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Opinion : Pour ou contre la grève générale ?

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Page 1: Opinion : Pour ou contre la grève générale ?

Opinion : Pour ou contre la grève générale ?

Invité par la COMAC et la FELU à un débat le mardi 28 février 2012, j’ai pu rappeler quelques

grands principes libéraux en matière de grève. Je les livre ci-dessous.

Préalablement, j’ai souhaité rappeler l’étendue des réformes qui, aux yeux des syndicats,

motivaient cette grève. La cause, c’est la réforme des pensions adoptées par le Gouvernement

fédéral fin décembre. Cette réforme, les syndicats la qualifient de « recul social ». Ils dénoncent

le manque de concertation.

Une réforme indispensable et solidaire

Pour les Libéraux, la réforme du système des pensions, c’est avant tout une réforme des pensions

ANTICIPEES. Le Gouvernement ne touche aucunement à l’âge légal de la retraite qui reste fixé à

65 ans, mais il s’est accordé sur le relèvement progressif de l’âge et de la condition de carrière

permettant un départ anticipé (62 ans – 40 ans de carrière d’ici 2015).

Pour les Libéraux, cette réforme est indispensable si l’on veut assurer le financement du système

des pensions par répartition. A terme, le système est impayable, sauf à accroître les prélèvements

sur les travailleurs qui, rappelons-le, financent les pensions. Je dis de temps à autres, aux oreilles

qui peuvent entendre ce discours, que quitter prématurément un emploi est un signe de dé-

solidarité… avec ses propres gosses !

J’ai rappelé que partir en grève alors même que la concertation était relancée ne se justifiait pas.

Une grève générale, ce sont des dizaines de millions € perdus en pleine période de crise

économique.

Le droit de grève n’est pas un droit absolu

La Cour européenne des Droits de l’Homme a reconnu que, même si le droit de grève est le

« corollaire indissociable » de la liberté syndicale, il n’est pas absolu.

Nombre d’entreprises introduisent des actions judiciaires contre les piquets qui empêchent les

travailleurs non-grévistes de rejoindre leur lieu de travail. Elles sont parfois suivies par les

tribunaux. Face à cette situation, les syndicats ont été confortés dans leurs actions contre

l’interdiction des piquets de grève ; la Charte européenne des droits sociaux limite cependant la

latitude à l’entreprise concernée par le piquet. Il peut paraître normal, même à un Libéral, qu’un

piquet puisse éviter les éventuelles pressions patronales sur certains membres du personnel.

Mais, les piquets ne peuvent se justifier « au milieu de nulle part » bloquant autoroutes et zonings

dans le seul but de nuire au légitime droit au travail des travailleurs d’autres entreprises.

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Les acteurs de la grève doivent tenir compte des droits et libertés d’autrui, ils ne peuvent nuire

aux tiers, le « sacro-saint » droit de grève n’est donc pas absolu.

Certains veulent opposer le droit collectif à la grève, promu par les syndicats et la gauche

politique, au droit individuel au travail défendu plus traditionnellement par les partis de droite.

Loin de vouloir une lecture individualisante des droits collectifs, le MR veut rappeler que le droit

collectif de faire grève a comme corollaire le droit individuel de ne pas le faire.

Il reste inacceptable, à nos yeux, d’empêcher un citoyen de se déplacer, de travailler, d’étudier, de

se soigner, etc.

C’est aussi dans cet esprit que les Libéraux réclament l’instauration d’un service minimum là où

existe une position de monopole, notamment dans le secteur public. Irréalisable ? Solution

facile ? Limitation au droit de grève ? Tous les arguments semblent bons pour éviter même le

débat à ce sujet.

Remise en cause de notre tradition de dialogue social

Les grèves à répétition lassent les citoyens, elles loupent leur cible, notamment parce que les

dérives sont trop nombreuses.

Notre dialogue social prévoit des mécanismes qui fonctionnent très souvent parfaitement.

L’ultime moyen de pression doit rester la grève, après dépôt d’un préavis, or aujourd’hui, il n’est

pas rare de voir partir un secteur en grève… avant de revenir à la négociation.

Je condamne tous les excès qui handicapent notre système de concertation, tant l’envoi de milices

privées aux fins de récupérer un stock, que la séquestration des dirigeants d’une entreprise.

La loi, l’Etat de droit doivent être respectés en toutes circonstances.

A mon sens, il est urgent de retrouver un dialogue social constructif.

La question du débat de la COMAC était « Pour ou contre la grève générale ». Les Libéraux ne

peuvent être opposés à un droit qu’ils ont contribué à mettre en place en s’opposant, au 19e

siècle, au délit de coalition. Ils estimeront cependant toujours que le dialogue, la concertation et le

respect de tous les acteurs d’une crise sociale, en ce compris ceux qui pourraient être pris en

otage, sont des valeurs intangibles qu’ils doivent défendre.