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ECOLE MBA ESG PARIS MBA Management du Sport Année 2013 2014 Thèse professionnelle présentée par Stéphanie HAGUE & Thibault HUC LA FEMME EST-ELLE L’AVENIR DU SPORT EN FRANCE ? Tuteur de l'Organisme d'accueil : Brigitte HENRIQUES Tuteur ESG : Jean-Claude SORGE

Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

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Page 1: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

ECOLE MBA ESG

PARIS

MBA Management du Sport

Année 2013 – 2014

Thèse professionnelle présentée par

Stéphanie HAGUE & Thibault HUC

LA FEMME EST-ELLE L’AVENIR DU SPORT

EN FRANCE ?

Tuteur de l'Organisme d'accueil : Brigitte HENRIQUES

Tuteur ESG : Jean-Claude SORGE

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Remerciements

Nous tenons tout d’abord à remercier et à témoigner toute notre reconnaissance aux

personnes suivantes, pour l’expérience enrichissante et pleine d’intérêt qu’elles nous ont fait

vivre lors des différents échanges et entretiens que nous avons eu :

Madame Brigitte Henriques, notre tutrice pour cette thèse. Secrétaire générale de la

Fédération Française de Football, ancienne joueuse internationale, elle est aussi à la tête du la

plan de féminisation mise en place par la Fédération. Elle représente une femme de valeurs

qui mérite d’être reconnue par ses paires comme une personne compétente. Grâce à son

impulsion et sa détermination, le football féminin mais plus globalement le sport féminin

français a progressé et progresse à grand pas. Nous la remercions particulièrement de nous

avoir permis de réaliser ces travaux.

La Fédération Française de Football (FFF) qui nous a donné l’opportunité de travailler dans

un domaine qui nous passionne. Nous sommes conscients qu’il est difficile d’ouvrir ses portes

à de jeunes managers du sport mais la FFF n’a pas hésité à le faire, ce dont nous sommes

reconnaissants.

Monsieur Philippe Bergeroo, entraîneur de l’équipe de France féminine et Sylvie maillot,

responsable régionale des féminines de la ligue Languedoc Roussillon, qui nous ont délivré de

précieux conseils et ont répondu avec enthousiasme à toutes nos questions.

Ensuite, nous remercions toute l’équipe pédagogique de l’Ecole Supérieure de Gestion et les

intervenants professionnels responsables du MBA en Management du Sport pour avoir assuré

la partie théorique de notre thèse.

Enfin nous remercions particulièrement Monsieur Jean-Claude Sorge pour son aide et ses

indispensables conseils concernant les missions évoquées dans ces travaux.

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Sommaire

Introduction …………………………………………………………………………... p. 5

Partie I. Le sport féminin en France : une longue bataille pour l’égalité …………..... p. 7

I. L’égalité dans le sport féminin/masculin : des changements sans précédents … p. 7

A. Le sport féminin : une conquête de longue haleine …………………………. p. 7

B. Une quête de l’égalité non achevée ………………………………………… p. 14

C. Une faible médiatisation du sport féminin en décalage avec la demande actuelle p. 19

II. Des mesures en faveur du développement sur la durée du sport féminin …… p. 26

A. soutien de l'Etat au développement et à l'exposition du sport féminin ...……. p. 26

B. Le plan de féminisation des instances sportives …………………………….. p. 31

C. Des évènements dédiés au sport féminin ……………………………...……... p. 37

Partie II. Focus sur les actions de la Fédération Française de Football ………………. p. 42

I. La présence des femmes dans le Football ……………………………….……….. p. 48

A. Valoriser la place des femmes dans le Football …………………... ..……….. p. 48

B. Le Football des princesses ……………………………………………………. p. 50

II. La performance des femmes dans le Football ………………………………..…. p. 59

A. Jouer les premiers rôles au niveau européen et mondial ………………...……. p. 59

B. Innover en matière de formation …………………………..………………..… p.68

Partie III. Comment donner au sport féminin les moyens de ses ambitions ? ..………. p. 71

Conclusion …………….……………………………………………………........……. p. 79

Bibliographie …………….…………………………………………………...………. p. 81

Annexes …………….…………………………………………………...……………… p. 87

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Introduction générale

Le sport est devenu un enjeu majeur de portée mondiale. Une majorité d’Etats

investissent énormément d’argent dans le sport de haut niveau car il représente le pays, son

succès, sa puissance et renforce sa popularité grâce aux grands évènements retransmis et

suivis à travers le monde, tels la Coupe du Monde de Football ou les Jeux Olympiques.

En raison de son immense popularité, les images et messages visionnés par la population ont

un impact sur la perception du sport et les valeurs véhiculées par ce dernier. En conséquence,

il est fondamental que le sport masculin et féminin soient traités de la même manière, pour

qu’il ne se produise pas d’inégalité tant au niveau de l’accès au sport qu’au niveau de la

représentation que la population se fait du sport. La proportion de femmes et d'hommes dans

le sport amateur ou professionnel et dans les professions liées au sport, est un indicateur de

l'égalité d'accès, des chances et des genres dans l'ensemble de la société. « Le degré de liberté

d'une société se mesure aux droits qu'y ont les femmes » écrit Dominique Desanti,

« l'engagement en nombre de femmes dans le sport est encourageant... ».

La loi du 16 juillet 1984 proclame : « La pratique sportive constitue un droit pour chacun

quels que soient son sexe, son âge, ses capacités ou sa condition sociale ». Pourtant, de

grandes inégalités hommes-femmes existent encore dans ce domaine.

Heureusement, la situation des femmes, aujourd’hui de plus en plus nombreuses à pratiquer le

sport, n’a plus rien à voir avec l’époque de Pierre de Coubertin. Tout au long du XXe siècle,

les femmes se sont appropriées le sport, comme moyen d'émancipation et miroir de cette

émancipation. Elles ont été tenues à l’écart du sport pour différentes raisons, leur rôle de

mère, leur fragilité physique ou la critique d’une virilité trop exacerbée dans le sport. Les

femmes ont dû se battre pour atteindre le statut qu’elles ont aujourd’hui et continuent à

revendiquer plus d’égalité entre le sport féminin et masculin dans la plupart des disciplines

sportives. Ce combat pour l’égalité est primordial car le sport transmet des valeurs

importantes, telles le respect des autres, la tolérance, la compétitivité, le goût de l’effort,

l’humilité. Le sport est un bon vecteur d’apprentissage de la vie et de socialisation que chacun

doit pouvoir appréhender.

Pourtant, encore aujourd’hui des inégalités persistent entre le sport masculin et féminin dans

la médiatisation, la pratique, l’accès aux postes à responsabilité. En conséquence, l’Etat doit

engager des mesures et les faire exécuter pour favoriser et promouvoir l’égalité dans le sport

au regard de ses missions dont l’accès au sport pour tous. En parallèle, il est du devoir de tous

les acteurs sportifs, médias, clubs, athlètes, de soutenir et d’encourager le sport féminin en le

montrant à la télévision, en le commentant à la radio, en l’encourageant grâce à la création

Page 6: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

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d’évènements dédiés ou en le relayant à travers des sites Internet et des blogs, accessibles à

tous.

L’Etat a initié des politiques volontaristes afin d’augmenter la pratique sportive féminine et la

Fédération Française de Football est très engagée sur le sujet de l’égalité dans le sport. Elle a

d’ailleurs mis en place une panoplie de mesures pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés.

Reste à savoir si toutes les promesses en relation avec le sport féminin, les discours sur les

missions à accomplir et les politiques orientées pour plus d’égalité dans le sport démontrent

une volonté de démocratiser le milieu sportif, encore profondément misogyne, en ne le

réservant plus seulement aux hommes ? Toutes ces actions en faveur du sport féminin

témoignent-elles d’un souhait de lui donner réellement la place qu’il mérite ?

Dans un premier temps, il sera rappelé le long combat mené par les femmes pour obtenir le

statut sportif qu’elles possèdent aujourd’hui et les mesures prises pour continuer à parfaire

cette égalité. Ensuite, il sera étudié les actions spécifiques menées par la Fédération Française

de Football qui met en place depuis quelques années différentes mesures pour soutenir

l’égalité du sport féminin et masculin dans le football.

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Partie 1: Le sport féminin en France : une longue bataille

pour l’égalité

« Si nous exigeons des femmes les mêmes services que les hommes, nous devons les

former aux mêmes disciplines », philosophait Platon1. Or, dans le sport, les femmes ont dû

gagner leur place pour pouvoir pratiquer et performer dans les différentes disciplines où leur

palmarès est parfois aujourd’hui meilleur que celui des hommes.

I. L’EGALITE DANS LE SPORT FEMININ/MASCULIN : DES

CHANGEMENTS SANS PRECEDENTS

Le sport féminin a eu du mal à émerger dans la société et ce n’est que très récemment

que les femmes ont pu pratiquer le sport de leur choix. Après de longues années de

dominance masculine, les sportives acquièrent petit à petit leur légitimité, même s’il reste

encore du chemin.

A. LE SPORT FEMININ : UNE CONQUETE DE LONGUE HALEINE

Alors que nous voyons de plus en plus de femmes évoluer dans le sport de haut niveau

et que cela nous parait normal, il faut bien comprendre que l’accession au sport par les

femmes a été le fruit d’une longue conquête.

Longtemps considérées comme trop faibles et sans assez de force, les femmes n'ont pu

exercer d'autres sports que ceux considérés comme en corrélation avec les fonctions de leur

corps, notamment la grossesse. Aujourd'hui encore, beaucoup d'esprits pensent que la femme

doit rester consignée à des sports gracieux et sans risque comme la danse classique et la

gymnastique.

Il est vrai que le sport est masculin à l’origine, il a été créé par des hommes pour les hommes.

Jusqu’au XIXème siècle, ce fait reste vrai et concret puisque les femmes sont évincées du

1 PLATON, La République - livre V, Paris, Flammarion, 2002, p. 801

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sport, du vieux français desport, qui renvoie au divertissement considéré comme l’apparat des

hommes.

Même si le sport féminin est présent dans certaines civilisations antiques, il est vite mis à

l’écart au Moyen-Age et dans les temps modernes en raison des mœurs qui veulent que la

femme soit et reste une mère et une épouse avant tout. Dans ce cadre, il existe une

incompatibilité de ce loisir avec l’éducation des enfants et les devoirs envers le mari avec qui

« elle est obligée de vivre et de suivre partout où il juge à propos de résider»2.

Les femmes sont donc exclues de la sphère publique et professionnelle par les textes.

« La nature qui a crée le mâle pour la lutte a fait la femme corps et âme, pour la maternité,

pour l’amour et le maintien du foyer. Fonction maternelle avant tout, servitude amoureuse

pour assurer les fins reproductrices de la nature voilà la destinée de la femme ! Et s’insurger

contre les lois biologiques inexorables, c’est le plus souvent courir au devant du désordre

physiologique et des déceptions morales»3.

Le statut des femmes évolue lentement puis, suite à la généralisation du développement des

activités physiques féminines à l'école, la Troisième République encourage le développement

de la gymnastique féminine afin de « donner aux hommes républicains des compagnes

républicaines »4. Cependant, il n’y a pas de développement du sport véritable et les hommes

sont hostiles à ces changements qu’ils jugent inappropriés pour les femmes. Il existe une

certaine peur de « la confusion des sexe »5 si le sport venait à se développer : « En quoi

consiste l’infériorité intellectuelle de la femme ? (...) Que lui manque-t-il ? De produire des

germes, c’est à dire des idées. L’infériorité intellectuelle de la femme doit nécessairement

comme son infériorité physique, entraîner des conséquences sociales »6.

Le XIXème siècle est le paroxysme de l’hostilité envers le sport féminin et les hommes

multiplient les théories pour éviter qu’elles pratiquent du sport, surtout en compétition.

En témoigne l’absence de femmes parmi 241 athlètes lors des Jeux Olympiques d’Athènes en

1896. Le fondateur de ces Jeux, Pierre de Coubertin, déclare alors, fidèle aux idées de son

époque : « Aux Jeux olympiques, leur rôle (des femmes) devrait être surtout, comme aux

anciens tournois, de couronner les vainqueurs » car « une olympiade femelle est impensable,

elle serait impraticable »7.

2 Code Civil de 1804, Livre premier, Titre V, Chapitre VI, article 214, « Des droits et des devoirs respectifs des

époux » 3 BINET André, L’amour et l’émotion chez la femme, Vigot, 1946, p.170

4 TRANVOUEZ Yvon, Sport, culture et religion, les patronages catholiques (1898-1998), Brest, Presses de

l’université de Bretagne occidentale, 1999, p. 228 5 « Les femmes qui parlent », L'Echo, 23 mai 1886, cité par Bruno Dumons, Gilles Pollet et Muriel Berjat,

Naissance du sport moderne, Lyon, La Manufacture, 1987, p.186 6 LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIX

e siècle, Paris, Administration du grand Dictionnaire

universel, 1866-1876 7 DE COUBERTIN Pierre, Pédagogie sportive, Paris, G. Crès, 1922

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Pour conforter l’impossibilité de la pratique du sport par les femmes, tout un tas de

raisonnements scientifiques vont être avancés. Les autorités sportives et politiques

développent une hostilité croissante à l'encontre de la gente féminine et déclarent l'interdiction

de certains sports aux femmes pour de fallacieuses raisons médicales : corps trop fragile,

dangers liés aux pratiques trop brutales, santé trop frêle... La Faculté conclue notamment que

les effets de l'effort violent sont néfastes sur la physiologie féminine : « peu importe la force

de la sportive, son organisme n'est pas fait pour supporter certains chocs ». D’éminents

docteurs, tel le Docteur Boigey, rappelle que : « La femme n'est pas faite pour lutter mais

pour procréer »8. Ainsi, le corps de la femme est avant tout fait pour la progéniture, tout autre

objectif dérange les consciences de l’époque et est impensable. Les vraies raisons de ces

interdictions dérivent en fait des mœurs conservatrices qui exigent qu'une femme ne se donne

pas en spectacle.

Le sport le plus critiqué à l’époque est le cyclisme. Les médecins trouvent cela scandaleux,

dénoncent l’attitude tendancieuse des femmes sur le vélo, attribut masculin, et insinue que ce

sport serait dangereux pour la maternité.

Cependant, la gymnastique se développe énormément au cours du XIXème siècle. Cette

activité est associée à des valeurs de santé et n’est pas considérée comme un sport. À partir de

1899, les premières sections féminines de gymnastique apparaissent. Elles se regroupent sous

l’Union Française de Gymnastique Féminine (UFGF) en 1912, sous la présidence masculine

de Monsieur Podestat et est composée de 80 associations affiliées en 1914.

En parallèle, les sports dans lesquels la femme évolue à l’abri des regards sont tolérés. Ainsi,

le club alpin français compte 10 % de femmes parmi ses membres dans les années 1880.

En effet, un autre problème se pose alors, la dimension corporelle donc sexuelle du sport

féminin. La tenue des sportives est étroitement surveillée. Il est dérangeant que le corps de la

femme soit visible, c’est pourquoi des injonctions normatives leur sont imposées, notamment

au niveau de leur tenue morale. Ainsi, le port du pantalon par une femme est permis en

gymnastique et la jupe doit être portée pour les sports féminins se pratiquant dans un lieu

public (vélo, sport équestre)9. Il n’est pas possible d’avoir les cheveux détachés ou les

chevilles nues.

Malgré tous ces obstacles, les Jeux Olympiques de 1900 à Paris admettent 22 femmes sur 997

athlètes à concourir dans cinq sports : le tennis, la voile, le croquet, l’équitation et le golf.

Cependant, seuls le golf et le tennis comportent des épreuves uniquement féminines10

.

8 BOIGET Maurice, Manuel Scientifique de l’éducation physique, Masson, 1939

9 BARBIER Muriel et FALLUEL Fabienne, Les Dessous Féminins, Par stone International, 2005, p. 272

10 Comité International Olympique, Les femmes dans le mouvement olympique, 2014 (consulté le 20 juin 2014),

disponible à http://www.olympic.org/Documents/Reference_documents_Factsheets/La_femme_dans_le_Mouvement_Olympique.pdf

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Le sport féminin reste à cette époque réservée à la bourgeoisie, partie infime de la population

française.

La première guerre mondiale apporte une certaine émancipation pour les femmes. Les

hommes sont au front et les femmes les remplacent à l’usine, une nouvelle division du travail

s’établit et de nouvelles pratiques sportives aussi. Le football et l’athlétisme font leur

apparition chez les femmes, activités jusque là interdites.

Après la guerre, les hommes contrôlent encore le mouvement sportif et les femmes décident

de mettre en place leurs propres clubs. « Ce que l’homme parvient à acquérir par la force

musculaire, par son endurance physique, la femme le conquiert aussi par sa volonté, sa

ténacité et son courage »11

. À la fin de l'année 1916, deux associations parisiennes,

« Fémina Sport » créée en 1912 et « Académia » créée en 1915, fondent une Fédération

dissidente destinée clairement à contrebalancer l'influence de l'Union Française de

Gymnastique Féminine (UFGF) et à ouvrir tout le panel des sports aux femmes : la

Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France (FSFSF).

Les premiers championnats de France féminins d'athlétisme sont organisés dès juillet 1917 et

les sections féminines participent aux compétitions d'athlétisme de l'Union des Sociétés

Françaises de Sports Athlétiques (USFSA) créé en 1887 pour les hommes. La fédération est

déclarée officiellement le 18 janvier 1918 et Alice Milliat12

en devient présidente l'année

suivante. Elle organise en 1921 les premiers Jeux mondiaux féminins. Ils sont suivis des Jeux

féminins de Paris en 1922 et de Göteborg en 1926.

Les sociétés sportives féminines et les compétitions réservées aux femmes se multiplient.

Les femmes sont progressivement admises aux Jeux olympiques dans des sports de

démonstration : la boxe féminine lors des Jeux Olympiques d'été de 1904, la natation et le

tennis aux Jeux Olympiques de 1908 et de 1912, l’athlétisme et la gymnastique aux Jeux

Olympiques de 192413

.

11

ARNAUD Pierre et TERRET Thierry, Histoire du sport féminin, Paris, L’Harmattan, 1996 12

Annexe 1 13

LANDRY Fernand, LANDRY Marc Landry et YERLES Magdeleine, Sport, the Third Millennium, Presses

Université Laval, 1991, p. 364

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11

Malgré les campagnes de dénigrement et l’avis défavorables des autorités politiques et

médicales de l’époque, certaines championnes parviennent à tirer leur épingle du jeu et à se

faire connaître du grand public, telles la joueuse française de tennis Suzanne Lenglen14

,

l’athlète Violette Morris, l’américaine Mildred Didri son Zaharias, l'exploratrice Alexandra

David-Néel et les aviatrices Maryse Bastié et Hélène Boucher15

.

Cependant, le sport est adapté aux femmes et facilité avec des terrains plus petits, des poids

plus légers. Une large partie de l’opinion public est en accord avec les propos d’Henri

Desgranges, créateur du Tour de France et journaliste français du début du XXème siècle :

« Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos,

inaccessible au public : oui d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours

de fêtes, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie

qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ! ». Il est mis en exergue que

jouer au football aurait « les plus graves effets sur les organes de la femme »16

.

Le sport devient désormais un terrain de combat idéologique.

Il faut attendre les Jeux olympiques de 1928 et le baron Henri de Baillet-Latour, successeur de

Pierre de Coubertin, pour que le sport féminin fasse réellement son apparition dans le

programme olympique, en dépit des réserves de la Faculté à l'encontre des activités physiques

intenses pour la physiologie féminine et d’une opinion complètement défavorable. « Le

véritable héros olympique est à mes yeux l’adulte mâle individuel. Les Jeux olympiques

doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les

vainqueurs », déclarait encore en 1925 Pierre de Coubertin.

La participation des femmes aux Jeux Olympiques se confirme en 1932 à Los Angeles et il

sera observé une augmentation constante de la proportion des femmes aux olympiades qui

passent de 2 % du total des athlètes en 1912 à 10% en 1948 et à 30 % en 199217

.

Le gouvernement de Vichy impose la fusion des organisations féminines avec les fédérations

masculines homologues. Ainsi, dans toutes les grandes fédérations, les compétitions

féminines et masculines redémarrent en même temps. Plusieurs sportives marquent l’après-

guerre, telles l’athlète Micheline Ostermeyer, la patineuse Jacqueline du Bief dont les exploits

sont reconnus au même titre que ceux de leurs homologues masculins.

14

Annexe 1 15

Association Thucydide, Les femmes et la République en France - La République au féminin, Le combat des

femmes sous la Troisième République (1871-1940), (consulté le 20 juin 2014), disponible à

http://www.thucydide.com/realisations/comprendre/femmes/femmes6.htm. 16

RACINE Georges, Le développement musculaire chez la femme, l’Education Physique et Sportive Féminine,

1923 17

PAUTOT Michel, Le sport spectacle. Les coulisses du sport business, L'Harmattan, 2003, p. 65

Page 12: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

12

Dans les années suivantes, le sport féminin connaîtra un essor stimulé par toutes les

progressions sociales apparues : les congés payés, le développement des loisirs sportifs, la

généralisation de l’éducation physique et sportive à l’école, un changement des mentalités …

L’évolution du sport féminin se fait en parallèle de l’évolution du droit des femmes dans la

société et son développement en est d’autant plus rapide. Les femmes obtiennent le droit de

vote en 1944. En 1946, le préambule de la Constitution pose le principe de l’égalité des droits

entre hommes et femmes dans tous les domaines alors qu’en 1966 la femme peut exercer une

activité professionnelle sans l’autorisation de son mari et qu’en 1972 elle peut revendiquée

une rémunération équivalente aux hommes pour les travaux de valeur égale. En 1983 est

votée la loi sur l’égalité professionnelle entre hommes et femmes (dite "Loi ROUDY").

Grâce à toutes ces avancées dans le statut de la femme, le sport féminin se démocratise

fortement dès les années 1960, la progression des licences en sont un bon indicateur18

, passant

de 220 000 licences féminines en 1962, à 478 000 en 1970, à 1 131 000 en 1980, à 1 398 000

en 1999.

On observe également une progression du pourcentage des femmes sportives19

puisqu’on en

dénombre 22% en 1967, 32% en 1983 et 64% en 1994 par rapport à la population totale.

Les dernières fédérations récalcitrantes s’ouvrent aux femmes : la Fédération française de

cyclisme en 1959, de football en 1970, d’haltérophilie en 1984, de rugby en 1989 et

finalement de boxe en 1997. La Fédération Française d’athlétisme accepte la pratique

féminine du saut à la perche, du lancer de marteau, du triple saut et du 3 000 mètres steeple en

1987. Les programmes sportifs deviennent également plus égalitaires et la mixité dans les

cours d’Education Physique et Sportive est instaurée dans l’école à partir de 1970.

Les épreuves féminines se multiplient aux Jeux Olympiques et les exploits des femmes

également avec les skieuses Christine et Marielle Goitschel, les athlètes Colette Besson puis

Maryvonne Dupureur, la nageuse Christine Caron. En 1964, le journal l’Équipe couronne

même une première féminine, Marielle Goitschel, comme meilleure athlète français de

l'année, elle est la championne des champions. C’est une avancée cependant il est à rappeler

que le trophée existe depuis 1946 …

Les pays respectent de plus en plus le principe fondamental n°5 de la charte Olympique :

« toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondé sur des

considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autre est incompatible avec

l’appartenance au mouvement olympique ». En effet, il s’avère qu’aux Jeux Olympiques de

Barcelone en 1992, 35 délégations ne comportaient aucune femme dans leur rang. Face à

l’évolution des mentalités et aux nombreuses contestations quant à la violation manifeste de la

18

ARNAUD Pierre et TERRET Thierry, Histoire du sport féminin, Paris, L’Harmattan, 1996 19

TERRET Thierry, Education Physique, Sport et Loisir 1970 – 2000, AFRAPS, 2003, p. 45-66

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charte, le nombre de pays envoyant des délégations sans femmes a largement baissé passant

de 26 aux Jeux Olympique d’Atlanta en 1996 à 8 aux Jeux Olympique de Sydney en 2000, à 3

aux Jeux Olympique de Pékin en 2008 (l’Arabie Saoudite, le Qatar et Brunei) puis à aucune

aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 !

Il faut attendre 1994 pour qu’une Conférence Internationale sur la place des femmes dans le

sport prenne place à Brighton, Royaume Uni. Les décisionnaires du domaine du sport aux

niveaux national et international se sont fixés comme objectif de créer un environnement

visant à faciliter et valoriser la participation des femmes à tous les aspects du sport.

Depuis les années 1990, une certaine «discrimination positive» est observée et les textes de

lois cherchent à aider et à favoriser la place des femmes dans a société. En 1995, un

observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes est créé. En 1998, une circulaire

apparaît, relative à la féminisation des noms de métiers. En 2000 est voté une loi sur l’égal

accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.

En France, c’est à partir de 1981 que la puissance publique affiche sa détermination de

changement et, en accord avec cette volonté, quatre femmes se succèdent au ministère de la

Jeunesse et des Sports jusqu'à la fin du siècle : Edwige Avice (1981-1984), Frédérique Bredin

(1991-1993), Michèle Alliot-Marie (1993-1995), Marie-George Buffet (1997-2002) qui a joué

un grand rôle dans le sport féminin en permettant un accès plus facile des femmes à la

pratique sportive, Roselyne Bachelot (2007-2010), Valérie Fourneyron (2012-2014) et Najat

Vallaud-Bellkacem (actuelle).

De 2002 à 2004, la France assure la présidence du réseau européen « Femmes et Sports » qui

aboutit au Rapport Femmes et Sports avec des actions à conduire et à soutenir. En dépit d'un

effort récent d'équilibrage qui en résulte, imposé par les pouvoirs publics, la situation générale

est cependant loin d'être réglée. Ainsi, seulement 6 femmes siègent au Conseil

d'Administration du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) pour

l'Olympiade 2012-2016 sur les 43 postes pourvus20

.

Il est urgent de mettre en place des politiques plus volontaristes car même si l’on observe une

certaine prise de conscience générale, le sport reste encore un terrain de discriminations

contre les femmes alors qu’elles font tout pour y remédier en accomplissant des exploits plus

bluffant les uns que les autres.

20

Comité national olympique et sportif français, Elections 2013 au CNOSF (archive), 2013 (consulté le 29 juin

2014), disponible à http://franceolympique.com/art/4203-denis_masseglia_reelu_a_la_presidence_du_cnosf.html#para_2

Page 14: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

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B. UNE QUETE DE L’EGALITE NON ACHEVEE

La part des femmes déclarant la pratique d’une activité physique ou sportive s’est

accrue de 11 points en dix ans (de 2000 à 2010) tandis que celle des hommes n’a augmenté

que de 5 points (à champ constant, individus de moins de 75 ans)21

.

Entre 2008 et 2012, les licences délivrées à des femmes ont progressé de 13,43% quand

celles délivrées à des hommes ont progressé de 5,81%22

.

Ainsi, la pratique du sport féminin est en forte hausse. Alors que seulement 9 % des femmes

pratiquent une activité physique en 1968, elles sont 32% en 1983 et aujourd’hui 64 % des

femmes déclarent avoir pratiqué au moins une discipline sportive durant l’année écoulée.

La présence des femmes est en constante augmentation dans les activités les plus exigeantes

au niveau de la résistance : course sur route, course à la montagne, marathon, triathlon, ski-

alpinisme. Elles se trouvent dans toutes les disciplines émergentes : bicross, skicross, ski

acrobatique, surf, escalade.

Même si cette augmentation concerne davantage des activités relevant des sports non

olympiques ainsi que des formes moins compétitives en comparaison des pratiques des

hommes, les écarts se resserrent entre les sexes. En effet, elles ne sont que 35 % à prendre une

licence dans une fédération contre 65 % des hommes et se concentrent dans les catégories

dites « féminines », tels la gymnastique, la danse et l’équitation23

: « les pratiques sportives

restent clairement des territoires sexués, exactement comme le monde du travail »24

.

Ainsi, les sports olympiques connotés comme masculins en 2012 restent :

- La Fédération Française de Football avec 4,5% de licenciées.

Ce retard s’explique par la reconnaissance officielle tardive pour ce sport chez les femmes. En

effet, la pratique du football par les françaises a débuté en 1917 avec un premier match en

Equipe de France en 1920. Cependant, il faut attendre 1970 pour que la pratique soit reconnue

officiellement par la Fédération.

Malgré une entrée récente dans ce sport de haut niveau, les footballeuses françaises ont un

palmarès impressionnant et ont toujours figuré dans le top 10 du classement mondial féminin

de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Elles finissent 4ème de la

Coupe du monde en 2011. Ces belles performances et le plan de féminisation mis en place par

21

Statistiques du Ministère des sports, Les chiffres clés de la féminisation du sport en France, 2012/2013

(consulté le 2 juillet 2014), disponible à http://doc.semc.sports.gouv.fr/documents/Public/ccfs_2012-2013_06062014.pdf 22

Annexe 2 23

CLAIRON Eric, Les licences et clubs des fédérations sportives agréées en 2012, Bulletin de statistiques et

d’études, Ministère des sports, 2014 (consulté le 2 juillet 2014), disponible à

http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/n14_janvier_2014_internet.pdf 24

LOUVEAU Catherine, Femmes sportives, corps désirables, le Monde diplomatique, 2000

Page 15: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

15

la Fédération ont permis une hausse de 8% des licenciées par an, atteignant environ 67 000

joueuses aujourd’hui.

La Fédération a pour ambition d’élever le nombre de licenciées pour atteindre les 150 000

licenciées de l’Angleterre, encore bien loin de l’Allemagne avec plus d’un million de

licenciées ou des Etats-Unis avec ses 1,6 millions de licenciées, premier sport féminin

américain.

- La Fédération Française de Rugby avec 4,9% de licenciées.

Apparu en 1965 puis intégrer à la Fédération Française de Rugby à partir de 1989, le XV

féminin peut se targuer de voir son nombre de licenciées augmenter d'années en années.

Tout comme pour l'équipe de France masculine, il existe un Tournoi des Six Nations lors

duquel les joueuses ont remporté 4 grands chelems, une Coupe du monde où elles se placent

régulièrement à la 3ème place (1991, 1994, 2002, 2006 et 2014)25

.

Malgré des clichés encore très sexistes en raison de l’engagement physique de ce sport, le

brillant parcours des bleues a permis un suivi de plus en plus accru de leur évolution.

- La Fédération Française de Cyclisme avec 10,2% de licenciées.

Dans ce sport encore, la mauvaise réputation des femmes faisant du vélo durant une grande

partie du XXème siècle a retardé son évolution. Le cyclisme féminin s'ouvre encore trop peu

aux femmes. Il existe pourtant un Championnat du Monde ainsi que la traditionnelle Grande

Boucle féminine crée en 198426

. Mais trop souvent escamotée par le Tour de France, cette

dernière a été stoppée pour des raisons économiques.

Cependant, le palmarès de la Française Jeannie Longo, capable à quarante-deux ans de battre,

en 2000, le record de l'heure, a amorcé un nouveau regard sur la participation des femmes à

cette discipline et des efforts sont faits par la fédération. Par exemple, en prélude de l'arrivée

du Tour de France masculin 2014, a été retransmise une nouvelle course de cyclisme féminin

sur le circuit final des Champs Elysées à Paris27

.

- La Fédération Française de Boxe avec 12,3% de licenciées.

Les préjugés d'une grande partie du monde sportif, des médias et de la société a longtemps

retardé le développement de la boxe anglaise féminine qui ne commence à prendre son essor

que dans les années 1990 en amateur puis avec l'apparition d'organisations professionnelles.

Les performances de plusieurs femmes, telles Myriam Lamare et Anne-Sophie Mathis,

championnes du monde ainsi que le succès du film « Million Dollar Baby » récompensé en

25

Wikipédia, Coupe du Monde de rugby à XV féminin (consulté le 2 juillet 2014), disponible à

http://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_du_monde_de_rugby_%C3%A0_XV_f%C3%A9minin 26

LAGRUE Pierre, SPORT (Disciplines) - Le cyclisme, Encyclopædia Universalis (consulté le 25 août 2014),

disponible à http://www.universalis.fr/encyclopedie/sport-disciplines-le-cyclisme/ 27

20 minutes, Cyclisme: Une course féminine sur les Champs-Elysées avant l'arrivée du Tour de France

(consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.20minutes.fr/sport/cyclisme/1287118-20140201-cyclisme-

course-feminine-champs-elysees-avant-arrivee-tour-france

Page 16: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

16

2005 par 4 Oscars ont néanmoins amené les femmes à pratiquer ce sport. Symbole de ce

récent développement, la boxe féminine a été inscrite en 2012 au programme des Jeux

olympiques d'été à Londres.

Cependant, la boxe demeure assez impopulaire auprès de la gente féminine qui y voit un

sport violent typiquement masculin.

Les sports olympiques connotés comme féminins en 2012 restent :

- La Fédération Française de d’Equitation avec 82,5% de licenciées.

La féminisation de ce sport est due au fait qu’il n’a jamais été vraiment interdit aux femmes.

Au Moyen-Age, les femmes montaient à cheval pour accompagner leurs maris à la chasse. De

plus, la force athlétique du cheval est plus déterminante que celle du cavalier, les hommes et

femmes se retrouvent confrontés dans les mêmes épreuves.

- La Fédération Française de Gymnastique avec 78,8% de licenciées.

La gymnastique a été l’un des premiers sports autorisés aux femmes et initiés à l’école. Les

pouvoirs publics encourageaient même les femmes à pratiquer la gymnastique pour entretenir

leurs corps. Cette tradition a permis à a gymnastique de se développer fortement dès les

années 1910.

- La Fédération Française de Randonnées avec 61,5% de licenciées.

Les femmes étaient autorisées à faire de la randonnée, dans des endroits gardés loin des yeux

du grand public. Ainsi, les femmes ont tout le temps pratiqué la randonnée.

Il s’avère que les femmes sont également moins compétitives que les hommes, pratiquant du

sport de loisir plus que de compétition, avec pour priorité une pratique dans une ambiance

communautaire et conviviale. Pour preuve, parmi les personnes ayant déclaré pratiquer une

activité sportive, participent à des compétitions officielles : 20% d’hommes et 5% de

femmes28

.

Cette différence de pratique se vérifie dans le succès des courses à pieds 100% féminines qui

promettent une ambiance décontractée et festive. La 18e édition de la « Parisienne » attend

35 000 participantes cette année29

contre 1 500 en 1997.

Ainsi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à pratiquer un sport aujourd’hui et

réalisent de bonnes performances tant au niveau national qu’international. Aujourd’hui, de

plus en plus de sportives sont connues du grand public. Cependant, malgré les performances,

le sport féminin diffère du sport masculin par le fait qu’il y ait plus d’hommes que de femmes

en compétition.

28

MIGNON Patrick et TRUCHOT Guy, Les Pratiques sportives en France, Ministère des Sports/INSEP, 2002 29

La Parisienne, Quelques chiffres, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à

http://www.la-parisienne.net/site-course/100-pour-cent-femme/quest-ce-que-la-parisienne/quelques-chiffres-2

Page 17: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

17

Il y a seulement 36,5% de femmes inscrites sur la liste ministérielle des sportifs de haut

niveau30

. Le manque de visibilité des sportives professionnelles amène les adolescentes à ne

pas se retrouver dans des modèles qui ont réussi et à mettre le sport entre parenthèse pour se

consacrer à leurs études, jugées plus sures sur le long terme. Fautes de pratiquantes, plusieurs

sports connaissent un avenir incertain car la relève n’est pas assurée. Par exemple, en saut en

hauteur où Mélanie Melfort est seule au haut niveau, en aviron, au badminton ou en cyclisme.

Cependant, une nouvelle vision du sport féminin se développe grâce aux excellentes

performances féminines dans diverses disciplines et le grand public commence à s’intéresser à

elles.

Aux Jeux Olympiques, le sport français bénéficie depuis plusieurs années d'une forte hausse

de la représentation des femmes dans les performances enregistrées par ses athlètes de haut

niveau. Les derniers Jeux Olympiques d'été de Londres 2012 en sont une illustration

éclairante avec 15 des 34 médailles décrochées par les françaises (soit 44 %) et quatre des

onze titres olympiques français (soit 36 %). Ces résultats marquent une forte augmentation

par rapport à la précédente édition à Pékin en 2008 (7 médailles sur 41 et un titre olympique

sur sept, soit respectivement 17 % et 14 %). Une part importante des médailles de Londres

provienne de disciplines faiblement médiatisées (tir, canoë-kayak, VTT, taekwondo).

Au football, en 2011, l’équipe féminine de football a gagné 10 matchs éliminatoires, marqué

50 buts en n’en encaissant aucun, battu l'Angleterre en quart de finale puis s’est classée

quatrième après deux défaites.

L’équipe de l’Olympique Lyonnais a gagné 2 titres de ligue des champions (2011/2012), deux

finales de ligue de champions (2010/2013), a été 11 fois championnes de France et 4 fois de la

Coupe de France, notamment en 2012, 2013 et 201431

.

En cyclisme, Jeannie Longo a remporté 30 médailles aux Jeux olympiques et aux

championnats du monde de cyclisme, un titre olympique, treize championnats du monde, trois

victoires du Tour de France féminin, 38 records du monde, et 1 157 victoires depuis sa

première licence32

.

En basket-ball, l’équipe féminine a obtenu deux titres de championne d'Europe et est vice-

championne olympique en 2012. Le basket féminin a donc devancé son homologue masculin

qui ne possède qu’un titre de champion d’Europe, obtenu en 2013.

En handball, les femmes ont obtenu un titre de championne du monde, ont terminé trois fois

vice championnes du monde et ont gagné trois médailles d’or aux Jeux méditerranéens.

30

Sénat, Egalité des femmes et des hommes dans le sport : comme dans le marathon, ce sont les derniers mètres

les plus difficile, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.senat.fr/rap/r10-650/r10-65041.html 31

OL Web, Palmarès, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.olweb.fr/fr/feminines/palmares-1-

196.html 32

Wikipédia, Jeannie Longo, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeannie_Longo

Page 18: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

18

Au rugby, les rugbywomen ont gagné trois grands chelems, 4 Coupes d’Europe et ont

décroché une 3e place en Coupe du Monde en 1994, 2002, 2006 et 2014.

En athlétisme, plusieurs femmes se sont illustrées, telles Christine Aaron, détentrice du record

d’Europe du 100 mètres ou Muriel Hurtis qui a le record de France du 4x100 mètres et du 200

mètres en salle. Aux derniers championnats d’Europe à Zurich, sur les 23 médailles obtenues,

11 l’ont été par des femmes dont 4 médailles d’or en saut en longueur avec Eloyse Lesueur,

marathon avec Christelle Daunay, heptathlon avec Antoinette Nana Djimou et 4x400 mètres

grâce à Marie Gayot, Muriel Hurtis, Agnès Raharolahy et Floria Guei33

.

En natation, Camille Muffat et Laure Manaudou ont toutes deux un titre olympique et

comptent plusieurs victoires dans différents championnats de natation.

En escrime, Laura Flessel est double championne olympique, six fois championne du monde

et une fois championne d'Europe et Anne-Lise Touya est quatre fois championnes du monde

et trois fois championne d'Europe.

Au judo, Lucie Décosse a gagné 3 titres de championnes du monde, quatre titres européens,

elle est championne olympique en 2012, vice championne du Monde en 2007 et vice

championne olympique à Pékin en 2008. Elle gagne 7 fois le tournoi de Paris.

Au tennis, tout le monde connaît les performances de Mary Pierce et Amélie Mauresmo avec

deux victoires en grand chelem suivies de Marion Bartoli avec une victoire.

Les sportives excellent dans bien d’autres sports, ce qui suscite un engouement de plus en

plus prononcé de la part du public mais aussi de la part des diffuseurs dont la concurrence est

de plus en plus accrue.

En raison des performances sportives, le sport féminin est de plus en plus médiatisé et la

participation des femmes aux compétitions sportives s’accentue. Par exemple, en 2008, aux

Jeux Olympiques de Beijing, 42% des athlètes étaient des femmes.

Cependant, même si de plus en plus de disciplines s’ouvrent aux femmes, de nombreuses

inégalités persistent et des sports sont encore réservés exclusivement aux hommes. Ainsi, il a

fallu attendre les Jeux Olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi pour voir les femmes admises au

concours olympique de saut à ski, 90 ans après le premier concours olympique masculin à

Chamonix en 192434

.

33

FranceTv info, Championnats d'Europe d'athlétisme : la France termine la compétition avec 23 médailles, un

record historique, (consulté le 20 août 2014), disponible à

http://www.francetvinfo.fr/sports/athletisme/championnats-d-europe-d-athletisme-2014/championnats-d-europe-

d-athletisme-la-france-peut-elle-battre-son-record_671155.html 34

Annexe 3

Page 19: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

19

Lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, il existait encore 30 disciplines

supplémentaires pour les hommes. En effet, les femmes ne peuvent concourir que dans 3

catégories de poids différentes en boxe contre 10 pour les hommes. En canoë kayak, il existe

5 disciplines féminines contre 11 masculines, au tir, 6 contre 9, à la voile 4 contre 6, à la lutte

seulement 4 contre 14. Les hommes ne peuvent pas concourir en gymnastique rythmique et en

natation synchronisée. Au total, les femmes se voient retirer 90 chances de médailles en

comparaison aux hommes lors des Jeux Olympiques !

Une image encore négative se dégage du sport féminin, souvent perçu comme moins

spectaculaire, moins rapide, moins technique, moins athlétique, par rapport à la pratique

masculine. Pourtant, une analyse approfondie du jeu permettrait de constater que les sports

féminins et masculins d’une même discipline se joue de manière différente. Par exemple, le

football féminin évolue avec moins de duels et de tacles mais avec plus de jeu en triangle, de

dédoublements, de buts en mouvement.

Il est démontré que les performances des sportives ne sont pas reconnues à leur juste valeur

comme le prouve le peu d’attribution du titre de Gloire du sport52

, créé en 1993, à des

femmes. Honorant les anciens sportifs, dirigeants sportifs, entraîneurs et journalistes sportifs

ayant brillé au service du sport français, il décerne ce prix à 56 femmes sur 306 titres.

Même scénario avec l’attribution du Grand Prix Serge Kampf de l'Académie des sports

récompensant la meilleure performance mondiale de l'année toutes nations confondues54

. En

tout, 7 titres ont été attribués à des femmes sur 62.

Les femmes sont de plus en plus performantes dans le haut niveau et rivalisent souvent avec

leurs confrères masculins sur les mêmes disciplines. Malgré tous leurs exploits et prouesses,

une grande disparité existe dans le traitement médiatique du sport féminin et masculin

favorisant ce dernier en dépit de la volonté toujours plus grande du public de s’y intéresser.

C. UNE FAIBLE MEDIATISATION DU SPORT FEMININ EN DECALAGE AVEC

LA DEMANDE ACTUELLE

Depuis le début du XXème siècle, la pratique sportive professionnelle des femmes est

en hausse et les exploits sportifs féminins sont mis en lumière de façon plus importante par les

médias. « D’une non exposition de certaines compétitions sportives féminines, il y a quelques

années, on observe à présent une exposition du sport féminin sur des chaînes publiques,

accessible à tous » déclarait David Djaoui, directeur de l'harmonisation et de l'événementiel à

France Télévisions, au sujet de la médiatisation du sport féminin.

Il est vrai que des progrès ont été faits, cependant, l’inégalité de diffusion du sport féminin et

masculin à la télévision est encore criante. Une étude du Conseil supérieur de l'audiovisuel

(CSA) menée fin 2012 a mis en évidence cette constatation. Seules 148 heures de sport

Page 20: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

20

féminin ont été diffusées à la télévision au cours du dernier trimestre de l'année 2011, soit à

peine 7% du volume global des retransmissions sportives. En outre, sur ces 148 heures,

seulement 7 heures étaient en accès gratuit à la télévision, soit à peine 5% de l'offre de

retransmission des compétitions féminines. Ainsi, environ 95% du sport féminin n’était

accessible que sur des chaînes payantes35

, soit à une partie privilégiée de la population.

D’ailleurs, l’association « Femmes solidaires » a mis en ligne une pétition36

nommée « Pas de

filles hors jeu » afin qu’il y ait une meilleure retransmission télévisée des grands événements

sportifs féminins. Il est demandé une modification du décret du 24 décembre 2004 qui régit la

retransmission télévisée des événements sportifs importants et fixe notamment une liste de 21

compétitions, parmi lesquels ne figurent que sept épreuves féminines.

Il est urgent de remédier à ce déséquilibre dans la médiatisation des évènements sportifs car

les médias ont un rôle majeur et la médiatisation du sport féminin a un énorme impact dans

l'engouement de la pratique sportive. Une étude a montré que 11% des téléspectateurs

affirment pratiquer une nouvelle discipline parce qu'ils l'ont vu à la télévision.

En privilégiant le sport masculin, les médias dévaluent le sport féminin et inhibent la

participation des femmes, qui se sentent illégitimes dans le domaine sportif. En outre, cette

faible médiatisation prive les jeunes pratiquantes de modèles que pourraient endosser les

sportives professionnelles et est susceptible de les décourager dans la pratique de sports peu

valorisés.

Najat Vallaud-Belkacem, actuelle ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Education

populaire et de la Vie associative, déclarait à raison : « les médias ont une responsabilité

essentielle et une opportunité historique, celle de participer à la construction de vocations

chez les jeunes filles comme chez les jeunes garçons ».

On constate des hausses de médiatisation lors de grands évènements sportifs internationaux,

mais les sportives retombent vite dans l'oubli. Pourtant, le sport féminin dépend très

directement de sa médiatisation, dans les domaines amateur comme professionnel. Suite aux

exploits des Braqueuses, vice-championnes olympiques à Londres, la Fédération Française de

Basket-ball (FFBB) a ainsi enregistré une hausse conséquente du nombre de ses licenciées.

Dans la presse, cette inégalité de traitement se vérifie. Lors du colloque sur « les femmes et le

sport », organisé par le ministère de la Jeunesse et des Sports, il a été mis en évidence la

relation existant entre la place des femmes dans des pratiques sportives et leur faible

médiatisation. Dans la presse écrite, la surface rédactionnelle concernant le sport féminin n’a

35

L’Echo Républicain, A la télévision, le sport collectif féminin peine à transformer l'essai, consulté le 10 août

2014), disponible à http://www.lechorepublicain.fr/eure-et-loir/mag/tv/actu-medias/2014/08/08/a-la-television-

le-sport-collectif-feminin-peine-a-transformer-l-essai_11105950.html 36

Femmes solidaires, A la télé, pas de filles hors jeu, (consulté le 10 août 2014), disponible à http://femmes-

solidaires.org/spip.php?article235

Page 21: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

21

jamais dépassé 25% avec des déséquilibres entre la presse régionale et la presse nationale. Les

trois quarts de ses 25% concernent la compétition de haut niveau et 52% de ces articles

traitent de victoire des sportives. La presse locale est souvent plus clémente avec ses sportives

locales, tels le « Républicain » avec les handballeuses de Metz, « Nice matin » avec les

volleyeuses de Cannes ou « le Berry » avec les basketteuses de Bourges.

L'analyse des rubriques sportives de L'Equipe, le Monde et le Figaro, respectivement 8,9 %,

8,8 % et 6,9 % démontrent qu’ils ne consacrent qu'une faible part de leurs articles au sport

féminin37

.

Ainsi, malgré les bonnes prestations des footballeuses, les médias français ne donnent à ce

sport qu’un petit espace. Par exemple, l’Equipe ne fit qu’une brève de moins de 70 mots sur la

demi-finale de la Coupe UEFA féminine à laquelle participait le club français de l’Olympique

lyonnais, meilleur club européen. Une demi-finale de Coupe d’Europe impliquant un club

français dans tout autre discipline a le droit à un traitement beaucoup plus conséquent.

En judo, Lucie Décosse, malgré son palmarès équivalent à bien des hommes, obtient 67

mentions dans le Monde contre 97 pour Teddy Riner, 10 articles lui ont étaient dédiés depuis

2002 contre 35 pour son homologue masculin. Les judokates ont obtenues 8 des 9 médailles

aux championnats d’Europe et pourtant, l’unique médaille de Teddy Riner a été médiatisée.

Comme sportive, seule Laure Manaudou a fait la Une du magazine féminin « Elle » en 2007

et ces dernières représentent 1% de la presses féminine alors que la presse masculine et

féminine affichent régulièrement des champions. L’Equipe Mag a fait sa couverture avec

seulement trois sportives : Jeannie Longo, Amélie Mauresmo et Lindsey Vonn entre juin 2008

à mars 2012, sur plus de 190 parutions.

En 2011, le Parisien 2011 a présélectionné 10 champions en lice pour le titre de sportif de

l’année. Une seule femme figurait dans cette liste, Sandrine Soubeyrand, capitaine de l’équipe

de France de football. Pour l’Equipe, la seule femme en lice était Lucie Décosse.

Cependant, les mentalités évoluent. Preuve en est que Lucie Décosse a été élue femme de

l’année 2011 par RTL et Marie Claire suite aux votes de leurs internautes, 37,4% des voix, et

devant des chanteuses et des actrices. Camille Muffat a été sacrée athlète de l’année 2011 par

l’Union Nationale des Journalistes Sportifs Français alors que la boxeuse Anne-Sophie Mathis

a reçu le Gant d’Or pour sa saison 2010-2011 avec ses 29 victoires dont 25 par KO. Ce prix a

été fondé par l’Equipe en 1987 pour récompenser le meilleur boxeur et aucune femme n’avait

été nominée depuis sa création. Petit point noir, le fondateur de ce prix, Jean-Claude Bouttier,

exprimait il a quelque temps son aversion pour la boxe féminine et reste gêné « de voir deux

femmes se battre ».

37

DELORME Nicolas et & Raul Pauline, Place et production journalistique des femmes dans les départements

sportifs des quotidiens français, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010

Page 22: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

22

Cette année, Eurosport, a innové en créant un magazine d'une heure diffusée tous les lundis

dès le 22 septembre exclusivement consacré au football féminin : « Femmes de foot ».

Cette nouvelle vision du sport féminin est notamment due aux excellentes performances

féminines dans diverses disciplines, comme mentionnées précédemment, ce qui suscite un

engouement de plus en plus prononcé du public mais aussi des diffuseurs dont la concurrence

est de plus en plus accrue.

Tout d’abord, le grand public suit de plus en plus le sport féminin. Diverses études prouvent

cette attractivité réelle du sport féminin. Ainsi, selon une étude réalisée en 2013 par Havas

Sports et Entertainment, il s’avère que 70% des Français pensent que le sport féminin est tout

aussi intéressant que le sport masculin, manifestant ainsi un fort intérêt pour la pratique

féminine du sport et le spectacle de ses compétitions. De même, 64% des Français expliquent

qu’ils regarderaient davantage de retransmissions de sport féminin à la télévision si l'offre

était plus abondante.

Il existe un potentiel de téléspectateurs prêts à consommer du sport féminin dans les médias,

pour peu que le contenu soit attractif.

Ensuite, les femmes elles-mêmes manifestent un intérêt croissant pour le spectacle sportif et

font partie des 46% de français passionnés de sport postés derrière leurs écrans de télévision

environ 4 heures par semaines.

Les préjugés quant à la médiocrité du sport féminin s’atténuent également. Souvent comparé

au sport masculin, de plus en plus de personnes s’insurgent contre cette perception en

démontrant que le sport féminin est unique, avec d’autres styles de jeu, d’autres codes. Certes

il y a des différences, mais il y en a tout autant entre une soprano ou un ténor, pourtant

personne n’irait dire que l’un procure moins d'émotion que l’autre. Le sport féminin est moins

amusant tout simplement parce qu’il est moins connu.

Du point de vue du niveau de performance et de la volonté du grand public, rien ne justifie

donc que les compétitions sportives féminines soient moins diffusées que les compétitions

masculines. Cependant, de nombreux médias invoquent la faible attractivité du sport féminin

en termes d'audience.

Les faits tendent à prouver le contraire38

. En termes d'audience, il a été observé que les

performances remarquables des sportives françaises pouvaient trouver leur public. En outre, la

retransmission de compétitions féminines peut permettre aux chaînes de bénéficier d'un gain

d’image car elles affirment leur volonté à se positionner sur une offre différente de

38

BERKANI Sonia, Les idées reçues sur le sport féminin, Havas Sport&Entertainment, (consulté le 16 août

2014), disponible à http://www.havas-se.fr/news/les-idees-recues-sur-le-sport-feminin

Page 23: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

23

programmes sportifs, autour d'événements peu exposés en télévision. Cette prise de risque

peut être payante.

Direct 8 détient l'une des plus belles audiences de la TNT avec la demi-finale de la Coupe du

Monde 2011 et ses 2,4 millions de téléspectateurs en plein été, soit 17,4% des parts de

marché. En temps normal, l'audience moyenne de Direct 8 oscille entre 2 et 2,5% de part de

marché. En 2010, le parcours des Lyonnaises avait récolté une audience de 1,2 million de

téléspectateurs, 4,9% de parts de marché, avec un pic à 1,9 million.

Les matchs qualificatifs des Bleues à l'Euro 2013 ont séduit entre 720 000 et 940 000 fans et

800 000 spectateurs ont suivis la finale de la Coupe de France de football féminin en 2013.

La finale dames de Roland-Garros 2013 entre Serena Williams et Maria Sharapova a permis à

France 2 d'être leader tout un samedi après-midi avec plus de 25 % de part de marché. La

finale de Marion Bartoli à Wimbledon l’an dernier a rassemblé plus d’un million de

téléspectateurs en plein après-midi.

Les matches de l'équipe de France féminine de rugby ou les rencontres de D1 féminine font

des audiences d’environ 400 000 à 500 000 téléspectateurs sur France 4 avec un pic à 800 000

pour la finale de la Coupe de France. Le match d’ouverture des bleues 2014 a attiré plus d'un

million de téléspectateurs en moyenne avec un pic à 1,4 million en fin de match, soit 5,3 % de

part d'audience, contre une part de 1,6 % en moyenne pour l'ensemble de ses programmes,

puis 1,5 million de téléspectateurs, soit 7,4% de part de marché, lors du second match de la

Coupe du Monde.

La finale de l'Eurobasket Women 2013 perdue par les «Braqueuses » a attiré 3,3 millions de

spectateurs alors que la finale de handball féminin lors des championnats a attiré 3.4 millions

de téléspectateurs sur France 3.

De la même manière, la diffusion de rencontres de Ligue des Champions de volley-ball

féminine rivalise et peuvent dépasser en audience celles de la même compétition masculine.

Des résultats équivalents ont été obtenus pour les compétitions de natation ou d'athlétisme où

il n'existe pas de décrochage entre épreuves féminines et masculines.

Sur le Top 20 des meilleures audiences sportives de l’année 2012, 6 sont liées au sport

féminin avec notamment la demi-finale France/Russie de basket-ball lors des Jeux

Olympiques de Londres avec 7,7 millions de téléspectateurs. Ainsi, lorsque le sport féminin

est logé à la même enseigne que son homologue masculin, il draine tout autant de

téléspectateurs. En effet, 50% des meilleures audiences des Jeux Olympiques de Londres

concernaient des épreuves féminines39

.

39 BERKANI Sonia, Les idées reçues sur le sport féminin, Havas Sport&Entertainment, (consulté le 16 août

2014), disponible à http://www.havas-se.fr/news/les-idees-recues-sur-le-sport-feminin

Page 24: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

24

Christine Kelly affirme que « le téléspectateur ne veut pas du sport féminin, mais du sport

tout court, Il veut voir de la performance et de l'émotion. »

Face à ces bonnes audiences, différentes chaînes se sont engagées dans la diffusion du sport

féminin :

Football : France Télévisions et Eurosport ont un partenariat avec la Fédération pour

retransmettre la Coupe de France féminine et le championnat de France de D1 féminine.

Handball : Sport + a un partenariat avec la Fédération pour diffuser la Coupe de France

féminine et le championnat de France de D1 féminine alors que Bein Sports diffusera avec

Eurosport 2 la ligue des champions de handball féminin.

Rugby : Eurosport et France Télévisions se partagent les matches de poule des Bleues de la

Coupe du Monde de rugby alors que la finale est diffusée en clair sur France 4.

Basket-ball : Canal + retransmet la ligue féminine et co-diffuse avec France Télévisions les

matchs de l’équipe de France.

Volley-ball : Ma Chaîne Sport diffuse le Championnat de France et Bein Sports les

Championnats du Monde.

Tennis : Ma Chaîne Sport a les droits pour le Women's Tennis Association Tour.

Au vu de la structuration du marché des droits télévisuels, les géants du sport que sont

Eurosport et Canal + pourraient bien participer à l'inflation des coûts des droits, évinçant ainsi

les plus petits acteurs. Une inflation qui a déjà débuté mais qui reste tout de même environ

100 fois inférieurs aux droits des hommes.

D’autres arguments sont mis en valeur dans la faible médiatisation du sport féminin,

notamment la mauvaise état des équipements sportifs dans lesquels les équipes féminines

évoluent, le différentiel de niveau entre les équipes féminines qui amène à des scores dénués

de sens et l’absence de public lors des matchs avec des tribunes vides qui renvoie une image

négative de la rencontre diffusée et n’attire pas le public.

« Les gens veulent du spectacle. Il faut voir le niveau de certains sports féminins. Quand en

D1 de football, le 1er

gagne par plus de dix buts d’écart, ça n’intéresse pas le grand public »

déclarait Vincent Rousselet-Blanc, rédacteur en chef du site « En pleine lucarne » et de

continuer : « Toutes les personnes qui travaillent dans le monde de la télé vous le diront, il y a

aussi le côté télégénique qui entre en ligne de compte. Lorsque vous allez dans une salle de

handball ou de basket pratiquement vide et qu’il n’est même pas possible d’installer une

caméra car ces salles sont mal adaptées, eh bien le public n’a pas envie de regarder ! ».

Ainsi, il est du ressort de tous les acteurs de faire un effort, les chaînes, les fédérations, les

ligues, les collectivités territoriales, pour que la médiatisation du sport augmente.

Christine Kelly, membre du CSA, déclarait récemment : « C'est de la responsabilité de

chacun, des Fédérations, des Ligues, d'aider les chaînes à médiatiser. Les chaînes sont là,

croyez moi, elles veulent faire des efforts. Aidons les ».

Page 25: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

25

Et cette dernière est dans le vrai. L’intérêt des sponsors40

pour le sport féminin ne viendra que

si celui-ci est médiatisé, ce qui ne sera le cas que si il y a des résultats sportifs. Pour connaître

des performances sportives, il faut des sportives professionnelles, évoluant de préférence sur

des terrains corrects et ayant accès à des infrastructures suffisamment modernes pour pouvoir

s’entraîner régulièrement. Pour avoir ces structures, il faut investir et ce n’est absolument pas

le rôle des médias mais des clubs qui sont tributaires de la formation des sportives. Par la

suite, l’équipe nationale pourra intégrer des sportives provenant de ces clubs pour évoluer à

un plus haut niveau et accomplir des exploits qui leur permettront d’être médiatisées et la

boucle est bouclée. La Fédération peut ensuite aider pour les financements et la

communication auprès du grand public afin de créer un engouement autour de sa discipline.

Evidemment, il faut prendre un risque et beaucoup de clubs ne sont pas prêts à investir des

milliers d’euros pour n’être retransmis à la télévision que 4 ou 5 fois par an. Arnaud Simon,

Directeur Général d’Eurosport, répondait à cet argument en expliquant : « Il faut beaucoup

d’énergie et de volonté (…) Il faut accepter que parfois, le stade ne soit pas dans un état

idéal, que les niveaux entres deux équipes soient disparates […] Il faut accepter cela pour

construire ». Afin de créer un attractivité du public, il prône une répartition des missions : les

chaînes payantes doivent construire le feuilleton du sport féminin et les chaînes gratuites

apporter un éclairage plus large sur celui-ci.

Et en effet, les joueuses de football de l’Olympique Lyonnais ou de Juvisy commencent à

créer leur histoire. Le grand public les reconnaît et leurs parcours, échelonné d’exploits, sont

admirés. Lors de leurs rencontres, de plus en plus de monde viennent les soutenir et elles

attirent autour d’elles de plus en plus de fans.

Alors que les performances des sportives féminines ne cessent de se multiplier41

, elles ont

encore du mal à exister aux yeux du grand public et à recevoir un traitement médiatique

équivalent à leurs homologues féminins. Des progrès sont faits dans la reconnaissance de

leurs exploits et de plus en plus de chaînes de télévision d’y intéressent mais un grand écart

subsiste encore entre sportives et sportifs. Pour y remédier, l’Etat prend des mesures en faveur

du sport féminin et des évènements dédiés aux femmes sont créées.

40 3% des 273 millions d'euros investis par les 100 plus grands sponsors le sont dans le sport féminin ce qui est

négligeable (Huffpost, Un chantier prioritaire pour Najat Vallaud-Belkacem: la médiatisation du sport féminin,

2014, (consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/julian-jappert/mediatiser-sports-

feminins_b_5123578.html)

41 Annexe 5

Page 26: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

26

II. DES MESURES EN FAVEUR DU DEVELOPPEMENT SUR LA

DUREE DU SPORT FEMININ

Le ministère en charge des Sports a pris en main le problème du sport féminin et mène

actuellement une politique volontariste pour développer « la pratique féminine, valoriser le

sport féminin dans les médias et favoriser l’accès des femmes aux postes à responsabilités

dans les institutions sportives » 42

.

A. SOUTIEN DE L'ETAT AU DEVELOPPEMENT ET A L'EXPOSITION DU SPORT

FEMININ

L’Etat a donc pris différentes mesures afin de valoriser le sport féminin, et ce dès

1981, date à laquelle la puissance publique affiche sa volonté de changement. L’une des

premières mesures engagées a été de permettre à des femmes d’intégrer le Ministère de la

Jeunesse et des Sports jusqu'à aujourd’hui avec Madame Najat Vallaud-Belkacem. Des

mesures incitatives sont mises en place mais le rôle social et intégrateur du sport se heurte à

des résistances culturelles fortes.

Le gouvernement actuel a accéléré la mise en place de politiques publiques initiées en faveur

du sport féminin et mène une politique volontariste pour développer la pratique féminine car

de nombreux clubs n’acceptent toujours pas de joueuses, ne voyant pas la nécessité de créer

une section féminine. Dans certains cas, même s’il existe une section féminine, les horaires

d’entraînement et l’attribution des terrains sont décernés de façon prioritaire aux garçons.

Tout cela augmente les difficultés de l’accès à la pratique, des progrès des joueuses et du

développement du sport féminin.

Najat Vallaud-Belkacem estime que la « féminisation peut booster le sport » et veut

promouvoir « la présence des femmes dans les instances dirigeantes, les sportives dans les

médias et la pratique féminine 43

».

Ainsi, l’Etat a indiqué qu’il allait mettre en place plusieurs plans d’actions.

Afin de hausser la médiatisation du sport féminin qui ne représente que 7% des

retransmissions sportives, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé qu’elle comptait obliger le

service public à diffuser plus d'évènements sportifs féminins, les obligations des chaînes

42

Ministère des sports, La politique de féminisation du sport, 2014, (consulté le 20 juillet 2014), disponible à

http://www.sports.gouv.fr/pratiques-sportives/le-sport-pour-tous/Sport-au-feminin-11071/La-politique-de-

feminisation-du-sport/ 43

Huffigton Post, Valoriser le sport féminin à la hauteur du spectacle et des exploits qu'il donne à voir, 2013,

(consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/valerie-fourneyron/valoriser-sport-

feminin_b_4323999.html

Page 27: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

27

publiques et privées en matière de retransmission d'épreuves sportives féminines vont être

étendues. Ce travail portera notamment sur le décret du 22 décembre 200444

appliquant en

France la directive européenne dite « Télévision sans Frontières » (TSF).

Ce décret oblige les chaînes payantes à partager leurs droits d'exclusivité avec les chaînes

gratuites, pour les « évènements d'importance majeure45

» qui sont énumérés à l’intérieur.

Actuellement, six de ces événements « hors jeux Olympiques » sont consacrés au sport

féminin : finales de Championnat du Monde et d’Europe de bas et-ball, de handball, demi-

finale et finale de la Fed Cup quand la France y participe et la finale dame de Roland-Garros.

Sur certaines disciplines comme le football et le rugby, le décret ne liste que les grandes

compétitions masculines comme étant d'importance majeure. Najat Vallaud-Belkacem a donc

annoncé : « Nous allons agir sur le décret du 22 décembre 2004 qui fixe la liste des vingt-sept

évènements majeurs sportifs retransmis à la télévision : dix-huit sont masculins, cinq mixtes,

comme les JO, cinq féminins. Nous allons donc compléter la liste avec certaines épreuves

féminines du championnat de France de football, de la Ligue des Champions et de la Coupe

du Monde » car « 72% des Français estiment que les écarts de pratique entre les sexes sont

dus à cette faible médiatisation46

».

Ainsi, un quota de sport féminin pourrait être imposé afin de favoriser une représentation plus

équilibrée du sport féminin et masculin. En imposant un quota de sport féminin sur les

chaînes de service public, les spectateurs auraient l'opportunité d'apprécier des performances

féminines et accélérerait le processus de lutte contre les discriminations.

Il est également prévu d’ « élargir les pouvoirs du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour

qu’il vérifie que chacune des télés respecte l’équité dans les images » représentant des

sportives ou des sportifs. Une compétence que n’a pas, pour l’heure, le Conseil Supérieur de

l’Audiovisuel.

Le gouvernement a également proposé au président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel

l’introduction d’obligations de diversité pour les opérateurs pour la diffusion, à titre gratuit, de

brefs extraits de manifestations sportives. Le sport féminin pourrait bénéficier de cette

légitime contrepartie au « droit de citation ».

44

Huffigton Post, Valoriser le sport féminin à la hauteur du spectacle et des exploits qu'il donne à voir, 2013,

(consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/valerie-fourneyron/valoriser-sport-

feminin_b_4323999.html 45

Légifrance, Décret n°2004-1392 du 22 décembre 2004, (consulté le 16 juillet 2014), disponible à

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000786247 46

Huffigton Post, Valoriser le sport féminin à la hauteur du spectacle et des exploits qu'il donne à voir, 2013,

(consulté le 16 juillet 2014), disponible à http://www.huffingtonpost.fr/valerie-fourneyron/valoriser-sport-

feminin_b_4323999.html

Page 28: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

28

Toujours dans l’objectif d’une plus grande médiatisation du sport féminin, l’Etat a annoncé 47

un fonds de soutien d'un million d'euros, prélevée sur les fonds du Centre National pour le

Développement du Sport (CNDS), qui sera alloué aux Fédérations sportives pour les aider à

financer la production d'images télévisuelles de sport féminin48

. Elle sera réservée

aux événements diffusés sur les chaînes gratuites, particulièrement pour les rencontres de

basket-ball et de handball, fédérations avec lesquelles le ministère a particulièrement travaillé.

Ce fonds va être créé car actuellement, de nombreuses chaînes seraient prêtes à diffuser du

sport féminin mais ne le peuvent pas par manque de moyens des clubs et des fédérations. Le

coût de production d'une rencontre de basket-ball féminin est estimé à environ 20 000 euros et

entre 40 000 et 50 000 euros par rencontre de football féminin. Le fonds de soutien supposera

qu’un éditeur de services s'engage à diffuser la compétition de la Fédération qui solliciterait

ce soutien et permettra alors un accroissement de l'offre audiovisuelle de compétitions

sportives féminines, ce qui entraînera une plus grande visibilité et une plus forte attractivité de

la pratique féminine du sport auprès du public et des acteurs économiques.

La présidente de la mission sport du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a justement déclaré à

ce propos : « Oui, les médias ont un rôle à jouer, mais les instances dirigeantes et les

fédérations également. Pourquoi demander, par exemple, à une chaîne de diffuser un match

de volley-ball si la salle où les filles jouent n'est pas bien éclairée, s'il n'y a personne dans les

gradins ? La collectivité locale peut aider à avoir la salle, la Fédération

peut aider à rassembler des spectateurs. Tout le monde a un rôle à jouer pour améliorer cette

visibilité en souffrance ».

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, dans son étude « Sport et télévision », déclarait « Pour

certaines [...] fédérations, la diffusion d'images de leurs compétitions à la télévision s'effectue

moyennant paiement du diffuseur. Loin de tirer des revenus de la télévision, ce sont des

dépenses qu'elles engagent49

». En effet, plusieurs clubs ou Fédérations ne tirent aucune

recette directe de cession des droits d'exploitation car le diffuseur considère couvrir ceux-ci

par la prise en charge des coûts de production. Cependant, ils reçoivent des recettes indirectes

suite à l'impact en termes de notoriété de la diffusion télévisuelle de la compétition qui peut

attirer des partenaires commerciaux et des futurs licenciés.

47

Sport et citoyenneté, FEMMES, SPORT ET MEDIATISATION EN EUROPE. Pour une couverture plus

importante du sport féminin, 2013, (consulté le 20 juillet 2014), disponible à

http://sportetcitoyennete.com/communiquespresse/2013/20131129_conference_femmes&sport2.pdf 48

Ministère des sports, Centre National pour le Développement du Sport : des critères d’intervention réformés

pour réduire les inégalités, 2013, (consulté le 20 juillet 2013), disponible à

http://www.sports.gouv.fr/accueil-du-site/a-la-une/article/Centre-National-pour-le-Developpement-du-Sport-des-

criteres-d-intervention-reformes-pour-reduire-les-inegalites-15694 49

CSA, Rapport du CSA sur les enjeux du développement de la représentation du sport féminin dans les médias

audiovisuels, 2014, (consulté le 20 juillet 2014), disponible à http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-

autres-rapports/Rapport-du-CSA-sur-les-enjeux-du-developpement-de-la-representation-du-sport-feminin-dans-

les-medias-audiovisuels

Page 29: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

29

Cette initiative de l’Etat devrait contribuer à augmenter la visibilité du sport féminin et aider à

son développement, conformément aux missions du CNDS.

L’Etat a également déclaré une réorientation de ses moyens financiers, par le CNDS, pour

développer les équipements de proximité et soutenir les associations pour corriger les

inégalités d’accès à la pratique féminine. En effet, en France, des études ont prouvé que les

femmes ont 2 fois moins accès que les hommes à la pratique sportive sur certains territoires.

Le taux de licenciées dans certaines fédérations sportives est de 4% et 20% seulement des

femmes qui font du sport le font dans un club. Ainsi, l’Etat a pour objectif d’augmenter le

nombre de licenciées dans tous les sports.

Avec ces mesures, Najat Vallaud-Belkacem reste dans la lignée des objectifs de Valérie

Fourneyron, l’ancienne ministre des sports, qui déclarait : « Mon objectif est de rendre le

sport accessible à tous, quel que soit son âge, sa condition physique, son genre, son milieu

social. Cela veut dire réduire les inégalités d’accès à la pratique sportive, qui sont encore

très nombreuses dans notre pays. ».

L’Etat s’engage également a développé le sport à l’école, avec les plus jeunes, pour ancrer

dans les mentalités que n’importe quel sport peut être féminin et masculin et faire naître des

vocations car certaines Fédérations, comme celles de football, de rugby ou de motocyclisme,

peinent à atteindre les 5 % de licenciées.

Pour remédier à ce faible pourcentage de pratiquantes, ces fédérations mettent en place, avec

le soutien de l’Etat, une politique visant à une pratique plus égalitaire de leur sport entre les

femmes et les hommes. Un développement parallèle à la mise en place de différents

programmes avec pour priorité l’égalité dans le sport dans les écoles élémentaires50

. Par

exemple, la Fédération Française de Football développe cette année « le football des

princesses », opération menée pour développer la pratique féminine du football en y associant

les valeurs véhiculées par « les princesses » de l’équipe de France féminine de football51

.

Il est possible d’affirmer que le sport change de visage et que d’ici quelques années, grâce à

toutes les opérations menées, il n’aura plus rien à voir avec le sport d’aujourd’hui dans lequel

les hommes prédominent. Cette évolution se fait en parallèle avec un changement des

mentalités et est encouragée par Najat Vallaud-Belkacem : « Il faut que les fédérations

améliorent la promotion de leur pratique auprès du public auprès duquel elle sont sous-

représentées et généralement des filles. Il faut que sur le terrain les collectivités locales

veillent à ce qu'il n'y ait pas d'inégalité dans le financement des associations, des clubs, en

fonction que ce soit un sport féminin ou masculin et qu'elles développent ces collectivités

locales, des équipements mixte ».

50

Ministère de l’éducation nationale, Le sport au lycée, (consulté le 25 juillet 2014), disponible à

www.education.gouv.fr/cid4363/le-sport-a-l-ecole-elementaire 51

UNSS, Le football des princesses 2013-2014, c’est parti !, 2013, (consulté le 25 juillet 2014), disponible à

www.unss.org/blog/le-football-des-princesses-2013-cest-parti/

Page 30: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

30

Par la dotation financière qu'il apporte aux différentes fédérations, le Ministère des Sports

peut aider les Fédérations à développer la pratique féminine de leurs disciplines, dans le cadre

de conventions d'objectifs.

Dans le cadre des conventions d’objectifs qui les lient à l’État, toutes les Fédérations sportives

doivent désormais mettre en place un plan de féminisation52

concernant la pratique sportive,

l’encadrement, la formation et l’arbitrage. Il s’avère qu’actuellement, seules 10 Fédérations

ont déjà définies un plan de féminisation sur les précédentes olympiades.

Dès 2006, quatre fédérations ont défini un plan de féminisation : le handball, le basket-ball, le

cyclisme et le football. Ensuite, au cours de l’olympiade 2009-2012, les fédérations d’aviron,

de hoc ey sur glace, de montagne et d’escalade, de boxe, de triathlon et de tennis l’ont

également mis en place.

Ainsi, le Ministère des droits des femmes a souhaité que chaque Fédération sportive lui

transmette « un plan de féminisation ». Najat Vallaud-Belkacem annonçaient : « Il faut que

les fédérations imaginent des campagnes de promotion pour les féminines, qu'elles favorisent

l'activité des jeunes filles grâce à la formation, qu'elles prévoient pour les arbitres autant de

filles que de garçons. Nous avons déjà identifié ces critères, mais nous sommes encore

ouverts aux suggestions53

».

La feuille de route du ministère issue du Comité Interministériel des « droits des femmes et de

l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » a dit qu’il serait vigilant au moment

des réunions de négociation des prochaines conventions d'objectifs passées avec les

Fédérations sur la mise en place de ces plans. Une réunion de sensibilisation des cadres d'État

Féminins a été organisée le 8 février 2013 dans les locaux du ministère afin de les inciter à

candidater aux postes des directions techniques nationales des fédérations. Les premières

données disponibles suites aux assemblées générales électives des fédérations sportives

montrent un progrès54

».

Dans le cas où les Fédérations n’entreprendraient aucune mesure en faveur du sport féminin,

Najat Vallaud-Belkacem envisageait de geler les sommes versées au nom de la féminisation

du sport : « On voudrait conditionner ces subventions, car certaines fédérations les touchent

alors qu'elles ne font rien pour ».

52

Ministère des Sports, Les plans de féminisation des fédérations sportives, 214, (consulté le 25 juillet 2014),

disponible à http://www.sports.gouv.fr/pratiques-sportives/le-sport-pour-tous/Sport-au-feminin-11071/Les-plans-

de-feminisation-des-federations-sportives/ 53

PECOUT Adrien, Comment féminiser le sport français, Le Monde, 2013, (consulté le 25 juillet 214),

disponible à http://www.lemonde.fr/sport/article/2013/05/17/comment-feminiser-le-sport-

francais_3290001_3242.html 54

Sénat, Égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du sport, publication au Journal Officiel du

22/08/2013, (consulté le 25 juillet 2014), disponible à http://www.senat.fr/questions/base/2013/qSEQ130406047.html

Page 31: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

31

En outre, la ministre défend également la féminisation des instances sportives à moyen terme

grâce notamment au projet de loi sur l'égalité hommes / femmes.

B. LE PLAN DE FEMINISATION DES INSTANCES SPORTIVES

Dès 1981, des responsables du sport ont adopté la « Résolution sur la plus grande

participation des femmes au sport » avec des mesures politiques volontaristes et une demande

de ressources complémentaires55

.

En 1984, le Ministère des Sports a obligé les Fédérations sportives avec une pratique féminine

à avoir au moins un siège d’élue dans leur conseil d’Administration.

Plusieurs recommandations et résolutions ont suivi demandant l'égalité entre les femmes et les

hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux du sport. En 2005, une recommandation

adoptée par l'Assemblée parlementaire a déclaré : « l’Assemblée est consternée de constater

que les femmes subissent encore de nombreuses discriminations dans l’accès et la pratique du

sport amateur et professionnel. La persistance des stéréotypes, le manque de structures

d’encadrement et de soutien aux femmes sportives et aux jeunes filles dotées d’un potentiel

sportif, la difficulté de concilier vie professionnelle/sportive et vie familiale, la difficile

réinsertion dans le monde du travail, une couverture médiatique insuffisante des sports

pratiqués par les femmes et des financements privés limités sont des manifestations de ces

discriminations ». La recommandation considérait en outre « l’absence de femmes dans les

instances dirigeantes » comme un problème majeur56

.

En 2010, le Comité des Ministres renouvelle son appel à l’égalité hommes/femmes avec

l’élaboration d’un « Code d’éthique sportive » révisé57

.

Najat Vallaud-Belkacem a présenté le 3 juillet 2013 son projet de loi-cadre pour l'égalité entre

les femmes et les hommes. Ce projet de loi comporte un article visant à accroître la

féminisation des instances dirigeantes des Fédérations sportives et à atteindre, à moyen terme,

la parité dans la représentation de ces instances58

.

55

Résolution sur une plus grande participation des femmes au sport (81/3), (consulté le 25 juillet2014),

disponible à http://www.coe.int/t/dg4/epas/resources/texts/Res%2881%293_fr.pdf 56

PFISTER Gertrud, Egalité entre les hommes et les femmes dans le sport de haut niveau, 2011, consulté le 25

juillet 2014), disponible à http://www.coe.int/t/dg4/epas/resources/texts/INF25F_Egalite-femmes-hommes-sport-

haut-niveau.pdf 57

Conseil de l’Europe, Recommandation CM/Rec (2010)9 du Comité des Ministres aux Etats membres sur le

Code d'éthique sportive révisé, 2010, consulté le 25 juillet2014), disponible à

http://www.coe.int/t/dg4/epas/resources/CM%20Rec_2010_9%20sur%20le%20Code%20d%27%C3%A9thique

%20sportive%20r%C3%A9vis%C3%A9.pdf 58

Sénat, Projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, 2013, (consulté le 25 juillet 2014),

disponible à http://www.senat.fr/leg/pjl12-717.html

Page 32: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

32

A l’heure actuelle, « la représentativité des femmes au sein des comités directeurs est assurée

dans 55% des fédérations contre 39% en 2009. S’agissant des bureaux fédéraux, 59 assurent

la représentativité des féminines en leur sein, soit 55% des fédérations contre 28% en 2009.

Au final, ce sont 39 fédérations qui assurent la représentativité des féminines au sein des deux

niveaux d’instances dirigeantes, soit 36% des fédérations contre 23% en 200959

».

On observe une hausse de la féminisation des instances dirigeantes60

. Dans le renouvellement

des postes de direction au sein des établissements du Ministère des sports, la parité est de

mise. Ainsi, pour la première fois depuis sa création, une femme, Sylvie Robert, a été

nommée à la présidence du Conseil d’Administration du CNDS, le 19 mars 2013.

Cependant, il existe toujours des disparités et plus on progresse dans la « hiérarchie » du

sport, moins il y a de femmes. Le Sénat dressait un état des lieux désastreux en 2011 avec une

étude portant sur plus de 100 sports : « Onze femmes sont aujourd’hui à la tête d’une

Fédération sportive. Elles représentent 15% des cadres des fédérations, 15,5% des

conseillers techniques régionaux, 18,3% des conseillers techniques nationaux, 11,1% des

entraîneurs nationaux et 5% des Directeurs Techniques Nationaux61

». Elles sont 13% dans

les comités directeurs et le pourcentage augmente avec la baisse de l’importance des

fonctions: 11,7% de trésorières, 17,5% de trésorières adjointes, 19,6% de secrétaires

générales.

En effet, depuis la création de cette fonction dans les années 1960, seules 7 femmes ont

occupé les fonctions de Directrice Technique Nationale au sein des Fédérations Olympiques.

A ce jour, quatre femmes occupent des fonctions de Directrice Technique Nationale dans les

Fédérations Olympiques de cyclisme, gymnastique, équitation et pentathlon moderne, alors

qu’il y en avait qu’une seule sur la période 2009-2012 sur 30 fédérations olympiques.

En 2013, une femme, lsabelle Spennato-Lamour, a été élue à la présidence d'une Fédération

Olympique, la Fédération Française d'Escrime, alors qu'il n'y en avait aucune entre 2009 et

2012. Il s’avère qu’une seule des 30 fédérations françaises olympiques est présidée par une

femme.

Sur les 141 membres du Comité International Olympique (CIO), il n’y a que 16 % de femme

et sur les 19 membres de la composition du Comité d’Organisation des Jeux Olympique

(COJO), de Londres 2012, une seule femme, la princesse Anne d’Angleterre.

La sous-représentation des femmes est aussi visible dans l'encadrement : les équipes de

France féminine de handball, de football, de basket-ball, de volley-ball ou de rugby sont

59

Ministère des Sports, Projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, 2013, consulté le 25 juillet

2014), disponible à www.senat.fr/leg/etudes-impact/ 60

Annexe 4 61

Sénat, Egalité des femmes et des hommes dans le sport : comme dans le marathon, ce sont les derniers mètres

les plus difficiles, 2013, (consulté le 10 juillet 2014), disponible à http://www.senat.fr/rap/r10-650/r10-

65036.html

Page 33: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

33

entraînées par des hommes, les femmes ne représentent que 8% des entraîneurs nationaux.

Les arbitres, elles, ne sont que 14%.Cependant, le nombre d’arbitres ne semble pas dépendre

du nombre de licenciées dans la Fédération. Ainsi, les femmes ne représentent que 4% des

licenciées de football mais sont 23% d’arbitres de haut niveau alors qu’en équitation, il y a

plus de 80% de licenciées pour 30% d’arbitres féminins. Les Fédérations en retard sont

l’escrime et le rugby avec 11% d’arbitres féminins, le handball 13%, le judo 16%, le tennis

12% et les Fédérations de volley-ball, de tir à l’arc, de taekwondo, de surf, de pétanque, de

savate boxe française et de rugby à XII qui n’en comptent aucune en 2011-2012.

Pourtant, il est essentiel que des femmes occupent des postes de direction car elles auraient le

pouvoir d’influer sur le recrutement des officiels et des entraîneurs, ainsi que sur la situation

des athlètes féminins. Comme le soulignait la délégation des droits des femmes et des

hommes dans le sport, « un rééquilibrage de la place de la femme dans l’encadrement sportif

parait indispensable, dans ses fonctions administratives comme dans ses fonctions techniques,

pour les besoins et les attentes des femmes soient mieux pris en compte dans la définition des

politiques sportives, dans l’entraînement des sportives de haut niveau, ainsi que dans la

pratique du plus grand nombre ». Il est à rappeler qu’un décret du 7 janvier 2004 établissait

que la représentation des femmes dans les instances dirigeantes d’une fédération soit garantie

par l’attribution d’un nombre de sièges proportionnels au nombre de licenciés. Cette règle

n’est pas efficace en raison de l’existence de fédérations très masculinisées ou très féminisées.

C’est pourquoi les quotas sont de plus en plus demandés pour la féminisation des instances

dirigeantes sportives.

Des efforts sont observés, des Fédérations sportives et des candidates prêtes à franchir le pas

des responsabilités d'encadrement technique : la représentation des femmes au sein des

bureaux des Fédérations sportives a augmenté de 9,8% entre 2009 et 2013. A l’issue des

élections des instances dirigeantes des Fédérations sportives pour l’olympiade 2013-2016, les

femmes représentent 12,5% des présidents, 22,9% des secrétaires généraux et 13,5% des

trésoriers. Sur ces trois fonctions, la représentation des femmes est en progression par rapport

à la précédente olympiade. Malgré cette hausse, des progrès restent à faire.

Si les pouvoirs publics peuvent exercer une influence sur la féminisation des instances

fédérales, celle des clubs et des sociétés sportives relève avant tout d'une volonté propre et

d'une prise de conscience du sport professionnel français. C’est pour cette raison que des

actions de formation, des rassemblements sous forme de séminaires des dirigeants/tes de clubs

de ligue 1 et 2 sont en cours de réalisation, ainsi que des visites aux clubs. En outre, la

délégation aux droits des femmes préconise la création d’un « réseau officiel de femmes

dirigeantes et la mise en place d’un système de parrainage des nouvelles dirigeantes

sportives ».

En comparaison à d’autres pays européens, la France accuse un retard dans la féminisation

des instances sportives. Ainsi, en Grande-Bretagne, une femme exerce les fonctions de vice-

présidente exécutive du club de Premier League de West Ham depuis 2010, après avoir été

Page 34: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

34

directrice générale du club de deuxième division de Birmingham City de 1993 à 2009. En

Italie, deux clubs de Série A ont été présidés ces dernières années par des femmes, l'AS Roma

de 2008 à 2011 et le Bologna FC de 2008 à 2010. En Espagne, Teresa Rivero a exercé les

fonctions de présidente du club de Primera Divisiòn du Rayo Vallecano de 1993 à 2011. En

France, un seul club de Ligue 1, Ligue 2 et National du football français est dirigé par une

femme : Corinne Diacre62

est entraîneur de Clermont-Ferrand, club de Ligue 2, après le

départ d’une autre femme, Helena Costa.

C’est pour remédier à cette situation qu’en 1981, sous l’impulsion de l'ancien président Juan

Antonio Samaranch, désirant que des femmes soient cooptées membres du Comité

International Olympique (CIO), l'organisation a favorisé la présence des femmes à des postes

de direction dans le sport. Actuellement, sur les 113 membres actifs que compte le CIO, 15

sont des femmes. Le groupe de travail femme et sport a été créé en décembre 1995 dans le but

d’aider et de conseiller la commission exécutive du CIO quant à la politique à mettre en place

dans ce domaine. Le groupe de travail est depuis 2004 la commission femme et sport du CIO.

En 1996, la Charte olympique mettait en avant l’égalité des chances des hommes et des

femmes et le CIO commençait à encourager les Comité Nationaux Olympique, les

Fédérations Internationales et les entités sportives appartenant au mouvement olympique à

fixer l'objectif de 20 % de femmes à des postes au sein de toutes leurs structures

décisionnelles avant 2005. Le nombre de femmes présidentes, vice-présidentes et secrétaires

générales à travers le monde n'a jamais été aussi élevé que sur la période 2005-2009.

Cependant, en France, les femmes ne sont encore que 5% à présider un Comité Régional

Olympique ou un Comité Départemental Olympique.

L'Afrique reste le premier continent en terme de nombre de femmes présidentes, quatre au

total. L'Europe devance jusqu'ici les deux continents américains et le continent africain dans

la part de secrétaires générales.

Dans le monde, quatre Fédérations Internationales, deux Fédérations Olympiques et deux

organisations reconnues, sont dirigées par des femmes. SAR la princesse Haya Bint Al

Hussein, membre du CIO depuis 2007, est présidente de la Fédération Équestre Internationale

(FEI). Elle a succédé à une autre femme, Madame Doña Pilar de Borbón, maintenant membre

honoraire du CIO. Marisol Casado est la présidente de l'Union Internationale de Triathlon,

sport olympique, tandis que Madame Molly Rhone est la présidente de la Fédération

Internationale des Associations de Netball, sport dominé par les femmes et populaire dans les

pays du Commonwealth, et Madame Jessie Phua est la présidente de la Fédération

Internationale de Bowling.

« Nous voulons que tous les sports se donnent les moyens d’attirer autant de filles que de

garçons, et pour ce faire, une représentation équilibrée dans les instances de gouvernance est

un levier important » explique Najat Vallaud-Belkacem qui annonce comme objectif de temps

62

Annexe 6

Page 35: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

35

au respect de la parité hommes/femmes au niveau de leurs comités directeurs, les Jeux

olympiques 2020. Dans le cadre des conventions d’objectifs 2014-2017 qui les lient à l’État,

toutes les fédérations sportives doivent désormais se doter d’un plan de féminisation

concernant la pratique sportive, l’encadrement, la formation et l’arbitrage. C’est le cas de la

Fédération Française de Parachute qui a élaboré, validé et déposé son plan en janvier 2014.

Pour montrer un exemple à suivre, une opération d’envergure, « Mesdames : franchissez la

barrière ! » a été mise en place par la Fédération Française de Football invitant toutes les

femmes proches des clubs de football à ne pas hésiter à jouer un rôle important dans la vie de

ces associations. Les femmes sont également invitées et sollicitées à se former à l’arbitrage et

aux diplômes techniques. Quelques résultats sont déjà disponibles et sont plutôt

encourageants. Ainsi, le nombre de joueuses a augmenté de 10 % en deux saisons, portant

l’effectif des pratiquantes à 70 000 licenciées. L’objectif fixé par Noël Le Graët est de

100 000 d’ici la fin 2016. Au niveau des dirigeantes dans les clubs, le chiffre est monté à

30 000 (trésorières, membres de comité directeur, accompagnatrices d’équipes, etc.), il est

dénombré environ 2 000 cadres techniques et 700 femmes arbitres. L’opération de la

Fédération est un succès que d’autres devraient suivre.

Depuis 2011, au niveau de la gouvernance de la Fédération Française de Football et de la

Ligue du Football Amateur (LFA), le football permet désormais des scrutins de listes pour des

comités directeurs resserrés et ceux en place actuellement ont tous intégré une femme, il est

vrai, par obligation légale.

Dans le métier de journalistes sportifs, la parité hommes/femmes n’est pas de mise.

Il faut attendre les années 1980-1990 pour avoir apparaître une féminisation du journalisme

sportif. A cette époque, plusieurs femmes intègrent le service des sports de grands medias, tels

l’Equipe ou le Monde et acquièrent une certaine crédibilité grâce à la reconnaissance de leur

travail par le journalistique. Par exemple, Liliane Trévisan remporte le prix du meilleur article

sportif en 1985, Isabelle Langé obtient le micro d’or radio pour RTL en 1999. En 15ans, le

nombre de femmes dans le domaine passe de 2% à 10%. C’est une avancée alors que

l’ensemble de la profession compte un tiers de femmes. Le journal l’Equipe compte 15% de

femmes journalistes sportifs mais aucun n’est rédactrice en chef.

D’après le rapport du CSA de 2011, les femmes constitueraient 13% des intervenantes dans

les émissions sportives contre 9% en 2009. Ce pourcentage reste faible en comparaison du

reste des programmes où les femmes représentent 35% mais des avancées sont perceptibles

puisque le grand public connaît Estelle Denis, présentatrice de l’émission « 100% foot » sur la

chaîne M6 ou Nathalie Ianetta sur Canal Football Club, sur Canal +. Les femmes sont

présentes dans la plupart des émissions sportives mais il n’y a que peu de commentatrices lors

de la retransmission des rencontres ou de consultantes invitées dans les émissions.

Page 36: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

36

Marie Boselli-Berenguer, directrice de l'école de journalisme de Nice, expliquait : « Les

étudiantes s'intéressent à l'information en général mais peu d'entre elles veulent s'investir

dans une rubrique sportive, car c'est un univers très masculin où il est difficile de s'imposer ».

La performance sportive est certes importante dans le sport masculin et féminin mais chez les

hommes, l’apparence physique est un atout et chez les femmes, la beauté est un impératif. Ce

traitement informationnel n’est pas étonnant au vu du peu de journalistes sportives féminines,

5 % de l'information sportive en moyenne est assurée par elles contre 2% il y a dix ans.

Lorsqu’un journaliste sportif écrit sur le sport féminin, il construit une réalité qui lui est

propre en transmettant ses valeurs, son écriture est influencée par sa représentation ou par

celle du contexte qui l’entoure. Les hommes ont encore de multiples préjugés et une vision de

la femme encore trop primitive en ayant encore du mal à regarder les femmes pour ce qu'elles

sont capables d’accomplir, ce qui s’en ressent à travers leurs articles.

Les pouvoirs sportifs commencent à donner une place aux femmes. Par exemple, Ingrid

Delterne a été élue récemment directrice générale de l'Union européenne de radio

télédiffusion (UER) dont le rôle est de négocier les droits sportifs avec les télévisions ou

Carol Isherwood qui est la première et seule femme à être membre active à l'International

Rugby Board (IRB).

En résumé comme l’exprime Jane Renoux, journaliste : « Oui, les médias, de par leurs

responsabilités, façonnent les mentalités, construisent un modèle de société. Force est de

constater que l’image et les récits qu’ils font de la femme sportive participent d’une culture

sexiste, discriminatoire. Il y d’autres facettes de l’histoire, reste à ouvrir les yeux pour les

voir, les discerner pour s’enrichir et faire évoluer les mentalités63

».

Ainsi, les pouvoirs publics mettent en place différentes actions afin de faire évoluer les

mentalités et de donner au sport féminin la place qu’il mérite. Il est possible d’affirmer qu’il

s’agit d’une action de longue durée avec des objectifs à moyen terme, qui vont s’inscrire sur

les années à venir. Le sport féminin s’est développé ces dernières années même si des

inégalités avec le sport masculin persistent. En parallèle de toutes les mesures qui sont prises,

de multiples évènements valorisant le sport féminin sont créés pour que le grand public

prenne conscience des valeurs et des messages que véhicule le sport féminin.

63

DAVISSE Annick, LORENZI Léo et RENOUX Jane, Olympie: la course des femmes, Le Havre, La Courtille,

1980

Page 37: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

37

C. DES EVENEMENTS DEDIES AU SPORT FEMININ

De nombreuses actions sont mises en place pour aider au développement du sport

féminin et à un plus grand engouement du public.

Tout d’abord, différents évènements dédiés au sport féminin voient le jour.

En 2013 à Bourges, a été organisé les premiers Etats Généraux du Sport féminin en équipe

avec pour l’un des mots d’ordre : « halte au mépris du sport féminin dans les médias ». Ils ont

rassemblé différents acteurs concernés par la thématique, à savoir provenant des pouvoirs

publics, des collectivités territoriales, des experts, des responsables de Fédérations sportives,

des sportifs et sportives de haut niveau, des entreprises et des journalistes. L’actuelle Ministre

des Sports, Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des Femmes a ouvert l’évènement.

La même année, l’association « Sporsora » a également créé l’évènement en ouvrant les

débats sur le sport féminin au stand BNP Paribas lors de Roland Garros avec la thématique

suivante : « Sport féminin : vers la mise en place d’un cercle vertueux ? ».

L’équipe féminine de bas et-ball, associée à des médaillées olympiques, chroniqueuses

sportives, directeurs techniques et présidents de Fédération, cosigne une tribune dans le

Journal Du Dimanche, en faveur de la parité dans le sport et dénonce la faible couverture

médiatique au regard des excellents résultats des sportives, depuis la dernière olympiade

notamment : « 44% de nos médailles ont été gagnées par des femmes alors même qu’elles ne

représentent que 35% des licenciés dans les fédérations olympiques. [...] Pourtant, le sport

féminin reste quasiment invisible, comme s’il était une sous-catégorie honteuse. 85 % de la

couverture médiatique des compétitions concerne les hommes. »

En 2000, ont été créés les Trophées « Femme et sport » du CIO afin d’affirmer une certaine

reconnaissance du sport féminin et de promouvoir l’égalité des sexes dans le sport sur chaque

continent. Les personnes qui y reçoivent un prix bénéficient d’une grande visibilité et de

retombées surtout nationales. Chaque année, un trophée par continent et un trophée au niveau

mondial sont remis à une femme ou un homme (ancien athlète, entraîneur, administrateur ou

journaliste), ou à une institution/organisation, pour « sa contribution au développement, à la

promotion et au renforcement de la participation des femmes et des jeunes filles aux activités

physiques et sportives 64

».

Parmi les lauréates figurent : Gianna Angelopoulos-Daskalaki, la présidente du Comité

d'organisation des Jeux Olympiques d'Athènes (ATHOC), le premier ministre de la Jamaïque,

Portia Simpson-Miller, la première dame de la République d'Angola, Ana Paula Dos Santos,

l'ancienne championne de tennis Gabriela Sabatini, l'ancienne athlète Charmaine Crooks,

64

CIO, Femme et Sport, 2014, (consulté le 30 juillet 2014), disponible à http://www.olympic.org/fr/news/le-

president-du-cio-prend-la-parole-lors-de-la-6e-conference-mondiale-du-gti-sur-les-femmes-et-le-sport/232997

Page 38: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

38

l'une des deux seules femmes présidentes d'associations nationales de football, Lydia Nsekera

et la palestinienne Naila Shatara-Kharroub. En symbole, la cérémonie de remise des

récompenses est organisée le 8 mars, Journée internationale de la femme.

Le Comité National Olympique et Sportif Français met en place beaucoup de concours

nationaux et régionaux, « Femmes et sport », qui donnent lieu à des prix afin de promouvoir

l’image, la place et le rôle des femmes dans les pratiques physiques et sportives et leur accès

aux responsabilités. Cela se traduit par des concours nationaux et régionaux :

- « Sport au féminin » qui récompense la meilleure stratégie ou action menée par une

association sportive (ligue ou comité régional, comité départemental, club) en matière

de féminisation des postes à responsabilités (fonctions électives ou d'encadrement à

titre professionnel ou bénévole) et/ou de développement de la pratique – physique et

sportive – féminine.

- « Sport et communication » » qui récompense la meilleure stratégie ou action en

matière de communication sur le sport féminin et peu développé.

- « Sport, filles et cités » qui récompense la meilleure stratégie ou action en matière de

développement de la pratique – physique et sportive – féminine ou mixte

(hommes/femmes), dans les quartiers urbains sensibles.

- « Sport : le coup de cœur » qui récompense une personne pour son parcours et son

investissement exemplaires, au plan territorial, en qualité de bénévole sur cette

thématique, quelle que soit la nature de son engagement, dirigeant(e), arbitre,

sportif(ve), éducateur(trice).

- « Femmes et sport en milieu rural » qui récompense la meilleure stratégie ou action en

matière de développement de la pratique - physique et sportive – féminine ou mixte

(homme/femme), en milieu rural.

Le 1er

février dernier, à l’initiative de Madame Christine Kelly, membre du CSA, a eu lieu les

« 24h du sport féminin65

», journée entièrement consacrée au sport féminin. Une cinquantaine

de médias télévisés français, de France Télévisions à Eurosport en passant par beIN Sports ou

Canal+, et des radios, s’engageaient librement à diffuser sur leur chaîne ou antennes des

émissions consacrées aux sportives amatrices ou de haut niveau, des événements sportifs

féminins, des rencontres féminines. Toutes les chaînes arboraient le même logo et le même

slogan « Donner des elles au sport » 66

afin que le grand public puisse goûter à l’émotion des

rencontres féminines.

Une « nuit du sport féminin » a également été créé en 2010 par la Ligue Internationale contre

le racisme et l'antisémitisme (LICRA) qui réunit des sportives de haut niveau et des hautes

personnalités du monde sportif pour échanger sur le sport féminin, valoriser le parcours de

65 CSA, 24 heures de sport féminin : le Conseil mobilise médias et acteurs du sport, 2013, (consulté le 30 juillet

2014), disponible à http://www.csa.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/24-heures-de-sport-feminin-le-

Conseil-mobilise-medias-et-acteurs-du-sport

66 Annexe 7

Page 39: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

39

certaines sportives, débattre de problématiques liées au sport féminin avec des experts sur le

sujet.

Peu avant cet évènement, le 18 mars 2014, les présidents des 69 fédérations sportives qui

avaient déposés un plan de féminisation se sont réunis afin de partager les bonnes pratiques

relatives au plan de féminisation et mutualiser et créer des synergies entre les différentes

Fédérations. Il a été mis en exergue le rôle des Fédérations dans les actions de

communication, de formation ou d’animation de réseau.

Un réseau européen « femme et sport » a été créé en 2007 et est le seul think tank européen67

consacré à l’étude de l’impact sociétal du sport. Il est soutenu par l’Union Européenne et

l’UEFA. L’organisation promeut une implication plus forte de la sphère médiatique dans le

sport féminin pour encourager la pratique sportive chez les femmes et les jeunes filles.

En plus de ces quelques évènements, les clubs féminins repensent leur façon de communiquer

en essayant d’intégrer plus de rencontres spectacles et en innovant sur leur relation auprès du

grand public.

La Ligue Féminine de basket-ball (LFB) a mis en place depuis 2005, un week-end qui

inaugure l’ouverture du Championnat de bas et-ball à Coubertin, l’Open de la LFB. Lors de

ces deux jours, la visibilité du basket-ball féminin est mise en avant et c’est un véritable

succès puisque 8 000 spectateurs sont présents et les demandes d’accréditation se multiplient

pour la Conférence de presse.

De plus en plus de rencontres féminines sont accolées à des rencontres masculines pour

profiter de la visibilité de ces dernières.

La Ligue Féminine de Handball a réuni depuis deux ans, les finales de la Coupe de France

masculine et féminine (départemental, régional, national) sur une journée qui se déroule au

palais omnisport Paris Bercy. Les phases finales de la Coupe de France féminine et masculine

de volley-ball prennent place lors d’un wee -end au stade Pierre Coubertin. Cette année, une

course de cyclisme féminin s’est déroulée quelques heures avant l’arrivée des coureurs du

Tour de France sur le tracé du circuit final profitant alors des antennes de France Télévisions

et d'Eurosport International pour être diffusée.

Des compétitions 100% féminines s’organisent également, soumises à de fortes critiques. En

février 2011, le premier meeting d’athlétisme francais100% féminin a été créé avec pour

marraine Myriam Soumaré, championne d’Europe du 200 mètres. Des stars internationales

participent à cet évènement qui distribue 65 000 euros de primes aux athlètes des différentes

disciplines : 60 mètres, 200 mètres, 1 000 mètres, 3 000 mètres, saut à la perche, 60 mètres

haies et triple saut. Lors du dernier meeting, il était dénombré 1 300 spectateurs. Cependant,

67

Think tank : une structure de droit privé, indépendante de l'État ou de toute autre puissance, en principe à but

non lucratif, regroupant des experts et produisant des études et des propositions souvent dans le domaine

des politiques publiques et de l'économie

Page 40: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

40

un article du « Monde » avait été très véhément sur cette compétition expliquant que

l’évènement avait été créé pour se démarquer des compétitions masculines pour une meilleure

visibilité mais qu’il représentait un retour en arrière pour le sport féminin qui veut s’intégrer

complètement aux compétitions masculines.

Les clubs et ligues tentent également d’utiliser d’autres moyens de communication pour la

promotion de leur sport. Ainsi, la LFB a mis en place la LFB TV il y a deux ans, accessible

gratuitement par Internet et qui retransmet 14 rencontres de basket-ball féminin, soit un match

à domicile par club. Les retransmissions des rencontres sont suivies par environ 4 000

internautes. En parallèle, la LFB a créé un site Internet bien fourni avec une revue des clubs,

les résultats des différentes équipes, des photos des joueuses ou des rencontres, le calendrier

des matchs, la présentation des joueuses. Il obtient de bons résultats puisqu’il recense environ

600 000 pages vues par mois marquant une hausse de 30% entre janvier 2010 et janvier 2011.

La LFB a également une page Facebook avec 4 000 fans.

Au vu du succès du site de la LFB, la Ligne Féminine de Handball (LFH) a réalisé son propre

site Internet qui comprend toute l’actualité des équipe, des vidéos de rencontres et la

retransmission en direct des matches. La page Facebook de la LFH compte 2 000 fans et 600

abonnés Twitter.

Cette communication à travers les réseaux sociaux s’observe chez les championnes qui ont

toutes bien souvent un site Internet relayant leur carrière et leurs actualités, une page

Facebook sur laquelle sont postées quotidiennement des photos et des commentaires relatant

leurs joies et leurs déception, leur vie de tous les jours, et un compte Twitter. Serena Williams

a actuellement environ 950 000 fans et Maria Sharapova 6,5 millions ce qui fait la joie des

sponsors leur offrant une plus grande visibilité, notamment lorsque ces athlète arrivent à faire

le buzz.

De nombreux blogs sportifs féminins fleurissent, décryptant le sport sous l’angle féminin.

Ainsi, le blog « entrées en lice68

» qui met régulièrement en ligne des débats, informe sur

l’actualité et publie des articles sur des sujets sportifs féminins. Des sites d’information dédiés

au sport féminin voient également le jour avec des informations sur les résultats des équipes,

tel le site « sportiva-info69

» qui publie l’agenda et les résultats des rencontres sportives

féminines, des vidéos permettant une visibilité du sport professionnel et amateur.

En kiosque, le sport féminin est traité par des suppléments dédiés à une discipline particulière

ou des dossiers sur des thèmes précis mais aucun magasine sportif ne lui est dédié. Les

magazines féminins font plus des sujets sur la minceur et le sport pour perdre les

kilogrammes superflus. Le magazine « Wis Mag » centré sur le football féminin n’a sorti que

deux numéros, ainsi que « l’équipe féminine », partenariat entre l’Equipe et Elle, en 2005 au

vu du peu de lecteurs. Le seul magazine sportif féminin qui rencontre du succès est « Running

68 http://entrees-en-lice.over-blog.com/ 69 http://www.sportiva-infos.com/

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41

pour elles », créé en 2010, qui rapportent des témoignages d’adeptes du footing, des conseils

pratiques, des reportages de courses et des portraits d’athlètes et d’amateurs. Il est centré plus

sur les aventures humaines, ce qui plait à 10 000 personnes une semaine sur deux.

Il est observé une véritable organisation et prise de conscience autour des inégalités hommes-

femmes dans le sport. Cependant, ces actions ne doivent pas rester lettre morte afin que

l’égalité sportive soit de mise d’ici quelques années. C’est pourquoi, la Fédération Française

de Football a mis en place une politique volontariste sur l’intégration des femmes au sein de

sa Fédération, faite pour durer et avec une véritable intention de hausser la pratique du

football féminin en France.

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42

Partie 2 : Focus sur les actions de la Fédération Française

de Football (FFF)

« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible ».

Antoine de Saint-Exupéry

L’intérêt pour le sport féminin et les promesses exprimées pour son essor ont besoin

de locomotives. La fédération Française de Football (FFF) en fait partie. Pour preuve La FFF

accueillait le 18 mars 2014 le séminaire "Partageons nos "Elles" pour le Sport", organisé sur

l'initiative du Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l'Education Populaire et de la Vie

Associative, en partenariat avec l'Association FEMIX' Sport afin de présenter les bonnes

pratiques en matière de féminisation et de partager entre fédérations.

Depuis 2011, la FFF est reconnue comme un exemple de développement dans les stratégies et

les actions liées au domaine du sport et de la féminisation. Cette section a pour but de les

présenter et de fournir des recommandations afin que celle-ci soient reproduisent par d’autre

organismes sportifs.

Au lendemain d’une coupe du Monde Brésilienne réussie par l’équipe de France de Football

tant sur le point sportif, que sur le point populaire, et à l’aube de l’organisation de l’Euro 2016

organisé en France, la Fédération Française de Football nourrit de grandes ambitions pour le

sport numéro 1 Français avec plus de 2 millions d’adhérents.

Afin de donner une nouvelle dimension au Football Français, la Fédération Française de

Football a développée le projet « Horizon bleu 2016 », qui a pour but de représenter le futur

du football Français en lui donnant un nouveau visage. Cela a pour but de redéfinir des

objectifs en accord avec le monde d’aujourd’hui et de demain.

La FFF a identifié 4 enjeux prioritaires :

- La satisfaction des licenciés

- L’accompagnement des talents vers le haut niveau

- L’efficacité du football français

- La pérennité de ses moyens économique

Pour répondre à ces enjeux, l’ensemble du monde du Football a été mobilisé avec comme

principal objectif d’améliorer l’accueil des licenciés et de les fidéliser. Cependant, le constat

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43

est clair, plus 90% des licenciés de la FFF sont des hommes. Dans la grande majorité âgé de

plus de 19 ans ou moins de 8 ans.

Conscient de l’importance de l’essor du Football Féminin, Noël LeGraet, Président de la FFF

depuis 2011, a mis en place un plan fédéral de féminisation.

Le plan d’action se présente en 7 points clés :

- Restaurer la crédibilité et la confiance

- Consolider l’unité et la solidarité du football

- Soutenir l’Equipe de France

- Répondre aux attentes prioritaires du football amateur et du football professionnel

- Donner un élan décisif à la féminisation du football

- Relancer une grande politique technique nationale

- Rationaliser les moyens d’action fédéraux

Différents facteurs peuvent expliquer les mesures prises dans le but d’accroître le

développement de féminisation dans le sport et plus particulièrement dans le cadre de la FFF.

Tout d’abord, la FFF a pour objectif de saisir les opportunités offertes par l’évolution de

notre société, qui peut se complimenter de constater une augmentation croissante de femmes

dans le monde économique, politique et journalistique. Mais aussi sur le développement des

valeurs féminines et la reconnaissance croissante des femmes comme étant d’excellentes

porteuses de valeurs.

Outre les changements sociétales, le contexte sportif en général est aussi favorable a cette

évolution. Par exemple, en 2012, plus de 30% des athlètes internationaux sont des femmes et

48% des femmes françaises pratiquent une activité sportive (contre 9% en 1968).

De plus, le contexte Footballistique en lui même est favorable à l’évolution et au déploiement

du plan de développement fédéral du football féminin. Ceci est particulièrement vrai depuis le

début de mandat du Président Noël LeGraet (2011). En effet, la mauvaise image dégagée par

l’équipe de France lors de la coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud et la grève

réalisée par les joueurs français ont détérioré l’image du footballeur par ses fans qui se sont

plus facilement reporté sur le football féminin, porteur de valeurs nouvelles et saines.

La question est de savoir si les promesses réalisées pour le déploiement de ce plan fédéral de

la FFF dépendent d’une pure démagogie contextuelle ou de la concrétisation d’une réelle mise

en place de politique menant à une émergence irréversible du sport collectif féminin au devant

de la scène ?

Nous allons nous apercevoir à travers ces travaux de recherches que la FFF effectue à travers

ce plan fédéral de féminisation un incontestable travail de fond réfléchi par une stratégie

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44

globale et cohérente. Mais pour mieux comprendre les progrès réalisés et les potentielles

évolutions, il est important de réaliser un bref état des lieux du Football féminin Français.

Nous allons commencer par l’analyse SWOT réalisé par la FFF en 2011 sur le Football

féminin. Le tableau ci-dessous représente les points principaux identifiés.

FORCES FAIBLESSES

• Politique de formation impulsée par la

DTN en 1998 avec l’ouverture du pôle

France.

• Maillage territorial avec 21 cadres

techniques en charge du Football féminin.

• La nomination en 2009 d’un chef de projet

LFA pour le Football féminin.

• Plan de développement de 2009 impulsé

par la DTN.

• 2 titres de championnes d’Europe U19F.

• Un club champion d’Europe.

• Ancrage culturel au niveau des

mentalités avec des clichés et préjugés.

• Le développement du Football féminin

n’est pas une mission

OPPORTUNITES MENACES

• Arrivée d’une nouvelle équipe avec un

programme.

• Une volonté politique affichée par son

Président.

• Le changement de gouvernance.

• Engouement médiatique pour les bleues à

la Coupe du Monde.

• Les politiques Ministérielles en faveur de

la Femme.

• L’augmentation du retard affiché par

rapport au nombre de licenciées en

décalage avec nos titres (Elite trop en

avance par rapport à la base).

• Le rendez vous manqué par rapport à

l’essor mondial du Football féminin et de

la montée des valeurs féminines.

(Schéma 1 : Analyse SWOT du Football Féminin)70

Cette analyse SWOT est une parfaite synthèse de la situation actuelle du Football féminin.

C’est ce constat qui guide les actions et opérations misent en place depuis 3 ans et qui ont

commencé à donner des résultats en terme de chiffres avec notamment une augmentation de

18,9% des licences féminines en 3 ans.

70

Extrait du plan fédéral de féminisation de la FFF (2011)

Page 45: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

45

(Schémas 2 : Evolution globale des licences féminines)71

Cet aperçu permet de visualiser la progression des chiffres en terme de licencié et d’apprécier

l’efficacité du programme mis en place. De plus, il est à noter que la FFF s’est fixée des

objectifs très précis et donc quantifiable pour 2016.

Voici les objectifs déterminés par la direction de la FFF pour 2016 qui correspond également

à la fin du mandat de Noël LeGraet :

- Dirigeantes : 40 000

- Arbitres : 1 000

- Déléguées : 100

- Educatrices : 5 000

- Elues dans les instances : 2 500

- Joueuses : 100 000

- Ecoles féminines de football labellisées : 1 000

71

Source : Ligue du football amateur (2014)

Page 46: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

46

Auquel il faut y ajouter les objectifs suivants:

- Gagner un titre européen ou mondial avec l’équipe de France féminine A ;

- Continuer de gagner des titres mondiaux ou européens avec les sélections jeunes

féminines ;

- Ouvrir encore 3 pôles élite régionaux pour arriver a 8 pôles régionaux élite en France.

Le plan fédéral de Féminisation est à la fois un projet sportif, et un projet qui touche à la vie

associative et, par-là, à la pérennité et à l’avenir du sport amateur.

Ce plan ambitieux affiche la volonté et la détermination de la FFF depuis deux saisons

maintenant d’atteindre les objectifs suivants :

- Valoriser la place des femmes dans le Football

- Devenir une nation de référence en terme de licenciées

- Jouer les premiers rôles au niveau européen et mondial

- Innover en matière de formation

Il continue d’être accompagné dans la globalité de sa mise en œuvre d’une stratégie

Marketing et de communication. Pour les saisons 2011-2012 et 2012-2013, la 3F a concentré

tous ses efforts sur les axes 1 et 2 et a bien avancé sur l’axe 3.

Page 47: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

47

(Schémas 3 : Organisation du plan fédéral de féminisation de la FFF)72

72

Extrait du plan fédéral de féminisation de la FFF (2011)

PLAN FEDERAL DE

FEMINISATIO

N DE LA FFF

AXE 2

DEVENIR UNE NATION DE

REFERENCE EN NOMBRE

DE LICENCIEES

AXE 1

VALORISER LES PLACES DES FEMMES DANS LE

FOOTBALL

AXE 4

INNOVER EN MATIERE DE FORMATION

AXE 3

JOUER LES PREMIERS ROLES AU NIVEAU EUROPEEN PUIS

MONDIAL

STRATEGIE MARKETING STRATEGIE COMMUNICATION

Page 48: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

48

I. LA PRESENCE DES FEMMES DANS LE FOOTBALL

A. VALORISER LA PLACE DES FEMMES DANS LE FOOTBALL

La France est un pays de culture latine. La place de la femme dans notre société

découle alors de préjugés à propos des femmes qui ont entrainé une discrimination de celles-

ci, particulièrement dans les médias comme l’art et la publicité, également dans le milieu du

sport, du travail ou même dans leur vie de tous les jours.

Cependant, depuis quelques années le nouveau visage de la France sourie à la femme, et

l’encourage à continuer son ascension vers une égalité totale avec l’homme.

La fédération a donc l’ambition d’impulser une évolution de la place des femmes dans le

football sur tout le territoire Français. Néanmoins, la FFF s’est aperçus de part ses erreurs

passées de l’importance de la déclinaison régionale d’un plan d’une telle ampleur. Elle a donc

intégré ses actions en conséquent.

L’objectif a donc été dans un premier temps d’organiser et d’inciter la féminisation dans les

ligues régionale :

- Création de 17 commissions régionales de féminisation ;

- Une brochure mode d’emploi;

- Visite des ligues pour accompagner la mise en œuvre territoriale.

Puis dans un deuxième temps d’inviter les femmes à s’engager :

- Opération Nationale « Mesdames, franchissez la barrière! », qui est une opération

d’envergure nationale et dont nous allons effectuer un focus par la suite.

- Evènement national pour réunir les anciennes internationales.

- Plan national de recrutement de femmes arbitres.

- Plan national de recrutement de femmes éducatrices.

- Création réseau femmes avec tutorat.

En effet selon Sylvie maillot, responsable régionale des féminines de la ligue Languedoc

Roussillon et membre très active de la commission fédérale de la féminisation du Football que

nous avons rencontré pour cette étude, ces actions ont pour but « de proposer aux femmes de

s’engager dans un sport qui peut s’adapter à leurs envies. Avec tout d’abord un rôle

d’identification des personnes et des besoins. » Selon elle il faut « réaliser un focus sur le rôle

éducatif des femmes, car elle peuvent amener une véritable plus value comme la lutte contre

Page 49: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

49

la violence et l’épanouissement personnel. Il faut convaincre les femmes de s’engager et ne

plus attendre ».73

L’opération « Mesdames, franchissez la barrières » apparaît comme une action fondamentale

dans cette valorisation. Cette opération permet d’élargir le réseau des femmes impliquées dans

le football, d’accompagner les femmes dans la prise de fonctions, de féminiser les instances

des clubs, de féminiser l’encadrement féminin au sein des clubs. En résumé elle s’inscrit dans

une démarche de création de réseau.

Selon Sylvie Maillot cette opération permet de « Sortir du stéréotype et du cliché des femmes,

mais aussi et surtout de les rapprocher des clubs».

Bilan de l’opération de l’année 2013:

2630 femmes identifiées dans les clubs. Soit en moyenne 56 par district.

3892 femmes invitées à la réunion d’information du district. Soit en moyenne 83 par

district.

1049 femmes présentes à la réunion d’information. Soit 27% des femmes

initialement contactées.

783 fiches contacts récupérées. Soit 74,6% des femmes présentes à la réunion qui

ont renseigné la fiche contact.

139 formations ont été demandées. 50 ont été effectuées, soit 36%.

73

Entretien du 8 juillet 2014 réalisé au sein des locaux de la Ligue du Languedoc Roussillon

Page 50: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

50

L’objectif de cette action est fondamental et multiple : « féminiser les instances et

l’encadrement au sein des clubs, élargir le réseau de femmes impliquées dans le football tout

en les accompagnant dans leur prise de fonctions, partager les bonnes pratiques et dénoncer

les situations discriminantes. Une volonté ambitieuse, qui nécessite au préalable d’identifier

précisément les personnes intéressées ».74

Pour cela la fédération a décidé d’aller à la rencontre des femmes, qu’elles soient

accompagnatrices, supportrices ou autres. Ainsi pour ces actions d’envergure, l’un des

facteurs clés de succès reste la communication autour de l’opération.

Un plan de communication a ainsi été décidé par la FFF. Ce plan commence à porter ces fruits

mais il pourrait être plus efficace à l’avenir.

B. DEVENIR UNE NATION DE REFERENCE EN TERME DE LICENCIEES

Nous avons souhaité débuter cette section par une comparaison européenne afin de

mieux appréhender le positionnement de la France. Nous avons alors réalisé un comparatif

avec les grandes nations du Football Féminin européen en terme de licenciés.

(Tableau 1 : Comparaison européenne du nombre de licencié(e)s)75

74

Source : site fff.fr 75

Recherches basées sur des données de 2014

Page 51: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

51

(Schémas 4 Comparaison européenne du nombre de clubs et équipes).76

ATTENTION : Certaines fédérations nationales n'enregistrent pas toutes les équipes d'une

manière formelle

Ces équipes sont inégalement répartis entre les fédérations, avec l'Allemagne et la Norvège

qui représentent ensemble 52 % de toutes les équipes seniors inscrites. La situation est très

similaire pour les équipes de jeunes, avec l'Allemagne et l'Angleterre qui représente 50 % de

toutes les équipes. Il est important de noter que ce ne sont pas tous des clubs purement

féminins : certains sont des clubs mixtes avec les acteurs à la fois masculins et féminins. Ces

données sont à relativisé car elle ne prennent pas en compte le nombre total de population par

pays.

La France fait donc partie des nations importantes et grandissantes du football féminin. Mais

elle doit encore progressé et évoluer si elle veut être la Nation référence.

La France intègre donc le groupe de tête des nations importantes et structurées du football

féminin européen. Cependant l’écart reste présent avec des nations comme l’Allemagne ou la

76

Source des données : UEFA.com

Page 52: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

52

Suède qui apparaissent comme des références. La fédération a réalisé une auto-évaluation en

2011.

Le constat démontre que la base de pratiquantes est insuffisante, cette problématique résulte

de plusieurs obstacles :

- Clichés: Méconnaissance du public

- Manque de structures d’accueil de proximité

- Manque de lien entre l’école et le club

- Pas de lisibilité d’un plan de développement national

- Manque de compétition entre 13 et 15 ans

- Structuration des ligues et des districts inadaptée

Le travail qui doit être réalisé en vu d’atteindre l’objectif de devenir une nation référence en

terme de licenciées est néanmoins conséquent.

La FFF est claire sur ce sujet, le développement de plan de féminisation du sport dans sa

médiatisation et sa diffusion passe dans un premier temps par son accès, la mise en place de

structure, sa cohérence et son organisation. Voici les directions déterminées sur ce sujet par la

fédération :

- Offrir des structures d’accueil de proximité avec « la semaine du football féminin »

- Répondre au Manque de lien entre l’école et le club avec l’opération du « Football des

princesses »

- Mise en place d’un challenge féminin National féminin U13.

Nous allons porter notre attention sur les 2 premiers points qui nous apparaissent intéressant

pour le développement du Football mais qui pourrait aussi servir d’exemple pour d’autres

fédérations.

a. La semaine du football féminin :

Cette opération existe depuis 3 années. Ce programme valorise les différentes actions

conduites par les instances et les clubs pour développer la pratique chez les filles et

l’encadrement par des femmes.

Cette 3éme

édition de 2014 fut composée de « plusieurs opérations destinées aux licenciées et

aux non licenciées, qui joueront entre elles, et recevront à chaque fois des cadeaux. Les ligues

et les districts proposent sur des sites pilotes des journées promotionnelles d’initiation au

football. Les clubs animent de leur côté des journées "portes ouvertes" ».77

77

Source : fff.fr

Page 53: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

53

Cette action nationale est déclinée par les ligues et les clubs, et touche plusieurs milliers de

participantes. Voici ci-dessous le bilan de l’opération 2012 récupéré auprès de la ligue du

Football Amateur qui met en relief la capacité de la FFF d’attirer des nouvelles licenciées et

sa capacité de les accueillir. Cependant nous pouvons aisément penser que le potentiel

français est largement supérieur aux résultats actuels. Le développement actuel continuera, à

la condition d’un travail réfléchie et bien réalisé par les acteurs du Football français.

Page 54: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

54

(Tableau 3 : Bilan régionale de l’opération « la semaine du football féminin » 2012)78

Cette opération permet notamment de réaliser une prise de parole nationale, grâce à une

retombée presse importante et le montage de dossier et communiquée de presse par la

fédération. Mais aussi et surtout une valorisation des opérations promotionnelles des ligues et

districts, ainsi que l’organisation des journées portes ouvertes dans les clubs.

78

Source : Ligue du Football Amateur (2014)

Page 55: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

55

b. Le Football des princesses (Opération de Football dans les écoles, collèges et lycées) :

Le 21 septembre 2011, l’Education Nationale, la FFF, l’USEP et l’UNSS ont apporté

un avenant à la convention afin de renforcer la pratique du football féminin à l’école, et

montrer que le football conjugué au féminin est aussi un véritable vecteur éducatif pour

l’école. Cet évènement majeur a rapidement trouvé son premier prolongement avec

l’opération « Football des Princesses », réalisée aussi avec le concours de l’Union Sportive de

l’Enseignement du Premier Degré (USEP). Depuis 2012, l’opération a été élargie aux

collèges, puis aux lycées (2013) en partenariat avec l’Union Nationale du Sport Scolaire

(UNSS).

Cette opération, inscrite dans le cadre de la féminisation du football, vise à favoriser la

découverte du football ainsi que les valeurs portées par les joueuses de l’Equipe de France,

auprès des jeunes filles de l’enseignement primaire et secondaire.

La fédération mise sur l’image des ambassadrices de cette opération (Gaétane Thiney, Laura

Georges et Camille Abily, toutes trois joueuses de l’équipe de France Féminine) afin de

communiquer auprès du grand public et des jeunes filles.

Page 56: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

56

L’action consiste à associer dans un même projet, la découverte du football, les valeurs

citoyennes portées par l‘équipe de France féminin. Elle s’articule autour de deux axes

indissociables :

- Un axe sportif;

- Un axe culturel.

La mise en place du dispositif du « Football des Princesses » mise sur un double aspect : la

rigueur du projet et les valeurs ludiques de partage. C'est ce pourquoi aujourd'hui "le football

des princesses" est regardé avec respect.

L’opération est cette année encore une totale réussite puisque nous observons une

augmentation des inscrits dans les classes primaires de 24% avec plus de 1350 classes

inscrites.

Voici un aperçu du bilan de l’opération de cette année :

- 44050 Enfants participants à l’opération

- 1350 Classes participantes

- 725 Écoles inscrites

- 257 Equipes collèges participantes

- 132 Associations Sportives de Collèges inscrites

- 96 Equipes lycées inscrites

- 56 Associations Sportives de Lycées inscrits79

(Schémas 5 : Evolution du nombre de classe de l’opération du « Football des princesses ») 80

79

Source des données : FFF 80

Graphique basé sur les résultats nationaux officiels pour les écoles (2014)

Page 57: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

57

(Schémas 6 : Evolution du nombre d’équipes de l’opération du « Football des princesses »)

81

Le retour presse est aussi conséquent pour la fédération qui a donc une nouvelle fois

l’occasion de communiquer sur le développement de son football féminin.

Enfin le Foot à l’école connaîtra un nouveau départ à la rentrée prochaine, ainsi une nouvelle

convention a été signée début mai par toutes les parties concernées. Elle s’inscrit dans la

continuité de l’opération "Football des Princesses" avec comme perspective l’UEFA Euro

2016.

Le Ministre de l’Éducation nationale et Président de l’Union nationale du Sport Scolaire (UNSS),

Benoît Hamon, Madame la Ministre des Sports, Najat Vallaud-Belkacem, Messieurs les Présidents de

la Fédération Française de Football, Noël Le Graët et de l’Union Sportive de l’Enseignement du

Premier degré (USEP) Jean-Michel Sautreau ont signé une nouvelle convention de partenariat le

samedi 3 mai 2014, au Stade de France, en marge de la finale de la Coupe de France.

81

Graphique basé sur les résultats nationaux des collèges (2014)

Page 58: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

58

Le développement du football féminin passera probablement en grande partie par

l’investissement des clubs professionnels masculins. Le meilleur exemple en est l’Olympique

Lyonnais (OL) qui domine depuis 8 ans le football français.

«Les clubs professionnels qui ont la volonté de s’engager dans le football féminin apportent

un savoir-faire, des compétences et des infrastructures. Cependant, compte tenu des réalités

économiques, ce modèle de développement ne peut pas être le seul, on doit aussi

accompagner les clubs amateurs.» explique Brigitte Henriques, secrétaire générale de la

Fédération française de football (FFF) en charge de la féminisation82

Nous avons donc réalisé à travers le tableau ci-dessous une identification de la structure des

clubs de D1 française, afin de comprendre comment se composer notre championnat.

(Tableaux 2 : Audit du championnat de France féminin de D1)83

82

Source : http://www.la-croix.com 83

Recherches basées sur des données de 2014

Page 59: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

59

En première division féminine, en plus de l’OL féminin, quatre autres équipes sont rattachées

à des équipes professionnelles masculines : l’AS Saint-Étienne, Montpellier, Guingamp et le

Paris Saint Germain.

En face de ces clubs, nous pouvons trouver des clubs amateurs et 100% féminin comme

Juvisy, Henin, Arras… Par le passé une majorité des clubs professionnels ont intégré dans

leur structure une équipe féminine amateur existante.

Ainsi, le Montpellier Hérault avait absorbé Montpellier le Crès au début des années 2000, et

l’OL avait réalisé la même démarche avec l’équipe du FC Lyon.

Depuis peu, Nancy et Lorient ont crée une section féminine, tout comme l’Olympique de

Marseille, qui a dû entamer son parcours au plus bas échelon régional avec l’objectif de

monter parmi l’élite le plus rapidement possible.

Le prestige d’équipe comme l’Olympique de Marseille (OM) permet de renforcer la

médiatisation et l’image du football féminin Français, ce qui a terme devrait jouer sur

augmentation du nombre de licenciés. Encore faut-il que les clubs aient la volonté politique

d’accueillir ses jeunes filles…

La problématique actuelle de la fédération peut être définie comme cela : Faut-il inciter ou

obliger les clubs professionnelles a investir sur une section féminine ?

Cette question pose des problèmes de démarche philosophique au sein de l’institution et

apparaît comme un obstacle important, non pas seulement pour le football mais pour le sport

français dans sa globalité.

II. LA PERFORMANCE DES FEMMES DANS LE FOOTBALL

A. JOUER LES PREMIERS ROLES AU NIVEAU EUROPEEN ET

MONDIAL

Dans un premier temps, nous allons vous présenter le palmarès des clubs et des nations au

niveau européen et mondial. Nous pouvons nous apercevoir que la France ne bénéfice

d’aucun titre au niveau international, et que seul l’Olympique Lyonnais féminin a réussi à

remporter des titres sur la scène européenne.

Page 60: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

60

(Tableaux 3 : Palmarès de la Champion’s League)

84

(Tableaux 4 : Palmarès de la Champion’s League)

85

84

Source : UEFA.com

Page 61: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

61

(Tableaux 5 : Palmarès des championnats d’Europe féminin)

86

La France doit donc combler ce retard si elle veut jouer les premiers rôles au niveau européen

et mondial. Afin de mieux appréhender cette situation et les directions stratégiques misent en

place par la FFF, nous avons réalisé un audit européen sur les différents pays ou le Football

féminin y est implanté et bien développé.

(Tableaux 6 : Format des compétition de D2)

87

85

Source : UEFA.com 86

Source : UEFA.com

Page 62: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

62

(Tableaux 7 : Format des compétition de D1)88

Nous avons aussi tenté de comprendre la structure des clubs de nos voisins européens afin

d’interpréter qu’elle serait le meilleur model à mettre en place, ou du moins sur lequel la

France pourrait s’inspirer.

87

Recherches basées sur des données de 2014 88

Recherches basées sur des données de 2014

Page 63: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

63

(Tableaux 8: Structure des clubs féminins en Europe)89

En conclusion de ces travaux de recherche, voici ce que l’on pourrait appréhender grâce à la

construction de ces schémas :

Les pays nordiques (Suède, Norvège & Danemark) culturellement en avance sur la

féminisation de leur pays ne répondent pas à un modèle de sections féminines rattachées à un

club professionnel très développé. La Norvège et le Danemark ont une base majoritairement

composée de clubs féminin/masculin (amateur) alors que la Suède est majoritairement

composé de clubs uniquement féminin.

• L’Angleterre, pays avec des structures Footballistiques plus développées a une base

majoritairement composé de sections féminines rattachées à des clubs professionnels

bénéficiant ainsi de structures déjà existante.

89

Recherches basées sur des données de 2014

Page 64: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

64

• L’Allemagne et les Pays-Bas ont un model intermédiaire composé de sections féminines

rattachées à des clubs professionnels et de clubs 100% féminin. L'ALLEMAGNE qui de part

ses résultats est considéré comme le pays le plus performant, affiche la force de son

développement à travers cet équilibre. Les clubs sont très accompagnés par la Fédération

Allemande. Les PAYS-BAS ne bénéficient pas des mêmes résultats, mais espèrent grâce à ce

model hybride, développer la compétitivité de ses clubs.

• Enfin la France a un model comparable à celui des Pays-Bas, model hybride mais la

catégorie "section féminine rattaché à un club professionnel » est très hétérogène.

L'Allemagne étant le pays le plus performant au niveau féminin, il semblerait que l'avenir de

la structure des clubs féminins de haut niveau se situe dans un équilibre de clubs 100%

féminin, associés à des clubs rattachées à des sections féminines de clubs professionnels à

condition que ces clubs partagent une véritable volonté politique de développement de leur

section féminine.

Après avoir brièvement présenter la structuration chez nos voisins européens, nous allons

vous présenter le constat réalisé par la fédération en 2011 au point de vue national. Ce constat

se base sur une réflexion simple : l’insuffisance locale des conditions de pratique de haut

niveau avec :

- Peu ou pas d’aménagement du temps de travail des joueuses

- Statut fédéral inadapté au contexte

- Compétition de Ligue 1 peu attractive

- Peu d’implication des clubs professionnels

- Des ressources économiques des clubs insuffisantes

Afin de répondre à ces problématiques, la fédération a déterminé 5 axes clés de

développement :

1. La création de séminaire des clubs de D1

2. La modification du statut de la joueuse fédérale

3. L’accompagnement des clubs de D1

4. Le benchmark des championnats féminins européens

5. La valorisation de la D1 par la TV.

Nous allons essayer de vous détailler les points suivants, mise à part la modification du statut

de la joueuse fédérale qui est toujours en cours de réflexion.

Page 65: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

65

a. La création de séminaire des clubs de D1 :

La fédération a dans cet objectif organisé des séminaires en réunissant les clubs de D1

dans leurs locaux. Ces séminaires permettent de réaliser des tables rondes et d’aborder tous

les sujets importants pour le développement et l’organisation d’un club de haut niveau,

comme celui réalisé en février 2013 :

b. L’accompagnement des clubs de D1 féminine

Des formations ont été mises en place par la fédération. Des formations qui concernent

plusieurs point clés :

-« Stratégie de communication en marketing » ;

-« Gestion financière et DNCG » ;

-« Le projet sportif su club » ;

-« responsable Sécurité ».

Ces formations sont très appréciées et d’une grande utilité pour les clubs. Cependant, la mise

en pratique doit aussi être accompagnée et suivie. Mais les clubs féminin doivent se structurer

et réfléchir à un business modèle cohérent afin d’apercevoir un avenir plus serein.

C’est donc pour cela que la fédération a crée un « manuel club de D1 ». Cet outil a la volonté

d’apporter une aide concrète aux clubs féminins. Ce manuel est rempli d’informations en

relation avec le déroulement, l’environnement et le règlement de la compétition.

Page 66: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

66

En voici le sommaire:

La D1 féminine

Préparer sa saison

Installations sportive

La rencontre

Promotion et marketing

Les medias

Contacts utiles

Outils

c. Benchmark des championnats européen féminins:

Nous remarquons que la pratique féminine du football a connu de nombreux freins

dans notre pays, contrairement à ce qu’elle représente en Allemagne, en Suède ou en Grande-

Bretagne. Cependant, ces barrières culturelles semblent levées aujourd’hui, en grande partie

grâce aux équipes féminines des clubs professionnels. Ces dernières, viviers d’une équipe de

France ambitieuse, constituent des vitrines sportives, médiatiques et donc à terme

économiques, indispensables au développement et à la professionnalisation de la discipline.

Cette professionnalisation ne sera possible qu‘avec l‘arrivée de partenaires financiers,

notamment les partenaires TV, point indispensable de cette professionnalisation que nous

allons étudier par la suite.

Afin de mieux comprendre l’évolution du Football Féminin, la FFF a réalisé un audit sur les

autres championnats féminins. Les conclusions sont les suivantes:

« Si l’on regarde la mise en place de la WSL (Angleterre) et de la BeNe League

(Belgique/Pays-Bas), on constate qu’il existe une réelle dynamique de développement du

football féminin en Europe. Ces deux compétitions rassemblent les meilleures équipes du pays

et ont vocation à accroître la compétitivité nationale. L’efficacité de ce nouveau modèle

pourra être mesurée dans les prochaines années.

Enfin, si l’on projette notre analyse hors de l’Europe, et plus particulièrement aux USA, on

constate que le fonctionnement interne des championnats s’organise sous forme de ligues

fermées, avec un système de franchises. Néanmoins la dynamique serait à une forte vocation

supranationale : mise en place récente d’une ligue majeure de football féminin, commune au

Canada, USA et Mexique, qui rassemble les meilleures joueuses de pays limitrophes comme

c’est le cas pour la BeNe League. »

Page 67: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

67

Il est donc important de noter que ce mouvement de mutualisation entre les championnats

nationaux est un élément central dans le développement mondial du football féminin. De plus

ce point diffère des compétitions masculines et en fait donc une spécificité du Football

masculin.

d. la valorisation de la D1 féminine par la diffusion TV:

Dans un premier temps, nous avons souhaité mener des recherches afin de réaliser un

état des lieux sur la situation de la diffusion des championnats féminins européens. La

synthèse suivante peut être dégagée.

Grâce notamment à la diffusion de la D1 féminine par Eurosport depuis 3 ans maintenant, et

plus récemment à un accord avec l'Allemagne pour la Bundesliga féminine, les audiences

moyennes ont progressées et sont intéressantes. Elles se rapprochent des audiences des

championnats masculins de 2eme division sans avoir les meilleurs créneaux horaires. Sachant

que 7% des retransmissions sportives sont féminines et 95 % de ces retransmissions sont en

payant en France, il est probable que le sport et notamment le football féminin change de

visage grâce à une meilleure visibilité télévisuelle.

Lors de nos recherches, il est apparu pour les différentes fédérations diffusées, qu'il doit avoir

un vrai accompagnement des fédérations afin de professionnaliser l'organisation des matchs

diffusés. Les clubs professionnels doivent avoir des structures d’accueil de qualité et livrer un

produit propre aux téléspectateurs : la rencontre TV se doit d’être esthétique (beau stade,

habillage, etc…). Si la production est a moindre coût « low-cost », cela risque d’être contre-

productif. Il serait intéressant de trouver un créneau horaire spécifique pour le football

féminin pour éviter la concurrence avec le football masculin comme pour la France (Exemple:

Le Football féminin suédois se joue le mardi).

(Tableaux 9 : Le Football européen féminin et ses contrats TV)90

90

Recherches basées sur des données de 2014

Page 68: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

68

Division 1 féminine

7 matchs retransmis en 2011-2012

4 sur Eurosport

3 sur France 4

Moyenne des audiences pour les 7 retransmissions

88 000 sur Eurosport

365 000 sur France 4

B. INNOVER EN MATIERE DE FORMATION

Le développement du football féminin Français est sûrement à un tournant de son

histoire au vu des efforts réalisés. Mais il est clair que ces efforts resteront vains si la

formation de nos joueuses ne progresse pas. « Il ne faut pas oublier le terrain, et la

formation » nous précise Sylvie Maillot très impliqué dans le consentement d’efforts à réaliser

en matière de formation. Car la formation représente le socle d’une structure, elle permet de

dénicher et de former les joueuses qui seront capables de faire avancer ce sport et le placer au

plus haut niveau de la hiérarchie mondiale. Les joueuses représentent la base, et leur

formation en est ainsi l’élément essentiel.

Depuis plusieurs années, de nombreuses voix s’élèvent sur la modification des parcours de

formation dans le football féminin. Faut-il imiter les garçons ? Faut-il créer des parcours

d’excellence ? Faut-il se rapprocher des parcours académiques ?

Toutes ces questions ont été posées par la fédération. Mais avant tout, comme leur

« processus » méthodologique l’a indiqué lors des points précédents, La 3F a souhaité réaliser

un constat en 2011.

Les indications à retenir sont les suivantes:

1. Pas de structures d’excellence de préformation ;

2. Niveau de recrutement trop faible dans les pôles ;

3. Pas de structures de post formation sportive ;

4. Pas assez sections sportives ;

5. Stabilité de l’encadrement des jeunes insuffisante.

Après avoir réalisé cet état des lieux interne, la fédération s’est alors fixé des objectifs afin de

corriger les problèmes entraînant ce déficit de formation. La direction a souhaité que ce projet

de développement soit un projet transversal. A cet effet, elle a délégué des objectifs a

différentes directions afin de concerner toutes les parties. Le but de cette nouvelle dimension

de travail est de créer une synergie autour de la féminisation du football. Synergie que nous

souhaitons dorénavant retrouver autour du sport français.

Page 69: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

69

Ci-dessous voici les objectifs fixés par la 3F en réponse aux barrières aperçus ci-dessus via le

constat de la 3F :

1-Renforcer l’accompagnement des sélections

Comment ?

- Management des sélections ;

- Valorisation d’une identité propre (projet de jeu adapté à la spécificité du football féminin) ;

- Suivi individualisé des joueuses, des sélections jeunes au A ;

- Affichage accru (médias, partenaires…).

2-Créer les Filières de Préformation et Post-formation

Comment ?

- En réalisant une réflexion sur le modèle de préformation possible (centre de

perfectionnement, pôle de préformation Etc..) ;

- Création des centres universitaires ;

- Accompagnement création section sportive ;

- Réalisation du projet de cartographie de la filière fédérale (Pôles).

3-Fixer les priorités de la politique technique nationale adaptée au public féminin

Comment ?

- Cellule recherche (physique, technique, mental) ;

- Commission fédérale de haut niveau : évaluation du niveau du football féminin français par

rapport aux autres pays (réalisé en partie par le benchmark européen) ;

- Mettre en place des passerelles avec les clubs de D1.

Ces orientations, une fois validées politiquement, constituent le cadre de référence des

groupes de travail œuvrant en matière de développement, d’offre et d’organisation des

pratiques. Soit le la mise en pratique sur le terrain de ces directions stratégiques.

La mise en place de cette orientation a commencé, mais des résultats concrets ne pourront être

déterminés seulement dans quelques années, car la formation est un travail de longue durée.

Cependant, le fait de vouloir reformer son programme de formation démontre à quel point la

3F souhaite s’investir dans le Football Féminin.

En conclusion de cette partie, il est primordial d’aborder plusieurs points essentiels au succès

de ce développement.

L’aspect financier de cette volonté de développement est certainement le plus important. En

effet sans un investissement conséquent, le plan de féminisation du football français ne pourra

pas être efficace. Sans financement, toutes les bonnes volontés politiques tomberont en

Page 70: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

70

désuétudes. C’est en ce sens que nous pouvons nous apercevoir que la volonté politique de la

fédération est forte. En effet plusieurs millions d’euros sont consacrés à ce plan, plus de 10

000 000e selon la presse spécialisée, pour la 3F qui annonce un budget prévisionnel global de

205 000 000e cette année.

La stratégie de mise en œuvre du plan est aussi primordiale. Une véritable cohérence entre la

FFF et la Ligue du Football Amateur (LFA)91

doit être trouvée.

La qualité de la déclinaison régionale est aussi un point fondamental afin de développer ce

plan de disposition global.

La complexité politique de la FFF pourrait être un obstacle à cette déclinaison. Cependant, la

fédération consciente de cette situation responsabilise en ce sens la commission fédéral de

féminisation, les présidents de ligues et les directions techniques régionales. Mais l’adhérence

globale de ce plan reste encore à prouver.

Enfin la dernière problématique réside dans l’évaluation des actions mises en place. Dans ce

cas aussi la fédération à su répondre intelligemment en adaptant ses conclusion par ligues, et

en s’attachement à une évolution et une progression permanente par territoire.

La force actuel et le succès de ce plan de féminisation résident dans les hommes et les femmes

qui le porte. La 3F peut donc se féliciter de l’implication, de l’efficacité et de la perspicacité

de Noël LeGraet (Président de la FFF), Brigitte Henriques (secrétaire générale de la FFF),

Michèle Chevallier (Présidente de la commission fédérale de féminisation, FFF), Frédéric

Jossinet (plan fédéral de féminisation), Florence Hardouin (Direction générale délégué, FFF)

et toutes les autres personnes qui œuvrent pour le développement du football féminin

Français.

91

« La Ligue du Football Amateur est chargée de gérer, au sein de la FFF et sous contrôle, l'ensemble du

Football Amateur et de fédérer les actions des Ligues régionales, des Districts et des clubs. Elle n'a ni

personnalité morale, ni autonomie financière. » (Wikipedia)

Page 71: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

71

Partie 3 : Comment donner au sport féminin les moyens de

ses ambitions ?

L’exemple de la fédération Française de Football démontre parfaitement que le sport

Français est en évolution et cherche des solutions pour le développement de son sport

féminin. Les fédérations sont à des degrés de développement différents mais elle ont une

volonté de progresser qui est affirmée.

Le 18 mars 2014 et l’organisation du séminaire "Partageons nos "Elles" pour le Sport", le 1er

février avec "Les 24h du sport féminine" sont des actions qui démontrent la synergie qui se

crée autour de la féminisation du sport mais aussi et surtout le potentiel du sport féminin qui

pourrait apporter un souffle nouveau au sport français. Cet élan a besoin de donner des

moyens à ses ambitions. La 3F le démontre en se positionnant en tant que leader de ce

mouvement92

. Néanmoins, la continuité et la pérennité de cet objectif est essentiel.

La continuité et la pérennité de la féminisation du sport devra également surmonter des

obstacles, qui sont nombreux et difficilement prévisible. Tout d’abord, le model féminin

sportif a des particularités que le model masculin n'a pas. Des solutions nouvelles et

ambitieuses doivent être mise en place. Une stratégie global doit être réfléchie et l'innovation

et l'audace doivent être de mise.

Cette section a pour but de proposer de nouvelles solutions et d’apporter un regard nouveau et

non simplement répertorier les nombreuses pratiques misent en place. L’objectif est d’offrir

des propositions concrètes pour le développement du sport féminin à moyen et long terme.

Dans un premier temps, nous nous efforcerons d’offrir des propositions spécifiques au

football afin d’offrir des propositions plus globales pour le sport féminin. Il est certain que

chaque sport est unique et doit faire face a des challenges propres. Cependant, malgré les

spécificités ayant attrait a chaque sport, il est possible de présenter des propositions qui

peuvent s'adapter de manière transversale quelque soit le domaine sportif.

Afin d'être le plus proche de la réalité du terrain, nos recommandations, se basent et sont

inspirés de multiples rencontres, discussions et conférences ainsi que de données

scientifiques.

92

La Fédération Française de Football a reçu le prix Stratégie et Développement du Sport Féminin pour son plan

de féminisation par Fémix’Sport.

Page 72: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

72

Ces recommandations clés concernant la Fédération Française de Football sont les suivantes :

1) la modification de la structure des championnats de football féminin,

2) création d’un championnat U18 national chez les jeunes féminines,

3) création d’une « indoor cup »,

4) l’élaboration d'un programme de football féminin à l'école très poussé en lançant une

nouvelle offensive en faveur du foot à l’école,

5) la mise en place d’un créneau horaire spécifique pour le football féminin pour éviter la

concurrence avec le football masculin.

Les autres recommandations clés sont :

6) Faire de chaque rencontre un évènement

7) Mise à niveau des salaires des sportives

8) Utilisation de l’outil Internet et des réseaux sociaux comme outil de communication

9) Création de compétition mixte lors desquelles la visibilité du sport masculin pousserait le

sport féminin

10) Création d’un réseau de femmes

11) Concentration sur la formation des dirigeants

12) Utilisation des médias traditionnels pour faire exister l’actualité sportive féminine

13) Mise en place de partenariats entre chaînes publiques et privées

14) Création d’évènements mettant en avant le sport féminin

15) Amélioration des conditions d’entraînement des sportives pour avoir un haut plus

compétitif

- La première proposition serait la modification de la structure des championnats de

football féminin. En effet, de part le Benchmark européen réalisé sur les autres

championnats, nous avons remarqué que la France incarne le pays qui compte le plus de

poules et le plus de clubs de D2 malgré le fait qu'elle soit la nation avec le plus petit nombre

de clubs93

.

Nous pouvons alors remettre en question la compétitivité de la D2 Française qui avec 36 clubs

n’apparaît pas comme l’antichambre de la D1. Cela ne permet pas de niveler le niveau

footballistique entre clubs de D1 et clubs de D2. En observant la pyramide du football

allemand, qui semble être le modèle le plus compétitif, on remarque que la compétition élite

est très resserrée. Il existe 12 équipes de moins au second échelon qu’en France. Néanmoins,

ces deux systèmes sont assez similaires.

93

Le championnat de D2 féminin est organisé en 3 poules de 12 équipes, soit 36 clubs

Page 73: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

73

Nous proposons donc la modification du nombre de poules de D2, une modification qui

entraîne le passage de 3 à 2 poules de 12. Mais aussi de créer une 3eme

division avec 3 poules

de 12 et de conserver les championnats de Division d'Honneur (DH) qui existent déjà. Cela

permettrait de rendre la compétition plus attractive en rééquilibrant le niveau avec les équipes

qui accèdent en D2 et en D1. Il faut avoir des rencontres les plus équilibrées possible. C’est la

clef de la réussite future du football féminin. Par exemple, les victoires importantes de

l’Olympique Lyonnais décrédibilisent la qualité championnat. Ce qui entraine une

détribalisation du football féminin. De plus, ce surplus de clubs ne permet pas de concentrer la

qualité et de rapprocher le niveau de la D1 à celui de la D2 .

Voici donc en schéma notre proposition:

Il est possible de créer des systèmes de play-off et de barrages afin d'organiser les systèmes de

montée et de descente.

- La deuxième proposition serait de créer un championnat U18 national chez les jeunes

féminines qui n'existe actuellement pas. Cela permettrait de créer un championnat

intermédiaire plus cohérent chez les jeunes filles. Nous pouvons remarquer à travers une

réflexion basé sur des études réalisées par la FFF qui seront rendus public prochainement que

le taux important d'abandon du Football chez les filles se situe vers l’âge de 15 ou 16 ans.

La création d'un championnat U18 féminin national de 12 clubs et de 2 championnats U18

féminin régionaux nous paraît cohérent pour le développement de la formation française, et la

correction du vide qui existe à cet âge là. Cela permettrait de conserver la compétitivité des

2 clubs descendent

en D2

4 clubs descendent

en D3

2 club montent en

D1

4 clubs montent en

D1

Championnats de DH

Page 74: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

74

jeunes filles, et de créer une élite plus jeune que ce qu'il existe déjà et donc de gagner du

temps sur la découverte des jeunes talents.

- La troisième proposition serait la création d’une "indoor Cup"94. C’est une opportunité

pour la FFF, car très attractif ce genre de compétition pourrait rassembler un large public et

permettrait d'avoir une compétition avec une plus large visibilité télévisuelle.

L'objectif serait de créer un évènement festif qui rassemble tous les clubs sur 2 ou 3 jours. La

création de cette coupe permettrait d'exploiter plusieurs leviers:

- Le développement croissant du football en salle

- La proximité de ce genre d'évènement

- La possibilité de rassemblée la presse, les sponsors et les fans sur un même lieu

- Créer le buzz en créant un focus sur le football féminin

"L'indoor cup" existe déjà en Allemagne, et connaît un franc succès. Elle pourrait représenter

en France un tremplin médiatique et le rassemblement de toute la famille football derrière le

football féminin. Cette coupe s'organiserait avec les 12 équipes de 1ere

Division divisé en 4

poules de 3, puis par la suite des phases finales. L'aspect compétitif doit rester important, car

il faut continuer de crédibiliser le football féminin dans ses performances sportives. Cette

proposition correspond à une proposition efficace du point de vue marketing mais aussi

sportif.

- La quatrième proposition serait l'élaboration d'un programme de football féminin à

l'école très poussé en lançant une nouvelle offensive en faveur du foot à l’école. Cette

proposition s'inscrit dans un projet d’intégration sociale des filles par le foot pour intéresser

plus de filles et de jeunes femmes à ce sport. Nous avons remarqué lors de la section

précédente que le 3 mai 2014, en présence du président de la République Monsieur François

94

Un tournoi de football en salle

Page 75: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

75

Hollande, une convention initiant le projet "Foot à l'école" (c.f Football des Princesses) a été

signée entre le Ministère de l'Éducation Nationale, le Ministère de Sports, la FFF, l'USEP et

l'UNSS. L'offensive que nous recommandons va avoir lieu. Mais sera-elle à la hauteur des

enjeux?

L'avenir du sport se joue dans l'éducation, et donc dans les écoles, collèges et lycées de

France. Le CNOSF a l'ambition pour notre pays de "passer d'une nation de sportifs à une

nation sportive". La clé de cette ambition se trouve sûrement dans nos établissements

scolaires, tout comme la clé du développement du Football Féminin. Nous recommandons

que la FFF fasse de ce projet une priorité, en amenant de nouveaux moyens humain et

financier. Il faut renforcer le lobby "Football" & "Football féminin" auprès des institutions.

Bien que le football soit le sport le plus apprécié et le plus populaire de France, le football est

proportionnellement peu pratiqué dans les établissements scolaires français. L'enjeux est donc

de s'y imposer: Le Football féminin sortira très probablement gagnant de cette action.

Dans les faits nous recommandons à la FFF de garder cette ligne de conduite mêlant action

culturelle et sportive (cf. Opération "Football des Princesses") mais en progressant sur ses

relations avec l'éducation national, ses partenaires, la formation des professeurs, la

communication, le marketing et surtout le rapprochement des établissements scolaires avec

les clubs régionaux.

Ce sport a la possibilité de fédérer, de faire régner l'égalité entre tous et toutes, de pousser au

respect. Ces valeurs sont très représentatives du Football féminin et ne pourront que faire

progresser ce sport et la société.

- La cinquième proposition serait la mise en place d’un créneau horaire spécifique pour le

football féminin pour éviter la concurrence avec le football masculin. En France, 7 % des

retransmissions sportives sont féminines et 95 % de ces retransmissions sont en payant en

France. Le Football a le potentiel pour faire évoluer ces chiffres. En Suède, le Football

féminin se joue le mardi pour éviter la concurrence frontale avec le football masculin, malgré

le peu d’espace temporel disponible, il pourrait être intéressant de trouver un créneau adéquat

à une meilleure visibilité du football féminin.

Le lundi, le jeudi ou le vendredi pourraient convenir malgré quelques obstacles pour chaque

proposition.

- Lundi : Diffusion d’un match de L2 ;

- Jeudi : Diffusion de l’Europa League masculine ;

- Vendredi : Diffusion d’un match de L1.

Une réorganisation du calendrier pourrait avoir lieu, afin de mettre en valeur le championnat

de France féminin, en décalant par exemple le match de L2 du lundi. Ces efforts sont

possibles et pourraient constituer un important vecteur de croissance dans la visibilité et dans

la progression du football féminin en France.

Page 76: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

76

- La sixième proposition serait de se concentrer à créer un évènement lors de chaque match.

Que les rencontres soient un moment où les spectateurs partagent un moment unique et se

retrouvent au plus près des joueuses qu’ils soutiennent. Il faudrait se focuser sur le spectacle.

En conséquence, il pourrait être créé des animations avant, à la mi-temps et à la fin du match.

Ces animations pourraient se concrétiser en des tournois de jeunes, des concours, une plage

pour des autographes et des photos avec les joueuses. Il faudrait créer un moment privilégié

avec l’équipe dont les supporters se souviennent.

- La septième proposition serait de revaloriser le salaire des sportives. En effet, beaucoup trop

de sportives n’ont pas les moyens d’atteindre le haut niveau car elles ne sont pas dans des

conditions opportunes, notamment en étant obliger de coupler un travail alimentaire aux côtés

des entraînements. Il faudrait également que les salaires des sportives soient en adéquation

avec leurs résultats sportifs. Les joueuses de football les mieux rémunérées en France

perçoivent au maximum 10 000 € par mois, les joueuses de l’Olympique Lyonnais mais la

plupart touche en moyenne environ 1 000 à 1 500 € ou n’ont pas de salaire. Certaines

Fédérations pratiquent des niveaux de primes équivalents pour les hommes et les femmes,

telles le judo, l’escrime, le handball ou l’athlétisme. Ainsi, dans le top 50 des joueurs les plus

payés on ne retrouve qu'une femme, Marion Bartoli (la première depuis 5 ans). Des chiffres

qui interpellent puisqu’au regard de ce constat d’inégalité, les femmes qui pratiquent du sport

ne voudront plus forcément le faire à haut niveau car elles ne gagneront pas assez d’argent et

privilégieront leurs études. Comme dit dans le corps de la thèse, si les inégalités salariales

persistent, la relève de haut dans de nombreuses disciplines n’est pas asssurée.

- La huitième proposition serait de développer le modèle économique du sport à travers

Internet. Cette solution est déjà préconisée par le Conseil National du Sport.

« Il n’y a jamais eu autant de sport accessible gratuitement qu’aujourd’hui, souligne la

ministre. Mais cet accès se fait sur Internet, ce qui rebat les cartes pour les détenteurs de

droits. Là encore, le sport féminin pourrait y gagner » expliquait Christine Kelly. Ainsi, le

futur du sport féminin pourrait se jouer sur Internet. Il faudra promouvoir toutes les

plateformes Internet pour communiquer auprès du grand public avec la diffusion des matchs

en direct sur les sites des Fédérations, des clubs ou autres, l’utilisation systématique de

Facebook et Twitter pour permettre au plus grand nombre de suivre l’actualité sportive

féminine et la création de blogs dédiés à des sports précis ou non mais qui relaient

l’information et la visibilité du sport féminin. Les réseaux sociaux permettent une certaine

attractivité pour la pratique du sport par les femmes car ces dernières peuvent partager leur

passion, leurs expériences, leurs conseils et bien d’autres choses. En plus d’être plus

accessible, cette nouvelle visibilité amènera des sponsors qui sont à l’affût de nouveaux

moyens pour toucher leurs cibles. Qui dit plus de sponsors, dit plus d’argent pour le sport

féminin.

Page 77: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

77

- La neuvième proposition serait de profiter des compétitions masculines pour mettre en avant

les compétitions féminines. Ainsi, l’attractivité du sport masculin permettra au public touché

de s’intéresser au sport féminin équivalent. En conséquence, il faudrait créer des

championnats nationaux ou internationaux masculins et féminin en même temps et sur le

même lieu, ce qui drainerait le sport féminin et optimiserait les frais de production.

- La dixième proposition serait la création d’un réseau de femmes dirigeantes pour créer un

espace où les femmes pourraient échanger et conseiller sur tous les sujets généraux et

quotidiens. Ce réseau serait également une mine d’informations pour les femmes se destinant

de près ou de loin à des carrières de dirigeantes dans le sport, pour qu’elles puissent avoir des

soutiens, et pourrait susciter des vocations, inciter des femmes à s’engager dans le milieu,

faire connaître les postes à pourvoir, ce qui aurait pour conséquence d’augmenter les femmes

dans les instances dirigeantes.

- La onzième proposition serait la mise en place de formation des dirigeants dans le monde du

sport, homme ou femme, pour qu’ils prennent conscience de la problématique de la

féminisation des instances sportives, qu’ils en comprennent les enjeux au regard de la pratique

sportive des femmes. Il faudrait également se concentrer dans les formations d’entraîneurs à

expliquer les spécificités technico-tactique des jeux masculin et féminin, de mixer les styles à

l’entraînement et faire connaître ce qu’apporte les femmes entraîneurs et les hommes

entraîneurs dans le métier pour qu’ils puissent échanger et se servir des compétences de

chacun. Il faudrait également construire la logique interne du sport au regard des différences

mais aussi de la complémentarité des performances masculines et féminines.

- La douzième proposition repose sur une collaboration avec les médias traditionnels afin

qu’ils puissent donner une actualité hebdomadaires des championnats des sports collectifs

féminins, comme ils le font pour les sports masculins. Cette initiative permettrait une visibilité

aux clubs et aux joueuses toute au long de l’année à moindre coût. Actuellement, les médias

n’annoncent les résultats sportifs féminins que lorsque ces dernières atteignent les phases

finales.

- La treizième proposition serait de créer des collaborations entre les chaînes publiques et les

chaînes privées. En effet, l’intérêt de la télévision gratuite est qu’elle permet un accès au plus

grand nombre. Le schéma serait le suivant : les chaînes gratuites diffuseraient quelques

rencontres et l'exposition d'extraits de rencontres dans des magazines dédiés au sport avec

l’intervention de spécialistes, apportant la visibilité nécessaire au développement de la

discipline et de la compétition. Les chaînes payantes diffuseraient l'ensemble de la

compétition, sous forme de retransmissions et de magazines dédiés et construiraient alors un

feuilleton autour des performances des compétitrices. Ce modèle permettrait de partager les

coûts de production ou de marketing.

Page 78: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

78

La quatorzième proposition serait de créer encore plus d’évènements dédiés au sport féminin

afin d’assurer une plus grande visibilité auprès du grand public. Il sera remarqué que depuis

l’organisation des « 24h du sport féminin », les médias parlent beaucoup plus de sport

féminin.

La quinzième proposition serait d’améliorer les conditions de vie des athlètes de haut niveau,

qu’elles puissent s’entraîner sur des terrains convenables, l’accompagnement des femmes en

général au sein des structures d’entraînement et la gestion des spécifiés que peut rencontrer la

sportive dans sa vie. Quand une sportive est enceinte par exemple, la faire suivre par un

gynécologue formé aux particularités du sport de haut niveau pour lui permettre de maintenir

une activité adaptée le plus longtemps possible pour faciliter la reprise. Aujourd’hui, plusieurs

sportives ont démontrées qu’avoir une vie de femmes et faire du sport de haut niveau ne sont

pas incompatibles, telles Laure Manaudou, Laura Flessel, Muriel Hurtis, Christine Arron qui

ont continué être performantes sur le terrain tout en étant mères et ont prouvé qu’elles

pouvaient revenir au meilleur niveau après une maternité. Permettre aux sportives d’être

épanouies dans leur vie personnelle feront d’elles de meilleures athlètes.

La conclusion de cette partie sera laissée à Vincent Rousselet-Blanc : « […] C’est compliqué

le sport féminin »95

.

95

Interview Foot d’Elles, 1 02 2014

Page 79: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

79

Conclusion générale

L'intérêt porté, d'une manière générale, à la pratique féminine a une croissance

crescendo. Les résultats des basketteuses plébiscitées par les Français, des ‘rugbywomen’ qui

réussissent pleinement leur coupe du monde organisée en France, le handball féminin qui

continue son embellie, les résultats des bleues de l'équipe de France Féminine de Football et

autres succès féminin Français ont focalisé l'attention de la féminisation du sport dans notre

pays. Mais soyons-en sûre, le sport féminin français est encore bien loin d'avoir exprimé tout

son potentiel. C'est une des raisons qui nous a conduit à étudier ce sujet en profondeur.

Cependant des barrières persistent, et comme le note, Françoise Sauvageot, Vice-présidente

CNOSF en charge de la diversité des pratiques et de la vie associative :

« Personne ne peut rester insensible aux difficultés que rencontrent les sportives de haut

niveau, y compris dans des sports collectifs dits professionnels, lorsqu’elles sont

sélectionnées sur des compétitions internationales. Comment concilier l’inconciliable, un

métier et un sport de haut niveau, alors que pour la même discipline, les garçons ne sont pas

confrontés à ces difficultés ? »

Cette thèse professionnelle et les recommandations qui en découlent ont pour but de mieux

appréhender l'état du sport féminin, son histoire, son évolution et d'en réaliser un état des

lieux. Ce travail a permis de réaliser une véritable analyse du plan de féminisation de la

Fédération Française de Football, véritable locomotive de ce développement. Il montre la

complexité du sujet mais est plutôt positif dans sa conclusion : le sport féminin est voué à se

développer et à prendre une place plus importante dans les prochaines années. Il ne s’agit pas

de démagogie mais de prise de conscience et d’une volonté d’agir sur la visibilité et le

développement du sport féminin sur le long terme.

Malgré tous nos efforts, nos travaux se limitent à une vision Franco-française de cette

évolution. Afin de palier a cette lacune, notre étude a effectué un authentique audit européen

afin de mieux comprendre les modèles étrangers, de mieux cerner les facteurs clés de

réussites, les stratégies misent en place et l'importance de la culture.

Cet audit doit d’être plus développé dans l’avenir afin d’offrir une vision plus globale du

développement du plan de féminisation. Car il est certain que dans un futur proche, les

fédérations devront se déplacer dans des pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou la Suède,

afin de mieux s'inspirer de leurs modèles qui réussissent à imposer le sport féminin comme

l’égale du sport masculin. La volonté du CNOSF qui est de "passer d'une nation de sportifs à

une nation sportive", déjà cité dans ces travaux n'en sortira que grandit.

Nous espérons que ces travaux apporteront un nouveau regard sur cette évolution et

notamment sur la volonté politique de la FFF de développer la féminisation du sport. Le sport

féminin n'est que trop peu mis en lumière, et les travaux effectués sur son évolution ne

peuvent être que positif.

Page 80: Stéphanie Hague - Thibault Huc - La femme est-elle l'avenir du sport en France ?

80

Le principal apport de cette étude est son analyse poussée sur la stratégie de la Fédération

Française de Football, stratégie qui pourrait inspirer d'autres fédérations Françaises, car le

maillage régionale utilisé par le football est aussi utilisé dans d'autres sports. De plus la mise

en place de ce plan qui apparaît comme efficace et cohérent, par une fédération qui avait

beaucoup de retard sur ces homologues européens, apparaît comme une source d'espoir pour

le sport Français.

Ce plan de féminisation de la 3F que nous avons largement étudié découle d'une volonté de

Noël le Graet de placer la féminisation du football comme l'une des priorités de la fédération.

Le président a donc confié a Brigitte Henriques, ancienne joueuse internationale, le soin de

rédiger un plan sur 4 ans. Ce projet sportif qui touche, aussi à la vie associative et, par-là, à la

pérennité et à l'avenir sport amateur, s'articule autour de quatre axes: valoriser la place des

femmes dans le football, devenir une nation de référence en termes de licenciées, jouer les

premiers rôles au niveau international et innover en matière de formation. Le plan continue

actuellement d'être accompagné dans sa globalité par la mise en œuvre d'une stratégie

marketing et de communication.

Enfin, les propositions et recommandations réalisées lors de notre 3eme

partie peuvent être

source d'inspiration pour la 3F et les autres fédérations. Nous sommes conscient que ces

propositions ne sont que conceptuelles mais elles se basent sur des recherches précises et

réfléchies ou sur des cas pratiques réalisés par d'autres fédérations étrangères et qui ont connu

une importante réussite. Ainsi le Benchmark européen réalisé a été riche d'enseignements et

doit constituer le départ de l'ouverture du sport féminin Français hors des frontières

nationales, afin que la féminisation du sport ne soit non pas l’avenir du sport mais son

développement logique.

La place de la femme dans la sport est aussi le reflet de la place de la femme dans la société.

Les différences culturelles entre pays ont alors un rôle important sur l’écart et la différence du

développement de la féminisation sportive. Il est clair que les pays européens « Nordistes »

sont en avance dur les pays « Sudistes ». Le sport est le reflet de la société et une étude

comparative entre l’évolution de la place de la femme dans les sociétés contemporaines et le

développement du sport féminin mériterait d’être développée, car cela représente un point

central.

Mais à contrario le développement de la féminisation du sport peut aussi aider et apporter un

regard nouveau sur la place de la femme dans la société. Heywood Hale Broun96

nous a

expliqué, il y a plusieurs dizaines d’années que « le sport ne forge pas le caractère. Il le

révèle ». A travers ces travaux et l’extraordinaire potentiel du sport, nous pensons de manière

objective que « le sport ne forge pas une société. Il la révèle »…

96

Auteur, journaliste sportif et commentateur américain des années 1950.

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81

Références Bibliographiques

1) Ouvrages

> PLATON, La République - livre V, Paris, Flammarion, 2002, 801 pages

> Code Civil de 1804, Livre premier, Titre V, Chapitre VI, article 214, « Des droits et des

devoirs respectifs des époux »

> BINET André, L’amour et l’émotion chez la femme, Vigot, 1946, 170 pages

TRANVOUEZ Yvon, Sport, culture et religion, les patronages catholiques (1898-1998),

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ANNEXES

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ANNEXE 1

Portrait d’Alice Millat

Alice Milliat est une nageuse, hockeyeuse et rameuse. Elle a cofondé et a été présidente de la

Fédération des sociétés féminines sportives de France, qui a mis en place les premiers

championnats de France de football, puis de la Fédération sportive féminine internationale,

qui organise les premiers Jeux mondiaux féminins en alternance avec les Jeux olympiques.

Elle a été une des plus grandes militantes pour la reconnaissance et la promotion du sport

féminin.

Portrait de Suzanne Lenglen

Suzanne Rachel Flore Lenglen est une joueuse de tennis française, première star

internationale du tennis féminin. Son palmarès est impressionnant : vainqueur six fois de

Wimbledon, six fois des Internationaux de France en simple, six fois des Championnats du

monde sur terre battue. En sept ans, elle remporte 241 tournois, dont 81 en simple et trois

médailles olympiques, dont deux d'or.

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ANNEXE 2

Tableau : Nombre de licences et autres titres de participation délivrés en 2012 selon le sexe

et selon le type de fédération agréée

> Disponible sur http://doc.semc.sports.gouv.fr/documents/Public/ccfs_2012-2013_06062014.pdf

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90

ANNEXE 3

L’histoire de l’intégration du saut à s i féminin aux Jeux Olympiques.

En 2010, le CIO a refusé d’intégrer le saut à s i féminin aux Jeux Olympiques car il jugé que

cette discipline n’était pas assez développé chez les filles. Discipline olympique masculine

depuis 1924, il s’avère que dès 1995, 135 femmes de 16 pays se défient lors d’une

compétition féminine. Les sauteuses à ski ont alors exercé un recours devant la justice en

2008 afin de voir le saut à ski aux Jeux Olympiques en invoquant une violation de la loi

canadienne qui interdit la discrimination des sexes. La justice a reconnu la discrimination

mais a déclaré qu’elle n’était pas compétente pour forcer l’intégration de la discipline aux

Jeux Olympiques. Franco Kasper, président de Fédération Internationale de Ski, déclarait en

2005 : « le saut à ski ne semble pas convenir aux femmes sur le plan médical ».

Pourtant, huit ans après les propos de Franco Kasper, toujours président de FIS, des femmes

vont concourir pour la première fois aux Jeux olympiques Sotchi dans cette discipline.

Cependant, il s’agira uniquement d’une épreuve sur le petit tremplin.

Une lutte longue de 90 ans qui n’est pas terminée.

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ANNEXE 4

Disponible à http://doc.semc.sports.gouv.fr/documents/Public/ccfs_2012-2013_06062014.pdf

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ANNEXE 5

Données comparatives de résultats masculins et féminins d'équipes françaises de sports

collectifs - Période 2009-2013

Résultats internationaux des Equipes de France féminines et masculines.

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ANNEXE 6

Portrait de Corinne DIACRE : l’entraîneur femme de ligue 2

Ancienne joueuse de football française, elle est devenue entraîneur du Clermont Foot 63, club

de football masculin, après avoir entraîné six ans l'ASJ Soyaux. Ainsi, en 2014, elle est la

première femme à obtenir le Brevet d'entraîneur de football professionnel qui donne la

compétence pour entraîner des clubs de Ligue 1 et Ligue 2.

Elle a fait plusieurs déclarations sur son envie d’être jugé sur ses compétences et la volonté

d’être un entraîneur comme les autres. Interviewé dans le magazine Gala en début août, elle a

répondu avec tact et humour aux question, même les plus saugrenues : « Il est évident que je

ne vais pas y entrer quand ils seront en train de se changer, il faudra qu'on fasse un code,

mais je ne vais pas me gêner pour aller dans les vestiaires non plus. On se pose des questions

sur comment je vais faire, aujourd'hui il y a onze hommes qui entraînent des équipes fémi-

nines et on ne se demande pas comment ils font, eux ! Ça va être pareil pour moi, je rentrerai

quand mes joueurs seront prêts, tout simplement. »

Corinne Diacre est consciente qu’elle a un rôle à jouer dans la démocratisation du métier

d’entraîneur en affirmant haut et fort : «Cela m'est égal d'être attendue au tournant. Je sais

pourquoi je suis là et ce que j'ai envie de faire »

Il est à espérer que cette nomination n’est qu’un début et que d’autres postes d’entraîneur

seront pourvus par des femmes.

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94

ANNEXE 7

Le 1er février, afin que le grand public puisse avoir accès au sport féminin, Christine Kelly et

son équipe du CSA, ont lancé l’évènement les « 24h de sport féminin ». Une journée entière

consacrée à la mise en avant du sport féminin. KantarSport, société d’analyse et de veille

média, a comptabilisé l’exposition médiatique dédiée aux sportives par chaque support,

58h59' en tout.

Le top 5 TV :

1/ Eurosport: 28h03

2/ Sport+: 5h30

3/ France 4: 4h28’45”

4/ L’Equipe 21: 3h56’10”

5/ France Ô: 3h05

D17 (6e) et beIN Sports (7e) ont été des acteurs engagés avec respectivement 2h30 et 2h22’

d’antenne. Le service public n’a malheureusement pas été le plus réceptif et disposé à

l’opération puisque France 2 (9e) n’a consacré que 26 minutes à la cause.

Le Flop 5 TV :

16/ TF1: 10’40

17/ France 3: 9’35

18/ LCI: 4’40

19/ D8: 2’

20/ Paris Première : 1’52

Ainsi, une chaîne du service public, qui communique auprès du grand public, n’a pas donné

l’exemple, ainsi que des chaînes d’informations généralistes avec BFM TV (13e), 14 minutes

et I Télé (14e), 13’28. Le groupe M6, apparemment ne pousse pas le sport féminin car il en a

diffusé 13 minutes toutes chaînes confondues.

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95

ANNEXE 8

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96

ANNEXE 9

Fiche Ecole féminine de football

Source : FFF (2012)

ECOLE FEMININE DE FOOTBALL

Club . Club uniquement Féminin :

Ligue . District : .

Population de la commune : Club urbain : Club rural :

Niveau d'évolution de l'équipe 1ère Homme Régional > Départtal >

Niveau d'évolution de l'équipe 1ère Femme Régional > Départtal >

Total des licenciés du club : Total des licenciés pratiquants

% des licenciées de l'Ecole féminine/ / Nbre de licenciés de l'Ecole de foot du club

Féminisation du club : Nombre de femmes licenciées hors pratiquantes

1 - ACCUEIL - FIDELISATION Total : 0

1 Equipes U6 F à U11 F OUI NON Pts

2 Personne "Accueil" Ecole Football au Féminin OUI NON Pts

3 Disponibilité d'un vestiaire OUI NON Pts

4 Disponibilité de terrains OUI NON Pts

5 Matériel pour les entraînements OUI NON Pts

6 Réunions avec les parents OUI NON Pts

7 Informations - Communication OUI NON Pts

8 Actions de convivialité OUI NON Pts

9 Respect des règles de sécurité au sein de l'Ecole de Football OUI NON Pts

10 Nombre de licenciées OUI NON Pts

U6 U7 U8 U9 U10 U11

Licenciées 0 0 0 0 0

Licenciés 0 0 0 0 0

Nbre Equipes F

Inscrivez les équipes par rapport aux catégories et fusionnez les cellules

2 - ENCADREMENT Total : 0

1 Responsable diplômée de l'Ecole de Football au féminin OUI NON Pts

2 Educatrices/eurs diplômés intervenant dans l'Ecole de Foot (entraînem ents) OUI NON Pts

3 Encadrement identique entraînements et rencontres OUI NON Pts

4 Participation aux réunions (Infos /recyclages) organisées par la Ligue OUI NON Pts

ou le district

5 Encadrement féminin OUI NON Pts

3 - ANIMATION ET EDUCATION Total : 0

1 Participation aux plateaux

Equipe 1 OUI NON Pts

Equipe 2 OUI NON Pts

Equipe 3 OUI NON Pts

2 Séance hebdomadaire OUI NON Pts

3 Organisation d'animations au sein de l'Ecole de Football au Féminin OUI NON Pts

4 Relations et actions avec l'Ecole Elémentaire OUI NON Pts

5 Relations et actions avec d'autres partenaires OUI NON Pts

6 Actions portes ouvertes vers les non licenciées OUI NON Pts

7 Actions citoyennes OUI NON Pts

Total Général

Edition 20120 Pts

0

Total

#DIV/0!

National >

National >

0

0

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97

ANNEXE 10

Evolution du nombre de pratiquantes en France

Source : FFF (2013)

Evolution du nombre de dirigeantes en France

Source : FFF (2013)

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98

ANNEXE 11

Palmarès des jeux olympiques de Football féminin

Source : Comité National Olympique et Sportif (CNOSF, 2014)

L’Allemagne est le pays européen le plus titré avec 2 titres sur les 6 compétitions.

Palmarès des championnats du monde de Football féminin

Source : Fédération International de Football Association (FIFA 2014)

Avec 4 titres sur 5 possible. Les Etats-Unis dominent largement cette compétition.

En interne, le championnat Américain s’organise sous forme de ligues fermées, avec un

système de franchises. Néanmoins la dynamique serait à une forte vocation supranationale :

mise en place récente d’une ligue majeure de football féminin, commune au Canada, USA et

Mexique, ce qui ressemble à la création de la BeNé League par exemple.

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99

ANNEXE 12

Comparaison des formats de compétition du Football féminin Allemand et Français

Source : Fédération Suédoise de Football & Fédération Française de Football

Le modèle français se rapproche du model Allemand.

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ANNEXE 13

Comparaison des formats de compétition du Football féminin Suédois et Français.

Source : Fédération Allemande de Football & Fédération Française de Football

Les formats de compétitions du modèle Suédois sont très proche de ceux du modèle Allemand

et donc du modèle Français. Cependant une nouveauté va apparaître cette saison avec une

restructuration de la ELITETTAN (correspondant à la D2) qui va passer de 2*12 clubs à une

poule unique de 14 clubs. La Suède a ainsi compris l’importance d’avoir une seconde division

moins étoffée afin de relever le niveau et de créer une antichambre à la hauteur de sa

première division.

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ANNEXE 14

Structure de compétition de clubs en Allemagne

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ANNEXE 15

Structure de compétition de clubs en Suède