seulement le malade, le médecin et sa famille, mais toute la société environnante. Par exemple, des recherches sont menées sur l’annonce du diagnostic, le retour à domicile ou la réinsertion professionnelle. La Ligue lance ainsi chaque année des appels à projets destinés à des spécialistes en sciences humaines et sociales qui travaillent avec des oncologues et des patients sur ces sujets.

Une recherche clinique tournée vers les adolescents L’association soutient également la re-cherche clinique (essais thérapeutiques d’agents anticancéreux) et finance, de-puis quatre ans, un programme original

et innovant : l’action « Adolescents et Cancer ». La France connaît en effet un problème de prise en charge des ado-lescents puisqu’il n’existe pas de service d’accueil dédiés à ces jeunes malades. Pourtant, ils ont des besoins spécifiques, aussi bien pour le traitement que pour le soutien psychologique ou la réinsertion dans la vie scolaire et professionnelle. Depuis fin 2005, des projets de recher-che ont été lancés pour préciser les besoins en unités de cancérologie pour adolescents et la faisabilité de leur mise en place. La Ligue en partenariat avec certains centres E. Leclerc organisent des manifestations chaque année avant Noël. Les collectes permettent à la Ligue de soutenir ce programme.

F. B. n

Ligue s’appuie sur un conseil scientifique national qui rassemble des chercheurs reconnus par des tutelles publiques (CNRS, Inserm, CEA, Universités). Ils ont une connaissance parfaite des études sur la lutte contre le cancer en France comme à l’étranger. Le Conseil Scien-tifique National de la Ligue se réunit quatre fois par an et fait des propositions d’axes stratégiques de recherche. Avant d’être lancées, ces propositions doivent être validées par le conseil d’ad-ministration de l’association. Ces propositions concernent notamment le soutien ac-cordé aux jeunes chercheurs doctorants et post-doctorants (plus de 3000 en 10 ans).

Quels sont vos principaux axes de développement ?Deux programmes phares ont été conçus, initiés et soutenus par la Ligue depuis les années 2000. Ce sont des programmes pionniers utiles à l’ensemble de la recherche française. Le programme

« Équipes Labellisés » permet à des chercheurs d’obtenir, pendant trois ans, un soutien financier et de recevoir le « Label Ligue » reconnu par les institutions publiques. Chaque année, la Ligue sou-tient de 90 à 100 équipes la-bellisées. Celles-ci publient leurs travaux dans des revues internationales et déposent des brevets grâce en partie au soutien de l’association. Chaque équipe remet un rap-port scientifique et financier annuel et, au bout des trois ans, elle remet un rapport final et, éventuellement, re-pose sa candidature. L’autre programme phare est celui de la Carte d’Identité des Tumeurs (CIT®). Il concerne l’analyse des tumeurs sur les mêmes plateformes techno-logiques après les mêmes contrôles de qualité. Son objectif : apporter une aide au diagnostic et à la prise en charge personnalisée des malades, mais aussi mieux comprendre les mécanismes de la cancérogenèse.

Fanny Bijaoui n

Quels sont les atouts de l’hydrogène ?L’hydrogène est un gaz non toxique, incolore et inodore qui n’est pas plus dangereux que les combustibles actuels. C’est un vecteur d’énergie non polluant, complémentaire à l’électricité, qui est appelé à jouer un rôle majeur dans les systèmes énergétiques de demain. L’hydrogène peut être produit à partir d’énergies renouvelables (sans émettre de CO2 ou de rejets polluants) et ainsi servir de médium de stockage pour être restitué en fonction des besoins comme combustible ou gaz de procédé. Nous pensons que la production d’hy-drogène à partir de sources d’énergies renouvelables est un point clé pour voir l’avènement d’une économie de l’hydrogène avec un réel avantage environnemental.

Quelles sont vos solutions ?Depuis sa création, CETH a développé une expertise lui permettant de créer des systèmes industriels innovants et éco-responsables. Après cinq années de développement, CETH propose une gamme d’électrolyseurs (type PEM) pour la production d’hydrogène « pro-pre » à partir d’eau et d’électricité. CETH travaille également sur un géné-rateur d’hydrogène très compact et très performant qui utilise un combustible renouvelable : le bioéthanol.

RéBecca assoun n

TECHNOLOGIES vErTES

L’hydrogène, vecteur des énergies renouvelablesL’énergie devient un enjeu mondial. Depuis 1997, la CETH (Compagnie Européen-ne des Technologies de l’Hydrogène), propose des solutions innovantes, propres et fiables pour répondre aux exigences du marché de demain comme l’explique Fabien Auprêtre, chef de projet.

Une nouvelle gamme d’électrolyseur

Ces cinq dernières années, CETH a développé une gamme d’électrolyseurs de type PEM

à haut rendement (> 80%) permettant la pro-duction d’hydrogène pour des capacités variant de 0,1 à 50 Nm3/h. Ces systèmes fonctionnent typiquement entre 6 et 30 bars et des tests sont actuellement en cours sous 50 bars. Cet éco-produit, compact et totalement automatisé permet de produire de l’hydrogène sans émission de gaz à effet de serre simplement à partir d’eau et d’électricité. Une étude menée sur plus de trois années permet maintenant à CETH de garantir le fonctionnement de ses électrolyseurs sous une alimentation par énergie renouvelable discontinue de type éolienne ou solaire. R. a. n

Un électrolyseur PEM GENHY 5000 MP alimenté par un champ photovoltaïque.

La recherche contre le cancer sous toutes ses formes

Que signifie pour vous sou-tenir le « management de l’innovation » ?A la CCI, nous soutenons cette véritable culture d’en-treprise qu’est le manage-ment de l’innovation. Nous favorisons cette démarche managériale qui implique innovations technologiques, marketing, organisation mais aussi une capacité à se poser les bonnes questions et à se remettre en cause. Le tissu lo-cal se compose de 60 000 en-treprises dont 95% emploient moins de 20 salariés. Ces PMI, PME et TPE n’ont pas la taille suffisante pour jouer sur les effets de volume ou investir suffisamment, et seules, dans l’innovation.

En tant que partenaire des entreprises, notre démarche est donc naturellement de les aider collectivement mais aussi individuellement. No-tre soutien est de trois ordres : sensibilisation et information des PME, mise en réseau et accompagnement des chefs d’entreprises.

Quelles sont vos actions pour répondre à ces de-mandes ?Notre service « Appui aux entreprises et à l’innovation » intervient directement auprès de 250 PME par an. Nous tra-vaillons étroitement avec les Pôles de Compétitivité de la Région PACA. Cette collabo-ration a débouché notamment

sur le programme Valor’In-nov, initialement conçu avec le pôle Capénergie dans le domaine des énergies renou-velables. Cela a permis, en 18 mois, de diagnostiquer et de lancer vingt projets inno-vants. Nos équipes sont allées convaincre les chefs d’entre-prises de mettre en œuvre les projets innovants qu’ils laissaient en « stand-by » au sein même de leur entreprise. Après avoir diagnostiqué la faisabilité technique, com-merciale et financière de chaque projet, nos équipes ont travaillé avec les diri-geants à leur mise en œuvre. Les projets portaient, entre autres, sur la réduction des pertes énergétiques dans les industries électro-intensives, l’optimisation énergétique de l’existant par la télé-supervi-sion ou encore le développe-ment de l’éclairage solaire.

Nous souhaitons dé-sormais pouvoir en faire bénéficier d’autres Pôles de compétitivité. Nous avons aussi mis en place une plate-forme collaborative « Ecobiz Côte d’Azur » qui permet d’animer et de fédérer cette communauté, sur internet.

Comment fonctionne cette plate-forme ?Accessible sur www.cote-azur-ecobiz.fr, Ecobiz est un réseau national déve-loppé dans près de vingt Chambres de commerce. Cette e-communauté des acteurs économiques permet de partager informations et connaissances, d’accéder à des savoir-faire, de dévelop-per son réseau professionnel. Parmi les sept communautés de « Ecobiz Côte d’Azur », la Communauté « Innova-tion » est le point d’entrée permettant aux porteurs de projets de trouver les acteurs clés de l’innovation ainsi que les bonnes pratiques du management de projets innovants. Elle remporte un franc succès avec 335 entre-prises inscrites.

caRole aïach-soussan n

MANAGEMENT dE L’INNOvATION

Un accompagnement complet pour soutenir les projets innovantsLe mot d’ordre à la chambre de commerce et d’industrie nice côte d’azur : écouter, représenter et favoriser la compétitivité des entreprises. et tout particulièrement dans le domaine du management de l’innovation, comme l’explique son président Dominique estève.

Dominique Estève.

A la disposition des porteurs de projet : une batterie d’outils pratiques.

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Page 3: Les Cahiers Journal Le MONDE

- 4 Juin 2009 - III

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Le monde de la compétitivité - RecheRche et innovation(PUBLICITE)

Quels sont les secteurs concernés par vos pro-jets de réorganisation ?Reposant sur un plan d’investissement de 55 millions d’euros, no-tre projet permettra de développer l’ensemble de nos activités avec l’extension de l’imagerie médicale, de la radiothé-rapie, de la chimiothé-rapie ambulatoire, de la biologie et la création d’un secteur de chirurgie ambulatoire. A l’hori-zon 2012, Val d’Aurelle aura une surface totale de 43 000 m2, soit 10 000 de plus qu’actuellement. En ce qui concerne la recherche, dans le cadre du contrat entre l’Etat, la Région et l’Inserm, plus de 1500 m2 supplémen-taires viendront s’ajouter à la surface actuelle, et deux nouvelles équipes de chercheurs rejoin-dront nos huit équipes labellisées.

Car le centre Val d’Aurel-le est en pointe dans le domaine de la recherche médicale….La recherche constitue, avec les soins, l’ensei-gnement et la préven-tion, l’une des grandes missions fondatrices de Val d’Aurelle. Mais c’est dans le domaine de la recherche médicale, associant clinique et re-cherche, que l’institution est en pointe. Les trois types de recherche – fondamentale, clinique et de transfert – compo-sent d’ailleurs pour nous un ensemble indisso-ciable. Notre spécificité est le développement de stratégies commu-nes entre huit équipes de recherche (150 cher-cheurs) adossées à une structure hospitalière (60 médecins) prenant en charge plus de 3500 nou-veaux cancers par an. Notre objectif est de per-mettre aux chercheurs d’apporter des réponses aux vraies questions po-sées par les cliniciens.

Quels sont les résultats obtenus par Val d’Aurel-le en matière d’innova-tion et de recherche ?Nos différents travaux de recherche fondamen-

tale sur la génétique des tumeurs (notamment sur le génome de la prédis-position au cancer du sein), l’ingénierie des anti-corps, la pharma-cogénomique fonction-nelle et les relations hormones-cancer, ont grandement contribué à la recherche française. La recherche clinique est également une acti-vité soutenue comme la

recherche de transfert avec la mise au point de marqueurs d’agressi-vité, de différenciation cellulaire et de pronos-tic de certains cancers mammaires et diges-tifs, ce qui nous place parmi les centres les plus performants. De

plus, Val d’Aurelle est l’un des centres français pionniers en matière de technologie des traite-ments des cancers par radiothérapie, avec no-tamment la technologie RapidArc/IMRT* mais aussi pour des techni-ques chirurgicales, telles que la CHIP**. Toutes ces recherches s’ap-puient sur des platefor-mes technologiques de

pointe : tumorothèque, biothèque et centre de traitement de données statistiques.

EmmanuEllE angot n

* IMRT : Intensity Modulation Radiation Therapy

* *CHIP : Chimiohyperthermie Intra-Péritonéale

Pr Jean-Bernard Dubois.

Situé à Montpellier, le centre offre des soins de qualité grâce à une équipe de 750 professionnels.

languedoc-roussillon

Le centre régional de lutte contre le cancer se prépare pour faire face à l’avenirval d’aurelle-Paul Lamarque, le centre régional de lutte contre le cancer du Langue-doc-Roussillon, fait peau neuve. Le Pr Jean-Bernard Dubois, directeur général du centre, explique pourquoi la restructuration de son établissement va accroître sa contribution à l’innovation et à la recherche cancérologique.

ProsPecTiVe

Quand la recherche repousse les limitesFondé en 1954, le cern*, situé près de Genève, dispose du plus grand accélérateur de particules au monde : le Grand collisionneur de hadrons (Lhc). interview de Rolf heuer, son directeur général depuis janvier.

Le Grand collisionneur de ha-drons (LHC) va redémarrer. Dans quels domaines attendez-vous des retombées scientifiques ? Le LHC permettra des avancées scientifiques majeures dans la connaissance fondamentale de la matière et de ses origines. Il a été construit pour répondre à des questions essentielles de la physique des particules. De quoi est constitué 96% de l’univers ? Qu’est-ce que la masse ? Pourquoi la nature semble-t-elle avoir une préférence pour la matière ? L’es-pace-temps a-t-il plus de quatre dimensions ? Vous voulez établir des partena-riats avec des pays et des labora-toires dans le monde entier… Le Cern compte vingt Etats mem-bres européens. De nombreux autres pays, non européens, par-ticipent aussi à ses activités. Cer-tains Etats ou organisations ont le statut d’observateur. 580 instituts et universités utilisent nos instal-lations. La coopération d’équipes françaises du CNRS/IN2P3 et du

CEA avec des pays émergents leur permet de participer au LHC et facilite l’établissement de parte-nariats avec le CERN. Le CEA et le CNRS sont vos par-tenaires en France. Qu’apportent ces collaborations ? En tant que membre, la France participe pour 15% du budget. 210 physiciens et 230 ingénieurs et techniciens du CNRS/IN2P3 et du CEA participent aux quatre expériences du LHC. Leur forte participation à l’effort de R&D en matière d’instrumentation dès le début des expériences a permis aux équipes françaises de jouer un rôle prépondérant dans le choix des technologies retenues, dans la conception et la réalisation des détecteurs. La cryogénie et la supraconductivité font notamment partie des domaines clés de l’ex-pertise française au LHC. Les in-génieurs et techniciens du CNRS/IN2P3 et du CEA ont contribué à la conception et à la réalisation des aimants quadripôles et d’une partie du système cryogénique de

l’accélérateur. Les technologies de la microélectronique et du silicium permettent le développement de nouveaux détecteurs très précis. Pour les techniques de stockage et de traitement informatique de grosses masses de données, les équipes françaises ont joué un rôle moteur dans le projet européen coordonné par le Cern, qui a per-mis de mettre en œuvre le concept de grille de calcul, le premier dispositif informatique distribué à l’échelle industrielle. Comment facilitez-vous le passa-ge de la recherche fondamentale vers l’innovation et les applica-tions industrielles ? La R&D de pointe menée pour disposer des meilleurs instruments possibles incite les industriels à re-pousser les limites technologiques, en coopération avec les ingénieurs du Cern et des labos de recherche du monde entier. Les technologies développées pour les accéléra-teurs, la détection de particules, et l’acquisition de données trou-veront des applications dans de nombreux domaines. Par exemple, dans le cas de l’expérience CMS, les progrès dans le domaine de la calorimétrie laissent entrevoir des retombées importantes à court terme pour l’imagerie médicale (TEP). Les résultats des recher-ches du Cern dans le domaine de l’infiniment petit ont vocation à être publics. Le transfert de savoir fondamental ou technologique fait partie intégrante de sa mission.

Frédéric auzannEau n* Organisation européenne pour la

recherche nucléaire

En savoir plus : http://www.cern.ch et http://lhc-france.fr

Pr Rolf-Dieter Heuer.

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- 4 Juin 2009 -IV

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Le monde de la compétitivité - RecheRche et innovation(PUBLICITE)

Quelle place occupe aujourd’hui l’agriculture française sur le marché européen ?La France est aujourd’hui, et large-ment en tête, le premier producteur européen. Prenons quelques chiffres : avec une production agricole qui s’élève chaque année à 64 milliards d’euros, la France représente 23% de la production européenne devant des pays comme l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. C’est donc près d’un quart de la production européenne qui provient de l’agriculture française. En terme qualitatif, l’agriculture française s’appuie sur une réelle diversité de ses cultures : la France est le premier producteur européen de céréales, de graines oléagineuses, de betteraves et de vin et parmi les premiers produc-teurs de pommes de terre, de légumes et de fruits.

En quoi ce premier rang européen rejaillit-il sur le secteur agro-alimentaire ? Le poids de l’agriculture française constitue un pilier de l’industrie agro-alimentaire. Comme le faisait remarquer une étude de l’Institut Montaigne parue il y a trois ans, si l’industrie agro-alimentaire est aussi puissante et largement exportatrice aujourd’hui, c’est grâce au dynamisme de l’agriculture, que ce soit en termes de système de production ou en termes d’entreprises. Beaucoup de grands groupes coopératifs ou privés sont aussi de grands groupes alimen-taires. Il existe ainsi toute une chaîne d’emplois : on dénombre 320 000 exploitations agricoles en France et 3 000 entreprises agro-alimentaires qui représentent un peu plus d’un million d’emplois, soit 4% de la population active.

Ces chiffres reflètent-ils le poids de l’agriculture dans l’économie française ?La France est le deuxième exportateur mondial – et le premier européen – de produits agricoles et alimentaires avec 42 milliards d’euros. Le polito-logue Dominique Moïsi estime que l’agriculture qui avait été délaissée pourrait être en passe de redevenir un secteur moteur de l’économie française au même titre que le luxe, le nucléaire ou les technologies de pointe dans le ferroviaire ou l’aéronautique. Les applications non alimentaires pourraient également contribuer à développer encore plus et mieux le potentiel agricole de la France. Les pôles de compétitivité qui ont été lancés récemment, donnent une large place à l’agriculture, notamment dans les domaines de la chimie végétale, de l’utilisation des agro-matériaux pour l’isolement des bâtiments ou encore de la fabrication des polymères, avec par exemple les plastiques biodégradables. Qu’il s’agisse de produits d’alimen-tation ou non alimentaires… tous les éléments sont réunis pour développer l’activité agricole en France dans le cadre d’une agriculture à haute qualité environnementale (HQE), respectueuse

de l’esprit du Grenelle de l’environne-ment et du plan Ecophyto 2018.

Et ce d’autant que la France possède de véritables atouts ?Le principal atout de l’agriculture française repose sur un potentiel excep-tionnel, qui est unique en matière de fertilité des sols, de climatologie adap-tée et une grande variété de cultures. La technicité de la France est son autre atout puisque l’agriculture a développé un formidable savoir-faire grâce à sa recherche agronomique, son réseau de conseils, et son organisation des mar-chés. Nous constatons par contre que l’accès à l’innovation dans le domaine de la protection des cultures est depuis quelques années en retard significatif par rapport à la Grande-Bretagne et à l’Allemagne.

Comment Bayer CropScience se po-sitionne-t-il pour accompagner ce potentiel agricole français ?Bayer CropScience recherche, dé-veloppe et met à disposition des solutions de protection des cultures toujours plus innovantes : réduction des doses de màatières actives et amé-lioration du profil environnemental, développement systématique d’outils d’aide à la décision pour permettre à l’agriculteur de traiter ses cultures à bon escient, développement d’outil de gestion environnementale sur l’exploitation (Phytobac®) ou encore des semences traditionnelles dans le domaine des cultures légumières au travers d’une filiale, Nunhems.

Pour accompagner le potentiel agricole français et développer l’agri-culture HQE de demain, Bayer CropS-cience joue la carte de la recherche et de l’innovation.

ProPos recueillis Par G. G. n

Bayer CropScience déve-loppe une nouvelle voie de recherche. Pour quelles raisons ?La réflexion qui nous a amenés à développer une nouvelle voie de recherche repose sur un constat. Entre 1960 et 2000, l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis ont connu une grande révolution verte, grâce à des variétés de grandes cultures, de type maïs, blé ou colza, sélec-tionnées, plus performantes et grâce à l’irrigation, les engrais et des produits phy-tosanitaires. Cette révolution verte a permis de doubler les rendements pendant cette période, et donc de baisser les coûts des produits agrico-les. En 2000 par exemple, un ménage Français dépensait 14% de son budget pour l’alimentation, contre 31% en 1960. Des millions de personnes ont ainsi pu avoir accès à une nourriture plus sûre à un coût significative-ment inférieur à ce qu’il était 40 ans plus tôt. L’enjeu des prochaines années est de nourrir une population crois-sante avec une superficie agricole mondiale stable.

Q u e l l e v o i e a c h o i s i Bayer CropScience pour innover ?L’innovation doit permettre d’augmenter les rendements de façon économiquement viable. Or ceux-ci stagnent depuis le milieu des années 90 en Europe occidentale. Parallèlement, les dépen-ses de recherche et de dé-veloppement en matière d’agriculture des différents Etats développés n’ont pas progressé ces dernières an-

nées. Il est donc nécessaire de relancer la machine, et la France a un rôle à jouer en tant que première agricul-ture européenne et troisième agriculture mondiale.

Bayer CropScience, quant à elle, veut contribuer à cette nouvelle révolution agricole. Nous investis-sons 650 millions d’euros par an dans l’innovation sur un chiffre d’affaires mondial de 6,4 milliards d’euros. L’entreprise compte 3 850 chercheurs sur un effectif de 18 000 employés dans le monde. Nous pré-voyons de porter le budget R&D à 750 millions d’euros en 2012.

Quelles nouvelles voies de recherche privi lé -gie aujourd’hui Bayer CropScience ?On sait aujourd’hui contrô-ler le stress des plantes lié aux insectes, champignons, mauvaises herbes. Et nous continuons à consacrer une grande part de notre budget de recherche à l’améliora-tion des produits de protec-tion des plantes destinées à l’agriculture afin qu’ils deviennent plus ciblés et offrent une meilleure in-nocuité.

On sait également que les variétés existantes, comme le maïs, n’arrivent au mieux qu’à 60% de leur potentiel génétique en ter-mes de rendement, en raison du stress abiotique de la plante, c’est-à-dire du stress lié à la chaleur, au froid, au manque d’eau ou encore à la salinité des sols. Depuis 40 ans, les solutions ont porté sur comment adapter ou modifier l’environne-ment direct de la plante par des engrais, l’irrigation des sols… Aujourd’hui, une nouvelle voie de recherche s’ouvre et tend à vouloir mieux adapter les plantes à leur environnement direct. L’enjeu de recherche est de mieux connaître la façon dont les plantes commu-niquent avec leur milieu direct, à étudier les interac-tions entre les micro-orga-nismes présents dans le sol et la plante afin d’accroître

les capacités de la plante à avoir un meilleur rende-ment, à résister au stress lié à son environnement et donc à exprimer pleinement son potentiel.

C’est ainsi qu’un nouveau laboratoire dédié à ces ques-tions a été inauguré il y a quelques semaines à Lyon.Bayer CropScience a deux centres de recherche en France, dont un à Lyon qui compte 220 personnes. Le département de recherche « Santé des plantes » y a effectivement ouvert ses portes récemment. Ce la-boratoire travaille en ré-seau avec les deux centres de recherche de Bayer CropScience situés en Alle-magne à Monheim et Franc-fort et le laboratoire de Gand en Belgique. Il s’agit d’étu-dier comment les plantes peuvent capter les richesses du sol ou contenues dans l’atmosphère, pour attein-dre leur vrai potentiel de rendement. Pour renforcer sa capacité de recherche, Bayer CropScience a aussi un accord avec le CNRS qui a été renouvelé en mars 2009, ainsi qu’avec l’INRA et l’université Claude Bernard ou encore avec le pôle de compétitive chimie – envi-ronnement Axelera à Lyon.

Cette nouvelle voie d’amélioration des rende-ments des grandes cultures alliée aux innovations en matière de protection des cultures par des solutions phytosanitaires et géné-tiques est assez unique à Bayer CropScience. Aupa-ravant, nous adaptions l’en-vironnement aux plantes cultivées. Désormais, nous entrons dans une nouvelle ère où il faudra adapter la plante à son environ-nement, l’aider à mieux atteindre son plein potentiel de production là où elle se trouve, même sur des sols moins riches. La « seconde révolution verte » est en marche. Cette approche réconcilie l’agriculture de production et les attentes sociétales respectueuses de notre environnement.ProPos recueillis Par G. G. n

La population mondiale va être confrontée dans les prochaines décennies à des enjeux alimen-taires cruciaux ?Le défi est absolument incroya-ble. La population mondiale va passer de six milliards de personnes aujourd’hui à neuf milliards en 2050. En 15 ans, c’est-à-dire à une échelle de temps qui nous concerne da-vantage, elle aura crû de deux milliards d’individus. On consi-dère que les besoins alimentaires vont augmenter de 50% dans les 40 prochaines années. Si l’on compare ces chiffres au temps qu’il faut à l’industrie pour développer de nouvelles innovations dans l’agriculture, à savoir 10 ans, les projets doivent être initiés dès aujourd’hui pour préparer demain. Il y avait déjà un déficit d’investissement dans l’agriculture, celui-ci risque d’être aggravé avec la crise.

Les enjeux sont d’autant plus importants que les besoins ali-mentaires évoluent.L’amélioration du niveau de vie de la population est un des fac-teurs essentiels pour comprendre les enjeux alimentaires à venir. C’est ce que l’on appelle l’effet « BRIC ». Les habitants de ces pays, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine veulent changer leur régime alimentaire et consom-

ment davantage de protéines d’origine animale. Or, acheter 1 kg de viande de bœuf demande de produire 8 kg de céréales supplémentaires, ce qui entraîne un effet démultiplicateur. Les niveaux des stocks mondiaux de produits agricoles et de céréales sont aujourd’hui bas : ils étaient tombés en dessous de deux mois en 2008 contre 130 jours dans les années 80, ce qui a entraîné une forte tension sur les prix.

Quelles solutions pourraient être envisagées pour produire davan-tage à l’échelle mondiale ?Cultiver davantage de surfaces dans le monde pourrait être une solution. Or selon la FAO, les surfaces cultivées sont stables, autour de 1,5 milliard d’hectares. Il existe des réserves foncières importantes en Afrique, au Brésil et dans les pays de l’Est. Mais pour différentes raisons, ces surfaces

pourront difficilement être mises en culture dans les dix prochaines années. Nous pensons donc que les surfaces agricoles vont être stables, voire vont légèrement diminuer en raison de l’urbanisa-tion : la France par exemple perd 50 000 ha de surfaces agricoles par an. Augmenter les surfaces cultivées peut aussi se révéler un choix lourd de conséquences en termes de biodiversité et de disponibilité en eau.

Quelles autres voies sont envi-sageables ?Il existe toute une palette de solu-tions. Il faut davantage mettre l’ac-cent sur l’agriculture vivrière dans les pays du Sud, notamment en développant son financement. Les chaînes logistiques doivent être améliorées pour permettre aux produits cultivés d’être transportés vers les zones de consommation. Il est également indispensable de

miser sur l’innovation en santé et génétique des plantes en cohé-rence avec la protection de l’en-vironnement, pour permettre aux plantes d’exprimer pleinement leur potentiel. C’est la voie choisie par Bayer CropScience.

Au-delà de l’innovation, quelles sont les nouvelles technologies pro-posées par Bayer CropScience ?Une partie conséquente de notre budget de R&D est consacrée à ce que les solutions techniques dé-veloppées assurent une meilleure sécurité à la fois pour la santé humaine et pour l’environnement. Citons plusieurs exemples. Le blé a une maladie, la fusariose qui nuit à son rendement et pro-duit des mycotoxines, qui font l’objet depuis deux ou trois ans d’une réglementation de santé européenne. Face à ce problème nous travaillons à une stratégie de protection des céréales très

innovante. Nous avons développé un nouveau fongicide, Proline®, qui apporte un niveau de contrôle élevé de la maladie. Parallèlement, nous travaillons à la mise au point d’un outil de prévision permet-tant à l’agriculteur de connaître le risque de contamination de sa parcelle pour limiter les trai-tements au strict nécessaire. De même, nous allons proposer un kit de mesure des mycotoxines pour vérifier que la céréale récoltée réponde aux normes sanitaires européennes.

Nous commercialisons par ailleurs un nouvel insecticide, non encore autorisé en France, qui préserve les insectes auxiliai-res nécessaires sur ces cultures. Nous travaillons également sur une variété de colza au profil d’acides gras modifiés pour amé-liorer sa qualité nutritionnelle.

ProPos recueillis Par Gaëlle Ginibrière n

SCIENCES DU VIVANT

L’innovation comme réponse aux enjeux alimentaires et environnementaux Pour anticiper les défis alimentaires et environnementaux de demain, Bayer cropScience mise sur l’innovation afin d’améliorer les rendements agricoles, comme l’explique Jacques du Puy, membre du comité exécutif mondial de Bayer cropScience pour les régions europe, afrique et Moyen-orient.

La « seconde révolution verte » est en marchePascal housset, le président du directoire de Bayer cropScience en France et membre du comité exécutif mondial, présente le nouvel axe de recherche de sa firme : aider les plantes à s’adapter à leur environnement plutôt que de modifier leur environnement direct.

« Le principal atout de l’agriculture française repose sur son potentiel exceptionnel »La France, premier producteur européen, dispose de véritables atouts pour développer son agriculture et en faire un des secteurs moteurs de son économie. c’est la conviction de Frank Garnier, le directeur général de Bayer cropScience France.

Jacques du Puy.

Pascal Housset.

Frank Garnier.

Les chercheurs du laboratoire Santé des Plantes à Lyon sélectionnent des plantes ayant les meilleures propriétés pour lutter contre les stress environnementaux.

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