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HIST O IRE D Ë S CHEVALIERS HOSPITALIERS . ' L> E S JEAH DE JERUSALEM, ^PPELLEZ DEPUIS LES CHEVALIERS DE RHO DES, E T A U J R D*H U I ÇES CHEYALIERS DE MALTE» Par .M. l'Abbé DE VERTOT, de l* Académie des Belles Lettes, TOME TROISIEME; \*^/ J A PARI S, ^__*>*pK O L 1IN t à la descente du Pont S. Michel, Quai des Augustins, ! : - au Lion d'Or, Çhez ^ QUILLAU Père & Fils, Im'p. Jur. Lib. de l'Uni^veríìté , rue i Galande ,-à rAnnonciarioB. [, DESAÍ NT, rue S. Jean de Beauvais , vis-à-vis le Collège, m ' ni. i ' > M. DCC. XXV ï. 4VZC APPROBATION £ì'PRIVILEGE DV ROT.

0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

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Caballeros hospitalarios en idioma frances

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HIST O IRE

D Ë S

CHEVALIERS HOSPITALIERS

.'

L> E

S JEAH DE JERUSALEM,

^PPELLEZ DEPUIS

LES CHEVALIERS DE RHO DES,

E T A UJ OÚ R D*H U I

ÇES CHEYALIERS DE MALTE»

Par .M. l'Abbé DE VERTOT,de l*Académie

des Belles Lettes,

TOME TROISIEME;

\*^/ JA PARI S,

^__*>*pKO L 1IN t à la descente du Pont S. Michel, Quai des Augustins,

! : - au Lion d'Or,

Çhez ^ QUILLAU Père & Fils, Im'p. Jur. Lib. de l'Uni^veríìté , rue

i Galande ,-à rAnnonciarioB.

[, DESAÍ NT, rue S. Jean de Beauvais , vis-à-vis le Collège,m ' ni. i ' >

M. DCC. XXV ï.

4VZC APPROBATION £ì'PRIVILEGE DV ROT.

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DES

€ H E VÀLIERS HOS FITALIERS

.- DE '.'.,....

UJMIM AN DE Ï1R0SA LEM»

JiPPELLEZ' I>EPV7&

CHEVALIERS &E RBOJDESs?

ETAVjOURJkfHVl

CBEVALIERS DEM A LTR^

LIVRE tfEVVJEME-

Eî^DAlSíT mm Flàeureûxi Sohmai#

triomphok de ladisgrâce

des Cheva^

lièrs de Rhodes, &que

ee Princequ&

necornptoit pour

rien laperte

de í es

soldats, s'applaudiísoit d une conquête

f glorieuse,te Grand Maître, avant

quede {osxys'

Tome ///. A

Page 3: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2. HISTOIRE DE L'ORDRE

duport

de Rhodes, & en exécution du traitéqu'il

venoit de faire avec le Sultan, dépêchades bri-

gantins,des

felouques& des vaisseaux de trans-

portau Commandeur

d'Airasque,Gouverneur du

Château de Saint Pierre, ôc à Perrin du Pont, Bailli

deLango,,

avec ordre d'abandonner les Places où

ils commandoient, d'embarquer incestamment

tous les Chevaliersqui

étoient dans leurs gouver-

nemens, & les habitanssujets

de laReligion, qui

les voudroient suivre p&ï de fè'rendre endiligence

dans liste de Candie , ou il faiípit deflein de s'ar-

rêterquelque

temspour

les attendre, &:pour

re-

cueillir le Prince Amurat fils de Zizim, s'ilpou-

voirs'échaper,

& ceux des habitans de Piste de

Rhodes , qui parla

précipitationde son

départ

n'auroientpu s'embarquer

en même temsque

lui.

Ce Princeaccompagné

de tous ses Chevaliers, &

íuiyi d^n grandnombre de familles Rhodiennes,

mit ensuite à la voile. Sa flotte étoitcomposée

de

cinquante vaisleaux, soitgalères, galiottes,

bri-

gantins&

felouquesde différentes grandeurs : il

montoit lagrande caraque

où il avoit fait entrer

}e.s principaux Commandeurs, & fur-tout les Che-

valiers malades & les biestez ; & onpeut

direque

cegrand

vaisseau en lesportant, portoit

toute la

fortune de l'Ordre.

Il feroit difficiled'exprimer

l'afïliction des ha-

bitans de l'Iste de Rhodes , lorsqu'ils se virent

contraints d'abandonner leurs biens, leurs maisons

& leur patrie.Pendant

quecette

petiteflotte ne

futpas

bienéloignée,

ils avoient tous lesyeux

at-

tachez fur cette Iste -9 mais ils ne l'eurent pas plutôt

VìtLIERS

jÇE L'ISL E-

Page 4: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L i v. 1X. y

perduede vue, que

la douleur éclatapar

leurs cris

&par

leurs larmes : ce n'étoitpourtant encore

que

le commencement de leurspeines.

Après quelques jours denavigation,

ils furent sur-

pris parune violente tempête qui dispersa

cette

petiteflotte

parmiles Istes de

TArchipel: les ga-

lères fur- tout souffrirentbeaucoup par le défaut

d'un nombre suffisant de forçats & de rameurs.-

Soliman avant ledépart

du Grand Maître, en avoit

tiré tous les esclaves ses íujets, ou de faReligion :•

&: les Chrétiensqui

les a voientremplacez

volon-

tairement, peufaits à cet exercice, troubloient

plutôtle service

qu'ilsn

yétoient utiles. Plusieurs

vaisseauxpar

ressort de latempête,

furent de'ma-t

tez 5 quelques-uns trop chargezcoulèrent bas. Les

malheureux Rhodiens, pour ^prévenirun

pareilac-

cident „ Jetterentdans la mer leurs ballots & leurs

cssets : enfinaprès

avoir lutté contre un íì furieux

orage pendanttrois jours & trois nuits, le vent

diminua, lesvagues s'abaisterent, l'eíperance

com-

mença dereprendre place

dans les coeurs : & les

vaisseauxqui

étoientdispersez, gagnèrent

les uns

aprèsles autres, differens ports

ougolfes

de l'Iste

de Candie.

Le Grand Maîtrequi

montoit lagrande caraque,

s'arrêta à la vue & dans la rade de la ville de Setia -r

d'autres se retirèrent d'abord dans leport

deSpina-

Longa.Comme il

n'yavoit

pasdeux vaisteaux

ensemble ,. ils arrivoient les unsaprès

les. autres •,.

ce fut même cettedispersion qui

les conserva • &

fi les ventspar

leur violence ne les eussentpas

sé-

parez,,ils se seroient infailliblement brisez les uns

A ij;

VlLLllKS-tìE l'ISLt

AD A M.•"^mm

Page 5: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4 HISTOIRE DE L*OHDRE

contre les autres,: & la rencontre d'un vaisseau ad-

roit été aussi funesteque

celle d'un écueil.

Tous cespetits vaisteaux, des differens endroits

où ils s étoient mis àl'abri.4

se réunirent auprèsdu

Grand Maître. On vit arriverpresque

en même

tems le Commandeurs' Airaíque^le Bailli de Lan-

.go"-,tous les Chevaliers

qui ctoient fous leurs or-

dres , & laplupart

des habitans des Istes Sc .des Pla-

ces de laReligion, qui plutôt que

de refter fou£

la domination des Turcs, voulurent suivre la for-

ïtune de leurs Souverains. Après quetout ce

pèu*-

|>lefut

débarqué, le Grand Maître en fit une re~

^ûegénérale.,

& ils'y trouva, hommes, femmes &

cnfans, présde

cinq mille personnes.Mais

parmi

ceuxqui

venoient d'essuyercette rude

tempête.,

Ja plûparïtetoient malades, languissans*& abbatus;:

íousie trouvoient fans vivres, lans subsistance, &

cjúeîques-unsdont on avoit jette les hardes dans

ja mer, àtlemi nuds &ians linge.

Le Grand Maître quiavoit soutenu avec tant

?de fermeté laperte

de ses Etats 3à la vue de ce

^peupledéfòlé , ne put çonte.nir ses larmes : il fit

venir à sesdépens

des Villes voisines des vivres,

des étoffes, êcjusqu'à

de la toilepour

rhabiller

ceuxqui

en avoient befoin. Ce Princejoignant

à

des secours si solides, des discours animezpar

la

charité , les assuraque

l'Ordrepartageroit

totb-

joursavec eux des biens fur

lesquels,leurdit-il ^

lespauvres

avoient toujours lespremiers

droits,.

Lepeuple

nerépondit

à des sentimens si tendre s

& si touchans, que pardes voeux

pourla durée

d'une vie íî bienfaisante ; chacun accourut pouïr

VíLLÏËRSDE LisLE

AD A M.a- " _

Page 6: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. y

rlai baiser la main j tousl'appelloient

leurpère : & Vl

ce nom si doux aux âmesgénéreuses , fit

plusde A

plaisirà ce

grand homme, quele titre de Prince

$c deSeigneur qui

étoit dû à íadignité..

Il n'avoitpas plutôt débarqué ^proche

de Séria,

qu'ilen avoit envoyé donner avis au Gouverneur &

à laRégence

de liste. Ce 'Gouverneur luidépêcha:

aussi-tôt le noble Paul justinien, pourlui offrir

xous les secours dont ilpourroit

avoir besoin , &

pourl'inviter à íe

transporter avec tout sonpeu-

pledans la Ville

capitale,où il trouveroit des

vivres en abondance. Le Grand Maître, quoique

mécontent de cesRépublicains, ne laissa

pasde

s'y rendre. Le Gouverneuraccompagné

du noble

Dominique Trevisan, Général desgalères

de la

République v desMagistrats

& desprincipaux

de

l'Iste, le furent recevoir à la descente de ion vais-

seau : ils l'aborderent avec degrandes démonstra-

tions decompassion pour

laperte

de Rhodes^

mais fi tardives, quele Grand Maître dans un en-

tretien particulier squ'ileut

depuisavecle Général

desgalères,

neput s'empêcher de lui

reprocher

fa timidepolitique

du Sénat :, qui ayantdans le

sportde Candie plus

de soixantegalères,

avoit vû

prendre Rhodes fansdaigner y jetter le moindre

secours.

Le Général Vénitien nerépondit

à de si justes

plaintes, que parun silence

pleinde confusion;

&pour

éviter de si fâcheusesexplications,

il 1 ex-

horta de rester dans l'Istejusqu'à

ceque Thy

ver ôc

larigueur

de la saison fûtpassée. Mais le Grand

Maître outré de Insensibilité aveclaquelle

ces

A iij

VltLIEB-SDE L'I SL Í;«

ACAM... . I l.l,I 1<-

Page 7: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

t HISTOIRE DE L'ORDRE

Républicainsavoient vû la

pertede Rhodes, lui

témoigna quesi-tôt

qu'ilauroit fait racommoder

ses vaisseauxendommagez par

latempête , il con-

tinueroit fa route, &que

son dessein étoit de se

rendre incessamment en Italie, pourdélibérer avec

lePape,

du lieu où l'on fixeroit le Chef-d'Ordre,

& là résidence de laReligion.

Pendantqu'il

faisbit travailler avec une extrê^.

mediligence

à radouber ses vaisseaux , Léonard

Baleífrin, MétropolitainLatin de Rhodes,, arriva

en Candie avec sonClergé

&cplusieurs

habitans;

Soliman les avoit chassez fousprétexte qu'ils

net-

toient ni Rhodiens ni Grecs , &qu'il

ne vouloir

souffrir dans ses Etats aucun Latin. Le Grand Maî-

trequi

révérois la vertu de ce Prélat, le reçut bien,,

luiassigna

unepension

fur le trésor de l'Ordre : &

ce Prélatayant pris, depuis;

l'habit de laReligions

il le nomma,pou*

Frieur del'Eglife,

alors, lapre-

mièredignité Ecclésiastique

de l'Ordre , quilui

donnoit entrée dans lc Conseil, & lapremière

place aprèsle Grand Maître..

Entre differens évenemensqui

s'étoient:paíïez

depuisle

départdu Grand Maître, l'Archevêque

luiapprit que

le GrandSeigneur

avoit donne

des ordres siprécis pour

faire chercher le fils de

Zizim ,, quecet infortuné Prince avoit été bien-

tôt découvert, 8cqu'on

l'avoit amené devant So*

liman avec sesquatre

enfans ,. deuxgarçons

&

deux filles -r quele Sultan

quiavoit tant d'intérêt

deperdre

cette famille, &qiû cependant

évitoit

avec íoin laréputation

de Prince cruel, pour pou-

voir s'en, défaire fous unprétexte plausible ?.

ïui

VlLLÌER.SDE L'ISL E-

ADAM.

Page 8: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 7

demanda, comme s'il l'eût ignoré, quelle Religion Vi

ilprofessoit -yque

ce Prince luirépondit

avec beau- D^

coupde fermeté, que

lui & ses enfans étoient'"*

Chrétiens ; que Soliman, fousprétexte

de lepu-

nir d'uneprétendue apostasie , l'avoit fait étran-

gleravec ses deux fils yôc qu'il

avoit fait faire cette

cruelle exécution à la tête de son armée, afin d'ô-

ter à des mécontens , & àquelque imposteur,

le

prétexted'armer quelque jour fous leur nom | &

qu'ensuitede cette exécution, le Sultan avoit en-

voyé les deux jeunes Princestes àConstantinople,

pourêtre enfermées dans le vieux serrail.

v

Les vaisseaux de l'Ordre étant radoubez , le

Grand Maître vers le commencement de M ars

remit à la: voile, J&c ildépêcha

en même tems fur,

unleger brigantindifferens Ambassadeurs vers le

Pape,& vers la

plupartdes Princes Chrétiens,

pourleur faire

part de lapertede Rhodes, &

pour

seplaindre en même-rems d'en avoir été si; géné-

ralement abandonné. Cetteplainte regardoit

en-*

coreplus justement le

Pape,; queles autres Poten-

tats de la Chrétienté -y mais ce Pontife n etoit oc-

cupé que des affaires & des intérêts de l'Çmpe^

reur, & il les conduiíoit avec autant d application

ques'il eût été encore Ministre de ce Prince, On

nepeut exprimer tous les discours

désavantageux

quecette conduite lui attira : on se

plaignoithau-

tement dupeu

de zèlequ'il

avoit faitparoître pour

le secours de Rhodes j &le jour mêmeque

la Ville

fut rendue àSoliman,une partiede l'architrave dé-la.

Chapellede ce

Pontife, étant tombéedansrinstánt

qu'il étoitfiirlepoint d'y entrer, & ce morceau dç,

VltLIERSDE LI S t E-

A D A M.

Page 9: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

8 HISTOIRE DE L'ORDRE

marbre ayant écrasé un de ses Gardesqui

lepreJ

eedoit, lepeuple qui

se fait volontiers Tinter-

prêtedes intentions dia Cíeilf,, ne

manqua pas de-

puisde

regardercet accident comme une

puni-

tion de fa tiédeur, M une menace déclarée du cou»

jfòux eelestîe*

Lé Grand Maîtren'ignoroit pas

dequel poids*

âuròit étépour

le faltct de Rhodes ía recomman--

dation, & surtoutl'exemple

de ce Pontife j mais>

eômmé ifprévoyois qu'il

allbii? avoir besoin de

Vàûtòrité^duPape pòúr

maintenir la sienne yiì or-

donna à son Ambassadeur des'expliquer

modeste-1

ment fur lé défaut de ce secours militaire y afin de~

ledisposer

à lu& en accorder d'une autreefpece,,

quine ïur étoit

pasmoins nécefïàire dans íà con*

jbnclure présente.Ce Prince en

perdant Rhodes,•,

venoit deperdre ^non-seulemenít un Etat

puissant

êc souverain^ mais encore le séjour fixe & inde-

pendant dé làReligion 1, lê CheftdOTdre,,lë ©enï.

tre, & còmme le nénqui

unistoit dans le même

lieu de sous son- autorité un sigrand

nombre de

Chevaliers de î^átîòrisdifferentes.Laerainte d'une

dispersion^ généralef

àghott secrètement : il

appré^

hendoir 1queiorfqû'isseróit

arrivé ení Italie ,1a, plu-

partdes Chevaliers nâyant pfes

de couvent ûx&

St déterminé, né se retirassent dans leurs Pays j

ilignòrdît

même eh-^uel'endrôit

ripouvoit

s'é^

tatìir avec le Conseil y;Ôbrtout cepeuplé quisétoit

attaché a fa fortune : Sè. cequi augmentok

son

inquiétude ,;è'èst qu'ilavoit besoin d'un

port pour

Beiferëíee de- fà professi0% ^êè

pour ènvôyèr'ses*

aisseauxèri course.Jlappréheridbitqia'il

ne fé trou^-

vât

VllII-ZfcSDE i/ISLE-

ADAM.

Page 10: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IXÌ 9

vát aucun Prince Chrétienqui

lui voulût céder

enpure propriété

une Place ôc unport

dans ses

Etats r &íuppofe qu'il y

en eûtquelqu'un qui

fut

astergénéreux pour

lui fournir unazyle,

il ne

craignoit pas moins qu'ilne

prétendîtdansla fuite

diíposerdes forces de la

Religion pourses inte*

rets particuliers: ou si l'Ordre

rnanquoitde re-

traite, ôcque

la^Religion

n'eûtplias

ce lien conu

mun de concorde, les Chevaliers ne se diíperi

foslènt chacun dans leurs'Eays :.; cequi;

affbiblU

roit làdiseipline de POrdre, ï& a la fin caufèroit

fà destruction & íà ruine. Plein de ces ttistes eòn^

siderations,il en écrivit au

Pape,& il

chargeason -

Amhastadéur d'enobtenir une Bulîè adreífëe atpu*>

lesReligieux

de I'Grdre, auíquelsvik fut

enjoint:

fouspeine

d'excommunication & deprivatiònde

lliabits, de déférer aux ordres du Grand Maître

ôc <kt: Conseil, enquelquendf

oitquil jugeât

à \

proposde fixer fa résidence, Ôt celle du Conseil»

L'Ambassadeur étant arrivé à Rome rendir:

comptéau Pape

de tout cequi

s^etoitpaííe

à la?

défense de Rhodes r suivant iòn instruction il lur

représentalà triste situation de l'Ordre, &: ía juste

:

crainteque

îér Grand: Maître avoit d'une difc

persiott:, plusfuneste encore

parses fuites, que

lée*

pertemême de Rhodes. Le

Papeentra dans les*;

vues du Grand Maître -. Ôcpour

retenir tous lés? <

Chevaliers sous* son obéissance, il lui accorda une

Bulle,,où aprèsavoir relevé avec dé justes éloges*

le zèle & la valeurque

les Chevaliers avoient ìair:

paroître contre les Infidèles, vil leur commandóit :

en vertu de sainte obédience de demeurer unis'*

Tome 111., EL

VJITIIÏÌ'9-I>El/Isl'í*

Page 11: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

MO HISTOIRE DE L'ORDRE

sous l'autorité du Grand Maître, Ôc ilmenaçoít"

les réfractaires de tous les foudresde l'Eglisc. Cette

ÇBulle étant expédiée ^ f'Ambaíïadeur renvoyaau

Prieur de Messine pour la rendre au Grand Maî-

crerquiselon son projet

devoit dans peude terns

se rendre dans leport jde cétte Ville.

Il étoit enietíet parti duport

de Candie• mais

apeine

eut4l étéquelques jours en mer, que

les

vents contraires í'oDligerent a relâcher à!' Prasiua,

.autreport 4e cette l|le: delà il se rendit a celle de

Cérigo,autrefois Cythére,ôc consacrée a Vénus,

«quin'est éloignée

de la terre ferme <lé la Morée

^quede

cm(ltnilles. Le vent

paroissant favorable,

les deux caraquesôc les vaisseaux de haut bord

par

son ordreprirent

les devants sous la conduite du

Commandeur Auston de laLangue d'Angleterre,

s'élargirenten

pleine mer, & arrivèrent heureu^

sèment dans leport

de Messine. Mais le Grand

Maître quine vouloit

pas abandonner lepeuple

4e Rhodes, dont laplupart

étoient malades, par-

tit long-tems après, monta une /Galère, ôc avec

unegalioté,

les brigantins,les

felouques & les

petitsvaisseaux remplisde,

tout cepeuple, ;po«r

moins risquer, naviguaterre à terre avec des disk

cuirez extrêmes, entra dans legolfe Adriatique,

êç gagnaenfin leport

de Gallipoli,ville du

Royau-

me de ì^aples, dans legolfe d'Qtrante.

Le grandnombre de malades

quise trouvèrent

íur sa notte, robligerentde s'arrêter

quelquetems

dans cette Place. Pendantqu'il

donnoit toupies

foins pourleur

soulagement,les Chevaliers

qui

áia&s lesgros

vaisseaux de laReligion

l'avoienc

iVrlíJiTERiSJfcEXi SI, E

ADAM.

Page 12: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Lrv. IX* 'tà-

précédé,étoient déja arrivez à MefTïnej où ils M

avoient trouvé ungrand

nbmbre de Gomman,-D'

deùrs ôc de Chevaliers de différentes Nations, qui

*~

s'y étoient astemhlez avec le secoursqu'ils avoient

espérédé còmduire à Rhodes. Tous ces Chevaliers

ne recevantpoint

de nouvelles du Grand Maître,,

étoient dans de Vivesinquiétudes

: lés unss crài^-

Choient que parle -gros tems

e|ú'navoit fàit,: Ôcpíar

larigueur dé la Jàifon, lés Galères & les

petits vals

féauxn^éùísentpéti^

Corsaires déBatbaiiequ^còùròîènt

ces mérsj aver-

tis dudépart

du Grand Maître & dés richefíesqu'il

portoitavec lui > ne se fustent réunis

pour l'attâ-

quér,&

quecette

petiteflotté niai? armée n'eût

été làproye de ces barbares^ Leur crainte étoit:

d'autant mieux fondée,; queSoliman

ayantobli-

géle Grand Maître avant son

départà relâcher

tous lés eselaves nézí ses sojets ou de íaRéhgion>f

ûny avoit

pasdans

chaqueGalère là m0itié dé:

la chiourme nécéstairepour Voguer. Ç'étÒit rnêU

me ce défaut déquipage , autantque

làrigueur

de la saison, quiavoit fait errer si

long-j-emsle-

Grand Maître jàns ces Mers :: énfîn vers le- corh-

rnenéement dé Mai-il entra avec fapetite

flotte

dans leport

de Méstìhe. Au lieu dupavillon ordi-

naire de POrdre, isrtafbdra au haut du mât dm

vaisseauqu'il

montoit ,v qu'unétendart ou une es-

pècede

bannière, sorlaquéllè Plmage

de là sainte"

Viergeétoit

représentée,tenant son fils mort en-

tre ses bras: & on lisoit autour cesparolesyfDan&

mon extrêmeaffliction,

il efi monunique ejperance ÌZ

JL^FLICTIS. SEESMJEA; REBXîStPignatelli

Comtée

Bi£

Ï>E LS1SIÏ'ÉÍ-ADAM..

Page 13: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

«,. TÍIST OIR-E DE L'ORDRE

de Mpnteleon, Vice-Roi de Sicile, l'Aréhevêque"

de Messine, FabricePignatelli frère du Vice-Roi,

• 4& Prieur de Barlette ;, Charles; jefeatre Prieur de

Saint Etienne^ le Prieur de Messine^ les Comman-

=deurs fc^uslesChevalsers^la^o

pie,% toute la Villes pouf ainsi dire, se trouvè-

rent audébarquement

du Crrand Maître. Tout le

•monde avoit lesyeux

attachez ,íur ce; ;yénerable

vieillard j aussi illustrepar fa constance dans ses

malheurs,, ^uecélèbre

parla

gloire c^u'il avoit

fac,quise:à la défense de Rhodes.

Après quele Vice-Roi lui eut fait son

compli-

rrnenty ôcqu'il

lui >eut>même offert de lapart

de

l'Empercurla ville de Messine

pourservir de re-

traite ôcd'entrepôts

à íà flotte, l'ArchevêqueSc

'tous les Grands duRoyaume,

la Noblesse & le

iPeuple, parun triste silence <& conforme à fa for-

tune luitémoignèrent

lapart qu'ils y prenoient.

Maisqui pourroit exprimer

la douleur sincère de

$ous les sGhavaliers pourla

pertede Rhodes, dont

íón arrivée renouvélla le souvenir ?Ceuxqui

étoient

>íur 4epo**>

Ôc ceuxqui débarquoient, fanspou-

voirparler ,,3c feulement par deogndres

embraííè-

mens, secomrnuniquoientleur amictioncpinmu-

aie^ des larmesquoique retçnués par force, éeha-

poient aux plusconstans. Le seul£lsté-Adam plus

rgrand queîà

disgrâce,faisoit voir

parsa fermeté

.qu'ilétoit

dignedune meilleure fortune, lli prit

le

chemin du Palais Prioral, précédé partous lès Che-

valiers , nu tête, dans un triste silence, &qui par

.ces démonstrations de leurrespect

lui fais oient

4Cp|inoítré fjuesU àYoit perdu

son Etat,il n'avoit

'VltlIEKSíPE.r'ISEE

..AirDA M.

Page 14: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

VlLLIERSDEL'I S-L E-

APAM.

DE MALTE. LIV. IX.13

pas perduson autorité fur un

Corpsde Noblesse,

capabledans des tems

plus heureux s deconque-

E

*ir une nouveue Iste de Rhodes.~

3Lespremiers

soins du GrandMaître,après

son

débarquement, fut deloger

dans son Palais, ôc

dans ses maisons voisines, les Chevaliers blessez

ôcles malades : il les servoit lui-mime, assisté de

cequi

lui étoit resté de Chevaliers íàins, C'étoit

unspectacle bien touchant de voir ces hommèssi

redoutables les armés a la main., arutnez feule-

ment asorspar

unesprit

dé charités se dévouer

auxplus

vils ministères y porterdes bouillons aux

malades^ faire leurs lits, & neparoître unique^

mentoccupez quede

leursoulagement.

Be ces devoirs de charité ., si ccHifbrmes aupre-

mier institut de POtdré, le Grand Maître toujours

inconsolable de- laperte

de Rhodes, passàà une

íevereinquisition

contre ceux qui avoientété char-

gez d'y conduire du secours : il lesfe citer devant

Je Conseilcomplet pour'rendre

raison de leur re-

tardements ôc ilprotesta hautement que

fanségard

pour personneil

puniroitsuivant la

rigueurdes ïpix,

comme traîtres9ôc comme déserteurs, ceux;cjui

.seroient convaincus de tiédeur ô& de nonchalance

dans l'executiondes ordres dontilsétoientehargez.

Tous ceuxqui

avoient été citez , ôcque

ces

menacesregardoient,

seprésentèrent

devant ce

Tribunal avec cette confiancequ'inspire

seule-

ment l'innoeence ôc la vérité. Le Prieur de Bar-

lette & celui de Saint Etiennequi parurent

les

premiers, remontrèrent qu'outreun amas

prodi-

gieuxde munitions de

guerre ôc de bouche qu'ils

Bnj

Page 15: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i4 HisTÒ IRE DE L'ORD RE

Ì avoientpréparez , soivant les ordres du Grand

'"Martres ils avoient encore de kur

propremouve*

"ment ôc à leurs

dépens^enrôlé deux mille vieujt.

soldats- , ôcengagé

unetroupe

considérable de:

volontaires , Ôc de jeune Noblessepour passes

k

RhodéSimaisque pendantlés cteux derniers mois,,

lés vents avoient été siopiniâtrement

contraires %

ôc la mer siorageuse, quil n'y

avoit eupersonne

astez téméraire pour mettre à la voile *î &qùfòíìï

sçavoit quele Chevalier de

Niëuport,dé là Lan-

gue d'Àrigleterré ^ ancienCapitaine de Miàrinè, &:

&qui

se flâttoit ,r pourainsi dire , de

dompter1&.

rnérpar

facapacité ,-s'étant embarqué

dans ce:

tems-E,: futrepouste par

la violence duvent con-

trélapointé

d'une

avec toute íàchargei

Antoine de Saint Martin, Prieur deCatalogne^

tèpresentade son côté au Conseil , qu'aux pre-

mières nouvelles dusiège,

il avoit armé à sesi dé-

pensun

galliondans

lequelil coiiduisoitaù se-

cours de Rhodes les Chevaliers:d*Arragon ,/de Na-

varre , de Valence &: de Maiorqué , que proche

dé Fîste de Corse, ils avoient étéattaquez pat

une

eseadfe desgalères

du GrandSeigneur „ qui

l'à-

voient foudroyéà

coupsd?artillefie » que

s^étant

approchezde

plus près,ils jettoient continuelle-

mént desgrenades

ôc des feux d'artifice dans son*

vaisseau -, qu'ilsavoient même tenté

plusieursfois

Ifabordage 'y ôcque

ne s'enpouvant pas

rendre les

maîtres, aprèsun combat de six heures, ils se dii-

posoient aymettre le feu avec un brûlot y mais

quela nuit un vent frais étant survenu ^ il; avoit

VlXLIÏRSBEl'IstE-

AOAM.

Page 16: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E. Xi V. IX.ij

íàuvé son vaisseau, quoiquebrisé de

coups de ca-

non , ôc gagn^•Je. port de; S. Boniface dans l'IsteD

de Sas daigne, 4 où avec jbeaucoup depeine

ôc de

périí^ils'étoit rendu à Mestìne.

Le Chevalier d'Aloi fils du Duc dé ce nom,

étant parti dé Cartageneavec lés Chevaliers de

Castille M dePortugal,

eut un sort àpeu prèspa-

j*eil : il sevit investi par une escadre des Corsaires

d'Alger, quile mitent entré deux feux. Son grand

mât fiat j|>batu> ses voiles ôc sescordagesbrisées%

áìreçm M^^^kií^rs coupsde e^non sous eau

fans fe vouloir rendre $ Ôc il etoit résolu de íehru^

lerplutôt que #^

ligiqtìau

pouvoir des Infidèles. Heureusement^ de

ia derniere bordée, il coula à fond Ternirai des

Corsaires : Ôc ces barbarespour íàuv^r leur Ge-.

4*eral ôc ses soldats quiétoient fur son bord, ayant

mis tous leursesquifs

én mer ,1e Capitaine Efpa*

•gnolprofitant du peude relâche

quecet avantage

lui donna, mit à la voile^ ôcgagna l'Iste de Buse,

ou d'Ivica , une des Baléares, où il rétablit ses

agrêts&ses manoeuvresj, ôc d'où il netpit arrivé

dans leport de Messine qu'au commencementde

DécemÉre. Les Chevaliers de Toscane & deLom-

fcardiereprésentèrent à leur tour

qu'ilsdévoient

s'embarquerfur des vaisseaux

que le Commandeur

deTournebon, Prieur de Pise, & d'une illustre Mai-

son de Florence, avoit louez fur son crédit ; mais

<jue ce Chevalierqui

les devoir armer à sesdépens

étant mort subitement,ils s'étoient vus

dépourvus

des fondsnécessairespour continuer cet armement-

c[u a la vérité ils avoient eu recours aux Receveurs

'VlLtlERS

DE l'Is L E-ADAM.

Page 17: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

t6 HISTOIRE DE L'ORDRE

de Pise, dé Venise & delà Lombardie -. mais qu'òtìa

avoit été-silong-téms

à ramasserl'àrgent néces-

saire pour fournir aux ftaisde cet armement, qu'ils^,

n'a voientpu

Ce. rendre queles derniers dans le

porc:

de Messine. , :

Enfinle Chevalier d'Àussonvillè- pu de VilîìêtSy,

qui; avoit étédéputé vers les Rois de France ôç:

d'Angleterre,déclara que

s'étant r^ndu/a la Cour

deFrançois premier,

& lui ayant représentéavec

de vives instances lé besoinprenant qùf

Rhodes^

avoit de son secours , cegénéreux Princes lui avoir

répondu > que quoiqu'ilfut

attaqué de tous cp-*

tezpar

lés armées de. terre & de merde-llEmpe^

reur, Ôc du Roi d'Â-ngtèterre, cependantií allpk:

envoyerordre a André Doria, alors Général de*

sesgalères,

de lui en remettre trois dés mieux ar-._

méésyâc quil-pourroittirerde ses Etats lès vivres*

&iès munitions dont il auroit besoin j ques'étanr

acheminé ensuite pour ferendreià Londres auprès;

de Henri V1IL il avoit rencontré ce Prince à Ca-

laisqui

Pavoit reçu froidement, ôc dont il n'avoir

putirer aucune especc de- secours y qu'il étoit revev

nu ensuite •àMarfeilIe y queDoria en

conséquence'

des ordres du Roi fui avoit remis troisgalères,

sçayoir là Ferrare , là Trimouilíé ôc la Doria, sur

lesquelles plusde trois cens Chevaliers dés trois-

Languesde France s'étoiènt

embarquez, ôc qui

menoient à ièurfuite huit cens hommes, toussola,

dáts Ôc bravesguerriers -, que

des deniers de là Re-

ligionil avoitírettétrois vaisséauxmaFchànds

qu'il*

avoit trouvez- dans lé portde Marseille j &

qu'a^

g-è$lés avoir chargez de différentes munitions, ií;

avoit:

VilITERSBEl'IsiE-

~ ' i iáim

Page 18: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX.17

avoit pris la route de Messine, lieu de l'assemblée -.

mais qu'uneaffreuse

tempête quidans le même

E

tems avoit été si funeste à d'autres vaisseaux de la -

Religion,avoit

dispersécette

petite flotte-, que

les vaisseaux detransport

avoientapparemment

coulé bas •.que

lagalère

la Ferrareavoitaussipéri;

quela Doria avoit échoué le

longdes côtes de

Sardaigne , &qu'il n'y

avoitque

la Trimouille

quifût arrivée heureusement dans le

portde

Messinev 1

Tous ces faits ayant été constamment avérez

parle

témoignage& les sermens des Chevaliers^

& même deséquipages

de ces vaisseaux : Dieu soit

a jamais loué , s'écria le Grand Maître y quidam

notre malheur commun y mafait

lagrâce

de connoître

quon ne

powvoiten attribuer la cause a la

négligence

d'aucun de mesReligieux.

Faisant ensuiteapprocher

ses Prieurs & les Grands - Croix;qui

avoient été

mis au Conseil déguerre;;iiles

embrastatendrei.

ment. Ilfalloity leur dit-il,mes chers

frères, pour

rhonmurde laReligion, ^\pomlevûtn', quejefijfe

fairecette

informationyqui justifieraa tous les rPrim-

ces vivions , (dfc>L\lapoJìerm*, quéfiRhodes

dvaitpu

être sauvée parles seules forces

de laReligion , ce

boulevard de la Chrétienté ne seroit pas aujourd'hui

en la,puissance

des Infidèles.^'L :>_

Quelque justes quefussent ces raisons, elles n'a-

doucirentpas

lechagrin

secretqu'avoiént cause à

ees Chevaliers les informations & lésprocédures

criminelles duGrand Maîtrej Laplupart

faífoient

dessein de se retirer incessamment dans leurs Prièu-

rez ôc dans seurs Çommánderiés-4. &plusieurs

siniu-

%ome JJL €

VlLLIERSDE i'is LE-

ADAM.

Page 19: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i8 HISTOIRE DE L'ORDRE

pies Chevaliers, à leurexemple,

se trouvant fans

biens9étoient résolus de retourner chacun dans leur

patrie,ôc de chercher

auprèsde leurs Souverains

une meilleure condition.

Le Grand Martre averti de cetteefpece

de coin-

plot, convoquaune assemblée de tout ce

qu'il y

avoit de Chevaliers à ^Léssinè : ily

fit faire la lec-

ture du Bref duPape, que

le Prieur de Messine lui

avoit remis, par lequelil étoit défendu à tous les

Chevaliers fous degrièves peines,

des'éloigner

de

lapersonne du Grand Maître fans ses ordres &íàns

fapermission expresse.

Il leur dit ensoite qu'après

laperte

de Rhodes, euxseuls,pour

ainsi dire, for-

moi en t leCorps représentatif

de laReligion , ôc

quefi dans une si triste conjoncture ik se

se'pa-

roient, lOrdre s'aneantiroit insensiblement, &

tomberoit peut-êtredans le mépris

des Princes

souverains de la Chrétienté. Il ajouta quaprèsavoir

exposé tant de fois leurs vies en difserentès occa-

sions contre les Infidèles, & fur-toutpour

la dé-

fense de Rhodes, il attendoit justement de l'o-

héissanee qu'ilsavoient vouée aux

pieds des Au-

tels, lapatience nécestairé pour procurer

à la Re-

ligion,avant que

de se séparer,un établissement

qui rémplaçâtléur perte, Ôç quifût reconnu

pour

le Chef-d'Ordre, ôc la résidence de tous les Che-

valiers..; . V.V.-.y.-', :.

Ce diseours, où il fit entrer adroitement de ten-

dres exhortations jointes à lareprésentation

des

ordres du Pape, ôc soutenues de íapropre

auto-

rité , calmèrent les esprits;,;ôc

appaiseréntles méV

contens, Oii né songea plus qu'àcherçherun

port

VïXIERSPE L'ÏS L 1

AD Aw.

Page 20: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 19

où laReligion,.suivant

son institut 5 pûtcontinuer

'

les secoursqu'elle

donnoitdepuis

tant dé siécles

aux Chrétiens qui navigeoientdans ces mers.

Le dessein du Grand Maître étoit de se rendre

incessamment à Rome pouren conférer avec le

Pape j mais cegrand

homme n étoitpas

encore à

la fin de sespeines

Ôc de ses travaux.. Une affreuse

pestes'éleva dans Messine • ôc

pouren éviter la

contagion,,il fit rembarquer

les Chevaliers sains,

les blessez, & tous les Rhodiensqui

l'avoient suivi.

Ce nouvelembarquement

se fit avec autant de

précipitation queleûr

départ de Rhodes : il falloit

même éviter un ennemibienplus redoutable, que

lés Turcs -, maismalgré

cetteprécaution ,1a peste

B

seglissa

dans les vaisseaux de laReligion-, plusieurs

Chevaliers en moururent, ôc entr'autrésGrégoire

deMorgut,.

Grand Prieur de Navarre, quis'étoit

signaléau

siègede Rhodes , ôc lés Chevaliers de

Saint Martin Grimault ôcAvogàdre.

Le Grand

Maîtreégalement

malheureux sor terre &sur mer,

Ôcportant, pour

ainsi dire,son ennemi dans son

sein,.*ésoïut, pourle

soulagementdes malades ,,

de chercher un air plussain y ôc avec là

permis-

sion du Viceroi deNaples,

ildébarqua

fa colonie

dans legolfe

deBayes. Après

avoir reconnu le

pays,il

marquaun

camp procheles ruines de

J'ancienne ville de Cumes ., ony

construisitpar

son ordre des cabanes & desbaraques pour

le lo-

gementdes Chevaliers ôc des Rhodiens : ôc de

peurde

surprisede la

partdes Corsaires de Bar-

barie, quirodoient le

longde ces cotes,;il fit en-

tourer cepetit camp

delarges fossez ôc de retran*

Cij:

VlLLIERjDE L'is I E-

ADAM,.

B0s.-r.-3~.-La-

Id. p.-lot-

Page 21: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ÍO H I S T O I R E DE L*0 R D R E

chemens, qu'ilfit

palissaderÔc fortifier

parl'artil-

serie qu'ontira des vaisseaux. Un

promptsuccès

suivit cechangement

d'air v làplupart

dés ma-

ladesguérirent j & après

un mois de scjour dans

un climat si doux Ôc sitempéré,

le Grand Maître

danslimpatience

deconférer mec le Pape au so-

jét d'un endroit convenable pour1-établissement

de son Ordre, aprèslui avoir donné avis de son

départ,se

rembarquaavec fa colonie, ôc arriva

peu de jours aprèsà Civita-Vecchia. Il

envoya

aussi-tôt à Rome le Chevalier de Chevrierepour

baiser de íàpart

les piedsau

Pape,ôc lui demander

en même tems une audience au sujet de la ttiste

révolutionqui

venoit d'arriver dans son Ordre.

Le Saint Père fitpartir l'Evêque

de Cuenca, Pré-

latEspagnol,

ôc de ía famille, pourle féliciter sor

son heureuse arrivée dans ses Etats, Mais au lieu

derépondre

à son empressement,il lui fit dire

par

cetEvêque qu'il

ne lui conscilloitpas

de se re-

mettre si-tôt en chemin, fur-toutpendantlesar-

deurs de la canicule^ qu'ilse

reposât tranquille-;

ment avec ía colonie dans Civita-Vecchia, deque

dans quelquetems > il lui seroit

íçavoirle

jour

qu'il pourroitlui donner audience : prétexté

dont

ce Pontife se servitpour

n'avoirpasle

Grand Maî-

trepour

témoin d'une déclaration deguerre qu'il

devoit fairepublier

solemnellement contre la

France.

Pourrintelligencedece point d'histoire, il faut

fçavoir qu'Adrienne fut

pas plutôtélevé fur la

Chaire de Saint Pierre, qu'àf

exemplede ses

pré-

décesseurs il en avoit donné avis au Grand Maî-

VlLLIERSDE L'Is L E-

Á DAM.

Page 22: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MALTE. LÌV. IX. û

trtiôcpar

le même Brésil luimarquoit qu'il

n'a- \

vok été sensible a cette nouvelledignité, que par

D]

le désir d'enempsoyer

toute la considération ad-~

prèsdes Princes Chrétiens

pourles réunir dans

une sainteligue

contré les Infidèles :protestation

qu'illui avoit réitérée

depuis dans toutes ses Let-

tres. Mais eommè si eetté déclaration n'eût été

que purstile

Apostolique,au lieudé fermer une

Croisade contre les Turcs, il venpit de conclure

uneligue entré lui, l'Emperéur, lé Roi

d'Angle-terre; Ôc le Duc de Milan, pour attaquer

les Etats

du Roi très Chrétien, pendant quele Connétable

de Bourbon, sousprétexte

dequelque

mécon-

tentementparticulier, devoit faire soulever une

partie du Royaume. Laligue ayant

étésignée ,

lePape

se rendit àl'Eglifè

de Sainte Marie-Ma- (

jeurele jourdel'Astomption:ily celebrala Messe

pontifícasement, assisté de tout le factéCollège,

ôc onpublia ensoite solemnellement une déclara-

tion deguerre

contre là France. Laplupart dès

Cardinaux n étoientpas

d'avisque

lePape quit-

tât le caractère de Père commun des Fidèles y ôc

plusieurslui

représentèrent qu'ildevoit se .réser-

verpour

faire la fonction de médiateur entreTEm-

pereurôc le Roi de France , mais fa

passion pouf

îa Maison d'Autriche lui fît fermer 1 oreille à de

sijustes considérations : Ôc ce pontife

quoique

très-homméde bien, Ôc très-desinteressé, se dévoua

aveuglément à Tambition d'un Princequi

vou-

loit envahir la France : cequi

fait voirqu'il

ne

suffitpas pour lé

gouvernement,d'avoir des ver-

tusparticulières, &

quedans les

grandes places

Ciij

VlLÍ.IEfcSDE í'iàí E-

ADAM.

Page 23: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

:z? HISTOIRE DE L'ORDRE

iì faut degrandes qualkez

ôc degrands

taíensv

jetais soitque Dieu eût voulu

punirce Pontife

dès ce monde de cetesprit départi-,

oucequiest

plusvrai

semblable, quela

longueurde lacéré-

monie l'eûttrop fatigué,

il neput

se trouver à

ungrand repas que

le CardinalPompée Colonne,

à la sortiede-rEglise,',

donna à.tQutlè sacréCollège

ôc aux'Ambassadeurs des Princes, quiétoient en-

trez dans laligue.

La fièvre leprit

en rentrant au

Palais-, il en fut incommodépendant plus

dequku.

ze jours, & ce ne futque

vers levingucinq^du

même mois, & dans u n intervalleque

lui donna

fa maladie, qu'ilfit dire au Grand Maître

qu'il

étoit disposéà le recevoir dans Rome, ôc à lui

donner audience.

Le Grand Maîtreefcortéde tousses Chevaliers,

se mit aussi-tôt en chemin. Anne de Montmorency

Maréchal de France, sonpetit neveu, étoit alors àV

Rome : lè Roi sonmaîtrel'y

avoit envoyé,soit qu'il

ne fûtpas

encore instruit de la démarche duPape,

soit pour l'obligerà se désister de la

ligue.Ce Sei-

gneur François vin tau-devant de son oncle avec un*

superbe cortège,ôc le fut

prendrebien loin de Ro-

me : ôclorsque

le Grand Maîtres'approcha

de cette

Capitaledu monde Chrétien, il trouva à fa ren-

contre l'Auditeur de là. Chambre duPape,

son

Maître d'Hôtel,& lespremiers

Prélats de fa Mai-

son, quivinrent de fa

partlui faire

compliment:;

ils étoient suivispar

les ChevauxLégers

& la Gar-

de Suisse de ce Pontife. On vitparoître

ensuite

Tes familles ôc leséquipages

des Cardinaux ; le.

E)uc de Seíse Ambassadeur derEmpereur

lejpL

WltlERSDB L'I SIE"

ADAM..

B•$ 1,3.

Bofio 1,2,

Page 24: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 2/3

griitau

Champde Flore, ôc

Taccompagna jusqu'au

Palais. Le Grand Maîtrepassant

fur le Pont Saint

Ange,ôc dans là Place de S* Pierre, fut salué

plu-

sieurs foispar

toute Fartillerie de la Ville & du

Château. La Noblesse Romaine & tout lePeuple

accouroient pourvoir ce

grand homme, quiavoit

rempliRome & le monde entier de fa

réputation,

ôc de la valeur aveclaquelle

il avoit défendu Rho-

désv Ce fiit avec cécortège nombreux £c magni-

fique , qu'il entra dans se Palais Ôc dansl'aparte-

ment duPape. Ce Pontife

quoiquetrès-affbibli

parfa maladie, quand

il le vit entrer dans la Cham>

fore, se leva de dessus íà chaise -. ils'avança

même

quelques pasau-devant de lui, ôc se Grand Maître

s'étantprosterné pour

lui baiser lespieds,

ilTem-

Drassa tendrement. Il le fit ensuite asseoir au mi-»

lieu des Cardinauxqui

se trouvèrent à cette Au»

dience, ôcaprès

lui avoir ditplusieurs

choses obli-

geantessor là

grandeur de soncourage,

& sor la

valeur de ses Chevaliers, ill'àssiiraqu'iln'oublie-

roit lienpour conserver un Ordre si utile à toute

la Chrétienté. II lecongédia

ensuite enl'àppel-

lant le Héros de laReligion yÔc le

généreuxdé- ',

fenseur de la Foi; titresquil

avoît si justement

méritez, maisqui

coûtèrent moins à ce Pontife,

quen'eussent fait les secours qu'on

lui avoit de-

mandez tans de fois, ôctoujours

inutilement.

Le Grand Maître ne le vitque

cette seule fois ;

la fièvrereprit

auPape,

& devint si violente, que

sentantque la fin de ses jours approche it, il se fit

apporter le saintViatique

: Ôcayant

fait venir dans

fa chambre tous les Cardinaux, il les exhorta dans

VlLLIERSÏ)E LISLE-

AD A».

ri

M?:a,nxxsChriRi A-thlera & fì-

dei Cavìioii-cacacer-ri-mu*

propugn;',-tor. T>ojlL Ï*

p. 2.0.

Page 25: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ÍA. HIST o IRE DE L'ORDRE

les termes lesplus

touchans ôc avecbeaucoup"

d'humilité à lui donner un successeurqui réparât

les fautes qu'il avoit pucommettre dans le Gou-

vernement de l'Eglise. Il mourut lequatorze de

Septembre, âgéde soixante ôc

quatreans. Ses ob-

sèques né furent pas plutôt achevées, queles Car-

dinaux , au nombre de trente-six, entrèrent dans

le Conclave: ôcpeu après

il s'y eíi trouva trente-

neuf. La Garde de ce Conclave fut confiée au

Grand Maître & à ses Chevaliers. Parmi ceux qui

aípiroient à la Tiare, PompéeColonne ôc Julesde

Medicisparoissoient

devoir y prétendrele

plusde

part,La naissance illustre de Colonne,ses richesses,,

Téclat deíàdépense, ses libéralisez y un

génie pro-

preà conduire une

intriguelui avoient

acquis par-

mi les Cardinaux ungrand

nombre departisans,

&

ilauroit été assez habile pourleur

persuader qu'en

contribuant àsonélevation, ils ne travaUsoient cha-

cunque poutseur fortune particulière. D'ailleurs

parlaliaison étroite, & héréditaire dans fa Maison,;

qu'ilavoit avec

TEmpereur,il étoit assuré des Car-

dinaux de la faction deçe Prince. On prétend qu'en

entrant dans le Conclave il ne luimanquoit que

deux voix pourrendre son élection assurée j & il

se stattoit de lesgagner par

sesintrigues

dans le

parti contraire. Cependant Medicis balançoit ces

avantages parle souvenir du feu

Pape î-eon X.

son cousingermain,

dont là mémoire étoit ré-

cente ôc encore très-chere à laplupart

des Car-

dinaux, & surtout à ceux de sa création.

Jules de Medicis avoit toujours passé pourfils

naturel de Julien de Medicis, jusqu'auPontificat

de

VlLLIERSDÉ L'Is L E-

AD A M.

Page 26: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L'I.V. IX. ty

de Léon X. CePape, qui

n avoitpour objet que

'>

lagrandeur

de sa Maison , le déclaralégitime

sor

ladéposition

d'un frère de fa mère, Ôc lérapport

"

dequelques Moines, qui

certifièrentqu'il y

avoit

eu entre sonpère & íà merè une

promessede ma*

riage: témoignageun

peu soípectdans une afíaire

si délicate. Héntra d'abord dans TOrdré des Che-

valiers dé Rhodes y ôc parse: crédit du

Pape,ilr

en obtint bien-tôt de riches Gommanderies ^dlés>

premières; dignitez..Mais se sentant

plus: propre

pourles

intriguesde la Cour

que pour la guerre y;

ilembrastà TétatEcclésiastique yôc Léon X. le

créa Cardinal en1513.

Il lepourvût depuis

dé là

légationde

Boulogne,,dès Archevêchez de Fso4

rence, d'Ambrun, de Narbonne, ôc de TEvêché

de Marseille. Ce Pontifequi

en vouloir faire Fap*

puide íà Maison, le combla de biens y màis avec

cepouvoir suprême qu'il avoit dans

TEglise;, ssne-

Tenput jamais rastaner. Sous son Pontificat, &

enqualité,

de Cardinal neveu, Medicis eut beau-

coupde

partau Gouvernement : ôc pendant que

Léon neparoissoit occupé que

déses;plaisirs,

lut

seul en apparencesoutenait tout le

poidsdes aE

faires. Il est cependantvrai

quele

Papeavoit dé

bienplus grandes

vûésque

son neveu, plus de

connoissance de ses véritables intérêts, ôcl'esprit

sortoutplus

ferme &plus

décisif; Lui seul formoit

en secret lesprojets

de toutes sesentreprises -, mais

pourautoriser le Cardinal neveu, &

peut-êtrepar

paresséil lui en laissoit rexecution.

Le Cardinaldisposoit

desCharges

& desdigni-

tez de la Cour• ilne se fit aucunepromotion que

Tome lis. D

VlLLIERSDE L'IsLE-

ADAM,! I1- » ! !"

Page 27: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

sLé HISTOIRE DE L'ORDRE

parses conseils Ôc à fa recommandation : c'étoit

comme un second Pape ; Ôc aprèsla mort d'Adrien

il étoit entré dans le Conclave suivi de seize Car-

dinaux tous créatures de son oncle, &qui

avantque

d'allerausorutin, prenoientde lui

1-ordrequiís dé-

voient tenir endonnant leurssoíírages>

Leuít deíseiit

étpit de Télevér &r là Çhaité de $. Pies re. Màis là

faction de:Colonnes fbrmoit un obstacleinvin^

ciplè* Pour rater le i£roe^

ces déuxcbmcúrrenàprop

Cardinaux de seûrparti.Colorine mit sor lés rangs

Jácôbaceio Càrdinaidun esprit .borné, mais qui

lui étoit étroitement attaché. Leparti

de Medicis

lui doána aussi-tôt Icxclûsion^ Ôc Colonne faisoit

la mimé manoeuvre àIcgàrd

de ceuxqui

étoient

^ornmez parMedicis.Cette contestation dura

plu-

sieurs jours íànsxpie

l'un voulût céder à l'autre.

Ces deux partisanimez

parseurs chefs, préten-

doient chacun avoir la gloirede ses faire

Papes,

ou du môiìisjque

le Souverain Pontife fut tiré seu-

lement de leur faction^ Sous un calmeapparent,

les négociatsonssecrètes nétoient pas

moins vives:

Colonne ®c Medicis soitpar eux-mêmes, ou

par

leurs émistaires, netoientoccupez qu'à gagner

quelques sofírages,ôc à faire des

conquêtesdans

le parti oppose y mais les Cardinaux dechaque

san-

ction étoient si fidèles à seurs chefs ^ qu'onne vit

pointde transfuges.

Le Cardinal de Medicis, comme s'il eut déses-

péréde

parvenirau Souverain Pontificat, :&

pour

donner lechange

à Colonne, mit sor letapis

des

ïJrsins Cardinal très,papableparson

âgé avancés

y.ÍLtl'ÊRS'DE í/IsLIÏ*

ADÁM.

Page 28: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DÉ MALTE. LIV. IX.27

parson érudition, ôc surtout

parfa

capacitédans

les assaires du Gouvernement -ymais dune MaisonD

011 la haineppur

celle de Colonne étoit héréditai-

re, & ennemi déclaré lui-même du Cardinal Co-

lonne. TOUS les Cardinaux de la faction de Médir

eispar

son ordre lui donnèrent unjour Jeurssuf-

feages j ce fut uncoup

de feudreppurÇpsorui^

i

ilnignoroit pas que

des Úríins, outre les créatu-

res de Medicis,. avoit dans íà faction même des

amisparticuliers , quipourroientse déíàAer de

sonparti pour porter

des 0rsins sor le tí ô ne de

l'Eglise. L'éppuvantele

prit^i^craignoit de Voir

là tiare suria tête d'un homme aussi habile, &qui

<

se servirpit dupouvoir

souverainpour

détruireià'

Maison. Dans la crainte de tornfeet souis ía.domi-

nation, ôcpour s'assurer dé son exclusion, après

avoir tentéinutilement differens moyens , il se vit

réduit à concourir lui-même à sélection dé son

rival: il ostrit de lui dpnner íà voix, &: toutes ces-

ses dont ildiípofoit. Ces deux cfiefe de

partis'a--

bouçherent y il se fit encore difserentesnégocia-

tions danslesquelles Colonne ne

négligea pas ses

intérêts. Medicis parun billet particulier

luipro-

mit laCharge

de Vice-Gta

se, & son Palais quiétoit uil des

plus superbes bâ^

timens de Rome. Colonneaprès

avoirpris

autant

qu'il putses furetez, ait

prochainscrutin lui don-

na sa voix, & luiprocura tous les=; suffrages

de íà

faction. Par la réunion de ces deuxpartis

toutes

les contestations étant finies, aprèsdeux mois ôc

quatre jours quavoitduré le Conclave, le Cardi-

nal de Medicis fut élu d'un commun consente-

Dij

VíI.UERSDE L'Is 11-

AOAM.

Hijt. deí

Conclaves f>

i.p. 16S.

Guichardifí.

. L. If-

Page 29: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2,8 HISTOIRE DE L ORDRE

ment, ôc pritle nom de Clément VII.

Les Cardinaux créatures de Léon X. ôc lepeu-"

pieíurtout

quiíc íouvenoit avec

plaisirde la

gran-

. deur ôc de lamagnificence

aveclaquelle

ce Pon-

tife avoit vécu, aux premières nouvelles de sé-

lection de son neveu firent éclater leur joie. Ils di-

soientque

Rome nepouvoit qu'être

heureuse íous

le Pontificat d'un Prince témoin desgrandes qua-

litez de son oncle, ôc formé de fa main dans le

Gouvernement. Mais personnene

prit plus départ

à son élévation, quele Grand Maître ôc ses Che-

valiers. C'étoit lepremier Religieux

de cet Ordre,

quifût

parvenuau souverain Pontificat ; Ôc dans

la triste conjoncture oû laReligion

se trouvoit,

errante , sens Couvent, fans demeure fixe, ôc fans

ports pourretirer ía flotte , ils

regardoientsélec-

tion d'un de leurs Chevaliers comme un essetpar-

ticulier de la Providence, qui parune

grâcesi écla-

tante àvoit voulu adoucir l'amertume de leurs mal-

heurs. Le Grand Maître sentit moins laperte

de

Rhodes, ôc sous le Pontificat d'un Chevalier de

son Ordre ôc paríà

protectionil se flatta dé trou-r

^ver bléntôt un azyle, Ôc même un nouvel Etat,

oû solvant son Institut &par raport

àl'utiîite corn.

mune des Princes Chrétiens, laReligion pût con-

tinuer ses arméniens ordinaires contre les Infidèles.

De si justes espérancesne furent pas trompées,

&cdepuis

la fondation de l'Ordre, jamais Pape

n'avoittémoigné

tant d'estime , ni une si tendre

affectionpour

les Chevaliers de Saint Jean. Lé

Grand Maîtreaprès

laproclamation qu'un

Cardi-

nal fit de sélection de Clément, ouvrit le Concla-

Vl-LXÌÉRSEJE L'Is L E-

AïMkM.

15 1 3.

íí> Novemb.

Page 30: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DÉ MALTE. LIV. IX. 19

wé, ôc fut le premier quibaisa les

piedsde ce Pon-

tife. Il en reçût des remercimens publiessor le bon

1

-ordre & l'éxactitude qu'ilavoit

appprtezà

segard-

du Conclave : & leClergé

de Saint Pierre de La^ .

transitant renduauprès

du nouveau Pape pour

le porter ài'Egltse pu' il-.I$lla: 'fei^i.-dÌiê^í^ti&sî<çç;-,C)^ï^;.

dinaux , lé Chevalier Julien Ridplfi Prièui d©

Çapoue,ôcAmbassadeur dé l'Órdrey arniédétpu^

téspièces, ôc monté sopérbemént,

leprécèdoit

immédiatement, portantle

grand étendart de la

Religion^ fenctionqu^en qualitéde Chevalier dé

§. Jean ce Pontife avoit exercée à l'éléctson de

Léon X. son cousin.

LePape

ne furpas plutôt

débarrasse de cetté

foule de cérémonies inséparablesdé l'ayénement

au Pontificat, qna la

prièredu Gra*id Maître il

lui accorda une audience enplein consistoire. Cé

Prince Tavoit demandéepour

lui rendrecompte

dusiège

dé Rhodes, ôcpour

faire éclater sor se

premierThéâtre de la Chrétienté tout ce

qui s'é^

toitpasse

à la défense dé cette Place. Le Vice-

Chancelier de l'Ordrequi porta

làparole, expo-

sa dequelle

manière six cens Chevaliers enfermez

dans Rhodes l'avoient défendue pendantsix mois

entiers contre deux cens mille Turcsqui

étoient

aupied

de ses murailles. Ilreprésenta

ensuite le

tonnerre ôc le feu continuel de léur artillerie, les

fortifications ruinées, l'ennemi logéau

pieddes

murailles, des assautsfréquents ,ies Chevaliers

jour ôc nuit aux mains avec les Infidèles, &qui

n'avoient abandonné cette Placequ'après

avoir

perdu presquetous leurs confrères, leurs soldats,

Diij

VlXLIERS-DE l'ISLI-

A D A M,

Page 31: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

}9 H IS T O I RE DE L'Ò R DR E

lesplus

braves des Habitans, Jclorsque

l'ennemi

avoitpoussé sestravaux

jusqu'au milieu de la Place,,

ôcque

le terrein même leur manqupit pourse

retrancher &pour combattre.

Cette relation excita en même terns l'admira-

tion Ôc lacompassion

de tout le sacréCollège ; plu-

sieurs Cardinaux au récit de la mort de tant de

Chevaliers qui avoient sacrifie leur vie à la dé-

fense de Rhodes, ne purent retenir leurs larmes j:;

ôc lePape:de concert avec tput le Consistoire:,,

pour conserver un Ordre & unCorps dillustrcs

Guerriers si utises a la Chrétienté>ren attendant

qu'on pût trouver une Iste ou un pprt où ils conti-

nuassent léurs sonctions militaires ,% leurassigna"

pour résidence la ville de Viterhe située àqua-

rante milles dé Rome, dans lé Patrimoine dé S,

Pierre : ôc il consentit queleurs vaisseaux ôc leuts^

galèresrestassent dans [e

portde Ciyita^ Vecchia* -

A cettegrâce, le Saint Père en

ajouta une autre

pleinede distinction pour lOrdre, & très-hono-

rable pour, son Chef : & parun acte particulier du ?

quinze Janvier 15x4* U ordonnaque quand

il tien-

droitChapelle, je Grand Maître auroit la

première

placeila droite du Trône yôc que

dans les cavas

eadesil marcheroit seul, Ôc immédiatement avant

Sa Sainteté : ce Pontife voulutque

cerèglement

fût inféré dans lésregistres

du Maître des céré-

monies; Le Grand Maîtrepénétré

de cesmarques;

de fa bienveillance,- avant sondépart pourViterbe,,

se rendit au Palaispour

l'en remercier , ôc il en

obtintdepuis plusieurs

audiences danslesquelles

illui fitpart

de différentespropositions qu'on

lui

VìLLURSDE L'ISLE-

AD AM.

"%0%£,2..

Id. ibíd.p. 24

Page 32: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

*DE MALTE. Liv. IX.

"'$

:avoit faites au sojet d'un établissement fixepoui

son Ordre, ôcqui remplaçât la

perte de l'Iste de

/Rhodes. 11 lui ditque pendant la vacance du S.

Siège, ou lui avoirparlé

dedifserentesplaces en

terre ferme, dont il auroitpû traiter y mais

qup

^en avpitrejette laproposition

fur téquecetté&

tuationi Ué convenpit pas à^son iM

p^fessipnét^

pardévption

s'embaiquPient pourvisiter ses Lieu x

%^ts>^:de défendreenm^

siérisqui navigeoient dans les mers -

o^'André

Vendramino ancienReligieux

de l'Ordre , Sc- Ar-

chevêquede Corfbu lui avoit conseillé de jétter

les yeux sor leport

de la Suda en Candie- ou sor

l'IstedeCerigo, qui appartenoient à la

Républiquede Venise h mais

queSa Sainteté

nignoroit pas

quecette République,semblable à certaines fem-

mes accoutumées à tout souffrir del'emportement

& de la violence de leurs amans, dissimuloit sou-

vent lesoutrages

du Turc h ôcque

dans la crainte

de s'attirer son ressentiment , elle n'oseroit rece-

voir au milieudeses Etats, un Ordre militaireque

le GrandSeigneur régàrdoit

comme sonperpé-

tuel ennemi -y qu'onlui avoit

parléaussi de liste

d'Elbe sor ses côtes de la Toscane , maisque

le

Roid'Eípagne& le Prince de Piombino étant maî-

tres desprincipales

Places de cette Iste, il ne con-

venoit ni à ladignité del'Ordre, ni mème au bien

commun de la Chrétienté, quele Grand Maître

&c le Conseil souverain de laReligion

fussent dans

iadépendance daucunPrmeepartieulier.il ajouta

que quelquesChevaliers

Espagnolsdes

premiers

VìZ-I-I'EToé'

T>ÊX'ÌSí £-;ADAM*

Page 33: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

5* HISTOIRE DE L'ORDRE*

de cette Nation, peut-être de concert avec les Mi-

nistresque l'Empereur

tènoit en Italie, lui avoient

proposéles Iflesde Malte ôc du Goze, avec la ville-

deTripoli,.située fur les côtes

d'Afrique, qui ap~

partenoient à cë Prince enqualité

de Roide Sicile y

que Cette derniereproposition, patrapport

à di£

ferensports qu'on

trouvoit dans l'Iste de Malte,,.

ne lui. avoitpas déplu j mais,que l'Empereur

avoit

des vues si fines & si cachées^ qu'il cràignoit que

ceprojet,

enapparence

l'efTét de íàpieté,

nepro-

duisît dans la fuitequelque eípece d'assujettisse-

ment^supposé

mêmeque

iEmpereur

leur accor-

dâtpar

une inféodationpure

&simple

les Isles de

Malte ôc de Goze, ils ne sechargeroient pas

fans

unegrande répugnance

d'une aussi mauvaise Place

que Tripoli,entourée de tous cotez de barbares-

Ôc d'Infidèles, ôcque

ce seroitenvoyer

à la bou-

cherie tous lesChevaliersqu'on y

mettroit engar-

nison.

Cependant malgréces considérations

quin'é-

toient pasfans fondement, le

Pape aprèsavoir

meurement balancé ces differenspartis,

s?arrêta à

la derniereproposition.

Mais comme ilnignoroit

pas que lTmpereurn etoit

pasesclave de sa

parole ,=

fanss'expliquer autrement avec le Grand Maître,

il l'exhorta àprendre

si bien ses mesores , qu'il

échapâtaux desseins secrets de ses Ministres, qui

peut-êtren'avoient en vue

quede faire des Che-

valiers de nouveaux sujets de leur Maître.. L'Iste-

Adam étant arrivé à Viterbe, dépêchaà ce Prince,

enqualité d'Ambassadeur, le Prieur dé Castille,

îàChevalier deMartinengue,

cerexcellentIngé-

nieur

VàlLIlRSDE LÍs LE—

AD-A M..

Page 34: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E; LlV. IX. 33

hieur quiavoit

acquistant de

gloireau

siègede ^

Rhodes, & le Commandeur Bosio, Chapelainde .

l'Ordre y maisque

son habileté dans lesnégocia-

tions avoit rendu recommandabsev Ces Anibassa-

dëurs étant arrivez à Madrid ou so trouvoit alors

l'Êmpereur ,lui demandèrent au nom de tout l'Or-

dre, qu'illui

plût parune infeodation libre ôc fran-

,éhe de tout assujettissement)y leurrçmettreles Istes

de Malte & dé Goze : & ils firent cette proposi-

tion íàns;parler

deTripoh , comme il seur avoit

été enjoint parleurs instructions. Les Ambassa-

deurs luireprésentèrent que par

cette concession si

dignede la libéralité dun

grand Prince, if se ren^

droit le restaurateur, ôc commelésecond fonda-

teur d'un Ordre, qui depuis plusieurs siécles, s'étoit

consacré à la défense des Chrétiens, &que

les

Chevalierspar

leur établissement dans ces Istes,

repriméroientses

brigandagesdes Corsaires êe Bar-

fearie, ôc mettroient a couvert de leurs ineursipns,,

les Istes de Sicile ôc deSardaigne,

leRoyaume

de

isíaplèsy ôc toutes ses côtes d'Italie; ^<i~

- ; Cétoit bieníintention derÈmpereur yôz quand

il avoit faitinsinuerce^projet

au Grand Maître 3:

peut-être^qu'iiavoitmoins

agi parun mouvement

degénérosité, que pour

sonpropre

intérêt. Outre

lesdépenses considérables

quelui coûtoient ses

•garnisons qu'ilétoir

obligéa entretenir dans ces

Istes ôc dansTripoli,

ôc dont il seroit déchargé,

ilcomptoir que

les Chevaliers, la terreur des In-,

fidèles -,parleur valeur les:tiendroient en

respect,,

.&que

les escadres de cetteReligion,

serviroient

-d'un rempart; invincible contré, lesentreprises

dm

Tome IIL E

VlLLIEKSDE L'I S L E-

AD A M.

Page 35: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$4 HISTOIRE DE L*ORDRE;

Grand Seigneur , qui après la conquête de l'IÎIc

de Rhodes , pourroit être tentéd'attaquer celle

deSicise. "V.

Ces diífcensmotifs n'ésoient que trop sossiftns

pourse déterminer à conclure ce traité;: mais ce

Prince le plus grand politiquede son siécle, ôc

quitiroit souvent

plus d'avantage de ses négociai

rionsque

de ses armes mêmes * fit direaux Am*

i)astadeurs qiril navoit pas d'éloignement pour

lespropositions qu'ils

étoient venus soi faires qu'il

:ne pouvoit pourtant .se résoudre à aliéner Malte

& Goze i,íi Tripoli n'étoit comprise dans le mê-

me traité /j qu'il èxigeok quese Corps de la Ré-*

ligionlui

prêtât serment dé fidélité, çommé asoa

souverain i qu'on créât de nouveau un second

©àisti de laLangue de Castille ^ qu'en

labsenee

de l^àmiral, iln'y

eûtqu un Chevalier de la Lan-;

gué dltauequi

commandât lesgalères

s ôc corn*

me il se doutpitbienque

l'Ordféiie fe resoudroit

jamais à luiprêter serment de sidélité, il

ajouta

qu'ilne

prétendokpàints^n^àgerafbufiiirMakc

degrains

a Tavénir Par cétte réservé il s'aíïurok

une domination absolue sor les Chevaliersqui

ne

pourroient jamais sobsister íans ce secours.

; : Lé>Prieur de Castille &Martinengue restèrent

% laCéur ileÎEmpereur

ï &Bofîo de concert avec

jenx^ revint en Italie^ ^scíse rendit'à Viterbe au-

prèsdu Grand Maître, auquel

ilcommuniqua

îes intentions dél'Empereur*

I>e tout autre Sou-

verainon ne les àuroirpas

écoutées y mai? la Re-

tigioniayahtla

plûpártde sesConimanderíes dans

|à Vaste étendue des Etats de ce grince y on réfo-

j»E X'I S L È-

ÌDAM."I I •

g 5 g»4-

Page 36: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

Ï5E MALTE. Liv.íX* #

lut d*attendre du bénéfice du tems, & des bons >

offices du Pape, quelqueadoucissement à des con-

ditions si dures :& cependant pour entretenir tou-"*

jours lanégociation,

on fit trouver bon à rEm-

pereur,;avant de lui rendre une

réponse décisive*

quel'Ordre

pût envoyer à Malte , au Goze ôc à

Tripolihuit Commissaires, íçavoir un de chaque

Langué,pourvisiter ces Places ,& en faire en-

soite seurrapport auConseiL

Le (Srand Maître avoit d'autant moins d'èm-

prestementà conclure ce traités qu'il seprésetu

roit actuellement un nouveauprojet

bienplus glo-

rieux,; &plus avantageux pour

l'Ordre , quiétoit

derentrer dans Rhodes, ôc d'enchâsser les Turcs.

Liautéur de cette entrepriseétoit se Bâcha Aeh-

met„eelui mimequi

avoit léplus contribué à la;

prisede cette Place. On a vû dans le Livre

pré-

cédentque

Solirnan n'étantpas

content de Mus.

tapha quieornmandoit sousíes ordres au

siègede

Rjiodés ^Tavoit destitué de sonemploi,;

dont if

avoit revêtu Achmet j maisqu'à

laprière

de íà>

feur que Mustaphaavoit

épousée,ce Prince Fa--

Wôìt- envoyéen

Egypteen

qualitéde

Begjiet-Béî.

Mn'y

réussitpas

mieuxqu'il

avoit fak ausiège

de Rhodes -r soitincapacité pour

lès. affaires du,

gouvernement,soit avarice, ôc

qu'iftiranniíat ces

peuplesnouvellement soumis à

Fempirèdés

Turcs,!! se fit un fousevement généraldansses Pro-

vinces: ôc une arméeprodigieuse

d'Arabes ôcd'E-

gyptiensse vinrent

astitger jusquesdans le Grand

Caire, dont lès habitanspar

lé même motif, en-

tretênoient des relations secrètes avec lès rebelles.

4 lia femme dç Mustaphaallarmée des

périlsom

Eip

VíîtïírtrDE X'ISLIÍ

ADAM»

Page 37: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

.;$$. His.-roi.RE DE L'ORDRE

elle se trouvoitexposée

avec son mari, eut recours

au CràndSeigneur

son frère. Ce Princequi avoit

tant dinteret d'étousterpromptement

cette rebéi-

îion, avoitenvoyé

enEgypte

Achmet à là tête

d'unepuissante arméepour dégager

ion beau-frere,

ôcprendre

en íàplace

legouvernement

de ces

-grandes Provinces."

Le nouveauCéneralbattit d'abord les rebelles eìx

quelquesoccasions -ymais

aprèsavoir établi la répu-

tation de fàvaléut/ô£la crainte de ses àrmesjiltâcha

degagner sesjmécontens pafiune

conduite toute

oppoíeeà cèlle de

Mustapha; les tributs par

son

ordre furent considérablement diminuez. Comme

il?aípiroit

áecmtemen t às se rendreindépendant ^

Sc> nia&re absolu de ce:Royaume :, il

éloigna lés

Officiers Turcs odieux auxEgyptiens,

èn même

tems qu'ilfit

remplirleurs

places pardes

Seigneurs

de cette Nation *.-.ôcpour

s'attacher un eorpsdé

trotipes qui ne dépendît quede lui ^;il> rassembla

cequirestoit de Mamelus en

Egypte^&

qúi dér-

puis^la domination des Turcs y étoient

dispersez

dàns les Provinces lesplus ésoignéés^îfskn fit dés

Càrdes^augnientàleursolde ordinaire, ôc

pourlors

sedditpardèsdémonstrations:d'afsectibn;6cdàttà-

chementquíl

devoit moins à; son mériter qu'à íà

fortune ,&se croyantmaître

descçeurs,parcequ,il

l^étoitduPàys paríà dignité,

il fut assezhardipour

prendreouvertement: se nom lôa ses ótnèmens de

Souverain. Comme il ne dputoit pas. queSolimàn

infiniment jaloux de son aátorité,n'eínvoy ât contre

lui une armée, ilehèrchaà íe fait e un,appuis

des

alliances: parmiles PrinèesChrétiensi: &il; envoya

jm de sespartisans

auPape

ôc au Grand Maitre t

VlLLIERStiiXl'ls L E-

.ADAM.

fíifl. de

íChalcondile

,tom. i. L. 14.

Page 38: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

'. -:D:E;: :M"ALT-E. rLiV; Ì.X. ""37

pourleur

proposer uneLigue

contre SoMman; Cet "v

Agent présenta: à l'un Ôc à l'autre : des: Let- *!

tres de son maître, par lesquellesil lëur man-

doitque

si les Chevaliers arrivoienr devant Rhodes

avec un corpsde

troupes ^ ilspouvoient compter^

à la faveur desintelligences quili avoitdans eetté

Place, de s'en: rendre les : maîtres r bu du moins

qu'unede ses créatures

quicommandait d ans les

deux tours du port y;les ^ reeevrjòit^àu^remiét

ordre-qím'il-verroitdeíà.:part.;,;v:3il:3

?&h wú.&rám-

LéCrand Maître écouta cespropositions

avec

plusde jase qu'il

n'en laiííàparpîtrel liirépphdir

à cet Envoyé qu'ilne

pouvait iscngàgerdanscette

entreprise: fans lavoircommuniquée,

à laplûpaát

dés Souverains de la Chrétientés maisque

se

Beglier-Beïson Maître aúroit bientôt dé ses nou-

velles ;: ôcaprès:

lui avoir ifait unprésent eonside>

rable, il lecongédia y ôtbomvaílé moyen de se.

fairerepasser

avec fureté enEgypceitm projet

cetteimpoftance oecupoit

toutes lespensées

du

Grand Maître, lorsquele Commandeur de> la

RocherAimon quiarrivoit delamer,kit amena

dés Rhodiens,qui

le déterminèrent entièrement

à tenter cetteentreprise.

,';,v\ :

Pourïintelligence

de ceppint dMstpire; il

faut íçavoir quele Grand Maître

<Jmalgrétoutes

lesdisgrâces

arrivéès à ison Ordre!, ôcpour

tenir

les Chevaliers dans l'exercieecpntìnueldes armes

Contre les Corsaires; envoyoitsouvent dès vais-

seaux iehchuríe.íXJndèíces vaisseaux commandé

par laRpchè-ÀimonifutTéncantré par iquelques

Marchands: Rhodiens, :qui navigéoient

dans la

E iij

DE l'IsiE-' A D A M *——— *

Page 39: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

•$8 HISTOIRE'DB- L*0 R DR E

Méditerranée : ils reconnurent lepavillon

de YQp>

drey ôc Icnvie depouvoir

encore embrasser une

fois un de léurs anciens Maîtres, les fit arriver à

bord. Ils entrèrent dans le vaisseau du Chevalier^

quiles reçût avec uné joie réciproque;

ôcqui

ses,

régala magnifiquement.

Dans la chaleur du repas*,

ôc dans un heupsein

de liberté ôc de confiance,,

cès Rhodiens serépandirent

enplaintes

contre la

tyrannie îdes;Turcs^ ôcrègrettoient

lajuste

do*

mination des Chevaliers- de cesregrets

ils paste-t

rent à dés veeux ôc à des souhaitspour

lèréta^

bliísement de laReligion

dans leur Iste* Comme

ces marchands étoiaKit desprincipaux citoyens

de Rhodes^ il examina avec èûx lés disserens

nioyensdont onpourroitse servirpourchasserles,

Turcs : il y trouva tant de facilité, qu'ilses

enga*

géaà venir avec lui éà Italie | éc

aprèsêtre dés-

©arquez: à Civita^Vècehiàit les amena à Viterbe^,

Sc il lesprésenta secrettèment au Grand Maître -^

dont ils furent reçusavec

beaucoupde bonté.

; Cèsj^réhahdscj^e^

soirr dedéguiser^

contrèrent en socret avec lé

Grand Maître, ôc luireprésentèrent qttèlesmúraik

les Ôc ses fortifications de Rhodes n étoientpoint

encore rétablies^qu'ily

aVoit même uneastez foi-

èlegarnison dans là Placey &

que l'Aga quicorn-

mandoit dans ses dèúx tours duport,

& dont nous,

venons dé parler,Chrétien renié, mais

parfoi-

Messe Ôcpar

la crainte des tourmens, eonservoit

loujoursune feerette inclination

pourla foi de ses

gères* qu'ilservait même, autant

qu'ilse pouvoir

íàire íànssenuire^deprotecteur

à tous les Ghré*

VlIlïïRSDEIÍSIÎ

ADAM.

Page 40: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L/iy. 1%

*

39

tiens de l'Iste, ôcque

lepeuple ne verroit

pas pli'U

tôt arborer les étendarts de l'Ordre, que pour-

vuqu'on

lui portâtdes armes ,

il les tourne*

roit avecplaisir

contre lestyrans

ôc les ennemis

de la Religion.

Le Grand Maître en habile politiquefut ravi

pourle succès de ses desseins d'avoir dans la Place

plusd'une

intelligence: il exhorta ces marchands

àpersévérer

dans leurs bonnes intentions pour

l'Ordre : ôc aprèsles ^voir comblez de caresses ôc

deprésens,

il les fit reconduire avec le même se-

cret qu'ilsétoient venus, juíqu'à

l'endroit où leur

vaisseau les attendoit.

Ce Prince de concert ayec lePape, fit paster

enfoftejusqu'à Rhodes le Commandeur Bosio,

excellentnégociateur,

&qui

entra dans la Ville

déguiséen marchand, il reconnut lui-même l'état

de. la Place, la force de lagarnison -yla disposition

*ôc lè nombre de cequi y restoît d'habitans Grecç.

ilpoussa

encoreplus

loin le soccès de íànégocia-

tion y ôcpar

l'entremise duMétropolitain

Grec ami

del'Aga,

il s'aboucha avec cet Officier. Il avoit

3>risla

précaution,avant die se trouver à £ette eiu

trevûe,de remplirun des blancs seingsqueleGrand

Maître lui avoit confiez^d une settrepouf cet Aga,

ïdanslaquesteillui oírroitdemàgniâques récom-

penses s$ vfflùloitremir la parole quÁehfnétavoit

«donnée : Bc en même-ëtèms islui fit -mk la lettré

*quece

Begher^Beïavoit écrite à son sojet, &pat

?rapportjaux deûx>tours de Rhodes. LrAga,après

avoir étéquelque

îtemsíàns rienrépondre

au Bo-

$orse décètnaina tout d'uncoup

: il lui deelàta

Vixr.tBRÌ

ADAÎ*.

Page 41: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

40 H I S T O I RE D E L'O'RDKE

qu î| y avoirlong-tems q£ul souhaitait de rentrei?

d àïisjse sein désÊ^líso

: il donnà? faparole

à fen-

Voyédu GrandcMàîtrê de recevoir fés Chevaliers

dans lés tours où il commàndoit, pourvu qu'ou-

tre lestroupes

nécessairespour s'yrmaintenir^

polir--fàirér Je- siégé

dé M Ville pòn^envoyàtinces-

fàírirhérítdes Vivres<, désmunitions deguerre

ôc

dé-bouché, ôc sortPutdéîqupi

armer les habitans*

dé llíse, T^utisemblolt;fàirè-çípèrér

un; heureux

ík$ëè& de''cette'entreprises Iprsqutbn apprit tjùé

lei ^and Seigneuràvoit

prévenuses delíeins d'A-

chmet, ôci'avoir soitpérir

Cé Prince instruit de íà

rébellion, avoitenvoyé

contre lui^à la tête dune

pùiá^níè< armée i; son favori appelleYbrahirn s>

^Alifeaiíois de- naistahce > ôè aussi b on G énéral-que

adroitèourtifàrL '-•/- /;:.-/; : .:

Achmét s-étoit flattéque ^entreprise

de Rho*

dêfecàuseroit eníà faveurune pùistahte diversions

•màis du côté íde l'Gírdre^ '-ôp mêmepar limpùis-

íàriceí dés Chevaliersy óh navoit encore fait au-

cun mouvement > ainsi feutrée d'Ybrahim:dans

-í^gy{^tG í€ltà ùné cPnstèrtiàtion'génèraleipàrròi

léspârtMans

d'Achmètbtìr-nelàissàrpaslenhomme

déèòúragé

dé seprépàfér

à soutenir làguerre.

H

éhvoyadès ordres dé tous cotez

pourfàireavàn^

cercléstrotrpes dés Provinces les

plus éloignées>

^mà'fô il sot mal obéi: itneiautoritéusorpée)

n'est

|àmàisbièn affermie danslescommencemehs d'une

nPUvelie domination :plusieurs

de sesprincipaux

'Chefs 'sous difreiens

prêtextesc'viterentde £e dé-

clarer ouvertehiéntcontre leurlégitimeSouverain.

Ybrahim iaverti de cette disposition^leur

promit

une

Vílí,LIERAIapíEít'IiXLifií

ADAM,

Page 42: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. IX. 41

une ample amnistie, Ôc même desrécompenses,

s'ils se défaisoient de ce rebelle. Ces traîtres í'étouf-

férent dans le bain , ouvrirent lesportes

dugrand

Caire à Ybrahim, •& se soumirent à son autorité.

Ce Général envoyaaustì-tôt la tête d'Achmet au

GrandSeigneur, qui par

cetteprompte expédition

se vit délivré de l'embaras dé soutenir laguerre

dans

unPays éloigné,

&parmi

une nation ennemie

de tout tems des Turcs, ôc où fapuissance n'étoit

pasencore assez affermie.

La mort de ce rebelleeffraya l'Aga

de Rhodes 5,

la crainte d'être découvert ôcenveloppé

dans fa

disgrâce,F

obligeade

presserl'execution de l'en-

trepriseoù il étoit entré y ôc

parle même motif,

le Grand Maîtrequi

nepouvoit plus espérer

de

secours ni de diversion du côté del'Egypte,

avant;

quede

s'engager plus avant, voulutpressentiriez

Princes Chrétiens, ôc voirquelles

forces il enpour-

roit tirer..

Pendant ces révolutions arrivées enEgypte p

les Commissairesque

le Grand Maître &le Con-

seil avoient envoyez pourvisiter Malte, Goze ôc

Tripoli,à leur retour firent leur

rapportde l'étàc

où ils avoient trouvé ces Istes, ôc la ville de Tri-

poli.Ils dirent

quel'Iste de Malte n'étoit autre

chosequ'un

rocher depierre

de tuf, qui pouvoit

avoir six àsept

lieues delongueur

fur trois ou

quatrede

largeur,ôc environ

vingtlieues de cir-

cuit -r qu'onne trouvoit au

plus-furlà

superficie de

ce rocherque

trois ouquatre pieds

de terre, eneo>-

re toutepierreuse, peu propre

àproduire

du bled.

ÔÍ d'autresgrains y mais abondante en

figues,. en

melons & en d'autresfruks,qui y

étoient très-com^

Tome III. î-

VJLLÍERÍDE L'Is LE*

A D A M,

Page 43: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

^xHISTO IRE v>E L'ORDRE

niuns, &que

leprincipal

commerce de cette Iste;

çonsistok en miel, en coton Ôc en cumin, que les'

habitanséchangeoientcontre des

grains y quà l'exr-

ceptionde

quelquesfontaines qu'on renepn-

troit dans le fond de liste*, ony manqupit

d'eaux

vive , Ôc même de puits , à:q^oi

les habitans)

soppléoient pardes citernes -, que le bois n'y

étoitpas plus

commun 3 qu'onle Vendait à la:

livre 9Ôc queles habitans , pour

faire cuire leur

viande , étoient réduits a; se servir de fiente dé

vaehe sécliée au soleil , ou dé chardons sauva-

ges 4 quela

Capitalede l'Iste

appelléela Cité

notable, étoit située au milieu de cette Iste fur

une colline, ôc de difficile accèspar

des rochers

dont la plaineétoit

remplie -, quecette Place n'a-

voitque

de simples murailles, fans autres fortifi-

cations que quelquestours élevées fur les

portes

de la Ville -, quesor la côte méridionale de l'Iste,

onn'y

trou voit niports,

nigolfes,

ni cales ; que

tout lerivage

en cet endroit.n'étoit bordéque

de

grandsrochers ôc d'écueils /contre lesquels

les

vaisseaux poussez parun vent violent,, ôc

sorpris

par quelque tempête,faisoient souvent

naufrage j

mais quedu côté oppose

on découvroitplusieurs

pointesou

caps,Ôc des endroits en forme de

gol-

fes ôc de callespropres pour y pouvoir mouiller.

Ils ajoutèrent qu'ilsétoient entrez dans se

grand

port, quiétoit défendu

parun fort

appelle le Châ-

teau Saint Ange,Ôc

qu'ilsavoient trouvé au

pied

de ce Château unepetite

Villeappellée

commu-

nément le 'Bourg y quece

portnétoit

séparé d'un

autre appellele l?on Mufiet-., que par

unelangue

pu pointede. rocher y qu'outre

laCapitale,

le.Châ-

Vîí-J.IF.RS-;D,E X'Ì S LE-

Aji.A H-

Page 44: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV.'.ÏX' 45

teau ôc leBourg,

ily avoit encore environ

qua-V'

ranteCaíàlesou Bourgades composéesde

plusieurs D^

hameauxrépandus

dans lacampagne,

Ôc où l'on~~

ttouvoit environ douze mille habitans, hommes,,

femmes 3è enfans, laplupart pauvres

ôc misera-

hies à cause de la stérilité du terroir.

Ces Commissairesprésentèrent

au Grand Maî^

tre ôc au Conseil unplan

de cette Iste, où l'on avoir

prissoin de

marquerexactement

plusieurs petits;

golfesôc cales où se retiroient ordinairement des

pêcheurs,ôc

quelquesfois des Corsaires. Ils ajou-

tèrentque

la commodité de tant deports

si fa-

vorables aux arméniens de laReligion,

leur fai^

ibit croirequ'on

ne devoitpas rejétterses propo-

sitions det'Empereur -, pourvu qu'il

neprétendît

pas parcette donation les aííujettir à tourner seursí

armes contre ses ennemisparticuliers.

Al'égard

de 1 Iste de Goze, appellée parses ha- *.

bitans Gaudifìh yïls direntqu'elle netoir séparée

de -celle de Malte que parun canal étroit, appelle*

Freoy d'une lièue ôc demie ou deux lieues de lar-

geur , au milieuduquel

étoientplacées les petites;

Istes ois ses rochersappeliez

Comin ôc Corninot^ que

le circuit de Goze étoit d'environ huitlieuesjsa lon-

gueurde trois,, & sa

largeurd'une & demie -,qu'ils

n'yavoient trouvé aucun

port-, quecette Iste étoit:

environnée de rochersescarpez,

& d'écueils-,s de

fortequ'on n'y pouvoit aborder quavec

bien de

la difficulté.Cependant que

le terroir leur en avoir

parufort fertile y qu'il y

avoit environcinq

mille

personnes, hommes, femmes ôc enfansdispersez'

en differensvillages,

ôcque pour leur fureté con-

tre les Corsaires 3. ony avoit construit un Château?

fiji

VlIU*ffRS>DE L'Ì-S L£*••

A D A Xl.

Page 45: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

44 HISTOIRE DE xO K?D R E

situé sur unemontagne > mais qu'il

leur avoitpa*

ru mal fortifié , ôc depeu d'importance j que tout

foiblequ'il étoit, ils.ne

croyoient pas qu'il fût de

la prudence du Conseild'accepter

l'ofTrequ'on

faisait de l'Iste de Malteséparément

de celle de

Goze, qui-enétoit

trop voisine, ôcqui pourroit

servir un jour de retraite à leurs ennemis.

; Ces Commissaires ne formèrentpas

le même

jugementde la ville ôc du château dé Tripoli:

ikreprésenterentau Conseil que

cette Place située

sor la côte de Barbarie, ôc àprès

dequatre-vingts

lieues de Malte, n' avoit aucunes fortifications $

qu'ilétoit même

presque impossible d'y en cons-

truire sor un terrein ôc un fond sablonneux, ôc

plein d'eau^ queles fossez étoient

peu largesôc

encore moinsprofonds , le

portôc le château

commandez parune

montagne Voisine-, enfinque

cette Ville étoit environnée des Etats du Roi de

Thunis, qui n'ysouffriroit

pas longtemsdes Chré-

tiens i que l'éloignementoù elle étoit de Malte,

nepermettoit pas , si elle étoitattaquée, d'y jettér

unprompt secours-, que

le bled étoit encoreplus

rare àTripoli qu'à

Malte à cause.de la stérilité du

terroir, quine

porte quejdes dattes y d'où ils con-

clurent qu'ense

chargeantde la défense de cette

Place, ons'exposeroit

àperdre

tous les Cheva-

liersqu'on y enverroit en

garnison.

Le Grand Maître fitpart

auPape

de cette re-

lation, ôc il lepria d'interposer

ses bons offices au-

près del'Empereur, pour l'obliger

àdécharger

l'Ordre de la défense de Tripoli,ôc des autres con-

ditions onéreusesqu'il

vouloit attacher à l'inféo-

datipnde Malte. Mais dans cette conjoncture, il

VîT/lIER-SDt L'IS-L Í-

AíAM.

?5z4.Aoult,

fí°flt 2,p. 32.

Page 46: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

¥ DE MALTE. L I V. IX. 4j

ìiêpouvoit gueres

choisir d'intercesseurauprès

de

Charles-Quint, quiíut moins

agréable y ôcplus

suspectà ce

Prince, queClément VII. Il se

négo-

cioit'-actuellement uneLigue entre ce Pontife, lé

Roid'Angleterre

& les Vénitienspour

maintehir

la liberté de l'Italie /menacée d'une entière inva-

siondepuis la

pertede la bataille de Pavie, où

François premier,Roi de France, avort été fait

prisonnier parles Généraux de

l'Empereur.

Ce Prince sidigne

d'une meilleure fortune ,

etoit entré en armes dans le Duché de Milan, qu'il

prétendoitlui

appartenir , ôc à la Reine Claude fa

femme, du chef de Valentine Viíconti, femme

de Louis Duc d'Orléans, frère de Charles VI. Les

Sforces s'en étoientemparez au

préjudicedes Prin-

ces de la maison d'Orléans. François Sforce en

étoit actuellement enpossession: rEmpereur,

sous

prétexte de le maintenir comme son vassal, avoit

fait entrer unepuistante

armée dans le Milanois,

ôcdepuis

la bataille de Pavie, ses Générauxagiíl

soient moins enqualité

deprotecteurs,

ôc çomme

Commandant destroupes auxiliaires, qu'en

con-

quérans.Il mirent au nom de

l'Empereurdès gar-

nisons dans lesprincipales

Villes de ce Duché,

sousprétexte que

le nouveau Duc n'en avoit pas

reçu encore llnvestiture. LePape

ôc les Princes

d'Italie, quiau commencement de cette

guerrey

redoutoientégalement

levoisinage

de deux Prin-

ces sipuissans,

eussent bien souhaittéque

les Fran-

çois n'eussentpoint

troublé Sforce dans laposses-

sion du Milanois. , ''/

Laprison

du Roi ramena dans separti

de là

F iij

'ViLÍiEftX

ÍEl'ISLï-A D A M.

1$%$.24 Février.

Page 47: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4$ H I STOIRE D E L' O R DR E

France > non seulement les Princes d'Italie , mais

encore le Roi d'Angleterre : Sforce mêmequi

ne

craignoit plusrien du côté d'un Prince

prisonnier,,

ôcopprimé

lui-mêmepar

lesImpériaux, qui

con-

tinuoient à ledépouiller

de ses Etats, négociait

une Ligue contre un Princequi

vouloitengloutir

toute iEurope , ôc

qui aspiraità la Monarchie uni-

verselle. !

Tellé étoit la situation des affaires-, ôc se sojet ou

leprétexte

d'uneguerre,

dont l'ambition de Char-

les-Quintétoit la véritable cause & la seule origine..

.Aprèsla mort de

FEmpereur Maximilien, cePrin-

ce ôc François premier avoient été eoncurrens dan&

lelectionpour l'Enipire.Cette rivalité, dés droits:

ôc des prétentionsdont les Souverains ne man-

quent gueres quandils ne manquent pas

de forces,,

desquahtez excellentes, mais

opposéesdans l'un

ôc l'autre -ytout cela avoit excité entre ces deux

grandsPrinces une émulation de

gloire , suivie

depuisrésection de Chàrles-Quint d'une animo-

sité, quese

sangde tant de milliers de leurs su-

jets n'avoit encore pûéteindre. Onadmiroit à la

vérité dans François premier uncourage àl'épreu-

ve desplus grands périls

de laguerre,

une noble

franchise ôcdigne

d un meilleur siécle"y une foi

inviolable dans ses traitez, de la bonté ôc de là

clémence àl'égard de ses

sojets -, mais il eût été à

souhaiterque

ce Prince eût eu moins d'attache-.

mentpour

sesplaisirs , plus

de secret dans ses af-

faires, d'attention ôc de soite dans î'exeeution de:

ses dessins, &que

de ses favoris, il n'en eûtpas;

íàit ses Ministres & ses Généraux. Çfiarses-Quint

V-IEUES-S

,PE LISLB

,ÂD,AH,

Page 48: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 4^

au contraire avoit toutes lesqualitez

d'ungrand

politique -, maispeu

de ces vertus de cceurqui

ho-

norent unparticulier y plein

d'une ambition íàns

bornes, nagissant que pour

son intérêt, impéné-

trable dans ses desseins, neperdant jamais de vue

les différentesdispositions

de tous les Princes de

l'Europe, plushabile

quetous ses Ministres, heu-

reux dans le choix de ses Généraux, insensible aux

plaisirsde la table: ôc s'il n'étoit

pasaussi chaste

que

l'exigentles

préceptesdu Christianisme, au moins

pouréviter le scandale , il

prenoit autant^dèpré-

cautionspour

dérober sesgalanteries

à l'oeilpéné-

trant du courtisan, queles autres Princes dé son

tems affectoient de les faire éclater. Du reste, fans•y

foi, fansprobité,

fansparole,

même fans reeon-

noissançe , ôccependant

n'oubliant rienpour

se

donner lesapparences

& tous les dehors de ces

vertus.

Il étoit bien difficilequ'avec

de sigrandes qua-

litez deux Princes tous deux ambitieux, braves,

puissansôc voisins , demeurassent

long-tems en

paix,&

ylaissassent le reste de

l'Europe.Sur leurs

portraits quenous n'avons fait

qu'ébaucher , le'

Lecteur jugerafans

peine quela fortune devoit

se déclarer pourle

plus habile; aussi François pre-

mier avoit succombé sous lapuissance

de son en-

nemi : il étoit alorsquestion

denégocier

lapaix

ôc fa liberté. Charles-Quint mettoit l'une ôc l'au-

tre à un si hautprix, que

le Roi rebuté de la du-^

reté des conditions , protestoit hautementqu'il

remettroitplutôt

là Couronne auDauphin son

fils, queà en arracher lui-même un des

plusbeaux

fleurons.

Vittrï'M-'DE L'Is't EÌ

ADAM.

Page 49: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

48 fíisToiRE DE L'ORDRE

Mais laRegente

íà mère, fans s'arrêter à im

desseinque

lechagrin

de faprison

avoitproduits

pritlé

parti d'envoyer enEspagne

la Duchesse

d'Alençon sa fille ôc soeur du Roi, Princesse ornée

de toutes lesgrâces

de la nature, élevée dans les

intriguesdé la Cour, & d'un

génieaussi souple

quen elle ne fut

pasnée avec cet

orgueil& cet

empiré quedonne, une rare beauté, soutenue sur-

toutpar

une naissance si illustre. LaRegente

se

flattoitqu'elle

obtiendroit del'Emperéur

là IL-

berté du Roi son fìrere à des conditions moins;

odieuses. Elle. nomma pour l'assister dáhs cettè-

importante négociation rArchevequeà'Ámhmn

P

connudepuis

fous le nom de Cardinal dé Tour-

non, TEvêquede Tarbes

depuisCardinal de Grá~

mont,, Ôc Seliic Premier Président du Parlement

de Paris. L'Annaliste de l'Ordre de Saint Jean de;

Jérusalem rapporte quela

Regente prévenuedé.

raffectiondu Grand Maîtrepour

lapersonne

& le

service du Roi sonfils,Iuidépêcha

un courierpour

le

prier;de vouloir bien conduire en

Espagnesur les

gar

leres de laReligion

la Princesse fa filleyque

le M;aré-

chai deMontmorency ion petit

neveu lui en écrivir

par ordre de laRégente

dans les termes lesplus:

pressans,ôc

quece

Seigneur,pourlé déterminer

par

ípn propreintérêt à faire

cevpyage,Jui représenta-:

quedans le besoin

queson Ordre avoit d'un éta-

blissement fixe ôc assuré,il applaniroit paríà

pré-

sence, & en traitant lui-même avecl'Emperéur,,

ce nombre infini de dissicultez, queles Ministres,

de ce Prince en. Italie faisoient naître ausojet

de

i'inféodationdes.Ifles de Malte,de Goze,& de là

ville deTripoli..

Le.

VíttiiïtsDE l'Is L £-

ADAM.

Bos.t.3.1, Z.

Page 50: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. LI v. IX. 49

Le Grand Maîtrecommuniqua

auPape

les dé-

pêchesde la

Régente,Clément

quiétoit actuelle-

ment en liaison avec cette Princesse , approuva

fort cevoyage

:il desiroit la liberté du Roi, peut-

être moinspar

considérationpour

ce Prince, que

parcrainte de la

puissanceredoutable de son en-

nemi : il le flattoitque

si pn pouvoir rompre le.*

chaînes de François premier,ce Prince

pourse

vengerde la dureté de sa

prison,ne

manqueroif

pasde

reprendreles armes,, ôc

quela

guerreaU

lùmée entre deux ennemis siimplacables y feroit

Ia fureté des autres Souverains, & maintiendroit

lapaix dans le reste de

l'Europe, Le Grand Maître,

fur laréponse

de Sa Sainteté,, s'embarquasor les.

galèresde la

Religionà Civita/Vecchia, ôc se ren-

dit à Marseille, où il salua laRegente.

En atten-

dant la Duchesse d'Alençon y il eut plusieurs con-

férences avec cette Princesse.

Les Ministres del'Emperéur

alarmez & jaloux:

de cevoyage

dont ilsignoroient

le motif, firent

saisir en Italie tous les revenus de la Religion::

l'Emperéur nemanqua pas d'approuver

leur con-

duite :: ce Prince étoit d'ailleurs mécontent du-

Grand Maître ôc du Conseil* Nous avons ditqu'il:

íèur avoit offertpour retraite ,Jes Istes de Malte „

de Goze, ôc la ville deTripoli : la lenteur

que

FQrdre avoitapportée

à lui rendre uneréponse

positive,, rengagèrentà en écrire en

particulier

auxLangues d'Arragon & de Castille y dont les

Chevaliers étoient nez ses sujets : ôc ilenvoya au?

Conseil un ChevalierEspagnol appelle

Pierre Fer*

mandez Héredia , ou Errera, quiétant arrivé U

Tome IIX C<

VìLtïtKiDE L'I S L S-

A D-A Mv

«"1IIl-lUllI\JmlHf

il de Jjain>

Page 51: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$oHISTOIRE DE L'ORDRE

Viterbe , représentade sa

partaux

Seigneursdu

Conseilque

dans lapensée que

laReligion

ac-

cepteroitavec autant de

joye quede reconnois-

sance, un établissement aussi considérable, il avoit

différédepuis

dix-huit mois à fortifier ces Isles •

qu'ildemandoit

quele Conseil

s'expliquâtnette-

ment sor cespropositions.

Cet Envoyé ajouta avec

hauteurque

s'il se trouvaitquelque Langue qui

s'y opposât, l'Emperéurson maître íçauroit bien

ydonner ordre.

Ce Prince ébloui par une constante prospérités

&'. devenu plusfier

parla

prisondu Roi, se

croyoit

en état de donner la soi à toutes les Puissances de

FEurape: & cet esprit

de domination s'était ré-

pandu jusquesdans les

Langues originairesde ses

Etats. Les Chevaliers Espagnolsvouloient domi~

ner dans le Conseil, ôcqu'on acceptât

íùr lechamp

les offres del'Emperéur

avec ladépendance

ôc

l'aínijetissement qu'il y attachoit :quelques-uns

même laissoient entrevoirque

si les François ne

se cônformoientpasà leur

disposition,il s'en sé-

pareroient j qu'ilss'établiroient dans Malte indé-

pendemmentmême du Grand Maître , ôc

qu'ils

esperoientobtenir de

FEmpereurl'union de l'Or-

dre de Monteze fondé enEspagne

à leurcongré-

gation particulière, pour dédommager l'Qrdre de

cequ'il perdroit

en France par Téloignement des

Commandeurs Ôc des Chevaliers François.1

Mais le Conseil , ôc lesplus sages même des

Langues d'Espagne, quiavoientliorreur d'un fchif

me , répondirentà cet

Envoyé quetout ì'Ordre

étoittrçs-reconnoissànt des offresgénéreuses

£)£ L'ÍS L E-ADAM.

Page 52: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX* _jr

Sa Majesté Impériale -, maisque

dans une affaire

aussiimportante,

ils nepouvoient prendre

aucune

résolution décisive sans laprésence

du Grand Maî-

tre, ôc le consentement exprèsdu

Pape ^qu'ils en

alloient écrire incessamment à l'un ôc à l'autre -,

qu'ils apprenoient quele Grand Maître étoit

parti

pourse rendre à la Cour de

l'Emperéurdans le

dessein d'être instruit par lui-même de ses inten-

tions au sujet désiste de Malte, ôcqu'ils esperoient-

qué pourle bien Ôc l'honneur de la

Religion , ce

grandPrince voudroit bien relâcher

quelque chpso

des conditions attachées à cette< inféodation.

Le Conseildépêcha

aussi-tôt en France le Corn*

mandeur Bosio, pourdonner avis au Grand Maî-

tre duséquestre que

les Ministres deFEmpereur

avoient fait des biens quela

Religion possedoit

en Italie,:ôc despropositions que

le Chevalier Er-

rera venoit de faire^en pleinConseil. Le Grandi

Maître différa àrépondre

au Conseil, jusqu'àce

qu'ileût vu

l'Emperéur ; il ordonna à Bosio de le'

suivre,ôcil partit pour l'Espagneavec la Duchessr

d'Alençon,à

laquellelé Roi: d'Angleterre avoit:

procuréun sauf-conduit.

Cette Princesse ne futpas plutôt

arrivée a Mà^.

drid,.. qu'après que l'Emperéurfut débarassé du

cérémonial Ôc despremiers honneurs qu'il

lui ren-

dit, il donna une audienceparticulière

au Grand

Maître, quiTentretint d'abord de tout ce

quis'é,.

toitpassé

ausiège

ôc à laperte

de Rhodes. Ce

grandhomme lui

représentaensuite les

pertes que

son Ordre y avoit faites , ôc l'étatdéplorable où?

fe trouvoit alors tout seCorps

de laReligion i-ôc;-

VlIElï^SDE i/I SI ï-

AD A M*

Giíichardùft

liv. t6.

Page 53: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ji HISTOIRE DE L'ORDRE -»

voyant lEmpereurtouché Ôc attendri de tant de

disgrâces,il se

plaignitmodestement de l'arrêt

que

-ses Ministres avoient fait sor les biens des Corn-

manderiesd'Italie, sous

prétexte qu'envenant en

Espagne,il étoit

passé parla France avant

quedé

le rendre à sa Cour. Pourprévenir

les desseinsque

l'Emperéur auroit puavoir en cédant l'Iíle de Malte

aux Chevaliers, d'en faire ses vassaux , il lui insi^

iiua adroitementque quoiqu'ils fussent! tous nez

sojets de differens Souverains , l'Ordre èhgénéral

paría

profession , nedépendoit d'aucun y qu'un

Chevalier François dé Nation n'étoitpas plus

at^

taché au Roi de Francequ'à

Sa Majesté Impériale ;

que Tunique objet de son institut étoit de défen-

dreégalement

tousses Chrétiens contre les incur-

sions des Infidèles -, que depuistant dé siécles

que

son Ordre sobsistoit avecquelque

sorte degloire,

ori n'avoitpoint

vûqu'il

eût jamais pris particon-

tre aucun Prince Chrétien en faveur d'un autre. Il

entra ensuite dans Taffaire de Malte -, ôc fans s'ar-

rêter à la dureté des conditionsque l'Emperéur

voulaitprescrire,

il lui dit engénéral qu'il y avoit

long-tems quela

Religionauroit

profitédés bou-

tez de Sa Majesté Impériale,si on n'avoit

pasété

retenupar ì'eíperance

de rentrer dans Rhodes y

qu'il yavoit un

partiformé

pourl'execution dé

cetteentreprise

: ôc là-dessus avec lapermission

del'Emperéur,

il fit entrer dans fa chambre le

Commandeur Bosio, quilui rendit

compteen dé-

tail de toutes les mesuresqu'il

avoitprises

à ceso-

jetavec les

principauxhabitans. Il ajouta qu'il

ne

imànqupit à l'Ordreque l'argent

nécessairepour

VîLLIERSSDE1,1 S L E-

ADAM.

Page 54: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. $$

lever trois ouquatre

mille hommes, ÔC pour por-

ter en même tems des armes aux habitans, que

lés Turcs avoient desarmez avecgrand

soin.

L'Emperéurentra dans les vues du Grand Mau

tre : cependantavant

quede

s'y engager plus avant,

il lui conseilla d'en conférer avec le Duc d'Albe,.

leplus

habile de ses Généraux. Ilajouta que

si ce

Seigneuren troiivoit F exécution

possible,il don-

neroit volontiers, pouren faciliter le succès, Vingt-

cinq mille écus j qu'ilsouhaittoit

"queles autres

Souverains de la Chrétientéy

voulussent contrit

huer v maisque

si ceprojet

n'avoitpoint

de fuite ^

FOrdrepour

son établissementpourroit toujours

comptersor l'Iste de Malte -, ôc

pour prémicesde

fa bonne volonté , il donna fur lechamp

uneplei-

ne ôc entière mainlevée de tous les revenusque

ses Ministres en Italie avoient fait arrêter. Le

Grand Maître, qui nignoroit pas queles Souve^

rains ne veulent jamais avoir tort, remercia ce

Prince de cet effet de fa justice, dans les mêmes

termes ques'il en eût obtenu une

grâce.Avant

de se retirer, il lui demanda lapermission

depou-

voir saluer le Roi de France : ceque l'Emperéur

lui accorda volontiers, dans la vueque

se Grand

Maîtrepourroit

contribuer à lanégociation

de la

paix.

Un Officier de ses Gardespar

son ordre le con-

duisit dansl'appartement

deFrançois Premier. Ce

Princey

étoit moinsgardé

enprisonnier

deguerre,

quecomme on en auroit

pûuser à

l'égardd'un

criminel d'Etat. Charles-Quint quoiquevassal du

Roi, pourarracher de son

Seigneurune rançon

Giij

VÍIIIÉRS;DE 1*1S LÊ»

A D A M.

Page 55: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

54 H I S T O IR Ë DE L'O R D RE

immense, & des conditions exorbitantes, n'avoit

rien publié pourlui rendre fa

prison infuportable.

Des traitemens siindignes

ôc sipleins

de dureté

avoient jette François Premier dans une sombre

mélancolie, quifut suivie d'une fièvre violente-

L'arrivée de la Princesse ía soeurqu'il

aimoit tenw

drement, lui causa lepremier mouvement de joie

qu'ileut ressenti

depuisfa

disgrâce.Sa santé se ré-,

tablit, ôc le Grand Maître dans cette cònjonótu-

re ayant été introduit dans fa chambré x lé Roi

fémbrafïà tendrement, loua lagénéreuse

défense

qu'ilavoit faite à Rhodes, Ôc ordonna aux Minis-

tresqui

avoientaccompagné

la Princesse fa íeeur,.

de ne rien traiter dans leursnégociations

avec les

MinistresdeTEmpereur,sans

laparticipation

du

Grand Maître. CeSeigneur fut admis dans toutes

leurs conférences ; ily faisoit la fonction de mé-

diateur. Sadignité,,íà

hauteréputation,,

fapru-

dence & son habileté donnoient un grand poids

a lesremontrances, Ôc il n oublioit rien

pourcon-

cilier lès intérêts de ces deux Princes, ôcpour

les

porter parune

paixsolide à réunir leurs armes

çonr

tre l'ennemi commun du nom Chrétien. La Du-

chessed'Alençon de son coté

employoittous les.

charmes de sonesprit pour

vaincre la dureté ôc

Tobstination deí'Empèreur -r mais ce Prince uni-

quement occupéde ses intérêts, ôc

qui parla

pri-

son du Roi se flattoit d'être bientôt Maître d'une

partiedelà France, outre ses

renonciationsqu'oiL

lui offroit de làpart

du Roi à ses droits fur le Mila-

nois & sor léRoyaume de

Naples,à

l'hommagedes.

Comtez de Flandres ôcd'Artois,, ôc outre des som*

JVIII.ÌERS

©E t'IS! E-

ADAM.._ _ 11II. ! •

Page 56: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. îX. #-

mes immenses, demandoit encore le Duché de

Bourgogne y pourêtre en état, si la

guerrerecom-

r

mençoit, deporter

ses armes dans le coeur de la"

France &jusqu'aux portes

de Paris. Le Roiquieon-

noistoitriniportance

de cette aliénation, enrejetta

laproposition

avecbeaucoup

de fermeté :.&pour

faire voir àl'Emperéur qu'il

renonceroitplutôt à

íà liberté, qu'àune

portionsi

importantede fa

Couronne, il résolut de seséparer

de la Princesse

sa íceur , de sepriver de sa

présence , quoiqu'elle

lui servîtd'unique

consolation. Il la fitpartir pour

retourner en France, & elle fut mêmeobligée

prendrece

partisor des avis

qu'elle reçût secrète^

mentque l'Emperéur

ne cherchoitqu'un prétexte

pourla faire arrêter.

Charles-Quint le Prince de son tems leplus

ar-

tificieux, pourlaisser

expirerle sauf-conduit

qu'il

lui avoit donné , avoit fait traînerexprès

les né-

gociations.Le

départde la Princesse le

sorprit,

ôc ilenvoya

ordre sor les confinsd'Espagne

de

larrêter lejour que

le terme de son sauf-con-

duit seroitexpirés

mais la Princesse bien avertie

de cettesupercherie, faisoit en un jour ôc en s'en

retournant le même cheminqu'elle

n'avoit fait

qu'en quatreen entrant en

Espagne.Cette

diligen-

ce , ôc l'arrivée sur la frontière de Clermont, de

Lodéve, avec unegrosse

escorte le dernier jour

du íàufconduit, empêchales Officiers de l'Em-

peréur d'entreprendresor fa

personne : &par

l'Emperéurne

puttirer aucun

avantagede fort

artifice.

Ledépart de la Princesse ne ralentit point

le

VlLÏ.IEÌ$'DE L'ÍSH-"

AD A M.tMMmmmtmmmmmmMmmmmmmmmmmmmmtt--

Page 57: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

jfèHISTOIUE DE L'OR DR E

zélé du Grand Maître, & ses bons offices pourlai

paix.Il en

représentoitsouvent la nécessité à l'Em-

peréurôc à íès Ministres : ôc il-leur faisoit envisa-

ger que pendant que les armes de ce Prince étoient: .

occupées contre la France,, Soliman étendait .ses*

conquêtessor la

Hongrie,& s'ouvrait un chemin

pour pénétrer jusquesdans l'Autriçhe & les Pays*

Héréditaires. Quand d'un autre côté ceSeigneur

approçhoitdu Roi, il lui faisoit

comprendrecom-

bien í aprésence

étoit nécessaire dans son Royau-

me y mais il lui faisoit sentir en même-tems qu'il

n'obtiendroit jamaisíà liberté de

l'Emperéur, que

par k cession du Duché deBourgogne.

Enfin ilagit

îi heureusementauprès

de ces deux Princes, qu'il

les fit convenir d'un traité depaix. François Pre-

mierprévenu qu'il

nepouvoit

aliéner le Domaine:

de fa Couronne ,ôc quedes actes

extorquezdansi

unerigoureuse prison

nepouvoient jamais être

valides, aprèsavoir secrètement

protesté,contre:

la violence quilui étoit faite

parson vassal,. sous-

crivit à tout cequi

lui futprésenté.

On convint:

quele Roi seroit reconduit dans le dixième de Fe*

vriér en son Royaume, &que pour

l'entierega-

rantie du traité, ce Prince donneroit enotage

deux

Princes ses.enfans,.outre, plusieursautres articles,

quine sont

pointdu sujet de cet

Ouvrage.Le

Grand Maître toujours attentif aux intérêts de la

Religion, y fit inférerque lEmpereur

ôc le Roiî

de France solliciteroient conjointement léPape

h.

travailler à une Croisade contre les Infidèles yôc

qu'ils y contribueroient de tout leurpouvoir.

Depuis,la

signaturede ce traité, lEmpereur

ôc

lé.

VltXIERSDE L'ISLE"

A D A,M-

Bos.l. $^p*141.

Page 58: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 57

le Roi se virentplusieurs fois, mais toujours en

• ennemis réconciliez, &avecplus

depolitesse que

de franchise. Lapremière

foisque lEmpereur

ren~

"

dit visite au Roi, il voulut êtreaccompagné

du

Grand Maître, qu'il appelloitson

père.On remar-

qua queces deux

grandsPrinces étant sortis en-

semble , l'Emperéurau

passaged'une

portedéfera

lepas

au Roi, ôcque

ce Prince se refusa : surquoi

ilsappelserent

le Grand Maître pouren décider. :

jse prie ^Dieuy leur dit ce vénérable vieillard, qu'il

ri y ait jamais dedifférend de plus grande importance

entre vosMajesté^ 3 ôc' adressant la

paroleau Roi

de France : Personne, soi dit-il, Sire, ne disconvienti

que lEmpereurne soit le

premierPrince de la Chré-

tientés mais étant dans ses Etatsfç)

dans fin 'Palais y

il me semble quevous ne deve% pas refuser

les hon-

neursqu

il croit devoir faire auplus grand

Roi de.

l'Europe. Uneréponse

aufíiprudente

& aufïì adroit

te contenta l'un ôc l'autre -yl'Emperéursortout lui

enfçut très-bon

gré1 il l'honora

depuisde

plu-»

sieurs-marques

de distinction-, Ôc dans des Audieiv

ces étant sor son trône, il voulutque

le Grand

Maître fût assis sous le même dais. Enfinquand

fe Grand Maîtreprit congé

de luiaprès le,départi

du Roipour

retourner en Italie & à Viterbe, il lui

tenouvella sespromesses qu'il

avoit faitesde liste:

de Malte, ôc ilajouta qu'il

rendroit sePape

rhaî»

tire ôc arbitre des conditions de cette infeodation^

Mais avantque

se Grand Maîtrepartît d'Eípa>

gne,il termina par Íà prudence

un différend qur

s'étoit élevé enPortugal

au sujet du Grand Prieuré

de Crato. Depuis laperte

de Rhodes & la retraite.

Tome lili EL

ViiuERsDE L'IsL E-

ADAM.

Bof.t.ì.i. s*

p. 4i.

7d. ibtdJ

Page 59: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

58 H I S TOI R E DE L'O R D R E

du Couvent à Viterbe, plusieurs Souverains de

lEurope peu affectionnez à l'Ordre, & sous pré-

textequ'il

n'armoitplus suivant son institut eom

tre les Infidèles, s'emparoientdés revenus dés Corn-

manderies, ou aupréjudice

dés Statuts dé íà Re-

ligion& dés droits d'ancienneté, en

difposoient

en soveur des Chevaliersqui

leur étoient lesplus

agréables.Lé Prieuré de Cratp étant vacant par

le décès de Jean de Menezés, le Roi dé Portugal

aupréjudice

du Chevalier Gonzaive de Pimentés

le conféra au Prince Louis son frère tocpour

dé-

dommager Pimentel, il lui fit ossrir uné pension

de neufmilse livres. Les Chevaliers Portugais pour

áie pointsouffrir

qu'onfît cette brèche à léurs

droits, refusèrent de reconnokre Dom Louis. Le

Roi irrité de leuropposition, les menaça de faire

íàisir tous les biensque

lOrdrepossèdoit

dans ses

Etats- & sousprétexte qu'ilrestoit

à Viterbe dans

une inaction contraire à ses Statuts, il déclaraquil

enemployeroit

les revenus dans uneguerre sainte,

£c contre les Maures de Barbarie,

Le Grand Maîtreprévoyant sagement qu'une

pareille entreprise, quoiqu'injiiste, pourrpieêtre

d'undangereux exemple par rapport

aux autres

Souverains, accommoda cette afìàire. Il crutque

dans des tems si fâcheux il devoit dissimuler une

injustice qu'ilne

pouvoit empêcher;il consentit

queDom Louis retînt l'administration du Prieuré,

ôc comme en Commande: maisenéchahgeilob-

tint du Roi une confirmationautentiqué

de tous

les droits, ôc dé tous lésprivilèges

dé son Ordre.

4?ë Prince s'engagea folemnellement à neplus

VtLLIEKSBEl'IjLE-

ADAM.

Page 60: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MA L T E. L I v. IX. 59

troubler les Chevaliers dans la jouissance des Com-

manderiesqui écherroient à chacun selon son

rang

3

d'ancienneté. Comme l'entreprisede Rhodes étoit

-

le seulobjet ôc

l'unique pointde vue

auquel se

réduisoient tous les desseins du Grand Maître, il

futstipulé par

le même traité, que pourune

guerre

si sointé,le Roi íourniroit à l'Ordrequinze

mille

crusades, efpecede monnoye d'argent,

valant

en ce tems-là chacun environquatre

francs ôc

demi.

Apeine

le Grand Maître était revenu en France^,

quil apprit qu'Henry VIII. Roid'Angleterre,,

fur se mêmeprétexte

dont s'étoit servi le Roi de

Portugal , & comme si lOrdrepar

laperte

de

Rhodes eût été entièrement éteint, avoitempê*

ché le Chevalier Veston deprendre possession

du

Grand Prieuré de cé Royaume;qu'il prétendait

même réunir à son Domaine les revenus de tou-

tes les Commanderies, ouque

tous ses Chevaliers

Angsoisservissent de

garnisondans Calais. Des

prétentionssi odieuses

affligèrentsensiblement le

Grand Maître : ilvoyoitavec

douleurque malgré

tous ses soins les biens dé son Ordre allpient deve-

nir insensiblement^proye

des Souverains ôc de

leurs Courtisans. LesPapes , en

qualitéde Souve-

rains s'étoient misdepuis quelque

tems com-

me enpossession

de nommer au Grand Prieuré

de Rome, ôc aux Commanderies vacantes dans

lepatrimoine

de S.Pierre, & dans leurs Etats,

Les Ministres del'Emperéur

en Italie de leur côté

s'emparoientfans

scrupule desplus

riches Béné^

fices. ôc ils croyoient éneore faire grâceà l'Ordre

Hij

-VlLtlE&SDE X'I SL If

ADAMÌÌ

Page 61: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

éo HISTOIRE DE I;ORJDRE

enprenant

sa croix, comme une marque qu'ils

n'en jouifloient qu'àtitre de Chevaliers. Dans un

brigandage& une désolation si

générale,le Grand

Maître eut recours au Roi de France y lé seul Prin-

ce de la Chrétienté, si onpeut parler

ainsi ^ qui

parmitant dé disgrâces

arrivées à laReligion

de

Saint Jean, lui eût conservé la même estime ôc |à

premièreaffectipn. > ^ ;

Le Grand Maître fit passer par [a Course Prieur

de S. Gilles & le Commandeur deBourbpn,qu

il en>

voyoiten

Angleterre.Çes envoyez,, PU si l'on veut

ces Ambassadeurs leprièrent

de íàpart

de vouloir

honorer l'Qrdre de íàprotection auprès

d'Henri

VIII.Le Roi lui en écrivit dans les termes les psos

pressans,& il

luimarquait parfa

Lettreque si l'Qr-

dredepuis

laperte

de Rhodes n'avoitpu

continuer

laguerre

contre ses Infidèles, ce n'avoit étéque fau-

te deportSjOÙils pussent faire des armemens ; qu'on

étoit en traité pour rifle de Malte) qu'ilse con-

juroitde çpntribuer à cet établissement$• qu'en

n'en auroit pas plutôtfait le Chef-d'Ordre ôc la

jPlace d'Armes de la Religion^ queles Chevaliers

fe remettroient en mer suivant seur profession >

&cque

les MarchandsAnglois

ses sujets seroient

peut-êtreles

premiers qui eprouveroientcombien

cet Institut militaire, quoiqu'indépendantd'aucun

Prince Chrétien, étoit cependantutile à toute la

Chrétienté.

Mais des motifs ,si justes & tous les offices de

cesgrands

Princes touchèrentpeu

le Roi d'Angle.-

terre: non-seulement il n'eutaucunégardaux

mé*

mpiresque

luiprésentèrent

ces deux Ambassa*

ViLtIBRSP* X'ISLE-

A;D A M.

Page 62: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. IX. ói

deurs y mais il leur défendit de faire sortir de ses

Etats niargent niefsets, provenants

des biens de

laReligion : il

congédiamême ces envoyez

assezbrusquement

Ôc íàns beaucoup d'égards pour

leur caractère. Ces Ministres à leur retour ayant

tenducompte

au Grand Maître du peudésoceès

de leurnégociation, ajoutèrent qu'ils croyaient

avoir démêléqu'une injustice -si criante venait de

ceque

ce Prince ,1e plusfier de son siécle, se té-

noit osseníèque

le Grand Maître eût visité le Roi

de France&4'jEmpereur fans lui rendre les mêmes

devoirs de civilité yôc cette conjecture n'étoit pas

fans fondement.Quoique

les Etats de Henri VUE

ne fussentpas si étendus

queceux de Charles-Quint

ôc de François Premier, il n'en étoit pas moins re-

doutable à ces deux Princes, dont il halançoit tour

atourlapuissance,suivant

lepartiquefeninterêt

lui

faisoitprendre dansleurs

déniêlèzrpar cette condui-

te adroite ilsefaisoit rechercher parl'un &l'autrede

cesdeuxPrinces,qui se ménageoient avec de

grands

égards.Le

personnage important qu'ilfaisoit dans

les affaires de l'Europe,1autorité absolue

qu'il

avoitacquise dans ses Etats, quoique

les Loix y

soientplus respectées que

les Souverains, Ôc l'híu

bileté aveclaquelle

il avoit toujours fçûtourner

les Parlemens dans ses vues y tout cela faisoit qu'il

íeregardpit,

ôcqu'il

vouloit être considéré com-

me larbitre de la Chrétienté. Le Grand Maître

eut d'abord bien de lapeine

à croire quese dé^

faut d'une formalité ôc d'une cérémoniequ'il

ne

devoitpoint, eût pu

exciter le ressentiment âece

Prince, ôcìe porter à traiter laReligion

avec tant

Hiij

Yixt »•¥*•"«Dí L'IUI.

ADAM.

Page 63: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

&ï HISTOIRE DÉ L'ORDRE

de dureté. Mais commeaprès

tout les Princes 1er

plus puiílàns , Ôc les Souverains sortòut, élevée

dans la flatterie, nerespirent

souventqu'un

ait

plein d'orguéilrôcde vanité, le Grand Maître crut

acheter à bon marchéJpar

uné,silegere

déféren-

ce, la main-sevéè des biens de son Ordre* Cé vé^

nérable vieillard íàns consoltér sonâge

ni la ri-

gueurde là íàìson ,< partit pour TAngleterre y Ôc il

se Bt-précéder par

le Commandeur Bosio, leplus

habilenégociateur quil y

èût dansV lOrdre; Ôé

peurêtre dans la Chrétienté .Ce Relij|iéux

sadrek

fa d?àbord/auCardinal deWolsey premier

Minif>

tre du Roi d^ngsoterrey auqueíiltendit une Let^

tre du Grand Maître, quile

prioitde

présenterlé

CPmmandeur aùRpi, ôc dé vouloir bien appuyer

auprèsde cé Prince les intérêts de la

Religion*

Lié Cardinal luiprocura

une audience : Bosiopréî

sentà à Henri une Lettre du Grand Maître, ^clui

appriten même-tems

quece Prince venòit

exprès

d'Italie pourso fàiuét j niais

quiln'avoit pas

cru

devoir entrer dànssos Étatsíànssçàvoir

s'il l'auroit

agréable.Henri adouci

parcette démarche, lui

répondit qu'ilétoit

pseinde vénération

jjyourla

personnedu Grand Maître;; qu'il

seroit ravi de voir

un sigrand (^pitainej cependant qu'il

étoit fâ-

chéqu'il

se fut mis en chemin dans une sorípn ft

rigoureuse -, maisqu'en

tout tems il seroit reçu

dans ses Etats, avéç k considérationqui

étoit due

à íatlignité

Ôc à son mérite. Le Roi renvoya se

Bosio au Grand Maîtrequil

trouva à la Cour de

France, Ôc il lui rendit deux Lettres , l'une du

Roi, Ôc l'autre dé son Ministre, dattées duvingt-

IÌL'IÌSLS-AD AMi:;:->' • —r

1514.1. Janvier.

Page 64: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

p E MA L TE, LIV? IX.%

cinq Février, toutes deuxtrèsTp)Dligéantes, ô£

daus seíquelles-pn l'invitpit a pàflfr au plutôt enl

Angseterre. Il s^y rendit endiligence, & après s'e-* «

tré repose quelques jours d^s Ja Çpmmanderie

pu^lePrieuré de §aint Jeau? ^Yp^ç^-p^tl^Çp.^.;

soivi des Grands Croix^dés Çpm^andetirs & des

Chevaliers d'Angleterre ^pxEépíïe^ quis-étpient

fendus dérdiferçnsendroitsi aupreVde lui.

Ceeorlégé éípit npmbrcují ^ m^nifiqúe

: Jc

pourlui dpnner encore plus dcclat, se Rp| en|

Voyà bien lpin au devant de luiplusieurs Milords

des plus c^r^fideraples de íà Gpur. Çé sot avec une

si noble ésopwté; quil entra dans le Palais..* Henri

soli t un accueil gracieux , ôc pn s'apperçut qusil

l'enviíàgeoitavéP cette attention quelui

soípiroit

la premiéfe vue d'un Prince, queíà conduite &

ía vaseur avoient fenduégalement fameux dans

i'iùropé^danslAsiev Lé GtaridMàîtteaprèsJu|

3ivoir rendue les çivilitez qu'ilcr pyoit devoir à-un

:RoisipuiíIànt,ne

jugeàpas àproposdéntrerdans

aucun détail desaffeires qui lamenpsent en An-

gleterre? il se cpntéàt^ 4^ démoder en

général

a. ce Prince feprotectionppur son; Ordrç. Tputíe

passa ensuite de lapart duJloi en

lpuangesfur la

défense de Rhodes, plus /glorieuse , .dit le Roiè

que ,1a conquêted une Province entiérje : ôc lors,

•que le Grand Maître vpulut se retirer, ce Prince

30rdonna à ses Officiers deleloger dàns son Palais :

il y fut servi avec lamagnificence

convenable

à sonrang

ôc à l'estime quele Rpifàisoit d'un hoste

íì illustrer

Ils eurentdepuis plusieurs conférences particu-

VlLtlEHfu'p L'ï SI, E*

A p AH,

Page 65: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

64 HISTOIRE DE L'ORDRE

lieres au sujet dusiège

de Rhodes, ôc d'un endroit?

nécessaire pourrétablissement du Couvent. Le

Grand Maître lui fit voirque malgré

lapuissance

formidable de Soliman, laReligion

seroit encore

maîtresse de Rhodes , si les Princes Chrétiens*

avoientdaigné y

fairepasser

se moindre secoursï

Il ajouta que manquantde vivres, de munitions

deguerre,

íurtout depoudre, qu'après- avoir vû

périrà la défense de cette Place la

plupartde ses

Chevaliers, ôc même des habitans -, queles Turcs

ayant poufféleurs travaux

jusqu'aumilieu de' la

Place , il s'étoit vû réduit à la derniere extrémité,,

ôc contraint de leur abandonner lepeu

de terrein

quilui restoit y qu'il

s'étoitembarqué

avec les dé*

bris de fa fortune y quedans ce

voyageil avoit été

battu de rudestempêtes -, ôc

que croyant trouver

tin azile dans leport

de Mestine , il en avoit été

chassépar lapeste yqu'en

attendantqu'il

eût trouvé

une retraite sure ôc fixe, sePape

Clément lui avoit

permisde se retirer dans Viterbe y que

lapeste ses

en avoit chassez une seconde fois ; qu'une par-

tie du Couvent, du consentement du Duc de

Savoye,avoit été

reçue dans fa ville de Nice ; que

les vaisseaux ôc lesgalères

de l'Ordre étoient enw

trées dans leport

de Ville-Franche -, queles au-

tres Chevaliers s'étoiént de son consentement di&

persezdánsses différentes Provinces de là Chré^

tienté, oû son Ordreavoit des Commanderies y que

lapeste étánt diminuée à Vitérbe, ils

s'y étoient

rassemblées sous laprotection

du S.Siège y ôc

que

dans une situation lì incertaine Ôc sidéplorable^

l'Emperéurlui offroit géncréusenient

les Istes de:'

Malte

Viitîïits

ÁDÀ M.

Page 66: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 6j

Malte ôc de Goze -, maisque

ses Ministres atta^

choient à cette donation des conditionspeu

com-í

patiblesavec

l'indépendancenécessaire dans son -

Ordre , ôcque

les Chevaliers nepouvoient

recon-

noître un Princeparticulier pour

leur Souverain *

fans se rendresuspects

aux autres -, d'ailleursqu'il

nedesesperoit pas

de rentrer dans Rhodes -, qu'il

yavoit actuellement un

partiformé

pouren chas-

ser les Turcs y queles principauxhabitans de llíle y,

ôc même des Officiers de lagarnison

étoient en-

trez dans cette conspiration -yqu'ilne

manquoità~

l'Ordrepour

tenter cetteentreprise que

les fonds-

nécessaires pourlever des

troupes,&

pour équi-

perles vaisseaux de la

Religion y quesi ce

projet

n'avoitpoint

de succès, ilaccepteroit Malte, ôc

qu'il eíperoitde la

générositéde

lEmpereur qu'il

voudroit biendispenser

lOrdre d'un assu jetissement

quidonnoit atteinte à leur liberté, & à cet

esprit

de neutralité dont les Chevaliers soif oientpro-

fession.

Le Roi d'Angleterretrouva se dessein de recon-

quérirRhodes :y digne

ducourage ôc de la vertu

du Grand Maître : ôcpour participer

enquelque

manière à une si nobleentreprise,

il luipromit

vingtmille écus, dont il

paya depuisla valeur en:

canons, ôc en armes à feu. On neparla plus

de sai-

sie , ni d'arrêts des biens de l'Ordre, ôc encore^

moins dedisposer

des Prieurez & des Commande-

ries. Le Roipria

seulement le Grand Maître de-

vouloir bien conférer legrand

Prieuré d'Irlande'

auTurcopiliér appelle

Frère Jean Ranson, quií

avoit déja servi utilement ce Prince dans legou>

Tome IIL %

VltUER*DE t'ls LE-

ADAM-

Page 67: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

66 HISTOIRE DE L'ORDRE

vernement de cette líle ,&. quiavoit

íçu paria

douceur aprivoiserles habitans, nation encore fa-

rouche & à demi-barbare.

Le Grand Maître, pour complaireà un Roi

que

lOrdre avoit tant dinterçt deménager , obli-

gease Chevalier Babington,

de rêmettrele Prieuré

d Irlande a Ranson, quien

échangese démit en fa

faveur de la Commanderie de Dinemor, & de la

dignitéde Turcopilier Le Grand paître les fie

en outre convenirque

si Babington parvenoit au

grandPrieuré

d'Angleterre,il se

chargeroiten fa-

veur de Ranson d'unepension annuelle de dix huit

cens livres. Le Roi parut fort content de la dili-

genceôc de lexactitude avec

laquellele Grand,

Maître avoit exécuté cequ'il avoit exigé de lui :

il lui en fit des remercimens , confirma tous les

privilègesde son Ordre : ôc

quandce Prince

prit

congéde lui pour

retourner en Italie,il luienvoya

de íàpart,

& de lapart

de la Reine, un bassin ôc

unecoupe

d'or ,enrichis de

pierreries, que se

Grand Maître remit depuis au trésor de la Re-

ligion.;

;

Le Grand Maître revenoit en Italie aveç la joye

d'avoir maintenu en France, enEspagne,

en Por-

tugalôc en

Angleterreles droits & les

privilèges

de son Ordre, ôc danslefperance de tirer des Sou-

verains de ces Etats, ôc sor-tout duPape,

des for-

cescapables

de faire réussir Tentreprisede Rhodes.

Maispendant que

cet illustre vieillardparcouroit

les principalesCours de

l'Europe,il étoit arrivé

dans Rome différentes révolutions qui ne luiper-

mettoientplusde

pouvoir compterfiir les secours

VltLIERSÎ3E L'IS LE-'

•ADAM.

Page 68: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX, iy

quele Pape lui avoit

promis. Nous avons ditque

Clémentpour

balancer lapuissance

de Charles-E

Quint, devenue formidabledepuis le

gainde la

bataille de Pavie , avoit fait uneLigue pour

Ia

fureté Ôc la liberté de lltalie,avec le Roi deFrance,

celuid'Angleterre,

les Vénitiens , Sforce Duc de

Milan, & les Florentins. On l'avoitappellée

LA

S AIN TE Li GUÉ, parcequéle

Papeétoit à la

tête : ce Pontife , comme laplupart

de sespré-

décesseurs, necraignoit

rien tantque

le rétablis-

sement de lautoritéimpériale

en Italie. Mais les

exploitsde cette

Ligue, parlés différens intérêts

des Alliez , nerépondirent pas

à l'ardeur avec la-

quelleelle avoit été formée.

L'Emperéur parle

moyendes Colonnes ses

par*

tifans , sofeita uneguerre

civile dans ses Etats du?

Papey&ce Pontife retenu

parla crainte de la dé-

pense,s'étant laissé endormir par

un traitéqu'il

fit

avec les Ministres delEmpereur

& les Colonnes 9

congédiales

troupes qu'ilavoit dans la

Romagne.-

Ses ennemis lé voyant deíàrmé,. aupréjudice

de*

leur foi, Ôc du traitéqu'il*

venoient designer,

en-

trèrent en armes dans Rome. Le Cardinal Pom-

pée Colonne, leplus

furieux des ennemis duPapèy

étoit à là tête de ces rebelles :: onprétend qu'il

en?

vouloit à la vie de ce Pontife r que parfa mort ôc

h force des armes,, iïafpiroit

à s'élever sor le trône

de Saint Pierre. LePape

n'eutque

lé tems de se

sauver dans lé ChâteauSaint-Ange y mais Comme

il n'y avoitpas

de vivrespour long-tems , il fut

contraint de recevoir la Loi dé ses ennemis. On

fobligea de signer une trêve dequatre

mois aveç

ï ij;

VlLIÏÎRSDE i/IsJL É*

A © A M-*

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í

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v

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íGuicha?dt&

"'/. 17*

a-"

Page 69: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

>é8 H ISTOIRE DE L' O R D R E

lEmpereur y depardonner

aux Colonnes, ôc de

donner desotages pour

fureté de faparole.

Mais

il n'en étoitpas

esclave y ôc il n'eutpas plutôt

re-

çu quelquesecours du Roi

d'Angleterre, qu'ilre*

pritles armes, ôc

rompitla trêve , sous

prétexte

qu'onla lui avoit fait

signerle

poignardsor la

gorge,ôc

queles Colonnes sor-tout, qui étoient

vaílàux du SaintSiège,

n'avoientpasjpû

forcer

leur Souverain àcapituler.

Pourvenger

l'insolte

qu'ilslui avoient faite, il commença à faire éclater

son ressentiment en privant solemnellenient Pom-

péeColonne de la

dignitéde Cardinal jil fît mas cher

ensuite contre lesSeigneurs

de ce nom des trou-

pes qu'ilavoit levées de nouveau

pourfa fureté.

Vitelli son Généralravagea

leurs terres, pilla les

Villes & les Châteaux qui appartenoientà cette

Maison, en raza les murailles, & laissapar tout

de funestes marquesdu ressentiment de son Maître.

L'Italie entière étoit enproye

aux différentes

armes delEmpereur

ôc des Confédérez : on ne

peut exprimer les pillages,les violences ôc les in-

humanitez, quetant de

troupesde nations diffé-

rentes exerçoient dans les Provinces oùchaque

partise trou voit le

plusfort. Les soldats n'avoient

souvent pour soldeque

la licence &limpunité :

ôc leurs Généraux consoltoient moins les ordres

qu'ilsrecevoient de leurs Souverains , que

les

moyensde faire subsister leurs troupes.

Le Connétable de Bourbon , Prince duSang

de France, quele

dépitde se voir

persécuté par

Ja mère de François premier,avoit jette dans le

parti del'Emperéur,

nepouvant

fournir à lapaye

V HUER SSE t'is LE-

AD A M.'

Page 70: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. LÏ V\" IX. 69

d'un corps d'arméequ'il commandoit, pour ap-

paiserles

plaintesde ses soldats , leur

promitse

pillaged'une des

plusriches Villes d'Italie, fans

désigner plusouvertement

quelétoit lob jet de

cetteentreprise.

On avoitpeu

vû dé Générauxqui

sansargent

ôc fans donner de solde à leurs trou-

pes , eussentacquis

comme lui leur confiance &

unempire

absolu y mais certain air degrandeur

que produitune haute naissance, &

quele

respect

soittoujours";

íà rare valeur, íàcapacité

dans se

métier de laguerre,

ôc même des manières fami-

lières fans lui faire rienperdre

de íàdignité,

soi

avoient attiré laffection de ses soldatsqui

l'ai-

moient jusqu'àladoration : & ils jurèrent tous de

le suivre, dit Brantôme, quelque part qu'ilvou-

lût aller : Fut-ce y s'écrioienriis,^ tous les diables.

La marche de cette arméequi

s'acheminoit en

diligencevers la Toscane, épouvénta

lePape : il

retomba dans ses incertitudes ordinaires. Les Mi-

nistres delEmpereur

enprofitèrent,

&ils tâchè-

rent de luipersoàder qu'il

ne trouveroit d'avan-

tages solides, & même de fureté, quedans une

étroite alliance avec leur Maître.

-Clément, quoiqu'il

eût déja ététrompé par

ces

Ministres , comme nous le venons de voir, fut

bien aise de les croire, ôc de chasser de sonesprit

des irrésolutionsqui

lui montroient lepéril

fans

lui donner lesmoyens

de léviter : ilsigna

une

nouvelle trêve. Lannoy Viceroi de Naplesavec

lequelil traitoit, lui

répondit qu'iln'avoit

plus

rien à craindre de Bourbon & des autres Géné-

raux delEmpereur.

Il s'en flatta, & ilregarda

ce

ni;

VlLLIERÍDE L'ISXE-

AD A M.

if Mars,

Page 71: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

fp Fí í S T O I R E DE L*:Ò R D R E

traité comme une barrière invincible quifermoít

auxtroupes Impériales

lentrée des terres de l'E-

glise. Mais Bourbon, soit de concert avec Lannoyj,

soit contre lavis de ce Ministre, continua fa mar-

che^ &pn le vit bien-tôt auxportes

de Rome. II ;

présenta lesoalade r ôc enappuyant

soi-même une

échelle contre la muraille ^ il reçutun

coupde

mousquet, qui ne lui laifia que deux heures de vie».

Ses soldats furieux de la mort deseur Général>fbr^

cerent» ceuxqui

défendoient la muraille yjíe jet-

terent dam la Ville lépéeà k main ,Sr tuèrent

tout cequi se présenta devant èux. Ils se

répandi-

rent ensoite dans ses differens quartiersde cette

Capitaledu monde chrétien- ils entrèrent dans;

ses maisons *&íàns égard pourlà

dignité ,lâgeout

se sexe, ilsy commirent des eruautez ôc des vio»

sences qu'à peineon auroit

pucraindre des Nat-

tions lespsos barbares.. Ce

quiest de plus déplo^

rabse,.c'est quecette afireuse scène ne dura pas;

seulement vingt-quatreheures „ comme il arrive-

ordinairement dans ses Places emportéesd'aíîàut ;,

mais, que pendant psosdedeux mois les Impériaux

renouvelloiént tous les jours ses mêmes viosences ::

&pour

satisfaire leur avarice ôc leur lubricité, ils

n'épargnèrentni les

íàcrisegesy,ni se viol^ni les,

meurtres desang

froid.

Le Papeavec treize Cardinaux s'étoit

réfugié

dans se Château Saint-Ange :: il s'y vit bien-tôt inv

yesti ^cependant avec cequ'il

avoit de troupes,il

tint près d'un mois ; mais ses vivres luimanquants

il futobligé

decapituler

une seconde fois avec ses»

ennemis»

DE L'ÎSLE*ADAM.

! | -

mmmmMmMmmmmmmwmmmmmmmmmm

15Z7.6 May»

<M11m1 mmm.

1517-

30 Octobre,

Page 72: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. L i v. IX. 71

- Les conditions de ce nouveau traité attroientD

été honteuses si elles nèussent été nécefíàires : les

Impériaux exigèrentde lui

qu'ils

obligeât dépaver

quatre cens mille ducatspour

la solde de l'armée.

On ajouta qu'il déméureroit prisonnier jusqu'à ce

qu'ileût fourni se tiers de cette somme -, qu'il se-

roit ensoite transféré dans le Château de Naples,

pour y attendre cequ'il plàiroit

àl'Emperéur

d'or^

donner de íàpersonne, Ôc qu'il livreroitses Châ-

teauxSaint-Ange, d'Qstie , de Civita - Vecchia,

de Castelane, Ôc les villes de Patine, de Plauance

&deModêne. -

Charles-Quint fut ravi de voir une seconde fois

un de sesplus grands ennemis, tombé dans ses

fers ; mais bien loin de laisser éehaper ses vérita~

blés sentimens , par respect pourla

Religion,il

les couvrit des apparences d'une sensible affliction:

& auxpremières nouvelles qu'il eut de la prison

duPape,

ôc comme si ce Pontife eût été fàit pri-

sonnier pardes Turcs ou des Corsaires, il

prit pu~

bliquementle deuil, ôc fit faire dans toute

l'Eípa-

gnedes Processions solemnelles

pourdemander à

I)ieu fa liberté : afíectation qu'ilppussá tròp loin,

Ôc dont même parmi ses sujets il n'y eut au plus

que se petit peuple qui en fût la dupe.

Pendantqu'il jouoit cette comédie en

Espagne

d'une manière sipeu convenable à un

grandEm-

pereur , de peur queson prisonnier ne soi échap-

pât,il envoya des ordres à Rome qu'pn

en remît

la garde à un vieil OfficierEspagnol, appelle

Alar-

çon, qui avoit été chargé à Madrid de celle de

François premier, Cet Officier n'eut pas moins de

VlLI.IïAJ'DE L'I S-L-H-

ADAX*.

Page 73: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

7i HISTOIRE DE LORDRE

duretépour

lePape, qu'il

en avoit faitessuyer

ara'

Roi de France : ôc il secomporta

envers unpri-

sonnier de cetteconséquence,

moins en soldat ôc

en Officier, quecomme auroit

pûfaire un co-

mite ou ungeôlier

de criminels. Mais ce quifut

plus sensible à ce Pontife quele sac de Rome, ôç

íàprison,

c'estqu'il apprit que

les Florentins, aux

premièresnouvelles

qu'ilseurent de ce

quivenoit

de sepasser

à Rome , chassèrent toute la Maison

de Medicis, non seulement de la Ville, mais de

tout l'Etat de Florence, sousprétexte qu'elle y

étoittrop puissante

&trop

autorisée.

L'eípritde

partialla

jusqu'àarracher lés arme»

de cette famille de tous les endroits'oû on les'

avoitplacées

: tout cela se faisoitpar linstigation?

des Ministres delEmpereur.

LéPape eraignoit

mêmeque

songeôlier

n'eût dés ordres secrets de

se défaire de lui j mais on lui doit cette justice ^

qu'iln étoit

pas capablede commettre un si

grand

crime, &qu'en

tenant lePape reserré, & fans lui

accorder le moindre adoucissement dans faprison,,

il ne faisoitque

suivre son humeur farouche ôc dé-

fiante. Il est bien vraique

nousapprenons

d'un-

Historien, quelé Cardinal Colonne le

pressa plu-

sieurs fois de soirepérir ee Pontise : outré

quece-

Cardinal nerefpiroit que vengeance , il se flat-

toit encore de trouver dans cettevengeance

ía-

propreélévation. Mais soit qu'une proposition

ûi

détestable fît justement horreur à cet Officier, ou

que parla mort du

Papeil

craignîtdé'

perdrefa*

partde fa

rançon ,11 est toujours certainqu'il

re-

jetta avec une fermeté invincible lésindignes

sol—

licitatipnsï

VlLlIBUSDE L'IS LE'

A t>A M:

Page 74: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M AL TE. L IV. IX75

licitations de ce cruel Cardinal, &que

tàntque

foPape

resta sous íàgarde , il veilla autant à la

conservation de sonprisonnier quàlâsoréfé de'íà

prison.

X.e Grand Maîtrequi étoirami

particulierdu

Pape, attaché étroitement àfàpersonneéc

à ses

intérêts, sot sensiblement tpuché de ladisgrâce de

ce Pontife. D'ailléurs linimitié déclaréequi

étoit

entre lui Ôcl'Emperéur, saprifòn,

laguerre

allu-

npedanstoutes les Provinces d'Italie, lapaitqu'y

prenoient laplupart

des Souverains del'Europe,,,

desligues

8t des traitezqui senégoçioienténmê-

me-tems detouscotez, ne

permettoient guéres aux

Chevaliers de Saint Jean d'eíperer que l'Emperéurdans le tumulte des armes voulût

entendreparler

dé 1 affaire de Malte yôc surtoutque

ce Prince am*

bitieux ôc insatiable de domination se relâchât sor

uneefpeee

de vassalitéqu'il

Vouloitattacher à lin-

feodation de cette Iste. Laplupart

desChevaliers^

ôc surtout les François, dans lacrainte dé tomber

fous lapuissance

de Charles-Quints montroienc:

autantd'éloignement pour Malte, que

lésEspa-

gnolsavoient de

passionde

s'y voir établis. Le

Grand'Maîtrejugea

bienqu'il n'y avoit que lé

Pape qui parses bons offices

pût-obtenir dé lEm-

pereurune cession

pureôc franche; niais

quece

Pontife, tantqu'il

ne seroirpas

réconcilié avec

l'Emperéur,ou ne s'en mêleroit

pas,ou s'en me-

léroir inutilement. Ainsi on résolut dans le Con-

seil de l'Ordre d'attendre du bénéfice du tems uni

éclaircissement dans les affaires del'Europe, quelle

seroir la destinéedu-Pape,

& leparti qu'on pren~

Tome IIL K

'VirtitR^í

-ADAM.

Page 75: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

V'ífcl.IEil.S

J4 HlSTOIE-E IDE 1*ORMÍ

droit déçisivement au ínjet de Rhodes oudéMalte*

si îQutrcla;dÌríerénçequilî y avoir eritre ces deux

lises?, soitppuisour grandeur^l'étendue

de leur

domination^ & leurs richesses, se Grand Maître

affligéde íe voir se triste témoin dés guerres

con^

tinuelses entrer ies^PrinçesChtótiènà^ fésouhaitoit

mi íonû dé lAsie ^ feous ses vosux soportoiéntdu

côté de Rhodes:il n'y avoit pas long^ténas qu'ilen

avoit reçu dés nouvelles.

EurimiusMétropolitain

Grec deçìmteMe^e

premiermobise de lentreprise ^ àuífî

inquietdu

retardement, qu'unChef de

partise

péutêtre $. ôc

dans la crainte d'être découverts avoit envoyéau

Crand Maître^, cpuriers sor cpuriers ippuren a;p>

prendredes nouvelles 3 $c pour

en hâter l'execuu

xïon. Le Grand Maître lui récrivitque

la Ré ligioni

prêtant pasenétat de fournir soûle aux frais d'un

sigrand

arme ment, â avoit été obligéde

pàfser.

3uumêmee& france,enEspagneôc eniAngleterré

pour tâcher dén tirerquelque socours^ qup«iar.

moit actuellement les deuxgrandes caraques

de

taReligion*qu'il

soisoit construire eu même tems

tfroisgalères ^ que

la Franéé lui en avoit donné

lesforçats^ l'Ahgleterre ses coursiers 3é fàrtillé-*

rie$ qu'pétoit

obligé de se trouver au Chapitre

^généraide son Ordre

qu'ilavoit convoqué

à Via

íterbe^ mais>quil eíperoir pàroltré peu; âpresdevant

^Rhodes avec une fsotte ôc destroupescapablesd'en;

chaster les infidèles. Ilichàrgeade cette Lettre 1c

Commandeur Bosio,, l'Ambaûadeur ôc leNégo-

ciateurgénéral

de toutes les affaires de FOrdre %

M iiïé fitrepasser

eiì Orient áne secondefbísppu^

Page 76: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

J&E- MALTE. LIV, IX. 75-

j?econnoîtrRla disposition desesprits &; afin de

prendreavec les principaux:Habitans de l'Iflè,les

x

dernieres mesuréspour

léxecution d'un dessein si*

important.Les

guerres çontinueises qui agitaient

foute l'Europe,,ne,permirentîpa^íaux Cheva-

Bersqui étoientses plus éloignez; de l^Italie^dé se

rendre auChapitre^le Grand Maître en fit l'ou-

Vérture par un discours également gravé ôc tou-

chant; Ilrappelladans

le souvenir de l'Àstémblée

laperte de Rliodes,, la; d^pfítipn; jde ía^ plupart

des Chevaliers^ lektempêtes qu'il

avoit fallu es-

suyer ,,la peste& la maladie dont le Couvent avoit

étéaffligé >; lavidite des seculiers à envahir le bien;

de l'Ordre,, ôc la crainte d'un avenir encofé plus*

fâcheux si on ne leprévenpit par une résidence:

fixe, ôc dans quelque port dé mer,, d'oû les Che-

valiers ,r en renouveílant laguerre contré les ínfi-

deses ptàlsent auxv Souverains peu affectionnez à

tà Religion *;le prétexte de sempareK de ses biens..

Déplorant ensoiteíàvieilîeíse,sos courses ,fcs voya-

ges yses songstravaux y, le malheur des tems ,,& fe

miser espubliques xFalloitMysècúa. ce

grand hòmv

jné, que je survéeufie à laperte de Rhodes y pour

être encore témoma lxextrémité de ma vie y deladiffi-

pation, @r peut-êtrede la ruine entière d'un Ordre

fi saintement institué3 0-dontlegouvernementma-

voit été confié? Alors adressant laparole

à tous les

Chevaliers, il ses conjura dans les termes lésplus

pressansau nom dé léurs

prédécesseursFondateurs

de l'Ordre, ôcpar

léíàng qu'éuxrmêmes

Ôc leurs

confrères venoient dé répandreà là défense de

Rhodes, de faire cesser des divisionsqui

nepou»

ADAM.

Page 77: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

76 HISTOIRE DE L^ORESLE

voientqu'être très-funestes à

laReligBn,&: de se

réunir tous dans un même sentiment au sujet du

choix d'unport pour

la résidence du Couvent.

íXJn discours si touchant , ses cheveuxqui

avoient blanchi à làguerre!

Ôc sous le casque,son

désintéreísernént^ison zélé Ôc son àstéction^nfinie

pouria conservation de l'Ordre, attendrirent tou-

te lAssemblée: ôc comme iln'y av^it que deux

pu rrois desprincipaux

du Conseil <níï fçuísent le

secret de làftairéde Rhodes, toutes les voix dès dif>

ferentes nations se téunirentà, demander àlËmpe-^

reurï:lfle de Malte,mais,franche de toute sujétion b

-& à condition seulement de faire dire tous les ans

«uné Messe solémnelle en mémoire de ce bienfaits

le jour quese

passeroitcette donation, ôc d'en-

voyerà , sonVice-Roi de Sicile un faucon, mais fans

députation,&

par <qui on jugeroità

propos.

On fitpartk auífi-tôt dés

Députez pourla Cour

íde Madrid, quià ces conditions avoient ordre de

•traiter avec les Ministres delEmpereur>, mais ils

ies trouvèrentplus

froids &plus

concertezqu'on,

ne leur avoit faitespérer. Quelque

désirque

lEm-

pereureât d'abord fait

paraîtred'établir l'Ordre

de Saint Jean dans l'Iíle de Malte, ôc de s'en ser-

vir comme d'un boulevartpour

mettre àl'abri des

incursions des Infidèles, la Sicile Ôc les côtes du

Royaume deNaples,

on lui fa craindre depuis que

dans laconjoncture présente,

Scpendant qu'il

étoit

«enguerreavec la France, le Grand Maître, Fran-

çois de nation, n'ouvrît sesports

aux flottes de

François premierôc de ses conféderez, Ôc

qu'ilne

l&ypriíat leursentreprises.

D'ailleurs rattachement

VlLLIER-S»E L'ISL E-

A DAM.

Page 78: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE, LIV. IX. 77

des Chevaliers pourles intérêts du Saint

Siège

n'étoitpas

moinssoípect

al'Emperéur.

D'un au-

tre côté célui dèsDéputez

dé cét Ordréqui

avoit

le secret des affaires, ôcqui sçavoit que

lé Grand

Maître conservoit toujours l'eípérancéde rentrer

dans Rhodes, neprestoit pas beaucoup

cette né-

gociation: ainsi

parles différentes vues dé ceux

^qui traitoient, elle traîna encore long-tems,ôc

onjugea

bienque

cettegrandéaffàire

né se con|

cluroitque

dans unepaix géheràlé,

outout au

moinspar

la liberté du Pape, Ôc íà réconciliation

feinte ou véritable aveclEmpereur.

On la eroyoit encore bienéloignée;

mais la

marche de l'armée de France commandéepar

le

Maréchal de Lautrec, quis

avançoitdu côté de

Rome, en hâta le conclusion. Cette armée étoit

composéede

vingt-sixmille hommes de

pied,de

mille hommes d'armesi fanscompter

la Cavale-

rielegere.

Iln'y avoit au contraire dans Rome

qu'unmalheureux reste de

troupes Espagnoles&

Allemandes, quiavoient saccagé

cettegrande

Ville : lepillage

& le butin avoient fait déserter

ungrand

nombre de soldats : il n'en étoitpas

moinspéri par

lacrapule

& la débauche, & des

maladiescontagieuses, qui

infectant alors diffé-

rons cantons delltalie, avoient achevé de ruiner

cette armée.

AinsilEmpereur prévoyant qu'il

nepourroit

pas empêcherles François dé remettre le

Papeen

liberté, voulut s'en faire honneur. Mais comme

son intérêt étoit fortsupérieur

à desimples

vues

degénérosité, il ordonna à ses Ministres en trai-

Kiij

VIXLIEKSDE L'is L E«

ABAM.

15x8.

Page 79: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

78HISTOIRE DE L'ORDRE

tant avec lui, d'en tirer tous lesavantages qu'íîk

pourroient. Hugues dé Moncadequi

se trouva

chargéde cette

négociation ^ lui ditqu'il

avoir

ordre del'Emperéur

de le mettre enpleine

liber-

té : ôc mêmepour lui en faire

goûterles

prémi-

ces, il fut moins.resserré. Ilexigea d'abord qu'if

se détachât de laligue,

ôcqu'il reprît

le caractère

depereçommunde

tous les Chrétiens. Iln'y

eut

pas beaucoupde difficulté sor cet article: le

Pape:

peu scrupuleuxsor íà

parole ^pourse tirer d'env

barras, aurpit signétous les jpurs de nouveaux;

traitez. Mais on lui demandaHypolittei

ôc Ale-

xandre de Medicis enotage,,ôc pour

caution de

l'execution du traité. Le Ministre impérial ajoutai

que quoiquece ne fûtpas lintentionde son Mafc-

tre, cependantU ne

pouvpit lui; ouvrir entière-

ment sesportes

de íàprison, qu'il

n'eûtpayé comp-

tant lesquatrecens

mille ducats dont on étoit conv

venu dans leprécédent traité-, ôc

quefans cette

conditionpréalable,

ilcraignoit que

ses soldats de

lEmpereur, la plupart Luthériens, ôc dont il n'é-

toitpas

le maître, n'attentassent à làpersonne

de

Sa Sainteté..

xCe Pontife entendit bience

langagey mais il

craignoitencore

plusMoncade lui-même

queses,

soldats. Pour se tirer plutôtde ses mains, il

pro-

mit depayer comptant quatre-vingts quinze mille

ducats j:de donner une pareille somme quinze jours,

aprêsfa sortie de Rome ,,&le sorplus

dans les trois-

mois soivans. Pour fournir cette somme,il faillite

dit Guichardin, avant de sortir du Château Saint

Ange y aliéner des biens del'Eglise^véndre^paur.-

VILLIERSDE L'ISLE-

AD A M.

Page 80: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. IX 79

ainsi dire, à lencan, 6^ a detrès-indignes sojets,.

trois; éhapeaux de Cardinal^ ôsrcéla, dit cet Fîisr]

torien, pour soudoyer des Hérétiques auxdépens-

& du consentement du Vicaire <dé Jefos-Christ, í

qui fut encore obligé poursoreté de íà parole de

donner énotage

outre ses/neveux^ psosiéursCar-

dinaux quilui étoient ses

plusattachez.

On fixa au neuf de Décembre le jour qu'il de-

voit être mis en liberté j maiscommemalgré

tous

léstraitezilrégnait départc&:d'aurre une défiance

réciproque,le

Pape craignant queMoncade ne

luimanquât

deparole, pendant qu'il

étoit moins

observé, trouva lemoyen

la nuitprécédente

de

sortir du Château, déguiséen marchand: ôc

ayant

monté sor un chevald'Espagne,

ilgagna

en dili-

gencele Château d'Orviette où il se retira.

Ce Pontifepersuadé qu'il

ne devoit íà liberté

qu'àla faiblesse

des•troupesdé

lEmpereur,& ai

lapprochéde larmée.de France , en écrivit une!

Lettre fortobligeante

au Maréchal de Lautrec :

«& comme sipar

unleger compliment

il eût satis-

fait à sespremiers engagemens..j

il se tint depuis

dans uneeípecède

neutralité , dont ileût été à

áouhaitrer., pour lédificàtson del'Eglise, qu'il

ne

fe fût jamais éloigné. Cependantla

guerreentre

l'Emperéurôc les Confédérez dura encore

présde

deux ansavec differens succès -, maistoujours avec

la même fureur, &: la même animosité.

Pendant ce tems-là3 le Commandeur Bosio, que

le Grand Maître>avoitenvoyé.àiRhodes , comme

nous lavons dit, en révint avec de mauvaises nou-

velles. Leprojet

du Grand Maître avoit été corn-

VlLLIÈRSDE XTSL E-

Guichard;»

l. iS.

Id.ibídy

Page 81: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

8o HISTOIRE DE L'ORDRE

muniquéà

tropdé

personnes y ôc lexécution en

avoit ététrop long-tems

différéepour qu'il

em

pûdemeurer secret. Les Turcs en eurent

quelque

soupçon : le GrandSeigneur changea

auíli-tôt la

garnison,fit mourir

plusieursChrétiens Grecs, &<

même des :Mahométans :ôc ce ne futqu'a

vecdes>

peinesinfinies & au travers de mille

périls, que

le Commandeur Bosioput échaper

au»perquisi-

tions du Gouverneur de Rhodes. Pour se consoler

de ce mauvais soecès, ceReligieux

d'ungénie

trèsprofond, & fertile en ressources, proposa

au

Grand Maître le dessein des'emparer

de la ville

de Modon , ôcd'y

transférer la résidence Ôc l'ha-

bitation de l'Ordre.

. Cette Ville située dans la Morée avoitappar-

tenu aux Vénitiens dés lan 1114. BajazetII. s'eiL.

empara en1498. Un Rhodienappelle

Lomelin

Del-Campo,ôc retiré à Messine

depuisla

pertede

Rhodes, fitenvisager

à Bosio à sonpassage pour

cette Iste, qu'ilne seroit

pasdifficile à l'Ordre de

se rendre maître de Modonpar

lemoyen

de deux

Turcs Grecs & Chrétiens de naissance, avec les-

quelsil entretenoit une relation assez

particulière

ausujet du commerce, &

quilui avoient confié

le remorsqu'ils

souffroient d'avoir renoncé à la

foi, & le désir sincère de rentrer dans le sein de

FEglise,si-tôt

qu'ilsen trouveroient l'occasion fa-

vorableique

l'un de cesrenégats appelle Calojan-

commandPit sor leport , ôc

quel'autre

appelle

Scandali, enqualité

degrand

Douannier , étoit

maître de laporté

du molé, ôcque

tous deuxse-

roient ravis de favoriser uneentreprise quiremet-

troit

VULIERSPÏL'ISLE-

A D.A M-

2os.t.3.Ls.

Page 82: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE, LIV.IX. SI

troit une Place aussi importante au pouvoir des i

Chrétiens. Boíio toujours vit ôcentreprenant , _

quandil

y alloit des intérêts de faReligion,

vou-

lut reconnoître lui-même la Place ôc 's'aboucher,,

s'il lepouvoit,

avec les deux Turcs. Dans cette

vue ilprit

des Lettres de Lomelinpour

l'un Ôc

l'autre, ôc enpassant proche

dé l'Iíle deSapienza,

quiest

prochela côte méridionale de la Morée,

ôc vis-à-vis d e la ville de Modon, à la faveur d'une

cale, ils'y

tint couvert ,."& envoyaàModondàns

unebarque

depêcheur,

un Rhodien de fa fuite}!

appelleStefi

Marquet, quiremit de fa

partces

Lettres aux. deux Turcs. Ils se rendirent la nuit à

son bord -y il les trouvapleins

d'un sincèrerepen-

tir de leur faute, & résolus del'expier

auxdépens

même de leur vie. Le Commandeur les confirma

dans une sigénéreuse résolution, ôc

aprèsavoir

examiné ensemble les differensmoyens d'exécu-

ter leur projet,ils s'arrêtèrent à celui-ci, qu'à

la

faveur de cetteintelligence Ton cacheroix un nom-

bre de Chevaliers dans des vaisseaux marchands j

jcni unepartie

de ces Chevaliers seroit introduite

la nuit dans la tourqui

commandoit leport,

Ôc

jqueles autres se íaisiroient de la

portedu môle ;

qu'ontireroit ensuite un

coupde canon

poursi-

gnal , ôcque pourlors

la flotte chrétienne cachée

derrière l'Iíle deSapienza, s'avaneeroit, ôc

que

lestroupes, après

êtredébarquées,

entreroient

parla

portedix môle,.se jetteroient

dans la Place,,,

ic s'en rendroient maîtres.

Bosio trouvantbeaucoup

de facilité dans: cette'

«entreprise , donna degrandes louanges

aux deux:

Tome IIL L-

VÏLÌIERSDE l'Is L 1*

ADAM.

Page 83: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$2. Hl ST O I R E DE LOI D R E

renégats.Il les exhorta à

persévérer constamment

dans se desseinque

le Ciel leur avoitinspiré pour

leur salut, & en même tems il leurpromit

de

grandes*récompenses,s'ils contribuoient à la con-

quêtede Modon. Il continua ensuite son voyage ;

ôc à son retour en Italie, il renditcompte

au Grand

Maître de cette 'nouvellenégociation,lui repré-

sentaque

Modon étoit située dans unpays

fertile

ôc abondant, ôc où on pourroits'étendre si l'en-

trepriseavoit un heureux succès y que

la Place n'é-

toit coitímandéepar aucune hauteur voisine y que

la mer l'environnoit de deux cotez, &qu'elle

étoit

separée de la terre fermepar

un fosséqu'on pou-

voitélargir j que

seport

étoitípatieux

ôc assuré

parle

moyend'un

grand môle, ôc deplusieurs

écueilsqui

en défendoient l'éntrée, Ôcque

l'Iíle

de Sapienza en étant voisine, on y pourroitcons

truire une citadelle, quiserviroit d'une fortifica»

fion avancée àlégard

de la ville de Modon.

Le Grand Maître ne rejetta pascette

proposi-

1

tion j mais comme c'étoit unesprit solide, voyant

l'àffaire de Rhodes absolument échouée, ilpré-

fera rétablissement certain de Malte à descípe-

rances incertaines de laconquête

de Modon. Ce-

pendantcomme dans ce dernier

projetil

yvit de

là facilité, il en remit lexecutionaprès qu'il

au-

roitpris possession

des Istes de Malte & de Goze,'

íôc ilenvoya

Bosio auPape

le solliciter de fapart

Scde celle dé tout l'Ordre, de vouloir bien inter-

venir dans le traitéqu'on proposoit

au sojet de

Malte, ôc d'en adoucirpar

son crédit larigueur

des conditions.

VlLlIERSDE i/IsLE-

ApAM.J

Page 84: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E. L I V. I X. t$

Ce Pontifeéloigné

de Rome, épuiséd

argent,

rebuté des malheurs de laguerre, travailloit alors

parun nouveau traité avec

lEmpereur, àréparer

tespertes

: & ce Prince, s'il eûtpû se fier à ía

pa-

role, n'yauroit

paseu d'éloignement : il auroit

même été bien aisepar

une réconciliationd'éclat,

d'effacer du souvenir des Chrétiens le scandale

qu'ilavoit causé

parla

prisonde ce Pontife, &

parle

saccagementaffreux de la ville de Rome.

Clément n'avoit, pourainsi dire, qu'un

endroit

sensible, quiétoit le rétablissement de sa Maison

dans Florence. Charles-Quint leprit

de ce côté-

là : il lui fit offrirMarguerite

d'Autriche fa fille

naturelle pour Alexandre de Medicis, petit neveu,

d'autres disent fils de ce Pontife. Lesnégociateurs

ajoutèrent que lEmpereur s'engageroità le faire

Souverain de la ville ôc de l'Etat de Florence ,-.&.

quedans le cours de l'année

1530, ôc aprèsla cé-

rémonie de son couronnement, il enverroit de^

vant Florence unepuissante armée, commandée

parses

plushabiles Généraux, pour y

faire recon-

noître l'autorité du jeuneAlexandre son neveu.

Despropositions

siavantageuses,

ôc tellesque

le

Papen auroit

pû esoerer, quandmême la

Ligue

auroit été victorieuse, lui firent oublier sesdisgrâ-

ces , ôc lesoutrages

delEmpereur : & il

s'engagea

de son côté, pourcontribuer à une

conquête qui

lui étoit siimportante , de fournir à ses

dépens

pourcette

entreprisehuit mille hommes. Il

pro-

mit en même tems de donner àlEmpereur

lin-

vestiture duRoyaume

deNaples

fans autre rede-

vance annuelle, que d'unehaquenée

blanche : ôc

Lij

VlIIÏERSDE t'I SLE-

ADAM.

1519.

Çuichardiv

l.i9'

PaulofovitI.27.

Page 85: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

84 HISTOIRE DE L'ORDRE

il convint avec lesAgens

delEmpereur, qu'il fe

traníporteroità

Bologneau

plustard dans semois

de Janvier de lannée suivante, pour y couronner

solemnellement ce Prince : ce traité futsigné

le

vingt-neufde Juin de lannée 1519. La Duchesse

Lòuise de Savoye mère du Roi, &

Marguerite

d'Autriche y tante de lEmpereur,Gouvernante

des Pays-Bas,en

signèrentun autre à Cambrai au

nom du Roi ôc delEmpereur , qu'on appella

traité des Dames.*

Tel étoit l'état del'Europe , lorsque

Bosio ar~

riva à la Cour duPape : ôc

quoiqueTaffaire de

Rhodes n'eûtpas réussi, ce Pontife fut si content

de la manière dont il lui renditcompte

de sa né-

gociation,ôc de celle

qu'ilavoit commencée

pour

Modon, quecomme il étoit

grand négociateurlui-

même, oupour

mieux dire, qu'ilavoit le

goûtdes

négociacions,sansenavoirnile talent, ni lhabileté,

il le retintauprès

de lui enqualité

de sonCamerier

secret, & il lui ordonna d'écrire au Grand Maître

qu'ilesoeroit d'obtenir de

lEmpereur,à leur en-

trevue aBologne,

l'Iíle de Maltepour son Ordre

avec un affranchissement entier de toutes les con-

ditions onéreuses.que

ses Ministres y voulpient

attacher.L'Emperéur

vers la fin de 1 année, passa

d'Espagneen Italie, ôc se rendit ensuite à

Bologne.

LePape y

fit la cérémonie de son Couronnement:

ils prirentdans leur entrevue des mesorés

pour

établir dans Florence le jeune Medicis enqualité

de Souverain.

LePape voyant

cet heureux acheminement au

rétablissement de fa Maison, recommanda àl'EnW

V1J.1EB.SDE Ì'ÌSX-B-

APAM.

Page 86: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. IX. 85

pereur avec les instances lesplus pressantes , les ^

intérêts de lOrdre de Saint Jean, danslequel

ilD]

avoit été élevé, ôcqu'il considérait, pour

ainsi~

dire, comme fa seconde Maison.Quoique

l'Em-

peréurfût

peuen

priseaux sollicitations dans lef-

quellesilne

trouvoitpasson interêt-eependantdans

la conjoncture de ía réconciliation avec lePape,

il neput

lui rien refuser: ôc onpeut

direque

céss

à ce Pontifeque

la Maison de Medicis, ôc l'Ordre

de Saint Jean doivent leur rétablissement. Le traité

concernant ses Chevaliers futsigné

levingt-qua-j

tre de Mars à Castel Franco, petiteVille du Bo-

lonois. L'Emperéur y déçlaroitqu'en

considéra-

tion de laffectionparticulière qu'il

avoit toujours;

portéeà cet Ordre, & des services impof tans qu'il

rendoitdepuis

tant de siécles à laRépublique

chré-

tienne, &pour

le mettre en état de les continuer

contre les ennemis de la Foi, il avoit cédé ôc don-

né àperpétuité, tant en son nom

que pourses he-

ijltiers, &pour

ses successeurs, au très-Revérend

Grand Maître dudir Ordre , ôc à laditeReligion

de Saint Jean, comme Fief noble, libre & franc,

les Châteaux, Places ôc Isles deTripoli,Malte

ôc

Goze avec tous leurs territoires & Jurisdictions ,

haute ôc moyenne Justice , ôc droit de vie & de

mort, avec toutes autres maisons, appartenances,

exemptions, privilèges,rentes ôc autres droits ôc

immunitez , à lacharge qu'à lavenir lé: Grand

Maître ôc les Chevaliers tiendroient ces Places de

lui ôc de ses successeurs au Royaume de Sicile,;

comme Fiefs nobles, francs & libres, ôc fans être

obligezà autre chose

qu'àdonner tous les ans au

L iij

V11.1.1ERSDE L'1 S t E^ :

ADAM.

15 3 0.

Page 87: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

8ô HISTOIRE DE L'ORDRE

jour de la Tòussaints un Faucon -, ôcque

dans la

vacance de lEvêché de Malte , le Grand Maître

&le Couvent seroient obligezde soi

présenter ôc

à ses soccésseurs troispersonnes pieuses

ôc fçavan-

tes y dont il choisiroit unpour remplir

cette di-

gnité,ôc

quele

préféré;serPit honoré de là

grande

Croix de lOrdre avec leprivilège

en cettequalité

d'entrer dans le Conseil.

Onpeut

voir dans le Livre des Preuves cet acte

tout aulong

: lEmpereurne l'eut

pas plutôt signé

qu'ille remit au Commandeur Bosio, pour

lepor-

ter au Grand Maître. Ce zélé Ministre se mit auíhV

tôt en chemin ; mais commepour

satisfaire son im-

patience& faire une

plus grande diligence,le co-

chet pressoitses chevaux , lecarosse versa, lAm-

bassacseur fut blessé considérablement y ôcpour

sor-

croît de malheur, unChirurgien

mal adroitqui

avoit étéapellé pour

lesaigner,

au lieu d'ouvrir

la veine, luipiqua

1 artèreíans s'enapercevoir,

&

lesang

s'extravasant au travers des chairs & dé%

muscles du bras , yeaufaune enflure

quifut bien-

tôt soivie de lacangréne, qui

termina les jours de

cet excellent homme Mais avantque d'expirer,

il confia à un Gentilhomme Rhodienappelle

Sta-

tigogulo,ôc

quiétoit attaché à fa

personne,le

paquetde

lEmpereur pourle rendre au Grand

Maître , ôc il lechargea

de léxhorter de sapart

à

entretenir toujours lintelligencede Modon, &

dont il étoitpersuadé, dit-il, que

l'Ordre tirèroit

un jour degrands avantages.

Le Rhodiens'acquit-

ta exàctementde fa commission. Ce ne futqu'avec

.une sensible douleurque

le Grand Maîtreapprit

VlLZltKSDE X'is LE-

ADAM.

Page 88: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 8?

la mort de Bosio :pour

soivre ses vues, ilenvoya

depuisle même Rhodien à Modon avec de riches

présens pourles deux

renégats.ìl le

chargeade

reeonnoître leur caractère, ladiípoíltipnoû

ils

étoient, Ôc s'ils n'avoientpoint changé

de senti-

ment :'.&. en casquilles

trouvâtpleins

dé fermen-

té, Ôccapables

de toutentreprendre pour

se service

de laReligion, il en devoit tirer

unplandela Ville

Ôc des environs , afin dépouvoir régler

d'avance

l'ordre desattaques.

<

Ce Gentilhommeaprès

avoirdébarqué

à Mo^

don, déguiséen marchand Grec, trouva les deux

Turcs constans ôc inébranlables dans leur résolu-

tion. Ils lui firent voir la facilité delentreprisepâr

l'autoritéqu'ils

avoient l'un dans la tour duport,

ôc l'autrepar

les clefs de laporte

du môlequi

étoient en leurdisposition.

Ils lui direntque

l'en-

trepriseétoit

immanquable, pourvu queles Che-

valiers s'y présentassentavec urì boá

corpsde trou-

pes , capablede vaincre la

garnison Ôc les habi-

tans.Après plusieurs conférences ils convinrent

de remettre ie'xecutíoh de ceprojetvêrs

la finde

lété soivant; afinque

si lé soccés en étoit favo-

rable, comme on avoit sujetde

leíperer,la nou-

velle n'en étantportée

àConstantinople que

dans

l'automné, les Turcs nepussent

se mettre en mer

pendant l'hyver, ôcque

les Chevaliers cuisent le

tems de s'affermir dans leurconquête.

Le Grand Maître & le Conseil n'eurentpas plu-

tôtreçu ôc examiné lé

diplomé quicontenait là

donation de Malte, qu'ils dépêchèrentdeux des

principaux Cpmmahdeurspoureh remercier lEnv

VlÏLIÉRSDE íTs.L í-

AÚ'AU.

Page 89: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

88 HISTOIRE DE L'ORDRE

pereurau nom de tout l'Ordre. Ils

envoyèrentem

même-tems unecopie autentique

d'un acté aussi

importantau Prieur Salviáti leur Ambaíîàdeur

à Rome, ôc neveu duPape,

afinquil

en obtînt

la confirmation de cePontisojlepremieiïSuperieur

de l'Ordre. Clément l'aecorda avec beaucoupde

joieen

pleinconsistoire j &

pourrendre cet acte

plus solemnel, ií en fit dresser ôcpublier

une Bulle

en datte du 2.5 Avril. Le Grand Maîtrepeuyde

temsaprès, envoya

en Sieise.dé la partdela Re-

ligion Huguesde

GoponesGénéral dés

galères;

de ÎOrdre_, Ôc Jean Boniface Bailli deManoíque,

de laLangue

de Provence,en qualité d'Ambassa--

deur, pour prêterle serment de fidélité entré: les

mains d'HectorPignatelli,

Duc dé Monteleon,,

Vice-Roi de Sicile. Les Ambassadeurs s'aequittè-

rent de ce devoir danslEglise

de Palerme, ôcaprès

les cérémonies ordinaires ,jls reçurent lacté d'in-

vestitureque

le Vice-Roi leur remit au nom de

l'Emperéur.Ce

Seigneurnomma ensuite six Com*

missairesqui s'embarquèrent sor les mêmes Gale*

res dé; la.Religion, qui avoient apporté les Am*

bassadeurs en Sicile, ôc ils allèrent de concert à

Malte, au Goze & àTripoli,

dont ces Commis-

saires les mirent enpossession.

En vertu des pou*

voirs -qu'ilsavoient du Grand Maître ôc du Con-

seil , ils firent serment en leur nom de conserver aux

habitans ôc aupeuple

de ces Iíles leurs droits^

coutumes ôcprivilèges.

Ils laissèrentpar

ordre du

Grand Maître dans l'Iste de Maltepour

Gouver-

neur ôcCapitaine

d'armes le Commandeur Au^

telio Botigella,ôc le Chevalier

Augustinde Vin^

tiovillepour

son Lieutenant. Ua*

VlLilïRSDEL'I S L E-

ADAM.X

Page 90: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 8^

TJ-h OfficierEspagnol appelle AlvarezdeNava,

quicommandoit dans le Château Saint

Ange,

leurayant remis ce Fort, on en confia la

garde

au Commandeur Pierre Piton, qui yentra avec-

unecompagnie

d'Infanterie. Lé Grand Maître

envoya peu après deux galères& tin

galionchar-

gezd'un bon nombre de Chevaliers à

Tripoli,

dont il nommapour

Gouverneur Gaspardde San-

guesse Commandeur d-Aliagne.LesCommissaire*'

aprèsavoir

pourvua îadéfense de cés Placés, íé

rembarquèrent,& se rendirent en Sicile ôc àSa-

ragosse,oùleConseil

pourlacommodité du trans-

portà: Malte s'étoit déja rendu

depuis quelque;

téms.

Le Grand Maître avant sondépart envoya h

Malte ungrand

nombre d'ouvriers ôc de maté-

riauxpour

rétablir lelogement

du Château Saint

Ange^ quiétoit absolument ruiné, & les mêmes

vaisseaux y portèrentde la

poudre ôç dés muni-

tions deguerre.

Maisquand

il futquestion d'y

fairepasser

desgrains,

le Vice-Roi de Sicile exU

geales droits de traite foraine, ôc le Maître de la

monnoye fitsignifier

au Conseilque lEmpereur

ne souffriroitpas qu'on

en battît à Malte à d'autre

coinque

le sien, ôc mêmepar

ses seuls Officiers^

Ces difficultez retardèrent ledépart

de tous les>

Chevaliers. Le Grand Maître ôc le Conseiln'igno~

roientpas que

Malte ne pouvoitsubsister sans le

secours des bleds de la,Sicile, ôc ilsregardèrent

ces droits de traites dont les habitans de Malte en

qualitéde

regnicolesde la Sicile avoient tóujour9

été affranchis,comme unimpôt.

&.un tribut ina

Tome III. M*

VlILÍER?DE L'Is L K-

ADAM.

Page 91: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

9© HISTOIRE DE L* O R D R E

direct auquella Religion

alloit être assujettie."

Ils n'étoieat pas moinsindignez qu'on préten-

dît priver un Ordre libré §c souverain des droits

de battre monnoycí tout celafà-isoit craindreque

l'Emperéur 9 Prince dangereuxdans ses traitezíyâç

dont sesparoles,

en aparenpplés

plus claires ^ ca-

choient souvent deséquivoques,

ne so fît un jour

un droit de ces prétentions,ôc

c|u'ilne s'en ser-^

vitpour ténirl'Otdre dans une

dépendanceabso-

lue. Depareilles réflexions àllaîfmerent la plûparc

des Chevaliers j il y en avoit plusieurs qui soute-

noientque

la Religion ne conservéroit jamais fa

liberté dans levoisinage d'un prince si àiinpitseux

ôc sipuissant ; d'autres

plus emportez,Ôc

quiou-

troient les choses, disoient hautementqu'il

fàlloit

romprele traité j que Malteétpit unelíle stérile,

ou plutôt unrocher pû ilsmourrpient de faimr que

les deux élemens de la nourriture de l'homme, se

painôc seau y mànquoiént,

&que

leprésent que

Charles-Quint leur avoit fait, né valoitpas se

parr

chemin qu'on avoit employéà écrire l'acte dé do-

nation. Mais le Grand Maître & le Conseil plu*

sages & plus mesorez dans leurs vues ôc dans leurs

paroles, jugèrentà propos de s'éclaircir desinten*

rions de l'Emperéur parlui-mêmet òn luidépêcha

exprèsdeux Ambassadeurs, & ces Ministres furent

chargezde lui

représenter queSa Majesté Impé-

rialen'ignorait pas que

bien loin de tirer aucune

utilité des Istes de Malte, de Goze ôc de la ville

de Tripoli, elle dépenfeit tous les ansplus

de trois

censquarante

mille livres pour entretenir ses gar-

íîtfons des Places ôc des Châteaux-, queses habi-

VlttlERSJDÊ LÏ.Sl B

•ADAM.

Page 92: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 91

tans n'y auroient jamais pû subsister, s'ils n'avoient

été reconnus de tout tems pour regnicolesde la

r

Sicile, & si en cettequalité

ils n'avoientpas joui

*

de la traite libre desgrains -yque

laReligion

avoit

étésurprise qu'on

voulût rendre íà conditionpire

quecellédes

peuples qu'on lui©fîroit pour sojets^

qu'ilne

paroiísoit pasmoins extraordinaire

que

parl'acte de donation l'Ordre fût reconnu

pour

souverain, ôccependant qu'on

voulûtl'empêcher

de battremonnoye , ôc le

priver parlà d'un dés

plusbeaux droits régaliens*

ôc dont le Grand Prieur

d'Allemagne jouissoitmême pleinementdans l'Ern-

pire.On ordonna aux Ambassadeurs détenir fer-

me sor ces deux articles, Ôcpar

une instructioni

particulièreon ses

chargea exprestement,en cas;

que lEmpereurne voulût pas se relâcher des

pré-

tentions de ses ministres, de lui remettre sor le

champl'acte de fa donation,, de

prendre congé

de ce Prince, Ôc de s'en revenir austî-tôt.

Ces deux Ministres étant arrivez à là Cour dé:

PEmpereur,.ôc admis à son-Audience,, au lieu de

luiparler;

d'abord duprincipal sojet de leur

voya-

ge,lui dirent

qu'ilsétoient

envoyez parleurs S u-

Î)erieurs

pourremercier Sa Majesté Impériale

de

•exactitude & de là facilitéque

ses Commissaires

avoientapportée pour

mettre làReligion

enposi

session des Istes ôc des Placesqu'il

avoit eu là bonté

de lui céder, ôcque

le Grand Maître étoit à la

veille de s'y transporteravec tout le Couvent. Ils

ajoutèrent ensuitequ'il

seroit même déja* partis

$il n'étoit survenuquelques difficultez; que

se Vice-

Roi de Sicile n'avoit fait naître que parle zélé

pougr' '

M.ij;

VlítlERSDE L'ISX î

À D A U.

Page 93: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

9i HISTOIRE DE L'ORDRE

son service -ymaisque

tout lOrdreeíperoit que

Sa Majesté parune fuite de ses bontez voudroit

foien se résoudre ôc terminer là-dessus.Après

lui

.avoirrapporté en

peude

parolesen

quoicon-

'iìstoient lesprétentions

du Vice-Roi, comme ít

^Empereurm'en eût

pas été^instruit, ils lui insi^

muèrent adroitementque quoique

le Grand Maî-

tre & le Conseil connussent bien limportance ôc

leprix

de la donation de l'Iíle de Malte^, cepen-

dantquel'acceptation

ne s'étoitpas

faitepar

un

consentement unanime de tous ses Chevaliers;}

queles François surtout élevez à Rhodes á&dàns

l'indépendance que produitune

pleinesouverain

necé, en avoienttémoigné

leplus d'éloignement ;

qu'ilétoit à craindre

qu'ilsne se fissent un pré~

texte des différentesprétentions

du Vice-Roipour

s'opposerà la translation du Conseil y que

Sa Ma^

-jesté Imperiase isignoroit pas quedans une Ré-

publiquelibre &

composéede Chevaliers de dif-

férentes .Nations, & élevez dans une certaine hau-

teur decourage , les

Supérieursne dévoient user

de leur autoritéqu'avec

un extrêmeménagement,

.& surtout dans une affaire oùchaque particulier

se çroyoit aussi intéresséque

ses. Supérieurs : ce

^qui engageoitle Grand Maître ôc le Conseil à

conjurer Sa Majesté d'achever lui-même son ou-

vragé,Sc de vouloir bien lever

parsa souveraine

autorité les obstaclesqueformoient

sesr Ministres.

Ils.finirent en l'assurantqu'il

trouveròit dans la

reconnaissance libre ôc volontaire des Chevaliers

£c dans leur zèlepour

la défense de ses Etats con-

tre les infidèles^ un

dédommagementbien supe-

VlLLIBRSÌ)E L'IS I E-

ADAM-

Page 94: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 93

îticur à toutes lesprétentions

du Vice-Roi. ^

Quoique l'Emperéuren cédant à l'Ordre de S.

Jean l'Iíle de Malte, eûtpour objet d'en faire un

boulevardqui

couvriroit ses Etats de Sicile Ôc de

Naples y cependantce Prince ne se relâchait ja^

mais sor le moindre intérêt, quedans la vue d'en

tirer un plus considérable. Il tint ferme sor ses

prétentions du Vice-Roi, ôc il crutque

laffàiré

étoittrop engagée pour que l'Ordre fur le refus

dé ces deux articles, rompîtle traité. Ainsi pour

augmenterses droits de traite il déclara qu'il

ne

pouvoitconsentir

quela

Religiontirât du bled

de la Sicile, à moins depayer

une somme dont

011 conviendroitpar chaque

tonneau y ôcpour

se

procurerune

espècede droit de souveraineté sur la

Religíon,il ajouta qu'ilne souffriroit

point quel'Or-

dre battît monnoye, niqu'aucune

autre eût cours

dans l'Iíle, quecelle

quiseroit

frappéeà son coin.

Si ces deux Ministres eussent soivi aupied

de la

lettre leur instruction, toutenégociation

auroit

étérompue y mais ils la trouvèrent assez

impor-

tante pour demander de nouveaux ordres au Con-,

feil. Ils en écrivirent endiligence

au Grand Maî-

tre , quien fit part

auífi-tôt auPape

leprotecteur

de laReligion.

Ce Pontifedépêcha

àlEmpereur

le Prieur Salviati son neveu, quirésidoit

auprès

de Sa Sainteté de lapart

du Grand Maître & de

tout lOrdre - ôc ce Ministre se servit si utilement

du créditqu'avoit

alors lePape auprès

de l'Empe-

jreur, qu'il en obtintuii nouveau traité, où les deux

articles concernant la traite du bled Ôc la mon-

iioye furent inserez en faveur de laReligion.

M iij

VlLLÍER'5DE L'is t S-

AD A M.

Page 95: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

94 HISTOIRE DE i/O R D R 1

ll nemanquoit plus pour

lentier établissement

des Chevaliers dans Malte, quese passage

du

iGrand Maître, du Conseil ôc de tous les Cheva-

liers dans cette Isle. Onembarqua

d'abord sorcinq

galère^ , sor deuxgrandes caraques , ôc sor diffe-

rens vaisseaux detransport,

cepeuple

de Rhodes,

quis'étoit attaché à la fortune Ôc à la fuite de la.

Religion.,On mit dans lés vaisseaux ks effets ôc.:

lés titres de l'Ordre avec des meubles, des vivres-

& des munitions deguerre

Ôc de bouche. Un <

grand nombre de Chevaliers^ ôc detroupes qui,

étoient à leur solde,., passèrentfur cette petite

flot te, ; quiavant,

que d'arriver, essuyaune fu-

rieuse tempête ,. danslaquelle,

unegalère qui

échoua contre un écueil,, fut entièrement bri-

sée. Wne descaraques pensa

aufíipérir j.elle étoit

déja entrée dans leport

de Malte , lorsqu'ils'é-.

leva des vents si. viosents, que quoiqu'ellefût ar~;

nêtéepar

trois ancres, ses cables serompirent y ôc

aprèsavoir été

pousséedeux fois contre terre,

ellés'enfonça dans le íàblé. On là

croyóit per-

due -y mais un vent contraire Ià releva , ôc on là

remit à flots fansque

lécorps

du vaisseau se trou-

vâtendommagé.

Ceuxqui

tournent tout en au-

gures,,ne manquèrent pasdé

publier quele Ciel

parcet événement particulier , sembloit

désigner

là destinée de lOrdre, qui aprèsavoir

essuyétant

dorages&

depérilsvse jSxeroitenfin heureusement

dans l'Iíle de Malte..

Cette Iste est située àquarante-six degrez

de lon-

gitude , ôc àtrente-cinq degrez

dix minutes de la^

tftudéSeptentrionale

: elle a la mer Méditerranée

ViLLIERSD* L'ISX-B-

AD A U*

Page 96: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX.95

-a lOrient, qui regardel'Iíle de Candie •. la Sicile ?

quin'en est

éloignée quede

quinze lieues, auSep-

°

tentrion y Tripolidé Barbarie au

Midi, ôc les Istes"

de Pantalarée, de Linpse & deLampadouse, a

l'Occident : Ôc cet endroit de la mercpii sépare

-cette líle de la Sicile, estappcllécommunément le

canal de Malte. Suivantla tradition dupays, cette

líle avoit été anciennement sous la domination

d'un Prince ^Africain appelleBattus. Les Carthar

ginoiss'en

emparèrent depuis j &dans le temsque

les Chevaliers de Saint Jean s'en mirent enpos-

session, ony trouvoit encore sor des morceaux

de marbre ôc de colonnes brisées, désinscriptions

enLangue Punique.

Lés Romainspendant les

guerres dé Sicile en chassèrent lesCarthaginois*

Depuisla décadence de

lEmpire, ôc vers se neu-

vième siécle, les Arabes s'enemparèrent. Roger

le Normand Comte de Sicile, vers lan 1190, con-

quit cette Iste sor ces barbares ; ôcdepuis

ce tems*

la, elle demeura annexée au Royaume de Sicile,

dont elle suivit toujours la fortune.

Le Grand Maître, le Conseil & lesprincipaux

-

Commandeurs entrèrent dans legrand port

le

vingt-six Octobre y ôcaprès

êtredébarquez,

ils

allèrent droit àlEglise

Paroissiale de Saint Lau-

rent, Après yavoir rendu leurs

premiers hom-

magesà celui que l'Ordre feconnoulbit

pourson

unique Souverain, on se rendit auBourg

situé au

pied du ChâteauSaint-Ange. A peine

le Grand

Maîtrey put

trouver une maisonpour

séloges ^

ce n étoientque

des cabanespour

despêcheurs,

danslesquelles les Commandeurs ôc ses Chevaliers

V1H.1ER.SDE t'ISLSr

ADAÍC

I53O.x<5Octobre.

Page 97: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

96 H I S T O I RE D E LORD RE

sedispersèrent.

Le Grand Maître selogea

dans le-

Château :quelques jours

1après

son entrée, il fut

prendre possessionde lâ

Capitalesituée

plùsavant

dans lesterres, ôc environ au milieu de l'Iíle. Elle

estappellée par

Ptolomée Melita, du nom com*

mun à toute llfle j d'autres la nomment la Killè

notable. Onprétend que

cetteCapitale

n'avoìí*

pas treize cens pasde circuit : c'étoit la résidence

ordinaire del'Evêque.

Le Grand Maîtreaprès y

avoir fait reconnoître son autorité , parcourut

toute l'Iílepour trouver un endroit sor ôc conw

mode, oû ilpût

établir le Conseil &.le Corpsen*

tie-r. 1des Chevalier St.'

Nous avons ditque

lès deuxplus grands ports

étoientséparez par

unelangue

de terre;,ou par

un rocher, appelle Mont-Scéberrasy quiUesconu

niandoit. Cette situationparoissòit

très commode

pour y fonder ôc y construire unenouvellé ville* Lé

Grand Maître eût bien voulu, en casque

lOrdre

pûtsubsister dans cette Iste, établir en cet endroit

le Couvent -, mais comme unpareil dessein, tout

utilèqu'il

futjugé,

étoit audestus dès forces dé là-

Religion,il fallut dans ces commencemens

que

lé Grand Maître ôc le Conseil se fixassent dans le

ChâteauSaint-Ange,

là seule Place dé défensequ'il

y<eût dans cette Iflé, & lésChevaliers s'étendirent

dans leBourg qui

étoit situé aupied

dé ce fort : ce

fut leurpremière

résidence. Cettebourgade

étoit

fans fortifications, Ôc commandée de tous côtezt.

Pour n'êtrepas surpris par

des Corsaires, le Grand

Maître la fit enfermer de murailles : ony ajouta

depuisdes flancs avec des reílàuls d'espace

en e£

pace3î

VlLLIEKS»E l'lsi.1-

A'D A M.

Page 98: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. IX. 97

pace,ôc

par rapportà

linégálitéôc à la

pentedu

terrein. Le dessein du Grand Maître n'étoitpas

de

s'arrêter long-temsen cet endroit : ilvouloit,avant

quede

s'yfixer absolument, tenter

lentreprisede

Modon, ville riche, peuplée -yôc cequi

le flattoit

leplus, peu éloignée

de Rhodes, quela

Religion

auroitpû surprendre

à la faveur dequelque guerre

civile entre les Turcs, ou même dans d'autres con-

jonctures , attaquerà force ouverte. En cas

que

l'éntreprise de Modonmanquât y ôc que

la Reli-

gionfût réduite à rester à Malte, son

projetétoit

de construire une nouvelle Ville dans cettepointe

de rocher dont nous venons de parler, ôcqu'on

appelloitle Mont-Seéberras. Mais les

dépenses

immensesque

laReligion avoit faites

depuishuit

anspour

faire subsister en Italie les Rhodiens ôi

les Chevaliers y ses différentes translations, de Can-

die à Messine, de Messine à Civita-Vécchia, de-là

àViterbe, de Viterbe à Nice, à Ville-Franche >

ôc en d'autres Places d'Italie , ôc même de Sicile,

oû les Chevaliers, poufsubsister

plus aisément,

avec lapermission

du Grand Maître s'étoient dis-

persez j tànt de courses, devoyages,

de transla-

tions d'unpeuple

entierquicomposoit

cette colo-

nie , avoientépuisé

le trésor de l'Ordre, ôc neper-

mettoientpas

au Grand Maître depouvoir

exé-

cuter un sigrand projet.

Tout cequ'il voyoit mê-

me dans ïìíle de Malte, l'endégoutcit

: la stéri-

lité de terroir y lepain qu'il faloit, pour

ainsi dire,

aller chercherjusqu'en

Sicile -, lapauvretédes

ha-

bitans yleurs manièressauvages

ôcgrossières ynulle

place de défense si on étoit attaqué -, de si tristes

> l Tome III. N•M' k >>T'* .-

VlLtlIXSDí L'1SL«T

ADAM..-: 1—

Page 99: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

9$HISTOIRE DE L'ORDRE

considérations laffligeoient sensiblement, ôcrap-

"

pellosentavec douleur dans son

espritle souvenir

-de Rhodes, abondante en

grains,riche

parson

grand commerce, puissante parses flottes ôc ses

arméniens, ôc lacapitale

decinq

ou six autres

Istes ou Places, dont la moindre étoit bien mieux

fortifiéeque

Malte. Mais comme l'Iíle-Adam

avoit un courage& une

grandeurd'ame su-

périeursaux

plusfâcheux évenemens, il

prit gé-

néreusement sonparti-yôc

fansperdre

de vue l'en^

treprifede Modon, il donnait tous ses soins à cons

truirequelques

maisons pourle

logementdes Che-

valiers, afin de leur rendre se séjour de cette lue

plus supportable.Ce fut de ce dernier établisse-

mentqu'ils prirent

le nom de Malte au lieu de

celui de Chevaliers de Rhodes, qu'ilsavoient il-

lustrépar

tant degrandes

actionspendant plus

de deux siécles.

VllLIERSDE LÍs LE

A p A M.

'fin du neuvième Livre»

Page 100: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M A L T E. L I V* X. n

LIVRE DIXIEME.

LE

Grand Maître n'eutpas plutôt donné les

ordres nécessairespour

la défense dé l'Iste de*

Malte,quil

passaà celle du Goze: il la

parcourut,

visita les endroits où les Corsairespouv

oient fairé

quelques descentes, yordonna des retranche-

mens, fit entrer dans le Châteauplusieurs pièces

d'artillerie ôc des munitions deguerre ôc de bou-

che , laissa dans cette Place unecompagnie

d'In-

fanterie: &après

avoir exhorté les habitans à con-

server une fidélité inviolable à l'Ordre, ilrepassa

à Malte, & étendit aussi-tôt ses vues & ses soins

sor Tripoli,cetteville

d'Afriquedont on a vû

que

parfa foiblesse ôc son

éloignement l'Ordre avoit'

eu tant depeine

à secharger.

Nous avons ditque

le ChevalierSanguefle y

avoit été établipour

Gouverneur par ses Com-

missaires, quiau nom de lOrdre en

prirent pos.

session. Le Grand Maître en luienvoyant de nou-

veaux secours se confirma dans cetemploi : on

nepouvoit gueres

le remettre en de meilleures

mains : e étoit un ancien Chevalierqui

s'étoit

signaléau dernier

siègede Rhodes

par plusieurs

actions de valeur,.& quicombattant sous lés or-

dres du Grand Maîtrependant

unsiège si

longôc

íi meurtrier, avoitacquis

l'art dé conserver les

Placesqui

lui seroient confiées. Ce Commandeur

se trouvant resserré dansTripoli par

d'autres villes

voisines ôcpar

desbourgades

toutes habitéespar

Nij

VlttlIRSDE i/IsL'1-

A D A M.

I53O.

Fanelius de

, rébusstcttlis,l.r.

'Boft.3.1.^

Page 101: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ÏOO HISTOIRE DE L'OR DR E

dés Infidèles&par

despeuples

autrefois sojets des

Rois de Thunis, envoyoitsouvent contre ces Afri»

cains ôc sor leur territoire differenspartis pour

ra-

vagerla

campagne.

Parmi ces villesoccupées par

des Mahomé-

tans, Gienzor ôc Tachiora ou Tachore s'étoient

soustraitesdepuis quelques

années de la doiíii-

'nation des Rois de Thunis: lagarnison

de Tri-

polisoisoit souvent des

prisonniers ic du butin

jusqu'aux portesde ces Places. Lés habitans dé

Gienzor fatiguez parles

entreprisescontinuelles

de ces incommodes voisins , traitèrent avec euxj:

ôc moyennant certaine contribution dont on con-

vint , Sanguessêdu consentement du Grand Maî-

tre leur accorda lapaix,

& étendit de ce côté-là

la liberté du commerce.

LeSeigneur

de Tachoreplus puissant que

ceux

de Gienzor , ôc maître d'un bonport,

ne voulut

point entendreparler

de tribut. Le territoire dé

ceChèque

OuSeigneur

de Tachore, du côté de

Tripoli, eonsistoit dans unegrande plaine qui

s'étendoit àquatre

lieues de cette Ville vers le

Levant. Cettegrande campagne

étoitremplie

de

Villages quifournissoient à leur

Seigneurun assez

grand nombre de Cavaliers ôcd'Arquebusiers

fort

braves, ôc dont leprincipal

exercice étoit de voler;

ils en vinrent souvent aux mains avec les Maltois :

chaque partidressoit des embûches à ses voisins.

Jout cela sepassa

d abord avec assezpeu

de perte

depart

& d'autre, si on enexcepte

la mort du

Chevalier de Harlai de laLanguedéFrance, qu'un

excès decourage

ôctrpp peu

deprécaution

fit

VlLLTERSDE r'IsLE-

AD A M.

Isíl.

Page 102: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. Liv. X. toi

périravec la

troupe qu'il commandoit dans une

embuscade des Tachorizains.

Nous ne nous serionspas

arrêtez à cescourses

ordinaires entre despeuples

voisins ôc de différente

Religion,si ces

petites guerresn'en avoient causé

dans, la fuite de bienplus importantes, & dans

lesquellesnous verrons

queles armes des Cheva-

liers de S. Jean ne furentpas

moins utiles auxPrinces

Chrétiens dans cette troisièmepartie

du monde,

qu'elles1 avoient été dans l'Asié &

pendantle sé-

jour quela

Religionavoit fait d'abord dans là

Palestine, ôc ensuite dans l'Iíle de Rhodes.

Il y avoit déjà quelquetems

quedes

guerres

civiles s'étant élevées dans les Etats d'Alger& de

Thunis, les Turcs Ottomans, ouplutôt

des Cor-

saires sous leur nom , pour profiterde ces divi-

sions, s'étoientemparez

deplusieurs

Places situées

le long des côtes de Barbarie i plusieurs Cheva-

tì o A . .' r-s; . -,,,• ,

itérs, ôc ceux memequi

avoienttémoigne plus

d'éloignement pourse

chargerde la défense de

Tripoli, proposèrentalors au Grand Maître de

Í>orter

de ce côté tout leffort des armes de laRe-

igion,ôc ils lui

représentèrent quelOrdre né

pourroit jamais conserver Une Place aussi foiblé

que Tripoli,ôc surtout sans territoire, à moins

de la couvrirpar

de nouvellesconquêtes , &

par

une étendue depays qui pût

fournir a la subsis-

tance de lagarnison.

Ceprojet

n'étoitpas

íàns

fondement y mais outreque

le Grand Maître, avant

quede

s'engagerdans cette

guerre,étoit bien

aise de laister affoiblir ces Infidèles Ôc se rui-

ner réciproquement , il étoit d'ailleurs actuel-

Niij

VILLIEB.5»E tlSLE-A D AM.

Page 103: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ioi HISTOIRE DE L'ORDRE

lement occupé parun dessein formé

depuis long-'

tems, ôc dont ilesperoit par

le succès, queíà

Religion pourroittirer un

avantage plusconsi-

dérable. t

Modon attirait alors toute son attention^c étoit

l'unique objetde ses désirs y ôc tout ce

qui pou-

voit lapprocherde Rhodes paroissoit

à lésyeux

comme une autre même Rhodes.ou du moins com-

me un moyen qui pourroitun

jourlui, en faciliter

laconquête.

Ainsi avantque

de fixer absolument

fa résidence dans l'Iíle de Malte, Ôc avantque

d'en-

gagerson Ordre dans les

dépensesimmenses ôc

nécessaires pourmettre hors dinsulte cette líle ou-

verte de tous cotez, il résolut à la faveur des in-

telligences qu'ilavoit dans Modon, de tâcher de

surprendrecette Place.

Dans cette vue ilprit

à la solde de laReligion

un bon nombre de soldatsqui

venaient de servir

ausiège

de Florence, quese

Papeôc

l'Emperéur

avoient entreprisde concert yôc ces deux Princes

aprèss'être rendu maîtres de cette

grande Ville,

y avoientrétabli 1 autorité des Medicis. Le Cheval-

lier Salviatiparent

de ce Pontife & Prieur de Ro-

me, parordre du Grand Maître amena ces trou*

pesà Malte sor six

galèresbien armées, dont il y

cn.avoit trois à l'Ordre. Le Vice-Roi de Sicile avoit

prêtéla

quatrième,Ôc

JacquesGrimaldi Seigneur

Génois, ôcgrand

homme de mer en avoit loué

deux autresqui

luiappartenoient, moyennant

mille écuspar mois, ôc on étoit convenu

qu'illes

commanderoit enpersonne

tantquedureroitcette

expédition»

VlLII.ÏRÍ ]DE L'ISIE-

ADA M. 1

~]

B os. t. 3.1.6.

Page 104: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L I V. X. 105

Le Grand Maître nepouvant quitter

Malte dont

saprésence

faisoit laprincipale force , nomma

pourGénéral de

lentreprisele Prieur de Rome :

& le Chevalier de Boniface , Bailli deManosque,

devoit avoir le commandement de la flottepen-

dantque

le Général seroit à terre, ôc attaché à

('attaquede Modon: des

brigantinsdé différente

grandeur, chargezde

troupesôc de munitions de

guerre,dévoient

accompagnerles galères y ôc on

confia deux vaisseaux marchandschargez

deplan-

ches, &: destinezpour

lexecution delentreprise à

Jean Scandais, Chrétien Grec de l'Iíle de Zante,

ôc fils d'un des deuxrenégats,

ôc à Janni-Necoîo

austì Chrétien Grec , tous deux connus à Modon

parle commerce

fréquent qu'ils y faiíoient.

Outre ungrand

nombre de Chevaliers, qui

s'embarquèrent pourcette

expédition,le Vicomte

Cigale,fameux armateur, & frère du Cardinal de

ce nom, offrit ses services au Grand Maître, ôc il

joignitla flotte de l'Ordre aveç deux galères bien

armées, quilui

appartenoient,ôc

qu'ilcommanda

enpersonne.

Avantque

cet armement sortît desports,

on

tint plusieursconseils au sujet de lexecution de

Cetteentreprise -,ôc

aprèsdifferens projets,

le Grand

Maître s'arrêta à celui-ci, queles

galères, brigan-

tins , gripsôc autres

petitsnavires se tiendroient

cachez lelong

des côtes de lapetite

líle de Sa-

pienza , située vis-à-vis Modon j quesor le soir ôc

prochede la nuit, on seroit avancer deux navires

marchandschargez en

apparencede bois í:. de

planches $ mais souslesquelles

il y auroit un bon

VIIIIERSDE Lis t E-

AD A M.

Page 105: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

io4HISTOIRE DE L*ORDRE

nombre de Chevaliers ôc de braves soldats cachez ;

quele jeune Scandali, sous

prétextede demander

pratique , ôc de concert avec sonpère,

se rendroit

aupied

de la tour du môle, quiétoit environ à

cinqcens

pasde la Place, ôc

qu'ils'en

empare-

roit -, quele

compagnondu jeune Scandali se

pré-

fenteroit d'un autre côté à lentrée duport ; Ôc

qu'aprèsavoir essuyé pour

la forme Ja visite de

Quir Calojanl'autre

renégat , Directeur de la

Douanne, il se retireroit à la faveur de la nuit dans

fa maison y quele lendemain à louverture de

laporte,

lestroupes qui

étoient cachées dans ces

deuxbrigantins,

sejoindroient pour

se rendre

maître de cetteporte -yqu'on

tireroit aufsi-tôt un

coupde canon

pouren donner avis au Général,

quià l'instant

partiroitde liste de

Sapienza,dé-

barqueroitses

troupesôc se jetteroit dans la Place

par la porte quiauroit été

surprise.

Le Prieur de Rome quiétoit

chargéde cette

expédition, partitdu

portde Malte le dix -

sept

Août -,Ôcaprès

avoir voguéheureusement

pendant

quelques jours, il ne voulut arriverque

de nuit

à l'Iíle deSapienza.

Il cacha fapetite

flotte dans

la cale de l'Iíle laplus

couverte r ôcaprès avoir

desarboré sesgalères,

ilenvoya

à Modon Strali-

gopule &Marquet,ces deux Rhodiens dont nous

avonsparlé y afin de reconnoître si les deux rené-

gatsn'avoient point changé

dedisposition , ôc

s'ils étoient toujours maîtres de leurspostes

& en

état de tenir leurparole.

Les deux Rhodiens dé-

guisezen marchands, entrèrent dans

Modon,

virent les deux Grecsrenégats ; ôc ses ayant trou-

ve»

Vn.tiT.RSDE i'is L E-

A D A M-

1531.

17 Aoùt.

Page 106: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 105

ycz fermes, inébranlables, & même danslimpa-

tience de sesignaler

dans lexecution de cette en-

treprise , ils lesengagent

àpasser

avec eux dans

lìfle deSapienza pour en conférer avec le Prieur

de Rome. Ce Général lesreçut bien y ôc

après

leur avoir confirmé de lapart

du Grand Maître,

sespromesses

d'unemagnifique récompense,que

les deux Rhodiens leur avoient faites , il leurpro-

posa différentes difficultezaufquellesils

satisfirent

pleinement.Ils ajoutèrent que

tout consistoitdans

Iadiligence

&:lapromptitude

de lexecution\ Ôc

pour ydéterminer Salviati, ils lui

représentèrent

quelOrdre n'avoit

manqué lentreprisesor Rho-

des , que parfa senteur ôc son

tropde

précaution.

Mais ce Généralcraignant

une double intelli*

gence,ôc

queces deux Grecs, après

avoir renoncé

a lafoi, ne fissent

pas scrupulede le trahir & de

le livrer aux Turcs, ilexigea d'eux, avant

quede

s'engager plus avant, qu'ilsconduisissent à Modon

le Commandeur Sciatese, Romain, le Chevalier

de Broc, François, ôc de laLangue

de Provence,

Ôc leSeigneur Jacques Grimaldi; afin

qu'étantsor

les lieux, ilspussent

tous trois reconnoître s'ily

avoit fureté dans cetteentreprise, ôc convenir en-

suite des dernieres mesurespour

ledébarquement

destroupes,

ôcl'attaque

de la Place.

Ces deuxrenégats

avec les Chevaliersdégui-

sez en marchands, abordèrent sor le soir auport

de Modon, comme s'ils sossent revenuspour

les

affaires de leur commerce, de l'Iíle deSapienza.

Scandali sepère,qui

commandoit dans la tour du

mole,sous prétexte d'ydonner à

souperà ces préten-

Tome II/. O

VltLIÏR.5DE L'ISL Ï-

ADAM.

Page 107: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

IOÓ HISTOIRE DE L'ORDRE

dus marchands, leur fit voir la facilitéqu'il

avoit

de les entendre maîtres -, ôc dans la même vue, ils

furent coucher chez l'autrerenégat qui logeoit

prochede là

portede la Ville, ôc dont, commé

Douannier, il avoit les entrées libres. Les Che-

valiers parurentcontens de la

disposition pû ils

Voyoientces deux Grecs, ôc le fils de Scandali

Chrétien , comme nous avons dit, et lqui n'avoit

pasvoulu imiter son père

dans sonapostasie., les

ramena le lendemain à l'Iste deSapienza.

Les Chevaliers à leur retour, déclarèrent au Gé-

néralqu'ils croyoient que

ces deuxrenégats

mar-

choient de bonpied

dans cette affaire ; maisqu'a-

prèstout on ne

pouvoit prendre tropde

précau-

tion avec des traîtres y qu'ilstrouvaient même de

grandesdifficultez dans lexecution de cette en-

treprise j que quoiqueScandali commandât dans

la tour du môle , les Janissaires qui y étoient de

garde,au

premiermouvement

quil seroit, pren-

droient les armes contre lui y quesor le bruit inévi-

table dans ces occasions , ôc sor lavisqu'en

rece-

vroit le Gouverneur de Modon , il seroit fermer

aussi-tôt lesportes

de la Ville, ôcque

lagarnison

Ôc les habitans seroient bien-tôt en état de re-

pousserceux qui

lesattaqueroient.

Ces difficultez

Ôc même cellesqu'en pareilles

occasions on nepeut

presque jamais prévoir, balançoient danslesprit

du

Général le désirqu'il

avoit de tenter cette entre-

prise.Le jeune

Scandaliayant pénétré

unepartie

dessoupçons

du Général, lui ditque

sonpère

ne

Tavoit fait venir de Zante, Ôc ne lui avait com-

muniquéle secret de ce dessein, que

dans la vue

VlLIIÎKS3»E l'I SU-

Ap A M.

Page 108: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X.107

de loffrir, ôc de le lui remettrepour otage de íà fidé-

lité, ôcqu'il

étoitprêt

de rester dans sagalère v

qu'à légarddes Janissaires qui

étoient enpetit

nombre dans la tour du môle , sonpère sçauroit

bien leséloigner

sous différens prétextes, ôcqu'il

avoit même résolu de les faire boire, & de leseny-

vrer pourles mettre hors d'état de

s'opposerà l'en--

trée des Chevaliers dans la tour; d'ailleursque le

dessein de sonpete

ôc de son associé n'avoit jamais

étédémporter

cette Place à force ouverte j qu'on

n'y réustìroitque par surprise -7qu'il craignait

seu-

lement quela facilité

qui paroissoitdans lexecu-

tion, n'eût fait naître la défiance du Général. En^

fin ce jeune homme pleinde zèle & de

courage,

leur montra cetteconquête par

des endroits si ai-

sez ôc si brillans, quetout le Conseil résolut de

nepas

différerdavantage,

& onrenvoya

le jeune

Scandali à sonpère pour lassurer

quesesoirmême

on tenteroitlentreprise.

Dans cette vue, le Général fîtembarquer plu-

sieurs Chevaliers, & un bon nombre de soldats sor

deuxfelouques.^

& on les cacha sous; desplanches,

dont ces deuxpetits

bâtimens;paroissoient

char-

gez , ôcqui

étoient destinez à faciliter lé débar-

quementdes

troupes quiétoient sor les

galères.

Stefí Marquetle Rhodien,, dont lé Commandeur

Bosio sctoit servi si utilementpòur

former lepre-

mierplan

de cette conjuration,étoit sor le

pre-

mierbrigantin,qu'on appelloit

en ce tems-là un

grips.Il so rendu: sor lé soir à lentrée dm

port*.

Calojan quien~ avoit la

gardeén

qualitéde

grand

Douannier ^ feignantdéwne le

pasconnoître y

Òij

Vu, 11ERSDE L'I s I, E"

A D Ais.

Page 109: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

io8 H r s T o IRE DE L'ORDRE

monta dans ce navire ; ôcaprès

lavoir visitépour

la forme, &pour

ne sepas rendre íuípect y il en

fit sonrapport

au Gouverneur comme d'unpetit

navirechargé

de planches, qu'unmarchand ve-

noit vendre, dit-il, à des ouvriers de la Ville -, le

Gouverneur luipermit

de le laisser entrer. Ceux

quiétoient cachez dans cette

felouque, dégui-

sez en matelots, à la faveur des ténèbres, & f dus

prétexte d'être obligezde

partirle lendemain de

grand matin, mirent à bord cesplanches,

& des

piècesde bois dont ils formèrent une

eípecede

pont vis-à-vis làporte

dé la Ville, qu'onvouloit

sorprendre, pourfaciliter le

débarquementdes

troupes quiétoient sor les

galères y ôc ils se retirè-

rent énsoite dans la maisondurenégat,

où ilspaf*

scrent le reste de là nuit.

Le jeune Scandali qui étoit dans l'autre felpu-

que,vint

presqueen même tems donner fond à

lapointe

de la tpùr -y ôc comme sonpère y com-

mandoit ;, ôcque

lui-mêmey

venoit souvent de

l'Iste dé Zante pû il demeuroit, les Janissaires de

la tour aveclesquels

il étoit familser, lereçurent

íàns difficulté, & il entra dans cette tour avec huit

autres Grecsdéguisez

en Turcs, quien

parloient

làlangue

avec facilité, Ôcqui

se disoient soldats

desgarnisons

deLepante

Ôc de Patras. Sonpère,

suivant qu'onen étoit convenu, dispersa par

dif-

férentes commissionsquelques-uns

desgardes,

Ôc

il invita àsouper

ceuxqui

restoient. Dans la cha-

leur durepas,

on leurprésenta

d'un excellent vin

grec, queson fils, disoit-il, lui avoit

apportédans

fa felouque. Les véritables Turcs d'autant plus

VlLLIÏRS3DEL'I S L E-

Al) A M.

Page 110: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. LIV. X. -109

friands de cetteliqueur, qu'elle

leur étoit défen-

duepar la loi, en burent avec.excès : ils furent

bien-tôt yvres y ôc à la faveur d'un assoupistement

quisoit ordinairement l'yvrefse , lés Chrétiens

Grecsdéguisez

en Janiílàires, introduisirent dans

là tour les Chevaliers & leurs soldats, quiétaient

restez cachez dans lebrigantin.

Ils coupèrentlà

gorge aux Turcs, en lièrent d'autrès,se rendirent

maîtres de la tour,8c

tout cela sepàíîà

dans se si-.

3enee de la nuit, fans bruit, ôc íànsque

le Gou*

verneurqui

étoitlogé àçinq

censpas

de la tour,

en eût aucune epnaissanee.

D'un autré côté le renégat Çalojan, à la pointe

du joui ôck Tauverture de làporte, s'y présenta

avecquelques Chevaliers déguisez

èn matelots,

& quiavoient

passéla nuit dans fa maison: ils

s'arrêtèrent à laportepour donner se tems au reste

des soldatsqui

étoient cachez dans les deuxgrips,

de s'àvàncer. Ces deux troupesse

joignirent;ils

étoient environ trois cens hommes. A Jeurapprp^

che, lesprétendus matelots qui

étoient à lentrée de

ía porte,mirent

lépééà-la

main,chargèrentles

gardes , en tuèrentquelques-uns,

& legros

de la

troupe étant survenu, se saisit de laporte,

& crut

la Ville prise.On tira austì-tôt un

coupde canon

pour signal,&

pourdonner avis au Général

qu'il

s'avançâten

diligenceavec ses galères:

enTatten-

dant lestroupes Chrétiennes, au lieu de marcher

droit au Château où se Gouverneur étoit retiré,

aprèsavoir laissé seulementun Corps de garde

à

laporte

de la Ville, se jetterent dans les premiè-

res maisons, & lesplus proches

de laporte pour

Oiij

', VlIIIEHSJ>B L'Isií-

Aí> A M.

Page 111: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

IIO H r ST O ï R E D Ê L'O R D R E

sespiller : on

ycommit toutes les violences ordi-

naires^ enpareilles occasions, ôc dans des Places

sorprisesou

emportéesd'aííàut ôc

lépéeà la main»

Les habitanspour

éviter lapremieire

fureur dm

soldat seréfugièrent

dans le Château ; le Gouver-

neur leur fitprendre les armes, ôc

ayantreeonnit

lepetit

nombre des Chrétiens, &que

laplupart

s'étpient mêmesepàrez< pour piller,

il sortit à íla:

ttête de íàgarnison

Jt dés habitans ^chargea brus-

quementcës

pillards quiétoient,

dispersez,& fn

tua dfabordpsosieurs:

mnpéril

communies réunit^

ils se rallièrent, firent serine^ ôc en attendant lar-

rivée desgalères,

tâchèrent de se maintenir dans

les differenspostes qu'ils occupoient.

On se bat-

toit depart

& d'autre avec uneégale

fureur y les

Chevaliersqui perdoient

à tous momens lesplus

braves de latroupé,se deseíperòient

de nepoints

voir arriver le secours ^ niais ils neíçavoient pas

qu'unvent violent ôc contraire àvoit

empêchéle

Général d'entendre lé bruit du canon, &eene fut

quefor le midi, &

parune

barque quele jeune

Scandali luidépêcha, quil apprit que

les Che-

valiers étoient dans la Ville ôc aux níains avec la-

garnison du Château, Ií se rendit aussitôt dans là

Places avec toute la diligence que putfaire la;

chiourme de sesgalères,

ildébarqua

sons obsta-^

çle,-'& après queselon Tordre de la

guerreileut'

lainequelques troupes

commandéespar

le Che-!

valier dTlumieres,à lagarde

desgalères,

ôê dans

la tour du môle, il s'avançaà la tête du

corps qu'il

commandoit, joignitceux

quiétoient auxmains

avec le Gouverneur ôc íàgarnison,

ôc autantpar

VIL r.i ElisDE L'IS L È*

AD A M. .

Page 112: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MA L T E; L i v. X. m

íà valeurque par

le nombresupérieur

de ses sol- -i

dats, lobligeabientôt de íe renfermer dans le

D

Château. Comme il n'y avoitpas moyen de

l'y™

forcer fans artillerie, il enenvoya

chercher sor

les galères: mais

pendanttout le tems

qu'onmit

à faire venir du canon il arriva du secours au Gou-

verneur. Ce Commandant n'avoitpas plutôt vûla

première troupedes Chevaliers dans la Place, quil

avoitdépêché

des Couriers dans les Villes voisi-

nes, ôc au Gouverneur de la Province, pourlui

fairepart

de la descente ôc delattaque

des Chré-

tiens. Heureusement pourle Gouverneur du Châ-

teau, leSangiac

de la Province étoit à la tête d'un

corpsconsidérable de

troupes , que parordre dé

Soliman il devoit conduire incessamment fur les

frontières deHongrie,

où le GrandSeigneur

fai-

soit alors laguerre.

LeSangiac qui

n'étoit pascam-

péloin de Modon, aux

premièresnouvelles

qu'il

eut delentreprise

des Chevaliers, fitpartir quel-

ques compagniesde Cavalerie, qui

se rendirent

avec une extrêmediligence

à Modon, ôcqui

fu-

irent introduites dans lé Château parune

porte

quidonnoit dans la

campagne, pendant quele

Général des Turcs s avançoit lui-même à la tête

de six mille hommes dïnfanterk. Le Gouverneur

de la Placé ayant fait mettrepied

à terre à ses ca-

iVaherspour engager faction, sortit à leur tête y-ôc

avec toute ía garnison, chargeales Chevaliers.

•Quoiquese Prieur de Rome

s'apperçûtbien qu'il

íctóit venu du secours aux Infidèles, il ne laiííà

pasde soutenir leur

attaque avec beaucoupde

.courage^&

aprèsleur avoir tué les

plusbraver

VlLLIES-tDE x'ÍSpÈ-

Ai) Á Mt.

Page 113: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ni HISTOIRE DE LORDRE

de ces cavaliers, & faitplusieurs prisonniers,

il

força les autres à chercher leur salut derrière les

fortifications du Château.Cependant ayant appris

de íesprisonniers que

leSangiac

arriveroit infail-

liblement à Modon avant le soleilcouché, ôc

n'ayant pasde

troupesen aísez

grandnombre

pour

lui résister &assiéger

la Place dans les formes •

comme il n'avoitcompté pour

le íliccès de ses

desseins, quefur

l'avantaged'une

surprise,il se

vit réduitmalgré

lui & avecbeaucoup

de cha-

grinà la nécessité de se

rembarquer.

Mais avantque

de faire sonner ía retraite y

aprèsavoir

bloquéla

portedu Château

parun

bon retranchement, il abandonna ía Ville entier©

aupillage.

Les plus riches maisons devinrent alors,

laproye

du soldat : les Chevaliers mêmes & les

principauxOfficiers

prirent partà une occupation

plusutile

qu'honorable.On ne

peut exprimer

les richessesqu'ils

enlevèrent de cette Ville j & ce

quifut encore

plusfâcheux

poù.rles habitans,

c'estque

les Chrétienstransportèrent

dans leurs

galères& dans leurs vaisseaux

plusde huit cens

Femmes ou filles, qu'ilsfirent

prisonnières& escla-

ves. Parmi ces dames de Modon, le hazardayant

fait tomber entre les mains du Vicomte de Cicala

une jeune Turqued'une rare

beauté,aprèslavoir

conduite à Meísine, & lavoir faitbaptiser,

il en

fit fa femme, & en eut un filsappelle Scipion

Cicala, quedifférentes avantures conduisirent à.

Constantinople,&

qui aprèsavoir

prisle turban

parvint paría valeur au commandement des ar-

mées, &vangea depuis

les Turcs du sac de Modon.

VlltlERSDE L'ISLE-

AD A M.

Page 114: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 1Í5

Unpeu

avant le soleil couché les Chevaliers aban-

donnèrent cette Ville ^ tout serembarqua

sans obs-

tacle &perte,

si on necompte pour

uneperte

très-

considérable les frais de cet armement, dont la Re-

ligionne fut pas dédommagée par le

pillage, qui

ne touruaqu'au profit

desparticuliers.

Le Grand Maîtrepar

le retour desgalères n'ap-

prit quavec douleur le mauvais succès de cette

entreprise ; mais comme soncourage

fut toujours

au-dessus desaccidens de la fortune, iljugea

dès-

lorsque

la Providence vouloirque

son Ordre se

fixât dans Malte , & il nesongea plus qu'à

fortifier

cette Iíle, & à la mettre a couvert des insultes &

des incursions des Corsaires.

Pendantqu'il

étoitoccupé par

des foins si di-

gnes d'un Souverain, il s'éleva un nouveau sujet

d'exercer sapatience

& ía fermeté. Baltasar Wal-

tkirk, Evêquede Malte étant mort, c'étoit à l'Em-

pereur à nommer celuiqui

devoitremplir

cette

dignité,& la

Religion,suivant le traité fait avec ce

Prince, lui devoitproposer

troisEcclésiastiques,

dont un au moins devoit être choisipar

Tordre

parmises sujets. Le Grand Maître & le Conseil

présentèrentau Viceroi de Sicile, Frère Pontus

Laurencin, de laLangue d'Auvergne,

Frère Tho-

mas BosioItalien, & Vice-Chancelier de l'Ordre,

& FrèreDominique Cubelle, de la

Langued'Ar-

ragon, & vassal del'Empereur.

Le Grand Maître

pour récompenserdans la

períonnede Thomas

Bosio, le rare mérite & les servicesimportans que

le Commandeur son frère avoit rendus à Tor-

dre, eût été bien aiseque

le choix del'Empereur

Tome 111. P

VlLllERS-JDE L'I SL E-

A D A M-

Page 115: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ii4 HISTOIRE DE I/ORDRE

eût tombé sur Bosio. Il fitpart

auPape

de ses

vues .j ce Pontife, dont le Commandeur avoit été

pendantfa vie un de ses Cameriers secrets, &

qui

conservoit chèrement la mémoire de sesservices,

en écrivit à ce Prince : & non seulement il en

parlaà son Ambassadeur comme dune chose

qui

lui seroitagréable -, il ordonna encore au Seigneur

Salviati sonparent,

&père

du Prieur de Rome,

d'en écrire de sa partau Cardinal Campegge qui

résidoit alorsauprès

de TEmpereuren

qualitéde

LégatA lasere, pour qu'il pressât

fans relâche cette

nomination. L'Empereur reçut agréablementles

offices du Saint Père, &: il lui fit direpar

son Am-

bassadeurqui

résidoit à Rome, qu'illui donne.*

roit danspeu

de tems la satisfactionqu'il

souhait-

toit au sujet de i'Evêché de Malte j mais ce Prince

quine

disposoitde ses

grâces qu'avecune extrême

considération, soitpour

en'tirer d'autres duPape,

ouqu'il

n'eutpas

le tems devacquer

à cette affaire,

différa la nomination de Bosio. Et ce ne futqu'a-

prèsavoir

engagéle

Pape& la

Religionde Saint

Jean dans une Liguecontre les Turcs, qu'il

dé-

clarapubliquement

la nomination à lEvêclié de

Malte en faveur de Thomas Bosio : il en remit

l'acte entre les mains de l'Ambassadeur de la Re-

ligion , quirésidoit

auprèsde lui.

Ce Ministre qui sçavoit combien cette nomi-

nation seroitplaisir

au Grand Maître, luienvoya

cet aclepar

un courierexprès.

Le Grand Maître

le reçut avec une joye sensible , &qu'il partagea

avec le nouvel élu, auquelil annonça les

premières

nouvelles de fa dignité.Tous les Chevaliers

qui

VlitlERSDE I-'IsLE-

ADAM.

Page 116: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M À L T 1. LIV. X. ttf

étoient alors dans liste , en félicitèrent Tun ôc

l'autre,: & le Sacerdoce &TEmpire ayant égale-

ment concouru dans cette élection ,, onregarda

cette affaire comme heureusement finie. Le Grand

Maîtrepour y mettre le sceau & la derniere main,,

voulutque

Bosio allât lui-mêmeprendre

ses Bulles,

& se faire sacrer à Rome. Il le fitaccompagner

parun Ambassadeur

extraordinaire,qu'il dépêcha

auPape pour

le remercier de la continuation de ses

bontez envers l'Ordre -y &c cet Ambassadeur étoit

chargéde

présenteren même

tempsl'élû à Sa

Sainteté.

L'un & l'autre étant arrivez à Rome , deman-

dèrent & "obtinrent une audience duPape.

L'Am-

bassadeur en luiprésentant

Bosio ,; lui ditqu'il

étoitchargé

de lapart

du Grand Maître & du

Conseil de k remercier de ses bons officesauprès

deTEmpereur ,,& d'avoir

engagéce Prince à

pré-

férer le Bofía à un de íes sujets ;. maisquelle

fut

lasurprise

de ce Ministre & de celuiqui

l'aecom-

pagnoit, lorsqu'ilentendit ces

parolessortir de ht

bouche de ce Pontife, Que ï'Eglisede Malte étoit

déja pourvued'un Pasteur j qu'il

avoit nommé lui-

même à cette Evêché le Cardinal Ghinucey y qu'il

n'avoitpu

donner desmarques plus

éclatantes de

íon affection constante envers TOrdre, qu'enmet-

tant dans cetteplace

un desplus dignes sujets de

FEglise,& un Cardinal d'un aussi

grand mérite.$

que cette Eminence alloitenvoyer

â Malte un

Grand Vicairepour prendre possession

en son nom

de cettedignité,,

&qu'il esperoit qu'il n'y

trou-

veroitpas

dfobítaele nid'opposition,

F ij;

VltLltKSDE íi'lsL K*

ADAM.

Page 117: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

u6 HISTOIRE DE L'QRDRE

Quoiquel'Ambassadeur fût comme assommé

parun discours si

peu attendu, il ne laissapas de

luirépondre qu'il

trouveroit toujoursdans le

Grand Maître & dans le Conseil uneparfaite

sou-

mission à ses ordres y maisque

cette affaireregar-

doituniquement l'Empereur,

& la manière dont

ilprendroit

unchangement

sisurprenant. C'est ci

nous, répartitle

Papeen haussant sa voix, & non

pasa Charles, a,

pourvoirà, cette

Eglise, depuis que

la,propriété

de cette Ijle apajse

a d'autres mains i

& là-dessus ilcongédia

l'Ambassadeur & Bosio,

quise retirèrent pénétrez

dechagrin,

&c couverts

de confusion.

Le Grand Maître n'en futpas moins surpris ôc

affligé;il ne

manquoit plus, pourainsi dire, à fa

constance, que cette derniere épreuve:il la fou-

tint avec fa fermeté ordinaire y ècpour

se démê^

ler d'une affaire aussi délicate, & ne sepas

trou^

ver entre deuxpuissances qu'il

avoitégalement

intérêt deménager,

iljugea

àpropos

avantque

de faire aucun mouvement, de voir leparti que

prendroit l'Empereur,11 n'en pou

voitpas pren-

dre lui-même un plus judicieux: Charles-Quint

quitrouva fa dignité

blesséepar l'entreprise

du

Pape,fit son affaire de celle de Bosio. Ce Prince

quoique si concerté dans toutes íesparoles,

ne

put s'empêcherde faire éclater son ressentiment.

Sangroun de ses historiens prétend que

dans les

premiersmouvemens de son

indignation& de ía

colère, illuiéchapa

de direqu'il

ne s'étoit jamais

fié à cePape, parcequ'il

avoit observéque

dans

toutes ses actions ily

avoittoujours quelque fir

VlLLIÏRSBE L'IS.LE-

AD A M.

Page 118: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV.X* UJ

nesse cachée, .&. quece Prince ajouta que pour

çette fois il avouoit à fa honte, quil y avoit été

trompé pourne s'être

pasassez défié des manières

vives &empressées

enapparence,

dont il avoit íoL

licite lui-même la nomination de Bosio.Appa-

remment quele

chagrinde se voir la

duppedu

Papedans un art où il se

çroyoicinfiniment su-

périeurs ce Pontife, arracha des plaintes si amères

de Charles-Quint. Maisquoi qu'il

en dît, &peut^

átrepour soulager son ressentiment, il

paroît par

tous les Historiens, queles offices du Papeavoient

d'abord été très-sinceres. Sonchangement

ne fut

pointl'effet d'un dessein

prémédité ; mais onpré-,

tendque pe Pontife ne voulut supplanter rÉm-

pereur, que pourse

vangerdu retardement qu'il

avoitapporté

à la nomination de Boíio, &que

dans lechagrin que

cela luidoiinoit,il n'avoit

pû s'empçcherde dire à ce

sujet,:& en s'en

plai,

gnantà

quelques Cardinaux, Que quandun Souve^

rain^Ponrifi'sabaijioitjujqukprieryfis prieres^ses

offices desvoient être reçus comme des commandemens.

D'autres soutiennentque sans chercher dans cç

changementun rafinement de vengeance,

dont il

n'étoitpas trop capable,

il avoit fait ré£exion,ou ses

Ministres l'avoient faitappercevoir que

dans là

considération & le créditque

laplupart

des Che-

valiers avoient dans toutes les Cours dei'Europe,

& surtout dans cedegré

depuissance

où cet Ordre

militaire s'étoit élevé, il ne convenoitpoint

aux

intérêts du SaintSiège que l'Empereur

& les Rois

de Sicile ses successeurs conservassent sur l'Evêché

ç}e M4ce le droit dePatronage, qui

donnoit au

Piij

VlLLIERSDE L'I Sl'l-

ADAM.

Page 119: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

iiS HISTOIRE Ê>E L'ORDRE

titulaire Tentrée dans leConseil, & même

íapre^

miereplace après

le Grand Maître ; qu'unEvêque

habile &intriguant

dans les troubles dont lìtalie

étoit souventagitée, pourroit engager

les Cheva-

liers dans despartis opposez

à ceux desPapes

r

en un mot, qu'onne devoit

point souffrirqu'un

OrdreReligieux toujours armé, voisin de Fltalie,

&qui

avoit à son commandement destroupes

de

des flottes,. dépendîtd'une autre

puissance quede

celle du SaintSiège.

Quoiqu'ilen soit de ee motif, qui

ne îaissoit

pasd'avoir fa solidité ; &

quelquesinstances

que

l'Empereurfît

pour obligerle

Papeà se désister

de la nomination du Cardinal Ghinuccy,ce Pon>-

tife en conservant les dehors d'une bonne intelli-

genee avec Charles-Quint, fut toujoursinébran-

lable fur cet article : & eequi pourroit

faire croire

quefa fermeté ne venoit

pointde son ressenti-

ment,, c'estqu'étant

à Fèxtrêmité, & dans ces

momensprétieux qui

décident de l'éternitc, &r

où toutes lespassions disparoissent,.

il fitappeller

le Cardinal Caraffa, qu'ilconnoissoit

pourtrès-

attaché aux intérêts du SaintSiège ,, & il le char-

geade

représenterà son successeur, qu'il

étoit:

obligéen conscience de maintenir hautement la

nominationqu'il

avoit faite de Ghinuccy. Mais

comme les dernieres intentions des Souverains

lesplus

absolus fontpresque toujours

ensevelies

dans leurs tombeaux, Paul III.qui

succéda de-

puisà Clément, ayant reçu des Lettres très-pres-

santes de lapart

del'Empereur,.

& voulant d'ail-

leurspour

ses intérêtsparticuliers

en faveur de

Dï L'Is L E-Á B A M..

Page 120: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 119

ía familleménager

un Prince sipuissant,

il réso-

Hut de lui donner satisfaction. L'affaire fut mise

ennégociation;

il se trouva destemperamens pour

concilier les intérêts des deux concurrens. Bosio

.après trois ans depoursuites

& dedépenses infi-

nies dans la Cour de Rome, & 1 la fuite de l'Em-

pereur , obtint enfin ses Bulles -, mais à condition,

île payerau Cardinal une

pensionde neuf mille

Hivrespar

an- ôcl'Empereur qui croyoit qu'il y

alloit de fagloire que

celuiauquel

il avoitpro-

curé l'Evêché en jouît dans toute son étendue,

pourle

dédommagerde la

pension,lui donna en

Sicile uneAbbaye

depareille

valeur.Quoique

cette affaire n'eût été terminée quesous le Pon-

tificat de Paul III. nous avons crûpour

la fatis-

faction du Lecteur en devoiranticiper

la conclu-

sion, & afin de n'êtrepas obligez

de revenir au

même faitpar

desdisgreflìons qui

embarassent

souvent le fil de la narration.

Cependantla fermeté

queClément avoit fait

paroître à maintenir la nomination du Cardinal

Ghinuccy,n'avoit rien diminué de íòn zèle con-

tre les Infidèles. Iljoignit

un bon nombre de ses

galèresà la flotte de

TEmpereur,& fur un Bref

très-pressant qu'ilen écrivit au Grand Maître, ce

Prince de son côté mit aufsi-tôt en mer lagrande

carraque,les

galères& les vaisseaux de la Reli-

gion.On

peutdire

que pources arméniens l'Ordre

n'avoitpas

besoin des exhortations de ce Pontife :

les Chevalierspar Vesprit

de leur Institut, &par

reconnoissancepour Charles-Quint, lui fournirent

toujours depuissans secours

quandil

s'agissoitde

ViLtIIRSDE i/IsJLE-

ADAM.

^36.

Page 121: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

no HISTOIRE DE L'ORDRE

faire laguerre

aux Infidèles. Il ne íepassa gueres

d'actions, comme.nous l'allons voir,,soit en Asie,

soit enAfrique,

où on ne vît briller dans les armées

derEmpereur

les: étendarts de Saint Jean.

Cette escadrejoignit le 8 d'Août la flotte de

rEmpereurcommandée par

le fameux André

Doria, Prince de Melphe. Celle des Turcs com-

poséede soixante & dix voiles étoit alors dans le

golfede Larra ou de la Prevése. Doria faiíant route

trouvaauprès

de Zánte soixantegalères

Vénitien-

nes, & ilpropoía

au noble Vincent Capello qui

en étoit Général, de joindre leurs flottes, de forcer

Gallipoli ,& deporter

leurs armesjusqu'à

Cons-

tantinople, qu'ilstrouveroient dénuée de fa

gar-

nison ordinaire, que Soliman, disoit-il, en avoir

tiréepour

fortifier l'arméequ'il

commandoit en

personnesor les frontières de

Hongrie.Mais les

Vénitiensqui ménageoient

les Turcs avec tant

d'égards, qu'ilsen souflr oient souvent des insultes,

fans ozer s'en ressentir, íedispensèrent

de pren-

drepart

à cetteentreprise,

sousprétexte qu'ils

avoientpromis

au GrandSeigneur

de demeurer

neutres en cetteguerre.

La flotte Chrétienne se

trouvant alors entre l'Ifle deSapienza

& Modon,

onproposa

de s'attacher à cette derniere Place ,

6c d'en former lesiège. C'étoit le sentiment du

Prieur de Rome & des Chevaliers, quiauroient

été bien aise de tenter à force ouverte laconquête

d'une Placequ'ils

avoientmanquée

desurprendre

Tannéeprécédente.

Mais les soldatsqui

n'avoient

gueresd'autres, solde

quele butin

qu'ils pouvoient

faire, témoignèrent beaucoupde

répugnance pour

cette

VlLLIERsDE L'ISLE-

ADAM.

Page 122: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

É>E MALTE. LIV. X. 121

eêtteentreprise,

ôc ils disoient assez hautement

qu'ils n'exposeroient pasleurs vies à

Tattaquêd'une

E

Place auíïì forte, ôc ©ù les Chevaliers Tannéepré-

"

cedente n'avoient rien laisséqui pût dédommager

les victorieux de leursfatigues.

Le Conseil de

guerrese crut

obligéde diflìmuler des discours

qu'onauroit punis,

si ces soldats eussent étépayez

exactement, & le Conseil deguerre se détermina

à faire lesiège

de Coron, Place alors bien moins

fortifiée, ôcqui

n'étoitéloignée

de Modonque

de douze millespar

terre-

Coron ou Goroné, autrefois Cheronée , patrie

dePlutárque,

aussigrand Philosophe, que

fameux

Historien , se trouve à lagauche

duCap-Gallò,

de kfigure

d^un 1triangle

ícaléne où à- cotez iné-

gaux : un desangles regarde

un rocherescarpé

-

les deux autres sont vus dugolfe

de Coron, qui

sortpresque

deport

a là tour. Mais cesangles

ne

sontpas

oattuspar

les eaux de lamer, & Ton

peuten lès

côtoyantfaire facilement le tour de

eette forteresse, laquelleétoit revêtue d'une hiuw

'raille à

Tantiqueôc alïêz fóible ^ mais

flanquéede

six tours d-ancienne structure.

Doria en ayant reconnu la situation, aprèsavoir

débarquéses

troupes,fit avancer les

galères,Ôc il

lésplàça

derrière les vaisseaux du haut bord, Ôc

íùr-tout lagrande caraque

de laReligion, qui

tirantpar

dessus lesgalères,

abbatit laplûparc

des défenses de cette Place. Toute Tartillerie dé-

cèsvaisseaux, & deux batteries

qu'onavoit dres-

seésàterreayant fait une

large brèche,le Cornues

de Sarno&Mendoze,;Mestre de

camp d'un-régi-

rai? 11LQL

VllLIïRSr')E L'I-S t EX

ADAM.

Page 123: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

VlLLIERSBÏL'ISIE-

AD A M.

ni HISTOIRE DE L'ORDRE

ment d'Espagnols,furent commandez

pourmon-

ter à Tassaut : ils s'y portèrentavec

beaucoupde

valeur ->mais ils ne trouvèrentpas

moins de cou-

ragedans les Turcs, qui

leur tuèrent trois cens sol-

dats , plusieurs Officiers, & en blessèrent unplus

grand nombre. Les Prieurs de Rome & d'Auver-

gne, qui avançoient pourles loutenir , prirent

leursplaces j ils étoient sortis l'un ôc l'autre de la

grande caraqueà la tête de deux cens Chevaliers,

ôc decinq

cens hommes à la solde de laReligion,

Ce second assaut ne futpas

moins meurtrierque

lepremier

: malheureusementpour

lesattaquans

les échelles ne se trouvèrentpas

delongueur pro~

Î>ortionnée

à la hauteur des murailles : il fallutque

es Chevaliers, pour gagnerle haut de la brèche,

tâchassent de s'acrocher à la muraille, Ôcqu'ils

grimpassentdes mains & des pieds.

Dans une situation si violente, ils se trouvèrent

exposezau feu de

lamousqueterie,aux

coupsd'ar-

balêtes ; ôc lespierres,

les feux d'artifice & les

huiles bouillantes ne leur furentpas épargnées.

11 enpérit

ungrand

nombrepar

ces différentes

armes ^ mais comme ils étoient résolus de se faire

tous tuer auxpieds

des murailles, plutôt queda-

bandonner leurattaque , après avoir invoqué

le

nom de Saint Jean, quiétoit leur cri de guerre,

ils

fc poussèrent avec tant de fureur, qu'ense soute-

nant les uns les autres, ils s'élevèrentjusques

fur

la brèche, s'en rendirent les maîtres, Ôc y arborè-

rent legrand-étendard

de laReligion.

Les armées

de terré & de mer ne virent ce signalde la victoire

qu'avec degrands

cris dejoye. Ce brwit fit croire

Page 124: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X.ïïj

aux assiégez queles Chrétiens étoient maîtres de ^

la Place : ceux des habitansqui étoient encore

15

retranchez en differensquartiers

de la Ville, &-

lagarnison

du Château, arborèrent ledrapeau

blanc: lacapitulation

fut bien-tôtsignée y les Turcs

naturels ôc leurs maisons furent conservez, & on

abandonna celles des Juifs aupillage.

Doria fut

ensuiteassiéger

Patras dont il.se rendit maîtrepen*

dantque

lesgalères

de laReligion s'emparèrent

du Château d'Ardinel, & d'autres forts situez le

longde la côte, ôc

qu'ils emportèrentfans trouver

beaucoupde résistance.

Aprèscette

expédition,

.& l'hyver

approchant,les différentes escadres dont

la flotte Chrétienne étoitcomposée,

seséparent &

se retirent dans leurs ports.

L'année suivante les Turcsqui

naimoientpas

à demeurer fur leurperte, firent un

puissant ar-

mementpour

recouvrer Coron -y ôc si-tôtqu'on

puttenir la

mer, un fameux Corsaireappelle

le

Maure, parordre de Soliman, vint avec

quatre

grandes galères bloquercette Place, pendant qu'un

autre General TurcTaísiegeoit par

terre.

Doria instruit de leurs desseins, se mit auífi-tôt

en mer, & il fut joint parles

galères duPape

& de

laReligion,

commandéespar

le Prieur de Rome.

La flotte Chrétiennes'avança en bonne ordon-

nance contre les Infidèles ; les soldats demandoient

la bataille avec degrands cris, mais Doria, quoi-

que aussi brave soldatque grand Capitaine , soit

par prudenceou

pourse

perpétuer dans le corn-

jnandement, évitoit les combats décisifs, ôc il di-

soitassezordinairement,Qu'il n'aimoitpas

à se trou-

QJi

DEX'Is LE*ADAM-

Page 125: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i*4 HISTOIRE DE L'ORDRE

ver dans des occasions, où la fortune avoit sou^

vent plusde

part quela conduite des Généraux.

Son unique dessein étoit de jetterdu secours dans

,1a Place, ôc ensuite se retirer : dans cette vue , il

mit à la tête de fa flotte lagrande caraque

de

Malte, d'où comme d'un fort Ôc d'une citadelle^

il batoit en ruine les Turcs, & il avoit donné or-

dre à desCapitaines particuliers,

à- la faveur du

feu & de la fumée du canon, de faire couler dans

la Place desbarques chargées

de soldats ôc de mu-

nitions j mais ce dessein fut si mal exécuté, que

cespetits vaisseaux furent tout à

coup enveloppez

pardes

galèresdes Turcs : les Chrétiens s'épou-

Yantent j les uns se rejettent dans legros

de Tari-

mée ^d'autres quiavoient débarqué,croyent

écha-

per plusaisément à la fureur des Infidèles en se re-

jettant dans leurs

esquifs y mais ilsy

entrèrent en ft

grand nombre ôc avec tant deprécipitation, qu'ils

coulèrent à fond, & avancèrent leur mort en la

voulant éviter.

Les Turcs devenus maîtres d'unepartie

du

convoi , attaquentensuite les

grands vaisseaux *,

tout combat, tout se mêle$ lesgalères attaquent

lesgalères^

les navires sejoignent

aux navires:

Doria d'un côté, ôc le Prieur de Rome de l'autre

viennent au secours desplus pressez ; leur

présence

anime les soldats & rétablit Tordre dans la flotte.

La fortunechange

bien- tôt departi,

les Chrétiens

recouvrent leurspetits vaisseaux, en

prennent plu-

sieurs aux Turcs, ôc même ces Infidèles s'étant jet-

iez le sabre à la main dans un vaisseau de la Re-

ligion ? ôc étant déja maîtres.dupremier pont,

il

VlLlIERSDE L'ISLE"

AvAìtí.

Page 126: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MA L T E. L i v. X. nj

survint un autre vaisseau de Maltequi dégagea

le vaisseau de laReligion,

& fitprisonniers

les

assaillansqui

se virent chargezdes ?chaînes

qu'ils

destinoientpour

ces Chevaliers. y

Enfin cette forêt de mats s'éclaircitpeu

àpeu,

le bruit diminuepar

la mort des uns & la fuite

des autres. Doria victorieux ravitaille Coron,. se

remet à la voile, poursuitles Infidèles, & va

rechercher de nouvelles occasionsd'acquérir

de

lagloire.

;

L escadre de laReligion rappellée par

le Grand

Maître, se détacha alors ducorps

de la flot te Chré-

tienne , Ôc rentra dans sesports. Malte &

Tripoli, ôc

les côtes deNaples

ôc de Sicile, étoientégalement

menacéespar

Barberousse > chef des Corsaires de

Barbarie, quiavec

quatre-

vingtdeux

galères,

couroit ces mers , &portoitde tous cotez la ter-

reur &Tépouvante, lans qu'on fçùt encore où la

foudre alloit tomber. Gomrne l'ancienné ville cfe

Malte étoitpeu

fortifiée j quele

Bourg,résidence

des Chevaliers, étoit commandé de differens en-

droits, Ôcque

le Couvent n'avoit pour toute re-

traiteque le Château, Saint-Ange,

le Conseil étoit

d'avisqu'on y laissât seulement trois cens Cheva-

lierspour

le défendre j quele Grand Maître se re-

tirât en Sicile, &-qu'il y transportâtle

Couvent,

lesReliques,

les ornemens desEglises, les titres

& le trésor de là Religion. Mais cegénéreux

vieil-

lard rejetta courageusementcet avis : Je

ri ai jamais,

leur dit-U, fui devant les ennemis de la Croix s fg)

pour conserveries restes d'une vielanguissante,

on ne

me verrapoint

donner unfi

mau<vaisexemple

k tous

9^

DE Lis L E-A.D A M.

Page 127: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

né HISTOIRE DE LO R D R E

mesReligieux.

Ilenvoya auísi-tôt cent Chevaliers

avec quelques compagniesd'infanterie dans la

Ville qu'on appelloitla Cité notable ; & autant

quele tems le

put permettre,on éleva à la hâte

quelques ouvragesavancez au tour du

Bourg.Tous

ses habltâns de TMepar

ordre du Grand Maître,

prirentlèà armes j &

pour pourvoiràla fureté des

Reliquesôc des titres de la

Religion,il les fit

pas-

ser en Sicile , où ceprécieux dépôt

fut conservé

avec soin.Après de si

sages précautions y U atten*

dit avec fermeté d'arrivée des barbares y mais leur

Généralprit

une autre route : il retourna en Afri-

que, & fit éclater des desseins dont nous aurons

lieu deparler

dans là fuite.

Le Grand Maître áuísi attentif à Ia conservation

de ladiscipline régulière, qu'à

la défense de son

Etat, profita de cet intervalleque

lui donnoient

lés Infidèlespour convoquer

un Chapitre généralJ

Depuisla

perte de Rhodes > ôcpendant

huit an-

néesc|ue

laReligion

iàns résidence fixe, avoit

erré én difíerens endroits -, il seroit introduit plu^

sieurs abusausqûels

iljugea

àpropos

de remédier*.

Les Chevaliers en abordant à Malte j s étoient lo-

gez séparément,& tomme ilsavoient

pu,en dif-

ferensquartiers

duBourg

ôc même de Tlíle, con-

tre Tusage

de TOrdre, ôc contre cequi

s'étoit pra^

'tiquéà Rhodes où il

y àvôit un endroit de la ville

appelle Colhîshiò, uniquementdestiné pour

le lo-

gementdes

Chevaliers, ôc fansque

les séculiers y

pussent habiter. Le Grand Maître de concert avec

leChapitrey rétablit à Malte un

règlementsi

sage,

& tous les Chevaliers furent obligezde se venir

VlLlIÏRS

A D A M.

Page 128: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

r> E MALTE. Liv. X. 117

loger auprès de lui, &pour ainsi dire fous les yeux

d'unSupérieur

aussi exact & aussi vigilant.Ce fut

E

parle même

espritde

religion qu'on proscrivit

les habillemenstrop

riches ôcéloignez

de la sim-

plicité & de la modestie si conveiiable à des Re-

ligieux j ôc onporta la sévérité de ce règlement

contre tout çe quiavoit le moindre air d'une

vaine distinction, jusqu'à interdire aux Comman-

deurs qui étoient Grands-Croix, de la porterhors

de Tlfle de Malte -, ôc il ne leur futpermis de s'en

parer quele

jour qu'ils partoient de leur pays,ôc

de leursCommanderies,pour

se rendre à lacapitale

de TOrdre.

De cesreglemens particuliers, pn passa

aux af-

faires lesplus importantes

du gouvernement. Le

Chapitreen

corpsse fit

représenterle traité fait

avecl'Empereur touchant Tétablissernent de la

Religiondans Tlste de Malte ; & il le confirma

parun acte solemnel. Qn admit les

appelsdu

Conseil ordinaire au Cpnseil complet,c'est - à -

dire , danslequel

on faisoit entrer, outre les

Grands-Croix, deux Chevaliers |es plusanciens

dechaque Langue $ mais il fut statue que Tappel

de ce dernier Conseil n'auroitpoint

d'efietfulpen-

íìf-, ôcque

les Sentencesqui

émaneroient de ce

Tribunal, serpient exécutées, maispar provision

seulement, nonobstant Tappelau (Chapitre gê-

nerai. ^

Comme laReligion

étoitengagée

à faire de

grandes dépenses j quelle entretenpit six àsept

galères sains les vaisseaux de haut bord & les bri-

ganiçins j ÇJUelle tenoit à ía solde 4es troupes

dans

VlLLIEBSDE L'ISL E-

A D A M.

Page 129: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

il 8 HISTOIRE DE L* O R DIE

les Istes de Malte, de Goze ôc àTripoli-y qu'il

fàl-

loit npurir lepeuple réfugié

dé Rhodes x bâtir une3

Egliseôc une Infirmerie,; le

Chapitre jugeaà pro-

pos d'augmenterles

reípohsionsfur les Comrnan-

deries de TOrdre, ôc onsupplia

'le Grand Maître

dont on connòistoit leparfait désintéressement,

de vouloir bien continuer se soinqu iTprënoit

de

Tadministration des Finances. ;/

Ce futpar

ce dernierrèglement que

se termina;

leChapitre

dont Tâfsemblée n'auroit puêtre

que

très-utïse à kReligiòri,

si fur la fin, oupeu après

il n'étoit survenu un désordre ouquelques

Lan^

gués prirent part,en vinrent aux mains, ôc eau*

sefent un tumulte ôc uri scandalequi affligea

sensi-

blement le Grand Maître , Ôc tout lé corpsde ièa

Religion.

Le sujet de cettequerelle

vint d'un différend par-

ticulierqui

s'émut entre un Gentilhomme Floren-

tin ôc seculier, domestiquedu Prieur de Rome, ôc

un jeune Chevalier François neveu du Comman-

deur Servier, de laLangue

de Provence. lisse bat-

tirent ,& le Chevalier François fut tué : Tonclè

du mortqui prétendbit que

le Florentin avoit usé

desupercherie

dans ce combat, se fît accompa-

gnerde ses amis, le chercha -, ôc

Tayantrencon<-

tré aussiaccompagné

d'autres Gentilshommes pen-

sionnaires du Prieur, lèschargea,

enblessaplu-

sieurs , Ôc le*sobligea

de s'enfuir, ôc de chercher

îeur salut ôcunazile dans Je palaisde leur Patron.

CeSeigneur puissamment riche, parent,

d'au-

tres disent même, neveu duPape , Ôc Général de

.sesgalères ôc de celles de la

Religion,avoit jusqum

soixante:

DE L'i-.SL E-AD A M.

Page 130: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

Ï5 E M A r TE. Liv. X. 129

soixante Gentilshommes séculiers ôc Chevaliers

Italiens attachez à fapersonne.

Ils s'armèrent aulsi-

tôt, ôc sortirentpour venger

leurcompatriote, ôc

fansdistinguer

lesLangues

de France, chargèrent

avec fureur tous les François qu'ils rencontrèrent^

ils en tuèrentquelques-uns, plusieurs

furent blet

fez, & d'unequerelle particulière

firent u neguerre

ouverte ôc déclarée entre les deux Nations. Les

Chevaliers desLangues d'Auvergne

ôc de France

surpris ôc irritez de cette insulte, sejoignirent

à

celle de Provence. Toute la Nation se réunit ôc

s'assembla chez le Chevaìier és Bléville, pourti-

rer raison de cet attentat. Mais avantque

depor-

terplus loin leur ressentiment, cette assemblée

particulière envoya desdéputez

au Grand Maître

pourlui demander justice. Le Grand Maître fît

partde leurs

plaintesau Prieur de Rome, & lui

ordonna depunir

lescoupables

1.

Salviati fier de son alliance avec lePape régnant,,

&qui

seregardoit

comme un autre Grand Maî^

tre, se contentapour

toute satisfaction de faire

mettre aux arrêts fur faCapitane

lesplus

crimi-

nels de ses Gentilshommes, & il fit dire aux Lan-

guesoffensées

qu'après qu'ilauroitexaminécette

affaire il leur rendroitjustice.

Ceprocédé

hautain,

peuconvenable dans une si noble

République,,

dont tous les membres secroyoient égaux,

irrita

de nouveau les Chevaliers François.La

réponse

du Prieur leurparut

unepure illusion, ôc faite

pour éluder leurs justes plaintes, Sc ilsregardèrent

moins Tarrêt des criminels comme uneprison ,,

quecomme un

moyendont ee Prieur se servok:

Tome 1I.L. R,

VÏIÏITZKSDE L'ISLE-"

A'DAM.

Page 131: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

J3 O Hï ST O IRS D E L*O R D R E

pourles soustraire à T autorité des Loix, &c à la jtu

risdiction du Conseil ôc desJuges

de laReligion.

Ainsi fans consulter eux-mêmes ni les loix, ni les

devoirs de véritablesReligieux,

ils sortent bien

armez, se jettent dans lagalère

du Prieur, s'en ren-

dent maîtres, & pleinsde fureur & de ressentiment,

poignardent quatredes Gentilshommes du Prieur

cpiiétoient aux arrêts, ôc

qui avoient tué pu blessé

leurs camarades, & fiers du honteux honneur d'une

vengeancesi

indignede leur

profession, aprèscette

sanglanteexécution ils sortent comme en triom-

phe de laCjápitane,

ôc se retirent dans leurs Au-

berges.

Le Prieur outré du massacre de ses Gentilshom-

mes, appelle auprèsde lui tous les Chevaliers de

laLangue d'Italie, ôc

parses émissaires il met en-

core dans ses intérêts les deuxLangues d'Espagne,

ArragonSc Castille, qui

se déclarentpour lui, &

viennent en armes à son secours* Les François qui

ne s'étoientpas

encoreséparez,

ôc avertis decette

ligue,sortent de nouveau de leurs

Auberges, &

vont chercher leurs ennemisjusques

dans la mai»

son du Prieur : ils sont reçus àcoups

demousquet,

&c ils y répondent parun feu

quin'étoit

pasin-

férieur. Jamais pareillediscorde n étoit arrivée

dans TOrdredepuis

fa fondation : un tumulte

affreuxregnoit

dans cequartier

de la Ville : en

vain le Grand Maître leur envoya ordre de se re-

tirer : il n'y avoitplus

ni commandement ni obéis-

sance : la discorderegnoit

dans tous lesquartiers

de la Ville :chaque parti

neprenoit

ordreque

de fa fureur ôc de sonemportement.

On conti-

JOE í'I S L E-

Page 132: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X.. 131

nuoit à tirer de tous cotez, ôc le Prieuïayant fait

venir de sesgalères quelques pièces d'artillerie,

]

les François amenèrent de leur côté un canonqu'ils

'

braquèrentcontre la

porte de sonPalais,pour

la

mettre enpièces.

La nuitqui

survintaugmenta,

encore le désordre Ôc la confusion. Le Grand Maî-

treplein

de douleur de voir ses Chevaliers aux:

mains les uns contre les autres, voulut sortir ôc.

essayersi le

respectde fa

présencene contiendroit

pasles

plus mutins. Mais le Conseil,, dans lacrainte

quece vénérable vieillard pendant

la nuit, & au;

milieu d'un si terrible tumulte, nereçût quelque

blessure, le conjura de rester dans son Palais, ôc.

©nenvoya

à faplace

ôc à la tête de Iagarnison

dw

Château, le Bailli deManosque ,,ancien Cheva-

lier , révéré dans l'un Ôc l'autreparti par

fa{ageíïe

encoreplus que par

fadignité.

CeSeigneur

mê-

lant adroitement de justes reprochesa des ma-

nièrespleines

de douceur, se fit écouterpar

les^

plus emportez yÔc il lésobligea

à la fin à mettre

íes armes bas. GhaGun se retira de son côté j ht

nuit calma cette fureur,. ôc le jour vit naître la

honte ôc lerepentir.

Mais le Grand Maître ne crut

pasdevoir laisser fans

punitionles auteurs d'un:

tumulte de sidangereux exemple:

il enpriva

douze

de Thabit, ôc si nous encroyons Bosio, on en

jetta*

dans là merquelques-uns

desplus opiniâtres ,qui>

ne vouloientpas

reconnoître leur faute , ôccapa-

bles d'en commettre de nouvelles ôc de rallumer

ta sédition.

Quelque juste quefut ce châtiment,Je Grandi

Maître conçût uneégale

douleur du crime ôc de

Rij;

VlILIÏRSDE L'ISLE-

ADAM.

Page 133: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

Ijl HI ST Ò IR E D E L'O R DR E

sapunition.

Il en tomba malade, ôc il serepro^

choit comme leplus grand

de ses malheurs de

n'avoir survécu à laperte

de Rhodes, que pour

être le triste témoin de la violence & de la rébel-

lion de sesReligieux.

La crainte d'un avenir en-

coreplus fâcheux, 1

orgueilde ces Chevaliers, dé-

guisé souslenom decourage,

Ôc le luxe ôc la mo-

leíse dequelques autres, fruits malheureux de

pastlons plus criminelles, qui malgréson

exemple

&: la sévérité de ses ordonnances, sétoient déja in-

troduits dans TOrdre : tout cela jetta te grand

homme dans une sombre mélancolie. Il ne fitplus

quetraîner les restes d'une vie

languissante: les

fâcheuses nouvellesqu'il

recevoit continuellement

d'Angleterredont il

prévoyoisdes suites funestes

pour son Ordre, le conduisirent insensiblement

au tombeau.

Henri VIII. comme nous lavons dit dans le

neuvième Livre, regnoitdans cette Iíle : ce Prince

avecdispense

duPape Juleá 11. avoit

épouséCa-

therined'Arragon,

veuve d'Artus Prince de Galles

son frère aîné, ôc il avoit passédix-huit ans avec

la Reine sonépouse

dans une unionréciproque,

lorsqu'une pasiion déréglée pourune jeune An-

gloiselui fit naître des

scrupulesfur la validité de

sonmariage

: ôc comme s'il eûtpris

dans lesagi-

tations de Tamour des inquiétudesde conscience,

il s'en fit du moins unprétexte pour justifier son

divorce avec la Reine.

Lepeu d'agrémens

de cette Princesse, ôc les

charmes trop dangereuxd'Anne de Boulein, lui

persuadèrentaisément qu'il y

avoit des abus dan§

VlLLIERSDE L1SL,É'

AL>ÌM.

*i34«

Page 134: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 155&

dispense : il étoit Roi, il nemanqua

ni de cour-

tisans serviles, ni de sç a vans mercenairesqui

le

-flattèrent dans son erreur.

L'affaire avoit étéportée

à Rome & au Tribu-

nal duPape

: le refus constantque

fit Clément

VII.d'approuver

lesprétextes de son divorce, ré-

volta ce Princeimpérieux &

passionnécontre Tau-

torité du SaintSiège.

Nepouvant

obtenir lagrâce

qu'ilsollicitoit avec tant

d'empressement,il réso-

lut de s'enpasser,

& il crutque pour parvenir

à

ses fins, leplus

court chemin étoit d'abolir dans

ses Etats Tautorité des Souverains Pontifes. 11 fit

plus , de concert avec le Parlementqu'il

avoit

eu Tadresse d'interresser dans cette assaire, il se

revêtit lui-même de cette puissance spirituelle,ôc .il'n eut

pointde honte de se faire déclarer

par

un acte solemnel chef deTEglisc Anglicane, pour

n'être pas obligéde se soumettre au

jugementdu

Chef visible deTEglise universelle, qui

refusoit de

séparerce

queDieu avoit uni.

Ce Prince autrefois sisage

& si éclairé, &pour

lors fuireux dans fapassion, persecutoit

cruelle-

ment ceux de ses sujets quirefusoient d'adorer la

chimère de fasuprématie. Prélats, Ecclésiastiques,

Religieux,Séculiers

perdirentla vie

pourn'avoir

pasvoulu souscrire au double divorce

qu'il venoit

de faire avecTEglise Catholique,

ôc avec Cathe-

rined'Arragon

sonépouse légitime,

Le crime de

îeze-Majesté, quisous les mauvais Princes est sou-

vent le crime des innocens, fuppléoitaux

pré~

textesqui manquoient pour

les faire périr. Le

Parlementqu'Henri avoit eu Thabileté de rendre

Riij

VitLIERSDE h'ISL E-

ADAM.

Page 135: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

134HISTOIRE DE LORDRE

le ministre de sespassions, proscrivit

Tillustre Pohm

encoreplus distingué par

fapieté

Ôc unepro-

fonde érudition, que parfa naissance royale qu'il;

tiroit du Duc de Clarence frère d'Edouard IV.

Le Roid'Angleterre

avoit recherché avec em-

pressementson

approbation,Ôc il avoit vouluTo-

bligerd'écrire en faveur de ses erreurs. Ni les

pro-

messes, ni les menaces de ce Prince ne Tébranle-

rcntpoint

: il luireprésenta

avec beaucoupde

fermeté linjustice deíes nouvellesprétentions.

Ce

Princequi

auroit bien voulu avoir laréputations

d'aimer là vérité,, & la satisfaction de ne Tenten-

dre jamais ,„ ne luiput pardonner

cette liberté..

Polus pourse soustraire à son ressentiment, se re-

tira à Rome : lePape

léprit

sous saprotection,

ôc

honora le sacré Collège parsa

promotionà la di-

gnitéde Cardinal*

~

Henri lui fit un crime de ce titre éminent : iM

mit sa tête àprix,

& onprétend qu'il

auroit été:

assassinéparlés

bandits auxgages

du Roid'Angle-

terre, si lePape qui

révéroit lesgrandes qualitez

du*

CardinalAnglois,ne lui eût donné des

gardes pour

veiller à fa conservation. Ladisgrâce de Polus fut

funeste à toute fa maison :Marguerite Plantage-

neste, Comtesse de Saliíbury famere, Henri Polus

de Montaiguson frère, Henri de Courtenay, Mar-

quis d'Excesterfoncousin, accusez d'avoir entrete-

nuquelque correspondance

avec le nouveau Car-

dinal, perdirentla vie sur un échafáut. Le Roii

toujoursexcessif dans fa

vengeance,en étendit.les;

effetsjusque

sur le jeune Courtenay,fils de Henri.

A, ïa vérité, il eut honte de faire mourir unjeune.

DE LlsXE-A » A M.

Page 136: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E. L I V. X. 135

(enfant y mais il le fit conduire à la tour, ôc il l'en- ^

sevelit dans uneprison,

depeur qu'il n'entreprît

D

un jour devenger

la mort de sonpère.

Au milieu de tant desupplices,

les Protestans,

quoiquerebelles au Saint

Siège,n'en étoient

pas

anieux traitez. Henri ennemi de toutes les nou-

veautez dont il n'étoitpas auteur, par

une cruauté

•bizarre, ôcqui

n'avoitpoint d'exemples , faisoit

brûler leshérétiques,

Ôcpendre

sesCatholiques

quiosoient adhérer

publiquementau Saint

Siège.

Laplupart

des courtisans incertains de lareligion

du Prince., n'en avoient plusd'autre

quesa vo-

lonté.Catholiques

Ôc Protestans , on cachoit fa

Religioncomme un-crime : il

n'y avoitque

la ré-

bellion contre Tautorité du SaintSiège, qu'on pût

faireparoître impunément.

C'étoit Tidole de la

Cour, ôc le seulmoyen

de s'y maintenir. Le Roi

pour sevenger

desReligieux qui perseveroient

dans Tobéissance due au SaintSiège,

en abandonna

les biens enproye

à ses courtisans : mais ces mê-

mes biens siinjustement acquis,

lesprécipitèrent

insensiblement du schisme dans Thérésie. Plusieurs

fous lerègne

d'Edouard son fils, pour s'épargner

une restitution nécessaire , embrassèrent lesopi-

nions de Luther ôc de Calvin, ôcTopinion

laplus

utile leurparut

à la fin laplus

véritable.

Les Commandeurs ôc les Chevaliers de Malte,

dévouez d'une manièreparticulière au Saint

Siège,

ôcqui

reconnoissoient lePape pour

leurpremier

Supérieur , ne furentpas exempts

de cetteper-

sécution. Máis comme cet Ordrecomposé

en

partiede la

premièrenoblesse , étoit

puissant

VlXLIERSDE L'ÍSL'E-A D A M.

Page 137: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

rjtf HISTOIRE DE L*O R D R E

dans leRoyaume , ôc

quele Prieur de Saint

Jean de Londres avoit même séance dans le

Parlement enqualité

depremier

Barond'Angle-

terre, il différa leurproscription,

ôc lasuppression,

entière de TOrdre , jusqu'àce

qu'ilTeût fait au-

toriser, comme il fitdepuis, par

un acte du Par-

lement. Cependantil

n'yeut

gueresde

persécu-

tions indirectes, qu'ilne leur fît essuyer : la

plu-

partsous differens

prétextes furent arrêtez , òu

du moins on saisit les biens de leurs Commande-

ries. Ceuxqui purent échaper

à la malice & à là

dureté de ses Ministres, ôcqui prévoyoient

les fuites

funestes du schisine, abandonnèrent tous leurs

biens, & se retirèrent à Malte. On les voyoit ar-

river fans aucun fond assurépour

leur subsistance.

Le Grand Maître, comme un bonpère, y pour-

vut avec une charité infinie , ôc tâehoit de les.

consoler. Il n'avoitpas

moins besoin lui-même de

consolation. Cettepersécution d'un Roi Chrétien

envers un Ordrequi

avoit si bien mérité de toute

la Chrétienté, mit le comble à cette fuite de di£

grâces qu'ilavoit

éprouvéesdans la Grande Maî-

trise. Iln'y put résister

plus long-tems: il tomba

malade : une fièvre violente eut bien-tôt consom-

mé lepeu

de viequi

lui restoit, ôc ilexpira

dans

les bras de ses chers Chevaliers levingt-un

d'Août:.

Prince recommandable parfa rare valeur, par

fa

fermetéhéroïque,

ôcpar

lasagesse

ôí là douceur

de songouvernement, vertus

qiv'il possédadans,

undegré éminent, ôc

qu'ontâcha

depuisde re-,

présenter parce

peude mots, qui

furent gravez

fur son.tombeau»,

CESX-*

VlXLIERSfi£ Lis L E-"ADAM.

xx Août.

Page 138: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances
Page 139: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances
Page 140: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIT* X. 137

C'EST ICI QUE REPOSE LA VERTU VICTORIEUSE

DE LA PORTUNE.

Frère PIERRE DU PONT, d'une illustre Maison

dans le Comté d'Ast, issu des anciensSeigneurs

de"

Lombriacs , ôc de Cafal-Gros en Piedmoát, Ôc

Bailli de sainteEuphemie

dans la Calabre y suc- -j

céda à Villiers de THle-Adam. Il étoit alors dans

sonBailliage , & son mérite & ses vertus firent

seules fa recommandation. C'étoit un ancien Che-

valier, grave, austère dans ses moeurs, zélé obser-

vateur de ladiscipline réguHere : ôc son élection

justifie quesi

parle malheur des tems il s'étoit

introduitquelque relâchement dans la

pratique

des statuts-, cependant dans les affairesimportantes,

ôc fur toutquand

ils'agissoit

du choix d'un Grand

Maître, tous les Chevaliers ne confultoient alors

queleur conscience, &que

le mérite seulempor-

toit toussessuffrages.

Thomas Bosio, éluEvêque

de Malte, fut en-

voyé parle Conseil au Grand Maître

pourlui

por-

ter Pacte-de son élection. H n'enapprit

les nou-

vellesque

les larmes auxyeux , & il vouloit se

dispenser d'accepterune si

grande dignité -, mais

de fâcheuses nouvelles qu'il reçut parun nouveau

courier, le déterminèrent, & hâtèrent sondépart.

On lui avoitdépêche

de nouveau le Chevalier

Gefvallepour

lui donner avis des révolutionsqui

venoient d'arriver enAfrique , ôc dans le Royau-

me de Tunis dont Barberousse s'étoit rendu maî-

tre, ôç quece Corsaire redoutable menaçoit Tri-

polid'un

siège. Le nouveau Grand Maître s'em-

Tome 11L S

DU P O N T.

I534.

Page 141: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

138 HISTOIRE DE L'ORDRE

barqua auíïì-tôt, ôc se rendit le dix de Novembre

à Malte : sespremiers

soins furent de fairepasser

unpuissant

secours àTripoli ; mais

quandon

y

auroittransporté

toutes les forces de l'Ordre, queL

quebraves

quefussent les Chevaliers, ils n'étoient

pas capables avecquatre

oucinq galères

de résik

ter à Barberousse, maître de deux Etats aulsi puis-

fans qu'AlgerÔc Tunis, ôc

quid'ailleurs en

qua-

lité de Bâcha de la mer & de Grand Amiral de

Soliman, avoit sous ses ordres centgalères, ôc

plusde deux cens vaisseaux de différentes

gran-

deurs. Il étoit frère de Horruc ou d'Horace Bar-

berousse , tous deux fameuxpar

leur fortune ôc

parleur valeur.

'Ces deux Corsaires, quoique

nez dans la lie du

peuplede la ville de Metelin, n'avoient rien de

la bassesse de leur naissance, Dés leurpremière jeu-

nesse, ôc si-tôtqu'ils purent porter

les armes, ils

firent éclater leurcourage

ôc leur ambition, ôc

coururent ensemble les mers furun£eul brigantin,

quifaisoit toute leur fortune.

Une valeur si déterminée, d'heureux succès, des

prisesconsidérables

augmentèrentleur

réputation

Ôc leurs forces. Ils achetèrent ou firent construire

des vaisseaux Ôc desgalères,

formèrent unepetite

flotte, ôc attirèrentdepuis

fous leursenseignes

d'autrespirates qui

les reconnurent pourleurs

Chefs ôc leurs Généraux, L'ambition ôc les richesses

neséparèrent point

les deux frères. Horruc plus

âgé queson frère, avoit à la vérité le

principal

commandement ; mais Airadin en son absence,

n'avoitpas

moins d'autorité•

également braves,

PIE R.REPU P O N T.

JSofîotU è.

Page 142: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X.139

également cruels, corsaires déterminez> & qui 1

se disoient amis de la mer, & ennemis de tous*

ceuxqui navigeoient

fur cet élément , ils atta-

quoientindifféremment les Musulmans comme

les Chrétiens -, Ô<:en faisant le métier de voleurs ôc

de corsaires, ilsapprirent

insensiblement celui de

conquerans.

Il nemanquoit

à leur fortune, poufretirer leurs

prises, qu'un portdont ils fuíïent les maîtres. La

guerre quis'éleva entre Selim Eutemi Prince d'Al-

ger ôc son frère, leur en fit naître l'occasion. lisse

déclarèrentpour

un de ces Princes, Ôc les accablè-

rent tous deux. Horuc reçu dansAlger

enqualité

d'allié, s'en rendit maître;il fitétrangler

Eutemi

quil'avoit

appelleà son secours : ses

troupesle

proclamèrent Roid'Alger y ôc

pourmettre ía con-

quêtesous une

puissante protection,il en fit hom-

mage à SolimanEmpereur

des Turcs, ôc se fit son

tributaire. Ilprit depuis

les villes de Circelle ôc de

Bugie, conquitle Royaume de Tremesen dont

Algerfaisoit autrefois

partie, &remporta plusieurs

avantagesfur les

Espagnols quiavoient

prisle

partidu Roi deTrémesen leur vaíîal. Mais comme

les armes sont journalières, il se vitassiégé

dans la

Capitale de ce Royaume ; ôcaprês

une défense

opiniâtre , l'artillerie desEspagnols ayant

réduit

les fortifications de cette Place enpoudre,

nepou-

vant, ni tenirplus íong-tems,

ni íe résoudre à ca-

pituler,il tâcha de

s'échapperavec ses trésors

par

un conduit sous terrequi

aboutissoitdans lacampa-

gne.Le

Marquisde Goniare, Gouverneur d'Oran,

S i)

P 1 E R K 1 -

X)V P O N T*

Page 143: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

140 HISTOIRE DE L* ORDRE

quicommandoit au

siège , averti de sa fuite, le

poursuivitvivement.

Barberousse, pourretarder la

poursuitedes Es-

pagnols,ôc

pouravoir le tems de

gagnerles dé-

serts , répandoit d'espaceen

espace,de l'or, de

l'argentôc des étoffes

précieuses.Mais rien ne

put

arrêter les Chrétiens -y ilsl'attaquerent

aupassage

de la rivière de Huexda 9 il fallut en venir aux

mains ; Barberousse fit ferme , son courage aug-

mentapar le desespoir

de ne point échapperà íes

ennemis, & la vue d'unpéril

inévitable lui en fit

perdrela crainte. Il se jette avec fureur au milieu

des Chrétiens, tue de ía mainplusieurs

Officiers -,

maisaprês

tout comme la partien'étoit

pas égale ,

leplus grand nombre prévalut,

Ôc Barberousse en-

veloppéde tous cotez, périt aveç quinze cens hom-

mes , qui l'accompagnoientdans ta retraite, ôc

qui

furent taillez enpièces.

Son frère Airadin avec le

nom de Barberousseprit

le titre de Roid'Alger,

il s'associa depuis avec deux fameuxpirates qu'il

fit ses lieutenans. L'un nommé comme lui Aira-

din, Caramanien de naissance, ôcque

fa fureur

ôc fa cruauté avoit fait nommerChasse-diables ;

l'autre corsaire, Juif renégat, delavilledeSmirne,

étoit connu sous le nom Turc de Sinan. Ces trois

corsaires étoient la terreur de toutes les côtes

Chrétiennes, ôc tenoientpour

ainsi dire la mer

méditerranée sous leurempire.

Chasse-diables non

content desprises

continuellesqu'il

faisoit en mer,

voulut àl'exemple

de Barberousse, ôcpeut-être

pourse soustraire de sa dépendance,

se faire un

établissement particulier.Il

surprit Tagioradont

PIERREPU P o N T.

Page 144: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X.141

nous avonsparlé

au commencement de ce Livre,

se rendit maître de la Place, fit entrer son esca-

dre dans leport,

ôc il eut la vanité de íe faire

proclamer Roi de cette ville.

Maispour demeurer toujours

uni enapparence

avec Barberousse, en lui faisantpart

de sa nouvelle

conquête,illui en rendithommage,&proteíta

de ne

se détacher jamais de ses intérêts. Barberoussequoi-

cju'indignéde l'ambition de son lieutenant, crut

devoir dissimuler une injure qu'ilne

pouvoit van-

gerfans s'affoiblir. Il reçût l'hommage

d'Ai-

radin, le félicita fur faconquête-,

ôc ce Corsaire

n'ayant rien à craindre du côtéd'Alger,

fît des

courses fur le territoire deTripoli.

Laguerre

s'al-

luma entre les Chevaliers ôc ce nouveau Prince :

il leur enleva deuxbrigantins qui appartenoient

à laReligion, obligea

ceux de Gienzor ses voi-

sins àrompre

lalliance Ôc le traitéqu'ils

avoient

fait avecTripoli : ôc

pourtenir les Chevaliers

comme investis dans cette Place, malgrétous leurs

efforts, il fit construire à la portée du canon une

tour ou un Châteauappellée depuis

la tour d'M-

caide, quidécouvroit tout ce

qui entroit dans le

portde

Tripoli, ouqui

en sortoit.

Muley Hafcen Prince Maure, Roi de Tunis,

quiredoutoit l'ambition ôc le

voisinagede ce

Turc , fit une alliance particulièrecontre lui

avec le Gouverneur deTripoli,

ôc avantque

ce

Corsairepût s'affermir dans fa nouvelle

conquête,

il résolut de l'en chasser. Dans cette vue il mit fur

piedun

corps assez considérable de troupes, la

plupart composées des Arabes de lacampagne,

S iij

PIERREDU PONT

1531.m

Bos.l. 6.

Tofro 16.

Page 145: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

142. HISTOIRE DE L'ORDRE

ôc avec un train d'artillerie, queles Chevaliers

de Tripolilui fournirent, il

assiégea Tagiora.Mais

soit parla valeur ôc le

courage d'Airadin, soit

manquede

capacitédans les Généraux deHaseen,

ce Prince futobligé

de lever lesiège,

ôc d'employer

depuisà fa

propredéfense des

troupes quilna*

voit levéesque pour attaquer

ses ennemis.

Hascen dont nousparlons,

étoit filsdeMuley

Mahomet, quide

plusieursde ses femmes avoit

eutrente-quatre

enfans.Quoique Muley

fût le

dernier, à cequ'on prétend,

ou du moins desplus

jeunes, fa mèrequi apparemment

étoit alors la

Sultane favorite , eut assez depouvoir

furl'efprit

de Mahometpour

en tirer une déclaration en fa-

veur de son fils, par laquelleil

Iedésignoit pour

son successeur. Cette femme ambitieuse, pour

l'empêcherde varier, le fit aussi-tôt

empoisonner.

Ce crime fut lepremier degré par lequel Hascera

s'éleva fur le trône -, Ôcpour s'y

maintenir il fit

mourir ouaveugler

laplupart

de ses frères ôc de

ses neveux. Araseid, quiétoit un de ses aîncz lui

échapa: ce Prince se

réfugiaà

Alger , &implora

laprotection

de Barberousse le Corsaire, qui pour

profiterde ces divisions Ie reçut bien, lí lui

promit

même unpuissant secours, mais il lui fit

compren-

dre en même temsqu'étant

Officier & vassal du*

GrandSeigneur*,

il nepourroit pas s'engager

fans

fapermission

dans cetteentreprise',

mais que s'il

vouloit venir avec lui àConstantino} le, il ne dou-

toitpas que

cegrand

Prince ôc toi t le Divan,

n'aprouvassentune

guerresi juste, ôc dont il se

chargeoitde faire voir à Sa Hautesse ses avanta-

gesôc les facilitez.

PIERRE»U PON T,

jBos, l. s.

I53l.

Page 146: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X» 143

Le Prince Maure, quin'avoit

pasd'autre ressour-

ce, s'abandonna à ses conseils. Barberoussequi

1

avoit les vuesparticulières,

le conduisit à Con-

stantinople; ôcquand

ils furent arrivez, ilpré-

vint le GrandSeigneur,

ôc dans une audience se-

crette, leperfide

Corsaire luireprésenta qu'à la

faveur duparti

ôc desintelligences qu'Arrasohid

avoit dans Tunis, il seroit ailé des'emparer

de

cette ville, ôc de tout leRoyaume,

Ôc de l'annexer

ensuite à sonEmpire.

Soliman avide degloire

ôc

d'étendre les bornes de sonEmpire, goûta

ses rai-

sons :par

ses ordres on travailla dans tous lesports

à

un armement extraordinaire : on vit bientôt en

merquatre-vingts-dix galères

ôcplus

de deux cens

navireschargez

de munitions deguerre,ôc

de trou-

pesde

débarquement.Le Grand

Seigneurcarressa

Arrasehid, quià la vue d'une armée si redouta-

ble, se flattoit de rertfrer dans Tunis comme en

triomphe.Mais

quandil fut

questionde s'embar-

quer,Soliman le fit arrêter dans le serráil, ôccela

s'exécuta avec tant de secret, que quandon mit

à la voile, toute la flotte crutque

ce Prince in-

fortuné étoit íùr laCapitane, ôc dans la

galère

du G esterai.

Ce Corsaire étantparti

de Constantinople,

pourcacher ses desseins au Roi de Tunis, fit voile

du coté de ììtalie, ravageales côtes de laPouille

ôc de la Calabre, répanditla terreur de ses armes

dansNaples

ôcGayete,

ôcaprès

avoirpillé

ks

Bourgsôc les

Villages,fait esclaves un nombre

nfini d'habitans, ôc laissépar

tout de tristes mar-

quesde fa fureur, il

passa parle Phare de Messine,

Pi ERR*DU PONT.

Page 147: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

144HISTOIRE DE L'ORDRE

exerçales mêmes cruautez le

longdes côtes de

Sicile, s'approchadu

capde Passaro, comme s'il

eût eu desseind'y faire une descente, ôc tourna

ensuite tout court du côté del'Afrique.

11 aborda

prochede la Goulette, ôc fit

publier qu'ilrame-

noit Arraschid. Pour se concilier lagarnison

du

Fort, il le fit saluerpar

unedécharge

de son ar-

tillerie, mais sans boulets ; ôc ayant envoyéun

Officier dans la Place demander au Gouverneur

pour quiil tenoit : Nous Jbmmes serviteurs des

évenemens, répondit l'Aga, ($* nous conserverons

la Placepour

leparti qui prévaudra, %) pòur

celui

de ces Princes qui demeurera Roi de Tunis.

Barberoussequi n'ignoroit pas l'importance de

cette Place, la clef duRoyaume,

lui fitreprésen-

terque

le GrandSeigneur

l'avoitenvoyé pour

placer fur le trône de Tunis lelégitime héritier^

qu'ilavoit ordre

d'attaquerôc de faire

périrtous

ceuxqui s'y opposeroient -, qu'il pouvoit juger par

sespropres yeux des forces de ce Prince, ôc s'il étoit

en étatd'y

résister. Celuiqui

étoitchargé

de cette

négociation,la conduisit si adroitement, ôc sçut

mêler si àpropos

lespromesses

avec les menaces,

quele Gouverneur, peut-être,

séduit encorepar

des sommes considérables, livra fa Place au Cor-

saire, qui aprèsavoir laissé une forte

garnison,se

rendit auxportes

de Tunis. Cette ville, lacapi-

tale du Rovaume du même nom, est située fur

la côte de Barbarie auSeptentrion

del'Afrique,

entreTripoli

ôcAlger,

à la pointedu

golfede

la Goulette, ôc à deux milles de la mer mediter-

ranée : de là se découvroient les ruines de la fa-

meuseCarthage.

On

PllRÎllDU PONT

Page 148: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L TE. Ll V. X. I45

Oncomptoit

en ce tems-làplus

devingt

mille

maisons dans la ville de Tunis -, lepeuple

àpro-

portion yétoit nombreux y mais elle n'avoit

quede

simples murailles fans fortifications : ôc comme

cette Place étoit commandée deplusieurs

endroits

du côté de l'Occident, toute fa force ne consis-

toitque

dans le Château ôc dans le nombre des

h ab i tans.

Al'approche

de l'armée de Barberousse, ôc fur

les bruitsqu'on répandoit que

le Prince Arraf-

chid étoit à la tête des Turcs, lepeuple toujours

avide, Ôc souvent ladupe

duchangement

de maî-

tre, s'émut ôcprit

les armes. Haseenqui craignoit

d'en être abandonné, sortit du Château, tâchad'ap-

paiserla sédition, remontra aux

plusmutins lafide-

litéqu'ils

lui.av oient jurées pourles

gagner,des- •

cenditjusqu'aux prières

lesplus

basses. Mais soit

aversionpour

songouvernement:,,

oucpmpassion

pour Arraschid, parcequilétoit: malheureux,, le

peuple rejetta avec degrand? cris, ôc même

avecmépris,

ses remontrances ôc lesprières; du

Roi \ ôc ce Princecraignant o^on

n'attentât à ía

vie, ouqu'on

ne le hvrâtí h son ennemi ; sortit for

lechamp

de la Ville, íàns mênie rentrer dans le

Château, ôc fansemporter

avec lui ses trésors,

Marmol dans íadeseriptiondeFAfrique,wrapi

porte quece Prince lui avoit avoué

quedans la?-

gitation ôc le troubleque

lui causoientl'approehe

desennemis, ôc la révolte de ses

sujets,endescen-

dant du Château dans la Ville, il avoit oublie une

bourse de veloursrouge,

ou ily avoit deux cens

diamans d'unegrosseur ôc d'une valeur inestima^

Tome 111. T

PlERRfpu PONT.

»

k

l

Htftoirtclw-

Royaume dé-

% Tunis Lér

Page 149: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

146HISTOIRE DE L'ORDRE

ble. Il ne futpas plutôt

sorti de Tunis, que

les habitans en ouvrirent lesportes

à ses ennemis ;

Barberousse y entra aussi-tôt à la tête de neuf mille

Turcs, ôc se rendit maître du Château ôc desprin-

cipaux postesde la Ville. Les habitans Tavoient

reçu d'abord avec degrands témoignages

dejoyey

mais voyant qu'Arraíchidne

paroissoit point,on

commença à se défier du Corsaire/quoiqu'il

dît

quele Prince étoit resté malade sur la

galère; ôc

îa fourberie ayantenfin été découverte ^ les habi-

tans, au lieu de prêterserment de fidélité à Soli~

man , comme il les enpressoit,

détestèrent hau-

tement laperfidie

de ce Corsaire, prirentles arô-

mes , chargèrentses;

troupes pourles

obliger de

sortir de leur Ville. Mais ils avoient affaire à un

Capitaine qui sçavoit faire laguerre,

ôcqui

aVoit

prévucette révolution. Barberousse

pour contenir

lepeuple,

fit tonner l'artillerie du Château, dont

il étoit le maître yôc ses soldats firent une si furieuse

déchargede

leurs.mQusquetsfur-ces habitans, que

pourfaire cesser le massacre , ils furent réduits à

reconnoître le GrandSeigneur pour Souveraijn, &

Barberouffepourson VicerRoi.

Ce Coríàfeauísi habileque brave, après

s'être

servi si utilement de ses armespour réprimer le

peuple, employades caresses ôc des manières plei-

tjes de douceurpour gagner

lesprincipaux

habi-

tans. Par leur moyen isfit alliance avec.les Arabes

de la contrée , s'emparade la

plupartdes villes

quiétoient

plusavant dans les terres, y mit

gar-

fïison, ôc dans le dessein d'élargirun canal

pour

faire unport

de Tunis y & le mettre en état de

PIERRE

IU P O NT.

* 5 3 X-

Page 150: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DÉ MALTE. LIV. X. 147

recevoir sesplus grands vaisseaux, il se servit des

eselaves chrétiens dont il en avoitplus de

vingt

mille dans cette Ville, quiouvrirent le canalde

la Goulettequi

entre de la mer dans le lac sor se-

quel est située la ville de Tunis.

Tel étoit ïétat des côtesd'Afrique,

& des Pro-

vinces voisines deTripoli, lorsque

le Grand Maître

arriva à Malte. CeSeigneur jugea

bienque

íansv

des forcessupérieur es, ôc une puiíîànee

au-dessus

de celle de son Ordre, ses Chevaliersnepourròient

passe maintenir dans

Tripoli;De tous ses Souve-

rains del'Europe,

iln'y

avoitque Charles-Quint

quecette

entreprise interreiïat, ôcqui

fâtcapable

de s'y opposer:ildevoit craindre

quece còríaire

redoutable, aprês tant deconquêtes ,íne tentât de

s'emparerdes

Royaumes de Sicile ôc deNaples

t

eequi par

la fuite dm tems auroit fait tomber

Malte en fapuissance. Ainsi de f avis du Conseil

^

le Grand Maîtreenvoya

àrEmpereur

en ambassade

le Commandeur Ponce deLeon;<3rand-Croix,pour

le solliciter de fairepasser

une armée en Afri-

que , capablede mairitenir les Chevaliers dans

Tripoli,ôc d'arrêter ses

progrès sorprenans">de

Barberousse.

L'Empereur reçut en même tems & au même

sujet, une autre ambassade de lapart

deMulèy

Haseen, dont unrenégat

Génoisappelle Ximaà,

sonCapitaine

des Gardes étoit le chef. Cerenégat

voyant son maître détrôné, ôc fansespérance

de

pouvoirrecouvrer íaCouronne,lui conseilla d avoir

recours à Charles-Quint, Prince aqui Barberoustè^

taidit-il, étoit odieux, ôcqui

se seroit un hohv

PlERRBDU P G N T.

Page 151: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

148 HISTOIRE DE L'ORDRE

neur de rétablir dans ses Etats un Roiqui

en avoit

étédépouillé

si injustement.

Haseen confia {'exécution de ceprojet

a célui

<|Uien étoit fauteur j se Génois se rendit à Ma-

drid, eut audience del'Empereur, qui craignant

pour sesRoyaumes

deNapses

ôc de Sicile, écouta

favorablement l'un ôc l'autre Ambailadeur. L'af-

&re fut mise en délibération dans se Conseil y&t

aprês qu'elleeût été examinée devant íEmpereur

par ses Ministres ôc ses plus habiles Généraux^ on

résolut deporter

laguerre

enAfrique,

tant pour

mettrelesRo yaumes deNaples

ôc de Sicile à cou-

vert des armes du Roi d'Alger, que pourassurer

lanavigation de la mer d'Eípagne

en Italie, où

aucunvaisseau marchand oupaííager,par

la crainte

des Corsaires ^ n'osoitplus paroître

íanss'exposer

à Jtre enlevé.

Charles-Quint parut se confornier à cette réso-

Jution | mais avantque d'employer la force, ce

Prince lepins grand politique

de son siécle , Ôcqui

tiroit souventplus d'avantages

de sesnégociations

íecrettes quede ses arïnes, tâcha de

gagnerBar-

berousse, ôç de le détacher des intérêts de SolimarL

Ilchargea

de Ia conduite de cetteintrigue

un au-

tre Génois appelleLouis Presandes, qui sous pré-

texte de: commercer à Tunis* s'yrendit sor un

vaisseau marchandque l'Empereur

lui avoit fourni

^secrètement : il étoitchargé

de Lettres de créance,

quilui donnoientla

qualitéd'Ambassadeur. Apres

s'être fait introduire sous un autreprétexte auprès

de Barberousse, il lui rendit ses Lettres ; ôc suivant

fpn instruction,il lui

proposaune alliance parti-

l> r E km

pv PONT.

Page 152: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L I V. £.149

culière avec Charles-Quint, Ôc il lui offrit de la

partde ce Prince de contribuer à le rendre mo- 'f

uiarqueabsolu de toute

l'Afrique,s'il vouloit s'en-

gagerà tenir dans la soite une si belle monarchie,

ôc la rendre tributaire de la Couronned'Eípagne.

Par une seconde instruction entièrementopposée

à lapremière , cet Agent avoit ordre de s'abou-

cher se plus secrètementqu'il pourroit

avec cer-

tains habitans de Tunis, dont on lui donna les

noms, ôcque l'Ambassadeur de Haseen avoit dit

être bien intentionnezpour

son maître,derecon-

noître leurdisposition,

de les assurer duprompt

retour de ce Prince à la tête d'une armée , Ôc de

les exhorter àprendre

les armes en la faveur ,

quandil

paroîtroitaux

portesde leur Ville.

Mais ce Ministre ayant voulu mener en même

tems deuxnégociations

si différentes , se rendit

bien-tôtsuspect -rl'intrigue

fut découverte, ôc Bar-

berousse sans s'embarasser du droit desgens , fit

étrangler l'Arnbassadeur. L'Empereur voyant que

toutes lesvoyes de la

négociationétoient fermées,

se détermina à uneguerre

ouverte vil

renvoya

l'Arnbassadeur de Haícen à son maître aveccharge

de l'assurerqu'il

iròit lui-même à la tête d'une

puissantearmée

pourle rétablir fur son trône -, ôc

il écrivit en même temspar

unExprès

au Grand

Maîtrepour

lui fairepart

de son dessein, ôc pour

inviter les Chevaliers à se joindre à lui dans une

entreprise , dontpar rapport

àTripoli,

ilspou-

voient tirer degrands avantages.

Le Grand Maîtreayant reçu

fa Lettre, Ôcl'ayant

communiquéeau Conseil, on résolut qu'on

arme-

Tiij

PlBRRÊDU PONT

Page 153: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

IJO HISTOIRE DE L'ORDRE

roitpour

cetteexpédition

autant de vaisseauxque»

l'Ordre enpourroit

fournir. LaReligion

mit en

merquatre galères

desplus grandes

ôc des mieux

pQurvûes,avecdix-huit

brigantinstous bienarmez,,

lanscompter

lagrande caraque qui

seule étoitplus:

redoutable , ôc renditplus

de service dans cette ex-

pédition qu'uneeícadre entière. Un nombre consi-

dérable de Chevalierss'embarquèrent

fur ces disse-

rens vaisseaux, ôcchaque

Chevalier-jnenoit à fa fuite

deux braves soldats au lieu dedomestiques.

CommandeurAurelioBotigella

ancien Officier de

Marine , fut nommépour

Général de cette flotte

particulière,ôc Antoine de Grolée, Bailli titulaire:

deLango,

devoit commander lacaraque

ôc les

troupesde

débarquement.

Barberousse nepouvant ignorer

les desseins des

Princes Chrétiens, sepourvut d'armes, de muni-

tions Ôc de vivres j appella auprès de lui tous les

Corsaires du Levant y tirad'Alger

cequ'il y

avoit

detroupes,

ôcdépêcha

divers Ambassadeurs a tous;

lespetits

Roisd'Afrique pour implorer

leur se-

cours, Ôc leurreprésenter que

làperte

de Tunis

entraîneroit aprèselle celle de toute la Barbarie-

Sonargent

réussit mieuxque Téloquence

de ses

négociateurs v ôc à la faveur dequelques

sommes

considérablesqu'il envoya

auxprincipaux

Chefs

des Arabes, il en tiraquinze

mille hommes, tous

gensde cheval, ôc

quifans s'embarasser du

parti

qu'ils prenoient, pour unelegeresolde mettoient

leur vie en commerce , ôc faisoient de laguerre

un métier mercenaire. Charles-Quint de son côté

avoit assemble unepuissante

flotte , composéedé:

VI R R E

Du PONT.

Page 154: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. X. 151

prèsde trois cens voiles, ôc

chargéede

vingt-cinq

mille hommes depied , de deux mille chevaux,

r

outre un nombre considérable de volontaires de

différentes nations, ôc despremières maisons de

l'Europe, quivouloientse

signaleraux

yeuxde ce

grand Empereur.

Le rendez_ vous généralétoit dans le

portde

Cagliari , ville de llfle deSardaigne , distante

feulement de soixante lieues des côtesd'Afrique,

L'Empereur ayant reçu les secours duPape

Ôc de

l'Ordre de Malte, enpartit

le 13 de Juin, ôc arriva

heureusement à Portó-Farina, appelléeancienne-

ment, Utique,ville fameuse dans l'Histoire Ro-

mainepar

la mort du dernier Caton. Oriprétend

queBarberousse averti

que l'Empereurconiman-

doit son armée enpersonne,:

Si ce Prince, dit-il

aux Officiersqui l'environnoient, quijusquiciya

presque toujours faitla

guerre par ses Lieutenans ,

acquiertdans cette

campagnela

gloire quilui

manquey

ilfatfdranous résoudre k

perdrecelle

quenous ayons

acquiseau

prixde notre

sang.

Cepirate qui

ne doutoitpas que

ses Chrétiens ne

commençassent leurentreprise par l'attaque

du

fort dé la Goulette, yavoit fait entrer six mille

Turcs despliis

braves de son armée. Ils étoient

commandezpar

Airadin êcpar

Sinan le Juif,

ces deux fameux corsaires dont nous avonsparlé,

ôcenqui

Barberousse avoit une entière confiance.

Ilenvoya en même tems

l'eunuque Azanaga,un

autre de ses Généraux, avec trente mille Maures

ou Arabes , mais tous archers ouarquebusiers,

ôc laplupart

à cheval, pourharceler fans cesse

PIERREX317P o NT-

Sagreâo t. 2.

& 3.

Page 155: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i5& HISTOIRE DE L'ORDRE

les Chrétiens : ôc comme il n'étoitpas

aíïuré de

la fidélité des habitans de Tunis, il s'enferma dans

cette Place avec l'élite de sestroupes..

L'Empereur débarquason armée íans obstacle

à uneportée

de canon du fort de la Goulette y ce

n'étoitqu'une grosse

tourquarrée,

mais bien flan-

quée , Ôc située à douze milles de Tunis à l'em-

oouchure du canalpar

où l'eau de la mer entre

dansrétang,

au bordduquel

Tunis lest bâtie.*Ce

canal estlong

d un trait d'arbalète, rhais si étroit,,

qu'une galère n'y peut passer qu'àforce de

rames. Barberousse avoit fait construire un pont

fur ce canal : Ôc dans unelangue

de terrequi

se

trouvoit entre la mer ôc la tour de la Goulette,

il fit faire un rempart quidecouvroit toute la

côte, ôc défendoit lesgalères qu'il

tenoit hors dm

canal.

Les Généraux derEmpereur

choisirent l'en»,

droitqui

leurparut

leplus

commode pourcam-

per, ôc ils l'entourerent de bonneslignes,larges^

profondes,ôc fortifiées

d'eípaceen

espace pardes

redoutes. Lagarnison

de la Goulette, pourinter-

rompreces travaux, faisoit de

fréquentes sorties,

danslesquelles

trois censEspagnols

ôcquatre

cens

Italiens furent taillez enpièces : en même tems

les cavaliers Maures ôc Arabes harceloient conti-

nuellement l'armée chrétienne, ôc venóient efcar-

moucherjusqu'à

l'entrée ducamp.

Mais les for-

tifications en étant achevées , oncommença

à

dresser des batteries, tant contre le fort, quedu

côté de lacampagne : ôc le feu en fut si terrible ôc

si continuel, queles Turcs de la

garnison,aussi-

bien?

PIERREDU PON T.

Page 156: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. if$

Bienque

les Maures ôc les Arabesqui

tenoient la

campagne ,.noserent plus approcherdu

campde

^Empereur.

Ce Princequi jugeoit

bienque

laprise

de cetté

forteresseemporteroit

avec elle celle de Tunis,

résolut ,J si-tôtque les brèches seroient tròuvéëSí

aísez ouvertes , d'y faire donner un assaut : on.î

battoit la Place eri même temspar

terre Ôcpar.

mer.

Doriaqui commandoit la flotte,, faisoit avaiE.

cer lesgalères

tour à tour -, ôc après qu'un rang:

avoit tiré, urt autre prenoitfa place poiir faire se&

déchargesLa

grande caraquede la

Religionétoit

postéecomme au

siègede Coron derrière toutes

lesgaieresj

maispar

là hauteur elle tiroit aisemente

pardessus y.ôc elle fit un feu si terrible ôc si contk

nuel, qu'elledémonta: toutes lés pièces de;latouiv

Le Commandeur!Botigelle,

Prieur de Pise, is'étantf

apperçu. quele

principalComité, des

galères de

l^Ordre, depeur

d'échouer contre terre, faisoit

tenir les rames hors de l'eau, fut à luil'épée

à

la main , Ôc lui commandant de fairevoguer.

ía,

chiomme i Malheureux, luiditâhyftut-il que pour

conserver dèux< ou troiscarcafies

degalères y nous*

manquionsde faire

une heìleaÛionì Le Chevalier de

Conversa rhabileIngénieur,,se distingua par

une

entrepriseencore

plus hardie : il arma unebarque,

longuede fauconneaux,.la remplit

demoufque-r

taires, ôclapouíïa

ensuitejusqu'au pied

de là tour s-

de-là il tiroit contre tous les Turcsqui

sepréserva

toient fur ses brèches : ôcpendant qu'ils rechar-

geoitd'un côte, il tòurnoit adroitement fa

barques

Tome 11L V*

PiERRr;DU PONT;.

Page 157: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

1^4 H ï S t O IRE DE. L'OlDlï

ôcprésenìtoit l'autrecôte,quifaisoitfeu aufsiVtôt. Par

cette manoeuvre il tua ungraridnoriíbreMles

Infi-

dèles, fans qu'il pûtêtre osseníé

par l'artillerie de

la tour , quien étoit

trop procne.Enfin le feu

ayantcontinué de tous cotez

depuis minuit^ufqu^à

midi, l'Empereur,avant

queles Turesieuíïènt le

tems deréparer

les brèches, ôcd'y

faire des retran-

chemens, ordonna un aíïautgénéral

LesIGheva-

liers conformément à leurprééminence,

Ôclapo£:

session où ìk étoient d'être toujoursà Ht tête des

attaques,sorent

chargezde marcher les

premiers

à cellequi

se devoit faire du côté de la nier.

3Lc Commandeur de Grolée, appelle autrement

le Bailli Passim, quecommandoit les

troupesde£

tirées audébarquement,

ses fit entrer dans de&

ibarquesíôcdesvaiíïeaùx

plats '-j maisen,approchant

du bord>ces

esquifsse trouvèrent ensablez. Le

ChevalierCopier

de % Maison d'Hieres en Dau~.

phiné, quipòrtòitl'etendaírtde k

Religion,?se jetça

lepremierdans lea&avec son

enseigne:H fut suivi

de tous les Chevaliers, qui ayantde Team

jusqu'au;

dessus4e la ceinturey s'àívââcerent fierementlepée

% la Main , gagnèrentíe

rivage y Jkmalgré

mue

grêlede

rnoufquetades,montèrent à l'assaut. Xes

ìlípágnolssoutenus

par^les Italiens ôc tes Alle~

mands^attaquèrent*u*autreenddoic »i Ôc dansées

fdiferé^tesát?taques y les Chrétiens y malgrélaxoit-

orageusedéfense des Turcs, forcèrent ses brèches^

gagnèrentses boulevards ôc le haut de la tour,

{j& s'en rejadirent les maîtres. Mâis^ cette victoire

^couía à laReligion beaucoup

de sesplus

braves

C&eváfers, ôc il n en revint preíque>aucun fans

FlERR*PU P O NT.

Page 158: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. X^ ïjj

blessures. Comme cette tour n'avoit pointde de-

hors,pn fut auííì-tôt aucorps

de la Place, ôc l'ar-

tillerie enayant

ruiné toutes les fortifications, les

Chrétiens, aprèsune heure de combat, s'en ren-

dirent les maîtres..

Airadin ôc Sirìam lè Jviif, voyant seur défense

inutile,;>se jetterentdansl'étangavec la garnison:

ils marchèrent lèlong

des baisespar

une route

qu'on avoitmarquée

avec despieux, gagnèrent

Tunis,,Ôc

dautresí s'arrêtèrent à Arradez y petite

ville sor le chemin de la Goulette à Tunis. Les

Chrétiens sespoursuivirent

& en tuèrent lingranil

'

nombre.L/Empereur

entra dans la Goulette suivi

<djï RoiHáseêriy

ôc-se! tournant vers ce Princei:

Wòilà, lui dit41, laporte

wwerwpar

otivùuswen-

:trere% dans vos États. Onprétend qu'on

trouva

datís leport

de cette Placequatre-virigt sept gale-

^èís^galèôttês ôcautres^ vaifseau^àurames^ ip^sarw

'^n'êîsy outr^lusde íroís

ci&nspfeoèsdexanon^la

plûpàrtde bròn^ejO^nomfere inlbíderdoufquèts,

dhafbalêtês, depiques;;^ cUépéés.

i Cette rPîace

etpit l'àrcenâl de Ikrberôufle^ qpil^voi^crûjus

Qu'alors irrïpr^

•'I^Eínperëur^ âpres^

avoir-doiméquelquesfòiirs

àí sestroupes pour

sereposer y leur iîti

prendre: se

chemííi de TuriteQuoique:

BárbefôtiMQ/îcókîïût

4ién^láteíbseíseáécette villes quei d'áiHeurs iiliftt

feifc Usture :<fe fô fìdeíkê iáe$> Tunisiens J& encore

moins de labfá^uredesAìratìes^ependant

coihme

xi'étoit uiihòniráé-d'ún^grând^có^fa^e,

1il Résolut

<se-tenter seffedés ârraèsyd^áteau;devafìtsde?

PïíRltfet>V PóNÏ.

Juillet

lftS: ,

Page 159: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

l$6 H I S T O I R E D B L* O R D RE

Chrétiens, ôc de leur livrer bataille plutôt quede

s'enfermer dans une Placepeu

fortifiée. Mais

avantque

de se mettre encampagne,

il tint un

grand conseil deguerre y ôc

ayantfait

appelle*

lesprincipaux

Chefs de son aimée. Turcs, Mau-

res ôc Arabes, il leur représentale

peude

rroupes

del'Empereur

encomparaison des siennes y que

lesplus

bravesparmi

les Chrétiens avoient péri

ausiège

de la Goulette j queles chaleurs excelïìves

-dupays auíquellés

ses soldacsde l'Europe n 'étoient

ípasaccoutumez ., en avoient rendu malades -ôc

îanguiíïàns ungrand

nombre •qu'ils manquoient

4'eau, en sorte quela

plupartmouroient de soif,

ilajouta-que

lecamp

de rEmpereurétoit

rempli

de richeíïes immenses-, qu'ilsn'en tireroient

pas

moins de la rançon desprisonniers qu'ils

feroient :

Enfin, leur dit-iïy/e vous promets laviBoirefi vous

svoule^VAiinere xuffivjous trouvère^ dans ladéfaite

de wos ennemis unefortune abondante, votre

propre

film , ^} celui de vos femmes fg) devosenfans.

Oniieluirépondit que par

des protestations

-d'une fidélité inviplabse ; mais au travers ; de ces

yrotestatiònsi,il dérnêla tarhl plfeart des visages

un MXâ'inquiétude

8c uneimpreíîìon

de crainte,

quiluien causa

beaucoupà luirmême :ôc comme

d'ailleurs il connoisspit le caractère seger& in-

ronflant de ces Africains, il tint la nuis un con-

seil secret feulement avec ses TMs^tteçhéz à ía

fortunes |1 leur dit qu'ilsse tfòuvoient malhea-

íeusementengagez dàns une Place ou ils avoient

mm sortes; d'ennemisi dont jl fellpit égalementse

^âSer | que ìesiMatires ípwf&pient impatiemment

PlERRtt>v PONT.

Page 160: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. X. 157

la domination des Turcs, ôc seroient ravis de les

voir taillez enpièces j que

les Arabesplus pro-

presà faire des courses

qu'àtenir ferme dans un

combat, pour peu qu'il y eût depéril,

se déban-

deroient a la vue de l'ennemi, ôcqu'il y avoit

actuellementvingt-deux mille Chrétiens esclaves,

renfermez dans Tunis, quine

manqueroient pas

d'en faciliter l'entrée auxtroupes

del'Empereur,

s'ils enpouvpient trouver l'occasion j que quoi-

qu'ilsfussent renfermez tous ses soirs dans le Châ-

teau , il ne falloit qu'un traître ôc un renégat pour

leur en ouvrir les portes^ ôc les rendre maîtres de

de la Ville, pendantqu'ilsseroient aux mains avec

les Chrétiens, mais que pourse tirer de cette in-

quiétude,il étoit résolu , avant que

de sortir de

la Place, de faireégorger

tous ces esclaves fans

pardonnerà un seul.

Chasse-diables se déclara hautement en faveur

fd'un sentiment si inhumain, ôc il soutint quesi

onépargnoit

les esclaves yils les seroient repentir

un jour de leur faussepitié,

ôcque

dans unepareille

conjoncture cétpit péchercontre toutes les règles

-de lapolitique,

de conserver l'ennemiqui peut

vousperdre.Mais le Juif Sinan, auquel

*inepartie

deces esclavesapartenoit,

ôcquifaisoient íàprinci-

pale richesse,s'ppofaà cet avis. Il

représenta àBarbe-

- roussequ'une

action si barbare les rendrpit odieux à

toutes les Nations ; qu'ilalienerpit même par

là les

espritsdes Tunisiens

quiavoient

prisou acheté le

plus grand nombre de eesChrétiens-, quelui-même

y perdraitle

prixôc la rançon des

plusconsidérables

dont il s'étoit rendu maître r qu'aprèstout il se-

PlERRÏDU P O N T.

M 35-

Bosio t. s U S.

Page 161: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

IJS HISTOIRE DÉ L'ORDRE

roit toujours assez tems d'en venir à une si cruelle

précaution y qit'ilfalòit réserver cette exécution

pourun

coupde

dèseípòir: au lieu

ques'ils bat-

toient les,troupes

derEmpereur,

laperte qu'ils

-,

auroient faite parla mort précipitée

de leurs es-

clavesj^Mpôisonnêroit fôjpyë quisoit delá^iè-

ftOìÉÇU'o;.1.- j^í^ívrDa.-^p e ;.:.::.:' ,: :':....;..:; --]^-ï:j

Quoique Baf^.^ôu^^'eû%^ásxbi^tum«rdè^p]?^-

ferer un avis modéré auplus

violent ^l'avariceehs

cétte oeeàsiônrefcint íà cruauté nátu|èlse : iil ;Con-^

sentit de difseìrérTá mort des ëselavésí y:mais potrr;

íiílurer íavengeance

s'il étoirvaincu vfl ses fit char^

^gerde nouvelles chaînés, défendit qu'on

lés lais-

sât sortir dubaigne

ou cachot oùils étoient enfer-

mez j ôc il fít mettre-sous ce!batitnéht plulteurs

tonneaux pseins depoudre

à: canonpourlle

faire

sauterquand

il îordonneroit. 11partit

ènsoite à la

tête de sestroupes pourâìler^

ait devaitt de î Em-

pereur y ôç ilcampa>dans

uneplâme qiii h'éto^

qu'àune lieue de Tunis : sesairmées forent bien-

tôt enprésence.

Lès HistoriensEípagnols^ pòur

augmenterlá

gloirede Chi&lës^^iat ^préten-

dentqu'il n'y avoit

pas ïriòins deqúatrëlvlngt-dix

mille hommes dàn^l'armée de fiarberouísei Ost

enjugera par

lë succès-de la bataille ,siibn peut-

donner ce nprn à unë déroute, óíi de Tàveu de ces

écrivains, les Chrétiens rie perdirent quedix^hùit

loUdats^ ôcse|!Inrideflés, environ^ trois cen^ CJtíòî

qu'ilen íbit, les Arabes se

présentèrentd abord

d'assez bonnegrâce

au combat, & vinrent à là

charge avec degrands

cris. Mais ils n'eurent pas

plutôt ente^^ tonner las tillejtse^ôc eíluyé sespfev

PlERREtu P ON T.

Page 162: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M A L T E. L IV* X.IJ9

jnièrs coupsde

mouíquet,queces

troupes accoutu-

mées à ne combattre qu'en caracolant^se débandé-]

rent, s'enfuirent ôc disparurenten un instant : ôc ee

qui acheva de consterner Barberouíse, c'estque

dans seur fuite ils er^aînerenrses Maures ôcsesTu*

nisiens^ quide leur cote

regagnèrent la ville avec

plus d'empressement qu'ils n'en étosent sortis, Les

chefs des Arabes, sous prétextede faire seur cour

à Haseen, se vantèrent depuis de Jes avoir rete^

nus:, ôcx emipeehez de eomtettre. Barberouíle $$

sonner laretraite, ôc après

les avoir ralliez, ôc fans

seur fake aucun reproche,il leur dit seulement

qu'il les. remet troit se sendemajn, aux mains; avee

les Chrétiens. .•-.;> ",,, .-...'""i

Ce nfétoitpas fon dessein. Entouré de tous cô*

tezpar

des ennemis secrets pu déclarez, il ne re-

ienoitsous les armes tant de troupes qu^ë pourcour

vrir ía retraite, ^ì^:j^w^lis^:-^^f^Wiêr-lì

cacha meme avec loin çe projet aux Turcs* qui pa?

roisspient lui être sesplus fidèles; mais

l'empressè-

ment de ses gens à tirer ses trésors du Château, en

fit íbiiipconner quelque chose, & l'prdpe qu'ildon*

na ensuite de mettre le feu aux poudres quiétosent

sous laprison

des esefaves, ne kiíïa pliisr douter

duparti qu'il;

avoit prisîmais les ministres Ordi^

naire&de ses cruautez^ ne furent pas jmaîtres d'exé-

cuter une si aireúse barbarie ; ;3

IIy

avoit alorsparmi ses esclaves? un Chevalier

ose>laReligion, Commandeur de Turin, appelle

<

Erere Paul Simeoni, que Barberousse n'avoit ja-

mais voulu relâcher, quelque rançon que .l'Ordre

lui eût offert e; Nous ën avons dé j aparlé au sujet

Pi ER R »

PU' P ON T*

BoflL8.l.fr

p. //2,

Page 163: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i6o HISTOIRE DE L'ORDRE

de l'Iíle del'Ero, queee Chevalier, à

sagede dîx^

huit ans défendit avec tant decourage

contre les

entreprisesôc les

attaquesdes Infidèles. Simeonk

dans cette derniere conjoncture gagnadeux re^

négats, geôliersdés Esclaves : ôc

ayanteu

parleur

moyendes marteaux ôc des limes, il brisa ses fers^

ôc aida-àrompre

ceux descompagnons

de son es-

clavage.Ils forcèrent ensuite la salle d'armes du»

Château, s'armèrent de tout cequi

tomba sou»

leurs mains, taillèrent enpièces

cequi

étoit resté

de soldats Turcs dans le Château, s'en-rendirent,

maîtres-, ôcaprès

en avoir baricadé lesportes,

Ô&

mis de bonscorps

degarde

dans lesprincipaux»

endroits, se Chevalier chef de l'entreprise

monta

au haut du Château, ôc fit bannière blanchepour

avertir Tarmée Chrétienne de venir à leur secours?

Barberousse avant été avertiqu'on

entendoit beau*

coupde bruit dans le

Château,y accourut en criant

qu'onlui en ouvrît les

portesjmaison ne lui

répondis

qu'à coupsde

mousquetôc

parune

grêlede

pierres^:

queles esclaves lui jetterent. Alors

transportéde

fureur il s'écria: Tout est perdu y puisqueceschiensi

font maîtres du Château $'de mes trésors Sans

s'arrêterdavantage

il sortit de la ville âvec Chasse^

diables, ôc cequ'il put

ramasser de Turcs : ôc avane

que TEmpereur put être averti de cette révolue

tion.il s'enfuit, Ôcgagna

la ville de Bone, bâtie

procliedes* ruines de Tancienne

Hyppone,ville

célèbrepar Tepiseopat

de SaintAugustin

un des

quatre premiersPeres> de

TEglise, ôc son oracle:

aprèsS. Paul fur les matières de la

grâce.

Simeoniayant appris

la fuite du Corsaire, en

fît donner avis àTEmpereur, qui s'avança

aussi-

tôt

PIERRE»u PONT.

François de

Medttllino,& Vincent

de Cattaro

Giaffntga."

Hormifd.

Zpijktdpojs.

Page 164: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L I V. X. 161

tôt. En entrant dans la Place ,1e premier objet qui

seprésenta devant lui, fut ce Chevalier, à la tête

de íìx mille de sescompagnons d'esclavage.

Char-

les- Quint en Tembrassant : Ami Chevalier, lui dit-iî,

quebénie soit à jamais la

courageuse résolution qui

vous afait rompre

vos chaînes, faciliterma con-

quête 3 (§fc augmenterla

gloirede votre Ordre.

Simeoni comblé d'honneur, se retira fur lesgalè-

res de Malte, ôc fut saluer le General ôc ses con-

frères. Mais lestroupes

del'Empereur

Ôc les esela-

ves serépandirent

dans la Ville, ôc y commirent

des excès íi assreux de touteeípece, qu'il

sembloit

quedes Chrétiens voulussent renchérir fur la vio-

lence ôc la lubricité despeuples

lesplus

barbares.

Les malheureux habitans de l'un ôc de l'autre

sexeéprouvèrent

dans leurspersonnes

ôcdans celles

quileur étoient les

plus cheres, des tortures, ôc

différentes sortes degéhennes pour

lesobliger

de

découvrir à leurs cruelsvainqueurs

les trésors ca-

chez : quandon n'en

pouvoit plusrien tirer, on

les massacroit ensuite desang

froid. Les jeunes

filles étoientexposées

à des infamies encoreplus

odieuses ôcplus insuportables que

lesplus

cruels

supplices ; ôcquand

se soldat rut las de tuer, ou

d'assouvir fa brutalité fanségard pour Tâge,

le sexe

ou la naissance, ilchargea

de chaînes tout cequi

tomboit entre ses mains. Lespersonnes

du sexe

les mieux faites Ôc lesplus jeunes étoient arrachées

d'entre les bras de leurs mères ; ôc les Officiers se

les réservoient, pourles faire servir à leurs infâmes

plaisirs.

Parmi ces esclaves infortune z, se trouva une

Tome 111. X

PlI'RRI.DU P ON T«

Page 165: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

I6Ì Hr s T o i R E D E L'O R D R E

jeunefille d'une rare beauté ôc des

premièresmai-

sons de la Ville, appelìée Aysa : elle étoit tombée

enpartage

à un OfficierEspagnol qui

Tamenoit

dans lecamp

ôc dans fa tente. Muley Haseen qui

la rencontragarotrée

d'une manièreindigne

defa

haute naissance, touché decompassion,

ôcpeut-

être d'un sentiment encoreplus vif, Tarrêta Ôc offric

à sonpatron

de la racheter. La Maurifquenatu-

rellement fiere, ôc outrée de douleur ôcde colère,

s'écria en lui crachant auvisage

: Retire-toi yper*

fi de @<r méchant Haseen ,quipourrecouvrer un Royaux

mequi

ne iapartenoit pas , as trahi honteusement

ton Pays -Q)ta Nation. Mais ce Prince fans se re-

buter, continuant d'offrir à TOssicier des sommes

considérablespour

ía rançon, Ayíà furieuse lui

répéta: Retire-toiy te dis-je, je ne veuxpoint

d'un

tyran pourlibérateur.

Onprétend que plus

de cent millepersonnes

périrentou furent esclaves :

plusieurstrouvèrent

la fin de leurs jours dans la fureur des soldats ;

d'autresqui croyoient échaper

dans les sables ôc

les déserts voisins, furent étoufez parses chaleurs

excessivesqui

se font sentir dans ces climats brû-

lants, ôc moururent de soif, ôc on fait mqnterle

nombre des prisonniersà

plusde

quarantemille

de diffèrent sexe.L'Empereur

maître de Tunis,

rétablit MuleyHaseen fur le trône ; mais à con-

dition de relever de la Couronne d'Espagne : ôc

pour gagesde fa fidélité il retint entre ses mains

le fort de la Goulette, dont il rétablit les forti-

fications. Par ce traité ilobligea

le Prince Maure

d'enpayer

lagarnison,

ôc dy envoyer en

otage

PIERRE»"u PONT.

Page 166: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV- X. 163

se Prince Mahomet un de ses enfans avecquel-

quesautres Seigneurs

de fa Cour.L'Empereur

fe

diíposaensuite a retourner en

Europe ; mais avant

quede

s'embarquer,le 15 de Juillet que TEglise

célèbre lâ fête de S.Jacques

Patron deTEspagrie,

ce Prince en solemnisa la mémoire dans soncamp.

Après yavoir entendu la Messe

quifut chantée

enmusique,

il voulut dîner fur lëgrand galion

de Malte, appelle Caraccay où il fut servipar les

Chevaliers avec une extrêmemagnificence.

Le

dessein del'Empereur, après

avoir mis à la voile j

étoit depasser par Mehedia, ville

d'Afriquedont

ií vouloir s'emparer -ymais il s'éleva unetempête

quiécarta les vaisseaux ôc les

galères: ôc ce ne

nitpas

fans degrands périls que

cette flotte vic-

torieuse aborda àTrapano

en Sicile.

Le Grand Maître luienvoya

en cette ville une

célèbre ambassadepour

le féliciter fur Theureux

succès de ses armes. Ce Princerépondit obligeam-

mentqu'il

en devoit la meilleurepartie

à la va-^

ìeur ôc aucourage

des Chevaliers y &pour

tenir

î'Órdre toujours attaché à ses intérêts, tl combla de

préíensles

principauxChevaliers

quiTavoient sui-

vi dans cetteexpedition,ôcordonna par

un nouveau

Reseritque

le Grand Maître ôc le Couventpussent

tirer librement ôc fanspéages

de la Sicile les mu-

nitions deguerre

ôc de bouche dont ils auroient

besoin. Par un autre Edit ôc unprivilège particu-

lier, il déclaraqu'aucun Chevalier, sous

quelque

prétexte que çe pût être, nepourroit jouir dans

toute Tétendue de ses Etats des biens de l'Ordre,

fans rattacheparticulière

du Grand Maître ôc du

Conseil, ôcque

sesoriginaux

de sesprovisions

'

Xij

'l-lï R R.$DU P O N T.

Page 167: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

PntRUE 1

í?u PONT*

A

»

I

DI

S.TAUtE.

1536.

il Novemb;

164 HISTOIRE DE L'ORDRE

n'eussent été vuspar

Sa. Majesté ou sesMinistres^

ôcenregistrez

dans ion Conseil d'Etat.

L'eícadre de laReligion

rentra heureusement

;dans lesports

de Malte; mais la joie des Cheva-

liers futpeu

de tèms après tempérée parla mort

du Grand Maître, qiii à peine remplitcette

gran-

dedignité pendant

un an. La Religion perditen

fapersonne

undigne Chef ôc un véritable Relu

gieux ; pendant son gouverneméiitil interdit aux

Chevaliers sous des peines >trçs~sév ères, la coutu-

me,,ò>p<Wii? mieux direTabusqu'ils avoient appor-

té d'ïtalie d'âlser enmasque pendant,se carnaval:

Ôc ïï supstitua en.k.pláce de ces,bacchanales Tufa-

gedes tournois, des'combats a, fer érhoussé .& de

plusieursautres

jeux, militaires, qu'illeur faisoit

regardercomme un exercice

plus convenable à

desguerriers.

Ce futpar

le mime attachement à Tobservarice

dfejji règle qu'il refusa, malgrélei instances du

^^»C^^n^nief oà une Çommanderie vacante

S'^-^p^

^hévalser,au

préjudice de. ses anciens,

récrivît à *ce Pontife, qu'àson avènement à la

Grande-Maîtrise, on avoitexigé

de lui comme de

toussesïprédecestèurs dessermens solemnels d'ob-

server les statuts de laReligion,

Ôcqu'il prioit

Sa

Sainteté de trouver bonqu'il ne violât

pasune si

sainteobligation qu'il

avoit contractée aupied

des

Autels, Ôc fur les iaintsEvangiles.

DÌDIER D É S A I N T J À I L L E Prieur de Tou-

-lpuse,un des

plus généreuxdéfenseurs de Rhodes,

dont nous avons eu lieu deparler dans la relation

*de ce

siège y succéda à Pierrin du Pont : il fut élu

çpmme son prédécesseuren son absence. Le Che-

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D E MAL TE. L I V. X. 16$

valier de Bourbon parvinten même-tems

parla \

mort de Frère Pierre de Cluis au Grand Prieuré 5

de France. Lepremier usage que Je nouveau Prieur

fit des richesses attachées à son Prieuré, fut de

faire faire unemagnifique tapisserie, où fur un

fond de íoye rehaussé d'or y onvoyoit

lesportraits

de tous les Grands Maîtresreprésentez

au naturel,i

ôc tirezd'après

d'excellensoriginaux qu'on

avoit

apportezde Rhodes : ôc sitôt

qu'un meuble si ri-

che & si curieux fut achevé, ilTenvoya

à Malte,

ôc le consacrapour

orner la principale Eglisede

cette Iíle.

Cesmarques

de la libéralité Ôc du désintéresse-

ment des Chevaliers n'étoient pas alors extraordi-

naires dans l'Ordre. Laplupart

des Commandeurs,

ceux surtoutqui étoient revêtus des

principales

dignitez delaReligion,enconsacroient généreuse-

ment tous les revenus à faire des arméniens contre

les Infidèles. Laplupart cherçhoient la gloire pré-

férablement augain qu'ils pouvoient

fairepar

leurs

prises, ôç onpeut

direqu'en

tout tems ily

avoit

plus de Chevaliers en merque fur terre ôc dans

leurs Commanderies, On les voyoit rentrer sou-

vent dans leport

de Malte, traînant à leur fuite

des vaisseaux Ôc desgalères des Infidèles, dont ils

délivroient auffi-tôt les esclaves Chrétiens de dif-

férentes nations ;ôc ces Chrétiensaprès avoir re-

couvré leur liberté, reportoient dans leurpatrie

le souvenir ôc letémoignage

du zèle ôc de la va-

leur des Chevaliers.

Parmi ces hommes illustresqui mériteroient

chacun une histoireparticulière , on

comptoit

Xiij

DlDIIR

S. J AILLE.

Bosio, L/•

Page 171: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i66 HISTOIRE DE L'ORDRE

Botigella Prieur de Pise ôc Général desgalères ;•

Georges ScillingGrand Bailli

d'Allemagne•.Grolée

Bailli deLango -, Jacques Pelloquin,

Lieutenant

du Grand Maître -j Léon Strozzi, Prieurde Capoue y

Château Renaud, Maréchal de l'Ordre y le Corn^

mandeur Parisot dela Valette, ôc beaucoupd'au-

tres dont on trouve les noms dans les Mémoires*

de laReligion.:

N

Mais aucun en ee téms-îà ne s'étoit renduplus;

fbrmidabîe aux Corsaires, quele Prieurde Pise-

il nequittoit point

la mer. Aucun corsaire n'osoit

s'approcherdes côtes de la Sicile Ôc de Malte, qu'il

ne se vît aullì-tôtsurpris

ôc enlevé : ôc il fît cette

annéé tant deprises, que

les corsairespublioient

qu'ilavoit dans fa

galèreun démon familier dé-

guiséen chien, qui

Tavertissoit dujour

de leur

départdes côtes

d'Afrique,ôc des endroits où il

lespourroit rencontrer, Òn n'avoit

gúeresvu de

Généralqui joignît

à une sigrande

connoissance

de la mer, uncourage

si déterminé n fort óu foi-

Me "ilàttaquoit

tout cequ'il rencontroitjôc fans

s'embarasser desreprésailles,

il faisoit pendre tous

sesrenégats qui

lui tomboient entre les mains.

D'ailleurs dur ôcsevere dans le commandement,

ilexigeoit

des Chevaliers quiétoient sous ses or-

dres la même valeur dont il leur donnoit Texem-

ple.Il n'étoit

pasmoins exact dans ce

qui regar-

doit ladiscipline

militaire -, Ôcaprès

uneexpédi-

tion où il avoit fait desprises considérables, quel-

quesChevaliers s'étant

émancipezde mettre la-

main fur le butin, il les fit arrêter,ôc les tint aux

arrêts ôc dans unelongue prison

comme usurpa-

DIDIERDE

S. J A II LE.

Page 172: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 167

teurs des biens de l'Ordre. Il ne faisoitque

ren-

trer dans leport

deTripoli lorsqu'on découvrit ;

sur le soir ôc du haut de la tour troisgrosses ga-

liotesqui

faisoientroute vers Tiíle de Gerbes. Les

Capitainesde

galèreslui demandèrent aussi-tôt

permiílìonde sortir du port pour ses aller com-

battre : Ne voye^-wous pasy leur dit cet habile ma-

rin , ques ils vous

aperçoivent,la nuit

qui est pro-

che les dérobera a votrepoursuite y avant

quevous

les ayie% pu joindre ?'.Laijfons

les aller àprésent ;

mais ils n irontpas fi loin

que je ne lesratrape

de-

main aupoint

du jour.En effet sitôtfqu'il

fut nuit,

il sortit duport

avec troisgalères,

ôc tint la route

de Gerbes autantque

les ténèbres se luipurent per-

mettre. A peinele jour parut qu'il

découvrit ces

galiotes quialloient de conserve, il leur donna

auíïì-tôt la chasse. Les corsaires sevoyant poursui-

vis, seséparèrent,

ôc une desgaliotes

tâcha de

gagnerles côtes de Barbarie. Mais une

galère ap-

pelléela Cornue lui

coupant chemin, Teut bien^tôt

jointe} ôc les Chevaliers le sabre à la main sepré-

sentèrent àTabordage.

Les Turcsqui

étoient en

grandnombre dans ce vaisseau, se jetterent tous

du côtéque

les Chevaliers vouloientattaquer:

leurprécipitation,

ôc segrand

nombrequi

ne se

trouvaque

d'un côté, causa leurperte.

Lagaliote

se renversa, coula bas à la vue ôc augrand regret

des Chevaliers, encoreplus

fâchez de la mort des

esclaves Chrétiensqui

furentnoyez, que

d'avoir

manqué uneprise qui

nepouvoit

leuréchaper.

La secondegaliote

eut un sort àpeu préspareil ;

Les Chevaliers cherchoient à Taborder*, ôc çom-

DIDIEKDÉ

S.JAIXXE.

Page 173: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i68 HISTOIRE DÉ L'ORDRE

me les Turcsy

étoient engrand nombre, ils n*é-

viterentpoint

le combat, ôc tournèrent laproue

contre lagalère

de laReligion.

Depart

ôc d'au-

tre il se fit de furieusesdécharges

de flèches Ôc de

moufqueteries, quimirent un

grandnombre de

Chrétiens ôcdeTurcshors de combat. Lepilote

des

Infidèlesplus

adroitque

celui des Chevaliers, lui

présenta se côté -y ôcaprès

avoir fait une décharge

nouvelle de ses flèches, pritle

large.Mais le Ge-

neralBotigeîla qui

s'étoit réservépoùií

secourir la

galère quiseroit Ia

plus pressée,s'opposaau

passage

de lagaliote,

ôc lajoignit proue

contre proue. Le

combat recommença avec une nouvelle fureur ;,

le coursier ôc lesmousquets

firent une furieuse

déchargede

partôc d'autre: le combat se main-

tintlong-tems

avec unégal avantage

: la victoire

plusd'une fois paíïà successivement dans l'un ôc

l'autreparti.

Les corsairesgens

de mer,élevez dans

le feu ôc au milieu des armes, se battoient avec

uncourage

déterminé :plus

d'une fois ils se Hâ-

tèrentd'emporter

la rambade, ôc de faire récuser

ses Chevaliersqui

la défendoient. Mais ils avoient

en tête des hommesintrépides, qui

n'avóieht ja-

mais connu depéril.

Cettecourageuse

milice se

jetta Tépéea la main dans Ia

galiote , en même-

temsque

les soldats de la Cornue forcèrent un

autre endroit, ôc sejoignirent

aux soldats de la

capitane.Cë fut moins alors un combat

qu'unm a£

sacregénéral ; le soldat Chrétien ne fit

pointde

quartier 5 maisemportez par

Tavidité de faire du

butin, un fígrand

nombre seprécipita

dans ce

vaisseau,; quesoit le

poidsextraordinaire de ceux

qui

D1 D 11 RDE

S.JAILIE»

Page 174: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE: L-rv. X. r6<$

qui y entrèrent ôcqui

se tenoient tout d'un côté,

soit quelque voyed'eau reçue dans le combat,le s

fit couler à fond : Ôc lesvainqueurs

confondus~

avec les vaincus, eurent un fortpareil,

ôepérirent

dánsilè sein même de la victoire.

Làplus grande

desgaliottcs^

commandéepaf

Scander fameux Corsaire, ôcpar

Un autre RaisoU

Capitaine ,;fit tous ses essorts pomr gagner Zoarà,

à treize milles de Tlíle de Zerbe ou de Gelsev vers

f Ofifehtv Mais lë Chevalier Pàrisoí de la Vásette y

Capitained'une des

galères,ôc se

digne camarade

deBotigellà,

lui donna la chassesi.vivêment, que

ses Turcs nepurent

éviter lè combat. Il fút.auíïi

sanglantôc àuffi meurtrier

quelë

précédent. Sëán-r

der le battit commeun hommequi

n'avoit jàhiais

craint la mort, ôcquinesesoucioit pas

depérir

s'il

n'étoitpas victorieux; se Commandeur de la Valette

à ìà tête des Chevaliersdëfagàlereôc

en butte àu&

traits de ses ennemis, reçut deuxcoups

de flèche

dont dans la chaleur du combat il nes'àpperçùt

point jmais quelquetems

aprèsil sentit un

coup'de

mousquetquiluifraeassa Une jámbëj

ôclëjëttá fur se

tillac. Dans cet état ôc ëritrelavieÔclarnorc,ilnë

relâcharien de soncourage

Ôc de sohák-deurpour

la

victoire. Les Chevaliers ôc les soldats Chrétiens anU

mezpar

ses cris, sepouíserent

còntrélës Infidèles

avec une valeur si déterminées qu'ils ëntrerèntdáná

lëur vaisseau. Il faliíty

livrer un second:icombát r

lès Turcs s'étoient ralliezauprès

du mats ; on erï

vint tout de non veau aux mainsU Ces barbares fú4

ri eux dedésespoir, ôc

encouragez par Tëxemplé

de leurs Chefs, firent desprodiges

de valeur : ôè

Tome 11L Y

Dl D 1 E itDE

S. JAILLE.

Page 175: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

170HISTOIRE DE L'ORDRE

quoiqueréduits en un petit nombre, ils forcèrent

les Chrétiens d'abandonner seur vaisseau : -ôcaprès

s'être décranponnezd'avec la

galère,, maigretous

les essorts des Chevaliers 3 ilsprirent se

large, ôc

firent route du coté de Zoara* Ils, .n en Croient pas

éloignez quandlesChevaliers qui vpguosent après

leurproye,ses rejoignirent.

On recommençai se

battre i ce fut un troisième combat y mais lapar-

tse netoit plus égaie.Les Turcs avoient perdu

la

plupartde seurs soldats ôc de leurs matelots ; à

peineen ressoit-il aísez

pourconduire ce vaisseau,

ôc sepeu qui s'y trouva voyant

lerivage proche,

se jettaà la mer

pourle

gagner.Mais comme il

y en avoit;^unigrand n^mbrede blessez, laplupart

se noyèrent,ôcentre autres les deux Rais opCa-

pitaines.LesChevaliers s'emparèrentde la

galiotte :

ony

délivra deux cens Chrétiens \ les Turcs furent

mis à la chaîne i lesrenégats pendus. OBotigella

rentra avec íaprise

Ôctriomphant,

dans leport

deTripoli.

Ce succès, Ôclàguerre

continuelleque

les Che-

valiers faifbient aux Turcsd'Afrique,

tantpar

terreque pair meç, détermina ces barbares à les

chasser s'ils lepouvoient

deTripoli.

Le Corsaire

AiradinSeigneur

deTagiora,

seplus

intéressé dans

cetteguerre , se

chargeade

Tentreprise: il rassem-

bla cequ'il put

tirer detroupes de Tagiora , de

Gienzor ôcd'Almaya

: le rendez-vous étoit à la

tour de TAleaïde. II enpartit

la nuit, ôc aupoint

du jour ilprésenta l'esealade aux endroits de la

muraille deTripoli, qu'il

crut les moins défendus.

Ileíperoit surprendre

les Chevaliers j mais George

1B--1-3ÌIE RBE

.^.jl AILLE.

Page 176: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

Dt DI ÏK-D E

S. JAÍÍLE.

DE MALTE. LIV. X. 17*

Schilling,Grand Bailli

d'Allemagne qui eomman- E

doit dansTripoli,

avertipar

desespions qu'il

en- s,

tretenoit dansTagiora,

étoit souples aìrmes avec~~

toute iagarnison

: ôc ses Infidèles neparurent pas

plutôtau

pieddes murailles ^ qu'ils se virent aeca-

bsezdefeuxvdjartifice,4'huileboiiilJante, decoups

depierre, pendant quel'artillerie, ôc lés

Mousque-

taires de la Place tiroient fans relâche fur lescorps

sesplus éloignez , ôc

qui soutenoient ; ceux qui

avoient la- têtedeTattaque, Quoique Airadin vît

bienqíi'il étoit,,découvert * il %en^cpmbat;î;it pas

avec moins decourage

ôc de résolution. Ses trou-

pes,à son

exemple,firent des efforts extraordi-

nairespour gagner sehaut de la, muraille y -mais

elle étoit bordée parun bpn nombre de Cheya^

liersintrépides, qui

necomptpient pour rien ses

blessures ôc la mort : plusieurs périrent parles flé^

chesôc lamousqueteriedesInfidefcs* Çesbarbares;

perdoient encore plus de monde ; mais ils ses rem.

plaçoient aussi-tôt parce

grandnombre de trou-

pes qu'ilsavoient amenées à cette

expédition j an

heuque

les Chevaliersqui pour

lors n'étoientpasv

plusde

quaranteavec une médiocre

garnison,ne

tiroient du secoursque

de leurcourage j quisem-

bloit mêmeaugmenter

àproportion que

leur nom-

bre diminuoit. Le Grand Bailli seportoit íùr-tout

dans tous les endroitsqui

étoient lesplus pressez 5,

©n levoyoit presque

en même tems dans toutes

lesattaques.

Airadin de son côté noublioit rien;

des devoirs d'undigne

chef deguerre,

ôè moins

parses

paroles que parson

exemple,il entraînoit

a fa íuite ses soldats, ôc faisoit tous ses effortspour

Ylj:

Page 177: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

iyiHISTOIRE DE L'ORDRE

gagnerle haut de la muraille : mais ce General

ayantété renverse de deíïus son échelse

parun

coupde feú,seis soldats eurent bien de ìa

peine

à le retirer du fond du fosse où il étoit tombé. Les

Turcs lecroyant mort, perdirent courage , tout le

débanda,• Ôc ils laissèrent aUpied des moralises un

grandnombre de léMs

1soldats

<|uii yavoient; été

tuez>;

"-/x: -:->

.y

Aprèsleur retraite^ sel Grand Baiíli

dépêcjhaa

Malte un brigantin-pour donner avis au Lieute-^

nant du Grand Maître &! au. Conseil, de lentre-

prise d'Àiradin; ôcpar la Lettre, il leur

rèprésehta

que Tripolifans bastions ôc fans boulevards, n'au-

roitpas^pU: tenir contre une armée

quien auroit

fairleliègedans

les; formés ^ qu'onétoit même

expose toussesjours à tinepareille sorprise ,3cque

pourla

prévenir,ôc éloigner

les Infidèles de son

voisinageyil faltoit

attaquerôc razèr la tour de

TAleaide^ quitenoit de ce eêté4à la Place Mo*

quééÔc investie , ôc

empêchoitse commerce des

Chrétiens avec les Maures ôc les Arabes habitans

du paysyÔc aussi ennemis des Turcs Ôc des Cor-

saires , queses Chevaliers;

Le Conseilapprouva

cetteentreprise , dont on

confia la conduite au CommandeurBotigella ,

Prieur de Pise, ôc General desgalères.

11 íe mit

aussi-tôt en mer avec centcinquante Chevaliers,

ôc environsept

cens hommes detroupes, que

la

Religionentretenoit à Malte y ôc le Bailli

Schilling

Gouverneur deTripoli,

traita en même tems

avecquelques Chèques

ouSeigneurs Arabes, qui

moyennantune certaine somme dont il convint,

DIDIERDE

:S. -JAILLE.

Page 178: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LÏV. X. 175

lui fournirent uncorps

de cavalerie.Botigella

ayant débarquéses

troupesà

Tripoli, y pritune

partiede Tartillerie dont il avoit besoin -, il la fit

traînerpar

ses esclaves Ôcpar

fa chiourmejusqu'au-

prèsde la tour

qu'ilvouloit

assiéger: ôc farts se

donner le loisir d'ouvrir la tranchée y après avoir

dressé ses batteries, il se contenta de les couvrir

degabions.

Airadin au bruit de cetteattaque, y

accourut deTagiora

avec cequ'il

avoit detroupes

mais étant arrivé auBourg

d'Adabusqui n'étoit

éloignéde labour

quede trois milles, il se trouva

arrêtépar

les Chevaliersqui

étoient à la tête de la

cavalerie des Arabes. Airadin ne se sentantpas

assez fortpour attaquer

uncorps

bordé de cent

cinquante Chevaliers, se contenta delegeres

es-

carmouches , à la faveurdesquelles

environ soi-

xanteTures sejetterent

dans la Place. Ce secours

n'empêcha pasle General

Botigellade la battre

continuellement ; maiss'appercevant que

son ar-

tillerie neproduisoit pas

un effet aussìprompt qu'il

le souhaittoit, il fit venir de sesgalères,

les ram-

bades dont il se servit comme de mantelets : ôc

à Taori de cetteefpece

de défense, il attacha le

mineur aupied

des muraillesqu'il

fit sauter. Les

Chevaliers montèrent aussi-tôt fur la brèchequ'ils

trouvèrent fans défense ; laplupart

des Corsaires

avoient été ensevelis dans ses ruines de la mine.

Ceuxquiétoient

échappez,encoreétourdisdu bruit,

voyantles Chevaliers maîtres de la brèche ôc Té-

péeà la

main, mirent les armes bas.Botigella

fit

auíïi-tôt raser la tour : Ôc durantque

ía chiourme

Sc ses autres esclaves étoientoccupez

à ce travail,

Yiij

Ì>*í> TER.DE

S. JAIIXE.

Page 179: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

174 H I S T O I&E D E L0R DR E

il s'avança à la tête de fapetite

armée vers lè

Bourgd'Adabus où Airadin étoit retranché. Il

l'en chassa, abandonna aux Arabes lepillage

de

cettebourgade -y Ôc

après avoir laissé dansTripoli

destroupes

nécessairespour

en fortifier lagarnison,,

il serembarqua pour retourner à Malte., U trouva

fur fa routé un grand galion quivenoit

d'Egypte,

chargéde riches marchandises. Un

fameux" CapL

taine Turcappelle Ardor le commandoit. Boti-

gella alla droit à lui avec sesgalères y le

joignit,ôc

malgrétoút le feu de ses canons , les Chevaliers,

seprésentèrent

àTabórdage , fautèrent dans le

vaisseau Turc se sabre à la main, ôc s'en rendirent

maîtres. Ony Bt deux cens Turcs

prisonniersôc

esclaves r Ôc laprise

sot estimée cent soixante mille

écus.Botigella toujours heureux, ôc

quimeritoit

de Têts e,, rentra dans leport

de Malte. Le Com-

mandeur Jacquesde

Pelloquin,Lieutenant dit;

Grand Maître , laplupart

desSeigneurs

du Con^

seil r ôc cequ'il y avoit de Chevaliers dans Tlíse,,

se trouvèrent fur leport pour

lè recevoir à son

débarquement.Comme on avoit appris

Theureux

succès de sonexpédition,

il en fut loué ôc félicité

publiquement,Ôc toute cette noble milice lè con-

duisit comme entriomphe

àTEglise

de S. Laurent^,

où il fut remercier Dieu du soccésqu'il

avoit

donné à ses armes.

On étoit encore dans lespremiers

mouvemens;

dejoye que

Gaufoit au Couvent Theureux re--

cour du GénéralBotigellè,, lorsque

disserens ac-

cidensy répandirent

une consternation géiieîâte..

Un jeune Diaco, ou Novice, qui aspiroità deve-

DIDIERDE

S- JAILLE»

Page 180: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances
Page 181: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances
Page 182: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E. L I V. X.17;

nir Chapelain de l'Ordre , vola desperles

ôc des

pierreriesdont les Chevaliers avoient orné la Sta-

tue de Notre-Dame de Philerme, qu'on avokap-

portéede Rhodes. Quelques jours après mn Che-

valierAnglois éperdûeraent

amoureux d'une Mal-

toise , mais furieux de jalousie, fur delégers soup-

çons lapoignarda

de fa main. Le Lieutenant du

Grand Maître fìt arrêter le voleur ôc le meùrçrier^

ôc.après qu'ils

eurent été condamnezpar

lesJuges

séculiers de Tisse, on lestransporta

un -mille loin,

duport : on les mit. ensuite dans des;facs, Ôc ©4.

les jetta tout vifs dans la mer.

Cesmalheurs.enprécederent

Lui auxnéqui n'^fHi*

gea pas moins tout lecorps,

dela-Religion.

Chevalier deVarennesNagu^Commandeuar

deTré»-

bous,.étant arrivé à ;Make. le dixdlQcìípbfsej.xy

aportales cristes nouvelles'de la m<^trdu íGrand

Maître de SainteJailse^qiiii

étantparti

du: Piîeuré

de Toulousepour -ft: rendre au Cóu&ent., tomba

malade àMontpellier,

ôcy^mpurut

le z6 deSep-

tembre. On s'assembla lelendemainpour lui don-

ner uniìicçesseur. Cette dignité régárdoit particu-

lièrement leCommandeur$òtigella,í©u se SeL

gneurde Gròlée, appelle autrement le Comman-

deur Paíïìm, Bailli deLango,

tous deux anciens

Chevaliers, ôcqui par

leursservices, leurs faits

d'armes, ôc unepieté singulière,

avoient si bien

mérité de laReligion

ôc de toute la Chrétienté.

Mais une cabale conduitepar

le Chevalier Garsie

Cortez, xpii se trouva alors le Chevalier de Té-1

section, tourna;le plus grand nombre des:íuífra-

gesen feveurdu Commandeur JEAN D'OMEDESJ

D IBIfiJLDE 1

S. JAILLE.

iííSeptemb»

TE A*D'OMEDEÍ.11 in»^—wmmt

Page 183: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

176 H-I S TOIR I D E L* O R D RE

de laLangue d'Arragon,

ôc Bailli deCapse.

Ce

Bailli lui avoitpromis long-tems auparavant

de

lui faire tomber sonBailliage,

sipar

sonmoyen

ilparvenoit

à-la Grande Maîtrise. L'habile Espa-

gnol,homme

intriguant,ôc

quitrou voit sa

prov

preélévation dans celle de son ami, fit valoir

par-

mi les seize Electeurs ,1a blessure ôc laperte

d'un

eeilqu'Gmedes

avoit' fòussertependant Je siège

de

Rhodes. Peut-être aussique

íanstrop appuyer

fur

une blessure, preuvede valeur souvent

équiyoque^

Tadroit Espagnol sçûtse

prévaloirde la

supério-

ritéque

les Chevaliers de fa Nation^ à la faveur

dela puissance de 1Empereur,prenoientalors

dàns

les assemblées- de laReligion. Quoiqu'il

en soit,

on n'eutpas plutôt

rendupublique Telectiond'&~

medes, quela

plupartdes trois cens soixante Che-

valiersqui compofoient Tassemblée, en

parurent

consternez. Les tristespréjugez^ qu'on

fit alors dá

gouvernementde TElû, furent justifiez

dans la

luitepar

une conduite intéressée, partiale, Ôc mê-i

me pleinede dureté;

L'IllustreBotigella

1sidigne

dé cettepremière

place,en fut exclus, ôc il ne

garda pasmême

celle de Commandant ou de Général desgalères^

dont Léon Strozzi Prieur deCapoue

fút depuis

revêu;; jeune Seigneurd'une des

premièresMai-

sons de Florence, proche parentde Catherine de

Medicis Reine de France-,ôc

auquelse

PapeClé-

ment' V II. fón oncle, en lui donnant Thabit de

l'Ordre, avoit remis cettedignité qu'il possedoit

actuellement quandil fut élevé au souverain Pon-;

dficat.

Le.

J-r-A NO'QMEDËS.

Page 184: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 177

Le jeune Prieur devenucapitaine avant

que

d'avoir été soldat, avoit fait sespremières armes ]

fous le commandement du fameux André Doria,

Général deTEmpereur

: ôcpour prémices

de son

commandement, il se trouva avec quatre galères

de laReligion

àlaprise

de douze autres comman-

déespar

un Turcappelle

Ali Zelif, grandhomme

de mer ,ôc chef de cette escadre. Doria sans comp-

ter sesgalères

de laReligion,;

en avoittrente-qua>

.tre ; ôc ayant rencontré leslnfideles dans le çanaj

de Corfpu, il lesattaqua

avec cette confianceque

ì-ui' donno.it justement le nombresupérieur

de ses

galères.Mais il

éprouvadans cette occasion

que

rien n'estsupérieur

à uncourage déterminé. Ali

avoit sur sesgalères

ungrand

nombre de Janissaires^

qu'ilétoit

chargéde

passeren Dalmátie^où Solii

man assemblóit uncorps

detroupes»

Ces soldats

firentparoîtreune valeur íurprenante,

& se battis

rent en gens quine vouloient

pas íùryivre à leur

défaite. -Ils s'attachèrent fur-tout aux galèresdes

Chevaliers, leurs anciens ôcperpétuels ennemis :

deux galères Turquesdont Tune étoitla

Capitane,

investirent laCapitane de Malte. La"

premières'at-

tacha à laproue,,

ôc l'autreprésenta

se côté. Le

combat futsanglant

ôc meurtrier : les Turcspreí-

soient vivement les Chevaliers. Plusieurs de cet

Ordre,'entre autres ConstansOpert,un

desprin-

cipaux.Officiers de la

Capitane,fut tué en s

op-

posant courageusementà T

abordagedes Turcs.,

quitâchoient de se jetter dans cette

galère.La

fortune sembloit en cet endroit les favoriser : ôc

peut-être qu'ils auroient enlevé laCapitane,

mais

Tome 11L Z

JEAND'OJÍIEDEÍ.

Page 185: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i'-fB HISTOIRE DE L O R D R E

dans cepéril,

le Prieur deCapòue

fitbraquer

une

coulevrine contre lagalère qui

luiprésentoit

se

côté. Ce fut le salut de laCapitane y la

gaietéen-

nemie blessée sous oeuvres de ce seulcoup,

se rem-

plitd'eau ôc coula bas. Les Chevaliers

pourlors

débarassez de éecôté-là, tournèrent toutes leurs

forces contre laCapitane des Turcs : le combat

devenu plus égal,devint auífi plus meurtrier. Les

Chevaliers ôc les Turcs, dans la vue d'enlever la

Capitanedu

particontraire y se

précipitoient ega*

senientdans ses armes lés uns dés autres. Les Che-

valiers à la finparurent prendre

deTavántage

fur

ces Infidèlesy

lis forcèrent les Janiíïaires, Ôc se jet-

tererit en foule Ôc le fâhre a la main dans leurga-

ieté. Les Turcs revenus de l'étóufdiísementque

leur causa uneattaque

si violente, recommencè-

rent le combat avec une nouvelle fureur ^ le sol-

dat acharné ne vòuloit ni donner, ni recevoir de

quàrtiet j lë vivantprenoit

aussi-tôt laplace

du

mort.Presque

tous les Turcs avoient été tuez, que

les Chevaliers n étoientpas

encore maîtres de la

galère, ôc lèpeu qui

reftoit dlnfideses eombat-

ïoient moinspour

sauver leur vie , que pourla

faire perdreà un Chevalier. Ils se firent tous tuer

Jusqu'au dernier, & cequ'on

n avoitgueres

vu dans

ces sortes decombats,

se Prieurprit cëtte galère

fans y ayòif fait un seulprisonnier.

Les Infidèlesqui

étoient dans les autresgalères,

^malgré Tinégahtédu nombre de vaisseaux, ne

montrèrentpas

moins decourage

: ôcquoique

ienvíronHëzdetrentèvhuit galères Chrétiennes, ils

'fè battirent avèe la mêmeopiniâtreté que

ceux

ÎB ANb'OwEDfcS.

Page 186: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E. L I V. X. 179

de laCapitane. Les Chrétiens forcèrent ením la

victoire à se déclarer en leur faveur, mais ils Ta- l

çheterent fort cher : ôc outre ungrand nombre de

soldats, on y perditAntoine E)oria un des Officiers

Céneraux, se ChevalierCopez, ôc plusieurs autres

du méme Ordre , quifurent tuez ou blessez dans

ce combat*

Le Général deTEmpereúr ayant appris que dix

galères de France étoientparties

du port de Mar-

seille pour porterà

Constantinopleun Ambassa-

deur du Roi François premier , íerangea

sous lë^

capde Paíïàro

pourses

surprendre.Le Géneralde

laReligion,, pour

observer une exacte neutralité

entre ces Princes , sesépara

ducorps

de la flotte,

courutpendant

ce tems_là les côtes delaCalabre^

donna la chasse à deuxgrosses galiottes, ôc une

fuste de Corsaires , dont il se rendit maître, dé-

livraquatre

cens esclaves Chrétiensqu'il

conduisit

dans leport

de Malte avec lesprisonniers qu'il

avoit faits. Tout le monde courut le féliciter ifiur

Theureux succès de sespremières armes, ôc on en

tira d'heureuxpréjugez , qu'il justifia depuis par

lesgrandes actions

qu'il fit, tant fur TOcean, que

dans la Méditerranée. Apeine

ce jeune General

avoit-il desarmé;, qu'il apprit que Philippe Strozzi

sonpère

avoit été faitprisonnier

dans un combat

paríe jeune Cosme de Medicis ,Due de Florence y-

quece Prince Tavoit fait conduire dans cette Ville

chargé de chaînes, ôcqu'on

lui faisoit actuelle-^

ment sonprocès comme à un criminel d'Etat ôc

à un rebelle. Le Prieur deCapoue

accablépar

une

£ triste nouvelle, demanda au Conseil soncongés

Zij

T 2 A WD'OMEJQIS.

Page 187: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ï80 HlSTO I R E DE L* O R D R E

ôcaprès

lavoir obtenu , fréta à sesdépens un

brigantin, ôc partitfur le

champ pour paster en

'Italie»- ._= •".'. - - \ : ,

PourTintelligence

dece'point d'histoire, qui

influebeaucoup dans tout ce

que nous serons obli-

gezde

rapporterau sujet de ce Prieur, un des

plus

grands Capitainesde son siécle, il faut se souvenir

de tout ceque

nous avons dit dans le Livreprécé-

dent touchant laguerre que TEmpereur Charles-

C^uint avoit faite auPape Clément VII. de la

Maison de Medicis. Pendant cetteguerre

ôc la

pr.isonde ce Pontife , les

citoyensde Florence

étoientpartagez

en deuxpartis

: les uns attachez

à la Maison.de Medicis, tâchoient de laporter

fur

le trône , ôc la rendre souveraine, ses autres soute-

noient Tanciengouvernement,

ôc vouloient con-

server leur liberté, ôc Tétatrépublicain.

Tantque

lePape

Clément fut brouillé avecTEmpereur,

ce

Prince avoit maintenu hautement lesRépubli-

cains : ilscomptoient

absolument sur saprotec-

tion , ôc les Medicis avoient été chassez de Flo-

rence, comme destyrans

Ôc des ennemis de la li-

bertépublique.

MaisTEmpereur

dont les résolutions changèoient

suivant ses intérêts , s'étant raccommodé avec le

Pape , la confiance des Florentins diminua, ôc leur

liberté fut fort ébranlée -yparle traité fait ëntre le

Papeôc Charles-Quint, ses Medicis dévoient être

rétablis à Florence dans tous leurs biens ôc dans

sesdignitez

dont ils étoient enpossession avant

leur bannissement ; ôcpar

un article secret, TEm-

pereursetoit engagé

à établir comme Prince

aiAN

MEDES.

Page 188: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. X. ',1.81

lôc Gouverneurperpétuel

de cetteRépublique ,

Alexandre de Medicis , bâtard de Laurent^ Duc

d'Urbin j d'autres disentqU'iLétoit

fils de Clément

même. Tel fut se íujet dusiège que

lestroupes

duPape ôc de

TEmpereurmirent de concert de-

vant cette Place y ôcaprès

s'en être rendus les

maîtres, pourne

paseffaroucher le

parti républi-

cain, TEmpereur voulutque

le nouveau Prince ne

prît simplement quele titre de Gouverneur de la

Républiquede Florence. Mais Alexandre, trop

jeune pourêtre modeste, ôc se

voyant depuisde-

venugendre de

TEmpereur parson

mariage avec

Marguerite d'Autriche, fille naturelle de ce Prince,

assectoit des manières de Souverain , ôcgouver-

noit. cet Etat avec une hauteur ôç uneindépen-

dancequi

le rendirent odieux, non seulement à

sesconcitoyens, mais encore à ses

propres parens.

Il se forma contre la vie de ce Prince unedange-

reuseconspiration ; Philippe Strozzi, mari de Cla-

rice de Medicis, soeur duPape

Léon X. se mit à

la tête desconjurez , ôc il eut Tadresse

d'engager

dans le même partiLaurent de Medicis, cousin

$Alexandre, son

plus proche héritier, ôc même

son favori. Peur-être'qu'outre

le motif ôc lepré-

texte de défendre la libertépublique-,

il envisa-

geoitune si

grande succession, Ôcqu'il

étoitplus

ennemi du Princeque

de laPrincipauté. Quoi

qu'ilen soit, ce

perfide,le ministre ordinaire des

plaisirs du DucAlexandre,

sousprétexte

d'un ren-

dez-vousqu'il lui avoir

ménagé,a ce

qu'illui dit,

avec une Dame Florentine, Tattira dans fa mai-

son ôc lepoignarda..

Mais aulieu de s'emparer du

Z iij

,JEAND OMEDESV

Page 189: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

iSi H i s r o IRE DS L'ORDRE

Palais, ôc d'exciter lepeuple par Tesperance ÔC

Tappasde la liberté, à

prendre les armes en*sa fa^

veur, lé trouble, Tétonnement ôc lapeur

sucée-*

derent à une action si cruelle : il s'enfuity ôc lespar-

tisans de la Maison de Medicis, revenus de leur

surprise,ôc

qui ne pouvoientse maintenir íans un

chef, mirent en laplace

du Duc Alexandre,Cofme

de Medicis , quoique d'une brancheéloignée^,

jeune homme àpeine âgé

de seize ans i mais d'un

esprit déjà formé, ôcqui,

dans uneconjoncture

délicate ne mointrapas

moins decourage que

d'ambition. Il étoit fils de Jean de Medicis un des

plus fameux Capitaines d'Italie yì ôc de Marie SaL

viati femme illustrepar la noblesse de son

origines

ôc parla

sagessede sa conduite. Depuis

la mort de

Jean de Medicis elle avqit vécu dans unveuvage

austère : renfermée dans fa maison,elle n'avoitparu*

occupée quede Téducation du jeune Cofme. Aux

premières nouvelsesqu'elle

eutqu'on

vouloir faire

occuperà son fils la

placedu Duc Alexandre, soit

que parun sentiment de mère elle

craignît pour

lui unposte

sidangereux,

soit aussi, comme des

Historiens Tont avancé, que cette gênereuse fem-

mepréférât laliberté de îà

partieà Télevation dé

son fils, elleemploya

sesprières

ôc seslarmespour

le détourner de cetteentreprise.

Mais Cofme, plus

ferme ouplus ambitieux, íans écouter ses remon*

trances, se livra auxpartisans

de fa Maison :par

seur crédit il fut reconnu dans une assemblée pu?-

blique pourGouverneur de la

République. L'Em-

pereuraverti de la mort funeste de son

gendre,,

confirma cettedisposition.

Cofmeprit

les rênes,

JEANP'OMEDES.

Page 190: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 183

dugouvernement,

ôc dans unâge

sipeu avancé il

se conduisit avec tant deprudence, qu'il ne se-

Toitpas

aisé de djéeider s'ilfutplus redevable de

laprincipauté

de Florence à la fortune, qu'à son

habileté.

Strozzi ôc lespartisans de Tétat

républicain,

voyant quele

partides Medicis

prévaloirdans la

Ville, en sortirent, délivrèrent secretterneht des

Commissionspour

lever destroupes, ôc pour se

mettre en étatdy

rentrer les armes à la main. Ils

iè flatoientque

sejeune Cofme

occupédes

pre-

miers soins dugouvernement,

ne seroitpas

si-tôt

cnétat dévies poursoivre. Mais ce Princequi avoit

desespions

fidèles dans toutesles cabales, rut bien-

tôt averti de leur armement j ôcpour

ne leurpas

donner se tems de legrossir,

il sortit de Florence

à la tête de ses amis, ôc destroupes que

legou-

vernement entretenoit en tout tems • ôc fortifie dé

lautorité des Loix dont il étoitdépositaire,

il mar-

cha droit aux Strozziqui étoient proscrits publi-

quement parle

Magistrat.Les deux

partisse ren-

contrèrentproche

de Marono, village peu éloigne

de Florence. On en vint bientôt aux mains, mais

ce fut moins un combatqu'une

déroute. Laplu-

partdes conjurez craignant

de tomber dans les

mains de leurs ennemis, prirentla fuite. Strozzi

jk quelques amis fidèles, quine voulurent pas

labandonner, firent ferme, ôc se battirent en dé-

férerez Ôc comme desgens qui

se vouloient faire

tuer : ils nettpurent

venir a bout. Cofmequi

avoit un sigrand

intérêt de connoître à fond les

forces Ôc ses relations secrettes de ceparti,

avoit

D OMEÓES,

Page 191: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i§4 H i s T o IR E D E L'ORDRE

ordonné qu'onles

épargnât: il fut obéi ^ on se con-

tenta de lesenvelopper : ils furent désarmez - oa

leschargea

aussi-tôt de chaînes, ôc ils furent con*,

duits dans lesprisons

de Florence, où on commen-

çaà instruire leur

procès.

Ce fut fur d'aussi tristes nouvellesque

le Prieur

deCapoue partit

de Malte, ôcpassa

en Italiepour

travailler à la liberté de sonpère.

Mais étant arrivé

àNaples,

ilapprit qu'il

s'étoit tué lui-même dans

faprison,

soitpour

éviterTignominie

dusupplice,

soit, commequelques

Historiens Tontpublié, par

la crainteque

la violence des tortures ôc de la

questionne lui arrachât le nom des

partisans

secretsqu'il

avoit dans la Ville. Cet hommeque

Tantiquité payenneeût adoré, mais

queRome

Chrétienne condamne, se tua d'uneépée qu'on

avoit laissée dans fa chambre. On trouva íur le

manteau de la cheminée ce vers deVirgile, qu'il y

avoitgravé auparavant

avec lapointe

de cetteépée;

Exoriare aliquis noftris exojfihus

ultor.

Ses enfans fidèles à la mémoire de leurpère,

se

dévouèrent à favengeance,

mais d'une manière

noble ôc autorisée parles Loix.. Comme ils

regar-

doientTEmpereur

comme le destructeur de la li>-

berté de leurpatrie,

ôc Tauteur indirect de la mort

de leurpere,ils

s'attachèrent à la France, ôc servirent

dans ses armées. Pierre Strozzi Taînéparvint par

fa

valeur à ladignité

de Maréchal : ôc le Prieur de Ca-

pouese

distinguadans le service de mer, où il-com-

manda enqualité

de Général desgalères.

11 n'en

futpas moins utile à son ordre i. la fuite de cette

histoire

J E A NB'OMEDES.

Page 192: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. X. igj

histoire fera connoître ses servicesimportans qu'il

rendit à faReligion,

ôc il en auroit mêmedepuis

remplila

première dignité , si on n'avoit craint

que poursatisfaire son ressentiment

particulier,

il n'eût donné atteinte à la neutralité dont ses

Grands Maîtres ôc tout l'Ordre fontprofession

à

Tégarddes Princes Chrétiens.

En son absence ôcpendant

son séjour en Italie,

se Chevalier Paul Simeoni, Prieur de Lombardie,

qui avoit eu tant depart

à Iaprise

de Tunis, fut

fait General desgalères,

ôc commandépeu aprés

pourse trouver avec le

Marquisde Terre-neuve

devant leport

de Suse enAfrique, qui

s'étoit sous-

traite de Tobéissance deMuley Haseen, Roi de

Tunis, ôcque

ce Prince vouloiraísieger.

Suse a été bâtie fur un rocherproche

de la mer,

à huit ou neuf lieues de Tunis, au-delà ducap-

bon. Leport

en est fur ôc défendu comme la Place

parun ancien Château, fortifié ôc entouré de foísez

avec uneesplanade

autour.Depuis que TEmpe-

reur fut de retour de laconquête

de Tunis, les

Turcs se saisirent de Iaplupart

des Places quisont

lelong

de la cote, ôc reílererentMuley

Haseen

dans faCapitale.

Ce Princepour

se rétablir entière-

ment dans ses Etats, ôc en chasser lesusurpateurs,

eut recours à l'Ordre de S. Jean. Ilenvoya

à Malte

un Ambassadeur, appelle Camugi, pour implorer

se secours des Chevaliers. Etpour

les intéresser dans

cetteentreprise,

ce ministre leurreprésenta que

les corsaires avoient fortifié Tachore -y qu'ils y

avoient jette unepuissante garnison

sous le com-

mandement de MoratAga,

un desprincipaux CaT

Tome 111. A a

JtA-VD'OMEDESJ

Page 193: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i86 HISTOIRE DE L'ORDRE

pitainesde Barberousse j qu'on

attendoit ce Géné-

ral des corsaires avec Une flotte nombreuse, ôcque

sionneprévenoit

ses desseins, laReligion

nepour-

roit jamais conserver Tripoli.Le Grand Maître

jugeaà

proposde faire

passerces avis à

TEmpe-

reur, quitrouvant

qu'ilétoit

plusintéressé lui-

même à la défense deMuley

ion vassal, quela

Religion,exhorta le Grand Maître à joindre (es

forces à celles de Sicilepour

chasser les coríaires.

de la core de Barbarie ; ôc il ordonna à son Vice-

Roi de fournir à Muleytout le secours dont il

poar-

roit avoir besoinpour

faire lesiège

de Suie.

Le Grand Maître ôc le Vice-Roi mirent en mer

quatorze galères chargéesd'un bon nombre de

Chevaliers , ôcdestroupes que

laReligion

tenoit

à fa solde, ausquellesle Vice-Roi

pouría

part

joignittrois mille hommes d'Infanterie, sous les

ordres duMarquis

de Terre-neuve, SeigneurSi-

cilien , quidevoit commander les

troupesde dé-

barquement , pendant quele Général des

galères

de laReligion

tiendroit la mer.

Cette escadre ayant traversé le canal de Malte,

abordaproche

de Tcndroit oùMuley

avoit formé

soncamp. Apres que

leMarquis

de Terre-neuve

ôc les Chevaliers eurentdébarqué

leurstroupes ,

ôc un train d'artillerie dont le Roi de Tunis man-

quoit,on ouvrit la tranchée, ôc on dressa les bat-

teriesqui

commencèrent à foudroyer Tendroit le

plusfoible de la Ville, ôc on Tauroit infaillible-

mentemportée,

si leMarquis trompé par

un re-

négat,n'eût

changéson canon de

place.Ce rené-

gat feignantde s'être

échapé,ôc affectant une scn-

JE AN

»'OMEDES

Page 194: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M A B T E. L I V". X. 1&7

sible douleur d'avoirquitté

saReligion

ôc sonPays, ]

se jetta auxpieds

duMarquis, répandant

un tor-B

rent de larmes, ôclui demandapardon

de fa déser-

tion ôc de sonapostasie.

LeMarquis

séduitpar

les

apparencesde ion

repentir,lui

promitun

azyle

dans son armée, ôcaprês

laprise

de Suse, de le

repasseren

Europe.Il

interrogeaensuite ce

renégat

sur Tétat de la Place :1e traître lui en fit unraport

concertéauparavant

avec le Gouverneur : il lui dit

surtout avec un air de sincérité , queTendroit

que

son canon battoit étoit leplus fort de la Place-, que

la muraille y étoit terrassée, ôcque quand

même

Onpourroit

la ruiner ôc Tabattre,on trouveroit .

derrière deprofonds retranchemens fortifiez de

flancs ôc de redans, ôcgarnis

d'ungrand

nombre

deMousquetaires, qui

en défendoientTapproche ;

quele Gouverneur le

voyant attaché à cette atta-

que,s'étoit vanté

qu'il y seroitpérir

tous les Chré-

tiens. LeMarquis inquiet

ôcchagrin,

lui deman-

daquel

étoit leposte

leplus

foible de la Place :

lerenégat Tayant amené au

point qu'il souhaitoit,

luiindiqua

Tendroit leplus fort, Ôc le

Marquis

séduitpar

les conseils de ceperfide, changea

fa

batterie deplace,

ôcporta

toùt Tessort de íés ar-

mes contre certaines toursqui flanquoient le Châ-

teau: à en croire lerenégat

elles dévoient crouler

auxpremiers coups

de canon. On consomma toute

lapoudre qu'on

avoitapportée de Malte ôc de Si-

cile íans y avoirpu

fairequ'une

brèche assez étroi-

te. Cependant comme les munitions deguerre

manqnoient,le

Marquis toujours trompé parle

renégat,voulut

qu'on tentât un assaut. Cent trente

Aaij

J EA ND'OMEDES.

Page 195: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i8S HISTOIRE DE L'ORDRE

Chevaliers Ôcquatre

cens soldats à lapaye de la

Religion y montèrent lespremiers. Quoiqu'ils

ne

pussent s'avancerqu'à

la file, ils ne laissèrent pas

degagner

le haut de la brèche : leur dessein étoit

d'yfaire un

logement:mais ils trouvèrent devant

eux des retranchemens si hauts ôc siprofonds,

ôc

ilpartit

des flancs tant decoups

demousquets

ôc

d'arbalestes , qu'ilsfurent

obligezde se retirer. On

proposade tourner d'un autre côté

TattaqueÔc les

batteries j le défaut depoudres empêcha

Texecu-

tion de çeprojet.

Ce fut avec une violente dou-

leurque

leMarquis

se vit réduit à lever lesiège

:

avantque de se

rembarqueril vouloir décharger

fa colère fur se renégat -ymais content de Theureux

succès de fatromperie,

il étoit rentré dans la Ville

pour en recevoir larécompense -, ôc les Chevaliers

aprèsavoir laissé aux

pieds des murailles ôc fur la

brèche ungrand

nombre de leurs camarades ôç

de leurs soldats, retournèrent tristement à Malte,

où ils seplaignirent que TEmpereur

eût sacrifié les

forces de Ja Religionsous un Général si peu digne

de ses commander.

Le CommandeurBotigella joignit

ses avisa de si

justes plaintes:il revenoit de

Tripolidont il avoit

été Gouverneur, ôcaprès

son tems fini, on lui avoit

donnépour successeur Fernand de Bracamont,

Commandeur d'Ecolça, ôc Alonse Çordan Cheva-

lier d'unegrande réputation

devoit commander

la Cavalerie de la Place. Botigellaà son retour

pritoccasion du mauvais succès du

siègede Suse

pour représenterau Grand Maître ôc au Conseil

que Texperiencedevoit leur avoir appris que

les

JJEAMO'OMBDES.

Page 196: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. X. 189

Chrétiens ne seroient jamais deconquêtes

fixes

Ôc durables fur ses côtesd'Afrique,

Ôcparmi

les

Maures, soitpar

Taversionqu inspire

la différence

desReligions,

soitpar

Tinconstance ôc lalégère-

té naturelle de cespeuples, qui

n'étoientpas

mê-

meplus fidèles aux Souverains de leur nation,

qu'aux étrangers ^que depuisle retour de Charles-

Quint , laplupart

des Villesqui

sont lelong

des

côtesd'Afrique

s'étoient révoltéesplus

d'une fois ;

queces

guerresôc les arméniens

quela

Religionfaisoit en faveur de

TEmpereur, épuisoientl'Or-

dre de ses meilleurssujets, ôc lui eoutoient des

sommes immenses -, quela cession

quece Prince

avoit faite deTripoli,

oupour

mieux direque

la

condition onéreuse de secharger

de la défense d'une

pareille Place, qu'ilavoit attachée au

transport

qu'ilavoit fait de Tlste deMalte,devoit être

regardée

comme unprésent fatal à la

Religion,ôc

qu'ilfal-

loir la remettre auplutôt à ce Prince, ou, s'il

pré-

tendoitque

les Chevaliers y restaísent, exiger qu'illa mît lui-même en état de défense, ôc

qu'il yfît

construire à ses dépens»des fortifications, ôc d'au-

tresouvrages

nécessairespour

soutenir unsiège.

Quelquedéférence

qu'eûtse Conseil

pour1e

sentiment deBotigella,

iljugea

àpropos

fur une

affaire aussiimportante

de consulter les Chevaliers

lesplus habiles en fait de fortification, ôc surtout

ceuxqui

avoient commandé dans cette Place.

Tous d'un même avis conclurent qu'ellen'étoit

pas tenabse; ôc fur leurrapport

le Conseildépê-

cha àTEmpereur

le Bailli de Grolée, quiétant ar-

rivé g. sa Cour luireprésenta qu'il

étoitimpossible

A a iij

ÌEAMMEDES.

Page 197: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

[90HISTOIRE DE L'ORDRE

de conserverTripoli

si on ne fortifioit cette Place

pardes murailles de la hauteur ôc de la

largeur

nécessaires i tfu'il yfalloit creuser des fosses, y ajou-

ter des boulevards-, quefans cette

précaution,

c'étoitexposer

à la boucherie les Chevaliersqui

s'yenfermeroient ; que

la Villeprise,

le Château

bâti àTantique

ne dureroitque peu

dejours ; qu'il

seroitpeut-être plus

utile-pour

le service de Sa

Majesté d abandonner une aussi méchante Place -,

d'en faire sauter le Château, ôc de combler Tem-

bouchure duport.

MaisTEmpereur qui

ne vou-

loit ni faire ladépense

nécessairepour

fortifier

cette Place, ni sepriver

d'unport qui

lui servoit

d'entrée, dans FAfrique,

ôc dont la défense ne lui

coûtoit rien, chargeale Bailli de dire de sa

part

au Grand Maître ôc au Conseilqu'il

n'oublieroit

rienpour

mettreTripoli

en état de défense ; qu'il

exhortoit l'Ordre à y entretenir toujours une

fortegarnison,

ôcqu'en

casque

les Infidèles en

formassent lesiège,

il alloitenvoyer

incessamment

des ordrestrès-précis

au Vice-Roi de Sicile, pour

y jetter tous les secours dont on auroit besoin.

Ce Prince ajouta qu'il eípéroitdans

peude chas-

fer tous les corsaires Turcs des côtesd'Afrique,

ôcqu'en

attendantqu'il pût

tourner íes armes de

ee côté-là, laReligion

lui seroitplaisir

de joindre

sesgalères

à la flottequ'il

avoitenvoyée

dans la

Méditerranée.

Le Bailli à son retour ayantrendu

compteau

Conseil du succès de son ambassade, on arma aussi-

tôtquatre galères

: deux cens Chevaliers s'yem-

barquèrent sous le commandement de Simeoni

JEAND'QIWLEDES.

Page 198: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. X.191

Bailli de Lombardie, qui joignità Messine Tarmée

Chrétienne, commandéepar

AndréDoria, Prince -

déMelphe , ôc Grand Amiral de

TEmpereur. Ce

Général étoit Génois, d'une maison noble ^ mais

qu'ilillustra par

fa valeurincomparable. Le Roi

François Premier, ôc lePape

Clément Vil. lui

confièrent l'unaprès

l'autre le commandement de

leurs flottes. Ilquitta depuis

la solde du Roi, ôc

se mit à celle deTEmpereur.

Ce Prince dont Tin-

trigueétoit encore

plusredoutable

que Tépée, ôc

£ habile àcorrompre

les Généraux de ses enne-

mis, séduisit le Génoispar

les offresqu'il luisît

faire d'unepension

de soixante mille ducats, ôc

de douzegalères entretenues, avec la liberté de

Gènes sous laprotection

deTEmpereur,

ôcque

Savonne seroit remise íous la domination des Gé-

nois. Doria ayant fait son traité, publia pour justi-

fier sonchangement

departi, que

le Roi de Fiance

ne luipayoit pas

Tentretien de sesgalères; qu'il

lavoit frustré de la rançon du Princed'Orange

sonpriíonnier de

guerre,ôc

que quelquesoffices

qu'ileût

employez auprèsdes Ministres de Fran-

çois Premier en faveur des Génois sescompatriotes,

il n'avoitpu

obtenirqu'on

les traitât moins dure-

ment. Onprétend que

ce dernier sujet deplainte

eutplus

départ

à sonchangement

departi, que

tous les autres -y quece General avide de

gloire

s'étoit flatté d'enacquérir

une immortelle en dé-

livrant fapatrie

de la domination des François.

Peut-êtreenvisagea-t-ii

en même-tems, qu'àla

faveur de laprotection

deTEmpereur,

ôc sous om-

bre de cette liberté ily

établiroit fapropre

auto-

ritépour règle

dugouvernement.

JEAND'OMEDES.

Page 199: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i9*HISTOIRE DE L'ORDRE

Quoiqu'ilen soit de ces differens motifs, la

France nepouvoit gueres

faire deperte plus

con-

sidérable, niTEmpereur d'acquisition plus utile.

Il s'en servoitégalement

contre Soliman ôc con-

tre François Premier : ôc dans Toccasion dont nous

parlons,il çommandoit non-seulement les vais-

seaux de Charles-Quint y mais il avoit encore Tau-

toritésuprême

en qualitéde Généralissime sur toute

la flotte de laligue

Chrétienne.

LePape

étoit entré dans cetteligue

avecl'Empe-

reur ôc l'Ordre de Malte: il étoitquestion d'y enga-

gerles Vénitiens j mais ces

Républicains évitoient

avec soin tout sujet derupture avec Soliman, Prince

redoutable, ôc dont les Etats étoient voisins de ceux

de laRépublique.

Doriapour

ses rendreíufpects

à

Soliman, ôc comme si cesRépublicains

duisentagir

de concert avec lui, écrivit à Girolamo Pezaro leur

Général, qu'ilfalloit

qu'il attaquâtles Turcs, av&nt

queleurs différentes escadres** fussent jointes. Il

envoyafa lettre

parune

petite barque,quiJieman-

qua pas,comme c'étoit son dessein de tomber en-

tre les mains des Infidèles. Elle futenvoyée

aussi-

tôt àSoliman>qui

en fit desplaintes trés-aigres

au

Baile ou Ambassadeur de laRépublique.

En vain

ce Ministreprotesta que

saRépublique

n'avoit au-

cuneintelligence

avec Charles-Quint : sessermens

ôc toutes sesprotestations

ne faisoientpas grande

impressionfur

Teípritde Soliman : Et il ny a, lui

dit ce Prince, quun seul moyen

de justifier vos maî-

tres s c est quils

fignentactuellement une

ligueavec

moi contre tEmpereur > & quils joignent

leurs vais-

seaux a ma flotte pour attaquer ses Etats. Le Sénat

dont

JEAN•'OMEDES.

Page 200: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 193

dont la neutralité est la maxime fondamentale,

rejetta cetteproposition,

ôc il arriva dans le même -

tems un accidentqui fournit le sujet ou le

prétexte

à unerupture.

Lagalère impériale

du Sultan écartéepar

la

tempête,étant tombée de nuit dans la -flots des

Vénitiens, Alexandre Con tari ni, Prov éditeurgé-

néral de Tarmée, croyantà cause des ténèbres

quece fût un vaisseau de

Corsaires, Tattaqua,tua le

Rais ou leCommandant, tailla en

pieeestrois cens

Janissaires, ôc s'en rendit maître. Soliman en fit

degrandes plaintes, ôc demanda

queContarini lui

fût livré pourêtre

puni.Mais

n'ayant pûobtenir

cette satisfaction, il déclara laguerre

aux Véni-

tiens.Quelque part que

les Chevaliers ayenteu

dans cetteguerre,

le détail n'estpoint de mon su-

jet : je remarquerai seulementque

les flotes Chré-

tiennes ôc celles du Turc se rencontrèrent proche

ungolphe

de la merAdriatique jqu elles se eàno-

nerent furieusement ^ niaisque

celle des Turcs

moins forte, ôc commandéepar Barberousse, pour

éviter le combat, se jetta dans legolphe d'Artai

qu'ilse

passa plusieursactions

particulières, mais

peudécisives : enfin

que Doria, quoiquesollicité

puissamment parle Patriarche d'Alexandrie, qui

çommandoit 1 escadre duPape , ôc

par les Cheva-

liers de Saint Jean, sousprétexte que

ses vaisseaux

manquoientde vent, refusa

opiniâtrementd'a-

vancer fur les ennemis, Ôcqu'il

vittranquillement

. échapperBarberousse , de

peurde faire périr se

seul Généralennemi,;redoutable à son maître, ôc

quitant

qu'il viyroit j le rendroit lui-même néce£

Tome 111. B b

JE AN.

D'OM£©ES,

Page 201: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

194 HISTOIRE DE t* OR D R E

faire àTEmpereur

:politique qui

s'observarécipro-"

quemententre Barberousse ôc Doria, qui

fans au-

cuneintelligence

concertée entre eux , nepouíl

soientjamais leur

avantagecontre leurs

propres

intérêts ,Í ôcjusqu'à

se défaire d^un ennemiqui

tout rivalqu'il étoit, servoit à faire valoir leur^

capacitéôcseurs talents.

Les armes des Chrétiens furent encore moins

heureuses par terre, qu'ellesne Tavoient été fur

mer. Laconquête

de laHongrie

avoit toujours

faitpartie

du vasteprojet,

oùpour

mieux dire de

la chimère cTúne Monarchie universelle , qu'ona

attribuée à Charses-Quint. Ferdinand Roi des Ro-

mains, ôc frère de ee Prince, de concert avec lui ,

ou:;pourmieux dire

parses ordres , tenoit actuel-

lement la ville de Budeassiégée,

ôc Rocandorf un

de ses Généraux, poussoitce

siègeavec

beaucoup

devigueur.

Soliman jaloux deTagrandissement

de

Ia Maison d'Autriche, Ôc sousprétexte que Sèpuse

dernier Roi deHongrie

Tavoit nommépar

son

testament tuteur d^un filsqu'il

avoit laine encore

à lamamelle,-envoya Mahomet un de ses Bâchas

pour jetter du secours dans la Place. Le Ge'neral

Turcattaqua

lessignes

des Autrichiens, les força,

tailla enpièces

-plus

devingt mille hommes, mit

en fuite, ou fîtprisonniers

les restes 1malheureux

de cette armée : ôc Soliman arrivantpeu après

en

Hongrie,entra dans Bude, y

mit unepuissante

garnison,sous

prétextede

prévenirses desseins de

Ferdinand : Ôcpour

couvrir sonusurpation,

il dé-

clarapubliquement qu'à

la]majorité du jeune

Roi3 il lui reniettròit cette Place,

TE A N.-D'OMËDES

Page 202: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Lrv. X. 195

Malgré unepromeíse;solemnelle,dontlesPrinces

ambitieux ne trouventque trop

deprétextes

de l

sedispenser,

lesHongrois

ne .furent pas moins

alarmezque

les Allemands deTentreprise

du

GrandSeigneur.

Personne ne doutoitque TEmpe*

teur n'armâtpuiáamnifcit pour

sel défaire d'un

voisin si redoutable íç'auroit même été unfpec^

tacsedigne

de inattention de tous les autres Sou-

verains de voir ces deuxgrands Princes^, tous deux

sipuissans

ôc si ambitieux, auxprises l'un contre

l'autre, ôc sedisputer

ses armes à la mainlaposses-

sion entière de laHongrie.

Mais soitque

Charles-

Quint ne voulûtpas

confier fagloire

à la fortune :y

soitqu'il

se flatât d'un succès moins douteux dans

une autreentreprise,

ce Prince toujours impéné-

trable dans sesprojets,

abandonna la défense de

laHongrie

au Roi son frèrepour porter

ses armes

enAfrique,

ôc dans les Etats de Barberòùifse. L'é-

loignementde ce Roi Corsaire

quiétoit

paíféà

Constantinople,lui fit croire

qu'ilne trouveroit

quede foibles obstacles à la

conquête d'Alger,Ôc

ilespéra qu'il

ne seroitpas

moins íieureux ausiège

de cette Place, qu'ilTavoit été à celui de Tunis.

Dans cette vue, il donna ses ordres enEspagne,

àNaples

ôc en Sicile, afinqu'on y

fit desprépa-

ratifs conformes à lagrandeur

de cetteentreprise.

Perdinand Cortez, cetEspagnol qui

avoitacquis

tant degloire

à là découverte ôc à laconquête

Mexique,fut

chargéde Tarmement

quise devoit

faire enEspagne.

Fernand deGonzague,

ôc Dom

Pedro de Tolède, Vicê-Roi de Sicile ôc deNaples,

ny travaillèrent pas avec moins d'ardeur dans ces

Bbij

ÍEAN.MEDESé

Page 203: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

5TEÀND'OMEDÉS;

196 HISTOIRE DE L'ORDRE

deux Royaumes. On tira deTAllemagne

ôc de la

Comté deBourgogne,

uncorps

de cavalerie : ôc

Camille Colonne;, Augustin Spinola,ôc Antoine

Doria revêtus de la commission de Colonels , fi-

rent des levées d'infanterie dans toute Tltalie.

Le Grand Maître de Wtlte reçut en même têrnS

une Lettre deTEmpereur, qui

dans lés termes les

plus obligeanSjinvitoitlesChevaliersà joindre leurs

armes aux siennes dans une guerre íaintéjôc qui n'a-

voit pour objetjseur difpit il,quela ruinedes corsai-

res ôc des ennemis dekReligion.

Il seprésentapour

cette expéditionun si grand

nombre de Cheva-

liers, queMalte ôc le Couvent seroient restez dé-

serts , íî le Grand Maîtrepar

faprudence

n'avoit

restraint ce secours àquatre

cens Chevaliers. Ils

s'embarquèrentfur

quatre galèresde la

Religion,

.chacun suivi de deux valets bien armez : ôc Geor-

ges Schilling,Grand Bailli d'Allemagne,

ôc Gé„

neràl alors desgalères

de IaReligion,

fut nommé

pourcommander cette escadre. Il

joignitdans le

portde Bònifaceune partie

de laflote deTEmpè-

reur,quila eommandoiten

personnejd'oùonse ren-

ditàMajorqiie

oiì lés vaisseaux ôc lesgalères avoient

ordre de se trouver avant la fin deSeptembre.

Personne n'auguroit bien d'uneentreprise faite

.dans une saison si avancée: mais commeTEmpereur

enpourfuivoit Texéçutionavec beaucoup d'ardeur,

;le courtisan toujours flateur, n'avoit gardede

pu*

blier une vérité contraire à Tinclination du Prince.

U n y eus queAndré Doria Grand. Amiral,ôc leMar-

miis DeJvafl:Q,Géneral des armées deterre,quiose-

•jrjejn: luireprésenter

lespérils

où ils'expoíòit ; &

Page 204: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liy. X. 197

Doria leplus grand

homme de merqui

fût dans ce

siecle,lui ditque

dans unepareille saison,il n'y avoit -

pointde Pilote

quioíat fans une extrême nécessité

tenirlong-tems

la mer -, quecelle de Barbarie étoit

alors fortorageuse,

ôcqu'il craignoit qu'un coup

de vent nedissipât ía flote,ôc n'empêchât

le succès de

ses armes: ôc ce vénérable vieillard ajouta avec son

flileguerrier

: Souffre^, lui dit-il, qu'onvous dé-

tourne de cetteentreprise s car

pardieufinous y allons,

nouspérirons

tous. Aquoi TEmpereur répondit

en

riant :Vingt-deux

ans &empiré pour

moi y(èjr soixante

ffi dou^e ans de viepourvous, nous doivent suffire

a tous deuxpour mourir contens s ôc fans vouloir

changerde résolution, il

s'embarqua,mit la

proue

versAlger;

Ôcaprès

avoiressuyé

unetempête

assez

violente, ilgagna

la raded'Alger

où il arriva le

vingt-

quatre,d'autres disent le

vingt-six d'Oc-

tobre.

Quoiquele vent fût

appaue,la mer étoit en-

core si émue, que pourne

pas obligerles soldats

à se mettre dans Teau jusqu'àla ceinture, on différa

de deux jours ledébarquement.

11 se fit ensuite

sansbeaucoup

de résistance de lapart

des Infidè-

les. Soixantegalères

mirent leurstroupes

à terre,

ôc lesgros

vaisseaux firentpasser

les leurs dans

deschaloupes.

Ledébarquement

étant achevé,

Tarmée de terre se trouvacomposée

devingt

mille

hommes depied,

ôc de six mille chevaux. L'Em-

pereur pour prévenirles jalousies ordinaires entre

différentes nations, partageases

troupesen trois

corps^le

premierfut

composéd'Italiens

ausquelsce

Princejoignit

les Chevaliers Ôc les soldatsde Malte,

Bbiij

JEAND'OMEDES-

Page 205: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i98HISTOIRE DE L'ORDRE

commandez parle Grand Bailli, Ôc

quine

prenoit

: Tordreque

deTEmpereur.

On mit daps le second

corps,les

Espagnols,tous vieux soldats : les Alle-

mands, lesBourguignons

Ôc un grandnombre de

volontaires faisoient le troisième -, lesEspagnols

avoientTavant-garde ; les Italiens le corps

de ba-

taille oùétoitTEmpereur,

ôc les Allemands avoient

été mis àTarriere,garde.

Chacun de cescorps

avoit~~

troispièces

decampagne

à fa têtepour

battre les

Arabes, quifans

garder aucun ordre, attaquoient,

tuoientôc revenoient continuellementà lacharge.

L'Empereur ordonnaque

le bataillon de Malte

s'étendît à lagauche

ducorps

de bataillepour

re-

pousserces coureurs; les Chevaliers étoient à

pied,

armez de cuirasses, lepot

en tête, ôc lapique ou

lesponton

à la main. L'auteur d'une relation en-

voyée au Pape, remarque queleurs fubrevestes

étoient toutes de damas ou de velours cramoisi,

furlequel

brilloient leurs croix blanches, ôcqu'ils

faisoientparoître

un certain air degrandeur

ôc de

fierté, qui jettoitla terreur

parmiles barbares

qui

oioient lesapprocher.

Lequartier

del'Empereur

futmarqué

entre deux torrens; ôc il fit entourer

unepetite

colline degros canons, qui

battoient

en méme-tems lacampagne

ôc la ville.

La villed'Alger

est bâtie en forme d'amphi-

teatre fur lapente

d'unemontagne qui regar-

de leport

: on en attribue la fondation au fils

de Juba Roi de Mauritanie. Barberousse enpar-

tantpour Constantinople y avoit laisse

pourGou^-

verneur de cette Place un vieileunuque appelle

Haseen , Aga, renégatde Tlfle de Sardaigne,

JEANBUMÎDSS.

Page 206: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 199

grandhomme de mer, ôc

quiavoit toute sa con-

fiance. L'Empereuravant

que d'attaquer sa Place,

lui dépêchaun Gentilhomme

pourle

porterà lui

en ouvrir lesportés.

Cetenvoyé pour l'y déter-

miner luireprésenta

lapuissance

deTEmpereur,

ses forces, son armée de terre Ôc de mer. Hy ajou-

ta dès offres de sommes considérables , ôc il con-

clut son discourspar

luireprésenter qu'il

dsevoit

profiterde cette occasion

pourretourner dans fa

patrie,ôc

pourrentrerénmème-tems dans le sein

deTEglise,

dont le malheur de sa fortune Tavoit

arraché.L'eunuque

écoutapaisiblement

tout ce

discours, ôcpour

touteréponse

il lui dit, Que cé-

toit être fou quede se mêler de conseiller fin enne-

mi ; maisque

c étoit être encoreplus fou que

de s'ar-

rêter auxconseils qu un ennemi donne \ ôc là~dessusil

congédia cegentilhomme.

Ce Gouverneur avoit dans fa Place huit cens

Turcs vieux soldats ôc fortaguerris

avec environ

six mille habitans, partie Maures ôcpartie

Grenar

dins, tousportant

les armes, ôcqui

se seroient fait

tuerjusqu'au

dernierplutôt que

de retomber sous

la domination desEspagnols. L'Aga

avoit envoyé

en même-tems deTargent

ôc despresens

à diffe-

rensCapitaines

des Arabes, pourles

obligerà se

répandredans la

campagne,ôc à harceler le

camp

des Chrétiens^ ôc ils n'y étoientque trop disposez

parle

géniede cette Nation, qui

ne subsisteque

de ses courses ôc de sesbrigandages.

Toute laplaine

en fut bientôt couverte. Laplupart pprtoient

de

longues Zagaïes, qu'ils lançoientavec tant d'a-

dresse, queles Chrétiens avoient bien de la

peine

à enparer

lescoups.

JEAN©'OMEDES.

Page 207: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

zoo HISTOIRE DE L*ORDRE

Pendantque

ces coureurs continuoient leurs

escarmouches, il s'éleva a Tentrée de la nuit une

furieusetempête, mêlée d'une pluye extrêmement

froide> ôcqui remplit

d'eau tout lecanip

des Chré-

tiens. Lapluie avoit tellement

détrempéla terre*

qu'onne marchoit

plus quedans la boue : d'ailseurS;,

comme on n'avoitpas

encore le tems dedébarquer

les tentes ôc leséquipages,

toute Tarmée n'avoit

quele ciel

pour couvert. Les mèches des soldats

étoient éteintes, ôc lapoudre

de leursifburnimens

mouillée. Le Gouverneur, pour profiterde ce défaf

tre,fît faire une sortie aupoint

du jour par une partie

de fagarnison.

Ils tombèrent d'abord fur trois com-

pagnies qu'onavoit

postéesfur un

pontde

pierre,

qui aboutissoit à une desportes

de la Ville : ôcles

Infidèles trouvant ces soldats transis de froid, les

taillèrent en pièces.Ce

petitsuccez les

porta jusi.

qu'àse setter fur le

quartierde

TEmpereur y mais

les Colonels Colonna ôcSpinola y accoururent à

la tête de leursRégimens:

ils furent soutenuspar

les Chevaliers de Malte, qui quoiqu'à piedse mêJ

lerent si furieusement avec la Cavalerie des Turcs

ôc des Maures, qu'ilsen tuèrent un

grand nombre,

ôc en démontèrentplusieurs.

L'Auteurqui m'a

fourni enpartie

cette relation, rapporte qu'un

, ChevalierFrançois, appelle Frère Nicolas de .Ville-.'

-gagnon,

se jettant avecTimpetuosité

naturelle à

la nation au milieu des Infidèles, fut blessé au bras

gauched'un

coupde lance, que

luiporta

un Ca-

valier Maure -, mais quece Chevalier ayant man-

quécontre lui son

coupde

pique -,comme le Maure

tournoie son cheval pourlui donner un second

coup

JE A NB'OMEDES.'^—^ .^--imi'Mail

Relation du

siège d'Algeradrejfée au

Fap.PaulIIL

par le Secré-

taire de son

Légat.

Page 208: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 201

coup,le Chevalier

quiétoit d'une haute taille,ôc

d'une forceproportionnée

à sagrandeur,

sauta sur

lacroupe

du cheval de son ennemi y lepoignarda,,

ôc le jetta à terre. Ses camarades ne montrèrent

pasmoins de

courage:tout se rallia sous

Tenseigne'

de laReligion,

ôc Fernand deGoníaguevun

des

Lieutenansgénéraux

deTEmpereur, adreííànt la

paroleau Grand Bailli de TÓrdre :

Courage , lui

cûa-t-ïì y généreux Commandeur j ce n-est pas ajse^que

de battre ces chiens j-il fautles

poursuivre (ë>jr entrer

avec eux dansAlger:

ce ri est quavos Chevaliers

quil

appartientde finir la

guerre avant quelle soit copi^

mencée, (§£* deprendre

une Placeauffi forte,: sans:

artillerie ^j jans armes. Les Chevaliersqui

ne tu

roient leurs forcesque

de leurcourage,

n avoient

pasbesoin d'être animez

parces disepurs : ôc

pleins

d'ardeur ôc de feu ilspoursuivirent

ses Infidèles

jusque'àla

portede la Ville. Ils étoient

prêtsde se

jetter dans la Place, lorsquele Gouverneur sacri-

fiant à la fureur des Chrétiens cequi

restoit de ses ^

soldats hors la Ville, en fit fermer laporte.

Lcr

même écrivainque je viens de citer, rapporte que~

le Chevalier Ponce deSavignac, François de na-

tion,ôc

qui portoit Tenseignede l'Ordre, planta-

sonpoignard

dans laporte

comme unepreuve

quilen avoit

approchéd'aussi prés qu'il

íepou-

voit. Comme lapluie

avoit cessé dès se matin,le

vieux Gouverneur ayantreconnu de dessus les mu-

raillesque

ses soldats dans cette sortie navoient-

eu à combattreque

contre les Chevaliers, ôcquel-

ques compagnies d'Italiens,il fit

braquercontre:

eux T artillerie,qui

étoit de ce côté-là fur les rem>

Tome 111.. y Cc

D'OMEDES.

Page 209: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

loi HISTOIRE DE L'ORDRE X

partsde la Ville : ôc pour empêcher en même-

tems leur retraite, il fit une seconde sortie avec

ses meilleures troupesde fa

garnison,armées d'ar-

balestes de fer, dont on se servoit utilement dans

des tems depluie.

On én vint derechef aux mains-

laplupart

des Italiens, nouveaux soldats, quin'a-

voient jamais vu de guerre, transis de froid, ou

jprenoientlafuite , ou se laiísoient égorger

lans se

défendre. L'Empereuraverti du

péril ou ses Che-

valiers étoient exposez, envoyaà leur secoursquel-

ques compagniesd'Allemands $ se Bailli

Schilling

de la même nation se nait à leur tête,, chargeade

nouveau ses Infidèles, lespouíía une seconde fois

jusqu'aux portes d'Alger,ôc ramena fa

troupecou-

verte degloire ôc de blessures, Les Infidèles .se ser-

voient de traits .empoisonnez; tous <:euxójui

en

furent atteints .moururent depuis,entre autres

Trere Ponce deSavignac enseigne

de laReligion,

,& ce Chevalier quiavoit enfoncé son

poignard

dans ila porte d'Alger,. Malgréune

largebleílure

quelui avoit fait un coup d'arbaleste , Ôc

quoi-

qu'il sentît quele

poisonlui

gagnoitle coeur, il

eut lecourage

ôc la force ., appuyéfur un soldat,

de tenir toujours de fa main Ton étendart élevé :

,8c cène futqu

en expirant qu'ilTabandonna^Ou-

itre ce Chevalier, ôc celui de Villars, de laLangue

d'Auvergne, quidemeura estropié

de fa blessure,

pn prétend quela

Religiondans ces deux occa-

sionsperdit plus

de soixante ôcquinze Chevaliers,

parmi lesquelson

comptoitFrère

Diegode Cou-

trerasEspagnol,

FrèreLopez

Alvarez Navarrois,

Frère Joan di Pennas, Castillan, Frère Pierre de

J K A N

:P'OMEDES.

Page 210: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MAI TE. L i v. X. 203

Ressay , Jean Babot, Charles de Gueval, Jean 3

Pinard, tous François, FrèreJoseph delaCofa, ôc *~-

Frère Marie Catracanti, Italiens, trois Chapelains

de l'Ordre, ôcprès

dequatre

cens hommes à la

solde de laReligion.

Mais cetteperte

étoitpeu considérable par rap-

portà celle

que TEmpereurfît se même jour de la

plus grande partiede fa flote. Des nuages obscurs

commencèrent à dérober la lumière du soleil, ôc

furent suivis d'unetempête

íì furieuse, qu'ilsem-

bloitque

lés vents, la mer,Ja terre, lés éclairs,,

le tonnerre, lapluye

ôc tous les élémens confon-

dus ensemble, concourussentpour

fairepérirTar-

mée chrétienne. Les vaisseauxarrachezpar la vjo^

seneedés vents de dessus leurs ancres, paroissoient

quelquefoisélevez

pardes

montagnesd eau juk

qu'auxnues ,ôc tin moment après ilsretornboient-

dans lésabyfmes, ôc

jusqu'aufond de la mer. Quel-

ques^uns agitez parlà violence àes vents , sáris*

queles

pilotes ôc ses matelots pussent ses gouverr

ner, se brisoient les uns contre ses autres vd'autrei

portez parTelïbrt de là

tempête le long de la côte, *

échouoicnt contre des écueilá, quiles nicttoient

enpièces ^«n sorte

qu'enmoins d'unedenûe heure,

Upérit quinze galères

ôcquatre-vingt-fìx

vaisseaux*

Cequi

réndoit cetteperte

encoreplus sensible,,

c'estque

ces navires étoientchargez

de vivres, ôc

quenlès

perdant,Tarmée de terre

perdoitencore

Teíperance depouvoir subsister, fur-tout dans un^

pays désert, ôcoccupé par

des barbaresqui

trionv

phoient dé làdisgrâce

ôc du malheur des £hré~

tiens;

Ccijî

JEANB OMEBBS.

Page 211: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

io4 HISTOIRE DE L'ORDRE

Dans cette extrémité, quelquesOfficiers de

ga-

lères, qui Voyoientleur

perte inévitable, par un

coupde désespoir,

tâchoient d'échouer lelong de

la côte, dans la vue quela

tempêteles jetteroit

dansquelque

endroit plus prèsde terre, & d'où

ses plus heureux, soit à lanage

ou fur le débris de

leurs vaisseaux, ppurroientse sauver. Plusieurs

pri-

rent ceparti,

8cpérirent misérablement, pu £u^

rent tuez parses Arabes, qui

bordoient lerivage,

ôcqui

fans vouloir faire d'esclaves, égòrgeòient

impitoyablement ces malheureux, comme nous

Tapprenonsde THistorien Ulloa, dont se

pères'é-

toit trouve à cette funesteexpédition.

Cet Auteur

rapporte quele vaisseau de Dom Antoine Carriero

Chef d escadre, ayant été mis enpièces,

unejeune

Espagnoled'une rare beauté, qui

étoit dans ce vais-

seau, ôcqui

servoit à sesplaisirs, ayant été jettée

parles flots fur le

rivage,un Arabe à la vue de la

richesse de ses habits, ôc despierreries

dont elle

étoit couverte, accourut auísi-tôtpour

en faire fa

proye j Ôcque

fans se laisser toucher auxprières,

aux larmes, ôc même aux charmes de cette jeune

personne,il la massacra inhumainement.

La mer étoit couverte de navires brisez, de

piècesde bois flotantes, de

corpsd'hommes Ôc de

chevaux. Lagalère

de Janetin Doria, le cher ne-

veu du Grand Amiral, ayantvoulu échouer con-

tre terre, s'engravaau bord de la mer, ôc il alloit

être tué comme ses autrespar

les Arabes, si TEm-

pereur,triste

spectateurde ce

naufrage, n'y eut

envoyé Dom Antoined'Arragon

avecquelques

compagnies Italiennes, quile tirèrent des mains de

J EANJD'OMEDES.

Page 212: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 105

ces barbares. On ditqued'Amiral ayant appris le

péril qu'ilavoit couru, s'écria leslarmes aux yeux:

Ilfuioit que mon neveu

fût exposéa cette

disgrâce,

pourm

apprendreavant

quede mourir h

pleurer sur

mer. Douzegalères qui appartenoient en

propreà cet Amiral, quatre commandées

par Virginede*

Ursins, plusieurs galèresde

Naplesôc de

Sicile, ôc

trois cens ColonelsCapitaines de vaisseaux, ou

Officiers de terre ôc de mer, ôcplus

de huit mille

hommes soldats ou matelots, périrentdans cette

occasion.

Les matelots d'unegalère de Malte, appellée

labâtarde, ayanttente dela faire échouer contre

quelque plageoù ils

puisentse sauver, Frère Fran-

çois d'Azevedoqui

lacommandoit, s'étantapperçû

de leur dessein , s'y opposaavec une fermeté in-

vincible y Ôc fur ceque

ces mariniers devenusplus

hardispar

lepéril commun, lui

représentèrent

que TOrdre ne perdroit pas beaucoup en perdantle

corpsde cette

galère, quiservoit

depuis plus

devingt ans, ôc

quiavoit été

plusieursfois

réparéeÔc radoubée, le Commandeur mettant

Tépéeà la

main, leur dit : Cette galère ma été confiée parla

Religion jje tuerai lepremier quijè

mettra en état

de la détruire ; & ilfaut périr ici, ou lajkwver.Vne

résolution sihéroïque,

lecourage

ôc la fermeté

de ce Chevalier, eninspirèrent

à sonéquipage -, ôc

à sonexemple,

ôcpar Targent qu'il répandit avec

profusion,tout le monde mit la main à la

pompe ;

ôcmalgré

lagrande quantité

d'eauqui y entroit,

il conserva fagalère. Une autre de la

Religion api.

pellée U Catarinetta, , commandéepar. Jean fia-

JEAND'OMEDES.

Page 213: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

%o6 H i s T O IRE DE L' OR DR E

rientos, pensa périr parun autre malheur. Son ti-

mon ayantété

rompu par un violentcoup

de mer^

se vaisseau sansgouvernail >ôc porté par la tenu,

pête,alloit se briser contre des rochers y mais deux,

hardis matelots attachez avec des cordes, se firent

deseendre tous nuds dans là mer, remirent un au^

tre timon qu'onavoit de réserve yôc sans d'autres

©utils queleurs mains ,ils firent entrer Téguille

dans Toeil du timon, ;Ôc sauvèrent cettegasere.

L'armée de terre n'étoitpas

dans un moindre

danger,;íans tentes ôc íans

équipages ,íàns muni?

tions ,Xans vivres, pasmême

pourun jour y ôc fans

les remèdes nécessairespour penser

les bleíïez.

L'Auteur dela Relation que j'ai suivie,dit enpar-

lantau PapePaul TH. a quiil Tavoit envoyée : Jje

puis afiurerVotre Sainteté, que j'ai vê

cinqCheva-

liers de Malte,&plus de trente Gentilshommes vo-

lontaireslanguir y @» perdre tout leur sang

dans la

houe ,fans, qu'on pûtleur donner aucun secours :

par

ordre de'lEmpereur',

on tua tous les chevaux de far-

méey & on les dijìribHA aux soldats par compagnies.

Ce Prince lèva eníùite lesiège,

Ôc tint à son re-

tour se même ordre ôc la même routequ'il

avoit

observée à sondébarquement.

Les Chevaliers de

Malte, quoiquelà

plupart bsensez^ occupèrentse:

poste d'honneur, ôc furent mis àTarriere^garde,,

aveeses soldats de laReligion,

ôc ceux de Tarmée,

quiétoient ses-mieux armez; L'Auteurrdè là Re-

lation ajoute qu^ilseurent à son tenir les

attaques

du Gouverneurd*Alger, qui

àlàtête de fá cavale-

rie , ôcpour

traverser là marche de Tarmée , leur

£usoit descjharges coíttinuelses. Enfin les Chrá.

9 0M£DIS,

Page 214: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 207

ítiens gagnèrentfur se soir se bord d'un torrent

ap-

pelle Alcaras, maisqui groíïì par

lapluye,

ne se í

trouvapas gueable.

Il salutcamper

ôcpasser dans

cet endroit la nuit, queles ouvriers de Tarmée em-

ployèrentà dresser un

pont qu'ilsformèrent dei

débris des vaisseauxqui

se trouvèrent fur làplage f

Jk furlequel

l'arméepassa

le lendemain.Apres

trois jours de marche, elle arrivaproche

ducap

Matafus, où les malheureux restes de la flotte

étoient abordez. L'armées'y rembarqua

avec la

joyede

quitterce

rivage.A peine y avoit4î trois

heuresqu'on

étoit à la voile , qu'ils'éleva unë

nouvelletempête : la flotc fut

disperséede nou-

veau y plusieurs vaisseauxpérirent,

un entre au-

tres, où il y avoitsept

cens soldatsEspagnols : il

fitnaufrage

à la vue deTEmpereur,

fansqu'on

le

pûtsecourir. Enfin les Chrétiens, parmi

tant depé-

rils ôc dans la crainte continuelle d'êtreabysmez

dans la mer, arrivèrent auport

deBugie,

dont

lesEspagnols

étoient maîtresdepuis

laconquête

qu'enavoit faite Dom Pedre de Navarre, Géné-

ral des RoisCatholiques. Muley Haseen, Roi de

Tunis s'y rendit avec des vivres Ôc des rafraîchis-

semenspour TEmpereur

Ôcpour

son armée. Ce

Prince le reçut bien, ôc Taílura de faprotection ;

&après que

le calme fut revenu,il enpartit

le

seize de Novembrepour Cartagene,

où il arriva

sevingt-cinq

du même mois. Avantque

de se

rembarquer,il

congédiaavec de

grandstémoi-

gnagesde satisfaction , le Bailli

d'Allemagne,Ôc

tous les Chevaliersqui

fur troisgalères

à demi bri-

fées , regagnèrent avec beaucoupde

peine1e

port

de Malte.

J € A KD'OME.DESJ

Page 215: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

10$: H I S T O I RE DE L'ORD R E

Pendant queles vaisseaux ôc les

galèresde la

Religionétoient retenusen

Afriqueau

sièged'Al-

ger,le canal de Malte étoit souvent

remplide Cor-

saires, quien tenoient le

portcomme

bloqué,in-

íultoient ses côtes de Tlste y ôc de celle du Goze,

ôcen enlevoient: les habitansqui

étoient assez mal-

heureux pourtomber entre leurs mains. Le Grand

Bailli à ion retour n'eutpas plutôt

fait radouber

ses galèresy qu'ilse remit en mer, leur donna la

chasse , purgea;le canal de ces pirates^

lespour-

suivitjusques

furies côtesd'Afrique, prit plusieurs

Rais ouCapitaines,

ôcrépandit

dans ces mers la

terreur de íonnom, ôc la crainte de-ses armes.

Legros temps Tayant obligé

de se retirer dans

leport

de Tripoli,il

apprit parun

Envoyéde Mu-

ley Haseen, Royde Tunis, que

ce Prince envoyoit

au Gouverneur de la Place , queBarberousse irrité

de trouver ses Chevaliers à la tête de toutes les

entreprises queles Chrétiens faisoient contre les

Turcs d'Afrique,sollicitoit à la Porte un ordre

pourfaire le

siègede

Tripoli y queMorat

Agason

Lieutenant èn faisoit lespréparatifs

à Tachore y

qu'ilavoit même fait construire une redoute daris

Ievillage d'Adabus, voisin de

Tripoli,où il avoit

mis uncorps

avancéx qui,

de ce côté là, tenoic

Tripolicomme

bloqué.II ajouta que

les liaisons

de Haseen avecTEmpereur

Ôc les Chevaliers ,

avoient rendu son maître odieux aux Turcs ôc aux

autres Princes de faReligion- que plusieurs

même

desprincipales

Villes de son Etat y comme Soufaì.

Monaster,. Maliedia ou Africa',;Esfacos ôc Calibie

fcétoient révoltées,: Ôcque

ses uns avoient reçu les

Turcs,,

JlÁMJ»'OMEDES.

Page 216: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. X. 209

Turcs, ôc d autresprétendoient se maintenir

par a

leurs seules forcés dans une entièreindépendence;

qu'un grandnombre deTunisiens mécontens, de-

puisla déroute de

l'Empereur, seroient retirez

dansAlger sous la

protectionde Barberousse

-que

Ton ne doùtoitpas qu'on ne vît dans peu ce re-

doutable Corsaire à la tête d'une armée faire le

siègede

Tripoliôc de Tunis>

que Haseen dèvôit

partir inceilàmmentpouf

aller trouverTEmpereur

qui étoit alors en Italie, pourlui demander les

secoursqu'il eíperoit d'un Prince

qu'ilreconnoif-

soitpour son Souverain.

Nous avons déja ditque

les Chevaliers avoient

sollicitéTEmpereur

de mettreTripoli

en état de

défense, ouqu'il

leur fûtpermis

d'en combler le

port,de faire sauter le Château, ôc d'abandonner

une Ville si àcharge

à l'Ordre.:-. Le Grand Bailli

aprèsavoir visité tout de nouveau la Place, tint

ensuite un conseil deguerre

avec le Gouverneur

ôc lesprincipaux

Chevaliers de lagarnison ; ôc d'un

commun avis, aprèsavoir eu se consentement du

Grand Maître, ôc du Conseil, onrenvoya

à Char-

les-Quint d'autres Ambassadeursqui

lui firent de

nouvelles instances, ôcqui

luireprésentèrent qu'on

nepouvait conserver cette Place ouverte de tous

cotez, sans en relever les murailles ôc les fortifier

pardes

ouvragesavancez -, que

lepays ne fournis..

soit nipierres

ni chauxpour

ces differens ouvra-

ges j qu'onn'en

pourroittirer de Malte fans une

grande dépense,outre

queles Chevaliers étoient

assez embarassez às'y fortifier, ôc

quesi Sa Ma-

jesté Impérialetrouvoit à

propos qu'ilsrestassent

dans une auísi méchante Place, il étoit nécessaire

Tome III. Dd

IBAMD'OMEDÏ».

Page 217: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

UO HìsTQIRi PEX'ORPK.E

qu'ilordonnât à son Vieeroy de Sicile d'y envoyer

incessamment de l'argent, des ouvriers ôc des ma-

tériaux: que póur prévenir ksiège dont on étoit

menacé , ôc pendant qu'on travaiiseroit aux forti-

fications, on y fît entrerquelques Compagnies

destroupes

de Sicile; queles

galères deeeRoyau-

. me avec celles delàReligion tinssent la mer pour

empêcherses Infidelles de faire des deseentes |

ôc:

de traverser lesouvrages qu'on

nepouvoit se í|ik

penser d'entreprendre pourla íureté de cette Plajee.

Çetre ambassade n'eut pas uJVsoccèsïplusheu-

reuxque

lapremière. L'Empereur qu^craighoit

queles Turcs ne s'attachassent a la

conquêtede la

Sicile , maisqui prévoyoit

en mêmetemps qu'ils

ne tourneroient jamais leurs armes de ce coté

là, tarit queles Chevaliers seroient maîtres de

Tripoli,étoit bien-aise

queces Guerriers, au prix

de leursang

ôc à leurdépens, occupassent

en Afri-

queles forces de ses ennemis : ainsi il fit dire

par

íes Ministres aux Ambaííadeurs de laReligion, que

conformément au Traité de Tinféodation de Mal-

te, il souhaitoit queles Chevaliers se maintinssent

dansTripoli

: il ajouta despromesses magnifiques

d'un puissant secours, si la Place étoitalïìegée ;

mais il s'excusa d'accorder destroupes

ôcTargent

qu'onlui demandoit, fur le

pressantbesoin

qu'il

en avoit, disoit-il, pourrésister aux armes des

François ôc des Turcs, qui attaquoienten même

tempsses Etats ou ceux du

Roy des Romains son

frère, tant en Flandres, en Italie, qu'en Hongrie,

Le Grand Bailli fut sensiblement touché de voir

revenir ces Ambassadeurs fans autres secoursque

de vainespromesses. Cependant

comme c étoit.

JN À NU'OMEDES.

Page 218: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

JDE MALTE, Lív. X >u

un honimc d'un grand courage, quoique toile lui

manquât,ilnê se

manqua pasàlui-même ôc à son

Ordrej ôc avantque départir

deTripoli,

il résolut

de mettre cette Place èn état, si elle étoitaíïìegée^

dépouvoir

attendre du secours de Malte ou de Si-

cile. Dans cette vue ilemploya

la chiourme de ses

galèresà creuser Ôc à

élargirses fofsez

enquëlqués

endroits -, on hauíïà les murailles, Ôc on ajouta au

Châteauquelques

ouvfâges de terre

pour en éloi-

gnesles

approches: lui-même ôc tóus les Cheva^

liers de son Escadre ôc de la Garnison servoient

seîs ouvriers y ôc semployoient genereusernenti

îj»dans_ces travaux militaires^ Mais commeaprès

tout depareilles

fortifications faites à hâte nepou-

voient auplus que

reculer dequelques jours la

pertede la Ville, le Grand Bailli, qui n'ignoroit

pas que TEmpereur infiniment jaloux de fàgloire

ne fît des efforts extraordinairespour maintenir

Muley Haseen dans un Royaume qu'il regárdoit

comme faconquête, écrivit à cé Roy Maure, ôc

parfa lettre il Texhortoit de

presserson

départsde

fe rendre incessamment à la Cour deTEmpereur y

Ôc il se flattaque

ses secoursqu'il

tireroit de ce

Prince serviróientégalement

à la conservation de

Tripoli,comme à celle deTunis- ôc que

ses Turcs

voyantune armée de Charles-Quint sor les côtes

d'Afrique,ne hazarderoient

pasen fa

présence

de faire lesiège

deTripoli.

Muley,suivant ces avis ôc son

propre interest,

sedisposa

àpasser

en Italie-, ôc en son absence il

laissa segouvernement

de son Etat ôc de facapi-

tale à un Maureappelle

Mahomet Temtes ou le

Bègue j unRenégat,

Corse de nation, nommé

D d ij

MEDES.

Page 219: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

zú HISTOIRE DE L'ORDRE

CaidFerrathy devoit commanderdansleChâteau :

-. Ôc comme leRoy

de Tunis redoutpit Thumeùr in-

quiètedu Prince

Muley Hamida son fils aîné, pour

,- i'occuperil

Tenvoya du côté duCap-bon

avec

<juelqúes compagnies d'Arabes, poursoumettre

quelques Chèquesou

petits Seigneurs quirefu-

íoieht depayer

les tributsauíquels

ils étoient aííu-

-jettis. .,• \ ;: .

Muley aprèsavoir établi cet ordre dans ses Etats

enpartit, pastà par

la Goulettepour y voir le Prin-

ce Mahomet son filsqui y

étoit enotage

avecplu-

sieurs Maures -, Ôcaprès avoir .conféré d'à- .sujet de

sonvoyage avec Dom Francisco de Touar, il lui

confia sespierreries

Ôc cequ'il

avoir deplus pré-

cieux : ilchargea

son vaisseau deprésens maghi-

ques pour TEmpereurôc

pourses Ministres, il

s'embarqua,ôc soit

parune certaine ostentation

inséparabledu Trône, òu

poursa sûreté, ôc

pour

se défendre si dans la traverse il étoitattaqué par

des corsaires, il se &t escorterpar cinq

cens hom-

mes y Officiers deguerre,

ousimples courtisans,

ôcqui

lui servoient degarde.

Sanavigation

fut

heureuse-, il arriva fans obstacle en Sicile, d'où il

passaà

Naples,où il fut

reçuavec

beaucoupde

magnificence parse

Viceroy : ildépêcha ensuite

desCouriers, pourdemander une entrevue à l'Env

pereur\mais ce Prince

quiétoit

presséde

passer

enAllemagne,

où les mouvemens excitezpar

les

Luthériens Tappelloient, envoyades ordres au

Viceroyde conférer avec le Prince Maure du su-

jet de son voyage,ôc ensuite de lui en rendre

compte,

pin du dixième Livre.

JBAND'OMEDES

Page 220: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. Liv. XI. 113

LIVRE ONZIEME.

PENDANT

quese Roi de Tunis ôc le Mi-

nistre de Charles - Quint conferoient en-

semble des moyens des'opposer

à Barberousse

& aux autres corsaires , la fortune suscita à

Muley un ennemi dont il ne s'étoitpas assez dé-

fié, ôcqui

lui enleva fa couronne. Le Prince Hamida

fils aîné de Muley avoit un favoriappelle Malw

met, qui parla voie ordinaire des Courtisans ,1a

flatterie Ôc unecomplaisance servile, s'étoit ren-

du maître de toute sa confiance. Ce favori cachòit,

au fond de son coeur une haine mortelle ôc des

désirs violens devengeance

contre leRoijqui

avoit

fait mourir sonpère.

L'absence de ce Prince lui

parutune occasion favorable pour satisfaire son

ressentiment. Iljetta dans

Tefpritde Hamida des

soupçons au sujet duvoyage

du Roi sonpère en

terre chrétienne. Il lui-diequ'il

devoit craindre

que Muleyne voulût laisser

aprèsfa mort fa cou-

ronne au Prince Mahomet son second fils -, que

;C étoitpeut

être le motif des conférencesqu'il

avoit

eues avec le Gouverneur de la Goulette , qu'on

nignoroit pas qu'illui avoit remis tous ses trésors,

ôcque

vrai-semblablement il n'étoit allé trouver

TEmpereur que pourlui faire

agréercette diíl

position,ôc en tirer comme du Prince souverain

une investiture en faveur de son frère. Hamida,

jeune, ambitieux, ôc brûlant du désir derégner,

prit feu à ces discours : ôc de concert avec son

Ddhj

J È A ND'OMEDES»

Page 221: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2i4HISTOIRE DE L'ORDRE

favori il fitrépandre dans Tunis des bruits sourds

quele Roi son

pèreétoit tombé

grièvementma-

lade àNaples, Ôc

qu'avant quede mourir il avoit

voulu recevoir leBaptême,

ôc s'étoit fait Chrétien.

A la faveur de ces bruits dont il étoit Tauteur

secret, ôc comme s'il n'eûtpas

douté de la mort

du Roi, il se rendit à Tunis Ôc nionta auPalaiipour

enprendre possession.

Mais le\ Vice^oi^vieillard

austère ôc ferme, luireprocha

son excès de facilite

à croire de méchantes nouvelles: ôcaprès

lui avoir

ditqu'il

rendroitcompte

àMuley

de sonëmpref-

ment à lui succéder, ilTobligea

de sortir de la

Capitale. Hamida, confus du mauvais succès de

de son artifice, Ôcinquiet

de Tavenir se retira dans

une maison deplaisance

àquelques

milles deTunis.

U ne futpas plutôt

sorti de cette Placeque

le Vice-

roi íe jetta dans unebarque,

se rendit au Château

de la Goulettepour sçavoir du Gouverneur

quelles

nouvelles il avoitreçues

de Sicile ôc deNaples

: ôc

fur cequ'il apprit que

le Roi son maître étoit en

parfaite santé, il s'en revint avecbeaucoup

de joie

dans songouvernement.

Mais le favori d'Hamida tirantavantage

de son

voyage, répandit parmile

peuplede nouveaux

bruits j quela mort de

Muleyn'étoit

que tropcer-

taine-, que ç'avoit été le sujet duvoyage que

le

Viceroi venoit de faire avec tant deprécipitation

à la Goulette ; qu'on n'ignoroit pas queson frère

Adulzes, ôc le jeune Ferrath fils du Gouverneur du

Château de Tunis, étoient élevezauprès

deMa^

homet, ôc enotage

comme lui dans le fort de la

Goulette ; quele Viceroi n'en avoit fait le

voyage

JE AN

P'OMEDES.

Page 222: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

, DE MALTE. LXV, XI.215

pourconférer avec eux ôc avec le Gouverneur Chré-

tien, des moyens les plus íurs pourplacer Maho-.'~

met fur le trône de Tunis, ôcqu'infailliblement

©n verroit au premier jour lesEspagnols

les armes

à la main ramener ce jeune Prince à Tunis, ôc l'en

faireproclamer

Souverain.

Lepeuple toujours avide de la nouveauté , ajou~

ta une foi entière à ces bruitsqui augmentèrent

encore enpassant

de bouche en bouche,êc qu'on

chargeade

plusieurs circonstances fabuseusesv À en

croire sortoutses partisans d'Hamida, ilspuhlioiesití

quele

jeune Mahomet son frère élevé ehez les

Chrétiens avoit embrassé secrètement le Christia-

nisme, comme legage

leplus

sûrqu'il pouvoit

donner àTEmpereur

de sa fidélité.

La crainte d'avoirun Chrétien pourSouverain

allarma toute la Ville. On s'assemble, on cabale ,

Sc oïidépute

enfin à Hamida pourTexhorter avenir

au secours d'unpeuple qui vouloit lui mettre la

couronne fur la tête. On le trouva sepromenant

dans des jardins, enseveli dans uneprofonde mé-

lancolie, détestant la fausse démarcheque son fa-

vori lui avoit fait faire, ôc croyant bienque

le Roi

sonpère

à son retour ne luipardonneroit pas

le fatal

empressement qu'ilavoit fait

paroître pourmon-

ter fur le trône. La nouvelle de Témotion dupeuple

fit succéder la joieà ces tristes

pressentimens• il

ramassa ses partisans,ôc à leur tête, Ôc à la faveur

dupeuple

il entre dans Tunis, surprendse Vice-

roi ôc le Gouverneur du château, les faitégorger,

massacre lesplus

zélez sujets deMuley, s'empare

du Palais;, ôcpour prémices

de fapuissance.a ce

J.B AN . .'

D'pMEDESi

Page 223: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

né HISTOIRE DE L'ORDRE

jeune tyran, parun inceste détestable contraint

les femmes lesplus

chéries de sonpère d'entrer

dans son lit. .

Le Roi de Tunisayant appris

de si fâcheuses

nouvelles ,ôc dans la crainteque

son fils, pourse

maintenir fur le trône ne se fortifiât de laprotec-

tion Ôc du secours de Barberousse, résolut de re-

tourner incessamment enAfrique.

Du consente-

ment du Viceroi il levéjusqu'à

deux mille hom-

mesqu'il

ramasseparmi

les bandits Ôc les exilez -r

met à leur tête un ancien Officier dupays, àppellé

TOfredo, s'embarqueôc arrive à la Cousette où

les nouvelles ôc les différentes circonstances de la

revolte d'Hamida lui furent confirmées. Le Gou-

verneur lui conseilloit de nepoint

sortir de fa Place

qu'il ne fût instruit des forces de son ennemi, ôc

de ladisposition

de ses sujets -, mais Muley préve-

nu queIon fils n'oscroit soutBair fa

présence, Ôç

encouragé parTOfredo

quise fiattoit.de s enrichir

àlaprisede Tunis,se mit en chemin. Cequi

ache-

va de le déterminer àprendre

unparti

sidange-

reux, surtout avec sipeu

de forces, c'estque

des

traîtrespar

des ordres secrets d'Hamida, seprér-

fenterent fur son chemin comme de fidèles sujets

quivenoientse

rangersous les étendarts de leur

légitimeSouverain : ôc ils lui dirent

qu'ilsavoient

laissé son fils fort consterné des nouvelles de son

retour, incertain duparti qu'il

avoit àprendre,

ôcqu'on

disoitqu'il

étoit résolu de se réfugierdans

le fend des terres, ôc chezquelques

Arabesses

amis. ,

Muley séduitpar

les discours de cesperfides,

hâta

JEAN

-B'ÔMID|S.

Page 224: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI. 117

hâta sa marche -, mais enapprochant

de Tunis, il

en vit sortir d'abord quelques escadrons, quià

leur contenance mal assurée, sembloient ne s'être

avancezque pour

reconnoître ses forces. On ne

laissapas

d'en venir à delegeres

escarmouches j

mais pendant queles rebelles amusoient Muley,

il en vint Unplus grand nombre qui engagèrent

le combat. Lestroupes

se mêlèrent ensuite > la ba-

taille fut sanglante -, Muley emporté parson cou-

rage,ôc encore plus par

fa colère, poussoit vive-

ment lestroupes qui

lui étoientopposées y mais

en combattant à la tête d'un escadron, ilreçut

uue blessureque

ses soldats crurent mortelle , ce

qui ralentit leur ardeur. Dans le même tems il

sortit de la forêt des Oliviers , voisine de Tunis,

un grand corpsd'infanterie composé d'Arabes, que

Hamida avoitpris

à fa solde. Les Chrétiens s'en

virent bien-tôtenveloppez -, ôc

malgré leur cou-

rageôc leur fermeté, ces Infidèles supérieurs en

nombre , les taillèrent enpièces. Quelques-uns,

en tâchant de se sauver àla Goulettepar Tétang,

se noyèrent : ôc le malheureux Muley abandonné

des Chrétiens ôc des Maures futpris.

On se con-

duisit aulTi-tôt à son fils ; mais ceperfide auquel

il

restoitquelque

sorte de honte de son crime, ne

voulutpasse

voir. Il le fît jetter chargé de chaînes

dans un cachot, ôc le lendemain il luienvoya des

boureaux, quine lui laissèrent

quele choix de la

mort, ou d'êtreaveuglé.

Ilprit

ce dernierparti,

ôc on luienfonça

une lancette ardente dans les

deux yeux.

Une révolution sisurprenante

dans unRoy

au-.

Tome III. E e

TE AÎÍD'OMEDES.

Page 225: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2i8 HISTOIRE DE L'ORDRE

me voisin deTripoli,

ôc allié avec l'Ordre de S.

Jean, consterna les Chevaliers. Ceux fur-toutqui

se voyoient àTripoli éloignez

de Malte, environ-

nez des Infidèles, dans une Place fans fortifica-

tions , Ôc commandée deplusieurs endroits, ne

doutoientpas

de se voir assiégezau

premier jour»

Fernand de Bracamontqui en étoit Gouverneur,

désespérantde

s'y pouvoir maintenir, ôc souspré-

textequ'il n'y avoit

point d'honneur àacquérir

dans la défense d'une Place si foible, fît degran-

des instancesauprès

du Grand Maîtrepour

être

rappelle,ôc obtint à la fin son

congé.11 eut

pour

successeurChristophle

de Solertarfan, Grand Chan-

celier, dont dans la siiite on n'eutpas plus

de su-

jet d'être content. Cependantcomme dans un

postesi

importanton avoit besoin d'un Gouver-

neurplein d'expérience,

ôc auflìsage qu'intrépide,

le Grand Maître ôc le Conseiljugèrent

àpropos

de lerappeller,

ôc on substitua en saplace

le Com-

mandeur de la Valette, Chevalier de laLangue

de Provence, Ôcqui depuis qu'ilavoit

prisThabit

à Malte, n'en étoit sortique pour

aller en course

contre les Infidèles; Il essuya dans cesexpéditions

lune ôc l'autre fortune, mais toujoursavec le mê-

mecourage

ôc ía même fermeté. Tantôt vain-

queur , ôcquelquefois vaincu, il le vit même dans

les fers des infidèles, mais il n'en étoitpas plutôt

sorti, qu'ilarmoitde nouveau. Son nom seul

por-

ïoit la terreur dans les mersd'Afrique

ôc de Sicile-,

ôcparmi

eegrand

nombre de Chevaliersqui

fai-

soient la course, les Infidèles n'avoientpoint

d'en-

nemi plus redoutable. Il ne futpas plutôt

arrivé

(}KAND'OMEDES.

Page 226: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI. 119

àTripoli, qu'il

fit faire la revue des Officiers ôc

des soldats, Chrétiens ou Maures, alliez de la Z.

Religion.11 les

pourvuttous de bonnes armes,

cassa ceuxqui

ne luiparurent pas propres

à les

porter,ou ceux

quifurent convaincus faute d'ar-

gentde les.avoir jouées, ôc

punit sévèrement les

blasphémateurs.:Il mit ensuite hors de la Ville ôc

du Château toutes les bouches inutiles, fit ungrand

amas, de vivres,,ajouta de nouvelles fortifications;

à la Place,, autantque

fa mauvaise situation Ôc le

peu d'argent qu'ilavoit le

purent permettre: ôc

aprèsen avoir fait lever un

planexact ôc de toute*

la côted'Afrique,.il Tenvoya par

un Chevalier à

TEmpereur ,s pourlui faire voir de

quelle impor-

tance il lui étoitpour

ses Etats d'Italie, ôc même

d'Espagne y que Tripoline tombât

pasentre les*

mains des Infidèles, ôc fur-tout deDragut

alors;

chef de tous les Corsaires de Barbarie, quiavoit

soccedé à Barberousse dans cetemploi,

ôc dans;

se dessein de chasser les Chevaliers des côtes d'A-

frique.-

Dragutdont nous venons de

parler,étoit né:

dans unpetit village

de la Natolie, situé vis-à-vis

de Tlfle de Rhodes. Sonpère

ôc fa mère étoient

Mahométans, gens pauvres,Ôc

quine fubsistoient

quede la culture des terres, ôc du travail de leurs-

mains. Cette vie obscure ôcpénible

ne convenant:

pasà Thumeur vive ôc

inquiettedu jeune Dragut Sï

ilprit parti

dèsV3.gc

de douze ans avec un Offi-

cier d'artillerie, quiservoit fur ses

galèresdw

GrandSeigneur.

D'abord mousse, ôcsimple

ma-

telot ,r ennútepilote,

ôcdepuis

à Técolê de {©m

Eeij£

JlAW3'ÔMEDEìV

1

Page 227: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

zio His T o IR E DE L'ORDRE

patron,il devint excellent canonier. Pendant

plu-

sieurs années il servit en cettequalité

sur diíferens

vaisseaux, ôcayant

faitquelque profit,

ilparvint

à être depart

dans un brigantinde corsaires. Il

eut bientôt à lui seul unegaliote,

aveclaquelle

il

fit desprises

considérables. Ilgrossit

ensuite son

armement, Ôc se fît redouter dans tout le Levant.

Parmi ses Infidèles iln'y

avoitpoint de pilotes qui

eut une connoissance siparfaite

des Istes, desports

ôc des rades de la Méditerranée. Mais comme tout

cequi navigeoit

dans les mers deTurquiedépen-

doit enquelque

manière de Barberousse, alors

Amiral du GrandSeigneur, Dragut

rechercha fa

protection,ôc se rendit à

Alger pourlui offrir ses

services.

La réputationde ce corsaire Tavoit

précédé-

Barberousse étoit instruit de sa valeur , ôc surtout

de sa capacitédans la conduite des vaisseaux. Il

fut ravi depouvoir

s'attacher un homme de ce

mérite. Pendantplusieurs

années il lechargea

de

différentes expéditions,dont il

s'acquittaà la sa-

tisfaction de son Général, ôc avec un entier succès.

Barberousseaprès

Tavoir faitpasser par

tout les

degrezde la milice, en fit son Lieutenant, ôc lui

donna le commandement d'une escadre de douze

galères.

Depuisce te tems-là il ne se

passoit pointd'été

quece redoutable corsaire ne

ravageâtles côtes

deNaples

ôc de Sicile ; aucun vaisseau Chrétien

n'ozoit mêmes'exposer

àpasser

d'Italie enEfpa-*

gne, quine fût aussi-tôt enlevé: ôc

quandla mer

ne lui fournissoitpas

deproye,

il s'en dédomma-

ÍEA N

MEDES.

Page 228: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XI. nr

geoit par des descentes lelong

des côtes, pilloit

lesbourgs

ôc lesvillages,

ôc faisoit esclaves les

habitans.

L'Empereur fatiguédes

plaintes qu'ilen rece-

voit de tous cotez, ordonna à André Doria son

Amiral de le chercher, de tâcher, àquelque prix

quece fût, de s'en défaire, ôc d'en

purgerla mer.

Doriaayant reçu les ordres de

TEmpereut,arma

auísi-tôt cequ'il

trouva de vaisseaux Ôc degalères

en état d aller en mer : ôc comme ce vieux Géné-

ral étoit raíïasié degloire, pour

en faireacquérir

à Jannetin Doria son neveu, il lechargea

de cette

expédition.Le

jeuneDoria

partit auui-tôt, cher-

chaDragut,

ôc fut enfin assez heureuxpour

se ren-

contrer lelong

des côtes de Tille de Corse, dans

leport

ou la case de Giralatte, Château situé en-

tre Calvi Ôc Layazzo. Le corsairequi

neseavoit

point quela flotte de

TEmpereurfût* en mer, se

eroyoit en fureté dans cette anse-j mais ils'y vit

bientôt enfermé Ôcfoudroyé par

le canon du Châ-

teau, ôcpar Tartillerie des vaisseaux. Il se défendit

d'abord aveç soncourage

ordinaire -, mais le feu

supérieurdes Chrétiens fit taire le sien, Ôc il vit

en même-tems toute la cote de Tlíle bordée des

habitans en armes, gensféroces

quiaccoururent

pourcontribuera fa défaite, ôc

pourse

vangerde

cecorsaire, qui

avoitplusieurs

foisravagé

leurs

villages.

Danscetteextrêmité,Dragutn eutpointd'autre

partià

prendre qued'arborer le

drapeaublanc ; il

demanda à entrer ennégociation,

ôcqu'on

lui fît

bonneguerre.

Mais toute lacomposition qu'il

ob-

E e iij

JîAMD'OMEDES.

Page 229: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

122, H I ST O ! RE DE L O R D R E

tint, fut de racheter sa vie auprix de sa liberté : il

fut obligéavec ce

qu'il avoit alors degalères

de se

remettre aupouvoir

du General Chrétien. On le

fitpasser avec ses Officiers fur la

Capitaneà la vue

du jeune Doriaqui

n'avoitpas

encore de barbe..

Ce vieux Corsaire outré derage,

s'écria : Faut-il

quamon âge je me voye dans lesfers

d'unpetit ejfé*

miné <? Les Historiens du temsprétendent qu

il se

servit même d'un terme bienplus offensant, que;

lapudeur

nepermet pas

derapportes

'

y ôcques

Jannetin irrité d'une injure si atroce, lui donn*

quelques gourmades , Ôc le fit enchaînes

11 resta dansTefclavage pendant quatre

ans en-

tiers ; Ôcquoiqu'il

offrît la carte blanchepour

ùk

rançon, on n'étoitpas

résolu de lui rendre sa li-

berté. Mais les Génois allarmezdepuis

de voir le

fameux Barberousse avec centgalères

dans là ri-

vière de Gènes , demandèrentDragut

à Doria :

ôcpour empêcher qu'on

neravageât

leur terri*

toire, ils lerenvoyèrent avec des

présensà TAmiral

du Sultan.

Barberousse le rétablit aussi-tôt dans sonemploi,

ôc lui confia à Tordinaire un détachement de ses

galères. Les mauvais traitemensqu'ils

avoient re-

çus pendant qu'ilétoit dans les chaînes, augmen-

tèrent sa haine naturelle contre les Chrétiens. Il

courut toutes \es côtes duRoyaume de

Naples j

pritôc

saccagea Castel-Lamare, ôc laplupart

des

villagesde la côte -yfit un grand nombre d'esclaves r

ôcpeu de jours après,

enleva unegalère de la Re-

ligion , qu'un grostems avoit

séparéede son esca-

dre, ôc furlaquelle

ce Corsaire trouva soixante Ôc.

JE AND'OMEDES.

Page 230: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L I v. XI. 213

dix mille écusqui

étoient destinezpour

les forti-

fications deTripoli : perte irréparable

àTégard

de D-

cette Place, ôcpour

ceux àqui

elleappartenoit.

Barberousse étoit retourné àConstantinople , où

quoique âgéde

plusde

quatre-vingts ans, ilpaf.

íoit les jours ôc les nuits avec sesplus

belles escla-

ves. Maisayant poussé

la débauchetrop loin, on

le trouva mort dansson lit de ces excès. Soliman

íentit vivement faperte ; ôc

pourle

remplacer,

il ordonna à tous les Corsaires de ses Etats, de re-

connoîtreDragut pour

leur Général -, mais fans le

revêtir de ladignité

d'Amiral.Cependant

il ne

laissapas

de lui confier toute son autorité du côté

ÚVL Midi, ôc àTégard

des côtes del'Afrique.

L'ambition deDragut

crut avec sonpouvoir,

'Sc àTexemple

de Barberousse, il résolut de s'em-

parerde

quelquePlace forte, ôc d'un bon

portoù

fous Taveu Ôc laprotection

de Soliman, ilpût re-

tirer sesprises,

ôc s'en faire comme unpetit Etat,

Sc unePrincipauté particulière.

Plein de ces vues,

Sc avantque

les ordres de la Porte eussent décidé

desopérations

de lacampagne,

il ramassapendant

fhyver même cequ'il y

avoit dans ces mers de

Corsaires, ôc setant mis à leur tête, il chassa d'a-

bord les Espagnols des villes de Soufa, de Mo-

«ester & desfagt.es}

toutes Placesqui

faisoient

autrefoispartie

duRoyaume

de Tunis, maisqui

pourêtre ouvertes ôc fans aucune fortification,

recevoient indifféremment dans leursports , le

partile

plus puissant,ôc celui

quitenoit la mer :

en sortequ'elles

avoientpassé

successivement ôe

plusd'une fois de la domination des Maures ôc

JHAMD'OMEDES.

Page 231: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2.14 HISTOIRE DE L'ORDRE

des Princes naturels dupays, à celle des Cor-

saires Turcs , ôcdepuis

sous la domination des

Espagnols.

Draguts'en étoit rendu maître avec la même

facilité -, mais comme ilprévit qu'il

nepour-

roit pas s'ymaintenir contre toutes les forces

de TEmpereur , ôcqu'au

retour duprintems,

il s'y verroitassiégé par

lesgalères

deNaples:

ôc de Sicile , il jetta les yeux fur la Jville d'A-

frica, autrementappellée Mehedia, ôc connue du

tems des Romains sous le nom d'Adrumette. Cette

Place située entre Tunis ôcTripoli,

étoit bâtie sor

unelangue

de terrequi

avance dans la mer. On

Tappelloitla

petite Afrique,comme une des

plus

considérables de cette troisièmepartie

de notre

continent. Elle étoit fortifiéerégulièrement -, ses

murailles trés-élevées, terraíse'es en dedans, d'une

épaisseurextraordinaire , garnies

de tours ôc de

boulevards -, Tartillerie en étoit nombreuse ôc en

bon état. On trouvoit au-dessus de la Ville ôc fur

une éminencequi

la dominoit, un fort ou une

eípece de châteauqui

lui servoit de citadelle. Le

portétoit

grand', fur, ôc à Tabri de tous vents. Il

y en avoit unparticulier

ôcplus petit pour

lesga-

lères, ôcqui

étoit fermépar

une barrière de fer :

les flots de la mer battoient lepied

des murailles „

ôc environnoient cette Place de tous cotez ^ex-

cepté par Tendroit seulqu'elle

tenoit à la terre,

ferme*

Les habitans, tous Maures ôc Mahométans,,

aprèss'être soustraits de la domination des Rois

de Tunis leurs Princes naturels, avoientérigé

leur

gouvernement

1 E A N.Ê'ÔMEDES.

Page 232: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI.22.5

gouvernementen forme de

République: & de

peur de.surprise,de

qu'onne donnât atteinte à

leur liberté, ils n'admettoient dans leur Ville ni

Turcs ni Chrétiens : & íipar

la néceíïìté du com-

merce ils souífroient dans leurport quelques

vais-

seauxétrangers,

c'étoit toujours enpetit nombre,

& avec desprécautions qui

les mettoient hors d'é-

tat d'en êtresurpris.

Cette Place telleque

nous la venons derepré-

senter, devint l'objet des désirs ambitieux de Dra-

gue.Mais comme il n'avoit pas des

troupessuffi-

santespour l'attaquer

à force ouverte, &qu'il

n'é-

toitpas

même assuréque

le GrandSeigneur

trou-

vât bonqu'il y employât ses armes, il résolut de

fairesuppléer

l'artifice à la force, ôc de tâcher,

en formantquelque intelligence

dans la Place,

de s'en rendre maître, persuadé queles Princes ne

désavouentguerés

desentreprises

même lesplus

injustes, quand parle succès elles tournent à leur

profit.Dans cette vue, &

pourreconnoître la Place

deplus près,

il entroitquelquefois

dans leport-j

mais seulement avec unleger brigantin

ouquel-

que galiotte , & il contenoit ses soldats dans une

modestie rareparmi

des Corsaires. Insensiblement

il fit connoissance avec un desprincipaux Magis-

trats, appeílé Hybrahim-Barat,&

quicomman-

doit dans une desprincipales

toursqui fiánquoic

lés murailles de cette Place.Dragut

cultiva cette

nouvelle amitiépar

desprésens

de cequi

se trou-

voit deplus

rare dans sesprises -, seul moyen parmi

ces barbares, & souvent mêmeparmi

des Chré-

tiens, pouren attirer la confiance, il commença

Tome J U,

*

f f

) í A W

Page 233: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2.16 H I S T O I RED E L* O R D R E

parlui laisser entrevoir

qu'ilTassocieroit volontiers

dans lesprises qu'il

failbit tous les jours, & il lui

fit connoître ensuite le profitimmense

qu'iltire-

roit de cette société ; mais en même tems il lui fit

envisager que pourrendre cette société

plusdu-

rable^ ôc leur liaison plus sure, il étoit à souhaiter

qu'il pûtêtre admis dans la ville en

qualitéde ci-

toyen.Le Maure attiré

par l'elperancedu

gain,

iechargea

d'en fairé"laproposition

au Conseil .:

mais laprofeílíon

du Corsaire la fit rejetter par

tous lesMagistrats,

ôc Hybrahimfut même repris

sévèrement d'en avoir ouvert lapremière propo-

sition. Le dépit ôc lechagrin

4e se voir rebutté,

menèrent ce Maure plusloin

qu'il n'ávoit peut-être

pensé d'abord : ilparut

àDragut qu'il

étoitcapa-

ble de toutentreprendre pour

s'envenger.

Le

Corsairepour profiter

de la chaleur de son ressen-

timent, luiproposa

de le recevoir dans cette tour

de la Ville ,dont il avoit le commandement, Ôc

il lui fîtgoûter

cette nouvelleproposition par

des

sommes considérables. L'avare Maure neput y

ré-

sister : il s'abandonna entièrement àDragut

: leur

marché fut bien-tôt conclu -, ils convinrentque

le Corsairepartiroit incessamment ; que pour

faire

oublier ses vues, &dissiper îombrage que

les Ma~

gistratsen auroient

pû prendre,il laisseroit cou-

lerquelque

tems fansreparaître ; qu'il prendroit

ensuite toutes lestroupes qu'il

avoit dans Sous*

ôc dans Monester ; qu'illes feroit filer le

plusou-

vertementqu'il pourroit

du côté d'Africa ; qu'il

s'enapprocherait,

Ôcjusqu'au pied

de la tourpen-

dant une nuit ôc à une heure quele Maure lui aíJJr

,Ï£AN» UlíEDÊS.

Page 234: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L I V. Xt irf

gna,ôc

que parle

poste où ilcommandoit, il lui

faciliterait l'entrée dans la Ville. Ceperfide

com-

plotfut exécuté avant

queles habitans s'en

apper-

eussent :Dragut

a. la faveur des ténèbres entra dans

la tour , Ôc de-là dans la Ville, ôc enoccupa

les

principaux postes.Le jour découvrit aux

citoyens

leur malheur -r ils ne laissèrentpas

deprendre

les

armes : on en vint aux mains -y mais comme tout

étoitrempli

de trouble & de confusion, les habi-

tans se battaient avecplus d'impétuosité que

de

conduite.: Les Corsaires en taillèrent enpièces une

partie, ôcobligèrent

les autres à mettre les armefr

bas, ôc à reconnoîtrepour

maître ôcpour souve-

rain , celuiqu'ils

avoient refusé d'admettrepour

citoyen. Il introduisitdepuis

dans la Place de nou-

vellestroupes qui

faisoient redouter sonautorités,

Ôcqui

servoient à la maintenir : ôcaprès

avoir éta-

bli fur des fondemens aussi solides , ía nouvelle

domination, il confia legouvernement

de cette

Ville à un jeune Corsaire son neveuappelle

le Rais,,

©u leCapitaine

Essé.•

Ifpartit

ensuite d'Africa fur des ordres de 1&

Portepour

continuer ses courses contre les Chré-

tiens^ mais avantque

des'embarquer,

il ordonna

à son neveu de se défaire en son absence de ce"

Maurequi

Fa voit introduit dans la Place, depeur

que lerepentir

d avoir trahi fapatrie,?ou peut-

êtreleípoir

d uneplus grande récompense

ne ren-

gageâtà une nouvelle trahison. Le Gouverneur 5,

dèsqu'il

futparti,

nemanqua pas

d'exécuter ses

©rdres , ôcHybrahim reçut la

récompense que

méritoit sa perfidie.

Pfijr

JíAND'OMEDÍS*

Page 235: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

zr8 HISTOIRE DE L'ORDRE

Les nouvelles de laconquête

d'Africa allarme-

rent toutes les côtes de la Sicile, ôc donnèrent

beaucoup d'inquiétudeà

l'Empereur.Ce Prince

prévit quele Corsaire en ailoit faire sa

placed'ar-

mes ^ quele

portlui servirait à lavenir de retraite

pouríes vaisseaux, &

qu'illui seroit aisé d'infester

de-là toutes ces mers , ôc même de désoler les cô-

tes deNaples

& de Sicile. Pour prévenir ses des-

seins, ôc avantque

fa domination futplus affermie,

il résolut de faire lesiège

de cette Ville. Mais avant

quede

s'engagerdans une

entreprise si difficile,

ion Conseil fut d'avis de reprendre Spufa, Mo-

nester & les autres Places voisines, d'où les Cor-

saires auraientpû

tirer du secours.

Doriapar

son ordre mit en mer là flotcqu'il

eommandoit ; lePape y joignit

lesgalères

de l'E-

glise,ôc le Grand Maître à la

prièrede

l'Empe--

reur, envoya pourcette

expéditioncelles de Malte

fous le commandement du Bailli de laSangle.

IIy

avoit dans cette escadreparticulière

centquarante

Chevaliers , Ôc un bataillon dequatre

cens hom-r

mes destroupes que

laReligion entretenoit à ía

solde : toutes ces forces étant réunies , la flote

Chrétienne mit à la voile, tint la route des côtes

d'Afrique v ôc fur des avis queDoria reçut que

Dragut étoit dans le portde Monester, il

l'y fut

chercher. Mais le Corsaire étoittrop

habile &trop

défiant pour s'enfermer dans une si mauvaise Place j

ilprit

lelarge,

tint la mer -, ôc étant bien instruit

queDoria n'avoit

pasassez de

troupesfur fa flotc

pourformer le

siège d'Africa, soitpour éviter sa

rencontre y íbitpour

faire diversion, en attendant

JEANJEJ'.ÓMEDES.

Page 236: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M AL TE. L I V. XI,iì9

qu'ilfut éclairci de ses desseins, il courut les cô-

tesd'Espagne , où il continua ses

ravages òrdt- !

naires.

Doria de son côtépour

suivre les ordres de

^Empereur débarqua cequ'il

avoit detrèupes

au

Cap-bon y s?emparadu fort de Cáhbié ylahciérine

Chipéedes Romains, d'où il s^avançá ensoite jus-

qu'aux portesde Monester. A í

approchedes trou-

peschrétiennes

quine

paídiíïbient pas&m

graííd

nombres les Turcs joints aux habitMsq?ui

avoient

prisles armes en leur faveur, firent une sortie,

inoinspour

combattreque pour

reconnòîtrë les

forces de leurs ennemis. Mais- les Chevaliersjqui

lavoient lá tête deFattaque y ôc

quiétòient soûtel

nuspar

un terceEspagnol,

leurépargnèrent

peinede venir

jusqu'àeux : ils s'avancèrent à

grands pas, lesjoignirent, engagèrent

le combat

malgréles Maures, en tuèrent un

grand nombre,

tournèrent le reste en Ífuite, & lés suivirent de íî

près qu'ilsentrèrent avec eux dans la Ville, & s'en

rendirent maîtres : unepartie

des habitansqui

ne

s'étoientpoint trouvez à cette sortie, Ôc les Turcs

qui purent échaperà la

premièrefureur des

victorieux, seréfugièrent

avec le Gouverneur

dans le Château. Doriaaprès

avoir fait sommer

le Commandant de se rendre, sur son refus fit!

dresser ses batteries : le fort fut foudroyé àcoups

de canon. Apeine eut-on fait

broche, quel'Ami-

ral Chrétien, fans examiner si elle étoit assezgran-

de, &qui aurait crû se deshonnorer en

attaquant

jine. sipetite

Place selon lesrègles ordinaires,

ordonna qu'onse

préparât pourl'assaut. Les habi-

Ffiij

J BAHb'OkEBES.

Page 237: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

i$oHi S T O I RE DE L'ORDIE

tans eussent bien voulucapituler j mais le Gouver-

neur vieux Corsaire,&rqui

avoitplusieurs

de ses

compagnonsavec lui, en rejetta fièrement la

pro-

position*;Son audace & la

précipitationde Doria

Áíe&t çauft que liatraque &; la défense furent

©gaiement viv^

dit laplupart

de ses Chevaliers<±. êc cette action

avoit déja duré plus; d'une heure ôc ^emie^fans

<|u'on put juger ^uelen oserait Je íùeeBs ; mais le

fiour^erneur-ayant; été tué fur la brèche d'un coup

de moufle^ce

còup, comme s'il eûtporté fur

tous les soldats de lagarnison,

leur fitperdre

cou-

rag%<|£ pfia^oràle drapeau blanc .Les Corsaires

pçu-r sauver leur vie consentirentàperdre

leur li-

berté iyôc: leshabitansy qui parzèle

pourleur re-

ligion,, avosent prisks armes en leur faveur, ne

furent^pasmieux traitez,.

L'Empèreur tkant un bon auguredé

cepremier

avantage^ ordonna à Doria de disposertout

pour

lesiège

d'Africa ^ & ii lui fit seavoirque

lés Viee^.

rois deNaples

Ôc de; Sicile avpient ordre de lui

fournir tous les secours détroupes

Ôc de munition

dont il aurait besoin. L'Amiral écrivit auíE-tôt à

Dom Pèdre de Tolède, Viceroy deNaples,

& ài:

Dom Juan deVéga, qui

commandoit en Sicile,

de luienvoyer au p

lu tôt ce qu'ilsavoient de

galères

ôc de vaisseauxchargez

de munitions deguerre

Ôc

de bouche^ ôc detroupes

dedébarquement.

En les

attendant, Ôcpour empêcher qu'on

ne físt entrer

destroupes

dans Afrka, il fut seposter

aux Iíles

Çumiîieres ouGoniglíeres, plus proche encore de

eerteplace que Monester ,, quoique cette derniers

J» ANà'Oìúzjìiis.-

Page 238: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L I V. XIt$%

m}cn fûtqu'à

trois milles : leViceroy

deNaples

lui

îfit sçavoir qu'illui

préparaitun

puissant secours, !

quiserait commandé

parDom Garcie son fils:

celui de Sicile l'assura de la même chose, & il

ajouta quetous les

peuplesde son

gouvernement,

commeplus

voisins d'Africa, ayant un fìgrand

intérêt de chasser les Corsaires de cetteplace}

il

prétendoitconduire lui-même ses

troupes : mais

comme le secoursqu'il préparait

n'étoitpas encore

prêt,ôc

qued'ailleurs Dragut.

avec différentes efk

cadres courait ces merspour surprendre

les vaiû

seaux Chrétiens, ôc traverserl'entreprise,

ce Vice^

íòy poursa siìreté

exigeade l'Amiral

qu'ilvoulût

bien fixer le rendez-vousgénéral

de toute la flote

Chrétienne àDrepano

en Sicile ; il lui mandoit

qu'ilétoit résolu de

s'yrendre lui-même avec ce

qu'ilavoit de vaisseaux & de

galères,ôc

qu'après

avoir joint leurs escadres, ôc mis en un seulcorps

toutes les forces maritimes del'Empereur^

ils

pourraienttous aller fans

inquiétude& de con*

cert faire lesiège

d'Africa.

L'A mirai, quides Istes Cumilieres tenoit le

port

âc cetteplace

commebloqué, prévit que

s'ilquit-

toit sonposte, Dragut

nemanquerait pas

de s'en

prévaloir,& d'y jetter du secours; mais comme il

lui étoit venu des ordres secrets de nagir

dans la

conduite dusiège que par

les avis de Dom Juan

deVéga,

ancien Officier ôc Général habile, Doria

fut contraint de le venir trouvera Palerme, d'où

ils se rendirent ensemble àDrepano,

où ils trou-

vèrent lesgalères

& lestroupes

deNaples

& de

Malte déja arrivées..

JE A Ni .

Page 239: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

%$l: HlStaiRÈ DE L'ORDRE

Le secours deNaples

consistoitenvingt-qúatre

galères,ôc

plusieursbâtimens

chargezde

troupes.

Dom Garcie de Tolède, comme nous le venons

de dire, commandoit cettepuissante

escadre -, ôc

comme Doria ne quittoit gueresla mer, ce jeune

Seigneursonattoit de conduire le

siège,&c d'en

avoir tout l'honneur : mais ayant appris quele

Viceroyde Sicile avoit déclaré

qu'ilmarcherait

enpersonnelle chagrin de se voir

privé de lagloire

qu'il eíperait acquérir^le fit

rembarquer,comme

s'il eût voulu partirôc se

séparerdu reste de 1 ar-

mée :pour couvrir son mécontentement d'un

pré-

texte spécieux,il dit à Doria

quele Viceroy son

père ayant reçu des ordres del'Empereur

de met-

tre toutes sesgalères en mer, pour chercher Dra-

gut& le combattre, il ne

pouvoit passe

dispenses?

de siiivre son instruction.

Doria vit avec douleurque cette division entre

les chefs, &causéepar une jalousie pour

le corn--

mandement, ferait échouerl'entreprise,

ôcque

Dom Garcie, quoique jeune Officier, mais indé-

pendant du Viceroy de Sicile, seprévaloit;dube-

soinqu'on avòit du Corps qui

étoit à ses ordres.

Il fit ce qu'il put pourtâcher de le

retenir, &pour

rempêcher de partir : l'assaire fut mise en négo-

ciation. Le Bailli de laSangle, qui

commandoit

lesgalères

de Malte, en futchargé par Doria : ce

fàge Chevalierportoit

lesparoles

dechaque côté;,

mais Dom Garcie, quelques propositions qu'on

ìuifist, ne voulutjamais

se relâcher : il soutenoit

que commandant en chef une fsote;.& un corps

d'armée, rien ne fobligeoit,

sans desordres.exprès

de

Jï.AN'D-'Q*Í>;DIS.

Page 240: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XI.233

de.l'Empereur,

de servir enqualité

de subalterne -,

qu'àla vérité tant

qu'ilserait en mer, il íçavoit le

*

respect quiétoit dû au Pavillon de

l'Empereur &

à ion Grand Amiral, maisque

fur terre, ôc sur-

tout dans une terreétrangère,

il neprendrait ja-

mais Tordre d'un Général, quide droit n'avoit

aucune autorité fur lestroupes Napolitaines.

Cette

contestation fut vive, ôc duraplusieurs jours : en-

fin le Bailli de laSangle qui étoit d'un

génieconci-

liant, les fit convenirque

fur terre ils auraient

tous deux uneégale

autorité j que chacun com-

manderait lestroupes qu'il

aurait amenées au

siège-, quele Conseil de

guerre,à la

pluralitédes

voix, décideroit desattaques , ôc

queles ordres

seraient donnez au nom del'Empereur,

& comme

s'il commandoit lui-même enpersonne

ausiège.

Ces contestations étant heureusement terminées,

toute la flote mita la voile, pritla route d'Africa,

ôc ondébarqua

lestroupes

au levant de cette Place

le vingt-sixde Juin.

Pendantque

Doria étoitpassé

en Sicile ôc à Dre-

pano, Dragut,comme l'avoit bien

prévucet ha-

bile Amiral, n'avoitpas manqué

de jetter unpuis-

sant secours dans laplace,

ily

avoit fait entrer ses

meilleurs Officiers avec des vivres ôc des muni-

tions deguerre ; ôc en même tems il tenoit la mer

pourtraverser les convois

qu'on pourrait envoyer

a l'armée Chrétienne. Le Gouverneur de laGou-

lette, Officierplein

de valeur, & d'unegrande

ré-

putation,fur des ordres

exprèsde

l'Empereur,se

rendit ausiège : ôc le Grand Maître de Malte

qui

n'ignorait pasla

perte quela

Religionavoit faite

Tome JJs. Gg

ÒZJÌ.H

MEDIS

MJ 0!

Page 241: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

134 HISTOIRE DE. L'ORDRE

a l'aísaut du Château de Monester, pour rempla-- cer les morts, envoya une nouvelle recrue de Che-'

valiers.

Après queles Généraux eurent

débarqué leurs

troupes,leurs munitions ôc leur artillerie, on ou-

vrit la tranchée : on dreíla des batteries, & l'ar-

tillerie commença à tirer contre la Place. Les

Magistratsôc les

principaux habitans, tous bons

négocians, voyantune armée si redoutable au

piedde leurs murailles, détestaient les

briganda-

ges deDragut, qui

leur avoit attiré cetteguerre :

ilsparloient

même tout haut de traiter avec les

Chrétiens ; mais le Raïs Essé, neveu deDragut,

ôc

Gouverneur de la Place, soldat déterminé, les me-

naça , s'il entendoitparler

decapitulation , de

lespoignarder

tous les uns aprèsles autres, ôc de

mettre ensuite le feu dans ia Ville: ôcaprès leur

avoirreproché

leur lâcheté, il leur demanda avec

plusde douceur, si en se livrant aux Chrétiens ils

étoient assezdupes pour

croireque

leurs ennemis

mortels devenus leurs maîtres, leur laisseraient

/i'exercice de leurReligion

& lapossession

de leurs

biens j qu'ils songeassent quedans cette

guerreil

s'agiíToìtde ce

quetous les hommes ont de

plus

cher, ôc de défendre leurs vies, leurliberté,leur

Religion,leurs femmes & leurs enfans. En même-

temspour

les rassurer, il leurreprésenta

la force

de la Place, son artillerie nombreuse, ses armes

ôc ses munitions. Il ajouta qu'ilavoit sous ses or-

dresdix-sept

cens hommes d'Infanterie, ôc six cens

Cavaliersque

ion oncle avoit choisisparmi

ses

meilleures troupes,ôc tous résolus comme lui de

ï .BAN-

I)''.O^lEjdf&.,

Page 242: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LFV. XI. ïtf

s'ensevelir sous les ruines de la Place, plutôt que

de la rendre aux Chrétiens. LesMagistrats plutôt Zl

intimidezpar

ses menaces, queraílurez

parses

promesses,se

disposèrent malgréeux à soutenir

unsiège qu'ils

nepouvoient empêcher^ Mais; lè

petit peuplefurieux de zélé, ôc d'autant

plus jâ*

loux de faReligion qu'il

ne la connoissoitgueres,

nerépondit

au discours du Couverneurque par

desimprécations

contre les Chrétiens.Tous à l'ênvi

s'exhortoient à mourirpour

leurReligion,

ôc lê

préjugéôc l'entêtement leur tinrent lieu de fer^

meté ôc decourage.

Le Gouverneur, pourles fortifier dans ce sen-

timent, ôcpour

leur faire voirqu'il

necraignoit

pasles Chrétiens, fit sortir de la Place sa Cava-

lerie avec trois censArquebusiers, qui occupèrent

une coline voisine, ôc d'oû avec leursmousquets

ôcquelques pièces

decampagne,

ils bàttoient lë

campde

l'Empereur.Dom Garcie dont le

quar-

tier étoitproche, pour

lesdéloger

de ceposte,

s'avança austì-tôt à la tête d'unepartie

de ses trou-

pes. L'esearmouçhe fut vive ôcopiniâtrée,

com-

me il arrive ordinairement dans; lespremières

ac-

tions , dont l'évenement semble former unpré-

jugé pourle succès de toute

l'entreprise.Le Gou-

verneurpour

soutenir sesgens

fit encore sortir à

leur secours six cens Maures armez demousquets,

quifirent une furieuse

décharge,Ôc

quimaltrai-

tèrent extrêmement lesNapolitains. Quoique

le

Viceroi de Sicile n'eûtpas

étépeut-être

fâché de

voir Dom Garcie battu &repoussé, cependant

le

service derÉmpereúr,

&. l'interêt de la cause com-

tí'O'M.BÙf.Sì

Page 243: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

136 HISTOIRE DE L'ORDRÉ

mune leportèrent

à exhorter les Chevaliers à mar-

cher au secours desNapolitains.

Le Bailli de la

Sangle qui commandoit le bataillon deMalte,

marcha aussi-tôt, joignit les Maures, leschargea

l'épéeà la main : & ces Infidèles

peufaits à com-

battre depied ferme, se débandèrent. L'Infanterie

regagnales

portes de la Ville, quifurent ensuite

fermées ; Ôc la cavalerie se dispersadans la

plaine^

Ôc a course de cheval, se jettà dans une forêt d'o-

liviers, oû elle seperdit.

Le canon avoit commencépar

battre la fausse

braye ôc lepan

de muraillequi

fermoit cette lan-

guede terre, dont nous avons

parlé.La brèche

paraissantraisonnable , on

envoya quelquesOffi-

cierspour

la reconnoître. A leur retour ilsrapor-

terentqu'ils

avoientapperçû

derrière la brèche de

profondsretranchemens bien

flanquez,dont le

fond étoit garni de pointesde fer, ôc

qu'on per-

drait infailliblement toutes lestroupes qu'on y en-

verrait. Mais le Viceroi de Sicilesoupçonnant que

la peur pouvoitavoir beaucoup de

partà ce

raport,

ou du moinsqu'il

ètoit fortexagéré,

fit résoudre

l'assautpour

le vendredi suivant : Ôc dans l'ihter-

valle, pour élargirla brèche , on redoubla la bat^

terie. Le vendredi, deux heures avant lejour, le

Viceroi qui voiilòit avoir tout l'honneur de cette

entreprise j malgré la posseíïionoù étoient les Che-

valiers d'être à la tête de toutes lesattaques , fit

avancer sestroupes

aupied

de la muraille.

Çes Siciliens trouvèrent la brèche de la fausse-

braye bordée d'ennemis, quifirent une furieuse

décharge, ôc tuèrent un grand nombre de Chré-

JKAM0'QMEPES.

Page 244: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI. ±yf

tiens. Mais les assaillans, fanss'épouvanter,

&peut-

être fans connoître tout lepéril, gagnèrent

le haut î

de la brèche, Ôc lesplus

braves se jetterent àcorps

perdudans le fossé

quiétoit entre la

fausse-braye

ôc le fort. Mais ils y périrenttous à

rexcéptiond'un

seul, quelos Infidèles

épargnèrent,& firent ex-

près prisonnier pourtirer

quelqueconnoissance

des desseins des Chrétiens. D'autrestroupes qui

s'avançoient poursoutenir ce

premier corps,n'eu-

rentpas

un sortplus heureux; elles trouvèrent

par

tout deprofondes coupures

ôc des retranchemens

entassez les uns fur les autres, & d'ou ilpartoit

une

grêlecontinuelle de canon ôc de

mousqueterie.

Tout cequi paroissoit

étoitfoudroyé par

le feu

desassiégez.

Cet assaut coûta aux Généraux leurs

plusbraves soldats, ôc

pourne

pas perdre plusde

monde, on fit sonner la retraite. L'Officier com-

me le soldat rebuttez d'uneattaque

sipérilleuse,

se jetterent avecprécipitation

dans leurs tranchées.

Ce mauvais succès ralentit extrêmement l'ardeur

desaíîìegeans.

Si le soldat mécontent & rebutén'oza

pasencore

parlerde lever le

siège,on

jugeabien

cependant qu'iltraînerait en

longueur.Pour sur-

croît dedisgrâces,

les vivres commencèrent à man-

quer;ôc ensuite des maladies

contagieusescau-

íeespar

lafatigue

& la mauvaise nourriture, atta-

quèrentl'Officier comme le

simplesoldat.

Le Bailli de laSangle qui comptoit pour

lepre-

mier de ses devoirs celui del'hospitalité , dressa

sous ses tentes uneespèce d'Hôpital

& d'Infirme-

rie , où il faisoit traiter avecgrand

soin les sol-

dats malades. Les Chevaliers, parson ordrç Ôc a

Gg iij

JEAND'OMEOES.

Page 245: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ÌJ8. HISTOIRE DEL'ORDRE

son exemple, les servoient tour à tour : 5c touté

l'armée n'admiroitpas

moins leur charitéque leur

valeur.Dragut toujours

attentif a la défense d'une

Place.: quilui étoit si

importante , tâcha d'y faire

entrer du secours il mit à terre huit cens hom-

mes de sestroupes : ôc ayant

encore ramasse troisi

mille Maures bonsarquebusiers, qu'il

avoit levez

àprix d'argent,

ils'enfonça dans la forêt des Olu

vie.r-s, voisine d?Africa,:& où les Chrétiens avoienfe

coutume d'aller chercher des fascines. Son dessein

étoitd'attaquer

leslignes

le jour de S.Jacques,

Patron desEspagnols,

dansl'eíperance

d'en trou^

ver les soldats ouyvres , ou du moins débandez

ôc en désordre, & il avoit fait avertir le Gouver-

neur, pourfaciliter l'entrée du secours , de faire

en même tems une sortie avec toute íagarnison»

Mais le hazard fit découvrir son embûche , ôc

avança le combat. Le Vice-Roi de Sicile accom-

pagnédu Bailli de la

Sangle , du Gouverneur de

la Goulette, ôc avec unegrosse

escorte de Che-

valiers, étant allé dans la forêtpour faire couper

des fascines, Dragut qui y étoit caché, aprèsles

avoir laisséapprocher,

se leva tout d'uncoup avec

sesgens , fit d'abord une furieuse

décharge,ôc

vint fondre ensuite le sabre à la main sur les Che-

valiers. Le Bailli, quoique surpris par l'ennemi,

eut bien-tôt remis en ordre de vieuxguerriers,

&

capablesde le

prendre d'eux-mêmes. Ce bataillon

se forma fanspeine ; ce fut moins une escarmou-

chequ'un

combat depied ferme, ôc

opiniâtré.:

on se battitlong-tems

avec difserens succès. Les

Turcs ôc les Maurespar

desdécharges fréquentes,

X*AN

D'ÔMEDES.

Page 246: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI.139

tuoientbeaucoup

de Chrétiens, ôc onregretta

fur-

tout Louis Perés deVargas , Gouverneur de la

J

Goulette, ôcplusieurs

Chevaliers desplus braves*

Çe ne futpas

fanspeine que

le Vice-Roi débar-

rassa fatroupe

de laforêt, ôc

gagnala

plaine»Dra-

gutle

poursuivit quelque tems, ôc revintplusieurs

fois à lacharge ->mais trouvant

toujours les mê-

mes hommes , ôc desguerriers qui quoique

en

petit nombre, faisoient une bonne contenance >

il fit sonner la retraite, ôc les Mauresqui

connoiíl

soient lepays,

se rejetterent dans la forêt, se dis-

perserentà leur ordinaire, & ne se rallièrent

qu'au-

prèsde

Faques, quiétoit leur rendez-vous. /

Au retour du Vice-Roi, les Généraux tinrent

conseil, &par

leur ordre ôc leurs soins, on conti-

nua avec la même furie lesdéchargés

de toutes les

batteries, ôc on en dreíïa même de nouvelles. Mais

les murailles étoient siépaisses

ôc si bien terrassées,

quele canon ne faisoit

pourainsi dire

queles

éfleurer : ôc les brèchesparurent

sipetites

ôc cou-

vertespar

des retranchemens si fortifiez , qu'on

n'osa hazarder un nouvel assaut. Oncommcnçoit

même à croirequ'on

seraitobligé

de lever lesiège ^

mais Dom Garcieplein

de feu, toujours en action,

ôc occupé uniquementdu succès de

l'entreprise ,

forma un desseinqui

lui enprocura

leprincipal

honneur. 11 avoitappris par quelques transfuges,

qu'unendroit des murailles battu des eaux de la

mer, étoitplus foible, ôc même

négligé parles

assiégez , quine croyoient pas que

lesgros

vais-

seaux enpussent approcher

à cause des bancs de

fableque

les flots avoientpoussez

de ce côté-là.

JEAND'ÓME-DES.

Page 247: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

>4o HISTOIRE D^E L'ORDRE

Dom Garcieaprès

avoircommuniqué

sonprfejet

à l'Amiral ôc au Conseil, pritle

corpsde deux

vieillesgalères qui

ne tiroientpas beaucoup d'eau,

qu'il attacha étroitement l'une à l'autre, ôc fur les.

quellesil fit dresser une batterie avec ses

parapets

ôc ses embrasures. Cette machine, à la faveur de

la nuît, futremorquée par

desesquifs

Ôc des cha-

loupes,ôc conduite vis-à-vis de Tendrait qû il vou-

loit faire ouverture : ôc il assura ces deux galères

avecquatre ancres, deux du côté de terre & du

mur, Ôc les deux autres vers lapleine

mer.

Oncommença

aupoint

du jour à battre lepan

de murailleopposé

à cetteplatte

forme -, ôc le ca-

non tira avec tant de furie, qu'une grande partie

de cette muraille tomba enpeu

de tems. Auju-

gementdes

Ingénieurs,il

y eut bien-tôt une ou-

verture raisonnable, ôcqui

détermina les Géné-

raux à tenter un assaut. Les Chevaliers de Malte,

suivant,l'usage

ôc leprivilège

attaché à un corps

si illustre, eurent lapointe. Le Bailli de la

Sangle

réglaleur marche ôc l'ordre de

l'attaque $ il or-

donnaque

le Commandeur de Giou, escortépar

deux files desplus

anciens Chevaliers, porterait

à leur tête l'étendart de laReligion.

Le Chevalier

de Guimeran, ôc en casqu'il

fût tué, le Chevalier

Copierdevoit soutenir ce

premier corpsavec toute

la jeunesse de l'Ordre, ôcplusieurs

volontaires de

différentes nationsqui

avoient demandé à com-

battre sousl'enseigne de Saint Jean. On avoit mis

à laqueue quatre compagnies

des soldats de Malte,

chacune commandéepar

des Officiers de J'Ordre;

& le Bailli avecquelques

anciens Chevaliers qu'il

avoit

JEANP'OMEDES.

Page 248: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D\ E M A L T 1. L I V. X s. 241

avoit retenusauprès

de lui, devoir fermer la mar-

che pourse

porter enfoite dans les endroitsqui

auroierit leplus

besoin de fa présence ôc de ion

secours/

Le Vice-Roi de Sicile avec sestroupes,

& Dòrr*

Garcie avec celles deNaples, pour

faire diversion,,

íechargèrent

chacun de îeur côté des autres atta-

ques: Ôc ces deux Généraux

parune émulation de

gloire,Ôc l'un & l'autre

pouravoir rhonneur d'a-

voir arboré se premierson

enseignesor se haut cfc

la brèche, promirentà leurs soldats des récom-

penses ma^gnifiquesvLes Chevaliers n'ayant pa^

besoin de ces motifs intéressez, si- tôtqu'un coup

de canon eut donné lesignal deTattàque, entrè-

rent dans desesquifs

& delegeres chaloupes : &:

quoiqu'ellesrte tirassent

presque point d'eau, lk

plupartde ces braves Chevaliers se

voryant arr@~

tez à tous momenspar

des bancs 1de fable, se jet-

terentl'épée

à la main dans lamer, & l'eaujusqu'àí

la ceinture,, ôc souvent jusqu'aux épaulés,ils

ga-

gnèrentle

piedde la muraille.- Les Infidèles

pa-rurent sor íè haut de la brèche y &

pour empêcher

les Chrétiens d'enapprocher ^ ils*

emplòyoienten*

même tems le feu du canon, celui de lamouíque-

terie, tescoups

de flèches, depierre,

les feux d'ar-

tifice,, ôc l'huille bouillante ; ils se faisoient des ar-

mes de tout cequi

seprésentoir

sous leur main..

Les Chevaliers fans s'étonner du nombre de leurs <

morts, surmontèrent tous ces obstacles, gagnè-

rent le haut de la brèche du côté d'une tour atta-

chée au coin de cette muraille. Le Commandeur

de Giou arbora auííì-tôtl'enseigne

de laReligion^

Tome ILL ìtíiv

ï>OH Bb E$S

Page 249: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

14^ HISTOIRE DE I/ORDRB

niais ii fur au mçme instant renverse d'uncoup

de

mousquet; L'enseignefut relevée

parle Comman-

deur Copier, qui pendant toute faction & au mi-

lieu du feu & d'une nuée âe traits d'arbalètes.,: la

^int toujours élevée. Cependant les; coups ïeea-

nán qui partòientde la tour voisine, ^ç le ftp de

|a mousqueterie quivenoit des retranehemens.>

fbudroyoient les Chevaliers> fans

qu'ils pussent

avancer , ni faire recéler les Infidèles} jtjn grand

nombre ile Chevaliers, d'illustres volontaires qui

combattoient sous leurenseigne , & la jplûpart des

soldats de Maltepérirent dans cette occasion. Le

Commandeur de Guimeran qui étoit rëstéalâtête

de 1 attaque, étoit au désespoir de voir tuer ses

frères à ses cotez :cependant

il nepouvoit íè ré-

soudre a abandonner sonposte. Heureusement en

jettant lesyeux de toi^s cotez, il découvrit fur la

gaucheôc au travers des ruines > un petit sentier

iqui conduisoit dans lecorps de la Place : d'antres

prétendent quec etoit le débris d'une

gall^rie de

communication. Quoi qu'ilen soit, je Comman-

deur à la tête de ses camarades , fait un effort,

poussetout ce

quise

présentedevant lui, s'ouvre

unpassage , se jette dans cette galerie, OJJ. il ne

restoitplus que

despoutres

Ôcquelques solives,

Ôc marchant deííùs avec autant de fermeté qu'il

aurait fait fur unpont de pierre,

ilpénétre jus-

quesdans la Ville.

Au bruit de cequi

sepassoit,

leshabi^ans ac-

courrent ^ ôc excitezpar

les cris de leurs femmes

ôc de leurs en fans>

ils se baricadent dans les rues,

percent les maisons, d'où ils faisoient un feu terr

J * -VN.Ì'UMEDES.

Page 250: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MALTE. Liv. XI/ 14^

ribíe. Les Chevaliers se virent de nouveau arrêtez ;

ôc il áuroit fallu., pourainsi dire, faire encore au^ Z_

tant desièges qu'il y

avoit de retranchemens daná

chaque quartier.Mais

pendant quon s'y battoitr

les Turcs ôc les Mauresqui

étoientopposez aux

NapolitainsÔc aux Siciliens, ayant appris que

les

Maltois étoient dans la Placé, én abandonnèrent

la défense pouraccourir au secours de leurs mai^

sons & de leurs familles; Les Chrétiens serépart-

«Usent aussitôt dans la Ville y Ôc seur firent biért

voirqueée

nieraitqu'en

se maintenant chaeurt

dans leurspostes qu-ils

auraientpu

conserver leurs

fortunésparticulières.

Ces malheureux habitans,,

aprèsune áfsez fbible résistance

qu'Usfirent dans?

quelques quartiers, voyant lenriemimaître de la

Place, cherchent leur íáíut dans la fuites Les uns»

tâchent degagner

laplaine

ôc la forêt $ diantres

sejettent

danW des nacéísesi IIy

èn eaítqui par

désespoirse

précipita

ses soldats deDragut qui crâignoient plus

ses re-

proches quela mort

même,,m furent chercher

dáns lapointe

desarmes1-clés Chrétiensr: aucun ne

voulut demander*quirtrer^: K^ se isirérit tuer. Le

butin fiit très^confidèrabse r outresept

mille eÇ

elaves de toutâge

& de tout sexe ^ le soldat troúvá

la-Villeremphe

demagasins

de marchandises très}

riches, Ôc <se Tór,. deFargent 1, Ôc des

1

pierreries

dans les maisons dèsprincipaux habitant

Mais leplus

riche butin fut la Placé même r M

plusforte

qu^ií yeût alors sor ses côtes

d'Afrìqué:-

Le Více-Rôi de Sicise, qui:n avoit pliis

besoin dm

secours desNapolitains,

s'attribua hautement tout

Hh iji

TE Â N.D'QMEDES»-

Page 251: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

Í44 HíI'STOlîlË DE L'ÒRORE

rhonneur de cetteconquête, y

mit son silspouf

Oouverneur, ôc y laissa

pour garnisonsix

compa-

gniesd'infanterie. Les brèches furent

réparéesavec

íoin, ses fosseznétoyez ; ôc

après qu'oneût

puri-

fié ôc béni laprincipale Mosquée ^ on

y enterra:

les Chevaliers &sesprincipaux Ofr^iers qui

avoient

été tuez ausiège, L'Empereur ayant

étédepuis

obligéid'al>andonner cet te Place, leurs cendres fu-

rent transportées en Sicile"dans deujc caissesisepa-

rees, ácxléposees dans ÍEglise Cathédrale de Monl->

real-

£cpar

ordre du Vice^Róiy on leur drefla

!un mauzolée ou il fitgraver cette épitaphe.

La mort a,pu metpre fin àla<uie 4? ceux dont

les cendresreposent fius ce marbre;,• 0aisle)fiuve-

mr de îemrare ^z/aleuri ne finira fanais, La fiai deeés

Mevos leur a donnéplace

dans le Ciel }i0* leur cou-

sage> arempli laiiïrre de lew quele

Jangquiefi fini de leursblefiuresy pour ùneviepajfa*

gèreleur a

procurédeux vies ïmrwweiles; .,;T

JDragutoutré de la

pertede la ville d^Africa,.

de ses trésors (8c de ses esolavesqui y étoient enfers

mez, Tattribuoitprincipasen^ent

íaux Chevaliers

deMalçe \ il enporta ses plaintes{auCìrand Seigneur;

son agent à la Porte représentaà ce Prince & au

pi vanque l'Empereur par

cetteconquête

tenoit

en sonpouvoir

une des principales clefs de^fAfri-

que> qu'ilétoit maître de la forteresse de la Gou-

lette ôc dé laplupart

des Placesqui dépendoient

du Royaumede Tunis ; que

les Chevaliers de Malte

dévouez aux intérêts de ce Prince siéraient fortin

Jfkz dansTripoli; qu'il

étoit à craindreque

les Ara-

Jbes, grands ennenús des Turcs >ne leur facilitassent,

JEA N©'JUMELES

Page 252: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

Ì>E MALTE, LI.V. Xï. 1^-5;

3ÉU travers des déserts lepassage dansTEgypte,

ôc

queces Chevaliers, sous

prétextede délivrer Je- .

rufalem & la Palestine de la domination des Otto-

mans ,ne pénétrassent dans ces contrées; qu'ilsne

fissent revivre lancienesprit

des Croisades, &qu'ils

n'attirassent dans leurparti

ses forces des Princes

Chrétiens^ toujours redoutablesquand

ils sont unis.

Despresens magnifiques, iinterprétele

plusfur

pourêtre écouté à la Porte, &

que Dragut fit ré*

pandre parmiles

principaux Bâchas, ses engage^

rent àreprésenter

au GrandSeigneur quec'étoit

moinsDragut, que

Sa Hautesse même quiétoit

intéressée dans laperte d'Africa ; que

cette entre-

prise étoit un attentat contre la foi cíeia trêvequi*

sobsistoit encore avec les Chrétiens ; qu'ilne

pou-

voirpas

sedispenser

d'enmarquer

son ressentiment,

&cqu'il

falloit surtout chaíser de toute "lAfrique,

comme il avoit déja fait de l'Asie , les Chevaliers

ennemis déclarez &perpétuels

de l'Alcoranv i

Dans ce hautdegré

depuiíïànçe

où la naissance

Ôc lesconquêtes

de Soliman l'avoient élevé, on

n'eutpas grande peine

à exciter son indignation

ôc son ressentiment; mais comme ce Prince, con-

tre la coutume de laplupart

de ses prédécesseurs,

sepiquoit

d'observerreligieusement

ses traitez,

aVantque

deprendre

les armés, &ipar une espèce

de formalité, ilenvoya à l'Empereur un Çhaoux

pourlui demander la restitutiondeSousa,de Mo-

nester, Ôc d'Africa. Charles-Quint répondità cet

envoyé que ces Places étoient desdépendances

du

Royaume de Tunis, quirelëvóit de la Couronne

de Castille, ôcqu'indépendemment

de ses droits

Hhiij

j> Ototpisi

Page 253: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

%%$'HISTOIRE DE L'ORDKE

de haute souveraineté, ses Généraux n'avoient saie

en celaque

ceque

tous les Squverains,. dequel-

que Rehgion ^qu'ils fuísent^ dévoientpratiquer

h

íégard

d'un corsaire odieux à Dieu & aux hom-

mes ;>que pour lui, íansprétendre rompre

la trêve:

qu'ilavoit avec Sà Hauteíse, il rtónrîuivroit cé:

piratedans tous ks lieux òu il se retirerait.

Solirnan trop puissant pourêtre

équitabse,ôc

quimeíutoitì ses raisons: au

poidsseul dé ses forces,,

rat irrité dfune réponseauJË fiere: il résolut d'en;

tirer raisonpat q^el^entrepriíe

diéclat.Dragut

reçutordre de ramasser ôc démettre en

corpstous;

les Corsairesqui

; navÉgeoientsous

lenseignedm

Croiííant y de ses tenirprêts pour

se joindre à la flote

Otôïnarié queseSuïtanvouloit employer

dans cèttéí

guerre:ôc afin c£ôter àCharles-Quint se

prétexte

de traiter Disâgut dé Corsaire ,;il lui envoyacom-

mua un de ses. Officiers un brevet deSangiae

de

llíse dê^Sainte Maure. Le deíseiniduGtandSeigneurs

étoit de commencer lacampagne par

lesiège

des;

Placesque

Doria ôc ses autres Généraux de lEm-

pereurvenoient de

conquérir $| maisDragut

IÚE

fitreprésenter que

les Chevaliers de Mate se tra*

verseraient infaitlibsement dans toutes ces entre-

prises ; queleurs vaisseaux enlèveraient souvent:

les convois;qùiî pafieroient

lelong

des cêtes de

Tripoli,Mi

prochede Malte, qu'il

faloitporter

se fer Ú se fou dans cettelíle,

ôc aTripoli,

& em>

ployertoutes ses forces

pourexterminer/ ces Che-

vaheïsí, qui 3 quoiqueen

petit nombre, se mute

plioient, poitrainsi dire, quand

il étoit questioif

àc faire laguerre

aux Musulmans..

Page 254: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

jEAtfDAJMEpÊStt

DE MALTE. LIV. XI. 2,47

Le GrandSeigneur qui n'entendoit parler

à fa

Cour des Chevaliers , quecomme de Corsaires ^

qui ruinoient tout le commerce de ses Etats, en-

tra dans les vues deDragut

: il faloit pour cela

unepuissante

flote ; parson ordre on travailla fans

relâche dans tous lesports

de son Empire à cons-

truire & à armer des galères & des vaisseaux de

toutesgrandeurs.

Le bruit d'un sigrand arme-

mentparvint

bien-tot àCharles-Qjiint ; il ne douta

pas quecette

guerrene fut

l'ouvragevde Dragu%

ôcque

ce Corsaire pour ses intérêts particuliers ,

ne fût bien-aise d attirer les armes de son maître,

ôc d'étendre fa puissance dans l'Afrique.Pour

conjurer Torage , il n'eût fallu quefaire

périrce

fameux Corsaire, ou se rendre maître encore une

fois de fapersonne. Charles-Quint persuadé que

sise Sultan sevoyoit privé

d'un Général si habile,

ôcqui depuis

tant d'années n avigeoit dans ces

mers, il ne tournât d'un autre côte Teííbrt de ses

armes, ordonna à Doria de se chercher, de le

combattre fort ou foible, ôc de ne riennégliger

pourse défaire d'un ennemi si redoutable.

Doria en exécution des; ordres de l'Empereur t

au retour duprintems,

se mit en mer avecvingt-

deuxgalères fans les

galiotesÔc les

brigantins,

ôc arriva dans le mois de MarsJìir les côtes d'A-

frique. L'Amiral Chrétienayant appris que

Dra,

gut qu'il cherchoit, avoit relâché dans le Havre,

ou le canal de liste de Gelves ou de Gerba, y,

aborda $ ôcpour en fermer la sortie, jettaTanere

à son embouchure, Ôc dans un endroitappelle

la

Bouche de Cantara. Xe Corsairesorpris par

l'arri*

Page 255: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ï4§H I S T 01 RE DE L* ÓR ]>R E

vée des vaisseaux Chrétiens, pendanttoute la nuit

fit; construire unrempart

de terre à 1 embouchure

de ee canal, d'où iK battit eníuite lesgalères

de

Doria, quisot

obligéde

s'éloignerde la

portée |

du canon. Mais l'Amiral Chrétienpersuadé que

fa,

prayene

luipouvòit échapper ^dépêcha en dihi-

:gence

des brigantinsen Sieise, à

Naples& à Gènes,

pouren faire venir un renfort de

troupes.

Son dessein étoitque pendant qu'avec

faiote

ilgarderait, pout

ainsidire à vue lé Corsaire, &

qu'iltiendrait Mue du canal

bloquée^«ces tróu^

pes qu'il avoit envoyé chercher, débarqueraient

dans l'Istey brûleraient sesgalères

de Dragut,ôc

k feroientprisonnier. Dragut qui prévit

son des-

sein, ôcquilalloit

être investipar

terre ôcpar mer,,

pourse tirer d'un si

grand péril,forma un

projet

aúlfi hardiquextraordinaire x ôc donc l'Hiitoire

fournitpeu

tfexemples..

-. L '

Pour ensretenir la confiance de rAmiralÇhre-

tien, & lui faire croirequ'il

étoit résolu de défen-

drejusqu'à

l'extrêmité l'entrée du canal, ri fit cons-

truire lelong

de ses bords, ôc des deux cotez, dif-

ferens retranchement, garnisd'artillerie & de

Mousquetaires, quidès

quese moindre vaisseau

Chrétienapprochoit,faisoient

un feu continuels

mais en même-tems, avec ungrand secret, 1-ha-

bile Corsairepar

lemoyen

de ses soldats, des efcla-

ves de fa ehiourme, ôc avec le secours des Maures

quihabitoient cette Iíle, fit

aplanirun chemin

qui commençoità 1 endroit oû ses

galères étoient

mouillées, & fur lequelon éleva un exhaussement

composé de plusieurs piècesde bois qu'il

fit recou-

r.jB.AMI'OME DES.

Page 256: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XÏ. ±49

vrir deplanches

frotées degraisse pour faciliter le

passageà tout ce

qu'ilvoudrait faire

glisser dessus. î

Ònguinda

eníuite parla force des cabestans ses

galères fur ceplancher ± ôc avec des rouleaux de

feois on les fit avancer jusqu'àun endroit de l'Iíle

dont le terrein étoitbeaucoup plus

bas , ôc où il

avoit fait creuser un nouveau canal du côté de

listeoppose

au canal de Càntara, ôcpar lequel

ses

galères paííerent dune mer à l'autre. Doria n'en

apprit la nouvelle que parla

pertedé la

capitane

de Sicile, que Dragut comme pourse braver en-

seva preíqu'àíài vue. Ce eoríàire

pritensoite la

roufo deConstantinople pour

hâterpar

fapré-

: sence sedépart

de la ssotte destinée contreTripoli

& les autres Places qui appartenoient aux Gheva*-

Itérs, de Saint Jean. L!Amiral Chrétien étonné, &

plusconfus

cpes^il eût

perdu une grande hataille,-

revint dans leport

de Gènes : Ôc pour sediípenfer

de lapouríuite

du corsaire ,it se íervit duprétexte

honorable de commander lui-même lésgalères qui>

dévoientpasser

d'Italie enEspagne,

DomPhilippe

d*Autrichefilsunique

delEnipereur.

Il conduisit ce

jeune Prince à Barcelonne, d'où il ramena depuis

MaximilienRoide Boheme,cousin germaindePhi-

lippe,& fils de Ferdinand Roi des Romains, que

son pèreavoit

rapelléen

Àlsemagne auprèsde lui.

Doriaemploya

tout rété a faire cesvoyages.

Les

Vicerois deNaples

& de Sicile destituez de son

secours avoient joint leurs forces maritimes. Mal-

gré,cette jonction, ne se trouvant

pasencore assez

fortspour

tenir la mer,ilsavóient envoyéà Malte

demander le secours desgalères

de laReligion.-

Tome IIlí Ii.

JïAK

Page 257: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

zjoHISTOIRE DE L*ORDRE

Parla même raison, &parla

crainte d'unsièges

le Grand Maître ne devoitpas

les laisser sortir de

sesports-,

mais en ce tems-là $ Ôc sous un Grand

MaîtreEspagnol,

laReligion

étoit toute Autri-

chienne , ôc lesprières

& même desimples deman-

desque

faisoientl'Empereur

ou sesGénéraux,

étoient des ordres absoluspour

le Grand Maître.

Cependantil se trouva dans le Conseil

quelques

Commandeursqui

seplaignirent aísezjhairtement

de cequ'à

la veille id'être attaquez p£rles Infi-

dèles, on seprivoit

des forces de làReligion,

Ôc d'un: secours si nécessaire. D'Omede$ pourem-

pêcher quelë reste du Conseil ne fit attention à

de si justes raisons, déclaraqu'il

avoit des avis cer-

tainsque

la flotte des Infidèles ne devoit être em-

ployéecette année

que pourservir le Roi de France

contrerEmpereur.

Sur faparole,

& encoreplus

parson crédit & son autorité, ses

galères eurent

ordre de joindre inceíïamment celles de^Empereur ;

& le Grand Maîtrepour

adoucir ceuxqui

mur-

muf oient de cettedisposition,

ordonna au Cheva-

lier Pied~de-Fer, Générai desgalères, lorsqu'il

fut

prendre congéde lui, qu'en

casqu'il s'aperçût que

la flotte àes Infidèles tînt la route de Malte, ou

déTripoli ,il eût à revenir en toute

diligence dans

lesports

de laReligion.

Maispour

exécuter de

pareils ordres, il falloitque

ce Général desgalè-

res, eût fur fa route un sauf conduit de la mer,

des vents, & même de la flotte ennerme^

Le rendez-vousgénéral

étoit dans leport

de

M elfine. A. peineles différentes escadres

quicom-

posoientla flotte Chrétienne

yétoient entrées 3

Jï AN

P'QMEDES.

De hello

McUttnfiadCdroìnm Ce-

farem Nico-

iai Vtllaga-

gnonis Corn-

mentmns*

Page 258: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. L Ï V. XI. %p

qu'on reçût plusieursavis du Levant, que

celle du

Grand Seigneurétoit en mer, ôc

qu'un armement —

si redoutable tenoit la prouevers ses côtes de Na-

ples& de Sicile j mais fans

qu'on pût juger dequel

côté tomberoit lorage.Cette flotte étoiteomposee

de cent douzegalères qu'on appelsoit Royáses, de

deux grandes galeaíses,de trente flûtes * Sc de

plu-

sieursbrigantins

ôc de vaisseaux de traníport.Lé Bâ-

cha Sinam en étoitGénerabil avoit pour Lieu£enan$

Dragut,ôc un autre fameux corsaire

appelle Salas

rais, ôcon. avoitembarqué

sor cette flotte douze

mille hommes, laplupart Janiílaires, & un

grandi

nombre depionnier s, d'outils & de machines

pour

unsiège.

Le ChevalierGeorge

de Saint Jean <JUÏ

avoit couru toutes les côtes de la Morée ^ revint

en ee têms-là dans leport

de Malte, &raportaque

dans tout le Levant onparsoit

assez puyiquemen«

dusiège

deTripoli,

ou de celui de Malte même5

ôc cequi augmenta l'inquiétnde du Conseil, e^est

quele Commandeur de

Villegagnon qui arriva

alors de France en Sicile, écrivit de Meflîne au

Grand Maître > ôc à ses amisparticuliers,quelar*

mement du GrandSeigneur

neregardoit que

les

Etats de laReligion,

&qu'il

étoitparti exprès

de

sonpays pour

enapporter

des nouvelles certaines,

ôc renckre à TOrdre des servicesqu'il

lui devoitpar

faprofession.

Comme ce Chevalier étoit alorséga-

lement considéré en France & dans son Ordre y

peut-être qu'ilne sera

pasinutile de le faire cori~

noître unpeu plus particulièrement*

Frère Nicolas-Durand deVillegagnon

étoit né

François,de la Province de Brie, d'une ancienne

I iij

JE A ND'GMED£S,;;

Page 259: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

±5z HISTOIRE DE L'ORDRE

Maison. C'étoit un des hommes de son siécle le

mieux fait, 1esprit

orné de rares eonnoissances,ôc

d'une valeur révérée mêmepar

lesplus

braves Ca-

pitainesde son tems. Nous avons déja parlé

de la

manière avantageusedont il s'étoit

distinguéau

siège d'Alger, ôc de lagloire qu'il y acquit

à la

vue de tant de Nations difierentes;, qui compo-

soient l'armée de Charles-Quint; IInefjS^étpit pas

^mains signalé sor merpour

le service dé son Prince

Èc en qualitéde Vice-Amiral des côtes^ de Breta^

gne.Ce

généreuxChevalier au

premier bruit de

l'armement du Turc ôc dusiège

dont Malte étoit

^menacée, fans attendre une citation générale,de#

manda soncongé

au Roi Henri I í, quktalaCour

& sesespérances.,

arriva en Sicile, ôccommuniqua

au Viceroi les nouvellesqu'il portoit

au Grand

Maître. 11 luireprésenta

ensuite avecbeaucoup

de

ízése, iepeu

detroupes

ôc de munitionsqu'il y

avoit à Malte, au Goze Ôc àTripoli

: il Texhorta

à nepas laisser fans secours des Istes feúdataires

de la couronne de Sicile, ôcqui

lui servoientme*

me de boulevard;

Le Viceroiprévenu que

les côtes deNaples

ôc

de Sicile avoientplus

à craindre des Infidèles que,

ses Places de íaReligion,

se contenta de lui dire

qu'autant que rinter.êt de l'Ifle dont il avoit se gou-

vernementpourroit

le luipermettre,

il n'òublie-

roit rienpour

contribuer à la défense de Malte,

(Cetteréponse

en des termes sivagues

ôc sigéné-

raux, ne contentantpas Villegagnon,

il s'embar-

quadans un

brigantin,ôc arriva

peude jours après

ï Malte. A iondébarquement

une foule de Che*

Jfl A H

Page 260: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI, '•*JJ

paliers l'entoure Ôc se conduit au Grand Maître.

Après qu'illui eût rendu ses

premiers devoirs, ce -

Prince fit assembler le Conseil, l'yfit

appellerôc

lui demanda cequonpensoit

en France de larme-

jaient du GrandSeigneur.

Le Commandeur Fran-

çoislui

répondit qu'on y étoitpersuadé que

tou-

tes les forces de l'EmpireOttoman alloient tom-

ber furies Etats de laReligion j qu'à

sondépart,

Ôc enprenant congé

du Connétable de Montmo-

rency premierMinistre du

Royaume,ce

Seigneur

l'avoitchargé

de Tavertir de fapart qu'il

alloit

êtreincessammentattaqué; que

le Grand Seigneur

chagrinde trouver dans toutes les armées, soit de

ÎEmpereurou des Vénitiens , un

grandnombre

de Chevaliers», &que

ce Prince irrité fur-tout de

lapart qu'ils

avoient eue à laprise d'Africa, avoit

fait dessein de les chasser deTripoli,

Ôc des lises

qu'ils occupoientj qu'illexhortoit à ne se

paslais-

sersurprendre ; qu'il

devoit ces avis aux sentimens

d'estime ôc d'affectionqu'il conservoit pour

un Or- g*

dre illustre, ôcque.le

Grand Maître de l'Iíle-Adam

son oncle avoitgouverné

dans des tems si diffi^

ciles avecl'approbation générale

de tous les Sou-

verains de la Chrétienté.

Ces nouvelles allarmerent le Conseil ; on fît

-de vives instances au Grand Maître pourmettre

les Places de laReligion

en état de défense $ ôc

tout le mondeopina qu'il

faloitenvoyer

incessam-

ment du secours àTripoli,

Placepeu fortifiée, ôc

quin'avoit

pour garnison quede vieux Chevaliers,

àc des infirmes , quià cause de la bonté de l'air ,

c'y étoient retirez j quela

petiteIíle de Goze né-

Ii iij

JEAN»D'O MEDES.

Idem Ville-

gagnon.

Ibidt.

Page 261: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

154 HISTOIRE DE L'ORDRE

tant pas tenable, il en faloit raser le Château, de

peur queles Turcs ne se

logeassentdans une Place

si voisine de Malte ; transporterles habitans de

cette ìíle en Sicile , prierle Vice-Roi de leur

y

donner retraite, & demander enéchange quel-

ques compagniesd'infanterie

pourles envoyer à

Tripoli.

Le Grand Maître écouta ces differens avis avec

beaucoupde froideur : ôc

aprèsavoir

témoignéà

Villegagnon qu'ilétoit bien

obligéau Connéta-

ble de ïinterêtqu'il prenoit

à son Ordre, il le con-

gédia: ôc retenant les Grands-Croix & ses Pilliers

du Couventy Ou ce François , leur dit.il avec un

sourismocqueur? est la

dupedu Connétable', ou il

nous fUeutprendre pour

la fienne. Affectant ensoite

un airplus

sérieux ôc convenable dans une affaire

de cetteimportance,

il leur ditqu'on

ne luiper-

suaderoit jamais queSoliman eût fait les frais d'un

sigrand armement, seulement

pour s'emparerde

Malte -y qu'unsi

petit objet, ôc laconquête

d'un

rocher ne ledédommageroit pas

de laprodigieuse

dépense qu'ilvenoit de faire

pourmettre une si

puissante flote en mer r mais que ce Prince, un

desplus grands politiques

de ion siécle, avoit de

bienplus

hauts desseins -, quede concert avec le

Roi de France , il alloitattaquer

leRoyaume

de

Naples -, quefa flote

quiles allarmoit si fort, étoit

attendue dans leport

de Toulon ; qu'elledevoit

se joindre incessamment à celle de France, ôc mê-

mequ'il

avoit des avis bien certainsque

le Roi y

avoitenvoyé cinq

muletschargez

d'or ôcd'argent

pourla solde des Infidèles.

Qu'après tout, avant

JBAN»'OMEDZS.

Page 262: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ÎHAND'OMÉPES.

DE MALTE. Lív. XI.i^

quede

s'engagerdans des

dépenses peut-êtreinu-

tiles ,il étoit àpropos

d'attendre des nouvellesplus

positives.

Une réponsesi indifférente

remplit d'indigna-

tionquelques Seigneurs

du Conseil. Ceque

Ville-

gagnonavoit avancé au sujet de la nécessité de for-

tifierTripoli,

nepouvoit jamais être

regardécom-

me unedépense

inutile ; mais on ne rçavoit que

tropà Malte

quece Prince

uniquementattaché

àlagrandissement

de fâ famille , comptoitpolir

perdutout

l'argent quine tournoit

pasau

profit

de ses neveux j ôcque

leplus

foibleprétexte, pour-

vuqu'il pût

servir àéloigner quelque dépense,

nécessairequ'elle fût, lui

paroissoit toujours une

raison solide, Ôc unprofit

certain. Ainsiquelques

Commandeurs luirepartirent

avec vivacitéqu'à

l'approehede la flote Ottomane, ôc à la vue d'un

sigrand péril,

il n'étoitpas

de laprudence

du

Conseil, sur la foi incertaine dequelques espions,

de demeurer dans l'inactionj qu'ilfaloit incessam-

ment, parune citation

générale, convoquertous

les Chevaliersqui

étoient en différentes contrées

de la Chrétienté, fortifier les endroits foibles dé

l'Iste de Malte, ôcqui pouvoient

faciliter la des-

cente des Infidèles, raser le Château du Goze , en

transporterles habitans en Sicile, tâcher d'obtenir

du secours du Vice-Roi, ôc fur-tout tirer les an-

ciens Chevaliers deTripoli,

ôc lesremplacer par

uncorps

deplus jeunes ôc

plus capablesde sou-

tenir lesfatigues

d'unsiège.

Le Grand Maître toujours avided'argent,

leur

ditqu'il

nes'éloigneroit pas

depublier

la citation,

Page 263: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ijé HISTOIRE DE L'ORDRE

pourvu quedans un Conseil

complet, & en atten-

dant unChapitre général, pour subvenir à la dé-

pense quel'arrivée d'un si

grandnombre de Che-

valiers alloit coûter, onaugmentât

lesrefponsions

& les taxesaufquelles chaque Commanderie étoit

assujettie. H ajouta qu'ilne

pouvoitconsentir

qu'on

abandonnât se Château de Goze situé fur lapointe

d'un rocher j, qu'il pourroitservir de retraite aux

femmes & aux enfans des habitans de llííe „ ôc

mêmeque

les Gozitains, àlavûedega^essichers,,

encombattroient avecplus

decourage -, d'ailleurs

qu'ilfaisoit un

grandfond fur la valeur ôc

lexpé-

rienee du Chevalier d'Essequi

en étoit Gouver-

neur. Alégard

duchangement qu'on proppsoit

de faire dans lagarnison

deTripoli,

ils'y opposa

sor leprétexte qu'il

n'étoitpas

de laprudence

d'af-

foiblir Maltepour

fortifier une Placeéloignée y;

& que pourla secourir, il fuffisoit de tirer de Sicile

quelques compagnies d'infanterie, ôcqu'il

eri al-

loit écrire incessamment au Vice-Roi..

Quelquefoibles

que fussent ees raisons , rien*

neput vaincre son entêtement, ôc le faire revenir

de laprévention^&

cequ'ily

eutdeplus fâcheux,,

c'estque

son sentiment, parla.

complaisancedes

CommandeursEspagnols

& Italiens, prévalut dans

le Conseil. On abandonna même le dessein d'une

citationgénérale

fur ceque

si les Turcs avoient

ordred'attaquer

les Etats de laReligion , ils se-

roientdevant Malte avantque

la citation eûtpassé

la mer ^ ôcaprès qu'on

eût faitquelques legeres

fortifications dans les endroits oû onpouvoit

faire

dés descentes jie Grand Maître.demeura dans une

inaction

5ÏEAND OÀÍEUES.

Page 264: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Lrv. XI. 257

inaction auífi étonnante , ques'il eût eu commu-

nication des ordres du Général des Turcs, ouqu'il

se fût entendu avec lui.Cependant

à faprière,le

Vice-Roi de Sicile , qui n'ignoroit pasde

quelle

importanceétoit

pourla Sicile la conservation de

Malte y lui envoya une recrue de deux cens Calah

ferois, quilui étoient venus du

Royaume de Na^.

pies,tous

pâtresou artisans, ôc

quin!avoient

point

portéles armes : mais on se flatta, quand

ils se-

roient arrivez àTripoli, que

sous les ordres, ôc à

lexemple des.Chevaliers, ils se formeroient insens

siblement dans ladiscipline

militaire.

On sedisposa

à les fairepartir j mais

quandil

futquestion de les faire

embarquer ^ la crainte

*ìe se trouver dans une Placeéloignée , Ôc menai-

cée d'unsiège,

leur fitperdre

coeur. Laplupart

se

cachèrent : ils se plaignoient quele Grand Maître «

pour épargnerles Chevaliers & ses

propressol-

dats, lesenvoyoit

à la boucherie ••& on neput

venir à bout de lés fairepasser

enAfrique, qu'en

mettant à^ leur têtevingt

-cinq Chevaliers, tous

jeunes gens , qui pour quelquemutinerie qu'ils

avoient faite, avoient été mis aux arrêts, &dont.

le Grand-Maître ne se soucioitpas trop

de se dé-

faire. ,

Ce fut tout le secoursqu'on put

tirer du Grand

Maître en faveur de la ville deTripoli.

Les Gozi-

tains en furent encoreplus

abandonnez : ôc com-

me s'il eut étépersuadé que pour

leur défense il

sortiroit de la terre des bataillons armez , on n'en,

pûtarracher ni

troupes,ni même des canoniersr.

êc les malheureux habitans de cettepetite líle^,

Tome III. K k

]ïAND'OMEDES;

Idem VilU*~

gagmru-

Page 265: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2,58HISTOIRE DE L'ORDRE

pourmettre au moins en fureté leurs femmes ôc

leurs enfans, lesayant envoyez

à Malte fur deux

barques,le Grand

Maître^ pourse

diípenserde

fournir à leur subsistance, ne souffrit point qu'onles

débarquât.Il

menaça même de ses couser à fond,

si elsesapproehoient

duport,

Toutes ces femmes

avec leurspetits enfans, forent contraintes de re-

tourner au Goze, &d'Omedes couvrkun frgrand

fond de dureté d'un rafinement depolitique , ôc

duprétexte

dont nous avons déja parle, queces

haibitans ayant sous les yeuxdes

gagessi chers >

en combattroient avecplus

decourage

ôc de fer^

ineté. Onapprit peu

de jours après quela flote

du GrandSeigneur

avoitparu

lelong

des côtes

de Sicile ; queles Turcs avoient fait des deseen^

tes , & degrands ravages

en differens endroits ;

qu'après avoir tente lefìegede Catane ,ils s'étoient

arrêtez àAiigusta ; que

cette Place ôc le Château

n'avpient tenuque peu

de jours ;, que sesTnfídeles

y avoient commis toutes sortes d'excès, ôcque

le bruit commun étoitqu'ils

sedisposoient

à faire

yoile droit à Malte.

De si tristes nouvedses donnèrentbeaucoup d'in:

^quiétudeau Conseil, ^allarmerent tous ses habi-

tans. Legrand

Maîtrepour

les rassurer : Ce n est

point a nous, leur dit-il, queles Turcs enveulem j

J& ils n ontpns

la route Su Midi 3 qui semble lesap^

procherde Malte , que parce que

ce chemin est le

pluscourt

pouraller en Uromence* Pour fortifier

£on sentiment;par-l

avis desplus habiles

pilotes:,

ilen fit venir dans le Conseil desplus anciens,

4qui, soitpareomplaisance, ou que ce fût la veri-

TE A NJB'OMEDES.

1551.

ll de Juillet.

Page 266: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI.259

té, convinrentqu'effectivement, supposé que

les

Turcs eussent ordre d'aborder*aux côtes de Pro- D~

vence, la routepar

le Midi étoit laplus

courte de

deux cent milles.

Mais enfin un si funesteaveuglement

sedissipa^ i7

le Grand Maître trois jours après,des fenêtres

de son Palais vit arriver la flote Ottomane, qui

poussée d'un vent favorable y paruten bonne or-

donnance devant rifle de Malte. Les ordresque

Soliman avoit donnez à son Généralportoient qu'il

tenteroit enpassant,

& selon ladisposition qu'il y:

trouveroit, de se rendre maître des Ifies de Malte

ôc du Goze y. ôcque

si cetteentreprise

luiparois-

soit detrop

difficile exécution, ii s'attachât uni-

quementà celle de

Tripoli,dont la

conquête,,

dans la vue dereprendre Africa, lui

paroissoit plus

nécessaire. Le GrandSeigneur ajouta que

connoik

fantlexperience

deDragut,.

il sou fiai toitque

Sinamn'entreprît

riend'important

fans laparti-

cipationde ce corsaire. Le General Turc en exé-

cution de ces ordres, seprésenta

d'abord devant

un desports

de l'iíle, appelle Marfa MufeH, qui

n'estséparé

dugrand port que par

unelangue

de

terre,ou

pourmieux dire

parun rocher fort élevé.

Al'approche

d'une armée si formidable, une

terreurgénérale

serépandit parmi

les habitans de

l'Iíle -ychacunpour

se soustraire à la fureur des Turcs,

cherchoit un azile ôc une retraite , les uns dans les

antresqueformoient

des rochers, ôc d'autres dans

les Places fortifiées. Iln'y en avoit

quedeux dans

toute cette Iíle r l'une située aupied

du Château*

SaintAnge ^appelle

communément leBourg,

ôc

Kkij?

J S A ND'OMÎDÍS,

16 de Juillet»

Page 267: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

26 O Hì ST O I R E D E l'O R D RE

la résidence ordinaire en ce tems-là de tout le 4

Couvent- ôc l'autre dans le fond des terres, & au

milieu de llile, éloignéedu

bourg& du

grand

portd'environ six milles : on la nommoit la Cité

notable , ou la ville de Malte, du nom commun

à toute l'Ille : c'étoit laCapitale,

& même àpro-

prement parlerla seule Ville

qu'il, y eût alors.

Laplupart

des habitans de lacampagne, hom-

mes, femmes & enfans, chargez dewleurspetits

ineuhses, ôc traînant à leur fuite des vaches & des

chèvres nécessaires à la subsistance de leurs enfans,

seréfugièrent dans ces deux

places.Mais comme

iln'y avoit

pasassez de maisons

pour loger touc

cépeuple,

laplupart

furent réduits à demeurer

dans les Placespubliques

ôc dans les rues: & ce

quiétoit de

plus fâcheux, ils y étoientexposez

pendantla canicule à 1 ardeur du soleil, insupor-

table dans ces climats brûlans. L'infection & la

puanteur quiexhaloit des excremens de ces mal-

heureux entassez les uns fur les autres, auroit bien-

tôtproduit

des maladiescontagieuses:

ôc cequi

augmentoitla

peineôc le

desespoirde tout ce peu-

ple,c'est

quedans l'une & l'autre Place il

n'y avoit

nipuits,

ni fontaines: il se tróuvoit mêmepeu

d'eau dans les citernes, en sorteque

sipar mal-

heur les Turcss'opiniâtroient

à faire lesiège d'une

de ces deux Places, il faudroit se résoudre à en

ehaíser les bouches inutiles, ôc livrer tout cepeu-

pleà la cruauté des barbares, ott

prendrele

parti

de capituler:deux extrêmitez'dont l'Ordre

par fa

charité Ôcpar

fa valeur étoitégalement incapable.

Par l'entêtement du Grand Maître, les Cheva-

/JEAND'OMHDIS,

Page 268: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M À L T E. L iv. XI. i6i

liersmanquoient

de tout hors decourage-,

mais

ils ne lemanquèrent pas

à eux-mêmes, nia la Re- -

ligion: jamais ils n'avoient fait

paraître plusde

résolution. C'étoit toujours la même valeur de ces

anciens Chevaliers, ausquelsl'Ordre devoit son

institution militaire, ôc lespremières conquêtes.

Il sembloitque

ce fussent encore les mêmes hom^

mes, &qu'il n'y

eûtque

les noms déchangez*

Le ChevalierUpton Commandeur Anglois,

& un

desplus

braves Chevaliers de l'Ordre, à la tête de

trente autres, ôc suivi dequatre

cens habitans de

l'Ifle tous à cheval, seprésenta fièrement au bord

de la mer du côté dubourg, pour s'ppposer aux

descentes queles Turcs

pourroienttenter. Le Com-

mandeur de Guimeran, Espagnol,sortit en même-

temspar

un autre côté avec cent Chevaliers àpied,

& trois censArquebusiers

: ôcayant paîle

dans des

esquifs,du

bourgfur le mont Sceberras, ce rocher

qui féparoitles deux

plus grands ports,il s'y tint

caché, ventre contre terre, pourobserver les-des-

seins ôc la contenance des Infidèles. Iln'y

éutpas

étélong-tems, qu'il

vitparoître se Général Turc

dans facapitane,

ôc suivi dequelques galères qui

s'avancèrent dans legrand port, pour

reconnoître

l'endroit leplus propre

à faire des descentes: ôc

comme le côté dubourg

étoit leplus expose

à

l'artillerte duChâjteau Saint Ange, pours'en éloi-

gneril

rangeoitcelui du mont Sceberras. Mais

approchantde cet écueil, le Commandeur de Gui-

meran levoyant

àportée

de sesArquebusiers,

fit

faire une salve si furieuse, &particulièrement

sur

lacapitane, que

toute la chiourme en désordre

K kiij

J E A VD'OMEDES.

Page 269: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

zéz HisTdiRÉ DE L'ORDRE

en abandonna les rames. La colère du Général

Turc succéda bientôt à lasurprise y & son

orgueil

blessé de se voirattaqué

lepremier par

desgens

qu'il cròyoit surprendreôc si inférieurs en forces ,,

pours'en

venger,lui en fit

jurer laperte*

Il fît

tourner lesproues

contre terre s aborda dans une

plageoû la descente

paroiísoit âiseé, mit à terre

son escorte, ôe s'avança pour chercher les Cheva-

liers & ses combattrez Mais se Commandeur con-

tent de sonavantage,

&fort mforièuf entroupes,

aprèsavoir fáit ía

décharge,fit

rembarquerses

soldats, ôc íànsiperdre

unieul homme, les ramena

heureusement dans lebourg.

Sinam lesayant

cherchez inutilement, monta

avec sesprincipaux Officiers sorlèndroit du mont

Scéberras, leplus élevé,d'où considérant le Châ*

teauS.Ange,íà situation sor la pointe d un rocher .>

Ôc lés boulevards dont il étoit fortifié : Est-ce là ce

Château , dit -il avec colère àDragut , que

tu us

représentéau ûrand

Seigneur fi facileà

emporterT

Certainement, continua le Bâcha, Iaigle

mpouvoit

jamais choifir pour placer fin aire unepointe

de ro*

cherplus efiàrpée. Un vieux Corsaire,frère de cét

Airadin autrefoisSeigneur

de Tachore ,.. dont

nous avonsparlé,

soitpar

aversionpouf Dragut,

oupar complaisance pour

son Général \Vois-tuy

dit-il à Sinam,, ce boulevardqui

s'avance du coté de

la mer , ffi far lequelles Chevaliers: om arboré le

grandétendard de la

Religion? Il

faut que mfiaches.•,

Seigneur y qu'étant esclave i Malte y f aïporté far

mesépaules

cesgrosses pierres qui

ont Jervïa le cons-

truire s. (gjrquavant

que tupuifiesruinercet ouvrage?a

JE A N

Page 270: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. Li v. XI.2.6$

shjverarrivera , ou ce

qui est deplus

k craindre,

quelque puìjfant secours enfaveur des

affiege^.

Draguttout de feu, Ôc

qui n'avoit jamais connu

depéril,

étoit audésespoir

de trouver tant de froi-

deur ôc de défiance dans son Çéneral : Me pour le

déterminer à fairepromptement se siège

duBourg,

il lui représentoit quecette Place tirpit toute

fa force du ChâteauSaint-Ange,

ôcqu'en

ruinant

avec son artillerie ce Château , ilprendrpitepm>-

jnie d'uncoup

de filet le Grand Maître & toussess

Chefs de l'Ordre, qui s'étoient,ìdisoit^il, renfor-

ciez imprudemmentdans une si mauvaise Place.

Sinam enjugeoit autrement : il

n'ignproit pas

ique pourse rendre maître d'une Place défendue

parles Chevaliers, il ne fuffisoit pas

d'en avoir

ruiné les fortifications -, qu'ilfaloit encore, avant

que d'y pouvoir entrer , avoir soitpérir

tous ces

.guerriers jusqu'audernier : ainsi

pourne

pas sen-

fager

mal àpropos

dans cette entreprise, ilassem-

la íe Conseil de guerre.Soliman n'avpit point

de

Général si timide en apparence, quandil

s'agiíl

jsoit de délibérer, quoique intrépidedans l'action-,

ánais il ne s'y engageoit jamais quavant

quede

songerà vaincre, il n'eût pris toutes ses précau-

tionspossibles pour

n'êtrepas vaincu. Ainsi

après

avoirexpose dans le Conseil ses ordres qu'il avpit

<lu Grand Seigneur,il

.représentaen mpme tems

qu'en s'attachant ausiège

duBourg

& du Château.

Saint-Ange j ilçraignoit que

cette entreprise ne

fût delongue haleine , & ne 1 empêchât

depasser

íen Afrique,où l'objet principaíl de son instruction

,1'appelloit,&

qu'il croyois que ppurse conformer

MEDES.

Page 271: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

264HISTOIRE DE L'ORDRE

,aux intentions du GrandSeigneur, ôc pour se ven-

gerde ces Corsaires Chrétiens, il íuifisoit de ra>-

vager rifle, ôc d'en enlever tous les habitans qu'on

pourrpit prendreôc faire eselaves.

Lacomplaisance que

les Officiers sobalternes

ontpresque toujours pour

le sentiment de leur

Général, fitapprouver

celui de Sinam. Mais Dra-

gutennemi juré dés Chevaliers, ôc

/quibrûloit

d'impatienced'en venir aux mains avèè eux j^ mak.

grése résoltat du Conseil de

guerre ,ì! insista for-

tement à: ceque,

si on nejugeoit pas

àpropos

d'attaquerle Château Saint- Ange

ôc se Bourg,on

fìt du moins lesiège

de laCapitale,

oû laplu-

part des habitans de Tlfle s'étoient, disoit-il, renv

îèrmez avec leurs richesses, &qu'on

trouverok

fans aucune fortification, ôc fans autregarnison*-,,

quede malheureux paysans, toujours tremblans,

même derrière les bastions lesplus épais.

Com-

me lé Bâcha, enprenant congé

du Grand Sei-

gneur,en avoit reçu ordre de ne rien

entrepren-

dre de considérable fans lavis deDragut,

il crut

quedans cette occasion il ne

pouvoit pasise dis-

penserde déférer a son sentiment : ainsi

pourne

pass'attirer ses murmures & ses mauvais offices

à la Porte ,il fit

débarquerses

troupes& son ar-

tillerie. Toute larmée s'avança dans les terres, &

arriva fans obstacle devant la Cité notable. Iln'y

eutque

le canon , qu'oneut une peine

infinie à

y conduire à cause des rochers dont llflé est rem-

plie.Tous les affûts furent brisez

plus d'une fois-,

ôc on fut réduit à la fin à les faire traînerpar

dés

esclaves, qui y employèrent roêmeplusieurs jours,

avant

JlANP'OMEDES.

Page 272: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. Xì. íèf

avantqu'on pût

dresser des batteries devant cette

Place, appcììée Malte, du nomgénéral

de l'Iíle. -

Onprétend que

lesCartaginois

en étoient les fon-

dateurs -, queles Romains

aprés avoir détruit Car-

tage,cette fìere rivale de Rome, chassèrent

depuis

Ces Africains de l'Iíle, ôcqueses

Arabes Mahome-c

tans s'enemparèrent

à leur tour, ôc lui donnèrent

lé nom deMedine, en mémoire de la Ville de cé

nom,, située dans lArabie Petrée, &que

Maho-

met avoitappellée Medina-Labiy c'esoà-dire la

ville duProphète.

Le BailliGeorge Adorne, d'une

Maison illustre de Gênés, commandoit dans la

ville de Malte :plus de treize mille

personnes ,

de l'un & l'autre sexe, s'y étoientréfugiez ^ en forte

qu'il y avoitbeaucoup

de monde, maispeu

de

soldats. Les Turcs , en entrant dans llíle , se ré-

pandirentd'abord dans les

villages& dans les ca-

sais, ôcportèrent

le fer ôc le feu de tous cotez. Les

maisons étoient embrasées, ôc auífi loinque

la vue

ppuvoits'étendre , on

voyoitles

campagnesfu-

mantes de l'incendie des maisons, Ôc desgrains

qu'onn'avoit

paseu le tems de recueillir. Bien-

tôt toute l'armées'approcha

ducPrps

de la Place:

on ouvrit la tranchée , & Òncommença

à dresser

les batteries. Ce ne futpas

fans résistance de la

partdu Gouverneur : il fit

plusieurs sorties, moins

à la vérité dansl'espérance

depouvoir

ruiner les

travaux de l'ennemi, que pour faire voirpar

une

contenance assuréequ'il

étoit résolu à une coura-

geusedéfense.

Mais ilmanquoit

détroupes réglées,

ôc sur-

tout d'un nombre suffisant de Chevalierspour

Tome III Ll

JEAND'OMEDES.

Page 273: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

zM HISTOIRE DE L'ORDRE

-commander, &pour

faire combattre lespaysans

Ôc ses habitans de lacampagne ^ qui setoient re.

fugiezdans ïaPlàce. La plupart même de ces

pay-

sans àlapproche delennemi, ôc se

regardant déja

comme laproye

des Infidèles, serepentoient

de

s'être enfermez dans la Place, & secroyant plus

cn soretépar

tout oè, ils n étoientpas,

ils se fai-

fòient descendre avec des cordes dans? ses fossez 5

&; dans l'efperanced

echaperà

lennernji,reneon-

troient bien-tôt ou la mort oul'esolavage.

Le

Gouverneur au désespoirde s'en voir abandonné»

exhorte, prié,ôc menace ceux

quirestent : ôc

parc

sonexemple

& fa fermeté , il vient à bout d'en,

former descompagnies,

meta leur têtequelques

Chevaliers de ses amis, quisetoient enfermez

gé*-

nereusement avec lui. Mais comme ilprévit

bien

qu'ilen auroit besoin d'un

plus grand nombre m

Ôc sur,tQUt dequelqu'un çpi

eût vû dessièges,

ôc

quientendit lart

d'attaquer „ ôc de défondre des

Places,il trouva se moyen,

de faire sortir la nuit

de la Ville un soldatpour

donner avis, au Grand

Maître de ìétat dusiège,

ôcpour

lui demander

une recrue de Chevaliers, ôc sor- toutVillegíu

gnon, capable parfa valeur ôc

sonexpériencede

partageravec lui se commandement ôc la défense

de la Place»

Le Grand Maître tantpour

fa; sûretéque pour

celle dubourg y ne

putse résoudre à se

primerde

ses défenseurs,, ôc a en.diminuer le nombre: & il

se contenta de dire à cet envoyé que parmice

grandnombre de

citoyens?ôc de

paysans quis'é-

toient réfugiezdans la, Ville, ilníétoit

pasípoísi^

ÎSAU

Page 274: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M A 11 E. LI V. XI. x&j

blequ'il

ne s'en trouvât-dexapablesde comman-

der les autres ; queTinterêt de leur

patrie > ôc la

défense de leur vie & de leur liberté suffisoientpour

faire combattre les uns& les autres jusqu'à lextre^

mité, &qu'en pareilles

occasions on avoitmoins be-

soin dans lesimple

Officier ôc dans le soldatd'expé-

rience & decapacité, que

de force & decourage.

L'énvoyéau

désespoirde se voir réduit à ne ra-

porterà son maître

pourtout secours

quune ré-

ponse aulïì dure, lui demanda soivant lès prdres,

qu'illui envoyât au moins se Chevalier de Ville-

gagnon.Lé Grand Maître

qui depuisson arrivée

a Malte l'âvoit toujours trouvéplus sincère

qu'il

n'eût souhaité, fut ravi sous unprétexte

aussi ho-

norable de s'en pouvoirdéfaire i il 1

envoya quérir

aúífi-tôt, &quand

ilparut,

il lui dit avec un air

obligeant &gracieux, qu'il

avoit toujours fait un

cas infini de so valeur ôc de facapacité

dans le mé-

tier de laguerre y que

laReligion

dans cette con-

joncture lui en demandoit de nouvellespreuves j

qu'ils

agissoitde s'aller jetter dans la Ville afsie».

gée-, qu'ala vérité se

grandnombre de

citoyens

Ôc depaysans qui y

étoient enfermez le rassuroit

contre toutes lesattaques

des Turcs, maisque

ce

peupledont il étoit aisé de faire de bons soldats,

avoit besoin d'un chefqui remplaçât

le Gouver-

neur dans les endroits où il ne sepourroit pas trou-

ver.Villegagnon,

avec cetuemodestieinséparable

d'uneparfaite valeur, lui

répondit simplement

qu'en prenant i'habit & laCroix de l'Ordre ilavoh

consacré sa vie au service de laReligion j qu'elle

iìétoìtplus

à lui, ôcque c étoit à ses

supérieursà

L1 ij

Page 275: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ì68 HìsTóikE DE L'ORDRE

endiíposer> qu'il étoitprêt de partir quandil lorJ

donneroit; Il ajouta qu'ille

prioitde trouver bon

qu'il lui représentât qu'onne de voit

pas faire un

grandfond sor cette foule de

paysans quiétoient

renfermes dans la Piaeey tous ennemis dupéril,

ôcqui

n'étoientpoint

enprise

à la honte d'avoir

fçûleviter j quedans la

conjoncture présente le

Gouverneur avoit besoin degens intrépiíses, '.<§e

conduits dans le >'combat p ar des ; m otifsi de rel lé-

gion,ôc

pardes

principes d'honneur j% que pour

ne lui rien distimuler, s'il vouloitíauver cette Place,

il falloity

faire entres au moins cent chevaliers.

";.' Le Grand Maîtreíuirépondk que par

un décret

du Conseil ilavoit été arrêtéqu'on reseryeroit tous

ses Chevalierspour

la défense seule dubourg

ôc

du château SaintAnge -, cependant que pour ne

lepasllaiíHer partir

seul il pbtiendroit du Conseil

qu'il pûtamener avec lui: six autres Chevaliers •

maisque

c'étoit touÉ se secours qu'on luipouvoit

accorder.Villegagnon

lepria de considérer

quel

secours dáns' un áíiautonîpóutrpit se

promettre

de six Chevaliers seuls, ôcqui à.l'apprpçhe

de lenT

nemi, ôc au bruit de l'artilserié íéroient bientôt

abandonnezpar

lespaysans j que pour

ne lui rien

dissimuler ce seroit six :Chevaliers quil enyerroit

à la boucherie, &qui

sor osent en un instant aeca?

hiezpar

une foule d'ennemis, fans mêmeque par

laperte

de leur vie ilspussent espérer d'acquérir

quelque honneur, qu'onne trouve que dans une

défenseopiniâtrée. Le Grând.Maître fatigué

de la

solidité de ses remontrancesÍ , luirepartit brusquer

mentqu'il

demandoit dans un Chevalierplus

de

î>'0*ÍÌDES.

Page 276: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV, XI. 269

courageôc d'obéissance

que de raisons, &que s'il

avoitpeur,

il en trouveroit assez d'autresqui

se

trouveroient honorez d'unepareille commission.

Villegagnon piquéd'une

réponse quisembloit don-

ner atteinte à son honneur: Seigneurylui dit il, je

vous ferai voirque

lapeur

ne ma jamais fait fuir

lepéril. A l'instant il

part,&

pour arriver plutôt,

& avant le jour, avec six ChevaliersFrançois de

ses amis, ils se jettent à crû sor des cavalesqui

paissoientdans les fossez du Château, approchent

de la Ville assiégée y seglissent

à la faveur des té-

nèbres aupied

de la muraille : ôcaprés

avoir fait

lessignaux

dont on étoit convenu, avec des cor-

desqu'on

leur jetta, ils entrent toussept avecleur

guidedans la Place, fans avoir été

apperçûs par

1 ennemi.

r Au bruitqui

serépandit

le matin dans la Ville

del'arrivée de cepetit secours, tout le

peuple pré-

venu de laréputation

du Chevalier deVillega-

grion,fit éclater fa joie. Les vieillards, les femmes

Ôc lés enfans donnoient de justes louangesà la

généreuse résolution qu'il avoit prise avec íes com-

pagnonsde venir s enfermer dans la Place. Les

habitans solemniscrerit son entréepar

des déchar^

gesde

moufqueterie: il íembloit

quedans fa seule

personneils eussent recouvré des

troupes,desar-

mes ôc des vivres. Ce Commandeurpour

entrete-

nir leur confiance leur ditqu'il

étoit suivipar un

corpsconsidérable de Chevaliers, ôc

qu'iln'avoit

précédé que pourconcerter avec le Gouverneur

lesmoyens

d'introduire ce secours dans la Place.

Mais aprèss'être enfermé, en

particulieravec se

Lliij

J E A ND'OMEDES.

Page 277: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ijo HISTOIRE DE L'ORDRE

Bailli, il ne lui cacha rien desdispositions

du Grand

Maître: il lui avoua franchementqu'il

ne devòit

point comptersor d'autre secours

quesor celui

qu'iltireroit de fa

proprevaleur -, qu'il étoit venu

mourir avec lui} maisque par

unecourageuse

ré-

sistance il falloit au moins rendre leurperte

célè-

bre dans l'Ordre, ôc funeste à l'ennemi.

Le Bailli considérant queles^uraillesídela Place

netiendroient pas contre ses batteries çles Turcs,parle conseil de

Villegagnonfit faire des retranché-

menslarges

&profonds qu'il

fortifia de flancs &

d'épaulemens garnisd'artillerie ôc de

Mousque-

taires.Villegagnon

conduisoitl'oùvrage-

les Che-

valiersqui.1

avoientaccompagné, y

mettoient eux-

nìêrnes la main : ôc à leurexemple

ôcpar

leurs dis-

cours tout çe peuple,hommes ôc femmes y tra-

vailloient avec la même ardeur, ôc tous envoyanc

Vilsegagnpn,se croyoient en sûreté.

La Bâcha au bruit de lamousqueterie,

& des

cris de joie queles habitans avoient

pousséà sori

arrivée, se douta bienqu'il

étoit entre quelque

secours dans la Place. Les cavales mêmeque

ce

Commandeur avoit abandonnées en entrant dans

la Place, Ôcque

les Turcs trouvèrent lelendemain^

ne luipermirent pas

d'en douter. Mais ces foibles

secours n auroientpas

étécapables d'empêcher la

continuation dusiège,

si une lettreque

les Turcs

interceptèrentdans une

barquede Sicile

qu'ils

prirent, lorsqu'elletentoit d'entrer dans un des

portsde Malte, n'eût causé de vives

inquiétudes]

a Sinam.

Cette lettre étoit écritepar

le Receveur de l'Or-

J E A N

B'OMEDËS»

Page 278: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MALTE. LI V. XI. 271

dre, quirésidoit à Meslîne, ôc adressée au Grand

Maître, lï luimarquoit qu'il

avoitdépêché exprès

_

cette barque pourlui donner avis

qu'André Do-

ria Amiral del'Empereur,

& la terreur des infidè-

les, étoit de retourd'Espagne,

& actuellement

dans leport

de Messine ^ qu'ilavoit

dépêché en

diligencedans tous les autres

portsde l'IÛe, à

Naplesôc à Gènes des

brigantins& des courìers

f)pur

rappeller auprèsde lui toutes les

galères ôc

es vaisseauxqui

seroient en état de tenir ía mer,.

ôcles troupesnéceflaires

pourlés armer, &

qu'il

devoit partirincessamment

pourcombattre les

ennemis Ôc lesobliger

à lever lesiège.

Cet avis étoitsupposé,

ôc de l'invention du Re-

ceveur, qui pourdonner de

linquiétudeau Bâcha,

avoit eu recours à cet artifice. Son dessein réussit ;

Sinam fut allarmé de cette nouvelle \ ôcquoique

lavis venu d'une main ennemiepût

lui être sus-

pect, il ne crutpas

aussi le devoirnégliger.

Il assem-

bla se Conseil deguerre,

ôcaprès

avoir fait faire

la lecture de la lettre du Receveur, ily représenta

quedans la conjoncture où Doria

pouvoitvenir

attaquerfa flotte, il ne

pouvoitni continuer le

íìegefans la laisser

dégarniedes

troupes q«'ilavoit

faitdébarquer,

ni auífi les renvoyer à la défense

des vaisseaux, fans assoiblir considérablement Far-

inée de terre, ôcs'exposer

même à être défaitpar

lagarnison

de la Place,, quide concert avec le

corpsdes Chevaliers

quiétoient dans le

bourg,

pourroient attaqueren même-tems ses

lignes-,

que supposémême

que parl'arrivée subite de la

flotte Chrétienne, il fûtobligé

de serembarquer

JEAND'OMEDES*

Page 279: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

rji HISTOIRE DE L'ORDRE

promptement,il couroit

risquedans une retraite

précipitée,ôc surtout dans un

pays pleinde rochers,

d'être contraint d'abandonner son canon. Il ajouta

qu'àla vérité il avoit bien

permissionde tenter en

passantle

fie^çàç Malte, & celui du

bourg ôc

du Château SaintAnge > mais

préférablementa

tout, ses ordrespprtoient exprefïemerit qu'il

fo-

roit celui deTripoli; qu'il craignoit que

le mois

deSeptembre

ne lesurprît

avantque

d'avoir ter-

minéTentreprise

dela ville deMalte; qufon n'igno-

roitpas que

dans cette saison la mer lelong

des

côtes(^Afrique

n'étoitpas tenable, &

qu'il pour-

roit se trouver hors d'état de faire lesiège

de Tri-

poli , ôc avec lechagrin

d avoirmanqué

celui de

Malte.

Le Conseilaprès

avoir examiné ces raisons, ôc

balancé les difreiens partis qu'on pourroit pren-

dre, convintque

le Général, fansperdre

davan-

tagede tems au

siègede Malte, devoit s'attacher

uniquementà celui de

Tripoli y qu'infaillibl'ement

ilemporteroit une Place fì

peu fortifiée, ôcqu'au

moins en suivant ses ordres, ilpréviendroit

les re^

prochesdu Grand

Seigneur, toujours terrible dans

fa colère. Les Turcs enconséquence

de ce résul-

tat, levèrent lésiège , & se

rembarquèrent^mais;

comme l'avidité de faire du butin est lapassion

dominante de ces barbares, le Bâcha, avantque

deprendre

la route deTripoli,

neput

refuser a

sestroupes

lapermission

deravager

liste de Goze

qui appartenoità la

Religion.

Cettepetite

lfl'eappellée par

ses habitans Gáu-

difihy est située à quatre milles de Malte, du côte

de

HE A ND'OMEDÉS.

Page 280: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XI. %-JI

Tèc l'Occident, ouplutôt

de l'Ouest-Nord-Ouest:

son circuit est d'environvingt-quatre

milles , ôc ^

íallargeurde trois : elle est environnée

presque

partout de rochers & d'écueils : il y avoit alors

prèsde sept mille habitans y ôc un Château fans

fortifications, situé sor unemontagne,

&qui

com-

mandoit sor un: Bourg siipé aupied

dé la même

montagne.

Quoique quelquesCommandeurs eurent été

clavis de raser cepetit Château, & de

transporter

tous les habitans de Me en Sicise, nous avons vu

c|uele Grand Maître avoit été d'un sentiment con-

traire, &que par son crédit ôc son autorité, pkiw

tôtque par

ses raisons, il avoit ramené le Conseil

à son avis. "Une tristeexpérience

en fit voir alors

lepeu

de solidité -,le Général Turc ayant fait som-

mer inutilement le Gouverneur de lui ouvrir le&

portesdu Château , le battit avec son artillerie;.

Les habitans dans la crainte de tomber dans les

chaînes des Infidèles, ossrirent au Gouverneur de

défendre la brèche y mais ce Chevalierappelle

Galatian de Sesse , ôc dont le Grand Maître avoit

tant vanté lecourage,

au lieu deprofiter

d'une íl

courageuse disposition,ôc de se mettre à leur tête -

désespérantde la conservation de fa

place,alla se

cacher dans le fond de son appartement.Une con-

duite si lâche,,ôc dont il n'y avoit

pointd'exem-

pledans l'Ordre, répandit

une consternationgéné-

rale parmice malheureux habitans Î il

n'y eut dana

toute la Placequ'un

canonier Anglois qui braquant

son canon, tua-.lui seulplusieursTurcs,Ôc

empêv

t TomeIJh

'

-. MmB*.:. -

JEAND'OMEDES»

Page 281: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

^74 H I ST OI1E D B X'O R D RE

cha les autres d'approcherdu

piedde la muraille.

Mais ce braveAnglois ayant

été tué d'uncoup

4e canon<|ui partoit

des batteries des Turcs, per-

sonne ne voulutprendre

faplace. Le Gouverneur

pourse

procurerune

capitulation , qui le mît en

lureté, demeura dans son inaction ordinaire : mais

comme il n'étoitpas mgins fanfaron que lâche,

il fit demander au Bâcha les conditions honora-

sses*ju'on n'accorde qu'à ceux

quiont fait une

courageuse défense. Un Moine alla deyíapart os,

frira Sinam de lui rendre la Place, pourvu quece

Générals'engageât par

un traité de lui conserver

& à tous les habitans là vie, la liberté Ôc ses biens,

Le Général Turc rejetta» avec mçprisces

propo*

sitions,&: ilrépondit

à cet Envoyé quesi se Gou-"

verneur ne sortoitpas

à l'instant de la Place, il lé

feroitpendre à la

porte. Le Moine rentra dans le

Château avec de si tristes nouvelles : le Gouver-*

neur lerenvoya pour

démander au moinsqu'on

lui laissât la liberté, & à deux cens desprincipaux

habitans, &qu'il

auroit droit de choisir lui-même.

Le Bâcha réduisit le nombre àquarante personnes,

ôc ilmenaça en même tems le

négociateurde le

faire pendres'il étoit assez hardi

pourse

présenter

uhe autre fois devant lui. Le Gouverneur toujours

tremblant, commandaqu'on

ouvrît lesportes

à

lennemi : ce fut le seul ordrequ'il

donnadepuis

queles Turcs étoient entrez dans liste. Ces Infi-

dèles se jetterent aussi-tôt dans la Placepour

la

piller , lelogis

du Gouverneur fut lepremier

en

prpyeà leur avidité -j Ôc

aprèsen avpir enlevé tous

JEAN4>*OMEDE&.

Page 282: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MA L T E. L ÍV. XI.175

lès meubles, par mépris pource lâche Comman-

dant, ils en firentporter

sor sesépaulés

unepar-

tiejusques

dans leurs vaisseaux. Il fut ensuite dé-

pouilléde ses habits, ôc mis à la chaîne comme

un esclave. En vain il réclama la foi du Général,

Ôc il seplaignit

inutilementqu'on

violât ensapera

sonne lacapitulation.

Sinampour

en éluder le sensy

ôcpour

semoequer

de lui, rendit la liberté àqua-

rantepauvres vieillards infirmes, & les

plus âgez

de liste : ôc ilprétendit que

né s'étantengage à

laisser en libertéque quarante

despremiers

de

liste , sesplus âgez

dévoient être cernez "les'pre-

miers. A la faveur d'unepareille interprétatión r

il retint dans les fers le Gouverneur, Ôc six mille

trois censpersonnes

de toutâge,

ôc de disserent;

sexe, qu'ilfit

embarquersor fa flote.

Parmi ces malheureux habitans, iíy

eut un

Sicilien établi depuis long-remsau

Goze,qui pré-,

férant la mort à la servitude, parune

compassion:

cruelle, ôc une action toutetragique,

se délivra

ôc toute sa famille despeines

Ôc de la honte de

l'ésclavage.Ce Sicilien

transportéde jalousie ôc

de fureur, poignardasa femme ôc deux jeunes

fillesqu'il

avoit eues de sonmariage Í ÔC

pourne

leurpas survivre y il

pritensuite un fusil & une

arbalète dont il tua deux Turcs : ôc se jettant l'é-

péeà la main au milieu d'une foule de soldats

ennemis, aprèsen avoir blessé

plusieurs,il fut

mis enpièces,

ôc trouva la mortqu'il

cherchoit.

Onn'apprit

à Maltequ'avec

une sensible dou-

leur la malheureuse destinée des Gositains : tout

Jemonde détestoit la lâcheté du Gouverneur,^

Mm ij

tïAND'OMEDES»

Voyez, le"

premier livre-

de la relation

deN Nï ca-

lai c. /f.-edi&

de tf6$i

Page 283: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

176 Hl ST G I R E DE L'O R D RE

plusieurs Chevaliers, & des François fur-tout, par

uneantipathie

de nation, demandoient hautement

qu'onlui fit son

procès -, mais le Grand Maître

-quile

prote geoit,en éluda la

propositionsor

leprétexte que

ce Chevalier étant entre les

mains .des Infidèles , on nepouvoit pas

sejuger

fans lavoir entendu : Ôcpour

couvrir auxyeux

de toute la Chrétienté la hontequi pouvoit re-

tomber sor tout l'Ordre de la lâcheté de ce Gou-

verneur, ilengagea

laplupart

des Chevaliers qui

étoient ou de ía nation ou dans fa confidence , d'é-

crire enEurope,

Ôc chacun dans leurpays, que

ce

Chevalier s'étoitsignalé par

unegénéreuse défenses

quetant

qu'ilavoit vécu, les Gozitains à son exem-

pleôc

parson ordre, avoient toujours repoussé

les

attaquesdes Infidèles avec

beaucoupde valeur ;

maisque

ce brave Gouverneur ayant été tué d'un

coupde canon, le

peupleen

perdant sonCapi»

taine , avoitperdu courage j Ôc

que pour sauver

la vie ôc l'honneur des femmes ôc des filles, les

principauxdes habitans avoient crû devoir

capi-

tuler, quoiquele Bâcha

parune

perfidie ordinaire

à ces barbares, eûtdepuis

violé ouvertement la

capitulation.

Cette fablependant très-long-tems passa

dans

toutel'Europe pour

un fait constant y ôc on n'en fut

desabuséque plusieurs

annéesaprès

ce triste évé-

nement. Ce Chevalier à forced'argent ayant

trou-

vé le moyen de fe tirer des fers des Infidèles, non-

seulement n'eutpoint

de honte dereparoître

à

Malte ; maispar

sesintrigues

il se fit encore dé-

charger par se Conseil de íactipnqu'on

avoit in*

3 E A KV'QMEDZS.

Page 284: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

b E MALTE. LIV. Xt %yf

tentée Contre lui au sujet de sa lâcheté, soitque

lesSeigneurs

l'en crussent assezpuni par

lespeines

]

de la servitude, soitque l'indignation qu'on

avoit

conçue de fa lâcheté fût afFoibliepar

le nombre

des années.

Le Bâchaaprès

avoirravagé liste, razé le Châ-

teau, ôc laissépar

tout desmarques

funestes de fa.

fureur, remit à la voile :& au lieu de tenir la route

de Provence, comme le Grand Maître l'avoit tou-

jours voulu faire croire, ce Général alla droit à

TripoliLe Grand Maître n'en

appritla nouvelle

qu'avec beaucoupde confusion j pour réparer

la

fauteque

son entêtement, ôcpeut-être

son ava-

rice lui avoit fait faire, il eut recours à Gabriel

d'Aramon Ambassadeur de Henri II. Roi de France

à la Porte, & fort connu du Bâcha Sinam. Ce Mi-

nistre toucha à Malte en retournant a Constatino-

ple,d'oû il étoit revenu en France Vers la fin de

Tannéeprécédente

: ôc le Roi son maître le ren-

voyantau Levant, il

passa parMalte : y ayant

eupratique

il assura le Grand Maître Ôc le Cou-

vent de la bienveillance de ce Prince. 11 y avoit

peude jours que

Sinam étoitparti

de l'Iste de

Goze : ôc dans un entretienque

ce Ministre Fran-

çois eut avec le Grand Maître, il luitémoigna

qu'ilétoit bien fâché de n'être

pasarrivé

plutôtà

Malte, ôcque peut-être

ses offices & fa média-

tionauprès

du Bâcha n'auroientpas

été inutiles à

laReligion : Vous étés encore arrivé

ajfe^ tût, re-

partit le Grand Maître: (d^ pourvu queles

affaires

dont vous étéschargé

vouspermettent

depasser à

Tripoli, nous ferons trop heureux fi parla

çonfide-

M miij

TE Á ìf©'OMEDES1»

»

Mêntoirei

du Chevalier

deVillega-

gnon adrejfez~à l Empereur

Charl.Quint»

N. Nicolai

l, /. c. //.

Page 285: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

'vjtHISTOIRE DE L*ORDRE

ration queles

Ministresde la Porte ont

pourla re--

commandation du Roi vôtre maître, vouspouve%

détourner Sinam defaire

lefiege

de cette Place: @*

c'est dequoi, ajouta d'Omedes , je vous conjure au

Nom deJefus-Christ, & au nom du Roi votre maî-

tre y qui fait

gloirede

porterle titre de Roi très-

Chrétien.

Quelque pressé quefût d'Aramon de continuer

sonvoyage,

il crut qu'il yavoit des occasions oû

il étoitpermis

à un Ministre de devineifpour

ainsi

clire les intentions de son maître. Ainsi connois-

sont combien le &oi étoit affectionné a^eet Ordre,,

£cpour

nepas perdre

un moment de tems, il se

jetta dans unbrigantin

fortleger, que

lui fournit

le Grand Maître, pritla route de

Tripoliyôcor-

donna auxgalères qui

I'avoient conduit à Malte

de le venir joindre devant leport

de cette Place.

Le Bâchapour prendre langue

étoit arrivé a

Tachore, quin'est

éloignée quede

quatrelieues

deTripoli,

Ôc il avoit étéreçu par I'Aga Morat,

quis'étoit fait

Seigneurdé ce canton. C'étoit un

Officier Turcqui avpit succédé dans ce

petitEtat

à Airadin, dont nous avons déja parle.L'àrrivée

de la flotte Ottomanequ'il

avoit sollicitée à la Por-

te auífi bienque Dragut,

lui donna une joie sen-

sible. Il latémoigna

au Général de Solimanpar

une

réception magnifique,Ôc sortout

parun

corpsde

Cavalerie en bon étatqu'il

luiprésenta pour

le

servir ausiège

deTripoli.

Sinamaprès

s'être re-

posé quelques jours dépêchavers cette Ville un

Maure a cheval, Ôcqui

en forme de Hérautpor^

tpit undrapeau

blanc. Çe Maure sécant; avance

7BAN©'OAJEDES.

Page 286: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

b E MALTË. Ltv\ Xï. 179

Risquessor le bord du fossé de la Place, y planta

une canne, au bout delaquelle

ily avoit un

pa-

pierattaché fans adresse, ôc ileria

qu'il reviendroit

le lendemain enprendre

laréponse.

Gaspard de Valier de laLangue d'Auvergne,

& Maréchal de l'Ordre, commandoit alors dans

la Place, C'étoit un ancien Chevalierqui

avoit

passé par lespremières Charges

de l'Ordre, géné^

râlement estimépar

fa valeur, ôcqu'on regar^

doit même comme un sojet dignede

parvenirà la

Grande Maîtrise, si cette dignitévenoit à

vaquer«

maispar

cette raison moinsagréable

au Grand

Maître , quicomme la

plupartdes Princes, ne

voyent pas toujours de bon oeil leurs successeurs.

C'étoitpeut-être

la raisonqui

l'avoitobligé

à l'éloii

gnerfous se

prétextehonorable del'envoyer comi

mander dansTripoli : outre

quele Maréchal lui

étoit même devenu odieuxparlalibertéqu'il pre^

noit dans le Conseil de combattre ses avis, ôc de

s'opposerfans

beaucoupde

ménagementà sessen-

timetís.. Ce Gouverneur envoya prendrele

papier

quele Maure avoit

apporté , ôc l'ayant ouvert,

il trouvaque

c'étoit un cartelqui

contenoit ces

mots: Rende^vous à la miséricorde du Grand Set'

gneury quima commandé de réduire cette Place en

son obéissance ; je vouslaisserai

la liberté de vous re-

tirer où vous voudre^ avec tous voseffets j fi-nonje

vousferai pajferpar

le fil deVépée.

SignéSINAM , BÂCHA.

Le Maréchal de lavis du Conseil, fit mettre en

laplace de ce

papierun autre où en forme de

(réponse il avoit écrit de sa main ces autres mots ;

D'ÔMEDES»'

Page 287: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

̧o HISTOIRE DE L'ORDRE

La gardede

Tripolima été confiée par

maReligion;,

je nepuis

rendre cette Tlacequ'a celui seul qui

me

fera défignè parle Grand Maître ig) le Conseil de

l'Ordre, (§jr je ladéfendrai

contre tout autrejusqu'à

la mort.

SignéLE MARÉCHAL GASPARD DE VALLIERV

Le Maure étant revenu le lendemain, pritce

papierôc se

portaau Bâcha, qui

vit bienpar

une

réponsesi ferme

qu'il n'yauroit

quela force des;

armesqui

lepourroit

rendre maître deTripoli

:

il s'avança aussi-tôt en bonne ordonnance avec

toute fa ilote , débarquases

troupes ôc son artil-

lerie , fit reconnoître la Place, ôc se mit en état

d'en former lesiège.

IIn'y avoit dans

Tripoli pour

toutegarnison que

cette recrue de deux cens hom-

mes venus de Calabre, soldats nouveaux, ôcqui

rí'avoient jamais vû le feu , & environ deux cens

Maures, alliez de l'Ordre, ôcqui quoique

Malio-

me tans deReligion, par aversion

pourles Turcs x

servirent utilement les Chrétiens.Tripoli , com-

me nous lavons déja dit, n etoitgueres

tenàble x

sor-tout contre une puissante armée y Ôc fournie

d'une nombreuse artillerie : ôcplus

d'une fois les

Grands Maîtres avoientprié l'Empereur

de la re-

prendre , ou de la faire fortifier, ôc la mettre ei*

état de défense. Mais Charles-Quint pours'en

épar-

gnerses frais, avoit toujours répondu que par

un.

même acte il avoit inféodé à l'OrdreTripoli,

Malte

ôc se Goze, ôcque

les Chevaliers dévoientégale-

ment défendre ces trois Places, ou les rendre, ôc

qu'ilne

reprendrait point Tripoli,si on ne lui re-

mettoit en même tems les ifles de Malte ôc: da

Goze..

TE ANSD'OMEDES.

Page 288: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XL 28*

ÇTozc.. Ce Prince aussi intéresséqu'habile,

ne leur

avoit fait cetteréponse que parcequ'ilsçayoitbien'

-

queles Chevaliers

n'ayant pointd'autre retraite;

queMalte

pour s'y pouvoir maintenir, seroient

obligez-,de rester à

Tripoli ;.. & ce fut effectivement,

cette considérationqui

lesobligea

degarder une

si mauvaise Place,, quele

peude richesses de l'Or-

dre n'avoit. pas même permis de fortifier. Auíïi le

Bâcha setant avancépour

reconnoître lui-même

la.Place, en.revenant le vanta àquelques

Officiers

qui l'accompagnoient quelle ne lui coûteroit

qu'un,

coupde main?,. &

qu'il remporterait, par escalade..

Mais iljugea autrement du Château qui

luiparut'

fortifiépar

les boulevards ; & il résolutd'attaquer

la Place de ce côté-là.

On n'avoit pasencore ouvert la tranchée,lors-

que d!Aramon,.cet Ambassadeur de France dontf

nous venons deparler,

arriva sor sebrigantin

de

laReligion;

Enapprochant

de la flotte il salua lé.

pavillon-duGrand

Seigneur :.&parcequ'il

avoic

arboré celui-de France ,,il lui su*répondu par» toute

^artillerie des vaisseaux-.. Ildébarqua

ensuite yôz

comme iln'ignoroit pas que

fansprésents

on ne

réussitgueres

dans desnégociations

avec lès Mi-

nistres de la Porte, il en envoyade

magnifiques;

au Bâcha, pourle

disposerà lui accorder une au-

dience favorable. Une l'eutpas plutôt obtenue,,

qu'ilse rendit à son

quartierôc dans fa tente :&iî!

luireprésenta que

le Roi son maître honoroit d'une:

affection touteparticulière

l'Ordre de Malte, ôt

quecette

Compagnieétant

composéede la

pluss

illustre Noblesse de la Chrétienté, dont unepar-r

Tome. IIL. N, m

TE ArTD'OMEDESÌ-

Page 289: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2,82, H I STOIRE D E L'O R D R E

tie étoient nez ses sojets, il lui feroit un sensible

plaisirdé tourner ailleurs les armes du Grand Sei-

gneur y ôcque

ce Prince leplus généreux de son

siécle lui entémoigneroit

íà reconnoissancepar

désprésens

conformes à ladignité

ôc à lapuissance

d'un sigrand

RoL Le Bâchaqui pendant que

l Am-

bassadeur résidoit à la Porte avoit contracté avec

luiquelque

sorte de liaison à s'ouvrit à lui. U lui

communiquases prdres

signezde la main même

du GrandSeigneuryôc par lesquels

ce Prince lui

enjoignoit expressémentde chasser les Chrétiens

deTripoli y ôc le Bâcha en adressant la

paroleà

TAmbassadeur, ajouta qu'il y alloit de fa tête a ne

passoivre ces ordres.

D'Aramonvoyant

bienque

cequ'il

lui deman-

doitpassoitfon pouvoir,

voulutprendre congé de

lui: & son dessein étoit de se rendre avec leplus

dediligence qu'il pourroit

àConstantinople, pour

tâcher d'obtenir du GrandSeigneur qu

il voulût

bienenvoyer

de nouveaux ordres à son Général.

Mais Sinamqui pénétra

son dessein, Ôcqui prévit

que parle

changementd'ordres on le

priveroitdé

lagloire qu'il espéróitacquérirpâr

cetteconquête,

lui, fit entendrequ'il

nepouvpit

le laisserpartir

avant la fin dusiège:

ôc sans s'arrêter au droit des

gens qu'ilviolòit si manifestement, il fit enlever

dubrigantin qui

1 avoitapporté

ôc des deuxga~

îeresqui

l'étoient venu joindre, tousseursagrêts*

à cetteinjustice près

il le traita avec toute la

considérationqui

étoit due à son caractère.

Cependant on-ouvrit la tranchée; le canon fut

nais en batterie, ôc pour empêcherles Chevaliers

TïAMÎD'ÔMEDES.

Page 290: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

JEAND'OMECJES.

D E MALTE. LIV. XI. 2%

d'enréparer

les effets, le Bâcha avoit distribué

toute son artillerie en trois batteries différentes,

chacune de douzepièces

de différentesgrandeurs,

quitiroient tour à tour ôc fans relâche: en sorte

que pendant qu'on rechargeoitla batterie

qui

venoit de tirer, on mettoitle feu à une autre t

cequi

entretenoit ce tonnerre fans intermiísion.

Heureusement ces batteries étoientpointées

con-

tre le boulevard de SaintJacques , l'endroit du

Château le mieux fortifié, & terrassépar dedansr

en sorteque

les boulets ne faifoientque

leur trou^

& s'enfonçoient dans la terrasse. Les Turcsperdi-

rentplusieurs jours à cette

attaque r mais un transi-

fugené à Cavaillon en Provence, avertit le Bâcha

qu'ildevoit

changerses batteries de

place.Ce mal-

heureux s'étoit établidepuis iong.tems

àTripoli j,

fareligion

étoit enquelque

manière la caution de

fa fidélité ^ maisayant

été séduitpar

un commerce

Criminel avec des femmes Maures, il avoit fecret-

tement renoncé à la foi, embrassé le Mahome-

tisine: ôc auífi infidèle à lOrdrequ'à Dieu, il né-

toit resté àTripoli que pour y servir

d'espionít

FAga Morat, ceSeigneur

de Tachore dont nous»

venons deparler.

Ce futpar son moyen qu'il

eut

accèsauprès

du Bâcha, ôcqu'il

lui fit voirque

s'il

vouloit réussir dans sonentreprise,

il falloit tour-

ner les batteries contre le boulevard de Sainte

Barbe,, dont la maçonnerie étoit fans liaisonspar

se défaut de ciment, quele tems avoit consumé..

L'avis durenégat ayant

été suivi,, on vit enpeu

de

jours crouler la muraille j en vain le Maréchal ta-

chad'y suppléer par

un retranchement qu'iltraça

K n i|

Page 291: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2&4 HISTOIRE DE LOIDRÏ

en deça de la brèche ôc au dedans de la Place,le

.feu continuel de l'artilleriequi

tiroit fans relâche

ôc jour & nuit contre le même endroit, tuoit tous les

esolavesqu'on empioyoit

à cetouvragcCeux quire*

stoiènt refusèrentopiniâtrement

de lesremplacer:

<&quoiqu'on

les maltraitât àcoups

dé bâton, ils se

couchoient à terre &s'y laissoient assommer plûtot

<quede se relever ôc de s avancer versi un endroit

4DÙ ilscroyoient rencontrer une mort, inévitable.

Cettefrayeur par contagion passa des esclaves

aux soldats Calabrois^ quine valoient

gúeresmieux.

On avoit mis laplupart

de cespaysans dans un

Î>etit

fort situé à l'entrée duport,

Ôcqu'on appelr

oit le Châtelet : ,& un Frère servant d'armesap-

pelledes Roches

ycommandoit. Cet Officier plein

ia'attention fur tout cequi sepassoit

dans fa Place,

démêla dans l'air Ôc lesparoles

de ces soldats cer-

tainorgueil

brutal ôc farouche , quilui fit

soup-

-conner,qu'ilse tramoit

quelque dangereux dessein.

A force deperquisitions,

il découvritque

ces Ca-

labraispeu

accoutumez au bruit de l'artillerie, ôc

jdans la jcrainte de se voir ensevelis sous ses ruines

de ce fort, étoient convenus des'emparer

d un

brigantin quiétoit dans le

port,ôc de se. sauver en

Sicile. Pourempêcher

le Gouverneur de les arrêter

JOU de lespoursuivre,

ils avoient résolu, avantque

des'embarquer,

deplacer proche le magasin des

poudres,une mèche

compassée,quiaprésleur dé-

part y mît le feu, ôcqui

fît fauter cepetit Château,

í'Officier considérantqu'il

étoitégalement

dan-

geureux de laisser voirqu'il

étoit instruit de leur

conspiration,& de la

dissimuler, pritle

parti d'en.

'J-SA-N}1?IQMEDES.

Page 292: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

TJE MALTE. L iv. XL 2%

sonner secrètement avis au Maréchal, quisous

jdifFerensprétextes,

les tira du fort les unsaprès

î

les autres.: ôcpour

leur ôter toute communication,

on lesdispersa

en difFerens endroits &parmi

d'aik-

trescompagnies, qu'on crpyoit plus fidèles* Mais

cechangement

deposte

n'enapporta point

dans

Jes mauvais desseins de ces lâches, Ôc né fîtpoiir

ainsi direqu'étendre

la soene dé la conjuration.

Chacun de ces malheureux infecta dupoison

de

seurirebellion les autres soldats y ÔCmême les habi-

itans, quise tróuvoient de

gardeavec eux, Ón

prétend quecette sédition étoit même fomentée

îecretementpar quelques

ChevaliersEspagnols,

ennemis du Gouverneur. Ce fut comme unè confl

piration générale ;césCalabroás excitez parla

peur,

abandonnèrent leurspostes,

ôc s etant réunis, en-

vironnèrentl'épée

à la main leur Commandant,

ôc le menacèrent de le tuer s'il ne déterminoií le

^Maréchalpar

uneprompte capitulation

à assurer

leurs vies éc leur liberté.

Ce Gouverneurqui n'ignoroit pas

les périlsoù

Ton estexposé pendant

unsiège,

èn bon Chrétien

&c en véritableReligieux s'y préparoit

actuelle-

mentpar

làréception

des Sacremens, Ôc il ne fai-

dsoitque

de sortir de la Sainte Table , lorsoue le

CapitaineCalabrois , le trouble ôc la confusion

fur levisage

:Seigneur,

lui dit-il en sabordant, vos

-ennemis ne fint pastous dans le

camp'des Turcs3

cette Place enrenferme qui fènt encore

plus dange-

reux 3 (ë$~ ce n'est quela douleur dans le coeur

que

je viens vousapprendre que

mes soldats contre leur

ferment, ont abandonné leurposte :, $ refusent de

x N n iij

TÍÀHTD'OMEDBJT;

Page 293: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

2.86 HISTOIRE DE L'ORDRE

faire f e service. Ilajouta qu'avec

des cris mêlez de

menaces, ils demandoient qu'on capitulât,,Ôc

que

pour prévenir un plus grandmalheur % il

craignoic

bienqu'on n'y fût contraint.

Le Maréchal dissimulant sagementson

indigna-

tion , sortit sor sechamp

delEglise

r il se vit en

un instant environné de ces mutins y ôc comme

d'un air severe il leur demandoit d'oui vientqu'ils

n'étoient pas chacun à leurspostes , jl reconnut

aisernent leur rébellion à leur défaut;' derespect.

Tous comme de concert 1interrompirent par

des cris insolens i& pourne

passe commettre avec

ces furieux y il se contenta de leur direqu'il

alloit

assembler se Conseil deguerre.

Il ne leut pas; plu-

tôtindiqué , que

tous les Chevaliers &: tous les

Officiers se rendirentauprès

de lui. Pour lors ne

diísimulantpas

fa douleur ôc fa colère, il s'écria

qu/il avpk vécu un jour detrop,

&qu'il

étoit biert

malheureux quele canon ennemi leût

épargJié

pourle rendre le triste témoin de là rébellion Ôc

de hperfidie

de ses soldats t il demanda ensuite

aux Chevaliers leur sentiment sor îétatdela Places.

rLe Chevalier de Poiísi ou de Poifsieu, de la Lan-

guede France, déclara

qu'ilavoit visité exacte-

ment la brèche ; quellen etoit

pointsi

grande

qu'onn y pût soppleer par

de bons retranchemens,

Ôcque pourvu que

les soldats rentrassent dans

leur devoir, &reprissent courage,

on étoit encore

assez fortpour repousser l'ennerrn..

Mais un ChevalierEspagnol appelle

Hérrera ^

ôcqui

faisoit la fonction de Trésorier,, lui adres-

sant laparole : Je

ne fais pas farpris 3 dit-il, qu&

.1? A ND'OMEDES.

2\£ Nicolat

Mémoires d<

Villegagnon.

Page 294: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI.187

*vons opiniez pourune

plus longue résistance dans

une fi mauvaise Place, vousqui estes François y ^}

:

dont le Roi tient actuellement unAmbassadeur dans

lecamp

ennemi. Vous fçave^ bienque quand nous

curons étéemporte^ d'assaut, vous rìaure% rien }

craindrepour

votre vie $ votre liberté 3 mais notre

fort fera biendiffèrent 3 fajets de

VEmpereur ennemi

irréconciliable des Infidèles , nous ne devons attendre

aucunquartier

de ces barbares y fi nous neprévenons

l'afiaut @$r notre pêne parmte prompte capitulation*

fg) c'est aquoi y ajouta-t-il, je conclus

pourle salut

de mescompatriotes (d$r de mes camarades. E)'autres

Officiers, avantqu'on prît

unparti

si décisif, pro*

posèrent qu'on envoyâtun Chevalier des

plusan-

ciens , ôcplein d'expérience pour

visiter k brèche,

Ôc en faire sonrapport

au Conseil. Le Maréchal

dépêchaen même tems le Commandeur

Copier

aux mutinspour

leur fairepart

de cette délibé-

ration, &pour

les exhorter en attendant la dé-

cision du Conseil , a retourner chacun à leurs

postes.

Copier pourles

y déterminer, leur offrit de la

partdu Maréchal de doubler leur

paye.Il les as-

suraqu'on

alloit visiter la brèche ,ôc quesor le

rap-

port quien seroit fait, le Conseil

prendroit un

parti qui pourvoiroit à leur salut. Mais il leur re-

présentaen même tems

que parleur désertion ils

s'exposoient,avant

qu'oneût eu le tems de traiter,

à êtresurpris,

& forcezpar

les Turcs y ôcque pour

en obtenir unecapitulation avantageuse,

il faloit

qu'ils parussenttous chacun dans leur

posteavec

une contenance ferme , ôc en état de faireparta-

ger aux Infidèles lepéril.

JE À WD'DMBDESÌ

Page 295: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

tfg H I S T O IRE D È L'O R D RE

Ces raisons du Com mandeur m êlées àpropos:

, de tendresprières

ôc de généreux reproches,rai-

soientimpression sor leípritdé

ces mutins y mais,

Herreraleurayant

fait insinuerque par

toutes ces,

promesseson necherchoit

qu'ales amuser, &que

se Maréchal, homme entêté, se foroitplutôt

tueE.

sor la brèche, qued'entreren

négociation,ils re*

jetterent avec degrands

cris toutes^és proposo.

tions du Commandeur.: Par un effet bjijen extraor-

dinaire, le courage détermine du Maréchal, ôc

seur propre lâche té les astermirent égalementdans,

seur rébellion ; &peut-

êtrequ'ils eussent, été

plus

aisez àgagner,.

sils; eussent, crû leur Gouverneur.

moins capable deprendre

unparti*

extrême. Ils

protestèrent qu'ilsne se

sépareroient point qu'après

la visite de la brèche, &qu'ils

ne se fieraient më±

me de cerapport qu'à

unEspagnol ^ en; sorte

que

pourles* contenter .,, il salut y envoyer: un- vieux

soldat de-leur cabale , appelleGuénare.. Ce sok

dat-aprês*

avoir visité la brèche , rapporta qu'elle

étoit aisée à forcer, ôc de difficile défense -, quefi

ses Turcs, comme on.n en devoir pas.douter,con-r

tinuoient leur baterie, cequi

restoit: sorj>ied

des

murailles de ce côté-là ne dureroitpas-jusqu'à

nuit y, queles retránchemens

proposez parle Che«

valier de Poiísi, étoient d'une exécutionpresque

impossible,,ôc ne serviroient

qu!à y fairepérir

inu-

tilement ungrand

nombre degens

de bien. Sur

son rapport ajusté à: làprévention,

des, mutins, ils

entrèrent'dans une nouvelle fureur, ôc menace*

renthautement,.si onn'arhoroitledrapeauhlane,

de faire eux-mêmes, lacapitulation, & d'introtv

duire, ses Infidèles dans la Place.. Le-

,I«ANR'QMEDES,

Page 296: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E. LIV. XI. 1S9

Le Maréchal se trouvant sans soldats & fans au-

torité, remit la décision de cette affaire àla déli-

bération du Conseil.Quoique presque

tous les

Officiers détestassent linfamedéscrtitì||de

leurs

soldats, cependant aprësde sérieusesrérTéxionsfur

là foiblesse de la Place, la révolte ouverte de la

garnison 5 ôc le défaut de secours du côté de Malte,

on convintqu'il

falloit céder à la nécessité : & un

Servant d'armes eut ordre d'arborer lesignal

fu-

neste de lacomposition.

A la vue de cedrapeau

Sinam fir cesser la batterie j deux Officiers Turcs

sortirent de la tranchée, s'avancèrent aupied

de

labrèche, ôc dirent

quele Gouverneur

pouvoit

envoyer desdéputez pour

traiter. Les rebellesplus

maîtres dans la Placeque

le Gouverneur, décla-

rèrentqu'ils

ne fouffriroientpoint qu'on chargeât

de cettenégociation

aucun Chevalier François,

ôc ils nommèrent eux-mêmes le Commandeur

FusterMajorquin,

& le Guevare, lesprotecteurs

secrets de la rébellion.

Cesdéputez

étant arrivez aucamp

des Turcs

ôc admis à laudience du Bâcha, lui direntqu'on

étoitdisposé

à lui remettre la Ville ôc le Château

deTripolijà

conditionqu'il

conserveroit la vie ôc la

liberté au Gouverneur, aux Chevaliers,à lagar-

nison ôc à tous les habitans ^ qu'illeur seroit

per-

misd'emporter

leurs effets, ôcqu'il

leur fourni-

roit des vaisseauxpour

lestransporter

à Malte ou

en Sicile. Sinam d'abord neparut pas s'éloigner

de

cette proposition j mais aprésleur avoir

reproché

la téméritéqu'ils

avoient eue , disoit-il, de tenir

dans une Place si foible contre une arméeRoyale3

Tome III. O o

JE A H .

Page 297: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

190Hl S T 0 I R E DE L'O R DR E

il déclara qu'iln'entendroità aucun traité, à moins

qu'au préalable,&

pourcondition

préliminaire,

les Chevaliers quiétoient dans

Tripoli ne s'enga-

geassent ^dédommagerlé Grand

Seigneurdes frais

de cetteguerre.

Les députezlui

ayant représenté

quecet article passoit

leurspouvoirs,

il lescongédia

brusquement,ôc avec des menaces

quilles feroit

touspasser

au fil del'épée.

Comme ils íortoient de

fa tente,ils rencontrèrent Dragut, qui s'étant in-

formé du succès de lanégociation, apprit avec

surprise que le Bâcha l'eûtrompue.

Ce corsaire

feignantd'être fâché de la

rigueur qu'iltenoit aux

aífiegez,les

priade différer leur

départ jusqu'à ce

qu'ileût entretenu un moment le Général. Il en-

tra aussitôt dans ía tente, ôc il luireprésenta qu'en

prolongeantle

siègeil hazarderoitle succès de son

entreprise, qu'il pouvoitvenir du secours aux aísie-

Írez

j quele désespoir même d'obtenir une

capitu-

ation raisonnable tiendroit lieu aux Chevaliers

d'un nouveau secours -,qu'ilsen deviendroient

plus

intrépides f d'ailîeursque quelque

confiancequ'il

eût en son artillerie, il nepouvoit ruiner ce

qui

restoit sor pieddes murailles Ôc des fortifications

fans laisserpar

les brèchesqu'il feroit, autant de

portesouvertes aux

troupesde la

Religion pour y

entrer, avantqu'il eût le loisir de les

réparer,sor-

tout dans une saison où il nepourroit pas

tenir la

mer. Il ajouta qu'enhabile homme il devoir sous-

erire de bonnegrâce

à la capitulation, ôc se ré-

server, quandilleroit maître de la

Place, de don-

ner au traité desexplications

conformes à sesin-r

terêts.

J E ANP'QMEDES.

Page 298: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

rDE MALTE. LIV. XI. 291

Le Bâchagoûta

fanspeine

les conseils perfides

du corsaire : il fitrappeìler

lesdéputez,

Pilleur _~

ditqu'il

accordoit à laprière

deDragut

cequ'il

avoit refusé à toute autre considération. Le traité

sot arrêté, ôc le Bâcha en jura {'observation parla

tête de sonSeigneur,

sermentqui passoit pour

in-

violable parmiles Turcs.

Lorsqueces

députez pri-

rentcongé

de luipour porter

lacapitulation

au

Gouverneur, il leur ditqu'il

étoit àpropos qu'il

pûtconférer avec lui

pourconvenir du nombre

des vaisseaux detransport,

dont il auroit besoin^ ôc

auisi de la soretéqu'il

donneroitpour leur retour,

ôc qu'ilenverroit

poutcela en

otagedans la Ville

nn desprincipaux

Officiers de son armée.

Apeine

cesdéputez

étoient rentrez dans la

Place , quecet Officier se

présentaà la

porte.Il

fut auísi-tôt introduit y le Maréchal à ce sujet &

pourentendre la lecture de la

capitulation,avoit

convoquéle Conseil de

guerre.On

yexamina s'il

eonvenoit à un Gouverneur de sor tir seul de fa

Place , ôc sons être à la tête de fagarnison y mais

la mutinerie dé lagarnison

rendoit toute délibéra-

tion inutile, Ôc ceuxqui

fomentoient secrètement

la rébellion, ôcqui craignoient que

le Gouverneur

nereprît

son autorités soutinrent quele traité étant

signé , le Maréchal ne devoirpas

faire difficulté

de conférer avec le Bâcha-, qu'il y auroit même

delimprudence

à laisser voirqu'on

se défioit de

faparole

: d'autantplus que

lagarnison

ôc les ha-

bitans nepouvant

retourner à Make, oupasser

en

Sicileque

sor les vaisseauxqu'il fourniroit, on étoit

obligéde s abandonner entièrement à fa foi. Tous

O oij

?I A ND'OMEBES»

Page 299: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

19* HISTOIRE DE L'ORDRE

conclurentque pour

luimarquer une

parfaite con-

fiance, il falloit mêmeque

le Maréchal lui rame-

nât sonotage ; ôc cés rebelles ríetoient

pasfâchez

d'éprouver parla conduite

quele Bâcha tiendroic

avec le Maréchal, cequ'ils

en dévoient eux-mê-

mes attendre.

„. Il n étoitgueres

dans lesrègles qu'une garnison

disposât ainsi de lapersonne

de son Gouverneur;

mais on a déja pû remarquer que depuisla révolte

déclarée des soldats, ôc fomentée sccrettement

par quelques Chevaliers Espagnols,le Maréchal

avoit vûdisparoître

ladignité

du commendement

&.-le mérite de l'obéissance : & ces mutins n'eurent

pas plutôt appris quele Bâcha demandoit à con-

férer avec le Gouverneur, quedans la crainte

que

lacapitulation ne se

rompît,ils le forcèrent

pardes

cris insolens à sortir de sa Place. Ainsi il se rendit au

campsuivi du seul Chevalier de Montfort son ami,

quiné le voulut jamais abandonner, & de cet Offi-

cier Turcqu'on

lui avoitenvoyé pour otage.

Com-

me ils étoientprêts

duquartier général,

cet Offi-

cier , sousprétexte , d'avertir Sinam de l'arri-

vée du Gouverneur, pritles devants, ôc lui dit en

peu de motsqu'ilavoit

trouvé les soldats & les

habitans dans une extrême consternation ; qu'il

croyoit même y avoir démêlé de ladivision, &

qu'il pouvoit compter qu'ilétoit maître

d'impo-

ser la loi au Gouverneur.

Le Bâchaprofita

de cet avis, ôc à labord du

Maréchal, prenantcet air de hauteur & cet or-

gueilsi ordinaire à ces barbares dans les bons suc-

cès , il lui demanda s'il apportoit largent qu'ilavoit

.J E A ND'OMEBES.

Page 300: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DÉ M AL T Ei- L í Vi X% Ì95

éxigé pourle

dédommagementdes frais dé la

guerre. Le Maréchal íans s'ébranser luirépondit

froidementqu'il

s'en ténoit à lacapitulation,

à ía

parole,& aux sermens sosemnels

qu'ils avoient

faits de lagarder inviolablement^ C'est bien a des

chiens comme vous y répartitle furieux Bácha^ qiion

doit tenir fa parole y vous (^VQS perfideiCamarades y

quine'tenant lavieaufiegede'Rhodes que

de la cle~

mente du GfandSeigneur"y (0* qu'il

ne vous avoit

méme^accordée s quoiquecontre lavis de son Conseil y

quefarlapàfoleque votre'Grand Maître lui donna

que l'Ordre s'abstiendroit a Iavenir depirater

dans

fis mers y & derejpe&er par tout fan pavillon y au

préjudice de ce traitéy (®r parune

ingratitude odieuse 9

n'ave^pas étéplûtûtétablis1à Malte, que vous aveç,

repris votre ancien métier de corsaires, l^e Maréchal

quisouffroir

impatiemment un si injuste reproche,lui

répartit que l'originalde là

capitulation signée

dela main même de Soliman étoit conservé à Mal te*

qu'on n'y trouveroit rien de 'semblable, ôcque pour

justifier cequ'il avançoit,

il étoitprêt

de le faire

venir de Malte; Ilajouta que

sril serepentoit du

traitéquilavpit

fait avec lesdéputez de

Tripoli,

il n'y avoitqu'à

le déchirer, &que

le sort des ar-

mes décideroit ensuiteauquel

des deuxpartis

cette

Place resteroit. Le Bâcha irrité d'uneréponse si

courageuse, ordonnaqu'on

le désarmât-, qu'ilfût

chargéde fers, & conduit fur fa

galère.Le Ma-

réchal toujours ferme & constant, se tournant

vers le Chevalier de Montfort : Mon Frère tìm dit-

il, fi on vouspermet

de rentrer dans la 'Place,- dites

de mapart

a mon Lieutenantft) au Commandeur

O oiij

'J t A HD'OMEDËS.

Page 301: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

JEAN©'OMEDIÌS.-

2.94 H I S T O IR E DE L* O R D R E

Copier y qu'ilsne me

comptent plusau nombre des^i-

vans y (§jr quedu

surplusils fè comportent faivant

leur devoir ft) ceque

Vhonneurexige

d'eux en cette

occasion. Après qu'ilfut sorti de la tente du Bâcha,

ce Général congédia Montfort, luipermit

de ren-

trer dans la Place, à lacharge

"de dire aux Chevaliers

qui y étoient restez, quesi on ne lui envoyoit in-

cessammentl'argent qu'il avoit demandé,, il íçau-

roit bien en faire de leurspersonnes, de la

gar-

nison Ôc des habitans, &qu'il

les feroit tous ven-,

drepour

esclaves. Montfort ayant rapportédans

la Place de si tristes nouvelles, excitaparmi

les

Chevaliers unegénérale indignation -, tous jurèrent

auprix

de leursang

devenger

lin jure faite à leur

Commandant. On ne parle plusde

capitulation ;

Ôcaprès

s'être embrassez, ils convinrent de se dé^

fendrejusqu'à.4

extrémité r de mourir tous ensem-

ble, ôc de s'ensevelir sous lés ruines de la Place.

Ils tâchèrent d'inípirerles mêmes sentimens à la

garnison ; mais ils n'avoientpas

à faire à des sol-

dats : ce n'étoientpas

même des hommes. Ces mi-

sérables insensibles à tout cequ'on leur représenta

pourexciter leur ressentiment, n'y répondoient

comme des femmesque par leurs larmes, ou par

un morne silence. Prières, remontrances, repro-

ches , lescoups même, rien ne ses

putrésoudre à

reprendreleurs armes. Dans une désertion si

géné-

rale, le Conseil considérantqu'ils

ne valoientpas

lapeine qu'on

s'obstinâtplus long-tems

à une dé-

fense inutile, pour conserver la liberté de ces re-

belles, résolut de les abandonner à leur malheu-

reux sort, & de ses laisser enproy

eau Bâchapour

Page 302: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI. t^.

prixde la liberté des autres. On

renvoya Mont-

fort à ce Général, pourlui dire

qu'ilétoit

impoí- Dm

sible aux Chevaliers de lui fournir la sommequ'il

demandok ; qu'ilne trouveroit

point d'argent dans

tpute la Place y maisqu'on

lui en ouvriroit lespor-

tés , pourvu qu'ilen laiílat sortir seusement trois

cens personnes enpseine liberté, &qui seroient

indiquezôc choisis

parle Conseil. Avant que

Mont-

fortpartît pour

faire cette nouvelleproppsition,

le Conseil quiétoit bien instruit

quele Bâcha ne

feroit aucun quartieraux Maures, qui quoique

Mahométans, avoient servi laReligion

avec beau-

coupde

courageôc de fidélité, après

les en avoir

récompensez suivant que la conjoncture leper-

mettoit, les exhorta à se retirer ou à Tunis, ou à

la Gpulette;&; pourassurer.leur retraite &

empê-

cherqu'ils

ne tombassent entre les mains des Turcs,

pn leur donna tous les chevauxqui

étoient dans

la Place, &ils sortirent parla

portede S.

Georges.

, Plusieurs de ces Mauresqui depuis long-tems

étoient à la solde des Chevaliers, nepurent

se ré-

soudre à les abandonner dans cette extrémité, ôc

protestèrent qu'ilsvouloient suivre leur fortune.

Les autresprirent

leparti qu'on

leur ossroit; mais

ily

en eutquelques-uns qui

eurent se malheur,

avantque

Montfort fût revenu aucamp,

d'être sur-

prisôc arrêtez dans leur retraite. On ses amena

au Bâcha : ilapprit que

les Chevaliers étoient ré-

solus de se défendre jusqu'à l'extrêmité, ôcquand

ils nepourroient plus tenir, de faire sauter toutes

les fortifications, & de fairepérir

avec eux leurs

impitoyables ennemis.

JBAMD'OMEOES.

Page 303: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

296 HlST Q IRE D E Ì-ÒRÎ5RE

Le Bâchaeffrayé d'une résolution

quine lui lais-

feroitpour

tout fruit de faconquête qu'un

mon-

ceau de cendres, fut ravi de voir revenir Mont-

fort : il se réçut bien \ôc aprèslavoir entendu, il

lui laissaespérer qu'il

laiíseroit au moins la liberté

à deux cens des assièges»Il

envoyaénsoite

quérir

se Maréchalpour terminer avec lui cette araire.

Avant quede l'introduire dans fa tente, on en fît

sortir Montfort j ôcquand

ce Gouverneur sot en

faprésence : La nuit y lui dit-il, vousa-t^eMeporté

conseil y & étes^vous difaofa àmepayerlafiipme que

je vous demandefi justement ?

fai

perdu , lui répon-

dit leMaréchal, mon autorité dans

T'ripoliavec la

libertéque vous m avez ravie 3 c'est k d'autres que

voús devez aprésent

vousadrejfer 3 @r fapp0fî

même que mesconfrères eussent

encore quelque défé-

rencepour

monsentiment, je ne ferai jamais d avis

qu'ontraite à, d'autres conditions

qu'acelles dont'vous

étés vous-même convenu : dusurplus y voila ma tête

dont vouspouvez disposer y comme vous avez f ait de

ma liberté.

Le Bâcha tira à l'écàrtDragut

& lAga Morat:

&ayant confère tout bas avec eux, ôc

apparem-

ment dans la crainte de trouver la même fermeté

dans lesChevaliers, que dans le Maréchal, il se

raprochadu

Maréchal, ôc lui tendant la main en

signe-de paix: Qu'il ne soit plus parlé

entre nous y

lui dit-il, de nouvelles conditions 3 je ratifie lespre-

mières y ffi je souscris a la liberté de tous les Chré-

tiensqui fe trouveront dans

Tripoli. C'est dequoi

vouspouve^ vous-même aller

assurervos camarades y

(§jr lesfaire finir avec la

garnisonde la Place.

Mais

JE A ND'QMEDES.

Page 304: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M ALT Ë. L LV. XI. Í97

Mais le Maréchal quise déficit de ce

change-

ment de conduite, ôcqui appréhendoit quecette ;

facilité à revenir aux premières conditions, ne ca-'

chatquelque

nouvelleperfidie , se

dispehiáde

por-

ter cetteparole

sor ceque

ses chaînes avoient fait

cesser sonemploi

Ôc son autorité yôc à son refus >,

le Bâcha y envoyacet Officier Turc

quien

qua-

litéd'otage,

étoit déja entré dans lí* Place/ Il y fut

reçu parles mutins avec autant

dempreíïèment

dued'inquiétude

: ils lenvironnerent ausii^tôt y ôc

lans le conduire au Conseil-:y. ils îlepreíserent de

déclarer le sujet dé sa commission. Cet Officier leur

ditque

son Général l'avoitenvoyé, pour leur dire

qu'en exécution du traité, il accorderoit une-en-

tière liberté à tous ceuxqui

sortiroientprompte-

ment de la Place y qu'illeur fourniroit des vais-

seauxpour,

lestransporter

à Malte, &qu'il

n'exi-

•geoit pourtoute condition des soldats si-nPn

qu'ilslaissassent dans la Place leurs

enseignes&

leurs armes. Ce discours fut reçu parces deser^

teurs avec degrands

cris de joye : ôc comme ily

avoit déja quelques jours queces lâches s'étoient

défaits de leurs armes,.comme d'un fardeau;inu-

tile, fans attendre ni les ordres du Conseil, ni le

retour du Chevalier de Montfort, & dans la crainte

quele moindre retardement

n'apportât: quelque

changementdans la volonté du Bachá., trouvant

les portesde la Ville fermées, ils sortirent en foulé

parles brèches : & les femmes & les enfans à leur

exemple,fe

précipitoient parles mêmes ouvertu-

res. Les Chevaliers abandonnez de tout le monde,

furent réduits à la fin àprendre

la même route :

Tome III Pp

JE AIÎ.D'OMEDIÎ-

Page 305: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

19$ HISTOIRE DE L'ORDRE

les uns ôc les autres se rallièrent aupied

des mu-

railses> ôc comme ilsprenoient

le chemin ducamp,

MoratAga

à la tête de fa cavalerie Maure les in-

vestit : ôc fans distinction derang

ou de condition;,

dageôc de

sexe,aprèsles avoir

dépouillez , on lés

chargeade fors & on les fit esolavés.

De tous les Maltois, iln'y

eutque

Desioehes et

frère servantqui

commandoit dans se Châteset,

quivoulût faire son sort lui-même, ôc

quji paria

fermeté & son courage, íçût conserver fà liberté.

Ilmanquoit

au Bâcha d'être maître de cepetit

fortqui

commandoit fur leport,

ôc quién étoit

comme la clef L'Agentde ce Général tenta Des-

rochespar

despromesses magnifiques , ôc tâcha

de l'intimider'enmême temspar

des menaces de

la mort ou d'un esclavage perpétuel.Le Frère ser-

vant, quoiqu'iln'eût

quetrente hommes avec lui,

fut également insensible aux unes & aux autres.

Le Turc futobligé

de dresser une batterie contre

cette tour : on leut bien-tôt foudroyée. Pesroches

nepouvant plus y tenir, se

prévalutdes ténèbres

de la nuit, íe jettaavec fa

petite troupedans une

barque , sortit duport,

ôcgagna

la haute mer }

d'autres disentqu'il

se retira secrètement sur les

galèresde lAmbassadeur de France, qui

lui ser-

virent d'azile.

Ce Ministre ne vitqu'avec

une sensible douleur

laperte

deTripoli , ôc

l'indignetraitement i

que

ces barbares faisoient aux Chevaliers. Aux pre-

mières nouvellesqu'il

en eut, il courut à l'endroit

oû on les avoit arrêtez , il les trouva chargezde

chaînes, à demi nuds, couchez à terre Ôcexposez

J Ô A fí

Page 306: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D 1 M ALT E. Lrv. XI. %<99

auxinsultes de cette milice insolente. Il les aborda

en des termes convenables à leurcourage

ôc à leur

vertu, ôc il les afsoraqu'il

alloit travailler à leur

liberté. Il se rendit auísi-tôt à la tente dm Bâcha,

Ôc il luireprésenta

d'abord avecbeaucoup

de force

que parun injustice si criante, il alloit lé desho^.

norer à la face de lUnivers, Ôcque

le Roi son

maître ôc ses autres Souverains de la Chrétienté

intéressez dans le traitement indigne qu'ilfaisoit

à des Chevaliers , laplupart

leurs sojets, <m s'en

feroient foirejustice par Soliman/ou à son refus,

useroient dereprésailles

sor tous ses Officiers Turcs

quitomberoient entre leurs mains. Le Bachalui

réponditfièrement

qu'ilne *levoit rendre

compte

de fa conduitequ'à

son maître, ôcqu'il

étoit bien

assuréque

ce Prince ne trouverokpas

mauvais

qu'ileût

manquéde parole

à des Corsaires, qui

par une honteuse avidité degain > avpsent violé

avec tantd'ingratitudela promestequ'ilsluiavoient

faite à laprise

de Rhpdes de neplus

troubler par

leurspirateries

le commerce de ses sujets -, qu'en

vain le Gouverneur deTripoli

avoit tâché d'echa-

peràdesi justes reproches;

sousprétexte

crue dans

lacapitulation

il n'étoit fait aucune mention de

cettepromené

: Commefi, dit-il à d'Aramon, cent

mille hommes quiétoient k ce

fiege , n'en eussent pas

été témoins, ®~ mêmeque

la démarche fi humiliante

pourle Grand

Seigneur y de s'êtreabaissé jusqu'à fi

plaindreen

différentes occafions de leurmanque

de

parole y nefut pAs au-dejsus

de toutes lespreuves par

écrit.

L'habise Ámbasladeur ne lui contesta rien, ôc

pP ij

jUAN

Page 307: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

|©0 HlS T O IR Ë .DE L'ORD R E

se renfermant dans la voye d'insinuation , & à

force deprières ôc de

présents,il enohtint

peuà

peu

la liberté du Maréchal, ôc desplus anciens Cheva-

liers François y &pour faire voir

qu'il prétendoitob-

server exactement se second traité, onpour mieux

dire, ses proineíses qu'il avoit faites a Montfort,

il consentitque deux cens

personnes parmi ceux

qui étoient arrêtez , jouilsent encore de la liberté.

Mais par une npuvelse soperchérie,il les} choisit

lui-même- eprnnie^ il avpit fait au Gozeparmi

lés

plus vieux:-§c ses plus;

pauvresdes habitans> Il ré-

tint tout se reste dans les fors avec tous ses Che-

valiers E^ ou Italiens sojets dél'Empereur,

êç quelques jeunes Chevaliers Francoisì.

Çette exception dpnna beaucoup d'inquiétude

a i'Ambaííadeur^ ll prévit avec douleurque

cette

jeunesse aimable aisoit êtreexposee

àplus d'une

sorçe dfipérils?ôt d/autant

plus dangereux, qu'ils

serpient a$S|sonne)Z; de mpléise & deplaisirs.

Pour

lesen]préserver >il;sei racheta de son propre ái~

gentryôc à

l'égarddes Chevaliers

quiétoient so-

jetsde

^Empereur ^quoiquece Prince fût alors

enguerre avec son maître, il

s'engagea enéchàn-

ge de5rendre au Bâcha,; & dé conduire lui-même

àConstantinople trente Turcs de bonne famille

qui étoient actuellement esclaves à Malte. 11 en

prit ensoite la route avéc la confiance d'y être re-

çupar

le Grand Maître,comme le Libérateur de

ses Frères, & ily arriva le 2,3 Août sor le soir. Ce

Ministre ens'embarquartt

sor sesgalères , s'étoit

faitprécéder par

unebarque qui portoit

de fapart

unetettreçauQrandMaítre, óûilluidonnoitavi'S

D'QMEI5JS>

Page 308: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XI. 301

de tout cequi

s'étoitpassé dans la

pertede Tri-

poli.D'Omédes fut consterné de cette nouvelle :

ôc cequi

lui caufoit encoreplus d'inquiétude que

de douleur, c'estqu'il craignoit qu'on

ne lui attri-

buât uneperte

si considérable. Ilri'ignoroit pas

qu'il yavoit

déjadu tems

qu'ons'étoit plaint

dans

lé Couventqu'au

lieu dé faire travailler aux for-

tifications de cette Place, il détournoit auprofit

de ses neveux les deniersqui y avoient été desti-

nez. Laperte

deTripoli pouvoit

faire revivre ces

plaintes qui produirPientun sévère examen de fa

conduite, ôcpeut-être

fadéposition.

Pour se tirer

d'une si fâcheuse situation, il résolut de rendre la

conduite dé rAmbassadéur de Francesuspecte,

ôc

dé réjetter sur ce Ministre &: sur le Maréchal la

pertede cette Place. Dans ce dessein il fit

appeller

quelquesChevaliers

quilui étoient le

plusétroi-

tement attachez j & lesayant

conduits dans son

cabinet j il leur fitpart

de la lettrequ'il

veiioit de

recevoir de d'Aramon. D'abord il ne leur laissa voir

quela douleur

quelui caufoit une

perteaussi con-

sidérable : ôc comme s'il n'eût voulu en réjetter la

fauteque

fur lui-même, il leur avoua avec une

feinte confusionqu'il

ne sepouvoit pardonner

lïmprudence qu'ilavoit eue d'avoir

engagéd'A-

ramon àpasser

enAfrique,

ôc de s'être confié à

un Ministreétranger,

dont il nepouvoit pas igno^

rerque

le Maître avoit une étroite alliance avec

le GrandSeigneur y Que cet Ambassadeur, hom-

me d'ungénie souple

ôc adroit, Ôc de la même

nationque

le Maréchal, s'étoitemparé

de toute

fa confiance, sousprétexte

de s'intéresser à la coît-

Ppiij

JEANÇ'OMBDE*.

Page 309: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3ozHISTOIRE DE L'ORDRE

servation deTripoli -, que

vrai-semblablement il

lui en avoit ensuiteexagéré

la foiblesse, ôc les for^

ces du Bâcha9 ôcque par

ses artifices il 1avoit in-

sensiblement conduit dans un labirinthe denégo-

ciât ions, quine setoientàiafin terminées que par

une honteusecapitulation.

Les créatures du Grand Maître , en courtisans

serviles, ôc fans examiner cequ'il pouvoit y

avoir

de faux dans une relationqui ne rouloit

quesor

des con jecturès, détestèrent hautement lapréten-

dueperfidie

de lAmbassadeur. Chacun à la ma^

niere se fit un mérite de fortifier ces conjectures

parde nouveaux préjugez

auífi mal fondez -, les

uns dfsoientque

ce Ministre nauroitpas

disseré

rexeçution des ordres de son Maître, Ôc interrom*

pusi volontiers le cours de son

voyageà la Porte^

s'il n'avoit crû lui êtreplus

utile àTripoli qu'à

Constantinople 7 d'autres ajoutoient quedans le

besoinpressant que

le Roi de France avoit de la

flotte Ôc des forces du Bâchapour

lesopposer

à

celles de Charles-Quint, son Ambassadeur pour

lespouvoir

fairepasser plutôt en Provence aux dé-

pensde la

Religion,avoit accéléré la

capitulation

de la Place -, quele Maréchal etoit inexcusable

de lavoir conclue sans laparticipation

du Grand

Maître ôc du Conseil: & on convintqu'il

falloit

lui faire incessamment sonprocès

: maispour

se

débarasser d'un témoin auífi incommode quel'Am-

baííàdeur, on résolut avantque

de commencer

laprocédure

de le laisserpartir. Cependant pour

le rendresoípect,

ôc comme si ón se fût défié de

lui, à son abord devant leport,

le Grand Maître

JEA M

MS.DE5.

Page 310: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. Xi. 303

sous prétextede Fheure indue, défendit

qu'on

levât la chaîne, fit doubler lagarde

du Château,-

&prit

les mêmesprécautions qu'en

tems deguerre,

ôc comme si l'ennemi fût revenu dans l'Iíle, & eût

été auxportes

de la Place. *\

Le lendemain les confidens du Grand Martre

de concert avec luirépandirent

des bruits sourds,

quoiquefans nom d'auteur, que Tripoli

netòit

tombée sipromptement

en lapuissance

des Turcs

que par l'mtelligeneesecrète de l'Ambaííadeur

avec le Bâcha, ôcpar

la foiblesse du Maréchalqui

s'étoit abandonné auxperfides

conseils de d'Ara-

mon. C'étoient de ces nouvellesqui

ne se disent

qu'à1oreille, ôc

qu'onne confie

qu'àses amis in-

times, maisqui

à force d'êtrecommuniquées

fous le secret, deviennent à la finpubliques.

Ces

bruitsgrossis par

disserentes conjectures quecha-

cun y ajoutoit, suivant lintention du Grand Maî-

tre, passèrentbientôt dans toutes les

auberges,&

des Chevaliers aupeuple

:par

cet artifice d'Ara*,

mon fans s'enappereevoir

devint tout d'uncoup

l'objet deTexecration publique.

Le Grand Maître n'en demeurapas

là : Ôcpour

le rendre austì odieux dans toute la Chrétienté,

qu'ill'étoit à Malte, il

engageaceux de fa cabale

d'écrire secrètement aux Chevaliersqui

étoient

enEuropeôc dans leurs commanderies, que

l Am-

bassadeur de France avoit trahi laReligion

& li-

vréTripoli

aux Infidèles, ôcque

fans lessages pré-

cautionsqu'avoit prises

le Grand Maître, il au-

roit tenté des'emparer

du Château Saint-Ange ,

ôcd'y

introduire les Turcs. Ces bruits se répan-

X>'OuiDt.S.

Page 311: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

304 HISTOIRE DE L'ORDRE

dirent en peude tems dans toute la, Chrétienté,

ôcy

firentbeaucoup d'impression.

Ceuxqu'on pu-

blioit à Malte avec tant demalignité, parvinrent

à la fin jusqu'à d'Aramon. On nepeut exprimer

avecquelle surprise

il lesapprit

: il demanda aussi-

tôt audience-j elle lui futassignée

enplein

Con-

seil. Ily prit

séance à côté du Grand Maître j &

trouvantindigne

de son caractère de s'abaisser à

réfuter tous ces faux bruits, ilpria

feulerbent le

Grand Maître, en lui adressant laparpse,

de se

souvenirqu'il

n'étoitpassé

enAfrique que

sur

les instances réitérées, qu'illui en avoit faites,

ôc danslesquelles, pour l'y déterminer, il avoit

fait entrer linterêt de laReligion Chrétienne,

ôc même l'assection dont le Roi son maître hono-

roit tout son Ordre. Il ajouta que depuis qu'ilétoit

arrivé aucamp

des Turcs, il n'avoit rien oublié,

soitpour engager

se Bâcha à lever lesiège ? soit

pourla délivrance des Chevaliers j que

Dieu lui

avoit fait lagrâce

de les ramener heureusement

sur sesgalères,

ôcque

s'étantengagé

de ramener

enéchange

autant de Turcs esclaves de la Reli-

gion,il íe flatoit

quele Grand Maître les lui fe-

roit remettrepour qu'il pût dégager

faparole

avec

honneur.

Le Grand Maître luirépondit

enpeu

demots,

ôc avec un air extrêmement froid, qu'onlui étoit

bienobligé

de ses soins y maisqu'à légard

des esi

claves Turcsqu'il demandoit, il n'en étoit

pas le

maître -, quec'étoit aux Chevaliers

quiles avoient

prisà en

disposer , ou fur leur refus au Maréchal

a endédommager

le Bâcha. D Aramonauroitpû

justement

ÍEA N

MEDES.

Page 312: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE; LIV. XLJOJ

Justementlui

répliquer qu'il yavoit encore une

voye

plus courte, ôc mêmeplus juste, qui

étoit de lui re-

mettre les ChevaliersEspagnols pour

les rendre

à Sinam ; mais il trouvaindigne

de son caractère,

4e faire sentir au Grand Maître son injustice ; ôc

sans s'abaisserjusqu'à

s'enplaindre,

il sortitpeu

de jours âpresdu

port,& continua fa route vers

Constantinople.

Sondépart

mit le Grand Maître en liberté de

continuer l'exécution de sonprojet

: il tint secret,

tementplusieurs conseils avec ses créatures. La

pertedu Maréchal

yfut résolue. On convint

que

pourl'interêt du Grand Maître, il étoit tems de

lui faireoccuper

sor la seene laplace que

d'A,-

ramon venoit dequitter , mais comme au

sujet

d'une résolutionprise

enplein

Conseil deguerre,

on nepouvoit pas

sévir contre lui seul, le Grand

Maître, ôc ceuxqui

de concert avec lui, condui-

soientce noircomplot, jugèrent

àpropos

de com-

prendredans l accusation les Chevaliers

qui avoient

eu leplus

depart

à lacapitulation.

Ses émissaires

répandusdans les

auberges , disoiéntqu'il étoit

honteux à l'Ordre de souffrir une sigrande lâcheté,

ôc unepareille prévarication : lui-même

représen-

toit au Conseil, quoiqueavec une douleur

appa>-

rente, qu'onne

pouvoit pas pourIhonneur de la

Religionse

dispenserde faire rendre

compte au

Maréchal, & aux autres Chevaliers , des motifs:

quiles avoient déterminez à

capituler: Afin y di-

soit d'Omedes avec une feinte modération, de les

absoudre s'ils fint innoçens 3 ou auffide les

punir, JÊ*

on avoit lechagrin de les trouver coupables.

Tome IIIQLc|

\J E A MD'OMEDES".

Page 313: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3~o£ HISTOIRE DE L'ORME

Le Conseil ne trouvant rienque d'équitable

daris cetteproposition, opina qu'on

instruiroit in~

ceíïamment leprocès

des accusez : on convint

qu'ilfaloit nommer trois Chevaliers de trois Lan-

guesdifférentes

pourfaire les informations. Le

Grand Maître n'eutpas

depeine

à faire tomber

cette commission à ses créatures -, mais comme

ces Commissaires enqualité de Religieux

nepou-

voient pas connoître d'un crimecapital^

ôc oû il

yalloit de la vie des accusez, il fut arrêté

qu'on

leur donneroitpour

Assesseur ôcpour

Chef de la

commission un .séculier-, qui aprèsTexamen ôc le

rapportdes Commissaires, prononceroit

sor la na-

ture despeines que

meritoit la faute des criminels.

L'habile Grand Maître, fansparoître y prendre

d'autre intérêtque celui de la justice, indiqua pour

cetemploi

un Officier séculier de llíle, appelle

Augustinde Combe y dont il avoit fait la fortune ^

Juge corrompu,ôc

capablede tout faire

pourde

l'argent.Il fît encore choisir

pourProcureur de la

commission, un autre séculier, Espagnolde nais-

sance , quin'avoit d'autre mérite

quecelui de lui

itreaveuglement

dévoué. D'Òmedespar

le choix

de tous cesJuges,

se vit maître de faireprendre

à. cette affaire le tourqui

lui conviendroit.

Sur laRequête

du Procureur d'ofBce, on com-

mença pararrêter le Maréchal ôc les Chevaliers

Wufieryde Soufa &* Errera, quiavoient eu le

plus

ée part, quoiqued'une manière différente à la ca-

pitulation.Comme la

pertede cette Place inte-

íéssoitl'Empereur par rapport

à fa Suzeraineté,

Jôcque

d'ailleursTripoli

couvroit enquelque

ma-

JE AND'OMEDES.

Page 314: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI. 507

niere ses Etats d'Italie, les Chevaliers nezsujets

de

ce Prince, pourfaire leur cour, n'eurent

pointde

l

honte d'arrêter eux-mêmes leiar Général , parce-

qu'ilétoit

François : on lejetta

dans un cachot

affreux, Ôc où le soleil n'avoit jamais pénétré. Le

Grand Maîtrecroyant

faperte infaillible, ôc

qu'il

n'avoitplus

de mesures àgarder j pour

lepriver

de tout secours , défendit sous degrièves peines y

attendu î'énormité du crime,, &qu'ils'agissoitde

rinterêt de l'Etat, qu'aucunChevalier n'eut à sol-

liciter en fa faveur. Par une autreordonnance,il

futprescrit aux Commissaires de

réjetterles cau-

ses de récusationqu'il pourroit alléguer contre les

témoins y quefans

égardà la condition ou à lit

réputationdes

déposans,on admit indifféremment,

letémoignage

de tous ceuxqui

seprésenteroient >

fans mime les astreindre à subir la confrontationi

contre l'accuse. On ne pouvoit pas prendrede

tfiesoresplus

sorespour perdre promptement

uti

innocent..

A la faveur de cette nouvelle Jurisprudence ^

on vit paroître parmiles témoins

quele Procu-

reur d'office admettoit des scélérats avérez , &:

des hommes noircis desplus grands

crimes t tels,

étoient un certain Dominique Cabillan, Espagnol

de naislànce dont on reçut setémoignage,, quoi-

qu'ileut

déjaété

reprisde justice, ôc condamné

pourcrime de faux j tel

Vanegas,autre

Espagnol,

qui aprèsavoir renié jefus-Christ ,, ôc embrassé lat

Religionde Mahomet, par

un nouveau crimes

âvoit vendu ses enfans aux Infidèles y ôc on fit re-

venir ce scélératd'Afrique pour déposer

contre le

9& %w>

JE A wD'OMEDI?»

Page 315: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

308 HISTOIRE DE L'ORDRE

Maréchal, tel enfin un des canoniers deTripoli,

qui ayantété arrêté dans le moment

qu'ildeser-

toitparmi les Infidèles * n'avoit évité le

supplice,

que parla clémence du Maréchal. Tous les

gensde bien

voyoientavec douleur

qu'à quelque prix

<^wece fut, on vouloir

perdrece

Seigneur $ mais

la cabale étoit sipuissante, on avoit même rendu

£à cause ílcdieuse, que personne n'osoit ouvrit la

bouche en fa faveur.

Le seulGhevalier deVillegagnon, malgré

toutes

ses défenses du Grand Maître, sot aísezgénéreux

pour entréprendrefa défense, ôc il s'en

acquitta

avecuncourage

invincibse. Ilpublioit hautement

qu'àétoit bien extraordinaire

quela place n'ayant

étéperdue que par

lanégligence,

ôcpeut

- être

par lavarice de ceuxqui

étoientchargez

de la for-

tifier, Ôcd'y jetter du secours, cependant on

pré-

tendît rendre se Maréchalresponsable des fautes

d'autrui. Les amis de ceSeigneur,

& sor-tout la

plupart des Chevaliers François,sor ces

plaintes

qu'ils trouvoient justes, commencèrent à ouvrir

les yeux, & ils sereproçhoient

de s'être rendus

ses instrumens de lapassion

Ôc de la haine d'O-

medes. Ce Prince, pour prévenirleur

témoignage,

ôc cequ'ils pourroíént

mander dans ses differens

Etats de la Chrétienté, eut recours une seconde

fois à laplume vénale de ses confidens 3 ôç il lés

obligead'écrire chacun dans leur

pays, quele

•Grand Maîtreayant voulu faire faire le

procès au

Maréchalpour

avoir vendu fa Place aux Infidèles,

laplupart des Chevaliers François, craignant que

par la conviction de ce crime, on attachât une

1* ANJ>?QMEDES.

Page 316: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

B E MALTE. Liv. XI. 309

marqued'infamie à leur

Langue,avoient

prisles )

armes , ôc ténoient actuellement le Grand Maître —

alîìegédans le Château Sainte

Ange.Ces nouvelles

toutes fausses, qu'elles étoient, excitèrent dans les

pays étrangersune si

grande indignationcontre

les Chevaliers François, qu'on n'en parloir plus

quecomme des rebelles^ ôc il sembloit que la qua-

lité seule de François, étoit un crimequ'on

ne pou-

voitexpier que par

leur mort.

D'Omedesparces. lettres

ayánt prisles devants*

ôc prévenules François, donna tous ses soins, avant

quela vérité eût

puêtre éclaircie, à terminer

promp-

tement cettegrande

affaire. Le Procureur d'office,

de concert avec lui^produisitde nouveaux témoins.

Villegagnon découvrit auíïLtôtqu'ils

avoient été

subornez : il en portases

plaintesaux Commissai-

res > &après

leur en avoir fait voir lespreuves,

il leur représenta quesise Grand Maître , sous

pré-

textequ'il s'agissoit d'un crime d'Etat, avoit inter-

dit au Maréchal toute voye de récusation , c'étoit

à eux au moins à n'admettreque se témoignage

desgens

dont ils connussent laprobité.

Mais les

Chevaliers dévouez au Grand Maître lui répondis

rent froidement-que

cet examenregardoit

le Pro-

cureur d'office :y qu'ilsn'étoient préposez que pour

recevoirsimplement

leurtémoignage -, qu'ils

étoient également disposezà entendre à

charge

ôc àdécharge

ceuxqu'il

voudroitproduire.

Ils

ajoutèrent qu'ilsluidonnoient

pourcela huit jours,

quoiquils eussent accordé deux mois au Procu-

reur fiscalpour trouver ses témoins. Plus defoi-

xantepersonnes, gens

d'une intégrité reconnue,

Q3ÌÌJ

JEAND QMEDËJ.

Page 317: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$10H I S T OIRS D E L'O R D R E

seprésentèrent

dans un sipetit espace

de tems, Ôt

déposèrenten faveur durMaréchal, &

parleur té-

moignagefirent tornbèr la

dépositiondes faux té-

moins. Enfin sor seraport

des Commissures, Ôc

ensuitepar

leJugement

du Ptévôt^ il sotprononce

enplein Conseil, que

dans laperte

deTripoli,

iln'y

«oitintervenudélapartdu Maréchal Ôc des autres

Chevaliers aucune forte de trahison, ni diiátelli*

genceavêc les

ennemisjjquetout lé malheur étoit

provenu uniquementde là lâcheté- des Calabrois

^

qu'àla vérité il n'y avoit

.pointde Constitutions

impériales,ni de Loix qui

décernassent enpareil

cas dessoppliees

contre un Gouverneur Ôc des Offi-

ciers ; maisque par

les statuts de l'Ordre,, on en

devoit chasser tout Gouverneur, quisans la

per-

missionexpresse

du Grand Maître & du Conseils

auroit abandonné une Place dont on lui auroit con-

fié lagarde

: enconsequence'de quoi

il çonésooitr

par un seul & même Jugement,a ce

quel'habit dé

laReligions

la Croix séroient êtez auMaréchal^

aux Chevaliers Souía, d'Herrera Ôc Fuster^ conv

mecomplices

de kperte

de:Tripoli

Le Grand Maître témoigna parun

geste ehagrist

quil

n'âpprouvôit pasce

Jugement.Il n'avoit fait

comprendredans l'aceuíation les Chevaliers Espa-

gnols, que pour éloignerle

soupçon qu'ilagîtcon-

tre le seul Maréehaípar

une haine de nation, oe-

il se flattoitqu'après

lavoir faitpérir,

il ne man^

queroit pasd'occasions & de

prétextes pourfaire

absoudre lescompatriotes.

CeJugement

du Prévôt

déconcertoit ses mesores $ pour y remédier il re*

jprésentaau Conseil avec une feinte moderatioífc

JEANBADMEDES.

Page 318: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Li.v. XI. $n

i& une retenueapparente, qu'il

lui sembloitque

seJuge, pour

finir une affaire aussiimportantey

°

avoit unpeu trop précipité

ses différentes Senten-

ces, ôcqu'il croyoit qu'il-eût

dû mettre unegrande

différence tant entre la faute dechaque criminel,

<quedans les différentes

peinesdont ón les devoit

punir -,ôcqu'il

lui sembloitque pour

leprésent

on

devoit s'en tenir aujugement rendu contre le Ma-

réchal, ôc surseoir celui des Officiers, pourles

pou*

voirjuger

chacun enparticulier,

& suivant la nature

différente des crimes dont ils étoient convaincus.

LeJuge qui comprit que par

ceJugement

com-

munqu'il

avoit rendu contre tous les accusez, il

avoit offense le Grand Maître, malgréla Sentence

qu'ilvenoitde

prononcerons pudeurôc fans hontey

changead'avis: &

pour appaiserle Grand Maître,

opinade nouveau, & tira les Officiers

Espagnols

de la Sentencegénérale

dans laquelleils étoient

compris yôc parune manière

d'explicationil dé-

claraque quoiqu'il

les eût tous condamnez à la

même peine, leurs fautes étoient bien différentes.

Le BailliSchilling,

de laLangue d'Allemagne,

adressant laparole

à ceJuge : N'étes^vouspas,

lui

dit-il avecindignation,

leplus

méchant homme du

monde y dechanger fi légèrement

de sentiment au moin-

drefigne

du mécontentementdu Grand Maître ì Vous

«venez deprononcer juridiquement que

les accufiz

étant touségalement coupables

de la même faute,de-

moietit fabir la mêmepeine y ffi un instant après

vous

prétendez qu1an

fipareles

fautes, ^ qu'onen diffère

leJugement

? M aparlé

comme un misérable qu'il est y

ajouta le ChevalierNuguez

de laLangue de Gas-

>JE A M

D'OMEDEI*

Page 319: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

pz HISTOIRE DE L'ORDRE

tille -, Ôc se tournant vers le Grand Maître : Je m

u_souffrirai point y lui dit-il, qu'onexécute la Sentence

prononcée contre le Maréchal y fi en même-tems on ne

fait fabir la mêmepeine

aux autres accufiz-

Toute l'Assemblée sécant réunie au mêmé avis^

lé Grand Maître feignit de s'yrendre -rmais com-

me il étoit audésespoir que

ía proyelui eût en

quelquemanière échapée,

&qu'il

ne pût faire pé-

rir le Maréchal tout seul,, comme il sel'étoitpro-

posé,il demanda un moment d'audience, oû il

représenta que quoiqu'onvînt de statuer

quetous

les criminels seroientpunis

en même tems-, cepen-

dant il étoit juste de mettre quelquedifférence

entre leurs fautes, & lapeine qu'elles méritoient;;

quele Maréchal & le Chevalier Fuster lui

parois-

soient bienplus coupablesque

les autres, l'unpouí

avoirnégocié

lacapitulation,

ôc l'autrepour

avoiï

abandonné la Place dont il étoit Gouverneur, ôc

quela

punitionde deux si

grandscrimes

pouvant

aller à la mort, il étoit d'avis, fansque

le Conseil

s'en mêlâtdavantage y d'en renvoyer le

Jugement

difinitif auJuge séculier, qui

avoit déja priscon*

noissançe de cette affaire. La corruptionde ce

Juge^

quivenoit de varier si honteusement y lé fit réjetter

avec degrands

cris:.le Grand Maître néanmoins

s'obstinoit à le faire nommer ^mais comme ceJuge

se vitchargé d'injures par

lesjplus emportez,

de

lui-même il se désista de cette fonéìion,. sor lepré*

textequ'ayant

rendu fa Sentence, il nepduvoit

pas prononcerdeux fois sor k même affaire. Le

Grand Maître outré de n'avoirpû

venir a bout de

ses. desseins >f remit l affaire à une autre fois, or^

donna.

} TE A NB'OMEDES.

Page 320: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI. JIJ.

donna au Secrétaire du Conseil de faire mention j

dans sonregistre

de tout cequivenoit

de sepasser y L_

ôccongédia

l'assemblée.

Cependantles ennemis du Roi ôc de la France^

fur les lettresque

le Grand Maître avoit fait écrire

dans leurs Etats, publioient quelAmbassadeur de

la nation avoit livréTripoli

aux Infidèles, &qu'il

étoit revenu ensuite à Maltepour

tâcher de lesini

troduire dans cette Iste r quefans la

vigilancedu

Grand Maître tous les Chevaliers auroient été

égorgez,ôc

quela Chrétienté auroit

perduune

Placequi

servoit de boulevard à la Sicile ôc à toute

l'Italie. Le Roi offensé de ces bruitsqui

donnoient:

atteinte à fagloire

Ôc à l'honneur de la Nation, dé-

pêchaau Grand Maître un Gentilhomme ordinaire-

de fa Maison, appelledu

Belloy, quilui rendit une

lettre de sapart

dattée du dernierjour de

Septem-

bre , ôc dans laquellece Prince, après

s'êtreplaint:

amèrement des bruits infâmesqu'on

avoirrépan-

dus contre son Ambassadeur,Je prioitde lui faire-

sçavoir nettement ôc avec une exacte vérité, si

d'Aramon étoitcoupable

dés crimesqu'on

lui im-

putoit: Afin, s'il en etoit convaincuy de le

faire punirJ

filonla

grandeurde

fincrime 3 ou3 s'il fe trouvoit-

innocent, de le justifier par fin témoignage parmiles

Nations étrangères yOU on I avoit fi cruellement diffamée

L'arrivée de ce Gentilhomme,.& lalettredonc

il étoitporteur,

eàuserent de violentesinquiétu-

des augrand

Maître. Il nétoitplus question

de

répandre furtivement des bruits sourds,.ou d'en-

voyerdes lettres anonimes ou

signéesde

gens peu:

connus, avec un aussigrand

Roique

Henri II; Ôc

Tome II h R.r

J E A tfD'OMEUÈSÍ

Page 321: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

;i4 HISTOIRE. D E L'O R DR E

dans une affairequi

interessoit son honneur: il

falloit s'expliquer clairement, & être en état de

soutenir à la face de toute la Chrétienté ce qu'on

auroit avance.

D'Omedespour

ne sepoint compromettre, Ôc

pourse tirer d'embaras, porta

la lettre du Roi au

Conseil y on en fit la lecture, ôc il demanda aux

Seigneurs quile

composoient,leur avis sor la ré-

ponse qu'on ydevoit faire. Toute lAssémblée d'un

consentement;unanime,opina qu'il

falloit récrire

a ce Prince , quela

Religion,bien loin d'avoir

lieu de seplaindre

de la conduite de son Ambassa-

deur , n avoitque

des remerciemens à rendre à Sa

Majesté póurtous les bons offices

qu'elleen avoit

reçus y çequi engageoit plus que jamais tout l'Or-

dre à une eternelle reconnoissance. Le Conseil or-

donna en même-tems à son Secrétaire de dresser

cette lettre, ouplutôt

de la fairesigner

au Grand

Maître, & de la remettre àl'envoyé

du Roi, ou

au Chevalier deVillegagnon, qui

devoit laceom-

pagnerà son retour.

DOmedesqui persistoit toujours dans le des-

sein secret deperdre

TAmbassadeur ôc le Maré-

chal , serepentit

bientôt d'avoir remis au Conseil

laréponse d'une lettre

quilui étoit adresiee à lui

seul: &pour

éluder lespreuves qu'on

en auroit

pûtirer en faveur des accusez , il fit

appellerle

Secrétaire j & fans s'ouvrir à lui del'usage qu'il

méditoit de faire de cette lettre, il lui dit seule-

mentqu'étant

adressée a un Grand Roi, & sor une

matière auífi délicate, les termes n'enpouvoient

être trop mesorez j qu'ilvpuloit en conférer avec

JEAND'OMEDIÌS-

Page 322: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XI. ^y

lui à loisir, ôcque

si le Gentilhomme François ,

ouVillegagnon

la demandoient, il trouvâtquel- Z

que prétexte pours'en

dispenser.Et il le

congédia

aprèslui avoir recommandé le secret.

/ Villegagnon ayantlaissé

passer quelques jours

fansque

ce Secrétaire se fût mis en état d'exécu-

ter les ordres du Conseil ,lui en demanda la raison.

Le Secrétaire suivant ceque

lui avoitprescrit

le

Grand Maître, s'excusa sur la multitude de ses oc-

cupations: Ôc

pour lamuser, luipromit

de luipor-

ter aupremier jour cette lettre. Mais des semaines

entières s'écoulèrent fansqu'on

laput

tirer de ses

mains. Ces délais affectez firentsoupçonner

a Ville-

gagnon qu'ilse tramoit de nouveau

quelquemau-

vais dessein, &pours'en éclaircir il

employatous

ses soins , & mit en mouvement les Chevaliersqiti

s'intéressoient comme lui à'la défense du Maré-

chal. Enfin il découvrit, à cequ'il rapporte

lui mê-

me, quele Grand Maître avoit eu des entretiens

secrets avec leJuge qui

avoit fait leprocès

aux

accusez-, qu'illui avoit

reproché qu'ileût été assez

foible, sor lesplaintes qui

s'étoient élevées con-

tre lui dans se Conseil, de se désister de fa com-

miíïion-, quele Grand Maître avoit ajouté, qu'il

étoit assezpuissant, malgré

la cabaleopposée,

pourlui faire

renvoyerla révision du même

pro-

cès -y maisqu'il

ne luipardonneroit jamais s'il va-

rioit une seconde fois dans sonJugement,

ôcque

pours'assurer de fa

paroleil vouloir

qu'ils'obli-

geâtà lui

payer cinqcens ducats dor s'il ne se con-

duifoitpas

dans toute laprocédure

de la manière

qu'illui

prescrisoit.

Rrij

D'OMUÌES.

Page 323: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

yJ X A N©\OMEDES.

3^6 H I S T Ô IR É DE L'O R D RE

Ceux dontVillegagnon

tehoit cet avis, ájou-

toientque

leJuge

dans la crainte deperdre

fa

Chargeavec la

protectiondu Grand Maître, fit

toutes lespromesses,

ôcpassa

toutes lesobligations

<qu'on exigeade lui ; que

le Grand Maître saisi de

cesgages

lui avoit remis un Mémoire contenant

des faits Ôc articles, sorlesquels

il devoit interro-

ger l'accufé, &qu'il

lui ordonna ensoite,sise Ma-

réchal les nioit, ou s il n'y vouloirpas repondre,

de lui faire donner la question; que pafla vio-

lence des tourmens il en tirât cet aveu, qu'il n'a-

voit remisTripoli

aux Turcs, qu'àla sollicitation

de d'Aramon. On ajoutoit quele Grand Maître

avoit avoué auJuge que dans l'esperançe

depou-

voir envoyercette cónfeíïìon au Roi, il avoit dif-

féré saréponse

àl'envoyé de ce Prince, &

qu'il

n'avoit trouvé quece

moyende sortir avec hon-

neur d'une affaire óù laperte des "accusez aíuire-^

roit sagloire,

ôc même sadignité.

Villegagnonne nous

aprendpointde

quiil tenoit

îa découverte de cecomplot,soit qu

on l'eûtengagé

au secret, soitpeut-

êtreque

cela vînt duJuge même,

qui n'osont prendresur lui,& sansla

participationdu

Conseil, défaire donner laquestion

àundesgrands

Officiers de l'Ordre, ne futpas fâché que

le bruit de

cecomplot

enempêchât l'exécution,& lui

épargnât

en même tems une somme aulfi considérablequ'il

s'étoit soumisimprudemment

depayer

au Grand

Maître. Quoiqu'ilen soit, Villegagnon

instruit

d'un si affreuxcomplot,

se rendit au Conseil, ôc

demanda au nom de l'Envoyé du Roi qu'onlui

remît laLetrrequil

devoitporter

à ce Prince : Ôc

Page 324: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

toÈ MALTE. LIV. XI. 317

11/représenta que pour peu qu'il

différât àpartir,

la merpar

larigueur

de la saison ne feroitplus

-

navigable. Cependant, ajouta Villegagnon , file

Conseil avoitchangé

de sentiment, peut-etre quepour

faire connoître au Roi I innocence de fin Ambassadeur,

ilfnffiroit de lui envoyer le résultat des

Commissaires

avec unecopie

de la, sentence] duJuge séculier 3 (§jr

quece

"Princeparle

simpleénoncé de ces aSîes yVerroit

clairementque dans la

capitulationde

Tripoli y iln'y

émit intervenu ni trahison niintelligence

de lapart

de

d'Aramon & du Maréchal avec les Infidèles 3 mais:

quela

pertede cette "Place venoit uniquement

de la

lâcheté des soldats Calabrois $} de leur rébellion.

Un Chevalier du Prieuréd'Aquitaine, grand

partisande d'Omedes, prit

laparole,

ôc ditque

1e Roi ne demandoitqu'à

être instruit de la con-

duiteque

son A mbassadeur avoit tenue enAfrique,

ôcque

c'étoit à cela seulqu'il

faloitrépondre.

Le

Grand Maître fut ravique quelqu'un

se fûtopposé

à laproposition

deVillegagnon,

ôc il sentit bien

qu'unau(ïì habile homme

quece Chevalier Fran-

çois , n'avoit demandé leprocès

des accusezque

pour porterau Roi des

preuvesfans

répliquede

l'innocence de d'Aramon; ôc comme il trou voit

toujours Villegagnonà son chemin, il lui demanda

fièrement où il avoit appris quedans des

procès

criminels quel'Ordre faisoit faire à des Chevaliers,

on fûtobligé

d'en rendrecompte

à des Princes

séculiers. Ce n a jamais été mon intention, répliqua

le Chevalier , d'avancer une pareille proposition 3

mais f ai cru feulement qu'au défautde la Lettre

que

le Conseil avoitprescrite, (@r qu'onri a jamais voulu

Rriij

JÉAÍÍD'OMEDES»

Page 325: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3ifr HISTOIRE DE.L OR D R E

expédier y le Roi fi pourroit contenter, pourla justi-

fication de fin MiniBre, dutémoignage

duJuge

mê-

me des accusez > qui par fa Sentence , reconnoîtque

dans lacapitulation, ilriy étoit intervenu de la

part

de fin Ministre aucun pacteillicite , ni aucune intelli-

gencecriminelle.

Cependant ypuisquevous mordonne'z >

continuaVillegagnon,

en adressant laparole

au

Grand Maître ydevous rendre

comptedes

motifs par-

ticuliersque f ai eus

pour fiuhaitter qu'on envoyât

ces aSles en France, je vous le dtraï avec toute la

franchisedont je fais profession , (ê$r auffi avec tout

lerejpefâ que je vous dois , ^)

aIauguste assemblée

devant laquelle je parle.

Pour lors élevant sa voix, ôc s'armant d'une no-

ble fierté : Il y a déja quelques jours y Seigneur y

continua-t-il en adressant laparole

au Grand Maî-

tre, quilcourt unbruit

désavantageuxà votre

gloire,

ft) onpublie que

dans une conférence fecrette quevous

avez em a^ec ^ Combe, vous êtes convenu avec lui

qu'il fi chargeroittout de nouveau du

procèscontre le

Maréchal 3 quece

Juge inique s'est engagéd'en tirer

parla violence de la torture y la

confessiondes crimes

qu'ilria

pointcommis s qu'il

le condamneroit enfaite

à mort 3 (djr qu'après fin exécution y on substituera fa

confessionÌ, la Lettre que

le Conseil a ordonné qu'on

écrivît au Roi. Tel est, à cequ'on prétend,

l'uni-,

que sujet du retardement affecté, quele Secrétaire

apporteà remettre cette Lettre à

l'Envoyéde ce

Prince.

Le Grand Maître neput

entendre ce discours

fans un vif ressentiment : le feu dans lesyeux,

ôc

tout brûlant de colère, il lui commanda de dire

Jí A ND'OMEDES-

Page 326: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE tóí A L T E. L I V." X î.319'

tout haut dequi

il tenoit ces bruitsindignes.

//

ri est pasencore

questiondu nom de V auteur, répon-

\

dit modestementVillegagnon,

ils'agit feulement

Àprésent que

vous nous disiez fi^e

fa** efi vrai ou

faux 3 Très faux, s'écria le Grand Maître,déclarez

donc y Seigneur y devant touteVassemblée, repartit

Villegagnon, quevous

déchargezvotre

Juged'une

fimme decinq

cens ducats d'or alaquelle

il s', est obligé

envers vous, s'il ne condamnaitpas

a mort le Ma-

réchal. A ces terribles mots, la confusionparut

d'abord fur levisage

du Grand Maître -, la tête lui

tourna entièrement : il ne sepossedoit plus

• ôc

outré de se voirpoussé

si vivementpar

un de ses

inférieurs, il lechargea

d'un torrent d'injures. Mais

celui-ci content d'avoir mis tout le Conseil sur les

voyes de ses méchants desseins, se retira de l'assem-

blée r ôc lesSeigneurs

Grand-Croix justement in-

dignezde tous ces

perfides complots,nommèrent

un autreJuge,

ôc commandèrent sous degrièves

peinesau Secrétaire

que toute affaire cessante, Ôc

dans le jour même il eût à délivrer àl'Envoyé

du Roi ou àVillegagnon

la Lettrepour

ce Prince,

dans la forme ôc les termesqui

lui étoientpres-

crits.

Quelques précis quefussent ces ordres , le Se-

crétaire créature du Grand Maître, n'osa les exé-

cuter fans faparticipation : il se rendit secrètement

à son Palais, écrivit la Lettre sous sesyeux,

la fa-

briquaavec un nouvel artifice ^& au lieu

d'ymar-

quer,comme leConíeil l'avoit ordonné, que

bien-

loinque

d'Amaron eût contribué à laperte

de Tri-

poli,ce Ministre au contraire n'avoit rien oublié

JEAN.D'OMEDSS.

Page 327: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$ÌO H I S T O I RE D E L'-O R D R fi

pourdétourner le Bâcha d'en former le

siège,il

sobstitua à ces termes sipositifs

en faveur de lin-'

nocence de d'Aramon, une clause relative feule-

ment au temsauquel

il écrivoit : ôc il faisoit dire

au Grand Maîtreque

le Conseil n'avoit encore

rien découvert, dont onpût accuser d'Aramon»

Par cette clause, &íousprétexte qu'il pouvoit

sor-

venir de nouvellescharges,

il se réservoit lepouw

voir de recommencer dans une autre occasion lés;

accusations intentées contre d'Aramon.:

La Lettre en cet état fut remise àVillegagnon^

dattée dudix-sept

de Novembre : mais il en eut

bien tôt reconnu l'artifiçe. Il laporta

fur lechamp

au Conseilpour

s'enplaindre,

& lesSeigneurs qui

lecomposoient,

honteux de tant desupercheries^

dressèrent eux-mêmes leprojet

de la Lettre, que

le Grand Maître, aprèsce

quis'étoit

passé , n'osa

refuser de signer*

CeSeigneur, âpres y

avoir remercie le Roi des

marquesde bienveillance dont il lui avoit

plude

l'honorer, ajoutaces

propresmots au

rapportde

M. de Thou,,Historien célèbre ôccontemporain:.

Quant à ceque

Votre Majesté defire de moi, pour

satisfairea fa volonté 3 (@r afin commandement yje

disque

d'Aramon étant arrivé ici lepremier jour

d'Août avec deuxgalères ^

unbrigantin 3 (^y osant

été requ filon fa qualité y il nous aexposé l Ordre

que

mous lui aviez donné à fin départ pour Constanti-

nople de nous voir enpassant, (§r de nous assurer

d?

votre bienveillance : far quoinous le

priâmesde

passes

enAfrique y @r de tâcher de détourner le Bâcha de

Tentreprise dufiege

deTripoli y s il ne ! avoit

pasen-~

core

ÏÏAN.©'OMETDES.

Page 328: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XI. p.i

core commencé 3 ou en casquil

trouvât la "Place déja

assiégée y d'employerle

nomsirefpeBable de Votre Ma-

jeííé y. ffi fin proprecrédit y pour

Fengager

a lever le

fiege 3 qued'Aramon avoit

embrasséavec joye cette.

occasion de rendre service à l'Ordre- 3 maisque

le: Gé-

néral Turc ayant été inexorable à toutes fis prières y,

il revint icifansì en avoirpu

rien obtenir s ffi en té-

moignantdans U'Conseil public

de noweReligionTex*-

trême regret qu'ilavoit de la

pertede

Tripoli. Jî

nousassura qu'ilrriavòmrien

oublié de tout cequm

étoit. en fin pouvoir pournous donner la

satisfaction

quenous désirions de lui y comme en

ayanteu un com±

mandementiexprèsde Votre Majesté. Outre celay afinj

que chacunfiut la vraye cause de ce malheur y nous

avons fait fairede tòusycâtez^dés: informationr

: (d£*

apréstoute la

diligence quenous

avouspé y employer y

nous n'avons rien trouvéqui puiffe

donner fajet de

croireque'd'Aramon y> ah•contribuéy nh

quilait en

quelque firte quece fiit sollicité lareâdition de cette

î?lace. Au contraire nos Chevaliersprisonniers y à leur

retour y nous ontappris que

non feulement il est exempt

de tout blâme 3 maisquil

àobligé

noire Ordrepar

une infinité de bonso0ces>.. C'est pourquoi

le bruitquì

n, couru.au contraire"s a été répandu injustement y fa-

çonne toute farte de raison y{t$c,

» Cette Lettre dont j'ai unecopie, ajoute M;

» de T?hou à la fin de sonseptième Livre, fut de-

»puis envoyée par

le Roi à tous ses Ambassadeurs,

3*pour

lapublier

dans les Cours dès Prinees , ©u ils

»résidoiént, ce

quifit cesser les mauvais bruits

que

» lésImpériaux

avoientrépandu

contre l'honneur-

3» & la réputation des François. Toute la KJatiom

Tome Ut. $£±

îïAWD-'OMEDES».

Page 329: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

'î$£HISTOIRE DE L'ORDRE

en. fut redevable au zèle ôc à l'habileté de Ville-

gagnon j & comme ce Chevalier ié servoit auífi-

bien de faplume que

de sonepéé,,

ilpublia dans

Malte ôc dans toutel'Europé

unexcellentMémoire^

quinous est resté, ôcoù il fait voir

quele Grand

Maîtreparson avarices son invincible

opiniâtretés

avoit diverti les secoursqui

auroientpû sauver

Tripoli^&l'on trouveraceMémoire adresséàrEm-

pereur Charles-Quinc dans se Livre des Preuves.

Pourmous - Jans prendre départidans une affai-

re si délicate, nous croyons quela trahison dé ce

renégatde Provence

quidécouvrit aux Turcs les

endroits foibles de la Place- quela rébellion des

soldats y îextrême peurdes deux Chevaliers

Espa-

gnols,& leur

intelligenceavec les mutins ; enfin

quela

tropfacile créance duGouverneur, Ôc len-

ïtêtement du Crand Maître à nepas jetter du se-

.«cours dans cette Place, furent causequ'on

enpré-

cipitala

capitulation , Ôcque

lesassiégez,

avant

quede faire une

pareilledémarche , n'attendirent

pas,à

l'exemplede leurs

prédécesseurs,une

plus

grandeextrémité. Le Maréchal

expia depuis par

«nelongue prisonTimprudenee

d'être sorti de ía

Place ; mais se Grand Maître, quicomme nous

le venons de voir, n'avoit fait arrêter les autres

accusezqueipour:n(avbir pû separer

seuricause de

la sienne , obtint; leurpardon,

si-tot xniilisepût:

& comme dansquelque

forme degouvernement

<juece soit, celui

qui disposedes

grâces& des

idignitez, dispose presque toujoursdes

suffrages,

/d'Omedespar

son crédit, engageala

plupartdes

£*raftds-Aôixqui comp'osoientk'Gonseilj.à con-

sentirqu'il

les mît en liberté.

tI>v£HlEDES.

Page 330: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. Xïi $%

Dans le teins que la Religion à Malte étoit le 3

plus agitée, parces difientions ôc ces troubles do-

mestiqiies,,Léon Strozzi Prieur de

Capoue,mé-

content dupremier

Ministre de France ,5 ayant

quittélà

chargede Général des

galères de cette:

r&ation ^s'étoit présenté devant leport

de Malte,,.

ôc eh avoit fait demander l'entrée au Grand Maî-

tre. Mais ce Prince àqui

tout cequi

v en oie de;;

Irance étoit suspect:,,la lui refusa avec

beaucoup-

de dureté :•& soitqu'il craignît que

le Prieur nê^

favorisât, leparti du Maréchal \ soit

parattache-

ment aux intérêts del'Empereur,.& par

ressenti-

ment de ceque

Strozzipeu

de temsauparavant^

avoit enlevé de la rade de Barcelone deuxgalères

<

&plu-sieurs

vaisseaux marchands,Jllui fit dire que:

í s'ilne.seretiroit ,,il feroit tirer-sor lui. Par des me-

naces si violentes ,„&si

peu ordinaires dans une

République,.lePrieur se trouva sons aucun azile

dans toute là Chrétienté & fans d'autre retraite

quela mer Ôc deux

galères.Ainsi en cas

qu'ilfût.-.

poursoivipardes Corsaires mieux armez

que lui,,,

ouqu'il fut surpris par quelque tempête,,il ne

pouvoit aborder dam lesporcs

delÉmpereur

fans <

s'exposerà être arrêté : il n'y avoit pas plus

de so-

retépour

lui dans ceux du É)uc de Florence ^en-

nemi mortel de tous lès Strozzi. Il n'auroitpas

été-

mieux reçu dans leport

de Gènes, ou Doria Ami-

raldelEmpereurcommandoit,Général sor;léqueli

se Prieur,. pendant qu'ilcommandoit lès

galèresi

de France, avoit remporté plusd'une fois differens M

avantages -, efpece d'outrage qu'on-voudroiti:se

gouvoircacher à soi mêrne5 niais

qu'onnoublíe-

""*"

S£íj:|

J EA"N-'D'ÔMÏOES*-

Page 331: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

314 HISTOIRE DE L* G R D R E

gueres,ôc

qu'onne

pardonne jamais. 11 ne restoít

au Prieurpour

azileque

lesports

de Francequ'il

avoit servie avec autant de fidélitéquede

soccès-

mais c'étoit l'endroit del'Europe

ou ri auroit été

moins en soreté. L'envieinséparable

dç lagloire

lui avoit suscité pour ennemis toute la Maison de

Montmorency- le Connétable

premierMinistre

ôc favori dé Henri II. avoit íçu le rendresoípect

à ce Prince y ôc à son retour à Marseille de 1 ex-

peditionde Barcelone, il fut averti secrètement

qu'onse devoit arrêter,ôc que François xse Mont-

morencyfils aîné du Connétable , étoit attendu

pourlui succéder dans le Géneralat des

galères.

Pourprévenir

cette injure, le Prieur setoit em-

barquésor ía

galère : ôc suivi de celle de son frère

ayant à force de ramespassé par

dessus lá chaîne

duport,

ilgagna

la haute mer, d'oû se voyant en

fureté ilrenvoya

au Roi son étendard de Général:

ôcpar

une Lettreque

M. deThou nous a conservée^

il luimarquoit que

n'étantpas

né son sujet , le

seul désir d'acquérirde l'honneur îavoit

engagé

au service ,d'un sigrand

Prince j maisque pour

le

conserver, ôc même fa viequ'on menaçoit,

il avoit

été contraint d abandonner la France, ôc de se soufl

traire aux mauvais desseins *de ses ennemis j qui

«avoient pointtrouvé de moyen plus

furpour

1empêcher

de faire éclater son innocence, ôcpour

prévenirfa justification, que

de le faire assassiner,

ífe conjure donc Votre MajeBé parfitbonté naturelle,

ajoutoit-il,de me pardonner si fai quitté fis Etats

fans son agrément: & j'ose espérer que peut-être

un

jourvous me

regretterez, yiSife, quandles é<venemms

JEANÌJB-'OAÍ.EDES.

Page 332: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI.$if

de laguerre

vous donneront fajet decomparer

mes

services avec lesexploits

de ceuxqui

vontremplir

~

maplace. . .

II écrivitaprès

dans le même sens auxSeigneurs

-S/tròzzi ses frères : il leurmarquoit qu'il

étoitprès d

de rendrecompte

au Roi de fa conduitey quemê- 7

inepour

nepas préjudicier

à leur fortune, il ne

prendroit jamaisde

particontre la France : Ma dé-

Hiberation étant, dit-il, defaire

laguerre

auxInfi-

dèles pourle service de ma

Religion.C'étoit le

sujet

quilavoît conduit à Malte, d'oû étant

obligéde

s'éloigner parles ordres injustes du Grand Maître,

ôcquoique presque

sans vivres ôc fans munitions,

quenviron

vingt quintauxde biscuit, qu'un

Che-

valier Grand-Croix son amiparticulier

lui fournit

secrettémérit; ôc à linsçû d'Omedes, ilprit

lelarge

<ôc la route du Levant avec le Commandeur de

Martines, Chevalier Navarrois quine le voulut

jamais abandonner. Le Prieur le débarqua depuis

dans unport

de Sicile : & comme ce Commandeur

étoit sujet del'Empereur,

ôc connu de cePrince,

îl 1envoya

à sa Cour pourlui

représenter qu'ilavoit

quittéle service de France, &

que partantactuel-

lementpour

faire laguerre

aux Turcs ôc aux Infi-

dèles ennemis de Sa Majesté, il luiplût

lui accor-

derlapermission

depouvoir

relâcher dans sesports,

ôc y conduire lesprises qu'il feroit. Il continua

ensoite fa route, fans en tenir aucune certaine,

Ôc les vivres luimanquant

dans la fuite, il enprit

indifféremmentpar

force sor les vaisseaux Chré-

tiensqu'il rencontra, même fur ceux de son Ordre:

.mais aveclaprotestation que

la nécessité seuleVy

Ssiij

JE.A.MD'OMEDES.'

Mémoires

de Brantomti

Tome z*

Page 333: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3±£H I ST O IRE DE L OR DR E^ *.

réduisoit. Il faisoit faire un état exact de tout ce:

qu'ilprenoit,avec

là/promesse d'en;dédommager/

un jour lespropriétaires ,&: y^mideSDieufiulementy,

comme il le, disoit, pendanttoute la

campagneil

courut la Méditerranée, ôc fit desprises

fi consi-

dérables fur les Infidèles, qu'à son retour il se trou-

va en fonds deplus de cent mille écus :

passantse

lon£ des côtes de la Calabre il rencontra le Gom-

mandeur de Martinesquilui

avoitprocuré.un

sauf-

conduit fortample

del'Empereur -y ôc ce Prince si,

excellent Jugedu mérite, ôc si habile même à dé-

baucher les Généraux de ses ennemis, avoit char-

gé ce Commandeur d'offrir à son ami unepension,

de douze mille écus avec le commandement de

u galeres,&l'assurance de la

dignité d'Amiral après

la mort de Doria. Le Prieurqui ne se

pouvoit palier

de laprotection

de ce Prince, soitpour

trouver

um azile, dans sesports,

soitpour

rentier dans

Malte,,ne refufe-point absolument ceparti; mais

comme il. s'étoitengagé

envers ses frères toujours

attachez, aux intérêts de la France, de neporter

jamais ses armes contre cette nation,jl fit traîner

là. négociationde Martines: &.sor les nouvelles

quelé Viceroi de Sicile eut

queson Maître íou-

haitoit d attirer le Prieur à son service, il ordonna^

qu'ilfui reçu avec ses galèresdans tous ses

ports:

4el|íle ,ôc lui-même n'oublia à;ion égard nipré-,

sons ni aucunes de ces caressesque

lés courtisant

íça vent si bien faire, valoir^quandif s'âgitrde/íairer

réussir ses desseins de seùr Maître> Le Prieur y ré-?

pondit- avec une politeíset réciproque y mais fam:

p^umit,.. dit-il , >prendreaucun

engagememj^f^À:

JEAN«,'OMEDÏS.

Page 334: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

TDE MALTE. LTV. XI. $if

ttequil

en eûtconféré

avec le Grand Maître (dr le

Conseil'de Vordre. Sousprétexte

deprésentir

leur Z.

dispositionil y envoya

un dé ses Officiersqu'il

avoitchargé

de fairepart à ses meilleurs amis de

son heureux retourípar

le mêmé Officier il fitpor^

itéra FAutel de^Nôtre^Damê de Phiserme un orne-

ment magnifique, qu^ílavoit fait faire à Messine,

ôc sorlequel, par

unreproche

indirect qu'il faisoit

au GrandíMaître de íàdureté, il avoit fait broder

eés mots dei'Evangile

de Saint Jean : Il est venu

iparmiles siens% ffi ils

nontjpointvoulule írecmt/éir*

Apres ayoir donné desmarques

de so dévotion,

il en donna d'autres de faprobité

: Ôc comme il

my avoit eu

qu'uneextrême nécessité

quileût

forcé àprendre

des vivres for les vaiíseaux Chré-

tiens^ il fitpublier

à son detrompe

dans toutes

les Villes maritimes desRoyaumes de

Naples&

de Sicile j quilavoit

déposeà Messine un fondcons-

idérable pour payerceux

àuíquelsen faiíant la

course il avoit été contraint denié verdes munitions,

il voulutqu'on

leur tîntcompte

des intérêts com-

me duprincipal

v: ce<qui

fut exécuté avec tant

'd exactitude, qu'il en remportala

réputationde

ai'être pasmoins

équitable& désintéressé

que grand

Capitainesdeux vertus

quiconcourent à former

ungrand homme, mais

quise trouvent rarement

réunies dans la mêmepersonne.

; ^

Le Grand Maître ayant apprisleretour du Prieur,

<ôc instruit des vues delEmpereur, pour

les faire

réussir yôc pour obligerle Prieur à s

engagerà son

service, témoigna publiquement quiln'étoit

pas

plus disposé quela

premièrefois à le recevoir

J'»'-M?.-..D'OMBÛBSÌ

Page 335: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3-ïé HISTOIRE D E L'ORD-RS

dans Malte. Mais les,amis de Strozziqui

étoient?

desplus considérables de l'Ordre,: lui mandèrent

qued'Omedes ne seroit

pasmaître de.luirefuser

une seconde fois l'entrée dupórt^Sur

lèurslettres

il sembarque

auífi tôt,, arrive à Malte,wse: mét

dans unesquif:

ôc íànspré

venir se Grand Maître

sor son retour, faute à terre, & escorté d'ungros

de Chevaliersque ladmiration de fa valeur avoit

attirez à fa rencontre, il monte au Palais; ^aborde

le Grand Maître avec cette noble confiance que

donne la vertu,- quoique toujoursavec le respect

quiétoit dû à sa

dignité,ôc lui dit

qu'ayant appris

queles Turcs menaçoient llíle d'une nouvelle in*-

vasionyil étoit venu lui offrir ses services, & se^.

son le devoir de fa professionse

joindreà ses Con-*

fièrespour

la défense commune de l'prdre. Le

Grand Maître dissimula sa surprise,ôc îe chagrin;

secret quelui caufoit sonarrivée. D'Omedes étoit

actuellement brouille avec tout le Conseilqui

se

plaignoit que parune avidité honteuse ôc sous

differens prétextes, ilsemparoit de. tous les biens

de laReligion. La

présence-d un Chevalier d'une

aussigrande considération.que

le Prieur de/Ca+

poue, pouvoit fortifier leparti

des mécontent;,

mais commelesprit

& la conduite de ia.Gour InU

periale régloic, celle du-Grand. Maître;,,Se qu'U'

n'ignoroit pas que l'Empereurvoùlòit-attirer le

Prieur à son service, il lereçût bien, lui;fit mê-

mebeaucoup

de caresses. Il le.pria

ensuitequand

il seroit reposé v de visiter toute l'Ifle,. d'exami-

ner ayec soiivle-s endroitsqui

auroient besoin

4etre fortifiez : ôc. on lui donnapour

assoyiez

Bompolt:

JEAND'OMEDES.

Page 336: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

Í5E MALTE. Liv. XI. 32,9

Bombost Grand Baillid'Allemagne,

le Comman-

deur Louis de Laílic, Lieutenant duMaréchal, \

ôc Pedre Pardo, Ingénieur Espagnol.

Ces troisCommissaires, après

avoirparcouru

toute rifle ôc en avoir observé exactement les dif-

férentes situations, firent leurrapport

au Conseil,

&-ilsreprésentèrent que

leBourg,

résidence du

Couvent, quoiquefortifié

parleChâteau S.

Àngé,,

étoit vû ôc commandépar

le mont Saint Julien,.

espècede

languede terre, qui s'avançoit dans la

mer -, qu'ilfalloit de ce côté là fortifier le

Bourg

parde nouveaux

ouvrages,ôc construire sor ce

mont un Fortqui

en défendît sesapproches

aux

ennemis •que

leport

ou le Marza Muzet étoit

ouvert & fans défense, ôcque pour empêcher

les

flottes ennemies d'y entrer, on nepouvoit

se dis-

penserde bâtir une nouvelle Ville fur le mont

Sceberras, l'endroit de toute l'Ifle duplus

difficile

accès j qu'ilfaudroit même un jour y transférer le

Couvent, Ôcqu'en attendant, &

pourla fureté du

port Muzet, on nepouvoit trop

tôt élever sor la

pointede ce rocher un Fort

quien défendît l'en<-

trée : Ôc il conclut parexhorter le Grand Maître,,

ôc le Conseil à fortifier toutes ceslangues

de terre

plus longues que larges, qui parleurs intervales;

formoient autant deports,

&que

lafîgureìdes

doigtsde la main

représenteau naturel.

Le Conseil, aprèsavoir examiné avec

beaucoup5

d'attention leraport

des Commissaires ôc leprojet:

desouvrages qu'ils proposoient,

déterminad'y

faire travailler incessamment. Mais comme la Re-

ligionn'avoit

pas assez, de fondspour entreprend

dre en même-tems tant de travaux differens, ôc:

Tome lis.. TSL

JÏÀKD'ÓMIDÊSV

Page 337: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$yo HISTOIRE DE Ï/ORDRE

quela construction seule d'une nouvelle Ville au-

roitépuise

le thrésor 9 on se réduisit à fortifier par

de nouveaux bastions leBourg

du côtéqu'il

étoit

vû j d'y ajouterdes flancs Ôc des cazemates^ d'en

creuser & d'en élargirses fossez pour y

faire en-

trer 1 eau de la mér:& en attendantqu'on pût

édi-

fier une nouvelle Ville sor se mont Sceberras, on

convint paf rapportà

Timportatìce dé ceposte,

de commencer par ybâtir un Château avec qua-

trepetits

bastions ou boulevards, ôc de lesplacer

en sortequ'ils pussent

servir /en même tems a la

défense de la Ville qu'on désignoitde construire

un jour au même endroit.

Après quele Conseil se fut fixé à ces differens

.ouvrages,les trois Commissaires s'en

partagèrent

le soin. Le Grand Bailli sechargea

des fortifica-

tionsqu'onprojettoit d'ajouter au

Bourg -yle Prieur

de Capoue entrepritla conduite du Château

qu'on

devoit bâtir à la pointe du mont ou du rocher

Sceberras : & le Commandeur de Lastic fut choisi

pouravoir la direction de l'autre fort

qu'on pro-

jettoit de construire sor le mont Saint Julien.

Ces *rois Commiíîàirespar

uneégase

émula,-

tion, aprèsavoir fait venir de Sicile des maçons

Sc des ouvriers, faisoient travailler fans relâche

^chacun à leurentreprise.

Lespaysans

de llíle ser-

voient à remuer la terre , ou à charier ôc à eon-

fhiire les matériaux. Tous les Chevaliers , pour

presserle travail,serendoient assidûement aux at-

tcliers, Me íe relevoient tour à tour : & tous les

^differens ordres dé l'Etat, Chevaliers , bourgeois

Jkpaysans s'y portoient

avec tant d'ardeur, qu'en

moins de six mois lebourg

fut en état de nepas

Page 338: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

; BE MALTE. LIV. Xî. \ -^

craindre unsiège,

&qu'on

vit élevé, ôcgarni

me- 3

me d'artillerie le Château duMontSceberras, ap-

-I

pellele

fortSaint Elme , en mémoire d'une des

toursqui

défendoit Tentrée duport de Rhodes ,

M qui portoitle même nom ; ôc à

Tégarddu fort

qu'onavoit construit sor le mont Saint Julien , il

JutappeMé le fort:

Saint MicheL

Nous nepouvons

nousdispenser au sujet de la

diligence quifut

apportéeà la construction de

cesouvrages,

de rendre ici la justice quiest die m

noble désintéressement de tous les Chevaliers de

ce tems-íà, tant de ceuxqui

étoient actuellement:

à Malte, & au Couvent, quedes Commandeurs

quien étoient

éloignez: tous

parune

généreuse

dexpropriation, ôc conforme à léurs veeux, por-

tèrent au trésor leurargent monnoyé.

ôc leur vais

sellé y.& lessimples

Chevaliersqui

n avoientpour

tout bienqu'une

chaîne d'or y espèce d'ornement

dont lesguerriers

separoient alors,,sen dépouil-

lèrent avecjoye pour

contribuer aupayement

des

ouvriers :exemple que

nous avons vu renaître de

nos jours, oû sor le bruit d'unpuissant armement

quon

publioit queseXurcdestinoit contre Malte,,

des Chevaliers^fans attendre la citation, yont

portéàuffi tot leurs

personnesôc leurs biens ;. ôC-

des vieillards infirmes, faitpasser

d'avance tous,

seurs effets ôc leurargenterie changée

enespèces*

d'or ôcd'argent.

On nepeut exprimer

la satisfaction ôc lajoye-

quetous les Chevaliers ôc les habitans de Malte

firent éclater a la vûé de ces forts , qui parla di-

ligencedes conducteurs de

l'ouvrage,íembîoiene:

Icre sortis commepar miracle de dessous terre,. ôc

T t rj-

JÈ A N-E'ÔM.EDEfe

Page 339: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

554\, HISTOIRE DE L'ORDRE

mettoient toute liste à labri des incursions des

Infidèles. Le Grand Maître Ôc le Conseil en reçu-

xem degrandes louanges ; mais les

plus sincères

ôc la meilleure partietournèrent à l'honneur des

trois Commissaires, ôc sor-tout du Prieur de Ca-

poue , qui parfa

capacitédans l'art des fortifica-

tions , parson zèle ôc son

application continuelle,

avoit construit un fortqui

défendoit leport

Mu-

zet , ôcqu'on pouvoit regarder

comme laprin-

cipale clef de Malte. Dans la vivacité des íenti-

mens d'estime ôc de reconnoissaneeque

tout le

Couvent faisoit éclaterpour

cet illustre Prieur,

plusieurs Chevaliers desprincipaux de l'Ordre

pu-

blioient hautementqu'il

nemanquoit plus

à la

fureté de l'Ordre , quede l'en voir Grand Maî-

tre ; ôc comme d'Omedes étoit trèsâgé, tous

les voeux Ôc lessuffrages

se déclaroient d'avance

en fa faveur.

Le Grand Maîtren'apprit

ces bruitsqu'avec

unchagrin

secret : ôc comme si la vue de son suc-

cesseur eût dû avancer la fin de ses jours, souspré-

texte de s'intéresser à la fortune du Prieur, il em-

ploya toute sorte d'artificespour l'éloigner

de

Malte ôc de faprésence.

Il lui fit de vives instances

pourle déterminer à

passerau service de

l'Empe-

reur y mais le Prieur, qui aprèsles

Medecis, ne

haïssoitpersonne autant que Charles-Quint leur

protecteur , déclara nettement au Grand Maître

qu'ilétoit

incapablede tourner ses armes contre

la France, ôc contre un Roi auquelil avoit autre-

foisengagé

fa foi ; ôcque lesperance d'augmenter

sa fortune ne lui feroitjamais entreprendre

ce

qu'iln'avoit

pascrû devoir faire, quoique pressé

JEAN*'OME_D£S.

Page 340: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MA L TE. Liv. XI. 335

parle juste ressentiment

qu'ilconservoit contre les

Ministres de la France.

D'Omedes levoyant

déterminé à nepas quitter

Malte, ôc nepouvant l'y souffrir, pour l'éloigner

ôc s'en défaire sous un autreprétexte,

luiproposa

depasser sur les côtes

de.'•l'Afrique , ôc de con-

duire uneentreprise qu'il

avoit formée sor la Place

deZoare. Cette Ville autrefois connue sous le nom

de Poífidone, ôc faisantpartie

de la Province de

Tripoli,; est située du côté du Levant à treize milles

de l'Iste de Zerbi ou de Gelvés. La bonté de son

port yattirpit.cn çe tems Jaunegrande quantité

de marchands de différentes Nations y & cegrand

commerce avoir enrichi ses habitans. Des Maures;

esclaves à Malte , pourrecouvrer leur liberté ,

avoient déclaré au Grand Maîtreque

du côté des

terres, la Place n'étoitpoint

fortifiée j qu'àla fa-

veur d'uneefpece

de forêt depalmiers , qui

s'étendoitpresque jusques

fur le bord du fòíîe,

onpourroit

enapprocher

fans être découvert,

ôcque

les habitans ne faisantpoint

degarde

de ce côté-là, ils seroient aisément sorpris , &

la Villeemportée

avant qu'ilseussent

puse re-

connoître.

Le Grand Maître offrit au Prieur pourcet én^

îreprise un nombre suffisant de Chevaliers ôc de

soldats, & ces esclavespour guides. Strozzi, qui

neperdoit pas

de vue leíperancéde

parvenirà la

Grande Maîtrise, acceptaavec

joyeun

emploi qui

luiproeuroit

l'occasionde sesignaler

à la vue de

ses confrères. Il,fit aussitôt armer sesgalères,

&

jquelques brigantins quilui

appartenoient,ôc il

yfit entrer douze cens hommes de

guerre, parmi

Tt iij

I ,1» A H

D'OMEDES.

Page 341: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

354HISTOIRE DE L' O R D R E

lesquels on comptoit plus de trois cens Chevaliers,

. des plus braves du Couvent, ôcqui

tous avoient

souhaittéavecempressement

depouvoir combat-

tre sous lesy eux; d'un Général si bon

Jugede la

_ valeur;; :.

; Cettepetite iffeté partit

duport

de Malte le six

dtAòût, & arrivaáuria côted'Afrique

lequatorze;

au soir. Par la soute despilotes

ondébarqua

beau-

coup plussoin

qu'onne lavoit

projette-y.ôc dans

un endroitéloigné

au moins de douze milles dé

iEoarë. Il solut marcherpendant

la nuit à travers

ses fabses:..:& desbosquets

depalmiers

dont en cet

endroit se pays étoit couvert.. Le Général, avant

que?de se mettre en chemin, partagea

sestroupes

en troié batailsonsiJ Le Commandeur de Guimerar*;

ancien Chevalier dont nòùs avons déja parlé,con*

duisoit lepremier,

ôc il étoit précédé parse Che-

valier de Strozzi neveu du Prieur, queson oncle

avoir mis à latête dequelques jeunes Chevaliers,

quivdanscette

expéditiontenoient lieu xl enfans

perdus.; Lecorps

entier des Chevaliers soivoit à;

quelquedistance ^ôc il étoit commandé

parle

Chevalier Parisot de la Valette. Lieutenant Ge-

nerall La marche étoit ferméepar lés

compagnies,

d'infanterieque

lés Chevaliers deRangif,

de Bis-"

base & de la Benante avoient sevées en Itafiepour

le service de laReligion

:. le Prieur s'en étoit ré-

servé leprineipaleomm comme du

corps

léplus nombreux, Ôc dont

parcette raison il

pour-

roit faire des détachemens, ôc lesenvoyer

au se-

cours des deuxpremiers corps , s'ils en avoiene

%esoinv L armée marchoit en cet ordre, ôcquel-

quesMaltoia habillez en Maures^ ôc

quien

par-

î ï AN»'GMEDES.

Page 342: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT.E.; Liv. XI.$$

Joiërítla langue, la précedoient, l'efpace dunmiíse

où deux,& s'avançoientdàns lépays pour enreconr-

noître ladisposition,

ôc si^entreprise

n'étoitpoint

^découverte. Tout leurparut tranquille , mais en

approchantde Zoare, ils

apperçurent sor lagau-

che des soux dans uneefpeçe

decamp rempli

de

rentes ôc depavillons,

Ôc dont lestroupes

fans

sentinellesparoiâoient ensevelies dans le sommeil.

On proposa auffi-tôt au Général de; les aller recon>

aioître & de lescharger ; mais on erui , conime

il étoit assez vrai semblable, quecé n'étoient

que

de ces Arabesqui campent presque toujours , la

plupart nuds & mal armez y ôc avec seíquelsìil n'y

avoitpas grand

e chose à gagner t §c d'ailleurs on

considéraqu'on

nepouvoit

lesattaquer

siprés de

•Zoare fansporter

l'alarme dans cette Ville, ôc en

éveiller tous les habitans. Ainsi d'un commun avis

on remit 1attaque

de cestroupes japrés -là-priso

de

jZoare : ôc poury reuífir,:leGeneral prdonn^àjsejs

Officiers ôc auxprincipaux Chefs, aprés qu'ils

fe^.

íoienr entrez dansla Ville y depousser droit jusqu'à

lagrande Place, où toutes les rués âboutilsoient^

de s'y fortifier, & fur-tout de nepoint souffrir que

le soldat se débandâtpour pilier, qu'on

ne fut maî-

tre de tous lespostes, où ses habitans

pourroient

se retrancher , ôcpour

sedédommager

enquelque

sorte de cette retenue forcée, ilpromit

deux écus

pour chaquetête

deMaurequ'on;lui. apporíeroit.

Apresces différentes

dispositions,larmée maL

gréles ténèbres de la nuit

quiduroit encore,-s'ai-

vanca: en bon ordre ôc avec ungrand silence, que

les Chrétiens trouvèrent encoreplus profondt

du

côté de la Ville, ni sentinelles, encore moins de

Page 343: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

336 H r STOI'RE D E L' Ô R D R Ë

Corpsde

garde,& lés

portesde la Ville même

ouvertes.; Les Chrétiens yentrent fans

obstacle,

&après

avoir laissé au dehorsquelques compas

gniés pour en défendre l'entrée, oupouren

faciliter

lasortie, ilspénètrent jusques

dans lagrande Place,

se mettent en bataille, ôcparlé

bruit dés tambours

Ôc des trompettes éveillent les habitans. Pour lors

ses soldats serépandent

dans les rues 5 enfoncent

lesportes

des maisons, tuent tout cequi

se met en

défense, fontprisonniers

ceuxqu'ils

trouvent fans

armésj&le íabre àla main forcent le timide Bour-

geoisà livrer son or & son

argent j cesimpitoya^

pies guerriers jpòuren tirer de ceux mêmes

qui

Tien avoient point, les; garotent pourles vendre

comme esclaves,, ôc fans distinctiond'âge,

de sexe

ou de condition, on contraint à force decoups

déí vieillards, des femmes Ôc des enfans de s'avan-

cer vers le bord de la merpour

êtreembarquez

fuir lèsgalères

de laReligion ; tristes

représailles ,;

mais nécessairespour réprimer

la cruauté des In*

fidèles, & leurapprendre

en caspareil

à mieux,

traiter les Chrétiens.

On avoit déja assemblé dans lagrande

Place en*-

vironquinze

cens de cespersonnes, qui

les larmes

auxyeux déploroient

leur malheur, lorsqueheu*

reusémentpour

eux il leur vint du secoursqui

rompitleurs fers, avant

qu'ilsen eussentsenti toute

lapesanteur.

Le Commandeur de la Valette étoit

chargéde leur

embarquement-,un Maure de la

Ville, appelle Aly Benjioraayantentendu

pronon*

cér son nom,saborde avec

empressement,ôc

aprés

s'en être fait reconnoîtrepour

avoir servi sous lui

dansTripoli : Scave7^-yQusy Seigneur P lui dit-il tous

has »

JEAN'D'OMEDES.

Page 344: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M A L T E. L i v. XI. 337

bas, quevous

alle%être tous investis fg) taille^ en

piècesì &

pourlui soire connòître le

péril où il étoit

expose,il lui

apprit quece

quiavoit

paruau Gé-

néral des Chrétiens en vénant à ;Zoare uncamp

fvolant, ou une'cazal d'Arabes, étoit uncorps

de

quatremilse Turcs de Cavalerie, tous vieux íoldats

ôc exçelsens ArqnehusieTS/commandezparMorat

Aga Gouverneur} deTripoli\ que

cet Offiêser sor

dés ordres de la Porte, allant a l'Iíse de Celves ,

avoitcampé

dans lendroit où ils 1 avoient décou-

vert, & où la nuit Tayóit sorpris^ quedes habit

tans ayant échápè^aux Chrétiens étoient allez im-

plorerson secours, qu'il

leur avoit promis d'être à

Tapointe

du jour auxportes

de Zoare., Ôcquee'é-

toit à son Générai, ajóuta-t-il àprendre

ses mesor

respour

n'en êtrepas surpris.

Le Commandeurayant récompense

le Maure

de son avis, courut en fairepart au Prieur. Cê

Général, pour rappellerses soldats

auprès de lui>

fit aussitôt sonner lá retraite, mais se bruitque;

causoit le tumulte d'une Ville exposéeau

pillage^

les cris des femmes , ôc des fillesqu'on

arrachoit

toutes tremblantes des mains de leurs maris ou du

sein de leurs mères,tout cela

empêehoít qu'on

n'entendît lesignal

de la retraite, &petit-être que

le soldat avide de butin, pourne

pas quitterune

si douceoccupation, féignoit

même de ne lepas

entendre.

CependantMorat se doutant bien

qu'iltrou-

veroit les Chrétiensdispersez

dans les differens

quartiersde la Place, arrive aux Portes, que

les

Maltoispour

avoirpart

aupillage

avoient aban-

Tome 11L Vu

XE À *li'ÔMEÛÉS.

Page 345: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

#£ HISTOIRE DE L'ORDRE

données : Uy

entre avec la même facilitéque

les

Chrétiens y avoient tróùvéé, chargeceux

qu'il

rencontre à sonpassagés

en tueplusieurs, répand

ùne terreurgénérale parmi

les Chrétiens, Ôt sons

quele Général de l'Ordre en

puttrouver un nom-

bre soffiíahtpour

lésopposer

aux Infidèles. Enfin

lé jour paroît,Ôc fait cdnnoître (listincTrement aux

Chevaliers l'énnemi Se sepéril/

Pour lors ion abarp-

donne sepillage ^ chacun cherche à se rdndré sous

ses enseignesde la

'Religionstout se rallie, maiis

par pejlòtons& selon lé

<juart|eroù ils se troú-

yoseht. Lesimple

Chevalier , fans avoir reçu ses

ordres du Général, ne leprend que

de son cou-

rage ytout combat, tout le monde est aux mains.

Les Maures sejoignent

aux Turcs ôc à leurs libé-

rateurs-, &: dans ce désordre & ce tumulte la.pfûì

partdes Prisonniers brisent seurs sors, Ôc la Valette

quien étoit

chargén'en

putconduire sor lés

ga-

lèresqu'environ

deux cens. Les Chevaliersquoi-

que séparezles uns des autres &

prenez parle nom-

Bresupérieur

des ennemis, ne laissentpas

de leur

résister dans ses differens endroits où ils serenjcon-

trent. Les uns fortifiezpar

la situation desrsostes

qu'ils oçeupoient /prétendentencore se mainte-

nir dans leurconquête y d'autres ne

songent qu'à

gagnerla mer & leurs

galères ; le Chevalier Sforce

entre autres, & le jeune Strozzi ôcplusieurs

autres

Chevaliers d'ungrand mérite, plutôt que

de se

rendre, combattirent jusqu'àla derniere goûte de

leur sang:& les Infidèles n'auroient

paseu l avan-

tagede voir des Chevaliers dans leurs fers, si

aprés

lé combat ils n eussent trouvé sor léchamp

de bá-

JEANJO'QMEPES..

Page 346: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liy. XL 33?

taille &parmi les morts les Chevaliers de Çhá-

brillan,Marsilly-& Bracamont,qui n'étoient qu'éya-

nouis, ôcqui

furentdepuis

rachetez.

Pendantque

le combat se m#ntenoit encore, le

Prieurqui avec une autre

troupe s'avançoit vers le

bord de; la, mer,averti dupéril que courait son neveu

revient sor ses pas& avance à son secours : mais

il trouva en arrivantquele

fort des armes; en avoit

décidésle désir si naturel de venger

fa mort, ôc

de lautre côtél'eípérance que

ses Turcs aboient

de défaire cette seconde troupe, ôc deréimporter

une victoirecomplette * ses- remet aux majins, La

partie s'engage avec une nouvelle fureur^ il so H|

départ& d'autre des prodiges de valeur. Les Çhrer

tiens ôc ses Turcs acharnez ses uns contre ses au^

tres ne donnent ni ne reçoivent dequartier, toûiç

combat, tout se mêse, chacunSsattache à l'enne*?

miqu'il

a en tête, ôc d'un combat;-généralil se

fait autant de combats particuliers qu'il y a? de sol?

dats dans chaque parti. Mais ses Tuícs à la finse

trouvanttrop preísez par

les Çheya%rs> àla fW

veur de leurs chevaux s'éloignent d'un bataillon

fi redoutable, rechargent seurs mouíquets^revienC

nent en bon ordre à bout portant $ ôc dans! une de

ces décharges,le Prieur qui

étoit à la tête dé fa

croupe, reçoitun

coupde

mousquet dans la cuisse

quile met hors de combat. Çommeses Turcs s'âr

vançoient pour lachever, cequi restoit dé Çheva?

liers Ôc de soldats lui sont, comme un rempart de

leurscorps. Ler (nommandguií Copier ; Toloni de;

Sainte Jaille, &Sotò-major;, font tue? enrepoufe

íant ses Infidèles., Ily-t

a* bsenj delapparence que'" ''

' ' '

Vuij

JEANMEDIS*

Page 347: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

34:0H I S T0 I R E D E t'O R D R E

dans cet état on auroit bien eu de lapeine

àga-

rantir le Prieur de la fureur de ces barbares, s'il

ne s'étoit trouvéparmi

les Chevaliers unMajor-

quin appellçTorreillas d'une taille extraordinaire,

Ôc d'une force decorps sorprenante , qui prenant

son Général dans ses bras, le retire d'abord de la

tête du bataillon dans le centre -, ôc dç-là avec au-

tant dépeine que

depéril,

ôcmalgré

uriegrêle

decoups

demousquet qu'il

salut encore; éstuyer,

U gagnale bord dé la mer.

Ce Généreux Chevalierchargé

d'un fardeau en-

coreplus

honorablequ'embâraílant, y trouva .de.

nouveauxpérils. La mer en cet endroit étoit baise,

ôc des bancs de fable fort communs lelong

cette côte, empêchòientles

plus petites chaloupes

de venir à bord. Toreillas ne laissepas

d'entrer

dans la mer, Ôc leaupresque toujours jusqu'à

ceinture, ôc avec déspeines,

infinies , ilpasse

d'é-

cueil en écueil j de banc en banc ,*& gagne enfin

tin endroitplus profond

où 1esquif

de laCapitane

Vint leprendre

avec le Prieur;

- Dans tout autrecorps que

celui de Malte, la

7blessure &; la rétraite d un Général auroit

peut-être

ralenti secourage

des soldats y mais parmides Che-

valiers tous nez Généraux, s'il estpermis

deparler

ainsi, ôc fous animez du même courage,on fie les

vit sensiblesqu'à

lajòye

defçavoir

leur Général

en fureté : indifferens sor leurpropre perte,

il ne

leur restoitd'inquiétude que pour

letendart de la

Religion, Ôcpour empêcher qu'il

ne tombât entre

les mains dés Infidèles.

ke Chevalier de la Cassiére en étoit chargé-

TBÁN•'OMEUESÍ

Page 348: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV, XI. 541

aprèsla retraite du Prieur, on délibéra sor le

parti

qu'il y #vbit àprendre,

ôc on convintqu'il

fak :

loit se tenir toujours serrez, & tâcher en com-

battants degagner

le bord de la mer. Dans ce

dessein ôh so remit en marche , toujours pour-

soivispar

les Turcs, qui sçachant queles

chaloupes

nepouvp|ent approcher

du bord de la mer, sar-

tendoientT>ién de tuer les moins diligens,ôc mê-

me tous ceux qui quoiquedans l'eáu, se trouvé-

roient àportée de leurs armes à feu.

Pendant cette marche souventinterrompue,

les Chrétiensapprochant

de la mer , rencontrè-

rent un rocherqui

étoit à la tête d'un défilé, ôc

dontpour prendre haleine, ils

semparerent aussi-

tôt. De cet endroit on voyoità découvert les

ga-

lères, ôc même leschaloupes qui

les attendoient.

11étoitquefBôiixlê

les pouvoir joindre : la Castìere

qui auroit sacrifié mille viesplutôt que de hazar-

dcr l'étendart de laReligion, représenta

auxplus

anciens Chevaliers, ques'ils se

portoienttous c'a-*

semble & encorps

au bord de la mer, les Infidèles

qu'ils avoient fur leurs talons, leschargeroient

avec plus de fureurque jamais ; que pendant que

les uns tâcheroient de se sauver dans l'eau, d'au-

tres seroient auxprises avecl'ennemi, ôc

quedans

ce désordre ôc cette confusion, on couroitrisque

deperdre

l'étendart de S. Jean; maisque pourpré-

venir un aussigrand malheur, il faloit

queles Cheva-

liers seuls restassent à fagarde,

Ôc fissent ferme dans

le défilépour

arrêter les Turcs -r pendant queles

blessez ôc les soldats defileroient insensiblement,

ôcgagneroient

les unsaprès

les autres les galères

Vuiij

Jï A KD'ÔMEBÏS.

Page 349: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

34i HISTOIRE DE L ORDRE

& les vaisseaux de la Religion y ôcque quand ils

seroient débarassez de cette multitude incommode,

il -n étoitpas impossible qu'un petit nombre de

Chevaliers , Ôc dont laplupart fcavoient nager ,

en sedispersant, nechapanent les uns après

ses

autres àl'opiniâtre poursuite des Infidèles.

Ceprojet fut agréé

surtoutpar

les soldats , qui

les premiersen dévoient

profiter: & la Caffiere

leur montrant lesesquifs

& les chaloupés quine-

toientpas éloignées

: Sauvez-vous., seur dit-il, mes

amis•-, (jjfc mettes-vous en fureté pendant quemes ca-

marades -(g)i moi ayreterons ici nos ennemis :peut-être

ferons-nous 4jfe% heureux pour vous faivre de prèsz

mais fi nouspérissons y la

Religionà notre .défaut ne

laijfera pas fans récompensevos services (djr le cou-

ragedont vous vene^ de donner de si bonne s

preuses.

Ces soldatspartirent,

ôc en défilant ses uns après

les autres arrivèrent au bord de la mer , entrèrent

dans l'eau, ôcgagnèrent

les vaisseauxqui

les at^

tendoienc.

Les Turcs ne virent qu'avec une nouvelle fu-

reur qu'une partiede leur

proye leur éçhàpoit: ils

renouvellerent leurattaque, ôc tâchèrent de for-

cet 1 entrée du défilé.

Mais les Chevaliers toujours intrépides,&

l'epee

pu lapique

à la mainleur, présentoient un front

redoutable.L'Aga

à la tête de ía Cavalerie nepou-

vant les faire récuser, fait mettre pied,à terre à

ses Cavaliers, ôc le sobre à la main s'avance & so

jette dans le défilé. Les Turcs avec leurslarges

cimeterrescoupent

lelong

bois des piques,bri-

sent lesépées, ôc se flattent de venir bien-tôt à

JEAN

Page 350: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XI. 345

bout de ce reste de Chevaliers, qu'ils croyent n'être

plusanimez

que parleur

désespoir.Mais ces in-

trépides guerriers, quoiquela

plupartn'eussent

plus pour toutes armesque

leurspoignards, se

prennent corpsà

corpsavec les Turcs , tuent ou

blessent tous ceuxqu'ils peuvent joindre, ôc se font

craindre ôc même admirerpar

ces barbares.

L'Aga persoadé qu'iln'en viendrôit à bout

que

parle feu de la mousqueterie,

fait remonter fa

cavalerie à cheval. Pendant ce mouvement Ver-

dalle adressant laparole

à la Caffiere : J$uefaisons*-

nous ici y lui dit-il,attendons-nous

queces Infidèles

nous tuent les unsaprès

les autres -, (§fr< qu'a notre

honte éternelle, VEnseignede la

Religiontombe entre

les mains de ces chiens ? Croyez-moi 3 mon cher frère,

nous touchonspresque

au bord de la mer s tâchons en

suivant les tracesque

notre illustre Général nous a

marquéesavec fin sang,

degagner afin exemple

nos

galères. L'eaUy comme vous /çave%y *Bbafie

: nous

pouvonstous ensemble y ^r en

faisant quelque effort y

arriver au bordy nousjetter dedans s & s'il fi trouve,

comme on le dit y entre les bancs de fable quelques

vanneauxplus profonds, tout ce

que nous sommes de

Chevaliers , nous vousporterons

tour et tour avec

ïEnseignede notre sainte Religion

: & fi unfiul de

nous lapeut sauver y que

la mort arriveaprès, quand

ilplaira

2 Dieu.

Le Commandeur de la Caffiere nevoyant point

d'autreparti

àprendre,

suivit ce conseil : il se met est

chemin avec sapetite troupe,

marche serré à l'ordi-

naire ôc àgrands pas. Al'aproche

du bordde la mer,

les Chevaliers seséparent,

sedispersent tout d'un

coup,ôc se

jettenten differens endroits dans l'eau. La

J E A HD'OMEDES.

Page 351: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

344 HISTOIRE DE L'ORDRE

Caífiere soutenuparVerdalle,ôc par

d'autres Cheva-

liers y entre : ôc avec uncourage invincible, ôc au

traversdesmousquetades,

il tient toujours fa ban-

nière élevée, gagneles

chaloupes, y est reçu avec

des cris de joye ôc des acclamations : mais quel-

quesChevaliers , qui pour

faciliter faretraite,

avoient fait ferme au bord de la mer, périrent,

ôc furent tuezpar

le feu continuel des ennemis.

L'Ordreperdit

laplupart

des Chevaliers, ôc

des Frères servans d'armesqui

se trouveient dans

cette malheureuse expédition: ôc

parmiles

plus

distinguez,l'Histoire a conservé les noms de 'Bu-

puy Monbrún, Saint Marcel, d'Avanson, de Brian-

son, de Bonne, la Rochette, la Roche Montmor,

de la Motte, tous despremières

Maisons de la

Province deDauphine

: SaintSulpice, Puipatron ,

Gilbert, Brichanteau , BauvaisNangis,

Haran-

court, le Plestis-Riehelieu, de Gordes, Chevaliers

de laLangue

dé France, yfurent tuez : celle d'I-

taliey perdit

ses deuxValperges, Sforce, le jeune

Strozzi, Grimaldi ôc Justiniani : ôcl'Espagne,

Be-

renger, Sottomajor, Perez Pachieco, Montroy,

Touar ôc Barientos, quieurent le même sort. Nous

ne devonspas

oublier le ChevalierPoglieze

de la

Langue d'Italie, Ôcqui

en soutenant d'une main

l'étendart de laReligion, que portoitla Caffiere,

fut tué au bord de la mer d uncoup

demousquet

:

Chevalier d'une rarepieté,

ôc qui parson exem-

pleôc

partoute la conduite de sa vie, fit voir

que

lapratique

fidelle ôc constante desplus

austères

vertus, n'estpas incompatible avec la

plusrare

valeur.

Fin duonzième Livre. .

, JE AND'OMEDES.

Page 352: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIT. XII. 54s

LIVRE D OUZIEMEÍ

'

Tf J EÍ Prieur deCapoue ayant rassemblé ses vais.;

yy..j- seaux, mita la yoise, ôbàvee ses débris de ses

troupesrentra dans le

portde Malte,;Ses bsefluK)

resobligèrent

de leporter sor une planche jus-

qu'enson Hôtelí il étoit luivi de la

plupart de ses

Officiers quinetoient guëres en /meilseur état que

leur General Mais quoique?dans çetteinialheûr-

reuse expéditionôc

parles hazards inévitables à la

guerre,ileût

perduun

grandnombre dé Cheva-

liers, il néperdit

ni lagloire qu'il avoit aeqíúlseí

en d'autres occasions, ni la;réputation duíi sage)

ôc vaillantCapitaine

: Ôc le soldat comme l'Offi-

cier lui rendirent cette justice, quedans se déses

poirde

pouvoirvaincre cétte foule d'ennemis dont;

il avoit étésurpris

ôc environné, ôri né lavoir jamais?

vu donner ses ordres avecplus

desang froid, ô£

combattre en même-tems avec un courage plus

déterminé. Destémoignages

fi honorables, Ôc

scellez, pourainsi dire de son

sang,lui firent dé-

férerpour

la seconde fois le Géneralat desgalères.

Comme la mer étoit son élément, il n'eutpas

la

patienced'attendre que

sesplayes

suísent entière-

ment fermées y il serembarqua, ôc pendant

tout

lété courut la Méditerranée, ôcjusqu'aux

bouchés

du Nil.

: Il étoit la terreur de toutes ces mers -, aucun

vaisseau nofoit tenir devant son pavillon y les cor-

saires lesplus-braves Téyitoient avec soin. Il ne

Tome III. Xx

JEANÍÎ'OMEDBS.

pacyuesPozarti Vu

centin v. de

L'StrôiC(i.

Page 353: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

íaiíïa pasd'en

prendre plusieurs qu'ilmit a la chas-'

1' ne y éc des Ëotés ehtierés" de marchands y malgré

leur eíc#rfce[cëiÉl^reâcè)îía puifïance-il les con-

duisit dans lesports

de laReligion,

& avec ces

p£Íse$^iLy^IXTe^kL'abo^^c^yIàluxe&ks

plaife.

<;Pemdantqt^ncelebroit

ìtMalteforiretomrayec

cette? joie iníéparaèteides heureux ífaçès ^il yarri-

va une nowvelteJtoutc autrement impartante poiii*

MrÂe^ £f fa-tbut pourles; Chevaliers pngloisw

tJíiîVMftau^íde^ette natiû® cotomandépar

kCaw

pitalwiH^^fcad^nentra: dans le

pòtt\écet Officier

avoit leicïiracìterë d'Envoyé de la Reine dlángle-

terré ^ îl e*at èn cettequalité

audience du Granit

Maîpe auqueiil

p-réíentaune lettre de la

partdé:

cette PMceìevqu;l luirnaiquoit que Dieu:l'ayant:

placéefor le tbrone de íes ancêtres , elle avoit re%'

íolupour

la déchargede ía conscience, de rendre

à ion Ordre toutes les* Gornmanderies M tous lesf

biens^lont lèa Rois Henri VIIL íom p ère, & Edouard;

VL Ion frères sctoient injustement emparez.Et

die finissoit fa lettrepar l'exhorter, & te Conseil

de laReligion

à envoycrinceííarament à Londres

quíelquesChevaliers; munis; de pouvoirs íufEíansi

pourles rétablir dans la

possessiondes Com mari*

deries, &: dans tous les endroits de leur Ordre.

Une nouvelle auííisurprenante

caufaibien de la

joieà Malte, ôc íur-tout

parmiles Chevaliers Att-

elois , qui regardoientcette heureuse révolution;

comme desprémices

du rétablissement de la véri-

table Religiondans leur Patrie. Mais

parmiune

nation aufïì jalouse de fa liberté, cette restitution

$es biens del'Eghfe

nc fe terminapas

fans de gran-:

J « A Nfi'ÔMEDES,

Page 354: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALÎ Ë. LIV. JCÏÏ. .$47

des diffîcultez. Pouri'intelligence

d'une affaire de

cetteimportance , il faut se souvenir de ce

que

*

nous avons dit dans de Livre dixième des motifs íî

injustes quiavoìent

engagéHenri VHI. à

usurper

dans ses Etats les hknsdes Commanderies & des

Monast er e s. Etpeut-être que p©ur

mettre cepoint

d'histoire dans tout íon jour,il ne fera

pas inu-

tile derapporter ici sommairement les dernieres

actions de ce Prince, & cequi

íepaífa

enAngle^

terre à fa mortpendant

le courtrègne

du jetirie

Edouard'íon fils, & le commencement de celui de

la Reine Marie sa fille aînée. Henri sentantappro-

cher sa fin, régladéciíì vement ïordre de sa suc-

ceííîon, qui parrinconstance de ses

mariages avoit

souvent varié.Depuis

íaséparation

avèc Catherine

d'Arragonsa première femme, il en avoitépousé

cinq autres, dont laplupart

n'étoient sorties de son

lit ôc du thrôneque par

une mort violente ou un

divorce forcé.

Cettepolygamie

successivepouvoit

troubler

l'Etataprès

fa mort, & faire naître desguerres

ci-

viles entre íès ehfans. Le Parlement, la toi vivante

&suprême

de cette nation, lui laissa'la liberté de

régleriè

rangde ses héritiers. En vertu de est

acte,

&quelque

tems avant fa mort il avoit reconnu

pourson successeur le Prince Edouard à

peine âgé

de neuf ans & demi^ & issu de Jeanne deSeïmours

fa troisième femme: &pour

soutenir toujours aux

yeuxdu

publicla

répudiationde Catherine d'Ar-

ragon,il avoit déclaré bâtarde la Princesse Marie

fa fille aînée, quoiqu^avantson divorce il l'eût re-

connuepour

Princesse de Galles, titre affecté aux

Xxij

èm\À,S ;

Page 355: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

348H I S T 01R E DEL' O R D R E

héritier^ présomptifs de la Couronne. La Princesse

- Elisabeth fille d'Anne de Bpulein la seconde de ses

femmes, succéda à ía soeur dans cegrand titre,

quelle perdità son tour

aprèsle

supplicede sa

mère. Le Roi leur père pour gratifiersa troisième

femme, avoit faitpasser dans le Parlement un acte

solemnel qui lesprivoit l'une & l'autre de la succès.

sion à la Couronne :peu

de jours avant fa mort il les

, rétablit dans leurs droits, & il les reconnutjfsour íçs

héritiereSjsi lePrinceEdouart mouroicfans postérité.

Ces deux Princesses étoient aussiopposées par

leur caractère, que par les intérêts differens de leur

naissance. L'aînée élevéepar

une mèreEspagnole,

& sortie de son côté des Roisd'Arragon

& de Cal-

tille , étoit naturellement fìere & hautaine, zélée

Catholique parson éducation, dévote

par tempé-

rament, & d'ailleurs attachéepar

son intérêt au

SaintSiège,

dont l'autorité avoitlégitimé

le maria-

gede la Reine fa mère.

Comme lesprétentions

d'Elizabeth tomboient

parla validité de cette

dispense,des Protestans

cachez, créatures de fa mère , l'avoient élevée

dans ungrand éloignement

& uneespèce

de

mépris pourla

puissancedes Clefs. Cétoit la

partiela

plusessentielle de fa

Religion,d'ailleurs

assez indifférente fur lesdogmes,

d'ungénie souple

& aisé, qui prenoitfacilement toute sorte de for-

mes , fiere ou caressante selonqu'il

convenoit à ses

intérêtsj & àpeine âgée

de treize ans,onvoyoit

déja comme une ombre de cette habileté quifut

depuis l'admiration detouteTEurope.

Le Roi son

pèrefinit malheureusement ses jours

dans le fchis-

! E A ND'OMEÍVIS.

Page 356: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. J49

me, dont il étoit auteur, égalementennemi du Saint

Siège & des Protestans^ & ce Prince, qui par une v.

entreprisetéméraire avoit voulu se mêler de réfor-

mer laReligion,

mourut dans une cruelle incer- «

titude de la véritable.

Sa niort excita de nouveaux troubles dans l'An-

gleterre : les véritablesCatholiques soupiroient

après l'extinction du schisme j mais ce n'étoitpas

leparti

leplus puissant. Une foule de Protestans

qui jusqu'alorsavoient été retenus par

la crainte

dessopplices, levèrent le

masque,& inondèrent

laCour, la

Capitale& les Provinces. Plusieurs

Evêquesmême se déclarèrent ouvertement en fa-

veur de l'heresie j & afinque

son établissement fût

durable, on élevoit le jeune Roi dans lesprinci-

pesdes Sacramentaires. Le

Regent,ses

Précep-

teurs & les Officiers de fa maison ne luiparloient

desplus

saints de nos Mystères, quecomme d'une

idolâtrie.

Ce Prince nereípiroit, pour

ainsi dire, qu'un

airempoisonné

: onprévint

& on séduisit sa raison

dans unâge auquel

il ne pouvoitencore faire un

juste discernement. Il embrassa la doctrine des Pro-

testans, qu'onlui

représcntoitcontinuellement

commeplus

conforme àl'Evangile-,

& il eut le mal-

heur d'errer avec cetteconfíance,que

la vérité seule

de vroitinspirer.

Le Parlementpar

de nouvelles loix autorisa

cechangement

: la Messe fut abolie, lesImages

enlevées desTemples,

les Livres saints traduits

d'une manière infidèle, &qui

favorisoit lesopi-

nions dominantes. Le Service divin fut célébré en

Xxiij

JEAND'OMEDES.

Page 357: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

350HI.STO IRE DE L'ORDR E

langue vulgaire,le

mariage permisau Cler

gé;&

cequi

étoit deplus important pour

f avide cour-

tisan , cequi

restoit de biens dansrEglise devint

la proyede

gens quifaisoient consister toute leur

re'lgionà ruiner la

Religionrnême.

C'est ainsique rAngleterre

seprécipita

du schif

me dans l'heresie : cequi

restoitd'Evêques ortho-

doxes dans leRoyaume,

firent des effortsimpuis-

íanspour inípirer

auxpeuples

de lejurs Qioceses

une juste horreur de ces nouveautez. LeClergé

étoitméprise ; le schisme avoit

rompucette union

íì nécessaire avec le Saint Siège,le centre de la

Religion*Ce n'est

pas qu'ence terns_là

l'Angle-

terre, parmises

Evêquesne

comptâtdes hommes

sçavans6c de moeurs

irréprochables. Maisquoi-

que opposezà 4'heresie, soit

pour parvenir à l'E-

piseopatjou

pourobtenir d'autres Bénéfices , ils

avoient eu la foibleáe de souscrire à laprétendue

primautéde Henri VIII. Quelques-uns même con-

tre leurspropres

lumières avoient été assez lâches

pourécrire en faveur du schiírne de ce Prince. Ce

fut en vainqu'après

fa mort ils tentèrent des'op-

poserau

progrès quefaisoit l'heresie : on leur fit

un crime de leur zèle, ils se virentexposez à la

rigueurdes ordonnances du Parlement. Ce fut

même unprétexte pour

lesdépouiller

de leurs ri-

ches Bénéfices : les uns furentdéposez,

on en em-

prisonna d'autres, & tousexpièrent par

une lon-

gue perseeution, la faute de s'êtreséparez par com-

plaisance pourla Cour de l'unité de

rEglise,

La mort du jeune Roi arrivée le six de Juillet,

produisiten

Angleterrede nouvelles révolutions,

JlE A N

-»'OMEDES.

Page 358: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. $JI

Ge Royaume étoit alorsgouverné par

le Duc de

Nort-Humberland, Regentou

premier Ministre,

Seigneur plein d'ambition, &qui pour faire ré-

gnerson fils en la

placede son maître , lui avoit

fâitépouser Jeanne Gray, fille du Duc de Sursoie,

&c issue de Maried'Angleterre,

íceur de Henri

VIII. Pourapprocher

cette jeune Dame du

thrône, peu de jours avant la mort du Roi Edouards

sousprétexte que

les deux Princesses étoient nées

demariages équivoques,

il lui avoitsuggéré

un

testamentqui

faisoit revivre leur exlieredation.

Ge testament, à leur préjudice, appellòit Jeanne

Gray à ía Couronne. En vertu de cet acteauquel

on avoit mis legrand

Sceau , cette jeune Dame

avoit été proclamée Reine d'Angleterre.Mais

quoiqueMarie fût reconnue

pour Catholiquetrès

zélée, les Provinces & laCapitale ensuite , détes-

tant cetteusurpation,

se déclarèrent en faveur de

cette Princesse avec tant d'ardeur & de zèle, que

sans combattre & fansrépandre

desang,

elle se

vit enpeu

de jours maîtresse du Royaume, & mê-

me de lapersonne

de ses ennemis.

La Providence divineTayant

conduite comme

par la main fur le thrône, ses premierssoins furent

de lui enmarquer

fa reconnoissancepar

le réta-

blissement de la véritableReligion,

&par

la réu-

nion de ses Etats dans le sein del'Eglise.

Pour

l'exécution d'un auíïìgrand dessein,

il faloit faire

casser tous les actes des Parlemensprécedens, qui

avoient autorisé le divorce de Henri VIII. son

schisme, &depuis

sa mort, rétablissement de l'he-

resie.L'entreprise

n'étoitpas

fans degrandes

diffi-

TEAND'OMEDÏS.

Page 359: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

351 HISTOIRE DE L'ORDRE

cuisez^ lesEvêques nouveaux, si on

peutdonner

ce nom à des intrus, lesMylords

& les Grands de

l'Etat faisoient laplupart

uneprofession

ouverte

desopinions

nouvelles -, & ceuxqui

n'étoientpas

infectez de lrieresie, adheroient au schisme, &

ne vouloientpas entendre

parlerde se remettre

sous l'autorité du SaintSiège.

Les Ministres de la

Reine lui firentenvisager que pour

faire réussir

dauss]grands projets,

elle avoit besoin d'être foute-

nuepar

un maripuissant & autorise, & fur-tout

quifût zélé

Catholique.

Oncomptoit parmi

lesprétendans plusieurs

Princes ouSeigneurs Anglois

&étrangers.

Phi-

lippe d'Autriche, jeune Prince, filsunique

de l'Em-

pereur Charles-Quint, étoit fur lesrangs,

& Tar-

gentde

FEmpereurson père avoit mis dans ses in-

térêts , lesprincipaux

Ministres de la Reine. La

plupartdes

Catholiques Angloissouhaitcoient

que

le choix de la Reine tombât fur le Cardinal Polus

ou de la Poole, quin'étoit

que Diacre, ou fur le

jeune Courtenay son cousin. Polus defçendoit par

fa mère duDuc de Clarence,frere d'Edouard IV. &

layeule deCourtenay

étoit fille du mêmeEdoúard

& soeur de la mère de Henri VIII.

On réveroit lasagesse

du CardinalAnglois i; une

vie fansreproche, fascience, sa

capacité& sa

pru-

dence. Courtenay sedistinguoit par

lesagréemens

de fapersonne ; la Reine íe sentoit entraîner

par

unpenchantsecret que

ce jeune Seigneur inspiroit

sans art & fans dessein auxpersonnes

lesplus

in-

différentes. Il avoit un air si noble & tant degrâ-

ces dans ses manières, quecette Princesse toute

austère

,3 ? A N»'OMEDES.

Page 360: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. ^

austère quille étoit, nepouvoit s'empêcher

de lé

regarder avec unplaisir

secret. Saprésence seule

essaçoit en un instant tous les raisonnemenspoli-

tiquesde ses Ministres

quis'étoient déclarez en

faveur du fils del'Empereur.

Et il est certainque

dans lespremiers mouvemens d'une inclination

naissante , cette Princesse auroitpréféré Courtenay

ausage

Polus , & même àPhilippe d'Autriche, si

ce jeune Seigneur parfa

dissipation&

rirrégularité

de fa conduite, n eutpas

lui-même ruiné de si fa-

vorablesdépositions.

Ils'apperçut

du foibleque

la Reine avoitpour lui, & il fut assez hardi

pour

laisser voirqu'il l'appercevoit

fans y répondre -y&

au lieu de faire fa cour astìduement à cette Prin-

cesse, ilpassoit

des jours entiers avec des femmes

perdues,& dans des

plaisirsfaciles & honteux.

A une vie si dissipée,succéda son attachement

pourla Princesse Elizabeth : il en devint

éperdue-

ment amoureux, & il l'aimoit avec tonte Tardeur

Ôc la bonne foi d'un jeune hommequi

aimepour

lapremière

fois. Plusieurs ont cruqu'il en étoit

aimé, quoiquela fuite ait fait voir

queles senti-

mens de cette habile Princesse n'étoientpas

tant

de ramourqu'un

intérêt d'ambitionqu'elle

con-

duisoit avec art, &pour

se faire despartisans

&

des créatures. Peut-être mêmequ'un

motif de

vanité si ordinaire dans lespersonnes

de sonâge,,

& leplaisir

secret d'enleverjusques

fur le thrône

un amant à ía soeur, lui fît recevoir avecplus

de

complaiíanceles voeux d'un jeune Seigneur auquel

il sembloitque par

émulation toutes les femmes

de la Cour cherchassent àplaire. Quoi qu'il

en>

Tome I1L Yy

JEAND'OMHDES.

Page 361: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

#4 HI &t O IR E D E l'ÛRDRE

soit, lahaison deCourtenay

avec la Princesse de-

vint bien- tôtpublique

: ili sacrifia la Reine avec

autantdlmprudence que

darnour. Cette Prin-

cesse fut assez foiblépour

sentir cettepréférence

avec une jaloufce indignede son

âge& de son

rang ; &cquoiqueíàns

agrémens,,& même

plus>

âgéede dix-neuf ans

qu'Elisabeth , elleregarda

comme uneinjustice laípréference que

lui donnoit

Courtenay..'

Antoine, Seigneurde Noailles résidoit alors au-

prèsde lia Reine en

qualité d'Ambassadeur deHenri

II. & il avoit succédé dans cetemploi

à Claude

de Laval de Bois-Daufin de la Maison de Mont-

morencyson cousin.. Ce Ministre

pénétrala dis-

grâcede

Courtenayavant niême

qu'ils'en

ap^

perçut.Il ìxoublia rien

ípourl'éclairer sor ses vé-

ritables intérêts i mais il avoit affaire à un jeune

hommequi

n'en connoiííoit pointd'autres

que

ceuíx de son amour. Le feu &l'emportement

de

fapastìon

lui cachoit l'éclat d'une Couronne ; &

tantqu'il

futagité

de cettephrénésie,

il auroit

préférék

possessiond'Elisabeth à tous les thrones

de la Chrétienté.;

Il étoit assez indisserent pourla France

quela

la Reinel'épouíat

ou Polus : l'interêt de Henri II,

consistoituniquement

à traverser lemariage

de

cette Princesse avec le fils deTEmpereur.

Son Am-

bassadeurreprésentoit

continuellement auxprin-

cipaux Seigneurs Anglois, que parcette alliance,

ilss'exposoient

à voir leur Royaumedevenir Pro-

vinced'Espagne, rinquisition s'y

établir ensuite,

& les assembléesduParlement abolies ou du moins

TíAKf

D'OMËDES.

Page 362: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D ÍE MAIT E. LIV. XI í. 35$

suspendues, &dégénérer

à la Ën enpure

céré-

monie. LesAnglois,

ôc fur- tout les Protestans -

sentoient bien tout cequ'ils

avoient à craindre de

cette alliance. La Reine reçut à cesujet plusieurs

adresses & disserentesrequêtes

: ily eut 'même

quelquesoulèvement dans les Provinces ; mais

Targentde

TEmpereur& Thabileté des Ministres

de la Reine sor montèrent tousees obstacles. Cettè

Princesse épousa Philipped'Autriche : un

-point

important manquoità la íàtisfaerion de

l'Ërnpe-

reur. Ce n'étoitpas

assezque

le Prince son fíîs

eûtépousé

la Reine, il saloir encore en faire un

Roi d'Angleterre,&

qu'ilfut couronné en cette

qualité.Cette cérémonie si essentielle

pourl'au-

torité souverainedépendoit

du Parlement : mais

il n'étoitpas

aise dedisposer

de cesgrandes

assem-

blées où la liberté & Tínterêt de la Nation triom-

phentsou vent de la

majesté du Souverain. Ceuxqui

avoient faitparoître

leplus d'éloignement pour

lemariage

de la Reine -, & ceux mêmequi par

complaisance lavosent favorisé , jaloux de la li-

berté de la Nation, se réunirent en cette occasion.

L'Ambassadeur de France , du fond de son Palais

conduisoit tous les mouvemens de ce parti.Pen-

dantque

toute la Cour étoitEspagnole,

il avoit

sçu rendre le Parlement François. Et paríes soins

éc son habileté , Philippe,fans

pouvoir parvenir

au titre de Roid'Angleterre , fut réduit à la seule

qualitéde mari d'une Reine bien

plus âgée que

lui, & fans aucunsagrémens.

Cette Princesse ne

laissapas

de tirer desavantages

considérables de

cette alliance. Lapart qu'un Prince aussi

puissant

Yy ij

,7* A NB'OMEBES.

1 5 5 4-

25 Juillet.

Page 363: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$56 HiST QIRE DE MORDRE

& aussi redoutable que TEmpereur pritdans les

affaires dugouvernement, facilita l'exécution de

tous les desseins de la Reine; du consentement du

Parlement l'heresie futprofcrite,& le culte de la

véritableReligion

rétabli, Polus revêtu deladL

gnitéôc des pouvoirs

deLégat du Pape Iules III.

éteignit depuis le schisme : mais fans oserexiger

nipénitence,

ni restitution des biens Ecelésiastù

que?, jl salut d'abordpardonner

fans condition,

des fautes qu'il eût étédangereux

de vouloir"puú

nir. Qn se contenta des fíeres satisfactions des An-,

glois, qui reçurent les grâcesdu Saint Siège

avec

une indisserencequi

faisoit voirque

lecorps

de

la Nation ne les avoitpas recherchées.

On remit à des conjonctures plusfavorables le

projetd'arracher des mains des Protestans tous

ces grands biens de rEglisedont ils s etoient em-

parez,La Reine

parle conseil de Polus, & pour

donnerrexeniple

à ses sujets d'unepareille

restL

•ration, déclaraque

fa conscience ne luipermettoit

pasde retenir plus long-tems

les biens del'Eglise

quele feu Roi son

père avoit réunis à son Domai-

ne r elle s'endépouilla

fur lechamp, & les remit à

leurs titulaires. Ce fut le sujet duvoyage que

fit

à Malte leCapitaine

Hosmadan. On jugera sans

peine combien tout l'Qrdre , & fur tout les Che-

valiers Anglois furent sensibles aune nouvelle aussi

agréable.Le Grand Maître & le Conseil en écri-

virent à la Reine pourla remercier de la justice

quellerendoit à leur

Religion ; & le Comman-

deur de Monferrat fut envoyé enAngleterre pour

travailler à cettegrande

aìraire de concert aveç

JE ANP'QM.EJJES,

Page 364: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XH* 357

les Ministres. L'Ordre à l'arrivée du Commandeur ,

rentra fanspeine

dans ses biens, & ce Chevalier

autorisépar

le Grand Maître &; le Conseil, pour

marquerleur reconnoissance à la Reine, conféra

lé Prieuré de Saint Jean, avec le titre de Grand-

Croix, au Chevalier Richard Seeley,un des Sei-

gneurs Anglois quiétoit le mieux dans l'eíprit

de

cette Princesse, &qui avoit eu

beaucoup départ

dans cettenégociation. Jacques Seeley

son frère

à fa considération obtint une autre Commanderie.

On donna celle deMunigton

au Chevalier Olivier

Starqueï, pourhonorer en sa

personneles sciences

& les belles lettres où il avoit fait degrands pro-

grès } & à la recommandation del'Empereur,

dont

l'àutoritédepuis

lemariage

de son fils influoit

beaucoupdans les Conseils, on conféra le titre

<le Bailli del'Aigle,

au Commandeur Fulster, ce

Majorquinde la

Langue d'Arragon,dont nous

avonsparlé

dans le Livreprécédent

au sujet de

laperte

deTripoli,

& duprocès qui

fut intenté

au Commandeur Vallier Grand Maréchal de

l'Ordre.

Le Grand Maître d'Omedes ne vitpoint

l'en- 6

tiere consommation de cettegrande

assaire. Il

étoit mort dès le commencement deSeptembre

de l'annéeprécédente

:Seigneur qui

ausiège

de

Rhodes avoit faitpreuve

de fa valeur ; d'ailleurs

pieux,&

quiaffectoit un

grandair de réforme &

de dévotion, maisimpérieux, vindicatif, avare,

&qui pour

enrichir fa famille, ruina laReligion

parla disposition qu'il

avoit faite de son vivant

en fraude de la loi, & contre les Statuts de Ì'Or>

Yyiij

TEAMD'OMEDES.

I

I

»

s

/

a

""6. Septcmb.

il1553,

Page 365: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

358 Hl ST o m E DE L'OIDIE

dre. Sadépouille

fut réduite à íîpeu

de chose,

que plusieursChevaliers

indignezde voir

qu'il eût

détourné lesprincipaux

efíets de fa succession en

faveur de ses neveux, proposèrentde leur laisser

le soin de ses funérailles ^ mais lesSeigneurs

du

Conseil rejet ter ent cetteproposition comme in-

dignede la

générosité&c de la

grandeurde 1 Or-

dre. Sesobsequesise

firent a l'ordinatre auxdépens

de laReligion,

& avec lamagnificence plus

con-

venable à íadignité qu'au

mérite de iapersonne.

Peu de jours aprèsson décès on assembla k Cha-

pitre pourlui donner un successeur. Le Prieur de

Capoue paroissoitavoir la meilleure

partdans cette

élection. C'étoitdepuis long-tems l'objet de ses

désirs-, &pour y parvenir,

il avoitgagné plusieurs

des Electeurs. Sespartisans

étant renfermez dans le

Conclave, firent valoir son courage,fa

valeur & son

expériencedans le commandement des armes.

MaisVagionou

GagnonGrand^Conservateury&un

desPrincipaux

Electeursprenant

laparole

: Si dans

le choixque

noussommesoblige^

defaire , dit-il aux

Commissaires, ilri étoitquestion que

délire ungrand

Capitaine, je ne croispas que

nouspussions

avec jus-

ticerefuser

nossuffrages

au Prieur deCapoue j mais

il sagit aujourd'hui de donner a tout l Ordre non-

feulement unChef plein

de valeur, mais encore unpère

commun Jans espritde

part

inégalement attentif2con-

servera la

Religionla bienveillance de tous les Prin-

ces Chrétiens, ffi quiévite

fur-toutavec

grand foin

dembaraffert Ordre dans leurs

différends ; ^) ceft

ceque je n ose espérer

du Trieur deCapoue.

Vous

/çavejr, ajouta-t-il, fa passion pourla liberté de fa

JE A aD'ÔMEDBS.

Page 366: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XIÍ. 3^9

'patrie y ^ dontPhilippe Stro^i fin père

a été la

premièreviBime j. fi nous le mutons a notre tête y

-

(^ quil fi vqyemaître de nos

vaisseaux fg) de nos

galères, qui doute, quoique fous d autres,prétextes,

quilne tourne toutes les forces de la

Religioncontre

lés Medicis t (dp que pour vengerla mort de fin père y

il nattaque

leurs flottes, (djr quilne

porte même le

fer. (g)le

feule longdes cotes de la Toscane. Etpour-

lors lEmpereur qui regarde

lafortune (dfr ï élévation

des Medicis comme fin ouvrage,ne

manquera pasde

nous rendreresponsables des

entreprisesdu Grand

Maître. Cofme lui-même lechef

de cette Maison grin-

ce st habile, pour fi venger ffi pour faire diverfion,

fiaurabien nous susciter des ennemis

parmiles Poten^

tats d'Italiefis ailiers & qui fiait st ce nouveau

Souverain, qui passe pourle

plus grand politiquede

son stecle y (§r quia des relations €2? des

intelligen-

cesjufqu

aConstantinople ^ ri attirera

pasles armes

du Grand Seigneurcontre Malte l Et st une

foisnous

nous rendonsfufpeMs ffi odieux a l

Empereurmaître

des Royaumes deNaples (ëfr' de Sicile, d?oà

pourons-,

nous, fi nous sommes ^fstége^ espérerdu secours con*?

tre les Infidèles?

Ce discours quel'amour seul & un sincère at-

tachementpour

le bien de l'Ordre avoitinspiré

à

cet Electeur, fitbeaucoup d'impression

sur1'eíprit

des autres Commissaires. Les Commandeurs Paf-

catore & Bernardin Parpaille appuyèrentforte^

ment ces réflexions ; ceux mêmequi

avoientpris

desengagemens

secrets avec le Prieur deCapoue,

&qui

s'étoient déclarez d'abord en fa faveur,

revinrent à lavis du Conservateur : tous s'exhor-

TE AND'OMÎDEJ,

Page 367: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

360 HlSTQlR E D E I'OR D R E

tètent,mutuellement, &c convinrent dans le choix

qu'ilsalloient faire, de n'avoir

égard quau bien

seul de laReligion ,• ôc

après s'être affermis dans,

une résolution sslouable, ils élurent d'une com-

mune voixpour

Grand Maître FRÈRE CLAUDE

DE.LA SANGLE, Chevalier de laLangue

de France,

&. GrandHospitalier,

lis .firent ce choix en son

absence., & pendant qu'ilrésidoit actuellement à

Ifcbmeâûprès

duPape

enqualité

d'Ambassadeur

de l'Ordre :preuve que

dans cette élection iln'y

ëntraVni cabale,ni espritde

parti,6c

queles.Com-

miíûíresji'y furentdéterminez-que par

des prin-

ícip^de justice* ? ê^par les~mGuyertïens-de,leuf conV

science., ta nouvelle de .son élection ne futpas

plutôt sçûe, à Rome, quele Gouverneur du Cha-

.re^ít Saint Ange paròrdre

exprèsdu

Papel'annon-

ç^frarunë

décharge-detaute fon-artilserie. Ce fut

co&ine une-fêtepublique

dans cette Capitalede

Ìa> Chrétienté : laplupart desCardin'aux,,- les/Ant-

bassadenrs,, lesprincipaux Prelats^exh. Cour-, &

lè3,Ëa^hyde/Rdmevisitèrent", én cérémonie lè.

nouytëaM, .Grand. Maître; LePapeTcrivoya

féliciter,

su^-fá nouvelle dignité par son Maître de Cham-,

bre y &quand

il fut au Palaispour

luiprêter

le

serinent ordinaire d obéissance, ce Pontife le ût

dîner.ensuite à sa table & enpublic,

& n'oublia-

aucun des honneursqui

étaient dûs à son mérite

& à sàdignité.

, . .

Le Grand Maître ne futpas plutôt débarassé

du cérémonial, & des visitesqu'il

avoit étéobligé

de rendre, quil

songeaà

partir pourMalte. LèS.

galèresde la

Religion commandéespar

le Prieur:

.,....:. de

:£À.SANXÍIÌE.

Page 368: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances
Page 369: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances
Page 370: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XI• í. $óí

de Capouele vinrent

prendre jusqu'à Terracine,

le conduisirent en Sicile, & il entra dans le Fare

de Messine le douze de Décembre. Dom Jean de

Vega,Vice-Roi de

pilel'attendoit avec

impa-

tience dans cettegrande

Ville.Depuis

lesiège &

laprise

de Mehedia où ils s'étoient trouvez l'un

& l'autre, comme nous l'avonsrapporté dans le

Livre onze, il s'étoit formé entre eux une liaisonxf

oupour

mieux dire uneespèce

decorrespondance,

mais ou il entroit plusde

politesse quede sincère

confiance.L'Efpagnol

fastueux dans ses démons-

rrations y pourlui faire connoître la

joye qu'il

avoit de son élévation, fit dessein de lui en donner

desmarques publiques

à son entrée, 8c pendant

son séjour dans Mesiine.Cependant

dans les hon-,

neursqu'il

méditoit de lui rendre, pourne rien-

faire aupréjudice

de fapropre dignité,

il fit exa-

miner parles plushabiles Jurisconsultes les droits „

lesprivilèges

desgrands Maîtres, ôc le

rang qu'on,

de voit leur déférer. Ohveti, Avocat Fiscal de Mes-

fine, luiporta

à ce sujet unpassage

de Chassané,.*:

fameux Jurisconsulte, quidans son Traité de la.

Gloire du monde, & enparlant

desDignitez Ec-

clésiastiques, préfèrecelle des Grands. Maîtres au

Cardinalat même. Le Vice - Roi muni de cette:

autorité, & avant l'arrivée du Grand Maître, la-

voitenvoyée par

un courierexprés

àr'Empereur^

& il lui avoit demandé ses ordres fur la conduite

* Crederem quod iste magnusMàgister Rhodi poít Pàpam praecedere de-beret omnes Patriarchas, (Cardinales, & alios Pontifìces Ecclefiasticos, &:cùm videatur tantae essedignitatis cujus est Patriarcha,quodpost Imperato-rem.Sc alios Principes habentes jura Imperii,ut íîint Reges Francis & His-paniaîj.quod pracederet omnes Principes Eecognoscentes superiarem , 8Cnon habentes jura Imperii, putà Reges subditos Imperio,.&quoscumque©uces v habet enim subie rnagnos Principes, & est maxime.honoratusi

tome IIh Z..2-.

Cï AUDIDE

IASANGLÏ>

Page 371: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

jfo HISTOIRE DE X'ORDRE

qu'ildevoit tenir. Ce Prince lui fit

sçavoir par un

Seigneurde sa Cour appelle d'Acugna, qu'il ne

devoitpoint

craindre d'excéder dans les honneurs

qu'il rendroit au Chef d'uriX)rdrequi

servoit de

boulevard à ses Etats d'Itale. Mais comme ce

Prince ne faisoit jamais rien fans des vues secrettes

d'intérêt, il avoitchargé

sonEnvoyé de faire de

fapart

au Grand Maître despropositions

dont nous

aurons lieu deparler dans la fuite. i

Le Vice-Roi instruit des intentions del'Empe-

reur, alla à la tête du Conseil, de tout leCorps de la

Noblesse & desMagistrats

de la Ville, prendre le;

Grand Maître dans laCapitane

de laReligion,& jus

qu'àla

poupede son vaisseau j &

pourlui faire

plus

<Thonneurquand

il futquestion

d'en sortir, il voulut

marcher seul immédiatement devant le Grand Maîr

tre, comme il auroit fait devant son Souverain, Ce

Prince entra ensuite dansMeíline au bruit de rar-

tillene y il trouva lagarnison

& lesbourgeois

fous

les armes : on lelogea

dans leplus magnifique

Pai.

lais de la Ville, & ily

fut reçu & servi, & soit à

laChapelle

ou à table avec les mêmes honneurs

qu'onrendoit autrefois aux anciens Rois de Sicile.

L'EnvOyéde

l'Empereur,&

quiétoit

chargé

de ses ordres, le félicita de fapart

fur fa nouvelle

dignité ; & dans une audienceparticulière qu'il

en

eutpeu

de jours après,il lui fit

partde ses instruc-

tions, & despropositions qu'il

étoitchargé

de lui

faire de lapart

de son maître. Les Généraux de ce

Prince, comme nous l'avons dit, avec le secours

des Chevaliers de Malte, avoitassiégé

ôcconquis

la ville de Mehedia ou d'Africa dont ils avoient

chassé le CorsaireDragut.

Mais uneconquête

si

Cl AUDEDE

i A SANGLE-

Page 372: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII.£65

éloignéedes autres Etats de

l'Empereur, i'obligeant

à degrands

frais , & ày

tenir unegarnison

nom- :

breuse, son dessein étoitd'engager

le Grand Maî-

tre ày transporter

le Couvent entier 6c son do-

micile -y6cparce

nouvel établissement, il se flatoit

quetout l'Ordre seroit intéressé à veiller à la dé-

fense du -fort de laGoulette, 6cqu'il

seroit encore

respecterson autorité dans le Royaume de Tunis,

alors féudataire de la Couronne de Castille.

Son Envoyéf pour

faire réussir ses vûes, 6c dans

Taudiencequ'il

eut du Grand Maître, lui témoin

gna que l'Empereurétoit sensiblement touché de

laperte que

l'Ordre avoit faite de la ville de Tri-

poli -, que pouría

remplacer,il omit de lui céder

enpure propriété

celle deMehedia , Place, dit-il,,

fortifiéerégulièrement,

& d'où les Chevalierspour-

f oient étendre leur domination dans le continent

deTAfrique v que

laconquête

de cette Place étant

dûe à leur valeur, 6cque

lui - mêmey ayant eu

tant depart,íî

laReligion y traníportoit

son do*-

micile, il seroit justement regardécomme le fon>

dateur de cette seconde Rhodes y6c que pourcon-

tribuer aux frais nécessaires à la défense de laPlace,

l'Empereur quine

distinguoit pointles intérêts de

FOrdre des sienspropres,

luiaífigneroit

àperpé-

tuité fur les revenus de la Sicile, unepension

an-

nuelle de soixante 6c douze mille livres.

Le Grand Maître luirépondit

avecbeaucoup

depolitesse qu'il éprouvoit

dans cette occasions

une fuite constante des bontez 6c de la bienveil-

lance dontl'Empereur

honoroit son Ordre. Mais

pourne

pas s'engager mal-à-propos x il lui ditqu'il

ClAUDS'

D E

LA SAN <ÌLB.

Page 373: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

364 HISTOIRE DE L'ORDRE

ne lui étoitpas permis

fans laparticipation du

Conseil, d'accepterune

propositionde cette con-

sequeBce j 6cque

s'il vouloitl'accompagner jus-

qu'à Malte, l'assaire s'y traiteroit en faprésence^

<6cqu'il

seroit témoin du désir sincèrequ'il

avoit

-decomplaire

en toutes choses àl'Empereur.

Le

Grand Maître suivi de cet Ambassadeur ,*&: accom^

pagnéd'une escorte nombreuse de Cheyaliers Ita-

liens, s'embarquafur les

galèresde l'Ordre $ 6c

aprèsavoir doublé le

CapPassaro , entra dans le

canal de Malte, 6cdébarqua

heureusement à la

Cale de Saint Paul. Comme il se trouvaproche

de

la Cité notable, alors Capitalede Híle, on lui

pro-

posa d'y passer : mais son élection à la Grande Maî-

trise ne lui donnant encore d'autoritéque

fur les

Chevaliers, pour pouvoir l'étendre jusquesfur les

;habitans & sor les sujets de l'Ordre, if avoit be-

soin dune concession particulièreémanée du Con-

seilcomplet. Ce fut la raison

quilui fit différer

son entrée dans cette Ville. Il obtint bien-tôt du

Conseil les titres nécessairespour

établir fapuis,

sance dans toute rifle ; &après quelques jours,

il futproclamé solemnellement Prince de Malte

& de Goze.

Sespremiers soins, après

avoirpris possession de

fadignité , furent de donner audience à TAm-

bassadeur del'Empereur

: cette cérémonie sepassa

enplein

Conseil. Xe Grand Maîtrepour

honorer

l'Empereurdans la

personnede son Ministre, s'a-

yança quelques pasau devant de lui, 6c

aprèsl'a-

yoir fait asseoir à côté de son fauteuil, il lepria

4 exposerà la

compagnielc

sujetde sa commis

CLAUDÏB E

t ASANGLE.

Page 374: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Lty" XII. 365

Eôn.D'Acugna après

avoirprésenté

sa lettre de

créance, 6cqu'on

en eut fait lecture, représenta 1

à toute 1 assemblée l'affection dontTEmpereur

'

son maître honoroit tout l'Ordre -yqu'aprèsla

prise

de Rhodes, l'ayant vu abandonné de laplupart

dès

Princes Chrétiens, & errant en-différentes con-

trées de l'Italie, &que

touché d'un état sidéplo-

yable, il s'étoitgénéreusement dépouillé

des Istes

de Malte 6c du Gozepour

engratifier

les Cheva-

liers , présent magnifique, dit-ily& sidigne de la

/pietéd'un si

grand Prince -,quetouché

depuisde la

perte deTripohV, &pourles en

dédommager,il sa-

voirenvoyé exprès pour

leur offrir la ville d'Africa

ou deMehedia, Place situéefurles côtesd'Afrique,

liors d'insultepar

ses fortifications , 6c d'où ils

pourroientétendre leurs

conquêtesdans tout le

Continent. Ilajouta que

le terroir de Malte étant

.stérile &incapable

deproduire

du bled, l'Ordre

póur pouvoirsubsister 6c

s'y maintenir, étoitobligé

d'en tirer des contréeséloignées

6cséparées par

la mer, au lieuque

laReligion

trouveroit dans

le territoiredépendant d'Africa, des cantons fer-

tiles 6c abondans engrains.

Il finit son discours

enpriant

les Chevaliers de considérerque rifle

de Malte étant fans Places fortifiées, &que

si les

ilotes 6c les armées du GrandSeigneur y faisoient

une descente, 6c s'attachoient ausiège

delaprin-

cipale Place , comme l'Ordre en étoit menace,

ils n'éviteroient jamais, malgrétoute leur valeur,

le triste sortqu'ils

avoientessuyé

à Rhodes.

Le Grand Maîtreaprès

avoir remerciéTEmpe-

reur de la continuation de ses bontez,pritles avis de

Z ziij

CLAUDEv E

LA SANGLE,

Page 375: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

366H i s r o i RÉ DE L'O RDRI

í'Assemblée j d'un commun consentement, &avant

quede se déterminer dééisivement fur cette

propo-

íition,on résolut d'envoyerhuit anciens Comman-

deurs à Africa, pouren reconnoître la situation>;

les forces ScTétëndtie duterritoire. Ces Commis

íairespartirent auíïî-tôt, & à leur retour y ils

rap~

portèrentau Conseil

quecette Place bâtie fur Une

pointedé terre

qui avànçoit dans lam^r,

6c dont:

elleetoit environnée de trois cote:*, étoit eonso-

derâblepar

1 étendue de son circuit, parla

quan-

tité de maisons dont elleparoissbit remplie , 6c

parses fortifications ; que

la ViUe 6c le Château

étoient entourez de murailles fort élevées y d'une

épaisseur extraordinaire, 6cflanquées

de toursgar-

nies cVàrtillerie ; qu'ils yavoient trouvé un arse-

nalgarni

d'ungrand

nombre d'artillerie, 6cqu'il

n'y mânquoit qu'un portd'un abri assez íûr

pour

lesgrands

vaisseaux ^ queles dehors de la Place

6c lès collines voisines étoient ornez de maisons

deplaisance,,

devergers

& devignobles ; que

ce

qu'il y avoit de terres labourables aboutissoient à

unemontagne qui

traverse de l'Orient au Cou-

chant,, &que

derrière cette hauteur on décou-

vroit de vastes campagnes6c des

pâturages,dont

les Arabes du Pays étoient les Maîtres, & où ils;

faisoient ordinairementpaître

leurstroupeaux.

Ces Commissaires déclarèrent ensuitequ'une

-Placé aulsi vaste ne se

póuvoitconserver sans une

nombreusegarnison

entretenue en tout temspour

la défendre contre les Princes & les peuplesd'A-

frique, quine soulfrìrosent pas

volontiersque

la

Religions'établît

impunémentsi

prèsde leurs Etatsj-

ClAUDEB E

IASANGLE.

Page 376: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MAL T EÌ L i v. XII. 5^7

quil faloit sattendre à être tous les jours aux mains c

avec les Arabes, quiétendroient leurs courses jus- LA

qu'aux portesde la Place j qu'en

cas d'unsiège

*""

3 éloignementde

l'Europene

permettoit pasd'en

eípererun

promptsecours •

quecontre

l'efpritde

î'Ôrdre &: aupréjudice

de toute la Chrétienté, il

faudroitj pourainsi dire, abandonner la mer & la

défense de tous les vaisseaux Chrétiens, pour porter

leurs armes dans le fond des terres, 6c resserrer les

frontières de leurs-voisins; maisqueleursancêtres

bienplus puiíïans qu'ils

ne letoient, n'avoient ja-

maisentrepris

d étendre^ leurs Etatspar

des con-

quêtes presque toujours injustes, &*qne depuis

celle df Rhodes dont ils iavoient chasse des» Cor-

saires , l'Ordre navoit jamais employéses forces^

épie pourle secours des Princes Chrétiens, ou-pour

la fureté 6c la défense desparticuliers qui

navi*

geoieritdans la Méditerranée. Ce

^apportfait

£âr

d'anciensguerriers

6c des Chevaliersp|eins

de zélé

pourla

disciplinede leur Ordre, détermina le Con*

íèil à rester à Malte -, 6c ily

fritengagé fur^tout

parla considération de

l'éloignehiént^déladifficul-

té dupassage,

& de larépugnance que pourroient

avoir les Princes 6c lesSeigneurs

dé ía Chrétien-

té de voir leurs enfans, enprenant

la Croix de

l'Ordre, confinez,pour

ainsi dire ^ dans les déserts

del'Afrique.

L'Ordrepar

deuxdéputez qu'ils

en-

voyèrentà

l'Empereur j lui fîtagréer

cettediípo-

íìtiony& pour appaiserle Vice-Roi de Sicile, qui

pours'en

venger refusoit la traite ordinaire des

grains quele Couyentitiroit de cette Iíle 3 le Grand

Maître & le Conseil ayant appris qli'un grandnom-

CLAUDBD E

'LAS ANGLE.

Page 377: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

363 HISTOIRE DE L'ORDRE

bre de corsaires en infestoient les côtes, 6c avoient:

parudevant Palerme, y envoya cinq galères bien

armées, commandées parle Prieur de

Capoue.Ce

Seigneurse

disposaà

partirincessamment y outre

qu'ilse

regardoiten mer comme dans son élément,

il s'étoit aperçu qu'ilétoit moins

agréablement à

Malte, depuis qu'on soupçonna qu'unde ses

prin-

cipaux domestiques,6c en

quiil avoit

plusde con-'

fiance, po^rle

vengerde Texelusiòn

que lui avoient

donnée dans la derniere élection, le Conservateur

Gagnonsles Commandeurs Pascatore 6ç Bernar-

dinParpaille,

les avoit tous trois empoisonnez : cet

quiprécipitason

départ.

. A peineétoit-il arrivé àPalermé, qu

ify reçût par

une voye détournée des lettrés duSeigneur

Pierre

Strozzi son frère aîné, quilui donnoit avis

quele

Roi de France lui avoit confié le commandement

de son armée de terre en Italie y quece Prince

Favoit chargéde 1 exhorter à

reprendreen même

tems lé Géneralat de ses galères..Il ajoutoit qu'ils;

nepouvoient jamais trouverTun & l'autre d'occa-

íiònpins favorable pour venger

la mort de leur

pere^quils agiroient de concertpar

terre &par

mer, &qu'il

leconjuróit

de sacrifier ses ressen-

timensparticuliers

contre les Ministres dela Frang-

ée à l'amour & à la liberté de leurpatrie.

Le mé-

contentementque

le Prieur avoit de la Cour de

France > céda auxpressantes

instances de son frères

6c à la haine violentequ'il

conservoit dans le coeur

contre Cosine de Medicis y &pour

touteréponse,;

il fit fçavoir à son frèrequ'il le joindroit

bientôt.

11 étoit emestipn de sortir du portde Palerme^

fans

CLAUDED E

LASANGLE.

Page 378: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII.3^9

sans donner deTombrage

au Vice-Roi, & fans -

quece Ministre

pût pénétrerses desseins. L

Soitque

le Roi d'Espagneeût été averti

parses

""

espions, quele commandement des

galèresde

France étoit destiné au Prieur y soitqu'envoyant

queson frère alloit commander en Italie, il se

doutât seulementqtril

nemanqueroit pas

de faire

tous ses .efforts pour attirer le Prieur dans le mê-

meparti,

ce Prince avoitenvoyé

des ordres se-

crets au Vice-Roi^ de Sicik,en casquece Prieur

entrât darisquelque port

dés Mile, de ^observer

avec soin, 6c au moindre indicequ'il

découvri-

roit dequelque intelligence

entre les dèuxfreres,

de faire arrêter le cadets II ne faisoit alorsque

cFar^

river à Palèrme^ au travers dés feintes-careíîes,;,

dont lé Vice-Ror lè combloit, ily démêla un air

dinquiétude quilui fit voir

qu'ilétoit

suspect 6c

observé. Pour se tirer dé ses mainsvi^ envoya de*

grand matin un de ses Officiers^ & dans lequelïP

avoit lèplus'

de confiance, sor unleger brigantin,,,

sousprétexte

d'aller à la découverte lelong

des;*

côtes deTlfle, avec ordre aprèsavoir

passé quel-

ques Heures a là mer, de revenir, fans- raire entrer

sonbrigantin

dans leport,

de se rendre chez le

yiee-Roi, & de lui dire en faprésence,

& enquel-

quétat qu'ille trouvât, qu'il

avoitappérçû

dans;

Une calequi n'étoit/pas éloignéetroisgáliôtèsde

Barbarie; Le Prieurayant congédié

cet OfEcser

se rendit au-Palais &ehez le Vice-Roi, où il de-

voit dîner. Mais avantqu'on

Té mîrà table ,iîna

lentretintqtiedés'rst'àúvaLÌ*©fEeeKqii'il-;avbi.t^ìgûsrj

du Connétable1

dé Montmorency,dès

pernicieux'

desseinsque

ceSeigneur François avoit 1, dit-il/,.

Torne III» A a a?

CL AUD»

LASANGIE;.

Page 379: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

jj.bHISTOIRE DE L'ORDRE

formez contre sa vie, & de lapassion qu'il avoit de

s'en venger,s'ilen rrouvoit jamaisToccafìon ; 6c

pour

j ustifier son ressentiment, lui fit voirplusieurs lettres

qu'ilavoit reçues

de France, oùquelques-uns de ses

amis, quin'étoient

pasinstruits des intentions du

Roijlui mandoient d'éviter d/entrer dans lesports

de

ce Royaume , s'il ne vouloirsexposer

àêtre arrêté.

Le Vice^Roi détrompé parcette feinte confi-

dence ,&f dans le dessein de l'artirer au service de

l'Enipereur son maître^ exagéra l'ingraititudedes

François^& il rassura que quand

ilqukteroit

le

Géneralat desgalères

de íaReligion>

il trouveroit

à laCour d'Espagne desemplois dignes

de fa nais-

sance 6c de ía valeur. On íe mit ensuite à table,

6cpendant le repas

on vit arriver dans la salle cet

Officierque

le Prieur avoitenvoyé

à la mer, qui

avec >un air empreflelui dit

qu'ilavoit découvert

dans y*ne ansequelques galiotes

de corsaires, 6s

-qu'il seroit aiíe avec unpeu de diligence,

de les

surprendre.Le Prieur avec une joie apparente

se

Jevaorufqtiement,& adressant la

paroleau Vice-

Roi :fâ

vous en rendrai bon eomppe,lui dit-il y (@fc

j'espèreavant

que vou)s foyie^ firti de table de; vous

les amener.

Les galèresdont il avoit le commandement

«tant toutes armées, il sortit duport , se mit eìi mer,

J6Caprçs ayóir pris lelarge,

6cqu'on

l'eûtperdu

de

vue, tl tourna tout; court chi côte de Malte, où il

aborda fans obstacle. A son retour, 6c soite|ue

de-

puis, la mort dn Conservateur 6c des deux Çom~

imandeurs il fut sospecl- \Ò$ ^odieux à leursparens

Jk à jburs am^ il se démit du Géneralat des ga-

fees^6c lé Commandeur Parisot de la Valette fut

ÇlAVPSP B

IASANGXI*

Page 380: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII.571

son successeur. Le Prieurdéchargé de cet

emploi,

déclara qu'ayantdeux

galèresà lui, & une troi- 1.

siémequi appartenoit

à son frère, il étoit résolu~

d'aller de son chef en course, 6c de faire laguerre

pourson

compteà tous les corsaires

qu'il rencon-

treroit. Plusieurs jeunes Chevaliers de toutes na-

tions attirezpar

íaréputation

seprésentèrent pour

le suivre r toute lajeunesse vousoit

apprendre sou&

un sigrand Capitaine

l'art de laguerre &de la na^

vigation.Il reçut sor ses

galèresceux

quise

pré-;

senterent y 6c sortit èmport j mais il ne fut

pas plu-?

tôt à la hauteur du Goze, qu'illeur déclara son*

dessein- il leur ditqu'il

alloit commander Farmèe^

de France, ;& qu'ilétoit

prêtde donner des bar-

ques pour reporterà Malte ceux

qui parde justes*

considérations nejugeroient pas

àpropos

dé 1 ac-

compagnerdans cette

expédition. QuelquesChe-

valiers Espagnols& Italiens sojets du Roi

dHfpa-

gnese retirèrent y d'autres

quin'étoieht

pasrete-

nuspar

cette considération s'attacherènt à fa for-

tune, & il trouva des soldatspar

tout où ily avoit

des hommçs sensibles à la.gloire qui s'acquiert par

les armes.

Ilprit

ensuite la route des côtés dé laTToseane,

& débarquaa Porterçole. Les

Françoisen étoient

maîtres, 6c le Duc de Sommequi

commandoit.

poureux dans Grossato le vint joindre

avec uns

corpsd'Infanterie. Les

galèresde Provence dé-

voient se rendre au même endroitpour agir

sous

ses ordres. Le Prieur en attendant leur arrivée^

6cpour

nepas laisser cê

quilavoit de

troupesinu-

áles, fit dessein des'emparer

d'une petitePlaces

A a a rji

CiAtròfCE

IASANGÌBÏ.

Page 381: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

37* HISTOIRE DE L'ORDRE

voisineappelîée

S carlin?

&qui

étoit desdépen-

dances de Piombino. Il voulut suivant son ordi-

naire raller reconnoître lui-même, & il s'enappro-

cha de siprès qu'un paysan

caché dans des joncs

le reconnut à ía haute taille, & encoreplus

à la

liardiesse aveclaquelle

ils'avançoit, 6c il lui tira

uncoup

demousquet

dont il futfrappé

au côté :

on leporta

aussi-tôt sur sesgalères, #le lendemain

a Castillon dePiseaye,

oùpeu

dejours après

il

expira:

Seigneur, qu'ondoit

compter justement

entre lesplus grands Capitaines

dé cet Ordre.

Ses ennemis mémépublioient que pour

Télëver à

unrang digne

de fa rare valeur, il ne lui avoit

manqué qu'un peumoins de fierté y mais son

E:and

couragene lui avoit

point permisde

plier

us l'autorité desgens qu'il regardoit

comme de

purs ouvragesde la fortune 6c de la faveur. Son

corpsfut inhumé dans la

principale Eglisede Por-

tercolev 6c le Duc de Florence ayant repris cette

Place l'armée suivante, celuiqui

commandoit son

armée eut l'inhumanité, après avoir fait déterrer

ce Prieur, de le faire jetter dans la mer:yengeance

bienindigne,

maisqui

tournoitégalement

à la

gloiredu Prieur, & à la honte d'un si lâche ennemi.

La Valette nouveau Général desgalères

de Malte

a'avoit pasété

plutôtrevêtu de cet

emploi, qu'il

& étoit mis en mer. Par la terreur de ses armes,11

.écarta des côtes de Sicile & deNaples

tous les

corsaires de Barbarie, Il enprit plusieurs

& rentra

dans les porcsde l'Ille, traînant a fa fuite

plusieurs

prises qu'il avokíaites> Les Commandeurs lesplus

fiches, A sonexemple»

armoient chacun de leur

GLAURÏ.DE

^-AS ANGLE.

Page 382: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV, XIÏ. 373

côté, & lessimples

Chevaliersp

renoientparti

dans

ces arméniensparticuliers,

suivant leur intérêt 6c

leur inclination. Laguerre continuelle

que l'Ordre

faisoit aux Infidèles , leurs côtesravagées,

des

vaisseaux corsaires ou marchands enlevez, le com-

merce des Chrétiens fortifiépar

ce secours, atti-

rèrent le ressentiment du GrandSeigneur,

6c il íe

répanditun bruit

queCe Prince faisoit dessein de

les venirattaquer jusques

dans Malte, &qu'il

s'étoit

vanté delesen chasser, comme il avoit faitplu

s de

quaranteans

auparavantde l'Ifle de Rhodes, pes

voyages qu'ilfit en Asie & des

guerresciviles

qulde

son vivant s élevèrent entre ses enfans, tournèrent

ses armes d'un autre côté.Cependant

le Grand

Maîtrepour

n'êtrepas surpris, ordonna au nou-

veau General desgalères

de se remettre en mer, de

tirer des côtes d'Italie 6c desports

de Sicile leplus

grandnombre de

grains& de

provisionsde

guerre

qu'il pourroitrecouvrer y il en

remplitles

magà-

finspublics y 6c fans

qu'ilen coûtât rien à la Reli-

fion,

onprétend qu'il

étendit ses coursesjusqu'aux

ouches du Nil, d'où il enleva trois vaisseaux char^

gezde bled

pour CojÉantinople&

l'Egypte.

Pendantque par

oesprises

ce Général 6c d au-

tres armateurs faisoient entrer continuellement

desprovisions

dans l'Ifle de Malte , le Grand

Maître étoitoccupé par

de nouvelles fortifica-

tions qu'ilfit ajouter au Fort de Saint Elme, à

rifle de Saint Michel, 6c auBourg,

résidence or-

dinaire du Couvent. Il en fit creuser 6célargir

les

Çossez; par son ordre on construisit ungrand épe-

ron au Fort Saint Elme: mais laplus grande

dé-

Aaaiij

CLAUDEDE

LASANGLJV.

Page 383: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

374 HISTOIRE DE L'ORDRE

pense qu'il fit, 6cqui paroissoit

laplus nécessaires

fut à rifle Saint Michel. Cettelangue

de terrequi

s'avance dans la mer étoít ouverte de touscotez,

6c n'avoitqu'un petit Ghateau pour défense. Le

Grand Maître fit enfermer 6c clored'épaisses mu-

railles l'endroit de ce Château opposé au rocher

du Corradin. On fortifia ées^muráilles de boule-

vards 6c de bastionsaufquels

onajouta

en diffe-

rens endroits des flancs néçeiïaires,& on fit entrer

l'eau de Ia mer dans les fbísez.. Toutes ces fortifi-

cations se firent des deniers du Grand Maître, qui

ne eonnoissoitppiiit d'autre dépense quecelle

qui

avoitpour objet k fureté 6c la défense de sa Place.

Çe fut par.reconnoissance de ce noble désintéres-

sement 6c de ses bienfaitsque

les Chevaliers don-

nèrent son nom à cette presqu'Ifle, qui s'appelloít

auparavantl'Ifle de S. Michel, 6c

qu'on a toujours

nomméedepuis

son Magistere risse de laSangle.

Maltepar

sesgénéreux foins, &

parla valeur des

Chevaliers, devenoit tous les jours plus florissante,

lorsquele

vingt-trois de

Septembrecette

prospé-

ritégénérale

fut troublée tout àcoup par

un ac-

cidentimprévu.

Il s'élevadjM|S

seport

fur sessept

heures du soir unouragaíOurieux que

les ma-

riniers appellenttourbillon > grain

de vent} 6c les

Grecs modernesSyphon. Cette

tempêtecausée

par

la violence 6c là contrariété deplusieurs

ventsop-

posez,soulevalés flots,,abifma plusieurs vaisseaux,,,

en poussa quelques-unshors de Teau, 6c

jusques

fur lérivage,

mit enpièces

lesbrigantins

& les

galiotes , 6c cequi

fut encoreplus déplorable,,.

renversaquatre galères „ les carennes en haut 6a

CLAUDEDE

LASANGLE.

Page 384: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII.375

exposéesà l'air, en sorte

quela

plupartdés Offi-

ciers , des soldats 6c la chiourme furent noyez ou

écrasezpar

lapesanteur

de ces bâtimens. Les mai-

sons voisines du portavec leurs habitans se trou-

vèrent en un instant abismées , le Château Saint*

Angeen fut même ébranlé,Tarbre qui

soutenoit

legrandétendartde la

Religion,& qui y étoit atta-

ché,en fut arraché 6cporté

à un demi milleplus loin.

La violence du vent, des tofrens depluye qui

tom-

boient du ciel, & les flots irritez de lámer, &qui

lieprésentoient que

desmontagnes

d'eau ou des

abilmes , sembloient menacer Malte de son en-

tière destruction y lorsquen moins d'une demie

heure cette horribletempête cessa auílì

prompte-

mentqu'elle

s etoit élevée y le calme &la bonacc

parurenttout d'un

coup ; 6c fans les horribles dé-

bris des maisons abbátues, 6c des vaisseaux démâ-

tez 6c mis enpièces,

on auroit eupeine

à croire

qu'unmoment auparavant

leport

alors íi tran-

quille,auroit été le théâtre d'une íi funeste révo-

lution.

Le Grand Maître auxpremières nouvelles

qu'il

en avoit eues, y accourut avec laplupart

des Che-

valiers du Couvent -y6cquoique

latempêté durât

encore,il avoit donné tous ses soins

poursecou^

rir ceuxqui

ne í^avoient pas nager,ou

pour tirer

de la mer lèscorps

de ceuxqui

avoientpéri ; &

on futobligé

à cause de la nuitqui sorvint, d'at-

tendre au lendemain pourrelever les

galères.Le

retour de la lumière fit voir ce tristespectacle

dans

toute son horreur :plus

de six censpersonnes ,

Chevaliers, Officiers, soldlPl esclaves & forçats

ClAUDÉD E

LASANULË»

Page 385: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

376 HISTOIRE DE L'ORDRE

avoient éténoyez ou écrasez

parle renversement:

. desgalères, 6c on trouva encore íur les soldats là

payeôcleurs montres

qu'ilsavoient reçus

la veille.

Le Grand Maître entendant da bruitqui partoit

d'unegalère renversée, la fit

percer& lever

quel-

ques planches : unsinge

en sortit lepremier,

&

on en tira le Chevalier de l'Efcut si fameuxdépuis

fous le nom deRomegas,

6cplusieurs

autres Che-

valiersqui pendant

toute la nuit, 6cayant

tout le

corps dans l'eaujusqu'au

menton r s'étoiént atta-

chez avec les mains au fond de là earehe, ou à

peineils avoient assez d'air

pour respirer.Ils: sor-

tirent d'un endroit si funeste , pâles6c transis de

froid, &plus

mortsque

vifs y 6c àpeine

furent-ils

exposezau

grand air, quela

plupart s'évanouirent.

On n'oublia rienpour

lés secourir -y 6c si-tôtqu'ils

eurentrepris

leursesprits,

ils allèrent droit à PE-

glife laplu*

voisinepour

remercier Dieu de les

avoir conservez. Le Grand Maître fit travailler in-

cessamment à relever lesgalères ; on en trouva

laplus grande

entièrement détruite, & hors d'état

depouvoir

être mise en mer, les autres avec une

grande dépensefurent rétablies. Le trésor fournis

cequ'il

avoit d'esclavespour

la chiourme-, 6cplu-

íîeurspaysans de l'Ifle s'omirent

pourservir en

qualité de bonnesvogles

:quelques

Princes Chré^

tiens, & cequ'il y

avoit dans l'Ordre de Comman-

deurs riches 6cpuissàns,

s'intereíserent comme i\$

dévoient dans une sigrande perte.

Le Grand Maî-

trepour

leur en donner 1exemple,

fît construire

à ses frais unegalère

dans leport

de Messine dont

îePape, touché d'l8$fí grand desastre, fournie

libéralement

CLAUDEB E

LASANGLE.

Page 386: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 577

libéralement lesforçats qu'on prit

dans sespri-

sons, 6c des criminels condamnezpar

la Justice. L

PhilippeII. Roi

d'Espagne qui regardoit Malte

comme le boulevard de la Sicile 6c de ses Etats

;d'Italie, fitprésent

à l'Ordre de deuxgalères

bien

armées.Philippe

du Broc ancien Chevalier de la

Languéde Provence, 6c Prieur de Saint Gilles,

donna à laReligion

ungrand gallion que

le Gom^

mandeur Paschal du Broc son neveu conduisit à

Malte,chargéde

provisionsde

guerre& débouche,

armé de bons soldats , 6c en état de tenir la mer.

Presqueen même tems on vit arriver dans le

port

avec deuxgalères, François de Lorraine , Grand

Prieur de France, qui pardes sentimens de zèle

pourion Ordre, vint ossrir ses services au Grand

Maître. Ce jeune Prince soutintdepuis

en diffé-

rentes occasions la réputationde valeur, hérédi-

taire dans son illustre Maison. L'Ordre aprèsune

aufllgrande perte que

cellequ'il

venoit de faire,

avoit bien besoin de ces differens secours, dau-

tantplus que

les Corsaires de Barbarie ,dans l'es-

perancede se

prévaloirde ce desastre, infestoient

les côtes de l'Ifle, 6c en tenoient souvent leport

commebloqué. Dragut

fur-tout ce redoutable

ennemi de laReligion, croyant en trouver les for-

ces en désordre, y aborda avecsept galères

char-

géesde

troupesde

débarquement r 6caprês

les

avoir mises à terre ,il ravageala

campagne,6c fît

ungrand

nombre d'esolaves y mais avantqu'il

eût

puse

rembarquer,le Commandeur Louis de Lastie,;

de laLangue d'Auvergne,

6c Grand Maréchal de

l'Ordre, à la tête de trois cens Chevaliers tomba-

Tome IIh Bbb

CLAUDBD E

EASANGLE*

Page 387: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

37$ HISTOIRE DE L'ORDRE

sor ces Corsaires , en tailla enpièces

unepartie l

repritles

prisonniers6c le butin , 6c força Dragut

deregagner

ses vaisseaux. Pour sevenger

de cette

insulte, le Prince de Lorraine se mit aussi-tôt en

rner avec sesgalères

6c deux autres de la Reli^

gion,courut à ion tour les côtes de Barbarie, prit

entre Malte &Tripoli un

brigantin d'Assanbaly,

fameux Corsaire, dónnala chasse àUluchialy

au-

quelil enleva une

galère6c une

galiote -y $c ayant

quede rentrer dans le

portde Malte , il

priten-

core deux vaisseauxchargez

de sel & de différentes

marchandises.

LaReligion par

la valeur de ce Prince 6c des

outres armateurs, reprenoit dans ces mers la su-

périorité dont elle étoit enpossession

avantque

d'avoiressuyé

ía fureur de^ouragan, lorsqu'il

sur-

vint un nouvel accident qui causa dans 1'Ordre

degrands

troubles & de fâcheuses dissensions. Pour

rintelligencede ce différend

auquelle

Pape6c les

plus grandsPrinces de

l'Europe prirent part,il

faut savoir qu'aprèsla mort du Prieur de

Capoue

dont nous venons deparler,

leSeigneur

Strozzi

ion frère s'étoitapproprié

sesgalères,

dont à la vé-

rité ily

en avoit unequi

luiappartenoit -, ôc com-

meayant

le commandement d'une armée de terre

il nepouvòit pas

lui-même conduire sesgalères,

ïl les avoit jointes àquelques galères

deFrance, qui

étoient dans leport

de Civita-Vecchia, sous le com-

mandement du Chevalier Sforce, Prieur de Lom-

jbardie , 6c frère du Cardinal de ce nom, Camer-

linguede la Sainte

Eglise.Le Roi 6c Strozzi y

£royoientku-rs

galèresen fureté j mais le Prieur

"OLAUJÎED E

Z.A SANGLE.

Page 388: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 379

dé Lombardiequitta

en ce tems-là le service de

Francepour

s'attacher à celuid'Espagne ; 6c de

concert avec le Camerlingue, qui par sadignité

avoitbeaucoup

d'autorité dans les Places de l'E-

glise , 6cpour

se rendreplus

considérable dans

le nouveauparti qu'il embrassoit,. il enleva deux

galèresdu Roi

qu'ilconduisit dans le

portde Na-

ples t 6cpar

son conseil 6c unepareille

trahison ,.

un Piedmontoisappelle

Moret de Niíïàrd s étoit

emparé d'une desgalères

de Strozzi, & s'étoit re-

tiré dans leport

de Ville-Franche où le Duc de

Savoyelui donna un azile, 6c

permissiond'arborer

sonpavillon.

Unpareil brigandage

contre la foi du serment,;,

fitbeaucoup

de deshonneur au Prieur de Lombar-

die, & excita la colère & le ressentiment duPape.

Paul IV.gouvernoit

alorsl'Eglise

en cettequalités

6c il étoit gouvernélui-même

par un de ses ne-

veux, Chevalier de Malte , que ce Papeà son avè-

nement au souverain Pontificat, avoit revêtu de

laPourpre

Romaine sous le nom du Cardinal Ga-

rasse. L'oncle 6c le neveu faisoientnégocier

en ce

tems-là uneligue

avec la France contrel'Eípagne.

Outre la souveraineté derEglise qui

étoit violée

par cet attentat, il étoit de leur intérêt deper-

suader au Roiqu'ils n'y

avoientpoint

eu depart-

Dans cette vue, on arrêta le Cardinal Camerlin-

gue j il fut jettedans une affreuse

prison: on le

menaçamême de la mort, sì les

galèresdu Roi

de France n'étoient ramenées incessamment dans

leport

d'où on les avoit tirées furtivement. Le

Prieurqui

connoissoit rhumeur violente du Ca%-

Bbb iií

CIAUDÎDE

IASANGIB»-

Page 389: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3§ò HI s T O IRE D E L'OR E)R E

dinal Patron, lesrenvoya aussi-tôt y &

pour ren-

dre la liberté auCamerlingue,

il salut encorequ'il

donnâtpour

deux cens mille écus de cautions ,

qu'ilne sortiroit

pointde Rome fans la

participa-

tion duPape

6c de son neveu. Il ne futpas

si aisé

de retirer lagalère

de Strozzique

Moret avoit

conduite dans leport

de Ville-Franche. Pour élu-

der lesplaintes

&: les instances duPape,

le Due

deSavoye envoya

cettegalère

en Levantíavec son

pavillon, & une commission particulièreautorisée

de soníceau. Le Cardinal Patron & Strozziayant

appris qu'elleétoit en mer, pour

sevenger

de

cetteperfidie, envoyèrent à fa

poursuiteavec une

autregalère

unCapitaine François appelle Fou-

roux, bon Officier de mer, attaché à la Maison

de Strozzi , auquelon recommanda

d'employer

égalementson adresse 6c ía valeur

pour retirer la

galère des mains de Moret. Fourouxpour

nepoint

laisserpénétrer

le sujet de sonvoyage,

se rendit

d'abord à Malte ;, demanda au Grand Maître^ 6c

en obtint lapermission,

d'aller en course de conéert

avec sesgalères,

6c sous lepavillon

de laReligion,

Il sortit duport avec la

Capitane, 6c il n'eutpas

étélong-tems

en mer, qu'ilrencontra la

galère

qu'il cherchoit: le Piedniontoisqui

la corntnan-

doitayant pris

le vaisseau montépar

le Fouroux

pourla

Capitanede la

Religion,la salua, se mit

dans fachaloupe^

6cpour

entretenir le Général,

aborda lagalère

& entra dedans y mais iliut bien

surprisde se voir au

pouvoird'un Officier de Strozzi.

On larrêta aussi-tôt -y il fut mis aux fers, 6c le

Fouroux joignit ensuite sagalère,

comme s'il en

ÌCLAVDED E

.JtA SANGLE

i$ij,

Page 390: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 381

eût ramené à bord leCapitaine.

Les Officiers &

lessoldats fans aucune défiance , le laissèrentap~ 1

procher: il entra dans la

galère ,-& il s'en étoit

rendu maître avantqu'ils

íe fussentapperçus qu'ils

yavoient

reçu leur ennemi.

Le Général desgalères

de laReligion indigné

qu'oníe fût servi du

pavillonde l'Ordre

poursor-

prendre lagalère

d'un Prince Chrétien, menaça

le Fouroux de le combattre , s'il ne la relâchoit,

6c s'il ne remettoit Moret en liberté y mais ce Ca-

pitainelui

ayantfait voir des ordres

précisdu Roi,

ôc une commissionexpresse

duPape,

lepremier

Supérieurde l'Ordre, il ne

jugea pasà

proposdé

prendre fur lui la décision d'une affaire aussi déli-

cate -y 6cayant

fait convenir le Fouroux de le soi-

vre.àMalte avec faprise,

ils seprésentèrent peu

de-jours, aprêsdevant le

port.Le

CapitaineFran-

çois envoya aussi-tôt au Grand Prieur de France

les commissions, 6c l'instrtiisitpar

un mémoirepar-

ticulier de lasupercherie que

Moret avoit faite

auSeigneur

Strozzi. Le Prince de Lorraine en fit

partau Grand Maître, 6c en obtint

pratique pour

lagalère

de Fouroux 6c poursa

prise.Ces deux

galèresétant entrées dans le

port,le

Capitaine

Moret s'adressa aux Chevaliers Savoyards6c Pied-

montois, 6c seplaignit

amèrementqu'on

se fût

servi dupavillon

de laReligion pour surprendre

unegalère qui appartenoit

à leur Souverain; 6c en

haine de l'étroite allianceque

ce Prince avoit avec

l'Espagne *. ces Chevaliersprésentèrent

aussi- tôt en

son nom uneRequête au Conseil, que

le Vice-Roi

de Sicileappuya depuis

de toute son autorité. On

Bbb iij

CLAUDED E

LAS'ANGLE.

Page 391: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$$Z H I ST O I R E D E LORD R E

fit intervenir des marchands deRaguse

6c de l'Ifle de

Scio, quireclamoient les marchandises

quis'étoient

trouvées dans lagalère

de Moret y 6c d'ailleurs les-

Officiers du trésorprétendoient que

cettegalère^

comme faisantpartie

de ladépouille

6c de la suc-

cession du Prieur deCapoue ,,lui appartenoit.

Tant

d'intérêts differens excitèrent de fâcheuses divi-

sions dans le Couvent, &chacunprenoir,parti

soi-

vant faLangue

6c ía Nation. Le Conseilqui

alloit

toujours au bien de l'Ordre , neput s'empêcher

de blâmer le Grand Maître d'avoir fans fapartici-

pationadmis dans le

portles deux

galères enques

tion, & s'être attirépar

cette conduite une affaire

fâcheuse, 6c dont il eût été à souhaiterqu'il

eût

renvoyéla discussion aux Princes intéressez -,mais

comme lepassé

ne sepouvoit rappellér,

6cque

ces deuxCapitaines

avoient chacun unpuissant

partidans Malte, le Conseil nomma des Commis,

ïàirespour

informer desprétentions

de l'un 6c

l'autre. Moret seplaignoit toujours que

secroyant

en fureté à la vue désgalères

de l'Ordre, on lut

avoitpris par

trahison &par surprise

celleque

le

Prince son maître lui avoit confiée ,; 6c il en de-

mandoit avec degrandes

instances la restitution.

Mais le Fouroux lans vouloir reconnoître l'auto-

rité du Conseil,,pour

toute défenseproduisit

ses

commissions, & ditqu'en

exécution des ordres du

Pape,il avoit

reprisune

galère qui appartenoità

ce Pontife,,que

lé Moret à la vue de toute l'Italie,

lui avoit méchamment enlevée -, &que

si la Re-

ligionne

punissoit pasce voleur, le

Pape fçauroit

bien s'en faire justice fur ceux mêmequi par

des

CLAUDEDE

XASANGLE.

Page 392: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

r> E MALTE. Liv. XIL 38$

considérationspolitiques,

6c aupréjudice

de l'o-

béissance qu'ilslui dévoient, auroient dissimulé un

pareil brigandage.

Le Conseil ayant avéréque

lagalère

enques.

tion avoit été enlevée desports

duPape , fit ar-

rêter le Moretqui

avoit conduit cette intri-

gue y 6c on se contenta de laisser le Fouroux en

lagarde

du Grand Prieur 4 6c ce Princeayant pris

faparole,

s'enchargea

volontiers. Le Grand Maî-

tredépêcha

aussi- tôt un Ambassadeur auPape

pourrecevoir ses ordres sor ce différend y& il écri-

vit en même tems au Roid'Espagne

& à ses Mi-

nistres en Italiepour

leur en fairepart : le

Pape

6c le Roi de France de concert demandèrent hau-

tementqu'on

leurenvoyât

le Fouroux avec fa

prise,6c

qu'onleur remît fur-tout le voleur

pour

lepunir

suivant les loix de ladiscipline

militaire,

•On neput

sedispenser

d'obéir auPape

: lagalère

volée fut remise dans leport

de Civita-Vecchia,

les marchandises restituées à ceuxaufquels

elles

appartenoient.Pour le Moret, par

considération

pourle Roi

d'Espagne, aprèsavoir été retenu

quel-

quetems en

prison,on facilita son évasion, dont

le Conseil voulut bien nepas s'appercevoir y 6c le

Duc de Medina-Celi alors Vice-Roi de Sicile l'en-

voya prendrefur la côte

parun

brigantin.Le

Conseil fit dresser unprocès

verbal de fa fuitequ'on

envoyaau

Pape, qui aprèsla restitution de la

ga-

lère , parutsatisfait. ,

Quoiquecette affaire eût été conduite 6c termi-

née avec unegrande prudence,

la divisionqu'elle

excita dans leCouvent, 6c les

reprochesmême

CLAUDEDE

LASANGLE,

Page 393: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

384 HISTOIRE DE L'ORDRE

quele Grand Maître

essuyavà ce sujet de la

parc

dii Conseil , le touchèrent si- sensiblement, qu'il

en tomba,malade. II ne fitdepuis

cé tems-làque

traîner ùné-vié: languissante ,'ôc quifut terminée

par \úi£< iriêk très-chrétienne, ll ne voulutdispo-

ferf d'a#ùh de ses effets ^quoiqu'ilen. eût eu la

à&Èiìfíìòn d'un Chapitrè,&éneral : &:apr:ès avoir

JrSbféy^d^S; sommes coií©#râbsos à fortifier l'iste

dfejpwe^vd-laissa encor^llí^^soixèintemille.

ÏÏwSítí^^dfun si

I^Mp^WWéksse'm^nií*, tàvpm ett France douze

iMiífíènés pou*^'èont^Kie^lWa dot7

de la. De-

Pllfelkide ^r^-ÌJlI^fc#^5B.-íOn.fonda-a:.

SPf$$á^dW^^^dans

^dé~c##tó^áeÁu^líe- i^bvtìé&âik "fey^oúrs qra;moifí brcu

•WEB*.9*>'~& o^f^t^lé-4armes de.h-

Sángl^,'

:jìïèêriòix dc"{o^í^^i&uV

ne causapas

beau-ì

co^M ^0iç\3^^^4íméle Bailli de Lion,,

neveìlláu^arJÌ^R|it^^îler; quoique absent, eue

daborctquelqitës^ Voix -, mais un des Electeurs

n'eútsas plutôt proposé

le Commandeur DE VK

VALETTE, quetous' les

soffragesse réunirent en

. fa faveur. CeSeigneur

n'étoitpoint

sorti de Malte

depuis qu'ilavoit

prisl'habit & la Croix de l'Ordre à-

il en avoitrempli

fucceísivement toutes l«s Çhar-

ges.j Soldat, Capitaine ^Générai, sage politique,

plein de fermeté, & aussi estiméparmi ses, con-

frères , queredoutable aux Infidèles. Sous son:gou-

vernement

ClAUD'ED E

ÌASANGLE.

~ï8 Août

t , *

i

, > K

-'J- ; >"î» í -u.

Aa \Q\ »í»A

r * Pi"*J'P

JEANDELA

VALETTE.

aï Août.

*557'

Page 394: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances
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Page 396: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 3%

vernement laReligion reprit

son ancienne auto-

ritéqui

éfoit fort diminuée dansquelques Pro-

vincesd'Allemagne,

6c dans les Etats de laRépUw

bliquede Venise.

/Depuis que

les Hussites avoient ruiné laplupart

des Commanderies de Bohême, le trésor com-

mun de Tordren'avoitpû

rien tirer de ce Royau-

me 6c des Provinces voisines. Desguerres

conti-

nuellesqu'il

avoit faludepuis

soutenir enHongrie,

6c dans lespays

héréditaires de la Maison d'Autri-

che, avoient succédé auxguerres

civiles excitées

parles Huísites , &

interrompule

payementdes

reíponsions queles Chevaliers de cette Nation de-

vèientenvoyer,íoit à Rhodes ou à Malte, 6c les

Prieurs de cesgrandes

Provinces s'étoient mis en

possessionde nommer de leur chef aux Comman-

deries vacantes dans leurs Prieurez. Le Grand Maî-

treincapable

de souffrir des abusqui par

lapres-

cription pouvoientdevenir des titres & des cou-

tumes, en écrivit fortement dans toutes ces Pro-

vinces : il s'adressa mêmepour

les-faire cesser à

rEmpereur6c à Ferdinand Roi des Romains son

frère -, ces Princesqui

connoissoientledigne usage

quela

Religionfaisoit de ses biens, firent dire aux

Prieurs 6c aux Commandeursqui

avoient des Com-

manderies dans leurs Etats j queleur intention

étoitqu'ils

donnassent une entière satisfaction au

Grand Maître. LaLangue d'Allemagne

assemblée

enChapitre, dépêcha

auísi-tôtàMalte Wencellas

deHesse-Assembourg,

Prieur de Bohême, Sigis-

mond Romer, Commandeur deMielperg,&

Henri

de Rietchen au, Commandeur d'Estugne, qui après

Tome III. Ccc

J E A NDE LA-

VA LETTE.

Page 397: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

386HISTOIRE DE L'ORDRE

avoir.prçtéau nom des Chevaliers de leur

Langue,

le serment d'obéissancequ'ils

dévoient* au Grand

Maître, se soumirent àpayer

lesresponsions

6c les

taxesque

lesChapitres généraux imposeroient fur

leurs Provinces ; &par

un acte solemnel, ils se

désistèrent au nom de tous les Prieurs d'Allema-

gne}de conférer les Commanderies de leurs Prieu-

rez , à Texceptiond'une seule, à

laquelle,suivant

Fuíage généraldé tout l'Ordre , ils avoient droit

de nommer une seule fois encinq

ans.

Les Commandeurs Vénitiens à la faveur de la

protection qu'ilstiroient du Sénat, 6c fous pré-

texte du service qu'ilsrendoient à leur

patriecon^

tre les Turcs, tâchoient à Iexemple

des Allemands,

deloignerle payement

de leursresponsions.

Conir

me ces sortes de contributions étoientuniquement

employéesaux arméniens contre les Infidèles, le

Grand Maître íçutsi bien leurreprésenter

leur de.

voir & leurspremières obligations y 6c il

parlasi

haut 6c avec tant de fermeté, quetout

ployasous

ses ordres , 6c on vit enpeu

de tems arriver à

Malte leursresponsions

6c celles des Allemands ;,

qui furent depuis acquittéesfort exactement»;

De ces soinsqui regardoient

les Provinces, &

pourainsi dire les dehors du Couvent, le Grand

Maître passaà une affaire qui

avoit fait beaucoup

de bruit à Malte, & même dans toute l'Europe,

6c dont suivant le sort desplus grands évenemens,

à force de vieillir , on neparloir plus.

Le Maré^

chai de Vallier ce Gouverneur deTripoli, que

le

Grand Maître d'Omedes avoitpersécuté

siopi-

niâtrement , vivoit encore -, 6c cet ancien Corn-

JE A NDE LA

VALETTÍ.

Page 398: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 387

mandeurauquel

avant cette malheureuse affaire, la

plupartdes Chevaliers destinoient la Grande Maî-

trise , languiífoitalors dans une vie obíeure , 6c

conforme à ses malheurs : à la vérité le Grand

Maître de laSangle

avoit rompuses fers, & lui

avoit rendu fa liberté -, mais différentes considé-

rations & deségards qu'il

crut devoir conserver

pourla mémoire & les amis d'Omedes, ne lui

per-

mirentpas

de rétablir le Maréchal dans tous ses

honneurs.

Le Grand Maître de la Valetteplus intrépide,

&persuadé

du mérite 6c de la bonne conduite du

Maréchal, se fit un devoir de lui rendrejustice-

£câpres

une exacte révision de sonprocès , il le

déchargeades injustes accusations dont ses enne-

rriís avoient tâché de le noircir j & il lui conféra

en même tems le titre de Grand Bailli deLango,

comme lapreuve

6c le sceau de son innocence:

Il fîtplus y 6c

pourle

venger 6c tout f Ordre des

insoltes,& dés mauvais traitemensqu'il

avoit re-

çus des Infidèles à la prise deTripoli,

il entra dans

lè desseinque

luiproposa Jean de Lacerda, Duc

de Medina-celi, Vice Roi de Sicile, de tenter la

conquêtede cette Place.

Deaguten étoit alors maître y ce fameux Cor-

sairen'ayant pu

obtenir du Sultan le titre de Bâ-

cha , & lacharge

de Grand Amiral de sonEmpire -,

dignité queBarberousse avoit

possédée,lui avoit

remis leSangiacat

de Sainte Maure y 6c souspré-

texte de zèlepour

les intérêts de son maître, &

de défendre les côtesd'Afrique

contre les incur-

sions des Chevaliers de Malte, il s'étoit borné à

Ccc ij

JïAKDE LA

VALETTE.

Page 399: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

388 H I S TOI RE D E L'O R D R E

laqualité

de Gouverneur deTripoli, mais dont

par réloignementoù cette Place étoit de la Porte,

il s'étoit fait comme unpetit

Etatqu'il gouver-

iioit avec une autoritépresque

absolue , quoique

pourse conserver la

protection du Grand Sei-

gneur,il affectât une entière dépendance de ses

ordres.

Depuis qu'ils'étoit établi dans

Tripolidont il

vouloit faire faplacé

d'armes , & lesìçge

de fa

domination , il avoit so.it relever 6c terrasser les

murailles de cette Place. On y avoit ajouté par

son ordre des bastions, & tous lesouvrages que

le terrein avoitpu permettre,

6cqueTart

avoit

inventez én ce tems-là. Le Château n'étoitpas

moins fortifié j 6cmalgré

la situationqui

n'étoit

pas avantageuse, parlés soins continuels

&par

unedépense prodigieuse,

il en avoit fait une des

plusfortes Places de

l'AÍTique.De

grossestours

garniesdune nombreuse artillerie défendoient

l'entrée duport,

6c ceport

servoit dé retraite aux

vaisseaux deDrague,

& à ceux des Corsaires qui

navigeoientsous le

pavillondu Grand

Seigneur j

c'étoit de làque partoient

tous les vaisseaux des

Infidèlesqui

infestoient les côtes de Sicile, de Na-

ples , & même celles d'Espagne.

Le nouveau Vice-Roi de Sicile , pour signaler

son avènement à cettedignité , forma le

projet

d'aísieger Tripoli y 6cpour y réussir, il tâcha d'y

associer le Grand Maître : il n'eutpas

depeine

à

le faire entrer dans un desseinqui

avoitpour

ob-

jetde ruiner cette retraite de

pyrates.Ils en écri-

virent de concert à PhilippeII. Roi d'Espagne j

JEANl;E LA

VALETTJE.

Page 400: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DÉ M Á L T E. L I V. X11.389

ce Prince n'étoitpas guerrier y mais comme il sa-

gissoitde la fureté de ses côtes 6c du

reposde ses

lújets, 6cqu'il craignoit

mêmeque Dragut

n'en-

treprîtde lé rendre maître de la Goulette , il

ap-,

prouvaun

projet autorisé de l'avis du Grand Maî-

tre dont il connoissoit la valeur & lacapacité, 6c

dont fçs Chevaliers dévoient partagerles frais &

lespérils.

\ _

Ce Prince envoyases ordres au Duc de Sesse,

Gouverneur du Milanois , au Due d'Alcalaqui

commandoit dans leRoyaume de

Naples , 6c a

Jean André Doria alors Général de sesgalères, de

joindre leurs forces,de les fairepasser

en Sicile, 6c

if en défera le commandement généralau Duc

de Medinaceli, qu'il chargea expressément de se

conduire dans cetteentreprise par les conseils du

Grand Maître. Mais ces troisSeigneurs dont nous

venons deparler, qui par l'éloignement pu ils

étoient de la Cour, s'étoient rendus comme arbi-

tres de leur devoir, 6c jaloux de l'autoritéque

le

Roi leur maître déféroit au Vice-Roi de Sicile

sous differensprétextes , retardèrent Texécution

des ordres dePhilippe y 6c il salut

quece Prince

envoyâten Italie le Commandeur de Guimerans,

ancien Chevalier quiétoit alors à fa Cour, pour

faire marcher 6c pourconduire ces différentes trou-

pesen Sicile.

Le Grand Maître voyant Tannée fort avancée,

étoit d'avisqu'on

remîtl'entreprise

auprinteins

suivant -, 6c il en écrivit son sentiment au Vice-

Roi, mais ceSeigneur craignant que

le Roi ne

changeât de dessein , ouque par quelque intrigue

Ccc iij

JEANDE LA

VALETTE.

x559-

Page 401: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

390 HISTOIRE DE L'ORDRE

de Cour , on ne lui enlevât une commission où

il se fktoit dacquérir beaucoup

degloire,

sepressa

departir y 6c

aprèsavoir

assignéle rendez-vous

généraldes vaisseaux & des

galèresdans l'Ifle de

Malte, malgréla

rigueurdeTa saison, s'y rendit

vers le milieu du mois de Décembre. Ily fut re-

çu avec tous les honneurs quiétoient dûs à fa di-

gnité , 6c aupuissant

Roi qu'il représentoit: les

troupes qu'ilavoit amenées furent

logéescom-

modément j le Grand Maître fit devant ce Géné-

ral la revue de cellesqu'il

avoit destinéespour

cetteexpédition ; elles étoient

composéesde

qua^

tre cens Chevaliers & dequinze

cens hommes à

la solde de laReligion,

lanscompter

les volon-

taires ; le Chevalier d'Urre de Teísieres , grand

Commandeur , & alors Général desgalères , en

avoit leprincipal commandement : & le Grand

Maître &îc Conseilqui

avoient une entière eon~

fiance dans fa valeur 6c dans sonexpérience , lui

avoient même laissé le choix de son Lieutenant, 6c

de rOfficierqu'il fubstitueroit en fa

place,soit pour

commander les troupesde

débarquement,s'il ju-

geoità

proposde tenir toujours la mer, soit

pour

rester sor lesgalères,

s'ilprenoit

leparti

de com-

mander lui-même lestroupes qui

dévoient faire

lesiège.

Le Vice-Roi remercia le Grand Maître d un íî

puissantsecours : il fut fur-tout charmé de voir ce

corpsde

quatrecens Chevaliers qui

devoit s'em-

barquer,tous anciens Chevaliers, &

quiavoient

vieilli dans le service. Ce Général ne futpas

moins

édifié des soinspleins

de charitéque

les autres-

JEANDE LA

-VALETTE.

Page 402: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MALTE. Liv. XII. 391

Chevaliers prirent depuisdes Officiers 6c des sol-

dats de ce Vice Roiqui

étoient tombez malades*

6c pendantdeux mois que ces troupes étrangères

restèrent dans l'Ifle, leurs malades furent secourus

& servis avec un zèle, quifdepuisla fondation de

rOrdre n y apoint dégénéré.

Infin lestroupes du Milanois 6c du Royaume

deNaples

ét?nt arrivées à Malte aucomMee-

ment de Février , on tintplusieurs

conseils de

guerresor les

opérations de lacampagne.

Lésiège

deTripoli,

cômme nous yen^

leprincipal objet de cet armement i'mais le Vicér

Roi informé des nouvelles fortificationsqu'on

a4oit faites à eette Place, Sçsurttout que Dragut,

Capitaine redoutable, s'y étoit enfermé, 6cqu'il

y avoit fait entrer cequ'il

avoit de meilleures

troupes , avec un amasprodigieux:

deprovisions

deguerre

6c de bouche, lespérils

de cette entre-

prise6cTincertitude du soccès ralentirent son ar-

deur• 6c

plushabile courtisan

queGrand Capi-

taine, ilproposa

laconquête

de rifle de Gelves^

où ilesperoit trouver de la

jgloiresons

péril.

Le Grand Maître convintqu'à

la vérité il ne

reneontreroit pas d# grandesdifficultez à se ren-

dre maître de cettepetite rfle, ouverte de tous co-

tez, 6c fans autres forteressesqu'un simple

Châ-

teau , & depeu

de défense y maisqueee qui

en fai-

soit la foiblesse , 6c la facilité de laconquête,

era-

pêcheroitde s'y maintenir, & seroit naître aux In-

fidèles , quandla flote seroit retirée, le delsein de

la reprendre ^d'ailleursque

lacampagne

étoitpeu^

piee de Maures ou d'Arabes, quià la faveur des

JEANDE LA

VALETTE.»

Page 403: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

391 H-'I S T O I R E DE L'O R D RE

forêts depalmiers, dresseroient des

embuscades^

6cernpêeheroieiht dans un lieu si aride d

allerpui-ser de l'eau dans

cjíielques puits quiavoient été

creusez dans cette Hie-'j-qu'on

avoit même à crain-

dreque pendant qu'on

seroit attaché a cette en-

treprise,la flote du Grand

Seigneurdont on étoit

rrienacé , né sorvînt, 6c ne coulât à fond leurs

galères : au lieuque

s'ilspouvoient se re/ndre maî-

tres deTripoli^

elles trouveroient un a&ile 6c- un

abri danslé!port-

6c mêmeque

les bancs de sor

ble &k lésbassesqui

fë trouvoient lelongdes

cotes

deTripoli,

leur en serviroiènt contre lesgrands

vaisseaux du Sultan;

LeViee Roi jalouxdc Ihonneur de son sentiments

ne voulutpoint

so rendre à ces raisons: il soutint

toujours qu'ilse soròit rendu maître de Tlfle avant

quele Grand

Seigneureût

pu armer, 6c mettre en

mer ía flotte -y 6cque pour

assurer faconquête,

il

seroit fortifier lé Château dequatre

bastionsqui

lemettroient, 6c toute l'Ifle hors de

sorprise6c d'in-

sulte. Des avis siopposez partagèrent

ceuxqui,

composoient le conseil deguerre y mais comme

laplupart

des Officiersdependoient du Vicc^&oi,

îly en eut

peu qui osassent se déclarer contre son

sentiment- En vain le Grand Maître luireprésenta

qu'en changeantle

projet & leplan

de lacampa>-

gne,il alloit directement contre les intentions

du Roi son maître, & les instructions dont il étoit

chargé ; Lacerda demeura obstinément attaché à

son sentiment. La Valettequi prévoyoic

tout ce

qu'on avoit a craindre de cetteentreprise,

lui dit

qu'ilétoit maître de

porterles armes du Roi son

maître

JHAKDE LA

VALETTE.

Page 404: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 593

maîtredu côtéqu'il jugeroit

àpropos y mais

ques'il

abandonnoìt lepremier projet que

leRoid'Espagne

avoit approuvé,6c

quiavoit été

communiquéau

Conseil dé l'Ordre, il ne laisserpit sortir aucun-

Chevalier desports

de rifle. Le Vice-Roi chagrin

de trouver tant de fermeté dans le Grand Maître,

6cqui ne se

pouvoit passerde son secours, pa-

rut se rendre à son avis y ilreprit

enapparence

lepremier projet y on ne

parla plus quedu

siège

deTripoli

: mais comme le Grand Maître laiííbit

toujours voirquelque

défiance ;de la sincérité de

sesintentions,le Vice-Roipourl'eblouir, juraso-

lemnellementpar

la vie du Roi son Seigneur,6c

parla tête de Gaston de la Cerda son fils, jeune

Seigneur qu'ilavoit amené avec lui, que

sons s'é-

carter, il se rendroit incessamment devant cette

Place. Cependantce n'étoit

passon dessein y mais

il réservoic de le faire éclater quandil seroit en

mer, & seul maître des mouvèmens & de la

routequ'il

seroit faire à l'arméequ'il

comman-

doit.

Lembarquement

se fît le dix de Peyrier -, le

Grand Maître ajouta auxtroupes

de TOrdre. deux

censpionniers

Maltoispour íéryir au

siègede

Tripoli.Les Chevaliers Flotte &de la Roche eurent

la conduite de lartilseriè qu'on devóiEdébarqucr,

6c le Commandeur Gareie de Contreras fut;chargé

avec plusieurs Chevaliers dursoin jde Vj^ôpitaldes

malades, 6c des Officiels & des soldats quiferoient

blessez. La flote Chrétienne, tint la route: de la

Cote d'Afrique , ô< arriva a^x Sèches de Quer-

quene.L'Ifle de Gelves avoit ; toujp&ís

eu sçs Seï-

Tome III.'"

Ddd

J BANCELA

VALÎTTE,

Page 405: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

39^. HISTOIRE DE L ORDRE

gneurs particuliers -ymaisdepuis que Dragut, sous

l'autorité du GrandSeigneur,

s'étoit établi dans

Tripoli,il avoit rendu ces

petits Souverains tri-

butaires de la Porte. Ce Corsaire n'eutpas plutôt

appris quele Vice-Roi étoit avec fa flote à la hau-

teur decette Ifle, qu'il s'yrendit avec deux

galères,

quientrèrent dans le canal de Cantara, dont nous

avonsparlé

dans Tonziéme Livre de cetouvrage.

Le Général Chrétien ayant découvert |ces deux-

galères y en détacha unplus grand

nombrepour

s^enemparer y niais rOffieier

qui commandoit les

gaseres Chrétiennes, ayant apperçûdeux vaisseaux

marchandsqui

vënoiënt d'Alexandrie , l'avidité

du butin lui fitnégliger la poursuite

des deuxga-

lères deDragut : il fut droit aux vaisseaux mar-

chands, & s en rendit maître. Maispendant qu'il

étoit attaché aupillage, Dragut

avec ses deux

galèressortit du canal ; il en envoya une comman-

déepar

le Corsaire Uluchialipour

donner avis à

la Porte, qu'une puissanteflote

composéede disse-

rentes escadres du Roi d'Espagne6c des Cheva-

liers de Malte , ravageoitles côtes

d'Afrique,6c

menâçôit Tripolid'un

siège.Par le même courier

il démandoit unprompt

secours y 6c en 1 atten-

dant, &après

avoir laissé ses ordres dans liste de

Gelvespour

fa défense, il retourna avec la même

diligence cjù'il étoit venu se renfermer dans Tri-

poli.Solimanne&t

pas plutôt reçuces nouvelles,

qu'il envoyadés ordres très

preslansdans tous les

portsdé F

Archipel pour armer incessamment tous

les vaisseaux & íe»galères qu'on pourroit

méttrè

en mer, CáráMustapha

son Grand Amiral,6c qui

J « ANDMLA

V;ALsETTf<

Page 406: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

, DE MALTE. LiV. XII. 395

devoit commander la flote, pritle même soin dans

leport

deConstantinople. \

Cependantle Vice-Roi pour

faire de l'eau, fut"*

obligéen différentes fois de

débarquer.Les Gel-

/vains, quoiqueennemis secrets des Turcs, dont

ils soufíroièntimpatiemment

la dóinination y mais

irritez dupillage

de deux vaiíieaux marchandsqui

leurappartenoient, s'opposerent

a ces desoentes ,

chargèrentles^ Chrétiens , & dàríí ces esoármòu-

ehes, Alvare de Sande, uri désprincipaux

Chefs

de Tarmée 'y ysot blesse j 6c lesChrétiens, après

avoirperdu près

de deux cens hommes &cinq

Capitaines d'infanterie, sorentobligez

desorem-

barquer.La flote remit à la voile, tintla route dé

Tripoli,& s'arrêta aux Sèches de Palo, ainsi

ap^

peliezà cause de differens courans

quilaissent

quelquefoiscet endroit de la mer à sec. Le Vice-

Roi en attendant unepartie

de sestroupes qui

n'avoienípu partir

de Malte avéc secorps del'ár-

mée, s'arrêtaproche

de ces courans, 6c il débar-

quafur la côte voisine

quelques compagnies, qui

en differens endroits, creuserent despuits.

L'eau

enparut

claire 6c douce on entransporta

une

grande quantitésor la flote 5 FOfficier comme le

íoldat en but avec avidité; Maisiexperrence

la

fit trouver d'undangereux usage;

laplupart

de

eeux quièn burent, tombèrent malades : il en

mourut même ungrand nombre, &

parmi eùx,

plusieursChevaliers des

premiersde l'Ordre. La

flote Chrétienne eut en même tems àefluyet

une

viosente tempêté, & laCapitane

de Sicileayant

heurté contre legallion de Malte, se brisa, &

Dddij

JEANDB LA

VALETTE..

Page 407: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

}$6 M í S T O IR E DE L'ORD R E

coula bas. Ces accidens si ordinaires en mer -, ne

furentque

lespréludes

d'uneperte plus déplo-

rable.

Le Vice-Roi, après quele calme fut revenu,

propose dans le Çonseii de quittercet endroit. Le

Commandeur deyessìeres:, suivant ses instructions,

luipropoía d'aller dabord à

Langir,lieu soin, 6c

d'une bonne tenure y quede-là on se

rerijdroitai-

sement àTripoli jíque parlapriíe

de cette Place,

6c sor-tout dupíort, pstmettroit en soretë la flote

contre les temp^tesj,& même contre l'armee qu'on

disoitqui

venoit deConstantinople y d'ailleurs que

les Maures.& les habitans dupays voyant

les Chré-

tiens maîtres de cette Placé,Je déelareroient avec

plusde confiance contre les Turcs y 6c

qu'aprèsla

conquête deTripoli, celle de Gelves ne coûteroit

qued'en faire le

voyage.

Mais le Viçe^Roi qui n'aimoitpas

les entrepri-

ses difficiles , fousprétexte que

les vents étoient

contraires, rejetta cetteproposition.

Les Officiers

qui composoientle Conseil, 6c

qui dépendoient

de lui, n osèrent être d un avis différent. On re-

vint aux Gelves iesept

de Mars , d'où le Général

desgalères de l'Ordre

dépêchaune

frégateau

Grand Maîtrepour lui donner avis de ce

qúise

passoit , 6c il luimarquoit par fa Lettre

quele

Vice-Roi n'avqit pas eu le couraged'aller jusqu'à

Tripoli.

Les Chrétiensdébarquèrent

dans cette Isle fans

obstacle, &íans;qu'il pairût aucun Maure qui

leur

en disoiitât lentrée. Ils avancèrent dans les terres

&proche

d'un endroit, oùily avoit dés puits

d'eau

J í A NDí LA

VALETTE.

Page 408: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII.397

douce ; mais ils les trouvèrent comblez y 6caprès

qu'onles eut débouchez avec

beaucoupde

peine,

l'eau enparut

très amerepar

laquantité

de feuilles

d'aloësque

les Gelvainsy

avoient jettées. Pendant

cjuel'armée Chrétienne

campoiten cet

endroit,

ily

vint desdéputez,

oupour

mieux dire des es-

pionsdu Cheick ou dû

Seigneurde l'Ifle, qui

sous

prétextede se

plaindre de laguerre qu'on lui soi-

soit sons aucunsujet,

6c sons la lui avoir déclarée,4

demandoit une entrevue avec le Vice-Roi. îlspro^

posèrent de sapart que l'armée sortît de l'Ifle, 6c.

quelà conférence se

put soire à laRòchette, où

ils direntque

les Chrétiens trouveroiènt en aboní.

dànce de bonnes eaux. Le Vice-Roi fansaccepter

ni rejetter tout à soit cetteproposition y leur• dit

qu'ilconféreroit volontiers avec leur maître y mais

quece ne

pouvoitêtre

qu'au pieddu Château, ou

il alloit s'acheminer incessamment. Cesdéputez,

après avoir reconnu ses forces, en firent lerap-

portau Cheick, qui

ne se trouvantpas

en état de

tenir dans une si mauvaise Place contre des trou-

pesnombreuses 6c

aguerries,étoit

disposéà

capi-

tuler. Mais sesprincipauxOfficiers^

6c la jeunesse

sor-tout demandèrent avec degrands

cris le com-

bat : & soitque

ceSeigneur

fût bien aise avant

quede traiter, de tenter le fort des armes , ou

peut-être quen'étant

pastout à fait maître des

habitans , il ne fûtpas

fâchéqu'un peu

de dis-

grâceles rendît

plus dociles, il leurpermit

cequ'il

ne;pouvoit empêcher : 6c ces barbares

pleinsde

fureur;, & avecplus dimpétuosité que d'ordre,

croyant surprendre les Chrétiens, s'acheminèrent

Dddiij

J IA«Dï LA

VALETTE.

Page 409: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

393 HISTOIRE DE L'ORDRE

vers lecamp , ils

yétoient attendus, le Vice-Roi

avoit été avertipar

deux esclaves chrétiensqui

s'étoient échapez, qu'ilseroit

attaquéle lende-

main. Il nejugea pas

àpropos

d'attendre le^enne-*

mis j 6caprès

avoirréglé

lerang §c la marche de

sestroupes,il s'avança au devant d^eux. Les Che-

valiers de Malte avec deuxcompagnies

d'Alle-

mands étoient à lavantgarde -, il

y avoit; dans le

corpsde bataille trois mille Italiens 6c Siciliens, 6c

l'arriere-gardeétoitcomposéede trois milleEspa-

gnols.Telse étoit 1 ordonnance de cette

petitear-

mée dans la marche , lorsqueles Gelvains au nom-

bre d'environ deux milse sortant de derrière une

collinequi

les couvroit, 6cpoussant

à leur ordi-

naire des cris horribles , se jetterent l'épéeà la

main sorravant-gatde.

Mais comme ils n'avoient

ni cavalerie, niarquebusiers,

les Chevaliers avec

le feu seul de lamousqueterie,

en tuèrent ungrand

nombre, 6c eurent bien-tôtdispersé

& tourné ert

fuite cette multitude depaysans.

Le Cheickpour

préveniríà

perte,& le

ravagede rifle, traita avec

le Vice-Roi, lui livra les clefs du Château, recon-

nut le Roid'Espagne pour

son Souverain, 6c s'en^

gageade lui

payertribut. La Cerda charmé de

cetteconquête,

se laistà aller à destransports

ex-

traordinaires dejoye : il se vantoit d'être se

pre-

mierCapitaine

de fa Nation, quid

epuis-1 avène-

ment du Roi son maître à la Couronned'Espagne ,

en eût étendu la domination ;. &pour conserver

ce monument de sa valeur, ilentreprit d'y cons,

truire un fort dans la vue de tenir en bride Thu-

meur mutine 6c inconstante des Maures, Suivants

JEANo t. LA;

VALETTE.,

Page 410: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 399

le plan qu'ilen fit dresser, cette forteresse devoit

êtrecomposée

dequatre

bastions : André Gonza-

guese

chargeade la construction de celui

quire-

gardoitl'Orient y les Chevaliers de Malte entre-

prirentcelui

quilui étoit

opposé,6c

quise tróu-

voit à l'Occident. Le Vice Roi fit travailler ses

troupesde Sicile à celui

qui regardoitle Midi,

6c Jean André Doria, Général desgalères , em-

ployafa chiourme à travailler au dernier, qui

fut

placéentre celui deá Chevaliers de Malte & celui

du Vice-Roi. L'endroitqui

s'étend de l'Occident

auSeptentrion,

étoit défendupar

la mer, 6c une

épaisse muraille bien terrassée , devoit enfermer

le côtéqui

va duSeptentrion

à l'Orient.

Les Chevaliersqui

avoient amené à leur soite

deux cenàpionniers,

avancèrent considérablement

leurouvrage j mais dans les autres endroits le tra-

vail alloit lentementpar

l'avidité du soldat, quiau

lieu de charier de la terre 6c des matériaux, se dé-

roboit à unouvrage pénible, pour transporter

se-

crètement dans les vaisseaux de la laine, 6c de l'huile

dont il trouvoit unegrande

abondance dans cette

Me. D'ailleurs les maladies se renouvellerent sor

la flote, & dans l'armée de terrepar

les chaleurs

excessives dupays, par l'intemperie

de l'air, l'amcr-

tume des eaux, & sor-toutpar

la nourriture de la

chair des moutons àlongue queue, qui

se trouva

mal faine. Jean André Doria en tomba malade:

Quirico Spinolaen mourut, & outre

plusieursChe-

valiersqui

eurent le même sort, un sigrand

nom-

bre futaffligé

de différentes maladies, quele Com-

mandeur de Teffieres, General desgalères

de la

J E'A N .DE LA

VALETTE.

Page 411: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

40o HISTOIRE DE L'ORDRE

Religion, futobligé

d'en donner avis au Grand

Maître, 6c de lui demander ses ordres. Le Grand

Maître fut sensiblementtouché de si fâcheuses nou-

velles : 6c commepar

unelongue expérience

il

connoissoit lepays

& les mersqui l'environnent,;

ilprévit

avec douleurque

si le Vice-Roi restoit

plus long-temsdans cette Ifle, il

pourroitêtre sor»

pris parla flote des Turcs. Il manda à Tessieres

qu'ilne

pouvoit approuverla construction

d'un

Fort dans un endroit stérile , éloignéde tout se-

cours, fans eau, & sor-tout fans portoù les vais-

seaux pussent aborder. Ildépêcha

en même-tems;

un Chevalier au Roid'Espagne, pour

lui donner

avis dupéril

oùpar

untrop long séjour dans l'Ifle,

le Vice-Roiexposoit son armée. Il fit fçavoir la

même chose à la Cerda, 6cpar

le même courier

qu'il envoyaen

Afrique,íl ordonna au Comman-

deur de Tessieres, si le Vice-Roi s'obstinoit,pour

continuer sonouvrage , à rester dans un lieu

sidangereux,

de demander soncongé,

& de re^

venir incessamment à Malte, où son secours seroit

plus utile, si les Turcspour

faire diversion atra-

quoient les Ifles de laReligion.

Peu de jours après

ilrenvoya un second courier

pourdonner avis qu'il

venoit d'être avertique

le GrandSeigneur

avoit

faitpartir quarante galères pour

venir au secours

deTripoli, que

ce Prince croyoit assiégée y que

vingtvaisseaux corsaires dévoient se joindre à

cette flote, quiétoit attendue sor les côtes d'Afri-

que par vingt-deux autres, commandéespar

Dra-

gut , 6cque

cette flotechargée

detroupes fraîches,,

&supérieure

à celle des Chrétiens,, dont la plu-

part

JEANDELA

VALETTÏ.

Page 412: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. ^oi

partdes soldats étoient

languissans,n auroit

pas

depeineà en

triompher.

Le Commandeur de Tessieres 6c Jean-André

Doria sollicitoientpressamment

le Viceroi d'a-

bandonnerpour

un tems sonentreprise du nou-

veau Fort : l'un 6c l'autre lui conseilloient d'em-

barquertoutes ses

troupes, d'aller au-devant de

la flote deConstantinople jusques

dans TArchipel,

6c dé la combattre avant so jonction avec les,ga-

lères des corsaires j ils luirepresentoient qu'aprés

avoir écarté les vaisseaux du Grand Seigneur,ils

pourroient revenir enAfrique former le

siegede

Tripoli,dont la

conquête aísoreroit celle de l'Ifle.

de Gelves. Mais le Vieeroi étoit sipréoccupé par

lapassion qu'il

avoit d'achever sonouvrage,

& de

laifler enAfrique

une Forteressequi portât son

nom, qu'il ri'écoutoit les avis qu'onlui donnoit,

quecomme excitez

par une jalousie secrette de íà

gloire: rien ne

putvaincre son

opiniâtreté.Le

Commandeur de Tessieresprévoyant

faperte

in-

faillible; 6c laplûpàrt

des Chevaliers, des soldats

& des matelots étant mourans, lui demanda son

congé,& partit.

IIperdit dans la traverse encore

neuf Chevaliersqui moururent de maladie : 6c

peu

de jours aprèsson arrivée ísen mourut lui-même

avec la plupartde ses soldats, des esclaves, & des

forçats y en sorteque

cesgalères

ne furent delong

tems en état de retourner en mer.

Le Grand Maîtrepour

lesremplacer,

6c tou-

jours inquietdu salut de la flote Chrétienne, ren-

voya en Afriquetrois autres

galères,armées de

nouveaux soldats, 6ç d'une nouvelse chiourme.

Tome III. Eee

J ï A NDE LA

VALETTE.

Page 413: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

40ÌHISTOIRE DE L'ORDRE

Le Chevalier de Maldonat devoitles commander

en mer, 6c le Commandeurde Guimeran avoit

ordre de se mettre àla tête destroupes

de débar-

quement.Çé petit

secours arriva aux Gelves le

vingt-sept d'Avril, danssemême-temsque

se Lieu-

tenant du Viéeroi deNaples, craignant

une des-

cente des Turcs dans ceRoyaume, avoit envoyé

enAfrique

deuxbrigantins pour

en ramener les

vieux soldatsEspagnols , qu'il croyoit njéceíïaîres

£OUrla défense du

pays.;Le xo de Mài il arriva de

Malte un nouveaubrigantin

danslequel

étoit lé

Chevalier Huguesde

Copones, quele Grand Mafc

treenvòyóit

à Doria, pourlui donner avis

quen-

{finl armée navale des Turcs, composéede

quatre-

vingts-cinq galères,avoit

parusor les côtes du

Goze le septde Mai. Doria

quiétoit malade en-

voya cês lettres au Viceroi, 6c il lui mandaque

s'il ne faisoitrembarquer promptement

ses trou-

pes pendantfa nuít^ & avant

quele jour parût,

ll ne devoitpas s'attendre dechaperala puiíîance

Ibrmidabse des Turcs* Mais rien nepouvoît

dissi-

per ^aveuglementdû ;Viceroi ; &

Quoiqu'il;ne

ïptìt Jîlusdouter dé 1 arrivée de la flote Ottomane,

il se flattaque

le Commandant iroit d'abord à

Tripoli pourconfères avec

Dragut,6c

quedans

l'intervale il aiiròit tout le tems nécessaire de rem-

barquerses

troupes6£ son artillerie. Un funeste

succès fut la fuite malheureuse de son entêtement :

la flote ennemie parut à lapointe

du jòur: Cara

^ûstápiia en^avòit la) conduite, 6c le Bâcha Piali

favori da GrandSeigneur

avoit le souverain com-

jriàhdemeht des troupesde

débarquement.Doria

JE A'NDE LA

VALETTE.

15 6 o.

*o de Mai.

Page 414: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

J E A HDE LA

VALETTIÌ

DE MlLTE.LlV. XII.4°3

voyant cette flotte s'avancer en bonne ordonnance,

s'écria : Enfin Vopiniitreté d'un seul homme nous a

tousperdus s mais au moins nous ne ferons pas

vaincus

Jans avoir prévunotre

défaite,

\ A la vue de l'armée des Turcs, la consterna,-

tion 6c le désordre se mirent dans la flote ?Chté-

tiénne; Lesgalères par les maladies étoient fans

un nombre suffisant de forçats &; de soldats §, çha-

cun dans ce désordre & cette confusion ne prenoit

Tordreque

de íapeur :;>§c sons rendre de combats

chaque Capitaine ne cherchoit qu'à écbaper^à la

furie de lìartiilerie des ermemis, Les Turcs prirent

vingt galères6c

quatorze gros navires avec leur

équipage, 6c tous ceu^iquiles montoient j 6c leurs

barques armées de soldats: s'e;mparerent lans ré^k

tance deplusieurs galeresvtífcrétlennes j qus;faute

d eau se trouvèrent alors arrêtées dans ces banc^

de fablequ'on appelloit

les Sèches ou les/Eqjfes.

Le Commandeur de Maldoiiafr; voyant toutéla

flote} en déroute 6cdispersée-x 6ç fçs trois gale^

respoursuivies par celles des ennemis ,; né

per-

dit ni lecourage

ni lejugement

: &; comme il

n'étoitpas moins habile pilote quet£apitairçe

pleinde vaseur , à forcer de 'soire de jsouflfes

routes, & comme s'il eût voulu échouer a térre^

ilgagna

lecap

deSphax

: & de là prenant à droite,

il sc jetta enpleine mer, d'où il íe rendit heureu^

sèment à Malte. ^ , i

Les Turcs ne voyant plusídennemis qui pussémt

leurdisputer

la victoire, la célébrèrent par une

déchargede leur artillerie^ impair

toutes'Jes mâî$

ques d'uneréjouiu^ncepubJique,:ôc ib résolurent

Eee ìj

Page 415: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

404 HISTOIRE DE L'ORDRE

dedébarquer

le lendemain lèurstroupes pour

s'em-

parerde llflé, 6c soîre tsolâves ce

qui y restoit de

Chrétiens; Pendantque

sor seur flote tout rëten-

tissoit des cris dejoie,

le Viceroidésespéré

de so

défaite, confus 6c honteux de n'ayoirpas

suivi les

conseils de 'Doria, né laissapas d'y

avoir encore

récours. 11 le vint trouver dans son lit où il étoit

malade, 6c en approchant: ^oriáyhiïúïtJÌ, qui

ave^eUifittldela

sagesse & du bon fins endette oçca-

fion3querhe éonseilléz-yóus dé faire} Seigneur,lui

reporidit^DÓriâ ï<iïmwevótis} commande^les troupes

de terth Çcëst àvous aprendre} k'parti qùìvouspa^:

roîtra leplus avantageux. A l

égardde notre mal-*

heureuse' flote^ f airéfilu fk rnèfiire porter

cette

nuit fur uwleger briganìtin^

de'tâcher depercer*

k lafaveur des ténèbres }au travers de cette forêt de

vaisseaux dont nous firiïmesenvironne^: ^ st je puis

méckaperydecourir'la mer

pour'rallierles tristes

débris de notrjë défaite> ®» degagner ensuite le

port

de Mëjstnëy pour y ^ètenfire lés mdressdela Cour.

Le Viceroi lui ditquil

vouloir le isoivre, 6c

qu'ils abandonnóit à so conduite ; &

quoiquil lui

ïcrtaténcòíe dans lìfle 6c àmi le Fortprésìdeicinq

itíille hoMmes, il aima mseux s enfuir, 6c sorvu

vré à sodéfaites que

de s'ensevelirgénéreusement

sous les ruines de cette forteresse, 11 en laissa le

commandement à Aivâre; de SandeCapitaine

fa„'

meux, quiavoit

acquis beaucoup degloiredans

sesguerres

de Piedmorit. Ils?embarqua

énsoite

âvècpsofîéuWOrficiersigéneraux,

6cpar

l'Kabileté

a^ladrefode Dòriailso d^mélades vaiissbaux Turcs,

gâgìU l'|fle dê>ryialteí^pùiL

sel rendit enSicile^

JEANDE LA

VALETTE.

Page 416: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

: DE MALTE. L iv. XII. 405

où il alla cacher sadisgrâce

6c ses malheurs. Ceux

des Chrétiensqui

étoient restez dans lTile ne fini-

rentpas par

la déroute de la flote. Les Turcsayant

débarquéleurs

troupes6c leur artillerie, assiégè-

rent le Fort, & le battoient avec dix-huit canons.

Ce n étoientpas

les seulsennemisaufquels

de Sande

eût à résister : Pendant trois mois de tems qu'il

soutint cesiège

avec uncourage invincible, ikeut

à combattre non-seulement contre des hommes,

mais encore contre lafaim, la soif, 6c pour ainsi

dire, contre tous les élemens. L'eau manquoit dans

les citernes, 6c iln'y

avoitpas même de bois dans

la Forteressepour

cuire les alimens. Laplupart

des,

soldats plutôt quede mourir de soif, désertoient

par bandes, & alloient se rendre à l'ennemi. De

Sande voyant son canon démonté, lesouvrages

de la Place ruinez par celui des Turcs, 6c se trou-

vant fans eau, fans Bois y 6c cequi lui restoit de sol-

dats, malades, exténuez 6clanguissans, résolut par

unegénéreuse

sortie de s'ouvrir unpassage,

6c de

de mourir honorablement & lepée àla main.Après

avoirreprésenté

à ses soldatsque

leur salutdépen-

doit de leurcourage,!)

se mit à leur tête, 6c sor-

tit dans une heure où ilcroyoit surprendre

les In*

fidèles -, mais les Turcs avertis par des transfuges

l'attendoient en armes. Apeine

fut-il sortiqu'il

se

vit environné 6c accablé par differens corpsde

troupes qui tombèrent sor lui. II n eut pasmême

la consolation de mourir lès armes à.la main; il

futpris

& mis à la chaînepar

ces Barbares avec

cequi

lui rçstoit d'Oíflciers 6c de soldats. Le Bâ-

cha entra ensuite dans la Place dont il fit razer

E e eiij

J E A HDE LA

VALETTE-

Page 417: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4o6 HISTOIRE DE L'ORDRE

les fortifications, depeur quaprès

sondépart les

Chrétiens n'yrentrassent r 6c ce Général

repritle

chemin deConstantinople,

couvert degloire,

6c

traînant à so soite lesgalères Chrétiennes, 6c un

nombre infini deprisonniers.

Près dequatorze

mille hommespérirent

dans cette malheureuse ex-

pédition , soit parle fer ennemi, soit

parles ma^

ladies , ou dansTesolavage. L'Efpagne

seule y per-

ditvingt,

huitgalères

6cquatorze

vaisséauik dé char-

ge,sons

comptercelles du

Pape6c deux

qui appar-

tenoient à Cofme Duc de Florence. Pierre Machia-

vel, quiles commandoit en sauva d'abord deux

autres ; maispeu

de tems aprèstreize

galèresd'Al-

gerles ayant rencontrées

prèsde llfle de

Giglio,

elles furent contraintes d'éclìouer contre desécueils

quise trouvent le

longdes côtes de l'Ifle de Corso.

Les Officiers & les soldats se souverent à terreaprès

avoir abandonné lecorps

desgalères, 6c la chiour-

mecomposée

de Mahométans, queces Infidèles

mirent en liberté.

Ce fut àpeu près

en ce tems-làque Cofme ,

Duc de Florence, pourse

précautionnerà I ave-

nir contre leurs incursions, rorma uncorps

de ma-

rine: &pour

en attacher les Officiers à íà for-

tune, il en fit un Ordre de Chevaliersqui

furent

depuisles élevés des Chevaliers de Malte. Ce

nouvel Ordre fut institué sous Tinvocation de S.

EtiennePape,

dont on célebroit la Fête le deuxiè-

me d'Août, jour heureuxpour

ce Prince, 6c au-

quel peu auparavantses Généraux avoient

gagné

contre les bannis de Florence, la bataille de Mar-

ciano. Cofme établit à Pise la Maison Chef d'Or-

Jl A NDE LA

VALETTE

Page 418: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 407

dre : ily

attacha degrands

revenus -, lui-même

en dressa les loix & les statuts : &pour

nèpas

\

laisser dans une domination nouvelle unCorps

de

Noblesse réuni sous une autre autoritéque

la sienne,

il s'en fit le Chef & le Grand Maître : & les Princes

ses enfans en furent lespremiers

Chevaliers. lien

avoit trois > François qu'ildestinoit

pourson suc-

cesseur, 6cqu'il envoya depuis

à la Courd'Ëípa^

gne -yJean > qui quoiqueà

peine âgéde seize ans,

étoitdéja

revêtu de la Pourpre Romaine, 6c Garfiè

le dernier des trois, jeune Prince d'une humeur

féroce. Ces deux dernierspar

une jaloùsie 6c une

émulationréciproque,

dès leurplus

tendre en-

fance, avoient conçul'un contre l'autre une haine

dont on avoit jamais puses soite revenir, 6c

qui

éclata en ce tems-là d'une maniéré funeste. Pen-

dantque Cofme soivi de toute so somille, pour

donner une forme constante à son Ordre mili-

taire, visitoit lesports

6c lesplaces

maritimes de

ses Etats, ces deuxjeunes

Princes dans une partie

deehàflequ'ils

firent dans dès boisproche

de Gros

feto, s'étant querellez , de concert s'éloignèrent

de la soite, s'enfoncèrent dans le bois, se battirent,

6c Garsie tua d'uncoup

depoignard

lë Cardinal.

11rejoignit

ensoitè la chasse fans faireparoître

le

moindre trouble, & comme s'il se fût seulement

égaré: il demanda ce

qu'étoitdevenu son frère.

Mais comme ce jeune Prince neparoissoit point,

6cque

la nuitapproehoit,

ses Officiers separta-

gèrent pourle chercher, 6c eèlui

quiétoit

chargé

particulièrementde so conduite, après

avoir couru

tout le bois, le trouva enfin étendupar terre,

JEANDELA

VALETTE.

Page 419: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4oS HISTOIRE DE L ORDRE

mort 6cnoyé dans son

sang.Il courut auflì-tôt

porter une si triste nouvelle à Cofme. Ce Prince

soupçonna aussì-tôt la main d'où un si cruelcoup

étoitparti : mais

quoique pénétréde la

plusvive

douleur, il eut assez de forcepour

la dissimuler:

il ordonna même à cet Officier de tenir la choso

secrette y 6cqu'à

la faveur des ténèbres, il luiap-

portât dans son cabinet lecorps

de son fils enve-

loppédans un

tapis,6c fans

qu'il pûtêtre ap-

perçû.

On né lui eutpas plutôt obéi, qu'il

fitapellerGar-

íìe-, 6caprès

s'être enfermé avec lui,il lui demanda

cequ

étoit devenu son frère. Ce jeune Prince avec

une assurancequi n'étoit pas de son

âge , lui ré-

ponditfroidement

qu'ilravoir

perdu de vue à so

chasse 6c dans lapoursuite

du cerf. Cofme lui com-

manda alors de lever letapis qui çouvroit le

corps

du Cardinal, dont lesplayes jettoient encore du

sangen abondance. A ce

spectacle,le Duc ne

pouvant plus retenir fa douleur 6c fa colère : Mal-

heureux y lui dit-il, voilà lesang

de tonfrère qui

crievengeance

au ciel contre toi :fam-il que f aye mis

au monde unparricide qui par

laperte

de fin frère,

s'est fait un cheminpour affaffiner fin père

même ì

Garsie intimidé , se jetta à sespieds,

confessa! sort

crime : 6cpour

en diminuer l'horreur, alleguâìque

son frère l'avoitattaqué

lepremier,

&qu'il

n a-

voitpu

sauver fa vieque par

sa mort. Mais Cofme

rejettant de si foiblesexcuses, & le

regardantavec

desyeux pleins

de fureur : Ilfaut, lui dit-il yque

je vengemoi-même la mort de Vinnocent

parla

perte

ducoupable , & que

tu rendes la vie a celui de qui

tu

JBANDE LA

VALETTE^

Page 420: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M ALT E. LIV. XII.409

m la tiens. En disant cesparoles,

il lui arracha

lepoignard

dont il avoit tué son frère, 6c le lui

enfonça dans le soin. On les enterra ensuite l'un

6c l'autre secrettement : 6cpour

cacher un sigrand

malheur , onpublia qu'ils

étoient morts dans

une maison decampagne

d'une maladie conta-

gieuse , dont la Toscane étoit alors infectée. On

leur fitdepuis

demagnifiques

funérailles dans

laprincipale Eglise

de Florence , ausquelles on

ajouta leur oraison funèbre : 6c dans ce discours,

rOrateur , parordre de Cofme, affecta

exprès,

pourdiminuer le

soupçonde ce meurtre , de s'é-

tendreprincipalement

íur leslouanges

de Garsie.

C'est ainsique

Monsieur de Thourapporte

un

événement sitragique

dans le trente - deuxième

Livre de son Histoire.5 quoiqu'on prétende quece

fait ne se trouve pointdans fa

première édition,.

6cqu'il

a été inférédepuis par

les éditeurs des édi-

tionspostérieures.

Eleonore de Tolède, mère de

ces deux jeunes Princes, & àlaquelle

on neput

cacher les circonstances de leurperte,

en mourut

de douleur. Cofme fans se laisser abattrepar

tant

dedisgrâces,

cherchoit fa consolation dans les soins

qu'il prenoitdu

gouvernement.Sa

principaleoc-

cupationétoit alors de faire fleurir son nouvel

Ordre, 6c ce Prince habile, & un desplus grands

politiquesde son siécle , pour

attacherpar

cette

marquede distinction les

principalesfamilles de

Florence aux intérêts de fa. Maison, avecpermis-

sion duPape

Pie IV. dispensales nouveaux Che-

valiers des loix du célibatqui

s'observoit dans

l'Ordre de Malte, 6c il étendit cettegrâce juso

Tome III. Fff

1

'= JEANDE LA

VALETTE.

Page 421: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

JE AIÍDE LA

VALETTE.

410HISTOIRE DE L'ORDRE

qu'àceux

qui avoient été mariez deux fois. IIy

ajouta leprivilège,

au défaut d'enfanslégitimes,

depouvoir

tester de leurs biens en faveur de leurs

bâtards, à condition en ce cas d'en laisser à leur

Ordre laquatrième partie.

Son intérêt ne luiper-

mitpoinÉ

de se conformer sor tous ces articles à

larigueur

6c à la íe vérité des statutsqui

s'obser-

voiencpar

les Chevaliers de Malte, 6c il íe con-

tenta d'exhorter ceux de Saint Etienne ailes imi-

ter au moins dans la valeur & dans le zèle qu'ils

faisoientparoître depuis

tant dé siécles contre les

Turcs 6c les Infidèles.

Ce sot dans cette vue, 5cpourles former dans

ladisoipline^militaire, qu'il

ordonna aux Com-

mandans de sesgalères, quand

ils rencontreroient

celles de Malte, de s'y joindre, devoguer

ensem-

ble, &d'attaquer

de concert tous les Corsaires

qu'ilsrencontreroient. En exécution de ces ordres,

Baccio Martelli, Chevalier de Saint Etienne, 6c

quicommandoit

quatre galèresde Florence, ayant

trouvé à la hauteur duCap-Lupo s Vincent de

ConzaguePrieur de Barlette, Général des

galères

de laReligion,

6cqui

en avoitíèpt

sous sos orclres,

lè salua lepremier,

saborda ensuite, lui demanda

6c obtint lapermission de le suivre : 6c dans leur

course, prit toujours Tordrequ'il

donnoit ensuite

à ses Officiers sobalternes. Le Général avec ces

quatre galères , so trouvant commander à onze

bien armées, courut toutes les mers du Levant,

sauvaplusieurs

vaisseaux Chrétienspoursoivis par

les Infidèles, prit plusieurscorsaires , 6c à la Rn de

lacampagne

il sesépara

des Florentins à la hauteur

de Corfou. Il entra ensuite dans leport

de Malte,

Page 422: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XIL 411

où suivantl'esprit

del'Ordre, il

reçût plusde té-

moignagesde

congratulation pourles vaisseaux

v

Chrétiensqu'il

avoit défendus 6csauvez, quepour

ceuxqu'il

avoitpris

fur les Infidèles.

\, C'étoit dans cette vueque

lesgalères

de la Re-

ligionétoient

presque toujours en mer. Le Grand

Maître de ses revenus, en fit même construire deux

nouvelles: lesplus

riches Commandeurs à son exem-

plefaisoient tous les jours, 6c suivant leurs forces ,

differens arméniens : jamais l'Ordre n'avoit été si

puissantsor mer y & ce

quile rendoit sor-tout re-

doutable aux Infidèles, c'estque

ces différentes

escadres étoient commandéespar

des Chevaliers

quiavoient vieilli dans le service, 6c dont la

plu-

partauroient été

capablesde commander des ilotes

entières: tels étoient alors le Commandeur Gozon

de Melae, Général desgalères

de laReligion,

le

Commandeur de Guimeran, quele Roi

d'Espagne

avoit demandé au Grand Maîtrepour comman-

der celles de Sicile, les Commandeurs de Giou 6c,

d'Elbeines , 6c les Chevaliers deThiange

& de 1

la Motte, tous excellens hommes de mer, & cé-

lèbrespar

leur valeur & leurexpérience.

Mais

parmices

Capitaines,aucun n'avoit fait tant de

prises6c si considérables

quele Commandeur de

Romegas,Chevalier

qui depuisfa jeunesse avoit

fait la course y personnene connoissoiç auflì-bien

quelui les côtes, les ports 6c

jusqu'auxmoindres

calesqui

se trouvent lelong

de la mer Méditerra-

née: d'ailleurs brave, intrépide, quin'avoit jamais

connu depéril, 6c

quine souffroit dans son bord

que des Officiers & des soldats dune valeur aussi

Fffij

JEANDE LA

VALETTE.

Page 423: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

411 HISTOIRE DE L'ORDRE

déterminée. La viequ'il passoit presque

entière à

la mer, lui avoit donné un air farouche : on l'ac-

cusoit même de traiter cruellement sesprisonniers y

mais ilprétendoit qu'il

ne tenoit cette conduite à

leur égard que par représailles, 6cpour

réduire les

corsaires à enagir

avecplus

d'humanité envers les

esclaves Chrétiens. On ne laissoitpas

desoupçon-

nerque

dans cesreprésailles

il ne se faisoitpas

beaucoupde violence, &

queson humeur naturel-

lement dure 6c violentey

avoitpeut

- être autant

depart que

lapolitique.

Quoi qu'ilen soit, ce fut en ce tems-là

qu'il ren,-

contra lelong

des côtes de Sicile une grosse ga-

liote commandée parun fameux corsoire

appelle

Yíuf Conciny, renégat Calabrois, 6c letyran, ou

plutôtle boureau des esclaves Chrétiens. Il en avoit

dans fa chiourme 6c sor son vaisseau deux cens ,6c

deux censcinquante

soldats. Lapartie

étoit assez

égale -, le corsaire n'évitapoint

le combat y les deux

galères s'approchèrent,6c

aprçsavoir

essuyéle feu

l'un de l'autre, on en vint auxcoups

de main. Le

combat se maintint long-temsavec un

avantage

égal6c fans

qu'oneût discerné

quelen seroit le

succès.Romegas

irrité d'une silongue résistance,

s'étant mis à la tête de sesplus

braves Officiers, se

jetta dans lagaliote l'épée

à la main, 6ç franchit

la rambade. Le corsaire le reçût avec le même cou-

rage,& tua deux Chevaliers de so main: mais étant

tombé sor un banc de fa chiourme d'uncoup qu'il

reçut,cès esclaves

pourse

vengerdes mauvais frai- r

temensqu'ils

en avoient reçus, ne virentpas plu-

tôt Romegasmaître du vaisseau, que

fansqu'il s'y

JE ANB.E LA

VALETTE*

Page 424: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. Liv. XII. 413

opposât,ils firent

passerle corsaire de main en

main. Chacun lui donnoit uncoup, plusieurs mê-

mepour

assouvir leurvengeance,

le déchiroient

avec les dents: iln'y

en avoitpoint qui

ne voulût

èn avoirquelque membre, & avant

qu'ilfût

par-

venu au dernier banc, à peine en réstá-t4l là moin-

drepartie. Un

renégatde Melasso èn Sicile ne fut

pasmieux traité. Sous so conduite , des còrsoires

àvóientsorpris cette

petite Place, Tàvoient pillée,

enlevé plultéurs habitáns de diffèrent sexe -y 6c

pour ajouter la lubricité aubrigandage,

un infâ-

me Marabout avoit violé de jeunes filles Chrétièiv

nés. Lesgalères'de

Malte jointes à celle de Sicile,

enayant

étéaverties, poursoivirent

lespyrates-

mais il ne lespurent joindre. Après

cetteexpédi-

tion ils s'étoientséparez,

lesgalères

de Malteplus

legerés quecelles de Sicile & dont la chiourme

étoitplus fraîche, joignirent

laprincipale galeré

des corsaires, 6ccjui portoit

le butin 6c les escla-

vesqu'ils

avoient faits. Comme la résistance d'une

feulegalère

contre toute une escadre n auroit servi

peut-être quala faire couler à fond,les Infidèles

se rendirent. Le Prieur de Barlettequi comman-

doit dans cette occasion délivra la chiourmequi

étoitcomposée

de Chrétiens, mit en leurplace

quatre-vingts Turcs, 6c rasoèna heureusement à

Melasso les hommes & les sommes, quien avoient

été enlevez. Lepeuple après lui avoir témoigné

fa

reconnoissance à fa manière , &par

des acclama-

tions 6c des cris tumultueux dé joie , lui demanda

cerenégat

leurcompatriote, qui

avoit conduit les

corsaires, 6c rmsolent Maraboutqui

avoit traité

F f f iij

JEANDELA

VALETTE.

Page 425: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

414HISTOIRE DE L'ORDRE

íi indignementleurs filles.. Le Prieur ne leur eut

pas plutôtabandonné ces deux scélérats, que la

populaceen furie sen fit justice par

ses mains ,

les déchira & lès mit ènpièces. Romegas qui

en

ce tems là étoit à la mer j traitaplus

favorable-

ment ungallion qu'il

rencontra prochede l'Iíle de

Scarpento,6c entre celles de Candie 6c de Rhodes.

Ce gallionvenoit de Satalie }6c il étoit comman-

de parIç Rais^eid Maamer,Ugiy, Capitaine qui

ne manquoit pasde

valeur,&

quiâvoit mêr

me fur son bord grand nombre de braves sol-

dats, 6c accoutumez au sou.Romegas n'avoit alors

queles deux galères qui appartenoient

au Grand

Maître, 6c, dont le Chevalier -,de la Motte com^

mandoit la moindre. Ce Chevalier dont lagalère

étoitplus legere, commença le combat y Rome-

gasetant^nirvenu, s'approchadu

gallion -, 6caprès

savoir examiné 6c vû son, tillae couvert de mous-

quetaires , !&. l'ar tillerie bien servie , if jugeafans

peine quedix

galèreseomme celtes

qu'il com-

mandoit , s'il neçbangeoit

Tordre de sonattaque,

nemporteroient pasce

soperbevaisseau,qui par

so hauteur & encomparaison

desgalères, parois

soit un château flotant. Mais comme les Cheva-

liers necomptoient jamais

íe nombre 6c les forces

de leurs ennemis, ôç quede son caractère fur-tout

il auroit mieux aimé périr qu'oneût

pûlui

repro-

cherqu'il

eût abandonné ionentreprise,

ilprit

le

partide battre de loin cette grosse caraque.

Heu-

reusement un calme étant survenuqui Tarrêta,

les deuxgalères

à la faveur des rames s'enappro-

choient,, faisoient leurdécharge}

6cs'éloignoient:

;JEANI>£LA

VALETTE.

Page 426: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. . 41J

6caprès

avoirrechargé

revenoient ensuite avec la

même légèreté. Romegas profitantde la bonace, ^

continua cette manoeuvre silong tems, que

le~

gallion aprèsavoir

perdu beaucoupde monde

par

lescoups

de coursier, futobligé

de se rendre. Les

Chevaliers entrèrent dedans, ils le trouvèrent char-

géde riches marchandises : mais à

peineeom-

mençoient-iisíàs'en rendre les maîtres, qu'il

cou-

la-bas des coups qu'ilavoit reçus dans ses cèuvres

mortes : 6c toutce qu'on put soire, fut de souver

Téquipage y parmi lequel

on trouva uct vénerabse

vieillardâgé

de soixante 6c dix huit ans, Sangiae

dû grand Caire, 6cprès de six cens hommes Turcs,

Maures &Nègres, qui

tenoient comme lui là

route deConstantinople.

Pendantque

les Chevaliers de Malteexposoient

tous les jours leurs vies contre les Infidèles, l'E^

gliso Catholique assemblée à Trente dans un Con-

cilegénéral

6coecuménique, opposoit

le zèle 6c

la science de ses Prélats"aux nouveautez des Pro-

testans y le Grand Maître y avoit été invité com-

me les autres Souverains de la Chrétienté. Ce

Prince 6c le Conseil de TOrdrey députèrent

en

qualitéd'Ambassadeurs les Chevaliers de

Villega-

gnon6c

Royasde

Portalrouge y mais lepremier

retenupar

sonâge

avancé &par

unegrande

ma-

ladie , ncs'y put

rendre.Royas s'y trouva soûl y 6c

avantque d'y

être admis, il eut à essuyerde

gran-

desoppositions

de lapart

duCorps

desEvêques,

lesquels représentèrent qu'ila étoit

pas juste qu'un

simple Religieux,6c le

Députéd'une Société de

Frères, prît place parmiles Ambassadeurs, 6c eût

JE AKDE LA

VALETTE.

Page 427: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4i6 HISTOIRE DE L'ORDRE

en cettequalité

lapréséance

sur lesEvêques.

LaE

faire s'accommoda, ôç on convintque

T Ambassa-

deur de Malte seplaceroit parmi

les autres Am-

bassadeurs des Princes Chrétiens, sonspréjudice

desprotestations de TOrdre

Episcopal y ainsi Royas

fini admis dans laCongrégation qui so tint le 7

deSeptembre

de Tannée 1565» Ce Ministre com-

mença &harangue par

excuser lé Grand Maître

& se Conseil, s'ils n'avoientpas envoyé fjplutôt au

: Saint Concile des Ambassadeurs y 6c ilallégua pout

raisonque

Tlfle 6c le canal de Malte étoient in-

festez continuellementpar

des esoadres de Cor-

saires, 6cqui

sombloient attendre la flote du Grand

Seigneur destinéepour entreprendre

laconquête

de Tlfle entière de Malte. Ilpassa

àTorigine

de

son Ordre,fondé, dit-il, 40ans avant

lapremsere

Croisade. Ilparla

ensuitemagnifiquement

des ex-

ploits héroïquesfaits

parleurs ancêtres, & ilajouta

ques'ils ne

pouvoientà

présentles

égaler , c'est

queles Protestans s'étoicnt emparez

d'unepartie

de leurs Commanderies, 6c mêmeque

des Pré-

lats & des PrincesCatholiques,

contre fusage

6c

lesprivilèges

de l'Ordre, se soisoient souventpour-

voirpar

lesPapes

des Prieurez & desplus

riches

Commanderies. Ilpria

les Pères au nom de tout

TOrdre, d'avoirégard

à son ancienneté, à so no-

blesse , 6c aux servicesque depuis

tant de siécles

il rendoit à toute la Chrétienté, d'ordonnerque

les Commanderiesqu'on

avoitusurpées , lui fus-

sent rendues, 6cqu'il

fût fait un décretquelles

ne

pussent êtrepossédées à Tavenir que par

des Che-

valiers, selon leur ancienneté deReligion, &que

le

JEANDE LA

VALETTE.

Page 428: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv.XIL '417

le décret fût suivi d'une confirmation solemnelle

de tous lésprivilèges accordez a TOrdre

depuis so 1

fondation. .r.-w: .1 ..'[ \:\ ---;;-

Le Promoteur luirépondit

en termesgénéraux,

Çj6c au nom duConeilevque

lès: Pères ádmettoient

son excuse sor le retardementojue

TOrdre avoitap-

portéà faire partir ses Ambassadeurs y 6c>

quilsau-

roientégard

a la conservation des Gommanderies

6c desprivilèges

d'un Ordre iì utile: à<TEglise.

sL'Ambassàdeur; donna

des^mémoires aux L&-

gatsdu Concile, concernant la confîtmatíondás

-immunitez de TOrdre , 6c sor-tout pourenobte-î-nir un décret

quiinterdît

lapofscíïiondes Prieur ez

'6c des Commanderies àtoutes:|>ersohite«

;deaquel-

:que dignité qu'ils

fussent ;, qui n^autoient>pasïsoit

les trois voeux folemnels de laReligion

dans TOr-

dre de Saint Jean de Jerùisolem. Les^Légatsno-

serehtíproposercé

décret danslesjCpngregations^

avantíqué

d'être instruits des intentionsdunPape.

Ils lui en écrivirent | Pie IV. quiétoit alors>sor la

Chaire de Saint Pierre, &;très attentif à céqu'il

'né;paííat

rien dansi le Concile euiiiput

donner des

bornes à son autorité ; nignproit ipasi que plusieurs

Papess'étoient crû en droit de nommer aux Prieu-

rez & aux Commanderies vacantes dans Tétendue

de leurs Etats 6c en Cour de Rome,;quoique plu-

sieurs autres Souverains Pontifes eussentpassé

des

déclarations contraires én faveur de TOrdre. Ce-

pendantil récrivit à ses

Légats quele décret

que

sollicitoit le Grand Maître neregardoit point

le

Concile, 6cque

c'étoit à lui seul a faire unpareil

règlement quand il lejugerôit

àpropos

: &après

Tome III*Ggg

JEANDB LA

VALETTE.

Page 429: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

^•18Hï S T OI R E DE L*OR,D R E

la conclusion du Concile^ quilui avoit toujours

donné un£eu d'inquiétude,

il oublia lès Cheva-

liers de Malte, 6c les services continuelsqu'ils

ren-

doient à tous les Chrétiens y 6c sor-tout auxpeu-

ples quihabitoient les côtes de Sicile, de Naples,

de Tltalie entier e > Sc suE^tout deTEspagne , dont

depuisla conclusion duConeiso^ ils assurèrent le

repos parla

part qu'ilseurent à la

prisede Go-

mere de Vêlez^isituee sor la côted'Asoique,

£cqui

ri'ltoit auphfS'éloignée

?de;TEÍpagne? ìquè

de qua-

ránte lieuesì: r o : '..;.;1 .i<i.•-.;, ;>,-: .- : ,.- 0;. ; -:-:

Quoiquela

portde cette Place ne

pût pascon-

tenir de;grands Vaisseaux, il en

partoit tous les

jours des fustesîôc desgaliotes

: 6cquand

seuts

armernensétoierk plus considérables, se Roi de Fez

leur voisin seur fburnisioit des soldats, laplupart

rirez desmontagnes voisines, tous

courageux..,..6c

qui pour j;gagner quelque; chose ne .connoissbient

aucunpéril

A rniise pasde cécte vilsefestle;

Pignon

des Veleiz, Mti dans únepetite Me^ bu

pourmieux

dire sor un rocher où Ton ne peut nionterque par

un chemin taillé dans île rocher merne, qui n'est

séparédu continent

que paruh canal íbrt étroit

quilui sort de

port,&

quifie peutcontenir au

plus

quedix ou douze

petitsbâtimens. Gè fort servoit

.d'azise aux cprsoires^ 6cquandils étoient pour-

$nvis, le canondeJaplaceícmpêchoit

leurs ennè-

-niis d'en approcher. Le Roid'Espagne

avoit tenté

inutilement Tannéeprécédente

de se rendre maî-

atre de cette Placei: ilreprit

k même dessein cette

cannée., 6captes;

avoir rassemble toutes ses forces

maritimes, il en écrivit d^sies termes lesplus

JE A NDB LA

VALETTE.

Page 430: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XIL 419

pressansau Grand Maître 6c à dissereìis Princes

d^Itálie ses alliez^ pour deítíiander le secours &; la1

jonction de leursgalères.

De eeá ddlíérentes esoa^~

dr es il se forma une puissanteflotte -, dont ce Prince

donna le commandemerip, 6cla comduitdde, cette

entrepriseà Garsie de Tolède;, Vice^Roiyde

jGaiaa

sognev Ce Généralpartit

duport ideMalaga le>diy

xiéme d'Août, 6c ayanteu leovjentì favorable y il

arriva en deux joursdíur les^cotes,d'Africuiei I] dép

parquasons obstacle /ses •

troupes; sjta sohiartilleries

lavant -gardé

étoit !comjpoíée

:detroupes EfpaU

gnôles,6c des Ghev aliers de Malt e, if -p avoit des

Portugais& des Italiens dans le

corps debataille^

6c ses Allemands sormoient liarrnarchei l^rméç

Chrétienne marchant: en bonne drdomnaïncB^ arri^

va devant la ville de Gomere, éloignéeseulement

de six milles; de Tendroit où Ton? avoitd^barqué^

Le GéneralChrétien j pour couperroute^commui

nicarion avec cette; Place, àlagarnisondui^gnon^

&pour Tempêcherden tirer:du secours, avoit ré-

solu de commencer sonentreprise pari

en former

lesiège.

Elle étoit située entre deux montagnes^

6c même sons aucunes fiartifîcationsi ^ çohirne la

plupartdes Places

d'Afrique, qui étoientidans lés

terres. Les habitans àTapproçhe

des Chrétiens Ta^

voient abandonnée 16c s'ètoientréfugiez

avec ce

qu'ilsavoient

pu emporterdans les: endroits les

plusreculez des

montagnes.Garsie

profitantde leur

consternation sempara

de la Ville : 6caprés

avoir

fortifié soncamp par

deslignes

& de bonnes re-

doutes , il fit dresser une batterie de sixgros canons,

quid'une colline voisine tirèrent un jour entier

JlAWP.E:LA

VALETTE*

Page 431: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4tO HlSTÒrR:ErDE L'ORDRE

cóntreleEort^ en même -temsque

du côté de*

lai mer Tesgalères

de Malte & ungrandi gallion

le canonerent íì furieusement, qu'un grand pan-

de muraille 6c une partie du donjon furent renver-

sez. Le Commandantepouvehtá^jôc

ne voyant

point paroîtréde secoursi, résolutidiabandonner so

Place, 6c dé s'enfuir avée: so familse:& sesprinci-

pauxén^ts; Mais com m il n'avoit

qu'un petites;

quify caçhéláu-pieíT^du rocher, vpourieípripéchet

quefa

garnison ne;lqretînt ou^ne se voulûfe soivr e,í

if seúr ditquil

alloit raísemblefdesMontagnards;

qu'ilsomettkoità leur tête, &

qu'il périroit ouquil

forceroitles Chrétiens àsever sesiége.:Maiscette

garnison qiiimetoit que de : trente hornmes^ ne

yfíofâsmsmcvimfesset

dedes-;prornèues y ôcdans s'ini

teresserdavantage a la défense d!une Place aban-

donnée :par:son Gouvierneur;,ne songea plus qu'a

sopropressoreté. jLesfbldats :qúi^sçávoientihager|

gagnèrent;la terre dans, des endroits éloignez d u

campdes Chrétiens : ceux qui étoient privez de

ce secours se rendirent, & ouvrirent lesportes

du

pon^HQ'estí ainsi qu^une^Pjace; qui passbit pour soi-

prenable^ $&eomreBlaqueîso:toutes les fbtces; de

î'Eípa^ne/avoient écjioué Tannée précédente, fut

priseeri

peude joiirsí, autantjpar

laMcheté du Gou>

verneur^quéipac rlai*íaléur\ 6f la capacité du Gé~

néraTGfmécieni ?.nzh ïono ,:a3 M :: -: :>< ;>

• Lebruitldecétte^eonqueteralíarma extrême*

ment tous lès: corsaires de Barbarie : ils enportè-

rent^lesnohvélks;&rleiLÌrspÌaÌHtes jusqu'à Çonstan-

tinopso,2&ils 'fìrèmi représenter

à Solimanque

les

Espagnols étant maîtres de so Goulette, duPignon

J-E'A HDE LA. _

•VÀLLTTE.

Page 432: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MAÏ-TE. LIV, XII. 411

de Vêlez, & même de Thunis ,'tenoiênt, pourainsi

dire, toute la côtéd?Afrique

dans leurs sors: Soli- v

man leur £t direqu'en peu

de tems il briseroit~~

ces chaînes ; 6c comme on lui eûtrapporté que

les

galères;de Malte avoient

beaucoup contribué à

cetteconquête,

il forma lé desseins de tomiîîen-

cer""à assurer la liberté deTAfriqùe par laconquête

de Tlfle de Malte •& des ce tems-là, sons s'en ouvrir

qu'àses Ministres, il fit travailler secrètement à

un:puiíïànt armement naval, dont nous verrons;

les effets Tannée soivarite. Une nouvelleprise

faite

peu après parles Chevaliers, acheva d'irriter le

GrandSeigneur 6c hâta son armement.

Après

laconquête

duPignon

dé Vêlez, lescinq galères

de laReligion

commandéespar

le Général de

Giou , 6c les deuxgalères

du Grand Maîtrequi

étoient aux ordres particuliersde

Romegass'étant

jointes, &voguant

de concert, rencontrèrent en-

tré les IflesdeZànte 6c deCephalonié

unpuissant

gallion chargédes

plusriches marchandises de

TOrient, &qui pour

so défense avoitvingt gros

canons de bronze, un grand nombre de moindre

calibre,; de bons Officiers d'artillerie, 6cplus de

deux cens Janissaires tous exeellens Arquebusiers.

Ce vaisseau étoit commandé parle Raïs ou

leCapir-

taineBairan-Ogli,&il

appartenoitau

Kustir-Aga

Chef desEunuques

noirs du Serrais, se ministre des

plaisirsde son Maître, 6c le

gardiendes jeunes filles

6c des beautezqui y sont destinées : plusieurs

même

de ces Damesétoient intéressées dans cegallion;

Le

General de Giouqui fe/voyoit

à la tête d'une es-

cadre de septgaleres^fit dfabord tirer uncoupde

Ggghj

JEANDE LA

VALETTE.

Page 433: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4ív HISTOIRE DE L'ORDRE

canon sans balle, afinque

leCapitaine

âe ce vais

seau amenât : mais les Turcsluirépondirent

d'un

autre coup portant baie, & ils arborèrent aussi-

tôt leurpavillon

& toutes leursenseignes,

com-

me uneídéclaration de:guerre 6c une

marque

qu'ilsétoient résolus de so battre.,

Le Général de Giou 6c le Commandeur de Ro-

megas voyant bienquils

ne se rendroient maîtres»

de ce vaisseauque par

k force des armés, convin»-

rentqu'ils Tattaqueròient

lespremiers^ qu'après:

avoir tait leursdécharges

leplus près qu'ils pour-

roient, les deuxCapitanes

seroient relevéespar

les deuxpatrones,

6c ces deux galères parles trois

dernieres,ensorte quele feu fût continuel & fans

relâche. Mais cet ordre du combat fut rnal obser-

vépar

la jalousie 6c Témulation des deuxCéneraux,

quifans

agirde concert, comme ils en étoient

d'abord convenus , se tìattoientd'emporter seuls

6c à Tenvi Tun de Tautre tout Thonneurde la vic-

toire. LaCapitane

du Général Giou s'étant poussée

jusquessous la

poupede ce

grand vaisseau, se vit

en un instant couverte de feux d'artifices, ì& les

Chevaliers 6c ses soldats accablez decoups

de

pierres6c de

mousquet: le canon même

chargéà

cartouche, en tua ungrand nombre, en sorte

que

le Général futobligé

des'élargir

en nier.Romegas

de son côtéattaqua

légallion

avec sonintrépidité

ordinaire -, mais uncoup de canon

partidu vais-

seau renversant Ta rambade , tuavingt-deux

sol-

dats y 6c un autrecoup

en fit sautervingt

autres

dans la mer,Romegas craignant

d'être coulé à

fondpar un

groscanon

qu'il voyoit braquéà fleur

JM-NDfi LA

VALETTE*

Page 434: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII.413

d'eau j prit, quoiqueà

regret,k

parti des'éloigner

:

pourlors les deux

patroneìs s'avançerent à leur tour,

& chacune d'un cotéJ$c

de concert s'attachèrent

augallion,

6c firent un feu si terrible,, qu'ilstuè-

rent ou mirent hors de combatpjusieurs Janiíïàires.

Mais cettecourageuse milice, dçyat le

corpsen-

tier fait japrincipale force de;

l'Ettìpire Turc, se

battit toujours avec la même intrépidité.Il salut

que ses deux pattones appellálsont à leur secours

ses trois dernieresgalères p6c les de^x Comtóan-

dansaprès avòirchàcun rétabli M remis en ordre

leursgalères , le combat recomrnenea avec une

nouvelle fureur; Il durai cinq heuíès entières sons

qu'on pûtdéméTèr

quelen sorok Tévenenienf : 6c

quelque vaseur que fiísent paroîtreles Chevaliers,

peut-être auroient-ils été obligezde se retirer sor

leurperte,

si les Turcs avoient puso servir de

toute seur artillerie. Maispár rj^alheiirpour eux,

seurs meilleures pièces^ parTavariee :des mar-

chands , s'étant trouvées enibarassées dans des ba-

lots de marchandises, leurs canònsers n'en purent

tirer deiêrvièe, & le feu desgafcre^ devenant su-

périeur , les Chevaliers à là fin jentrerent dans se

vaisseau & s en rendirent les maîtres. Cette victoire

futensanglantée par

la mort de plus desix-vingt

Chrétiens,Chevaliers ousoldats; 6cparmilesCheva-

liers ,-oh regreta principálemenflaEònde,Proven-

çal, Berzet, Italien ^ Parceco^ Espagnol -yAntoine

Fernandes Posselin.Diego , 6c Dinestrofablessez

mortellement moururentpeuide jours après

à Sara-

gouse -, £ernand Rùis deJCérreal, Ernand de Zú-

íiiga , Jérôme Garasse>Nápolitain , & un

grand

JE ANDE LA

VALETTE.

Page 435: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

42.4 HISTOIRE DE L'ORDRE

nornbrè d'autres ;né sortirentqu'avec

des blessures

d un còrnbatfilong

M íiopiniâtré.

Les Turcs sons

lès blèsiezy perdirent

de Jèur côté quatre-vingt

Janissaires ^plusieurs Officiers, & entre autres un

Ingènieufí qui pafíbn

courage6c son habileté à

pointerle canofi -, avoiteu

piusde

partà une si

courageuse défense/ quele

Capitainemême du

vaisseau. -

Cetteprise

Etplus^de

bruitàÌConssantinople,;

6c sur^toutídansle'serrail^ quen'auroit soit la

perte

d'une Placeimportantes LeíCustir;Aga,i&lèsOda-

liquèsou ses Favorites du Grand

Seigneur qui y

étoiëntlutëresseesysejetterent auxpieds

du Sultan,

6c lui demandèrentvengeance

des Chevaliers. Ce

Princequi regardoit

cette!prise; comme une in-

solte soite à so Maison même , jura parsotéte

qu'il

extermineroit tout l'Ordre?; &pour consoler ces

Dames 6c le chef desEufáiques?de

leurperte,

il

les endédommagea rnagnifiquernent

des deniers

de son trésor. Laplûpârt

de ses Officiers, 6c les

Ministres de laReligion, entrèrent dans son reso

sentiment : se Muftiqui

en 'étoit le chef, dans

une^audienCepârtiéulief e, lui

représenta queles

Musulmans 6c tous ses Fidèles étantobligez

au

moins une fois en leur vie de visiter le tombeau

de leurProphète , ses isojets de

l'Europene

pou-- voient

plus s'ácqudtterde ce devoir sons

s'èxposor

à devenir laproye

des Gorsoires Chrétiens -y que

Malte étoitremplied'eselavesTurcs,& qu'un grand

Prince auffireligieux qu'il

étoit y & dans ce haut

degréde

puissanceoù Dieu Tavoit élevé, devoit

so faire un juste scrupulede laisser dans les fers 6c

au

JEANDE LA

VALETTI

Page 436: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XIÌ.-42,5

aupéril

dechanger deReligion

un sigrand

nombre

de Fidèles. Le KustirAga, quiétoit

leplus animé,

*

6cqui

conduisoit toutecetteintrigue, pourdéter-

'

miner le GrandSeigneur par préférence

à ses au-

tresentreprises , à

porterses armes dans Tille de

Malte, engageaTlman ou le Prédicateur de la

principale Mosquéeà en soir e entrer adroitement

le discours dans son Sermon. Le Grand Seigneur,

Prince Religieux s^yétant trouvé le vendredi sui-

vant, qui parmiles Turcs est leur jour de fête, cet

Orateur , sous^prétexte

de traiter de la charité

qu'ondoit exercer envers les

pauvres& les mise-

râbles, ne manqua pasde

déplorerd'abord & en

termesgénéraux , la

disgrâce& le malheur des

Fidèlesqui gémissoient

dans les chaînes des Chré-

tiens : 6c adressant ensuite laparole

au Grand Sei-

gneur, aprèslui avoir donné: les

louanges queme-

ritoient justement so valeur y sosconquêtes,

6c

même la douceur de songouvernement:,

il ajouta

quil ne

manquòità fa

gloire qued'être le libé-

rateur de tant de malheureux Musulmans, auso

quels les Màltois avoient ravi les biens 6c la liber-

té. Il entra ensuite dans un détail exact de toutes

leursprises,

dontapparemment

on lui avoit fourni

des mémoires, & il fit voirque depuis cinq ans^.

ces armateurs s'étoient rendus maîtres deplus de

cinquantevaisseaux

chargezdes

plusriches mar-

chandises de TOrient fanscompter

lesfelouques ^ .

lesbrigantins,

lesgalères

6c lesgaliotes

armées

en course. Cesvaisseaux,

lui dit-il, leurscharges^

ceuxqui

les montoient 3 tout a été envahi parces im-*

pitoyables Corsaires , @- iln'y

aSeigneur } que

ton

Tome III. Hhh-

JE ANDE LA

VAÈETTE;

Page 437: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4i6 H I S T O I R E D E L' OR DR E

épéeinvincible

qui puifie rompreles

fersde tant de

malheureux : le fils te redemande fin père y lafemme

fin mari ou fis enfans, ^)tous attendent de ta justice

(dfr de tapuissance,

lavengeance

de leurs cruels ennemis.

Un discours si hardi, & en même tems sipa-

thétique , excita dans Taísemblée des murmures

çonsos, quiéclatèrent même en

plaintes,contre ce

quise

pratiquoitordinairement dans les

Mosquées,

où Ton observoit :toujours un silence

religieux*

Soliman enparut sorpris

& mêmeinquiet -, mais

en ayant apprisla cause-, pour

calmer Tassemblée,

il lui fit direparson

grand Visir, quedans

peude

tems ils seroient tous vengez6c satisfaits ,6c il sor-*

tit de laMosquée

dans la résolution, s'il n'en étoit

pas empêché parla

guerrede

Hongrie,de faire

tomber tout Tessort de ses armes fur Tlfle de Malte.

D'ailleurs depuis long-temsil en étoit vive-

ment sollicitépar

Hassan Bâcha ou Vice-Roi d'Ak

ger, fílsi & successeur du fameux Barberousse, 6c

par Dragutalors Gouverneur de

Tripoli.Ces deux

Ministres lui avoient mandéplusieurs fois, 6c sor-

toutdepuis

laprise

duPignon

deVêlez,que

ses

Chrétiens, si on n'ydonnoit ordre , alloieht so

rendre infailliblement maîtres de toutes les côtes

d'Afrique; quetant

queMalte seroit au

pouvoir

des Chevaliers, on nepouvait

sonss'exposer à être

pris,ni leur faire

passerdû secours, ni en tirer

de leursgouvernemens y que

ce rocher étoit com-

me une barrièreopposée

à fapuissance,

&qui par.

ses escadres 6c ses armateurs, interrompoit con-J

tinuellement la communication deTAfrique

avec

TAsie 6c les Istes deTArchipel.

f. HAHDE LA

VALETTE.

DeThoHl.37.

Page 438: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 427

Soliman n'ignoroit pas Timportancede cette

conquête j mais en Princesage

6cprudent,

il ne

voulutpoint s'y engager qu'il

n'eûtpris

Tavis de

sesprincipaux Capitaines.

Dans cette vue, 6c sui-

vant la coutume des Turcs , il tint enpleine

cam-

pagne& à cheval un

grandconseil de

guerre. On

agitadans cette assemblée la necestìté de chasser

les Chevaliers d'une Isle d'où ils troubloient tout

le commerce des sujets du GrandSeigneur,

6c in-

terrompoientmême les

pèlerinagesdé Medine 6c

de laMecque.

On convintque

laReligion

&TÉ-

tat étoient égalementintéressez à les exterminer,

6c on examina ensuite lesmoyens d'exécuter ce

projet.

Laplupart

des Bâchasqui

avoientpressenti

Tin-

clination du Sultan, en bons courtisans, lui di-

rentque

laconquête

de Tlfle de Rhodes devoit

faire connoître cequ'on

devoit attendre de Ten-

treprisesor celle de Malte , que

ces Chevaliers

qu'ilstraitoient d'infâmes Corsaires, ne tiendroient

jamais contre la moindrepartie

des forces de so»

Empire,6c

qu'ilsofEsoit

d'yfaire

passersor les

ga-

lèresd'Alger

& deTripoli

uncorps

detroupes qui

s'emparâtde

quelquesforts

queces armateurs

avoient fait construirepour

la défense desports

& des côtes de cette Isle.

Un Lieutenant de Dragut appelle Aly, qu'il

avoitenvoyé exprès

àConstantinople,

6cqui

so

trouva à ce conseil, représentade la

partde son

Général, quesi on commençoit

cetteentreprise

parle

siègede Malte, on ne devoit pas

douterque

les Chevaliers ne tirassent degrands

secours di*

Hhhij.

JEANDE LA

VALETTE»

Page 439: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4i8 HISTOIRE DE L'ORDRE

fort de la Goulette, duPignon

de Vêlez, & mê-

me des Maures de Tunis feudataires de la Goud-

ronne de Castille, 6c enneniis de la domination

des Turcs j que Dragutétoit d'avis d'ouvrir la

campagne parde

siègede la Goulette & celui du,

Pignon de-yelez ;6c qu aprèsavoirchasséles Chré-

tiens des, côtés d'Afrique,6c soumis les habitans

du pays,on

pourfoitTannée suivante porter

les

armes du Grand Seigneurdans l'Ifle dé Malte.

Mahomet le plus ancien des Bâchas , qui avoit

vieillidans le commandement des armées du Grand

Seigneur,6c qui

futdepuis

élevé à ladignité

de

grand Visir, s'opposahautement à

Tentreprisede

Malte j 6c qutre les raisonsquç TAgent

deDragut

avoit alléguées,il ajouta qu'on

devoit faire une

grandedifférence entre Tlste de Rhodes 6c celle

de Malte j quela

premièreétoit située au milieu

de tous ses Etats, très-éloignéede

TEurope6c du

secours des Chrétiens, & dont le terroir abondant

en grains &c en pâturages,avoit fourni de

quoi

sobsister à son armée y queMalte au contraire voi-

sine de la Sicile enpouvoit

recevoir du secours à

tous momens} quele Roi

d'Espagne qui regar-

doit cette petiteIfle comme le boulevard des Etats

quil possedoiten Italie , employeroit pour

fa dé-

fense toutes ses forces ; quela

plupartdes Princes

Chrétienspar

des motifs deReligion , s'intereso

seroient dans cetteguerre y qu'on

ne trouveroit

dans Maltequ'un

rocherescarpé

sansgrains

6c

fanspâturages,

6cpour défenseurs des

guerriers

courageux& déterminez à se faire tous tuer plu-

tôtque

de se rendre ; que supposé même qu'on

J,^,A NOE LA

VALETTB.

Page 440: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MA L T E. L i v. XII. 419

s'en rendît maître, il faloit être assuré dy pouvoir

faire subsister l'arméependant qu'on

travailleroit

à en rétablir les fortifications 6c à en ajouter à%

nouvelles y qu'onavoit même à craindre

qu'une

Ligue6c une nouvelle Croisade des Princes Chré-

tiens n'amenât auprinrems

une flote nombreuse,

6cchargée

detroupes

fraîchesqui bloquassent

ses

vaisseaux des Turcs dans Tlfle de Malte , &qu'il

seroit bien plus glorieuxau Grand

Seigneur , 6c

plusutile à son

Empire, d'employerses forces en

Hongrie,ou de tenter la

conquêteide f Italie , ôç

su r-tout de la Sicile, qui par soprise,

seroit tom-

ber nécessairement Malte sous sapuissance j qua-

prèstout sons

s!engagerdans une

entrepriseaufE

difficileque

cellequ'on propofoit

contre les Che-

valiers de Saint Jean, il étoit aisépar

de bonnes

eseortes, depourvoir

à la fureté des Marchands

sojets du Sultan, 6c despèlerins que

la dévotion

conduiroit au tombeau de Mahomet.

Quelquesolides

quefussent ces raisons, Soli-

manqu'on

avoit fçû prendre pardes motifs de

conscience • & touché d'ailleurs desplaintes

6c des

larmes de ses favorites, se déclarapour

Tentre-

prisede Malte : peut-être

mêmeque Tefperance

d'augmenterfa

gloire l'ydétermina y 6c

qu'après

avoir enlevé aux Chevaliers Tlfle de Rhodes , ies

autres Ifles situées dansTArchìpel,

6cqui

en dé-

pendoient,& les Châteaux 6c les terres dont ils

jouissoient dans le continent de TAsie mineure,il

se flataque

laconquête

de Malte rendroit son

nom célèbre 6c formidable dansTEurope6c

dans

TAfrique. Quoi qu'ilen soit de ces differens mo-

Hhh iij

JE-A-NDE LA

VALETTE.

Page 441: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

45o HISTOIRE DE L'ORDRE

tifs, on armapar

son ordre dans toute Tétendue

de son Empire,le

plus grand nombre de vaisseaux

£cde

galères qu'on pût trouver dans sesports

en

état de tenir la mer.Uluehialy , renégat Calabrois

lui en amena plusieursd'Alexandrie • le Gouver-

neur de Rhodes fournit sesgalères,

& Hassan 6c

Dragut^Vice-Rois ou Bâchas

d'Alger6c de Tri-

polieurent ordre de se rendre à la tête de tous les;

Corsaires de Barbarie devant leport

de Malte, 6c

d'yvenir

joindrela flote Ottomane , si-tôt

qu'ils

auroientappris quelle y seroit arrivée. Ce Prince

ajouta à tous cespréparatifs

laprécaution

d'en-

voyer jufqua Malte dliabil.es.

Ingénieurs quis'é-

tantdéguisezen

pêcheurs,fous

prétextede jetter

leurs'lignes

dans lès fossez, 6c de vendre ensuite

leurpoisson

dans là Ville, en reconnurent les for-

tifications, & la hauteur des murailles , 6c levè-

rent leplan

entier de la Place , quele'Grand Seu

gneurremit

depuisà ses Généraux»

Il en choisit deuxpour

cetteexpédition, Pialy

&Mustapha. Pialy, quoique

d'une naissance in-

connue, avoitbeaucoup

depart

dans la faveur du

Prince, quilui avoit même fait

épouserune de

sespetites

filles. Soliman au retour de fapremière

campagneen

Hongrie,6c

aprèsla

prisede Belle-

grade,le trouva au maillot

exposésur le soc d'une

charue, oùapparemment

so mère effrayée parla

marche de l'armée l'avoic abandonné. Le Grand

Seigneur qui prenoiten chemin le

plaisirde la

chasse, se le fitapporter,

6c trouvant dans les traits

de faphysionomie , quoique

informe , quelque

chosequi

luiplut ,ille fit élever avec soin : 6c

après;

JEANDE LA

VALETTE.

Page 442: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALÎE. LlV. XII.431

lavoir faitpasser par tous les

gradesde la milice,

il lui fitépouser

une de sespetites

filles. Il le nom-

ma Bâcha de la mer,; & dans cètte occasion, il lui

donna en cettequalité

le commandementgénéral

desoflote.

Plusieurs victoires considérablesque Mustapha

avoitremportées,

lui avoient attiré Testime 6c la

confiance de Soliman, quise nomma Général des

troupesde

débarquement.Cétoit un vieil Ossìcier

âgé de soixante &cinq ans, dû r 6c sévère dans le"

commandement, cruel &sanguinaire

àTégard

des

ennemisqui

tomboient entre ses mains, 6cqui

faisoit sor-tout un mérite de violer ía foi & lapa-

rolequ'il

donnoit à des Chrétiens. Solimanqui

avoit uneégale

confiance en l'un & l'autre, leur

recommanda de vivre en bonneintelligence , d'a-

giren toutes choses de concert, 6c fur-tout de nen-

treprendrerien sons la

participationde

Dragut ;

quilregardoitcomme fennemi déclaré des Che-

valiers, & en même-tems leplus grand

homme de

mer qu'ileût alors dans tout son

Empire.

L'armement des vaisseaux 6c desgalères,

la mar-

che destroupes qui

se rendoient de tous cotez dans

lesports

de laMorée, &les mouvemens differens

quise faisoient dans tout

TEmpireOttoman in>

quietoientextrêmement les Princes Chrétiens,

voisins des Etats du GrandSeigneur,

fanscepen-

dantqu'on pût pénétrer

où tomberoitTorage.

Les

unsprétendoient que

cet armementregardoit

le

Fort de la Goulette, la clef du Royaume,&

par-

ticulièrement de la Ville de Tunis, ou lePignon

de Vêlez, quiouvroit

pareillementTentrée dans

JEANDE LA

VALETTE.'

Page 443: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

431 HI S T O I RE D E L* O R D R E

la Province 4 Alger: d'autres

soupçonnaient que*

Malte étoitTunique objet de cette

entreprise : ce

dernier sentiment étoit même confirmépar

diffé-

rentes lettresqui

venoi ent du Levant. Dans cette,

incertitude, le Roi d'Espagne, par rapportà la Si-

cile , ayantun intérêt parisouíièr

à: la conserva-

tion 6c ala défense de Malte, le^boulevard de cètte

Isse, Dom Gareie de Tolède son Vice-Roi en allant

à la Goulettepaíso par

son, ©rdre à Malte- pôurr

en conférer avec se Grand Maître..; Ils *so corn-

muniquerènt réciproquementles disse* ens- avis

qu'ilsavoient reçus ^ ils convinrent, s'ils étoient,

attaquez , de s'aílìsterréciproquement

de toutes 1

soursnforces>; &;. comme le Grand Maître lui &

voirqu'isavoithèsoin;

degrains

& même de sol-

dats , s ilétoitobligéde soutenir un

siège,le Vice^

Roi s'engageaà son retour en Sicile de lui.en en*

voyer une traite; avec deuxÇornpagniesdê

soldats

Espagnols: 6c

pour gagede so

paroleil lui laissa

comme enotage

un de ses enfans, qui prit depuis

Thabit de. laReligion.-

Apeine étoîMl parti de Malte, qu'il y

arriva

de nouveaux avis de Çònstantinopse quejdèseso

pions furs 6c fidèles envòyoierit au Grand Maîtrcí

ilapprit par

leurs lettres queles Turcs ouvriroient

infailliblement lacampagne par

lesiège

de Malte,

&qu'après

laconquête

de Tlste entière: d ont Soli-

man seflatoit, il avoit donné ordre à ses Géné-

raux depaíser

enAfrique,

&d'employer

toutes ses

forcespour en chasser les

Espagnols.

Le Grand Maître nes'épouvènta point

de ces

nouvelles, &après

en avoir faitpart

au Conseil de

í'Ordre,,

3,E ANDE LA

VALETTE..

Page 444: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MÀIT?B» LÏV. XII; 43^

TOrdre , avec íàparticipation

6c de son. consente-

ment, par,une citation

généraleil

convoquaà

Malte tous les Chevaliersqui étoient en différen-

tes Provinces de la Chrétienté. LesAgents que

la

Religiontenoit en Italie

y levèrentjusqu'à

deux

mille hommes d'Infanterie, 6c le Vice-Roi de Si-

cile luienvoya

les deuxCompagnies d'Espagnols

qu'illui avoit

promis.Les

galères6c les vaisseaux de

laReligion

ne furentoccupez jusqu'au commen-,

cernent dusiège qu'à transporter

à Malte, des ar-

mes , de lapoudre

6c desprovisions

deguerre

6c

de bouche, 6c on voyoit arriver tous les jours par

la mêmevoye

ungrand

nombre de Chevaliers,

quidans

Tempressementde

signalerleur zèle 6c

leurcourage

contre les Infidèles, accouraient au

secours de laReligion.

La Valette fit de laplupart

de ces Chevaliers,

desCapitalises

6c des Officiers, qui parson ordre

formèrent des habitans des villes 6c de lacampa-

gne , desCompagnies

de nouveaux soldats, laplu-

partbons

Arquebusiers,& dont il

yen avoit

peu

quin'eussent fait la course 6c servi sur les

galères

de laReligion.

CesCompagnies composoient

un

corpsde

quatremille hommes d'infanterie,. Ie

Grand Maître les distribua dans les differens pos-

tesqui

en avoient besoin••-. 6cpour ne,rien omettre:

de cequi pouvoit

contribuer à so défenses il en^-

voyaau

Pape6c à la

plupartdes Princes Chrétiens

lè doubse des lettresqu'il

avoit reçues de Constan-*

tinople y 6caprès leur avoir fait voir le

périloûk

tout son Ordrè alloit être exposé,il leur demán-

doitdu secours en soveur des Chevaliers,quixiem

Tome II M, lik

J E ANDÉ LA ,

VALETTE;.

Page 445: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

43 4 H I S T O I R E D E L'O R D R E

avoient besoin que pour résister à Tennemi redou-

table de/tous ses Chrétiens. Pie IV*qui

étoit alors

sor la Chaise de Saint store fit remettret au Com-

mandeur deCambian Ambaíïàdeurde TOrdre à

Rome une somme de dix mille écus. On neput

rien tirer de Ta France ^ àsors; affaibliepanses

divi-

sions 6c par ses ^guerrescivrses ^maisde/Roi d'Eso

pagne/dansla crainte de voir les Turcs

Rappro-

cher siprès

de la Sicile, írésolutd'employer

tou-

tes ses forcespour

les enéloigner;

ll écrivit aux

Ministres qu'ilavoit en Italie, & même à differens

Souverains de; cette dation, ses alliez., de former

ince&mmènt uncorps

devingt

mille hommes

d'Insonterie, 6cqui

futen état des'embarquer

aux

premières;nouvelles qu'on

auroit des desseins des

Infidèles- 6cpar

le même Courier ilichargea

le

Vice-Roi de Sicile de veiller à la défense de Tlfle

de Malte avec le même soinquil apjimeroit

à la

conservation de la Sicile même.

LeVice^Roipersoadé que

dansTinquiétude

ou

ál croyoit quedevoit être Te Grand Maître, ctétoic

lui avancer enquelque^maniere

ce secoursque

de

lui en donner des assurances, lui fitpart

des or-

dresqu?il

avoit reçus de la Cour de Madrid. Le

íGrand Maître n'ylrut pas insensible^ mais lit ne se

dreposo pastellement sor ces

promesses rn^gnifî-

ques, qu'ilne se

préparâtà soutenir avec les seu-

les forces de laReligiontous

les efforts d'unepuis

fiance auíïi redoutableque

eélse des Turcs. Les;

«périlsinévitables qu'il prévit,né firent

qu'exciter

ison courage. C'étoit um bomme dune ferrneté

supérieureaux événemens^ une valeur naturelle

ÎB-AN .

PJE LAVALETTE.

Page 446: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE TVÍÀLTrE; LIV. XII.435,

lui avoit inspirésons effort une noble indifféren-

ce pourTa vie:-, il avoit

passe partoutes les

charges:

dé laReligion,

& ce passage socceflif à de nouv

velses dignitésàve»itì jtoujoursiété le

témoignage

.fc lairécqmpenfe d'autant exactions mémorables,

qui:Tavoiént; àilacfin élevé àíla d%nite de Grand

Maîtrefc .':.':[:,-; j-\: , v. r.::.

Tel étoit Frère Je.artîde la Valette, que le û&ge;

de Malte va^mieux faire connoitrey quetontee

que

nouspourrions

dire; d'avance de; cettegrandeuí:

d'âmei-fe. de cette i hauteur: de éouragë ,d quîiltfit

éclater au milieude&psosi grands dangers.

Surises?

ordresM en vertu de lé citation il étoit de jáartk

v é à Malteplus

dej soç censi Chevalier s: , laplupawt>

íuívisì deídoméstiquescourageux^;6t dont; dans la

soite on fit de bons soldats. Les Commandeurs^

qu'un âgeavancé ou des. infirrnitez: retenoient*

dàns leursi Proyinces^ au désout de léursîperson-:

nés, sedépouilserent |^éreusom^nttde^

lenrepartie

de seursv biens; & sos firenícpaster à,

Malte, &plusieurs

anciens:Prieurs parrordredu

Grand Maître restèrent- en Italie dans se^Royau-

me deMaples

&:auprès

du Viee-Roi de Sicile ^

pourhâter le secours

quilavoir promis,

ouponÈ

faciliterTembarquement

dequelques

Chevaliersi

Irançois, Espagnols6c Allemands, qui

rtétoient

pasencore partis

de leurs Provinces. Le, Grandi

Maître ses recevoit tous comme un bonpère, qui

r e voit avecplaisir

ses: enfans : il avoitpourvu

d a^

vance à leurlogement

6c àiseur sobsistance^ Dans

la multitude &iTimportance

dés differens; soins

dont il étoitchargé,

rien ne Tembarassoit, il VOUÌ-

Iiii|

JB;ANDE L>A.'

VA-LÍTTÏb'

Page 447: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

43^ HISTOIRE DE L* OR DR E

loit être instruit de tout; ilentroit dans lesplus pe-

tits détails j soldat, Capitaine,Officier

d'artillerie,

Infirmier, Ingénieur,de la même main dont il

avoit tracé une nouvelle fortification, il remuoit

luLméme la terre, 6c on le trouvoitpreíqu'eh

même-tems en differens endroits^ tánròt à la tête

dès travailleurs, tantôt à la visité; desmagasins , 6c

souvent même à Tinfirmeriè, I&i occupéà

pour-

voir ansoukgernènt

'des3 malades; ;

Dernbjuveîlés

lettres lui étant arrivées de differens endroits, 6c

quiJ corafirrrioient

ceqráon*4ui avoit m aride des

desseins du Turc contre Malte, il assembla cequ'il

yavoit alors dé Chevaliers au Couvent

pourlèur

en fairepart

-il nei leurv dissimula ni lagrandeur

dupéril y vk Tincertitude; du secours dont on le

fízttókïVne arméeformidable,

leur dit-il avec une

noble audace, 0- une nuée de Barbares vafondre

fur cette Iste ± w fint s mes frères, les ennemis de

jfe/us- Christ':'il'r.'ss!agit aujpurdhut de la défense

de la Foi rj ffi fi'ï Evangiledoitcéder a l Aléo-

mn 9 T)ieu dans cette occafion nous redemande la vie

\quenous lui avons déja engagée par notre

prose fi

ston.Heureux ceux

qui pourune fihonne cdufi con-

sommerontles

premiersleur

sacrifice s maispour

nous

en rendredignes, allons, mes cheres Frères, aux

pieds

des autels renouvellernos voeux, ®* quechacun

puise

dans lesang

même du Sauveur des hommes, (§?> dans

lapratique fidèle des Sacremens, ce

généreux mépris

de la mort, qui peut seul nous rendre invincibles.

Ilprit

en même téms le chemin deTEglise ^

suivi de tous les Chevaliers : le saint Sacrement y

v étoit expose.

ATexémple

du Grand Maître iln'y;

J:E'A..NDELA

VALETTE.

Page 448: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 437

eutpoint

de Chevalier ce jour-là & les soi vans, qui

aprèss'être confessé,n approchât

de la sainte Table; N

ils en sortirent tous comme des hommes renou- ."

vêliez*Après

avoir prisle Pain des forts, il ne

pa-

rutplus parmi

eux aucune foiblésse y plusde divi-

sion, plusde haine

particulière: & ce

quiétoit

encoreplus difficile, on rompit

de tendres enga^

gemens,6c si chers au cceur humain.

ï>epuisce

jour-là nulle liaison avec lespersonnes

de l'autre

sexe , quelqu'innocente quelle pûtêtre y aucune

vue d'intérêt ou /d'ambition.: un péril Certain, 6c

laconsideration d'unemortpreíquinévitable

avoit

fait revivre le détachement du monde, 6c toutes

les vertus de leursprédécesseurs

: tous ces Cheva-

liers s'embrassèrent avec cette tendre effusion de

cceurque produit

la charité, 6c tous protestèrent

hautement derépandre jusqu'à

la dernieregoutte

de leursang pour

la défense de IaReligion

& des

Autels.

Le Grand Maître les voyant dans cette heu-

reusedisposition,

& dans la crainte d'êtreprévenu

6csurpris par

les ennemis, résolutd'assigner

à cha-

que Langueles

postes qu'elledevoit défendre. Pour

Tintelligencede cette distribution

d'emplois6c

des actions quise

passèrenten differens endroits

de Jlfle, quoiquenous ayions déja parlé

dans le

Livre précédentde fa situation, peut-être qu'il

ne

serapas

inutile d'entrer ici dans unplus grand

détail.

Malte est une Iíle située entre la Sicile 6c TA-

friquefous le trente-neuvième

degréde

longitude,

6c letrente-çinquiéme

de latitude. Cette Iste laplus

Iii iij

J E A MDE LA

VALETTE.

Page 449: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

438HISTOIRE DE L'Ô R D R E

méridionale del'Europe

estéloignée

de soixante

milles duCap Passaro, & de deux cens soixante 6c

dix milles deTripoli

enAfrique.

Son circuit est

de soixante milles, solongueur

devingt milles„

& solargeur

environ de douze milles. Else a au

Levant la merqui regarde Tisse de Candie^au Cou-

chant lespetites

Iíles ou rochers de Pantalôrée^

deLinoso 6c Lampadouse,la Sicile au

Septentrion,,

& au Midi le Royaumede í unis. Bu côté du Midi;

&deTripoli, on ne trouveque

degrands écueils

& des rochers fans cases niports -, mais ei* tirant:

vers le Levant, on rencontre d^abord k cale de

Marza-Scaia, 6c en retournant à droite vers se

Sud-Ouest^une autre cale ou anseappestéeiRíaf^-

Simceo, quiest

capablede contenir

plusieursvais

seaux. En continuant fa route vers le Lebesohe,0

& entre se Midi 6c le Couchant, on trouve deux,

grands golfes,l'un appelle Antifèga,6c Tautre Jlfe

starro, & à Textrêmité de Tlfle, de ce côté-liì 6c

vers le Ponent, ily

a une anse fortpropre pour

se

mettre à la rade, appellée Méléca, quin est

fëpa*

rée de l'Ifle de Gozeque par

un canal d'environ

quatremilles de trajet. C'est au milieu de ce ea^-

nalque

sont situées lespetites

Iíles de Comino 6c

de Cominote. Si on continue deranger

la côte,

6c enapprochant

de Tendroit de i'istequi

estop-

posoà la Sicile

yon trouve la cale de Saint Foui,

ainsi nommée, parcequele vaisseau

qui portoità

Rome Saint Paulprisonnier, y

fut jette parla tem-

pête. La cale de SaintGeorge,

tournée du côté du

Nord, n'estpas éloignée

de celle de Saint Paul.

Enfin en avançant vers Tendroit de Tlíle qui-re-

3 E A NDELA

VALETTE,

Page 450: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E L i v. X11. 439

garde directement leCap Panaro, on rencontre

deuxgrands ports,

dontl'un3qui

est àmaingau-

,

ches-ap^l\e-Mar%a/Mu%et}<Bu:£eìpDrt Musset, au

-

milieuduquel

on voit unepetite Isle proche de

laquelseles vaisseaux

quiviennent du Levant ou

d'endroitssuspects,

font laquarantaine yl'autre est

appelle simplement Marça ou legrand port, qui

est au Levant.

Ces deuxports

sontféparez par

unelangué

de

terre sorlaquelle

le Prieur deCapoue , comme

nous l'avonsrapporté , avoit fait construire un

fortappelle

lefort

Saint Elme,^m

défendait Ten-

trée de ces deuxports.

11y

a dans legrand port

deuxlangues

de terreparalelles, qui

s'avancent

dans la mer en forme de deuxdoigts ,-6c qui

ont

beaucoup plusde

longueur quede

largeur.Le

ChâteauSaint-Ange , a été construit sor celle de

cespointes qui approche

leplus près

de Tembou^

chure duport

: cetoitTunique

fortqu'il y

eût

dans Tlfle, quandles Chevaliers en

prirent posses

sion. Le Grand*Maître Tlíle-Adam yavoit ajouté

desremparts,

des bastions 6c des fossez y ony avoit

construit des citernes, un arsenal & d esmagasins.

Ce Château avoit servidepuis

de résidence a tous

les Grands Maîtres, mais dans cette conjoncture,

la Valettepour

êtreplus

àportée d'envoyer" du

secours de tous cotez, s'étoitlogé

dans leBourg.

Cequ'on appelloit //tego,

étoit unepetite

Ville

située derrière le ChâteauSaint-Ange ,011 le

corps

entier du Couvent s'étoit établi.

Nous avons déja ditque

sor Tautrepointe de

terre ou de rocherqui

avance dans legrand port,

JEANDE LA

VALETTE.

Page 451: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

44®HISTOIRE DE L'ORDRE

6cqui

se trouve à maingauche,

ony

avoit cons-

truit un fort avec unbourg,

6cque cet endroit5

quoiquece ne fût

qu'une ptefqu'Iíle, portoitle

nom de Vlste de laSangle, du nom du Grand Maî-

trequi

Tavoit fait fortifier.. Entre cebourg

6c le

ChâteauSaint-Ange,

on trouvoit unport

où tou-

tes les galèresse retiroiènt, 6c

qu'on fermoit tous

les soirs d'unegrosse

chaîne de fer, quiétoit teni-

duedepuis

laplatte sorme

quiestau

pied du Châ-

teauSaint-Ange, jusqu'à

lapointe de Tlfle de la

Sangle , ou elle étoit attachée avec une groíse

ancre , & elle étoit soutenue &portée

a travers

Teau, & en différentes distancespar

des tonneaux

vuides 6c despoutres croisées. Énfin derrière ce

fort de laSangle ,r on rencontroit un autre

port

destiné à recevoir les vaisseauxétrangers,, que

leur

commerce, ou la crainte des Corsairesobligeoient

de relâcher dans Tlfle. Je neparle point

ici de la

Cité notable, Capitalede Tlfle, &rdont j'ai fait

mention dans le Livreprécédent y je remarquerai

seulementqu'elle

estéloignée

déprés

de six asept

milles des deuxgrands ports

dont nous venons

deparler : ce

quifut cause

apparemment qu'elle

ne futpas

d'abordattaquée , comme les autres

Places, 6c les autres Forts de cette Iíle.

Telle est fa situation, quenous n'avons décrite

que pourmettre le Lecteur au fait de ce

quiso

passa pendantle

siège.Le Grand Maître, avans

queles ennemis

parussent,voulut ieconnoître ce

qu'ilavoit de

troupes àopposeraux Infidèles

pous

les distribuer ensuite dans; les Places 6c dans les

Fortsqui seroient

attaquez. Apresune revue exacte^

JEANÍ>E LA

VALETTE.

Page 452: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M AL TE. L IV. XII. 441

il trouvaqu'il y avoit dans Tlfle environ

septcens

Chevaliers , sonscompter

les Frères servans , 6c

huit millecinq

cens hommes deguerre,

tant sol-

dats desgalères , troupes étrangères

à la solde de

TOrdre, quecitadins 6c

paysansdont on avoit fait

descompagnies. Toutes les

Languesse

chargè-

rent de défendre lespostes qui

leur seroient afïi-

gnez,6c on

partageaentre elles , les soldats Sc

les milices dont nous venons deparler.

Les trois

Languesde France se

chargèrentdu

bourg,la Place

laplus importante dellfle ; 6c comme cet endroit

avoit beaucoup d'étendue, ony ajouta une

partie

de laLangue

de Castille.

L'Amiral de Monte avec tous les Chevaliers

de laLangue d'Italie, entreprit

de défendre Tlfle

de laSangle.

LaLangue d'Arragon qui compre-

nois les Chevaliers de ceRoyaume,

ceux de la

Province deCatalogne

avec les Navarrois, occu-

pèrenttout le côté de la

portede Bormole avec

le terre-plein qui yétoit attaché. On

plaçala Lan-

gue d'Angleterre, partiede celle de Castille, les

ChevaliersPortugais

6c les Allemands, fur le môle

du côté dubourg,

6cils s'étendoientjusqu'au

fossé

du ChâteauSaint-Ange.

Le Commandeur Gar-

zeranrôs, Catalan, aveccinquante

Chevaliers 6c

cinqcens hommes des

plus aguerris,comman-

doit dans ce Château , & le ChevalierMefquita,

Portugais,dans la Cité notable 5 & comme ce der-

nierposte

étoit deconséquence , oh ajouta à la

garnisonordinaire

cinq compagniesdes milices

dupays

sous les ordres du Commandeur Vagnon.

Le CommandeurRomegas

si fameux parses

prises,

Tome III. Kkk

J E A HDE LA

VALETTE.

Page 453: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

44ÌHISTOIRE DE L'ORDRE

6c si redoutable dans laMediterannée, sechargea

avec les soldats desgalères

de défendre Tehtrée

dugrand port

: 6c le Commandeur Guiral, Cas-

tillan, excellent Officier d'artillerie fit dresser une

batterie de neuf canons pour écarter les ennemis]

quitenteroient de

romprela chaîne

quifermoit

leport particulier

desgalères,

fln'y

avoit ordi-

nairement dans le fort de Saint Elmeque

soixante

soldats fous le commandement du Chevalier Bro-

glio,ancien Officier Piedmontoisj mais avant

que

les ennemisparussent,

le CommandeurEkguar-

ras,Bailli deNegrepont, s'y

enferma avec soixante

Chevaliers , 6c le Grand Maîtrequi

connoissoit

Timportancede ce poste, y fit entrer encore une

compagnied'infanterie Espagnole,

commandée

parle Chevalier Jean de la Cerda. Les cruautez 6c

lesravages que

les Turcs, avantque d'entrepren-

dre lesiège

deTripoli,

avoient exercez dans Tlfle

de Goze, engagèrent plusieurs Chevaliers du Con-

seil, pour empêcher queces Infidèles ne s'en ren-

dissent maîtres une seconde fois, deproposer

d'en

raser le Château. Mais la Valette s'y opposa: il

fut d'avis au contrairequ'on

enaugmentât

lagar-

nison y il soutintqu'il

étoit à íouhaitterque

les en-

nemis , avantque d'attaquer

lebourg

6c le Châ-

teau Saint-Ange,où résidoit le Couvent, 6c la force

de TOrdre, s attachassent à des fortsséparez, 6c

quele tems

qu'ils y employeroient,en donneroit

autantpour

attendre le secoursqu'on

faisoitespé-

rer y 6c mêmeque

si onpouvoit prolonger

la dé-

fense despostes éloignez jusqu'à

la fin deSeptem-

bre , les Turcs dans cette saison sujette aux tem~

JEANDE LA

VALETTE.

Page 454: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L r v. XII. 443

pétes,auroient de la

peineà tenir la mer. II ajouta ]

pourfortifier son sentiment, que

le Château du yj

Goze , la Cité notable, & le ChâteauSaint-Ange

~~

étant situez sor des collines àpeu près de la même

hauteur, 6cpeu éloignées

les unes des autres, il

ne seroitpas difficile, en cas

quela flote des Turcs

tînt Tentrée des deuxports bloquée,

comme on

n'en devoitpas

douter , d'envoyer de ces Châ-

teaux dessignaux pour

avertir laReligion

de ce

quise

passeroità la mer, sor-tout

quandle secours

approcheront.Il conclut à ce

qu'on envoyât-in-

cessimment au Goze un Commandantplein

de

courage, capable , s'il'étoitassiégé, d'arrêter

par

une défenseopiniâtre

les ennemis leplus

l'ong-

temsqu'il pourroit,

6cqui plutôt que

decapitu-

ler , íe sacrifiât mêmegénéreusement pour

le salut

de son Ordre. Tout le Conseil revint à T avis du

Grand Maître -r &quelque périlleux que

fût cet

emploi,il

yavoit une íi noble émulation entre

les Chevaliers,- qu'il n'y eutpoint

d'anciens Offi-

ciersqui

ne fissent degrandes

instancespour

Tob-

tenir, ou du moinspour

servir sous celuiqui

en

seroit pourvu.Le choix du Grand Maître 6c du

Conseil tomba sor le ChevalierTorreglias Major-

quin,d'une valeur

éprouvée,&

quin'avoit jamais;

connu depéril.

,

Outre ces différentes dispositions,,le Comman*

deurCopier,

de laLangue d'Auvergne,

6c Grand

Maréchal de TOrdre , ancienCapitaine , devoit

observer la flote ennemie, s'opposerà ses descen-

tes autantqu'il pourroit,

la íuivre dans ses diffe-

rens mouvemens : dequand

ses ennemis scroient

Kkk i\t

3 E A N-DE LA

VALETTE.

Page 455: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

444 HISTOIRE D E L'ORDRE

débarquez, tomber sur ceuxqui s'écarteroient du

grosde leur armée. Pour Texécution de ces des

léins, ilprit

avec lui un bon nombre de Cheva-

liers , deux cens Insolaires à cheval, 6c uncorps

de six cens hommes d'infanterie, à la têtedesquels

il cotoyoit le bord de la mer dans les endroits ou

la descenteparoissoit plus

aisée.

De sisages précautions

étoient bien nécessaires

contre lapuissance

redoutable des Turcs • niais la

principaleressource de Tlfie consistoit dans la pré-

sence du Grand Maître, dont Tairtranquile

6c la

contenance ferme 6cintrépide infpiroit

unegéné-

reuse confiance aux Chevaliers 6c aux soldats. Il

parcouroit continuellement les differens postes y

il faisoit fortifier les endroitsqui

luiparoissoient

lesplus foibles , marquoit

àchaque

Comman-

dant, s'il étoitattaqué,

les mouvemensqu'il

de-

voit faire, les endroits de la Place où il devoit so

retirerpied

àpied

6c successivement : 6cpar

tout

où ilpassoit,

il laissoit uneimpression

de son cou-

rage, quirendit

depuis.les Chevaliers 6c les soL

dats invincibles.

La flote des Turcs parutenfin à la hauteur de

Malte le 18 de Mai. Elle étoitcomposée

de cent

cinquante-neuf vaisseaux à rames, tantgalères que

galiottes,&

chargéede trente mille hommes de

débarquement, Janissaires , Spahis , lesplus

bra-

ves soldats de cette Nation. Un nombre considé-

rable de vaisseaux decharge

soivoient la flote,, 6c

portoientla

grosse artillerie, les chevaux desSpahis,

6c des munitions deguerre

& de bouche. Lepre-

mierpilote qui pour

reconnoître la côte, 6c un

JSANDE LA

VALETTE.

18 Mai

I565.

Page 456: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 445

endroit dont Tabri fût sûr, voguoitun demi mille

devant la flote, tenta de la faire entrer dans une

anse ou calleappellée Mar-^a Siroc, qui

se trouve"

à l'Orient. Mais un ventgrec

& levantin, quisou-

floit alors , Tempêcha d'yentrer : 6c

pour faire

connoîtrequ'il

ne faloitpas s'y arrêter, il fit tirer

deuxcoups

de canon -, 6c continuant so route, il

passa avec toute la flote entre Tisse de Malte & le

rocher de Forfola- &sor la fin du jour, les Turcs

jetterent Tancre à Tentrée de Tanse ou dugolfe

deMugiarro,

où lesgalères

6c Ws vaisseaux s'ar-

rêtérent fur le fer. Le MaréchalCopier

à la tête

de deux cens Chevaliers 6c de millearquebusiers,

pour s'opposerà leur descente, se

portaavec toute

ladiligence qu'il put

au même endroit y maisTA-

miral Turc à la faveur des ténèbres , tira adroi-

tement de sonarrierre-garde trente-cinq galères

chargéesde trois mille hommes

qui débarquèrent

fans obstacle à la case de Saint Thomas, 6cque

d'autresappellent

le Tort de ! échelle j sorquoi

il

est bon deremarquer que quoique

laplupart

des

Historiens donnent le nom deport

auxgolfes 6c

aux ansesqui

se trouvent dans cette Iste , çe ne

sont laplupart,

si on enexcepte

le grand port, 6c

leport Musset, que

des cales, quine font au

plus

à Tabrique

des vents de terre.

Pendantque

les Turcs étoient dans le Golfe de

Muggiaro,le Chevalier de la Rivière avec douze

Chevaliers se mit en embuscade derrière de vieilles

mazurespour surprendre quelque

ennemiqui

aiu

roit été tenté de mettrepied

à terre. Mais un Che-

valierPortugais, qu'on

avoit envoyédu même côté

Kkk iij

JEANI>.ELA

VALETTE.

Page 457: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

446 HISTOIRE DE I/ORDRE

à la découverte, ayantreconnu la Rivière, & le

voulant joindre, reçût uncoup

demousquet tiré

parun

partidès Turcs

quiétoient cachez»dans

des rochers voisins, & dont il mourut sor lechamp.

La Rivièrequi

ne le croyoit que blessé, accourut

auffi-tôt à son secours; mais les Turcs firent une

nouvelledécharge,

écartèrent fapetite escorte,

tuèrent sonchey^l, Tenveloperent

6c le firentpri-

sonnier. On le conduisit auflì-tôt au Géneial, qui

Tinterrogeasor la

dispositiondu Grand Maître 6c

des Chevaliers,% fur les forcesque

laReligion

avoit dans Tisse. La Rivière lui répondit qu'il n'y

avoitpoint

de Chevaliersqui

ne fussent résolus

derépandre jusqu'à

la dernieregoûte

de leursang

pourla défense d'une líle

qu'ils regardoientcom-

me leurpatrie, que

tous les Forts étoientremplis

d'une nombreusegarnison,

6c fournis abondam-

ment de munitions deguerre

6c de bouche, 6c

qu'on attendoit de FEurope

6c de toute la Chré-

tienté unepuissante

flotequi

venoitpour

lui livrer

bataille, oupour

se forcer àreprendre

la route du

Levant. Le Général Turcregardant

ce discours

de sonprisonnier

comme uneespèce

débravade,,

&pour

en tirer une connoissance exacte de l'état

de Tlfle , lui fit donner une violente torture. Le

Chevalier la soutintlong-tems

avec la constance

d'un héros, à la fin comme s'il eût cédé à la ri-

gueurdes tourmens, il avoua à ce Barbare avec

une feinteingénuité que

si Malte avoit à êtreprise,

ce ne seroit que parle

postede Castille, Tendroit:

duBourg& de toute Tlfle le moins fortifié, à ce

qu*il.

soi dir..

JEANDE LA

VAÌETTE.

Page 458: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

E) E M A L TE. L I V. XII. 447

Le Bâcha sereposant

de la sincérité de son aveu

sur la violence de laquestion,

résolut de commen-

cer lesiège

duBourg par

cet endroit y mais com-

me avantque

des'y engager

il le vouloir recon-

noîcre lui^mêmey ilenvoya

en attendant le Che-

valier de la Rivièrechargé

de sors>sor unegalère

destinéepour

lesprisonniers.]

Lè vent ayantchani

gé , la nuit suivante toute la flote leva Tancre , 6c

à la faveur des fanauxreprit

la route de Marso^

Syroç, où Tarmée degrand

matindébarqua

en

bonne ordonnance. Lespremiers

soins du Géné-

ral furent de faire construire à Tentrée de cette

grandecale 6c de

chaquecôté deux redoutes ou

il mit un bon nombre de soldats, &qu'il garnit

d'artilleriepour

la soretéde ses vaisseaux, 6cpour

empêcherla flote Chrétienne, si elle

paroissoit,

d'enapprocher.

L'arméeTurque s'avança

ensuite

dans les terres , 6ccampa proche

d'unVillage

appelleSainte Catherine.

Mustapha pourrécon-

noîtrepar

lui-même la situation duBourg,

du Châ-

teau SaintAnge,

6c des autres Forts de Tlfle, se

détacha avecquelques Ingénieurs,

&gagna

une

hauteurappellee

ìeMont Calcara, d'où il découvròit

presqueTlfle entière. Il s'étoit fait suivre

parle Che-.

valier de la-Rivière sonprisonnier : il voulut

qu'il

lui montrât le Fort Saint Elme, celui dela-Sangle,

le Château SaintAnge,

& leBourg,

6cqu'il

lui

rendît en même-tems uncompte

exaéf des forti-

ficationsqu'il y avoit-en

chaque endroit) 6c du

nombre detroupes qu'on y avoit mis. Sur quoi

Tadroit Chevalier nemanquoitpasde

le doubler;

mais le Bâcha lufayant demandé où étoit le Poste

JE A NDE LA

VALETTE.

Page 459: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

448 HISTOIRE DE L'ORDRE

de Castillequ'il lui avoit

représentécomme le

plus

foible de toute Tlfle, le Chevalier ne lui eutpas

plutôt montré, quece Général Tayant

vu fortifié

d'unlarge boulevard avec un ravelin 6c des case-

mates aupied & dans le fossé, persuadé que

la Ri-

vière ne lui avoitindiqué

cet endroitque pour

le

faire échouer dans cetteentreprise, plein

de fureur,

il luidéchargea

uncoup

de canne fur la tête, 6c le

fit achever àcoups

de bâtonpar

les soldatsde son

eseorte. e^v !>.'•

Pendantqu'une scène auííl cruel le se

passoitsor

le mont Cascara , TarméeTurque répandue

dans

lacampagne

mettoit se feu dans lesvillages,

maso

sacroit lèspaysans, 6c enlevoit les bestiaux

qu'ils

n'avoientpas

eu laprécaution

de retirer de

bonne heure dans lesplaces

fortes. Le Maréchal

Copier quine

perdoit pointde vue les ennemis,

tomboit fur ceuxqui pour piller,

s'éeartoienr de

leurgros,

les tailloit enpièces,

ou les faisoit pri-

sonniers ; 6c dans deux ou trois occasions 6c en

différentes escarmouches, il leur tuaplus

dequinze

cens hommes fans y en avoirperdu plus

dequatre-

vingt, parmi lesquelson

regretasor-tout le Che-

valier d'Elbene, d'une illustre Maison de Florence,

qui aprèss'être

signalédans ces combats

particu-

liers , fut tué d'uncoup

demousquet.

Le GrandMaître, pour

accoutumer sos soldats

à* la vue & aux cris des Turcs, &pour

des mettre

pourainsi direen

curée, souffrit d'abord ces escar-

mouches : mais comme elles n'avoient rien de dé-

cisif, 6cque

la moindreperte qu'il y pouvoit faire,

lui aurpit étéplus préjudiciable dans la fuite, qu'il

n'auroit

JEANDE IA

VALETTE.

Page 460: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII.44$

xsâuroit tiréd'avantage

d unplus grand

nombre

de Turcs, qui y auróient péri , ilrappella toutes

ses troupes, lesrenvoya

dans leurspostes, & les

-

réserva judicieusement pourla défense des forts

qui soroient attaquez,-

Dés le lendemain les Turcs tinrent ungrand

conseil deguerre pour

délibérer de Tendroit où

l'armée s'attacheroit. L'AmiraÍPiah , soivant les

ordres du GrandSeigneur,

voúloitqu'on

sorsrt

touteentreprise jusqu'à

Tarrivée deDragut, qu'on

attendoitdé jour en jour y mais lè Báchâauquel

k crainte du secours dont lui avoitparlé

se Che-

valier de la Rivière , eau soit une secretteinquié-

tude , soutintqu'avant que

desonger

à vaincre ,,

il faloit fansperdre

un moment de tèms, prendre

de si justes mesures, qu'ilsne

pussent être ni sur-

prisni vaincus. IT ajouta que

fi Tarmée Chrétienne

îurvenoit àfimprovistè,

k flote duGrand'Seigneur

se verroitbloquée

dans Tanse où else setoit reti-

rée, &qu'indépendemment

de cequ'on

avoit à

craindre de ce côté-la, elle n'étoitpas même a Ta-

bri des vents orientaux ; & ilopina que

sons diso

ferer, il faloit faire lesiège

du fbrir Saint Elme,,

quiselon ce

qu'il exposa,ne devoit

pas durerplus

decinq

à six jours. Il ajouta que parfa

priseils

feroient maîtres duport

de Marza-Muzet, où 'ils

soroient entrer toute leur flore j &qu'après

lavoir

mise en fureté, ilsattaqueroient

avecplus

de con-

fiance les autres forts, & les différentes Places dé

Tlfle. Cet avispassa

à lapluralité

des voix ,6c se

siègedu fort Saint Elme fut résolu.

Ce fort, comme nous Tavons dit, étoit situé fur

Tome III. LlL

JïANDE LA

VALETTE,

Page 461: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

'45 6 "M IS T O IR E DEL' O R DR E

kpointe d'un rocher, à 1extrémité d'une

langue

de terrequi sépare

les deuxports •? cetoit Tbu,-

vragedu Prieur de

Capoue y mais il Tavoit soit

trop petits 6c soitque la Religion

en ce tems-là

ne rutpas en état de fournir à la dépense nécessaire

pour se rendreplus grand 6c psos régulier /soit

quele Prieur en Te plaçant à la

pointé du rocher,,

n'eût eu en vueque

le côté de k mer vifë de se

.servir de ses batteriespour défendre l'entíîée des

ports?,k soite sst voir

qu'il n'avoit pas soft assez

d'attention a la défese meme du fort du côté de

Ta terre, 6cqu'il

Tavoitplacé

dans un endroit dont

le tercein étoit si étroit ou si resserré, qu'onn'a^-

voitpu ajouter au dehors ses ouvrages & les for-

risicarions nécèuaires. Cependantcomme tout se

fend de l'Ifle n'estqu'un roc recouvert seulement

íÇn quelques endroits d^ deux ou trois piedsd'un

terroir pierreux , lesingénieurs Turcs; prévirent

quece m íeroso pas sons uri travail Jpng $c pé~

âiijbsequ'on pourroitouvrir Reconduire la tran*-

.çhée vckutant, plus que eeíjbrt étoit garni d'unie

fnomhreuíç artillerT^ jqu'ils nepourroientîriëjfte

ernpêcher quele prandr Maître à k faveur de

legeres barques,nie fît

passerdu secours par; le

|)ort Mu?et, ô£ quilnerafraîchît %c rie ehanr

geatde tems e^v tems la garnison.

Cequi augr

^nenroit encoreleur inquiétude,e'eso

quese Vice-

|8wOÌ de Sicilerépandpit des bruitís? quoique #veç

plus d'ostentation quede

diligence ^ qu'ilvien-

d[roÌt au premier jour à l.at|te de k ssote du Roi

ion maître, livrer batailso, & çornbattte celle du

^tan.

$ -E A NDÉ LA

VALETTE.

Page 462: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV» XII.4î*

Mais le General Turc, grand capitaine,se roi-

diíïânt contre toutes ces difEcultez , résolut de v

poursoivreson-deísein^6c

aprèsavoir été lui-rnê-

~~

me reeonnoître k Place , il fît avancer sestroupes,

l'invèstit du coté de terre^marqua

kplace de

soncamp, 6c ses dilíerens endroits où il vouloit

soite dresser des batteries. Sestroupes

travaillè-

rent ènsoite à faire leursapproches par

des tran-

chées-<<x- 6cquelque

dureque

fut le rertein 6c le

roc sorlequel

le fort étoitplacé,

à force depk>n>

ráers dont se Bâchaprodiguoit k vie -r 6c

malgré-

le sou continuel de îa £kce, ils ne kiferenii pas*

enplusieurs-

endroits de se mettre à couvert : 6c

dans ceux dont on ne pouvoir entamer le roc, ill

fit construire desparapets qui

renoient lieu de:

tranchées , 6cqui

étoient* formez avec despou*,

tres 8c d'épaiues planches, garnies parderrière de:

terrequ'on

alloitquérir

bien loin , &qu'on

dé-

trempoitensoite îpouKlà liaison, on k méloit:

avec des joncs & de kpaille,

cequi

formoit une

eípeeede murailse

quicouvroit ïè soldat.

Les. lurcs avec le secours des boeufsqullfc

avoient prisdans Tlfle, conduisirent ensuite seur

isanonjuíqu

au mont -Saint Elme, 8caprès avoir;

dressé leurspkttes formes, seurs

gabions6c lents

mantelets , lé Bâcha commençaà faire tirer le

vingt-quatre de Mai avec dix canonsqui portoient;

quatre, vingtlivres de balle. Il avoit outre ces ca-

nons deux coulevrines de soixante, & un basilic

d'une énorme grandeur , qu'on prétend quitiroit

des boulets depierre

de cent soixante livres de

pesanteur»Cette artillerie faisoit. un feu terrible-.s.:

111 m

J E AU-DE IA

VAI JETTE*-

Page 463: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

45* HISTOIRE DE L'ORDRE

&quoique

celle de la Place y répondît, comme

ce fort étoitpetit

6c étroit, iln'y avoit

pointde

coup quine

portât,6c

quine ruinât

quelque par-tie des dehors & des défenses : 6c les Infidèles ayant

augmentéleurs batteries, le Bailli de

Negrepont

quicommandoit dans la Place ,.6c qui

nepouvoit t

résister à un feu continuel, vit bienqu'au

défaut

des fortifications, il ne conserveroit laPlace que

parle nombre 6c lecourage

de lagarnisonl

Dans cette vue ilenvoya le Chevalier Lacerda

au Grand Maîtrepour

lui demander du secours :

6cpour Tobtenir, cet Officier

quek

peurrèndoit

éloquent, èxageralê périloù il dit

qu'étoitk Place,

Le Grand Maître enparut surpris,

& encoreplus

indignécontre cet Envoyé, de ce

qu'en présence

d'ungrand nombre de Chevaliers, il avoit été assez

imprudent pourlui dire qu'il

ne faloitpas qu'il

Vattendít qu'on puttenir dans uné auísi méchante

Pkceplusde huit jours. Ruelle perte ave% vous donc

faite, repartitle Grand Maître, pour

crier au se-

cours ?Seigneur,

luirépondit Lacerda, le Château

doit être confideré comme mi malade exténué, (êfr fans

forces ,qutne

peut fe soutenir que pardes remèdes

ft)des secours continuels,

ffen ferai moi-même le

médecin, lui dit le Grand Maître avec undépit

se-

cret , & fy en conduirai d'autres avec moi : s'ils ne

peuvent pas vousguérir

de lapeur,

Usempêcheront

bien au moins parleur valeurque

les Infidèlesne s"em*

parentdu Chute au.

Ce n'estpas que

ce Princesse flatât depouvoir

conserver Iong-tems une Place si foibse, contre

jes attaques continuelles des Turcs ; & ildeplo»

JE A NDE LA

VALETTE.

Page 464: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

; DE M ALT E. L IV. XII. 453

tsòit même secrètement, 6c dans le fond de son

ccêur, le fort des Chevaliers quiétoient dans un v

postesi

dangereux -, mais le salut de Tlfle entière ,""

dépendant de la durée de cesiège -, 6c comme

il faloitpar

unecourageuse

résistance donner le

temsau Vice-Roi de Sicile d'avancèr à son secours,

il résolut de sejetter lui-même dans la Place, &

des'y ensevelir plutôt que

de iôufírirque par une

foible défense 6c unecomposition précipitée,

on

mît les Infidèles en état de s'attacher au bourg&

au ChâteauSaint-Ange,

k derniere ressource des >

Chevaliers 6c de laReligion.

La Valette sodifpo-^

soit à conduire ce secours dans le fort, mais le

Conseil & tout le Couvent s'y opposerent , &il íe

présentaen même tems un si

grand nombre de

Chevaliers qui demandoient avecempressement

çette commission, qu'il n'yeût d'embaras

quedans

le choixqu'il

en salut faire. Le Grand Maître mit

a k tête de ce secours les Chevaliers Gonzales de

Medran & de la Motte, avèe lescompagnies

d'in-

fanterie qu'ilscommandoient :

plusieursCheva-

liers obtinrent lapermiíîlon

de le joindre à eux,

6c THistoire a conservé le nom d'un Jean de Sok

Navarròis servant d'armes, 6c brave soldat, qui

en conduisit plusieurs autres, ausquelsil avoit ins-

pirésa fermeté & sa résolution, &qui

à son exem-

ple,se firent tous tuer en différentes oCcasions. Ils

furent depuis remplacez par plusieursChevaliers

de différentes Nations , Anglois, François , Fk-

mans, 6c Allemans, ^ui par Téloignementde leurs

Provinces, n'arrivèrent en Sicileque depuis

le dé-

barquementdes Turcs à Malte, 6c le

siègedu Châ-

Llí iij

JEANDE LA

VALETTE.

Page 465: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

454HiST o IRE DE L'ORDRE

teau Saint Elme. Laplupart

sons attendre une es.

cortè , 6c dans Timpatiencede

partager sespérils^

de kguerre

avec leurs frères, se jettoient dans dé-

légères barques V 6c suivant les occasionsqu'ils

en*

troúvoiènt, paíîbiéfìtà la fise y les uns

aprèsìek

aútrèsvAprès

avoir abordé aubourg,M

obtenu ks

pérrniflìondu Grand Maître , à la faveur de bar-

quessons mats ètsohs voiles^de peur

d'être décou-

verts , ils tràvetíbienf leport Muzet,;; 6c Ile jet--

toient dan*k Pkce aíssegée.Le Grand Maître

pou*

sovorisefc leurpassage ^ du Château

Saint-Ange quih

étoit sor unè hauteur, bà^toit eontmuellèment le

camp ennemi. Un boulet de canonparti

de cet

endroits 6cqui

tomba dàns ktranchée, 6c sor une

pierre , k mit enpièces

: Un éckt allafiraper

TA*

miraiPìaly qui

vifìtoir. ses travaux, 6c le bleíía dan~

gereusornènt.Onìe crut mort * 6c

pendant que

dans tout secamp, 6c principalèrnent

sor là fote,

on rfétoitoccupé que

de cet accident ,jl&- ÉrarsoL

Maîtrepour avancer le secours de Sicise,Jk pouf

empêcherk

perte du sort, dépêchak nuit le Che-

valier de k Valette Gornusson son neveu , & le

CommandeurSalvago Génois, pòut conjurer le

Vice-Roi de Sicise de hâter se secoursque

le Roi.

son maître lui avôft faitespérer y 6c il se

prioit de

soirenvoyer

en même ierns deuxgalères

de /k

Religion quiétoient revenues de course avec tous

ses Chevaliers assemblez à Meffine, quià k faveur

de la floted'Espagne , esperoient

rentrer dans le

port.Le Commandeur de k Valette lui remit en.

même tems un mémoire exaêrde la routeque

de-

voit tenir k flote Chrétienne avec le double de &-

JE A NDE LA

VALETTE.

Page 466: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

<DE MALTE. LIV. XII. 455

•ghaux qu'il faudroit soire depart

& d'autre, soit

au Goze, ou aux cales voisines où onpourroit dé-

barquer. Le Vice-Roi luirenvoya

auslì-tôt un Cou-

rier avec assurance d'unprompt

socours , qu'ilse-

roit partir au plus tard dans lequinze

de Juin: 6c

ïl lexhortoit juíques en.ce tems-là de soire filer de

nouvelles troupes dans le fort Saint Elme, pour

empêcher les Turcs de s'en rendre les maîtres. La

Valette pour encouragerla

garnison,lui fit

part

des nouvelles qu'ilavoit

reçùesdu Vsee^Roi. Le

Chevalier de Medranqui y avoit conduit le der-

nier secours, fit une sortie , se jetta dans la tran-

chée , surpritles Turcs, 6c favorisé de î'artillerie

du Châteauqui

faisoit un sou continuel, tailla d'a-

bord enpièces

tout cequi

seprésenta devant lui.

Mais les Turcs revenus de lasurprise qu'il

leur

ayoit d'abord causée, s'étant ralliez, retournèrent

en fouse à la charge v &après

un combat fort

opiniâtré, regagnèrentla tranchée, forcèrent les

Chrétiens à se retirer dans k Place. Malheureuse-

ment pourles

assiègesil soisoit un vent violent,

qui repoussoitk fumée de Tartilserie \ cette fu-

mée -comme unnuage épais

se rassembla sor la

contre-escarpe.Les Turcs àla faveur dp cette obs-

curité , s'en emparèrent, y firent unlogement

avec

des arbres, des poutres6c des sacs de laine 6c de

terre, dont ils avoient faitprovision j 6c ils

ydres-

sèrent en meme tems une batterie.

Ces ténèbrespassagères

étantdiisiSpées,

on vit

du fort avecbeaucoup

desurprise

lesenseignes

des Turcs arborées fur cet endroit, d'où ces Infi-

dèles commencerentàbattre le ravelin. Cettepiece

J EA N

Ï?B.LAVALETTE.

Page 467: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3 HANDE LA

VALETTE.

456HISTOIRE DE L'ORDRE

n'étant pasassez élevée, se trouva même

exposeV

au feu de leurmoufqueterie : en sorte

qu'ilne

pa*

roissoit aucun des assiégez quine fût tué aussi-tôt

parles Janissaires, qui

tiroient avècbeaucoup

de

justesse j cequi

donna occasion auCapitaine

de

Lacerda , sousprétexte qu'il craignoit, disoit-il,

queles Infidèles neso

logeassentdans cet ouvrage

avancé, deproposer

de le miner 6c de le faire fau-^

ter. Mais onrèjètta ce conseil, qui

ne soi fitpas

beaucoup d'honneur, 6cqu'on soupçonna

venir

d'un hommequi pâtissoit

dans lepéril,

&qui

eût

souhaité, quelquefut le soccês de ce

siège,;d'en

voir auplutôt

k fin.

Pendantque

les Chrétiens 6c lés Infidèles étoient

tous lesjours

aux mains , on vit arriver dans la

flote des Turcs lerenégat Uluccialy,

fameux Cor-;

faire, avec sixgalères qu'il

avoit amenées d'A^

lexandrie, 6c neuf cens hommes dedébarquement:

6cpeu

dejours après, Dragut

Vice-Roi deTripo-

li , yen amena seize cens sor treize

galères6c deux

galiotes.Nous avons dit

quele Grand

Seigneur

prévenud'estime

pourfa valeur 6c fa

capacité,!

avoitexpressément

défendu à ses Généraux de terré

6c de mer, de rienentreprendre

fans fapartieú

pation.Son mérite ,6c le crédit sor-tout

qu'ilavoit

a la Porte, le fit recevoirpar

toute Tarmée au bruit

de Tartilserie, 6c avec toutes sortes demarques

de

déférence 6c de distinction : il ne futpas plutôa

débarqué, qu'ilvoulut visiter le

camp,6c les

priá-

eipauxendroits de Tille.

Quelquesmesures d'honnêteté

qu'il gardâtavec

les Généraux, iltémoigna qu'il

nepouvoit ap-

prouver

Page 468: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E MALT E. L I v. XIL457

prouver qu'oneût commencé cette

entreprise par

îesiège

du fortSaint Elme: ilprétendit qu'on

auroit \

du d'abord s'attacher au Château duGoze,& ensuite~

à la Cité notable, quifournissoient des vivres au

bourg6c au Château

Saint-Ange.Il

ajouta que

parla

prisede ces deux Places, non seulement

oh auroitcoupé, disoit.il, les mamelles

quinou-

rissoient le reste de 'Tlfle : mais cequi

étoit bien

plus important, qu'onauroit fermé aux Chrétiens

le chemin du secoursqu'ils prétendoient soire en-

trer dans Tlfle. Le Bâcha , quoiquerevêtu de k

dignitéde Général, mais

quiredoutoitle crédit du

Corsaire,lui

représenta que pourmettre k flote du

Grand Seigneurà Tabri des vents,& même à Couvert

de Tarmée des Chrétiens, il n'avoitpu

sedispen-

serd'attaquer d'abord, le fort, dont la

priselui ou-

vroit une libre entrée dans leport Muzet y qu'a-

près tout, cesiège

n'étoitpas

encore si avancé

qu'onne le

pût lever, s'il lejugeoit

àpropos,

6c

transporterTarmée au Goze 6c devant la Cité. Ce

ne firoit pas leparti

le moinsprudent,

renzxtït T>Ï2L-

gut, fi ïaffairen étoit

pas trop engagée j maisaprès

T ouverture de la tranchée, & plusieurs jours <%atta-

que,on ne

pourroitlever le

fiege fans commettre la,

gloirede Sa

Hauteffe , fç) peut'êtremême fans dé^

couragerle soldat. Ainsi il conclut à

employertou-^

tes les forces de Tarmée poursortir avec honneur

de cette entreprise y 6cpour

faire voirqu'une

basse

envie, 6c cettemalignité

si ordinaireparmi

les

courtisans, n'avoit eu aucunepart

à la libertéqu'il

avoitprise

de dire son «sentiment. Depuis qu'on

eût résolu de continuer lesiège , il s'y employa

Tome III. Mm m

JEANCEÍ.A

VALETTB.

Page 469: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

458 HISTOIRE DE L'OI D R E

avec autant decourage

6c d'assiduité, ques'il eût

étéresponsable

du succès. On n'avoit gueres vu

d'Officiergénéral plus intrépide : il étoit les jours

entiers dans la tranchée ou aux batteries. Parmi

ses differens talens , personne n'entendoit mieux;

quelui la direction 6c la conduite de Tartilserie :

e étoit sonpremier métier, comme nous l'avons

dit dans le Livreprécédent : par son ordre, le

pre-

mier de Juin, on dressa unè seconde batterie pa-

ralelle à lapremière , mais plus proche

du fo^t: 84

pourentretenir un sou continuel, eUes tiroient

Tuneaprès

l'autre contre un cavalierqui

couvroit

le fort, Ilplaça quatre

canons du côté duport

Muzet,quibattoient du même eôté,& on mitsor k

contre-esearpedeux autres canons

qui plongeoient

dans le fossé,& batoient la casemate : & sor lapointe

de Tentrée duport Muzet, quia

retenudepuis

ce

tems-là le nom deCap

oupointe

de^Dragut, ì\ y

fît amener de ses galères quatre coulevrines, qui

battoient se flanc du ravelin, du cavalier, & tout

le côté du fortqui regardoit l'Occident.

LesIngénieurs Turcs,à la faveur de leurs mous

quetaires quitiroient continuellement contre lis

ravelin, sortirent de la tranchée j-.& d'uncourage

déterminé, & tout à découvert, pour reconnoîtrè

Tesset de leurs bateries, s'avancèrentjusqu'au pied

de ce ravelin, sansque personne

leur en défendît

lesapproches, soit

quela sentinelle eût été

tuée,,

ou fût endormie, soit auíïìpar

k faute des Officiers,

qui laissoient auxsimples

soldats le soin de faire

les rondes : cesIngénieurs

à la faveur de cepro~

fond silence, reconnurent tout à leur aise Cet OU-

IS ANDE LA?

VAIBTTB.

Page 470: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E M A L T E. L I V. XII. 459

vragedétaché du fort, 6c

qu'onne

pouvoit y aller

du cavalierque par

uneeípeee de

pont composé-i

dequelques planchés.

Ils découvrirent en même

tems une canoniereplacée

dans un endroit si bas,

qu'unde ces

Ingénieurs étant monté sor lèsépau-

les d'un autre, apperçûtles soldats Chrétiens cou-

cheznégligemment,

6c ensevelis dans unprofond

sommeil; Les Turcs firent aussì-tôt venir des trou-

pes , qui ayant posé des échelles, entrèrentpar

la

canoniere dans le ravelin, s'en rendirent les maî-

tres , 6ccoupèrent

lagorge

à kplupart

des Chré-

tiens. Geuxqui

s'éveillèrent lespremiers, voyant

cette foule d'ennemis, s'enfuirent -, 6cplusieurs,

pouréviter le sabre des Turcs, se

précipitèrentdu

pontdans le fond du fossé. Les Turcs

pour pro-

fiter de leur avantage,so

jetterentsor le

pont pour

passerdans le cavalier y mais ils furent arrêtez

par

GuerareSergent major, qui

au bruitqu'ils faisoient,

y étoit accouru avecquelques

soldats. Iifut bien-

tôt secondépar

les Chevaliers deVercoyran.

6c de

Medran, qui s'yrendirent à la tête de leurs com-

pagnies ; & on vit ensuite arriver le Bailli de Né-

grepontavec plusieurs

Chevaliers. Le combat de~

vint alorsplus égal : les Chrétiens

repoussèrent

même les Infidèles y 6c comme le ravelin, du côté

du cavalier 6c du fort, n'avoit pointde défense,

à la faveur de deux canonsqu'on braqua

contre

cetouvrage,

6c dont lescoups

écartoient lesTurcs,

oneíperoit

de lereprendre

6c de les en chasser.

Mais leur Général de son côté fit avancer differens;

corps d'infanterie, quifans crainte du feu, se jet-

terent dans le ravelin : 6c ayantfait venir des

pion-

M m m ijí

JïANDE LA

VALETTÌ

Page 471: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

q.6Ó H I S T 0 IR E D fi r L* O R D R È

niers, des sacs de laine 6c des socs à terre avec des

bariqu.es. :& desplanches, ils s'y logèrent, & tout

1 eiíbrt des Chrétiens ne les enput

chasser.

Ilspoussèrent encore plus

loin leurentreprise;

&voyant que

le Bailli 6c ses Chevaliers, pour so

retirer dans le cavalier, avoientpris

seur chemin

parle bas du foíle, avec une audace que Teípè-

raíice dune entieré victoire leur inípiroit, ils s'y

jetterent l'épéeà k

main, lespouríuivireíit opi-

niâtrement , & ne furent arrêtez que parTartil-

serie du fort 6c parune

grêlede feux d'artifices v

depierres,

decoups

demousquet

6c de canonades

qui tuèrent lesplus hardis, 6c

quien mirent Un

íî grand nombre hors de combat, qu'ilsfurent

obligezd abandonner leur

poursoice y 8t de se re-

tirer même hors du fossé. Onprétend qu'après

s'être ralliez , & avoir reçu un nouveau renfort,

ilsy revinrent par une brèche

qui étoit à la contre-

esoarpe , 6c qu aprèsavoir

placédes échelles au

pieddu fort, ils y montèrent en foule, & avec

uncourage

si déterminé, qu'onne fçait pas quel

auroit été le succès de cette derniereattaque, (ì

heureusement les échelles ne s'étoientpas trouvées

tropcourtes. Ils furent

obligez d'en descendre &

de les abandonner j ce ne futpas

fansperdre

beaur

coup de monde. Onprétend que

cette actionqui

duradçpuis k pointe

du jour jusqu'à midi, leur

coûtaprès

de trois mille hommes desplus braves

de leur armée. LaReligion

de son còté9 outre k

perte du ravelin, eutvingt

Chevaliers de tuez, 6c

prèsde cent soldats. Le Bailli de

Negrepont,le

Sergent major Çuérare, lè Chevalier Adorne, 6c.

JEANDELA

VALETTE.

Page 472: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 4Û

k Roche Perura, jeune Chevalier Castillan, furent

blessez. Onrapporte que

le Chevalier Abelde Bri-

diers de laGardampe, ayant reçu un coup

de mous

quetdans le

corps, comme quelques-unsde ses

confrères seprésentoientpour

le relever, & le con-

duire dans un endroit où ilpût

êtrepense, après

les avoir remerciez affectueusement de seur bon of-

fice : Nemecompte^plus,

leur dit-il, aunombre des

vivans s vosfoinsr fieront mieuxemployé^

àYdéfendre

nos autresfrères.

Il se traîna ensoitejusqu'àkCha-r

pelledu Château f 6c

aprèss'être recommandé à

Dieu, ilexpira

aupied

de TAutel, où on le trouva

mort. A la soveur de la nuit, 6cavec kpermission

du Grand Maítreyon transportaau

bourgles bles-

sezpour

lesy

fairepenser : en leur

place , 6c par

la même voye, on ramena cent hommes com-

mandez parle Chevalier Vagnon. L'artillerie du

fort, 6c les batteries du Château Saint-Ange& de

Tlfle de kSangle> fávc»risoient çe passage

: é< quoi-

queles Xurcs cuisent deux canons sor le haut de

kgrotte d'Alicata, qui

battoient Tendroit paroù

onpouyoit

entrer dans le Château, 6cque

ses Janis.

soiresexçellehsarquebusiers,

6cqui

ne sosorvoient

quede

mousquetsd un

gros calibre, 6cqui por-

toient fort loin , tirassent continuellement sor le

rivagele

plusvoisin du fort, ils n avoient

puen-

coreempêcher

cette communication ,&se passa-

gede çes petits secours que

le Grand Maître y

envoyoit.

Ce futpar

le retour de ces blessezqu'il apprit

avec douleur le détail de laperte

du ravelin, 6c

tout cequi

s étoit pane dans cette derniere action;

M m m iij

JEANDE LA

VALETTE.

Page 473: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

461 HISTOIRE DE L'ORDRE

6c cequi

ne lui cauíàpas

moinsd'indignation,

c'estqu'il

découvritque

la Cerda, fousprétexte

d'unelegere blenure, dont a

peine on vOyoit k

marque , s'étoit mêléparmi

les blessez. Cette lâ-

cheté dontjusqu'alors

iln'y

avoitpoint

eu d'exem-

pledans k

Religion, a$igèasensiblement k Va-

lette , &quoiqu'il

eûtpitié

de so fbibleíse , iT ne

kiffapas

de ie soire arrêter, 6c deTènvoyer

enpri-

son , châtiment encoretrop

douxpour

iun hom-

me 3 qui pendanttout le

siège , n'avoso soitpa^

foîtfe d'habileté 6c d'adreneque pour s'éloigner

dupéril.

, -'-V- :'--;:'- ~^ ::-y-,

Le Bailli deNégrepont,

le Commandeur Bro-

glio, quoiquebleue z ,6c tous deux fort

agez,rè-

fu serent avecbeaucoup

decourage

Ta permissioii

quele Grand Maître leur avoit envoyée

de rêve*

nir au Couvent : 6cpour

touteréponse,

ils lui de-

mandèrentqu'ils

voulòient mourir dans leu rposte

6c au lit d'hónneurv Ces Chevaljefs si-rèípectâbles;,

toujours sous lès armes, Tesvisages

brûlez & défi-

gurez parTardeur du soleils ne

partoiént point

des endroits où ily avoit le

plus depéril

v &quoi-

qued unè

vieillèlsopreíque caduque^ils

portoient

eux-mêmes de la terre dans les endroitsqu'il

fa-

loit fortifier , ou seeouroient les autres Chevaliers:

quidans une

placesi étroite, étoient à tous mo-

méns blessez^ Orinèvbyoit que

des boiteux, des;

bras enécharpes ,6c même des membres séparez:

ducorps, espars confusément 6c

qu'onn'avoit

pas,

se tems de couvrir de terre ; 6c ces hommes dont

kplupart

n étoientplus que

la moitié d'eux-mêi-

tóes ^ cònsorvoienr uncourage entier, servoient

JEAN.DE LA

VALETTEv

Page 474: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E.XIV. XII. 465

Tartilserie, se traînoient jusquessor les brèches y

Scprésentoient par

tout un front redoutable*

Le Grand Maître leur soifoitpaíscr

socceTIive-

ment tous les soeours quek Place

pouvoit çonte^

nir j mais commepar

le feu continuel des enne-*

mis il n'y avoit preíque pointde/jour quil ne per-:

dît ungrand

nombre de Chevaliers 6çde soldats,;

il fit partirla nuit une

barque pour'k Sicile ^ qui

portade so

part des; Lettres au.^iç^^oi-^-oíà'-it:.

lui soisoit part fc

6c il luitnarquoit expressément qu'il étoit surpris

qu'iln'eût pas encore tenté de soire

repasser ^

Malteiùr les deux galères de laReligion * les Gj^eh

valiers quin'att ondoient que cet te 1occasionj pc>ú^

sorendre à leur devoir y St: iflui demandoiten mêi

me tems un secours particulierde milse soldatsi

pour remplacer ceuxqui jxérissoient journellement;

dans le fort.Gomnie-pa;r^

ce Vice^Roi, 6c par le peu> ^empren^mentí qu'ils

avoit à rassembler les différentes esoadres du Ros

d'Espagne , ilcraignoit qu'il nejso det^rmin^t jari

mais à tenter se sort d'un combat n^val ^ il lut

marquoità k fin de so Lettre^ que pourvu rqu'il

voulut sousement débarquer huit mille hommes

dans Tisse, il so flatoit, avec cequi

lui restoit de

troupes,de faire lever le

siège,6c deforcer ie$ enne-

mis a se rembarquer. Le Vie e^ Roi lui renvoya sor le

champ Salvago, qui par ordre du Grand Maître, &>

pourhâter le secours , étoit resté auprès

de lui :

& il se fitaccompagner par un autre Chevalieri

appelle Mirande, despremiers

de TOrdre^ dès'

pluszelez y 6c il les

chargead'assurer le Grand Maî-

JEANDE LA

VALETTE.

Page 475: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

464 H i s T 01R E DE 1/ ORDRE'

tre qu'ilne

perdoit pasun moment de tems

pour

rassembler les VaiíseaUx 6c lesgalères

néceûaires

pourlui

porterle secoure quil

attendoit y mais

'qu'iln en avoit

pasencore un assez

grand nombre

pourbazarder unèbataille contre làflote des'Turcsj

qu'ilavoit besoin de cesses de la

Religion -y6c que

pouraccélérer 1

embarquementdes

troupes,il ne

pouvòitles

envoyer tropitòt.

Lesdeu* Ghevalsers léjetterent dansìun ïegèr

brigantin,& esoortéz des deux

galèresde la Re-

ligion quele Vicé-Roi avoit retenues daîris se port

deSaragosse , ils doublèrent le

Capde Passaro ,•

d'wàprès^avoif renvoyélés

galères quine

pou-

voientpॠ^ sons être découvertes , avancer plus

près dirport,à la soyeuf de k huit, ils entrèrent

dans celui de Muzet, 6cgagnerentle rivage lepks

prochedu fort Saint llnm lis

s'yretirèrent

pen-

dant lejour, 6c la^nuit soivarite, après

avoir visité

exactement ses difsereris postesde cette Place, 6c

en avoir reconnu lé mauvais état, ils se rembar-

quèrent& so rendirent au

bourg auprèsdu Grand

Maître* ïTfut fortsofpíis

de les voir arrìver[sons

aucun secours, sor-tout sons les deuxgalères

cîe la

ReIigion,&: quele Vice-Roi non content d ìëicsj-r' ete-

nir, demandât encore lescinq autres, dont

léj'ssol-

dats & k chiourme travailloient contmuellemehr à

fortifier disserenspostes

dubourg

6c de Tille de k

Sangle.Cette conduite le confirma dans le

soup-

çonqu'il

avoitquele

Vice-Roimalgré

sespro-

messes ,& Tostentation d un puissant secours, n'o-

soit házarder une bataille, 6cque par

ces délais

affectez, 6c la demande hors de saisonqu'il

faisoit

des

JEANPELA

VALETTE.

Page 476: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L i v. XII.467

desgalères,

il ne cherchoitqu'un prétexte pour

sedispenser

de venir attaquerla flote des Turcs, v

11 lui renvoya le Salvago, Chevalierplein

de zèle,

*~

6cqui

aupéril

d'être pris parles

Infidèles, passa

6crepassa plusieurs

foispendant

lesiège

au tra-

vers de Tarmée ennemie. Le Grand Maître le char-

geade

représenterau Vice-Roi

qu'ilhe

pouvort

lui envoyerles

galèresde la

Religion sans une es-

corte sor chacune au moins decinquante soldats,

6c un bon nombre d'Officierspour

contenir la

chiourme & les esclaves, qui pourroientse révol-

ter -y6cque

bien loin de se défaire des uns & des

autres, il ne croyoit pas pouvoirconserver Tlíle,

si en attendant legrand

secoursqu

il lui faisoit es

perer,6c

pourrésister aux

attaquescontinuelles

des Infidèles, il-ne-lui fournissoit de nouvelles re-

crues. Avant qu'il partit,il lui remit

d'amples pou-

voirs de fapart,

& de celle du Conseil, pourle

Prieur Gatinare , par lesquelscet ancien Com-

mandeur, 6c despremiers

de TOrdre, étoit auto-

risé àemprunter

des sommes considérables aux

banques publiques,ramasser & recevoir les

respon-

sions, acheter des munitions deguerre,

6cenvoyer

le tout incessamment à Malte avec les deux galères,,

& tous les Chevaliersqui, pour y passer, s'étoient

rendus à Messine, 6c attendoient avecimpatience

ledépart

de lagrande

flote.

Salvago partitseul

pourla Sicile , Lamirande

pleinde zèle demanda au Grand Maître , & en

obtint lapermission,

de se renfermer dans le fort

alîîegéjil yfut

reçuavec la considération

quiétoit:

due a fa valeur : c etoit un ancien Chevalieréga*

Tome III, Kna

JE AHDE LA

VALETTE.

Page 477: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

466 HI ST O IRE D E L'.O R D R E

lement révérépar

sapieté

6cpar

soncourage, 6c

quis'étoit

signaléen

plusieursoccasions. Tous les

Chevaliers de k Place de concert lui déférèrent k

Chargede Major -, il s'en

acquittaavec so valeur

6c socapacité

ordinaires : sonexpérience, soj>ré-

fénce dans tous les endroits-où il en étoit besoin,

& fur-tout sonexemple augmentèrent

lecourage

du soldat ; il leurapprit

la manière, quandle ca-

non des ennemis tiroit, de se mettre à couvert de

sescoups,

6c en même tems depouvoir fans so

découvrir y répondre parse feu de k Place. Par

ses soins il fit entrer unegrande provision

de vin,

devivres, 6c des remèdes pour

les blessez 6cpour

les malades ; c'étoit le père des soldats ; rien n e-

chapoità son attention

quese soin

particulierde

fapersonne,

6c de sapropre Conservation.

Dragut pour empêcherces secours continuels,

£c la communication dubourg

avec le fort , prq-

pofadans le Conseil de dresser une nouvelle ba-

acerie fur lapointe

du grand port, située à l'Orient,

&c à Tendroit ou on avoit élevé des fourches pati-

jbukires. Mais Mustapha lui représenta quecet

endroit étoittrop éloigné

ducamp

6ctrop voisin

du bourg y queles Chevaliers enleyeroient le çà-

iion ,ou du moins, Tencloueroient : qu'onne

pour-

roit conserver cette baterie si on n'érablissoit dans

le même endroituneefpece

decamp

6c uncorps

iConsideráble de troupes pour s'opposeraux sorties

êc auxattaques

des Chevaliers -, queson armée

étoittrop

afíoibliepar

lespertes

6c lesfatigues

du

íîçge, pour pouvoirla

partager ;. mais qu'ilfaloit

remettre ce dessein à Tarrivée du Vice-Roi d'Alger

JE A NDE LA

VALETTE.

Page 478: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 467

qu'onattendoit tous les jours avec toutes les for-

ces de songouvernement,

'&qui

seroit raviqu'on ^

îechargeât

de cette entreprise.Le Conseil s'arrêta

à cet avis , &cependant

les Turcs continuèrent

jour & nuit leurs batteries du:c&íé duport Muzet'.-r

& en même tems avec des farines, de la terre, &

dès sacs de laine, ils élevèrent le ravelin au deíïus

duparapet

de 1a Place, d ou ils deeiDUvrôient tout

cequi

sepafïbit

: &après y

avoir fait monter deulc

canonsqui

tiroient continuenement yô£ parle feu

de lamouíquetetie , ils

empêchoiéntles íbldat&

d'approcherdu

parapet: pour pénétrer juíques là,

ils étoient réduits às'y

conduirepar

des tranchées.

&un íòus-terreinquiy

aboútiíïbit. Le Bachàpour

ruiner cette défense, fît avec des arbres,. des an-

tenesde vaisseau, & degrosses planches,

construira

linpont

silarge, que

six hommes y pòúvoient paf-

fer de front : & depeur que

les Chrétiens ptàurlé'

brûler,ne

jettaísentdessus des feux d'artifice, ofo

le couvrit de terrejusqu'à

une certaine hauteur..

Par ce pont,& a la faveur du feu Continuel di* ra-

velin, les TurCs pénétrèrent jusqu'au parapet, s'y

attachèrent, Ôcjoignirent

laiàppe

à la mine. La-

mirandequi

íeportoit par

tout oâ il y avoir le

plusde

danger, ayantreconnu leur de&in, n'eut

pas beaucoup d'inquiétudede la mine

queles In-

fîdeles tâchoient dépousser

dans un endroit ou il

sçavoitbien qu'ils

trouveroient le roc vif x &trop

difficile à entamer.

Mais commepar

la fappeils ruirioient insen-

siblement leparapet-,

derrière cetouvrage

il en fit

construire un second fortifié d'un bon fossé,ôegar^

Kan ij:

JEANBE1A

VALETTE.

Page 479: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

46$HI STOIRE DE L'GRDRE

ni d'artillerie : la nuit suivante, il fît une sortie à

la tête desplus

braves soldats de lagarnison. Pen-

"dant

que parune fausse

attaqueune

partie feignoit

de se vouloir jetter dans la tranchée, les autres se

glissèrentfous le

pont, ymirent le feu, & ne s'en

retirèrent qu'aprèsl'avoir vu embrasé de tous co-

tez. Les Turcs, travailleursinfatigables,

le réta-

blirent dès le lendemain , ôc fur le soir firent la

descente du fossé, ôc posèrentdes échelles aijî pied

de la muraille, comme s'ils eussent fait <ieísein de

monter à l'assaut. Les Chevaliers seprésenterent

aufiì-tot fur la brèche avec leurintrépidité ordi-

naire. Les Infidèlesqui

n'a voient fait ce mouve-

mentque pour les obliger

de se découvrir, se re-

tirèrent brusquement , en même tems queleur

artilleriechargée

à cartouche, fit un feu si terri-

ble s quela

Religion y perdit plusde Chevaliers

qu'ellen avoir fait jusqu'alors&dans

lesattaques

ses plus vives,

Ceuxqui restoient, voyant le ravelin

pris, qui

ídécouvroit tout le fort, laplupart

de lartillerie

démontée, les défenses ruinées, degrandes

brè-

ches, &peu

de soldatspour

les défendre j dépu*

terent au Grand Maîtrepour

luirepre/ènter

l'état

déplorablede la Place, & demander que pour pré^

venirqu'on ne les

emportât d'assaut, il leur enr

voyâtdes

barques pourles

repasserdans le

bourg.

Lesassiégez

choisirent pourune si fâcheuse corri-

rniísion le Chevalier Medran , estimé du Grand

Maître parfa valeur, & dont le

rapportne

pou-

vpit êtresuspect

de foiblesse,ni de lâcheté. U dé,,

ílara franchement à ce Prince quela

place n'étpiç

JíANDE LA

VALÍTTI.

Page 480: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 469

plustenable , ôc

que quandon

s'opiniâtreroità

y

rester encorequelques jours,

une défense aussi inu-

tile ne serviroitqu'à

fairepérir

le reste de lagar-

nison ; qu'ilne

pouvoitmême arriver rien de

plus

avantageux pour les Turcs, quede faire

passerde

nouveaux secours dans une placesi ruinée, qui

con-

sommerok insensiblement lestroupes nécessaires

pourla défense: des autres forteresses de llíle. Il

ajouta qu'ilétoit

chargé cependant, quelque parti

qu'il prît, de 1'assurer de robéissanceaveugle

des

Chevaliers &delagarnison.

Le Grand Maître fitpart

au Conseil du sujet qui

avoit fait venir aubourg

le Chevalier de Medran,

& de Tétat où se trouvoit le fort ôc lagarnison.

La

plupartdes Grands-Croix

qui composoientle Con-

seil , opinèrentà abandonner une si mauvaise

place,

qui dévoroit, pourainsi dire , ses défenseurs, Ôc

qui peuà

peu,fous prétexte de secours, laisseroit

lés autres forteresses lans ressource. Le Grand Maî-

tre , malgréde si justes motifs, fut d'un avis con-

traire j il convintqu'à

la vérité il ne croyoit pas

laplace tenable, Ôc il avoua même qu'il

nepou-

voits'empêcher

deplaindre

le fort des Chevaliers

quiétoient

exposezdans un

postesi dangereux,

à

périrtous les jours j mais il soutint

qu'il y avoit

des occasions où il faloit hazarder lés membres

particuliers poursauver tout le

corps -, qu'ilétoit

bien avertique

si le fort étoitpris

ou abandonné,

le Vice - Roi avoit déclaréqu'il

ne hazarderoit

point pourla défense du reste de llíle, la flote ôc

lestroupes

du Roi son maître 5 qu'ainsile salue

entier de Maltedépendoit absolument de la du-

Nnn iij

JEANDE LA

VALETTE.

Page 481: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

47© HISTOIRE DE L'ORDRE

rée dusiège,& que quoiqu'il

en coûtât à la Reli-

gion,il faloit se

prolongeraussi

lóng-tems qu'on

pourroit.Tout se Conseil revint à ion avis * & de

concert avec eux,il

chargeaMedran de

repré-

senter de fapart aux Chevaliers

qui s'étoienc

enfermez dans se fort , quela conservation

ou laperte

éntieré de Mé \ ôcpeut

- être de

i'Ordrè^ dépendòitdu

plusòu di* moins de tems,

qu'ilstiéndròsent dans cette

placé y qu'ils f| sou-

vinssent dés voeuxqu'ils

avoient faits a leul Pro-

fession , ôcqu'ils

étoientobligez pour

la défense

dé laReligion de sacrifier leurs vies ; qu'on

ne

îaiiferoitpas

de leur fairepaíser

du secours au-

tantque

làpetitesse

du fort enpouroit contenir,

&qu'il

étoit résolu, quandil en seroit besoin,

dé se jetter lui-même dans laplace,

& d'y mourir

avec eux.

Le Medran ayant rapportéCette

réponse, pht-

sieurs Chevaliers, &íur-cóut lesplus anciens,pro-

testèrent de s ensevelir fous les ruines du fort, plu-

tôtque

de i'abandonner -,mais leplus grand

nomw

bre , & des Ofleiers dé lagarnuòn,

trouverenc

cette réponse dure^ Ôc même eruelse : & ils seplai-

gnirént quele Conseil, & des

gens quine

parta-

geoient pasle

péril,les

expoioientfans aucune

apparenced'utilité à la boucherie, & à une mort

inévitable. Une mineque

les Turcs tâchoient de

pousserfous le

premier parapet, augmentaleurs

murmurés j ils écrivirent au Grand Maîtrepour

lui demander lapermission de se retirer dans le

bourg,ôc

parleur Lettre

signéede

cinquante-trois

Chevaliers, ils lui déclarèrentque

si la nuit fui-

J B ANDE LA

VAIETTÍ.

Page 482: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M A L T E. L I V. X IL 471

Tante il ne leurenvoyoit pas

desbarques pour

les

tirer d'un endroit où ils allolent touspérir, ils ne

prendroientalors conseil

quede leur

désespoir ;

qu'ilsferoient une sortie l'épée

à la main ,ôc quais

iereroienttous tuerplutôt que

d'être étouffez fous

*ses ruines ; oti si le fort étoit emporté dans ttn

^íïaut ± de se voir ensuiteégorgez

comme des béV

ìtes, ôcexposez

aux tourmensque

la cruautéingéi-

jiieuse des barbares íçaiarpit bien inventer.

Le Commandeur du Cornet ifut porteurde cette

Lettre, que\e Grand MaÉre ne vit

qu'avec beaifc-

coupde trouble &

dlndignation ; mais comme

il avoit un courage supérieuraux plus fâcheux

évenemens ^ il leur récrivit que pourmourir avec

Jionneur, comme ilspretêndoient;,

il ne siifrlíbk

jpasde

périrses armes à la main ; mais

quece de-

voit être encore fous le mérite del'obéiûancequ'ils

lui dévoient, & dans ses occasions qu'ilseur

prés-

criroit 4 ques'ils abamdonnoiem Ie fbrt^ &

qu'il

lesenvoyât reprendre

avec deschaloupes>

on rie

pouvoit plus espérerde secours du Vice^Roi -,que

|es Turcs nemanqueroient pas

aussi-tôt d'investir

£ed'assiéger

lebiourg,

&qu'iky írouveroientégá>-

lement la fin de seur vie, ôc la mortqu'ils

se fla-

îoient deviter parune honteuse désertion du

poste

ídpnt la Religionleur avoit confié la défense j qu'au

reste ils tòtvoìent rien à craindre des mines dans

un fort construitpar

tout fur le roc. Pour tâcher

de les rassurer, oupour

mieux dire dans la vue de

gagnerdu tems, il y envoya trois Commissaires

pourlui faire un

rapportiîdelede retarde la

places,

& combien dejours

ellepoùvoit

encore tenir.

J EA N»B LA

VAtETTl.

Le Com-*mandeur deMedine , Es-

pagnol , leChevalier dela Roche,

François , leChevalier

Caítriotjîta-licn.

Page 483: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

47^ HISTOIRE p E L'ORDRE

Ces Commissaires étant arrivez, parlèrent avee

beaucoupde

politesse&; de douceur à tous les

Chevaliersqtii

s'étôient assemblezpour

les rece-

voir : ils donnèrent mêmebeaucoup

delouanges

aucourage

ôc a la fermetéqu'ils

avoient faitpaf

roîtrejufqu/alors , ôc ils ses exhortèrent à ne

pas

ternir leurgloire

ôc -leurréputation par»

une re^.

traite précipitée.Ceux des Chevaliers qui

avoient

écrit au Grand Maître, ^vant^que

de leurj*épon=-

dre-j exigèrent quils visitassent ses difserensìpostes^

de laplace*

Ils tei* firetit voirqu'elle

étoit abso-

lument commandéepar

1exhaussement queles

Tures^depuis qu'ilsétoient maîtres du ravelin,.

y avoient ajouté; quece fort étant serré ôc étroit >?

il né secpauoit point

dejour qu'on

ne leur tuât

beaucoupde monde 7ôc que pour

en mieuxjuger,

il

faloit avoiréprouvé

toute la furie de leur canon &

de leurmouíqueterie} qu après tout 3 plus on y en»

verroit de monde, plus grandeen seroit la

perte ,,

n'ayant plusmême de terre dont ils

pussentse

Couvrir.

Deux des Commiiïaires, gens sages& habiles ^

& qui parleur complaisance, voûtaient amener lés

Chevaliers mécontensàleutsentiment, avouèrent

qu'ilsne

comprenoient pasde

quellemanière on

avoitpu

tenir silong-tems

dans; un petitfort

Jsi

ruiné, qu'ilnè

paroissoit plus quele cadavre dé^-

figuréd'une

placede

guerre- mais ils ajoutèrent

qu'ilsne

desesperoient pas quede si braves Che-

valiers ne trouvassent encore dans leur valeur des

ressourcespour s'y maintenir encore

quelques jours,

ôcpour

donner au Vice-Roi le tems de lès venir

dégager*

JE ANDE,ÌAf

VALETTB.

Page 484: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. Liv. XII. 473

dégager,ôc de faire lever le

siège.Le troisième de

ces Commissairess'appelloit

Constantin Castriot,

Prince Grec , ôc descendu à cequ'on prétendoit

'

de la même Maisonque

le fameuxScanderberg,

le Héros1de l'Albanie, ôc de toute la Chrétienté.

Castriot tout brûlant de zèle , ôc d'un caractère

impétueux , fans avoir recours auxménagemens

de ses confrères, soutint hautementque

laplace

n'étoitpoint

réduite à une sigrande extrémité ,

qu'ilné fût

possiblede

s'y maintenir encorequel-

quetems -, qu'il y avoit disserens moyens de met-

tre le fort à couvert de l'artillerie du ravelin -r qu'en

de-çà des brèches, onpouvoit

faire descoupures

bordées depalissades

& de -bons retranchemens >

d ailleursque personne nïgnoroit qu'une place

bâtie sur le roc nepouvoit

être minée.

Les Chevaliersaufquels ce discours s'adressoit,

leprirent pour

une injure, comme s'il leur eût

voulureprocher,

ouqu'ils

ne sçavoient pasleur

métier, ouqu'ils

n'avoientpas

assez decourage

pourrecourir aux remèdes périlleux

de l'art mili-

taire. Ce fut assezpour

exciter de fâcheuses con-

testations : chacun íoutenoit son sentiment avec

ardeur j ladispute

s'échaussa •quelques

Chevaliers

desplus

vifs s'écrièrentqu'il

faloit retenir un si

habile homme dans laplace,

ôcl'obligerde

met-

tre lui-même enpratique

ses leçons :quelques-

uns coururent à laporte

du fortpour

s'en rendre

les maîtres, &pour

la fermer. Un tumulteperni-

cieux , Ôc dont les Turcspouvoient

seprévaloir T

commençaà s'élever •

pour l'appaiser , le Bailli

deNégrepont

ôc Lámirande firent sonnerîalarme v.

Tome IIL O o o

J E,ArNDE LA

VALETTE.

Page 485: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

474 ^ls TQl R E DE I'ORDRE

ce quifit courir tous les Chevaliers chacun à leur

poste.

Les Commissures de retour au bourg, rendirent

compteau Grand Maître du mauvais état où ils

avoient trouvé laplace , Ôc lui déclarèrent franí

chementqu'ils

ne croyoient pas qu@la

garnison

pûtíbutenir un assaut. Castriot au contraires íbit

parattachement pour

fbnpremier avis, ôc

peut-

être aussipar

ressentiment de cequi setoitjj passe

entré lui & les Chevaliers, prétendit quela

place

n'étoitpas

hors de défense, & il ossrit au Grand

Maître , s'il vouloir luipermettre

de leverquel-

ques troupesdans Flfsejde s'enfermer dans lé fort,

& dés'y

maintenir j ufqua larri v ée du se cour s con-

tre tous les eííbrts des Infidèles.

Il y avoitpeut-être

dans cespromesses plus

de

courage& de résolution, que

de connoissance du

véritable état de laplace,

ôc le Grand Maître lui-

même sçavoitbien à

quois en tenir \ mais com-

me il avoit un intérêt essentiel àprolonger

lesiège

àquelque prix que

ce fût, ilaccepta

les offres de

Castriot, dont ilprétendoit

faireplus

d'unusage:

il lui donna même enpublic

degrandes louanges,

ÔcTEvêque

de Malte de concert avec lui, ôc com-

meporté

d'un zèle si convenable à fadignité,

avança de sonargent

les sommes nécessaires pqur

-faire les nouvelles levées, quidévoient relever les

Chevaliers. On battit aussi-tôt le tambour dans se

bourg,Ôc dans toutes les

places.Un

grandnom-

îbre d'habitans de lacampagne

ôc même des prin-

cipauxdes Villes, prirent parti ; chacun a l'envie

vouloir se faire enrôler \ les Chevaliersqui

étoient

JEANDELA

VALETTE.

Page 486: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MAITE. LXV. XÎL475

dans le fort , n'enapprirent

la nouvellequ'avec

unesurprise

mêlée dechagrin : ôc ce

qui îaúg- ^

menta encore, C'estque

le GrandMaître leur écri-"

vitdepuis

d'un stile dur Ôc sec, ôcplein

de hauteur,

qu'illeur donnoit volontiers leur

congé-

que pour

un Chevalierqui paroissóit

rebuté de soutenirplus

long-temsle

siège,il se

présentoitdix braves sol-

dats , pleinsde

courageÔc d'ardeur, ôc

quideman-

doient avecempressement

lapermission

dé se jet-1ter dans le fort. Il ajoûtoit qu'il

feroitpartir

inces-

samment fur desbarques

cette nouvellegarnison -,

qu'ils pouvoientremettre leur

posteaux Ossieiers»,

quila conduiroient, Ôc

que poureux ils se servis-

sent de la même voyé pourse rendre au

bourg.

Revene% AU Couvent 3 mes frères, leur disoit-il, vous

y fire^ plusen fureté, (& de notre côté nous ferons

plus tranquilles furla conservation dîme

place impor-

tante•, (gf- d'ou dépendle faim entier de

Vlfle & de

tout notre Ordre.

Les Chevaliers mécbntens $. sentirent vivement

rindifference, & même lemépris que

cepeu

de

mots renfermoit. En remettant laplace

à des re-

crues & à de nouveaux soldats, ils sepresentoient

avéc douleur la confusion dent ils alloient se cou-

vrir à la face de tout l'Ordre, Comment, se disoient-

ils les uns aux autres, foutiendrons-nous la vue du

Grand Maître 3 g)les

reprochesde nos

confrères?

fç)

s'ilfaut que

cette nouvellegarnison soit affe^ heureuse

pour fe maintenir dans laplace jufqua

Varrivée du

secours y quelendroit de la

terrepourons-nous trouver,

afeK éloignédu commerce des hommes , pour y aller

cacher notre honte & notre douleur ? Pleins de ces

O o o ij

JlAHDE LA

VALETTE.

Page 487: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

47^ HISTOIRE DE L'ORDRE

tristes réflexions, ils résolurent de se faire tous tuer

plutôt quede céder leur

posteà cette milice, ou

d'abandonner laplace

aux Turcs j Ôc ilsprièrent le

Bailli deNégrepont & le Commandeur Broglio ,

de faire connoître au Grand Maître leurrepentir,

& ladisposition

où ils étoient derépandre jusqu'à

la dernieregoûte

de leursang pour

la défense de

laplace.

Comme il étoit encore jour, &qu'on

vou-

loitprévenir

larrivée desbarques,

le Gouverneur

luidépêcha aussi-tôt un habile

nageur. Illuimar'

quoit parfa lettre l'heureux

changement quis'é-

toit fait dans les esprits,ôc il lui demandoit de la

partdes mécontens, le

pardonde kur fautés ôc

lapermission dé l'éssacer par

une fermeté ôc un

cçurage à lepreuvedes

plus grands périls.

Ç'étoit à cerepentir que

le Grand Maître at-

téndoit les mécontens : ôcquoiqu'il

l'eûtprévu Ôc

même préparé parlemulation ôc là jalousie qu'il

avoit excitée dans lesesprits,

il ne laissapas

d'a-

bord derejetterla

prièredu Gouverneur, ôc il lui

marquoit parfa Lettre

qu'il préféreròit toujours

une nouvelle milice bien disciplinée,à de vieux

guerriers, qui prétendoientse rendre arbitrés dé

leur devoir. Les Chevaliers consternez de fa fer-

meté , lui demandèrent grâcedans les termes les

plussoumis. Comme il eût été

dangereuxde les

réduire audésespoir,

il se laissa fléchir, ôc il vou-

lut bien êtreappaifé : les nouvelles levées furent

congédiées,Ôc on renvoya chaque

habitant au

poste quilui avoit été

assignéavant le

projetôc

J entreprisedu

SeigneurCastriot.

Pendant ces mouyemens, le Commandeur $al-

JE A NDÉ LA

VALETTE*

Page 488: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE M ALT E. L IV. XII. 477

vagoétoit

repasséen Sicile -yôc

ayant débarquéà

Sarragosse,au défaut du secours dont se Viçe^Roi \

íbus disserensprétextes différeroit le

départ,il or-

~~

donna de lapart

du Grand Maître au Comman-

deur de Cornusson neveu;decei?rince, ôc au Com-

mandeur de Saint Aubin , tousjdeux Capitaines

des,galères de la

Religion , qui etòient'} dans lé

portde cette Ville, de s

embarquer inceííammenç,

Ôc de conduire à Malte tous les Chevaliers;ôc ses,

avanturiers qui s'écoient rendus dans çe port avec

unecompagnie d'infanterie 3 qui

avoit été; levée

des deniers de laReligion,

ôc commandée parle

Chevalier; Augustin Rieca. Ces deux galères char-

gées de cepetit secours, ôc aprés

avoir fait disses

rentes manoeuvres, gagnèrentllíle du Goze, Leur

dessein étoit dedébarquer

dans l'anse ou la cale de

Malte, quileur paroîtroit

laplus sure. Mais ils

furentprévenus par Drágut, qui ayant été averti

de leurdépart par

desespions qu'il entregenoit en

Sicile, avoit mis différentes escadres lelong

des

côtes pour empêcher les vaisseaux Chrétiens d'en

approcher.

Les Chevaliers, Capitainesde deux

galères,ne

croyant pas devoir hazarder contre celles de Drá-

gut,ôc contre des forces si

supérieures,le secours

qu'ils portoientà Make, prirent

leparti

de retour-

ner àSarragosse. Le Grand Maître qui pour

ré-

parerles

pertescontinuelles

qu'ilfaifoit à la dé-

fense du fort, comptoirfur ce secours particulier,

fut sensiblement touché de leurdépart.

Il en fit

parses Lettres de severés

réprimandesà son ne-

veu. Il luimarquoit avçc urie

espècede

mépris,

Ooo iij

J E A NDE LA

VALETTE.

Page 489: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

478 HISTOIRE DE L'ÚRDRE

qu'ilétoit ràré

qu'avectant de

circonspection, un

Capitaine pût acquérir beaucoupde

gloire ^ Ôc il

ajoûtoit qu'unChevalier de Malte fur-tout devoit

plusoser

quetout autre

guerrier.

Par le même Courierilécrivit au Commandeur

deSalvago, qui póur

hâter legrand

secours & lé

départde la fiote, résidoit

auprèsdu Vice-Roi,

dereprésenter

de fa partà ce

Seigneur rextrêmité

oû lé fort dé Saint Êlme se trouvoit réduit , & de

se conjurer j s'il n'avoìtpas

encore rassemblé tou-

tes ses forcés, de luienvoyer

au moins ses deux

galèresde la

Religion, d'yen vouloir bien joindre

deux autres déleseadre de Sicile, ôç d'embarquer

fur Cesquatre galères

cequ'il y

avoit à fa Cour ôc

dans lesports

de Plie dé Chevaliers ôc d'avantu-

riérs, ôcd'y ajouter un

régimentd'infanterie

pour

remplacerles soldats de la

Religion morts, ou hors

de combatpar

leurs bleíïures.

Le Vice-Roi toujours magnifiqueen

promesses^

Ôcqui, pour

intimider les Turcs, nepar

loirque

de lagrandeur

despréparatifs qu'il

faifoitpour

le

secours de Malte, se leroit enquelque

maniéré

démenti, s'il en eût refusé un sipetit

: ainsipour

soutenirtoujours

auxyeux

dupublic

les bruits

avantageux qu'il répandoitde les forces, il désit

gnales deux

galères, quide concert avec les deux

delaReligion,dévoient

précéderle

grand secours:

& il ordonna en même tems à Mc-lchior Robles,

Mestre decamp

du Terze de Sicile , de s'embar-

querfur ces

galèresavec son

régiment.Mais fous

differensprétextes , ôc

parla lenteur affectée des

Officiers de terre ôc de mer3 cetembarquement

se

Jï AKDE LA

VALETTE.

Page 490: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. L iv. XII. 479

differoit de jouren jour : ôc le Vice-Roi qui

eût

bien voulu népoint partager

ses forces y ne laií-

íoitpas

de se faire un mérite de ce secoursparti-

culier , dontcependant par

des ordres secrets, il

empéchoit^exécution, ;

Quoiquetout semblât

s'opposerau secours du

Fort, le Grand Maître ne relâehoit rien de sesífoins

ôc de sb n activité ordinaire :par

ses ordres &44a

faveur de la nuit on faifoit paíser=cont inuelse ment

auxassiégez

des recrues ^ des vivres, des muítiitions

deguerre & des feux d^ártisice. ìl ena.voit même

inventépour un assaut d'une nouvelle

efpece.

Cetoient des cercles d'un bois très-leger, qu'on

trémpoitdabord dans l'eau de vie, ou

qu'ònfro-

toit àvec de l'huile bouillante. Ón les couvroit en-

siiite de laine ou de coton, qu'onimbiboit dans

d'autresliqueurs combustibles, & mêlées avec du

salpêtreôc de la

poudreà canon: aprés que

cette

préparationétoit refroidie, on récómmençoitjuf.

qu'àtrois fois la même opération,

ôc dans un assaut,

quandces cercles étoient enfiamez, on ses

pre-

noit avec despincettes,Sc

on les jettoit au milieu des

fplus épaisbataillons. Souvent deux ou trois soldats

ennemis se trouvoient embarassez dans ces cercles

brûlansi & ils étoient exposezeux-mêmes à brûler

tout vifs, à moinsqu'ils

ne seprécipitassent promp-

tement dans îeau , ôcqu'ils

ny

restassentjusqu'à'

l'extinction du feu. Les Chevaliersqui

défendoient

le Fort avoient bien besoin contre leurs redouta-

bles ennemis de ces differens secours.

Depuisle

dix-septde Juin jusqu'au quatorze

de

Juillet on en vint tous lesjours

aux mains j corn-

JE A NDE LA

.VALETTE.

Page 491: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4'8 o HISTOIRE DE L1 O R D R E

me ce Fort n'étoitgueres

bienflanqué,

iln'y eut

pointde

jour que ces 'Infidèles ne tentassent de

remporter par escalade -r maisayant

été autant de

foisrepoussez avec une

grande pertede leurs

plusbraves

soldats, le Bâcha honteux d'être arrêté si

Ipng-tems, devant une si mauvaise Place, résolut

d'y revenir le seize avec toutes sestroupes,

ôc d'y

donner un afíautgénéral.

Pour faciliter cette at-

taque,: lequinze

futemployé

-abattre enbrfjéche,

$c ion ^artillerie n'ayant: j point çeíse de tirer^ raía

la muraillejufqu;au foc fur

lequel else avoit été

construite.. <

Le seize de Juin > jour destinépour Taíïaut,

les galères des Turcs,; des lapointe du jour, s'é-

tendirent vis-à-vis de ce Château & du coté de

la mer, le battirent avec toute l'artillerie des vais-

seaux , pendant quecelle de terre

composéede

trente-six groscanons

fbudroyoit ôc réduiíbit en

poudre cequi restoit fur

piedde fortifications.

Les Turcs au son des tambours, de leurs naeaires

& d autres instrumens barbares, entrèrent dans le

fosséqu'ils avoient

presquecomblé : ôc le

signal

delaííautayant

été donnépar

uncoup

de canon,.

ils y coururent avec uncourage

déterminé. Ils

étoient favorisezpar quatre

mille Archers ou Ar-

quebusiers , quide la tranchée tiroient continuel-

ment contre ceuxqui paroissoient

fur la brèche.

Elle étoit bordéepar plusieurs rangs

de soldats

Chrétiens ;& pourles soutenir ôc les

encourager

on avoitplacé dans ces

rangsôc entre trois sol-

dats un Chevalier. C'étoitTunique

force ôc toute

la ressource du Château > cesgénéreux guerriers,

armez.

JEANPEU

VALÌTTÏ,

Page 492: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XIL481

armez depiques

ôcd'espontons composoient com-

me une nouvelle murailleimpénétrable à tous les ,

efforts dés ennemis: on en vint bien-tôt aux mains."

Depuisle commencement du

siègeil ne s'étoit

pointfait encore

d'attaquesi vive yfouvent le Chréi

tien ôc se Turc , après avoir essuyéle feu l'un de

l'autre, brise leursépées,

&rompu

leurspiques,

seprenoient corps

àcorps,

ôc alors lepoignard

déc idtrit du fort duplus

vigoureux ou du

plus adroit.

Le feu de l'artillerie Ôc celui de lamoufqueterié

continuoient des deux cotez -yôc depart

Ôc d'autre

onlançoit

des feux d'artifice. Ce fut en cette oc-

casionque

les Chevaliers se servirent utilement

dé ces cercles enflamez dont nous venons dépar-

ler j ils ses jettoient au milieu des ennemis j & kk

plupartde ceux

qui s'y trouvoientpris,

brûloient

tout vifs.-Les cris de ces malheureux, ceux des

combatans, lesplaintes

des blessez•& dés mourans;.,

se tonnerre & le bruit du canon ôc de lamousquet

terie,tout celarépandoit

depart

ôc d'autre une

espècede terreur, sans

cependant queles Turcs

reculassent ; ôc aussi fansque

les Chevaliers eussent :

encore abandonné unpouce

de terrein:

Du Château Saint-Ange^

ôc même dûbourg, qui;

netoientéloignez

du fort Saint Elmeque

de la lar-

geurdu

port,on découvroit distinctement tout ce

quise

passoitdans une action si terribleôc si meun

triere. Les Chevaliers & lepeuplé spectateurs

de ce

furieux combat, inquietsôc

agitez pourle succès^,

sepassìonnoient

comme s'ils eussent eux-mêmes

soutenu l'aííàut : Ôc onvoyoit

tour à tour dans leurs

cris ôc dans les différées mouvemens de leurs visa-;

TomeJJL, Bps

J E A îîCE LA

V-ALETTBv-

Page 493: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

4$1M I S T O I R E D E L'ORD R E

gesune

imagenaturelle des

avantagesou des

pertes

de l'un &rautreparti.

Le Grand Maître stir-tout,au-

quel lagrandeur

de soncourage ôc. son

kabiseté|ne

permettôient pasd'être

ípe^ateurinutiieaiesbatte-

ries du fort S.Ange,du bourg ôc de l'Jfsede la

Sangle

faiíoit tirer continuellement contre ses aCíìegeanSi

pendant quetoute l'iíle étoit

powrainsi dire en

(m 3 trente Raïs Turcs ou Officiers degalères,

Voyant quetoutes les forces des

assiégez s'étfúent

portées dans lendroit où se donnoit raííaut !, en-

treprirentde se rendre maîtres d'un bousetard,

quietoit moins défendu, ils

posèrentdes échelles

<aupied,

3cgagnèrent fans obstacle la

pointe de

ee bastion. Mais le Grand Maître s'en étant ap-

|>ercû,fît aufsi-tot braquerdeux carions de ce còté-

ïà, ôc de lapremière décharge,

en tuavingt.

Les

^dix autres épouventez, se jetterent bien vite dans

leur tranchée, ;'

Les Turcs n'éurent pas un succès plus favorable

augrand cavalier qui

couvroit la tête du fort -, ils

lavoient battu long-tems avec toute leur artille-

rie fans avoir pû ébranler cette masse énorme de

terre, qui se íbutenoit par son propre poids. Ils

présentèrent ensuite î'esealade, Ôc y mpntoient l'é-

pée à la main avecbeaucoup de courage -, mais

le Chevalier Jean-Antoine Giugno , Italien, qui

commandoit dans ceposte s, secondé par plusieurs

autres Chevaliers, ôc fur-toutpar

un Frère servant

de la ville de Marseille , appelleChanault , jet-

toient avec tant d'adresse ces cercles de feu dont

^ous avonsparlé , que

les Turcsépouvantez

de

#es machines, abandonnèrentTatraque.;

Le Ja^

3fEAMDE LA

¥AXETTE.——

Page 494: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 485

nissaire leplus intrépide,

~&qui

le sabre à la main

attaquoithardiment le

plusbrave Chevalier, à •>

laspectde ees cercles brûlans , abandonnoit ion

"

poste, ôc s'enfuyoitavec

précipitation , fansque

lesprières,

les menaces, & même lescoups qu'il

recevoir de ses Officierspussent

larrêter. Enfin les

Chevaliers, aprèsavoir soutenu un assaut pendant

six heures entières, quoiquecouverts dé blessures,

brûlezparTardéur

du soleil, &épuisez par une si

longuerésistance , eurent la consolation de voir

les Turcs abandonner lespremiers fattaque. Le

Bâchaaprès y

avoirperdu plus

de deux mille hom^

mes, fut contraint à la fin de faire sonner la re-

traite. Les Chrétiens du fort enpoufserent mille-

cris dejoye, ausquels

lepeupse

dubourg

servit

d'écho, &répondit par

de vives acclamations. "tfj$.

siheureuxsuccès, dont, dans une si mauvaiseplace

©n n eût osé se flater, fut dûuniquement

augéné-

reuxdésespoir

de laplupart

des Chevaliers, qui

setoient enquelque manière dévouez à la mort j

ôc ilsvainquirent, parceque pendant

le combat

ils cherchoient moins a vaincrequ'à venger leur

mortpar

celle dequelque

ennemi.

LaReligion

dans cet assautperdit dix-sept^Che-

valiers, quifurent tous tuez fur la brèche. On

regreta particulièrementle Chevalier de Medran „

qui aprèsavoir arraché à un Officier Turc son en-

seigne,fut tué d'un

coupde

mousquet.Le Grandi

Maîtrepour

honorer fa mémoire, ordonnaqu'il

fût enterréparmi

les Grands-Croix r dignité qui'

étoit bien due a fa rare valeur, ôcqu'il

auroit ob-

tenue avec justice , s'il n eûtpas péri

dans çett&

J ï A NDE LA

VALETTE.

Page 495: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

484 HISTOIRE DE L'ORDRE

occasion. Onperdit

encore le Chevalier de Va-

gnon , celui dé la Motte,, quimourut de ses bief-

siires deux jours après l'assaut., & le Commandeur

Âe Morgut^ qui pourse faire

panser, passantdu

Eort auBourg,

eut la têteemportée d'un coup

de

canon- On comptoit outre tous ces Chevaliers,

plusde trois cens soldats tuézy ou misliors de com-

bat. Le Círànd Maître—pour les remplacer, y en

envoya centcinquante, la

petitessedu Tort ne

comportant pas qu'il y en fitpasser

unplus grand

nombre ; ôc il ne choisit même pour défendre uri

postesi

daíngereux ôc si meurtrier, queles Offi-

ciers ôc les soldatsqui s'y offrirent volontairement.

Le Bâchajugeant que

ces recrues quifiloient

continuelseméflt duBourg au Fort ppucroient

faire

durer lesiège autant de tems

qu'il y auroit des

•Chevaliers dans les autres endroits de llíle, réso-

lut de tout tenter pour interrompre ôcpour

cou-

per cette communication. Dans cette vue il tint

dans la tranchée uneefpeCe

de Conseil deguerre

avec Dragut,un

Sangiac, $c sonprincipal

In-

génieur. :•-. j

Dragut, soitpar

sonintrépidité naturelle, íbit

que com me les vieux soldats, ,à force de se trou-

ver dans lesplus grands périls,,il s'en fût fait une

habitude, s'étant avancé au dehors de la tranchée

£c à découvertpóur reconnoître la

disposition du

terrein, fut atteint à la tête & à côté de loreille

droite de replat d'unepierre, qu'un

boulet de

panon, partidu Château -Saint*

Ange,avoit brisée j

M hSangiac

du mêmecoup

fut tué sur se champ..

Pragutn'étoit

gueresen rneilseur état ; il enper.*

JfiANDE LA

'YAtETJE'.

Page 496: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALTE. LIV. XII. 485

dit connoissance, tomba évanoui, ôc jettantdes

ruisseaux desang par

la bouche, parle nez ôc

par

les oreilles, le Bâcha pourne

point épouvanterle

soldat, fitjetter sur lui une couverture-, ôc

après

Tavoir faitporter

dans fa tente, d'un airtranquile

ôcintrépide,

il s'avança en faplace,

& au même

endroit fit ses observations y Ôc Convint avec ì'im

genieur que pour empêcherle secours

qu'onen-

voyoit dans le Fort, il falloit dresser une batterie

fur le mont Caleara, ôc étendre en même tems les

lignes quiétoient au pied du Château; & les pousser

si 011pouvoit jusqu'au rivage

de la mer.

*' Ceposte,

comme nous l'avons dit, avoit été

réservépour

le Vice-Roi d'Alger,&

pourses trou-

pes-,mais comme il n'étoit point encore arrivé,

Mustaphale fit

occuper parun bataillon de Janis-

sairesqui

s'étendirent fur tout du côté de la mer

depuisla

pointedes fourches, & le

longde la Re-

belle , jusqu'àla

pointedu Salvador. On dressa sur

la colline du Calearaqui

étoit comprisedans cette

étendue une nouvelle batterie, & les Janissaires y

joignantle feu continuel de leurs

longuescarabi-

nes, tu oient tout cequi

sepresentoit

aupassage.

Mais ils ne restèrent pas long-temsdans ce

poste,

ôc avantqu'ils y

eussentpu

faire deslogemens

ôc

s'y retrancher, le Grand Maître, quien

prévoyoit

les fuites, fit sortir duBourg

le Maréchal Copier

à la tête d'un bon nombre de Chevaliers ôc de sol-

dats lesplus

braves : ôc le Maréchal chargeasi ru-

dement ces Infidèlesqu'après

en avoir tué unepar-

tie, ilcontraignit

les autres à s'enfuir & à cher cher

leur íàlut derrière les retrancherneris de leurcamp.

Pppiij

JE AKDE LA

VALETTI.

Page 497: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

486HlSTÒI R E DE L O R D R E

Le Bâcha fans se rebuter, ôcqui

n'avoit alors-;

pour objet que d'empêcherceux du Fort de rece-

voir du secours duBourg, par

le conseil de son^

Ingénieur,fit faire une

eípecedechemin couvert

derrière la tranchée,, quiétoit au-dessous de la

contrescarpe , &

qu'on poussa ensuitejusqu'au;

rivageôc au bord de la mer, qui regarde

la Re-

nelle. Ongarnit

cette ligne d'un grandnombre

d'Arquebusiers,en forte

que parcet

ouvragéau-

quelles Turcs travaillèrent jour & nuit-, le Fort se;

trouva à la fin investi & enfermé dé tous cotez,,

fansqu'il

enpût approcher

aucunebarque, qui

ne

fût avim-tôt arrêtée ou coulée à fond. *

Lé Grand Maître jugea bienqu'à

moins d'un

puissant secours, ôc capablede faire lever lé

siège,,

le Fort nepourroit plus

tenirlong-tems, Il en écri-

vit aumv tôt au Commandeur Salvágoion résident

auprèsdu Vice-Roi de Sicile , avec ordre dére-*

nouvelser ses instancesauprès

de ceSeigneur pour

se départdu secours. Quoique

ce Chevalier lui

représentât1 extrémité où le Fort étoit réduits qu'il

le fit souvenir despromesses

tant de fois réitérées,

qu'il avoit faites au Grand Maître , &que pour

lé toucher, il réclamât même làparole expresse

ôc sirespectable

du RoiCatholique,

Garsie inquiet

ôc incertain,eût bien voulu encore différer. Mais

fë voyant pressé parle

Seigneur Gatinare, Prieur

de Messine, &par plus de quatre-vingt

Cheva-

liers;qui

étoient abordez de différentes contrées à

Méssinév &. quidemandoient avec dé

grands cris,

quesi là flote entière n'étoit

pasencore en état de

snettre à la. voile, if leur fournit feulement quéfe

JEANDE LA

VALETTE

Page 498: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. LI v. XII. 487

quesvaisseaux

pourles

passer àMalte y ceSeigneur

pourse débarasser de ces

Chevaliers, quile tenoient v

commeassiégé dan son Palais, & vaincu par

la

honteplutôt que par

leursprières, consentit à la

finqu'ils pussent s'embarquer

fur les deuxgalères

quele Chevalier de Gornusson neveu du Grand

^Maître avoit ramenezdeSaragosse.

Ily en

joignit

sseiix autres^fur lesquellesil.'fit

embarquerun ré>

giment d'InfanterieEspagnole \ il donna lé eom*

mandement de cettepetite escadre à Jean de Car-

done sa créature: ôcpar

des ordres secrets, il lui

commanda, s'ilapprenoit que

le Fort de S. Elme

fûtpris,

de revenir fur lechamp

fans mettre à terre

ôe fansdébarquer

lestroupes qu'il

lui confioit,

Cardone se mit aussitôt en mer, ôcs'avança

dans

se canal de Malte. Mais fousprétexte

des vents

contraires, ou de vouloir éviter les escadres des

Turcsrépandues

lelong

des côtes £ au lieu de dé-

barqueren

quelque caTé, il consommoit le tems

pardifferens mouvemens, la

plupart inutiles, ôc il

sembloitqu'il

fûtplutôt parti

de la Sicilepour

mon-

trer de loin le secours^ que pourle

débarquer.

A ne considérerque

la conduite du Vice-Roi,

on auroit crûqu'il manquoit

ou decourage

ou

de fidélitépour

sespromesses -, ôc fa lenteur affec-

tée à secourir Malte , l'avoit même rendususpect

ôc odieux à laplupart des Chevaliers. Mais on ne

faifoirpas

réflexionqu'avant

toutes choses, ce Sei-

gneurdevoir

répondrefur fa tête de la conserva-

tion ôc de la défense de la Sicile, qu'ilétoit à crain-

dre, si les Turcs se rendoient maîtres de Malte>

qu'ilsne revinssent ensuite

l'attaquerdans son gou»

JEANDE. LA.-

VALETTE..

Page 499: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

488 HI S T O I R E D E t'O R D RE

veinement, ôcqu'il

avoit des ordres du Roi d'Es-

pagne,en voulant secourir le Grand Maître, dé

'ne

pashazarder témérairement ía flote ôc son ar-

mée, enquoi

consistoit la défense desRoyaumes,

deNaples

& de Sicile, ôc même des côtes d'Es-

pagne.

Les; Turcsprofitèrent

de cet excès deprécau-

tion ;le vingtôc un ils revinrent en foule à lassant r

toute leur armée étoit dans les tranchées, ou au

pieddes murailles.: Le Bâcha, dans

Teíperance

d'emporterla

place,ne

ménagea pointses soldats j-,.

ils trouvèrent dans toutes lesattaques

le mime

courages;la même résistance. Ces Infidèles

quit-

terent &reprirent jusqu'à

trois fois ce terrible a&

faut -y ungrand

nombre de Chevalierspérirent

dans ces combats continuels -, ôc si là nuit,qm

fur*

vint ne les eut fait cesser, ilsn'étoientplusenétat:

de soutenir les efforts de cette foule d ennemis ,

dont ils étoientpressez.

Cette nuitqui

leurprc**

cura unpeu

de relâche ,Jeur fit voir en même

tems lagrandeur

de leurperte

: ils lapassèrent

parmiles

gémissemensde ceux

quise meuroient^

Ôc àpanser

lesplayes

les uns des autres. Le Bailli?

deNégrepont, Lamirande,,,le Chevalier de Mas^

& lesprincipaux Chefs, par

les secours charitables

qu'ilsdonnoient aux

pauvres soldats, s'aquitterent

dignement,& en véritables

Hospitaliersdes devoirs

de leurprofession :.ôc dans cette extrémité, pour

nemanquer

encore à rien de cequi pouvoit con*-

tribuer à leur salut, ou du moins différer leurperte,

ils se servirent d'un excellent nageur quitraversa

leport,

&qui représenta

au Grand Maître jeta*

déplorable,;

1E A N -

D-BLA

VALETTÏ.

Page 500: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE MALT E. Liv. XII. 489

déplorablede la Place, qui

étoitperdue,

lui dit-il,

avec cequ'il y restoit de Chrétiens , si on ne 1

trouvoit moyen d'yfaire entrer un

puissantsecours.

~

Le Grand Maître fut moinssurpris

d'une si triste

nouvellequ'il avoit bien prévue, qu'il

fut touché

decompassion pour

laperte que

TOrdre alloir

faire de si braves guerriers.Il chercha encore tous

les moyens de leur fairepasser quelques

secours $

on ne laissapas par

son ordre d'armerprompte-

ment cinq grandes barques,où un grand nom-

bre de Chevaliers, tous brûlans de zèle ôc de cou-

rage,se

jetterent en foule. Maisquelques

efforts

qu'ils fissent, ils nepurent pénétrer jusqu'au

Fort.

Mustapha avoit bordé lerivage

de son artillerie,

& d uncorps

demousquetaires ; Ôc l'Amiral Turc

de concert avec lui, avoit fait avancer àl'embou-

chure duport

Muzetquatre-vingt galères

: &pour

plus grande sûreté, il avoit encore jette audevanç

de sa ilotequinze barques,

delegeres frégates,

& désbrigantins chargez

d'excellensarquebusiers,

qui par un feu continuel, forcèrent les Chevaliers

à se retirer. r

Ceuxqui défendoient le Fort

ayant perdutoute

espérancede secours, ne

songèrent plus qu'àfinir

leur vie en bons Chrétiens, & en, véritables Re-

ligieux.Pendant la nuit tous

s'y préparèrent par

la participationaux Sacremens de

rEglise,&

après

s'être tendrement embrassez, &n'ayant plus qu'à

rendre leurs âmes à Dieu , chacun se retira à son

poste pour mourir au lit d'honneur, Ôç les armes

à la main. Ceuxque

leurs blessuresempêchoient

de marcher, se firentporter

dans des chaises jus-

quesfur le bord de la brèche j & armez d'une

Tome 111.Q4°4

Jl AXDE LA

VALETTlr

Page 501: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

^90 H-I-S-* 0'13l-k DE I^OiDil

épèé qu'ilstéhoiént à deux mains, ils attendirent

ivec une-fermetéhéroïque, quedes

ennemisqu'ils

nepòuvòièntaller chercher, ses vinssent

attaquer.

Le lendemainvingt-trois

de Juin, lesTurcs,

ides lapointe

du jour, montèrent àfaííaut avec

dégrands Cris, & comme allant a une victoire

squ'ònne

pouvoit plusleur

disputer.Mais le soldat

Chrétien se défendit àvéc uncourage invincible ;

tlsembloit mêméque

la certitudequ

ri avoi t d'une

mortproèhàme&;commune avec les Chevaliers,

lés eût reridus:égaiix

éncourage

& en valeur ^ les

unsjéttoìént des

piètresôc des feux d'artifices ;

d'aiitrés savàìnçoiéritsiéreméntau-devant des en-

nemis ;#c aVécía même audaceque

s'ils en eussent

été Vi&oriéux i^Sc ceuxqui

nepouvoient marcher,

se battoient àcoups

dé moufquét/& aprèsavoir

par

ïin°feu còritinuel consemmé : toute leurpoudre,

ils én ehérchoíént éncôrejusques

dans les fourni-

méns cse ceux deléurs» éamarades, qui avoient été

lirez à leurs cotez. En-finaprès

un assaut soutenu,

fendant quatreheures 1 entières > ils se virent ré-

duits pourdéfendre la brèche, à soixante

person-

nes, -\feis e'étòiéntrplus queueshooimes, qui par

un généreux méprisde la'mort, faifoient encore

trembler leurs ennemis. Le Commandeur de La-

miraridé> de là"Langue dé Castille, grand Capi-

taine,^ quis'étòit

signalé pendanttout le

siège,

fevoyant prêt

d'êtreforcépar

les Turcs, rappella

quelques;soldats Chrétiens

quis'étoient mainte-

âusjjúrqû'alors fur le cavalier^ qu'on

avoit cons,

ttult áudévantduForti Le Bâcha voyantla brèche

fortifiée de ce petit secours, fit cesser tout d'un

£9tip IWattt, comme s'il eût été encore une fois

J%A*.DE LÀ

iVALETTE.

Page 502: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

E> E M A L T E, Ll V, XIL 49J

rebuté parune résistance si

opiniâtre, Ôc ilfeignit

de se retirer. Mais ce ne futque pour faire oc-

cuper par des Janissaires, non seulement le cava-

lierqu'on

venoit dabandonner , mais encore tons

lespostes supérieurs

à la brèche, ôc qui voyoient

le dedans du Fort à découvert. Lesassiégez em-

ployèrent çe moment de relâche à bander leurs

playes,moins

pour conserver un resté languissant

de vie, que p°ur pouvoir combattre encore quel-

quesmomens avec

plus de forces. Á onze heu-

res du matin ils virent revenir les Turcs à i'^fc

faut avec une nouvelle fureur -, Ôc ses Janissaires

du haut du cavalier & des autrespostes avec

leursmousquets , choisiíïbient ceux

qu'ilsvou-

loient tuer. Laplupart périrent par

le feuenV

nemi -, le Bailli deNegrepont , le Chevalier

Paul Avogadre^Lamirande,& la

plupartdes Cher

valiers, avec cequ'il

leur restoit de soldats , ae-,

câblezpar

lamultitude*,

se firent tous tuer sitrla:

brèche : & ce terrible assaut ne finitque faute der

çombatans, ôcpar

la mort du dernier Chevalier.

La flote des Turcs entra ensuite dans leport de

Marza Muzet comme entriomphe , Ôc au bruit

du canon , destrompettes

& des autres instru-

mens militaires : tout retentissoit des cris dejoye

des Infidèles.Quelques

Officiers deDragut étant

courus à fa tente lui annoncer laprise

duFort^

le trouvèrent à l'extr-êmité t maisquoiqu'il eût

perdula

parole , il ne laissapas

d'entémoigner

fa joye par quelques signesextérieurs ; ôc levant

lesyeux

au ciel commepour

l'en remercier _,, il

expiraun moment

après:

Capitained une rare

valeur, ôc même plus humainque

ne íe font or-

dinairement les Corsaires-íQil*! $

JïAl»DE LA

VALETTI*

Page 503: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

491 HISTOIRE DE L'ORDRE

Le Bâcha entrant dans le Fort, &jugeant par

lapetitesse

de cette Place, combien leBourg

lut

donneroit depeine,

s'écria : £)ue nefèrapasíe pere^

pmfyuele fils qui

efi fi petitnous coût e nos

plus

bmves soldats 1 On convient en effetque

les Turcs

dans lesiège particulier

de ce Fort, perdirentatt

Inoins huit mille hommes : cequi

afrbiblit consi-

dérablement leur armée. Mustaphanaturellement

cruel &sanguinaire, pour s'en venger,

ôc pourin-

timider en même-tems les Chevaliersqui

étoient

dans leBourg

ôc dans les autres Forteresses de llfle,

sitprendre

ceuxqu'on trouva parmi ses, morts, ôí

qui réípiroientencore. Par son ordre on leur ou-

vrit l'estomâch ;ôc aprèsleur avoir arraché lé coeur,

parUne barbarie & une cruauté qui

n avoit point

drexemple,ôc

pourinsulter à l'instrument de notre

salut dont ilsportpsent

lamarque,

on fendit leurs

corpsen croix : ôc

aprèsles avoir revêtus de leur

íubrévesté, on ses attacha fur desplanches,

ôc ù

les fit jetter dans la mer, espérant,comme il arri-

va, quela marée les

porteroitau

pieddu Château

.Saint Ange,& du côté du

Bourg.

Unspectacle

si triste Ôc si touchant tira des lar4

mes desyeux

du Grand Maître : la colère Ôc

une juste indignationsuccédèrent à íà

douleurs

ôcpar représailles,

ôcpour apprendre

au Bâcha à

nepas

faire laguerre

en boureau, fur lechamp

il

fit égorgertous les Prisonniers Turcs, ôc

parle

moyen du canon, & en laplace

des boulets, il en

fit jetter les têtes toutessanglantes jusque

dans

Jeur camp.

fin du douzième Livre,

JEANDE.LA

VALETTE.

Page 504: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

AC)Z

P R EUVES D U III- TOME

DE

L'HISTOIRE DES CHEVALIERS HOSPITALIERS

DE S. JEAN DE JERUSALEM^

^ V? - "'' ' '"" T -.....- -.,..,; il,..,. „..:,.< , ^am^-^m*.'-

Histoire pag.86.

FRATER

PHILIPPUSDEVILLERSLmE-ADAMy

Sacrae Domûs Hospitalis SanctiJoannis Hierosolimitani

Magnus Magister humilis, pauperunique JesuTChristiCustos : Sc

nos Conveiuus Domâs ejusdem venerandis Religioíìs, in Christo

nobis praîeariífimis,Fratri Hugoni de Copons nostri ConVentûs

Draperio, nostrarumque triremium Capitaneo, St Joanni Bo-

nifaee bajulivatus nostri Manuascae bajulivo, ac nostri Orclinis

reeeptori generali ySalutem in Domino ,& diligentiam in com-

miffis. Cum Cacsarea, & Caxholica Majestas iuâ mnnificentiâ

nobis, Religionique nostrae conceíïèrir privilegium^cujusténor

sequirur: talis est, NOS CAROLUS QUINTUS, divinâfavente

clementiâ Rornanorum ïinperator íemper Augustus, Joanna

ejus Mater, ôc idem Carolus Dei gratiâ Reges Castelías, Ara-

gonum , utriuíqoe Siciliae , Hierusalem , Legionis , Navar-

re, Granatoe, Toleri , Valentia^ Galirioe, Majoricarum, His-

palis, Sardiniae, Cordubac, Corfícoe, Mursica^ Giennis, Algar-

gii, Algerini, Gibraltarris, Insularum Canariae, née non Iníu-

kxum Indiarum & terra? fïrmas , maris Oceani, Arciduees Aus-

trice, Duces Burgundiac, &Bravantis, &c. Comites Barchiona;,

Flandriae,&Tiroli,&c. Domini Viícaioe, &Molinoe, &c.Duces

Athenarum , & Neopatriae , comites Rossillionis & Ceritanix,

Marchionis Oristania:, &Gociani j Cùm pro restaurandis, &sta-

biliendis Conventu, Ordine, &: Religione Hospitalis S. Joannis

Hierosolimitani,&ut admodum ReverendiVenerabilesv& reli-

giosinobis plurimum dilecti

M.Magister > Priores, Bajulivi, Pras,

CLS14 "j

Page 505: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

494 PREUVES DU ÌII. TOMB

ceptoresôc milites dicti Ordinis, qui, amissâ Rhodo Inîûlâ à

Turcis loûgissima & acerrima obsidiane violenter oceupata, plu-

fibus jam annis vagantes ,. firmam tandem sedém obtinere y.

Ôc ea, quaî ad ipíam Religionem perrinènc, in Christian'»' Rei-

jiublicaî bënefieium retorquere valeanty eofumque vires, & ar-

ma contra^ perfi dos ^^^^ Rëíigionis hostes viriliter exer*

cerej devotione moti, ac pro eo animi afíèctu , quo eidem Re-

fligtoni devincimur j praîfatis Magno Magistro ,& Ordini sedem

quiêtam, ne últèrius per orbem vagari eogantur ,ultro cpnee-

deredeerevimus, tenorepra^sentis chartoe nostraí

cunctisI(futuris,

teinporibus firmiter valituiras i de certaícientia, Regiaqueautori-

tate nostrá, & confulto, ac motuproprioper Nos, ôc nostros liere-

desvôcRegnis íucceíïbres quofcumque pradicto admodum Rev*

Mâgho Magistro, Religioni&:Órdini Sancti Joannis Hieroíoli.

rnitanì inieudum perpetuum , npfeilë , liberum & francum ci*

vkateSj castra, loea, Ôc Insulas nostras Tripolis, Meìibeti, ôc

Gaudifîi cuni omnibus ipsarumcivicatum, castrorum, locorum,

& Insularum térrkoriis, juridictionibus mero ôc mixtoimperio,

jureyécpròprietate utilisdominii acgkdii potestacé hominibus,

ôc fceminis in èis j & earum terminis habitantibus, ôc hàbitaturis

cujuseurnque legis, status & conditionis existant,. omnibusquealiis juribus, & pertinentiis , éxemptronlbus , privilegiis,,.pro*

. ventibus^ aHisqueimmunitatibusconcedimus)& liberaliter elârv

gimur 5 ita ut hujusmodi feudumdeinceps teneant, & cognas*

cant à riobis tanquarn Regibus Siciliae ulterioris, & à successo»

ribus nostris in eodem Regno pro témpore regnantibus, íub

cenfu durhtaxac unius Accipitris, feu Falconis quolibet anno in

die festi omnium Sanctorum praeíehtandi per personam, feu p©r-sonas ad id fufficienti mandato íùffultas in manibus Vice Régis,feu PTáï(ìdentis,quitune temporisipsius Regni administrationem,& regimen obtinebit in

signum yerJÉerirecognitionis dicti feudi $&eo cenfu mediante immunes, ac exempti remaneant â qno»

cumqué alio meliori Tervitio de jure debito, & per vaslallos preí-tari solito. Cujus tarnen feudi investiture in omnem casum

novae successiónis renovari, ôc expediri debeat juxtàijuris eom-

munis difpositionem, teneaturque ipfe Magnus Magister qui pro

tempore fueric, pro fe, & universo Ordine proedicto in hujusmodi;

rècognitíone, & investirura juramentum prîestare ,quodex dictis

civitátibus castris 9 locis, & iníulis non patientur, necpermittenc

Page 506: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE l'HlSTOI RE DE M ALT E.4^

fíeri damnum, aut prarjudicium, vel offensam, nobiSjStatuique,

Regnis , Dominiis , ,& íubditis nostris, nostrorumque, ac in,

djcto Regno íucceíTorum per mare, feu per terram, nec auxiliuirijfeu favorem praestabunt, cuicumque his damnùm inferenti, feù.

ínferre valenti v íedpòtius

omni conatu idipsum avercere cura-

aunt. Et fíqùiipiain ex íubditis iRegni Siciliae praîdicti reus cri-,

miniscapitalis, feu de déliais hujuímodi inculpatus se absenta-

veric, &in hujuímodi insulas, ôc loca irnfeudataconfugerit ^

ílum pro parte Viceregis, feu ;Pr&sidencis, velMagistri justL

ciarii dicti Regni pro tempore existentis requisiti fuerint, renean-

tur talitereonfugientem , seùprofugos expellere, ac indè pe~

nitùsprpfligarevexceptis tamen illis , qui aut sacr*e Majestatis j

aut iia*Fesis rei decernentur, squos nonNejicere, fed ad pmnem

jpsius Viceregis,aut Lpcum tenentis requisitionem capere, & cap»

tivos eidem Viceregi, feù Prassídenti remitcere teneaatur. Praç-

terea , quod jus patror^acus epiícppatus Melibetani remaneat,

prout est, difpoficioni, & praeíençationi nostra: , ac suçcefíbrum

nostrorum Regni praîdicti Sieili» • ira tamen quod past obitum

rReverend.í& dilecti Gonsiliarii nostri Balthaílàris de VualtKiriç

imperialis Viceçancellarii ad ipíam lìcclesiam noviffimè,per nos

praîsentati i feu. in quemcumque eafum alium vaçationis deincepsîècuturum v dictus Magnus Magister, & cpnvejtitus dicti Ordinis

habeant nominare Viceregi Siciliac trçs perfonas ejuí^em. Qrdi-

nisr quàrum una íaltem sit, 6c eiîè debear ex íubditis nostris ^

nostrorum ut in dicto Régna fuccessorum idoneas, & furHcientes

ad ipíam Pastoralempignitatem exercendarn } ex;;quibus tribus

íic nominandis Nos, nostrique fucçeílores in regno prasdicto ,

príefentemus,& prasfentenr, ac praefentare debeamus, & debeanç

ad dictumepiícppatum,

eum quem idonpnenm, íeù idoniorern

judicaverimus, aut judiçaverint.Cui quidem proeíèntato sic ad

dictumepifcopatum promoto

teneacurMagister praçdictus ma-

gnam Crqcem concedere, eumquead concilium dicti Ordinis

cum Prioribusv& Bajulivis admitcere. Item,cum Admiratús dic^a;

Religionisex Lingua,& Natione Italicaeíïè debeat,congruum-

que cenfeatur, ut is, qui ejus vices geret, dum abíèntia, feù im-

pedimenti locus occurrerìt, si aequè idoneus reperiatur ejufdem

Lingua^ & Nacionis existât, habeacurdeinceps ratio, ut data

paritate idoneitatis is potius ad id munus eligi debeat y qui ejus.

dem NationisôcJLinguaîidoneus judicabicur, autaliàsialissic

Page 507: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

49<5 PREUVES DU III. TOME

quiofficiumsuum exerceat,nulliquesuspectus censea-tûr. Etquod

de omnibus contentis in his tribus articulis pra;cedentibus fiant

fìatuta, ôc stabilimenra perpétua in dicto Ordine juxtà stylum,

& morem íolitum cum débita sanctissimi Domini nostri, ac Sedis

Àpostoìica; âpprobatione, ôc auctorirate j ôc quod dictus Ma-

gnus MagisterOrdinis pra:fati, qui nunc est, & pro tempore

fuerìt, teneatur hujusmodi statutorum, feu stabilimentprum ob-

servantiam solemniter jurare , &eám perpetuò, ôc iríviolabilitèr

observare. Ulteritis si conîigerit ipfam Religionem recuperare

Insulam Rhodum,ôtearatione, aut aliaex çauía ipfam jReligio-

rjem ab hujusmodi Insulis, ôc loeis infeudatis diícederey& alibi

mansioriem', & sedem eorum stabilire, non liceat ipsis hujuímpdi

infeudata in aliam quamvis personam quovis titulo sine expreílo

mandate ipsius dicti Dominii &feudalis transferre, feu alienare j

fed potius si sine lieentia & consensu alienare praesumpserit,ad nos,

noftròíquesuccessores pleno jure revertantur. Item quod

tor-

roenra-, & machina;, quae in ipsis castro, & civitate Tripolis nunc

existunt,fub débita inventarii deícriptione ibidem jure commo-

dati per triennium retineri poslìnc ad ipsius civitatis, & arcis

custodiam , obligatione tàmen valida accedente de hujusmodi

tormentis, & machinis restituendis ipsotfiénnio

lapso, nisi id

tempus ex nostra gracia, imminenteforfan neceífttate, prorogan-dum videretur, quo tutius

ipsius civitatis, & arcis defènsioni

providers possir. Et demùm verò quod munera, & gratia; tem-

porales, sive perpétuas particularibus personisin hujuímodi lo-

cis infeudatis factac , qua; ratione meritorum, aut alterius obli-

garionis fuerint concessie , eujuícumque qualitatis existant, quac

juste non auferri postent sine débita recompenía, ramdiufirma;

maneant,quoad dictoMagnoMagistro,Conventuique vifumfuerit

pro eis oequas, parefvè possessoribus recompensas dare, ut in hu-

jusmodi récompensai oestimationeomniscontroversia,qua:subóriri

poster,ac litigandi fastidium , &impensa auferatur, ubi Magno

Magistro, Conventuique prardictis commodum vifum fueritcui-

piam recompeníam dare , eligantur duo judiees, unus nostro

iiomine à Vicerege dicti Regni Siciliarxilterioristuncexistente,

alter ab ipso Magno Magistro, Conventuique, qui fummatim ,

& précise perlectis conceffionum privilegiis utriuíque partisra-

tionibus, sine alia forma judicii, vel processus definiant, quid

inter utramque partem jure fieri conveniat : ac si recompensa

danda

Page 508: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE t'HlStOIlLE DE MAÌTE. 49J

dârida est statuant qualis este jure debear. Quodsi forte duó

judicesdivería; , repugnantisque inter se senientiaî estent, ex

utriûfque partis coníenîu assumatur tertius judex, ac dunv judi-

catur , inquiritur, ôc récompensa, statuitur ,poffestbres pïedictiin

grâtiarum poíleflìône maneant, priviiegíiíquetamdiu fruan*

tur , quoad íàtis ipsis factum a;que fuerit. Sub quibus quìderst

conditionibus supra contentis, & defcriptis, ôc non aliter, nec

aliàs, pramistà omnia, ôc singula praîfatis Magno Magistro, ô£

Conventui in pheudum pradictum,ut

prasmittitur, eoncëdentes,,

ficut melius, plenìus, ôc utilius dieipotest, Ôc fcribi ad illorunt

commódumÔc íalvamenturn, bònumque saniim ôc Favorabi-

tem intellectum, éadem in dicti Mapíi Magistri, Cbnventus, ôc

Réîigíônis jus, dominium utile ôcposte

mittimus atque traníL

ferirnus. Irrevócabilitei" pleno jure ad habendum , tenendum >

dominandum ,. omnimodam jurisdictionem exereendum; perpé-

tuoque, ac pacifice possidendum, & ex causa hujustnadi concef.

sionis, ôc alias prout melius, plenius, ôc fírmius de jure válere-

poterit ôc teneré, dámus, cedimus, ôc donamus dicto Magno

Magistro, Conventui, ôcReligioni omnia jura, omnefquë actio-

nes reales ôc perfonáks, alias quafcumque, qua: nobis compe-

turit, ôccompetere postunt, ôc debent in prasdiébis, quae illis ini

phèndumíùbdictis conditionibus concedimus, ut est dictum ; ÔC-

hi aliis rarione, ôc occasione eorumdem , quibus juiJÈpôcactía-nibus perpetuò

uti poísint, ôc experiri agendo,ícraeet defen-

dendo, ôc alia omnia, ôc singula faciendo , Ôc libère exercendo'

in judicio, ôc extra quaecunfque , ÔC quemadmodumriòsfacere

poslemus , nunc ôc etiam postea quandocumque 5 8c ponêntes

dictum^ Magnum Magistrjum, Conventum, ôcReligionem inproe~

difíis omnibus, &Jîngulisin locum, & vices nostrts constituimus eos

veros Dominos•', utiles, & poternes aBores, & procuratotesinrem

fuampropriamnullo jure, nullaque actione utili in.pracdictîs, quae

illis concedimus, practer fuperius reservata, nobis autcurioe nostra;:

modo aliquo retentis, íeù. refervatis. Mandantes serie eumpra:-

íènti eadem auctorirate nostra universis ,.Sc singulishominibus.

masculis, ôc foeminis,cujufcumque legis , aut conditionis fuerint

in dictis insulis,civitatibus >,terris, locis ôccastris, eorumqúeterri~

toriis habitantrbús, ôc habitaturis quodam modo, dictum Magnum»

Magistrum, Gonvcntumque, Ôc Religionem Sancti Joannis Hie-

rofolimitani pro eòrumDomino, utili,ôcpheudali,acveio

po£-

Tome 111, Rr.r,

Page 509: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

>S PREUVES DU III. TOME

îgrê omniumpraidictorum habeant, ôc reputent, íúifque rnari-

tispareant, ôc obediant, pro

ut boni, ôc fidèles vasiàili eorunt

ominis obedire ténentur. Nec non eidemMagno Magistro ^

Conventui faciant, ôc prasstent homagium, ôc fidelitatem,am

juramentum in similibusprasstari folitum j nos etiam nune

ó tune postquám illi juramenta, ôc homágja ipfa praestiterint,

folvimus, ôc libèramus eos ab omni juramènto, Ôc homagio,od nobis., nostriíve praìdecestoribus, aut aliis períbnis nomíne

strp fecerint.y ôcpríestiterint, obligatique fuerint. Illustrissimo

optêrea Phìlijxpd Asturiarúm, Gerundae,Ôcc.silioprimógenitò,

nepoti no:stro ehariísima,ac postreliées- ôc longíevos

di'ès no£-

s, in omnibusRégnis,iÉrDominiis nostris, Deoprppitiîj)^im-

ediato haíredi, legitimòque fucceffori inténtum apenentes nos.

um fub paterne benedictionis obtentu dicimus, illustriffimis qui.

íqu e Ma gistris dilectis con siliáriis , ôc fi delibus nostris, P roregï,

Capitaneo Generali nostró in dicto ulteriori Sieilise Regno,

ágistro justiciario, ejufque in ofEcib locum tenenti,. judicibus

stras, magnas Gurias, Magistris rationabilibus, Magistro pprtu-

no, Magistro fecreto, Thesaurario,ôc Confervatori nostri regii

trimoriii, fifeique nostri patrono, Câpiráneis arcium, praîfee-ôc cùstodìbus, portulanis*, portulanotis, feçretis , eaeteriíque

mùm universis , ôc singulïs officialibus, ôc siibditis nostris in

cto RegÉb_ulcerioris Siciliae, ôc prasertim dictarumInfularum,

civitatïP&c eástri Tripolis , tàmpraíentibus, quám futuris

dem auctorirate prarcipimus , ôc juDemus ad incurfum nostrae

dignationis ôc irae, pcenafque untiarum decem millium à bonis

eusagentis exigendarum, ôc nostris inferendarum serariis, qua-

nus nostram hujusmodi concessionem ôc gratiam, omniaque,

singula praecontenra teneant, fìrmitent, & observent, teneri-

e, ôc observari faciantinviokbiliter per quoscumque ; neenqn

postéíïìonem reàlem, ôc corporalem , seù quasi vacuam , ôc

peditam praedictorum omnium quas eidem Magno Magistro,

Conventui, ut prajdicitur, çòncedimus, illum aut procuracorenim illico immitti, & imponi faciat dictus Prorex noster per se,

t GommiíTarium, seù, Commissarios, quosad id nostro nomine

xeriteligendos j çui,.seù quibus nos omnimodam serie cum.

senti quoad haie, ôc quoad stipulationëm, ôc exactionem, eo-

mque pro parte dicti Magtii Magistri, ôcConventus fupracom-

nda, ôc agenda funt, conferimus potestacem, vicefyue nostras

Page 510: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E L'Hl S T 01 RE DE M A LT É.4^0

plenariè commìttimus, Ôí postquam posteíîìo ipsatradita fuerit, in

ea dictum Magnum Magistrum, ôc Conventum. manu teneant,

ôc défendant viriliser contra cunctos >rneque fructibus, introiti-

bus , proventibu"?, Gàbellis, & aliis redditibus, Ôc juribus quibuf-

cumque prasdictorum, quae supra in pheudum; cpncedimus ref-

ponderi faciant per quofcumque. Nosenim ad essectum praîsen-

tium, si ôc quatenus opus sit, supplemus omnes defectus, nullita-

tem, aut vicium , solenHiitatumque ommissiones, si qui, vel qua?

possent forían praîmiíîìs apponi, aut fuboriri > vel quompdolibec

allegari j super quibus ex nostra; regiae pptestatis plenitudinëdif-

penfamus. _In cujus rei testimonium praefens fieri juífimusnostrò

communinegotiorunì Siciliac ulterioris sigillo impendenti

muni-:

ttvm. Datum in Castello franco, die xxiii. mensis Martii tertia;

indictionis, anno à Nativitate Domini MD.XXX. Regnorumque

hostrorunx, videlicet Imperii anno decimo,. Çastella; s Légionis,?

Granarar,ôcç. vigesimoseptimo , Navarra; dëcimo sexto, Arago-num , utriusque Siciliae, Hierufalem, ôc aliorum décima quinto

Réunis verò omnium décima quinto. Nos ut privilegium prse-

dictum, ôc omnia in eo contenta illibatapermaneant.,

ôcper-

petuò obferventur fecimus tria stabilimenta super coritentis ia

dicto privilegio, pro ut litterissuper

inde iub Bulla nostra com-

muniplumbeadie xxv. Aprilis proximè prateriti emanacis latius

eanstât, ôc apparet ; quaequidem stabilimenta pro eorum perpe-

tuò, & sirmiori robore per Sedem Apostolicam approbata, ôc

çonsirmata fuerunt, quemadmodum Litttfris Apostolicis légitimémore folito super id expeditis íub data Rpma; vu. Kal. Mail

1530. ab incarnatione, Pòntificatus sanctissimi Domini nostri Cle-

lïientis anno sexto, etiam latiffimeapparet. Hinc est quod nos

Magister; Bajulivi, Priores ;. Praeceptores, & Fratres Consilium

eompletuminvim Capituli Generalis légitime célébrantes, cu-

pientes juxtà mentem pracfatoe Cae£ majestatis, ôc tenorem pri-

vilegii poslèísionem dictorum locorum in eodem privilegio con-

tentorum , ac exequutoriasad id requisitas, ÔC oppofctunas,

consequi, ôc habere confidentes de fidei probitate, exactissimíl

íédulitâte, cura., ôc fufficientia nostra, invicem maturoi, ôc de*

Hberato consilio de nostra cerra scientia, omm meliori via,

modo, jure, ôc forma, quibus melius, ôc validius facere postu-

mus, & debemus s vos veneranlos confvatres nostrosHugonem

deCopons, ôcjpannem Bonifaceproesentes, Ôconus hujusmodi

"%R r r i)

Page 511: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

5PO ^pRBtytES Dt? III. TòMfi

fuscipientes íacimus, creamus, constituimus, ôc íblemniter ordî-

namus nostros, nostrasque Religionis, ôc totius Conyentus pro-curatores actores, factores, ôc

negotiorumnostrorum

gestores,ôc nuntios générales., ôc spéciales , ita quod généralisas specia.litati nonderoget, necècontra videlicetspeeialiter, ôcexprestè,

ad, nostro, nostraîque Religionis, ôc Conventus nomine pro no-

bis , ôc fuccessoribus nostris promittendum, ÔC efficacités obli-

gàndum cura juramenito íolemni ,&requisito juxtà continentiam

dic^í privilegii ad observandum, tenendum, ôc perpetuò custo.

diendum omnia , ôc singula in dicto praeinserto privilegio con-

tenta, } ôç praesertim ad praestandum sàçramentum in manibus

illustriûimi Domini Don, Hectoris Pignatelli Dueis Mpn-tis leonis, ac

Regni Siçiliac dignistìmi Proregis, Ôc armorum

Gapitanei Generalis in hac parte repreíentantis períbuarflr

ÍÇue proefata; Gíeíar. ôc Cath. Majestâtis Régis Siçiliac, Ôc Iniu-

larum adjacentium j nec non ad faciendum stipulationem, ÔC

obligationenì de restituendo omnia tormenta, qua; mediante-

inventario habebimus, & nobis consignata fuerint in Arce, íeù

Fortalitio praîdicto; Tri polisin termina in dicto privilegio

con-

tenta , ôç juxtà formam ejufdem. Item ad petendum, Ôc obti-

nendum dictas executorias, ac Commisiàrios deputàndos, ôc des-

tinandosad realem, corporalem ,. civilem ôc naturalem , pacifi-:cam , ôc qujetam postèíïïonem dictorum locorum nobis traden-

dâm Ôc concedendam, ôc per nos eonfequendam , ôc adipiscen-idam juxtà formam, ôctenorem dicti privilegii imperialis nobis ,r

ôc Religioni nostra; in perpettium concestl. Dantes ôc conce-

dences vobis procuratoribus nostris in praemissis, ôc circà pra*-

Biifla pleniffimam, ôc libéra m potestatem, totaliterque vices nos-

ta*as,;quarum vigore.ea facere, ôc adimplere yàleatis, qua: nos«

met facere, ôc adimplere pòstemussi pr&sentes adessemus} etiam-

si talia estent, quaemagis spéciale mandatum requirérent, quam

praîsentibus sit expressum. Promittentes, Ôc convenientes bona

fide hajjere ratum, gratum, ôc firmum omni futuro tempore

quicquid per vos nostros procuratoresin prasmiffis omnibus, ôô;

eorum singulis actum, sacrum, promistum, obligatum, juratum,,

gesturnvè fuerit. Sub hypotheca, ôc obligatione bonorum nofr,

frorum, nostraîque Religionis pracsentium, ôc futurorum, ubi.

tmç existentium mandantes in virtnte sancta; obedientia; univer-

JSs^&iìngulis dictíe domus nostra;, frafribus quacunqueaucto.ì

Page 512: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L-HísfbiiiE ÔE MALT«... pttìtate , dignitate , officioque fungentibus prisentîbusôç futuris^ne contra, présentés nostrâs

proçuratorii v ôc mandati lit teras

aliquatenus facere, vel venire praííumanc, fed ea inviolabiliter

studeant obseryare. In cujus rei testimonium Bulla nòstrâ çom*

munis plombea prajíenti&us estappenía., DatuhiSirâcusisôcc, die

xxiv. mensis Maii M.D,XXX. ,

DE B B LLQ M EL/iífi^^^,:í;;ï

Ad Caroìum Coe/arem.,' Micolaìfáll^oegftoms

Commentarmí. HISTOIRE' 1pi>&ti 7 ;

i '

B.ELL

1 à TureharumprincipeMelitensibús;Equitibus:Ìllàti-;

quis fùerit exitus, ex multorùtn'litteris, GarolëCoeíar, co«

gnovisti. Sed ad quem redeat arciúm deditarum infamia , qui

icripíêre , taeúerunc : ôc nacti xemporis occasionera; ,ubi vide-l

renc tibi ôc Julip Pontifiei eum Rege hélium esiè^ culpam amiíïa?>

Tripolis, Legato oratori régla ôc Francis Equitibus;àflìgnarunt i[

detectus tamen páulò post dolus hùc rem addúxit;, ut saisi dam*;

natis fcriptoribus , Franci omnium sententiis inEquitum con-*

cione sint abfoluti. Sed quùmimendàciunï in; yíilgus edituni ^

perltotana.Euíopam prius itocrebuislec,, Ôc hotamúmanimes per-:

îuasistètiquàm absplutioriisítesti^^

non potuit,út ab errore avèrterentur^qui íemel ad pr&grefv

farci famam ,Ì de Francis impirobam opjniojném imbiberant. Id

autëm quàm sic iniquum, ôc ábipíà\Te-ialientim';:Mc''Cèl4.oc€.li>it-

Commmeríta,rÌUS. : f: ; : ; r'rrrrno .o-:;riu/: il:^ A;?, Uï'j ./u. :i

Clastèm apudTurchaSïparari^ïÔC Meliteníès designari,;quunâ

penèomnium sermonibùs! jàctaretuf : joannes•: Gme,des Hifpfc*

nus, Mélitensis militia; princeps, per hbmines idoneos hostium

iter explorandiím esse putavitrut ubicomperiíïèt, quam inpar-

.^tem ejaslìs eontenderec;, Consiliumi sibi!çaperer. Exploratoires ;

dimissis adeuui riunciis;, Melitam peci ^remquenullam ;ampliu^

habere d ubirat ionern ,xonfirm:abanCi Quibus nuntiis Equités ex.*

citati, ab Omede postulant, ut sibi rebuíquefuis i;pà<ítírè prof*

piciat: ne appulsu classis, inppínantes ôc imparati opprimantur,

Omedés resppndec, nulli haee majort esièicura;,!quàm^birîin5>

que se virum existijnari deberle tam nullius uíusq iitrquapdá

res

Rrr iij'

Page 513: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

jt>*pREtrvEs DU III. TOME

exigeret,ester defuturus. Nullam noctìs partem intercedere,

quuni relïqui se quieri darent, quin lubductis rations bu s, anxiè

seçum rèputaret, qúemadmodumrei frumentaria;, casieriíque

necestati&, bene cautum ôc provisumestêt : íed banc íabefle

diíficultatem , quòd quum prppter annona; angustiam, â Pro-

rege Sicilia;, commeatu perexiguè levàretuï, ex ukérioribus ré-

gionibus frumentum à se petiturn.,.aérarium exhauferat, ut purn*

morum inopia graviterlaboraret : cui malò ut mederetur, in se

positumnon este. Àiioqui de ïaluteI Comrnuni quantuin fuiffet

ìollicituSj suam diîigentiamin arce munienda este testirnonio :

qua propè haberet effectum, utppera, ôc muâitionës instituts,

spla fpeciei hostes à;^(pe «xpijgnatìénis^eterrereppstèritj hoc\ à

se amplius requiri nihil oportere. Adjecit, ad eorum anijínos

çónfirmaridòsí, i\m hiera:claffiscJaostiunr cornmaverentur, rërft

non eopbsitam

loco ut rjleriíque videretur : classera y miíítò

lòngius i quâm Melitam ípectare :mde rey feire sejplus ôcintek

ligëfe, cjuàmí qui diveríurn ícripiìsleht. (rleque enim ^ qui rerun*

alìqueîn'i ufíim' habeatv h* animum inducturutncj ut credat ípe

Melita; oMn^ndícítantos íum^

pisse,Francis claíîè'm efife.destinâtam r arque Tòionis expectari :

Begatum òratoremTegiuraquinque mulos Massiliàm adduxifíe,

quibus stipetìdiumi Turchisnattuliííètji duasihseper

trirèmes ôc

bifetnem ?unam adarínaéi, quibus;ad/ eos: traníqeheioetur $

hoc

equátís $&%acii& r%ahciaradvec^i?ihdiciavrenere se : cuipòtìus,

qtiám hornimimimperitorum vocibus,: habenda fidestesset. Eo~

dem^etnpoïè:nuntiatur^ Villagagnonem-Messariam appulíutn,

Meiitàm - contenu ère: : in-cu j us adven tum hu jus rei fides r ejieUtut. TJbi advenir, magna omnium expectarione ad'Omedetri

d^dudruir put?de classe: quid âfferret certi, këlligeretur.Hic in-

terrOgàtui, apërtè: negatctassemíusui Fraìncorum ^ sed Solimani

cupidiráti appâratamtesse : ut injuriam , induciis ad Africanum

oppidum violatis, acceptamulcisceretur. Hoc, in Franeia ante

suàtnprofectiònem y palàm factum este à viro pênes quem non

par^vaest reram autoritasi; earïrquelunicam fuiffe eaufam v cur,

negtóarë famiiliari v miffionemi Regepetiissec,

ne tempore ma*

ximè difficilii fodales deseruiste diceretur. Ep fermone confecto^

habere se ab Anna Mommoramio, privati officii mandata ,.com«

memotat^ápud quenupostLiladami

prineipatum, Militia; corn-

Maodà praîcipuo-cammendauonis loco semper fueranr. Is seaiger*

Page 514: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L'HisTpiRE DE MALTE. JÔ|

rimèlàturumsighificabat^

si quan>Qrnedes honoris f,aut djgnji-

taris jacturaip faeeret : Spìimanu m JiCjuìtJbus vald,e íqçcejiserer,

proprer pperam C£eíârí ad AÍrícam nupër nayaiám rnegue^ul!!.

ratione deduci potliisse, quoniinus claflern: adpersequendàs inr

juriasinstrueret. A qua, M élira; ÔçTripolinoflnih^ extimé|penr

dum $ proinde Qmedes, videret, ne,quid adveitsijinipar^jtojôij;^

cautp:;sibi çonringejel. Qmedes hpç; reípprÀíp. ^ÌlfôgágP,$n4^

jîimia; ie£reti |enaci^is4níjmulat * qupd. ap^rjrj^nolìeit qujçffe

Régis fui proppsiçp inrellexiíïer, claíîemyFran^óruiio rebusíçoRy.

paratam ad se prpperare. De je autem pipfitetur,; opë£a|^ daU

lurum , ne íjia dij|gentja, r^qu-iratur. jRjoçe^^jeilía^ j^eirí, rd<p

^rebqs,egerm]Me$jna3 cum ;^illágag^pjne^ T:Atqjj>eai$^a^ërn^r^:asurn.. jQmede J^t^tj^;4^

j3Íta!celerit^te,quúmnulîa vétéran

jstorum ôc montanarum delectûfn- hapere çsepir^ qupsy^^iéârjfi

íubsidip t;ran%itter,et. &^

jnilitum inopia çonflictari , nujílaique <?ste''j^^ia^,,,^'^;!^!^'^tráduceremur : deje$pru:m^

.sit, ut eis ad Tripolitanum praesidium u^

xi mi intereffe Republicas christiana;, Milkia;que Méjitensis, eutn

portum servari : ne .amiflus, ad reçeptum pra;dpnibus pateret.

Hoc rjuntio,Ôc Viliagagnonis ajraripne jEsquite^riricitari;, Qrne-

dem circunsistunt. :^i;.:ajd/íeu^.>'-^|E^tp'rric^gr|i)ça)çem , i^rnprí|s

aditum habebant , orabant ut ppínioiie p^ecëderet, §?,, pr;iuf-

quam tempore èxcluderetur, de çmnibus rébus constituerer;,

qua;ad communem íàlutem pertitìebant

: ne íperneret Pror.ëg|s

autoritatem ôc mandata :hunc enim tant:ps furnptus feciste.desçfji-

bendis ôc transmittendis; rnilitious; ^rgum^tiílappíumi pojflfe ,

clasiem Francos non petere. Quibus .o^e^f rebps^ canciliuni

jndicitur. Ibi Omedes ab uítimo repetit, ôç longa narratione

profeqúitur, qua; antea de annona; angustiis expoíuerat : re fru-

mentaria se premi, militum pere.xiguaí> çppias hapere,#a;ris nul-

lam ratipnem. Atque hanc ipíam fuisse çaufem, çur e provipcys

Equités non evocaíTer. Inita ratione quemadmodutì)è tantis dif-

# ficultatibus emergeret j hanc expeditislimamsibi visam, ut sin-

gulis militia; professionibus pecuni* imperarentur :quod non est

improbatuni çpnsilium, fed in íuu.m tempus Ôc oppprtunitateui

_ réservât u m : hoc autem repreheníum est, quod praîíentis peri-

çuli remédia in ioginquuin prodiieeret. .Hac ërgo proçuratiorje

Page 515: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

504 PREUVES DU III. TOME

in suam occasionem rejecìa, huic uni reistudenduir. este démons

stràtur, ut asgritúdini pfa;fenti praïsens medicinareperiatur

: ne

rnotá iriterjecta , ad extrernumpéricnlum agat imparatos. Ad-

jungitur, tribus omninoîocisrëm Melitensium cladem ahquam

áçcipere poste ? quibus, quantum ester facultatis, danda eras

opérane

gravius quicquám acciderët. Quod si ob tenuitatem,

omnibus^ fuccurri non liceret : ea deseri opprtere, qua; ab omni

injuria tufca este non postent .: ôc ëprùnï copia^bîs qua; dëfendi

plâcuistet,fubvënire^Dë Gosirainíulàtràctatur, defendi libérer,an dímitti. ^

|gnat|tastïen:Gmedes : docet, castrum editistïma rupe,;aíperrima,

ôc' ^íìrç^nëií^situm esteùTÉ-fatilë hòstes;áditu pròhiberéntui^eò*

infalan^s fë;poste i^ipeië , Aqùpsr rëípecïú^pátria;, natòrutih ôt

prapmquorunì charitas, ad extrême í|<íes

'tuerì cpgeret. Qui sa;pe cúrn^Turehis pâÊentìbus ôc apertis Jbcis

•congreflî estent, victoreíque semper eyasislent, dubiíari non de-

'bèrëy;^ûin; naitura: loei íublëvati, cecti^uë múnirionibus, rHorutii

impëtum suílitïèrent, ôcmus is fuccedentes fúmmoverent. Ho-

'íurn VirtutiÍe multum considère, fed fpem primamconstituistb

in eorum ducis ëquitis Hifpani virtute ôc belli sciëntia : quibusrébus

proclivèest ad omnes casus íubsidîa còmparare

: ac jam ut

suam harc contra apinionemeventrenr, ôc per mfkmitâtem ho-

;stibns reisisti nanpòsiet, judiëii tamen fui non este, protinus

ad le-

"vènv auditionëm, infulanìrelinqùi :

qùòd abfque magnomuni-

cipum detrimentp, fuoquededecore fieri non postes Ç^id enim,

inquit, est levius auc turpius, qúàm antè vifum periculum metti-

promovëri•> Quid si ( quod estmagis probabilë ) hpstes non vë-

niant : quis relicta; patria; damna resarciet ? Hoc ubi çoncio ob-

stinatë sibi negari videt : ad çastri Tripolis muniendi cogitatip-

nëm se confère; Erant eo lococornplures milites, qui actate ÔC

vulneribus confécti, bello idonei este desierant::qui tamen pri-

stina; virtutis memoria ^ stipendia fòvebaiitur, atque definitum:

propugnatorum numerum explebant. Hos mitti oportere judi-

catur : ôc totidem eorum loco fùbstitui, quibus vires labori fè-

xendo fuppeterent. Prascerea, habitoceníu, foeminasôc impubei*

res, omnefque quorum animus aut vires obsidionem íustinere

non valerent, in Siciliam transferendos : ôc in eorum locum ,

centum virtutis probatissima; équités fubmittendos, cum militi-

bus qui àProregé fubsidio advenerànt 5 eum enim locum, nature

ô6.

Page 516: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E l'H í S T ÒI R E DE M A L %È. fQf.

ÔCoperibus infirmurrï Vnon poste nisi eximia ôc excellenti;so]rtít*t^

dine servari. His omnibus ab Ornéde obsistitur -,imprimisad eo-

rum sententiam non âccedit, qui foeminas ôc liberòs à parenti-bus

íejungendos este censebant : quòd communi vitio natura;

contîngat, íalvis rébus v quas quiíque habet xhariísinias v horni-;

nësfieriíegniares, ut rninori contëntioneí ôc lafcprem fëránt v&v

vira;periculum adeant,pracsertimalienp íolp; ^equêpbtiprem-estè caûíam, Cur emeriti milites amittërentur : ii enim v etíiíof-;

pare non valent 4-ingénia tamen Ôc rerum uíu excellunt * quibus:

beliumjnagis

-quàrri corporís viribus^adminiíjtraiúr/Sim

Equiribuspmntìip sibi yiders ut ad Mê^tam rnaneant :pra5#áre;* c

ledësproprias pîenis cppiis;canfervare,;quàm bis in aliénasdikï

pertitis, utrarumque! jacturam facere Eis^ ratiohibus qua* iuncf

dëmòristrata;, Equités acerfîtos non fuisife : qui adërant, yix tre-

centorum numerum implere, in quibus rei Melitensis íalus pe-riitus consisteret j si addttcentoís redirent r périculumsorfrne aneri

luccumbërenr. His oblatismeommódisrnihil expedMus yideri¥f

quàm ad insula; custòdiam , retentis Equitibus^ milites.à Pro-

tège missps Tripolim tranfmittere j horum quidemsubsidia, eum

locum defendi poste : quòd ea esièt ejus loci natura,ut, propteirstationis incommodum, obsidio diuturna este non

poster. Nam

litúsplanum, exigua altitudine, longp fpatio

in mare deeurrens^in alto naves constitui eogit,

në Eresiis ea annnitempestate; vi •

maxima stantibus, fluctibus naves eompleantur: aut anchons sa-

bulo parum hserentibus, vi tempestatis incitatx, ad terram alli-

dantur : quae res adverses obsidionem magno forent adjumento.Haèc vicit in coneilio senteníia : sed ad navitios milites perlata,;eum incussit metum, ut palàm detrectare militiam non erubek

xerent:se que, quum tôlierentur signa, non sequuturoseste corn.

minarentur. Commonstrabant, sibi tum primùm ab aratro ô£

caulis âbductis, nullo dum etiam ufu militix percepto 4 Tripo-litanum

negòrium longédiffimiles propugnatores exposcere.

Omedes, fi eladis çêrta expectatione deterrkus , suos Equitésillò trajici nollet : cur

potiusin aliéna vita fortunam periclita-

retur ? Ha;c Omedi Prxfectus renuntiat : ôc quàm potest démise

íissimè obsecrat, ut sine ejusanimi ofrensione, illis Hceat in Sici-

Jiam reverti, quòd jussi naves conscendere, dicto non forent au-

dientes. Hue addit multa, quibus Omedem flecti posse conjiee-

ret. At Gmedes, ut hune ab animi coesternatione engeret, af-

Tome 111. Sis

Page 517: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

jò£ PREUVES DU III. TOME

sirmàbàt certò sibi: cònstáre, Tripolim militum virtuteprotegï

posle|àtíóquise non este rem in dubium dëvòcaturum j eosenimi,

quorum príësidìò eastrum tenebatur, Ôc Valerium prâifectum ,

óptimë de se mèritùm, virum sihgulâri virtute praíditum,cur

amîttëret }Ì*òstre^áuxiìiaribus 5

eopîìs^ dëfèndi poto í hâ 1âíPr<3ï;eg& mìstìs! nëcesta^

riò itóëndutó;ëstô sitôv nëêju*^uí^íi^ern^

ôC'G^niîlium deípe-*xissë vídèrëturI ëárnqúë òb rem âb^ stlos^non dïmitti. His Trï-B

butío'pstëtìsis,M mtìr^

íîciati'Sìëd ûbí Mil ibuS^èrh

hiiffiòhis iPrà;rìe^

xirtìâirrï fôritìîdmé^

dmediÉèntëiJad pédesf pr^c^níbu^íbntès líostib#WL ^p^íîcium: dedat: íïujus mòveridí c^aía ^ëtiarh rád|ieîun&, sefrustícês hôminës àb olficìo vít^queinstitutb^

per;fl^dêm àbduá;osí\ut;Mëstanam accédèrent v hiérmes pro-

divisilè V^ttb tòitcéírèïî[ttlr Idèo» '§iiulli- UÍui suturas; Quum àpud'eumr b^tíérëïisÔS ^reÉbus

nmilípf òsicêrént

jrébus deíperatis £

indëte^roripiunr/^:ôc

in tafcëriiâculis al>dici, commune ôc instáns

fatum mMefanttir; Eacògnítô; quum ester, suípicio

dueem eum

màhjpùlis teòníèíitirë/ejus signiferùm,virum fbrtem átque in-

tërf îcùrrï, Omedes per hominëm idòneum sollicitât, Ôc edoçetî

quanta eumigr^rhiriia Éér^i; ut ád ialám hastibm mentíónem,

timóre milites sie oppriroêíentur ; utdefpecta

íaeramenti relfc

gìònë, âpërtè militiàmdëfúgërent /hoc non folûm eorum exi-

stimàtioni, ëujús ëstët inprimis habenda ratio, sed etiam viras

fbrtuhisi^uë^ fore periëulowm : quòd fugam cognitamProrex

ëstëtmppiiciò-trudelìffîmo vindicaturus. Tum orationis adhi-í

bítis illeêëbris'"-, addit, de signifero nunqúam se dubitastè, quin,

imperatafacere

pàratús esset : fed studïum ejus, tarditate Ôc ti-

moré ducis impediri : cui incommodo facile pra;verti posset,íî

signifer singulos milites adirer qui qùandamáními fórtìtùdinerav

prá? se ferrent:aë, quantum poster efHcëre,inani metu eos ex-?:

pliëárët,faceretquëùtitërcònficëfe non dubitarent. Hoc sieflet

astëquutus, Tribuno misso, militum pra;féctura fuo nomine funu

gëretur, Ea fpe signifer delinitus, nëgotium aggreditur: singu-.

lôs separatim ambit milites, ôc -quibus porëíï rationibus, ab obi

sidiònis opiniòne dëdùcit, Hoc aniiftadverfo Tribunus, veritiiS

në eumigriorriitìm mittëretur, Ôc niliilo secius

manipvilârés P'^

/i;rij>t«m psticium:exeb^iëréhiíúr, signìferurnaditu ad Óméden» 1

Page 518: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L'HISÌTOIRE DE .MALTE. 507

antevemt, ôcquorumdam factipsorum contumaciâ, culpam pra;-

texens, unà çum íuisamnibus r ubiprimîiiu jussus fuerit4 seviam

ìngreíTurum prpfitecur. Id tamen ptonibus preeibus postulabat*ut certus Equitum humérus, perterritis mjflitibus, adiieereturi

quorum ductu ac virtute ,iili animum reciperent His ab Gmedë

in concilia relatis, deliberatur, quot Ôc quaies Equités ryirpnibus

admiseeri placerez Qui iojco, ojb ejus insirmitatem :, diífidebant^

in priori íententiá permanebant^ ÔC eentum addi oportere Vôjçfc.

tendeixinc} quibus tamen Gmedes, his quá; iunt dempnstrata;

rationibus, non acquieícêre î sed eum numerum ad quinque ôc

iViginti rëducendum este dictitare, quas ipljutis ergassulis ,€x eïs

qui maleficii con v icti erant, expleri juífit : ne de Melìta; custodià

quiçquam imminueretur. His rébus constitutis, duae tiremës=im*

ppsitum subsidium Tripolim important. :<quo in terram exppsito,ut mandatum erat, Mejitam revehuntur. Kíori ita multò post fit

Omedes certipr, hpstilem claílëm ad Sicíliam applicuistë : Ôc

ejus principem, eum Prorege, de oppido Africano lecuperanda,uti Qeíari eum Splimano conyenerat, per interpreíem multis

verbis egistè. Sed illúmpostqUam se ad Caeíarem faUendl cauía

rejici cognpvistet, ad oppidum Augpsti prpgreiGRjm, arçemvi

captammilicibus diripiendam eonceffistè. Hoc satis érat causa;,

ad omnem deTurcharumiïineretòllendâm dubitátianem. Ome-

dés tamen àperrinacià-non

modo n;on desistit : sed etiam afKr-r

jaaat Meridianum Sicilia; licus praîteryehi, ut breviore uía; itinere

naves, çitius in Françiám perveniani;:

quod ur perfuasumha-

beant, naúcleris accitis, ex maritimis dimensionibuspsténdit, du-

centis pastùum milhbus, cursum ea parte breviari. Gosirani, ubi

spe auxiliorum se depulsosestè cognoyerunt,fceminâsôc puerps

in tutum censent este transferendos. ltaque duas navieulas onu-

ítas Mélitam traducunt : quarum appulsu Qmëdi renuntiáïu.r:ìl

Oosiranas fui tuendi animum abjecifle, atque defuga cogitaflè:

resque suas eum uxoribus ôc liberis abigere çcepistë: quibusablar

tis, dimiçandi etiam cpgitationem deponerent. Si íalvam cupe*

yet rem Gosiranam, naves Gosiram remitteret, iit propinquo.

rum miferiçprdia, ad pugnandum alacriores redderentur. Quaè

lententia quumilli

valdé.probaretur, naviculas, antequam onus

«xponerent ", revehi jussit : magnisque cavic peenis, ne a bique

venia res nllaexportaretur. Biduo quo haec gesta íunt, leni vento

claiììs Mélitam appulit, porcumque petric,portui, qui arcemsu-

Sisij

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$o% PREUVES DU HT. fôMB

bluit, conjunctum, angusto eollis juga interjecto. Ad ejus cpn-

ípectumtantus repente

metus Melitensium mentes occupavit,

tantaque sequuta est pertûrbatio v ut quidpptissimum agendumesset ^ fiítionetni ihiri non dârëtur. Òmnino duo erant oppíday

quibusinlulániàbhóstium përiculaëx agris sese reciperënt : ununi

fub arcis radicibus ^ alterum distans sexpastuum millibus. Hue

viispleniísimis ámnia-importantur, pëcusque cogitur quoad ejus

fiëripotëíl. Oppidumi fub arce

positum $ côlUbus utrinque nie-

diòcrimarîs spatio intermistoycéntinetur. Ex his callibusmagna

âltiipdine impendentibus:/quiahéstes ab

aperto latëremuroîeu-

stodiâsfocilèaepenèriulló labore deturbarent, Ôciis, quinktro

dejectoin

oppidum irrùmperent, resistendi facultatem adimere

postent,oppidumdefêtìdi non

placebat.Arx unieum omnibus,

ôc exágtis cònfugientibus,

ôcoppidanis perfugium relinqueba-

tup: tamètsi vix- anteacaperet Equités, ôc qui fub Equitibus stu.

•përídiamerebant. Alteram

plebis partemurbs

recipiebat.Ad

has angustias hoc etiam accedebat incommodi , quòd quumtanta multicudò admitti tecto non poster,

verùm ei neeestàriò

foret, .stagnante Canicula y fub folis ardoribus interdiu, ôc fub

dio noctu, permanendum :haec /neque corpore laborem tulistèt,'

neque ab odore tetro, qùem situs ôc excrementorum colluvies

generastet,erant morbi longé abfitturi. Calamiratem quoque

non parum augebat difiïeuttas aqua; maxima : cujus quum nulla

extra piuviam estèt copia, neque ad bibendum , sed ne quidem

illaad lavandum íùppeteret, aut erat deditio sequutura, aut popu-

lus miserè excludendus, ôc liastium crudelitatiexponendus. Sub-

ductis ôc ad terram delígatisnavibus , hostes ad

pracdamémit-

tuntur :hi latè pervagati,regionem qua; ad arcem vergit, de^-

populantur : aedificia, ôc quicquidin

agris reliquum erat, velin-

xendunt j vel diripiunt :pecus, quod repentino eorum ineursii

in oppidum cogi non potuerat, íuffodiunt : nullum deniqueper-suciei

genus praetermittunt. Constat insula tota una ôc eonti-

îienti petra : ea re fit, ut quibus locis terra exurgit, lapidibus

confperíàsit. Hinc aecidit, ut illic agri quidquid est, hoctotunt

kicoia;, feu purgando, seudividendo, lapidibus sine lutoinmuri

Jpeeiem aggestis inclulerint : qua; res vias publicas uíque adei

anguctas & obliquas reddidit, ut illinc nisimagno

labore nor/li-

,eeat evagarj.Adverfus hostium incursiones ea commoditate no-

fofr íuble-vâtí, ha^ remédiacornparabanjc. Cpactis navium

pro-

Page 520: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

I>EíL*HrSTOîB.ïíDi MAL^E: J09

pugnatoribus, nonnullis admistis remigibus, Guimeranus eques

Hiípanus regionum peritps adhibet î quorum ductu v pqeujLtp itu

nere profectus, opportuno loco suas in insidiis diíponit t ut dis*

perlas hostes/ sine metu ad praedam propérantes » excipiat. : íh

hune ineidunt pauei,quielati

prseda;studio, ab agmine longiu*

procesterant : neque iilla alia réi gerendaî facilitas oblata est»

Interim claflìs princeps, àrcis naturam çpntemplatus, eam pracrsentis oceasipnis nan este judicat. -Hastes vexandis regipnibus

Jbiduaconíumpto, naves lplvunt: ôcsex milihus pastuum pra,

greslì, epnsistunt, ac denuo milites efFundunt : ôç,; rte ulb parsinsula; immunis à calamitate relinqueretur, profligato et*íj?atÌQ;

quod à mari ad urbem intercedity ad eam se inçitanji:. Ëò tanta,

utriufque sexus multitudo fese çonciuserat > ut nullus vaearet

locus : sed qui bello apti estent, quive hostium vel aciern- oçu/

lprum:ferre postent, admodum pauci erant. Ineosimperiumgesrebat Georgius Adprneus, vir prpbata; eximiasque fortitudinis ^

qui denegato sibi ab Omede militum auxilio, rejectus ad mul-

titudinis praesidium, triginta ex navium defeníòribus; ad íuieu*

iìodiam asciverat. Gonspectis hostibus:, eos* exhortatus^ nonnul-

lis ex pastorum ôc oppidanorum multitudine riomiuatim evoca-

tis ôc interjectis, in hostium occurfum eduxit : ut hostes ,lpcii

afperis, in collem in quo oppidum positum est enitentes,mora*

rentur :quod ad ostentationem potius faciebat *quàm quòd vim

hostium reprimere pòsse íperaret. Nostri, urbispropmquitati

ôc a;nearum cannarum adminiculo eonfisi, audacter íe illis op-

ponebant j ôc quandiu aequa ratione pugnarípotuit >.pauci muli-

tas afcenfu prohibebânt. At ubiillas circunfundi,, ôclongacir-euitu montem fuperare conípiciunt, ne eircunventirëditu exclue

dântur, accepta, signa, paueis utrinque desideratis, pedëmre»

ferunt : difcessu nostrorum, illi jugum collisadeptiy simul nullis

resistentibus, suburbiis potiti, considunt ôc castra faciunt. Inter

fuburbia ôc oppidum tantum est intervalli, quantum canna; tueri

possunt. Hiexplorandi causa rari ôcdispersi, ne cannarum irt-

juria; parèrent, incitato cursuperçurreint :muroque succedëntes,

fclopetis nostros tentare ôc laeestere. Hos quoque nostri sclopetis

fummpvebant, fed ob eorum mobilitatem non multvtm proficiç-

bant. Nox pralium diremit. Explpratourbis situ, duabus par-

tibus, collepra;rupto

ôc directo, hanç hostes extare conspiciunt.

Hujus collis tertia pars aípera quidem ôc ardua, sed longé dé-

Sísiij

Page 521: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

5itf.PREUVES DfV Cïï.l. TôMEi

cliviòr, in vallém ducentis passibus latam desinit. Hanc tran-

seuntês>/ mans urbi contrariasëkcipit

aíbeníu aifpero y praceipiti

ÔCcircUncUô / cujús mantlis:fassigiumtUirbem;exaîquàtv ?Municiì

peshuie parti minus dissidentes ynullas.1 turres / hullaquë propu^

gnaeula extkârant, quibus teruentes hostes àiatere propellerent:led in speciem, muro lapidibus luto compactas extructo/fuerant

cantëntiîîqui quum per te infîrmusísit/ìatqueíadeò vetustate

earrttptus^ íuà fponte còllabkur. fQuoîÉb hostibus animadveííbi,

partem^ uhde àíubuíbìisiad urbëm;efb:aditus,quòd sitpperibus

Vâjldë munita,omittuntïatque ab infirmiori loeo rem íïbiíige-

íendam este eanstituunt. Hue delati, aream eannis muraMbus

nòctufubstefnere -•$atqueaggerem jacereparabant : Ôc quum pro*

pter, arbòrurn rarkatem ^nateria deesiet^ valvis, omnique hgni

génère,àtectisíuburbiorum ereptis, ad ppus utebantur. Hoc»

ex; strepitu cognito, tantus meeror municipes excepit, ut [isiiae

vitá; durius eonfulere: plerique inciperent, ac se de muro dare

prseeipkesi pmni intentipnis opinione remissa. Adorneus tamen

nan sëdeseritj hosverbis confirmât, ôc fpeauxiliorum objecta,à metu erigere cònatur. At ubi se frustra niti intelligit, à péri-culi magnitudine sibi timens, ad Omedem nuntium allegat, ut

eum doceat, qui; multitudinem versaret timor, ôc ad quas ipse

angustiasredactûs essec : nisi fummiíïïs áuxiliis, formidine muni-

dpes liberarentur, ultimam perniciem quinque ôc viginti milli-

feus capitum maxfubeundàm esse. Nuntius,quum ad arcis op-

pidum pervenistèt, ôc obferatis portis, ingreflu tardâretur , ad

eum ldcum se contulit, quiFrancorum custodia; commissus erat,ut

per mareintromitteretur. Tum ad apus exçubabat Villaga-

gnp/ôc vigilias cireuibat : is ad ëquorum fremitum exclamât

quis adventaret ? Nuhtius, patefactonomine, refpondet maximi

se mòmenti mandata afièrre :rogare

ut coutinuò ad Omedem

rrajiciatur. Exceprus lenunculo/ad Omedem festinatj hoc au-

dito, magnaillum invasit sollicitudo :

neque illi íàtis animo suc-

currit, periculb tamprxsenti quem maxime opponeret. Quum

in hocexplicando

se exerceret,nuntius Villagagnonem com-

mémorât. Hune approbatum, eo ipsa remporis puncto, accersit.

Adeuntem verbis ôc oratione liberaliterproíequitur. Narrât,

quantum ei semper tribuisset :Rempublicam tempore maxime

difficili, ejus pperamÔc

diligenriam vehemerìter expoícere 5 ho-

stes enim urbem obsidione cinxiíïe, quibus id sieri poteratloris:

Page 522: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L'PISTOIIIE DE MALTE. p*in ea tameii, qui arma ferre postent ,•magnum numerqmincíui>

sum, quorum pra;sidio urbsplane

teneriposter , si vki idpnei im-

perio regeretur, qui ubi ufus incidisiiet ^ ré média compararetvEis,

Georgíum Adorneum pra»e(Te, fed omniaper

senegotia obire

non poste. Villagagnp reíppiidet, Reipublicá; commoda, prima

semper apud se; fuisse, suaqué: vitapotiora riaeque quìcquramppi.tatius sibi poste cpntingere,/ quàm vitan> prPfrunde^ëi/cujuà^icausa in lucem editus fuifleti Verùmíëusufrierum^ip^

bem vigiliis ôc.periculisinfuetam, facile iníblefìtilabori#tócum^

bere, aç parker viribus ôcanimpcp.ncidere$ hincstepri ,ut quan%.diu munitionibus çoiitëcta sit 3 seejue; jà; perieujt© aj^^î.çrë^at^

a?quo< animp ©mne^Merbitatèsjpe^

murus^iíêuti ^psperit/ôcnap ar^^

dum sir, prajëcta fálutiscura-^prptihus désiciajt^ ;In ëumí^aíum

defeníbribus opus este y non ignavis,• íedj flrenuis;, aelabórisp^*

tientissimis^ôs qui^

pauciòres ëeritenisad eum^íUm^j^íò^qiàrips^ Jkas .fi^i f?.jc;Equlntihus Qmedes adjungeret$:si^smsíâlvam este vestes HuiCitPme-r

des pstendit, Equités ôc nayium prppugnatpresarcis eustodia;4

concih'o assigna-tas este, eujus décretum flpn poster immutarei

Attamenidad se rëcepturum; /ut in pr^oesençem pçc^sijpnem. s Hû*.

eaníulto non expectata, ei Jjex l^uit^s ; cpnçede^enppr. \ ^ibus;

©pponit Vstlagagnav sex viras ^ëve^

tes bostes repulwros : neque aliò sex yirafcumt (ubsi^iumi percir;

nere, quàm ut eòs ad eercam sine honaifë; perniciem perduceretí.;

Refpondet Omedes ± eam rem non este dilputatipnis/^ instan*

tisperieuli; propterea

si ille anima ita; par)içus!;estet, sinejcun-

ctationé eam òperam Reipublica; payaret, 'j quòd ft metu péri-

eulum dëfugërec,se alium rogaturum. Ille, ubi rem in existirna-

tionis difcrimen pertrahividet : Non fum, inquit, Princeps, tan*

acuto stimulq urgendus: faciam ut intelligás ad ignaviam , hanc

meam rationem non ípëctare: ôc jam via; me commitram, ne

in lucem extractus, ingressu prohibear. Exeedens igitur yillaga-

gno,sex ë notis ôc domesticis evocatis, jumenta nactus qua; ex

gregibuscaíu obvenerant, viam ingreditur : tanrùmque pmni-;

bus profectionis fuirstudium, utpars gravi; armprum pondère

onusti,abfque ëphi

eientibus, in os.immissp funieulo,r

dumprogressi^albente coelp>, qtià erat cursus;cpmm<>diísimus,.

Page 523: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

pz PREUVES DU III. TOME

cóncitatisi èquis/ad urben* pervëniunt rôc occlusis hostium vîcL^

nitateportis /in fostàm se proruùnt / áefenestris qualinuíum tor-

mèntorum íëlicta; sent, àdmunkiones enituntur. Hos introdu-

ctds, magna hominum turba circunsistit, ôc de auxiliis /quid af,

ferrentfpei sciseitantur : quos bonoahimo este jubet Villa

gagno vôc ípe auxiliorum injecta Confirmât. Deindëv ad Adorneum fe

éònfertPHune dòcet; quem eunv Ómedë sermonëmíde propu-;

gn^iótìis ratione habueritvquM que astequutûs ëo fuerit j deni^

que/ hue se redâctos este Í ut ab alieni subsidii expectatiône éQ-

pulsi/in animi virtute fòkitis ifidueiam constituant. Hue etiam

curam omníem prbfundi oportere /-ùt à terrore; populi men|es

explicarérkur : ôc quibus lacis âb hòstibus tìòceripoíl*/;pròv|sb

remëdaà anteverteretur; Commuai deindë eóusilio res;geritui*

:

Ôc períjpëctó mûri vitia y quò hostes ânimtim appellebanty qup-niam ëíbsistinan

pòteratyrie murus cannis tentatus brevi corruer

reti;hàc ratione oceurrkur. Poífe rôu*um f^si^m fexdecim pedes

laram, altam dëcem/ directis íateribus perducunt. Hujus inte-/riòfi Jabró^inàeëriam tres pëdes ëmihenceï^i, în sex

pedum lati-

tudinemv extrúunt :quàm âmplius extare coníultò noluerunt,

neglobi murum trajicientes /jsimúl maceriam labefacerent, atquefoslarn

implerent. Ad extremas foffas ex duobus tectis â summo

decurtatis j ôc macerias' adarquatis, ca;ca propugnacnla constitue-

runt : ut hostes fostamingreslòs, in maceriam connitentes, ab la-

terey fínëùlidpericulo, tormentis deturbarenr. Qua; munitio-

nes, tantae mu ltkudinis labore non intermisso, brevissimo tem-

pore perfectac funt. At hostes h.-cc difficultas morabatur. Canna;

murales sexroillibuspassuumerant

eis ducenda;, viaasperrima,

magiiis ôc arduis rupibus, nulla jumentorum facultate. Hoc fer-

vorum robore fupplere conati, labore continenti, aliquandiu

proeesserunt. Nam quum viarumangustia;

ôcafperitates, can-

nas rôtis impositas non admitterent, rôtis eximebant, ac nudas

efïèrebanr. Mox xquum locum asièquuti, rotas admovebanr,ôc magner

conatu onus trahebant j sed quoniam id eratsacpius

repetendum, ôc ob vehementem astum plerosque animus reli.

querat : rôtis aliquot effractis, ab itinere supersedérunt : revçca-

tisque qui obsidioni incumbebant, adnavessunt reversi. Ex per-

fugis, cognkumex his causis hoc quoque accessisse, quòd naves

erantlongo intervalle defenforibus vacuae relinquenda;,

aut co.

piis perexiguis urbs oppugnanda. Quorum utrumque reciperecafum

Page 524: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DEl'H.i'Stò'ï.R-É DE MALTE.p$

fcâsumpoffeti si enim , navibus inanibus, Cassariana claffis occur-

rissct : Ôc ea conspecta, hi ad suas conservandas naves se incitas-

sent rtumque obseffi ad pugnam erupislent, copiis ab Omede

mifsis confirmathea itinerum asperitate, quum referre nonpo-

tuissent, cannas amisissenr. Qua; cogjtatio certvffimam obíessis

íalutem attulit. Quamvis enim accidisset ut obseffi ab hostibus:;

seprotégèrent, tamen ob aqua; inopiam, obsidionem diutiusnon;

tu listent. Ubi suburbia esse indicávimus , plures optimi faporisífontes

largiter scatent. Huiccopia; municipes confisi/fbdiendis

puteisanimum non intenderant : paucis exceptis , qui aliunde

aquam esse sibicoUigendam

non ducentes, effoffis.domi cister- 3

nis,pluyiauti malueranr.Haruminitò numera, ôieapitumcensi*

relaro, compertum est, ad duos cyathos cuique quoîrdse vix sex ;

dierum aquam fuppetere. Hostes reductis tormentis 9 ad: insuiahiv

Gosiram contendunt. In Castelium incola; ad unum se incluses

rant. Hoc quia à mari parum abest, expugnationi opportuniusesse judicatum est, Itaquecannis murajibusproductis/ tertia initiai,

vigilia, murum percutere incipiuiit. Hune. impetu continenti"

nullis prohibentibus incurientes, brevi tempore labefaeiunr/seckea est loci natura, ut si vel murusdejectus efset, paucis tàmen>

defendentibus, maxima; quoequë copia; afeeníu prohiberentur*

Nam in rupe editiffima quoquoverfusàbrupta casteliumestpo-:,

situm, inflexo, acclivi Ôcangnsto fpatio, qua vix

singulicârrítrahi possint, ad intròitUm relicto. Muniei pesrhostium ad vent u y

principem,cui tantùm ab Omede tribui demonstravimus:, adeuntr

atque animo perturbatum obtestantur^ ut Rempublicam fc«rtï^

terfuícipiat,

neu se deserat : sed audacter, quid euique sitagen*dum , imperet.

Isfpe

auxiliòrum lapsus., profitetiir fe nihil ha-

bere quod tanto malooppanatratque omiffasuonameura, tectò»

succedk ac delitescit : sic paratus,uc quem cafumforrunaobtu~

listet, quàm asquissimo animo ferret. Ubipopdus

fe destitutumi

perspkir, tanto metu corripirur, ut unà corporrs ôc asnimi virìbus

cad'eret : ôc abpropugnationis artibus, adlacTymas /instanrifque

calamitatis commiferationem averíu:s»,.muruni: dëfensouibus nu-;.

darét. Neque:dum.nocte pugna intermittkur, aurdemolitronemì

obstruere, aut omnino rem uilam administrare qua; ad suam ía-

lutem pertineret,animum induxerunt. Postrrdie,. quum; primai

Juce adopus

hostes redirent, sed'iniqukate loci non ita raultumi

Tome. I1IK Ttt

Page 525: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

514. P H. E ts V E S DU ÎII. TE» M E:

promovererït:vir

Anglus,cannamni Magister, animorevocato/

hpnestam mortem turpiservituti anteferens , ad

pngnam se insti.

tuk. Profectus quò ntígoticim postulabat, aptatis machinis, ho>

îles globis impetit, ôc jllatp damiu) cogk ut remissius & leruús

deinde opus agerent j íed hunç paulò post, tranflatis çannis ,

glpbis assequuti, hostes interfidunt/ ^ui viíum eò ieintuleranr,casu exiterriri, quum reliquum haberenr neminsm, quem huio:

lïíuneri ptarfieerent, animiiuopés ôc cpnsilij, ad principem re*

ieuírrun*>ùt sëeum rationein inirer, quid pouffimum administran-

dum. eísec. Hîe magno animorumôcíenienriarum congreffude-

çertátur, nec inter eps depugna convenir. Pastremò, re in jde-

ípgratipnem adducta, àpugna; subsidio ad deditionis consilium

rêeurrunt. Tum de condicianibus agitur ,ôc qui eas perferat j

ejigitur.- Çujps legationisihic erat ekkus, si omnibus incolumibus

efïugium pateret.., arcem hostibus relictum iri. Legatus, de muro

£une demissus, ad classis prasfectum deducitur, qua;que habet

rnandata pronuntiât : atque demiffissim è obseerat, ut misericor*

dia? Ipcus relinquatur. Ad hase refpondet Princeps, priusquam

glQbimururn attigistênt, adaliquam a;quitatem descendipotuisse:re verò àd extremam deditionis neceflîratem perducta,

à victis

jçanditiones ferri non debere, fed hos eis uti, quas victor pras-feriberet 5 se tamen natûra; lenitate ad misericordiam propen-

iùm, nonestej>ro

eorum meritis, qui visis Solimani signis portas

^uas abstruxiû^nt, peenas exácturum, sise fuaque omnia staum

dederent,ôc ejus misericordiam experirentur. Atque hune ita

dimittit; Hoc responfoincksis denuntiato, animus stuctuare,

arque in diverfum trahicoepk. Tandem fuperat eorum senten-

tia, qui morti serviturem pra;tuliffent : sed dux ëòrum sibi conan-

dúm adhue este arbitratus, ducenracapita, quas ipíe nominastet.,,

neeëssitate servkutis liberare, remiffo interprète, id enixè con-

tendebat. Sed is adquadraginta redactis , Bafcianus commi-

natur, nisi statim mandatis paruiffent, nullam eis postea collo-

quii fore porestatem. -Qua denuntiatione perculsi municipes,

quum aliunde nullaesset evasio, imperata faciunr, ôcportas

ob-

structas áperiunt. Èrat in eorumi numéro vir Siculus, cujus insi-

gnem animi (dicamne fortitudinem,an crudelitaterm) praztereun*damesse non putavi. Hic

contractoapud Gosiranos domicilia,'

uxore 4mctá j áaaís eK ea silps isutìwlerat ; : quas yiro macuras, ne ^

Page 526: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

rie ^HISTOIRE DE MALTE. :^iy

lÉjutim in potestatemhostium incidissent, oculis sustinere

cogeí.

retur, quod animus ferre non pofíet, ambasgladio trajicit : eah>

dem fortunam tulit mater, ad filiarum necem aceurrens. Hoc

facto, balistam &; fclopetam instruit, fores do mus astérvat,ae

hostibus adpraidam festinanubus se obtrudk : duofque audacius

progredientes miffilibus appétit ôc perimk: deinde stricto gladio

reliquos irruentes moràtur : dpnec circunventus confoditur jhoc

modo seôc familiam servit utiproeripuit.

Castrum hostes d iripiune4,

habentqueuniveríàm ad unum multkudinem praîdá^loca, cap-

tivamque ad naves abducunr. Ea íex •millium treeentorum nu-

merumexplebat. Bâícianus.4 ut fidem de qnadraginta líberandi&

praîstitiffe Videretur, quos íënium ôc adverfa valetudo viribus-

confeeerat, à vineulis exinii ac manumitti jussit. Eorum prineipem

injuriam sibi fieri querenteni, quèd, unà emistus non ester ^êxpái.liatum addixlt

remigiov His rébus bidùo coníumpto, eastró im

cenfo, totaque iníula exinanka , ad reliquam beîli administrât

tionem properantes ', nacti idoneam tempestatem / adJ Africanv

vêladirigunr.

Post eorumdigrestumiy Oniedes de eaíùGasirai.

norum, ôc detrimehto Melitensibus illata^ Prè>regerrt Sibilia^çeis.

tiorem fack. Sed ut deditionisrurpkudinem

eluerer / evoeaífe.

autoribus sibi notis, edixit, utper totam Europam dimiffis litre,

ris, liane opinionemin animas hominum irjffunderënriQuandiu>

eastri prafectu s anima exuperasset, castrum â pericutelangè;a'%-fuisse : sed quando

seegiffet qúò ufus ineiderat, ôCiictuìïcarnfôn-

torum elatus esset, pereulsam destitutamque multkudinèm/^dl

deditionis consilium. devenisse; Hasedissipât* fomaïadeò valuic

temporis opportunitate, ut, quum deineeps exponeretur, quò*

modo resevehifletjfides fíeri non poster; Aliquo postdiei?um inter-

jectù,Aramo Legatus oratof regius, ad Splimârium împeratòi

rem ker habens, Mehtam duabusi trkemibus ôc una biremi ad-

vehitur, ôc jactis anehoris Omedem convenit y eiqiíe in coneilia?

exponit, qua;à

Regeadeumhaberet

mandata/suamqueoperarst^ex Régis prascripto ad omnes. cases

pallice-turf. Omedes.huie

actis gratiis, quanta ad id ufque tempus perpessus esset/ quid-

queadhuc

periculiin arceni Tripolitanam imminërët, amplis,

simè narravit., Haee aurernvpericuli erat íuípieio, quòd ex quo-

Caîsar Tripolim Equitibus attribueras, ob fummam ajrarii renui-

tatem , hi, qua; deestent munitionibus, períicere non potuissenc^

Ea de re^^neobarbiinFranciam trajectione,Caesarem cerna*.

T 11 ij;

Page 527: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

516 P -R.E U V ES b U III. 1*;0- ME

renî factum, omnibusqùe precibus rògatum fuisse, ut hujus locî

curam Ecjuitibus adimeret, ae in se reciperec 5 sed hoc eum ref-

poníum dedisté, Tripolim sine M élira fërvári non possè, atquetonias sainte m in alterius sálute consistetë : Equités /aut Melka

.excédèrent, aut utramquefustentarent. Postremò,perexcellens

Régis inEquités studiuni, 6c singularem benevolentiam, Aramo

rogatur^ utlabaiìtenjlâtquë inelinatam fulcirétmilitiâm:totoqueanimo insiste ret /ut ab ïtinerë ad hostes divêrteret, ôc ab oppu-

gnationeTrípplkanaeòsdeduceret. Quod si su o nomine adipiícínon

poster/id autoritateregia nkeretur. Hocôchonori sibi, ÔC

Reipublicaî Christiaiia; eommodo futurum. Ut Aramo heiií fui

iìdemtam intiméimplorari per ípicit,

eu jus insignemcharitáterrt

ergaeum ordinem paulò àmb ad còncilium pertulerat: etsimultis

rationibus ad ker instkurum tráhebatur, ne tamen Omedes querî

posset, taliternpore projéctum se & desertum fuisle /precibusaf.

sentit, & quantum gratia apud Bascianum valeret, seconaturunv

pollicetur :deque ea quod consequi poster, si celox ad hune uíum

rribuéretùr, quamprimùm significaturum. His rébus agi tatis, ac-

cepta eelace, ad Tripolim curíum instituit. Eò devectus, ternie

çannasi murales jam in terram expositas, fossasque duci cceptas,

quibus ha; sine perieuio ad muros producerentur.Non tamen se

abstinuitquin íummis preeibus, totoque ânimi conatu, ab op-

pùgnationis sententia Bascianum deducere contenderet, sed hoc

refponfum tulit, Equités /amiíïà Rhodp/fidem sitarn Solimano

obstrinxiste, contraTurehas arma se nunquarn esse laturos : sed

eosíprëta juris jtrrandi religiône, quum à Carolo Ca;sare Solimano

bellum inferretur, non folùm operam conferre, sed etiam ipso

.quiescente, quantum postent effieere/fuo nomineTurchismole^

stiam exhibere. Hos noviffirnë ad Africanum oppidum, magnum.

Dorguto incommodum attulisse : quam injuriam bello persequiSolimanus decrevisset : eamque ob rem maxime,claíïëm instru-

xisset, ut eos Africa expelleret : hujus non poste mandatum ne-

gligi. Aramo, quum propositumnon obtinuisset/in animo de-

sigit, nullam tèmporis parteniintermissa; navigatione, Solirna-

humeste sibiadeundufn ,ût ab hocimperraret quod. Legatus con*

cedere non porerat. Itaque à Legato petit, ut sua voluntate id

sibi lieeat. Hoc ipse abnuit, ôc paucorum dierum moram postu-lat /dum expectatur quis eventus obsessos excipiat, Aramo ípe

profectionis depulsos,quatuor à clastè. pastuum raillibus naves,

Page 528: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L'HI ST O IRE DE M AL TE,J^

suas promovit : atque ad nutum Bafciani, in anchorìs oppugna-itionis

exkumoperitur. Nostri ut conipiciunt operibus hostes ani-

mum intendisse, cannis fortissimo rem gérant, ka ut insolentius

progredientes, ôc machinas incautius proferentes, earum ali-

quibus effractis, regrediultra

pilarum jactum compelierent : ÔC

mediocri latitudine foffasagere ,: npstrisque obducere, quibus

tecti sine perieuio in opère versarentur, machinasque prompye-rent. Erat hoc eis non difficile , wquòd ôc Castro magna objectasit

planifies-, soli- arenacei , Ôc servprum maxima, copia va.

leanr. Hoc artificio, usus tormentorum, quibus omnia nostri

íperavissent, interik. Quin imò hostes efïecerunt, ut viis ça;eis

occulti, scslxcastrisuccedeiites, cannasmaximas sex ôç triginta/nullo suo malo, contra arcem collpcarent;t-tum: fuie ulquequaf

que n ostris iniq ua con tentip. Çastél li m u r u s c oemen t is lut p com*.

pactis constructus est : turribus ab angulis, angusto fpatioulterius

exporrectis , fabuloque -re-fertis congesto. Murum qupquevêtu-

stas sicafFecerat, ut ariditate lutum in pulveremdesinens,pe?nitus destueret : atque coagmenta lapidum giutino destituta dév

hifeerent, antequam Brachamondus eques Hispanus, hujus loci

procurationem adeptus, aiiimadversum vitium calée obduceret,

totumque murum dealbaret. Operibus perfectis v hostes hoc or<-

•dine in adversum murum cannas statuerunt. Duodeeim,eodem

tèmporis articulo ignem concipientes, unum omnes impetum fa-

ciebant. Mox, dum inanes referciuntur -,• sequentes duadeeim,

flammaparker comprehenfa, globos

ad eandem eontusionçm,

quam priores, eodem vestigio ejaculabantur. Protinusordoter-

tius hocexemplo erumpebar. Ita eveniebat, quum

nullapars

tèmporis à pugna intermkteretur, ut Ôc murum afstictum-m-u-

niendi, ôc omnino in eo consistendi facilitas eriperetur. Feeliei-

tate maximacontigerat,

ut quam mûri par tem hostes appâtèrent,ea ester fubstructionibus & aggere objecta firmiffima : quibus mu-

nkionibus, globi quum murum trajecissent, tardabantur. Acee-

debat, quòd globi, fupremumfoslïc labrum transvolantes, mûri

fastigium quasi ad amussim abradebant, tanta inferius altitudine

relicta, quanta ab imo íumma fostà; extabant labra : qua;altitudo,

quòd scalas non admktebat, nostris maximum solatiutn praîbe-

bat. Erat inclu forum in numéro , Provinçialis Çavaglionensis,

qui longamotus

ejus regionisconfuetudine , à ÇbristianarelU

gionç defeceratr& mercede janidiu nostrorum consilia hpstibus

Ttt iij

Page 529: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ptP R t vv B s Du III. TOME*

cfferebat. îríic feu loco timeret, feu pactione eum hostibus itâv

convenistèt, ad eostransfugit

:cognkifque anteacastelli omnibus

incommodis, quid in munkionibus perfectum non esset, quaque

muras attôntandus effet, hostibus enuntiat:illr hod audito, quò

is indicaverat vtormenta provexerunt. Partem indiciocognitanv

Principis habitatioimbeciìlam reddiderat j ha;c enim castri moe-

nia contingk, eundemque eum castro murum habet. Supremumdomus tabulatum, receptui Principis erat accommodatum. Cui

subjectumíjpatium,ufui cella; promptuaria; erat attributum : bine

siebat, ut nullis structionibus, aut aggesta terra, eaparsmeeniumfirmaretur. Ostendimus fumma fosse labraab imo solo tantium

exurgere, ut quum globi transmiffi murum ad librâm discutèrent,

ipsius tamen labèfactati summitatem fcala;producta; pertitigere

non possént* Hoc, ne hostium, mûriihfimisubruendi propofítUm

impedketvii j efïbsta quantum sibisatis este visu m est terra y ôc

egësta, usque eò cannas demiserunt j ut eertiffimè locum à per-

fuganotatum

attingerent. Intentos operi tegebatfossa; paries

ôlim à Ça;íàriánis âdveríò castro tranfductus, ut arenas in fossam

prpstue^esjsssteretyhie

paries,ut

ignis cannis admòvetur, de-

jicitur ^ & ad muros globi perveniunt, eofque brevi tempore per-

fpdiuntipar^^ , celteque te-

ftudine muro, innitente aggravata, frequenti commotione ccepit

prpciimbere. Huie perieuio quum nostri milites nullum 'reme-'

dium invenirentvtantus eis timor, rantaque animi perturbatió

incessit, ut palàm ôc apert£yprojectis armisyab officio discede-

rent : & spemextremam klutis in deditionis subsidio collocantes,

ita per honestislimos fuigeneris inter se eolloquerentur, debere

seijSuelàlutisrationemhabere: quoadlieuerat, sefatisofficio fe-

ciste i re yerò cseípearàtaÔC perdira, non eis esse succensendum, si

sibi consiliuïn caperçnt. Cìaípar Valerius AUpbrox, vir à prima

pubertate,ob animi

proestantiam perpetuamque vitas fcelieita-

tem, ab Equkibus maximo in honoresemper habirus, ôc

prop-terea gravi hoe tempare, eastelli

imperio prafectusfuerat. Is re

€ognita,adyocatasàcerdotej mtemplum eoncesserat, utconfe£

fionis religiprie eonfeientiam íiiamexpiaret,

ôc inde fecurius pe^riculum iníret, suoque exemplo milites in officio contineret, inv

hoc oecupatum nonnullï eorum qui inter milites primastenei.'

bantinterrumpunt. Exponunt, milites sic animis cecidisse, uc:

f ristiníB virtutis immemores v neque vi, neque pudore retineili

Page 530: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

©E t'Hl ST O I ïtE DE MA ttE.jï|j

potuistent, quominiíis murum eustodiis vacUum contraimpíeriumj

deseruissent :eórumque rem rediistè, ut servi quatuor Y eatenis

vincti, quà murus surïbssus erat, ad hostes transfugiflent.

Valeí

rius rei iniquitatè permotus Equités accérsit,apUdquos íè in tan*

tis malis derelictum querirur, ac de salure eommuni orat ôc ob-

secrat, ut operum aliquam rationem instituant/quibus averfb

perieuio milires secolligerent ,ôc ad dimiçandum animum reci*

perent. Poësius Franeus, maximi vir animi, uíu rerum ÔC tem*

poris pracrogativà ca;teris anteibat. Hic proíòeiis vérba facit /

ôc inilkibus contumelipsis vocibus castigaris , quòd tatst leviterí -

animadefeeerant, ostendit rem non ita

pròflrgátam esse, si ad fe

redirent, utípes nulla salutis fuperessét. Inde àdvënire se , quò

esset iliatum damnum : cellam promptuariam v quam vis magno

labore, ckò tamen refici poste, si studium adhiberetúr : ÔcfórV

nieem, çujus casum pracipuè fbrmidarent, atìeribus ôc lubneis

fubjectis sufïulciri, dum ceila compleretur.P rieterea turrim non»

ëlpnginqup ad eam partem ípectare, qUa hostibus estèt in arcera

invàdendum. Inde ad fornieem foflam ducere liéere/Ôc hanc

ab labris vallp ihtercludere, neproruentes hostes se di^nderent-s

fed conferti, ôcintra fosse angustias coacti, ad tur^tóré%àper^;venirent. Hue, si quicquid erat tormentòrutn, eastf^fíè^r ;Hôç;

in ad ver sos hostes o bjiceretur, ce r tiffi mo foreàà eos propulseni-'

dos remediò. Quinetiam si ad iplas muriruinas -resgerenda estet^

virtuti tamen locum non defbre : quòd quandiu hostes eum nofir

tris manum conférèrent, eorum eannaî àpugna íupérfédèrent,/

ne utriqué pariter protererentur. ©énique pr&starè /larlitér p*u

gnando,vira eum honore defungi, quàm hostium erudêliffime**

rum arbkrio dedkos, ad íupplicium fummóíquecruciatusi trahi/

In eam sententiam , hoc, Equitum, fuóque nominepròfitetur,

sise milites ad pristinamalacritatem revòcárent"; Ôc Equkibus

Î>ugna

defeffis vellent íuccedere, sese primumhostium impètum

aturos. Hune dicentem arcisArgozilusHispanus,

maxima; in>

ter milites autoritatis, interpellât, Prancorum ôc HiípanorumV

longé diveríam esse rationem : Francos amiciria ôc feedere eum

Turchis conjunctos, quibufeum bellacontinentiâ Hifpanisinter*.

cédèrent. Item quotquot estent castro eonelusi ^îifpanos,aut

aliundeex Cx.saris este ditione, paucis exceptis Francis, quibus

regia; naviîs hostilibus admixta;profugio paterent.

Ea fiduciay

pocfium hanc animi pra;sentum ostentare?sed Gíefoxiani* ter«

Page 531: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

fï<s PREWVES cu III. TOME

tam effeperniciem paratam,nisi tempori sibi prospicerent. Bre-

vem este consulendi occasionem , quum usque advesperam mu-

rus stare non postet j nisi hostespugna;

finern facerent. Quòd si

vel diutius óppugnatio fustineretur, ípetamen auxiliorum mili-

tibus adempta, hostibus tandem cedendum este , atque invitam

deditionem subeundam. Aslèntiuntqui aderant Equités Hispani,Tribunus militum ôc Quacstor : quíque militum nomine conve-

nerant. Quibus iratus Poësius, convitiis Argozilum prosequutus,à concilio sefubducit : arque , Agite, inquit, Equités ut lubet :

hac certè re calamkatem meam consolabor, quòd me militia?

nostra; officium integerrimè praesticiste affirmare potero. Hune

reliqui Franci, ôc unicus Germanus, qui eum eo advenerant,

consequuntur. Eorum diseestu his de rébus agitur liberius. Qua;

Argozilus proposuerat, plenius ôc uberius repetk : ac tot viro-

rum, foeminarum ôc puerorum perieuio Valerium ad misera-

tionem cohortatur : quibus omnibus, si castrumirruptione ca-

peretur/miseramservitutemautmortem crudeliffimam pati ne-

ceste ester. Dum adhucaliquid spei restabat,ad aliquam com.

positiofïis xquitatem hostes adduci posse : qui, si expectaretur,dum radicitus murus convulsus essec, nulla erant posthac uíuri

pacisconditione. Valerium Poësii oratio anxium detinebat, ÔC

à concionis judicio distractum ad pugna; cogitationem revoea-

bat. Sed eò aerius commemoratione periculi, ex militum metu,à

perterrkis urgetur.In eam occasionem dux novorum delec-

tuum dejerat, sua; non este porestatis,ut vel unum ex fuis ad

mûri custodiam adigeret. Qua periculi repra;íentatione Valerius

adduckur , ut mktendum esse puter, qui murum dirutum, qua;.

que de operum ratione Poësiusdifferuislèt,diligenterinspiccret.

Huic reiGuivarrus Hispanus pra;fickur,cui propter acratem , ôc

rei militaris ícientiam milites plurimùm tribuebant. Is refert

damnum opinione majus acceptum esse , neque contra talem

tormenrorum impétum , ad nodem murumposte consistere :.

longumôc impedkum sibi videri quod Poësius. ©stenderat. His

in concilio agkatis, ut jam omnia Valerium deficere viderentur ,.

hune impellunt,ut è muro facta significatione, hostes ad collo-

quium evocenfbr. Accurrentesinterrogantur, an liceret obsell

sis ad Bascianum decompositionelegatosmkrere. Dumaffertur

responfum ç de conditionibus deditionis in conciliodisputatur^

Hic tandem omnium íententiarum fuit exitus, si omnibus ad

unum

Page 532: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L'HISTOIR! DE MALTE: 4 $itunum pax esset, atque incolumibus excedere concederetur, ôc

ad transmittendum naves attribuerentur , castrum relictum iri.-

His eum Basciano tractandis conditionibusHif^aniduo delegan-

tur, unus Eques, qui suorum nomine promitteret : a-lter Guivar-

rus^ cujus fuprà mentionem habuimus. Hifacta pòtestate , ad

hostesproficifeuntur, quoeque habeant mandata,exponunt. Bail

cianus his audkis, haclegequo cupérent se defeensurum este pro--

nuntiat, si de omnibusimpensis sibi satisfieret. Legati multis ra-

tionibuspropositisr quibus sumptuum rationem non habendam

este contendebant, expenías restitui posse negant rquumque Bas-

cianum minime moverent, re infecta ad castrum se référant. Hos.

Dorgutus Raisius conspicatus, vana delufos ppHicitatipne remo-

râtur/dum à Basciano rediret. Ad quem quum se cantulistet,,'

mpnet ne íuaíponte deditionem maturantes repelleret,eisom-;nia libéraliser promitteret, ôc quum sibi liceret, ad libitum con-:-

cederetrne à praecïfa ípe misericordia; ad animi fortkudinem

(récurrentes, ultimam necèffitatem experirentur. Murorum ma^

gna jam parte dejecta/si reiiquam labefacere perseveraret, ca--

ftrumexpugnatum

maximo labore refectum iri y ôc periçulun*

fore, ne post claffis perfectionem , ejus restkuendi- facultatenv

Caeíar prasriperet.Hac monitione, mutata, fententia, Bascianus

tegatosrevocari jubet. Reverses verborum illecebris irretit.,,.-"

ut credant Salaraisio ôc Dorgutofe remisisse quod dé

fumptibus

reprSKfentandis antè constituera* : atque horumgracia, quam ob-

seffi pacis eonditipnem obtulistent, ratam habere :utque magis-

falleret, vanam jurisjurandi religionem per caput heri Solimani>(

dictis adjungit, atque in fraudem illectos ita dimittit. Hps co-

minus infequitur homo inter Bafciani domestieps exquisitusr

qui Valerium advoearet, ut cura Basciano de návibus pro eapi*tum numéro proeparandis transigeret s quòd si Vaíerius haesitarer ,v

atque egredi dubitaret, affingeret exquisitus ille, se obsidis loco-

remaníurum : intérim singulorumobservaret yultus, quid fídu-

cia; pra; se ferrent. Introjnislus, Valerio-legationem expenit, &

cunctanti verbis assert confidentiam, ac de Basciano docet non-

este metuendum, ne promissonon satisfaceret, quum fidem ju-

rejurando per caput heri astrinxistet, quod ei nationi omnium,

gravissimum & íanctiffimum esse solet. Sumptoad respondendum.;

ípatio, Vaíerius rem ad concilium désert : varia; dicunrur íenten—

tia?: hue tamen omnium fpectabac exkus,ex tèmporisôc rerumv

Tome 1I1„ .'

V u.a.

Page 533: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

:jfU" * PREUVES DU IIÏ. TOME

iniquitate consilitjm capi oportere. Eò calamitâtis íe redactos

este, ut hostium manus effugerenon postent, sed eorum navibus

sibi este transmua1um. Itaque prasstare uriius

perieuio experiri

quideffet in eis constantia; ôc fidei, quàm expectare dum univeríì

potestatemfiai faeièntes fide non

fervaca;,périrent. Eos, homines

barbares, iracundos ôc supèrbos esse. Si Vaíerius adeoìloquium.

invitatus prodire recusaret,hoe oeeasionis loco fumptum irifíJ

dei yiolaiída;, eui credendum este non duxïstent. Secundum ha;ç

Vaíerius difôrimini se commktk, Ôc Eqúkemex domesticis via?

eomitem #eiíck, ut si quid contra/ fidem accidistet, perhune

reliqui fëcti cërtiorés si^ Quem obsidis loco rjeti-í

nèré pptêrât, fìoluk j ut niajorem fiducia; significationem ederety

Sed ubi ad Bafciani tabernaculumappropinquarunt, pra;çuîrrit;

ille, ôC enuntiat, unde veniret, omnes este perturbatos :ut quumvvultu metum non

tegerent,non fuerit judicare difficile, eis vi4

4eri nihillongius, quàm ex quibus premerentur angustiis eva-5

dere :siBafeianuspergeret, quaçeuperet, omnia coníequuturum»

Hoc intellecto Bascianus, Valerium acri excipit objurgatione*

quòd in tantumcontemptum ipsi venisset Solimani elaffis, ut

instar alicujus stabuli eastrum contra hane armis tueri in animo

habnisteti hoc eum facto extrema omnia commeruiffe : verum*

tamen si fumptus qui in castelli oppugnatione facti estent, re-í

penderet,ipsi ignotum iri; id si non faceret, óbsessos impensa-.rum loco haberi oportere. Hoe edicto Vaíerius perturbatus;

pactionem initamproponit, fidemque sibi dâtam rèquirit : cujus

si Bascianum poeniceat, ut rem infectam esse velit, hoc se con-

jtentum esse, sibi modo reverti liceat, unde fide publica vocatus

advenerat. Hocei negato, oegrè permktktkur, ut via; comkem.

&é fuos remitteret rei nuntïanda; causa :quo misso,ipsead

naves

cradùckur, ôc in vincula cpnjickur. Qua re per nuntium eoghita>

varius obseffis inceffit dolor. Quumque non satis animo comple-

cterentur, quò se à tamrepentina ôc acerba ealamkate averte-î

rent, luctu ÔC querelis diem confumentes, fui muniendi diligent$iam omittebant :

arque ab Equitibus milites incitati vexatìque

iconvitiis, desixo ad terram vultu, fientes in tabernaculis eum

nxoribus ôc liberis abditi, suam perniciem miserebantur :neque

•ulla ratione obtineri potuit, ut ad dimieandi propositum ani-'

Pïurn adverterent. Postero die, prima luce, idem qui nuntium

l^faiíssum attulerat \ ad hostes remittitur, ut intelligerecura»

Page 534: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L'HISTOIRE DÉ MALTE. 523?.Bascianus de durkia quicquam imminuistèt : simul Vaíerius à

Basciano accersitus interrogatur,an probaret diei superiorisedi-ctum de obsidionis

sumptibus reprassentandis, Cui Vaíerius capitísdiminutionem objectans/ostendit nullam se poste sententiam di-

cere, nisi quam jussus esset, feque eum libertate castri pra;fectu*ram & imperium amisislè, parvique referre, Bascianam sanctio-

nemprobaret,animprobaret,quumamplius nullus fui refpectus

Kaberetur : si tamen adhuc sibi quicquam juris reliquum ester,

ìmpellise

nunquam posse, ut censeret aut íiíaderet aliam dedi-

tionis legem fubeundam, atque tegatorum pactionibus conve^

nistet. Ne ha;c fententia; constantia ad obfessos perlatà, eos ab*

instituto consilio deterreret, remque ad pristinam belli rationem

revocaret, pauca Bascianus eum fuis eolloquùtus, eadem usus si-

mulatione de omnibus liberacndis, liuic dexteràm prehendit,.

arque arridens : Nunc, inquit, extrâ omnem exceptionem , pollii.

cita confirmamusrdiuturna obseffipne, ôc animi íuspénfîòne lan-

guentes tandem ad libertatem evoca. Vaíerius femel deceptUs T

fluxa; fidei parum credens, hane in se provinciam non recipit,,íêd vocato incluforum nuntio:Huic, inquit, hère, qua; jubés,,.

pra;eipe, imperio fortuna me dejecit. Quod ergo per Valerium-

facere non potest Bascianus, per nuntium exequitur. ïllos ad-

vocat, eisque nihil nocitum iri fide íuaestè jubet, atque per ca-

put Solimani dejerat. Nuntius hac onustus vankate, adsuospro-

perat, ôc nuntiumeffundit. Hoc audito^metu se militesexpe-

diunc, ac lanitiagestientes exitum parare ineipiunt. Quumque

Equités consideratius exitum fieri oportere pronuntiastent, mi-

lites quicquid tèmporis intercederet, hoc libertatem suam mo-

irari ôc impedire arbitrati, cpncursu ad portas facto , éonferti

eum uxoribus ôc liberis, castro se précipites agunt. Hostes tur-

matim ante portas diípositi, ut emigranteséxciperent ôc depra*-

darentur : id fàciunt, omnibuíque rébus, quas quiíque chariffi-

masabstulisset,expoliatos, praedoelocoad navesabducunt. Mau-

ros ducentos, qui, ex quo tempore Tripolim Equités adeptifue-

rant, ho rum fidem semper erant sequuti, interficiurit 5 parsEqut.

tumexpoliata,

ad Bascianum deduekur, reliquis ad naves ab-

reptis : quibus visis Vaíerius Basciano fidemobjick

:íed hic cuira

canibus fidem se non colère refpondet: tamque sibi liberum esse-

promislanon exolvere, quam illis fidem Solimano Rhodi jura--

tam fefellisse. Hostes eastro potiti, acclamàtionibus, fuo moie^,

Y u u i%

Page 535: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

fi4PREUVES DU IIL TOME

ôc cannarum strepku in ca;lum editis, victoriam concélébrant;

Hue Aramo accedit, ôcEquités

humiprostratos inspectans, mi*

fericordia commotus, ad Valerium procedk , eumque quibus

potestver bis ex tempore confolatur. Hoc peracto, fidem à Bas-

ciano violas am intelligit, Ôcobnixè rogatur, ut ab eo contendat,

si fidem intégrénon servaret, numerum tamen à se prasferiptum;

impleréf. E ducentis, quibus initio pactionum ultrò roiffionem

fòoponderat, perpaucos vinculis exemerat. Aramo huic opérant

iuam professes,ad Bascianum se confert, narrât qua; de fide non

servata Vaíerius opponerer. Hic item fide ab Equitibus SoUma-!

nofracta se protegk. Vix tandem obtinetur, ut ducentis catehaï

demerentur. Quin etiam ut ad Gosiram factum demonstravimus/

senio eonfecti, ôc ad rem gerendam inutiles absolvuuntur, Equi-

tibus Hispaiiis asservatis, aliquot Francis adolescentibus ádmix4

tis. Qui ut vineulis solverentur, peeunia Bascianum Aramo ex-

pugnavk, atque illos solutos fuis navibus impofuit. Ad portus in-

troitum, mediperiab arce intervallo, olim Gefariani posturbem

i fe captam turr-im Cxekaverant ^ ha;c uni ex Francis Equitibus

trigintamilitum praesidio eustodienda commiffa fuerat. Hostes/

Castro potici, hane etiam quum expugnare pararent, ad eaídem

^rtes, quibus Valerium fefellerant, confugiunt$ sed is eorum fi-

4ei mimmè confises, rem confultò tractandis conditionibus ex-

trahit, dum naviçulam nancifckur, in quam univerfo contuber-

nip impófito^ad ArampnisNnaves perveniret. His rébusgestis,

Aramo facta poteííate, naves folv^t, Ôc Tripolis reliquias Meli-l

tam trajick. Harum appulfu ,'cafu Tripolis cognitp, ôc cumGo-

siranqrum pernieie collato , Omedes animo graviter laborare

çcepit t'ôc rationem inire quo modo iis de rébus Caefari se pur~;

garet,ut cuipa vacare crederetur} hune verò qua; ange

bat ratio

potissima erat, quòd annis superioribus , quum relatum estèt/

Caeíar, te nolle Tripolis custodiam Equitibus remittere, indictis

ÔC peractis comitiis íolennibus, omnibus cautionibus sancitum

fuerat, ut reliquis curisposthabitis,

in unamrem Tripolkanam

incumberetur, ôc statim ac per opportunkatem liceret, eò mili-

tja transferretur : intérim quotannis Equités quinquagintatranf-

initrerentur, donec ad universitatem deventum estet : quod ta-

men Omede prohibente fieri non potuerat : Pontifias maximí

bénéficie cpneessum est militia; principibns, utsingulisquinquen-;

$jis? eujusque provinciíedéfiniras

posseíïïones vacuas, quibus yi-j

Page 536: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E L'H I S T O I RE DE M A t TE. Ji Jfam sit commendare/ôc ab eo qui fuerit auctus ea liberalkate ,

anni unius proventum exigere. Hac tamenlege

id est impetra-

tum, ut exactampecuniam

ex aequo Prineepseum serario par-

tiatur, ôc arqua pars in castrorum munitionibus collócetur. No-

yemdecim provinciis militiam constarepîaiïum est, triaque post

initum principatum quinquennia Omedi aírluxisse, quibus ôc rem

suam familiaremgenufque

auxkampliísimé, ôc facukates magnas

asrario fráudato comparavk, domumque avertit. Ei rei Tripoli-:tana; munitiones magnum impedimentum attulissen.t : sed ne/

Casser , ipsi Tripolitanum excidium ascriberesj hoc ille modo

prascurrendum esseputavit. Familiaribus aliquot nominàtim evo-

catis, ôc in cellam a;dium occultiorem retrusis, quòd aliis prae*

sentibus sermones fuos jactari nollet; graviter apvid eos factum

fuum queritur, quòd Aramonis animo non ita probe sibi perspe-cto ôc cognito, hune tamen ad Turchas allegaíset, qui tametsi â

militia; rationibus alienum animum non gereret,erat rìihilomi-

nus fola pra;sentia deditionis caulàm prasbiturus : quòd inclust

navium ejus subsidio confisi , erant eontentionis pertinaciâm ôc

studium deposituri. Quin etiam credibile esté, Aramonem sua;

gentis feedere eum Turcharum natione/rerumque communica-

tione follickatum , Valerio Franco defectionis autorem fuiste /

atque ita ejus alacritatem repressistè -y(cujus torpore ôc târdirate

milites adducti, ad deditionis conditiones defeendistent ) hoc

percontationibus elici & feiriposse. Etenim omnibus mirum v>>

deri quinque omnino diebus, quibus eò ventum sit / arcem vali-

diffimam expugnatam este. Hoc feu diceret, quòd fraudem ad-

mistamessecrederet, feu verecundia ductus, quòd despectocon-cilii judicio mature Tripolis perieuio proevertere récusasses\ quó-

niam compertum non habeo, pro certo ponere nolui. Qui ei ser-

moni intererant, ut se affentiri comprobarent, de suo quisque

addit, qua; ad rem pertinerearbitratur j denique ratiocinatio-

nibus in multam noctem extractis eoncludítur, in Valerium qua;-stionem decerni oportere : sed hoc negotium in Aramonis dif-

cessum este differendum : intérim dum ipse navibus portum oc-i

cupat, clausis castri januis totomuro custodias diffundi,nequídclàm eum Francis commolitus , ex insidiis castrum occuparet.

HÍCC occulte structa technaserpere ccepit latíus, atque alteri ab

altero quasi permanus tradita certo autore occultato, quum

plures autores este viderentur, ac de suo. quisque sempçr aliquid

y uuiij

Page 537: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

p6PREUVES DU III. TOME

adderet, sic aucta est , ut castri muniendi causa ànimo dislìmù-

lato magnus postridie ad Omedem Equitum ôc militum fieret

concursus. Ha;c ad Aramoiiem amicorum indicio per vénérant j-

is tamen animi confcientià ôc domestico fretus judicio, in conci-

lium se conferre délibérât, ut redderet à se fuscepta; pròcura-tionis rationem. Adeuntem Omedes magna hominum frequen-tia excipk/ôc juxfa se aífidere faeit. Tum Aramo exponit, ut

fuprà ostendimus, de Castro expugnando qua; Bascianus a Soli-

mano mandata habuisset/ôc , ut hune ab instituto dedueeretr,

quantum ipíe coriatus eslet : quidve résponsi abstuliffetj deinde

ejus perfidiâmemorata i aflerit se omnino astêqui non

potuiste,ut alia

lege, qui in vinculis erantEqukes, abíolverentur, quàm

úttriginta, qui ad Mélitam interceptì fuerantTurchâ;, itidem

libertate donarentur : cujus i?ei âValerio promista; Equitum prë-cibus fidejustôr extkisset. Proinde rogare ut apud se bona fide

deponerentur, ne Bascianus dé eo quëri postèt : multa ad dit ád

Equitum excuíationem, debilitati loci eulpam calamiratis atrri-

buens. Qua oratione suam indiligentiam tangiGmedes fufpi-

catus, paucis, ôc subfrigidè agit ei gratias, ôc confestimfpe

re-

cipiendorum captivorum repellit ad Valerium Ôc íocios hac ex-

eufatione rejectum,quòd captivi prâ;da eorum estent, à quibus

captafuerant : nec aliter haberi eos poíse, quàm pecuniâ redem-

ptos. Misso ad vesperâm concilio, qui pridie secrèti fuerant par-

ticipes, in conclave ab eo sevoeantur j ubi de suspicionibus ôc ra-

tione perficiendi plenius agkur ôc liberius : sed dé Francis labo-

ratur, qua arte câpi poísint, ut dolos non sentiant j hoec enim

natio numéro plurimùm valet, qua; si illorumproposito advería

fuistèt, magnam difficultatem attulistèt. In eam rem hic muni-

tur aditus. Hominés idonéi deliguntur, qui viros primarios sin-

gulatim prensent ôc doceant, nisi in dedkkios summa severitáte

exemplumederetur, quantummilitia; dedecus állatura esset Tri-

polis deditio. Francorum nationem sic semper meruisse, ut nul-

lam unquam ignominiam fustinuerk. Nunc veròmagno Reipu-

blica; Christiana; dëtrimento accidisse, ut qui Tripolis imperiunl

obtinébat Francus, rclicto loco sibidemandato, ab hoste voca-

tus:quoex facto arcis deditio sequutasit. Quum in primislaudi

studeant Franci, eorum este hoc acrius instare, ut causa cognira

de eo statueretur : ne ea parte neglectáaut impedka , admista;

turpitudinis confcii fuiffe crederentur. Rem coneionís árbitrio

Page 538: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE L'HI s TOI RE DE MALTE. py

îpermktere, unicnm ad omnem tollendamsuípicionëm este re.

médium, ut si neceffitate, quod quidem credibile est, locum des

sertum fuiste constitistet, desertores optimatum fehtentiis abfel-

verentur. His rébus ita concinnatis, primùm invaduìitur aulici,

quòd Omedis gratiam pra; ca;teris omnibus, rébus sectari Crede-

rentur; hicapti laudis imagine, ôc pollicirationibus cireunventi

flectuntur, utípe principes fore ad Valerii noxanípersequéndam

profiteantur. Qui apúd eum ordinem Frameprum nomine appel-

ïantur, diligentia; laudemreliquis prasripiunt, procurant ut suo-

rum prpvincialium concio indicatur. Quùmque permulti cpnve*

nistènt, ôcprinceps eorum non adestèt, quasrkur à senioribus quo

impulsore,ôc,qua de re coivistènt. Ad hoe quum nemo reípon-

disset, re infecìacongregati, dilabi è concipne inçipiebant :sed

illi qua;sita ôc illata causa recedentes recihent, ôceasteros festi-

vos, ôcjocis intentos,ut cujufque natura ôc ingenium ferebat,ad excidii

Tripolkani mentionem convertunt. Commëmorane

edicTioprincipali statutum este, ut uni versa; pravincia; generatim

cogerentur, ôc unaquasque certum quempiam deligeret, qui Va-

lerium Tripolis desertoremadfupplicium deposceretj non sibi

committendum esse, ut postremi ad eam rem fuisse dieerentur,ne desertionis crimen

protegere viderentur. Hocuniversi non

probant,quòd accufationesejusmodi ôc expostulationes adacto*

rem publicum potiuspertineant j estetqueadhucinaudkum» Equi-tés suo nomine eo munere functos este. Hue tamen vario sermone

pervenkur, eligi certè poste, non qui actoris partes impleret, fed

qui ab Omede postularet, ut Valerium in concilio causam dicere

cogérer, cur hostibus ceffisset, locumque dereliquistèt y hoc qui*dem fummis precibus Valerium contendere, sed ei minime réf.-

ponderi. Rem novam non temerè tentandam este : Francorum

hationem ab omni criminis suspicione; semper integram extitisse:

quam laudem nonomnesreliqua;nationes possentufurpare. Rho-

dicontigisse, ut ex Hispanis

unusprodkionis insimulatus,eòque-

nomine damnatus , pâmas daret j non fortasse fore omnibus in^

jucundum, Francos fama; jactura Hispanis exarquari : secundurrt.;

hane fententiamsuffrages adlegkur qui deliberara ad Omeden*

perferat. Hoc ille audito Francorum diligentiam pluribus extol->

lit verbis : verum id negotii in Aramonis discestumprorogat.

Aramo rem frumentariam expediebat, cui rei insumptatridui

mora, ab iniquis dicebatur consultò tempus extrahere , dum

Page 539: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

jiS PREUVES DU III. TOME

Turcha; adventarent, ut rem Melkanam eum Tripolitâna con*

jungeret. Post ejus profectionem, Omedispra;cepto , nationes

generatim congrégata;, singulos accuíatoresnuncupant, qui de-

sertionis crimine Valerium accerserent, ôcpeenas expeterenr.

Hoc autem causa eognita fiefi, petentibus Francis, Octavii Fer-

nesii exémplum de Colorgna; arcis prasfecto opponitur j quem

post âreem amistanr Fernesius ad suspendium indicta causa ade-

gerat. Auditis omniumexpostulationibus deeernitur, ut Vaíe-

rius, ôc qui astènse eonsilium ejus coroprobastenr, causam dïce-

rent è vinculis. Qua*stioni tribus Equitibus nominatis adjungitur

Augustinus CombusMelitensis, quem ex infima fortuna ôc v|li

plèbe ad honestumdignitatis gradum Omedes evexerat. Qui

actorispublici officio fungeretur, ôc in reos testes eonstitueret,

aç delegatos instigaret, ex Omedis animo conquisitus Hiípanùs

píoefiekur. HoC urgente Vaíerius in vincula conjieitur, Caeíaraa;

ditionis Equitibus armatis undique confluentíbus,- ôc nespicula.

tòris manus efFugeret, simul carceri custodes admoventur.Jam

non utprius ulla modestia j sed aguntur omniaraptim atquetur.

batèrpalàmque Vaíerius proditionisinsimulatur. Franei, etsi hane

in se calumniam cudiperfpiciebantj

armis tamen jus íuum exe-

qui nolebant : ne diceretur eorum conrentio hue spectaffe, ut res

examini demandata ôc permissa, testibus non conficeretur. Cum

Piglino Italorum duce vêtusVillagagnoni intereedebat amickia;

neceíStudo. IsPiglinus, quòd a;re âlienoplurimùmpremererur/

militia; legibus à dignitatibus arcebatur : reque in controversiâm

adducta, quem nunc tenet dignitatis gradum, ab Omedis libe-

ralkate acceperat j ob qua; mérita ôc ei plurimum fidit Omedes,ÔC propter

amoris afsectum plurimùm tribuk. Villagagno anti-

quam íuam consuetudinem satisestëcauíà;adeumadeundum ju-

dicans, docet quàm insolenter, quantoque seditionis cum peri-euio

gestares estet : vifos fuisse qui non solùm Valerium malè ha-

berent, sed etiamRegem, ejusque Legatum probris estent inse-

ctati. Hoc quoniam est ab omni ingenuitatis ôc honestatis officio

alienum, priusquam resmagisad perniciem inclinaret/ab Orne-

dereprimi

debere. Quùmque apud eum graria tantùm poster,

eumque amickia; locum teneret, petit,ut pro íuain Francosbe-

nevolentia, ôc publica concordia, in hane rem, suam autorka-

tem interponere nongravetur. AfFerebat insuper Villagagno

multas fui judicii rationes, cur in Valerium décréta improbaret :

quarum

Page 540: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

DE E'Hisfoio DE MALTE. 519

iquarum h«c erat justissima. Quum castelli infirmitas militibus

ri m o ris causam pra;buifíet, atque hinc accepta calamitasprorsus

emanaret, tamen in Equités, quibus ad virtute'm nulla res defue-

rat, omnis ignominia intactis miliíibus devolveretur, pííêstàre ,utut res éstèt, sic evulgare, quàm Equitibus, viris fortiífrmis,la-bem turpitudinis immeritam inurere. Etenim munkionis imbe-

cillitatem Ôc vitium, a;rarii tenuitate Ôc paupertate èxcusari, at

ìnjustam Equitibus maculam elui nunquam poste. Neque etiam

accideret quin PrincipumChristianoru m aniroos in

Equités hoc

factum irritaret, Régis prîecipuè: quòd sibi fuseque genti perça-

lumniam ôc frudem tantám infamiam irrogàri graviter laturus

ester . fimul Caìsarêm, qui suo nomine jamFrancosodisset, per-fídia; delationibus aurem libenter aceommodaturum , eaqueoblata causa pdio majore in eos exarserum. Quorum principumiracundia , ut erant militia; res inter se communes ôc confùíà;,communi quoqùe damna erat omnes pariter affectura : néqueuni

partinoceri

poste, quin id alterius fieret incómmodo.Piglii

nus, ubi amiffi castelli culpam in desidioíâm ôc inerrem admini-

ítratiortem, aut peravaritiam opéra negaraaverti sensit, hoc teu

lum in Omedem intendi conjectura colligensiraeundiam non

tenuit. llluin quoque veteres inimicitia; ex judicialis controver1-

sia; molestia suícepta; incitabant/Post Rhodi cladem , usqueadOmedis tempora triremium

imperii summáad Italosreípexerat,

ut diutina posseffione, quasi suo jure hoc honoris sibi vendicárent :

atque vêtante & contradicénte Omede quaesitum este defende-

rent. Re ad Pontificem delata/multis uìtrò citròque cxpositisrationibus

agente Valerio, Ôc Roma; ob eam procurationem con-

sidente, Itali causa ceciderunt 5 hujus diligentia; memoria ôc in-

commode Piglinus vehemeutius incendebarur, ôc hactèmporis

opportunitate fpem doloris ulciscendioblâtam è manibus amitti

dolebat, ut in has voees ferrétur-: Non, inquit, eiculpar, cuitu

cladem impingis, sed uni Valerio acceptam feras. Tum apnd suos

glorians : Nos Rhodi murospenè dejectos, urbe etiam capta di-

midia, objectis- tamen cratibus ac paucis fudibus animo infracto

defendimus : si sie faciendum Vaíerius' sibi proposuistèr, nunc

tanto nostro incommoda hostes castro non potirentur $fed bic

nonnulla fpe fretuSj hostem ad colioquium afcivir, ôc fórruría

pugna; non tcntata; turpiterse dedidit. In hune animadverrine-

cesse est, siGacfarij ad quem maxime pertinet cladis incomrïw».-

Tome lli: * }£x'Xí"

Page 541: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

53o PREUVES DU III. TOME

dum , ve-limus este purgati, Huic refpondet Villagagno, quód

Rhodum penè everlam, fortissimè tamen de'feníam este objecta-

ret : ea re militum-, virtutena ôc animi constantiam patefacere. At

Equitibus ad Tripolim longè*alker evenistè, qui â militibus der

stituti, vix ad rriginta redacti, hostibus pares este non potuistènt.

Quod verò de satisfaciendo Cassari fubjieeret,âse non irnprobari,

si modestia ôc a;qukas adhibeatur : sed insontem pro noxio pce-nas dare, aut

qui per ignaviam ÔC animi imbeeiìlkatem ofren-

disset, prodkionis crimine damnari, rem esi^imprpbi ôc iniqui

judiçii: atque adeò hocinjustioris, quòd éx Aramonis Legati

praîsentia conficto criminé, Régisquoque optimi/optimèdemi-litia meriti, existimatio laederëtur. Hoc responfo Piglinus

èxcán-

defeens, ad jurgia se epnfparabat ; cujus rei vitanda; c;ausa inde

Villagagno se subduxk. Jamrumoribuspercrebuerât JuliumPòu-tificem & Cajsarem junctis copiis Parmam ôc Mirandulam objsi-

dere, atque Henricum Regembello lacessere /hinc occasionem

nonnul11 captantes quoquo versus dimiísis litteris, exponuntAra-

monem Franeos Tripolim imperio pra;fectos corrupiste , ut ex

eonvento Turchis arcem proderent : ipfumque postea Mélitam

rediisse^ ut hane similem ad casum adigeret: Omedem de prodi-

tpribus supplicium sumere conantem, à Francis claufum ôc ob-

feffum teneri. Ha; littera; invulgus edira;, maximi ad odia in

Franços exckanda momenti fuerunt : adeòque res processif, ut

per imperii provineias, Franeum aliquem dici, ad suppliciumJatis este causa; crederetur. Eas imposturas fòvebat judicii in Va-

lerium costituti formula. Omedes gravibus poenis edixerat nequísante sententiam pronuntiatam pro Valerio

fupplicaret,aut ejus

causam ageret: sed in eum

cujusque generistestes admittèrentùr,

neque ullus essetfamacreípectus. Atque ut major essetadstrueri-

dam calumniam licentia, violatis iegibus, obtinetur, ne dicturi

testimònium reoprasfente jurare cogerentur,

neve lato teftimp-

nio revoearentur, ut idrepeterent atque confírmarent. Praterea,

jsiquis, quòdcum eo

privatas gereret inimickias, aut alia causa

à judicio Iegibus arcebatur , ille de hocfupplicans, expulsis ta-

men propter benevolentia; opinionem nonnullis , rejickur. His

rébus actor publicus confirmarus adfacinus audendum impelli-tur. Ex omnibus qui Tripoli fuerant exportati, paucorum egen-tium ôc perditorum delectum habet, eofque doctos quid pro te-

ÍUmonio dicendum esset, pollickationibus ad id ferendumper-

Page 542: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

D E L'H ISTOIRÏ DE MAITL- 53tìicif. Domìnicus Cubillanus, Hispanus, cui aliqnando saisi dam-

nato brachiis post tergum religatis pra;cipitii pcena erat irrogara,testis cooptatur j Vanegaskem Hilpanus, quiabjuratareligione,filios matrimonio fufceptas vendiderat. Praeterea cannarum ma.

gister, ad hostes transfugiensex itinere reprehenfus, eoque no-

mine condemnatus, Valerii clementia mortemessugerar, aiiique

ejusmodi aliquot ad testimonium dieenduin coacti-, affirmant-les-

nunculo noctu ad arcem appuifo, sécréta coìloquia cum Valerio

Turcham habuiffe, acdiepostero ValeriumCavaglionem, quem

ad hostestransfugiffe demonstrâvimus, eum argënti muneribus

ad Bascianum misiste, areemquebiduo post hostibus tradidisse.

Sed quum de rerumtemporibus ôc ordine

interrogarentur, ràm

pertu r bat è ôc variè q ua; docti èran t effu tiebant, u t su a

spont e va-

nitas appareret. Villagagnoubi animadvèrcit talibus testibus quai,

stionem haberi, judices datos Equités convenk • his ostendit fui

esseoffícii, sireíellendorum testium; qua; omnibus estetfaeultas,Valerio

negaretur,ut

ipsi nullos nisiintégra; fâma; restes admit-

terent.Refpondet reorum litem suam se non facturos, fuumque

officium his finibus contineri, ut quosactorpublicus testes pro.

dueeret, interrogarent 5 ille u su eorum testium fretus, ôc Ome-

dani edicti licentia quatuor infuper testes subornaverat, quibus

probaret Àramonera i cannis in terram emissis, arcem cum Tur-

ebis paritér coneuffiste 4idque exvexillis regiisdeprehensum esse $veruntamen quumstulta testium loquacitate frauseffluxistet,ini-

qukatis & calumniae pudore victus sese continuit. Testibus ejusofficio functis, reorum testibus adducendis ôc audiendis octo dies

indicuntur, quamvisactori publico duo ceffistent menfes. ^Equi.tate tamen causa; perfectum est, ut sexaginra virorum

integro-rum testimonio, reorum innocentia confirmata sit $ his de rébus

paulò post ad çoncilium refertur, ôc testitìcata recitantur. Ma-

gna quippe videbantur qua; actoris testes afferebant^ sed iis, qua?funt adducta;, rationibus est fides

abrogata. Itaque omnium ad

unum judiciopronuntiatur, in deditione Tripolkana neque do-

íum, neque fraudem, aut ullam penkus malkiam intervenistèî

fed animorum nimia remiffione è timoré nata, peccatum este 5

quo nomine nullum in eosIegibus Imperaroriis supplicium este

constitutum , à judicibus datis ostenditur j íèd Equitum íânctio-

nibus caveri, ut qui hostibus cesterk , locumve sibi commistum

injussu principis reliquerit, quique desertionis participes Ôc ecnv

Xxxij

Page 543: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

3Jt PREUVES D U 111. T o M E

scii extkerint, concilii arbitrio exaugurentur. Haclege eum Va-

lerio Sosam Lusitanum, Herreram Tarraconensem -,Ôc Fusterura

Majoricanum noxios parirer deprehensos unum ôc idem suppli-

cium luere oportere.Ex qua lege, Omedes Hifpanos communi

cum Valerio poeiiíC destinari intelíigens, ôc Poësium, cui ob vê-

tus odiumpefiìmè cupiebat,

omnium sententiiseripi, b tèmporis

exiguitate fumpta occasione causam dividere conatur, atque in

prassentia Valerio damnato, Hifpanosad aliam opportunkatem

reservare. Hoc probare incipit Combus, qui Quaïsitorisvicefun-

ctus erat, ôc ex Omedis animo sententiamcorrigé

ré ^ magnaqué

amrni contentione Hiípanorum culpam extenuare ; quaversejtià

Schilingus Germanus permotus : Tu, inquit, homo es improbusj,

qui te .ta m leviter inflectas j tu nunc affirmabas, quum unàôc

íequaUter omnes dèìiquislent, non posteadmissum seelus expiari,

nisi poenas pariter penderent : are vestigio ad íevem principis,

propositiunculamte immutasti -, tu fané ipse

maximo eruciatu

dignus es. Ad hane sententiam Perus Nugneus eques Hispanus

accedit, atque adjungk ?Tu, ut rêinullius hominem decet, elcw

, quutus es ->rum ab hoc converses ad Omedem, se non pasturum

essè pronuntiat,de Valerio decerni, nisi qui eadem culpa estent

obstricti, idem quoque subirent judicium. Reliqui, Combo con-

vkiis graviter còrrepto,in Nugtiei sententiam pedibus iverunt.

Tandem quum altercàtione, nulla Omedispes evasionis estèt,

reliquorum fententiis se accommodât. Addk tamen atque instar,

de Valerio ôc Fustero aliquanto graviuseste statuendum, quòd

hic ilUus postulata ad hostes pertulistet: ille ab hoste vocatus ,

Í>aruistet,locumque fidei sua; creditum deseruisset ; sed quia re-

igione àcapkisjudicio arcentur Equités,lajcorunjarbitrio exau-

guratos relinqui opprrere. Atque ad eam rem judicem proponic

Combum j hic verò, his de causis qua; de ipsius levkate demon-

strata; fuiit, nonprobatur

: quamvis acriter Omedes contra insi-

steret j fed ipse pudore victus, onus excutk, hoc pra;textu quòd

jam partibus judicis functus estet, atque sententiam suam decla-

rasset. Qua demonstratione Omedes non contentus, rem ad Scri-

bam rejieit, atque ita con.cilium dimittk. Brevi tempore inter-

jecto, in. hane sententiam lkteras a Rege nuntius attulk:Quo-

niam mu.ltorum sermonibus comperistècsuam famam de reTri-

politana per exteras nariones traduci ôc conflictari, ôt ea dere

jyielkenses omnium ceniffimum testimonium fçrre possent, pro

Page 544: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

ï> EX* HI ST O IRE BB MALTE. 535suîsin

eosperpetuismeritis postulare,ut ad se rem verîíSmè per-

fcriberent, utsiquid Aramo peccati concepistèt,

aut omnïnorem

Legaro Christianissimiprincipis indignam

conatus ester,. scelèrîs

dareti si verò nihil persona, quam sustinebat, indignum fecisset/

publico militia; testímonio injusta privatis ícriptis macula deter-

geretur. Litteris in concilio recitatis, Ôc postulatorum asqukate

pefpecta , statuitur, Régi quod petéret, concéds oportere j si-

quidem in Âramone nihilculpa; deprehensum erat : sed eum po-

tiusmaximapietatisofficia, tum regio, tum

proprionornineprac-ítkistè. Atque ea de re arctislima

obligatipne militlam ipsi devih-

ctam esse ad unum omnesingénue confitentur, in eamque

declá-

rationem Scriba; ikterasimperant. Át Omedes, missp\concilia,

hune ad se venire jubet, Ôc aliquantum tèmporis mp^ríedere,

dum de ratione conficiendàrum littèrarUm considérâtius delibé-

ratur. Eas tanti ac talis momenti emkti npii debere, nisi optimè

digestas Ôc concoctas.Quum ad scribendum satis tèmporis efflu-

xisleVillagagnoni visum estet, à Scriba litteras requirir.. Ille veró

magnis quibusdam oecupationibus tarditatem suam tëgit, atquein diem

íequentem extendir. Ea mora intermissa, iisdeni quibusufus ante fuerat artibus, diem extrahebat. Quam prolationem

Villagagno non abfque ratione fieri arbitratus, inquirendumeste

putavit, quid aleret hoc mali. Id quum fecisset, reperkcum Çom-

bo Omedem secretò de re Valerii diu loquutum este, éiquecun-

ítanti quingentorum aureorj§m pccna constituta edíxiste, ut il-

lius judicium fufciperet, atque si ufus ester, cruçiatibús extorque-

ret, Aramonem fecum de castri dedkione transegisse per homi-

nem noctumiffum, ut hoc expresto, ôc in acta redacto va;quiflîrma

Régis postulata criminís confeísione deluderet. Eá xçY'\ìhT

gagno provocatus, coacto concilio, Scriba; negligêntia.m áccu-

fareccepk, quòd serius quàm ipsiprarfcriptum esset, litteras con-

ficeretjsi quid obstaret quominus ha; darentur, òmitterentur:

ne mora; illatione ab idònea ad navigandum tempestate in hye-mem Régis nuntius produceretur. Regem fore cpnrentum decla-

ratione secundum reosfacta :hos, neque dolum, neque fraudera

in tradendo Tripolis castro eommisisse , fed per ignaviam op-

preffos formidine hostibus ceffisse. Cum ipso haec diçente alter-

cari coepit Laboretus Eques , Aquitanus, Omedana; gratia; sccta-

tor,.àRege t.estimonium Aramonis innocentia; peritum soljtrá

esse, nonautem in reos dictata. Villagagnonem reípondere; exor-

Xxx iij

Page 545: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

534PREUVES r>u ITÎ. TOME

ium Omedes interpellât,ad quem ipíe converíiis :Ur, inquit,,

Princeps,in telligas quibus càu sis ad d ucì us j

u á i.cumpr onu "nti a ta.

estïagitavèrim , consilii mei rationem..;, si per te mihi licuerit ,

paucis expromam. Jam perciebuit, tibiçuro AugustinoCombo

convenisté, ut is in Valerium capìtis judicium ággrediatur/te-

que eipraîfcfípfistè quid ab eo inquirat : atque si Vaíerius diífi-

téàtuf yid Nrmends exprimât Ôc exculpat. Hane tuam cuncta-

tionérn , roararnque litteris ìhterjècta plerique

aírotraht^r, ut ípeeieprpbabiliillatacause Regem post

giclas/JÈtenim Vaíerius, prêtera;tatem in muìtum senium pro-

vëçtam, éstea cprppris hàhitudiàe , Ôc virium imbecilhtate, iut

ab ipso quaequê vánitàs facile prp re yefa tprmentis exrorquèai

tuf. Wbi arcanum Oniedes prpditumeste fëntit,.ita eorreptus/

Villâgâgnoheminerejpat, iubètque patëfaeere à quo haee aceer

pisser. Is autoris npmen minime quaerendUm esté,sed án verum>

ester judicium, reípondk. Moç cùmOmedes falíumefle pronun-

fiasses : Ergo Còmbum, inquk Villagagno, absei^ë^ Princeps/

quingentorumauréorum peena ipsi

à te irrogata/niíí capitis; ju-

dicium in Valerium à te costitutum susciperet. Ipse in tu o con-

cilioignominia notatus, quòd in ferenda sententia parum sibi

çonstitisset, non amplius est rogandus / sed arcendus, atque ejus

loco alter intégra; fama;, si rem rectè judicaram velis ,' surro-

gândus. His dictis, ira simul ôepudore Omedes azstuans, verbis

in Villagagnonem irrtvmpere inci|lebat. Sed Hie ejus rei vitab-

daegratia

è concilio íe reeepit.Eò tamen res redik/ut alius a

Combo judex Valerio fùeritdatus, ae Scriba; imperatum , ut

nulla mora interposita testimonium cònícriberetur. Sed hoc ita

fabricatum est , ut reprehensioni locum relinqueret. Nam ubfí

àffertum este debnerar, Aramonem nihil prorsus contra viri boni

officium fecisse, id definito tempore,ôc quodam verborum au-

cupiocoarctabarur. In eum nempe diem comperturn non fuisse,

hune secus ac virum bonum decuerk, se geífistè denuntiabatur,

perindeac si ejus rei certkudo diuturnitati tèmporis reservaretur.

Itaque hujuímodi testimonium delàturum se esse Villagagnone-

gat, quoddubirationem non rolleret, sed hominum animos fu-

tù.ri tèmporis expectati?ne

sufpenderet.De hoc iterum ad con-

cilium refertur, arque Omedi vehementer reciamanti expugna-

tur, utlktera» omni dubitationis adempra materia reficerentur.

Harura exemplumin Franciam mari proficiscens Villagagno ?l

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DE L'H I S T O IRE DE M A LT E. 535à tnis; Caefar, interceptus, ad te misit.-De Valerio autém con-

tigit, ut is àJoanneVassallo, doctiffimo atque integerrimo viro,

nìodis omnibus renitente Combo, absolu tus sit : quòd dolum frau-

demque ab arcis dedkione abfuiste cognitum ôc perspectum effet,sine quibus eau sis Impèratoriam Majëstatem non

poste la;diJu-

lius Ca;saflege promulgata définivk. Hic tamen carçere con-

clusus fubterraneo, ca;co /atque .folis , omnisque lucisprorfus

experte, miserrimam ôc inopem vitàmab Omede bonis omni-

busexppliatus traduck : usque eò, dum tu ejus a;rumnas misera-

tus / Omedis mentem ad lenitatem ôc misericordiam revoeaverís.

Hic fuit belii Mélkensibus illati exitus. îsTune tuum ac bono-

rum omnium, Carole Ca;íar, erit judiçaré, ad quem areium de-'

ditarum déHécuspertineat : quàmque ihiqui Ôc

improbifuerint

v

qui eam cladem in Francos avertere funt canari.

Fin des Preuves du troifième Volume.

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LÊsMtLESyfbRTS ET CHATEAUX

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T A BLE

4ans le troisième Volume*/

jiChmet,;'Général- de Soliman est

^envoyé en Egypte au secours

dé Mustapha , contre lequel il

sâétoit formé un parti de rebelles/

îî . à"seq. Ilse révolte lui-même/éc propose au Pape & au Grand-

>Maître une ligue contre Soliman,..

37. Il est découvert & trahi, 40,

Adrien VI. reçoit avis de la perte de

Rhodes : son attachement aux

intérêts de Charles - Quint, dont

: il avoit été précepteur, lui atti-

re des reproches, 7. U accorde

une Bulle au Grand-Maître pourcontenir les Chevaliers dans l'o-

béissance ,9. Entre dans une li-

gue contre la France, 11. Donne

audience au Grand-Maître de rif-

le-Adam , ij. Meurt : dans quelssentimens, 14.

Africa, ville d'Afrique : fa situation,

214.. Dragut s?en empare, 115.Elle est assiégée & prise par

l'ar-

mée de Charles-Quint & les Che-

valiers de Malte, ajo -, & seq. ôc

offerte par ce Prince à la Reli-

gion, î6)y&jcq.

,Alarçon, Officier Espagnol chargé à

Madrid de la garde de François I.

& á Naples de celle de Clément

VII. qu'il traite fort durement,lomé UL

71. Résiste au* sollicitations du

Cardinal Colonne qui le pressoitde faire^erir ce Pâpe/71,

Albi (le Chevalier d') entreprendinutilement de porter du secours

à Rhodes, 15.

Alençon ( la Duchesse d' ) sçeur de

"François I. est conduite en Espa-

gne par. lé Grand. Maître de rWíè-

Adam , pour y négocier la liberté

du Roi ion frère, 48, 49. Elle ne

réussit point, & repasse en Fran-

ce, sur les avis qu'elle reçoit que

l'Empereur pensoit à la faire arrê-

te*, 54> YÏ-'

/..-''

Alger envahi par les Barberousses,

avechommage au/Grand Seigneur,ij8', 140. Malheureuse expédi-tion de Charles - Quint contre

cette Ville, 196.Amumt, fils de Zizim est amené à

Soliman avec ses erifans , 6. &-

étranglé à la tête de l'armée fous

prétexte d'apostasie, 7.

JJAngleterre consent au schisme par

complaisance pour Henri V 1,11.

ij.j, & tombe ensuite dans l'he-

resie , 550.Aranton ( Gabriel d' ) Ambassadeur

de Henri 11. à la Porte est prié

par le Grand - Maître d'Omedes

de se rendre à la flotte Ottomane

Page 553: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

$3* TABLE DES

devant Tripoli /pour en empê-cher le siège,, 177, Z78 ll ne réus-

sit point, & est retenu par le Bâ-cha Sinam, i§i, igz. Il procurela liberté au Gouverneur ôc à quel-ques autres prisonniers, 300. Re-vient à Malte , où le Grand-Màî-,

tre d'Omedes répand fur fa con-duite auprès des Bâchas, des soup-çons désavantageux, $oOï&seq. ÔCnrême dans toute laGhrétienté, 303.Passe à Constantìriòple, 3o5. LeRoien demandejustice>8c l'obtiènt parles foins deVillegagnon, j 1j &Jèf.

Arafiid, fils de Muléy Mahomet Roi-» de Tunis, implore íe secours de

Barberouífe Roi d'Alger contre

Muley Hafcen son -frère cadet,établi sur le trône par son père àson préjudice, 141, Barberouste

l'êngage à raccompagner à Con-

stantinople 5 ot\ ille trahit, & lefait enfermer dans le Serrail, 143.Il se sert cependant de son nom

pour s'emparer de Tunis, 14J.Ardinel ( le Château d' ) pris par les

galères de la Religion, 123.

Anfjonville( le Chevalier d' ) rend

compte de fa négociation auprèsdes Rois d&France & d'Angleterre

pour le secours de Rhodes, 161

Autriche ( Marguerite d' ) fille natu-

relle de Charles - Quint épouseAlexandre de Medicis, $3.

B

TnAlestrin ( Léonard ) Métropoli-J~ tain Latin de Rhodes arrive en

Gandíe avec son Clergé, 6. Mar-

ques de la considération du Grand-

Maître pour ce Prélat, qui prendl'habit de la Religion, & est fait

Prieur de l'Eglise, ibiJ.

Barberoujfe ( Hors uc ) fameux cor-

feirej s'empar,e/du Royaume d'Al-

MATIERES.

ger , dont il fait hommage auGrand Seigneur , 138. Est assié-

gé par lesEspagnols ôc défait,

'Barberoujse ( Airadin) frère cadet de

Horruc,fameùx par fa fortune ScCx

valeur,! $8. Lui succède au Royau-me d'Alger & s'aslocie deux autres

pirates, 149. Par quels rnoyensilí&irend;.rnaître 'da Royaume;deTunis, 14*. Se met en état de dé-fense contre lés attaques de Char-

les-Quint, 150 àrseq, à,qui il pré-sente la bataille , &"est ipis en fui-

te, ifè &fèq* Est obligé de s'en-

fuir de Tunis par la révolte des

esclaves qu'il avoit voulu faire

égorger, 159 &feq. Procure à Dra-

gut "fa délivrance ,211. Meurt de

débauches, 225.Mariette (le Prieur de ) se justifie de

n'avoir point mené de secours à

Rhodes, 13/14.

Tosio, Commandeur & Chapelain de

l'Ordre de S. Jean, est envoyé à

Madrid pour faire la demande des

Ifles de Malte & de Gozé, 33. Re-

vient à Viterbe rendre compte au

Grand-Maître de fa négociation,

34. Est envoyé à Rhodes pour yen conduire une autre, 39. Est dé-

puté par le Conseil au Grand Maî-

tre en France pour deux sujets im-

portans,j|i. Pasle avec lui eh Es-

{>agne,

tbid. Rend compte à Char-

es- Quint des mesures qu'on avoit

prises pour rentrer dans Rhodes ,

$2. Est envoyé en Angleterre pour

négocier une.entrevue du Grand-

Maître avec Henri VIII. 6z. Est

encore envoyé à Rhodes pour re-

connoître la dispositiondes esprits,

74. La découverte du projet l'ex-

pose à un grand danger, 80. Il

propose au Grand-Maître la con-

quête de la ville de Modon, qu'il

Page 554: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

TABLE DES

va lui-même reconhoître, 80, 8í. :

Est envoyé en Italie pour presseri'exécution de ce qui regarde Mal-

te j 82. Est chargé de lacté de la

donation pour le porter auGrand-

Maître, 86. Meurt en chemin,'ibid. •

Tojìo (Thomas ) frère du Comman-

deur , nommé à la prière du Papeôc du Grand-Maître par l'Empe-reur à l'Evêché de Malte, dont il

ne prend possession qu'après la

mort de Clément VII. 113&seq.

"Botigella, Prieur de Pise & Général

des galères, reçoit le commande- .ment de la flotte destinée à Tex-

peditiori d'Afrique, 150. Eloge de

fa valeur, i£6 & seq. Fait raser la

tour d'Alcaïde qui bloquoit Tri-

poli., & remporte quelques avan-

tages fur les Infidèles, 172 & seq.

Engage le Conseil à fe déchargerde la défense de Tripoli, ou à de-

mander à l'Empereur de la forti-

fier , 189,Bourbon ( le Connétable de ) se jette

dans le parti de Charles - Quint,

auquel il rend de grands services

en Italie , 6$ & seq. Est tué aux

portes de Rome que son armée

prend d'assaut ^&oìl elle commet

d'horribles excès, 70.'Bourbon ( le Grand Prieur de ) laisse

des marques de fa libéralité en-

vers l'Ordre, 165.

c

f-iHapitre général tenu à Viterbe

Ví par le Grand. Maître de Tlsle

Adam , en 1327, 75; à Malte

par le même, en 1534,1 %6.

Charles -Quint forme une ligue con-

tre la France,dans laquelle en-

trent le Pape Adrien VI & le Roi

d'Angle terre ,10,11. Fait propo-

M.-A T1ERE S. 539fer à rOrdre de S. Jean les Ifles de

Malte & de Goze avec la ville de Tri-

poli ,32,33. Par quels motifs ,?bid.Les conditions qu'il exige, 34. Suite

de cette négociation ,41. Il se forme

une ligue contre lui ensuite de la ba-

taille de Pavie, 4s. Son portrait ,

47. Ses Ministres font saisir en Ita-

taíie les revenus de la Religion, 49.Mesures qu'il prend pour faire ac-

cepter les propositions / touchant

Piste de Malte, ibid&feq. Entre dans

les vues du Grand. Maître touchant

la reprise de Rhodes, à laiquèlle il

s'engage de contribuer d'argent, 53.Donne main ^ levée des biens de la

Religion, ibid. Dureté du; traitement

& des conditions qu'il propose à

François 1. 54. Prend des mesures

pour arrêter la Duchesse d'Alençon , .

55. Cohsent au traité ménagé par le

Grand-Maître ,56, qu'il honore de

plusieurs marques de distinction, 57.Rend le Pape arbitre des conditions

deTinféodation de Malte, ibid. Son

armée conduite par le Connétable de

Bourbon ravage l'Italie & fait pri-sonnier Clément VII. 69 & seq.

L'Empereur fait faire des processions

{)our

la délivrance, 71. L'arrivée de

'armée Françoise commandée parle Maréchal de Lautrec, lui procurela liberté, mais à des conditions des-

avantageuses, 77 & seq. Traite avec

le Pape, ôc s'engage à faire recon-

noîtrè son neveu pour Souverain de

Florence, 83 , 84. Fait expédier à

l'Ordie de S. Jean l'acte de donation

des Ifles de Malte & de Goze/& de

la ville de Tripoli, Sj. Levé quel-

ques dîflìcultez formées par ses Mi-

nistres touchant les droits de traite

& de battre Monnoye, 89 & seq.nomme Thomas Bosio à l'Evêché dé

Malte , dont il ne prend possession

qu'après la mort de Clément VII.

Yyy i)

Page 555: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

|4o T A|I>E D ES

qui y avoit nommé lé Cardinal

Chinuccy , 11$$* seq'. Charles-

Quint sollicité par Hascen Roi de

Tunis détrôné par Barberousse ,

§£par le Grand-Maître, craignant

pour la ville de Tripoli, fe dis-

pose à passer en Afrique^, 148 &

seq. Dénombrement de fa flotte,

i|ó. Elle arrive à Ut^que avec les •

secours du Pape & delà Religion,

151. L'Empereur alïîege & prendle sort de là GPulette, JJJ &seq.Met eh déroute Barberousse ve-nu à fa rencontre, 156 ^jSf.ôc entre dansTunis avèelè secours

des esclaves renfermez dans íe

ChâtjeaUj.&quis'étoieHtrévoltez,

119 & seq> Rétablit Hascen à con-dition de relever de la Couronne

d'Espagne,!^, & retient la Gou-

lette,ibid. Repasseen Sicile, 163.Accorde quelques grâces à 1 Or-

dre de S, .Jean, «#&&Donne des

^ordres pour l'attaque de Suzè quiéchoue,186 & seq. Ecartela pro-

position du Conseil de la Religiontouchant Tripoli, 19o; Forme uiie

ligue contre Soliman, qui ne réus-

sit pas par la politique de Doria,

j9i.Ecn0.ue dans une seconde ex-

pédition en Afrique formée mal-

gré la rigueur de là saison, ôc con-

tre 1avis de ses Généraux, 196 &

seq. Se défend encore de rien faire

louchant Tripoli, 210. RenvoyéHascen Roi de Tunis au Viceroi

de Naples, 213. Alarméules pro-

Î;rès

de Dragut, il envoyé contreui Doria avec uneflorte, 228,ÔC

jdes secours de Sicile & de Naples,9.30. Africa est assiégée & enfin

§>rise, 231 & seq. Il fait poursui-vre inutilement Dragut q.ui a'ni-

moit le Grand Seigneur à armer

xontre la Religion, 244 .$"seq.Sa.

$ptte se joint aux galères de là Re-

MATIERES,

ligion à Messine, pour s'opposeraï'ârmernent du, GrandSeigneur/-245<& se q. Il tâche d'attirer à son

service le Prieur Strozzi, 316. Fait

offrir àla Religion la ville d'Â*

frica, )6y&seq.

Chasse-Diables, associé de/Barbey

roussèí& piraté comme lui ,;prertdi'le titre de Roi de Tagior-a,.& lui

en fait hommage, 140. Harcelé

la garnison de Tripoli ,141. Est

attaqué par Muley HaseenRoLdè

Tunis, 141. -Est chargé líe la dé-"

fense du fort de la Gouiétte j 151.Conseille à Barberousse dìègòrgerles eselàves Chrétiens,! jTijEchoué

dans une tentative for Tripoli ,

ijo&seq. / /Chinuccy , Cardinal nomme par le

Pape à rEvêchédeMalte contre la

gré de l'Empereur &duGrandMaî-

tre,renpnceà ses prétentions aprèsla mort de Clément VII. 115&seq.

Civita-Vecchìa. Le Grand-Maître de

l'Ifle-Ádam est obligé de s'y reti-

rer avec le débris de son Ordre,20: Clément VII. consent que les

vaisseaux de la Religion restent

dans le port,30.Clément•'VII. neveu de Léon X. &

successeur d'Adrien VI. Sa nais-

sance : ses dignitez.: ses intrigues

pour parvenir à la Papauté , 24^*

seq. Son affection pour TOrdrede

S. Jean,dont il àvoit été Cheva-

lier, 28. Il assigne aux Chevaliers

, la ville de Viterbe.pour leur rési-

dence^, ôc accorde au Grand-Maî-

tre de grandes marques de distin-

ction, 30. Celui-ci lui proposedifFerens proiets d'établissemens

pour spn Ordre, 31. Le Pape s'ar-

rete aux Ifles de Malte , 32. Ap--

prouve la ligue contre Charles--

Quinr,4j,&ïe voyage du Grand-

maître de l'ifle-Adam enEspa»-

Page 556: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

TA B; LE DES MATIERES. v#t

gne, 4,9. Il serêttd^chef de la sainte

Ligue : ses fuites funestes 4 î'Italie

qui róbligerent à_faire Ôcà rom-

préplulìeurs traitez;, ôc à; jse ren-dre prisonnier de l'Empereur, 67

&seel' qui fait faire des processions--'

pour fa délivrance; 7); Le Gâr^

/dinal Colonne presse inutilementi Alàrçon chargé deìaigardei^ déle

s faire périr/ 72. L^rrive'é dnMa-

réçhal de Laùtrec avec une armée

considérable détermine TEnipe-

reur^à le mettre én liberté ^ 77.^Conditions du traité après lequelv,ïjt se fauve pendant là hui t déguise

én marchand,- 79. ;ïl remercié le

Général François dé fa délivrance,ibid. Fait Un traité avec l'Èmpe-'ï£ur, par lequel celui-ci s'engage

; defairereconnoîtrefon heveuAle-...' xahdre de Médicis pour Souverain,

[' dé Florence: les autres conditions,'83, 84/Obtient la donation désIsles de Malte & deGòzei & dela ville de Tripoli, en faveur de

POrdre de S. Jean/85. Engage

TEmperéur à passer par .dessus

, 0i'»q»elques1dïffícultez touchant sesdroits- de traite & de battre món-

... noyé» %9& seqi Nomme le Car-

;i; dinal Chinuçci à l'ÉvêchédeíMal-

tei, &t soutient sa nomination; 113& seq. Ses galères contribuent & la

. ; prise dêC0ron,i2'ód^/í^.& àladé-

fendre l'année suivante, 123 &seq.Colonne (Pompée) supplanté par Ju-

les de Medicis son riva 1-dans'le

Conclave, 24<^/ff.Est:dâpoiiillé-.i . du Cardinalat .par çè-dernier ^de-

venu Pape, fous le .titre dé; Clé-

ment VII. 6$. Sollicite Alarçonde le fairé périr dans fa. prison^.

Commander lésï Lé,Roi ;de.Portugal

s'engage à ne plus, troubler> lesChevaliers dans, là jóuiflance de

ces bénéfices, 59. Là plupart des

' Princes Chrétiens ne s'en.font pas1de scrupule / ibid. Mesurés prises <

par se Grandi. Maître ^pou^y^re-

-"'mcdïéfc-/-'isièi^'-' _j':::^fS '-'--^-'t

€ommandeufstì\M^<^&•là pltìpart

fâiíoient déíléursbieríff/ìtf^

Gourtenaì(le Princedèil-poutqijdila

; Princesse d^nglëterre cMarje? ne"

líépouíeipasj^ji & sr<$ , •

Crïùo (lé? Grand PrseucèdejeriìBòr-

tugal,' Uìn différend élevé: àcëíu-'jet /est térmihé: làgémént par le

Grandi Maître dé 1-lfleiAdàm ^7,

í-À-:-''Í';: : v ?T\.';:r.--l>'..ïA;<iii.hï-

XJOrii*(André) Commandant; de

Ta flotté de í'Empereúr,aide de

; l'eseadte dé la Réligiony&É dés^ga-leres du Pape/prend pà* capitùla-

:""-tion Coron/ ì19 é^sq-Mensuite

Patras, seul, f 23\ Ôcdéfend Ion-

isée suivante '.Coron de l'attaquodes Turcsj ibidi& seq: Commit^

dé l'êfcadre de rErripereúr dans

l'expedition d'Afrique^ rj|3> Dé-

fait avec le Grand Prieur Strozzi

une escadre Ottomane, ìyj&seq.Est fait Généralissime de la flotte

Chrétienne liguée contre So\u

man, 19iwLes motifslquï l'àvoieht

( porté à ;quitter leúservïct de la

'- France^ pour s'attacheràChàries-"'-

Quint yibid. Il:est cause par fapo--

ílitique du peu de succès dé cette

- 'ligue, 193. Détourne l'Empereur-v,fídi'uneisecondé expédition en Afri-

.xme, 197. Reçoit ordre depour-? suivre Dragut j 2.21.Ì :

Doría (Jannetin) neveu d'André,

, r fait prisonnier Dragut, & le relâ-

che quatre ans après à lasollici-

;^''tàcÌoh dés-Genois ,^21/ 222. A>

-r -.:beaucoup dé part à là prise d'Afri-

'::caj n8#/#f.Donnèinutilement,la chasse à Dragut, 247.

Yyyii)

Page 557: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

î4vT A1L1 V3S MAT IÇ R. ES.

íûragM, Chef des Cor íairês de Bar-

barie :.;ses/ premier s commence-

ment/^^./íf. Est/pris par le

jeune Doria, & relâehé/4 ans

après à là sollicitation des Génois,

212; Succède a Barberousse

i'}.íe commandement de ía flotte Ot-

•:'.-':tomane, 223, Séíendírpûîcíé. J'A-

/ frica, 21^4 ^;j%? :;Ind|gJié^dë: la

fiertés

déí cette plaeeí, ilbisollicite

e Grand Seigneur à eiì tirer yen-

í : gèànce ùfí là Religion j 244e II

/çést poursuivi iiîútilemenj; par Do-

ria ,227. Fait tenter une deíeénte

dans Malte, 1%. Viéntjpour

la

surprendre, & est repoussé avec

/perte, 377. Fait sa place d'armes

de Tripoli, & se dispose à sòute-

ícnirle siégé, 387 & seq. Sollicite

!Soliman à faite la conquête: de

; iMalte, 416. Marques dé l'estime• -flué té; Grand .Seigneur faisoit de

;ía valeur & de fa capacité, 431.T! arrive au siège de Malte avec

.,: -quelque secours^ 4í;6.illy estJbles-

^,.484,îSc en meurt ,492.

r-:,'-/'./&:: -'/?-/.

yjDouardyi.fils dé Henri mti.

*/?.. &de Jeanne Seimours fa troi-

.:..; siéme femme:, succède à sonpere,. r.$87 & seq.; Embrasse la doctrine

cdès Protestans: foires funestes de

Íce changement autorise par le Par-

ílement / 349. Sarraort y Marie fille

Gainée de HenrfrV-II L& jde Gàthe-

rxina-o" Arragon luiífocçede y$fi.Etienne' ( le Prieur :de5> )i est-accusé

de n'avjojrcpoint:-conduit de/se-

ícourra Rhodes i il se. justifie/13,

jEti/mne.( IíOrdj-e rde.SÏ):.établijpar. íCôrae^de-Medieis íDuc;de Floren-

:ce, 40;*. Particularitezíqui le con-

cernent,.407,409 &seq.

jjErd'nandiJietede Çharles^Quint

-* échoue devant Bude en Hon-

grie,i*4; .--,.,;..Florentins, ( les ) entrent dans la sain- ."

. te Ligues 67, Chatíént-de leur Et^t;; la ;Maiíoh dé; Médícis,^72y a la-

iquéllé: l'Empereur s'érigagepàt un

-traité avec; Clément VI í. d'en

dohher 1C Souverainetés, %, 84.

Erançoîsì. donne des ordres pour le

):, secours de Rhodes i 16'0 Suites de

Q.;vfa'prise à là fcatailse dé<lfâvie/ 4c*''•;'.•Soncaractère, 46.; Ilrefusede sis

racheter aux conditions proposées

parCharles^Quint, 47 \ 54. L'ar-

rivée de fa soeúr& du Grand- Mai-- tre.idél'I fle-Adam le console j mar-

ques dé son estime -pour ce der-

:; niet,ibid. é?seq, 11 signe enfin le

traité ménagé par celui-ci, & ie~

pafleen:France,56, yj.

/::;-:V';:--:;i".-;/ì:G;;v /-;'/:-'

ifFi.Eiv.es.: ientreprise sur cette Isle ,<

S* heureuse d'abord, mais enfin

très-funeste par la faure de Lacer-

da , à l'Efpagne, à la Religion ,. au Pape & au Duc de Florence,- W&feq, -.:..;.;,/i-Gémis •:.('les)alairmez\de l'apprdche

de Barberousse, s'en débàràssent

én lui remétrant Dragut,, 222.

'.Goulette\ là);, fort situé à douze mille

^:deTúnis;, ij2. Assiégé ôí'pris par

rChàrles-Qnint, \$y& feq.^uì le

retient;; 162. !

íGqze /ifle voisine de;cél!e de Malte

j rproposéé auxiChevaliers dé'Saint

7Jean , v2W- sâq. Defcrjption de

: : cette lfle,^3, Elleiest enfin don-

née à l'Oçdtèv-£ j. Les conc?itions,

ibitbJLG Grand;- Maître de rifle-

Page 558: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

TA B L E- "B: E S MAT I EK ES. m

Adam pourvoit à sa fureté, 99.

Le Grand-Maître «'Omedes s'ob-

stine à né là point détendre ^0257.Sa situation, 272. Else;est-rava-

gée , ôc le ChâtçaU livré lâche-

ment par íe Gouverneur àrlaflôtte

Ottomane, %7$&sef.^randr-Mattre deM^ejm(]t^^la

première place àla drpite'dnTrô -

ae, quand se Pape cïèrìt Chapelle,

30. Autres marques de distinction

qui lui font accordées par se mê-

me Pape Clément VIL tbid. Rang

qui lui doit êtres déférés 3JSI.Í II

: est invité au Concise dé; Trente,

l4iíj°ïíilenvóyeunAmbassàdeur,'-:..-;^ií/r,o:í-:''^r-/.--;-'i-:-;;;;;':''ì

H

TTAmidáx fils aîné dé Hascen Roi

•**>' de Tunis se soulevé contre lui

Ítendant

son voyage à la Cour de

'Empereur : sous quels prétextes,: zxj, & lui fait crever les yeux ,

Háscen\( M uley ) comment il par-'.. vienc au Royaume de Tunis ,142.:i Est î attaqué* par Barberousse, &

obligé de sortir' de;: fa Capitale ,'-. 145. Implore le secours de Char-

les -rQuint, 147; Est rétabli: à•

quelles conditionsii^2,1 Í3. De-.: mande du secours; à la Religion.i pour reprendre le port dé Sùze,

i8j. Passe à Naples pour sollici-

. ter du secours contre Barberousse

qui menaçoit Tunis & Tripoli,. ÏH. Hamida son fils aînésejsou-

v; lève contre lui;pendant sono ab-

: fencè j & lui faitr crever les yeuxà son retour , 213 & seq.

Henri VIII. reçoit froidement le Dé-

puté du Grand- Maître de l'ifle-

i.: Adam, 16. Prétend réunir à son

; Domaine les revenus de toutes les

Commanderies de l'Ordre de S.

Jean, 59V Ses proeedez violèns à

régard:desAmbaílàdeurs duGrand

', -Maîtres <£op II seìregardè comme

; ;l'àrbitre dé làÇhrétsentí.,,& p^our-

quot, :6*.íL'I^e«Ad:àrn;fë rend au-

iprès delui,:íc0^n^ntil^noéftTeçu/62 #^i LëRoilpromíéÉ tse^con-tribuera l'entréprise suEîRhòdes,

--...6^'i"::C^nfiïùîe/-.\e^ì.privileeé4v'de->-.KÓrdrë / ÔÇfait<iies* préseniì au'Gran^Mâîtrè,í^íixleèsîoùilé pot-

:. teífapàflìónp^uriAnhe!de/Bou-lent cphtrele saint Siige/lés: Ée-

t i clesiastiquésv les fameux Polusì &

ifôFahtìllé/Jes Hérétiques mêrnês,

-cVèhfinl'OblreìdéSw Jean qu'il;•

dépouillé âe^ses;b;ìens:/j32»; Ses

dernières actions,347ïrH meurt

incertain de la véritable Religion,

349; Suites de fa<motttibid.

:v ";: ^rm^í.'nrEan. defertfolei»0Qt$r&ÚS

S. )

Jabandoiïttellfle dé; Rhodes &

les places voisines, 2..Arrivé dans

l'iflè de Candie; aprè^s.avoir;essuyéune violente tempête, v..LeGrand-

Maître y en fait l*irevûe j 4. Se

retira à Messine, .10 ;M JÔC de là

auprcs.de Gumès, 19. Êhfoitë à

Givita-Vecchia, 20. Lé Cheva-

vàlier Jules de Médiéis-est éluPa-

, pé;, fous se nom dé Clément VII.

28 ; &; donne ;à la Religion beau-

coup de marques de bien veillànce,

30 &spji La ville de Viterbe est

assignée à l'Qrdre pour le lieu de

: fa • résidence , ibid. Les ifles de

\Malcé:&de Gòzeàvec là villede

Tripoli lui íòht òfFertës de la partde l'Empereur, Charles». O^int ,32& seq* Sesc Ministres font sai-

sir les revenus de là Religion en

Italie, 49. LeGrand-Maître en

obtient main - levée/, 53, & pro-. messe de l'Empereur & du Roi de

Page 559: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

544 TABLE DES M ATI E R ES.

Portugal de contribuer à rentre-

prise de Rhodes, Sc de ne plus-: troubser 1-ordre

*des) bénéfices,

j3j 59. Plusieurs Princésne se font

tpoint *de serùpuse de .èe dernier

ártïcse,ìdentWsèq^J^tpeste obli-

ge les Chevaliers de se retirer une

{lartiëàííièe,í^unepartie à Vfl-

ef ranche ^64/ d'où íls;se/rassem-.L rbsent à Viterbe /ibidi LÍOrdte est

;i=misien possession, des: iflës: de Mal-

te?& de Goze / & de 1^

Tripoli,M, ôc s'y rend!, 94,95.Les Chevaliers éri; prennent le

nom >5;8v Les gàleresvsde là Reli-

gion contribuent àlaprisé de Co-

ron , & s'émparen'c dii château

d'Ardinél,ri20 & seq. ôc obligentl'ànnée suivanteles Turcs à se re-

tirer de devant Çarott,,.i23 &seq.lín différend entre deux Particu-

liers , ôt suivi de voyes de fàit,cause dé Cgrànds troublés parmiles Chevaliers/128 &seq.. Vices

•qui s'étoient introduits; dans í'Or-

\ dr íe, 134, qui est fort maltraité•

pat Henri VIH. 13$. Secours qu'il

aonneà Charles-Quint pour son

expédition d'Afrique , 150. Les

Chevaliers se distinguent à lapri-se dit fort de la Gouletteri yy,&

ìjïf. Eloge de latlibêralité & dueou-

îráge de plusieurs Commandeurs j>

r<5j í-166. Ils forment une entre-

prise fur: Snzë; qui échoue par là

faute du Général de l'Empereur,\%6 &seq. XJZ Conseil propose à

-l'Empereur, ou dereprendre Tri-

:-poli-, ou de la fairé fortifier, 189.

: Ihs'eh défend adroitement.^ 190.. La Religion entre dans: une ligue

íContr-eiSoliman, qui néiéufllt pas'"'

par ; la politique de Doria , 1*93.. Perd un grand riorribre de Cheva-

liers-dans la malheureuse expédi-tion dé l'Empereur contre Alger,

196 &sq$á\t encore de nouvellesinstances touchant Tripoli., maisaussi inutiles,209& seq. Valeur

desChevalsers àlapiise d'Africa,

23 4 &seq. La flotte dé la Religion

sejoint à Celle dé l'Enìpereur pour

s'opposer à l'armèmént du Grand

Seigneur, 249é'seq.dont lestrou-K

pes s'emparent dé Tripoli> 280

&fiq. Il s'excite #s^iv1fi<»is dahsrÓrdre par la passion du Grand-

Maître d^Omedes, 301 Ó^fiq, Gé-

nérosité dés Chevaliersí/íbríqu'ilsfágit dé fortifier Malte j, 3J3Î1.Ten-

tative fur Zòare /fnnestèiàlàRe-

iligibn/333 &£ef{ ''*&&ifetìjtre en la

possession de ses bsens eh Angle-terre , j j6, 357. Pourquoi l'Ordre

n'accepte point la ville d'Afriça,;

363msèq. Un différend au se jet de

l'enlevementídequèlquës galères-;caúse?de là divisions datas l'Órdre,

378 >&seq. qui perd beaucoup de

mondé à la funeste expedition.deGelves, malgré les sages avis du

Gtàndï-;Maître ; 388 & seq. Le

Grand^Maître est invité auConci-

le deTrente/4 ij, L'Ambassadeur

de la Religion y assiste /&prendséance parmi les autres Ambassa*

deurs des Princes Chrétiens;4^6,ôc y soutient les droits dé son Qr-

:4rë, ibid. Les galères se joignent;à la flotte de PhiBppe Ií/pour là

conquête du Pignon de Vêlez,

417 & seq. Tous.; Jes Chev aíiers

font icitez à Malte menacée d'un

siège pat Soliman, ôc se disposentJchcétiennementàJe soutenir^435

éfseq. Le JGr.ahd> Maître fait une

revue exacte de;èe qu'il y avoit de

troupes, & leur assigne leur posté,

441 &seq, Leucvaleùr pendant ce

siégé ,455 & seq. Barbarie inouïe

des aflìégeans ,, exeercée. fur les

corps de quelques Chevaliers

aprcs

Page 560: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

TABLE DES MATIERES. 545F aptes leur mort, 142.

y-Acerda ( Jean de) Duc de Me-.*/*/- dina-Celi, Viceroi de Sicile,

propose le siège de Tripoli à Phi-

lippe II. qui donne ses ordres pour; cette expédition, $8j&seq. La

: Religion entre aussi dans ce projet,

íque Lacerda abandonne pour S'at-

jtacher àGelves j 390,391. Il s'ob-•stine à ce dernier parti, malgré

'>^'opposition du Grand - Maître

qtril trompe , 39 2i. L'entreprisefur Gelves lui réussit après quel-

ques difliçiíltez, 398; mais il se

laisse surprendre par la flotte Ot-

tomane j qui tue ou fait prison-niers tous ceux que les maladies

avoient épargnez, 399 & seq. 11

se rend enSicile , après avoir lais-sé la défense de la forteresse au

Capitaine de Sande, 404.

JLautrec{ le Maréchal de ) s'approchede Rome avec une armée consi-

dérable, 77. Ce qui oblige l'Em-

pereur de traiter de la délivrance

de Clément VII. ibid. & seq. Le

Pape en écrit au Général François

pourl'en remercier, 79..

^Àgue entre l'Empereur^ le Roi d'An-

gleterre,©^ le Pape,côntre la Fran-

-•; ce, 21. Entre Clément VII. le Roi

d'Angleterre & les Vénitiens con-- tre Charles-Quint, après la batail-

le de Pavie, 45. Elle est appelléela SAINTE LIGUE, 67. Ses

••':: ÍÙites, 68 & seq.

P Isle-Adam ( le Grand - Maître Vil-

liers de ) donne quelques ordres

Íiourl'exécution

du traité avec So-

iman , & met à la voile pour Can-

die, 1 ; où il arrive après avoir es-

:... suyé une violente tempête ,5,4.Est reçu dans la Capitale suivant

, sa dignité, 5. Se plaint de la con-

7MM ///.

duite des Vénitiens pendant le liègedeRhodeSjí'^V.Rerhet à lá voile pourritalíe,& envoyé desAmbassàdeurs à

laplûpartdesPrincesChrétiens,7.0b-tient úhe Bulle pour, tenir les Cheva-liers dans l'obéiffànce^. Arrive aprèsbien des dangers àMëssine,iô,i 1.Ré-

ceptionqui lui est faite en cetteVilìe,12.Ilcite ceux qui avoient été chargezde conduire du secours à Rhodesj 13.Ils font tous; absous j 17. 11 empê-che le mauvais effet de ces procédu-res, 18. Tiehtjjóurcet effet iine as-

semblée à Messine, ibid. Est obligépar une peste affreuse de se retirer

auprès de Cumes, óù il campe ,19 ,& de là à Ci vitá- Ve cchia, 20. Com-ment il est reçu à Rome & du PapeAdrien VI. 22, 23. La garde du Con-clavelui est confiée après la mort

de ce Pape, 14» Lapàrt qu'il prend à

l'éléction de Clément VII. 28. Ilrend compte du siégé de Rhodes àce Pontife, dont il reçoit de grandesmarques de considération , 29 &

seq. Il lui propose divers établisse-mens pôur son Ordre/ 31. Lé Papes'arrête aux Isles dé Malte & de Gò-

ze, 32. Le Grand - Maître envoyédes Ambassadeurs à Charles - Quint

pour lui en faire là proposition, 33.

Malgré la dureté des conditions pro-

posées par l'Empereur,ilenvoyé des

Commissaires pour reconnoître les

places j 3c. Il écoute ávec plaisir la

proposition d'une ligue contre Soli-

man, & d'une tentative fur Rhodes,

37 & seq. Suites dé l'une & de l'au-

tre; 40. Il envoyé au Pape là rela-

tion que lui font les Commissaires

des Ifles de Malte & de Goze, 41 &

seq. Il refuse de se charger de la ville

de Tripoli, 44. Il conduit en Espa-

gne la Ducheíse d'Alençon, à là sol-

licitation de la Reine de France Re-

gente,avec laquelle ila plusieurs con-

Zzz

Page 561: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

J4<? T ABLE LVE S M A T I E R E S.

férencesàMarseìlle,48j49.p3fle en

^Espagne açcpmpa gné duCom man-

dieurBosio, $%.Suite de son fêjpurei cette Cour, où i] a; plusieursentretiens ayèc rEmpereur; ôc le

Roi de France, & reçoit de l'un

& de; Vautre plusieurs marquesd'estime ,5,2 ^ seq. Terminé un

différendiéley.é en Portugal#u sur

jeç, du Gr-an<í Prieuré de Crato,

57,58. Se rend auprès de Henri

VlII.Gornment il en éstreçu,<í2 dr

^.Succès de son voyage, 6y, 66*

Renvoyé Sfosio a: Rhodes./ 74.Tient un Chapitre général à Vi-

terlpe, 75,. î^e rejette point là pto-

position de la conquête de Modoti;mais presse auparavant l'exécutionde çe qui regarde M3116,82. LePa-

Fe

à fa sollicitation obtient de

Empereur la conclusion de cet

article -t85/ U fait prendre poflesrsion des Isles de Malte & de Goze,ôc deja ville de Tripoli, 87 &fiq.Fait lever quelques diflieultez

formées par les Ministres de l'Em-

pereur touchant les droits de trai-

te & de battre ménnoye, 89 ..<$*

. Jeq. Donne ses ordtes pour mettre

les lieux en état d'être habitez su.

rement-, 96 & jamais fans s'yattacher entièrement'/ & pour?qnoi, 97, 98.; :Pouryoit à i* fu-

reté de Goze & de Tripoli,^ $"

seq. Tente Véxé.cution du projetfur k villede Mpdon, qui échoue

après d'heureux eQm.mencern.ens,

jot&fiq. Il demandé à l*£mpérreur de concert avec; le Pape la

nomination de Thpm.às B,osio à

l'Evêçhé de Malce, U}. Suite de

Cette affaire qui ne finit que parla mort de Clément VII. n t.prend de fâggs précautions en cas

d'attaque de la part de Barberouît

se, i2j. Tient un Chapitre Gér

néral, où isfaitdiyerS; régjemens ^126. Est extrêmement affligé d'undifférend entre deux particuliers,suivi de ypyes dé fait ôç de meur-tres , ix8&seq. Aiiifes sujets1 du

chagrin , qui occasionnèrent sa

mort /132. Son éloge, 13&,Londres (le Prieur dé S, Jean de)

ayojtìèancè dans lé Parlement én

qualitp depremiér Barony 13$»

TiJ-Alte. proposée par lès: Mini -*

•4*1 strès dé Char les-.Quint pourservie de résidence aux Chevaliersde S. Jean , 32 , agréée par se

Pape Csement VIÍ. ibid. Lès Am-

bassadeurs du Grand-Maître de

l'Isle-Adam en font la propositionà l'Empereur , 32, qui propose

plusieurs conditions,34. Le Grand

Maître envoyé des Commissaires

pour, reçòunoître l?lfle, ibidi Rap-

port de l'éiat 011ils la trouvent,

Af.\&seq. L'Empereur prend des

mesures pour accélérer l'accepta-tion des propositions ,49 &f6q*ôc promet de rendre le Pape at-'

bitre des conditions de l'inféoda-

tion , 57. Le traité se conclut en-

fin à la sollicitation du S. Pèrei*.',. 85. Les conditions de cette dona-

tion, tant pour le temporel jque

pour TEvêché de Malte, ibid. ôc

86. L'acte en est envoyé au Granl

Maître, qui eu demande là con-

firmation au Pape: celui-ci en fait

dresser une Bulle ,87. L'Qrdre en

est mis en possession, 88. Quel-

ques diflieultez au sujet des droits

de traite & de battre monnaye ,font heureusement levées, 89 &

seq. Situation & particularités de

cette Isle, 94. Tout l'Oidre y est

transporté ,95. On y fait quelques

fortifications, 96, La flotte Ot-

Page 562: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

T À B L Ê Ll E S M £ T I E R E S, m•": totnáhe se présente devant un des

ports de l'1-ílô.* 259 : y fait Une

deseente, & assiégé Malte : qúel-< ques pártièularitèz touchant cette

'.'•.'•I.fl'é-j 264^ 265* La vàlèurdeyil-

segáguórí,& un avis supposé d'un

:- secours; que Dòria alloit ámeher,fe»nt lever se sièges 270Wseq\ Le

* PrieùrStrozzi y fait fàirê quelques>

sortificatións,328 #y%^ùffi-bien

que le Grand^Maître dé là Sangle,373. Un ouragant furieux y cau-se une grande/perte, 374 & seq.Soliman pense à s'en rendre mai-

V: trë, 42t. La prise d'un galliondans lequel ses femmes ''étoient

intéressées, achevé;dé l'ydétermi-ner iibid&seq. Mesures que prendle Grand - Maîtrè fur ces avis „

431 & seq. Situation de cette I fie,

437Ì DifFeréns postes occupez parchaque Lague, 441 &seq. La flot-te Ottomane paroît enfin devant

rifle, 444. Campe proche le vil-

lage de Sainte Catherine, 447 ,& commence l'attaquepar le fort

deS. Elme, 451. Particularitez dece siège, ibid. &seq^ où le fameux

Dragut arrive enfin, 45e, & est

tué, 491.'Malte ( les Chevaliers de) Voyez

Jean de Jérusalem (les Chevaliers

deS.)Marie fille aînée de HenriVHI.& de

Catherine d'Arragon, est d'abord

déclarée bâtarde, ôc ensuite re-

connue par son père à l'article de

la mort , 347. Son caractère,• 34S. Elle succède à son frère E-

douard VI. 351. Epouse Philip-

pe, fils de l'Empereur Charles-

Quint, 35i&seq. Mais ne peut le

Faire recohnoître pour Roi d'An-

gleterre, 355. Elle éteint le schis-

me & proscrit 1hérésie, 336. Re-

stitue les biens Ecclésiastiques ,&

particulièrement ceux de 'l'Òrdredé S, Jean,: 357.

Martin (Antoine dé S. ) Prieur de

Catalogne se justifie dé n'ayj&ir

point conduit de secours àRho-*'"

des, 14.Médicis ( laMaison de) est chassée de

Tlotérice-àprès 4á prison de Clè-

nseftt Vïl:72iest mise en possessiondé cettèSóUvérniteté pàrGharles-Quint, 83, 84.

Médicis ( Alexahdíre de ) petit ne<-Yéu ou fils de Clément VII. ob-

- tient ^é -Charles- Quint dont il-

épouseld filse riarUrelseilà Sou-

veraineté de Florence, 83. Se

rend odièt1xv& est poignardé pardés conjurez, à la tête desquelsétóit Strozzi/181; ,

Médicis (Cômcde) succède à Ale---

xandre dé Médicis, à l'âgéde seize

ans, 182. Se saisit des auteurs de

fa mort, & eh tire vengeance,183. Etablit l'Ordre de S. Etienne,

406,407* Evénement tragiquedan s fa famille,: ibid» & seq.

Messine, ville & port de Siciíe , oïlle Grand-Maîcre de l'Ifle- Adam

se rétire avec les débris de son

Ordre, 10, 11. Comment il y est

reçu, 12. II estobligé

d'en sortir,-

19.M«don, ville située dans la Moréé :

le Commandeur Bosio en proposela conquête au Grand-Maître., &

và reconnoître la place, 80 & seq.Suites de cette entreprise, favo-

rable d'abord, mais enfin mal-

heureuse, xox&seq.

Montmorency (Annede) Maréchal de

France, petit neveu du Grand-

Maître de lTsl'e»Adam, vâ au de-

vant de lui à son arrivée à Rome ,22. Iirengage à conduire en Es-

pagne la Duchesse d'Alençon,

48.Zzz ij

Page 563: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

548 TABLE DES MATIERES.

Mustapha, beau-freie de Soliman,est assiégé dans le grand Caire parles rebelles d'Egypte dont il étoit

Gouverneur ,,35. Soliman envoyéle Général Achmet à son secours,

36. Suite de cette révolution, ibid.

dr seq.

Mustapha, Officier Turc j son Cara-

ctère, 431. Reçoit la conduite de

l'expedition contre Malle, ibid.

N

-xjOailles (Antoine de ) Ambassà-•*>v deur de Henri 11/ en Angle-

terre, traverse se mariage de la

Princesse Marie avec Philippes U.

354. réussit à empêcher qu'il ne

soit reconnu Roi d'Angleterre,

355-

O

OMedes(Jean d') 3. Grand Maî-

tre de la Langue d'Arragon ,

parvient à cette Dignité par intri-

gue; préjugezfâcheuxdeson gou-vernement ,175. rejette avec en-

têtement les avis du péril qui me-

naçoit les Etats de la Religion, ÔC

s'obstine àne point pourvoir à leur

désensev2ij.^#?.réfnse:au Gou-

verneur de Malte assiégée ses se-

cours qu'il lui démàhdoit, 266.

& seq. Artifice dont il couvre la

lâcheté du Gouverneur de Goze,

fa créature, 276.ilengage d'Ara-

món\ Ambassadeur de France, à

empêcher le siège deTripoli, 277,

278. La perte de Tripoli dont il

craint d'être accusé, lurfait pren-dre lè parti d'en rejetter

la cause

fur d'Aramon, Ambassadeur de

France, & le Gouverneur de Va-

lser , T>O\.&seq. il fait soupçonnerle premier d'intelligence avec les

Turcs, ibid. & seq. ôc s'obstine à

perdre le dernier, 305. Suites decette affaire, où il mec tout en

oeuvre, 306.&seq. Le Comman-

deur deVillegagnon lui résiste seul,

308. & seq. Mauvais traitement

dont il use à l'égard du Prieui;Strozzi , .325. & seq. La jalousie;qu'il en conçoit, lui fait proposer

, une tentative fur Zoare, qui est;

très funeste à la Religion, 3.33.Sa

mort,ses bonnes ôc mauvaises qua-4litez, 357.

'

P

7j Htlippes II. fils de Charles- Quintf*

épouse Marie Reine d'Angle-f

terre, fans pouvoir en être recon*

nu Roi, 352. &seq.approuve l'en-

trcprise du Viceroi de Sicile fui

Tripoly, ÔCdonne des ordres pourl'exécurion , 588. &seq. Suices fu-

nestes de cette expédition, où il

périt plus de 14 mille hommes,

406. II s'empare du Pignon de

Vêlez avec le secours de la Reli-

gion, 418. &seq. Inquiété de l'ar-

mement du Grand Seigneur, il

donne ses ordres pour la défense

de Malte, 452,434.

Pialy, Amiral de la flotte Ottomane:

, comment parvenu à cetteL>ighíté,

430. est fait chef de rexpeditioncontre Malte, ibid.

Pie IV. fournit une somme poùrj se-

courir Malte menacée d'un, siège,

-'43+- -.,

Pignatelli, Viceroi de Sicile, se trouve

au débarquement du Grand: Maî-. tre de l'Ifle- Adam à Messine 12.

. lui fait dès offres avantageuses de

là part de VEm pereur, ibid. donne

aux Ambassadeurs du Grand Maî-

. trë l'investiture des Isles de Malte

& de Goze, &:de la ville deTri-

poly, ôc les en met en possession,; 88..

Page 564: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

T A B: L E DE S MAT I E; R ES, j^

^Pignonde Vêlez.'» Forteresse:;<dajïs le

.; Royaume dé Fez, conquise par la

{flotte^ de Philippes 11. & des scs

:. Confederez, 418. &seq.,Polus ;persécuté dans fa personne 8c

1dans ses patens par Henri V111.

./..,>pourjavoir refusé 4'approuver son

divorce, 134.^/^estcréé Car-

.:v^hàl,.^.í4,éft'.'fà-Ìt'LÌ^t:,^35.6'V.':.Pont. ( Pierre du);Grand; Maître,- : son caractère, 137 se rend à Malte,

138. soUieiteGharles-Qúint de pas-ser en Afr)que:contre Barberousse,

5 ìï47.:PreuvèSíde; son attachementw à robservancéde la Règle, 164.

::fà ttíoity'ibid. ;

Portugal (Le Roi de ) s'en gage à ne

f>lustroubler les. Chevaliers dans

a jouissance des Commanderiés ,: ôc à;cOntribuer< a l'éntreprise, dé

Rhodes,59. ;;.:••-;'•';.Prieur de l'Eglise, première Dignité

Ecclésiastique de l'Ordré j ses pré-

rogatives, 6.

'':./':-;/: IV

Jïbodes; tentative formée par le

- Commandeur de la Roche-Ai-

rnon, pour y rentrer, 37. ses suites,

38. L'Empereur Charles-Quint &

le Roi d'Angleterre; promettent:

d'y contribuer, .5.3.,i 59 /.' 65. Le

MetropolitaihGreeprelse l'exéeu-

tion de l'éntreprise, 74. Bosio yest renvoyé pour reconnoîtré la

disposition des esprits, 75. Le pro-

jet est découvert, 80.

Roche-Aimon (La) Commandeur de

l'Qrdrd.de Saint Jean, fòrrneune

entreprise sur Rhodes, 37;.Rome prise par l'armée du Conné-

table de :Bourbon, qui y exerce

. ; d'horribles. excès ; pendant deux

mois, 70;

Romegas (;Le Commandeur ;de ) le

plus fameux ; Chevalier de sen

:•]: tems; son caractère, 41Ì;. ses príny

z--J<;CÌpalesprises^4.ri Ì3jí.*ì•.•;::' ;

i-r.y, ';.";".'•:'/.',:.iMíJ'iOilïC'.ji\ .'.-i:'}..'.'.-.:.i

-:-..;.-, í:^ :^:Í:S r.'ív;//:.-;

ïnAinL faille; ( Didier de-)': Grand

Mi-. Maître^ meurt cn chemin pourse rendre à ,Mal|.ej,ur7í.í ; ::v>

Sangle}^ Claude dé Jâ)i«selaLangue;de Erance ; & Grand Hospitalier ,est élu Grand Maître ; joye de

"

son élection à Rome, où il rési-

-..-'.doit en::qualité d'Ambassadeur ,

;36o:^:comrhent!ÌÍ est rççû;& Mes-- ; sine , $6v:,• 362. n'açceptepoint là

ville d'Africâ, que rÈmpéreur, lui

offre,. 3^3, &. siq. fáitiàijouter de

nouvelles fortifications en diffe-

rens endroits de l'Ifle ,.. 373..".Sa,

.. mort,.3'84>.';':, v,-:\-v...,

Santé ( A1vare dé ) Capitaine fameux,lai fié par Lacerdadans Gelves, y

. signale son courage, 404. est fait

prisonnier, 405.Setìa,yille de rifle de Candie, où

ahbrdése Grand Maître de:Tifle-v

:.í Adam* 3» 5. ?'''"Sforce ( François ) Duc de Milan ,

entre dans ,une ligue contre la

France, xi.il s'étoit emparé dé ce

Duché au préjudice des Princes de

laMaison d'OrleanSj4 5. ilnégocic

une;liguecontréCharles-Quint,4(j.Simeoni ( Paul ) Commandeur de Tu-

rin , & esclave de Barberousse ,

fait révolter ses compagnons, ôc

oblige: ée Corsaire d'abandonner

Tunis , 159. &.seq.:'fi& fait Géné-ral des galères , 185.: ;

Sinan le Juif, Associé dé Barberousse,

140. est chargé de la défense, du

Fort de la Goulette ,151. dissuade- à Barberousse d'égorger les escla-

ves: Chrétiens, «57 , s'oppose à la

descente de lafloteOttomane dans

Malte ,262.Zzz iij

Page 565: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

<5Jo T A B £ Et) ES M A TIËÌES.

Soliman fâit etràngléÉ Amurat fils de

Zizim avec sesenfensi <5.ëhvôyele Bâcha Achmet en Egypte pour

y apaiser lés troubles excitez con-

tre Mustapha, 3J. & son favori

Ybrahirtìjpóùr se défaire d'Ach-

met lui-même qui s'y étoit àdfli

révolté ,4©\- 41. reçoit l^horríma-

35ede Barberousse pour lé Royaù-nie d'Alger, 139. forme un arme-

ment extraordinaire poúr la con- »

quête de Tunis-\ qu'il confie à ce

Corsaire, qui ravage les côtes de

^Italie;&r de íhvSieisevíì43>: 144.est attaqué par uné ligué des Prin-

ces Chrétiens^ &démre la guerreaux Vénitiens:, 192-,-.193. Succès

de ses armés en Hongrie, 194.•' donne se commandement de fa

flotte à Dragut après la mort de

Barberousse j ii£j. âlà sollicitation

duquel' il armé:puissamment con-

tré la Religion, 24:4... ^/^•Dé-nombrement dé fa flotte, 2) 1. Elle

ravage lès-côtë's de Sicile ,1*8; se

*': présente" devant Malte ', oii èlle

fait quelques tentatives i que la

valeur de ViUegâguon Ôc un avis

supposé rendent inutiles,-2j*»; &.

7^. elle ravage 'Piste de Gùtt, 273.

&seq. & marche à Tripoli, 278.

qu'elle prend par là trahison & la

lâcheté de ses habitans-, 291. &

seq. Il donne des ordres pour se-

courir Tripoly, 394. Sa ilote bat

Tarmée des Princes Chrétiens ,

403. II pense à conquérir Kíálte ,

411. La prise d'un galliort auquels'interefloient ses femmes,ache-vé de l'y déterminer , ibid. &séq.Mahomet le plus ancien des: Bâ-

chas, s'y oppose , 428. 'máis inu-

tilement, & Soliman dispose tout

pour cette guerre , 419^ dont il

donne la conduite à Piàly ôc à

Mustapha, Qualitez de l'un & de

rautre, 430,431. Dénombrementde fá flòté,qui paroît enfin devant

Malte, 444. débarqué en bonne

ordonnancé , & campe proche du

Village de Sainte Cathetine ,447.

L'áttaqué commehcepatleForr de

SiElmev4yi^particuîaritezdé ce

siégé, ibid.&'seqií.;H- ;: : ;

Jïrbsu^, Prsetìr dé Gapoue,i&^Gé-néral dés gáserès^ déf^àvéííAii-dré ©Oria j úne flotte Ottomane

auprès dfeGoisou, ìffi&fèqyaiïe.." en Italie^ &:de-là eh F íatìcepourv

venger la mort de son pèrecausée

par la maison: deMedicisI 17s. &

/è^. quitté lé service delàiFrarice,

.& se trouvé très émbáràíTé, 323.Mauvais traitement que lui fait le

. Grand Maîtred'Omedes,ibid, &'- seq. il revient à Malte* &>travaille

à y faire quelques fortifications ,

328. dí ^54 est défait avec1

grande

perte dans ùhe tentative fur la ville

de Zoare, 333. & seq. est encorefait G éneral des galères, 345. pour-

quoi il n'est point élu Grand Maî-

tre, 358. & seq. Le Roi de France

lui offre lé Génédalat de ses galè-res , 378. il se démet du Généralat

des galères dé la Religion ,370.

s'embarque pour passer én Tosca-

ne-j ôc est tué en allant décoUyrirune Place dont il voùloit s'empa-rer , 371; son corps est inhumé à

Portercose, & déterré depuis parordre du Duc de Florence , 372.

.;::•;:- ;".--i:/:^'''

ìfOlede ( Dom Garde de ) fils: du* Viceroi de Naples, conduit un

puissant secours au siège d'Africâ,

231. &seq. est fait chef de rentre-

prise heureuse fur la Forteresse du

Pignon de Vêlez., 419. Est chargé

par Philippe II de secourir Malte,

ptíur préserver là Sicile, dont il

Page 566: 0198-Fiducius-De Vertot-Historia de Los Caballeros Hospitalarios Tomo 3 en Frances

TABLE DES M ATIEHES. *«: étoit Viceroi, 432 ,434, Sa len-

teur affectée à exécuter ces ordres,se rendi.sospect à'; la plupart des

.-.GhevàliexS'V-487 &ss.qï ,

Tripoly, Ville située fur les côtes d'A-

frique , proposée par les Ministres- de l'Empereur Gharsesr Quint aux

Chevaliers de5^ Jean ,3:2;:fásitua-tior*

44.pourquoileGrandMaîr-..',. tre refuse" de: s'en charger^ ibid,

elle'.lui est cependant donnée : les

conditions, 8f. le gouvernementen est dorihé à Gaspard de San-

gnesse, Commandeur d'Aliágne,89. & confirmé par le Grand Maî-tre , 99. Chasse - Diables essayeinutilement de la surprendre ,170.& seq. Le Conseil par l'ayis de

Botigella propose à s'Enipeteur ou

de reprendre cette Place, ou de lafaire fortifier : if détourne adroi-tementl'un & l'autre, 189. la Re-

ligion y fait faire quelques ouvra-

ges après un second refus de l'Em-

pereur, xip.&seq, elsefistassiégée jétat,op. eile se trouvoistx8ó, &

ûq. ôc prise par Capitulation, parla lâcheté & la trahison de ses ha-

bitans, 291. &seq.Tunis:,.- Capitale du Royaume de çe,

nom, fa situation, 144. ouvre ses

portes àBarberousle,qui se disoit le

vengeur des droits de í'aîné du der-nier Rpi, 14t. Elle est reprise parCharles-Quint dont l'arméeyexer-ce d'horribles cruautez, i^.&seq.la Couronne en est rendue à Has-cen avec hommage au Roi d'Es-

pagne, 162.Turcs ( Les ) sont battus par l'esca-

dre de l'Empereur commandée parAndré Doria, ôc les galères du

Pape ôc de la Religion ,122. &seq.auprès du canal de Corfou, 177.& seq. Ils s'emparent du port de

Suze, I8J.& de Tripoli, 280. e^

; :y*^.;remp9rten.t: de grands ayanta-: ges. fur la Religion 4ansí'enyre-•j\

,prise.sor,2oaSé»:îí^lf dafisjcelse':;:• contreGelyes, íjjp ^sbagné^ies

autres; Conférerez.,, 4^3?i&fíq.: leur flotte; par ,©$5devant Maire,

: 444. ÔC;.commence se siège parv PàttaqnérdnsFprjibS,, EÍmj?, 451.

pârtjcjilàritez;4é.ce ifiége, ihm &

:j jf^. I)ràg.ut y/arrive ayee quelquesrërisorjES, 45^1,

"

..: ^:,-V'ft:-;T'- 'v..>;:x-::

p^^íígj(iLa\:)í;Çommand^U3t;de la

pi: íLaáignèideiRïpyençej, élisait: :.

GouverneurdeTrippÌy,2i;8. prend, des mesurés sages, pçut .s'y. défen-

dre, 219.

Valette^Jean dela)eft #AP^M-Maiftre^ 38^. Il: remédie:aux abus tou^

;)chant::la íperception des Élelp.on-isionsdans l'Alsernàgue í&?l'Etat de

Venise :, 318j. & seq, (décharge se

Maréchal de Vallier des accusa-. tsens. formée? contre Jui,.387., pro-

pose decáncertaypcle^iceroi de: : Sicile áuR,oid'Espagne;le siégé de

Tripoli, 388. s'oppose à celui de

Gelves,39i. engage le Viceroi à

repalï^r en Italie, 40o:lui envoyé

quelques secours, 401. donne avis

à Doria que la flote Ottomane s'a-

vançoit, 402. Philippes U. lui de-

mande la jonction des galères de

la Religion , pour s'emparer du

Pignon de Vêlez , 419. Informé

du dessein du Grand Seigneur sur

Malte, il pourvoit à tout, 432. &

seq.ion caractère, 434, .435. il se

dispose chrétiennement au siège,

437. fait la revue exacte de ce qu'il

Îr

avoit de troupes, & leur assigneeur poste, 441. &seq. veut luùmê-

me passer dans le Fort de S. Elme,

4Î5«Valier ( Gaspard de ) Maréchal de

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<<i TABLE B ES MATIERES.

l'Ordre , &- Commandant- dgns

Trìpoly-j odieux au Grand Maître

d'Omedes ,• & pourquoi, 279. se• '

distingue au siège de cétte Place

par sa valeur, sa pieté & sa fer-•

metéyibid. &seq. est mis en liberté- â là prière de l'Ambassadeur de'' France , 300. Le Grand Maître

'entreprend de se perdre j Ville-

KgagnDn prefid sa défense , 305»&

seq. il est absous par le Grand Maî-

tre de la Valette, 387.

Vega ( Dom Juan de ) Viceroi de-

Sicile, conduit en Afrique le siège

d'Africâ, &s'en attribue la gloires

xy.'&feq. Honneurs qu'il rend au

Grand Maître de la Sangle, 361,

362.Vémttens ( Les ) avoientjvû avec in-

sensibilité la perte de Rhodes : re-

proches qUi seur sont, faits, à ce su-

jet, 56. refusent d'attaquer les

Turcs ,120. ôc d'entrer dans une"

ligue contre Soliman qui seur dé-

clare néanmoins la guerre, 192.

Vtlleoagnon (-'Nicolas Durand -de )

Chevalier áe Si je*«, se distingue

au siège d'Alger , 200. quelques,. particularitez qui le concernent,

251. & seq. il rend de grands ser-

vices, tant pour prévenir,que pourrendre inutile la descente de la

flote Ottomane dans l'ifle de Mal-

te, 252, 254, x66.&seq. prendla défense du Maréchal de Valser,'308.

Vtterbe est accordée par ClementVII.

aux Chevaliers de S. Jean pour. le lieu de leur résidenceI,' 30. Le- Grand Maître de l'ifle-Ad?ns yr tient un Chapitre Général, 75.

Y

•ryBrahim, favori de Soliman, est•*•

envoyé en Egypte pour s'op-

poser à la rébellion d'Achmet, 40.dont il envoyé la tête au Grand

Seigneur ,41.

Z

yrOare , Ville de la Province de^

Tripoly. Tentative du Prieur

Strozzi set cette Place., très fu-

neste à la Religion» iiy^rseq.

^iHidis'tmJ^èrVoUaMi,.

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