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JOURNAL DU LYCÉE IMMACULÉE CONCEPTION décembre 2016 Rédacteurs : Louis Dréano, Manon Hardy, Anne Dubouch, Pierre-Ambroise Gallouet, Elisabeth Iordanov, Coline Lappeman, Albane Nicot, Fanny Fèvre Éditorial par Louis Dréano Dans le chaos actuel, Noël serait ce petit moment de répit, comme une bouée jetée à la mer. C’est le temps de se retrouver et de partager ensemble. Face au mépris de tout, il est bon d’évincer les ondes négatives pour générer un peu d’amour et de charité. Toute l’équipe du Tohu Bahu vous souhaite un joyeux noël ! Trump par Louis Dréano Trump est une imposture. Sa cinglante – et si contestable – victoire sonne le glas de quelque chose de bien trouble en Occident : l'essoufflement du système politique lui- même. Son arrivée au pouvoir était inattendue – même lui ne devait pas s’y attendre – et a eu des répercussions très rapides à l’échelle mondiale : le peso mexicain s’écroule, le coût des prêts immobiliers s’élève en France, le Japon se sent encouragé à réarmer, le partenariat transpacifique est caduque. Trump est une imposture car sa campagne se fonde en grande partie sur un défi qu’il s’était lui-même lancé. En effet, lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche, un 30 avril 2011 à Washington, Barack 1

Tohu bahu n2 - décembre 2016

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JOURNAL DU LYCÉE IMMACULÉE CONCEPTIONdécembre 2016

Rédacteurs : Louis Dréano, Manon Hardy, Anne Dubouch, Pierre-Ambroise Gallouet, ElisabethIordanov, Coline Lappeman, Albane Nicot, Fanny Fèvre

Éditorial par Louis Dréano

Dans le chaos actuel, Noëlserait ce petit moment de répit,comme une bouée jetée à lamer. C’est le temps de se

retrouver et de partagerensemble. Face au mépris detout, il est bon d’évincer lesondes négatives pour générer

un peu d’amour et de charité.Toute l’équipe du Tohu Bahuvous souhaite un joyeux noël !

Trump par Louis Dréano

Trump est une imposture. Sacinglante – et si contestable –victoire sonne le glas dequelque chose de bien troubleen Occident : l'essoufflementdu système politique lui-même. Son arrivée au pouvoirétait inattendue – même lui ne

devait pas s’y attendre – et a eudes répercussions très rapides àl’échelle mondiale : le pesomexicain s’écroule, le coût desprêts immobiliers s’élève enFrance, le Japon se sentencouragé à réarmer, lepartenariat transpacifique est

caduque. Trump est uneimposture car sa campagne sefonde en grande partie sur undéfi qu’il s’était lui-mêmelancé. En effet, lors du dînerannuel des correspondants dela Maison Blanche, un 30 avril2011 à Washington, Barack

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Obama avait répondu avecironie à la controverse queTrump avait lancée, celle sur lelieu de naissance du président.Insolite, Obama s’en était bienamusé : « Maintenant il peutretourner s’occuper des vraisproblèmes : le premier pas surla Lune était-il faux ? Ques’est-il vraiment passé àRoswell ? Et où sont Biggie etTupac ? » Rires gras du public,rire jaune de Trump. Il en avaitpris pour son estime. Toutefois,les ambitions présidentielles deTrump ne datent pas d’hier.Dès 1988, le promoteurimmobilier avait tenté dedevenir le colistier de GeorgeW. Bush. Il brigua ensuite,dans la perspective del’élection de 2000, l’investituredu Parti de la réforme, lequelavait servi de plate-forme àRoss Perot, le premier« milliardaire populiste » à selancer dans l’arène politique.Trump est une imposture car ilne représente qu'un quart desAméricains : seulement 53,4%américains ont fait l'effort dese déplacer. Ces derniers n'ontpas seulement élu un présidentsans expérience – Reaganexistait bien avant – mais ontignoré royalement l'avis del'écrasante majorité desjournalistes, des artistes, desuniversitaires, des experts.C'est bien la déroute del'intelligentsia qu'il s'agit. Lenuage pesant et sombre dupopulisme vient recouvrir lesÉtats-Unis, comme il a déjàcommencé à se propager enEurope de l'Est depuis le débutdes années 2000. En effet, rienne rend mieux compte de ceque le sociologue PierreBourdieu appelait le « racisme

de l’intelligence ». La victoirede Trump est le résultat d’unprocessus indolore, latent etempli de haine : la droite estparvenu à transformer l’anti-intellectualisme en armepolitique efficace, en identitéculturelle revendiquée. Lorsd’un de ses meetings, lemilliardaire s’était justementexclamé : « J’aime les genspeu instruits ». En termes destatistiques, il est révélateur denoter que, dans le groupe desBlancs sans diplôme,l’avantage des Républicainsétait déjà de 25% il y a quatreans : il vient d’atteindre 39%(selon The New York Times du18 novembre 2016). C’est ence point d’inflexionsociologique dès lorsimpensable que le philosopheJason Brennan, dans unnuméro de Foreign Policypublié en novembre 2016,rappelle avec lucidité : « Ladémocratie a pour vocation demettre en œuvre la volontépopulaire. Mais qu’en est-il sile peuple ne sait pas ce qu’ilfait ? »

Trump est une imposture car ilest un populiste. Nous l'avionsdéjà expliqué lors de notrenuméro d'octobre. Lepopulisme est le pot-pourriidéologique et une mouvanceopportuniste en politique,qualifié comme : identitaire carla défense de la nation est"perturbée dans sonhomogénéité" (vous savez parqui...), anti-européen etantisystème car l'élitedominante et le pouvoir sontabsolument "corrompus",spectaculaire car le populisteest un grand tribun subversif et

propose des solutions trèssimples, et évidemment anti-libérales dans le sens sociétalcar la société "perd" sesvaleurs, ses traditions. Il y a,finalement, une volonté decontre-courant, de retour enarrière au temps où chacunétait bien chez soi et tout lemonde se battait pour sonpropre pays.

Dans le marasme politiqueactuel, il faut rester lucide. Nepas pencher vers les passionsmais bien faire preuve deraison et de conviction. Trumpa gagné et a ouvert le domainede tous les possibles.Dorénavant, les candidats« hors système » n’hésitent pasà se prévaloir de la haine qu’ilsinspirent aux médias. En Italie,Giuseppe Grillo a ainsi tiré del’élection américaine une leçonréconfortante pour lui et sonparti : « Ils prétendent quenous sommes sexistes,homophobes, démagogues etpopulistes. Ils ne réalisent pasque des millions de gens nelisent plus leurs journaux et neregardent plus leur télévision »(cité par The InternationalNew York Times, 14 novembre2016). Ce rejet des médias, cemépris de l’intellectualisme etdu système révèlent une réalitébien trop cachée : il y a lesgens d’en-bas, les« invisibles » pour reprendreles termes de Stéphane Beaud,cette majorité silencieuse quigronde profondément mais quel’on n’entend pas. Il seraitenfin d’intérêt politique maispremièrement humain de lesconsidérer, de mettre lacompassion et la solidarité auservice notre société.

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International

À travers l'Asie par Louis Dréano – informations extraites du Monde

Birmanie

La pression internationalecontinue de s’intensifier autourde la Prix Nobel Aung San SuuKyi (photo ci-dessous). Lacheffe du gouvernementbirman a été accusée,dimanche 4 décembre, depassivité face au « génocide »de la minorité musulmaneRohingya par Najik Razal, sonhomologue malaisien. Cedernier a également dénoncé lapassivité de la communautéinternationale, après que desmembres de la minoritérohingya réfugiés auBangladesh eurent fait état deviols en réunion, de tortures,de meurtres et de massacres.En effet, cette communautéd’environ 1,1 million depersonnes est perçue commeétrangère en Birmanie etpersécutée par des extrémistesboudhistes dans l’Etat deRakhine dans le Nord-Ouestbirman.

Chine

La Chine a vu ses importationsrebondir vigoureusement ennovembre, tandis que sesexportations se stabilisaient,confirmant une précaire reprise

de son économie. Lesimportations ont gonflé de 6,7% le mois dernier, à 152,2milliards de dollars, a annoncéjeudi l’administration desdouanes. Ce montant est dopépar le renchérissement desmatières premièresindustrielles. Cette repriseprécaire de l’économiechinoise intervient dans unenvironnement mondialcompliqué par la victoire deDonald Trump, qui a promisd’imposer une taxe prohibitivede 45 % sur les importationschinoises..

Corée du Sud

Les députés sud-coréens ontvoté, vendredi 9 décembre, ladestitution de la présidentesud-coréenne, Park Geun-hye(caricature à droite ci-dessus),la privant de ses pouvoirsexécutifs, notamment celui dechef des armées. Empêtréedans un scandale de traficd’influence impliquant sesproches et les plus grandsconglomérats du pays, laprésidente est accusée d’avoirété sous influence d’uneconseillère occulte, Choi Soon-sil (caricature à gauche ci-dessus), qui aurait profité deson ascendant pour spolier desgroupes industriels (à hauteur

de l’équivalent de 61 millionsd’euros). De plus, Mme Parklui aurait donné accès à desdocuments confidentiels,l’aurait laissée retravailler sesdiscours et aurait suivi sesconseils dans la conduite desaffaires de l’Etat. MmeChoi a été arrêtée jeudi pourfraude et abus de pouvoir.Dans l’attente de la décision dela Cour constitutionnelle, lespouvoirs exécutifs de laprésidente sont confiés dès lorsau premier ministre, HwangKyo-ahn, un ancien procureurqui n’a jamais été élu.

Inde

La décision du premierministre indien Narendra Modide retirer de la circulation lesgros billets de 500 et de 1 000roupies (soit 6,50 euros et 13euros) pour tenter d’enrayerl’évasion fiscale continue deprovoquer des immenses filesd’attente dans les banques. Lechef de l’exécutif, qui serégalait jusqu’ici de voir lacroissance indienne dépasser lacroissance chinoise, a pris lerisque de voir le produitintérieur brut encaisser unsacré coup de frein. Lesanalystes de Goldman Sachsprévoyaient un bond du PIB de7,9 % cette année, ils neparient plus désormais que sur6,8 %. Toutefois, ladémonétisation n’aura « aucuneffet sur l’argent sale et lafausse monnaie », assurel’ancien ministre des financesPalaniappan Chidambaram.

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États-Unis

Le Partenariat Transpacifiquede libre-échange (TPP) étaitl’axe principal de la stratégiede rééquilibrage d’Obama versl’Asie, calibré pour damer lepion à la Chine dans la région.Cet accord ne fera pourtant pasparti de l’héritage légué par leprésident américain sortant.Son successeur, le républicainDonald Trump, entend sortirles Etats-Unis de cet accordcommercial, « catastrophe enpuissance pour notre pays »,dès son entrée en fonction le20 janvier. Selon laCommission américaine ducommerce international(USITC), le TPP aurait permisd’accroître le produit intérieurbrut américain de 0,15 % d’icià 2032 et ses exportations de 1%. Mais le véritable enjeu d’untraité qui, dès le départ, a laisséPékin sur la touche, estdiplomatique. Le TPP est aucœur de la stratégie du « pivot» vers l’Asie défendue par M.Obama. « Les Etats-Unis nelaisseront pas des pays commela Chine fixer les règles ducommerce mondial », avaitaffirmé le président américainau moment de signer l’accord.

Ouzbékistan

Les Ouzbeks se sont rendusaux urnes, dimanche 4décembre, pour élire leur

nouveau président, ChavkatMirzioïev (ci-contre), troismois après la mort d’IslamKarimov, qui a dirigél’Ouzbékistan pendant un quartde siècle. Successeur désigné,M. Mirzioïev, 59 ans, a doncété déclaré vainqueur sanspartage de cette élection.Premier ministre depuis 2003,il assurait déjà la présidencepar intérim de cette ancienneRépublique soviétique d’Asiecentrale de 31 millionsd’habitants qui n’a jamaisconnu d’élections libres depuisson indépendance, acquise en1991.

Philippines

Duterte avait dit son intentionde faire transférer au cimetièredes héros de la nation ladépouille mortelle du dictateurFerdinand Marcos, qui, de1965 à 1986, régna d’une mainde fer sur les Philippines, avantde mourir en 1989. Le 8Novembre 2016, Marcos estinhumé au cimetière desgrands hommes, faisantrenverser d’un coup toutel’histoire de l’émancipationpopulaire philippine et rendantle pire des « souvenirs » le plusgrand héros de toute unenation. Face à cette injustice,les Philippins sont dans la rueet répandent le hashtag#MarcosIsNotAHero surinternet.

Philippines

Rodrigo Duterte a déclaré qu’ilétait prêt à suivre l’exemple deVladimir Poutine qui entendannuler la signature par laRussie du traité fondateur de lacour de justice. En effet, ilestime que la juridiction de LaHaye est « inutile » et ne s’enprend qu’aux petits payscomme les Philippines. Ildénonce également lesaccusations des Occidentauxqui reprochent augouvernement philippin de selivrer à des exécutionssommaires sous couvert d’uneguerre contre lesnarcotrafiquants qui a fait prèsde 4 900 morts depuis juin. Lechef d’Etat philippin souhaitepar ailleurs rencontrerVladimir Poutine en marge dusommet Asie-Pacifique, àLima, au Pérou : « Vous savez,si la Chine et la Russiedécident de créer un nouvelordre mondial, je serai lepremier à le rejoindre.»

Taïwan

Jeudi 17 novembre, une «manif pour tous » a rassembléprès de 10 000 personnesautour du Parlement de Taipei.Les deux associationsorganisatrices émaneraient decommunautés chrétiennesconservatrices, proches deséglises évangéliques

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américaines. Vêtus de blanc,bobs sur la tête, armés depancartes dénonçant « ladestruction de la famille et dumariage », les manifestants ontexpliqué à la presse qu’ils nes’opposaient pas à laprotection des droits deshomosexuels, mais réclamaientla tenue d’un référendum et deplus amples discussions. CarTaïwan pourrait être le premierpays asiatique à légaliser lemariage gay.

Thaïlande

Le Parlement thaïlandais a «proposé », mardi 29 novembre,au prince héritier Maha

Vajiralongkorn de monter surle trône. Personnalitécontroversée, il n’est pas aisépour le prince Vajiralongkornde succéder à son père, le roiBhumibol, monarque qui auraprofondément marquél’histoire de l’ancien royaumede Siam et suscitait uneadoration sans pareil. Lesouhait du prince de «respecter le deuil », enn'accédant pas immédiatementau trône, avait alimenté lesrumeurs de querelles depalais : la transition royaleintervenant dans un contextepolitique aussi troublé quecompliqué, la successions’annonçait possiblement

délicate. Le 1er décembre2016, Vajiralongkorn estproclamé le roi de Thaïlandesous le nom de Rama X(photo).

Le Monde Diplomatique – N°753 – Décembre 2016 – « La déroute de l'intelligentsia » par SergeHalimi

Typologie de la bataille d'Alep par Louis Dréano

La bataille d’Alep restecruciale pour l’avenir de laSyrie. Assiégés depuisseptembre par les forces pro-gouvernementales dans lapartie Est de la ville, lesinsurgés appartiennentessentiellement à desmouvements islamistes. Lamultitude et la diversité desacteurs armés qui participent àla bataille d’Alep expliquent ladurée et l’extension du conflitsyrien.

Alep-Est

Au travers de l’oppositionarmée au régime de Bachar al-Assad, on discerne trois typesde groupes : ceux quicombattent de façon autonome,ceux qui fusionnent entre euxet ceux qui coordonnent leursassauts à travers une« chambre d’opération »(ghourfat al’âmaliyyat).

À Alep-Est, où vivraientencore environ 250 000personnes, ainsi que dans lesbastions rebelles proches, deux« chambres d’opérations »principales rassemblent autotal entre 10 000 et 20 000hommes. La première baptiséeJaïch Al-Fatah (Armée de laconquête), représente près d’un

tiers des soldats rebelles, et estnotamment composée de l’ex-branche syrienne d’Al-Qaida,le Front Fatah Al-Cham –considéré comme terroriste parles Etats-Unis. Dans unemouvance djihado-salafiste,elle appelle à un « djihadglobal », revendique lacréation d’un Etat Islamique etl’application stricte de lacharia.

À côté, la coalition FatahHalab (Conquête d’Alep)rassemble plusieurs factionsproches des Frères musulmansou affiliées à l’Armée syriennelibre (ASL). À bien des égards,elle semble être la plusmodérée car elle ne se réclamepas du salafisme et n’appellepas au djihad. Or la nature de

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l’ASL a évolué au fil du temps,explique le géographe FabriceBalanche : « l’ASL est loin decorrespondre désormais à laperception que l’on en a enOccident, c’est-à-dire modéréeet en faveur de la laïcité, dumoins sur le terrain alépin. Lesgroupes ou les brigades qui luisont affiliés ne sont pasdjihadistes, certes, mais lesFrères musulmans, qui y sontlargement représentés,cherchent bel et bien àinstaurer la charia. » En effet,toutes les composantes del’ASL relèvent aujourd’hui del’islam politique, sans pourautant découler d’unradicalisme de fond, selon lespécialiste de la Syrie RaphaëlLefèvre : « ils tiennent undiscours qui met en valeur leurvolonté de construire un Etatqu’ils appellent « civil », danslequel la citoyenneté seraitattribuée à tous sans distinctionreligieuse et qui serait régi parun système parlementaire. »

Alep-Ouest

À Alep-Ouest où l’on compteprès d’1,2 million d’habitants,les forces armées pro-gouvernementales syriennesbénéficient du renfort de septmilices majoritairementchiites, dont trois principales.

Harakat Hezbollah Al-Nujaba(Mouvement des nobles duparti de Dieu) est une miliceirakienne idéologiquementproche du Hezbollah libanaiset qui participe à la bataillecontre l’Organisation de l’Etatislamique (OEI) à Mossoul, enIrak. A côté, Liwa Fatemiyoun(Brigade des Fatimides) se

compose essentiellement deHazaras, des Afghans chiitespersanophones entraînés etarmés par les gardiens de larévolution iranienne. Enfin, leHezbollah libanais, présent enSyrie dès 2012, joue un rôlemoteur à Alep pour assurer sapropre survie – Damas étant,avec Téhéran, son principalallié et fournisseur d’armes.

Quant aux forces kurdes(Unités de protection dupeuple, YGP), quientretiennent un pacte tacite denon-agression avec l’arméesyrienne depuis 2011, ellescontinuent de contrôler lequartier à majorité kurde deCheikh-Maqsoud.

Brouillage de pistes entre lesdifférentes forces rebelles

Les motivations politico-religieuses des forces pro-gouvernementales sont assezsimples à discerner. Il s’agitpour ces milices chiites pro-Bachar d’empêcher la chute durégime alaouite – branchehétérodoxe du chiisme dontfait partie le clan al-Assad – etde faire obstacle à la prise dupouvoir par ceux qu’ellesqualifient de « salafistes » -courant islamistefondamentaliste dont lesadeptes prétendent défendre laseule vraie religion, celle duProphète et des pieux ancêtres(al-salaf al-salih) – et de «takfiristes » - inspirés par lemouvement Al-Takfir wa-Hijra, en rupture avec lesFrères musulmans et prônantl’excommunication, y comprispar la mort, de tous ceux quine suivent pas leur lecture

littérale du Coran.

A l’inverse, dans le camprebelle, le jeu des alliances etla multiplication tant desacteurs que des coalitionssouvent éphémères rendentdifficile la distinction entre «radicaux » et « modérés » quele cessez-le-feu de septembreétait censé établir. Cetteinstabilité vient brouiller lespistes de compréhension : leFront Fatah Al-Cham arécemment rompu avec Al-Qaida, le groupe rebelle AhrarAl-Cham – soutenu par leQatar et la Turquie – alongtemps été proche del’Organisation de l’EtatIslamique (OEI) jusqu’en2014. La situation est d’autantplus difficile à appréhenderque des groupes radicauxsalafistes ont été ou demeurentaffiliés ou associés à l’ASL(Armée Syrienne Libre),présentée par ses soutiensoccidentaux comme le plusmodéré des acteurs de larébellion.

Un enfer sur Terre

Depuis l’entrée des rebellesdans Alep-Est à l’été 2012, descentaines de milliers depersonnes ont fui cesquartiers : ceux qui avaientpeur des bombardements durégime, ceux qui avaient del’argent et ceux qui nepartageaient pas le credo anti-

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Assad des rebelles, quicraignaient d’être pris pourcible par les nouveaux maîtresde l’Est d’Alep. En juillet2016, lorsque les forces pro-Assad parachèventl’encerclement de la ville. Adeux reprises, la Russie et lerégime proclament un cessez-le-feu et offrent aux civils quile veulent de quitter l’Est pardes corridors protégés.Personne ou presquen’emprunte ces corridors. Unepartie des habitants d’Alep-Estredoute d’être appréhendée parles services de renseignementsyriens s’ils mettent le pied àl’ouest. Pourtant, le régime a

toujours refusé de confierl’évacuation des civils à unorganisme tiers, neutre, commeles Nations unies (ONU).Le régime contrôle désormais85 % des quartiers que lesinsurgés tenaient avant lelancement de l’offensive, le 15novembre.

Toutefois, les forces arméessyriennes qui bombardent laville d’Alep sont responsablesde « crimes contre l’humanité» et de « crimes de guerre », adéclaré John Kerry àl’occasion d’une conférenceinternationale sur la Syrie àParis, le 10 décembre. Lesecrétaire d’Etat américain aeffectivement dénoncé un «bombardement aveugle par lerégime, qui viole le droitinternational ». Lacommunauté internationale aexhorté la Russie et son alliésyrien à laisser les civils et lescombattants rebelles quitterAlep.

Le Monde Diplomatique – N°753 – Décembre 2016 – « Qui sont les rebelles syriens ? » par Bachir El-Khouryhttp://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/12/01/alep-la-presence-de-ces-civils-n-a-jamais-dissuade-le-regime-de-bombarder-aveuglement-la-ville_5041802_1618247.html#ACtr4fqhY7ICAuZC.99http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/12/10/alep-le-regime-syrien-accuse-de-crimes-contre-l-humanite-par-washington_5046938_1618247.html#TujeBhAiKRbuKkRP.99http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/06/20/au-fait-quelle-difference-entre-sunnites-et-chiites_4442319_4355770.html#oZt5zd7OJltWF0pc.99

Index sur le cas alaouite de Syrie par Louis Dréano

La scission des deux courantschiite et sunnite de l’islamremonte à la mort du prophèteMahomet, en 632. Se posealors la question du successeurle plus légitime pour diriger lacommunauté des croyants : lesfuturs chiites désignent Ali,gendre et fils spirituel deMahomet, au nom des liens dusang ; les futurs sunnitesdésignent Abou Bakr, unhomme ordinaire, compagnonde toujours de Mahomet, aunom du retour aux traditionstribales. Une majorité demusulmans soutiennent AbouBakr, qui devient le premier

calife. Depuis, les sunnites onttoujours été majoritaires. Ilsreprésentent aujourd’huienviron 85 % des musulmansdu monde. Toutefois, lesquerelles actuelles entrechiisme et sunnisme tiennentmoins du différend religieuxque d’un conflit politique entredeux modèles, deux ensemblesgéopolitiques.

Les chiites, emmenés parl’Iran, sont depuis la révolutionislamique de 1979 en conflitouvert avec les dirigeantssunnites, considérés commecorrompus et vendus au «

Grand Satan » américain. Sedessine depuis quelques annéesl’idée d’un « croissant chiite »,expression née dans la bouchedu roi de Jordanie Abdallah en2004, qui rassemblerait l’Iran,le Liban, le Pakistan, l’Irak, laSyrie et une partie du Liban(avec le Hezbollah). Mais lesalliances politiques dépassentparfois les différencesreligieuses : l’Iran soutient eneffet le Hamas palestinien(sunnite), Bachar Al-Assad(alaouite) ou encore l’Arméniechrétienne plutôt quel’Azerbaïdjan chiite.

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Alaouisme, aux antipodes del’islam traditionnel

L’initiation alaouite estréservée aux hommes et seveut particulièrementdifférente de l’Islamtraditionnel : le pèlerinage à LaMecque est ignoré tout commeles cinq prières par jour, lesfemmes ne portent pas l’hijab(voile) et l’alcool est toléré.Cette minorité est formée enclans, représentant 2 millionsd’hommes alors que 78% de lapopulation syrienne estsunnite. En 1970, Hafez al-Hassad fait un coup d’Etat etimpose sa dictature, ce quiconstitue une revanche faceaux discriminations manifestes

que les alaouites subissaient.

Toutefois, le régime établi asouvent été contesté : desislamistes insurgent Hama enfévrier 1982, le Printempsarabe fait rage pour plus delibertés en 2011. Ce dernierélément est le détonateurpremier de la situation deguerre civile actuelle en Syrie :on dénombre près de 250,000morts, 12 millions d’habitants

déplacés – soit près de lamoitié de la population.Aujourd’hui, nombred’alaouites redoutent, en casd’effondrement du régime, unerevanche sanglante de la partde leurs compatriotes sunnites.Dans ce contexte, ilspourraient être tentés deconstituer un réduit dans leurrégion d’origine. Un telprocessus est d’ailleurs engestation. Les villes sunnitesde Tal-Kalash et Jisr Al-Choughour, en périphérie de larégion alaouite, ont ainsi étévictimes d’un phénomène depurification ethnique : l’arméefidèle à Bachar al-Assad alaissé les habitants fuir vers leLiban et la Turquie.

http://lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/06/20/au-fait-quelle-difference-entre-sunnites-et-chiites_4442319_4355770.htmlhttp://geopolis.francetvinfo.fr/syrie-qui-sont-vraiment-les-alaouites-2792

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Être femme

Dans ce numéro, nous avons réalisé un petit dossier sur cette mouvance bien actuelle et polémiquequ’est le « féminisme ». Deux chroniqueuses du journal ont choisi de prendre la parole pour nousraconter l’expérience théorique et pratique du « féminisme ».

Les femmes bousculent tout par Louis Dréano

"On ne naît pas femme, on ledevient." Paru en 1949, LeDeuxième Sexe de Simone deBeauvoir devient la référencefondatrice des féministes et ducourant culturaliste des womenstudies américaines. Lesrapports psychologiques,sociologiques, économiquesentre hommes et femmes sontculturellement construits etdonc dépassables. A l'instar dela philosophe françaiseElisabeth Badinter, un courantégalitariste – dit aussiuniversaliste – prône uneégalité pleine et entière entrehommes et femmes. Laféminité étant une constructionculturelle qui imprègne lespratiques sociales, les théorieségalitaristes dénoncent lesstéréotypes de sexe.

En histoire, de nombreuxtravaux font ressurgir le rôle etla présence des femmes dans lepassé, occultés par des sourcesmasculines. Théoricienne dugenre, l'historienne Joan Scottrappelle les difficultés descitoyennes françaises à obtenirle droit de vote seulement en1944 et à mettre fin à leurexclusion de l'espace public.Pourtant, en cinquante ans, lesfemmes ont bénéficiéd'immenses progrès en termesde liberté, reconnaissance etstatut dans la société : loiNeuwirth sur l’accès à la

contraception (1967), loi Veilsur l'avortement (1975), égalereprésentation dans la vieprivée, protection contre laviolence, loi sur la parité(2000). Dans la même période,les sociétés patriarcales quiconféraient la toute-puissanceaux hommes dans la viepublique et privée se sonteffondrées, laissant place à uneégalité de droits et de rôlespour chacun des sexes. Sortiesde la sphère privée à laquelleleurs mères étaient cantonnées,les filles investissent les étudessupérieures – où elles sontaujourd'hui plus nombreusesque les garçons – et sontdevenues, depuis 20 ans, leprincipal facteur del'augmentation de la populationactive : on parle deféminisation à l’emploi.

Avec l'émancipation desfemmes, les années 1990 sontcelles du dévoilement :philosophes, anthropologues,sociologues s'interrogent surles arcanes d'une dominationmasculine qui se retrouve,depuis la nuit des temps, dansla plupart des sociétéshumaines. Dans"Anthropologie et recherchesféministes" in Le Travail dugenre, Maurice Godelier, àpartir de son étude sur la tribudes Baruyas de Nouvelle-Guinée, décrit tout un

ensemble de rituels et depratiques symboliques qui,selon lui, tendent à "magnifierles hommes au détriment desfemmes". Dans les mythesBaruyas, "il y a l'idée qu'ilfallait faire violence auxfemmes pour établir l'ordresocial et cosmique et que cetteviolence tournait autour despouvoirs féminins de faire desenfants et particulièrement desgarçons". Pareillement, dansMasculin-féminin. La penséede la différence, FrançoiseHéritier met en évidencel'existence d'une "valencedifférentielle des sexes"universellement repérable –c'est-à-dire une dominance duprincipe masculin sur leprincipe féminin dans la tabledes valeurs. Les raisons de ladomination masculineviendraient d'une peuroriginelle des hommes devantle pouvoir des femmesd'enfanter et de pérenniser lavie. On retrouvait dans cesmodèles archaïques lesorigines des violences faitesaux femmes, mais aussil'explication d'une répartitiondes rôles sexués. Dans LaDomination masculine, PierreBourdieu voit dans ladomination masculine une"construction socialenaturalisée". Ayant intégré leshabitus de leur sexe –comportements et jugements

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"incorporés" jusque dans lesmanières d'utiliser son corps etdans les pratiques sexuelles dechacun et de chacune – lesfemmes œuvreraientinconsciemment à leurdomination.

Les années 2000 sont celles dela réception en France denouveaux courants derecherche sur le genre, quitentent de déconstruire ladifférenciation sexuelle jusqu'àune certaine subversion.Michel Foucault – par sa

critique de l'universalisme et sacontestation de la normehétérosexuelle – et JacquesDerrida – par son concept de ladéconstruction – ont été lesphilosophes français souventde référence à l'émergence desthéories du genre. En effet, laphilosophe américaine JudithButler s'est imposée comme lathéoricienne du queer dans lesannées 1990 : la distinctionentre deux sexes – biologiqueou culturelle – est le produitdes normes et d'un langageperformatif, dans nos sociétés

où la référence est la femmeblanche hétérosexuelle. Acontrario, la théorie queerpropose de subvertir lesnormes de sexes et leur fixité.Finalement, même si la loiprescrit une égalité et libertégrandissantes en vers lesfemmes, l'émancipationféminine prend sens aussi dansla volonté de casser les mœursqui incitent à la reproductiondes inégalités hommes-femmes.

Sciences Humaines – Spécial 20 ans – N°222 – Janvier 2011 – « La montée en puissance des femmes » parMartine Fournier

Entretien féministe avec Albane Nicot et Coline Lappeman

Pour vous, qu'est-ce quesignifie "être féministe" ?

Coline : Je pense qu'êtreféministe, c'est avant toutvouloir qu'un jour la femmepuisse être égale à l'homme, etnon pas au contraire, commecertains stéréotypes le fontpenser, à ce que la femme soitsupérieure à l'homme. Lesfemmes n'ont pas à penser queleur liberté dans n'importe queldomaine n'a pas autant devaleur que celle d'un homme.

Albane : Être féministe pourmoi, c'est se mobiliser pourque les femmes aient lesmêmes droits et les mêmesopportunités que les hommes.Et donc, par extension, qu'ellesne soient plus victimes dediscriminations. Ou même sansse mobiliser, reconnaîtrequ'elles doivent disposer desmêmes droits et opportunités.Pour un même travail, elles

doivent avoir le même salaire,le même respect. C'est "labase".

Comment se comporter en «féministe » dans la vie de tousles jours ? Quelle actionquotidienne peut-elle révélerle caractère « féministe » devotre personnalité ?

Albane : Houlà ! Ce n’est passimple à expliquer… Toutd'abord, il y a un côté qui, jepense, consiste à s'affirmer.Aujourd'hui, « féministe » estdevenu presque un gros mot.D’un autre côté, c'est aussis'indigner. Quand on entendune blague misogyne – ou

misandre d'ailleurs – de façonsérieuse, on va essayer de fairecomprendre en quoi ce n'estpas quelque chosed'acceptable. Il faut aussis'informer je pense, leféminisme de nos jours à bienévolué depuis les premiersmouvements. Si les femmesont maintenant, sur le papier,les mêmes droits que leshommes, il reste des inégalités.Enfin, il faut être tolérant.

Coline : Je conçois en effetégalement que c'est plutôtcompliqué parce que c'estcomme devenu une part entièrede notre identité. Êtreféministe quotidiennementc'est remarquer descomportements vis-à-vis desfemmes qu'on trouve injustesou inacceptables et y réagir.J'étais encore il y a quelquesmois dans cette incertitude dedevoir m'affirmer parce quej'avais peur qu'on me voie «

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différemment » de qui j'étais.Mais en fin de compte, c'étaitde toute façon me renier moi etaccepter que je n’aie pas ledroit de m'exprimer. Ainsi,j'essaye de toujours de mettreen avant la femmeobjectivement, mais ça ne veutpas dire que l'homme doit êtredéconsidérer.

Albane : Je dévie un peu là.J'ai entendu des personnesdécrier le terme féministe endisant qu'il était sexiste, defaçon inhérente à sonétymologie. Je comprendsl'idée, et comprends bien lesarguments des personnespréférant un nom plus « neutre» comme « équaliste ».

Coline : On irait naturellementcomparer féministe à machiste.Mais féminisme c'est en soitl'amélioration de la conditionde la femme. « De l'inférieurvers l'égalité » je dirais.

Albane : Mais le "problème"ici, c’est que dans notre (nos ?)société(s) aujourd'hui, lesfemmes sont le plus souventcelles qui subissent unabaissement. Et, parconséquent, le féminisme viseà améliorer la condition de lafemme. Et non pas, commecertains semblent le penser, àrabaisser les hommes.

Pensez-vous que lesinstitutions traditionnelles plusinformelles – qui ne sont passous la tutelle directe del’État, comme l'Églisechrétienne – ont encouragé ouencouragent toujours uneinégalité entre hommes etfemmes ?

Coline : Je trouve que lareligion chrétienne n'est pastellement si restrictive de nosjours qu'elle l’a été auparavant.Après, au Vatican, il n'y a pasde femmes religieuses ayantune position hiérarchiqueimportante... La religionmusulmane fait beaucoup «polémique », si le terme estcorrect, par rapport à la libertéde la femme. Mais ça resteplutôt contradictoire car lafemme peut être amenée àchoisir de porter le voile, oubien elle est forcée. Pourtant iln’est stipulé nulle part dans leCoran qu’il y ait une restrictionvestimentaire.

Albane : Je ne suis pas tropfamilière avec le Coran, doncje m'abstiendrai. Pour la Bible,les textes, si pris au pied de lalettre n'accordent pas beaucoupde liberté, ni de considération àla femme (lapidée si infidèle,propriété de son mari...).Toutefois, leur interprétation aévolué et il faudrait pluscreuser le séjour par rapport àla position de l'Églisecatholique de nos jours. Deplus, toutes les branches duchristianisme ne sont pascomme l'Église catholique. EnSuède, les femmes ont le droitd'être pasteure.

Quelles figures féministes vousinspirent ? Ou, tout du moins,quelles femmes ou hommesvous semblent avoir permis dechanger les mentalités etdéclencher une réelleévolution ?

Albane : Peut-être un peuSimone de Beauvoir, pas malEmma Watson. Mais en toutehonnêteté, je n'ai pasl'impression qu'une seulepersonne m'ait motivée. C'estplus une communauté et uneprise de conscience.

Coline : Particulièrement mamère, mon père et ma grand-mère maternelle qui m'ontappris beaucoup sur la vie etqu'il ne faut pas se laissermarcher sur les pieds. EmmaWatson m'a beaucoup marquéégalement, surtout avec sondiscours de #HeForShe.

Pensez-vous que sur le plan dela loi, on peut encoreaméliorer les choses ou leprogrès féministe se doit avanttout de bouleverser lesmœurs ?

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Albane : Le mieux serait bienévidemment de ne pas avoirbesoin de lois pour aboutir àune égalité, mais on voit bienqu'il existe des inégalités, et cemême avec des lois.

Du coup, il serait plutôtquestion de changer lesmentalités ?

Coline : Oui, mais ça prendsouvent du temps ! Lesmentalités s'accordent souventà l'époque, et je pense quemalgré tout, les jeunes sontbeaucoup plus ouverts d'espritqu'auparavant et on arrivemieux à se comprendre.

Que pensez-vous du retour dela question sur l'accès àl'avortement gratuitement ?

Notamment au sein desmouvements FN, Civitas enFrance et en Pologne, avec leprojet de loi Anti-IVG lancépar le président du SénatStanislaw Karczewski enoctobre 2016 ?

Coline : La femme a le droit àun choix libre face àl’avortement !

Mon beau sapin – chant de Noël

Mon beau sapin, Roi des forêts

Que j'aime ta verdure. Quand par l'hiver

Bois et guérets Sont dépouillés De leurs attraits.

Mon beau sapin, Roi des forêts

Tu gardes ta parure.

Toi que Noël Planta chez nous

Au saint anniversaire Joli sapin,

Comme ils sont doux Et tes bonbons Et tes joujoux Toi que Noël

Planta chez nous

Georges Brassens, ce poète éternel par Pierre-Ambroise Gallouet

Êtes-vous de ces gens quitrouvent que du Maître Gimsce n'est pas très bien écrit ?(pour rester euphémiste) Êtes-vous de ces gens qui trouventque danser sur une musiquequi "ambiance" ça va deuxminutes, mais qu'une bellecomposition ça changerait un

peu? Êtes-vous de ces gens quivoudraient un texte à la foisbeau et avec des messagesforts ? C'est peut-êtrel'occasion de vous replongerdans quelques vieux classiquesde la chanson française.J'aurais pu parler de Renaud(qui est toujours debout), de

Charles Trenet (qui chante soiret matin) ou encore de Brel(qui fait le vestiaire àl'Alcazar). J'aimerais vousparler de mon chouchou,Georges Brassens, à traversquelques extraits de chansonsque j'apprécie toutparticulièrement.

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La Mauvaise Réputation (1952)

« Au village sans prétentions,J'ai mauvaise réputation.

Je me démène, je reste quoiJe passe pour un je ne sais quoi. »

Interdite d'antenne dès sasortie, La MauvaiseRéputation nous raconte la vieet mort d'un anticonformistedans son village. Au fur et àmesure de l'avancement de lachanson, on a comme unedescente aux enfers avec lecomportement des villageoisévoluant. "Tout le mondemédit de moi", "Tout le mondeme montre au doigt", "Tout lemonde se rue sur moi" et "Toutle monde viendra me voirpendu". Le tout teinté d'une

pointe d'humour noir car seulsles muets ne le médiront pas,seuls les manchots ne lepointeront pas, seuls les culs-de-jatte ne se rueront pas etseuls les aveugles ne le verrontpas. Cette chanson exprimetoute la bêtise humaine et cephénomène de répulsion face àdes comportements n'étant pasconsidérés comme "normaux"pour leur aspirations, idées,goûts, manière d'être... Et plusencore que la bêtise humaine,toute la méchanceté de cette

dernière qui n'hésite pas àjuger et à condamnercollectivement sans aucuneforme de procès.

« Je ne fais pourtant de tort à personne,En ne suivant les chemins qui n'mèn' pas à Rome !

Mais les braves gens n'aiment pas queL’on suive une autre route qu'eux

Non les braves gens n'aiment pas queL’on suive une autre route qu'eux. »

Trompettes de la Renommée (1962)

« Je vivais à l'écart de la place publique,Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique...

Refusant d'acquitter la rançon de la gloir',Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.Les gens de bon conseil ont su me fair' comprendreQu'à l'homme de la ru' j'avais des compt's à rendreEt que, sous peine de choir dans un oubli complet,

J'devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.Trompettes

De la Renommée,Vous êtes

Bien mal embouchées ! »

Dans Trompettes de laRenommée, Brassens dénoncece que l'on pourrait appeler lephénomène "people" ou desurmédiatisation ou le moindre

morceau de vie privée d'unestar peut faire les gros titres(ou le buzz aujourd'hui). Et làoù le bas blesse, ces scandaleset autres regards indiscrets

dans la vie privéeconstitueraient la seule vraiepopularité, condamnant lestrop chastes pour se dévoiler àl'oubli. Et aujourd'hui encore

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(ce qui créerait sans doute untollé de nos jours), on retrouvece même phénomène de "jeuxdu cirque qu'il faut offrir au

commun des mortels pour sadistraction". Le poète va alorss'atteler, toute sa chansondurant, à démontrer à se

moquer des moyens de serendre populaire, quitte à,quelque part, se prostituer pourla gloire et son public.

« Une femme du monde, et qui souvent me laisseFair' mes quat' voluptés dans ses quartiers d'noblesse,

M'a sournois'ment passé, sur son divan de soi',Des parasit's du plus bas étage qui soit...

Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,Ai-j’le droit de ternir l'honneur de cette dame

En criant sur les toits, et sur l'air des lampions :" Madame la marquis' m'a foutu des morpions ! " ? " »

Et juste pour conclure avec le passage :

« Sonneraient-elles plus fort, ces divines trompettes,Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette,

Si je me déhanchais comme une demoiselle,Et prenais tout à coup des allures de gazelle [...] »

Il me semble bon de rappeler que Georges Brassens était ami avec Charles Trenet et n'était pashomophobe pour deux sous. Ne condamnons pas le bonhomme trop rapidement !

Le Temps ne Fait Rien à l'Affaire (1961)

« Quand ils sont tout neufs,Qu'ils sortent de l'œuf,

Du cocon,Tous les jeun's blancs-becs

Prennent les vieux mecsPour des cons.

Quand ils sont d'venusDes têtes chenu’s,

Des grisons,Tous les vieux fourneaux

Prennent les jeunotsPour des cons. »

Chansonnette pas forcément laplus connue, je l'apprécie toutparticulièrement pour saconstruction et sa légèreté.Pleine de calembours et autresjeux de mots, je ne peux

m'empêcher en l'écoutantd'avoir un petit sourire sur lecoin de la lèvre. Le message enest simple : le temps n'a rien àvoir avec la sagesse et lamaturité. C'est ainsi que cette

chanson nous appelle à lamodestie car nous pouvonstous être bornés et pasforcément plus sages.

« Méditez l'impartial messageD'un qui balance entre deux âges :

Le temps ne fait rien à l'affaire,Quand on est con, on est con. »

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Les Copains d'Abord (1964) :J'aurais pu vous parler du

Gorille ou de Mourir pour desIdées mais il me fallait parler(et sans doute conclure) surLes Copains d'Abord. Sansdoute la chanson qui apopularisé le poète et qui estresté à la postérité, l'histoire decette chanson en est simple etcharmante : elle conte l'amitiéentre deux camarades de classeet comment elle perdura dansle temps malgré les malheurs.Légère, amusante, tragique,belle, il n'y a pas de mot je

crois pour dire à quel point jepense que c'est un chef-d’œuvre. Est-ce Maître Gimsqui arriverait à caser« Montaigne et la Boétie »dans une chanson de cettelégèreté ? Ou encore « Sodomeet Gomorrhe » ? J'aimeraisjuste citer, pour conclure cetarticle, les derniers vers de lachanson en hommage à toutesles merveilleuses personnesque j'ai pu rencontrer :

« Des bateaux j'en ai pris beaucoup,Mais le seul qui'ait tenu le coup,

Qui n'ait jamais viré de bord,Mais viré de port,

Naviguait en père peinardSur la grand-mare des canards,

Et s'app'lait les Copains d'abord Les Copains d'abord. »

Vive le vent – chant de Noël

Sur le long cheminTout blanc de neige blanche Un vieux monsieur s'avanceAvec sa canne dans la main

Et tout là-haut le vent Qui siffle dans les branches

Lui souffle la romanceQu'il chantait petit enfant

Refrain

Vive le vent, vive le vent, Vive le vent d'hiver

Qui s'en va sifflant, soufflantDans les grands sapins verts. Vive le temps, vive le temps,

Vive le temps d'hiverBoules de neige et jour de l'an

Et bonne année grand-mère.

Et le vieux monsieur Descend vers le village

C'est l'heure où tout est sage Et l'ombre danse au coin du feu

Mais dans chaque maisonIl flotte un air de fête

Partout la table est prêteEt l'on entend la même

chanson

Refrain

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Cinéma

Moi, Daniel Blake par Louis Dréano

Le dernier film de Ken Loach,Moi, Daniel Blake, est un gestede courage incroyablementfort. Ayant remporté la Palmed'Or à Cannes, Loach rappelaitson combat contre les rouagesdu système économiquebritannique, celui qui écraseles plus démunis : "un autremonde est possible etnécessaire" avait-il conclu avecardeur lorsqu'il venait derecevoir le prix cannois. Nousespérons que son cri de guerre,qu'il défend depuis bien avantles années Thatcher, soitentendu.

Daniel Blake, menuisier d'unecinquantaine d'années, estarrêté après une crisecardiaque. Ses médecinsl'interdissent de travailler alors

que son assurance ne l'autorisepas à toucher ses indemnités.Ni travailleur, ni chômeur,privé de ressources, dépourvudes économies qu'une vie delabeur ne permet pas derassembler, Daniel se retrouveperdu dans cette monstremachine kafkaïenne qu'estl'administration du Job CenterPlus – l'équivalent du PôleEmploi en Angleterre. Dans cetunivers déshumanisant, iltombe sur Katie, une mère d'àpeine trente ans qui élève seuleses deux enfants. De bon cœur,Daniel les prend sous son aileoù naît une amitié forte, cellede l'entraide quand on est aufond du trou. Des deux côtés,chacun chute mais se cachedifficilement, jusqu'au momentoù leur dignité soit en jeu.Daniel décide de quitter lesystème.

Le cinéma de Ken Loach estfoncièrement social et atoujours pointé du bout dudoigt les injustices. Il n'y a, aufinal, très peu d'artifice, d'effetde style tant le cinéastecherche à montrer la réalité,celle silencieuse où les gensfont la queue aux banques

alimentaires et sontlittéralement broyés dansl'enfer bureaucratique de l'Etat.L'image est bien pâle, mêmeglaçante au nord del'Angleterre. Pourtant, lenaturalisme avec lequel Loachfait ses portraits déploie aussiune palette d'émotionschaudes. Il y a cette scènespectaculaire où Katie craquedans une banque alimentaire ;une autre, plus subtile, oùDaniel est dépassé par lemonde virtuel auquel il doitfaire face, pour toucher ses"aides sociales". Le dernierplan que Loach nous laisse estle coup ultime, le couteau dansle dos, celui très amer mais quel'histoire annonce depuis ledébut : Katie raconte sarencontre avec Daniel, soncombat jusqu'auboutiste, puiselle s'en va et la caméra secoupe brutalement sans nouslaisser une dernière imagequelconque d'espérance.

La terre anglaise est bien uncentre d'impulsion économiquemais la grande précarité qui ysubsiste laisse douter lespectateur : y aurait-il bien unefin à tout ça ?

“Fantastic Beasts And Where To Find Them” Review par Elisabeth Iordanov

As the 'Deathly Hallows Part 2'20.. film firmly locked thefranchise that is Harry Potter, Iam sure most of us believedwe had seen the last of JKRowling. Apart from a sudden

controversial appearance in2013, making her debut underthe pseudonym “RobertGalbraith” as the author of'The Cuckoo's Calling', and thecommon knowledge that

Rowling (who earned enoughto make her richer than theQueen of England) lost hermillionnaire status makinggenerous donations to charity,the best-selling novelist has

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had little to no publicity.

However, earlier this year,Rowling picked-up her plumeand delighted us manyPotterheads with the script to'The Cursed Child' –completing her “NineteenYears Later” epilogue to theentire Harry Potter series. Iadmit that I was a littlesurprised by the publication,and was not particularlydesperate to read the script.Honestly, the entire fiascoseemed a tad too Harper-Lee-Suddenly-Atticus-Is-Racist,and I did not see the point inpotentially staining myinnocent Potter-blessedchildhood. Thus,unsurprisingly, the playpicked-up controversy withinits first day on stage as(shock(!)) Hermione was aperson of colour.

Anyway, the bigger talk-of-the-town is of course the newmovie 'Fantastic Beasts andWhere to Find Them', directedby David Yates. With AcademyAward winning actor EddieRedmayne playing thebumbling and awkward

protagonist Newt Scamander,as well as a number of otherbright actors and actressesportraying a variety of magicaland muggle characters, thefilm is paradoxically a stepfurther from Harry Potter'sadventures at Hogwarts. Goneare the gothic school walls anduniforms, and all thingsBritish, and in comes 1926New York. The only Brit isdear Eddie/Newt, and theHarry Potter world is cooly“americanised”. Nevertheless,'Fantastic Beasts and Where toFind Them' is, in fact, far fromdisappointing Potterheads.

Filled with wit, humour andsome comical awkwardness, inmany ways watching Yates'movie is like watching anentirely new Harry Potter film.Of course, it enshrines thesame spells and charms usedby Potter and his gang, but werediscover it all in wonder andfascination. 'Fantastic Beastsand Where to Find Them'seems a lot more mature thanthe Harry Potter franchise, as itopens up an adult wizardingworld beyond Hogwarts.Rowling has literally been setloose, redefining our alreadyrich knowledge of the world ofwizards and witches, andpulling us into newly imagineddimensions. The awkwardprotagonist, Newt, is aremarkable and loveable

character who eerily resemblesBBC's Doctor Who (MattSmith interpretationobviously). In fact, the entireplot itself calls to a blend of 'Doctor Who' and 'HarryPotter', seasoned with hints of'The Night At The Museum'.

For all those hardcorePotterheads 'Fantastic Beastsand Where to Find Them' isdeliciously delightful. Subtlehints at “Hogwarts”, thetriangular Deathly Hallowssymbol and the “Estrange”family are appreciated. Theblockbuster treasures thecharm of the Harry Potterworld, and retains all itsmystery and intelligence.Arguably, references to 'HarryPotter' characters, places,names, etc. were perhaps laid alittle too thickly, and the(“Odds bodkins!”) emergenceof a bizarre blond JohnnyDepp was clumsy enough atthe end, but overall the filmwas a success. And as aPotterhead I was notdisappointed, and await withanticipation the sequel in thenew 'Fantastic Beasts 'franchise. Also, keeping inmind that my impression ofthis first film was pretty muchovershadowed by the bumblingwannabe baker Jacob and thekleptomanic platypus, I expectthe sequel to retain the formerand the latter.

Le Tohu Bahu recrute !Envoyez vos textes, écrits, poèmes, chansons, articles, etc. à l’adresse :

[email protected]

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Divers

La Maison ATHEOL : un accueil temporaire pour personnes handicapées par Manon Hardy

Un « soulagement » pour lesfamilles

Prendre l’air, se changer lesidées, partir en vacancescomme tout le monde… Desrêves impossibles par laprésence du handicap que desfamilles peuvent enfin réaliser.C'est ce que l'associationATHEOL permet : elleorganise un accueil temporairepour les personnes atteintes dehandicap, enfants ou adultes.Son objectif étantprincipalement de « soulager »les familles. En effet, laMaison ATHEOL s’engage àaccueillir à n’importe quelmoment de l’année cespersonnes, quel que soit leursâges ou leurs types dehandicap, et c'est ce qui la rendsi précieuse aux yeux desfamilles.

Un deuxième chez-soi

Tout est fait pour que l’enfantou l’adulte se sente bien. Seshabitudes quotidiennes sontsuivies à la lettre sansproblèmes : « si un enfant al’habitude de regarder un filmavant de se coucher, ilregardera son film » rassurent

les encadrants. Le deal étantque la personne se sente aussibien à ATHEOL qu’à lamaison. Néanmoins, même sile quotidien est suiviscrupuleusement pour ne pasperturber la personne enquestion, cela reste desvacances aussi pour eux.Ballades à la mer, activitésbalnéo, piscine… Leprogramme est toujours bienchargé et les encadrants nemanquent pas d'idées desorties!

… mais aussi un lieu desocialisation

Au-delà du soulagementapporté aux familles, l’un desobjectifs de l’association estégalement le développementde l’autonomie de la personneatteinte de handicap, ainsi queson intégration dans la société.En effet, ces vacancesproposent de grands momentsde partages. Elles incitent lapersonne souffrant de handicapà communiquer et développersa socialisation avec les autres,que ce soit avec les encadrantsou les autres occupants. C'esttouchant de voir qu'au fil dutemps, certains enfants

finissent par avoir leur"éducateur préféré" etdéveloppent des affinités entreeux.

Une idée commune

L’idée de cet accueiltemporaire est venue toutsimplement des parents. Eneffet les vacances scolaires etles week-ends deviennent devrais problèmes quand lesparents travaillent. Quandcertains attendent les vacancesavec impatience, d’autres lesredoutent… Des parentsrencontrant ce problème sesont donc réunis avec l’idéed’une maison d’accueil et ontmonté leur association en2000. C’est comme ça que le10 octobre 2009 a pu êtreinaugurée la Maison ATHEOL.Et je pense que les grandssourires des Athéoliens à lavue de cette grande Maisontémoignent que le pari estréussi. Le terme "Maison"prend alors tout son sens.

Si vous souhaitez apportervotre soutien à cetteassociation, ou juste en savoirplus, n’hésitez pas :www.atheol.org

Plus tard je serai par Fanny Fèvre

Petit Papa noël je voudrais quepour cette année tu me dises lemétier que je devrai exercerplus tard et les études que jedevrai mener dans 2, 1 ans ou

bien l’année prochaine.Ainsi je serai soulagée, plusd’angoisse, plus de peur pourl’avenir, pour les études, plusde stress pour les parents, les

profs et toi-même .Et jepourrai passer Ce noël sans lafameuse question posée par letonton, le cousin, la mamie etc.« Qu’est que tu vas faire

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après le bac ? Tu as une idéede métier ? Cette question onse l’a déjà posée un jour oul’autre et beaucoup d’entrenous se la pose toujours,enfants, adolescents et mêmeadultes. Elle nous préoccupe,nous inquiète bien plus que ceque l’on pense.

Cher père noël, je saismalheureusement qu’iln’existe pas de recette miracleque tu pourrais m’apporterdans un paquet cadeau mais as-tu des techniques, des moyenspour m’aider à choisir monfutur métier ?!Je n’ai en effet pas de recettemiracle à te donner mais jepeux te conseiller quelquesconseils de Père Noël... Avant de choisir ton futurmétier il nécessaire que tuapprennes à te connaître.« Connais-toi toi-même »Socrate :

Tes qualités (serviable,humble, festif, manuel,cérébral, attentionné, studieux,sociable, décideur, déterminée)Il y en existe des centaines …

Tes défauts qui peuvent setransformer en qualités, parexemple être têtue (tun’abandonneras une tâche tantqu’elle ne sera pas finie)

Tes passions, les choses qui tefont vibrer, tes valeurs que tusouhaites garder dans ton futurmétier (Si tu veux défendrel’honnêteté par exemple ne vapas travailler dans certainsmétiers qui te demandent dementir à tes clients toute lajournée)

Comment tu veux travailler ?Je parle des conditions detravail du métier. Est-ce que tuveux travailler à l’intérieur(derrière un bureau) ? Dehors ?Qu’il pleuve, qu’il neige sousle froid … Et tu préfèresexécuter des tâches que tonpatron te demandera ? Ou bientu veux travailler à toncompte, être ton propre chef ?

Il est évident que si tu es dugenre décideur, meneur,travailler pour et avec unpatron n’est pas la meilleuredes solutions. Savoir commenttu imagines ton futur peutt’aider dans le choix de tonmétier. Par exemple pour ta viefamiliale : est-ce que tu es prêt(e) à partir loin de chez toi,partir la semaine, des moissans voir tes enfants et tafemme, mari) ? La priorité quetu vas donner à ton métier tafamille tes amis, dans ton futura un impact dans le choix deton métier… Il est nécessairede se demander qu’est ce qui

compte vraiment pour toi ?Est-ce que tu veux avoir dutemps pour toi (pour tespassions, loisirs) ? Donner dutemps aux autres ? (participer àune association caritative etc. ?Ou bien au contraire tu veuxmettre toute ton énergie et tontemps principalement dans tonmétier ? Qu’est-ce qui temotive dans ton futur métier ?Que l’argent ? Faire ce tuaimes tout en gagnant del’argent pour vivreconvenablement ? Rendre lesautres heureux ?Rendreservice ? Faire de ta passionton métier ou bien le gardercomme loisir, comme unepassion ?

Voici quelques idées quipourront j’espère t’aider. Etpour finir saches que tu vassûrement faire plusieursmétiers dans ta vie, et mêmeêtre amener à inventer desmétiers qui n’existent pasencore. Les études sontimportantes pour ton futurmétier mais ce qu’il y a de plusimportant, c’est surtout qui tues, tes qualités pour adapterton futur métier à toi, à tesqualités et non l’inverse. Cesont tes qualités qui donnerontdes comportements. Donc il nereste plus qu’à être toi-mêmeet à trouver le métier qui tecorrespond.

Douce nuit – chant de Noël

Douce nuit, sainte nuitDans les cieux, l'astre luit.

Le mystère annoncé s'accomplit . Cet enfant sur la paille endormi, C'est l'amour infini, c'est l'amour

infini.

Paix à tous, gloire au Ciel

Gloire au sein maternel. Qui pour nous en ce jour de Noël,

Enfanta le sauveur éternel, Qu'attendait Israël, Qu'attendait

Israël.

Saint enfant, doux agneau.Qu'il est grand, qu'il est beau.

Entendez résonner les pipeaux,

Des bergers conduisant leurstroupeaux

Vers son humble berceau, vers sonhumble berceau

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Cette cachette et ce silence par Anne Dubouch

Elizabeth expira un grandcoup. Ça y est. Elle l'avait fait.Elle avait admis que Gaëlle,Annabelle, Céline et Lindan'étaient pas ses amies. Celafaisait des mois et des moisqu'elle les harcelait en leurracontant sa vie de A à Z. Toutle temps. C'était devenuexaspérant, d'autant plus que saréputation en avait pris uncoup. De toute façon, on semoquerait toujours d'elle...Cependant, il n'était plus

possible de continuer à traîneravec les quatre filles : il n'yavait pas de véritable amitiéentre elles. Mais qu'étaitl'amitié, alors ? Elle semblait sidifficile à définir, maintenantqu'Elisabeth savait qu'il nesuffisait pas d'inviter des gens,de parler avec eux et de lesaimer pour qu'ils soient desamis...Elle avait pensé à une solutionpour ne plus recommencer cequ'elle avait fait, mais elle en

avait eu peur. Cet état l'avaittorturée pendant les troispremiers jours de l'annéescolaire... La décisionparaissait effrayante.Cependant, elle l'horrifiaitavant. Plus maintenant. C'étaitfaisable. Et puis c'était lemeilleur moyen pour qu'elle nesaoule plus personne avec savie, à l'avenir... "Désormais, jeserai seule", décida-t-elleintérieurement. Sans doute lameilleure décision.

La veille au soir par Coline Lappeman

Voici que se prépare la fête du cœurDans ce soir croquant e froideur

Certes fondant de chaleur et de bonheur.Voici le 24 décembre où pour tous les enfants,

Les petits et les grands,Prospère la magie d'antan.

Papa et maman, que je vous aime tant,Sœurs et frères, voyez comme je suis fière,

De l'amour qui nous unis,Pour ce jour de Noël tant joli.

Regardez ces couleurs !Rouge vermeille, velours et pétant,Vert champêtre, boisé et éclatant,

Or lustré, humble et scintillantJe ris de cette beauté qui me fait pleurer

maintenant.

Nos joues rosies par la neige glacée,Qui vague enlacée au vent essoufflé,

Nous la regardons,Tandis que de joyeuses filles et gentils garçons

Déclament leurs voix sur le paillasson.

« A table ! » faut-il allerDes jambes menues accourent enrubannées

De soie et de papierPour s’asseoir émerveillées

Devant la saveur des repas amoureusementcuisinées

Bientôt tous sont fatiguésPar l'engouement du dîner,

Ainsi les petites blondes, brunes et roussesDoivent entamer des rêves à l'odeur douce,

Alors que doucement dans la nuitUn bonhomme rouge à la clarté de minuit

Gourmandise les biscuits moelleux et sucrés.

Soudain le tintement distinct du grelotAlerte le chien, au pied du sapin si beauEntrapercevant la drôle de botte noireAscendant la cheminée, laissant choirDes flocons blancs partout dispersés

Sur un sol illuminé par milles lumièresenguirlandées.

La musique de mes songes et de mes souvenirsM'accueillent et m'embrassent par tendresse et

plaisirPour me chanter la magie encore

Et encore, jusqu'à l'aubeDe l'hiver épanoui.

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