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Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Jeudi 23 mai 2013 Les Dissonances | David Grimal Dans le cadre du cycle Emprunts et citations du 15 au 23 mai Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Les Dissonances | David Grimal | Jeudi 23 mai 2013

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Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général

Jeudi 23 mai 2013Les Dissonances | David Grimal

Dans le cadre du cycle Emprunts et citations du 15 au 23 mai

Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse

suivante : www.citedelamusique.fr

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Emprunter le matériau musical d’une nouvelle composition à une œuvre existante est une pratique ancienne, extrêmement courante au Moyen Âge et à la Renaissance : jusqu’au XVIe siècle, les messes, par exemple, empruntent très fréquemment leur matériau mélodique soit au chant grégorien, soit à des œuvres vocales préexistantes, y compris des chansons profanes ; on parle alors de « messes‑parodies ». Toute démarche d’emprunt en musique est ainsi « parodique », au sens premier et étymologique du terme, dépourvu de la teneur critique et humoristique que l’on y attache aujourd’hui : par-odier, en grec ancien, c’est en effet, littéralement, « chanter à côté », élaborer une musique nouvelle sur un chant déjà entendu. Dans ce cycle, il ne sera nullement question de citations parodiques au sens moderne, telles qu’on en trouve dans les opérettes d’Offenbach, par exemple, mais bien de compositions de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle qui sont de véritables ré‑interprétations d’œuvres antérieures. Ainsi, dans ses Lachrymae pour alto et piano, Britten réinvente à rebours la tradition du genre du thème et variations, qui est souvent pour les compositeurs l’occasion de partir de la citation d’une œuvre d’un de leurs confrères pour ensuite la transformer progressivement : ici, le compositeur ne fait entendre le thème choisi, une émouvante lamentation du compositeur anglais de la fin du XVIe siècle John Dowland, qu’en conclusion de l’œuvre, comme si le processus de variations avait conduit, par‑delà la distance temporelle, à une re‑composition du thème d’origine.

Cycle Emprunts et citations

Avec la théorie romantique du génie, érigeant l’originalité individuelle en valeur cardinale, et avec l’apparition concomitante de la notion de « répertoire », le fait d’emprunter ou de citer cesse d’être une pratique banale pour se charger d’un sens chaque fois singulier. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les œuvres ne traversent que rarement les époques, et la mémoire musicale ne couvre guère plus que quelques dizaines d’années. La redécouverte des musiques anciennes et l’enregistrement ont radicalement modifié la nature de cette mémoire musicale : en citant, le compositeur fait désormais acte d’historien, à l’instar de Berio travaillant dans Rendering à restituer la musique laissée par Schubert à l’état d’esquisses d’une dixième symphonie, en complétant l’orchestration tout en laissant apparaître « les inévitables vides qui se sont créés dans la composition ». C’est dans le troisième mouvement de sa Sinfonia que Berio met en scène de la manière la plus vertigineuse cette perspective historique à travers le feuilleté de la mémoire : il superpose en effet au scherzo de la Deuxième Symphonie de Mahler une multitude de citations d’autres compositeurs, de Bach à Stockhausen, qui sonnent comme autant de commentaires et d’amplifications de la source musicale principale. Berio se livre ainsi à une sorte de généalogie de l’imagination musicale, et ce n’est nullement un hasard s’il choisit pour cela l’œuvre de Gustav Mahler qui, selon la formule d’Adorno, est une « musique de chef d’orchestre » : accaparé par ses fonctions de directeur musical de l’Opéra de Vienne, Mahler ne composait que durant

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MERCREDI 15 MAI, 20H

Luciano Berio / Franz SchubertRenderingBenjamin BrittenLes IlluminationsFranz SchubertSymphonie n° 8 « Inachevée »

Münchener KammerorchesterAlexander Liebreich, directionJuliane Banse, soprano

JEUDI 16 MAI, 20H

Luciano BerioSinfoniaGustav MahlerSymphonie n° 1 « Titan »

Brussels PhilharmonicMichel Tabachnik, directionSynergy Vocals

JEUDI 23 MAI, 20H

Benjamin BrittenVariations on a Theme of Frank BridgeLachrymaeSamuel BarberAdagio pour cordesLeonard BernsteinSérénade pour violon, cordes, harpe et percussions

Les DissonancesDavid Grimal, direction artistique et violon soloDavid Gaillard, alto solo

DU MERCREDI 15 AU JEUDI 23 MAI

ses vacances d’été, et toute sa musique est remplie d’échos et de souvenirs (conscients ou inconscients) des œuvres qu’il dirigeait ; la citation, l’emprunt ou la référence, chez Mahler, surviennent toujours comme une figure de l’altérité irréductible, dans un discours musical sans cesse « brisé » (toujours selon Adorno). La prouesse de Berio dans sa Sinfonia consiste au contraire à dépasser la simple idée de collage pour donner à entendre les affinités entre des idées musicales stylistiquement très éloignées les unes des autres, à créer une unité sonore extrêmement convaincante à partir de la plus grande hétérogénéité.

Soi-même comme un autre : ce titre d’un ouvrage du philosophe Paul Ricœur pourrait tout aussi bien être celui de ce cycle de concerts, qui nous donne à entendre comment chaque compositeur sait accueillir la voix de l’autre dans son propre discours, à travers les infinis miroitements de la mémoire.

Anne Roubet

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JEUDI 23 MAI – 20HSalle des concerts

Benjamin BrittenVariations on a Theme of Frank Bridge op. 10Lachrymae, Réflexions sur un chant de Dowland op. 48a

entracte

Samuel BarberAdagio pour cordes op. 11

Leonard BernsteinSérénade pour violon, cordes, harpe et percussions

Les DissonancesDavid Grimal, direction artistique et violon soloDavid Gaillard, alto solo

Concert diffusé le 11 juin 2013 à 14h sur France Musique.

Coproduction Cité de la musique, Les Dissonances.

Fin du concert vers 22h.

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Benjamin Britten (1913-1976)Variations on a Theme of Frank Bridge op. 10

Introduction et thème

Adagio

Marche

Romance

Aria italiana (Air italien)

Bourrée classique

Wiener Walzer (Valse viennoise)

Moto perpetuo (Mouvement perpétuel)

Marche funèbre

Chant

Fugue et finale

Composition : 1937, en une dizaine de jours.

Création : le 27 août 1937 au Festival de Salzbourg sous la direction de Boyd Neel.

Effectif : orchestre à cordes.

Durée : environ 25 minutes.

Benjamin Britten a étudié la composition avec Frank Bridge dès l’âge de douze ans ; ce maître lui a inculqué une grande ouverture d’esprit, tant du point de vue du style musical (l’heureux éclectisme de Britten en témoigne) que dans certaines idées politiques comme le pacifisme. Le thème de ces Variations a été pris dans la deuxième des Trois Idylles de Bridge pour quatuor à cordes (1906). Il est peu reconnaissable au cours de ses métamorphoses successives qui représentent surtout d’extraordinaires exercices de style, toujours avec la griffe de Britten, sa fidélité au langage tonal librement conçue et expressive à larges traits. L’orchestre à cordes est exploité comme une palette brillante ou feutrée, qui privilégie souvent l’éloquence des violons, parfois celle des altos.

L’introduction est pleine d’effet théâtral : sur le lourd do grave des contrebasses divisées, la déclamation des autres cordes à l’unisson monte à l’assaut de quelque dramatique idéal. Puis le thème, languissant et doucement balancé, présente des contours indécis qui vont laisser au compositeur une grande marge de manœuvre ; selon Peter Evans, ce thème de Bridge « a exactement l’allure faiblement nostalgique dont son élève voulait débarrasser la musique anglaise, au son impétueux de ses variations ». Le bref Adagio prolonge l’énoncé du thème, recueilli dans un choral des cordes graves jusqu’aux altos, tandis que les violons, dans l’esprit de l’introduction, monologuent en lignes tendues et douloureuses.

À partir de la Marche, le thème se réveille en un ostinato énergique de rythmes pointés ; les trilles frémissent, les pizzicati lancent des appels « de clairon ». Dans la Romance, plus reposante, les violons chantent tout en fluidité et tendresse ; cette valse est plus sincèrement nostalgique d’un doux passé que la « viennoise » qui va surgir plus loin. Pleine de brio méditerranéen, l’Aria

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italiana se souvient de Rossini, ou bien de chansons populaires dans le genre Funiculi-Funiculà : introduite par un récitatif grandiloquent, elle débraye ensuite dans un tempo enfiévré, presque une tarentelle, où les premiers violons brillent de tous leurs feux. La Bourrée exprime le goût néobaroque de Britten ; le côté typiquement « carré » de cette danse (groupes de quatre mesures) est ici particulièrement tranchant avec les attaques en triples cordes ; le violon solo égrène des croches en dents de scie dans le sillage de Bach.

Avec la Valse viennoise, Britten pastiche un scherzo de Mahler et son amour‑aversion pour l’Autriche‑Hongrie. Les deux accords introductifs, grinçante révérence, ouvrent une mélodie sirupeuse à l’unisson (violoncelles, altos, seconds violons sur leur corde grave de sol) que contrepointent des premiers violons trop gracieux. Le trio central n’est qu’un tourbillon de fantômes : effets col legno (joués avec le bois de l’archet), sul ponticello (sur le chevalet) ; le charme de l’alto solo s’évertue dans un isolement émouvant. Le Moto perpetuo bout d’énergie furieuse : toutes les notes en trémolo jaillissent et se poursuivent de l’aigu au grave. L’admirable Marche funèbre est un franc hommage à Mahler, où l’ensemble à cordes parvient à évoquer l’orchestre symphonique. Sous les sanglots hoquetants des violons en glissandi, les violoncelles et contrebasses assurent un rythme de deuil obstiné ; à un moment donné, les contrebasses imitent même les tambours d’un cortège.

Simple et étrange, le Chant est suspendu aux nuances nacrées des sons harmoniques ; statique sur la note la bémol, qui vacille, extasiée, au demi‑ton supérieur, ce « chant de minuit » psalmodie aux altos. La Fugue, superbe pièce de bravoure contrapuntique et moderne, attaque sur quatre entrées déterminées, se poursuit sur une marche forcenée et ironique, puis déploie une incroyable dentelle d’instruments en sourdine et divisés en quinze parties : trois solistes à l’unisson (violon, alto, violoncelle) traversent cette grille avec frénésie. Le Finale renoue avec le thème original, dans un crescendo postromantique ; au son stellaire des harmoniques, la coda s’interroge, puis termine l’ouvrage dans un bouillonnement ferme et sans joie, comme une fière acceptation de tout ce qui est.

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Lachrymae, Réflexions sur un chant de Dowland op. 48a

[Introduction] : Lento

Allegretto, andante molto

Animato

Tranquillo

Allegro con moto

Largamente

Appassionato

Alla valse, moderato

Allegro marcia

Lento

L’istesso tempo. Insensibilmente più moto

Création : juin 1950 à Aldeburgh par William Primrose à l’alto et Benjamin Britten au piano. Réalisation pour orchestre à

cordes par le compositeur : peu avant sa mort en 1976.

Effectif : alto solo, orchestre à cordes (sans premiers violons ; seconds violons, altos ; violoncelles et contrebasses divisés

par deux).

Durée : environ 15 minutes.

Ces dix variations, intitulées « réflexions » (Reflections), ce qui souligne leur liberté, prennent leur source dans un ayre du compositeur élisabéthain John Dowland (1563 ?‑1626), If My Complaints Could Passions Move (Si mes plaintes pouvaient susciter les passions). Toutefois le thème, ou du moins sa première moitié, ne devient perceptible qu’à la variation 6, et il ne se complète véritablement qu’à la fin. Il s’agit donc d’une sorte de Variations Enigma (pour en référer au titre d’Edward Elgar) qui permettent à Britten d’exprimer le meilleur de lui‑même : sa fermeté de plume, son anxiété lucide, et sa disposition aux contemplations nocturnes. Le timbre de l’alto est remarquablement mis en valeur, ce qui n’a rien d’étonnant chez l’altiste qu’était Britten lui‑même ; son cher maître de composition Frank Bridge lui a offert en 1939 son propre alto, un Giussani.

L’énoncé initial, où ne figure qu’une bribe du thème, commence par imiter la sonorité chaleureuse d’une viole de gambe à la façon de Dowland, puis dérive rapidement vers la fièvre moderne de Britten. Les variations, courtes et très liées entre elles, sont plus perceptibles à la lecture qu’à l’écoute. Plusieurs sont conçues en dialogue entre un soliste très indépendant, loquace ou interrogatif, et un orchestre qui l’approuve, lui donne la réplique en sonorités raffinées (variations 2, 3, 5, 8). La variation 4 rejoint la rudesse d’un Bartók, tandis que l’avant‑dernière est un ciel étoilé en harmoniques mystérieux et immobiles. La majestueuse conclusion commence par une passacaille où de superbes graves sonnent comme un glas ; puis la seconde moitié du thème fleurit enfin, dans un noble style Renaissance, qui referme l’œuvre dans une note d’apaisement.

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Samuel Barber (1910-1981)Adagio pour cordes op. 11

Composition : 1936, en tant que mouvement lent du Quatuor à cordes n° 1 op. 11, transcrit peu après pour orchestre à

cordes ; Barber en a tiré aussi un Agnus Dei pour chœur mixte.

Dédicace : à Franklin Roosevelt.

Création : le 5 novembre 1938 à New York sous la direction d’Arturo Toscanini avec l’Orchestre de la NBC.

Effectif : orchestre à cordes.

Durée : environ 8 minutes.

Des chefs de renom comme Toscanini ou Stokowski, puis Bernstein, se sont empressés de rendre populaire cet Adagio très intérieur, l’œuvre la plus célèbre du compositeur américain. Il constitue un émouvant exemple d’idéalisme romantique situé au XXe siècle, et a servi pour une bonne vingtaine de films, dont Elephant Man et Little Buddha.

Un thème unique passe et repasse comme un nuage dans le ciel. Cette mélodie, nostalgique et enroulée sur elle‑même, s’abandonne à une méditation qui mêle la gravité à l’extase. Ses accords constituent des points de chute jamais prévisibles, des éclairages tantôt douloureux, tantôt ouverts vers une sérénité : l’oreille attend constamment l’événement harmonique qui lui révèle la densité voluptueuse des différentes voix. Barber utilise le camaïeu des cordes comme un lavis dont il épaissit ou affine les textures à volonté, il divise tantôt la ligne des deuxièmes violons, tantôt celle des altos ou des violoncelles, fait taire éventuellement les contrebasses… Six versions de ce large thème se succèdent, en commençant par les premiers violons ; au cours de ses avatars, à peine séparés par de subtiles respirations, ce cantabile passe d’un pupitre à l’autre, s’enrichit de contrepoints ou plus exactement de commentaires simultanés et profonds. La cinquième version est un crescendo qui s’arrête, poignant et tout vibrant dans l’aigu, au bord d’un abîme : silence. Suit un écho dans le médium grave, sorte de sublime choral. La coda, suspensive et non résolue, s’étend vers l’inconnu, tel un recueillement plein d’attente.

Isabelle Werck

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Leonard Bernstein (1918-1990)Sérénade pour violon, cordes, harpe et percussion

Phaedrus, Pausanias (Phèdre, Pausanias). Lento – Allegro marcato

Aristophanes (Aristophane). Allegretto

Eryximachus (Eryximaque). Presto

Agathon (Agathon). Adagio

Socrates, Alcibiades (Socrate, Alcibiade). Molto tenuto – Allegro molto vivace

Composition : 1954.

Commande du violoniste Isaac Stern et de la Fondation Koussevitzky.

Dédicace : « To the beloved memory of Serge and Natalie Koussevitzky ».

Création : le 12 septembre 1954 au Théâtre de la Fenice à Venise par Isaac Stern et l’Orchestre Philharmonique d’Israël

sous la direction du compositeur.

Effectif : violon solo – percussion (5 exécutants) : timbales, caisse claire munie d’un timbre, caisse roulante, grosse caisse,

cymbale suspendue, chimes, triangle, blocs chinois, tambour de basque, xylophone, glockenspiel – harpe – cordes.

Durée : environ 30 minutes.

Si, selon le compositeur, « aucun programme ne dicte à la lettre le déroulement de la Sérénade », Le Banquet de Platon, un discours sur l’amour auquel participent sept convives, constitue le fondement de l’œuvre de Bernstein. Les cinq mouvements conservent globalement l’ordre des interventions prévu dans Le Banquet (Aristophane permute avec Eryximaque), et les différentes sections s’enchaînent selon un procédé cher à Bernstein : « La relation des mouvements entre eux ne dépend pas d’un matériau thématique commun, mais plutôt d’un système par lequel chaque mouvement résulte d’éléments contenus dans le précédent. » Ce sont donc avant tout de petits motifs mélodiques qui déterminent la structure de l’œuvre, dont la forme ne se dessine que dans le mouvement, au prix d’une écoute attentive.

De même que, chez Platon, chaque discours reflète les pensées et le caractère de l’orateur, chaque section donne lieu, chez Bernstein, à un traitement particulier du langage musical, notamment de l’orchestration, du rythme et de la forme (introduction lente, fugato, forme sonate, forme ABA, etc.) ; la multiplicité des partis pris compositionnels et la diversité des orientations de l’œuvre sont la marque de l’éclectisme et du bouillonnement néoclassiques. Dans le dernier mouvement, le plus étendu, l’arrivée impromptue d’Alcibiade, qui déboule ivre et sur le tard, est traduite musicalement par une rupture nette – l’irruption d’un rondo agité contrastant avec la première partie et se terminant par une gigue d’un swing irrésistible. Le cycle se clôt avec le retour du thème de l’introduction.

Habitué à composer de courtes pièces pour piano à l’attention de ses proches, les fameux Anniversaries, le compositeur a dissimulé dans la Sérénade quelques hommages à ses amis, sous la forme d’auto‑citations : la transcription musicale d’un dialogue sur l’amour ne pouvait sans doute, pour Bernstein, faire l’économie de ces marques d’affection.

Grégoire Tosser

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David GaillardFils d’un guitariste et d’une conteuse, David Gaillard aborde la musique par la transmission orale et l’improvisation. Enrichissant ce bagage avec une formation complète au Conservatoire de Mulhouse (premiers prix de violon et piano, classes de direction d’orchestre, orchestration et écriture), il est amené à se produire très tôt sur scène, au sein de formations classiques, jazz ou rock. À l’âge de 22 ans, il est nommé professeur au Conservatoire National de Région de Montpellier. Reçu premier nommé au Conservatoire de Paris (CNSMDP), il y remporte des premiers prix d’alto et d’harmonie, ainsi qu’un deuxième prix de contrepoint, avant d’intégrer le cycle de perfectionnement ; ses maîtres sont Jean Sulem, Bruno Pasquier, Hatto Beyerle et Veronika Hagen. Par la suite, David Gaillard entre à l’Orchestre de Paris en tant que premier alto solo et prend la succession de Bruno Pasquier au Conservatoire de Paris (CNSMDP). Chambriste apprécié, il se produit sur les grandes scènes internationales aux côtés d’artistes tels que Menahem Pressler, Christoph Eschenbach, Akiko Suwanaï, Henri Demarquette, Olivier Charlier… Ses activités de soliste l’amènent à jouer le Concerto de Walton, la Symphonie concertante de Mozart, le Lachrymae de Britten, Don Quichotte de Richard Strauss… Alto solo du collectif Les Dissonances, David Gaillard a enregistré avec cet ensemble les Métamorphoses de Richard Strauss ; il vient également de graver les Märchenerzählungen de Schumann en compagnie de Philippe Berrod et Hélène Tysman. Artiste classique reconnu, David Gaillard n’en

a pas pour autant oublié son goût pour toutes les musiques et n’a de cesse d’élargir son horizon. Membre du Sirba Octet, ensemble yiddish réputé avec à son actif trois disques salués par la presse, il a également joué avec Richard Galliano, Didier Lockwood, Claude Barthélémy, et est régulièrement invité en tant qu’improvisateur, récemment encore sur le dernier album de Joanne McIver et Christophe Saunière, The Cannie Hour. Depuis peu, il a rejoint Jean‑Philippe Viret au sein de son quartette, qui s’est notamment produit au Paris Jazz Festival.

David GrimalAprès le Conservatoire de Paris (CNSMDP), où il travaille avec Régis Pasquier, David Grimal bénéficie des conseils d’artistes prestigieux, tels que Shlomo Mintz ou Isaac Stern, passe un an à Sciences‑Po Paris, puis fait la rencontre, décisive, de Philippe Hirschhorn. Il est sollicité par de nombreux orchestres : Orchestre de Paris, Orchestre Philharmonique de Radio France, Orchestre National de Russie, Orchestre National de Lyon, New Japan Philharmonic, Orchestre de l’Opéra de Lyon, Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, Orchestre Symphonique de Jérusalem ou encore Sinfonia Varsovia, sous la direction de Christoph Eschenbach, Michel Plasson, Michael Schønwandt, Péter Csaba, Heinrich Schiff, Lawrence Foster, Emmanuel Krivine, Mikhaïl Pletnev, Rafael Frühbeck de Burgos, Péter Eötvös… De nombreux compositeurs, parmi lesquels Marc‑André Dalbavie, Brice Pauset, Thierry Escaich, Jean‑François Zygel, Alexandre Gasparov, Victor Kissine, Fuminori Tanada, Ivan Fedele,

Philippe Hersant, Anders Hillborg, Oscar Bianchi, Guillaume Connesson et Frédéric Verrières, lui ont dédié leurs œuvres. Depuis de nombreuses années, David Grimal poursuit par ailleurs une collaboration avec Georges Pludermacher en récital. Ils se produisent dans le monde entier et leur discographie, qui comprend des œuvres de Ravel, Debussy, Bartók, Franck, Strauss, Enesco, Szymanowski et Janáček, a obtenu de prestigieuses récompenses. David Grimal a enregistré les sonatines de Schubert avec Valery Afanassiev. En 2009, son intégrale des Sonates et Partitas de Bach, accompagnée de Kontrapartita – une création de Brice Pauset qui lui est dédiée –, a obtenu le Choc de Classica – Le Monde de la Musique. Son enregistrement du Concerto pour violon de Thierry Escaich avec l’Orchestre National de Lyon a quant à lui reçu le Choc de Classica en 2011. En marge de sa carrière de soliste, David Grimal a souhaité s’investir dans des projets plus personnels. L’espace de liberté qu’il a créé avec Les Dissonances lui permet de développer son univers intérieur en explorant d’autres répertoires, qui ont déjà fait l’objet de quatre enregistrements : Métamorphoses consacré à Strauss et Schönberg, paru en 2007 chez Naïve‑Ambroisie (ƒƒƒƒ de Télérama, BBC Music Choice, Arte Sélection) ; le Concerto pour violon et la Symphonie n° 7 de Beethoven, publié par Aparté en 2010 (ƒƒƒƒ de Télérama, Sélection 2010 du Monde) ; Les Quatre Saisons de Vivaldi et de Piazzolla (en 2011 chez Aparté) ; la Symphonie n° 5 de Beethoven la même année chez Aparté (ƒƒƒƒ de Télérama). Paraîtront prochainement trois enregistrements avec

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Les Dissonances : Est-Ouest, Beethoven #2-#3, Brahms – Concerto pour violon et Symphonie n° 4. Sous l’égide des Dissonances, il a également créé « L’Autre Saison », une saison de concerts en faveur des sans‑abri, en l’église Saint‑Leu à Paris. David Grimal est artiste en résidence à l’Opéra de Dijon depuis 2008. Il enseigne le violon à la Musikhochschule de Sarrebruck en Allemagne, donne de nombreuses master‑classes et a été membre du jury du Concours International Long‑Thibaud à Paris en 2010. Il a été fait chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture en 2008. Il joue sur le « ex‑Roederer », un Stradivarius de 1710, et sur un violon conçu pour lui par le luthier français Jacques Fustier, le « Don Quichotte ».

Les DissonancesCréées en 2004, Les Dissonances sont en résidence à l’Opéra de Dijon depuis 2008, et se produisent régulièrement à la Cité de la musique et au Volcan – Scène Nationale du Havre. Les Dissonances organisent également « L’Autre Saison », une série de concerts en l’église Saint‑Leu à Paris, en faveur des sans‑abri. L’ensemble donne carte blanche à ses musiciens qui proposent ainsi un concert par mois. Leur premier enregistrement, paru sous le label Ambroisie‑Naïve et consacré aux Métamorphoses de Richard Strauss et à La Nuit transfigurée d’Arnold Schönberg, a reçu un accueil enthousiaste de la critique : ƒƒƒƒ de Télérama, BBC Music Choice, Arte Sélection. Les Dissonances confient désormais leurs enregistrements au Label Aparté : le disque regroupant la Symphonie n° 7 et le Concerto pour

violon de Beethoven, sorti en octobre 2010, a reçu les ƒƒƒƒ de Télérama et été choisi dans la sélection 2010 du Monde. Les bénéfices réalisés par la vente des disques Les Quatre Saisons (2010) et Beethoven #5 (2011, également salué par les ƒƒƒƒ de Télérama) sont intégralement reversés à l’association Les Margéniaux (qui soutient les projets menés par des personnes en situation de précarité). Paraîtront prochainement trois enregistrements : Est-Ouest ; Beethoven#2-#3 ; Brahms – Concerto pour violon et Symphonie n° 4, ainsi que des films sur chacun des programmes (Heliox films – réalisation Frédéric Delesques). Au‑delà des concerts, David Grimal s’engage plus que jamais sur le terrain pédagogique et social. Le projet des Dissonances repose sur un engagement éthique : « nous sommes des citoyens musiciens ». Né du désir de David Grimal, musicien mutant descendu de son piédestal de soliste isolé, de donner un sens nouveau à son activité de musicien, l’orchestre Les Dissonances a, en moins de dix ans d’existence, réussi son pari : imposer artistiquement le modèle d’un orchestre radical jouant sans chef et s’engager socialement en jouant pour les sans‑abri. En un mot, retrouver le chemin des autres, qu’ils soient musiciens ou spectateurs.

L’Ensemble Les Dissonances est en résidence à l’Opéra de Dijon. Il est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication. Il est membre de la Fevis. L’Autre Saison reçoit le soutien de la Caisse d’Épargne – Île-de-France.

Violons IDavid GrimalHans‑Peter HofmannNicolas GourbeixGuillaume ChilemmeSullimann AltmayerAmanda FavierRyoko Yano

Violons IIDoriane GableÉmilie BelaudAnne‑Sophie Le RolAnna GöckelPablo SchatzmanJin‑Hi Paik

AltosDavid GaillardHélène ClémentClaudine LegrasBéatrice NachinAlain Martinez

VioloncellesXavier PhillipsJérôme FruchartMaja BogdanovicSamuel Etienne

ContrebasseLaurène DurantelGrégoire Dubruel

HarpeNicolas Tulliez

TimbalesJulien Bourgeois

PercussionsEmmanuel CurtCatherine LenertStéphane GarinFrançois GarnierAdrien Pineau

Concert enregistré par France Musique

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Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Marina Coquio | Stagiaire : Thomas Thisselin

Et aussi…

DIMANCHE 25 MAI 2014, 16H30

Henri DutilleuxAinsi la nuitMystère de l’instantJohannes BrahmsSymphonie n° 1

Les DissonancesQuatuor Les DissonancesDavid Grimal, violon et directionHans Peter Hofmann, violonDavid Gaillard, altoXavier Phillips, violoncelle

> MÉDATHÈQUE

En écho à ce concert, nous vous proposons…

> Sur le site Internet http://mediatheque.cite-musique.fr

… d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » :Frank Bridge Variations de Benjamin Britten par le Chamber Orchestra of Europe, James Conlon (direction), enregistré à la Cité de la musique en 2009 • Lachrymae de Benjamin Britten par Antoine Tamestit (alto) et Markus Hadulla (piano), enregistré à la Cité de la musique en 2006 • Sérénade pour violon, cordes, harpe et percussion de Leonard Bernstein par l’Orchestre National d’Île-de-France, Olivier Charlier (violon), Yoel Levi (direction), enregistré à la Cité de la musique en 2006

(Les concerts sont accessibles dans leur

intégralité à la Médiathèque de la Cité

de la musique.)

… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » - « Concerts éducatifs » :Adagio pour cordes de Samuel Barber dans Pulsez !Frank Bridge Variations de Benjamin Britten dans Good morning England !

> À la médiathèque

… d’écouter avec la partition :Adagio pour cordes de Samuel Barber par le New York Philharmonic, Leonard Bernstein (direction)

… de lire :Benjamin Britten ou l’impossible quiétude par Xavier De Gaulle . La question sans réponse : six conférences données à Harvard par Leonard Bernstein

> SAISON 2013/2014LES DISSONANCES À LA CITÉ DE LA MUSIQUE

JEUDI 19 DÉCEMBRE 2013, 20H

La nature du son

Gérard GriseyVortex TemporumFranz SchubertSymphonie n° 8 « Inachevée »

Les DissonancesDavid Grimal, violon et direction

SAMEDI 1er MARS 2014, 16H30

Intégrale des concertos pour violon de Mozart

Wolfgang Amadeus MozartConcerto pour violon n° 1Concerto pour violon n° 2Concerto pour violon n° 3Concerto pour flûte n°1

Les DissonancesDavid Grimal, violon et directionJulia Gallego, flûteBrice Pauset, clavecin

SAMEDI 1 MARS 2014, 20H

Intégrale des concertos pour violon de Mozart

Wolfgang Amadeus MozartConcerto pour violon n° 4Concerto pour violon n° 5Concerto pour hautbois

Les DissonancesDavid Grimal, violon et directionAlexandre Gattet, hautboisBrice Pauset, clavecin

> ÉDITIONS

Musique, mémoire et création (collectif • 19 € • 2012 • 102 pages)