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ECOLE MBA ESG
PARIS
MBA Management du Sport
Année 2013 – 2014
Thèse professionnelle présentée par
Stéphanie HAGUE & Thibault HUC
LA FEMME EST-ELLE L’AVENIR DU SPORT
EN FRANCE ?
Tuteur de l'Organisme d'accueil : Brigitte HENRIQUES
Tuteur ESG : Jean-Claude SORGE
2
3
Remerciements
Nous tenons tout d’abord à remercier et à témoigner toute notre reconnaissance aux
personnes suivantes, pour l’expérience enrichissante et pleine d’intérêt qu’elles nous ont fait
vivre lors des différents échanges et entretiens que nous avons eu :
Madame Brigitte Henriques, notre tutrice pour cette thèse. Secrétaire générale de la
Fédération Française de Football, ancienne joueuse internationale, elle est aussi à la tête du la
plan de féminisation mise en place par la Fédération. Elle représente une femme de valeurs
qui mérite d’être reconnue par ses paires comme une personne compétente. Grâce à son
impulsion et sa détermination, le football féminin mais plus globalement le sport féminin
français a progressé et progresse à grand pas. Nous la remercions particulièrement de nous
avoir permis de réaliser ces travaux.
La Fédération Française de Football (FFF) qui nous a donné l’opportunité de travailler dans
un domaine qui nous passionne. Nous sommes conscients qu’il est difficile d’ouvrir ses portes
à de jeunes managers du sport mais la FFF n’a pas hésité à le faire, ce dont nous sommes
reconnaissants.
Monsieur Philippe Bergeroo, entraîneur de l’équipe de France féminine et Sylvie maillot,
responsable régionale des féminines de la ligue Languedoc Roussillon, qui nous ont délivré de
précieux conseils et ont répondu avec enthousiasme à toutes nos questions.
Ensuite, nous remercions toute l’équipe pédagogique de l’Ecole Supérieure de Gestion et les
intervenants professionnels responsables du MBA en Management du Sport pour avoir assuré
la partie théorique de notre thèse.
Enfin nous remercions particulièrement Monsieur Jean-Claude Sorge pour son aide et ses
indispensables conseils concernant les missions évoquées dans ces travaux.
4
Sommaire
Introduction …………………………………………………………………………... p. 5
Partie I. Le sport féminin en France : une longue bataille pour l’égalité …………..... p. 7
I. L’égalité dans le sport féminin/masculin : des changements sans précédents … p. 7
A. Le sport féminin : une conquête de longue haleine …………………………. p. 7
B. Une quête de l’égalité non achevée ………………………………………… p. 14
C. Une faible médiatisation du sport féminin en décalage avec la demande actuelle p. 19
II. Des mesures en faveur du développement sur la durée du sport féminin …… p. 26
A. soutien de l'Etat au développement et à l'exposition du sport féminin ...……. p. 26
B. Le plan de féminisation des instances sportives …………………………….. p. 31
C. Des évènements dédiés au sport féminin ……………………………...……... p. 37
Partie II. Focus sur les actions de la Fédération Française de Football ………………. p. 42
I. La présence des femmes dans le Football ……………………………….……….. p. 48
A. Valoriser la place des femmes dans le Football …………………... ..……….. p. 48
B. Le Football des princesses ……………………………………………………. p. 50
II. La performance des femmes dans le Football ………………………………..…. p. 59
A. Jouer les premiers rôles au niveau européen et mondial ………………...……. p. 59
B. Innover en matière de formation …………………………..………………..… p.68
Partie III. Comment donner au sport féminin les moyens de ses ambitions ? ..………. p. 71
Conclusion …………….……………………………………………………........……. p. 79
Bibliographie …………….…………………………………………………...………. p. 81
Annexes …………….…………………………………………………...……………… p. 87
5
Introduction générale
Le sport est devenu un enjeu majeur de portée mondiale. Une majorité d’Etats
investissent énormément d’argent dans le sport de haut niveau car il représente le pays, son
succès, sa puissance et renforce sa popularité grâce aux grands évènements retransmis et
suivis à travers le monde, tels la Coupe du Monde de Football ou les Jeux Olympiques.
En raison de son immense popularité, les images et messages visionnés par la population ont
un impact sur la perception du sport et les valeurs véhiculées par ce dernier. En conséquence,
il est fondamental que le sport masculin et féminin soient traités de la même manière, pour
qu’il ne se produise pas d’inégalité tant au niveau de l’accès au sport qu’au niveau de la
représentation que la population se fait du sport. La proportion de femmes et d'hommes dans
le sport amateur ou professionnel et dans les professions liées au sport, est un indicateur de
l'égalité d'accès, des chances et des genres dans l'ensemble de la société. « Le degré de liberté
d'une société se mesure aux droits qu'y ont les femmes » écrit Dominique Desanti,
« l'engagement en nombre de femmes dans le sport est encourageant... ».
La loi du 16 juillet 1984 proclame : « La pratique sportive constitue un droit pour chacun
quels que soient son sexe, son âge, ses capacités ou sa condition sociale ». Pourtant, de
grandes inégalités hommes-femmes existent encore dans ce domaine.
Heureusement, la situation des femmes, aujourd’hui de plus en plus nombreuses à pratiquer le
sport, n’a plus rien à voir avec l’époque de Pierre de Coubertin. Tout au long du XXe siècle,
les femmes se sont appropriées le sport, comme moyen d'émancipation et miroir de cette
émancipation. Elles ont été tenues à l’écart du sport pour différentes raisons, leur rôle de
mère, leur fragilité physique ou la critique d’une virilité trop exacerbée dans le sport. Les
femmes ont dû se battre pour atteindre le statut qu’elles ont aujourd’hui et continuent à
revendiquer plus d’égalité entre le sport féminin et masculin dans la plupart des disciplines
sportives. Ce combat pour l’égalité est primordial car le sport transmet des valeurs
importantes, telles le respect des autres, la tolérance, la compétitivité, le goût de l’effort,
l’humilité. Le sport est un bon vecteur d’apprentissage de la vie et de socialisation que chacun
doit pouvoir appréhender.
Pourtant, encore aujourd’hui des inégalités persistent entre le sport masculin et féminin dans
la médiatisation, la pratique, l’accès aux postes à responsabilité. En conséquence, l’Etat doit
engager des mesures et les faire exécuter pour favoriser et promouvoir l’égalité dans le sport
au regard de ses missions dont l’accès au sport pour tous. En parallèle, il est du devoir de tous
les acteurs sportifs, médias, clubs, athlètes, de soutenir et d’encourager le sport féminin en le
montrant à la télévision, en le commentant à la radio, en l’encourageant grâce à la création
6
d’évènements dédiés ou en le relayant à travers des sites Internet et des blogs, accessibles à
tous.
L’Etat a initié des politiques volontaristes afin d’augmenter la pratique sportive féminine et la
Fédération Française de Football est très engagée sur le sujet de l’égalité dans le sport. Elle a
d’ailleurs mis en place une panoplie de mesures pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés.
Reste à savoir si toutes les promesses en relation avec le sport féminin, les discours sur les
missions à accomplir et les politiques orientées pour plus d’égalité dans le sport démontrent
une volonté de démocratiser le milieu sportif, encore profondément misogyne, en ne le
réservant plus seulement aux hommes ? Toutes ces actions en faveur du sport féminin
témoignent-elles d’un souhait de lui donner réellement la place qu’il mérite ?
Dans un premier temps, il sera rappelé le long combat mené par les femmes pour obtenir le
statut sportif qu’elles possèdent aujourd’hui et les mesures prises pour continuer à parfaire
cette égalité. Ensuite, il sera étudié les actions spécifiques menées par la Fédération Française
de Football qui met en place depuis quelques années différentes mesures pour soutenir
l’égalité du sport féminin et masculin dans le football.
7
Partie 1: Le sport féminin en France : une longue bataille
pour l’égalité
« Si nous exigeons des femmes les mêmes services que les hommes, nous devons les
former aux mêmes disciplines », philosophait Platon1. Or, dans le sport, les femmes ont dû
gagner leur place pour pouvoir pratiquer et performer dans les différentes disciplines où leur
palmarès est parfois aujourd’hui meilleur que celui des hommes.
I. L’EGALITE DANS LE SPORT FEMININ/MASCULIN : DES
CHANGEMENTS SANS PRECEDENTS
Le sport féminin a eu du mal à émerger dans la société et ce n’est que très récemment
que les femmes ont pu pratiquer le sport de leur choix. Après de longues années de
dominance masculine, les sportives acquièrent petit à petit leur légitimité, même s’il reste
encore du chemin.
A. LE SPORT FEMININ : UNE CONQUETE DE LONGUE HALEINE
Alors que nous voyons de plus en plus de femmes évoluer dans le sport de haut niveau
et que cela nous parait normal, il faut bien comprendre que l’accession au sport par les
femmes a été le fruit d’une longue conquête.
Longtemps considérées comme trop faibles et sans assez de force, les femmes n'ont pu
exercer d'autres sports que ceux considérés comme en corrélation avec les fonctions de leur
corps, notamment la grossesse. Aujourd'hui encore, beaucoup d'esprits pensent que la femme
doit rester consignée à des sports gracieux et sans risque comme la danse classique et la
gymnastique.
Il est vrai que le sport est masculin à l’origine, il a été créé par des hommes pour les hommes.
Jusqu’au XIXème siècle, ce fait reste vrai et concret puisque les femmes sont évincées du
1 PLATON, La République - livre V, Paris, Flammarion, 2002, p. 801
8
sport, du vieux français desport, qui renvoie au divertissement considéré comme l’apparat des
hommes.
Même si le sport féminin est présent dans certaines civilisations antiques, il est vite mis à
l’écart au Moyen-Age et dans les temps modernes en raison des mœurs qui veulent que la
femme soit et reste une mère et une épouse avant tout. Dans ce cadre, il existe une
incompatibilité de ce loisir avec l’éducation des enfants et les devoirs envers le mari avec qui
« elle est obligée de vivre et de suivre partout où il juge à propos de résider»2.
Les femmes sont donc exclues de la sphère publique et professionnelle par les textes.
« La nature qui a crée le mâle pour la lutte a fait la femme corps et âme, pour la maternité,
pour l’amour et le maintien du foyer. Fonction maternelle avant tout, servitude amoureuse
pour assurer les fins reproductrices de la nature voilà la destinée de la femme ! Et s’insurger
contre les lois biologiques inexorables, c’est le plus souvent courir au devant du désordre
physiologique et des déceptions morales»3.
Le statut des femmes évolue lentement puis, suite à la généralisation du développement des
activités physiques féminines à l'école, la Troisième République encourage le développement
de la gymnastique féminine afin de « donner aux hommes républicains des compagnes
républicaines »4. Cependant, il n’y a pas de développement du sport véritable et les hommes
sont hostiles à ces changements qu’ils jugent inappropriés pour les femmes. Il existe une
certaine peur de « la confusion des sexe »5 si le sport venait à se développer : « En quoi
consiste l’infériorité intellectuelle de la femme ? (...) Que lui manque-t-il ? De produire des
germes, c’est à dire des idées. L’infériorité intellectuelle de la femme doit nécessairement
comme son infériorité physique, entraîner des conséquences sociales »6.
Le XIXème siècle est le paroxysme de l’hostilité envers le sport féminin et les hommes
multiplient les théories pour éviter qu’elles pratiquent du sport, surtout en compétition.
En témoigne l’absence de femmes parmi 241 athlètes lors des Jeux Olympiques d’Athènes en
1896. Le fondateur de ces Jeux, Pierre de Coubertin, déclare alors, fidèle aux idées de son
époque : « Aux Jeux olympiques, leur rôle (des femmes) devrait être surtout, comme aux
anciens tournois, de couronner les vainqueurs » car « une olympiade femelle est impensable,
elle serait impraticable »7.
2 Code Civil de 1804, Livre premier, Titre V, Chapitre VI, article 214, « Des droits et des devoirs respectifs des
époux » 3 BINET André, L’amour et l’émotion chez la femme, Vigot, 1946, p.170
4 TRANVOUEZ Yvon, Sport, culture et religion, les patronages catholiques (1898-1998), Brest, Presses de
l’université de Bretagne occidentale, 1999, p. 228 5 « Les femmes qui parlent », L'Echo, 23 mai 1886, cité par Bruno Dumons, Gilles Pollet et Muriel Berjat,
Naissance du sport moderne, Lyon, La Manufacture, 1987, p.186 6 LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIX
e siècle, Paris, Administration du grand Dictionnaire
universel, 1866-1876 7 DE COUBERTIN Pierre, Pédagogie sportive, Paris, G. Crès, 1922
9
Pour conforter l’impossibilité de la pratique du sport par les femmes, tout un tas de
raisonnements scientifiques vont être avancés. Les autorités sportives et politiques
développent une hostilité croissante à l'encontre de la gente féminine et déclarent l'interdiction
de certains sports aux femmes pour de fallacieuses raisons médicales : corps trop fragile,
dangers liés aux pratiques trop brutales, santé trop frêle... La Faculté conclue notamment que
les effets de l'effort violent sont néfastes sur la physiologie féminine : « peu importe la force
de la sportive, son organisme n'est pas fait pour supporter certains chocs ». D’éminents
docteurs, tel le Docteur Boigey, rappelle que : « La femme n'est pas faite pour lutter mais
pour procréer »8. Ainsi, le corps de la femme est avant tout fait pour la progéniture, tout autre
objectif dérange les consciences de l’époque et est impensable. Les vraies raisons de ces
interdictions dérivent en fait des mœurs conservatrices qui exigent qu'une femme ne se donne
pas en spectacle.
Le sport le plus critiqué à l’époque est le cyclisme. Les médecins trouvent cela scandaleux,
dénoncent l’attitude tendancieuse des femmes sur le vélo, attribut masculin, et insinue que ce
sport serait dangereux pour la maternité.
Cependant, la gymnastique se développe énormément au cours du XIXème siècle. Cette
activité est associée à des valeurs de santé et n’est pas considérée comme un sport. À partir de
1899, les premières sections féminines de gymnastique apparaissent. Elles se regroupent sous
l’Union Française de Gymnastique Féminine (UFGF) en 1912, sous la présidence masculine
de Monsieur Podestat et est composée de 80 associations affiliées en 1914.
En parallèle, les sports dans lesquels la femme évolue à l’abri des regards sont tolérés. Ainsi,
le club alpin français compte 10 % de femmes parmi ses membres dans les années 1880.
En effet, un autre problème se pose alors, la dimension corporelle donc sexuelle du sport
féminin. La tenue des sportives est étroitement surveillée. Il est dérangeant que le corps de la
femme soit visible, c’est pourquoi des injonctions normatives leur sont imposées, notamment
au niveau de leur tenue morale. Ainsi, le port du pantalon par une femme est permis en
gymnastique et la jupe doit être portée pour les sports féminins se pratiquant dans un lieu
public (vélo, sport équestre)9. Il n’est pas possible d’avoir les cheveux détachés ou les
chevilles nues.
Malgré tous ces obstacles, les Jeux Olympiques de 1900 à Paris admettent 22 femmes sur 997
athlètes à concourir dans cinq sports : le tennis, la voile, le croquet, l’équitation et le golf.
Cependant, seuls le golf et le tennis comportent des épreuves uniquement féminines10
.
8 BOIGET Maurice, Manuel Scientifique de l’éducation physique, Masson, 1939
9 BARBIER Muriel et FALLUEL Fabienne, Les Dessous Féminins, Par stone International, 2005, p. 272
10 Comité International Olympique, Les femmes dans le mouvement olympique, 2014 (consulté le 20 juin 2014),
disponible à http://www.olympic.org/Documents/Reference_documents_Factsheets/La_femme_dans_le_Mouvement_Olympique.pdf
10
Le sport féminin reste à cette époque réservée à la bourgeoisie, partie infime de la population
française.
La première guerre mondiale apporte une certaine émancipation pour les femmes. Les
hommes sont au front et les femmes les remplacent à l’usine, une nouvelle division du travail
s’établit et de nouvelles pratiques sportives aussi. Le football et l’athlétisme font leur
apparition chez les femmes, activités jusque là interdites.
Après la guerre, les hommes contrôlent encore le mouvement sportif et les femmes décident
de mettre en place leurs propres clubs. « Ce que l’homme parvient à acquérir par la force
musculaire, par son endurance physique, la femme le conquiert aussi par sa volonté, sa
ténacité et son courage »11
. À la fin de l'année 1916, deux associations parisiennes,
« Fémina Sport » créée en 1912 et « Académia » créée en 1915, fondent une Fédération
dissidente destinée clairement à contrebalancer l'influence de l'Union Française de
Gymnastique Féminine (UFGF) et à ouvrir tout le panel des sports aux femmes : la
Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France (FSFSF).
Les premiers championnats de France féminins d'athlétisme sont organisés dès juillet 1917 et
les sections féminines participent aux compétitions d'athlétisme de l'Union des Sociétés
Françaises de Sports Athlétiques (USFSA) créé en 1887 pour les hommes. La fédération est
déclarée officiellement le 18 janvier 1918 et Alice Milliat12
en devient présidente l'année
suivante. Elle organise en 1921 les premiers Jeux mondiaux féminins. Ils sont suivis des Jeux
féminins de Paris en 1922 et de Göteborg en 1926.
Les sociétés sportives féminines et les compétitions réservées aux femmes se multiplient.
Les femmes sont progressivement admises aux Jeux olympiques dans des sports de
démonstration : la boxe féminine lors des Jeux Olympiques d'été de 1904, la natation et le
tennis aux Jeux Olympiques de 1908 et de 1912, l’athlétisme et la gymnastique aux Jeux
Olympiques de 192413
.
11
ARNAUD Pierre et TERRET Thierry, Histoire du sport féminin, Paris, L’Harmattan, 1996 12
Annexe 1 13
LANDRY Fernand, LANDRY Marc Landry et YERLES Magdeleine, Sport, the Third Millennium, Presses
Université Laval, 1991, p. 364
11
Malgré les campagnes de dénigrement et l’avis défavorables des autorités politiques et
médicales de l’époque, certaines championnes parviennent à tirer leur épingle du jeu et à se
faire connaître du grand public, telles la joueuse française de tennis Suzanne Lenglen14
,
l’athlète Violette Morris, l’américaine Mildred Didri son Zaharias, l'exploratrice Alexandra
David-Néel et les aviatrices Maryse Bastié et Hélène Boucher15
.
Cependant, le sport est adapté aux femmes et facilité avec des terrains plus petits, des poids
plus légers. Une large partie de l’opinion public est en accord avec les propos d’Henri
Desgranges, créateur du Tour de France et journaliste français du début du XXème siècle :
« Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos,
inaccessible au public : oui d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours
de fêtes, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie
qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ! ». Il est mis en exergue que
jouer au football aurait « les plus graves effets sur les organes de la femme »16
.
Le sport devient désormais un terrain de combat idéologique.
Il faut attendre les Jeux olympiques de 1928 et le baron Henri de Baillet-Latour, successeur de
Pierre de Coubertin, pour que le sport féminin fasse réellement son apparition dans le
programme olympique, en dépit des réserves de la Faculté à l'encontre des activités physiques
intenses pour la physiologie féminine et d’une opinion complètement défavorable. « Le
véritable héros olympique est à mes yeux l’adulte mâle individuel. Les Jeux olympiques
doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les
vainqueurs », déclarait encore en 1925 Pierre de Coubertin.
La participation des femmes aux Jeux Olympiques se confirme en 1932 à Los Angeles et il
sera observé une augmentation constante de la proportion des femmes aux olympiades qui
passent de 2 % du total des athlètes en 1912 à 10% en 1948 et à 30 % en 199217
.
Le gouvernement de Vichy impose la fusion des organisations féminines avec les fédérations
masculines homologues. Ainsi, dans toutes les grandes fédérations, les compétitions
féminines et masculines redémarrent en même temps. Plusieurs sportives marquent l’après-
guerre, telles l’athlète Micheline Ostermeyer, la patineuse Jacqueline du Bief dont les exploits
sont reconnus au même titre que ceux de leurs homologues masculins.
14
Annexe 1 15
Association Thucydide, Les femmes et la République en France - La République au féminin, Le combat des
femmes sous la Troisième République (1871-1940), (consulté le 20 juin 2014), disponible à
http://www.thucydide.com/realisations/comprendre/femmes/femmes6.htm. 16
RACINE Georges, Le développement musculaire chez la femme, l’Education Physique et Sportive Féminine,
1923 17
PAUTOT Michel, Le sport spectacle. Les coulisses du sport business, L'Harmattan, 2003, p. 65
12
Dans les années suivantes, le sport féminin connaîtra un essor stimulé par toutes les
progressions sociales apparues : les congés payés, le développement des loisirs sportifs, la
généralisation de l’éducation physique et sportive à l’école, un changement des mentalités …
L’évolution du sport féminin se fait en parallèle de l’évolution du droit des femmes dans la
société et son développement en est d’autant plus rapide. Les femmes obtiennent le droit de
vote en 1944. En 1946, le préambule de la Constitution pose le principe de l’égalité des droits
entre hommes et femmes dans tous les domaines alors qu’en 1966 la femme peut exercer une
activité professionnelle sans l’autorisation de son mari et qu’en 1972 elle peut revendiquée
une rémunération équivalente aux hommes pour les travaux de valeur égale. En 1983 est
votée la loi sur l’égalité professionnelle entre hommes et femmes (dite "Loi ROUDY").
Grâce à toutes ces avancées dans le statut de la femme, le sport féminin se démocratise
fortement dès les années 1960, la progression des licences en sont un bon indicateur18
, passant
de 220 000 licences féminines en 1962, à 478 000 en 1970, à 1 131 000 en 1980, à 1 398 000
en 1999.
On observe également une progression du pourcentage des femmes sportives19
puisqu’on en
dénombre 22% en 1967, 32% en 1983 et 64% en 1994 par rapport à la population totale.
Les dernières fédérations récalcitrantes s’ouvrent aux femmes : la Fédération française de
cyclisme en 1959, de football en 1970, d’haltérophilie en 1984, de rugby en 1989 et
finalement de boxe en 1997. La Fédération Française d’athlétisme accepte la pratique
féminine du saut à la perche, du lancer de marteau, du triple saut et du 3 000 mètres steeple en
1987. Les programmes sportifs deviennent également plus égalitaires et la mixité dans les
cours d’Education Physique et Sportive est instaurée dans l’école à partir de 1970.
Les épreuves féminines se multiplient aux Jeux Olympiques et les exploits des femmes
également avec les skieuses Christine et Marielle Goitschel, les athlètes Colette Besson puis
Maryvonne Dupureur, la nageuse Christine Caron. En 1964, le journal l’Équipe couronne
même une première féminine, Marielle Goitschel, comme meilleure athlète français de
l'année, elle est la championne des champions. C’est une avancée cependant il est à rappeler
que le trophée existe depuis 1946 …
Les pays respectent de plus en plus le principe fondamental n°5 de la charte Olympique :
« toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondé sur des
considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autre est incompatible avec
l’appartenance au mouvement olympique ». En effet, il s’avère qu’aux Jeux Olympiques de
Barcelone en 1992, 35 délégations ne comportaient aucune femme dans leur rang. Face à
l’évolution des mentalités et aux nombreuses contestations quant à la violation manifeste de la
18
ARNAUD Pierre et TERRET Thierry, Histoire du sport féminin, Paris, L’Harmattan, 1996 19
TERRET Thierry, Education Physique, Sport et Loisir 1970 – 2000, AFRAPS, 2003, p. 45-66
13
charte, le nombre de pays envoyant des délégations sans femmes a largement baissé passant
de 26 aux Jeux Olympique d’Atlanta en 1996 à 8 aux Jeux Olympique de Sydney en 2000, à 3
aux Jeux Olympique de Pékin en 2008 (l’Arabie Saoudite, le Qatar et Brunei) puis à aucune
aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 !
Il faut attendre 1994 pour qu’une Conférence Internationale sur la place des femmes dans le
sport prenne place à Brighton, Royaume Uni. Les décisionnaires du domaine du sport aux
niveaux national et international se sont fixés comme objectif de créer un environnement
visant à faciliter et valoriser la participation des femmes à tous les aspects du sport.
Depuis les années 1990, une certaine «discrimination positive» est observée et les textes de
lois cherchent à aider et à favoriser la place des femmes dans a société. En 1995, un
observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes est créé. En 1998, une circulaire
apparaît, relative à la féminisation des noms de métiers. En 2000 est voté une loi sur l’égal
accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.
En France, c’est à partir de 1981 que la puissance publique affiche sa détermination de
changement et, en accord avec cette volonté, quatre femmes se succèdent au ministère de la
Jeunesse et des Sports jusqu'à la fin du siècle : Edwige Avice (1981-1984), Frédérique Bredin
(1991-1993), Michèle Alliot-Marie (1993-1995), Marie-George Buffet (1997-2002) qui a joué
un grand rôle dans le sport féminin en permettant un accès plus facile des femmes à la
pratique sportive, Roselyne Bachelot (2007-2010), Valérie Fourneyron (2012-2014) et Najat
Vallaud-Bellkacem (actuelle).
De 2002 à 2004, la France assure la présidence du réseau européen « Femmes et Sports » qui
aboutit au Rapport Femmes et Sports avec des actions à conduire et à soutenir. En dépit d'un
effort récent d'équilibrage qui en résulte, imposé par les pouvoirs publics, la situation générale
est cependant loin d'être réglée. Ainsi, seulement 6 femmes siègent au Conseil
d'Administration du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) pour
l'Olympiade 2012-2016 sur les 43 postes pourvus20
.
Il est urgent de mettre en place des politiques plus volontaristes car même si l’on observe une
certaine prise de conscience générale, le sport reste encore un terrain de discriminations
contre les femmes alors qu’elles font tout pour y remédier en accomplissant des exploits plus
bluffant les uns que les autres.
20
Comité national olympique et sportif français, Elections 2013 au CNOSF (archive), 2013 (consulté le 29 juin
2014), disponible à http://franceolympique.com/art/4203-denis_masseglia_reelu_a_la_presidence_du_cnosf.html#para_2
14
B. UNE QUETE DE L’EGALITE NON ACHEVEE
La part des femmes déclarant la pratique d’une activité physique ou sportive s’est
accrue de 11 points en dix ans (de 2000 à 2010) tandis que celle des hommes n’a augmenté
que de 5 points (à champ constant, individus de moins de 75 ans)21
.
Entre 2008 et 2012, les licences délivrées à des femmes ont progressé de 13,43% quand
celles délivrées à des hommes ont progressé de 5,81%22
.
Ainsi, la pratique du sport féminin est en forte hausse. Alors que seulement 9 % des femmes
pratiquent une activité physique en 1968, elles sont 32% en 1983 et aujourd’hui 64 % des
femmes déclarent avoir pratiqué au moins une discipline sportive durant l’année écoulée.
La présence des femmes est en constante augmentation dans les activités les plus exigeantes
au niveau de la résistance : course sur route, course à la montagne, marathon, triathlon, ski-
alpinisme. Elles se trouvent dans toutes les disciplines émergentes : bicross, skicross, ski
acrobatique, surf, escalade.
Même si cette augmentation concerne davantage des activités relevant des sports non
olympiques ainsi que des formes moins compétitives en comparaison des pratiques des
hommes, les écarts se resserrent entre les sexes. En effet, elles ne sont que 35 % à prendre une
licence dans une fédération contre 65 % des hommes et se concentrent dans les catégories
dites « féminines », tels la gymnastique, la danse et l’équitation23
: « les pratiques sportives
restent clairement des territoires sexués, exactement comme le monde du travail »24
.
Ainsi, les sports olympiques connotés comme masculins en 2012 restent :
- La Fédération Française de Football avec 4,5% de licenciées.
Ce retard s’explique par la reconnaissance officielle tardive pour ce sport chez les femmes. En
effet, la pratique du football par les françaises a débuté en 1917 avec un premier match en
Equipe de France en 1920. Cependant, il faut attendre 1970 pour que la pratique soit reconnue
officiellement par la Fédération.
Malgré une entrée récente dans ce sport de haut niveau, les footballeuses françaises ont un
palmarès impressionnant et ont toujours figuré dans le top 10 du classement mondial féminin
de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Elles finissent 4ème de la
Coupe du monde en 2011. Ces belles performances et le plan de féminisation mis en place par
21
Statistiques du Ministère des sports, Les chiffres clés de la féminisation du sport en France, 2012/2013
(consulté le 2 juillet 2014), disponible à http://doc.semc.sports.gouv.fr/documents/Public/ccfs_2012-2013_06062014.pdf 22
Annexe 2 23
CLAIRON Eric, Les licences et clubs des fédérations sportives agréées en 2012, Bulletin de statistiques et
d’études, Ministère des sports, 2014 (consulté le 2 juillet 2014), disponible à
http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/n14_janvier_2014_internet.pdf 24
LOUVEAU Catherine, Femmes sportives, corps désirables, le Monde diplomatique, 2000
15
la Fédération ont permis une hausse de 8% des licenciées par an, atteignant environ 67 000
joueuses aujourd’hui.
La Fédération a pour ambition d’élever le nombre de licenciées pour atteindre les 150 000
licenciées de l’Angleterre, encore bien loin de l’Allemagne avec plus d’un million de
licenciées ou des Etats-Unis avec ses 1,6 millions de licenciées, premier sport féminin
américain.
- La Fédération Française de Rugby avec 4,9% de licenciées.
Apparu en 1965 puis intégrer à la Fédération Française de Rugby à partir de 1989, le XV
féminin peut se targuer de voir son nombre de licenciées augmenter d'années en années.
Tout comme pour l'équipe de France masculine, il existe un Tournoi des Six Nations lors
duquel les joueuses ont remporté 4 grands chelems, une Coupe du monde où elles se placent
régulièrement à la 3ème place (1991, 1994, 2002, 2006 et 2014)25
.
Malgré des clichés encore très sexistes en raison de l’engagement physique de ce sport, le
brillant parcours des bleues a permis un suivi de plus en plus accru de leur évolution.
- La Fédération Française de Cyclisme avec 10,2% de licenciées.
Dans ce sport encore, la mauvaise réputation des femmes faisant du vélo durant une grande
partie du XXème siècle a retardé son évolution. Le cyclisme féminin s'ouvre encore trop peu
aux femmes. Il existe pourtant un Championnat du Monde ainsi que la traditionnelle Grande
Boucle féminine crée en 198426
. Mais trop souvent escamotée par le Tour de France, cette
dernière a été stoppée pour des raisons économiques.
Cependant, le palmarès de la Française Jeannie Longo, capable à quarante-deux ans de battre,
en 2000, le record de l'heure, a amorcé un nouveau regard sur la participation des femmes à
cette discipline et des efforts sont faits par la fédération. Par exemple, en prélude de l'arrivée
du Tour de France masculin 2014, a été retransmise une nouvelle course de cyclisme féminin
sur le circuit final des Champs Elysées à Paris27
.
- La Fédération Française de Boxe avec 12,3% de licenciées.
Les préjugés d'une grande partie du monde sportif, des médias et de la société a longtemps
retardé le développement de la boxe anglaise féminine qui ne commence à prendre son essor
que dans les années 1990 en amateur puis avec l'apparition d'organisations professionnelles.
Les performances de plusieurs femmes, telles Myriam Lamare et Anne-Sophie Mathis,
championnes du monde ainsi que le succès du film « Million Dollar Baby » récompensé en
25
Wikipédia, Coupe du Monde de rugby à XV féminin (consulté le 2 juillet 2014), disponible à
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_du_monde_de_rugby_%C3%A0_XV_f%C3%A9minin 26
LAGRUE Pierre, SPORT (Disciplines) - Le cyclisme, Encyclopædia Universalis (consulté le 25 août 2014),
disponible à http://www.universalis.fr/encyclopedie/sport-disciplines-le-cyclisme/ 27
20 minutes, Cyclisme: Une course féminine sur les Champs-Elysées avant l'arrivée du Tour de France
(consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.20minutes.fr/sport/cyclisme/1287118-20140201-cyclisme-
course-feminine-champs-elysees-avant-arrivee-tour-france
16
2005 par 4 Oscars ont néanmoins amené les femmes à pratiquer ce sport. Symbole de ce
récent développement, la boxe féminine a été inscrite en 2012 au programme des Jeux
olympiques d'été à Londres.
Cependant, la boxe demeure assez impopulaire auprès de la gente féminine qui y voit un
sport violent typiquement masculin.
Les sports olympiques connotés comme féminins en 2012 restent :
- La Fédération Française de d’Equitation avec 82,5% de licenciées.
La féminisation de ce sport est due au fait qu’il n’a jamais été vraiment interdit aux femmes.
Au Moyen-Age, les femmes montaient à cheval pour accompagner leurs maris à la chasse. De
plus, la force athlétique du cheval est plus déterminante que celle du cavalier, les hommes et
femmes se retrouvent confrontés dans les mêmes épreuves.
- La Fédération Française de Gymnastique avec 78,8% de licenciées.
La gymnastique a été l’un des premiers sports autorisés aux femmes et initiés à l’école. Les
pouvoirs publics encourageaient même les femmes à pratiquer la gymnastique pour entretenir
leurs corps. Cette tradition a permis à a gymnastique de se développer fortement dès les
années 1910.
- La Fédération Française de Randonnées avec 61,5% de licenciées.
Les femmes étaient autorisées à faire de la randonnée, dans des endroits gardés loin des yeux
du grand public. Ainsi, les femmes ont tout le temps pratiqué la randonnée.
Il s’avère que les femmes sont également moins compétitives que les hommes, pratiquant du
sport de loisir plus que de compétition, avec pour priorité une pratique dans une ambiance
communautaire et conviviale. Pour preuve, parmi les personnes ayant déclaré pratiquer une
activité sportive, participent à des compétitions officielles : 20% d’hommes et 5% de
femmes28
.
Cette différence de pratique se vérifie dans le succès des courses à pieds 100% féminines qui
promettent une ambiance décontractée et festive. La 18e édition de la « Parisienne » attend
35 000 participantes cette année29
contre 1 500 en 1997.
Ainsi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à pratiquer un sport aujourd’hui et
réalisent de bonnes performances tant au niveau national qu’international. Aujourd’hui, de
plus en plus de sportives sont connues du grand public. Cependant, malgré les performances,
le sport féminin diffère du sport masculin par le fait qu’il y ait plus d’hommes que de femmes
en compétition.
28
MIGNON Patrick et TRUCHOT Guy, Les Pratiques sportives en France, Ministère des Sports/INSEP, 2002 29
La Parisienne, Quelques chiffres, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à
http://www.la-parisienne.net/site-course/100-pour-cent-femme/quest-ce-que-la-parisienne/quelques-chiffres-2
17
Il y a seulement 36,5% de femmes inscrites sur la liste ministérielle des sportifs de haut
niveau30
. Le manque de visibilité des sportives professionnelles amène les adolescentes à ne
pas se retrouver dans des modèles qui ont réussi et à mettre le sport entre parenthèse pour se
consacrer à leurs études, jugées plus sures sur le long terme. Fautes de pratiquantes, plusieurs
sports connaissent un avenir incertain car la relève n’est pas assurée. Par exemple, en saut en
hauteur où Mélanie Melfort est seule au haut niveau, en aviron, au badminton ou en cyclisme.
Cependant, une nouvelle vision du sport féminin se développe grâce aux excellentes
performances féminines dans diverses disciplines et le grand public commence à s’intéresser à
elles.
Aux Jeux Olympiques, le sport français bénéficie depuis plusieurs années d'une forte hausse
de la représentation des femmes dans les performances enregistrées par ses athlètes de haut
niveau. Les derniers Jeux Olympiques d'été de Londres 2012 en sont une illustration
éclairante avec 15 des 34 médailles décrochées par les françaises (soit 44 %) et quatre des
onze titres olympiques français (soit 36 %). Ces résultats marquent une forte augmentation
par rapport à la précédente édition à Pékin en 2008 (7 médailles sur 41 et un titre olympique
sur sept, soit respectivement 17 % et 14 %). Une part importante des médailles de Londres
provienne de disciplines faiblement médiatisées (tir, canoë-kayak, VTT, taekwondo).
Au football, en 2011, l’équipe féminine de football a gagné 10 matchs éliminatoires, marqué
50 buts en n’en encaissant aucun, battu l'Angleterre en quart de finale puis s’est classée
quatrième après deux défaites.
L’équipe de l’Olympique Lyonnais a gagné 2 titres de ligue des champions (2011/2012), deux
finales de ligue de champions (2010/2013), a été 11 fois championnes de France et 4 fois de la
Coupe de France, notamment en 2012, 2013 et 201431
.
En cyclisme, Jeannie Longo a remporté 30 médailles aux Jeux olympiques et aux
championnats du monde de cyclisme, un titre olympique, treize championnats du monde, trois
victoires du Tour de France féminin, 38 records du monde, et 1 157 victoires depuis sa
première licence32
.
En basket-ball, l’équipe féminine a obtenu deux titres de championne d'Europe et est vice-
championne olympique en 2012. Le basket féminin a donc devancé son homologue masculin
qui ne possède qu’un titre de champion d’Europe, obtenu en 2013.
En handball, les femmes ont obtenu un titre de championne du monde, ont terminé trois fois
vice championnes du monde et ont gagné trois médailles d’or aux Jeux méditerranéens.
30
Sénat, Egalité des femmes et des hommes dans le sport : comme dans le marathon, ce sont les derniers mètres
les plus difficile, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.senat.fr/rap/r10-650/r10-65041.html 31
OL Web, Palmarès, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.olweb.fr/fr/feminines/palmares-1-
196.html 32
Wikipédia, Jeannie Longo, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeannie_Longo
18
Au rugby, les rugbywomen ont gagné trois grands chelems, 4 Coupes d’Europe et ont
décroché une 3e place en Coupe du Monde en 1994, 2002, 2006 et 2014.
En athlétisme, plusieurs femmes se sont illustrées, telles Christine Aaron, détentrice du record
d’Europe du 100 mètres ou Muriel Hurtis qui a le record de France du 4x100 mètres et du 200
mètres en salle. Aux derniers championnats d’Europe à Zurich, sur les 23 médailles obtenues,
11 l’ont été par des femmes dont 4 médailles d’or en saut en longueur avec Eloyse Lesueur,
marathon avec Christelle Daunay, heptathlon avec Antoinette Nana Djimou et 4x400 mètres
grâce à Marie Gayot, Muriel Hurtis, Agnès Raharolahy et Floria Guei33
.
En natation, Camille Muffat et Laure Manaudou ont toutes deux un titre olympique et
comptent plusieurs victoires dans différents championnats de natation.
En escrime, Laura Flessel est double championne olympique, six fois championne du monde
et une fois championne d'Europe et Anne-Lise Touya est quatre fois championnes du monde
et trois fois championne d'Europe.
Au judo, Lucie Décosse a gagné 3 titres de championnes du monde, quatre titres européens,
elle est championne olympique en 2012, vice championne du Monde en 2007 et vice
championne olympique à Pékin en 2008. Elle gagne 7 fois le tournoi de Paris.
Au tennis, tout le monde connaît les performances de Mary Pierce et Amélie Mauresmo avec
deux victoires en grand chelem suivies de Marion Bartoli avec une victoire.
Les sportives excellent dans bien d’autres sports, ce qui suscite un engouement de plus en
plus prononcé de la part du public mais aussi de la part des diffuseurs dont la concurrence est
de plus en plus accrue.
En raison des performances sportives, le sport féminin est de plus en plus médiatisé et la
participation des femmes aux compétitions sportives s’accentue. Par exemple, en 2008, aux
Jeux Olympiques de Beijing, 42% des athlètes étaient des femmes.
Cependant, même si de plus en plus de disciplines s’ouvrent aux femmes, de nombreuses
inégalités persistent et des sports sont encore réservés exclusivement aux hommes. Ainsi, il a
fallu attendre les Jeux Olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi pour voir les femmes admises au
concours olympique de saut à ski, 90 ans après le premier concours olympique masculin à
Chamonix en 192434
.
33
FranceTv info, Championnats d'Europe d'athlétisme : la France termine la compétition avec 23 médailles, un
record historique, (consulté le 20 août 2014), disponible à
http://www.francetvinfo.fr/sports/athletisme/championnats-d-europe-d-athletisme-2014/championnats-d-europe-
d-athletisme-la-france-peut-elle-battre-son-record_671155.html 34
Annexe 3
19
Lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, il existait encore 30 disciplines
supplémentaires pour les hommes. En effet, les femmes ne peuvent concourir que dans 3
catégories de poids différentes en boxe contre 10 pour les hommes. En canoë kayak, il existe
5 disciplines féminines contre 11 masculines, au tir, 6 contre 9, à la voile 4 contre 6, à la lutte
seulement 4 contre 14. Les hommes ne peuvent pas concourir en gymnastique rythmique et en
natation synchronisée. Au total, les femmes se voient retirer 90 chances de médailles en
comparaison aux hommes lors des Jeux Olympiques !
Une image encore négative se dégage du sport féminin, souvent perçu comme moins
spectaculaire, moins rapide, moins technique, moins athlétique, par rapport à la pratique
masculine. Pourtant, une analyse approfondie du jeu permettrait de constater que les sports
féminins et masculins d’une même discipline se joue de manière différente. Par exemple, le
football féminin évolue avec moins de duels et de tacles mais avec plus de jeu en triangle, de
dédoublements, de buts en mouvement.
Il est démontré que les performances des sportives ne sont pas reconnues à leur juste valeur
comme le prouve le peu d’attribution du titre de Gloire du sport52
, créé en 1993, à des
femmes. Honorant les anciens sportifs, dirigeants sportifs, entraîneurs et journalistes sportifs
ayant brillé au service du sport français, il décerne ce prix à 56 femmes sur 306 titres.
Même scénario avec l’attribution du Grand Prix Serge Kampf de l'Académie des sports
récompensant la meilleure performance mondiale de l'année toutes nations confondues54
. En
tout, 7 titres ont été attribués à des femmes sur 62.
Les femmes sont de plus en plus performantes dans le haut niveau et rivalisent souvent avec
leurs confrères masculins sur les mêmes disciplines. Malgré tous leurs exploits et prouesses,
une grande disparité existe dans le traitement médiatique du sport féminin et masculin
favorisant ce dernier en dépit de la volonté toujours plus grande du public de s’y intéresser.
C. UNE FAIBLE MEDIATISATION DU SPORT FEMININ EN DECALAGE AVEC
LA DEMANDE ACTUELLE
Depuis le début du XXème siècle, la pratique sportive professionnelle des femmes est
en hausse et les exploits sportifs féminins sont mis en lumière de façon plus importante par les
médias. « D’une non exposition de certaines compétitions sportives féminines, il y a quelques
années, on observe à présent une exposition du sport féminin sur des chaînes publiques,
accessible à tous » déclarait David Djaoui, directeur de l'harmonisation et de l'événementiel à
France Télévisions, au sujet de la médiatisation du sport féminin.
Il est vrai que des progrès ont été faits, cependant, l’inégalité de diffusion du sport féminin et
masculin à la télévision est encore criante. Une étude du Conseil supérieur de l'audiovisuel
(CSA) menée fin 2012 a mis en évidence cette constatation. Seules 148 heures de sport
20
féminin ont été diffusées à la télévision au cours du dernier trimestre de l'année 2011, soit à
peine 7% du volume global des retransmissions sportives. En outre, sur ces 148 heures,
seulement 7 heures étaient en accès gratuit à la télévision, soit à peine 5% de l'offre de
retransmission des compétitions féminines. Ainsi, environ 95% du sport féminin n’était
accessible que sur des chaînes payantes35
, soit à une partie privilégiée de la population.
D’ailleurs, l’association « Femmes solidaires » a mis en ligne une pétition36
nommée « Pas de
filles hors jeu » afin qu’il y ait une meilleure retransmission télévisée des grands événements
sportifs féminins. Il est demandé une modification du décret du 24 décembre 2004 qui régit la
retransmission télévisée des événements sportifs importants et fixe notamment une liste de 21
compétitions, parmi lesquels ne figurent que sept épreuves féminines.
Il est urgent de remédier à ce déséquilibre dans la médiatisation des évènements sportifs car
les médias ont un rôle majeur et la médiatisation du sport féminin a un énorme impact dans
l'engouement de la pratique sportive. Une étude a montré que 11% des téléspectateurs
affirment pratiquer une nouvelle discipline parce qu'ils l'ont vu à la télévision.
En privilégiant le sport masculin, les médias dévaluent le sport féminin et inhibent la
participation des femmes, qui se sentent illégitimes dans le domaine sportif. En outre, cette
faible médiatisation prive les jeunes pratiquantes de modèles que pourraient endosser les
sportives professionnelles et est susceptible de les décourager dans la pratique de sports peu
valorisés.
Najat Vallaud-Belkacem, actuelle ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Education
populaire et de la Vie associative, déclarait à raison : « les médias ont une responsabilité
essentielle et une opportunité historique, celle de participer à la construction de vocations
chez les jeunes filles comme chez les jeunes garçons ».
On constate des hausses de médiatisation lors de grands évènements sportifs internationaux,
mais les sportives retombent vite dans l'oubli. Pourtant, le sport féminin dépend très
directement de sa médiatisation, dans les domaines amateur comme professionnel. Suite aux
exploits des Braqueuses, vice-championnes olympiques à Londres, la Fédération Française de
Basket-ball (FFBB) a ainsi enregistré une hausse conséquente du nombre de ses licenciées.
Dans la presse, cette inégalité de traitement se vérifie. Lors du colloque sur « les femmes et le
sport », organisé par le ministère de la Jeunesse et des Sports, il a été mis en évidence la
relation existant entre la place des femmes dans des pratiques sportives et leur faible
médiatisation. Dans la presse écrite, la surface rédactionnelle concernant le sport féminin n’a
35
L’Echo Républicain, A la télévision, le sport collectif féminin peine à transformer l'essai, consulté le 10 août
2014), disponible à http://www.lechorepublicain.fr/eure-et-loir/mag/tv/actu-medias/2014/08/08/a-la-television-
le-sport-collectif-feminin-peine-a-transformer-l-essai_11105950.html 36
Femmes solidaires, A la télé, pas de filles hors jeu, (consulté le 10 août 2014), disponible à http://femmes-
solidaires.org/spip.php?article235
21
jamais dépassé 25% avec des déséquilibres entre la presse régionale et la presse nationale. Les
trois quarts de ses 25% concernent la compétition de haut niveau et 52% de ces articles
traitent de victoire des sportives. La presse locale est souvent plus clémente avec ses sportives
locales, tels le « Républicain » avec les handballeuses de Metz, « Nice matin » avec les
volleyeuses de Cannes ou « le Berry » avec les basketteuses de Bourges.
L'analyse des rubriques sportives de L'Equipe, le Monde et le Figaro, respectivement 8,9 %,
8,8 % et 6,9 % démontrent qu’ils ne consacrent qu'une faible part de leurs articles au sport
féminin37
.
Ainsi, malgré les bonnes prestations des footballeuses, les médias français ne donnent à ce
sport qu’un petit espace. Par exemple, l’Equipe ne fit qu’une brève de moins de 70 mots sur la
demi-finale de la Coupe UEFA féminine à laquelle participait le club français de l’Olympique
lyonnais, meilleur club européen. Une demi-finale de Coupe d’Europe impliquant un club
français dans tout autre discipline a le droit à un traitement beaucoup plus conséquent.
En judo, Lucie Décosse, malgré son palmarès équivalent à bien des hommes, obtient 67
mentions dans le Monde contre 97 pour Teddy Riner, 10 articles lui ont étaient dédiés depuis
2002 contre 35 pour son homologue masculin. Les judokates ont obtenues 8 des 9 médailles
aux championnats d’Europe et pourtant, l’unique médaille de Teddy Riner a été médiatisée.
Comme sportive, seule Laure Manaudou a fait la Une du magazine féminin « Elle » en 2007
et ces dernières représentent 1% de la presses féminine alors que la presse masculine et
féminine affichent régulièrement des champions. L’Equipe Mag a fait sa couverture avec
seulement trois sportives : Jeannie Longo, Amélie Mauresmo et Lindsey Vonn entre juin 2008
à mars 2012, sur plus de 190 parutions.
En 2011, le Parisien 2011 a présélectionné 10 champions en lice pour le titre de sportif de
l’année. Une seule femme figurait dans cette liste, Sandrine Soubeyrand, capitaine de l’équipe
de France de football. Pour l’Equipe, la seule femme en lice était Lucie Décosse.
Cependant, les mentalités évoluent. Preuve en est que Lucie Décosse a été élue femme de
l’année 2011 par RTL et Marie Claire suite aux votes de leurs internautes, 37,4% des voix, et
devant des chanteuses et des actrices. Camille Muffat a été sacrée athlète de l’année 2011 par
l’Union Nationale des Journalistes Sportifs Français alors que la boxeuse Anne-Sophie Mathis
a reçu le Gant d’Or pour sa saison 2010-2011 avec ses 29 victoires dont 25 par KO. Ce prix a
été fondé par l’Equipe en 1987 pour récompenser le meilleur boxeur et aucune femme n’avait
été nominée depuis sa création. Petit point noir, le fondateur de ce prix, Jean-Claude Bouttier,
exprimait il a quelque temps son aversion pour la boxe féminine et reste gêné « de voir deux
femmes se battre ».
37
DELORME Nicolas et & Raul Pauline, Place et production journalistique des femmes dans les départements
sportifs des quotidiens français, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010
22
Cette année, Eurosport, a innové en créant un magazine d'une heure diffusée tous les lundis
dès le 22 septembre exclusivement consacré au football féminin : « Femmes de foot ».
Cette nouvelle vision du sport féminin est notamment due aux excellentes performances
féminines dans diverses disciplines, comme mentionnées précédemment, ce qui suscite un
engouement de plus en plus prononcé du public mais aussi des diffuseurs dont la concurrence
est de plus en plus accrue.
Tout d’abord, le grand public suit de plus en plus le sport féminin. Diverses études prouvent
cette attractivité réelle du sport féminin. Ainsi, selon une étude réalisée en 2013 par Havas
Sports et Entertainment, il s’avère que 70% des Français pensent que le sport féminin est tout
aussi intéressant que le sport masculin, manifestant ainsi un fort intérêt pour la pratique
féminine du sport et le spectacle de ses compétitions. De même, 64% des Français expliquent
qu’ils regarderaient davantage de retransmissions de sport féminin à la télévision si l'offre
était plus abondante.
Il existe un potentiel de téléspectateurs prêts à consommer du sport féminin dans les médias,
pour peu que le contenu soit attractif.
Ensuite, les femmes elles-mêmes manifestent un intérêt croissant pour le spectacle sportif et
font partie des 46% de français passionnés de sport postés derrière leurs écrans de télévision
environ 4 heures par semaines.
Les préjugés quant à la médiocrité du sport féminin s’atténuent également. Souvent comparé
au sport masculin, de plus en plus de personnes s’insurgent contre cette perception en
démontrant que le sport féminin est unique, avec d’autres styles de jeu, d’autres codes. Certes
il y a des différences, mais il y en a tout autant entre une soprano ou un ténor, pourtant
personne n’irait dire que l’un procure moins d'émotion que l’autre. Le sport féminin est moins
amusant tout simplement parce qu’il est moins connu.
Du point de vue du niveau de performance et de la volonté du grand public, rien ne justifie
donc que les compétitions sportives féminines soient moins diffusées que les compétitions
masculines. Cependant, de nombreux médias invoquent la faible attractivité du sport féminin
en termes d'audience.
Les faits tendent à prouver le contraire38
. En termes d'audience, il a été observé que les
performances remarquables des sportives françaises pouvaient trouver leur public. En outre, la
retransmission de compétitions féminines peut permettre aux chaînes de bénéficier d'un gain
d’image car elles affirment leur volonté à se positionner sur une offre différente de
38
BERKANI Sonia, Les idées reçues sur le sport féminin, Havas Sport&Entertainment, (consulté le 16 août
2014), disponible à http://www.havas-se.fr/news/les-idees-recues-sur-le-sport-feminin
23
programmes sportifs, autour d'événements peu exposés en télévision. Cette prise de risque
peut être payante.
Direct 8 détient l'une des plus belles audiences de la TNT avec la demi-finale de la Coupe du
Monde 2011 et ses 2,4 millions de téléspectateurs en plein été, soit 17,4% des parts de
marché. En temps normal, l'audience moyenne de Direct 8 oscille entre 2 et 2,5% de part de
marché. En 2010, le parcours des Lyonnaises avait récolté une audience de 1,2 million de
téléspectateurs, 4,9% de parts de marché, avec un pic à 1,9 million.
Les matchs qualificatifs des Bleues à l'Euro 2013 ont séduit entre 720 000 et 940 000 fans et
800 000 spectateurs ont suivis la finale de la Coupe de France de football féminin en 2013.
La finale dames de Roland-Garros 2013 entre Serena Williams et Maria Sharapova a permis à
France 2 d'être leader tout un samedi après-midi avec plus de 25 % de part de marché. La
finale de Marion Bartoli à Wimbledon l’an dernier a rassemblé plus d’un million de
téléspectateurs en plein après-midi.
Les matches de l'équipe de France féminine de rugby ou les rencontres de D1 féminine font
des audiences d’environ 400 000 à 500 000 téléspectateurs sur France 4 avec un pic à 800 000
pour la finale de la Coupe de France. Le match d’ouverture des bleues 2014 a attiré plus d'un
million de téléspectateurs en moyenne avec un pic à 1,4 million en fin de match, soit 5,3 % de
part d'audience, contre une part de 1,6 % en moyenne pour l'ensemble de ses programmes,
puis 1,5 million de téléspectateurs, soit 7,4% de part de marché, lors du second match de la
Coupe du Monde.
La finale de l'Eurobasket Women 2013 perdue par les «Braqueuses » a attiré 3,3 millions de
spectateurs alors que la finale de handball féminin lors des championnats a attiré 3.4 millions
de téléspectateurs sur France 3.
De la même manière, la diffusion de rencontres de Ligue des Champions de volley-ball
féminine rivalise et peuvent dépasser en audience celles de la même compétition masculine.
Des résultats équivalents ont été obtenus pour les compétitions de natation ou d'athlétisme où
il n'existe pas de décrochage entre épreuves féminines et masculines.
Sur le Top 20 des meilleures audiences sportives de l’année 2012, 6 sont liées au sport
féminin avec notamment la demi-finale France/Russie de basket-ball lors des Jeux
Olympiques de Londres avec 7,7 millions de téléspectateurs. Ainsi, lorsque le sport féminin
est logé à la même enseigne que son homologue masculin, il draine tout autant de
téléspectateurs. En effet, 50% des meilleures audiences des Jeux Olympiques de Londres
concernaient des épreuves féminines39
.
39 BERKANI Sonia, Les idées reçues sur le sport féminin, Havas Sport&Entertainment, (consulté le 16 août
2014), disponible à http://www.havas-se.fr/news/les-idees-recues-sur-le-sport-feminin
24
Christine Kelly affirme que « le téléspectateur ne veut pas du sport féminin, mais du sport
tout court, Il veut voir de la performance et de l'émotion. »
Face à ces bonnes audiences, différentes chaînes se sont engagées dans la diffusion du sport
féminin :
Football : France Télévisions et Eurosport ont un partenariat avec la Fédération pour
retransmettre la Coupe de France féminine et le championnat de France de D1 féminine.
Handball : Sport + a un partenariat avec la Fédération pour diffuser la Coupe de France
féminine et le championnat de France de D1 féminine alors que Bein Sports diffusera avec
Eurosport 2 la ligue des champions de handball féminin.
Rugby : Eurosport et France Télévisions se partagent les matches de poule des Bleues de la
Coupe du Monde de rugby alors que la finale est diffusée en clair sur France 4.
Basket-ball : Canal + retransmet la ligue féminine et co-diffuse avec France Télévisions les
matchs de l’équipe de France.
Volley-ball : Ma Chaîne Sport diffuse le Championnat de France et Bein Sports les
Championnats du Monde.
Tennis : Ma Chaîne Sport a les droits pour le Women's Tennis Association Tour.
Au vu de la structuration du marché des droits télévisuels, les géants du sport que sont
Eurosport et Canal + pourraient bien participer à l'inflation des coûts des droits, évinçant ainsi
les plus petits acteurs. Une inflation qui a déjà débuté mais qui reste tout de même environ
100 fois inférieurs aux droits des hommes.
D’autres arguments sont mis en valeur dans la faible médiatisation du sport féminin,
notamment la mauvaise état des équipements sportifs dans lesquels les équipes féminines
évoluent, le différentiel de niveau entre les équipes féminines qui amène à des scores dénués
de sens et l’absence de public lors des matchs avec des tribunes vides qui renvoie une image
négative de la rencontre diffusée et n’attire pas le public.
« Les gens veulent du spectacle. Il faut voir le niveau de certains sports féminins. Quand en
D1 de football, le 1er
gagne par plus de dix buts d’écart, ça n’intéresse pas le grand public »
déclarait Vincent Rousselet-Blanc, rédacteur en chef du site « En pleine lucarne » et de
continuer : « Toutes les personnes qui travaillent dans le monde de la télé vous le diront, il y a
aussi le côté télégénique qui entre en ligne de compte. Lorsque vous allez dans une salle de
handball ou de basket pratiquement vide et qu’il n’est même pas possible d’installer une
caméra car ces salles sont mal adaptées, eh bien le public n’a pas envie de regarder ! ».
Ainsi, il est du ressort de tous les acteurs de faire un effort, les chaînes, les fédérations, les
ligues, les collectivités territoriales, pour que la médiatisation du sport augmente.
Christine Kelly, membre du CSA, déclarait récemment : « C'est de la responsabilité de
chacun, des Fédérations, des Ligues, d'aider les chaînes à médiatiser. Les chaînes sont là,
croyez moi, elles veulent faire des efforts. Aidons les ».
25
Et cette dernière est dans le vrai. L’intérêt des sponsors40
pour le sport féminin ne viendra que
si celui-ci est médiatisé, ce qui ne sera le cas que si il y a des résultats sportifs. Pour connaître
des performances sportives, il faut des sportives professionnelles, évoluant de préférence sur
des terrains corrects et ayant accès à des infrastructures suffisamment modernes pour pouvoir
s’entraîner régulièrement. Pour avoir ces structures, il faut investir et ce n’est absolument pas
le rôle des médias mais des clubs qui sont tributaires de la formation des sportives. Par la
suite, l’équipe nationale pourra intégrer des sportives provenant de ces clubs pour évoluer à
un plus haut niveau et accomplir des exploits qui leur permettront d’être médiatisées et la
boucle est bouclée. La Fédération peut ensuite aider pour les financements et la
communication auprès du grand public afin de créer un engouement autour de sa discipline.
Evidemment, il faut prendre un risque et beaucoup de clubs ne sont pas prêts à investir des
milliers d’euros pour n’être retransmis à la télévision que 4 ou 5 fois par an. Arnaud Simon,
Directeur Général d’Eurosport, répondait à cet argument en expliquant : « Il faut beaucoup
d’énergie et de volonté (…) Il faut accepter que parfois, le stade ne soit pas dans un état
idéal, que les niveaux entres deux équipes soient disparates […] Il faut accepter cela pour
construire ». Afin de créer un attractivité du public, il prône une répartition des missions : les
chaînes payantes doivent construire le feuilleton du sport féminin et les chaînes gratuites
apporter un éclairage plus large sur celui-ci.
Et en effet, les joueuses de football de l’Olympique Lyonnais ou de Juvisy commencent à
créer leur histoire. Le grand public les reconnaît et leurs parcours, échelonné d’exploits, sont
admirés. Lors de leurs rencontres, de plus en plus de monde viennent les soutenir et elles
attirent autour d’elles de plus en plus de fans.
Alors que les performances des sportives féminines ne cessent de se multiplier41
, elles ont
encore du mal à exister aux yeux du grand public et à recevoir un traitement médiatique
équivalent à leurs homologues féminins. Des progrès sont faits dans la reconnaissance de
leurs exploits et de plus en plus de chaînes de télévision d’y intéressent mais un grand écart
subsiste encore entre sportives et sportifs. Pour y remédier, l’Etat prend des mesures en faveur
du sport féminin et des évènements dédiés aux femmes sont créées.
40 3% des 273 millions d'euros investis par les 100 plus grands sponsors le sont dans le sport féminin ce qui est
négligeable (Huffpost, Un chantier prioritaire pour Najat Vallaud-Belkacem: la médiatisation du sport féminin,
2014, (consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/julian-jappert/mediatiser-sports-
feminins_b_5123578.html)
41 Annexe 5
26
II. DES MESURES EN FAVEUR DU DEVELOPPEMENT SUR LA
DUREE DU SPORT FEMININ
Le ministère en charge des Sports a pris en main le problème du sport féminin et mène
actuellement une politique volontariste pour développer « la pratique féminine, valoriser le
sport féminin dans les médias et favoriser l’accès des femmes aux postes à responsabilités
dans les institutions sportives » 42
.
A. SOUTIEN DE L'ETAT AU DEVELOPPEMENT ET A L'EXPOSITION DU SPORT
FEMININ
L’Etat a donc pris différentes mesures afin de valoriser le sport féminin, et ce dès
1981, date à laquelle la puissance publique affiche sa volonté de changement. L’une des
premières mesures engagées a été de permettre à des femmes d’intégrer le Ministère de la
Jeunesse et des Sports jusqu'à aujourd’hui avec Madame Najat Vallaud-Belkacem. Des
mesures incitatives sont mises en place mais le rôle social et intégrateur du sport se heurte à
des résistances culturelles fortes.
Le gouvernement actuel a accéléré la mise en place de politiques publiques initiées en faveur
du sport féminin et mène une politique volontariste pour développer la pratique féminine car
de nombreux clubs n’acceptent toujours pas de joueuses, ne voyant pas la nécessité de créer
une section féminine. Dans certains cas, même s’il existe une section féminine, les horaires
d’entraînement et l’attribution des terrains sont décernés de façon prioritaire aux garçons.
Tout cela augmente les difficultés de l’accès à la pratique, des progrès des joueuses et du
développement du sport féminin.
Najat Vallaud-Belkacem estime que la « féminisation peut booster le sport » et veut
promouvoir « la présence des femmes dans les instances dirigeantes, les sportives dans les
médias et la pratique féminine 43
».
Ainsi, l’Etat a indiqué qu’il allait mettre en place plusieurs plans d’actions.
Afin de hausser la médiatisation du sport féminin qui ne représente que 7% des
retransmissions sportives, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé qu’elle comptait obliger le
service public à diffuser plus d'évènements sportifs féminins, les obligations des chaînes
42
Ministère des sports, La politique de féminisation du sport, 2014, (consulté le 20 juillet 2014), disponible à
http://www.sports.gouv.fr/pratiques-sportives/le-sport-pour-tous/Sport-au-feminin-11071/La-politique-de-
feminisation-du-sport/ 43
Huffigton Post, Valoriser le sport féminin à la hauteur du spectacle et des exploits qu'il donne à voir, 2013,
(consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/valerie-fourneyron/valoriser-sport-
feminin_b_4323999.html
27
publiques et privées en matière de retransmission d'épreuves sportives féminines vont être
étendues. Ce travail portera notamment sur le décret du 22 décembre 200444
appliquant en
France la directive européenne dite « Télévision sans Frontières » (TSF).
Ce décret oblige les chaînes payantes à partager leurs droits d'exclusivité avec les chaînes
gratuites, pour les « évènements d'importance majeure45
» qui sont énumérés à l’intérieur.
Actuellement, six de ces événements « hors jeux Olympiques » sont consacrés au sport
féminin : finales de Championnat du Monde et d’Europe de bas et-ball, de handball, demi-
finale et finale de la Fed Cup quand la France y participe et la finale dame de Roland-Garros.
Sur certaines disciplines comme le football et le rugby, le décret ne liste que les grandes
compétitions masculines comme étant d'importance majeure. Najat Vallaud-Belkacem a donc
annoncé : « Nous allons agir sur le décret du 22 décembre 2004 qui fixe la liste des vingt-sept
évènements majeurs sportifs retransmis à la télévision : dix-huit sont masculins, cinq mixtes,
comme les JO, cinq féminins. Nous allons donc compléter la liste avec certaines épreuves
féminines du championnat de France de football, de la Ligue des Champions et de la Coupe
du Monde » car « 72% des Français estiment que les écarts de pratique entre les sexes sont
dus à cette faible médiatisation46
».
Ainsi, un quota de sport féminin pourrait être imposé afin de favoriser une représentation plus
équilibrée du sport féminin et masculin. En imposant un quota de sport féminin sur les
chaînes de service public, les spectateurs auraient l'opportunité d'apprécier des performances
féminines et accélérerait le processus de lutte contre les discriminations.
Il est également prévu d’ « élargir les pouvoirs du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour
qu’il vérifie que chacune des télés respecte l’équité dans les images » représentant des
sportives ou des sportifs. Une compétence que n’a pas, pour l’heure, le Conseil Supérieur de
l’Audiovisuel.
Le gouvernement a également proposé au président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel
l’introduction d’obligations de diversité pour les opérateurs pour la diffusion, à titre gratuit, de
brefs extraits de manifestations sportives. Le sport féminin pourrait bénéficier de cette
légitime contrepartie au « droit de citation ».
44
Huffigton Post, Valoriser le sport féminin à la hauteur du spectacle et des exploits qu'il donne à voir, 2013,
(consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/valerie-fourneyron/valoriser-sport-
feminin_b_4323999.html 45
Légifrance, Décret n°2004-1392 du 22 décembre 2004, (consulté le 16 juillet 2014), disponible à
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000786247 46
Huffigton Post, Valoriser le sport féminin à la hauteur du spectacle et des exploits qu'il donne à voir, 2013,
(consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/valerie-fourneyron/valoriser-sport-
feminin_b_4323999.html
28
Toujours dans l’objectif d’une plus grande médiatisation du sport féminin, l’Etat a annoncé 47
un fonds de soutien d'un million d'euros, prélevée sur les fonds du Centre National pour le
Développement du Sport (CNDS), qui sera alloué aux Fédérations sportives pour les aider à
financer la production d'images télévisuelles de sport féminin48
. Elle sera réservée
aux événements diffusés sur les chaînes gratuites, particulièrement pour les rencontres de
basket-ball et de handball, fédérations avec lesquelles le ministère a particulièrement travaillé.
Ce fonds va être créé car actuellement, de nombreuses chaînes seraient prêtes à diffuser du
sport féminin mais ne le peuvent pas par manque de moyens des clubs et des fédérations. Le
coût de production d'une rencontre de basket-ball féminin est estimé à environ 20 000 euros et
entre 40 000 et 50 000 euros par rencontre de football féminin. Le fonds de soutien supposera
qu’un éditeur de services s'engage à diffuser la compétition de la Fédération qui solliciterait
ce soutien et permettra alors un accroissement de l'offre audiovisuelle de compétitions
sportives féminines, ce qui entraînera une plus grande visibilité et une plus forte attractivité de
la pratique féminine du sport auprès du public et des acteurs économiques.
La présidente de la mission sport du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a justement déclaré à
ce propos : « Oui, les médias ont un rôle à jouer, mais les instances dirigeantes et les
fédérations également. Pourquoi demander, par exemple, à une chaîne de diffuser un match
de volley-ball si la salle où les filles jouent n'est pas bien éclairée, s'il n'y a personne dans les
gradins ? La collectivité locale peut aider à avoir la salle, la Fédération
peut aider à rassembler des spectateurs. Tout le monde a un rôle à jouer pour améliorer cette
visibilité en souffrance ».
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, dans son étude « Sport et télévision », déclarait « Pour
certaines [...] fédérations, la diffusion d'images de leurs compétitions à la télévision s'effectue
moyennant paiement du diffuseur. Loin de tirer des revenus de la télévision, ce sont des
dépenses qu'elles engagent49
». En effet, plusieurs clubs ou Fédérations ne tirent aucune
recette directe de cession des droits d'exploitation car le diffuseur considère couvrir ceux-ci
par la prise en charge des coûts de production. Cependant, ils reçoivent des recettes indirectes
suite à l'impact en termes de notoriété de la diffusion télévisuelle de la compétition qui peut
attirer des partenaires commerciaux et des futurs licenciés.
47
Sport et citoyenneté, FEMMES, SPORT ET MEDIATISATION EN EUROPE. Pour une couverture plus
importante du sport féminin, 2013, (consulté le 20 juillet 2014), disponible à
http://sportetcitoyennete.com/communiquespresse/2013/20131129_conference_femmes&sport2.pdf 48
Ministère des sports, Centre National pour le Développement du Sport : des critères d’intervention réformés
pour réduire les inégalités, 2013, (consulté le 20 juillet 2013), disponible à
http://www.sports.gouv.fr/accueil-du-site/a-la-une/article/Centre-National-pour-le-Developpement-du-Sport-des-
criteres-d-intervention-reformes-pour-reduire-les-inegalites-15694 49
CSA, Rapport du CSA sur les enjeux du développement de la représentation du sport féminin dans les médias
audiovisuels, 2014, (consulté le 20 juillet 2014), disponible à http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-
autres-rapports/Rapport-du-CSA-sur-les-enjeux-du-developpement-de-la-representation-du-sport-feminin-dans-
les-medias-audiovisuels
29
Cette initiative de l’Etat devrait contribuer à augmenter la visibilité du sport féminin et aider à
son développement, conformément aux missions du CNDS.
L’Etat a également déclaré une réorientation de ses moyens financiers, par le CNDS, pour
développer les équipements de proximité et soutenir les associations pour corriger les
inégalités d’accès à la pratique féminine. En effet, en France, des études ont prouvé que les
femmes ont 2 fois moins accès que les hommes à la pratique sportive sur certains territoires.
Le taux de licenciées dans certaines fédérations sportives est de 4% et 20% seulement des
femmes qui font du sport le font dans un club. Ainsi, l’Etat a pour objectif d’augmenter le
nombre de licenciées dans tous les sports.
Avec ces mesures, Najat Vallaud-Belkacem reste dans la lignée des objectifs de Valérie
Fourneyron, l’ancienne ministre des sports, qui déclarait : « Mon objectif est de rendre le
sport accessible à tous, quel que soit son âge, sa condition physique, son genre, son milieu
social. Cela veut dire réduire les inégalités d’accès à la pratique sportive, qui sont encore
très nombreuses dans notre pays. ».
L’Etat s’engage également a développé le sport à l’école, avec les plus jeunes, pour ancrer
dans les mentalités que n’importe quel sport peut être féminin et masculin et faire naître des
vocations car certaines Fédérations, comme celles de football, de rugby ou de motocyclisme,
peinent à atteindre les 5 % de licenciées.
Pour remédier à ce faible pourcentage de pratiquantes, ces fédérations mettent en place, avec
le soutien de l’Etat, une politique visant à une pratique plus égalitaire de leur sport entre les
femmes et les hommes. Un développement parallèle à la mise en place de différents
programmes avec pour priorité l’égalité dans le sport dans les écoles élémentaires50
. Par
exemple, la Fédération Française de Football développe cette année « le football des
princesses », opération menée pour développer la pratique féminine du football en y associant
les valeurs véhiculées par « les princesses » de l’équipe de France féminine de football51
.
Il est possible d’affirmer que le sport change de visage et que d’ici quelques années, grâce à
toutes les opérations menées, il n’aura plus rien à voir avec le sport d’aujourd’hui dans lequel
les hommes prédominent. Cette évolution se fait en parallèle avec un changement des
mentalités et est encouragée par Najat Vallaud-Belkacem : « Il faut que les fédérations
améliorent la promotion de leur pratique auprès du public auprès duquel elle sont sous-
représentées et généralement des filles. Il faut que sur le terrain les collectivités locales
veillent à ce qu'il n'y ait pas d'inégalité dans le financement des associations, des clubs, en
fonction que ce soit un sport féminin ou masculin et qu'elles développent ces collectivités
locales, des équipements mixte ».
50
Ministère de l’éducation nationale, Le sport au lycée, (consulté le 25 juillet 2014), disponible à
www.education.gouv.fr/cid4363/le-sport-a-l-ecole-elementaire 51
UNSS, Le football des princesses 2013-2014, c’est parti !, 2013, (consulté le 25 juillet 2014), disponible à
www.unss.org/blog/le-football-des-princesses-2013-cest-parti/
30
Par la dotation financière qu'il apporte aux différentes fédérations, le Ministère des Sports
peut aider les Fédérations à développer la pratique féminine de leurs disciplines, dans le cadre
de conventions d'objectifs.
Dans le cadre des conventions d’objectifs qui les lient à l’État, toutes les Fédérations sportives
doivent désormais mettre en place un plan de féminisation52
concernant la pratique sportive,
l’encadrement, la formation et l’arbitrage. Il s’avère qu’actuellement, seules 10 Fédérations
ont déjà définies un plan de féminisation sur les précédentes olympiades.
Dès 2006, quatre fédérations ont défini un plan de féminisation : le handball, le basket-ball, le
cyclisme et le football. Ensuite, au cours de l’olympiade 2009-2012, les fédérations d’aviron,
de hoc ey sur glace, de montagne et d’escalade, de boxe, de triathlon et de tennis l’ont
également mis en place.
Ainsi, le Ministère des droits des femmes a souhaité que chaque Fédération sportive lui
transmette « un plan de féminisation ». Najat Vallaud-Belkacem annonçaient : « Il faut que
les fédérations imaginent des campagnes de promotion pour les féminines, qu'elles favorisent
l'activité des jeunes filles grâce à la formation, qu'elles prévoient pour les arbitres autant de
filles que de garçons. Nous avons déjà identifié ces critères, mais nous sommes encore
ouverts aux suggestions53
».
La feuille de route du ministère issue du Comité Interministériel des « droits des femmes et de
l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » a dit qu’il serait vigilant au moment
des réunions de négociation des prochaines conventions d'objectifs passées avec les
Fédérations sur la mise en place de ces plans. Une réunion de sensibilisation des cadres d'État
Féminins a été organisée le 8 février 2013 dans les locaux du ministère afin de les inciter à
candidater aux postes des directions techniques nationales des fédérations. Les premières
données disponibles suites aux assemblées générales électives des fédérations sportives
montrent un progrès54
».
Dans le cas où les Fédérations n’entreprendraient aucune mesure en faveur du sport féminin,
Najat Vallaud-Belkacem envisageait de geler les sommes versées au nom de la féminisation
du sport : « On voudrait conditionner ces subventions, car certaines fédérations les touchent
alors qu'elles ne font rien pour ».
52
Ministère des Sports, Les plans de féminisation des fédérations sportives, 214, (consulté le 25 juillet 2014),
disponible à http://www.sports.gouv.fr/pratiques-sportives/le-sport-pour-tous/Sport-au-feminin-11071/Les-plans-
de-feminisation-des-federations-sportives/ 53
PECOUT Adrien, Comment féminiser le sport français, Le Monde, 2013, (consulté le 25 juillet 214),
disponible à http://www.lemonde.fr/sport/article/2013/05/17/comment-feminiser-le-sport-
francais_3290001_3242.html 54
Sénat, Égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du sport, publication au Journal Officiel du
22/08/2013, (consulté le 25 juillet 2014), disponible à http://www.senat.fr/questions/base/2013/qSEQ130406047.html
31
En outre, la ministre défend également la féminisation des instances sportives à moyen terme
grâce notamment au projet de loi sur l'égalité hommes / femmes.
B. LE PLAN DE FEMINISATION DES INSTANCES SPORTIVES
Dès 1981, des responsables du sport ont adopté la « Résolution sur la plus grande
participation des femmes au sport » avec des mesures politiques volontaristes et une demande
de ressources complémentaires55
.
En 1984, le Ministère des Sports a obligé les Fédérations sportives avec une pratique féminine
à avoir au moins un siège d’élue dans leur conseil d’Administration.
Plusieurs recommandations et résolutions ont suivi demandant l'égalité entre les femmes et les
hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux du sport. En 2005, une recommandation
adoptée par l'Assemblée parlementaire a déclaré : « l’Assemblée est consternée de constater
que les femmes subissent encore de nombreuses discriminations dans l’accès et la pratique du
sport amateur et professionnel. La persistance des stéréotypes, le manque de structures
d’encadrement et de soutien aux femmes sportives et aux jeunes filles dotées d’un potentiel
sportif, la difficulté de concilier vie professionnelle/sportive et vie familiale, la difficile
réinsertion dans le monde du travail, une couverture médiatique insuffisante des sports
pratiqués par les femmes et des financements privés limités sont des manifestations de ces
discriminations ». La recommandation considérait en outre « l’absence de femmes dans les
instances dirigeantes » comme un problème majeur56
.
En 2010, le Comité des Ministres renouvelle son appel à l’égalité hommes/femmes avec
l’élaboration d’un « Code d’éthique sportive » révisé57
.
Najat Vallaud-Belkacem a présenté le 3 juillet 2013 son projet de loi-cadre pour l'égalité entre
les femmes et les hommes. Ce projet de loi comporte un article visant à accroître la
féminisation des instances dirigeantes des Fédérations sportives et à atteindre, à moyen terme,
la parité dans la représentation de ces instances58
.
55
Résolution sur une plus grande participation des femmes au sport (81/3), (consulté le 25 juillet2014),
disponible à http://www.coe.int/t/dg4/epas/resources/texts/Res%2881%293_fr.pdf 56
PFISTER Gertrud, Egalité entre les hommes et les femmes dans le sport de haut niveau, 2011, consulté le 25
juillet 2014), disponible à http://www.coe.int/t/dg4/epas/resources/texts/INF25F_Egalite-femmes-hommes-sport-
haut-niveau.pdf 57
Conseil de l’Europe, Recommandation CM/Rec (2010)9 du Comité des Ministres aux Etats membres sur le
Code d'éthique sportive révisé, 2010, consulté le 25 juillet2014), disponible à
http://www.coe.int/t/dg4/epas/resources/CM%20Rec_2010_9%20sur%20le%20Code%20d%27%C3%A9thique
%20sportive%20r%C3%A9vis%C3%A9.pdf 58
Sénat, Projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, 2013, (consulté le 25 juillet 2014),
disponible à http://www.senat.fr/leg/pjl12-717.html
32
A l’heure actuelle, « la représentativité des femmes au sein des comités directeurs est assurée
dans 55% des fédérations contre 39% en 2009. S’agissant des bureaux fédéraux, 59 assurent
la représentativité des féminines en leur sein, soit 55% des fédérations contre 28% en 2009.
Au final, ce sont 39 fédérations qui assurent la représentativité des féminines au sein des deux
niveaux d’instances dirigeantes, soit 36% des fédérations contre 23% en 200959
».
On observe une hausse de la féminisation des instances dirigeantes60
. Dans le renouvellement
des postes de direction au sein des établissements du Ministère des sports, la parité est de
mise. Ainsi, pour la première fois depuis sa création, une femme, Sylvie Robert, a été
nommée à la présidence du Conseil d’Administration du CNDS, le 19 mars 2013.
Cependant, il existe toujours des disparités et plus on progresse dans la « hiérarchie » du
sport, moins il y a de femmes. Le Sénat dressait un état des lieux désastreux en 2011 avec une
étude portant sur plus de 100 sports : « Onze femmes sont aujourd’hui à la tête d’une
Fédération sportive. Elles représentent 15% des cadres des fédérations, 15,5% des
conseillers techniques régionaux, 18,3% des conseillers techniques nationaux, 11,1% des
entraîneurs nationaux et 5% des Directeurs Techniques Nationaux61
». Elles sont 13% dans
les comités directeurs et le pourcentage augmente avec la baisse de l’importance des
fonctions: 11,7% de trésorières, 17,5% de trésorières adjointes, 19,6% de secrétaires
générales.
En effet, depuis la création de cette fonction dans les années 1960, seules 7 femmes ont
occupé les fonctions de Directrice Technique Nationale au sein des Fédérations Olympiques.
A ce jour, quatre femmes occupent des fonctions de Directrice Technique Nationale dans les
Fédérations Olympiques de cyclisme, gymnastique, équitation et pentathlon moderne, alors
qu’il y en avait qu’une seule sur la période 2009-2012 sur 30 fédérations olympiques.
En 2013, une femme, lsabelle Spennato-Lamour, a été élue à la présidence d'une Fédération
Olympique, la Fédération Française d'Escrime, alors qu'il n'y en avait aucune entre 2009 et
2012. Il s’avère qu’une seule des 30 fédérations françaises olympiques est présidée par une
femme.
Sur les 141 membres du Comité International Olympique (CIO), il n’y a que 16 % de femme
et sur les 19 membres de la composition du Comité d’Organisation des Jeux Olympique
(COJO), de Londres 2012, une seule femme, la princesse Anne d’Angleterre.
La sous-représentation des femmes est aussi visible dans l'encadrement : les équipes de
France féminine de handball, de football, de basket-ball, de volley-ball ou de rugby sont
59
Ministère des Sports, Projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, 2013, consulté le 25 juillet
2014), disponible à www.senat.fr/leg/etudes-impact/ 60
Annexe 4 61
Sénat, Egalité des femmes et des hommes dans le sport : comme dans le marathon, ce sont les derniers mètres
les plus difficiles, 2013, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.senat.fr/rap/r10-650/r10-
65036.html
33
entraînées par des hommes, les femmes ne représentent que 8% des entraîneurs nationaux.
Les arbitres, elles, ne sont que 14%.Cependant, le nombre d’arbitres ne semble pas dépendre
du nombre de licenciées dans la Fédération. Ainsi, les femmes ne représentent que 4% des
licenciées de football mais sont 23% d’arbitres de haut niveau alors qu’en équitation, il y a
plus de 80% de licenciées pour 30% d’arbitres féminins. Les Fédérations en retard sont
l’escrime et le rugby avec 11% d’arbitres féminins, le handball 13%, le judo 16%, le tennis
12% et les Fédérations de volley-ball, de tir à l’arc, de taekwondo, de surf, de pétanque, de
savate boxe française et de rugby à XII qui n’en comptent aucune en 2011-2012.
Pourtant, il est essentiel que des femmes occupent des postes de direction car elles auraient le
pouvoir d’influer sur le recrutement des officiels et des entraîneurs, ainsi que sur la situation
des athlètes féminins. Comme le soulignait la délégation des droits des femmes et des
hommes dans le sport, « un rééquilibrage de la place de la femme dans l’encadrement sportif
parait indispensable, dans ses fonctions administratives comme dans ses fonctions techniques,
pour les besoins et les attentes des femmes soient mieux pris en compte dans la définition des
politiques sportives, dans l’entraînement des sportives de haut niveau, ainsi que dans la
pratique du plus grand nombre ». Il est à rappeler qu’un décret du 7 janvier 2004 établissait
que la représentation des femmes dans les instances dirigeantes d’une fédération soit garantie
par l’attribution d’un nombre de sièges proportionnels au nombre de licenciés. Cette règle
n’est pas efficace en raison de l’existence de fédérations très masculinisées ou très féminisées.
C’est pourquoi les quotas sont de plus en plus demandés pour la féminisation des instances
dirigeantes sportives.
Des efforts sont observés, des Fédérations sportives et des candidates prêtes à franchir le pas
des responsabilités d'encadrement technique : la représentation des femmes au sein des
bureaux des Fédérations sportives a augmenté de 9,8% entre 2009 et 2013. A l’issue des
élections des instances dirigeantes des Fédérations sportives pour l’olympiade 2013-2016, les
femmes représentent 12,5% des présidents, 22,9% des secrétaires généraux et 13,5% des
trésoriers. Sur ces trois fonctions, la représentation des femmes est en progression par rapport
à la précédente olympiade. Malgré cette hausse, des progrès restent à faire.
Si les pouvoirs publics peuvent exercer une influence sur la féminisation des instances
fédérales, celle des clubs et des sociétés sportives relève avant tout d'une volonté propre et
d'une prise de conscience du sport professionnel français. C’est pour cette raison que des
actions de formation, des rassemblements sous forme de séminaires des dirigeants/tes de clubs
de ligue 1 et 2 sont en cours de réalisation, ainsi que des visites aux clubs. En outre, la
délégation aux droits des femmes préconise la création d’un « réseau officiel de femmes
dirigeantes et la mise en place d’un système de parrainage des nouvelles dirigeantes
sportives ».
En comparaison à d’autres pays européens, la France accuse un retard dans la féminisation
des instances sportives. Ainsi, en Grande-Bretagne, une femme exerce les fonctions de vice-
présidente exécutive du club de Premier League de West Ham depuis 2010, après avoir été
34
directrice générale du club de deuxième division de Birmingham City de 1993 à 2009. En
Italie, deux clubs de Série A ont été présidés ces dernières années par des femmes, l'AS Roma
de 2008 à 2011 et le Bologna FC de 2008 à 2010. En Espagne, Teresa Rivero a exercé les
fonctions de présidente du club de Primera Divisiòn du Rayo Vallecano de 1993 à 2011. En
France, un seul club de Ligue 1, Ligue 2 et National du football français est dirigé par une
femme : Corinne Diacre62
est entraîneur de Clermont-Ferrand, club de Ligue 2, après le
départ d’une autre femme, Helena Costa.
C’est pour remédier à cette situation qu’en 1981, sous l’impulsion de l'ancien président Juan
Antonio Samaranch, désirant que des femmes soient cooptées membres du Comité
International Olympique (CIO), l'organisation a favorisé la présence des femmes à des postes
de direction dans le sport. Actuellement, sur les 113 membres actifs que compte le CIO, 15
sont des femmes. Le groupe de travail femme et sport a été créé en décembre 1995 dans le but
d’aider et de conseiller la commission exécutive du CIO quant à la politique à mettre en place
dans ce domaine. Le groupe de travail est depuis 2004 la commission femme et sport du CIO.
En 1996, la Charte olympique mettait en avant l’égalité des chances des hommes et des
femmes et le CIO commençait à encourager les Comité Nationaux Olympique, les
Fédérations Internationales et les entités sportives appartenant au mouvement olympique à
fixer l'objectif de 20 % de femmes à des postes au sein de toutes leurs structures
décisionnelles avant 2005. Le nombre de femmes présidentes, vice-présidentes et secrétaires
générales à travers le monde n'a jamais été aussi élevé que sur la période 2005-2009.
Cependant, en France, les femmes ne sont encore que 5% à présider un Comité Régional
Olympique ou un Comité Départemental Olympique.
L'Afrique reste le premier continent en terme de nombre de femmes présidentes, quatre au
total. L'Europe devance jusqu'ici les deux continents américains et le continent africain dans
la part de secrétaires générales.
Dans le monde, quatre Fédérations Internationales, deux Fédérations Olympiques et deux
organisations reconnues, sont dirigées par des femmes. SAR la princesse Haya Bint Al
Hussein, membre du CIO depuis 2007, est présidente de la Fédération Équestre Internationale
(FEI). Elle a succédé à une autre femme, Madame Doña Pilar de Borbón, maintenant membre
honoraire du CIO. Marisol Casado est la présidente de l'Union Internationale de Triathlon,
sport olympique, tandis que Madame Molly Rhone est la présidente de la Fédération
Internationale des Associations de Netball, sport dominé par les femmes et populaire dans les
pays du Commonwealth, et Madame Jessie Phua est la présidente de la Fédération
Internationale de Bowling.
« Nous voulons que tous les sports se donnent les moyens d’attirer autant de filles que de
garçons, et pour ce faire, une représentation équilibrée dans les instances de gouvernance est
un levier important » explique Najat Vallaud-Belkacem qui annonce comme objectif de temps
62
Annexe 6
35
au respect de la parité hommes/femmes au niveau de leurs comités directeurs, les Jeux
olympiques 2020. Dans le cadre des conventions d’objectifs 2014-2017 qui les lient à l’État,
toutes les fédérations sportives doivent désormais se doter d’un plan de féminisation
concernant la pratique sportive, l’encadrement, la formation et l’arbitrage. C’est le cas de la
Fédération Française de Parachute qui a élaboré, validé et déposé son plan en janvier 2014.
Pour montrer un exemple à suivre, une opération d’envergure, « Mesdames : franchissez la
barrière ! » a été mise en place par la Fédération Française de Football invitant toutes les
femmes proches des clubs de football à ne pas hésiter à jouer un rôle important dans la vie de
ces associations. Les femmes sont également invitées et sollicitées à se former à l’arbitrage et
aux diplômes techniques. Quelques résultats sont déjà disponibles et sont plutôt
encourageants. Ainsi, le nombre de joueuses a augmenté de 10 % en deux saisons, portant
l’effectif des pratiquantes à 70 000 licenciées. L’objectif fixé par Noël Le Graët est de
100 000 d’ici la fin 2016. Au niveau des dirigeantes dans les clubs, le chiffre est monté à
30 000 (trésorières, membres de comité directeur, accompagnatrices d’équipes, etc.), il est
dénombré environ 2 000 cadres techniques et 700 femmes arbitres. L’opération de la
Fédération est un succès que d’autres devraient suivre.
Depuis 2011, au niveau de la gouvernance de la Fédération Française de Football et de la
Ligue du Football Amateur (LFA), le football permet désormais des scrutins de listes pour des
comités directeurs resserrés et ceux en place actuellement ont tous intégré une femme, il est
vrai, par obligation légale.
Dans le métier de journalistes sportifs, la parité hommes/femmes n’est pas de mise.
Il faut attendre les années 1980-1990 pour avoir apparaître une féminisation du journalisme
sportif. A cette époque, plusieurs femmes intègrent le service des sports de grands medias, tels
l’Equipe ou le Monde et acquièrent une certaine crédibilité grâce à la reconnaissance de leur
travail par le journalistique. Par exemple, Liliane Trévisan remporte le prix du meilleur article
sportif en 1985, Isabelle Langé obtient le micro d’or radio pour RTL en 1999. En 15ans, le
nombre de femmes dans le domaine passe de 2% à 10%. C’est une avancée alors que
l’ensemble de la profession compte un tiers de femmes. Le journal l’Equipe compte 15% de
femmes journalistes sportifs mais aucun n’est rédactrice en chef.
D’après le rapport du CSA de 2011, les femmes constitueraient 13% des intervenantes dans
les émissions sportives contre 9% en 2009. Ce pourcentage reste faible en comparaison du
reste des programmes où les femmes représentent 35% mais des avancées sont perceptibles
puisque le grand public connaît Estelle Denis, présentatrice de l’émission « 100% foot » sur la
chaîne M6 ou Nathalie Ianetta sur Canal Football Club, sur Canal +. Les femmes sont
présentes dans la plupart des émissions sportives mais il n’y a que peu de commentatrices lors
de la retransmission des rencontres ou de consultantes invitées dans les émissions.
36
Marie Boselli-Berenguer, directrice de l'école de journalisme de Nice, expliquait : « Les
étudiantes s'intéressent à l'information en général mais peu d'entre elles veulent s'investir
dans une rubrique sportive, car c'est un univers très masculin où il est difficile de s'imposer ».
La performance sportive est certes importante dans le sport masculin et féminin mais chez les
hommes, l’apparence physique est un atout et chez les femmes, la beauté est un impératif. Ce
traitement informationnel n’est pas étonnant au vu du peu de journalistes sportives féminines,
5 % de l'information sportive en moyenne est assurée par elles contre 2% il y a dix ans.
Lorsqu’un journaliste sportif écrit sur le sport féminin, il construit une réalité qui lui est
propre en transmettant ses valeurs, son écriture est influencée par sa représentation ou par
celle du contexte qui l’entoure. Les hommes ont encore de multiples préjugés et une vision de
la femme encore trop primitive en ayant encore du mal à regarder les femmes pour ce qu'elles
sont capables d’accomplir, ce qui s’en ressent à travers leurs articles.
Les pouvoirs sportifs commencent à donner une place aux femmes. Par exemple, Ingrid
Delterne a été élue récemment directrice générale de l'Union européenne de radio
télédiffusion (UER) dont le rôle est de négocier les droits sportifs avec les télévisions ou
Carol Isherwood qui est la première et seule femme à être membre active à l'International
Rugby Board (IRB).
En résumé comme l’exprime Jane Renoux, journaliste : « Oui, les médias, de par leurs
responsabilités, façonnent les mentalités, construisent un modèle de société. Force est de
constater que l’image et les récits qu’ils font de la femme sportive participent d’une culture
sexiste, discriminatoire. Il y d’autres facettes de l’histoire, reste à ouvrir les yeux pour les
voir, les discerner pour s’enrichir et faire évoluer les mentalités63
».
Ainsi, les pouvoirs publics mettent en place différentes actions afin de faire évoluer les
mentalités et de donner au sport féminin la place qu’il mérite. Il est possible d’affirmer qu’il
s’agit d’une action de longue durée avec des objectifs à moyen terme, qui vont s’inscrire sur
les années à venir. Le sport féminin s’est développé ces dernières années même si des
inégalités avec le sport masculin persistent. En parallèle de toutes les mesures qui sont prises,
de multiples évènements valorisant le sport féminin sont créés pour que le grand public
prenne conscience des valeurs et des messages que véhicule le sport féminin.
63
DAVISSE Annick, LORENZI Léo et RENOUX Jane, Olympie: la course des femmes, Le Havre, La Courtille,
1980
37
C. DES EVENEMENTS DEDIES AU SPORT FEMININ
De nombreuses actions sont mises en place pour aider au développement du sport
féminin et à un plus grand engouement du public.
Tout d’abord, différents évènements dédiés au sport féminin voient le jour.
En 2013 à Bourges, a été organisé les premiers Etats Généraux du Sport féminin en équipe
avec pour l’un des mots d’ordre : « halte au mépris du sport féminin dans les médias ». Ils ont
rassemblé différents acteurs concernés par la thématique, à savoir provenant des pouvoirs
publics, des collectivités territoriales, des experts, des responsables de Fédérations sportives,
des sportifs et sportives de haut niveau, des entreprises et des journalistes. L’actuelle Ministre
des Sports, Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des Femmes a ouvert l’évènement.
La même année, l’association « Sporsora » a également créé l’évènement en ouvrant les
débats sur le sport féminin au stand BNP Paribas lors de Roland Garros avec la thématique
suivante : « Sport féminin : vers la mise en place d’un cercle vertueux ? ».
L’équipe féminine de bas et-ball, associée à des médaillées olympiques, chroniqueuses
sportives, directeurs techniques et présidents de Fédération, cosigne une tribune dans le
Journal Du Dimanche, en faveur de la parité dans le sport et dénonce la faible couverture
médiatique au regard des excellents résultats des sportives, depuis la dernière olympiade
notamment : « 44% de nos médailles ont été gagnées par des femmes alors même qu’elles ne
représentent que 35% des licenciés dans les fédérations olympiques. [...] Pourtant, le sport
féminin reste quasiment invisible, comme s’il était une sous-catégorie honteuse. 85 % de la
couverture médiatique des compétitions concerne les hommes. »
En 2000, ont été créés les Trophées « Femme et sport » du CIO afin d’affirmer une certaine
reconnaissance du sport féminin et de promouvoir l’égalité des sexes dans le sport sur chaque
continent. Les personnes qui y reçoivent un prix bénéficient d’une grande visibilité et de
retombées surtout nationales. Chaque année, un trophée par continent et un trophée au niveau
mondial sont remis à une femme ou un homme (ancien athlète, entraîneur, administrateur ou
journaliste), ou à une institution/organisation, pour « sa contribution au développement, à la
promotion et au renforcement de la participation des femmes et des jeunes filles aux activités
physiques et sportives 64
».
Parmi les lauréates figurent : Gianna Angelopoulos-Daskalaki, la présidente du Comité
d'organisation des Jeux Olympiques d'Athènes (ATHOC), le premier ministre de la Jamaïque,
Portia Simpson-Miller, la première dame de la République d'Angola, Ana Paula Dos Santos,
l'ancienne championne de tennis Gabriela Sabatini, l'ancienne athlète Charmaine Crooks,
64
CIO, Femme et Sport, 2014, (consulté le 30 juillet 2014), disponible à http://www.olympic.org/fr/news/le-
president-du-cio-prend-la-parole-lors-de-la-6e-conference-mondiale-du-gti-sur-les-femmes-et-le-sport/232997
38
l'une des deux seules femmes présidentes d'associations nationales de football, Lydia Nsekera
et la palestinienne Naila Shatara-Kharroub. En symbole, la cérémonie de remise des
récompenses est organisée le 8 mars, Journée internationale de la femme.
Le Comité National Olympique et Sportif Français met en place beaucoup de concours
nationaux et régionaux, « Femmes et sport », qui donnent lieu à des prix afin de promouvoir
l’image, la place et le rôle des femmes dans les pratiques physiques et sportives et leur accès
aux responsabilités. Cela se traduit par des concours nationaux et régionaux :
- « Sport au féminin » qui récompense la meilleure stratégie ou action menée par une
association sportive (ligue ou comité régional, comité départemental, club) en matière
de féminisation des postes à responsabilités (fonctions électives ou d'encadrement à
titre professionnel ou bénévole) et/ou de développement de la pratique – physique et
sportive – féminine.
- « Sport et communication » » qui récompense la meilleure stratégie ou action en
matière de communication sur le sport féminin et peu développé.
- « Sport, filles et cités » qui récompense la meilleure stratégie ou action en matière de
développement de la pratique – physique et sportive – féminine ou mixte
(hommes/femmes), dans les quartiers urbains sensibles.
- « Sport : le coup de cœur » qui récompense une personne pour son parcours et son
investissement exemplaires, au plan territorial, en qualité de bénévole sur cette
thématique, quelle que soit la nature de son engagement, dirigeant(e), arbitre,
sportif(ve), éducateur(trice).
- « Femmes et sport en milieu rural » qui récompense la meilleure stratégie ou action en
matière de développement de la pratique - physique et sportive – féminine ou mixte
(homme/femme), en milieu rural.
Le 1er
février dernier, à l’initiative de Madame Christine Kelly, membre du CSA, a eu lieu les
« 24h du sport féminin65
», journée entièrement consacrée au sport féminin. Une cinquantaine
de médias télévisés français, de France Télévisions à Eurosport en passant par beIN Sports ou
Canal+, et des radios, s’engageaient librement à diffuser sur leur chaîne ou antennes des
émissions consacrées aux sportives amatrices ou de haut niveau, des événements sportifs
féminins, des rencontres féminines. Toutes les chaînes arboraient le même logo et le même
slogan « Donner des elles au sport » 66
afin que le grand public puisse goûter à l’émotion des
rencontres féminines.
Une « nuit du sport féminin » a également été créé en 2010 par la Ligue Internationale contre
le racisme et l'antisémitisme (LICRA) qui réunit des sportives de haut niveau et des hautes
personnalités du monde sportif pour échanger sur le sport féminin, valoriser le parcours de
65 CSA, 24 heures de sport féminin : le Conseil mobilise médias et acteurs du sport, 2013, (consulté le 30 juillet
2014), disponible à http://www.csa.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/24-heures-de-sport-feminin-le-
Conseil-mobilise-medias-et-acteurs-du-sport
66 Annexe 7
39
certaines sportives, débattre de problématiques liées au sport féminin avec des experts sur le
sujet.
Peu avant cet évènement, le 18 mars 2014, les présidents des 69 fédérations sportives qui
avaient déposés un plan de féminisation se sont réunis afin de partager les bonnes pratiques
relatives au plan de féminisation et mutualiser et créer des synergies entre les différentes
Fédérations. Il a été mis en exergue le rôle des Fédérations dans les actions de
communication, de formation ou d’animation de réseau.
Un réseau européen « femme et sport » a été créé en 2007 et est le seul think tank européen67
consacré à l’étude de l’impact sociétal du sport. Il est soutenu par l’Union Européenne et
l’UEFA. L’organisation promeut une implication plus forte de la sphère médiatique dans le
sport féminin pour encourager la pratique sportive chez les femmes et les jeunes filles.
En plus de ces quelques évènements, les clubs féminins repensent leur façon de communiquer
en essayant d’intégrer plus de rencontres spectacles et en innovant sur leur relation auprès du
grand public.
La Ligue Féminine de basket-ball (LFB) a mis en place depuis 2005, un week-end qui
inaugure l’ouverture du Championnat de bas et-ball à Coubertin, l’Open de la LFB. Lors de
ces deux jours, la visibilité du basket-ball féminin est mise en avant et c’est un véritable
succès puisque 8 000 spectateurs sont présents et les demandes d’accréditation se multiplient
pour la Conférence de presse.
De plus en plus de rencontres féminines sont accolées à des rencontres masculines pour
profiter de la visibilité de ces dernières.
La Ligue Féminine de Handball a réuni depuis deux ans, les finales de la Coupe de France
masculine et féminine (départemental, régional, national) sur une journée qui se déroule au
palais omnisport Paris Bercy. Les phases finales de la Coupe de France féminine et masculine
de volley-ball prennent place lors d’un wee -end au stade Pierre Coubertin. Cette année, une
course de cyclisme féminin s’est déroulée quelques heures avant l’arrivée des coureurs du
Tour de France sur le tracé du circuit final profitant alors des antennes de France Télévisions
et d'Eurosport International pour être diffusée.
Des compétitions 100% féminines s’organisent également, soumises à de fortes critiques. En
février 2011, le premier meeting d’athlétisme francais100% féminin a été créé avec pour
marraine Myriam Soumaré, championne d’Europe du 200 mètres. Des stars internationales
participent à cet évènement qui distribue 65 000 euros de primes aux athlètes des différentes
disciplines : 60 mètres, 200 mètres, 1 000 mètres, 3 000 mètres, saut à la perche, 60 mètres
haies et triple saut. Lors du dernier meeting, il était dénombré 1 300 spectateurs. Cependant,
67
Think tank : une structure de droit privé, indépendante de l'État ou de toute autre puissance, en principe à but
non lucratif, regroupant des experts et produisant des études et des propositions souvent dans le domaine
des politiques publiques et de l'économie
40
un article du « Monde » avait été très véhément sur cette compétition expliquant que
l’évènement avait été créé pour se démarquer des compétitions masculines pour une meilleure
visibilité mais qu’il représentait un retour en arrière pour le sport féminin qui veut s’intégrer
complètement aux compétitions masculines.
Les clubs et ligues tentent également d’utiliser d’autres moyens de communication pour la
promotion de leur sport. Ainsi, la LFB a mis en place la LFB TV il y a deux ans, accessible
gratuitement par Internet et qui retransmet 14 rencontres de basket-ball féminin, soit un match
à domicile par club. Les retransmissions des rencontres sont suivies par environ 4 000
internautes. En parallèle, la LFB a créé un site Internet bien fourni avec une revue des clubs,
les résultats des différentes équipes, des photos des joueuses ou des rencontres, le calendrier
des matchs, la présentation des joueuses. Il obtient de bons résultats puisqu’il recense environ
600 000 pages vues par mois marquant une hausse de 30% entre janvier 2010 et janvier 2011.
La LFB a également une page Facebook avec 4 000 fans.
Au vu du succès du site de la LFB, la Ligne Féminine de Handball (LFH) a réalisé son propre
site Internet qui comprend toute l’actualité des équipe, des vidéos de rencontres et la
retransmission en direct des matches. La page Facebook de la LFH compte 2 000 fans et 600
abonnés Twitter.
Cette communication à travers les réseaux sociaux s’observe chez les championnes qui ont
toutes bien souvent un site Internet relayant leur carrière et leurs actualités, une page
Facebook sur laquelle sont postées quotidiennement des photos et des commentaires relatant
leurs joies et leurs déception, leur vie de tous les jours, et un compte Twitter. Serena Williams
a actuellement environ 950 000 fans et Maria Sharapova 6,5 millions ce qui fait la joie des
sponsors leur offrant une plus grande visibilité, notamment lorsque ces athlète arrivent à faire
le buzz.
De nombreux blogs sportifs féminins fleurissent, décryptant le sport sous l’angle féminin.
Ainsi, le blog « entrées en lice68
» qui met régulièrement en ligne des débats, informe sur
l’actualité et publie des articles sur des sujets sportifs féminins. Des sites d’information dédiés
au sport féminin voient également le jour avec des informations sur les résultats des équipes,
tel le site « sportiva-info69
» qui publie l’agenda et les résultats des rencontres sportives
féminines, des vidéos permettant une visibilité du sport professionnel et amateur.
En kiosque, le sport féminin est traité par des suppléments dédiés à une discipline particulière
ou des dossiers sur des thèmes précis mais aucun magasine sportif ne lui est dédié. Les
magazines féminins font plus des sujets sur la minceur et le sport pour perdre les
kilogrammes superflus. Le magazine « Wis Mag » centré sur le football féminin n’a sorti que
deux numéros, ainsi que « l’équipe féminine », partenariat entre l’Equipe et Elle, en 2005 au
vu du peu de lecteurs. Le seul magazine sportif féminin qui rencontre du succès est « Running
68 http://entrees-en-lice.over-blog.com/ 69 http://www.sportiva-infos.com/
41
pour elles », créé en 2010, qui rapportent des témoignages d’adeptes du footing, des conseils
pratiques, des reportages de courses et des portraits d’athlètes et d’amateurs. Il est centré plus
sur les aventures humaines, ce qui plait à 10 000 personnes une semaine sur deux.
Il est observé une véritable organisation et prise de conscience autour des inégalités hommes-
femmes dans le sport. Cependant, ces actions ne doivent pas rester lettre morte afin que
l’égalité sportive soit de mise d’ici quelques années. C’est pourquoi, la Fédération Française
de Football a mis en place une politique volontariste sur l’intégration des femmes au sein de
sa Fédération, faite pour durer et avec une véritable intention de hausser la pratique du
football féminin en France.
42
Partie 2 : Focus sur les actions de la Fédération Française
de Football (FFF)
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible ».
Antoine de Saint-Exupéry
L’intérêt pour le sport féminin et les promesses exprimées pour son essor ont besoin
de locomotives. La fédération Française de Football (FFF) en fait partie. Pour preuve La FFF
accueillait le 18 mars 2014 le séminaire "Partageons nos "Elles" pour le Sport", organisé sur
l'initiative du Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l'Education Populaire et de la Vie
Associative, en partenariat avec l'Association FEMIX' Sport afin de présenter les bonnes
pratiques en matière de féminisation et de partager entre fédérations.
Depuis 2011, la FFF est reconnue comme un exemple de développement dans les stratégies et
les actions liées au domaine du sport et de la féminisation. Cette section a pour but de les
présenter et de fournir des recommandations afin que celle-ci soient reproduisent par d’autre
organismes sportifs.
Au lendemain d’une coupe du Monde Brésilienne réussie par l’équipe de France de Football
tant sur le point sportif, que sur le point populaire, et à l’aube de l’organisation de l’Euro 2016
organisé en France, la Fédération Française de Football nourrit de grandes ambitions pour le
sport numéro 1 Français avec plus de 2 millions d’adhérents.
Afin de donner une nouvelle dimension au Football Français, la Fédération Française de
Football a développée le projet « Horizon bleu 2016 », qui a pour but de représenter le futur
du football Français en lui donnant un nouveau visage. Cela a pour but de redéfinir des
objectifs en accord avec le monde d’aujourd’hui et de demain.
La FFF a identifié 4 enjeux prioritaires :
- La satisfaction des licenciés
- L’accompagnement des talents vers le haut niveau
- L’efficacité du football français
- La pérennité de ses moyens économique
Pour répondre à ces enjeux, l’ensemble du monde du Football a été mobilisé avec comme
principal objectif d’améliorer l’accueil des licenciés et de les fidéliser. Cependant, le constat
43
est clair, plus 90% des licenciés de la FFF sont des hommes. Dans la grande majorité âgé de
plus de 19 ans ou moins de 8 ans.
Conscient de l’importance de l’essor du Football Féminin, Noël LeGraet, Président de la FFF
depuis 2011, a mis en place un plan fédéral de féminisation.
Le plan d’action se présente en 7 points clés :
- Restaurer la crédibilité et la confiance
- Consolider l’unité et la solidarité du football
- Soutenir l’Equipe de France
- Répondre aux attentes prioritaires du football amateur et du football professionnel
- Donner un élan décisif à la féminisation du football
- Relancer une grande politique technique nationale
- Rationaliser les moyens d’action fédéraux
Différents facteurs peuvent expliquer les mesures prises dans le but d’accroître le
développement de féminisation dans le sport et plus particulièrement dans le cadre de la FFF.
Tout d’abord, la FFF a pour objectif de saisir les opportunités offertes par l’évolution de
notre société, qui peut se complimenter de constater une augmentation croissante de femmes
dans le monde économique, politique et journalistique. Mais aussi sur le développement des
valeurs féminines et la reconnaissance croissante des femmes comme étant d’excellentes
porteuses de valeurs.
Outre les changements sociétales, le contexte sportif en général est aussi favorable a cette
évolution. Par exemple, en 2012, plus de 30% des athlètes internationaux sont des femmes et
48% des femmes françaises pratiquent une activité sportive (contre 9% en 1968).
De plus, le contexte Footballistique en lui même est favorable à l’évolution et au déploiement
du plan de développement fédéral du football féminin. Ceci est particulièrement vrai depuis le
début de mandat du Président Noël LeGraet (2011). En effet, la mauvaise image dégagée par
l’équipe de France lors de la coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud et la grève
réalisée par les joueurs français ont détérioré l’image du footballeur par ses fans qui se sont
plus facilement reporté sur le football féminin, porteur de valeurs nouvelles et saines.
La question est de savoir si les promesses réalisées pour le déploiement de ce plan fédéral de
la FFF dépendent d’une pure démagogie contextuelle ou de la concrétisation d’une réelle mise
en place de politique menant à une émergence irréversible du sport collectif féminin au devant
de la scène ?
Nous allons nous apercevoir à travers ces travaux de recherches que la FFF effectue à travers
ce plan fédéral de féminisation un incontestable travail de fond réfléchi par une stratégie
44
globale et cohérente. Mais pour mieux comprendre les progrès réalisés et les potentielles
évolutions, il est important de réaliser un bref état des lieux du Football féminin Français.
Nous allons commencer par l’analyse SWOT réalisé par la FFF en 2011 sur le Football
féminin. Le tableau ci-dessous représente les points principaux identifiés.
FORCES FAIBLESSES
• Politique de formation impulsée par la
DTN en 1998 avec l’ouverture du pôle
France.
• Maillage territorial avec 21 cadres
techniques en charge du Football féminin.
• La nomination en 2009 d’un chef de projet
LFA pour le Football féminin.
• Plan de développement de 2009 impulsé
par la DTN.
• 2 titres de championnes d’Europe U19F.
• Un club champion d’Europe.
• Ancrage culturel au niveau des
mentalités avec des clichés et préjugés.
• Le développement du Football féminin
n’est pas une mission
OPPORTUNITES MENACES
• Arrivée d’une nouvelle équipe avec un
programme.
• Une volonté politique affichée par son
Président.
• Le changement de gouvernance.
• Engouement médiatique pour les bleues à
la Coupe du Monde.
• Les politiques Ministérielles en faveur de
la Femme.
• L’augmentation du retard affiché par
rapport au nombre de licenciées en
décalage avec nos titres (Elite trop en
avance par rapport à la base).
• Le rendez vous manqué par rapport à
l’essor mondial du Football féminin et de
la montée des valeurs féminines.
(Schéma 1 : Analyse SWOT du Football Féminin)70
Cette analyse SWOT est une parfaite synthèse de la situation actuelle du Football féminin.
C’est ce constat qui guide les actions et opérations misent en place depuis 3 ans et qui ont
commencé à donner des résultats en terme de chiffres avec notamment une augmentation de
18,9% des licences féminines en 3 ans.
70
Extrait du plan fédéral de féminisation de la FFF (2011)
45
(Schémas 2 : Evolution globale des licences féminines)71
Cet aperçu permet de visualiser la progression des chiffres en terme de licencié et d’apprécier
l’efficacité du programme mis en place. De plus, il est à noter que la FFF s’est fixée des
objectifs très précis et donc quantifiable pour 2016.
Voici les objectifs déterminés par la direction de la FFF pour 2016 qui correspond également
à la fin du mandat de Noël LeGraet :
- Dirigeantes : 40 000
- Arbitres : 1 000
- Déléguées : 100
- Educatrices : 5 000
- Elues dans les instances : 2 500
- Joueuses : 100 000
- Ecoles féminines de football labellisées : 1 000
71
Source : Ligue du football amateur (2014)
46
Auquel il faut y ajouter les objectifs suivants:
- Gagner un titre européen ou mondial avec l’équipe de France féminine A ;
- Continuer de gagner des titres mondiaux ou européens avec les sélections jeunes
féminines ;
- Ouvrir encore 3 pôles élite régionaux pour arriver a 8 pôles régionaux élite en France.
Le plan fédéral de Féminisation est à la fois un projet sportif, et un projet qui touche à la vie
associative et, par-là, à la pérennité et à l’avenir du sport amateur.
Ce plan ambitieux affiche la volonté et la détermination de la FFF depuis deux saisons
maintenant d’atteindre les objectifs suivants :
- Valoriser la place des femmes dans le Football
- Devenir une nation de référence en terme de licenciées
- Jouer les premiers rôles au niveau européen et mondial
- Innover en matière de formation
Il continue d’être accompagné dans la globalité de sa mise en œuvre d’une stratégie
Marketing et de communication. Pour les saisons 2011-2012 et 2012-2013, la 3F a concentré
tous ses efforts sur les axes 1 et 2 et a bien avancé sur l’axe 3.
47
(Schémas 3 : Organisation du plan fédéral de féminisation de la FFF)72
72
Extrait du plan fédéral de féminisation de la FFF (2011)
PLAN FEDERAL DE
FEMINISATIO
N DE LA FFF
AXE 2
DEVENIR UNE NATION DE
REFERENCE EN NOMBRE
DE LICENCIEES
AXE 1
VALORISER LES PLACES DES FEMMES DANS LE
FOOTBALL
AXE 4
INNOVER EN MATIERE DE FORMATION
AXE 3
JOUER LES PREMIERS ROLES AU NIVEAU EUROPEEN PUIS
MONDIAL
STRATEGIE MARKETING STRATEGIE COMMUNICATION
48
I. LA PRESENCE DES FEMMES DANS LE FOOTBALL
A. VALORISER LA PLACE DES FEMMES DANS LE FOOTBALL
La France est un pays de culture latine. La place de la femme dans notre société
découle alors de préjugés à propos des femmes qui ont entrainé une discrimination de celles-
ci, particulièrement dans les médias comme l’art et la publicité, également dans le milieu du
sport, du travail ou même dans leur vie de tous les jours.
Cependant, depuis quelques années le nouveau visage de la France sourie à la femme, et
l’encourage à continuer son ascension vers une égalité totale avec l’homme.
La fédération a donc l’ambition d’impulser une évolution de la place des femmes dans le
football sur tout le territoire Français. Néanmoins, la FFF s’est aperçus de part ses erreurs
passées de l’importance de la déclinaison régionale d’un plan d’une telle ampleur. Elle a donc
intégré ses actions en conséquent.
L’objectif a donc été dans un premier temps d’organiser et d’inciter la féminisation dans les
ligues régionale :
- Création de 17 commissions régionales de féminisation ;
- Une brochure mode d’emploi;
- Visite des ligues pour accompagner la mise en œuvre territoriale.
Puis dans un deuxième temps d’inviter les femmes à s’engager :
- Opération Nationale « Mesdames, franchissez la barrière! », qui est une opération
d’envergure nationale et dont nous allons effectuer un focus par la suite.
- Evènement national pour réunir les anciennes internationales.
- Plan national de recrutement de femmes arbitres.
- Plan national de recrutement de femmes éducatrices.
- Création réseau femmes avec tutorat.
En effet selon Sylvie maillot, responsable régionale des féminines de la ligue Languedoc
Roussillon et membre très active de la commission fédérale de la féminisation du Football que
nous avons rencontré pour cette étude, ces actions ont pour but « de proposer aux femmes de
s’engager dans un sport qui peut s’adapter à leurs envies. Avec tout d’abord un rôle
d’identification des personnes et des besoins. » Selon elle il faut « réaliser un focus sur le rôle
éducatif des femmes, car elle peuvent amener une véritable plus value comme la lutte contre
49
la violence et l’épanouissement personnel. Il faut convaincre les femmes de s’engager et ne
plus attendre ».73
L’opération « Mesdames, franchissez la barrières » apparaît comme une action fondamentale
dans cette valorisation. Cette opération permet d’élargir le réseau des femmes impliquées dans
le football, d’accompagner les femmes dans la prise de fonctions, de féminiser les instances
des clubs, de féminiser l’encadrement féminin au sein des clubs. En résumé elle s’inscrit dans
une démarche de création de réseau.
Selon Sylvie Maillot cette opération permet de « Sortir du stéréotype et du cliché des femmes,
mais aussi et surtout de les rapprocher des clubs».
Bilan de l’opération de l’année 2013:
2630 femmes identifiées dans les clubs. Soit en moyenne 56 par district.
3892 femmes invitées à la réunion d’information du district. Soit en moyenne 83 par
district.
1049 femmes présentes à la réunion d’information. Soit 27% des femmes
initialement contactées.
783 fiches contacts récupérées. Soit 74,6% des femmes présentes à la réunion qui
ont renseigné la fiche contact.
139 formations ont été demandées. 50 ont été effectuées, soit 36%.
73
Entretien du 8 juillet 2014 réalisé au sein des locaux de la Ligue du Languedoc Roussillon
50
L’objectif de cette action est fondamental et multiple : « féminiser les instances et
l’encadrement au sein des clubs, élargir le réseau de femmes impliquées dans le football tout
en les accompagnant dans leur prise de fonctions, partager les bonnes pratiques et dénoncer
les situations discriminantes. Une volonté ambitieuse, qui nécessite au préalable d’identifier
précisément les personnes intéressées ».74
Pour cela la fédération a décidé d’aller à la rencontre des femmes, qu’elles soient
accompagnatrices, supportrices ou autres. Ainsi pour ces actions d’envergure, l’un des
facteurs clés de succès reste la communication autour de l’opération.
Un plan de communication a ainsi été décidé par la FFF. Ce plan commence à porter ces fruits
mais il pourrait être plus efficace à l’avenir.
B. DEVENIR UNE NATION DE REFERENCE EN TERME DE LICENCIEES
Nous avons souhaité débuter cette section par une comparaison européenne afin de
mieux appréhender le positionnement de la France. Nous avons alors réalisé un comparatif
avec les grandes nations du Football Féminin européen en terme de licenciés.
(Tableau 1 : Comparaison européenne du nombre de licencié(e)s)75
74
Source : site fff.fr 75
Recherches basées sur des données de 2014
51
(Schémas 4 Comparaison européenne du nombre de clubs et équipes).76
ATTENTION : Certaines fédérations nationales n'enregistrent pas toutes les équipes d'une
manière formelle
Ces équipes sont inégalement répartis entre les fédérations, avec l'Allemagne et la Norvège
qui représentent ensemble 52 % de toutes les équipes seniors inscrites. La situation est très
similaire pour les équipes de jeunes, avec l'Allemagne et l'Angleterre qui représente 50 % de
toutes les équipes. Il est important de noter que ce ne sont pas tous des clubs purement
féminins : certains sont des clubs mixtes avec les acteurs à la fois masculins et féminins. Ces
données sont à relativisé car elle ne prennent pas en compte le nombre total de population par
pays.
La France fait donc partie des nations importantes et grandissantes du football féminin. Mais
elle doit encore progressé et évoluer si elle veut être la Nation référence.
La France intègre donc le groupe de tête des nations importantes et structurées du football
féminin européen. Cependant l’écart reste présent avec des nations comme l’Allemagne ou la
76
Source des données : UEFA.com
52
Suède qui apparaissent comme des références. La fédération a réalisé une auto-évaluation en
2011.
Le constat démontre que la base de pratiquantes est insuffisante, cette problématique résulte
de plusieurs obstacles :
- Clichés: Méconnaissance du public
- Manque de structures d’accueil de proximité
- Manque de lien entre l’école et le club
- Pas de lisibilité d’un plan de développement national
- Manque de compétition entre 13 et 15 ans
- Structuration des ligues et des districts inadaptée
Le travail qui doit être réalisé en vu d’atteindre l’objectif de devenir une nation référence en
terme de licenciées est néanmoins conséquent.
La FFF est claire sur ce sujet, le développement de plan de féminisation du sport dans sa
médiatisation et sa diffusion passe dans un premier temps par son accès, la mise en place de
structure, sa cohérence et son organisation. Voici les directions déterminées sur ce sujet par la
fédération :
- Offrir des structures d’accueil de proximité avec « la semaine du football féminin »
- Répondre au Manque de lien entre l’école et le club avec l’opération du « Football des
princesses »
- Mise en place d’un challenge féminin National féminin U13.
Nous allons porter notre attention sur les 2 premiers points qui nous apparaissent intéressant
pour le développement du Football mais qui pourrait aussi servir d’exemple pour d’autres
fédérations.
a. La semaine du football féminin :
Cette opération existe depuis 3 années. Ce programme valorise les différentes actions
conduites par les instances et les clubs pour développer la pratique chez les filles et
l’encadrement par des femmes.
Cette 3éme
édition de 2014 fut composée de « plusieurs opérations destinées aux licenciées et
aux non licenciées, qui joueront entre elles, et recevront à chaque fois des cadeaux. Les ligues
et les districts proposent sur des sites pilotes des journées promotionnelles d’initiation au
football. Les clubs animent de leur côté des journées "portes ouvertes" ».77
77
Source : fff.fr
53
Cette action nationale est déclinée par les ligues et les clubs, et touche plusieurs milliers de
participantes. Voici ci-dessous le bilan de l’opération 2012 récupéré auprès de la ligue du
Football Amateur qui met en relief la capacité de la FFF d’attirer des nouvelles licenciées et
sa capacité de les accueillir. Cependant nous pouvons aisément penser que le potentiel
français est largement supérieur aux résultats actuels. Le développement actuel continuera, à
la condition d’un travail réfléchie et bien réalisé par les acteurs du Football français.
54
(Tableau 3 : Bilan régionale de l’opération « la semaine du football féminin » 2012)78
Cette opération permet notamment de réaliser une prise de parole nationale, grâce à une
retombée presse importante et le montage de dossier et communiquée de presse par la
fédération. Mais aussi et surtout une valorisation des opérations promotionnelles des ligues et
districts, ainsi que l’organisation des journées portes ouvertes dans les clubs.
78
Source : Ligue du Football Amateur (2014)
55
b. Le Football des princesses (Opération de Football dans les écoles, collèges et lycées) :
Le 21 septembre 2011, l’Education Nationale, la FFF, l’USEP et l’UNSS ont apporté
un avenant à la convention afin de renforcer la pratique du football féminin à l’école, et
montrer que le football conjugué au féminin est aussi un véritable vecteur éducatif pour
l’école. Cet évènement majeur a rapidement trouvé son premier prolongement avec
l’opération « Football des Princesses », réalisée aussi avec le concours de l’Union Sportive de
l’Enseignement du Premier Degré (USEP). Depuis 2012, l’opération a été élargie aux
collèges, puis aux lycées (2013) en partenariat avec l’Union Nationale du Sport Scolaire
(UNSS).
Cette opération, inscrite dans le cadre de la féminisation du football, vise à favoriser la
découverte du football ainsi que les valeurs portées par les joueuses de l’Equipe de France,
auprès des jeunes filles de l’enseignement primaire et secondaire.
La fédération mise sur l’image des ambassadrices de cette opération (Gaétane Thiney, Laura
Georges et Camille Abily, toutes trois joueuses de l’équipe de France Féminine) afin de
communiquer auprès du grand public et des jeunes filles.
56
L’action consiste à associer dans un même projet, la découverte du football, les valeurs
citoyennes portées par l‘équipe de France féminin. Elle s’articule autour de deux axes
indissociables :
- Un axe sportif;
- Un axe culturel.
La mise en place du dispositif du « Football des Princesses » mise sur un double aspect : la
rigueur du projet et les valeurs ludiques de partage. C'est ce pourquoi aujourd'hui "le football
des princesses" est regardé avec respect.
L’opération est cette année encore une totale réussite puisque nous observons une
augmentation des inscrits dans les classes primaires de 24% avec plus de 1350 classes
inscrites.
Voici un aperçu du bilan de l’opération de cette année :
- 44050 Enfants participants à l’opération
- 1350 Classes participantes
- 725 Écoles inscrites
- 257 Equipes collèges participantes
- 132 Associations Sportives de Collèges inscrites
- 96 Equipes lycées inscrites
- 56 Associations Sportives de Lycées inscrits79
(Schémas 5 : Evolution du nombre de classe de l’opération du « Football des princesses ») 80
79
Source des données : FFF 80
Graphique basé sur les résultats nationaux officiels pour les écoles (2014)
57
(Schémas 6 : Evolution du nombre d’équipes de l’opération du « Football des princesses »)
81
Le retour presse est aussi conséquent pour la fédération qui a donc une nouvelle fois
l’occasion de communiquer sur le développement de son football féminin.
Enfin le Foot à l’école connaîtra un nouveau départ à la rentrée prochaine, ainsi une nouvelle
convention a été signée début mai par toutes les parties concernées. Elle s’inscrit dans la
continuité de l’opération "Football des Princesses" avec comme perspective l’UEFA Euro
2016.
Le Ministre de l’Éducation nationale et Président de l’Union nationale du Sport Scolaire (UNSS),
Benoît Hamon, Madame la Ministre des Sports, Najat Vallaud-Belkacem, Messieurs les Présidents de
la Fédération Française de Football, Noël Le Graët et de l’Union Sportive de l’Enseignement du
Premier degré (USEP) Jean-Michel Sautreau ont signé une nouvelle convention de partenariat le
samedi 3 mai 2014, au Stade de France, en marge de la finale de la Coupe de France.
81
Graphique basé sur les résultats nationaux des collèges (2014)
58
Le développement du football féminin passera probablement en grande partie par
l’investissement des clubs professionnels masculins. Le meilleur exemple en est l’Olympique
Lyonnais (OL) qui domine depuis 8 ans le football français.
«Les clubs professionnels qui ont la volonté de s’engager dans le football féminin apportent
un savoir-faire, des compétences et des infrastructures. Cependant, compte tenu des réalités
économiques, ce modèle de développement ne peut pas être le seul, on doit aussi
accompagner les clubs amateurs.» explique Brigitte Henriques, secrétaire générale de la
Fédération française de football (FFF) en charge de la féminisation82
Nous avons donc réalisé à travers le tableau ci-dessous une identification de la structure des
clubs de D1 française, afin de comprendre comment se composer notre championnat.
(Tableaux 2 : Audit du championnat de France féminin de D1)83
82
Source : http://www.la-croix.com 83
Recherches basées sur des données de 2014
59
En première division féminine, en plus de l’OL féminin, quatre autres équipes sont rattachées
à des équipes professionnelles masculines : l’AS Saint-Étienne, Montpellier, Guingamp et le
Paris Saint Germain.
En face de ces clubs, nous pouvons trouver des clubs amateurs et 100% féminin comme
Juvisy, Henin, Arras… Par le passé une majorité des clubs professionnels ont intégré dans
leur structure une équipe féminine amateur existante.
Ainsi, le Montpellier Hérault avait absorbé Montpellier le Crès au début des années 2000, et
l’OL avait réalisé la même démarche avec l’équipe du FC Lyon.
Depuis peu, Nancy et Lorient ont crée une section féminine, tout comme l’Olympique de
Marseille, qui a dû entamer son parcours au plus bas échelon régional avec l’objectif de
monter parmi l’élite le plus rapidement possible.
Le prestige d’équipe comme l’Olympique de Marseille (OM) permet de renforcer la
médiatisation et l’image du football féminin Français, ce qui a terme devrait jouer sur
augmentation du nombre de licenciés. Encore faut-il que les clubs aient la volonté politique
d’accueillir ses jeunes filles…
La problématique actuelle de la fédération peut être définie comme cela : Faut-il inciter ou
obliger les clubs professionnelles a investir sur une section féminine ?
Cette question pose des problèmes de démarche philosophique au sein de l’institution et
apparaît comme un obstacle important, non pas seulement pour le football mais pour le sport
français dans sa globalité.
II. LA PERFORMANCE DES FEMMES DANS LE FOOTBALL
A. JOUER LES PREMIERS ROLES AU NIVEAU EUROPEEN ET
MONDIAL
Dans un premier temps, nous allons vous présenter le palmarès des clubs et des nations au
niveau européen et mondial. Nous pouvons nous apercevoir que la France ne bénéfice
d’aucun titre au niveau international, et que seul l’Olympique Lyonnais féminin a réussi à
remporter des titres sur la scène européenne.
60
(Tableaux 3 : Palmarès de la Champion’s League)
84
(Tableaux 4 : Palmarès de la Champion’s League)
85
84
Source : UEFA.com
61
(Tableaux 5 : Palmarès des championnats d’Europe féminin)
86
La France doit donc combler ce retard si elle veut jouer les premiers rôles au niveau européen
et mondial. Afin de mieux appréhender cette situation et les directions stratégiques misent en
place par la FFF, nous avons réalisé un audit européen sur les différents pays ou le Football
féminin y est implanté et bien développé.
(Tableaux 6 : Format des compétition de D2)
87
85
Source : UEFA.com 86
Source : UEFA.com
62
(Tableaux 7 : Format des compétition de D1)88
Nous avons aussi tenté de comprendre la structure des clubs de nos voisins européens afin
d’interpréter qu’elle serait le meilleur model à mettre en place, ou du moins sur lequel la
France pourrait s’inspirer.
87
Recherches basées sur des données de 2014 88
Recherches basées sur des données de 2014
63
(Tableaux 8: Structure des clubs féminins en Europe)89
En conclusion de ces travaux de recherche, voici ce que l’on pourrait appréhender grâce à la
construction de ces schémas :
Les pays nordiques (Suède, Norvège & Danemark) culturellement en avance sur la
féminisation de leur pays ne répondent pas à un modèle de sections féminines rattachées à un
club professionnel très développé. La Norvège et le Danemark ont une base majoritairement
composée de clubs féminin/masculin (amateur) alors que la Suède est majoritairement
composé de clubs uniquement féminin.
• L’Angleterre, pays avec des structures Footballistiques plus développées a une base
majoritairement composé de sections féminines rattachées à des clubs professionnels
bénéficiant ainsi de structures déjà existante.
89
Recherches basées sur des données de 2014
64
• L’Allemagne et les Pays-Bas ont un model intermédiaire composé de sections féminines
rattachées à des clubs professionnels et de clubs 100% féminin. L'ALLEMAGNE qui de part
ses résultats est considéré comme le pays le plus performant, affiche la force de son
développement à travers cet équilibre. Les clubs sont très accompagnés par la Fédération
Allemande. Les PAYS-BAS ne bénéficient pas des mêmes résultats, mais espèrent grâce à ce
model hybride, développer la compétitivité de ses clubs.
• Enfin la France a un model comparable à celui des Pays-Bas, model hybride mais la
catégorie "section féminine rattaché à un club professionnel » est très hétérogène.
L'Allemagne étant le pays le plus performant au niveau féminin, il semblerait que l'avenir de
la structure des clubs féminins de haut niveau se situe dans un équilibre de clubs 100%
féminin, associés à des clubs rattachées à des sections féminines de clubs professionnels à
condition que ces clubs partagent une véritable volonté politique de développement de leur
section féminine.
Après avoir brièvement présenter la structuration chez nos voisins européens, nous allons
vous présenter le constat réalisé par la fédération en 2011 au point de vue national. Ce constat
se base sur une réflexion simple : l’insuffisance locale des conditions de pratique de haut
niveau avec :
- Peu ou pas d’aménagement du temps de travail des joueuses
- Statut fédéral inadapté au contexte
- Compétition de Ligue 1 peu attractive
- Peu d’implication des clubs professionnels
- Des ressources économiques des clubs insuffisantes
Afin de répondre à ces problématiques, la fédération a déterminé 5 axes clés de
développement :
1. La création de séminaire des clubs de D1
2. La modification du statut de la joueuse fédérale
3. L’accompagnement des clubs de D1
4. Le benchmark des championnats féminins européens
5. La valorisation de la D1 par la TV.
Nous allons essayer de vous détailler les points suivants, mise à part la modification du statut
de la joueuse fédérale qui est toujours en cours de réflexion.
65
a. La création de séminaire des clubs de D1 :
La fédération a dans cet objectif organisé des séminaires en réunissant les clubs de D1
dans leurs locaux. Ces séminaires permettent de réaliser des tables rondes et d’aborder tous
les sujets importants pour le développement et l’organisation d’un club de haut niveau,
comme celui réalisé en février 2013 :
b. L’accompagnement des clubs de D1 féminine
Des formations ont été mises en place par la fédération. Des formations qui concernent
plusieurs point clés :
-« Stratégie de communication en marketing » ;
-« Gestion financière et DNCG » ;
-« Le projet sportif su club » ;
-« responsable Sécurité ».
Ces formations sont très appréciées et d’une grande utilité pour les clubs. Cependant, la mise
en pratique doit aussi être accompagnée et suivie. Mais les clubs féminin doivent se structurer
et réfléchir à un business modèle cohérent afin d’apercevoir un avenir plus serein.
C’est donc pour cela que la fédération a crée un « manuel club de D1 ». Cet outil a la volonté
d’apporter une aide concrète aux clubs féminins. Ce manuel est rempli d’informations en
relation avec le déroulement, l’environnement et le règlement de la compétition.
66
En voici le sommaire:
La D1 féminine
Préparer sa saison
Installations sportive
La rencontre
Promotion et marketing
Les medias
Contacts utiles
Outils
c. Benchmark des championnats européen féminins:
Nous remarquons que la pratique féminine du football a connu de nombreux freins
dans notre pays, contrairement à ce qu’elle représente en Allemagne, en Suède ou en Grande-
Bretagne. Cependant, ces barrières culturelles semblent levées aujourd’hui, en grande partie
grâce aux équipes féminines des clubs professionnels. Ces dernières, viviers d’une équipe de
France ambitieuse, constituent des vitrines sportives, médiatiques et donc à terme
économiques, indispensables au développement et à la professionnalisation de la discipline.
Cette professionnalisation ne sera possible qu‘avec l‘arrivée de partenaires financiers,
notamment les partenaires TV, point indispensable de cette professionnalisation que nous
allons étudier par la suite.
Afin de mieux comprendre l’évolution du Football Féminin, la FFF a réalisé un audit sur les
autres championnats féminins. Les conclusions sont les suivantes:
« Si l’on regarde la mise en place de la WSL (Angleterre) et de la BeNe League
(Belgique/Pays-Bas), on constate qu’il existe une réelle dynamique de développement du
football féminin en Europe. Ces deux compétitions rassemblent les meilleures équipes du pays
et ont vocation à accroître la compétitivité nationale. L’efficacité de ce nouveau modèle
pourra être mesurée dans les prochaines années.
Enfin, si l’on projette notre analyse hors de l’Europe, et plus particulièrement aux USA, on
constate que le fonctionnement interne des championnats s’organise sous forme de ligues
fermées, avec un système de franchises. Néanmoins la dynamique serait à une forte vocation
supranationale : mise en place récente d’une ligue majeure de football féminin, commune au
Canada, USA et Mexique, qui rassemble les meilleures joueuses de pays limitrophes comme
c’est le cas pour la BeNe League. »
67
Il est donc important de noter que ce mouvement de mutualisation entre les championnats
nationaux est un élément central dans le développement mondial du football féminin. De plus
ce point diffère des compétitions masculines et en fait donc une spécificité du Football
masculin.
d. la valorisation de la D1 féminine par la diffusion TV:
Dans un premier temps, nous avons souhaité mener des recherches afin de réaliser un
état des lieux sur la situation de la diffusion des championnats féminins européens. La
synthèse suivante peut être dégagée.
Grâce notamment à la diffusion de la D1 féminine par Eurosport depuis 3 ans maintenant, et
plus récemment à un accord avec l'Allemagne pour la Bundesliga féminine, les audiences
moyennes ont progressées et sont intéressantes. Elles se rapprochent des audiences des
championnats masculins de 2eme division sans avoir les meilleurs créneaux horaires. Sachant
que 7% des retransmissions sportives sont féminines et 95 % de ces retransmissions sont en
payant en France, il est probable que le sport et notamment le football féminin change de
visage grâce à une meilleure visibilité télévisuelle.
Lors de nos recherches, il est apparu pour les différentes fédérations diffusées, qu'il doit avoir
un vrai accompagnement des fédérations afin de professionnaliser l'organisation des matchs
diffusés. Les clubs professionnels doivent avoir des structures d’accueil de qualité et livrer un
produit propre aux téléspectateurs : la rencontre TV se doit d’être esthétique (beau stade,
habillage, etc…). Si la production est a moindre coût « low-cost », cela risque d’être contre-
productif. Il serait intéressant de trouver un créneau horaire spécifique pour le football
féminin pour éviter la concurrence avec le football masculin comme pour la France (Exemple:
Le Football féminin suédois se joue le mardi).
(Tableaux 9 : Le Football européen féminin et ses contrats TV)90
90
Recherches basées sur des données de 2014
68
Division 1 féminine
7 matchs retransmis en 2011-2012
4 sur Eurosport
3 sur France 4
Moyenne des audiences pour les 7 retransmissions
88 000 sur Eurosport
365 000 sur France 4
B. INNOVER EN MATIERE DE FORMATION
Le développement du football féminin Français est sûrement à un tournant de son
histoire au vu des efforts réalisés. Mais il est clair que ces efforts resteront vains si la
formation de nos joueuses ne progresse pas. « Il ne faut pas oublier le terrain, et la
formation » nous précise Sylvie Maillot très impliqué dans le consentement d’efforts à réaliser
en matière de formation. Car la formation représente le socle d’une structure, elle permet de
dénicher et de former les joueuses qui seront capables de faire avancer ce sport et le placer au
plus haut niveau de la hiérarchie mondiale. Les joueuses représentent la base, et leur
formation en est ainsi l’élément essentiel.
Depuis plusieurs années, de nombreuses voix s’élèvent sur la modification des parcours de
formation dans le football féminin. Faut-il imiter les garçons ? Faut-il créer des parcours
d’excellence ? Faut-il se rapprocher des parcours académiques ?
Toutes ces questions ont été posées par la fédération. Mais avant tout, comme leur
« processus » méthodologique l’a indiqué lors des points précédents, La 3F a souhaité réaliser
un constat en 2011.
Les indications à retenir sont les suivantes:
1. Pas de structures d’excellence de préformation ;
2. Niveau de recrutement trop faible dans les pôles ;
3. Pas de structures de post formation sportive ;
4. Pas assez sections sportives ;
5. Stabilité de l’encadrement des jeunes insuffisante.
Après avoir réalisé cet état des lieux interne, la fédération s’est alors fixé des objectifs afin de
corriger les problèmes entraînant ce déficit de formation. La direction a souhaité que ce projet
de développement soit un projet transversal. A cet effet, elle a délégué des objectifs a
différentes directions afin de concerner toutes les parties. Le but de cette nouvelle dimension
de travail est de créer une synergie autour de la féminisation du football. Synergie que nous
souhaitons dorénavant retrouver autour du sport français.
69
Ci-dessous voici les objectifs fixés par la 3F en réponse aux barrières aperçus ci-dessus via le
constat de la 3F :
1-Renforcer l’accompagnement des sélections
Comment ?
- Management des sélections ;
- Valorisation d’une identité propre (projet de jeu adapté à la spécificité du football féminin) ;
- Suivi individualisé des joueuses, des sélections jeunes au A ;
- Affichage accru (médias, partenaires…).
2-Créer les Filières de Préformation et Post-formation
Comment ?
- En réalisant une réflexion sur le modèle de préformation possible (centre de
perfectionnement, pôle de préformation Etc..) ;
- Création des centres universitaires ;
- Accompagnement création section sportive ;
- Réalisation du projet de cartographie de la filière fédérale (Pôles).
3-Fixer les priorités de la politique technique nationale adaptée au public féminin
Comment ?
- Cellule recherche (physique, technique, mental) ;
- Commission fédérale de haut niveau : évaluation du niveau du football féminin français par
rapport aux autres pays (réalisé en partie par le benchmark européen) ;
- Mettre en place des passerelles avec les clubs de D1.
Ces orientations, une fois validées politiquement, constituent le cadre de référence des
groupes de travail œuvrant en matière de développement, d’offre et d’organisation des
pratiques. Soit le la mise en pratique sur le terrain de ces directions stratégiques.
La mise en place de cette orientation a commencé, mais des résultats concrets ne pourront être
déterminés seulement dans quelques années, car la formation est un travail de longue durée.
Cependant, le fait de vouloir reformer son programme de formation démontre à quel point la
3F souhaite s’investir dans le Football Féminin.
En conclusion de cette partie, il est primordial d’aborder plusieurs points essentiels au succès
de ce développement.
L’aspect financier de cette volonté de développement est certainement le plus important. En
effet sans un investissement conséquent, le plan de féminisation du football français ne pourra
pas être efficace. Sans financement, toutes les bonnes volontés politiques tomberont en
70
désuétudes. C’est en ce sens que nous pouvons nous apercevoir que la volonté politique de la
fédération est forte. En effet plusieurs millions d’euros sont consacrés à ce plan, plus de 10
000 000e selon la presse spécialisée, pour la 3F qui annonce un budget prévisionnel global de
205 000 000e cette année.
La stratégie de mise en œuvre du plan est aussi primordiale. Une véritable cohérence entre la
FFF et la Ligue du Football Amateur (LFA)91
doit être trouvée.
La qualité de la déclinaison régionale est aussi un point fondamental afin de développer ce
plan de disposition global.
La complexité politique de la FFF pourrait être un obstacle à cette déclinaison. Cependant, la
fédération consciente de cette situation responsabilise en ce sens la commission fédéral de
féminisation, les présidents de ligues et les directions techniques régionales. Mais l’adhérence
globale de ce plan reste encore à prouver.
Enfin la dernière problématique réside dans l’évaluation des actions mises en place. Dans ce
cas aussi la fédération à su répondre intelligemment en adaptant ses conclusion par ligues, et
en s’attachement à une évolution et une progression permanente par territoire.
La force actuel et le succès de ce plan de féminisation résident dans les hommes et les femmes
qui le porte. La 3F peut donc se féliciter de l’implication, de l’efficacité et de la perspicacité
de Noël LeGraet (Président de la FFF), Brigitte Henriques (secrétaire générale de la FFF),
Michèle Chevallier (Présidente de la commission fédérale de féminisation, FFF), Frédéric
Jossinet (plan fédéral de féminisation), Florence Hardouin (Direction générale délégué, FFF)
et toutes les autres personnes qui œuvrent pour le développement du football féminin
Français.
91
« La Ligue du Football Amateur est chargée de gérer, au sein de la FFF et sous contrôle, l'ensemble du
Football Amateur et de fédérer les actions des Ligues régionales, des Districts et des clubs. Elle n'a ni
personnalité morale, ni autonomie financière. » (Wikipedia)
71
Partie 3 : Comment donner au sport féminin les moyens de
ses ambitions ?
L’exemple de la fédération Française de Football démontre parfaitement que le sport
Français est en évolution et cherche des solutions pour le développement de son sport
féminin. Les fédérations sont à des degrés de développement différents mais elle ont une
volonté de progresser qui est affirmée.
Le 18 mars 2014 et l’organisation du séminaire "Partageons nos "Elles" pour le Sport", le 1er
février avec "Les 24h du sport féminine" sont des actions qui démontrent la synergie qui se
crée autour de la féminisation du sport mais aussi et surtout le potentiel du sport féminin qui
pourrait apporter un souffle nouveau au sport français. Cet élan a besoin de donner des
moyens à ses ambitions. La 3F le démontre en se positionnant en tant que leader de ce
mouvement92
. Néanmoins, la continuité et la pérennité de cet objectif est essentiel.
La continuité et la pérennité de la féminisation du sport devra également surmonter des
obstacles, qui sont nombreux et difficilement prévisible. Tout d’abord, le model féminin
sportif a des particularités que le model masculin n'a pas. Des solutions nouvelles et
ambitieuses doivent être mise en place. Une stratégie global doit être réfléchie et l'innovation
et l'audace doivent être de mise.
Cette section a pour but de proposer de nouvelles solutions et d’apporter un regard nouveau et
non simplement répertorier les nombreuses pratiques misent en place. L’objectif est d’offrir
des propositions concrètes pour le développement du sport féminin à moyen et long terme.
Dans un premier temps, nous nous efforcerons d’offrir des propositions spécifiques au
football afin d’offrir des propositions plus globales pour le sport féminin. Il est certain que
chaque sport est unique et doit faire face a des challenges propres. Cependant, malgré les
spécificités ayant attrait a chaque sport, il est possible de présenter des propositions qui
peuvent s'adapter de manière transversale quelque soit le domaine sportif.
Afin d'être le plus proche de la réalité du terrain, nos recommandations, se basent et sont
inspirés de multiples rencontres, discussions et conférences ainsi que de données
scientifiques.
92
La Fédération Française de Football a reçu le prix Stratégie et Développement du Sport Féminin pour son plan
de féminisation par Fémix’Sport.
72
Ces recommandations clés concernant la Fédération Française de Football sont les suivantes :
1) la modification de la structure des championnats de football féminin,
2) création d’un championnat U18 national chez les jeunes féminines,
3) création d’une « indoor cup »,
4) l’élaboration d'un programme de football féminin à l'école très poussé en lançant une
nouvelle offensive en faveur du foot à l’école,
5) la mise en place d’un créneau horaire spécifique pour le football féminin pour éviter la
concurrence avec le football masculin.
Les autres recommandations clés sont :
6) Faire de chaque rencontre un évènement
7) Mise à niveau des salaires des sportives
8) Utilisation de l’outil Internet et des réseaux sociaux comme outil de communication
9) Création de compétition mixte lors desquelles la visibilité du sport masculin pousserait le
sport féminin
10) Création d’un réseau de femmes
11) Concentration sur la formation des dirigeants
12) Utilisation des médias traditionnels pour faire exister l’actualité sportive féminine
13) Mise en place de partenariats entre chaînes publiques et privées
14) Création d’évènements mettant en avant le sport féminin
15) Amélioration des conditions d’entraînement des sportives pour avoir un haut plus
compétitif
- La première proposition serait la modification de la structure des championnats de
football féminin. En effet, de part le Benchmark européen réalisé sur les autres
championnats, nous avons remarqué que la France incarne le pays qui compte le plus de
poules et le plus de clubs de D2 malgré le fait qu'elle soit la nation avec le plus petit nombre
de clubs93
.
Nous pouvons alors remettre en question la compétitivité de la D2 Française qui avec 36 clubs
n’apparaît pas comme l’antichambre de la D1. Cela ne permet pas de niveler le niveau
footballistique entre clubs de D1 et clubs de D2. En observant la pyramide du football
allemand, qui semble être le modèle le plus compétitif, on remarque que la compétition élite
est très resserrée. Il existe 12 équipes de moins au second échelon qu’en France. Néanmoins,
ces deux systèmes sont assez similaires.
93
Le championnat de D2 féminin est organisé en 3 poules de 12 équipes, soit 36 clubs
73
Nous proposons donc la modification du nombre de poules de D2, une modification qui
entraîne le passage de 3 à 2 poules de 12. Mais aussi de créer une 3eme
division avec 3 poules
de 12 et de conserver les championnats de Division d'Honneur (DH) qui existent déjà. Cela
permettrait de rendre la compétition plus attractive en rééquilibrant le niveau avec les équipes
qui accèdent en D2 et en D1. Il faut avoir des rencontres les plus équilibrées possible. C’est la
clef de la réussite future du football féminin. Par exemple, les victoires importantes de
l’Olympique Lyonnais décrédibilisent la qualité championnat. Ce qui entraine une
détribalisation du football féminin. De plus, ce surplus de clubs ne permet pas de concentrer la
qualité et de rapprocher le niveau de la D1 à celui de la D2 .
Voici donc en schéma notre proposition:
Il est possible de créer des systèmes de play-off et de barrages afin d'organiser les systèmes de
montée et de descente.
- La deuxième proposition serait de créer un championnat U18 national chez les jeunes
féminines qui n'existe actuellement pas. Cela permettrait de créer un championnat
intermédiaire plus cohérent chez les jeunes filles. Nous pouvons remarquer à travers une
réflexion basé sur des études réalisées par la FFF qui seront rendus public prochainement que
le taux important d'abandon du Football chez les filles se situe vers l’âge de 15 ou 16 ans.
La création d'un championnat U18 féminin national de 12 clubs et de 2 championnats U18
féminin régionaux nous paraît cohérent pour le développement de la formation française, et la
correction du vide qui existe à cet âge là. Cela permettrait de conserver la compétitivité des
2 clubs descendent
en D2
4 clubs descendent
en D3
2 club montent en
D1
4 clubs montent en
D1
Championnats de DH
74
jeunes filles, et de créer une élite plus jeune que ce qu'il existe déjà et donc de gagner du
temps sur la découverte des jeunes talents.
- La troisième proposition serait la création d’une "indoor Cup"94. C’est une opportunité
pour la FFF, car très attractif ce genre de compétition pourrait rassembler un large public et
permettrait d'avoir une compétition avec une plus large visibilité télévisuelle.
L'objectif serait de créer un évènement festif qui rassemble tous les clubs sur 2 ou 3 jours. La
création de cette coupe permettrait d'exploiter plusieurs leviers:
- Le développement croissant du football en salle
- La proximité de ce genre d'évènement
- La possibilité de rassemblée la presse, les sponsors et les fans sur un même lieu
- Créer le buzz en créant un focus sur le football féminin
"L'indoor cup" existe déjà en Allemagne, et connaît un franc succès. Elle pourrait représenter
en France un tremplin médiatique et le rassemblement de toute la famille football derrière le
football féminin. Cette coupe s'organiserait avec les 12 équipes de 1ere
Division divisé en 4
poules de 3, puis par la suite des phases finales. L'aspect compétitif doit rester important, car
il faut continuer de crédibiliser le football féminin dans ses performances sportives. Cette
proposition correspond à une proposition efficace du point de vue marketing mais aussi
sportif.
- La quatrième proposition serait l'élaboration d'un programme de football féminin à
l'école très poussé en lançant une nouvelle offensive en faveur du foot à l’école. Cette
proposition s'inscrit dans un projet d’intégration sociale des filles par le foot pour intéresser
plus de filles et de jeunes femmes à ce sport. Nous avons remarqué lors de la section
précédente que le 3 mai 2014, en présence du président de la République Monsieur François
94
Un tournoi de football en salle
75
Hollande, une convention initiant le projet "Foot à l'école" (c.f Football des Princesses) a été
signée entre le Ministère de l'Éducation Nationale, le Ministère de Sports, la FFF, l'USEP et
l'UNSS. L'offensive que nous recommandons va avoir lieu. Mais sera-elle à la hauteur des
enjeux?
L'avenir du sport se joue dans l'éducation, et donc dans les écoles, collèges et lycées de
France. Le CNOSF a l'ambition pour notre pays de "passer d'une nation de sportifs à une
nation sportive". La clé de cette ambition se trouve sûrement dans nos établissements
scolaires, tout comme la clé du développement du Football Féminin. Nous recommandons
que la FFF fasse de ce projet une priorité, en amenant de nouveaux moyens humain et
financier. Il faut renforcer le lobby "Football" & "Football féminin" auprès des institutions.
Bien que le football soit le sport le plus apprécié et le plus populaire de France, le football est
proportionnellement peu pratiqué dans les établissements scolaires français. L'enjeux est donc
de s'y imposer: Le Football féminin sortira très probablement gagnant de cette action.
Dans les faits nous recommandons à la FFF de garder cette ligne de conduite mêlant action
culturelle et sportive (cf. Opération "Football des Princesses") mais en progressant sur ses
relations avec l'éducation national, ses partenaires, la formation des professeurs, la
communication, le marketing et surtout le rapprochement des établissements scolaires avec
les clubs régionaux.
Ce sport a la possibilité de fédérer, de faire régner l'égalité entre tous et toutes, de pousser au
respect. Ces valeurs sont très représentatives du Football féminin et ne pourront que faire
progresser ce sport et la société.
- La cinquième proposition serait la mise en place d’un créneau horaire spécifique pour le
football féminin pour éviter la concurrence avec le football masculin. En France, 7 % des
retransmissions sportives sont féminines et 95 % de ces retransmissions sont en payant en
France. Le Football a le potentiel pour faire évoluer ces chiffres. En Suède, le Football
féminin se joue le mardi pour éviter la concurrence frontale avec le football masculin, malgré
le peu d’espace temporel disponible, il pourrait être intéressant de trouver un créneau adéquat
à une meilleure visibilité du football féminin.
Le lundi, le jeudi ou le vendredi pourraient convenir malgré quelques obstacles pour chaque
proposition.
- Lundi : Diffusion d’un match de L2 ;
- Jeudi : Diffusion de l’Europa League masculine ;
- Vendredi : Diffusion d’un match de L1.
Une réorganisation du calendrier pourrait avoir lieu, afin de mettre en valeur le championnat
de France féminin, en décalant par exemple le match de L2 du lundi. Ces efforts sont
possibles et pourraient constituer un important vecteur de croissance dans la visibilité et dans
la progression du football féminin en France.
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- La sixième proposition serait de se concentrer à créer un évènement lors de chaque match.
Que les rencontres soient un moment où les spectateurs partagent un moment unique et se
retrouvent au plus près des joueuses qu’ils soutiennent. Il faudrait se focuser sur le spectacle.
En conséquence, il pourrait être créé des animations avant, à la mi-temps et à la fin du match.
Ces animations pourraient se concrétiser en des tournois de jeunes, des concours, une plage
pour des autographes et des photos avec les joueuses. Il faudrait créer un moment privilégié
avec l’équipe dont les supporters se souviennent.
- La septième proposition serait de revaloriser le salaire des sportives. En effet, beaucoup trop
de sportives n’ont pas les moyens d’atteindre le haut niveau car elles ne sont pas dans des
conditions opportunes, notamment en étant obliger de coupler un travail alimentaire aux côtés
des entraînements. Il faudrait également que les salaires des sportives soient en adéquation
avec leurs résultats sportifs. Les joueuses de football les mieux rémunérées en France
perçoivent au maximum 10 000 € par mois, les joueuses de l’Olympique Lyonnais mais la
plupart touche en moyenne environ 1 000 à 1 500 € ou n’ont pas de salaire. Certaines
Fédérations pratiquent des niveaux de primes équivalents pour les hommes et les femmes,
telles le judo, l’escrime, le handball ou l’athlétisme. Ainsi, dans le top 50 des joueurs les plus
payés on ne retrouve qu'une femme, Marion Bartoli (la première depuis 5 ans). Des chiffres
qui interpellent puisqu’au regard de ce constat d’inégalité, les femmes qui pratiquent du sport
ne voudront plus forcément le faire à haut niveau car elles ne gagneront pas assez d’argent et
privilégieront leurs études. Comme dit dans le corps de la thèse, si les inégalités salariales
persistent, la relève de haut dans de nombreuses disciplines n’est pas asssurée.
- La huitième proposition serait de développer le modèle économique du sport à travers
Internet. Cette solution est déjà préconisée par le Conseil National du Sport.
« Il n’y a jamais eu autant de sport accessible gratuitement qu’aujourd’hui, souligne la
ministre. Mais cet accès se fait sur Internet, ce qui rebat les cartes pour les détenteurs de
droits. Là encore, le sport féminin pourrait y gagner » expliquait Christine Kelly. Ainsi, le
futur du sport féminin pourrait se jouer sur Internet. Il faudra promouvoir toutes les
plateformes Internet pour communiquer auprès du grand public avec la diffusion des matchs
en direct sur les sites des Fédérations, des clubs ou autres, l’utilisation systématique de
Facebook et Twitter pour permettre au plus grand nombre de suivre l’actualité sportive
féminine et la création de blogs dédiés à des sports précis ou non mais qui relaient
l’information et la visibilité du sport féminin. Les réseaux sociaux permettent une certaine
attractivité pour la pratique du sport par les femmes car ces dernières peuvent partager leur
passion, leurs expériences, leurs conseils et bien d’autres choses. En plus d’être plus
accessible, cette nouvelle visibilité amènera des sponsors qui sont à l’affût de nouveaux
moyens pour toucher leurs cibles. Qui dit plus de sponsors, dit plus d’argent pour le sport
féminin.
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- La neuvième proposition serait de profiter des compétitions masculines pour mettre en avant
les compétitions féminines. Ainsi, l’attractivité du sport masculin permettra au public touché
de s’intéresser au sport féminin équivalent. En conséquence, il faudrait créer des
championnats nationaux ou internationaux masculins et féminin en même temps et sur le
même lieu, ce qui drainerait le sport féminin et optimiserait les frais de production.
- La dixième proposition serait la création d’un réseau de femmes dirigeantes pour créer un
espace où les femmes pourraient échanger et conseiller sur tous les sujets généraux et
quotidiens. Ce réseau serait également une mine d’informations pour les femmes se destinant
de près ou de loin à des carrières de dirigeantes dans le sport, pour qu’elles puissent avoir des
soutiens, et pourrait susciter des vocations, inciter des femmes à s’engager dans le milieu,
faire connaître les postes à pourvoir, ce qui aurait pour conséquence d’augmenter les femmes
dans les instances dirigeantes.
- La onzième proposition serait la mise en place de formation des dirigeants dans le monde du
sport, homme ou femme, pour qu’ils prennent conscience de la problématique de la
féminisation des instances sportives, qu’ils en comprennent les enjeux au regard de la pratique
sportive des femmes. Il faudrait également se concentrer dans les formations d’entraîneurs à
expliquer les spécificités technico-tactique des jeux masculin et féminin, de mixer les styles à
l’entraînement et faire connaître ce qu’apporte les femmes entraîneurs et les hommes
entraîneurs dans le métier pour qu’ils puissent échanger et se servir des compétences de
chacun. Il faudrait également construire la logique interne du sport au regard des différences
mais aussi de la complémentarité des performances masculines et féminines.
- La douzième proposition repose sur une collaboration avec les médias traditionnels afin
qu’ils puissent donner une actualité hebdomadaires des championnats des sports collectifs
féminins, comme ils le font pour les sports masculins. Cette initiative permettrait une visibilité
aux clubs et aux joueuses toute au long de l’année à moindre coût. Actuellement, les médias
n’annoncent les résultats sportifs féminins que lorsque ces dernières atteignent les phases
finales.
- La treizième proposition serait de créer des collaborations entre les chaînes publiques et les
chaînes privées. En effet, l’intérêt de la télévision gratuite est qu’elle permet un accès au plus
grand nombre. Le schéma serait le suivant : les chaînes gratuites diffuseraient quelques
rencontres et l'exposition d'extraits de rencontres dans des magazines dédiés au sport avec
l’intervention de spécialistes, apportant la visibilité nécessaire au développement de la
discipline et de la compétition. Les chaînes payantes diffuseraient l'ensemble de la
compétition, sous forme de retransmissions et de magazines dédiés et construiraient alors un
feuilleton autour des performances des compétitrices. Ce modèle permettrait de partager les
coûts de production ou de marketing.
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La quatorzième proposition serait de créer encore plus d’évènements dédiés au sport féminin
afin d’assurer une plus grande visibilité auprès du grand public. Il sera remarqué que depuis
l’organisation des « 24h du sport féminin », les médias parlent beaucoup plus de sport
féminin.
La quinzième proposition serait d’améliorer les conditions de vie des athlètes de haut niveau,
qu’elles puissent s’entraîner sur des terrains convenables, l’accompagnement des femmes en
général au sein des structures d’entraînement et la gestion des spécifiés que peut rencontrer la
sportive dans sa vie. Quand une sportive est enceinte par exemple, la faire suivre par un
gynécologue formé aux particularités du sport de haut niveau pour lui permettre de maintenir
une activité adaptée le plus longtemps possible pour faciliter la reprise. Aujourd’hui, plusieurs
sportives ont démontrées qu’avoir une vie de femmes et faire du sport de haut niveau ne sont
pas incompatibles, telles Laure Manaudou, Laura Flessel, Muriel Hurtis, Christine Arron qui
ont continué être performantes sur le terrain tout en étant mères et ont prouvé qu’elles
pouvaient revenir au meilleur niveau après une maternité. Permettre aux sportives d’être
épanouies dans leur vie personnelle feront d’elles de meilleures athlètes.
La conclusion de cette partie sera laissée à Vincent Rousselet-Blanc : « […] C’est compliqué
le sport féminin »95
.
95
Interview Foot d’Elles, 1 02 2014
79
Conclusion générale
L'intérêt porté, d'une manière générale, à la pratique féminine a une croissance
crescendo. Les résultats des basketteuses plébiscitées par les Français, des ‘rugbywomen’ qui
réussissent pleinement leur coupe du monde organisée en France, le handball féminin qui
continue son embellie, les résultats des bleues de l'équipe de France Féminine de Football et
autres succès féminin Français ont focalisé l'attention de la féminisation du sport dans notre
pays. Mais soyons-en sûre, le sport féminin français est encore bien loin d'avoir exprimé tout
son potentiel. C'est une des raisons qui nous a conduit à étudier ce sujet en profondeur.
Cependant des barrières persistent, et comme le note, Françoise Sauvageot, Vice-présidente
CNOSF en charge de la diversité des pratiques et de la vie associative :
« Personne ne peut rester insensible aux difficultés que rencontrent les sportives de haut
niveau, y compris dans des sports collectifs dits professionnels, lorsqu’elles sont
sélectionnées sur des compétitions internationales. Comment concilier l’inconciliable, un
métier et un sport de haut niveau, alors que pour la même discipline, les garçons ne sont pas
confrontés à ces difficultés ? »
Cette thèse professionnelle et les recommandations qui en découlent ont pour but de mieux
appréhender l'état du sport féminin, son histoire, son évolution et d'en réaliser un état des
lieux. Ce travail a permis de réaliser une véritable analyse du plan de féminisation de la
Fédération Française de Football, véritable locomotive de ce développement. Il montre la
complexité du sujet mais est plutôt positif dans sa conclusion : le sport féminin est voué à se
développer et à prendre une place plus importante dans les prochaines années. Il ne s’agit pas
de démagogie mais de prise de conscience et d’une volonté d’agir sur la visibilité et le
développement du sport féminin sur le long terme.
Malgré tous nos efforts, nos travaux se limitent à une vision Franco-française de cette
évolution. Afin de palier a cette lacune, notre étude a effectué un authentique audit européen
afin de mieux comprendre les modèles étrangers, de mieux cerner les facteurs clés de
réussites, les stratégies misent en place et l'importance de la culture.
Cet audit doit d’être plus développé dans l’avenir afin d’offrir une vision plus globale du
développement du plan de féminisation. Car il est certain que dans un futur proche, les
fédérations devront se déplacer dans des pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou la Suède,
afin de mieux s'inspirer de leurs modèles qui réussissent à imposer le sport féminin comme
l’égale du sport masculin. La volonté du CNOSF qui est de "passer d'une nation de sportifs à
une nation sportive", déjà cité dans ces travaux n'en sortira que grandit.
Nous espérons que ces travaux apporteront un nouveau regard sur cette évolution et
notamment sur la volonté politique de la FFF de développer la féminisation du sport. Le sport
féminin n'est que trop peu mis en lumière, et les travaux effectués sur son évolution ne
peuvent être que positif.
80
Le principal apport de cette étude est son analyse poussée sur la stratégie de la Fédération
Française de Football, stratégie qui pourrait inspirer d'autres fédérations Françaises, car le
maillage régionale utilisé par le football est aussi utilisé dans d'autres sports. De plus la mise
en place de ce plan qui apparaît comme efficace et cohérent, par une fédération qui avait
beaucoup de retard sur ces homologues européens, apparaît comme une source d'espoir pour
le sport Français.
Ce plan de féminisation de la 3F que nous avons largement étudié découle d'une volonté de
Noël le Graet de placer la féminisation du football comme l'une des priorités de la fédération.
Le président a donc confié a Brigitte Henriques, ancienne joueuse internationale, le soin de
rédiger un plan sur 4 ans. Ce projet sportif qui touche, aussi à la vie associative et, par-là, à la
pérennité et à l'avenir sport amateur, s'articule autour de quatre axes: valoriser la place des
femmes dans le football, devenir une nation de référence en termes de licenciées, jouer les
premiers rôles au niveau international et innover en matière de formation. Le plan continue
actuellement d'être accompagné dans sa globalité par la mise en œuvre d'une stratégie
marketing et de communication.
Enfin, les propositions et recommandations réalisées lors de notre 3eme
partie peuvent être
source d'inspiration pour la 3F et les autres fédérations. Nous sommes conscient que ces
propositions ne sont que conceptuelles mais elles se basent sur des recherches précises et
réfléchies ou sur des cas pratiques réalisés par d'autres fédérations étrangères et qui ont connu
une importante réussite. Ainsi le Benchmark européen réalisé a été riche d'enseignements et
doit constituer le départ de l'ouverture du sport féminin Français hors des frontières
nationales, afin que la féminisation du sport ne soit non pas l’avenir du sport mais son
développement logique.
La place de la femme dans la sport est aussi le reflet de la place de la femme dans la société.
Les différences culturelles entre pays ont alors un rôle important sur l’écart et la différence du
développement de la féminisation sportive. Il est clair que les pays européens « Nordistes »
sont en avance dur les pays « Sudistes ». Le sport est le reflet de la société et une étude
comparative entre l’évolution de la place de la femme dans les sociétés contemporaines et le
développement du sport féminin mériterait d’être développée, car cela représente un point
central.
Mais à contrario le développement de la féminisation du sport peut aussi aider et apporter un
regard nouveau sur la place de la femme dans la société. Heywood Hale Broun96
nous a
expliqué, il y a plusieurs dizaines d’années que « le sport ne forge pas le caractère. Il le
révèle ». A travers ces travaux et l’extraordinaire potentiel du sport, nous pensons de manière
objective que « le sport ne forge pas une société. Il la révèle »…
96
Auteur, journaliste sportif et commentateur américain des années 1950.
81
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> http://www.sportiva-infos.com/
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> UEFA, Classement UEFA, 2014, (consulté le 20 août 2014), disponible à :
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> Wikipédia, Football aux jeux olympiques, 2014, (consulté le 23 août 2014), disponible à :
www.Wikipedia.org
87
ANNEXES
88
ANNEXE 1
Portrait d’Alice Millat
Alice Milliat est une nageuse, hockeyeuse et rameuse. Elle a cofondé et a été présidente de la
Fédération des sociétés féminines sportives de France, qui a mis en place les premiers
championnats de France de football, puis de la Fédération sportive féminine internationale,
qui organise les premiers Jeux mondiaux féminins en alternance avec les Jeux olympiques.
Elle a été une des plus grandes militantes pour la reconnaissance et la promotion du sport
féminin.
Portrait de Suzanne Lenglen
Suzanne Rachel Flore Lenglen est une joueuse de tennis française, première star
internationale du tennis féminin. Son palmarès est impressionnant : vainqueur six fois de
Wimbledon, six fois des Internationaux de France en simple, six fois des Championnats du
monde sur terre battue. En sept ans, elle remporte 241 tournois, dont 81 en simple et trois
médailles olympiques, dont deux d'or.
89
ANNEXE 2
Tableau : Nombre de licences et autres titres de participation délivrés en 2012 selon le sexe
et selon le type de fédération agréée
> Disponible sur http://doc.semc.sports.gouv.fr/documents/Public/ccfs_2012-2013_06062014.pdf
90
ANNEXE 3
L’histoire de l’intégration du saut à s i féminin aux Jeux Olympiques.
En 2010, le CIO a refusé d’intégrer le saut à s i féminin aux Jeux Olympiques car il jugé que
cette discipline n’était pas assez développé chez les filles. Discipline olympique masculine
depuis 1924, il s’avère que dès 1995, 135 femmes de 16 pays se défient lors d’une
compétition féminine. Les sauteuses à ski ont alors exercé un recours devant la justice en
2008 afin de voir le saut à ski aux Jeux Olympiques en invoquant une violation de la loi
canadienne qui interdit la discrimination des sexes. La justice a reconnu la discrimination
mais a déclaré qu’elle n’était pas compétente pour forcer l’intégration de la discipline aux
Jeux Olympiques. Franco Kasper, président de Fédération Internationale de Ski, déclarait en
2005 : « le saut à ski ne semble pas convenir aux femmes sur le plan médical ».
Pourtant, huit ans après les propos de Franco Kasper, toujours président de FIS, des femmes
vont concourir pour la première fois aux Jeux olympiques Sotchi dans cette discipline.
Cependant, il s’agira uniquement d’une épreuve sur le petit tremplin.
Une lutte longue de 90 ans qui n’est pas terminée.
91
ANNEXE 4
Disponible à http://doc.semc.sports.gouv.fr/documents/Public/ccfs_2012-2013_06062014.pdf
92
ANNEXE 5
Données comparatives de résultats masculins et féminins d'équipes françaises de sports
collectifs - Période 2009-2013
Résultats internationaux des Equipes de France féminines et masculines.
93
ANNEXE 6
Portrait de Corinne DIACRE : l’entraîneur femme de ligue 2
Ancienne joueuse de football française, elle est devenue entraîneur du Clermont Foot 63, club
de football masculin, après avoir entraîné six ans l'ASJ Soyaux. Ainsi, en 2014, elle est la
première femme à obtenir le Brevet d'entraîneur de football professionnel qui donne la
compétence pour entraîner des clubs de Ligue 1 et Ligue 2.
Elle a fait plusieurs déclarations sur son envie d’être jugé sur ses compétences et la volonté
d’être un entraîneur comme les autres. Interviewé dans le magazine Gala en début août, elle a
répondu avec tact et humour aux question, même les plus saugrenues : « Il est évident que je
ne vais pas y entrer quand ils seront en train de se changer, il faudra qu'on fasse un code,
mais je ne vais pas me gêner pour aller dans les vestiaires non plus. On se pose des questions
sur comment je vais faire, aujourd'hui il y a onze hommes qui entraînent des équipes fémi-
nines et on ne se demande pas comment ils font, eux ! Ça va être pareil pour moi, je rentrerai
quand mes joueurs seront prêts, tout simplement. »
Corinne Diacre est consciente qu’elle a un rôle à jouer dans la démocratisation du métier
d’entraîneur en affirmant haut et fort : «Cela m'est égal d'être attendue au tournant. Je sais
pourquoi je suis là et ce que j'ai envie de faire »
Il est à espérer que cette nomination n’est qu’un début et que d’autres postes d’entraîneur
seront pourvus par des femmes.
94
ANNEXE 7
Le 1er février, afin que le grand public puisse avoir accès au sport féminin, Christine Kelly et
son équipe du CSA, ont lancé l’évènement les « 24h de sport féminin ». Une journée entière
consacrée à la mise en avant du sport féminin. KantarSport, société d’analyse et de veille
média, a comptabilisé l’exposition médiatique dédiée aux sportives par chaque support,
58h59' en tout.
Le top 5 TV :
1/ Eurosport: 28h03
2/ Sport+: 5h30
3/ France 4: 4h28’45”
4/ L’Equipe 21: 3h56’10”
5/ France Ô: 3h05
D17 (6e) et beIN Sports (7e) ont été des acteurs engagés avec respectivement 2h30 et 2h22’
d’antenne. Le service public n’a malheureusement pas été le plus réceptif et disposé à
l’opération puisque France 2 (9e) n’a consacré que 26 minutes à la cause.
Le Flop 5 TV :
16/ TF1: 10’40
17/ France 3: 9’35
18/ LCI: 4’40
19/ D8: 2’
20/ Paris Première : 1’52
Ainsi, une chaîne du service public, qui communique auprès du grand public, n’a pas donné
l’exemple, ainsi que des chaînes d’informations généralistes avec BFM TV (13e), 14 minutes
et I Télé (14e), 13’28. Le groupe M6, apparemment ne pousse pas le sport féminin car il en a
diffusé 13 minutes toutes chaînes confondues.
95
ANNEXE 8
96
ANNEXE 9
Fiche Ecole féminine de football
Source : FFF (2012)
ECOLE FEMININE DE FOOTBALL
Club . Club uniquement Féminin :
Ligue . District : .
Population de la commune : Club urbain : Club rural :
Niveau d'évolution de l'équipe 1ère Homme Régional > Départtal >
Niveau d'évolution de l'équipe 1ère Femme Régional > Départtal >
Total des licenciés du club : Total des licenciés pratiquants
% des licenciées de l'Ecole féminine/ / Nbre de licenciés de l'Ecole de foot du club
Féminisation du club : Nombre de femmes licenciées hors pratiquantes
1 - ACCUEIL - FIDELISATION Total : 0
1 Equipes U6 F à U11 F OUI NON Pts
2 Personne "Accueil" Ecole Football au Féminin OUI NON Pts
3 Disponibilité d'un vestiaire OUI NON Pts
4 Disponibilité de terrains OUI NON Pts
5 Matériel pour les entraînements OUI NON Pts
6 Réunions avec les parents OUI NON Pts
7 Informations - Communication OUI NON Pts
8 Actions de convivialité OUI NON Pts
9 Respect des règles de sécurité au sein de l'Ecole de Football OUI NON Pts
10 Nombre de licenciées OUI NON Pts
U6 U7 U8 U9 U10 U11
Licenciées 0 0 0 0 0
Licenciés 0 0 0 0 0
Nbre Equipes F
Inscrivez les équipes par rapport aux catégories et fusionnez les cellules
2 - ENCADREMENT Total : 0
1 Responsable diplômée de l'Ecole de Football au féminin OUI NON Pts
2 Educatrices/eurs diplômés intervenant dans l'Ecole de Foot (entraînem ents) OUI NON Pts
3 Encadrement identique entraînements et rencontres OUI NON Pts
4 Participation aux réunions (Infos /recyclages) organisées par la Ligue OUI NON Pts
ou le district
5 Encadrement féminin OUI NON Pts
3 - ANIMATION ET EDUCATION Total : 0
1 Participation aux plateaux
Equipe 1 OUI NON Pts
Equipe 2 OUI NON Pts
Equipe 3 OUI NON Pts
2 Séance hebdomadaire OUI NON Pts
3 Organisation d'animations au sein de l'Ecole de Football au Féminin OUI NON Pts
4 Relations et actions avec l'Ecole Elémentaire OUI NON Pts
5 Relations et actions avec d'autres partenaires OUI NON Pts
6 Actions portes ouvertes vers les non licenciées OUI NON Pts
7 Actions citoyennes OUI NON Pts
Total Général
Edition 20120 Pts
0
Total
#DIV/0!
National >
National >
0
0
97
ANNEXE 10
Evolution du nombre de pratiquantes en France
Source : FFF (2013)
Evolution du nombre de dirigeantes en France
Source : FFF (2013)
98
ANNEXE 11
Palmarès des jeux olympiques de Football féminin
Source : Comité National Olympique et Sportif (CNOSF, 2014)
L’Allemagne est le pays européen le plus titré avec 2 titres sur les 6 compétitions.
Palmarès des championnats du monde de Football féminin
Source : Fédération International de Football Association (FIFA 2014)
Avec 4 titres sur 5 possible. Les Etats-Unis dominent largement cette compétition.
En interne, le championnat Américain s’organise sous forme de ligues fermées, avec un
système de franchises. Néanmoins la dynamique serait à une forte vocation supranationale :
mise en place récente d’une ligue majeure de football féminin, commune au Canada, USA et
Mexique, ce qui ressemble à la création de la BeNé League par exemple.
99
ANNEXE 12
Comparaison des formats de compétition du Football féminin Allemand et Français
Source : Fédération Suédoise de Football & Fédération Française de Football
Le modèle français se rapproche du model Allemand.
100
ANNEXE 13
Comparaison des formats de compétition du Football féminin Suédois et Français.
Source : Fédération Allemande de Football & Fédération Française de Football
Les formats de compétitions du modèle Suédois sont très proche de ceux du modèle Allemand
et donc du modèle Français. Cependant une nouveauté va apparaître cette saison avec une
restructuration de la ELITETTAN (correspondant à la D2) qui va passer de 2*12 clubs à une
poule unique de 14 clubs. La Suède a ainsi compris l’importance d’avoir une seconde division
moins étoffée afin de relever le niveau et de créer une antichambre à la hauteur de sa
première division.
101
ANNEXE 14
Structure de compétition de clubs en Allemagne
102
ANNEXE 15
Structure de compétition de clubs en Suède