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Quelques semaines après
les élections départementales, le Front national
remporte les deux cantons
d’Hénin-Beaumont.
Rencontres avec des électeurs de Beaumont.
Je n’ai rien à dire sur la municipalité. Elle a été correcte.
Tout ce que j’ai demandé a été fait
dans les règles de l’art. On s’est occupé de moi.
Je vote FN depuis quelque temps. J’en avais ras
le bol. Ils m’ont donné un sacré
coup de main pour m’installer. Ça me conforte encore plus dans mes
idées.
Je suis pas politique du tout mais, avec le FN,
ça a bougé en bien.
Cathy tient une baraque
à frites.
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Il arrive à mener sa ville. Il est ouvert à tout le monde.
Tous les week-ends pratiquement, il y a
quelque chose.
Aurore, 35 ans, ne vote pas. La politique, ”c’est
pas trop son truc”. 11 personnes vivent dans
son appartement de la cité Kennedy,
dont sa mère et son quatrième compagnon.
J’ai vécu pratiquement
toute ma jeunesse à Hénin-Beaumont.
J’adore. On est des ch’tis. On est solidaires.
Ici, beaucoup de parents ne s’occupent pas de leurs enfants. Ils les laissent à
l’état sauvage. Ils traînent, se mettent en couple.
Plein de jeunes filles de 15, 16 ans sont mamans. C’est
un moyen pour elles de quitter le foyer.
J’essaie de faire aller mes enfants le plus loin dans les études.
À 16 ans, s’ils lâchent l’école, après ils ont plus rien du tout et c’est fini.
Je n’ai jamais voté. J’y connais rien. Le maire, oui, je
voterais plus pour lui. Il est là pour
nous attribuer les logements et des aides, faire que la ville fonctionne.
Je l’ai déjà vu, M. Briois. Je ne donne pas
mon opinion sur lui car je ne le
connais pas plus que ça. J’ai fait
une demande de logement et je l’ai eu en 10 jours !
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Nous, à l’heure actuelle, on a
déjà du mal. J’ai peur pour eux. Je vais quitter la terre un jour
ou l’autre. Qui va les guider ?
On va pas dire que je suis
malheureuse. J’ai un toit, mes enfants sont en bonne santé. On s’en sort. C’est difficile comme tout le monde.
Ma petite dernière devrait partir à l’école en septembre. J’adore donner la vie. Et je veux pas être toute seule ici ! Je ne sais pas quand
je m’arrêterai. Ma grand-mère a eu 17 enfants ! Puis j’aime aller au marché et à la zone commerciale. On perdrait
Auchan, j’en serais malade.
Aujourd’hui, tout va mal. Entre le
FN, les guerres, les attentats à Paris, on est à l’abri de rien nulle part.
Je suis maman de 8 enfants, bientôt 9. J’ai
la tête haute. Je suis fière d’eux. Ils connaissent le respect, la
politesse. Ici y a pas tout ça.
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Nous voici en compagnie des sosies de Johnny Hallyday et d’Eddy Mitchell. Gilbert, retraité, était artisan électricien… et un ancien du service d’ordre du PS. Son ami, Jean-Marc, est ouvrier chez Peugeot. Sa femme est conseillère municipale. Lui n’a pas vraiment envie de parler du FN.
Mon idole, c’était Gilbert Bécaud. À
travers mon frère, j’ai aimé Johnny. Depuis
ce temps, je chante ses chansons. Chacune
correspond à une chose de précise dans ma vie.
Je suivais Johnny depuis longtemps. Je
l’ai rencontré en 1995. Il m’a fait un clin d’œil. Je suis allé lui serrer
la main… puis réveiller ma femme : ”Devine à qui j’ai serré la main ?” Elle me répond : ”Mets-la dans un plastique.”
J’ai 37 ans de carrière ! La musique, c’est une passion. Un jour, j’ai commencé à faire
Eddy Mitchell. Après, j’ai fait mon look. J’ai
rencontré un manager. Grâce à lui, j’ai fait les
premières parties des Forbans, de Dick
Rivers, François Valéry, etc., et même des
Miss France.
J’aime tout dans Johnny. C’est quelqu’un de grand et de parfait. Il a un cœur d’or. Quand il vient par ici, je ne vais
pas le voir. J’ai peur qu’il ne me reconnaisse pas. Je garde le souvenir de
notre rencontre.
Moi, quand je suis sur scène, je suis vraiment
Eddy Mitchell. J’ai toujours le trac au début.
Le dernier truc que j’ai fait, y avait
du monde dans le stade de football.
Il faut assurer.
Steeve, je le connais depuis longtemps. Au départ, je n’étais pas pour lui. J’ai toujours voté pour l’homme
que je rencontrais. À Carvin, j’ai connu Alfred Peugnet, du PS. Un jour, il m’a tapé sur l’épaule alors que nous étions en vacances. C’est ça,
un maire pour moi.
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Un jour, on s’est retrouvés sur scène.
Steeve, il prend le micro et il chante devant tout
le monde. C’est des moments comme ça
que j’aime.
Elle veut que la France soit française. Quand on va à l’école, on est
français, pas autrement. C’est tout à fait normal. Le respect, c’est énorme. Y a des trucs sur lesquels
je ne suis pas d’accord comme reculer l’euro.
Souvent, quand je suis sur la scène, la première
image que j’ai est celle de mon père. Il n’a pas eu la
chance de me voir. Il nous a quittés à 59 ans. Je vou-lais juste ça. Être chanteur pour pouvoir rencontrer Tino Rossi et l’amener
à mon père.
Steeve est présent. J’avais un petit souci. Je lui en ai parlé et j’ai eu tout de suite une réponse. Ce qu’il fait pour
notre ville, c’est formidable. Hénin-Beaumont a changé au niveau de la propreté, de la sé-curité. Oui, ça peut me pousser
à voter FN pour la présiden-tielle. On a la chance de voir Marine Le Pen quand on fait des repas. Elle est différente de ce que je pensais. Elle est
humaine. Elle dit bonjour.
Je vote FN depuis longtemps. J’aime bien
Hénin-Beaumont. Surtout maintenant.
Il y a plus de magasins ouverts, plus de monde.
C’est plus propre. Il met des fleurs.
Moi, je vote FN depuis les municipales. Avant
je ne voulais pas en entendre parler. Je
suis un fils de mineur. On a été chez les rouges,
pas chez les blancs.
J’ai 37 ans de boîte. Pour la retraite, j’attends le prochain wagon. Maintenant, je ne fais plus tellement de concerts.
Ma petite-fille de 4 ans chante Louane par cœur. Ma passion,
c’est la musique. C’est pas la politique.
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Une nouvelle
fois, la France est en deuil.
15 juin 2016. À midi, une centaine de
personnes se retrouve devant les marches de l’hôtel de ville.
Steeve Briois prononce un discours,
suivi de 2 minutes de silence :
la première en hommage au couple
de policiers assassinés la veille, la seconde, aux vic-times de l’attentat de la boîte de nuit
d’Orlando.
Heureusement que ce ne sont
pas nos enfants.
On voulait soutenir les familles des victimes. Ça nous touche beaucoup, ce qui se passe un
peu partout. Où va-t-on ? On se dit qu’à n’importe quel moment, n’importe qui peut être touché. Ils ont peur de rien. Ils font des victimes partout et laissent un
bébé de 3 ans.
Je trouve que c’est une très belle initiative, monsieur le maire.
On a fait "Charlie Hebdo" et le Bataclan. On se devait d’être là aujourd’hui avec vous. Ça fait
34 ans que j’habite ici. J’ai jamais été aussi satisfaite que depuis votre
élection. J’ai toujours voté FN. Et je revoterai pour vous.
Vous êtes aimé de tout le monde.
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C’est magique. Hénin-Beaumont renaît avec vous.
Vous faites le geste qu’on avait envie.
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