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» P. 15 » P. 21 »  P. 4 SOCIÉTÉ SPORT » suite page 18 » lire page 3 Un cordonnier toujours bien chaussé Par Lamy Obed Pas de médailles pour Haïti mais bonne performance ! par Gérald Bordes M idi sonne. On est au local du Mupanah (Musée du panthéon national). La conférence s’apprête à débuter. Les gens semblent avoir été réellement motivés, puisqu’ils sont venus en grand nombre. La présence de la presse se fait sentir. L’espace de la conférence, on ne peut plus agréa- ble, est proprement vêtu : Les tables biens rangées, les fleurs, les gens. On a remarqué des personnalités comme Monique Rocourt, Maguy Durcé etc. Les gens observaient encore jusqu’à ce que l’animatrice, l’écrivaine Emmelie Prophète, dont la suavité de la voix ne s’est jamais démentie, prenne le micro. Elle fait une mise en contexte succincte de l’activité en citant le nom de trois des inter- venants : Hérold Toussaint, Pierre Buteau et Georges Michel, en pas- sant en revue la thématique que chacun allait traiter. Puis elle donne la parole à la min- istre de la Culture, madame Joan Dithny Rathon qui, dans son dis- cours de circonstance, se dit être triste en cette période de l’histoire d’Haïti par rapport à tout ce qu’elle charrie. Le ministère de la Culture sauve la mémoire Par Carl-Henry PIERRE CENT ANS DE L’OCCUPATION AMÉRICAINE MARDI 28 JUILLET 2015 NUMÉRO 48 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdes RÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Le CEP, droit vers le 9 août HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES Ce lundi 27 juillet 2015, le ministère de la Culture a organisé une série de conférences- débats à la salle polyvalente « les jardins du MUPANAH », accompagnée d’expositions, de vente signature, et de présentations des documents d’archives pour commémorer le centenaire de l’occupation américaine d’Haïti (1915-1934). Des membres du CEP lors de la rencontre avec les partis politiques à l’hôtel Montana/ Photos : J. J. Augustin UPISA, une nouvelle structure pour dynamiser l'agriculture Par Reynold Aris

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SOCIÉTÉ

SPORT

» suite page 18

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Un cordonnier toujours bien chaussé Par Lamy Obed

Pas de médailles pour Haïti mais bonne performance ! par Gérald Bordes

Midi sonne. On est au local du Mupanah (Musée du panthéon national). La conférence s’apprête à

débuter. Les gens semblent avoir été réellement motivés, puisqu’ils sont venus en grand nombre. La présence de la presse se fait sentir. L’espace de la conférence, on ne peut plus agréa-ble, est proprement vêtu : Les tables biens rangées, les fleurs, les gens. On

a remarqué des personnalités comme Monique Rocourt, Maguy Durcé etc. Les gens observaient encore jusqu’à ce que l’animatrice, l’écrivaine Emmelie Prophète, dont la suavité de la voix ne s’est jamais démentie, prenne le micro. Elle fait une mise en contexte succincte de l’activité en citant le nom de trois des inter-venants : Hérold Toussaint, Pierre Buteau et Georges Michel, en pas-

sant en revue la thématique que chacun allait traiter.

Puis elle donne la parole à la min-istre de la Culture, madame Joan Dithny Rathon qui, dans son dis-cours de circonstance, se dit être triste en cette période de l’histoire d’Haïti par rapport à tout ce qu’elle charrie.

Le ministère de la Culture sauve la mémoire Par Carl-Henry PIERRE

CENT ANS DE L’OCCUPATION AMÉRICAINE

MARDI 28 JUILLET 2015 NUMÉRO 48

WWW.LENATIONAL.HT

QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI

ACTUALITÉ

Le CEP, droit vers le 9 août HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

Ce lundi 27 juillet 2015, le ministère de la Culture a organisé une série de conférences-débats à la salle polyvalente « les jardins du MUPANAH », accompagnée d’expositions, de vente signature, et de présentations des documents d’archives pour commémorer le centenaire de l’occupation américaine d’Haïti (1915-1934).

Des membres du CEP lors de la rencontre avec les partis politiques à l’hôtel Montana/ Photos : J. J. Augustin

UPISA, une nouvelle structure pour dynamiser l'agriculture Par Reynold Aris

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2 | N0 48 MARDI 28 JUILLET 2015

TRIBUNE

Le problème est que la plupart ignore ou ne comprend pas les enjeux politiques. Peu sont conscients du lien entre le

réchauffement climatique, le change-ment climatique et la surpopulation. Un très grand nombre de personnes ne savent pas que les objectifs du Programme des Nations unies pour l’environnement, la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) avaient demandé une réduction de la popu-lation globale parce que trop de gens utilisent trop de ressources et contribuent ainsi à la destruction de notre planète.

Le cynisme de certains hommes de science

Un grand adepte de cette doctrine est Hans Schellnhuber, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK), ce qui lui a sans doute permis de devenir un conseiller principal auprès du Vatican. Il est membre du GIEC, ce qui pourrait expliquer sa nomination, mais elle pourrait aussi être due à ses croyances panthéistes, doctrine que le dictionnaire définit comme : « La doctrine selon laquelle Dieu est la réalité transcendante dont l’univers matériel et les êtres humains ne sont que des manifestations : elle implique un déni de la personnalité de Dieu et exprime une tendance à identifier Dieu et la nature. »

Certains décrivent le panthéisme comme l’antithèse de l’athéisme. Cependant, Schellnhuber croit que le réchauffement de la planète devrait permettre de résoudre les problèmes de surpopulation.

Dans une présentation à Copenhague en 2009, il affirma que si les températures mondiales augmentent de neuf degrés Fahrenheit la population de la Terre serait anéantie. Il ajouta : « D’une manière très cynique, c’est un

triomphe pour la science car, enfin, nous avons établi quelque chose, à savoir la capacité porteuse de la planète, qui doit être inférieure à un milliard de personnes. »

Ainsi donc, d’après M. Schellnhuber, le réchauffement de la planète offrirait une solution au vrai problème qui est la surpopulation. Le même argument vaut également pour les contrôles malthusiens, tels que les maladies, les guerres et la famine.

Le Vatican emboite le pas

La dernière encyclique du pape François est un document révolutionnaire, où d’après Sa Sainteté, la surpopulation est un problème plus important que la doctrine de l’Église, surtout si cette augmentation a lieu dans les pays industrialisés, développés et prospères. Ce sont exactement les positions sous-jacentes des objectifs de l’Agenda 21 de l’ONU, de la Maison-Blanche et de la plupart des autres nations. Tout comme eux, l’Encyclique utilise le réchauffement climatique comme une couverture pour un programme politique. Le problème est que le programme politique est en contradiction avec la foi catholique traditionnelle fondamentale et l’enseignement. L’Église a toujours lutté contre le contrôle des naissances et l’avortement. Ironiquement, il y a seulement onze ans, le Vatican avait ouvertement et activement combattu l’ONU et la Maison-Blanche sur ces questions.

La principale préoccupation des écologistes

La surpopulation est la préoccupation centrale de l’environnementalisme et des écologistes. Un sujet qui, dans les années soixante, focalisait l’attention des dirigeants du monde par l’intermédiaire du club de Rome, et en particulier dans le

fameux livre de Paul Ehrlich « The Population Bomb » ; ce dernier a été le mentor de John Holdren, actuel responsable de la politique climatique de l’administration Obama et qui, dans les années soixante, avaient proposé de mettre du poison dans la nourriture et les boissons de certains pays dans le but avoué de limiter la population (Il avait dû, lors de son audition devant une commission pour l’approbation de sa candidature à ce poste, jurer qu’il ne poursuivrait plus de tels objectifs). La surpopulation est restée une question centrale dans les années 1970 et 1980, mais a été reléguée à l’arrière-plan dès 1988 après l’audition, devant le sous-comité du Sénat américain, de Jim Hansen (un obscur chercheur de la Nasa) sur le réchauffement de la planète ; le monde a alors commencé à se focaliser sur ce thème. Deux ans plus tard, la première publication du Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur le changement climatique (GIEC) plaçait définitivement le réchauffement climatique dans l’arène scientifique et surtout politique.

Pourtant, il existe nombre de scientifiques (le dernier sondage effectué au sein de la Société américaine de météorologie, la plus grande organisation de scientifiques au monde avec plus de 13 000 membres, à montrer que 47 % des météorologistes opérationnels ne croyaient pas en cette théorie) qui sont en désaccord avec la théorie des changements climatiques, principalement parce que le climat terrestre au cours des millions d’années écoulées a connu plusieurs périodes de réchauffement et de glaciation de façon tout à fait naturelle. De plus, prévoir les changements de notre climat est très complexe (aucune prévision numérique au-delà de soixante-douze heures n’est fiable) et l’utilisation de modèles informatiques continue donc à soulever certaines critiques.

En plus de cela, certains de ces experts estiment qu’il est impossible d’être certain de la façon dont notre climat va évaluer, puisque l’atmosphère est un fluide essentiellement chaotique et peut être souvent très imprévisible. Ils croient aussi que le climat est censé changer et, comme il l’a fait auparavant, que les activités de l’homme ne peuvent pas être blâmées pour des changements climatiques. Il est donc tout à fait logique que ceux que l’on appelle les climato-sceptiques critiquent les rapports du GIEC qui, toujours d’après ces sceptiques, prédisent un avenir hypothétique basé sur des données peu fiables et sur la base de modèles informatiques (1° à 2° C d’augmentation de température d’ici à la fin du siècle alors qu’aucun modèle numérique ne peut prédire avec certitude les températures au-delà de quarante-huit heures) qui ne sont pas adéquats pour un tel travail. Ils affirment que cette théorie n’a jamais été testée (et cela est vrai) et que les observations (une flotte de satellites ultraperfectionnés a été mise en orbite pour mieux mesurer la température près du sol ou chaque cm3 est échantillonné. Tout allait bien jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix où les thermomètres et les satellites s’accordaient. Mais, depuis, les données satellitaires montrent un refroidissement, alors que c’est l’inverse pour les thermomètres) contredisent cette théorie.

Un secteur qui ne bénéficie pas d’une grande couverture médiatique et auquel le débat est refusé, puisque les tenants de la théorie des changements climatiques prétendent détenir la vérité (alors qu’un scientifique est avant tout un sceptique), comme l’affirme le Pape dans son récent encyclique. Pourtant les objectifs de mouvement climatique sont-ils vraiment d’ordre climatique ? Nous le verrons lors de la deuxième partie.

Le Vatican, le réchauffement climatique et la surpopulation par Rudolph Homère Victor, Météorologiste

La majorité de la population ne comprend pas encore la question du réchauffement de la planète, mais il y a des signes qui indiquent que la situation commence à évoluer. Le récent sondage Pew Centre montre que plus de gens reconnaissent ce mouvement comme une question politique.

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 3ACTUALITÉ

Cent ans d'occupationUne croix, maintenant presque ensevelie sous notre chaos urbain, à la sortie des Cayes

vers Torbeck, rappelle l’épisode du massacre des paysans par l’occupant américain à

Marchaterre le 6 décembre 1929.

Plus aucun respect n’est accordé à ce lieu et sans doute la plupart des Cayens, surtout les

jeunes, n’ont aucune connaissance de cet évènement et de cette époque trouble et houleuse

de notre histoire.

Faut-il dire que toutes nos turpitudes, nos divisions, nos luttes stériles pour le pouvoir depuis

le départ symbolique de l’occupant en 1934, ces déchirements ayant abouti en 1994 et

en 2004 à une autre forme d’occupation, ont donné quelque chose d’anecdotique à ce

moment charnière de notre histoire ?

Une dizaine de jours après ce 28 juillet qui nous rappelle les cent ans du début de cette

occupation directe, vont se tenir les élections législatives du 9 août dans un climat où il faut

que le chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne se croit obliger de

déclarer : « nous ne sommes pas là pour valider ou invalider les résultats des élections ». Des

déclarations qui renvoient aux propos de l’actuel président du Conseil électoral provisoire

sur les interventions supposées de la communauté internationale au cours des élections

de 2011 dont Ricardo Seitenfus dans son livre, « Échec de l’aide internationale à Haïti », a

révélé des détails quand même choquants et honteux.

Il est clair que la désoccupation ne se résume pas à un simple départ de troupes. La désoc-

cupation n’est effective que s’il y a un corpus national décidé à donner une autre direction au

pays et qui s’entend sur un minimum qui en vient à constituer le socle même de la nation.

Sans ce corpus national, l’occupant devient tout simplement invisible à l’œil nu et profite

encore une fois de nos divisions, de nos luttes stériles, de notre refus de nous atteler aux

vrais problèmes dont la résolution devrait permettre à la nation d’émerger à l’âge de raison.

Aujourd’hui, l’Occupation continue sous des formes les plus insidieuses. Il y a les bottes. Il

y a aussi le contenu de nos assiettes. Nos ventres sont assiégés par le « dirimayami » alors

que nos paysans de l’Artibonite ont tout le mal du monde pour produire et écouler leur riz.

Un ancien président américain, fer de lance de l’occupation douce d’Haïti a trouvé « moral

» de faire son mea-culpa sur la question. Même la boîte à lunch de nos jeunes enfants

est occupée par nos voisins dominicains. Tout ceci pour dire que nous n’avons jamais joué

sur le bon registre pour nous sortir graduellement des occupations. Au contraire, nous les

avons même appelées, quand jouissant de ce système de pillage, nous voulions protéger

nos acquis au détriment même de la nation.

Les élections qui doivent forcément avoir lieu, aux dates prévues par ce Conseil électoral

provisoire, ou à d’autres, doivent marquer une rupture avec une histoire faite de rendez-

vous ratés, d’interventions étrangères inopportunes pour ne pas dire criminelles. Cette

rupture ne peut se faire sans un réveil de la conscience nationale à un moment où tous les

indicateurs sont au rouge.

Sinon le 28 juillet 2015 restera une date où une porte a été ouverte sans que personne ne

l’ait réellement fermée par la suite.

Gary Victor

Édito

Le CEP, droit vers le 9 août par Noclès Débréus

HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES» suite de la première page

Comme prévu dans le calendrier électoral, le Conseil électoral provisoire est en train de faire tout ce qui est de son

pouvoir pour respecter la date du 9 août pour les élections législatives. C’est du moins ce qu’a annoncé Frantz Bernadin, porte-parole du CEP, lors d’une conférence donnée le lundi 27 juillet autour des avancées du processus électoral. Pour s’assurer du bon déroulement du processus, les conseillers électoraux sont en train d’effectuer une tournée dans les régions pour évaluer les mises en place devant permettre la réussite de ces joutes électorales, selon les informations communiquées par le porte-parole du CEP.

En termes d’avancées, a informé Frantz Bernadin, le CEP a déjà acheminé les matériels non sensibles vers les départements.

Quant aux matériels sensibles (bulletins et procès-verbaux), l’institution électorale a reçu une première cargaison de 129 malles comprenant des matériels pour les 9 départements à l’exception de l’Ouest qui doit attendre le dernier fret qui sera livré le dimanche 2 août prochain en provenance des Émirats Arabes Unis. Actuellement, nous dit Frantz Bernadin, le CEP va faire un contrôle de qualité des matériels reçus avant de soumettre ses réactions et recommandations à la compagnie en charge d’imprimer les bulletins.

Dans la même veine, le Conseil a débuté dès ce lundi 27 juillet, avec la formation des superviseurs pour les départements de la Grande anse, des Nippes, du Sud et du Sud-Est. Du 29 au 31 juillet ceux des départements de l’Artibonite, du Nord, du Nord-Est, Nord-Ouest et du Centre seront en formation alors que les personnels de l’Ouest 1 et Ouest 2 doivent attendre le samedi 1er et le dimanche 2 août pour les séances de formation.

Par ailleurs, Monsieur Bernadin invite tous les électeurs à

contacter le centre d’appel du CEP pour vérifier leur centre de vote à partir du mardi 28 juillet 2015.

Les intéressés peuvent composer les numéros suivants, 8828, 8829, 8830 et 8831.

Pour ce qui concerne les membres des bureaux de vote (MBV), la liste est encore incomplète à quelques jours du scrutin alors que le décret électoral en son article 139-1 enjoint les responsables de les rendre publics 60 jours avant la date des élections. À ce sujet, Frantz Bernadin lance encore un appel aux responsables des structures politiques appelées à soumettre les MBV à le faire rapidement car le temps presse.

Rappelons que les MBV sont plus de 40 mille répartis ainsi dans les départements : Artibonite avec 5 337 MBV, le Centre 2 748, la Grande Anse, 1761, les Nippes 1 395, le Nord 4 107, le Nord-Est 1 677, le Nord-Ouest 1 172, le Sud 3171, le Sud-Est 2 301 et l’Ouest avec 16 491 membres de bureaux de vote.

Alors que des avancées considérables sont déjà effectuées dans l’application du calendrier électoral, la question du financement des élections fait encore des gorges chaudes à dix jours seulement de la fermeture de la campagne électorale. Invités à se présenter au CEP pour remplir le formulaire en vue de recevoir le financement promis, certains responsables de partis politiques rencontrés au CEP ce lundi se montrent offusqués vis-à vis des membres du Conseil électoral provisoire qui les ont invités sans que le formulaire ne soit encore prêt.

Wilfrid Michel du Parti Rapwoche, Pielpy Elysée du Repare’n et Petit Daniel du Mouvement d’union républicaine (MUR) qualifient de démagogie l’attitude des dirigeants en ce qui a trait à l’attribution de cette subvention.

À moins de deux semaines du premier tour des législatives du 9 août 2015, le Conseil électoral provisoire multiplie ses efforts en vue de rendre effective cette date fatidique. Les neuf conseillers électoraux ont entamé depuis le week-end une tournée à travers les dix départements en vue d’évaluer l’état d’avancement du processus dans les différentes régions du pays. Entre-temps, le dimanche 26 juillet, le CEP a reçu une première cargaison de 129 malles contenant les matériels sensibles pour les neuf départements à l’exception de celui de l’Ouest.

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4 | N0 48 MARDI 28 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

UPISA, une nouvelle structure pour dynamiser l'agriculture Par Reynold Aris

HAÏTI / AGRICULTURE

Les responsables du MARNDR, par cette structure, s’engagent à collecter, traiter et diffuser des informations utiles à

la prise de décisions relatives aux investissements dans le secteur agricole et agro-alimentaire. Cette nouvelle instance vise à contribuer à l’élaboration des projets politiques, des stratégies et programmes destinés à créer un environnement privé dans ce secteur. Elle s’inscrit également dans le cadre de l’appui aux entrepreneurs pour la concrétisation de leur projet d’investissement.

Vu son attribution, l’Upisa a un mandat allant de la période de 2015 à 2017. Au cours de cet intervalle, sa mission principale consistera à accroître le nombre de partenaires et de fonds investis afin de contribuer à la dynamisation de l’agriculture.

Elle devra servir de stimulant à la croissance économique du pays, à la hausse des revenus et à la création d’emplois durables et, plus globale-ment, aux efforts de développement du pays.

Upisa pour sortir Haïti de la dépendance ?

L’Upisa revêt une grande importance dans le cadre de la lutte pour sortir le pays de la dépendance alimentaire, a fait remarquer le titulaire du MARNDR, Fresner Dorcin. Il a tenu à souligner que la réalisation d’un tel objectif ne peut se faire sans l’établissement d’une coopération entre les secteurs vitaux du pays, notamment le secteur privé. L’investissement privé, indique-t-il, est l’un des éléments essentiels dans le cadre de l’augmentation de

la croissance économique. Ainsi exhorte-t-il les entrepreneurs issus de ce secteur à remplir les formalités leur permettant d’emprunter de l’argent des banques afin d’investir dans le domaine de l’agriculture.

Quant au partenariat public-privé, il informe avoir eu cette idée depuis son installation comme secrétaire d’État à la production végétale en novembre 2011. Il rappelle avoir travaillé là-dessus avec le secteur privé local. Cela, précise-t-il, a contribué à la sensibilisation de ce secteur-clé qui a invité d’autres investisseurs du secteur privé international à appuyer les efforts de renforcement de l’agriculture locale.

De l’avis de M. Dorcin, le MARNDR ne peut mener à lui seul le combat visant à augmenter la production agricole. Il informe que le Ministère ne disposait que de la bagatelle de sept milliards de gourdes dans son budget au cours de l’année dernière.

Un chiffre qui s’avère largement insuffisant compte tenu des besoins de la République à satisfaire dans ce domaine. Voulant réduire le flux de produits importés sur le marché local, l’ancien secrétaire d’État à la Production végétale dit s’engager corps et âme à ce que ce secteur devienne plus efficace.

Grâce à la Commission interministé-rielle, se réjouit-il, composée, entre autres, du ministère de l’Économie et des Finances, de celui du Commerce et de l’Industrie, il parvient à valider environ 32 projets d’investissements. Selon ce qu’a indiqué le Ministre, leur implémentation est estimée à environ 600 millions de dollars américains. Il

informe ne disposer, pour l’instant, que de 102 millions de dollars, soulig-nant que bon nombre de ces projets devraient être déjà mis en exécution. Cette situation, explique M. Dorcin, résulte du fait que, dans le cadre de leur exécution, les responsables sont confrontés à des contraintes d’ordre administratif en ce qui concerne la non-disponibilité des fonds.

Se vantant de l’exécution du projet « Ti Malice », le Ministre a déclaré que celui-ci apporte de grands résultats dans le département de l’Artibonite. Ce projet, dit-il, a contribué non seulement à la croissance économique, mais il permet également aux agriculteurs de cultiver davantage de denrées en garantissant la paix sociale. Aussi a-t-il souligné l’implémentation d’un projet baptisé « agri-success » en ce qui concerne l’intensification de la culture de banane à Léogâne et à Grand-Goâve.

Présente à la cérémonie, la directrice par intérim du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Katyna Argueta, a salué le lancement de l’Upisa. Il s’agit, selon elle, du premier pas réalisé vers la promotion des investissements privés dans la perspective de renforcer la production nationale.

Cette nouvelle structure, dit-elle, est un « one stop shop » où l’entrepreneur agricole va avoir accès en un seul lieu à toutes les informations utiles lui permettant de lancer son entreprise. L’Upisa contribuera, entre autres, au renforcement de la chaîne des valeurs des produits agricoles, de l’agro-industrie.

Le ministre de l’Agriculture, Fresner Dorcin (au milieu), lors de la présentation de l’Upisa. / Photo : Ruben Chéry

Une nouvelle structure est portée sur les fonts baptismaux. Il s’agit de l’Unité de promotion des investissements privés dans le secteur agricole (Upisa). C’est le titulaire du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) qui a procédé à son lancement officiel lors d’un atelier de validation et de présentation du plan stratégique, le lundi 27 juillet 2015.

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 5ACTUALITÉ

Vingt sénateurs et cent dix-neuf députés doivent être élus aux prochaines élections législatives prévues pour le

dimanche 9 août. Mais « jusqu’à présent même quand la campagne doit finir bientôt, on ne la sent pas », affirme l’un des membres de la coordination du Mouvement démocratique populaire (Modep), Guy Numa. Dans un entretien au National, Guy Numa explique que « la campagne se déroule timidement », et en guise de motif, c’est que les « partis se plaignent de ne pas recevoir le financement de l’État ».

Dans la capitale haïtienne, les activités paraissent gagner en ampleur, mais ce n’est pas comme dans les campagnes antérieures. Il est inconstatable que depuis le début de cette campagne le jeudi 9 juillet dernier, les pare-brise et les châssis des automobiles servent de support pour exposer les photos des candidates et candidats. Actuellement, il y a plus de photos de candidats dans les rues, les affiches géantes continuent d’être absentes et les messages

publicitaires radiophoniques sont très rares. Quelques rares mobiles de campagne peuvent être aussi constatés.

Dans d’autres villes principales du pays, la situation ne chauffe pas, quelques photos. Des automobiles servent, entre-temps, de chars de campagne et c’est presque tout. Dans le Sud-Est, en particulier à Anse-à-Pitre, on commence à placer des photos dans les rues. Mais celles des candidats placées dans les quartiers du camp adverse sont automatiquement déchirées. Toujours à Anse-à-Pitre, il n’y a pas de mobiles de campagne et pas de véritables rencontres publiques entre les candidats et leurs sym-pathisants.

Un citoyen présent sur les lieux, contacté par Le National, rap-porte que l’unique ambulance du Centre de santé d’Anse-à-Pitre a été utilisée comme mobile pour faire circuler les photos des can-didats du Parti politique Ayiti Tèt kale (PHTK). Le PHTK est le parti du pouvoir. À Jacmel, chef lieu du

département du Sud-Est, ce n’est non plus rien de grande envergure. La grande remarque, c’est que les candidats du Parti au pouvoir ont beaucoup plus de photos affichées dans les rues.

Dans l’Artibonite, c’est la même sit-uation, une campagne très timide. Pas de rencontres politiques des candidats et seulement quelques rares photos de ces derniers sont remarquées dans certains quartiers. Dans le département du Centre, tout est comme au point mort à Belladère. Le tableau est un peu différent dans d’autres villes du Centre, telles que Lascahobas et Mirebalais, où certains candidats essayent de donner la cadence.

Dans le Nord et le Nord-Est, les candidats continuent à traîner les pieds. Dans le Nord, le PHTK a ouvert sa campagne. Les autres partis ne font visiblement rien, se contentant d’afficher des photos faites sur des feuilles de papier 8 ½ par 11. Comme à Port-au-Prince, les candidats se plaignent de ne pas avoir d’argent. C’est le même tab-

leau dans le Nord-Est. La qualité des imprimés est meilleure chez le PHTK.

Ancienne conseillère électorale et auteure du livre « Le ventre pourri de la bête, Ginette Chérubin estime, par rapport à ces observations, qu’« une véritable fièvre électorale », n’est pas encore ressentie. L’attente du financement de l’État ou la crainte que les élections ne se déroulent pas comme prévu le 9 août, s’interroge l’ancienne conseillère Chérubin. Ginette Chérubin estime que si la campagne continue ainsi, « les électeurs n’iront pas voter ». Entre-temps, elle les appelle à la circonspection, en invitant les électeurs à regarder les candidats non par rapport à leurs promesses mais suivant leurs comportements. Quant aux violences préélectorales qui commencent à poindre dans diverses zones du pays, elle souhaite que la police et les autorités judiciaires commencent à sanctionner « sévèrement », car « si cela continue, il y aura des affrontements entre des groupes donnés », présage l’écrivaine.

Au bal d'une campagne trébuchante

Par Stephen Ralph Henri

HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

Les citoyennes et les citoyens doivent élire dans une quinzaine de jours les membres du nouveau Parlement haïtien. Pour l’instant, ces aspirants législateurs n’arrivent pas encore à offrir une cadence habituelle, en termes de campagne, sur l’ensemble du territoire, d’après le constat de personnalités de la société civile haïtienne. Avec une continuité en ce sens, on craint une abstention de l’électorat. Pour le moment, les candidats du parti au pouvoir sont les plus visibles.

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« La rédaction de lois est une affaire technique. Des textes de lois, on peut en faire beaucoup », affirme le vice-président du

parti, Me Alix Richard pour montrer que l’élaboration d’un agenda légis-latif avant la prise du pouvoir n’est pas la priorité majeure de la Fusion des sociaux-démocrates. L’important, selon lui, c’est de dégager une vision politique et obtenir l’adhésion de l’ensemble des acteurs sur l’échiquier politique en vue de mieux diriger. Dans cet ordre, souligne-t-il, son parti a pendant longtemps fait la promo-tion d’un pacte de gouvernabilité.

Il dit reconnaître, toutefois, que les lois sont nécessaires pour implé-menter la vision de son parti dans un cadre programmatique. Cependant, soutient-il, les mécanismes pour les accompagner le sont davantage. « Les lois interviendront, a-t-il martelé, après qu’une entente sera trouvée sur la manière d’adresser les grands défis de l’heure. Car, argumente-t-il, bien que certaines d’entre elles peuvent être inadaptées à notre réalité, ce ne sont pas les lois qui manquent. Pour-tant elles ne sont généralement pas appliquées. Ce qui est susceptible de diminuer l’autorité de l’État ».

La gouvernance

La gouvernance est l’une des thé-matiques prioritaires de la Fusion des sociaux-démocrates. Car, pour celle-ci, cette thématique est au carrefour des conditions minimales pour transformer le tissu social. À ce propos, Me Richard dit déplorer le fonctionnement anormal des institu-tions républicaines haïtiennes. Pour-tant, avance-t-il, celles-ci disposent de lois susceptibles de contribuer à leur bonne marche. Il prend en exem-ple le phénomène de la corruption que certaines institutions comme l’ULCC et l’Ucref sont censées com-battre. Force est de constater, selon lui, l’inefficacité de ces institutions. D’où, continue-t-il, la nécessité de prôner entre tous les secteurs vitaux du pays, un accord minimal en vue de la bonne gouvernance qui passera par des lois adaptées à la réalité haï-tienne.

Emplois

En dégageant un compromis national sur la question de la gouvernance, il sera plus opportun, souligne le juriste, de créer les conditions propices à la création d’emplois et

de richesses. Pour ce faire, explique-t-il, la Fusion des sociaux-démocrates a fait le pari de la réforme agraire en vue d’une meilleure exploitation des terres cultivables. Ce qui, croit-il, permettra, d’une part, de nourrir la population haïtienne et, d’autre part, de créer des emplois massifs.

Bien que la réforme agraire soit historiquement controversée, reconnaît Alix Richard, elle est à même de faciliter la production agricole à grande échelle et un meilleur rendement du secteur. Toutefois, il importe, selon lui, d’obtenir l’adhésion des agriculteurs en faisant la promotion du bien-fondé des coopératives dans l’agriculture. À savoir, une plus grande production, l’accès au crédit et aux intrants agricoles, la création d’emplois et de devises.

Le tourisme est aussi identifié par la Fusion comme l’un des secteurs porteurs de l’économie. Pour faci-liter son plein essor, affirme M. Richard, il incombe de régulariser le cadre global de la gouvernance. Des mesures légales, à elles-seules, ne permettront pas d’atteindre les objectifs visés. Si les discussions engagées entre les forces vives le suggèrent, alors on aura à plancher sur des textes de lois mieux adaptés au secteur et à l’évolution de notre société.

Se réclamant de la sociale démocra-tie, la Fusion, tout en accentuant sur la création d’emplois, préfère les conditions de travail à la simple ques-tion de l’augmentation salariale. C’est pourquoi, elle dit, dans la perspec-tive d’accéder au pouvoir, œuvrer au renforcement d’un secteur syndical mieux structuré, capable de faire des propositions viables sur la base d’études et de documentation.

Sécurité

Comme pour les autres domaines, la Fusion des sociaux-démocrates ne dispose pas, au préalable, de projets de lois sur la question sécuritaire. Mais elle estime impérieux qu’un cadre sécuritaire soit établi pour assurer le processus de développe-ment à travers ses priorités. Dans cet ordre, la Fusion se dit favorable à une force armée dans le pays. Mais un point d’ordre demeure : il faut un consensus national sur la question.

Les sujets brûlants

Interrogé sur la question de rapatrie-ment d’Haïtiens en provenance de la République dominicaine, Alix Rich-ard estime que la solution durable se trouve en Haïti. Ce sont les conditions socio-économiques, a-t-il martelé, qui doivent être prises en compte pour faciliter un mieux-être à l’Haïtien qui émigre chez le voisin dominic-ain. Pour y arriver, la Fusion, si elle accède à la présidence, devra recher-cher un consensus national pour pal-lier ce déséquilibre économique entre les deux pays.

Pour ce qui est du mariage pour tous, la Fusion dit que ce projet ne fait pas partie de ses priorités. Bien qu’il questionne l’intérêt pour le pays d’importer une telle pratique, Alix Richard affirme que son parti respecte les choix de tout un chacun. Si elle accède au pouvoir, la Fusion dit qu’elle ne tolèrera nullement la chasse aux homosexuels. Toutefois, souligne-t- il, dans l’éventualité d’un vote relatif à la légalisation du mar-iage des homosexuels au Parlement, la position des élus de la Fusion n’engagera pas le parti qui dit croire en la liberté individuelle.

À l’approche des législatives prévues le 9 août prochain, la Fusion des sociaux-démocrates dispose de 85 candidats à la députation et 11 au Sénat.

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ACTUALITÉ

Des membres du directoire de la Fusion des Sociaux-démocrates haïtiens lors de la célébration des neuf ans du parti.

Fusion : le compromis comme arme politique

Par Jean Michel Cadet

HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

Contrairement à certains partis politiques, la Fusion des Sociaux-démocrates dit ne pas disposer d’un agenda législatif préétabli. Ce parti, qui se réclame de la sociale démocratie prône, de préférence, un large consensus entres toutes les forces sociales pour adresser les problèmes de fonds du pays en vue d’améliorer les conditions de vie de la population.

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 7

« Notre délégation effectue une tournée nationale pour constater, inspecter les conditions de travail des agents

de police, s’assurer que la PNH est prête à sécuriser la population lors des prochaines élections et faire le point sur certains dossiers. Nous nous rendons dans un département chaque mois. Nous étions dans l’Artibonite et dans le Nord-Est ; ce mois de juillet, nous sommes dans le Sud-Est, où nous nous sommes fait accompagner de deux anciens

directeurs départementaux, Hervé Julien et Fritzgérald Marcel, a précisé l’Inspecteur général Jean-Brice.

Dans une rencontre avec la presse régionale au Centre de convention de Jacmel, le samedi 25 juillet, l’inspecteur général Jean-Brice a saisi l’occasion pour faire le point sur plusieurs dossiers, notamment les conditions de travail des policiers dans la région et les élections. « L’effectif des policiers est insuffisant.

Neuf mille seront mobilisés pour les élections, mais l’idéal serait d’avoir trois fois plus », a révélé l’inspecteur général. Ce dernier, cependant, rassure la population que la PNH sera à la hauteur de sa mission qui consiste à protéger les vies et les biens. Selon le porte-parole de l’inspection générale, Marc Wilkens Jean, la délégation a visité 19 commissariats, sous-commissariats et prisons civiles dans le Sud-Est.

Le haut commandement de la PNH autorise les régions à élaborer un plan de sécurité adapté à leur spécificité. Cependant, il faut que ce plan soit greffé au Plan national de la PNH, a souligné le porte-parole de l’Inspection générale. « Le policier a le droit de voter le candidat de son choix, toutefois il ne doit afficher aucun comportement pouvant influencer un citoyen au moment du vote », a-t-il rappelé.

La presse régionale a attiré l’attention de l’inspecteur général de la PNH sur le nombre important d’armes illégales qui circulent dans le Sud-Est. Celui-ci promet d’en informer l’équipe de la PNH qui travaille sur la sécurité des élections.

Les cas de Pierre Lafond et de Simon Samson

À la demande de l’inspecteur Jean-Brice, le commissaire divisionnaire de Jacmel, Arsène Selmond, s’est prononcé sur les deux assassinats par balles de Pierre Lafond et Simon Samson, enregistrés à Jacmel la semaine du 20 juillet. Selon les premiers résultats des enquêtes menées par la police de Jacmel, cités par le responsable du commissariat de Jacmel, la cause de la mort du candidat à la mairie de la Fusion, Pierre Lafond n’est pas politique. Celui-ci est mort en intervenant dans la dispute d’un couple. Toutefois, selon le commissaire Selmond, la mort de Pierre Lafond est bien un meurtre. « Simon Samson, lui, a été assassiné à la place de quelqu’un qui lui ressemble physiquement, après des affrontements entre des membres de la population de Beaudouin et des citoyens qui apposaient les photos de certains candidats sur la façade des maisons de cette zone. L’un des riverains opposé à l’apposition de photos sur la façade de sa maison et visé par l’assassin ressemble physiquement à Simon Samson », a révélé le commissaire divisionnaire Arsène Selmond.

Sud-Est, Élections, sécurité : la Police nationale se prépare davantage

Par Pierre-Paul ANCION

La Police nationale d`Haiti (PNH) est prête à sécuriser la population pendant la période électorale, selon l’inspecteur général de la PNH, Ralph Stanley Jean-Brice, à la tête d’une délégation d’une trentaine de personnes en visite d’inspection et de contrôle dans le Sud-Est, depuis le mercredi 22 juillet 2015.

L’inspecteur général en chef, Ralph Stanley Jean-Brice, à la tête d’une délégation de l’IGPNH à Jacmel. / Photo : Pierre-Paul Ancion

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8 | N0 48 MARDI 28 JUILLET 2015

MONDE

En recherchant les 43 étudiants disparus au Mexique, une centaine de cadavres déterrésSources : Le Monde.fr avec AP

Ce sont les conséquences inat-tendues de l’enquête sur les 43 étudiants mexicains dis-parus le 26 septembre 2014.

Cherchant leurs dépouilles, les auto-rités ont exhumé en dix mois, dans l’Etat de Guerrero, au sud du Mexique, au moins 129 corps issus de quelque 60 charniers. Mais aucun d’entre eux n’a été identifié comme étant l’un des étudiants – 43 garçons âgés de 18 à 21 ans – vraisemblablement enlevés et tués par des narcotrafiquants avec la complicité de policiers et d’élus locaux.

Les autorités pensent qu’il est peu probable que les enquêteurs réussissent un jour à retrouver et identifier les cadavres des étudi-ants disparus, des suspects ayant d’ores et déjà déclaré que leurs

restes avaient été brûlés sur un gigantesque bûcher pendant qua-torze heures et dispersés dans une rivière avoisinante.Le nombre de dépouilles et char-niers ayant été mis au jour entre octobre 2014 et mai 2015 pourrait éventuellement encore s’agrandir, a souligné le ministère de la jus-tice, car ces données, rendues publiques grâce à une demande de l’agence Associated Press, ne concernent que les cas pour lesquels des spécialistes des char-niers ont été sollicités au cours de l’excavation.

20 000 personnes disparues au Mexique

Plus de 25 000 personnes sont considérées comme « disparues »

au Mexique, dont un nombre très important dans l’Etat de Guer-rero, grand producteur d’opium et théâtre d’affrontements réguli-ers entre les cartels de la drogue. Plus de 100 000 personnes ont été tuées en une décennie dans la guerre que se livrent ces organisa-tions entre elles, et contre l’Etat.

Le gouvernement mexicain a, par ailleurs, déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que les étudiants recherchés aient été impliqués dans le trafic de drogue, mais qu’ils avaient dû être pris pour un clan rival.

Beaucoup de gens interrogent toutefois la version des faits donnée par le gouvernement, dont les parents des victimes et la commission nationale de Human Rights, qui a publié un rapport soulignant au moins trente omis-sions dans l’enquête menée pour déterminer le sort des étudiants.

Dimanche, quelques centaines de personnes menées par les par-ents des victimes ont manifesté à Mexico pour exiger que leur soit rendue justice. Tous les 26 du mois, des manifestations sem-blables ont lieu depuis le drame.

Barack Obama a fait la leçon lundi depuis l’Ethiopie au parti républicain, qui selon lui tolère des propos outran-

ciers à son égard et empêche le débat sur le nucléaire iranien de se dérouler sereinement, à 15 mois de la prési-dentielle.

A plus de 11 000 km de Wash-ington, en déplacement en Ethi-opie, le président américain n’a pu s’empêcher de saisir la perche d’une journaliste qui lui propo-sait de réagir, en fin de conférence de presse, aux propos du candi-dat aux primaires républicaines Mike Huckabee, qui a affirmé que l’accord avec l’Iran conduirait les Israéliens aux « portes des fours » crématoires.« Les commentaires particuliers de M. Huckabee s’inscrivent dans une tendance générale qui serait considérée ridicule si elle n’était pas si triste », a déclaré Barack Obama, qui cite rarement par leurs noms des adversaires poli-tiques, a fortiori quand il est à l’étranger.Il a relevé que John Kerry avait été qualifié de Ponce Pilate par un sénateur (le républicain Tom Cotton), et qu’un autre, candi-dat aux primaires présidentielles (Ted Cruz), avait affirmé que l’administration Obama allait devenir le premier financier du terrorisme anti-américain dans le monde en débloquant des fonds iraniens gelés.« Ce sont des leaders du parti républicain », a déploré Barack

Obama. « Ce genre de rhétorique attire peut-être l’attention, et peut-être qu’ils ne le font que pour prendre la place de M. Trump à la Une, mais ce n’est pas la sorte de dirigeants dont a besoin l’Amérique actuellement ».Et de dénoncer le deux-poids, deux-mesures du parti républic-ain, illustré selon lui par les réac-tions à Donald Trump, l’homme d’affaires qui a monopolisé la campagne des primaires depuis sa candidature en juin, jusqu’à arriver en tête des sondages.« Quand il conteste l’héroïsme de M. McCain, un homme qui a enduré la torture et s’est conduit avec un patriotisme exemplaire, le parti républicain est choqué », a dit Barack Obama. « Mais cela résulte d’une culture où ce type

d’attaques scandaleuses sont dev-enues monnaie courante et sont diffusées sans arrêt sur internet, à la radio et aux informations. Et quand des propos scandaleux comme ceux-ci sont tenus contre moi, beaucoup se taisent alors qu’ils se disaient scandalisés quand ils étaient tenus contre M. McCain ».

Appel au sérieux

La présidentielle américaine aura lieu en novembre 2016 mais la campagne des primaires a bien démarré, avec pas moins de 16 candidats à l’investiture répub-licaine.Un seul, Donald Trump, a réussi à s’imposer dans le débat au-des-sus de tous les autres. Pas par ses

propositions, mais en multipli-ant les déclarations fracassantes, sur les clandestins mexicains, la frontière avec le Mexique, ses mul-tiples rivaux (des idiots ou des « losers ») et John McCain, ancien prisonnier de la guerre du Viet-nam.La concomitance de la campagne présidentielle a rendu le débat sur l’Iran ultra-partisan, alors que le Congrès a jusqu’en septembre pour évaluer l’accord signé le 14 juillet à Vienne.Le Congrès a le pouvoir d’empêcher Barack Obama de lever les sanctions économiques américaines contre l’Iran, contre-partie de Washington aux conces-sions iraniennes sur le nucléaire. Les élus voteront en septembre et la majorité républicaine est nette-ment opposée, a fortiori les quatre sénateurs qui sont également can-didats à la Maison Blanche.Le secrétaire d’Etat John Kerry a été accusé jeudi lors d’une audi-tion au Sénat de s’être fait embo-biner par les Iraniens.Parmi tous les candidats aux primaires, beaucoup se sont publiquement engagés à annuler l’accord avec l’Iran dès leur pre-mier jour à la Maison Blanche, en janvier 2017.« Les Américains méritent mieux », a conclu le président américain. « Dans 18 mois, je rends les clés. Je veux être sûr que je donne les clés à quelqu’un de sérieux pour faire face aux défis sérieux aux-quels le pays et le monde sont confrontés ».

Obama appelle les républicains en campagne présidentielle à calmer le jeuSources : afp

Le président américain Barack Obama s’exprime lors d’une conférence de presse à Addis Abeba le 27 juillet 2015. / Photo : OAFP / AFP

Cherchant les dépouilles des 43 étudiants disparus en septembre 2014, les autorités mexicaines ont mis au jour une soixantaine de charniers dans l’Etat du Guerrero. / Photo: HENRY ROMERO / REUTERS

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 9MONDE

Le Royaume-Uni n’est pas contre un renforcement de la zone euro, à condition que ce ne soit pas au détriment des pays

non membres de l’union monétaire, a déclaré lundi George Osborne.Le ministre britannique des Finances est à Paris pour tenter d’obtenir le soutien de la France aux réformes exigées par Londres pour prix de son maintien dans l’Union européenne. La crise grecque a amené des dirigeants européens comme François Hollande et Angela Merkel ou Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, à se prononcer en faveur d’une réforme du fonctionnement de l’Union monétaire.Ces propositions sont « intéressantes », a dit George Osborne lors d’une conférence de presse commune avec le ministre français de l’Economie, Emmanuel Macron, après la visite d’une plate-forme de soutien aux projets d’entreprises innovantes.Mais « si on doit voir plus d’intégration de la zone euro, il faut aussi garantir que les intérêts de ceux qui n’y sont pas, comme le Royaume-Uni, sont protégés de façon appropriée ». Le Premier ministre britannique, David Cameron, qui a promis un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, veut s’assurer du maintien de l’influence des pays non membres de l’union monétaire au sein de l’Europe à 28.Le ministre français de l’Economie a estimé que la consolidation de la zone euro n’était pas nécessairement incompatible avec les réformes demandées par Londres. « Je pense que nous avons la base d’un accord. Nous avons besoin d’une approche ‘gagnant-gagnant’. C’est le bon moment pour réformer beaucoup de choses », a dit Emmanuel Macron.Il a admis qu’un ensemble de règles équitables était nécessaire pour protéger les intérêts des pays de l’UE qui n’appartiennent pas à la zone euro : « Nous devons avoir un traitement équitable des non-membres », a-t-il dit. George Osborne a laissé entendre que la date du référendum britannique dépendrait de la conclusion d’un éventuel accord avec Berlin et Paris.Le gouvernement britannique veut notamment s’assurer que Londres restera un centre financier de premier plan. Il demande aussi, parmi d’autres mesures, une simplification des procédures administratives européennes, l’autorisation de réduire les prestations sociales des ressortissants de l’UE qui s’installent au Royaume-uni ou le droit pour les pays membres de bloquer la législation européenne.La France a averti qu’elle n’accepterait pas de réformes contraignant à une modification des traités européens.La visite de George Osborne est la première étape d’une tournée européenne. Il doit aussi s’entretenir avec le Premier ministre, Manuel Valls, le ministre des Finances, Michel Sapin, et le chef de la diplomatie, Laurent Fabius.

Le Royaume-Uni pour une réforme de la zone euro s'il est épargnéSources : Reuters

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10 | N0 48 MARDI 28 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

La débâcle consacrée et programmée de l'économie haïtienne Par Henri Alphonse (2e partie)

ENTREVUE

« Le secteur financier est la grande

tristesse de ce pays », affirme

Eddy Labossière. En fait, pour

lui, le marché financier haïtien

n’existe pas. Je sourcille, attentif. Et

l’économiste d’expliquer. Lorsqu’on

parle de banques dans ce pays, on se

demande si on sait bien de quoi on

parle. « Le système financier haïtien

a été mis en place par un esprit

pervers ». Je sursaute légèrement,

complètement pris de court, essayant

de rester impassible. Et je me dis que

cette entrevue devient de plus en plus

intéressante. Et il assène le coup :

« C’est un système financier qui est

contre le développement économique

et social de ce pays ».

Un secteur financier bancal

Je m’arrête de noter, jette un regard

furtif vers le prof d’université.

L’air farouche, il a les yeux qui

brillent d’un éclat particulier.

Nous sommes en début d’après-

midi, assis dans la salle des profs,

à une quinzaine de mètres d’une

cour bondée d’étudiants bruyants.

À cette heure, l’Institut national

d’administration, de gestion et

des hautes études internationales

(INAGHEI) grouille de jeunes des

deux sexes, avides de savoir et

aspirant goulument l’air du temps.

Flux et reflux de la canicule. Il

devait faire entre les 35º et 37º

degrés. Je m’assure que mon

magnétophone est toujours en

marche.

« Les banques, légalement, sont

autorisées à amasser de l’argent,

mais aucune disposition légale les

oblige à en retourner un certain

montant dans l’économie ». Eddy

Labossière manifestement, se

réfère en priorité au portefeuille de

crédit des institutions bancaires.

Et de préciser : « lorsque vous

prenez le ratio dépôt sur prêt,

ça ne fait même pas 16 % alors

que c’est à 60 % dans tout pays

« normal ». Le secteur financier

haïtien est un secteur bancal, qu’il

faudra refaire. Nous n’avons pas de

fonds d’investissement, même pas

une Banque de développement! ».

Evidemment, poursuit notre

économiste, d’aucuns pourraient

se souvenir, avec raison, que

le système a mieux fonctionné

autrefois et que ce sont les

‘politiciens’ qui l’ont chambardé.

C’est exactement à ce niveau que

l’oligarchie a marqué des points.

La nature ayant horreur du vide, les

oligarques se sont vite empressés

d’occuper l’espace abandonné.

Une banque d’investissement ou

de développement, il y en avait en

Hait dans un passé récent, rappelle-

t-il. « Une analyse profonde

révèlera que les responsables sont

des secteurs de pouvoir ; c’est la

politique qui a détruit l’économie

! (…) L’on pourrait répliquer

que l’expérience de la Banque

Nationale de Développement

Agricole et Industriel (BNDAI)

est assez édifiante et que le sort

qui lui fut réservé par la suite

explique les lacunes constatées

aujourd’hui.

À ce stade, il serait intéressant

de relire les commentaires de

l’économiste et écrivain Lesly Péan

sur le sujet publiés le 25 janvier

2012 par AlterPresse dans la

série d’articles intitulée : « Haïti :

Capital social et Investissement »

(troisième partie).

« L’expérience malheureuse

de la Banque Nationale de

Développement Agricole et

Industriel (BNDAI) en 1984 –

rapporte Lesly Péan – est là pour

rappeler aux apprentis sorciers

que des Haïtiens peuvent aussi

faire disparaitre des centaines

de millions de dollars dans

leur quête de pouvoir. En toute

impunité. L’État marron en 2006

tirera un trait sur le matériel et

les bâtiments industriels de la

BNDAI. Selon Joël Ducasse, « les

installations industrielles de la

filature de KA-Soleil de la BNDAI

(Banque de Développement

Agricole et Industriel - eh oui

!) sous contrôle de la BRH ont

été jetées hors des bâtiments

industriels pour faire place au

matériel de guerre, aux bureaux

et dortoirs de la Minustah. Alors

que ces vingt dernières années,

plusieurs hommes d’affaires

ont demandé des concessions

d’exploitation de ces facilités

pour se heurter aux refus et/ou

aux dilatoires du ministère de

l’Agriculture ou de la BRH ».

« Je connais quelqu’un qui a pu

obtenir un prêt de la BNDAI pour

bâtir un hôtel (…) et qui n’a jamais

voulu rembourser l’argent, alors

que la banque avait pour mission

de faciliter le développement

agricole et industriel de ce

pays ». Des privilégiés du pouvoir

en place à l’époque ont pu eux

aussi avoir accès à des prêts pour

financer des activités étrangères à

la mission de l’institution. Et cette

pratique répréhensible continue

de nos jours. Dans l’Office national

d’assurance vieillesse (ONA), par

exemple, ou l’on a vu députés

et sénateurs se bousculer pour

empocher des prêts qu’ils n’ont

pas, en majorité, l’intention de

rembourser.

L’Office National d’Assurance

Vieillesse (ONA) – faut-il le rappeler

– a pour mission principale

« d’assurer à tous les employés

des établissements commerciaux,

industriels, agricoles et aux

assimilés qui ont atteint l’âge et

le nombre d’années de service

requis ou qui sont frappés

d’incapacité physique ou mentale,

des prestations leur permettant

de vivre dans des conditions

décentes en compensation des

services fournis durant les années

productives de leur vie.

« Je crois, en conclut l’économiste,

que la solution est d’essayer

de bâtir un vrai pays, mettre

en place différents niveaux de

gouvernance. Pour mettre en place

la gouvernance institutionnelle,

il faut d’abord être en mesure

de résoudre les problèmes de

justice. Il faut que toute personne

refusant de rembourser un prêt

dont il a bénéficié puisse en

répondre devant un appareil

judiciaire fiable. Car l’Ona est

impuissant aujourd’hui à se faire

rembourser ». Constat amer.

« Le système financier haïtien

ne fonctionne pas (…) c’est un

mauvais marché », soutient un

Eddy Labossière furibond. « Et il

faudra révolutionner ce secteur ».

Géopolitiquement parlant, croit-

il bon de préciser. Un diagnostic

sans complaisance, certes, un

témoignage accablant mais aussi

des propositions d’action pour le

futur que nous aborderons dans

la plus prochaine édition du

National.

« Les banques, légalement, sont autorisées à amasser de l’argent, mais aucune disposition légale les oblige à en retourner un certain montant dans l’économie» | © oxfamamerica.org

« Haïti est un pays en faillite. Une faillite consacrée, programmée », soutient l’économiste et professeur d’université Eddy Labossière dans une entrevue accordée au National. Et il met carrément en cause l’oligarchie et des secteurs de pouvoir, coupables d’être les artisans de cette descente aux enfers. Aujourd’hui, c’est au tour du secteur financier d’être sur la sellette.

ERRATUM

UNE ERREUR S’EST GLISSÉE À LA FIN DE L’ARTICLE INTITULÉ « LA DÉBÂCLE CONSACRÉE ET PROGRAMMÉE DE L’ÉCONOMIE HAÏTIENNE »| 1ÈRE PARTIE PUBLIÉE DANS L’ÉDITION NO 47 DU NATIONAL ET RELATIVE À L’ENTREVUE ACCORDÉE AU JOURNAL PAR L’ÉCONOMISTE EDDY LABOSSIÈRE. IL FAUT LIRE « CINA » - ACRONYME DE LA COMPAGNIE CIMENTERIE NATIONALE HAÏTI – ET NON « CENA ». MERCI POUR VOTRE COMPRÉHENSION.

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 11ÉCONOMIE

Amélioration des services de commercialisation à l'intention des exploitants : rôle des gouvernements Sources combinées

Les coûts de commercialisation

peuvent être considérables

et représenter une part

importante du prix final.

Dans un grand nombre de pays, la

principale contrainte est l’insuffisance

des moyens de transport et de

transformation. Or, le coût de ces

contraintes est énorme, qu’il s’agisse

des possibilités d’emploi perdues, de

la croissance économique à laquelle

il faut renoncer ou encore du manque

d’accès aux produits alimentaires.

Mise en place d’un climat propice au secteur privé

Il est désormais reconnu que

l’intervention directe des gouver-

nements dans la commercialisa-

tion des produits frais est rare-

ment le meilleur moyen d’aider les

agriculteurs. Cependant, l’appui

indirect à ceux qui se chargent

de la commercialisation est peut-

être nécessaire dans de nombreux

pays, surtout ceux qui ont récem-

ment modifié leurs politiques dans

le secteur après-récolte et qui doi-

vent consentir un gros effort pour

s’adapter au nouveau système de

commercialisation.

Les gouvernements peuvent

améliorer les opérations

après-récolte et les services

de commercialisation de

diverses manières: moderniser

l’infrastructure commerciale

en milieu rural, entretenir les

routes, renforcer les capacités de

commercialisation et les capacités

après-récolte des services de

vulgarisation, assurer une

information sur les marchés. Le

plus important est d’assurer un

environnement politique stable

et transparent dans lequel le

secteur privé puisse fonctionner

de manière rentable.

Les négociants ne pourront pro-

bablement jamais être pleinement

actifs sur le marché tant qu’on

ne leur garantira pas de pouvoir

acheter et stocker leurs produits,

confiants que l’État ne les

accusera pas « d’accaparement »

et ne saisira pas leurs stocks,

qu’il n’introduira pas de contrôle

des prix et n’écoulera pas sur le

marché de vastes quantités de

stocks gouvernementaux ou d’aide

alimentaire, ce qui provoquerait

l’effondrement des prix. Si ces

conditions ne sont pas assurées,

le coût des transactions augmente

et l’instabilité des prix est plus

grande.

En outre, c’est lorsque le climat

macroéconomique est favorable

que le secteur privé est le plus

efficace. Cela signifie qu’il faut,

dans la mesure du possible, des

taux d’inflation et d’intérêt bas,

des balances des paiements équili-

brées, des déficits budgétaires

faibles et des liquidités. L’une des

contradictions des programmes

d’ajustement structurel est sou-

vent qu’on attend du secteur privé

qu’il assume les fonctions relevant

autrefois de l’État, sans que le

climat macroéconomique qui le

lui permettrait soit en place.

Informations sur les marchés

Les gouvernements peuvent faci-

liter la commercialisation en

assurant une information fiable

sur les marchés. L’existence

d’informations permet aux agri-

culteurs de prendre des décisions

en connaissance de cause lorsqu’il

s’agit de planter, de récolter et,

dans le cas de certains produits

de la forêt, de cueillir et de vendre

leur production. Cela permet aux

négociants de prendre des déci-

sions sur les débouchés les mieux

adaptés à tel ou tel produit, dans

l’optique d’un profit maximum.

Cette mesure devrait aider à

stabiliser la fluctuation des prix

et à réduire les pertes dues à

l’engorgement de marchés spéci-

fiques, et ce, au bénéfice des con-

sommateurs.

La mise en place d’un système

efficace d’information sur les

marchés dans un pays ayant des

ressources limitées peut toutefois

poser plusieurs problèmes. Les

gouvernements ont souvent créé

des systèmes bien trop complexes

pour les ressources disponibles.

Souvent également, ils se sont

écartés de l’objectif principal de

ces systèmes, qui est d’assurer

une information actualisée à

des fins commerciales, pour se

transformer en pourvoyeurs de

données statistiques destinées

aux fonctionnaires.

Les systèmes d’information sur

les marchés mis en place dans

le cadre de projets d’assistance

technique ont souvent frôlé

l’effondrement lorsque l’aide

des donateurs a cessé, puisque

les gouvernements n’avaient

plus les moyens de poursuivre

les activités. Dans un premier

temps, il est préférable d’opter

pour un système ne couvrant

qu’un nombre limité de marchés

et se contenter de recueillir des

informations uniquement sur les

prix et sur l’offre, et ce pour un

nombre limité de cultures.

On pourrait envisager de

commercialiser ces services

d’information, initialement en

faisant parrainer la diffusion

des prix et, à terme, en confiant

la totalité du service au secteur

privé; on pourrait également

envisager la mise au point de

services d’information locaux.

Cela s’est fait avec succès dans le

secteur forestier.

Le ministère de l’Agriculture, en partenariat avec l’USAID, se propose de promouvoir et renforcer le système post-récolte en vigueur en Haïti. La transformation et la commercialisation de produits agricoles plus performants figurent désormais à la bonne place à coté d’initiatives pour l’amélioration de la productivité agricole et l’aménagement des bassins versants. Des experts de la FAO expliquent comment réussir dans cette entreprise sans verser dans l’utopie ?

�>�Ã�Õ��}À>�`����LÀi�`i�«>ÞÃ]��>�«À��V�«>�i�V��ÌÀ>��Ìi�iÃÌ��½��ÃÕvwÃ>�Vi�`iÃ�moyens de transport et de transformation. | © googolfarmer.info

SYSTÈME POST-RÉCOLTE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

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12 | N0 48 MARDI 28 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

Le prix réel du café que les politiques européens ignorent Par Fernando Morales-de la Cruz | Huffington Post

En général, ce paiement

n’atteint même pas 2 cents

d’euro par tasse, ce qui est

inférieur à 1 % de ce que

vous payez dans la plupart des cafés,

restaurants et hôtels européens. Dans

une tasse de café Starbucks, avec une

dose supplémentaire de caféine, le

paiement aux producteurs de café est

d’environ 2 % du prix par tasse.

Que dire alors de la chaîne de

valeur du café et a son concept

de partenariat avec ses anciennes

colonies ? Il est temps de faire un

véritable partenariat. Il est temps

de mettre en place un système

commercial à valeur partagée, et

de cesser les fausses prétentions

qui conviennent d’aider les

producteurs de café.

La plupart du café importé en

Europe arrive sous la forme de

grains verts, non torréfié. Il est

payé à un prix qui perpétue la

pauvreté dans les pays producteurs

de café. Plus de 250 millions de

personnes dépendent directement

ou indirectement de la production

de café. La plupart des cultivateurs

de café vivent dans la pauvreté

ou l’extrême pauvreté. Et au cas

où vous vous le demandez, le

commerce équitable n’est pas

une solution ni un chemin qui

puisse mener à l’éradication de

la pauvreté, mais seulement une

mesure pour l’atténuer légèrement.

Les politiciens boivent du café

au Parlement européen, tout

comme les hommes politiques

au Bundestag à Berlin, dans

les chambres du Parlement

britannique à Londres, au Palais de

las Cortes à Madrid, à l’Assemblée

nationale à Paris, aux Palazzo

Madama et Montecitorio à Rome,

et ainsi de suite dans chacun des

parlements en Europe.

Curieusement, au Parlement

européen à Bruxelles, le service

de café a été suspendu et remplacé

par plus de 20 machines à café

Nespresso qui ont été installées dans

la plupart des salles de réunion.

Cette évolution y est connue

sous le nom « NespressoGate »,

car ces machines n’acceptaient

pas les dosettes, pourtant en

general compatibles, des marques

concurrentes. Martin Schulz,

président du Parlement européen,

a refusé de mettre fin à cette

situation étrange, même après

avoir été alerté il y a un an par les

coprésidents du groupe des Verts.

Chaque fois que les députés du

Parlement européen boivent du café

Nespresso, ils envoient beaucoup

plus d’argent sous forme de profits

sur les comptes bancaires suisses

de Nestlé et de Nespresso qu’aux

cultivateurs de café. Et pourtant,

les cultivateurs de café et leurs

familles sont supposés bénéficier

du modèle de partenariat européen

avec les anciennes colonies, qui

parle de valeur partagée. Mais le

résultat est déplorable.

La « valeur partagée » du café

évoque plutôt un colonialisme

du XXI Siècle où la plupart des

bénéfices restent dans les pays

développés alors que la plupart du

travail dur, le sacrifice et même les

risques se situent dans les pays

producteurs.

Selon les chiffres d’un article

récemment publié en première

page du magazine allemand

Stern, la chaîne de valeur de

chaque capsule Nespresso permet

d’obtenir d’énormes profits à

Nestlé, même après déduction des

coûts importants de marketing

et de commercialisation. Le

café est un exemple qui illustre

parfaitement le fait que ni Nestlé,

ni Nespresso, ni le Parlement

européen ne comprennent le vrai

sens de la « valeur partagée »

ou du « partenariat » avec leurs

partenaires commerciaux.

Lors du Forum économique mondi-

al à Davos en janvier, Paul Bulcke,

Administrateur délégué de Nestlé

se vantait devant les caméras de

télévision de son partenariat avec

les producteurs de café et assurait

que Nestlé croit dans la « valeur

partagée », mais il a refusé de

répondre à ma question directe:

combien de cents de chaque cap-

sule Nespresso sont partagés avec

les producteurs de café ? Merkel

au Bundeskanzleramt, Hollande

à l’Elysée, Cameron au 10 Down-

ing Street, Renzi au Palazzo

Chigi, Rajoy à La Moncloa, Passos

Coelho à São Bento Palace et Helle

Thorning-Schmidt - la première

ministre danoise, dont son pays

prévoit également une taxe sur le

café, le Premier ministre Suédois

Stefan Löfven et la royauté: le roi

Philip VI d’Espagne, les princes

William et Catherine d’Angleterre

ou Willem-Alexander des Pays-

Bas, tous semblent prendre leur

café comme le faisaient aupara-

vant les rois européens qui gou-

vernaient les colonies, comme le

faisait Napoléon ou Bismarck (le

chancelier étant aussi le père de

la controversée Kaffeesteuer, une

taxe de café appliquée encore à ce

jour en Allemagne).

Tous se régalent de leur dose

quotidienne de caféine sans donner

l’impression de trop se soucier des

conditions d’exploitation dans

lesquelles celle-ci est produite

pour eux. Ils savent que la chaîne

de valeur de l’industrie du café

est bénéfique pour les Européens,

dont les entreprises en tirent des

dizaines de milliards en valeur

ajoutée, profits et impôts par le

biais de la taxe sur la valeur ajoutée

(TVA) et d’autres taxes appliquées

chaque année en Europe .

La plupart des commissaires

européens, des membres du

Parlement européen, des eurocrates

et même des journalistes dans

la bulle du pouvoir à Bruxelles

se réunissent autour d’un café.

Occasionnellement, l’un ou l’autre

d’entre eux peut même parler de

2015 comme l’ « année européenne

du développement ».

Tout en prenant une gorgée de leur

boisson réconfortante, il se peut

qu’ils réfléchissent à l’affirmation

suivant laquelle l’Europe est

le plus grand donateur d’aide

internationale. Certains peuvent

déguster un café tout en lisant

plusieurs centaines de pages de

documents officiels et d’articles

sur la façon dont les nations et les

institutions de l’UE européenne

travaillent pour renforcer leurs «

accords de partenariat » avec les

pays les moins avancés.

Lorsque le président du Conseil

européen, Donald Tusk, le Président

de la Commission européenne,

Jean-Claude Juncker, la vice-

présidente Federica Mogherini, et

Neven Mimica, commissaire pour

la coopération internationale et de

développement de l’UE, en charge

de la mise en œuvre des objectifs

de développement durable (ODS)

et du plan de l’UE « Partenariat

mondial pour éradiquer la pauvreté

et promouvoir le développement

durable après 2015 », apprécient

eux aussi leur café à Bruxelles, se

peut-il qu’ils ne pensent pas au

lien entre cette tasse de café et la

persistance de la pauvreté et du

sous-développement?

Le sommet UE-CELAC a eu lieu

à Bruxelles en juin dernier. De

nombreux autres sommets et

réunions sont prévues en 2015,

et des centaines de rapports

et d’articles sur les accords

d’association Amérique centrale-

Union européenne, Afrique-

Union européenne, Inde-Union

européenne et autres ont été

déjà rédigés. Il semblerait que

le développement, l’aide et les

partenariats soient les principaux

moteurs de toutes les actions des

politiciens européens et de tous les

eurocrates.

La vérité est que le café consommé

dans tous les centres de pouvoir

européen est un rappel incontest-

able du fait que les politiciens en

Europe ne comprennent toujours

pas en quoi consiste le « parte-

nariat » tel que défini dans les dic-

tionnaires de chacune des langues

européennes.

Au lieu de se vanter d’être le « plus

grand donateur d’aide », l’UE devrait

savoir que c’est elle le plus grand

bénéficiaire de la compensation

injuste reçue par les cultivateurs

de café et beaucoup d’autres

importations européennes. L’aide

effectivement attribuée représente

seulement une petite fraction des

milliards de bénéfices obtenus en

raison d’une injuste compensation

économique aux producteurs dans

les anciennes colonies.

Il est grand temps d’un véritable

partenariat, en commençant par

chaque tasse de café. Si les politici-

ens et les consommateurs europée-

ns veulent éradiquer la pauvreté,

chaque fois qu’ils boivent une tasse

de café, ils devraient envoyer 0,10

euro par tasse à titre de compensa-

tion aux personnes qui vivent dans

les régions de café.

Je suis convaincu que tous les

chefs d’Etat et de gouvernement de

l’UE et tous les eurocrates peuvent

se permettre 0,10 euro par tasse.

Et je suis sûr que la plupart des

amateurs de café en Europe, aussi.

Il ne s’agit pas d’aide ou de charité.

Il s’agit de justice.

*Fernando Morales-de la Cruz est

un homme d’affaires, journaliste,

consultant politique et conseiller

aux relations internationales,

diplomatie publique et «nation

branding». Il a travaillé en

Amérique latine, en Europe et en

Asie.

Dans un grand nombre de pays, la «À��V�«>�i�V��ÌÀ>��Ìi�iÃÌ��½��ÃÕvwÃ>�Vi�des moyens de transport et de transformation. | © googolfarmer.info

Chaque jour, les Européens boivent plus de 700 millions de tasses de café. Le continent représente près de la moitié de toutes les importations de café vert dans le monde: plus de trois millions de tonnes par an. Mais combien de cents perçoivent les pays producteurs pour une tasse de café?

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 13JUSTICE

Pour mettre de l'ordre dans le rang des notaires Par Eddy Laguerre, Av.

La profession notariale se trouve aujourd’hui sous les feux de la rampe. Les notaires qui jouent un rôle fondamental en matière foncière et cadastrale sont censés être des protecteurs préférentiels du droit à la propriété, un droit trop souvent bafoué en Haïti. Ces officiers publics sont placés par la loi sous le contrôle du ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) par le biais des commissaires du gouvernement des différentes juridictions de première instance du pays. À un moment où de nombreuses dérives sont constatées dans l’exercice de cette profession, le ministère de la Justice vient de transmettre aux notaires et aux parquetiers trois circulaires rappelant certaines dispositions légales.

Le décret-loi du 27 novembre 1969 qui régit aujourd’hui encore la profession de notaire, en plus de définir les marches

à suivre pour intégrer la profession, confère au commissaire du gouverne-ment un rôle de contrôle sur les activi-tés de ces officiers. Les chefs de par-quet doivent, entre autres obligations, dresser une liste des notaires de leurs juridictions, tous les 31 juillet. Cette liste doit être affichée à l’entrée des parquets et transmise non seulement aux décanats de tous les tribunaux de première instance de la République mais aussi au ministère de la Justice. L’une des trois circulaires fraichement publiées par le MJSP rappelle aux magistrats du parquet cette obligation légale qui est la leur.

On devient Notaire public par commission présidentielle, con-formément à la loi. Pourtant aujourd’hui, dans plusieurs juri-dictions, des usurpateurs utilisent le titre de notaire et opèrent par-fois avec la complicité de cer-tains acteurs judiciaires locaux. Le Ministère demande à tous les notaires d’afficher leur commis-sion dans leurs bureaux, ce, pour

éviter que des justiciables tomb-ent dans le piège des usurpateurs.Un autre problème touchant la profession notariale est le fait pour certains notaires d’instrumenter en dehors de leur juridiction. En plus d’empiéter sur le travail de leurs confrères, ces notaires délivrent des actes qui, selon une autre circulaire du MJSP, sont frappées de nullité et pour lesquels le notaire lui-même court le risque de la destitution. Seul une autori-sation expresse du doyen du TPI peut permettre à un notaire, dans des cas d’urgence, d’instrumenter en dehors des limites territoriales de la juridiction pour laquelle il a été commissionné.

Le notaire conserve des archives importantes en ce qui a trait, notamment, au droit de la pro-priété. Les droits des propriétaires sont souvent lésés à travers des nouvelles expéditions d’actes délivrés par le notaire, parfois à des personnes qui sont de mau-vaise foi. La loi fait obligation aux notaires de ne délivrer une nouvelle expédition que sur une ordonnance du doyen du TPI. En

ce sens, les doyens des Tribunaux de première instance de toutes les juridictions, qui reçoivent une requête en vue de l’obtention d’une nouvelle expédition d’un acte notarié, doivent vérifier: 1) la qualité des requérants ; 2) la véracité des faits justifiant la demande ; 3) l’approbation de ladite requête par le notaire détenteur de la minute de l’acte en question (par son visa).

Il est cependant important de souligner que toute mesure visant à assainir le milieu notarial n’a d’importance que si le justiciable en est au courant et en comprend le sens. Les actes délivrés par les notaires sont crus jusqu’à ce qu’ils soient révélés faux. C’est-à-dire seul un jugement prononcé par un tribunal peut contester la validité d’un acte notarial. Les justiciables ont donc intérêt à s’assurer de la qualité du notaire intervenant sur leurs dossiers. Même si peu de moyens sont mis à la disposition du justiciable pour se prémunir contre les faux-notaires – mis à part la publication de la liste des notaires telle que prévue par la loi

– la légalisation des actes notariés permet aussi de vérifier la qualité du notaire. La circulaire du MJSP rappelle que cette légalisation de signature ne peut être faite que par le commissaire du gouverne-ment de la juridiction du notaire en question. Si l’acte est destiné à être utilisé dans un pays étrang-er, il devra aussi être légalisé, en tout dernier lieu, au ministère des Affaires étrangères.

Ces processus de légalisation qui apparaissent comme des casse-têtes supplémentaires pour les justiciables, sont encore l’un des principaux moyens utilisés par l’État pour contrer les usurpateurs et freiner le phénomène des « faux papiers ».

Notons que le décret-loi sur la pro-fession de notaire prévoit depuis 1969 un conseil supérieur du notariat qui n’a pas été mis sur pied jusqu’ici. Entre temps, seul le ministère de la Justice et de la Sécurité pub-lique peut émettre un certificat attestant de la nomination d’un notaire.

Me. Ronald Cibert installé comme secrétaire d'État à la Justice Par Eddy Laguerre, Av.

Un nouveau secrétaire d’État vient d’intégrer le gouverne-ment Paul. Il s’agit de Me. Ronald Cibert nommé secré-

taire d’État à la Justice, en remplace-ment de Me. Jacquenet Oxilus. La cérémonie d’installation présidée par le ministre Pierre-Richard Casimir, s’est tenue ce lundi 27 juillet 2015, à la salle de conférence du ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP).

En présence du directeur général du MJSP, Me. Jean Roudy Aly, des cadres du Ministère et des avo-cats réunis en la circonstance, le ministre Casimir a prodigué ses premiers conseils à son nou-veau collaborateur. Le garde des sceaux a, d’entrée de jeu, sou-ligné à l’attention du secrétaire d’État l’importance qu’il donne à l’opération « coup de poing ». Cette opération qui vise à lutter contre la détention préventive prolongée porte aujourd’hui sur les femmes et les enfants. Citant les principaux textes normatifs utiles à la lutte contre la déten-tion préventive prolongée, le min-istre Casimir a dit espérer que le

nouveau secrétaire d’État va lui apporter un soutien décisif.Me. Casimir a aussi salué le départ de Me. Jacquenet Oxilus qui aura passé six mois au poste de secrétaire d’État à la justice. « Me Oxilus était un collaborateur loyal », a dit le garde des sceaux de la République.Le nouveau secrétaire d’État qui n’a pas voulu faire de longs discours, s’est dit très imbu de la problématique de la déten-tion préventive prolongée. Pour avoir travaillé de 2007 à 2010 au programme d’assistance légale, Me. Cibert croit avoir les outils nécessaires pour bien aborder la problématique de la détention préventive prolongée. Il promet de se montrer à la hauteur de sa nouvelle fonction et de ne pas démériter la confiance placée en lui.Me. Ronald Cibert, avocat en incompatibilité, est régulière-ment inscrit au barreau de Port-au-Prince. Parmi les postes qu’il a déjà occupés jusqu’ici, on peut citer celui de directeur du service juridique de la banque de l’Union haïtienne (BUH).

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14 | N0 48 MARDI 28 JUILLET 2015

Centenaire de la première Occupation (28 Juillet 1915-28 Juillet 2015) Par Georges Michel

Les Etats-Unis d’Amérique avaient envahi militairement la République d’Haïti le 28 juillet 1915 au mépris des prescrip-

tions du droit international.

L’Administrat ion Wilson s’empressa de mettre en place un gouvernement haïtien fantoche qui fera ses quatre volontés. Les troupes américaines occuperont les principales villes côtières et s’empareront des douanes de ces villes qui représentaient la princi-pale source des revenus de l’Etat haïtien.

A l’automne 1915, les Américains imposèrent une convention de protectorat à Haïti pour légaliser leur coup de force ; cette convention fut votée au Parlement haïtien, le 6 Octobre 1915 à la Chambre par 70 députés contre 11, et au Sénat le 11 Novembre 1915 par 28 Sénateurs contre 11. Les parlementaires ayant voté favorablement reçurent peu après une récompense de 200 dollars américains en espèces de la part des autorités de l’Occupation.

Les Américains ne perdirent pas de temps pour liquider l’Armée nationale et la police dès le début de l’année 1916.

Au printemps 1916, le gouvernement fantoche appuyé par les militaires américains, entra en conflit avec le Parlement qui sera renvoyé une première fois. De nouvelles élections eurent lieu en janvier 1917. Ce parlement fut à son tour renvoyé en juin 1917 et le pays resta sans députés et sénateurs pendant 13 ans. En 1917, après l’intervention personnelle du président Dartiguenave, l’Acte additionnel resté secret pendant 5 ans, prolongea de dix ans la durée de l’occupation prévue initialement pour dix ans (1915-1925).

A l’issue d’une mascarade référendaire le 12 juin 1918, une nouvelle constitution fut imposée au peuple haïtien par le gouvernement américain. Franklin D.Roosevelt qui était alors ministre du Président Wilson se vanta d’en être l’auteur. En 1918, éclata la rébellion de Charlemagne Péralte dans le centre du pays. Péralte fut assassiné par les Américains dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre1919 grâce aux services du traître Jean-Baptiste Conzé. La rébellion prit fin en octobre 1921 avec la capture du dernier chef caco Achille Jean. Les Américains commirent de nombreuses atrocités dans le pays. Ils firent fonctionner dans le Nord le camp d’extermination de Chabert, maquillé en camp de travail (Arbeit macht frei,déjà), qui liquida 15,000 personnes

en trois ans (1918-1921). C’était Auschwitz sous les tropiques.

En 1921, les Républicains reprirent le pouvoir et le nouveau président Harding voulait sincèrement désoccuper Haïti. Conformément à ses promesses électorales, il envoya une commission à cette fin en Haïti et en République Dominicaine. Les Dominicains parlèrent d’une seule voix en faveur de la désoccupation et en 1924 les troupes américaines étaient retirées du pays voisin. Les Haïtiens émirent des opinions discordantes devant la même commission. Le résultat fut que si les atrocités des Américains diminuèrent considérablement et que le camp de Chabert fut rapidement fermé, l’Administration Harding, malgré ses bonnes dispositions initiales, devant nos incohérences, décida la poursuite de l’occupation en en aggravant les conditions politiques avec la nomination d’un Haut -Commissaire en la personne du général John Russell USMC qui cumulerait en les fonctions d’ambassadeur américain en Haïti et de commandant militaire des troupes d’occupation.

C’est dans cette foulée que Louis Borno fut élu président 4 ans pour remplacer Dartiguenave en 1922 par le Conseil d’Etat qui était une espèce de Parlement nommé. Borno fut réélu par le même Conseil d’Etat en 1926 pour un autre mandat de 4 ans. Il pratiqua une politique de collaboration à outrance avec l’occupant au point qu’on désigna le régime Borno-Russell sous le nom de « La dictature bicéphale ».

A la fin de l’année 1929 devant le refus de Borno d’organiser des élections législatives et devant son intention manifeste de conserver le pouvoir avec un 3e mandat, de graves troubles politiques éclatèrent dans le pays qui commençèrent par la grève des étudiants de Damiens le 31 octobre 1929, dix ans après la mort de Charlemagne Péralte. Le 6 décembre 1929, les soldats américains massacrèrent à l’arme lourde des paysans qui manifestaient au carrefour de Marchaterre près des Cayes.

L’Administration du Président Hoover, dépêcha en février 1930 une Commission présidée par W. Cameron Forbes en Haïti pour rechercher un règlement politique à cette crise. Après avoir entendu toutes les parties, il fut conclu que Borno quitterait définitivement le pouvoir le 15 mai 1930 et serait remplacé par un président de consensus, l’agent de change Louis Eugene Roy qui aurait pour mission dans

un délai de 6 mois d’organiser les élections législatives en vue de la reconstitution des deux chambres du Parlement lesquelles éliraient un nouveau président de la République après la démission programmée du Président Roy. Les élections démocratiques eurent lieu dans le plus grand ordre le 14 octobre 1930 et un mois après ce fut Sténio Vincent qui fut élu président de la République pour 6 ans par l’Assemblée Nationale, le 18 novembre 1930, alors que le président Roy, conformément à la parole donnée, abandonnait volontairement le pouvoir et rentrait chez lui à Pétion-ville.

On préparait la désoccupation de manière ordonnée. L’occupation devrait cesser au plus tard le 3 mai 1936. Mais le nouveau président Vincent montra très tôt des tendances à l’autoritarisme et il s’empressa d’instaurer une dictature dans le pays en 1935, moins d’un an après le départ du dernier soldat américain du sol haïtien en 1934, mais ceci est une autre affaire.

Quel est le bilan de la première occupation ?

On peut relever des éléments positifs :

1.-La première occupation cassa le cycle de la violence en Haïti pour 70 ans.

2.-La première occupation modernisa l’administration publique avec notamment la création en 1924 de l’actuelle DGI.

3.-La première occupation créa le système centralisé de santé publique qui fonctionne encore actuellement. C’est sa plus belle réalisation.

4.-La première occupation stabilisa la monnaie haïtienne au taux de 5 gourdes pour un dollar pendant soixante-dix ans (1919-1989).

Les éléments négatifs :

-Au point de vue politique, nous perdîmes la Constitution de 1889, surnommée l’Immortelle. Le Parlement haïtien fut diminué dans son prestige, malgré son retour en 1930. L’Armée nationale et la police furent renvoyées. nous perdîmes une institution utile comme la Chambre des Comptes. L’occupant américain qui avait la réalité des pouvoirs en mains et qui disposait de l’argent de l’Etat haïtien fit de mauvais choix pour nous et nous imposa constamment des choses qui allaient contre l’intérêt du pays. Les Américains créèrent pendant leur première

occupation de 19 ans un Etat centralisé fort en Haïti qui n’avait jamais existé depuis 1804. Le gouvernement de Port-au-Prince désormais disposait de moyens de coercition et de répression qu’aucun gouvernement haïtien n’avait eus avant 1915. Les contrepoids politiques régionaux avaient été éliminés et la nouvelle armée créée par l’occupant à partir de 1915, contrôlait le pays et avait pour mission de faire régner l’ordre américain en Haïti, un ordre qui commença à se défaire en 1946 et en 1986.

Si ce n’était la première occupation, des régimes dictatoriaux comme celui de Sténio Vincent (2e partie 1935-1941) ou la dictature trentenaire des Duvaliers n’auraient jamais pu exister en Haïti. Les Américains livrèrent les Haïtiens pieds et poings liés à des bourreaux futurs dont ils n’auraient aucun moyen de se débarrasser.

-Au point de vue économique.Les choix des occupants désorganisèrent l’économie nationale. La paysannerie fut persécutée par les Américains comme réservoir à cacos et la production nationale déclina. Le volume de marchandise à l’import et à l’export dans la plupart des ports de province diminua, causant une baisse du niveau de vie dans les villes de province et dans leurs hinterlands.

La construction des chemins de fer qui devait nous doter d’un réseau ferré national fut stoppée définitivement. Les occupants construisent plutôt un réseau de mauvaises routes en terre pour nous orienter vers la solution du transport automobile afin de favoriser les grands constructeurs de Détroit.

Depuis la fin de la 1ere occupation en 1934, nous avons été envahis à deux autres reprises par les forces militaires des Etats-Unis, en 1994 et 2004. Cent ans après le début de la première occupation le pays connaît une troisième intervention militaire étrangère qui est encore en cours.

Ceci permet d’affirmer l’échec politique de l’intervention militaire étrangère comme moyen de régler les problèmes d’Haïti. On aura toujours une solution cosmétique, temporaire et plutôt de courte durée. On ne règle pas les problèmes politiques avec des moyens militaires. Le but de toute opération militaire est un résultat politique. Celui qui a les moyens de faire capoter ce résultat politique est le vrai vainqueur de la confrontation.

SOCIÉTÉ

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 15SOCIÉTÉ

Un cordonnier toujours bien chaussé Par Lamy Obed

Pin pon pin pon ! C’est ce bruit monotone qu’on entend déjà en longeant le corridor qui mène à l’atelier, à la rue Dessalines, au cœur de la ville de Petit Goâve. Sous l’ombre d’un amandier, un vieil homme aux cheveux gris est assis. Sur ses jambes, une planchette où sont posés son marteau, ses tenailles et une paire de chaussures contenant des embauchoirs. Voici le cordonnier, boss Nacesse. Sa poitrine et son visage couverts de poussière noirâtre, ses doigts tâchés d’un pigment noir. Il tient dans sa main un soulier qu’il polit et repolit minutieusement, vingt fois sur le métier, comme dirait l’autre.

Nacesse Baptichon a fait ses débuts dans la cordonnerie vers les années soixante-dix-huit. « Puisque je n’allais

plus à l’école, je suis donc entré dans un métier», raconte-il. En réalité, il éprouvait une prédilection pour la maçonnerie qui, par contre, n’était pas un métier assez rentable à l’époque. Le jeune apprenti de la vingtaine a reçu les rudiments de la cordonnerie chez un vieux maître de la ville de Petit-Goâve. Un an après, il a com-mencé à voler de ses propres ailes et a acquis, sur le tas, son savoir-faire.

Au temps où il a fait un petit détour pour travailler comme coiffeur, Nacesse a toujours eu le loisir de confectionner ses propres chaussures. Ses amis, fascinés par ses œuvres, sollicitent souvent ses services. Avec la demande qui augmente jour après jour, il a dû abandonner la coiffure pour se consacrer définitivement à la cordonnerie.Jusqu’ici, son travail se réduit à la réparation de chaussures abimées: coudre une partie déchirée, ajuster une semelle, poser des talonnettes et la confection sur mesure pour enfants, hommes et femmes. Même si, dans certains cas, il refuse des commandes dont l’exécution exige des outils et matériels qu’il n’a pas à sa disposition. « Vous ne pouvez pas gagner de l’argent quand vous n’êtes pas en mesure d’exécuter le travail tel que le client le réclame », a-t-il raisonné en toute honnêteté.

Dans sa résidence privée où il tient également son atelier, tout le processus de fabrication se fait quasi-manuellement, depuis la coupe, en passant par le montage du cuir, jusqu’aux finitions. Il est assisté d’un manœuvre qui s’occupe des travaux mécaniques et de quelques jeunes hommes, épris du métier, et à qui il transmet son savoir-faire. Avec le temps et l’expérience, la routine va plus vite : il lui faut une journée entière pour confectionner une paire de souliers si toutes les conditions matérielles sont réunies.

Un soulier de Boss Nacesse, « made in Haïti », sans nom commercial, ni étiquette, n’a rien à envier à celui importé d’Italie en termes de qualité et de durabilité. Il admet, toutefois, que les chaussures étrangères, réalisées à l’aide de machines sophistiquées, sont d’une touche plus raffinée.

Il n’a pas choisi ses clients, ceux-ci l’ont plutôt choisi. L’entrepreneur est sûr de lui-même : « Je n’ai pas besoin de faire de la publicité. À bon vin, point d’enseigne ». À Petit-Goâve, sa clientèle regorge de personnalités importantes dont il se garde de révéler les noms. Ce n’est pas le prix qui peut faire obstacle à son entreprise. « Par le passé, on pouvait confectionner un soulier à 50gdes, mais aujourd’hui, les meilleurs cordonniers confectionnent un soulier pour 1 500 et 2 000 gdes

», car les matières premières sont rares et chères sur le marché.

Aujourd’hui, fortement concurrencés par les « pèpè », les cordonniers disparaissent peu à peu sur le marché. Mais boss Nacesse, près de quarante ans après s’en tire avec honneur. Il dévoile le secret de son succès : « Je suis resté dans le métier parce que c’est mon gagne-pain. C’est grâce à la qualité de mon travail que je conserve ma clientèle. » « Voyez-vous cette maison que je construis là, c’est avec l’argent de la cordonnerie ! » A-t-il indiqué, en précisant toute la rigueur qu’il s’est imposée dans la gestion financière de sa vie. Il peut aussi s’enorgueillir de n’avoir jamais travaillé à la merci d’un patron à aucun moment de son existence. Au contraire, il a réussi à fournir des emplois directs et indirects à plusieurs personnes.

Contre cette expression traditionnelle inspirée de Montaigne, « les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés », Boss Nacesse s’inscrit catégoriquement en faux: « Ce n’est pas moi en tout cas. J’ai été vexé en écoutant un animateur répéter cette expression à la radio. » « Je suis, depuis mon jeune âge, quelqu’un qui se préoccupe de sa tenue vestimentaire. Ensuite, je suis membre d’église, je ne peux pas me conduire n’importe comment ». Il s’est rarement chaussé d’un « boyo », mais n’a jamais porté de souliers étrangers. « Je n’ai pas ce droit. Comment un cordonnier comme moi peut-il porter les chaussures confectionnées par des « blancs » ? » A-t-il rétorqué. Le bottier

a ainsi compris qu’il doit être le premier promoteur de son propre produit. Toute la carrière de ce chausseur est soumise à des valeurs morales qui font de lui le prototype d’un professionnel loyal et sérieux. Il est à cheval sur les principes: « Malgré les nécessités, si vous voulez garder votre réputation dans une profession, quand on vous soumet un travail que vous ne pourrez pas livrer au délai prévu, vous devez avoir le courage de le refuser». Il se démarque ainsi du boss magouilleur. Frère Nacesse est aussi ce chrétien adventiste pieux qui ne compromet jamais l’observation du sabbat pour négocier une affaire. « Si le client, qui tient à mon travail, me contacte un samedi, je lui fais obligation de revenir dimanche.”Le sexagénaire mène une vie de célibat, sans épouse, ni enfants. Il tire sa joie de vivre dans la collaboration avec ses ouvriers, dans ses relations avec ses clients et dans la fraternité avec la communauté adventiste. Il reconnait que la cordonnerie « est un bon petit métier, même s’il ne te rendra pas riche. »

Avec l’âge, boss Nacesse ne perd rien, ni sa vigueur, ni son talent. Il réinvente chaque jour son métier et aiguise son art pour satisfaire les goûts des clients les plus pointilleux. Pour se perfectionner davantage, le savetier vient tout juste de se procurer un manuel de cordonnerie. Il travaille rudement, il est patient dans les plus petites tâches, précis dans ses moindres gestes, comme s’il a l’éternité devant lui.

Commerçants et consommateurs aux abois Par Ritzamarum ZÉTRENNE

La dépréciation progressive de la gourde par rapport au dollar américain affecte considérablement le fonctionnement des citoyens. Les prix de presque tous les produits de première nécessité sont revus à la hausse. Même certains services que la population pouvait trouver à prix dérisoire, subissent l’influence de l’augmentation du dollar. C’est le choc pour plus d’un !

À Bizoton, le samedi 25 juillet, un homme a voulu se faire cirer les bottes. Il est adven-tiste. Il devait aller prier en

ce jour de sabbat. La routine veut que l’homme-adventiste ne négocie pas les services d’un cireur de bottes. Tout le monde connait la démarche. Après s’être fait cirer les chaussures, le quinquagénaire tire de sa poche une pièce de cinq gourdes et la tend au cireur. À la surprise de cet homme, le cireur de bottes lui a dit d’un air convaincu : « il en manque cinq mon ami ! ». Stupéfait, le monsieur lui a demandé : « depuis quand les souliers sont cirés à 10 gourdes ? ». Le cireur, quant à lui, n’a pas caché son ironie. « Vous n’êtes pas du pays, vous ? »,

répliquait-il. Il a ajouté que d’ores et déjà, à travers toutes les rues de la capitale, les souliers sont cirés à dix gourdes et sur un ton ironique il ajoute que dans les villes comme les Cayes ou Jacmel aujourd’hui, les chaussures sont cirées à 15 gourdes ». Sans aucune forme de procès, l’homme a retiré de sa poche une autre pièce de cinq gourdes, la donne au cireur de bottes en poussant un soupire oh combien expressif. « Hum ! Finalement, nous sommes condamnés à mourir dans ce pays ! » Tous les autres cireurs massés devant une institution scolaire située à Bizoton, un quartier de carrefour, pour ridiculiser l’homme, se mettent à rire. Ils n’ont pas manqué de pointer l’État

haïtien du doigt qui, disent-ils, ne fait rien pour améliorer la condition de vie des citoyens. « C’est à l’État de vous dire ce qui se passe dans le pays », ont-ils conseillé à l’homme.

Dans la même zone, mais cette fois, un dimanche, une fille appelle un marchand qui promène et vend des sachets d’eau. Elle prend trois paquets et donne les cinq gourdes au détaillant. À sa grande surprise, ce dernier lui dit : « il vous en manque une. Ce n’est plus trois pour cinq gourdes. Il vous faut six gourdes », a réagi le jeune homme. La jeune femme a vite compris la situation. Etant donné qu’elle n’avait plus un sous en poche, elle a remis au détaillant un des trois sachets qu’elle a pris.

Les consommateurs se plaignent aussi de la montée vertigineuse des prix des biens et services, particulièrement, des produits de première nécessité. C’est le choc pour les gens de petites bourses.

Ils refusent de payer le montant exigé par les commerçants et les fournisseurs qui, à leur tour, jouent aussi sur la défensive pour ne pas accuser un déficit. Face à tout client qui aurait voulu se lamenter de la hausse des prix, ils déclarent sur un ton ferme : « ce n’est pas ma faute si les prix montent ! Ce n’est pas moi l’ « État » !, protestent-ils, très excités. Cependant, On aurait cru que c’est contre leur volonté qu’ils ajoutent quelques gourdes sur les produits.

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SOCIÉTÉ

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L'occupation américaine et les larmes de sang prédites par Hannibal Price (4 de 5) Par Leslie Péan, 26 juillet 1915

La finance n’est pas le seul domaine que les forces d’occupation ont investi avec férocité et cynisme. Elles l’ont

fait aussi dans le champ électoral. Au niveau présidentiel d’abord. C’est le choix par l’amiral Caperton de la doublure Dartiguenave au lieu de Rosalvo Bobo. Après 40 ans de pré-sidents noirs, les Américains jouent la carte mulâtre. Leurs psychologues estiment que Dartiguenave est un meilleur chien couchant. Une pra-tique perverse qui continuera avec Louis Borno, Sténio Vincent puis Élie Lescot. Tous s’y prêtent afin de se sentir exister comme êtres humains. On est loin du temps où, dans un créole rèk, Boyer Bazelais disait à Boisrond Canal : Swa pa ka sèvi doubli pou sak kòlèt (la soie ne saurait servir de doublure dans un sac de jute). D’où le schisme au sein du Parti Libéral et la guerre civile de la Rue Pavée entre mulâtres. Le balan-cier du néant reprendra dans l’autre direction à partir d’Estimé.

L’expérience de la corruption des « cumberland » entourant les zélec-tions de 2010 est largement docu-mentée. Le mal est aussi concentré au niveau des législatives. Pour comprendre comment les forces d’occupation ont détraqué le pro-cessus électoral des législatives de 1917, nous citons des extraits de notre ouvrage Comprendre Anténor Firmin : une inspiration pour le XXIe siècle publié en 2012 aux Presses de l’Université d’État d’Haïti. Un moyen de multiplier l’accès à une autre parole et de la diffuser dans une conjoncture où tout est fait pour entraver la connaissance et propager des illu-sions.

Les élections législatives de 1917

« Bernardin Bernadotte, représent-ant du candidat Justin Barau à l’Arcahaie, est harcelé systéma-tiquement depuis le 30 décem-bre 1916 par deux concurrents ligués contre lui, Georges Nico-las Léger et Louis Cassagnol, qui demandent d’annuler les élections législatives dans la commune de l’Arcahaie pour cause de fraudes dans les listes électorales. Ils se présentent avec un officier améri-cain et demandent au magistrat communal le droit d’examiner les listes électorales. Devant le refus

des autorités de les lui communi-quer, Cassagnol avise les autorités de la Capitale que 27 électeurs avaient été inscrits par le juge de paix en dehors des heures régle-mentaires prévues. M. Aclocque, substitut du commissaire du Gou-vernement, est envoyé le jeudi 11 janvier 1917 à l’Arcahaie pour mener une enquête qui révélera que les allégations de Cassagnol étaient fausses. Mais Cassagnol ne s’avoue pas vaincu et utilise les bons offices du lieutenant américain Brown pour tenter à nouveau d’annuler les élections. Bernadotte est convoqué au Com-missariat de police, où l’officier américain Brown menace de le torturer et de lui forcer à boire des boquittes d’eau, [le fameux sup-plice du waterboarding] (simula-tion de noyade) condamné par la Convention de Genève du 27 juil-let 1929]. Il est questionné sur les soi-disant prix payés par Justin Barau pour acheter chaque vote et enfin sur les hypothétiques envois de fonds de Justin Barau au juge de paix et à ses suppléants pour organiser sa campagne.

Suite aux protestations du can-didat Justin Barau contre les manœuvres déloyales de son con-current Georges Léger, candidat à la députation pour l’Arcahaie, Sténio Vincent, secrétaire d’État de l’Intérieur, envoie le long télé-gramme suivant au magistrat com-munal.

“ Gouvernement et Occupation affirment une nouvelle fois leur volonté de garantir la liberté et la sincérité des prochaines élections. Que les citoyens de l’Arcahaie se rassurent ! Qu’ils se ressaisissent ! Qu’ils aillent à l’urne librement en toute sécurité sans se laisser intimider par qui que ce soit et qu’ils votent carrément pour le candidat de leur choix sous la protection des lois. Vous porterez immédiatement ce télégramme à la connaissance du peuple de votre commune tant à l’Arcahaie que dans les quartiers de Cabaret et de La Gonâve . “

Mais malgré ce télégramme, Ber-nardin Bernadotte n’est pas au bout de ses peines. Le ciel lui tombe sur la tête dans la soirée du 13 janvier :

“ Ce soir-là même, dit Bernadotte, à onze heures et demi, le sergent Dégant défonça une porte de la maison de M. Bernardin Berna-dotte pour y donner l’entrée à un officier américain. Le sergent monta au grenier réveiller M. Ber-nardin Bernadotte et le contraig-nit à descendre au 2è étage où l’officier américain avait déjà com-mencé des fouilles. Tout fut boule-versé. Les papiers et les minutes du notaire furent jetés aux quatre coins de la maison. Les lettres, les cartes d’électeurs, les valeurs trouvées furent confisquées. Et après plusieurs scènes de vio-lence, les visiteurs nocturnes se retirèrent pour aller continuer leurs œuvres chez le juge de paix et chez le magistrat communal. Ce dernier, ayant su que des visites nocturnes se faisaient, abandonna sa maison, laissant sa famille aux prises avec les inquisiteurs et partit cette nuit même dans un canot pour Port-au-Prince, où il eut à mettre au courant le secré-taire d’État de l’Intérieur de ce qui se passait chez lui . “

Ayant créé une situation de pré-carité à partir d’intenses pressions des autorités militaires améric-aines, les autorités qui devaient créer le bureau électoral ont pris la fuite et ce sont les person-nalités à la solde du clan Léger/Cassagnol qui prennent en main l’organisation électorale le 15 jan-vier, jour du scrutin. La caricature électorale sera imposée et Georges Nicolas Léger sera élu député de la capitale. . » La mascarade du plébiscite de 1918

La cohabitation entre les Marines américains et la nouvelle Cham-bre élue le 15 janvier 1917 se révèle aussi difficile qu’elle avait été en juillet 1915. Le major Smedley D. Butler des Marines était pourtant assuré de la col-laboration du minuscule 1% des Haïtiens portant des chaussures, contre les 99% qui allaient pieds nus . Le Cercle Bellevue avait bien accueilli l’amiral Caperton et l’avait remercié d’avoir mis l’orchestre du bateau de guerre USS Washington à sa disposition pour animer son grand bal du 11 décembre 1915, à l’occasion de son dixième anniversaire. Dans

le schéma propre à la comédie, constatant que les Américains ne mettent pas la main à la poche pour faire pencher la balance dans le sens voulu, l’opposition se durcit. Ballotés entre le fan-tasque et le sinistre, les Améric-ains revendiquent haut et fort le droit d’être absurde en procédant à la première dissolution du Sénat le 5 avril 1916 et de la Chambre des députés le 17 mai 1916.

Les élections législatives de jan-vier 1917 ne changent pas la donne fondamentale. Patriotes et démocrates refusent de voter la nouvelle Constitution donnant aux étrangers le droit d’avoir des biens fonciers en Haïti. Alors, à nouveau, le 19 juin 1917, les Américains interviennent manu militari dans une séance de l’Assemblée nationale animée par son président Sténio Vincent . Qui organise le marécage de la futili-té, cachant sa fourberie avec des pointes d’obscénité. Un an plus tard, le 19 juin 1918, une mascar-ade de plébiscite est organisée par les Américains et le gouvernement Dartiguenave dans laquelle la majorité des bulletins distribués ne comportent que le « oui » avec quelques « non » pour donner le change. Selon les auditions au Congrès américain en 1922, il y eut 98,294 bulletins favorables et 769 contre, soit

Justin Barau, Mémoire à la Cham-bre des Députés : Contestation de la validité des pouvoirs de Mr. Georges Nicolas Léger, Imprim-erie Chenet, Port-au-Prince, 1917, p. 8.

Ibid. p. 8.

Leslie Péan, Comprendre Anténor Firmin : une inspiration pour le XXIème siècle, Port-au-Prince, Presses de l’Université d’État d’Haïti, 2012, p. 162-164.

Hans Schmidt, The United States Occupation of Haïti, 1915-1934, Rutgers University Press, 1971, p. 80.

United States Congress, Inquiry Into Occupation and Administra-tion of Haiti and Santo Domingo, Volume 1, Senate Select Commit-tee on Haiti and Santo Domingo, Washington, D.C., 1922, p. 26.

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CULTURE

« 15 minutes pour vous » avec Gaëlle Bien-Aimée PAR ELISÉE DÉCEMBRE

Le ministère de la Culture sauve la mémoire Par Carl-Henry PIERRE

Et Emmelie Prophète, après avoir fini de lire une lettre écrite par Charlemagne Péralte le 9 Août 1915, laquelle titille l’orgueil et la mémoire de l’haïtien, a donné la parole à la directrice du musée, madame Michelle Frisch. Puis à monsieur Erol Josué, directeur national du bureau de l’Ethnologie. Ce dernier a fait « rouler le tambour » tout en pro-nonçant des mots en faveur du vodou qui, selon lui, a été mar-ginalisé au cours de l’occupation américaine.

Nous sommes maintenant en plein cœur d’un agréable diner. C’est le tête-à-tête qui fait le point sur tout le périmètre du jardin. Et sitôt terminé, le temps était déjà à la conférence. Le professeur Hérold Toussaint était le premier à intervenir sous la thématique : « Le nationalisme de Jean Price-Mars et de Jacques Roumain sous l’occupation américaine d’Haïti. Dans cette conférence, il a parlé de l’élite, d’une certaine culture du désespoir, du bovarysme col-lectif avec Price-mars. Il a dit que ce dernier dans ses travaux a lié culture haïtienne, patriotisme et science. Pour le professeur, le nationalisme éthico-civique est l’autre nom qu’il pourrait donner au nationalisme culturel.

Le second intervenant a été le

professeur Pierre Buteau avec la thématique : « L’occupation américaine et la question de la modernité en Haïti. Dans cette conférence, le professeur a plongé l’assistance dans les différentes tentatives de modernisation du pays qui ont toutes échoué après l’indépendance en 1804. Il a fait cette mise en contexte dans le souci d’aboutir à l’occupation américaine qui a su moderniser le pays. Mais suivant l’intervenant, cette modernisation est dangere-use puisqu’elle n’a pas pris en compte le passé du peuple haï-tien. Et de ce fait, elle ne saurait produire la modernité qui est un dialogue entre le passé et le présent. Et cette modernisation ne peut pas tendre vers le développe-ment, puisque, a précisé Buteau, c’est de la tradition que surgit la modernité.

La voix du troisième intervenant n’est pas retentissante. Il est de ce type d’homme qui donne plus d’importance aux idées qu’à la hau-teur de la voix. Un peu perdu dans sa mémoire, le docteur Georges Michel fait montre qu’il est un livre d’histoire. Une bibliothèque ambulante. Son intervention avait pour thématique : « Le contexte historique de l’occupation améri-caine d’Haïti 1915-1934. Dans sa conférence, assis sur une chaise, l’historien nous a fait vivre les

périodes de l’occupation et ceci, sans aucun support comme aide-mémoire. Une fois la série de conférences terminée, c’était le temps de visiter le musée. Le temps de voir le premier drapeau haïtien monté sous la période de l’occupation. De prendre con-tact avec les différents ouvrages

produits après et au cours de la période de l’occupation dans une perspective de sauver la mémoire. Cette conférence organisée par le ministère de la Culture à la veille du centenaire de l’Occupation américaine d’Haïti était, à notre sens, une façon de dire que le pays ne mourra pas.

« Le sérum de l’art coule dans mes veines », précise Gaëlle dans presque toutes ses entre-vues. Aujourd’hui encore elle

prouve ses dires en restant connectée avec non seulement ce qui se passe dans son petit monde culturel à elle, mais aussi dans l’univers culturel des autres. En animant « 15 minutes pour vous » la comédienne relate qu’elle se sent à l’aise, bien dans sa peau car elle fait quelque chose qu’elle adore énormément. Sur le plateau, elle fait preuve d’une grande capacité à fusionner sa créativité et son professionnal-isme pour mettre ses invités dans une ambiance chaleureuse mais : « Parfois le courant ne passe pas entre certaines invitées et moi malgré tout l’effort consenti pour développer une certaine interac-tion pour la beauté de l’émission. Mais ce sont des choses qui arrivent on n’y peut rien », expli-que la comédienne.

Menu de l’émission

Réalisée par Replay Entertainment, Cette émission est une plateforme promotionnelle pour les différentes activités socioculturelles. Annonce d’une vente signature, préparation d’un album, création d’un nouveau tableau… enfin tout ce qui est positif et qui permet de voir la culture haïtienne sous un angle constructif est bienvenu à L’émission. « Généralement ce sont les gens qui viennent à nous », précise Gaëlle. L’émission est tournée à l’hôtel Oloffson et retransmise chaque mer-credi à une heure pm sur la RTVC. Elle est reprise chaque jeudi à 5 h pm et vendredi 8 h pm. À chaque émission Gaëlle reçoit deux invités de différ-entes tendances, pour diversifier les présentations. « 15 minutes pour vous » se passe dans une ambiance joviale, un décor hors du commun qui attire l’attention des téléspectateurs. Un espace « Voix off » est réservé à l’un des artistes

pour donner une prestation live de son répertoire. « 15 minutes pour vous » permet aux amants de la culture de rester connecter à tout ce qui passe dans le monde culturel haïtien et sur-tout de mieux apprécier le travail des artistes. L’émission dure environ 45 minutes. Quinze minutes pour chaque invitée (d’où le titre « 15 minutes pour vous »), 5 minutes pour l’espace « Voix off » et environ 10 minutes pour les questions et interactions. « Avec nos peu de supporteurs, Replay Entertainment, Hotel Oloffson, David André, DLN Hair Spa, Foto Paw, Haiti-mage Photography, Bijou Lakay de Daphnee Floreal, Germain Maquilleur, nous essayons de donner le meilleur de nous-même pour continuer à satisfaire le public », estime Gaëlle. Elle prof-ite de l’occasion pour remercier tous ses sponsors, les différents fans qui supportent l’émission via les réseaux sociaux et aussi les fidèles téléspecta-teurs qui ne ratent jamais l’occasion de brancher ce show.

Amoureuse de la scène depuis l’âge de 13 ans, Gaëlle Bien-Aimée embrasse tout ce qui est culture. Après ses prestations aux côtés des professionnelles de Stand-up ladies, depuis tantôt deux ans on la retrouve chaque mercredi sur le plateau de « 15 minutes pour vous », une émission culturelle produite par Pascale Solage. La comédienne se donne pour mission de prouver à tout un chacun que le théâtre est un métier comme tous les autres et elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir la culture haïtienne.

CENT ANS DE L’OCCUPATION AMÉRICAINE » suite de la première page

Gaelle Bien-Aimee presentatrice de l’émission «15 minutes pour vous ».

Les animateurs de la conférence sur les cent ans l’occupation américaine, le lundi 27 juillet 2015 au Mupanah.

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MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 19CULTURE

Edmond Laforest : entre suicide et assassinat Par Carl-Henry PIERRE

Edmond Laforest est mort un 17 octobre (1915), tout comme Jean-Jacques Des-salines (1806). Aussi bizarre

que cela puisse paraître, on a l’impression que l’auteur de « Cen-dres et Flammes » l’avait voulu ainsi : Mourir symboliquement le même jour que l’Empereur. Jacques Ier a été assassiné et Laforest s’était lui-même suicidé, en se jetant dans sa piscine avec un dictionnaire Larousse accro-ché autour du cou. Pourquoi un dic-tionnaire ? Est-une façon de dire que les mots n’ont pas de fin de parcours, comme dirait le célèbre écrivain Lyonel Trouillot ? En ce sens il a pré-féré pour son voyage d’éternité partir avec les mots plutôt que d’accepter les maux de l’occupation. Ne plus rien écrire. Partir. S’indigner. Mourir plutôt. Le poète s’était suicidé avec colère. Car les Américains avaient détruit toute ébauche de mouvements révolutionnaires. C’était quasi-ment la mort de la résistance haï-tienne. En fait, si on a toujours fait du suicide une affaire personnelle, nous tenons à dire ici, paradox-alement, que tout suicide cache un ou des assassins, physiques ou moraux. Edmond Laforest s’était suicidé dans un assassinat ou il a été assassiné dans un suicide. Quel a été l’assassin du suicide d’Edmond Laforest ? Il n’est rien d’autre que « l’occupation améri-caine d’Haïti ». Le suicide n’a rien de personnel. Car l’acte d’Edmond Laforest a affecté ses proches et tout un peuple. Car le pays a perdu un de ses cerveaux. Car, de toute façon, on ne le verra plus. Autant de « car » qui pourraient se succéder pour créer un copieux papier. D’où la portée collective de l’acte

de l’auteur de « Poèmes mélan-coliques ». C’est aussi une façon pour lui de changer son destin, « parce que c’est la mort, on ne sait ni quand, ni où, ni comment », a écrit Gilles Deleuze, qui lui-même s’était suicidé. Laforest, courageusement, a voulu ainsi se suicider dans l’assassinat des Américains. D’ailleurs, le verbe pronominal « se suicider » est apparemment d’une grande banal-ité. Cause : si « suicide » veut dire le fait de donner la mort à soi-même et par soi-même, pourquoi le « se » qui implique l’individu lui-même ? Edmond Laforest n’a pas seulement fait l’action, mais il la subit aussi par la présence des Yankees. Il vacille, incom-mensurablement, entre suicide et assassinat.

J’ai soufflé de mon faible souffle

La lampe d’or.Mon âme dort

Et sur mon amour la mort souffle...............................

J’avais l’amour de la lumière

Et la lumière de l’amourDans la chaumière

De mon corps, la bûche d’humour

Et d’amour est pleine de cendres.

Cet extrait est du poème « Musique du silence » d’Edmond Laforest, le paradoxe de l’amour et de la mort. Le poète s’attache dans cet extrait à la lumière.Si avant l’Indépendance l’espace haïtien a été morcelé pour deve-nir régionalisé après, suivant le géographe Georges Anglade, cette occupation a fait de l’espace haï-tien, un espace centralisé. Edmond Laforest a peut-être ressenti que la capitale Port-au-Prince allait devenir une République à elle-seule. Et pour cela, il aurait choisi de se démolir par la poussée de la présence des yeux bleus sur le sol haïtien. Né le 20 juin 1876 à Jérémie, Edmond Laforest ensei-gnait le français et les mathéma-tiques. En dehors de son statut de poète engagé, il fut un grand cri-tique littéraire. Il a été directeur de journaux : Haïti littéraire et scientifique, La Patrie. Il a aussi collaboré à des publications : La Ronde, La Petite Revue et Haïti littéraire et sociale. L’auteur des contes Le Crâne de l’Indien Ciguay et La Montre savait dénoncer les inconséquences du pouvoir poli-tique de son époque, les crises de toutes sortes. Il est celui qui s’attachait au soleil comme sym-bole de l’espoir. Lisons un petit poème qu’avait écrit l’auteur de l’ « Évolution et de la Dernière fée » :

Baiser du jourLe soleil, crayonnant par

la blanche persienneSes infiltrations sur la

tenture ancienne,Pose sur les cils noirs de

la brune un rayonNé d’un trou d’or,

comme la nymphe du cocon. [...]

... Le rayon promenant des antennes légères -Songe de femme nue,

étreintes mensongères ! -Se vautre, boit du miel, bourdonne, abeille d’or,Sous le nombril fleuri de

la vierge qui dort.Il est certaines façons de mourir qui font de nous des héros. Et Edmond Laforest, poète et essay-iste, dans son étrange façon de quitter la terre, invite à la réflex-ion. C’était de sa part un acte de courage et de lâcheté. Ce n’était donc pas de sa faute.

Il a été poussé. Qu’on cesse de dire désormais qu’Edmond Lafor-est s’était uniquement suicidé. Car nous tenons à dire ici, envers et contre tous, qu’il a été aussi assassiné.

Chris Brown : enfin libre de quitter les philippines Sources : Closer

Accusé d’escroquerie par une secte religieuse, Chris Brown était retenu aux Philippines le temps que la justice statue sur son cas. Après trois jours dans le pays, le rappeur est enfin libre de partir...

Décidément, les ennuis col-lent aux basques de Chris Brown. Après sa maison cambriolée et sa tante bra-

quée la semaine dernière, le rappeur a dû affronter un nouvel épisode de sa vie chaotique. Mardi, le rappeur américain donnait un concert à Manille devant des milliers de fans. Mais profitant de son passage aux Philippines, une influente organisa-tion religieuse conservatrice, Iglesia Ni Cristo (Eglise du Christ), a saisi la justice afin de l’empêcher de quitter le territoire. Après trois jours passé sur le sol philippin, Chris Brown a finalement été autorisé à partir.

Evoquant des “manoeuvres fraud-

uleuses”, la secte reproche au père de Royalty de ne pas avoir honoré un de ses contrats. L’organisation religieuse affirme que Chris Brown ne s’est pas présenté à un con-cert qu’il devait donner pour les fidèles de la secte le 31 décembre 2014 au Philippine Arena, le plus grand stade couvert du pays, dont elle est propriétaire. La secte lui réclame un million de dollars. L’ex de Rihanna avance, lui, qu’il n’a avait pas pu se rendre à Manille à l’époque parce qu’il avait tout simplement perdu son passeport.Retenue aux Philippines, la star de 26 ans avait alors posté sur son compte Twitter une vidéo où

il implore à genoux qu’on le laisse partir. “OBAMA!!!!!!!!!!”, avait-il écrit en guise de légende avant de supprimer la publication.

Finalement, Chris Brown a réussi à obtenir un document l’autorisant à quitter le pays. La porte-parole du Bureau de l’Immigration, Elaine Tan a ainsi assuré : “qu’il n’avait aucune obligation légale envers les Philippines et qu’il était libre de partir.”

Le jeune homme a alors laissé éclater sa joie dans une courte vidéo postée depuis une piste d’aéroport où il donne rendez-vous à ses fans à Macau en Chine. Chris Brown .

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La fête du Cognac a lieu tous les ans sur les bords de la Char-ente (long fleuve qui traverse plusieurs départements de

France). Cette fête du Cognac, c’est trois jours que les touristes et les habi-tants de la région Poitou-Charentes se réservent pour se rencontrer en toute convivialité, bavarder, siroter divers types de cocktails faits à partir de cognac, déguster avec appétit la cui-sine de la région, et surtout et encore, la fête du Cognac c’est trois jours de concerts, de débauche d’énergie et de shows enragés.

Y aller plus vite que la musiqueCette première soirée de la fête du Cognac avait mis à l’affiche M. Dooper Mangarossa et Black M. Vers 21 h 30, les vannes de la soirée ont été ouvertes par la bonne musique électro de M. Dooper, accompagnée de violon, de guitare, d’une puissante per-cussion et d’un flow en anglais. Le public a timidement réagi. On sentait que tout ce beau monde rassemblé (certains, tôt dans la matinée, étaient déjà sur leurs pieds de grue au ras de la scène) n’attendait que l’étoile montante du rap français.

Vêtu d’un pantacourt et d’un marcel blanc, avec une casquette en jeans vissée sur le crâne dans le sens que vous imaginez ; pendant 1 h 40, Black M a été applaudi dans tous les sens des mains. Son jeu de scène, ses astuces d’animation et les chorégraphies de sa bande ont arraché des hurlements de tous les diables au public. Ses tubes comme « On s’fait du mal », « Mme Pavoshko », « Je garde le sourire » ont retourneboulé l’assistance.

Tout le monde s’époumonait. Des enfants, émus de tout leur

petit corps, étaient hissés sur les épaules de leurs parents ; certains pleuraient de joie. Des adolescents se déchiraient la gorge à force de scander les refrains ; ils filmaient, ils s’embrassaient. Des adultes dansaient, se retournaient l’esprit, se cherchaient un langage dans le flow vigoureux de Black M et de sa

bande Watti B. Oh oui, Black M a pu créer une atmosphère ardente et bien sucrée.

Un rap à succès

Ancien membre de Sexion d’assaut, Black M n’arrête de traîner les foules derrière lui. Il

est démoniaque sur scène. Son rap marche bien en France et gagne peu à peu d’autres territoires.

En Haïti, ils sont de plus en plus nombreux à écouter et à apprécier les tubes de son premier album solo « Les yeux plus gros que le monde ».

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Black M a mis le feu à la fête du Cognac Par Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe

Black M incarne cette vague du rap français qui réconcilie tous les âges autour d’une même folie, d’un même désir de faire de son corps un temple habité de beats, de rythmes, de mots hachés et de gros sons. Ce jeudi 23 juillet 2015, pour l’ouverture de la fête du Cognac, le jeune rappeur a déployé les meilleurs tours de son talent pour mettre dans le bonheur le plus bruyant qui soit 8 000 fans.

Black M a fait le show.

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JEUX PANAMÉRICAINS

Pas de médailles pour Haïti mais bonne performance ! par Gérald Bordes

La XVIIe édition des Jeux panaméricains qui s’est déroulée à Toronto avait mal démarré pour les athlètes

haïtiens avec les éliminations dès le premier tour en taekwondo de (Aniya Louissaint), en lutte de (Castelly Asnage), en natation de (Frantz Dorssainvil), et en haltérophilie de (Joseph Édouard et Medjina Célestin). Par contre, ce sont les athlètes en athlétisme qui ont apporté un brin d’espoir à la délégation haïtienne en donnant la garantie de décrocher l’une des trois médailles disponibles. Dommage, ils n’y sont pas parvenus. Sur six athlètes, quatre ont atteint la finale de leurs catégories respectives. Jessica Gélibert (400 m/haies) a terminé 7e sur 24 participantes ; Darell Wesh (100 m) a fini 8e sur 48 participants ; Samyr Lainé (triple saut) a bouclé ses essais en 6e position sur 15 ; Marlena Wesh (400m/haies) lors de son épreuve en finale s’est tordue la cheville en évitant la 3e haie, elle a terminé en 8e position sur 32 participantes. Jeffrey Julmis en 110 m/haies, s’est arrêté en demi-finale. Il n’a pas pu se qualifier pour la finale parce qu’il a fini sa course en 5e position. Malgré tout, son chrono de 13 secondes 72 centièmes lui donne droit de participer aux Jeux olympiques de Rio 2016. Même considération pour Samyr Lainé en triple saut qui a validé son billet pour les JO 2016 grâce à son bond de 16 mètres 43. Seule Pascale Délaunay a été la déception de l’athlétisme. Elle a fini en dernière position en triple saut femmes avec un bond de 12 mètres 35 lors de la phase préliminaire. C’est ainsi qu’Alain Jean-Pierre, secrétaire général du Comité olympique haïtien (COH) et président de la Fédération haïtienne d’athlétisme amateur (FHAA) a qualifié de satisfaction la participation d’Haïti à ces Jeux. Le secrétaire général a déclaré que ces athlètes en athlétisme ont réalisé cette performance sans le support de l’État haïtien. « Pour la préparation de nos athlètes nous avions présenté un budget à l’État haïtien afin de leur permettre de bien préparer les Jeux. Ils ont fait le voyage sans cette préparation. C’est pendant le démarrage des Jeux que l’État haïtien a pu octroyer un montant au COH. Nous avons utilisé cet argent pour payer les billets que nous avons achetés à crédit et pour couvrir d’autres dépenses. S’il avait donné la somme à temps, les athlètes pourraient obtenir une médaille parce qu’ils seraient en condition », a informé le secrétaire général du COH.

Quant à la performance réalisée par ses athlètes aux XVIIe Jeux panaméricains, le président de la FHAA a fait savoir que sa Fédéra-tion a utilisé ses faibles moyens économiques pour encadrer ses représentants avant ces Jeux. « Nous autres de la FHAA, nous avons permis à nos athlètes de participer aux plusieurs compé-titions internationales malgré nos faibles moyens économiques.

Voilà pourquoi vous avez pu con-stater cette différence. Ce n’est pas un hasard s’ils ont atteint la finale ou la demi. Nous les avons encadrés avec nos maigres res-sources», a-t-il précisé.

Alain Jean-Pierre plaide pour que l’État haïtien investisse dans le sport sinon d’après lui, il sera très difficile de gagner une médaille durant les Jeux parce que les autres pays participants jouissent du soutien de leur État respectif. Le numéro 2 du COH a déploré le fait qu’Haïti ait été le seul pays où son ministre des Sports ne s’est pas présenté à ces Jeux parmi les quarante-et-un États. « Jusqu’à présent, j’ai son accréditation. Il était le seul absent de ces Jeux. Tous les ministres des sports des autres pays ont assisté à ces Jeux », a-t-il regretté.

Répondant à une question à savoir si le ministre a été informé, monsieur Jean-Pierre a répondu par l’affirmative tout en espérant que cela ne se reproduira pas dans le futur.

Même si les athlètes haïtiens n’ont pas apporté de médailles au bercail, l’expérience a été enrichissante pour eux. Ils ont beaucoup appris pour le futur. Comme dit l’autre, combien vaut une médaille ? Il faut toute une panoplie par exemple : la prépara-tion, l’encadrement et le support économique. Nos athlètes ont-ils eu cette opportunité ? Peut-on parler de fiasco quand deux de nos athlètes ont décroché leurs qualifications pour les JO 2016 ?

En dépit de toutes ces considéra-tions la XVIIe édition des Jeux panaméricains de 2015 de Toron-to a été dominée par les États-Unis qui ont raflé 103 médailles d’or, 81 d’argent et de bronze. La 2e place revient au Canada, pays hôte avec 78 Or, 69 Argent et 70 Bronze.

À rappeler qu’Haïti a pris part à chaque édition des Jeux panaméricains depuis leurs débuts en 1951, à Buenos Aires. Le pays avait alors remporté une médaille de bronze et a décroché un total de sept médailles depuis l’histoire des Jeux, ce qui lui donne le 31e rang au tableau des médailles de l’histoire des Jeux panaméricains. Finis les Panaméricains, place aux Parapanaméricains

En 2007, Haïti avait participé pour la première fois aux Jeux parapanaméricains à Rio de Janeiro. Ses athlètes avaient pris part aux compétitions

d’athlétisme, de dynamophilie et de tennis de table. Quatre athlètes haïtiens avaient pris part aux Jeux de 2011 à Guadalajara dans deux disciplines : l’athlétisme et le cyclisme. Du 7 au 15 août prochain, la ville de Toronto accueillera les Jeux parapanaméricains toujours au village qui a accueilli la XVIIe édition des Jeux panaméricains. Haïti devrait prendre part à ces Jeux. Nous avons contacté en vain les responsables paralympiques du pays pour savoir combien d’athlètes y participeront.

Les athlètes de l’athlétisme ont rendez-vous au Costa Rica et en Chine

Du 7 au 9 août 2015, le Costa Rica sera le pays hôte de la IIe édition des Jeux de North American, Central American and Caribbean (NACAC). Les quarante-deux épreuves se dérouleront au stade national du Costa Rica. Tous les athlètes haïtiens de l’athlétisme qui ont pris part aux Jeux panaméricains seront présents avec l’espoir de faire flotter le bicolore haïtien. Après le NACAC, ils iront en Chine du 20 au 30 août 2015 pour le championnat du monde. Ceux qui n’ont pas pu obtenir le chrono espéré pour se qualifier aux Jeux olympiques de 2016 lors des Jeux panaméricains auront la possibilité de le réaliser. « Ils pourront valider leur billet pour les JO 2016 s’ils arrivent à effectuer le minimum demandé », a informé Alain Jean-Pierre, président de la FHAA.

Du 10 au 26 juillet 2015, Haïti a participé à la XVIIe édition des Jeux panaméricains avec onze athlètes dans les disciplines suivantes : athlétisme (6), haltérophilie (2), lutte (1), natation (1) et taekwondo (1). Sur quarante-et-un pays, Haïti fait partie des nations qui n’ont pas pu décrocher une médaille. Malgré tout, le secrétaire général du Comité olympique haïtien et président de la Fédération haïtienne d’athlétisme amateur (FHAA), Alain Jean-Pierre est satisfait de la participation d’Haïti à ces Jeux. Au cours du mois d’août 2015, les coureurs et sauteurs haïtiens seront en activité sur la scène internationale.

La délégation haïtienne lors de la cérémonie de clôture. / Photo haititempo.com

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Invité à ce tournoi international organisé par Turks and Caicos Combine Team (TCCT) qui réunissait trois formations : All

Stars de Turks and Caicos, Reno FC (Jamaïque) et l’ASC, le vieux coq capois n’a pas tremblé et a remporté haut la main le trophée ainsi que les quatre mille dollars américains réservés au grand vainqueur.

Dans le match qui opposait Reno FC et All Stars, ce sont les Jamaïcains qui l’avaient emporté (9-0) puis la rencontre entre l’Association sportive capoise (ASC) et le Reno FC était considérée comme une

finale et c’est l’AS capoise qui est sortie gagnante avec un Jackinto étincelant qui a réussi un doublé pour terminer la compétition avec cinq buts en seulement deux matches.

Il faut noter que l’Association sportive capoise jouera un autre tournoi qui aura lieu aux États-Unis.

La date n’est pas encore connue. Après, les Capois retourneront au bercail pour préparer la série de clôture du championnat national qui se déroulera à la mi-août.

En prélude à la Coupe de la présidence qui se tiendra du 2 août au 2 septembre2015, les responsables de la Fédération

haïtienne de football ont rencontré les représentants de plus de cinquante équipes, le vendredi 24 juillet 2015 au centre technique FIFA Goal afin de discuter de la modalité et la mise en place d’un calendrier pour la compétition.

Les dirigeants de la Fédération haïtienne de football (FHF) et plus d’une cinquantaine de représent-ants se sont rencontrés pour final-iser le processus d’inscription des équipes, la formule qui sera adoptée ainsi que d’autres détails entourant la coupe de la prési-dence. Présidée par Yves Jean Bart, président de la FHF, la réunion a été très animée au point que la satisfaction a été visible à l’issue des discussions.

À cette rencontre on pouvait remarquer la présence des représentants de certaines villes réputées pour leur grande culture footballistique, Saint-Marc, Cap-Haitien, Léogâne, Mirebalais. Le président de la Fédération haïti-

enne de football (FHF), Yve Jean Bart, a fait le résumé de la ren-contre qu’il a jugée fructueuse. «C’était une rencontre fructueuse qui s’est déroulée dans un esprit de fairplay. Nous avions discuté de la modalité du championnat, du système qu’on va employer pour faire de ce championnat une réus-site. Des villes comme, Gonaïves, Saint-Marc, Arcahaie, Mirebalais, sont qualifiées d’office par rapport à leurs récents résultats réalisés dans les différents championnats de la FHF.

Nous nous étions mis d’accord sur le fait que les autres villes vont devoir passer par une phase préliminaire, avant d’atteindre la phase nationale.

Tous les joueurs qui évoluent dans un club ou autres peuvent jouer pour leurs villes d’origine », a déclaré le président de la FHF qui a assuré à tous que la Fédération de concert avec le ministère des Sports assura la couverture financière de la compétition. Et qu’à la fin du tournoi, il y aura environ un million gourdes de primes à partager entre les

quatre équipes victorieuses du championnat.

Pour sa part, le délégué de l’AS L’Estère Don Saintil, a expliqué sa présence à la rencontre, consistant à imposer sa ville dans la compétition pour susciter une plus grande pratique du football. « On a fait a compris le contexte de l’organisation de ce championnat. La ville de L’Estère va avoir une sélection composée de joueurs de l’AS L’Estère et d’autres équipes de la ville.

La Fédération promet de nous accompagner financièrement. On recevra un frais de déplacement et les recettes des matches disputés à domicile resteront pour la ville. Nous sommes très motivés de réaliser un grand tournoi pour le bien de tous les footballeurs de la ville. Globalement, on va profiter pour préparer la prochaine saison de l’AS L’Estère et suivre d’autres joueurs qui ont le niveau d’intégrer notre équipe. Je souhaite qu’on remporte ce tournoi, cela contribuerait à donner une toute autre image à la ville », a t-il avancé.

Medina Salomon, représentant Delmas à la rencontre, voit dans ce projet un bien plus grand qu’une simple compétition. «De même qu’il y a des Coupes nationales dans plusieurs pays, je suis heureux de cette nouvelle initiative mise à la disposition du football haïtien. En plus d’être une compétition qui va rapporter de l’argent aux différentes villes, elle s’inscrit aussi dans un cadre de développement social. Je suis d’avis pour qu’on continue de structurer ce type d’activité de manière plus régulière dans le pays. La ligue de football de Delmas existe depuis plusieurs décennies, et c’est le moment idéal pour nous imposer dans le football national. Nous allons fusionner tous nos talents pour faire de Delmas l’Excelsior de cette compétition », a martelé l’entraîneur.

Très satisfait, le représentant d’Aquin a brièvement félicité les initiateurs du championnat et pense qu’ils vont tout faire dans la ville pour remporter la Coupe. Il espère de tout cœur que ce projet jouira d’une certaine longévité.

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SPORT

Les joueurs de l’ASC invoquent le secours d’En-Haut avant une rencontre. Photo haititempo.com

TCCT INTERNATIONAL CUP

L'AS Capoise triomphe aux îles Turks and Caïcos par Gary Eliézer

L’AS Capoise a remporté le dimanche 26 juillet aux îles Turks-and-Caïcos un tournoi international Cup dénommé TCCT (Turcks and Caicos Combine Team) en battant en finale une équipe jamaïcaine, Reno FC de Montegobay (2-0) avec un doublé de Jackinto Jean.

FOOTBALL / COUPE DE LA PRÉSIDENCE

La FHF et les délégués se sont mis d'accord ! par Kenson Désir

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« Je ne suis pas un tricheur: la réplique victorieuse de Froome », titrait le Sun, auquel faisait écho le « Croyez en moi » du

Telegraph. La page sports du Mirror était aussi titrée « Je suis un homme d’honneur », avec une photo de Froome levant le poing en l’air, avec comme légende « Le message de défi du champion Froome ».

Froome a été la cible d’insinuations et d’accusations, non prouvées, de dopage ou de tricherie depuis sa première victoire dans la Grande Boucle en 2013. Au cours de l’édition 2015, il s’est plaint de manifestations hostiles de certains spectateurs, comme un jet d’urine sur lui au cours de la 14e étape. Après son arrivée victorieuse sur les Champs-Elysées, Froome a évoqué « les moments durs traversés dans ce Tour » et, parlant du maillot jaune, il a déclaré : « Je ne le bafouerai jamais ».

Oliver Brown, spécialiste des sports du Telegraph, relève que la course remportée par Froome « a probablement été le Tour de France le plus polémique de l’histoire récente », et il juge déplorable que Froome soit un vainqueur impopulaire alors qu’aucune preuve de dopage n’existe contre lui. « Froome est entré dans la Ville Lumière moins comme un champion porté en

triomphe que comme une persona non grata, calomnié et ostracisé, bouc émissaire d’une controverse dont il n’était pas l’auteur », écrit Oliver Brown.

Le cyclisme reste durablement marqué par les grands scandales de dopage qu’il a connus, partic-ulièrement le souvenir de Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France avant d’être privé de tous ses titres, souligne dans le Guardian William Fotheringham. « Le legs d’Armstrong reste tox-ique, et cet héritage empoisonné était perceptible dans l’absence de confiance en Froome et en Sky », son équipe, relève ce spé-cialiste du cyclisme. La section sports du Times débutait par des déclarations du manager de Sky, le Britannique Dave Brailsford, comparant ceux qui soupçonnent son équipe aux personnes qui con-tinuent à chercher le monstre du Loch Ness. « Nous avons toujours des gens qui campent là-bas avec des jumelles en disant ‘Je suis sûr que nous allons voir le monstre demain’, mais il n’apparaît jamais. Il n’existe pas », a déclaré Brails-ford selon le Times.

De nombreux quotidiens soulig-naient le caractère historique de la victoire du coureur britannique. « Roi de la route », proclamait le titre de la section sport du Daily

Express. « Chris Froome a fran-chi la ligne d’arrivée du Tour de France et il est entré dans les livres d’histoire », déclarait le quotidien. Le Daily Telegraph publiait à la Une une photo de Froome souriant avec son épouse Michelle, avec en légende « Froome fait l’histoire dans les rues de Paris ».

« Froome obtient une seconde victoire au Tour », titrait à la Une The Independent, avec une grande photo du champion souriant et entouré de ses camarades de l’équipe Sky. Metro évoquait un « Tour de force », et le Times montrait à la Une Froome en train d’embrasser son trophée.

Le dimanche 26 juillet à Philadelphie, le Mexique a remporté sa septième Gold Cup de la Concacaf en s’imposant

(3:1) en finale face à une courageuse équipe de Jamaïque.

Vainqueur à l’arraché du Costa Rica et du Panama et quart et en demi-finale, El Tri a compté trois buts d’avance sur les Reggae Boyz, avant que Darren Mattocks ne réduise l’écart. Le but en fin de match de l’attaquant des Vancouver Whitecaps n’a cependant pas suffi à inverser le sort de la partie et, au coup de sifflet final, les Mexicains ont pu fêter leur septième triomphe sur la scène continentale. Auteur de l’ouverture du score à la 31ème minute, Andres Guardado a soulevé le trophée et célébré cette victoire très attendue en

compagnie de ses coéquipiers, le tout sous une pluie de confetti et devant 68 930 spectateurs réunis au Lincoln Financial Field.

Toutefois, les hommes de Miguel Herrera n’auront guère le temps de se reposer sur leurs lauriers.

Dès le 9 octobre, ils retrouveront les États-Unis au Rose Bowl de Pasadena pour un match de barrage à l’issue duquel sera désigné le représentant de la zone Amérique du Nord, centrale et Caraïbes en Coupe des Confédérations de la Fifa, Russie 2017.

MARDI 28 JUILLET 2015 N0 48 | 23SPORT

Fil Info Football

Jean Kévin Augustin a refusé la Juve et Man U

Le PSG a été fortement critiqué lors du départ de Coman. Le Titi lui-même n’était pas très bien vu, mais la direction parisienne était pointée du doigt par certains pour son manque d’anticipation, car laisser partir gratuitement un tel espoir était une belle erreur. Cette année, Paris ne s’est pas fait bananer une deuxième fois. Selon Mohamed Bouhafsi de RMC, la Juventus de Turin et Manchester United voulaient signer avec le joueur d’origine haïtienne, Jean-Kevin Augustin, avant que le PSG ne trouve un accord avec son jeune attaquant. Pour rappel, JKA a signé en février dernier, jusqu’en 2018.

Le calendrier dévoilé

Le calendrier 2015-2016 de Série A a été dévoilé ce lundi soir. La 1ère journée aura lieu le 22 août avec notamment Fiorentina-Milan AC. La Juventus Turin, championne d’Italie en titre, débutera à domicile contre l’Udinese tandis que la Roma de Rudi Garcia se déplacera à Vérone pour défier l’Hellas. A noter qu’un alléchant AS Roma-Juventus Turin se jouera dès la 2e journée, le 30 août. Deux semaines plus tard, pour le compte de la 3e journée, les tifosi auront le droit au derby milanais : Inter Milan-Milan AC. Du lourd d’entrée.

Man City étrille le Vietnam 8-1

Certes, ce n’est pas le même calibre en face, mais Manchester City a laissé de côté sa défaite cuisante vendredi face au Real Madrid (1-4), en écrasant ce lundi le Vietnam (8-1). Dans un match amical disputé à Hanoï, les Citizens ont gagné face à la formation asiatique grâce à des buts signés Kolarov (11e, 51 s.p.), Sterling (19e, 31e), David Silva (21e, 65e), Rony Lopes (74e) et Pozo (78e). Le Vietnam a sauvé l’honneur dans le temps additionnel par Van Queyet (90e+1). Prochain match pour City : samedi, à Stuttgart.

NBA

Samuel Dalembert OK avec Dallas

Le pivot de 34 ans, libre depuis la fin de la saison dernière, s’est entendu avec les Dallas Mavericks pour un an et le salaire minimum. Ce n’est pas encore officiel, mais de nombreuses sources américaines (ESPN, Yahoo…) rapportent cette information. Samuel Dalembert a déjà porté les couleurs de la franchise texane. C’était en 2013-14. La saison dernière, il portait le maillot des New York Knicks, avec lesquels il a joué 32 matches à quatre points et 5,3 rebonds de moyenne (17 minutes, 21 titularisations). À noter que le Français Kevin Séraphin faisait partie des pistes envisagées au poste 5 par l’équipe de Mark Cuban.

CYCLISME / TOUR DE FRANCE

GOLD CUP

La presse britannique à la défense de FroomeSource : sport.fr

Le Mexique nage dans le bonheurSource : fifa.com

Les Mexicains brandissent le 7e trophée de la Gold Cup. / Photo Getty Images

Chris Froome, premier Britannique à avoir remporté deux fois le Tour de France. / Photo sport.fr

Toute la presse britannique célébrait lundi la victoire de Chris Froome, premier Britannique à avoir remporté deux fois le Tour de France, et soulignait ses protestations d’honnêteté face aux accusations non prouvées qui l’ont visé.

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